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(Quinze heures neuf minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Cinéastes à l'Assemblée
nationale
Avant de donner à l'Assemblée communication de certains
documents, j'aurais peut-être certaines informations à procurer
aux membres de l'Assemblée concernant les cinéastes que vous
voyez sur le plancher de l'Assemblée.
A la suite de consultations entre les partis qui sont
représentés à l'Assemblée nationale, a
été formé, il y a déjà quelques mois, un
comité de travail composé du député de Drummond, du
député de Bellechasse, du député de Maisonneuve, du
député d'Anjou et du président, qui est devenu
officiellement, ce matin, un sous-comité de l'Assemblée
nationale, pour étudier la création d'un nouveau service à
l'Assemblée, qui est le service de l'information et de l'accueil.
Suite à l'approbation de ce comité, entre autres, un
directeur a été nommé qui est M. André Beaulieu qui
était directeur adjoint à la bibliothèque.
Le but de ces prises de vues qui ont été commandées
par l'Assemblée nationale est de préparer certains documents,
certain matériel audiovisuel, films ou cassettes, en vue de
l'aménagement ici, au Parlement, d'une salle de projection, en vue
également de la préparation de cassettes qui pourraient
être distribuées dans le public, soit aux corps
intermédiaires, dans les Cégep, dans les universités et
dans les écoles ou groupes qui en feront la demande, pour faire
connaître davantage l'institution qui est l'Assemblée nationale et
le rôle des parlementaires en général.
Maintenant, cela représente peut-être des
inconvénients pour hier, aujourd'hui et demain. Ces cinéastes
seront ici pour deux ou trois jours et ils reviendront à l'occasion,
durant l'année, pour faire une banque d'informations et de prises de
vues, qui seront regroupées sous forme de documents audio-visuels.
Je voulais informer l'Assemblée de la présence des
cinéastes. Ces films seront la propriété de
l'Assemblée nationale; ils ne sont pas pour diffusion ou distribution
aux media d'information.
Nouveau fonctionnaire
Maintenant, je voudrais présenter à l'Assemblée un
nouvel off icier qui est également sur le plancher de l'Assemblée
nationale en la personne du major René Jalbert, qui sera le nouveau
sergent d'armes. Le major Jalbert, après une longue expérience
dans l'armée canadienne, a été à la Maison du
Québec à New York et également au service du protocole aux
Affaires intergouvernementales. Et, aujourd'hui, il est au service de
l'Assemblée nationale.
Je n'ai pas à élaborer sur les lourdes
responsabilités du sergent d'armes. En plus d'être le gardien de
la masse, qui représente l'autorité de l'Assemblée, il est
également le responsable de la protection des membres de
l'Assemblée, de ses officiers dans l'ensemble du parlement. Egalement,
il est le responsable des services matériels qui doivent être
fournis aux députés, aux parlementaires, il a la
responsabilité des locaux et autres. Je voudrais lui souhaiter la
bienvenue et, en même temps, remercier son prédécesseur, M.
Roberge, pour le dévouement qu'il a consacré à
l'Assemblée nationale durant de très nombreuses
années.
Lettre de M. Guy Leduc
Une autre communication, que j'ai reçue le 3 mars dernier,
adressée au président de l'Assemblée nationale,
signée par M. Guy Leduc, député de Taillon: "M. le
Président, j'ai quitté les rangs du Parti libéral du
Québec. En conséquence, je siégerai comme
indépendant à l'Assemblée nationale." C'est la raison pour
laquelle M. Leduc occupe le siège qui lui a été
désigné, c'est-à-dire à la place de M. Ostiguy,
député de Verchères. M. Ostiguy prendra la place
anciennement occupée par le député de Taillon.
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
L'honorable député d'Anjou.
Rapport de la commission de l'Assemblée
nationale
M. Tardif: M. le Président, conformément aux
règlements de l'Assemblée nationale, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'Assemblée nationale qui
s'est réunie ce 19e jour de mars 1975 afin de désigner les
membres qui feront partie des commissionsélues permanentes ainsi que
ceux désignés pour agir comme présidents de celles-ci.
Egalement, M. le Président, avec le consentement unanime de cette
Chambre, je propose que la liste des membres des diverses commissions soit
inscrite aux procès-verbaux et rapportée en annexe au journal des
Débats de ce jour.
Le Président: En vertu du règlement, je crois que
ce rapport doit être agréé par l'Assemblée. Est-ce
que cette motion du député d'Anjou, à l'effet que ce
rapport soit adopté, est adoptée?
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président. Le
Président: Qu'on appelle les députés.
Vote sur l'adoption du rapport
Le Président: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en
faveur de la motion de l'honorable député d'Anjou, relativement
au rapport de la commission permanente de l'Assemblée nationale,
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Parent
(Hull), Mailloux, Saint-Pierre, Choquette, Garneau, Phaneuf, Lalonde,
Lachapelle, Berthiaume, Cournoyer, Goldbloom, Simard, Quenneville, Mme Bacon,
MM. Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix, Bienvenue, Forget, Massé,
L'Allier, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Arsenault, Houde (Fabre),
Houde (Abitibi-Est), Giasson, Perreault, Brown, Fortier, Bacon, Blank,
Bédard (Montmorency), Veilleux, Séguin, Saindon, Cornellier,
Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Fraser, Picard, Gratton,
Gallienne, Carpentier, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg),
Larivière, Pelletier, Shanks, Springate, Pepin, Beauregard, Bellemare
(Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin, Chagnon, Marchand,
Caron, Ciaccia, Côté, Denis, Déom, Déziel, Dufour,
Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin,
Massicotte, Mercier, Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain,
Tardif, Tremblay, Vallières, Verreault, Morin, Burns, Léger,
Lessard, Samson, Roy, Bellemare (Johnson), Leduc.
Le secrétaire: Pour: 96 Contre: Aucun.
Le Président: Cette motion est adoptée.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. L'honorable leader
parlementaire du gouvernement.
M. Levesque: M. le Président, à la suite de la
réunion de ce matin de la commission de l'Assemblée nationale,
qu'il me soit permis de faire deux motions.
Premièrement, j'ai l'honneur de proposer que l'amendement suivant
soit apporté au règlement de l'Assemblée nationale pour la
durée de la présente session: L'article 10 du règlement
est modifié en ajoutant, après le paragraphe 6, le paragraphe 6
a) suivant: "6 a) II peut accorder à un député
n'appartenant pas à un parti reconnu un temps de parole analogue
à celui que prévoit le règlement pour les chefs des partis
reconnus autres que le premier ministre et le chef de l'Opposition
officielle".
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté.' Le Président: Adopté.
M. Levesque: M. le Président, j'ai l'honneur de proposer
que le nom de M. Bienvenue, ministre de l'Immigration, soit ajouté
à la liste, déposée hier, des membres de la commission de
l'Assemblée nationale.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Levesque: M. le Président, avec le consentement unanime
de la Chambre, qu'il me soit permis de suggérer que nous passions
présentement à l'appendice du feuilleton afin de me permettre de
proposer en première lecture le projet de loi qui paraît à
mon nom, Loi modifiant la Loi électorale.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? M. Burns:
D'accord.
Projet de loi no 15 Première lecture
Le Président: L'honorable leader parlementaire du
gouvernement propose la première lecture de la Loi modifiant la Loi
électorale.
M. Levesque: M. le Président, ce projet reporte de mai
à septembre la confection des listes électorales permanentes qui
comporteront, à l'avenir, une révision annuelle, et modifie en
conséquence la Loi électorale et la Loi concernant les listes
électorales permanentes et modifiant diverses dispositions
législatives.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
Le secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. L'honorable ministre des Communications.
DEPOT DE DOCUMENTS
Commission consultative de l'enseignement
privé
M. L'Allier: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer, au nom du ministre de l'Éducation, le cinquième
rapport annuel du Conseil des universités, de même que le
cinquième rapport annuel de la Commission consultative de l'enseignement
privé.
Le Président: L'honorable ministre du Travail.
Commission des accidents du travail du
Québec
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport pour l'année 1973 de la Commission des
accidents du travail du Québec.
Rapport concernant les élections de
1973
Le Président: J'ai l'honneur de déposer un document
qui m'a été remis il y a quelques semaines. A la suite d'ententes
entre les représentants des différents partis, il a
déjà été rendu public, mais je crois qu'il est de
mon devoir de le déposer pour qu'il devienne un document sessionnel. Je
dépose en deux copies le rapport d'enquête soumis par M. Lucien
Descent relativement à des irrégularités
alléguées lors des élections générales de
1973 dans les districts électoraux de Laporte et de Taillon.
L'honorable ministre des Affaires culturelles.
Affaires culturelles
M. Hardy: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du ministère des Affaires
culturelles.
Le Président: Questions orales des députés.
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DEPUTES
Lettre du chef de l'Opposition au premier
ministre
M. Morin: Ma question est destinée au premier ministre, M.
le Président Peut-il nous dire s'il a pris connaissance de la lettre que
je lui ai fait parvenir hier dans laquelle je lui demandais, au nom de
l'Opposition officielle, d'instituer une commission spéciale de cette
Assemblée dont le mandat serait d'étudier les accrocs au bon
fonctionnement de l'Etat qui ont été dévoilés
récemment et les remèdes qu'on pourrait y apporter?
Est-ce que le premier ministre a étudié ma demande, ma
proposition, et a-t-il l'intention d'y donner suite?
M. Bourassa: M. le Président, je n'ai pas pris
connaissance de la lettre du chef de l'Opposition. Les journalistes m'ont
posé des questions sur la demande, j'en ai pris connaissance en gros
à travers les questions des journalistes. Ce que je puis dire au chef de
l'Opposition, c'est que mardi prochain le ministre des Finances va
déposer les crédits pour la prochaine année
financière et les 8, 9 et 10 avril évidemment, plusieurs
ministres seront retenus à Ottawa par la conférence
fédérale-provinciale nous avons l'intention de faire
siéger plusieurs commissions pour étudier les crédits.
A ce moment-là, le chef de l'Opposition ou les membres de
l'Opposition pourront poser toutes les questions sur l'administration
financière du gouvernement. Quand le chef de l'Opposition parle des
accrocs, je ne sais pas s'il pense à des ballons qui finalement se sont
révélés complètement sans fondement et même
des accusations qui se sont retournées contre ceux qui les ont faites.
Pour ce qui a trait à l'amélioration de l'administration des
différents ministères, dans quelques jours à peine, tou-
tes les questions pourront être posées au gouvernement.
Le Président: Une question additionnelle.
M. Morin: M. le Président, dans ma question additionnelle,
je voudrais dire au premier ministre que je regrette qu'il n'ait pas pris
connaissance de ma lettre, parce qu'elle contient des raisons devant lesquelles
je crois il se serait incliné. Je me réjouis qu'il n'en ait pas
pris connaissance. J'aurais pu croire en ce moment à un autre blanc de
mémoire.
J'aimerais lui demander si les crédits sont l'occasion d'invoquer
des questions comme celles-là. Quand le premier ministre va-t-il nous
donner l'occasion d'obtenir des réponses aux questions que tout le monde
se pose sur les raisons pour lesquelles il n'a pas comparu devant la commission
Cliche? Croyez-vous que ce soit aux crédits qu'on puisse poser des
questions comme cela? Je n'ai...
Le Président: A l'ordre!
M. Morin: ...pas terminé ma question, M. le
Président. A quelle occasion le premier ministre a-t-il l'intention de
nous expliquer comment il se fait qu'il ait pu oublier la mise en garde de son
collègue de la Justice au sujet de l'affaire Joyal, et à quelle
occasion pourra-t-il nous expliquer le rôle joué par certains
fonctionnaires spéciaux de son bureau dans l'affaire de la baie James et
dans le placement de centaines d'ouvriers par patronage à la baie
James?
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Il y a une
question principale, il faudrait bien que les questions...
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition sait
que je n'ai pas comparu à la commission Cliche parce que je n'ai pas
été invité à le faire. Le ministre du Travail a
été invité à le faire, le ministre de la Justice a
été invité à le faire. Ils l'ont fait. Dans mon
cas, je n'ai pas reçu d'invitation. Pour ce qui a trait au blanc de
mémoire, je ne crois pas que le chef de l'Opposition puisse me donner
des leçons, après le témoignage qu'il a fait à la
commission parlementaire sur...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
m'excuse, mais il s'agit de travaux qui sont devant une commission et je
n'aimerais pas qu'on y revienne. On y reviendra en temps et lieu.
M. Morin: M. le Président, je ne pense pas avoir
allégué de blanc de mémoire...
Le Président: Le premier ministre aimerait
compléter sa réponse.
M. Bourassa: M. le Président, j'ai eu l'occasion de
répondre très fréquemment sur cette question de l'affaire
Joyal et je demanderais au chef de l'Opposition de ne pas se fier à
certaines manchettes de journaux, mais de lire le témoignage du ministre
de la Justice sur cette question, de le lire complètement.
Lorsqu'il l'aura lu, je suis convaincu qu'il ne trouvera pas
justifiées les questions qu'il m'a posées cet
après-midi.
M. Morin: M. le Président, c'est la tâche de
l'Opposition de poser ces questions. J'ai demandé au premier ministre
s'il pensait que lors des crédits nous allions pouvoir poser ce genre de
questions. Nous répondre que c'est lors des crédits, c'est passer
à côté de la question, c'est nous refuser une
réponse.
Je voudrais lui demander, en dernière question additionnelle,
s'il est conscient du fait qu'à force de ne pas donner de réponse
aux questions que tout le monde se pose, il ne va pas aboutir à saper la
confiance que les citoyens du Québec peuvent avoir, la confiance
résiduelle qu'ils peuvent avoir dans les institutions publiques.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition,
depuis quelques semaines et surtout depuis quelques jours, fait beaucoup de
drames avec toutes ces questions-là. Je lui demande de s'élever,
si c'est possible, au-delà de la partisanerie, d'examiner les faits. Je
l'ai dit à plusieurs reprises.
M. Morin: Faites-le avec la commission spéciale.
M. Bourassa: Le 20 février, à l'occasion d'une
conférence de presse sur la politique portuaire, j'avais dit que ni le
ministre de la Justice ni moi-même n'étions au courant de la
preuve qui avait été soumise quelques jours auparavant. On a
interprété ça en se référant aux bouts de
conversation téléphonique que le ministre de la Justice aurait pu
me communiquer durant la crise d'octobre, quatre ans et demi auparavant. Je ne
suis quand même pas responsable de la confusion qui a pu exister à
la suite des déclarations q ue j'ai faites. Je réfère le
chef de l'Opposition au journal La Presse, je crois, du 21 février qui
dit que je me référais à la preuve soumise quelques jours
auparavant à la commission Cliche et qui a abouti à des
poursuites au criminel par la suite. J'ai expliqué, et le ministre de la
Justice l'a expliqué je réfère encore le chef de
l'Opposition à son témoignage qu'il croyait, il y a quatre
ans et demi, m'avoir informé. Le ministre de la Justice et
moi-même avons essayé de retrouver le moment ou l'occasion ou la
forme où cela aurait pu être fait et, personnellement je
l'ai dit et je le répète je ne puis pas me souvenir de
cette conversation. C'est vrai que c'était durant la crise d'octobre,
mais je ne puis pas me souvenir de l'avis qui m'avait été fourni
à ce moment-là. Habituellement, lorsqu'on me fait de telles
suggestions, je demande qu'on me fasse rapport et nous agissons
immédiatement. Comme nous l'adit le ministre de la Justice, chaque
foisqu'il a fait des recommandations, nous avons agi.
Par la suite, le ministre de la Justice a donné toutes les
raisons. On peut faire toute la partisanerie politique qu'on veut avec cette
affaire, mais le ministre de la Justice, dans son témoignage, a
donné toutes les raisons qui ont justifié la position du
gouvernement. Cela a été soumis à CECO, cela a
été soumis à la commission Cliche, il y a eu des
enquêtes qui ont été faites.
Le chef de l'Opposition, s'il veut être sérieux et positif,
devrait d'abord prendre connaissance des témoignages du ministre de la
Justice, des témoignages des fonctionnaires en cause, et poser des
questions en fonction de textes bien précis, en fonction de la
fidélité aux faits que je lui demande de considérer.
M. Morin: M. le Président, je me lève sur une
question de privilège. Le premier ministre nous accuse de vouloir faire
de la partisanerie politique et de la démagogie avec ces questions.
Or, précisément, le but de la lettre que je lui ai
envoyée, hier, c'était d'éviter que nous ayons à
débattre de ces questions en Chambre. C'était cela, le but de la
suggestion que je lui ai faite à l'effet de créer une commission
spéciale de l'Assemblée. Il peut se rendre compte maintenant de
l'erreur qu'il a commise en ne nous accordant pas cette commission. C'est
là qu'on aurait pu... M. le Président, je suis toujours sur ma
question de privilège...
Le Président: A l'ordre! Je crois que vous avez
établi votre question de privilège, elle ne doit pas soulever de
débat.
M. Bourassa: M. le Président, pour répondre...
Travailleurs de l'amiante
M. Lessard: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Richesses naturelles et concerne la situation très
sérieuse qui prévaut dans la région de l'Amiante. Ma
question a deux volets.
Premièrement, est-ce que le ministre serait prêt à
s'engager, aujourd'hui, à exiger de la compagnie Asbestos Corporation
que le moulin de la King Beaver, incendié en décembre dernier,
soit reconstruit immédiatement?
Deuxièmement, est-ce que le ministre serait, aujourd'hui aussi,
prêt à régler, dans quelques jours, par l'adoption d'un
arrêté en conseil, le problème du degré
élevé de poussière d'amiante qui met en danger la
santé des mineurs, plutôt que laisser le problème
être réglé par voie de négociation, prolongeant
ainsi inutilement une grève, parce que le ministère des Richesses
naturelles ne prend pas ses responsabilités.
M. Massé: M. le Président, pour répondre
à la dernière question, je pense que le député de
Saguenay confond un certain nombre de choses: une convention collective, les
intérêts d'une compagnie et le rôle du gouvernement.
En ce qui concerne les inspections minières qui sont
effectuées par le ministère des Richesses naturelles,
après examen avec les responsables de ce service, j'ai
réalisé qu'il y avait un certain nombre de lacunes au service
d'inspection minière quant au nombre d'inspecteurs surtout, mais non
quant aux normes à être respectées qui existent, qui sont
celles qu'on applique aux Etats-Unis dans des établissements semblables.
Par la suite, j'ai communiqué
aux mass media les actions prises sur le champ, c'est-à-dire
révision complète de la loi ou de la réglementation
concernant les poussières d'amiante, ainsi que les autres aspects de
l'air dans les autres mines, de même que j'ai demandé qu'on
augmente de quatre le nombre d'inspecteurs, pour tout de suite, et qu'on se
rende le plus rapidement possible dans les mines en activité.
Egalement, j'ai demandé qu'on révise le système de
sanction existant pour des compagnies qui n'observeraient pas les normes.
Quant à votre première question...
M. Lessard: La construction du moulin de la King Beaver.
M. Massé: ...oui, qui concerne la construction du moulin
King Beaver, je dois dire que la compagnie effectue actuellement des
études sur les coûts, sur les possibilités de
réimplantation, que régulièrement mon service
d'économie minérale se tient au fait des décisions
possibles de la compagnie et que je suis prêt à demander à
ce même service les nouvelles les plus récentes, quitte à
déposer ce rapport par la suite.
M. Lessard: Question additionnelle, M. le Président, en ce
qui concerne d'abord l'inspection des industries de l'amiante. Est-ce que le
ministre dans ses nouvelles normes serait prêt à suspendre la
pratique actuelle qui consiste à avertir les compagnies minières
lorsque justement les inspecteurs passent? Nous avions, en juin dernier,
discuté de ce problème. Est-ce que le ministre serait prêt
justement à suspendre cette pratique puisque la compagnie, étant
avertie, fait le ménage avant que les inspecteurs arrivent?
En ce qui concerne la King Beaver, est-ce que le ministre a
discuté avec la compagnie Asbestos Corporation de la façon dont
sera investie l'indemnité d'assurance que devra recevoir la compagnie
suite au feu du moulin de la King Beaver?
M. Massé: M. le Président, je pense qu'il y avait
une pratique, comme le souligne le député de Saguenay, qui
consistait à avertir le syndicat 24 heures à l'avance et la
compagnie quand un inspecteur du ministère devait s'y rendre. Cela a
été une demande d'abord pour que les syndicats puissent
prévenir la compagnie qu'il devait y avoir un représentant
syndical disponible. Je ne crois pas que c'est cette pratique qui aurait pu
amener un relâchement dans la surveillance des poussières, mais je
dois dire que par arrêté en conseil cela a
déjà été fait par arrêté en conseil
j'ai demandé de rédiger un nouvel arrêté en
conseil où, sans avertissement, un inspecteur se présenterait
soit dans la mine, soit dans le moulin et que les syndiqués, pour
répondre à leurs objections, puissent nommer à l'avance un
certain nombre de représentants syndiqués qui seraient
disponibles, peu importe l'heure où la visite se ferait.
M. Lessard: M. le Président... Le Président:
L'honorable...
M. Lessard: ...ma question additionnelle est au sujet de
l'indemnisation que doit recevoir la compagnie Asbestos Corporation, suite au
feu de son moulin de la King Beaver. Est-ce que le ministre adiscuté de
la façon dont sera utilisée cette indemnisation? En même
temps, je remercie le ministre d'avoir accepté une proposition que je
lui faisais en juin dernier, lors de la commission parlementaire, en ce qui
concerne les inspections.
M. Massé: M. le Président, en ce qui concerne les
assurances, je pense qu'il ne m'appartient pas de dire à la compagnie
l'utilisation qu'elle doit faire de ces indemnités, mais davantage de
m'informer de la reconstruction, c'est ce qui importe, c'est l'objectif que
nous poursuivons tous, et du concentrateur et du moulin.
Le Président: L'honorable député de
Frontenac sur une question supplémentaire.
M. Lecours: M. le Président, j'aimerais poser deux
questions supplémentaires au ministre du Travail, l'honorable Jean
Cournoyer. Maintenant que l'amiantose est devenue un problème
très sérieux dans ma région, avec 3,500
grévistes...
M. Burns: M. le Président, je pense que vous nous avez
toujours donné des directives que les questions supplémentaires
doivent s'adresser au même ministre. Je soulève la question pour
l'uniformité de l'application de nos règlements.
M. Lecours: Cela a trait à la sécurité, je
pense.
M. Burns: Maintenant, en ce qui me concerne, je n'ai pas
d'objection pour autant que ce soit cadré, si vous voulez...
Le Président: Je ne voudrais pas que cela crée un
précédent, par contre. Mais je pense bien...
M. Lecours: Cela concerne l'amiantose, M. le
Président.
Le Président: Est-ce qu'il y aurait consentement,
étant donné que le député de Frontenac est quand
même le premier concerné, comme député de cette
région?
M. Burns: Consentement, M. le Président.
Le Président: L'honorable député de
Frontenac.
M. Lecours: M. le Président, considérant le
problème sérieux créé par l'amiantose dans ma
région, avec 3,500 grévistes, j'aimerais connaître du
ministre du Travail si son ministère est prêt à se pencher
sur ce problème et à essayer de tenter de trouver des solutions
qui verraient à apporter une amélioration importante au niveau
des taux de poussière, disons, et qui amélioreraient aussi, en
même temps, la table des négociations.
J'aimerais poser une autre question au ministre
aussi, à savoir s'il aimerait s'engager à convoquer la
Commission des accidents du travail pour discuter, ici, devant
l'Assemblée nationale, du problème sérieux de
l'amiantose.
M. Cournoyer: A la première question, M. le
Président, je pense bien que le ministre des Richesses naturelles a
répondu, étant donné que cela relève du
ministère des Richesses naturelles l'inspection des lieux de travail
particuliers dans les mines et dans les opérations minières.
A la deuxième question, aux fins de savoir si je me permettrais
de convoquer la Commission des accidents du travail devant l'Assemblée
nationale pour vider cette question dramatique, je constate, dans les papiers
que nous avons ici, qu'il n'y a pas que la question de l'amiante qui semble
faire l'objet d'enquêtes ou de préoccupations pour les membres de
l'Assemblée nationale quant au sujet de la Commission des accidents du
travail proprement dit.
Je pense bien que compte tenu de l'urgence de la situation, vu
l'état de grève, on pourrait convoquer la Commission des
accidents du travail devant la commission permanente du travail et de la
main-d'oeuvre pour étudier ce problème en particulierou
l'attitude de la Commission des accidents du travail face au problème de
l'amiantose.
Je ne peux pas être d'accord avec le docteur ou le
député de Gouin dans sa néoplasique secondaire. Je ne
comprends rien là-dessus, je vous en assure tous. Il n'y a pas de
problème à ne pas comprendre cela. Mais je suis sûr que le
Dr Bellemare, membre de la commission, a des réponses à
donner.
Donc, en un mot, M. le Président, je discuterai avec la
Commission des accidents du travail de l'opportunité de se
présenter devant la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre pour faire face à ses pairs, qui sont les
députés de l'Assemblée nationale: Cela ne porte pas que
sur ce sujet mais sur d'autres sujets connexes, comme normalement la Commission
des accidents du travail devrait comparaître de temps à autre
devant la commission du travail et de la main-d'oeuvre.
Le Président: L'honorable député de...
M. Roy: Une question additionnelle.
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Roy: Une question additionnelle. Puisqu'on fait
référence à la convocation de la Commission des accidents
du travail, le ministre se souviendra très bien qu'il y a eu une motion,
en Chambre, l'année dernière, qui a été
acceptée par toute l'Assemblée nationale, pour que la commission
parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre soit convoquée afin de
faire comparaître les dirigeants et les administrateurs de la Commission
des accidents du travail.
Comme cela n'a pas eu lieu, M. le Président, est-ce que le
ministre pourrait, aujourd'hui, nous garantir que cette commission
parlementaire pourra siéger avant l'étude des crédits?
Parce que pour l'étude des crédits, nous sommes limités,
M. le Président, à un certain nombre d'heures et il faudrait que
cette question soit étudiée avant l'étude des
crédits.
Alors je demande encore au ministre...
M. Cournoyer: Oui.
M. Roy: ...en espérant qu'il m'a bien compris...
M. Cournoyer: Oui, j'ai bien compris.
M. Roy: ...que cette commission siège avant.
M. Cournoyer: J'ai très bien compris. Je viens de parler
de l'urgence de ce problème de l'amiantose. J'ai dit oui à la
commission parlementaire. J'ai répondu d'avance, ou pratiquement
d'avance, à une motion du député de Maisonneuve, qui porte
sur le même sujet. Comme nous n'avons pas fait ce que l'Assemblée
nationale avait voulu qu'on fasse, à la suggestion du
député de Beauce-Sud ou sur sa proposition, la semaine prochaine,
si vous le voulez, nous allons rencontrer la Commission des accidents du
travail et discuter avec elle des différents problèmes qui la
confrontent et qui confrontent ceux que nous représentons tous.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
Salaire minimum
M. Samson: M. le Président, j'adresse ma question à
l'honorable premier ministre. Nous avons pris connaissance, la semaine
dernière, d'un rapport qui a été présenté au
gouvernement, fait par l'ancien ministre des Affaires sociales, M. Claude
Caston-guay, lequel rapport suggère que soit porté à $3
l'heure le salaire minimum avant le mois de mai 1976.
Est-ce que le premier ministre peut me dire si le gouvernement a
accueilli favorablement ce rapport et s'il s'apprête à y donner
suite?
M. Bourassa: M. le Président, le député est
au courant qu'il y a eu des augmentations depuis trois ans. Le ministre du
Travail a demandé qu'on fasse des études là-dessus. M.
Castonguay nous a remis le rapport que nous devons discuter ce soir au conseil
des ministres. Je ne peux pas donner de réponse aujourd'hui,
étant donné que nous aurons une première discussion sur le
contenu du rapport à la réunion hebdomadaire du conseil, ce
soir.
M. Samson: Même si le premier ministre nous dit qu'il n'a
pas pris connaissance du rapport, pourrait-il quand même nous dire s'il
est oui ou non favorable à une augmentation, à ce moment-ci, du
salaire minimum? Parce que le rapport, pour la bonne compréhension du
premier ministre, contient une cinquantaine de recommandations. Je vous parle
d'une de ces recommandations et je pense bien que le premier ministre devrait
au moins être au courant des besoins des ouvriers, à ce
moment-ci, et nous dire si son gouvernement est favorable à
l'augmentation du salaire minimum présentement.
M. Bourassa: Le passé est la meilleure garantie de
l'avenir pour ce qui a trait à l'action du gouvernement.
M. Samson: Pas dans votre cas.
M. Bourassa: Vous ne voulez pas cette
réponse-là.
M. le Président, je dis au chef parlementaire du Ralliement
créditiste que nous lui ferons parvenir une copie du rapport de
manière qu'il prenne connaissance de toutes les recommandations.
Je pense que ce serait facile pour moi de dire qu'il va y avoir une
augmentation du salaire minimum, avec l'augmentation constante du coût de
la vie, c'est évident qu'il y aura une augmentation du salaire minimum.
A quel niveau et avec quel calendrier? Le chef parlementair sera d'accord avec
moi que si je veux agir d'une façon responsable, je vais examiner
ça avec mon collègue, le ministre du Travail, et avec mes autres
collègues.
M. Samson: Si le gouvernement voulait agir d'une façon
responsable, M. le Président, il aurait augmenté le salaire
minimum, même avant d'avoir eu le rapport.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bourassa: II a été augmenté au mois de
novembre.
Le Président: Voici l'ordre des prochaines questions:
L'honorable député de Johnson, l'honorable député
d'Argenteuil, l'honorable député de Maisonneuve.
Travailleurs de la construction de la CSD
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, ma question
s'adresse à l'honorable ministre du Travail. Ma première question
c'est: A-t-il reçu un télégramme du président de ia
Centrale des syndicats démocratiques, M. Dalpé, au sujet d'un
imbroglio qui se présente, pour cette centrale, sur les travaux
olympiques, à Montréal, devant le refus de M. Michel Desmarais de
refuser les employés de la CSD, prétextant qu'il ne veut pas
avoir d'ennuis avec les autres centrales?
Ma deuxième question: Est-ce que c'est conforme aux articles 38
et 55 du bill 290 dans la construction? Et si le ministre n'a pas reçu
le télégramme, quand il le recevra, quelle sera son attitude
vis-à-vis de cette centrale syndicale?
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai sans doute dû
recevoir ce télégramme à mon bureau puisque le
député de Johnson en a copie. Donc, il est possible
qu'étant dans la même enceinte, nous ayons le même
système de communication télégraphique.
Je ne l'ai cependant pas vu. Par ailleurs, ce que le
député de Johnson vient de dire serait manifestement une
infraction à certaines dispositions soit de la loi 290, soit du
décret de la construction; dès que nous recevons ce genre de
plainte, nous la transférons, comme la loi 290 le dit, au
ministère de la Justice, qui procède à une enquête
pour voir s'il y a un bien-fondé à cette plainte, et s'il y a
bien-fondé, habituellement, le ministère de la Justice poursuit
pour que la loi soit respectée dans son intégrité.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que l'honorable ministre, M. le
Président, me permettra une question supplémentaire?
Pourrait-il, en même temps, vérifier les dires au sujet du
représentant des patronaux, M. Michel Desmarais, qui, lui,
prétend qu'il ne veut pas avoir d'ennuis sur les chantiers olympiques et
par ce fait empêche les syndicalistes de la CSD d'entrer sur...
M. Cournoyer: M. le Président, ça fait partie
justement de cette plainte parce que la personne accusée ici, ou qui
semble être accusée, c'est justement le représentant
patronal. C'est lui qui se trouverait à faire, selon l'allégation
de M. Dalpé, une infraction à l'article 290 et au
décret.
Le Président: L'honorable député
d'Argenteuil.
Télédiffusion des travaux de la
Chambre
M. Saindon: M. le Président, il s'agit d'une question
d'ordre. Que je sache, il n'y a pas de règlement qui permet à qui
que ce soit de téléviser, radiodiffuser ou filmer les travaux de
l'Assemblée. C'est ce qui se passe aujourd'hui et je me demande
pourquoi. Vu qu'il n'y a pas officiellement, ni légalement une
législation, il n'y a rien de légal permettant à qui que
ce soit de téléviser ou de radiodiffuser nos travaux. Je demande
donc que la bobine de cette caméra soit saisie par la Chambre et demeure
la propriété de la Chambre.
Le Président: A l'ordre, messieursl A l'ordre! Je n'ai
rien à ajouter aux informations que j'ai fournies à
l'Assemblée au début de cette séance. Je pense bien que,
comme vous dites, toutes ces bobines seront la propriété de
l'Assemblée.
L'honorable député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, après cette intervention
du nouveau ministre de la police, j'aurais...
M. Saindon: M. le Président, mon intervention n'a pas
été pour donner gain de cause à la présidence. Il y
a une chose qui demeure, c'est que la chose s'est faite à l'insu de
l'Assemblée. Que la Chambre ait une raison de faire ce qu'elle a fait,
j'en conviens. Il reste quand même, je crois, que l'Assemblée
devrait avoir un mot à dire, quoi qu'en dise ou qu'en pense la
présidence.
Le Président: L'honorable député de
Maisonneuve.
Enregistrement des appels du bureau du premier
ministre
M. Burns: M. le Président, est-ce que le premier ministre
pourrait nous dire s'il est exact, comme le rapporte un journaliste de la
tribune de la presse, dans un article publié dans Le Devoir, que des
mesures ont été prises pour que les appels du bureau du premier
ministre, ou encore du Conseil exécutif, soient enregistrés sur
bande magnétique?
M. Bourassa: M. le Président, c'est complètement
faux. Encore là, très prochainement, puisque le cas relève
de mes crédits, vous pourrez me poser toutes les questions sur ces
sujets, sur tous les organismes qui relèvent de mon
ministère.
Pour la question précise du député de Maisonneuve,
du leader parlementaire de l'Opposition, c'est complètement faux que les
appels soient enregistrés.
M. Burns: Est-ce que le premier ministre peut me dire s'il a fait
faire enquête pour déterminer si, effectivement, ça se
faisait? Je prends la parole du premier ministre, remarquez. Je ne mets pas en
doite ce qu'il vient de nous dire, mais est-ce que, devant cette nouvelle que
j'ai lue, comme tout le monde, et que sans doute le premier ministre a lue, il
a fait faire enquête pour s'assurer si, entre autres au fameux CAD, le
Centre d'analyse et de documentation, qui semble être très bien
équipé au point de vue des enregistrements, bandes
magnétiques, etc., effectivement, cela ne se fait pas, même hors
sa connaissance?
M. Bourassa: J'ai reçu les assurances du secrétaire
général de qui relève le cas, M. Chouinard, que cela ne se
faisait d'aucune façon.
Le Président: L'honorable député de...
M. Burns: Dernière question additionnelle.
Le Président: Dernière.
M. Burns: Est-ce que la réponse du premier ministre vaut
pour maintenant ou bien si elle vaut pour toute la période à
partir de maintenant, rétroactivement à 1970?
M. Bourassa: Bien, M. le Président, je n'ai pas fait de
distinction dans ma réponse.
M. Burns: Moi, j'en fais une. Je vous demande une réponse
beaucoup plus précise; c'est pour cela que je précise de nouveau
ma question. Je demande tout simplement si ce qu'il nous dit actuellement est
vrai pour la période actuelle et la période d'aujourd'hui
à 1970 rétroactivement.
M. Bourassa: M. le Président, d'ailleurs, lorsqu'ils ont
lu cette nouvelle dans le journal, ceux qui sont responsables du CAD ont
été estomaqués. C'est évident que cela doit couvrir
toute la période.
M. Burns: Mais vous dites: Cela doit. Est-ce que vous dites,
effectivement, que cela couvre toute la période?
C'est cela, je veux une assurance de votre part.
M. Bourassa: J'en suis personnellement convaincu, mais je
répète les assurances qu'on m'a données, c'est qu'il
n'était aucunement question qu'on enregistre les appels qui
étaient faits et je crois que cela vaut pour toute la période
depuis 1971.
M. Burns: M. le Président, si je demande des
précisions, c'est que je veux éviter au premier ministre
l'obligation de changer de version la semaine prochaine, puis de donner une
autre version dans deux semaines. Je lui demande simplement s'il a cette
assurance à la suite d'enquêtes.
M. Bourassa: J'ai eu cette assurance, M. le Président, et
je pourrai vérifier de nouveau. On est toujours le plus disponible
possible vis-à-vis de l'Opposition parlementaire. Je peux
vérifier de nouveau pour réassurer le député de
Maisonneuve, mais j'ai obtenu ces assurances.
Le Président: Voici l'ordre des trois prochaines
questions, s'il vous plaît: le député de Taillon, le
député de Lafontaine et le député de
Beauce-Sud.
Enquête administrative
M. Leduc: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre et ou au ministre de la Justice. Est-ce que le premier
ministre a terminé son enquête quant à la recherche pour
savoir si, à l'intérieur des ministères ou du
gouvernement, j'aurais fait des pressions en faveur des gens que j'ai
rencontrés et dont il a été question à la CECO?
Est-ce que le ministère de la Justice a fait une enquête dans le
même sens? Est-ce que le ministère de la Justice en vient à
la conclusion qu'il y a une possibilité de poursuites? Est-ce que la
Sûreté du Québec, la CECO ou le ministère de la
Justice possèdent des films, des bandes sonores, des photos à mon
sujet relativement à des rencontres avec Dasti et Di lorio autres que
ceux qui ont été mentionnés lors de mon
témoignage?
M. Bourassa: M. le Président, si je me souviens bien, dans
le rapport lui-même, il n'était pas dit que le
député avait fait aucune intervention. Il y a eu une
enquête administrative de ma part et c'était à ce niveau
que je pouvais la faire, par mon chef de cabinet, auprès des
différents ministères. Dans cette enquête, il a
été révélé que le député de
Taillon n'avait fait aucune intervention pour favoriser les gens qui pouvaient
être mentionnés dans le rapport. Cela peut être dit
très clairement et je crois que c'est confirmé par le rapport
lui-même.
Pour ce qui a trait au secteur qui relève du ministère de
la Justice, je pense que le ministre de la Justice peut répondre, mais
moi, je puis donner
l'assurance au député de Taillon qu'à la suite de
l'enquête administrative qui a été faite par mon bureau il
n'y a aucune indication, et je l'avais déjà dit publiquement, qui
révèle que le député de Taillon ait fait des
interventions pour favoriser ou aider de quelque façon que ce soit les
personnes mentionnées dans le rapport.
M. Burns: M. le Président, je demanderais le
dépôt du rapport auquel vient de se référer le
premier ministre. Vous avez fait référence à un
rapport.
M. Bourassa: Le rapport de la CECO a déjà
été déposé.
M. Burns: Ah bon! Si c'est le même, très bien.
M. Bourassa: Oui, c'est ça.
Le Président: Le député de Lafontaine.
M. Choquette: M. le Président, je pense que je dois
compléter la réponse du premier ministre parce que la question du
député de Taillon intéressait également le
ministère de la Justice.
Le Président: Le premier ministre vous demande de
compléter sa réponse, je crois, oui.
M. Choquette: Vous êtes d'accord, M. le Président?
Vous ne vous y opposez pas? Vous ne posez aucune objection?
Le Président: Très bien.
M. Choquette: M. le Président, je dois dire au
député de Taillon qu'à ma connaissance il n'est jamais
intervenu au ministère de la Justice, suite aux rencontres et
conversations qu'il a pu avoir avec certains personnages qui sont
mentionnés dans ce rapport que j'ai déposé au mois de
décembre, rapport qui provenait de la Commission d'enquête sur le
crime organisé.
Deuxièmement, je dois dire que j'ai fait examiner le contenu de
ce rapport par les officiers de mon ministère, par des procureurs, des
substituts du procureur général à Montréal, par des
avocats de l'extérieur, parmi lesquels il y en a un de très
grande réputation et que le ministère de la Justice n'entend
prendre aucune poursuite criminelle contre le député de
Taillon.
M. Leduc: M. le Président, il y avait un autre
volet...
Le Président: Une question additionnelle; le
député de Maisonneuve suivra par une question additionnelle.
M. Leduc: ...à ma question, quant aux films, aux photos ou
aux enregistrements qui seraient soit à la Sûreté du
Québec, à la CECO ou au ministère, qui prouveraient qui
j'aurais eu une nouvelle rencontre autre que celle dont il a été
question lors de ma déposition?
M. Choquette: Non, M. le Président, la Sûreté
du Québec ne possède aucun film relativement, en fait, au
député de Taillon.
Quant à d'autres enregistrements que ceux qui sont cités
dans le rapport de la CECO, auxquels j'ai fait allusion tout à l'heure,
du début du mois de décembre, il est possible qu'il y ait
d'autres conversations. Vous comprenez que je ne peux pas dire, d'une
façon exhaustive, tout ce que la Sûreté peut
posséder ou pas, mais on peut présumer, je pense, facilement, que
les conversations qui étaient pertinentes à l'enquête qu'a
poursuivie la Commission de police et qui visaient le député de
Taillon ont été produites devant cette commission. Ce sont celles
que tout le monde peut lire dans le rapport qui a d'ailleurs été
déposé ici, à cette Assemblée nationale.
Le Président: L'honorable député de
Lafontaine.
M. Léger: Je pensais que vous aviez un blancde
mémoire.
Le Président: A peine.
Invitation à l'Afrique du Sud
M. Léger: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux
sports: Pour aller du côté amateur et laisser le professionnel,
est-ce que le ministre peut nous dire comment il se fait que le comité
organisateur des compétitions préolympiques d'athlétisme
de cet été, auxquelles participait le Haut-Commissariat, ait fait
une invitation particulière à l'Afrique du Sud qui est reconnue
pour sa politique d'apartheid?
Comment se fait-il que le gouvernement, qui participait à ce
comité, a invité l'Afrique du Sud?
M. Phaneuf: Je prends avis de la question.
M. Léger: M. le Président est-ce que le ministre
qui est responsable sera ministre des Sports bientôt de
quelque chose au point de vue sportif olympique et amateur au Québec
peut nous assurer puisqu'il prend avis de la question sur le
passé, donc, il n'était pas au courant qu'à
l'avenir son gouvernement verra à respecter le boycottage
décrété par toutes les fédérations sportives
internationales ainsi que le CIO contre l'Afrique du Sud en raison de sa
politique raciale d'apartheid?
M. Phaneuf: M. le Président, j'ai pris avis de la
question. J'ai aussi dit que le gouvernement du Québec peut participer
au financement de l'organisation internationale. On se doit toujours de
respecter sans exception je n'ai pas le choix les
décisions qui sont prises par les fédérations
concernées. Il y a une fédération internationale, il y a
une fédération canadienne, il y a des associations provinciales.
Les décisions des fédérations sont donc leurs
décisions et on n'est que complémentaire, dans l'organisation,
par le biais du financement
qu'on apporte. Les décisions, sur le plan de l'organisation comme
telle, demeurent des décisions de fédérations.
M. Léger: Question supplémentaire, M. le
Président. Le ministre peut-il nier ou affirmer que ces jeux que je
viens de mentionner, auxquels ont été invités les
Sud-Africains, avaient été organisés par le COJO,
l'Association canadienne d'athlétisme, la Fédération des
sports du Canada, Sport Canada et le Haut-Commissariat à la jeunesse,
aux loisirs et aux sports dont le ministre est le responsable? Comment cela se
fait-il qu'il ne soit pas au courant?
M. Phaneuf: Je ne nie absolument rien: J'ai dit que je prenais
avis de la question pour apporter une réponse plus claire au
député de Lafontaine.
M. Léger: Etiez-vous au courant ou pas de cette
décision-là?
M. Phaneuf: Je suis au courant de votre question, j'ai pris
avis.
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre,
messieurs!
Questions de privilège
Avant de passer aux affaires du jour, j'ai reçu avis de deux
questions de privilège de l'honorable député de Beauce-Sud
et de l'honorable député de Rouyn-Noranda. L'honorable
député de Beauce-Sud.
Admission auprès des députés au
parlement
M. Fabien Roy M. Roy: M. le Président... Le
Président: A l'ordre, messieurs!
M. Roy: ...je désire me prévaloir de la question de
privilège parce que j'estime que mes droits de député ont
été gravement lésés. Lorsque des personnes se
présentent au parlement de Québec pour rencontrer un
député, il y a une procédure d'établie. Ces
personnes se présentent et s'identifient, elles indiquent le
député qu'elles désirent rencontrer; on communique avec le
député, de façon à vérifier les faits, et
ces personnes doivent porter sur elles un permis pour circuler dans le
parlement.
Hier, lors de l'ouverture de la session, à la suite d'un
télégramme que j'avais reçu de M. Louis La-berge,
président de la FTQ, qui a manifesté, à l'occasion d'une
visite qu'il faisait au parlement, le désir de me rencontrer pour
permettre à un groupe de syndiqués de venir nous rencontrer,
j'avais acquiescé à sa demande. Hier, dans la matinée plus
précisément, des ententes ont été prises af i n q
u' une rencontre ait lieu à mon bureau à deux heures de
l'après-midi. J'ai fini par apprendre, à trois heures cinq, M. le
Président, après avoir attendu pour rien, vainement, pendant une
heure, qu'on avait refusé à ces personnes de me rencontrer. On
leur avait refusé de passer, on leur avait refusé d'entrer dans
le parlement et de venir me rencontrer.
M. le Président, il y a quand même des limites.
Ce n'est pas au ministre de la Justice, et on est en train de se
demander si nous sommes dans un Etat policier. Est-ce que les amis du
régime en place ont plus de droits que les travailleurs?
Le Président: A l'ordre!
M. Roy: Est-ce qu'un député...
Le Président: A l'ordre! Je ne voudrais pas interrompre
inutilement le député de Beauce-Sud, mais je voudrais lui
mentionner qu'une question de privilège ne doit pas susciter de
débat et qu'elle devrait être faite dans le ton que j'emploie pour
m'adresser à vous, actuellement. Cela ne doit pas soulever de
débat.
M. Roy: M. le Président, cela ne doit peut-être pas
soulever de débat, mais j'estime que c'est quand même assez
sérieux. La première journée d'une session, on refuse
l'entrée à des gens qui ont des rendez-vous organisés avec
des députés parce que ces députés sont de
l'Opposition. Ces personnes auraient peut-être moins de droits que les
amis du régime? Ou encore, parce que cela ne fait pas l'af-fai re du
régime en place, on refuse à ces gens d'aller rencontrer un
député.
M. le Président, je proteste vigoureusement contre ce fait et
j'exige qu'il y ait des garanties, des mesures prises de façon que cela
ne se reproduise plus dans le Parlement de Québec. Il y a quand
même des limites.
M. le Président, je veux savoir pourquoi on a refusé
à ces gens le droit de passer. Pourquoi on ne nous a pas avertis?
Pourquoi on n'a pas téléphoné au député pour
lui dire qu'il y avait des gens qui voulaient le rencontrer, alors que les
rendez-vous étaient effectivement pris? M. le Président, je vous
demande, en tant que président de l'Assemblée nationale, en tant
que premier gardien des droits des parlementaires, de vérifier ces
faits. Je veux savoir qui étaient les responsables, qui ont donné
les ordres. Je veux savoir les raisons particulières pour lesquelles on
a empêché ces gens de passer et de venir me rencontrer. Je veux et
j'exige des garanties pour qu'à l'avenir ces choses ne se reproduisent
plus.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, sur une
question de privilège que je voudrais un peu courte, j'aurais
peut-être contribué d'une façon indirecte à
faciliter la rencontre, puisqu'hier j'ai été caution de M.
Laberge, de M. Fernand Daoust et d'un autre syndiqué et j'avais
réservé effectivement trois places dans une galerie de choix,
juste à votre gauche ou à votre droite, selon leur choix,
à compter de deux heures trente et ils ne se sont pas
présentés au bureau d'enregistrement en bas, et cela, je vous
l'affirme de mon fauteuil.
M. Roy: M. le Président...
Le Président: A l'ordre! messieurs!
Pour faire suite à la question de privilège du
député de Beauce-Sud, j'ai peut-être certains
renseignements à fournir.
Vous êtes au courant que lorsqu'une manifestation est
annoncée dans tout édifice public et spécialement au
parlement, même si on doit conserver c'est mon opinion le
parlement le plus ouvert possible, lorsqu'il y a une manifestation
annoncée, certaines mesures sont prises. Je pense bien que c'est normal.
Notre intention est de garder les portesdu parlement les plus ouvertes
possible, mais s'il y a un envahissement de 2,000 ou 3,000 personnes dans les
corridors ou dans les locaux du parlement même, je me demande comment on
pourrait fonctionner.
Je peux vous dire que j'ai eu des rencontres, hier, avec le sergent
d'armes et la Sûreté du Québec pour faire prendre certaines
mesures, pour que le Parlement puisse fonctionner normalement.
D'ailleurs, on m'avait prévenu que M. Laberge, M. Daoust et
d'autres avaient des places réservées. Je vais faire
enquête, si vous voulez, à votre demande, si on a refusé
l'entrée à cette personne, parce que je pense bien qu'il y a eu
d'autres personnes qui sont venues. La population est venue en
général. Je n'ai pas fait d'enquête si les syndiqués
ou autres étaient dans les galeries. J'imagine qu'il devait y en avoir
comme d'autres, mais soyez assuré que les instructions que j'ai
données étaient de permettre à ceux qui avaient des places
réservées de pénétrer normalement au parlement.
M. Roy: M. le Président, je voudrais quand même vous
dire qu'il ne s'agissait pas d'un grand nombre de personnes avec qui j'avais
pris des contacts et établi un rendez-vous avec eux. Il s'agissait d'un
groupe de quatre personnes. Hier, elles ont communiqué avec mol pour se
plaindre qu'on leur avait interdit de passer et qu'elles n'avaient pu se rendre
à mon bureau.
C'est à la suite des plaintes que j'ai reçues des gens de
la FTQ, d'un groupe de travailleurs, que j'ai jugé nécessaire, M.
le Président, ce matin, d'attirer l'attention de la Chambre pour que des
situations de ce genre ne se présentent pas, nonobstant les mesures de
sécurité qui doivent être prises. On n'est quand même
pas ici dans une république de bananes, du moins, je
l'espère.
Le Président: Le député de
Rouyn-Noranda.
Article de journal M. Camille Samson
M. Samson: M. le Président, ma question de
privilège s'inscrit à la suite d'un article publié dans le
Soleil d'aujourd'hui sous la plume de Claude Vaillancourt, dont le titre est:
Seuls les députés péquis-tes ont rencontré les
délégués de la FTQ.
Je voudrais, M. le Président, faire référence
à deux passages de cet article, où on y dit ceci : "Seuls les six
députés du Parti québécois sont sortis de
l'enceintedu parlement pour venir discuter avec les travailleurs."
Un peu plus loin, à un autre paragraphe, je cite encore une fois:
"Visiblement déçu de n'avoir pu rencontrer plus de six
députés, mais pas surpris du tout, M. Laberge a indiqué
que les militants de la FTQ prendraient leur revanche en allant rencontrer les
députés dans leur circonscription respective".
J'affirme, de mon siège de député, avoir
reçu, vendredi dernier, à dix-huit heures trois minutes, un
télégramme de M. Louis Laberge. Pour mieux me faire comprendre,
il me sera permis, je pense, de lire ce qu'il me disait: "Monsieur, comme vous
le savez, le conflit de travail à la United Aircraft dure depuis plus de
quatorze mois. Nous croyons que le gouvernement du Québec et
l'Assemblée nationale doivent intervenir dans les plus brefs
délais afin de régler ce conflit qui pourrit à cause de
l'arrogance et de l'intransigeance de la compagnie United Aircraft. "C'est dans
ce but qu'une délégation de plus de 1,000 représentants de
tous les syndicats affiliés à la FTQ se rendra à
Québec mardi, le 18 mars, à l'occasion de l'ouverture de
l'Assemblée nationale. Nous serons présents au parlement à
treize heures, mardi prochain, et nous vous saurions gré de prendre les
dispositions nécessaires pour qu'un groupe de représentants
syndicaux puissent vous rencontrer". C'est signé Louis Laberge,
président de la FTQ.
A peine quelques minutes après avoir reçu ce
télégramme, je téléphonais personnellement au
bureau de la FTQ à Montréal. Un M. Richard, qui s'est dit
publiciste ou secrétaire de presse de M. Laberge, m'a répondu et
je lui ai, à ce moment-là, affirmé que je serais à
mon bureau à une heure de l'après-midi je veux parler d'hier
que je les attendrais et qu'ils seraient les bienvenus. Il m'a dit: On
sera là à une heure, une dizaine de délégués
de la FTQ.
Or, je me dois également d'affirmer que personne ne s'est
présenté à mon bureau, même si je les attendais
à l'heure convenue, et que, de plus, personne n'a appelé à
mon bureau pour me faire part de quelques difficultés à pouvoir
me rejoindre à cette heure. De plus, puisque j'ai des amis parmi les
ouvriers qui étaient là hier, quelqu'un m'a appelé, hier
matin, vers midi moins quinze minutes, parce que je lui avais personnellement
donné rendez-vous en l'invitant à dîner, pour me dire: Je
ne pourrai pas me rendre, je suis dans la salle des congrès de
l'hôtel Hilton et les chefs d'union nous ont donné comme directive
de ne pas sortir de la salle avant l'heure de la manifestation.
Or, ceci dit, je pense qu'il nous faut rétablir les faits. S'il
n'y avait pas plus de six députés hier à la rencontre,
c'est qu'on ne nous a pas invités à cette rencontre. On nous
avait demandé de les attendre dans nos bureaux. Nous les avons attendus.
J'affirme toujours être disponible pour rencontrer qui que ce soit, quand
cela lui plaira, et à la condition, évidemment, que, de part et
d'autre, on veuille bien respecter les rendez-vous.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, sur le même
sujet, j'ai personnellement parlé avec M. Laberge après la
réception de ce télégramme. M. Laberge m'a assuré
qu'il serait à mon bureau à l'heure fixée. J'ai attendu,
comme tout le monde.
M. Choquette: Est-ce que c'était à une heure de
l'après-midi?
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Choquette: Est-ce que c'était à une heure de
l'après-midi, la même heure que le député de...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président... M.
Choquette: II faut se coordonner!
M. Bellemare (Johnson): ...le fait le plus probant, c'est qu'on
ne veut pas être accusés de ne pas être allés
rencontrer les syndicalistes parce que c'est mauvais, ce n'est pas sain pour la
démocratie qu'un député refuse de rencontrer les
syndicalistes. J'étais à mon bureau pour les attendre,
jusqu'à trois heures, parce qu'on m'avait dit entre une heure et trois
heures. M. Laberge m'avait dit: Probablement, nous irons vous rencontrer juste
avant la séance. J'espère que le ministre de la Justice ne
prendra pas feu tout de suite, qu'il va se calmer un peu. Il a peut-être
fait un très bon dîner, cela commence à paraître!
Mais je veux simplement dire que, si je ne suis pas allé rencontrer les
syndicalistes hier, c'est que, comme tous les autres, nous avons
été fort courtois et j'aurais été désireux
de les voir parce que je me suis intéressé, de manière
particulière, au conflit de la United Aircraft, à la commission
parlementaire et ailleurs. Je joins ma protestation aux collègues et je
dis que j'ai fait un appel téléphonique, ce matin, à M.
Laberge. Il m'a dit qu'il n'a pas pu passer pour venir me rencontrer.
Le Président: Affaires du jour.
Travaux parlementaires
M. Burns: M. le Président, cela n'a rien à faire,
mais c'est le même sujet, dans le fond. J'aimerais savoir du leader du
gouvernement s'il préfère que ce soit le ministre du
Travail qui réponde, personnellement, je n'y aurai pas d'objection
si des dates ont été fixées pour continuer les
auditions des parties impliquées dans l'affaire de la United Aircraft et
des travailleurs en grève, à Longueuil, chose qui avait
cessé au mois de novembre dernier. J'aimerais savoir si des dates ont
été fixées...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Burns: ...maintenant que les commissions...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: ...ont été établies.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
m'excuse. Je pense bien qu'à la suite des directives que j'ai
déjà données, avec le grand principe, également,
qu'une fin de session met fin à tous les travaux, sauf en ce qui
concerne les commissions durant l'intersession, ce qui est important, c'est
qu'une nouvelle session démarre et donne ouverture, de nouveau, de novo,
à tous les travaux.
A la suite du principe que je ne peux pas donner ouverture à une
autre période de questions en vertu de l'article 34, je m'excuse, mais
je ne peux pas permettre cette question.
M. Burns: M. le Président, je vais vous demander une
directive, alors. M. le. Président, je dois vous rappeler que cette
commission du travail et de la main-d'oeuvre, qui a siégé en
novembre, a adopté une motion dont je m'étais fait le parrain et
qui demandait à la compagnie United Aircraft, entre autres, de
déposer les ententes qu'elle avait avec le fédéral. Il y a
eu des réticences de la part de la commission et on a indiqué
à la United Aircraft que, si le fédéral voulait,
peut-être qu'on accepterait. Mais il y a une chose qui est claire, par
exemple: ordre a été donné à cette commission de
déposer ses états financiers depuis 1970. Cela n'a pas
été fait.
Alors, M. le Président, est-ce que cet ordre aussi est
échu? Est-ce que cet ordre est disparu? Dans le fond, s'il a
été mis dans le tiroir, M. le Président, à qui
doit-on reprocher l'incurie de ne pas avoir insisté auprès de la
United Aircraft...
Le Président: A l'ordre, messieurs! M. Burns:
...pour que ce soit déposé?
Le Président: A l'ordre! Je vais vous lire l'article 6 du
règlement: "La clôture d'une session annule tous les ordres qui
n'ont pas été complètement exécutés, sauf
les ordres de produire ou d'imprimer un document et sauf les ordres que
l'Assemblée indique; dans ce dernier cas, les ordres peuvent demeurer
exécutoires jusqu'à la dissolution de la Législature".
C'est la raison pour laquelle, à la fin de la dernière
session, on a spécifié certaines choses dans le
procès-verbal, mais je ne me rappelle pas... C'est un peu comme l'ordre
qui avait été donné, à la suite d'une motion de
l'honorable député de Beauce-Sud, de tenir une séance de
la commission permanente du travail. Cela n'a pas été fait. Mais
ce n'est pas la première fois que cela arrive que la fin d'une session
met fin... C'est une pièce différente, c'est un scénario
différent qui débute avec l'ouverture d'une nouvelle session.
M. Burns: M. le Président, toujours sur la question de
directives, vous venez de confirmer que cet ordre qui a été
donné par la commission ne devient pas caduc par la fin de la
session.
Le Président: Je vous dis que cela devient caduc.
M. Burns: Non, pas l'ordre. Pas l'ordre. M. le Président,
relisez l'article. On va le relire, mais il me semble...
Le Président: Lisez-le à votre tour.
M. Burns: ...que ce n'est pas ce que dit l'article.
M. le Président, vous nous avez bien dit que "la clôture
d'une session annule tous les ordres qui n'ont pas été
complètement exécutés, sauf les ordres de produire". Il y
a eu un ordre à la compagnie United Aircraft de produire ses
états financiers. Cela n'a pas été produit, M. le
Président. Je vous demande, commedirective, àvous, comment je
fais en sorte que cet ordre soit respecté.
M. Levesque: Production de documents du gouvernement à
l'Assemblée.
M. Burns: C'est un ordre de produire, M. le Président.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: C'est un ordre qui a été fait...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! ...A
l'ordre, messieurs! Ecoutez, je pense bien qu'il faut comprendre "de produire
ou d'imprimer un document", qu'il s'agit de produire ou d'imprimer des
documents de l'Assemblée.
M. Burns: M. le Président, de produire un document!
Le Président: Un peu de calme, s'il vous plaît!
M. Burns: Bien, voyons donc!
Le Président: Un peu de calme.
M. Burns: M. le Président, je vous cite votre
règlement.
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: Que voulez-vous?
Le Président: A l'ordre! Affaires du jour.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président: Affaires du jour.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'invoque le règlement. Je vous demande, M. le Président,
à genoux s'il le faut, de relire cela: "La clôture d'une session
annule tous les ordres qui n'ont pas été complètement
exécutés, sauf les ordres de produire" quoi? Un document. Il y a
des documents dont on a ordonné la production à la compagnie
United Aircraft. Ce ne sont pas des documents de l'Assemblée nationale,
voyons donc! C'est n'importe quel document. Vous faites des distinctions, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre! Je ne voudrais pas que...
M. Burns: Bien, voyons donc! Le Président: Un peu
de calme.
M. Burns: Un peu de calme! Cela, M. le Président, c'est
exactement ce à quoi je me référais ce matin quand je
disais qu'il y a des interprétations...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que
vous pouvez me laisser la parole maintenant?
M. Burns: Oui...
Le Président: Est-ce que cet ordre-là n'a
pasété fait en commission?
M. Burns: Oui.
Des Voix: Oui.
M. Burns: Est-ce que...
Le Président: Laissez-moi terminer.
M. Burns: Je vais vous poser une question.
Le Président: Es-ce que vous pensez qu'on pourrait,
à la suite de la commission du travail, qui a fait des travaux à
ce moment-là... Est-ce que vous croyez que cette commission pourrait
faire rapport de ses travaux dans la présente session?
M. Burns: Non, M. le Président, non. Mais un ordre de
produire un document, M. le Président, c'est quoi?
Le Président: C'est l'ordre de la Chambre de produire un
document...
M. Burns: Bien non, M. le Président, parce que vous avez,
vous-même, interprété... vos présidents de
commission ont eux-mêmes interprété le fait qu'entre
autres, la question préalable qui semble viser simplement les travaux
à l'Assemblée nationale s'applique aussi à une commission.
Je ne vois pas pourquoi ça ne s'appliquerait pas et vous avez un article
qui dit, à 163, que les procédures de l'Assemblée
nationale s'appliquent aux commissions, mutatis mutandis. Voyons donc, M. le
Président, il me semble que c'est bien clair. Est-ce qu'on va être
obligé de faire une espèce de bordel incommensurable chaque fois
que quelqu'un ne se pliera pas à un ordre parce que, entre les deux, il
est survenu une fin de session?
Je vous demande, M. le Président, de reconsidérer votre
décision. Je considère même que vous n'avez pas rendu votre
décision parce que vous allez peut-être vouloir la
reconsidérer.
Le Président: Ecoutez, je vous demanderais de ne pas
rendre cette décision sur le coin de la table, comme on dit. D'ailleurs,
écoutez, j'aime bien dialoguer avec vous, mais il faudrait garder, quand
même, un ton de gentilhomme. Je crois qu'il y a
moyen de s'entendre et, s'il y a bordel à une place, ce n'est pas
nécessaire d'avoir un bordel chaque fois qu'une décision ne fait
pas votre affaire non plus.
M. Burns: M. le Président, merci.
Je me plie, M. le Président, à votre directive et je
considère que vous prenez ma demande en délibéré,
n'est-ce pas?
Merci, M. le Président.
Le Président: Affaires du jour.
M. Levesque: M. le Président, question de
privilège, sur quelque chose qui vient de se produire.
Je ne suis pas intervenu devant l'humeur du député de
Maisonneuve. Mais comme nous sommes au début d'une session, je me dois
de protester. Je le fais d'une façon sereine, une fois que la
tempête est passée. Mais je ne pense pas que nous puissions
permettre, si on veut avoir une session dans laquelle on va respecter le
règlement, on ne peut pas accepter ce dont on vient d'être
témoins, quant au comportement du député de
Maisonneuve.
Le règlement est clair, autant pour l'Opposition que pour les
ministériels, lorsque vous vous levez, même si quelqu'un a la
parole, il doit s'asseoir. Et cela va également, je le dis
respectueusement, pour le député de Maisonneuve.
Dans le passé, il a, à maintes occasions,
créé une certaine situation un peu anarchique, ici, à
l'Assemblée nationale, mais, afin que cela ne se reproduise pas, ou le
moins possible, on peut comprendre qu'il y ait des explosions, mais comme
ça devient une habitude chez le député de Maisonneuve, je
vous prierais, M. le Président, de faire respecter le règlement,
particulièrement l'article que je viens d'évoquer, et je suis
convaincu que le député de Maisonneuve nous accordera sa
meilleure collaboration. Je ne fais pas ça sur le ton d'un sermon, non
pas comme mise en garde, mais simplement pour que je sois excusé si,
à l'avenir, je dois être un peu plus vigilant quant au
comportement particulier du député de Maisonneuve.
M. le Président...
M. Burns: Merci de votre collaboration.
M. Levesque: M. le Président, demain, le jeudi 20 mars,
à la salle 91-A, à dix heures trente, commission des engagements
financiers. Je rappellerai également à la Chambre qu'il est
probable que je prenne avantage des dispositions de l'article 30 de notre
règlement pour suggérer dès vendredi la réunion de
l'Assemblée nationale pour lundi à quinze heures. Je le dis
immédiatement afin que ceux qui ont des rendez-vous, qui avaient des
projets différents, puissent agir en conséquence.
Mais ce sera confirmé vendredi.
M. Léger: Vous voulez siéger lundi à trois
heures?
M. Levesque: Oui.
M. Levesque: II est probable que nous siégions lundi
prochain à quinze heures. M. le Président, numéro 1.
Débat sur le discours inaugural
Le Président: L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, il était grand temps que
s'ouvrît cette nouvelle session de l'Assemblée. J'ai voulu
profiter des mois de relâche...
Le Président: Un peu de silence, s'il vous
plaît!
M. Morin: ...pour effectuer une longue tournée du
Québec. Dans tous les milieux et dans toutes les régions, j'ai
trouvé des Québécois prêts à travailler pour
construire leur région et construire le Québec, même s'il
leur paraît par moments que le gouvernement actuel les freine.
Au cours des dernières semaines, cependant, les
événements se précipitant, j'ai senti une consternation
croissante s'emparer des Québécois. Au cours des tous derniers
jours, j'ai même senti que, quelle que soit l'allégeance politique
de mes interlocuteurs, ceux-ci ont été profondément
troublés, profondément bouleversés par les
révélations que l'on connaît.
Ils ont toujours eu de la déférence, trop peut-être,
pour les hommes politiques élus, pour les gouvernants qu'ils avaient
élus, et l'on imagine leur réaction devant le déferlement
des faits qui ont été rapportés dans la presse depuis
quelque temps.
Certains connaissaient déjà les pratiques qui ont
été mises à jour mais la plupart n'osaient y croire; la
plupart ont été renversés.
La perte de leurs illusions est amère pour beaucoup de citoyens
qui faisaient confiance au système politique et au gouvernement actuels.
D'aucuns en sont venus à ia conclusion que la politique est sale, que la
politique est sale en elle-même et qu'elle pourrit tous ceux qui s'en
approchent. J'ai eu l'impression, par moments, M. le Président, qu'un
véritable manteau de plomb tombait, s'abattait sur le Québec.
Devant un pareil gâchis, on s'attend peut-être que je scrute chaque
affaire, chaque scandale pour en tirer quelque attaque contre tel ministre ou
tel député. Ce n'est toutefois pas mon intention.
J'estime qu'il est plus important de s'interroger sur les causes
profondes du désordre établi actuel, tant en ce qui concerne la
dégrédation économique qu'à l'égard de la
moralité publique. Au cours des dernières semaines, j'ai eu
l'occasion de réfléchir longuement aux événements
que nous venons de traverser et j'en suis à me demander, et je voudrais
me demander aujourd'hui, si tous ces événements, si tous ces
phénomènes ne sont pas liés entre eux. L'impuissance
d'intégrité n'ont-elles pas des causes communes, n'y a-t-il pas
des causes fondamen-
tales qui expliquent ces comportements et cette impuissance? causes
qu'il faut rechercher si l'on veut éviter de s'en tenir à la
surface des choses?
Seul le dessus de l'iceberg de l'impuissance et de la corruption a
été dégagé par les événements
récents. C'est le devoir des hommes politiques et, à plus forte
raison, c'est le devoir du chef de l'Opposition, si le gouvernement n'agit pas,
de s'interroger, de s'attaquer aux causes profondes, lesquelles ne sont pas
toujours visibles à l'oeil nu, et c'est sa tâche aussi, de
rechercher les remèdes.
La dérive du Québec, qui remonte à plusieurs
années, se fait sentir depuis quelque temps dans tous les domaines
à la fois. On songe à ces grands pans de terrains minés
tranquillement par les eaux sous-jacentes, qui un beau matin glissent d'un seul
coup vers le gouffre. Cette dérive, M. le Président, je voudrais,
avant d'en rechercher les causes fondamentales, en suivre les ramifications
dans l'économie et les finances du Québec, dans le domaine
social, dans les relations fédérales-provinciales, dans le
domaine culturel et enfin dans l'administration publique.
C'est sans doute dans le domaine économique que la dérive
du Québec se fait sentir le plus dramatiquement. J'ai eu l'occasion, au
cours de mon périple à travers le Québec, de rencontrer
beaucoup de personnes et ces gens m'ont donné l'impression qu'ils
n'attendent plus rien du gouvernement actuel, dans la lutte contre l'inflation,
dans la lutte contre la stagnation de l'économie et la déroute
des agriculteurs.
Non pas que les régions ne veulent pas se développer par
elles-mêmes et retenir leurs jeunes qui, à l'heure actuelle, les
quittent de plus en plus nombreux, pour aboutir dans la grande ville, mais les
régions font face à leur grand désespoir, au double
phénomène de l'absence de planification économique et de
la centralisation à Québec.
M. le Président, dans le domaine économique, la meilleure
façon de résumer la situation actuetle du Québec, c'est de
dire qu'on a centralisé l'inaction. Les conseils de développement
régional n'ont aucun pouvoir de décision et sont réduits
à n'être que des sortes de "lobbies" auprès du Gouvernement
du Québec. Celui-ci, de toute façon, même s'il
désirait planifier, même dans cette hypothèse, ne pourrait
le faire, car les principaux instruments de planification se trouvent à
Ottawa.
Les deux niveaux de gouvernement n'ont pas les mêmes
priorités ni même la même perception des problèmes et
le vacuum qui en résulte attire inévitablement, inexorablement,
les compagnies étrangères, multinationales ou autres, trop
heureuses de planifier l'économie de régions entières du
Québec à leur profit, trop heureuses de profiter de concessions,
de mines, trop heureuses de pouvoir s'emparer de forêts domaniales
entières, pour les exploiter et en planifier le développement. Et
les Québécois sont réduits ou plutôt pourrait-on
dire qu'ils se réduisent eux-mêmes à l'impuissance.
Gouvernants et gouvernés, tandis que la société Price
passe aux mains d'une rivale ontarienne, que l'usine d'amiante de la King
Beaver, à laquelle on a fait allusion plus tôt aujourd'hui, n'est
pas reconstruite et qu'on attend toujours que la forêt domaniale de la
Côte-Nord tombe entièrement entre les mains de l'International
Telegraph and Telephone.
Tant que ce système a pu fonctionner ou a paru fonctionner et
créer des emplois, peu de Québécois se posaient des
questions. Mais, M. le Président, le développement industriel se
concentrait surtout alors à Montréal et le développement
primaire se concentrait dans les régions minières, tandis que
l'argent roulait et finissait par laisser tomber quelques miettes sur les
régions du Québec.
Or, voici maintenant que l'économie se porte mal, elle se porte
même très mal. Les douze derniers mois témoignent d'une
conjoncture économique tout à fait désastreuse. D'abord,
un arrêt complet de l'économie au cours de la première
moitié de cette période et puis une nette récession au
cours des six derniers mois. Les statistiques canadiennes font état, en
effet, d'une stagnation complète, d'une stagnation totale du produit
national brut pour la période allant d'avril 1974 à septembre de
la même année.
Enfin, les dernières données publiées
révèlent une nette récession dans l'activité
économique au cours des trois derniers mois de 1974 alors que le produit
national brut, en termes réels, a dégringolé au taux
annuel de 5.2%. Tout indique, et particulièrement les récentes
statistiques faisant état d'une montée extraordinaire des taux de
chômage et d'une baisse substantielle des exportations, que les trois
premiers mois de 1975 se solderont également par un bilan
négatif.
M. Léger: M. le Président, puis-je vous faire
remarquer que nous n'avons pas quorum? Comme c'est le discours en
réponse au discours inaugural, M. le Président, je pense que
c'est inacceptable. Les caméras sont éteintes.
Le Vice-Président (M. Blank): Qu'on appelle les
députés!
On peut reprendre, maintenant.
M. Morin: Merci, M. le Président.
J'étais à dire que les dernières données
publiées révèlent une nette récession de
l'activité économique au cours des trois derniers mois de
l'année 1974, alors que le produit national brut, en termes
réels, a dégringolé au taux annuel de 5.2%. Et tout
indique, à l'heure actuelle, particulièrement les plus
récentes statistiques faisant état d'une montée
substantielle du chômage et d'une baisse substantielle des exportations,
que les trois premiers mois de 1975 se solderont également par un bilan
négatif.
Dans une telle conjoncture, ce qui étonne le plus, c'est
l'acharnement du gouvernement à décrire cette situation comme
satisfaisante. Le ministre de l'Industrie et du Commerce lui-même, dans
le Bulletin économique du ministère le numéro de
décembre-janvier nous dit ce qui suit: "J'estime que
l'année 1974 a poursuivi un cycle économique très
favorable". Pourtant, M. le Président, à moins de jouer sur les
mots, la situation est loin d'être rassurante; elle est même de
plus en plus inquié-
tante, et si les résultats du dernier trimestre de 1974 devaient
être confirmés pour la totalité de l'année 1975,
alors il s'agirait de la pire récession depuis l'année 1933,
année où le produit national brut, en termes réels, a
connu une chute de 6.5%.
J'espère que le ministre voudra nous rassurer, plus tard, au
cours du débat sur le discours inaugural, et qu'il continuera de peindre
les murs en rose, mais personne nes'y laissera prendre désormais. La
première fois qu'il l'a fait, les nombreuses fois qu'il l'a fait,
à la fin de 1974, ont plutôt fait penser aux gens qu'il se moquait
d'eux.
Déjà, les premiers mois de 1975 confirment une nette
détérioration alors que les taux de chômage réel ont
atteint 10.3% et puis 10.9%, pour les mois de janvier et février
respectivement.
M. Saint-Pierre: Est-ce que le chef de l'Opposition me
permettrait juste une petite question?
M. Morin: Dans un cas... M. le Président, il ne me reste
qu'une heure et dix minutes pour terminer. Je n'ai pas, hélas! eu la
chance d'avoir l'oreille d'un nombre suffisant de députés de
cette Chambre tout à l'heure, je voudrais bien qu'on me laisse finir mon
discours avant six heures et après, je serai très heureux de
répondre au ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. le Président, dans un cas comme dans l'autre, il s'agissait
des plus hauts taux observés depuis l'année 1963. De plus, au
cours des six derniers mois, le rythme annuel de création d'emplois a
nettement baissé, passant de 128,000 en 1973 à 74,000 pour la
période qui va de janvier à août 1974, et finalement
à 66,000 pour les six derniers mois observés.
Il faut souligner, à mon avis, l'aspect particulièrement
pénible du taux de chômage qui, dans certaines régions du
Québec, dépasse 20%, particulièrement dans les
localités qui sont durement touchées par des mises à pied
massives effectuées par l'industrie du textile, ou encore dans
l'industrie du bois de sciage, ou encore par des événements
particuliers comme ceux que vivent les travailleurs de la King Beaver.
Tournons-nous maintenant vers les prix. Tout le monde sait que
l'inflation s'est maintenue à un niveau très élevé.
Au cours de la période des six mois qui se termine, l'indice
général des prix a augmenté de 11.5% par rapport aux prix
en vigueur au cours de la même période de l'année
précédente. Quant aux prix alimentaires, l'inflation a atteint
16.2%. Seuls certains indices récents révélant une
certaine stabilisation des prix de gros des biens de consommation aux
Etats-Unis, au cours des trois derniers mois, nous permettent d'espérer
un certain répit. Toutefois, nous continuerons, semble-t-il, nous
continuerons même sûrement à connaître, au cours des
prochains mois, une inflation élevée au niveau des prix de vente
au détail.
Il existe également d'autres indices inquiétants pour
l'emploi au cours des prochains mois et qui ne sont pas de nature à nous
rassurer en ce qui concerne les possibilités d'une reprise de
l'économie, par exemple l'évolution des mises en chantier dans
l'industrie de la construction domiciliaire: au cours des six derniers mois de
1974, ces mises en chantier ont diminué de 32% par rapport à la
même période, l'année précédente.
Personne ne souhaite que cette récession dure, encore moins
qu'elle s'aggrave, mais il est enfantin de refuser de la regarder en face. Qui
pense-t-on tromper en s'obstinant à décrire cette situation en
rose?
D'ailleurs, au Québec, sous bien des aspects, le tableau
paraît encore plus sombre que dans l'ensemble du Canada et la
récession produit des résultats plus désastreux que dans
l'ensemble du marché commun canadien. Ainsi, en 1974, la croissance du
produit national brut a été non seulement très faible,
avec un taux de 3.8% en termes réels (chiffres qui d'ailleurs devront
probablement être révisés à la baisse) mais encore
correspond à un taux de croissance inférieur de 10% à la
croissance canadienne.
Pour ce qui est de l'inflation, le Québec a connu pour la
première fois, je crois qu'il faut le souligner en passant, un taux
supérieur de 1% à la moyenne canadienne pour l'ensemble des biens
de consommation, et de 1.5% pour le prix des denrées alimentaires.
Jusqu'ici nous avions le douteux privilège d'avoir le plus haut taux de
chômage, que nous conservons d'ailleurs, mais du moins pouvait-on dire
qu'en matière d'inflation, elle se faisait moins galopante ici
qu'ailleurs. En général, elle était inférieure
d'à peu près 1% à celle que l'on pouvait trou-verdans
l'Ontario, par exemple, ou dans l'ensemble du Canada. Mais désormais,
non seulement nous conservons le douteux record du chômage, nous sommes
passés à l'avant-garde également dans le domaine de
l'inflation.
Quant à la création d'emplois, l'année 1974 a vu le
Québec produire un bien maigre bilan, avec à peine 19% des
emplois nouveaux créés au Canada, moins que la part du
Québec dans la population active canadienne qui se situe à 27%.
Aussi ne faut-il pas s'étonner de l'existence de taux de chômage
particulièrement désastreux au Québec: en février
1975, près d'un travailleur sur neuf est en chômage au
Québec. Le taux de 10.9% était de 2.3% supérieur au taux
canadien qui est de 8.6%. Et le Québec complait à lui seul 34%
des chômeurs canadiens.
Dans cette pénible situation, M. le Président,
l'agriculteur québécois a encaissé plus que sa part des
effets de la récession. Les revenus nets de l'agriculteur ont subi une
forte baisse de 8.9%, malgré un accroissement de la prod uction en vol
urne de 2.3%. Compte tenu de l'inflation, la baisse du pouvoir d'achat du
cultivateur atteint aujourd'hui 20%. Pendant ce temps, le revenu de
l'agriculteur cana-dienaugmentait, lui, de 28%. Le voilà, le drame de
l'agriculture québécoise à l'heure actuelle et la
voilà, la dérive du gouvernement, dans toute sa splendeur!
L'avenir ne semble guère plus encourageant, hélas. Tout
d'abord, les plus récentes prévisions de l'OCDE estiment la chute
du produit national brut à 1.5% pour l'ensemble des 24 pays membres de
cet organisme. En outre, le gouvernement américain prévoit
maintenant une récession plus accentuée que prévu: de 2%,
les prévisions de baisse du PNB
sont passées maintenant à 3.3% et plusieurs estiment qu'il
s'agit là d'un strict minimum.
Alors, quelles sont les chances de reprise de l'économie
américaine? Annoncées initialement pour le troisième
trimestre, elles sont maintenant officiellement prévues pour la toute
fin de 1975 et, de plus en plus, à la lecture de la presse
financière, à la lecture des articles des économistes, on
se rend compte qu'on sera heureux si la reprise a lieu au cours de la
première moitié de 1976, compte tenu du fait qu'une bonne partie
des mesures budgétaires annoncées par le président Ford ne
prendront effet qu'à compter de juillet 1975.
Dans ces conditions, si la reprise américaine devait produire
certains effets d'entraînement sur l'économie
québécoise, particulièrement par le biais des exportations
destinées aux Etats-Unis, les premiers signes de relance
économique pourraient ne paraître qu'au début de 1977.
Il ne faut pas pour autant espérer un ralentissement de
l'inflation au Québec. Une hausse de 30% à 40% du prix du baril
de pétrole pourrait alimenter, à elle seule, une nouvelle
flambée des prix. On prévoit en effet, comme vous le savez,
à l'occasion de la conférence fédérale-provinciale
qui doit avoir lieu, que le prix du baril pourrait augmenter progressivement de
$2 à $2.50 par rapport au prix actuel de $6.50.
Devant ces perspectives très sombres pour l'année 1975 et
peut-être même pour l'année 1976, il me semble qu'on aurait
pu prévoir ce qui se passe aujourd'hui. On aurait pu prévoir la
chose il y a déjà plusieurs mois. Ce sont des faits que nous
avons portés à la connaissance du gouvernement depuis
déjà le début de la dernière session, depuis
octobre ou novembre dernier. Il me semble que les Québécois
auraient été en droit de s'attendre à des décisions
fermes de la part du gouvernement, dans le sens d'une politique vigoureusement
expansionniste.
C'est dans les moments difficiles, évidemment, qu'on peut juger
de la valeur des gouvernements. En effet, depuis déjà plus de 35
ans, on a fondé beaucoup d'espoir sur le rôle des gouvernements
comme principaux leviers de stabilisation de l'économie. Depuis lord
Keynes, nous savons qu'un gouvernement astucieux, prévoyant, essaie de
faire basculer le surplus des périodes de prospérité dans
les creux des périodes de récession. Dans un pays comme le
Canada, tel qu'il est constitué, la conjoncture, évidemment, ne
saurait être redressée sans la contribution de tous les niveaux de
gouvernement. Or, on a l'impression que, comme cela est arrivé à
maintes reprises dans l'histoire du fédéralisme d'ailleurs, les
efforts d'un niveau de gouvernement ont tendance à être
systématiquement annulés par des politiques contraires
pratiquées à l'autre niveau. Qui plus est, le gouvernement actuel
du Québec tend je devrais dire qu'il le fait
systématiquement à faire porter la responsabilité
de la situation sur les autres et en particulier sur Ottawa ou sur les
Etats-Unis.
Pourtant, le gouvernement du Québec dispose d'au moins la
moitié des ressources budgétaires publiques. Mais il a choisi de
n'intervenir en aucune façon. Vraiment il faut le constater, M.
le Président, il faut le constater parce que ça devient de plus
en plus grave c'est l'inaction devant la situation économique qui
se dégrade perpétuellement. Aucun programme de travaux publics,
dont nous aurions pourtant besoin dans le domaine social, aucun programme
d'aide à la reprise de la construction domiciliaire, aucune politique
fiscale, aucune politique budgétaire qui soit le moindrement
expansionniste.
On me fera remarquer qu'il y a eu accélération des
investissements gouvernementaux par le biais des entreprises publiques, mais il
faut se rappeler que la majeure partie du gâteau va au projet de la baie
James. Or, ce projet ne contribue guère à la relance puisqu'au
contraire il hypothèque lourdement et va hypothéquer de plus en
plus lourdement le pouvoir d'emprunt du gouvernement québécois.
Et, par voie de conséquence, il empêche une multitude de projets
de se réaliser qui pourraient produire des effets à court terme.
D'ailleurs, puisque nous parlions de la baie James, les retombées q'u'on
peut en escompter ne peuvent se faire sentir au cours des prochains mois
puisque le gros des travaux, vous le savez, sera effectué après
1978, c'est-à-dire alors que la conjoncture que nous connaissons,
conjoncture qui peut s'aggraver encore au cours des deux prochaines
années, aura évolué dans un sens que nous ne connaissons
pas.
Dans le cas du textile, le silence du Québec n'est pas plus
acceptable que l'attitude du gouvernement fédéral. Ici,
l'industrie textile compte parmi les plus importants employeurs du secteur
manufacturier et pour plus de la moitié de l'emploi dans l'industrie
textile canadienne. Il est donc absolument inadmissible qu'on ait rejeté
les plus récentes recommandations de la Commission canadienne des
textiles alors que près de 10,000 travailleurs du textile étaient
mis à pied au Québec. Mon propos n'est pas, ce soir, de
suggérer une politique protectionniste à outrance. Je sais que,
chaque fois que nous soulevons les difficultés du textile ou de certains
autres secteurs de l'économie, on nous répond: Vous voulez mettre
des fils barbelés autour du Québec.
Vous voulez construire des murs de béton autour du Québec.
Et on nous répond: Pour pouvoir acheter, il faut vendre. Ou: Pour
pouvoir vendre, il faut savoir acheter. Mais je n'ai pas l'intention du tout de
proposer une politique essentiellement protectionniste; qu'on ne me fasse pas
dire des sottises par la suite, comme on tente chaque fois de le faire.
J'essaie de répondre d'avance aux sornettes habituelles,
où chaque fois que nous parlons de protéger une industrie, on
nous dit qu'il ne faut pas construire des barbelés autour du
Québec. Le ministre lui-même, à bien des reprises, a
utilisé des arguments aussi enfantins que ceux-là. Il n'est pas
question de protection outrancière. Il s'agit simplement de
rétablir l'équilibre, puisqu'aussi bien le Canada demeure le plus
gros importateur per capita de produits textiles. Donc, il a de la marge, il
peut se permettre une certaine protection. Que le gouvernement ait
accepté sans broncher la décision qu'on connaît, dans un
contexte où le chômage atteint
près de 11%, cela demeure inexplicable. Je me demande par moments
s'il s'agit d'inconscience ou de la classique impuissance qu'on invoque chaque
fois que nous soulevons un problème.
Ces faits, tous ces faits que je viens d'énumérer, M. le
Président, me laissent pour le moins songeur quant au résultat
des prochaines négociations du GATT, négociations pilotées
par le gouvernement fédéral et qui auront, comme le soulignait
encore récemment le ministre de l'Industrie et du Commerce, dimanche
dernier, des conséquences terribles sur l'économie du
Québec d'ici quatre ou cinq ans.
Non seulement le gouvernement n'est pas intervenu mais à bien des
égards il a joué un rôle négatif et il a
contribué à ta tendance récessionniste qui se fait jour
actuellement. En ce sens, la politique fiscale suivie par le gouvernement
québécois mérite d'être analysée d'un peu
plus près.
Aux premiers signes de ralentissement, de récession ou de
stagnation prolongée, les gouvernements occidentaux décident
généralement, depuis Lord Keynes, d'accorder de substantielles
réductions d'impôt. Dans son récent exposé
budgétaire, le président des Etats-Unis annonçait une
réduction rétroactive de 12%, avec un maximum de $1,000 par
individu, sur l'impôt personnel de 1974. Cette réduction
d'impôt prendra la forme, nous a-t-on laissé savoir, de deux
paiements: le premier étant prévu pour mai et le second pour
septembre. De plus, à l'heure actuelle, le Congrès
américain se propose de décréter un réduction
similaire pour 1975 et même pour les années suivantes. On voit
donc là un gouvernement qui suit la conjoncture et qui fait un effort
pour relancer l'économie.
Du côté canadien maintenant, le gouvernement
fédéral a commencé par annoncer une réduction de 5%
de l'impôt sur le revenu des particuliers pour 1974 et, plus
récemment, une réduction de 8% pour l'année 1975. Compte
tenu de l'indexation de l'impôt, la réduction si je peux
m'exprimer ainsi de l'impôt sur le revenu des particuliers par le
gouvernement fédéral sera donc de l'ordre de 15% pour
l'année 1975. Au niveau des provinces puisqu'on va nous dire que
les provinces n'ont rien à voir dans ce domaine, que les provinces ne
sont pas à même d'intervenir pour avoir une politique
antirécessionniste, une politique expansionniste, eh!! bien, je me
permets de donner deux exemples: il y a deux provinces qui ont
déjà fait connaître leur politique fiscale pour
l'année en cours, et le Nouveau-Brunswick ainsi que la Saskatchewan, en
plus d'avoir indexé l'impôt sur le revenu des particuliers, ont
annoncé des baisses de 7% dans le premier cas, et de $100 dans le second
.Voilà ce que d'autres provinces font pour atténuer les effets de
la récession.
Ici, au Québec, pas question, pas le moindre début de
commencement de petit geste pour aider la relance de l'économie.
Ce type de politique que je viens de décrire, tant aux Etats-Unis
qu'au Canada, ce type de politique destinée à relancer
l'activité économique n'étonne plus personne aujourd'hui.
Récession après récession, tous les gouvernements
pratiquent au- jourd'hui ces méthodes. Il s'agit donc d'une
réaction qui relève beaucoup plus du réflexe
conditionné, si je puis m'exprimer ainsi, que du trait de génie.
Seule l'ampleur ou la forme, qu'il s'agisse d'un paiement substantiel à
un moment donné par exemple, peut donner un aspect original aux
réductions d'impôt. Mais on observe que partout elles sont
devenues chose courante.
De fait tout gouvernement qui veut signifier son intention de redresser
l'économie, une économie en voie de récession, commence
par poser un geste de ce genre. C'est vraiment la réaction normale. La
véritable opération de relance suit d'ordinaire avec l'annonce
d'un vaste programme de mesures particulières: travaux de voirie,
construction d'édifices publics, subventions à la construction
d'habitations, d'hôpitaux, investissements directs dans les entreprises
publiques par exemple, dégrèvement fiscaux à l'entreprise
privée, etc.
Nous connaissons tous ces moyens d'intervention, mais le gouvernement
actuel non seulement n'a pas choisi de mettre en oeuvre le moindre de ces
moyens d'intervention, il n'a même pas accompli le premier geste qu'on
attend d'un gouvernement de type occidental en économie de marché
lorsque survient une récession.
M. le Président, il y a des moments où on croit
rêver. On croit vraiment que le Québec vit sur quelque
planète où il n'y a pas de problème. On croirait que le
Québec ne vit pas en Amérique du Nord, n'est pas situé en
Amérique du Nord, n'est pas intégré à
l'économie occidentale. On pourrait croire que le Québec est une
terre à part, un pays à part et, effectivement, ça l'est
pour bien des fins, mais je souhaiterais que, dans le domaine
économique, on sache s'aligner sur les positions intelligentes qui sont
prises par les gouvernements étrangers, surtout ceux qui nous sont
voisins.
Non seulement le gouvernement n'a pas injecté de nouveaux fonds
dans l'économie en réduisant les impôts, mais encore les
a-t-il augmentés substantiellement. Sur ce point, tous les observateurs
nord-américains, tous les économistes vous diront qu'il s'agit
là d'un excellent moyen pour ralentir une économie en
période de croissance déchaînée, mais en
période de récession, alors, là, c'est vraiment, c'est
pour le moins inusité!
Le Québec est effectivement la seule province canadienne à
ne pas avoir indexé son impôt. Est-ce là le
fédéralisme rentable, M. le Président, rentable pour qui,
je vous le demande, rentable pour le gouvernement, certainement pas rentable
pour les Québécois? Cela constitue de fait, après deux ans
d'inflation soutenue, une hausse substantielle du fardeau fiscal des
Québécois. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls à faire
cette affirmation. Ainsi, discutant de l'attitude du Québec en
matière d'indexation, le ministre fédéral des Finances a
déclaré que la politique québécoise correspondait
à une "hausse clandestine des impôts"...
Pour sa part, le "Canadian Tax Journal", qui constitue aux yeux de
certains la bible en matière fiscale au Canada, décrivait en ces
termes, dans son édition des mois de juillet et août 1974, l'effet
de la non-indexation: "Le résultat net est donc une
augmentation du taux effectif moyen et, dans une situation de revenu
taxable réel inchangé, le fait de ne pas indexer signifie
accroissement des impôts réels". Pour la seule année 1974,
l'indexation du taux de 6.6% des tables et exemptions aura évité,
selon l'estimé publié par la Canadian Tax Foundation", une
augmentation automatique de l'ordre de 5%, tant pour l'impôt provincial,
et naturellement, je parle de l'impôt dans les neuf autres provinces, que
pour l'impôt fédéral.
Une autre étude, entreprise par le gouvernement ontarien,
révèle bien l'ampleur des hausses automatiques de taxes
dissimulées par un régime non indexé en période
d'inflation. Selon cette étude, le seul fait d'indexer l'impôt au
taux relativement faible de 8% signifie, sur une période de cinq ans,
une réduction moyenne de 24% par rapport à ce qui aurait
été perçu dans le cadre d'un régime non
indexé. En inversant la proposition et la base de calcul du taux, on
arrive facilement à la conclusion qu'un régime non indexé
en période d'inflation modérée, disons de 8%,
entraînerait en Ontario, sur une période de cinq ans, une
augmentation automatique des impôts réels de l'ordre de 30%
à 35%. Au Québec, compte tenu de la différence dans la
structure de la pyramide des revenus, la hausse pourrait être
supérieure à ce taux.
Toutes ces études nous forcent à nous rendre à
l'évidence: le gouvernement québécois s'est engagé,
au cours des deux dernières années fiscales, dans un processus de
hausses cumulatives, de hausses pyramidales des impôts. Les
conséquences ne se font pas attendre pour le citoyen moyen. Pour environ
la moitié des impôts qu'il paie au Québec, le fait de ne
pas avoir indexé son impôt selon la formule fédérale
en 1974 a accru son fardeau fiscal de l'ordre de 5%. De plus, compte tenu du
fait qu'on n'a pas indexé l'impôt en 1975 les
déductions à la source sont demeurées inchangées en
janvier de cette année et compte tenu du fait que le ministre des
Finances a déjà annoncé son intention de ne pas indexer le
système fiscal, nous pouvons prévoir une hausse additionnelle
je dis bien additionnelle de quelque 8%.
C'est dire qu'au cours de la période 1973-75 le citoyen
québécois aura connu une augmentation d'impôt de l'ordre de
13%, augmentation qui n'a pas été infligée aux
contribuables des autres provinces. L'augmentation d'impôt clandestine,
je le répète, est de l'ordre de 13% pour la période de
1973-75. Certes, certaines mesures fiscales propres au Québec ont
contribué à un allégement relatif du fardeau fiscal du
contribuable. C'est le cas, en particulier, de la décision de ne pas
imposer les allocations familiales. Il n'en demeure pas moins que pour la
grande majorité des contribuables ces mesures positives produiront, en
1975, un impact à la baisse qui sera beaucoup moindre que la hausse
engendrée par la non-indexation. On ne peut pas s'excuserde n'avoir
point indexé en faisant allusion aux allocations familiales, comme on le
fait constamment chaque fois que nous soulevons cette question.
Au total, je mets le ministre des Finances au défi de
démontrer que l'opération ne se solde pas par une nette hausse
des impôts pour les contribuables.
En ce sens, la non-indexation de l'impôt va à l'encontre
des politiques fiscales mises de l'avant par la majorité des
gouvernements, y compris nos voisins, en période de récession
économique. Je trouve que c'est une douteuse façon d'affirmer
l'originalité du Québec.
Le ministre des Finances invoque volontiers l'autonomie fiscale du
Québec pour justifier cette originalité, mais nous pourrions le
prendre plus au sérieux si les mesures prises avaient vraiment pour
effet de soulager le contribuable et d'aider à la relance de
l'économie. Malheureusement, force m'est de constater que son
originalité réside dans une politique d'inaction
rétrograde sur le plan économique et encore plus
rétrograde sur le plan social.
Le Québec est littéralement emporté à la
dérive dans le grand courant de l'inflation et les méandres de la
stagnation économique. Le gouvernement, incapable, semble-t-il, de tenir
le gouvernail, se laisse porter par les événements,
espérant que les autres vont régler le problème
effectivement, ils essaient au moins, eux, de le régler
espérant que les choses finiront par s'arranger d'elles-mêmes,
alors que désormais nous savons qu'elles pourraient empirer
d'elles-mêmes. Ici encore, la dépendance politique et la
dépendance économique entraînent la résignation, le
laisser-faire, l'irresponsabilité devant les problèmes.
M. le Président, nous aurons certainement l'occasion de revenir
longuement sur les problèmes économiques au cours de cette
session, probablement au cours des prochaines sessions.
Je voudrais dire quelques mots maintenant des relations
fédérales-provinciales.
Un des secteurs où l'impuissance du gouvernement est la plus
manifeste c'est bien celui-là. Comment justifier, par exemple, l'appui
donné par le Québec à l'envahissement
fédéral dans le domaine des richesses naturelles? S'il est un
bien précieux pour tous les Québécois, n'est-ce pas, avant
tout, notre patrimoine minier et énergétique? Tous les
gouvernements qui ont dirigé le Québec jusqu'ici ont
préservé jalousement la compétence exclusive du
Québec dans ce domaine. Ils se sont battus devant les tribunaux, ils se
sont battus dans les conférences fédérales-provinciales
pour faire reconnaître les droits du Québec et ils n'ont jamais
accepté de compromis à cet égard.
Or, voici que le gouvernement actuel, obnubilé par un gain tout
à fait temporaire en matière de pétrole, vend son droit
d'aînesse, notre droit d'aînesse, pour un plat de lentilles. On
accepte, d'abord, de renoncer à la priorité accordée
jusqu'à maintenant aux droits miniers sur les impôts
fédéraux; on empêche ainsi que les provinces puissent
récupérer la rente économique qui se rattache aux
richesses naturelles. Cela revient à dire que l'on permet au
gouvernement de confisquer à son avantage une partie du
bénéfice qui se rattache à la propriété des
richesses naturelles.
Puis, on accepte que le gouvernement fédéral vienne fixer
le prix de vente des richesses naturelles tant au Canada qu'à
l'étranger. C'est donc tout le contrôle de l'exploitation des
richesses naturelles qui tombe sous la férule du gouvernement
fédéral.
C'est la façon dont le gouvernement Bourassa conçoit les
rapports fédéraux-provinciaux. La chose, en fait, est si
importante que le gouvernement de l'Alberta a choisi de déclencher des
élections pour pouvoir ensuite mieux résister à
l'envahissement fédéral. Que Québec, lui, au lieu de
soutenir l'Alberta de tout son poids, se range plutôt du
côté de l'envahisseur, M. le Président, c'est à ne
pas le croire. Quel abandon dangereux! Car nous nous condamnons de la sorte
à dépendre d'Ottawa pour l'utilisation maximum de nos propres
richesses, que ce soit l'amiante, le minerai de fer ou le papier journal.
Evidemment, le domaine des richesses naturelles n'est qu'un exemple. Il
y en a bien d'autres. Prenons maintenant celui du développement
économique. C'est le ministre de l'Industrie et du Commerce qui,
lui-même, se plaignait dans un document officiel de ce que les politiques
de développement économique du gouvernement fédéral
défavorisaient le Québec au profit des autres provinces. Ce n'est
donc pas de la partisanerie politique ou de la démagogie que de
constater à notre tour que les politiques fédérales vont
à rencontre des intérêts québécois. C'est le
gouvernement lui-même, en tout cas, l'un de ses ministres qui l'a fait.
La chose crève les yeux, à l'heure actuelle, en matière de
textile où le gouvernement central refuse de suivre les recommandations
de ses propres organismes et d'utiliser les pouvoirs qu'il s'est lui-même
donnés il y a quelque temps en vue de protéger une industrie qui
est avant tout implantée au Québec.
La chose est évidente également en matière de
transport maritime où, malgré la présence d'un Marchand au
ministère fédéral des Transports, les ports du
Saint-Laurent sont mis de côté au profit des ports des
Maritimes.
La chose est évidente encore en ce qui concerne le projet d'une
grande aciérie que le gouvernement fédéral a
décidé d'installer en Nouvelle-Ecosse, même si le minerai
qu'elle devra traiter viendra en presque totalité des mines
québécoises. Au fait, le ministère québécois
de l'Industrie et du Commerce a été à ce point
ignoré par les autorités fédérales qu'on a
même pu lui cacher pendant plusieurs mois l'existence d'une étude
sur ce projet. Si ce n'est pas rire du Québec, je me demande bien ce que
c'est.
Passons, si vous voulez bien, à un autre secteur, celui de
l'habitation où le gouvernement Bourassa vient de signer de nouvelles
ententes avec le gouvernement d'Ottawa. Que retrouve-t-on dans ces ententes?
Fait-on de nouveaux progrès dans la récupération d'un
domaine fort important, tant du point de vue social que sur le plan
économique? Hélas! Il suffit de comparer ces nouvelles ententes
à celles conclues en 1967 par le gouvernement Johnson pour constater que
non seulement nous ne faisons pas de progrès, mais nous reculons par
rapport au gouvernement de l'Union Nationale. Nous renonçons aux
pouvoirs conférés en 1967 à la Société
d'habitation du Québec. Nous acceptons que la Société
centrale d'hypothèques et de logement redevienne le maître
d'oeuvre de la politique de logement social au Québec, comme elle a
toujours continué de l'être dans le reste du Canada. Fini le
pouvoir de reprêter aux municipalités et aux organismes sans but
lucratif. Fini le pouvoir exclusif de fixer les normes de conception et de
construction que M. Johnson avait obtenu. Pour nous adapter aux diktats
d'Ottawa, il nous faut alors chambarder toute notre politique et transformer la
Société d'habitation en organisme de construction plutôt
qu'en organisme de contrôle et de financement, comme nous avions
réussi à le faire. On aboutit ainsi, une fois de plus, à
une centralisation plus poussée pour faire plaisir, semble-t-il, au
grand frère fédéral.
En matière de révision constitutionnelle, le message
inaugural laisse entrevoir la réouverture du dossier. Voilà qui
n'est pas fait pour nous rassurer, M. le Président. On se rappelle
Victoria et le pénible face à face avec le gouvernement
fédéral et les neuf autres provinces. Pourtant, le Québec
aurait effectivement besoin d'une révision en profon-deurdes structures
constitutionnelles et, en particulier, du partage des compétences.
C'est le Québec qui a le plus besoin de pouvoirs additionnels.
C'est lui qui avait mis en marche la révision parce que c'est lui qui en
avait besoin et cela non seulement dans le domaine culturel et social, mais
également dans le domaine économique.
Mais qu'a-t-on fait pour informer l'opinion publique sur ce sujet qui
est capital pour l'avenir du Québec? Ne voit-on pas que le gouvernement
fédéral se prépare à profiter de la faiblesse
congénitale du gouvernement Bourassa pour lancer une grande offensive en
faveur du simple rapatriement de la constitution actuelle? Ce rapatriement,
évidemment, ne toucherait en rien à la répartition
actuelle des compétences entre Québec et Ottawa. Tout resterait
comme avant et le gouvernement fédéral pourrait continuer
tranquillement, mais sûrement et sournoisement, son opération
d'envahissement. Ce qu'il y aurait de nouveau, cependant, c'est qu'on aurait
donné un nouveau lustre à la vieille constitution maintenant
désuète, maintenant dépassée, qu'on aurait
renforcé le statu quo constitutionnel en le rapatriant, en le
canadianisant, si l'on peut dire. Et pour tout le Canada, sauf le
Québec, le dossier constitutionnel serait désormais fermé,
puisque la seule chose qui intéresse les neuf autres provinces, les
provinces anglophones, c'est le rapatriement et non pas la modification en
profondeur de la constitution.
Devant ce danger imminent, M. le Président, on ne peut tout de
même pas nier qu'il y ait eu des rumeurs à cet effet, à
l'effet qu'Ottawa s'apprête à tordre le bras du Québec pour
qu'il s'aligne sur les autres provinces. Dès le lendemain de
l'élection du gouvernement Bourassa je me souviens très
bien à Ottawa, au bureau du premier ministre, on a laissé
savoir qu'enfin on allait pouvoir rapatrier la constitution et peut-être
même la modifier dans le sens souhaité par le pouvoir
fédéral.
Devant ce danger imminent, que fait le gouvernement Bourassa? Il nous
annonce qu'il est prêt à s'accommoder d'une révision qui
reconnaîtrait les aspirations culturelles des Québécois.
Mais, M. le Président, qu'est-il arrivé aux aspirations
économi-
ques? Qu'est-il arrivé aux revendications sociales distinctes
dont M. Castonguay s'était fait le champion avant de quitter le
gouvernement, en désespoir de cause? Qu'est-il arrivé au grand
projet politique des années soixante, celui qui allait nous rendre enfin
maîtres chez nous? Tout cela a disparu au profit du slogan creux de la
"souveraineté culturelle".
Comme un député ministériel vient de le dire, tout
cela est rendu à Miami.
Le gouvernement Bourassa annonce qu'il se prêtera à la
révision constitutionnelle. M. le Président, en ce qui me
concerne, je dis: Craignons alors le pire! Entre le pot de fer
fédéral et le pot de terre "bourassien", on peut aisément
deviner celui qui sera cassé.
Comme le temps passe, il convient, sans doute, que je passe au domaine
social. Dans ce domaine, contrairement au domaine économique, où
règne le laisser faire, celui-ci en est un où l'on retrouve une
véritable hypertrophie de l'Etat en ce sens que les décisions
sont trop centralisées à Québec et, faute de contact avec
les réalités régionales et locales, ne répondent
guère aux besoins des Québécois. Tout se passe comme si le
gouvernement, aux prises avec les conséquences sociales de son laisser
faire économique, c'est-à-dire l'abandon de tous ceux qui
n'entrent pas dans l'appareil de production, tentait par tous les moyens de
réduire les coûts des services au moyen de normes abstraites et de
décisions programmées dans les ordinateurs, sans tenir compte du
fait qu'il administre avant tout des êtres humains et non des chaises ou
des colonnes de statistiques.
Après avoir détruit les structures communautaires
traditionnelles, le système économique ne les a pas
remplacées par une nouvelle éthique sociale. Il a pris ce dont il
avait besoin pour la production, il a pris les choses et les êtres
humains dont il avait besoin, sur le même pied d'ailleurs, laissant les
autres à l'abandon. Personnes âgées, chômeurs,
accidentés du travail, assistés sociaux, malades chroniques ont
été laissés à l'Etat, substitut de la
communauté. Ce n'est évidemment pas à l'Etat en tant que
tel qu'il faut en vouloir, M. le Président, puisqu'il n'a fait que
ramasser les pots cassés du système socio-économique dans
lequel nous vivons, mais on peut s'interroger sur la conception qu'il se fait
de son rôle.
Le Québec est-il au service des Québécois
laissés pour compte par le système économique et social ou
est-il au service de ce même système? Voilà la
question.
S'il est subordonné au système, sa principale obsession
sera de faire entrer les non-productifs dans une vaste machine où tous
seront numérotés et parqués, si possible, dans des
institutions. S'il est au service de la population, par contre, ses objectifs
seront d'humaniser les services et de favoriser au maximum d'autonomie des
personnes, de faire appel au sens communautaire pour constituer des milieux de
vie naturels au sein desquels les citoyens seront autre chose que des
numéros.
Les dirigeants actuels du secteur des Affaires sociales sont davantage
préoccupés d'éliminer les problèmes les plus aigus
au plus bas coût possible.
Les dirigeants sont surtout préoccupés d'empêcher
qu'il y ait de la casse. Leur préoccupation, c'est de voir à ce
que les laissés pour compte soient fournis au plus bas prix possible. Ce
ne sont pas des préoccupations qui visent à s'assurer le
développement des personnes, le développement du capital humain,
même si ce capital humain est âgé, malade, blessé par
une action communautaire au niveau local ou au niveau régional.
Cette préoccupation amène inévitablement la
centralisation des décisions à Québec, l'uniformisation
des politiques et directives administratives, la déshumanisation des
services, la démobilisation des partenaires sociaux, l'abandon des
responsabilités au profit du pouvoir central et surtout la perte
d'intérêt des citoyens à l'égard de la
définition des politiques sociales.
C'est ainsi qu'au cours des dernières années, on a
uniformisé la politique de l'aide sociale en éliminant
graduellement les besoins spéciaux qui permettaient quand même
d'individualiser l'aide de l'Etat en fonction des besoins des familles.
Aujourd'hui, il faut que les bénéficiaires de l'aide sociale
s'adaptent au système: tous reçoivent le même montant, sans
tenir compte de leur situation respective. Ces changements voulaient sans doute
éliminer l'arbitraire, mais ils ont amené l'injustice presque
généralisée et la dépersonnalisation des services.
Les gens ont désormais affaire à l'ordinateur. Et pourtant, que
je sache, cela n'a même pas permis des économies d'ordre
administratif.
Alors que les disparités régionales sont reconnues dans
tous les secteurs de l'administration et que le gouvernement les a reconnues
même dans sa politique salariale, on persiste à mettre sur le
même pied le bénéficiaire de Sept-lles, le
bénéficiaire de Gaspé et celui de Montréal. Cette
uniformisation à outrance de la politique d'aide sociale amène
une bureaucratie énorme, tatillonne, inutile, des formulaires complexes,
à n'en plus finir, des contrôles inefficaces. On en arrive peu
à peu à prendre des décisions non plus en fonction des
hommes, mais en fonction de la grosse machine administrative et de
l'ordinateur.
C'est ce qui arrive notamment dans le domaine des hôpitaux. Le
personnel de cadre se sent de moins en moins utile parce qu'on lui
enlève constamment ses pouvoirs et que les critères de ce
transfert semble être le degré de popularité des
décisions, le gouvernement leur laissant le soin de porter devant le
personnel et les bénéficiaires des services l'odieux des
décisions gouvernementales impopulaires.
M. le Président, les hôpitaux sont devenus de grosses
usines à traitements où l'être humain est
numéroté, catalogué, fiché. Pendant ce temps, le
ministère décide de fermer, pour des raisons qui tiennent aux
fameuses normes, l'hôpital de Rosemont, auquel les dirigeants ont su
conserver une dimension humaine, en dépit du ministère.
Au service du système économique, au service du
laisser-faire, le gouvernement sera davantage préoccupé
d'éteindre les foyers d'agitation, d'assurer son contrôle sur les
administrés par une planification technocratique, plutôt que de
favoriser le développement social et l'épanouissement des in-
dividus. L'exemple des garderies, auquel j'en viens maintenant, illustre
très bien cette attitude.
Depuis longtemps des groupes sociaux féminins réclamaient
l'intervention de l'Etat dans le domaine des garderiee, afin d'apporter une
aide à la femme au travail. La chose ayant fait l'objet d'une promesse
électorale du premier ministre, le gouvernement décidait d'agir
l'été dernier, mais, ce faisant, il n'a tenu compte ni des
besoins réels de la famille québécoise, ni des
revendications de ceux qui oeuvraient déjà dans ce domaine. La
tournée de consultation effectuée par le ministre d'Etat n'a
à peu près pas modifié le projet initiai du gouvernement.
Il fallait que le gouvernement puisse dire: Nous avons une politique des
garderies, afin que ceux qui n'étaient pas concernés puissent
croire que le problème était réglé.
Malheureusement, il n'en est rien. Pour ceux qui vivent quotidiennememt
le problème des garderies, la politique gouvernementale ne répond
pas du tout aux besoins des familles québécoises. Contrairement
à ce que prétend le ministre d'Etat aux Affaires sociales, le
gouvernement n'est pas venu à la rescousse des garderies populaires.
Depuis l'entrée en vigueur du plan "Bacon", une cinquantaine de ces
garderies ont dû fermer leurs portes.
Mme Bacon: A l'ordre! Une question de privilège.
M. Morin: Appelons-le Bacon si cela fait plaisir au ministre.
Mme Bacon: Une question de privilège.
M. Morin: M. le Président, depuis l'entrée en
vigueur du plan Bacon, une cinquantaine de garderies ont dû fermer leurs
portes et celles qui ne l'ont pas encore fait ne subsistent que grâce au
bénévolat. Ces fermetures sont le résultat du
système qui subventionne les parents plutôt que les garderies, ce
qui les empêche de fonctionner sur une base financière permanente,
en plus, M. le Président, de les obliger à maintenir un
coûteux système de contrôle. Un tel mode de financement
accroît l'emprise du ministère sur la clientèle qui
bénéficie de ce service et accentue l'intervention'
technocratique dans un domaine où pour une fois, elle serait moins
nécessaire.
De surcroît, l'aide accordée aux parents est nettement
insuffisante pour la famille québécoise de 1975. Le gouvernement,
on le sait, accorde $5 par jour pour une famille dont le revenu est de $5,200
par année; l'aide est de $3 si le revenu familial total est de $6,760 et
de $1 s'il est de $7,280. Cette aide devient inexistante au-delà de
$7,670.
M. le Président, ce tarif ne tient aucun compte des coûts
réels de fonctionnement d'une garderie, estimés à $8 par
jour. Le maintien de ce tarif de base force donc les garderies à
diminuer la qualité des services offerts ou encore à imposer un
tarif supérieur à l'aide gouvernementale.
De plus, les conditions concernant le revenu familial annuel sont
absolument aberrantes. De fait, elles aboutissent à disqualifier presque
automatiquement les familles qui en ont le plus besoin, à savoir celles
où les deux conjoints travaillent. Au début de février,
dans tout le Québec le ministre pourra nous donner plus de
détails là-dessus, j'espère, d'ici quelque temps
dans l'ensemble du Québec, seulement 1,500 familles s'étaient
qualifiées pour recevoir l'aide gouvernementale. Il est probable que
dans la majorité des cas il s'agit de familles à un seul adulte,
le plus souvent la femme.
Depuis que le gouvernement "s'occupe" des garderies, plus d'une
cinquantaine ont dû fermer leurs portes. Il vaudrait mieux, s'il n'a pas
l'intention d'y voir sérieusement, qu'il n'y touche pas. Ce serait plus
clair; la situation serait claire. Le ministre déclarait
récemment, en choisissant bien ses mots, "qu'il n'est pas question que
le Québec soit doté d'un réseau étatique et
universel de garderies" et que "le principe du libre choix est une sauvegarde
contre la création de ghettos culturels". Ce sont là des phrases
bien ronflantes où les mots sont choisis pour soulever la peur de
l'Etat, mais elles deviennent ridicules quand on sait que le système
actuel de financement est beaucoup plus compliqué que celui que
nécessiterait un réseau public de garderies.
Un gouvernement dont les ministres déclarent, l'un que "la baisse
du taux de natalité est une excellente occasion d'éliminer les
poches de chômage", et l'autre que "la distribution de contraceptifs
gratuits" est un important outil de la politique familiale n'aura jamais de
politique de développement démographique. Avec de tels principes,
la famille demeurera un slogan purement politique et creux. Il ne se fera rien;
nous n'attendons rien, en tout cas, de ce gouvernement pour améliorer
les conditions concrètes de la famille québécoise. Il
serait pourtant simple de considérer le congé payé de
maternité comme une condition normale de travail. L'Etat pourrait donner
l'exemple, l'accorder à ses propres employés.
Un autre secteur où il faut agir de toute urgence, c'est celui
des personnes âgées. A la suite d'une tournée de
consultations sur les problèmes de ces personnes qu'effectuait,
l'automne dernier, le ministre d'Etat aux Affaires sociales, la seule nouvelle
mesure que le gouvernement a annoncée est une hausse de $5 par mois du
montant laissé aux personnes âgées qui vivent dans les
institutions. J'ai pu constater moi-même, à plusieurs reprises au
cours de ma tournée, que ce montant, qui est maintenant de $55, est
insuffisant pour ceux ou celles qui n'ont aucun autre revenu ou qui n'ont plus
de famille.
Pourtant, les solutions existent. Elles sautent aux yeux de celui qui a
le moindrement examiné la situation et qui veut que l'on assure aux
citoyens plus âgés une retraite convenable.
Toutes les études et enquêtes démontrent que la
plupart désirent continuer à habiter de façon autonome
l'endroit où ils ont vécu, le plus longtemps possible,
plutôt que d'être déracinés et entassés dans
des pigeonniers. Le dévouement des foyers est exemplaire, mais beaucoup
ne s'y adaptent jamais. Il me semble, M. le Président, qu'il faudrait
assurer à ces personnes des soins et des services à domicile,
comme la visite du médecin ou de l'infirmière, comme l'entretien
du logement. Il faut favoriser la
création de "centres de jour" où ces personnes puissent
occuper leurs loisirs. A l'heure actuelle, c'est l'absence de ces services qui
explique la pression continue en faveur de la construction de foyers
d'hébergement et c'est cette absence de services qui explique les listes
d'attente interminables que l'on trouve partout.
L'inaction du gouvernement dans le secteur social est souvent
expliquée par le manque de ressources. Combien de fois n'avons-nous pas
entendu les ministres ou hauts fonctionnaires nous dire: "Nous aimerions bien
faire plus, mais nous n'avons pas d'argent"! Voilà encore un bel aveu
d'impuissance, une impuissance qu'on s'inflige à soi-même. En
effet, le gouvernement est responsable de cet état de chose dans la
mesure où il accepte le partage fiscal des ressources imposées
par Ottawa, lequel défavorise le Québec et l'empêche
d'offrir les services correspondant aux besoins réels de la
population.
M. le Président, puis-je demander combien de temps il me reste?
Encore une heure?
Le Président suppléant (M. Gratton): Quarante
minutes.
M. Morin: Merci, M. le Président. Je vais profiter des
quelques minutes qui restent avant six heures pour attaquer le domaine culturel
et je réserverai la fin de mes remarques pour le moment où nous
nous retrouverons en soirée.
M. Hardy: Vous allez être seul ce soir.
M. Morin: Au cours de la prochaine séance, j'aurai
l'occasion de terminer mes remarques.
Pour démontrer l'impuissance du gouvernement actuel, est-il
besoin de parler longuement du secteur culturel? Quelle blague, en effet,
quelle bonne farce que ce slogan de la souveraineté culturelle! Est-il
à l'heure actuelle un Québécois qui y voie autre chose que
de la poudre aux yeux?
L'an dernier, le ministre des Communications s'était donné
jusqu'à la fin de l'automne pour effectuer un déblocage dans le
domaine des communications. C'était à l'époque où
l'on faisait grand état de l'interprovincialisme et du soutien que les
autres provinces pouvaient être appelées à apporter
à la cause du Québec. Bien, l'automne a passé; l'hiver
même est presque terminé et le dossier n'a guère
avancé. S'étonne-t-on alors de ne pas entendre parler de
démission possible? Evidemment non, puisque jamais personne n'a cru
à cet ultimatum du ministre. Et pourtant, on nous disait, il n'y a pas
si longtemps, que l'avenir culturel du Québec était en jeu dans
cette récupération de nos pouvoirs en matière de
communications!
Pour ce qui est des affaires culturelles, on n'a jamais osé faire
de promesses précises. On n'a donc pas eu à les tenir. Et l'on
évite ainsi les critiques, en tout cas on pense les éviter. On
n'a rien fait mais on n'avait rien promis de faire non plus. Et personnes
d'ailleurs ne s'attendait à quoi que ce soit. De sorte que c'est
à Ottawa que se situe de plus en plus le principal centré de
décision en matière culturelle.
Parler de souveraineté culturelle dans un tel contexte, c'est
rire du monde. Heureusement que nos artistes et nos artisans de la culture ne
sont pas dupes et qu'ils ne se gênent pas pour le faire savoir au
ministre quand ils ont la chance rare, il est vrai de le
rencontrer.
On ne saurait parler du secteur culturel sans s'attarder un peu sur la
faillite complète du bill 22. Je restreindrai mes propos au sort de la
langue à l'école puisque les autres chapitres du bill 22 sur la
langue de travail, la langue des affaires, la langue de l'affichage et de
l'étiquetage, etc., sont demeurés lettre morte même si,
techniquement, ils ont force de loi.
Le gouvernement a donc tenté de mettre en oeuvre les dispositions
de la loi qui concernent la langue d'enseignement. Le seul résultat
qu'il ait obtenu, cela a été de provoquer les
Néo-Québécois, de provoquer chez eux une véritable
ruée vers l'anglais et vers l'école anglaise. Dès que les
jeunes d'origine étrangère peuvent dire quelques mots, leurs
parents s'empressent de les diriger vers des classes de langue
préparatoires, où ils pourront s'habituer le plus rapidement
possible à la langue anglaise.
Bien sûr, ces parents s'efforcent également de parler
l'anglais à la maison c'est plus que probable afin que
leurs enfants puissent réussir les fameux tests auxquels le ministre de
l'Education tenait tellement malgré toutes les objections que nous avons
pu faire valoir au cours de l'été contre ces dispositions.
On en arrive ainsi à pousser les immigrants vers l'assimilation
rapide à la minorité anglophone. C'est un beau résultat!
Et, pourtant, il était prévisible, M. le Président. C'est
un résultat que moi-même et mes collègues avons
prédit dès le mois de juillet dernier, au cours des
séances de la commission parlementaire.
Mais le gouvernement ne voulait rien écouter. Le gouvernement
voulait faire à sa tête, désireux qu'il était de
faire adopter ce projet avant que l'opinion publique ne se réveille et
ne le force à retraiter.
Hélas, quand on regarde le triste spectacle d'une majorité
incapable de se faire respecter culturellement par la minorité,
incapable, de surcroît, de faire en sorte que les nouveaux immigrants
s'intègrent à sa culture, n'a-t-on pas là la preuve la
plus manifeste d'un Etat, si je puis m'exprimer ainsi, d'un gouvernement
fondamentalement impuissant? Peut-il y avoir une démonstration plus
convaincante de l'impuissance chronique du gouvernement Bourassa que son
incapacité à faire accepter par l'ensemble des citoyens la mise
en oeuvre de sa politique dj3s langues? Les artisans d'une telle catastrophe
auraient dû, depuis longtemps, s'ils avaient un peu de fierté,
remettre leur démission. Mais non, l'impuissance et l'échec ne
sont pas, dans ce gouvernement, une cause de démission. S'il en
était ainsi, les ministres seraient désormais peu nombreux.
M. le Président, je ne sais pas si je dois poursuivre plus avant
ou proposer l'ajournement du débat.
Avec votre permission, c'est ce que je ferai.
Le Président: Nous allons considérer qu'il est
dix-huit heures.
Je crois qu'il vous restera environ 30 minutes lors de la prochaine
séance.
M. Morin: Ce sera plus que suffisant pour terminer.
M. Bienvenue: Je propose, M. le Président, l'ajournement
de la Chambre à demain après-midi, quinze heures.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, sur une question
de règlement. J'ai entendu tout à l'heure l'honorable
vice-premier ministre, le leader du gouvernement, nous dire que nous
siégerons peut-être lundi.
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, pour accommoder tous les
députés qui ont déjà dans tous leurs comtés
des heures de bureau à leur programme, de siéger plutôt
vendredi après-midi pour gagner une séance, si vous devez finir
mercredi soir prochain, et de siéger mardi matin à dix heures,
nous laissant le lundi dans nos comtés? On l'apprend à la toute
dernière minute. Il y aurait peut-être moyen pour accommoder tout
le monde que l'on siège vendredi après-midi jusqu'à une
certaine heure et que, mardi matin, nous puissions revenir pour terminer les
travaux à temps.
M. Levesque: Le député de Johnson sait avec quel
plaisir je réponds ordinairement affirmativement à ses
suggestions. Par contre, il y a d'autres de mes collègues qui ont pris
des engagements pour vendredi après-midi. Alors, c'est pour ça
que, plutôt que d'attendre à vendredi, comme le prévoit le
règlement, pour annoncer que nous siégerons lundi, je l'ai fait
dès mercredi, c'est-à-dire aujourd'hui.
Alors, je regrette s'il y a des inconvénients, mais
j'espère qu'on aura l'occasion, peut-être, de faire du bureau un
peu plus souvent durant le reste de la Semaine sainte et le lendemain de
Pâques, peut-être même la journée de Pâques. Je
sais le sens du devoir qui caractérise le député de
Johnson. Nous allons lui laisser quelques jours, ce ne sera peut-être pas
le lundi, afin qu'il puisse remplir ses fonctions de député.
M. Samson: Maintenant, est-ce qu'il serait permis que l'on
demande au leader du gouvernement, même s'il ne nous donne pas une
réponse déf initve, peut-être de reconsidérer cela
en fonction également de l'ordre du jour de certains de ses
collègues? Je pense particulièrement à l'ordre du jour du
premier ministre qui doit être dans ma région lundi et qui a
invité tous les députés de la région, à
cette occasion, à une rencontre avec les maires de la région.
Alors, à ce moment-là, M. le Président, cela
dérangerait peut-être l'ordre du jour du premier ministre de
siéger lundi; cela dérangerait le mien également parce que
j'avais l'intention d'assister à cette importante réunion des
maires de la région, en présence du premier ministre.
Peut-être y aurait-il lieu de ne pas dire non
définitivement et peut-être avoir une rencontre des leaders pour
reconsidérer l'ensemble de cette question et essayer de convenir
à tout le monde.
Il y a également le ministre de l'Industrie et du Commerce qui
viendra visiter ma égion et je suis persuadé qu'il en tirera
grand profit, M. le Président, peut-être qu'il le fera lundi
également.
M. Burns: Vous êtes après faire des commerciaux.
M. Samson: Si vous voulez que je continue, j'ai pas mal d'autres
commerciaux à faire. Mais je pense qu'avec ces deux-là, cela va
être bon.
M. Levesque: M. le Président, j'ai mentionné cet
après-midi qu'il s'agissait d'un avis que je donnais et qu'il
était probable que nous siégions lundi prochain. Le fait que
j'aie dit que c'était probable, ce n'est pas absolument certain. Mais
c'est de plus en plus probable.
M. le Président, je propose... Bien, c'est fait, la proposition
est faite.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux
à demain, quinze heures.
(Fin de la séance à 18 h 5)
ANNEXE
COMMISSION ELUES TROISIEME SESSIONTRENTIEME
LEGISLATURE
Commission élue permanente de
l'Assemblée nationale
Monsieur le Président
Conformément au règlement de l'Assemblée nationale,
j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission de
l'Assemblée nationale qui s'est réunie, ce dix-neuvième
jour de mars 1975, afin de désigner les membres qui feront partie des
commissions élues permanentes, ainsi que ceux désignés
pour agir comme présidents de celles-ci.
Respectueusement soumis,
Yves Tardif
Député du comté d'Anjou Rapporteur de la
Commission
A cette commission présidée par monsieur Jean-Noel Lavoie,
Président de l'Assemblée nationale, assistaient messieurs:
Bellemare (Johnson), Blank, Brown, Burns, Caron, Hardy, Lacroix, Lamontagne,
Léger, Levesque, Malouin, Mercier, Ostiguy, Roy, Tardif.
Sur la proposition du député de Maisonneuve, monsieur
Robert Burns, laquelle fut adoptée à l'unanimité, le
député du comté d'Anjou, monsieur Yves Tardif, a
été désigné rapporteur de cette commission
Les membres suivants de l'Assemblée nationale ont
été choisis pour fai re partie des commissions élues
permanentes.
Commission des Affaires Municipales
MM. Bédard (Chicoutimi), Bédard (Montmorency), Bellemare
(Johnson), Boutin, Caron, Chagnon, Déziel, Goldbloom, Leduc,
Léger, Ostiguy, Perreault, Parent (Hull), Roy, Vaillancourt.
Commission des Affaires Sociales
MM. Bédard (Chicoutimi), Bacon (Bourassa), Bellemare (Johnson),
Bellemare (Rosemont), Bonnier, Charron, Dufour, Boudreault, Forget, Fortier,
Lecours, Massicotte, Samson, St-Germain.
Commission de l'Agriculture
MM. Bellemare (Johnson), Burns, Carpentier, Dionne, Faucher, Fraser,
Giasson, Lessard, Massicotte, Ostiguy, Pelletier, Roy, Toupin, Tremblay.
Commission de l'Education, des Affaires culturelles et
des Communications
MM. Bellemare (Johnson), Bérard, Bonnier, Charron, Cloutier,
Côté, Déom, Houde (Fabre), Lapointe, Léger, Parent
(Prévost), Samson, St-Germain, Veilleux.
Commission des Engagements financiers
MM. Bellemare (Johnson), Brown, Caron, Carpentier, Denis, Fraser,
Giasson, Lacroix, Léger, Lessard, Ostiguy, Parent (Hull), Roy,
Sylvain.
Commission des Finances, Comptes publics et
Revenu
MM. Bacon (Trois-Rivières), Bédard (Chicoutimi), Bellemare
(Johnson), Boutin, Déom, Garneau, Malépart, Marchand, Mercier,
Morin, Pépin, Roy, Saindon, Vallières.
Commission de la Fonction publique
MM. Bellemare (Johnson), Boudreault, Burns, Cadieux, Charron, Cloutier,
Garneau, Lachance, Pagé, Parent (Hull), Pépin, Roy, Sylvain,
Vallières.
Commission de l'Industrie et du Commerce, du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche
MM. Bellemare (Johnson), Cadieux, Côté, Déom, Denis,
Dufour, Lachance, Lapointe, Lessard, Malouin, Marchand, Morin, Samson,
Saint-Pierre.
Commission des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
MM. Assad, Beauregard, Bellemare (Johnson), Bonnier, Burns, Chagnon,
Harvey (Charlesbourg), Harvey (Dubuc), Léger, Marchand, Picotte, Roy,
Tetley, Tremblay.
Commission de la Justice
MM. Bédard (Chicoutimi), Bellemare (Johnson), Beauregard,
Bienvenue, Burns, Choquette, Ciaccia, Desjardins, Pagé, Perreault,
Samson, Springate, Sylvain, Tardif.
Commission de la Présidence du conseil, de la
Constitution et des Affaires intergouvernementales
MM. Bédard (Chicoutimi), Bellemare (Johnson), Bossé,
Bourassa, Brown, Côté, Denis, Gratton, Lacroix, Lévesque,
Malouin, Morin, Samson, Tardif.
Commission des Richesses naturelles et des Terres et
Forêts
MM. Bédard (Chicoutimi), Bellemare (Johnson), Carpentier,
Ciaccia, Faucher, Giasson, Lessard, Malouin, Massé, Harvey (Dubuc),
Pelletier, Perreault, Picotte, Samson.
Commission des Transports, des Travaux publics et de
l'Approvisionnement
MM. Bédard (Chicoutimi), Bédard (Montmorency), Bellemare
(Johnson), Bellemare (Rosemont), Ber-thiaume, Brown, Faucher, Lessard,
Mailloux, Mercier, Saindon, Samson, Saint-Hilaire, Verreault.
Commission du Travail, de la Main-d'oeuvre et de
l'Immigration
MM. Bellemare (Johnson), Bérard, Boudreault, Burns, Charron,
Ciaccia, Cournoyer, Déziel, Harvey (Charlesbourg), Lachance, Lecours,
Malépart, Roy, Verreault.
Commission des Corporations professionnelles
MM. Bédard (Chicoutimi, Bellemare (Johnson), Brisson, Burns,
Caron, Charron, Choquette, Ciaccia, Déziel, Dionne, Dufour, Faucher,
Forget, Lachapelle, Lafrance, Lalonde, Lecours, Morin, Perreault, Pelletier,
Picard, Pilote, Quenneville, Roy, Saint-Germain, Samson, Séguin,
Vallières.
Au début de la séance, le député des
Iles-de-la-Madeleine, monsieur Louis-Philippe Lacroix, a fait remarqué
que lors de l'institution de la commission de l'Assemblée nationale,
à la séance d'ouverture, le nom d'un membre du parti
ministériel avait été omis et a suggéré que
le leader parlementai re, au cours de la présente séance, fasse
motion pour que le nom du député de Crémazie, monsieur
Jean Bienvenue, soit ajouté à la liste des membres officiels de
cette commission. Il a été décidé unanimement que
le député de Johnson, monsieur Maurice Bellemare, soit membre de
toutes les commissions.
Sur la proposition du député de Bellechasse, monsieur
Pierre Mercier, il a été suggéré que le nom du
député de Taillon, monsieur Guy Leduc, soit ajouté
à la liste des membres de la commission des affaires municipales.
Après un court débat, cette motion a été
adoptée.
Le député de Verchères, monsieur Marcel Ostiguy,
fait motion pour que tous les membres proposés pour fai re partie de
toutes les commissions élues permanentes soient acceptés. Cette
motion fut adoptée à l'unanimité.
Sur la proposition du député d'Anjou, monsieur Yves
Tardif, la liste des députés dont les noms suivent, soumise par
le Président de l'Assemblée nationale en vertu de l'article 139,
ont été choisis pour agir comme présidents des commissions
élues: MM. Bédard (Chicoutimi), Brisson, Cornellier, Gratton,
Houde (Limoilou), Kennedy, Lafrance, Picard, Pilote, Séguin.
Avant l'adoption de cette dernière proposition, un débat
s'est élevé auquel prirent part plusieurs membres de la
commission et le député de Maisonneuve, monsieur Robert Burns, a
suggéré que des cours sur la procédure parlementaire en
commission soient donnés à tous les présidents ci-haut
mentionnés, afin que soient observés à la lettre le
Règlement \de l'Assemblée nationale. A ce sujet, le
Vice-président chargé du choix des présidents lors des
séances des commissions, soit monsieur Robert Lamontagne,
député de Roberval, a fait part à la commission qu'une
telle pratique a commencé à être mise en application et
qu'il a déjà rencontré certains présidents pour
leur faire des observations.
A la suggestion du Président, le député de
Lafontaine, monsieur Marcel Léger, proposa la formation d'une
sous-commission de la commission de l'Assemblée nationale, soit celle de
l'INFORMATION ET DE L'ACCUEIL formée de: MM. Burns, Malouin, Mercier,
Tardif, Lavoie.
Cette motion a été adoptée à
l'unanimité.
Sur une autre suggestion du Président, le député de
Drummond, monsieur Robert Malouin, proposa la formation d'une autre
sous-commission de la commission de l'Assemblée nationale, soit la
sous-commission du REGLEMENT formée de sept membres(7). Après un
court débat et sur un amendement du Leader du Gouvernement cette
sous-commission a été portée à neuf (9) membres
dont les noms suivent: MM. Lavoie, Blank, Lamontagne, Bienvenue, Hardy,
Lévesque, Burns, Roy, Bellemare (Johnson).
Cette motion a été adoptée à
l'unanimité.
Ces deux sous-commissions devront faire rapport à la commission
de l'Assemblée nationale.
Enfin, le député de Maisonneuve, monsieur Robert Burns,
propose que l'article 10 paragraphe 6a qui avaitété adopté
comme règlement sessionnel le 21 mars 1974et qui se lit comme suit: "il
peut accorder à un député n'appartenant pas à un
parti reconnu un temps de parole analogue à celui que prévoit le
règlement pour les chefs des partis reconnus autres que le parti
ministériel et le chef de l'opposition officielle "soit de nouveau
adopté comme règlement pour la durée de la présente
session. Cette motion a été adoptée unanimement et la
commission ajourna ses travaux sine die.