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(Quinze heures cinq minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
Le ministre d'Etat à l'Exécutif.
DEPOT DE DOCUMENTS
Rapport de l'Ordre des architectes
M. Lalonde: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de l'Ordre des architectes du Québec
pour l'exercice 1974/75.
Le Président: Le ministre de la Justice.
Rapport de la Sûreté du
Québec
M. Choquette: M. le Président, je dépose le rapport
annuel de la Sûreté du Québec pour l'année 1974.
Le Président: Questions orales des députés.
Le chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS DES DEPUTES
Rentabilité du projet de développement
de la baie James
M. Morin: M. le Président, l'étude entreprise pour
le compte du Conseil des sciences du Canada par un groupe d'hommes de science,
MM. Dansereau, écologiste, Goudreau, économiste, Rocher,
sociologue, et Hamelin, géographe, a été rendue publique
par le quotidien La Presse, aujourd'hui. Le premier ministre a-t-il pris
connaissance de ce rapport ou du moins de ce qui en est publié dans la
Presse, et en particulier, a-t-il pris connaissance des conclusions de cette
étude, lesquelles révèlent que le gouvernement a fait
passer la rentabilité électorale de ce projet avant sa
rentabilité économique? Le rapport révèle
également que, dans sa précipitation, le gouvernement a
annoncé un projet non planifié entraînant des erreurs et
des hausses de coût de l'ordre de 20% à 25%. Si je ne m'abuse, sur
une somme totale de...
Le Président: Question, s'il vous plaît.
M. Morin:... $14 à $15 milliards, cela peut signifier de
$3 à $4 milliards.
M. Bourassa: M. le Président, dans ce que j'en ai lu, on
parle d'une route, on ne parle pas de l'ensemble des travaux. Le chef de
l'Opposition devrait savoir que plus on attend, avec l'inflation, plus cela
coûte cher.
Dans la liste des personnes qu'il m'a donnée, je ne vois pas
d'ingénieur et on se permet de critiquer des travaux de génie.
Tout ce que je puis dire, c'est que je ne trouve pas que la manchette de la
Presse représente le contenu de l'article. C'est un peu comme samedi,
où on disait que Reggio Food avait reçu la marque
"Approuvé Québec".
Le ministre de l'Agriculture a démontré le contraire.
Evidemment, on n'a pas fait la rectification à la même place.
M. Lessard: Federal Packing.
M. Bourassa: C'est le genre d'éthique professionnelle que
professent certains journalistes qui, eux, souvent, veulent donner des
leçons aux hommes politiques.
M. Lessard: 25e anniversaire de Federal Packing.
M. Bourassa: Ce que je veux dire, c'est que nous n'avons pas
encore lu l'étude; donc, nous ne pouvons pas la commenter. Mais
d'après les questions que m'a posées le chef de l'Opposition, au
sujet des 25%, il semble qu'il s'agit surtout des travaux de voirie.
De toute manière, la Société de
développement de la baie James et la société
d'énergie vont émettre des communiqués réfutant
toutes ces affirmations, en faisant un autre ballon. Systématiquement,
on lance des ballons pour essayer de dénigrer les grands projets des
Québécois, que ce soit les Jeux olympiques, que ce soit la baie
James...
M. Lessard: Le ballon de la baie James.
M. Bourassa:... que ce soit la langue officielle. Il y a une
tendance à l'autodestruction et à l'amoralisme dans certains
milieux, qui frappe bien plus les Québécois. Ces attaques, ces
dénigrements contre le gouvernement frappent bien plus les
Québécois que le gouvernement. Je ne voudrais pas que le chef de
l'Opposition s'associe à ces manoeuvres.
M. Morin: M. le Président, en question
supplémentaire, j'aimerais savoir, tout d'abord, si le premier ministre
entend mettre en cause la compétence des hommes de science qui ont
participé à ces recherches. C'est ma première
question.
Deuxièmement...
M. Bourassa: Ce que j'ai dit, c'est qu'on commentait, à ce
que l'on m'a informé, ou on critiquait des travaux de génie,
alors qu'il n'y a pas d'ingénieur dans l'équipe. Je trouve
ça curieux.
M. Morin: M. le Président, il ne s'agit pas que de travaux
de génie; il s'agit, d'après l'étude qui a
été publiée, de l'ensemble des travaux de la baie
James.
J'aimerais demander au premier ministre s'il est conscient du fait que,
dans l'esprit des auteurs, ni le gouvernement, ni Hydro-Québec, ni les
ingénieurs-conseils n'étaient en possession des données
suffisantes au moment des prises de décisions originaires, au moment
où on a lancé le "grand projet".
Je demanderai au premier ministre si ce n'est pas un fait d'ailleurs
que, dans l'année qui a suivi l'annonce du projet, à la suite de
la célébration du 1er anniversaire de l'élection de 1970,
déjà le développement de la baie James avait connu des
changements fondamentaux, avec l'abondon de certaines rivières
prévues dans le projet original et le développement de
rivières qui ne figuraient pas dans le projet original.
Est-ce que tout ce projet n'a pas été improvisé?
Est-ce que ce n'est pas finalement...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre!... A l'ordre,
messieurs!... A l'ordre!
M. Bourassa: Cela fait à peu près cinquante fois...
Je ne sais pas pourquoi, dans certains milieux, on s'acharne contre le
développement de la baie James, ou contre les Jeux olympiques...
M. Lessard: Pleurez!
M. Bourassa:... voyant toujours les aspects négatifs de
tout ce que les Québécois entreprennent.
M. Lessard: Pleurez maintenant!
M. Bourassa: Je ne vois pas pourquoi on s'acharne, dans certains
milieux, dans cette autodestruction ou dans cet amoralisme.
M. le Président, les dirigeants d'Hydro-Québec ont
répondu combien de fois aux commissions parlementaires et ils vont
répondre de nouveau pour démolir, point par point, ces
affirmations. C'est un autre ballon. Evidemment, les rectifications, on sait
où on va les retrouver. Mais je peux assurer le chef de l'Opposition que
les informations qui m'ont été fournies ce matin par les
autorités compétentes m'assurent qu'elles peuvent démolir,
comme d'habitude, toutes ces accusations.
M. Morin: M. le Président, je voudrais demander au premier
ministre s'il ne serait pas plus raisonnable, dans les circonstances, qu'il
prenne le temps de lire l'étude scientifique avant de crier, une fois de
plus, à l'autodestruction. L'attitude raisonnable ne consisterait-elle
pas à en prendre connaissance à fond avant de se lancer dans des
dénonciations qui peuvent entraîner le premier ministre...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre!... A l'ordre,
s'il vous plaît!... A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que je
pourrais avoir la collaboration du chef de l'Opposition? Depuis le
début, pas une de ses questions n'était dans l'ordre et il le
sait parfaitement lui-même.
Un instant, s'il vous plaît! Un instant, je m'excuse. Même
si vous avez une conversation sous une forme interrogative, cela ne veut pas
dire que ce sont nécessairement des questions. Il faut que ce soit
"factuel". Est-ce que le ministre est conscient... Même si c'est sous une
forme interrogative, ce n'est pas le genre de questions qui sont permises en
vertu de notre règlement. Cela a été de l'argumentation du
début à la fin. Je lui demanderais sa collaboration.
M. Bourassa: M. le Président, le chef de l'Opposition m'a
demandé de commenter les affirmations de l'article dans le journal La
Presse. Il ne m'a pas demandé de commenter le contenu du rapport. Je lui
ai dit que je ne l'avais pas. Or, je lui dis que les autorités
compétentes d'Hydro-Québec et de la Société
d'énergie de la baie James m'ont assuré que ce qui était
dans la Presse c'est la question du chef de l'Opposition ne
résiste pas à l'épreuve du réel.
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Morin: Dernière question. Dans les circonstances,
serait-il pas utile à tout le monde que le premier ministre obtienne un
exemplaire de cette étude et la dépose devant la Chambre pour que
nous puissions tous en prendre connaissance?
M. Bourassa: Hydro-Québec doit comparaître au
début de juillet. Une nouvelle fois, elle va présenter ses
chiffres, ses comparaisons avec les centrales nucléaires. On voit les
problèmes techniques des centrales nucléaires à
Pickering.
Je ne comprends pas la position du Parti québécois
vis-à-vis du développement de la baie James, quand on voit la
rareté de l'énergie, quand on voit les coûts des centrales
nucléaires, les problèmes techniques, les risques de pollution.
Si nous avions retardé, là les Québécois nous
auraient blâmés. Mais ils vont nous appuyer,
précisément parce que nous avons assumé nos
responsabilités. Nous avons fait preuve de prévoyance M. le
Président.
M. Lessard: Les sondages ne sont pas favorables.
Le Président: L'honorable député de
Saguenay.
Commerce de la viande avariée
M. Lessard: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Agriculture et concerne un autre problème du gouvernement
Bourassa soit la viande avariée. Est-ce que le ministre peut nous dire
s'il est exact, selon des informations lancées sur les ondes du poste
CFCF, de Mont-
réal, ce matin, qu'en date du 9 juillet 1973, il aurait
personnellement rencontré la présidente de l'Association des
consommateurs du Canada, laquelle lui aurait fait part de l'existence de
certains procédés illégaux ayant trait au domaine de la
viande avariée et à l'utilisation des colorants à viande?
Est-il exact, M. le Président, que le ministre de l'Agriculture aurait
rencontré cette personne?
M. Toupin: M. le Président, je vais réviser mon
ordre du jour depuis 1973. Mais, ma mémoire étant fidèle
habituellement en ce qui concerne ces problèmes, je ne me rappelle pas
d'avoir rencontré cette dame.
M. Lessard: Est-ce que le ministre voudrait dire que, depuis
1973, il n'aurait rencontré personne, soit la présidente...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! A
l'ordre!
M. Lessard:... de toute autre association, qui l'aurait
informé ou qui lui aurait parlé du problème de la viande
avariée au Québec ou du problème des colorants à
viande au Québec, particulièrement l'Association des
consommateurs de la section de Trois-Rivières?
M. Toupin: Là, c'est plus vrai, M. le Président.
C'est vrai. Je vais regarder... Ecoutez, je vais vous répondre.
M. Lessard: Vous dites... Le Président: A
l'ordre!
M. Toupin: Je vais réviser mon agenda en ce qui concerne
la présidente nationale de l'Association des consommateurs. Si,
effectivement, elle a été rencontrée, je vais sans doute
trouver, dans mon agenda, la date de cette rencontre. Vous parlez de 1973.
En ce qui concerne Trois-Rivières, j'ai rencontré Mlle
Plamondon à quelques reprises, avec quelques-unes de ces personnes, et
on a parlé de ces problèmes de viande. Mais cela se situait dans
le cadre de la ville de Trois-Rivières.
La ville de Trois-Rivières, à ce moment-là, n'avait
pas de règlement, mais depuis ce temps, la ville a des
règlements. J'ai discuté avec la municipalité et on a
convenu qu'il y ait des règlements dans la cité de
Trois-Rivières, et des inspecteurs ont été nommés.
Actuellement, l'inspection se fait dans la ville de Trois-Rivières par
un ou deux inspecteurs de la ville. Je ne peux pas aller plus loin, je ne suis
pas au courant de l'administration totale de cette ville, mais je sais qu'au
moins un inspecteur a été nommé. Est-ce qu'on a
discuté de viande? Oui, on a discuté de viande, mais pas
seulement de viande. On a discuté d'un tas d'autres problèmes,
d'un tas d'autres éléments.
C'est à ce moment-là, d'ailleurs, que nous avons
commencé à préparer notre loi, la loi 31 qui a
été adoptée. Soit dit en passant, M. le Président,
j'ai eu de l'opposition à la loi 31, si vous vous rappelez bien. J'ai eu
l'opposition du député de Beauce-Sud, du député de
Saguenay, qui n'étaient pas d'accord pour qu'on émette des permis
aux transporteurs. Je leur disais: C'est important que les transporteurs aient
des permis pour qu'on puisse les identifier, c'est important. Je le dis juste
en passant, M. le Président, parce que ce sont des faits qui
méritent d'être relatés.
On a discuté de ces problèmes et on a commencé
à préparer des projets de loi, à préparer des
règlements. Cela a cheminé depuis ce temps. La ville de
Trois-Rivières a voté des règlements et ainsi,
tranquillement, on a réglé au moins les problèmes qu'on
pouvait régler avec la connaissance qu'on avait des situations.
M. Lessard: D'abord, M. le Président, article 96, je ne me
suis jamais opposé aux permis concernant les transporteurs. L'opposition
qui a été faite lors de la discussion de cette loi a
été faite par le député de Beauce-Sud, par le
député de Saguenay et par le député des
Iles-de-la-Madeleine en particulier, concernant la réglementation,
à savoir qu'on présentait une loi où on nous disait: Tout
le problème va se régler par réglementation. On se
rappelle que le député des Iles-de-la-Madeleine avait
protesté énergiquement contre cette façon de
procéder du ministre.
Ma question additionnelle maintenant, M. le Président, est la
suivante: Est-il exact que lors de...
M. Lacroix: M. le Président, une question de
privilège.
Je voudrais rétablir immédiatement les faits. Je ne me
suis pas levé pour combattre la question du transport. Il était
question de la disparité régionale. Je n'ai jamais parlé
sur la question du transport. Je ne suis pas intervenu à ce sujet.
M. Lessard: Sur la question des règlements, vous
êtes intervenu. J'espère...
M. Lacroix: Je suis intervenu uniquement sur la question de la
disparité régionale.
M. Lessard:... que le député des
Iles-de-la-Madeleine n'est pas rendu amnésique, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard: Comme le premier ministre du Québec.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît. A
l'ordre, messieurs!
M. Lessard: M. le Président, je demanderais au ministre de
l'Agriculture s'il est exact que, lors de cette rencontre et des rencontres qui
ont suivi, les personnes lui ont demandé de faire enquête sur la
situation, sur le problème de la viande avariée au
Québec.
Est-ce que le ministre, qui avait promis de faire enquête, a fait
faire lui-même enquête, suite à cette rencontre ou à
ces rencontres, ou aurait demandé au ministre de la Justice de faire
enquête sur les agissements illégaux qui lui
ontétésignalés le 9 juillet 1973 et, par la suite, lors de
rencontres suivantes?
M. Toupin: M. le Président, on ne m'a jamais
signalé de gestes illégaux de la part de quelque personne que ce
soit. Les personnes qui renseignent le député de Saguenay
devraient non seulement insinuer, mais apporter des preuves qu'on m'a
donné des noms de personnes, dans la Mauri-cie ou ailleurs, qui
mettaient en marché de la viande avariée.
Nous avons discuté avec l'association des consommateurs de ces
problèmes. Il ne fut jamais question qu'une enquête soit
instituée. Il fut question, par exemple, que nous regardions la
réglementation actuelle et j'en ai discuté ouvertement avec Mlle
ou Mme Plamondon. Je lui faisais même suivre les étapes par
lesquelles on passait pour atteindre, d'abord, l'adoption du bill 31 et, par la
suite, la rédaction des règlements. Elle était au courant
de la situation en ce qui concernait toutes les actions que le gouvernement
menait là-dessus. Mais que j'aie promis de faire une enquête, non,
et qu'elle m'ait apporté des faits réels pour qu'il y ait
matière à enquête, non, non plus.
M. Lessard: Dernière question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: Dernière.
M. Lessard: Est-ce que le ministre pourrait nier, cet
après-midi à l'Assemblée nationale, les affirmations de
son secrétaire selon lesquelles certains inspecteurs auraient eu des
jambes cassées?
M. Toupin: M. le Président, ces choses ont
été niées, mon secrétaire particulier...
M. Lessard: C'est faux.
M. Toupin: Si vous ne croyez pas ce que je vous dis, pourquoi me
posez-vous des questions, alors? Si, hier...
M. Lessard: Vous n'êtes plus crédible.
M. Toupin: Si, hier, vous n'étiez pas Tapageur, vous
l'êtes aujourd'hui; vous l'êtes vraiment Tapageur, dans Bobino et
Bobinette. Cela fonctionne comme une machine, votre affaire. Si vous ne croyez
pas ce qu'on vous dit, ne posez pas de questions, ce n'est pas
compliqué.
M. Lessard: Croire le minsitre dont la crédibilité
disparaît...
Le Président: A l'ordre!
M. Lessard:... comme celle du ministre du Travail du
Québec.
Le Président: Question supplémentaire... M.
Harvey (Charlesbourg): M. le Président.. M. Roy: Question de
règlement...
Le Président: Un instant, je vais revenir à votre
question.
M. Roy:... puisque le ministre de l'Agriculture a voulu nous
associer tout à l'heure à une décision qui a
été prise à l'Assemblée nationale. C'est vrai que
nous avons émis des réserves concernant le transport, mais le
ministre est complètement malhonnête en voulant nous associer au
manque d'efficacité de son ministère.
Le Président: A l'rodre! A l'ordre! M. Roy: M. le
Président...
Le Président: Un instant, à l'rodre! Assoyez-vous,
s'il vous plaît, je suis debout actuellement. Je crois que je ne peux pas
accepter cela. Je pense que les paroles du député de Beauce-Sud
ont dépassé un peu sa pensée. Lorsqu'on dit qu'un
collègue est complètement malhonnête... Je ne suis pas trop
chatouilleux en général sur les termes antiparlementaires, mais
ici, ce serait ouvrir les portes un peu trop grandes. Je demanderais au
député de Beauce-Sud de retirer sans commentaire cette
expression.
M. Roy: Je vais retirer mes commentaires, M. le Président.
Ce que j'avais à l'esprit, c'étaient des propos
malhonnêtes. C'est cela que je voulais dire. Jamais, d'aucune
façon, cela n'a été notre intention de nuire à
l'action du ministère de l'Agriculture ou de la paralyser.
Si nous avions adopté cette attitude lors de la discussion sur ce
projet de loi... Je rectifie les faits en vertu de l'article 96.
Une Voix: Question de règlement. Le Président:
A l'ordre!
M. Roy: Nous avons douté, nous n'avons pas cru aux
mesures... Le ministre semblait vouloir faire en sorte de se cacher
derrière les compagnies de transport dans l'application de ces
règlements.
Le Président: A l'ordre! Question supplémentaire,
l'honorable député de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, ma question
supplémentaire s'adresserait plutôt au premier ministre, puisque,
à la une, aujourd'hui, le journal Le Soleil explique que le titre:
Dehors, les produits "Approuvé Québec" aurait comme
référence une firme québécoise d'alimentation qui
aurait donné des avis à certains marchands
détaillants.
Je m'excuse de ne pas avoir prévenu le premier ministre de ma
question. A mon point de vue,
cette manchette me paraît erronée, pour le moins, et
présentée à un moment où elle ne devrait pas
l'être. Je voudrais savoir si le premier ministre lui-même en a
été informé et, si la nouvelle ou la manchette est
erronée, s'il peut apporter d'autres informations à cette
Chambre.
M. Bourassa: Une autre fois, la compagnie Provigo a
démenti la manchette du journal Le Soleil. Je ne sais pas où va
se retrouver le démenti, mais cela a été démenti
par un communiqué, à deux heures cet après-midi.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
Avortement au Canada
M. Samson: M. le Président, je voudrais poser ma question
à l'honorable minisre de la Justice. Aujourd'hui, un comité
spécial de la Chambre des communes, à Ottawa, présentera
à la Chambre une pétition d'un million de signatures contre
l'avortement illégal au Canada.
Egalement il y a un autre procès contre le docteur Henry
Morgentaler qui est en cours et, en même temps, nous apprenons qu'un
sondage auprès de 1000 médecins québécois a
donné le résultat que 116 médecins ont
témoigné de la façon suivante: pour mieux faire
comprendre ma question, M. le Président, je cite la déclaration
des 116 médecins "Je, soussigné, déclare avoir
aidé une femme désirant un avortement, soit en lui procurant une
référence, soit en le lui conseillant, soit en le pratiquant
moi-même, soit de toute autre façon. "
Ma question est la suivante: J'aimerais savoir du ministre de la Justice
s'il a l'intention, suite à ces déclarations faites publiquement,
qui semblent être signées par 116 médecins
québécois qui se placent dans une situation
d'illégalité, d'étudier ce dossier et d'entreprendre, s'il
y a lieu, les poursuites qui s'imposeront.
M. Choquette: M. le Président, j'étudie
actuellement la situation et je n'ai pas pris de décision.
M. Samson: M. le Président, est-ce que l'on peut
considérer encore que le ministre de la Justice fera tout en son pouvoir
pour que la loi soit respectée, tel que ce fut le cas dans le
passé? Est-ce qu'on peut considérer que des efforts seront faits
pour que ce dossier soit étudié de fond en comble? Je pense que
c'est plus sérieux qu'une simple réponse du ministre de la
Justice, qui nous dit: On étudie la situation. On nous annonce, ce
matin, avec des noms à l'appui, que 116 médecins se placent en
état d'illégalité. Je voudrais savoir d'abord si le
ministre de la Justice est toujours contre les avortements illégaux.
Est-ce qu'il fera tout en son pouvoir pour que la loi soit
respectée?
M. Choquette: M. le Président, je pense que je me suis
déjà prononcé sur cette question, à plusieurs
reprises. Deuxièmement, quels que soient mes avis personnels en la
matière et quelle que soit mon opinion, il y a une chose qui
prévaut, c'est le code criminel, qui interdit les avortements. Alors,
quand même le député de Rouyn-Noranda voudrait faire un
petit scénario autour de cette question, les positions sont bien claires
de ce côté-ci de la Chambre sur la question. Si nous avons
entrepris des procédures contre certains médecins qui ont
pratiqué des avortements à Montréal ainsi que contre leur
personnel, c'était parce que nous avions l'intention de faire respecter
la loi. Jusqu'à nouvel ordre, je vais continuer à faire respecter
ces lois.
Maintenant, ce n'est pas parce qu'il y a 116 docteurs ou
prétendus médecins qui font des déclarations auxquelles on
donne une large publicité dans les journaux déclarations
qui ont pour but de provoquer les autorités, de narguer ceux et celui
qui a la responsabilité de faire respecter les lois que je vais
prendre ce genre de déclarations très au sérieux. Je ne
pense pas que la population québécoise va prendre ce genre de
prise de position très au sérieux. Je pourrais dire au
député de Rouyn-Noranda qu'à côté de ces 116
médecins qui se prononcent favorablement à l'avortement il y en a
plus de 1, 000 au Québec qui se sont prononcés contre. Moi je
pense que jusqu'à preuve du contraire la population du Québec est
majoritairement contre l'avortement ou, du moins, les avortements
illégaux. La majorité de la population du Québec veut que
les lois continuent à être respectées. J'ai l'intention de
suivre cette ligne de conduite.
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Samson: Oui, M. le Président; je suis satisfait de ce
que le ministre me donne comme réponse. Cependant, je voudrais revenir
à la charge en soulignant au ministre que ma question ne s'est pas
basée sur le fait que 116 médecins se sont prononcés en
faveur de l'avortement. 116 médecins ont dit avoir favorisé ou
avoir eux-mêmes pratiqué des avortements. Cela est pas mal
différent. C'est en fonction de cela que j'ai demandé au ministre
de la Justice s'il avait l'intention d'aller plus loin et de faire en sorte que
la loi soit respectée, même par ces 116 médecins, qui,
comme le dit le ministre, ne sont pas la majorité des médecins
pratiquants; au contraire, c'est une minorité.
M. Choquette: II faudrait savoir quelles
illégalités ils ont commises, d'autant plus que je n'ai pas
l'intention de me servir des tribunaux pour faire un carnage judiciaire
à ma façon, alors que ces gens sont prêts à faire
d'autres sortes de carnages.
Le Président: Le député de Johnson.
Complexe pétrochimique à
Saint-Romuald
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre de l'Industrie et du Commerce.
II a paru dans un journal, le 24 mars dernier, que le comité
interministériel des affaires économiques du gouvernement avait
donné le feu vert à la construction d'un complexe
pétrochimique de $120 millions à Saint-Romuald.
Le ministre des Richesses naturelles et le ministre de l'Industrie et du
Commerce, à ce moment-là, ont dit qu'il y avait entre SOQUIP, la
Golden Eagle et le ministère des Richesses naturelles des discussions en
cours avant d'accorder le feu vert.
Je voudrais savoir s'il y a maintenant des nouvelles concernant ce
complexe pétrochimique.
M. Saint-Pierre: M. le Président, je pense qu'il serait
faux de dire que le groupe ministériel des affaires économiques,
qui d'ailleurs n'aurait pas les pouvoirs de donner le feu vert à un
projet de cette envergure, a effectivement donné le feu vert. Il ne l'a
même pas recommandé au conseil des ministres et c'est dans cet
élément qu'il nous faut juger le dossier.
Les études se poursuivent, des analyses sont entamées,
sont examinées. Encore ce matin, certains aspects étaient
discutés par le même groupe économique. Donc, le feu vert
n'a pas été donné et il n'y a pas de décision de
prise.
Le moins qu'on puisse nous demander, devant l'envergure des sommes
impliquées, c'est de prendre le temps nécessaire pour prendre les
bonnes décisions. C'est la ligne de conduite que nous suivons.
M. Morin: Pas comme à la baie James.
M. Saint-Pierre: Ah bien! la baie James, si vous voulez que je
vous en parle, je vais vous en parler. Si l'erreur qu'il y a eue...
M. Morin: Oui. Parlez-en. M. Burns: Oui. M. Morin:
Oui, s'il vous plaît. M. Burns: Allez-y. Parlez-en.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Burns: C'est le bon temps là.
Le Président: L'honorable député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Une seule question supplémentaire.
Est-ce que l'honorable ministre prévoit que des décisions
très rapides seront prises très prochainement, au sujet de
Bécancour, qui est également un pôle de
développement pétrochimique, et de Saint-Romuald?
M. Saint-Pierre: M. le Président, il y a plusieurs
éléments du dossier pétrochimique qui sont très
avancés. Mais pour connaître le succès dans ces
éléments, il nous faut peut-être résoudre les
problèmes les plus épineux au niveau de la capacité de
raffinage, qui relève de mon collègue des Richesses naturelles,
de même que pour l'usine communément appelée BTX,
essentiellement, pour la fabrication de benzène, qui est la
matière première requise pour toutes les transformations en aval.
Et c'est de ces points que, avec le ministère des Richesses naturelles
et avec d'autres de nos collègues, nous tentons de discuter.
Encore une fois, il serait prématuré de dire que, pour la
semaine prochaine ou la semaine après, nous aurons conclu des ententes
qui nous permettraient d'annoncer ces projets.
M. Bellemare (Johnson): Juste une dernière question, M. le
Président, et elle sera très courte. Est-ce que les troubles, que
l'on retrouve dans le domaine de la construction, inciteraient la compagnie
Golden Eagle à remettre à plus tard l'exécution de ce
projet pétrochimique de $120 millions?
M. Saint-Pierre: M. le Président, il n'y a pas de
rôle particulier qui a été donné à la
compagnie Golden Eagle dans ce projet. La compagnie, comme d'autres, a
peut-être porté un jugement sur les perturbations que nous avions
dans le secteur de la construction, le niveau très bas de
productivité. Mais je pense que les mêmes groupes sont aujourd'hui
en mesure d'apprécier l'action énergique qui a été
prise par le gouvernement. Et la paix sociale, dans les chantiers de
construction, qui s'annonce rétablie depuis quelque temps, devrait
sûrement favoriser la relance de ces projets.
Le Président: L'honorable
député de Berthier.
Porcherie dans Berthier
M. Denis: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre responsable de la qualité de l'environnement,
relativement à un article publié dans la Presse du lundi 26 mai
dernier. C'était au sujet d'une situation déplorable qui
existerait dans le comté de Berthier relativement à
l'exploitation d'une porcherie qui, selon l'article, serait plus que mal
tenue.
Deuxième volet à ma question, M. le Président,
est-il vrai que, selon l'article, toujours, du 26 mai dernier, le ministre
n'aurait pas donné suite à la lettre du 24 juillet dernier?
M. Goldbloom: M. le Président, c'est le
député de Berthier qui a attiré mon attention sur cet
article et je l'en remercie. J'ai sorti le dossier et je trouve ce qui
suit:
La porcherie en question constitue, effectivement, un problème et
je voudrais indiquer immédiatement à la Chambre que j'ai
donné instructions à notre contentieux de procéder devant
les tribunaux contre cette porcherie.
L'article affirme qu'une lettre est demeurée sans réponse
et que c'est la première lettre reçue de ma part. Je trouve que,
d'abord, il y a eu une
lettre du monsieur en question, le 18 février. J'ai
répondu à cette lettre.
Le même monsieur m'a écrit de nouveau en me disant
et c'est la lettre du 18 juin à laquelle fait allusion l'article .
"Je vous remercie tout d'abord d'avoir répondu à ma lettre et,
également, j'ai constaté un arrêt immédiat dans les
travaux de nivelage du terrain qui, normalement, auraient conduit à la
construction d'au moins quatre autres établissements". J'ai
répondu à cette deuxième lettre. Par la suite, nous avons
émis, à l'endroit du propriétaire de la porcherie, une
série de directives. Nous n'avons pas eu d'autres communications par la
suite. Nous avons tenu pour acquis que les directives étaient
suivies.
C'est au mois d'avril de cette année que nous avons reçu
une pétition où il est écrit: "II appert que les
instructions émanant de votre ministère et les inspections
nécessaires ne sont pas observées". Alors, maintenant saisi du
fait que ce que nous avons donné comme instructions n'est pas
observé, j'ai donné instruction que l'on procède devant
les tribunaux et qu'on émette, en même temps, les ordonnances
nécessaires contre la porcherie en question.
Le Président: L'honorable député de
Saint-Jacques.
Désengagement de médecins de la
Régie de l'assurance-maladie
M. Charron: M. le Président, les soins médicaux, au
Québec, sont gratuits par une loi adoptée par cette
Assemblée il y a déjà cinq ans. Cependant, les citoyens de
deux régions du Québec, ceux de Yamaska et ceux du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, doivent aujourd'hui payer pour ces services, à
cause de l'incapacité du gouvernement de s'entendre avec les
médecins.
Je veux demander au ministre des Affaires sociales quelles mesures le
gouvernement entend prendre pour que les citoyens des régions du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et de Yamaska ne soient pas pénalisés
dans ce litige entre le gouvernement et les médecins.
M. Forget: M. le Président, les moyens que la loi met
à notre disposition sont extrêmement restreints, puisque la loi
prévoit deux modalités de désengagement. Elle
prévoit, d'une part, la non-participation, qui a été le
moyen choisi, et, d'autre part, le désengagement proprement dit qui a
été écarté comme moyen de pression par la
fédération. Dans le cas de non-participation je reviens
sur ces distinctions parce qu'elles sont très importantes
contrairement au cas de désengagement, la loi ne prévoit aucun
remboursement, ni aux médecins, ni aux bénéficiaires, ni
aux usagers ou aux patients pour des services reçus, sauf une exception,
les soins qui sont reçus de façon urgente ou qui sont requis de
façon urgente, le degré d'urgence étant laissé
à l'appréciation des médecins traitants.
Cependant, je crois que cette situation ne du- rera pas très
longtemps. Il y a toujours des possibilités de règlement.
D'ailleurs, j'ai à chaque occasion insisté sur la
possibilité, par des discussions, de faire déboucher nos
différends sur un consensus, sur un accord. J'ai tout lieu de croire, M.
le Président, que, dans au moins une région, cette
non-participation trouvera son terme dans un délai très
rapproché.
M. Charron: M. le Président, est-ce que le ministre
envisage la possibilité d'amender la loi, ce qui lui permettrait de
rembourser les citoyens de ces deux régions lorsque le litige sera
terminé?
M. Forget: C'est une possibilité comme d'autres que nous
pourrons considérer, que nous considérons d'ailleurs, mais nous
n'avons pas encore arrêté de décision à cet
égard, pour le moment.
M. Charron: Dernière question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: Dernière.
M. Charron: Est-ce que le ministre s'est fixé, lui et les
hauts fonctionnaires de son ministère, un échéancier
limite quant à ce genre de pressions qu'utilisent les médecins
actuellement sur le dos de la population de deux régions du
Québec?
M. Forget: M. le Président, il est clair que je suis la
situation de très près, de jour en jour. Que j'aie fixé
une limite ou non, il est bien clair qu'il m'est impossible d'en parler ici,
à l'Assemblée nationale, ou en public de façon
générale.
Le Président: Une question supplémentaire.
M. Samson: Elle va être assez courte. C'est parce que nous
avons reçu plusieurs télégrammes, aujourd'hui, de la part
de différents organismes médicaux, dont le président
secrétaire général de la Corporation professionnelle des
médecins, réclamant la tenue d'une commission parlementaire aux
fins d'étudier le litige qui oppose le gouvernement et la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.
Est-ce que le ministre a l'intention de convoquer cette commission
parlementaire qui est demandée par ces gens?
M. Forget: Cette question, comme les autres fait l'objet
d'examen, mais il demeure qu'avant même que nous puissions la
considérer encore plus sérieusement, il faudrait que les deux
parties en cause conviennent qu'il s'agit là de la meilleure issue
possible, étant donné une impasse dans les discussions, et ni
l'une, ni l'autre n'en est, pour le moment, arrivée à cette
conclusion.
Le Président: Je vais permettre deux courtes questions qui
amèneront, j'espère, des réponses également
courtes, et je ne permettrai pas de questions supplémentaires.
M. Roy: M. le Président, j'ai une question...
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Roy:... trop importante à poser pour accepter cette
limite aujourd'hui...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Roy: J'aimerais... Je ne demande pas un statut
particulier...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Roy:... je veux tout simplement avoir le même droit que
les autres à poser des questions.
M. Levesque: Pas de consentement.
M. Roy: Je ne voudrais pas, M. le Président... Je n'aurai
peut-être pas de question supplémentaire, mais je ne peux pas
accepter, étant donné l'importance de la question, de ne pas
poser de question supplémentaire à ce sujet. Est-ce qu'on va me
permettre, si nécessaire, une question supplémentaire?
Le Président: Ecoutez! Je voudrais bien être le plus
généreux possible. Par contre, il faut que vous
considériez que, pratiquement tous les jours, les deux
députés du Parti créditiste, qui est un tiers parti,
posent chacun une question. J'offre ma collaboration totale, mais il ne
faudrait pas que vous vous attendiez nécessairement qu'automatiquement,
à chaque séance, vous ayez chacun une question.
Une Voix: Ce sont deux partis.
Le Président: Ce n'est pas possible. Comme l'Opposition
officielle, qui compte six membres, n'a pas six questions. Que voulez-vous? Le
règlement est là: Trente minutes. Nous sommes rendus à 35
minutes, actuellement.
M. Choquette: Je demande une directive, M. le
Président.
Le Président: Je suis à en donner une.
M. Choquette: Oui, mais c'est une directive à
l'intérieur de vos savantes directives.
Que fait-on, dans un parti, lorsqu'on est profondément
divisé et qu'il y a deux ailes?
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Samson: Le ministre de la Justice, comme d'habitude, n'est pas
capable de rien régler.
Le Président: L'honorable député de
Saint-Jean, sans question supplémentaire.
Inspecteurs de la viande
M. Veilleux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Agriculture et fait suite à une question que je lui posais
au début de la semaine.
Je lui posais la question suivante il était censé
me donner la réponse le lendemain que je lui repose: Combien y
avait-il d'inspecteurs à l'emploi du service d'inspection avant le 29
avril 1970? Combien y en a-t-il eu depuis avril 1970? Le troisième volet
de ma question était: Combien de ceux qui étaient là avant
1970 sont encore à l'emploi du service de l'inspection?
Je demanderais au ministre, pendant qu'il cherche la réponse, M.
le Président, comme je ne peux pas poser de question
supplémentaire, de nous dire quelles étaient les méthodes
d'emploi avant 1970, et les méthodes d'emploi, comme inspecteur,
après 1970?
M. Bellemare (Johnson): Ce sont tous des fonctionnaires qui
relèvent de la fonction publique.
M. Toupin: M. le Président, quant aux méthodes
d'emploi avant 1970, je n'ai pas examiné la question. Je sais que,
depuis 1970, c'est par concours de la Commission de la fonction publique...
M. Bellemare (Johnson): En 1967 aussi.
M. Toupin: Oui, c'est pour cela que je vous dis...
M. Bellemare (Johnson): Oui, bien sûr. Dites-le. En 1967,
c'est la Commission de la fonction publique qui les a choisis.
M. Toupin: Avant 1970...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, messieurs!
M. Toupin: Avant 1970, M. le Président, sur 70
inspecteurs, à peu près, il y en a 63 qui ont été
nommés avant 1970...
M. Bellemare (Johnson): C'est la Commission de la fonction
publique qui les a nommés. Bah!
M. Toupin: Depuis...
M. Samson:... le club des viandes rouges.
M. Toupin:... 1970, il y en a eu 12, par conséquent, qui
ont été nommés. Mais je vais être juste,
évidemment. C'est qu'entre 1965 et 1970, il y en a eu 45 de
nommés...
M. Bellemare (Johnson): Ah! C'est le temps, là.
M. Toupin: Et 45 sur 63, M. le Président, c'est presque
70%.
M. Bellemare (Johnson): Quelle finesse!
M. Toupin: C'est le complément de la question.
Le Président: A l'ordre!
M. Roy: S'ils ne sont pas bons, pourquoi les avez-vous
gardés?
M. Toupin: Ce n'est pas moi qui ai dit qu'ils n'étaient
pas bons, c'est M. Loiselle.
M. le Président, si vous permettez, je voulais donner une
réponse similaire au député de Beauce-Sud, qui m'a
posé des questions aussi, hier, auxquelles je devais apporter des
réponses aujourd'hui. Cela va être très rapide.
D'abord, sur la question des comptes de dépenses, on m'informe,
au ministère, qu'aucun compte de dépenses ne fut refusé
à absolument aucun inspecteur, à condition d'avoir
été fait dans le cadre des directives du Conseil du
trésor...
M. Roy: Ah bon!
M. Toupin:... et d'avoir été justifié.
Ecoutez! Premièrement.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Toupin: Deuxièmement, quant au temps
supplémentaire, il se paie de la façon suivante. Les inspecteurs
sont engagés pour 32 heures par semaine. Ils en font effectivement 40,
mais on ajoute 23% à leur salaire de base pour compléter le temps
qu'ils font entre 32 et 40 heures. S'il y a plus de temps que cela qui se fait,
il est vrai que leur salaire est payé par l'abattoir ou la charcuterie
où l'inspection se fait, mais c'est comme cela partout, "Approuvé
Canada" ou "Approuvé Québec". C'est la même politique pour
les deux types d'inspection tant fédérale que provinciale. Les
salaires maintenant, M. le Président. Le député de
Beauce-Sud parlait de 30% à 40%... Non, je vais apporter...
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, une question de
privilège. Je m'excuse auprès de mon collègue, mais
voulez-vous demander au spécialiste de la charogne d'au moins laisser
répondre le ministre lorsqu'une question lui est posée?
M. Lessard: Vous voulez parler du ministre de l'Agriculture quand
vous parlez de spécialiste de la charogne? Laissons au
spécialiste de la charogne le soin de répondre.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Un peu de
calme, messieurs, s'il vous plaît! Messieurs, je vais appeler
immédiatement les affaires du jour, je vous préviens, s'il n'y a
pas... A l'ordre!
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, le
député de Saguenay s'est nommé lui-même.
M. Lessard: Laissons au ministre de la charogne le soin de
répondre.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Toupin: Dans tout ce que j'ai dit, jusqu'à maintenant,
je ne crois avoir provoqué personne dans cette Chambre. J'ai simplement
donné des chiffres après une question qui me fut posée
hier. Je veux continuer, M. le Président, parce que je veux
répondre aux questions qui me sont posées. Il y a une
différence entre les salaires parce que la procédure au
Québec n'est pas la même qu'au gouvernement fédéral.
Au Québec on a des grades et des échelons. Au gouvernement
fédéral on procède surtout par années
d'expérience après examen. Au gouvernement fédéral,
on engage les inspecteurs à $10, 041 par année; tout inspecteur.
Au Québec, s'il est engagé à l'échelon 1, il a $9,
049. Donc, à peu près l'équivalent de 10% de
différence. Mais, s'il entre en grade 2 à cause de son
expérience, il est payé plus cher qu'au gouvernement
fédéral; il a $10, 425 par année.
Alors, en moyenne, il y a entre 5% et 10% selon les échelons et
selon les années d'expérience. Quand on fait les comparaisons au
bout du compte, pour années d'expérience égales, tant le
fédéral que le provincial, il n'y a pas beaucoup de
différence; peut-être de 1% à 2% dans les circonstances
actuelles, avec tout ce que les fonctionnaires ont reçu cette
année comme prime à l'inflation, etc.
M. Roy: Une question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Une question additionnelle. L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Relativement aux comptes de dépenses, le ministre
nous a répondu, si j'ai bien compris, que les comptes de dépenses
devaient être approuvés par le Conseil du trésor. Je pense
bien que tout le monde est d'accord sur cela. Selon les directives du Conseil
du trésor, est-il exact que les supérieurs ou les dirigeants du
service d'inspection auraient refusé d'approuver certains comptes de
dépenses à des inspecteurs qui auraient fait des tournées
d'inspection pour remplir leur devoir? Est-il exact qu'ils ont
été refusés parce que le chef inspecteur n'a pas voulu
leur autoriser ce voyage pour protéger les personnes que nous
connaissons maintenant? Est-ce exact?
M. Toupin: M. le Président, la dernière partie de
la question est totalement inutile. Il n'était pas nécessaire que
nous la connaissions.
M. Roy: Cela fait mal.
M. Toupin: Non, cela ne me fait pas mal.
M. Roy: La vérité fait mal.
Le Président: A l'ordre!
M. Toupin: C'est du tapage cela aussi, comme le reste
d'ailleurs.
Des directives sont données par le Conseil du trésor. Les
directives sont établies et les fonctionnaires les respectent. Si on ne
les respectait pas, vous nous blâmeriez de ne pas respecter nos propres
directives. Donc, on les respecte.
M. Roy: Le ministre sait que ce n'est pas ce dont on parle.
Le Président: A l'ordre!
M. Toupin: Tout ce qu'on ne paie pas, c'est si un inspecteur est
domicilié à Trois-Rivières, par exemple, et qu'il a une
inspection à aller faire dix milles plus loin; de son dimicile
jusqu'à la première inspection, on ne paie pas son millage. Mais,
de cette inspection a tous les autres abattoirs qu'il visite, on lui paie
toutes ses dépenses, selon les directives du Conseil du trésor.
On ne m'a pas dit qu'on a refusé, non pas des comptes, mais qu'on a
interdit à un inspecteur de faire son travail.
Le Président: Dernière question
supplémentaire.
M. Lessard: Dernière question supplémentaire, M. le
Président, et qui fait suite à une question que je soulevais
hier. Est-ce que le ministre pourrait me dire si, à la suite de ce
problème qui se pose actuellement au Québec, il y a eu certaines
suspensions ou certaines mesures disciplinaires concernant certains inspecteurs
de la viande?
M. Toupin: M. le Président, il y a eu une suspension. Si
vous me le permettez, pour ne nuire à personne, je ne mentionnerai pas
le nom pour le moment, mais il y a eu une suspension.
Le Président: Affaires du jour.
Un instant, le ministre des Affaires culturelles m'a donné un
avis d'une courte question de privilège.
Question de privilège
Article de journal
M. Denis Hardy
M. Hardy: M. le Président, dans le journal
Montréal-Matin de samedi dernier, le 24 mai, un article de la Presse
Canadienne prétendait que j'avais prononcé à l'endroit de
mon excellent ami et collègue, le député de Maisonneuve,
des paroles, des sarcasmes et des invectives. En lisant cela, ma conscience a
été profondément troublée. J'ai
immédiatement fait venir la transcription du journal des Débats
pour me relire.
M. Burns:... est-ce moi qui vous ai troublé ou... ?
M. Hardy: J'ai fouillé ma mémoire et vraiment, je
n'ai rien trouvé. M. le Président, j'ai tenté d'identifier
le journaliste de la Presse canadienne, qui est M. Bernard Racine. J'ai
appelé M. Bernard Racine pour lui demander quelles étaient ces
paroles amères, violentes et injurieuses, parce que le mot "sarcasme"
signifie des paroles amères, violentes et injurieuses. Et M. Bernard
Racine a été obligé de me dire qu'il ne se souvenait pas,
qu'il ne savait pas, qu'il se rappelait que j'avais interrompu, comme je le
fais souvent, le député de Maisonneuve, ce qui est exact. J'ai
dit à M. Racine qu'il est exact qu'il m'arrive fréquemment
d'interrompre les députés de l'Opposition.
Or, M. 'le Président...
M. Lessard: La confession d'un enfant du siècle.
M. Hardy: M. le Président, voyez-vous, mais jamais on
dit...
M. Burns: II y a toutes sortes de moyens de se faire valoir pour
un "back-bencher".
M. Hardy: M. le Président, jamais on ne dit que le
député de Maisonneuve m'interrompt fréquemment. Jamais on
ne dit ça dans les journaux. Non. Or, je prétends
qu'écrire qu'un membre de cette Chambre, de quelque côté
qu'il siège, prononce à l'endroit d'un collègue des
paroles amères, violentes et injurieuses, sans être capable de
donner de preuves, de faits concrets, constitue de la malhonnêteté
intellectuelle, constitue pour le journaliste en question, un manque de sens de
responsabilité.
Je suis peiné d'avoir à dire ça à l'endroit
de M. Racine parce que c'est un homme aimable, gentil, de commerce
agréable, avec qui il est intéressant de causer. Mais tout cela
ne l'excuse pas d'agir avec légèreté quand il écrit
ces articles et, encore une fois, d'agir avec malhonnêteté
intellectuelle.
M. le Président, devant des faits semblables, je ne peux pas
m'empêcher de me demander pourquoi les journalistes, ou le monde de
l'information en général, ne font pas preuve du quart il
me semble que je ne suis pas exigeant à l'endroit
d'eux-mêmes, des exigences qu'ils ont à l'endroit des hommes
publics. Qu'ils soient très exigeants pour les hommes publics, que les
journalistes et l'ensemble de la population exigent une très grande
moralité des hommes publics, je suis parfaitement d'accord. Mais
pourquoi ces mêmes personnes ne font-elles pas au moins preuve du quart
des exigences qu'elles ont pour les autres? Je ne leur demande pas 100%,
seulement 25% et, déjà, il y aurait une très grande
amélioration dans la qualité de l'information.
Le Président: Affaires du jour.
Le leader parlementaire du gouvernement.
Travaux parlementaires
M. Levesque: M. le Président, notre expérience et
nos consultations nous indiquent que,
malgré la bonne volonté de part et d'autre, nous ne
pourrons pas terminer cette semaine l'étude des crédits des
divers ministères.
Dans les circonstances, M. le Président, je me vois acculé
au mur. Vu l'avis que j'ai donné hier, à l'effet que
j'invoquerais les dispositions de l'article 132 de notre règlement, j'ai
l'intention de ce faire, en vue de proposer l'adoption, par cette Chambre, de
crédits provisoires afin que, dès le 1er juin, plus
précisément le 2 juin, vu que le premier est un dimanche,
l'administration puisse continuer à vaquer à ses occupations
normales et à répondre à ses obligations
financières.
Dans les circonstances, M. le Président, je compte sur la
collaboration de tous les membres de cette Assemblée nationale pour
qu'unanimement, à ce moment-ci, sans même vous déranger de
votre fauteuil, M. le Président, nous puissions adopter ces
crédits provisoires. Vu que nous sommes juste à la veille de voir
les crédits acceptés et adoptés dans leur ensemble, il
s'agit simplement de permettre, par ce projet de loi, l'adoption de ce qui
constitue normalement les dépenses d'un mois, soit un douzième
des crédits totaux.
M. le Président, c'est tout ce que le projet de loi no 35
comporte, simplement le vote d'un douzième des crédits, parce que
no. us n'avons pas tout à fait terminé l'étude des
crédits et que nous nous attendons à le faire au tout
début de la semaine prochaine. Comme la semaine prochaine est
déjà dans le mois de juin et comme nous n'avions des
crédits provisoires que pour vivre jusqu'au 31 mai, dans les
circonstances, je propose que sans plus perdre de temps, un temps qui devient
de plus en plus précieux, les membres de l'Assemblée nationale
fassent ce geste qui me paraît de routine, mais qui est tellement
important pour que l'administration puisse continuer son oeuvre.
Le Président: L'honorable député de
Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je suis prêt, au nom de
l'Opposition, à garantir au gouvernement l'adoption d'un projet de loi
qui ferait adopter les crédits provisoires dès demain, ceci, M.
le Président, malgré le fait que le ministre nous fait valoir
d'avance un certain nombre de difficultés que je reconnais, que tous
nous reconnaissons. Je n'ai pas d'objection à dire au gouvernement qu'en
ce qui nous concerne je ne parle pas au nom du Ralliement
créditiste ou de l'Union Nationale je suis prêt à
garantir que demain, lors de l'ajournement, nous aurons accédé
à la demande de crédits provisoires.
M. Roy: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous
sommes bien d'accord pour apporter notre collaboration de façon que ces
demandes de crédits provisoires puissent être acceptées
pour demain.
M. le Président, je trouverais complètement anormal qu'on
ne puisse pas l'examiner au moins pendant quelques minutes.
M. Levesque: Examiner un douzième! Douze mois
divisés par douze, cela fait un mois, un douzième. Quel
examen!
M. Roy: II y a des règlements. Je comprends que le leader
du gouvernement est nerveux. On procède toujours par improvisation; on
dit que cela a un caractère d'urgence. Toujours le caractère
d'urgence, M. le Président, et il faut suspendre l'application de
règles.
Le Président: A l'ordre! Je ne peux pas permettre de
débat. Si vous voulez donner votre point de vue...
M. Roy: Puisque c'est comme cela, notre collaboration ne vous est
pas acquise. Cela vient de finir.
M. Levesque: Dans ce cas-là, M. le Président, je
vous demande de quitter le fauteuil immédiatement pour que la Chambre se
forme en commission plénière pour l'étude de ce budget
provisoire.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: Cette motion n'est pas sujette à
débat.
M. Burns: M. le Président, ce n'est pas cela, mais elle
est sujette à discussion.
Le Présdient: Lisez l'article 132. M. Burns:
L'article 132.
M. Levesque: Présumant M. le Président, que le
député de Maisonneuve concoure avec moi, comme il le fait
toujours, avec sa grande bienveillance, est-ce que je puis suggérer,
avant que vous quittiez le fauteuil, qu'il y ait deux commissions qui
siègent parce que nous serons en commission plénière?
M. Burns: On va tout faire ensemble ou bien on ne fera rien
ensemble.
M. Levesque: On va tout faire ensemble. M. Burns: C'est
ça.
M. Levesque: Excepté qu'il faut toujours bien le
dire...
M. Burns: Vous avez fait une proposition, que le président
quitte son fauteuil, est-ce que vous voulez la réviser?
M. Levesque: D'accord, je vais vous laisser faire.
M. Burns: Est-ce que vous voulez réviser votre
position?
M. Levesque: C'est bien, M. le Président, pour
le moment je la retire et je fais la motion suivante: Que la commission
parce qu'on va avoir un vote, probablement, c'est ça qu'il veut
dire...
M. Burns: Oui, j'imagine.
M. Levesque:... puis il va pouvoir se tranquilliser,
d'accord?
Le Président: faites votre motion. M. Charron:
A-t-il l'esprit vif?
Motion pour faire siéger les
commissions
M. Levesque: Comme dirait un autre parlementaire, on ne peut rien
vous cacher.
M. le Président, au salon rouge, la commission du travail, de la
main-d'oeuvre et de l'immigration pour l'étude des crédits du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et, à la salle 81-A,
la commission des affaires municipales qui n'a malheureusement pas
terminé ses travaux ce matin. Il reste l'étude du projet de loi
privé no 108, Loi concernant une donation à la Corporation
épiscopale catholique romaine de Nicolet. Peut-être qu'on pourrait
disposer de cela à la salle 81-A. Si on demande un vote et qu'on a
quelques minutes pour reprendre ses sens de part et d'autre je veux
être bien poli adopter les crédits provisoires
immédiatement, parce que même si le député de
Beauce-Sud manifeste l'intention d'étudier, je lui dis qu'il s'agit
simplement d'adopter le douzième de tous les crédits de
l'année...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Levesque:... à ce moment...
M. Roy: Lisez le paragraphe 3 de l'article 132.
M. Levesque:... nous pourrions avoir une troisième
commission qu'on me permettra d'annoncer dans quelques instants, parce qu'on
aura le choix entre deux commissions, soit la commission de la
présidence du conseil ou une autre, mais j'attendrai durant la
période du vote pour en parler.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Je demande un vote enregistré, M. le
Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de la motion du leader parlementaire du
gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque, Mail- loux,
Saint-Pierre, Choquette, Cloutier, Lalonde, Lachapelle, Berthiaume, Cournoyer,
Goldbloom, Quenneville, Mme Bason, MM. Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix,
Bienvenue, Forget, Massé, Harvey (Jonquière), Vaillancourt,
Cadieux, Houde (Fabre), Desjardins, Giasson, Perreault, Brown, Fortier,
Bossé, Kennedy, Bacon, Blank, Bédard (Montmorency), Veilleux,
Brisson, Séguin, Saindon, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance,
Pilote, Lamontagne, Fraser, Picard, Gallienne, Assad, Carpentier, Dionne,
Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Pelletier, Springate, Bellemare
(Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin, Chagnon, Marchand,
Caron, Côté, Denis, Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc),
Lachance, Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte. Mercier,
Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay,
Verreault, Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard, Samson, Roy, Bellemare
(Johnson), Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 89 Contre: 0 Le
Président: Cette motion est adoptée.
M. Levesque: Si la motion est adoptée, les deux
commissions vont siéger immédiatement, au salon rouge et à
la salle 81-A. D'accord?
Le Président: Sujet aux travaux de l'Assemblée.
M. Levesque: C'est évident. Le Président:
Oui.
M. Levesque: M. le Président, je propose que vous quittiez
le fauteuil, pour vrai, afin que la Chambre se forme en commission
plénière pour l'étude des crédits provisoires.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
L'honorable député de Saint-Louis s'il vous
plaît.
M. Burns: M. le Président, concernant la fin des travaux
de la commission des affaires municipales, ce sera quelle commission qui
siégera?
M. Levesque: On avait dit qu'il restait une période assez
courte pour disposer d'un programme, au ministère de l'Industrie et du
Commerce. Est-ce qu'on serait d'accord pour cela?
M. Morin: Je suis disposé à procéder si le
ministre l'est.
M. Levesque: Oui, il l'est. M. Burns: D'accord.
M. Morin: Bon. Est-ce qu'on a une idée de l'heure à
laquelle on pourra procéder?
M. Levesque: Probablement à cinq heures. A cinq
heures.
M. Morin: Et à quel endroit? A la salle 81-A? M.
Levesque: A la salle 91. M. Morin: Bien.
Etude des crédits provisoires Commission
plénière
M. Blank (président de la commission plénière):
A l'ordre, messieurs! Le député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, une question de
privilège, beaucoup plus une question de règlement qu'autre
chose. Le ministre de l'Agriculture n'est pas ici. Je sais que le
député de Saguenay a l'intention de vous entretenir, pendant
quelques instants, relativement au problème de la viande avariée.
Il me semble qu'il serait normal de croire que le ministre de l'Agriculture
devrait être ici, surtout qu'il soit fort bien, puisqu'il a
participé à nos rencontres entre leaders parlementaires, que le
sujet sera soulevé à l'occasion de la discussion des
crédits provisoires.
M. Levesque: M. le Président, je suis convaincu que le
ministre de l'Agriculture n'est pas loin. En attendant, je suis ici, je
présente présentement les crédits provisoires et je
voudrais bien entendre le député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, si j'ai choisi de parler du
problème de la viande avariée au moment de l'étude des
crédits provisoires...
Le Président (M. Blank): S'il vous plaît, messieurs,
un peu d'ordre!
M. Hardy: Très bien.
M. Lessard:... c'est d'abord, d'une part, parce que le
président de l'Assemblée nationale ayant pris ma motion en
délibéré, je ne peux pas présumer de la
décision du président. Advenant la possibilité que la
décision du président soit négative, il me serait donc
impossible de discuter d'un problème urgent, d'un problème
important et d'un problème qui relève de la juridiction de
l'Assemblée nationale.
Soyez assuré, M. le Président, que je serai très
prudent et que j'éviterai de tomber dans le piège que nous avons
dans nos règlements, à savoir l'article 99, paragraphe 4 ou 5, je
pense, qui m'interdit de parler d'un problème qui relève d'une
enquête, d'une commission judiciaire et dont, justement, la discussion
peut nuire à certains ou particulièrement à un individu.
Je veux strictement me limiter à certains propos qui ont
été tenus depuis une semaine, à cette Assemblée
nationale et à certaines déclarations faites par le
secrétaire particulier du ministre de l'Agriculture.
M. le Président, je disais donc que, depuis une semaine, nous
tentons d'obtenir, de la part du ministre de l'Agriculture, des mesures
d'urgence pour essayer d'apaiser les Québécois, parce que, M. le
Président, vous comme moi, avez appris à cette Assemblée
nationale, depuis quelques jours, que nous mangions de la charogne depuis
près de huit ans.
Nous avons donc tenté, étant donné cette situation,
d'obtenir du ministre de l'Agriculture des réponses à certaines
questions que nous avons soulevées, en particulier de savoir quelles
sont les mesures d'urgence qu'entend prendre le gouvernement du Québec
et surtout le ministre de l'Agriculture du Québec, s'il reste encore un
ministre de l'Agriculture du Québec, qui est responsable de
l'application de la Loi des produits agricoles et des aliments.
Nous avons donc essayé de savoir quelles sont les mesures
d'urgence qu'entendait prendre ce ministre de l'agriculture et, chaque fois, M.
le Président, les réponses ont été à peu
près les mêmes, à savoir que le ministre de l'Agriculture
n'était pas le seul responsable de l'application de la Loi des produits
agricoles et des règlements touchant la viande avariée au
Québec.
M. Roy: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue, mais nous sommes loin d'être 20 députés
à l'Assemblée nationale. Je pense que nous ne sommes, tout au
plus, que douze présentement.
Le Vice-Président (M. Blank): Qu'on appelle les
députés!
Le député de Saguenay. Il y en a 20 maintenant?
M. Levesque: II a fini.
M. Lessard: M. le Président, le vice-premier ministre est
heureux quand ses gens viennent travailler chez nous, sur les travaux de la
Manicoua-gan. Alors, que le ministre soit gentil, parce que...
M. Levesque: On est gentil, on veut l'écouter encore.
M. Lessard:... je vais intervenir directement, comme je l'ai
déjà fait.
M. Levesque: Je retournerai.
M. Lessard: M. le Président, je disais donc que, depuis
environ une semaine, nous tentons d'obtenir des réponses du ministre de
l'Agriculture qui, d'ailleurs, est absent au moment où se discute ce
problème fort important pour six millions de Québécois. Je
pense, M. le Président, que chacun des Québécois a perdu
l'appétit depuis une semaine. Il me semble que le ministre de
l'Agriculture devrait être présent à ce débat, parce
qu'il
s'agit d'un problème qui relève de sa juridiction. Chaque
fois que nous avons soulevé, depuis mardi dernier, des questions au
ministre de l'Agriculture, à savoir quelles sont les mesures d'urgence
qu'il entendait prendre pour que la commercialisation de la viande
avariée au Québec soit réduite ou qu'on l'annule, le
ministre n'avait absolument rien à nous dire.
Le ministre nous disait qu'il attendait que la commission
d'enquête sur le crime organisé ait terminé son
enquête avant d'agir. Or, nous disons, M. le Président, que ceci
est absolument ridicule. Entre-temps, les Québécois continueront
à manger de la charogne parce qu'il a été prouvé
que le sceau "Approuvé Québec" ne représentait absolument
plus rien. Il a été prouvé que la viande qui a
été saisie à la Federal Packing portait, justement, le
sceau "Approuvé Québec". D'ailleurs, quoi qu'en dise le premier
ministre, comme il nous l'affirmait au cours de la période des
questions, les compagnies rejettent de plus en plus le sceau "Approuvé
Québec" parce qu'il a été, comme je le disais,
prouvé que ce sceau ne représentait plus rien, que ce sceau ne
permettait pas à la population québécoise d'être
protégée, par les commerçants, des charognards.
C'est pourquoi j'ai présenté une motion d'urgence hier.
J'ai demandé qu'un débat d'urgence ait lieu afin de trouver ou de
savoir quelles sont les mesures immédiates que le ministre de
l'Agriculture entendait prendre pour mettre fin au commerce de la viande
avariée au Québec et informer les consommateurs
québécois sur la qualité de la viande mise en
marché actuellement. Cette question, M. le Président, a
été soulevée à l'Assemblée nationale aussi.
Le ministre nous disait qu'il attendait la fin de la commission d'enquête
sur le crime organisé et il nous disait aussi qu'il espérant,
dans un bref délai, mettre en application la loi 31 et la
réglementation qui fait suite à la loi 31. Or, cette loi a
été adoptée à l'Assemblée nationale au mois
de juillet 1974. Encore aujourd'hui, la réglementation n'est pas en
application. Pourtant, comme je l'expliquais hier, la population
québécoise est dans le désarroi. Même les
députés libéraux, M. le Président, sont dans la
même situation. Même les députés libéraux ont
perdu l'appétit. Même au restaurant du parlement, même au
Parlementaire...
M. Veilleux: C'est faux.
M. Lessard: On discutait justement, à une commission de
l'Assemblée nationale, la commission de la présidence du conseil,
pour savoir d'où provenait la viande du Parlementaire. C'est donc dire,
M. le Président, que chacun des députés à cette
Assemblée nationale se pose des questions à savoir ce qu'on mange
au Québec. Or, on a appris qu'on y mange de la viande avariée
depuis de nombreuses années, et cela dans tout le territoire.
Nous croyons, M. le Président, que le consommateur a le droit de
savoir et veut savoir, dans les circonstances, de quelle façon il peut
être protégé. Le consommateur a le droit de savoir et veut
savoir quelles sont les mesures d'urgence qu'entend prendre le ministre de
l'Agriculture, qui est absent cet après-midi, mais qui a la
responsabilité de l'application de la loi sur les produits agricoles et
les aliments, pour corriger la situation.
Le ministre a tenté de nous laisser entrevoir le fait qu'il
n'avait pas les pouvoirs nécessaires. Nous disons, M. le
Président, que le ministre a actuellement tous les pouvoirs pour
régler la situation.
Il est important que le ministre de l'Agriculture nous informe de ces
mesures d'urgence. C'est important, non seulement pour le consommateur mais
pour le commerce de l'alimentation, des produits de la viande et des produits
qui sont connexes. M. le Président, je ne vous le cache pas, vous le
savez vous-même, certains commerces ont subi des baisses
considérables de leurs activités au cours de la dernière
fin de semaine. Les commerçants honnêtes perdent leur
clientèle, dû à la mauvaise publicité sur la viande
avariée qui est mise sur le marché.
Il y a aussi tous les restaurateurs qui ont été
trompés par certaines compagnies d'alimentation, les restaurateurs,
grands comme petits. Mais il y a aussi les propriétaires de roulottes,
de petites roulottes à hot dogs ou à hamburgers, ou autrement,
qui voient leur clientèle littéralement disparaître. Je
pense qu'il est urgent que des mesures soient prises pour protéger ce
commerce et protéger ces personnes honnêtes qui ont
été trompées frauduleusement par certaines compagnies
d'alimentation.
Le ministre, par son insouciance dans la surveillance des viandes,
pourrait bien avoir donné le coup de mort à l'élevage
québécois. La crise de confiance des consommateurs
vis-à-vis des producteurs et des distributeurs de viande bovine risque
de nuire grandement aux producteurs québécois. La crise actuelle,
on sait qu'en octobre dernier ces gens ont dû subir une crise
extrêmement importante...
M. le Président, il me semble que c'est un problème assez
important pour qu'on ait quorum à cette Assemblée nationale.
C'est ridicule. Continuez à manger de la charogne, ça va
bien.
M. Dufour: On n'en mange pas, mais il faut dire quelque chose
d'intelligent.
M. Lessard: Rappelez les gens à leur fauteuil, M. le
Président. Je comprends que le député de Beauharnois
continue d'en manger; il va continuer, ça fait son affaire.
M. Cadieux: Petite charogne.
M. Lessard: Je disais que la crise actuelle peut réduire
à néant les années d'effort pour tenter d'arracher le
Québec à la dépendance de l'Ouest en matière de
viande bovine. Déjà, des chaînes de magasins, plus de 2,
000 magasins, selon nos informations, jettent à la poubelle leur viande
"Approuvé Québec". C'est à peu près seu-
lement la production québécoise de viande qui est
touchée, ce qui fera certainement l'affaire des importateurs de l'Ouest.
Il y a plus que ça: c'est tout l'Etat québécois qui subit
les conséquences néfastes de cette politique. Et le dernier
sondage nous démontrait que les Québécois n'avaient
même plus confiance en leur gouvernement du Québec, que les
Québécois avaient plus confiance au gouvernement
fédéral qu'au gouvernement du Québec, que les
Québécois, ça le confirme, suite à cette crise, ont
maintenant plus confiance au sceau "Approuvé Canada" qu'au sceau
"Approuvé Québec". C'est tout l'Etat québécois qui
est en train de s'effondrer, non seulement à cause du commerce de la
charogne, mais à la suite aussi d'effondrement ou d'effoirement dans
d'autres secteurs de la société québécoise.
Nous n'avons plus de gouvernement au Québec, que ce soit en ce
qui concerne les richesses naturelles, que ce soit en ce qui concerne
l'amiante, que ce soit en ce qui concerne les terres et forêts, que ce
soit en ce qui concerne l'agriculture. Nous n'avons plus de gouvernement au
Québec.
Cette crise que les 6 millions de Québécois vivent
actuellement le confirme. M. le Président, il faut dire aussi que c'est
non seulement la santé mentale des Québécois qui en
souffre, non seulement c'est la santé politique du Québec qui
souffre de cette crise actuelle, mais c'est la santé physique de tous
les Québécois.
Il me semble, encore une fois, que le ministre de l'Agriculture devrait
être ici pour discuter de ce problème fondamental. Les
Québécois en vomissent de la politique du ministre de
l'Agriculture, comme c'est le cas pour les agriculteurs.
Je vois que le ministre de l'Agriculture revient. Depuis une semaine, le
ministre nous dit qu'il attend la nouvelle réglementation. Nous
affirmons et nous continuons d'affirmer que le ministre avait tous les
pouvoirs. L'application de la Loi des produits agricoles et des aliments,
chapitre 119 des Statuts refondus du Québec, relève de la
juridiction provinciale, précisément du ministre de
l'Agriculture, qui a la responsabilité de faire appliquer
particulièrement l'article 2 sur le règlement des aliments qui se
lit comme suit: "II est interdit de détenir, de préparer ou
d'acheter en vue de la vente, de mettre en vente ou en dépôt, ou
de vendre dans un lieu quelconque, de servir dans un lieu de consommation, de
transporter, de faire transporter ou d'accepter, pour une destination
quelconque, dans les limites du Québec, un aliment impropre à la
consommation qui ne répond pas aux conditions de salubrité, de
qualité, de conditionnement ou autres prévues ci-après. "
Je précise que ce règlement s'applique dans les limites du
Québec. Le ministre de l'Agriculture, encore cet après-midi, nous
disait que dans la région de Trois-Rivières, certaines villes
avaient préparé une certaine réglementation et qu'il ne
lui appartenait pas, comme ministre de l'Agriculture, d'intervenir dans cette
région, comme il nous disait hier ou avant-hier, que toute la
région de Montréal avait une certaine réglementation.
M. le Président, le ministre de l'Agriculture, comme il nous l'a
démontré dans le passé, délaisse
complètement sa responsabilité. Le ministre de l'Agriculture est
devenu un complet irresponsable actuellement. Ce ne sont pas les
municipalités qui ont le devoir, qui ont la responsabilité de
faire appliquer cette réglementation, mais c'est bien le ministre de
l'Agriculture. Et c'est bien le ministre de l'Agriculture qui doit voir
à ce que la viande, au Québec, soit propre à la
consommation.
Quand le ministre de l'Agriculture tente de nous dire qu'il n'est pas le
seul responsable du commerce de la viande au Québec, qu'il y a le
gouvernement fédéral, qu'il y a les municipalités, le
ministre démontre, comme il nous l'a démontré dans le
passé, son irresponsabilité.
Nous n'avons plus de ministre de l'Agriculture au Québec. Nous en
avons conscience, surtout les agriculteurs québécois en ont
conscience depuis plusieurs mois. Mais depuis quelque temps, les consommateurs
québécois ont maintenant conscience qu'il n'y a plus de ministre
de l'Agriculture au Québec.
Nous croyons que le ministre de l'Agriculture aurait dû aussi
faire appliquer cet article 3 de la réglementation, à savoir:
"Tout produit destiné à l'alimentation ou à la production
ou préparation d'aliments doit être sain et de provenance saine,
convenir parfaitement à sa destination et répondre à
toutes les données de l'hygiène alimentaire".
Le ministre nous dit: Je n'étais pas au courant, je
n'étais pas informé, je ne savais pas, M. le Président. La
mafia de Montréal connaît plus maintenant le commerce de la viande
que le ministre de l'Agriculture lui-même. Même son
secrétaire particulier qui, la semaine dernière, déclarait
qu'il possédait un dossier démontrant que certains inspecteurs
avaient eu les jambes cassées, que certains inspecteurs avaient subi des
menaces, que certains inspecteurs n'avaient pu faire leur travail,
connaît plus le problème de la viande avariée que le
ministre lui-même.
A l'Assemblée nationale, le ministre tente de nous dire que ce
secrétaire particulier s'est trompé, qu'il n'avait pas
déclaré de telles choses. Pourtant, les bobines parce que
l'intervention du secrétaire particulier du ministre de l'Agriculture a
été enregistrée ou les enregistrements
démontrent que le secrétaire particulier avait exactement
parlé d'un dossier qui démontrait que certains inspecteurs
avaient subi des menaces de la part de certains commerçants de
viande.
Le ministre prétend qu'il ne peut rien faire avant la conclusion
finace de l'enquête présentement en cours. Même si cela peut
prendre six mois, sept mois, dix mois, quinze mois, entretemps, il dit aux
Québécois: Fiez-vous à votre boucher, continuez de manger
de la charogne. Il prétend qu'il doit attendre la sanction des nouveaux
règlements accompagnant la loi 31, qui n'ont pas encore force de loi. Il
faut dire que cela fait dix mois que ces règlements retardent sur le
projet de loi lui-même, adopté le 31 juillet dernier. Or, s'il est
parfaitement exact que le ministre se
sente incapable d'agir à l'heure actuelle, il faut dire que cela
lui arrive souvent. Chaque fois qu'il y a une crise agricole, et elles sont
nombreuses, le ministre ne peut pas agir.
Il n'est pas vrai, cependant, que légalement le ministre ne peut
rien faire. Le ministre de l'Agriculture du Québec possède
déjà tous les pouvoirs nécessaires en vertu, comme je le
disais, de la Loi des produits agricoles et des aliments, chapitre 119 des
Statuts refondus du Québec. En particulier, les articles suivants
donnent au ministre de l'agriculture, depuis des années, plus de
pouvoirs qu'il ne lui en faut pour assainir complètement le
marché de la viande. L'article 3 de la Loi des produits agricoles et des
aliments dit ceci: "II est loisible au lieutenant-gouverneur en conseil: 1) De
réglementer la vente, la mise en vente, l'exposition, la
détention, la préparation, la conservation, la transformation,
l'achat et le transport en vue de la vente des produits agricoles, dans les
limites de la province ou dans toute circonscription qu'il indique; 2) De
statuer sur la qualité, la forme et la composition de ces produits, sur
le récipient, ou l'emballage qui les contient et sur les inscriptions ou
indications requises; 3) De prescrire le classement et l'étiquetage de
ces produits, ainsi que les conditions dans lesquelles le classement et
l'étiquetage doivent se faire, et d'établir à cette fin
des classes, catégories ou dénominations particulières; 4)
D'établir des postes d'inspection et d'ordonner que soit
inspectée à l'un de ces postes toute expédition d'un
produit agricole déterminé ou provenant d'un territoire
désigné; 5) De pourvoir à l'inspection ou au classement
d'un produit agricole à la demande d'un intéressé et de
fixer les conditions dans lesquelles cette demande et cette inspection seront
faites; 6) De prohiber la mise en conserve d'un produit agricole sans un permis
du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation et de fixer les conditions
de ce permis et de sa révocabilité. "
Le ministre a-t-il, oui ou non, des pouvoirs? Ces pouvoirs, il les
possède. Lorsque le ministre nous dit qu'il n'était pas
informé de la situation, je dois lui dire que non seulement il y a
l'expérience que nous avons vécue au cours de l'Expo 67, mais que
de nombreux groupes ont fait des pressions auprès du ministre de
l'Agriculture. En particulier l'Association des consommateurs du Canada,
section de Trois-Rivières, est intervenue au mois de juillet 1973
auprès du ministre pour l'informer d'une situation déplorable
dans le commerce de la viande.
Le ministre nous dit qu'il n'avait pas de preuve, que ces gens n'avaient
pas de preuve. Il n'appartenait pas à ces gens d'apporter des preuves
formelles, d'apporter exactement toutes les preuves nécessaires pour
faire une enquête. Il appartenait au ministre, en vertu de sa
responsabilité, de faire lui-même enquête, d'intervenir
auprès du ministre de la Justice pour qu'enquête se fasse. Le
ministre n'a rien fait. Le ministre s'est fermé les yeux.
Pendant ce temps-là, le ministre assistait à certaine
inauguration chez Saputo, ou le premier ministre allait au 25e anniversaire de
la Federal Packing. Mais on ne prenait pas de mesure pour protéger les
Québécois contre le commerce de la viande avariée au
Québec.
L'article 6 de la Loi des produits agricoles et des aliments dit ceci:
"Le lieutenant-gouverneur en conseil peut: 1) Edicter des prescriptions
sanitaires relativement aux conditions de production, de préparation, de
conservation, de conditionnement, de manutention et de transport d'un aliment
et des substances entrant dans la composition de cet aliment; 2) ordonner le
contrôle sanitaire des animaux et des produits destinés à
la production d'aliments, des lieux de provenance ou de détention et des
moyens de transport de ces animaux ou produits. "
Encore là, le ministre nous disait, l'autre jour, qu'il n'avait
qu'à vérifier les équipements. Je dis que c'est faux. Sa
responsabilité ne se limite pas à vérifier les
équipements, sa responsabilité va jusqu'à vérifier
la viande.
Or, le ministre ne semble pas avoir pris ses responsabilités. Je
pourrais continuer à lire une série d'articles qui
démontrent que le ministre avait tous ces pouvoirs. En particulier,
l'article 7 dit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut: 1)Faire des
règlements en ce qui concerne les formalités prescrites pour
opérer des prélèvements d'échantillons et des
saisies ou confiscations et recueillir les éléments d'information
qu'il croit utiles ou nécessaires; 2) Prescrire toute mesure propre
à assurer la loyauté des ventes, à sauvegarder la
santé publique, à prévenir ou empêcher les
imitations, contrefaçons et falsifications et à assurer
l'observance de la présente loi. "
Mais, encore là, le ministre n'a rien fait. Pourtant, le ministre
avait constitué tout un réseau d'inspecteurs, et le rôle de
ces inspecteurs est bien indiqué, en vertu de la Loi sur les produits
agricoles et aliments du Québec.
L'article 10 précise, en particulier, que "dans l'exercice de
leurs fonctions, ces inspecteurs ou agents ont le droit de
pénétrer dans les locaux où l'on détient ou
prépare, en vue de la vente, expose ou met en vente, ou vend des
produits agricoles ou des aliments, aux heures où ces locaux sont
ouverts au commerce; d'arrêter en cours de route toute expédition
de produits agricoles ou d'aliments; de faire l'inspection de ces produits et
de prélever gratuitement des échantillons sur ces produits; de
saisir et confisquer tout produit agricole ou aliment qui ne satisfait pas aux
exigences de la présente loi et d'en disposer de la manière que
le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation juge à propos, sauf
à remettre le produit de toute vente au cas où la confiscation ne
serait pas prononcée par le tribunal. "
Or, M. le Président, ceci démontre que les pouvoirs de
contrôle, les pouvoirs de surveillance, les pouvoirs de protection de la
santé des Québécois, le ministre de l'Agriculture les
possédait. Les
articles très précis et très clairs de cette loi en
vigueur depuis longtemps sont accompagnés de règlements qui, eux
aussi, donnaient toute la latitude, à un ministre de l'Agriculture qui
prendrait son poste au sérieux, de faire en sorte que l'affaire des
viandes avariées ne se soit jamais produite. En effet, M. le
Président, nous...
M. Levesque: Est-ce qu'on me permettrait d'interrompre un instant
l'honorable député? C'est pour annoncer que la commission des
affaires municipales a terminé son travail et que la commission de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche
pourrait se réunir immédiatement, à la salle 81, je crois,
ou 91. La salle 81?
M. Morin: Dans cinq à sept minutes.
M. Levesque: D'accord. C'est pour l'étude du dernier
élément du ministère de l'Industire et du Commerce.
M. Morin: Sur les pêcheries. M. Levesque:
D'accord.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Saguenay.
M. Lessard: Plus que cela, M. le Président, c'est que
cette réglementation devait être appliquée directement par
le ministre de l'Agriculture du Québec puisque l'article 46 des
règlements dit ce qui suit: "Le ministre exerce, par le Service de la
salubrité et tout inspecteur qu'il autorise, un contrôle sanitaire
sur les animaux et les produits destinés à la production
d'aliments, les lieux de provenance ou de détention et les moyens de
transport de ces animaux ou produits. "
Voilà que le ministre nous dit, cette semaine, M. le
Président: Ce n'est pas ma faute. Ils vont chercher cela en Ontario. Je
regrette, M. le Président. Il appartient au ministre de l'Agriculture de
vérifier d'où provient cette viande. Le ministre avait tous les
pouvoirs pour le faire. Le ministre n'a absolument rien fait.
Il est aussi, M. le Président, de la responsabilité du
ministre d'exercer une surveillance spéciale sur les opérations
relatives à l'abattage et à l'équarrissage des animaux,
à la préparation, transformation et conservation et au
conditionnement des viandes et autres aliments, d'appliquer une surveillance
générale sur tout ce qui donne lieu à l'application de la
loi et du présent règlement.
Le ministre avait même, M. le Président, la
possibilité d'avoir des ateliers surveillés. Je conviens, M. le
Président, que ces ateliers surveillés pouvaient être
constitués à la demande de l'exploitant mais il était
possible, en vertu des pouvoirs que possédait le ministre, de surveiller
un certain nombre de compagnies. Le ministre n'a absolument rien fait.
Est-ce que le ministre voudrait nous dire qu'il ne possède pas
assez d'inspecteurs? Pourtant, le ministre nous a dit, à plusieurs
reprises, que le budget du ministère de l'Agriculture était
satisfaisant. Le ministre de l'Agriculture nous a dit qu'il n'y avait pas de
problème, qu'il était capable de concrétiser ses
politiques, qu'il était capable de réaliser tout ce qu'il pouvait
faire à l'intérieur du ministère de l'Agriculture, tout ce
qu'il prévoyait. Que le ministre ne vienne pas nous dire qu'il manquait
d'inspecteurs. Lui-même, à plusieurs reprises, nous a dit qu'il
n'avait pas de problème de budget.
Par exemple, pourtant, dans l'Outaouais, selon certaines informations
que je possède et je serais heureux que le ministre me dise que
j'ai tort il n'y aurait qu'un seul inspecteur dans la région de
l'Outaouais pour 800 établissements susceptibles d'être
surveillés. Et encore, de ce temps-ci, serait-il dans la région
de Montréal, ce qui ne laisserait personne dans la région de
l'Outaouais. Est-ce que ce serait la même chose dans la région de
Québec? Peut-être.
Des inspecteurs mal qualifiés? Le ministre nous a dit que non.
Ces inspecteurs étaient bien qualifiés.
Pourtant, il reste une chose, M. le Président. On se fait dire
que 90% de ces inspecteurs ne posséderaient pas les qualifications
exigées par l'Association canadienne d'hygiène publique, et
même plus que cela, le Québec serait la seule province à
engager des inspecteurs parfois démunis de tout diplôme en
hygiène publique.
On peut se demander, M. le Président, si on exige quelque
qualification que ce soit pour devenir inspecteur de la viande au
ministère de l'Agriculture du Québec.
Mais je ne suis pas prêt à dire que l'ensemble des
inspecteurs du ministère de l'Agriculture ne sont pas qualifiés.
Le problème fondamental ne provient probablement pas des inspecteurs. Le
problème fondamental provient probablement du ministre de l'Agriculture,
lui-même.
A-t-il appuyé ces inspecteurs? A-t-il fait un effort pour faire
en sorte que ces gens puissent réaliser leur travail dans des conditions
normales? C'est une question que nous nous posons. Laissés à
eux-mêmes, ne se sentant nullement appuyés par les
autorités qui préfèrent fermer les yeux, ces inspecteurs
doivent faire affaires avec le monde de la pègre et se trouvent dans une
situation intenable. Certains inspecteurs, semble-t-il, auraient
été invités à ne pas aller dans tel endroit,
pendant telle période, et seraient, tout simplement, restés chez
eux.
Est-ce que ce n'était pas, tout simplement, pour laisser la place
à la fraude? Ces inspecteurs doivent, bien souvent, soit changer de
métier, soit se soumettre à la loi du milieu, davantage
appliquée que celle du ministère, ou faire leur travail
honnêtement et se faire casser les jambes en retour, comme l'a bel et
bien mentionné, dans une entrevue, le secrétaire de presse de M.
Toupin, M. Biron.
Le ministre, M. le Président, a été aveugle, sourd
et muet, ou bien le ministre était complice du système. Il lui
appartiendra de nous le démontrer.
Comme le signalait un éditorialiste du Devoir, M. Leclerc, le 22
mai 1975: "Certes, le médecin vétérinaire en chef du
ministère de l'Agriculture a fini par dire qu'il n'était pas sans
danger de consommer de la viande d'animaux malades ou morts de maladies. Mais
depuis 30 ans qu'il est à l'emploi du gouvernement et que les
autorités laissent, sans vérification, l'abattage et la
distribution d'une aussi grande proportion de l'alimentation, force est de
trouver que le scandale vient tard. A tout événement
continue-t-on le gouvernement n'a pas besoin de faire la preuve qu'un
aliment est empoisonné pour en interdire la vente. Il suffit que sa
préparation n'ait pas été entourée des conditions
sans le respect desquelles on présume qu'il y a un risque pour la
santé individuelle ou l'hygiène publique. En imposant des
contrôles à certains et non à d'autres, le gouvernement
minait, à cet égard, la présomption sur laquelle il
s'appuie, réduisait l'efficacité de sa prévention, et
ouvrait la porte aux répugnants abus. Il faut faire une autopsie
complète et approfondie de ce cancer social. Ce genre de crime, bien
organisé, naît dans des conditions précises. Il se
développe grâce à des lacunes gouvernementales et à
des complicités obligées à plusieurs niveaux. Il dure
à la faveur de l'incompétence policière ou d'entraves
à la justice. "
M. le Président, nous le disons bien: Le ministre est insouciant,
incompétent ou bien il était le complice de la situation. Et nous
sommes habitués, à cette Assemblée nationale, de voir des
ministres nous dire: Ce n'est pas ma faute. C'est la faute du
système.
Comme le disait le député de Saint-Jacques au ministre du
Travail: Les anguilles qui se promènent à cette Assemblée
nationale, nous commençons à les connaître. Le "show" du
ministre de l'Agriculture, nous commençons à le connaître
et nous prévoyons quel sera son spectacle tout à l'heure. Ce
n'est pas notre faute; c'est la faute du gouvernement fédéral,
c'est la faute des municipalités.
Non, M. le Président, le ministre ne réussira pas à
nous faire croire, à nous de l'Opposition, comme à l'ensemble de
la population du Québec, qu'il n'est pas responsable de cette situation.
Ou, alors, le ministre démontrera, comme il l'a démontré
depuis qu'il est ministre de l'Agriculture et particulièrement depuis
1973, qu'il est tout simplement un irresponsable. Il n'y a plus de
problèmes au Québec dans l'agriculture depuis que ce ministre a
pris ce ministère! Le ministre de l'Agriculture tente de minimiser tous
les problèmes. Le ministre de l'Agriculture tentera probablement de nous
dire aujourd'hui: L'Opposition charrie.
Une Voix: Charognel
M. Lessard: Oui, le ministre de la charogne, on le connaît
maintenant. Vous répondrez tout à l'heure.
M. Toupin: Une question de règlement.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: Ce n'est pas la question de répondre. Je
voudrais tout simplement dire ceci au député de Saguenay. S'il a
un minimum d'éthique, pas pour moi, mais pour le public qui, de temps en
temps, est appelé à lire des discours comme ceux-là, qu'il
tente au moins d'utiliser des termes qui sont je ne dirais même
pas convenables les plus élémentaires dans les contacts
entre les personnes.
M. Lessard: J'espère que ces remarques s'appliquent aussi
à vos collègues.
M. Hardy: C'est un discours de démagogue.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, nous sommes habitués
à ces scènes du ministre de l'Agriculture, comme nous sommes
habitués aux scènes du premier ministre et comme nous sommes
habitués aussi au spectacle du ministre du Travail. Mais le
problème fondamental que nous avons au Québec, M. le
Président, que ce soit dans le secteur agricole, que ce soit dans le
secteur du travail ou dans tous les secteurs...
C'est cela qui fait le plus mal aux Québécois. Ce qui fait
le plus mal aux Québécois, ce n'est pas tellement de manger de la
charogne, mais c'est d'être obligés d'endurer un gouvernement qui
n'existe plus. Nous n'avons plus de gouvernement au Québec, nous n'avons
plus de ministre de l'Agriculture au Québec. C'est ce qu'il y a de pire
et de plus malheureux pour les Québécois.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Pilote): J'inviterais les membres de
cette Chambre à garder le silence.
M. Roy: M. le Président, la question qu'on peut se poser
à ce moment-ci, puisqu'on en parle depuis le début de la semaine,
serait peut-être de se demander combien de tonnes de charogne seront
encore mises sur le marché avant que le gouvernement du Québec se
décide d'agir.
M. le Président, le ministre aurait intérêt à
reprendre son siège, parce qu'il y a des questions, actuellement, que
les Québécois se posent et les Québécois attendent
des réponses de leur ministre de l'Agriculture. Ce n'est pas tellement
édifiant actuellement de sortir du Québec ou de rencontrer des
gens de l'extérieur qui viennent nous visiter dans le climat actuel.
Jamais je dis bien jamais depuis la Confédération
une province n'a été autant éclaboussée que la
nôtre à l'heure actuelle. Je ne parlerai pas du rapport de la
commis-
sion Cliche, parce que cela fait l'objet de passablement de discussions
et que nous aurons certainement l'occasion d'y revenir. Mais il y a une
commission d'enquête qui siège actuellement. Je ne veux pas entrer
dans le détail de la commission d'enquête; je veux parler du
principe de la commission d'enquête. Ce n'est quand même pas
l'Opposition qui a formé cette commission d'enquête; c'est le
gouvernement actuel pour enquêter sur le crime organisé au
Québec. C'est le mandat qu'on a confié à cette
commission.
Déjà, depuis une semaine, est-ce qu'on a pensé aux
conséquences, au tort immense que nous causons au Québec,
à cause de ce qu'on découvre par cette commission d'enquête
sur les activités du monde interlope et sur les activités de ce
qu'on appelle le crime organisé, plus particulièrement dans le
commerce des viandes?
M. le Président, ce n'est pas d'aujourd'hui que nous savons
on n'a pas appris cela cette semaine qu'il se fait un commerce de
viande avariée au Québec. Le gouvernement lui-même
je dis bien le gouvernement lui-même a présenté des
lois devant l'Assemblée nationale. Le 14 mai 1971 a été
sanctionné le bill 16, Loi modifiant la loi des produits agricoles et
des aliments. L'article 2 de cette loi autorise les inspecteurs ou agents du
ministère à pénétrer dans les locaux où se
trouvent des produits agricoles en tout temps et non plus uniquement aux heures
où ces locaux sont ouverts. Il prévoit de plus que ces
inspecteurs ou agents pourront exiger la production des livres, registres ainsi
que tout autre renseignement jugés utile ou nécessaire, les
renseignements ainci obtenus étant tenus pour confidentiels.
L'article 3 augmente les amendes pour infraction à la loi. Il
prévoit que dans le cas d'une première infraction, ces amendes
pourront atteindre $500 si l'infraction a été commise par un
individu et $1, 000 si l'infraction a été commise par une
corporation et que, dans les cas de récidive dans les deux ans, ces
amendes pourront atteindre $3, 000 si l'infraction a été commise
par un individu et $5, 000 si l'infraction a été commise par une
corporation.
C'est la loi que l'Assemblée nationale du Québec a
votée en mai 1971 et qui a été effectivement
sanctionnée le 14 mai 1971.
En 1973, nous avons eu une autre loi qui est venue devant
l'Assemblée nationale: c'est le bill 12 qui a été
sanctionné le 29 juin 1973. J'inviterais mes collègues à
prendre le temps de relire les dispositions de l'article 46 de ce projet de loi
qui dit "qu'une personne autorisée par le ministre à agir
à titre d'inspecteur pour les fins de la présente section peut,
dans l'exercice de ses fonctions, a) pénétrer à toute
heure raisonnable dans un lieu ou bâtiment où il lui paraît
qu'une infraction à la présente loi ou à un
règlement a été commise ou dans un établissement et
procéder à une inspection de cet établissement, ce lieu ou
ce bâtiment et faire l'examen des animaux qui s'y trouvent. " Il s'agit
d'une loi modifiant la loi de la protection sanitaire des animaux qui pouvait
quand même permettre au gouvernement d'adopter des mesures
préventives pour éviter que des animaux malades, que des animaux
morts prennent le chemin de l'atelier d'équarrissage de transformation
de viande et, de là, souvent vendus pour la consommation domestique.
M. le Président, nous avons eu une autre loi qui a
été votée par l'Assemblée nationale, c'est le bill
31, en 1974. On se rappellera des dispositions du bill 31 mon
collègue de Saguenay y afait allusion tout à l'heure qui
donnent au gouvernement tous les pouvoirs nécessaires pour être en
mesure... Est-ce que je vous dérange?
M. Tardif: Pas du tout.
NI. Roy: Des "back-benchers". "Approuvé Québec" qui
n'ont pas d'autre chose à dire que d'interrompre leurs collègues
pour faire en sorte que les travaux de l'Assemblée nationale se
déroulent toujours dans une atmosphère que je n'ose qualifier, au
lieu de travailler dans l'intérêt de leurs électeurs et des
contribuables, des citoyens de la province, pour apporter leur collaboration
à l'assainissement du climat pourri que nous avons au Québec
à l'heure actuelle. Mais non! On préfère interrompre et
faire en sorte que nos travaux parlementaires se déroulent toujours dans
une foire complète au lieu de participer de façon intelligente.
Je ne leur demanderai pas si ce sont des gens intelligents, mais il y a quand
même des limites. A chaque fois qu'on intervient en Chambre sur des
sujets sérieux, des sujets qui inquiètent tout le monde dans la
province, toute la population du Québec, à l'heure actuelle, nous
passons notre temps à nous faire interrompre de façon stupide par
des gens que je qualifierai d'irresponsables.
Je comprends que ça puisse être gênant
actuellement...
M. Mercier: Question de règlement.
Le Président (M. Pilote): Le député de
Bellechasse sur une question de règlement.
M. Mercier: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander au député de Beauce-Sud de revenir à la
pertinence du débat, s'il vous plaît?
M. Roy: Sur le même point de règlement, est-ce qu'on
pourrait demander au député de Bellechasse de vous inviter vous
aussi à faire respecter le règlement, à l'intention des
collègues backbenchers?
Je pense que vous m'avez donné la parole tout à l'heure.
Il n'y en a pas d'autres qui ont obtenu la parole et je n'ai donné
à personne la permission de me poser des questions.
M. Mercier:... du débat, M. le Président.
M. Roy: Relisez votre règlement. Que ces gens relisent le
règlement et ils pourront se rendre compte qu'encore là ils
enfreignent le règlement de la Chambre.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
Je demanderais aux députés qui sont ici présents
dans cette Chambre, d'écouter attentivement le député de
Beauce-Sud et je demanderais à celui-ci de ne pas provoquer non plus les
députés de cette Chambre.
M. Roy: M. le Président, il est normal que je provoque le
gouvernement, parce que j'attaque le gouvernement à l'heure actuelle.
Cela fait partie de mon mandat, de mes responsabilités et de mon
devoir.
Je m'excuse, M. le Président, mais je n'accepte pas cette
contrainte. Vous n'avez qu'à relire le règlement pour savoir que
ce n'est pas le rôle de l'Opposition de faire attention aux backbenchers
qui peuvent se sentir frustrés à certaines occasions.
Le Président (M. Pilote): Voyez-vous, vous venez justement
de provoquer, avec le mot "backbenchers". Ne vous demandez pas pourquoi ils
vont rouspéter.
M. Lessard: M. le Président, question de règlement.
Dans votre travail, dans vos fonctions, vous appliquez vos remarques
exclusivement au député de Beauce-Sud, ou à peu
près exclusivement au député de Beauce-Sud.
Je voudrais que vous interveniez pour ramener à l'ordre le
député d'Anjou, qui provoque constamment, depuis plusieurs
minutes, le député de Beauce-Sud. Je voudrais que les
règlements s'appliquent non seulement aux députés de
l'Opposition, mais aussi aux députés du Parti libéral qui,
comme le disait le député de Beauce-Sud, provoquent constamment
et de façon stupide les députés de l'Opposition.
M. Massicotte: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Lotbinière.
M. Massicotte: Je pense que c'est très bon d'entendre les
députés de l'Opposition dire ce qu'ils pensent, mais est-ce qu'on
pourrait demander un peu plus d'intelligence dans les propos qui sont
tenus?
La population s'attend que les parlementaires agissent comme du monde.
Lorsqu'on entend des mots tels que ceux qui viennent d'être
prononcés, cela me fait honte de voir une Opposition qui ne sait pas
s'exprimer comme du monde.
Tâchons donc de parler avec jugement pour que nos gens sachent
qu'il y a des problèmes, on le sait, mais qu'il y a aussi des solutions.
Au lieu d'avoir du verbiage et des mots tels qu'on en entend il
semblerait que vous êtes payé au mot essayez donc d'agir
avec intelligence.
Le Président (M. Pilote): L'honorable député
de Beauce-Sud.
M. Roy: Je félicite le député de
Lotbinière pour ses propos. J'espère qu'il les prendra en note
pour lui-même et que ses collègues qui l'ont applaudi sauront
l'écouter. M. le Président...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre, messieurs!
M. Roy: Je disais donc qu'en 1974 il y a un projet de loi qui a
été adopté à l'Assemblée nationale. C'est le
projet de loi no 31, projet de loi qui a été effectivement
sanctionné le 31 juillet 1974, projet de loi qui a donné au
ministre de l'Agriculture du Québec tous les pouvoirs pour agir avec
célérité, avec vigueur, avec autorité, pour
tâcher de faire le ménage dans ce secteur pourri c'est un
secteur pourri qui est en train de pourrir la réputation de la
province.
M. le Président, il faut le dire, ce n'est pas de gaieté
de coeur que nous devons parler aujourd'hui de ces choses-là. Nous avons
ici un gouvernement qui a été élu par la population le 29
octobre 1973, comme il le dit lui-même, avec 102
députés.
Le gouvernement ne peut pas, actuellement, se plaindre que l'Opposition
l'empêche d'agir. A chaque fois que ces lois ont été
présentées devant l'Assemblée nationale, nous avons fait
part de certaines réserves, nous avons fait part de certaines
objections, nous avons formulé certaines recommandations, nous avons
proposé des amendements, de façon que les lois soient
bonifiées.
Mais, une fois la loi votée, le gouvernement avait la
responsabilité, et ce, même si l'Opposition avait voté
contre la loi, l'obligation et le devoir de faire respecter la loi.
C'est le gouvernement, par l'entremise du ministre de l'Agriculture, qui
était responsable de l'application de la loi, par l'entremise du
ministre de la Justice, qui doit faire en sorte que l'administration de la
justice se fasse au Québec, de façon normale.
C'était au gouvernement en place, qui a la responsabilité
de l'Exécutif, la responsabilité de l'administration de la
province, de faire appliquer ses lois, parce que c'est ce même
gouvernement qui a présenté les lois devant l'Assemblée
nationale.
M. le Président, il y a une autre loi aussi qui a
été sanctionnée le 31 juillet 1974, c'est le projet de loi
no 111, projet de loi privé, intitulé Loi modifiant la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal. Dans la loi qui modifie la Loi de
la Communauté urbaine de Montréal, on parle des
règlements. A l'article 13, par exemple, de la loi, on dit ceci: "La
communauté peut, par règlement, prescrire que toute infraction
aux dispositions d'un règlement ou d'une ordonnance, adoptés sous
l'autorité du présent article entraîne comme
pénalité, pour une première infraction, une amende d'au
plus $2, 000, avec ou sans frais, ou une peine d'emprisonnement d'au plus un
mois et les deux peines à la fois, et, pour toute infraction
subséquente au cours d'une période de douze mois, une amende d'au
plus $5, 000 ou une peine d'emprisonnement d'au plus trois mois ou les deux
peines à la fois. "
II s'agit des amendements à la loi concernant le règlement
sur la viande qui a été dévolu au niveau des
responsabilités municipales.
M. le Président, le ministre a parlé, à un moment
donné, de certaines restrictions, parce que nous avons voté, en
troisième lecture, contre le projet de loi no 31. Nous avons fait
connaître nos intentions, nous n'avons pas à revenir
là-dessus. Je me souviens, par contre, que, lors de l'étude du
projet de loi no 111 sur la Communauté urbaine de Montréal, le
ministre de la Justice lui-même on n'a qu'à relire les
pages du journal des Débats B-5446 et B-5447 pour le découvrir
s'opposait à ce que les amendes soient trop
élevées. En effet, M. Trudeau, qui représentait la ville
de Montréal, avait demandé, à ce moment, que la
première infraction soit de $5, 000 et trois mois de prison ou $10, 000
pour la deuxième infraction, et le ministre Choquette a répondu
plus tard: "Oui, c'est la protection du public, mais il faut quand même
coordonner. Moi, je ferais une proposition, vu que vous l'appliquez
indistinctement à toutes sortes d'activités, même mineures,
je mettrais une amende maximale, pour la première infraction, de $2, 000
et, pour la deuxième infraction, de $5, 000. Il me semble que vous allez
être amplement servis. "
Comment se fait-il que le ministre de la Justice, lui-même, ait
voulu réduire les sanctions que demandait la Communauté urbaine
de Montréal pour être en mesure de sévir contre ces
malfaiteurs, contre ces bandits, contre ces exploiteurs du public et contre
ceux qui, actuellement, ont fait un tort à la province, comme jamais
dans le passé des gens ne lui ont fait tort?
Il est encore plus étonnant de relire les propos qu'a tenus ce M.
Trudeau. M. Trudeau disait ceci: "Je pense qu'il faut les distinguer en deux
espèces. Il y en a qui semblent se commettre par inadvertance; devant de
tels cas, le service essaie de juger avec discernement. Il semble que, par
ailleurs, dans certains cas, des établissements, des restaurants
et non pas de petits restaurants qui débitent beaucoup de repas
dans une journée s'approvisionnent, semble-t-il, de façon
systématique d'aliments qui ne sont pas convenables pour la consommation
et que, malgré les interventions des inspecteurs, il est possible qu'il
soit plus profitable de voiler la loi, compte tenu des amendes que les
tribunaux peuvent imposer, que de s'y conformer. C'est ce qu'on voudrait
éviter en demandant des augmentations d'amendes de ces
catégories. "
Comment se fait-il qu'à la suite des propos tenus devant une
commission parlementaire par une personne en autorité, le jeudi 11
juillet 1974, avec les pouvoirs que le ministère de l'Agriculture avait,
le ministre de la Justice présent à cette commission
parlementaire n'ait pas jugé bon d'ordonner immédiatement une
enquête pour demander aux personnes présentes en commission
parlementaire, plus de détails, de façon à envoyer les
inspecteurs sur les lieux, et à faire prendre les coupables? Pourquoi
c'est la question que nous sommes en droit de nous poser le
gouvernement, alors qu'il était averti de façon officielle,
à ce moment, n'a-t-il pas agi?
Pourquoi le ministre de l'Agriculture, qui après avoir
reçu quatre fois, je dirais la bénédiction de
l'Assemblée nationale puisque les projets de loi qui ont
été demandés ont été adoptés par
l'Assemblée nationale du Québec n'a-t-il pas pris les
moyens, lui, le ministre, de faire appliquer la loi et de s'organiser de
façon que le public, le consommateur québécois, soit
protégé?
S'il manquait d'inspecteurs au ministère de l'Agriculture,
c'était facile de le dire puisque nous avons interrogé le
ministre à ce sujet. Le ministre nous a dit, nous a
répété qu'il n'y avait pas de problème, qu'il avait
le budget qu'il avait demandé. Comment le ministre de l'Agriculture
peut-il aujourd'hui, notre ministre de l'Agriculture actuel, même s'il
est "Approuvé Québec", trouver justification devant
l'Assemblée nationale?
M. Toupin: Vous, je ne vous approuve pas Québec, par
exemple!
M. Roy: Quand je regarde ce qui se cache derrière la
marque "Approuvé Québec", je ne pense pas qu'il se trouve
personne qui soit intéressée à s'en y approcher.
Je dis donc au ministre: Comment peut-il, aujourd'hui, en toute logique,
se justifier devant l'Assemblée nationale du Québec de ne pas
avoir agi, de ne pas avoir pris les mesures qui s'imposaient, de ne pas avoir
ordonné, exigé que ses inspecteurs fassent, si nécessaire
et c'était nécessaire de le faire du travail
supplémentaire, et de ne pas leur avoir donné toute
l'autorité dont ils avaient besoin pour être capables d'effectuer
leur travail dans les meilleures conditions possibles, avec tous les outils
nécessaires pour mener leurs fonctions à bien?
Comment, aujourd'hui, le ministre de l'Agriculture peut-il se justifier
devant la population du Québec d'avoir agi de cette façon?
Comment le ministre de l'Agriculture peut-il, aujourd'hui, se justifier des
réponses qu'il a données devant l'Assemblée nationale
depuis mardi matin, alors que nous n'avons aucune indication je dis bien
aucune indication nous n'avons eu aucune information voulant que le
ministère de l'Agriculture ait pris des mesures d'urgence suite à
tout ce qui s'est déclaré publiquement? Je ne parle pas de la
commission d'enquête comme telle et de ses audiences. Je parle de ce que
le public québécois a appris par la voie des media
d'information.
Comment le ministre peut-il, actuellement, trouver justification devant
la population du Québec d'une telle incurie, d'une telle
irresponsabilité de sa part, et qu'il était chargé
d'appliquer lui-même, il ne l'ait pas fait? Serait-ce que c'est devenu la
marque de commerce de l'actuel gouvernement de faire voter des lois devant
l'Assemblée nationale, afin de permettre au premier ministre de dire,
à la fin d'une session: Nous sommes le gouvernement qui a fait adopter
le plus de lois au cours d'une seule session, cent lois? Les
députés peuvent applaudir. C'est gênant d'applaudir. Ils
peuvent applaudir quand même. Cent lois mais des lois qui ne sont pas
appliquées. Et, par-dessus
le marché, on pousse l'incurie jusqu'à applaudir. Des lois
qui ne sont pas appliquées.
Même chose au ministère du Travail. Je pourrais parler du
ministère du Travail parce que nous touchons l'ensemble du budget.
Même chose.
Une Voix: La pertinence du débat.
M. Roy: Oui, la pertinence du débat. Même chose au
ministère du Travail. Lois pas appliquées au ministère de
l'Agriculture, lois pas appliquées au ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre. Et, si on fouille encore un peu plus loin, on trouvera
peut-être, dans d'autres domaines, encore d'autres ministères
où les lois ne sont pas appliquées. Je ne veux pas prendre tous
les ministères parce qu'il y a quand même quelques ministres qui
font leur devoir, du moins ils essaient, avec les moyens du bord, de
s'acquitter de leurs fonctions le plus adéquatement possible.
Mais on ne peut quand même pas laisser la situation comme cela. Le
ministère de l'Agriculture se doit, à ce moment-ci, de faire
quelque chose.
Est-ce que nous allons attendre six mois? Est-ce que nous allons
attendre un an avant que le ministère de l'Agriculture se décide
d'agir? Lorsqu'on songe, M. le Président, aux millions de dollars que
ces charognards, que ces bandits ont faits en exploitant de façon
honteuse les consommateurs du Québec et qu'on songe en même temps
à la situation pénible dans laquelle se trouvent les
éleveurs de bovins de boucherie, il y a justement là, M. le
Président, je pense, un parallèle que nous pouvons et que nous
devons faire.
Comment un homme qui je parle des producteurs de bovins de
boucherie cherche à produire de la qualité, des animaux de
qualité pour les mettre sur le marché et avoir des prix
décents, des prix qui tiennent compte de ses coûts de production
peut-il se retrouver en concurrence directe avec ces marchands de charogne? Je
pense que nous avons là justement une des causes du malaise profond que
connaissent les producteurs de bovins de boucherie du Québec. On a
placé des éleveurs honnêtes, des éleveurs qui ont
été soucieux de fournir de la qualité, dans l'obligation
de concurrencer les charognards.
Evidemment, le ministre a essayé, avec une boîte de
cataplasmes, de replâtrer un peu la situation, de façon bien
temporaire, cependant. Comment peut-on, M. le Président, espérer
que la situation sera corrigée alors que le ministre de l'Agriculture
n'a absolument rien fait, rien annoncé, pris aucune mesure pour corriger
la situation dans laquelle on se trouve au Québec à ce
niveau?
Le ministre nous a dit qu'il avait eu des rencontres, comme il en a
fréquemment, des rencontres ordinaires, dans lesquelles on a
discuté pas seulement de cela, nous a dit le ministre. On n'a pas
discuté seulement de cela. On a discuté également de toute
autre sujet dont le ministère de l'Agriculture se préoccupe. Mais
quelles sont les mesures réelles que le ministère de
l'Agriculture a prises pour mettre fin et il est temps qu'on y mette fin
à ce commerce de la charogne au Québec et à cette
exploitation des consommateurs, qui risque de causer un tort au Québec?
Comme je le disais au début de mon intervention, cela risque de nous
causer un tort pour des années et des années à venir et
nous faire une réputation à un point tel que ce sera
gênant, tantôt, si cela continue, de sortir à
l'extérieur du Québec et de dire aux gens que nous sommes des
Québécois.
M. le Président, ce n'est pas seulement la question des droits
des consommateurs qui est en jeu, mais c'est la réputation de la
province; c'est notre fierté nationale, c'est toute notre
réputation qui est en cause. Il faut absolument c'est la
responsabilité du ministre de l'Agriculture...
Il y a des responsabilités, aussi, qui relèvent du
ministère de la Justice. Si les ministères ne sont pas aussi
cloisonnées qu'on le pense, il serait peut-être temps que le
ministre de l'Agriculture rencontre son ministre de la Justice et qu'on
s'organise, en quelque sorte, pour faire un travail en étroite
collaboration de façon à apporter les correctifs qui
s'imposent.
M. le Président, hier, le ministre nous a remis un document suite
aux questions qui ont été posées à
l'Assemblée nationale. Il nous a remis le rapport d'inspection des
ateliers surveillés par le ministère de l'Agriculture. Ce rapport
comporte deux pages. Je pense, M. le Président, que ce document est
quand même assez révélateur. Il nous démontre que
pour avoir l'estampille "Approuvé Québec", il est
nécessaire que les locaux soient approuvés. L'inspection de la
viande, cela n'a rien à voir, ce n'est pas important, pourvu que les
locaux répondent aux normes de salubrité je dis bien aux
normes de salubrité établies par le ministère de
l'Agriculture.
Je n'ai rien contre cela, au contraire. Il est important que les locaux
dans lesquels on fait l'abattage des animaux, les locaux dans lesquels on fait
l'équarrissage de la viande, dans lesquels on prépare les
aliments, répondent à des normes de salubrité.
On a pu se rendre compte également qu'il est possible, pour
certains bandits j'emploie le terme "bandit" de faire le commerce
de la charogne dans des locaux salubres qui répondent aux exigences du
ministère.
M. le Président, il faut que le ministère de l'Agriculture
du Québec, par l'entremise de son service d'inspection, aille plus loin
que cela. Il nefaudra pas qu'il se limite à inspecter les locaux
occasionnellement, une ou deux fois par année. Je dis bien: Une ou deux
fois par année, parce que nous avons appris que, dans des régions
qui comptaient 700 à 800 établissements, il n'y avait qu'un seul
inspecteur à temps partiel, même pas à temps complet, un
inspecteur à temps partiel. Un inspecteur, avec toute la bonne foi,
toute la volonté qu'il peut y mettre pour accomplir sa tâche,
selon les responsabilités qui lui ont été
accordées, qui lui ont été confiées, comment
peut-il accomplir sa tâche avec les moyens que le ministère de
l'Agriculture lui donne? Inutile de vous
dire que la porte est ouverte, actuellement, à tous les abus
possibles, parce que le ministère de l'Agriculture ne s'est pas
préoccupé de prendre les mesures qui s'imposaient, de
façon que l'inspection de la viande se fasse.
M. le Président, il y a des entreprises
québécoises, des gens qui sont dans le commerce des viandes qui
ont été acceptés par le ministère de l'Agriculture
et qui utilisent l'estampille "Approuvé Québec". Il y a parmi ces
gens, quand même, des gens honnêtes. Comment ces gens sont-il
placés, à l'heure actuelle, vis-à-vis du marché de
la consommation? De quelle façon ces gens pourront-ils continuer
à exploiter leurs entreprises, de façon honnête, dans le
climat actuel? Quelles sont les garanties que le ministère de
l'Agriculture peut donner au public québécois, aujourd'hui? Je
demanderais au ministre de le prendre en note. C'est une question que je Iui
pose à ce moment-ci, à notre ministre de l'Agriculture.
Il ne semble pas intéressé, M. le Président, notre
ministre de l'Agriculture. J'ai une question à poser à
l'honorable ministre de l'Agriculture. Est-ce que celui-ci peut prendre note de
la question que je lui pose, à ce moment-ci?
M. Toupin: Oui, monsieur.
M. Roy: II y a, au Québec, actuellement, quand même,
des entreprises qui s'occupent du commerce des viandes qui utilisent
l'estampille "Approuvé Québec" et qui sont des gens
honnêtes. Bon!
M. Toupin: Oui. A 98%.
M. Roy: Comment ces gens, actuellement, peuvent-ils avoir la
protection nécessaire du gouvernement provincial, pour être en
mesure de garder leur marché, de garder leur clientèle, parce
que, lorsque cela arrive dans les magasins d'alimentation, aucune distinction
n'est faite entre une entreprise honnête et une entreprise
malhonnête? Comme nous savons, actuellement, que l'estampille
"Approuvé Québec" a été utilisée de
façon malhonnête pour des aliments dans le commerce de la
charogne... Oui, Federal Packing...
M. Toupin: II répète...
M. Roy: Je vais parler d'elle, pour le moment, Federal Packing.
Alors que d'autres l'ont utilisée frauduleusement. Qui va dire au
consommateur du Québec, demain matin, lorsqu'il va aller faire son
marché, que ce sont des produits sains ou si ce sont des produits de
qualité douteuse, voire même de qualité mauvaise?
M. le Président, le grand danger qu'il y a dans tout cela, c'est
qu'on est en train de détruire complètement le commerce du
bétail québécois. On est en train de le détruire
complètement. Au bénéfice de qui? C'est là que la
caisse électorale du Parti libéral entre en ligne de compte. Je
suis obligé de le dire. Au bénéfice de qui? Au
bénéfice des grandes sociétés multinationales et au
bénéfice, également, des grandes chaînes de magasins
d'alimentation.
L'épicier du coin, actuellement, est très mal
placé, à la suite de toutes ces révélations, de
tout ce qui s'est dit, vis-à-vis du consommateur
québécois. C'est absolument pénible, actuellement, de
constater que c'est toute l'économie québécoise, c'est
tout ce secteur de l'économie québécoise qui va en prendre
pour son compte.
Il y en a quinze qui parlent, M. le Président, en même
temps que moi.
M. le Président, il y a un article paru dans un quotidien
d'aujourd'hui: "Le sceau "Approuvé Québec" est en train de
mériter un enterrement de première classe. Plus de 2, 000
magasins seraient maintenant de la partie. Voyons les faits. Le conseil
d'administration de la compagnie Provigo, la plus importante maison de
distribution alimentaire au Québec avec ses 1, 300 magasins,
décidera vraisemblablement aujourd'hui de demander à ses membres
de retirer de leurs tablettes tous les produits "Approuvé
Québec". Cette décision ferait suite à une recommandation
expresse du directeur de la division des viandes, M. Claude Dufour: "On est
à la merci des consommateurs, on n'a plus le choix après
tout ce qui s'est dit le consommateur québécois a quand
même ses droits On ne peut plus se permettre de faire affaires
avec "Québec Approved", nous a déclaré au
téléphone, M. Dufour. 20% des produits de la viande chez Provigo
étaient jusqu'ici "Approuvé Québec"... "
M. Harvey (Jonquière): M. le Président, j'invoque
le règlement. Cet après-midi à la période des
questions, à la suite d'une question posée par le
député de Charlesbourg, le premier ministre disait que la
compagnie Provigo avait nié officiellement cette information. J'ai
devant moi le communiqué qui dit: "Suite à l'enquête de
CECO touchant les viandes, le comité exécutif de Provigo Inc. a
décidé d'attendre la décision du gouvernement provincial,
plus particulièrement celle du ministère de l'Agriculture quant
à la réforme... " Un instant. Le député de Saguenay
qui a... en arrière.
M. Lessard: L'influence occulte du premier ministre.
M. Veilleux: M. le Président...
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Lessard: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): D'accord.
M. Lessard:... avec l'aide des... compétents.
M. Roy: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Veilleux: J'invoque le règlement.
M. Lessard: M. le Président... Commence donc par appliquer
le règlement, toi-même.
M. Veilleux: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Beauce-Sud et le député de Saguenay se
sont moqués des collègues libéraux sous prétexte
qu'ils parlaient lorsque le député de Beauce-Sud parlait.
M. Lessard: Qu'est-ce que vous venez de faire tantôt?
M. Veilleux: Lorsque le ministre du Revenu parle, demandez donc
au député de Saguenay de se la fermer pour qu'on écoute la
mise au point du ministre du Revenu.
M. Lessard: Sur la question de règlement, M. le
Président. Vous avez pu, vous-même, constater tout à
l'heure, pendant que le député de Beauce-Sud parlait, et "voir
visuellement", le député de Saint-Jean faire des remarques au
député de Beauce-Sud.
Je demande donc au député de Saint-Jean d'appliquer
lui-même les règlements et de ne pas intervenir pendant que le
député de Beauce-Sud parle.
M. Veilleux: C'est votre question de règlement? M. Roy:
Question de règlement.
Le Président (M. Blank): Question de règlement, le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: La question de règlement du ministre du Revenu
n'en était pas une pour deux raisons. Premièrement, je ne me suis
pas référé aux propos qu'a tenus le premier ministre, ni
à la question de ce matin du député de Charlesbourg. Je me
suis référé à un article qui a paru dans les
journaux et je n'avais pas fini mon commentaire.
Deuxièmement, je ne me suis référé à
aucun autre propos qui a concerné particulièrement le ministre du
Revenu lui-même, parce qu'il n'est pas intervenu dans ce débat. La
question de rappel au règlement est complètement hors d'ordre
puisqu'elle n'avait pas sa raison d'être.
M. Veilleux: Sur la question de règlement soulevée
par le député de Saguenay, je vous ferai remarquer que vous avez
été à même de voir comme je l'ai vu que, pendant que
le député de Beauce-Sud parlait, le député de
Saguenay dormait.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Je vais régler
toutes les questions de règlement.
M. Lessard: En tout cas, M. le Président, menteur comme
lui, ça ne se voit pas. Menteur comme le député de
Saint-Jean, ça ne se voit pas.
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Veilleux: Question de privilège, M. le
Président.
M. Lessard: II n'y a pas de question de privilège.
M. Veilleux: Je demande qu'il retire ses paroles.
M. Lessard: Je ne retire pas mes paroles, vous êtes un
menteur.
M. Veilleux: Je demande au député de Saguenay de
retirer ses paroles.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît,
les deux!
M. Lessard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Avant la
question de règlement. Le mot menteur n'est pas permis ici.
M. Lessard: Je regrette, M. le Président...
Le Président (M. Blank): Je vous demande de retirer le mot
menteur.
M. Lessard: M. le Président, le député de
Saint-Jean a dit que je dormais. Or, je n'ai jamais dormi. Si le
député de Saint-Jean a dit que je dormais, qu'il retire
lui-même ses paroles ou bien le député de Saint-Jean est un
menteur.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. Lessard: A-t-il dit, oui ou non, que je dormais?
Le Président (M. Blank): Assoyez-vous un moment,
assoyez-vous. Il y a des moyens d'arriver au même but sans utiliser le
mot menteur. Si vous dites que ce que le député a dit n'est pas
vrai, c'est une autre affaire, mais l'appeler menteur, c'est antiparlementaire
et je vous demande de retirer ce mot
M. Lessard: Je regrette, M. le Président, ce n'est pas
antiparlementaire; menteur est un terme...
Le Président (M. Blank): A mon avis, c'est
antiparlementaire.
M. Lessard:... dans le dictionnaire français. Si vous ne
le connaissez pas, M. le Président, voyez le petit Robert.
Le Président (M. Blank): Je vous demande, pour la
deuxième fois, de retirer le mot menteur.
M. Lessard: Le député n'a pas dit la
vérité; donc, il est un menteur.
Le Président (M. Blank): Je vous demande de retirer le
mot.
M. Veilleux: Question de privilège.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. Veilleux: Qu'il retire ses paroles.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Pour la
deuxième fois... A l'ordre, s'il vous plaît! Je rends une
décision, je suis debout.
M. Lessard: II n'a pas dit la vérité, c'est un
menteur.
Le Président (M. Blank): II n'est pas question d'en
appeler de ma décision.
M. Roy: Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Je vous demande, pour la
troisième fois, de retirer vos paroles.
M. Lessard: Je dormais ou je ne dormais pas?
Le Président (M. Blank): Ce n'est pas mon affaire, si vous
dormez ou non.
M. Lessard: II a dit que je dormais, alors que je ne dormais pas;
donc, il est un menteur.
Le Président (M. Blank): Je vous retire le droit de parole
pour le reste de cette séance.
M. Lessard: C'est le député libéral, le
président libéral qui intervient. Viens me retirer de la
Chambre.
Le Président (M. Blank): Je vous demande de vous retirer
de la Chambre.
M. Lessard: Le président libéral qui intervient.
Venez me retirer de la Chambre, venez me sortir de la Chambre.
Le Président (M. Blank): Voulez-vous faire sortir le
député de la Chambre? A l'ordre! Vous avez la parole.
M. Roy: M. le Président, c'est une question de
règlement. Il est évident qu'en vertu de notre règlement,
je ne peux pas en appeler de votre décision.
M. Lessard: Le président libéral qui
intervient.
M. Roy: A la façon dont se déroulent nos travaux,
alors que nous sommes continuellement interrompus, je pense que vous auriez
peut-être intérêt à ce moment-ci à suspendre
la séance. Il est six heures moins le quart. Suspendez la séance
immédiatement.
M. Levesque: Pas de chance. Il y a d'autres orateurs qui veulent
prendre la parole si le député de Beauce-Sud a fini de
parler.
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas fini de parler. Je
voudrais vous demander, avant de continuer mon intervention, si je peux compter
sur votre collaboration pour que le règlement de l'Assemblée
nationale soit appliqué à la lettre. Est-ce que je peux compter
là-dessus?
Le Président (M. Blank): Je ferai mon possible.
Cela prend la collaboration de tous, le gouvernement et
l'Opposition.
Le député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, suite aux
événements malheureux qui viennent de se dérouler ici,
à l'Assemblée nationale, je veux continuer, malgré
l'intervention de l'honorable ministre du Revenu. J'ai dit que ce matin, j'ai
vu un article qui avait paru dans un quotidien de Québec, dans lequel on
disait que la chaîne Provigo s'apprêtait ce sont les propos
que j'ai tenus à demander à ses 1, 300 magasins de retirer
de leurs tablettes les produits "Approuvé Québec".
Ce que je veux dire au gouvernement à ce moment-ci, nonobstant la
déclaration qu'a fait le premier ministre, nonobstant la
déclaration que vient de nous lire l'honorable ministre du Revenu, c'est
que le mal est fait. Les produits "Approuvé Québec", qu'ils
viennent d'entreprises honnêtes ou non, ne trouveront pas preneurs chez
les consommateurs.
Ceci est préjudiciable à des entreprises honnêtes,
à des commerces honnêtes qui s'établissent et qui
fonctionnent au Québec actuellement. Cette situation est causée
par l'incurie du gouvernement, l'irresponsabilité et l'incurie de
l'actuel ministre de l'Agriculture qui ne veut pas prendre ses
responsabilités devant une situation aussi tragique que celle que le
Québec connaît à l'heure actuelle.
Le ministre de l'Agriculture a pour fonction, comme titulaire du
ministère de l'Agriculture, de voir à appliquer les lois qui sont
régies par son ministère. C'est sa responsabilité.
J'ai cité ce matin quatre lois qui ont été
votées devant l'Assemblée nationale depuis 1971, quatre lois qui
sont sous la responsabilité du ministre de l'Agriculture actuel. Or, le
ministre de l'Agriculture n'a rien fait pour que ces lois soient
appliquées.
On attend qu'une commission spécialement chargée
d'enquêter sur les pratiques douteuses... C'est là qu'on
découvre toute l'ampleur d'un réseau qui fonctionne au
Québec depuis des années, mais le ministre de l'Agriculture
actuel n'a pas été nommé ministre de l'Agriculture la
semaine dernière. Il est titulaire du ministère de l'Agriculture
si ma mémoire est fidèle depuis le 12 ou le 14 mai
1970.
M. Toupin: Le 12 mai.
M. Roy: C'est le 12 mai que le ministre a été
assermenté comme titulaire du ministère de l'Agriculture. Cela
fait exactement cinq ans. Comment un ministre de la couronne, un ministre
responsable peut-il aujourd'hui continuer d'exercer ses fonctions, alors que
depuis cinq ans il s'est fermé les yeux sur des lois qu'il a
lui-même réclamées à l'Assemblée nationale et
qu'il a fait voter? Il ne s'est pas soucié de voir à ce que ses
lois soient appliquées et de voir à ce que des mesures
énergiques soient prises à l'endroit de ces charognards, de ces
crapules, de ces bandits qui se sont enrichis au détriment de la
société québécoise et au détriment des gens
honnêtes de la province de Québec.
M. le Président, comment définir, le plus logiquement
possible, l'attitude du ministre actuel de
l'Agriculture, sinon qu'on peut le qualifier de ministre complice du
crime organisé? On peut le qualifier de ministre complice du crime
organisé.
M. Toupln: M. le Président, je ne laisserai pas passer une
affirmation aussi idiote que celle que vient de faire le député
de Beauce-Sud. Je n'ai pas d'objection à ce que le député
de Beauce-Sud se laisse emporter, à ce qu'il se laisse pousser par le
vent de la démagogie. Cela ne me fait rien, c'est son problème
à lui, ce n'est pas le mien. Mais qu'il traite un membre de cette
Chambre de complice du crime organisé, c'est extrêmement grave. Si
jamais le député de Beauce-Sud veut répéter ces
paroles à l'extérieur de la Chambre, je lui montrerai comment on
fait la preuve de ceux, non seulement qui peuvent être dans la situation
qu'il décrit mais de ceux aussi qui disent qu'il y a des personnes qui
sont impliquées dans des choses comme ça. C'est totalement
manquer, M. le Président, à la plus élémentaire
éthique. C'est fantastique de constater, dans cette Chambre, qu'il y ait
des hommes, qu'on croit responsables, des gens élus par le peuple, qui
viennent discuter avec nous des problèmes sérieux en passant leur
temps à lancer toutes sortes d'accusations et d'épithètes
à l'endroit de tout le monde. Je n'ai jamais, personnellement, M. le
Président, traité personne dans cette Chambre, même pas de
charognard. Je n'ai jamais dit au député de Beauce-Sud quoi que
ce soit sur son comportement, même si je n'ai pas toujours
été d'accord avec lui. Ce qu'il vient d'affirmer, ce n'est pas
digne, non seulement d'un membre de l'Assemblée nationale, mais ce n'est
même pas digne d'un citoyen québécois.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Les mots que le
député de Beauce-Sud a prononcés, dans le contexte du
débat actuel, comme le ministre l'a dit, ne sont pas selon
l'éthique, mais dans l'enceinte du Parlement, je pense qu'ils ne sont
pas techniquement antiparlementaires. Peut-être qu'en dehors de la
Chambre ils seraient libelleux. C'est une opinion que je ne donnerais pas comme
avocat mais dans le contexte du débat, c'est le jeu de la politique.
M. Veilleux:...
Le Président (M. Blank): Cela c'est une autre affaire.
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!... A l'ordre!
M. Malouin:...
Le Président (M. Blank): A l'ordre!... A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Roy: M. le Président, je n'ai pas dit et loin de moi la
pensée de dire que nous avons un ministre de l'Agriculture
malhonnête, personnellement. Je connais le ministre...
M. Toupin: Retirez vos paroles.
M. Roy: Non, non.
M. Toupin: Retirez vos paroles comme un "gentleman".
M. Roy: Un instant.
M. Toupin: Retirez vos paroles comme un "gentleman", comme un
homme sérieux.
M. Roy: Un instant, M. le Président.
M. Toupin: Sinon, il n'y a plus beaucoup de foi à avoir en
vos paroles.
M. Roy: M. le Président...
M. Toupin: Je peux vous dire très honnêtement que
peu de choses seront crues de mes oreilles, dans l'avenir, de ce que vous
direz, si vous ne retirez pas vos paroles.
M. Roy: M. le Président, qu'on me permette quand
même de m'expliquer. Je n'ai pas tellement d'explications d'ailleurs
à donner. Je n'ai jamais dit et loin de moi l'idée de laisser
planer un doute sur le fait q ue le ministre serait un ministre
malhonnête. Je connais le ministre de l'Agriculture. Je l'ai connu
personnellement, je dirai bien avant la plupart de ses collègues. Je
l'ai toujours considéré comme un ami personnel. Ah! Il y a plus
de dix ans, même quinze ans, que je connais le ministre de
l'Agriculture.
Une Voix: En quelle année. M. Toupin:... vos paroles. M.
Malouin: Cela ne paraît pas. M. Roy: Ce que j'ai voulu dire...
Une Voix: Avec des amis comme ça, on n'a pas besoin
d'ennemi.
M. Roy:... et je regrette si je l'ai peut-être... J'ai
oublié un mot ou deux. Ce que j'ai voulu dire, c'est que l'attitude
actuelle du ministre, face à cette situation pénible que nous
traversons au Québec, face à cette situation qui réclame
de sa part une attitude énergique, pourrait c'est ça que
je voudrais dire être qualifiée dans les termes que j'ai
mentionnés tout à l'heure.
M. Toupin: Ce n'est pas mieux, M. le Président.
M. Roy: Non, je comprends, mais comment peut-on qualifier
l'attitude de notre ministre de l'Agriculture actuel?
M. Veilleux:... répond pas de ça.
M. Roy: Si le ministre de l'Agriculture actuel nous avait dit
seulement, cette semaine, au lieu de patiner continuellement comme il l'a fait,
une seule fois: Nous sommes pris, nous sommes surpris, nous sommes
consternés actuellement par l'ampleur du
problème, et au ministère, nous avons décidé
de prendre telles mesures tout de suite. Mais on ne l'a pas entendu dire
ça. J'ai moi-même interrogé le ministre de l'Agriculture
à deux ou trois reprises: Quelles sont les mesures immédiates que
votre ministère a prises ou entend prendre pour corriger la situation,
pour amener une correction au mal que nous avons actuellement au Québec?
Le ministre, à chaque fois, nous a dit que tout se déroulait
normalement, qu'il y avait des discussions, qu'il y avait des rencontres.
C'est la raison pour laquelle bien des gens se demandent si, justement,
actuellement, le ministre de l'Agriculture va faire quelque chose ou ne fera
rien.
Si j'ai pu blesser le ministre, je ne voudrais pas m'attaquer à
son intégrité personnelle, M. le Président. Je n'ai pas
dit que le ministre...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Je ne voudrais pas laisser entendre que le ministre est
actuellement complice ou l'accuser d'être complice.
M. Bellemare (Rosemont): Question de privilège, M. le
Président.
M. Roy: Je vais corriger...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bellemare (Rosemont): Question de privilège.
M. Roy: Je vais corriger, M. le Président.
M. Bellemare (Rosemont): Une question de privilège, M. le
Président.
M. Roy: Je vais corriger.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, très
sincèrement et calmement, pour le respect de tous les membres et des
collègues, tant de l'Opposition que du côté
ministériel, je suggérerais au député de
Beauce-Sud, qui est habitué, pour q ue sa crédibilité
demeure dans le peuple, qu'il arrête de parler de tripotage, parce qu'il
connaît cela. Cela le concerne. Qu'il retire ses paroles.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, je vais rectifier mes propos. Je
dis que l'attitude actuelle du ministre risque c'est le terme que je
vais employer de lui causer un tort considérable et risque de
l'associer à cela indirectement je ne dirai pas directement
par le fait, justement, qu'il refuse ou qu'il s'obstine à ne pas
prendre les mesures qui s'imposent, à l'heure actuelle.
M. le Président, j'aurais préféré, en ce qui
me concerne, parler de bien d'autres sujets que celui dont je viens de parler
ici, à l'Assemblée nationale, aujourd'hui. Mais, lors de
l'étude d'un douzième d'un budget, nous avons cinq heures pendant
lesquelles nous pouvons faire des interventions pour demander des explications
ou demander au gouvernement pourquoi il n'a pas agi ou qu'est-ce qu'il entend
faire dans tel ou tel domaine.
Il est entendu que c'était l'occasion, pour nous, membres de
l'Assemblée nationale, aujourd'hui, de discuter de ces questions.
Même si mes propos ont été violents à certains
moments, si le ministre se décide, à la suite de cela, de poser
des gestes concrets, des gestes positifs, je dis: Tant mieux pour le
Québec, tant mieux pour les Québécois! Mais le
gouvernement et le ministre de l'Agriculture ne peuvent pas laisser faire les
choses comme cela se déroule à l'heure actuelle, parce que cela
réclame, de leur part, une attitude et des décisions
énergiques, des décisions radicales et des décisions
immédiates.
Une Voix: II est six heures.
Le Président (M. Blank): Qui est le prochain orateur?
M. Levesque: M. le Président, je demande la suspension du
débat et je vous prie de suspendre la séance jusqu'à vingt
heures quinze.
Le Président (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 25
M. Blank (président de la commission
plé-nière): A l'ordre, messieurs!
M. Roy: M. le Président, avant l'ajournement, je me suis
référé... J'ai fait la vérification au journal des
Débats, pendant l'heure du souper, sur les propos que j'ai tenus et qui
avaient soulevé l'indignation du ministre. J'avais dit je me
réfère au journal des Débats comment
définir, le plus logiquement possible et avec le plus d'exactitude
possible, l'attitude du ministre actuel de l'Agriculture, sinon en le
qualifiant de ministre complice du crime organisé.
M. le Président, je voulais me référer surtout
à l'attitude du ministre et les propos que j'ai tenus à son
endroit, je voudrais les retirer...
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Roy:... tout simplement. Est-ce qu'on est d'accord que je
retire mes propos?
Le Président (M. Blank): Oui. M. Vellleux: M. le
Président...
Le Président (M. Blank): Merci, M. le député
de Beauce-Sud.
Le député de Saint-Jean.
M. Veilleux:... je n'avais pas l'intention d'intervenir sur le
projet de loi no 35, mais compte tenu des discours que mes collègues du
Parti libéral qui étaient ici avant le souper ont entendus des
deux intervenants qui m'ont précédé, soit le
député de Saguenay et le député de Beauce-Sud, en
tant que membre de cette Assemblée nationale, en tant que membre du
parti au pouvoir, je dois intervenir.
J'ai relu, à l'heure du dîner, les interventions de ceux
qui sont intervenus avant moi. Ces gens, M. le Président, depuis
plusieurs semaines, depuis même plusieurs mois, depuis plusieurs
années, reprochent à ce qu'ils appellent les "back-benchers"
libéraux de créer en cette Chambre, de toutes pièces, une
foire, de dégrader les débats qui se tiennent en cette Chambre.
Il suffit de relire ces deux interventions et vous serez à même de
vous rendre compte que la foire que le député de Saguenay et que
le député de Beauce-Sud dénoncent en cette Chambre, cette
foire, ce sont eux, surtout ces deux députés, qui la
créent.
Avant le dîner, on n'a pas fait le procès du
problème de la viande avariée au Québec, M. le
Président. On n'a pas parlé de ce problème. Ce qu'on a
voulu faire, c'est le procès du ministre de l'Agriculture. Exactement
comme le parti séparatiste, depuis le rapport Cliche, n'essaie pas de
parler du rapport Cliche, n'essaie pas d'analyser le contenu des
recommandations du rapport Cliche. Le parti séparatiste, depuis que le
rapport Cliche est sorti, essaie uniquement d'avoir la tête du ministre
du Travail, essaie uniquement de faire son procès. Il s'acoquine avec
certains individus de la FTQ, avec certains individus de la CSN laissant voir
aux gens de la
FTQ qu'ils sont là pour défendre les intérêts
des syndiq ués de la FTQ quand on sait fort bien que leur position,
à la commission parlementaire du travail, c'est uniquement pour aider la
CSN dans le maraudage qu'elle se prépare à faire dans l'industrie
de la construction.
Ici, M. le Président, dans le problème qui nous a
touché, avant le souper, qu'est-ce qu'a fait le parti séparatiste
et le parti créditiste, ex-parti présidentiel? On a fait, M. le
Président, le procès du ministre de l'Agriculure. Qu'il s'agisse
de relire au journal des Débats, à la page R-1442, page 1, le
député de Saguenay qui dit: Le ministre, M. le Président,
a été aveugle, sourd et muet ou bien, le ministre était
complice du système. Ces paroles sont graves de conséquences. On
a essayé de démontrer que le ministre de l'Agriculture
était acoquiné avec les vendeurs de viande avariée, quand
la preuve faite devant CECO n'incrimine en aucune façon le ministre
actuel de l'Agriculture.
Le député de Beauce-Sud, vers la fin de son intervention,
après que le député de Saguenay, pour avoir tenu des
propos antiparlementaires, vous l'ayez expulsé, à la page 1453,
page 1 a dit par deux fois: Comment définir le plus logiquement...
M. Roy: J'invoque le règlement, M. le Président. Le
Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, j'ai pris la peine de faire une
question de privilège, dès le début de la séance de
ce soir, pour retirer les propos qui avaient dépassé ma
pensée, parce que je m'étais référé à
l'attitude du ministre et j'avais littéralement dépassé ma
pensée. J'ai voulu, en gentilhomme...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy:... retirer ces propos et je regretteque le
député de Saint-Jean soit revenu sur la question, alors que j'ai
demandé le retrait de ces propos. Si le député de
Saint-Jean veut s'en servir, j'interviendrai tout à l'heure et j'aurai
l'occasion de mettre les points sur les "i".
M. Bacon: M. le Président, sur un point de
règlement.
Est-ce que le député de Beauce-Sud va se permettre de dire
n'importe quoi, va se permettre de retirer ses paroles, et que ce sera sans
conséquence?
M. Roy: M. le Président, sur le point de
règlement...
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Bacon: Le président m'a donné la parole,
assoyez-vous.
Le Président (M. Blank): Est-ce que vous avez fini?
M. Bacon: Je veux avoir une directive, M. le Président,
à quel moment...
Le Président (M. Blank): D'accord, d'accord...
M. Bacon:... on dit des choses en Chambre...
Le Président (M. Blank): Je vous donne une
directive...
M. Bacon: A quel moment doit-on dire des choses qui ne doivent
pas se dire et qu'on retire après ça, pour qu'elles ne se disent
pas?
Le Président (M. Blank): Comme vous savez, ici, c'est une
scène de débats politiques ou, souvent, les paroles
dépassent la pensée. Quand le député qui a fait
ça a la gentillesse de retirer les mots, je pense que c'est de
l'intérêt de la Chambre et des députés ensemble de
ne pas retourner à ce genre de débats.
M. Bacon: M. le Président, je suis content que vous
pensiez que le député de Beauce-Sud a une pensée dans ses
discours.
M. Veilleux: M. le Président...
M. Bacon: C'est à votre honneur, d'ailleurs, M. le
Président.
M. Veilleux:... vous avez rendu une décision, je la
respecte. Je suis, contrairement à d'autres députés de
l'Opposition, soucieux du respect dû au président. Je vous dirai
tout simplement de relire le ruban 1453, page 1, le deuxième paragraphe
de l'intervention du député de Beauce-Sud pour prouver les propos
que je viens de tenir et que je viens de démontrer que tenait...
M. Roy: M. le Président, j'invoque le réglementa
nouveau.
M. Bacon: A l'ordre! A l'ordre! M. Roy: On m'a
demandé...
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Il a droit à
une question de privilège.
M. Roy: Le ministre de l'Agriculture lui-même m'a
demandé avant le souper de retirer mes propos.
J'ai accepté de retirer ces propos. Actuellement, le
député de Saint-Jean récidive, suite à une
décision du président, il veut absolument faire un débat
autour de ces choses.
Si la Chambre a accepté que je retire mes propos, qu'on respecte
une décision. Je n'ai pas l'habitude de retirer mes propos. C'est par
courtoisie et par gentilhommerie à l'endroit du ministre de
l'Agriculture que je l'ai fait.
M. Léger: Question de règlement, M. le
Prési- dent. J'aimerais vous faire remarquer que vous avez rendu une
décision concernant le fait que le député de Beauce-Sud
avait lui-même demandé, avec toute la gentilhommerie qu'on lui
connaît, qu'on accepte...
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Léger: C'est lui qui parle de respect de la
présidence?
M. Bacon: C'est un farceur monumental.
M. Léger: M. le Président, il avait retiré
ses paroles et, à ce moment-là, l'incident devait être
clos.
M. le Président, depuis tantôt le député de
Saint-Jean veut continuer et il n'a rien à dire sur le débat. Ce
qu'il veut, c'est attaquer le député de Saguenay, qui est absent
parce qu'il a été banni de cette Chambre il ne peut pas
répondre. Je trouve cela lâche, de la part du député
de Saint-Jean, d'attaquer les propos du député de Saguenay, qui
ne peut pas répondre parce qu'il est absent, et d'attaquer le
député de Beauce-Sud, qui a fait ses excuses.
M. le Président, si le député de Saint-Jean a
quelque chose à dire, qu'il dise quelque chose de constructs, au lieu de
revenir sur des choses passées. On sait que c'est l'homme des basses
oeuvres du Parti libéral pour régler les problèmes en
Chambre; qu'il reste dans le domaine qu'on est en train de discuter,
c'est-à-dire les crédits. S'il a quelque chose à dire
qu'il admet dans les crédits, ou qu'il aime dans les crédits,
qu'il le fasse.
Mais qu'il revienne sur des choses passées, alors qu'un des deux
députés a été retiré de la Chambre et qu'un
deuxième a retiré ses paroles, je pense que votre décision
a été rend ue pour le cas du député...
M. Bacon: Question de règlement.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
Une minute. Peut-être que le député de Lafontaine a mal
compris ma pensée. En effet je n'ai pas le droit de rendre une
décision pour empêcher de parler, ce que le député
dit.
Mais je dis, sur la question de la gentilhommerie et de la bonne marche
du travail, qu'il ne revienne pas sur le sujet. C'est cela qui était ma
demande.
M. Veilleux: Je ne reviendrai pas sur le sujet. Le
Président (M. Blank): D'accord.
M. Veilleux: Cela règle son problème.
M. Léger: Ce que je veux, M. le Président, c'est
une chose. Vous avez dit qu'il y a eu une question de privilège. C'est
réglé. Le député de Saguenay est absent. Ce n'est
pas en son absence, alors qu'il ne peut même pas venir répondre,
qu'un autre député peut l'accuser.
Le Président (M. Blank): J'ai accordé la parole au
député de Saint-Jean; je n'y reviens pas.
M. Veilleux: M. le Président, que l'Opposition ici
présente soulève ce soir les questions de règlement
qu'elle voudra, le député de Saint-Jean a un message à
dire aux membres de cette Assemblée, a un message à dire à
la population du Québec.
Que cela plaise ou non aux députés de Lafontaine et de
Beauce-Sud, le député de Saint-Jean s'en fout. La population l'a
élu pour rétablir les faits etj'ai I intention de les
rétablir, que cela plaise ou non à l'Opposition.
Que l'Opposition qualifie les propos du député de
Saint-Jean de la façon qu'elle le veut, le député de
Saint-Jean s'en fout. Ce qui est important, c'est que les membres de cette
Assemblée nationale sachent ce qui s'est passé avant l'heure du
dîner; que la population du Québec, M. le Président, sache
ce qui s'est passé avant l'heure du dîner; que la population du
Québec sache que les accusations que le parti sépariste et le
député de Beauce-Sud portent vis-à-vis des
collègues du Parti libéral depuis plusieurs mois, surtout depuis
les dernières élections en 1973, s'appliquentd'abord aux
membresdu parti séparatiste et au député de Beauce-Sud.
C'est le temps que la population du Québec le sache. Le
député du comté de Saint-Jean a la ferme intention, ce
soir, à moins que vous, M. le Président, empêchiez le
député de Saint-Jean d'intervenir et, que je sache, lorsqu'on
discute des crédits du gouvernement, lorsqu'on discute de la loi 35,
j'ai la très nette impression que je suis à l'intérieur du
règlement...
M. Bacon: M. le Président, est-ce que mon collègue
de Saint-Jean me permettrait une question?
M. Veilleux: Certainement.
M. Bacon: II a fait allusion au cours de son discours au
député de Beauce-Sud. Est-ce que le député de
Saint-Jean pourrait nous dire à quel titre le député de
Beauce-Sud siège en cette Chambre?
M. Veilleux: M. le Président, la réponse vient
d'être donnée par le député même.
M. Bacon: Est-ce qu'il est dans le tripotage?
M. Samson: N'oubliez pas que dans les viandes avariées il
y a du bacon.
M. Veilleux: M. le Président...
M. Bacon:... dans le bacon mais pas dans le tripotage.
M. Veilleux: On accuse, M. le Président, les
collègues du Parti libéral d'intervenir à propos de tout
et de rien, d'empêcher notamment le député de Beauce-Sud de
s'exprimer.
M. Bacon: M. le Président, j'ai posé une question
à mon collègue de Saint-Jean, est-ce qu'il pourrait me
répondre?
Le Président (M. Blank): II a déjà
répondu.
M. Bacon: Est-ce qu'il pourrait me dire à quel titre le
député de Beauce-Sud siège dans cette Chambre?
M. Veilleux: J'ai dit au député de
Trois-Rivières que le député de Beauce-Sud avait
donné la réponse en bâillant.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre!
M. Veilleux: On nous accuse de tout cela, M. le
Président...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, question de
privilège. Je m'excuse auprès de mon collègue de
Saint-Jean. Avec toute la gentilhommerie que je reconnais au
député de Rouyn-Noranda, je lui demanderais de retirer les
paroles qu'il a dites que, dans la viande avariée, il y a du bacon.
M. Samson: M. le Président, je n'ai rien à retirer,
c'est prouvé; l'enquête sur le crime organisé est en train
de nous le dire.
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Jean.
M. Samson: Je n'ai fait allusion à personne en cette
Chambre, M. le Président. S'il y en a qui se reconnaissent...
M. Bacon:... pas besoin de vos allusions, as-soyez-vous.
M. Samson:... qui veulent se faire cuire, c'est leur affaire.
Mais je n'ai fait allusion à personne.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bacon: Réglez vos problèmes avec votre "chum"
à côté. Réglez vos problèmes avec votre
député, votre seul membre du caucus.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
Messieurs, s'il vous plaît, un peu de décorum ce soir. A
l'ordre!
Le député de Saint-Jean.
M. Veilleux: M. le Président, je ne
répéterai pas les accusations que portent depuis les
élections, vis-à-vis de mes collègues et moi-même,
vis-à-vis des ministres, les députés des partis
d'Opposition. Mais il y a une chose qu'il est temps que la population sache.
Ces gens, lorsque des décisions sont prises démocratiquement
à l'intérieur de certaines commissions parlementaires, parce que
ça ne plaît pas à ces messieurs, notamment du parti
séparatiste, députés de Beauce-Sud et de Johnson, ils
s'élèvent, tempêtent, prennent leurs livres et foutent le
camp. C'est arrivé l'an passé lors des crédits du
ministère de l'Agriculture, et le ministre de l'Agriculture en est
témoin. Les députés de Beauce-Sud et de Saguenay, les deux
compères de cet après-midi, à cause d'une décision
prise à l'Assemblée nationale
qui ne leur plaisait pas, ont décidé de foutre le camp de
la commission parlementaire.
Bien, nous les députés du Parti libéral...
M. Bacon: Honte. Honte. Honte.
M. Roy: M. le Président, j'invoque une question de
privilège.
M. Veilleux:... et il est temps de le dire à la
population, nous...
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, on pourrait parler des membres de
l'Opposition qui ont quitté une commission parlementaire, mais il ne
s'agit pas...
M. Bacon: Ne faites pas une question de règlement
là-dessus. A l'ordre!
M. Roy:... de la commission parlementaire de l'agriculture. Il
s'agit de la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre. Mais,
lorsqu'on veut parler de l'agriculture, je pense qu'on va un peu trop loin. La
vérité a quand même ses droits. On ne laissera pas dire
n'importe quoi à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. Veilleux: M. le Président, le point de règlement
qu'a soulevé le député de Beauce-Sud, qu'il me laisse donc
finir mon intervention et il fera les rectifications après. Il se rendra
compte, mes collègues ici, le député de Nicolet-Yamaska
était présent, le député de Laviolette, l'an
passé le député d'Huntingdon, à la commission
parlementaire de l'agriculture, ces gens ont refusé l'an passé de
discuter une journée des crédits du ministère de
l'Agriculture. Mais nous, les députés du Parti libéral, et
c'est le temps que la population le sache, nous avons pris nos
responsabilités, nous avons discuté avec le ministre et ses
fonctionnaires du budget de l'Agriculture. Quand nous avons terminé la
série de questions, laquelle série a duré au-delà
d'une heure et demie, nous avons décidé de voter des
crédits à l'agriculture pour un montant de $27 millions.
Le mardi, lorsque le député de Beauce-Sud et le
député de Saguenay sont revenus, fendant l'air, en commission
parlementaire, voulant poser des questions sur les crédits que nous
avions acceptés le vendredi précédent, le
député de Saint-Jean, avec les députés du Parti
libéral, membres de cette commission parlementaire, nous nous sommes
opposés parce que le travail de la commission avait été
fait et avait été fait démocratiquement. S'ils n'avaient
pas voulu, à ce moment-là, prendre leurs responsabilités
de parlementaires, ce n'était pas à nous, du Parti
libéral, d'en supporter le poids.
La même chose, M. le Président, s'est produite cette
semaine, à la commission parlementaire du travail, parce que le
gouvernement n'avait pas voulu, n'acceptait pas que les commissaires, le juge
Cliche, M. Chevrette, M. Mulroney, viennent en commission parlementaire donner
des explications sur le rapport Cliche. Savez-vous pourquoi nous, du Parti
libéral, nous nous sommes opposés à cette motion du Parti
québécois? Pour une raison bien simple. Lisez les journaux,
aujourd'hui, et vous allez connaître la raison. C'est Guy Chevrette qui
donne la raison. Il n'accepte pas, M. Chevrette, que les partis politiques, au
Québec, politisent le rapport Cliche. Que fait le parti
séparatiste, le député de Beauce-Sud, aile de droite,
d'extrême droite, du parti créditiste, le député de
Johnson, sinon essayer de politiser le débat du problème de la
construction?
La même chose cet après-midi. Nous, M. le Président,
à cette même commission parlementaire, nous avons pris nos
responsabilités. L'Opposition a essayé d'empêcher le
premier ministre de parler à la commission parlementaire sur le travail,
la semaine passée. J'étais là. J'étais
témoin. Le représentant du parti séparatiste traitait de
tous les noms le premier ministre, lesquels noms je ne mentionnerai pas ce soir
parce que ce sont nettement des termes antiparlementaires. Ce même gars
du parti séparatiste, le député de Maisonneuve, qui
abîmait de bêtises le premier ministre du Québec, a
empêché le premier ministre du Québec de parler, de
s'expliquer devant la commission parlementaire.
Et c'est le député de Lafontaine, ce soir, M. le
Président, qui va venir dire au député de Saint-Jean que
le député de Saint-Jean n'a pas le droit de soulever des points
qu'a mentionnés, cet après-midi, le député de
Saguenay, parce que le député de Saguenay a voulu employer des
termes antiparlementaires, parce que vous, M. le Président, vous avez
appliqué le règlement.
Vous lui avez retiré le droit de parole. Il a continué
à regimber. Voilà de quelle manière on respecte le
président. Vous avez été obligé de l'expulser.
Parce que vous l'avez expulsé, parce que le député de
Saguenay a voulu outrepasser une décision que vous avez prise, moi, le
député de Saint-Jean, je vais me taire ce soir? Ce n'est pas
vrai, M. le Président! Ce n'est pas cela, la démocratie et la
liberté de parole que veut le gouvernement Bourassa et que veut le
gouvernement libéral en cette Chambre.
Ecoutez et reprenez... Je reviens aux propos que tenait, cet
après-midi, le député de Beauce-Sud.
M. Bacon: Scandaleux!
M. Veilleux: Depuis quelques jours et cet après-midi, le
député de Saguenay aussi, ils remettent en question, M. le
Président, les qualités des inspecteurs du service de
l'inspection. Ils voudraient, à les entendre parler, que le ministre de
l'Agriculture, sans preuve aucune, simplement parce que le ministre de
l'Agriculture déciderait, à un certain moment, que 90%
parce que c'est cela qu'ils ont dit, cet après-midi des
inspecteurs n'étaient pas compétents, les fiche à la
porte. Que font-ils, M. le Président...
M. Roy: Je soumettrais une question...
M. Veilleux: Que le député de Beauce-Sud
s'assoie!
M. Roy: Est-ce que le député de Saint-Jean me
permettrait une question?
M. Veilleux: Le député de Beauce-Sud, lorsqu'un
député s'est levé pour lui poser une question, cet
après-midi a répondu: "Pas question que quelqu'un me pose de
questions. C'est moi qui parle et je dirai ce que je voudrai. " Cela a
été les propos qu'il a tenus. Je dirai au député de
Beauce-Sud qu'il se la ferme, qu'il écoute ce que j'ai à dire,
parce que je m'engage, moi... Il est venu, à la dernière campagne
électorale, à Saint-Jean, péter de la broue avec Yvon Du
puis, du Parti présidentiel. Vous avez vu ce que cela a fait, M. le
Président? Mais je peux vous dire une chose, par exemple. Je vais y
aller dans la Beauce, parce que je les connais, les Beaucerons, et je vais leur
expliquer quelle sorte de député ils ont en Chambre. Je vais
aller leur expliquer, M. le Président, qu'un député qui se
fait élire sous une étiquette, l'étiquette
présidentielle a décidé de devenir créditiste
c'étaient des créditistes présidentiels ou des
présidentiels créditistes, mais en tout cas et que le
même député, à Pierre Dutil, de
l'Eclaireur-Progrès, de Saint-Georges-de-Beauce, qui a paru dans la
semaine du 11 mai 1975, a dit: "Quant à ceux qui l'accusent de demeurer
créditiste uniquement à cause des avantages au niveau de la
rémunération qui sont attachés à son poste, M. Roy
je cite toujours l'Eclaireur-Progrès déclare qu'il
n'a pas l'intention de jouer au plus pur, en disant que cela n'entre pas en
ligne de compte. " Mais il explique "qu'il ne s'agit pas là d'un
élément déterminant. Il dit profiter, M. le
Président, de cet argent pour payer ses dépenses en province,
dépenses qu'il fait pour travailler à constituer cette
troisième force qui lui est stricte. "
M. le Président, il reste créditiste pour avoir l'argent
du peuple, pour jouer dans le dos de son chef, démocratiquement
élu, pour créer une troisième force. Cet individu...
M. Roy: M. le Président...
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Roy:... je me demande, je n'ai aucune objection à ce
que le député de Saint-Jean continue, mais nous avons un projet
de loi ici...
M. Picotte: Cela fait mal.
M. Roy: Non. Je n'ai aucune objection. Je n'ai jamais eu honte de
ce que j'ai fait. Il y a un projet de loi no 35 et, si on continue à le
laisser aller, je me demande quand il va parler des postes de dépenses
qu'il y a à l'intérieur de cela. J'ai hâte qu'il nous dise
quelles sont les recommandations qu'il fait à son gouvernement pour
débarrasser le Québec des charognards.
M. Léger: M. le Président, une question de
règlement. Je vais vous demander une directive, M. le Président.
Aux crédits supplémentaires, il est entendu qu'on peut se servir
de cette occasion pour discuter de tous les sujets pertinents à des
dépenses que le gouvernement a l'intention de faire. Cela ne veut pas
dire qu'on peut dire n'importe quoi à l'occasion de ces discours.
Même si le député de Saint-Jean est en dehors du
règlement, je pense qu'on est très heureux de le laisser se caler
davantage. A ergoter comme cela, il continue à aider la cause
descendante du Parti libéral.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Quand il y a
discussion sur un budget supplémentaire ou un bill semblable, c'est
exactement comme le discours du budget, le discours inaugural; c'est un "free
for all" et on peut parler de n'importe quoi. C'est dommage, mais c'est notre
règlement.
M. Veilleux: M. le Président, je dis qu'il est temps qu'un
député du Parti libéral, un "backbencher" du Parti
libéral, comme ils aiment les appeler, dénonce ces tristes
individus qui forment à l'heure actuelle ce qu'on appelle l'Opposition.
M. le Président, on se sert des fonds, on se sert d'une loi pour garder
un titre de leader d'une certaine Opposition: Je reste là-dedans parce
que j'ai besoin d'argent. Je reste là-dedans pour avoir l'argent qui va
me permettre de voyager dans le vaste territoire du Québec pour essayer
de créer une troisième force. Je vais lui donner des suggestions
au député de Beauce-Sud. Il n'en a pas donné au ministre
de l'Agriculture, mais moi je vais lui en donner une. Il peut former sa
troisième force avec le député de Johnson. Ils vont
être encore deux députés. Il pourra rester leader
parlementaire de la troisième force, le parti de l'Union Nationale.
M. Roy: Je vais prendre des notes. Donnez-moi vos conseils.
M. Veilleux: M. le Président, il pourra être
honnête avec ce qu'il pense. Il ne croit plus en son chef parce qu'il a
dit que son chef a été élu par tripotage. Si, M. le
Président, je faisais venir les journalistes de Saint-Jean dans mon
comté et je leur disais: Messieurs, le premier ministre du
Québec, le chef du Parti libéral, a été élu
par tri potage, vous verriez que le député de Saint-Jean serait
assez honnête intellectuellement pour changer de parti ou s'organiser
pour changer de chef. Mais, lui, il dénonce son chef en disant qu'il a
été élu par tripotage. Il reste dans le même parti
pour garder l'argent, mais c'est un gars pur.
Une Voix: C'est un faux pur.
M. Veilleux: Ce sont seulement les libéraux qui ont des
défauts, mais lui il est honnête. Je lui suggère tout
simplement de passer avec son collègue de Johnson. D'abord, ils se
parlent souvent. Ils ont six pouces de distance d'une chaise à l'autre.
Ils pourront s'organiser, prendre des arrangements au causus, parce qu'il dit:
Moi, je peux faire cela parce qu'au caucus du parti créditiste on est
deux. Je détiens 50% des votes. Alors, l'autre ne peut pas me foutre
à la porte, il est obligé de me garder.
M. Lafrance: II fait du maraudage.
M. Veilleux: En terminant, M. le Président, j'en aurais
à vous raconter d'une façon extraordinaire, mais ce que je veux
vous dire, le premier ministre du Québec l'a dit plusieurs fois, je le
répète en tant que back-bencher du Parti libéral aux
députés de l'Opposition: Le gouvernement du Québec, le
gouvernement Bourassa, le gouvernement libéral a eu le courage de mettre
sur pied des commissions d'enquête, qu'il s'agisse de la commission
Cliche, qu'il s'agisse de la CECO. Je connais un parti politique au
Québec, dans les années 1930 d'ailleurs mon
collègue de Bonaventure, le vice-premier ministre a connu ce parti. Si
on s'était retrouvé au Québec avec ce parti, cette
prétendue troisième force qui émergerait comme cela, une
bonne fille qui arrive, une troisième force de l'Union nationale, vous
êtes-vous imaginé, M. le Président, ce que Duplessis aurait
fait avec des problèmes comme cela? Il aurait ouvert le tiroir et il
aurait foutu cela en dessous et il aurait fermé le tiroir à
double clef.
Nous, du Parti libéral, nous avons pris nos
responsabilités, nous les avons créées ces commissions
d'enquête.
Nous sommes prêts à en subir les conséquences mais
nous sommes prêts à porter les conséquences des faits et
gestes qu'auraient pu porter des membres de cette Assemblée, du Parti
libéral ou du gouvernement Bourassa, à la condition qu'on prouve
ces faits et gestes. Qu'est-ce qu'on entend en cette Chambre depuis 15 jours ou
trois semaines? De vagues accusations. On nous fait manger de la viande. C'est
le temps que ce soit eux qui la mangent. Nous avons pris nos
responsabilités et j'ai l'intention, en tant que député de
Saint-Jean, de voir à ce que le gouvernement aille au fond des choses.
Mais jamais le député de Saint-Jean n'acceptera qu'un
député de cette Chambre, qu'il soit du parti séparatiste,
qu'il soit député de Beauce-Sud, jamais le député
de Saint-Jean n'acceptera qu'on acoquine, de la façon dont on l'a fait
avant le souper, le ministre de l'Agriculture ou le ministre du Travail avec le
problème de la viande avariée au Québec, pour le ministre
de l'Agriculture et le problème de la construction, pour le ministre du
Travail.
Jamais je n'accepterai ça. Mes collègues qui sont ici ce
soir et le député de Rivière-du-Loup ac-quiessent à
mes propos, jamais nous n'accepterons qu'on accuse indûment des membres
de cette Chambre, des membres du gouvernement et de l'Exécutif du
Québec sans que nous réagissions.
J'ai la ferme intention, depuis 5 h 15, cet après-midi... le
député de Saint-Jean est assis non loin de l'Opposition; je les
entends murmurer depuis les élections de 1973, ici dans cette Chambre.
Je comprends que le leader du gouvernement, de l'autre côté de la
Chambre, ne puisse pas soulever à propos de tout, continuellement, des
questions de règlement sur des interventions malvenues que feraient
surtout les membres du parti séparatiste, étant trop loin des
membres du parti séparatiste.
Mais je tiens à dire...
M. Levesque: Pas étant trop loin, mais je serais
obligé d'être continuellement debout, à interrompre les
honorables membres d'en face. Je comprends très bien l'intervention du
député de Saint-Jean.
M. Veilleux: Je vais dire au député de Bonaventure,
leader de la Chambre, vice-premier ministre du Québec, que le
député de Saint-Jean a la ferme intention, je le dis aux membres
de la tribune parlementaire représentée ici par trois ou quatre
personnes ce soir, je le dis aux journalistes qui représentent les
autres journalistes, que le député de Saint-Jean va soulever des
questions de règlement chaque fois que le député de
Lafontaine va s'ouvrir le bec pour empêcher le ministre des Affaires
municipales de répondre à une question; chaque fois que le
député de Saguenay va continuer à grenouiller, à
dissiper cette Chambre, lorsqu'il pose des questions, notamment au ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche; chaque fois que le
député de Chicoutimi va se permettre... parce que lui aussi se
permet, de clapoter ici et là pour empêcher les ministres de
répondre; chaque fois, vous verrez le député de Saint-Jean
se lever, bondir de son siège et prouver aux autres membres de cette
Chambre, prouver aux journalistes que la foire, ici, au Parlement, vient
d'abord de là. Chaque fois que le député de Saint-Jacques
va empêcher le ministre de l'Education ou le ministre des Affaires
sociales de répondre à une question qui sera posée, autant
par l'Opposition que par les députés du parti ministériel,
vous verrez le député de Saint-Jean soulever un point de
règlement, chaque fois que le député de Maisonneuve va
empêcher le premier ministre ou n'importe quel autre ministre de
répondre aux questions qu'on leur pose, chaque fois, j'interviendrai et
je peux vous dire que même le député de Sauvé,
entraîné par les cinq "back-bencher" du parti séparatiste,
même le député de Sauvé, le grand chef de la loyale
opposition de sa majesté Elizabeth II, même lui se permet
d'interrompre à propos de tout et de rien le premier ministre et le
député de Saint-Jean soulèvera les questions de
règlement.
Je termine et je veux caricaturer à ma manière les
interventions qu'ont faites cet après-midi le député de
Saguenay et le député de Beauce-Sud.
Dernièrement à Saint-Jean, une pièce de
théâtre a été montée par le club Richelieu,
pour les bonnes oeuvres de Saint-Jean, intitulée le docteur Knock. Dans
cette pièce, le docteur Knock disait ceci: Toute personne en
santé, toute personne qui se croit en santé c'est le cas
du député de Beauce-Sud et du député de Saguenay
est un malade qui s'ignore. Merci, M. le Président.
M. Léger: M. le Président, je vous ferai remarquer
la bravoure du député de Saint-Jean, qui a profité de
l'absence des autres députés pour parler sur ce qu'ils ont
dit.
J'espère que le député de Saint-Jean invoquera
aussi le règlement chaque fois que le député d'Anjou
interrompra un député de l'Opposition qui essaie de poser une
question d'une façon sereine et d'une façon claire; chaque fois
que le député de Lotbinière, le député de
Bellechasse, le député de Vanier un médecin
interrompront les députés de l'Opposition qui essaient de poser
des questions en Chambre, j'espère que ce député de
Saint-Jean, qui veut se faire le défenseur des droits des
députés de cette Chambre, le fera, M. le Président.
Je comprends pourq uoi le député de Saint-Jean
a bien voulu faire allusion au docteur Knock. C'est parce qu'il a
réussi à subventionner la pièce de théâtre
dont il parle, où ses organisateurs libéraux étaient
présents.
M. Veilleux: Question de privilège...
M. Levesque: Un instant. M. le Président, sur cette
question de pseudo-règlement ou pseudoquestion de règlement
soulevée par le député de Lafontaine, ce que j'ai pu
recueillir de ce qu'il a tenté d'expliquerou d'expliciter, c'estqu'il
s'en prenait au député de Saint-Jean pour avoir parlé en
l'absence du député de Saguenay.
Le député de Saint-Jean a relevé les propos tenus
et par le député de Beauce-Sud, et par le député de
Saguenay, et même les attitudes du député de Beauce-Sud et
les attitudes du député de Saguenay.
Le député de Saint-Jean ne manque pas de courage. Il
n'attend pas que certaines personnes soient absentes pour leur dire leur
vérité en face. Et le député de Beauce-Sud est
là comme un témoin de cette situation.
Si le député de Saguenay n'est pas là, c'est
parcequ'il n'a pas voulu respecter les règlements de cette Chambre, la
présidence en particulier. Il est la victime de sa propre turpitude,
sinon de sa propre intolérance et de son propre orgueil.
Le Président (M. Blank): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'ai écouté avec
un certain intérêt les propos de l'honorable député
de Saint-Jean. J'espère qu'il restera là, parce que je ne
voudrais pas parlerde lui pendant qu'il n'est pas là.
M. Veilleux: Je reviens.
M. Samson: M. le Président, j'ai cru comprendre, lorsqu'il
a terminé son intervention, qu'il se classifiait parmi ceux qui se
pensent en bonne santé.
Contrairement à ce que vient de dire l'honorable leader du
gouvernement, non seulement le député de Saint-Jean n'a pas
relevé les propos des membres de l'Opposition non pas
contrairement, mais je pense qu'il a raison mais il n'a relevé
les propos de personne, sauf qu'il a abaissé ses propres propos.
M. le Président, nous entendons parler, depuis le début du
débat sur le projet de loi no 35, de viande avariée,
d'enquête sur le crime organisé. Qu'on soit dans l'Opposition ou
qu'on soit du côté gouvernemental, les propos diffèrent et
les intérêts semblent être très différents
également.
Mais un fait demeure, M. le Président, c'est que les propos des
membres de l'Opposition proviennent de ce qui est entendu, par les temps qui
courent, à l'enquête sur le crime organisé. L'Opposition
n'a pas inventé ce que nous savons présentement, l'Opposition en
a pris connaissance. Le gouvernement, quant à lui, est partie
intégrale de ce qui s'est passé. Que le gouvernement veuille
l'admettre ou non, un fait demeure, c'est que s'il y a et il a
été prouvé que c'est le cas des viandes
avariées qui sont sur le marché québécois
présentement, impropres à la consommation, ce n'est
sûrement pas l'Opposition qui est responsable de cet état de
chose.
L'Opposition n'a pas la responsabilité de l'inspection des
viandes. L'Opposition n'a pas la responsabilité de la surveillance du
commerce des viandes. Le gouvernement, par contre, a cette
responsabilité. Ce qui a été dit par mes collègues
cet après-midi, M. le Président, c'est que le gouvernement n'a
pas pris les responsabilités qui lui incombaient et n'en prend pas plus
parce qu'il est bien évident qu'on ne peut pas facilement
retourner sur le passé. Si les Québécois ont dû
consommer des viandes avariées, c'est une chose qui est faite. On ne
peut la changer, elle est faite. Mais, à partir du moment où
c'est connu publiquement, à partir du moment où tout le monde le
sait, je pense qu'à partir, au moins, de ce moment, le gouvernement doit
prendre les mesures appropriées, pour rassurer la population que cela ne
se reproduira plus. C'est ce que nous reprochons au gouvernement.
Je pense qu'on peut le faire en toute objectivité, sans que cela
ne dégénère en débat où le gouvernement
tente d'empêcher les membres de l'Opposition de s'exprimer
régulièrement. On peut le faire en toute objectivité, de
la façon dont nous le faisons, parce que si l'opinion publique a
été saisie de ce problème, c'est qu'il y a un
problème. Et qui d'autre, à part le gouvernement, est capable de
mettre un frein à ce commerce de viande avariée? C'est le
gouvernement qui doit mettre le frein. Le ministre de l'Agriculture a ses
responsabilités, bien sûr, mais il y a d'autres ministres qui
siègent au conseil des ministres qui ont également une part de
ces responsabilités. Mais il y a aussi les députés
ministériels, les députés du Parti libéral qui ont
également une part de ces responsabilités, car ils font partie
d'un caucus ministériel et, normalement, ils ont des choses à
dire. Ce sont eux qui, les premiers, nous disent qu'à l'occasion, ils
ont leur mot à dire au sein du caucus libéral et qu'ils peuvent
faire orienter la législation.
M. le Président, à ce moment-ci, on peut leur demander:
Messieurs, qu'est-ce que vous avez fait, et qu'est-ce que vous faites pour
faire changer cette situation? Quelle a été la réponse
d'un député ministériel aux critiques de l'Opposition de
cet après-midi? La réponse a été: Nous, du parti
ministériel, moi du comté de Saint-Jean, "back-bencher" du Parti
libéral, je n'en laisserai plus passer des choses, je vais en faire des
questions de règlement.
M. le Président, vous savez quand on écoute des propos
comme cela, d'un "back-bencher" qui siège en avant par-dessus le
marché, ce n'est pas très édifiant pour l'équipe
libérale. Cela me fait penser que ces gens puisqu'ils le disent
maintenant eux-mêmes il y a deux ans, c'est l'Opposition qui
parlait d'eux comme des "back-benchers". Maintenant, c'est le Parti
libéral lui-même qui se colle cette étiquette, pour
certains de ses députés de "backbenchers" ou encore de "rubber
stamp" qui sont là pour mettre l'estampe en temps et lieu. Il ne s'agit
pas de "back-benchers rubber stamps" d'estampes
Canada Approved ou encore Quebec Approved, ce sont des Bourassa
Approved, les "back-benchers" du Parti libéral. Tout ce qu'ils ont
à faire c'est de mettre l'estampe quand le chef dit: II faut se lever et
il faut faire ci puis il faut faire ça.
On dira ce qu'on voudra, mais dans le régime dans lequel nous
vivons, qui est censé être démocratique, les
députés représentent une population, ils sont élus
par des collèges électoraux. Leur devoir est de bien
représenter cette population. Combien en avez-vous vu du Parti
libéral se lever pour réclamer que le gouvernement prenne des
dispositions immédiatement? On n'en a pas vu tellement. Il a fallu que
l'Opposition s'occupe de cela. Et on veut reprocher maintenant à
l'Opposition de faire son devoir? Eh bien! je dis que notre devoir, nous avons
l'habitude de le faire de ce côté de la Chambre et nous allons
continuer à le faire. Nous allons continuer à dire dans le
Parlement ce qui se dit dans la population. Nous allons continuer à le
dire aussi fort que possible, nous, ce que la population se dit et ce qui se
dit aussi peut-être plus silencieusement dans la population.
M. Dufour: Oui, mais dites quelque chose. Il faut dire quelque
chose, il ne dit rien.
M. Samson: Mais il y a un problème qui existe, et le Parti
libéral semble incapable de faire face à ses
responsabilités, comme d'habitude. Cela prend une commission
d'enquête pour venir lui dire que dans la province de Québec il y
a des viandes avariées qui se vendent depuis longtemps; peut-être
même que ça se vend depuis encore plus longtemps que la
période qui est déterminée par la commission
d'enquête.
J'ai la drôle d'impression que de la charogne, au Québec,
les Québécois en sont victimes depuis beaucoup plus longtemps que
le temps qui a été spécifié ces derniers jours.
J'ai même l'impression que les Québécois sont
habitués, sans le savoir peut-être, à manger de la charogne
dans la viande qui se vend et de la charogne autrement. De la charogne
constitutionnelle, depuis 100 ans, les Québécois en mangent, nous
sommes au courant de ça. Et d'autres sortes de charogne. De la charogne
économique, on en mange de ça aussi. On en mange dans tous les
domaines de l'administration provinciale...
M. Dufour: II est parti, là.
M. Samson:... et dans tous les domaines également de ce
qui a été qualifié par le premier ministre Bourassa
à plusieurs reprises de fédéralisme rentable, ce qui a
été contredit cette semaine par son ministre de la Justice qui a
qualifié ça de fédéralisme plutôt
lamentable.
M. Dufour: II n'a pas compris ce qu'il a dit.
M. Samson: II est bon de voir qu'enfin, à travers cette
équipe ministérielle, il y en a qui osent dire un peu ce qu'ils
pensent. Et dans ce domaine, il y a le ministre de la Justice, qui est
peut-être le précurseur de certains autres ministres qui oseront
se lever un jour pour dire ce qu'ils pensent eux aussi du
fédéralisme dans lequel nous vivons présentement et de la
complaisance du gouvernement du Québec à se maintenir à
genoux devant le gouvernement fédéral.
A ce chapitre, on n'a qu'à regarder les exemples qui nous sautent
aux yeux, les différentes conférences
fédérale-provinciale, où parfois c'est le ministre de la
Justice qui doit se plaindre du système fédéraliste dans
lequel nous vivons présentement, où à un autre moment
c'est le ministre des Communications, où, à un autre moment,
c'est le ministre de l'Agriculture qui se plaint également de certains
problèmes qui sont soulevés par le fédéralisme
pendable dans lequel nous vivons présentement. A un autre moment, il se
trouve que c'est le ministre des Affaires sociales, à un autre moment
c'est un autre ministre. Chacun leurtour, nos ministres
québécois, assermentés par la couronne, vontfaire leur
petit pélerinage à Ottawa. Ils partent comme toujours en lions et
reviennent comme toujours en moutons.
Or, je vous dis que ce gouvernement qui a un mandat de la population...
Et on ne viendra pas me dire que c'est parce qu'ils ne sont pas assez nombreux,
parce que jamais au grand jamais un gouvernement ne pourra être plus
surreprésenté en nombre que celui que nous avons devant nous
présentement... Il semble que la force numérique soit la
faiblesse en qualité de ce gouvernement.
Je vous dis que nous sommes en droit, en tant que
Québécois, de nous attendre à une meilleure performance du
gouvernement du Québec. Bien sûr, on nous fait miroiter à
différentes occasions des beaux projets, les balounes sont
soufflées. On est rendu, au gouvernement libéral, avec des
machines automatiques pour souffler les balounes tellement il faut en souffler
souvent.
On n'a plus le temps de souffler cela avec les babines comme cela se
faisait anciennement.
M. Dufour: Ce n'est même pas drôle.
M. Samson: Mais les ballounes du gouvernement
libéral...
M. Dufour: Farce plate!
M. Samson:... M. le Président, sont crevées les
unes après les autres.
M. Toupin:... ballounes.
M. Samson: Les ballounes sont crevées par la
population...
M. Toupin: Vous êtes des souffleux de ballounes, à
part cela.
M. Samson:... par l'Opposition, par certaines gens, comme la
Commission d'enquête sur le crime organisé. Elle va vous en
péter d'autres ballounes, ne vous en faites pas. Cela fait rien que
commencer.
M. Dufour: On n'a pas peur.
M. Samson: Ils font juste commencer à effleurer...
Le Président (M. Blank): A l'ordre! Je demande aux deux
députés, dans le coin, de...
M. Pagé: M. le Président, nous devons vous dire
que, si le député de Rouyn-Noranda disait peut-être un peu
plus de choses sérieuses, nous serions moins empressés à
de telles argumentations sans fondement.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Vous aurez
droit de parole après, si vous le voulez.
M. Dufour: Oui, on va parler après.
M. Samson: M. le Président, je vous remercie. J'avais
quelque sympathie pour le député de Portneuf mais j'avoue que,
s'il continue, il baissera dans mon estime et c'est à regret qu'il
baissera dans mon estime. Toutefois, M. le Président, je ne peux lui en
vouloir.
M. Pagé:... sympathie, mieux je serai.
M. Samson: Je ne peux lui en vouloir d'être victime de son
entourage. Si vous me le permettez, M. le Président, je vais continuer
à vous donner à vous certaines explications...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le
député de Rouyn-Noranda...
M. Samson: II n'a pas encore compris? M. Pagé:... me
permet un commentaire? M. Samson: Pardon?
M. Pagé: Au point de vue de l'entourage, vous n'avez pas
de preuve à me démontrer là-dessus. Je pense qu'il serait
préférable pour vous autres de surveiller le vôtre, votre
entourage.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, à l'ordre! A
l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! Si le député de
Portneuf a quelque chose à dire, il prendra la parole après.
M. Samson: M. le Président, c'est une excellente
suggestion que vous venez de faire. Cela va peut-être lui permettre de
parler. J'espère qu'il parlera en faveur de sa population et non en
faveur de son gouvernement contre sa population, ce qui est l'étiquette
des députés libéraux présentement. Car, M. le
Président...
M. Marchand: Dites-nous donc ce que vous faites, vous?
M. Samson:... quand un député ministériel,
si ministériel soit-il, n'a pas le courage de réclamer de son
gouvernement qu'il prenne des actions immédiates pour protéger la
population, je me passe de vous dire ce que je pense de cette sorte de
députés. Vous me rappelleriez peut-être à l'ordre en
me disant que j'ai outrepassé mes droits parlementaires et que j'ai
prononcé des propos antiparlementaires, ce que je ne voudrais pas
faire.
Mais, M. le Président, je pense qu'il est temps que la population
du Québec, qui demande justice, puisse au moins obtenir des
résultats de son gouvernement. Quand le gouvernement a été
élu, M. le Président, il a été élu avec un
mandat, un mandat et un paquet de promesses accrochées après le
mandat. Le mandat n'est pas rempli, les promesses encore moins.
M. le Président, qu'il me suffise de faire
référence à une loi qui a été adoptée
dernièrement, où, pour la première fois dans nos lois,
nous retrouverons la présomption de culpabilité. Le gouvernement
en est rendu là, M. le Président, à dire à tous ses
concitoyens du Québec: Dans telle matière, vous aurez, à
l'avenir, à vous défendre et à faire la preuve de votre
innocence quand le procureur général vous accusera. Vous voyez
cela d'ici, M. le Président? Presque tous les citoyens du Québec
pourraient un jour ou l'autre être victimes de ce genre de justice qui
est de l'injustice. Dans notre droit britannique, celui qui nous régit,
c'est la présomption d'innocence qui prévaut. Quand un citoyen
est mis en accusation, la couronne doit faire la preuve de sa
culpabilité. Pour la première fois, la semaine dernière,
un gouvernement libéral a changé cette présomption
d'innocence en présomption de culpabilité pour un domaine
particulier, qui est celui des relations du travail. M. le Président,
quand on est rendu avec un gouvernement de la sorte, avec un gouvernement qui
n'a même plus le courage de faire ses enquêtes et d'avoir les
moyens nécessaires de faire ses preuves; quand on est rendu avec un
gouvernement qui est prêt à accuser tout le monde, parce que tout
le monde pourrait y passer; quand on est rendu de cette façon à
dire aux gens: On vous accusera, vous vous défendrez et vous ferez la
preuve de votre innocence, quand on est rendu là, on est rendu proche de
certains régimes que l'on pourrait considérer ou que l'on
pourrait approcher de certains régimes qui sont qualifiés de
fascistes.
Oui, M. le Président, dans des pays, sous des régimes
dictatoriaux, c'est de cette façon qu'ils procèdent. Ils mettent
d'abord en accusation les gens et disent, ensuite: Défendez-vous. Si les
gens sont incapables de se défendre, on les retrouve en prison. On les
retrouve avec des amendes. On les retrouve avec des punitions que, souvent, ils
n'auraient jamais méritées. Mais parce que le gouvernement a
décidé de s'asseoirsurses lauriers et de ne pas administrer la
justice en faisant les efforts qu'il faut pour administrer la justice, cela
veut dire que n'importe qui, n'importe quel d'entre les députés
qui siègent ici, en cette Chambre, pourrait être victime, un jour
ou l'autre, d'injustice, parce qu'il y a cette présomption de
culpabilité, qui a constitué un précédent la
semaine dernière.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler que cette semaine il y a
à peine deux jours un député ministériel se
levait, en cette Chambre, pour nous
rappeler la différence entre un député et un
ministre, devant la justice, lorsqu'il nous a démontré de quelle
façon il avait été arrêté sur la route 20, de
quelle façon il avait reçu une contravention pour avoir
circulé à 90 milles à l'heure, alors que, dans le
même temps, un ministre était arrêté sur la
même route, au même endroit, circulant, lui, à 100 milles
à l'heure. On a donné une contravention au député
back-bencher, alors qu'on a laissé passer le ministre. C'est cela, la
justice, au Québec. Et vous autres mêmes, les estampes de "rubber"
du Parti libéral, vous êtes victimes de ces injustices...
M. Marchand: Farceur!
M. Samson:... de votre propre gouvernement, et vous n'avez
même pas le courage de vous lever pour demander qu'on rectifie ces
choses, et qu'on ait une justice égale pour tous au Québec.
M. Dufour: A quelle vitesse vas-tu là?
M. Samson: M. le Président, vous le savez, vous qui
êtes un homme de loi, que la justice doit être égale pour
tous, et c'est ce que je réclame. Je sais que si vous aviez le droit de
parole en tant que président, vous acquiesceriez aux propos que je
prononce présentement, tellement je connais votre esprit de droiture, M.
le Président.
Mais non, du côté gouvernemental, on se contentera de taper
sur les bureaux. On se contentera de rire. On se contentera, M. le
Président, de se boucher les oreilles et de se fermer les yeux sur la
mauvaise administration du gouvernement. Mais puisqu'ils sont 100, cela en fait
tout de même beaucoup trop pour s'attirer les faveurs du gouvernement.
Alors, il y a concurrence entre les différents députés
libéraux, et c'est à celui qui ferait la meilleure
génuflexion pour tenter de s'attirer les faveurs du gouvernement. C'est
devant un gouvernement comme celui-là qu'on est, présentement.
C'est parce qu'ils sont trop nombreux que l'Opposition est obligée
d'être aux aguets constamment, que l'Opposition est obligée
d'avoir recours à la presse, qui vient nous aider pour démontrer
les lacunes de ce gouvernement.
Comme je vois que vous êtes sur le point de me faire signe que mon
temps s'achève, M. le Président, je termine en vous disant que ce
gouvernement devrait avoir honte de lui-même, ainsi que les
députés qui font partie de ce gouvernement. A moins qu'ils
n'aient le courage de se redresser un peu et d'avoir de la colonne
vertébrale, chose qu'ils ne semblent pas avoir, à moins qu'ils
n'aient ce courage, je vous dis que, jusqu'aux prochaines élections, le
Québec sera encore dans ce qu'il est présentement. Quant à
nous, M. le Président, nous osons espérer, au moins, qu'il y en
ait qui se lèvent debout et qui tentent de faire changer certaines
choses pendant le présent régime, en attendant qu'on le change
pour un autre régime.
Le Président (M. Blank): Le député de
Portneuf. M. Pagé: Merci, M. le Président. Je ne pouvais
me soustraire à l'aimable invitation que vous me formuliez tout à
l'heure, à savoir que si je voulais apporter quelque commentaire que ce
soit à la déclaration du député de Rouyn-Noranda,
de prendre la parole à la suite de celui-ci.
Tout à l'heure, le député de Rouyn-Noranda, avec sa
verve habituelle, me soulignait que si mon intervention était faite,
c'était probablement dû à l'influence de mon milieu et de
mon entourage.
M. le Président, je me permets quand même de vous
souligner, à ce titre, que dans l'entourage du député de
Portneuf, ici, du côté droit de cette Chambre, il n'y a pas de
coups de poignard dans le dos.
Aucun membre de mon entourage ne m'a accusé de tripotage comme
cela s'est fait de l'autre côté de la Chambre entre deux seuls
députés d'une même formation politique.
Tout à l'heure, M. le Président, on a eu l'occasion
d'assister à une longue diatribe, à une effervescence de force du
député de Rouyn-Noranda. Cela s'explique, car c'est probablement
un reflet, une suite et une continuité du long apprentissage qu'il a
euàfaire lui-même devant son miroirpourse préparer à
son congrès à la chefferie.
M. Samson:... quand vous aviez encore la couche aux fesses.
M. Pagé: Oui, mais dites-vous une chose, peut-être
que...
M. Samson:... que vous ne l'avez pas enlevée encore.
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Pagé: M. le Président, peut-être que
lorsque le député de Rouyn-Noranda a commencé à
faire des discours politiques, il est possible que j'avais encore, à ce
moment-là, la couche aux fesses. Mais, je tiens à vous dire que
je n'ai pas honte de mon âge...
M. Samson: Vous n'aviez pas besoin de le
répéter.
M. Pagé:... et à l'âge où le
député de Portneuf est entré en politique...
M. Samson: Le député de Portneuf n'a pas besoin de
le répéter, c'est évident.
M. Pagé:... le député de Rouyn-Noranda
n'était même pas capable de dire deux mots en public et cela
c'était à l'âge de 23 ans.
Pour revenir à des choses qui sont plus d'actualité, je
vais vous dire qu'après avoir siégé pendant près de
deux ans dans cette Chambre, encore une fois, j'ai lieu de conclure et de dire
que je suis profondément déçu de la position prise par
l'Opposition sur cette question.
En effet, tout député en cette Chambre était en
droit de s'attendre à ce qu'au sujet des viandes et au sujet de la
situation qui prévaut actuellement sur ce
marché d'alimentation, que ce soit au Québec ou dans
d'autres provinces, à des attitudes objectives, à des attitudes
sérieuses et intelligentes par le fait même et aussi à un
approfondissement de la question, plus que valable, plus qu'objective dans les
circonstances. On était en droit, M. le Président, de s'attendre
que l'Opposition soulève toute la question de la loi actuelle, de la Loi
sur les aliments et du règlement qui est édicté en vertu
de cette loi. Au début de l'étude des crédits, je
m'attendais à ce que tout au moins le député de
Beauce-Sud, qui représente un comté un peu analogue au mien,
soulève toute cette question de partage de responsabilités entre
les différents paliers de gouvernement. Que ce soit le gouvernement
fédéral qui, parle ministère de l'Agriculture
possède les pouvoirs d'apposer le timbre "Approuvé Canada" sur
certaines viandes, que ce soit à l'égard du gouvernement
provincial qui, lui aussi, possède et auquel est conféré
le pouvoir d'apposer le timbre "Approuvé Québec" et qu en plus de
cela on ait encore au Québec, aujourd'hui, certains abattoirs qui ne
sont pas approuvés et qui ne possèdent pas de contrôle
direct. Au surplus, M. le Président, dans cette triple juridiction,
intervient le pouvoir des municipalités au niveau de l'hygiène
publique et de l'inspection.
J'étais profondément déçu de constater que
personne n'abordait ces différentes questions. Je m'attendais qu'on
touche au moins la question, en parlant des viandes, de nos bouchers qui, dans
plusieurs cas, font leur propre abattage et en arrivent en conclusion à
la vente au comptoir de leurs viandes. Personne dans cette Chambre n'est sans
savoir que ceux-ci contrôlent quand même un pourcentage assez
élevé des transactions et du marché de l'alimentation.
Encore là, aucun mot. On s'est contenté de dire que le ministre
de l'Agriculture ne prenait pas ses responsabilités. On s'est
contenté de charrier, on s'est contenté de faire de la petite
politique encore une fois, M. le Président. J'étais en droit
aussi de m'attendre qu'on parle des petites chaînes d'alimentation, du
lieu de provenance de leurs produits. Encore là, aucun mot. On aurait pu
parler et plusieurs des députés de cette Chambre s'attendaient
à ce que cet après-midi on parle de l'inspection des viandes
avant l'abattage ou l'inspection prae mortem, l'inspection post mortem, la
possibilité que le gouvernement du Québec, dans sa
réglementation, fasse intervenir des jours fixes d'abattage.
Encore là, pas un mot, on a préféré parler
de marasme avec des grands termes, de longues diatribes, mais qui ne donnent
pas grand-chose.
Enfin, on n'a pas parlé de l'inspection comme telle. On a
parlé de la viande vendue à la Federal Packing, de la viande
"Approuvé Québec" et "Approuvé Canada", mais on n'a pas
dit si c'était les contenants, on n'a pas été capable de
soutenir que c'était la viande comme telle qui avait été
inspectée et qui recevait le timbre. On n'a pas voulu embarquer dans ce
jeu, parce que l'Opposition, encore une fois, n'avait pas de preuve et se fiait
à des déclarations faites devant une commission qu'on
connaît et que je ne nomme pas parce que ce serait contraire à nos
règlements.
M. le Président, je dois vous dire que cet échange,
jusqu'à maintenant, ces trois heures de débat ont
été fort décevants pour moi personnellement, comme pour
beaucoup d'autres de mes collègues de cette Chambre. Je
préfère à tout cela I 'attitude q ui est objective et q ui
est surtout positive, c'est ce qui est important. On voit souvent des
représentants de l'Opposition se lever, un peu en vierges
offensées, pourdire: de l'objectivité, ne faisons pas de
politique, ne faisons pas de luttes entre membres de cette Chambre. Qu'on soit
donc objectif et qu'on parle donc des vrais problèmes plutôt que
d'essayer de gagner de faux combats.
Tout à l'heure, le député de Rouyn-Noranda
soit dit en passant, je le respecte beaucoup et je tiens à le souligner,
mon cher collègue. Même si vous disiez tantôt que je pouvais
baisser dans votre estime, je tiens à vous dire que je vous
apprécie beaucoup et surtout que je vous connais et que je connais vos
écarts...
M. Samson: M. le Président, il me fait plaisir de noter
cette nette amélioration.
M. Pagé: Je tiendrais à souligner au
député de Rouyn-Noranda que sa gentillesse n'a d'égale que
la mienne.
Enfin, on a parlé tantôt...
M. Samson: Arrêtez-moi ça!
M. Pagé:... le député de Rouyn-Noranda a
fini son intervention en parlant de l'économie, des règlements de
la construction, etc. Si j'ai dit que le député n'avait pas de
leçon de morale à me faire, je pense que là non plus, au
niveau des projets de loi 29 et 30, il n'a pas de leçon de morale a
faire à cette Chambre. Je comprends qu'il était fort
occupé en tant que chef du parti du Ralliement créditiste la
semaine dernière, ayant à réparer les brides et les
séparations faites par un de ses collègues. Je comprends qu'il ne
pouvait pas être en Chambre pour venir discuter en profondeur des projets
de loi 29 et 30. Il parlait de la présomption d'innoncence. Je ne sais
pas en vertu de quoi il en parlait, mais la présomption d'innonce, mon
cher collègue, député de Rouyn-Noranda, ce n'est pas la
première fois que c'est inclus dans des lois qui s'appliquent au Canada.
Il ne faut pas se surprendre de ça.
Vous avez dit tout à l'heure: C'est la première fois que
le gouvernement du Québec fait ça.
M. Samson: Présomption de culpabilité.
M. Pagé: Je vous inviterais à venir faire un tour
à mon bureau et on pourra discuter de matières de droit un peu,
tous les deux.
M. Samson: M. le Président, il baisse encore dans mon
estime. Comme patroneux, je saisqu'il est bon mais, comme avocat, il n'a pas
l'air diable.
M. Pagé: M. le Président, je pourrais
réserver, entre autres au député de Rouyn-Noranda,
d'agréables surprises là-dessus. Enfin, pour être bref,
pour
permettre au ministre de l'Agriculture de donner vraiment la
réplique et être en mesure de livrer la situation telle qu'elle
prévaut au chapitre de la loi, de la réglementation, etc., je
pense qu'on va lui laisser l'occasion de répondre.
Enfin, le député de Rouyn-Noranda, encore dans son genre
de longue diatribe, a fait allusion à la justice au Québec. La
justice existe, je tiens à vous le dire. C'est le Parti libéral
du Québec, par la voie du gouvernement, qui a formé la Commission
d'enquête sur le crime organisé. C'est ça qui va permettre
d'assainir le climat et les choses négatives qui existent actuellement
ou qui existaient.
M. Samson:... Springate.
M. Pagé: Le député dont vous faites
état, ce n'est pas un reproche, je ne parle pas en tant que membre de la
formation politique à laquelle j'appartiens, je tiens à parler en
tant que député de Portneuf; le député dont vous
avez fait mention, je suis à même de constater que la plus grande
force dont il a fait état au sein de notre parti politique,
c'était lorsqu'il faisait des bottés pour les Alouettes. Je ne
passe pas par quatre chemins pour le dire.
En conclusion, M. le Président...
M. Samson: On va lui faire le message.
M. Pagé: Je ne doute pas que vous pourrez le lui faire. En
terminant, le ministre de l'Agriculture, par sa position, par les amendements
qu'il apportera aux différentes lois applicables dans le secteur de
l'alimentation au Québec, par son règlement et aussi par une
suite politique aux recommandations de la Commission d'enquête sur le
crime organisé, je suis assuré que ces différentes mesures
seront à l'avantage du consommateur québécois.
Le Président (M. Pilote): L'honorable ministre de
l'Agriculture.
M. Toupin: Je ne voudrais pas prendre beaucoup du temps de cette
Chambre. L'heure avance et je sais que plusieurs d'entre nous sommes un peu
fatigués à cause des journées très lourdes que nous
avons à assumer par les temps qui courent.
Je voudrais seulement apporter un certain nombre de précisions et
surtout, pendant quelques minutes, traiter des discours qui ont
été faits par quelques membres de l'Opposition.
Je ne parlerai pas du discours qu'a fait le député de
Saguenay; il contient toujours à peu près les mêmes choses,
des accusations de toutes sortes, des invectives de toutes sortes qui, en fin
de compte, n'aboutissent à rien.
Ce député, malheureusement, n'est pas ici ce soir et c'est
un peu sa faute, comme le disait le leader parlementaire du gouvernement; c'est
parce qu'il n'a pas su respecter les règlements. Mais ce
député a beaucoup de difficulté à se
contrôler. J'espère qu'un jour ou l'autre il parviendra à
maîtriser, non seulement ses comportements, mais aussi ses façons
de penser et je charge le représentant du Parti québécois,
ici ce soir, de lui transmettre ce message, quoiqu'il pourra le lire dans le
journal des Débats.
Quant au député de Beauce-Sud, il a toujours
été sincère, je pense, dans tout ce qu'il adit. Ce soir,
il m'a paru que ses paroles ont dépassé sa pensée.
On m'a dit tantôt qu'il avait retiré une partie de ce qu'il
avait tenu comme propos avant le souper. Je l'en félicite.
M. Roy: Par gentilhommerie à votre endroit.
M. Toupin: Je l'en félicite et je puis l'assurer que je
continuerai à être, avec lui, le collaborateur et l'ami que j'ai
toujours été dans le passé.
Le député de Rouyn-Noranda, c'est une autre chose. Il se
fait fier de la verve qu'il pense avoir. Il parle beaucoup, mais je ne suis pas
toujours convaincu qu'il sait ce qu'il dit.
M. Samson: Une chose est certaine, c'est que, jusqu'à
dernièrement, je ne savais pas ce que je mangeais.
M. Toupin: Je vais vous le dire tantôt, ce que vous
mangiez. Il dit beaucoup de choses, mais ce n'est pas toujours certain qu'il
comprenne vraiment ce qu'il dit.
Je pense que c'est un des seuls députés à la
Chambre qui parle beaucoup. Après avoir entendu son discours, j'avais
l'impression que c'était un tricot qui se "détricote".
Il accusait tantôt...
M. Samson: Prenez donc le boeuf par les cornes au lieu de le
prendre par la queue, cela va aller mieux.
M. Roy: C'est moins pénible.
M. Samson: Vous allez vous faire moins charrier.
M. Toupin: On va vous laisser le soin de jouer avec les deux. Le
député de Rouyn-Noranda accuse un petit peu, lui aussi, les yeux
fermés, n'importe qui. Il disait par exemple: II peut y avoir des
"Bourassa Approuvé". On sentait bien au fond qu'il voulait lancer une
accusation au gouvernement.
Il est possible qu'il existe au Québec des "Bourassa
Approuvé", mais des "Samson Approuvé" je n'en connais pas.
M. Samson: Non, ils ne sont pas tous ici ce soir. Mais ne vous
inquiétez pas, cela va bien aller, notre affaire. Je n'ai pas besoin de
vous pour arranger cela.
M. Toupin: S'ils sont approuvés, ils ne sont pas
approuvés par beaucoup de gens.
Une autre boutade qu'a voulu faire...
M. Samson:... aux prochaines élections.
M. Toupin: II parlait d'un gouvernement de paroles. Je trouve
cela un peu fort de sa part, parce que
je pense que des propos comme ceux-là ne doivent pas être
tenus par un chef de parti. Un chef de parti doit se tenir au-dessus de...
M. Samson: Question de règlement.
Le Président (M. Pilote): Sur une question de
règlement, l'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je n'ai pas tenu ces propos.
Cela va peut-être décevoir le ministre, mais je ne les ai pas
tenus. Je ne les ai pas tenus dans ce sens-là, j'ai dit qu'on
était habitué de manger de la charogne économique, de la
charogne constitutionnelle, etc.
Si le ministre veut aller dans ce sens-là, je l'écoute
avec grand plaisir.
M. Toupin: Celles-là sont digestibles, alors que la
charogne créditiste ne l'est pas. C'est la différence.
M. le Président, comme je le disais au début, je ne
voudrais pas être long, je suis conscient qu'il existe un problème
assez sérieux, au Québec, de mise en marché de viande
avariée. Je ne sais pas ce que la Commission d'enquête sur le
crime organisé nous apportera comme conclusion, mais ce réseau de
vente de viande impropre à la consommation existe.
Je disais, récemment, que nous avions des doutes, depuis un
certain temps, sur l'existence d'un tel réseau. Je disais
également que je ne crois pas que les services du ministère, tels
que structurés, et même, quelle que soit la structure qu'on leur
donnera, puissent parvenir à dépister des réseaux aussi
bien organisés. C'est la raison d'ailleurs pour laquelle le gouvernement
a convenu de confier à une commission d'enquête le soin de
dépister ces réseaux, de nous mettre sur la piste de ceux qui
mettent en marché ces viandes impropres à la consommation et
ainsi arriver à les extirper du marché. Je sais que ce n'est pas
facile, pas plus pour le gouvernement que pour l'Opposition que pour la
population en général de constater une telle situation. Mais
comme question de fait, nous la vivons.
Je ne crois pas que ce soit en s'accusant les uns les autres
d'être plus ou moins efficaces ou d'être plus ou moins responsables
que nous parviendrons à trouver une solution au problème. Le
gouvernement actuel a sans doute des faiblesses, et je ne connais pas de
gouvernement qui soit fort sur tous les plans, mais il a au moins une
qualité que plusieurs autres gouvernements qui l'ont
précédé ne sont pas parvenus encore ou ne sont pas
parvenus dans le temps à démontrer, c'est qu'il a la
qualité d'affronter les problèmes de la manière la plus
franche et la plus objective.
Lorsque nous nous sommes rendu compte qu'il existait un tel
réseau, nous n'avons pas hésité à mettre en place
cette commission d'enquête. D'autres gouvernements auraient pu le faire.
Le gouvernement fédéral aurait pu le faire. Les gouvernements
municipaux auraient également pu le faire, mais seul ce gouvernement-ci
a eu le courage et l'audace de le faire. Je sais que ce n'est pas facile pour
celui qui assume présentement, la tâche de ministre de
l'Agriculture.
Ce n'est pas facile d'assister à de telles démonstrations.
Ceux qui témoignent à la commission prennent le temps de bien
expliquer qu'eux ne sont pas nécessairement les coupables. Ce sont des
inspecteurs du gouvernement qui sont les responsables. Ils se sont fermé
les yeux sur des boîtes de viande avariée qui circulaient dans les
abattoirs. D'autres viendront, présidents d'associations, pour dire que
ce sont encore les inspecteurs du gouvernement qui sont à 90% ou 95%
incompétents, incapables d'assumer leurs responsabilités.
Mais ce n'est pas de cette façon que nous nous envisageons le
problème. Nous sommes prêts à prendre les
responsabilités qui nous touchent, qui sont les nôtres, mais nous
sommes aussi prêts à dire à la population que nous ne
sommes pas les seuls responsables dans ce secteur. D'autres gouvernements,
fédéral ou municipaux, ont aussi des responsabilités. Si
ces derniers agissent avec autant d'audace et avec autant de vigilance que le
gouvernement actuel, nous trouverons une solution rapide à ce
problème qui nous confronte présentement.
Nous avons, dans le passé, avec les instruments que nous
possédions, tenté de faire respecter, dans la mesure du possible,
les réglementations qui étaient nôtres. Nous avons, par
exemple, dans plusieurs régions du Québec, procédé
à plusieurs saisies de viande. Au moment où nous nous sommes
rendu compte, à la suite de la Commission d'enquête sur le crime
organisé, que des entreprises, qui employaient plusieurs centaines de
personnes, qui faisaient des chiffres d'affaires assez importants, faisaient le
commerce de viande impropre à la consommation, nous n'avons pas
hésité à les fermer et à saisir tout le produit qui
se trouvait dans leurs entrepôts ou même ce produit qui se trouvait
dans des chaînes de distribution. Lorsque vous accusez le gouvernement de
ne pas poser des gestes précis, des gestes concrets, je ne pense pas
qu'on puisse faire davantage que de saisir toute viande impropre à la
consommation qui est mise présentement sur le marché. C'est ce
que nous avons fait jusqu'à maintenant. C'est ce que nous allons
continuer de faire aussi dans l'avenir.
Nous sommes, bien sûr, peut-être même beaucoup plus
conscients que l'Opposition des problèmes que cela pose non seulement
vis-à-vis des consommateurs, mais vis-à-vis aussi de tous ceux
qui oeuvrent dans des entreprises qui, actuellement, sont "Approuvé
Québec". Personnellement, en tout cas, j'ai cherché à ne
pas donner à ce problème la dimension politique que certains
d'entre ceux qui sont en face de nous cherchent à lui donner.
Nous avons eu ce soir l'occasion de discuter du budget et nous n'en
avons pas dit un mot. Nous avons parlé surtout des viandes. Nous n'avons
pas cherché à demander au gouvernement ce qu'il entendait faire
avec cette partie du budget qu'il veut fai re adopterce soir. Nous ne lui avons
pas posé non plus de question sur ce qu'il avait dépensé
depuis un certain nombre de mois, etc. Nous avons voulu, à
partir d'un problème qui est réel, qui existe, tenter de
faire de la politique.
Bien sûr, les galeries, ce soir, ne sont pas tellement remplies
à l'heure qu'il est. Mais, avant cette heure, il y avait quelques
personnes dans les galeries. Je voyais surtout le député de
Rouyn-Noranda, à chaque fois qu'il faisait un discours, regarder soit
vers la droite, soit vers la gauche ou en face et parfois même en
arrière. En arrière, il ne peut pas y arriver, parce que les gens
ne le voient pas et lui ne peut pas les voir.
M. Samson: C'est ça notre problème, si nous
pouvions regarder en arrière, il y a des libéraux là
aussi. C'est aussi dangereux en arrière.
M. Toupin: Oui, laissez-moi finir. Je ne serai pas malin avec
vous. Ceta dénote un peu l'esprit de tribun du député de
Rouyn-Noranda. Je sais qu'il aime bien parler, faire de grands discours.
J'écoute parfois ses interventions à la télévision
et effectivement il essaie, avec bien sûr les moyens dont il dispose, de
convaincre la population de ses théories. Mais, ce n'est pas comme
ça qu'on règle les problèmes, ce n'est pas de cette
façon.
Politiser les problèmes, c'est chose facile. Trouver des
solutions aux problèmes, c'est une autre chose. Et c'est ce que nous
attendons de l'Opposition. Lorsque vous nous dites très souvent que vous
êtes les porte-parole de la population de vos comtés et de vos
régions, il me semble que les citoyens qui vous ont élus
mettaient en vous, non seulement un esprit politique, mais aussi un esprit de
construction, c'est-à-dire l'idée d'apporter des solutions
valables aux problèmes avec lesquels les Québécois sont
aux prises.
Et je ne crois pas, non seulement je ne crois pas, mais parmi tous les
discours qui ont été faits ce soir, aucun d'entre ceux-là
ne nous a proposé des solutions qui soient acceptables. On a surtout
tenté d'accuser le gouvernement, de placer le gouvernement face à
des responsabilités qu'il n'aurait pas prises, nous disent ces gens de
l'autre côté.
Je sais que c'est le rôle de l'Opposition que de critiquer le
gouvernement. Mais, c'est aussi une partie de son rôle que de proposer
des solutions concrètes au gouvernement, afin que ce dernier puisse
trouver les meilleures solutions aux problèmes avec lesquels il est aux
prises tous les jours.
Donc, nous avons fait un certain nombre de démarches
jusqu'à maintenant, nous avons posé un certain nombre de gestes
concrets, reste maintenant à savoir ce que donnera l'application des
nouveaux règlements, ce que donneront les amendements à une loi
qui bientôt vous sera proposée, ce que le gouvernement devra faire
à la suite des révélations de la Commission
d'enquête sur le crime organisé qui présentement travaille
dans ce secteur d'activité commerciale du commerce des viandes au
Québec.
Nous verrons aussi au cours des prochains jours que, probablement, le
Québec n'est pas le seul à être aux prises avec ce
problème. D'autres provinces ont probablement, et peut-être
même à l'heure actuelle, des problèmes similaires. Et si
tel était le cas, j'espère en tout cas que ça
amènera les membres de l'Opposition à croire que même si le
Québec vit des problèmes difficiles dans ce secteur, il n'est
quand même pas le seul.
Et j'utilise un mot que je n'aime pas tellement utiliser, il n'est quand
même pas le seul à être aux prises avec le problème
de la charogne. C'est avec le temps que nous verrons si d'autres provinces ont
également des problèmes similaires.
Je termine par ceci, nous avons, avec les moyens dont nous disposions,
posé les gestes que nous croyions utiles de poser, nous avons
amendé des lois dans le passé, nous avons préparé
des règlements qui s'appliqueront bientôt et nous amenderons dans
l'avenir prochain des lois. Ainsi, je pense que nous parviendrons à
briser ce réseau de viande impropre à la consommation qui est
sous la responsabilité d'un certain nombre de personnes dont la
réputation, dans le domaine du commerce, n'est plus à faire au
niveau de l'exploitation, tant des producteurs agricoles que des consommateurs
québécois.
M. le Président, je pense que l'Opposition devrait apporter son
appui au gouvernement sur les solutions qu'il proposera et ainsi aider ce
secteur de l'économie à se développer pour le
mieux-être de tous les citoyens du Québec.
Le Président (M. Pilote): Adopté?
M. Roy: M. le Président, avant que les crédits
soient adoptés, nous avons quand même des questions que nous
pouvons poser à ce moment-ci.
M. Levesque: Votre temps est écoulé. M. Roy:
II y a des questions à poser. M. Levesque: Non, non.
M. Roy: Le ministre nous a dit lui-même qu'on n'avait pas
posé de questions, tout à l'heure, sur les crédits, sur la
façon dont cela a été dépensé.
M. Levesque: Si vous avez une question à poser,
posez-la.
M. Roy: On a fait une intervention. J'avais une question à
poser à l'honorable ministre concernant l'agriculture. Actuellement,
dans le programme 5, élément 3, il y a des subventions q ui ont
été votées, il n'y a pas tellement longtemps, par
arrêté en conseil, et qui ont été accordées
aux prod ucteurs d'oeufs de consommation du Québec. J'aimerais demander
au ministre si ces subventions sont limitées à ceux qui sont en
règle, ceux qui ont rempli leurs obligations envers la
société FEDCO.
J'aimerais savoir du ministre si c'est exact et j'aimerais
également savoir du ministre quelles sont les intentions du gouvernement
envers les autres producteurs d'oeufs de consommation du Québec.
M. Toupin: M. le Président, si nous avons agi de cette
façon, c'est parce que le gouvernement, à venir jusqu'à
maintenant, a donné son appui à un
système de commercialisation. Tous ceux qui sont à
l'intérieur du système peuvent bénéficier des
subventions et ceux qui ne sont pas dans le système n'en
bénificieront pas. La subvention est de $0. 03 la douzaine, je pense.
Ceux qui font partie du système actuel doivent payer des contributions
à la fédération alors que ceux qui n'en font pas partie ne
paient pas de contribution. Ils se servent de cette partie des contributions
que paient des producteurs membres pour les concurrencer sur le marché
libre. C'est la raison qui nous a amenés à prendre la
décision que seuls ceux qui se trouvent membres et respectent leur
engagement auront droit à cette subvention.
M. Roy: En somme, il s'agit d'une subvention qui permet aux
producteurs de s'acquitter de leurs obligations envers la société
FEDCO.
M. Toupin: II s'agit d'un certain nombre de producteurs qui
travaillent pour maintenir, au Québec et au Canada, un système de
commercialisation qui soit rentable et valable pour les producteurs alors que,
à côté, se trouvent six ou sept producteurs, ou huit ou
dix, qui profitent de cette situation au niveau des prix et au niveau des
charges pour concurrencer de façon irrationnelle les producteurs qui
sont dans le système, tentant de briser ce système et de se
retrouver dans des situations comme celle que nous avons vécue en
1971/72.
M. Roy: J'aimerais demander au ministre, M. le Président,
sur le même point, si les ordonnances de la Régie des
marchés agricoles, qui permettent en particulier à Steinberg de
s'approvisionner à 55% en dehors de FEDCO et aux autres chaînes
d'alimentation de s'approvisionner à 45% en dehors de FEDCO, sont
toujours en vigueur.
M. Toupin: M. le Président, ce n'est pas une ordonnance.
C'est un contrat qui est intervenu entre la Fédération des
producteurs d'oeufs de consommation du Québec et les chaînes de
magasins, et ce contrat a toujours été respecté à
venir jusqu'à maintenant. Certaines entreprises de distribution, dont je
ne mentionnerai pas les noms, achètent plus que le contrat ne
stipule.
M. Roy: Est-ce que la norme de 55% et de 45% est toujours
maintenue ou si elle a été changée?
M. Toupin: Non, la norme est la même. Mais je dis, M. le
Président, que certaines entreprises achètent plus que la norme
définie dans le contrat.
M. Roy: M. le Président, justement sur ce point, est-ce
que le ministre se rend compte que les producteurs dissidents auxquels il a
fait référence tout à l'heure se trouvent placés
dans une situation qui ne leur laisse pas de choix? Justement, en passant par
la chaîne, en passant par le canal FEDCO, ils se trouvent dans une
situation dans laquelle ils perdent continuellement de l'argent à cause
de ce fait et à cause, justement, de l'existence de ces deux ordonnances
ou de ces deux fameuses ententes.
Est-ce que le ministre entend continuer longtemps, entend faire en sorte
que ces ententes existent encore longtemps, ou si on prévoit que ces
fameuses ententes qui accordent des privilèges particuliers au grandes
chaînes d'alimentation, prendront fin bientôt? J'aimerais savoir,
à ce moment-ci, quelles sont les intentions du gouvernement,
particulièrement du ministère de l'Agriculture, à ce
sujet.
M. Toupin: M. le Président, cela n'accorde pas d'avantages
aux chaînes; cela accorde des avantages aux producteurs. Cela assure un
marché stable et permanent aux producteurs.
Les intentions du ministère sont très simples C'est de
continuer à exploiter les marchés que nous avons et à les
raffermir, si c'est possible.
M. Roy: M. le Président, j'aurais un autre point à
soulever sur la question agricole. C'est le problème qui touche le sirop
d'érable. D'ailleurs, mon collègue de Rosemont, tout à
l'heure... Je vois qu'il s'intéresse aussi à la question. Je l'en
félicite.
Dans la question du sirop d'érable, on sait que l'an dernier,
c'est-à-dire avant la dernière récolte, le
ministère de l'Agriculture avait décidé d'accorder un
certain montant d'argent et de prendre les dispositions pour cueillir,
c'est-à-dire aller chercher chez les producteurs cette partie de la
récolte antérieure, soit celle de l'année dernière
et celle d'il y a deux ans, en vue de l'entreposer, et d'accorder un prix de
$0. 35 la livre aux sirops de classe C et de classe D.
J'aimerais savoir du ministre si les versements aux prod ucteurs ont
été effectués pour cette catégorie de sirop que le
gouvernement avait décidé d'acheter et de faire entreposer,
soità la coopérative de Plessisville ou, je pense que c'est dans
la région de Granby, auprès d'autres entreprises qui s'occupent
de la commercialisation du sirop d'érable.
J'aimerais également savoir du ministre quelles sont les
intentions du gouvernement relativement à la production de cette
année, pour les sirops d'érable de cette catégorie,
c'est-à-dire C et D. Est-ce qu'il a l'intention de procéder,
encore cette année, au rachat de cette catégorie, de façon
à garantir des prix minimaux aux agriculteurs?
M. Toupin: M. le Président, c'est une production dont les
cycles sont bien connus. Les cycles varient d'an née en année.
C'est une des seules productions où il est possible de suivre vraiment
de près les cycles. L'an dernier, on a eu une très bonne
production. Il y a deux ans, elle a été moins bonne et, cette
année, le député de Beauce-Sud sait bien qu'elle n'a pas
été très forte. Nous avons, cette année, produit
plus, je pense, en termes de pourcentage, de qualité A que de
qualités C et D. Nous allons laisser jouer les mécanismes du
marché de façon normale, et si, au printemps prochain,
c'est-à-dire vers les mois de janvier, février ou mars de
l'année I976, les producteurs sont aux prises avec le même
problème que celui qu'ils ont vécu cette année, nous
n'hésiterons pas à poser les mêmes gestes, dans le cadre de
notre politique de soutien des revenus des producteurs agricoles.
M. Roy: Le ministre m'a dit... M. Mercier: M. le
Président... M. Bellemare (Rosemont): Sur le même
sujet...
M. Roy:... qu'il voulait attendre au printemps prochain. Pourquoi
le ministre ne ferait-il pas en sorte de ne pas attendre un an? Si je pose
cette question au ministre, c'est parce qu'encore cette année, environ
50% des érablières du Québec n'ont pas été
entaillées. Nous avons là une perte économique
considérable. Je sais qu'il y a des difficultés, des
problèmes au niveau de la mise en marché, mais suite aux
dernières politiques gouvernementales et suite à l'action
entreprise par la coopérative et par d'autres organismes
concernés, il semble qu'actuellement, il y ait de nouveaux
marchés et des débouchés qui permettront d'écouler
cette année tout le sirop de catégorie AA, A et B. Le
problème se retrouve au niveau des catégories C et D. Si le
gouvernement c'est la raison pour laquelle j'interroge le ministre
pouvait régler cette question avant le printemps prochain, je
pense qu'on favoriserait, on aiderait, on encouragerait les producteurs qui
n'ont pas entaillé depuis un an, deux ans, même depuis cinq ans,
et on empêcherait l'abattage on est en train de procéder
à cet abattage des érablières dans notre
région.
C'est pour cela que je demande au ministre s'il a l'intention de faire
quelque chose dès cette année, de façon à pouvoir
redresser cette situation et de façon qu'on aille chercher le maximum
qu'on peut aller chercher de ce côté.
M. Toupin: Je pense, M. le Président, que le
député de Beauce-Sud trouve presque, sans doute, la
réponse à sa propre question. Supposons qu'au début de la
saison, on garantisse un prix aux producteurs, on sait dans quelle situation on
peut se trouver. Vous ne le savez pas? Les acheteurs vont faire quoi,
alors?
M. Roy: Pas de problème. La production est
limitée.
M. Toupin: Mais les acheteurs vont faire quoi? Les acheteurs vont
offrir à peu près l'équivalent ou même en bas du
prix que le gouvernement garantit. L'exemple des pommes de terre cette
année est typique, de ce côté. Lorsque le gouvernement
fédéral a annoncé $1. 67 et $1. 80, selon les
catégories, le prix des pommes de terre, qui était à $2.
10 les 100 livres est tombé à moins de $1 dans l'espace de six
jours. Je pense que ce serait maladroit, sur le plan économique, pour le
gouvernement, que d'instaurer de telles politiques.
Je suis disposé, par exemple, à regarder avec ce groupe de
producteurs, comme on l'a fait pour certaines productions cette année,
dans le cadre de l'assurance stabilisation des revenus, comment on peut,
à long terme, instaurer un système de participation
gouvernementale des producteurs, au chapitre de l'assurance des revenus et
ainsi, on pourrait trouver un équilibre acceptable. On laisserait jouer
les mécanismes normaux du marché et on interviendrait à la
fin de l'année selon les prix que le marché aura offert par
rapport aux coûts de production. Mais annoncer à l'avance une
politique d'intervention, c'est se jeter, jusqu'à un certain point, dans
la gueule du loup; c'est laisser la subvention gouvernementale entre les mains
de ceux qui n'en ont pas besoin.
Le Président (M. Blank): Le député de...
M. Mercier: De Bellechasse, M. le Président. Sur cette
même question concernant les producteurs de sirop d'érable; M. le
ministre, on a eu des représentations relativement à la
possibilité de savoir si le ministère de l'Agriculture
envisageait éventuellement une protection, soit sous forme
d'assurance-récolte, pour les producteurs de sirop d'érable qui
sont exposés, également, aux caprices de la température,
des saisons. Comme vous le savez, le comté de Bellechasse, dans la
région de la Chaudière, compte plusieurs producteurs de sirop
d'érable. Est-ce qu'il est dans les vues du ministère de
l'Agriculture, éventuellement, d'arriver avec une formule pouvant
assurer les producteurs ou les productions des érablières, un peu
dans le même esprit que certaines productions couvertes par
l'assurance-récolte?
M. Toupin: M. le Président, du point de vue
assurance-récolte, je pense qu'on a encore quelques années
à faire avant d'en arriver à déterminer des
critères qui soient valables au niveau des productions de sirop
d'érable. Ce à quoi nous sommes plutôt portés
à penser, c'est que les producteurs de sirop d'érable pourraient
avoir accès, comme les autres producteurs, à un programme
d'assurance-revenu, stabilisation du revenu. Cela rejoint, jusqu'à un
certain point, un programme d'assurance. C'est beaucoup moins compliqué
techniquement, mais ce n'est pas beaucoup plus onéreux pour le
gouvernement et cela atteint, au bout du compte, les mêmes objectifs.
Parce que je vous assure que déterminer le rendement d'un érable
dans une année, ce n'est pas facile. Si cela gèle, s'il fait
soleil le matin, il semblerait que cela coule, mais quand cela ne gèle
pas et qu'il ne fait pas soleil, cela ne coule pas. Cela dépend des
années. Assurer des érables, ce n'est pas comme assurer une acre
de terre. Ce serait très complexe. Par ailleurs, il y a des
études qui se mènent là-dessus. Mais l'objectif
recherché, c'est plus une assurance revenu, qu'une assurance
récolte.
M. Roy: M. le Président, si on me le permet, j'aurais deux
autres questions à poser cette fois au ministre des Affaires
municipales. Je vais me limiter à ces deux questions malgré que
j'en aurais pour jusqu'à onze heures ce soir.
La première question que j'adresse au ministre des Affaires
municipales concerne le programme 13: direction et gestion interne des
programmes de l'environnement. Je le réfère au programme no 13. A
la suite de la venue, dans le port de Québec, d'un superpétrolier
de 140, 000 tonneaux, si ma mémoire est fidèle, je voudrais
demander au ministre si le
ministère responsable de la protection de l'environnement a
étudié cette question à savoir quelles pourraient
être les conséquences, dans la voie du Saint-Laurent, advenant un
accident. Il y a eu des reportages dans les journaux et on a souligné
l'habileté des pilotes à diriger ce navire. Comme jamais un aussi
gros navire n'était venu mouiller en face de Québec, s'il
arrivait un accident, quelles seraient les conséquences
écologiques, quelles seraient les conséquences au niveau de la
pollution de l'eau pour la région de Québec, premièrement?
Et deuxièmement, advenant le cas d'un incendie ou d'une catastrophe,
est-ce que le ministère a vérifié si on pourrait disposer
des équipements suffisants en vue de parer ou de contrer ce qui pourrait
éventuellement constituer une espèce de cataclysme.
Je pense que c'est un précédent mondial qu'un navire aussi
gros, chargé de pétrole, ait pénétré
à l'intérieur des terres d'un pays. A ce que je sache il n'y a
pas eu un autre précédent dans le monde.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne suis pas
informé sur le navire en question. Je ne sais pas quelle est sa
construction, quel est son équipement de navigation. Mais, je voudrais
d'abord répondre au député de Beauce-Sud que je
m'inquiète davantage de voir de nombreux petits navires, probablement
moins bien construits, probablement moins bien équipés et
tenant compte du fait que chaque voyage représente un danger et que
même les petits pétroliers transportent des quantités qui
auraient nécessairement, avec un déversement accidentel, un effet
néfaste sur la qualité des eaux de la rivière et sur la
vie biologique de la rivière et il n'est pas sûr que ce
soit pire d'avoir un nombre plus restreint de bateaux mieux construits et mieux
dirigés, avec une meilleure navigation.
Quant à la protection, il y a de nombreuses études qui ont
été faites pour démontrer, non seulement les effets
possibles d'un déversement accidentel, mais aussi les mesures les plus
efficaces pour remédier à un tel événement. Il y a
des équipements qui sont disponibles et qui peuvent être
mobilisés à très brève échéance, pour
parer à l'éventualité d'un déversement
accidentel.
Quant à la question de désastre d'une autre sorte,
c'est-à-dire par incendie, explosion, ainsi de suite, je n'ai pas de
renseignement très précis que je peux donner de ma propre
connaissance. Il y a tout le système de la défense civile, il y a
les équipements et le personnel qui est entraîné dans une
région comme celle-ci, parce que nous avons des installations des deux
côtés de la rivière, davantage sur la rive sud. Mais, nous
avons des installations pétrolières, nous devons être en
mesure de parer à ces éventualités. Il y a une
mobilisation qui est prévue dans le cas de tout accident
découlant d'un événement impliquant un
pétrolier.
M. Léger: M. le Président, je voudrais demander au
ministre des Affaires municipales, à ce stade-ci de l'opération
de l'usine de traitement primaire des eaux, à Montréal, quel est
le coût prévu pour l'usine comme telle? Je ne parle pas pour
l'ensemble des égouts collecteurs, mais uniquement de la cons- truction
de l'usine de traitement des eaux, à Rivière-des-Prairies, quel
est le coût total pour ces traitements?
M. Goldbloom: Oh, M. le Président, le député
de Lafontaine m'oblige àfaire appel à ma mémoire et je ne
suis pas certain de me rappeler...
M. Léger: A 5% près d'erreurs.
M. Goldbloom:... le chiffre précis, je dirais que grosso
modo, c'est 60% pour le réseau collecteur et 40% pour l'usine
elle-même, c'est-à-dire en chiffres ronds, $300 millions pour le
réseau et $200 millions pour l'usine. Je donne ces chiffres sous une
certaine réserve.
M. Léger: D'accord, M. le Président. D'ailleurs,
c'est dans cette échelle de grandeur.
Est-ce que le ministre peut nous dire maintenant quelle est la
proportion, dans ces $500 millions, qui est l'immobilisation et quelle est la
proportion qui est des intérêts prévus pour la
période de temps sur laquelle ça va s'échelonner pour la
réalisation? Je pense que c'est en 1979 que ce sera terminé?
M. Goldbloom: Ce sont entièrement les immobilisations, M.
le Président. Nous prévoyons un programme de remboursement
échelonné sur une période qui pourra aller jusqu'à
50 ans, mais le montant indiqué représente les immobilisations,
ne tient pas compte du loyer de l'argent.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire, de
mémoire, même s'il se trompait de $1 ou $2 millions, le coût
pour une usine de traitement qui aurait été conçue, non
pas uniquement pour le traitement primaire, mais aussi pour le traitement
secondaire en même temps?
M. Goldbloom: Je n'ai pas de chiffres.
M. Léger: Est-ce que c'est un chiffre pas mal plus
élevé? A peu près combien?
M. Goldbloom: Je n'ai qu'une approximation pour une usine
secondaire. Ce serait de l'ordre de $100 millions à $150 millions de
plus. Si nous voulons aller jusqu'à un traitement tertiaire, il faut
commencer à un chiffre additionnel de $300 millions et on pourrait aller
plus haut que cela si on veut un système plus sophistiqué
encore.
M. Léger: Pour le traitement tertiaire, lorsque vous dites
$300 millions de plus, c'est par rapport aux $200 millions ou aux $150
millions? C'est $300 millions de plus que les $200 millions?
M. Goldbloom: De plus que les $200 millions.
M. Léger: Donc, $500 millions pour le traitement
tertiaire.
M. Goldbloom: Approximativement, oui.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut nous dire quelle
proportion des $500 millions, soit $200 millions pour l'usine et $300 millions
pour les égouts collecteurs, est fournie parle gouvernement
fédéral et celle qui est foumie par le gouvernement
provincial?
M. Goldbloom: M. le Président, ces chiffres sont bien
connus; c'est le sixième par le gouvernement fédéral, les
deux sixièmes demeurant la responsabilité du niveau municipal et
les trois sixièmes étant la responsabilité du gouvernement
provincial.
Pour être strictement juste, la contribution du gouvernement
fédéral serait légèrement supérieure au
sixième, à cause d'un taux d'intérêt plus favorable
que celui du marché.
M. Bellemare (Rosemont): Question supplémentaire, M. le
Président.
M. Léger: Juste une dernière. Est-ce que le
ministre peut nous dire, pour les $500 millions ou les trois sixièmes
qui vont être octroyés à la Communauté urbaine de
Montréal, dans quelle échelle c'est? Est-ce en dedans de cinq
ans? En dedans de dix ans? Quelle est l'échelle de distribution de cet
argent?
M. Goldbloom: Ce que nous prévoyons, M. le
Président, c'est que l'argent sera dépensé de la
façon normale, c'est-à-dire au fur et à mesure que les
travaux seront réalisés.
Il faudra donc l'emprunter et, au fur et à mesure qu'il sera
emprunté, partranches, selon le besoin, il faudra établir un
calendrier de remboursement.
L'intention du gouvernement du Québec est d'assumer le
remboursement de cette partie qui serait empruntée par la
Communauté urbaine du gouvernement fédéral,
c'est-à-dire de la Société centrale d'hypothèques
et de logement. Nous assumerons le remboursement de cette somme et c'est ainsi
que notre contribution sera versée sur une période de cinquante
ans.
M. Léger: Le gouvernement provincial remboursera les trois
sixièmes des $500 millions sur une période de 50 ans, incluant
capital et intérêts. Là, vous n'avez que le capital.
Est-ce que le ministre a évalué combien cela va
coûter à la province et le capital et les
intérêts?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, nous avons
évalué cela. Nous avons fourni au Conseil du trésor un
tableau représentant le rythme de remboursement sur toute la
période, mais je n'ai pas ces chiffres ici avec moi.
On atteindrait un rythme de croisière après cinq ou six
ans, approximativement, et la somme annuelle serait plutôt raisonnable,
par comparaison au montant énorme de $500 millions qu'il faudrait
trouver dans un court laps de temps. C'est effectivement la seule façon
de régler un problème aussi important.
M. Léger: Quelle somme annuelle avez-vous prévue
pour rembourser les trois sixièmes des $500 millions? Dans vos budgets,
c'est quel montant par année?
M. Goldbloom: Si ma mémoire est fidèle, M. le
Président, le rythme de croisière sera atteint à un niveau
d'à peu près $40 millions par année, quelque chose comme
cela. Mais c'est approximatif.
Le Président (M. Blank): Le député de
Rosemont.
M. Bellemare (Johnson): Ma question supplémentaire est
très simple, M. le ministre. Est-ce que vous pourriez dire combien il y
aurait d'argent d'investi à Rivière-des-Prairies, qui se trouve
dans le comté du député de Lafontaine?
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas saisi
exactement la portée de la question.
M. Bellemare (Rosemont): Je peux répéter
facilement, si vous le permettez. Il y aura combien d'argent investi dans le
comté de Lafontaine, en ce qui concerne Rivière-des-Prairies?
M. Goldbloom: M. le Président, l'argent est investi dans
l'ensemble du territoire, mais il y a un fait que je constate, et je remercie
le député de Rosemont de m'avoir fait penser à cela, c'est
qu'une fois le système bâti toute l'île de Montréal
enverra ses eaux usées dans le comté de Lafontaine.
M. Léger: Je pense que le ministre, qui vient juste de se
rendre compte de cela, ne s'est pas aperçu que l'ensemble des questions
que je lui posais avec les chiffres avaient un but bien particulier. Il aura de
mes nouvelles bientôt là-dessus.
M. Roy: M. le Président, ma dernière question, je
n'en ai posé qu'une tout à l'heure, toujours au ministre des
Affaires municipales. Je me réfère au programme 8: Administration
des hypothèques et des propriétés. J'aimerais demander au
ministre des Affaires municipales s'il a l'intention de reconduire la loi de
l'habitation familiale, la loi des 3% qui a pris fin le 30 juin 1974. Un grand
nombre de personnes seraient intéressées à se porter
acquéreurs d'une maison familiale au Québec. Le fait que cette
loi n'a pas été prolongée décourage un bon nombre
de personnes de se porter acquéreurs d'une maison. J'aimerais demander
au ministre si c'est l'intention de son ministère, l'intention du
ministre, du gouvernement de représenter cette loi à nouveau
devant l'Assemblée nationale, avant la fin de nos travaux, avant
l'ajournement d'été. Par le fait même, le ministre
songerait-il à augmenter les barèmes d'admissibilité,
c'est-à-dire à permettre que le coût total de la
propriété dépasse $17, 000 à cause des
hausses constantes qu'on a eues au cours des deux dernières
années à permettre que le montant d'hypothèque
dépasse également $14, 000 et que le salaire, plafonné
à $7, 000, puisse être augmenté de façon que des
gens qui ont aujourd'hui des revenus
comparables à ceux qu'avaient des personnes il y a cinq ans, en
1970, puissent bénéficier des avantages équivalents?
M. Goldbloom: M. le Président, la question a
déjà été posée et la réponse a
déjà été donnée. Je pense que le
député de Beauce-Sud la connaît. C'est un domaine dans
lequel le Québec agissait seul jusqu'à tout récemment.
Agissant seul, il devait avoir une Loi de l'habitation familiale. Depuis lors,
le gouvernement fédéral est entré dans le portrait et a
placé à la disposition des Québécois, comme des
autres Canadiens, plusieurs millions de dollars. Le ministre
fédéral m'a informé, la semaine dernière, par
téléphone, que le montant prévu pour le Québec
je m'excuse de ne pas me rappeler le chiffre précis
était déjà utilisé, c'est-à-dire que les
demandes reçues de la part de Québécois voulant
accédera la propriété d'une maison étaient
suffisantes pour utiliser tout l'argent placé à leur disposition.
Il y a ces circonstances et le fait q ue la comparaison des deux régimes
indique que ce qui est prévu par le gouvernement fédéral
est en moyenne légèrement supérieur à ce qui
était prévu dans notre loi. Il y a aussi le fait que, le
gouvernement fédéral étant actif dans ce domaine, l'argent
que nous pouvons mettre à la disposition des municipalités
devrait être consacré davantage au logement social où nous
payons 40% du déficit d'exploitation, par exemple. Il y a donc un
partage des responsabilités. Devant ce partage, nous allons assumer nos
responsabilités, dans la mesure de nos moyens, pour le logement social,
où le gouvernement fédéral, à mon humble avis, ne
fait pas assez. Nous allons continuer de permettre, d'encourager les
Québécois à prof iter du régime
fédéral, qui remplace ce que nous avions jusqu'à tout
récemment.
M. Roy: M. le Président, je ne sais pas si le ministre est
au courant, mais il devrait l'être.
Les prêtsqui sont consentis actuellement et qui permettent un
remboursement de l'hypothèque, remboursement de l'intérêt
du fédéral, sont limités aux personnes qui empruntent
directement de la Société centrale d'hypothèques et de
logement et qui acceptent un prêt de 35 ans, alors que la coutume
générale au Québec, pour tous les prêts qui sont
consentis par les caisses populaires, par nos sociétés de
prêts, sont des hypothèques qui varient entre douze et 18 ans dans
la proportion de 80%. Et à partir du fait qu'il n'y ait plus ce 3%,
actuellement les caisses populaires des régions rurales disposent de
capitaux qui seraient en mesure d'assumer du financement hypothécaire
pour permettre à un grand nombre de Québécois d'avoir
accès à la propriété, à leur habitation
familiale. Et à cause de ces exigences du fédéral,
politique unilatérale qui place le Québec, encore une fois, dans
un état de dépendance, politique qui ne concorde pas avec les
besoins...
M. Bacon: A l'ordre!
M. Roy: Je m'excuse, j'ai le droit à ce moment.
M. Levesque: Le député et son parti ont pris plus
de deux heures et demie présentement. On n'a pas dit un mot. Le
député a dit: Je n'ai qu'une question à poser. Mais au
moins qu'il respecte un petit peu le...
M. Roy: II y a cinq heures ici et nous avons le droit de poser
des questions sur différents postes.
M. Lévesque: Pas cinq heures pour un député.
Il y a un règlement.
M. Roy: Non, pas cinq heures pour un député. Je
n'ai pas refusé à aucun député le droit de poser
des questions. Nous avons le droit de poser des questions, il y a cinq heures
de prévues.
M. Bacon: M. le Président, question de...
M. Roy: Et il n'est pas dit à qui les questions devraient
être posées à ce niveau. Je les pose au ministre parce que
je n'ai pas pu me rendre en commission parlementaire lorsque les crédits
des Affaires municipales ont été étudiés, pour la
bonne raison que j'étais dans une autre commission parlementaire. Mais
il s'agit d'un problème qui ne me concerne pas personnellement, c'est un
problème qui concerne des Québécois, la population, qui
attend du gouvernement des mesures adéquates.
La Loi de l'habitation familiale était une loi de juridiction
provinciale, qui a permis à un grand nombre de bénéficier
de prêts de leurs caisses populaires dans les régions rurales.
Soit dit en passant, la Société centrale d'hypothèques et
de logement ne prête pas partout, non plus, alors que les caisses
populaires le font partout. Je veux attirer l'attention du ministre ce soir
pour dire que ça coûterait moins cher au gouvernement actuellement
de prolonger la Loi de l'habitation familiale, parce qu'automatiquement du fait
que ces logements n'existeront pas, le gouvernement devra financer 40% des
fameux HLM, que le ministre appelle les logements sociaux. Moi je dis que tous
les logements du Québec ont une vocation sociale.
C'est la raison pour laquelle je demande au gouvernement et au ministre
ce soir s'il n'y aurait pas possibilité, il y aurait là
économie pour la province, que cette loi revienne de nouveau devant
l'Assemblée nationale. Qu'on la prolonge, qu'on élargisse les
normes pour tâcher que le plus grand nombre possible en
bénéficie, sans accroître toujours notre dépendance
et notre obligation d'aller quémander à Ottawa ce dont nous avons
besoin.
M. Goldbloom: M. le Président, au début de sa
très longue question, l'honorable député de Beauce-Sud
s'est demandé si le ministre était informé. Je suis
obligé, à regret, de vous dire oui, le ministre est
informé, et que le député de Beauce-Sud ne l'est pas,
parce que...
M. Roy: Les renseignements que j'ai donnés sont exacts. Et
vous le savez.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'ai pas interrompu mon
ami de Beauce-Sud. Il y a peu de temps, deux mois peut-être en chiffres
ronds, avec beau-
coup d'insistance de notre part, le gouvernement fédéral a
modifié sa politique. Il n'a plus limité les
bénéfices de sa loi aux seuls emprunteurs de la
Société centrale d'hypothèques et de logement, mais a
admis à ces bénéfices, ceux qui empruntent, d'autres
prêteurs reconnus. Il reste un problème, je le reconnais, je l'ai
déjà dit en Chambre, et sur cela le député de
Beauce-Sud a raison, c'est que, pour des considérations que je ne trouve
pas valables, les caisses populaires n'ont pas encore été
reconnues comme prêteurs. Mais ce n'est pas limité aux seuls
emprunteurs de la société centrale elle-même. Alors, nous
continuons nos efforts afin de faire reconnaître les caisses populaires
comme prêteurs reconnus en vertu de la loi fédérale. Et
avec l'amélioration que nous avons déjà obtenue, je crois
que nous pourrons espérer. Je continue mes efforts auprès de mon
collègue fédéral pour obtenir la reconnaissance des
caisses populaires.
M. Roy: Est-ce que cela veut dire, en guise de conclusion, que la
porte est définitivement fermée aux possibilités que la
loi des 3% revienne devant l'Assemblée nationale? Est-ce que la porte
est définitivement fermée ou si on peut espérer que le
gouvernement revienne sur sa décision à ce niveau?
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord l'honorable
député de Beauce-Sud a demandé si nous avons l'intention
de présenter un tel projet de loi avant l'ajournement de
l'été. La réponse à cette question est
carrément non. Est-ce que la porte est définitivement
fermée? La réponse est également non. La porte n'est pas
définitivement fermée. Nous allons continuer d'examiner le
comportement du marché du logement pour exercer la meilleure influence
qui nous semble justifiée.
Il est évident que nous avons des ressources limitées dans
tous les domaines, que ce soit l'éd uca-tion, l'aide sociale,
l'environnement. Dans tous les domaines, les ressources sont limitées.
Le partage doit se faire selon le meilleur jugement du conseil des ministres.
C'est dans cet esprit que nous allons continuer d'observer le domaine de
l'habitation pour poser les meilleurs gestes possible.
Je me permets de rappelerà l'honorable député de
Beauce-Sud que le ministre de la Justice et le ministre des Affaires
municipales ont conjointement créé un groupe d'étude sur
l'habitation. Nous constatons l'activité de ce groupe et nous attendons
son rapport. Je pense que c'est vers la fin de cette année mais, de
mémoire, je ne voudrais pas l'affir- mer. Quand nous aurons les
recommandations de cette équipe de personnes compétentes, nous
serons mieux placés pour déterminer d'autres
éléments de politique dans ce domaine.
Le Président (M. Blank): Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté.
M. Blank (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission plénière a adopté les
crédits provisoires, un douzième, sans amendement.
Le Président: Ce rapport est-il agréé?
M. Roy: II est agréé, M. le Président. Je
peux parler au nom de l'Opposition, oui?
Première, deuxième et troisième
lectures
Le Président: Très bien.
L'honorable leader parlementaire, pour l'honorable ministre des
Finances, propose les première, deuxième et troisième
lectures du projet de loi no 35.
Est-ce que cette motion est adoptée?
M. Léger: Adopté, M. le Président. Le
Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première, deuxième et
troisième lectures de ce projet de loi. First, second and third reading
of this bill.
M. Levesque: Je suggère que nous ayons sanction demain, M.
le secrétaire général, vers midi.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain, dix heures, avec l'espoir que nous serons le plus nombreux
possible.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'Assemblée ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 29)