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(Dix heures cinq minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Le député de Frontenac.
Rapports sur les projets
de loi privés nos 112, 115, 118,
119, 121, 178, 186 et 192
M. Lecours: M. le Président, au nom de M. André
Marchand, député de Laurier, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des
institutions financières, compagnies et coopératives, qui a
siégé le 12 juin 1975, aux fins d'étudier les projets de
loi privés nos 115, 118, 119, 178, article par article, qu'elle a
adoptés sans amendement, ainsi que les projets de loi privés 112,
171, 186 et 192 qu'elle a adoptés avec des amendements.
M. Levesque: Est-ce que l'on pourrait fermer le dossier des bills
privés dont le rapport vient d'être fait? Ils ont
été adoptés en commission. Comme nous avons cette
situation assez particulière, que nous faisons cela après la
première lecture plutôt qu'après la deuxième, je ne
voudrais pas que cela retarde une étape inutile. Nous avons une sanction
ce soir. Alors, pourrions-nous disposer de ces bills privés,
deuxième et troisième lectures?
Le Président: L'honorable député de
Rivière-du-Loup pour l'honorable député de Mont-Royal
propose la deuxième lecture du projet de loi, deuxième ou
troisième, et les écritures pour le comité. Il faudrait
corriger cela au règlement. Je crois que cette réunion est
prévue pour les prochains jours, avant l'ajournement.
Deuxième et troisième lectures
Le Président: Deuxième et troisième lectures
du projet de loi no 112, Loi concernant Reliure Gala Inc., Gala Bookbinding
Inc. Ces motions sont-elles adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Le député de Saint-Hyacinthe
propose les deuxième et troisième lectures du projet de loi no
115, Loi concernant l'Hôpital général Saint-Vincent-de-Paul
de Sherbrooke, avec la même procédure pour la commission
plénière. Ces motions sont-elles adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Le député de Saint-Hyacinthe
propose les deuxième et troisième lectures, avec les mêmes
modalités, du projet de loi no II8, Loi concernant l'Hôpital
Saint-Charles de Saint-Hyacinthe. Ces motions sont-elles adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second ans third readings of this bill.
Le Président: Le député de Saint-Hyacinthe
propose, avec les mêmes modalités, les deuxième et
troisième lectures du projet de loi no II9, Loi concernant
l'Hôpital Saint-Joseph de Granby. Ces motions sont-elles
adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Le député de Taschereau
propose la deuxième et troisième lectures du projet de loi no
I7I, Loi constituant la Société de réassurance des
mutuelles-incendie du Québec. Ces motions sont-elles adoptées
avec les mêmes modalités?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Le député de Châteauguay
propose les deuxième et troisième lectures du projet de loi no
I78, Loi concernant SEG Inc. Ces motions sont-elles adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Les mêmes modalités.
Le député de Charlesbourg propose la deuxième et
troisième lectures du projet de loi no I86, Loi concernant Estimauville
Land Inc. Ces motions sont-elles adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Les mêmes modalités
égale-
ment. Le député de Louis-Hébert propose les
deuxième et troisième lectures du projet de loi no I92, Loi
concernant le Développement des îles Carillon Inc. Ces motions
sont-elles adoptées?
M. Burns: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première et deuxième
lectures de ce projet de loi. First and second readings of this bill.
M. Levesque: M. le Président, si j'ai bien compris, les
projets de loi suivants ont été adoptés, nos 112, 115,
118, 119, 171, 178, 186 et 192. Merci.
M. Burns: M. le Président, pendant qu'on est dans une
grande collaboration du côté gouvernemental et de l'Opposition,
est-ce que je pourrais, même si ce n'est pas le moment de le faire,
suggérer un amendement à l'avis de motion qui paraît en
appendice au nom de M. Lessard et qui se lit comme suit: "Que cette
Assemblée blâme le gouvernement pour son inaction en ce qui
concerne le développement de l'industrie au Québec". Il faudrait
ajouter, "de l'amiantose", après le mot "industrie". Alors, je
proposerais, si tout le monde y consent, que l'avis de motion soit
modifié en conséquence. C'est une erreur de copiste.
M. Levesque: Autrement dit, cela limite le débat à
la question de l'amiante.
M. Burns: C'est cela.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. Le député de
Bellechasse.
Rapport sur le projet de loi no 19
M. Mercier: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des finances,
des comptes publics et du revenu qui a étudié le projet de loi no
19, article par article, et qui l'a adopté avec un amendement.
Le Président: Rapport déposé.
M. Levesque: M. le Président, je demanderais, à ce
moment-ci, le consentement de la Chambre pour que nous puissions
procéder au dépôt des autres rapports, à mesure
qu'ils seront prêts au cours de la journée.
Le Président: D'accord.
M. Roy: II faudrait, M. le Président, que cette mesure ne
nous limite pas dans le droit de proposer des amendements, si toutefois cela
s'avérait nécessaire. Il faudrait quand même qu'on
prévoie une certaine limite de temps de façon...
M. Levesque: Nous serions prêts à ce
moment-là, si la demande en est faite, de suggérer la
prolongation des délais.
M. Roy: M. le Président, il serait peut-être bon de
l'établir immédiatement, parce que, probablement, il y aura des
députés qui seront en commission parlementaire; ils ne seront pas
mis au courant du moment même où le rapport sera
déposé. Alors, il sera assez difficile, je pense, de pouvoir
surveiller tout ce qui se passe à l'Assemblée nationale, alors
que nous sommes en commission parlementaire.
M. Levesque: D'accord, nous verrons à ce que tous les
droits soient protégés.
M. Tetley: M. le Président, une directive. Le
Président: Oui.
M. Tetley: Je voudrais obtenir une direction au sujet des projets
de loi nos 112, 115, 118, 119. 171, 178, 186 et 192 dont notre leader a
parlé très récemment, il y a quelques instants. Deux des
avocats plaideurs qui sont venus devant nous ont promis quelques documents,
surtout au sujet des noms des compagnies. Je préfère, si c'est
possible, retarder l'adoption de ces lois jusqu'à cet après-midi,
malgré que j'apprécie la vitesse et la rapidité d'action
de notre leader parlementaire.
M. Levesque: Je suggérerais, dans les circonstances, s'il
y avait des changements d'ici cet après-midi, que l'honorable ministre
des Institutions financières, Compagnies et Coopératives en fasse
part à la Chambre, car la sanction n'aura lieu qu'en fin
d'après-midi, entre cinq et six heures. S'il y avait du nouveau, nous
aimerions entendre parler, à ce moment-là, le ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives; nous
pourrons toujours demander la révocation de la troisième lecture
pour retourner en commission plénière s'il y avait des
amendements à suggérer. Si non, nous continuerons comme s'il n'y
avait eu aucune intervention de l'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
M. Tetley: Merci.
Le Président: Une intervention hypothétique.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Rapports sur les projets de loi nos 104, 113, 170,
187, 198
M. Levesque: Nous avons ici des rapports du greffier en loi sur
les projets de loi suivants. Tout d'abord, le projet de loi no 104, Loi
concernant la succession de Joseph-Octave Saint-Pierre; l'avis est
régulier et suffisant et le projet déposé est conforme
à l'avis.
Le projet de loi no 113, Loi concernant cer-
tains lots de cadastre de la cité de Montréal, quartier
Saint-Antoine; l'avis est régulier et suffisant et le projet
déposé est conforme à l'avis.
Le projet de loi no 170, Loi concernant certains terrains de la
cité de Westmount; l'avis est régulier et suffisant et le projet
déposé est conforme à l'avis.
Le projet de loi no 187, Loi concernant la succession de Polyxène
Beaudry et la succession de Jean-Baptiste Beaudry Léman; l'avis est
régulier et suffisant et le projet déposé est conforme
à l'avis.
Finalement, le projet de loi no 198, Loi concernant la ville de
Saint-Laurent; l'avis est régulier et suffisant et le projet
déposé est conforme à l'avis.
Le Président: Rapport déposé.
Présentation de motions non annoncées.
M. Choquette: M. le Président...
Le Président: Le ministre de la Justice.
Réimpression du projet de loi no 50
M. Choquette: Conformément à l'article I24 du
réglementée propose la réimpression du projet de loi no
50, Loi sur les droits et libertés fondamentales de la personne.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. Est-ce qu'il y a lieu de
déférer de nouveau?
M. Choquette: M. le Président, c'est que je n'ai pas le
texte de la réimpression, j'entendais le déposer demain et par la
suite nous pourrions adopter une motion pour déférer le texte
réimprimé à la commission de la justice qui continuerait
ses travaux mercredi, tel que convenu avec nos collègues de
l'Opposition.
M. Burns: D'ailleurs, M. le Président, j'ai
déjà donné au ministre de la Justice mon consentement pour
déposer ce projet et qu'on le fasse revenir dans le sentier qu'il avait
quitté au moment où on l'avait laissé.
Le Président: C'est bien dit.
M. Burns:... leçon bien dite.
Le Président: Présentation de projets de loi au nom
du gouvernement.
M. Levesque: Article i).
Projet de loi no 44 Première lecture
Le Président: Le ministre de l'Agriculture propose la
première lecture de la Loi sur l'assurance-stabilisation des revenus
agricoles. Le ministre de l'Agriculture.
M. Toupin: M. le Président, ce projet prévoit
l'établissement d'un régime d'assurance-stabilisation des revenus
agricoles.
La section I contient les définitions. La section 2
prévoit rétablissement des régimes. La section 3 traite du
fonds d'assurance. La section 4 prévoit la constitution d'une commission
de cinq membres pour l'administration des régimes
d'assurance-stabilisation des revenus agricoles, il prévoit
également le fonctionnement de la commission. La section 5 traite des
enquêtes. La section 6 prévoit la date et le mode de paiement des
cotisations des adhérents. La section 7 prévoit des compensations
et prévoit les pénalités pour infraction à certains
articles de la loi et la section 8 prévoit la signature d'accords avec
le gouvernement du Canada et avec divers organismes pour la mise en application
de la loi.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
Rapport sur l'opéra et la danse
M. Hardy: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport du groupe de travail sur la musique d'opéra et
la danse. Je voudrais faire remarquer que, dans le rapport, il y avait un
document, où c'était indiqué "confidentiel". Mais,
après la rencontre, que j'ai eue hier avec le comité de travail,
je lui ai manifesté mon désir de le déposer, avec le
rapport, bien sûr, afin que l'opinion publique ait une image aussi
complète que possible de ce rapport, dans le but de bien informer
l'opinion publique.
Alors, même la pièce 2, qui était indiquée
"document confidentiel", avec le consentement du président et des
membres du comité, devient une pièce publique. Donc, je
dépose le tout, ce matin.
M. Roy: C'est confidentiel.
M. Samson: Non, c'est la partie de la danse qui devait être
confidentielle.
Le Président: Oui. L'honorable ministre du Travail.
Annexes du rapport Cliche
M. Cournoyer: Juste pour dissiper tout doute, on m'a
recommandé fortement de permettre que les députés aient
accès, gratuitement, au recueil des annexes du rapport de la Commission
d'enquête sur l'exercice de la liberté syndicale dans l'industrie
de la construction. Je le dépose donc, mais je n'en ai pas,
immédiatement, des copies. Je le dépose donc officiellement comme
faisant partie des documents de cette Chambre.
M. Roy: Est-ce qu'il s'agit d'une partie ou de la totalité
de ce qui pourra constituer les annexes?
M. Cournoyer: M. le Président, je vous remets ce que j'ai.
Est-ce que c'est la totalité ou une partie? Seule la commission Cliche
le sait.
M. Burns: Si elle était venue à la commission, elle
aurait pu nous le dire.
Le Président: Questions orales des députés.
L'honorable député de Lafontaine.
QUESTIONS DES DEPUTES Primes
d'assurance-automobile
M. Léger: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, qui va être appelé, maintenant, d'un autre
nom. J'ai besoin d'un court préambule pour bien clarifier ma
question.
Devant le climat d'incertitude concernant l'augmentation des primes
d'assurance-automobile, devant le fait que les compagnies se demandent si elles
vont être étatisées ou non, devant le fait que les
assurés voient deux hausses de primes leur être annoncées
dans la même année et devant le fait que le gouvernement a admis
que le ministère des Institutions financières était
impuissant pour vérifier les données des compagnies concernant
les hausses des primes d'assurance, est-ce que le ministre aurait l'intention
de convoquer une commission parlementaire où comparaîtraient,
premièrement, le surintendant des assurances, pour qu'il puisse
expliquer les réformes qui devraient être faites afin que puisse
être mieux contrôlée la hausse des primes, soit par la
création d'une régie des tarifs, comme il y a la Régie des
transports et la Régie des services publics d'une part, et, où
pourraient comparaître également les compagnies d'assurance.
Elles viendraient justifier publiquement les hausses de primes. Le but
de la commission parlementaire pourrait être, si le ministre l'accepte,
de faire la lumière sur toute la situation et mettre en oeuvre des
mesures d'urgence en attendant la mise en oeuvre du rapport Gauvin.
M. Tetley: M. le Président, ce n'est pas notre intention
de convoquer la commission parlemen- taire. Le conseil des ministres
décidera cet été de ce que nous allons faire au sujet de
l'assurance-automobile.
M. Léger: Une question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre a l'intention de donner suite à
une déclaration fracassante qu'il a faite en janvier 1971, où il
annonçait qu'il donnerait plus de pouvoirs au surintendant des
assurances pour qu'il puisse contrôler les augmentations des primes par
les compagnies d'assurance? Est-ce que le ministre a l'intention de donner
suite à cette proposition de 1971?
M. Tetley: Comme je l'ai dit, M. le Président, le
gouvernement décidera cet été, d'ici quelques semaines, de
la position du gouvernement. Il ne faut jamais oublier que l'industrie de
l'assurance-automobile, au Québec, au Canada et dans le monde, traverse
une période difficile. Il ne faut pas oublier non plus qu'il y a une
espèce de lutte ou de conflit entre les compagnies et les courtiers.
Très récemment, M. Charles Moreau a fait une
déclaration qu'il a rétractée concernant la
nécessité des courtiers. Après, les courtiers ont fait des
déclarations. C'est un problème difficile et qui existe dans les
autres provinces. Je viens de visiter l'Ontario, cette semaine, lundi,
où le problème est peut-être plus aigu. J'ai visité
cette année les trois provinces socialistes, où le
problème est très aigu aussi, où les augmentations sont
peut-être plus élevées qu'ici. Les provinces
sociales-démocrates ou socialistes, NPD, pardon.
M. Léger: Vous pouvez vous tromper sur le nom, mais ce que
vous affirmez, c'est faux!
M. Tetley: Je suis interrompu par quelques commentaires...
M. Léger: On est toujours mêlé dans ses
slogans!
M. Tetley:... au sujet...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Tetley: Qu'elles soient socialistes, NPD ou autrement, elles
ont un problème aigu, des augmentations aiguës de primes et de
coûts, peut-être de 60% dans une de ces provinces.
M. Léger: C'est impossible qu'un ministre réponde
comme cela. Qestion supplémentaire. Je veux bien croire que le ministre
est impuissant, mais qu'il ne l'admette pas ouvertement.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Léger: Le document du BAC, que le ministre n'a pas
voulu déposer, prouvait qu'il y a eu deux augmentations au cours de
l'année, de 10% en janvier I975 et de 15% et de 22% en juillet.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Léger: Suivant cela, au 1er juillet il y aura
une deuxième augmentation. Le ministre peut-il nous dire ce qu'il
entend faire, comme ministre responsable de ce domaine, en attendant l'adoption
ou le rejet du rapport Gauvin et devant le danger d'une troisième
augmentation des primes d'assurance? Puisqu'il ne veut pas convoquer la
commission parlementaire, ne veut pas donner de pouvoirs au surintendant des
assurances et n'est pas prêt à statuer sur le rapport Gauvin,
qu'est-ce que le ministre entend faire, comme mesure d'urgence, pour sauver le
domaine de l'assurance automobile au Québec?
M. Tetley: M. le Président, nous avons déjà
rencontré des groupes d'assureurs, de courtiers. Nous travaillons non
pas pour causer un problème, pas pour l'exagérer, pas qu'il y ait
apparemment...
M. Léger:... cause un problème.
M. Tetley:... mais pour trouver des solutions. Récemment
j'ai demandé à un de...
M. Léger:... Gauvin est une solution.
M. Tetley: Récemment, j'ai demandé à un de
vos collègues, qui critiquait le manque d'assurance d'après lui,
de me donner les noms des gens qui ne pouvaient pas trouver de l'assurance; je
n'ai pas encore reçu les noms. Il m'a parlé de cela la semaine
dernière, et, apparemment, il ne s'occupe pas assez de ses
électeurs pour m'envoyer des noms.
M. Léger: Qu'allez-vous faire? Le Président: A
l'ordre!
M. Léger: L'article I70 dit bien qu'un ministre doit
s'astreindre à répondre à la question posée et ne
pas passer à côté. Le ministre a-t-il une réponse
précise? Que va-t-il faire...
Le Président: A l'ordre! Question additionnelle, le
député de Saguenay et le député de Beauce-Sud aura
une question additionnelle.
M. Lessard: Question additionnelle qui fait suite à la
réponse du ministre. Le ministre voudrait-il dire qu'à chaque
fois que quelqu'un est refusé par un courtier et par une compagnie
d'assurance il faudrait communiquer avec lui, qui ferait, comme le ministre de
la Justice, comme nous l'avons vu l'autre jour, du patronage? Est-ce ce que le
ministre voudrait, que l'on communique avec lui pour régler
problème par problème, personne par personne, assuré par
assuré?
NI. Tetley: M. le Président, dans le cas du député
de Saguenay, c'est oui, parce que, la plupart du temps, il parle à
travers son chapeau.
Le Président: A l'ordre! Le député de
Beauce-Sud, question supplémentaire.
M. Roy: J'aimerais demander au ministre des Institutions
financières quelles sont les raisons sur lesquelles il se base pour ne
pas agir et pour refuser de se doter d'un mécanisme de surveillance qui
lui permettrait d'étudier les demandes de hausse de tarifs, de
façon à s'assurer qu'il n'y ait pas d'abus et que les
consommateurs du Québec soient protégés. Est-ce que ce
sont des raisons d'intérêt? Des raisons politiques? Ou veut-on
simplement retarder le problème jusqu'à la prochaine campagne
électorale? Car, s'il y a des provinces socialistes, je dis que
nous...
Le Président: A l'ordre!
M. Tetley: Ce mécanisme est en marche depuis cinq ans, et
nous avons étudié depuis cinq ans chaque demande des compagnies
d'assurance. Je reçois, pas simplement leur déclaration dans les
journaux et celles des députés mais des demandes. Nos actuaires
et nous étudions les demandes. J'ajoute que nous sommes prêts. Le
député de Beauce-Sud, en Chambre, m'a dit qu'il avait cinq ou six
cas. Je ne les ai pas reçus, pas encore, cela fait quatre mois.
M. Lessard: Vous allez en avoir des cas.
M. Roy: M. le Président, ce n'est pas l'endroit pour
discuter de cas individuels.
M. Lessard: C'est ridicule, votre administration.
M. Tetley: Si vous avez des cas, envoyez-les.
M. Roy: Je veux demander au ministre, puisqu'il a ce
mécanisme, puisqu'il a des actuaires, puisqu'ils étudient, si le
ministère des Institutions financières va donner son approbation
à ces hausses de tarif.
M. Tetley: Comme je vous ai déjà expliqué la
loi, il faut que las compagnies déposent leur tarif, mais nous n'avons
pas le droit, au Québec, ni dans les autres provinces, de
contrôler ces tarifs. Nous n'avons pas le contrôle des prix, ni le
contrôle des intérêts, ni le contrôle des salaires des
ouvriers ou des fonctionnaires, ou le contrôle des salaires et des
profits.
Si vous voulez un système socialiste, levez-vous et dites-le!
M. Léger: Le surintendant des assurances.
M. Tetley: On peut adopter des lois. Mais on ne peut pas
contrôler tout simplement une partie d'une société, d'une
économie.
M. Roy: M. le Président, sur un point de règlement,
je pense qu'il est important qu'on fasse une précision. Nous n'avons pas
demandé de contrôle comme tel, nous avons tout simplement
demandé au ministre si son ministère allait donner son
approbation. C'est ce que je veux savoir.
Le Président: Le chef de l'Opposition officielle.
M. Roy: M. le Président, le ministre avait l'air de
vouloir répondre.
Le Président: A l'ordre! Le chef de l'Opposition
officielle.
Centrales nucléaires
M. Morin: Ma question est destinée au premier ministre. Le
premier ministre fédéral vient d'annoncer un vaste programme
d'exportation de centrales nucléaires de type CANDU. C'est une nouvelle
considérable, qui ne semble pas avoir attiré l'attention de la
presse francophone, ni écrite ni parlée, mais dont on se
réjouit fort dans la presse anglophone.
C'est une nouvelle considérable, mais il semble que nous soyons
laissés pour compte. En effet, on prévoit la construction dans le
monde d'environ 250 centrales nucléaires d'ici quelques années,
et le gouvernement canadien peut certainement espérer en récolter
le quart, soit une soixantaine.
Je voudrais demander au premier ministre s'il est conscient du fait que
la vente de ces quelque 50 ou 60 centrales nucléaires représente
des chiffres d'affaires qui sont quatre fois plus élevés que le
coût de la baie James. J'aimerais lui demander quelle sera la part du
Québec dans cette véritable révolution industrielle qui
est en train de s'esquisser grâce à la politique
fédérale. J'aimerais demander au premier ministre s'il s'est
entretenu avec le premier ministre du Canada de cette question, s'il a
été tenu au courant de ces développements importants.
M. Bourassa: M. le Président, je n'ai pas lu
complètement la déclaration du premier ministre du Canada. Il ne
parlait pas de contrat de vente ou d'accord qui avait été conclu.
C'était plutôt un objectif de la part du gouvernement, qui fait
suite...
M. Morin: ll s'agit d'un programme d'exportation.
M. Bourassa: Oui, mais l'exportation n'avait pas
été conclue. C'est une politique, où le gouvernement
fédéral vise comme objectif d'essayer de vendre ces centrales
nucléaires. Les centrales ont fait leurs preuves, même s'il faut
constater quelques problèmes techniques dans la réalisation de
ces centrales, comme à Pickering, même s'il faut constater les
problèmes d'approvisionnement d'eau lourde. Je pense que le gouvernement
fédéral a certainement le droit de se fixer des objectifs. Quant
à les appliquer concrètement dans un échéancier
très précis, c'est une toute autre question.
M. Morin: M. le Président, je me demande si le premier
ministre est conscient de ce qui se passe. Je vais lui poser une autre
question.
Le Président: Différemment.
M. Morin: J'ai demandé au premier ministre s'il saisit
bien l'importance de la politique d'exportation qui vient d'être
annoncée. Il est vrai qu'il y a eu des difficultés à
l'égard des centrales CANDU, mais devant l'énorme marché
qui s'ouvre dans le monde, le premier ministre du Québec se rend-il
compte que les centrales du type CANDU sont fort bien placées à
l'exportation?
Je répète ma question.
Etant donne que le gouvernement fédéral a annoncé
ce vaste programme d'exportation, qui porte sur plusieurs dizaines de milliards
de dollars, quelle sera la part du Québec.
M. Bourassa: M. le Président, je ne comprends pas pourquoi
le chef de l'Opposition arrive avec cela ce matin, alors qu'il y a une
déclaration de principe. A ma connaissance, il n'y a pas eu d'annonce de
vente de ces centrales ou de contrats qui soient signés. Je ne comprends
pas que le chef de l'Opposition en fasse une question d'urgence nationale. Je
ne crois pas...
M. Morin: Vous ne mesurez pas l'importance de cela.
M. Bourassa: Oui, attendez donc que je finisse ma réponse.
Je crois que le chef de l'Opposition admettra que le gouvernement actuel est
toujours très soucieux de retirer les avantages économiques de sa
collaboration avec le reste du Canada. Je crois qu'on pourrait donner une
quantité... Il faut quand même considérer le stade
où c'en est actuellement. On sait que le Québec, sur le plan
énergétique, possède ses propres richesses, qu'il veut
développer, qui lui donnent des avantages considérables. Dans
deux semaines, la commission parlementaire des richesses naturelles, on pourra
également discuter cette question. Mais le chef de l'Opposition peut
être assuré que le gouvernement fédéral... Je ne
vois pas pourquoi le gouvernement fédéral limiterait ses
marchés ou ses développements à une seule région du
Canada. Je ne crois pas que ce soit la politique actuelle du gouvernement
fédéral. Actuellement, ce n'est pas très précis;
c'est sous forme d'objectifs à moyen terme. Déjà, j'en
avais discuté avec le premier ministre du Canada au mois de janvier, de
cette question d'uranium enrichi et des centrales CANDU.
Lorsque la position du gouvernement fédéral, lorsque les
marchés en cause ou recherchés se présenteront d'une
façon un peu plus précise, nous aurons certainement l'occasion
d'en discuter, M. Trudeau et moi-même. Entre-temps c'est ce que
semble oublier le chef de l'Opposition continuellement au niveau des
hauts fonctionnaires, il y a des discussions sur ces questions, de
manière que le Québec ait toujours sa part dans ces
marchés, pour l'instant, potentiels.
Le Président: Dernière question.
M. Morin: Dernière et double question. Le premier ministre
est-il conscient du fait...
Le Président: A l'ordre s'il vous plaît!
Excusez-moi, je ne voudrais pas être désagréable, mais je
pense que cela fait trois questions où vous débutez par les
mêmes mots. Conscient, vous savez, même si c'est sous forme
interrogative, je crois que la période des questions est uniquement pour
obtenir des renseignements et pas seulement l'opinion ou la conscience du
premier ministre.
M. Samson: On le sait qu'il n'est pas conscient, de toute
façon.
Le Président: Allez. A l'ordre! M. Hardy: Balance
de congrès.
M. Morin: Le premier ministre se rend-il compte que son
opposition, sa méfiance à l'égard de l'énergie
nucléaire est en train de coûter au Québec peut-être
des milliards de dollars et que c'est l'Ontario qui risque de récolter
le gros de ce programme d'exportation?
M. Levesque: M. le Président, il ne s'agit pas d'une
question, je proteste. J'invoque le règlement. Le chef de l'Opposition
devrait reformuler sa question autrement; il veut, par cette formule, faire des
déclarations. Ce n'est pas la période des déclarations;
c'est la période des questions, même pour le chef de
l'Opposition.
M. Morin: Le premier ministre reconnaît-il... C'est une
question, M. le Président, que je veux soumettre au premier
ministre.
M. Levesque: M. le Président... Le Président:
A l'ordre!
M. Levesque:... le chef de l'Opposition récidive. Je ne
sais pas s'il ne comprend pas ou s'il ne veut pas comprendre.
M. Léger: On n'en a pas de période de
déclarations, nous.
M. Bourassa: M. le Président, encore une fois, le Parti
québécois, par le chef de l'Opposition, essaie, d'une
façon détournée, de s'en prendre au développement
de la baie James. Directement ou indirectement, il essaie de s'attaquer
à ce projet, en parlant de la méfiance du gouvernement pour
l'énergie nucléaire. Il n'est pas question de
méfiance...
M. Morin: Vous manquez des contrats qui valent des milliards de
dollars.
M. Bourassa: Non, M. le Président, le chef de l'Opposition
peut être assuré de notre très grande vigilance sur les
bénéfices économiques que tire le Québec de sa
participation au régime fédéral. Je pense qu'on pourrait
le lui démontrer, d'une façon aussi concrète qu'on l'a
fait à l'occasion du dernier budget. Quand on sait la réaction
qu'il a eue et le "flop" qu'il a connu dans ses commentaires sur le dernier
budget du gouvernement du Québec, je ne crois pas qu'il parle avec
tellement d'autorité dans ces questions.
Ce n'est pas parce que nous voulons développer, encore une fois,
les richesses hydrauliques du Québec, que nous sommes l'une des seules
régions du monde à avoir l'avantage de posséder; ce n'est
pas parce que le Québec a décidé de profiter de ses
richesses, qui lui donnent des avantages tout à fait particuliers sur le
plan des coûts, sur le plan de la main-d'oeuvre, sur le plan des
retombées économiques, sur le plan de la technologie que nous
avons automatiquement une méfiance de l'énergie
nucléaire.
Parce que nous sommes privilégiés d'avoir ces richesses,
nous avons décidé de les développer. Cela n'exclut pas une
participation du Québec dans d'autres secteurs
énergétiques le moment venu.
M. Morin: M. le Président...
Le Président: Je vais vous permettre une dernière
question.
M. Morin: Merci. Puisque le premier ministre a fait allusion
à la baie James, qui pour moi aujourd'hui, était une question
accessoire, j'aimerais lui demander s'il pourrait, pour l'instruction des
membres de cette Chambre, déposer avant la convocation de la commission
qui va entendre Hydro-Québec, la lettre adressée par Hydro au
groupe Canadif au sujet du coût de l'électricité dans le
projet d'usine d'uranium enrichi.
Le premier ministre consentirait-il à déposer cette lettre
pour que nous en prenions connaissance avant la commission parlementaire?
M. Bourassa: Je prends avis de la question, je vais en discuter
avec les autorités d'Hydro-Québec.
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
Importation de fromage au Québec
M. Roy: J'aurais une question à poser à l'honorable
ministre de l'Agriculture. Il y a quelques jours, le ministre de l'Agriculture
nous déclarait en commission parlementaire qu'il y avait actuellement au
Québec des surplus de lait. Nous avons appris, ces jours-ci, que la
compagnie Kraft, le plus gros acheteur de la société
coopérative de Granby, avait décidé d'importer une grande
quantité de fromage des Etats-Unis, ce qui a eu pour objet de provoquer
de nombreuses mises à pied, notamment à
Notre-Dame-du-Bon-Conseil.
La question avait été posée à l'honorable
leader du gouvernement et le ministre de l'Agricul-
titre devait nous donner une réponse à ce sujet à
l'Assemblée nationale. J'aimerais demander ce matin au ministre de
l'Agriculture s'il est bien au courant de cette situation, s'il peut faire le
point et nous dire quelles sont les mesures que le Québec a prises ou
entend prendre pour corriger cette situation et éviter que les
agriculteurs du Québec ne subissent des préjudices très
sérieux.
M. Toupin: Je suis actuellement en contact avec les associations
de producteurs et avec le secteur de la transformation. L'étude
complète et totale du problème n'est pas encore
parachevée. Je ne crois pas qu'on puisse avoir de réponse le
moindrement valable avant le début de la semaine prochaine, d'autant
plus que vendredi j'ai des rencontres avec le secteur impliqué. Au
début de la semaine prochaine, je serai en mesure de donner des
précisions sur la situation.
M. Roy: Est-ce que le ministre de l'Agriculture pourrait nous
dire s'il a fait des représentations auprès du gouvernement
fédéral qui, en quelque sorte, a le contrôle des
importations comme des exportations à ce sujet? Y a-t-il eu des contacts
ou des représentations auprès du gouvernement
fédéral?
M. Toupin: Par le passé, oui. Nous avons toujours fait
valoir notre point de vue très clairement auprès du gouvernement
fédéral, et notamment auprès du ministère de
l'Industrie et du Commerce qui négocie les ententes entre pays en ce qui
concerne les contingents d'importation ou d'exportation. Nous l'avons
très clairement mis face à une situation qui deviendrait
difficile si, toutefois, les contingents de fromage extérieurs
augmentaient dans les importations.
Evidemment, cette question sera examinée également et,
s'il y a des pressions nouvelles qui doivent être exercées, nous
les exercerons. J'ai d'ailleurs commencé à en discuter avec mon
collègue de l'Industrie et du Commerce.
Le Président: L'honorable député de
Bellechasse.
Tordeuse des bourgeons de l'épinette
M. Mercier: Je pense que le ministre à qui s'adresse ma
question revient justement à son siège. Ma question s'adresse au
ministre des Terres et Forêts relativement au programme spécial
d'arrosage des forêts concernant le ravage causé par la tordeuse
des bourgeons. On avait annoncé, il y a quelques semaines, un programme
d'arrosage sur différents secteurs forestiers du Québec.
J'aimerais demander au ministre si le programme a été
respecté dans son ensemble, tel que prévu; si oui, s'il y a eu,
justement, des arrosages d'effectués sur les territoires comprenant la
forêt domaniale des Appalaches et également sur la région
de la Chaudière.
M. Drummond: En ce qui concerne toute la question de l'arrosage
contre la tordeuse, je peux dire que les arrosages ont été
effectués selon le programme et les priorités qui ont
été discutés pendant l'étude des crédits du
ministère. Il y a eu certains arrosages dans la forêt domaniale
des Appalaches, je pense bien. Grosso modo, je devrai vérifier pour
toute la région de la Chaudière, mais l'infestation
n'étais pas aussi grave dans cette région que dans d'autres
régions de la province.
M. Mercier: Une question additionnelle, M. le
Président.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire si ce programme d'arrosage
s'effectuait strictement sur les boisés qui sont la
propriété de la couronne ou si les propriétaires de
boisés privés pouvaient bénéficier également
de ces arrosages?
M. Drummond: M. le Président, dans les années
passées, les arrosages étaient strictement sur les terres de la
couronne. Cette année, on a arrosé une surface d'à peu
près 1 million d'acres des forêts privées. De plus, dans le
crédit forestier, on tient compte des besoins futurs en ce qui concerne
le crédit pour ceux qui veulent acheter des insecticides ou de
l'équipement pour combattre la tordeuse à l'intérieur de
leur boisé. A la fin des opérations, cette année,
évidemment, il faut regarder toute la situation, voir comment cela se
présente pour l'année prochaine, déterminer de nouveau nos
priorités et voir comment on peut aider d'une façon logique les
propriétaires de boisé privé. On a déjà eu
des conversations, des discussions, des réunions avec le Syndicat des
producteurs de bois en ce qui concerne le programme de cette année.
C'est bien mon intention d'en discuter avec eux encore.
M. Mercier: Dernière question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si à ce
jour, à la suite des arrosages effectués, il est en mesure
d'évaluer les résultats obtenus et si ces résultats sont
probants?
M. Drummond: M. le Président, on ne peut pas dire tout de
suite si les arrosages de cette année sont efficaces ou non. Selon les
indications, à ce jour, il semble que cela a été bien
fait, mais on fait évidemment un relevé des résultats
après l'arrosage.
Le Président: Le député de Saguenay,
question supplémentaire. Après, le député de
Beauce-Sud.
M. Lessard: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il est
exact que le gouvernement fédéral aurait refusé sa
participation à ces arrosages, tel que c'était prévu en
vertu d'une demande du gouvernement provincial?
M. Drummond: C'est exact et je déplore cette
décision.
M, Lessard: M. le Président, dernière question
additionnelle. Quel est le montant d'argent qu'attendait ou qu'espérait
recevoir le gouvernement provincial dans ce programme?
M. Drummond: M. le Président, c'est une question bien
compliquée parce qu'on ne sait pas encore quelles sont les pertes
possibles, mais ce qu'on va perdre, évidemment, si cela va à
l'extrême, ce sont des emplois en forêt, en usine et tout cela.
C'est un programme très important et je dois dire...
M. Lessard: Le montant du fédéral?
M. Drummond: Peut-être que je peux ajouter une chose. Je
pense que le gouvernement fédéral a laissé entendre, il y
a une semaine, que l'utilisation des insecticides chimiques n'était pas
une bonne affaire, mais il semble avoir changé son point de vue, parce
que j'ai lu, l'autre jour, un de ses communiqués qui disait clairement
que l'utilisation de ces insecticides était nécessaire à
court terme.
M. Lessard: M. le Président, je demandais au ministre
quelle devait être la participation du gouvernement
fédéral, la participation financière, en argent. Quelle
devait être cette participation, $3, 500, 000?
M. Drummond: M. le Président, c'est encore une question un
peu compliquée parce que lorsque l'on est arrivé à
l'entente, il y a quelques années, avec lui, c'était basé
sur un partage qui dépendait du nombre d'acres à arroser. Si ma
mémoire me sert bien, cela aurait été, pour l'année
dernière, environ $3 millions et on va recevoir seulement $1, 800, 000,
je pense bien, et rien pour cette année.
Le Président: Le député de Beauce-Sud,
question additionnelle.
M. Roy: M. le Président, à la suite des
réponses du ministre, j'ai pu me rendre compte que le ministre ne
semblait pas informé de la gravité de la situation dans la
région de la Chaudière. J'aimerais demander au ministre s'il
pourrait demander un rapport aux officiers de son ministère pour
être informé de la situation, parce qu'il semblerait que les
propriétaires de plantations connaissent actuellement des
difficultés extrêmement sérieuses de ce côté
et sont menacés de pertes considérables, voire même de
pertes totales.
J'aimerais demander en deuxième lieu si le ministre envisage des
mesures compensatoires, des mesures d'aide pour ces personnes qui ont quand
même risqué et investi quelques milliers de dollars.
M. Drummond: M. le Président, étant donné
que le député de Beauce-Sud joue un peu à la
démagogie, je vais émettre un communiqué dans une semaine,
sur le sujet, pour donner l'état de la situation. Je peux ajouter que
même s'il y avait une dévastation cette année, cela ne veut
pas dire que tous ces arbres vont mourir tout de suite. Je ne peux pas laisser
cette impression. C'est quelque chose qui est progressif. Je ne veux pas que
les gens soient pris de panique.
M. Roy: J'aimerais demander, comme question additionnelle au
ministre...
Le Président: Dernière, dernière.
M. Roy:... pourquoi, lorsque les questions sont posées par
le député de Bellechasse, ce n'est pas de la démagogie, et
lorsque la question est soulevée par le député de
Beauce-Sud, c'est de la démagogie. J'aimerais quand même savoir
s'il y a une façon particulière
M. Mercier: Parce qu'elleaété posée par un
homme intelligent.
M. Roy:... de la part du ministre des Terres et Forêts de
considérer la question. Et j'ai demandé au ministre c'est
la réponse que je veux obtenir s'il accepterait de demander aux
officiers de son ministère de nous fournir un rapport sur la situation.
Je veux que le ministre soit informé.
M. Drummond: M. le Président, on suit, depuis quelques
années, l'évolution de la tordeuse. Ce n'est pas une question de
ne pas savoir, on suit cette évolution. Et, à un moment
donné, il faut choisir où on va arroser et cela a
été longuement discuté pendant l'étude des
crédits du ministère, à savoir comment on établit
les priorités. On ne peut pas tout arroser. On ne peut pas tout
faire.
Dans la région de La Chaudière et plusieurs régions
au sud, il s'agit surtout de boisés privés, pas des terres de la
couronne. Comme je l'avais dit en réponse au député de
Bellechasse, pour la première fois cette année, on a
essayé de faire quelque chose pour aider les propriétaires de
boisés privés. Dans le crédit forestier, il y aura
possibilité d'aide additionnelle pour les propriétaires des
boisés privés parce qu'on veut les aider. Mais je ne suis pas le
propriétaire de tous les boisés du Québec. On peut aider
à trouver des solutions, mais on ne peut pas tout faire.
Le Président: Bon. Je vais permettre deux courtes
questions mais il ne faudrait pas qu'il y ait de question
supplémentaire.
L'honorable député de Saint-Jacques et l'honorable
député de Rouyn-Noranda.
Institut Anbar de Chambly
M. Charron: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Je voudrais demander au ministre s'il peut nous
dire s'il a fait enquête à l'Institut Anbar de Chambly, suite
à la demande de mise en tutelle faite l'hiver dernier. Et, est-ce qu'il
a fait enquête pour vérifier les faits allégués par
le personnel concernant les
soins dispensés dans cette institution? Finalement, est-ce que le
ministre accepterait de déposer non seulement le fruit de cette
enquête, si elle a eu lieu, mais également les états
financiers de cette institution à but lucratif, qui lui sont remis
à chaque année?
M. Forget: M. le Président, cette question remonte
à plusieurs mois. A l'époque, des fonctionnaires du
ministère s'étaient rendus sur place pour constater si les
allégations de certains employés de rétablissement en
question étaient véridiques ou non.
Les rapports que j'ai reçus et les conclusions qu'ils en ont
tirées sont à l'effet que ces plaintes étaient, dans leur
ensemble, non fondées, ce qui ne veut pas dire qu'aucune
amélioration ne soit possible, mais que, dans l'ensemble, ces plaintes
étaient non fondées.
D'ailleurs, quelques mois ou quelques semaines après,
l'association des parents des enfants qui sont placés à cet
établissement endossait et prenait à son compte également
ce point de vue.
Dans les circonstances, je ne crois pas qu'il soit raisonnable de
déposer des documents qui sont des documents administratifs et qui ne
révèlent certainement pas de carences graves, tel que l'avaient
allégué un certain nombre de ces employés.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
Immigrants chiliens au Québec
M. Samson: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de l'Immigration. Nous apprenons, ce matin, qu'Ottawa
recevra I00 prisonniers chiliens. Je veux savoir, du ministre de l'Immigration,
d'abord combien de ces personnes viendront habiter le Québec, et je veux
savoir du ministre de l'Immigration s'il a été consulté
à cet effet, s'il en a pris connaissance.
Ces prisonniers chiliens, qui viendront au Canada sont
considérés, puisqu'ils étaient des prisonniers, comme
étant des communistes.
Le Québec fera-t-il parvenir un avis à Ottawa, compte tenu
des autres dossiers qui sont suivis, présentement, par le ministre de
l'Immigration, à savoir la famille Kiamminsky, par exemple, qui est
menacée de déportation et qui a demandé asile politique
justement parce qu'elle a refusé d'adhérer au parti communiste
dans son pays? Egalement, le ministre de l'Immigration pourra-t-il faire
parvenir un avis à son collègue fédéral, en lui
parlant aussi du cas de l'ancien ambassadeur de la République
centrafricaine, à l'UNESCO, M. Mokambo Bambote, qui, lui aussi, est
menacé de déportation pour des raisons semblables?
Je vais essayer de synthétiser, M. le Président, parce que
je ne voudrais pas revenir en question supplémentaire. Comment peut-on
concilier le fait que, d'une part, on menace des gens de déportation
parce qu'ils ont demandé refuge politique pour des raisons politiques,
justement, et, d'autre part, le fait qu'on permette à des gens de venir
au pays qui le font pour des raisons politiques?
J'aurais peut-être des questions supplémentaires à
poser demain, M. le Président, mais je vais attendre avec beaucoup
d'intérêt la réponse du ministre.
M. Bienvenue: Vu la longueur de la question, M. le
Président, vu les nombreux volets qu'elle contient, le
député de Rouyn-Noranda aurait-il objection à ce que je
relise sa longue question dans le journal des Débats et que je lui donne
une réponse demain, au meilleur de ma connaissance? D'autant plus que
dans le cas des 100 Chiliens dont il parle, je l'apprends pour la
première fois de la bouche du député de Rouyn-Noranda.
D'accord? Demain, j'essaierai, le plus brièvement et le plus lucidement
possible, de répondre à tous et chacun des volets.
Le Président: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. Levesque: M. le Président, en réponse à
des questions, au feuilleton d'hier, article 29, question de M. Bellemare. Je
propose que cette question soit transformée en motion pour
dépôt de document.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Levesque: Dépôt par M. Mailloux.
M. Mailloux: Document déposé.
M. Levesque: Article 30, question de M. Bellemare, réponse
de M. Choquette.
Pour M. Choquette, lu et répondu, (voir annexe)
A mesure que je recevrai des réponses, quel que soit le jour,
j'ai l'intention d'en faire le dépôt.
M. le Président, pouvons-nous revenir, pour un instant, tel que
convenu, au dépôt de rapports de commissions élues? Il
s'agirait du rapport de la commission ayant étudié la Loi sur le
crédit forestier, projet de loi no 11.
Le Président: L'honorable député de
Nicolet-Yamaska.
Rapport sur le projet de loi no 11
M. Faucher: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts, qui a étudié le projet
de loi no 11, Loi sur le crédit forestier, article par article, et l'a
adopté avec un amendement.
Le Président: Rapport déposé.
Projet de loi privé no 91
Commission plénière et troisième
lecture
M. Levesque: M. le Président, à l'article 5 du
feuilleton, nous avions retardé cette étape jusqu'à
aujourd'hui. Pourrions-nous procéder immédiatement aux
écritures et à la troisième lecture du projet de loi no
91?
Le Président: Le projet de loi no 91.
M. Levesque: Un projet de loi de député.
Le Président: II faudrait faire les écritures de la
commission plénière et l'adoption du rapport de la commission
plénière.
L'honorable député de Dubuc propose la troisième
lecture du projet de loi no 91, Loi du Collège régional du
Saguenay.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté, M. le Président. Le
Président: Adopté.
M. Levesque: Article 6, M. le Président. Il y avait une
urgence qui a été signalée aux membres de cette
Assemblée et particulièrement à ceux de la commission.
Pourrions-nous, à ce moment-ci, M. le Président, procéder
à la prise en considération du rapport et à la
troisième lecture du projet de loi no 7?
Projet de loi no 7
Rapport sur le projet de loi et troisième
lecture
Le Président: L'honorable député de Shefford
propose l'adoption du rapport de la commission permanente des transports, des
travaux publics et de l'approvisionnement.
Cette commission a étudié le projet de loi no 7, Loi
modifiant la Loi de l'expropriation, article par article, après la
deuxième lecture. Ce rapport est-il agréé?
M. Burns: Agréé.
Le Président: La troisième lecture. L'honorable
ministre de la Fonction publique pour l'honorable ministre des Transports,
propose la troisième lecture du projet de loi no 7, Loi modifiant la Loi
de l'expropriation.
M. Samson: M. le Président, le ministre de la Fonction
publique n'a pas l'air d'accord.
M. Roy: Est-ce qu'il n'aurait pas été
consulté?
M. Parent (Hull): M. le Président, je suis bien
d'accord.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Motion pour faire siéger la commission du
travail
M. Levesque: M. le Président, tout d'abord, nous allons
ajourner la Chambre ainsi que les commissions à midi, pour reprendre
à quinze heures. Avant d'entreprendre les articles 4 et 2 du feuilleton,
je propose que la commission du travail, de la main-d'oeuvre et de
l'immigration se réunisse au salon rouge immédiatement, afin de
poursuivre l'étude, article par article, des projets de loi nos 33 et
27.
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président. Le
Président: Que l'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre, messieurs!
Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable leader du
gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Parent
(Hull), Mailloux, Saint-Pierre, Choquette, Garneau, Lalonde, Lachapelle,
Coumoyer, Goldbloom, Simard, Quenneville, Hardy, Tetley, Drummond, Lacroix,
Bienvenue, Forget, Massé, Harvey (Jonquière), Vaillancourt,
Cadieux, Houde (Fabre), Desjardins, Perreault, Brown, Fortier, Bacon,
Bédard (Montmorency), Séguin, Saindon, Cornellier, Houde
(Limoilou), Lafrance, Pilote, Lamontagne, Fraser, Picard, Gratton, Assad,
Carpentier, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Pelletier,
Shanks, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault, Boutin,
Chagnon, Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Déom,
Déziel, Dufour, Harvey (Dubuc), Lapointe, Lecours, Malépart,
Massicotte, Mercier, Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain,
Tremblay, Vallières, Verreault, Morin, Burns, Léger, Charron,
Lessard, Samson, Roy, Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 82 Contre: 0
Le Président: Cette motion est adoptée et la
commission peut siéger immédiatement.
Votes à main levée en commission
M. Burns: M. le Président, c'est une question de directive
que j'aimerais vous poser à ce stade-ci. Il a été
porté à ma connaissance que dans une commission parlementaire,
entre autres, on avait, de la part du président,
interprété, à mon avis, strictement le règlement.
Ce n'est pas une question de blâmer le président, ni qui que ce
soit. Je voudrais que cela soit mis de côté. Mais on a
interprété, du côté de la présidence de cette
commission, le fait que les votes par voie nominative n'étaient pas
réglementaires et que le seul vote qui, normalement, devait être
enregistré dans une commission parlementaire était un vote par
voie de main levée.
Je pense que nous avons déjà une coutume établie.
Même si le règlement strictement ne dit pas que le vote nominatif
existe en commission, nous avons cette coutume établie que, quand un
député quel qu'il soit demande le vote en commission, le
président appelle le rôle nominatif des membres de cette
commission, les uns après les autres. Les uns se prononcent en faveur,
les autres contre.
Je soumets qu'il est particulièrement important que vous donniez
une directive à cet effet, parce que le vote en commission, à mon
humble avis, n'a aucun sens s'il n'est qu'à main levée. La raison
en est la suivante, c'est que, si le vote nominatif n'existe pas, il n'y a
aucune façon d'enregistrer au journal des Débats que tel
député a voté en faveur de telle motion ou que tel membre
de la commission a voté dans tel ou tel sens.
Alors, je vous demanderais, M. le Président, peut-être pas
maintenant, peut-être pas immédiatement, de nous donner une
directive là-dessus, surtout peut-être de la donner au
président, pour que la coutume qui était, je pense,
établie de façon très claire, puisse se continuer et que,
lorsqu'un député demande un vote, on fasse l'appel du rôle
nominatif des députés en commission et qu'ils puissent se
prononcer en faveur ou contre la motion en question.
Le Président: Le député de Viau.
M. Picard: Je ne sais pas si c'est une question de
privilège, mais j'avais l'honneur de présider cette commission
lorsque le député de Lafontaine a demandé un vote et j'ai
invoqué l'article 149 de notre règlement qui dit bien: "Les votes
en commission ont lieu à main levée. Le président ne vote
pas sauf en cas d'égalité des voix. " J'ai toujours eu
l'impression que si le règlement avait voulu dire autre chose, il
l'aurait dit. Il est bien précis, il dit d'une façon bien
précise, "les votes en commission". Alors, je ne vois pas de quelle
façon on peut invoquer la coutume. Personnellement, lorsque j'ai
présidé des commissions, les votes n'ont jamais été
enregistrés.
Le Président: C'est un...
M. Roy: Je voudrais quand même ajouter quelque chose. Le
député de Maisonneuve a parlé de tradition tout à
l'heure. Nous avons eu l'occasion de siéger dans de nombreuses
commissions parlementaires, et que ce soit en commission parlementaire de
l'agriculture, que ce soit en commission parlementaire des terres et
forêts ou autres, les votes se sont toujours pris de façon
nominative. Il n'y a pas que les dispositions de l'article 149 qui
prévalent, il y a également les coutumes de la Chambre.
Le Président: C'est un point très
intéressant d'ailleurs qui est soulevé par les
députés qui ont fait une intervention sur cette question. Il est
vrai que la lettre du règlement dit bien, d'ailleurs c'est la vieille
coutume, l'ancien règlement prévoyait également qu'en
commission il n'y avait jamais de vote enregistré. Le point
soulevé par le député de Maisonneuve est
véridique.
Si l'appel nominal est fait, c'est justement pour vérifier, avec
notre système moderne de commissions, si ce sont bien les membres
effectifs de la commission qui s'expriment. Il y a ambiguïté sur
cette question. J'aimerais que les présidents des commissions et que les
autres députés considèrent cette difficulté.
Egalement, l'honorable député de Viau a raison, parce que le
droit écrit, reconnu dans notre droit parlementaire, a priorité
sur une coutume. Même la coutume ne peut pas renverser le droit
écrit.
Je crois que c'est une modification qu'il faudrait apporter et
considérer. J'aimerais avoir l'opinion des présidents des
commissions et des autres députés pour qu'on fasse
peut-être un correctif à notre règlement à la
réunion de la commission qui aurait lieu, je l'espère,
très prochainement, avant la fin de la présente partie de la
session.
L'honorable député de Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Sur cette question de
règlement, étant donné qu'on parle de coutume, est-ce
qu'antérieurement je ne faisais pas partie de ce Parlement
il n'était pas coutume aussi qu'un député qui
n'était pas membre d'une commission ait le droit de parole, sans avoir
le droit de vote? Est-ce qu'on ne pourrait pas regarder cette chose-là
aussi?
M. Burns: Je suis entièrement d'accord, M. le
Président. J'ai toujours été d'accord, d'ailleurs, que
tous les députés aient le droit de parole en commission.
M. Hardy: Moi aussi.
M. Burns: D'ailleurs, je signale justement que le ministre des
Affaires culturelles, lorsque nous avons révisé le
règlement, était entièrement d'accord avec moi, sauf que,
du côté gouvernemental, on n'a pas accepté cette position.
Il y a le vieil adage anglophone: "You can't eat your cake and have it. " C'est
bien simple, il va falloir suivre la règle et ce sera la règle
pour tout le monde.
Le Président: L'honorable vice-président de
l'Assemblée aimerait ajouter quelques mots.
M. Lamontagne: Je suis bien heureux qu'on ait soulevé
cette question, de l'article 149. Je voudrais informer les membres de cette
Assemblée que c'est une directive qui a été donnée
aux présidents de commissions de respecter l'article 149 jusqu'à
ce qu'il soit modifié, sachant, lors de cette directive, qu'une
commission ad hoc devait étudier à nouveau les
règlements.
Evidemment, c'est une question à soulever, mais, tant que
l'article 149 n'est pas modifié, il est assez difficile pour les
présidents de commissions de ne pas s'y conformer. Je souhaite que,
dès la semaine prochaine, on y apporte un amendement, si possible.
M. Burns: Je ne veux pas faire un débat là-dessus,
mais je pense que c'est quand même une
directive à très courte vue. Peu importe, M. le
Président, comme vous l'avez dit, on va en discuter. Je veux simplement
mentionner le fait, avec votre permission, que M. Lessard, député
de Saguenay, a inscrit une motion de blâme, en vertu de l'article 24 de
notre règlement. Techniquement, cette motion ne pourrait pas être
appelée avant mercredi prochain, sauf qu'après avoir
discuté avec le leader du gouvernement il semble que le moment le plus
propice d'étudier cette motion serait demain. Cela me prendrait, pour
que ce soit recevable, le consentement de la Chambre. Je le demande, à
ce moment-ci.
M. Levesque: Nous sommes heureux de donner notre
consentement.
Le Président: Nous pourrions nous entendre pour le partage
du temps.
M. Levesque: Un nouveau rapport nous parvient, cette fois, du
député de Taillon, rapporteur de la commission élue
permanente des affaires municipales relativement à trois projets de loi
privés.
Rapports sur les projets de loi privés nos 195,
190 et 191
M. Leduc: Qu'il me soit permis de déposer le rapport de la
commission élue permanente des affaires municipales qui a
siégé le 17 juin 1975 afin d'étudier le projet de loi
privé 195, Loi concernant la ville de Jonquière, article par
article, qu'elle a adopté sans amendement.
La commission a aussi étudié les projets de loi
privés no 190, Loi concernant la ville de Châteauguay-Centre et la
ville de Châteauguay, et no 191, Loi modifiant la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal, article par article, projets de
loi qu'elle a adoptés avec amendements.
Le Président: Rapport déposé. Est-ce qu'il y
a lieu de faire avancer ces projets de loi?
M. Levesque: Est-ce qu'on pourrait faire comme pour les autres
bills privés qui ont subi le même sort ce matin?
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Deuxièmes lectures, commission
plénière et troisièmes lectures
Le Président: Le député du Lac-Saint-Jean
propose les deuxième et troisième lectures du projet de loi no
195, Loi concernant la ville de Jonquière, avec les écritures
pour la commission plénière.
Ces motions sont-elles adoptées?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Le député de Châteauguay
propose les deuxième et troisième lectures du projet de loi no
190, Loi concernant la ville de Châteauguay-Centre et la ville de
Châteauguay, avec les mêmes modalités pour la commission
plénière.
Ces motions de deuxième et troisième lectures sont-elles
adoptées?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
Le Président: Le député de Viau propose les
deuxième et troisième lectures du projet de loi no 191, Loi
modifiant la Loi de la communauté urbaine de Montréal,
également avec les écritures pour ce qui est de la commission
plénière.
Ces motions de deuxième et troisième lectures sont-elles
adoptées?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième et troisième
lectures de ce projet de loi. Second and third readings of this bill.
M. Levesque: Article no 4.
Projet de loi no 46 Deuxième lecture
Le Président: Le ministre des Affaires culturelles propose
la deuxième lecture du projet de loi no 46, Loi concernant la garantie
de certains prêts aux éditeurs et libraires et modifiant la Loi de
l'aide au développement industriel du Québec.
M. Denis Hardy
M. Hardy: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et en recommande l'adoption par cette
Assemblée.
En déposant, hier, avec le consentement unanime des membres de
cette Chambre, la Loi concernant la garantie de certains prêts aux
éditeurs et libraires et modifiant la Loi de l'aide au
développement industriel du Québec, et en demandant au leader
parlementaire du gouvernement de la faire adopter avant l'ajournement de la
première partie de la présente session, à la veille de mon
départ pour la France, je ne faisais que marquer davantage le
caractère d'urgence de la mesure que je propose à votre
réflexion aujourd'hui.
M. le Président, l'édition et, dans une large mesure, le
commerce de la librairie sont affectés d'un mal persistant, soit la
non-rentabilité, et ce malgré les différentes mesures
adoptées au cours des dernières années, tels les
arrêtés en conseil, base de la politique du livre,
promulgués par mon prédécesseur en 1971. Les causes de
cette non-rentabilité sont bien connues.
Les voici: une clientèle d'usagers insuffisante, des coûts
de fabrication, des frais de production et d'administration
élevés, des tirages, à quelques exceptions près,
trop faibles, des catégories d'ouvrages, tels les travaux scientifiques,
les ouvrages pour la jeunesse, la plupart des romans et de recueils de
poésie, qui comportent des risques financiers importants.
Enfin, l'inflation a touché le monde du livre comme elle a
affecté tous les autres secteurs de notre société,
augmentant notamment les coûts de transport. A lui seul, le prix du
papier a augmenté de près de 50% en deux ans. Le salaire minimum
s'est accru de 40% en trois ans, frappant très durement nos petites
maisons d'édition et nos libraires.
Cette situation difficile nous oblige à nous pencher
sérieusement sur l'ensemble du problème et à tenter de le
régler d'une façon globale. Une loi-cadre s'impose, loi qui
assurerait une présence du livre aussi étendue que possible,
à des prix abordables pour le consommateur, loi qui mettrait tout en
oeuvre pour développer le goût de la lecture dès
l'école et veillerait à laisser entre les mains des
Québécois l'industrie et le commerce du livre.
Bref, il nous faut reprendre le problème dans son entier
plutôt que de légiférer ou d'adopter des mesures
administratives à la pièce, qui ne font trop souvent que colmater
des brèches sans pour autant régler les problèmes de
façon permanente.
J'ai la ferme intention de présenter à cette Chambre une
loi-cadre d'ici quelques mois. Une équipe, dirigée par le nouveau
sous-ministre adjoint, responsable du livre et de l'édition, y travaille
présentement. Des consultations se poursuivent avec l'ensemble du
milieu. Nous effectuons ou nous faisons effectuer certaines études
spécialisées, notamment sur l'aspect économique de la
question. Mais, parce que l'élaboration d'une politique du livre au
moyen d'une loi-cadre requiert plus de temps que prévu, j'ai
décidé de vous présenter ce projet de loi sur la garantie
des prêts aux éditeurs et aux libraires, cette loi permettant de
régler un problème immédiat et grave qui se pose dans le
monde du livre.
En effet, l'industrie québécoise du livre connaît
présentement une crise grave, très grave même. A l'automne
I974, trois librairies anglophones importantes de Montréal ont
été virtuellement mises en faillite. Les plus pessimistes
prédisent, pour l'automne prochain, la fermeture de près du tiers
des librairies agréées du Québec.
Ce projet de loi portant sur la garantie des prêts aux
éditeurs et aux libraires permettra à ceux-ci d'avoir
accès à un crédit auquel ils n'ont que fort difficilement
accès à l'heure actuelle. Edi- teurs et libraires
bénéficieront ainsi de marges de crédit de même
importance que celles généralement accordées par les
banques aux autres industries et aux autres commerces de même
importance.
Des représentants des banques canadiennes nous ont
confirmé, au cours de rencontres tenues au mois de juillet, que ces
institutions ne sont pas ou peu intéressées à accorder du
crédit à ceux qui, éditeurs ou libraires, exercent le
commerce du livre. Pourquoi? Parce que ces gens considèrent qu'un livre
peut rester indéfiniment sur des tablettes, parce qu'ils ont
déjà perdu des sommes considérables dans des faillites,
dont la plus retentissante fut sans contredit celle du Centre de psychologie et
de pédagogie, parce qu'ils n'ignorent pas qu'un manuel scolaire, une
fois rayé de la liste des ouvrages reconnus par le ministère de
l'Education, est exclu des achats des commissions scolaires.
Editeurs et libraires ont donc des difficultés à respecter
leurs engagements dans un tel contexte. En somme, les institutions
prêteuses ne reconnaissent pas une valeur de garantie au stock des
éditeurs et des librairies, de même qu'à une large
proportion des comptes à recevoir, d'où leur réticence
à consentir des prêts. Pourtant, comme tout industriel ou
commerçant, éditeurs et libraires ont besoin de contracter des
prêts à court terme soit pour s'assurer de la liquidité ou
pour surmonter des crises temporaires.
Tel est essentiellement l'objet de la loi sur la garantie des
prêts aux éditeurs et aux libraires, dont voici les principales
dispositions. C'est la Société de développement industriel
du Québec qui sera chargée, sous l'autorité du
ministère des Affaires culturelles et en collaboration avec son service
des lettres et du livre, d'accorder ou de refuser, sur décision du
ministre et, le cas échéant, l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil, la garantie prévue par cette loi en
faveur des éditeurs et des libraires agréés qui rempliront
les conditions prévues à la loi et aux règlements. C'est
là l'essentiel de l'article 2 de cette loi.
Les articles 28 à 31, en amendant la Loi de l'aide au
développement industriel, permettra à la Société de
développement industriel d'administrer ce programme du ministère
des Affaires culturelles. En aucun cas, la garantie accordée par la
Société de développement industriel ne pourra
dépasser l'ensemble de 75% des livres admissibles dont l'emprunteur est
propriétaire, valeur établie au prix coûtant
dévalué, selon les règlements, et 75% de la valeur des
comptes à recevoir de l'emprunteur sur vente de livres, valeur
établie après dévaluation selon les règlements et
déductions des mauvaises créances.
C'est dans cet article 4 que les éditeurs et les libraires
agréés pourront trouver véritablement accès au
crédit. Désormais, il sera tenu compte de 75% de la valeur de
leur inventaire et de 75% de leurs comptes à recevoir, ce qui est
nettement plus que ce que les institutions prêteuses considèrent
en ce moment, dans le cours normal de leurs opérations.
Qui pourra bénéficier de la garantie? Les personnes dont
l'une des activités principales est l'édition et les personnes
qui sont des libraires agréés. Ces personnes, qu'elles soient des
personnes physiques ou des personnes morales, telles des compagnies, des
corporations ou des coopératives, devront être canadiennes et la
majorité de leurs directeurs domiciliés au Québec. En
d'autres termes, les personnes physiques doivent être des citoyens
canadiens ou des immigrants reçus domiciliés au Québec.
Les personnes morales doivent être possédées
majoritairement et dirigées par des citoyens canadiens domiciliés
au Québec.
Les publications, telles que périodiques, revues savantes ou
autres, les journaux quotidiens et hebdomadaires sont exclus de l'application
de la loi que je propose actuellement. Cela ne veut pas dire que nous nous
désintéressons du problème des périodiques. Il y a
des études, actuellement, qui sont en cours, au ministère des
Affaires culturelles, et j'aurai une politique à proposer d'ici quelques
semaines, concernant le problème des périodiques.
D'autre part, les livres pour enfants, bandes dessinées, les
publications traitant uniquement de musique et les publications en série
seront admissibles.
Les articles 13 et 15 à 19 reprennent essentiellement les
articles 2 à 14 de la Loi de l'aide au développement industriel
du Québec, en décrivant le processus à suivre pour
bénéficier de la Loi des prêts garantis aux
éditeurs.
Le gouvernement veut donc traiter en homme d'affaires avec les
éditeurs et les libraires; c'est dire que nous n'avons pas l'intention
d'accorder notre garantie sans avoir, au préalable, examiné tous
les aspects de la demande, et nous être assurés que le risque est
bien calculé, pour reprendre une expression populaire dans le domaine
des affaires.
L'article 21 prévoit qu'en cas de défaut de l'emprunteur
garanti, ou lorsqu'il a obtenu une garantie au moyen de fausses
déclarations ou de fraude, ou lorsqu'il a employé toute partie
des sommes empruntés sur la garantie à des fins autres que celles
pour lesquelles l'emprunt a été garanti, ou lorsque le montant du
prêt dépasse les limites fixées par l'article 4 de la SDI,
cette dernière pourra le déclarer déchu du
bénéfice du terme et exercer les autres recours civils que lui
confèrent la loi et les documents contractuels.
L'article 25 traite des sanctions dans les cas de fausse
déclaration, de fraude ou de tentative de fraude, ou de toute autre
infraction à la loi et aux règlements. Les amendes sont d'au
moins $500 et d'au plus $2, 000 ou du montant de la garantie en jeu.
Telles sont les principales dispositions de cette loi. En conclusion, je
désire rappeler, une fois de plus, que cette loi, réclamée
par les milieux professionnels du livre, notamment par l'Association des
libraires du Québec et par l'Association des éditeurs canadiens,
ne remet pas en question le projet de loi-cadre sur le livre. Elle tient lieu,
tout au plus, de mesure temporaire pour tirer du marasme le commerce du livre
gravement affecté par l'inflation galopante des dix-huit derniers mois.
Il s'agit, je le répète, d'une mesure d'urgence à court
terme. Il reviendra à la loi-cadre sur le livre de planifier à
court, moyen et long termes et d'assurer à cette industrie des assises
qui lui permettront de jouer le rôle essentiel, vital même, qu'elle
doit jouer dans le développement culturel des
Québécois.
Le Vice-Président (M. La montagne): Le
député de Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, ce n'est pas souvent que
l'Opposition, face à un projet de loi qu'elle s'apprête à
qualifier de solution d'urgence, de "patchage", de solution de dernière
minute, qui fait suite à l'échec de politiques
précédemment implantées par le gouvernement, peut
commencer cette critique et la décrire en partant des aveux mêmes
du ministre qui présente le projet de loi. Je pense que, même lui,
aujourd'hui, s'est senti obligé de reconnaître que cette loi
arrive et requiert un débat d'urgence uniquement parce que nous sommes
encore, cinq ans après la prise du pouvoir par ce gouvernement, sans une
loi-cadre dans le domaine du livre.
Sans aucun doute, M. le Président, il s'agit là d'un autre
projet de loi d'urgence, né dans une situation catastrophique et fait
pour éviter une catastrophe encore plus grande; un projet de loi, comme
le dit le ministre presque textuellement, fait pour sauver les meubles, pour
prolonger l'agonie de certaines entreprises de l'industrie de l'édition
ou de certains libraires.
Autrement dit, si cela n'a pas été dit aussi clairement
dans l'intervention du ministre, pouvons-nous dire que si cette loi
n'était pas adoptée avant l'ajournement d'été, il
se pourrait qu'un grand nombre d'industries de l'édition et de la
librairie au Québec, parmi les plus importantes, parmi celles que, en
façade, sur papier, on jugerait les plus rayonnantes et les plus solides
soient, au moment où nous nous retrouverions à l'automne, en
danger de ne plus exister.
Quand le ministre se voit même obligé d'affirmer que, sous
sa tutelle ou sous celle de son prédécesseur, la maladie qui
afflige l'industrie du livre québécois n'a fait qu'augmenter, ce
n'est pas l'Opposition qui le dit, c'est celui qui a présenté le
projet de loi.
Le ministre des Affaires culturelles aurait même pu ajouter, si,
évidemment, la souffrance n'était pas déjà assez
grande de reconnaître sa propre faiblesse, qu'une des raisons de
l'accentuation de la maladie qui n'est pas une maladie soudaine, qui est
une maladie chronique depuis plusieurs années de l'industrie du livre au
Québec c'est précisément une des rares
interventions de son gouvernement dans ce domaine. En effet, non seulement la
politique du livre annoncée en 1972, par l'ancien ministre des Affaires
culturelles, aujourd'hui titulaire de l'Education, n'a-t-elle pas
réglé ce que, pompeusement, selon sa bonne habitude, il
annonçait comme devant être réglé,
mais elle a empiré la situation, de l'avis même de tous les
libraires, de l'Association des libraires, des éditeurs
québécois.
Si le ministre avait poussé un tant soit peu la franchise
à l'égard de son collègue titulaire de l'Education, il
l'aurait reconnu lui-même. La maladie qui nous oblige aujourd'hui
à intervenir de façon urgente, pour littéralement sauver
temporairement l'industrie du livre québécois, a
été soignée, mais dans le plus mauvais sens du mot,
entretenue par des politiques implantées par le
prédécesseur du ministre actuel, par l'insouciance du
prédécesseur du ministre actuel, ou par la lenteur du ministre
actuel à prendre des décisions.
L'Opposition se trouve dans une drôle de situation. Etre logiques
avec nous-mêmes serait aujourd'hui face à ce gouvernement qui nous
arrive à la sauvette, en dernière minute, nous demandant cette
espèce de geste de désespoir, de dire non, car il y a cinq ans,
pour notre part, que nous réclamons cette politique
générale du livre. Il y a même cinq ans qu'on nous dit
qu'elle est en implantation, petit à petit, morceau par morceau. Ce
n'est que cette année que le ministre des Affaires culturelles a
reconnu, lors de l'étude de son budget, que c'est une loi-cadre qu'il
fallait, qui, à l'occasion, annihilerait peut-être même
certaines décisions précédemment prises. Il fallait
reconnaître ce geste, mais, en même temps, il fallait qu'il nous
dise que la longueur des études nécessitait beaucoup de temps et
que nous n'aurions probablement pas cette loi-cadre avant le printemps
prochain.
Si nous n'en tenions qu'à cette position de blâme que nous
pourrions avoir à l'égard du gouvernement, non seulement nous
nous opposerions à cette loi, mais nous la ferions traîner en
longueur, pour simplement lui faire sentir que nous avions raison lorsque nous
réclamions, depuis cinq ans, des interventions majeures dans ce domaine
et qu'on se faisait répondre, de l'autre bord, pompeusement, qu'on avait
toutes les solutions en bandoulière, qu'il s'agissait d'attendre le bon
moment pour intervenir, mais que le gouvernement était conscient de tout
cela. Si on nous avait écoutés on ne serait pas aujourd'hui avec
une loi comme celle que nous avons devant nous.
M. le Président, cette industrie ne souffre pas d'une maladie
soudaine, je l'ai dit tout à l'heure, elle souffre d'une maladie
chronique qui a nécessité, à un autre moment, des
interventions beaucoup plus solides. A part quelques gros éditeurs et
libraires bien nantis, éditeurs et libraires qui font, d'ailleurs, la
loi dans cette industrie, il faut le reconnaître... Une des raisons pour
lesquelles on met tant de temps à intervenir du côté
gouvernemental, c'est qu'il y a du gros monde à déplacer, si on
veut faire des grosses places. Tant qu'on soutiendra des situations
monopolistiques dans certaines régions du Québec, de certains
éditeurs, de certains libraires qu'on ne veut pas déranger, allez
savoir pourquoi, on aura besoin des lois comme celle-ci.
Je vous le répète, M. le Président, que si ce
n'était que sur une question de principe, cette loi ne verrait
même pas son accouchement avant la fin de la session. Mais, si
l'Opposition s'en tenait à cette situation de principe il faut le
reconnaître aujourd'hui au cours de la période estivale,
nous nous trouverions à mettre littéralement en faillite cinq ou
six éditeurs du Québec. C'est le minimum que je puisse avancer M.
le Président, et je suis convaincu que le ministre ne peut qu'en
convenir. Cinq ou six éditeurs parmi les plus gros, une quinzaine de
libraires dont certains sont, à toutes fins pratiques, les seuls d'une
région donnée du Québec. Autrement dit, si l'Opposition
s'en tenait à sa position de principe, pour profiter de l'occasion pour
rappeler au gouvernement son incurie dans ce domaine, c'est à des
citoyens qui ne l'ont pas demandé et qui ne le méritent
certainement pas d'autant plus que le service qu'ils offrent à la
population est indispensable pour la qualité de vie culturelle du
Québec que nous nous trouverions à faire porter la
note.
Nous allons approuver ce projet de loi pour cette unique et simple
raison, M. le Président. Il ne faudrait pas en chercher une autre. La
majorité des entreprises oeuvrant dans ce domaine se retrouvent,
année après année, vivotant au seuil d'une
rentabilité temporaire, souvent acculés à la faillite. La
moindre décision un tant soit peu exagérée peut
littéralement causer la disparition de cette entreprise dans une
région donnée du Québec ou dans tout le Québec.
Il est presque impensable, M. le Président, qu'un gouvernement,
qui se dit hautement préoccupé à la fois de
rentabilité économique et de souveraineté culturelle, se
retrouve, après cinq ans au pouvoir, presque à genoux devant
l'Opposition en fin de session, nous demandant: Laissez-nous adopter cette loi;
sinon, nous nous trouvons à mettre en péril l'ensemble de
l'industrie de l'édition et des libraires québécois.
C'est presque impensable! Ceux qui se gargarisent, les tonitruants
ténors de la souveraineté culturelle, sont aujourd'hui à
quémander, dans cette Chambre, la complaisance de l'Opposition pour
qu'on oublie, temporairement, l'incurie et le laisser-faire qu'ils ont
manifestés depuis cinq ans. Car ce gouvernement est à l'oeuvre
depuis cinq ans. Les excuses, les premières années que je suis
arrivé en cette Chambre, j'en admettais, à cette époque,
un certain nombre.
Laissez-nous nous implanter, laissez-nous rétablir l'ordre dans
les finances de la province, laissez-nous prendre connaissance des dossiers
dont nous sommes les titulaires et que nous avons à régler,
laissez-nous faire disparaître la mauvaise administration de l'Union
Nationale, laissez-nous liquider les vieux comptes. Soit! Il n'y a pas
d'Opposition qui a été plus complaisante, je crois, que celle du
Parti québécois sur cette question, mais c'est fini, ce
temps-là. Ils ne peuvent toujours bien pas dire que c'est l'Opposition
qui les empêche de légiférer au nombre que nous sommes. Ils
ne peuvent toujours pas dire que c'est nous qui les empêchons, au sein
des ministères, de s'équiper d'hommes capables de proposer au
ministre des solutions. Ce n'est toujours bien pas nous qui em-
pêchons le ministre de s'informer de la situation, de se rendre
compte qu'il ne s'agit pas d'une maladie soudaine mais d'une maladie chronique
qui nécessite une intervention majeure, d'y accorder la priorité
en temps et en argent.
Nous ne devons pas être responsables de tout. Ce gouvernement a
amplement une majorité écrasante et époustouflante pour
être capable de réaliser cela par lui-même. Et c'est
pourtant ce que nous faisons ce matin quand le ministre des Affaires
culturelles vient nous supplier de l'aider à sauver une industrie pour
laquelle ce gouvernement n'a rigoureusement rien fait depuis cinq ans sinon,
lors de l'intervention de l'ancien ministre des Affaires culturelles, pour
mettre encore plus de bâtons dans les roues du développement de
cette entreprise. C'est un secret de polichinelle que, si la politique du
livre, annoncée en I972 par l'ancien ministre, a eu, sur un certain
côté, des effets bénéfiques quant à
l'accès de l'ensemble de la population au service du livre, elle a eu,
sur le plan de l'industrie, des conséquences indéniables et dont
nous avons discuté lorsque, cette année, nous avons
étudié les crédits du ministère des Affaires
culturelles.
C'est aujourd'hui le résultat. Il est impensable, encore une
fois, que ce gouvernement, après cinq ans, se retrouve sans moyens ni
structures efficaces d'intervention. Il est impensable, après cinq ans
de pouvoir, qu'il n'existe pas à l'heure actuelle un programme complet
d'aide à la rentabilité économique de cette entreprise.
Pas un "patchage" de dernière minute comme cela, un véritable
programme d'aide à la rentabilité économique de
l'industrie du livre au Québec. Il n'existe, croyez-le ou non
après cinq ans de régime libéral, aucun programme
sérieux de financement de cette industrie. Il n'existe, après
cinq ans, aucun programme sérieux d'aide technique à cette
industrie. Il n'existe, après cinq ans, aucun programme sérieux
d'aide à la commercialisation, au marketing et à la distribution
dans cette entreprise. Il n'existe, après cinq ans de pouvoir, aucun
programme ordonné, rationnel de subventions à cette
entreprise.
Il n'existe, après cinq ans, aucune politique de regroupement
devant favoriser des achats à prix réduits dont
bénéficieraient l'ensemble des libraires, bien sûr, mais
aussi l'ensemble des lecteurs, des consommateurs québécois du
livre. Il n'existe, après cinq ans, aucun moyen de contrôle des
importations dans le domaine du livre. Tout est laissé aux magnats qui
ont su se gagner des places de distributeurs exclusifs et qui fixent ainsi les
conditions du marché du livre, avec, sinon la bénédiction,
au moins le silence pendant cinq ans du gouvernement actuel.
Devant ce fait, puisque nous sommes en cette matière aussi
dépourvus, il n'est pas surprenant que certaines entreprises qui
auraient voulu recevoir toutes les formes d'aide que je viens
d'énumérer et il y en a d'autres en soient
obligées à compter sur leurs propres forces économiques.
Quand il n'y a pas d'appui gouvernemental, ces entreprises culturels doivent se
fier sur elles-mêmes. C'est alors que, se fiant sur elles-mêmes,
elles rencontrent très rapidement le mur de la fin de leurs espoirs. Et
le mur n'est pas loin pour ces entreprises. Une entreprise peut à peine
obtenir sur prêt 20% de ses effectifs en inventaire, ce qui n'est certes
pas un moyen de relancer et d'aider une entreprise qui s'endette
elle-même à se relancer en cette matière. La loi a pour
effet, avec la garantie de la Société de développement
industriel, de faire calculer pour fins d'emprunt 75% de l'inventaire, ce qui
donnera des disponibilités financières plus grandes aux libraires
et aux éditeurs en danger de disparaître.
Mais encore, cette loi n'est que temporaire et elle doit même
rester temporaire. Nous proposerons un amendement à cette fin qui mettra
un jour fin à l'application de cette loi, parce que c'est
littéralement une loi qui vient sauver les gens, mais qui ne doit en
aucun temps être considérée comme une politique du livre
dans le domaine culturel au Québec. Se promener avec une politique du
livre de ce genre, face aux pays étrangers comme ceux que nous recevons
lors de la foire internationale du livre ou du Salon international du livre,
serait faire rire de nous. Dire que c'est là la politique culturelle du
livre, c'est-à-dire, quand une librairie est étranglée et
étouffée, que le gouvernement consent que la
Société de développement industriel vienne endosser son
emprunt à une banque, c'est ridicule. On pétera après cela
les bretelles de la souveraineté culturelle, encore une fois.
D'autant plus qu'on fait encore preuve d'un manque énorme. On
fait appel à la Société de développement industriel
qui, dans sa constitution, d'après la loi qui l'a créée et
les règlements qui la régissent, n'est aucunement prévue
aux fins de venir en aide aux entreprises culturelles. Ce n'est pas la vocation
de la SDI. Il est même spécifiquement dit qu'elle doit s'en tenir
à aider, par tous les moyens qui sont prévus à la loi
vous vous en souvenez, M. le Président, lorsque nous l'avons
adoptée, cette loi créant la Société de
développement industriel l'industrie secondaire exclusivement,
l'industrie manufacturière. Pourquoi? C'est simple, c'est parce que
c'est celle qui a le plus de répercussions sur la vie économique
du Québec et que c'est là qu'il faut intervenir.
Ce n'est pas une société qui subventionne des entreprises
de lait, de beurre, des entreprises de transformation, des entreprises
manufacturières, ou qui subventionnent des charognards qu'on doit
demander aujourd'hui de venir en aide a des entreprises culturelles. Il ne faut
pas demander à la Société de développement
industriel de multiplier sa vocation, d'ailleurs contraire, presque,
même, à la loi et à l'objectif que nous lui avons
fixé.
Mais il n'existe pas non plus, après cinq ans, aucune
société dont la vocation serait de venir en aide, par le
prêt, par l'emprunt, par des moyens et par un budget que cette
Assemblée serait disposée à lui voter, à l'ensemble
des entreprises culturelles ou des industries culturelles, puisque le mot a
maintenait droit de cité.
Si le règlement me le permettait, je ferais un aparté sur
la situation extrêmement difficile de
l'industrie du disque au Québec. Je ferais un aparté
longuement, avec beaucoup de citations, à partir même des propos
du ministre, sur la difficulté de l'industrie de la chanson au
Québec. Vous rappelez-vous le nombre de questions que nous avons
soulevées autour de la situation de certaines grandes compagnies
théâtrales ou petites compagnies théâtrales,
menacées de fermer et qui sont absolument dépourvues de banque,
de réserve, d'aide et qui doivent compter uniquement sur la bonne
grâce gouvernementale, d'année en année? Elles doivent
annoncer à leurs spectateurs, annoncer à leurs abonnés
qu'elles vont se mettre en faillite parce que, tout à coup, que ce soit
la nouvelle compagnie théâtrale ou que ce soit le Trident,
arriverait la subvention miracle. Que ce soit les Grands Ballets canadiens, que
ce soit L'Orchestre symphonique de Montréal, toutes ces entreprises
culturelles, toutes ces industries et toutes ces expressions culturelles en
même temps du Québec sont laissées à l'abandon et
à la dérive.
Après cinq ans, elle devrait exister, cette société
dont la vocation serait au même diapason que la Société de
développement industriel dans le domaine manufacturier, une
espèce d'aide constante par divers moyens financiers à ces
entreprises culturelles. Il n'y a rien. Aujourd'hui, au moment où le
bât blesse le plus parce qu'il met en péril presque la vie
même d'une entreprise, c'est sur la Société de
développement industriel, absolument non conçue pour ce genre de
vocation, qu'on est obligé de compter. La SDI ne fera pas de miracle et
l'industrie va continuer à vivoter encore longtemps.
Le ministre évoquait les difficultés qu'un libraire ou
qu'un éditeur peut avoir à obtenir un emprunt lorsqu'il se
présente devant une institution prêteuse. Bien sûr. Mais il
a donné plusieurs raisons. Il n'a pas donné la principale. C'est
que les industries bancaires, lorsqu'elles voient venir un libraire ou un
éditeur pour quémander un emprunt, le sentent, le
considèrent, le voient comme isolé, sans aucune garantie
gouvernementale à l'arrière.
Personne n'ignore que le Québec vit actuellement sans politique
culturelle, dans le domaine du livre. Autrement dit, ce sont uniquement des
entreprises, dans le sens le plus littéral du mot, privées,
personnelles. Le gouvernement du Québec n'a rigoureusement rien fait
depuis cinq ans pour les soutenir.
Aussi isolés, comment vouliez-vous que les institutions bancaires
prêteuses prêtent l'oreille à ceux qui, sans l'appui de leur
gouvernement, s'efforçaient de mettre le livre à la disposition
du public?
Je soutiens donc, M. le Président, que cette loi doit être
temporaire pour nous permettre d'arriver à ces fins mais, en aucun
temps, ne devrait paraître comme une loi générale du
Québec. Je soutiens également que nous devrons l'approuver,
à regret, uniquement parce que nous ne voulons pas que certains
libraires et éditeurs, qui ont déjà subi tous les
contrecoups de l'absence d'une politique du livre au Québec, le
subissent au point de disparaître.
C'est pour leur permettre, si cette solution peut être un tant
soit peu efficace, d'offrir une garantie lorsqu'ils se présentent devant
la banque, la garantie de la SDI, que l'Opposition approuvera ce projet de loi.
Mais c'est en dénonçant en même temps toute l'incurie qui
nous oblige aujourd'hui à la voir comme telle. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): La réplique de
l'honorable ministre des Affaires culturelles.
M. Denis Hardy
M. Hardy: M. le Président, très brièvement,
bien sûr, il est facile pour l'Opposition, il est facile pour le
député de Saint-Jacques et je vous avoue qu'à
certains moments j'envie le rôle qu'ils ont de dire que le
gouvernement a pris cinq ans à agir, que le gouvernement aurait dû
faire ceci, faire cela, dire qu'il n'y a pas de politique dans le domaine du
livre, que cette politique a été mauvaise. Quoique,
là-dessus, je dois reconnaître que le député de
Saint-Jacques ne l'a pas condamnée totalement; il aurait eu tort, parce
que cette politique a donné des fruits.
Je n'ai pas eu de crainte à le reconnaître, et je le
reconnais encore, on ne peut pas résoudre à la pièce le
problème qui se pose dans le domaine du livre. Je l'avais dit lors de
l'étude des crédits, je l'ai répété
tantôt et je le répète encore. Toutefois, c'est un peu
simpliste de dire tout simplement: II y a cinq ans que ce gouvernement est au
pouvoir et il n'a encore rien fait. Il doit arriver avec une mesure d'urgence,
une mesure pour employer une expression du député de
Saint-Jacques entre guillemets, et je dis bien que je le cite de
"patchage". S'il fallait que je la prenne à mon compte, cette
expression, le directeur du Jour, dans toute sa pureté, me
dénoncerait violemment.
Mais, M. le Président, ce que le député de
Saint-Jacques n'a pas dit, parce que ce n'était pas son rôle et
surtout parce qu'il n'a pas la connaissance nécessaire pour pouvoir le
dire, c'est qu'il s'agit d'un domaine extrêmement complexe. Et dire que
s'il n'y a pas eu de politique globale d'adoptée parce que nous voulons
respecter tel et tel gros, c'est faux.
D'abord des gros, je ne sais pas où il les trouve, mais il n'y en
a pas actuellement selon nos études, il n'y a personne qui est
florissant dans ce domaine à l'heure présente. Même ceux
qui, en apparence, ont l'air d'être prospères sont dans des
difficultés. La vraie raison pour laquelle nous n'avons pas encore de
politique globale, c'est qu'il s'agit d'un domaine extrêmement complexe
et, de plus, d'un domaine où il y a des mutations très grandes.
Si, en I97I ou en I972, nous avions adopté une loi-cadre du livre, cette
loi ne répondrait plus aux besoins actuels parce que la situation de
I975. est largement différente de ce qu'elle était en I972.
Je ne dis pas qu'il n'aurait pas été souhaitable qu'une
loi-cadre soit adoptée en I972, mais il y aurait quand même des
problèmes à l'heure actuelle, parce la situation est très
largement différente. Donc, M. le Président, je n'ai pas
l'intention à ce
stade-ci, nous aurons d'autres occasions pour le faire, de
débattre la question à savoir si la SDI devrait intervenir ou ne
pas intervenir, est-ce qu'il devrait y avoir une multiplicité
d'organismes pour répondre à chaque secteur de l'économie
ou si la SDI devrait avoir une vocation polyvalente? C'est une question que
nous nous posons présentement au ministère des Affaires
culturelles.
C'est une question qui mérite d'être étudiée.
Il y a des écoles divergentes, des opinions divergentes et je les
respecte, mais je n'ai pas l'intention d'aborder cette question en ce moment et
je souhaite que cette loi soit adoptée le plus rapidement possible.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Charron: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. Bienvenue: Je fais motion, M. le Président, pour que ce
projet de loi no 46 soit déféré à la commission
plénière de l'Assemblée nationale, en vue de son
étude éventuelle, article par article.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Cette motion de
déférence...
M. Charron: A quinze heures? La commission plénière
à quinze heures?
M. Hardy: J'ai cru comprendre que ce serait immédiatement
après l'adoption en deuxième lecture de la loi proposée
par le ministre des Affaires sociales.
M. Charron: Cet après-midi.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Oui.
M. Charron: Autrement dit, le programme de cet après-midi,
oui la motion est adoptée, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Adopté, mais il
semble que le temps n'en soit pas encore défini.
M. Charron: C'est ce que je voudrais demander au leader adjoint,
M. le Président. Cet après-midi, à quinze heures, c'est la
reprise du débat de deuxième lecture sur la loi
présentée par le ministre des Affaires sociales puis
immédiatement après, la commission plénière.
M. Bienvenue: Je suis obligé d'avouer que je l'ignore,
personnellement, mais je m'en remets à ce que dit le ministre des
Affaires culturelles.
M. Charron: Le plus mal pris des deux, c'est le ministre des
Affaires culturelles, ce n'est pas moi!
M. Bienvenue: Pardon?
M. Charron: Celui qui a le plus d'intérêt à
ce que nous procédions rapidement, je crois que c'est vous plutôt
que moi.
M. Bienvenue: Le ministre des Affaires sociales me dit à
l'instant que le leader du gouvernement lui a dit la même chose, ce
matin.
M. Charron: Alors, commission plénière après
que nous aurons disposé du projet de loi no 88, en deuxième
lecture.
M. Bienvenue: Article 2), M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le ministre des
Affaires sociales.
M. Forget: M. le Président, en considération de
l'heure, je demanderais la suspension du débat jusqu'à la
séance de cet après-midi.
M. Bienvenue: Je demande la suspension des travaux de
l'Assemblée nationale à cet après-midi, trois heures.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Charron: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'Assemblée
suspend ses travaux jusqu'à cet après-midi, quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 2)
Reprise de la séance à 15 h 3
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Levesque: Nous avons deux rapports de commissions
élues, la commission élue permanente des affaires municipales et
la commission élue des corporations professionnelles.
Le Président: Le député de Gaspé.
M. Fortier: M. le Président, pour M. Perreault, le
député de L'Assomption, qu'il me soit permis de déposer le
rapport de la commission élue permanente des affaires municipales qui a
siégé le 18 juin 1975, aux fins d'étudier, article par
article, le projet de loi no 41, intitulé Loi modifiant la Loi de la
Commission municipale, qui a été adopté avec amendements,
ainsi que le projet de loi no 45, intitulé Loi modifiant la Loi sur
l'évaluation foncière, qui a été adopté sans
amendement, l'article 4 ayant été adopté sur division.
Le Président: Est-ce qu'il y a lieu d'adopter ce rapport
ou conserver les délais de ce soir pour les amendements possibles?
M. Levesque: Dans la question du bill 41 en particulier, il y
aurait lieu de procéder comme nous avons fait ce matin dans d'autres
projets de loi, et je suggérerais que nous adoptions le rapport et de
faire la troisième lecture. Il s'agit d'un projet de loi qui a
été adopté en deuxième lecture, qui a
été étudié en commission élue et qui ne
comporte pas d'autres je pense que le député de Chicoutimi
est également au courant, le projet de loi sur la Commission
municipale.
Le Président: Projets de loi nos 41 et 45.
M. Levesque: No 45, oui, dans le même rapport. Alors,
est-ce que je peux suggérer que nous procédions
immédiatement? Nous voudrions que ce soit sanctionné lors de la
sanction de cet après-midi.
M. Morin: D'accord.
Projets de loi nos 41 et 45
Rapports sur les projets de loi
Le Président: Le député de Gaspé
propose l'agrément ou l'adoption du rapport de la commission élue
permanente des affaires municipales qui a étudié le projet de loi
no 41, Loi modifiant la Loi de la Commission municipale ainsi que le projet de
loi no 45, Loi modifiant la Loi sur l'évaluation foncière.
Ce rapport est-il agréé?
M. Morin: Agréé.
Le Président: Agréé. Troisième
lecture?
Troisième lecture
Le Président: L'honorable leader parlementaire du
gouvernement, pour l'honorable ministre des Affaires municipales, propose la
troisième lecture des projets de loi nos 41 et 45. Cette motion de
troisième lecture est-elle adoptée?
M. Morin: Adopté.
Le Président: Adopté.
L'honorable député de Saint-Hyacinthe.
Rapport sur le projet de loi no 32
M. Cornelllier: Au nom du député de Laviolette,
qu'il me soit permis de déposer le rapport de la commission élue
permanente des corporations professionnelles qui a siégé le 18
juin 1975 afin d'étudier le projet de loi no 32, Loi modifiant la Loi du
Barreau, la Loi du notariat et le code des professions, article par article,
qu'elle a adopté avec des amendements.
Le Président: Y a-t-il lieu d'adopter ce rapport?
M. Morin: Volontiers.
Le Président: Adopté.
L'honorable député de Saint-Hyacinthe, pour l'honorable
député de Laviolette, propose l'adoption du rapport de la
commission élue permanente des corporations professionnelles qui a
étudié, après la deuxième lecture, article par
article, le projet de loi no 32, Loi modifiant la Loi du Barreau, la Loi du
notariat et le code des professions.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Morin: Adopté.
Le Président: Adopté. Troisième lecture?
M. Morin: Je ne voudrais pas léser les
intérêts des autres membres de l'Opposition qui, peut-être,
voudraient parler en troisième lecture sur ce projet. C'est la seule
réserve que j'ai à émettre. Autrement, nous serions
disposés à l'adopter.
M. Levesque: Qui voudrait parler? Le Président: Au cas
où.
M. Morin: Les députés de l'Opposition non
officielle auraient peut-être des commentaires.
Le Président: On pourrait peut-être l'adopter, et
s'il y a une demande d'autres députés, on pourra révoquer
l'ordre de troisième lecture.
M. Levesque: D'accord, M. le Président. Nous essaierons de
leur communiquer l'information dans les minutes qui vont suivre.
Le Président: Sous réserve des droits qu'ils
pourraient exercer.
M. Morin: Dans ce cas, adopté.
Troisième lecture
Le Président: Bon. L'honorable leader parlementaire du
gouvernement, pour l'honorable ministre d'Etat au Conseil exécutif, le
député de Marguerite-Bourgeoys, propose la troisième
lecture du projet de loi no 32, Loi modifiant la Loi du Barreau, la Loi du
notariat et le code des professions. Cette motion est-elle adoptée?
M. Morin: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: Article 2).
Projet de loi no 88 Deuxième lecture
(suite)
Le Président: Reprise du débat sur la motion de M.
Forget proposant que le projet de loi no 88, Loi modifiant la Loi de la
protection de la santé publique, soit maintenant lu la deuxième
fois.
Le ministre des Affaires sociales.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, je vous remercie.
Lorsque le débat s'est interrompu, hier après-midi, sur
cette motion, j'avais eu seulement le temps d'exposer dans quel contexte se
situe cette mesure de prévention en santé dentaire. J'avais
exposé les différents éléments d'une politique
d'ensemble en santé dentaire, portant à la fois sur les aspects
curatifs par l'introduction graduelle d'un régime de soins dentaires
pour les enfants de 0 à 8 ans, en 1974, régime qui s'est
étendu d'une année en 1975 et qui couvre maintenant les enfants
de 0 à 9 ans. J'ai également décrit avec quelques
détails les différents organismes consultatifs qui, en
collaboration avec le ministère des Affaires sociales, nous aident
à élaborer non seulement des activités de
prévention sous l'égide du ministère lui-même et des
départements de santé communautaires dans le domaine de
l'hygiène dentaire, dans le domaine de l'alimentation, mais
également dans la transformation progressive du programme de
santé dentaire en milieu scolaire pour lui faire assumer un certain
rôle cu-ratif.
Je voudrais, cet après-midi, M. le Président, aborder le
deuxième aspect de mes remarques et me concentrer plus
particulièrement sur la fluora-tion des eaux de consommation.
La fluoration des eaux de consommation est une mesure d'une importance
très particulière et à laquelle j'attache une importance
de premier plan dans l'ensemble de cette politique globale sur la santé
dentaire.
Il faut surtout se souvenir que tous les autres efforts
précédemment décrits, tant sur le plan de la nutrition, de
l'hygiène buccale et des soins den- taires seront d'autant plus
efficaces qu'il existera ou non une mesure générale de
prévention, telle que la fluoration des eaux.
Aucune politique de santé digne de ce nom ne peut se permettre
d'écarter les mesures préventives; il n'en va pas autrement pour
une politique de santé dentaire et cela est particulièrement vrai
lorsque nous disposons d'un instrument de prévention aussi efficace que
la fluoration.
En premier lieu, j'aimerais démontrer l'ensemble des arguments
qui nous portent à prétendre que cette mesure est un moyen
efficace, singulièrement efficace de prévention de la carie
dentaire.
Je pourrais citer au long le résultat d'analyses comparatives sur
la santé dentaire des adolescents et des adultes dans des villes
comparables par la population ou le mode de vie, les unes ayant de l'eau de
consommation fluorée, les autres, non. Des références
précises se trouvent reproduites dans le dossier technique sur la
fluoration publié l'an dernier par le ministère des Affaires
sociales et qui a été largement distribué. Ces analyses
révèlent une diminution de 60% ou plus de l'incidence de la carie
dentaire chez les personnes qui sont nées et ont vécu toute leur
vie dans les villes où l'eau est fluorée. On a dit que ces
résultats étaient extraordinaires, presque trop beaux pour
être vrais, et le reste. Leur existence n'a cependant pas
été mise en doute. Certains ont essayé d'attribuer ces
effets à des causes inconnues mais sans rapport avec la fluoration parce
qu'ils veulent à tout prix nier l'évidence et s'opposer à
la fluoration malgré le bon sens. Ils n'ont jamais précisé
cependant à quoi pourraient être dus de tels résultats,
résultats qui ont été obtenus de façon
systématique dans une multitude d'évaluations comparatives
mettant encore une fois en parallèle des villes jouissant ou pas de
sources d'approvisionnement en eau fluorée.
Fait plus important encore, l'argumentation sur l'efficacité du
fluor n'est pas basée seulement sur une démonstration
statistique. En effet, la biochimie nous permet de comprendre le rôle des
fluorures dans la physiologie humaine et, par conséquent, elle nous
permet d'expliquer pourquoi et comment le fluor joue le rôle que les
données statistiques nous poussent irrésistiblement à lui
prêter.
Au cours des audiences de la commission parlementaire, un Canadien
d'origine, le Dr Klein-berg, du New York State University, qui a à son
crédit 99 recherches sur la fluoration et la santé dentaire, a
fait une démonstration claire et précise sur les bienfaits de
cette mesure. Spécialiste en biochimie orale, un des chercheurs les plus
reconnus pour ses travaux sur la plaque dentaire, le Dr Kleinberg a
démontré que l'addition de fluorures à l'eau de
consommation, selon le dosage requis pour en retirer tous les
bénéfices possibles sur le plan de la santé dentaire, est
une question largement étudiée et dont les preuves scientifiques
sont induscutables. Cette mesure ne fait pas que réduire la carie
dentaire, mais également les gingivites, c'est-à-dire
l'inflammation des gencives attribuable à une infection.
La fluoration n'est pas profitable qu'aux enfants mais à toute la
population. Elle l'est également aux personnes âgées, qui
ne souffrent que rarement de caries mais souffrent plutôt d'effritement
des dents. Ce phénomène apparaît au moment où les
gencives tendent à se résorber avec l'âge, laissant
à découvert une plus grande partie de l'émail dentaire,
qui devient ainsi plus vulnérable. Des études ont aussi
prouvé que les fractures de la hanche sont sensiblement réduites
chez les personnes âgées qui ont bu de l'eau fluorée tout
au long de leur vie.
Les fluorures absorbés, tant au moment de la croissance qu'au
cours de la vie de l'individu, agiront de deux façons. D'abord, ils
rendront toute la composition de la dent plus résistante aux effets
corrosifs de la plaque dentaire et maintiendront en superficie, grâce a
l'ingestion quotidienne d'eau fluorée, une barrière protectrice.
L'Ordre des chimistes, dans un mémoire très explicite, nous
assure qu'il est possible, pour des professionnels compétents, de
maintenir la teneur idéale de fluorures dans l'eau potable par des
analyses périodiques. Ces techniciens, M. le Président, nous les
avons.
Cette distribution du fluor non seulement à la santé
dentaire mais également à celle de tout le système osseux
n'a donc rien de mystérieux. En fait, des études sur la nutrition
démontrent que le fluor, loin d'être un élément
étranger aux êtres vivants, constitue au contraire un
ingrédient essentiel de l'alimentation des êtres vivants.
Un chercheur de l'université Harvard, le Dr James Shaw,
spécialiste en nutrition et conférencier invité par la
faculté d'art dentaire de l'université McGilj et qui a paru
à notre commission parlementaire, a bien voulu faire part du
résultat de ses recherches aux membres de cette commission. Il nous a
confirmé la thèse avancée par le Dr Mayer, du
département de nutrition de Harvard, selon laquelle
l'élément fluor est un élément nutritif,
c'est-à-dire essentiel au maintien de la santé.
Des études complexes ont été faites en laboratoire
sur des animaux. On a exclu totalement l'élément fluor de leur
diète. Cette expérience, impossible sur des humains, a
démontré clairement qu'il est essentiel à la croissance et
au bon fonctionnement de l'organisme humain que d'ingérer une certaine
dose de fluor. En effet, des cobayes, sans aucun apport en fluorures,
étaient difformes, leur ossature en particulier était atteinte de
façon irrémédiable.
Le Dr Shaw, pour continuer de le citer, affirme que des études
lui ont démontré que, dès la formation du foetus, l'apport
du fluor est essentiel. En fluorant les eaux de consommation, on ne commet pas
d'agression contre l'organisme par l'apport d'un corps étranger mais on
lui fournit un élément essentiel à sa constitution, donc
indispensable à la santé.
M. Bienvenue: M. le Président, j'essaie de me mettre
à la place du ministre des Affaires sociales, et ce n'est pas
chrétien le bruit que l'on entend.
Le Vice-Président (M. Blank): S'il vous plaît,
messieurs, faites silence et donnez la possibilité au ministre de faire
son exposé.
M. Forget: Merci, M. le Président. Il serait long et
fastidieux de répéter ici le témoignage entier du docteur
Shaw, et je m'en abstiendrai, en particulier sur le plan physiologique,
où ce dernier décrit comment les fluorures dans l'eau potable
n'ont pas le même degré d'absorption par l'organisme que dans les
poissons, les viandes ou les légumes qui composent le régime
quotidien de chacun, et où il se trouve également présent.
Qu'il suffise de vous rappeler que les effets physiologiques constatés
par ce chercheur corroborent toutes les recherches effectuées dans ce
domaine, et qu'il n'a constaté aucun effet nocif du fluor sur
l'organisme, même dans les régions américaines où
son taux de concentration naturelle dans l'eau excède la dose
recommandée par le projet de loi no 88.
Le docteur Shaw précise que les études tenaient compte des
habitudes alimentaires de même que des données climatiques, ainsi
que de l'état de santé de ces populations. Comme tous les
éléments nutritifs essentiels, tels les vitamines, les calories,
les fluorures font partie d'un régime équilibré. Une
carence en fluorure entraînera donc une piètre santé
dentaire, alors que la dose recommandée pour l'eau de consommation, qui
est de 1. 2 partie par million, assure à l'individu qui la consomme sous
des formes variées, exemple, l'eau de cuisson, des
bénéfices toute sa vie durant.
Il est donc faux de croire, et pernicieux de faire croire, que
l'organisme humain n'a pas besoin de fluorures, ou encore que son ingestion
n'entraîne pas de réduction de la carie dentaire au taux
avancé par les études. Sur ce plan, l'Ordre des dentistes, de
même que les facultés d'art dentaire des trois universités
québécoises qui ont comparu en commission, soit
l'Université Laval, l'Université de Montréal et
l'Université McGill, confirment toutes les études
épidémiologiques effectuées sur ce sujet.
Le chiffre de 60% de réduction de la carie dentaire doit avoir
l'interprétation habituelle d'une donnée statistique. En effet,
comme le précisait le président de l'ordre, le docteur Gosselin,
ce taux de réduction variera entre 30% et 80% selon le régime
alimentaire, les habitudes d'hygiène buccale, etc. Cependant, aux fins
d'un programme de santé dentaire, le ministère des Affaires
sociales considère ce taux de réduction éminemment
convaincant. Ces résultats favorables ont été
confirmés par le docteur Dunton de l'Association médicale
canadienne et chef du Département d'hygiène publique du
Centre-Ouest de l'Ontario, également présent à notre
commission parlementaire, où la fluoration existe dans certaines
localités, comme à Brandford, depuis 30 ans cette année.
De plus, toutes les études effectuées sur ces populations ayant
des habitudes de vie semblables aux nôtres ont démontré
tant l'efficacité que l'innocuité d'une telle mesure.
Après 40 années d'études, pourquoi le Québec
hésiterait-il plus longtemps, alors qu'il peut prévenir cette
maladie dont souffrent 80% des en-
fants à cinq ans et qui fait tellement de ravages qu'à 19
ans un jeune Québécois a, en moyenne, 50% des dents
cariées, obturées ou extraites?
Certaines personnes croient que, pour pouvoir s'opposer à la
fluoration, il leur suffit d'invoquer le fait que la plus grande partie de
l'eau de consommation sert effectivement à des besoins qui n'ont rien
à voir avec l'alimentation. On l'utilise, il est vrai, pour le lavage,
pour remplir les piscines et pour arroser les pelouses. Cet argument ne peut
avoir de poids lorsqu'on compare, cependant, l'efficacité de la
fluoration des eaux de consommation à l'efficacité de toute autre
mesure comportant des fluorures.
Or, avant même toute comparaison avec une autre mesure,
l'efficacité de la fluoration des eaux est spectaculaire. En effet, les
déboursés qu'il faudrait faire pour réparer les dommages
causés par cette maladie représentent annuellement plusieurs
centaines de fois le coût de la fluoration.
Si l'on s'appuie sur les coûts actuels du programme de soins
dentaires pour les enfants de 0 à 9 ans, chaque enfant requiert en
moyenne des soins de l'ordre de $55 par année, alors que la fluoration
ne coûte que $0. 10 à $0. 12 par tête. Grâce à
la réduction prévisible d'environ 60% des caries, il est possible
de prévoir pour les contribuables québécois une
économie de quelque $40 millions sur une période de dix ans.
Ceci, évidemment, ne tient pas compte, comme le soulignait le Dr
Chicoine, président de l'Association des chirurgiens dentistes, des
douleurs, des infections secondaires, des lésions buccales
engendrées par la présence de caries, non plus que des jours de
classe ou de travail perdus à cause d'une maladie, car cela en est une,
aussi répandue et que nous pouvons, dès à présent,
enrayer dans une large mesure.
La carie dentaire entraîne, en effet, de sérieux
inconvénients, mais non la mort. Aussi, les adversaires de la fluoration
semblent-ils moins intéressés à protéger le public,
donc plus réticents à appuyer une telle mesure. Cependant,
l'unique souci du gouvernement n'est pas seulement de prévenir les
maladies mortelles, quand cela s'avère possible, mais également
de conserver et d'améliorer la qualité de vie en sauvegardant la
santé de tous les Québécois.
Par comparaison, aucune autre mesure de prévention ne peut
prétendre même s'approcher de l'efficacité de la fluoration
des eaux. L'absorption de fluorures par comprimés ou par addition au
lait, l'application topique de fluor et jusqu'au traditionnel brossage de dents
présentent tous des difficultés techniques ou pratiques. En
Saskatchewan, on a distribué gratuitement des comprimés dans les
écoles; l'expérience s'est soldée par un échec.
L'application topique de fluor est techniquement efficace, moins cependant que
l'absorption de fluorures, puisqu'elle n'a aucun effet sur la formation des
dents et qu'elle est sujette, par ailleurs, aux mêmes limites
d'accessibilité que les soins dentaires.
Je vous rappelle à cet égard le taux de 26% de
participation au régime de soins dentaires gratuits, à l'heure
actuelle, au Québec.
Pour sa part, l'addition de fluorures au lait, mesure immensément
plus coûteuse, réduit l'effet systématique du fluor. De
plus, cet aliment n'est pas consommé de façon
régulière, même par les enfants qui y sont parfois
allergiques.
Rappelons-nous les propos du doyen de la faculté d'art dentaire
de l'Université de Montréal, qui mettait la commission
parlementaire en garde contre cette solution attrayante, probablement, à
première vue. Tout d'abord, au point de vue technique, à cause
des propriétés chimiques du lait, il est très difficile
d'inclure un taux désiré de fluorures dans le lait. D'autre part,
tous les enfants, comme je le disais tantôt, n'aiment pas le lait et les
adultes, pour leur part, en consomment très peu.
La distribution gratuite de lait fluoré dans les écoles
serait inefficace au point de vue de la diminution de la carie dentaire. En
effet, la réduction de la carie serait d'environ 20% seulement, à
comparer à 60% pour la fluoration des eaux, car l'ingestion se ferait de
façon discontinue, que l'on pense aux vacances d'été,
d'hiver, aux fins de semaine. Or, pour sauvegarder la santé dentaire, ce
qui compte, c'est un apport constant de fluorures dans l'organisme, à un
taux contrôlé.
New York, qui avait d'adord opté pour ce moyen,
c'est-à-dire la fluoration du lait, a contesté qu'il en
coûtait au-delà de $2 par année, soit 20 fois le coût
de l'eau fluorée pour chaque enfant, sans pour autant obtenir des
bénéfices marquants sur le plan dentaire. En 1965, le service de
santé de cette ville a amené les autorités de New York
à instaurer la fluoration des eaux de consommation.
Quant aux comprimés, outre leurs effets réduits sur le
plan épidémiologique, nous croyons nous en servir,
nécessairement en accord en cela avec l'Association des
chirurgiens-dentistes du Québec, comme palliatif là où la
fluoration des eaux sera impossible à appliquer en raison de l'absence
d'une usine de filtration. En Saskatchewan où, sur une période de
trois ans, le gouvernement a successivement distribué 4 millions de
comprimés de fluor la première année, 1, 600, 000 la
deuxième et seulement 300, 000 la troisième, les résultats
ont convaincu le ministère de la santé de cette province de
suspendre cette mesure très difficile d'application. En effet, cette
dernière exige un effort quotidien, une discipline personnelle
très difficile à maintenir, ce qui n'est pas évidemment le
cas avec l'eau du robinet.
Le programme de soins dentaires comprend, dans son schéma actuel,
l'application topique du fluor, Cette application s'effectue en enduisant
l'émail des dents d'une solution fluorée. Cette mesure suppose
une visite au dentiste, donc l'effort de prendre rendez-vous et, rappelons-le,
les dentistes sont en nombre très limité. Si une telle pratique
devait se généraliser pour tous les enfants, elle accentuerait
encore davantage les disparités régionales et la pénurie
générale de main-d'oeuvre dentaire. C'est probablement ce qui a
poussé le Conseil régional de la santé de l'Outaouais
à affirmer dans son mémoire: "II serait un désastre pour
la région de l'Outaouais, particulièrement ses
sous-régions les plus sous-développées, que l'on
retarde encore la mise en application de la fluora-tion
systématique des eaux de consommation. "
D'autres méthodes, M. le Président, enfin, comme les
rince-bouches, peuvent être utilisées. Il faut, au
préalable, une équipe bien formée, sensibilisée,
et, là encore, comme cette méthode est appliquée en milieu
scolaire, les effets en sont atténués par les jours d'absence et
l'énergie requise pour la mettre en application selon les normes.
Quant aux pâtes fluorées, elles posent les mêmes
problèmes de continuité, de personnel motivé et
éclairé. Cette mesure requiert donc beaucoup d'énergie et
entraîne des coûts énormes pour peu de résultats.
J'aimerais, M. le Président, passer quelques minutes pour vous
présenter les arguments que l'on peut faire valoir pour démontrer
que la fluora-tion des eaux de consommation est exempte de dangers pour l'homme
et son environnement. Je ne m'en tiendrai qu'à l'essentiel.
Nos opposants nous concéderont probablement assez volontiers
l'effet positif du fluor sur la santé dentaire ainsi que son
efficacité médicale et économique. Certains groupes ont
cependant engagé une contestation qu'ils cherchent à alimenter
par la peur des conséquences prétendument néfastes de
cette mesure sur l'état de santé général de la
population et de l'environnement.
Sous son aspect le plus simpliste, ce plaidoyer, faisant appel aux
émotions plutôt qu'à la raison, se base sur une soi-disant
distinction entre le fluor naturel et le fluor dit artificiel. Malheureusement
pour ce plaidoyer, le concept de fluor artificiel est lui-même une notion
artificielle. C'est un peu comme si l'on parlait de carbone artificiel.
Effectivement, la plupart des éléments se retrouvent dans la
nature non pas à l'état pur mais combinés à
d'autres substances. Ce sont ces combinaisons d'éléments que l'on
retrouve dans la nature sous forme d'oxydes, de sels, etc. En outre, certaines
de ces combinaisons sont solubles dans l'eau alors que d'autres ne le sont
pas.
Il en est ainsi pour le fluor comme pour les autres
éléments. Ces combinaisons de fluor à d'autres
éléments s'appellent fluorures; il en existe plusieurs sortes
dont certaines sont insolubles dans l'eau et que l'on retrouve donc comme
telles dans la nature à l'état solide, alors que d'autres qui
sont solubles ne peuvent pas se retrouver en quantité significative
à l'état naturel puisque l'eau de pluie et de ruissellement
auraient tôt fait de les faire disparaître. Il est évident
que, pour fluorer l'eau de consommation, il faut choisir les combinaisons qui
sont les plus solubles car, autrement, il serait difficile ou même
impossible d'utiliser l'eau comme véhicule de la fluoration.
De tout ceci, il ressort qu'il est pitoyable de tirer de ces
évidences la soi-disant conclusion que le fluor, ou plutôt les
fluorures, que l'on ajoute à l'eau, est nocif pour la santé parce
qu'il est artificiel ou encore parce qu'il est soluble dans l'eau. C'est
pourtant là le genre d'argument auquel nous avons eu droit et cela non
seulement dans la chronique du courrier des lecteurs de certains journaux mais
jusqu'en commission parlementaire, fort heureusement représenté
par un seul groupe. Nous voyons, une fois de plus, que le ridicule ne tue
pas.
Il est à peine plus intelligent d'alléguer que le fluor
à l'état pur est toxique pour en conclure à la
nocivité de la fluoration. En premier lieu, ce n'est pas le fluor qui
est ajouté à l'eau de consommation mais, tel qu'indiqué
plus haut, un composé relativement inerte, un fluorure. Il est certain
que le fluor pourrait être toxique si absorbé en quantité
suffisante, mais il s'agit là d'une autre lapalissade; presque tout
autre aliment, même l'eau naturelle et, à plus forte raison, le
sel, les vitamines, sans compter les lipides et glucides peuvent avoir un effet
dommageable sur la santé lorsque consommés en quantité
anormale pendant une période de temps prolongée. Certains
éléments sont même violemment toxiques, tel l'iode, tout en
étant positivement nécessaires à l'organisme, à
faible dose; c'est également le cas du fluor.
Sentant peut-être la faiblesse de leur argumentation sur les
points précédents, les adversaires de la fluoration se sont alors
saisi de la question du dosage pour en faire, à son tour, un
épou-vantail. Voilà que ce dosage serait aussi critique que la
fabrication d'une bombe atomique. C'est faire peu de cas de l'expérience
accumulée sur le sujet, c'est sous-estimer l'efficacité des
mécanismes physiologiques qui assurent une régularisation
naturelle du niveau du fluor dans l'organisme et, enfin, c'est exagérer
sérieusement la nature du risque en cause.
Avant même l'introduction de la fluoration contrôlée
de l'eau de consommation, il y a 30 ans, la population de villes
entières a consommé de i'eau fluorée naturellement
à des niveaux de concentration allant jusqu'à sept parties par
million, alors que le projet de loi no 88 ne stipule que 1. 2 partie par
million. Pourtant l'étant de santé général de ces
populations n'a pas été gravement affecté. Certaines
villes du Québec, en très petit nombre, il est vrai, sont
également dans cette situation depuis toujours. A une question
posée à ce sujet, le Dr Gosselin, président de l'Ordre des
dentistes, a indiqué que même à ces taux plus
élevés, aucune correction de la concentration du fluor ne
s'imposait parce qu'elle ne créait aucun danger.
Une telle attitude est facile à comprendre si l'on
considère la capacité du métabolisme humain de s'ajuster
à des variations considérables dans l'absorption du fluor, comme
de toute autre substance, de manière à maintenir une
concentration presque constante du fluor dans le sang. La faculté du
système osseux d'emmagasiner le fluor nécessaire et
l'élimination naturelle du fluor par les voies intestinales et
rénales sont les facteurs de ce mécanisme d'ajustement.
Grâce à ces mécanismes, une erreur temporaire dans
le dosage, ou une surconsommation occasionnelle sont sans effet durable sur le
niveau de présence de fluor dans l'organisme et, en particulier, dans le
flux sanguin. Par ailleurs, ces erreurs de dosage elles-mêmes sont
extrêmement improbables, Dans son témoignage en commission
parlementaire, le ville de Laval n'a pu faire état d'aucun incident du
genre, sur une période de 17 ans, qui correspond à la
période pendant la-
quelle cette mesure a été en vigueur dans cette
municipalité.
Ainsi, exagérons, pour voir, le caractère du "risque"
contre lequel on veut se prémunir. A une concentration qui se
maintiendrait de façon permanente et pendant plusieurs années
à un niveau égal à 500% ou plus du niveau
déterminé dans le projet de loi, il a été
démontré que les consommateurs montreraient tout au plus des
signes de fluorose dentaire: il s'agit tout simplement de taches
colorées sur les dents. Or ce problème est essentiellement un
problème esthétique. L'apparence de la dent est terne, mais de
telles dents tachetées sont encore plus résistantes à la
carie que des dents qui sont dans une concentration inférieure de fluor.
Il n'en résulte par ailleurs aucune autre conséquence
fâcheuse sur l'état de santé général de
l'individu.
A un niveau encore plus élevé de concentration, soit vingt
milligrammes par jour, équivalant à quelque 1, 000% du taux
envisagé, l'individu peut être atteint de fluorose,
c'est-à-dire d'une maladie du système osseux. On doit cependant
savoir qu'une telle situation ne pourrait se produire que par une absorption
continua d'une grande quantité de fluorure sur une période de
plus de dix ans. Un tel niveau d'absorption, au taux de dissolution du fluorure
prévu pour le Québec, supposerait une consommation
régulière, jour après jour, et pendant plus de dix ans, de
quelque 18 litres, ou si vous voulez, 18 pintes d'eau. C'est une
hypothèse qui est clairement absurde.
M. Morin: 18 pintes. 18 litres ou 18 pintes.
M. Forget: 18 litres, approximativement 16 pintes, si vous
voulez. Quatre gallons par jour pendant plus de dix ans, ce qui est une
consommation qui, je pense, n'a jamais été observée.
Délaissant ce raisonnement, certains ont prétendu relier
le fluor à certaines maladies. Il est plutôt irritant de
répéter ici des arguments qui ne s'appuient sur aucune base
scientifique reconnue par les professionnels concernés.
Nous croyons que la Corporation des médecins est plus
sérieuse lorsqu'elle se prononce sur l'état actuel des recherches
en médecine qu'une association dont le seul expert n'a jamais
effectué aucune recherche clinique ou en laboratoire.
Ainsi, on prétend que la fluoration cause le cancer. Il y a, en
effet, une analogie entre les deux, mais ce n'est pas celle que l'on pense. La
célèbre clinique Mayo de Rochester a plutôt utilisé
les fluorures à forte dose pour retarder cette maladie lorsqu'elle
s'attaquait au tissu osseux. Prétendre que la fluoration cause le cancer
équivaudrait à dire qu'on y a trouvé un remède et,
pourtant, à ce que je sache, les milieux de la recherche en
cancérologie n'ont pas abandonné leurs travaux. Quand on avance
pareille théorie, il faut en faire sérieusement la preuve. Il est
dommage que les adversaires de la fluoration ne mettent pas autant
d'énergie à vaincre des maladies aussi graves par une action
concertée avec les hommes de science qu'à combattre des mesures
de protection de santé publique.
On soulève également le cas de certaines personnes qui
seraient allergiques au fluor. Une étude de ce dossier a
été faite par l'American Academy of Allergy. Selon les experts
qui ont passé en revue tous les cas rapportés, de
prétendue allergies au fluor, aucun ne pouvait confirmer d'allergie aux
fluorures. A cet égard, on n'a remarqué dans les régions
fluorées aucune incidence plus marquée d'allergies, qui puisse
réfléter une réaction aux concentrations en fluor
même plus fortes que celles que nous préconisons.
Quant à l'étude sur l'augmentation de la mortalité
infantile au Chili, rapportée par les opposants à la fluoration
et que nous avons remise à des experts des facultés de
médecine québécoises capables de nous aviser quant
à l'exactitude des renseignements qui y sont contenus, ces derniers nous
mettent en garde sur le sérieux de celle-ci. D'abord, elle n'est
rapportée dans aucune revue scientifique sérieuse, elle n'est
soutenue par aucun paramètre généralement reconnu en
recherche, elle n'a fait l'objet d'aucune corroboration dans ce pays ou
ailleurs.
Il est révélateur que l'auteur d'une telle
découverte n'ait pas réussi à attirer l'attention des
chercheurs sérieux et reconnus qui travaillent et publient dans le
même domaine. J'ai rencontré ce Dr Schatz qui ne nie pas l'effet
du fluor sur la réduction de la carie, mais dont tout le reste de
l'argumentation sur ses prétendus effets nocifs est basée sur des
hypothèses non vérifiées.
La fluoration des eaux entraîne-t-elle des maladies
rénales? Le Dr Yves Warren, spécialiste en néphrologie,
chef de ce service à l'Hôtel-Dieu de Québec et professeur
à l'université Laval, nous a éclairés en ces
termes: "Au point de vue de la néphrologie, c'est-à-dire au point
de vue des maladies du rein, il semble assez évident que la fluoration,
aux taux qui sont utilisés dans l'eau potable, n'augmente pas
l'incidence des maladies rénales, d'une part. "... Je pense qu'il faut
dire qu'il n'existe, jusqu'à maintenant, même dans l'insuffisance
rénale, aucune évidence d'une diminution de vitalité ou
d'une augmentation de morbidité ou de pathologie osseuse secondaire
à cette accumulation (de fluor dans le squelette). "Je dois dire aussi
qu'on a eu aussi à Québec une expérience assez
particulière, celle d'avoir exactement avec nos malades le même
problème qui avait été imputé à la
présence de fluor dans l'eau, sans qu'il y en ait à Québec
ou alors qu'il y en avait à peine dans l'eau utilisée par ces
malades.
Enfin, pourquoi les opposants au projet de loi n'ont-ils pas
étayé leur preuve quant au danger écologique que
représente l'addition contrôlée de fluorures en
étudiant les villes de New York, Chicago ou Toronto, qui fluorent toutes
leur eau de consommation?
Peut-être aurait-ils eu quelques difficultés, car nos
voisins ontariens nous ont démontré amplement leur souci de
protection écologique en allant jusqu'à l'arrêt de travaux
de voirie d'envergure dans cette capitale. Ici encore, aucune preuve
scientifique ne vient corroborer les "doutes" de
nos adversaires. Rappelons ici qu'il ne s'agit pas d'ajouter des
déchets industriels étrangers au milieu, mais d'ajuster la teneur
naturelle en fluorures des eaux qui sont traitées dans les usines.
M. le Président, j'aimerais passer quelques minutes pour tracer
le tableau des appuis très nombreux qui ont été
apportés à cette mesure, non seulement en commission
parlementaire mais par des déclarations officielles de la
totalité des organismes scientifiques et professionnels qui ont une
vocation dans le secteur de la santé.
Des charlatans, des fumistes sont en effet incapables de faire, d'une
question qui a été tranchée de façon
décisive sur le plan scientifique, une question controversée.
Pour qu'il y ait controverse scientifique, il faut qu'il se trouve des hommes
de science de calibre équivalent des deux côtés. Tel n'est
certainement pas le cas au sujet de la fluoration.
Un groupe présent en commission parlementaire a prétendu
que des autorités scientifiques prestigieuses, récipiendaires de
prix Nobel, s'étaient prononcées contre la fluoration des eaux de
consommation. Un porte-parole de ce groupe avait promis de nous faire parvenir
copie de la déclaration de ces savants. Nous attendons toujours.
Cependant, nos propres recherches sur ces déclarations nous apportent
une version récente du témoignage de trois d'entre eux, et ils
sont tous en faveur de la fluoration après avoir pris connaissance des
études nombreuses publiées sur le sujet.
Un argument choc des adversaires de la fluoration est que la
Suède, ainsi que des villes aux Etats-Unis, ont discontinué cette
mesure.
On oublie trop facilement, M. le Président, que si quelques
villes, après des campagnes que l'on peut deviner, ont
arrêté la distribution de fluorures dans leur aqueduc, aux
Etats-Unis, en particulier, quelque 100 millions de personnes boivent de l'eau
fluorée et il y a eu plus de 2, 000 villes qui ont instauré la
fluoration depuis dix ans.
La Suède, pour sa part, a vécu une expérience
particulière qui nous est souvent citée par les opposants de la
fluoration. Le gouvernement suédois a donné des précisions
à ce sujet. Le ministre de la Santé suédois, qui proposait
cette mesure de santé publique, avait prévu un projet pilote dans
deux villes, dont l'une aurait de l'eau fluorée à un taux
idéal et l'autre de l'eau non fluorée. L'expérience n'a
pas été menée à terme et n'a, par
conséquent, fait l'objet d'aucune conclusion scientifique.
Cependant, malgré la décision prise par le Parlement
suédois, au hasard d'un vote qui reflétait d'autres
considérations que des considérations scientifiques,
malgré cette décision, M. le Président, il demeure que
l'eau consommée par 50% des Suédois est déjà
fluorée à un taux suffisant pour prévenir la carie
dentaire et elle continue de l'être.
Je ne répéterai pas ici la liste presque interminable
d'organismes scientifiques et professionnels qui appuient la fluoration des
eaux de consommation comme mesure de santé publique. En
commençant par l'Organisation mondiale de la santé, presque tous
les organismes compétents et responsables dans le secteur de la
santé, tant aux Etats-Unis qu'au Canada, se sont montrés
favorables à cette mesure. Les travaux des organismes
québécois présentés en commission parlementaire ont
d'ailleurs été fort révélateurs à cet
égard.
Il est rare qu'un gouvernement puisse agir avec un appui aussi
général et motivé de la part d'un si grand nombre
d'organismes. C'est là un signe évident qu'il est plus que temps
d'agir.
M. le Président, ayant acquis la conviction que la fluoration est
un instrument puissant de lutte contre la carie dentaire, ayant acquis la
conviction que cette mesure a une efficacité incomparablement plus
grande que toute autre, persuadé en outre que cette mesure ne comporte
aucun danger démontrable ou imaginable, et impressionné par
l'appui sans réserve des organismes professionnels compétents, je
crois que le gouvernement du Québec doit assumer la
responsabilité de promouvoir la fluoration des eaux de consommation.
Dans le cadre d'une politique globale de santé dentaire, la fluoration
figure au premier rang des moyens de prévention, c'est le plus fiable et
le plus économique de tous.
Certains nous demandent, M. le Président, à ce point-ci du
raisonnement, si le gouvernement doit assumer cette responsabilité ou
si, plutôt, il ne doit pas s'en décharger sur d'autres. Les
arguments qu'on invoque alors sont d'une nature telle qu'ils méritent
qu'on s'y arrête.
En effet, contrairement à d'autres positions, qu'il a
été d'ailleurs facile de rejeter lors de la discussion des
données scientifiques et professionnelles qui sous-tendent ce projet de
loi, ces dernières objections sont exprimées de bonne foi et ne
tendent pas à semer inutilement le doute dans les esprits. Ces
objections sont les suivantes: Une loi qui impose la fluoration des eaux de
consommation brime-t-elle la liberté individuelle et, en particulier,
celle d'une minorité opposée, dit-on, à la fluoration? La
fluoration viole-t-elle un droit fondamental de la personne humaine? Les
municipalités ne devraient-elles pas être invitées par
l'Etat à adopter la fluoration sans toutefois être soumises
à une obligation légale de le faire?
J'apporterai ci-après une réponse à chacune de ces
questions. Toutefois, je vous indiquerai tout de suite qu'elles ne me font
aucunement hésiter sur l'opportunité du projet de loi no 88.
En premier lieu, il paraît vite évident que l'argument sur
le respect des droits de la minorité encore une fois
opposée par hypothèse à la fluoration ne peut
être sérieusement considéré. En effet, il serait
toujours impossible de légiférer si un projet de loi devait faire
l'unanimité pour être adopté, aucun d'entre eux n'ayant
jamais rallié tous les suffrages, à ce que je sache. Dans toute
décision gouvernementale ou législative entre un
élément de contrainte à l'égard de ceux qui sont en
désaccord sur cette décision. Il est même
caractéristique d'un gouvernement démocratique de s'identifier
aux voeux de la majorité et, par conséquent, de rejeter ceux de
la minorité.
Sans doute, nul Etat démocratique digne de
ce nom ne doit imposer à la minorité des obligations qui
sont contraires à ses valeurs morales ou religieuses. Une telle
interprétation des droits de la majorité serait odieuse. L'Etat
démocratique ne saurait violer l'intégrité morale ou
physique de l'un quelconque de ses citoyens, appartiendrait-il à une
minorité politique, ethnique, culturelle ou religieuse. Cependant, le
rôle de l'Etat ne peut être limité par de simples opinions
entretenues par une minorité et ne mettant en jeu aucune valeur morale.
L'Opposition de certains groupes à la fluora-tion ne se fonde
précisément que sur des opinions profondément discutables,
car elles énament de personnes qui ne sauraient être
considérées comme compétentes dans le domaine.
En deuxième lieu, il est également clair qu'aucun pays au
monde ne reconnaît l'existence d'un prétendu droit fondamental de
la personne humaine à une eau de consommation non fluorée. Si un
tel droit fondamental existait, non seulement le présent projet de loi
serait-il en quelque sorte inconstitutionnel et irrecevable, mais encore
faudrait-il conclure que la fluoration des eaux, par tout autre moyen, est
impossible et illégal.
Dire qu'une mesure comme la fluoration de l'eau viole les droits
fondamentaux de l'individu, c'est dire qu'elle contrevient aux libertés
civiles de l'individu au Canada, qu'elle a quelque chose d'illégal,
voire d'inconstitutionnel.
Il faut tout de suite préciser que la question de savoir si la
fluoration de l'eau viole les droits fondamentaux de l'individu n'a jamais
été directement résolue par le pouvoir judiciaire au
Canada, aucun tribunal n'ayant jamais établi que cette mesure avait cet
effet.
Il serait bon, toutefois, de constater qu'un très grand nombre de
municipalités au Canada, de même qu'au Québec, fluorent
leur eau depuis un certain temps déjà; depuis 30 ans en Ontario
et de une vingtaine d'années au Québec. Or, si le sommet
populaire avait été défavorable à cette mesure, les
constatations devant les tribunaux seraient plus nombreuses; il n'en est rien.
La jurisprudence à ce sujet n'est cependant pas inexistante. Il y a
même un jugement de la cour Suprême du Canada qui en traite: C'est
l'affaire "The municipality of Toronto versus The Corporation of the village of
Forest Hill". Cette décision judiciaire n'établit toutefois pas
que la fluoration des eaux va à l'encontre des droits fondamentaux de
l'individu et il est assez remarquable que les juges du plus haut tribunal du
pays ne fassent aucune allusion aux libertés civiles dans leur examen du
problème.
Le fait qu'une mesure comme la fluoration, dans l'état actuel du
droit canadien, n'enfreint pas les libertés fondamentales du citoyen est
encore suggéré par l'existence de plusieurs lois provinciales au
pays qui permettent expressément aux municipalités de fluorer
leur eau. Or, ces lois, à notre connaissance, n'ont jamais
été attaquées devant les tribunaux, alors que beaucoup
d'entre elles existent depuis un certain nombre d'années.
Nous pourrions également, M. le Président, nous en
reporter au droit américain sur la question. Etant un droit
étranger, sa jurisprudence ne fait certes pas autorité au Canada
mais, la société américaine et la société
canadienne se ressemblant à beaucoup d'égards, les
libertés fondamentales de l'une peuvent servir à préciser
les libertés fondamentales de l'autre, surtout lorsqu'elles
dépendent d'appréciations scientifiques ayant une valeur
universelle.
Aux Etats-Unis, la jurisprudence des plus hautes cours des Etats a
toujours reconnu que la fluoration de l'eau ne violait en aucune façon
l'immunité de la personne ainsi que ses libertés
constitutionnelles, que cette mesure n'enfreignait pas la liberté de
religion, qu'il ne s'agissait ni d'une drogue ni d'une médecine, qu'elle
constituait une mesure préventive supérieure à toute
autre, que sa disparition équivalait à une atteinte
irrémédiable et irréparable à la santé
publique, et qu'elle ne présentait aucun danger de pollution.
Toutes ces décisions, et chacune de ces affirmations est soutenue
par une décision des cours américaines, prennent une importance
d'autant plus grande qu'à quatre reprises la cour Suprême
fédérale des Etats-Unis a refusé d'intervenir et de les
réviser, parce qu'aucune question fédérale,
c'est-à-dire aucune question mettant en jeu les droit fondamentaux
n'était en cause.
Troisièmement, que faut-il penser de la suggestion qu'on nous
fait, à savoir de laisser le soin de décider de la fluoration des
eaux de consommation aux municipalités du Québec?
Il est douteux, c'est le moins qu'on puisse dire, que les
municipalités souhaitent assumer elles-mêmes cette
responsabilité. Dans l'ensemble, elles ne l'ont certainement pas
sollicitée. D'ailleurs, rien n'empêchait qu'elles l'assument
elles-mêmes, et de façon massive, à l'instar du très
petit nombre d'entre elles qui, au Québec, l'ont fait sans s'en repentir
depuis quelque vingt années. Au contraire, dans certains cas qui ont
été portés à ma connaissance, des conseils de ville
ont délibérément repoussé la responsabilité
de décider de la fluoration de leurs eaux de consommation,
préférant explicitement s'en remettre au gouvernement et à
l'Assemblée nationale.
Cette préférence marquée par une action
gouvernementale plutôt que municipale est d'ailleurs facile à
comprendre. Une opposition extra-parlementaire, petite mais bavarde, a
réussi à semer suffisamment le doute pour que l'on ne souhaite
point trancher la question à un niveau de juridiction où font
nécessairement défaut, la plupart du temps, l'expertise
scientifique et la compétence professionnelle nécessaires pour
évaluer à leur juste valeur qui est d'ailleurs nulle
les opinions dissidentes exprimées au sujet de la fluoration.
Nous avons entendu, selon les règlements, pendant trois jours de
séance en commission parlementaire tous ceux qui voulaient donner leur
avis sur le sujet. De pareilles audiences publiques ne sont pas à la
portée des centaines de municipalités du Québec et les
administrations municipales ne peuvent, pour la plupart, consulter les experts
susceptibles de les aider dans la préparation et l'application d'une
telle mesure de santé publique.
Le gouvernement du Québec a, quant à lui, consulté
ces experts et y a eu abondamment recours, Dieu merci! D'ailleurs, il n'est pas
étonnant
que les municipalités ne souhaitent pas intervenir dans le
dossier de la fluoration, car elles ont, comme groupe, exprimé depuis
longtemps le voeu voeu d'ailleurs exaucé par le Québec
de ne plus assumer de responsabilités dans le secteur des
services de santé. Cette demande fut officiellement exprimée
à la conférence provinciale-municipale de 1971. Elle fut
acceptée et on y a satisfait graduellement et complètement dans
les années subséquentes.
Enfin, certains ont même prétendu que l'on respecterait
davantage les droits de la minorité en confiant la
responsabilitéde fluorer ou non les eaux de consommation aux
autorités municipales. Comme si les décisions d'une
municipalité pouvaient refléter davantage les opinions
minoritaires que les décisions de l'Assemblée nationale. Dans
l'hypohtèse où la décision est laissée aux
municipalités, quelle que soit la position retenue, il est
inévitable qu'une minorité doive se soumettre au voeu de la
majorité: changer l'auteur de la décision n'en change pas la
nature.
Avant de terminer, je dois, pour compléter mon exposé sur
les principes généraux qui sous-tendent le projet de loi no 88
amendant la Loi de ia protection de la santé publique, décrire
brièvement les modifications apportées à ces principes,
modifications que j'aurai l'honneur de proposer à cette Assemblée
au stade de la troisième lecture.
Tout d'abord, je proposerai de supprimer les dispositions du projet de
loi relatives aux studios d'esthétique. Cette partie du projet de loi
avait été motivée par certains accidents, dont au moins un
mortel, survenus dans les studios d'esthétique particulièrement
au début de 1974. Deux seuls mémoires furent reçus par la
commission parlementaire à ce sujet, soit celui de la
Société des esthéticiennes du Québec et celui de la
Corporation professionnelle des médecins. Les deux mémoires
s'entendent pour déclarer que la greffe des cheveux et le peeling
profond ainsi que l'électrolyse sont des actes médicaux. A ce
titre, ils tombent sous le coup de la loi médicale, et ceux qui les
pratiquent sont passibles des sanctions prévues par cette loi pour
pratique illégale de la médecine, à moins d'être
dûment qualifiés pour le faire et d'utiliser les règles de
prudence recommandées pour ces pratiques. Il semble inutile de
légiférer deux fois sur un même sujet et il suffit, pour
éviter la répétion des accidents déplorés,
d'inviter la Corporation professionnelle des médecins et l'Office des
professions à accroître leur vigilance.
Enfin, l'argumentation de la Société des
esthéticiennes visait à inciter !e législateur à
reconnaître la profession d'esthéticienne, geste qu'elle
considère être une mesure de protection du public. Sans me
prononcer sur le bien-fondé de cette mesure, les membres de cette
Assemblée conviendront avec moi que cette reconnaissance ne saurait
être accordée par la Loi de la protection de la santé
publique.
Une deuxième modification au projet de loi, que j'introduirai au
stade de la troisième lecture, a pour but d'apporter un remède
à un problème particulier, celui des "freak shows",
c'est-à-dire des spectacles se déroulant le plus souvent dans
certaines boîtes de nuit et qui mettent en vedette pour ainsi dire des
personnes atteintes de débilité mentale.
Les textes et les gestes qu'on impose à ces acteurs
improvisés ont pour but d'exploiter leur handicap et d'attirer sur eux
le ridicule. Aucune loi n'interdit une pratique aussi ignoble et j'apporterai
un amendement, dont la rédaction a été fort
délicate, pour tenter d'y mettre fin. Je présenterai un dernier
amendement au projet de Loi modifiant la Loi de la protection de la
santé publique afin d'ajouter, aux pouvoirs réglementaires
prévus par cette loi, des dispositions nouvelles relatives à la
médecine du travail.
Il est nécessaire de situer dans son contexte ce mode nouveau
d'intervention dans le domaine complexe de la santé du travail. Les
travaux qu'un comité interministériel a effectués sur le
sujet depuis un peu plus d'un an ont permis de cerner la sphère de
responsabilités propre à chaque ministère. Pour des
raisons d'efficacité et de compétence, aucun ministère ne
peut, en effet, avoir l'entière responsabilité dans ce
domaine.
Le ministère des Affaires sociales, tenant compte des
précautions et des contrôles pris par l'autre ministère du
gouvernement du Québec, visant à l'amélioration de la
santé du travailleur, croit qu'il est indispensable que l'on
vérifie l'effet du milieu de travail sur l'état de santé
des travailleurs par des examens périodiques dont les résultats
sont consignés à un dossier personnel. D'autre part, si un
accident ou un malaise survient durant le travail, il est souhaitable qu'il ait
accès à des services de premiers soins, le plus rapidement
possible.
Ces responsabilités sont celles de l'employeur et il les assume
effectivement dans de très nombreux cas. Ces services doivent cependant
obéir à des critères de qualité bien précis
et comme ministre responsable de la santé publique, je crois que mon
ministère doit s'assurer du respect de ces critères. Cette
responsabilité fait l'objet d'un pouvoir réglementaire dont je
chercherai l'inscription dans la loi.
Ces pouvoirs nous permettront entre autres, en premier lieu,
d'édicter des normes relatives à l'organisation d'une
éducation sanitaire préventive adaptée à chaque
milieu de travail; deuxièmement, des normes relatives à
l'organisation des services de premiers soins en milieu de travail et,
troisièmement, des règles sur les examens médicaux et
l'établissement de dossiers de santé des employés tenus
par les entreprises et sur les règles d'accès du travailleur et
des médecins du département de santé communautaire
à l'information contenue dans ces dossiers.
M. le Président, la protection de la santé publique est un
vaste domaine en constante mutation. Nulle part ailleurs, peut-être,
l'Etat a-t-il davantage l'occasion de faire valoir son rôle de
législateur, plutôt que d'administrateur. Dans aucun autre
secteur, le législateur n'a d'occasion d'être
inspiré par de plus nobles motifs. Les mesures contenues dans ce
projet de loi et au tout premier chef, la fluoration des eaux de consommation
sont des mesures de progrès social. L'Assemblée nationale, contre
l'intérêt de tous les Québécois, n'a que trop
tardé à les adopter. Merci.
M. Levesque: M. le Président, si on me permet, nous avons
deux autres rapports qui viennent d'arriver et j'aurais une motion, par la
suite, à faire et je prie le député de Chicoutimi de
m'excuser, mais je n'ai pas voulu l'interrompre à un autre moment que
celui-ci, au moment où il n'avait pas encore pris la parole.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Yamaska.
Rapport sur les projets de loi nos 2, 3, 4, 5, 22 et
39
M. Faucher: M. le Président, au nom de M. Orner Dionne,
qu'il me soit permis de déposer le rapport de la commission élue
permanente de l'agriculture, qui a siégé les 17 et 18 juin 1975,
afin d'étudier, article par article, les projets de loi nos 2, 3 et 4
qu'elle a adoptés avec des amendements. Le projet de loi no 5 dont
certains articles ont été adoptés sur division et les
projets de loi no 22 et le no 39 qui ont été adoptés sans
amendement.
M. Levesque: Est-ce que ce rapport, M. le Président, est
reçu?
Le Vice-Président (M. Blank): Reçu. Est-ce que ce
rapport est adopté?
M. Charron: Oui, adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
M. Levesque: Un autre rapport également relativement
à la Loi des impôts.
Le Vice-Président M. Blank): Est-ce que le rapport est
déposé?
Le rapport est reçu et déposé.
M. Levesque: On me fait remarquer qu'un rapport a
été déposé. Nous allons attendre pour les
autres...
Je voudrais faire motion pour que, du consentement de la Chambre, la
commission parlementaire de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications puisse siéger immédiatement à la salle
81-A. A cette fin, je voudrais faire motion de révoquer l'ordre de
déférence à la commission plénière pour que
ce soit plutôt une déférence à la commission
élue que je viens de mentionner, quant au projet de loi no 46.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que cette motion de
révocation est adoptée?
M. Charron: Avec la collaboration exceptionnelle de
l'Opposition.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté. Est-ce que la
motion de déférence est adoptée? Adopté.
M. Levesque: Cette commission peut siéger
immédiatement à la salle 81-A.
M. le Président, je vous rappellerai que l'honorable ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives avait
réservé ses remarques quant aux projets de loi inscrits en son
nom, que nous avions d'ailleurs adoptée en troisième lecture,
sous réserve de tout amendement ou correction que pourrait
suggérer le ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
M. Tetley: En effet...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi):... est-ce qu'il n'y aurait pas
lieu je n'ai aucune objection de prévenir au moins le
député de Lafontaine, de manière que ce dernier puisse
être en Chambre afin d'entendre les amendements que le ministre a
à apporter?
M. Tetley: Les amendements ont été approuvés
je vous l'affirme de mon siège par le député
de Lafontaine en commission. Je crois que votre intervention est valable et
propice, mais je dois répondre que c'est une omission du service du
secrétariat qui a oublié deux articles de la loi, tout
simplement. Le secrétaire de la commission élue des institutions
financières, compagnies et coopératives s'est trompé et a
oublié deux articles dans le rapport et, en conséquence, dans la
loi. Ce sont les articles 4. 4 et 4. 5 qui ont été oubliés
et non pas adoptés par suite d'une erreur, malgré que le journal
des Débats montre clairement que ces articles font partie
intégrante de la loi.
Je crois que le parrain du bill, le député de Taschereau,
qui est ici présent, est d'accord.
M. Bonnier: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je tiens pour acquis la parole du
ministre à l'effet qu'il a informé le député de
Lafontaine.
M. Tetley: Je remercie le député de Chicoutimi de
son intervention intelligente et compréhensive.
Le Vice-Président (M. Blank):... les amendements.
M. Tetley: Voulez-vous que je les lise ou que je les
dépose?
Le Vice-Président (M. Blank): Qu'on les dépose et
je pense qu'on pourrait faire les écritures pour révoquer la
troisième lecture, retourner en commission plénière,
ajouter les amendements et
adopter de nouveau la troisième lecture. Le secrétaire
fera les écritures. D'accord?
M. Levesque: II y aura sanction lorsque nous aurons
disposé du projet de loi actuellement à l'étude, mais plus
tard qu'à dix-huit heures aujourd'hui. J'avais proposé à
l'Opposition l'adoption de certains autres projets de loi en troisième
lecture, mais je ne crois pas qu'il soit maintenant opportun de le faire, car
je me rappelle une demande de l'honorable député de Beauce-Sud
à l'effet d'accorder un certain délai pour les rapports en
question.
Je crois que nous attendrons plutôt à demain ou les jours
subséquents pour suggérer la troisième lecture des projets
de loi pour lesquels les commissions ont fait rapport aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Chicoutimi, sur le projet de loi no 88.
Projet de loi no 88 (suite) M. Marc-André
Bédard
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, au niveau
de notre intervention de deuxième lecture, il n'est pas question pour
nous de reprendre tout le débat qui a été fait en
commission parlementaire concernant le projet de loi no 88.
Comme vous le savez, nous avons eu l'occasion, lors des auditions de
cette commission parlementaire, d'entendre plusieurs scientistes, d'entendre
plusieurs représentants de la pratique du monde médical.
Egalement, nous avons eu l'occasion d'entendre des organismes et des individus
qui avaient exprimé l'intention de faire des représentations
à cette commission parlementaire. Ainsi les auditions de la commissions
parlementaire nous ont permis de nous faire une idée claire de la
situation, une idée très nette sauf qu'il y aurait
peut-être à regretter, M. le Président, le fait qu'au
niveau des auditions de cette commission parlementaire il n'y ait pas eu plus
de groupes qui, scientifiquement, contestent la fluoration. Il y aurait lieu
peut-être de regretter qu'il n'y ait pas eu plus de groupes qui se soient
fait entendre. Il y a lieu aussi de regretter une attitude assez intransigeante
du gouvernement, qui n'a pas accepté, entre autres, que certains
scientistes qui sont contre la fluoration soient entendus.
Je soumets que, devant un débat de l'importance de celui que nous
avons devant nous, devant l'importance de la loi que le gouvernement
s'apprête à faire voter par l'Assemblée nationale, il
aurait été de mise d'accéder aux demandes qui ont
été formulées en ce sens, tant par l'Opposition officielle
que par les autres partis reconnus en cette Chambre.
M. le Président, dès le début de la commission
parlementaire, et le ministre le sait, l'Opposition officielle a fait
connaître d'une façon bien explicite ses positions et elles
demeurent les mêmes. Le principe de la loi que nous avons à voter,
et c'est là-dessus uniquement que nous avons à voter au niveau de
la deuxième lecture, c'est la fluoration obligatoire pour tous les
Québécois. D'ailleurs le ministre des Affaires sociales, dans son
exposé de deuxième lecture, l'a dit très clairement
lorsqu'il a spécifié, dès le début de son
intervention, que le but de cette loi était de faire de la fluoration
une mesure de santé publique générale et obligatoire. M.
le Président, vous savez que la position de l'Opposition officielle a
été clairement exprimée dans le sens que nous
étions justement opposés au caractère obligatoire de cette
loi. Le ministre a dit, dans son intervention tout à l'heure, quelques
mots sur l'amendement que nous avions apporté à la commission,
afin de corriger ce caractère obligatoire qui est le propre de cette
loi.
Mais les explications qu'il nous a données m'ont convaincu qu'il
n'avait pas compris le sens de notre amendement. Nous reviendrons tout à
l'heure sur ce sujet spécifique afin de l'expliquer davantage en
espérant que, peut-être au niveau de la discussion article par
article de ce projet de loi, le ministre sera plus flexible.
Le ministre, dans son exposé, a affirmé que les
Québécois avaient une mauvaise dentition. Je pense que je ne peux
pas dire que c'est une vérité de La Palice mais il est clair que
c'est une vérité scientifique. Sur ce point, nous sommes
complètement d'accord avec le ministre. D'ailleurs, lors de la
commission parlementaire, dans notre exposé d'ouverture, nous en avions
fait état.
Il est évident que les Québécois ont une mauvaise
dentition. Ceci est clair. D'ailleurs, une enquête, publiée en
1973, par le ministre de la Santé nationale et portant sur les
années 1968 à 1970, démontrait, d'une façon
très claire, que les Québécois avaient une mauvaise
dentition. Il était spécifié que, dans ce domaine, lorsque
nous avions à comparer les différents indices, nous
étions, nous, les Québécois, à l'avant-dernier rang
de toutes les provinces canadiennes. Cette enquête démontrait
là-dessus, nous sommes pleinement d'accord avec les chiffres qui
ont été apportés par le ministre des Affaires sociales
clairement qu'à peu près 75% des Québécois
âgés de treize ans et moins avaient besoin de réfection,
alors que cette proportion n'était que de 45% en Ontario et de 50% au
Manitoba.
Cette enquête également démontrait que la moyenne de
réfection requise pour les enfants de onze ans, était de 4. 37%
au Québec par rapport à 2. 69% en Ontario et à 2. 72% au
Manitoba. Pour les enfants de treize ans, elle était de 5. 5% au
Québec, de 2. 67% en Ontario et de 2. 84% au Manitoba.
Egalement, cette enquête démontrait qu'au Québec 31.
5% des jeunes, âgés de treize ans et moins, devaient se faire
extraire au moins une dent, tandis que seulement 12% des jeunes Onta-riens et
14% des jeunes Manitobains étaient placés avec les mêmes
besoins, dans la même situation.
Alors, je crois qu'il n'est pas besoin de parler plus longtemps pour que
vous soyez en mesure de constater que nous sommes sur la même longueur
d'onde que le gouvernement, que nous sommes sur la même longueur que les
études et les enquê-
tes qui ont été effectuées par des scientifiques en
la matière.
Devant cette situation, le ministre a parlé, avec admiration, de
sa politique de santé buccale. Il s'est posé comme l'admirateur
no 1 de sa politique de santé buccale. C'est son droit. Il n'est pas dit
que plus de modestie aurait été de mise dans ce domaine.
Le ministre oublie que pour remédier à cette situation
déplorable, que nous avons constatée et sur laquelle nous avons
apporté des chiffres, il y a quelques instants, il faut qu'un
gouvernement agisse à la fois par des mesures préventives et par
des mesures curatives.
Qu'a fait le gouvernement, M. le Président, et qu'est-ce qu'il
aurait pu faire? Jusqu'à maintenant, à part certains efforts
d'hygiène dentaire au niveau scolaire, nous pouvons dire que le
gouvernement a concentré davantage son action sur les soins cu-ratifs et
que, même à ce niveau, l'action gouvernementale est actuellement
insuffisante.
Malgré et nous l'avions souligné lors de
l'ouverture des auditions de la commission parlementaire l'ouverture de
la faculté d'hygiène dentaire de l'université Laval, le
gouvernement sait qu'il n'y a pas encore assez de dentistes au Québec et
que leur répartition géographique laisse fort à
désirer. Comme le démontrent d'ailleurs les travaux des dentistes
Simard et Lussier, auxquels s'est référé, dans son
discours, le ministre des Affaires sociales, dont les résultats ont
été publiés en 1970 dans le journal de l'association
canadienne, il reste que le recours aux soins dentaires est proportionnel au
nombre de dentistes établis dans une région. Il est donc urgent
que le gouvernement ce qu'il n'a pas fait prenne
immédiatement toutes les mesures nécessaires afin d'augmenter
substantiellement le nombre de dentistes et d'auxiliaires qualifiés au
Québec afin que toutes les régions du Québec soient
desservies adéquatement.
De plus, M. le Président, une étude faite entre 1965 et
1968, à l'Université de Montréal, démontrait que
les enfants des milieux peu fortunés, ont, à l'âge de dix
ans, 6. 4 dents permanentes cariées et à l'âge de treize
ans, 13. 8 dents permanentes cariées, c'est-à-dire que plus de la
moitié des dents qu'ils ont en bouche sont déjà atteintes
de caries.
Là-dessus, M. le Président, l'enquête Simard-Lussier
a prouvé également que le recours aux soins dentaires
était directement proportionnel au revenu et au degré de
scolarité. Je crois que les mesures qui ont été prises par
le gouvernement, jusqu'à maintenant, n'ont quand même pas permis
que le plus grand nombre de jeunes possible puissent avoir accès aux
soins dentaires malgré le peu de revenus des familles dont ils font
partie et malgré, naturellement, le peu de degré de
scolarité qui est leur lot.
Face à cette situation, M. le Président, qu'est-ce que
nous croyons, nous de l'Opposition, que le gouvernement pourrait ou devrait
faire? Il y a un point que nous avons soulevé lors de la commission
parlementaire et que nous désirons soulever à nouveau pour
montrer que le gouver- nement aurait pu faire beaucoup plus qu'il n'a fait
jusqu'à maintenant et que le ministre des Affaires sociales aurait pu
avoir un petit peu plus de modestie concernant l'admiration qu'il a devant sa
politique de santé buccale.
Entre autres, par exemple, M. le Président, l'assurance-maladie
couvre, depuis l'été dernier seulement, les soins dentaires pour
les enfants de moins de 9 ans.
Je crois que le ministre des Affaires sociales serait encore beaucoup
plus fier de sa politique de santé buccale s'il trouvait les moyens
ce que nous avons réclamé à maintes reprises
d'étendre cette couverture aux jeunes jusqu'à 18 ans, car le
gouvernement a les moyens d'étendre la couverture de l'assurance
dentaire.
La Régie de l'assurance-maladie aura, à la fin de
l'année financière, un surplus accumulé de $100 millions.
Nous croyons qu'il aurait été normal, dans l'élaboration
ou dans la poursuite d'une politique de santé buccale, qui est
primordiale, que ce surplus serve à étendre la couverture de
l'assurance dentaire à toutes ces personnes de moins de 18 ans.
Cette mesure, nous le croyons, est primordiale si l'on veut que la
qualité de la santé buccale des jeunes Québécois
issus de milieux défavorisés urbains et ruraux puisse
s'améliorer, puisque cette santé buccale ne doit pas être
seulement le fait de ceux qui ont la chance d'avoir plus de moyens financiers
ou qui ont la chance d'appartenir à un milieu où le degré
de scolarité est plus élevé.
A cet effet, nous croyons qu'il est primordial d'améliorer les
services de santé en milieu scolaire, à la fois pour assurer une
meilleure détection des déficiences dentaires et pour inculquer
aux enfants une meilleure pratique de l'hygiène dentaire.
Idéalement, il faudrait que les jeunes Québécois se
nourrissent mieux. Malheureusement, il est presque impossible de s'assurer un
contrôle efficace de la qualité de l'alimentation,
particulièrement dans un contexte où plusieurs familles
québécoises n'ont plus les moyens de se bien nourrir à
cause du coût élevé de certaines denrées de
base.
Dans le seul secteur où le gouvernement pourrait agir,
c'est-à-dire au niveau des cafétérias scolaires
nous l'avons souligné à la commission parlementaire le
gouvernement maintient le principe, qu'il semble ne vouloir violer d'aucune
façon, le considérant comme un principe sacro-saint, de
l'autofinancement. Avec une telle prise de position, nous croyons que c'est
toute la qualité de l'alimentation de nos étudiants qui souffre.
On n'a pas plus les moyens de bien se nourrir à l'école qu'on ne
les a à la maison, et la machine distributrice remplace facilement le
repas complet de la cafétéria.
Autrement dit, M. le Président, nous sommes d'accord pour dire
que les Québécois ont une mauvaise dentition et qu'il faut au
plus tôt l'application d'une politique de santé buccale qui soit
efficace.
Dans un deuxième temps, nous avons voulu
soulever le fait que le gouvernement, en dehors de ce qu'il nous propose
par le projet de loi no 88, aurait pu et aurait dû poser des gestes de
nature à améliorer cette santé buccale.
Il a fait preuve quand même d'un certain retard, sinon d'une
certaine négligence à appliquer certaines politiques que nous
avons définies il y a quelques instants.
Le ministre des Affaires sociales a clairement indiqué dans son
discours sa conviction que la fluoration réduisait les caries et avait
des effets bénéfiques certains. Là-dessus, encore, nous
sommes d'accord. Les témoignages qui ont été rendus
à la commission parlementaire par les scientistes, par le monde
médical et le large consensus qui se fait au niveau du monde de la
science sur ce sujet précis font que l'Opposition officielle partage
cette conclusion voulant que la fluoration ait assurément des effets
bénéfiques aux fins de réduire la carie dentaire.
Egalement, nous sommes d'accord, lorsque certaines personnes font
état de la notion de fluor naturel par rapport à la notion de
fluor artificiel, pour dire que ces personnes sont dans l'erreur. Je crois que,
scientifiquement, je le dis très humblement, les témoignages qui
ont été apportés en commission et également les
ouvrages scientifiques qui ont été écrits sur ce sujet ne
permettent pas d'arriver à cette distinction entre le fluor naturel et
le fluor artificiel.
Malgré tous ces points sur lesquels nous sommes d'accord avec le
gouvernement concernant la fluoration et ses effets bénéfiques
sur la santé buccale des Québécois, il reste que
l'Opposition officielle n'appuiera pas le projet de loi no 88 pour une raison,
au nom d'un principe que nous avons exprimé dès le début
des travaux de la commission parlementaire. L'Opposition officielle n'appuiera
pas le projet de loi no 88 parce que ce projet de loi impose la fluoration.
C'est là le principe de ce projet de loi, de rendre la fluoration
obligatoire, de donner à cette politique de fluoration un
caractère obligatoire avec aucune porte de sortie possible. Nous avions
proposé, et nous allons le proposer encore lors de l'étude du
projet article par article, une formule de référendum qui
permettrait aux municipalités qui veulent se retirer du programme de
fluoration de le faire.
Le ministre, dans son exposé a abordé un seul point
particulier du référendum et du principe pour lequel nous sommes
contre le projet de loi no 88, lorsqu'il a dit textuellement ceci: "La
complexité du monde dans lequel nous vivons exige, des gouvernements,
une volonté de concilier les valeurs, les points de vue et même
les intérêts proposés. Un gouvernement doit étudier
soigneusement tout recours à des solutions autoritaires et asseoir le
plus possible son action sur le consensus le plus large qui soit. Agir
autrement, de manière systématique, serait nier la liberté
et la diversité qui font la richesse des sociétés
démocratiques. "Cependant, il ne saurait être question, pour
l'Etat, de toujours s'astreindre à trouver des compromis.
L'actualité récente a fourni de trop nombreux exemples où
une telle attitude, si elle a un temps, été adoptée, s'est
éventuellement révélée désastreuse et
où l'intervention de l'Etat a dû finalement se faire sentir avec
plus de force qu'il n'eût été strictement
nécessaire. "
Je ne sais pas si, dans la deuxième partie de son intervention,
le ministre faisait appel à l'attitude de compromis du gouvernement dans
le domaine du travail qui avait obligé ce même gouvernement
à légiférer avec plus de force qu'il n'eût
été strictement nécessaire, M. le Président, mais
le ministre des Affaires sociales nous présente sa loi avec le
caractère obligatoire en se justifiant par l'argument principal,
à savoir que le gouvernement doit asseoir le plus possible son action
sur le consensus le plus large qui soit.
Nous sommes d'accord, M. le Président, au niveau du principe qui
est énoncé, mais je pense que le ministre a confondu un large
consensus scientifique avec un large consensus populaire. D'ailleurs le
ministre a tenu à dire que bien des municipalités, jusqu'à
maintenant, non seulement s'étaient opposées à la
fluoration mais n'avaient pas cru bon de solliciter l'aide du gouvernement aux
fins d'instaurer la fluoration.
Alors, M. le Président, nous croyons que l'attitude du
gouvernement, qui confond intentionnellement un large consensus scientifique
avec un large consensus populaire, exprime son refus de croire qu'une
population, lorsqu'elle est correctement informée, lorsque après
avoir été valablement, objectivement informée, est capable
de se prononcer par voie de référendum, pour identifier
elle-même où se trouve son bien et quelle est la décision
que cette population doit prendre.
M. le Président, le gouvernement refuse d'accepter cette
possibilité pour des municipalités de se retirer je
précise: qui veulent se retirer du programme
général de la fluoration.
Cette décision du gouvernement, de refuser la possibilité
à ces municipalités de se retirer après avoir
consulté leur population respective par référendum, en
plus d'être un manque de confiance dans la capacité d'une
population d'exprimer clairement ce qu'elle veut, doit être
également considérée comme un recul devant les charlatans
que le ministre a dénoncés à plusieurs reprises dans son
discours de deuxième lecture.
Ce refus de permettre à une population de pouvoir s'exprimer sur
un sujet aussi important qui touche un bien fondamental, la santé, nous
croyons que pour le gouvernement c'est, d'avance, croire qu'à l'occasion
d'une campagne d'information, le gouvernement a la conviction que les
charlatans l'emporteraient sur les gens du monde de la science qui auraient
l'occasion de faire valoir leurs arguments devant la population qui serait
concernée.
Nous sommes d'accord qu'il y ait une loi générale qui
s'applique à l'ensemble du Québec concernant la fluoration. Mais,
le sens, le but de notre amendement était tout simplement de permettre
à des municipalités de pouvoir se retirer après avoir fait
un référendum au niveau de leur population. Il me semble que si
le ministre avait
bien compris le sens de notre amendement, il l'aurait accepté.
Parce qu'à ce moment-là ç'aurait été moins
difficile de faire accepter la loi générale puisque les
municipalités et les citoyens, devant l'application de cette loi
générale, auraient accepté avec moins de
difficultés, avec une peur moins grande, pour ceux qui s'y seraient
opposés, puisqu'ils auraient vu la possibilité d'en sortir si le
programme comme tel ne s'avérait pas efficace.
De toute façon, nous l'avons dit à la commission
parlementaire et nous le maintenons au niveau de la deuxième lecture de
ce projet de loi, nous voterons, puisque c'est du principe dont il est question
lors de la deuxième lecture, contre le principe de ce projet de loi qui
est de rendre la loi obligatoire. Nous n'avons rien vu au niveau des
amendements qu'a apportés le ministre, qui aille dans le sens de
certaines propositions que nous avions faites lors de l'étude en
commission parlementaire. Entre autres, nous avions demandé que, face
à une loi générale concernant la fluoration, le
gouvernement étudie la possibilité de défrayer au complet,
en plus des coûts d'achat et d'installation, les coûts de
fonctionnement des appareils de fluoration.
Nous avons été à même de constater, lors des
auditions de la commission parlementaire, que les coûts de fonctionnement
représentaient quand même une dépense très
importante pour les municipalités. Nous avons eu l'occasion d'entendre,
etnre autres, les représentants de la ville de Laval. Il a
été possible de constater que ces coûts de fonctionnement,
s'ils étaient absorbés par les municipalités, auraient
comme conséquence que les citoyens de ces municipalités seraient
placés très vite devant la situation de voir encore une fois
leurs taxes augmenter afin de défrayer une partie du programme
proposé par le gouvernement dans le projet de loi no 88.
M. le Président, au niveau de la deuxième lecture, ce sont
les considérations que nous avions à faire. Puisqu'il n'y a pas
eu d'amendement annoncé par le ministre des Affaires sociales,
concernant l'abolition de l'aspect obligatoire de cette loi, nous voterons
contre, en deuxième lecture.
M. Bienvenue: Si le député de Rouyn-Noranda voulait
me permettre une seconde... Avec le consentement des différentes
oppositions, M. le Président, je propose l'adoption du rapport sur le
bill 19 qui a été déposé ce matin, sa
troisième lecture, les écritures, etc.
M. Roy: II est vrai que nous avons été
consultés. En ce qui nous concerne, nous avons donné notre
consentement pour que ces écritures se fassent et que la
troisième lecture soit également adoptée, afin de
permettre la sanction du projet de loi dans les meilleurs délais et
l'accélération de nos travaux parlementaires. M. le
Président, en français, cela s'appelle de la collaboration.
M. Samscn: Avant que le lieutenant-gouverneur ne manque de
gin.
M. Bienvenue: Egalement en français, c'est très
apprécié.
Projet de loi no 19
Rapport sur le projet de loi et troisième
lecture
Le Président suppléant (M. Picard): Cette motion
d'adoption du rapport et de la troisième lecture est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président suppléant (M. Picard): Adopté.
Le député de Rouyn-Noranda.
Projet de loi no 88 (suite) M. Camille Samson
M. Samson: M. le Président, je souligne
immédiatement qu'un député libéral me fait
l'honneur de m'applaudir. Deux, trois, quatre, cinq, six, pas mal, M. le
Président! Je pensais que le caucus était plus solidaire que cela
derrière le ministre des Affaires sociales.
Le Président suppléant (M. Picard): Le
député de Rouyn-Noranda sur le projet de loi no 88,
deuxième lecture.
M. Samson: M. le Président...
M. Bienvenue: M. le Président, une question de
règlement. Nous n'applaudissions pas les propos à venir du
député de Rouyn-Noranda, que nous ne soupçonnons pas,
d'ailleurs, mais nous applaudissions son attachante personnalité.
M. Samson: De toute façon, M. le Président, ils
sont mieux d'applaudir avant parce qu'ils n'applaudiront pas après.
Le projet de loi no 88, qui est le petit-fils d'un autre projet de loi
présenté il y a déjà plusieurs années, est
le fils d'un projet de loi qui a été présenté en
1973 et qui a été retiré. Si je pouvais parler en termes
médicaux, je dirais que c'est un projet de loi sur la fluoration qui a
avorté en 1973, mais c'est un avortement manqué parce qu'il est
revenu.
M. le Président, ce n'est pas la première fois qu'au
Québec certains technocrates... J'aimerais bien voir le ministre des
Affaires sociales, je ne sais pas où il est rendu. Où est-il?
J'aimerais mieux l'avoir en avant que de l'avoir à côté de
moi, je pourrais voir sa réaction dans ses yeux. Malheureusement, M. le
Président, si je veux le regarder, cela va m'empêcher de vous
regarder. Dans les circontances je préfère vous regarder, vous,
que le ministre des Affaires sociales. Je souligne que même le premier
ministre s'est dérangé pour venir faire cette troisième
tentative de passer un sapin aux Québécois.
M. Bourassa: Non. Je veux poser une question.
M. Samson: Mais, comme le premier ministre me demande s'il peut
me poser une question, cela me fait plaisir de lui accorder cette question.
M. Bourassa: Je veux simplement rappeler au souvenir du
député de Rouyn-Noranda que, dans sa propre ville, la fluoration
est appliquée. Et je rattache cela à une déclaration du
député, qui avait dit que la fluoration se trouvait à
contribuer au ramollissement du cerveau!
M. Samson: M. le Président, ce n'est pas une
question...
Une Voix: C'est vrai, c'est vrai.
M. Samson:... c'est une mauvaise déclaration du premier
ministre; ce n'est pas sa première, d'ailleurs.
De toute façon, avant qu'on commence à fluo-rer l'eau
l'eau chez nous, tous les ministres du gouvernement Bourassa ou presque tous
venaient se promener. Quand on a commencé à fluorer l'eau, ils
ont arrêté de venir se promener dans la région. Bien
sûr, ils viennent dans d'autres villes de la région, Amos,
Val-d'Or, mais pas à Rouyn-Noranda. Même le premier ministre ne
risque pas ça. Je suis d'accord avec lui, qu'il n'en risque pas trop
parce qu'on ne sait pas jusqu'à quel point on peut attacher de la
crédibilité aux propos du premier ministre, pas plus qu'à
ceux du ministre des Affaires sociales d'ailleurs. Je l'entendais, durant la
présentation de son projet de loi no 88, nous dire que tous ceux qui
sont contre le projet de loi sont, ou bien des démagogues, ou bien des
fumistes, ou bien des charlatans. Et il a ajouté d'autres choses que je
n'ai pas comprises; de toute façon, il est dur à comprendre des
fois.
Mais voici ce qu'il a oublié de d: re, le ministre des
Affaires sociales. Dans la Presse du 18 juin 1974, il y avait un titre qui va
vous intéresser: Claude Forget s'applique à vendre la fluoration
de l'eau aux députés, cela c'est les députés
libéraux. Alors, dans les démagogues, dans les fumistes, dans les
charlatans dont a parlé le ministre des Affaires sociales tantôt,
si je m'en reporte aux propos de la Presse, je n'ai pas de nom à ajouter
mais on devra inclure ceux que la Presse a mentionnés en 1974. Mais
jusqu'à quel point et dans quelle proportion pouvons-nous ajouter foi au
ministre des Affaires sociales, à ses propos? Dans quelle mesure
pouvons-nous accorder de la crédibilité au ministre des Affaires
sociales, qui nous propose un projet de loi modifiant la Loi de la protection
de la santé publique? S'il y a une fumisterie quelque part, c'est quand
on tente de faire croire aux Québécois qu'avec le projet de loi
no 88 on va modifier la Loi de la protection de la santé publique. C'est
cela, de la fumisterie, tenter de faire croire à la population qu'on va
protéger sa santé alors que c'est le contraire qu'on va faire
avec le projet de loi.
D'ailleurs, le ministre a poussé l'astuce jusqu'à inclure
dans le même projet de loi la fluoration des eaux de consommation, la
question des studios d'esthétique et la crémation des cadavres.
Cela va bien ensemble! Cela va bien avec le ministre, ce que je viens de dire,
la dernière phrase.
Mais je vous dis ceci: C'est qu'il faut non seulement vouloir insulter
la population du Québec en tenant de tels propos, des propos comme ceux
qu'a tenus le ministre, mais encore faut-il ne pas être
gêné. Permettez-moi l'expression canadienne, cela s'appelle avoir
du front tout le tour de la tête et un peu en arrière, une petite
barre dans le dos.
Quand on tient de tels propos, comment peut-on croire à la
crédibilité d'un ministre qui nous parle de protection de la
santé publique, qui a, depuis assez longtemps, des
responsabilités dans le domaine de la protection de la santé
publique alors que lui et ses successeurs ont laissé les
Québécois manger de la charogne pendant dix ans avant de le dire
à la population?
Est-ce que c'est cela, la protection de la santé publique, M. le
Président? Est-ce qu'on peut accorder foi ou une certaine
crédibilité à ces gens? Cela a été connu
publiquement, grâce à l'enquête sur le crime
organisé, mais nous savons que déjà, depuis dix ans, les
gouvernements étaient au courant de cela. Sous le prétexte de la
protection de la santé publique, pourquoi le ministre n'a-t-il pas agi
quand c'était le temps pour réellement protéger la
santé publique? On viendra nous faire croire qu'avec le bill 88, c'est
pour protéger la santé publique.
M. le Président, c'est plutôt pour détruire la
santé publique. Le premier ministre est ici, et je profite de sa
présence pour vous souligner, M. le Président, que le dernier
projet de loi sur la fluoration, qui a été présenté
en 1973, a été retiré quelques semaines avant le
déclenchement des élections, en 1973. J'aimerais que le premier
ministre ne se sauve pas trop vite, je n'ai pas fini. Je n'ai pas fini de
parler de lui, M. le Président, et j'aimerais mieux parler pendant qu'il
est là. Je comprends qu'il a d'autres chats à fouetter, qu'il a
encore d'autres bills comme cela à aller préparer. Mais le
premier ministre et l'équipe libérale n'ont pas risqué
d'entreprendre la campagne électorale de 1973 avec le projet de loi de
la fluoration des eaux de consommation laissé en plan. Ils l'ont
retiré. Le gouvernement libéral n'a pas de mandat de la
population pour fluorer les eaux de consommation au Québec.
Qu'on regarde le programme du Parti libéral des élections
de 1973 et vous ne retrouverez pas cela, M. le Président. Au contraire,
vous retrouvez des promesses pour améliorer la qualité de la vie,
là, il y en a. Vous retrouvez des promesses pour améliorer la
qualité de l'environnement, là, il y en a. Mais jamais on n'a dit
aux Québécois qu'on reviendrait avec un projet de loi sur la
fluoration pour détériorer leur qualité de vie et
l'environnement. Jamais on n'a dit cela. Jamais, M. le Président, le
gouvernement libéral n'a eu un mandat pour faire ce qu'il fait
présentement. On ne peut pas invoquer l'état d'urgence, cette
fois. On ne
peut pas venir nous dire que c'est parce que cela presse et que c'est
dangereux comme on a invoqué l'état d'urgence en 1970, en
octobre. On ne peut pas invoquer que c'est une situation nouvelle, cette fois.
Cela fait 30 ans qu'on parle de fluoration ou de possibilité de
fluoration d'eau potable au Québec. Le gouvernement libéral, qui
l'a présenté, l'a retiré avant la dernière campagne
électorale.
Au lieu de rendre obligatoire la fluoration des eaux de consommation, le
gouvernement devrait plutôt défendre cette mesure. Au moins, s'il
n'est pas prêt à aller aussi loin que cela, permettre aux villes
qui sont concernées et dont la population est suffisamment intelligente
pour se faire une idée, de décider elles-mêmes. Mais le
ministre ne croit pas en l'intelligence de la population. Il l'a dit presque
clairement. Il a dit: II faut l'imposer.
Dans 92 municipalités au Québec, il y a actuellement
fluoration des eaux de consommation; sept municipalités ou villes ont
accepté, après 1970, même avec les invitations cordiales du
gouvernement, de fluorer, c'est-à-dire sous le présent
gouvernement. Trois ont cessé depuis ce temps, trois des sept villes:
Schefferville, Saint-Cuthbert, Nico-let.
Quand le ministre parle de charlatans, de fumistes, de
démagogues, il inclut également, parmi les opposants, des gens
comme les responsables, élus du peuple, représentant la ville de
Tracy, qui ont un long mémoire et dont le maire est venu devant la
commission parlementaire tenter de défendre la position de sa ville et
celle de villes semblables à la sienne. La ville de Tracy a même
fait parvenir une copie de sa résolution contre la fluoration à
plusieurs villes du Québec, et, je vous nomme les villes qui ont
accepté d'appuyer la résolution de la ville de Tracy contre la
fluoration, pour le journal des Débats. Comme cela nous pourrons savoir
les noms des gens que le ministre a inclus quand il a parlé de ceux qui
se prononcent contre le projet de loi, quand il a parlé d'eux comme des
démagogues, des fumistes ou des charlatans.
Parmi ceux que le ministre a insultés vous avez la ville de
Québec, ce n'est pas loin d'ici; la ville de La Tuque, c'est dans un
comté libéral; Port-Alfred; Mascouche; Loretteville; Longueuil;
Varennes; Verdun.
M. Caron: M. le Président...
M. Samson: Même si l'honorable député de
Verdun s'est déjà levé à la commission
parlementaire pour contester cela, nous avons des copies de la ville de Verdun
qui sont dûment signées. Je continue.
M. Caron: M. le Président, est-ce que mon collègue
me...
M. Samson: La ville de Salaberry-de-Valleyfield. Non, M. le
Président, je ne lui permets pas car il s'est déjà
essayé comme cela; je sais qu'il va dire que ce n'est pas vrai, mais
nous avons des lettres signées. On continue. Blainville; Haute-rive,
Sherbrooke; Courville; Nicolet Baie-Comeau; Saint-Joseph-de-Sorel, c'est proche
du comité central du Parti libéral; Matane paroisse de
Contrecoeur; Drummondville-Sud; Sainte-Agathe-des-Monts; paroisse de
Saint-Roch; Shawinigan-Sud; Val-d'Or, un autre comté libéral;
Cap-de-la-Madeleine; Grand-mère; Malartic, c'est dans mon
comté.
M. Bellemare (Rosemont): C'est pour cela que vous avez de belles
dents.
M. Samson: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
demander de faire comprendre à mon collègue de mon
arrière-gauche de Rosemont que s'il veut parler sur le sujet, il aura le
temps de le faire, et j'aimerais bien, d'ailleurs, connaître son
opinion.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, comme j'ai
été nommé, je soulève une question de
privilège.
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre,
messieurs! Je ne pense pas que cela soit une question de privilège, ce
serait plutôt une question de règlement. On abuse des questions de
privilège dans cette Chambre, alors changez votre formule pour une
question de règlement.
M. Bellemare (Rosemont): Question de règlement, M. le
Président, ou une directive, vous en jugerez l'à-propos.
J'aimerais, par la voix du président, savoir, dans la région du
député de Rouyn-Noranda, quel est le pourcentage de la fluoration
naturelle des eaux chez lui.
M. Roy: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre! Le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Peut-être feriez-vous bien de donner des
directives privément au député de Rosemont, cela
l'empêcherait de se tourner en ridicule devant l'Assemblée
nationale! Il a probablement bu trop de fluor!
Je continue en vous disant que la commission scolaire régionale
de Carignan a également appuyé la résolution de la ville
de Tracy. Il y a aussi la commission scolaire de Sorel. Voici des villes qui
n'ont pas voulu se prononcer: Amos, Granby, Mont-Laurier, Rock Forest,
Chicoutimi-Nord, Ma-gog, Montmagny, Saint-Jean et des villes qui
n'étaient pas assez informées pour prendre position: Bagotville,
Candiac, Beloeil, Charlesbourg. Il y en a quelques-unes qui sont en faveur,
elles sont six: Chibougamau, Mont-Royal, Saint-Pierre, Jonquière,
Pincourt, Windsor. Je pense qu'on doit les nommer, parce que nous devons
prendre en considération ce que les villes croient être bien pour
leur population ou ce qu'elles croient être
mauvais. Il y a des villes où le sujet est à
l'étude: Ancienne-Lorette, Chambly, Gatineau, Saint-Jérôme,
Beauport, Chicoutimi, Lac-Mégantic, Waterloo. Il y en a d'autres qui
n'ont pas répondu à l'invitation de la ville de Tracy.
Je pense qu'il est suffisamment clair que le ministre a insulté
non seulement des populations, mais des représentants de ces populations
quand il a traité de démagogues tous ceux qui s'opposent à
son projet de loi.
Le même gouvernement libéral, social-démocrate, ou
appelez-le comme vous voudrez, s'apprête à nous demander notre
approbation sur un autre projet de loi qui viendra directement en contradiction
avec le projet de loi no 88, parce que lorsqu'on refuse à des villes,
à des citoyens le droit de se prononcer sur un sujet aussi important que
leur propre santé, je dis que c'est une atteinte aux droits fondamentaux
de la personne, une atteinte à la liberté individuelle. Or,
voilà que nous avons étudié, durant l'hiver, un projet de
loi qui porte le no 50 et qui s'appelle la Loi sur les droits et
libertés de la personne.
Je n'ai pas l'intention de vous parler au complet de cette loi, mais
qu'il me soit permis, à titre de référence, de vous lire
l'article 1 c'est le seul que je vais vous lire qui dit ceci:
"Tout être humain a droit à la vie ainsi qu'à la
sûreté et à liberté de sa personne. " On affirme un
grand principe, dans le projet de loi no 50, et, dans le projet de loi no 88,
on renie ce principe. Cela s'appelle un gouvernement inconséquent. Cela
ne nous surprend pas qu'on ait laissé manger de la charogne pendant dix
ans à des Québécois sans nous le dire pour arriver, par la
suite, en nous disant que par un projet de loi on va régler le
problème et qu'encore une fois le gouvernement libéral va sauver
le peuple! Oui, après l'avoir empoisonné ou laissé
empoisonner pendant tant de temps!
M. Bellemare (Rosemont): C'était à Rouyn-Noranda,
la charogne!
M. Samson: M. le Président, je continue en vous disant que
le projet de loi no 88 est un projet de loi qui va à rencontre des
libertés individuelles et des droits fondamentaux de la personne
humaine.
Il y a des gens qui sont venus devant la commission parlementaire parler
en faveur du projet de loi du ministre, bien sûr.
Nous en avons reconnu plusieurs qui sont venus parler en faveur du
projet de loi du ministre dont certains experts qui coûtaient pas mal
cher, qui venaient des Etats-Unis et qui étaient bien
subventionnés pour venir devant la commission parlementaire, dont
certaines autres catégories de personnes qui sont actuellement en
négociation avec le ministre des Affaires sociales, pour des conventions
collectives, pour des arrangements quant à certains tarifs, etc.
etc.
Bien sûr on en a vu de ceux-là. Mais ce que l'on nous a
refusé, à cette commission, c'est d'amener des gens qui avaient
fait des études contre la fluoration, parce qu'ils avaient réussi
à prouver que la fluoration est une mauvaise mesure.
Eh bien! M. le Président, quand nous avons fait, devant la
commission parlementaire une motion pour amener des personnes, et cela aux fins
de la commission, je vous assure et vous étiez là, je me
le rappelle que le ministre s'est dépêché de refuser
l'offre que nous lui faisions d'amener quelqu'un qui lui montrerait l'envers de
la médaille.
Bien sûr, le ministre a refusé parce que, d'avance,
l'idée était faite, et d'avance on avait décidé de
l'imposer au caucus libéral ainsi qu'à la population du
Québec, et d'avance, les dés étaient jetés. Il y a
des gens qui sont contre la fluoration de l'eau, et ce n'est pas seulement dans
la province de Québec qu'on les trouve. On peut vous citer des
écrits qui ont déjà été publiés sur
la question, dans une publication qui s'appelle le Service d'intelligence
canadien. Permettez-moi de vous dire, M. le Président, en passant, que
ce service est aussi intelligent que le service d'intelligence du ministre.
Voici ce qu'on y dit sur la fluoration. M. le Président,
voulez-vous demander au "poolroom" un peu de silence, s'il vous
plaît.
Le Président suppléant (M. Pilote): Attention
à vos paroles.
M. Samson: Comment attention à mes paroles?
Le Président suppléant (M. Pilote): Vous les
provoquez.
M. Samson: J'ai la parole, M. le Président, j'ai le droit
de dire ce que je veux, j'ai été élu pour cela, et ce
n'est pas le braillage des gars d'en arrière, des "back-benchers", qui
va m'empêcher de parler.
M. Bellemare (Rosemont): Une question de privilège...
M. Samson: Qu'ils aiment ou qu'ils n'aiment pas cela, M. le
Président, j'ai à dire ce que j'ai à dire et je le dirai.
J'ai été élu pour cela, M. le Président.
M. Bellemare (Rosemont): Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Pilote): Je comprends,
une question de privilège.
M. Bellemare (Rosemont): Une question de privilège. Sans
me laisser emporter par les sarcasmes du député de Rouyn-Noranda,
vous me permettrez de vous dire que j'étais à cette commission
lorsqu'on a discuté de la fluoration des eaux.
M. Samson: Une question de règlement, M. le
Président. Une question de règlement.
M. Bellemare (Rosemont): Vous allez respecter...
Le Président suppléant (M. Pilote): Une question de
règlement, le député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Une question de règlement, M. le
Président. Le député de Rosemont ne pose pas la question
de privilège et je vous demande de le reconnaître
immédiatement, pour qu'on ne perde pas notre temps en cette Chambre. Ce
n'est pas une question de privilège que le député de
Rosemont pose là. Je continue donc en vous disant...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, ce n'est pas une
question de règlement, je reviens sur ma question de privilège,
parce que j'étais à cette commission parlementaire. Je me sens
lésé, lorsque le député de Rouyn-Noranda nous
accuse, et je veux dire...
M. Samson: J'invoque le règlement. Il y a toujours des
limites, M. le Président, si le député de Rosemont veut
commencer un débat, il parlera à son tour. Il a le droit de ne
pas être d'accord sur ce que je dis, mais ce n'est pas lui qui a la
parole.
M. Bellemare (Rosemont): Je me demande pourquoi le
député de Rouyn-Noranda...
M. Samson: M. le Président, est-ce que vous allez
maintenir l'ordre? Article 26, j'invoque le règlement.
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre! A
l'ordre, messieurs! A l'ordre! A l'ordre, messieurs! Commencez par vous
asseoir. Commencez par vous asseoir, je suis debout. Je suis debout. Commencez
par vous asseoir. Le député n'avait pas terminé sa
question de privilège et je lui accorde sa question de
privilège.
M. Samson: Ce n'est pas une question de privilège.
Le Président suppléant (M. Pilote): II n'avait pas
terminé.
M. Roy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président suppléant (M. Pilote): Bon, la
décision est prise.
M. Roy: J'invoque le règlement.
Le Président suppléant (M. Pilote): La question de
privilège auparavant.
M. Bellemare (Rosemont):... M. le Président...
M. Roy: Je vous demande une directive. Est-ce que nous devrons
considérer, à l'avenir, que tous ceux qui ont une question de
privilège, une prétendue question de privilège, à
la méthode du député de Rosemont, auront priorité,
et qu'on permettra les interruptions continuelles devant l'Assemblée
nationale, de façon à empêcher le député qui
a la parole, de pouvoir s'exprimer librement? Je pourrais dire, à la
suite du député de Rosemont, que nous avons écouté
le ministre pendant deux heures, deux heures et demie. Il pourrait se rappeler,
le député de Rosemont, combien de fois le ministre a
été interrompu.
Nous n'étions pas d'accord sur ce que le ministre disait, c'est
notre droit strict de ne pas être d'accord, mais si le
député de Rosemont a quelque chose à dire...
M. Vallières: Ne charriez pas!
M. Roy: M. le Président, c'est une directive que je vous
demande. Pourriez-vous demander au député de Rosemont de se
préparer une intervention et, lorsque le député de
Rouyn-Noranda aura fini, il pourra se lever à l'Assemblée
nationale et faire un discours intelligent?
M. Samson: II n'est pas capable.
M. Roy: Au moins essayer de faire un discours intelligent et dire
sur quels points il n'est pas d'accord avec le député de
Rouyn-Noranda, mais qu'on cesse de l'interrompre.
Une Voix: Où avez-vous caché votre poignard?
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre! Sans
vouloir attaquer personne, je sais qu'il y a de nombreux députés
qui se lèvent souvent sur des questions de règlement et des
questions de privilège de quelque parti que ce soit. Je tente
d'être le plus juste possible envers ces députés, que ce
soient des députés du parti ministériel ou des
députés de l'Opposition.
Je cède la parole au député de Rouyn-Noranda.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, vous me refusez
ma question de privilège.
M. Samson: Est-ce que j'ai la parole ou si je ne l'ai pas?
Le Président suppléant (M. Pilote): Est-ce que le
député de Rosemont a une question de privilège ou une
question de règlement?
M. Bellemare (Rosemont): Certainement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Pilote): La parole est
au député de Rosemont. Excusez-moi.
M. Bellemare (Rosemont): Même si le député de
Beauce-Sud, qui ne sait plus à quelle place se brancher, nous traite de
démagogues...
M. Samson: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. le Président, c'est assez!
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre!
M. Bellemare (Rosemont): Vous me permettrez de vous dire, M. le
Président...
M. Samson: M. le Président, c'est assez!
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre! A
l'ordre! Sur une question de règlement, le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Question de règlement. Quand on a la parole, on
est censé pouvoir parler librement, sans interruption. C'est
marqué dans le règlement, pour l'information du
député de Rosemont. Il peut ne pas être d'accord sur ce que
je dis, mais il se lèvera tantôt. Qu'il ait le courage et le coeur
au ventre qu'il faut pour se lever quand c'est le temps...
M. Bellemare (Rosemont): C'est pour cela que je suis debout.
M. Samson:... mais je doute qu'il en ait, du coeur, pour se
lever.
M. Bellemare (Johnson): C'est pour cela que je suis debout.
M. Samson: Tout ce qu'il est capable de faire, c'est de se lever
pour tenter d'interrompre quelqu'un. J'ai laissé parler le ministre
pendant tout le temps qui lui était accordé. Je n'étais
pas d'accord sur ce qu'il disait...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, question de
privilège.
M. Samson: Je me suis senti insulté, comme toute la
population du Québec.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je n'ai pas
terminé ma question de privilège. Je veux terminer.
Le Président suppléant (M. Pilote): A l'ordre! A
l'ordre! Sur une question de privilège, l'honorable député
de Rosemont. Il y a un petit corridor et il ne faut pas exagérer sur les
questions de privilège.
M. Bellemare (Rosemont): Ma question de privilège sera
très courte. C'est simplement parce que le député de
Rouyn-Noranda nous a accusés, dans un langage très folklorique,
d'inconséquence. Ce sont exactement ses propos, je crois. Si j'ai
soulevé une question de privilège, c'est parce que j'étais
à cette commission parlementaire et il a dit que nous n'avons pas pris
nos responsabilités. C'est dans ce sens que je veux lui dire que moi,
personnellement, quant à la fluora- tion deseaux, avec les scientifiques
qui sont venus à la commission parlementaire, je vais me fier aux
scientistes plutôt qu'au député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, il y a toujours une limite.
C'est assez!
Le Président suppléant (M. Pilote): L'honorable
député de Rouyn-Noranda. Vous pouvez continuer votre
discours.
M. Samson: J'ai écouté, j'ai enduré le
ministre des Affaires sociales insulter la population, je n'ai pas dit un mot,
je l'ai laissé parler. Pour vous démontrer l'intérêt
qu'ont les députés libéraux à ce projet de loi,
nous avions presque quorum et presque pas quorum, mais depuis que l'Opposition
parle, pour vous démontrer jusqu'à quel point on est prêt
à "bulldozer" l'Opposition sur le projet de loi no 88, vous ne manquerez
pas de quorum, M. le Président, regardez cela, ils sont revenus. Ils
sont en train de vous emplir les banquettes arrières parce que c'est
l'Opposition qui parle. Je vous remercie, messieurs, de démontrer, de
nous fournir la preuve, par votre présence, que vous aimez mieux les
discours de l'Opposition que les discours de vos ministres.
Je continue en vous disant que les Service de l'intelligence canadien
nous disait... Est-ce qu'on peut avoir la paix, M. le Président, ou si
on va se laisser "bulldozer" tout le temps pendant qu'on parle?
Le Président suppléant (M. Pilote): J'inviterais
les députés, de quelque côté de la Chambre que ce
soit, à écouter attentivement et religieusement le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Vous avez ma bénédiction, M. le
Président. Je continue en vous disant que le Service d'intelligence
canadien, dans sa brochure, nous dit ceci. D'abord, qu'est-ce que la
fluoration?
M. le Président, là, j'en ai assez! Le
député de Rivière-du-Loup vient de passer une remarque
désobligeante. J'ai justement le rapport de la commission devant
moi.
A la page 10, vous vous le rappellerez, le député de
Rivière-du-Loup, objectivement, à la commission parlementaire,
suite à une invocation au règlement faite par le
député de Rouyn-Noranda et le député de Chicoutimi,
avait dû quitter le fauteuil de la présidence de la commission
parce qu'il était partial, et c'est lui qui fait des remarques
désobligeantes pendant que l'on parle du projet de loi no 88. Il avait
dû quitter le fauteuil et c'est vous qui l'avez remplacé, M. le
Président, parce qu'il avait participé au débat, qu'il
était partial et qu'il ne permettait pas à des témoins
devant la commission parlementaire de venir dire librement ce qu'ils avaient
à dire contre le projet de loi no 88. C'est le genre de
députés qui se permet de passer des remarques actuellement quand
on parle contre le projet de loi no 88. M. le Président,
j'ai également de la documentation puis de la littérature
de son comté à ce député. Dans son comté, la
population n'est pas totalement d'accord sur la position qu'il défend,
parce que, actuellement, sur cette question, à la commission
parlementaire, il a défendu plutôt des intérêts d'une
certaine catégorie que les intérêts de l'ensemble de la
population de son comté.
Je vous rappelle, en continuant, que le Service d'intelligence canadien
nous dit ceci: La fluoration est l'addition d'un puissant poison
cumulatif...
M. Bellemare (Rosemont): Gilberte Côté-Mercier.
M. Samson:... généralement le fluorure de sodium ou
le silico-fluorure de sodium...
M. le Président, si ça continue, je vais proposer
l'ajournement du débat. Ou bien on va me laisser parler librement,
tranquillement et en paix, ou bien on va proposer l'ajournement du débat
puis on va lâcher cela. S'il le faut, on va demander un président
capable de maintenir l'ordre. Je pense qu'il est temps qu'on reconnaisse que
nous avons été, à l'endroit du ministre, des
gentilshommes. On l'a enduré tout le temps sans dire un mot, nous. Mais
quand vient le temps de dire ses vérités à ce
gouvernement, qu'est-ce qu'on trouve? Non pas de l'argumentation valable, non,
le bulldozer à l'huile crue. C'est cela qu'on trouve du
côté du gouvernement, à ce moment-ci.
M. le Président, j'en ai des choses à dire et toutes les
interruptions, je vous demande de les noter, d'en noter la durée, parce
que je parlerai pendant une heure, que ça plaise ou que ça ne
plaise pas aux députés libéraux. Si on m'interrompt
pendant trois quarts d'heure, cela va faire une heure et trois quarts. C'est
aussi simple que cela.
Qu'est-ce que la fluoration? Le Service d'intelligence canadien dit: La
fluoration est l'addition d'un puissant poison cumulatif,
généralement le fluorure de sodium ou le silico-fluorure de
sodium aux eaux potables d'une municipalité, dans le but de diminuer le
taux de carie dentaire chez les enfants de six à quatorze ans,
l'âge de la deuxième dentition. " Il est intéressant de
voir que dans ce numéro du Service d'intelligence canadien, il y a
également une déclaration, une résolution de je
vais le dire en anglais, M. le Président, parce que c'est une
association américaine l'Association of American Physicians and
Surgeons Incorporated. La résolution qui a été traduite en
français, dit ce qui suit: "Considérant que le droit de
déterminer pour chacun ce qui se fait à son propre corps est un
droit fondamental cela est dit par des experts qui n'ont pas
été payés pour venir devant la commission parlementaire,
imaginez-vous donc cela, c'est dit par des experts américains qui n'ont
pas été payés pour venir devant la commission
parlementaire considérant que l'eau est nécessaire
à la vie; considérant que de nombreuses personnes
dépendent des services publics pour l'eau dont elles ont besoin; en
conséquence, qu'il soit résolu que l'assemblée et la
chambre des délégués de l'Association des médecins
et chirurgiens américains Incorporée, réunie en session
régulière à San Francisco, Californie, ce douzième
jour d'avril 1958, condamne l'addition de toute substance aux sources publiques
d'eau potable dans le but d'affecter le corps ou les fonctions corporelles ou
mentales des consommateurs, et qu'il soit aussi résolu que des copies de
cette résolution soient transmises au président des Etats-Unis,
aux membres du Congrès, aux gouverneurs des divers Etats, aux maires de
nos principales cités et adressées aux media d'information
publique.
Un peu plus loin, un autre document, encore de la traduction cette fois:
"The City of New York, Department of Water Supply, Gas and Electricity. "
L'attitude du département concernant la fluoration du
système d'eau de la cité de New York. Cela est en 1956,
déjà ils étaient avancés dans ces questions. Le
ministre n'a pas découvert la fluoration l'an passé. "Le
département possède et je cite des laboratoires
parfaitement outillés et dirigés par des savants
réputés et des ingénieurs sanitaires compétents,
ainsi qu'une vaste bibliothèque contenant au moins 5, 000
références sur le seul sujet des fluorures. Nous avons
constamment étudié et évalué l'effet des substances
toxiques en rapport avec l'approvisionnement d'eau. La question des fluorures a
été sous notre observation depuis plus de 20 ans. " Cela
continue. "L'addition de fluorures aux eaux potables ne poursuit pas le but de
maintenir ou améliorer la qualité de l'eau ou de l'assainir.
Personne n'a suggéré que la carie dentaire est transmise par
l'eau ou que l'eau soit cause de carie dentaire. Aucune raison satisfaisante,
n'a jamais été avancée pour démontrer pourquoi
chaque membre d'une communauté doit être forcé de subir
pendant sa vie entière le risque d'une soumission extraordinaire
à l'action toxique des fluorures, surtout lorsque des moyens plus
sûrs, plus efficaces et plus économiques d'administrer des
fluorures en vue de réduire la carie dentaire chez les enfants ont
été démontrés et sont disponibles. " Ce rapport est
signé par Arthur C. Ford, commissaire du département d'aqueduc de
la plus grande ville de l'Amérique.
M. Bellemare (Rosemont): En quelle année?
M. Samson: M. le Président, on peut continuer. Des
témoignages, nous en avons de toutes les sortes. Mais je pense qu'il est
important, pour mieux comprendre le sujet, de savoir que des
personnalités bien en vue, que le ministre a peut-être incluses
dans sa catégorie de démagogues, ont dit et ont
répété souvent que la fluoration des eaux de consommation,
c'est de la médecine forcée ou encore que l'appellation
médecine est très contestée par des hommes de science. Et
le seul fait d'être contesté doit être suffisant pour qu'un
gouvernement soucieux de la santé publique ne l'impose pas par une loi.
Le fluor, qui est considéré par les uns comme une mesure pour
enrayer la carie dentaire chez les enfants, est aussi considéré
par certains experts comme nocif et dangereux
pour la santé et comme un poison violent et, également,
comme un danger de pollution. Parce que le fluor, nous le savons tous, devra un
jour ou l'autre retourner dans les eaux naturelles, dans les rivières,
dans les lacs ou dans le fleuve. Il constitue, selon certains experts, un
danger de pollution.
Pourquoi, me direz-vous, malgré tous ces dangers qui ont
été énoncés, malgré ces possibilités
que cela puisse constituer un danger, les gouvernements tentent-ils de
l'imposer par la force?
Je pense qu'il nous faut comprendre l'historique et la provenance de
l'idée pour mieux savoir pourquoi le gouvernement est à genoux
devant certaines personnes ou certains groupes de personnes qui ont
intérêt à faire certaines ventes obligatoires à des
municipalités.
M. le Président, il y en a des gens qui ont écrit sur la
fluoration. Nous retrouverons, dans le livre "Struggle with titan force behind
fluoridation", par le Dr George Wallbott, comment une compagnie d'aluminium a
déjà été mise à l'amende parce que ses
déchets, qui constituent ce qui a été utilisé et
qui pourra l'être encore comme fluorures de sodium, constituaient un
danger de contamination des sols et des eaux. Le tout se passait en
Colombie-Britannique et c'était le fleuve Columbia qui était en
cause.
M. Le Président, pourquoi cette compagnie a-t-elle dû
être mise à l'amende à ce moment-là? C'est justement
parce que le fluorure de sodium constitue un déchet des produits
d'aluminium, qui est utilisé sur le marché, actuellement
et c'est assez restreint, vous allez en convenir, M. le Président
comme le poison à rat.
Mais il fallait que quelqu'un trouve un jour un moyen de se
défaire de cette "scrap" et de la vendre. Pour cela, il fallait trouver
des acheteurs. Or, n'y avait-il pas un meilleur moyen que de l'imposer
directement à des municipalités avec la complicité des
gouvernements?
Nous retrouvons, dans un livre dont le titre est "How dangerous is
fluoridation", par Phoebe Courtney, que le 29 septembre 1939, un biochimiste du
nom de Gerald Cox, qui était à ce moment-là biochimiste
à la Mellon Institue, à Pittsburgh, à l'occasion d'une
réunion de la Western Pensylvania Section of American Water Works
Association, a fait une déclaration. Pour votre information, la Mellon
Institute, selon le Life Magazine, du 9 mai 1938, parce que ce n'est pas d'hier
qu'on parle de fluoration, fut fondée Mellon Institute en
1911, par Andrew et Richard B. Mellon...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, une directive
s'il vous plaît.
M. Samson:... qui étaient, à ce
moment-là...
M. Bellemare (Rosemont): Je m'excuse, M. le Président.
M. Samson:... propriétaires de l'ALCOA,
c'est-à-dire Aluminum Company of America.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je vous
demanderais une directive.
M. Samson: Ah! Est-ce qu'il va lâcher, lui, M. le
Président? Je commence à avoir mon voyage!
Le Président suppléant (M. Brisson): Le
député de Rosemont demande une directive.
M. Bellemare (Rosemont): Le député de
Rouyn-Noranda, même s'il est emporté par ses sarcasmes, qu'il soit
très calme.
M. le Président, je vous demande une directive. C'est parce qu'il
parle de 1938, 1939. Ma demande est celle-ci: Pouvez-vous m'indiquer si, en
1938 ou 1939, nous avions des avions à réaction?
Le Président suppléant (M. Brisson): Nous avions
quoi?
M. Bellemare (Rosemont): Des avions à réaction.
Le Président suppléant (M. Brisson): Le
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Peut-être que nous n'avions pas d'avions
à réaction à ce moment-là, M. le Président,
mais nous avions des naissances de certains imbéciles comme lui!
M. Bellemare (Rosemont): Un instant! M. le Président, je
demande au député de Rouyn-Noranda, que je connais très
bien c'est une question de privilège et que je
considère comme un ami, je lui demande immédiatement, par
gentilhommerie, de retirer ce qu'il vient de dire à mon endroit.
M. Samson: M. le Président, s'il accepte de se tenir
tranquille, je vais retirer certaines choses.
Mais s'il continue à intervenir pour m'empêcher de parler,
j'ai d'autres qualificatifs qui lui iraient très bien.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je demande que
le député de Rouyn-Noranda retire ses paroles lorsqu'il m'a
traité d'imbécile.
M. Samson: Je voulais dire qu'il était à
moitié imbécile.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je demande au
député de Rouyn-Noranda de retirer ses paroles.
Le Président suppléant (M. Brisson): Est-ce que le
député de Rouyn-Noranda pourrait retirer l'autre moitié
également?
M. Samson: M. le Président, j'avoue qu'il est à
moitié pas imbécile.
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce qu'il pourrait retirer ses
paroles? Je n'ai pas compris, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Brisson): Oui, je
considère que ses paroles sont retirées.
M. Samson: Elles sont retirées, je vous ai dit qu'il
était à moitié pas imbécile.
M. Bellemare (Rosemont): L'autre moitié je la lui
laisse.
M. Samson: L'autre moitié, arrangez-vous avec, ça
vous va très bien. M. le Président, est-ce que je devrai demander
l'ajournement du débat? Depuis que j'ai commencé à parler,
il n'y a pas moyen de continuer. Je vois qu'on a changé la
présidence, ça va aller mieux. Je n'avais rien contre l'autre,
c'est un bon gars, mais il avait des problèmes avec certains
"back-benchers".
Je continue, M. le Président, en vous disant que les
frères Andrew et Richard Mellon étaient propriétaires,
à ce moment-là, de l'ALCOA, c'est-à-dire de l'Aliminum
Company of America. L'Institut Mellon est un laboratoire de sciences
appliquées ouvert à tous les hommes d'affaires américains
qui, lorsqu'ils ont des problèmes, peuvent s'adresser à
l'institut, qui leur fournit les services d'un scientifique durant un an. Le
travail de ce dernier consiste à améliorer le produit, ou trouver
de nouveaux débouchés. Le travail de l'Aluminum fut de trouver un
nouveau débouché pour ses déchets; c'est ça
l'histoire de la provenance de cette maladie de fluoration des eaux, il fallait
trouver un débouché. Bien sûr, le ministre s'est
arrangé pour que l'Alcan vienne devant la commission nous dire que,
depuis plusieurs années, ils ne produisent plus de fluorure de sodium au
Canada, bien sûr. Mais, ils nous ont également dit que s'ils
avaient cessé d'en produire c'est qu'il n'y avait pas de
débouché, que ce n'était pas payant; mais avec un
débouché comme cela, ils ne nous ont pas promis qu'ils ne
recommenceraient pas.
Pour mieux vous faire comprendre, je pense qu'il serait
intéressant de jeter un coup d'oeil sur un article qui a paru dans Le
Petit Journal de la semaine du 9 au 15 mars 1975, c'est le billet de Charles
Petit-Martinon. Il y a des choses intéressantes; on dit tout d'abord que
le fluor est loin d'être un élément chimique anodin, il est
le plus dangereux de tous. Combiné à l'hydrogène, le fluor
donne l'acide fluorhydrique, le plus corrosif de tous les acides
utilisés en chimie industrielle; il attaque le verre et tous les
métaux, il se combine à tous les corps simples il se
combinerait bien avec le député de Rosemont .
D'autre part, la fluoration de l'eau va à l'encontre des
libertés fondamentales de l'homme. Va-t-on faire une loi pour obliger
les gens à boire de l'huile de foie de morue tous les hivers sous
prétexte que cela est bon contre la grippe ou les rhumes? Non. Alors
pourquoi obliger tous les Québécois à avaler un produit
chimique dangereux? Quant à y être, puisque ce n'est pas mauvais
pour les dents, du fluor, mettez de l'aspirine dans l'eau, de l'huile de foie
de morue, de l'huile de ricin, M. le Président, de l'huile de ricin pour
une purgation nationale quant à y être!
Bien oui, mettons-en! Allons-y. Ce ne serait pas plus bête. C'est
le même principe, c'est de la médecine imposée, de la
médecine obligatoire, de la médecine collective. On passe tout le
monde dans le même tuyau. Mais oui, on le passe dans le tuyau de
l'aqueduc. C'est de cette façon. Et, un peu plus loin, on dit: Pendant
qu'on y est, pourquoi ne pas y ajouter aussi de l'iode pour les goitreux! Du
magnésium pour les cardiaques! Du potassium pour les
artérioscléroses! Et on ajoute: de la chaux pour les rachitiques,
du fer pour les femmes faibles, du calcium pour les femmes enceintes, quant
à y être. Et on obligera les hommes à en boire, parce que
c'est bon du calcium pour les femmes enceintes; en faisant boire cela aux
hommes, on est sûr que l'enfantement va être réussi.
Une Voix: Les journalistes du sexe masculin!
M. Samson: Ecoutez, vous avez un projet de loi qui est aussi
bête que cela, que voulez-vous qu'on en dise? Vous avez un projet de loi
qui est aussi bête que cela! Et cela continue: Pourquoi veut-on nous
faire boire une soupe chimique, au lieu de l'eau naturelle? Et un peu plus
loin, cela c'est bon, M. le Président, écoutez cela, parce qu'il
faut savoir combien on va boire de cette eau: Même pas 10%. Cela veut
dire que 90% de l'eau que nous utilisons vont à d'autres fins,
c'est-à-dire pas pour fins de consommation humaine; 90% pour des fins
hygiéniques quotidiennes: ablutions, douches, bains, etc., chasse d'eau
de toilette, lavage de linge, arrosage du gazon, lavage de la voiture. Et tout
ce qu'on nous a dit, c'est que ce sera bon pour l'émail des dents. On
n'en boit pas 10% et les autres 90% seront-ils bons pour l'émail de ma
toilette? Est-ce important tant que cela, pour qu'on oblige tout le monde
à passer par le même trou? Pour qu'on oblige tout le monde
à passer dans le même tuyau? La voiture du ministre va durer plus
longtemps, parce que l'émail va durer plus longtemps lavé
à l'eau fluorée! Au lieu de lui en acheter une par année,
on lui en achètera une par cinq ans!
Et cela continue. Vous voyez comme c'est intéressant. Même
le ministre commence à rougir. Il est temps qu'il commence à
rougir, il est dans le Parti libéral depuis quelques années et il
n'avait pas encore rougi, il était a côté des autres!
Cela continue, je cite toujours l'article: Cette obstination à
vouloir nous faire ingurgiter du fluor me paraît louche. N'y aurait-il
pas, par hasard, des petits amis du Parti libéral qui auraient du fluor
à vendre?"
M. Mercier: C'est bon cela!
M. Samson: Comme par hasard le fluor est utilisé dans le
traitement de l'aluminium, comme par hasard il y aura une aluminerie nouvelle
dans le Québec. Est-ce que cela vous dit quelque chose? Comme par
hasard, également. Cela ne vous dit rien? Faites un petit effort. Je
cite toujours l'article. C'est marqué ceci: Une aluminerie nouvelle dans
le Québec, cela ne vous dit rien? Allons! Faites un petit effort, mon
oncle Paul en a parlé tout récemment! Là, vous allez
comprendre,
quand il a parlé de l'inertie des hauts fonctionnaires qui
semblaient ne pas être intéressés par cette aluminerie,
dont la production intéresse les Américains et qui doit
être construite avec les fonds de la Société
générale de financement et de la Chase Manhattan Bank. Ce sont
des petits amis intéressants! La Chase Manhattan Bank, on en rencontre
trois par jour comme cela, cela aide beaucoup au fluor.
M. Harvey (Jonquière): Cela va plus vite qu'avec le
chapeau à Caouette!
M. Samson: II faudrait bien utiliser les résidus de la
nouvelle aluminerie. C'est ainsi que conclut l'article. Je pense que d'autres
articles fort intéressants ont été écrits dans le
Journal de Québec. On reprend les mêmes thèmes, ou à
peu près. On dit qu'il y a un danger d'intoxication.
On pourrait également, M. le Président, continuer en vous
parlant d'autres témoignages que nous avons eus. Mais, je ne crois pas
que le gouvernement du Québec se fasse l'interprète de la
population ou qu'il respecte les désirs de la population quand il
décide d'imposer la fluoration des eaux de consommation par une mesure
législative.
Au contraire, il viole des principes fondamentaux. On n'est pas les
seuls qui se prononcent contre la fluoration. Dans un autre article, le journal
Le Jour du 16 avril 1975, la Presse canadienne rapporte une conférence
de presse donnée à Montréal par le Dr Brunet et le Dr
Albert Schatz et, à ce moment-là, je vous lis le premier
paragraphe de l'article: "Le président du front commun contre la
fluoration de l'eau, le Dr Jean-Marc Brunet a indiqué hier que son
groupe n'écarte pas la possibilité de s'adresser aux tribunaux en
vue d'obtenir l'annulation du projet de loi 88, relatif à la fluoration
de l'eau, si ce bill devait être adopté par l'Assemblée
nationale. "
Bien sûr, M. le Président, le ministre pourra nous dire
qu'il est prêt à faire face à la cour Suprême s'il le
faut. Mais, il serait peut-être intéressant que nous expliquions
au ministre ce qui est arrivé lorsque le Toronto métropolitain
allait en cour Suprême. La cour Suprême renvoya son appel et
maintient le jugement de la cour d'Appel de l'Ontario par cinq voix sur sept.
Je cite un passage du livre, Dossier sur le fluor, page 118, sous la tête
de chapitre, l'Opinion de la cour Suprême du Canada.
Le tribunal de la cour Suprême du Canada était
composé des juges Taschereau, Rand, Cartwright, Fauteux, Abbott, Kerwin
et Locke. Trois d'entre eux, à savoir les juges Rand, Taschereau et
Fauteux, ont répondu ce qui suit: Une municipalité veut purifier
l'eau qu'elle fournit à ses habitants, c'est-à-dire
réduire la quantité de matières étrangères
qui se trouvent dans l'eau afin qu'elle ne soit pas dommageable. Pourrait-on
justifier les méthodes synthétiques pour fournir une eau dont la
composition équivaut à la composition ordinaire ou normale de
l'eau?
Si on le fait dans le but d'obtenir une eau dont la composition est
conforme à ce que le corps humain est habitué à recevoir
en fait d'eau, cela pourrait peut-être se justifier en autant qu'on a
pour but de fournir une eau qui remplisse sa fonction ordinaire.
Mais, ce n'est pas pour promouvoir la fonction ordinaire qu'on veut y
introduire du fluor, c'est dans un but médical. Quant au juge
Cartwright, il appuie l'opinion des juges Rand et Fauteux et y ajoute
l'argument suivant: "La fluoration de l'eau ne peut pas être
regardée comme ayant pour but de fournir de l'eau pure et bienfaisante.
Son but et son effet est de forcer les habitants, qu'ils le veuillent ou non,
à absorber quotidiennement de petites quantités de fluor afin
d'en rendre un certain nombre moins sujets à la carie des dents. On se
sert de l'approvisionnement d'eau comme d'un moyen pour ce but.
Essentiellement, le règlement de la fluoration n'est pas une mesure
d'approvisionnement d'eau, c'est une mesure coercitive de médication
préventive. La charte de la métropole de Toronto ne lui permet
pas d'édicter de telles mesures de médication coercitive. "
Le gros bon sens des Québécois ne nous permet pas non plus
d'édicter de telles mesures de médication coercitive. Le juge
Abbott continue en partageant l'avis des juges Rand, Taschereau, Fauteux et
Cartwright, et l'appel de la métropole de Toronto a été
renvoyé. Ce jugement de la cour Suprême a été
rapporté dans la revue Canada Law and Reports 1957, pages 569 à
581. Il est possible...
M. Tardif: Est-ce que le député de Rouyn-Noranda me
permettrait de lui poser une question sur cette décision de la cour
Suprême?
M. Samson: Oui, M. le Président, c'est un
député qui est gentil, lui, je vais le lui permettre.
M. Tardif: Si le député de Rouyn-Noranda a lu
l'arrêt en question de la cour Suprême, est-ce qu'il n'est pas
d'accord pour affirmer que le motif invoqué par les juges de la cour
Suprême n'était pas que c'était une mesure qui allait
à rencontre des libertés civiles, mais tout simplement que la
municipalité, qui est une créature du gouvernement provincial,
n'avait pas les pouvoirs, en vertu de sa charte, d'imposer la fluoration?
Est-ce que le député de Rouyn-Noranda n'est pas d'accord
pour dire qu'il existe une différence entre les deux et que les motifs
de la décision de la cour Suprême étaient fondés sur
le fait que la municipalité n'avait tout simplement pas les pouvoirs,
dans sa charte, pour adopter la fluoration?
M. Samson: Je remercie le député de sa question.
Très bonne question. Si le député m'avait fait l'honneur
de mieux m'écouter, il n'aurait pas eu besoin de la poser.
M. Tardif: Je vous écoute depuis le début, vous
savez.
M. Samson: Je répète, pour que le
député comprenne bien, que le juge Abbott...
C'est-à-dire
que je vais reculer d'un autre paragraphe pour vous dire que c'est,
selon les juges de la cour Suprême, une mesure coercitive de
médication préventive. "La charte remarquez bien cela
de la métropole de Toronto ne lui permet pas d'édicter de
telles mesures de médication coercitive. " C'est pourquoi j'ai
ajouté que le gros bon sens des Québécois ne nous
permettait pas d'accepter non plus chez nous, des mesures de médication
coercitive.
Bien sûr, Toronto est une ville comme Montréal est une
ville, mais Québec est une province puis une province ne devrait pas
faire les choses d'une façon plus mauvaise qu'une ville. Dans le domaine
de la médication coercitive, si c'est condamnable par des juges, parce
que c'est fait par une ville, cela doit être condamnable également
par des juges si c'est fait par une province. Il n'y a pas de
différence, c'est le même principe qui est en cause.
M. Tardif: Mais, M. le Président...
M. Samson: Je continue, M. le Président, en vous citant
parce qu'il y a d'autre chose d'intéressant un reportage
du journal Le Soleil du 15 mars 1975 où on apporte aussi des avantages
contre. On appelle ça des avantages contre, parce que si on veut faire
comprendre le ministre, il faut lui dire que ce sont des avantages. Il est venu
plusieurs experts qui ont parlé des avantages de la fluoration, alors un
article du journal Le Soleil nous parle des avantages contre. Et dans les
avantages contre, la litanie que l'on peut lire est la suivante: "Le fluor est
un poison, à l'état pur il peut exploser; deuxièmement,
les fluorures peuvent causer de la fluorose dentaire c'est-à-dire des
taches sur les dents, si l'addition à l'eau est mal
contrôlée. " Je continue: "Les enfants consomment peu d'eau alors
que les adultes en boivent davantage. " C'est pour les enfants, cette mesure,
les enfants ne prennent presque pas d'eau, c'est nous autres les adultes qui en
buvons. On va protéger nos dentiers à nous autres, imaginez-vous
si nos dentiers vont être bien protégés par le fluor du
ministre, alors que nos enfants n'en ont presque pas besoin.
Il reste encore à voir si la fluoration ne cause pas d'effets
secondaires indésirables. Le fluor pourrait être dommageable pour
les os, le foie, les reins, la glande thyroïde, le coeur, les poumons,
l'estomac. Ce n'est pas moi qui dis cela. Le fluorure, en se fixant sur les os,
les rendrait plus friables...
M. Bienvenue: M. le Président, mon grand ami, le
député de Rouyn-Noranda, me permettrait-il une question?
M. Samson: Oui, M. le Président.
M. Bienvenue: En l'écoutant, M. le Président, c'est
un léger préambule, je pense que je viens de deviner ou de
comprendre quelque chose. Je voudrais qu'il me confirme ou pas dans mes intui-
tions. Le secrétaire général du Parti communiste de
l'URSS, M. Leonid Brejnev, a déclaré, il y a quelques semaines,
qu'il fallait absolument éliminer une arme infiniment plus terrible que
la bombe atomique. Je suis en train de me demander si ce ne serait pas le
fluor. Je demande au député de Rouyn-Noranda si j'ai raison dans
mes intuitions.
M. Samson: M. le Président, l'arme plus terrible dont
faisait mention le précité, ce n'est pas le fluor, c'est le Parti
libéral. De toute façon, le type mentionné par le ministre
est un rouge, et la question qui vient de m'être posée
était d'un autre rouge.
M. le Président, j'avoue que ce n'est pas mauvais de permettre
une période de questions au gouvernement. Cela leur permet de poser des
questions, de s'instruire un peu. Quand on pose des questions au gouvernement,
nous autres, ils ne nous répondent pas, on ne peut pas s'instruire. Mais
là, on va leur permettre de s'instruire. Continuez à poser des
questions de la même façon dont vient de le faire le ministre,
dont l'a fait le député d'Anjou tantôt. Ces questions,
poliment, cela me fait toujours plaisir d'y répondre.
Vous voyez la bonne réponse que je viens de donner au ministre de
l'Immigration.
M. Tardif:... répondu, Camille!
M. Samson: II n'en a pas posé d'autre non plus. Mais, je
continue. L'article dit ceci: II pourrait survenir des accidents sous le
contrôle du dosage dans les usines de filtration. Cela n'a pas
été dit par le ministre. Pourquoi fluorerait-on toute l'eau
transmise dans les services des eaux, alors que seulement 1% de cette eau est
absorbée par la population, le reste servant à l'entretien?
Tantôt, je parlais de 10% dans un autre article, quelqu'un nous parle,
dans cet article-là, de 1%, ce qui veut dire qu'il peut y avoir une
certaine variation, mais plus on va vers la fin, plus on s'aperçoit que
cela en prend moins pour la consommation et plus pour le reste. 40% de la
population ne bénificieraient pas de cette mesure parce que non
alimentée en eau par un service d'eau adéquat. Cela est clair. Il
y a, dans certaines régions du Québec, des endroits où il
n'y a pas de système d'aqueduc. Vous allez rendre la fluoration
obligatoire, mais comment allez-vous régler le problème de ceux
qui ont leur propre puit artésien, sur leur propre territoire, sur leur
terrain? Comment allez-vous M. le Président, je demande ça
au ministre régler ça? Si nous tenions pour acquis que
c'est valable de fluorer, à ce moment-là, vous auriez 40% de la
population frustrée parce que vous ne leur permettriez pas d'avoir
accès à ce service. Pourtant, pourquoi si l'on
considère que c'est mauvais, parce que je considère que c'est une
mauvaise mesure pénaliser 60% de la population,
c'est-à-dire ceux qui sont raccordés à un système
d'aqueduc central?
On continue un peu plus loin, c'est intéressant cet article: "Les
animaux ne souffrent pas de la
carie dentaire. Pourtant ils boivent la même eau non
fluorée que les humains. " J'ajoute que c'est tellement vrai parce que
je demeure dans une région du Québec où on a de nombreux
lacs et rivières, où les pêcheurs s'en donnent à
coeur joie et où il y a des brochets dans tous ces lacs. On n'a jamais
demandé au ministre de venir mettre du fluor dans les lacs. Et on n'a
jamais poigné un poisson avec un dentier encore! Et vous irez vous faire
mordre par un brochet, vous allez voir qu'ils ont de bonnes dents. Vous allez
voir ça. Mais, la science ne fait-elle pas ses expériences sur
les animaux?
Je vois rire le député d'Abitibi-Ouest. Il aurait dû
être là tantôt quand j'ai mentionné sa ville, parmi
les villes qui s'opposent à la fluoration.
M. Boutin: Je peux répondre!
M. Samson: M. le Président, il aurait dû être
là.
M. Boutin: Je peux répondre.
M. Samson: Pardon?
M. Boutin: Je peux répondre.
M. Samson: Non, vous n'avez pas le droit de répondre. Vous
avez le droit de me poser une question. Mais, M. le Président, je n'ai
pas le droit de lui dire cela. Je vous le dis à vous, qu'il a le droit
de me poser une question.
Je continue, M. le Président. Il y a également, en plus de
tout cela, des gens qui ont pris position dans le domaine des libertés
individuelles...
M. Mercier: Nommez-les!
M. Samson: Je vais vous nommer, oui, Jean Drapeau, maire de
Montréal, qui représente sûrement plus de monde que
n'importe lequel de vous autres, pris un par un, dans vos comtés.
Le Président: Messieurs, s'il vous plaît!
M. Samson: M. le Président, dans le livre "Dossier fluor"
aux pages 133 à 140, justement, on trouve une déclaration
écrite qui a été signée par le maire Drapeau. On
eput en citer des passages qui sont très intéressants. Cela va
intéresser plusieurs de nos...
M. Levesque: M. le Président... M. Samson: Oui?
M. Levesque:... puis-je suggérer au député
de Rouyn-Noranda de conserver sa citation pour 20 h 15 et conclure qu'il est 18
heures?
M. Samson: En guise de collaboration, est-ce que le ministre me
permettrait de terminer ma citation? Après cela, on pourra passer
à autre chose.
M. Levesque: D'accord.
Le Président: Je vous ferais remarquer qu'on me
prévient que vous parlez déjà depuis... Vous avez
dépassé de quinze minutes environ votre droit de parole. Nous
avons pris en considération, à ce qu'on me dit, certaines
interruptions, mais vous avez dépassé déjà de
quinze minutes. S'il n'y a pas d'objection de l'Assemblée, je n'en ai
pas. Est-ce que vous pourriez nous indiquer pour combien de temps vous en avez
encore?
M. Levesque:... terminer avec la citation!
M. Samson: M. le Président, si on me le permettait... Je
devrai écourter mon discours, malheureusement, parce que, ce soir, je
dois assister à une autre commission parlementaire. Je ne pourrai pas
être ici. Si on me donnait de cinq à dix minutes, je
terminerais.
M. Levesque: C'est qu'on a besoin, justement, des cinq à
dix minutes en question.
M. Samson: Bien oui, mais vous allez avoir besoin de moi en
commission parlementaire ce soir aussi.
M. Levesque: M. le Président, nous demandons la
collaboration de l'honorable député. On ne peut pas attendre de
cinq à dix minutes. On peut le laisser parler à 8 h 15, s'il le
désire.
M. Samson: M. le Président, je suis prêt à
collaborer si le leader parlementaire me dit qu'il sera possible, à la
commission parlementaire des affaires municipales, ce soir, de m'attendre,
parce que j'ai un projet de loi à défendre devant cette
commission et je devrai être là.
La commission siège à 8 h 15 je pense. Si le leader me dit
que le projet de loi no 102 ne sera pas appelé le premier, me permettant
de venir terminer, je propose l'ajournement du débat.
M. Levesque: Je ne peux rien garantir. Proposez l'ajournement du
débat et nous allons essayer de collaborer.
M. Samson: Vous me demandez de faire quelque chose, mais faites
quelque chose aussi; il y a trois bills.
M. Levesque: Si on veut prendre cela comme vous le dites, on va
dire que votre temps est terminé et ça finira là.
M. Samson: Non, il n'est pas terminé, je vais le
contester.
M. Levesque: Certainement, M. le Président, il est
terminé.
M. Samson: Nous jouerons sur les règlements longtemps.
M. Levesque: II est terminé.
M. Samson: J'ai été interrompu plus de la
moitié du temps que j'ai parlé, M. le Président.
M. Levesque: II n'y a pas de consentement.
M. Samson: Cela ne me fait rien que vous ne donniez pas de
consentement. Pensez-vous que c'est en bouclant la bouche de l'Opposition que
vous réglerez tous les problèmes au Québec?
M. Mercier: C'est fini.
Le Président: A l'ordre! Il est 18 heures.
M. Samson: Je propose la suspension, M. le Président.
Le Président: L'Assemblée suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
Reprise de la séance à 20 h 22
Le Président: A l'ordre, messieursl Le
député de Laurentides-Labelle.
Rapport sur le projet de loi no 46
M. Lapointe: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications, qui a
étudié le projet de loi no 46, article par article, et l'a
adopté avec un amendement.
Le Président: Rapport déposé. M.
Levesque: Oui, M. le Président.
Le Président: Y a-t-il consentement pour l'adoption du
rapport?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président: Le député de
Laurentides-Labelle propose l'adoption du rapport de la commission élue
permanente de l'éducation, des affaires culturelles et des
communications, qui a étudié le projet de loi no 46, après
la deuxième lecture, article par article, Loi concernant la garantie de
certains prêts aux éditeurs et libraires et modifiant la Loi de
l'aide au développement industriel du Québec. Ce rapport est-il
adopté?
M. Charron: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: Troisième lecture.
M. Roy: C'est une question de principe.
M. Levesque: Demain.
M. Charron: Si le leader accepte de faire le discours de
troisième lecture, nous serons disposés à l'adopter.
M. Levesque: M. le Président, c'est une invitation
à laquelle j'aimerais répondre, mais, d'un autre
côté, je ne voudrais pas mal interpréter, ou fausser
d'aucune façon, même pas nuancer l'opinion de mon savant
collègue, le ministre des Affaires culturelles, ce qui me
mériterait peut-être une rebuffade du savant député
de Saint-Jacques.
M. Charron: Nous attendrons. Le Président: Reprise
du débat.
M. Levesque: M. le Président, malgré tous les
efforts que nous avons faits pour permettre au député de
Rouyn-Noranda de revenir, je ne sais pas si nous pouvons encore faire quelques
commentaires sur un projet de loi dont la prise en considération est
déjà faite.
M. Lacroix: II est allé se laver les dents!
M. Levesque: Je ne sais pas si nous devrions parler de la
température. Mais le député de Rouyn-Noranda avait
déjà utilisé amplement son droit de parole. Je pense qu'il
avait dépassé d'au-delà de quinze minutes l'heure qui lui
était consentie.
Je dis tout ceci, M. le Président, non pas pour essayer de me
plaindre du temps qu'a pris le député de Rouyn-Noranda, c'est
simplement pour que s'il écoute quelque part, il puisse voir qu'il n'y a
chez nous aucune réticence à l'entendre pour sa dernière
envolée. Mais, étant donné les circonstances et
étant donné les efforts qui sont faits de part et d'autre, je me
demande, M. le Président, sincèrement, s'il n'y aurait pas lieu
de demander à un autre opinant qui pourrait peut-être
compléter la pensée de l'honorable député de
Rouyn-Noranda, peut-être quelqu'un de son parti.
Nous pourrions peut-être inviter quelqu'un qui partage ses
opinions généralement; peut-être que le
"généralement" choquerait le député de
Beauce-Sud...
M. Roy: J'ai tenté d'invoquer le règlement, M. le
Président.
M. Levesque: Mais, ceci étant dit, M. le Président,
je suis prêt à me rasseoir en ayant fait mon possible dans ce
grand contexte démocratique qui nous anime particulièrement ce
soir.
M. Roy: Je suis en train de me demander, M. le Président,
si l'honorable leader du gouvernement m'avait permis... Je me suis levé
à deux ou trois reprises, il n'aurait pas eu à dire toute cette
série de mots qui en somme ne nous laissent à peu près pas
grand-chose, parce que le leader du gouvernement n'a absolument rien dit, sinon
nous parler de sa générosité.
M. Levesque: C'est un art, M. le Président. C'est un art
de ne rien dire, je crois. Si le député de Beauce-Sud
s'appliquait à cet art, peut-être pourrait-il être plus
convaincant.
M. Roy: Je ne suis pas intéressé, M. le
Président, et je veux rassurer mon ami, le leader du gouvernement, que
je ne ferai aucun effort non plus. Ce que je voulais dire tout à
l'heure, c'est que le député de Rouyn-Noranda a dû se
rendre tout de suite en commission parlementaire des affaires municipales,
parce que le projet de loi dont il était parrain a été
appelé en premier lieu. C'est pourquoi il laisse, pas son droit de
parole, mais il laisse à d'autres opinants, qui...
M. Levesque: Vous dites qu'il est parrain, parlez-vous de fluor
aux fonds baptismaux?
M. Roy: M. le Président, je n'engagerai pas de
débat à ce moment-ci, parce que je sais que nous risquons de
fluorer l'esprit du leader du gouvernement et je ne voudrais pas que le leader
soit la première victime du projet de loi du ministre des Affaires
sociales. M. le Président, ceci étant dit, on nous apprend que
d'autres députés sont intéressés à prendre
la parole. Nous sommes donc tout oreilles pour les entendre.
Le Président: Est-ce que vous avez terminé votre
intervention en deuxième lecture?
M. Roy: Sur ce projet de loi.
Le Président: Vous avez parlé du principe du projet
de loi, vous avez repris votre fauteuil.
M. Roy: Non, non, je n'ai pas parlé du principe.
Le Président: Si j'interprétais le règlement
à la lettre, vous auriez épuisé votre droit de parole.
M. Roy: Je n'ai fait que répliquer à un argument du
leader du gouvernement.
Des Voix: Vote, vote!
Projet de loi no 88 (suite)
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: C'était par courtoisie que je laissais la parole
à nos collègues parce que quelqu'un m'avait informé, avant
l'heure du souper, qu'il était très intéressé
à prendre la parole sur ce projet de loi. Oui, mon collègue de
Rivière-du-Loup.
M. Lafrance: Question de privilège. Je n'ai jamais
manifesté l'intention de prendre la parole sur le projet de loi. Quand
je le déciderai, je vous en avertirai.
M. Roy: Je n'ai pas dit qu'il l'avait dit en Chambre, j'ai dit
qu'il me l'avait dit à l'oreille lorsqu'il est venu s'asseoir
près de moi cet après-midi.
M. Lafrance: Le député a-t-il objection à ce
que je dise ce qu'il dit dans l'oreille, lui aussi?
Des Voix: A l'ordre!
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, j'admets que j'ai commis une
imprudence. Sur le projet de loi qui est actuellement devant nous, on peut se
demander une chose. Je n'aime pas les termes que je vais employer, mais je dis
qu'après avoir eu la charogne dans nos assiettes, nous aurons maintenant
le poison dans notre verre d'eau.
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît!
A l'ordre!
M. Roy: Et ceci de façon obligatoire. Obligatoire, s'il
vous plaît! Pas de choix, c'est obligatoire. Le gouvernement l'impose,
c'est la dictature. Le gouvernement, pour tenter de se donner bonne presse,
pour essayer d'avoir l'opinion publique de son côté a, depuis
plusieurs mois, je dirais même depuis quelques années,
organisé une campagne afin de promouvoir la fluoration des eaux
potables. Pas une campagne de façon à informer les
Québécois; une campagne afin de favoriser une propagande en
faveur de la fluoration.
J'étais présent à une commission des engagements
financiers alors qu'on a présenté en 1971, si ma mémoire
est fidèle, un engagement de $70, 000 par le ministère des
Affaires sociales en vue de faire la promotion de la fluoration à
l'Association dentaire. C'est $70, 000 qu'on a dépensés à
même l'argent des contribuables du Québec: pas pour
éclairer la population, pour faire de la propagande en faveur de la
fluoration.
Dans les engagements financiers de mars 1972, le ministère des
Affaires sociales du Québec, subventionne la Ligue d'hygiène
dentaire de la province de Québec, Montréal, pour une campagne
d'information relative à la fluoration à l'occasion de la semaine
dentaire du 6 au 13 mai 1972; montant de l'engagement, article 7 du
septième mois égale 12, $40, 250. Il s'agit de l'engagement no
517, des engagements financiers, pour le ministère des Affaires
sociales, pour le mois de mars 1972.
Alors, le ministère des Affaires sociales a dépensé
plus de $100, 000 à même les taxes des Québécois
pour organiser une campagne orchestrée pour faire connaître
à la population les bienfaits de la fluoration de l'eau. M. le
Président, on a dépensé en plus, dans d'autres postes
budgétaires qui sont passés inaperçus à la
commission des engagements financiers parce que les montants
inférieurs à $25, 000 ne passent pas devant la commission des
engagements financiers afin de faire des campagnes. On a fait même
des campagnes dans les écoles, on a distribué des tableaux aux
enfants, on leur a distribué des jeux auxquels ils pouvaient jouer,
participer en équipe avec des dés. S'ils disaient que la
fluoration était bonne et qu'ils arrivaient sur tel numéro, ils
pouvaient gagner des points; des jeux d'équipe, bien orchestrés,
savamment orchestrés, en vue de promouvoir la fluoration, et cela aux
frais des contribuables du Québec.
Ce n'est pas tout, on a fait une campagne aux frais des contribuables
pour faire la promotion de la fluoration, on a essayé de colporter dans
les écoles que la fluoration, c'était extraordinairement bon. On
n'a pas fait la part des choses, non, non. Fluoration, fluoration, fluoration,
genre propagande savon. M. le Président, je me réfère
à un article qui a paru dans le journal La Presse de Montréal, le
jeudi 6 mars 1975. Contre-offensive de trois médecins au projet de
fluoration générale de l'eau. Je cite à l'attention du
ministre: "Le ministère des Affaires sociales du Québec, qui
présente au Parlement, ces jours-ci, le projet de loi no 88 sur la
fluoration obligatoire de l'eau potable du territoire, a récemment
entrepris une campagne en vue de déconsisérer les scientifiques
universitaires qui s'opposent à l'adoption, dans sa forme actuelle, de
la législation coercitive sur la fluoration de l'eau. " Pas une campagne
menée par les gens qui peuvent être les adversaires de la
fluoration ou pour la fluoration. Le ministère des Affaires sociales
lui-même a orchestré une campagne de dénigrement envers les
médecins, les spécialistes, envers les scientifiques, professeurs
d'université qui s'opposaient à la fluoration de l'eau.
Le gouvernement a mené une campagne hypocrite en vue de faire le
lessivage des cerveaux des Québécois. J'aimerais demander
à l'honorable ministre des Affaires sociales au nom de quoi le
ministère des Affaires sociales a procédé de cette
façon.
On dit plus loin: "Cette campagne de dénigrement, qui s'est
jusqu'à maintenant propagée jusque dans les salles de
rédaction de la presse, a particulièrement visé la
crédibilité des trois médecins chargés
d'enseignement au département de médecine de l'université
Laval de Québec, les docteurs Pierre-J. Morin, Paul-E. Roy et M. Boutet,
tous trois membres du centre de recherches de l'hôpital Laval et, de
surcroît, spécialistes en pathologie, c'est-à-dire dans la
science qui remonte aux causes des maladies. L'affaire a commencé
lorsque les trois médecins se sont présentés devant la
commission parlementaire étudiant le projet de loi no 88 pour exprimer
leurs réserves personnelles, à titre d'experts, sur la fluoration
généralisée de l'eau potable. A la suite de ces
témoignages et de la parution dans les quotidiens des remarques qu'ils
ont formulées conjointement, une enquête gouvernementale a
été instituée".
On demande parfois des enquêtes sur des sujets qui seraient
d'intérêt public, il n'y a pas moyen d'en avoir, mais on dit
qu'une enquête gouvernementale a été instituée. Et
pourquoi cette enquête dont l'objectif ne pouvait être autre que de
discréditer cette opposition articulée?
J'ai entendu cet après-midi je n'ai pas tout entendu ici
à l'Assemblée nationale, mais j'ai eu l'occasion de l'entendre
dans les micros le ministre des Affaires sociales qui, au lieu de
prouver son affaire de façon scientifique pour rassurer la population,
s'est contenté de toutes sortes de quolibets, de qualificatifs envers
les personnes qui s'opposaient à la fluoration de l'eau.
On dit plus loin dans l'article: "Effectivement, un porte-parole des
trois experts témoins a souligné que l'enquête
gouvernementale a été entreprise, à plusieurs niveaux, sur
la compétence professionnelle des médecins en cause et, on peut
le supposer, sur d'autres aspects, de l'avis des professeurs. L'enquête a
effectivement conduit les limiers du ministère des Affaires sociales
jusque dans les officines des universités et des hôpitaux".
Je pense qu'il y a des limites. C'est de cette façon que le
titulaire actuel du ministère des Affaires sociales se propose d'imposer
cette mesure coercitive contestée, contestable, à laquelle un
gros pourcentage, sinon la majorité des Québécois s'oppose
formellement.
Est-ce de cette façon qu'on s'apprête à
légiférer? Est-ce ce genre de projet de loi qu'on se
prépare à présenter aux Québécois? M. le
Président, au nom de quoi? Pour des fins médicales!
Jamais, M. le Président, dans le Québec, on est
allé aussi loin que d'obliger une population à absorber un
produit qu'on appelle "médicament". Je ne vous dis pas que c'est un
médicament, c'est un poison. C'est clair que c'est un poison, le
ministre le sait, et on va leur imposer cela pour des fins médicales, et
cela sera obligatoire. M. le Président, si, demain matin, d'autres
technocrates très habiles, des experts du ministère des Affaires
sociales se décident de faire additionner autre chose dans l'eau, je me
demande dans deux ans, dans trois ans, dans quatre ans ce que les
Québécois vont boire. Je me demande ce que les
Québécois vont boire dans quatre ans.
Cela va favoriser le commerce de l'eau de Vichy parce que, justement,
les médecins seront obligés d'interdire à certains
patients qui souffrent de certaines maladies...
M. Lecours:... du fluor dedans.
M. Roy: Je ne suis pas un médecin, mais le ministre des
Affaires sociales, qui n'est pas un médecin, connaît suffisamment
le problème...
M. Lecours: II y en a du fluor dedans!
M. Roy:... pour dire, M. le Président, qu'il aura
justement...
M. Vallières: II y en a du fluor dedans!
M. Roy:... ces genres de petits commerces qui s'organiseront et
qui progresseront dans le Québec.
M. le Président, il s'agit là d'un précédent
qui est inacceptable parce qu'on ouvre la porte à tous les abus. Une
fois le principe accepté, on pourra continuer et intervenir dans
d'autres domaines.
Combien va coûter cette mesure? Cette mesure va coûter quoi
à qui? Aux contribuables, à la population du Québec. C'est
la population du Québec qui va payer pour cela. Cela va profiter
à qui?
M. le Président, il y a souvent une question qu'on peut se poser:
Dis-moi qui te paie et je te dirai pour qui tu travailles. Il serait bon de
regarder, M. le Président, si votre problème de fluora-tion
je le dis à mes augustes collègues n'est pas un
problème de santé, c'est un problème politique. Ce n'est
pas autre chose qu'une question politique, cette question de fluoration. Mon
collègue en a parlé cet après-midi. Oui, c'est une
question de politique. On pourra peut-être y revenir, M. le
Président, sur certains points. C'est une question politique.
La fluoration, curieuse coincidence, est arrivée à peu
près au moment où on a commencé à parler d'une
deuxième aluminerie dans le Québec. C'est très curieux, le
ministre des Affaires sociales trouve cela drôle. Je comprends qu'il
pourrait trouver cela drôle, mais qu'il vienne nous dire de façon
plus sérieuse que les compagnies d'aluminium ne seront pas les premiers
bénéficiaires de cette mesure coercitive; que le ministre des
Affaires sociales nous dise que ces compagnies ne seront pas les premiers
bénéficiaires de cette mesure aux frais des
Québécois, ainsi que la petite industrie qui fournira l'outillage
aux municipalités pour imposer une mesure à laquelle on ne peut
pas trouver de précédent quand il s'agit de faire accepter un tel
principe à une population.
Quand le ministère des Affaires municipales est rendu à
s'ingérer dans l'administration municipale pour obliger les
municipalités du Québec à installer ces appareils pour
fluorer l'eau et acheter les ingrédients, s'il vous plaît, qui
serviront justement à fluorer l'eau, qui paiera, sinon les
contribuables? Pourquoi obligerait-on les municipalités du Québec
qui ne veulent pas traiter leur eau au fluor à le faire? Ce n'est pas
parce que les aspirines sont un médicament qui peut rendre service et
calmer les maux de bien des gens que tout le monde est obligé d'en
prendre. Je ne sache pas qu'il y ait un médicament, aussi bon soit-il,
qui peut justifier un gouvernement de faire une loi qui oblige de le prendre.
On est rendu loin, au Québec.
Il faut commencer à se poser de sérieuses questions. J'ai
lu et relu plusieurs rapports, plusieurs témoignages de la commission
parlementaire des Affaires sociales sur tout ce qui s'est dit au cours de cette
fameuse commission parlementaire, pour me rendre compte des
préjugés qui existaient au départ, pour me rendre compte
de quelle façon on a considéré les personnes qui venaient
s'opposer à cette mesure coercitive, obligatoire, de quelle façon
on a considéré les personnes qui, devant la commission
parlementaire, ont exprimé des doutes. Les scientifiques, les
spécialistes sont-ils unanimes pour dire qu'il n'y a pas de danger?
Il y a une personne, le professeur Schatz... pourquoi êtes-vous
contre la fluoration?
Ils n'ont pas compris, M. le Président, Schatz, cela va aider
pour le journal des Débats. Pourquoi êtes-vous contre la
fluoration? Parce qu'elle tue, répond le professeur, docteur en
microbiologie et professeur de l'université Temple, aux Etats-Unis.
Vaut-il la peine de perdre des vies, sous prétexte de permettre à
des gens d'avoir moins de caries dentaires? Ce n'est pas de moi, c'est un
spécialiste, un autre spécialiste français, le savant
biologiste français, Joseph André, dit: L'excès de fluor
dans l'organisme nous fait courir un grand danger. Toute progression de fluor
est une avance sur la tombe.
On est en train de lutter contre notre gouvernement pour pouvoir se
protéger, pour pouvoir protéger notre santé. On en est
rendu là, au Québec! Et tantôt, qu'est-ce que ce sera, si
nous acceptons la philosophie actuelle du ministre des Affaires sociales? Il
est temps que nous commencions à nous poser de sérieuses
questions. Dans la loi du ministre, je vais me permettre, pour la bonne
gouverne de mes collègues, d'examiner
certains paragraphes de cette loi, et voici ce qu'on dit: On demande aux
gens de procéder à l'analyse des eaux destinées à
la consommation humaine et fournies par l'usine, afin de déterminer la
teneur naturelle en fluor. Qu'ont dit les spécialistes devant la
commission parlementaire? Ils ont répété que le fluor
naturel est du fluorure de calcium. Et on veut remplacer le fluor naturel, qui
est le fluorure de calcium, par le fluorure de sodium. Ce n'est pas la
même chose. Le ministre aurait dû demander à des biologistes
de faire une analyse des deux produits.
Pour la gouverne de mes collègues, j'ai essayé de me
procurer, depuis une semaine, une petite boîte de fluor dont se servent
les exterminateurs d'animaux et d'insectes. Il est totalement défendu
par la loi, pour une personne qui en fait la vente, de vendre de ce produit,
parce que c'est un des produits les plus dangereux qu'il y a sur le
marché. Et on se propose d'additionner cela à l'eau, pour faire
boire ces produits aux Québécois? Y a-t-on pensé deux
minutes? S'il y a des gens qui veulent en boire, nous ne sommes quand
même pas pour les en empêcher mais, de là à obliger
les gens à en boire malgré eux, il y a toute une nuance, il y a
toute une différence!
M. le Président, ceux qui préconisent la fluo-ration,
à l'heure actuelle, je leur dis ceci. Ils en feront ce qu'ils voudront,
mais je dis que ceux qui préconisent la fluoration, c'est une
prescription de charlatan. C'est cela. Une prescription de charlatan, c'est
cela, la fluoration de l'eau. Il y a quand même des limites!
On s'est basé uniquement sur les statistiques. Dans les endroits
où il y aurait eu fluoration de l'eau on n'a pas tenu compte des
autres facteurs il y aurait eu moins de caries dentaires. C'est le seul
point sur lequel le gouvernement se base. Lorsque les spécialistes se
sont présentés devant la commission parlementaire et qu'on a
demandé si les appareils offraient des garanties absolues, parce qu'il
s'agit quand même d'appareils mécaniques, personne n'a pu dire que
cela offrait des garanties de sécurité absolues. Personne n'a pu
dire non plus qu'il ne se ferait pas d'accumulation à quelque part, une
condensation. Personne n'a pu le dire, ni donner les garanties
nécessaires.
Est-ce qu'on va s'aventurer dans une mesure de ce genre et attendre
qu'il y ait un désastre dans une municipalité, qu'il y ait une
catastrophe quelque part? M. le Président, c'est sérieux. On ne
joue pas avec la vie des gens comme cela. On nous dira qu'aux Etats-Unis il y a
eu des villes où l'eau a été fluorée, c'est vrai.
Mais il y a eu beaucoup de villes, aux Etats-Unis, qui ont abandonné
cette mesure, à la suite d'études d'experts, à la suite de
recommandations des médecins. Il y en a eu beaucoup.
M. le Président, je ne suis pas habilité, en ce qui me
concerne, à faire des prescriptions médicales. Le ministre non
plus n'est pas habilité à faire des prescriptions
médicales. Et on vote une loi, aujourd'hui, devant l'Assemblée
nationale, qui exige en quelque sorte qu'on fasse une prescrip- tion
médicale obligatoire. La fluoration de l'eau, c'est pour les fins
médicales, ce n'est pas pour d'autres fins. C'est cela qu'on fait, par
une loi qu'on adopte à l'Assemblée nationale.
On en est rendu à ce point. Le ministre aura beau faire les
signes de tête qu'il voudra, il ne nous a pas convaincus par son long
discours. Il ne nous convaincra pas non plus. Je trouve extrêmement
malheureux, encore une fois, alors que les Québécois
réclament tant d'autres mesures essentielles qu'ils jugent importantes
pour l'avenir du Québec, que nous soyons rendus devant une loi de cette
sorte.
M. le Président, si le ministre des Affaires sociales voulait
être sincère, si le ministre des Affaires sociales n'avait pas
actuellement de poids politique et j'insiste, de poids politique
derrière lui, il pourrait dire: Nous allons favoriser les
municipalités qui veulent installer des appareils de fluoration de
l'eau. Les municipalités qui le désireront pourront avoir un
appareil, elles pourront avoir une subvention de tant par tête. On veut
favoriser la fluoration.
Le ministre serait venu avec une loi de ce genre que nous aurions
été évidemment placés dans une autre situation. Si
une municipalité, par voie de référendum, en veut
absolument, si les gens ont voté à 90%, 95% pour en avoir, ce
n'est pas le rôle de l'Etat d'aller conduire les affaires municipales. Ce
principe, on peut l'accepter. Mais si on accepte ce principe, on ne peut pas
accepter le principe que le ministre nous impose ce soir, la fluoration
obligatoire de l'eau.
Je dis et je répète, encore une fois, que c'est une
prescription de charlatan, nonobstant ceux qui la prendront de travers, cette
citation. Je leur dis, et j'en fais un message: C'est une prescription de
charlatan. J'ai dit que je n'étais pas un spécialiste en
médecine, je le répète. Mais il y a une chose que tout le
monde sait, par exemple, c'est que le médecin, lorsqu'il prescrit
quelque chose à quelqu'un, commence par examiner le patient. Il organise
le dosage, il tient compte de son état physiologique. C'est normal. Ou
bien nous sommes à l'aube de la médecine collective; même
canal pour tout le monde. Cela va jusque-là, M. le Président.
Est-ce que nous sommes à l'aube de la médecine collective
au Québec? Ce principe étant accepté, je dis qu'on vient
de faire le premier pas. Cela va jusque-là. Qui va empêcher le
ministre, par la suite, d'en faire un deuxième, d'en faire un
troisième. Je dis qu'en vertu de ce projet de loi, en laissant de
côté les bienfaits ou les méfaits de la fluoration, en
laissant de côté ces deux questions, mais uniquement sur deux
autres points, on aura l'obligation d'ingurgiter un produit dont on ne veut
pas.
C'est un principe qui est inacceptable, pour quelque raison que ce soit.
Il n'y a encore aucune loi de votée qui oblige une personne malade
à absorber le médicament qui lui sauverait la vie. Cette loi
n'existe pas. On est en train de faire des pas qui vont nous conduire
où?
Deuxièmement, il appartient à la municipalité
elle-même, qui a la responsabilité, qui est le premier
gouvernement parce qu'elle est la plus près du peuple, de donner
à sa population les lois et les services qu'elle requiert. Le rôle
de l'Etat est d'aider les municipalités à remplir ce rôle.
On est loin de ce principe et, je le dis encore une fois, nonobstant les
bienfaits ou les méfaits de la fluora-tion, uniquement sur ces deux
principes; on pourrait parler d'un troisième principe. Dans les
régions comme la mienne où toutes les eaux usées prennent
les cours d'eau, on est en train d'exiger du ministre des Affaires municipales
qu'il prenne des mesures draconiennes en vue d'éliminer la pollution des
eaux. Le ministre des Affaires sociales, lui, nous propose des mesures qui,
justement, vont faire que dans des tonnes et des tonnes d'eau, des tonnes de
fluorure de sodium vont se retrouver dans le Saint-Laurent, tantôt, vont
se retrouver d'abord dans nos rivières et on parle de dépolluer
le Québec. Je dis, en terminant, au ministre que non seulement on a eu
de la charogne dans nos assiettes, mais on se propose d'avoir du poison dans
nos verres d'eau. C'est intéressant!
Le Président: L'honorable député d'Anjou.
M. Yves Tardif
M. Tardif: Après avoir écouté le ministre
des Affaires sociales traiter de la mesure qui est devant nous, cet
après-midi, je n'avais pas l'intention d'intervenir. Si j'interviens ce
soir, ce n'est pas parce que le ministre n'a pas été complet,
mais c'est parce que le député de Rouyn-Noranda,
spécialement, et le député de Beauce-Sud ont laissé
planer un tas d'inexactitudes que j'ai l'intention de relever brièvement
ce soir.
Le député de Rouyn-Noranda a dit, fondamentalement cet
après-midi, que la mesure qui est devant nous allait à rencontre
des libertés civiles. Pour étayer son allégation, il a
fait référence à une décision de la cour
Suprême, en 1957, The Municipality of Metropolitan Toronto contre The
Corporation of the Village of Forest Hill. En résumant, c'est le cas de
le dire, les motifs de la décision des cinq juges majoritaires de la
cour Suprême, le député de Rouyn-Noranda, à la
question que je lui ai posée, a déclaré que les juges de
la cour Suprême avaient décidé, en finale, que
c'était une mesure qui allait à l'encontre des libertés
civiles et qu'en conséquence ils avaient rejeté la requête
de la municipalité pour imposer un système de fluora-tion de
l'eau dans le Toronto métropolitain.
J'ai été cherché le rapport de la cour
Suprême pour l'année 1957 et j'aimerais, brièvement, vous
lire le motif invoqué par l'un des juges pour rejeter la requête
du Toronto métropolitain. Le juge Cart-wright, en conclusion de sa
décision, disait: L'essence et la substance de ce règlement... En
anglais, il disait: In pith and substance. Je sais que les avocats qui ont
étudié le moindrement le droit constitutionnel
reconnaîtront une expression qui a été utilisée
à plusieurs reprises dans des causes se rapportant au droit
constitutionnel. Le juge disait donc: L'essence et la substance de ce
règlement ne se rapport e pas à la fourniture de l'eau, mais
à l'imposition à tous les habitants d'un territoire d'une mesure
médicale préventive.
En somme, la raison pour laquelle les juges de la cour Suprême ont
rejeté la requête de la Corporation du Toronto
métropolitain pour imposer la fluoration, ce n'est pas que cette mesure
allait à l'encontre des libertés civiles. C'est que tout
simplement le Toronto métropolitain, qui est une créature du
gouvernement provincial de l'Ontario, n'avait pas les pouvoirs requis en vertu
de sa charte pour ajouter du fluor à l'eau qu'il distribuait à
tous les résidents du Toronto métropolitain.
C'est peut-être un peu compliqué, pour certains
députés, à comprendre. Je pense que le
député de Rouyn-Noranda, dans sa réponse à la
question que je lui ai posée cet après-midi, a bien
démontré qu'il ne comprenait pas du tout ce que les juges avaient
décidé et qu'il continuait à croire, d'autre part, que les
juges avaient décidé que c'était une mesure qui allait
à l'encontre des libertés civiles.
Si je pouvais prendre un exemple pour expliquer dans un autre domaine ce
que les juges ont voulu dire, c'est celui des loteries. Supposons qu'une
municipalité, un moment donné, au Québec, décidait
d'établir une loterie comme la loterie olympique. Les juges qui seraient
appelés à se prononcer sur la légalité de cette
décision ne diraient pas que c'est une mesure illégale parce
qu'une loterie est immorale. Mais les juges rendraient une décision pour
refuser à une municipalité le droit d'établir une loterie
parce que la municipalité en question ne pourrait, ni en vertu de sa
charte ou en vertu du code municipal, établir une loterie. Le code
municipal et la charte des municipalités prévoient que ces
municipalités peuvent construire des rues, construire des trottoirs,
administrer un service de santé, administrer un service de police, un
service de circulation. Enfin, la charte ou le code municipal prévoient
plusieurs choses. Mais, en règle générale, la charte et le
code municipal ne prévoient pas qu'une municipalité peut
exploiter une loterie. C'est un peu la même chose dans ce cas-ci. La cour
Suprême a dit: La municipalité n'a pas le pouvoir d'imposer le
fluor, parce que le code municipal et la charte ne prévoient pas ce
pouvoir, pas plus qu'une municipalité ne pourrait
légiférer en matière criminelle.
D'autre part, pourrait rétorquer le député de
Rouyn-Noranda, la cour Suprême n'a pas déclaré que
c'était une mesure qui allait à rencontre des libertés
civiles, parce qu'à cette époque ce n'était pas une notion
qui était à la mode. Il pourrait ajouter également que la
Déclaration canadienne des droits a été adoptée en
1961, soit quatre ans avant la décision en question. Pourtant la cour
Suprême, à l'époque, c'est-à-dire en 1957,
était tout de même consciente de cette notion de libertés
civiles. Qu'il me suffise de faire état brièvement des
décisions rendues dans les affaires Saumur, Birks, Roncarelli, Chaput,
Switzman, qui ont été des décisions importantes rendues
par la cour Suprême en matière de libertés civiles durant
les années cinquante. Il va de soi que ce n'est pas parce que
les juges de la cour Suprême avaient oublié cette notion
des libertés civiles, mais les juges de la cour Suprême ont pris
cette décision de refuser, la requête du Toronto
métropolitain tout simplement parce que la Corporation du Toronto
métropolitain n'avait pas le pouvoir, en vertu de sa charte, d'adopter
une réglementation qui se rapportait au fluor.
Donc, il est faux de dire que c'est une mesure qui va à rencontre
des libertés civiles, puisque la cour Suprême du Canada ne s'est
jamais prononcée sur cette question.
Le député de Rouyn-Noranda a également
mentionné que le Dr Brunet, je ne sais pas s'il est vraiment docteur, et
d'autres naturopathes pourraient recourir aux tribunaux afin de faire
déclarer ultra vires ou illégale cette loi qui pourrait
être éventuellement adoptée par le gouvernement du
Québec. Je pense que c'est un argument qui ne résiste pas
à l'examen puisqu'on sait tous que, récemment, la cour
Supérieure de Montréal, sur une requête de nature semblable
qui ne se rapportait pas à la fluoration toutefois, a
déclaré que la requête du Dr Brunet était mal
fondée et que fondamentalement le Dr Brunet et ses amis naturopathes
étaient tout simplement des fumistes, des gens qui se moquaient de la
population. Je pense qu'il ne faudrait pas attacher plus d'importance à
la déclaration du Dr Brunet et à ce que le député
de Rouyn-Noranda nous disait, cet après-midi, relativement à
cette question.
Maintenant, M. le Président, le député de
Rouyn-Noranda, selon sa bonne habitude, a insinué ou même
accusé directement que les personnes qui sont venues
témoigner à la commission parlementaire au mois de février
étaient soit subventionnées ou intéressées
directement.
Il n'a évidemment apporté aucune preuve. J'aurais
aimé que le député de Rouyn-Noranda nous dise de quelle
façon les personnes qui sont venues témoigner en faveur de la
fluoration au cours du mois de février étaient
subventionnées.
J'ai vérifié et il appert qu'aucune des personnes qui sont
venues témoigner n'était subventionnée directement ou
indirectement par le gouvernement du Québec ou par un autre organisme.
Mais j'imagine que dans sa réplique le ministre des Affaires sociales
aura l'occasion d'apporter encore plus de renseignements sur cette
question.
Je voulais aborder ce sujet brièvement parce que, selon sa bonne
habitude, tout comme d'autres membres de l'Opposition, soit dit en passant, le
député de Rouyn-Noranda, sans aucune preuve, a insinué que
si ces personnes étaient venues ici, c'est parce qu'elles étaient
subventionnées, en somme qu'elles n'étaient pas libres de faire
les déclarations qu'elles voulaient, mais qu'elles avaient
été incitées fortement à se prononcer en faveur du
fluor.
Le député de Rouyn-Noranda a dit également que
parmi les autres personnes qui se sont prononcées en faveur de la
fluoration lors de la commission parlementaire qui s'est tenue au mois de
février, il y en avait qui étaient intéressées,
étant donné qu'elles négociaient des conventions
collectives.
Le député de Rouyn-Noranda n'en a pas dit plus, mais
supposant que ce soient les médecins, j'aimerais savoir de quelle
façon ce député pouvait prétendre que ces personnes
étaient intéressées à appuyer le ministre de
façon à pouvoir conclure éventuellement des conventions
collectives avantageuses.
Il n'y a pas tellement longtemps, le Dr Augustin Roy, je pense, qui est
président du Collège des médecins, a fustigé assez
sévèrement le gouvernement sur la question de l'amiantose. Si le
Collège des médecins avait été de connivence avec
le gouvernement du Québec afin de pouvoir conclure éventuellement
une convention collective avantageuse pour les médecins, j'ai bien
l'impression qu'il n'aurait pas fait la déclaration qu'il a faite il y a
environ deux semaines sur la question de l'amiantose.
Je passe brièvement sur d'autres attaques basses et gratuites du
député de Rouyn-Noranda qui a dit qu'il y a sûrement des
amis des libéraux qui ont du fluor à vendre. Je pense que c'est
une autre déclaration farfelue du député de Rouyn-Noranda.
Il va de soi que si ce projet de loi est adopté, il faudra avoir recours
au fluor. Maintenant, à savoir si les compagnies d'aluminium sont amies
des libéraux ou non, je vous avouerai sincèrement,
premièrement, que je ne le sais pas, et deuxièmement, que
ça n'aurait aucune espèce d'influence sur mon vote et sur celui
de mes collègues libéraux.
On a parlé des coûts. Le député de
Rouyn-Noranda a encore fait état longuement des coûts que cette
mesure pourra entraîner. Si le fluor était ajouté au lait,
au lieu de l'être à l'eau afin de respecter, selon les paroles du
député de Rouyn-Noranda, la sacro-sainte liberté des
citoyens en cette matière, il en coûterait $2. 14 environ par
année par personne pour pouvoir ajouter le fluor en question à ce
liquide. Par contre, si le fluor est ajouté de façon indistincte
à l'eau, ça va coûter $0. 10 par personne par
année.
C'est vrai que c'est un coût dont on doit tenir compte, mais 6
millions de personnes à $0. 10 par personne, ça fait un
coût total de $600, 000, alors que selon les études qui ont
été faites l'addition du fluor à l'eau va réduire
de 60% les caries chez les enfants. Je ne sais pas quelle réduction des
coûts cela peut entraîner, mais je suis convaincu que c'est une
réduction qui est sûrement plus considérable que celle de
$600, 000 qui constituera le coût de la mise en application de ce projet
de
Je n'ai été nullement convaincu par les arguments des deux
députés créditistes ou présidentiels
j'ignore le nom de leur parti pour le moment qui ne se sont pas vraiment
attaqués au fond du problème. Est-ce qu'ils ont été
en mesure d'affirmer péremptoirement que ce ne sera pas un bien pour les
dents des enfants? Non, ils ont vraiment dévié de la question,
ils se sont appliqués à lire des articles de journaux, à
défendre ce principe de la liberté individuelle, principe qui
n'en est pas un dans ce cas, à mon avis.
J'aurais aimé également entendre le député
de Johnson. J'ai pris connaissance des rapports de la commission parlementaire
qui a eu lieu au mois de février. Le député de Johnson,
comme argument péremptoire, a dit au ministre des Affaires sociales:
Ecoutez, je serai peut-être convaincu si vous buvez devant moi le verre
d'eau auquel j'ai ajouté du fluor.
M. le Président, le fluor qui va être ajouté
à l'eau va constituer 1, 2 partie par million, ce qui est une
proportion, somme toute, très petite. Cela va de soi que si, dans un
verre d'eau, vous ajoutez une moitié de fluor, vous allez en mourir.
Pris en grande dose, j'ai l'impression que le fluor est un poison. C'est un peu
comme si on disait à quelqu'un: L'aspirine, c'est un poison. Pour te le
prouver, prends-en 50 tout d'un coup. Cela va de soi que la personne serait
gravement malade ou en mourrait. Si vous prenez deux ou trois aspirines, vous
n'en mourrez pas. C'est la même chose pour le fluor. Si vous en prenez
selon des quantités prescrites, des quantités minimes, même
si, en soi, c'est un poison, vous n'en mourrez pas. Mais si, à un verre
d'eau, vous ajoutez un demi-verre de fluor, vous allez en mourir.
C'est le genre d'argument qui a été utilisé par le
député de Johnson lors d'une de ses interventions en commission
parlementaire, à la fin du mois de février dernier. Je pense que
cela démontre que ceux qui s'opposent à cette mesure n'ont
vraiment pas d'arguments convaincants. Ils vont se servir de démagogie,
ils vont se servir d'arguments faciles à utiliser, ils vont se servir de
grands principes, comme la liberté individuelle, mais lorsqu'on examine
leurs arguments, on se rend compte qu'ils ne résistent pas aux faits,
aux études qui ont été faites.
Je pense, M. le Président, que les arguments
présentés cet après-midi par le ministre des Affaires
sociales sont suffisamment forts pour emporter l'adhésion de tous les
membres de cette Chambre.
Le Président: L'honorable député de
Rivière-du-Loup.
M. Lafrance: M. le Président, les quelques minutes qui me
sont allouées...
Une Voix:...
M. Paul Lafrance
M. Lafrance: M. le Président, j'invoque l'article 96 de
notre règlement. Je demanderais qu'on le fasse appliquer
intégralement pendant la période que j'ai l'intention d'employer,
si vous me le permettez. Les quelques minutes qui sont mises à ma
disposition, pour parler d'un projet de loi aussi important, ne seront pas
assez longues mais tout de même, j'essaierai d'être assez bref.
J'ai écouté cet après-midi, le plus religieusement
possible et depuis le début, les députés qui ont
traité du sujet, et je me pose sincèrement la question à
savoir si, réellement, le fait de prendre de l'eau fluorée ne
ramollit pas le cerveau.
M. le Président, dans un article publié dans le journal Le
Jour du samedi 30 mars 1974, on dit textuellement: "Camille Samson: Le fluor
ramollit le cerveau". Je poursuis: "Poursuivant sa lutte contre la fluoration,
le député créditiste Camille Samson a affirmé que
le fluor, entre autres méfaits, amollit le cerveau et durcit
également les muscles et désorganise le système nerveux.
On dit, par la suite, que "sous l'ancien gouvernement, c'est le
député créditiste Bernard Dumont qui s'était fait
le chef de la croisade antifluoration. M. Samson a repris le débat avec
presque autant de couleur".
Dans un autre article, M. le Président le
député de Rouyn-Noranda en a cité plusieurs, vous me
permettrez d'en citer quelques-uns également dans le Journal de
Montréal du dimanche 28 avril 1974, on dit: "Samson buvait de l'eau
fluorée. Le député créditiste Camille Samson,
vivement opposé à la fluoration de l'eau potable, a
révélé aujourd'hui qu'il avait été fort
surpris d'apprendre que l'eau de sa propre ville, Rouyn-Noranda, était
fluorée. Il s'est élevé contre le fait que dans nombre de
villes de la province, la fluoration a été adoptée sans
que la population en ait été avisée".
M. le Président, de deux choses l'une: C'est vrai que la
fluoration des eaux de consommation cause le ramollissement du cerveau ou ce
n'est pas vrai. Vous, M. le Président, qui êtes un homme
intelligent et intègre, je vous laisse le soin d'en juger. Vous avez
entendu des discours en cette Chambre, cet après-midi, et permettez-moi
de vous demander, M. le Président, si c'est réellement vrai que
l'eau et on doit prendre la parole d'un collègue, je prends la
parole de mon collègue de Rouyn-Noranda ramollit le cerveau.
Mais, puisqu'il en boit depuis trois ou quatre ans, je me demande, et je
vous demande, M. le Président, si on doit le croire quand il fait une
telle affirmation.
Trêve de plaisanteries, je voudrais tout de même vous
apporter des arguments qui ne vous convaincront pas, vous, M. le
Président, car je sais que, depuis quelques années, vous buvez
vous-même de l'eau fluorée dans votre municipalité, et vous
voyez l'effet bénéfique de cette mesure d'hygiène
publique. Je voudrais vous lire un extrait du président de la Ligue
d'hygiène dentaire de Québec, en date du 12 juin 1972, le Dr.
Denis La-flamme: "Monsieur le député, la profession dentaire
étant pleinement consciente de son rôle premier, celui de veiller
à ce que la population puisse jouir de la meilleure santé
possible, réalise, à regret, le nombre sans cesse grandissant de
soins dentaires requis, d'une part, et, d'autre part, le manque de dentistes
pour répondre à ce besoin. Vis-à-vis de ce besoin qui
devient de plus en plus difficile à combler, les mesures
préventives nous paraissent d'une importance primordiale, et c'est dans
ce contexte que la fluoration des eaux de consommation nous apparaît
comme la méthode de prévention la plus sûre, la plus
efficace et la plus économique jusqu'à ce jour pour
réduire un fléau qui touche 99% de la population, la carie
dentaire".
M. le Président, je ne voudrais pas, encore une fois, mettre en
doute la sincérité de certains collègues de cette
Assemblée, mais je voudrais me référer à un article
d'un autre journal, disparu comme son auteur, le journal Défi, du 14
janvier 1972. Quand on parle du journal Défi, je sais que le
député de Beauce-Sud tout comme le député de
Rouyn-Noranda y étaient reliés de très près. On y
lit, à la page 15: "On ne peut se baser sur la seule opinion d'un groupe
de dentistes québécois, ceux-ci ne possédant pas le
monopole des connaissances biologiques. On ne saurait être trop prudent,
et il faut prendre garde de ne pas tomber dans l'erreur de tenir compte de
l'avis exclusif de certains scientifiques sans tenir compte, également,
de l'avis contraire d'autres membres de la communauté scientifique
mondiale". C'est sur ce point que je voudrais insister, car depuis le
début de la journée, nous entendons les représentants du
Parti créditiste et de l'autre particule nous citer le Dr Schatz, ou
quelques noms semblables; on n'en cite qu'un ou deux ou trois, mais ce sont
toujours des personnes isolées qui ont supposé-ment fait des
études, supposément, encore, scientifiques, on a même fait
référence au Dr Jacques Brunet dont on ne connaît pas les
antécédents. Moi, je veux me référer à toute
la gamme d'associations mondiales, américaines, canadiennes et
même québécoises qui se sont prononcées, en groupe,
en faveur de la fluoration de l'eau de consommation.
Je voudrais encore une fois me référer au journal
Défi, et vous montrer jusqu'à quel point des individus, comme les
créditistes, ont essayé de manipuler la population, chose qu'on
nous reproche à nous libéraux, contre la fluoration de l'eau de
consommation. Encore une fois, je me réfère au journal
Défi du 7 juillet 1972, à la page 3, Lettre de protestation de
citoyens, tel était le titre de la lettre, et au bas, on marque: nom,
adresse et ville; on demandait aux individus d'envoyer cette lettre
préfabriquée au ministre des Affaires sociales du temps pour
protester contre une mesure, et sans connaître les implications que cela
pouvait apporter. C'est là la façon créditiste de faire de
la propagande. On accuse les groupes qui se sont présentés devant
la commission parlementaire d'avoir été subventionnés. Ce
qui est faux, M. le Président, mon collègue d'Anjou vous l'a
prouvé plus tôt.
Quand on dit que les effets de la fluoration de l'eau de consommation
sont maléfiques, je voudrais vous citer un autre extrait du journal
Défi du 7 juillet 1972. "Pendant des siècles, des milliers de
personnes ont vécu toute leur vie dans des régions où
l'eau contenait beaucoup plus de fluor que la quantité
généralement utilisée sans que jamais leur santé en
ait été affectée".
On estime à plus de 2, 600 les municipalités dans le monde
où la concentration de fluor est beaucoup plus élevée que
la quantité nécessaire à la prévention de la carie
dentaire. D'autre part, la fluoration ne change pas le goût
j'espère que des oreilles créditistes entendent parce que
1. 2 partie du fluor, par million de parties d'eau, ne peut pas changer le
goût, la senteur, ni la couleur de l'eau. C'est impossible que cela fasse
jaunir les gazons. Je continue l'article.
D'autre part, la fluoration ne change ni le goût, ni l'odeur, ni
l'apparence de l'eau. Le fluor n'affecte pas non plus la nourriture, la
lessive, les boissons ou les produits industriels. Le fluor est-il un poison?
Voici la réponse: Le fluor est utilisé sous forme de sel de
fluor, qu'on appelle fluorure, qui n'est pas plus un poison que le sel de
table, qui est le chlorure de sodium. Beaucoup d'éléments, tels
le sel, l'oxygène, l'eau, le fer, l'iode, sont bénéfiques
à l'homme s'ils sont utilisés en quantité raisonnable. Ils
peuvent être dangereux s'ils sont absorbés en quantité
exagérée. C'est pourquoi Dieu garde la population du
Québec d'un gouvernement créditiste, parce que du fluor serait
dangereux entre de telles mains!
Pour absorber une dose mortelle de fluor, il faudrait boire le contenu
écoutez bien, et si jamais des oreilles créditistes ne
comprennent pas, soit qu'on doive les amener chez le médecin ou que
vous, M. le Président, leur répétiez ce que je vous dis
de 50 bains pleins d'eau fluorée en un seul jour! Même un
créditiste n'est pas capable d'en boire autant!
La fluoration est efficace. L'eau de boisson est le moyen le plus
efficace qu'on ait trouvé pour apporter les bienfaits de la fluoration
à toute la population. Il y a bien les pilules de fluor, les traitements
au fluor par les dentistes, la pâte dentifrice au fluor, mais ces moyens
sont dispendieux et moins pratiques. L'eau est un élément naturel
absorbé universellement. Y ajouter des fluorures permet à tout le
monde de profiter sans effort, et à peu de frais, de cette mesure de
santé dentaire.
Un autre extrait du journal Défi. Encore une fois, je me demande
si on doit y croire. J'espère que non, parce qu'on dit: L'affluence de
mongolisme est également notée dans les endroits où la
fluoration est en application. Je me réfère à ma citation
du début, qui concerne le député de Rouyn-Noranda, et je
me pose sérieusement la question. Pour vous montrer jusqu'à quel
point on charrie, parce qu'on accuse les libéraux de charrier, je vais
vous lire un extrait d'une lettre adressée au ministre de la
Santé, ou des Affaires sociales, le 3 juillet 1972, par un M. Alphonse
Lacroix, qui faisait une série d'affirmations gratuites. Il disait, sans
aucune preuve à l'appui: "Le fluor est un poison quinze fois plus
violent que l'arsenic. " Pour le prouver, il aurait fallu qu'il prenne les
deux! "Le fluor bloque l'action normale des enzymes essentielles au
métabolisme, à la respiration cellulaire, à la croissance,
à la génération d'énergie et donc à la vie.
" Cette citation me fait penser au député de Beauce-Sud, qui dit
qu'il n'est pas spécialiste, alors qu'en commission parlementaire il y a
eu 19 mémoires présentés par des spécialistes et un
seul était contre la fluoration des eaux de consommation. Doit-on se
fier aux spécialistes qui sont venus devant la commission parlementaire?
Les créditistes réclament toujours des commissions parlementaires
pour entendre des spécialistes. Nous en avons entendu cette
journée-là, mais,
en tout bon créditiste, on est resté les deux oreilles
bouchées bien dur. On n'a pas écouté. Aujourd'hui, on
vient nous radoter des ragots!
On n'a pas non plus prouvé l'affirmation suivante: Par son
affinité pour le calcium, le fluor provoque l'ostéomalacie,
l'ostéoporose et l'os-téosclérose, retardant ainsi la
croissance normale des os chez les enfants. Une autre affirmation: Par son
affinité pour le calcium, le fluor dérègle le
fonctionnement du système nerveux. Là, je pense que le
député de Beauce-Sud a raison.
Sixièmement, la consommation du fluor s'accompagne du
durcissement des artères et du muscle cardiaque. Je vous laisse le soin
d'en juger.
On fait une autre affirmation, M. le Président, et remarquez bien
l'astuce qu'on emploie: Le monde scientifique soupçonne on ne dit
pas prouve, on dit soupçonne le fluor d'être une cause de
cancer et de mongolisme. On a entendu les créditistes dire que le fluor
causait le cancer. On ne s'est même pas référé
à cette affirmation qui dit que le monde scientifique "soupçonne"
simplement le fluor.
On dit encore une fois qu'il est à prévoir il est
à prévoir, on ne le prouve pas que certaines personnes
souffrent d'allergie au fluor. M. le Président, on a 21 affirmations du
même genre et aucune preuve scientifique n'est apportée. On
parlait tout à l'heure des libertés individuelles. Je voudrais
vous référer à un article du Journal dentaire de
Québec de novembre 1969. Permettez-moi d'en lire un extrait. "Ce n'est
pas à dire que la jurisprudence sur ce sujet soit inexistante on
a affirmé le contraire aujourd'hui il existe même un
jugement de la cour Suprême du Canada qui en traite, mais justement il
est assez remarquable que les juges du plus haut tribunal du pays ne fassent
aucune allusion aux libertés civiles dans leur examen du problème
de la fluoration de l'eau. " On a dit que les juges de la cour Suprême
s'étaient prononcés contre, M. le Président. "Tout se
ramène dans cette affaire à un problème
d'interprétation statutaire et aucun des juges ne va au-delà.
Aucune référence, même lointaine, n'est faite, au cours du
jugement, au problème tel que le posent les contestataires. On est donc
peut-être justifié d'en déduire que, pour les juges de la
cour Suprême du Canada, ce n'est pas en termes de libertés civiles
que se pose le problème de la fluoration, alors que c'est
essentiellement en ces termes qu'il se pose pour les antagonistes. "Le fait
qu'une mesure comme la fluoration de l'eau dans l'état actuel du droit
canadien n'enfreint pas les libertés fondamentales du citoyen est encore
confirmé par l'existence de plusieurs lois provinciales au pays qui
permettent expressément aux municipalités de fluorer leur eau. Or
ces lois, à notre connaissance, n'ont jamais été
déclarées inconstitutionnelles. Elles n'ont même jamais
été attaquées devant les tribunaux, alors que, pour
beaucoup, elles existent depuis déjà un bon nombre
d'années. "Ces observations tentent donc à prouver de fa-
çon très nette que la fluoration de l'eau ne va en aucune
façon à l'encontre de ce secteur de notre droit positif qu'on
appelle les libertés civiles ou les droits fondamentaux. Plus encore,
ces observations indiquent, au-delà de toute question de droit positif,
que les résistances de certaine partie de la population ne sont ni aussi
vives, ni aussi nombreuses qu'on veut parfois le laisser croire. Cette
dernière observation est d'autant plus importante que ce secteur du
droit positif qu'on appelle les libertés civiles est parmi les plus
évolutifs qui soient et qu'il est fortement influencé dans son
contenu par les aspirations concrètes des individus et des
collectivités. "Rien dans le droit positif canadien actuel
n'établit directement que la fluoration de l'eau va à rencontre
des droits fondamentaux du citoyen. Au contraire, plusieurs faits que nous
venons de rappeler brièvement donnent à penser que pareille
mesure n'enfreint en aucune façon ces droits. Mais, au-delà des
faits et des indices, il faut examiner la question à son mérite
et, pour ce faire, il sera nécessaire, comme nous l'expliquions plus
haut, de comparer cette mesure à d'autres mesures que notre droit des
libertés civiles permet ou prohibe selon le cas. "
Je voudrais vous citer les résultats des études qui ont
été faites sur la fluoration. On dit que la fluoration diminue
l'incidence de carie de 60% à 65%. Elle diminue de 70% à 75% la
perte de la dent de six ans, c'est-à-dire la première molaire
permanente, et cause aussi une diminution de 85% à 90% de l'incidence de
la carie sur les incisives permanentes.
De plus, 40% moins de cas de prothèses dentaires dans les villes
où il y a de l'eau fluorée. Ce qui dénote bien que la
fluoration de l'eau est profitable même pour les adultes, surtout pour un
Etat qui a la triste réputation d'être le plus
édenté au monde. Vous n'êtes sans doute pas sans savoir que
des prothèses dentaires sont essentielles pour les personnes
édentées, et de bonnes prothèses dentaires, surtout, sont
utiles. Je voudrais vous rappeler un incident que vous avez probablement vu
vous-même à la télévision, en 1970, lors d'un
congrès à la chefferie du Parti créditiste. Un
présentateur avec des prothèses dentaires les a perdues durant
son discours.
Des Voix: Nommez-le.
M. Berthiaume: Nommez-le.
M. Lafrance: Vous pourriez demander au député de
Beauce-Sud de vous le nommer, il le connaît certainement mieux que
nous.
L'Association médicale américaine s'était
prononcée, en 1951, contre la fluoration des eaux de consommation. En
1958, elle s'est prononcée pour. Si vous avez entendu les discours
d'aujourd'hui, on accuse les libéraux et ceux qui sont pour la
fluoration de n'être pas honnêtes ou d'être malhonnêtes
et de ne pas comprendre le problème des autres. L'Association
médicale américaine, qui est tout de même un organisme
assez
crédible, à cause du manque d'information en 1951,
s'était prononcée contre la fluoration et, en 1958, à la
suite d'études, elle s'est prononcée pour. Est-ce à dire
qu'en 1951 l'Association médicale américaine était
honnête et qu'en 1958 elle était malhonnête?
Encore une fois, je voudrais vous citer des affirmations que nos
collègues créditistes nous sifflent dans les oreilles. On dit que
cela peut causer des maladies chez les jeunes hommes comme, par exemple, la
perte des cheveux, l'anémie et l'affaiblissement du pouvoir de
coagulation du sang. Encore là, on n'apporte aucune preuve. Et celle-ci.
J'en n'arrive, peut-être pas à cette maladie honteuse mais
à d'autres quasiment semblables. On dit que, chez les femmes, cela cause
remarquez bien des menstruations douloureuses. Est-ce que la
cause d'une maladie parce qu'on dit que c'est une maladie alors que
c'est un phénomène naturel est-ce qu'on veut insinuer par
là que toutes les femmes qui boivent de l'eau fluorée sont
atteintes de cette maladie à période régulière
alors que les femmes qui boivent de l'eau naturelle ou non fluorée ne
sont pas atteintes de ces douleurs?
On dit même que cela cause l'abaissement du taux de
natalité. Je pense qu'il y a une cause beaucoup plus évidente que
celle-là à la baisse de la natalité au Québec.
Depuis que des municipalités ont de l'eau fluorée naturellement,
aucune preuve ne nous confirme que dans ces municipalités il y a eu une
baisse du taux de natalité.
Une Voix: Le célibat.
M. Lafrance: On dit aussi qu'il y a des altérations
thyroidiennes, des troubles hépatiques. On n'en apporte encore aucune
preuve. On dit, encore une fois dans le journal Défi, à la page
22 du 7 juillet 1972, que les Russes emploient depuis longtemps le fluor
remarquez bien celle-là, elle est suave pour rendre leurs
prisonniers de guerre stupides afin de pouvoir plus facilement les soumettre
à un lavage de cerveau. Le fluorure de sodium je continue une
autre citation du même journal est utilisé depuis de
nombreuses années par les éleveurs du Texas comme moyen de
castration chimique afin de refroidir l'ardeur sexuelle de leurs taureaux lors
des périodes d'accouplement.
M. Lecours: On comprend pourquoi les créditistes sont
contre.
M. Lafrance: Celle-ci est une autre citation textuelle du journal
Défi: On veut mettre dans notre eau de robinet du fluorure de sodium
sans nous consulter.
On va réussir ce tour de force parce que tous les
députés remarquez bien, c'est textuel, on met entre
virgules sauf les créditistes, se fichent éperdument de
cette affaire de fluoration dont ils ne connaissent rien et dont ils ne veulent
rien connaître.
M. le Président, c'est prêter des intentions
malhonnêtes à des collègues de l'Assemblée
nationale. Je n'irai pas jusqu'à m'abaisser de traiter de
malhonnêtes les collègues qui s'opposent à la fluoration.
Mais, ce que je leur demande, c'est de s'informer et de consulter les
spécialistes qui sont venus ici, à la commission parlementaire.
Mais, nos collègues créditistes ne veulent pas s'informer. Encore
une fois, je voudrais citer la page 23 du journal Défi du 7 juillet 1972
vous le savez, M. le Président, c'est un journal typiquement
cré-ditiste qui dit: Nos amis les créditistes
s'étonnent de l'attitude des dentistes sur la fluoration ceci me
touche personnellement, M. le Président Les créditistes
disent: Ce ne sont pas les barbiers qui ont inventé le rasoir de
sûreté ou électrique argumentent-ils et ce ne
sont pas les coiffeurs qui ont inventé la mode des cheveux longs chez
les hommes.
M. le Président, s'il fallait que chacun des groupes parlent de
ce qu'ils connaissent et seulement de ce qu'ils connaissent, les
créditistes n'auraient même plus à parler de la question
monétaire parce que ce ne sont même pas eux qui l'ont
inventé, le système monétaire. Nous n'aurions pas des
débats comme nous en avone eu aujourd'hui contre la fluoration.
M. le Président, j'aurais l'intention de faire comme le
député de Rouyn-Noranda qui a cité une série de
villes qui s'opposaient à la fluoration des eaux de consommation. Je
serais tenté de vous en faire une lecture qui serait beaucoup plus
longue que celle du député de Rouyn-Noranda qui prouve le
bien-fondé de cette mesure de santé publique. Mais, je vous en
fais grâce, M. le Président, parce qu'à la commission
parlementaire, on l'a déposée, tout le monde en a pris
connaissance. J'aurais énormément de choses à dire, mais
je crois que c'est une mesure que nous devons imposer le plus rapidement
possible au Québec. Si le ministère des Affaires sociales a
imposé l'assurance-santé dentaire, c'est son devoir de
contrôler l'assurance-santé dentaire. La fluoration des eaux de
consommation est un moyen pour réduire l'incidence de carie et, à
l'heure actuelle, c'est le moyen prouvé le plus efficace et c'est un
moyen que nous devons employer le plus rapidement possible. Je vous
remercie.
Le Président: La réplique du ministre des Affaires
sociales mettra fin au débat de deuxième lecture.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, ayant écouté les
exposés de nos collègues de l'Opposition, ayant
écouté ce torrent de paroles et ayant essayé d'en extraire
quelques idées valables pour le débat, je n'ai vraiment pu
trouver que la suivante: L'Assemblée nationale devrait se
déclarer incompétente pour trancher un tel débat et elle
devra inviter la population, l'ensemble de la population à se substituer
à elle pour prendre une décision qui est apparemment
au-delà des forces intellectuelles et au-delà des forces et
au-delà du courage des
membres de l'Opposition et des oppositions qui se sont prononcées
sur le sujet.
Je crois que, si nous devons envisager qu'une discussion publique
très large se fasse sur un sujet comme celui-ci, il eût
été essentiel qu'on nous démontre qu'un tel débat
puisse se faire de manière intelligente, de manière à
s'adresser au fond du sujet plutôt qu'à des considérations
extérieures, des considérations étrangères au sujet
que d'ailleurs je vais essayer de qualifier, parce qu'il n'est pas souhaitable
que de pareilles affirmations soient faites dans ces murs et sans recevoir un
démenti.
Pour ce qui est du député de Chicoutimi, parlant,
paraît-il, au nom de l'Opposition officielle, tout ce que l'on pouvait
tirer de ses remarques était une immense hésitation. La plupart
du temps, il s'est borné à répéter après moi
l'état déplorable de la santé dentaire au Québec
chez les enfants particulièrement, où le phénomène
a été étudié, mais chez les adultes sans aucun
doute, même si là-dessus nous n'avons aucune statistique
systématique. Après avoir noté l'état
déplorable de cette santé dentaire des Québécois,
il s'est attaché à décrire, en déplorant qu'ils ne
soient pas suffisamment développés, pas suffisamment complets,
donc en me répétant encore une fois, les différents
programmes préventifs et de soins dentaires qui sont progressivement mis
en place au Québec.
Mais quand il s'est agi de conclure sur ce qui fait l'objet du
débat, plutôt que de pérorer sur des considérations
qui n'ont aucun rapport avec ce débat, nous n'avons entendu qu'une
hésitation à nous prononcer conformément aux conclusions
qu'il tire lui-même de toutes les études qui ont été
citées, tant en commission parlementaire qu'ailleurs, et sur lesquelles
il s'est déclaré d'accord, mais pas au point de vouloir assumer
ses responsabilités de parlementaire. Pas au point de vouloir, avec ses
collègues, se prononcer clairement pour ou contre une mesure qui a
été suffisamment débattue, qui est suffisamment connue,
depuis 30 ans qu'elle est appliquée de manière
systématique, depuis 75 ans qu'elle est connue dans ses effets sur la
santé dentaire, pas au point de vouloir se prononcer clairement pour ou
contre cette mesure.
Bien sûr, il est facile de comprendre que l'Opposition officielle
est moins intéressée à la santé dentaire des
Québécois dans ce débat qu'à accréditer la
notion d'un référendum ou d'une consultation populaire. C'est une
idée qui serait utile dans d'autres circonstances pour le Parti
québécois, qu'il serait commode d'accréditer, à
savoir que des références à l'opinion publique,
permettraient si facilement, si commodément, si confortablement
d'éviter des responsabilités à titre de parti et à
titre d'homme politique.
Cependant, ce genre d'attitude n'est pas de nature à nous
impressionner. Ce genre de recours à l'opinion publique et cette
démission devant les responsabilités, auxquels nous invitent les
membres de l'Opposition officielle, constitueraient dans nos régimes
parlementaires un précédent qu'après plusieurs
siècles de régime parlemen- taire l'Angleterre vient seulement de
rompre sur un sujet comme l'adhésion au Marché commun.
On sait très bien que, dans l'application que l'Angleterre vient
de faire du référendum, on peut trouver la conséquence
inévitable d'une absence chronique de leadership dans ce pays sur la
question du Marché commun depuis les quinze dernières
années. Acculé par l'indécision, comme l'Opposition sur la
fluoration, acculé par un manque de leadership devant une situation sans
issue, on a eu recours à la consultation populaire.
M. Burns: Vous êtes mal placé pour parler d'absence
de leadership, vous savez. Vous êtes bien mal placé pour parler de
ça.
M. Forget: Nous vous en donnons une preuve par cette loi. Mais je
n'insisterai pas davantage sur ce manque de courage. Au moins lorsque nous
avons...
M. Burns: Le manque de leadership dont vous avez parlé,
c'est vous autres.
Le Président: A l'ordre!
M. Forget:... entendu le député de Rouyn-Noranda,
il n'était pas possible de se méprendre sur le sens de ses
paroles. Il ne disait strictement rien. Mais au moins on a compris sa
conclusion. Sa conclusion, c'était d'être contre, selon l'habitude
qui devient familière dans ce parti d'être contre toute
espèce de mesure progressiste, mais d'être contre pour des motifs
qui sont à peine avouables lorsqu'on décortique un peu le
raisonnement qui a été tenu.
On n'était certainement pas contre pour des raisons scientifiques
ou techniques. Ces raisons, je ne sais pas si on les a comprises, si nos
collègues du Ralliement créditiste les ont comprises. Un seul
d'entre eux, même si les deux ont parlé, d'ailleurs, s'est
donné la peine d'assister à la commission parlementaire sur le
sujet, et je doute fort que l'un ou l'autre se soit donné la peine de
lire la documentation qui a été déposée.
Quoi qu'il en soit, ils n'en avaient pas besoin pour tenir le
raisonnement qu'ils nous ont tenu, pour nous dire que nous insultons la
population lorsque nous disons qu'il est approprié, il est plus
approprié que l'Assemblée nationale prenne ses
responsabilités dans une question de santé publique.
M. le Président, ce n'est pas dénigrer le bon sens de la
population que d'affirmer qu'il y a là une responsabilité
gouvernementale qui doit être assumée.
Le député de Rouyn-Noranda et son collègue de
Beauce-Sud nous ont démontré avec combien de difficulté
une discussion rationnelle pourrait être tenue dans des conseils
municipaux, si nous, comme législateurs, nous nous laissons
entraîner aussi bas dans nos raisonnements, en faisant appel à des
motifs qui sont, encore une fois, M. le Président, à peine
avouables. On a allégué la mauvaise foi, on a
allégué presque la malhonnêteté
non seulement du ministre, non seulement de ses collègues
ministériels, dans la présentation de ce projet de loi, mais
même chez ceux qui se sont présentés volontairement et
bénévolement devant la commission parlementaire pour appuyer ce
projet de loi.
On a dit d'eux, M. le Président, qu'ils étaient de
mauvaise foi, qu'ils étaient des marionnettes entreles mains du
gouvernement, qu'ils étaient dans des situations de conflit
d'intérêts. C'est en ces termes qu'on a accueilli des propos de
personnes désintéressées qui ont maintenu, dans d'autres
circonstances, une attitude carrément indépendante du
gouvernement, qui n'ont jamais craint de s'affirmer en face du gouvernement
et le député de Rouyn-Noranda l'affiramait lui-même
qui sont même en négociation avec le gouvernement dans des
sujets où leurs intérêts sont des intérêts qui
les opposent au gouvernement dans ces négociations.
On a cité, on s'est amusé à citer une longue liste
de municipalités qui avaient exprimé un avis défavorable
sur la fluoration. Sur quoi cet avis est-il basé, M. le
Président? J'aime autant ne pas faire de commentaires. Je sais cependant
qu'il y a eu une cabale, qu'il y a eu une campagne de menée par un petit
nombre d'individus pour obtenir ces résolutions de conseils municipaux,
résolutions passées à toute vapeur, sans discussion, sans
expertise, mais avec le sentiment que l'on était parti d'un mouvement
collectif, mouvement que certaines personnes se sont crues appelées
à mettre en branle. Mais la liste qu'on nous a produite, M. le
Président, nous pouvons la contrer par une liste encore plus
impressionnante, encore plus longue d'organismes tant québécois
que nationaux ou internationaux.
Pour ce qui est seulement du Québec, M. le Président,
puisqu'on s'est amusé à citer une liste, je vais en citer une
à mon tour. Nous avons des organismes qui nous ont écrit,
indépendamment de leur comparution ou de la comparution de certains
d'eux en commission parlementaire, depuis même les audiences de la
commission parlementaire, tels que la Corporation professionnelle des
médecins du Québec, la Corporation des agronomes du
Québec, l'Ecole de santé publique de l'université Harvard,
l'Association des spécialistes en chirurgie buccale, l'Ordre des
chimistes du Québec, la Corporation des diététistes du
Québec, la Société dentaire de Montréal, la
Société dentaire du West Island, l'Association dentaire
canadienne, l'Association des chirurgiens-dentistes du Québec, les
conseils régionaux de différentes régions, responsables de
la santé et des services sociaux, la faculté de médecine
dentaire de l'Université de Montréal, l'Association des
orthodontistes de la province de Québec, la ville de Berthierville.
A ce sujet, M. le Président, j'aimerais vous faire lecture de la
lettre que le maire de Berthier-ville m'adressait en mars dernier après
la fin des audiences en commission parlementaire: "M. le ministre, il y a
environ douze ans, alors que j'étais maire de ma ville et médecin
hygiéniste du comté de Berthier, j'ai fait construire une usine
de traitement de l'eau d'alimentation. J'y ai fait installer la fluoration sans
demander la permission à qui que ce soit. La population avait confiance
en moi. Des enquêtes furent faites chaque année chez nos enfants
de première année et, immédiatement, le taux de carie
dentaire commença à diminuer. Aujourd'hui, nous n'avons à
peu près plus de carie dentaire chez nos enfants tandis que le taux est
encore très élevé chez les élèves qui ne
boivent pas d'eau fluorée. "Nous avons de belles statistiques. Chez les
élèves d'un rang de Saint-Norbert, je fus un jour frappé
par les bouches parfaites de ces enfants. Des analyses de l'eau
démontrèrent que ces élèves buvaient une eau
fluorée naturelle provenant de puits. Leurs parents et grands-parents
avaient aussi des bouches parfaites. "Si l'eau de Montréal avait
été fluorée dit encore M. Laferrière
il est probable que ces trois enfants morts d'anesthésie lors
d'extractions dentaires seraient encore vivants. J'espère que le
gouvernement ne se laissera pas influencer par tous ces ignorants et
malintentionnés. " "Il est plus que temps que toute l'eau d'alimentation
soit fluorée. Félicitations. Ulysse Laferrière, maire de
Berthierville".
Je reprends la liste: l'Ecole polytechnique, section du génie de
l'environnement. On nous a corné les oreilles avec les problèmes
de l'environnement; je crois que ce sont des spécialistes de
l'environnement qui nous ont dit: Bravo, allez de l'avant avec ce projet! La
ville de Pierrefonds; la Société dentaire nord-sud; des centres
hospitaliers en très grand nombre, et auprès desquels nous ne
sommes pas intervenus, M. le Président, mais qui l'ont fait de leur
plein gré. La Société canadienne de pédiatrie, et
d'autres.
Sur le plan international, la liste est encore plus impressionnante;
elle commence par l'Organisation mondiale de la santé, qui publiait, en
1972, les résultats d'une étude de 93 spécialistes de tous
les pays du monde qui disent à tous les gouvernements qui veulent bien
les écouter d'adopter la fluoration comme mesure de santé
publique, à cause de ses effets, et parce qu'elle est une mesure sans
danger et efficace. C'est un rapport de 384 pages qui est disponible à
tous; je m'étonne un peu qu'il ne soit jamais cité par nos
experts d'en face qui aiment beaucoup les citations.
Il y a eu aussi des insinuations de mauvaise foi. Elles sont apparues
non seulementdans cette Assemblée, où on a peut-être la
peau un peu endurcie à ce genre d'insinuations, mais, chose
étonnante, en commission parlementaire. Chez le seul groupe sur dix-sept
qui se soit opposé à la fluoration, en commission parlementaire,
on a vu apparaître ces insinuations, ces suggestions que le gouvernement
n'adoptait cette mesure que parce que, peut-être, il en retirerait des
bénéfices, parce que, peut-être, il y aurait des
acoquinements entre les vendeurs de fluor et les membres du gouvernement. J'ai
questionné ceux qui ont fait ces affirmations, je leur ai demandé
quelles preuves ils en avaient, et ils ont dû avouer, en commis-
sion parlementaire, qu'ils ne disaient qu'une
généralité, qu'une banalité, et qu'ils ne pouvaient
en aucun cas nous imputer une intention frauduleuse ou malhonnête.
C'était dans l'intention de salir qui est reprise, remarquons-le, par
les deux membres du Ralliement créditiste, qui semblent trouver
là leur argument massue. On parle beaucoup de scandale, on parle
beaucoup de corruption on en parle beaucoup plus qu'il n'y en a d'ailleurs.
M. Roy:... il ne pourrait jamais prouver que c'est un commerce de
charogne.
M. Forget: Mais quand, sur une mesure comme celle-là,
où on invoque des arguments scientifiques, les seuls arguments que l'on
peut produire sont des arguments où l'on met en jeu
l'intégrité de ceux qui proposent des mesures, et même
l'intégrité de ceux qui viennent les défendre librement en
commission parlementaire, je crois, M. le Président, que l'on s'abaisse
à des tactiques qui démontrent très clairement que des
arguments, on n'en a pas; on prend ce que l'on a sous la main et ceux-là
font aussi bien que n'importe quel autre, donc on les utilise. Cela ne fait pas
honneur à nos collègues de l'Opposition. Je crois qu'ils
devraient revenir à des procédés plus
démocratiques.
Les références que l'on a entendues sont de deux sortes,
on en a eu ici, cet après-midi, une démonstration extraordinaire.
Le député de Rouyn-Noranda s'est levé dans un élan,
j'ose à peine dire, d'éloquence, pour nous citer le magazine Life
de 1936. Après cela, on prétend que l'on a des experts pour
appuyer son opposition. Quand tout ce que l'on peut trouver c'est le magazine
Life d'il y a 40 ans, je pense que l'on est sérieusement en
difficulté.
M. Lacroix: II est de son temps. M. Mercier: Très
bien.
M. Forget: On a mentionné le nom d'un docteur Schatz. Il
est vrai, M. le Président, que ce docteur Schatz a fait l'objet d'un
débat en commission parlementaire. Contrairement à tous les
autres experts qui ont comparu en commission parlementaire et qui
étaient, dans tous les cas, invités par les groupes
professionnels, les groupes scientifiques, qui venaient déposer devant
nous non pas des démonstrations scientifiques, mais leurs conclusions,
témoigner de leurs propres convictions à eux; ces experts qui les
accompagnaient sont venus faire des démonstrations et les frais de
déplacement qu'ils ont encourus ont été entièrement
assumés, comme l'indiquait le député d'Anjou dans son
intervention, par les groupes qui avaient choisi de se faire accompagner par
ces experts.
Nous n'avons pas refusé d'accorder un traitement égal au
Dr Schatz, qui aurait fort bien pu accompagner, à titre d'expert, le
Front commun contre la fluoration. On a voulu nous faire faire une exception.
On a voulu nous faire traiter de façon privilégiée ce Dr
Schatz en l'invitant aux frais de l'Assemblée nationale. C'eût
été une dérogation à la pratique observée
dans les commissions parlementaires qui ne sont pas des commissions
d'enquête, qui ne sont pas des commissions d'experts. Les membres de
l'Assemblée nationale, et ce n'est pas leur faire un reproche, ne sont
pas des scientifiques. Ils ne siègent pas en commission parlementaire
pour se faire faire des démonstrations scientifiques. Ils siègent
en commission parlementaire pour entendre des témoignages, des
témoignages de groupes professionnels et scientifiques qui, eux, ont la
compétence pour juger, qui, eux, ont la compétence pour tenir
compte des preuves, tenir compte des démonstrations scientifiques, juger
de la valeur des démonstrations scientifiques et de l'expertise de ceux
à qui ils s'adressent.
Ce n'est donc pas le rôle d'une commission parlementaire de faire
faire des expériences devant elle ou de faire témoigner des
experts à titre d'experts. Son rôle est simplement d'entendre des
groupes et d'entendre tous leurs arguments, de manière à
constater si, oui ou non, ces groupes professionnels et scientifiques, qui sont
les seuls capables de se prononcer à ces titres, en sont venus à
des conclusions et à des conclusions unanimes.
Il n'était donc pas question de transformer la commission
parlementaire en une commission d'enquête, en une commission d'experts,
puisque ce n'est pas le rôle d'une commission parlementaire. C'est
pourquoi nous l'avons refusé.
Cependant, j'ai eu le plaisir, pour ainsi dire, de rencontrer
personnellement le Dr Schatz, puisque cela ne l'a pas empêché de
venir au Québec et de donner des conférences de presse à
gauche et à droite. Je l'ai rencontré personnellement.
J'hésite un peu à vous faire part de mes conclusions. C'est
peut-être un peu inélégant de le faire, mais après
avoir entendu si souvent parler de cet homme miracle pour nos adversaires, de
celui qui avait réussi à démentir le témoignage de
tous les autres experts du monde entier, c'était une rencontre qui en
valait la peine. J'ai trouvé que c'est sans aucun doute un homme de
bonne foi, sans aucun doute bien intentionné, mais un homme qui est
très évidemment, un persécuté de la science
nord-américaine, qui se voit comme le grand persécuté,
celui dont les articles ne sont jamais acceptés nulle part, dans aucune
revue scientifique. Il ne se pose pas de question sur la valeur de ses
articles. Il est convaincu de sa propre valeur. On peut l'en féliciter,
mais on peut se poser des questions lorsque toutes les revues scientifiques
nord-américaines refusent ses articles et qu'il doit aller les publier
dans des revues asiatiques parce que personne d'autre ne va les accepter.
M. Lessard: Dans ce sens, il ressemble au ministre actuel des
Affaires sociales, qui ne se pose pas de question non plus.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Forget: M. le Président, je crois que si le
député de Saguenay s'était posé des questions,
il
aurait pu faire une contribution plus valable que celle qu'il a faite
à ce débat par une simple interruption.
M. Lessard: Cela ressemble énormément au ministre
actuel des Affaires sociales.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
M. Forget: M. le Président, ce que j'ai rencontré
dans le Dr Schatz, ce n'est pas seulement une personne qui se croit
persécutée. Je lui laisse volontiers ses illusions à cet
égard. Je m'étonne un peu qu'elles soient partagées par
autant d'autres personnes. J'ai aussi rencontré une personne qui ne
pouvait justifier aucune de ses assertions et qui s'est tenu, pendant une heure
qu'a durée notre conversation, la tête enfouie dans une serviette
d'où devait sortir à chaque instant le document massue qui
m'empêcherait de présenter ce projet de loi et qui n'en est jamais
sorti. Après une heure de conversation, il cherchait encore.
Il aurait peut-être été amusant de faire cette
démonstration en commission parlementaire, mais il aurait
peut-être été cruel de la faire en commission
parlementaire. C'est peut-être aussi bien que nous n'ayons pas vu ce Dr
Schatz en commission parlementaire, mais c'est la seule autorité qui a
été citée.
Il est presque aussi pénible de parler des autres. On a
cité abondamment un Dr Brunet. Docteur en quoi? C'est cela qu'il serait
intéressant de savoir. Il est docteur en naturopathie. Or, la
natu-ropathie n'est reconnue comme une science dans aucun pays au monde. C'est
un club, la naturopathie, au Québec comme partout ailleurs. C'est un
club, et la comparaison a été faite en commission
parlementaire.
J'ai posé la question: Qu'est-ce que c'est que ce club des
naturopathes ou ce front commun? On a avoué que ce n'était rien
d'autre qu'une association incorporée selon la troisième partie
de la Loi des compagnies, comme un club de tennis, comme un club de chasse,
comme n'importe qui peut s'incorporer avec deux amis, pour faire à peu
près n'importe quoi. Ce n'est que cela l'autorité de la
naturopathie. C'est en plus de cela un négoce, c'est un commerce
où on vend des livres, des livres qui contiennent un tas de choses, sans
doute très valables, où on dit aux gens qu'ils doivent avoir une
bonne alimentation et faire de l'exercice. Mais, il y a bien des gens qui le
disent à part les naturopathes et je ne pense pas qu'il soit
nécessaire d'avoir un doctorat en naturopathie pour l'affirmer avec
crédibilité. Tout le monde le sait maintenant et tous ceux qui ne
le savent pas devraient le savoir puisque c'est une lapalissade.
Le député de Beauce-Sud, M. le Président, et je
chercherai à terminer très rapidement, a fait aussi allusion
à un témoignage de trois médecins de Québec qui ont
publié un article disant que cette mesure demandait à être
examinée avec encore plus de soins, qu'elle demandait des
méthodes de contrôle dans son application, qu'elle pouvait encore
laisser place à certaines interrogations. C'étaient des
scientifiques, M. le Président, des scientifiques dont un est celui que,
précisé- ment, le député de Beauce-Sud a
cité et il était présent en commission parlementaire. Des
scientifiques qui n'ont fait qu'émettre des hypothèses, des
doutes, à titre de scientifiques, puisque pour un scientifique il n'y a
jamais rien de prouvé de façon inéluctable, de
façon irrémédiable. Celui de ces trois qui a paru en
commission parlementaire nous a avoué que, malgré ces doutes,
malgré ces hypothèses de caractère purement scientifique,
il était néanmoins d'accord avec ses collègues du
Collège des médecins pour appuyer la fluoration.
Alors, ce n'est pas un témoignage plus spectaculaire que
celui-là qui a été fait par ces trois médecins,
trois médecins qui en outre seraient probablement heureux, et ceci n'est
certainement pas dérogatoire à leur égard, d'obtenir des
fonds de recherche pour explorer un certain nombre de ces
hypothèses.
M. le Président, la propagande qui a été faite, et
qu'on nous a reprochée, est simplement la propagande que toute
idée vraie peut recevoir, de façon volontaire, par ceux qui y
croient. Les deniers publics n'ont pas été dépensés
pour généraliser une idée qui ne serait pas reçue
de façon générale par les scientifiques. Les efforts
d'éducation sanitaire qui ont été faits en milieu
scolaire, par la distribution de jeux, par des cours, par une campagne de
sensibilisation des écoliers, étaient basés sur des
convictions, étaient basés sur des certitudes scientifiques. Ces
convictions et ces certitudes nous justifiaient amplement à
répandre parmi les jeunes des préoccupations d'hygiène
buccale et de santé dentaire.
M. le Président, je terminerai en soulignant que les questions
réthoriques, les questions vides de sens que nous ont posées,
pendant presque toute la journée, le député de
Rouyn-Noranda et le député de Beauce-Sud, à savoir qui va
en profiter et qui va payer, ont reçu des réponses nombreuses,
des réponses abondantes, non seulement dans les travaux de la commission
parlementaire, mais dans les remarques de tous ceux qui se sont exprimés
aujourd'hui, ici, du côté ministériel, le
député de Rivière-du-Loup, le député
d'Anjou. Dans mes propres remarques de deuxième lecture, j'ai
indiqué, j'ai résumé toutes les raisons qui font que c'est
à l'avantage de tous les Québécois, c'est au profit de
tous les Québécois que cette mesure est proposée. C'est
dans cet esprit, M. le Président, que j'invite cette Assemblée
à adopter en deuxième lecture le projet de loi.
Le Président: On m'informe, après consultation et
entente entre les partis politiques qui sont représentés à
l'Assemblée, que la mise aux voix sur cette motion de deuxième
lecture aura lieu demain, à la prochaine séance, dès
après la période des questions. Consentement à cet
effet?
M. Levesque: Consentement. M. le Président, je propose
l'ajournement de la Chambre à demain dix heures.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté. L'Assemblée ajourne ses travaux à demain, dix
heures.
(Fin de la séance à 22 heures)
ANNEXE Question de M. Bellemare (Johnson) 1. Le gouvernement
provincial a-t-il accordé une subvention pour le maintien d'un corps de
police sur la réserve indienne de Caughnawaga? 2. Dans l'affirmative,
quel est le montant de cette subvention pour l'année 1974/75? 3. Y
a-t-il eu un protocole d'entente avec le gouvernement du Canada avant l'octroi
de cette subvention à un territoire de juridiction
fédérale et qui relève de la Gendarmerie royale du
Canada?
Réponse de M. Choquette 1. Oui. La force de police de
Caughnawaga a été créée en octobre 1968 par le
Conseil de bande de Caughnawaga. Les premiers constables spéciaux
autochtones ont été assermentés par l'Honorable juge Gold
le 15 mai 1969. La contribution au fonctionnement de cette force de police fait
l'objet d'un contrat intervenu entre la Réserve et le ministère
de la Justice le 19 mai 1970 conformément à l'arrêté
en conseil 2025 du 6 mai 1970. 2. $40, 000. Ce montant représente
environ 30% du coût de fonctionnement de cette force dont le budget pour
l'année 1974/75 était de $133, 000. A la suite des
événements qui sont survenus à Caughnawaga en 1973, la
réserve a augmenté le nombre de ses policiers et la
Sûreté du Québec a procédé à leur
formation au début de 1974, à cause des circonstances,
étant donné que l'Institut de Police du Québec
n'était pas en mesure de le faire rapidement. La formation de policiers
autochtones peut maintenant s'effectuer à l'Institut de Police du
Québec et un cours groupant des candidats policiers indiens de langue
française débutera à la fin de juin ou début de
juillet 1975. 3. Il n'y a pas eu de protocole d'entente avec le gouvernement du
Canada mais les fonctionnaires de mon ministère sont en étroites
relations avec ceux du ministère des Affaires indiennes et du Nord et un
protocole d'entente permettant de couvrir l'ensemble des Réserves est en
voie de réalisation. Les discussions ont été
amorcées avec l'Honorable Jean Chrétien et continuées par
la suite avec l'Honorable Judd Buchanan. Il est admis, que le maintien de
l'ordre dans une province est constitutionnellement une responsabilité
provinciale et la Sûreté du Québec y a contribué et
a toujours appliqué le Code criminel sur les Réserves. La
Gendarmerie royale du Canada qui s'était historiquement installée
sur les réserves les plus peuplées, en vue de l'application de ia
Loi des indiens, les a quittées tant au Québec qu'en Ontario. Les
vues du Ministre de la Justice quant à la participation des autochtones
au maintien de la paix et à l'application des lois sont bien connues.
Elles s'étendent même aux territoires les plus
éloignés et elles ont été émises clairement
dans le Livre Blanc, "La justice au-delà du 50e parallèle".