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(Quinze heures cinq minutes)
M.LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Article a).
Projet de loi no 6 Première lecture
LE PRESIDENT: Le ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives propose la première lecture de la Loi
modifiant la loi des valeurs mobilières.
M. TETLEY: M. le Président, j'ai l'honneur de proposer la
première lecture du projet de loi no 6, Loi modifiant la loi des valeurs
mobilières.
L'article 1 de ce projet modifie l'article 1 de la Loi des valeurs
mobilières pour modifier la définition des expressions
"enquêteur", "officier", "personne", etc.
L'article 2 détermine les cas où une compagnie est
réputée être affiliée à une autre, ceux
où une compagnie est réputée être
contrôlée par une autre personne ou compagnie et ceux dans
lesquels une compagnie est réputée être une filiale ou une
compagnie de gestion.
L'article 3 permet au gouvernement d'adjoindre de nouveaux commissaires
à la Commission des valeurs mobilières jusqu'à concurrence
de sept.
L'article 4 porte que le président et les vice-présidents
doivent s'occuper exclusivement du travail de la commission et des devoirs et
leur office.
Les articles 8 à 25 sont d'ordre administratif.
L'article 26 introduit des dispositions nouvelles qui seront contenues
aux articles 95 à 161 de la Loi des valeurs mobilières.
L'article 27 conserve dans leurs fonctions les commissaires actuels de
la Commission des valeurs mobilières.
L'article 28 soustrait à l'application du régime de
retraite des fonctionnaires les commissaires qui exercent leurs fonctions
durant bon plaisir.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
à une séance subséquente.
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser au leader du
gouvernement. Est-ce qu'on me permettrait de demander au leader du gouvernement
si c'est son intention de déférer ce projet de loi à la
commission parlementaire pour audiences publiques?
M. TETLEY: Non.
M. LEVESQUE: Le député a bien compris?
M. SAMSON: C'est le peuple qui ne comprendra pas.
LE PRESIDENT:
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre.
M. LEVESQUE : M. le Président, si le chef de l'Opposition me
permettrait, nous avions un dépôt de documents; cela a
passé trop vite.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je m'excuse. J'ai
l'honneur de déposer, avant l'étude du projet de loi no 4, les
buts de la Société québécoise d'exploration
minière mais sous une forme vulgarisée.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Développement de la baie James
M. LOUBIER: M. le Président, j'aimerais savoir du premier
ministre quelles sont les conclusions auxquelles en sont venus les membres du
comité d'experts chargés d'étudier toutes les implications
du développement de la baie James, puisque le premier ministre a
rencontré ces gens-là il y a quelques jours. Quelles sont les
grandes conclusions qui se dégagent de cette rencontre?
J'aimerais que le premier ministre nous fasse également ses
commentaires sur l'interrogation que se posent les membres, les experts de ce
comité, à l'effet que le projet hydroélectrique de
développement de la baie James, quant à son financement, serait
effectué par des intérêts étrangers mais que, d'une
façon un peu dramatique, le coût en serait supporté
uniquement par les Québécois.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai accepté de rencontrer
les représentants du groupe en
question, qui avaient tenu des audiences publiques il y a quelques mois,
et je leur ai dit bien franchement que s'ils avaient d'autres choix à
proposer on pouvait en discuter, mais ils n'en avaient pas. Les choix je
l'ai dit peut-être 100 fois qui s'offrent aux
Québécois, si nous refusons de développer notre potentiel
hydraulique, ce sont des centrales nucléaires ou des centrales
thermiques qui non seulement créent plus de pollution et plus de
problèmes pour l'environnement mais donnent moins de retombées
économiques pour les Québécois et coûtent plus cher
par kilowatt.
Donc, il y a trois avantages très nets pour développer
notre potentiel hydraulique et c'est la raison pour laquelle le gouvernement a
décidé de prendre cette décision fondamentale pour notre
avenir énergétique.
J'ai dit bien clairement que les développements actuels n'avaient
pas pour but de vendre de l'électricité à
l'extérieur du Québec, même si hypothétiquement, on
pourrait envisager de développer nos ressources en surplus de nos
besoins, soit pour attirer des industries qui ne peuvent pas obtenir
d'énergie à bon marché à l'extérieur, ou
encore pour faire des profits financiers très intéressants au
bénéfice des Québécois. Les décisions qui
avaient été prises à ce jour, n'avaient uniquement pour
but que de répondre aux prévisions, par exemple, du
déficit de 1984 de 17 millions de kilowatts.
Alors, les membres de ce comité ont été incapables
de soumettre aucun autre choix aux Québécois. Us m'ont dit qu'ils
avaient des préoccupations essentiellement morales. Je leur ai
répliqué qu'il était important pour le mode de vie, pour
la protection des citoyens de toutes les classes que nous ne manquions pas
d'électricité dans les années quatre-vingt, comme c'est
arrivé déjà dans l'Etat de New York où on a
été obligé de fermer des hôpitaux, ce ne sont quand
même pas des industries ou des lieux non nécessaires. Pour toutes
ces raisons, je suis resté convaincu de la légitimité et
de la justesse de la décision du gouvernement dans cette question de la
baie James.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que le premier ministre
pourrait nous dire ce qu'il pense de l'affirmation de ce comité
d'experts indiquant que le nombre d'emplois créés, au cours de
l'année de pointe, c'est-à-dire au cours de l'année 1980,
ne serait que de 8,000 à 12,000?
M. BOURASSA: M. le Président, le chef de l'Opposition parle de
comité d'experts, je ne sais pas si ce sont des "experts" M.
Bonin avait refusé de s'associer aux recommandations du comité,
c'est un économiste bien connu des Hautes études commerciales
dans le sens où, je crois, le chef de l'Opposition veut
référer, c'est-à-dire des gens qui ont la
compétence technique complète pour discuter de ces questions. Ce
sont des gens qui s'inquiètent à bon droit, et c'est normal qu'il
y ait des groupes semblables dans la société, ou que le
gouvernement tienne compte de ceux qui veulent améliorer la
qualité de la vie. Mais, il reste à concilier tous ces objectifs
en tenant compte de l'importance de la croissance économique et surtout
des effets très négatifs sur la qualité de la vie des
autres sources qui sont discutées actuellement pour remplacer
l'électricité.
Quelle était la dernière partie de la question?
M. LOUBIER: 8,000 à 12,000 emplois dans le plus au cours de
l'année de pointe...
M. BOURASSA: Pour ce qui a trait au nombre d'emplois, M. le
Président, je réfère le chef de l'Opposition à la
discussion de la commission parlementaire. Quant aux chiffres qui ont
été donnés alors et qui ont été
discutés, les membres de l'Hydro-Québec, les membres de la baie
James, ont pu être contre-interrogés en toute liberté
à leur sujet.
Tout ce que je puis dire au chef de l'Opposition, c'est que dès
cette année il y a de 3,000 à 4,000 personnes qui travaillent
actuellement et il y en aura plus au cours des mois d'août et septembre.
Au cours des prochaines années, cela ira en augmentant jusqu'en
1979.
M. LOUBIER: Une dernière question, M. le Président.
LE PRESIDENT: Dernière.
M. LOUBIER: Est-ce que le premier ministre partage le jugement assez
sévère qu'a prononcé M. Boyd, le président de la
Société d'énergie de la baie James, à l'endroit des
Indiens en disant qu'il n'avait pas le choix entre 6,000 Indiens et six
millions de Québécois, c'est-à-dire 6,000 Indiens
paresseux, qui ne voulaient vivre que d'assistance sociale? Est-ce que le
premier ministre était témoin de ce jugement?
M. BOURASSA: M. le Président,...
M. LOUBIER: Quels sont ses commentaires? Partage-t-il cette opinion du
président?
M. BOURASSA: ... M. Boyd n'a pas parlé de 6,000 Indiens paresseux
et dépendant de l'assistance sociale.
M. LOUBIER: Bien, ce qui est rapporté... M. BOURASSA: Bien ce
n'est pas du tout... M. LOUBIER: ... entre guillemets.
M. BOURASSA: M. le Président, le chef de l'Opposition se
réfère peut-être à un article de journal, mais
l'article est fondé sur des propos qui ont été tenus par
les représentants du comité en question. Ce ne sont même
pas les
paroles de M. Boyd. Ce sont les représentants qui ont
discuté avec M. Boyd qui rapportent ces propos. Alors, je suis
obligé de démentir les propos que vient de signaler le chef de
l'Opposition. On peut, disons, signaler qu'il y a 6,000 Indiens et qu'il y a
six millions de Québécois. C'est évident. Mais je ne veux
pas ajouter d'autres commentaires étant donné que la cause,
actuellement, est devant les tribunaux.
M. LOUBIER: M. le Président, on dit même que le premier
ministre aurait regardé d'un oeil réprobateur M. Boyd.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Camions Ford
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable premier ministre. Nous avons appris, au cours de la fin de semaine,
que le premier ministre deviendrait un camionneur en herbe. Il aurait,
apparemment, selon les nouvelles, pris possession, au nom de la province, de
quelque 120 camions prêtés par la compagnie Ford à la
province de Québec. Est-ce que le premier ministre pourrait nous
dire...
M. VINCENT: Pas des Firenza.
M. BERTHIAUME: Pas des Firenza.
M. SAMSON: J'espère que non parce que j'aurais des doutes
sérieux. Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire quelles ont
été les conditions de ce prêt de la compagnie Ford? Est-ce
qu'il est vrai que la province doit se porter acquéreur à la
suite d'un certain délai? Si oui, à quelles conditions la
province devra-t-elle faire l'acquisition de ces camionnettes?
M. BOURASSA: M. le Président, je vais demander au ministre
responsable de répondre dans le détail. C'est le résultat
d'une collaboration entre le secteur privé et le gouvernement pour
donner aux étudiants, au cours de l'été, plusieurs
milliers d'emplois additionnels faisant partie des grands objectifs du
gouvernement pour la croissance économique.
M. SAMSON: Combien d'emplois par camion?
M. QUENNEVILLE: M. le Président...
M. DEMERS: Ce sont des camions, des sept-passagers!
M. QUENNEVILLE: M. le Président, pour répondre à la
question du député de Rouyn-Noranda, je dois dire que la
compagnie Ford nous a soumis un projet qui existait déjà en
Ontario, l'an dernier, projet par lequel elle a loué à la
province de Québec, au service de placement étudiant, d'une
façon plus particulière, pour la somme de $1 par unité,
122 unités qui serviront à convoyer les étudiants de leur
domicile au lieu de leur travail, dans certains cas, surtout dans le cas des
camps forestiers où, parfois, le lieu de travail est à une
vingtaine de milles; ces 122 unités seront rachetées, à la
fin des opérations, à la fin de l'été, pour la
somme de$l.
Si le gouvernement veut se prévaloir, à ce
moment-là, d'une clause du contrat, le gouvernement peut racheter ces
unités à un prix réellement raisonnable, qui sera
fixé par la suite, mais pour le moment, le gouvernement n'est absolument
pas obligé d'acheter les unités. Il les loue à $1 et les
revend, à la fin de la saison, pour $1, à la compagnie Ford.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre ou encore le premier ministre
pourrait nous dire à quoi seront affectés ces camions,
advenant le cas où le gouvernement déciderait de s'en porter
acquéreur, à la suite de la période d'emprunt? Puisque le
ministre nous a mentionné que ces camionnettes serviraient, si j'ai bien
compris vous me corrigerez si c'est le contraire au transport des
étudiants en forêt, est-ce que le ministre peut nous assurer que
le transport d'étudiants en camionnettes, comme cela, est conforme
à la politique du ministère des Transports qui, nous le savons,
exige des compagnies forestières que ce transport d'ouvriers en
forêt se fasse maintenant avec des autobus et non avec des
camionnettes?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, c'est justement dans les
forêts, pour le ministère des Terres et Forêts, que ces
unités, qui sont de petits autobus, serviront au transport des
étudiants. Cela va servir surtout à deux ministères, le
ministère des Terres et Forêts et le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, et naturellement, les ministères
seront libres d'acheter les véhicules en question à la fin de la
saison. Ils seront absolument libres. Ils pourront tout simplement les revendre
à la compagnie Ford pour la somme de $1, comme je l'ai dit
tantôt.
M. SAMSON: Est-ce que vous me permettez, M. le Président?
LE PRESIDENT: Oui.
M. SAMSON: Est-ce que j'ai bien compris le ministre, qui vient de dire
que ces camionnettes étaient, en fait, de petits autobus? Est-ce que
vous avez pris la photographie officielle au même endroit d'où
venaient les camionnettes, puisque ce qu'on a vu sur les journaux,
c'étaient des camionnettes avec des boîtes? Cela ne ressemble pas
à des autobus, cela.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je re-
grette, mais il faudrait que le député sache que ce qu'il
a pu voir sur les journaux, ce n'est qu'une partie, naturellement, du nombre
des véhicules qui sont loués par la compagnie Ford. Il y en a 48
sur 142. D'abord, il y en avait trois au moins qui étaient de petits
autobus dans ce convoi. Dans la deuxième partie, qui doit nous parvenir
cette semaine, il y aura justement le reste des autobus qui devront servir pour
le ministère des Terres et Forêts.
M. SAMSON: C'est ça que je voulais savoir. LE PRESIDENT:
Dernière question.
M. SAMSON: Avec plaisir. Ceux qui ne sont pas des autobus vont servir
à quoi?
M. QUENNEVILLE: Ils vont servir naturellement à d'autres fins
dans d'autres ministères comme le ministère des Communications et
le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Ces petites camionnettes
surtout le type courrier vont servir à des enquêtes
du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Rapport Gendron
M. LAURIN: Ma question s'adressse au ministre des Affaires sociales.
Est-il exact que le gouvernement a procédé à une
consultation auprès des corporations professionnelles en rapport avec la
recommandation du rapport Gendron concernant la langue française? Est-il
exact aussi que la très grande majorité des corporations
professionnelles se sont déclarées favorables à la
reconnaissance du français comme langue d'usage pour les diverses
professions?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Avant de s'engager dans la voie d'une politique,
le gouvernement s'arrange toujours pour faire certaines consultations. Il est
exact qu'il y a eu des consultations officieuses auprès de certaines
corporations professionnelles de manière à évaluer
l'impact d'une prise de position touchant cette recommandation de la commission
Gendron.
Dans l'ensemble, les réactions sont favorables. Il reste encore
quelques points particuliers à préciser et il est trop tôt
pour que je puisse dire de façon définitive quelle sera la
position du gouvernement. Elle s'inscrira très certainement dans ce qui
a été fait depuis trois ans, c'est-à-dire une politique
qui tend à accentuer la priorité donnée à la langue
française, laquelle doit s'insérer dans une politique globale qui
sera précisée dans les mois qui viennent.
Merci, M. le Président.
M. LAURIN: Le ministre a-t-il parlé de consultations officieuses
ou s'agit-il de mémoires ou d'opinions officielles écrites, qui
auraient été transmis au ministère de l'Education ou des
Affaires sociales? Deuxième question additionnelle: Si tel est le cas,
s'il s'agit de mémoires ou d'opinions sous la forme écrite,
est-ce que le ministre pourrait déposer copie de ces opinions afin que
nous puissions en faire état lors de la discussion article par article
du projet de loi 250?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Non, je n'ai certainement pas l'intention de
déposer un document interne.
Ce qui s'est passé, c'est que le gouvernement a mis sur pied un
groupe de travail qui comprenait des représentants du ministère
des Affaires sociales directement impliqués dans le code des professions
et des représentants du ministère de l'Education. Ce groupe de
travail a apporté certaines données touchant ce point
précis. J'ajoute d'ailleurs que d'autres groupes de travail
étudient actuellement d'autres aspects des problèmes
linguistiques. Par conséquent, il ne serait certainement pas dans
l'intérêt public qu'un tel document soit déposé.
M. LAURIN: Est-ce qu'au moins le... LE PRESIDENT: Dernière
question!
M. LAURIN: Oui, est-ce qu'au moins le ministre pourrait consentir que,
de tous les documents amassés par ce groupe de travail, puissent
être rendus publics ceux qui pourraient servir aux membres de la
commission des affaires sociales pour mener d'une façon plus
éclairée et plus pertinente le débat sur chacun des
articles?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, est-ce que je dois
comprendre de la part du député de Bourget qu'il a l'impression
que les membres de l'Opposition ne conduisent pas leurs débats d'une
façon éclairée?
M. LAURIN : Ce n'est pas une réponse politique que j'ai
demandée au ministre; j'ai demandé simplement une réponse
qui pourrait nous permettre d'utiliser un travail...
M. LACROIX: A une question politique, on répond
politiquement.
M. LAURIN: ... fait par le gouvernement, à même l'argent
des contribuables, pour que les députés de l'Opposition soient en
meilleure mesure de remplir leur devoir.
M. LACRODX: Posez des questions...
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je fais confiance à l'Opposition pour
remplir son devoir.
M. LAURIN: Si je comprends bien, le minis-
tre s'oppose à rendre public quelque document que ce soit.
LE PRESIDENT: A l'ordre ! L'honorable député de
Taillon.
Placement étudiant
M.LEDUC: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
responsable du placement étudiant. Et, si le règlement me le
permettait, je saluerais dans les galeries des gens de mon comté, "les
Amis de la Bonne Humeur," mais, M. le Président, avant que vous vous
leviez, je m'abstiens de les saluer au nom de nos collègues de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, ma question s'adresse au ministre responsable:
Le ministre est-il au courant que certaines entreprises qui ont fait appel au
programme deux pour un se plaignent de la lenteur des décisions et
pourrait-il faire le point de la situation dans ce secteur du placement
étudiant?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, effectivement je pense que
certains employeurs ont raison de se plaindre, et je me dois de donner une
explication à ce qui peut paraître une lenteur. C'est un nouveau
programme deux pour un, cette année. Nous avions prévu
nécessairement que ce programme aurait une certaine vogue mais
ç'a dépassé et de beaucoup nos espoirs. Effectivement, ce
programme deux pour un a créé 67,000 demandes d'emplois de la
part d'employeurs. Alors, il nous a fallu comprimer le nombre d'emplois de
67,000 à 16,000 à cause des contraintes budgétaires et je
peux vous dire que c'est une sélection qui n'est pas facile à
faire.
Il a fallu procéder par catégories, tout en respectant
naturellement une distribution géographique équitable. Je dois
dire que cette opération de sélection...
M. LEGER: Deux libéraux, un créditiste.
M. QUENNEVILLE: ... est pratiquement terminée et que nous serons
en mesure, d'ici la fin de la semaine, de faire connaître à chaque
employeur le résultat de cette sélection à savoir si, en
fait, sa demande est acceptée ou non.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Une question supplémentaire au ministre
responsable du placement étudiant. Le ministre pourrait-il nous dire, en
ce qui concerne les emplois gouvernementaux, quels sont les critères de
sélection qui sont actuellement appliqués et comment il se fait
que les listes que l'on a demandé aux députés de fournir
afin que des étudiants trouvent emploi n'aient pas été
agréées par le Service de placement étudiant, notamment
dans le comté de Chicoutimi? Je pourrais donner personnellement au
ministre des renseignements très précis.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, pour répondre à la
question du député de Chicoutimi, je dois dire que nous
remplissons des formulaires sous forme de réquisitions de la part de
différents ministères. Il faut dire qu'au départ la
plupart des emplois qui nous ont été demandés sous forme
de réquisitions étaient plutôt spécifiques et
s'adressaient à des universitaires. Si, par exemple, un ministère
nous demandait 40 étudiants en géologie, alors, forcément,
nous avons procédé selon les catégories en question, en
tenant compte des comtés et de la localisation de ces mêmes
projets.
Je dois dire que la plupart des projets ou des réquisitions des
différents ministères prévoient justement du travail vers
le 15 juin. C'est sûrement la raison pour laquelle effectivement
plusieurs étudiants n'ont pas reçu encore leur demande officielle
ou une confirmation à l'effet qu'ils vont travailler.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Est-il exact j'aimerais que le ministre fasse
enquête, et, enfin, en informe la Chambre que les responsables du
placement étudiant à son ministère ont reçu des
ordres de personnes que je ne peux pas nommer, leur indiquant qu'il fallait
donner préséance à des personnes recommandées par
des députés libéraux? Est-ce que le ministre pourrait nous
dire également, puisque les travaux sont commencés dans ces
secteurs-là, s'il faut des diplômés universitaires pour
manier des pics, des pelles et des pioches au ministère de la
Voirie?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, pour répondre à la
deuxième partie, autant que possible nous essayons de donner aux
étudiants des emplois complémentaires à leurs
études. Alors, je pense bien que c'est exceptionnel qu'on confie un
emploi de la Voirie, à la pelle ou à la pioche, à des
universitaires. Nous tentons autant que possible, encore une fois, de leur
donner des emplois qui sont complémentaires â leurs
études.
Pour répondre à la première partie, il n'y a
absolument aucune intervention qui s'est faite dans ce sens-là, à
ma connaissance. Je peux vous dire que, d'ailleurs, ce serait assez difficile
devant le nombre quasi effarant de demandes d'emplois que nous avons
reçues de la part des étudiants cette année; ça
dépasse 50,000 demandes d'emplois de la part des étudiants.
Naturellement, je pense bien qu'il serait assez difficile de vouloir donner
préséance d'une façon ou de l'autre, surtout avec le
personnel imposant que nous avons au placement étudiant. Je ne crois pas
qu'il y ait eu d'intervention dans le sens que le député l'a
suggéré tantôt.
LE PRESIDENT: Le député de Portneuf, une question
supplémentaire.
M. DROLET: Une question supplémentaire, M. le
Président.
Le premier ministre tout à l'heure, en réponse à la
question du député de Rouyn-Noranda, a dit qu'il y aurait des
milliers d'emplois pour étudiants de créés. En cette fin
d'année scolaire, j'aimerais demander au ministre s'il sait le nombre
d'étudiants qui ont obtenu un emploi? De plus, combien s'attend-il d'en
placer sur les 50,000 demandes qu'il a reçues?
M. QUENNEVILLE: M. le Président, naturellement, il s'agit un peu
d'extrapolation. Je dois dire qu'actuellement nous avons environ 4,000
étudiants qui ont déjà trouvé un emploi, qui ont
d'ailleurs commencé à travailler. D'après les
prévisions que nous avons au service de placement étudiant, nous
prévoyons pouvoir placer entre 20,000 et 25,000 étudiants cette
année.
LE PRESIDENT: L'honorable député de l'Assomption.
Pertes de récoltes
M. PERREAULT: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
de l'Agriculture. Considérant les pertes de récoltes de
l'année 1972, considérant le prix élevé des
céréales et des plantes fouragères, est-ce que le ministre
peut me dire si la Régie de l'assurance-récolte va verser aux
agriculteurs, détenant une police d'assurance, des indemnités au
titre de valeur de remplacement?
M. TOUPIN: Oui, M. le Président, la Régie de
l'assurance-récolte, en vertu de l'article 44, va verser aux
agriculteurs du Québec l'équivalent d'environ $1 million et cela,
évidemment, attribuable au mauvais temps de l'an dernier. D'ici quelques
semaines les assurés du Québec, ceux qui détiennent une
police d'assurance, recevront, de la part de la régie, une lettre
circulaire leur enjoignant de faire une déclaration pour qu'ils puissent
avoir accès à cette indemnité appelée valeur de
remplacement.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi, question
principale.
Câblovision
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire poser
une question au ministre des Communications. Est-ce que le ministre des
Communications pourrait nous dire s'il accepte la déclaration faite par
M. Gérard Pelletier indiquant qu'il n'était pas question de
séparer la câblovision de la radio-télévision
conventionnelle?
Deuxièmement, est-ce que le gouvernement du Québec a
l'intention de porter la cause devant les tribunaux et de demander aux
entreprises, qui ont déjà commencé à faire des
installations, de poursuivre leurs travaux?
M. L'ALLIER: M. le Président, ce n'est pas la première
fois que le ministre fédéral des Communications fait la
déclaration à laquelle réfère, je crois, le
député de Chicoutimi; elle est même contenue
essentiellement dans le livre vert fédéral. J'ai eu l'occasion
lors de l'étude des crédits, d'indiquer que cette position
était contradictoire avec celle du Québec et que s'il y avait des
liens étroits, bien sûr, qui existaient entre la
télévision et le câble, notamment dans l'utilisation de ce
dernier aux fins de télédistribution, il n'y avait aucun lien
juridique comme tel, et qu'en conséquence, les interrelations qui
peuvent exister entre les deux n'entachent en rien la juridiction
québécoise dans cette matière.
Deuxièmement, quant à porter devant les tribunaux la
question de la juridiction sur la câblodistribution, j'ai
également déjà, à plusieurs reprises, fait
connaître la position du gouvernement du Québec. H n'est pas
question que le gouvernement, suite à l'adoption à
l'unanimité par cette Assemblée de la loi 35, porte
lui-même la question devant les tribunaux. Après étude du
dossier, il n'est pas non plus question que le gouvernement du Québec
porte conjointement, avec le gouvernement fédéral, la question
devant les tribunaux. M. Pelletier ou toute personne intéressée
peuvent, bien sûr, porter la cause devant les tribunaux, auquel cas nous
agirons, suivant que nous serons mis en cause ou défendant, en
conséquence. Pour ce qui est du Québec, nous n'avons pas
l'intention de procéder conjointement ou unilatéralement à
une expertise judiciaire dans cette matière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. D'abord, le ministre a éludé l'une de mes
questions qui était celle-ci: Est-ce que le ministre a l'intention
d'indiquer, à ceux qui ont déjà commencé à
faire des installations, de poursuivre les travaux qu'ils ont commencés
pour utiliser la câblodistribution?
Le ministre sait que la déclaration de M. Pelletier suit la
conférence des ministres provinciaux des communications. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire si un consensus s'est dégagé de cette
conférence et si la position du Québec, comme on semble le
rapporter dans les journaux, rejoint les préoccupations des
gouvernements des autres Etats membres de la Fédération
canadienne?
M. L'ALLIER: M. le Président, nous n'avons pas à ce
moment-ci à communiquer avec les entreprises de câble qui ont
commencé des installations afin de leur dire qu'elles sont
autorisées à le faire, pour la raison suivante: C'est que toutes
les entreprises de câble en
activité sur le territoire québécois se sont
soumises à la réglementation et à l'ordonnance de la
Régie des services publics du Québec. Et, suite à la
présentation et au dépôt par les entreprises de câble
du questionnaire dûment rempli de la régie, ces entreprises ont
obtenu un certificat leur permettant d'agir et de continuer leurs installations
à travers le Québec, Certains certificats portaient une mention
à l'effet que ça s'appliquait aux opérations en cours,
c'est précisément parce qu'aucune installation ou aucune
modification d'entreprise n'était en cours au moment de la
présentation du certificat, toute modification par l'entreprise de ses
installations supposant une nouvelle demande à la Régie des
services publics.
Pour ce qui est de la conférence de Calgary, cette
conférence a été, je crois, positive. Les positions, les
dossiers de chacune des provinces ont évolué sensiblement depuis
la conférence de Québec, ne serait-ce que de constater que les
provinces ont poussé plus à fond leurs études des divers
aspects des communications. La position québécoise sur la
câblodistribution en particulier est intégralement partagée
par la province de l'Ontario et elle l'est sur son principe également
par la province de la Colombie-Britannique. Les autres participants à la
conférence, et cela a été la conclusion unanime de la
conférence, ont reconnu la diversité des situations de chacune
des provinces et chacun a accepté en fait que cette diversité
était l'essence même des politiques de communications et un motif
supplémentaire pour une intervention provinciale dans ce domaine, pour
mieux satisfaire aux aspirations de chacun des territoires et chacune des
populations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que l'on peut déduire des propos du ministre
qu'il est de l'intention du gouvernement d'occuper le champ de la
câblodistribution, indépendamment des menaces que le gouvernement
central a faites d'agir par voie judiciaire? Est-ce que l'intention du
gouvernement est ferme?
M. L'ALLIER: M. le Président, je dois, comme ministre responsable
de l'application de la loi 35, prendre les dispositions pour faire appliquer
cette loi. Cette loi, ainsi que la première réglementation qui en
est découlée par la Régie des services publics, suppose et
demande en fait que le Québec assume cette responsabilité. Nous
avons donc l'intention, tout en étant très ouverts à des
discussions, au dialogue avec le gouvernement fédéral, de
poursuivre dans l'application et l'exécution de cette juridiction. Pour
y arriver, nous avons l'intention, comme je l'ai dit, de publier très
prochainement dans la Gazette officielle un premier bloc de
réglementation qui fera l'objet d'études en commission
parlementaire, avant de devenir la réglementation obligatoire de la
régie.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Mégantic.
Ensemencement de nuages
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Richesses naturelles. Quatre jours de pluie sur cinq en juin et 27
sur 31 en mai, ce n'est pas drôle. Il faut en pleurer plutôt qu'en
rire.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. DUMONT: M. le Président, ma question est la suivante. Est-ce
que le ministre pourrait nous assurer qu'aucun permis n'a été
accordé dans le Québec à la compagnie Water Engineering en
1973 pour faire de l'ensemencement à l'iodure d'argent dans le
Québec?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, aucun permis n'a
été attribué pour procéder à l'ensemencement
du nuages au cours de 1973.
M. DUMONT: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que le ministre pourrait nous assurer que le fédéral n'a
accordé aucun permis pour faire de l'ensemencement au-dessus du
Québec pour l'année 1973?
M. MASSE (Arthabaska): Je vous conseille de poser la question au
fédéral.
M. DUMONT: M. le Président...
M. SAMSON: M. le Président, une question
supplémentaire.
M. DUMONT: Je renouvelle donc ma demande, étant donné
qu'il n'y a pas plus d'information. Est-ce que le ministre consent à
convoquer la commission parlementaire avec témoins assermentés
pour faire la lumière sur cet ensemencement de nuages qui se produit au
Québec?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, ce n'est pas mon
intention, en tout cas, comme ministre des Richesses naturelles, responsable de
l'application de cette loi. Depuis le temps que je demande au
député de Mégantic de me fournir des preuves de toutes ces
affirmations, je les attends encore et j'aimerais bien les recevoir. S'il ne
veut pas me contacter personnellement, je pourrais recevoir ces preuves par la
poste.
M.SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président.
M. DUMONT: M. le Président, je ne suis pas satisfait de la
réponse...
LE PRESIDENT: Ah oui!
M. DUMONT: ... du ministre. J'en ferai un grief. Mais j'ai une question
supplémentaire à poser au ministre de l'Agriculture. Etant
donné qu'il a parlé des pertes de l'année
dernière...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Ecoutez, je
préférerais que votre question soit adressée au même
ministre. J'ai déjà rendu une décision à l'effet
qu'une question supplémentaire devrait être adressée au
ministre à qui la question principale a été
posée.
M. DUMONT: Alors, au ministre des Richesses naturelles. Est-ce que le
ministre pourrait avoir l'appui de son collègue de l'Agriculture pour
empêcher les dommages causés aux agriculteurs et aux
jardiniers-maraîchers, pour l'année 1973, dommages qui s'annoncent
aussi considérables qu'en 1972, donc de bien vouloir convoquer la
commission parlementaire le plus tôt possible?
M. MASSE (Arthabaska): Je prends avis de la question.
LE PRESIDENT: Question supplémentaire.
M. SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président, au
ministre des Richesses naturelles. Est-ce qu'il a été
porté à la connaissance du ministre par ses hauts fonctionnaires
qu'en 1964, alors que personne ne semblait vouloir croire à
l'ensemencement des nuages, le gouvernement fédéral, à un
moment donné, a avoué pratiquer l'ensemencement des nuages sur le
territoire du Québec? Est-ce que le ministre en a pris connaissance et
est-ce que le ministre ne croit pas qu'il serait de son devoir, en tant que
ministre des Richesses naturelles du Québec, de communiquer avec Ottawa
aux fins de nous fournir les renseignements que vient de demander le
député de Mégantic, à savoir si le gouvernement
fédéral n'outrepasse pas ses droits en la circonstance et ne
passe pas tout simplement par-dessus la tête du ministre des Richesses
naturelles du Québec?
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président,...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MASSE (Arthabaska): ... l'année dernière, lorsque la
même demande du député de Mégantic m'était
adressée, j'avais répondu, en cours du minidébat, que le
gouvernement fédéral, n'avait pas non plus émis de permis.
Actuellement, les dernières informations que je possède, quoique
peut-être incomplètes, confirment la même chose. Ce n'est
pas parce qu'il existe, actuellement, du mauvais temps continu dans la province
de Québec, pas uniquement dans la province de Québec, mais dans
les Maritimes, dans l'est ontarien et dans l'est américain...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. SAMSON: Question
supplémentaire. LE PRESIDENT: Dernière.
M.SAMSON: Est-ce que le ministre peut nous assurer que la Défense
nationale ne pratique pas, actuellement, l'ensemencement de nuages, pas rien
qu'au Québec, mais ailleurs, mais au Québec aussi?
M. MASSE (Arthabaska): Au Québec, je peux dire non.
LE PRESIDENT: Question additionnelle. L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que le ministre des Richesses
naturelles accepterait, pour qu'on sorte de l'aquarium de toutes ces
spéculations, de rencontrer le député de Mégantic
avec ses témoins, à son bureau...
M. DUMONT: Assermentés devant une commission parlementaire
publique.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... pour voir s'il y a des éléments de preuve
ou si ce n'est qu'une farce monumentale? S'il y a des éléments de
preuve valables, après on pourra appuyer la motion pour la convocation
de la séance de la commis-» sion parlementaire.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je suis favorable
à cette suggestion, d'autant plus qu'il y a au moins douze mois que je
demande ces preuves au député.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce qu'il me serait permis
de demander à l'honorable ministre des Richesses naturelles d'informer
le chef de l'Opposition officielle qu'il n'appartient pas au
député de l'Opposition de faire des enquêtes, mais bien au
gouvernement...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M.ROY (Beauce): ... de les faire quand on les demandes?
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LOUBIER: M. le Président, je voudrais tout simplement signaler
que, lorsque l'on porte des accusations et lorsque l'on dit que l'on croit
posséder des preuves, il est du devoir de ces personnes de donner des
preuves aux autorités concernées.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Dernière question,
l'honorable député de Bourget.
Classification des enseignants
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre de l'Education et porte sur
la classification des enseignants.
Est-ce que le ministre a pris connaissance de la demande officielle que
lui ont fait parvenir les syndicats des enseignants, d'être entendus sans
délai devant une commission parlementaire pour discuter des
problèmes que cause la classification des enseignants? Si oui, est-ce
qu'il a l'intention d'accorder à cette demande unanime la réponse
positive qu'elle mérite?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je n'ai pas l'intention
de convoquer la commission parlementaire. Ceci, pour deux raisons. La
première, c'est qu'il y a déjà eu une commission
parlementaire qui a siégé le 9 et le 10 mars 1971. Il s'agissait
de la commission permanente de la fonction publique, qui a porté sur le
conflit relatif à la classification des enseignants dans les commissions
scolaires. Tout a été dit à ce moment-là et je
recommande à ceux que cela intéresse la lecture du journal des
Débats.
Bien sûr, il s'agit actuellement d'un conflit au niveau
collégial, mais les principes du système de classification sont
les mêmes, de toute façon.
La deuxième raison, la plus importante de beaucoup la plus
importante c'est que j'ai créé, il y a quelques semaines,
une commission d'étude qui doit revoir l'ensemble des systèmes de
classification et me faire certaines propositions, sous forme de rapport
préliminaire, à la fin de l'année, et sous forme de
rapport définitif, dans le courant de l'an prochain. Cette commission
pourra recevoir tous les mémoires, pourra tenir des audiences publiques
et chaque Québécois qui s'intéresse au problème
pourra s'y faire entendre.
Enfin, M. le Président, j'ajouterais qu'il n'est pas souhaitable
qu'une commission parlementaire se transforme en table de négociation et
il n'y a certainement pas lieu, alors que les négociations actuellement
en cours entre le gouvernement et les syndicats d'enseignants ne sont pas
rompues, de politiser le conflit.
En fait, M. le Président, le gouvernement attend actuellement une
réaction de la part des syndicats d'enseignants. J'ai indiqué
à maintes reprises que c'était mon intention de faire
évoluer ce système de classification dont j'ai
hérité, de manière à en faire disparaître
certaines anomalies. Je crois y être arrivé, et cela de l'aveu
même des représentants syndicaux que j'ai rencontrés une
fois.
De plus, le gouvernement a offert tout un ensemble de mécanismes
sous forme de comités aviseurs, sous forme de comités d'experts,
mécanismes qui permettent une meilleure transition du système
provisoire au système permanent. H y a actuellement un seul point qui
est l'objet du litige. Ce point porte sur les diplômes étrangers.
Le gouvernement a nettement indi- qué qu'il devait, de ce point de vue,
appliquer le règlement no 5, qui confie au ministre l'entière
responsabilité de juger des équivalences. Aucun pays au monde,
aucune province au Canada n'a cédé ce droit et cette
responsabilité qui est essentielle. Il va de soi que les diplômes
non québécois doivent être évalués par
rapport au système québécois. C'est la façon dont
cela se pratique partout.
Je pense, par conséquent qu'actuellement, les syndicats
d'enseignants ont à leur disposition ou, suivant l'expression
consacrée, sur la table, toutes les offres patronales, que ces offres
sont extrêmement adéquates, que ces offres ont tenu compte des
besoins et des revendications, que ces offres ont permis au système de
classification qui connaît ces contraintes d'évoluer le plus loin
possible et il me semble qu'il n'y a plus qu'à attendre une
réponse que je souhaite favorable.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Etant
donné qu'il s'agit ici du règlement de cas précis et que
ce règlement s'éternise en raison de difficultés que
l'opinion publique ne connaît pas, le ministre ne croirait-il pas
opportun de recourir à cette méthode de la commission
parlementaire qui, dans un cas analogue, celui de la grève de
l'Hydro-Québec, du problème de l'Hydro-Québec, a
donné des résultats extrêmement favorables, ou serait-ce
alors que le ministre craint de discuter publiquement de la position de son
ministère qui, selon les informations que nous avons, est très
rigide comparativement à la souplesse des syndicats d'enseignants en
cette matière?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si tel était le cas, M. le
Président, ce qu'évoque le député de Bourget,
à savoir qu'une commission parlementaire pourrait hâter un
règlement, je demanderais de la convoquer immédiatement.
Cependant, l'analyse de la situation m'a convaincu, pour les raisons que
j'ai indiquées tout à l'heure, qu'il n'en était pas ainsi.
Je n'accepte pas le jugement du député de Bourget, à
savoir que le ministère de l'Education a montré, dans le cas
particulier, de la rigidité.
D'abord, il n'est pas question de dissocier le ministère du
ministre, et je peux vous assurer que tout ce qui a été
discuté à la table de négociations a été,
avant, discuté par moi. C'est au cours de très nombreuses
réunions de travail que le système de classification qui me
paraissait, à moi aussi, beaucoup trop rigide, a évolué,
et cela de façon considérable.
En fait, on trouve parfois dans les journaux certains témoignages
qui portent sur le secteur professionnel, sur l'évaluation de certains
titres. Il s'agit là de problèmes dorénavant
réglés, car il a été possible, grâce aux
mécanismes proposés, d'en arriver à des solutions
équitables. Par conséquent, je ne crois pas qu'actuellement, sauf
sur ce point des diplômes étrangers, il y ait éloignement
des deux parties. Sur ce point des
diplômes étrangers, il ne peut pas être question pour
le gouvernement de rendre un règlement du ministre de l'Education
arbitrable.
Il y a là une responsabilité certaine de la part du
ministre de l'Education de déterminer lui-même les
équivalences de ces diplômes, en s'entourant, bien sûr, de
toutes les précautions requises. C'est d'ailleurs à cette fin que
nous avons proposé la formation d'un comité d'experts, qui
permettra aux syndicats d'influer même sur cette évolution du
manuel de classification.
Il ne faut pas oublier que, lorsqu'on parle de diplômes
étrangers je m'excuse, M. le Président, d'être un
peu long, mais ceci me parait important on parle de diplômes qui
sont acquis dans un grand nombre de pays. En fait, nous avons ici des
enseignants qui viennent de 80 pays. Il est donc absolument nécessaire
que la responsabilité, pour déterminer l'équivalence, soit
bel et bien au ministère de l'Education. Autrement, ce serait donner
à un tiers c'est-à-dire à un arbitre toute la
responsabilité qui revient au ministre de l'Education, ainsi qu'un
contrôle considérable sur les budgets et sur les fonds
publics.
M. LAURIN: Une autre petite question, M. le Président.
LE PRESIDENT: La dernière.
M. LAURIN: Est-il exact que la dernière proposition du Syndicat
des enseignants est parfaitement conforme à l'article 5 et accorde au
ministre le droit de veto dont il vient de se réclamer?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Nous attendons actuellement une réaction
de la part du syndicat. J'espère que cette réaction va venir le
plus rapidement possible. Nous avons, d'ailleurs, suggéré au
syndicat de nous proposer certaines solutions, à la condition que le
principe qui doit rester intangible celui dont je viens de parler
soit respecté. Si tel est le cas, un règlement devrait intervenir
très rapidement.
Pour l'instant, nous n'avons pas encore eu de réactions de la
part des syndicats.
M. LAURIN: Le ministre ne m'a pas convaincu.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Projet de loi sur les valeurs
mobilières
M. ROY (Beauce): M. le Président, en vertu de l'article 34, suite
au dépôt du projet de loi no 6 par l'honorable ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives, est-ce que
le ministre pourrait nous dire s'il a l'intention de faire appeler ce projet de
loi en deuxième lecture dès la semaine prochaine, étant
donné qu'il ne semble pas vouloir convoquer la commission parlementaire
des institutions financières pour questionner les groupes
intéressés?
Ou encore a-t-il l'intention de nous accorder un certain délai
pour que nous puissions faire de la consultation auprès des organismes
intéressés, étant donné l'importance de ce projet
de loi?
M. LEVESQUE: Je comprends difficilement la question du
député de Beauce. Nous avons procédé comme nous
avons toujouurs procédé; lorsque nous avons proposé la
première lecture d'un projet de loi, le président a
annoncé que sa prise en considération pour la deuxième
lecture serait faite à la prochaine séance ou à une
séance subséquente, selon la formule traditionnelle.
Ordinairement, on laisse cela est prévu dans le règlement
au leader du gouvernement le soin d'appeler le projet de loi en temps
opportun.
Je ne comprends pas très bien la question du député
de Beauce.
M. ROY (Beauce): Je demande les intentions du gouvernement pour qu'on
sache à quoi s'en tenir, étant donné la tradition que le
gouvernement a voulu établir pour tous les projets de loi importants,
surtout lorsque ces projets de loi concernant de multiples groupes. Je vais
être plus précis dans ma question: Comment se fait-il que ce
projet de loi ne soit pas déféré à la commission
parlementaire?
M. TETLEY: Permettez-moi de dire que je vais transmettre à
l'Opposition certains documents de travail qui pourront l'aider. C'est
plutôt un projet de loi technique.
Avec ces documents, je suis certain que vous serez prêts à
nous renseigner et à donner votre opinion en deuxième et
troisième lecture.
M. ROY (Beauce): M. le Président, lors de l'étude des
crédits en commission parlementaire, il avait été question
justement de la commission parlementaire.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé.
M. PAUL : M. le Président, pourrais-je savoir du leader du
gouvernement quand il a l'intention d'appeler l'étude des crédits
de l'Assemblée nationale?
M. LEVESQUE: J'ai mentionné...
M. PAUL: J'aurai une autre question à lui poser par la suite.
M. LEVESQUE: ... vendredi dernier, qu'il y aurait étude de ces
crédits au moment du consensus entre les divers partis et le
président que je n'avais pas pu consulter à ce moment-là.
J'avais eu des représentations d'un des partis
d'Opposition à l'effet de reporter l'étude à jeudi
prochain et je n'avais pas d'objection à le faire. Nous pourrions nous
entendre pour faire cela soit jeudi ou vendredi, après en avoir
parlé avec le président.
M. PAUL: En présumant, M. le Président, que cette
étude puisse avoir lieu vendredi, dois-je comprendre que, dès
mardi prochain, nous pourrions procéder à l'étude du
rapport, tel que le prévoit l'article 130 de notre règlement?
M. LEVESQUE: Je crois que oui, M. le Président. Je ne peux pas
assurer l'honorable député de Maskinongé que ce serait
exactement mardi, mais ce sera le plus tôt possible.
LE PRESIDENT: Affaires du jour. Travaux parlementaires
M. LEVESQUE: M. le Président, je tiendrais à faire
remarquer aux honorables députés qu'il y a un avis au feuilleton
qui mentionne le salon rouge; or, l'étude des projets de loi 250 et
suivants en commission se poursuivra plutôt à la salle 81-A,
à moins qu'il n'y ait des changements annoncés en temps
opportun.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Alors, comme je viens de le dire, la commission
parlementaire des corporations professionnelles poursuivra l'étude des
projets de loi 250 et suivants à la salle 81-A. Demain, le 6 juin, je
rappelle aux honorables députés qu'à la salle 91-A,
à dix heures du matin, se réunira le sous-comité des
dépenses électorales et, à la salle 81-A, la commission
parlementaire de la justice, pour l'étude des projets de loi 78 et
79.
M. PAUL: A dix heures?
M. LEVESQUE: A dix heures demain matin.
M. PAUL: Nous avons reçu un avis pour 9 h 30.
M. LEVESQUE: Alors, je corrige. Si on a reçu un avis pour 9 h 30,
ce sera 9 h 30. C'est parce que, d'habitude, le mercredi, les réunions
des commissions ont lieu à 9 h 30 au lieu de 10 heures, mais il y en a,
par contre, qui avaient émis certaines objections à ça,
parce qu'ils avaient du travail à faire à leur bureau avant. De
toute façon, si l'avis dit 9 h 30, ce sera 9 h 30 pour qu'il n'y ait pas
de confusion.
M. le Président, article 10. Afin que les députés
sachent quel est le programme de la journée, je tiens à
répéter que nous avons l'intention d'aborder l'étude des
projets de loi 4, 5, 19 et 277. Demain matin, évidemment, la commission
parlementaire des corporations professionnelles siégera
également.
M. PAUL: A quelle salle?
M. LEVESQUE: C'est intéressant à savoir. Je pense bien
que, le sous-comité des dépenses électorales étant
à la salle 91-A, la commission parlementaire de la justice étant
convoquée pour la salle 81-A, demain matin, par exception, la commission
parlementaire des corporations professionnelles siégera au salon rouge
mais reviendra, par la suite, à la salle 81-A comme elle l'est
aujourd'hui.
Projet de loi no 4 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable ministre des Richesses
naturelles propose la deuxième lecture du projet de loi 4, Loi modifiant
la charte de la société québécoise d'exploration
minière.
M. Gilles Massé
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce projet de loi et
il en recommande l'étude à l'Assemblée.
M. le Président, en 1965, la Société
québécoise d'exploration minière, Soquem, fut
constituée avec mandat de faire de l'exploration minière, de
participer à la mise en valeur des découvertes, de participer
à la mise en exploitation des gisements, soit en les vendant, soit en
prenant une participation sur la valeur des propriétés
transmises. En vertu d'un amendement à la Loi de Soquem en 1971,
celle-ci vit son capital social autorisé fixé à
$21,500,000. Or, il semble évident, aujourd'hui, que cette
société a atteint une étape de développement tel
qu'il nous parait nécessaire de renouveler son capital social, afin de
lui permettre d'exercer pleinement le rôle qu'on attendait d'elle lors de
sa création en 1965.
Depuis cette date, la Soquem a su répondre efficacement au mandat
qui lui était fixé. En date du 31 mars 1972, elle poursuivait
sept programmes autonomes d'exploration et participait à vingt-deux
programmes d'exploration partagés avec quinze compagnies du secteur
privé. Cette société minière a rempli son mandat
quant à l'exécution et au financement de ses travaux
d'exploration générale puisqu'elle a fait la découverte de
quatre gîtes minéraux.
Elle a dirigé et financé sa part des travaux de mise en
valeur de trois de ces gîtes, ceux de Louvicourt, Bickerdyke et
Saint-Honoré. Sa structure financière lui a permis
également en 1970, de garantir les emprunts nécessaires à
la mise en exploitation d'un gisement minier, celui de Louvicourt, soit la mine
Louvem. Dans le
domaine de la recherche, Soquem s'avère donc un outil
indispensable au secteur économique, car elle constitue un stimulant
à l'exploration.
Cette société porte de plus une attention toute
particulière à l'amélioration des méthodes
d'exploration et le service de recherche de la société a mis au
point un instrument de recherche très spécialisé qui
permet une réduction importante du coût des travaux. La mise en
valeur des découvertes jusqu'au stade de l'exploitation étant
prévu au mandat de Soquem, le bilan de cette société
comporte à ce stade des réalisations marquantes. Elle a
contribué à l'entrée en production de deux
sociétés minières, soit la société
minière Louvem et la mine Somex dont le gisement de cuivre et de nickel
au nord-est de La Tuque fut mis à jour suite à des levés
géophysiques effectués par Soquem dans cette région.
Et cela, en huit ans d'opération, ce qui est un exploit
exceptionnel dans ce domaine. On peut affirmer que sur plusieurs points, Soquem
est bien engagée sur la voie du succès. Dans le cas de la mine
Louvem, on peut souligner que la période d'exploration préalable
à la découverte ne fut que de deux ans, alors qu'il est
généralement admis qu'une découverte minérale de
portée requiert au moins dix ans d'effort de la part d'une compagnie qui
dispose d'un budget d'exploration analogue à celui de Soquem.
De plus, les estimations publiées des sommes investies en moyenne
dans de nombreuses propriétés minières, pour faire la
découverte d'un seul gîte, varient entre $7.5 millions et $35
millions exclusion faites des sommes consacrées à la mise en
exploitation du gîte. Or, dans le cas de Louvem, les dépenses
d'exploration n'ont pas excédé $3,750,000; grâce à
des bénéfices nets d'exploitation, la société
minière Louvem verse des dividendes à Soquem.
Depuis 1956, moins de 1 p.c. des sociétés minières
incorporées au Canada ont atteint ce but. Au chapitre des dividendes, en
date du 31 mars 1973, un montant de $600,000 fut versé à la
Soquem, par sa filiale Louvem qui a réalisé des
bénéfices nets de $2,409,000 durant 32 mois d'exploitation. Cette
société se voit donc maintenant à un point tournant de son
évolution, dans les mois à venir elle doit assumer le fardeau
financier d'assurer la mise en valeur de la découverte du gîte de
sel aux Iles-de-la-Madeleine, celle d'un gîte d'ilménite et de
rutile à Saint-Urbain et éventuellement la mise en valeur d'un
gîte de magnétite titanifère à Magpie dans le
comté de Duplessis.
Elle doit aussi faire face à la nécessité de
garantir sa part des emprunts nécessaires au financement de la mise en
exploitation du gisement minier de Saint-Honoré, comté de Dubuc.
De plus, elle devra éventuellement garantir les emprunts de mise en
exploitation en rapport avec ses participations de 40 p.c. et 50 p.c.
respectivement dans les projets des Iles-de-la-Madeleine et celui de
Saint-Urbain. Tout cela ne peut être financièrement
réalisé en comptant uniquement sur sa souscription à son
capital social car cette source de fonds n'est pas suffisante pour lui
permettre de maintenir son rythme d'exploration, de financer plusieurs
programmes de mise en valeur et garantir des emprunts de mise en
exploitation.
De plus, cette souscription dans le contexte actuel de la loi
constitutive se termine le 1er novembre 1975, dans environ 30 mois, et n'offre
pas un terme suffisant pour entreprendre, en sécurité, le
développement de projets miniers. La société a pris des
mesures pour poursuivre ces activités dans les limites des ressources
financières disponibles mais déjà ces mesures menacent la
raison d'être de la Soquem, c'est-à-dire celle de faire de
l'exploration minière, de la recherche, seul ou avec d'autres, de
gîtes minéraux et de l'exploitation. Somme toute, en tant que
société de recherche et de développement, la Soquem est
dans une situation telle que les besoins financiers de ses projets de
développement la force à réduire considérablement
le nombre et l'importance de ses programmes de recherche.
Une répartition des fonds trop axée sur les projets de
développement a un effet adverse sur le nombre de partenaires de la
Soquem et sur la contribution qu'ils peuvent apporter à l'exploration
conjointe dans divers territoires du Québec. La Soquem poursuit
actuellement 26 programmes conjoints avec 14 sociétés du secteur
privé. Seul le Nord-Ouest du Québec ne souffre pas de cet
état de choses grâce à l'augmentation du capital
accordé à la société il y a deux ans par le
présent gouvernement. A partir du 1er avril 1973, en excluant le fonds
spécial du Nord-Ouest, la Soquem pouvait compter, durant les 30 mois
à venir, sur une somme de $5.6 millions provenant de son capital
social.
Le strict minimun requis, pour assurer le fonctionnement de la
société dans ses programmes d'exploration générale
durant les 30 prochains mois, s'élève approximativement à
$2.5 millions. La société ne peut compter, par conséquent,
que sur une somme de $3 millions pour financer la mise en valeur de ses
découvertes actuelles et garantir sa quote-part des emprunts des mises
en exploitation des gîtes de Saint-Honoré, de Saint-Urbain, des
Iles-de-la-Madeleine, cette quote-part de la Soquem se situant entre $10 et $25
millions. L'augmentation du capital social que nous proposons aujourd'hui dans
ce projet de loi sera accrue par les surplus de trésorerie provenant
à la Soquem grâce aux activités de sa filiale, la
Société minière Louvem Incorporée, et grâce
aux redevances qu'elle reçoit des opérations de la
Société minière d'exploration Somex, qui exploite un autre
gîte que la Soquem a contribué à mettre en valeur.
La Soquem a atteint plus vite que prévu une plus grande dimension
corporative et elle doit recevoir une allocation additionnelle de capital
social à la mesure de ses découvertes et de son
développement. L'amendement que nous proposons aujourd'hui par le
projet de loi no 4 comporte trois éléments
interdépendants, chacun visant à assurer la continuité de
l'action de la Soquem conformément aux trois objectifs du mandat
défini dans sa charte. Le premier élément comporte un
renouvellement pour cinq ans du capital social de Soquem jusqu'en. 1980 pour
lui permettre de poursuivre son action dans la recherche et la
découverte de gîtes minéraux.
L'augmentation de son capital social lui permettra de rendre à
terme ses programmes de mise en valeur de ses découvertes. La
création d'un fonds spécial de souscription de $5 millions
combiné aux revenus que la société perçoit par des
participations dans les sociétés d'extraction qu'elle a
contribué à créer lui permettra d'assurer le financement
de sa quote-part des mises en exploitation des gisements miniers de son
portefeuille. L'adoption de l'amendement proposé permettra à la
Société québécoise d'exploration minière
d'accentuer l'influence bénéfique qu'elle a eue jusqu'à
maintenant sur le développement de l'économie du
Québec.
Je profite de l'occasion qui m'est ici fournie pour rendre hommage aux
administrateurs de Soquem, qui ont grandement contribué, par une
administration efficace, à l'évolution de cet organisme. On peut
affirmer que Soquem joue un rôle positif d'agent de croissance au sein de
l'industrie minière québécoise, et ceci tant par ses
programmes partagés et par l'intérêt qu'elle suscite pour
des régions peu explorées que par l'essor qu'elle donne à
l'ensemble du secteur minier québécois. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, le principe unique que l'on retrouve
dans ce projet de loi vise à augmenter le capital-actions ou le fonds
social de Soquem aux fins de le porter de $21.5 millions à $45 millions.
Une fois la loi votée, le ministre des Finances sera détenteur de
4,500,000 actions à $10 l'unité.
M. le Président, ce qui nous intrigue quelque peu, c'est cette
disposition nouvelle que l'on retrouve dans la loi, qui laissera au ministre
des Finances une discrétion complète et totale quant à la
dépense d'un montant de $5 millions d'ici l'année 1980. Est-ce
que cette dépense, ce crédit, cette souscription au fonds social
de Soquem, nous est demandée dans le but d'exploiter la mine de sel des
Iles-de-la-Madeleine? Ce capital, allié au revenu qu'a pu retirer Soquem
de l'opération Louvem, serait-il alors suffisant pour une exploitation
rationnelle, rentable de ce gisement minier? Le ministre a été
extrêmement muet sur ce point. Ce qui nous intéresse, c'est cette
ouverture d'actions, cette projection nouvelle qu'entend appliquer Soquem,
lorsque nous trouvons dans cette loi cette capitalisation de $5 millions pour
éventuellement rencontrer les dispositions du paragraphe c) du chapitre
36 des Statuts de 1965, Loi créant la charte de la Société
québécoise d'exploration minière. En effet, M. le
Président, il est prévu à l'article 3, au pouvoir c) ou
à l'objectif c) ou dans l'objet c) de cette loi qu'il est toujours
possible à la société de participer à la mise en
exploitation des gisements, soit en les vendant, soit en prenant une
participation contre la valeur des propriétés transmises. Je
crois que c'est un accent nouveau, une activité nouvelle que l'on veut
accorder à Soquem, le tout, cependant, étant toujours soumis
à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. le Président, le ministre, cet après-midi, nous a
raconté la vie, nous a fait la génèse des activités
de Soquem. Ceux qui ont lu ou relu les Débats du 25 mai 1971 n'ont pas
trouvé grand nouveau dans le discours que nous a prononcé, cet
après-midi, en deuxième lecture, le ministre des Richesses
naturelles, sauf qu'il a ajouté à l'actif opérationnel de
Soquem la participation de cette dernière dans l'exploitation de la mine
Somex, non loin de La Tuque, dont la valeur inscrite au marché de
Montréal actuellement, sur le marché hors liste, varie entre
$0.80 et $0.90, quoique récemment, cette mine cotait $1 dans des
activités plus ou moins actives sur le marché de la bourse.
M. le Président, je voudrais inviter le ministre des Richesses
naturelles à repenser, avec les dirigeants de Soquem, une philosophie
économique de nature à protéger le capital de l'entreprise
privée déjà en opération au Québec dans le
domaine minier. Je me demande si c'est l'intention du gouvernement et du
ministre des Richesses naturelles de signaler à Soquem la
nécessité de protéger davantage les syndicats miniers
canadiens-français ou québécois que nous avons, comme, par
exemple, le Syndicat de Beauchemin avec la mine East Sullivan et toutes les
autres, avec le Syndicat Gour, excellent syndicat de promotion minière
au Québec. Je passe sous silence le Syndicat Dumas dont le
président est décédé, malheureusement, il y a
quelques années, qui a grandement fait pour le développement de
l'industrie minière dans la région de Matagami alors qu'il
était député à la Chambre des communes du
comté de Villeneuve.
Il est regrettable que, de plus en plus, Soquem s'associe à des
capitaux étrangers plutôt que d'essayer de promouvoir, ou
d'intéresser, ou de s'intéresser aux capitaux
québécois ou canadiens-français. Qu'il me suffise de me
référer au rapport de Soquem, le dernier paru pour l'année
financière 71/72, où nous y trouverons une liste de compagnies,
dans le programme B d'exploration de reconnaissance, programme partagé,
géré par Soquem, et dans le programme C, qui traite des
programmes d'exploration de reconnaissance.
Nous y verrons, entre autres, une participation de Soquem dans la mine
Falconbridge Nickel Mines Limited, une participation de $70,000 de la part de
Soquem. Je ne sache pas que le capital de Falconbridge Nickel soit du capital
québécois. Il y a une participation également dans le
groupe minier East Sullivan pour le développement de la mine de
Gaspésie, souscription de $19,600. Qu'est-ce à dire de la
participation de Soquem dans la mine Serem Ltée, double participation,
toujours pour le développement de cette mine, pour l'exploration de
cette mine de la Gaspésie, contributions, une première de l'ordre
de $24,000 et l'autre de l'ordre de $55,400. Participation de Soquem dans une
compagnie minière que l'on appelle Umex ou Union minière,
exploration and Mining Corporation Limited du Nouveau-Brunswick, participation
de l'ordre de $78,536. Participation également de Soquem dans Long Lac
Mineral Exploration Limited, pour une mine d'Abitibi, pour un montant de
$76,398. Contribution à part, participation de Soquem dans
l'exploitation et la recherche minière, également dans l'Abitibi,
avec Albarmont Mines Corporation. Association dans le développement du
territoire de la baie James avec Rio Tinto Canadian Exploration Limited,
participation d'un montant de $8,972.
Participation encore, de l'ordre de 50 p.c, pour un montant de $34,100
de Soquem avec New Jersey Zinc Exploration Company Canada Limited et Penarroya
Canada Limitée. Une autre participation de Soquem, cette fois de l'ordre
de 75 p.c. du montant total de la recherche minière, avec New Jersey
Zinc Exploration Company Canada Limited, dans l'Abitibi. Une autre
participation, cette fois qui semblait être québécoise, de
Soquem, dans la compagnie minière Québec Cartier, recherche
minière dans les Laurentides et sur la Côte-Nord, participation de
Soquem de l'ordre de $10,405.
Dans le territoire de la baie James, une autre participation de
recherche de la part de Soquem avec Cominco Limited et New Jersey Zinc
Exploration Company Canada Limited, pour un montant de $58,706. Une autre
participation de recherche, d'exploration minière dans le territoire de
la baie James, de l'ordre de $33,992, avec l'Union minière Exploration
and Mining Corporation Limited, Umex. Participation dans le
développement de recherche et d'exploration, dans une autre partie du
territoire de la baie James, au montant de $48,900, avec Chibougamau Mining
& Smelting Company Incorporated.
Et lorsque nous arrivons au programme d'exploration de reconnaissance,
nous y voyons, M. le Président, en premier lieu, une participation de
$43,662 de Soquem avec New Jersey Zinc Exploration Company Canada Limited et,
toujours dans le territoire de la baie James, une participation cette fois de
l'ordre de $103,971 avec Penarroya Canada Limitée. Une autre
participation de $16,000 pour une exploration minière, en Ontario, avec
Penarroya Canada Limitée. Une participation de $4,700 avec Noranda
Exploration Company Canada Limited pour des recherches en Gaspésie et,
finalement, une participation de $15,000 de Soquem avec Matagami Lake
Mines.
Si nous faisons une addition de cette participation de Soquem avec les
compagnies minières ci-haut mentionnées, dont je viens de donner
la liste, vous verrez, M. le Président, que la participation de Soquem
à l'appui ou comme aide, comme participation, comme politique de
soutien, d'exploration, en faveur des compagnies minières
étrangères est de l'ordre de $666,611 comparativement à un
montant de $138,397 en faveur de compagnies qui semblent être des
compagnies québécoises ou à acte constitutif
émanant de l'autorité provinciale.
Je dis donc, M. le Président, que c'est une politique qui devrait
éveiller l'attention du ministre responsable à l'Assemblée
nationale des activités de Soquem. Je ne sache pas que le
législateur ait eu pour intention, en présentant cette loi, en
1965, de mettre entre les mains d'une société de la couronne un
moyen de financement qui soit au détriment de l'investissement
déjà consenti dans le domaine minier, investissement qui devait
recevoir l'appui de cette compagnie d'exploration minière mais qui
semble plutôt se détacher des activités minières de
compagnies déjà en place pour s'associer à de puissants
organismes du monde minier, par exemple, la compagnie Noranda Nickel,
l'International Nickel.
Je dis donc qu'il faut repenser toute une philosophie. Tout à
l'heure, je suis certain que le ministre sera quelque peu surpris de certaines
remarques qu'a l'intention de tenir le chef de l'Opposition à l'appui ou
au rejet du principe de la deuxième lecture du projet de loi no 4.
Le ministre nous a-t-il donné une justification pour la
présentation d'un tel projet de loi? Je soumets respectueusement que le
ministre ne nous a absolument rien dit là-dessus. Je me demande ce qu'a
apporté de nouveau le ministre. J'invite les quelques errants de
l'Assemblée nationale, qui sont actuellement présents en Chambre
M. le Président, je ne vous signalerai pas que nous n'avons
pas quorum; je voudrais tout simplement vous le dire à lire le
discours de deuxième lecture que nous faisait le ministre des Richesses
naturelles, le 25 mai 1971, lorsqu'il nous a demandé de porter le
capital-actions de Soquem de $15 millions à $21.5 millions.
Aujourd'hui, on nous demande de doubler le capital social de cette
compagnie, sans indiquer aucune nécessité, sans indiquer aucune
urgence ou aucune découverte d'importance qui justifierait Soquem de
nous demander une participation accrue ou un versement accru du capital
social.
La seule note nouvelle que nous a mentionnée cette
après-midi le ministre, c'est l'exploita-
tion de la mine Somex. Il aurait pu, en toute justice, cependant, nous
parler de la mine Mont Wright car Soquem a joué également un
rôle dans l'exploration de cette mine. Il ne nous en a pas
parlé.
Le ministre nous parle de Saint-Honoré, dans le comté de
Dubuc. Il nous en a parlé en 1971. Qu'est-ce qui a été
fait depuis ce temps? Absolument rien. Est-ce que le ministre a l'intention de
nous parler de la mine de columbium de Saint-André d'Argenteuil?
Qu'est-ce qu'il y a eu de nouveau depuis 1971, alors que le ministre nous a
demandé de verser à Soquem un capital augmenté de $6.5
millions? Pourquoi, du même coup, demander une augmentation de capital
social de $23.5 millions?
Pour accélérer les recherches à Saint-Honoré
de Dubuc ou à Saint-André d'Argenteuil? Qu'est-ce que Soquem a
fait pour participer aux travaux de recherche de ces deux mines, qui
étaient à 'a base de la demande d'augmentation de capital en 1971
lorsque le ministre nous a présenté sa loi?
Sans doute, le ministre est-il au courant qu'à
Saint-Honoré de Dubuc, c'est une compagnie ontarienne qui vient faire
concurrence à une compagnie québécoise? Est-ce que le
ministre est au courant de l'attitude que prend Soquem à l'endroit d'une
compagnie minière québécoise qui est sur place? Pourquoi
Soquem préfère-t-elle collaborer, appuyer, exploiter en
société avec une compagnie ontarienne, plutôt que d'appuyer
une compagnie québécoise déjà en place?
Le ministre des Richesses naturelles ne nous a pas parlé des
retombées économiques de cette nouvelle politique qu'entend
mettre de l'avant Soquem. Pourtant, c'est un gouvernement qui aime toujours
à se vanter des nouveaux emplois qu'il crée. Combien de nouveaux
emplois vont être créés par cette politique d'aide accrue
à l'industrie minière au Québec?
Nous entendrons le premier ministre, dans l'étude de ses 1,000
jours, nous parler d'un nombre fantastique de lois qu'il a fait adopter
à l'Assemblée nationale pour stimuler l'économie
québécoise. Une autre "loiselle", M. le Président; je dis
que c'est une "loiselle" que nous présente cet après-midi le
ministre des Richesses naturelles parce qu'il n'a pas osé ou parce qu'il
était incapable de nous produire des chiffres à l'appui de la
nécessité de voter une augmentation de $23.5 millions à
Soquem. Est-ce que par hasard le gouvernement a l'intention de faire vivre un
autre éléphant blanc comme la Société
générale de financement? C'est beau, M. le Président, de
demander à mon honorable ami le ministre des Finances d'être
détenteur de 4,500,000 actions de Soquem, mais pour quelles fins? En
vertu de quelle nécessité? Quels sont les projets nouveaux
qu'entend mettre de l'avant Soquem? Aucune politique nouvelle d'exploration
minière dans la bouche du ministre des Richesses naturelles, le
porte-parole de Soquem.
Nous avons raison de nous interroger, M. le Président. Nous ne
sommes pas sans réaliser qu'à ce jour Soquem a participé
avec avantage au développement de la mine de cuivre du canton
Louvicourt, non loin de Val-d'Or et qu'elle retire des bénéfices
et avantages de l'exploitation de la mine Louvem. En 1971, un procès
était pendant devant les tribunaux. Le ministre peut-il nous dire ce qui
est arrivé de cette procédure judiciaire prise par Louvem contre
Soquem? Nous attendons la réponse. En 1971, le ministre nous parlait de
l'exploitation des mines de columbium de Saint-André d'Argenteuil et de
Saint-Honoré de Dubuc; il nous en a encore parlé cet
après-midi. Mais c'est donc important, ces mines-là! Quand
allons-nous finir de faire des travaux d'exploration pour passer aux travaux
d'exploitation de ces deux mines de colombium?
Il semblerait que les revenus retirés par Soquem par suite de
l'exploitation de la mine Louvem ont été jusqu'ici de l'ordre de
$4,500,000. Est-ce que le minitre peut nous dire si cette affirmation est
exacte ou si elle est fausse? Si les revenus ont été de
$4,500,000, qu'a-t-on fait de cet argent obtenu de l'exploitation de la mine
Louvem? Quelle a été l'activité générale de
Soquem dans l'industrie minière au Québec depuis 1970? On sait,
M. le Président, qu'entre 1969 et 1970, il y a eu 56 p.c. de moins de
superficie de jalonnement d'exploitée au Québec avec une baisse
de 59 p.c. des jalonnements demandés au ministère des Richesses
naturelles.
Je vous dirai, M. le Président, qu'actuellement il y a cinq
députés libéraux en Chambre sur 72, et le premier ministre
se vantera d'avoir une équipe dynamique, d'action, de
réalisation.
Je m'excuse, M. le Président; ils sont maintenant devenus six,
une demi-douzaine sur six douzaines! Un douzième de la députation
libérale s'intéresse à un projet de loi qui est
censé être une pierre angulaire sur laquelle sera construite
à nouveau l'économie québécoise! Je salue avec
intérêt l'arrivée du premier ministre qui ne comprend
absolument rien à la loi présentement à l'étude,
mais qui, cependant, en louangera les effets.
Le premier ministre ne devrait pas se sauver. Il devrait être de
passage plus longtemps parmi nous, parce que, tout à l'heure, il sera
sûrement intéressé par les propos que tiendra le chef de
l'Opposition à l'occasion de la deuxième lecture de ce projet de
loi.
M. le Président, l'exploitation minière du Québec
se retrouve actuellement au niveau des années 1950 et 1960. L'effort de
prospection et d'exploration minière est tombé en dessous du
seuil critique qui permettrait le simple renouvellement normal des gisements
épuisés, sans expansion de la production. Ce n'est pas moi qui
parle; c'est le ministre des Richesses naturelles en 1971, lorsqu'il a
présenté son projet de loi. Le ministre, à ce
moment-là, nous disait: II faut que nous ayons une formule de
rechange
aux mines du Nord-Ouest québécois, que l'on est
obligé de fermer par suite de l'épuisement du minerai, mais
qu'est-ce à dire de la politique mise de l'avant par Soquem pour essayer
de trouver des gisements miniers, d'or, de cuivre et de zinc?
Je comprends que les gisements d'amiante, de fer sont encore assez
importants pour leur exploitation, alors que le malaise se trouve dans
l'épuisement des mines d'or, de cuivre, de zinc et également de
plomb. Quelle a été la politique mise de l'avant par Soquem pour
pallier la situation vraiment triste que nous décrivait le ministre des
Richesses naturelles en 1971, lorsqu'il nous a présenté son
projet de loi? Absolument le silence complet. La menace qui pèse
actuellement sur l'industrie minière du Québec persiste encore
parce que Soquem n'a absolument rien fait, si ce n'est je le
répète une participation nouvelle dans l'exploitation de
la mine Somex, parce que ce n'est pas à Saint-Honoré de Dubuc, ni
à Saint-André d'Argenteuil, que l'on a dépensé
l'argent nécessaire à l'exploitation des mines de columbium.
Soquem n'a absolument rien fait pour trouver de nouveaux gisements miniers
d'or, de zinc ou de cuivre et on nous demande de voter un montant additionnel
de $23,500,000 de capitalisation.
Je dis que nous avons besoin de plus de renseignements de la part du
ministre et, s'il ne possède pas ces renseignements, qu'il aille les
demander à M. Côme Carbonneau, président de Soquem. Si M.
Carbonneau veut parler, il pourra lui donner les informations qui lui
permettront de renseigner adéquatement les députés de
cette Chambre, parce que nous n'avons pas l'intention, pour le moment, ,de
souscrire à un montant de $23,500,000 sans connaître d'abord la
nécessité, l'urgence, la planification, le travail accompli
depuis 1971.
Sous le couvert d'un développement économique essentiel
pour le confort et le bien-être des Québécois ou parce que
le gouvernement est à la recherche de formules économiques qui
pourraient pallier le chômage que nous connaissons, nous n'allons pas
aveuglément voter la somme de $23,500,000 que nous demande le ministre
des Richesses naturelles.
Je dis qu'avant de nous prononcer en faveur de ce projet de loi le
ministre a besoin de nous donner des renseignements que nous lui demandons.
Autrement, il fera la preuve éclatante d'une incompétence
que nous soupçonnons chez lui plutôt qu'une efficacité
administrative, plutôt que d'être un véritable leader en
politique d'industrie minière au Québec pour promouvoir cette
industrie et pour essayer de créer des emplois nouveaux comme on se
proposait de le faire en 1971 lorsque, sous le couvert d'une
nécessité économique absolue, on nous demandait de voter
$6,500,000 de plus pour pallier les besoins de Soquem, qui devait être
à la recherche de terrains miniers pour suppléer à ceux
que l'on était obligé de faire fermer. Vingt-trois mines ont
été fermées au Québec depuis 1970: exactement onze
dans la région de Val-d'Or-Matagami, quatre dans la région de
Noranda, sept dans la région de Chibougamau et une dans la région
d'Ottawa.
Qu'est-ce que Soquem a fait? Quelles ont été les
participations de Soquem dans la recherche de nouvelles mines,
spécialement d'or, de cuivre et de zinc? Parce que les mines qu'on a
fermées étaient des mines d'or, de cuivre et de zinc. Je ne parle
pas des mines d'amiante, je ne parle pas des mines de fer parce que la
matière première, la richesse naturelle est encore abondante et
il nous est permis d'espérer une exploitation rationnelle et rentable
pour les Québécois de ces deux minéraux que je viens de
mentionner.
En 1970, le ministre des Richesses naturelles nous disait: Nous devons
faire quelque chose parce que dans la région du Nord-Ouest
québécois nous sommes exposés à avoir sur les bras
bientôt, d'ici cinq ans, 2,500 nouveaux chômeurs de plus. Qu'est-ce
que Soquem a fait pour pallier cette menace de chômage depuis 1971? Dans
deux ans et dix jours, qu'est-ce que Soquem a fait? Quelle a été
la politique de Soquem pour pallier cette crise de chômage qui existait?
On sait et vous, M. le Président, spécialement, qui vous
intéressez à l'industrie minière, vous savez que là
où on ferme les mines on tue également l'économie, ce qui
entraîne nécessairement et infailliblement la désertion des
villes et des centres urbains. Malheureusement, c'est ce qui s'est produit en
Abitibi.
Qu'est-ce que le gouvernement a l'intention de faire pour promouvoir
l'industrie minière dans les régions de la Gaspésie et du
Nord-Ouest québécois à part une publicité assez
dispendieuse comme le feuillet que nous a distribué cet
après-midi le ministre? C'est beau, de toutes sortes de couleurs,
ça frappe l'oeil. Ce que nous voulons, ce sont des résultats et
non pas une telle publicité, bien présentée,
nécessaire mais qui devrait nous apporter des résultats
plutôt que des projections ou nous faire connaître quelles sont les
principales étapes avant l'exploitation d'une mine ou l'ouverture d'une
mine. Ce serait l'objet de plusieurs belles cartes postales que devrait choisir
le ministre pour nous offrir ses voeux à l'occasion du nouvel an. En
même temps, il pourrait instruire quelque peu la population mais ce n'est
pas suffisant pour que la population apprécie à sa juste valeur
le rôle joué actuellement par Soquem dans l'industrie
québécoise.
J'invite le ministre à relire les débats qui ont
présidé la présentation de la loi de 1965, loi qui fut
sanctionnée au mois de juillet 1965. En 1971, le ministre nous annonce
une planification de cinq ans de la part de Soquem pour la mise en valeur de
nouvelles mines au Québec. Quel a été le résultat,
à ce jour, de cette planification quinquennale? Je voudrais que le
ministre nous réponde pour que nous puissions juger de la
nécessité. C'est toujours le même principe qui est en
cause: augmenter de $21.5 millions à $45 millions le fonds social de la
compagnie Soquem.
On nous dira, M. le Président, que le député de
Maskinongé a fait du pathos parce qu'en réalité ce n'est
pas une augmentation immédiate, c'est pour une période
échelonnée de 1973 à 1980. Je l'admets. Mais est-ce que le
ministre est en mesure de nous faire part de la planification de Soquem, pour
la période de 1973 à 1980? Et sur quelles données
assoit-on les renseignements pour nous inviter à voter un montant aussi
important? Quelle est la priorité dans tous ces projets de Soquem?
Quelles sont les priorités? Nous aimerions savoir quelles ont
été les réalisations de Soquem depuis 1971. Quel a
été le résultat du vaste programme d'exploration que nous
promettait le ministre en 1971? Je vous disais tout à l'heure
spécialement pour les régions de la Gaspésie et de
l'Abitibi. Le ministre semble rire; je vais lui réciter un petit passage
de son évangile de leader des richesses naturelles au Québec.
Page 1770, journal des Débats, première ligne en haut, le
25 mai 1971 je suis certain que le ministre ne se le rappelle pas, parce
qu'à ce moment il a lu un texte que lui avaient préparé
ses fonctionnaires, il ne connaissait absolument rien, il était
nouvellement arrivé au ministère "Soquem a
préparé par ailleurs, pour le Nord-Ouest québécois
c'était la péroraison du grand discours du ministre des
Richesses naturelles des programmes d'exploration nouveaux propres
à réaliser le doublement dans cette région de ses
dépenses d'exploration et de celles de ses partenaires
partenaires, entre parenthèses, à capital étranger
plutôt que partenaires québécois, comme je l'ai
signalé tout à l'heure au ministre avec de bonnes chances
d'y découvrir un gisement de valeur commerciale d'ici cinq ans." Quelles
ont été les chances de découvrir un gisement important
dans le Nord-Ouest québécois ou dans la Gaspésie, depuis
1971? Il doit avoir une tannante de cachette, parce que le montant qu'on a
voté en 1971, l'augmentation de $6.5 millions du fonds social, ce n'est
pas encore suffisant; le ministre nous en demande $23.5 millions de plus. "Des
programmes analogues sont examinés, d'autre part, pour la
Gaspésie et la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean." C'était
la péroraison du discours du ministre, le 25 mai 1971. Nous voulons de
l'action.
M. le Président, qu'est-ce à dire de la politique
qu'entend mettre sur pied Soquem pour justifier une telle mise de fonds? Je
vous l'ai mentionné tout à l'heure, nous avons besoin de
renseignements précis afin d'être en mesure de juger de la
nécessité pour l'Assemblée nationale de voter les
crédits demandés. C'est dommage que nous n'ayons pas eu
l'avantage d'entendre les directeurs de Soquem en commission parlementaire, et
ce, depuis plusieurs années. Je n'insiste pas davantage pour le moment
sur cette constatation.
Je suis certain que le ministre des Richesses naturelles
écoutera, avec beaucoup d'attention, les propos du député
de Bellechasse. A la lumière de la réplique du ministre, nous
pourrons juger s'il est adéquatement informé pour nous renseigner
afin que nous soyons en mesure de juger de la nécessité, du
besoin, de l'urgence de voter pour ou contre le principe de cette loi. M. le
Président, ce n'est pas parce que nous en avons contre l'industrie
minière au Québec. Au contraire, bien imparfaitement, nous avons
déploré le rôle actuellement joué par Soquem
auprès des compagnies existantes de l'entreprise privée. Les
régions minières ne sont pas nombreuses au Québec
nous avons dans les Cantons de l'Est les mines d'amiante, le Nord-Ouest
québécois, la région de Chibougamau, le Lac-Saint-Jean, un
peu dans Gatineau, cela résume à peu près les
différents secteurs du Québec où il y a possibilité
d'exploitation minière nous souhaitons que l'industrie
minière, qui vivote actuellement, puisse recevoir de l'Etat, par
l'intermédiaire ou l'entremise de Soquem, l'appui nécessaire, la
contribution financière ou l'apport financier qui permettra à ces
industries, déjà établies, de continuer leurs travaux
d'exploration que nous souhaitons voir se transformer en travaux
d'exploitation.
Je remercie le ministre de l'attention qu'il a portée à
mes propos. Je l'ai vu prendre des notes. Je suis certain que tous les
collègues de l'Assemblée nationale ont hâte d'entendre, en
temps opportun, le ministre donner la réplique pour nous tirer
d'inquiétude et calmer notre âme et conscience devant ce qui nous
semble être un projet de loi non nécessaire pour le moment,
surtout dans l'ampleur que lui donne le ministre des Richesses naturelles en
nous demandant de voter une augmentation de fonds social de $23,500,000.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député
d'Abitibi-Est.
M. Ronald Tétrault
M. TETRAULT: M. le Président, nous voyons encore devant nous, par
le projet de loi no 4, une loi modifiant la charte de la Société
québécoise d'exploration minière, Soquem. En cherchant un
peu dans la documentation parlementaire, nous pouvons nous apercevoir que cette
compagnie a été constituée en 1965 avec un capital-actions
de $15 millions. Suite aux propos qui ont été tenus le vendredi
21 mai 1965, à l'Assemblée nationale, nous pouvons nous
apercevoir que le gouvernement, ou cette compagnie constituée en 1965
n'a pas fait ce qu'elle avait promis de faire. Elle ne l'a pas fait pour des
raisons qu'on ne peut pas comprendre, elle ne l'a pas fait, peut-être
à cause un gros mot de l'incompétence dans sa
gérance, peut-être à cause de l'incapacité du
gouverne-
ment de travailler dans le secteur qui lui était destiné
durant ces années.
En 1971, encore une augmentation de capital à $21,250,000. Le
gouvernement encore, avec le ministre actuel, nous promettait de beaux cadeaux,
un avenir prometteur dans la province de Québec par Soquem. Il nous
disait, entre autres, que le Nord-Ouest québécois sera encore
favori, que le Nord-Ouest québécois avait besoin du capital que
l'on demandait, que le Nord-Ouest québécois va en se
détériorant avec tout ce qui a traîné, comme l'a si
bien dit le député de Maskinongé.
M. le Président, en 1973, deux ans plus tard, le gouvernement,
vient encore nous demander $45 millions pour Soquem. Pour quelle raison M. le
Président, doubler le capital de Soquem? Pour quelle raison Soquem
veut-elle avoir environ $23 millions de plus? Pour quelles fins? Si on regarde
le bilan de cette grande société, bilan qui nous a
été soumis dans le rapport annuel 71/72, on se demande ce que
Soquem fait dans le secteur minier. Qu'est-ce que Soquem peut apporter dans le
secteur minier à la province de Québec?
Comme je le disais, en 1965, le gouvernement libéral
déposait la loi créant la Société de
développement et d'exploitation. On s'aperçoit, M. le
Président, que le Nord-Ouest est mentionné, que Matagami est
mentionné. Il y a même le député de la
Gaspésie qui nous a fait un éloquent discours pour dire que,
finalement, la Gaspésie va être favorisée. En 1973
huit années plus tard on se demande à quel endroit
la Gaspésie a été favorisée et on se demande encore
à quel endroit le Nord-Ouest québécois a été
favorisé, comme il l'a si bien dit.
Je sais que le Nord-Ouest québécois a sa large part du
budget de Soquem. Je sais que le ministre va nous dire que $5 millions sont
dépensés dans le Nord-Ouest québécois pour la
création de nouvelles mines. Je sais que le ministre va probablement
nous citer l'intervention qu'il a faite en ce qui concerne Cadillac. Il va nous
parler de son intervention à propos de Lacorne Molybdenite. Sur ce
point-là, M. le Président, je ne comprends pas encore le
gouvernement, même si la population de la mine Lacorne Molybdenite a fait
des demandes, des pressions avec les Métallos unis, comme il nous a dit,
en commission parlementaire, qu'il n'y avait absolument rien, d'avoir
dépensé ces sommes dans cette région.
M. le Président, quand je regarde le bilan de Soquem, je me
demande si ce n'est pas du bien-être minier que le gouvernement dispense.
Lorsque je vois la participation de Soquem à différents
échelons, 40 p.c. 50 p.c. et tout cela, cela me fait sourire un peu. Une
société comme Soquem, qui vaut $21,250,000, s'en va dans un
programme conjoint avec une compagnie comme Falconbridge, petite compagnie
canadienne je ne me battrai pas pour savoir si c'est
québécois ou autre qui peut peut-être acheter le
gouvernement provincial, le revendre à crédit et le financer. La
participation de Soquem, $70,000. Qu'est-ce que Soquem va faire avec
Falconbridge? Qu'est-ce que Soquem va faire avec le groupe minier de Sullivan?
Encore une autre corporation typiquement québécoise, qui
appartient aux Québécois: $19,600 avec le groupe Sullivan. Sulco
Compay, M. le Président, qui peut, elle aussi, certainement acheter tout
le comté d'Arthabaska, le revendre à crédit et le
financer.
M. le Président, Serem, encore une autre grande exploitation.
Vous avez Umex, Long Lake Mineral Exploration, Albert Mount Mines, Rio Tinto,
la compagnie pauvre du Canada, une petite compagnie. La participation dans le
territoire de la baie James de Soquem, $8,972. Si ce n'est pas ridicule, je me
demande ce que c'est. Qu'est-ce que Soquem peut bien faire?
Une autre petite compagnie, encore très limitée dans ses
avoirs, qui s'appelle New Jersey Zinc Exploration Company Canada Limited. Si le
ministre n'est pas au courant, c'est encore une compagnie minière
internationale, qui a des investissements à travers le monde. Soquem,
encore pour le développement de l'Abitibi, comme elle le cite, donne
$34,100, pour faire quoi avec la New Jersey? Cela paie peut-être le lunch
des directeurs pour une journée, M. le Président. Qu'est-ce que
Soquem va faire dans cela?
M. le Président, une autre petite compagnie, la compagnie
minière Quebec Cartier, compagnie pauvre, très pauvre, qui
exploite une petite mine sur la Côte-Nord, très pauvre;
participation de Soquem, $10,405. Qu'est-ce que cela fait dans le budget d'une
compagnie minière comme Quebec Cartier?
Quelle participation? 45 p.c. Cette compagnie garroche et distribue un
montant plus élevé, qui peut faire $25,000, pour l'exploration
conjointe entre la compagnie minière Québec Cartier et Soquem.
Elle en dépense plus pour avoir des déductions auprès des
gouvernements provincial ou fédéral, et Soquem participe pour
$10,000.
Cominco, petite compagnie encore avec New Jersey Zinc Mining, le montant
est imposant, $58,000. Deux petites compagnies. Celles-là
n'achèteront pas la province de Québec, mais le Canada entier.
Union minière exploration et Mining Corporation Ltd, Umex, bonne
compagnie française d'outre-mer. Comme l'a si bien dit son
président alors qu'il est venu dans le Nord-Ouest
québécois: On a au-delà de $3 millions à gaspiller
au Canada et on a choisi L'Abitibi pour aller le dépenser. Soquem,
$33,992 encore dans cette belle compagnie.
Une autre compagnie celle-là c'est un cadeau
Chibougamau Mining & Smelting Co., petite compagnie que vous
connaissez d'ailleurs, M. le Président, pour avoir demeuré
à Chibougamau pendant plusieurs années très pauvre,
aucun moyen financier, ne peut faire de recherche dans aucun endroit, ne peut
pas faire
de vérifications, ne peut pas se demander s'il y a des
gîtes de plomb ou de zinc dans les régions, est obligée
d'avoir l'aide de Soquem, $48,990.
C'est à peu près le bilan de la compagnie Soquem, bilan
très peu imposant. Et encore ici il y a une autre petite compagnie, vous
avez Noranda Mines, une des plus grosses compagnies minières au Canada;
la participation de Soquem: $4,700. Dans la compagnie Noranda, qu'est-ce que
Soquem va faire dans ça? Je ne peux pas comprendre ce que Soquem, avec
$4,700, fait à la mine Noranda, si ce n'est pas du bien-être ou le
party de fin d'année des directeurs qu'ils viennent payer. Je me demande
ce qu'ils font.
Penarroya, une autre petite compagnie qui n'a pas d'argent, qui n'est
même pas capable de dépenser; Soquem, ce coup-là, a investi
$103,000 dans la belle région de la baie James. Encore là c'est
une bonne compagnie québécoise, qui a les intérêts
du Québec à coeur. Je ne peux pas comprendre ce que fait Soquem
avec toutes ces compagnies. Ce sont les meilleurs achats que vous avez de la
Bourse canadienne, la Bourse de Montréal et la Bourse de Toronto, ce
qu'on appelle du "blue chip stock". Quand on veut faire de l'investissement on
achète de ces compagnies. Dans toutes ces grosses compagnies, Soquem
participe peut-être avec un montant minime: $750,000.
Mais qu'est-ce que Soquem fait avec ces compagnies? Quelle affaire
a-t-elle à donner gratuitement du bien-être à ces
compagnies pour $750,000? Elles en jettent plus que ça en
équipement lorsqu'elles font des recherches dans les forêts, dans
le Grand Nord, lorsqu'elles laissent des "sleeping bags", des poêles, des
tentes et tout ce que vous voudrez dans le bois parce que ça coûte
trop cher pour les sortir. Et Soquem va donner $4,000 à une compagnie
comme Noranda? Qu'est-ce qu'elle fait dans ce domaine?
C'est un manque d'orientation, de compétence totale que Soquem a
en participant dans ces grandes compagnies. Il y a assez d'endroits dans la
province de Québec où l'on peut investir de l'argent pour faire
bénéficier la population québécoise au lieu d'aller
financer de grosses compagnies.
Que la compagnie Soquem fasse de l'exploration strictement, pas d'autre
chose, et $45 millions, je vais voter en faveur immédiatement. Mais
lorsque Soquem s'en va dans l'exploitation de gisements miniers, la bebelle,
elle est complètement à côté de la "track", elle ne
sait pas où elle s'en va. Vous avez des compagnies comme Noranda, comme
Chibougamau, Patino Mining, Penarroya, Falconbridge, International Nickel qui
se lancent dans des mines. Vous en avez entre autres près d'Amos une qui
dit que pour mettre une mine en service ça va coûter
au-delà de $125 millions. Asbestos Copper, dans la région de
Matagami, parle, elle aussi, de $125 millions pour lancer une mine. Qu'est-ce
que Soquem va faire dans ce marché?
Qu'est-ce que Soquem pauvre comparée aux autres compagnies, va
faire dans une compagnie minière qui peut à toutes fins pratiques
leur donner leur budget et ils ne s'en apercevraient même pas à la
fin de l'année? Qu'est-ce que Soquem va faire dans ça? Qu'elle se
lance dans l'exploration, strictement dans l'exploration. Le
développement de la baie James occasionne présentement un
problème aux prospecteurs. Je sais qu'en commission parlementaire le
ministre nous a dit que les prospecteurs n'avaient pas de difficultés
dans le Nord-Ouest québécois. Je dois lui souligner, M. le
Président, que j'ai vérifié en fin de semaine encore et
les prospecteurs ont des problèmes dans le territoire de la baie James.
Vous avez une compagnie comme Penarroya qui est allée à la baie
James, et les petits prospecteurs ne peuvent pas le faire. Peut-être que
le ministre n'est pas au courant, peut-être que lorsqu'il l'a dit en
commission parlementaire il était de bonne foi, mais je lui demanderais
d'aviser ses fonctionnaires à l'échelle régionale que des
permis pour faire de la recherche sur le territoire de la baie James sont
accessibles à. toute la population et non pas strictement à de
grosses compagnies, encore financées conjointement avec Soquem.
Que Soquem délimite, soit par relevés aériens,
géophysiques, magnétiques tout le "pa-taclan" minier; qu'elle
nous trouve les gisements qui existent sur le territoire de la baie James:
150,000 milles carrés de territoire. Les compagnies minières en
ont pour 50 ans, M. le Président, à chercher pour trouver.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je m'excuse, nous n'avons pas
le quorum à l'Assemblée durant l'étude de cet important
projet de loi. Je dois faire remarquer qu'il n'y a pas un seul membre, non
plus, de l'Union Nationale.
M. SAINT-PIERRE: Le Parti québécois n'est pas
intéressé au bill?
M. LESSARD: Présent, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: Comme je vous le disais, M. le Président, dans la
région de la baie James, 150,000 milles carrés, il y a encore de
la place pour Soquem et c'est là qu'elle devrait diriger ses efforts
pour faire de l'exploration minière, pas de l'exploitation. Il y a assez
de compagnies minières au Canada, au Québec, dans la
région de Chibougamau ou la région de Matagami, dans la
région de Val-d'Or, qui ont l'argent nécessaire pour faire cette
exploitation; que Soquem demeure donc strictement dans l'exploration.
Il y a un bassin entier, lors de la création des barrages, qui va
inonder un territoire, et Soquem devrait s'occuper présentement de
sa-
voir s'il y a des richesses naturelles sous ces eaux ou sous ce terrain
qui va être inondé.
Qu'on ne vienne pas nous dire qu'il n'y a aucune possibilité
d'exploiter une mine sous un gisement d'eau ou un lac. Je vais être
obligé de rappeler qu'à Chibougamau il y a des mines qui font
l'exploration sous le lac, qu'à Val-d'Or on a eu la mine Siscoe qui
faisait de l'exploration sous le lac et nous avions également la mine
Sullivan.
Strictement en exploration, comme je le disais, $45 millions pour
Soquem, ça me ferait énormément plaisir de les lui voter
et je lui demanderais si elle en a assez, strictement dans ce
domaine-là. On nous a parlé de bien des affaires. On nous a
parlé de l'aventure de Louvem, aventure qui rapporte des profits, mais
encore là je posais la question au ministre des Finances et je la
repose. Lors du procès entre Soquem, Louvem, Nemrod et Brassard, lorsque
le gouverment a été obligé de payer cette compagnie pour
la dédommager, parce que la compagnie a gagné son procès,
à quel endroit dans le budget de Louvem est l'argent qui a
été donné à cette compagnie?
Je le cherche, je ne le trouve pas. J'aimerais savoir à quel
endroit, parce que $2 millions c'est un chiffre assez imposant. C'est un
chiffre assez important à inclure dans un budget, mais je ne le trouve
pas. J'aimerais savoir où elle l'a prise. Si $2 millions ont
été payés, Louvem a fait $800,000 de profit, donc
enlevez-les des $2 millions, c'est $1,200,000 de déficit pour Louvem
dans une année d'exploitation.
Les mérites de Louvem, le gouvernement y est allé. Il
s'est embarqué dans un bateau. Il a perdu sa cause contre Brassard,
comme Nemrod et toutes les trois compagnies détentrices de "claims" dans
la région. Il l'a perdue, il l'a perdue, il l'a mise en exploitation et
maintenant qu'on nous donne les vrais chiffres de cette compagnie
minière, pour qu'on puisse savoir à quel endroit elle est
rendue.
Encore dans un autre domaine. On voit ici : Programmes types de mise en
valeur d'une découverte. M. le Président, dans le beau
comté de Roberval, qui est le vôtre, vous avez la compagnie Soquem
qui se lance encore dans une aventure, une aventure que je qualifierais presque
d'idiote.
Encore qu'une compagnie comme Soquem s'associe avec une compagnie comme
Copper-fields Mining Corporation Limitée, peut-être que vous ne
trouverez ce nom nulle part. Mais je dois vous dire que Copperfields appartient
à Teck Corporation, détenteur de puits d'huile dans l'Est
québécois, détenteur de la mine Lamaque à Val-d'Or,
de mines en Ontario, détenteur de mines au Nouveau-Brunswick,
détenteur de mines en Afrique. La compagnie Soquem, s'en va, dans un
"joint venture" ou un programme associé, faire l'exploitation d'une mine
à Saint-Honoré.
C'est plus que ridicule. Pourquoi Soquem irait-elle je le
qualifie encore de tel donner du bien-être à une compagnie
minière qui peut l'acheter puis la vendre? Pourquoi s'aventurer dans une
affaire? Est-ce que ce ne sont pas les mêmes raisons? Si je me souviens
bien des paroles du ministre, lorsqu'on avait des problèmes avec la mine
Cadillac, il nous disait que les compagnies jouent aux pauvres, les compagnies
nous forcent la main, pour qu'on puisse investir dans leur aventure !
Je me demande si ces mêmes compagnies ne font pas la même
chose. Que Soquem ait découvert le site, que Soquem ait dit dans tel
endroit, dans tel canton: II y a un gisement minier, il y a des anomalies, on
les a trouvées, elle est libre de faire faire l'exploitation par une
autre compagnie. On va leur vendre leurs droits, on va leur vendre à 50
p.c, à 20 p.c, à 25 p.c., quel que soit le pourcentage, les
droits miniers dans le territoire du coût d'exploration, je serais
d'accord. Mais encore une autre aventure.
Qu'est-ce que Soquem va aller faire dans cette galère? Je
comprends qu'on peut dire: Le député d'Abitibi-Est n'a rien
à dire, c'est lui qui a eu la plus grosse partie du budget. Je suis
d'accord sur ça. Je suis d'accord que Soquem dépense dans le
Nord-Ouest québécois, je suis d'accord que Soquem dépense
aussi dans toute la province, dans tous les endroits de la province, que
Soquem, conjointement avec le ministère des Richesses naturelles,
s'occupe de régler les problèmes des Cantons de l'Est pour ce qui
est des droits miniers que les compagnies ne peuvent pas avoir à cause
des lois ridicules de 1895 sur le Grand Trunk Railway.
Qu'elle les règle donc, ces problèmes-là, pour
pouvoir donner aux Québécois leurs richesses naturelles au lieu
de les donner à des personnes à 5 p.c. qui n'ont absolument rien
à faire dans le territoire, les petits-enfants des grands-parents qui
ont 5 p.c. d'une compagnie, qui n'ont rien à faire à cause des
lois ridicules qui ont été adoptées en 1973. Qu'elle
s'occupe donc d'enlever ces terrains et de les donner à
l'exploration.
Dans tous les programmes conjoints, qu'ils soient dans Saint-Urbain,
dans Duplessis, aux Iles-de-la-Madeleine, quel que soit l'endroit, qu'est-ce
que Soquem a à faire dans la bebelle? C'est cela que je ne peux pas
comprendre. Qu'elle se lance donc dans l'exploration du territoire. Dans le
Nord-Ouest québécois je ne voudrais pas reprendre mon ami
le leader de l'Opposition officielle qui l'a demandé, entre autres, je
voudrais le souligner quelle est l'aide que Soquem a apportée?
C'est vrai, 40 mines d'or sont fermées présentement. Je ne pense
pas que Soquem aurait pu faire quoi que ce soit dans cela. C'était $35
l'once; aujourd'hui, c'est rendu $121 l'once mais dans ce temps-là,
$35...
M. TREMBLAY (Bourassa): $156.
M. TETRAULT: $156, merci, M. le député.
M. PAUL: Sur le marché de la pègre, cela.
M. TREMBLAY (Bourassa): Sur le marché européen, hier soir,
aux nouvelles de onze heures.
M.TETRAULT: Si les 40 mines d'or n'étaient pas exploitables dans
le temps parce qu'il n'y avait pas de marché, ou un marché
contrôlé par un pays qui s'appelle les Etat-Unis, on est encore
soumis à eux pour la vente de nos métaux. Encore dans la
région de Chibougamau, sept mines de fermées. Je m'excuse, je ne
vois pas où il peut y avoir sept mines de fermées dans la
région de Chibougamau. Chibougamau est une nouvelle région, avec
Chapais, qui fait beaucoup de gains, qui n'a peut-être pas trop eu l'aide
de Soquem. Si je me souviens bien, Chibougamau Mining n'a pas eu trop d'aide de
Soquem; Matagami Lake Mines, dans la région de Matagami, n'a pas eu trop
d'aide de Soquem; Port Arthur Ore Mines, encore de Matagami, n'a pas eu trop
d'aide de Soquem.
Donc, toutes les grosses découvertes qui ont été
faites depuis les derniers quinze ou vingt ans, Soquem n'y a pas
participé. Aujourd'hui encore, dans la région de Matagami,
Matagami Lake Mines vient de trouver un gissement assez important et Soquem n'a
pas participé. Qu'est-ce que Soquem a à faire dans la bebelle?
C'est la question que je me pose. Qu'est-ce qu'elle fait dans tout cela? Elle
donne des subsides aux compagnies, du bien-être minier. On a du
bien-être dans les terres et forêts, on a du bien-être dans
d'autres services et là, on est rendu à Soquem avec du
bien-être minier: $4,700 à la compagnie Noranda, si c'est pas
ridicule, je me demande ce que c'est. Inintelligent et tous les qualificatifs
que vous pourrez trouver.
Comme je le disais, si le gouvernement, si Soquem veut faire quelque
chose de valable, qu'elle se lance dans l'exploration à fond de train,
au maximum, dans le Nord-Ouest, d'un côté à l'autre de la
province. Qu'elle se lance dedans soit par des relevés
aéromagnétiques, soit par des relevés géophysiques,
tout ce que vous voulez dans le domaine minier, mais qu'elle y aille et qu'elle
ne se limite pas à des bebelles comme Louvem. On dit même dans le
rapport qu'il y en a encore peut-être pour un an ou deux ans et qu'on
sera obligé de fermer. Qu'elle ne se lance donc pas dans ces
bebelles-là, qu'elle se lance donc dans quelque chose de tangible, dans
quelque chose qui peut rapporter.
Elle a fait quelque chose de bien dans le Nord-Ouest. Ses points
faibles, on va les lui souligner et ses points forts aussi. Elle a fait des
relevés alluviaux dans le Nord-Ouest québécois qui est
quelque chose de bien, mais je dois souligner en même temps que cela n'a
pas été un effort de Soquem. Cela a été un effort
du gouvernement fédéral à $695,000 avec le gouvernement
provincial qui administrait le portefeuille; donc, ce sont nos amis du
fédéral qui l'ont fait. M. le Président, qu'on se lance
dans quelque chose d'utile, dans quelque chose qui pourrait profiter à
nos enfants dans la province de Québec, qui pourrait nous donner un
héritage et mettre en valeur nos richesses naturelles qui sont
innombrables dans la province de Québec.
Dans la région de la baie James, comme je le disais tout à
l'heure, il y a 150,000 milles carrés de territoire et personne ne sait
ce qu'il y a dedans. Quelques compagnies y sont allées. Je comprends que
rentrer par avion dans le bois, faire des portages, etc., c'est très
dispendieux.
Que Soquem se lance dans ça, que Soquem y aille à fond de
train, que Soquem fasse comme le gouvernement de l'Ontario, qu'il se lance pour
trouver ce qui existe et après ça le rendre public, à tout
le monde, ne pas être obligé de passer par le ministre, par le
sous-ministre, puis par le président, puis par Paul Desrochers pour
avoir ce qui existe dans un territoire; qu'il le rende donc accessible à
la population. Penarroya fait tout ce qu'il veut, peut-être que ce sont
encore de bons amis dans la baie James et contrôlé par Papa Doc,
c'est peut-être ça qui les a...
Dans le domaine minier, il n'y a presque pas de collaboration dans
certains secteurs. Je ne dis pas tous les secteurs, dans certains secteurs,
lorsqu'ils veulent avoir les cartes établissant où se trouvent
les sites miniers ou les gisements, où il y a des possibilités,
les gars ne peuvent l'avoir du gouvernement. S'ils l'ont, ils font la demande
en 1973 et le gars va l'avoir pour 1980, tant c'est lent. S'ils veulent faire
les relevés ou des analyses d'échantillonnage, ça marche
un peu plus vite, ça peut prendre un an pour avoir un
échantillonnage ou un "survey" dessus. Que le gouvernement donne donc
ces services aux compagnies minières ou aux prospecteurs, qu'il leur
donne ces services. Qu'il leur dise que dans tel territoire, on a fait tous les
relevés nécessaires, on a découvert telle anomalie
à tel endroit, telle possibilité et que la compagnie aille,
qu'elle paie des droits dans le territoire, qu'elle paie pour les services que
Soquem va y donner. S'il dépense $30 millions par année, pour
faire la recherche, qu'il essaie donc de récupérer une partie de
cet argent pour refinancer le programme et arrêter d'arriver avec des $45
millions, deux ans après. Pourquoi? Pour aller où et quoi
faire?
Si Soquem veut faire quelque chose de valable dans le domaine minier,
qu'elle crée une école minière. Cela est une belle
bebelle. On a des CEGEP. Les CEGEP montrent comment faire des travaux dans les
mines. Ils nous montrent comment aller sous terrre, comment trouver des
filaments d'or, comment faire des relevés pour savoir s'il y a du
cuivre, du zinc et du plomb, comment traiter la "flotation" dans les moulins,
comme séparer l'or d'avec tous les composants pour le faire sortir
à la surface dans les moulins. On enseigne ça dans les CEGEP.
C'est brillant.
L'industrie minière dans le Nord-Ouest qué-
bécois, on se plaint peut-être que ce serait le
temps d'en parler ici qu'il n'y a pas assez de Canadiens français
dans l'industrie minière. Venez dans le Nord-Ouest, dans la
région de Chibougamau, de Matagami, n'importe où, la
majorité des ingénieurs, la majorité des techniciens, la
majorité des gérants, ce sont des Anglais. Je n'ai rien contre
les Anglais, ma femme est anglaise. Je n'ai rien contre ça. Mais
pourquoi, dans le Québec, on n'en a pas? On n'a jamais rien fait pour
aider l'industrie minière avec des techniciens. Où va-t-on? On
part de Val-d'Or, on part de la Gaspésie, on part de Chibougamau et on
s'en va à Haileybury en Ontario prendre un cours de technicien pour
savoir quoi faire dans une mine. Dans le Québec, on a les CEGEP, belle
bebelle qui ne rapporte absolument rien de pratique dans l'industrie
minière. L'industrie minière qui est peut-être
différente d'une autre, où c'est la pratique fondamentale dans la
mine, la pratique dans le moulin pour récupérer les
minéraux que l'on sort, c'est à cet endroit que ça se fait
et à Haileybury, c'est ça qui compte.
Une école minière, à quoi ça pourrait
servir, où pourrions-nous la faire? On pourrait la faire dans le
Nord-Ouest québécois, avec la participation de Soquem. Soquem, au
lieu de faire venir ses techniciens à travers le monde, faire venir
quelques imbéciles comme ceux que je connais qui travaillent pour
Soquem, incompétents, qui usent leur fond de culotte dans un bureau
situé sur la rue Perreault à Val-d'Or, qu'ils fassent donc des
techniciens, qu'ils se servent des gens disponibles dans le centre minier, des
gens qui travaillent dans les mines depuis cinq ans, dix ans, quinze ans, qui
veulent se perfectionner et qui n'ont aucun moyen. Ils n'ont pas la
possibilité de le faire parce qu'on a un gouvernement qui dit: Si tu
veux t'instruire dans le domaine, va-t'en en Ontario. C'est ça qu'on a
dans la province de Québec, à aucun endroit... Ce n'est pas un
CEGEP qui va vous montrer la technique d'une mine. Qu'il fasse donc une
école minière. Des mines s'il en veut, il y en a. Il y en a une
qui va fermer bien vite, c'est la joie de Soquem présentement, la mine
Louvem. Gardez-la donc ouverte, faites-donc une école minière
avec! Vous avez les deux gisements, gisement souterrain, le "open pit" puis le
moulin, on pourrait se servir de Manitou-Bar-vue, comme vous le faites
présentement; ce serait quelque chose d'utile pour les
Québécois. On se dit $45 millions, il devrait être capable
de trouver quelque chose quelque part.
Cela ne devrait pas être seulement du bien-être minier. Il
va s'en servir pour faire quelque chose. Donc, qu'on s'en serve donc dans le
domaine minier, pour faire une école. Ce n'est rien de nouveau; c'est
quelque chose qui a été demandé dans les années
quarante, dans le temps où l'Union Nationale était au pouvoir.
Là, on a changé de gouvernement; on est arrivé, en 1960,
avec le Parti libéral. L'honorable Lucien Cliche, député
d'Abitibi-Est, demande formellement qu'on fasse une école
minière; demande refusée. On est retourné à
l'autre; refusée. Là, le problème s'est accentué:
$45 millions devant nous, $21,500 et, dans deux ans, il est cassé bien
raide. Il a besoin de $45 millions. Qu'il fasse donc quelque chose d'utile avec
son argent, au lieu de l'envoyer à Saint-Ho-noré, avec
Copperfields Mining, Penarroya, No-randa, Falconbridge. Cela me surprend,
puisqu'il donne tellement aux grosses compagnies, de ne pas avoir vu Inco
quelque part; c'est la plus grosse compagnie minière qui existe.
Donc, à cet endroit, qu'il fasse quelque chose de tangible. Que
peut-on donner à l'industrie minière? On parle de donner aux
Québécois ce qui leur appartient. Qu'on leur donne donc le cours
technique nécessaire pour faire de l'industrie minière une
industrie typiquement québécoise, au lieu de se servir des
importés. Je n'ai rien contre la France et je n'ai rien contre
l'Algérie. Mais il y a assez de Québécois. Vos 100,000
"jobs", couvrez-les donc un peu avec ceux-là. Il y a assez de
Québécois dans la province de Québec qui veulent
travailler et ils ne savent pas quoi faire. Formez donc une école
minière. Vous allez voir que des clients et des étudiants, vous
allez en avoir. Votre école ne sera même pas assez grande.
Allez dans tous les domaines miniers: Chibougamau, Val-d'Or, Matagami,
Malartic, Rouyn, tout le Nord-Ouest, la Gaspésie, les Cantons de l'Est;
faites tout le tour et demandez à chaque gérant de mine si une
école minière ne serait pas bénéfique pour la
province de Québec et il va vous répondre: Oui. Avec quoi nous
arrivez-vous? Un cours de CEGEP sous les auspices du ministère de
l'Education. Vous ne trouvez pas que le ministre avait assez de
problèmes sans lui donner l'école minière. Cela va assez
mal, sa barge, pourquoi lui donner une école minière? Donnez-la
donc à des gens compétents. Des anciens mineurs, il en existe,
qui peuvent donner le cours à l'élève et qui ont la
capacité de le faire. Ce sont des gars qui, depuis 15, 20 ou 25 ans, ne
peuvent plus travailler sous la terre parce qu'ils sont malades, ayant les
poumons contaminés. Ils peuvent donner le cours aux jeunes pour leur
montrer comment faire du dynamitage, comment se servir d'une foreuse à
air, comment faire tous les relevés qui s'imposent. En même temps,
dans votre école minière, pourquoi ne pas enseigner la
prospection pour aider les prospecteurs face à toute la technique qui
s'en vient? Vous avez des géologues. Soquem a les mêmes
problèmes. Il y a tellement d'équipements techniques qui sortent
aujourd'hui que les techniciens de Soquem sont obligés d'aller à
l'école pour connaître leur fonctionnement. Pourquoi ne pas former
une école pour aider dans cela?
Vous avez une compagnie à Val-d'Or, un M. Ferderber, le plus
grand expert qui existe dans la province de Québec. Il est obligé
de suivre des cours, tous les ans, pour connaître les
nouveaux équipements. Pourquoi ne pas le faire? Qui va leur
montrer cela? L'Ontario? Bien, une fois qu'ils vont en Ontario, ne vous cassez
plus la tête, ils ne reviennent plus au Québec, parce que cela va
bien mieux là-bas que cela va ici. Ils s'en vont en
Colombie-Britannique, en Alberta. Les travailleurs, dans le secteur minier,
sont demandés dans le monde entier. Allez au Pérou et regardez
qui travaille dans les mines. Tous les techniciens, ce sont, majoritairement,
des Québécois et des Canadiens. Ce sont eux qui exploitent les
mines. Qu'est-ce que l'on a à leur offrir? $45 millions qu'on demande
pour les bebelles du ministre, $45 millions qu'on demande pour aller trouver
une mine de sel aux Iles-de-la-Madeleine.
UNE VOIX: Des dômes.
M. TETRAULT: Des dômes. Pourquoi? Je ne le sais pas.
Peut-être qu'en temps de campagne électorale cela va bien
paraître. Peut-être que c'est ça. Vous ne trouvez pas, M. le
Président...
M. MASSE (Arthabaska): Vous ne voulez pas qu'on l'exploite, la mine?
M. TETRAULT: Le ministre parlera tout à l'heure, lorsque ce sera
son tour, lors de sa réplique.
M. DEMERS: Pour saler les patroneux.
M. TETRAULT: Les Québécois sont assez salés. Avec
une mine de sel, on le fera à la grandeur de la province une autre fois.
Pourquoi le ministre ne sort-il, avec Soquem, de Saint-Honoré? Je
comprends que le gérant de la mine, qui a fait les premiers travaux,
c'est un ami personnel; je vais vous le dire. Lorsque je vais arriver à
Val-d'Or, il va m'en vouloir d'avoir parlé contre Copperfields. Bien,
cela ne fait rien. Ce sont les intérêts de la province de
Québec qu'il faut prendre en considération et non pas
l'amitié personnelle.
A tous les problèmes qu'on souligne, le ministre va nous donner
de belles réponses. J'ai relu toutes les excuses, pas les
réponses, qu'il nous a données en commission parlementaire.
Servez-vous du même discours; cela parait bien dans les journaux, mais
cela ne réglera pas les problèmes de la province. Un autre
domaine ici, on est dans le domaine minier.
Qu'est-ce qu'on voit? Des économistes, des licenciés en
sciences, des avocats, des bacheliers en sciences, un autre avocat. Qu'est-ce
que cela fait dans la bebelle, cela? Sogefor a encore échoué
totalement, globalement, un fiasco total. Dupont, Dupan, tout ce que vous
voulez, c'est un fiasco. On avait un charmant économiste en charge. Vous
n'avez pas eu votre leçon, les gars? Réveillez-vous, c'est le
temps! Pas demain, M. le Président, mais aujourd'hui.
Dans ce fameux bureau de direction composé de sept personnes, on
en retrouve trois à salaire, dans le bureau de direction: Un est
président et trésorier, l'autre est vice-président et
secrétaire et l'autre est gérant de la mine. Il doit avoir un
salaire de la compagnie Soquem. Pour ce beau petit schéma, M. le
Président, en administration et conseil d'administration, $91,385.
UNE VOIX: C'est payant!
M. TETRAULT: Ce sont des bebelles, $45 millions. Ils peuvent bien nous
en demander le double, s'ils dépensent leur argent de cette
façon. $91,000 pour un conseil d'administration bénévole,
cela commence à faire des salaires assez intéressants.
M. DEMERS: S'ils chargeaient quelque chose, cela coûterait
cher!
M. TETRAULT: S'ils donnaient quelque chose, au moins, à la
province de Québec, cela vaudrait la peine mais de la manière
qu'ils fonctionnent, M. le Président, cela devait être
déficit par-dessus déficit parce qu'ils demandent le double,
cette année. Donc, il doit y avoir une place où cela n'arrive
pas. Des compétences comme cela, dans le domaine minier, vous en trouvez
à tous les coins de rue, sur la "main", à Montréal, sur la
Saint-Laurent. Il y en a à tous les coins de rue!
Ces gens, M. le Président, gagnent en moyenne aux environs,
disons, sans exagérer, de $14,000 par année pour être
administrateurs dans une réunion, une fois de temps en temps, pas le
"party" que vous faites à tous les ans. Une fois de temps à
autre, le bureau d'administration se réunit et écoute toutes les
explications que le président de Soquem donne et, comme des bons enfants
libéraux, ils penchent la tête et disent: Oui, M. le
président. $14,000 chacun, ne pensez-vous pas que c'est
exagéré, un peu? Si vous avez besoin de compétences, au
moins mettez quelqu'un qui est dans le domaine minier dans la bebelle. Vous
êtes dans l'exploration, mettez quelqu'un qui a des connaissances. Vous
avez un journaliste qui ne connaît absolument rien dans cela! Sa seule
qualité, M. le Président, c'est d'aimer les petits gars plus que
les petites filles. Qu'est-ce qu'il fait dans cela? Economiste? Economiste de
quoi? Economiste de qui? Patronage, récompense!
Si le gouvernement veut un cas de patronage, qu'il prenne Lucien La
Fontaine. Ce ne sont certainement pas ses compétences qui l'ont
mené là. Ce sont peut-être les bonnes annonces qu'il a fait
paraître dans son journal, pour le Parti libéral. C'est tout ce
qu'il a fait.
Donc, M. le Président, vous avez des gens, dans le domaine
minier. Vous avez des gérants de mines, présentement, qui sont
capables de faire la même chose, au conseil d'administration, que les
favoris du parti. Dans votre
programme de Saint-Honoré, vous avez été chercher
un gérant de mine de la mine Lama-que, M. A. Foley, pour aller faire
toute la gérance de votre projet. Pourquoi ne l'incorpo-rez-vous pas
dans le conseil d'administration? C'est une compétence. Si vous en
voulez, un Canadien français, allez à la mine suivante, la mine
Sigma. M. Taschereau, ingénieur minier, est une compétence. Il
dirige une des plus grosses mines d'or dans la province de Québec, il
devrait avoir une certaine compétence. Au lieu d'aller chercher des
avocats et des intelligences, M. le Président, des musiciens, des gars
qui s'écoutent parler et qui rêvent en couleur $45 millions
qu'ils aillent donc chercher des compétences, pour une fois.
Vous en avez une compétence et je vais vous la nommer: Bernard
Joyal, gérant de la mine Louvem et qui est au bureau de direction de la
compagnie. C'est une compétence. Il a fait ses preuves. Mais les six
autres, à quelle place ont-ils fait leurs preuves? A quel endroit? Dans
le domaine minier? Ils ne connaissent rien là-dedans. Lucien Fontaine,
dans le domaine minier, M. le Président, qui me dit ce qu'il
connaît? Je le connais, il vient de chez nous. Quelle compétence
a-t-il dans le secteur minier? La seule chose, c'est qu'il reste dans une
région minière. C'est tout ce qu'il a. C'est un musicien, lui
aussi. Il rêve en couleur.
UNE VOIX: C'est un poète!
M. TETRAULT: Qu'on mette donc, M. le Président, quelqu'un de
valable dans une compagnie pour administrer quelque chose, qu'on arrête
donc de faire du favoritisme envers une personne dans une compagnie aussi
importante que Soquem, une compagnie qui a l'avenir d'une province
entière entre ses mains, et on met des artistes et des poètes en
charge.
Vous en voulez un bon gars, je vous en recommande un, M. le
Président, un bon homme: le ministre de l'Industrie et du Commerce.
C'est un ingénieur et il connaît son domaine. Mettez-le
dans ça; ça va être une compétence, au moins.
M. PAUL : Allez-vous finir par le brancher : l'Education, l'Industrie et
Commerce?
M. TETRAULT: Qu'on mette donc des compétences dans tous les
domaines, au lieu de faire du favoritisme. On pourrait citer la baie James;
Lucien Cliche, administrateur, cadeau politique. C'est un bon homme, je ne le
déprécie pas. Mais qu'est-ce qu'il fait dans la bebelle, le
gars?
Si le député de Terrebonne a quelque chose à dire,
qu'il se presse, parce qu'à la prochaine élection, il ne sera
plus ici.
Ce sont tous les problèmes qui existent dans tous les domaines:
Soquem, Sogefor, Soquip. Passez tout le pataclan du ministre et qu'est-ce qui
manque, sinon la compétence? Vous êtes entourés de
compétences, regardez-les donc.
Vous avez, dans le Nord-Ouest, le projet Louvem. Vous en avez des
techniciens dans ça, des ingénieurs miniers qui travaillent dans
la bebelle; engagez-les donc. Vous êtes dans la recherche, il n'y a pas
un géologue dans toute la patente. Pourtant, dans la recherche
minière, en géologie, ça doit prendre un géologue
quelque part pour savoir ce qu'ils font.
Ils ont des bons poètes. Comme je le disais, si Soquem veut
demeurer strictement dans l'exploration, strictement dans ce domaine, nous
allons voter pour les $45 millions, les lui donner immédiatement et, au
lieu de doubler son budget avec $45 millions, on va le tripler. Mais qu'elle
fasse quelque chose de valable pour la province de Québec, pour toute
une population. Qu'elle arrête de faire du bien-être industriel, de
donner son argent à Falconbridge, à Penarroya; qu'elle le donne
aux Québécois.
Une autre affaire: quand le groupe minier dans Val-d'Or, qui voulait
faire l'exploration d'une mine, a eu besoin de Soquem, qu'est-ce que Soquem a
répondu? Non. C'était le temps d'embarquer dans une aventure
associée, d'entrer dedans et d'aider les gens. C'étaient des
Québécois pur-sang, ce n'étaient pas des importés.
Soquem a dit: Non, votre bilan n'est pas assez efficace, pas assez gros. Il
vous manque à peu près $200 millions et là on va penser
à vous donner $4,700, comme elle l'a fait pour Noran-da. Cela, c'est la
participation de Soquem.
Donc, je crois que la création de Soquem a été
quelque chose de bon pour la province de Québec, comme toutes les autres
compagnies, mais qu'elle reste donc dans le domaine pour lequel elle a
été créée, dans un domaine spécifique.
Qu'elle arrête donc de "s'écartiller" à travers la province
de Québec. Quand un gars "s'écartille" trop en patin, vous savez
ce qu'il lui arrive. Donc, que Soquem reste donc dans son domaine
spécifique, le domaine qui lui appartient, pas celui du voisin.
Comme dans Saint-Honoré, l'exploitation d'une mine, qu'elle
laisse donc ça aux compagnies compétentes qui en ont plus
à oublier que tout le bureau d'administration ensemble n'en saura jamais
dans sa vie. Qu'elle laisse donc ça à ces compagnies. Ce n'est
pas cette participation de Soquem qui va faire ouvrir une mine ou non. Une
mine, comme tout le monde le sait, marche selon ses marchés, ses
ventes.
En 1970, on a découvert une mine d'or qui aurait pu produire
200,000 tonnes d'or par année; elle est restée fermée
comme toutes les autres. Il n'y a pas de marché; donc, on ne l'exploite
pas. Ce n'est pas Soquem qui va faire ouvrir une mine. Mais qu'elle reste donc
dans le domaine des données statistiques, dans la fabrication des cartes
géologiques, pour l'accessibilité de certains territoires. Dans
le territoire de la baie James, comme je le disais, on en a pour 25 à 50
ans à faire l'exploitation. Qu'elle demeure donc là et qu'elle
dépense donc ses $21 millions dans ce domaine. Qu'elle reste strictement
dans ça pour pouvoir trouver des richesses immenses.
Toutes les grosses compagnies sont là. On va nous dire que c'est
un territoire isolé. Penarroya y est, à la baie James; elle a
été obligée de s'y rendre. C'est un territoire où
il y a de l'eau en abondance. Le développement de la baie James se fait
parce qu'il y a de l'eau; donc, les avions peuvent atterrir. Que Soquem reste
donc dans ce domaine; qu'elle couvre donc le territoire de A à Z, le
Nord-Ouest québécois, le Lac-Saint-Jean, la Gaspésie, les
Cantons de l'Est, tout ce qui existe dans le domaine. Qu'elle fasse donc tous
les relevés nécessaires, qu'elle rende toutes ces données
accessibles à la population, au lieu de les conserver et de les donner
à certains amis bien intentionnés qui glissent quelque chose en
dessous de la table. Qu'elle arrête donc de faire du favoritisme.
Qu'on vende donc, M. le Président, s'il le faut, si on
dépense trop d'argent, si ça coûte trop cher de faire
l'exploration, qu'on les vende donc à l'encan, ces domaines. Tant de
domaines, tant de milliers de milles carrés ou tant de pieds
carrés, ou tant de verges carrées, le domaine que vous voulez ou,
dans le domaine minier, tant de chafnes carrées; il y a un gisement, il
y a une anomalie, un relevé magnétique, un relevé
géophysique, un relevé aérien, ça coûte tant
pour avoir tel domaine. Ce n'est rien de nouveau la bebelle! Mais dans la
province de Québec, M. le Président, depuis que Soquem existe,
depuis toutes les compagnies québécoises créées par
les gouvernements précédents, c'est toujours donner à
quelqu'un qu'ils favorisent, pas de donner à une population, pas le bien
d'une population, mais le bien d'un parti politique, c'est tout ce qu'ils
donnent. Dans le domaine de Soquem, vous avez un exemple flagrant; trois quarts
de million aux compagnies les plus riches dans le domaine minier de tout le
Canada entier, de tous les Etats-Unis. Ils rient du ministre, ils rient du
président et on dit que c'est un groupe d'administrateurs
qualifiés; c'est un groupe d'incompétents que vous avez à
votre bureau de direction, ce n'est pas autre chose. Donc, que Soquem lui donne
une orientation valable dans la province, une orientation qui va apporter
quelque chose de bénéfique à la population du
Québec, une orientation qui va faire que pour une fois, partout dans la
province de Québec, on va être maître de nos richesses
naturelles, pas le voisin, pas l'étranger, mais nous,
Québécois. Et on va pouvoir susciter les investissements de
groupes, de corporations, de toute la population pour participer au
développement de nos mines. Qu'on commence donc par faire l'exploration
nécessaire; qu'on commence donc par trouver les gisements
nécessaires, qu'on commence donc par les rendre accessibles à une
population.
Deuxièmement, M. le Président, ayons les techniciens, les
ingénieurs, les géologues, tout le "pataclan" dont on a besoin.
Comme le ministre le sait à la suite de représentations de toutes
les compagnies minières, le génie minier n'est pas attrayant pour
les nouveaux gradués. Pas besoin de le lui apprendre; s'il ne le sait
pas, on va le lui apprendre. Les ingénieurs miniers sortent en petite
quantité de l'Université de Montréal, de
l'université Laval, de l'université McGill et ceux qui sortent de
l'université McGill s'en vont ailleurs. Dans le domaine de la
géophysique, encore une petite quantité s'oriente vers le domaine
minier.
M. le Président, de quoi a-t-on besoin? Comme je l'ai
souligné tout à l'heure, avec la mine Louvem qui va fermer dans
un an et demi, deux ans, il va rester une charpente, il va rester un champ, il
va rester un trou pour faire une exploitation; qu'on crée donc une
école minière pour donner aux Québécois la chance
de se spécialiser, pour ouvrir aux Québécois
l'école minière. Le garçon de 20 ans qui est obligé
de travailler sous terre, il faut lui donner une chance de pouvoir un jour
atteindre un poste technique dans une mine. Ce n'est pas nouveau! Vous avez des
mines dans la région de Chibougamau qui sont administrées par des
techniciens de l'école de Haileybury; pourquoi nous, est-ce qu'on est
plus fou au Québec, on n'est pas capable de le faire? L'école de
Haileybury est obligée de refuser des étudiants à cause de
leur grand nombre et il faut être bilingue pour aller à cette
école. Au Québec, on pourrait avoir une école pleine de
Canadiens français, donner des cours techniques en français,
donner le "talk trade", si on peut l'appeler comme ça, le language de
milieu, en termes miniers, le donner aux jeunes.
M. le Président, il y a une association englobée dans
cette idée. Le ministre fait la , sourde oreille, il dit: II n'y a pas
de domaines miniers. M. le ministre, votre confrère m'a annoncé
que l'or était à $150 l'once; j'ai une nouvelle à vous
apprendre, ne la dites à personne, elle est flambant neuve, personne ne
la sait. Il va y avoir au moins 20 mines qui vont ouvrir dans le Nord-Ouest
québécois.
Ils vont avoir besoin des ingénieurs, des géologues, des
techniciens de sous-terre, des gars pour opérer les machineries, des
gars pour faire marcher un moulin, donc votre école minière, si
vous l'aviez, elle servirait à quelque chose.
La ville de Malartic, vous a demandé un centre minier, vous
l'avez refusé, pourquoi? Si vous voulez aider une ville comme vous dites
que vous les aidez, si vous voulez aider un endroit, une région
spécifique, vous aviez cinq mines dans la région de Malartic,
où vous pouviez encore leur donner tout ce qu'il fallait pour offrir les
cours aux techniciens. Nous avons pour la première fois dans l'histoire
construit la charpente principale d'un puits minier en béton
armé. Servez-vous donc des exemples que vous avez sous les yeux.
Vous pouvez l'acheter pour une "peanut", pour quelque chose qui ne
coûte presque rien. Dons dans ce domaine, le gouvernement sera encore
plus favorable, il pourra faire quelque chose d'utile. Dans la baie James,
allez-y, ne
vous gênez pas, vous êtes copropriétaire dans la baie
James. Soquem y participe, allez-y. Ne laissez pas Paul Desrochers vous dire si
vous avez le droit d'entrer ou de ne pas entrer. Vous êtes actionnaire
conjoint, donc allez-y !
Vous n'avez pas besoin du groupe Penarroya pour aller dans le territoire
de la baie James. Vous avez Matagami Lake Mine qui est là, vous avez
tous les petits endroits qui ont été "staker" ou qui ont
été recherchés par les prospecteurs, qui veulent rentrer,
puis vous les refusez encore. Vérifiez, M. le ministre, vérifiez,
allez à la source, vous allez voir que le prospecteur simple, singulier,
qui n'est pas en compagnie, qui n'est pas associé, ne peut pas entrer
dans le territoire; puis pour vous donner une idée si vous en voulez, un
cas typique, Yvan Côté Saint-Mathieu, comté d'Abitibi-Est,
téléphonez-lui il va vous le dire qu'il ne peut pas entrer dans
la baie James, que ça fait dix ans qu'il y a des "claim" dans le coin.
Il ne peut pas entrer, aller les chercher.
Le ministre nous dit que c'est accessible, qu'il aille dans la
région, qu'il dépense ses $21,250,000 au lieu de le donner
à des compagnies qui rient de lui. Au lieu de le donner à des
compagnies qui disent que le gouvernement du Québec, c'est un beau gros
poisson, on lui raconte une petite histoire triste, puis il nous donne
l'argent.
Donc, je crois sincèrement que Soquem a un rôle à
jouer dans la province de Québec, a un rôle primordial dans
l'industrie minière, que ce soit dans les mines de fer, de cuivre, d'or
et tout ce que vous voulez. Elle a un rôle à jouer, mais pour
jouer ce rôle, elle a besoin des outils, des outils, ce ne sont pas les
$145 millions, ce n'est pas en allant dans l'exploitation d'une mine qu'il va y
avoir ces outils. Ces outils, c'est de créer un territoire accessible au
domaine minier, accessible à une population, accessible aux aspirations
des Québécois. C'est là qu'est sa fonction. C'est
là que devraient être ses aspirations.
Donc, pour faire tout ça, pour faire une masse globale, pour
servir une population, pensez-le ou ne le pensez-pas si vous le voulez, vous
avez besoin d'une école minière, quelque chose qui est
réclamé dans le Nord-Ouest québécois. Le coeur du
centre minier, pas les pieds. Le coeur, où toute la structure
minière dans la province de Québec existe, où les plus
grandes richesses ont été trouvées dans le domaine minier
existant. Cela fait 25 ans qu'ils réclament une école
minière. Cela fait 25 ans que le Nord-Ouest québécois fait
vivre l'école minière de Haileybury. Pourquoi ne serait-elle pas
capable de faire vivre une école minière dans le Nord-Ouest
québécois?
Je crois que ce serait ça la destinée de Soquem, que ce
serait ça la destinée pour le peuple de la province de
Québec, ne pas aller se jeter dans les bras des grosses
corporations.
Je me répète, je le sais, ça fait dix fois que je
le dis, mais le ministre ne semble pas le comprendre.
Il ne semble pas savoir que des compagnies comme Noranda, des compagnies
comme Falconbridge, des compagnies comme Umex... Lisez donc la
déclaration qu'il a faite il y a à peu près quatre ans
lorsqu'il est venu dans le territoire du Québec et qu'il a dit: On a de
$3 à $4 millions à gaspiller et on va les gaspiller dans le
Québec. Regardez-la, la déclaration, ce n'est pas moi qui l'ai
faite, c'est eux qui l'ont faite. Regardez-la, on s'en va encore dans une
aventure associée de $78 millions avec une compagnie qui vous dit
carrément: On est ici pour dépenser de l'argent, on en a trop en
Europe, donc, on le garroche au Québec.
Vous avez des petites compagnies qui veulent le faire, le gouvernement
les refuse, il leur met des entraves, du bois dans les roues, tout ce qu'il
peut pour empêcher l'expansion ou l'épanouissement de ces petites
compagnies. Elles veulent avoir une faveur... Pas une faveur, je m'excuse,
elles veulent avoir un droit comme Québécois, avec le droit de
regard sur les cartes faites par le ministère des Richesses naturelles
et Soquem, avoir le droit de savoir quel terrain est jalonné ou non pour
ne pas être obligées de payer un petit gars qui travaille
derrière un bureau, un petit commis, $5 ou $10 pour avoir un
relevé technique. C'est un droit légitime de tous les
Québécois et on le leur refuse catégoriquement. La grosse
compagnie Penarroya, elle, n'a pas de mal à avoir les relevés; on
les lui donne gratuitement.
Vous avez encore un autre domaine. Il y a une compagnie typiquement
québécoise qui fait des relevés aériens, qui
appartient aux Québécois. On dit qu'il y a des lois qui existent
pour favoriser l'industrie québécoise. Or, vous en avez une
compagnie qui fait des relevés aériens, vous en avez même
deux, et qui Soquem emploient-elle? Quasar, une compagnie africaine. S'il n'y a
pas du ridicule dans l'affaire, je me demande où il y en a. Servez-vous
donc des facilités québécoises. Quasar, je ne sais pas
pourquoi on la favorise; peut-être qu'il y a encore des petites attaches
quelque part, qu'il faudrait découvrir. Peut-être que ce serait
quelque chose de bien que les comptes publics siègent pour savoir ce qui
se passe. Encouragez-donc vos Québécois!
Dans le Nord-Ouest, lorsque vous demandez des hommes pour aller
travailler avec Soquem, choisissez donc des Québécois
prioritairement. Je ne vous parle pas des Français, Anglais, Polonais,
Russe ou Finlandais. Je vous parle des Québécois. Choisissez donc
des Québécois pour l'avancement de Soquem, pour l'avancement de
la population du Québec et pour l'avancement du secteur minier. Encore
là, le gouvernement fait la sourde oreille. Le ministre nous rapporte
toutes sortes de choses. Peut-être que ses fonctionnaires l'ont mal
informé, peut-être que ses fonctionnaires ont donné les
ordres nécessaires, mais je dois vous dire qu'à la base,
là où la structure existe, les ordres ne sont pas encore
parvenus. Que le gouvernement, le ministre responsable, soit par Soquem
ou par le ministère des Richesses naturelles, s'assure que ses ordres,
donnés au plus haut échelon, se rendent au plus bas, se rendent
à toute la population, se rendent aux intéressés.
Lorsqu'il fait des publications d'accessibilité de territoire, les
publications sont un an ou un an et demi en retard. Qu'est-ce que vous voulez?
Dans le secteur minier, c'est le temps aujourd'hui, et demain, c'est trop tard.
Une découverte ou une participation à une découverte doit
toujours se faire hier et non demain. Le ministre le sait. Vous avez toutes les
recherches qui sont faites et c'est toujours la même chose: le
gouvernement ne donne pas à ces gens les informations
nécessaires. Il les donne à quelques grosses compagnies; elles,
elles les ont.
Noranda a toutes les facilités auprès du gouvernement,
Sullivan a toutes les facilités auprès du gouvernement, Teck
Corporation a toutes les facilités auprès du gouvernement,
Falconbridge a encore toutes les facilités auprès du gouvernement
et l'individu, le petit, le gagne-petit est refusé
catégoriquement par le gouvernement qui se dit le défenseur des
droits de la population.
Peut-être qu'il y a trop d'incompétence dans le
ministère, M. le Président, et qu'il faudrait changer les
échelles. C'est peut-être la même compétence qu'on
retrouve dans le bureau d'administration de Soquem. Peut-être qu'il
faudrait changer encore les échelles, faire entrer du monde
compétent, des ingénieurs, des géologues, des techniciens.
Je le répète, car le ministre ne le comprend pas. Il ne sait pas
que le domaine minier, c'est fait pour des gens qualifiés. Il pense que
ça s'administre comme son ministère; ce n'est pas cela.
Malheureusement, ça prend de la compétence pour être dans
le secteur minier.
Donc, je crois que le projet de loi no 4 est valable dans un sens, mais
qu'on se limite strictement à l'exploration et qu'on sorte
complètement de l'exploitation; la population en
bénéficierait. $45 millions, ce n'est pas trop pour la province
de Québec. $45 millions pour connaître nos richesses naturelles,
pour participer directement à l'épanouissement de la population
du Québec, tant économique que social et physique, ce n'est pas
trop pour les Québécois. Mais que le gouvernement et le ministre
avec sa charte de Soquem sortent du domaine de l'exploitation, domaine dans
lequel il est incompétent, qu'il ne connaît pas.
Si vous continuez à découvrir des mines comme Louvem, vous
allez manquer d'ingénieurs, parce que vous en manquez dans votre bureau
de direction présentement. Vous n'en aurez pas assez pour
découvrir une autre mine. Vous en avez un, puis il est ingénieur
aux deux places. Il y a des compétences dans le ministère; je
pourrais vous en citer. Il faut qu'ils soient au poste qu'ils ont, parce qu'ils
ont tout le ministère des Richesses naturelles à administrer.
Mais, dans d'autres domaines, la création d'une école
minière dans la province de Québec, c'est urgent. Pas les CEGEP,
pas la bébelle du ministre de l'Education; c'est un fiasco global,
total. Le CEGEP est fiasco total. Donc, qu'est-ce que les affaires
minières font dans ça? Qu'on fasse donc des écoles
techniques. Vous avez des écoles d'arts et métiers à
travers la province de Québec. Vous avez toutes les compagnies qui se
spécialisent dans la technique, mais il y a un domaine où
ça n'existe pas, soit le domaine minier. Si on ne veut pas avoir un
éléphant blanc avec Soquem, comme l'est Sidbec, qu'on trouve donc
les personnes compétentes pour faire de notre Québec la province
la plus riche dans le secteur minier. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
considérer qu'il est six heures? Est-ce que je pourrais demander la
suspension du débat afin qu'on se repose?
LE PRESIDENT: Avant de procéder à cette suspension,
demain, journée des députés, à la demande du leader
parlementaire du Ralliement créditiste, nous procéderons à
l'examen de l'article 59 du feuilleton de mercredi dernier le 30 mai.
Il s'agit de la motion de l'honorable député d'Abitibi-Est
concernant la Société de développement de la baie
James.
M.LESSARD: M. le Président, juste une information. Est-ce que,
normalement, étant donné que, l'autre jour, le Ralliement des
créditistes n'a pu faire son débat, cela ne devrait pas revenir
au Parti québécois, cette semaine?
LE PRESIDENT: Non. Alors...
M. DROLET: Vous autres aussi vous n'étiez pas prêts.
M. ROY (Beauce): M. le Président, concernant le point
soulevé par l'honorable député de Saguenay, je tiens
à dire qu'au moment où nos motions n'étaient pas inscrites
au feuilleton le Parti québécois n'en avait pas non plus. Alors,
il y a eu deux motions de suite de l'Union Nationale qui ont été
discutées et, demain, c'est au tour du Ralliement créditiste du
Québec. Regardez dans vos papiers, dans vos documents, dans votre
feuilleton et vous...
LE PRESIDENT: Oui.
M. ROY (Beauce): ... allez voir que vous n'aviez pas de motion.
M.LESSARD: M. le Président, je suis bien d'accord qu'on n'avait
pas de motion. Mais normalement à ce moment-là la semaine qui
revient après celle de l'Union Nationale, c'est à nous de
débattre.
LE PRESIDENT: Non.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse, M. le Président, cela a toujours
été le Ralliement créditiste après l'Union
Nationale.
LE PRESIDENT: Non, je pense qu'il y aurait eu...
M. SAMSON: A part cela, vous allez être comme aujourd'hui, vous ne
serez pas ici.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Il y en a eu deux de suite de l'Union
Nationale. Je pense que nous allons procéder, maintenant, avec le
Ralliement créditiste et, par la suite, le Parti
québécois.
Maintenant, je dois annoncer A l'ordre, messieurs! que ce
soir, avant de procéder à l'ajournement des travaux de la
Chambre, tel que le prévoit l'article 174, il y aura trois débats
restreints, en vertu de cet article: Un premier, à la demande du
député de Saint-Jacques, adressé au ministre des Affaires
sociales concernant l'hôpital de la Miséricorde; un
deuxième, à la demande du député de
Mégantic, s'adressant au ministre des Richesses naturelles relativement
au prétendu ensemencement des nuages à l'iodure d'argent; un
dernier, à la demande du chef parlementaire du Parti
québécois, le député de Bourget, s'adressant au
ministre de l'Education relativement à la classification des professeurs
dans les CEGEP.
L'Assemblée...
M. JORON: M. le Président, avant de suspendre les travaux, je
voudrais vous demander une directive. Tout à l'heure, un peu plus
tôt aujourd'hui, le leader du gouvernement a donné avis que la
sous-commission sur les dépenses électorales se réunissait
demain matin. Or, il semble que des rumeurs circulent, enfin qui ont
plongé un certain nombre de membres de cette Assemblée dans le
doute, à savoir si cette commission se réunit ou ne se
réunit pas. Alors, je vous demande si...
M. HARDY: M. le Président, il y a eu un petit imbroglio au sujet
de la date de la réunion de la sous-commission. Ce n'est pas mercredi,
demain, mais c'est mercredi prochain. Le leader parlementaire du gouvernement
avait reçu un faux renseignement. J'ai déjà pu communiquer
avec le chef parlementaire du Parti québécois, le
député de Bourget, et avec le leader parlementaire du Ralliement
créditiste. Je me proposais de faire part de la situation...
M. DEMERS: Nous autres, on le savait, mais...
M. HARDY : Ah bon! Alors la réunion de la sous-commission, ce
n'est pas demain matin, mais mercredi de la semaine prochaine.
M. JORON: M. le Président, je voudrais vous demander une
directive, à ce moment-ci. Comme, selon notre règlement, les
commissions sont convoquées par un avis donné par le leader du
gouvernement, une fois que cet avis est donné et il a
été donné est-ce que la commission n'est pas tenue
de siéger? Celle-ci est convoquée, officiellement
convoquée.
M. LEVESQUE: M. le Président, sur un point d'ordre, nous sommes
toujours dans la même séance et il est toujours loisible au leader
du gouvernement de suggérer des travaux, même des travaux de
commission et ensuite, s'il y a lieu, de faire les corrections qui s'imposent.
Autrement, ce serait absolument dogmatique. Chaque fois que je dirais quelque
chose, il faudrait y aller, même si cela n'avait aucun bon sens.
M. JORON: M. le Président, doit-on comprendre, puisqu'un autre
avis officiel n'a pas été donné, à ce jour
je pense que le député de Terrebonne n'est pas le leader du
gouvernement puisque le leader du gouvernement a donné avis de
convocation de la commission, que cela tient toujours? Vous n'avez pas
donné un avis contraire.
M. LEVESQUE: Si le député veut y aller, demain matin,
qu'il y aille, mais il ne trouvera pas grand monde là!
M. JORON: Le gouvernement a peur de discuter du sujet, n'est-ce pas? Il
se cache.
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! L'assemblée
suspend...
M. JORON: Le gouvernement se cache!
LE PRESIDENT: ... ses travaux jusqu'à vingt heures quinze.
M. DUMONT: M. le Président, avant la suspension, selon l'article
34, je tiens à préciser qu'à la lettre que j'ai fait
parvenir à la présidence, je n'ai pas parlé de
"prétendu ensemencement" mais bien de l'ensemencement des nuages.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 21
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. Lucien Lessard
M.LESSARD: M. le Président, il me fait plaisir de dire que nous
appuierons le principe de ce projet de loi. Et suite à certaines
interventions qui ont été faites cet après-midi, je me
demande si scienment nous avons décidé comme peuple d'être
des porteurs d'eau et des scieurs de bois.
UNE VOIX: C'est encore mieux que...
M. LESSARD: Je suis assuré que si nous avions eu un projet de loi
pour subventionner une entreprise minière, les députés de
l'Union Nationale et du Ralliement créditiste auraient favorisé
ce projet de loi. Les cris que j'ai entendus cet après-midi contre une
société qui nous appartient, une société
québécoise, ces mêmes cris, je ne les ai pas entendus
lorsque nous avons donné gratuitement à la société
ITT-Rayonier la somme de $40 millions, alors que ce n'était pas du tout
une société qui nous appartenait.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que je pourrais invoquer
une question de privilège?
M. LESSARD: M. le Président...
M. ROY (Beauce): Je tiens quand même à dire, lorsque le
député de Saguenay dit qu'il n'a pas entendu de cris lorsque la
société a prêté à la société
Rayonier...
M. LESSARD: En vertu de l'article 97, M. le Président, si le
député...
M. ROY (Beauce): ... que j'ai été le premier à
l'Assemblée nationale, et je ne laisserai pas le député de
Saguenay m'embarquer sur ce terrain pour me prêter des propos...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! Vous avez le droit de faire ce discours pour expliquer vos
remarques après son discours.
M. ROY (Beauce): Je n'attendrai pas qu'il ait fini.
M. LESSARD: Donc, selon le leader parlementaire, on a crié
à ce moment contre la subvention à ITT-Rayonier. On crie
maintenant parce qu'on accorde une subvention à la Société
québécoise d'exploration minière. Le leader parlementaire
du Ralliement créditiste est donc contre l'entreprise privée et
contre l'entreprise d'Etat. Il se situe où? C'est ça qu'on se
demande de la part de ce parti.
M. LACROIX: Avec Charbonneau, votre président, le singe
d'Orsainville?
M. LESSARD: Est-ce que le député des Iles-de-la-Madeleine
sait de quel projet nous parlons?
M. LACROIX: Certainement, certainement, de Soquem. Je peux en parler
avec plus d'intelligence que vous, vous ne connaissez rien vous.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LACROIX: Comme professeur, vous êtes une espèce de
singe.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
M.LESSARD: Alors, M. le Président, je pense en tout cas,
pour ma part qu'en 1965...
M. LACROIX: Avez-vous pensé ça vous-même?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LACROIX: M. le Président, arrêtez de m'arrêter !
Vous laissez ces gars-là aller.
M. LESSARD: Définitivement, M. le Président, un projet
présenté par le Parti libéral. Est-ce que le
député des Iles-de-la-Madeleine voudrait parler contre lui? Qu'il
se lève et qu'il parle contre le projet, contre l'augmentation de
$21,250,000 à la Société québécoise
d'exploration minière; est-ce que le député des
Iles-de-la-Madeleine est pour ou contre ce projet de loi?
M. LACROIX : M. le Président, est-ce que je peux
répondre...
M. LESSARD: Que le député des Iles-de-la-Madeleine nous le
dise.
M. LACROIX: ... à l'honorable député de Saguenay?
C'est un projet de loi qui va être favorable aux Iles-de-la-Madeleine
pour l'exploitation des mines de sel et, naturellement, le député
de Saguenay, comme d'ordinaire, parle de choses qu'il ne connaît pas et
que voulez-vous que j'y fasse?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M.LESSARD: Alors, M. le Président, je disais que dans le secteur
minier...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LESSARD: ... en 1965...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Monsieur le whip !
M. LESSARD: ... le gouvernement du Québec a décidé
de faire un pas. C'est certain, M. le Président, que dans le secteur
minier on ne peut pas ce n'est pas comme dans le secteur de la patate
s'attendre, à un moment donné, que si on investit tel
montant au niveau de l'exploration, on va nécessairement obtenir des
résultats immédiats. Alors, en 1965, il y avait un risque de
prévoir, de créer un société comme la
Société québécoise d'exploration minière; ce
n'était pas facile dans ce secteur. On connaît la force des
sociétés multinationales; on sait aussi que dans ce secteur, les
Québécois étaient peu représentés ou du
moins les Québécois étaient obligés bien souvent de
s'expatrier pour pouvoir travailler pour des compagnies minières.
On a décidé de faire un pas. Vous savez, quand on parle,
bien souvent, malheureusement, ici à l'Assemblée nationale, on
parle de nos insuccès.
On parle bien souvent de certaines faillites. C'est vrai, on revient
souvent à la Société générale de
financement, quand on parle de sociétés d'Etat. Mais il ne
fallait quand même pas s'attendre que nous allions réussir
partout. D'ailleurs, on sait très bien que, lorsque c'est une compagnie
privée, qu'on a subventionnée bien souvent, qui fait faillite,
personne à l'Assemblée nationale se lève pour
déblatérer contre l'entreprise privée.
Mais nous avons là, comme dans certains secteurs, un premier
élément, en tout cas, constitué en 1965, dans un secteur
où nous sommes encore extrêmement faibles, c'est-à-dire
dans un secteur où nous sommes énormément riches.
Si on demandait, M. le Président, aux Québécois ce
qui fait la richesse du Québec, je le disais à la commission des
richesses naturelles, tout le monde dirait: Bien ce sont nos ressources
naturelles. Tout le monde parlerait des mines de fer du Nord. Tout le monde
parlerait à un moment donné des mines d'amiante des Cantons de
l'Est. Tout le monde aurait son petit mot à dire: On est riche, on a des
mines, on ne sait même plus quoi en faire.
Pourtant, M. le Président, si on posait cette même question
aux Brésiliens, si on posait ces mêmes questions aux
Péruviens, on répondrait exactement la même chose...
M. LACROIX: Est-ce que le député me permettrait une seule
question? M. le Président, est-ce que le député me le
permet? Premièrement, si le député ne me le permet pas,
d'après les règlements, je n'ai pas le droit de lui poser une
question. Mais seulement j'aimerais savoir: Est-ce que vous,...
M. LESSARD: Alors, M. le Président...
M. LACROIX: ... personnellement, vous avez investi un seul cent dans les
entreprises provinciales, dans les entreprises minières? Là vous
avez votre ami, le député de Gouin. J'aimerais savoir si vous
avez un seul cent d'investi vous, si vous allez en investir dans la province de
Québec, si vous allez faire comme les péquistes puis aller
investir en Ontario.
UNE VOIX: Nommez-les.
M. LESSARD: M. le Président, je n'ai pas à donner mon
bilan, qui est assez faible d'ailleurs, au député des
Iles-de-la-Madeleine...
M. LACROIX: D'ailleurs il est vide, il n'y a pas une maudite "cenne"
dans votre bilan.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais bien savoir du ministre
des Richesses naturelles si ce projet a été accepté par le
caucus libéral, puis si le député des Iles-de-la-Madeleine
est d'accord sur ce projet-là? Si le député des...
UNE VOIX: II est pour.
M. LESSARD: Oui, mais, M. le Président, est-il pour ou
contre?
UNE VOIX: Est-ce qu'il a lu le bill?
M. LESSARD: Parce que je dis que, justement, nous avons là et
moi...
M. LACROIX: Vous n'avez jamais investi une maudite "cenne"; moi, j'en ai
investi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LACROIX Tâchez donc d'arrêter de faire les fous!
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LACROIXC: Le PQ, vous êtes sept et vous ne serez pas six aux
prochaines élections.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je rappelle le député des
Iles-de-la-Madeleine à l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: On va être 66.
M. CROISETIERE: Donnez-lui une chance, M. le Président.
M. LACROLX: II est encore plus léger que je le pensais.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai permis, tout à l'heure,
une question au député des
Iles-de-la-Madeleine mais s'il a l'intention d'intervenir sur ce projet
de loi, il pourra le faire en temps et lieu. Malheureusement je le dis
au député des Iles-de-la-Madeleine il n'est là que
pour gueuler, pour déblatérer sur les Québécois.
Quand, à un moment donné il pourrait avoir l'occasion de faire un
discours sensé, un discours intelligent, qu'il se lève donc et
qu'il le fasse, au lieu de faire de la niaiserie et de l'insignifiance comme il
le fait depuis le début, de telle façon qu'on se demande, M. le
Président, si le député des Iles-de-la-Madeleine ne
devrait pas être à côté des créditistes
actuellement. Qu'il se branche, M. le Président, le
députés des Des-de-la-Madeleine.
M. LACROIX: M. le Président, je vais vous dire une chose: Je
serais plus heureux d'être à côté des
créditistes, parce qu'au moins je serais parmi le monde, que
d'être avec...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre ! A l'ordre, s'il vous
plaît ! A l'ordre !
M.LACROIX: ... les séparatistes qui sont des
écoeurants.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Ce débat est
clos. Continuez votre discours, s'il vous plaît.
M. LESSARD: M. le Président, j'espère qu'on tient compte
de ces interruptions...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): D'accord.
M. CROISETIERE: Vous voulez dire dans le journal des Débats.
M. LESSARD: ... absolument inintelligentes, irrationnelles et tout ce
que vous voudrez. Le député des Iles-de-la-Madeleine devrait
rentrer à l'hôpital, mais, cette fois, à l'institut
psychiatrique.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, je disais que, si on posait cette
question aux Brésiliens comme aux Péruviens, on répondrait
exactement de la même façon, c'est-à-dire que, là
aussi, ce sont des pays riches. Chacun parlerait de ses richesses et pourtant,
dans ces pays-là, les Brésiliens comme les Péruviens comme
les Libanais, on a l'un des niveaux de vie les plus bas. Pourquoi? Parce que
justement les richesses naturelles sont utilisées par les autres, parce
que justement ces pays ont été strictement des réservoirs
de matières premières pour les autres.
En 1965, nous étions, nous aussi, un pays très riche au
point de vue des ressources naturelles, mais, par contre, aussi, un pays
très pauvre du point de vue de la participation au développement
de ces ressources.
J'aurai l'occasion de l'expliquer tout à l'heure.
Nous avons donc décidé de créer une
société gouvernementale. A ce moment-là, comme aujourd'hui
il y a eu des chasseurs de sorcières. Des gens sont venus dire que les
sociétés d'Etat étaient des éléphants
blancs, comme on l'a entendu cet après-midi. Il y a eu des gens qui
prônaient encore l'entreprise privée à n'importe quel prix
: On a quand même décidé de courir un risque. Or, comme je
le disais, ce n'était pas facile. D'abord, il fallait entrer en
concurrence avec des sociétés bien établies, des
sociétés bien structurées, des sociétés qui
avaient des millions de dollars, des sociétés qui avaient eu
l'avantage, justement, de se créer du personnel technique dans ce
domaine. Ce n'était donc pas facile.
Mais, aujourd'hui, contrairement à ce qu'on a dit cet
après-midi, après sept ans ce n'est, quand même, pas
très long, sept ou huit ans nous constatons que cette
société s'est imposée au niveau des grandes entreprises.
Soquem a réussi, grâce à un gisement, Louvem, à
avoir un bilan positif au cours de l'année 71/72, de telle façon
qu'en l'espace de deux ans Louvem a donné ou donnera, cette
année, $350,000 en dividendes à la société Soquem.
Il est certain, M. le Président, qu'il ne faut pas s'attendre, du jour
au lendemain, que, dans le secteur minier, ce sera immédiatement
productif. Il ne faut pas s'attendre, si on investit, par exemple, $5 millions
en exploration dans l'Ouest du Québec ou dans l'Abitibi, qu'on pourra
trouver d'abord une mine, puis obtenir, par la suite, une industrie de
transformation qui va rapporter immédiatement des dividendes et des
profits. Je pense bien, M. le Président, qu'en 1965 nous étions
conscients de ce risque.
Nous étions conscients du fait que cela ne pouvait pas
immédiatement rapporter des profits. Pourtant, après huit ans,
nous constatons que la société Soquem a quand même
réussi, dans ce secteur, à percer, a quand même
réussi, dans ce secteur, à s'imposer auprès de grandes
compagnies minières.
On parlait, cet après-midi, de participation très minime
auprès de grandes entreprises. Mais j'aime mieux avoir une compagnie
d'Etat qui peut justement participer à l'intérieur de grandes
entreprises, ce qui lui permet certainement de profiter de l'expérience
que possèdent les grandes entreprises dans le secteur minier, ce qui lui
permet de se former un personnel compétent. J'aime mieux avoir une
compagnie qui prend des actions à l'intérieur d'une entreprise
plutôt que d'avoir, â un moment donné, un organisme d'Etat
qui ne fait que strictement subventionner les entreprises privées sans
que nous puissions avoir aucun contrôle. Il me semble que c'est beaucoup
plus logique comme ça. Non pas que certaines remarques qui ont
été faites cet après-midi n'étaient pas
fondées concernant Soquem je pense que j'aurai l'occasion, tout
à l'heure, de faire certaines remarques mais je pense que, cet
après-midi, parce que c'est cela, je pense, qui est
décevant
dans un secteur l'Etat a décidé de faire quelque chose en
ce qui concerne une compagnie qui est la propriété de tous les
Québécois, nous avons vu tous les boucliers se lever, certains
chercher des pous et dire: Haro sur le baudet.
Pourtant, il me semble que si l'on veut vraiment en arriver à
participer de façon active à l'intérieur de ce secteur
minier, il ne faut pas limiter Soquem strictement à l'exploration
minière. Il faut, au contraire, permettre à Soquem de participer
à la transformation de nos ressources naturelles. A ce titre, je pense
pour ma part que Soquem a fait un pas assez considérable.
Qu'on pense, par exemple, au niveau de la recherche, eh bien! quant aux
chercheurs de Soquem on parlait du personnel, cet après-midi,
personnel incompétent je ne sais pas si le député
des Iles-de-la-Madeleine s'est trompé en disant Charbonneau, tout
à l'heure, mais ce n'est pas le même. Il y a une différence
entre Yvon et Côme Charbonneau.
M. LACROIX: D'ailleurs, M. le Président, je pense qu'il n'y a
aucune affinité entre Charbonneau, l'ours d'Orsainville, et Carbonneau,
le président de Soquem.
M. LESSARD: Je pense, M. le Président, qu'on peut constater, par
le rapport de Soquem de 70/71, qu'au niveau de la recherche, par exemple,
Soquem a fait des expériences vraiment valables.
On dit dans le rapport: "Nos chercheurs en instrumentation ont
achevé la mise au point de l'électromagnétomètre
aéroporté léger, Emal 19. Par ailleurs, la Soquem a
porté à 18 p.c. son intérêt dans la
Société Dighem".
On était absent, en 1965, dans ce secteur comme on
l'était, ou à peu près, dans le secteur minier. Soquem
s'est associée avec d'autres. On ne peut pas devenir forgeron du jour au
lendemain. On ne peut pas devenir de grands administrateurs du jour au
lendemain, dans le secteur minier. Il fallait faire un effort et il fallait
prendre les risques.
Au niveau du personnel, personnel bien souvent qu'on est allé
chercher à l'extérieur, des spécialistes miniers qui
étaient obligés bien souvent d'aller travailler à
l'extérieur, on a réussi à récupérer une
partie de ces gens. Dans le même rapport, on dit qu'actuellement, la
société Soquem compte une centaine de personnes. On parlait des
géologues. Il y en a, des géologues dans cette
société. Il y en a qui travaillent pour Soquem. On emploie une
équipe de saisonniers, surtout des étudiants en génie
minier qui, justement, peuvent maintenant aller prendre, grâce à
cette société, une expérience pratique pendant
l'été. Il y a un personnel permanent. Par exemple, au 31 mars
dernier, le personnel régulier de la société, au
siège social de Québec, au bureau commercial de Montréal
et au bureau régional de Val-d'Or groupait 32 géologues,
ingénieurs et technologues.
Contrairement, en tout cas, à l'impression qu'on a laissée
cet après-midi, il semble que la société Soquem ait les
spécialistes dont elle a besoin pour pouvoir produire des
résultats positifs.
Le ministre, cet après-midi, exposait les objets de cette
société, soit l'exploration minière, soit la participation
à la mise en valeur des découvertes, soit la participation
à la mise en exploitation de certaines découvertes par
elle-même ou en s'associant avec d'autres.
Je pense que la société québécoise a atteint
une partie de ses objectifs qui étaient d'abord, comme je le disais, de
s'imposer dans un secteur où nous étions à peu près
complètement absents, qui étaient aussi de se créer des
cadres compétents dans le secteur minier, qui étaient aussi,
à l'aide de ces cadres, de s'associer avec certaines compagnies
minières dont l'expérience était reconnue. Il
n'était pas facile toujours de s'associer avec des compagnies
québécoises, on n'en avait pas, mais de s'associer avec des
compagnies minières au lieu de strictement comme on le fait
malheureusement bien souvent et comme le fait bien souvent ce gouvernement
donner des cadeaux à l'entreprise privée. Il n'est pas
facile d'être associé à cette entreprise pour être
capable de prendre une expérience pratique qui nous permettra
peut-être d'avoir nos propres entreprises minières, entreprises de
transformation, pas strictement entreprises d'exploration, et garder, nous, ce
qui est le moins payant, ce qui coûte le plus cher et après
ça donner aux entreprises privées l'exploitation ou la
transformation de ces ressources.
Il fallait s'associer avec d'autres. Je comprends et j'aurai
l'occasion de le dire tout à l'heure que cette association est
malheureusement assez minime. En 1965 à la Société
québécoise d'exploration minière, on a accordé $15
millions versés sur une période de dix ans à $1.5 million
par année. Il est certain que ça ne permettait pas à
Soquem de prendre le contrôle de multiples entreprises. C'était un
début.
Et c'est normal qu'en 1965 on n'ait pas accordé à la
Société québécoise d'exploration minière des
deniers trop imposants. IL fallait exiger de cette société
qu'elle puisse faire ses preuves. Je pense qu'en partie la
Société québécoise d'exploration minière a
fait un certain nombre de preuves. Et justement ça prouve, là
comme ailleurs contrairement à ce qu'on a dit, je ne pense pas
que Sidbec soit un éléphant blanc actuellement pour le
gouvernement du Québec qu'à chaque fois qu'on veut
s'essayer, qu'on veut risquer, risque calculé qu'on fait un
effort dans un secteur qui est parfois extrêmement difficile à
contrôler, où il est parfois extrêmement difficile de
s'imposer, qu'on est capable de faire quelque chose.
On n'est pas plus bête que les autres. J'ai insisté sur
ça auprès du ministre des Richesses naturelles lors de
l'étude des crédits, que ce soit Soquem, que ce soit Soquip. Je
pense qu'on est rendu à l'étape où on ne doit pas
arrêter parce
qu'il y a des chasseurs de sorcières qui se promènent dans
tout le Québec et qui...
M. LACROIX: ... Lévesque.
M. LESSARD: ... parlent contre l'entreprise publique. On a pourtant,
dans l'entreprise privée aussi, des problèmes. Mais comme peuple,
il est important aussi qu'on réussisse à créer nos propres
organismes; non pas prendre la place des autres, mais prendre notre place
à nous autres. Or, c'est par des institutions comme Soquip, comme
Soquem, comme Sid-bec, qu'on pourra être capable de s'imposer dans ce
secteur.
M. LACROIX: ... Parti libéral. On s'impose et puis ça va
bien!
M. LESSARD: M. le Président...
M. LACROIX: Ce ne sont pas des gars comme Parizeau, Lévesque et
Morin.
M. LESSARD: ... en 1971, le ministre des Richesses naturelles... Le
député pourrait aller au salon de lecture...
M. LACROIX: Ne vous fatiguez pas, je vais vous répondre
tantôt.
M. LESSARD: ... le ministre des Richesses naturelles...
M. LACROIX: Moi, des petits chiens comme vous, j'ai pas peur de
ça, ça ne mord pas par en avant, ça mord les
mollets...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. LACROIX: ... parce que c'est trop chien pour venir par en avant.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LEGER : M. le Président, j'invoque le règlement! Le
député des Iles-de-la-Madeleine depuis tantôt lance des
invectives et des paroles antiparlementaires.
M. LACROIX: Selon vous, monsieur...
M. LEGER: M. le Président, le député des Iles-d
e-la-Madeleine...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. LEGER: ... vient de traiter le député de Saguenay d'un
chien qui mord par en arrière. Je lui demanderais de retirer ses
paroles.
M. LACROIX : Vous relirez le journal des Débats demain...
M. LEGER: M. le Président, je demande au député
de...
M. LACROIX: ... vous vous apercevrez que je n'ai jamais dit
ça.
M. LEGER: ... retirer ses paroles, il n'a pas le droit de traiter un
autre député d'un chien qui mord les mollets par en
arrière.
M. LACROIX: J'ai dit...
M. LEGER: M. le Président, j'ai demandé...
M. LACROIX: Je n'ai jamais dit ça et, premièrement, si je
l'avais dit à quelqu'un, je l'aurais dit au député de
Lafontaine.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. LEGER : Non seulement vous l'avez dit, mais vous l'avez redit.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LEGER: Vous avez peut-être...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît ! Le
député soutient qu'il n'a pas dit ces mots, ce qui
équivaut à un retrait.
M. LESSARD: Le député des Iles-de-la-Madeleine ne sait
jamais ce qu'il dit.
M. LACROIX: Je n'ai pas de problème...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. LESSARD: Malheureusement, M. le Président, même si on a
réussi à faire un pas en 1965 dans ce secteur, Soquem continue
d'être bien petite quand on compare les fonds qu'on lui accorde à
l'ensemble de l'investissement minier au Québec. J'ai dit tout à
l'heure qu'en 1965 on accordait $1,500,000 sur une période de dix ans;
c'était un début et, à ce moment-là, comme je le
disais, il fallait que Soquem fasse un certain nombre de preuves et prouve
qu'elle était capable de s'imposer dans le secteur minier. En 1971, on a
fait un pas encore et le fonds social de Soquem a été
porté à $21,250,000. Enfin, par cette loi qui nous est soumise,
on veut porter le fonds social de l'entreprise à $45 millions, lequel
lui sera versé par tranches de $3,400,000 d'ici 1980.
En plus, on ajoute un montant de $5 millions pour faire de
l'exploitation d'ici 1980. Alors, par rapport à ses concurrents, on
constate, malheureusement, que cette société, après sept
ans, huit ans, est très petite, microscopique et ne peut pas, tel qu'on
le prévoyait, par exemple, en 1965, ou peut très difficilement
être un concurrent véritable dans le secteur minier.
En plus des buts, en effet, qui étaient fixés ou des
objectifs qui étaient fixés par la loi en 1965, le ministre des
Richesses naturelles du temps, à qui on doit la Société
québécoise d'exploitation minière, M. Lévesque,
disait: II ne s'agit pas par cette structure de créer une
Hydro-Québec ou quelque chose de près ou de loin qui
ressemblerait à une régie ou à un monopole de services
publics.
C'est vraiment quelque chose qui s'injecte dans un contexte
parallèle et en concurrence avec des compagnies existantes. Il ne
s'agissait pas, M. le Président, de nationaliser une compagnie
minière. On veut faire la preuve c'est la façon la plus
saine de la faire que cette compagnie-là, avec comme seul
actionnaire le gouvernement représentant l'Etat, c'est-à-dire
toute la population, est capable d'être ce morceau du secteur public et
de le diriger avec la même efficacité.
Comme je le disais, je pense qu'on a prouvé qu'on pouvait
être capables, comme Québécois, d'être efficaces,
avec malheureusement des petits montants bien peu comparables aux immenses
montants que peuvent posséder les compagnies privées, et de
s'imposer dans ce secteur. Je pense qu'il faut maintenant aller plus loin.
M.LACROIX: C'est René Lévesque qui a écrit ce
texte-là.
M. LESSARD: Je n'ai pas besoin, en tout cas, du député des
Iles-de-la-Madeleine pour écrire mon texte. Les choses insignifiantes
qu'il dit... je ne voudrais pas les répéter. M. le
Président, quand...
M. LACROIX: Vous êtes assez insignifiant.
M. LESSARD: ...on compare le fonds social, de Soquem par rapport
justement aux sommes d'argent considérables qu'il est nécessaire
d'investir dans le secteur minier, puis dans l'exploration
particulièrement pour pouvoir, aller jusqu'à la transformation,
bien, moi, je dis que ce montant de $45 millions est bien faible.
Ce gouvernement-là nous parle, bien souvent, de
développement économique, de croissance économique, mais,
quand il s'agit d'organismes qui sont justement des clés dans le
développement économique, on constate que c'est au compte-gouttes
qu'on mesure les montants qu'on accorde à ces organismes. Par exemple,
au niveau de l'exploration, au Québec, en 1967, c'était à
peu près parce qu'on n'a pas les chiffres de 1971; ça,
c'est d'après une étude du ministère des Richesses
naturelles $22.2 millions qui étaient dépensés par
l'ensemble des compagnies minières.
Cela veut dire peut-être qu'en 1971, au niveau de l'exploration,
c'est $30 millions. Le pourcentage ou le montant de Soquem dans ces $30
millions, c'est $1.4 million, comme je le disais, une goutte d'eau. Cette
contribution n'est pas inutile, cependant, mais je crois qu'elle devrait
être accentuée.
On devrait, je pense, augmenter considérablement les montants
qu'on accorde à cette société. Contrairement à ce
qu'on a dit, je pense que certaines preuves ont été faites. Comme
je l'ai dit, je ne suis pas d'accord sur toutes les modalités de
fonctionnement de la société. Je serai d'accord, à un
moment donné, pour qu'entre la deuxième et la troisième
lecture, le ministre convoque les gens de Soquem parce que nous avons des
questions en tout cas, en ce qui concerne notre parti très
concrètes à poser aux administrateurs de cette
société.
En ce qui concerne le principe, je pense qu'accorder $21,250,000
à la Société québécoise d'exploration
minière, c'est bien peu par rapport à ses besoins. On sait, par
exemple, que Soquem, bien souvent, est obligée de refuser des projets
qui lui sont soumis, projets qui peuvent être rentables, comme le disait
cet après-midi le député de l'Abitibi, mais avec ces
montants-là, elle ne peut quand même pas tout faire.
Au niveau de l'investissement minier, M. le Président, en 1972
c'était $2 milliards pour l'ensemble du Canada. Au Québec, si on
calcule que nous représentons à peu près 15 p.c. à
20 p.c. de l'ensemble de l'investissement minier canadien, cela veut dire entre
$300 et $400 millions.
Soquem, en 1971, n'a pu investir que $2 millions. Dans ces conditions,
il est évident que Soquem ne pourra jamais remplir pleinement le
rôle qu'on lui avait accordé en 1965, être capable d'entrer
même en concurrence loyale avec l'entreprise privée. Pour notre
part, en tout cas, loin d'être contre ce projet de loi, nous croyons que
des montants beaucoup plus substantiels devraient être accordés
non seulement à la Société québécoise
d'exploration minière mais à d'autres sociétés que
nous avons, d'autres sociétés de l'Etat pour qu'elles puissent
véritablement non seulement s'imposer mais faire leur marque et aller
jusqu'à la transformation de nos ressources.
Je disais que le premier ministre du Québec et ce gouvernement
nous parlent bien souvent d'accentuer le développement
économique. On dirait que c'est plutôt là des objectifs de
propagande, des objectifs de paroles. Par exemple, dans le discours à la
nation, le premier ministre disait: Une autre préoccupation majeure du
gouvernement est d'accroître l'efficacité de l'action de nos
grands instruments collectifs de développement économique. Comme
vous le savez, la Société québécoise d'exploration
minière a été créée en 1965 avec un capital
social de $15 millions à être versés sur une période
de dix ans. On parlait, à ce moment, d'accorder $40 millions et peut
être plus. On parlait je pense d'augmenter le fonds social de Soquem
à $40 millions. En tout cas, nous avons $45 millions, mais c'est bien
peu si on veut justement que cette société puisse remplir tous
les objectifs qu'on lui a déterminés cet après-midi.
C'est d'autant plus important que l'un des objectifs, en 1965, ou l'une
des raisons qu'on donnait pour constituer cette compagnie était que
l'exploration minière avait diminué considérablement
depuis 1961. Par exemple, de 1951 à 1961, l'exploration minière
constituait 10 p.c. de la valeur de la production des substances
métalliques et des minéraux industriels. A partir de 1961, cela
représente maintenant environ 3 p.c. à 4 p.c.
Il fallait que Soquem justement fasse un effort, parce que c'est vrai
que c'est important l'exploration, c'est vrai qu'on ne peut pas avoir
d'industries de transformation dans le secteur minier si on n'a pas des budgets
d'exploration pour pouvoir remplacer des mines qui s'épuisent. Parce que
ce n'est pas un secteur comme la forêt; quand il s'agit d'une mine, on
sait que, tôt ou tard, ça va fermer. On sait que la mine
s'épuise. Cela devient d'autant plus important que, chaque fois qu'on
envoie à l'état brut nos ressources naturelles, ce n'est pas un
enrichissement; bien souvent, c'est un appauvrissement du Québec. Ce
sont des mines, des gisements qu'on a en moins. La richesse, c'est d'être
capables non seulement d'exporter strictement nos ressources naturelles, mais
de les transformer.
Au niveau de l'entreprise, qu'est-ce qu'on représente comme
Québécois? C'est pour ça que je me posais la question:
Avons-nous décidé d'être strictement des porteurs d'eau,
des scieurs de bois? C'est ce que je me suis demandé quand j'ai entendu
le discours du député d'Abitibi-Ouest...
UNE VOIX: Est.
M. LESSARD: ... d'Abitibi-Est, demandant que Soquem se limite
strictement à l'exploration.
M. LACROIX: L'un ou l'autre, ça n'a pas d'importance.
M. LESSARD: En effet, M. le Président, selon un rapport de la
Commission Laurendeau-Dunton, seulement 2.2 p.c. de la valeur ajoutée
dans le secteur minier québécois a été
réalisée par des entreprises sous contrôle francophone; 46
p.c. par des entreprises sous contrôle anglophone et 51.8 p.c. par des
entreprises sous contrôle étranger. On ne peut pas demander que ce
soit fait par d'autres entreprises québécoises; on en a
très peu, mais, grâce à l'instrument qu'on s'est
créé en 1965, je pense qu'il importe justement de s'imposer dans
ce secteur. Au niveau de la transformation on en a discuté au
ministère des Richesses naturelles 74 p.c. de nos ressources
naturelles sont exportées à l'état brut. Je comprends
qu'on ne peut pas exiger de toutes les compagnies qu'elles transforment 100
p.c. de nos ressources naturelles au Québec. Mais, comme je l'ai
expliqué, comme je l'ai dit à maintes et maintes reprises, je
l'ai répété à la dernière commission
parlementaire, il y a certaines entreprises, en particulier au niveau de
l'amiante, où, parce qu'on possède un "bargaining power"
très fort, on pourrait s'imposer. Mais encore là, le gouvernement
attend, le gouvernement crée des comités d'étude, de sorte
que le "bargaining power" qu'on possède actuellement et qu'on
possédait en 1948 pour le minerai de fer, on ne l'aura peut-être
plus dans trois, quatre ou cinq ans.
M. le Président, tout ça pour dire que je pense que cette
institution québécoise nous a permis de faire un pas bien
important dans le secteur minier. Même si nous sommes d'accord sur le
principe de ce projet de loi, cela ne veut pas dire que nous sommes
complètement d'accord sur toutes les politiques de la
Société québécoise d'exploration minière.
D'abord, la Société québécoise, en tout cas
à mon sens, ne peut pas continuer de se diriger dans tous les secteurs
avec un budget aussi limité que celui qu'on lui accorde actuellement. Je
voudrais que la commission parlementaire puisse siéger pour qu'on puisse
interroger les administrateurs de Soquem à ce titre. Est-ce qu'ils se
sont branchés? Est-ce qu'ils ont décidé de se
spécialiser dans un secteur spécifique? Est-ce qu'il y a des
secteurs qui leur paraissent plus prioritaires que d'autres?
C'est là une politique, je pense, que les administrateurs de
Soquem, par la commission des richesses naturelles, pourraient venir donner des
explications.
Il y a toute la politique des contrats avec d'autres
sociétés. Je suis d'accord sur certaines remarques qui ont
été faites cet après-midi. Je pense qu'en
général on constate que la Société
québécoise d'exploration minière semble, une fois que l'on
a fait la découverte d'un gisement, accepter un peu trop facilement que
la gestion soit accordée à l'entreprise avec laquelle elle
s'associe. Il me semble que Soquem devrait normalement être capable de
conserver la gestion d'un certain nombre d'entreprises dans lesquelles elle
participe. En effet, à la page 10 du rapport je disais tout
à l'heure qu'on semble accepter trop facilement il est
écrit ceci: "Le succès d'un programme de mise en valeur d'une
découverte débouche généralement sur la
création d'une société mixte d'extraction minière
dans laquelle la Soquem conserve un intérêt proportionnel à
sa contribution préalable. Le partenaire privé assure la gestion
de l'entreprise à moins qu'il ne puisse le faire faute de
ressources".
Pour ma part, en tout cas, je ne suis pas prêt à accepter
que cette politique soit une politique générale. Surtout qu'on
constate que, bien souvent, les investissements d'exploration sont faits par la
Société québécoise d'exploration
minière.
Je voudrais aussi parler plus particulièrement du cas de
Saint-Honoré. On l'a souligné, le député de
Maskinongé a fait certaines remarques à ce sujet concernant
l'investissement que
Soquem doit faire à Saint-Honoré. Je pense qu'on aurait
des questions assez importantes à poser à ce sujet aux
administrateurs de la Société québécoise
d'exploration minière. Quel est le marché actuel du columbium? On
sait qu'actuellement il n'y a que deux mines qui produisent ce minerai: l'une
au Brésil et l'autre au Québec, à Oka. Il arrive que le
gouvernement américain exporte un peu, des montants assez minimes, sa
production. Mais, globalement, dans le marché mondial, le Brésil
fournit 60 p.c. du columbium; 20 p.c. sont fournis par le Québec, par la
St. Lawrence Columbium, la mine d'Oka; 20 p.c. sont fournis par certains pays,
le Nigéria ou les Etats-Unis, mais qui n'ont pas véritablement de
mine de certaine importance sinon pour leur consommation intérieure.
Actuellement, nous avons, dans ce secteur, une compagnie qui semble
avoir fait sa marque au Québec. Au cours des années
récentes, les ventes de la St. Lawrence Columbium ont été,
habituellement, de $3 millions, sauf en 1970 où elles ont
dépassé $5 millions. La compagnie embauche 230 personnes. Quant
au prix de ce minerai, de 1962 à 1970, il a été d'environ
$1.05 la livre, en moyenne. Avec la réévaluation du dollar, de
1970 à 1972, le prix a été légèrement
inférieur à $1. Mais, depuis quelques mois, il est monté
à $1.40. Au niveau actuel de ses coûts de production, la St.
Lawrence, lorsqu'elle vend 3 millions de livres à $1 la livre, atteint
à peu près son seuil de rentabilité, c'est-à-dire
c'est cela qui me paraît inquiétant qu'au cours de
la dernière année d'activité la St. Lawrence Columbium,
par suite du fait qu'il y avait des surplus, a fait un déficit de
$269,211.
Or, si la Société québécoise d'exploration
minière entre dans ce marché, cela sera-t-il rentable? C'est la
question qu'on se pose quand on constate, par exemple, que le minerai de la
mine brésilienne a une teneur de 4 p.c. à 5 p.c. et l'extraction
se fait à ciel ouvert. D'autre part, le groupe brésilien
possède une réserve qui pourrait être exploitée
à ciel ouvert et dont la teneur est de 2 p.c. à 2.5 p.c, alors
que nos gisements ont une teneur de moins de 1 p.c. Pourquoi, d'abord, la
Société québécoise d'exploration minière
n'a-t-elle pas cherché avant tout avant de s'associer à
une compagnie étrangère une association à une
compagnie qui semble avoir déjà une expérience, qui semble
avoir joué, au Québec, dans l'exploitation de ce minerai, un
rôle de pionnier pour mettre, par exemple, la technique d'extraction et
de traitement du columbium bien avant, semble-t-il, les Brésiliens?
Alors est-ce que le fait, par exemple, que la Société
québécoise d'exploration minière décide d'entrer
directement en concurrence avec une entreprise québécoise,
n'amènera pas strictement l'une ou l'autre des compagnies à
tomber, ou bien les deux, par suite d'une concurrence sur le marché
mondial, qui semble être extrêmement difficile, que les deux
disparaissent?
On sait, comme je le disais tout à l'heure, que dans ce domaine,
c'est le Brésil qui possède 60 p.c. du contrôle des
marchés étrangers. Je pense bien que les Brésiliens sont
capables de nous faire, sur le marché mondial, une lutte qui peut
être défavorable pour l'une ou l'autre des entreprises. Alors
pourquoi et c'est une question précise qu'il faudrait poser
à la Société québécoise d'exploration
minière, il ne s'agit pas de retarder la mise en valeur de
Saint-Honoré n'y a-t-il pas eu entente avec la St. Lawrence
Columbium plutôt qu'avec la Copper-fields? Il me semble que cela aurait
été bien plus logique, M. le Président, et il me semble
que cela aurait permis, en tout cas, au lieu d'avoir deux
sociétés québécoises qui se font concurrence,
d'abord, de profiter de l'expérience de la St. Lawrence et, en
même temps, de pouvoir peut-être s'imposer beaucoup plus fortement
sur le marché mondial; tandis que là, l'une comme l'autre va
chercher d'abord et avant tout à s'écraser.
La mise en valeur du gisement de Saint-Honoré, dans de telles
circonstances, peut donc facilement provoquer une concurrence très vive
entre les deux exploitations québécoises, sur un marché
mondial où les Brésiliens n'accepteront pas de perdre une part
importante de leur marché. Par ailleurs, la St. Lawrence non plus ne
peut pas accepter de perdre une part de son marché. Donc, qu'est-ce qui
va arriver? On a de bonnes chances que les deux sociétés soient
peut-être obligées de fermer leurs portes.
Donc, qu'on soit bien clair. Le problème ne consiste pas à
savoir si on va empêcher la mise en valeur de Saint-Honoré, mais
à savoir s'il ne serait pas nécessaire de constituer un seul
groupe québécois basé sur les deux exploitations de
façon, d'une part, à éviter qu'elles se détruisent
l'une et l'autre et, d'autre part, à améliorer leur
capacité de résistance sur le marché mondial.
Je pense que ce sont là, pour une fois, des questions
précises que nous avons le devoir de poser à la
Société québécoise d'exploitation minière,
si le ministre veut accepter que cette société soit
convoquée à une commission parlementaire.
Elle n'est pas là pour faire disparaître des entreprises
québécoises. Elle est là, autant que possible, pour
s'associer à d'autres compagnies québécoises et pour
renforcer notre situation dans le secteur minier.
Je pense qu'il est temps comme je l'ai dit d'ailleurs à la
commission des Richesses naturelles et comme on l'exige de
l'Hydro-Québec que nos sociétés d'Etat viennent
déposer ou viennent témoigner à la commission
parlementaire des richesses naturelles. C'est important que les
représentants de la population puissent conserver un certain
contrôle, d'accord. Il ne s'agit pas à un moment donné de
leur imposer des décisions. Il faut conserver une certaine autonomie
à ces sociétés.
Mais il faut, par exemple parce que c'est financé à
même les deniers publics que les parlementaires puissent
interroger les responsables, les administrateurs de ces sociétés.
Il s'agit là, d'un problème qui me paraît, en tout cas,
important. Peut-être que si on ne le prend pas sérieusement en
considération, non seulement comme on le disait tout à l'heure,
ce sera une aventure, Saint-Honoré, mais ça pourra être une
faillite. C'est là que ça m'inquiète. Là encore, on
entendra les chasseurs de sorcières s'élever contre les
entreprises d'Etat et dire que ce n'est pas rentable, que c'est mal
administré, toutes les rengaines qu'on entend depuis pas mal de temps et
en particulier depuis un certain congrès qui a élu M. Yvon Dupuis
à la chefferie du Ralliement créditiste.
On a eu une mauvaise expérience avec Sogefor, c'est vrai. Mais
c'était une société mixte et il fallait s'attendre
à des déboires, des difficultés. Je pense bien que la
Société québécoise d'exploration minière
s'étant imposée dans ce secteur depuis huit ans, il ne faudrait
pas qu'on fasse des erreurs.
D'accord pour accorder des montants supplémentaires. Je suis
assuré, d'ailleurs, que ces montants sont passablement inférieurs
aux besoins de la Société québécoise d'exploration
minière. Mais je suis en partie d'accord avec ce que disait je
dis bien en partie à ce sujet le député de
Maskinongé: c'est qu'il faut avoir la possibilité d'interroger
les représentants de Soquem, afin qu'ils viennent nous justifier leurs
plans d'investissements, les objectifs qu'ils poursuivent dans l'exploitation
de la mine de Louvem, la mine de Saint-Honoré, celle de Magpie, etc.
C'est là une chose sur laquelle nous insistons. Le ministre des
Richesses naturelles ce ne sera pas long, je l'espère
devra accepter que la commission parlementaire puisse siéger et que mon
honnorable ami, le député des Iles-de-la-Madeleine, puisse poser
à un moment donné aux administrateurs de Soquem toutes les
questions qu'il aurait voulu poser ce soir, probablement, au ministre des
Richesses naturelles s'il avait été de ce côté de la
Chambre.
M. GARNEAU: C'est un terrain glissant, M. le Président.
M. LESSARD: Voilà, qu'on cesse donc... J'entendais le chef
national du Crédit Social dire à un moment donné,
lorsqu'on a eu l'augmentation des taux de Bell Canada que c'était
justifié. C'était normal, ça.
Mais parce qu'une société québécoise avait
décidé d'accord, on voulait que ce soit justifié
ces augmentations de taux d'augmenter les taux
d'électricité, tout le monde criait. Il est normal, par exemple,
comme on l'a exigé pour Bell Canada, que les compagnies gouvernementales
viennent justifier devant les commissions parlementaires leur administration.
Mais qu'on arrête donc à un moment donné de baver sur nous
autres; qu'on arrête donc à un moment donné de gueuler
contre nos institutions qui nous appartiennent. Il ne s'agit pas d'accepter
toutes leurs politiques, il ne s'agit pas de justifier tout ce qu'elles ont
fait mais on ne peut perpétuer ce climat qui me paraît malsain,
toujours dire à la population québécoise: Voyez, c'est une
entreprise d'Etat, c'est une faillite. Ce n'est pas vrai, ce n'est pas une
faillite. La Société québécoise d'exploration
minière ce n'est pas une faillite, c'est une réussite dans
certains secteurs, c'est un succès dans certains autres. Mais, par
exemple, il est normal qu'il y ait des corrections peut-être à
apporter dans ses politiques; il est normal qu'elle vienne justifier devant la
commission parlementaire, devant les parlementaires, certaines décisions
qui me portent à me poser des questions assez importantes.
Mais je pense qu'il faut aussi non pas arrêter ce
développement, non pas arrêter de développer ces
éléments clés de croissance économique au
Québec, mais accentuer l'investissement dans ces secteurs. Alors, M. le
Président mon temps achève encore une fois nous
sommes d'accord pour accorder le montant que nous demande le ministre et
même nous serions d'accord pour accorder beaucoup plus pour autant que
c'est justifié. Mais nous demandons au ministre de convoquer la
commission parlementaire des richesses naturelles pour qu'on puisse entendre la
Société québécoise d'exploration minière
afin qu'on puisse lui poser des questions très précises.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, ce projet de loi en apparence
inoffensif soulève, comme vous le constatez, des commentaires assez en
profondeur des différentes formations politiques. C'est à
l'occasion de ce projet de loi que nous pouvons véritablement analyser
et essayer de redéfinir le rôle et les objectifs que vise Soquem.
Il est naturel, je pense, et c'est sain, que nous puissions par le biais de ce
projet de loi analyser quelles seront les orientations futures de Soquem, quel
sera le mandat de Soquem. Si on s'en remettait aux objectifs fixés au
début par le projet de loi qui a assuré sa naissance en 1965, si
l'on s'en remettait au préambule contenu dans la brochure qui nous a
été soumise cette année, il est évident que nous
serions portés à croire que Soquem, tout en étant une
société d'Etat par son capital, dans le jeu de la concurrence, a
le statut, a le rôle d'une entreprise privée. Je pense qu'il y a
là un paradoxe assez extraordinaire. Le préambule que nous
pouvons lire dans la brochure qui nous a été remise sur le
rapport des activités de Soquem au cours de la dernière
année, vous me permettrez, M. le Président, d'attirer votre
attention sur ce préambule pour démontrer
jusqu'où ce paradoxe devient incongru, jusqu'où ce
paradoxe devient impalpable et jusqu'où il y a contradiction entre le
statut juridique que l'on donne à Soquem, d'une part, et, d'autre part,
le statut financier qu'on lui accorde.
Ce statut juridique lui donne la dimension, le rôle d'une
entreprise privée, avec soit les privilèges ou soit les
contraintes qu'a à subir l'entreprise privée dans le secteur
minier, mais, d'autre part, avec cette alimentation de fonds provenant de
l'Etat. Comme préambule au rapport annuel qui nous a été
remis cette année, on retrouve les propos tenus par Me Henri
Beaupré, au nom du gouvernement du Québec, aux assises annuelles
de l'Association des mines de métaux du Québec, tenues le 8 juin
1965. On y lit clairement ceci: "La Soquem ne bénéficiera ni
d'avantages fiscaux, ni de régime de faveur de la part du
ministère des Richesses naturelles. Les dossiers confidentiels du
ministère le resteront, aussi bien pour la Soquem que pour les
sociétés privées. La Soquem jouira des privilèges
propres aux sociétés privées, c'est-à-dire qu'elle
exercera son activité en toute discrétion. Elle fournira à
l'Assemblée législative les mêmes informations qu'une
société privée doit fournir à ses actionnaires. La
Soquem fera, de fait, concurrence aux entreprises appartenant à la
même industrie, mais cela suivant un esprit de "fair play" conforme aux
règles du jeu. Nous savons, d'autre part, que toute découverte de
la Soquem sera susceptible de profiter à d'autres sociétés
et nous espérons que le caractère, même à longue
portée, de son programme, sera profitable à l'industrie
entière. Il faut ajouter, cependant, que la Soquem ayant une
personnalité d'entreprise privée aura aussi l'arête dure
propre aux relations d'affaires."
M. le Président, pour ma part, c'est de la pure chinoiserie.
D'une part, on donne le caractère, la stature, les activités et
toutes les garanties de l'entreprise privée, et d'autre part, on nous
demande à nous, comme législateurs, de voter des sommes de $15
millions, $20 millions, $25 millions et $30 millions. A ce moment-là,
jusqu'où va l'initiative de Soquem, jusqu'où sa marge
d'activité peut-elle nous permettre d'affirmer que c'est un instrument
aux mains de la collectivité? Jusqu'où la collectivité
peut-elle avoir un droit de surveillance, de regard sur l'administration,
premièrement, sur les opérations, deuxièmement, sur la
planification, troisièmement, de Soquem, puisqu'on lui donne le
caractère de l'entreprise privée et qu'elle doit faire
concurrence aux autres entités administratives ou possédantes de
nos secteurs miniers?
Or, quelle est l'entreprise privée dans ce secteur, qui, à
long terme, va faire connaître à ses concurrents son plan
d'action? Quelle est l'entreprise privée qui, ayant à
concurrencer d'autres entreprises dans le même secteur, va
découvrir ses activités, ses façons de procéder,
ses budgets pour dix ou quinze ans? Quelle sera l'entreprise privée
assez naive, ayant à faire face à la concurrence, pour
dévoiler tous ses plans d'action?
Ce soir, nous avons entendu des exposés faits par deux formations
politiques différentes, l'une qui adore, comme un veau d'or,
l'entreprise privée, qui fait des courbettes, des génuflexions,
sans aucune condition, à l'entreprise privée telle quelle;
l'autre qui, d'autre part, veut donner aux corporations de la couronne un
rôle tellement prépondérant tellement primordial
qu'à ce moment-là on oublie complètement qu'on vit sur le
continent nord-américain et que la règle du jeu, sur le plan
économique, demeure tout de même la libre entreprise.
C'est coincés entre ces deux thèses, diamétralement
opposées, que nous discutons d'un projet de loi qui demande à une
société de la couronne par son capital, mais une
société qui, par son action et son rôle, a le statut de
l'entreprise privée, que nous avons à discuter, nous les
législateurs, d'accorder ou de faire en sorte que cette
société bénéficie, au cours des prochaines
années, soit d'ici 1980, d'une somme supplémentaire de l'ordre de
$24 à $25 millions.
Je ne sais pas si l'on saisit dans quel contexte nous avons à
faire nos discussions. Je ne sais pas si l'on saisit que la création de
cette société de la couronne... Je sais que le
député d'Abitibi-Est trouve cela peut-être un peu trop
compliqué, je sais que pour lui c'est peut-être essayer de
balancer; je sais que les subtilités, il ne les comprend pas. Je sais
que l'entreprise privée, pour lui, peut être un veau d'or que l'on
peut adorer inconditionnellement, à tout prix. Pour ma part, et
vis-à-vis de mes collègues, je pense que nous savons faire
l'équilibre des forces et des agents de l'économie.
UNE VOIX: Cela parait.
M. ROY (Beauce): Cela parait, cela paraît, c'est sûr.
M. LOUBIER: Cela paraît tellement, M. le Président, que si
je voulais analyser les activités et le passé de chaque
député du Ralliement créditiste, vous seriez surpris de
voir jusqu'où ces gens-là ont pu réussir dans la vie, dans
le contexte actuel. D'ici quelque temps, nous le ferons sur la place publique.
Les activités de ces gens-là...
M. TETRAULT: Cela prouvera encore une fois le style du chef
parlementaire.
M. LOUBIER: ... qui, aujourd'hui, semblent penser qu'avec de la
démagogie facile, avec la façon de flatter la passion des gens et
de faire miroiter des miracles par des formules aussi simplistes que ridicules,
on peut discuter sérieusement en Chambre de projets de loi comme celui
que nous avons à l'analyse ce soir.
D'autre part, je pense que ce projet de loi demande une somme
additionnelle de $23 ou
$24 millions au cours des prochaines années pour permettre
à Soquem de jouer son rôle, c'est-à-dire de pouvoir faire
de la prospection, de l'exploration, de pouvoir également faire de
l'exploitation, de pouvoir aider, supporter, devenir tuteur de certaines
compagnies minières qui soient en difficultés ou qui soient
même rendues au stade de l'exploration afin de leur permettre de
s'associer à différents stades avec des compagnies
minières, ou encore, par des recherches scientifiques, d'aider au
secteur minier dans son ensemble. Nous devrions avoir à notre
connaissance toutes les raisons qui motivent ou qui incitent Soquem, par le
biais du ministre des Richesses naturelles, toutes les raisons qui favorisent
ou qui exigent cet investissement ou ces sommes additionnelles que l'on
demande. La société d'Etat d'une part, oui, par son financement,
comme je le disais tout à l'heure, par son mode de gestion, statut de
l'entreprise privée. Nous avons eu des expériences plus ou moins
douloureuses en votant aveuglément pour ce^ qu'on appelait des
instruments collectifs de développement.
J'ai été un de ceux qui ont applaudi à la
création et à la naissance de la Société
générale de financement parce qu'à ce moment-là
je n'ai aucune honte à l'avouer c'était le mariage
de différents agents de l'économie au Québec.
C'étaient les coopératives financières, d'une part,
par le truchement des caisses populaires donc, c'étaient les
petits épargnants regroupés, par leurs économies
c'était, d'autre part, le gouvernement, l'Etat et, en troisième
lieu, tous les Québécois qui étaient invités
à se donner un instrument collectif d'émancipation
économique qui pouvait devenir ce levier nous permettant dans
différents secteurs non seulement d'avoir la propriété de
nos richesses, mais d'en avoir l'administration et le contrôle. Mais,
malheureusement, on y a introduit un mode de gestion, à cause d'une
foule d'erreurs accumulées que vous connaissez tous. La
Société générale de financement et d'autres
sociétés de l'Etat ont connu des avatars et ont
débouché sur des résultats tellement négatifs,
tellement déprimants que les Québécois ne se sont pas
encore remis de ces formules mixtes de financement ou d'exploitation.
D'autre part, il ne faut pas qu'on se leurre au Québec. Qu'on le
veuille ou non, il faudra, pour plusieurs années à venir,
canaliser les investissements étrangers pour nous aider à
exploiter, à transformer et à commercialiser nos richesses
naturelles. Il s'agit simplement de rappeler qu'au cours des cinq prochaines
années il faudra injecter dans l'économie
québécoise au-delà de $35 milliards. Si nous voulons
arriver à faire face à une situation économique
acceptable, si nous voulons avoir un taux de croissance économique
à peine comparable avec celui des autres Etats constituants du Canada,
si nous voulons avoir un taux de chômage à peine respectable, il
faudra investir annuellement, au cours des cinq prochaines années, $7
milliards, et cela, je le répète, annuellement.
M. le Président, il est facile de dire que nous pouvons reprendre
en main notre économie. Il est facile de dire que nous sommes des
colonisés, que nous sommes, à toutes fins pratiques, des
bâtards sur le continent nord-américain, mais il faut être
beaucoup plus réaliste que ça et constater que, quoi qu'on fasse,
pour établir un niveau de vie, pour établir un certain
progrès sur le plan économique, il faut le capital joint au
travail et nécessairement tout ça sous-tendu par les richesses
qu'un pays peut posséder.
C'est l'an passé que le chef du Parti québécois,
dans une chronique dans le Journal de Montréal, disait ceci ou à
peu près ceci: De façon posthume, je rends hommage à
Maurice Duplessis pour avoir mis en exploitation les gisements de fer dans
l'Ungava. Il faisait un acte de contrition à ce moment-là, parce
qu'il s'était rendu compte, comme d'autres dans le Québec,
qu'à cause de la découverte de gisements de fer dans d'autres
pays, avec un coût d'extraction moindre que celui que nous avons au
Québec, si, à ce moment, nous n'avions pas exploité nos
richesses en minerai de fer, la région de mon ami, le
député de Duplessis et celle du député de Saguenay
n'auraient jamais été développées et seraient
encore je ne dirais pas non civilisé, au contraire
à l'état assez anémique où on la connaissait
à l'époque des années quarante.
M. le Président, je pense que, pour discuter d'un projet de loi
comme celui que nous avons à examiner, il sera bon pour tous les membres
de cette Chambre de relire l'analyse rigoureuse, objective et très
éloquente qu'en a faite le député de Maskinongé,
cet après-midi.
Je ne voudrais pas reprendre les thèmes qu'il a traités.
Je ne voudrais pas reprendre les comparaisons réalistes qu'il a faites.
Il est superflu de vous rappeler la proportion accordée par Soquem aux
compagnies étrangères venant explorer ou exploiter ici au
Québec et aux compagnies déjà établies, ou aux
compagnies qui sont ici avec leur siège social, dans une proportion de
un à six, comme l'a mentionné le député de
Maskinongé. Je ne voudrais pas vous rappeler également les propos
tenus par le député de Maskinongé à l'effet que
Soquem donnait l'impression, en certaines circonstances et dans des cas
particuliers, de favoriser la venue de compagnies étrangères qui
vont venir en concurrence directe avec des compagnies déjà
établies dans le même secteur minier. Je pense que, à ce
moment-là, ce n'est pas une saine concurrence. Ce n'est pas le "fair
play" dont faisait mention le préambule que je vous ai lu tout à
l'heure.
On nous demande $25 millions. Comme dirait CD. Howe: Ce sont des
"peanuts" pour plusieurs personnes. Mais qu'est-ce que l'on va faire de ces $25
millions? Dans quel canevas, selon quelle projection, selon quel plan
d'ensemble, selon quelle priorité Soquem va-t-elle dépenser ou
investir ces $25 millions d'ici 1980? Ce sont des points d'interrogation
auxquels nous n'avons aucune réponse. On pourra peut-être nous
dire: On l'a signalé,
Soquem a un caractère d'entreprise privée. Soquem est
tenue aux mêmes règles du jeu que l'entreprise privée. On
ne peut demander à l'entreprise privée de dévoiler ses
plans d'action pour les cinq, dix ou quinze prochaines années à
cause des concurrents qui sont là. Or, c'est cette situation fausse,
cette position déboussolée complètement que nous avons
à démêler par l'étude de ce projet de loi.
Je pense que tous les membres de cette Assemblée, de quelque
formation politique que ce soit, comme l'a mentionné, en premier lieu,
cet après-midi, le député de Maskinongé, et les
Québécois, étant donné que ce sont tous les
Québécois qui financent Soquem, auraient droit de connaître
de la bouche même des dirigeants quelle sera l'utilisation, ou pour
quelle fin, ou pour quel objectif, selon quel ordre de priorités on
utilisera cette somme additionnelle que l'on demande par ce projet de loi no
4.
Le député de Maskinongé signalait à
l'attention du ministre des Richesses naturelles qu'il est nécessaire de
connaître, par les dirigeants eux-mêmes, la position que Soquem
entend prendre, d'abord vis-à-vis de la prospection, en ce qui a trait
à l'exploitation, en ce qui a trait également à ce centre
de recherche commun qui doit servir au secteur minier, dans son ensemble, au
Québec. Nous ne le savons pas actuellement. Nous ne les avons pas
entendus, ces gens-là. Le député de Maskinongé
insistait, cet après-midi, sur une situation qui était fausse,
celle suscitée par la venue de la compagnie Copperfields à
Saint-Honoré, qui venait concurrencer avec l'aide, et je dirais
même "la complicité", de Soquem une compagnie minière en
pleine exploitation, la St. Lawrence à Oka.
Je me demande, M. le Président, à cause du jeu de la
concurrence internationale, si Soquem avait je ne dirais pas le droit,
elle avait le droit de le faire le jugement voulu pour poser un geste
qui apparaît aussi inconsistant.
Il y a d'autres cas semblables que nous pourrions soulever lors d'une
commission parlementaire. M. le Président, je pense qu'il serait facile
de se laisser aller à une certaine démagogie, comme certains
veulent le faire depuis un certain temps, mais c'est un sujet extrêmement
sérieux. Puisqu'on met en jeu, actuellement, par ce projet de loi,
l'avenir de Soquem, il me semble qu'on pourrait, nous, les parlementaires et,
par voie de prolongement, les Québécois, avoir du gouvernement un
éclairage beaucoup meilleur pour percevoir son rôle et percevoir
également quelles sont les implications et surtout les
conséquences des actions à être posées par
Soquem.
Tout à l'heure, on parlait avec une facilité
étonnante d'exiger de nos compagnies minières la transformation
des matières brutes en produits finis. M. le Président, il ne
faut tout de même pas rêver en couleur. Je sais que c'est un
idéal à atteindre, c'est un objectif à viser mais comment
pourrions-nous, les Québécois, exiger, par exemple, des mines
d'amiante de transfor- mer et de finir les matières brutes ici, au
Québec, alors qu'à peine 4 p.c. de la production en amiante est
absorbée sur le territoire, non seulement québécois mais
sur le territoire canadien, et lorsque nous savons qu'avec la concurrence
provenant de l'URSS, depuis surtout les années 1962 et 1963, nous ne
sommes plus seuls dans ce secteur et qu'il faut par conséquent arriver
avec des prix concurrentiels? Je pense que c'est illusoire de préconiser
la chose et d'obliger les compagnies existantes ou celles qui viennent ici
à transformer sur place certains produits.
Il y a une autre situation, un autre mirage chez les
Québécois. Parce que nous possédons des richesses
naturelles, parce que nous possédons à profusion, dans certains
secteurs, des richesses minières, nous croyons que le seul fait de les
posséder, le seul fait de les contempler va nous apporter le
progrès économique. M. le Président, je pense que
même si nous avions 200 mines de diamant près de la région
de Québec, dans la région de l'Abitibi, même si nous avions
500 mines d'amiante, si nous ne pouvons pas écouler notre production, si
nous ne pouvons pas concurrencer avec les autres pays qui ont les mêmes
richesses, il est illusoire de vouloir théoriquement imposer des
principes qui n'auraient pas d'application et qui ne serviraient aucunement les
intérêts de la collectivité québécoise.
M. le Président, je m'excuse d'avoir peut-être
dépassé de quelques minutes le temps qui m'était
alloué, j'aurais aimé également répondre aux
interventions que d'autres ont faites avant moi. Je pense qu'il y aura d'autres
circonstances qui me le permettront. Mais, en l'occurence, je pense que le
ministre des Richesses naturelles, s'il veut véritablement permettre au
public, permettre aux députés de cette Chambre de connaître
les intentions de Soquem, s'il veut que nous sachions quel mode de gestion,
quel genre d'administration il y a à Soquem, s'il veut répondre
à tous les points d'interrogation qui ont été
soulevés par le député de Maskinongé et par
d'autres députés, s'il veut que nous puissions être en
mesure, d'une façon objective, pour les intérêts
supérieurs du Québec, de voter pour ou contre ce projet de loi,
il devrait, avant de terminer la deuxième lecture, nous permettre, en
commission parlementaire, d'interroger les dirigeants de Soquem.
Motion de report à un mois
M. LOUBIER: C'est pourquoi je conclus par cette motion, en vertu de
l'article 121, et je propose que la deuxième lecture du projet de loi
modifiant la charte de la Société québécoise
d'exploration minière n'ait pas lieu maintenant mais dans un mois, pour
nous permettre d'avoir un meilleur jugement, une meilleure perception, une
meilleure analyse et voter selon, non pas des impulsions, des émotions
mais véritablement dans les intérêts supérieurs du
développe-
ment économique dans le domaine minier. Je termine par cette
motion, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que des députés
veulent prendre la parole sur la motion d'amendement?
M. LEVESQUE: Un instant, est-ce qu'on peut voir la motion, s'il vous
plaît?
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, j'ai dit lors de mon discours en
deuxième lecture que nous étions d'accord que le ministre puisse
convoquer la commission parlementaire des richesses naturelles pour entendre
les administrateurs de la Société québécoise
d'exploration minière entre la deuxième et la troisième
lecture.
Cependant, la motion qui nous est présentée me
paraît, peut-être dilatoire dans le sens que j'ai l'impression que,
dans un mois, l'Assemblée nationale aura terminé ses
séances. Pour ma part, étant donné que je considère
que le principe du projet de loi est bon, qu'il est important d'accorder
à la Société québécoise d'exploration
minière les fonds nécessaires, nous ne pourrons accepter de voter
en faveur de cette motion.
Cependant, je réitère la demande que je faisais au cours
de mon discours de deuxième lecture au ministre des Richesses
naturelles, à savoir que nous puissions entendre les administrateurs de
Soquem par la convocation de la commission des richesses naturelles entre la
deuxième et la troisième lecture.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député d'Abitibi-Est.
M. Ronald Tétrault
M. TETRAULT: M. le Président, la motion présentée
par le chef de l'Opposition confirme à peu près les propos que je
tenais lors de la commission parlementaire des richesses naturelles, soit que
la société Soquem siège et vienne s'expliquer à la
commission parlementaire. Je crois que si la société vient devant
les parlementaires, on pourra lui poser toutes les questions
nécessaires, lui demander entre autres pourquoi la grande augmentation
de budget et à quelles fins ces montants vont être
utilisés.
Et en même temps, on pourrait, pour une fois, avant d'approuver
une augmentation dans un budget à quiconque, savoir toutes les
modalités concernées et toutes les aspirations de Soquem. Cette
commission devrait siéger dans le plus bref des délais pour
savoir à quoi sert l'augmentation.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, vous comprendrez facilement
l'enthousiasme qui me presse à appuyer la motion du député
de Bellechasse. D'ailleurs, dans mes propos cet après-midi, j'avais
quelque peu effleuré le sujet en signalant au ministre qu'il prenne
l'initiative de se lever et de nous annoncer la convocation de la commission
parlementaire des richesses naturelles pour vous permettre d'en connaître
davantage sur la nécessité de l'investissement ou de la vocation
d'un crédit de $28.5 millions â Soquem pour lui permettre
d'atteindre les objectifs ou le mandat que lui déterminât le
législateur en 1965 spécialement à l'article 3 de la Loi
constituant Soquem.
M. Le président, je ne puis pas comprendre l'attitude du
député de Saguenay, qui, dans les propos qu'il tenait ce soir,
invitait le ministre à convoquer la commission parlementaire entre la
deuxième et la troisième lecture; ce n'est pas prévu par
le règlement, je comprends que du consentement unanime on pourrait
toujours faire un accroc au règlement, comme disait si bien un jour un
illustre de nos collègues.
M. LESSARD: On peut faire une motion.
M. PAUL: Mais je ne puis pas concevoir comment, avec intelligence
après la deuxième lecture de ce projet de loi alors que
nécessairement il nous faut, avant la convocation de cette commission
parlementaire, adopter le principe de la loi présentement à
l'étude il se fait que ce soir il puisse nous dire qu'il n'est
pas en faveur de la convocation de la commission parlementaire sous
prétexte que le délai proposé par le député
de Bellechasse pourrait compromettre les chances de succès de l'adoption
de cette loi. De deux choses l'une, il y a quelque chose de douteux, anguille
sous roche, ou il n'y a absolument rien.
S'il y a anguille sous roche, comme semble le craindre le
député de Saguenay, je comprends qu'il peut y avoir une certaine
filiation politique entre certaines gens de Soquem et le Parti
québécois. De toute façon, je ne vois pas pourquoi le
député de Saguenay ne voudrait pas que nous obtenions, du
ministre ce n'est pas sûr, mais du président de l'exécutif
de Soquem tous les renseignements qui nous sont nécessaires afin de
formuler un jugement de valeur avant de donner un mandat en bloc à
Soquem et surtout au ministre des Richesses naturelles, qui nous demande, par
un projet de loi d'apparence bénigne, de voter un montant aussi
important.
Pour ce qui a trait au député d'Abitibi-Est, dans ses
propos de cet après-midi, il semblait lui aussi souscrire à
l'idée d'une convocation de la commission parlementaire des richesses
naturelles afin d'entendre les directeurs de Soquem. Alors, si le ministre des
Richesses naturelles
veut nous donner la lumière que nous désirons obtenir, non
pas pour nous mais pour la population du Québec, il consentira
volontiers à ce que la motion du député de Bellechasse
soit reçue. Dès la semaine prochaine, nous avons terminé
l'étude des crédits des différents ministères, il
nous reste l'Assemblée nationale, nous pourrions dans une ou deux
séances au maximum obtenir tous les renseignements qu'il nous faut,
revenir en Chambre la semaine prochaine et, là, il nous serait beaucoup
plus facile de nous prononcer sur le principe de cette loi.
Est-ce que ça va paralyser Soquem dans ses activités
est-ce que mon excellent ami a une remarque à faire?
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président, mais ça dépend
si le député de Maskinongé a fini de parler sur la
motion.
M. PAUL: S'il l'accorde, je vais m'asseoir immédiatement; sinon
je vais continuer.
M. LEVESQUE: Je suggérerais au député de
Maskinongé de demander l'ajournement du débat à ce
moment-ci.
M. PAUL: M. le Président, quand un évêque me fait
une telle demande, c'est avec empressement que je m'y rends. M. le
Président, je formule donc la motion pour ajournement du
débat.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons un petit projet de loi
qu'il serait assez intéressant d'étudier avec la collaboration de
l'opposition, parce que le ministre doit s'absenter jeudi.
Et nous avons trois minidébats qui doivent suivre, apparemment.
Je ne sais pas si tout le monde est ici. Il y avait un petit bill, le projet de
loi 19, Loi modifiant la loi du crédit aux pêcheries maritimes,
qui porte les crédits de $3 millions à $4.5 millions. De toute
façon, je vais appeler cet article, M. le Président, on fera ce
qu'on peut et ensuite on pourra ajourner tout simplement.
Alors, article 12.
Projet de loi no 19 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre de l'Industrie et du Commerce
propose la deuxième lecture du projet de loi modifiant la Loi du
crédit aux pêcheries maritimes.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et en recommande l'adoption à cette
Chambre. L'industrie des pêcheries maritimes occupe une place importante
dans notre économie québécoise. Souvent, dans les grands
centres urbains, on tend à oublier qu'une partie importante des familles
québécoises vivent encore de la pêche et des
résultats de celle-ci.
En 1972, 2,600 pêcheurs gagnaient leur vie uniquement des produits
de la pêche et le résultat de cette production de pêches
maritimes occupait 2,500 autres personnes employées dans des usines de
transformation. En tout, il faut parler d'un volume, en 1972, de près de
200 millions de livres de captures, pour une valeur de $11 millions. Le projet
de loi 19 que nous avons devant nous vise à augmenter le crédit
qu'accorde le gouvernement provincial aux entreprises de pêche pour les
transformations requises dans la construction de navires et les
réparations de ceux-ci.
L'industrie de la pêche a subi, comme toutes les autres industries
québécoises, des transformations profondes au cours des deux
dernières décennies. Elle a dû, comme beaucoup d'autres
entreprises, faire face à une concurrence souvent internationale.
Artisanale qu'elle était il y a à peine quelques décennies
sur les côtes de la Gaspésie, elle s'est subitement
transformée, donnant naissance à des coopératives qui ont
tenté de regrouper un nombre de plus en plus élevé de
pêcheurs, en particulier les Pêcheurs unis, et d'autres groupes
analogues qui chaque année ont tenté d'accroître la
productivité de ce secteur.
Là, comme ailleurs, il a fallu tenter de trouver une bonne
intégration avec la production, c'est-à-dire les prises
mêmes de poisson, la transformation de celui-ci, la mise en
marché, la conquête de marchés nouveaux; en somme, les
mêmes problèmes qui se sont posés à d'autres
entreprises québécoises. Dans le cadre du débat sur le
projet de loi 19, je voudrais donc tenter de répondre brièvement
à quelques questions. Premièrement je voudrais situer dans un
contexte plus global le projet de loi qui est devant nous, visant à
augmenter les crédits disponibles pour les fins des prêts
maritimes. Deuxièmement, je voudrais dire pourquoi ce projet de loi est
nécessaire et tenter d'illustrer les transformations que l'industrie a
connues au cours des dernières années. Troisièmement, je
dirai comment nous entendons utiliser les sommes qui seront mises à
notre disposition, si le projet de loi est voté par l'Assemblée
nationale.
Depuis 1968, le gouvernement a mis de l'avant nombre de programmes
visant à accroître la productivité et la rentabilité
de nos industries de pêches maritimes. Brièvement, je mentionnerai
trois de ces programmes. En particulier, dans un premier temps, il y a tout ce
qui touche la recherche, que ce soient les programmes de recherche
reliés à la biologie aquatique ou ceux reliés à la
technologie des pêches maritimes. Il y a aussi l'amélioration des
techniques de prises de poisson; l'utilisation de techniques modernes pour
localiser les bancs de poissons. Enfin, il y a
la recherche économique et la définition des
marchés, des types de production et de la mise en marché
nécessaire pour les productions des pêcheurs. Ceci pour la
question de la recherche.
Dans un deuxième temps, un effort, particulièrement dans
le cadre de l'ODEQ, vise à doter le Québec de parcs industriels
de pêche modernes, ayant les facilités nécessaires pour
permettre la transformation de la richesse. Dans le cadre des programmes de
l'ODEQ, quatre endroits ont été identifiés avec les
pêcheurs. On parle, en particulier, des projets ou des plans masse qui
ont été définis et approuvés, qui touchent à
la fois Cap-aux-Meules, qui touchent Paspébiac, Rivière-au-Renard
et Grande-Rivière.
Au cours des prochaines années, des investissements de l'ordre de
$16 millions seront réalisés dans ces parcs pour tenter de les
doter d'entrepôts frigorifiques, de quais appropriés, enfin de
toutes les facilités nécessaires pour la pêche moderne.
Dans un troisième temps, le ministère que je dirige a
également mis de l'avant des programmes particuliers visant à
assurer la mise en marché de notre poisson, tant pour le poisson frais
que pour le poisson congelé, pour augmenter les débouchés
nécessaires pour ce secteur industriel.
C'est donc dans un contexte plus global que se situe le projet de loi de
ce soir, à savoir l'aide à la construction des navires. La Loi du
crédit aux pêcheries maritimes, qui a été
votée en 1964, prévoit que le gouvernement du Québec peut
prêter à même le fonds consolidé du revenu
jusqu'à concurrence d'une somme de $3 millions par année pour
favoriser la construction, la réparation ou l'achat de bateaux et
d'équipements de pêche.
Le projet de loi qui est devant nous vise à relever le maximum de
cette somme, le faisant passer de $3 millions à $4 millions et demi afin
de résoudre d'importants problèmes qui retardent le
développement du secteur des pêches et assurer que cette industrie
recevra toute l'infusion nécessaire avant l'expiration de l'entente
Canada-Québec pour le développement de l'Est du
Québec.
Deuxième question: Pourquoi devons-nous augmenter subitement
cette année de $1 million et demi les crédits nécessaires
à ces prêts maritimes? Il y a, je pense, au moins deux raisons
majeures qui nous forcent à le faire et je vais tenter,
brièvement, de les expliquer aux députés.
Premièrement, il y a cette révolution, qu'il faut appeler par son
propre nom, dans le type de navires utilisés par nos pêcheurs. La
carte postale nous montre toujours le pêcheur avec sa barque d'à
peine 30 ou 40 pieds qui va au large étendre ses filets et recueillir sa
cueillette journalière, mais nous savons qu'au cours des
dernières années des modifications profondes sont intervenues
dans le type de navire utilisé par les pêcheurs.
Ces modifications importantes ont fait que les pêcheurs doivent
constamment s'habituer à de nouvelles techniques de pêche,
particulièrement en haute mer. De plus, l'équipement de base,
l'outil de base utilisé par l'artisan qu'est le pêcheur est devenu
un outil extrêmement coûteux qui, souvent, peut dépasser le
million et demi de dollars. On voit immédiatement que dans ce contexte
de transformation de l'outil utilisé par les pêcheurs, à
savoir la barque elle-même, les sommes sont de plus en plus importantes.
Or, ces changements technologiques se produisent à une vitesse
très accélérée et nombre d'autres pays
interviennent avec des techniques nouvelles, ce qui fait que nous devons
constamment renouveler notre flotte de pêche pour être capables de
satisfaire aux demandes des pêcheurs.
Il y a un deuxième cas que j'aimerais expliquer et qui justifie
les hausses nécessaires. C'est le cas, particulièrement, de la
région de Paspébiac je l'expliquerai en plus grand
détail et de la région de la Côte-Nord qui demandent
des équipements plus modernes au sol, lesquels doivent correspondre
à une flotte capable d'assurer l'acheminement d'une quantité
suffisante de poisson à transformer. Le ministère de l'Industrie
et du Commerce est propriétaire, à Paspébiac, d'une usine
de transformation du poisson, d'un chantier maritime et de divers
équipements connexes comme des entrepôts frigorifiques, des usines
à glace, des rampes de lancement, des parcs d'hivernement, etc.
Ces actifs ont été mis en place à un coût
d'environ $2 millions. Or, le chantier maritime ne fonctionne pas depuis 1968;
quant à l'usine de poisson, elle est sous location à Fishprod
Limited, filiale de Fishery Products Limited de Saint-Jean, Terreneuve,
à qui le gouvernement du Québec a dû, depuis 1964, faire
des concessions spéciales de près de $300,000 pour assurer la
continuité des activités et ainsi éviter la mise à
pied de quelque 175 travailleurs à l'usine de transformation.
Jusqu'à tout récemment le ministère de l'Industrie et du
Commerce n'avait pas réussi à intéresser une entreprise
plus dynamique que Fishprod Limited pour l'exploitation de l'usine de
transformation. Par contre, au cours des derniers mois, des industriels du
Québec, des Québécois ayant une expérience
pertinente dans la pêche et ayant travaillé à la fois aux
Iles-de-la-Madeleine et en Gaspésie, se sont montrés vivement
désireux de s'installer à cet endroit, à la place de
Fishprod. Cependant, leur projet implique la construction de deux chalutiers
polyvalents de 131 pieds de longueur au cours de 1973 et de deux chalutiers du
même type en 1974. Avec ces quatre bateaux d'environ 131 pieds, l'usine
serait alors en mesure d'assurer un emploi continu à plus de 250
personnes et de montrer une bonne rentabilité. Le projet ne veut pas
être réalisé sans que la loi ne soit amendée
puisqu'au cours des dernières années, dans ce contexte de
renouvellement de la flotte de pêche, les engagements financiers
acceptés par le Conseil du trésor ont
largement grevé le budget qui avait été
alloué pour ce renouvellement de la flotte de pêche. Le projet
particulier de Paspébiac ne pourrait se réaliser à moins
d'avoir, compte tenu des immobilisations requises au niveau des chalutiers, une
augmentation des crédits affectés à cette cause par la
présente loi; autrement, nous serions devant le dilemme d'avoir à
retarder l'ouverture du chantier, la construction des navires
eux-mêmes.
Je peux mentionner également pour le bénéfice de
cette Chambre que les navires envisagés dont le coût de chacun est
évalué à $1,800,000, seraient réalisés dans
des chantiers maritimes de l'Est du Québec.
Il s'agit donc d'un projet qui vise à la fois à assurer un
emploi dans une région où l'emploi est difficile à
créer et on voit que les retombées économiques ne seront
pas uniquement pour les pêcheurs eux-mêmes, non pas uniquement pour
les usines de transformation, mais également pour les chantiers
maritimes de la Gaspésie qui se sont toujours spécialisés
dans la construction de ce type de navires. J'ai pensé qu'il serait
peut-être intéressant, compte tenu d'un aspect technique pour les
membres de cette Chambre, d'être plus au courant de la façon dont
les prêts sont accordés pour la construction de navires.
Il faut se rappeler, comme je l'ai mentionné, qu'un chalutier de
130 pieds en acier coûte environ $1,800,000. Or la subvention
fédérale pour ces prêts est établie suivant les
programmes habituels à 35 p.c. du coût de construction et la
subvention dans le cadre de l'entente ODEQ, approuvé par le gouvernement
du Québec, s'établit à 10 p.c. suivant les
modalités de l'arrêté en conseil 1805 de 1973. Le
propriétaire doit donc verser comptant 10 p.c. du solde de 55 p.c. du
coût total du navire et le gouvernement du Québec, suivant la loi
dont nous tentons d'amender ce soir les dispositions, prête le solde,
soit 49.5 p.c. du coût total du navire. Le remboursement se fait par le
propriétaire à raison de 14 p.c. de la valeur des captures sur
une base hebdomadaire ou mensuelle. Ce prêt est accordé sans
intérêt et dès que la valeur des captures permet
d'atteindre le montant total du prêt, les papiers contractuels sont
donnés accordant l'équivalence d'une quittance, ou enfin, le
droit de propriété que le gouvernement pourrait avoir sur le
navire lui-même. Je mentionne que ces navires ont une capacité de
capture de 10 à 15 millions de livres de poisson et celle de 1 million
de livres de poisson génère, environ neuf emplois en usine pour
une saison entière de pêche.
Par exemple, pour donner l'ampleur des captures de ces navires, un
bateau de même taille de la compagnie Gordon, le Bassin, est entré
il y a deux semaines à Cap-aux-Meules avec un chargement de tout
près de 700,000 livres de sébastes. Et la moyenne de capture avec
de tels navires s'établit aux environs de 450,000 livres de poisson de
fond par voyage. On voit donc que des changements au niveau de la construction
des navires, au niveau de l'ampleur de ceux-ci, permettent à cette
industrie de survivre, permettent même de se développer, compte
tenu des efforts qui sont faits vis-à-vis de la mise en marché.
D'ailleurs le raffermissement des prix de poisson, depuis les deux
dernières années, permet des revenus beaucoup plus
intéressants qu'ils pouvaient l'être auparavant.
Point n'est besoin également de mentionner que la construction
navale, la pêche et la transformation du poisson sont des industries
à forte intensité de main-d'oeuvre, ce qui est très
important dans une région comme l'est du Québec. Il faut
également mentionner que l'adoption du bill 19, que nous avons devant
nous, ne signifie pas la mise en chantier automatique des commandes qui nous
ont déjà été signifiées au ministère,
chaque projet demeurant sujet à des normes d'acceptation et doit
être considéré comme une condition sine qua non à
l'opération future de l'usine de Paspébiac, la loi actuelle ne
nous permettant pas, comme je l'ai mentionné antérieurement,
d'engager des sommes additionnelles requises pour la constitution d'une
flotte.
Je m'en voudrais également de ne pas mentionner qu'en dehors de
la région de Paspébiac, nous prévoyons accorder des sommes
pour des unités additionnelles de fortes dimensions devant servir aux
pêcheurs unis, et enfin, la construction de bateaux de 65 pieds en acier
pour les besoins d'une société québécoise qui
établirait une usine de transformation à Lourdes de Blanc-Sablon
ainsi qu'à Natashquan. Dans les deux cas, les dispositions de la loi
sont donc nécessaires pour rendre possible cette pleine
intégration entre la production, c'est-à-dire le résultat
de la pêche elle-même, la transformation souvent dans les sites de
l'est du Québec et la mise en marché, tant sur les marchés
d'exportation que sur les marchés proprement québécois.
Pour toutes ces raisons, l'adoption de l'augmentation des sommes disponibles
annuellement par le ministère pour la construction de navires me parait
souhaitable pour permettre, en particulier à la région de l'est
du Québec, d'avoir pour ses pêcheurs des sommes qui leur sont
essentielles, compte tenu de l'ampleur de l'investissement qu'ils doivent
réaliser et deuxièmement, compte tenu des engagements
passés que nous avons consentis à nombre de compagnies en
activité dans l'Est du Québec.
Ces compagnies ont, à toutes fins pratiques, grevé
complètement nos budgets des deux prochaines années.
M. VINCENT: Maintenant, avant que le ministre ne termine, et comme il
doit s'absenter probablement tout à l'heure c'est-à-dire
dans quelques minutes, que je demanderai l'ajournement du débat
est-ce qu'il pourrait nous dire si, au cours des deux ou trois dernières
années, sur le montant annuel prévu de $3 millions,
quelles ont été les sommes engagées pour le
gouvernement?
M. SAINT-PIERRE: Alors, en commission on pourrait le faire avec les
fonctionnaires. Mais, grosso modo, pour rassurer peut-être le
député, c'est presque la totalité des $3 millions,
à chaque année, qui ont été
prêtés.
M. VINCENT: On n'a pas les mêmes chiffres. Pour les trois
ans...
M. SAINT-PIERRE: C'est parce qu'en commission...
M. VINCENT: ... j'ai $4 millions. M. SAINT-PIERRE: on pourrait...
M. VINCENT: Parce que le ministre a fait une affirmation tout à
l'heure et je n'ai que $4,600,000 pour les trois dernières
années. Il y a quelque chose qui n'accroche pas quelque part.
M. SAINT-PIERRE: Enfin, je pensais que vous aviez dit: Les deux
dernières années. Les trois, c'est possible. Mais je sais que
l'an dernier la quasi-totalité des sommes ont été
engagées et que, en particulier, les contrats pour quatre chalutiers de
131 pieds, qui sont réalisés actuellement et qui sont
payés actuellement, ont engagé complètement nos budgets
pour les prochaines années. Mais on pourra peut-être, en
commission,...
M. VINCENT: D'accord.
M. SAINT-PIERRE: ... revenir à tous ces détails.
M. VINCENT: M. le Président, il semble bien que tous sont
d'accord sur le fait qu'on ajourne ce débat. Donc, M. le
Président, je propose l'ajournement du débat.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
L'honorable député de Mégantic.
Minidébats
Ensemencement des nuages M. Bernard Dumont
M. DUMONT: Merci M. le Président. J'ai posé une
question... Avec le côté drôle que se permet le
député de Maskinongé, j'espère, M. le
Président, que le temps ne compte pas encore.
LE PRESIDENT: Non. Votre temps court. M. VINCENT: M. le
Président, le député de
Mégantic prête des intentions au député de
Maskinongé, surtout en ce qui concerne son habillement. Je pense qu'il a
le droit de porter ce qu'il veut.
LE PRESIDENT: Même un parapluie.
M. DUMONT: M. le Président, je pense que, justement, il a
réussi à faire rire surtout du côté du gouvernement,
du côté des gens au pouvoir. Alors, l'Opération
météo-soleil, c'est d'avoir du soleil. Donc, le troisième
degré d'initiation, c'est de faire rire les gens. Alors, ils sont tous
membres honoraires maintenant de l'Opération
météo-soleil.
Alors, j'ai posé une question, cet après-midi, à
savoir si le ministre des Richesses naturelles voulait encore une fois
je lui tendais la main pour la troisième fois bien instituer une
commission parlementaire avec témoins qui, sous serment, permettraient,
à ce moment-là, de savoir toute la vérité sur
l'ensemencement des nuages.
Or, il faut d'abord se demander si l'ensemencement ou, comme dirait le
député de Chicoutimi, l'insémination des nuages, se
produit au Québec. Personnellement, j'ai étudié, depuis un
an, très en profondeur, les informations qui m'ont été
données et j'en suis convaincu.
Comment se fait cet ensemencement des nuages?
Il s'effectue de la manière suivante: une poussière
constituée de millions de cristaux d'iodure d'argent, à 20,000
pieds d'altitude, est distribuée au-dessus d'un nuage appelé
cumulus, avec des avions de l'armée canadienne et américaine et
le tout fait retomber près de vingt fois plus d'eau que nous devions en
avoir.
M. le Président, quand Bernard Power, président à
Dorval de Water Engineering, président de Water Engineering of America,
vend aux Etats-Unis les secrets de ces retombées faites par
l'armée américaine et canadienne les Américains
dépensent $20 millions par année pour apprendre ces secrets
il n'est pas surprenant que nous sachions tout le monde est au
courant que l'ensemencement se produit parce que les Etats-Unis ne se
gênent pas pour déclencher et avoir chez eux des affaires
Watergate. Chez nous, c'est le "Watercord" mais, là-bas, c'est le
Watergate.
Parce que la conspiration du silence s'est installée à ce
ministère, le ministre nous dit: Apportez les preuves et, après,
on verra. Est-ce que le président Nixon a dit, dans l'affaire Watergate:
Nous allons d'avoir avoir les preuves et, après, je me jugerai
moi-même?
M. le Président, il faut que le tribunal d'information, la
commission parlementaire que je demande, avec témoins
assermentés, vienne donner les informations nécessaires. Il y a
des savants qui connaissent en météorologie toutes les
expériences qui ont été faites depuis dix ans, entre
autres, ce Bernard Power, que j'ai nommé tout à l'heure, comme
premier témoin. Comme
deuxième témoin, il y aurait René Lévesque,
ancien ministre des Richesses naturelles. E sait qu'en 1964 un contrat, avec
une entente du côté international, s'est signé pour qu'on
soit capable de continuer ces expériences. Donc, nous savons, par ce
contrat, qu'en 1974 le tout continuera, dix ans après. C'est pourquoi,
M. le Président, ce deuxième témoin, ce serait d'une
grande nécessité qu'il vienne, sous serment, dire la
vérité au peuple québécois. Enfin, je demande que
le Dr Masson, expert en météorologie, président au
Royaume-Uni du système météorologique qui informe le monde
entier, puisse venir aussi comme témoin très important. En
dernier lieu, nous pourrions avoir le président d'Air Alpes qui, faisant
de l'ensemencement à Aix-les-Bains, en France, pourrait nous dire toute
la vérité sur cette insémination des nuages, comme le
disait le député de Chicoutimi.
Je cite les pages où il a invoqué ces arguments, soit le
11 juin 1970, à la page 61, le 12 juin, aux pages 62, 135 et 136 et, le
10 juillet, aux pages 925 et 926. Le député de Chicoutimi posait
les mêmes questions mais, aujourd'hui, il voit son chef essayer de me
ridiculiser. Ils'est fait ridiculiser lui-même parce qu'il posait
exactement les questions que je pose aujourd'hui. Si on n'a pas de nouvelles de
la part de l'Union Nationale, c'est parce que le chef défend que la
chose se discute en cette Chambre.
C'est pourquoi aujourd'hui, M. le Président, je dis que, si on
veut que la vérité se fasse une fois pour toutes, nous devons,
évidemment, avoir cette commission parlementaire. A moins que le
ministre des Richesses naturelles ne fasse trois choses, la première
demander que cesse l'ensemencement des nuages, deuxièmement de faire
cette enquête que nous lui demandons avec témoins
assermentés.
Autrement et j'ai ici 30 lettres reçues ce matin dans le
courrier, j'ai des pétitions qui arrivent de partout le ministre
sera accusé d'être un menteur public. Et c'est pourquoi je
réclame à nouveau cette enquête parlementaire avec
témoins qui, sous le serment, viendront une fois pour toutes
déclencher la vérité qui est l'aviation américaine
qui avec l'aviation canadienne font l'ensemencement. Bernard Power, qui est
président de Weather Engineering of America, a toutes les données
sur les retombées de cette pluie qui vient faire tant de malheurs au
Québec.
Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Gilles Massé
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je n'ai rien de
spécial à ajouter à ce que j'ai déjà dit
dans cette Chambre, pas plus d'ailleurs que le député de
Mégantic n'en a ajouté ce soir. C'est bien beau de parler
d'experts français, d'experts américains, mais quand on laisse
planer des doutes comme le fait le député de Mégantic
actuellement...
M. DUMONT: Vous allez avoir la vérité, faites
l'enquête.
M. MASSE (Arthabaska): Je n'ai pas d'enquête à effectuer
aussi longtemps que vous, l'accusateur, ne m'apporterez pas des preuves qui
vont permettre au procureur général de prendre des
procédures selon la loi que nous avons votée en 1970.
M. DUMONT: Faites donc rentrer un avion dans le parlement, ça
vous prend un avion pour avoir la preuve.
M. MASSE (Arthabaska): Je le lui ai dit cet après-midi, je suis
prêt à écouter son groupe, à recevoir ses preuves.
Mais d'autre part, à l'étude des crédits du
ministère des Richesses naturelles où on a discuté
de ce problème le député de Mégantic
était évidemment absent.
M. DUMONT: J'ai préparé le dossier pour vous donner les
informations.
M. MASSE (Arthabaska): Le député de Mégantic
ça le blesse probablement, ce n'est pas mon intention de le blesser.
M. DUMONT: J'ai toutes les informations dont vous avez besoin.
M. MASSE (Arthabaska): Je veux tout simplement souligner le fait que
vous n'étiez pas présent en commission parlementaire quand nous
avons discuté ce problème.
M. DUMONT: Ce n'est pas un cadeau d'être présent avec
vous.
M. MASSE (Arthabaska): Nous aurions eu tout le temps plus de cinq
minutes pour discuter de cette question. Je ne nie pas qu'il ne s'est
pas fait dans le passé des essais, que ça ne s'est pas
pratiqué, mais depuis 1970 il ne s'est pas fait d'opérations
semblables au Québec, parce que nous avons une loi qui l'interdit et
qu'aucun permis a été émis.
Sur ce, M. le Président, je ne pense pas que le
député de Mégantic ait fait ce soir la preuve des
accusations qu'il lance, alors qu'il avait une autre période de cinq
minutes à sa disposition pour le faire.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Classification des enseignants
M. Camille Laurin M. LAURIN: J'espère que le ministre arrive-
ra avant que j'aie terminé mon intervention. La réponse du
ministre de l'Education à mes questions, cet après-midi, pourrait
se résumer comme suit : Les syndicats d'enseignants proposent et le
ministre dispose, ce que nous savions déjà.
En conséquence, nous ne pouvons que conclure que le
mystère qui entoure tout le problème de la classification demeure
toujours aussi épais. C'est la raison pour laquelle, devant la faillite
de tous les autres recours, nous voudrions que la commission parlementaire soit
convoquée afin que l'on puisse aller au fond des choses.
J'ai dit, dans mes questions cet après-midi, que la position du
ministère me semblait très rigide en l'occurrence. Si j'en crois
le télégramme que faisaient parvenir récemment au ministre
la présidente de la Fédération nationale des enseignants
et le président de la Fédération des enseignants, la
position du ministère a été, en effet, extrêmement
rigide tout au long des négociations. Le ministre pourra,
évidemment, répondre, s'il juge que la position des syndicats
n'est pas exacte en la matière.
Si l'on en croit, en effet, ce télégramme, on se rend
compte que le refus du ministère paraît de moins en moins
justifié d'accorder l'arbitrage à tous les professeurs
engagés avant le 15 octobre 1972. Nous disons, disent les syndicats, que
le refus des représentants du ministère paraît de moins en
moins justifié parce que, lorsque par nos contre-propositions nous
réussissons à contourner les difficultés qui motivent leur
objection, ils en apportent une autre. C'étaient, tout d'abord, les
négociations internationales sur les équivalences des
diplômes; ce problème résolu, c'est maintenant que
l'arbitrage sur les diplômes obtenus à l'étranger pourrait
avoir pour effet de modifier les critères d'évaluation des
diplômes québécois par référence à
ceux de l'étranger et non l'inverse, comme le prévoit
explicitement le règlement no 5. Nous pensons, continuent les syndicats,
qu'invoquer cette conséquence consiste, en réalité,
à invoquer une impossibilité, puisque la clause 7.1 du
règlement 5 l'exclut explicitement.
Face à cette position de rigidité, les syndicats
d'enseignants nous semblent avoir montré toute la souplesse
désirable depuis le début des négociations sur tout le
problème de la classification. En effet, les professeurs ont
renoncé à exiger le respect des droits acquis dans leur
classement provisoire. Les professeurs ont accepté de laisser
l'établissement du manuel à la décision exclusive du
ministre, se contentant d'accepter la formation d'un comité d'experts
ayant un rôle purement consultatif. Les professeurs ont accepté de
renoncer à l'arbitrage pour l'avenir, se contentant d'un arbitrage pour
le passé seulement, c'est-à-dire pour les professeurs
engagés avant le 15 octobre 1972, date du décret.
Les professeurs ont accepté que, dans le cas des diplômes
étrangers, toutes les précautions soient prises pour
éviter les précédents pouvant avoir des effets sur
l'évaluation des diplômes québécois.
Ainsi, les professeurs ont suggéré que la sentence
arbitrale soit rendue verbalement devant témoins et qu'elle ne porte que
sur l'itinéraire d'un professeur, c'est-à-dire sur la
catégorie dans laquelle il doit être classé et non sur ses
diplômes comme tels. De plus, les professeurs ont accepté que le
ministre puisse exercer un droit de veto sur la sentence arbitrale en
échange d'un paiement forfaitaire compensatoire.
Supposons, par exemple, que M. X est dans la catégorie 18 ans de
scolarité. Le ministre décide de classer M. X dans la
catégorie 17 ans de scolarité et lui paie un forfaitaire annuel
compensant la différence de traitement entre les deux catégories.
Cette procédure évite de donner un caractère de
précédent à une décision arbitrale, en limitant les
effets aux conséquences monétaires.
Par conséquent, on ne peut que tirer la conclusion que la
position du ministère est indéfendable, que la souplesse promise
par le ministre ne s'est pas manifestée et qu'au contraire la position
du ministère, en tout cas, a toujours été marquée
au coin de la plus extrême rigidité.
C'est la raison pour laquelle, devant une impasse qui persiste
maintenant depuis plusieurs semaines et devant l'inutilité de tous les
recours qui ont été utilisés jusqu'ici, nous ne voyons
plus que le mécanisme de la commission parlementaire qui permettrait aux
parties de se faire entendre. Cela permettrait d'éclairer la Chambre, la
députation, sur les divers éléments du problème en
question. Cela permettrait d'en arriver à un règlement de la
situation, comme cela, d'ailleurs, s'est déjà fait, lorsque le
ministre du Travail avait à faire face à une impasse analogue en
ce qui concerne le conflit des ouvriers de l'Hydro-Québec. La pression,
ainsi que l'éclairage fourni par la commission parlementaire ont permis
aux parties de dénouer l'impasse à laquelle ils étaient
acculés, et de trouver l'imagination et l'énergie qui leur ont
fait découvrir les solutions que, de prime abord, ils n'avaient pas pu
trouver.
Evidemment, si le ministre de l'Education n'est pas ici ou si le premier
ministre qui a été saisi personnellement du problème par
les enseignants n'est pas ici, et ne peuvent pas répondre aux questions
que nous leur posons, nous nous en réjouissons d'un certain point de
vue, car, la nuit portant conseil, cela permettra peut-être et au
ministre de l'Education et au premier ministre et au leader parlementaire de
faire en sorte que cette demande absolument légitime que nous leur
faisons à l'effet de convoquer une commission parlementaire, puisse
être étudiée de façon pertinente.
Peut-être, à ce moment-là, en arriveront-ils
à la même conclusion que nous, que cette commission parlementaire
s'impose et qu'elle doit être tenue au plus tôt.
LE PRESIDENT: Est-ce que vous désirez répondre au nom du
ministre de l'Education?
M. CASTONGUAY: M. le Président, le ministre de l'Education devait
se rendre ici vers onze heures dix, pensant que les travaux de la Chambre
seraient ajournés à onze heures comme à l'habitude.
M. LEGER: II est toujours bien informé.
M. CASTONGUAY: Il n'a pu être rejoint. Comme mon intervenant, le
député de Saint-Jacques, a demandé lui-même un
minidébat à la suite d'une question qu'il m'a posée, je
suggère d'apporter la réponse. Dans un cas, il y a une question,
pas de réponse; dans l'autre cas, il n'y a pas de question mais une
réponse.
M. LAURIN: M. le Président, je me vois malheureusement
obligé de m'opposer à cette procédure.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît.
M.LESSARD: Le ministre répond à une intervention qui n'est
pas faite.
LE PRESIDENT: Nous devons considérer que l'honorable ministre de
l'Education est privé de son droit de réponse ou de
réplique. J'appelle maintenant la troisième question, l'honorable
député de Saint-Jacques.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. On
avait dit que le député de Saint-Jacques pouvait ne pas
répondre ce soir.
M. LEVESQUE: II n'y a pas de règlement à invoquer, c'est
le président qui décide.
LE PRESIDENT: En ce qui me concerne, aujourd'hui, j'ai donné un
avis, avant six heures, que le député de Saint-Jacques, ce soir,
pourrait poser une question sur laquelle il s'était
déclaré insatisfait. Le ministre a été
prévenu en conséquence; cela a été fait par
écrit. Est-ce que vous en avez eu une copie de cette demande?
L'honorable député de Saint-Jacques n'étant pas là,
je vous autorise à répondre à cette question.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais aussi faire remarquer
que j'ai été avisé jeudi que j'aurais à donner
cette réponse à six heures. On m'a dit, finalement, que cela
aurait lieu jeudi soir. A la fin de l'après-midi de jeudi, on m'a dit
que la Chambre ne siégerait pas jeudi soir; cela a été
reporté, on m'a dit, à vendredi. Vendredi, vers midi, j'ai
reçu un appel me demandant de venir ici. Alors que je me
préparais à me rendre ici, on m'a dit que c'était
reporté à jeudi et là, cet après-midi à six
heures, on m'a appelé pour me dire, j'étais en commission en
bas...
UNE VOIX: II n'a pas été question...
M. CASTONGUAY: Là, à six heures, on m'a avisé que
ce serait ce soir.
LE PRESIDENT: Allez-y votre temps court.
Hôpital de la Miséricorde
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: A chaque fois, j'étais disponible et
disposé à venir répondre à ces questions, qui sont
les suivantes. La décision de fermer définitivement
l'hôpital de la Miséricorde est-elle irrévocable?
Le ministère des Affaires sociales entend-il laisser aux
propriétaires de l'immeuble le soin de décider de son affectation
future? Une demande a-t-elle été transmise au ministre de
maintenir le service de gynécologie et celui de chirurgie? Comment la
décision finale sera-t-elle prise et quand sera-t-elle connue? C'est
textuellement la question qui m'a été adressée.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'elle a été posée en
Chambre ou si elle a été adressée au ministre?
M. CASTONGUAY: Elle a été posée en Chambre, la
semaine dernière.
M. le Président, je crois qu'il est important de situer quelque
peu toute cette question de l'hôpital de la Miséricorde pour dire,
en premier lieu, que nous avons ici à Québec, avec
l'hôpital de la Miséricorde de Québec,
procédé à une opération de même nature, sauf
qu'ici, étant donné l'état très vétuste de
l'établissement, l'hôpital de la Miséricorde a
été désaffecté. Ses fonctions ont été
assumées à la fois par l'hôpital
Notre-Dame-de-L'Espérance, l'hôpital Saint-Sacrement et le
Jefferey Haie, et les résultats obtenus semblent donner
satisfaction.
Ce genre d'opération, dans le cas de Montréal, n'est pas
unique comme on le sait. Dans le secteur de langue anglaise, une proposition
analogue a été faite à l'hôpital Catherine Booth.
Dans le cas de l'hôpital de la Miséricorde il ne s'agit
donc pas d'un cas unique nous proposons de transférer les
activités d'obstétrique et de gynécologie à
l'automne 1973 vers l'hôpital Sainte-Justine et vers l'Hôtel-Dieu,
deux institutions de grande réputation qui ont fait leurs preuves. Le
personnel a été rencontré, le 6 mars dernier, afin de
discuter de ce qui pouvait lui advenir au plan de son recyclage, au plan des
besoins, au plan des garanties que nous entendons évidemment respecter
dans la convention collective et aussi pour lui faire part du fait que nous
étions tout à fait disposés à envisager une
vocation différente pour l'hôpital de la Miséricorde.
Egalement, des ' rencontres ont eu lieu avec les autorités et nous avons
établi, par exemple, si cet hôpital devait être
utilisé à des fins de traitement de malades chroniques, ce
que seraient les coûts de transformation. Un programme
d'aménagement a même été élaboré et
nous en sommes présentement à négocier avec la
communauté religieuse qui semble vouloir se désintéresser
au plan de la propriété de l'immeuble. Ce problème se pose
donc dans un contexte d'évolution. La même chose s'est produite
dans le passé en ce qui a trait aux hôpitaux qui se destinaient au
traitement, par exemple, des malades tuberculeux, des maladies
contagieuses.
De nombreux hôpitaux ont vu leur vocation se modifier pour
répondre à des besoins nouveaux ou à des besoins qui se
font sentir de façon plus pressante.
Un des motifs pour lesquels nous avons abordé ce secteur de
l'obstétrique et de la gynécologie provient des études qui
ont été effectuées par un comité d'experts, de
spécialistes et de médecins dans le domaine, qui proviennent des
meilleures institutions. Des données aussi, qui ont été
analysées par nos comités de mortalité et de
morbidité, démontrent qu'il faut une organisation adéquate
si l'on veut réduire davantage les taux de mortalité infantile et
surtout prévenir des complications lors des naissances qui laissent des
marques, en permanence, chez les enfants et qui, assez souvent, peuvent prendre
des dimensions très sérieuses lorsque l'on pense à la vie
d'un enfant et â ce que peut signifier, par exemple, un manque
d'oxygène au cerveau lors de la naissance, etc.
Alors, c'est dans ce contexte de diminution des taux de
mortalité, d'amélioration des chances de survie dans un
état normal des enfants que cette proposition a été
formulée. Donc, quant aux questions spécifiques, nous n'entendons
pas fermer l'hôpital de la Miséricorde. Si nous pouvons nous
entendre avec la communauté religieuse, nous désirons
plutôt voir un changement de vocation. La décision va être
prise d'un commun accord, nous l'espérons, pour répondre à
la deuxième question. Quant à l'établissement d'un service
de gynécologie et de chirurgie uniquement dans un tel hôpital,
nous ne croyons pas qu'il serait sage de procé- der ainsi, de scinder
des services, alors que ces services doivent normalement être rendus dans
un hôpital général. Nous croyons plutôt que cela
devrait être dans un champ tel que le traitement des malades
chroniques.
Quant à la décision finale, comment elle sera prise et
quand elle sera connue, c'est au terme de nos négociations avec la
communauté. Nous espérons que ce sera le plus rapidement possible
afin de dissiper l'incertitude qui peut exister dans la population et au sein
du personnel qui assure la bonne administration de cette institution.
M. LEVESQUE: M. le Président, demain matin, deux commissions vont
siéger à neuf heures trente minutes: la commission sur les
corporations professionnelles, au salon rouge, et la commission parlementaire
de la justice, à la salle 81.
M. JORON: Pas la commission sur les dépenses électorales,
non?
M. LEVESQUE: Je l'ai dit à l'honorable député. Je
lisais justement, dans les remarques de l'honorable député de
Gouin, qu'il disait seulement un petit aparté, peut-être
que le gouvernement se cache. Ce n'est pas du tout le cas. Je veux
rassurer le député de Gouin. Il s'agit simplement du fait que
j'avais annoncé cela et qu'il semblait y avoir erreur, tout simplement.
Je l'ai corrigée lorsque l'occasion s'est présentée. On me
dit que ce sera probablement la semaine prochaine, alors je l'annoncerai
dès que je le saurai.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain, quinze heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'Assemblée ajourne ses travaux à demain, quinze
heures.
(Fin de la séance à 22 h 43)