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(Dix heures quatre minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de
lois privés
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
Présence des ministres
M. BURNS: M. le Président, question de privilège. Encore
une fois, ce matin, on se retrouve sans pratiquement de ministres
présents. Comment voulez-vous, M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre!
M. BURNS: ... que nous exercions notre fonction de critique du
gouvernement en l'absence de la majorité des ministres? Je vous pose la
question, je vous demande une directive; ou je la pose au leader du
gouvernement: Qu'est-ce qu'on va faire, le vendredi, pour avoir des ministres
en nombre suffisant pour qu'on puisse exercer notre rôle de membres de
l'Opposition?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît !
M. BURNS: M. le Président, on est complètement
démuni devant une telle situation, on ne peut pas mettre un revolver
dans le dos de chaque ministre pour qu'il soit là le vendredi matin. Je
vous dis tout simplement que nous autres, on se pose des questions, à
savoir comment on peut réussir à remplir notre rôle.
M. MORIN: Ah! en voilà deux autres!
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEVESQUE: Pour répondre à la première
question...
LE PRESIDENT: Non, non, cette question n'est pas reçue. Si vous
voulez faire des commentaires en vertu d'une question de privilège,
peut-être, mais je n'accepte pas la question. On ne peut pas poser une
question comme celle-là.
M. LEVESQUE: M. le Président, je crois que le
député de Maisonneuve avait raison de se lever tout à
l'heure, parce qu'il manquait plusieurs députés, dont le
député de Lafontaine; il manque encore le député de
Saint-Jacques.
M. LEGER: II est présent, M. le Président.
M. LEVESQUE: C'est vrai qu'on a commencé à temps, ce
matin. Depuis que le député de Maisonneuve a parlé, on
s'aperçoit que même du côté ministériel se
sont ajoutés plusieurs de nos collègues. De fait, je pense bien
qu'à ce moment-ci nous sommes prêts à répondre aux
questions, que ce soit du côté de la justice, du côté
des affaires sociales, du côté des institutions
financières, du côté de l'éducation, du
côté de l'agriculture, du côté des richesses
naturelles, du côté des communications, des transports, du
tourisme...
LE PRESIDENT: A l'ordre ! A l'ordre ! L'honorable député
de Saguenay.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
M. LESSARD: M. le Président, cela n'arrive pas souvent que des
députés libéraux semblent m'applaudir.
M. HARVEY (Charlesbourg): ... au ministre des Finances.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Permis spéciaux de chasse
M. LESSARD : M. le Président, ma question s'adresse au ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche suite aux questions que je lui
posais, hier, concernant des permis spéciaux à des invités
spéciaux. Est-ce que le ministre a pris les informations
nécessaires pour me dire si ces permis existent vraiment? Si oui, en
vertu de quel règlement?
M. SIMARD: M. le Président, j'ai vérifié à
la suite de la question du député de Saguenay, hier. Il est vrai
que nous donnons des permis spéciaux; ce sont des permis qui sont
donnés à la demande du gouvernement central et à la
demande du ministère des Affaires intergouvernementales pour des
visiteurs spéciaux qui viennent ici, au Québec. J'ai
relevé la liste et je serai prêt au début de la semaine
prochaine à déposer la liste de tous ces détenteurs depuis
quatre ou cinq ans. Si le député de Saguenay exige quatre ou cinq
ans, je pourrai déposer cette liste à l'Assemblée
nationale.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. LESSARD: Très bien.
J'attends.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Transporteurs scolaires
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question
à l'honorable ministre des Transports. Le ministre a sûrement
reçu des télégrammes de la part de plusieurs transporteurs
scolaires et même de l'Association des transporteurs scolaires. J'en ai
reçu plusieurs copies de différente provenance, demandant,
étant donné que les transporteurs scolaires n'ont pas en main le
règlement no 11, de bien vouloir retarder les demandes de soumissions.
Est-ce que le ministre peut me dire, s'il a bien reçu ces
télégrammes, s'il en a pris connaissance et s'il est
disposé à accorder le délai qui semble requis par ces
transporteurs scolaires?
M. MAILLOUX: M. le Président, le ministre des Transports a
effectivement pris connaissance des télégrammes dont parle le
député de Rouyn-Noranda. Nous avons eu une rencontre, hier matin,
le ministre d'Etat aux Transports, les principaux officiers, MM. Lachapelle,
Blouin et autres. J'ai assisté à cette réunion. C'est le
ministre d'Etat aux Transports qui s'occupe de ce dossier depuis l'acceptation
du règlement no 11.
Il n'y aura pas de modification d'apportée. Cependant,
peut-être des informations supplémentaires seront données
par nos officiers dans les jours qui suivent à certains transporteurs
qui semblent avoir très mal compris cette réglementation, de
même que les informations qui ont été données.
S'il y a des questions supplémentaires, j'aimerais qu'elles
soient posées au ministre d'Etat aux Transports qui a travaillé
à ce dossier depuis son début.
M. SAMSON: D'accord. Question supplémentaire au ministre d'Etat
aux Transports, M. le Président. Le délai qui semble requis, si
j'ai bien compris les interventions par les télégrammes que nous
avons reçus, devait permettre, d'abord, de mieux comprendre le
règlement no 11 et de leur donner le temps qu'il faut pour pouvoir
procéder normalement.
Dans cette optique, le ministre ne croit-il pas que, puisqu'il y a des
informations supplémentaires que vous avez l'intention de donner, il
serait quand même bon d'accorder un délai pour que ces gens
puissent obtenir toute l'information et pouvoir procéder, finalement, de
façon normale?
M. BERTHIAUME: M. le Président, mardi, une question m'avait
été posée à ce sujet par le député de
Portneuf. J'avais expliqué à ce moment-là que le
ministère avait demandé aux commissions scolaires, qui
demandaient des soumissions, d'inclure avec les devis une copie du
règlement no 11. Nous savons que, dans un certain nombre de cas, cette
directive n'a pas été suivie par les commissions scolaires.
Alors, pour cette raison, nous suivons ce dossier de très près
pour nous assurer que tout le monde est traité avec justice.
Je me permets d'ajouter que, cette semaine, un certain nombre de
soumissions sont entrées, notamment dans la région de la
Gaspésie et ailleurs, dans la région de la Mauricie, je crois.
Tout semble se dérouler normalement.
Alors, pour le moment, on n'a pas l'intention de revenir sur les
décisions que nous avons déjà prises. Par contre, nous
avons bien l'intention de suivre le dossier de très près pour
nous assurer, comme je l'ai dit tantôt, que tout le monde soit
traité avec justice.
M. SAMSON: Dernière question supplémentaire, M. le
Président. Pour ce qui est des transporteurs scolaires de la
région du Nord-Ouest québécois, j'ai reçu copie
d'un télégramme qui m'a été envoyé, il
semble, hier, mentionnant qu'ils n'ont pas reçu copie du
règlement no 11. Alors, dans ce cas-là, est-ce que vous allez
prendre des dispositions pour qu'ils l'aient immédiatement, par un moyen
ou par un autre, peut-être par des officiers de votre ministère
sur place là-bas?
M. BERTHIAUME: Oui, nous avons reçu, nous aussi, des
télégrammes de cette nature.
En réponse à tous les télégrammes que nous
avons reçus, nous envoyons une copie du règlement. Maintenant, il
faut expliquer aux députés de l'Assemblée nationale
c'est une opinion que j'émets que de la part de l'Association des
transporteurs écoliers du Québec, c'est une position de
stratégie, jusqu'à un certain point, qu'ils prennent,
n'étant pas complètement satisfaits des clauses
économiques du règlement no 11. Alors, ils essaient d'attirer
l'attention du public et je peux me permettre de dire qu'ils charrient d'autres
choses que des écoliers !
LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
CTCUM
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Transports. J'aurais besoin d'un court préambule, parce que, la semaine
dernière, le premier ministre a parlé d'une subvention
gouvernementale à la Commission de transport de la communauté
urbaine de Montréal, permettant d'abaisser de $0.10 le prix des billets
pour les personnes âgées. Est-ce que le ministre peut nous dire
aujourd'hui s'il a fait des études ou s'il y a des études en
profondeur qui ont été faites pour confirmer le fait que cela
coûterait moins cher d'avoir la gratuité complète pour les
personnes âgées, du fait qu'en dehors des heures de pointe, cela
ne coûte pas plus cher de transporter des personnes âgées
qui ne paieraient pas, avec une carte à présenter, que le
coût actuel de près de $600,000 provenant de billets
spéciaux, de
personnel pour les vendre, etc.? Est-ce que le ministre a ou a vu une
étude précise, sérieuse sur ce que pourrait coûter,
ce qui pourrait être moindre, la gratuité complète pour les
personnes âgées, pour le transport urbain?
M. MAILLOUX: M. le Président, les officiers du ministère
des Transports ont étudié les coûts avec les officiers de
la Commission des transports de Montréal. Je dois dire que si j'avais
été à l'intérieur de la Commission des transports,
la CTCUM, je pense que, depuis un certain temps, j'aurais accordé la
faveur que demandaient les personnes âgées, faveur que d'autres
commissions de transport ont accordée, sans subvention, sans qu'il leur
en coûte grand-chose aux heures qui ne sont pas des heures de pointe.
Si le gouvernement, dans la mesure annoncée par le premier
ministre, a consenti à ce que le ministère des Transports partage
50 p.c. de la note à payer $700,000, soit $350,000 il
appartient quand même au gouvernement, chaque fois que se
présentera la Commission des transports devant le ministre des Finances,
à qui elle se présente annuellement pour combler des
déficits, de se prononcer si ce montant doit être retranché
ou si l'on doit en tenir compte dans la subvention de déficit qui est
accordée annuellement.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M le Président. Je
comprends l'opinion du ministre et je la partage.
Mais est-ce qu'il y a eu des études pour évaluer le
coût de la gratuité complète? Est-ce qu'il en existe? Le
ministre est-il au courant et les conclusions sont-elles qu'en dehors des
heures de pointe ça coûterait moins cher que de réduire le
prix du billet de $0.10 pour les personnes âgées? Le ministre
peut-il me dire s'il y a des études là-dessus?
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne peux donner une
réponse précise, mais je ne pense pas que ça coûte
grand-chose à la Commission des transports d'accorder la mesure en
question.
LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi.
SOQUIP
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Richesses naturelles. Je voudrais lui demander s'il est exact que
SOQUIP a confié à nouveau ses expéditions sur le
Saint-Laurent à une compagnie de transport maritime qui ne
détient pas les permis requis par la Commission des transports.
M. MASSE: M. le Président, SOQUIP a demandé des
soumissions publiques, des soumissions de toute façon, et il me semble
que les deux entreprises qui ont eu le contrat de transport ne
détenaient pas de permis, c'est exact.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-il également exact que le ministre a
reçu des avis de son collègue des Transports et également
du premier ministre l'invitant à faire pression pour que SOQUIP cesse de
confier ces expéditions à des compagnies qui n'ont même pas
la décence d'être détentrices des permis obligatoires?
M. MASSE: A ma connaissance, non, M. le Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): Quelles mesures le ministre entend-il prendre
pour corriger cette situation dans l'avenir?
M. MASSE: Je suis responsable de SOQUIP devant l'Assemblée
nationale, mais pas des permis que doivent détenir les compagnies qui
ont des contrats de SOQUIP.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, dernière question
supplémentaire. Avec votre permission, je la dirigerai vers le ministre
des Transports. Je veux lui demander quelles sont les mesures que son
ministère entend prendre pour qu'une telle situation ne se
répète plus.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai pris connaissance, par la voie
des journaux, du phénomène dont on vient de parler, à
l'effet qu'un compagnie ne détenant pas un permis de cabotage transporte
des matériaux pour SOQUIP. J'en suis resté estomaqué,
puisque j'avais déjà sur mon bureau les plaintes de tous les
caboteurs qui sont durement frappés par le traversier-rail.
J'espérais, que le gouvernement et les sociétés de la
couronne aideraient davantage les caboteurs.
Le seul recours que j'ai à l'esprit est le suivant: c'est que si
le contrat est effectivement commencé et que la compagnie n'a pas les
permis de cabotage nécessaires, des recours soient pris contre cette
compagnie. Effectivement, j'ai donné l'ordre hier que la Commission des
transports prenne action contre la compagnie qui fait du transport sans
détenir un permis de la Commission des transports.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Lac La Pêche
M. MORIN: J'aimerais poser une question au même ministre, M. le
Président.
M. LEGER: C'est le seul qui répond réellement bien.
M. MORIN: Pour mieux situer ma question, me permettrez-vous de lire un
extrait de six
lignes tiré j'aime mieux le faire maintenant qu'en
question supplémentaire et ce ne sera pas bien long des
délibérations du Comité sénatorial permanent des
banques et du commerce: "M. Chrétien: Quand j'avais besoin de seulement
dix milles carrés pour un parc, tel était le cas à
Québec pour le parc de La Mauricie, lorsque nous nous sommes
aperçus que nous étions en train de perdre des bons morceaux de
terrain, nous avons demandé au gouvernement provincial de les acheter et
ils nous ont remis le lac La Pêche; c'est un très beau lac qui
aurait dû appartenir au parc. mais, par erreur ou par manque de
compréhension, nous ne l'avions pas obtenu. Le lac appartenait à
la ville de Shawi-nigan qui l'a remis au gouvernement provincial qui, à
son tour, l'a mis à la disposition du gouvernement
fédéral". Où en est cette affaire au juste? Est-ce que la
cession a eu lieu ou n'a-t-elle pas eu lieu? C'est un dossier qui relève
de votre ministère.
M. MAILLOUX: Est-ce à moi que la question est posée?
M. MORIN: Oui, c'est à vous que j'ai posé la question.
M. MAILLOUX: M." le Président, je prends avis de la question, je
n'ai jamais entendu parler de ce dossier.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: En supplémentaire à ce moment-là.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président, puisque le ministre prend avis de la
question, il pourrait peut-être prendre avis également d'une ou
deux questions supplémentaires. Comment se fait-il que le lac La
Pêche soit déjà montré sur les cartes
fédérales comme faisant partie du parc fédéral de
La Mauricie alors que, semble-t-il, la ville de Shawinigan, qui a des droits
sur ce lac et qui en tire son eau potable, n'est pas encore d'accord avec la
transaction? Je pourrais peut-être poser la question de là
façon suivante: Avant de procéder à la cession de ce
territoire au gouvernement fédéral, le ministre a-t-il
consulté son collègue du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche? C'est un dossier qui relève
également de son ministère.
M. MAILLOUX: M. le Président, est-ce que ça relève
du ministère des Travaux publics dans le domaine de l'expropriation?
M. MORIN: Oui, parce qu'il y est question d'expropriation.
M. MAILLOUX: Le ministère des Travaux publics, M. le
Président, agit pour des ministères clients. Je n'ai pas les
dossiers, évidemment, de tous les ministères clients à
l'esprit; celui-là n'est jamais venu sur mon bureau. J'ai pris avis de
la question.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. MORIN: ... je voudrais vous faire remarquer que j'ai posé la
question l'autre jour au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, qui lui non plus n'avait pas la réponse. Voulez-vous, s'il
vous plaît, vous consulter entre vous, puis nous donner une
réponse?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, à l'ordre!
Question?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, j'aimerais apporter une
réponse à la question posée par l'honorable chef de
l'Opposition. J'ai eu des consultations avec la ville de Shawinigan dont le but
était de protéger la qualité de l'eau potable de cette
ville, quelle que soit la nature de la transaction au sujet du lac La
Pêche.
M. MORIN: M. le Président, maintenant que nous avons
trouvé quelqu'un de responsable, est-ce que je pourrais lui demander si
la transaction a eu lieu ou si elle n'a pas eu lieu? D'après les cartes
fédérales, c'est une affaire conclue et j'ai cru comprendre,
d'après ce que nous ont dit les gens de Shawinigan, qu'ils ne sont pas
d'accord.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je regrette infiniment, je ne suis
pas en mesure de répondre à la question sur la transaction.
M. MORIN: Ah bon!
M. GOLDBLOOM: Mais ce qui est essentiel, c'est de protéger la
qualité de l'eau potable. Je suis au courant de cette partie du dossier
et j'en assume la responsabilité.
M. MORIN: M. le Président...
M. BURNS: On demande un ministre. On recherche un ministre.
M. MORIN: M. le Président... M. BURNS: Ministre demandé.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: ... cette question, de toute évidence...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: Cette question, de toute évidence, relève de
plusieurs ministères. J'aimerais que
le ministre qui se sent responsable de ce dossier nous donne une
réponse, mardi ou mercredi prochain, si possible.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député d'Anjou.
Chartes de compagnies
M. TARDIF: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives. Nous avons
récemment pris connaissance au feuilleton des projets de loi
privés qui visent à rétablir la charte de certaines
compagnies qui ont vu leur charte annulée récemment.
Est-ce que le ministre est en mesure de nous dire combien de compagnies
ont vu leur charte annulée parce qu'elles n'avaient pas rempli leurs
obligations en vertu de la Loi des renseignements de la Loi des compagnies?
Est-ce que le ministre peut nous dire combien de compagnies ont fait part de
leur intention de présenter des projets de loi privés pour
rétablir leur charte?
M. TETLEY: Je n'ai pas, M. le Président, les chiffres en main; je
les aurai la semaine prochaine. Plus de 15,000 compagnies ont perdu leur charte
à cause de notre intervention, mais il n'y en a que trois qui ont fait
la demande d'un bill privé. Je voudrais avertir la population de bien
vérifier la Gazette officielle afin de voir si, de leur compagnie le nom
se trouve sur les listes, parce que ces compagnies, qui ont perdu leur charte,
n'ont qu'un an pour faire la demande de réouverture de leur dossier;
autrement, il faut qu'elles passent par un bill privé qui est une
procédure assez compliquée et assez dispendieuse.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Transport urbain
M. LEGER: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre des Affaires intergouvernementales ou au ministre des Transports, s'il
se sent capable de répondre, ou au ministre des Affaires municipales,
s'il est au courant.
DES VOIX: Oh! Oh!
M. LEGER: Ma question est celle que j'ai posée au premier
ministre mardi.
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LEGER: II me répondait que j'aurais une réponse le
lendemain. C'était peut-être une réponse électorale,
mais je devais avoir une réponse mercredi et je ne l'ai pas eue. Je
répète ma question qui est au journal des Débats, à
la page 1131. Peut-être que les trois ministres peuvent donner la
réponse. Ma question était la suivante: Concernant l'annonce
électoraliste de $300 millions en cinq ans pour promouvoir le transport
urbain que le premier ministre Trudeau a proposés à Toronto hier,
je pense, est-ce que le ministre des Transports ou le premier ministre ou le
ministre des Affaires intergouvernementales ou le ministre des Affaires
municipales peut nous dire si le Québec a été
consulté sur ce nouveau programme et quelle est la part de la province
de Québec là-dedans?
Ma question supplémentaire était: Est-ce que les
communautés urbaines ont été consultées? Ma
troisième question supplémentaire avait été: Est-ce
que le métro actuel, qui n'est pas complété, va être
inclus dans ces $300 millions? Est-ce qu'un des trois ministres, qui se sent
responsable, peut me répondre à la place du premier ministre qui
est absent? Il m'avait promis une réponse mercredi.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai effectivement donné une
partie de la réponse au premier ministre avant-hier, puisqu'il s'est
informé chez nous s'il y avait eu des négociations qui
s'étaient poursuivies avec le ministère des Transports
fédéral relativement à certaines des annonces qui sont
faites actuellement.
Je dois dire qu'effectivement un comité, comprenant des hauts
fonctionnaires du ministère des Transports, dialogue depuis
déjà plusieurs mois sur l'ensemble des systèmes de
transport. Les négociations se poursuivent et le sous-ministre adjoint,
qui assiste à toutes les réunions, est M. Jacques Charland.
Cependant, il n'y a encore aucune conclusion d'apportée de la part du
gouvernement provincial sur la négociation qui est en cours dans aucun
type de transport en particulier.
M. LEGER: Question supplémentaire. Est-ce que le ministre,
à ce stade-ci, peut nous dire, dans les négociations quelle est
la part de ces $300 millions pour le Québec et est-ce qu'on a exclu le
métro de Montréal parce que cette annonce a
été faite à Toronto ou s'il pourra être
inclus dans cette entente?
M. MAILLOUX: M. le Président, j'ai répondu qu'il n'y avait
rien de conclu avec le gouvernement fédéral, que les
négociations se poursuivaient. Je ne peux ajouter rien d'autre à
ce que je viens de donner comme réponse.
M. LEGER: Dernière question supplémentaire.
LE PRESIDENT: Dernière.
M. LEGER: Avez-vous l'intention de demander que le métro de
Montréal soit couvert par cette annonce électorale de M.
Trudeau?
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LEGER: Non? Vous allez laisser mourir cela?
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'honorable chef...
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
DES VOIX: Ah! Ah!
UNE VOIX: Confusion dans la...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, messieurs! S'il vous
plaît! L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adressait au ministre
de l'Agriculture qui était présent tout à l'heure. Il a
disparu, alors j'attendrai.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Maison Rouyn-Noranda
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre d'Etat aux Affaires sociales. C'est une question que j'ai
eu l'occasion de poser il y a passablement de temps. Je l'ai également
posée au ministre des Affaires sociales un peu plus tard. Il s'agit de
la question de la Maison Rouyn-Noranda et des neuf professeurs
congédiés concernant le conflit qui y existe. Les réponses
que j'ai eues dans le temps, c'est qu'une enquête serait faite. Je pense
qu'avec le temps qui a été donné nous devrions être
en mesure d'avoir une réponse quant au résultat de cette
enquête. Je crois savoir que c'est le ministre d'Etat aux Affaires
sociales qui est responsable directement de ce dossier.
MME BACON: M. le Président, tout ce que je peux répondre,
ce matin, c'est qu'une analyse en profonceur de la situation est faite et nous
pourrons, d'ici quelque temps, donner une réponse exacte.
M. SAMSON: Une question supplémentaire. Est-ce que le ministre
pourrait dire si la méthode d'enquête a été
changée depuis que c'est commencé? Si on se rappelle bien, il n'y
avait qu'un enquêteur ou deux qui ont rencontré une seule personne
dans un premier temps, et les demandes étaient qu'une enquête soit
faite, mais de façon complète en consultant toutes les parties
intéressées. Est-ce que c'est bien la méthode
d'enquête qui a été suivie?
MME BACON: Quand j'ai dit une analyse en profondeur, M. le
Président, c'est qu'on a sûrement consulté tous les
intéressés.
M. SAMSON: M. le Président, je suis satisfait de cette
réponse. Quelle est la date à laquelle nous pourrons obtenir une
réponse finale quant au résultat de l'enquête, selon
vous?
MME BACON: D'ici une semaine environ. M. SAMSON: Merci.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Fêtes de la Saint-Jean
M. MORIN: M. le Président, hier, le ministre il a
filé, maintenant des Affaires culturelles ah! le
voilà!
M. LEGER: II se pense premier ministre. Il y en a qui ne portent pas
cela, le ministère des Affaires culturelles. C'est comme la
boisson...
LE PRESIDENT: A l'ordre ! A l'ordre !
M. MORIN: Je ne sais si c'est une indication de ses ambitions de voir
ainsi le ministre des Affaires culturelles dans le fauteuil du premier
ministre.
DES VOIX: Question.
M. LEGER: La souveraineté culturelle!
M. MORIN: M. le Président, hier, le ministre nous apprenait que
l'année dernière son ministère avait accordé une
subvention personnelle, en quelque sorte, à M. De Lalonde pour les
fêtes de la Saint-Jean. En effet, $7,074 avaient été
payés directement aux artistes qui avaient animé les fêtes
de la Saint-Jean et $926 à M. De Lalonde pour services rendus.
J'aimerais lui demander pourquoi la même solution n'a pas
été retenue cette année et pourquoi le ministre n'a
subventionné finalement que la Société Saint-Jean-Baptiste
de Québec et la Société Saint-Jean-Baptiste de Sherbrooke.
On insinue dans les journaux que cela pourrait être relié à
l'appui que ces sociétés ont apporté au bill 22.
UNE VOIX: Question, question, pas de commentaire!
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. HARDY: M. le Président, il est exact que
certains journaux ont fait de semblables insinuations, mais j'ai bien
précisé, non pas hier mais avant-hier, le chef de l'Opposition a
un peu confondu les jours...
M. LEGER: Le ministre est confondu dans ses subventions.
M. HARDY: J'avais bien indiqué que ce n'était pas un
précédent, cette année, de ne pas subventionner la
Corporation des fêtes de la Saint-Jean. Nous ne faisons que
répéter ce qui avait été fait l'an
passé.
Quant à savoir si nous n'avons pas retenu la même solution,
je ferai remarquer que le programme d'animation de Place Royale est
modifié cette année par rapport à l'an passé. Quand
nous avons accepté de payer le cachet de certains artistes,
présentés par M. De Lalonde, c'était dans un cadre
d'animation de Place Royale. D'ailleurs, le budget consacré à
payer les artistes était pris à même le budget de Place
Royale.
Nous avons décidé cette année je pense que
ceci fait preuve du dynamisme et du sens d'innovation du ministère des
Affaires culturelles plutôt que de faire une
cérémonie traditionnelle d'ouverture de la saison de Place Royale
en invitant simplement les notables, nous avons décidé d'associer
l'ensemble de la population à cette ouverture de la saison de Place
Royale. C'est ainsi que, la semaine prochaine, mercredi soir, je pense, nous
aurons, à l'occasion de l'ouverture de Place Royale, un spectacle
donné à l'extérieur. Nous aurons des artistes
invités, entre autres Renée Claude, le groupe Slotche et quelques
autres. M. le Président, nous n'avons pas à inviter, chaque
année, les mêmes artistes et nécessairement inviter les
mêmes imprésarios, même si cela ferait peut-être
l'affaire, sur le plan personnel, du Parti québécois.
M. MORIN: M. le Président, je ne comprends vraiment pas ce que le
ministre veut insinuer.
LE PRESIDENT: Bon, question! A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît
!
M. MORIN: Parmi les invités de cette année, je note la
présence des Percussions du Québec, je note également un
groupe...
UNE VOIX: Question.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: ... qui aurait davantage...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: ... à voir avec les ministériels: les
"Marionnettes de Montréal"...
LE PRESIDENT: A l'ordre ! A l'ordre! A l'ordre! ... A l'ordre! ...
Est-ce que vous avez une dernière question?
M. MORIN: M. le Président, compte tenu de la liste des
invités de cette année, qui tous offrent leurs services
gratuitement, est-ce que le ministre ne pourrait pas revoir sa décision
et aider ce groupe qui, dans le passé, a vraiment organisé des
spectacles de première qualité...
DES VOIX: Question.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: ... qui ont fait la joie de tous les Québécois
lors de la fête de la Saint-Jean?
M. HARDY: M. le Président, les décisions qui ont
été prises, l'ont été après mûres
réflexions, après une évaluation exhaustive de la part des
fonctionnaires du ministère des Affaires culturelles. Et le 21 juin, il
n'est plus temps de changer des décisions pour des fêtes qui
auront lieu le 24.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. MORIN: Une dernière question. En 1972...
LE PRESIDENT: Question, question. M. MORIN: Oui, d'accord. LE PRESIDENT:
Dernière.
M. MORIN: N'est-il pas vrai... Je crois avoir trouvé la formule,
M. le Président.
LE PRESIDENT: Ah bon!
M. MORIN: "N'est-il pas vrai que", voit à la formule, la
clé...
LE PRESIDENT: Très bien.
M. MORIN: Maintenant que j'ai votre imprimatur, je vais commencer toutes
mes questions par cette formule consacrée.
N'est-il pas vrai qu'en 1972, une lettre du ministère des
Affaires culturelles a annoncé qu'il y aurait une subvention de $1,500
par ville, en plus des subventions aux sociétés
Saint-Jean-Baptiste, et que des fêtes devant être organisées
dans sept villes, cela constituait une subvention de $10,000 environ? Pourquoi
s'est-on écarté de cette pratique qui a produit d'excellents
résultats?
M. HARDY: M. le Président, il est exact que nous avions un plan.
C'est un excellent plan. Mais malheureusement, nous n'avons pas les sommes
disponibles dans le budget actuel du ministère. J'espère que nous
les aurons l'an prochain.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Avant de procéder aux affaires du jour excusez-moi
le secrétaire général de l'Assemblée m'a
prévenu qu'en vertu de l'article 53 du règlement, il a
effectué une correction mineure. C'est une erreur assez mineure qui
s'est glissée dans l'avis inscrit au nom de M. Levesque, dans la 12e
ligne, avis qui paraît en appendice, à l'effet "que le
débat prévu aux articles 24, 68", et on doit lire 78. La
correction a été faite sur l'original du feuilleton.
M. BURNS: Le texte anglais est exact, lui. LE PRESIDENT: Oui.
M. BURNS: C'est peut-être un signe des temps!
LE PRESIDENT: Je tenais à ce que la version française soit
officielle.
M. BURNS: Vous avez bien raison, M. le Président.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Motion pour faire siéger la commission sur le
projet de loi no 22
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose immédiatement
que, jusqu'à seize heures, avec suspension des travaux de midi trente
à quatorze heures, la commission de l'éducation, des affaires
culturelles et des communications puisse poursuivre l'étude du projet de
loi no 22 et poursuivre ses auditions.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: Vote enregistré, M. le Président, s'il vous
plaît.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable
leader parlementaire du gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Mailloux, Choquette, Garneau,
Cloutier, Lachapelle, Berthiaume, Goldbloom, Simard, Quenneville, Mme Bacon,
MM. Hardy, Tetley, Drummond, Forget, Massé, L'Allier, Harvey
(Jonquière), Vaillancourt, Cadieux, Desjardins, Giasson, Brown,
Bossé, Kennedy, Bacon, Lamontagne, Veilleux, Brisson, Séguin,
Cornellier, Houde (Limoilou), Pilote, Saint-Germain, Osti- guy, Fraser,
Gallienne, Dionne, Faucher, Marchand, Harvey (Charlesbourg), Shanks, Springate,
Pepin, Bellemare, Bérard, Bonnier, Bou-dreault, Boutin (Johnson),
Chagnon, Caron, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lachance,
Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Picotte, Sylvain,
Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault, Morin, Burns, Léger,
Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Samson.
LE SECRETAIRE: Pour: 73
Contre: Aucun
LE PRESIDENT: La motion est adoptée. M. HARDY: M. le
Président, article 9. LE PRESIDENT: L'honorable ministre...
M. HARDY: Un instant, s'il vous plaît. Je voudrais faire part que,
mardi prochain, la commission parlementaire des affaires culturelles, des
communications et de l'éducation continuera l'étude du projet de
loi 22, de dix heures trente à treize heures.
Projet de loi no 17 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose la
deuxième lecture du projet de loi 17, Loi modifiant la charte de la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières. L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Gilles Massé
M. MASSE: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande
l'étude à l'Assemblée.
LE PRESIDENT: Un instant, s'il vous plaît! L'honorable ministre
des Richesses naturelles.
M. MASSE: M. le Président, le projet de loi 17 a pour objet de
modifier la charte de SOQUIP pour porter le capital autorisé et souscrit
de notre compagnie pétrolière de $15 millions à $100
millions et pour majorer le nombre de ses administrateurs de cinq à
sept.
La majoration du nombre d'actionnaires reflète la nouvelle
dimension que doit prendre cette société et permet d'inclure dans
le conseil d'administration de SOQUIP un éventail plus large de
compétences diverses pour mieux l'intégrer au contexte
économique québécois.
L'augmentation du capital-actions de SOQUIP s'inscrit dans le cadre de
la politique énoncée il y a déjà deux ans dans le
document : Les objectifs d'une politique québécoise de
l'énergie, qui identifiait dans le secteur pétrolier les
objectifs spécifiques de la sécurité des
approvisionnements et de la disponibilité aux meilleurs coûts.
L'étude de ce projet de loi aujourd'hui marque donc une étape
importante dans l'existence de SOQUIP.
Elle annonce et inaugure, par ce nouveau budget beaucoup plus
considérable, une ère nouvelle qui permet d'espérer une
influence et un accord plus important des sociétés sur les
objectifs que nous poursuivons dans le secteur de l'énergie.
Comme vous le savez, lors de sa création en 1969,les moyens
financiers mis à sa disposition étaient modestes, si on les
compare à la tâche qui lui incombait. Pour réaliser son
mandat, elle disposait, comme le soulignent l'article 6 et l'article 7 de cette
loi, de $1.5 million par année, gérés par un conseil
d'administration de cinq membres. Depuis, SOQUIP a su attirer au Québec
des géologues, des géophysiciens chevronnés et former une
solide équipe d'exploration pétrolière dont la
réputation de compétence dans le milieu pétrolier est
à l'honneur de la société.
Avec $1.5 million par année, SOQUIP a acquis un domaine minier
important et y a effectué les premières étapes de
l'exploration, mais ce financement ne suffit plus maintenant pour lui permettre
de forer les structures mises en évidence par ses premiers travaux. En
1969, presque tous les terrains potentiellement pétro-lifères du
Québec étaient déjà sous permis. SOQUIP a entrepris
la tâche d'étudier chacun des six bassins sédimentaires du
Québec dès 1970, quitte à y acquérir des permis
pour y effectuer des forages, au fur et à mesure de son
développement.
Aujourd'hui, SOQUIP a rassemblé un domaine minier de 46 millions
d'acres brutes dont 36 millions et un quart d'acres provenant d'un transfert de
l'Hydro-Québec et 9.6 millions d'acres acquises par négociation
avec leurs détenteurs ou par demandes au ministère des Richesses
naturelles. Grâce à ces acquisitions, SOQUIP a maintenant des
terrains dans chacun des six bassins sédimentaires du Québec et y
a entrepris les premières étapes de l'exploration
pétrolière.
L'exploration pétrolière d'un bassin, procède en
quatre étapes: la première, des études de bureau; la
deuxième, des travaux géologique de surface sur le terrain; la
troisième, des travaux géophysiques sur le terrain
également et la quatrième, le forage des sites
déterminés par les travaux précédents. Ces
étapes mettent en oeuvre des moyens techniques progressivement plus
importants et, par conséquent, plus coûteux. Cette progression des
coûts est, d'ailleurs, reflétée dans la progression des
travaux statutaires requis pour maintenir des permis d'exploration en vigueur
au Québec.
L'effort d'exploration de SOQUIP et de ses associés dans les
bassins du Québec est maintenant rendu à l'étape des
forages. Les travaux géologiques et géophysiques accomplis
à ce jour ont identifié plusieurs objectifs suffisamment
étudiés pour être forés, tant sur terre qu'en mer.
Si l'on considère qu'en moyenne un seul forage coûte $750,000 sur
terre et $4 millions en mer, le forage des objectifs déjà
identifiés représente un investissement d'au moins $60 millions,
en ne comptant qu'un seul puits par objectif, ce qui est un strict minimum
surtout dans le cas de dômes de sel dont la structure est toujours plus
complexe. Par ailleurs, il est à prévoir que' la suite des
travaux géologiques et géophysiques de SOQUIP va mettre en
évidence un nombre au moins égal d'objectifs favorables dans les
prochaines années.
Après quatre années d'existence, SOQUIP est maintenant
prête à tout point de vue: équipe technique de valeur
reconnue par l'industrie, domaine minier étendu et réparti dans
tous les bassins du Québec, études géologiques et
géophysiques avancées. SOQUIP est prête à tous
points de vue, comme je le disais, pour entreprendre une nouvelle étape
de son développement, celle du forage en succession rapide d'au moins
une quarantaine d'objectifs déjà identifiés. Nous jugeons
donc le moment opportun d'augmenter substantiellement le capital social de
SOQUIP afin de concrétiser, d'une part, les objectifs d'exploration de
notre société d'Etat mais surtout afin de lui permettre de jouer
le rôle essentiel qui est le sien dans ce domaine. Les modalités
de versement s'établissent donc comme suit:
Les $100 millions de nouveau capital souscrit de SOQUIP se
répartissent entre $7 millions et demi déjà perçus
par SOQUIP, $67 millions et demi à être payés à
échéance fixe, en neuf versements de $7 millions et demi, et une
somme de $25 millions à être payés en un ou plusieurs
versements à la demande et selon les besoins de SOQUIP après
approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Ces modalités de
versement ont été établies de façon à
assurer à SOQUIP le financement de base requis pour lui permettre de
prendre des engagements portant sur plus d'une année, tout en
réservant une somme importante rapidement disponible, pour permettre
à SOQUIP. de profiter des occasions d'affaires qui, dans le monde du
pétrole, se présentent souvent de façon imprévue et
exigent une réponse rapide.
Si les sommes accordées à SOQUIP par ce bill
répondent à ses besoins immédiats, elles ne
reflètent pas fidèlement l'importance nouvelle de cette
société dans l'univers pétrolier qui est maintenant le
nôtre. En effet, la cascade d'événements marquants survenus
récemment sur la scène pétrolière mondiale
confirme, aux yeux de tous, l'importance capitale d'un approvisionnement
ininterrompu d'énergie-pétrole. Je vous ferai grâce de la
revue chronologique de ces événements qui ont suffisamment
bouleversés l'économie des nations industrialisées pour
que chaque individu se sente maintenant personnellement concerné par les
effets de l'évolution de
l'industrie pétrolière mondiale sur son niveau de vie et
sur son style de vie. La tendance mondiale, que nous avions identifiée
dans le document précité, des gouvernements à assumer une
part croissante de la responsabilité de l'approvisionnement
pétrolier des populations qu'ils représentent s'est étendu
même à l'Amérique du Nord, où la Saskatchewan Oil
Corporation, l'Alberta Energy Company et la BC Petroleum Company ont suivi
l'exemple donné par le Québec en créant SOQUIP.
De son côté, le gouvernement ontarien a exprimé son
intention de participer directement à la recherche d'hydrocarbures afin
d'améliorer sa sécurité d'approvisionnement. Ces
décisions gouvernementales créent, dans la plupart des cas, un
précédent en Amérique du Nord. Or, plusieurs autres pays
ont, et dans certains cas depuis fort longtemps, pris la décision
d'influer sur le secteur pétrolier par des organismes d'Etat. C'est le
cas du Brésil, de l'Italie, de l'Inde, du Japon, de la France, de
l'Allemagne fédérale, de l'Espagne, etc. L'augmentation du
capital souscrit de SOQUIP à $100 millions n'est donc pas une action
isolée mais un pas dans le sens de l'évolution mondiale d'une
prise de conscience des populations du rôle que doit jouer l'Etat dans
l'approvisionnement de l'énergie.
Sur cette question, j'aimerais, une fois pour toutes, clarifier le
rôle de SOQUIP comme instrument de réalisation des objectifs de
l'Etat dans ce secteur. On utilise SOQUIP différemment; tantôt
elle conseille le gouvernement, tantôt elle élabore la politique
gouvernementale dans ce secteur en collaboration avec le ministère des
Richesses naturelles, tantôt elle prend action au niveau de la
distribution ou du raffinage, et tout cela, évidemment, en plus des
activités générales d'exploration. Je répète
donc que SOQUIP est un instrument de réalisation de la politique
gouvernementale dans le secteur pétrolier. Si, à
l'intérieur de certaines limites, elle peut et doit prendre certaines
initiatives, elle est tout de même soumise à moyen et à
long terme aux politiques générales du gouvernement. Elle est
actuellement sérieusement engagée dans la première phase
des activités pétrolières, soit l'exploration.
Il est possible et souhaitable que, dans l'avenir elle devienne le
véhicule tout trouvé des interventions gouvernementales dans
d'autres secteurs des. activités pétrolières, tels
l'approvisionnement, le raffinage, la distribution. Mais ces activités
s'encadrent à l'intérieur d'une politique générale
et, lorsque le gouvernement décidera de mettre l'emphase sur d'autres
étapes que celle de l'exploration, il devra lui fournir les fonds
nécessaires et lui accorder à la fois le temps et la
possibilité d'acquérir l'expertise nécessaire si elle veut
être en mesure de jouer son rôle efficacement.
SOQUIP n'est donc pas le "policy maker" du Québec dans le secteur
pétrolier. Elle est, du moins actuellement, l'instrument de
réalisation des volontés du gouvernement dans un secteur
précis des activités pétrolières: l'exploration. Ce
rôle actuel, bien que limité dans une large mesure à
l'exploration, ne diminue en rien l'influence de SOQUIP et ne présume
pas de l'avenir. Son rayonnement est en effet beaucoup plus important.
D'une part, son budget de $100 millions produira autant par le capital
d'associations qu'elle entraînera dans l'exploration que par sa
capacité d'emprunt qui permettra à SOQUIP des activités
pétrolières dans le secteur de l'exploration d'une envergure
beaucoup plus importante qu'on ne pourrait le croire ou que le laisse entendre
le chef de l'Opposition parfois. Mais, surtout, son influence se fera sentir au
niveau de la collectivité québécoise. C'est en effet une
des premières fois au Québec que les Canadiens français
ont l'occasion d'acquérir de l'expertise et de devenir des
autorités dans un secteur vital d'une société
industrielle. Au lieu de subir les activités de sociétés
étrangères, de rester ignorants des pratiques et des techniques
en usage dans ce milieu, nous devons prendre maintenant en main, encore
partiellement, bien sûr, nos intérêts.
En somme, M. le Président, voilà la portée et la
signification de l'amendement à la loi 17.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): L'honorable député
de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M.LESSARD: M. le Président, c'est le 16 novembre 1972 que le
ministre des Richesses naturelles déposait ce qu'on appelle maintenant
le livre jaune, c'est-à-dire les objectifs d'une politique
québécoise de l'énergie. Depuis ce temps, bien de l'eau a
coulé sous les ponts, mais bien peu de ces objectifs ont
été réalisés par le gouvernement du Québec
et le ministre responsable de cette politique énergétique:
L'un des objectifs fondamentaux de cette politique était
justement de développer les activités de la Société
québécoise d'initiatives pétrolières. Nous savons
que, en vertu de la loi, l'Assemblée" nationale a
déterminé deux mandats principaux à la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières. En effet, lit-on dans la loi, la
société a pour objet: a) de rechercher, produire, emmagasiner,
transporter et vendre des hydrocarbures bruts, liquides ou gazeux.
C'est ce que tente de réaliser, aujourd'hui, le ministre des
Richesses naturelles en augmentant les budgets pour ce premier objectif. Mais
nous constatons que sciemment, malgré les interventions nombreuses de
l'Opposition, le ministre des Richesses nautrelles a décidé de
limiter les activités de SOQUIP à ce mandat le moins rentable,
à ce mandat qui exige probablement le plus d'investissements et qui
exige le plus de risques.
En effet, il y avait un second mandat de prévu en vertu de la Loi
de la Société québé-
coise d'initiatives pétrolières, soit: b) de participer au
raffinage des hydrocarbures bruts, liquides ou gazeux; à l'emmagasinage,
au transport et à la vente d'hydrocarbures raffinés ainsi
qu'à la mise en valeur des découvertes d'hydrocarbures faites par
d'autres.
Dans ce même livre jaune, où on déterminait les
objectifs d'une politique québécoise de l'énergie, on
disait, à la page 136: "La Société
québécoise d'initiatives pétrolières doit pouvoir
s'appuyer sur les revenus qu'elle dégagerait des activités
stables et rémunératrices du raffinage et de la distribution". Ce
qui démontrait, par cette affirmation, que l'activité la plus
rentable dans le domaine pétrolier est encore cette activité de
raffinage et de distribution du pétrole.
Pourquoi impose-t-on, de façon systématique, la limitation
de cette société pétrolière à un seul point
de son mandat, c'est-à-dire l'exploration? Je pense que dans le secteur
pétrolier, contrairement à d'autres secteurs, parfois, nous avons
le marché. Si nous n'avons pas la ressource, comme nous le dit souvent
le ministre, nous avons le marché. Parfois le ministre des Richesses
naturelles nous dit: Oui, on a la ressource mais on n'a pas le marché.
Là, cette fois, nous n'avons pas actuellement la ressource mais le
marché est là. Le marché est actuellement occupé
par six ou sept grandes compagnies pétrolières qui, ensemble,
nous l'avons constaté en tout cas depuis au moins un an, constituent
pratiquement un cartel qui s'impose au gouvernement québécois et
qui s'est imposé au cours de la dernière année au
gouvernement fédéral.
Ces grandes compagnies font la pluie et le beau temps dans le secteur
pétrolier. Nous avons, pour nous opposer à ce cartel, quelques
indépendants qui produisent environ 100,000 barils, je pense.
Or, ces indépendants, sont en train de disparaître par
suite de l'incurie du ministre des Richesses naturelles, après plus de
deux ans qu'il a présenté son livre jaune concernant les
objectifs d'une politique québécoise de l'énergie.
Il est urgent, comme je le disais au ministre des Richesses naturelles
lors de la commission parlementaire, de permettre à la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières d'occuper le secteur pétrolier, tant dans le
raffinage que dans la distribution afin de réaliser l'un des autres
objectifs que prévoyait le livre jaune, c'est-à-dire non
seulement le développement de SOQUIP mais le regroupement des
indépendants afin d'empêcher la disparition des
indépendants qui sont, actuellement, les seuls à pouvoir
s'opposer, bien faiblement, avec des outils bien minimes, au cartel des grandes
compagnies pétrolières.
Lorsque nous insistons sur la nécessité de faire en sorte
que la Société québécoise d'initiatives
pétrolières puisse réaliser son deuxième mandat, ce
n'est pas dire que nous déplorons le fait que SOQUIP ne fasse que de
l'exploration. Nous croyons que ce premier mandat est aussi important. Nous
croyons qu'il était nécessaire, étant donné
l'augmentation des coûts considérables dans ce secteur,
d'augmenter les montants prévus pour l'exploration.
Cependant, si nous n'agissons pas dans de brefs délais, nous
allons encore une fois, comme malheureusement nous l'avons fait dans le
Dassé manquer le bateau.
Je n'ai pas besoin, de rappeler à cette Assemblée
nationale l'expérience de Golden Eagle, l'Aigle d'Or. Un certain nombre
de fonctionnaires québécois, en relation avec des fonctionnaires
de la France, avaient travaillé à la concrétisation d'un
projet d'une raffinerie québécoise. Comment se fait-il, que ce
projet ait avorté en 1969? A cause du patronage, à cause de
l'influence de M. André Lagarde, qui est devenu tout à coup
vice-président de la compagnie Aigle d'Or et qui était en
même temps organisateur de l'Union Nationale. Tout ce travail qui avait
été réalisé par des fonctionnaires
québécois s'est effondré, non pas parce que les
institutions financières québécoises ne voulaient pas
intervenir, mais à cause, principalement, du fait qu'on a fait
intervenir des petits politiciens à l'intérieur de cette
décision.
Aujourd'hui, au lieu d'avoir une raffinerie de 100,000 barils par jour
qui appartiendrait au gouvernement québécois, par l'entremise de
la Société québécoise d'initiatives
pétrolières, c'est une compagnie privée qui s'est
emparée du marché et SOQUIP est encore limitée
exclusivement à son deuxième mandat.
Il y a actuellement un besoin, je pense, dans le secteur du raffinage.
Certaines compagnies de raffinage se proposent soit d'augmenter leur production
ou encore comme cela a été le cas il y a quelque trois ou
quatre mois de construire des entreprises de raffinage dans la
région de l'Atlantique, soit en particulier à Terre-Neuve.
Allons-nous, oui ou non, nous décider à occuper ce vacuum,
ce vide qui permettrait à SOQUIP de s'imposer à
l'intérieur du marché? Suite à des discussions que nous
avons eues en commission parlementaire, le ministre des Richesses naturelles
nous a expliqué que l'établissement d'une raffinerie qui serait
rentable nécessite une production d'environ 185,000 barils. Nous avons
déjà les indépendants qui représentent environ
100,000 barils, tel que nous l'a expliqué le ministre des Richesses
naturelles.
La compagnie Petrofina raffine environ 85,000 barils, selon encore les
informations du ministre des Richesses naturelles. Si nous pouvions regrouper
ces deux groupes Petrofina et les indépendants et SOQUIP,
nous pourrions instaurer dans le secteur pétrolier, dans le secteur du
raffinage, une entreprise qui serait rentable et qui pourrait certainement
vivre.
Or, M. le Président, nous n'agissons pas. Nous agissons si peu
que déjà les indépendants
ont leur voyage! Les indépendants subissent, actuellement, une
concurrence absolument déloyale des grandes compagnies
pétrolières. J'ai soumis en particulier, lors de la discussion
des crédits en commission parlementaire, un cas bien spécifique,
le cas de M. Charette, un détaillant indépendant, qui avait subi
non seulement cette concurrence déloyale, mais même, on
était allé jusqu'à s'attaquer à sa propre
personne.
Lorsque j'ai soumis ce cas, je voulais simplement démontrer que
dans le secteur pétrolier, c'est actuellement une véritable
jungle pour les petits détaillants et qu'il devenait très urgent
pour le ministre des Richesses naturelles d'intervenir afin d'empêcher la
disparition de ce seul groupe qui continue actuellement à se battre avec
les moyens du bord pour empêcher que seul le cartel des grandes
compagnies pétrolières puisse s'imposer dans ce secteur.
Nous connaissons, partout, dans toutes les régions du
Québec et dernièrement l'Association des petits
détaillants d'essence faisait parvenir aussi, je pense, une certaine
documentation aux députés à ce sujet la situation
de ces petits détaillants, qui sont en train de disparaître et qui
lancent un cri d'alarme au ministre. Ils vont même jusqu'à
envisager la possibilité de la création d'une coopérative
de raffinage pour être plus libres vis-à-vis des grandes
compagnies pétrolières. Nous connaissons comment ces petits
détaillants sont soumis pratiquement mains et pieds liés aux
grandes compagnies pétrolières par les baux qu'ils signent avec
ces grandes compagnies pétrolières.
Depuis quelques mois les compagnies pétrolières ont
décidé de les faire disparaître; les petits
détaillants sont forcés de plus en plus de se retirer de ce
marché par les grandes compagnies pétrolières et à
leur profit. Le ministre des Richesses naturelles n'agit pas, il étudie,
il attend.
C'était justement l'une des recommandations du livre jaune, soit
d'être capable de regrouper les petits détaillants mais aussi de
leur donner un instrument qui leur permettrait d'avoir une certaine
liberté vis-à-vis des grandes compagnies
pétrolières. Ce seul instrument c'est la Société
québécoise d'initiatives pétrolières, qui pourrait
être l'agent de distribution des produits raffinés aux petits
détaillants.
Non, encore là j'ai perdu tout espoir que ce gouvernement agisse,
qu'il donne enfin des moyens à cette société qui est un
des instruments clefs dans le développement économique du
Québec. On a fait les efforts voulus en 1962 pour contrôler l'un
des secteurs d'énergie importants, l'électricité. Mais le
plus important secteur d'énergie actuellement encore au Québec
c'est le secteur du pétrole. Je ne demande pas au ministre de tenter de
contrôler tout ce secteur, c'est impossible. Mais je lui demande au moins
d'agir dans le plus bref délai possible et de permettre, par
décision du lieutenant-gouverneur, à la Société
québécoise d'initiatives pétro- lières de
réaliser son deuxième mandat, qui est le plus important. Le
ministre nous dit: Mais où allons-nous prendre le pétrole? Je dis
d'abord que, si une société comme Petrofina réussit
à négocier des contrats à long terme avec les pays du
Moyen-Orient, je douterais énormément, surtout dans les
circonstances actuelles, qu'une société comme SOQUIP ne puisse
pas négocier ses contrats à long terme.
Prochainement, nous recevrons, par suite de la construction d'un
oléoduc venant de l'Ontario, des produits pétroliers de l'Ouest.
Le gouvernement a-t-il l'intention de négocier avec cette immense
société qu'on a créée au gouvernement
fédéral, qui s'appelle PETROCAN, avec un budget de $1.5
milliard.
Ce que nous n'avons pas compris, nous autres parce que c'est en
1969 que nous avons créé SOQUIP le gouvernement
fédéral l'a compris lui, tardivement d'accord, mais on vient de
donner à PETROCAN les instruments financiers et le mandat non seulement
de faire de l'exploration mais de faire aussi du raffinage. Est-ce que le
ministre des Richesses naturelles va négocier avec cette
société ou avec le gouvernement fédéral, afin que
le pétrole qui proviendra de l'Ouest puisse être raffiné
par la Société québécoise d'initiatives
pétrolières? Il y en a du pétrole qui va venir d'ici
quelques années et je pense, M. le Président, que si nous voulons
faire des efforts pour négocier des contrats à long terme avec
les pays du Moyen-Orient, nous sommes capables d'obtenir cet approvisionnement
qui serait nécessaire à la Société
québécoise d'initiatives pétrolières.
Mais, M. le Président, encore là nous allons attendre. On
dirait que ce parti je ne parle pas de gouvernement qui a
démontré, en tout cas de 1960 à 1966, un effort
considérable pour créer des sociétés
québécoises qui appartiendraient à des
Québécois, que ce parti, maintenant, est revenu à
l'époque du grand libéralisme économique du 19e
siècle, travail d'ailleurs qui a été
continué par la suite par l'Union Nationale puisque c'est sous l'Union
Nationale que SOQUIP a été constitué que ce parti,
maintenant, ne veut plus utiliser ces instruments clés, que ce parti ne
veut plus donner à ces instruments clés les moyens financiers
nécessaires pour concurrencer les grandes compagnies
pétrolières.
M. MASSE: $100 millions.
M. LESSARD: $100 millions, M. le Président, versés sur une
période de neuf ans. C'est de la poudre aux yeux, quand le ministre nous
dit que c'est $100 millions.
M. MASSE: C'est mieux que $15 millions.
M. LESSARD: Ce n'est pas $100 millions, M. le Président, on
augmente le capital-actions de la Société
québécoise d'initiatives pétrolières de $15
millions à $100 millions. Je suis bien
d'accord, je l'ai dit dès le début. Il est important que
la Société québécoise d'initiatives
pétrolières remplisse son premier mandat, à savoir
l'exploration. Il est important que nous accordions les moyens financiers
à cette société pour qu'elle puisse remplir son premier
mandat. Mais nous croyons que c'est absolument insatisfaisant pour
régler les problèmes que nous vivons et permettre à cette
société de s'imposer dans le secteur pétrolier.
Malgré tout ce que peut dire le ministre qui se glorifie de
l'ère nouvelle qui s'ouvre pour la Société
québécoise d'initiatives pétrolières, malgré
tout ce que pourra nous dire le ministre, SOQUIP demeure encore une
société bien mineure, bien faible par rapport aux grandes
sociétés pétrolières qui constituent le cartel du
pétrole. Le ministre nous parle toujours de $100 millions, mais $100
millions versés comment? $6 millions cette année, $6 millions les
quatre années subséquentes, et $7.5 millions pendant quatre
autres années. Ce n'est pas $100 millions que nous mettons à la
disposition de SOQUIP; c'est un montant de $6 millions cette année et,
par la suite, on prévoit un fonds de $25 millions qui pourra être
utilisé, selon les besoins, avant 1983 par la Société
québécoise d'initiatives pétrolières.
Mais qu'on cesse donc, de nous jeter de la poudre aux yeux.
Ce n'est pas $100 millions que nous versons à cette
société, ce sont des montants annuels, et plutôt que de
revenir annuellement devant ce Parlement, devant cette Assemblée
nationale, le ministre prévoit, comme on l'avait fait lors de la
fondation de la Société québécoise d'initiatives
pétrolières, un montant annuel qui sera versé. M. le
Président, je pense que le moment où nous avons cru encore qu'il
était possible, au Québec, d'établir ces véritables
objectifs d'une politique québécoise s'éloigne de plus en
plus. En effet, maintenant, qui va nous dicter les objectifs d'une politique
québécoise?
Cela va être le gouvernement fédéral qui, par
l'intermédiaire de sa société de la couronne qu'il vient
de constituer, soit PETROCAN, va être capable de s'imposer passablement
plus sur le marché canadien des produits pétroliers. Comme nous
le laissait entendre le ministre, ça va bien, les relations
fédérales-provinciale; on n'a pas peur de PETROCAN. Mais
malheureusement SOQUIP deviendra probablement, encore une fois, une succursale
du gouvernement fédéral, une succursale de PETROCAN.
C'est ça, M. le Président, que nous avons dit, que nous
avons affirmé en commission parlementaire, en espérant que le
ministre des Richesses naturelles allait réagir et allait nous dire
comment il entendait négocier soit avec le gouvernement
fédéral, soit avec PETROCAN ou comment il entendait
développer la Société québécoise
d'initiatives pétrolières, afin qu'elle puisse s'imposer sur le
marché québécois.
M. le Président, comme d'habitude, bien faiblement, le ministre
des Richesses naturelles nous a dit qu'il n'y avait pas conflit entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, qu'il n'y
avait pas de problème...
M. MASSE: $4 le baril.
M. LESSARD: ... à prévoir entre PETROCAN et la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières. M. le Président, ça fait quand
même depuis 1970 que nous intervenons à maintes et maintes
reprises, nous de l'Opposition, pour demander qu'on permette à cette
société de pouvoir rentabiliser ses activités et de
pouvoir remplir le mandat qui lui a été dévolu, en vertu
de la loi, par l'Assemblée nationale. Quelles sont aujourd'hui les
réalisations du ministre des Richesses naturelles, par rapport à
son livre jaune? A peu près rien.
SOQUIP, on l'avait en 1970, puis on a continué de lui donner des
montants supplémentaires pour, au moins, compenser les augmentations de
coûts dans l'exploration. Mais, à part ça, à peu
près rien, sinon la loi sur le commerce des produits pétroliers,
qui, selon le ministre, va nous permettre d'obtenir des renseignements fort
importants et que nous attendons encore. Mais ce ministère c'est
la même chose dans d'autres secteurs, l'amiante, etc se
caractérise, depuis que le député d'Arthabaska en est
devenu le responsable, par l'attente, par les études constantes,
sempiternelles. On attend, pas de décision. On fournit de beaux papiers.
Le livre jaune, c'était le minimum des objectifs qu'on pouvait se
fixer.
Mais, aujourd'hui encore, après plus de deux ans, rien n'a
été réalisé ou à peu près rien.
Qu'a-t-on fait, par exemple, du tribunal de l'énergie que nous
attendons encore, alors que justement nous avons pu constater que les
compagnies pétrolières ont fait des profits considérables
au cours de la dernière année avec la crise
énergétique, malgré qu'elles aient payé très
faiblement des montants au ministère du Revenu.
Le consommateur s'est tout simplement fait éplucher dans toutes
les régions du Québec et particulièrement dans les
régions éloignées où, par exemple, nous payons les
produits pétroliers, chez nous, entre $0.15 et $0.20 de plus que dans la
région de Montréal, et entre $0.10 et $0.15 de plus que dans la
région de Québec. Qu'a-t-on fait de ce tribunal de
l'énergie? Absolument rien. Pour le regroupement des
indépendants? Absolument rien, aucun effort, et ils sont en train de
disparaître. Pour la sécurité des approvisionnements?
Justement, l'un des objectifs de la sécurité des
approvisionnements était de faire en sorte que SOQUIP puisse
négocier des contrats à long terme. Encore là, nous n'en
sommes même pas aux négociations, on n'appelle même pas cela
des négociations avec les pays du Moyen-Orient et le ministre me l'a
précisé à plusieurs reprises: Ce sont des discussions.
Non, ce ministre n'est pas sérieux, ce minis-
tre n'est pas responsable, ce ministre est incompétent.
DES VOIX: Oh! Oh!
M. MERCIER: C'est pas beau, ça.
M. LESSARD: C'est pas beau, M. le Président, mais la
vérité doit se dire. Ce ministre, M. le Président, manque
de leadership, ce ministre ne contrôle plus rien de ce ministère,
plus rien d'important de ce ministère, ce ministre est sous la tutelle
d'autres ministres, sous la tutelle du ministre de l'Industrie et du Commerce.
C'est toujours le ministre de l'Jndustrie et du Commerce qui fait les grandes
déclarations concernant la construction du port de Gros-Cacouna,
toujours le ministre de l'Industrie et du Commerce qui s'en va, par exemple,
parler du développement de l'industrie pétrochimique au
Québec, jamais notre ministre des Richesses naturelles. On n'a plus de
ministre des Richesses naturelles, M. le Président.
Quand ce n'est pas le ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est qui?
C'est le premier ministre.
M. MERCIER: Nommez-le, nommez-le.
M. LESSARD: C'est le premier ministre, Robert Bourassa, qui fait des
déclarations au nom du ministre des Richesses naturelles.
M. MALOUIN: II fait bien ça aussi.
M. LESSARD: II n'y a plus de ministère, il n'y a plus de
titulaire du ministère. Le ministre n'est là que pour
l'apparence, et le ministre n'est là que pour les quelques petits
coquetels où il peut être invité pour représenter le
gouvernement; mais dans les grandes décisions, le ministre est absent.
Dans les grandes décisions, le ministre n'a aucun pouvoir de
décision; dans les grandes décisions, le ministre n'a pas cette
force pour s'imposer à l'intérieur du conseil des ministres. Nous
l'avons vu lorsqu'est arrivée la crise du pétrole. On ne pouvait
plus poser nos questions au ministre des Richesses naturelles, il fallait aller
ailleurs, on n'avait pas de réponse. C'était le premier ministre
Bourassa. On l'a vu d'ailleurs, et ce n'est pas la première fois que
ça arrive, lorsque nous avons discuté tout le problème de
la baie James. Le ministre des Richesses naturelles n'a à peu
près pas participé à la discussion de ces
problèmes.
Je pense qu'il est temps, comme d'ailleurs l'ont demandé d'autres
personnes, dont, je pense, M. Claude Ryan dans un éditorial, si ce
ministre n'est pas capable de rien faire à l'intérieur du
ministère des Richesses naturelles, l'un des ministères
clés du développement du Québec, l'un des
ministères qui a pris une ampleur considérable entre 1960 et 1966
alors que M. René Lévesque en avait été titulaire,
si ce ministre n'est pas capable de s'imposer comme titulaire responsable de
son ministère, si ce ministre n'est pas capable d'imposer ses
politiques, politiques fort importantes, si ce ministre n'est pas capable de
réaliser le minimum qui était compris dans le livre jaune
concernant les objectifs d'une politique québécoise de
l'énergie, que ce ministre soit au moins responsable.
C'est-à-dire que ce ministre cède la place à un
autre qui, peut-être, aura un peu plus d'énergie, un peu plus de
force pour se battre au cabinet, au conseil des ministres. Il pourra ainsi
donner à cet instrument, qui pourrait être fondamental, mais qui
continue d'être mineur, actuellement, à cet instrument que
constitue la Société québécoise d'initiatives
pétrolières les outils financiers nécessaires non
seulement pour se limiter à l'activité la moins rentable du
secteur pétrolier, mais aussi pour s'imposer à l'intérieur
de cette deuxième activité que constituent le raffinage et la
distribution des produits pétroliers et qui est laissée
actuellement aux grandes compagnies pétrolières.
Il est temps qu'on arrête de parler, il est temps qu'on
arrête au ministère des Richesses naturelles...
M. MERCIER: Arrêtez de parler.
M. LESSARD: Oui, je suis bien d'accord. Il est temps, que ce soit dans
le secteur de l'amiante, que ce soit dans le secteur des mines, que ce soit
dans le secteur du pétrole, qu'on arrête d'avoir de bons voeux
pieux à ce ministère, qu'on arrête de faire de
sempiternelles études et qu'on prenne des décisions.
Or, le ministre est, et de façon caractéristique, un
indécis. Comment voulez-vous qu'il se décide? Depuis plus d'un
an, nous avons des discussions, plus d'un an au cours duquel nous avons
vécu des problèmes particuliers dans le secteur pétrolier.
Après l'établissement d'une compagnie canadienne de la couronne
dans ce secteur, il serait temps qu'on prenne conscience de l'urgence du
problème. Alors que des compagnies pétrolières pensent
à augmenter leur raffinage, il serait temps qu'on arrête de
laisser la place aux autres et puis qu'on prenne, nous autres aussi, notre
place. Et cela, on va être capable de la prendre, non seulement
après avoir fait disparaître le ministre, mais quand on va avoir
fait disparaître ce gouvernement.
Merci.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): L'honorable ministre des
Richesses naturelles.
M. Gilles Massé
M. MASSE: Je n'ai pas l'intention d'être long, nos règles
parlementaires nous permettent malheureusement de reprendre des propos cinq,
trois ou dix fois. Je pense que l'on a eu
l'occasion, au cours de la commission parlementaire des richesses
naturelles, de discuter pendant au moins trois jours de l'ensemble de ces
questions et de réaliser je parle pour les députés
libéraux la complexité du secteur pétrolier. Je
pense que le Parti québécois a toujours été
négatif dans ses remarques, pas seulement au niveau des politiques du
ministère des Richesses naturelles, mais de l'ensemble des politiques
gouvernementales et de l'ensemble des ministères. Cela reflète
bien la mentalité qui le caractérise.
Le député de Saguenay semble posséder toute la
vérité, le député de Saguenay est bien suffisant
d'apporter des solutions qui lui semblent réalistes. Pour moi, qui tente
d'être le plus responsable possible des politiques
québécoises, c'est de la pure fantaisie. J'ai dit dans mon
discours de deuxième lecture ce que je pensais qu'il devrait être
fait par SOQUIP dans les secteurs du raffinage et de la distribution.
Je n'ai pas l'intention de reprendre les propos du député
de Saguenay. J'ai montré également en commission parlementaire la
complexité d'établir un secteur de raffinage, lequel doit
s'accompagner d'un secteur de distribution et surtout d'un approvisionnement
qui soit sécuritaire et au meilleur coût. Au sujet du mandat que
SOQUIP possède déjà et des $15 millions qu'elle avait pour
oeuvrer dans le secteur de l'exploration, on dit : II est important qu'elle
intensifie ses activités et c'est la raison pour laquelle on a
augmenté ce budget à $100 millions, quoi qu'en dise le
député de Saguenay, pour les neuf prochaines années.
Je pense que tout gouvernement doit, avant d'agir dans un secteur aussi
complexe, comme d'ailleurs les pays consommateurs actuellement, éviter
de prendre des décisions à la légère, qui seraient
à son désavantage pour les années futures, au
Québec.
Je ne voudrais pas allonger davantage le discussion, mais je voudrais
dire au député de Saguenay, malgré les propos assez
acerbes qu'il a prononcés à mon endroit tout à l'heure,
que je suis conscient de la complexité de la tâche dans ce domaine
et de la responsabilité qui m'incombe a titre de ministre de poser des
gestes qui soient réfléchis, et non ce que lui-même
propose.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Est-ce que la motion de
deuxième lecture est adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce projet de loi.
Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la commission
M. HARDY: M. le Président, je propose que le projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des richesses
naturelles et des terres et forêts.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Est-ce que cette motion est
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Adopté. Alors,
l'Assemblée nationale va se former en commission
plénière...
M. HARDY: Non, non, c'est la commission élue des richesses
naturelles et des terres et forêts.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Ah! La commission
élue.
M. HARDY: Elle pourra siéger mardi ou selon le calendrier des
travaux de la semaine prochaine.
UNE VOIX: Très bien. M. HARDY: Article 4.
Projet de loi no 1 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Le ministre des Affaires
municipales propose la deuxième lecture du projet de loi no 1, Loi
modifiant la loi de la Société d'habitation du Québec.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce projet de loi, et il en recommande
l'étude à l'Assemblée.
La Loi de la Société d'habitation du Québec a
été adoptée en 1967. Elle permet à la
société d'aider les municipalités à préparer
et réaliser des programmes de rénovation en leur accordant des
subventions et en leur offrant des prêts. Elle permet à la
société de consentir des prêts pour la réalisation
de programmes d'habitation par les municipalités et les organismes sans
but lucratif et d'accorder des subventions aux municipalités ou aux
offices municipaux d'habitation pour les aider à défrayer les
déficits d'exploitation.
Il y a eu certaines modifications qui ont été
apportées à cette loi en cours de route, notamment, par exemple,
afin de permettre à la société de réaliser le
programme de relogement et de relocalisation des personnes
déplacées par
suite du sinistre de Saint-Jean-Vianney. Et, en décembre 1971, la
loi a été de nouveau modifiée afin de permettre à
la société d'accorder des subventions pour la restauration
d'édifices résidentiels à l'extérieur des zones de
rénovation.
Je voudrais souligner qu'avant l'adoption de cette loi, en 1967, le
Québec ne s'était pratiquement pas prévalu de la Loi
nationale sur l'habitation, malgré le fait que cette dernière loi
avait été adoptée en 1944, c'est-à-dire 23
années auparavant. Il y avait eu un seul programme d'habitation de
réalisé, celui que l'on connaît, à Montréal,
qui s'appelle Habitations Jeannce-Mance et qui comprend 796 unités de
logement.
Depuis la création de la société jusqu'au 31 mars
de cette année, le Québec a conclu avec les municipalités
184 contrats prévoyant des travaux de l'ordre de $183,250,247. Ce
montant représente des études des concepts de
réaménagement, l'élaboration et la mise en oeuvre de
programmes détaillés de rénovation, la restauration de
bâtiments résidentiels à l'intérieur et à
l'extérieur des zones de rénovation.
Les subventions accordées à ces fins totalisent
$109,478,685, dont $58,196,798 ont déjà été
versés. En outre, des prêts ont été consentis pour
un montant total de $31,250,308 sur lesquels $15,730,210 ont déjà
été avancés.
Les subventions du gouvernement fédéral pour les fins de
rénovation totaliseront, en vertu des accords déjà
signés, $58,310,910 et les prêts pourront s'élever
jusqu'à concurrence de $37,094,427.
Nous avons, par le truchement de la société, consenti des
prêts pour la réalisation de 465 projets d'habitation, comprenant
20,613 lits, 21,607 logements pour familles à faible revenu et personnes
âgées, et cela pour une somme globale de $477,176,675, sur des
coûts de réalisation calculés à $502,018,237.
Les cinq accords directeurs intervenus entre la Société
centrale d'hypothèques et de logement et la Société
d'habitation du Québec pour les programmes d'habitation comportaient des
disponibilités de $564 millions. Les admissibilités
confirmées ont totalisé $550,487,269, dont il faut cependant
déduire des projets annulés pour un montant de $42,776,797. Les
avances progressives sur ces prêts totalisent jusqu'à maintenant
$379,100,000.
La Société d'habitation du Québec a aussi
absorbé une partie des déficits d'exploitation des logements
municipaux en versant $26,080,336 en subventions. Il faut rappeler que le
gouvernement fédéral absorbe 50 p.c. de ces déficits, le
gouvernement du Québec 40 p.c. et les municipalités, le solde de
10 p.c.
Tous ces chiffres démontrent l'ampleur des activités de la
Société d'habitation du Québec. Il est donc permis, je
crois bien, d'affirmer que le Québec fait maintenant, depuis la
création de la Société d'habitation du Québec, bon
usage des dispositions actuelles de la loi nationale de l'habitation.
Malgré ce bilan très positif, il y a lieu d'étendre
la portée de la Loi de la Société d'habitation de
façon à mieux répondre aux aspirations des citoyens du
Québec. C'est pour cela que des modifications sont proposées pour
accélérer le processus administratif, pour accorder des pouvoirs
accrus pour la réalisation de programmes d'habitation, pour permettre
l'application de nouveaux programmes, pour faire des expériences et pour
autoriser la société à agir directement lorsque
nécessaire.
Je pense, qu'il sera préférable que nous examinions plus
en détail, lors de l'étude article par article, ces mesures. Je
voudrais simplement souligner qu'il y a de nouveaux programmes, les
nôtres et ceux du gouvernement fédéral, dont nous devrons
tirer profit au maximum et dans les meilleurs délais. Je
répète que je conserve un excellent espoir de pouvoir conclure
avec le gouvernement fédéral, à brève
échéance, les nouvelles ententes nécessaires à ces
fins. Je voudrais, en terminant, indiquer que si ce projet de loi
prévoit une intervention directe de la société et ainsi
semble menacer l'autonomie des municipalités, l'initiative des
municipalités dans ce domaine, telle n'est pas l'intention du
gouvernement.
D'abord, cette mesure nous semble nécessaire dans le cadre de nos
relations avec le gouvernement fédéral. J'aimerais souligner que
presque toutes les autres provinces ont accordé à leur
société d'habitation un pouvoir analogue.
Ce pouvoir permettra à la Société d'habitation de
jouer un rôle supplétif dans la préparation des programmes,
notamment quand une municipalité ne sera pas en mesure de le faire
elle-même à cause d'un manque de ressources techniques,
matérielles, administratives ou humaines. Ce pouvoir permettra à
la société de se substituer à une municipalité qui
n'emploie aucun moyen pour répondre aux besoins de ses citoyens, dans le
domaine de l'habitation notamment.
La société, en effet, est incapable aujourd'hui d'obliger
une municipalité à se prévaloir des avantages de la Loi de
la Société d'habitation du Québec malgré les
besoins que l'on peut constater dans une telle municipalité. Et les
citoyens d'une telle municipalité n'ont aucun moyen de forcer leurs
administrateurs à réaliser quelque programme que ce soit, si
nécessaire soit-il. La société, les citoyens, le
député, les comités de locataires, tous sont à la
merci du conseil municipal dans ce domaine.
Je ne voudrais pas, en disant ce que je viens de dire, critiquer de
façon générale les municipalités. On sait, la
nature humaine étant ce qu'elle est, qu'il y a de la part de la forte
majorité des dirigeants municipaux un désir réel,
sincère, efficace de réaliser des programmes selon les besoins
des citoyens.
C'est par exception que la société serait obligée
d'intervenir, mais même ces exceptions échappent
présentement au pouvoir de la société et donc au
gouvernement du Québec. Il serait possible, dorénavant, avec ce
pouvoir, d'utiliser
totalement les montants mis à la disposition du Québec en
vertu des accords directeurs signés entre la Société
d'habitation du Québec et la Société centrale
d'hypothèques et de logement. Lorsque les municipalités
n'utilisent pas tous les crédits qu'elles avaient demandés pour
la réalisation de leurs programmes, il y aurait moyen, pour la
société de prendre les soldes et de s'en servir ailleurs dans la
province plutôt que de perdre cet argent. Une fois la préparation
d'un programme, terminée, celui-ci pourrait être
réalisé soit par la municipalité, soit conjointement par
la .municipalité et la Société d'habitation, soit
totalement par la société, si nécessaire, et cela à
des conditions déterminées par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
La société pourrait ainsi agir à la requête
d'une municipalité ou d'un organisme provincial, ou elle pourrait agir
de son propre chef. Son intention et celle du gouvernement, n'est pas de se
substituer à la municipalité, à l'Office municipal
d'habitation, dans ces domaines, mais le pouvoir, à notre sens, devra
exister. Je voudrais, entre parenthèses, mentionner qu'en commission
parlementaire ou en commission plénière je présenterai une
rédaction un peu différente de l'article 33 afin de mieux
répondre à nos besoins dans ce domaine et par rapport aux
négociations avec le gouvernement fédéral.
Je ferme la parenthèse afin de conclure. Nous voulons que les
citoyens du Québec soient mieux servis. Nous voulons être en
mesure de mieux profiter des sommes que nous pouvons obtenir du gouvernement
fédéral dans ce domaine. C'est dans cet esprit et avec ces
objectifs, et surtout dans le but d'aider les municipalités, pas de les
remplacer dans ce domaine, que le gouvernement présente actuellement ce
projet de loi pour modifier la Loi de la société d'habitation du
Québec.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, le projet de loi modifiant la Loi de
la société d'habitation du Québec, en ce qui nous
concerne, est le bienvenu. Il va dans le sens de ce que le Parti
québécois réclame en Chambre depuis 1970, en particulier
pour ce qui est du pouvoir d'entreprendre des projets d'habitation là
où les municipalités y font défaut. Le ministre m'a
entendu parler de cela depuis quatre ans. Nous croyons qu'il est important que
la Société d'habitation du Québec ne soit pas uniquement
à la remorque de municipalités qui désirent faire des
projets, mais qu'elle soit à l'avant-garde pour entreprendre des projets
là où les municipalités n'ont pas les moyens ou les
possibilités de les réaliser.
Au sens où une deuxième lecture discute des principes, ce
pouvoir d'entreprendre des projets est un principe nouveau que l'on doit saluer
avec plaisir. J'apprécie les applaudissements des députés
du gouvernement, qui font voir jusqu'à quel point, quand nous
critiquons, c'est vrai. Quand nous approuvons, nous n'avons pas peur de le
faire; nous approuvons et nous félicitons le gouvernement et le ministre
le sait bien. C'est d'autant plus dangereux quand nous sommes contre. Cela
montre que, réellement, nous ne sommes pas uniquement des "critiqueux",
mais nous devons trop souvent l'être, par suite de situations
financières précaires ou par suite du manque d'envergure de
certains édiles municipaux ou pour d'autres raisons...
M. HARDY: Ce n'est pas gentil, ça.
M. LEGER: Non, mais ce sont les faits. Les conseils municipaux dans tout
le Québec n'ont pas tous des personnalités ayant de la force de
caractère ou des personnes de la plus haute compétence.
M. HARDY: Me permettez-vous une petite question?
M. LEGER: C'est normal. Même actuellement, à
l'intérieur du gouvernement qui a été élu...
M. HARDY: Me permettez-vous une petite question?
M. LEGER: ... on a des gens qui ont de la valeur et d'autres qui n'en
ont pas.
M. HARDY: Pas de question? Même pas une petite?
M. LEGER: Ah! juste pour voir quelle sorte de question.
M. HARDY: Là, j'entends le député de Lafontaine
dire que les édiles municipaux ne sont pas valables; d'autres
fois...
M. LEGER: Un instant, M. le Président, j'invoque le
règlement. Si c'est pour une question aussi peu logique, aussi peu... je
n'oserai même pas la qualifier parce que ce n'est pas ce que j'ai dit.
J'ai dit qu'il y a, dans l'ensemble des conseils municipaux, des édiles
qui, parfois, n'ont pas l'envergure voulue...
M. HARDY: C'est ça.
M. LEGER: Je n'ai pas dit que les conseils municipaux n'ont pas
d'envergure...
n
M. HARDY: Je n'ai pas dit ça, non plus; j'ai dit...
M. LEGER: ...,que les maires n'ont pas de valeur, voyons donc!
M. HARDY: Vous m'avez mal compris. J'avais dit certains...
M. LEGER: M. le Président, le député m'a mal
compris, il était dans les patates comme très souvent, ce que je
veux relever...
M. HARDY: Donc, pas de question.
M. LEGER: ... c'est qu'il y a, dans des régions du
Québec... On peut se tromper parfois quand on élit un conseil
municipal; on se trompe quand on élit un gouvernement libéral,
alors on peut se tromper aussi au niveau municipal, et élire des gens
qui n'ont pas l'envergure...
M. HARDY: Voulez-vous me laisser formuler ma question?
M. LEGER: ... qu'il faut pour régler les problèmes. Je
n'ai mentionné personne, ça peut être 5 p.c, 10 p.c. ou
15p.c; alors, qu'on n'essaie pas de généraliser. Justement,
d'ailleurs, c'est ce qui justifie le projet de loi.
C'est pour ces raisons et pour bien d'autres que les besoins
réels d'une population en équipement d'habitations à loyer
modique sont négligés. Il faut maintenant espérer que ce
nouveau pouvoir de la Société d'habitation du Québec sera
exercé et réellement.
J'aimerais bien savoir du ministre s'il peut m'écouter pendant
que je parle? Si le ministre des Affaires municipales veut m'écouter
quelques secondes, j'aimerais qu'il me réponde. Est-ce que le ministre
des Affaires municipales pourrait me regarder pendant quelques secondes. Le
ministre des Affaires municipales est en conciliabule avec le minorité
anglophone de son parti. Est-ce que le ministre...
M. BOUTIN (Johnson): ... qui parle.
M. LEGER: ...peut m'écouter, parce que j'ai une question à
lui poser et j'aimerais qu'il me réponde avant la fin. La question est
la suivante: J'aimerais savoir du ministre dans quels cas il prévoit
l'exercice de ces pouvoirs de la Société d'habitation du
Québec? Qu'il me réponde avant qu'on adopte le principe. Pour
nous, cet exercice devrait se baser sur des évaluations
systématiques et continues des besoins pour chaque agglomération
québécoise. Et je m'explique:
Puisque la structure actuelle de la loi de la Société
d'habitation du Québec fait que ce sont les municipalités qui
évaluent leurs besoins d'habitation, il est à craindre que celles
qui ne peuvent ou ne veulent se payer un office municipal d'habitation ne se
mêlent pas non plus de procéder à une évaluation des
besoins. Si la Société d'habitation du Québec ne le fait
pas systématiquement, à la grandeur du territoire, on peut
être certain que les projets amorcés ne seront pas prioritaires
par rapport aux besoins des gens dans tout le Québec.
La Société d'habitation du Québec devrait
être en mesure de connaître la résonnance exacte de ces
initiatives et le ministre devrait nous rassurer sur ce point, pour qu'on sache
que la loi modifiée servira réellement au mieux des
intérêts de tous. En somme, sans procédé à
l'évaluation locale des besoins, les nouveaux pouvoirs ne serviront
qu'à peu de choses.
Sur un autre point, il y a une autre innovation que nous avons
appréciée dans le projet de loi, ce sont les subventions à
des programmes complets d'amélioration de quartiers. Il s'agit en fait,
si j'ai bien compris, de rénovations urbaines sur des ensembles.
Evidemment, tombant dans les défauts constatés récemment
par la Chambre de commerce, les critères et conditions qui
définissent une amélioration de quartier ne sont pas inscrits
dans la loi mais dans un règlement.
On ne sait rien là-dessus, à part le mot, et j'invite le
ministre du moins à nous définir ces termes là, "une
amélioration de quartier", avant que nous votions. S'il s'agit de
rénovation urbaine non ponctuelle, mais groupée, nous sommes bien
d'accord, car l'importance de la rénovation urbaine est énorme.
D'un point de vue statistique, le fameux rapport Charney a évalué
que sur les quelque 16,000 logements démolis à Montréal,
entre 1960 et 1970, 12,800 seraient encore utilisables, pourraient encore
être habités si on les avait restaurés ou
rénovés.
Pendant ce temps, seulement 2,000 nouveaux logements à loyer
modique étaient construits. D'ailleurs en 1969, le tiers du stock
québécois de logements, soit 132,000, datait au plus de 1923,
statistiques prises dans la Presse du 2 mars 1970. Or il en coûte
beaucoup moins cher de rénover une maison que de démolir et de
construire à neuf. En moyenne il en coûte $8,000 par unité
de logement rénové, contre près de $14,000 pour un nouveau
logement après qu'on a démoli.
Du point de vue social, la rénovation est
préférable puisqu'elle n'oblige pas les gens à
déménager. On a vu tous les problèmes causés par le
projet de l'autoroute est-ouest, qui ne sera même pas terminée
pour les Jeux olympiques, qui a fait déménager et
déraciner une quantité énorme de citoyens malgré
eux, et qui oblige des gens à déménager, à quitter
un quartier où Us ont leurs attaches, leurs amis, leur travail, leurs
habitudes.
Egalement dans une perspective d'aménagement de nos centre-ville
d'une façon rationnelle et humaine puisque ces logements à
rénover se situent au centre de nos villes, pour la moitié des
cas. La rénovation empêche et empêcherait la
détérioration des centres-villes. Cela permettrait à ces
quartiers de demeurés habités. Si on se promène le soir
dans ces quartiers, on voit que c'est devenu des quartiers inhabités et
très peu peuplés cela commence à être
dangereux de se promener dans ces coins-là parce qu'il n'y a pas de vie
ou peu, ou qu'on ne soupçonne pas. Les maisons sont remplacés
systématiquement par des gratte-ciel ou des autoroutes.
D'autre part, les maisons du centre-ville,
actuellement, sont généralement a loyer modique et assez
grandes pour de grandes familles, pour des familles normales. Quand on les
remplace par des gratte-ciel, ça revient à des coûts
beaucoup plus élevés et c'est beaucoup moins grand pour loger des
familles. On a l'exode des gens vers les extrémités de la ville.
Ce désintéressement relatif des gouvernements envers la
rénovation et la restauration urbaines constitue, de fait, l'envers de
la médaille des chiffres mirobolants de construction de nouveaux
logements qu'on jette au public de temps à autre. Jamais on n'additionne
les démolitions de maisons. Rappelons les seuls chiffres disponibles
dans le rapport Charney encore; pendant qu'on charcutait 12,500 maisons
montréalaises à bas loyer encore récupérables, on
se vantait de ne construire que 2,000 HLM, habitations à loyer
modique.
J'espère donc que ce nouveau programme servira en ce sens et
c'est aussi pourquoi je m'inquiète des montants qui y seront
consacrés. J'avertis le ministre immédiatement pour qu'il se
prépare à vérifier quelles sont les sommes dont il a
besoin pour les prochains crédits pour réaliser un programme de
valeur à l'intérieur d'un projet de loi que nous approuvons.
J'en arrive à un point majeur de la loi, il s'agit des programmes
d'acquisition et d'aménagement de terrains. Evidemment, le but de la loi
est de contrer la spéculation foncière intra-ur-baine en
permettant aux municipalités de constituer une banque de terrains pour
leurs futures habitations à loyer modique ou pour des fins d'expansion
des installations municipales. Même si le procédé
législatif renvoie à une réglementation la
définition exacte du programme, encore une fois, nous ne saurons pas
exactement ce à quoi nous nous engageons en votant cette loi.
Quand nous parlons de spéculation foncière, les
conséquences de la présente loi sont limitées
j'espère que le ministre m'écoute toujours même s'il se
promène car il s'agit de lutte à la spéculation et
à la hausse des prix de présence, des prix des terrains,
plutôt. J'ai fait un lapsus. Il y a un prix de présence à
décerner au ministre des Affaires municipales, qui est, la plupart du
temps, présent, mais là, il se préparait à s'en
aller. Il s'agit donc de lutte à la hausse des prix des terrains
uniquement pour autant que les municipalités sont concernées pour
leur usage propre; ça ne règle pas le problème des banques
de terrains pour empêcher une spéculation foncière
auprès des municipalités qui n'auraient pas...
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue. Etant donné son intérêt, son intervention
mériterait d'être entendue par les députés
libéraux, M. le Président, et nous n'avons pas quorum.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Qu'on appelle les
députés.
(Suspension de la séance à 12 h 4)
Reprise de la séance à 12 h 5
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Le président a compté les députés
libéraux qui sont en Chambre, il y en a à peu près
suffisamment.
M. LESSARD: Combien?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Lorsque j'ai donné la
parole au député de Lafontaine, il y avait 21
députés présents.
M.LEGER: Bon, on va voir la vitesse avec la quelle ils vont sortir.
M. le Président, le problème de la spéculation
foncière est beaucoup plus grave et ne peut pas être résolu
par la loi que nous avons actuellement. Comme je le disais tantôt, les
municipalités vont avoir le pouvoir de constituer des banques de
terrains uniquement en vue de leur usage personnel.
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse encore une fois
auprès de mon collègue, je vous invite à bien compter les
députés qui sont à leur place.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): J'ai bien compté et le
député de Lafontaine peut poursuivre.
M. LEGER: II y en a quatre qui sont rentrés à nouveau, M.
le Président. Alors, c'est pire que sur la rue Sainte-Catherine, on
entre et on sort. Le défilé de la Saint-Jean-Baptiste s'en
vient.
UNE VOIX: Vous étiez le seul...
M. LEGER: Alors, M. le Président, je reviens sur ce
problème précis de la spéculation foncière. Ce
projet de loi ne règle pas le problème et les
municipalités, qui ne pourront pas utiliser leur pouvoir d'expropriation
pour une banque de terrains, ne l'utiliseront pas. C'est donc dire qu'une
grande quantité de terrains qui ne seraient pas pour l'usage des
municipalités pourront encore être laissés entre les mains
des spéculateurs. De fait et nous en avons discuté lors de
l'étude des crédits du ministère des Affaires municipales
le ministre ne semble pas du tout inquiet, actuellement, de la
spéculation intra-urbaine, celle qui ne vise pas les terres agricoles.
On a parlé d'un vague projet du ministre de l'Agriculture pour
protéger les terres agricoles, mais cela ne règle pas le
problème de la spéculation foncière à
l'intérieur des villes au sujet des terres qu'on nous dit qu'une loi
viendra protéger, mais elle n'est même pas annoncée au
feuilleton.
On a appris également, lors de l'étude des crédits,
l'existence d'un vague comité interministériel à ce sujet.
Je pense qu'il a été formé au
moment même de l'étude des crédits et la nomination
du président a été faite en même temps que le
ministre des Affaires municipales nous l'annonçait. Mais on ne
connaît pas encore son mandat, la composition précise de ce
comité interministériel et son échéancier;
peut-être que cela viendra bientôt.
La spéculation la plus coûteuse pour la collectivité
est celle qui se déroule dans les villes. J'invite le ministre à
lire le seul document qui existe, à ma connaissance, à ce sujet,
même s'il date de dix ans et ne concerne que Montréal. A
l'époque où le Service d'urbanisme de la ville de Montréal
croyait pouvoir influencer quelque peu l'aménagement de Montréal,
ce service publiait une série de bulletins techniques qui, à ma
connaissance, forment encore le seul portrait de ce qu'est Montréal, de
ses maladies et aussi des médecines possibles. Sur la spéculation
foncière, on y apprend: "En 1961, il semble que 60,000 acres de terre
non aménagée de l'île de Montréal étaient aux
mains de spéculateurs".
Je répète, cela ne nous a pas étonnés,
60,000 acres de terrain étaient entre les mains des spéculateurs
en 1970 sur l'île de Montréal.
C'était une réserve suffisante pour une douzaine
d'années d'expansion urbaine de la métropole et, d'autre part
je continue à citer 90 p.c. des terres non
aménagés de l'île Jésus à ce moment
faisaient le jeu de la spéculation. Dans l'ouest de l'île
de Montréal et sur la rive sud, de 60 p.c. à 67 p.c. des terres
étaient destinées aux mêmes fins. Dans l'est de
l'île, la proportion était de 60 p.c. "En 1964 selon la
même étude qui se nomme Bulletin technique no 5 tous les
espaces non développés de l'île sont devenus des objets de
spéculation foncière". Le rapport poursuit: "Nous estimons
l'ordre de grandeur à cette date de l'investissement
spéculatif total à $600 millions". Et cela existait en 1961.
Imaginez le coût aujourd'hui de la valeur de ces terrains quand on voit
l'inflation galopante.
Les charges annuelles engendrées par cet énorme
investissement devaient avoisiner $40 millions.
Elle représente à peu près les deux tiers de la
facture annuelle vraisemblablement payée par les utilisateurs du sol
aménagé, qui était d'environ $65 millions. Il faut bien
voir que ces $600 millions de 1961 qu'est-ce que cela vaut aujourd'hui?
ce sont des chiffres astronomiques ils demeurent complètement
improductifs. Les spéculateurs immobilisent artificiellement ces
montants élevés qui, chaque année, égalent le
coût de la nationalisation de l'électricité sans que les
citoyens bénéficient d'aucune manière, au contraire, d'un
investissement industriel ou commercial qui, au moins, donne des emplois et
crée quelque chose.
Je cite un exemple du rapport. En octobre 1962, un corps public de la
région indique son intention d'acheter un terrain. Trois jours plus
tard, une société immobilière achète ce terrain
qu'elle paie $0.70 le pied carré. A deux mois de cette transaction, le
terrain est revendu à l'organisme public au prix de $1.19 le pied
carré. Ce genre de transaction est profondément malfaisant pour
les Montréalais. Il est même impensable que cela demeure
légal. C'est possible. C'est une des causes de l'augmentation du
coût de construction des maisons et spécialement des maisons HLM
qui devraient être au taux le plus bas possible pour les citoyens et
dont, à même les taxes, les terrains ne devraient pas avoir
été expropriés à un taux trop
élevé.
Il y a des vices que je vais mentionner tantôt. Le service
d'urbanisme proposait des solutions possibles. D'abord, de créer une
agence foncière régionale qui constituerait un minimum de stock
de terrains, en particulier pour des fins collectives, des écoles, des
hôpitaux, des parcs, des rues, etc., et des mesures législatives
variées qui comprendraient finalement un contrôle complet de cette
agence sur les transactions de terrains en accord avec les organismes de
planification du territoire. On peut aussi penser, peut-être, à
une taxe sur la plus-value des transactions et pour les détenteurs de
terres non cultivées qui thésaurisent pour ainsi dire sur le
développement démographique. Oui. Il faudra aller au
dictionnaire. Il faudrait peut-être que je définisse le mot
"thésaurisent". Cela vient de thesauros, un trésor qu'on veut
conserver pour soi, de façon très égoiste et contraire au
bien-être public.
UNE VOIX: On a des lettres.
M. LEGER: On a des lettres, M. le Président. J'aurais aimé
que cette loi sur la Société d'habitation du Québec aille
plus loin sur la spéculation que de permettre la constitution
subventionnée de banques de terrains pour les affaires municipales.
On a un exemple de cela. L'Ontario vient de prendre des mesures
décisives à cet égard avec une taxation serrée sur
les profits des spéculateurs. Elle a créé l'Ontario Land
Corporation, qui constitue elle-même des banques de terrains là
où les municipalités ne peuvent pas ou ne veulent pas le faire.
En ce sens, j'aurais aimé que la Société d'habitation du
Québec soit autorisée à constituer des banques de terres,
en relation serrée avec les schémas d'aménagement de
l'Office de planification et de développement du Québec, l'OPDQ.
De la même façon qu'après bien des hésitations on
vient de lui permettre d'entreprendre des programmes d'habitation.
Je voudrais donner crédit au ministre de l'avoir fait et je
prends ma part de crédit de l'avoir poussé à aller dans ce
sens. Je pense que c'est une bonne chose. Mais si nous sommes
déçus que le bill 1 ne soit pas l'occasion de constituer la
Société d'habitation du Québec en organisme
créateur de banques de terres et que nous devons attendre une
législation hypothétique et même pas annoncée
à ce sujet, l'Opposi-
tion a sursauté j'espère que je n'éveille
pas des députés devant de supposées
modalités d'un article qui en fait, viennent entacher le principe
même de l'intervention de la Société d'habitation du
Québec. J'espère que le ministre aura un amendement à
apporter là-dessus.
En matière d'acquisition de terrains, il s'agit de l'article 66
i) de la loi; je pense que c'est l'article 28, dans la loi même, qui
amende l'article 66 i), qui permet aux municipalités d'acquérir
et d'aménager des terrains.
On s'aperçoit que les municipalités peuvent, par cet
article, acheter des terrains et en particulier user de leur pouvoir
d'expropriation; donc, à même les taxes des citoyens, elles
peuvent exproprier des terrains et les revendre à des
intérêts privés.
M. le Président, j'espère que j'ai ouvert les yeux du
ministre sur un problème assez important et grave. Ce n'est pas le but
de la loi je le sais mais cette loi le permet, s'il n'y a pas
d'amendement là. Ceci est extrêmement dangereux. Le risque est
flagrant que la municipalité devienne un intermédiaire d'achat
pour des promoteurs privés, comme on l'a vu dans plusieurs
municipalités qu'on a mises, par la suite, sous tutelle. Mais il y a
d'autres municipalités qui ne sont pas sous tutelle et qui peuvent
l'utiliser, comme on en a déjà parlé avec le ministre, en
se servant en particulier des pouvoirs d'expropriation municipaux pour
réaliser pour elles des bénéfices importants.
Que la municipalité puisse acquérir et aménager des
terrains pour ses propres fins d'habitation, soit, mais qu'elle puisse revendre
ces terrains à des promoteurs privés, il faut s'y opposer
fermement. Le député de Saguenay, d'ailleurs, est d'accord
là-dessus. Il m'appuie fermement. Je vois le député de
Chicoutimi qui est aussi d'accord.
M. le Président, je pense que le ministre devrait se pencher sur
cette erreur dans la loi. D'ailleurs, il se penche souvent, le ministre! Rien
ne nous dit que la confirmation du lieutenant-gouverneur pourrait se faire sur
une connaissance complète des tractations intervenues entre des
municipalités et des promoteurs privés.
Dans le passé, M. le Président, nous avons connu beaucoup
de tripotage de la sorte, dans certaines municipalités. Il y a des
municipalités où le maire est même l'actionnaire principal
d'entreprises de promotion immobilière ou de construction. Comme le
ministre ne semble pas du tout s'inquiéter des trous flagrants de la Loi
sur la corruption dans les affaires municipales, malgré que de
récents scandales aient obligé le premier ministre à
émettre des directives sur les conflits d'intérêts,
directives qui devraient se répercuter au niveau municipal; comme les
contrôles là-dessus sont quasi inexistants et que tout tripotage
le moindrement subtil demeurera inconnu du ministre, cette loi devient
vicieuse. J'invite le ministre à la corriger vigoureusement, de
façon que certains conseils ou mairies ne deviennent pas des
intermédiaires utiles dans les plans de promoteurs privés.
J'espère donc que ce nouveau programme servira en ce sens et
c'est aussi pourquoi je m'inquiète des montants qui y sont
consacrés.
M. le Président, je remarque aussi, en terminant je vois
l'enthousiasme du député qu'un article précis
apporte un élément de principe nouveau. Il autorise la
Société d'habitation du Québec à accorder des
subventions pour des études et des recherches sur l'habitation et pour
la réalisation de programmes expérimentaux dans le domaine de
l'habitation.
C'est donc dire et je profite de l'occasion qui m'est offerte
pour corriger l'impression que le ministre a pu laisser hier qu'on
pourrait utiliser le bill 1, Loi modifiant la loi de la Société
d'habitation du Québec, selon l'article que je viens de mentionner, pour
obtenir une subvention quasi complète de la réalisation d'un
village olympique temporaire. C'est donc dire qu'un village olympique
temporaire, par cette loi, pouvant exister, nous pourrions sauver un des
espaces verts importants de l'Est de Montréal. Non seulement cet espace
vert resterait comme tel, mais, dans le projet de ce village temporaire, on
pourrait par la suite parce que c'est prévu et que c'est un
engagement, même, dans ce projet retransformer ce terrain, qui a
été conservé de peine et de misère pendant de
nombreuses années comme territoire public, pour les citoyens, comme un
poumon pour un milieu qui devient de plus en plus pollué.
Maintenant, on pourrait, grâce à la loi qui nous est
présentée aujourd'hui, subventionner un village temporaire
olympique et, par la suite, restaurer ce territoire, non seulement le parc Viau
mais le Jardin botanique, le golf municipal, le parc municipal dans son entier,
en un terrain, par la suite, qui pourrait être utilisé, parce
qu'il serait savamment réaménagé avec des sentiers, comme
je le disais hier, de pistes de course, de pistes de jugging, un sentier pour
la bicyclette, des terrains pour le pique-nique, des sentiers pour la
photographie, la récréation en général. Les
citoyens auraient un parc, dans l'est de Montréal, très bien
aménagé pour l'utilisation dans le sens qu'on appelle de loisirs,
d'accessibilité aux citoyens'.
Nous sommes devant le projet de loi no 1 qui permet au ministre de
financer un village temporaire. D'un autre côté, nous avons
l'autre choix qu'est le village permanent qui, lui, enlève toutes ces
belles possibilités-là. Le ministre des Affaires municipales,
étant donné qu'il est le protecteur de la qualité de
l'environnement, que c'est sa première préoccupation, a les
moyens de le faire. Il a tous les aspects positifs d'un village olympique
temporaire, grâce à cette loi que nous étudions aujourd'hui
et, d'un autre côté, d'un village permanent qui n'est pas conforme
au tissu urbain de la région, qui amènerait une quantité
énorme de logements, et qui ébranlerait l'aménagement du
territoire de tout ce secteur de l'est de Montréal, qui
ferait perdre aux citoyens non seulement un parc où on peut avoir
un meilleur climat, une amélioration de la qualité de l'air
à respirer mais un parc de loisirs.
C'est pour cela que j'ai demandé au ministre non pas
d'empêcher qu'il y ait un village olympique et de retarder les travaux,
non. Le ministre, avant que la décision soit prise à
Montréal, devrait mettre tout son poids pour mettre de l'avant le projet
du village temporaire et empêcher les organismes fédéraux,
par une subvention fédérale de contribuer, par un village
permanent, à empêcher la réalisation d'une politique de la
qualité de l'environnement humain à Montréal et gaspiller
un terrain que les citoyens de Montréal ont conservé depuis
tellement longtemps, et qui le perdraient à cause d'une décision
d'un personnage qui s'entête au détriment du bien des citoyens. Je
pense que le ministre ne peut pas se laver les mains et dire: le maire de
Montréal aura à subir devant l'opinion publique la
réalisation de son geste.
Je pense que le ministre est plus responsable que cela; il devrait
réaliser son objectif et ne pas se réjouir par la suite qu'un
autre ait fait un mauvais geste. Il faut penser aux citoyens qui vont perdre ce
terrain c'est, je pense, le moment avant que la décision soit prise, de
poser un geste. Connaissant toutes les circonstances qui entourent le choix
entre les deux thèses, c'est un problème majeur qui peut
être résolu. Le ministre devrait poser ce geste parce que
ça permettrait de réaliser plutôt un village olympique
temporaire permettant de réaliser les jeux olympiques, pour lesquels
nous sommes d'accord, mais qui ne ferait pas disparaître un territoire
aussi important pour l'est de Montréal.
Je termine en disant au ministre que nous sommes heureux du projet de
loi, qu'il y a des déficiences que nous espérons lui voir
corriger à l'occasion de la commission plénière, et que
nous nous inquiétons maintenant uniquement des sommes qu'il va affecter
au programme pour la réalisation d'un projet qui semble être de
belles promesses.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornel-lier): Le ministre des Affaires
municipales exercera son droit de réplique.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je serai assez bref, mais le
député de Lafontaine m'a posé une question à
laquelle je voudrais répondre au moins de façon
préliminaire, et ses derniers commentaires imposent également une
réponse.
Je commence par cette dernière. Je n'ai pas l'intention, je ne
l'ai pas eue de toute cette période qui dure maintenant depuis plus
d'une année, de me laver les mains face à ce projet. Il m'aurait
été beaucoup plus facile de le faire, et cela dès le
début. Le député de Lafontaine est bien conscient des
flèches que j'ai reçues à cause du fait que je ne m'en
suis pas lavé les mains, mais il est également conscient du fait
que nous n'avons pas présentement le pouvoir d'intervenir.
Mais je voudrais aller plus loin que cela, et je voudrais exposer
certains chiffres. Je voudrais poser une question non pas simplement au
député de Lafontaine, mais à la population
montréalaise en général. Combien vaut une acre d'espace
vert? Je répète la question: Combien vaut une acre d'espace
vert?
M. LEGER: Combien vaut un poumon québécois?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pose cette question dans le
cadre d'un problème beaucoup plus vaste que celui des quelques acres du
parc Viau. Je rappelle au député de Lafontaine, ce qu'il sait
fort bien, mais qu'il a oublié de mentionner, que, même si le pire
des projets était réalisé, il resterait à peu
près une centaine d'acres, plus que cela, de parcs publics, là,
dans ce coin de Montréal. Quand il parle de faire disparaître
quelque chose, il faut dire: faire disparaître une partie d'un poumon,
pas un poumon entier.
M. le Président, le député de Lafontaine peut faire
tous les gestes qu'il veut...
UNE VOIX: II n'est même pas allé voir.
M. LEGER: 82 acres, M. le Président; une fois que c'est
commencé, ça va se terminer par la suite.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ces 85 acres...
M. LEGER: 85 acres, oui.
M. GOLDBLOOM: ... font partie d'un terrain de golf qui comprend, de
l'autre côté de la rue Viau, un terrain d'environ 130 acres, je
pense. Alors, que le député soit patient pour quelques instants,
pour que j'aille au bout de ma question. Il sait comme moi qu'il ne sera pas
possible d'acheter et de préserver chacune des acres d'espace vert
disponibles sur l'île de Montréal, et dans les alentours.
M. LEGER: II y a l'aspect législatif; ce n'est pas
nécessaire d'acheter.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la création d'un village
temporaire ne peut se faire sans dépenses, et les dépenses
calculées jusqu'à maintenant se chiffrent par $8 millions
à $10 millions. Je crois, M. le Président, qu'il y a moyen de
réduire ces coûts de façon importante. Je crois aussi, M.
le Président, qu'il serait possible de créer le genre de village
qui pourrait être réutilisable avec une perte beaucoup moindre en
argent. Mais, si l'on devait
payer de $8 millions à $10 millions, et cela pour sauver 50
acres, c'est un coût de $200,000 par acre. Si nous avons $200,000
à dépenser, est-ce que nous allons les dépenser pour une
acre ou pour plusieurs? Qu'on tienne compte du fait que nous aurons acquis les
îles de Boucherville en majeure partie pour un coût
d'approximativement $1,500 par acre. Il y a des espaces verts ailleurs sur
l'île de Montréal qu'il faudra préserver. Et le
député le sait. Il faudra les payer.
M. LEGER: Ce n'est pas nécessaire de les acheter tous. Par le
moyen législatif, on peut faire beaucoup de choses, pourvu qu'on le
veuille.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, va-ton tout simplement les enlever
d'entre les mains des propriétaires sans offrir une compensation? Le
député a pris connaissance du document intitulé: Esquisse
72. Il sait qu'il y a de très importants territoires qui doivent
être achetés pour être préservés. Il sait que
présentement il y en a qui disparaissent, et ça fait mal;
ça fait mal surtout à celui qui vous parle, parce qu'il voudrait
pouvoir les préverser. Soyons un peu logiques. Nous allons faire le
nécessaire pour en sauver autant que possible; nous allons consacrer
l'argent disponible au meilleur escient possible et pour en obtenir le
rendement économique, écologique et social le plus
intéressant pour la population de la région
métropolitaine.
On peut faire tous les discours que l'on veut, mais on doit finir par
examiner les chiffres et se demander ce que vaut une acre et si, au lieu d'en
acheter une à un endroit, on peut en acheter une centaine ailleurs. On
est obligé de faire un choix et faire le choix le plus rationnel
possible. Je n'ai pas dit mon dernier mot sur ce sujet, M. le Président.
Je répète que je ne m'en lave pas les mains, mais qu'on regarde
un peu les faits, les problèmes et qu'on cherche à les
résoudre plutôt que d'énoncer de grands principes et dire:
II est terrible de perdre telle ou telle chose. D'accord. Il est terrible de
perdre une acre d'espace vert, on aurait pu garder toute l'île de
Montréal à l'état vierge et mettre la population ailleurs,
alors on aurait eu le problème ailleurs.
On aurait pu, mais on ne l'a jamais fait, imposer des politiques
démographiques pour l'île de Montréal. On ne l'a pas fait
et le développement a eu lieu et continuera d'avoir lieu. Je voudrais
tout simplement mettre le député de Lafontaine devant un
problème réel. Si on a l'argent, est-ce le meilleur endroit
où l'investir, là où il y aura de toute façon un
très important parc public après les Jeux olympiques?
Je passe à la question qu'il m'a posée: Dans quelles
circonstances la Société d'habitation se servirait-elle des
pouvoirs prévus dans ce projet de loi, notamment des pouvoirs
d'intervention auprès des municipalités, qui pourraient
représenter une substitution de l'autorité de la
Société d'habitation à celle de la
municipalité? Il y a plusieurs municipalités, qui s'adressent au
gouvernement par le truchement de la Société d'habitation en
indiquant un besoin et un désir de construire des habitations, surtout
pour le secteur le moins favorisé de la population. En s'adressant au
gouvernement, ces municipalités disent: Nous n'avons pas les moyens
financiers, nous n'avons pas les ressources humaines, nous n'avons pas la
compétence pour le faire, veuillez nous aider.
C'est d'abord et surtout dans ces circonstances que nous voudrons le
faire. Deuxièmement, il y a des situations où les
municipalités sont incapables de réaliser leur projet parce que
chaque municipalité, dans une région étant petite, les
besoins étant petits, il n'est pas possible pour cette
municipalité d'obtenir même des soumissions pour la construction
de quelques unités de logement, tandis que si la Société
d'habitation peut grouper en un seul contrat 25, 50 unités de logement
éparpillées dans plusieurs municipalités d'une
région un peu éloignée, le contrat devient
intéressant pour des entrepreneurs et l'on obtient des soumissions.
C'est dans ce sens que nous voulons aider. C'est également
il faut le reconnaître un élément de notre position
vis-à-vis du gouvernement fédéral. Les autres provinces
ont ce pouvoir; nous ne l'avons pas et nous voulons pouvoir l'exercer afin
d'utiliser pleinement les sommes d'argent disponibles que, dans certains cas,
nous n'avons pas réussi à utiliser complètement.
Voilà, c'est essentiellement dans ce sens, en invitant les
municipalités à s'associer au gouvernement, plutôt qu'en
les menaçant d'être remplacées par lui, que nous voulons
acquérir ce pouvoir. Cela s'insère, d'ailleurs, dans la politique
du gouvernement vis-à-vis des municipalités, d'un
côté, et du gouvernement fédéral, de l'autre. On
sait que le gouvernement du Québec s'oppose fermement à des
transactions directes entre le gouvernement fédéral et les
municipalités. Nous disons aux municipalités: Nous allons
maintenir des relations aussi favorables que possible avec le gouvernement
fédéral; nous allons vous impliquer dans ces relations comme
membres d'une unité québécoise de représentation
auprès du gouvernement fédéral. C'est dans cet esprit, en
invitant les municipalités à être nos partenaires dans ces
activités, que nous voulons avoir le pouvoir d'agir de façon
à prendre l'initiative des projets, si nous jugeons que c'est
nécessaire.
Je pense que le député de Lafontaine, dans ses
premières remarques, a appuyé la nécessité pour le
Québec d'avoir ce pouvoir. Pour cette raison, nous arrivons à un
moment où nous présentons un projet de loi pour créer ce
pouvoir et nous avons l'intention de l'exercer en pleine collaboration avec les
municipalités du Québec.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornel-
lier): Est-ce que la motion de deuxième lecture sera
adoptée?
M. BURNS: Immédiatement après le vote enregistré,
M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Qu'on appelle... Un instant.
M. BURNS: II n'y a pas autre chose, M. le Président.
M. LEGER: On ajourne après.
M. BURNS: II n'y a pas autre chose.
M. HARDY: M. le Président, je propose que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
municipales.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): II y a une demande de vote.
M. HARDY: Ah, excusez-moi!
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Un instant, messieurs, s'il vous
plaît.
M. HARDY: J'ai été distrait quelques secondes.
M. le Président, c'est tout ce qu'il y a.
M. BURNS: Suspendez la séance.
M. HARDY: Nous sommes devant le dilemme suivant: si nous votons
immédiatement, nous ajournons prématurément la commission
parlementaire.
M. BURNS: M. le Président, je pense que l'Assemblée
nationale est supérieure à une commission. Qu'on suspende les
travaux de la commission pour permettre à ses membres de venir voter,
c'est tout.
M. MORIN: C'est toujours ce qui s'est fait.
M. HARDY: M. le Président, je m'en remets à votre
décision.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Cornellier): Qu'on appelle les
députés.
Vote de deuxième lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 1, Loi modifiant la loi de la
Société d'habitation du Québec, veuillent bien se lever,
s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Garneau, Cloutier, Goldbloom, Mme Bacon, MM.
Hardy, Tetley, L'Allier, Vaillancourt, Cadieux, Desjardins, Giasson, Brown,
Kennedy, Veilleux, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou), Pilote,
Saint-Germain, Ostiguy, Carpentier, Dionne, Faucher, Marchand, Harvey
(Charlesbourg), Shanks, Beauregard, Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin
(Johnson), Chagnon, Caron, Déom, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc),
Lachance, Malouin, Massicotte, Mercier, Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay,
Vallières, Verreault, Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard,
Bédard (Chicoutimi), Samson.
LE SECRETAIRE: Pour: 54 Contre : 0
LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
M. HARDY: M. le Président, je propose que le projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
municipales.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. HARDY: M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre
à mardi, quinze heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'Assemblée ajourne ses travaux à mardi, quinze
heures.
(Fin de la séance à 12 h 48)