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(Onze heures huit minutes)
Le Président (M. Lavoie): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport de l'Université Concordia
sur les connaissances économiques
des étudiants
M. Saint-Pierre: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer deux copies d'un rapport préparé par
l'Université Concordia touchant les connaissances économiques des
étudiants du secondaire IV et V.
Le Président: Affaires du jour.
M. Levesque: Article 5.
M. Lessard: Je m'excuse, M. le Président, avant que nous
décidions d'aller en commission plénière, j'aurais une
directive à vous demander, étant donné l'absence du leader
parlementaire de l'Opposition officielle. En vertu de la motion du leader
parlementaire du gouvernement, nous devrons faire une commission
plénière à débat restreint, c'est-à-dire que
nous avons trois heures, à un moment donné, pour discuter du
projet de loi qui nous est soumis. Nous avons, quant à nous, quinze
amendements à proposer, que nous acceptons même de rendre publics
et de remettre même au leader parlementaire du gouvernement. Dans les
circonstances, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, puisque, je pense, il faut
quand même se répartir le droit de parole et avoir la
possibilité de défendre ces amendements, pour les leaders de se
rencontrer et de déterminer la répartition, si vous voulez, du
temps, entre, d'une part, le gouvernement et, de l'autre, l'Opposition.
M. Levesque: M. le Président, c'est une demande assez
inusitée, aussi inusitée, à mon sens, que le fait qu'on me
rapporte que les amendements ont été remis aux journalistes avant
d'être remis aux députés. Si c'est le cas, je crois que
c'est une infraction à la procédure habituelle.
Quant à la répartition du temps, le règlement le
prévoit et je ne crois pas qu'on ait à déroger à
ceci, parce que c'est une situation qui se présente
régulièrement, que les membres de l'Assemblée nationale
aient des amendements à apporter en commission plénière.
Je suis convaincu que si le député ou les députés
qui ont des amendements voulaient avoir la même courtoisie qu'on a eue
envers la presse, avant le début de cette séance et nous faire
parvenir ces amendements, il n'y a aucun doute que nous pourrons nous prononcer
rapidement sur le sort réservé à chacun de ces
amendements.
M. Lessard: M. le Président, ce que je voudrais souligner,
c'est qu'il s'agit d'une procédure qui est quand même assez
spéciale. On a une commission plénière durant laquelle on
est limité à trois heures. Il pourrait arriver le fait suivant,
soit que le gouvernement décide d'utiliser lui-même les trois
heures et, quant à nous, de l'Opposition, il nous serait pratiquement
impossible de pouvoir défendre nos amendements. C'est dans ce sens, M.
le Président, qu'il serait peut-être possible de déterminer
une répartition du temps entre les deux leaders.
M. Levesque: M. le Président, le gouvernement est
prêt à disposer immédiatement, en beaucoup moins de trois
heures, du sort de ce projet de loi en commission. Il n'y a aucun doute que si
la commission dure trois heures, c'est parce que l'Opposition se sera
répétée de nouveau.
Le Président: Sur cette question de directive, j'ai des
doutes sur la possibilité de faire un partage du temps à cause,
justement, du non-conformisme ou du non-formalisme du travail en commission
alors qu'un député peut intervenir plusieurs fois sur un
même article. Comment voulez-vous qu'on partage le temps? Je crois que ce
serait très difficile. Par contre, pour le droit de parole, je fais
confiance au président de la commission plénière qui, sans
aucun doute, accordera aussi souvent le droit de parole qu'il sera
nécessaire aux membres de l'Opposition.
De plus, je n'ai aucune objection, d'ailleurs, dès
l'arrivée du leader parlementaire de l'Opposition officielle, je vais
m'entretenir avec lui et avec le leader du gouvernement sur cette question de
la présentation des amendements.
L'honorable député de Saint-Louis.
Projet de loi no 23 Commission
plénière
M. Blank (président de la commission plénière):
A l'ordre, messieurs! Le député de Lafontaine.
Interprétation
M. Léger: A l'article no 1, M. le Président, en ce
qui nous concerne, à moins que le ministre de l'Education ou le ministre
de la Fonction publique n'ait des choses à discuter à l'article
1, c'est une question de nomenclature et de définition de termes. Je
pense qu'on n'aurait pas de choses particulières à dire à
l'article 1.
Une Voix: Adopté.
M. Samson: M. le Président.
Le Président (M. Blank): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je voudrais, à
l'article no 1, utiliser un précédent qui veut que, dans le
passé, on nous a toujours permis, à l'article 1, de dire quelques
mots. Je vous dis à l'avance que ce ne sera pas très long.
Cependant, je pense que je me dois d'annoncer, à ce moment-ci, une
suggestion que j'ai l'intention de faire au gouvernement et qui viendra un peu
plus tard, mais, pour que cette suggestion soit valable, il faut laisser le
temps aux intéressés...
M. Bienvenue: Est-ce que je m'excuse auprès du
député de Rouyn-Noranda le député de
Lafontaine aurait une autre série d'exemplaires des amendements qu'il
vient de nous donner?
M. Léger: Oui, M. le Président, je vais vous faire
parvenir cela immédiatement.
Le Président (M. Blank): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Alors, M. le Président, je continue, avec
l'attention du ministre de l'Education et du ministre de la Fonction publique.
Dans cette loi, M. le Président, nous aurons tantôt à
parler de la nomination des commissaires aux différends. J'ose
suggérer parce que je devrai m'absenter quelques minutes
tantôt et lorsque l'article arrivera, j'ai peur de ne pas être
présent et c'est pourquoi je demande la permission à la Chambre
de faire ma suggestion immédiatement j'ose suggérer que la
section III soit amendée, avec la phraséologie que vous jugerez
à propos, aux fins d'en arriver à ce que les commissaires aux
différends soient plutôt des juges que des commissaires
nommés en dehors de la magistrature et que ces personnes aient, sinon
des pouvoirs exécutoires complets, au moins certains pouvoirs plus
étendus que ceux que nous retrouvons dans la philosophie de la section
III telle que nous l'avons devant nous présentement.
Alors, je dis, M. le Président, que, si le gouvernement acceptait
cette modification je n'ai pas l'intention d'en faire un amendement
écrit, je le suggère je dis que, si le gouvernement
acceptait cette modification, aux fins que les trois personnes
concernées soient des représentants de la magistrature et qu'ils
aient des pouvoirs accrus, du moins, je pense qu'à ce moment-là
je veux attirer l'attention des deux ministres concernés, c'est
assez important ce que je leur dis je pourrais voter pour, en
troisième lecture, si nous retrouvions ces changements dans la section
III. Si, évidemment, on n'amende pas la section III, je me devrai
d'être conséquent avec ce que j'ai fait jusqu'à
présent et de continuer à voter contre.
Ce n'est pas le fait de voter pour ou contre qui est important; pour
moi, ce qui importe, c'est de retrouver dans cette loi un mécanisme qui
fera que la loi spéciale ne sera pas une loi spéciale comme les
autres. Ce sera une loi spéciale qui réglera quelque chose et qui
permettra, au moins, de donner une chance à tout le monde.
C'est pour ces raisons que je considère qu'il valait la peine que
je fasse cette suggestion au gouvernement et je demande d'étudier
sérieusement et d'envisager la possibilité de nous proposer un
changement, c'est-à-dire que les commissaires aux différends
deviennent plutôt des juges au règlement. Cela changerait
passablement l'affaire et cela donnerait plus satisfaction aux
intéressés. Je vous remercie, M. le Président.
M. Bienvenue: M. le Président, évidemment sans
anticiper sur la section III, sur laquelle il y aura probablement des
amendements et compte tenu du fait que le député de Rouyn-Noranda
nous dit qu'il devra peut-être s'absenter, je voudrais me limiter pour le
moment à lui dire que rien n'empêche que ces trois commissaires,
soient trois juges de l'une ou l'autre des cours, de l'un ou l'autre des
tribunaux connus au Canada, juges actifs ou à la retraite; rien
n'empêche qu'il y en ait deux, un ou pas du tout, mais je ne puis pour le
moment, M. le Président, aller plus loin.
M. Picard: M. le Président, à l'article 1, dans
l'interprétation des mots utilisés dans ce texte de loi,
j'aimerais me référer au paragraphe c) "salarié",
où il est dit un salarié, tel que l'entend le Code du travail,
à l'emploi d'un collège ou d'une commission scolaire. N'y
aurait-il pas lieu de clarifier ce texte de façon à dire
salarié à telle date? Voici pourquoi: C'est parce qu'il se
pourrait que, pour éviter les sanctions de l'application de cette loi,
un salarié pourrait tout simplement démissionner. A ce moment,
les sanctions ne s'appliqueraient pas. Cette précaution a
été prise lors d'un projet de loi, si je me souviens bien, en
1969, lors de la grève des policiers de la ville de Montréal.
M. Bienvenue: Quel est le numéro de l'article des
démissions?
M. le Président, nous avons voulu prévoir ce qui n'avait
peut-être pas été prévu à l'occasion de la
loi à laquelle a fait allusion le député de Viau, à
l'article 20. Il trouvera la réponse à la question qui le
préoccupe... Il y a un autre article aussi, il y en a un autre.
Non seulement l'article 20, M. le Président je savais
qu'il y en avait un autre vous le retrouvez à l'article 4.
M. Picard: Le ministre admettra que ce n'est pas très
clair. A ce moment-là, il suffirait, pour un syndiqué qui
commettrait un geste illégal, avant de commettre ce geste de
présenter sa démission et les sanctions de la loi ne s'appliquent
pas.
M. Bienvenue: Avant de commettre son geste, il donne sa
démission?
M. Picard: Justement. Alors, ce qui est arrivé en 1969,
lorsque le projet de loi avait été présenté pour
faire cesser la grève des policiers de la ville de Montréal, on a
dit: Tout fonctionnaire à l'emploi du corps de police de
Montréal, à minuit et une minute, tel jour, était
assujetti à cette loi qui l'obligeait à retourner au travail.
Autrement, c'était très facile pour les 3000 policiers du temps,
dans le corps de police de la ville de Montréal, de démissionner
et, à ce moment-là, la loi n'avait plus aucun effet.
M. Bienvenue: II y a la question de l'acceptation de la
démission par l'employeur.
M. Picard: II ne faut pas oublier qu'à ce moment-là
c'est la commission scolaire qui est l'employeur, qui accepte ou refuse.
M. Bienvenue: M. le Président, les commissions scolaires
ont des responsabilités, en vertu de nos lois; une des
responsabilités dans le cas actuel consisterait à peser et
à apprécier le degré de responsabilité de celui qui
enfreint la loi et à qui on accorderait par la suite un feu vert
à sa démission.
Une Voix: L'article 5, n'est-ce pas cela?
M. Bienvenue: Sans anticiper sur l'étude d'autres
articles, on verra plus loin qu'une personne soit employée ou pas,
salariée ou pas, tout individu ou toute personne qui soit
ex-employé, futur ou qui n'ait jamais été employé
de sa vie...
Le Président (M. Blank): Article 1, adopté? Article
2.
Maintien des services
M. Léger: M. le ministre, étant donné que,
dans les discours que certains députés ont fait hier en
deuxième lecture sur le principe, il est ressorti clairement, et
spécialement dans l'intervention du député de Maisonneuve,
que pour qu'il y ait négociation, il est absolument essentiel, à
moins qu'on soit des saints et c'est plutôt rare qu'ils soient sur
la terre, on s'en aperçoit quand ils sont partis qu'il y ait une
possibilité de pressions, d'un côté comme de l'autre, dans
le but de faire avancer le débat.
Ce n'est pas un supérieur qui accorde à son
inférieur telle ou telle faveur. Ce n'est pas un inférieur qui
demande au supérieur telle ou telle faveur. Ce sont deux personnes, deux
groupes, deux entités qui ont chacun des objectifs à atteindre.
Soit du côté patronal, comme du côté syndical, ils
ont des objectifs à atteindre. Chacun a sa perception de ce qu'il
désire et de ce qu'il juge nécessaire et valable pour garantir
ses conditions de travail.
Pour cela, si on place à une table de négociation, face
à face, deux groupes qui veulent négocier, dans le but de gagner
chacun des points sur l'autre, s'il y a un des groupes qui a le gros
bâton, par cette loi qui est devant nous, et que l'autre n'a aucun moyen
de pression, comment voulez-vous que le groupe qui n'a aucun moyen de pression
puisse réellement faire avancer la négociation? Comment peut-il
convaincre l'autre partie, à la table de négociation, de lui
accorder tel ou tel point d'avantages?
M. le Président, dans une négociation, il est
nécessaire que chacune des parties qui négocie ait un "bargaining
power", quelque chose qui permet ou qui oblige le groupe devant lui à
accepter les revendications ou, du moins, à faire un certain compromis
afin de permettre peut-être au groupe qui est devant lui de lui accorder
certains points.
Actuellement, la loi interdit aux collèges et aux commissions
scolaires, pendant les 80 jours qui suivent la date de l'entrée en
vigueur de la présente loi, le lock-out, et aussi la grève.
L'importance du nombre 80 démontre, à toutes fins pratiques, que
la période où il pourrait y avoir lock-out ou grève, se
termine au moment où les enfants ne seront plus en classe ou au moment
où la période scolaire sera terminée.
Je propose que l'article 2 soit amendé en remplaçant, dans
la troisième ligne, le chiffre "80" par le chiffre "30". Le chiffre 30
est symbolique afin de pouvoir permettre, après 30 jours d'essai loyal
d'une loi un peu ridicule, mais d'essai loyal, parce qu'on y est obligé,
dura lex sed lex, mais, au moins, il faut donner à la partie syndicale,
aux travailleurs la possibilité d'avoir un recours, dans un délai
encore raisonnable, dans une période de temps où l'effet d'une
grève ou du harcèlement ou de tout moyen utilisé
normalement dans les relations de travail, puisse avoir un certain effet.
Le chiffre "30" permet au moins, durant les 30 jours, de voir
jusqu'à quel point on va pouvoir faire avancer les négociations.
Nous, nous pensons que cela va être difficile et quasi impossible. Mais
si le gouvernement est tellement convaincu qu'il peut faire avancer la
négociation, grâce aux commissaires qui vont être là,
grâce à la bonne foi des deux parties, mais en ayant enlevé
toute possibilité de pression sur le groupe qui réclame des
avantages pécuniaires ou des avantages normatifs dans cette
négociation, si on lui enlève complètement la
possibilité d'avoir un recours, dans un délai qui serait de 30
jours, de pouvoir faire pression, aussi bien dire qu'il n'y aura plus de
négociation.
Hier, le député de Maisonneuve disait justement qu'une
négociation n'a lieu que si les groupes qui s'affrontent pour
négocier les termes précis d'une entente ont chacun un pouvoir de
pression de façon que le groupe adverse sache qu'il aura à perdre
quelque chose, s'il n'accorde pas au moins quelque chose. C'est ainsi qu'on
arrive à des compromis. Si on dit simplement: Vous êtes deux
personnes bien gentilles, vous êtes de bonne foi, face à face,
envoie donc, un bon mouvement de coeur, accordez-lui donc un peu plus, puis,
l'autre encore, un peu plus. Je pense que le ministre n'est pas assez naïf
pour croire qu'une négociation peut se faire comme cela. Mais c'est
ce
que le projet de loi propose, et pire que cela, cela enlève toute
possibilité, en mettant les 80 jours, qu'il y ait aucune pression morale
ou autre sur les groupes qui négocient.
M. le Président, si le gouvernement veut réellement que la
négociation continue, qu'il y ait, comme disait si bien et si souvent,
avec un sourire engageant, le ministre de la Fonction publique, il faut qu'il y
ait des bénéfices qui soient négociés. S'il veut
qu'on aboutisse à une certaine négociation ou s'il veut un
décret tôt ou tard, parce qu'on n'aura pas voulu négocier,
il faut qu'il laisse au moins une possibilité aux groupes de
s'entendre...
M. Parent (Hull): J'ai bien dit, cette nuit, qu'il n'y aurait pas
de bénéfices s'il n'y a pas de convention signée, cela
veut donc dire qu'il n'y aura pas de décret.
M. Léger: Donc, cela veut dire que si les syndicats et les
commissions scolaires ne négocient pas, cela reste dans l'impasse
puisqu'il n'y aura pas de décret. C'est cela que cela veut dire?
M. Parent (Hull): II n'y aura pas d'impasse, à mon avis,
parce que les membres vont vouloir avoir au moins les nouveaux
bénéfices prévus dans les offres qui sont soumises.
M. Léger: Pour quelle raison n'avez-vous pas mis dans le
projet de loi que ce qui avait déjà été
paraphé ou offert par le gouvernement le gouvernement qui a deux
bâtons, le bâton du patron, qui a donné ses offres
salariales et ses offres normatives, et le gouvernement qui adopte la loi, le
deuxième bâton, pour quelle raison, en se servant du
deuxième bâton, n'a-t-il pas offert dans le projet de loi, pour
répondre à l'argument du ministre, au moins les offres qu'il
avait faites la dernière fois?
M. Parent (Hull): Je n'impose pas de conditions de travail. Je
l'ai dit assez clairement cette nuit, je l'ai répété dans
une émission, la semaine dernière, également, il n'y a pas
de bénéfices qui vont être versés à qui que
ce soit, à moins qu'on ait le courage de signer une convention
collective.
M. Lessard: M. Parent qui trouve cela drôle.
M. Léger: Vous voulez dire, à moins qu'on ne
cède devant le chantage, le couteau sur la gorge et qu'on ne signe. Ce
que vous avez promis jusqu'à maintenant, ce n'est pas de l'imposer, mais
c'est d'offrir au moins le minimum. Si vous me parlez de négociation,
cela veut dire que ce que vous avez à faire, si vous êtes
prêts à négocier encore, c'est encore négociable. Si
c'est encore négociable, c'est un minimum que vous devriez avoir
donné comme acquis aux enseignants. Puisque vous l'avez offert et que
vous aviez l'intention de le donner, pourquoi ne pas le donner en même
temps que vous enleviez un droit inaliénable au syndicat? Mon opinion
est la suivante: Le chiffre de 80 remplacé par 30 permettrait, pendant
30 jours, d'avoir la paix sociale probablement, les gens sauraient que, dans 30
jours, si la négociation n'a pas avancé, eh bien, ils pourraient
recourir à l'arme normale de pression qui est soit du
harcèlement, soit des journées d'étude, tous les moyens
normaux. C'est certain... Je vois le député de Terrebonne rire,
mais, entre vous et moi, qu'est-ce que vous voulez? C'est la paix, mais que
tout le monde, en dessous du chaudron et dans la marmite, soit en maudit! C'est
cela que vous voulez? Vous voulez absolument qu'on éteigne cela, mais
que tout le monde soit en maudit et qu'il s'en retourne chez lui enragé,
absolument en colère...
M. Hardy: Continuez.
M. Léger: ...absolument frustré. Cela est
secondaire. On met le couvercle sur la marmite et cela finit là. Le
monde va dire: Le chaudron est là, ça bout en dedans et cela va
peut-être sauter, mais ce n'est pas grave. On a mis le couvercle et on ne
peut pas aller plus loin que cela. A un moment donné, cela peut sauter,
cette affaire-là, M. le Président. Il ne s'agit pas
d'avoir...
M. Hardy: Vous voulez que cela saute, mais cela ne sautera
pas.
M. Léger: ... une politique à courte vue, mais de
satisfaire les gens. Un patron doit voir à donner à ses
employés des conditions de travail qui soient acceptables et non pas les
provoquer et leur dire: Si tu dépasses cette ligne, on va te tasser le
pied, on va t'écraser le pied.
M. le Président, je pense bien que le gouvernement devrait
être assez logique. Il a l'arme ultime de la loi. Il devrait au moins
donner, à l'intérieur de sa loi, des moyens pour que cette partie
de travailleurs ne se sentent pas complètement brimés, sans que
le gouvernement veuille réellement, en plus de les ramener au travail,
continuer à négocier. De la manière dont c'est
présenté là, M. le Président, il n'y aura aucune
négociation puisque les gens n'auront qu'à attendre que vous
présentiez le décret. Vous n'avez donné aucune arme pour
qu'on puisse obtenir gain de cause et attirer des compromis de la partie
patronale. L'amendement se lit comme suit: Que l'article 2 soit amendé
en remplaçant, à la 3e ligne, le chiffre 80 par le chiffre
30.
M. Blank (président de la commission plé-nière):
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Bienvenue: Non, le député de Lafontaine a
plaidé l'amendement et, en toute considération pour lui, je pense
qu'il vaut la peine d'expliciter la réponse qu'on me dit être
négative.
Vous voyez que je ne suis pas tout seul dans mon équipe. M. le
Président, contrairement à ce que dit le député de
Lafontaine, le projet de loi n'empêche pas les négociations. J'ai
dit hier, et je le répète, qu'au contraire, ces
négociations se dérouleront dans un climat meilleur et plus
serein. Si elles ne sont pas...
M. Charron: ...
M. Bienvenue: J'ai écouté le député
de Lafontaine. Permettez-moi de parler, je vous en supplie.
M. Charron: Je peux rire.
M. Bienvenue: Oui, mais riez silencieusement.
M. Charron: Vous êtes tellement drôle quand vous
affirmez le genre de chose que vous venez de dire que c'est plus fort que
nous.
M. Bienvenue: Je vais essayer de ne pas être
drôle.
M. Charron: Parlez-nous du climat serein des
négociations.
M. Bienvenue: Le climat est serein, lorsqu'il n'y a pas de
harcèlement, lorsque les parents, les professeurs, la population n'ont
pas les nerfs en boule, que le climat dans les écoles est normal et que
l'enseignement se donne. M. le Président, il y a deux ou trois raisons
pour lesquelles on vient d'indiquer qu'on ne pouvait accepter cet amendement.
Tout d'abord, je l'ai dit hier en deuxième lecture, il est
inspiré directement, on ne s'en cache pas, de la philosophie de
l'article 99 du Code du travail qui est omnibus par rapport à cette loi,
qui a reçu son application et qui dit bien que l'injonction qu'on y
prévoit pour faire cesser une situation, un malaise est de 80 jours.
Le législateur, les auteurs du Code du travail n'ont pas pris 80
jours au hasard, ils ont pensé que, compte tenu des moyennes des
situations, du temps requis pour les régler, 80 jours sont une
période normale. M. le Président, je pense que le
député de Lafontaine n'a pas compris le message que j'ai
tenté de communiquer à cette Chambre. Ce que nous voulons par ce
projet de loi, c'est avoir l'assurance, indépendamment de la
négociation, que l'année scolaire va se terminer et dans les
commissions scolaires à l'élémentaire et au secondaire et
surtout dans les CEGEP où elle doit se terminer dans à peine cinq
semaines.
Déjà, cinq semaines, c'est plus que les 30 jours auxquels
fait allusion le député le Lafontaine; mais, dans le cas de
l'élémentaire et du secondaire, c'est en juin que se termine
cette année scolaire. M. le Président, si, au bout des 30 jours
dont parle le député de Lafontaine, le délai
d'interdiction du lock-out ou des grèves cessait, je dis que ce
débat que nous aurions eu et que cette loi que nous aurions votée
et que nous allons voter aurait été absolument inutile. J'imagine
que, dans l'expiration des 30 jours auxquels fait allusion le
député de Lafontaine, les commissions scolaires de la
région de mon bon ami, le député de Chicoutimi,
décident de recommencer un lock-out et de tenir ce lock-out
jusqu'à la mi-juin, comme il y a actuellement, je ne parle même
pas de grève, je parle de lock-out actuellement, c'est l'année
scolaire qui est perdue dans la région de la régionale qui
intéresse la circonscription électorale de mon ami de Chicoutimi
et c'est l'année scolaire qui est gâchée, qui est
irrémédiablement perdue dans tout le Québec.
Ce n'est pas l'effet du hasard, ces 80 jours. On n'a qu'à faire
une opération mathématique très simple où on ajoute
un chiffre à la date où cette loi sera adoptée, sera
sanctionnée et qui nous reporte à une période telle qu'on
est sûr que l'année scolaire s'est terminée dans toutes les
régions du Québec. Si, à la rigueur ce sera mon
dernier point nous nous étions engagés dans ce
débat en septembre dernier ou en octobre et que le député
de Lafontaine nous faisait la même proposition d'amendement, à la
rigueur, pour suivre la rigueur et la logique du raisonnement, je dirais que
c'est peut-être concevable et pensable en faisant abstraction des autres
arguments que j'ai invoqués, parce qu'on dirait: II reste encore cinq,
six, sept mois avant la fin de l'année scolaire. Mais nous sommes au
début de la seconde semaine d'avril et si, à l'expiration de ces
30 jours auxquels a fait allusion le député de Lafontaine, les
négociations n'avaient pas abouti, ce qui est pensable, tout ce que nous
aurions fait, cette loi devient absolument inutile, ce débat est
inutile. Il faut se rappeler que, pendant la période qui suivrait ces 30
jours et jusqu'au 15 juin, c'est la période des examens, c'est la
période des notes, c'est la période où s'accordent ou non
les promotions.
S'il fallait, parce que l'année scolaire est gâchée,
faire refaire l'année à environ 1 million d'écoliers et
d'étudiants du Québec, je n'ose penser aux conséquences,
pas seulement sur le plan financier, mais sur le plan pédagogique pour
l'avenir et la carrière de ces individus qui en subiraient des
conséquences faciles à évaluer.
Pour cette raison, M. le Président, j'ajouterais un dernier
point, je suis loin d'être convaincu que les parties, si l'on veut, pour
les fins de la discussion, la partie syndicale, si elle savait que dans 30
jours exactement elle pourra reprendre ses moyens de pression, reprendre ses
harcèlements, reprendre ses grèves générales d'une
journée ou de plusieurs jours, partielles ou par régions, je suis
loin d'être convaincu, dis-je, que cela ferait avancer la
négociation dans un climat sain. J'ai au contraire l'impression...
M. Léger: Etes-vous d'accord...
M. Bienvenue: ... qu'à voir venir si vite un délai
si court, on aurait peut-être, dans certains milieux, la philosophie ou
l'instinct de ne pas avancer vite dans les négociations, pour mieux
arriver à cette période où on pourrait a nouveau exercer
des moyens de pression.
M. Léger: Etes-vous d'accord sur le fait que M.
Charbonneau disait que vous étiez à environ 5% de
différence au niveau salarial, dans les ententes, d'un côté
comme de l'autre? Vous n'êtes pas d'accord là-dessus?
M. Bienvenue: II y a deux façons de calculer le 5%, M. le
Président, et il est d'autres choses je ne veux pas reprendre ce
que j'ai dit, hier,
au député de Maisonneuve qui ne sont pas
d'intérêt public, pour de meilleures négociations à
venir, que je dévoile en public.
Le Président (M. Blank): ... sur la motion?
M. Charron: M. le Président, sur l'amendement
présenté par le député de Lafontaine. J'ai
écouté attentivement le ministre de l'Education dans sa
réponse et j'ai surtout noté le fait, bien évident
cela m'a plu de le voir le reconnaître que le choix de 80 jours
n'est pas l'effet du hasard. Effectivement, cela saute aux yeux que ce n'est
pas l'effet du hasard. Ajouter 80 jours à la date actuelle, cela nous
conduit au 19 ou 20 juin de l'année en cours, donc au début de
l'été, mais surtout à la fin de l'année
scolaire.
Dans le cadre, par exemple, de la Commission des écoles
catholiques de Montréal et du Protestant School Board of Greater
Montreal, l'année scolaire, à cause de la tenue des Olympiques de
Montréal, sera, depuis déjà un bon moment, terminée
sur le territoire de Montréal.
Ce n'est donc pas l'effet du hasard si le gouvernement a
décidé d'abolir le droit de grève des enseignants d'ici 80
jours. C'est parce qu'il sait qu'en l'abolissant pour 80 jours, il l'abolit
pour trois ans et qu'il lui suffisait de mettre 80 jours dans le projet de loi
actuel, pour le retirer pendant trois ans. Ce qui veut dire que les
travailleurs de l'enseignement devront se rendre à la table de
négociation sans aucun pouvoir de pression.
J'ai dit hier, M. le Président, dans mon intervention de
deuxième lecture, que le droit de grève n'est pas un pouvoir
fantaisiste donné à une association de travailleurs. Dans le cas
de celle dont on parle, encore plus, c'est son unique pouvoir de pression. Les
chances de résultats d'une négociation tiennent au fait, comme
l'a dit le député de Lafontaine tout à l'heure, que les
deux parties ont le pouvoir, l'une comme l'autre, d'influencer les prises de
position de l'autre.
Autrement, nous ne parlons pas de négociation, nous parlons de
cheminement lent vers un décret ou c'est le rétablissement de
relations patronales-ouvrières du type le plus paternaliste que l'on
puisse connaître.
C'est exactement comme lorsqu'un étudiant était
convoqué devant un préfet de discipline dans les anciens
collèges classiques. Il n'y avait pas de négociation parce qu'il
n'y avait pas de l'un par rapport à l'autre de comparaison possible
entre le bargaining power et l'influence possible de l'un sur l'autre. Le
préfet de discipline, M. le Président, qui est bien plus le
ministre de l'Education actuel que n'importe quoi d'autre, avait tout le loisir
de faire semblant et d'appeler lui-même la rencontre avec
l'étudiant comme étant une négociation. Il peut bien
appeler cela du nom qu'il voudra. Il peut appeler cela une conférence
internationale, s'il le veut, mais, dans les faits et dans les relations
humaines qui s'établissent, il y a, au fond, un pouvoir
d'autorité fondamental mis entre les mains de l'un au détriment
de l'autre.
L'étudiant à qui on a retiré tout pouvoir de re-
présailles à l'égard de ce que peut offrir le gouvernement
ou de ce que peut offrir le préfet de discipline dans mon exemple est
simplement dans la situation de se retrouver devant le fait acquis, Pour lui,
que ce soit 30, 50, 80 jours ou trois ans qu'on lui offre pour accepter les
propositions patronales, il n'a aucun pouvoir de les influencer. Ce à
quoi on invite les enseignants dans le projet de loi actuel, c'est à se
rendre pendant les 80 jours actuels à la table de négociation
pour apprendre, pour connaître et pour s'informer des intentions du
gouvernement sur leur dos.
Quel sera leur pouvoir de les changer, quel sera leur pouvoir de les
modifier? Par quels moyens le pourront-ils autrement que par ceux qu'ils ont
déjà pris et les compromis qu'ils ont déjà offerts
cette semaine pour modifier l'offre patronale actuelle? Quatre-vingt jours nous
conduisent à la fin de l'année scolaire, c'est-à-dire
là où on prévoit une reprise d'un droit théorique
de grève. Or, tout le monde sait, à moins d'être
carrément hypocrite, que ce droit pratique n'existera plus à la
fin de l'année scolaire.
M. le Président, hier, nous avons, à plusieurs reprises,
fait état de ce document émis par le Conseil supérieur de
l'éducation sur le conflit actuel. J'ai été, pendant cinq
ans, responsable des questions de l'éducation et j'ai appris au cours de
cinq années à apprécier grandement la sagesse des avis du
Conseil supérieur de l'éducation sur la plupart des domaines
où nous l'avons consulté et où le ministre, par la loi,
l'a consulté.
Que disait le Conseil de l'éducation à propos de ces
négociations qui se terminent par l'abolition du droit de grève?
Il disait ceci: En 1969 et en 1972, le système scolaire a connu des
crises majeures. Elles se sont terminées ou par une loi spéciale
ou par un décret. Il s'ensuivit, dans nombre d'écoles, un climat
malsain qui a duré des mois et des mois. Pourtant, nous ne pouvons nous
permettre de recommencer tous les trois ans à reconstruire
l'école dans le coeur et dans l'esprit des gens.
Si ce message avait pu être écrit et lumineux, M. le
Président, afin d'au moins éveiller l'attention de ceux qui sont
enfants, il l'aurait sans doute été. Parce qu'effectivement dans
la dégradation du système scolaire québécois, il y
a d'abord le fait que les travailleurs de l'enseignement n'ont jamais, depuis
bientôt dix ans, travaillé dans un climat de travail qu'ils
avaient eux-mêmes contribué à édifier.
Que ce soit par une loi spéciale conduisant à un
décret ou que ce soit par une loi spéciale maintenant de
façon artificielle des négociations qui n'en seront pas, le
résultat est le même, comme le disait le député de
Lafontaine, frustration, et bien sûr colère qui a
l'occasion peut être légitime de se voir ainsi retirer un
droit qui leur appartient, retirer hypocritement pour 80 jours, bien sûr,
mais pratiquement pour trois ans; d'apprendre qu'ils devront reprendre
l'année scolaire avec une convention collective, comme nous disait le
ministre de la Fonction publique, qu'ils auront peut-être signée,
mais avec le couteau sur la
gorge. Parce que la convention collective, s'ils ont à en signer
une, ils la signeront au bout des 80 jours où ils ne disposent plus de
droit d'intervention contre les offres patronales il faut bien le
reconnaître et que, deuxièmement, non seulement le
gouvernement leur a-t-il retiré ce droit qui est le leur, mais il
rajoute à son indécence un élément de chantage
supplémentaire. Nous voulons sortir de ce conflit, dit-il, avec une
convention collective signée.
Il est évident que tous les parents du Québec ont eu
l'occasion d'apprécier ad nauseam ce que c'est qu'une éducation
qui est servie sous décret. Ce que le gouvernement veut faire, c'est
faire semblant d'éviter un décret ou, si vous voulez, il veut un
décret signé par les enseignants. Offres patronales non
négociables parce que, de l'autre côté, pas de pouvoir de
pression pour les modifier. On écoutera bien, et le ministre s'enfoncera
dans son fauteuil avec son large sourire parce qu'il sait très bien
qu'il peut laisser parler la CEQ de l'autre côté de la table
pendant des heures et des heures: il lui a retiré son pouvoir de changer
la décision.
M. Parent (Hull): Ils sont comme vous autres, ils parlent souvent
pour rien.
M. Charron: II se rendra aux 80 jours et, au bout des 80 jours,
ayant ajouté son chantage de la suppression des bénéfices
s'il n'obtient pas, au bas de son décret, une signature de quelque
syndicat que ce soit, il ne sera pas satisfait. Et nous le verrons revenir
à l'Assemblée, encore une fois, triomphant, il aura réussi
à faire signer son décret.
M. Parent (Hull): C'est ce qui va arriver d'ailleurs.
M. Charron: Ajoutez-en d'autres dans votre projet de loi, des
instruments de chantage. Vous retirez aux travailleurs l'unique droit qu'ils
ont d'intervenir sur vos...
M. Hardy: ... l'année scolaire aux étudiants. M.
Charron: ... propositions.
M. Parent (Hull): Qu'est-ce que vous faites des tiers?
M. Charron: Vous rajoutez...
M. Parent (Hull): Qu'est-ce que vous faites des tiers?
M. Charron: On va vous en parler de vos tiers, de vos
observateurs, la section III. Attendez qu'on s'y rende.
M. Parent (Hull): Tiers qui sont brimés dans leurs droits,
qui sont les victimes.
M. Charron: Attendez... Qui sont victimes et qui seront victimes
pendant trois ans de ce que vous avez soutenu là-dedans aussi. Oui,
parlons- en des tiers parce que, effectivement, ce que disait le Conseil
supérieur de l'éducation en examinant la gestion du monde
scolaire que vous avez eue depuis six ans, c'est que cela se prépare
pour un autre trois ans. Vous l'avez, en effet, la considération des
tiers. Vous vous apprêtez à convoquer des travailleurs en leur
retirant tout pouvoir d'intervention. Vous rajoutez, comme couteau sur la
gorge, parce que vous voulez arriver à un décret signé, le
chantage des bénéfices qu'ils ne toucheront pas s'ils ne se
rendent pas, humiliés, jusqu'à signer le décret que vous
leur proposez. Et vous venez nous dire après...
M. Parent (Hull): Quelle illusion...
M. Charron: ... que, par ce genre de geste, vous améliorez
le climat dans les écoles pour les trois prochaines années. Oui,
vous vous en préoccupez des tiers. Les tiers, ils ont parlé
depuis des mois, ils ont demandé que vous agissiez; les tiers, ils ont
demandé que vous déposiez des offres nouvelles; les tiers...
M. Parent (Hull): Vous ne parlez pas des mêmes tiers, moi
je parle des enfants.
M. Charron: ... à travers les commissions scolaires, les
tiers à travers les parents, les tiers à travers les enseignants,
vous ont demandé, il y a déjà deux mois, de nommer un
médiateur. Vous vous en êtes foutu. Nous nous sommes faits les
porte-parole de ces groupes, vous nous avez ridiculisés. Vous vous
êtes enfoncé...
M. Parent (Hull): Vous aviez perdu l'appui des syndicats.
M. Charron: ... dans cette espèce de satisfaction qu'est
la vôtre.
M. Parent (Hull): Vous avez pris les moyens de gagner l'appui des
syndicats; vous ne l'avez pas gagné pareil.
M. Charron: Parlons-en des tiers. Actuellement, si vous maintenez
cette date de 80 jours...
M. Parent (Hull): Oui, on va la maintenir.
M. Charron: Oui, je le sais que vous allez la maintenir parce que
vous n'avez pas bougé d'un pouce.
M. Lessard: C'est comme cela que vous négociez depuis le
début.
M. Charron: Vous n'avez pas bougé d'un pouce depuis le
début des négociations. Et les parents québécois
qui ont eu l'occasion de suivre attentivement le gâchis que vous avez
fait développer dans le monde scolaire doivent apprendre par la seule
lecture de cet article 2 et nous ne sommes même pas rendus plus
loin que vous avez simplement l'intention de continuer la
dégradation
du développement du système d'enseignement public au
Québec.
M. Parent (Hull): Ce sont vos agitateurs.
M. Charron: Ce ne sont pas nos agitateurs, ce sont vos gestes
concrets comme ceux que vous posez. C'est exactement l'abolition de droits
fondamentaux à laquelle vous vous livrez avec la satisfaction
béate d'un possesseur du pouvoir. Vous vous considérez comme les
propriétaires du Québec. Vous agissez à votre guise et
à votre façon.
M. Parent (Hull): Je vous vois comme propriétaire.
M. Charron: Mais, il y a des citoyens dans le Québec qui
auront à subir, pendant trois ans, le sourire fantasque que vous avez
opposé depuis le début des négociations dans ce domaine.
Si, M. le Président, nous devions nous rendre à la suggestion du
député de Lafontaine et limiter un tant soit peu l'abolition ou
la suspension du droit de grève à une trentaine de jours à
l'intérieur desquels, dans ces 30 jours, nous pourrions assurer la
partie syndicale, maintenant que nous devons travailler dans le cadre d'une loi
spéciale, qu'il y aura effectivement des médiateurs, non pas des
observateurs insignifiants, comme ceux qui sont prévus à la
section III, des médiateurs avec des pouvoirs de recommandations
précises sur les gestes que l'un comme l'autre doivent poser et que,
à l'issue de la médiation, le plein droit des enseignants
à recourir aux moyens de pression uniques qui sont les leurs leur est
à nouveau reconnu, mais, cette fois, devant l'opinion publique et,
à la suite du dépôt d'un médiateur, le climat est
tout autre.
Mais, actuellement, ce que se prépare le gouvernement et ce que
recherche le gouvernement, en abolissant le droit de grève des
enseignants, pour les trois prochaines années, dans l'article 2 de ce
projet de loi, c'est d'en arriver à un décret signé,
d'aboutir à la négociation forcée où, après
avoir désarmé la partie qui se présente à la table,
on ajoute, le couteau sur la gorge, le chantage des bénéfices
qu'ils ne toucheront pas, s'ils ne s'humilient pas et s'ils n'acceptent pas de
se renier jusqu'à signer des offres patronales qu'ils n'auront
même pas le pouvoir d'influencer.
M. Parent (Hull): C'est gentil pour les 60 000 qui ont
signé. Vous voulez dire qu'on a tordu le cou des 60 000 qui ont
déjà signé des conventions, qui ont des conditions
comparables.
M. Charron: Je ne dis pas que vous avez tordu le cou de 60
000.
M. Parent (Hull): Bien non.
M. Charron: Vous avez des relations avec chacun des syndicats,
comme vous le voulez et chacun des syndicats a les dirigeants qu'il veut.
M. Parent (Hull): Avec la Sûreté du Québec,
les agents de la paix, la Fonction publique.
M. Charron: M. le Président, voulez-vous le rappeler
à l'ordre. Vous avez forcément l'habitude de ne jamais entendre
ce qui se passe du côté de votre oreille droite. Je vous le
signale. Vous êtes un des plus reconnus dans cette assemblée pour
ce genre de dureté d'oreille du côté droit.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
Je ne veux pas...
M. Charron: Je suis convaincu, M. le Président, que si
j'étais intervenu pendant qu'il parlait comme il le fait actuellement,
vous m'auriez rappelé à l'ordre.
Le Président (M. Blank): Je n'ai pas dit un mot au
député de Saguenay lorsqu'il a parlé sans permission.
M. Charron: Laissez-moi terminer mon intervention et ouvrez-vous
les deux oreilles...
Le Président (M. Blank): Si vous voulez m'insulter, je
vais vous rappeler à l'ordre et vous mettre dehors. Vous avez...
M. Charron: Je ne veux pas vous insulter, je veux simplement vous
inviter à vous débloquer l'oreille droite parce que, pendant que
je parle, le ministre de la Fonction publique m'a interrompu 20 fois.
M. Parent (Hull): M. le Président...
M. Charron: Vous le regardez avec le même sourire...
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Laissez-moi
parler.
M. Charron: ... et vous le voyez encore.
M. Parent (Hull): M. le Président, on n'a pas le droit
d'insulter les 60 000 fonctionnaires qui ont signé des conventions
collectives.
M. Charron: Vous le voyez encore, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Je peux me défendre
moi-même. J'avertis encore le député de Saint-Jacques que
je n'accepte pas les insultes.
M. Charron: Vous n'avertissez que moi, mais lui, il aurait pu
intervenir à peu près 40 fois à l'intérieur de
cela.
Le Président (M. Blank): Mais il n'a pas
insulté.
M. Charron: Vous devez le rappeler à l'ordre lui aussi, M.
le Président.
M. Parent (Hull): Sur un point du règlement.
M. Charron: Et il le fait encore, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Vous, vous le faites encore, mais
continuez avec votre exposé.
M. Charron: M. le Président, en espérant que vous
continuez à suivre attentivement le débat, je soutiens encore que
l'intention réelle du gouvernement dans ce projet de loi est contenue
à l'article 2. Et cet article 2 porte en lui ce que je suis convaincu
que tous les parents du Québec veulent éviter au maximum, le
devoir pénible de confier leurs enfants à l'enseignement public,
pour les trois prochaines années, dans le même climat qu'ils
viennent de quitter, qu'ils espèrent quitter le plus rapidement
possible. Si le gouvernement ne se rend pas à ce genre d'amendement et,
surtout, lorsque, tout à l'heure, nous parlerons d'un véritable
médiateur qu'a toujours refusé le ministre de la Fonction
publique, dans le conflit, s'il devait refuser aussi de faire cela, c'est
évident que nous nous dirigeons vers la même situation.
M. Léger: M. le Président, allez-y, peut-être
que le député de Saint-Jacques vous a fait changer d'avis.
M. Bienvenue: Imaginons que pour des fins purement
hypothétiques, purement théoriques, et je m'adresse à ce
qu'il y a de plus intelligent chez le député de Lafontaine, c'est
beaucoup espérer.
M. Bellemare (Rosemont): Tu ne t'adresses à rien.
M. Bienvenue: M. le Président, je ne me moque pas en
disant cela, je m'adresse a la logique la plus pure qu'il y a chez le
député de Lafontaine. On va simplement poursuivre pour quelques
instants un raisonnement strictement et rigoureusement hypothétique.
J'imagine que nous disions oui à l'amendement
suggéré par le député de Lafontaine. Est-il
d'accord avec moi qu'en stricte théorie, il est possible qu'à
compter de l'expiration de ce délai de 30 jours, il y ait des
débrayages massifs et généralisés à travers
le Québec, n'est-ce pas, légaux et qui correspondent justement
à ces moyens de pression dont a parlé le député de
Saint-Jacques et dont je ne nie pas l'existence, en matière de conflits
ouvriers, de conflits syndicaux-patronaux? Admet-il que c'est pensable et
possible?
M. Léger: J'admets une chose, c'est que si vous pensez que
c'est possible, c'est parce que vous croyez qu'à l'intérieur des
30 jours, cela n'aura pas avancé.
M. Bienvenue: Le député n'a pas saisi.
M. Léger: Je pourrais retourner la question. Si vous
croyez qu'à l'intérieur des 30 jours on n'aura pas avancé,
pensez-vous qu'à l'intérieur des 80 jours, vous allez avancer
plus?
M. Bienvenue: Je repose ma question. Je vais lui permettre
d'écouter la suggestion du député de Saguenay, avant de
reposer ma question.
M. Léger: M. le Président, je pense qu'il est bien
important de réaliser qu'à l'article 2, on est en train d'enlever
un droit fondamental. Tout l'ensemble des négociations a porté
sur un objectif ultime, un objectif accepté autant par les enseignants,
les parents, les comités d'experts mis de l'avant et engagés par
le gouvernement pour étudier la situation de la qualité de
l'enseignement.
Depuis trois ans et je dirais même six ans, depuis les deux
derniers décrets, les parents ont été les témoins
impuissants de la lente détérioration de la qualité de
l'enseignement au Québec, à l'intérieur du système
scolaire. Le pire, c'est qu'ils ont toujours eu l'impression qu'ils
n'étaient pas sur la même longueur d'ondes que le ministère
de l'Education et que le gouvernement. La preuve, c'est que tous les experts
ont démontré que, depuis les six à neuf dernières
années, la qualité de l'enseignement du français est
allée en se détériorant. Les écoles publiques, de
plus en plus, commençaient à se fermer. Il y avait des transferts
du domaine public au domaine privé, et les enseignants, qui n'ont jamais
pu négocier leurs conditions de travail, étaient et sont de plus
en plus conscients, désabusés du système dans lequel ils
sont quotidiennement obligés d'oeuvrer, puisqu'ils n'ont jamais
été capables d'avancer et de corriger le climat dans lequel ils
travaillent quotidiennement. Le manque d'enthousiasme des enseignants, qui
s'est traduit par un climat qui se détériore dans toutes les
écoles, provient, premièrement, de la surcharge de travail, il
provient de l'inhumanité du milieu de vie dans lequel, quotidiennement,
enseignants et étudiants sont obligés de vivre. Cela provient
aussi du manque de motivation et de la dépersonnalisation du milieu de
travail des enseignants et du manque de motivation des étudiants.
Devant cela, tous les comités, et spécialement CETES,
avaient fait des remarques pour qu'on corrige un point névralgique et
central des négociations, c'est-à-dire la quantité
d'élèves par classe. Pendant un an de négociations, de
mars 1975 à avril 1976, on n'a pas fait bouger d'un iota le
ministère de l'Education, le ministre de la Fonction publique, la
Fédération des commissions scolaires et le gouvernement sur le
principe de convertir le ratio actuel de 1-24 ou de 1-17 selon le milieu
scolaire, qu'il s'agisse de l'école élémentaire,
secondaire ou collégiale, alors que c'était un principe
fondamental, de base. Et, le ministre va me faire croire qu'à l'article
2, aujourd'hui, si on enlève le moyen de pression que les enseignants
ont pour faire bouger le gouvernement, le gouvernement va bouger davantage et
changer sa perception très obtuse qu'il a de la qualité de
l'enseignement, spécialement basée et conséquence directe
de la quantité d'élèves par classe.
Tous les rapports des experts, incluant le Conseil supérieur de
l'éducation et les groupes d'experts, disent qu'il faut un maximum
d'élèves par classe et que la formule technocratique que le
gouvernement prend, dans un langage de ratio, de 1-17 ou 1-24, c'est un langage
uniquement administratif, une façon mathématique de distribuer
des ressources humaines et physiques au niveau régional et elle ne
correspond pas à la relation de travail qui devrait exister entre le
professeur et
l'élève. M. le Président, si on n'a pas
réussi à faire bouger... Là, je ne parle pas de normes
salariales, je parle uniquement de ce ratio qu'il faut faire disparaître
au niveau de normes administratives et de le remplacer par un maximum.
Les professeurs ont fait des concessions. Ils ont au départ
demandé un maximum de 20 à 22 élèves par classe
à l'élémentaire, au premier cycle. M. le Président,
le gouvernement n'a pas bougé. Il est resté avec son 1-24. Par la
suite, on a augmenté graduellement et, dernièrement, on
proposait, je pense, 24 élèves et au maximum 28
élèves par classe à l'élémentaire, au
premier cycle, en disant qu'on rattrapperait cela en 3 ans. Est-ce que les
professeurs qui ont demandé, dans le domaine non salarial, une condition
de rétablissement de la qualité de l'enseignement, qui ont
demandé au départ de changer le style de fonctionnement au niveau
du nombre de professeurs et du nombre d'élèves, qu'on passe d'un
ratio plutôt qu'à un maximum d'élèves par classe
pour que ce soit plus humain, pour qu'il y ait une relation plus directe entre
professeurs et élèves...
M. le Président, le gouvernement a continuellement
conservé son ratio. Pensez-vous que les professeurs... J'aimerais bien
que le premier ministre m'écoute, que le ministre m'écoute. Je
vois bien que cela va être comme à la table des
négociations, on va parler à côté, chacun de son
bord. On s'apportera un café et un hot dog. Si c'est comme cela, M. le
Président...
M. Bienvenue: Je m'excuse auprès du député
de Lafontaine. Vous savez que, lorsque le premier ministre vient vous parler,
ce n'est pas une occasion à rater. Cela a été plus fort
que moi.
M. Léger: Cela dépend. Est-ce qu'il vient chercher
de l'information ou en donner? Cela, c'est une autre affaire.
M. Bienvenue: On ne sait jamais.
M. Léger: M. le Président, c'est très
important. C'est le fond du problème de la relation professeurs... J'ai
la figure, mais je n'ai plus les oreilles du ministre. On va attendre que le
premier ministre ait terminé.
M. Bienvenue: Je plaidais en faveur du député de
Lafontaine.
M. Tardif: Ne dis rien, Marcel, continue.
M. Léger: Avez-vous réussi à convaincre le
ministre de l'Education? M. le Président, comme ce maximum
d'élève est fondamental, j'ai l'impression que, si cela avait
débouché avant cette loi, il y aurait eu beaucoup plus
d'acceptation de la part des enseignants dans le domaine des
négociations. Comme on n'a même pas bougé
là-dessus... C'était un principe fondamental de base qui avait
comme répercussion une amélioration de la qualité de
l'enseignement et de la relation de travail que le professeur pouvait avoir
avec son élève. La dépersonnalisation qu'on vit
quotidiennement dans les écoles aurait peut-être été
très atténuée par cela. Je pense qu'un professeur... A la
commission scolaire régionale Le Royer, qui correspond à une
bonne partie de mon comté, on vit quotidiennement ce problème de
la quantité d'élèves par classe et, le deuxième
point, la tâche de l'enseignant et, le troisième point, la
sécurité d'emploi.
Régler ces trois clauses, autres que la clause salariale, je
pense que c'est le noeud de toute cette négociation. Réglez le
nombre d'élèves par classe, le nombre de périodes par
professeurs et la sécurité d'emploi non pas nationale, mais
peut-être régionale ou locale, et vous avez redonné un
espoir à l'enseignant que le système d'éducation au
Québec reconnaît comme le personnage central de
l'éducation. C'est le professeur, le professionnel de
l'éducation. Si vous réglez cela, M. le Président, il y
aurait beaucoup moins de problèmes dans les relations de travail.
C'est la raison pour laquelle je dis que, si vous n'avez pas
réussi, de mars 1975 à mars 1976, à corriger cette
mentalité administrative et technocratique du ministère de
l'Education, au niveau du nombre d'élèves par classe, et de la
façon de comptabiliser cela, les professeurs qui doivent, dès que
cette loi sera sanctionnée, retourner au travail... Regardez ce qui va
se passer avec les trois fonctionnaires qui vont aller regarder ce qui se passe
et dire: Ce n'est pas pire, ce n'est pas trop mal, cela va mal. Je pense que
c'est à peu près tous les pouvoirs qu'ils ont
là-dedans.
Si les professeurs, après avoir été
sensibilisés pendant un an à l'espoir d'un changement à
l'intérieur du système de l'éducation, s'en vont au
travail en sachant que le gouvernement leur enlève l'outil de pression,
deuxièmement, qu'il n'a pas l'intention de corriger en profondeur. Avec
ce que je viens de dire là, M. le Président, ne vous attendez pas
à d'autres choses qu'à un décret et le ministre de la
Fonction publique qui désire un décret en disant: Je ne le ferai
pas, mais si... C'est un peu comme la publicité des compagnies de
finance. N'empruntez pas inutilement, mais s'il le faut... Alors, je n'ai pas
l'intention de faire le décret, mais, comme personne ne comprend, je
pourrais peut-être le faire un jour. Dites-le donc tout de suite, M. le
Président, vous allez imposer, pour la troisième fois, un
décret, si vous ne permettez pas et ne donnez pas une certaine
fierté, une certaine dignité aux enseignants pour qu'ils puissent
obtenir ce dont ils ont besoin pour remplir leur rôle au
Québec.
Le Président (M. Gratton): La motion d'amendement du
député de Lafontaine est-elle adoptée? Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, je veux simplement...
Une Voix: Qu'est-ce que vous venez de dire? Le
Président (M. Gratton): Je demandais si
l'amendement était adopté et le député de
Maisonneuve a demandé la parole, alors je la lui ai accordée.
M. Bienvenue: J'avais cru entendre que l'article était
adopté. Je m'excuse.
M. Burns: Non. Je ne parlerai pas longtemps là-dessus. Je
veux simplement dire ceci, M. le Président. Au niveau de l'article 2 et,
quand on examine l'article 3, c'est à se demander pourquoi,
véritablement, on a ce type de législation aujourd'hui.
Peut-être que le ministre de l'Education, peut-être le ministre de
la Fonction publique, peut-être le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre ne savent pas que l'article 99 du Code du travail existe et c'est
tout cela qui est derrière.
J'avais même le goût, M. le Président, hier, en
deuxième lecture, de soulever une question de règlement, à
savoir, si le gouvernement n'agit pas de façon incompréhensible
vis-à-vis de sa technique de législation. Est-ce que l'on sait,
par exemple, que l'article 99, dans le cas d'une grève
appréhendée, qui vise la sécurité et la
santé publique, s'applique aussi, dans le dernier paragraphe au domaine
de l'éducation?
Je lis simplement ce dernier alinéa qui nous dit: Le
présent article s'applique à une grève
appréhendée ou en cours qui compromet l'éducation d'un
groupe d'élèves comme à une grève qui met en danger
et en péril la santé et la sécurité publique. Ce
que je me demande actuellement c'est que, si on a véritablement pris
connaissance de cet article...
M. Bienvenue: Je m'excuse, est-ce que l'article que vient de lire
le député de Maisonneuve inclut le lock-out?
M. Burns: Oui.
M. Bienvenue: Oui.
M. Burns: A mon avis, oui.
M. Bienvenue: Voulez-vous relire l'article.
M. Burns: Bien, il s'applique à la grève, mais il
semble qu'au plan de la pression morale, vous êtes capable d'exercer, le
lock-out est dans le fond les personnes qui sont vos mandataires. Bien oui,
mais c'est cela.
M. Bienvenue: Aux mandataires, mais il y a eu parfois des moments
turbulents dans ce que j'ai appelé le lit double des partenaires.
M. Burns: Ah bien, mon Dieu, vous êtes en train de me dire
que vous n'avez aucun contrôle sur les commissions scolaires, c'est cela
que vous voulez dire?
M. Bienvenue: Les commissions scolaires sont des corps autonomes,
elles sont bien nos partenaires et non nos mandataires.
M. Burns: Dans le cas présent, M. le ministre, vous allez
admettre ceci, les endroits où il y a eu des lock-out, ce sont des
lock-out qui ont été décidés par la partie
patronale, à la suite d'un arrêt de travail.
M. Bienvenue: Pas toujours. M. Burns: Non?
M. Bienvenue: Dans certains cas. M. Burns: Oui?
M. Bienvenue: Je prendrai ceux que j'ai
énumérés hier où les enseignants étaient sur
place mais où les cours se donnaient à moitié ou encore
où il y avait du harcèlement interne, ou ces histoires de colle
ou encore la sécurité physique non parfaitement assurée,
les enseignants n'étaient pas en grève et on a fait un
lock-out.
M. Burns: Est-ce que vous êtes en train de me dire que,
dans des cas où les enseignants se sont présentés au
travail, et n'ont pas fait de harcèlement, on a décidé
unilatéralement des lock-out du côté patronal? Oui?
M. Bienvenue: II est arrivé des cas où, à
cause de l'inaction ou de j'allais dire un mot qui n'est pas
français et je m'en excuse auprès du chef parlementaire de
l'Opposition à cause de la "malaction"...
M. Burns: Vous devriez vous excuser à l'endroit de tout le
monde, si ce n'est pas français.
M. Bienvenue: ... de la malfaçon, devrais-je dire. Il est
arrivé des cas où des commissions scolaires, pour la
sécurité des enfants, ont décidé de fermer les
écoles, bien qu'il n'y ait pas grève. Cela n'est pas prévu
dans le Code du travail.
M. Burns: M. le Président, je vous dis simplement que je
m'étonne que vous soyez venu, je ne reviens pas sur la deuxième
lecture, je ne reviens pas sur le principe du projet de loi, vous l'avez fait
adopter hier majoritairement, nous avons voté contre... mais, je
m'étonne quand même qu'un gouvernement soit absolument pris de
court, alors que dans la législation il y a des moyens comme
ceux-là.
Vous ne me ferez pas avaler, mais vraiment pas, M. le ministre, que vous
n'avez pas de pression morale, comme gouvernement ou comme ministre, sur les
commissions scolaires; que vous n'avez pas la possibilité de dire
à des commissions scolaires: Vous ne ferez pas de lock-out. Je vous
soupçonne même, comme gouvernement, d'avoir été un
peu d'accord avec une certaine politique de lock-out, de l'avoir même
encouragée pour nous permettre d'avoir cette loi aujourd'hui.
C'est un soupçon que j'émets publiquement et je pense
sérieusement que si vous aviez voulu empêcher les cas que vous
mentionnez, du côté patronal, vous auriez pu les empêcher
par la pres-
sion morale, par l'importance que vous avez aux yeux des commissions
scolaires, c'est-à-dire du côté patronal.
Quant au côté syndical, vous avez votre solution à
l'article 99. Même si je n'aime pas cet article 99, même si
j'espère qu'un jour, quand un gouvernement qui se tiendra debout sera au
pouvoir, on enlèvera cela, même si j'admets tout cela, l'article
99 existe quand même. Ce que j'aime de l'article 99, encore mieux que la
situation qui nous est présentée ce matin et qui nous
était présentée par la loi hier, c'est que ce n'est pas le
gouvernement qui change son chapeau d'employeur et qui devient
législateur.
Vous avez une autorité judiciaire qui intervient entre les deux.
Vous avez un juge de la Cour supérieure qui, à un moment
donné, jugera si véritablement la sécurité, la
santé ou encore les droits de l'enfant à l'éducation,
selon l'expression du projet de loi no 25 de 1967, si véritablement,
dis-je, tout cela est mis en péril. C'est ce que je me demande. Comment
se fait-il qu'on soit en train de discuter un tel projet de loi, alors que tous
les instruments, de fait, sont entre les mains du gouvernement?
M. Bienvenue: M. le Président, je relève le dernier
point soulevé par le député de Maisonneuve, en excluant
l'argument lock-out auquel on vient de toucher tous les deux.
J'ai dit hier, M. le Président, et je répète, que
le fait de retrouver cette mesure dans la loi, celle que nous étudions
aujourd'hui, d'abord, évite le problème des longueurs des
délais qui nous échappent, lorsque nous passons par le biais des
tribunaux. Nous n'avons aucun contrôle, et Dieu nous en préserve,
sur les tribunaux. Nous n'avons aucun contrôle sur la jurisprudence qui
peut s'établir entre deux collègues d'une même cour dans le
cas de deux demandes d'injonction.
Le principe est simple, et je l'avoue avec candeur si l'on veut, mais
avec franchise, lorsque, comme je l'ai indiqué, c'est l'intention du
gouvernement de sauver l'année scolaire, il doit prendre un moyen
certain. Lorsque c'est l'intention du gouvernement de sauver l'année
scolaire, et avec l'urgence dont nous avons parlé, il doit prendre des
moyens certains. Or, le moyen prévu à l'article 99 est incertain;
il pourrait se faire qu'on décide par des jugements, dans certains
coins, dans certaines régions du Québec, d'accorder l'injonction
et de la refuser dans d'autres.
C'est alors que les moyens rotatifs de harcèlement pourraient s'y
exercer et c'est le chat qui court après sa queue autour du territoire
du Québec, avec le résultat que l'année scolaire est
gâchée. C'est ce qui me ramène aux questions que je posais
au député de Lafontaine.
Enfin, je ne lui demanderai plus s'il aime mieux que je ne lui pose pas,
mais je vais m'interroger tout haut. Est-il admissible, en théorie pure,
qu'après les 30 jours ou alors ce que je dis est-ce
complètement folichon est-il pensable, en théorie pure,
qu'à l'expiration des 30 jours, les négociations n'aient pas
abouti et alors c'est la voie normale que les moyens de pression reprennent? Je
dis oui. Je réponds à défaut du député de
Lafontaine.
M. Léger: J'ai répondu tantôt, c'est
possible. C'est possible, c'est parce qu'elles n'auront pas plus
réglé de points en 30 jours qu'en 80 jours.
M. Bienvenue: D'accord. On s'entend bien, voilà la
discussion au niveau où je la veux, même si, comme dit le
député de Lafontaine, c'était la faute de qui que ce soit,
c'est possible. Alors la question qui suit logiquement est la suivante: Si
c'est possible, est-il possible que ce harcèlement, à la grandeur
du territoire, dure jusqu'au 15 juin, les parties continuant toujours de ne pas
s'entendre? La réponse théorique à cette hypothèse,
c'est toujours oui.
La dernière question, qui est la fin de l'équation et qui
vient naturellement à la bouche et à l'esprit: Si c'est possible
et que cela dure jusqu'au 15 juin, sommes-nous d'accord pour dire que
l'année scolaire a été ratée au Québec? La
réponse qui vient naturellement est: Oui, nous sommes d'accord, et si
l'année scolaire est ratée au Québec, c'est ce que le
gouvernement veut empêcher en mettant toutes les chances et garanties de
son côté parce que j'ai mes responsabilités, comme ministre
de l'Education, et le gouvernement a les siennes.
Il est absolument impensable, toujours au nom de la plus
élémentaire logique et d'une saine administration, que plus d'un
million d'élèves du Québec aient à reprendre leur
classe l'an prochain.
M. Léger: M. le Président, je vais simplement dire,
puisque le ministre refuse notre amendement... je vais proposer un
deuxième amendement à l'article 2 qui se lirait comme suit et je
pense que le ministre...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! Un instant.
L'amendement n'est pas adopté.
M. Léger: L'article 2 n'est pas adopté.
Le Président (M. Gratton): Bien, j'aimerais qu'on se situe
bien clairement. Est-ce que l'amendement du député de Lafontaine,
voulant remplacer 80 par 30 est adopté?
Des Voix: Non.
Le Président (M. Gratton): Vote enregistré?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Gratton): Vote à main levée
plutôt.
M. Burns: C'est cela, debout et assis.
Le Président (M. Gratton): Alors, que ceux qui sont en
faveur de la motion d'amendement du député de Lafontaine
veuillent bien se lever s'il vous plaît!
Le Président (M. Gratton): Que ceux qui sont contre la
motion veuillent bien se lever!
Une Voix: Ils ne sont pas forts quand même.
Le Président (M. Gratton): La motion est
rejetée.
L'article 2 sera-t-il adopté?
M. Léger: M. le Président, je voudrais simplement
proposer un autre amendement très mineur, mais qui aurait une
importance, une conséquence majeure. Je le lis comme suit: Que l'article
2 soit amendé en remplaçant dans les troisième et
quatrième lignes les mots: "la date de l'entrée en vigueur de la
présente loi" par les mots "le 11 avril 1976".
M. le Président, si cette loi était adoptée le 11
avril, c'est-à-dire dimanche soir à minuit, cela voudrait dire
que les conséquences ou les résultats qu'on peut prévoir
à l'intérieur de cette loi ne seraient en vigueur qu'à
partir de lundi. Je pense que c'est peut-être une façon de laisser
un peu de temps aux esprits de se replacer. On arrive avec une loi rapide, dans
une journée, on impose à des gens qui ont travaillé pour
gagner des points dans leurs négociations et dans leurs conditions de
travail et je pense qu'il y a un certain traumatisme. Je pense que cela
permettrait peut-être aux gens de se calmer et de ne pas agir sous
l'effet de la colère ou de la frustration immédiate,
spontanée. S'il y avait des gestes à faire, ils seraient
peut-être faits plus calmement et dans une autre atmosphère,
à partir de lundi. A ce moment, je pense qu'au lieu d'avoir des
réactions spontanées, cela serait des réactions
réfléchies et chacun serait réellement responsable
froidement, logiquement, des gestes qu'il posera. La faire adopter
immédiatement crée, je pense, une tension inutile chez les
citoyens qui seront appelés à vivre avec cette loi matraque.
M. Morin: M. le Président, me permettez-vous d'apporter
quelques arguments supplémentaires afin de convaincre le ministre du
bien-fondé de l'amendement? Nous sommes en désaccord sur le point
de loi mais, puisqu'il sera imposé, il vaudrait mieux qu'il s'applique
le moins mal possible. Or, tel qu'il est rédigé, cet article met
fin au lock-out à compter de la date d'entrée en vigueur de la
présente loi, laquelle, j'imagine, étant donné les
délais qui nous sont imposés, devrait être aujourd'hui
même, 8 avril.
A toutes fins pratiques, cela signifie que la loi sortirait ses effets
à compter de demain matin, 9 avril. Or, certaines commissions scolaires
sont en lock-out, sont fermées depuis déjà quelque temps
le ministre le sait certainement et on peut craindre qu'une
ouverture en pagaille, demain matin par exemple, ne provoque des incidents que
tout le monde regretterait. C'est la raison pour laquelle... que le ministre me
laisse finir, j'en ai presque terminé.
M. Bienvenue: Je veux renforcer le point de vue du chef de
l'Opposition, ce serait même pire que ce qu'il dit parce que ce serait
depuis minuit, le minuit qui vient de s'écouler. Je renforce le point du
chef de l'Opposition.
M. Morin: A ce moment, on tombe dans l'absurde. De fait, je
reconnais que cela renforce mon argument. La question que je me pose est donc
la suivante: Qu'est-ce que le gouvernement recherche, par ce projet de loi?
Est-ce la paix scolaire, élément de la paix sociale, ou bien
est-ce de brusquer, de provoquer, d'humilier les enseignants avec lesquels il
va bien falloir que le ministère continue de dialoguer? J'ai
l'impression que si l'Assemblée maintient l'article tel qu'il est, on
s'achemine vers des incidents inutiles.
C'est la raison pour laquelle nous suggérons que la loi entre en
vigueur dimanche pour ce qui est de l'article 2, de sorte qu'il y ait un
délai de réflexion qui soit bénéfique pour toutes
les parties.
M. Bienvenue: M. le Président, lorsque les choses sont
bien plaidées, comment peut-on résister? Ce n'est pas bête,
ce que j'ai dit là?
M. Morin: Non, et j'espère que le ministre conservera
cette attitude pour les amendements qui suivront.
M. Bienvenue: C'est un départ, c'est un départ.
M. Lessard: ... pour quelque chose.
M. Charron: Soumettez l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Gratton): C'est ce que j'allais faire. La
motion de l'honorable député de Lafontaine, à l'effet de
remplacer les mots, aux troisième et quatrième lignes de
l'article 2, "la date de l'entrée en vigueur de la présente loi"
par les mots suivants "le 11 avril 1976". Cet amendement est-il
adopté?
M. Hardy: Adopté.
Le Président (M. Gratton): Adopté.
M. Bienvenue: M. le Président, parce qu'il est important
de nourrir aussi bien le corps que l'esprit, pourrions-nous suspendre nos
discussions jusqu'à 14 h 30?
Le Président (M. Gratton): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Morin: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
au leader adjoint s'il serait possible que certains documents qui seront
versés au dossier de la commission parlementaire qui entendra cet
après-midi les représentants de SIDBEC, soient mis à la
disposition des députés, à tout le moins de l'Opposition,
immédiatement, pour que, cet après-midi, quand nous
procéderons à l'étude du projet de loi en commission, nous
ayons déjà devant nous les documents et que nous ayons eu le
temps de les étudier.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. Hardy: M. le Président, je vais m'enquérir
immédiatement auprès du ministre de l'Industrie et du Commerce,
afin que, si c'est possible, ces documents soient remis aux
députés de l'Opposition. Je me demande s'il n'y a pas lieu que
nous fassions rapport.
Le Président (M. Gratton): II faut le consentement unanime
pour suspendre avant treize heures. Je présume que nous l'avons.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que nous avons le
consentement unanime?
Le Président (M. Gratton): Oui, on a le consentement
unanime.
M. Bienvenue: On va faire rapport et on reviendra cet
après-midi.
Le Président (M. Gratton): M. le Président, j'ai
l'honneur de faire rapport que la commission plé-nière n'a pas
encore terminé l'étude du projet de loi no 23.
Le Vice-Président (M. Blank): A-t-on le consentement
unanime de la Chambre pour changer les heures de la motion?
Le Président (M. Gratton): Oui.
Le Vice-Président (M. Blank): Avec le consentement unanime
de la Chambre, nous suspendons les travaux jusqu'à quatorze heures
trente.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
Reprise de la séance à 14 h 40
Le Président: A l'ordre, messieurs! Si vous voulez vous
asseoir.
Le député de Saint-Louis.
M. Blank (président de la commission
plénière): L'article 2 est adopté tel
qu'amendé, avec la clause avril 1976.
M. Léger: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Article no 3.
M. Léger: M. le Président.
M. Bienvenue: Si on me permet, M. le Président, je
voudrais, tout de suite, afin que les membres des oppositions puissent en
prendre connaissance aussitôt que possible, déposer un amendement
sur un article à venir. J'aurais bien aimé en donner copie
à nos amis de la presse, auparavant, mais j'ai voulu privilégier
la Chambre, qui est souveraine, les membres de l'Assemblée nationale.
C'est un amendement à venir à l'article 23du projet de loi. Je
vais le lire pour qu'il soit au journal des Débats et j'en ferai le
dépôt tout de suite après. Vous en voulez une copie, M. le
Président? Il y en a une copie pour l'Opposition.
Je fais une correction, il ne s'agit pas de l'article no 23, mais,
évidemment, parlant du projet de loi no 23, il s'agit d'un article 24
qui remplacerait l'article 24 actuel, tel qu'il est au projet de loi et les
articles 25 et 26. Donc, il remplacerait les articles 24 à 26 par le
suivant: 24. Le procureur général peut, s'il est d'avis qu'un
groupe substantiel de personnes, à l'égard desquelles une
association est accréditée, ne s'est pas conformé à
l'article 3 ou à l'article 4, ordonner que la retenue des cotisations
syndicales cesse pour une période d'au moins trois mois et d'au plus un
an, à l'égard de l'association en cause. Dès que
l'ordonnance du Procureur général a été
publiée dans la Gazette officielle du Québec, il est interdit
à l'employeur, pendant la période fixée par le procureur
général, de retenir les cotisations syndicales sur les salaires
des salariés membres de l'association en cause, et cette dernière
ne peut, pendant un an par la suite, ni modifier le taux des cotisations
syndicales, ni imposer de cotisations spéciales ou
supplémentaires.
Le défaut par l'employeur de se conformer à l'ordonnance
du Procureur général entraîne pour ses membres,
administrateurs, dirigeants, employés, agents ou conseillers, la peine
prévue à l'article 16. Evidemment, M. le Président, comme
conséquence directe et immédiate de cet amendement, les articles
27 à 30 deviendraient les articles 25 à 28.
M. Léger: M. le Président, nous pourrons en
discuter, je pense, quand nous arriverons à cet article. Tout
simplement, comme nous sommes limités par les règles d'urgence de
terminer en dedans de trois heures la discussion, nous ne voudrions
pas perdre du temps sur des articles qui nous apparaissent un peu moins
importants. Comme il y a des articles vitaux, nous aimerions peut-être
immédiatement adopter, à moins qu'il y ait d'autres
députés qui aient des choses à dire, les articles 3, 4, 5,
6 et 7. A ce moment, nous aurions quelque chose à proposer à
l'article 8.
Le Président (M. Blank): Les articles 3, 4, 5, 6 et 7 sont
adoptés.
M. Léger: Sur division, M. le Président,
Le Président (M. Blank):Surdivision. L'article 8.
M. Léger: Nous proposons qu'on les règle au plus
tôt, c'est -à-dire que le gouvernement dise qu'il les adopte, de
façon qu'on puisse jaser et discuter des autres articles plus
importants.
M. le Président, je voudrais, à l'article 8, proposer un
amendement.
M. Charron: M. le Président, j'invoque le règlement
parce qu'il faut tout de suite préciser le genre de remarques que vient
de faire le ministre des Communications. Si le député de
Lafontaine propose que nous disposions immédiatement des articles qu'il
a mentionnés, c'est, d'une part, parce que l'Opposition n'a pas
d'amendement comme tel à apporter aux articles, même si nous
sommes opposés à ces articles et nous l'avons inscrit, mais c'est
surtout parce que le gouvernement nous a obligés à adopter une
loi, qui fixe les conditions dans l'enseignement scolaire pour les trois
prochaines années, en dedans de trois heures. Que le ministre ne fasse
pas de gorges chaudes par le fait qu'on dispose des articles aussi rapidement.
C'est contre notre gré et c'est certainement aussi contre le gré
des parents du Québec qu'on est en train de fixer les conditions pour
les trois prochaines années en dedans de trois heures.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre,
messieurs!
M. Parent (Hull): II ne faudra pas croire que le
député de Saint-Jacques parle au nom des parents!
M. Charron: J'ai l'impression, aujourd'hui, de les
représenter beaucoup plus que le sourire fantasque du ministre de la
Fonction publique.
M. Parent (Hull): Vous n'avez pas fait vos preuves encore!
Le Président (M. Blank): A l'ordre! L'article 2 est
adopté officiellement, il est adopté tel qu'amendé.
M. Léger: C'est ça, M. le Président. De
toute façon, M. le Président, ce que je peux dire, c'est
qu'aujourd'hui nous avons d'un côté M. Parent et de l'autre
côté les parents. Vous le jugerez bientôt.
M. Parent (Hull): C'est assez synonyme.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
L'article 8.
M. Léger: A l'article 8, M. le Président,
j'aimerais simplement proposer l'amendement suivant: Que l'article 8 soit
amendé en remplaçant, aux 4e et 5e lignes du premier
alinéa, les mots "1er octobre" par les mots "15 juillet". Ceci a comme
objectif, tout simplement, de voir à ce qu'on n'affecte pas le rendement
d'une autre année scolaire mais plutôt à ce qu'on
règle le cas de l'année courante, parce qu'en
réalité, il n'y a aucun rapport entre l'année suivante,
c'est-à-dire l'année commençant le 1er octobre 1976, et la
situation que nous vivons en l'année 1976, c'est-à-dire mars,
avril, mai et juin de cette année.
Alors, je pense que, si on acceptait cet amendement, cela permettrait
d'enlever un pouvoir discrétionnaire au ministère, qui est
indépendant des conditions bien précises qui peuvent avoir
été négociées au niveau des conditions de travail,
au niveau du calendrier des commissions scolaires, au niveau tout simplement du
fonctionnement interne de chacune des écoles. Si on veut garder le 1er
octobre, on se trouve peut-être à bouleverser tout le
système de l'année scolaire 1976/77, alors que la loi actuelle a
pour but de régler ou du moins de faire semblant ou d'essayer de
régler les problèmes au niveau de l'année scolaire en
1975/76.
M. le Président, je pense qu'il faudrait tout simplement, pour
que la loi ne touche que l'année en cours, et non pas la prochaine
année scolaire, qu'on change les mots "1er octobre" par les mots "15
juillet".
M. Bienvenue: M. le Président, nous devons dire non,
malheureusement, à cet amendement de l'Opposition officielle pour une
raison très simple qui est celle de vouloir prévoir, celle de la
prudence, celle de la souplesse, parce que nous ne voudrions pas être
obligés de revenir plus tard et d'amender ce projet de loi. Il peut fort
bien se faire, comme le dit, comme le souhaite le député de
Lafontaine, comme je le souhaite, que nous puissions trouver des
aménagements à l'intérieur de la période qu'il
limiterait, lui, à la date du 15 juillet. Là encore, il y a un
problème de région.
J'ai indiqué à plusieurs reprises que, dans certaines
régions, c'était beaucoup moins grave, dans d'autres, la
situation est beaucoup plus grave, les cours, les programmes ont
été beaucoup plus affectés. Devrait-il se faire, dis-je,
que nous dussions aller au-delà de cette période et que, bon
gré mal gré, on chevauche sur la prochaine année scolaire,
la date du 1er octobre me paraît réaliste et prudente si on veut
éviter les écueils auxquels je viens de faire allusion.
M. le Président, il faut penser je pense ainsi au nom de
plusieurs jeunes du Québec, au nom de plusieurs parents du
Québec, et je ne pense pas seulement aux réseaux secondaire et
élémentaire, mais aussi au réseau collégial
qu'il y a des milliers, sinon davantage, de jeunes moins fortunés au
Québec qui comptent énormément sur des em-
plois d'été pour pouvoir défrayer le coût de
la prochaine année scolaire, qu'elle soit au collégial, à
l'université ou autre. Pour ceux-là, c'est une raison parmi
plusieurs, si nous devions essayer de tasser, de concentrer, de faire le
rattrapage uniquement dans les premières semaines de juillet ou les
dernières semaines de juin, il pourrait se faire que nous leur causions
un préjudice considérable. Alors, par prudence, uniquement, nous
avons cru qu'il valait mieux, quitte à ne pas s'en servir,
étendre ce délai pour faire des aménagements jusque,
théoriquement, à la date du 1er octobre, ce que je suis le
premier à ne pas souhaiter dans la réalité.
M. Charron: M. le Président, l'amendement proposé
par le député de Lafontaine et refusé par le ministre de
l'Education nous indique que ce que nous avons avancé, au cours du
débat de deuxième lecture, trouve ici sa
vérité.
Il s'agit donc, de l'aveu même du ministre de l'Education, non
seulement de l'année scolaire 1975/76, mais quand nous soutenions que ce
projet de loi aura des conséquences sur les années à venir
et que nous sommes donc en train de discuter de la façon dont le climat
dans les écoles se présentera pour les trois prochaines
années, le ministre de l'Education vient déjà de nous
donner un exemple selon lequel les reflets de cette loi peuvent se poser
jusqu'au début de la prochaine année scolaire.
M. le Président, je n'insisterai pas plus sur cette conviction
que tous les membres de l'Assemblée devraient déjà
commencer à avoir. Le ministre vient de faire état de prudence et
de souplesse, selon son propre vocabulaire. Il sait très bien, comme
ministre de l'Education, qu'il aura, une fois l'article 8 adopté par
l'Assemblée, effectivement à organiser ce qui s'appelle le
rattrapage de l'année scolaire. S'il veut se donner jusqu'au 1er
octobre, donc affecter la prochaine année scolaire, au besoin, dans le
calendrier scolaire, c'est qu'il sait lui-même, si je comprends bien ses
paroles, que ce ne sera pas là une mince tâche.
Ce ne sera pas facile pour les étudiants d'abord. Il en a fait
lui-même mention, mais j'aurais aimé que le ministre de
l'Education étende la difficulté jusqu'aux enseignants, parce que
ce ne sera pas facile pour les enseignants eux-mêmes de travailler et de
collaborer à la réalisation du rattrapage de l'année
scolaire 1975/76.
Je pense, en particulier, aux enseignants de la Mauricie, qui ont subi
sept semaines de lock-out et qui devront, donc, en vertu de l'article 8, si
adopté, se soumettre à un calendrier de rattrapage qui
écourtera probablement leurs vacances annuelles, ce qui les obligera
à modifier la préparation des cours qu'ils ont pour la prochaine
année scolaire; ils devront donc accepter eux-mêmes, dans le cadre
d'une loi qui leur aura enlevé leur droit de grève, de collaborer
en plus avec le patron qui est intervenu d'une façon aussi radicale dans
la négociation.
Ce ne sera pas une mince tâche pour les enseignants non plus et
j'aurais bien aimé que le ministre de l'Education prenne au moins une
phrase pour l'affirmer.
M. le Président, avant de donner le droit de réplique au
ministre de l'Education pour qu'il fasse amende honorable de son oubli, avant
de l'inviter également à commenter une proposition que nous
aurions pu inclure formellement comme un amendement comme tel à
l'intérieur du projet de loi, mais que j'aime mieux livrer à la
réflexion du ministre de l'Education, je poserai au ministre la question
suivante: Puisque vous êtes probablement d'accord avec moi pour dire
qu'il faut nécessairement la collaboration du monde de l'enseignement
pour la réalisation du rattrapage de l'année scolaire 1975/76, ne
serait-il pas de mise que le ministre de l'Education indique, pendant la
discussion de l'article 8 qui parle de ce rattrapage à organiser, que,
par prudence et par souplesse, comme il nous l'a dit tout à l'heure, il
serait prêt à affirmer que toutes les poursuites actuellement
entreprises par le gouvernement avant l'entrée en vigueur de la loi 23,
en vertu de la Loi de l'instruction publique ou en vertu du Code du travail,
sont immédiatement abandonnées par le gouvernement et que le
gouvernement se garde déjà on le verra dans les autres
articles du projet de loi les pouvoirs de recours en vertu de cette loi,
mais qu'il écarte les poursuites qui ont pu être intentées
en vertu du code criminel, qu'il convient de les écarter? Le
gouvernement a nécessairement besoin de la collaboration des enseignants
pour réaliser ce rattrapage qui peut s'étendre, nous dit le
ministre, jusqu'au 1er octobre 1976.
Ne serait-il donc pas de mise, actuellement, après leur avoir
retiré le droit de grève, à toutes fins pratiques, et
après avoir menacé de leur retirer les bénéfices
de l'aveu même du ministre de la Fonction publique auxquels
ils ont droit, qu'en contre-partie, par prudence et par souplesse, et pour
s'assurer leur collaboration dans le rattrapage de l'année scolaire
obligatoire à organiser ce sera la responsabilité du
ministre de l'Education qu'il nous dise tout de suite, et surtout pour
aider au respect de la présente loi, si jamais elle doit être
adoptée par l'Assemblée, qu'il abandonne, qu'il oublie les
poursuites déjà intentées en vertu de la Loi de
l'instruction publique ou du Code du travail?
M. Bienvenue: M. le Président, si j'ai tort qu'on me
corrige, si ce que je dis est vide de sens qu'on le remplisse, mais je vous
avoue bien franchement que je ne sais pas à quelles poursuites fait
allusion poursuites qui seraient de mon ressort le
député de Saint-Jacques en parlant soit du Code du travail, soit
de la Loi de l'instruction publique, à quelles poursuites je pourrais
avoir l'autorité, moi, de mettre fin. Si le député de
Saint-Jacques fait allusion à des poursuites que j'ignore, de facto, qui
aient été prises par le Procureur général,
j'aimerais qu'il s'explique davantage. Si tel était le cas,
évidemment, sa demande devrait s'adresser au Procureur
général.
Je plaide bonne foi et ignorance des faits qu'il soulève,
à cette date-ci, évidemment.
M. Charron: M. le Président, je n'ai pas une
liste des poursuites en vertu du Code du travail ou de la Loi de
l'instruction publique qui ont pu être prises non seulement par le
procureur général mais, je dis bien, par les commissions
scolaires locales et régionales du Québec. Je n'en dispose pas,
parce que ce n'est pas de mon ressort. Mais j'imagine qu'au ministère de
l'Education on doit être au courant de certaines de ces poursuites qui
ont pu être intentées.
Je veux seulement savoir, sans en faire une nomenclature exhaustive,
puisque vous avez vous-même reconnu qu'il faut procéder
l'aveu vient peut-être un peu tard dans le domaine de
l'éducation avec prudence et souplesse, s'il ne convient pas au ministre
de dire que si nous visons au rétablissement d'une année scolaire
qui peut modifier y compris le calendrier de la prochaine année
scolaire, un geste de bonne foi de la part du gouvernement consisterait
à effacer ces infractions ou ces poursuites commises en vertu de
certaines injonctions.
M. Bienvenue: Si je comprends un peu davantage, M. le
Président, il s'agit, selon la réponse du député de
Saint-Jacques, de poursuites intentées par le Procureur
général.
Celles-là évidemment ne relèvent pas de celui qui
vous parle. Je retiens au moins et la Chambre et la tribune de la presse
en sont témoins le voeu exprimé par le
député de Saint-Jacques. Ou alors elles le sont, comme il le dit,
par les commissions scolaires dont j'ai déjà dit et c'est
un fait connu, de notoriété publique qu'elles sont
autonomes et ne sont pas mandataires du gouvernement et en particulier du
ministère de l'Education lorsqu'il s'agit de telles poursuites.
Cependant, je prends acte, je prends note. J'entends ce que dit le
député de Saint-Jacques et ceux qui sont dans cette Chambre
l'entendent aussi, mais il est en dehors de mes fonctions, de mes pouvoirs et
de mes mandats que de faire une telle chose, que de retirer de telles
poursuites. Je puis assurer le député de Saint-Jacques que je
l'ai entendu et que je partage ce vaste principe auquel il fait allusion, qui
veut qu'un climat soit meilleur, soit plus sain lorsque des recours, des
poursuites ne sont pas exercés que lorsqu'ils le sont. D'accord, je puis
difficilement aller plus loin et je ne puis pas commettre davantage le
gouvernement ni surtout le ministère que je dirige. J'ai entendu ce
qu'il a dit.
M. Charron: M. le Président, j'ajoute, comme
dernière note sur ce sujet, que je me souviens, à l'époque
où j'avais la responsabilité des dossiers de l'éducation
pour l'Opposition, qu'au lendemain du décret de 1972, au moment
où le ministre de la Justice, Procureur général du
gouvernement, avait continué des poursuites contre certains syndicats
qui avaient refusé ou enfin peu collaboré à l'application
de la loi 19 qui avait mis fin à la grève, à ce
moment-là, d'avoir obtenu, à la commission parlementaire de
l'éducation, du ministre titulaire de l'époque, le
député de L'Acadie, l'affirmation qu'effectivement ces poursuites
n'aidaient aucunement au rattrapage obligatoire qui s'était
appliqué en 1972 également.
C'est donc à partir d'une expérience bien concrète
de ce qu'avaient été les lendemains d'une loi spéciale de
1972 que je faisais cette suggestion au ministre de l'Education.
M. Bienvenue: Le député de Saint-Jacques me
rappelle qu'il avait entendu un de mes prédécesseurs dire que de
telles poursuites n'aidaient pas. Je viens de faire la même remarque, la
même observation, sans avoir été au courant auparavant de
cette remarque du ministre actuel des Affaires intergouvernementales.
M. le Président, revenant à ce qu'a affirmé le
député de Saint-Jacques, qui disait que je pensais aux enfants,
en parlant de souplesse, de délais prolongés, pour y verser les
pouvoirs que nous conférait cette loi, ce n'est pas à dessein, ce
n'est pas voulu, le fait que je n'aie pas mentionné les enseignants. Au
contraire, je suis heureux qu'il soulève le point. Je n'ai pas honte de
dire que, si je ne l'ai pas fait nommément, je l'avais à
l'idée et je le fais séance tenante. Evidemment, les enseignants
sont les premiers, enfin tout autant que les enfants, concernés dans le
problème que nous soulevons actuellement.
Tous savent, en effet, qu'au Québec, que ce soit au
collégial, à l'élémentaire ou au secondaire, les
vacances, la période de cessation de l'emploi des enseignants, c'est le
30 juin ou, si l'on aime mieux, le 1er juillet. Or, il est évident que
ces enseignants du Québec, qui devront faire du rattrapage, et beaucoup
de rattrapage, dans certains cas, avec beaucoup de travail, avec une
tâche ardue, avant le 30 juin, date qui, normalement, en temps ordinaire,
est la date de leurs vacances, ces enseignants voudront peut-être
et de là la souplesse à laquelle je faisais allusion et je ne
pourrais les blâmer au départ après s'être
livrés à des travaux ardus de rattrapage, à une
période qui dépasse la date effective de la fin de prestation des
cours, soit quelque part entre la mi-juin et le 1er juillet,
précisément, entrer en vacances le 1er juillet. J'indique par
là que j'ai ces enseignants également comme objet de mes
préoccupations, parce que, s'il fallait les forcer de faire ce
rattrapage tout d'un trait, à la folle épouvante, ce pourrait
être le 15 juillet, ce pourrait être le 20 juillet, ce sont des
êtres humains comme nous qui ont droit à leurs vacances,
après une année scolaire. Je retiens que je pense à eux
autant qu'aux élèves, en parlant de cette souplesse.
Maintenant, revenons aux élèves et, terminant
là-dessus, il faut se rappeler que c'est peut-être le seul point
ou un des rares points où l'Opposition officielle, les autres
oppositions et nous sommes en parfait accord, c'est que quels que soient les
torts, les fautes et, pour les fins de la logique, que ce soient ceux ou celles
du gouvernement, ceux ou celles des enseignants, ceux ou celles des partenaires
gouvernementaux, les seules personnes où les seuls être humains
non responsables de cette situation qu'ils n'ont pas voulue, Dieu merci, ce
sont les enfants, ce sont les étudiants du Québec.
Or, dans leur cas, je veux le rappeler, ils sont
victimes du rattrapage. Nous avons tous été à
l'école, un jour, et il faut se rappeler des conditions dans lesquelles
nous étudiions, il n'y avait pas l'air climatisé partout, ou
enfin à nulle part, à l'époque où j'ai
étudié. Il faut se rappeler que, pour eux aussi, lorsque arrivent
les chaleurs de juillet, ce rattrapage, s'il fallait le pousser à la
vapeur, le forcer à l'intérieur d'une échéance
aussi serrée que celle du 15 juillet, je n'ai pas à tirer les
conclusions qui s'en dégagent.
Donc, pour résumer, c'est autant en pensant aux enseignants
qu'aux commissions scolaires, qu'au personnel de soutien, qu'aux professionnels
non enseignants et aux enfants, qu'il vaut mieux se garder la souplesse
à laquelle j'ai fait allusion.
M. Léger: M. le Président, le ministre n'ayant pas
accepté cet amendement...
Le Président (M. Blank): ... adopté sur
division.
M. Léger: Oui, sur division.
Le Président (M. Blank): Est-ce que vous avez d'autres
amendements?
M. Léger: Mais je veux cependant continuer à
l'article 8...
Le Président (M. Blank): Vous avez un autre
amendement.
M. Léger: Pour essayer de limiter les dégâts
d'une telle loi, on va essayer à reculons...
M. Parent (Hull): II y aurait moyen de suspendre la
deuxième partie de l'article 8, nous aurons un amendement à
soumettre.
M. Léger: Oui, mais avant, si vous voulez...
M. Charron: Vous ne le soumettez pas tout de suite.
M. Parent (Hull): II va être imprimé dans quelques
secondes.
M. Léger: D'accord.
M. le Président, je ne sais pas si cela affecte ma proposition,
mais on va en discuter.
Le Président (M. Blank): On va aller à l'article 9
et suspendre l'article 8 pour le moment.
M. Léger: On peut peut-être suspendre l'article 8
complètement.
M. Charron: Suspendons l'article 8, M. le Président.
M. Léger: M. le Président, l'article 9...
M. Charron: On arrive, M. le Président.
Le Président (M. Blank): On n'a pas regardé...
M. Roy: Avant l'adoption de l'article 8, en
définitive...
Le Président (M. Blank): L'article 8 est suspendu.
M. Roy: Avant qu'on procède à l'étude de la
section III, j'aurais eu quelques observations à faire. Si on me le
permet. Je comprends qu'on est limité à trois heures, soit
à 180 minutes, à 30 articles, cela fait cinq minutes par article;
je le comprends cela.
M. Bienvenue: Sur quoi sommes-nous?
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bienvenue: Je m'excuse, sur quel article désire-t-il
parler?
M. Roy: M. le Président, c'est sur l'article 8. Même
s'il a été suspendu, j'aimerais quand même dire quelque
chose là-dessus.
M. Bienvenue: On va y revenir. On n'y touche pas pour le
moment.
M. Roy: M. le Président, je pense qu'on est limité
à trois heures, il y a joliment de risques qu'on ne puisse même
pas revenir sur l'article 8 parce que vous avez adopté un
règlement...
M. Bienvenue: Je m'excuse...
M. Roy: ... voulant que le débat soit limité
à trois heures.
M. Bienvenue: Question de règlement. Dès l'instant
où le gouvernement a indiqué qu'il voulait arriver avec un
amendement, le gouvernement n'est tout de même pas pour se faire
hara-kiri et manoeuvrer de façon à saborder son propre
amendement. Je pense qu'il y a une question de confiance qui doit exister.
J'affirme, et je pense que j'ai la collaboration de l'Opposition officielle, au
député de Beauce-Sud que nous allons revenir sur l'article 8 dans
quelques minutes tout au plus.
M. Roy: M. le Président, même si le gouvernement a
l'intention de revenir sur l'article 8, avant que nous abordions l'étude
de l'article 3, j'aurais tout de même quelque chose à
suggérer au gouvernement puisqu'il se prépare à apporter
des amendements. Il m'apparaît clairement qu'il y aurait quelque chose
qui devrait être ajouté dans la loi à la fin de l'article 8
ou un article 8a, si vous voulez. C'est là-dessus, que je veux faire une
observation. Dans les articles de la loi, il est évident que les
articles 2 à 8 démontrent clairement l'intention du gouvernement.
Les articles de loi suspendent le droit de grève, le droit de lock-out,
le droit de harcèlement, le droit de boycottage des cours, ainsi de
suite. M. le Président, même si on est d'accord pour dire que
notre première responsabilité est de prendre les mesures qui
s'imposent
pour que les étudiants puissent terminer leur cours avant la fin
de l'année scolaire, cela ne doit pas nous faire oublier que nous avons
également d'autres responsabilités. C'est là que je veux
en venir, M. le Président. Nos responsabilités vis-à-vis
des enseignants qui sont devenus les employés de l'Etat, il faut dire
les choses telles qu'elles sont, c'est l'Etat directement qui en est venu
à décider de leurs conditions de travail et de leurs conditions
de salaire. Or, M. le Président, je trouve que dans la section II de la
loi, il aurait dû y avoir des dispositions quand même. Il aurait
dû y avoir des dispositions quand même, mais le règlement ne
permet pas de faire une motion, de faire un amendement à la loi, parce
qu'il s'agit de questions d'ordre salarial. Le règlement est assez
sévère là-dessus. Je me demande pourquoi le gouvernement
ne ferait pas preuve au moins d'un peu de bonne volonté. Je dis bien,
d'un peu de bonne volonté, parce qu'il n'y a rien dans la loi, il n'y a
même pas un soupçon de bonne volonté de la part du
gouvernement.
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président.
Le député de Beauce-Sud est en train de faire une intervention de
deuxième lecture parce qu'il était pas ici, hier. A mon avis,
s'il a un amendement à proposer à la suite de l'article 8 qui
vient d'être suspendu, qu'il le fasse clairement sinon qu'il nous laisse
passer à l'article 9. Nous sommes ici pour étudier le projet de
loi article par article et non faire des discours.
M. Roy: M. le Président, le député prend un
malin plaisir à dire que je n'étais pas ici hier. Je comprends
qu'étant toujours présent à l'Assemblée nationale,
mon absence peut-être remarquée. M. le Président, ce n'est
pas une intervention de deuxième lecture que je fais. A moins que je
n'aie aucun droit de parole dans cette Assemblée. C'est la
première fois que j'interviens sur ce projet de loi. C'est vrai que je
n'y étais pas hier et je ne m'en cache pas.
M. Lafrance: Vous n'êtes pas dans l'ordre, vous ne vous
conformez pas au règlement.
Le Président (M. Blank): Sur la question de
règlement.
M. Roy: Est-ce que j'ai à demander la permission au
président ou au député pour avoir la parole?
Le Président (M. Blank): Sur la question de
règlement, avez-vous quelque chose à dire sur ce qu'il a dit?
M. Roy: Sur la question de règlement, je veux dire qu'il
me laisse terminer mon intervention, je ne peux pas dire 50 mots en même
temps.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
Comme président, je le laisse parler à moins que quelqu'un
soulève une question de règlement. Dès que quelqu'un
soulève une question de règlement, je dois suivre le
règlement et je pense que le député de Gatineau a raison.
Suivant notre règlement, si vous voulez faire un amendement, vous pouvez
le faire, mais si vous voulez ajouter un article, vous pouvez le faire mais
après que les autres articles aient été
étudiés. Mais se lever et faire un discours général
sur une section du projet de loi à ce stade-ci, ce n'est pas possible.
Au commencement j'ai accordé ce droit à des députés
de faire un exposé général.
Je pense que le député de Rouyn-Noranda l'a fait. Mais,
à ce stade-ci, on ne peut pas à chaque article recommencer un
débat général.
M. Samson: M. le Président, malgré que nous soyons
restreints à trois heures de débats, je pense qu'il est permis en
cette Chambre à tous les députés, même s'ils n'ont
pas d'amendements précis à apporter, d'amener au moins un point
de vue sur un article quelconque. On discute une loi article par article et,
avant de sauter d'un article à l'autre, je considère, M. le
Président, qu'il est valable que nous permettions à qui que ce
soit en cette Chambre, je n'ai de parti pris pour personne, de faire valoir son
point de vue avant de passer à un autre article, parce que, là,
on saute d'un article à l'autre, on change de sujet
complètement.
Moi j'ai pris ce matin quelques minutes, cela a duré trois
minutes, mon affaire, sur une base générale, mais il reste que
même si l'article 8 a été suspendu pour fins d'adoption,
tout député qui veut en discuter avant qu'on saute à
l'article 9 peut apporter son point de vue. Je pense que c'est raisonnable,
sans que cela se prolonge trop longtemps, qu'on permette au moins à un
député de s'exprimer sur l'article 8.
Le Président (M. Blank): D'accord. Sur l'article 8, je
n'ai aucune objection. Quand on arrivera à l'article 8, le ministre a
dit qu'on y arriverait dans quelques minutes, quand il aurait l'amendement
imprimé, le député de Beauce-Sud pourra discuter 20
minutes sur cet article 8, il a ce droit. Je n'ai aucune objection à
cela. L'objection que j'ai...
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Blank): Je suis debout. L'objection que
j'ai, c'est d'avoir une discussion générale presque à
n'importe quel endroit du bill, c'est ce à quoi je m'oppose. Si on veut
discuter d'un article, d'accord. Chaque député a droit à
vingt minutes. Le ministre a donné sa parole qu'on retournerait à
cet article dans quelques minutes. Cela veut dire que ça arriverait
avant la fin des trois heures. Le député de Beauce-Sud peut
s'étendre sur le sujet. J'ai l'esprit très large quand cela vient
à l'interprétation de chaque article. S'il dit qu'il parle de
l'article 8, je lui donnerai la latitude de parler de l'article 8, presque dans
tous les articles avant. Ce n'est pas cela, mais je ne veux pas créer un
précédent et que, quand on aborde un nouvel article on recommence
le débat des première, deuxième et troisième
lectures. C'est seulement cela que je veux. A l'ordre! Le député
de Beauce-Sud a demandé la parole avant.
M. Bienvenue: Si on me permet de mettre fin à tout ce
débat...
M. Léger: J'ai présenté mon...
M. Bienvenue: Non, non, mais si j'arrivais avec les
amendements...
M. Léger: M. le Président, c'est que, pendant que
vous étiez parti, j'avais quand même deux points particuliers,
l'un sur le point de règlement, et j'avais demandé la parole ici,
avant que le député de Beauce-Sud demande la parole. Je comprends
fort bien l'attitude du député de Beauce-Sud qui ne savait pas,
hier, il faut quand même l'admettre, qu'il y avait une loi
spéciale, il ne pouvait pas le savoir. On l'a appris, nous, le matin
même et je comprends qu'un député de l'Opposition se sente
absolument brimé de ne pas avoir pu s'exprimer sur un sujet aussi
important, parce que la loi spéciale a été
présentée la journée même, et si un
député ne le sait pas, il ne pouvait pas être
là.
Je comprends qu'il voulait s'exprimer, maintenant, M. le
Président, ce que je voulais proposer, puisqu'on...
M. Roy: Je m'excuse auprès de mon collègue, M. le
Président, on en était sur la question de règlement.
M. Léger: Oui, je suis en train de parler sur le point de
règlement.
M. Roy: Je veux parler sur la question de règlement. J'ai
demandé à exprimer un point de vue, puisqu'on a dit qu'on
suspendait l'article 8, c'est ce qu'on a dit ici à l'Assemblée
nationale. On vient de nous dire qu'il ne l'est plus, mais, tout à
l'heure, on suspendait l'article 8 pour y apporter un amendement. Je voulais
demander au gouvernement, étant donné qu'on était à
cet article du règlement, s'il y aurait d'autres amendements qui
pouvaient être apportés à l'article 8; j'ai dit que cela
pourrait porter le no 8a ou quelque chose, de façon à pouvoir
ajouter quelque chose qui n'est pas dans la loi à l'heure actuelle.
M. Parent (Hull): Lisez donc celle-là d'abord.
M. Roy: ...et qui à mon avis devrait être dans la
loi.
M. Parent (Hull): Non, non, le député de Beauce-Sud
devrait lire d'abord l'amendement qu'on vient de déposer. Si vous avez
un amendement à proposer, dites-le.
M. Roy: Quand je me suis levé, M. le Président,
pour intervenir, je n'avais pas l'amendement.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. Roy: On est donc bien chatouilleux, M. le Président,
sur ce que j'ai à dire.
Le Président (M. Blank): Le député de
Lafontaine...
M. Roy: On a donc bien peur de ce que j'ai à dire dans
cette Assemblée.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs! A
l'ordre!
M. Parent (Hull): ... semble dire... soit malheureux...
M. Roy: Ce n'est pas vous qui avez la parole, c'est moi qui l'ai
à l'heure actuelle.
Le Président (M. Blank): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, écoutez, on a
tellement peu de temps que je n'ai pas envie d'argumenter sur des choses
secondaires. Ce que je voulais tantôt, quand je me suis levé,
quand on a dit qu'on suspendait l'article 8, c'était de proposer quelque
chose avant l'article 9 et ç'aurait été nommé 8a.
Aujourd'hui, on m'arrive avec un amendement qui pourrait peut-être
correspondre à la demande que j'avais faite.
Je l'ai remis ce matin au ministre et je vois que le ministre, par son
amendement, répond à l'amendement que j'ai proposé et qui
était le suivant: Dans les quinze jours de l'entrée en vigueur de
la présente loi, les collèges et les commissions scolaires
doivent ajuster, à compter du 1er juillet 1975, les salaires des
salariés conformément aux dernières offres patronales.
Actuellement, on vient de proposer un amendement qui correspond à
l'amendement que j'avais proposé.
Excusez, je viens de lire le mauvais amendement, parce que le vrai
amendement dont je parle est à l'article 8. L'article 8a, nous pourrons
y revenir tantôt, c'est là-dessus que je vous ai parlé
pendant qu'on avait suspendu l'article 8.
L'amendement que le ministre vient d'apporter correspond à une
réponse à l'amendement que je voulais proposer à l'article
8 comme tel. C'était justement pour permettre un rattrapage aux
professeurs qui auraient à travailler pendant des jours
supplémentaires, à condition qu'ils n'aient pas été
payés auparavant pour ces journées et qu'ils doivent faire
maintenant du rattrapage. L'amendement que je proposais était le
suivant: Dans le cas où une telle modification ou un tel remplacement a
pour effet d'ajouter des jours de classe, pour remplacer des jours perdus
à cause de conflits de travail, le ministre doit prévoir que ces
jours de classe additionnels seront rémunérés dans la
mesure où les jours perdus ne l'ont pas été.
C'était l'amendement que j'avais soumis au ministre et je pense
que la modification que le ministre nous donne actuellement correspond à
ce que nous avions proposé, mais je tenais quand même... Je ne
voulais pas que le ministre dépose une correction à l'amendement.
C'est à la suite de l'amendement que nous avions proposé, mais
que nous n'avions pas eu le temps de lire et que le ministre avait eu ce
matin.
M. Parent (Hull): Comme ça, sur l'amendement que nous
apportons, vous êtes d'accord?
M. Léger: Cela correspond en gros à l'esprit qu'il
y avait dans celui que nous avions demandé.
M. Parent (Hull): Très bien.
Le Président (M. Blank): ... amendement, le
député de Beauce-Sud, sur l'article 8 et l'amendement que le
ministre a apporté.
M. Roy: M. le Président, je suis d'accord sur les
amendements apportés à l'article 8, ce qui constitue une
amélioration, il faut le dire. J'aurais une autre intervention à
faire, après l'adoption de cet article 8. Je vous demanderai la
parole.
Le Président (M. Blank): Je ne veux pas priver le
député de Beauce-Sud de son droit de parole. Vous avez le droit
de parole sur l'article 8 ou l'article 9. Il n'y a pas de droit de parole entre
les deux. Si vous voulez parler de l'article 8, parlez de l'article 8.
M. Roy: M. le Président, vous n'aviez pas à me
rappeler cette disposition de notre règlement, je la connais depuis
longtemps. Quand on a parlé de l'article 8 tel qu'amendé, j'ai eu
l'impression que nous discutions encore de l'amendement proposé par le
gouvernement. Si l'amendement est adopté et qu'on revient à
l'article, c'est sur l'article en général que je veux revenir,
mais non pas sur l'amendement comme tel, parce que, sur l'amendement, je suis
d'accord.
Le Président: D'accord. Avant cela, il y a un autre
amendement proposé par le député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense que cela
pourrait peut-être entrer dans l'esprit de ce que le député
de Beauce-Sud veut présenter, c'est que, actuellement, il n'y a aucune
offre financière ou salariale faite aux enseignants. Là, on vient
de parler du rattrapage.
M. le Président, je pense que c'est le moment précis,
à l'occasion de l'adoption de l'article 8, d'y ajouter un article 8a qui
pourrait toucher, justement, l'argument principal qui est celui de tenir compte
de la préoccupation et du climat dans lequel les enseignants sont
appelés à retourner au travail.
Si on avait la préoccupation de leur donner, au point de vue
salarial, des sommes qui correspondent à ce qu'ils auraient
gagné, si on avait continué les négociations, si on avait
continué le décret... En d'autres mots, l'an dernier, les
enseignants ont eu une échelle de salaire changée,
améliorée et un rattrapage de 17,13%. Cette année...
M. Parent (Hull): Un forfaitaire.
M. Léger: Un forfaitaire, si vous voulez. Cette
année, on les a laissés à l'ancienne échelle et on
n'a donné aucune indexation sur la nouvelle échelle. Oui, sur
l'ancienne échelle, dans les deux cas.
Pour qu'il y ait un meilleur climat... Parce que, pour nous, ce qui est
important, ce n'est pas qu'on sauve des jours-classe, c'est qu'on sauve la
qualité des jours-classe. Le nombre de jours en statistique est
secondaire; le degré de pourcentage qu'un élève aura sur
son bulletin est secondaire, mais le degré de connaissance de l'enfant
est important et la qualité des jours-classe qu'on aura sauvés
est importante.
Alors, je pense qu'il faut créer un climat qui pourrait
peut-être permettre aux enseignants d'accepter de retourner au travail
avec, au moins, certaines compensations. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, je voudrais qu'on tienne compte je ne sais pas si je
suis dans l'ordre, vous me le direz qu'on ajoute, à l'article 8,
un article 8a qui se lirait comme suit: Dans les quinze jours de
l'entrée en vigueur de la présente loi, les collèges et
les commissions scolaires doivent ajuster, à compter du 1er juillet
1975, les salaires de leurs salariés conformément aux
dernières offres patronales.
Le ministre a déjà cet amendement devant lui et cela
correspondrait au montant qu'on aurait si on avait changé
d'échelle, d'une part, ou, au moins, une certaine indexation sur
l'ancienne échelle. Est-ce que le ministre peut nous dire s'il
accepterait cette correction qui ne fait pas augmenter le coût des
dépenses du gouvernement, du moins pas directement?
Le Président (M. Blank): Je pense que vous pouvez faire
une proposition générale mais proposer un nouvel article par
amendement, je ne peux pas recevoir cela. Les nouveaux articles ne peuvent
être ajoutés qu'après étude de tous les articles du
projet de loi. Deuxièmement, cela est apparent à sa face
même, c'est ce qu'on appelle un "money bill". Vous voulez faire
dépenser l'argent du gouvernement et seul le ministre peut faire un tel
amendement.
M. Léger: M. le Président, sur un point de
règlement, premièrement, je voudrais dire que ce n'est pas,
à la fin d'un projet de loi, qu'on propose des articles
supplémentaires, c'est au moment précis où ils sont
conformes à l'esprit du projet de loi. C'est un paragraphe qu'on ajoute
à l'article 8. Alors, il faut que ce soit dans la section du maintien
des services. A ce moment, il est à la fin de la section maintien des
services. Cela ne concerne pas des renseignements qui touchent à la
section III pour les commissaires aux différends scolaires, cela touche
tout simplement au maintien des services et, à ce moment, c'est un
paragraphe supplémentaire.
Deuxièmement, vous avez fait mention, M. le Président, que
c'était un "money bill". Je vais vous faire remarquer que c'est la
commission scolaire qui, à même son budget, aura à payer
cela. Donc, cela ne touche pas directement une augmentation dans le budget du
ministère de l'Education, c'est la commission scolaire qui aura à
payer cela. Mais, comme la commission scolaire est partie de la partie
patronale de la discussion, ceci permettrait
d'améliorer la question du climat que les professeurs pourraient
amener dans les écoles et, deuxièmement, cela n'augmenterait pas
le fardeau au niveau du ministère de l'Education. C'est plutôt au
niveau de la commission scolaire et je pense que cela n'a aucun rapport avec le
"money bill".
Le Président (M. Blank): C'est sur le deuxième
argument...
M. Roy: M. le Président, j'aimerais intervenir sur cet
article. Cela fait déjà trois fois que j'essaie d'intervenir pour
parler dans le même sens que le député de Lafontaine.
J'espère que, cette fois-ci, je ne serai pas obligé de faire un
débat de procédure. Je suis entièrement d'accord avec les
propos qu'il vient de tenir puisque, au préalable, c'était le
sens de mon intervention, disant qu'il devrait y avoir quelque chose
d'ajouté à l'article no 8 de la loi et c'est là
qu'il faut que cela apparaisse dans la loi afin que les enseignants du
Québec puissent, au moins, avoir une garantie minimale et puissent, au
moins, si c'est le désir de certaines commissions scolaires, toucher
immédiatement une partie des augmentations qui seraient
prévues.
On parle dans la loi, évidemment, d'augmentations de salaire,
dans le décret, dans les négociations, de 22% à 32%. M. le
Président, qu'on parle d'un pourcentage de 12%, 15% ou 17%, il ne fait
aucun doute qu'actuellement, dans cette loi, il devrait y avoir des
dispositions qui permettraient aux commissions scolaires de donner aux
enseignants une partie de cette augmentation immédiatement parce que,
s'il n'y a rien dans le projet de loi, il y a un danger qu'on se serve de
certaines dispositions du Code du travail, étant donné que la
convention collective n'est pas signée, pour empêcher les
commissions scolaires, qui voudraient agir dans ce sens, de le faire.
J'ai eu l'occasion de contacter certains dirigeants de commissions
scolaires et ils aimeraient voir dans la loi des dispositions qui permettraient
aux commissions scolaires de pouvoir agir dans ce sens et de ne pas être
aux prises avec des interprétations restrictives de la loi se
référant au Code du travail.
On pourra peut-être nous parler de "money bill", mais c'est la
raison pour laquelle, tout à l'heure, j'ai mis en doute la
possibilité de présenter un amendement direct, mais je voulais
plutôt le faire sous forme de suggestion au gouvernement pour dire que
cela n'implique, pour le gouvernement et les commissions scolaires, aucune
somme supplémentaire.
Donc, ce ne serait pas un "money bill", cela n'implique aucune somme
supplémentaire. Il s'agirait d'accorder plus tôt une partie des
augmentations qui sont prévues et, tout cela, à
l'intérieur de la même masse salariale. Ces dispositions ne
touchent pas aux négociations comme telles, n'ajouteraient rien de
nouveau au niveau des négociations et n'ajouteraient aucune charge
supplémentaire ni au gouvernement, ni aux commissions scolaires. Ceci
aurait pu quand même permettre aux enseignants, comme le disait le
député de Lafontaine et je suis entièrement
d'accord sur ce point, je voulais en faire une proposition si les
mêmes offres de l'an dernier avaient continué cette année,
de recevoir à ce jour des sommes supérieures à celles
qu'ils ont reçues.
M. le Président, en terminant c'est une suggestion que je
fais au gouvernement quand on regarde à quel endroit sont les
enseignants à l'heure actuelle, je dis que le gouvernement devrait au
moins faire preuve d'un minimum de bonne volonté. Il n'y a rien dans la
loi qui démontre que le gouvernement fait preuve, qu'il a même un
soupçon de bonne volonté. Au moins qu'on permette aux enseignants
du Québec et je dis que c'est un minimum d'avoir à
ce moment-ci les mêmes sommes qu'ils avaient l'an dernier, lors de la
dernière négociation collective. Je pense que ce serait faire
preuve, de la part du gouvernement, d'un mini minimum de bonne
volonté.
C'est la raison pour laquelle je dis qu'il devrait y avoir un paragraphe
additionnel à l'article 8, qui comporte des dispositions dans ce sens
qui permettront aux commissions scolaires d'agir dans ce sens.
M. Parent (Hull): M. le Président...
Le Président (M. Blank): Je ne veux pas créer de
précédent. Si le ministre veut répondre à la
proposition du député, comme proposition, mais comme amendement,
il y a l'article 64, paragraphe 3, qui dit que l'Opposition n'a pas le droit de
faire une motion d'amendement où il y a une imposition de charges
additionnelles sur les revenus publics ou sur les contribuables. C'est le
même contribuable qui paie à la commission scolaire et on n'a pas
le droit. Mais je ne m'oppose pas à ce que le ministre réponde
sur le principe de cet article, ou la proposition du député de
Beauce-Sud, mais je n'accepte pas la motion d'amendement comme telle.
M. Parent (Hull): M. le Président, je pense que je dois
répondre; même s'il s'agit d'une motion que ne serait pas
recevable, je pense que nous avons tout lieu de répondre à la
question qui est posée. Je suis surpris de constater que c'est le
député de Beauce-Sud qui appuie le député de
Lafontaine. Je suis à me demander si vous voulez séduire les
électeurs ou une partie des électeurs du Parti
québécois.
M. Roy: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'invoque le règlement.
Je viens de reconnaître le ministre qui joue à la politique
avec la question des négociations à l'heure actuelle. Il vient
justement de nous en donner une preuve, M. le Président. Il a
plutôt des préoccupations électorales, notre ministre. Il a
plutôt des préoccupations politiques et, si c'est le climat que le
ministre entretient au niveau des tables sectorielles et au niveau des
négociations, on ne peut pas s'étonner de voir la situation dans
laquelle on est et où le Québec est plongé à
l'heure actuelle.
Le ministre vient de nous montrer son portrait, même s'il n'est
pas regardable.
M. Parent (Hull): M. le Président, je suis surpris de
savoir que le député de Beauce-Sud croit que je fais de la
politique en négociant. Je ne fais sûrement pas de politique en
présentant des offres salariales ou des offres en matière de
clauses normatives. Il ne s'agit pas de politique à ce moment-là,
il s'agit d'une pensée politique voulant être introduite à
l'intérieur d'une convention collective.
M. Léger: ... c'est un peu fort...
M. Parent (Hull): J'étais surpris surtout de la
séduction que vous tentiez de faire vers une partie de
l'électorat du Parti québécois. C'est ce qui m'a
surpris.
M. Roy: M. le Président, j'invoque encore le
règlement.
M. Parent (Hull): Mais, M. le Président...
M. Roy: J'invoque encore le règlement, M. le
Président. Le ministre veut prendre une tangente. Je veux lui dire ceci:
Si je n'étais pas intervenu tantôt, par un concours de
circonstances, j'aurais pu faire la proposition avant mon collègue du
Parti québécois. Je ne savais pas qu'il la ferait et que mon
collègue du Parti québécois m'appuierait.
M. le Président, ceci est antiréglementaire et n'a aucun
rapport...
M. Parent (Hull): Mais oui, votre motion était
irrecevable.
M. Roy: ... avec le sérieux que doivent avoir nos
discussions à l'heure actuelle. J'inviterais le président de la
commission plénière à relire les dispositions de l'article
26 de notre règlement et à rappeler le ministre à l'ordre
sans qu'on soit constamment obligé de lui rappeler ces dispositions.
M. Parent (Hull): M. le Président, je voudrais tout
simplement répéter ce que j'ai dit en cette Chambre lors de la
dernière session. Au mois de décembre, au moment où je
signais la convention collective des fonctionnaires du gouvernement du
Québec, à ce que je crois, les fonctionnaires ne se sont pas
laissés acheter, mais ont bel et bien signé une convention
collective dans des conditions qu'ils ont négociées, selon des
termes qui leur convenaient, dans des conditions de travail
déterminées et dans des conditions de rémunération
bien acceptées de la part des 32 000 fonctionnaires du gouvernement du
Québec.
Ce que nous faisons présentement, dans la ronde de
négociation dans les autres secteurs, puisqu'il y a appariement d'emploi
dans le secteur des affaires sociales, dans le secteur de l'éducation,
dans le secteur des organismes du gouvernement, il y a des appariements
d'emploi... ce que le gouvernement a offert et a signé en convention
avec les fonctionnaires, relativement à ces appariements d'emploi, il
n'y a pas lieu, pour le gouvernement, de modifier ses propositions. Nous
n'avons aucune intention de les modifier.
Si, au niveau des fonctionnaires, au niveau des employés de
bureau, nous avons une entente collective pour les prochains trois ans, je ne
vois pas comment le gouvernement peut modifier sa position à l'endroit
des employés des autres secteurs pour des emplois similaires, dans des
conditions comparables. Le gouvernement ne peut pas modifier sa position.
En ce qui concerne les avances, j'ai dit en cette Chambre, au cours du
mois de décembre, à la question du député de
Maisonneuve qui me demandait de bien vouloir accéder à faire un
versement aux professionnels du gouvernement du Québec, et je
répète encore, aujourd'hui, que c'est non. Il n'y aura pas de
versements s'il n'y a pas de convention collective. Je pense que c'est
clair.
A partir de là, que le député de Beauce-Sud ou le
député de Lafontaine viennent me demander d'accepter une
suggestion, puisqu'une motion est impossible pour l'Opposition, de vouloir
faire des versements partiels selon une convention collective qui est en
négociation, d'après des dépôts que le gouvernement
a faits, c'est non. Il y aura versements ou il y aura bénéfices
au moment où on voudra...
M. Léger: Allez donc dire cela dehorsl
M. Parent (Hull): ... convenir de conventions collectives
signées. On ne forcera pas, comme cela a été fait en 1972,
des employés à accepter des conditions de travail qu'ils ne
veulent pas et à accepter des conditions de rémunération
qu'ils ne veulent pas. S'ils les veulent, ils accepteront de signer des
conventions collectives. C'est à ce seul prix qu'ils seront
payés.
Le Président (M. Blank): A l'ordrel Je vais lire
l'amendement du gouvernement à l'article 8: "Ajouter, à la fin de
l'article 8, les alinéas suivants: "Dans le cas où une telle
modification ou un tel remplacement affecte les enseignants et a pour effet
d'ajouter, après le 30 juin 1976 mais avant le 1er septembre 1976, des
jours de classe pour remplacer des jours perdus à cause de conflits de
travail, le ministre doit, aux conditions qu'il détermine,
prévoir que ces jours de classe additionnels seront
rémunérés dans la mesure où les jours perdus ne
l'ont pas été. "Les jours ajoutés avant le 30 juin 1976 ne
sont ainsi rémunérés que s'il s'agit d'un samedi, d'un
dimanche, d'un jourférié ou d'un congé prévu pour
le personnel par les dispositions applicables."
Cette motion d'amendement est-elle adoptée?
M. Léger: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Blank): L'article 8 est-il
adopté?
M. Léger: L'article 8 tel quel, sur division...
Le Président (M. Blank): Sur division.
M. Léger: ... mais l'amendement est accepté puisque
cela correspond à ce que nous avons demandé.
Le Président (M. Blank): D'accord. L'amendement est
adopté et l'article 8, dans l'ensemble, adopté sur division.
M. Léger: Le ministre de la Fonction publique pourrait
annoncer cela aux gens en avant. C'est un petit détail, une petite
goutte dans la mer.
Le Président (M. Blank): Article 9.
Commissaires aux différends scolaires
M. Léger: A l'article 9, M. le Président, je
voudrais faire remarquer au ministre, tout en essayant de limiter de plus en
plus les dégâts de son fameux bill 23, d'essayer peut-être
de rapprocher le ministre d'une préoccupation bien importante qui serait
certainement bien acceptée par les partenaires du gouvernement et par le
syndicat des enseignants. Il s'agit que les commissaires qui seront
nommés le soient après consultation auprès des
associations de salariés.
A ce moment-là, M. le Président, il y aurait
peut-être lieu de se rendre compte que, si on veut réellement
rapprocher les parties, si on veut réellement qu'il y ait une certaine
crédibilité de ces commissaires auprès des groupes qui
sont directement impliqués par les conséquences d'un projet de
loi aussi difficile que celui que nous étudions aujourd'hui, il faut au
moins que les groupes intéressés, les groupes qui auront à
travailler avec les commissaires soient consultés sur leur choix.
Comment voulez-vous, si on leur impose des personnes qui ne sont pas
acceptées par un des groupes qui subissent une loi matraque comme
celle-là, que ces personnes puissent collaborer facilement? Comment
voulez-vous faciliter le travail des commissaires, si on n'a même pas
consulté les gens avec qui ils seront appelés à
travailler?
M. le Président, j'irais plus loin que cela, je dirais que ces
commissaires devraient avoir un rôle de médiateur, parce que,
présenté comme cela, on s'aperçoit que les commissaires
ont comme rôle d'entendre les parties, s'enquérir de l'état
des négociations sur tous les aspects significatifs du dossier, examiner
les dernières demandes syndicales, les dernières offres
patronales, étudier l'impact éventuel de ces demandes et offres
aux plans des services, des effectifs, du rendement et des coûts, et leur
rapport doit faire état de leurs observations sur chacun de ces
sujets.
Leurs observations, ce n'est même pas un observateur, c'est
à peine un observateur; si on profitait de l'occasion pour nommer un
médiateur, son rôle serait celui de rapprocher les deux groupes.
Il verrait à concilier chacun des groupes qui sont dans une
négociation intensive, qui sont parfois, depuis tellement longtemps sous
une tension, dans une attitude très difficile d'objectivité quand
on s'affronte quotidiennement, depuis déjà un an.
M. le Président, il faut que le rôle des commissaires soit
beaucoup plus un rôle de médiateur pour permettre aux deux parties
qui négocient d'avoir un certain recul devant les propositions qui sont
devant elles, amener une certaine sérénité et
peut-être faciliter un peu ce qui est quasi impossible, dans le contexte
d'une loi comme celle-là. Il faut au moins espérer que le
médiateur aura comme objectif, en sortant, dans les 60 jours
prévus par la loi, que les deux parties sachent que le médiateur
présenté ou les médiateurs qui les auront
écoutés, qui auront tenté d'analyser le contenu des offres
de chacun des côtés et de connaître peut-être
l'impact, non seulement économique, mais l'impact sur la qualité
de l'enseignement aussi, l'impact des décisions qui pourraient
être amenées de l'avant... Le gouvernement a le bon bout du
bâton puisque personne ne peut bouger de son travail traditionnel,
personne ne peut s'écarter du corridor étroit dans lequel on a
englouti tous les enseignants et tous ceux qui relèvent du milieu de
l'éducation. Il ne peut pas y avoir de débrayages, de
grèves, etc. Alors, il serait peut-être bon, si on veut la
collaboration des enseignants, qu'ils sachent que le médiateur pourra
présenter ouvertement au public des recommandations qui ne lieraient pas
le gouvernement, mais qui permettraient à la population de juger du
bien-fondé des recommandations du médiateur, du bien-fondé
de l'attitude des enseignants, du bien-fondé des commissions
scolaires.
M. le Président, le gouvernement est encore libre d'accepter en
partie ou en totalité les recommandations du médiateur, puisque
ce n'est pas un arbitre qu'on nomme. M. le Président, les enseignants et
tous les groupes intéressés à l'intérieur de cette
négociation pourraient réaliser que la collaboration qu'ils
donneraient à ce médiateur pourrait mener, en fin de compte,
à une solution négociée et à une solution qui
pourrait être acceptée par le gouvernement, puisque le grand juge
en la matière, c'est-à-dire le contribuable, le citoyen, serait
renseigné par un tiers qui serait un tiers neutre.
C'est la raison pour laquelle, si on lui donne un rôle de
médiateur, non pas uniquement un rôle d'observateur béat
devant la situation et d'un observateur qui constate l'éloignement des
deux parties, mais simplement un rôle de rapprochement et un rôle
de recommandation permissive, je dirais qu'il a de grosses chances qu'il y ait
une collaboration. L'article 9 limiterait au moins un peu le gâchis
amené par l'ensemble du projet de loi.
C'est pour cela, M. le Président, que je propose l'amendement
suivant: C'est que l'article 9 soit amendé en insérant,
après le mot "nomme", dans la deuxième ligne, les mots
"après consultation des associations de salariés".
J'espère, M. le Président, que le ministre, s'il a
l'intention de faire avancer les négociations, acceptera cette
proposition.
M. Bienvenue: M. le Président, pour être
très
bref et faciliter ainsi à l'Opposition la possibilité de
plaider le plus abondamment possible sur les nombreux autres amendements qui
viennent, je dirai simplement qu'il nous est impossible d'accéder
à cette demande pour les courtes raisons suivantes.
Je vais être absolument pratique, factuel et n'aurai recours
à aucune sorte de juridisme. C'est un fait connu que l'Opposition
officielle on a entendu les intervenants depuis hier s'oppose
à l'idée de ces trois commissaires aux différends
d'ailleurs le député de Lafontaine vient de le dire avec beaucoup
d'honnêteté revenant toujours à l'idée du
médiateur avec recommandation, comme on le verra dans un prochain
amendement. Evidemment, M. le Président, non seulement l'Opposition
officielle s'oppose à l'idée, au principe même des trois
commissaires, mais la partie syndicale aussi, on le sait, s'y oppose et avec
véhémence. En conséquence, l'Opposition officielle, si
elle s'oppose à l'idée, au principe même des trois
commissaires, s'oppose évidemment aux conséquences juridiques qui
en découlent, c'est-à-dire à leurs pouvoirs, à
leurs mandats, à leurs responsabilités. Pour l'Opposition
officielle et je ne veux pas discuter de la question de fond
c'est de la foutaise, c'est insuffisant et cela ne parviendra pas à
aider à régler le conflit.
A ce qui suit, j'ajoute et là aussi je suis pratique,
factuel et j'évite le juridisme dans les faits pratiques que, de
toute façon, on peut dire que je l'affirme sans me tromper
la partie syndicale, dans le sujet qui nous intéresse, sera contre, au
départ, le choix de ces commissaires quels qu'ils soient, commissaires
qui à ses yeux n'ont aucun pouvoir et seront proposés par la
partie gouvernementale, par le gouvernement. J'ajoute enfin, en terminant, que
rien n'empêche et je le dis, conscient que mes paroles seront
inscrites au journal des Débats que dans les faits une
consultation officieuse, sans qu'on l'inscrive dans la loi, ait lieu avec la
partie syndicale, bien que je dise tout de suite que je n'y crois pas et que,
quant à moi, il s'avérera inutile de toute façon.
M. Samson: M. le Président, ce matin, dès le
début de nos discussions, j'ai fait certaines suggestions au
gouvernement. J'imagine que le ministre de l'Education, qui m'a donné
une réponse partielle ce matin, aurait peut-être eu le temps,
depuis le début de nos discussions, de penser à des suggestions.
Je réitère, toujours pour les fins du journal des Débats
et des autres qui nous écoutent, que cette suggestion voulait que la
nomination des commissaires aux différends, dont il est question
à l'article 9, devrait être une nomination de trois personnes,
mais de trois juges. Trois personnes que le gouvernement pourrait recruter dans
les représentants de la magistrature et qui ne deviendraient pas des
commissaires aux différends, mais plutôt des juges aux
règlements.
M. le Président, j'ai entendu le ministre de l'Education nous
dire tantôt que, selon lui, selon ses informations, la partie syndicale
s'opposerait même aux commissaires aux différends et,
peut-être aussi, même aux juges dont on veut faire mention. Sachant
que le gouvernement s'y est opposé jusqu'à maintenant, sachant
que ces propositions, que j'ai faites déjà il y a plusieurs mois,
n'ont pas reçu, n'ont pas donné écho du côté
syndical, non seulement je n'ai pas reçu leurs intentions, mais on n'a
pas répondu à la demande publique que j'ai faite, ni d'un
côté, ni de l'autre. M. le Président, je pense qu'au dessus
de tout cela, un fait demeure c'est que nous sommes devant un conflit qui fait
que les victimes ne sont pas ceux qui se retrouvent à la tête des
deux côtés de la clôture.
Les victimes sont plutôt les étudiants ou les enfants que
nous avons dans les différentes écoles ainsi que les enseignants,
le personnel de soutien, le personnel-cadre des différentes
écoles et des différentes institutions.
Cependant, si je n'ai pas reçu de réponse publique
à mes demandes publiques, ni de la part du syndicat ni de la part du
gouvernement; j'ai reçu beaucoup de réponses, M. le
Président, de personnes qui sont directement impliquées dans ce
conflit, celles qui en sont les victimes, des enseignants, je dis bien des
enseignants. Plusieurs enseignants m'ont même demandé s'il
était possible que je fasse une émission
télévisée pour parler de ce problème et de la
solution que j'avais suggérée, ce que j'ai fait, M. le
Président, et les parents m'ont demandé la même chose.
Alors, je pense que, à ce moment-ci, bien calmement et aussi
froidement que possible, nous devons considérer le bien de ceux qui sont
les victimes du problème qui est devant nous présentement et non
pas de tenter d'amadouer ou encore de nous attirer les faveurs de ceux qui ont
plutôt tenté de créer le problème qui est devant
nous. M. le Président, j'espère que je me fais bien comprendre.
Je ne suis pas ici pour défendre des idéologies politiques. Je ne
suis pas ici non plus pour m'en prendre à l'une ou à l'autre des
parties. Nous sommes rendus à 3 h 50 le 8 avril et devant un fait;
même si on a voté contre la loi hier, on est devant un fait
accompli aujourd'hui. La deuxième lecture a eu lieu, la deuxième
lecture est votée, la loi est là. Si je réussissais, par
mes quelques propos, à amener le gouvernement à modifier les
articles 9 et suivants de la section III, je crois qu'il aurait valu la peine
que je participe à ce débat.
Je n'ai pas soumis d'amendement, M. le Président, je ne crois pas
à ce moment-ci, à l'efficacité d'une bataille
d'amendements; quel que soit le texte, ce n'est pas le texte que je pourrais
soumettre qui m'importe, mais plutôt le texte que le gouvernement
accepterait d'inscrire aux articles 9 et suivants dans la section III. Cela
voudrait dire, en quelque sorte, sinon un accord complet avec ce que j'ai
déjà proposé, c'est-à-dire un tribunal
spécial dans les circonstances avec les pleins pouvoirs pour
régler ce problème, au moins un effort pour en arriver à
s'approcher de ce genre de solution.
Ce que je recherche aujourd'hui, comme je l'ai fait dans le
passé, sur cette question, c'est une
solution valable et acceptable par tous en donnant un maximum de
satisfaction possible à tous. C'est ce que je recherche et, au nom de la
population que je représente et que d'autres représentent en
cette Chambre, M. le Président, je pense que nous n'avons pas le droit
de rechercher autre chose que cela, une solution honorable. Je n'aimerais pas
que, par la force, il soit dit que quelqu'un a tenté de faire perdre la
face à qui que ce soit.
Je pense que nous sommes au moins sur cette même longueur d'onde,
il s'agit de trouver une solution.
Je demande au ministre de l'Education s'il y a eu évolution,
depuis onze heures ce matin, alors que j'ai fait cette proposition, de sa
pensée, de la pensée du gouvernement. Je lui demande, encore une
fois, s'il est disposé à accepter mes suggestions, sinon
totalement au moins partiellement.
M. Bienvenue: M. le Président, j'ai retrouvé dans
les propos du député de Rouyn-Noranda, de mon ami le
député de Rouyn-Noranda, à travers ses paroles, le grand
respect, la grande confiance qu'il a toujours témoignée ou
éprouvée à l'endroit de la magistrature et des tribunaux,
respect et confiance que je partage. Nous avons cela en commun et bien d'autres
choses, pas trop, mais au moins cela.
M. le Président, j'ai dit ce matin que je répète
que nous avons tenté, pour autant que la chose était possible, de
laisser dans cette loi autant de souplesse qu'il était possible pour
essayer de tout prévoir. Je fais allusion aux questions de dates, de
rattrapage, dont nous causions, le député de Saint-Jacques et
moi, et cela est un autre exemple.
Lorsqu'on dit trois commissaires, ce n'est pas limitatif quant à
la qualité des gens. On ne dit pas trois juges, trois magistrats, mais
je répète ce que j'ai dit, ce pourrait être, ce seront
peut-être je l'ignore, mais on ne voulait pas se limiter
trois magistrats, trois juges. Mais, je montre pourquoi cette souplesse et
cette prudence sont importantes. Tout le monde ou personne, j'espère
je devrais dire personne et non pas tout le monde ne devrait
s'offusquer ou se surprendre si le gouvernement, face à la
délicatesse du mandat de ces trois commissaires, qui n'auront quand
même que 60 jours pour arriver à des observations qui peuvent
avoir beaucoup de poids, je dis bien, qui peuvent... ces trois commissaires
pourraient fort bien se retrouver dans la personne, à titre d'exemple,
d'un expert en relations industrielles, d'un expert en relations de travail,
d'un expert en sciences comptables ou d'un expert en sciences de
l'éducations. Je viens de nommer quatre spécialistes possibles,
alors que nous ne cherchons que trois candidats.
Il se peut qu'il existe quelque part au Québec ou au pays, trois
magistrats qui aient les compétences que je viens d'indiquer. Il se peut
qu'il n'y en ait que deux, qu'il n'y en ait qu'un. A titre d'exemple, qui ne
devrait pas, je suis sûr, choquer mon ami le chef de l'Opposition
officielle, il existe de ces magistrats qu'on appelle membres de la
magistrature debout, c'est-à-dire des membres de cette profession
à laquelle lui et moi appartenons.
Sans aucunement décrier les juges ou les magistrats, il est
possible, il est pensable que quelque part au Québec il existe, parmi
les avocats, parmi les membres en règle du Barreau, un expert dans l'une
ou l'autre des disciplines que je viens de mentionner qui soit aussi expert, ou
même plus expert dans telle discipline technique précise, que le
meilleur des juges de la meilleure volonté qui soit.
Tout cela pour dire, M. le Président, tout d'abord, qu'il se
pourrait que ce soient trois juges; puis, le fait que ce ne soient pas trois
juges, que ce n'en soit qu'un ou deux, n'exclurait pas que nous puissions avoir
trois personnes parfaitement impartiales et surtout compétentes en cette
matière combien délicate et, face à ce mandat, combien
délicat et important, que sera celui de ces trois commissaires aux
différends...
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président...
M. Samson: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue, parce que le ministre a, involontairement j'en suis
certain, omis de répondre à la deuxième partie de ma
question ou de ma suggestion sur des pouvoirs accrus que j'ai
réclamés, ce matin, pour ces personnes.
M. Bienvenue: Cela fait l'objet d'un amendement, M. le
Président.
M. Samson: Ah bon!
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, je suis déjà
étranglé par le temps. Nous avons à peine neuf articles
d'étudiés et j'espère que le gouvernement prend conscience
de l'impossibilité de faire une étude valable de la loi dans la
motion qu'il nous a présentée.
J'ai presque envie, M. le Président, de me réclamer de
l'article 161 de notre règlement, de vous demander de faire rapport
à la Chambre immédiatement, pour signaler à la Chambre que
le carcan dans lequel elle nous a obligés d'étudier ce projet de
loi, article par article, est absolument intenable.
Nous achevons les trois heures et nous n'avons même pas
discuté des articles aussi scandaleux que l'article 20 ou l'article 24,
nous en sommes encore à une bonne distance. Mais, peu importe, M. le
Président.
Je voudrais d'abord faire une observation sur la proposition du
député de Rouyn-Noranda à l'effet que les observateurs
mentionnés dans la loi soient des juges. Il est évident que, tant
que ces hommes seront des observateurs, il est bien peu important qu'ils soient
des juges, des plombiers ou des techniciens de laboratoire.
Nous sommes, nous, 110 observateurs de toutes professions et de tout
acabit dans cette salle et Dieu sait comme il a été
pénible de n'être que des observateurs dans la négociation
en cours depuis ses débuts. Ce ne sont pas des observateurs qu'il faut,
mais de véritables médiateurs et j'aurai l'occasion, au prochain
article, de présenter des amendements en ce sens. Je veux simplement
vous rappeler, à vous et au ministre de l'Education, qui rappelait son
grand amour de la magistrature, que le juge en chef...
M. Bienvenue: Mon respect, pas mon amour.
M. Charron: ... de la Cour supérieure, l'honorable juge
Deschênes, a déjà très clairement dit dans un
jugement...
M. Bienvenue: II a su reconnaître la
constitu-tionnalité de la loi 22.
M. Charron: ... a déjà dit très clairement
sa pensée dans un jugement où on l'avait invité à
se prononcer sur la question des employés du Métro de la
Commission de Transport de la Communauté urbaine de Montréal. Il
y affirme qu'il n'appartient pas à la magistrature de trancher ce qui
est un problème social de la collectivité
québécoise. Il est bien évident que, si le juge en chef de
la Cour supérieure exprimait à ce moment un avis pour l'ensemble
de la magistrature sur cette question, les juges de la Cour supérieure
devraient être les premiers à se récuser si jamais le
ministre de l'Education leur tendait une invitation à devenir les
observateurs de la négociation.
Ce n'est pas à un juge, avait dit le juge Deschênes, ce
n'est pas à la magistrature de venir solutionner ce que le pouvoir
politique a été incapable de faire. Et comme il avait raison,
n'est-ce pas, dans cette affirmation! Ce ne sont véritablement pas de
juges dont nous avons besoin dans ce cas, et j'espère qu'ils auraient,
comme le juge l'a indiqué, la bonne volonté de se récuser.
Ce n'est pas à eux de venir combler ce que le gouvernement a
tardé à faire lorsque c'était à lui et sa propre
responsabilité de le faire.
M. le Président, je suis obligé de vous inviter
moi-même à le faire, j'aimerais que nous disposions
immédiatement de l'article 9 et de l'amendement proposé par le
député de Lafontaine déjà récusé par
le ministre de l'Education, pour aborder l'article 10 avant la fin de la
période qui nous est donnée.
M. Roy: M. le Président, je veux intervenir un peu sur cet
article 9, mais ce n'est pas du tout dans l'intention d'empêcher la
discussion des autres articles. Je veux, à l'endroit de mes
collègues de l'Opposition, dire tout simplement que le carcan dans
lequel nous sommes pris à l'heure actuelle est un carcan qui nous a
été imposé par la majorité, ce n'est pas un carcan
qui nous vient de l'Opposition,
M. le Président, je viens d'écouter l'honorable ministre
de l'Education et je me demande si on ne veut pas tout simplement se moquer de
la Chambre. J'entendais le ministre dire: Que l'on nomme trois commissaires aux
différends scolaires, peu importe l'endroit où on prendra ces
trois commissaires, le secteur de leur activité professionnelle, peu
importent leurs qualifications, ils ne restent à peu près que des
observateurs qui vont faire un rapport. On ne sait pas quand ils seront
nommés, le gouvernement nous laisse entrevoir qu'il ne sait même
pas qui l'on nommera. C'est comme si le gouvernement n'avait pas fait son lit,
à ce moment.
Si le gouvernement n'a pas choisi et nommé les trois personnes
qui vont être ces trois commissaires, je dis tout simplement que le
gouvernement n'est pas sérieux. S'il les a choisis, pourquoi tout ce
patinage de fantaisie?
M. Parent (Hull): Ne vous inquiétez pas de notre lit!
M. Roy: J'aimerais tout simplement dire ceci.
Le Président (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: M. le Président, quand on s'adresse au ministre de
l'Education, c'est le ministre de la Fonction publique qui rue dans les
brancarts. C'est quand même assez...
M. Parent (Hull): II ne faut pas que vous vous inquiétiez
de notre lit.
M. Roy: Cela peut bien aller bien. Au mois de décembre, M.
le Président, les comités de parents, les
fédérations de comités de parents, les enseignants, la
Corporation des enseignants du Québec, les commissions scolaires, la
Fédération des commissions scolaires ont demandé un
conciliateur, des gens qui puissent être présents à la
table des négociations pour être en mesure d'analyser les
propositions et les réclamations des deux parties. Qu'est-ce que le
gouvernement a dit? Qu'a-t-il dit? Il a répondu non. C'est la devise du
ministre. Le ministre règle les problèmes, il dit non quand il y
a un problème. C'est notre ministre actuel, le ministre de la Fonction
publique.
M. Parent (Hull): Je les règle beaucoup mieux que
vous.
M. Roy: M. le Président, si je reprenais les mêmes
arguments qu'a tenus le gouvernement lorsque ces groupes responsables ont
demandé au gouvernement de faire preuve de bonne volonté et de
nommer un conciliateur, qu'est-ce que le gouvernement a répondu?
Si on prend les mêmes propos, le gouvernement a dit: Non. Et il a
invoqué toutes sortes de raisons, c'est-à-dire qu'en vertu de la
constitution, une tierce personne ne peut pas prendre des décisions qui
peuvent engager le gouvernement.
M. le Président, on nomme trois commissaires, sans pouvoirs, pour
faire un rapport. C'est
tout simplement une question de vouloir farder un peu la loi et de faire
semblant de nommer des gens qui, avec les mêmes intentions que le
gouvernement avait je le dis, M. le Président, le
député de Gatineau pourra claquer son bureau tant qu'il voudra,
cela ne m'influencera pas, je vais continuer de parler même si cela lui
tape sur les nerfs, cela ne me dérange pas le gouvernement pourra
continuer de la même façon. J'ai dit, M. le Président, tout
à l'heure, au début de mon intervention entrecoupée, que
nous avions comme première responsabilité de prendre les mesures
qui s'imposent pour que les étudiants du Québec puissent terminer
leur année scolaire. J'ai dit que c'était notre première
responsabilité, je ne m'en cache pas.
Mais ceci ne nous enlève pas nos autres responsabilités.
Le gouvernement aura beau dire: S'il n'y avait pas d'étudiants, il n'y
aurait pas d'enseignants, on pourrait ajouter que: S'il n'y avait pas
d'enseignants, je me demande où seraient les étudiants. On peut
se poser la question aussi. Nous avons des responsabilités
vis-à-vis...
M. Marchand: Très bien.
M. Roy:... nous avons des responsabilités, M. le
Président...
M. Marchand: Très bien.
M. Roy:... envers les enseignants du Québec. M.
Marchand: Très bien.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Nous avons des responsabilités et les uns ne
doivent pas aller en opposition aux autres.
M. Parent (Hull): Qu'est-ce que vous faites là?
M. Roy: Quel est le jeu du gouvernement à l'heure actuelle
et des autres qui, à un certain haut niveau, actuellement, veulent faire
tout simplement de la politique avec ce conflit et continuer à prendre
les enfants en otage dans le Québec?
Mais, M. le Président, s'il y a une loi matraque c'est le
nom que porte la loi si nous sommes en faveur oui, je vais
revenir sur la question des trois commissaires, j'ai le droit en vertu du
règlement d'apporter des arguments si on veut justement que nos
étudiants puissent terminer leur année scolaire, je dis que nous
avons également d'autres responsabilités et d'autres obligations
pour faire en sorte que le système fonctionne normalement. Il y a des
commissions scolaires au Québec qui ont des responsabilités, mais
qui n'ont pas de pouvoirs, parce qu'on est victime actuellement du gigantisme
que le gouvernement a créé. Je me demande, avec les mêmes
propos qu'a tenus le gouvernement depuis le mois de décembre, à
la demande des enseignants, à la demande des parents, à la
demande des commissions scolaires, ce que vont pouvoir faire de plus ces trois
fameux commissaires sinon d'es- sayer de farder un peu la loi et d'essayer de
faire croire à la population en créant l'illusion qu'il y aura
des tierces personnes qui seront habilitées à rapprocher les deux
parties.
Nous ne sommes pas contre la nomination de trois commissaires. Nous
l'avons demandé et je pense que l'Opposition a fait bloc pour demander
qu'il y ait des conciliateurs, qu'il y ait des tierces personnes à la
table des négociations pour examiner les trois parties. Mais je veux
dire ceci, simplement à l'attention du gouvernement, à
l'attention de l'honorable ministre: Je pense que le gouvernement devrait faire
preuve de plus d'ouverture d'esprit, faire preuve de plus de bonne
volonté. Si on adopte la même attitude, une fois que les trois
commissaires seront nommés, qu'on a adoptée devant les demandes
répétées de tout le monde pour qu'il y ait des
conciliateurs, je dis que ces commissaires n'auront tout simplement rien
à faire et que cela ne réglera pas le problème. Le
gouvernement, à ce moment-ci, doit être logique avec
lui-même.
M. le Président, je termine là-dessus mes observations. Je
veux dire que le gouvernement devra aller plus loin, faire preuve de plus de
bonne volonté. Après avoir entendu les propos du ministre
aujourd'hui pas du ministre de l'Education, je dirai bien, le ministre
de la Fonction publique parce qu'il semble que ce soit le ministre de la
Fonction publique qui est devenu le patron suprême, le chef suprême
dans toutes ces négociations le gouvernement devra faire un pas
en arrière, un retour en arrière, et réexaminer les
attitudes qu'il a prises jusqu'à ce jour lorsque nous lui avons
demandé, que tout le monde lui a demandé qu'il y ait des
conciliateurs, de façon à rapprocher les deux parties et à
en venir à une véritable convention négociée, M. le
Président.
Si on maintient la même attitude une fois que les trois
commissaires seront nommés, si le gouvernement adopte la même
attitude qu'il a adoptée jusqu'à ce jour, je dis tout simplement
que c'est de la foutaise.
Le Président (M. Blank): Est-ce que la motion d'amendement
du député de Lafontaine est rejetée sur division? Et
l'article est adopté sur division.
M. Léger: C'est ça.
Le Président (M. Blank): Article 10.
M. Charron: L'article 10, M. le Président, c'est l'article
le plus important de la section III car, s'il y a une possibilité
d'aboutir à une solution négociée, à l'issue de ce
projet de loi, c'est beaucoup à partir de cet article je ne dis
pas totalement, parce qu'il y a d'autres articles qui, par leur
caractère provocant peuvent annihiler cette possibilité d'une
solution négociée. Mais il est évident que c'est dans cet
article et par les modifications que le gouvernement acceptera ou non d'y
apporter qu'on verra si, oui ou non, il accepte de faire le cheminement vers
une solution négociée ou s'il ne s'agit que de faire signer son
propre décret.
Il s'agit, M. le Président, de prendre ce que
l'article 10, dans son libellé original, donne comme fonctions
aux observateurs mentionnés à l'article 9 et de porter leur
rôle à celui de véritables médiateurs. Ce qui veut
dire que, pour aller court, encore une fois, dans les limites du temps
imposées par la majorité ministérielle, il s'agirait,
à la nomenclature du deuxième paragraphe, où on parle des
tâches incombant aux observateurs, de retirer les mots "leur rapport doit
faire état de leurs observations sur chacun des sujets", et
d'intégrer plutôt cette partie nouvelle de l'article qui dirait
je le dis à l'attention du ministre de l'Education en
particulier, qui ne m'a jamais répondu par un oui ou par un non sur sa
position quant à la nomination d'un médiateur dans le conflit, je
dis que l'observateur mentionné à l'article 9 aurait comme
tâche nouvelle, remplaçant la partie que je viens de retirer:
Leur rapport doit contenir, sur les aspects significatifs du dossier,
des recommandations susceptibles, à leur avis, de hâter la
conclusion de conventions collectives. C'est de la médiation.
C'est-à-dire qu'ils ne feront pas qu'observer, ils ne feront pas que se
rendre à la limite du mandat fixé, dans le troisième
paragraphe, d'une soixantaine de jours et dire: Nous avons observé, du
côté gouvernemental, un entêtement invraisemblable du
ministre de la Fonction publique, par exemple. N'importe quel observateur,
depuis le début, aurait pu se rendre à cette conclusion.
M. Parent (Hull ): Je n'ai pas l'impression qu'un observateur va
dire cela!
M. Charron: Je ne vois pas pourquoi cela changerait...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Charron: ... à l'intérieur de 60 jours. Nous
avons noté que le gouvernement...
M. Parent (Hull): Jamais un observateur sérieux ne va dire
une chose comme cela.
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: Enfin!
Le Président (M. Blank): C'est la cinquième fois
cet après-midi; ne dites pas enfin!
M. Charron: Je dis, M. le Président, non seulement des
observations sur le déroulement qui pourraient s'exprimer de
façon très laconique dans le sens: Nous avons constaté
que, lors de la séance du 8 mai 1975, il n'y avait pas grand
intérêt à négocier chez l'une et l'autre des
parties. So what, M. le Président ? Après qu'on aura appris cela,
quel pas aurons-nous fait vers une solution négociée?
Ce qu'il est important de donner à ces hommes, c'est non
seulement la tâche de s'asseoir à une table et d'observer les
échanges, mais d'en apprécier la qualité et
d'apprécier chez l'un et chez l'autre la volonté, qui n'est pas
que théorique et qui ne se fait pas que lors de discours, mais
concrète, lorsqu'on est à une table de négociation, de se
rendre à une convention collective signée et de dire clairement,
par la suite, à la face du public, par exemple: Après avoir
assisté à la séance de négociation portant sur le
nombre d'heures d'enseignement des enseignants du secondaire par
exemple, encore une fois nous sommes en mesure de constater que la
proposition patronale est éloignée de tant de pourcentage de la
demande syndicale. Ayant pesé le pour et le contre des arguments que
nous avons été à même d'entendre à la table
de négociation, nous recommandons que la partie syndicale, par exemple,
abandonne telle demande qu'elle a formulée.
Nous avons été convaincus, par la pertinence des arguments
patronaux développés à la table, qu'effectivement telle
mesure est irréalisable dans le contexte actuel, à cause de ces
coûts, à cause de son impossibilité administrative, ou nous
recommandons que le gouvernement souscrive au principe d'un nombre maximal
d'élèves par classe, parce qu'il nous a paru que les arguments
invoqués par la partie syndicale, réclamant un maximum de 28 ou
de 29 élèves par classe pour tel niveau, portent tout le bon sens
devant conduire à un développement, chez nous, de la
qualité de l'enseignement.
N'est-ce pas, M. le Président, que, si nous étions en face
de ce genre de recommandations de personnes impartiales, effectivement il y
aurait, sur l'une et sur l'autre partie, obligation presque morale, à
moins de se discréditer, en face de l'ensemble des parents du
Québec, de faire un pas au moins dans le sens des recommandations du
médiateur, car il serait devenu un médiateur. Libre serait le
gouvernement de réaliser ou non la recommandation. Il ne s'agit pas d'un
arbitre: libre serait le gouvernement de refuser la médiation et la
recommandation d'un observateur impartial, mais il en porterait le blâme,
et il le sait.
C'est d'ailleurs exactement pour cela que je soutiens, M. le
Président, qu'il a refusé cette proposition de médiateur
depuis qu'elle est l'objet de l'unanimité du monde de
l'éducation. Mais, n'est-ce pas que cette méthode nous conduirait
beaucoup plus rapidement vers une solution négociée du conflit,
pression morale sur une partie comme sur l'autre, car il s'agit d'hommes
impartiaux, intervenant dans un conflit auquel ils n'ont pas été
mêlés depuis le début?
Là, si ce sont les syndicats, si c'est la CEQ qui refuse de se
rendre à un certain nombre de recommandations d'observateurs impartiaux
que tout le public et tous les parents du Québec auront le loisir de
peser et de sous-peser, que nous-mêmes, à l'intérieur de
cette Assemblée aurons l'occasion d'évaluer, la CEQ en portera le
blâme. Si c'est le gouvernement qui refuse de se rendre à
certaines recommandations qui, de l'avis de tous, à commencer par le
médiateur, est un chemin inévitable si on veut venir à une
solution négociée, il en portera le blâme aussi. Mais il
est certain et
je conclus là-dessus que l'intervention de ce
médiateur et la pression morale apportée sur l'une ou l'autre de
ces parties, non pas par des observations sur le déroulement des
négociations, mais par cette espèce de défrichage qu'un
médiateur est appelé à faire et de recommandations
précises à l'un comme à l'autre de faire, il est
évident que nous courons beaucoup plus de chance d'enfin avoir des
écoles où les enseignants rencontrent les enfants et distribuent
leur enseignement dans un cadre négocié, ce qui ne s'est pas
produit au Québec depuis 1967. Ce qui fait que le Conseil
supérieur de l'éducation je vous le rappelais ce matin
disait: En 1969 et en 1972 le système a connu des crises majeures
qui se sont terminées par une loi spéciale ou par un
décret. Il s'ensuivit, dans nombre d'écoles, un climat malsain
qui a duré des mois et des mois. Demandez à tous les parents du
Québec si ce témoignage du Conseil supérieur de
l'éducation n'est pas véridique et lui, qui fut appelé
à se pencher sur la cause de la dégradation de l'enseignement
public au Québec, a trouvé, comme point à identifier, le
fait que l'enseignement se déroulait dans des cadres invoqués par
une loi spéciale ou par un décret.
Si nous voulons nous rendre à une solution
négociée, la présence d'un médiateur devient
désormais essentielle. C'est pourquoi je répète mon
amendement en conclusion, il s'agirait d'écrire, dans les
dernières lignes du deuxième paragraphe de l'article 10: Le
rapport doit contenir sous les aspects significatifs du dossier, des
recommandations susceptibles, à leur avis, de hâter la conclusion
de conventions collectives.
Le Président (M. Blank): Ces motions d'amendement de
l'article 10 sont-elles adoptées?
M. Bienvenue: Non.
Le Président (M. Blank): Elles sont rejetées sur
division. L'article 10 est adopté sur division.
M. Charron: M. le Président, vous me permettrez de dire,
avant de conclure, que sur cette question fondamentale, et maintenant que nous
sommes limités par le temps, le minimum de décence du ministre de
l'Education, qui a toujours refusé de répondre par un oui ou par
un non à ma question...
M. Bienvenue: Je suis venu pour me lever. M. Charron: ...
et qu'il le fasse maintenant.
M. Bienvenue: Oui, je suis venu pour me lever, et le
président...
M. Charron: Oui.
M. Bienvenue: Vous avez vu ce qui s'est passé, M. le
Président, en vitesse...
Le Président (M. Blank): Nous devons décider
d'autres amendements avant 4 h 30.
M. Bienvenue: En vitesse, M. le Président, je veux juste
répondre qu'au moment où je n'étais pas encore au
ministère de l'Education, mon collègue le ministre de la Fonction
publique, dès le mois de décembre, avait dit, au nom du
gouvernement, qu'il n'était pas question de nommer un médiateur
au centre dont vient de parler le député de Saint-Jacques. Le
même ministre de la Fonction publique l'a répété
publiquement, à plusieurs reprises, toujours parlant au nom ddu
gouvernement. Le premier ministre de la province, chef de l'Exécutif, a
tenu les mêmes propos, à la télévision, si j'ai
bonne mémoire. A moins de briser les liens de la solidarité
ministérielle et de faire de mon règne à l'Education un
règne aussi court que celui d'un de mes prédécesseurs, ce
qui n'est pas mon idée...
M. Charron: Etes-vous en train de me dire que la
solidarité ministérielle sur cette question vous pèse?
M. Bienvenue: Non.
M. Charron: Vous êtes solidaire, donc, vous refusez un
médiateur vous aussi.
M. Bienvenue: M. le Président, la réponse est
simple: si j'avais cessé d'être solidaire, je ne serais plus ici
à défendre ce projet de loi.
M. Léger: ... solidaire.
M. Bienvenue: M. le Président, M. Ryan, dans le Devoir,
qui reprenait dans l'éditorial de ce matin, ce que...
M. Léger: ... on ne peut passer par-dessus?
M. Bienvenue: Oui, mais, en vitesse. Je pense que cela vaut la
peine pour la postérité du journal des Débats.
M. Léger: Si vous voulez l'inclure au journal des
Débats sans le lire, on va épargner du temps.
M. Bienvenue: Du dictionnaire, si vous me laissez finir, cela va
aller vite. Du dictionnaire Robert, il extrayait, sous le mot "observation", ce
qui suit: Inclure des éléments aussi divers que annotation,
appréciation, note, pensée, réflexion,
considération, remarque, critique, objection, raisonnement,
réplique, réprimande, reproche, avertissement, remontrance. M.
Ryan concluait: II y a, dans ce vaste éventail de termes, matière
à une grande liberté dans la rédaction du rapport que
devront préparer les commissaires.
M. Charron: Si j'ai bien compris, M. le Président, c'est
Claude Ryan qui réfute mon amendement, ce n'est pas le ministre de
l'Education.
Le Président (M. Blank): D'accord.
M. Bienvenue: Non, mais c'est M. Ryan qui a cherché...
M. Charron: Le ministre de l'Education a-t-il une position
personnelle quelque part dans ce dossier?
M. Parent (Hull): II l'a trouvée subtile,
l'observation.
M. Charron: Ou bien il invoque Ryan, ou bien il invoque la
solidarité ministérielle; on n'est jamais capable de savoir ce
qu'il pense.
M. Bienvenue: Ma position personnelle est la suivante, M. le
Président. Lorsque j'ai participé, moi-même, à la
rédaction de ce projet de loi et que j'en suis venu, avec ceux qui
étaient à mes côtés, au choix du mot "observation",
j'avais eu la précaution, comme M. Ryan, de regarder dans les livres que
vous voyez. C'est pour couper au plus court que je l'ai extrait de M. Ryan.
M. Charron: Accepteriez-vous d'inclure comme synonyme, à
la liste que Ryan vous a fournie, le mot recommandation?
M. Bienvenue: Ce n'est pas Ryan, c'est M. Ryan.
Une Voix: Ce n'est pas synonyme.
M. Charron: "Recommandation" n'est pas synonyme, voilà
donc le bien-fondé de mon amendement. Pourquoi refusez-vous
"recommandation"?
Une Voix: Ils veulent quelqu'un qui recommande...
M. Charron: Vous admettez que oe n'est pas synonyme. Il peut
faire des remontrances, des guidis, des guidas, comme a dit Ryan dans son
éditorial de ce matin. Mais, il ne recommandera rien. Pourquoi
refusez-vous de vous faire recommander des choses, à l'occasion, par un
médiateur impartial? Pourquoi ce refus d'une recommandation?
Le Président (M. Blank): Adopté sur division?
L'article... Il ne répond pas...
M. Hardy: C'est votre respect de la démocratie.
M. Charron: Pourquoi refusez-vous une recommandation d'un
médiateur impartial?
M. Hardy: C'est votre respect des institutions
démocratiques?
M. Bienvenue: Parce que le choix du mot "observation", avec tout
ce qu'il comporte, nous a paru plus approprié.
M. Charron: Mais, il n'est pas synonyme de "recommandation", a
dit le ministre de la Fonction publique.
M. Bienvenue: Non.
M. Charron: Alors, pourquoi refusez-vous l'autre?
M. Hardy: Parce qu'observation...
M. Parent (Hull): Mais, pourquoi refusez-vous observateur?
M. Charron: Parce que c'est insuffisant. Parce qu'il ne pourra
que faire des remontrances, des observations.
M. Parent (Hull): C'est une question d'appréciation, pour
nous cela suffit.
M. Charron: Mais, ce qui est important, pour aboutir à une
solution négociée, c'est quelqu'un qui recommande des gestes
à faire, qui ne fait pas qu'examiner, qui recommande. Pourquoi
refusez-vous des recommandations d'un homme...
M. Parent (Hull): C'est le conseil des ministres qui recommande
au Parlement.
Une Voix: C'est cela.
M. Charron: C'est le conseil des ministres qui recommande au
Parlement?
M. Hardy: C'est cela.
M. Parent (Hull): C'est cela.
M. Hardy: C'est cela le sens de nos institutions.
M. Parent (Hull): Le sens de la responsabilité. M.
Léger: Ce que vous voulez de ces...
M. Morin: Le gouvernement dialogue avec lui-même.
M. Hardy: Commencez donc par étudier l'esprit de nos
institutions.
Le Président (M. Blank): A l'ordre messieurs!
M. Léger: En d'autres mots, est-ce que vous voulez que ces
trois commissaires soient trois badauds, trois personnes qui regardent bouche
bée pour que les mouches rentrent dedans et qui ne vous rapportent
même pas des recommandations? Alors c'est trois badauds que vous voulez
avoir?
M. Bienvenue: M. le Président, je ne voudrais pas tourner
le débat à la blague, et je voudrais que ce soit pris comme une
blague au journal des Débats. Je veux vous dire que fort souvent,
plusieurs matins, j'aimerais beaucoup mieux que ma femme
me fasse des recommandations plutôt que les observations qu'elle
me fait.
M. Léger: M. le Président, pour hâter le
débat, étant donné que nous n'avons pas réussi
à obtenir les amendements proposés par le député de
Saint-Jacques, est-ce que je peux me permettre de dire ceci? Etant donné
qu'on est pris à l'intérieur de ce carcan de trois heures pour
régler une situation dont les effets seront une perte de trois
années de plus dans le milieu de l'éducation, permettez-moi de
dire que de l'article 10 à l'article 19 nous aimerions que le
ministre le propose nous désirons voter sur division pour qu'on
puisse jaser de choses importantes.
Le Président (M. Blank): Les amendements sont
rejetés sur division, l'article est adopté. Article 11.
M. Charron: M. le Président, je demande le vote à
main levée, s'il vous plaît!
Le Président (M. Blank): Que tous ceux qui sont en faveur
de l'amendement veuillent bien lever la main!
Que ceux qui sont contre veuillent bien lever la main!
La motion est rejetée.
L'article 10 est adopté sur division. Articles 11, 12, 13, 14,
15, 16, 17, 18, adopté sur division.
M. Léger: Article 20, M. le Président.
M. Bienvenue: M. le Président, je m'excuse, mais en
vitesse, même si je n'ai pas de texte, je pense qu'il y aurait avantage,
pour l'Opposition et ses alliés naturels, que je propose une
modification à l'article 18. Je sais que c'est le criminaliste
député de Chicoutimi...
M. Bédard (Chicoutimi): ... enlever le mot "membres".
M. Bienvenue: ... qui a eu la même pensée que
l'ex-criminaliste que je suis. Alors, M. le Président, à
l'article 18, je propose que soit rayé ou biffé, au
deuxième alinéa, le mot "membres" que l'on retrouve à la
cinquième ligne, et j'irai plus loin encore. C'est tout ce qu'enlevait
le député de Chicoutimi?
M. Bédard (Chicoutimi): Non mais, puisque vous avez pris
l'initiative, finissez votre intervention. J'avais l'intention de faire un
amendement pour enlever le mot "membres".
M. Bienvenue: Je m'étais engagé à ne pas lui
poser de question pendant deux jours, M. le Président. Non, non, mais
vous allez voir, j'en enlève plus que vous. J'en enlève plus que
le député de Chicoutimi, M. le Président, au nom des
principes sacro-saints du droit pénal britannique qu'il a défendu
brillamment au cours de sa carrière.
M. le Président, après le mot "infraction" que l'on
retrouve a la cinquième avant-dernière ligne, je bifferais tout
ce qui suit, c'est-à-dire les mots "que l'association, l'union, la
fédération, la confédération, la corporation ou
l'organisation ait ou non été poursuivie ou
déclarée coupable". Si le député de Chicoutimi veut
être franc je le vois biffer, je vois qu'il n'y avait pas
pensé. Trouvez-vous que c'est bon ce que j'enlève là?
Trouvez-vous que c'est bien d'enlever cela?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président,
j'étais pour justement soulever... M. le Président, je crois
avoir mentionné à l'article 18, avant que ne le fasse le
ministre, l'intention de présenter un amendement à l'effet
d'enlever le mot "membres" puisque c'était exagéré au
niveau de l'extension de la loi.
M. Bienvenue: II crème bien le gâteau.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque vous êtes si
désireux de respecter le droit criminel, pourriez-vous enlever tout
votre régime de présomption qui existe à
l'intérieur de cette loi? Vous êtes un de ceux qui, devant les
cours, avez défendu avec brio dans certains cas, cela
dépend de vos convictions, j'imagine, dans certains cas, je dis bien,
parce que vous en aviez la conviction comme je l'ai fait d'ailleurs, le
droit d'un citoyen d'être présumé innocent jusqu'à
ce qu'on prouve sa culpabilité. M. le Président, laissez-moi
intervenir. Je réponds à une question...
Le Président (M. Blank): A l'ordre! On n'est pas rendu
là encore. J'ai le droit d'intervenir.
M. Bédard (Chicoutimi): ... du ministre de
l'Education.
Le Président (M. Blank): II nous reste cinq minutes pour
étudier le bill. On doit être logique et moi je vais être
très logique maintenant.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, pourquoi
nous inviter à être logiques...
Le Président (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît! J'ai quelque chose à dire. J'ai
quelque chose à dire. On n'a plus que cinq minutes et on a encore
certains articles dans le projet de loi.
Mais, ce qui est plus important, nous avons certains amendements
proposés par l'Opposition et par le gouvernement. Je pense qu'il est
dans notre intérêt de décider de ces amendements...
M. Morin: Oui, mais vous avez limité cela à trois
heures.
Le Président (M. Blank): D'accord, décidez de ces
amendements par un vote.
M. Hardy: ... La Chambre, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Et après, s'il reste du
temps, nous pourrons discuter les autres articles...
M. Bédard (Chicoutimi): On peut poser des questions, M. le
Président!
Le Président (M. Blank): J'ai rendu une
décision...
M. Bédard (Chicoutimi): Pouvons-nous vous poser une
question?
Le Président (M. Blank): Après le vote. Nous
voterons, je pense que l'Opposition aura avantage à donner la chance de
discuter des articles. Si nous votons sur les amendements de l'article 24, nous
pourrons avoir le temps d'étudier les articles 20 et 21.
M. Léger: M. le Président, un instant, sur une
question de règlement. Je suis d'accord qu'on adopte jusqu'à
l'article 19. Nous en sommes à l'article 20. Ce n'est pas nous qui avons
mis le carcan de trois heures et je ne donne pas mon accord pour qu'on passe
à l'article 24 avant qu'on étudie l'article 20.
Le Président (M. Blank): Ce n'est pas une question
d'accord, c'est la question qu'il y a un amendement à l'article 24. Aux
articles 20 et 21, il n'y a pas d'amendement, c'est une question de oui ou non
sur l'article.
M. Léger: M. le Président, nous avons un amendement
à proposer à l'article 20...
Le Président (M. Blank): Je ne l'ai pas ici.
M. Léger: ... et nous voulons passer à l'article 20
avant l'article 24.
Le Président (M. Blank): J'ai ici vos amendements que vous
m'avez donnés. Il n'y a pas d'amendement aux articles 20 et 21; c'est
seulement retrancher l'article...
M. Léger: C'est un amendement cela!
Le Président (M. Blank): Ce n'est pas un amendement, c'est
un vote.
M. Léger: J'ai mon voyage!
Le Président (M. Blank): Maintenant, sur l'article
25...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement!
Le Président (M. Blank): II n'y a pas de question de
règlement, il y a...
M. Léger: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): II n'y a pas de question de
règlement, je dois avoir un vote.
M. Léger: J'invoque le règlement!
Le Président (M. Blank): Je suis debout. M. Hardy:
Le président est debout. Le Président (M. Blank):Je suis debout. M. Hardy: Un peu de respect pour l'ordre!
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement!
Le Président (M. Blank): La motion...
M. Léger: Je voudrais avoir le droit de parole.
M. Hardy: Le président est debout.
Le Président (M. Blank): Je suis debout.
M. Léger: Ne restez pas debout tout le temps, nous allons
perdre nos cinq minutes.
Le Président (M. Blank): La motion d'amendement de
l'article 24 proposée par le ministre de l'Education...
M. Léger: J'invoque le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): ... remplaçant les
articles 24 et 26...
M. Léger: J'invoque le règlement, M. le
Président!
Le Président (M. Blank): ... par le suivant: M.
Léger: J'invoque le règlement!
Le Président (M. Blank): "Le procureur
général peut, s'il est d'avis qu'un groupe substantiel de
personnes à l'égard...
M. Léger: J'invoque le règlement, M. le
Président!
Le Président (M. Blank): Je suis debout.
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement!
Le Président (M. Blank): Je suis debout. Je suis debout.
Après le vote.
M. Léger: M. le Président, j'invoque une question
de privilège!
Le Président (M. Blank): II n'y a pas de question de
privilège en commission.
M. Hardy: II n'y a pas de question de privilège en
commission plénière.
M. Léger: J'invoque une question de privilège!
M. Hardy: II n'y en a pas en commission plénière de
question de privilège.
M. Léger: M. le Président, voulez-vous mettre de
côté le parlementarisme au complet?
Le Président (M. Blank): Au contraire, au contraire!
M. Léger: Vous avez aboli toutes les règles de
procédure et vous nous empêchez de parler quand c'est le temps.
Vous voulez passer à travers les règlements...
Le Président (M. Blank): "Le procureur
général peut, s'il est d'avis...
M. Léger: ... contrairement au règlement.
Le Président (M. Blank): ... qu'un groupe substantiel de
personnes à l'égard...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement!
Le Président (M. Blank): ... desquelles une association
est accréditée...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement et je ne passerai pas à cet article!
Le Président (M. Blank): ... ne s'est pas conformé
à l'article 3 ou à l'article 4...
M. Léger: L'article 24 ne passera pas avant l'article
20.
Le Président (M. Blank): ... ordonner que la retenue des
cotisations syndicales...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement!
Le Président (M. Blank): ... cesse pour une période
d'au moins 3 mois et...
M. Léger: M. le Président, j'invoque le
règlement!
Le Président (M. Blank): ... d'au plus 1 an à
l'égard de l'association en cause.
M. Léger: II y a toujours une limite!
Le Président (M. Blank): Dès que l'ordonnance du
procureur général a été publiée dans la
Gazette officielle du Québec, il est interdit à l'employeur,
pendant la période fixée par le Procureur
générai...
M. Léger: Alors, c'est le gouvernement qui marche tout
seul, le parlementarisme ne fonctionne plus.
Le Président (M. Blank): ... de retenir les cotisations
syndicales sur les salaires des salariés membres de l'association en
cause et cette dernière ne peut, pendant un an par la suite, ni modi-
fier le taux des cotisations syndicales ni imposer de cotisations
spéciales ou supplémentaires. "Le défaut par l'employeur
de se conformer à l'ordonnance du Procureur général
entraîne pour ses membres, administrateurs, dirigeants, employés,
agents ou conseillers la peine prévue à l'article 16".
Cette motion est-elle adoptée?
M. Léger: Elle n'est pas adoptée, M. le
Président, et j'invoque le règlement!
Le Président (M. Blank): Que ceux qui sont en faveur
veuillent bien lever la main!
M. Léger: C'est un vote imposé. Non seulement vous
voulez imposer aux enseignants, vous voulez imposer même aux
parlementaires, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Tous ceux qui contre... La motion
est amendée. L'article 24 est adopté tel qu'amendé.
M. Léger: Vous rentrez cela dans la gorge des
parlementaires.
M. Charron: II y a des amendements d'annoncés à
l'article 20.
M. Léger: II y a des amendements d'annoncés.
Le Président (M. Blank): II y a un article...
M. Léger: Vous n'avez pas le droit, M. le
Président, de passer à l'article 24 avant qu'on ait
étudié l'article 20.
Le Président (M. Blank): J'ai maintenant vos amendements
à l'article 24.
M. Léger: Ce n'est pas parce que vous avez mis...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, question
de règlement.
Le Président (M. Blank): A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, vous
êtes obligé de répondre à une question de
règlement. Vous êtes obligé de donner la parole...
Le Président (M. Blank): Le député de
Saint-Jacques a proposé que l'article 24 soit amendé en
remplaçant dans les cinquième et sixième lignes... Vous
retirez ces articles?
M. Charron: ... nous sommes rendus à l'article 20, ce
n'est pas de vos maudites affaires de décider dans quel article nous
allons fonctionner.
Le Président (M. Blank): D'accord. Les articles 25 et
26...
M. Charron: Est-ce clair? Espèce de président
partial depuis le début du débat!
Le Président (M. Blank): L'article 27...
M. Charron: II y a toujours bien une maudite limite! On
fonctionne à l'intérieur de trois heures. M. le Président,
j'invoque l'article 161! Je vous demande de faire rapport à la Chambre
immédiatement.
Le Président (M. Blank): Je ferai rapport.
M. Charron: Nous sommes incapables de continuer, dans le contexte
actuel, à étudier cette loi qui détermine tout l'avenir
scolaire des étudiants pour les trois prochaines années. Cela n'a
pas d'allure.
La Chambre a décidé de nous encarcaner dans trois heures.
Au moment où il nous reste dix minutes, vous intervenez de façon
partiale dans le débat pour décider que l'amendement
annoncé par le ministre est plus important que le nôtre, alors que
toute la coutume parlementaire est d'y aller article par article.
M. le Président, je vous considère comme un homme
incapable de continuer à présider ce débat. J'invoque
l'article 161 et je vous demande de faire rapport à la Chambre
immédiatement!
Le Président (M. Blank): Je fais rapport. Les trois heures
sont maintenant finies.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la
commission a étudié le projet de loi no 23 durant les trois
heures qui étaient allouées par la motion et adopté
certaines sections de ce projet de loi.
Le Président suppléant (M. Picard): Ce rapport
est-il agréé?
M. Samson: Non, M. le Président. M. Léger:
Non.
M. Samson: Non, M. le Président, on ne peut pas
agréer un rapport quand on a vu la façon dont cela vient de se
passer. On ne peut pas l'agréer, parce qu'on a passé à
côté de toutes les règles.
Le Président suppléant (M. Picard): II n'y a pas de
débat. Sur division.
M. Samson: Nous avons le droit de refuser le rapport, M. le
Président.
M. Morin: A-t-on jamais vu une chose pareille? M. Samson:
On ne l'accepte pas!
M. Charron: Je conçois la "game" à condition que
les règles soient les mêmes pour les deux côtés de la
Chambre.
Une Voix: Alors, là on a dépassé les
limites.
Le Président suppléant (M. Picard): Y a-t-il eu
rapport?
M. Burns: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous nous privez d'intervention
sur des articles, M. le Président.
Des Voix: A l'ordre!
M. Morin: Cela dépasse les limites!
Le Président: Est-ce que le rapport est
agréé?
Une Voix: Non.
Motion d'adoption du rapport de la commission
Le Président: Que ceux qui sont en faveur du rapport
veuillent bien lever la main, s'il vous plaît!
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais un vote
enregistré.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en
faveur de l'adoption du rapport de la commission plénière
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Blank,
Parent (Hull), Mailloux, Saint-Pierre, Phaneuf, Lachapelle, Giasson, Mme Bacon,
MM. Lalonde, Tetley, Drummond, Lacroix, Hardy, Bienvenue, Forget, Harvey
(Jonquière), Vaillancourt, Arsenault, Houde (Abitibi-Est), Desjardins,
Massé, Perreault, Brown, Fortier, Bossé, Kennedy, Bédard
(Montmorency), Veilleux, Brisson, Séguin, Sain-don, Cornellier, Houde
(Limoilou), Lafrance, Pilote, Fraser, Picard, Gratton, Gallienne, Assad,
Carpentier, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg), Pepin,
Beauregard, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Boudreault, Chagnon,
Marchand, Ostiguy, Caron, Côté, Denis, Dé-ziel, Dufour,
Harvey (Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Malépart, Massicotte,
Mercier, Pagé, Parent (Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif,
Tremblay, Vallières, Verreault, Leduc, Roy.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Léger,
Charron, Lessard, Bédard (Chicoutimi), Samson.
Le Secrétaire: Pour: 78 Contre: 7
Le Président: Cette motion est adoptée. L'honorable
ministre de l'Education propose la troisième lecture du projet de loi no
23.
M. Bums: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: Question de privilège.
M. Burns: Nous avons, M. le Président, vécu cet
après-midi une des périodes noires... Des Voix: Ah!
Ah!
M. Burns: Ah! Ah! Bien oui, c'est cela! Va donc te coucher,
Tetley! Va-t-en chez vous!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Parent (Hull): Période du chef de l'Opposition qui se
promenait avec les manifestants à la porte?
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Burns: Vous aussi, le député de Hull, pour les
contributions que vous avez...
Le Président: A l'ordre! Je n'accorderai pas cette
question de privilège si vous voulez...
M. Burns: M. le Président, vous allez demander aux gens
d'arrêter de m'engueuler là-dessus.
M. Lacroix: ... au chef de votre parti, vous n'êtes pas
sauvé!
M. Burns: Bon, c'est cela.
M. Charron: Cela va faire, le "fafoin" des Iles!
M. Léger: ... ailleurs!
M. Burns: Parfait!
Le Président: Messieurs!
M. Léger: La loi est là, attendez un peu.
M. Burns: Va te coucher dans ta boîte, toi aussi!
Le Président: L'honorable député de
Lafontaine, s'il vous plaît!
Des Voix: Ah! Ah!
M. Burns: M. le Président, je pense avoir soulevé
le problème sur une base complètement apar-tisane qui n'a rien
à faire avec les interventions que le député des
Iles-de-la-Madeleine, ou encore que le ministre des Travaux publics ont pu
faire à mon endroit ou encore que le ministre de la Fonction publique a
pu faire à mon endroit.
M. le Président, nous venons de vivre une des périodes les
plus noires du parlementarisme et je suis certain que vous n'êtes pas
d'accord avec cela. Nous sommes dans l'étude d'un projet de loi
où on nous a fixé un délai de discussion, à
l'intérieur de trois heures, du projet de loi article par article.
Une Voix: Ce n'est pas un privilège.
M. Burns: Vous allez voir où il est le privilège.
M. le Président, une fois que la motion est adoptée par la
Chambre, c'est bien sûr que je ne peux pas me plaindre contre cela. Elle
a été adoptée majoritairement. Cependant, là
où je ne peux pas accepter qu'on utilise cette force numérique du
côté gouvernemental, à un point tel qu'on mette de
côté toutes les normes du parlementarisme, c'est quand on nous
dit, du côté du président de la commission, en l'occurrence
le député de Saint-Louis on verra éventuellement
comment on traitera le cas du député de Saint-Louis...
Des Voix: Des menaces!
M. Burns: On y verra.
Des Voix: Des menaces.
M. Burns: On va y voir sérieusement. Ce que je ne peux pas
accepter, c'est que sachant qu'on est placé dans ce cadre de trois
heures de discussion, que les trois heures achèvent, que les trois
heures, à toutes fins pratiques, sont finies, on nous fasse, de la
présidence, sauter quelques étapes, tout à fait par
hasard, qui s'appellent l'article 21 et l'article 22 du projet de loi.
Le Président: Protestez mais ne me demandez pas
d'être un tribunal d'appel de la commission. Je ne serai pas le tribunal
d'appel de la commission. Protestez, dans votre privilège, mais
limitez-vous à cela.
M. Burns: Vous avez raison, M. le Président. Je n'en
appelle pas à vous comme tribunal d'appel. Je signale que c'est
absolument aberrant que ce type de choses puisse se passer, qu'à un
moment donné, parce qu'on a fixé des règles du
côté gouvernemental... Ce n'est pas moi qui ai proposé
cette motion de limiter à trois heures la discussion sur cela mais
à ce moment-là, il faut coucher avec cette règle. Cette
règle a été soumise par le leader du gouvernement. Cette
règle nous dit que nous ne pouvons pas dépasser les trois
heures.
Mais quand, à cause de cette règle, on est obligé
de faire "putasser" le président de la commission...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre! J'ai
accepté votre question de privilège jusqu'à ce moment.
Vous avez protesté. Je considère votre question 6
privilège comme terminée.
Autrement est-ce que je vous laisse parler unt demi-heure ou quoi? A
l'ordre, messieurs! Terminez rapidement, une question de privilège,
rapidement et ne vous aventurez pas dans les derniers propos que vous
avez...
M. Burns: Vous n'aimez pas l'expression "putasser", je la
retire.
Le Président: II n'est pas question de cela; le fond n'est
pas bon, ni la forme.
M. Burns: Je la retire, d'accord.
Je veux tout simplement vous dire qu'on étudie ce projet de loi
article par article. Mais lorsqu'on nous fait sauter, parce que le délai
de trois heures arrive, de l'article 20 à l'article 24, parce qu'il
arrive que le ministre de l'Education a un amendement à faire valoir,
à ce moment, M. le Président, je trouve que mon privilège
de député est brimé; je trouve que tous mes
collègues sont brimés dans leur droit qui est d'étudier le
projet de loi article par article. C'est cela le sens de ma question de
privilège.
Le député de Saint-Louis, éventuellement, aura
à répondre de son attitude et nous...
Le Président: C'est terminé. Le ministre de
l'Education propose la troisième lecture.
M. Levesque: Un instant, M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Question de règlement. Je ne voudrais
pas que ce soit un enchaînement...
M. Levesque: Pour emprunter un terme cher au député
de Rosemont, puis-je vous demander une directive?
A la suite de la question de privilège du député de
Maisonneuve, me serait-il permis, à ce moment-ci, de donner la version
des faits telle que je la connais?
Le Président: Je pourrais difficilement, je n'ai pas voulu
permettre... j'ai accepté la question de privilège avec la
latitude qu'on accorde toujours aux questions de privilège sur les
droits des parlementaires. Par contre, il est très difficile de
prévoir ce qu'un député va dire; c'est très
difficile d'intervenir avant que la parole soit dite. J'ai
considéré la question de privilège, cette protestation du
député de Maisonneuve. Je suis tout à fait étranger
à ce qui s'est passé à la commission. Même si vous
désirez exposer ce qui se serait passé en commission ce
que je n'aurais pas voulu entendre de la part du député de
Maisonneuve je ne voudrais pas vous permettre que vous puissiez me faire
entendre une autre version même. Vous savez, c'est assez délicat
et cela mène à quoi? Soyez assuré que je ne vous donnerai
aucune directive ou une décision sur ce qui s'est passé en
commission.
M. Levesque: M. le Président, je me rends à votre
décision, mais n'empêche que j'aurais aimé avoir cette
occasion, parce que cela aurait au moins rétabli certains faits qui,
à mon sens, auraient mérité d'être entendus quant
à leur interprétation. Chacun peut interpréter la
situation à sa façon, libre au député de
Maisonneuve de l'avoir interprétée. J'aurais aimé pouvoir
le faire et, ensuite, je pense bien que l'opinion publique aurait pu être
éclairée d'une façon plus objective.
De toute façon, M. le Président, je me contenterai,
à ce moment-ci, de faire motion...
M. Burns: Je suis entièrement d'accord, si vous voulez
ouvrir le débat là-dessus, qu'on puisse en débattre
immédiatement. Je suis prêt à entendre votre version des
faits, et je suis prêt à entendre la version des faits, tel que le
député de Saint-Jacques ou le député de
Lafontaine...
M. Levesque: A la condition qu'on limite le débat.
Le Président: Prudence, prudence, j'ai trop peur des
rebondissements. Cela va être un rebondissement, des attaques, des
interprétations, des contre-interprétations qui ne mènent
à rien, parce que je ne rendrai aucune décision et ne donnerai
aucune directive sur ce qui s'est passé en commission. C'est bien
dommage; même si toute la sympathie générale vous accordait
un consentement unanime, je crois que ce serait faire perdre inutilement le
temps de l'Assemblée. Je m'en excuse.
M. Levesque: M. le Président, je veux donc faire motion
pour qu'au salon rouge, immédiatement, la commission...
M. Charron: Avant cette motion, puis-je soulever une question de
règlement?
Le Président: Videz cette question de la motion pour faire
siéger une commission.
M. Levesque: Une motion qui est présentement devant la
Chambre.
M. Charron: Avant la motion, puis-je soulever...
M. Levesque: Laissez-moi faire, je ne peux pas parler parce que
le député de Maisonneuve parle, parce que le député
de Saint-Jacques parle; un instant, M. le Président.
Le Président: La motion est devant... Le leader, s'il vous
plaît!
Faites votre motion.
M. Levesque: M. le Président, je fais motion pour que,
immédiatement, au salon rouge, la commission parlementaire de
l'industrie et du commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche
puisse se réunir afin d'étudier, article par article, le projet
de loi no 22 relatif à SIDBEC.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Des Voix: Non, non.
Le Président: La motion est adoptée.
M. Charron: M. le Président, question de
règlement.
M. Lessard: Je demande un vote enregistré.
Le Président: Une question de règlement à la
fois.
M. Lessard: Je demande un vote enregistré.
Le Président: II est trop tard. Et à ma
connaissance, il me semble que le leader siège à la
première banquette. Le député de Saint-Jacques.
M. Lessard: Je regrette, M. le Président...
Le Président: L'honorable député de
Saint-Jacques. Question de règlement, d'accord.
M. Lessard: M. le Président, vous me dites que le leader
siège au premier banc, mais comme député, j'ai le droit de
demander un vote enregistré.
Le Président: Ma décision est rendue et je n'ai pas
le droit de vous permettre de l'interpréter ou de la contester.
L'honorable député de Saint-Jacques, sur une question de
règlement.
M. Charron: M. le Président, j'aurais une question
à vous demander en vertu de l'article 161 de notre règlement
actuel.
Premièrement, pouvez-vous identifier à la Chambre la
nature exacte du rapport qui vient d'être adopté par
l'Assemblée? Quels sont les amendements qui ont été inclus
à la loi, quels sont ceux qui n'ont même pas été
débattus et ceux qui ont été refusés d'une
part.
Vous savez que le deuxième paragraphe de notre nouvel article 161
adopté au début de cette session permet aux
députés, lorsqu'ils estiment que le dépôt du rapport
est entaché d'irrégularité, de demander un retour en
commission pour que s'achève, de façon normale et sans
irrégularité de quiconque, le travail normal de la commission. Je
vous demande la directive suivante. Si j'ai la conviction que le rapport qui
vient d'être adopté est entaché
d'irrégularité dans son débat, de quelle façon
puis-je me prévaloir du deuxième paragraphe de l'article
Le Président: Je ne serais pas tenu, et vous le savez
comme moi, de vous donner une directive sur cette question parce que la
question est déjà vidée. Le rapport est déjà
adopté par un vote enregistré. Je vais répondre quand
même à votre question. Lorsque la Chambre se reforme après
la commission plénière, il n'y a qu'une seule motion qui est
usuelle et qui est pratiquement sacramentelle lorsque la commission
plénière fait rapport: c'est la motion d'adopter le projet de loi
X, qu'il soit amendé ou non. C'est tout. Je vois que l'article 161 avec
nos derniers amendements, à la suite d'une expérience qu'on a
eue, s'applique à un rapport de commission élue, un rapport qui
nous vient par un document écrit par un rapporteur et
déposé, distribué aux députés, auquel
ceux-ci ont droit durant toute la journée d'apporter des amen- dements.
C'est lorsqu'un des membres de la commission découvre qu'il a pu y avoir
des erreurs dans ce rapport, et c'est arrivé une fois, qu'il y a
correction. Cela s'applique au rapport écrit des commissions
élues et non pas au rapport non écrit des travaux d'une
commission plénière.
M. Charron: M. le Président, si les amendements qui
étaient en discussion n'ont jamais été soumis au vote
parce que le président de la commission a décidé de faire
intervenir un autre amendement dans la discussion et que tout cela s'est
terminé sans qu'on sache exactement de quelle façon la commission
se prononçait, comment puis-je avoir maintenant l'état
réel de la discussion?
Le Président: On m'a fait rapport que le projet de loi no
23 avait été adopté avec des amendements, et cette motion
a été adoptée par l'Assemblée.
Le ministre de l'Education.
M. Léger: M. le Président, je vous demande une
directive sur une question de privilège. Je vais la terminer par une
demande de directive. M. le Président, à l'occasion des cinq
dernières minutes de la commission parlementaire, il s'est passé
un événement...
Le Président: Je vous arrête immédiatement.
Ne me parlez pas de la commission cela ne me regarde pas. J'y suis
étranger et cela est reconnu dans le droit. Le président n'a pas
à savoir ce qui s'est passé en commission.
Ce n'est pas moi qui dis cela. Il y a des bouquins comme cela qui le
reconnaissent. Si vous avez des questions, le règlement prévoit
d'autres recours. Bon, j'eppelle la troisième lecture du projet de
loi.
M. Léger: M. le Président, est-ce que j'ai le droit
de causer avec vous?
Le Président: Non, non. Je ne vous la donne pas, la
directive. C'est mon privilège de ne pas vous la donner, qu'est-ce que
vous voulez! Après. A l'ordre! A l'ordre!
Le ministre de l'Education propose la troisième lecture du projet
de loi no 23,
M. Burns: M. le Président, une question de
règlement.
Le Président: Une question de règlement. Bien, j'ai
appelé, là...
M. Burns: Oui, mais j'ai dit "question de règlement", en
même temps.
Le Président: Oui, d'accord.
M. Burns: Ce que le député de Lafontaine veut vous
soulever...
Le Président: Peut-être que vous allez me le dire
plus clairement.
M. Léger: Vous ne m'avez pas laissé le temps de le
dire.
M. Burns: Ce que le député de Lafontaine veut vous
soulever, M. le Président, comme question de privilège, c'est le
fait, entre autres, que vous allez reconnaître, qu'en commission
parlementaire ou qu'en commission plénière, jusqu'à
maintenant, il a été accepté par la présidence que
la question de privilège ne puisse pas être soulevée. Vous
avez peut-être un autre avis. Si jamais vous avez un autre avis, cela me
plairait beaucoup de l'entendre. Mais, jusqu'à maintenant, la
présidence des commissions nous a toujours dit qu'il n'y a pas de
question de privilège en commission parlementaire.
Le Président: Je suis parfaitement d'accord.
M. Burns: Vous êtes d'accord? Mais le député
de Lafontaine a une question de privilège qu'il aurait voulu soulever au
niveau de la commission plénière. La logique qui guide la
présidence des commissions pour dire que l'on ne doit pas soulever de
questions de privilège en commission, c'est que cela relève de la
Chambre. C'est dans ce sens, M. le Président, que le
député de Lafontaine a l'intention de vous soulever une question
de privilège. Autrement, il lui restait, purement et simplement, la
possibilité de créer un tohu-bohu à la commission, ce qui
n'est absolument pas dans nos vues. Cela aurait pu éventuellement forcer
le président à faire rapport à la Chambre pour que, par la
suite, vous preniez connaissance de la situation.
M. le Président, il m'apparaît évident que le
député de Lafontaine devrait être capable de poser sa
question de privilège à ce moment-ci. Autrement, il nous restera
la solution bien simple je le dis ouvertement bien claire en ce
qui nous concerne, de faire le bordel dans les commissions, ce que nous ne
voulons pas faire. Si c'est cela, M. le Président, que vous nous dites
de faire à l'avenir, on le fera, puis on fera rapport à la
Chambre.
Le Président: A l'ordre! Sur cette demande de directive,
voici ma décision. Je suis tout à fait d'accord avec vous
encore là, c'est reconnu dans le droit parlementaire de ce Parlement et
d'autres qu'une question de privilège ne peut être
soulevée ni en commission plénière, ni en commission
élue, à cause de l'importance qu'on doit accorder à la
question de privilège.
C'est une question qui regarde uniquement d'ailleurs, la
tradition remonte à des siècles pour ce qui est les questions de
privilège la Chambre. Ce qui s'est passé
prétendument ou effectivement en commission peut donner ouverture
à une question de privilège, mais je ne peux pas l'accepter
à ce stade-ci, parce que cela ne s'est pas commis alors que le
président était au fauteuil durant une séance de
l'Assemblée. Il y a peut-être source à privilège.
S'il y a source à privilège, qu'on respecte notre
règlement et que le député de Lafontaine m'en donne avis,
demain matin, à la prochaine séance, une heure avant, tel qu'il
est prévu par le règlement, et il aura le droit de soulever sa
question de privilège, comme toute autre chose. Mais je ne peux pas
l'accepter maintenant. Elle ne s'est pas passée devant moi, comment
voulez-vous que je la reçoive?
Donnez-m'en avis à la prochaine séance, une heure avant,
tel que le prévoit le règlement et je statuerai. S'il y a lieu de
l'accorder, je l'accorderai avant les affaires du jour, dès la prochaine
séance.
M. Léger: M. le Président, j'accepte votre avis et
je la présenterai demain.
Le Président: Très bien, on va se comprendre. M.
Léger: C'est en se parlant.
Le Président: Entre gens de bonne volonté, on va se
comprendre.
La commission de l'industrie et du commerce peut siéger
immédiatement.
Le ministre de l'Education.
Troisième lecture M. Jean Bienvenue
M. Bienvenue: M. le Président, ce projet de loi dont j'ai
proposé l'adoption à la Chambre pour qu'il devienne une loi, je
dois dire que ce n'est pas de gaîté de coeur que je l'ai fait.
Comme, j'imagine, tous les membres de cette Chambre, je déteste
personnellement les lois dites spéciales, mais je dis tout de suite que
je déteste davantage les situations qui entraînent ces lois dites
spéciales, c'est-à-dire que je déteste les situations
spéciales.
Ce qui est grave, ce qui est déplorable, ce qui est regrettable,
à quelque niveau que nous nous situions dans la vie, ce n'est pas la
sanction, ce n'est pas le remède, ce n'est pas le correctif, mais c'est
la situation, la maladie, le malaise qui entraînent, ou l'infraction ou
le crime qui entraîne telle sanction, tel correctif.
En dépit de cette situation que nous avons abondamment
décrite, que plusieurs intervenants ont abondamment décrite et
que nous avons résumée en disant d'elle qu'elle était
grave parce qu'elle mettait en péril le sort, l'avenir scolaire, pas de
quelques individus, pas d'une poignée d'individus, pas d'une
poignée ou de plusieurs individus d'une région, d'un coin du
Québec, mais d'environ un million d'enfants dans tout le territoire du
Québec, le malaise, le péril, le problème n'est pas
passager, ne porte pas sur une épidémie contagieuse, une maladie
qui puisse se guérir par des injections, en quelques jours, mais porte
sur les fondements mêmes, sur les assises d'une société
civilisée, soit le droit à l'éducation auquel peuvent
aspirer ces enfants, ce million et plus d'enfants.
Le gouvernement, comme je le disais, après avoir attendu combien
longtemps, après avoir
proposé une trêve, après avoir lancé des
avertissements, après avoir accéléré et
à un rythme tel, et cela, à la demande même de la partie
syndicale les négociations aux tables sectorielles, ici, et
même à la table centrale, à quelques centaines de pieds
mêmes de l'Assemblée nationale, le gouvernement, dis-je, a vu ses
efforts vains, ses démarches inutiles, ses appels à la
trêve sans réponse.
Ce que nous demandons par cette loi, ce que nous voulons mettre dans nos
statuts, c'est l'interdiction aux collèges et aux commissions scolaires,
pendant 80 jours, pas pour la vie, de se livrer qui au lock-out, qui à
la grève, qui, on le voit par un article subséquent, au
harcèlement sous toutes ses formes.
Pendant cette négociation accélérée à
laquelle j'ai fait allusion, à laquelle a participé il
faut être honnête et le reconnaître de façon
positive la partie syndicale, si encore ce qu'on a appelé ce sprint ou
ce blitz s'était déroulé dans un climat serein, à
l'extérieur des lieux où étaient réunis les
porte-parole, si encore il avait été l'occasion d'une cessation,
d'un arrêt du harcèlement, d'une grève, d'une grève
partielle, d'une grève locale, j'aurais dit: II aurait valu la peine de
continuer l'effort et de retarder cette loi que, je le répète, je
déteste autant que n'importe qui en cette Chambre.
Mais non, au moment où, à la demande même de la
partie syndicale, les porte-parole gouvernementaux ont
accéléré, se sont dépensés sans compter et
ont siégé nuit et jour pour trouver une formule, un terrain
d'entente, au même moment, les mêmes parties syndicales
déclenchaient des ordres de grève générale à
travers le Québec, privant de cours un million et quelque cent mille
écoliers et étudiants.
Un vieux principe dit que donner et retenir ne vaut. On ne peut
prétendre vouloir de bonne foi arriver à un règlement
négocié, à une paix honorable et, en même temps,
déclencher des mécanismes de grève qui ont les effets
désastreux que vous savez et que nous avons interprété en
nombre de dizaines et de vingtaines de millions de jours-élève
perdus à travers le Québec, avec les répercussions
physiques, intellectuelles, pédagogiques et morales que ces manoeuvres
de harcèlement ont eues sur les enfants et avec des effets secondaires
non moins grands chez leurs parents.
D'autres plus autorisés que moi, plus versés que moi en
pédagogie et en psychologie ont indiqué que dans le cerveau d'un
enfant, que pour un enfant qui est appelé à recevoir une
formation et aux yeux de qui ces maîtres, ces enseignants sont
ceux-là mêmes qui sont le prolongement ou le remplacement de ses
parents et j'abonde avec eux l'exemple de l'infraction, de
l'évasion à la loi, est pour eux néfaste et peut les
marquer pendant des années et des années.
M. le Président, parce qu'il faut être juste, non partial,
comme je l'ai indiqué, le projet de loi a voulu mettre sur le même
pied les commissions scolaires, les collèges, la partie patronale et le
personnel de la partie syndicale.
Donc, la grève est interdite tout autant que le lock-out, et le
lock-out que la grève. Au cours de la séance du comité
plénier que nous avons eue cet après-midi en cette Chambre, M. le
Président, nous avons accédé sans l'ombre d'une
hésitation à la demande que nous formulait l'Opposition
officielle de reporter le début de ce délai de 80 jours à
la date du 10 avril plutôt qu'à l'entrée en vigueur de la
présente loi, comme le prévoyait le texte original, voulant par
là démontrer que nous sommes de bonne foi lorsque nous disons que
nous voulons rechercher la paix scolaire, la paix sociale au niveau du monde de
l'enseignement et assurer ainsi, par cette période de quelques jours, un
refroidissement souhaité, normal de l'émotivité des
passions qui peuvent animer, actuellement, certains de ceux qui sont
visés par ce projet de loi.
M. le Président, je rappelle qu'hier midi les tables sectorielles
siégeaient tout près de l'Assemblée nationale au moment
où aucun tiers n'était là pour servir qui d'observateur,
qui de médiateur, qui de commissaire, et que, quelques heures plus tard,
en déposant cette loi, le gouvernement a fait ce que j'ai appelé
non pas mettre mais ajouter de l'eau dans son vin en incluant proprio motu dans
le contenu du projet de loi cette institution de trois commissaires aux
différends, qui ont pour fonction d'enquêter dans la
plénitude du sens de ce mot d'entendre les parties, de
s'enquérir de l'état des négociations sur tous les aspects
significatifs du dossier, d'examiner les dernières demandes syndicales
et les dernières offres patronales et d'étudier l'impact
éventuel, c'est-à-dire futur possible, de ces demandes aux plans
des services le mot "services" est générique et
déborde largement les mots qualité de l'éducation
des effectifs, du rendement et des coûts leur rapport, comme dit le texte
de loi, doit faire état de leurs observations sur chacun de ces
sujets.
On a rappelé, cet après-midi, au cours des débats
en commission plénière, que le mot "observations" avait un sens
qui va beaucoup plus loin que ce qu'ont pu croire certains intervenants en
cette Chambre. Le mot "observations" est un mot souple comme veut l'être
toute cette loi. Le mot "observations" peut aller jusqu'au sens de critiques et
à celui de remontrances.
Or, M. le Président, il n'est pas impensable qu'à la suite
ou à l'occasion de ce rapport les commissaires, quels qu'ils soient,
fassent une critique ou une remontrance en commentant les offres salariales du
gouvernement. Il n'est pas impensable qu'une remontrance dans ce rapport soit
adressée au gouvernement à l'effet que les offres salariales soit
nettement insuffisantes. Il n'est pas impossible, non plus, M. le
Président, que ces mêmes commissaires fassent une remontrance
à la partie syndicale, en lui disant: Pourquoi avez-vous attendu des
semaines ou des mois avant de faire une contreproposition sur la tâche,
qui a eu pour effet de ne plus exiger désormais 35 000, 40 000 ou 50 000
enseignants de plus au Québec, mais plusieurs milliers de moins?
C'est le genre d'observations que peuvent faire ces commissaires. C'est
ce que j'ai appelé, de
la part du gouvernement, ajouter de l'eau dans son vin pour
témoigner davantage de son désir, de sa ferme intention, de sa
bonne foi d'en arriver à une solution de compromis
négociée entre les parties en vue d'une paix honorable.
M. le Président, je ne veux pas revenir sur toutes et chacune des
dispositions de ce projet qui sera loi dans quelques heures. Je veux rappeler
également qu'à l'occasion de l'étude article par article
celui qui vous parle, proprio motu, a proposé, en parfait accord avec le
député de Chicoutimi, qu'à l'article 18, à titre
d'exemple, on fasse disparaître, à l'endroit des simples membres
d'une organisation, d'une association ou d'une union, sinon l'odieux, du moins
le péril, qui pouvait planer sur leur tête advenant une
désobéissance à la loi, de devenir solidaires de
l'association ou du groupe auquel ils appartenaient, bien que et nous
avons fait biffer ces mots aussi tel groupe ou association ait
été ou non poursuivi ou déclaré coupable.
Nous avons cela aussi, c'est une initiative du gouvernement
après étude, après analyse à tête
froide, à tête reposée et sans passion, sans
émotivité comme je le souhaitais, fait sauter dans son contenu
original, l'article 24 et biffé complètement les deux ou trois
articles qui suivaient parce que l'on pouvait, et à bon droit, en
plusieurs milieux, surtout dans celui qui est le plus visé par ce projet
de loi, dire que la peine de la perte de l'accréditation était
beaucoup trop sévère, allait beaucoup trop loin.
Nous avons proposé toutefois, par un amendement, même en
faisant disparaître les articles auxquels je viens de faire allusion, le
maintien d'une sanction que je n'espère je le dis avec beaucoup
de sincérité voir appliquer à personne et en aucun
temps d'ici à ce que cette loi reçoive la fin de son application.
Il est normal qu'à des situations détestables il faille parfois
apporter des sanctions détestables, mais l'une ne serait pas si l'autre
ne l'avait d'abord entraînée.
En guise de conclusion, à nouveau j'invite les parties en cause,
patronale et syndicale, à négocier. Pourvu que l'on soit
sincère et de bonne foi, pourvu que l'on veuille arriver aux fins que
l'on poursuit, il est possible de négocier même si ceux qui ont la
vocation d'enseigner doivent suivre leur vocation et doivent enseigner pour une
fin combien légitime, celle de sauver l'année scolaire des
enfants d'une province tout entière. M. le Président, nous
voulons négocier, je le répète, je ne veux pas reprendre
ce que d'autres ont dit.
Pour ma part je le dis parfaitement conscient du sens de mes
paroles, conscient qu'elles sont enregistrées si c'était
possible, par tous les moyens honnêtes je dis bien
honnêtesdu côté patronal, gouvernemental et du
côté syndical, ce serait une ambition fort légitime de la
bien modeste personne que je suis d'être peut-être, après
tant d'années, le premier titulaire de ce ministère, qui n'est
pas facile, sous lequel se serait enfin signé une convention collective
plutôt qu'un décret, ce qui a été le lot des
dernières années.
Ce serait assurer, M. le Président, la paix scolaire pour deux
ans, qui sait peut-être pour trois ans, au Québec. Une partie qui
a apposé sa signature au contrat qui dirige ses activités
professionnelles et autres, normalement, est heureuse et enseigne dans un
climat qui est beaucoup plus salutaire pour ceux qui reçoivent
l'enseignement en question.
M. le Président, j'ai tenté, tout au long des
péripéties de ce débat, qui a dépassé les 24
heures, de garder ce ton, ce langage auquel j'avais fait allusion au
début. Je ne crois pas je l'ai déjà dit pour le
climat des négociations que c'est en dehors de la
sérénité que les esprits communiquent le mieux, que les
messages se passent le plus clairement. J'ai tenté d'être
et je l'ai été démuni de toute passion face
à un sujet aussi grave qui n'a rien de réjouissant pour
personne.
Je sais que tous mes collègues du gouvernement n'ont
matière, aucun d'eux, à trouver réjouissance, ou
vengeance, ou satisfaction. Lorsqu'on fait oeuvre de justice pour le
mieux-être des autres, il n'y a pas de quoi se réjouir
soi-même.
M. le Président, je fais appel au sens des responsabilités
de tous ceux qui sont visés par cette loi, qu'ils soient les parents,
qu'ils soient la partie patronale, à quelque niveau que ce soit, qu'ils
soient les enseignants, qu'ils soient le personnel de soutien ou qu'ils soient
les professionnels de l'enseignement, qu'ils soient les enfants
eux-mêmes. Je fais appel à tous ceux qui sont visé par
cette loi pour qu'elle soit respectée, pour qu'il n'y ait pas
désobéissance, pour qu'il n'y ait pas défi, pour qu'il n'y
ait pas mépris. Je fais appel, M. le Président, pour que, cette
loi étant respectée, nous puissions un jour revenir dans cette
Chambre et parler en termes de négociations ayant abouti, en termes de
conventions collectives signées.
A ce moment-là, le Québec aura fait un grand pas dans
l'atteinte, dans l'obtention de la paix sociale.
Le Président suppléant (M. Gratton): L'honorable
député de Lafontaine, au nom de l'Opposition officielle.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, le projet de loi no 23,
que nous étudions en troisième lecture, est un projet de loi qui
n'avait pas sa raison d'être. Ce projet de loi va plonger le milieu
scolaire, le milieu de l'éducation dans une période de grande
noirceur que va suivre une période de désespoir. Les enseignants,
ceux qui auraient pu être considérés comme des
collaborateurs, comme des partenaires de l'éducation, comme des
professionnels de l'éducation, seront maintenant
considérés comme des employés et des salariés.
M. le Président, le milieu de l'éducation avait grandement
besoin d'une aération, d'un souffle nouveau. Il avait besoin non pas de
conditions de travail touchant uniquement les relations quotidiennes du
professeur avec l'administration. Il avait besoin d'une aération que le
professeur pouvait apporter aux jeunes qu'il rencontre tous les
jours, actuellement, dans une relation non pas de maître à
élèves mais dans une relation typiquement administrative,
typiquement technocratique, typiquement obligatoire. Je pense que le
gouvernement a une mauvaise notion de sa responsabilité de
l'intérêt public.
M. le Président, pour le gouvernement, la présence
physique en classe des professeurs était absolument essentielle, la
présence physique des enfants en classe était absolument
essentielle, mais le phénomène de l'acquisition des valeurs par
les enfants via la transmission de ces valeurs par les professeurs est
secondaire pour le gouvernement. L'acquisition des connaissances par les
enfants via les professeurs, c'est une chose secondaire pour le
gouvernement.
M. le Président, on demande aux professeurs de retourner à
l'école dans des conditions qui vont tout simplement leur donner
l'impression que leur carrière n'est pas une carrière
intéressante pour le gouvernement; que c'est une carrière sans
objectif, une carrière sans philosophie, parce que le
phénomène de l'acquisition des valeurs pour les enfants, c'est
secondaire. Ce qui est important, c'est que les enfants soient assis sur les
bancs de l'école, que le professeur soit assis sur son siège et
à son pupitre, et quelles que soient les choses qui se passent à
l'intérieur de la classe, c'est secondaire. Ils sont physiquement
présents, la paix sociale règne, M. le Président. La paix
sociale, cela veut dire que l'ensemble des citoyens qui sont à
l'intérieur de ce qu'on appelle aujourd'hui la société de
consommation, cette société de consommation qui est
habituée d'obtenir des valeurs, des services, des habitudes, des
comportements, veut avoir la paix. Ce qu'il fallait, c'était lui donner
la paix.
Mais, M. le Président, cette population est de plus en plus plus
renseignée, plus mûre, plus évoluée, plus
sensibilisée aux facteurs sociaux. Cette population sait fort bien, et
de plus en plus, que la paix sociale ne peut pas se faire au détriment
d'une solution qui touche nécessairement chacun des groupes qui forment
cette société.
M. le Président, quand un groupe dans une société
subit des conséquences graves parce que ses relations de travail, parce
que ses conditions de vie ne sont pas protégées par ce
gouvernement qui doit s'occuper de lui, ce groupe de population, étant
insatisfait, manifeste sûrement son mécontentement. C'est ce qu'on
appelle les soubresauts de la société québécoise.
Des groupes de citoyens sont de plus en plus exaspérés par la
façon dont ce gouvernement règle ses problèmes. C'est
sûr que les soubresauts de ces groupes de citoyens qui subissent des
conditions quotidiennes inacceptables créent des remous qui
dérangent l'ensemble de la société
québécoise.
M. le Président, quand, chacun leur tour, ces groupes de citoyens
démontrent par des manifestations publiques, à la suite des
contrariétés régulières qu'ils subissent, à
la face de toute la société québécoise leur
insatisfaction, ça crée des remous dans une
société. Mais le gouvernement, à ce moment, doit-il
simplement s'occuper de la paix sociale, sans s'occuper de régler ces
problèmes? C'est ce que nous voyons avec le projet de loi, actuellement.
On a simplement eu comme objectif de rétablir une paix superficielle, on
n'a pas voulu régler le problème d'au moins un de ces groupes, et
ceci se répète depuis six, sept ou huit ans. Ce qui fait que la
société québécoise, habituée de se voir
donner des services, habituée de se faire servir, habituée de
consommer, voulant avoir la paix, de plus en plus, s'aperçoit qu'un jour
ce sera son tour de subir justement les conséquences de ce manque de
leadership, de ce manque de philosophie d'un gouvernement qui ne règle
jamais les problèmes de tous les groupes. A un moment
donné...
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
Est-ce que je pourrais inviter le député de Lafontaine à
revenir au contenu du projet de loi, puisque, il le sait fort bien, cela fait
déjà un bon moment qu'il parle de considérations
générales plutôt que du contenu du projet de loi?
L'objectif, en troisième lecture est d'évaluer les
conséquences d'un projet de loi qui vient d'être adopté
article par article et est-ce qu'il aurait dû être plutôt que
ce qu'il est actuellement, et d'exprimer les regrets que nous avons que ce
projet de loi n'ait pas été adopté selon les
recommandations que nous avons faites.
Le Président suppléant (M. Gratton): Je rappelle
simplement les dispositions de l'article 126: "Le débat sur la motion de
troisième lecture d'un projet de loi est restreint à son
contenu." Je pense qu'un député peut fort bien parler des
conséquences que le contenu du projet de loi pourrait avoir, mais il ne
faut tout de même pas que ce soit le seul sujet de discussion.
M. Léger: M. le Président, en troisième
lecture, depuis six ans que je suis ici, j'ai toujours discuté soit des
avantages heureux ou malheureux d'un projet de loi.
M. Hardy: Heureux.
M. Léger: C'est ce que je suis en train de faire, parce
que les conséquences de ce projet de loi vont être
désastreuses pour la population. Je pense que vous avez dû voir
qu'en faisant une image générale au Québec, je voulais
déceler et démontrer par là les conséquences au
niveau d'un groupe de citoyens, c'est-à-dire celui du monde de
l'éducation. Le gouvernement a voulu par ce projet de loi ramener une
paix sociale superficielle. Ne satisfaisant pas le groupe directement
impliqué par cette loi, cela amène comme conséquence que
l'ensemble des citoyens, de plus en plus, comprend que la paix sociale ne se
fait pas à n'importe quel prix. Un jour, les citoyens qui auront la paix
parce que les professeurs seront retournés en classe, eux, un jour,
auront leur tour aussi. Ils auront besoin que le gouvernement s'occupe de leur
groupe de travail, de leur milieu de vie. Quand la population s'aperçoit
qu'on ne cher-
che uniquement qu'à satisfaire superficiellement l'ensemble des
citoyens sans jamais régler le problème des groupes qui sont
à l'intérieur de cette société, c'est là
qu'il y a une conséquence désastreuse.
Je pense que ce projet de loi va directement faire perdre l'année
des élèves. M. le Président, ce n'est pas l'année
d'une présence physique, mais l'année de la qualité de
l'enseignement que l'élève était en droit de recevoir. Si
on regarde dans quel état d'esprit se trouve l'enseignant qui,
après avoir vécu deux décrets de trois ans, se voit
aujourd'hui retourner au travail pour une autre période de trois ans, ne
connaissant pas encore les clauses qui vont être acceptées, ne
sachant pas exactement ce que seront les conditions de travail autant
salariales que les conditions de sa tâche d'enseignement,
l'expérience passée qu'il a vécue depuis six ans le rend
très désespéré devant sa condition de travail. Ce
n'est pas le jour-élève qui compte, c'est la qualité des
cours qui va se donner. Par ce projet de loi, aura-t-on créé chez
le professeur une participation à l'élaboration des politiques
dans le domaine de l'éducation? Non.
Les parents, de plus en plus, et les enseignants ont tellement
été témoins de la dégradation de la qualité
de l'enseignement, de la détérioration du climat dans les
écoles qu'on ne verra pas, par ce projet de loi, l'amélioration
de la qualité de l'enseignement du français dans les
écoles. On ne verra pas, par ce projet de loi, la qualité de la
relation entre professeurs et élèves, puisqu'on n'a pas voulu
toucher à ce point précis dans les négociations, qui
était la pierre d'achoppement, le maximum d'élèves par
classe. M. le Président, on n'aurait même pas eu besoin d'un
projet de loi comme celui-là si on avait réglé ce
problème majeur de la quantité d'élèves par classe.
Comment voulez-vous qu'un professeur et un élève puissent avoir
une relation de maître-élèves avec des classes de 30
élèves, 35 élèves ou 40 élèves?
M. Hardy: Vous étiez combien d'élèves, quand
vous étiez à l'école?
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
M. Léger: M. le Président, quand nous étions
à l'élémentaire, le professeur s'occupait de nous un par
un.
M. Hardy: Vous étiez combien?
M. Léger: On pouvait être 20, 25
élèves. Cela dépendait des cas. Il y avait beaucoup moins
d'élèves dans ce temps qu'il y en a aujourd'hui.
Lé Président suppléant (M. Gratton): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre,
messieurs! Le député de Beauce-Sud sur une question de
règlement.
M. Roy:... en droit parlementaire et qui est assis et passe son
temps à interrompre le député de Lafontaine devrait
être rappelé à l'ordre.
M. Hardy: Mêlez-vous donc de vos affaires. Il est capable
de se défendre.
M. Roy: Oui, je me mêle de mes affaires parce que ce sont
les affaires de l'Assemblée nationale. Vous devriez avoir la
décence, lorsque vous vous adressez à la présidence, de
vous lever, comme je le fais.
M. Hardy: Mêlez-vous donc de vos affaires!
Le Président suppléant (M. Gratton): Le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense que les
professeurs auraient dû recevoir, à l'occasion des
négociations, une appréciation du gouvernement sur le point
précis que je mentionnais tantôt, non pas sur un ratio du nombre
de professeurs pour le nombre d'élèves, mais sur un maximum
d'élèves par classe.
Quand on répond à des professeurs par un langage
administratif, tel que les quotas et les ratios, qui est une façon
mathématique de distribuer des ressources humaines et physiques au
niveau régional, ceci ne correspond absolument pas à la relation
humaine quotidienne qui doit s'établir entre le professeur,
l'école et l'élève.
Si cela avait été réglé, le reste du
problème de l'éducation aurait été facilement
réglé. On n'aurait même pas eu besoin de commissaires. On
n'aurait même pas eu besoin de loi. Il y aurait eu simplement une
continuation des négociations sur des points salariaux, sur d'autres
points normatifs et cela se serait terminé très rapidement. Nous
regrettons de voir que la préoccupation des parents, la
préoccupation des enseignants, la préoccupation du milieu de
l'éducation, la préoccupation du Conseil supérieur de
l'éducation devant la détérioration grave de la
qualité de l'enseignement n'a pas eu d'écho dans la tête du
gouvernement et qu'on a présenté un projet de loi pour simplement
étouffer les aspirations de ceux qui auraient pu être des
partenaires du gouvernement, c'est-à-dire les éducateurs, en
agissant comme quelqu'un qui pose un couvercle sur une marmite qui bout sur un
poêle sans s'occuper de ce qui se passe en dedans.
Tout le monde est en maudit, tout le monde est en colère,
personne n'est satisfait. Il y a des frustrations partout, mais c'est
secondaire; on a mis le couvercle sur la marmite et cela finit là. Tout
va bien, il n'y aura pas de problèmes. Il n'y a aucune difficulté
loin de moi ce sein que je ne saurais voir parce qu'on ne veut
pas voir la solution à ces problèmes, parce que, dans l'esprit du
gouvernement, les professeurs sont une quantité négligeable. M.
le Président, je pense qu'il est très grave d'oublier que, depuis
un bon bout de temps, l'enseignant a des préoccupations d'ordre
pédagogique. L'enseignant, tel que nous l'avons connu auparavant, a
été malgré lui c'est là le problème
que nous vivons avec le projet de loi au-
jourd'hui le propagandiste et l'instrument de diffusion des
valeurs de l'ordre établi et de la libre entreprise auparavant.
Sa vie, M. le Président, se déroulait
généralement sans problème, mais, s'il osait élever
la voix, tout le système scolaire, comme appareil répressif, le
rappelait à l'ordre en lui soulignant l'importance de ses devoirs plus
que de ses responsabilités. L'enseignant a vécu, jusqu'à
ce jour, dans des structures étouffantes, suffocantes,
stérilisantes, génératrices de sclérose, de
découragement et de démissions. Il était au service du
système précisément pour le servir et le perpétuer,
mais non pour le contester et le faire évoluer.
Mais, un jour, M. le Président, les enseignants se sont
trouvé une vocation de contester une société dont ils
représentent, eux aussi, quand même, une portion importante. Une
société doit évoluer, ne doit pas demeurer au statu quo.
C'est pour cela que je pense que ce projet de loi a étouffé les
aspirations des professeurs qui, eux, se voient, comme tant d'autres
Québécois, tributaires et victimes d'une société et
d'un gouvernement sans objectifs au plan politique, au plan économique,
au plan social et au plan culturel. En somme, M. le Président, le
professeur a toujours été le véhicule principal des
valeurs de la société, mais, en retour, il n'a jamais
été aux yeux des dirigeants de cette société et du
gouvernement actuel, un aide de grande valeur.
Les dernière propositions gouvernementales au chapitre des
salaires et des conditions de travail sont un témoignage éloquent
du peu d'importance qu'accorde le gouvernement libéral actuel à
cette catégorie socio-professionnelle. Il est, en effet, très
très rare qu'un pays civilisé propose à des enseignants un
contrat collectif de travail représentant une diminution relative de
salaire, une augmentation du fardeau de la tâche, une présence
obligatoire accrue à l'école, en plus d'une instabilité
d'emploi. C'est pourtant, M. le Président, ce que l'Etat
québécois propose à ses enseignants dans la
présente négociation et, maintenant, on les oblige à
négocier à l'intérieur de cette loi, sans aucun pouvoir de
pression.
Pas satisfaits de les provoquer, les caporaux du régime,
informent encore les enseignants que la masse salariale n'est plus
négociable et qu'ils doivent maintenant fonctionner avec des
commissaires qu'ils n'auront même pas le droit de nommer.
Les enseignants ont maintenant une loi spéciale. C'est ce que
j'appelle, en langage clair, de la folie furieuse et la négation
même du droit à la libre négociation. Il faut vraiment
détester les enseignants pour leur faire un coup aussi sale et aussi
bas. Ces rebuffades et ce manque de considération à l'endroit de
la classe des enseignants auront pour effet que, comme depuis plusieurs
années, les professeurs les plus qualifiés, les plus brillants et
souvent les plus engagés quitteront peut-être la carrière
pour un monde plus valorisant et plus épanouissant.
On ne peut pas continuellement créer une situation qui fait que
des générations complètes d'ensei- gnants sont mises de
côté, sont placées dans une situation où on ne les
consulte même pas. On les considère comme des anarchistes, comme
des minables qui n'enseignent même pas bien à nos enfants, parce
que, par malheur, ils ne disent pas exactement ce que l'Etat voudrait bien
continuer à conserver, c'est-à-dire ses valeurs à lui
seul, alors que nous sommes dans une société où il y a des
agents de changement et une société qui est en train
d'évoluer. Les professeurs sont un groupe ayant une
responsabilité énorme, étant celui qui doit transmettre,
non pas uniquement les valeurs du système, mais l'ensemble des valeurs
qui existent dans le monde entier et spécialement les valeurs qu'
correspondent à la réalité québécoise.
Ces valeurs, il faut les transmettre de façon à ce qu'on
crée, pour demain, une génération, non pas d'enfants
nonos, obéissant à l'aveuglette, une génération
d'imbéciles, mais une génération qui demain sera capable
de critiquer honnêtement et sérieusement la situation et qui
pourra faire évoluer la société de demain.
On a dit depuis toujours que les enseignants, en étant en
grève, et les commissions scolaires, en créant des lock-out,
faisaient cela sur le dos des enfants, qui étaient des innocents. Je
vous dis, M. le Président, les enfants, actuellement, par la loi que
nous avons ici, ne sont pas des innocents, ce sont des victimes. Mais, dans une
dizaine d'années, on aura créé des innocents, parce qu'on
n'aura pas su leur donner un sens critique, une possibilité de
réfléchir, de tamiser les événements pour
être capables de faire une propre autocritique devant les
événements qui s'en viennent. Ce qu'il faut, ce ne sont pas des
enfants qui marchent en rangs, ce sont des enfants qui peuvent faire
évoluer l'ensemble de la société.
M. le Président, le gouvernement devrait être conscient,
également, qu'il se doit, à travers le système de
l'éducation, de travailler à la plus grande richesse naturelle
que les Québécois possèdent. Comme je le disais hier,
cette plus grande richesse naturelle, ce sont nos enfants; ils sont
peut-être une des rares richesses naturelles que les
Québécois possèdent qui n'appartienne pas aux
Américains.
Ce qui fait défaut dans le système scolaire, ce ne sont
pas les étudiants ni les enseignants, c'est le milieu éducatif
lui-même; c'est le milieu qu'il faut réinventer. Nous avons tout
ce qu'il faut; nous avons une jeunesse curieuse et avide d'apprendre. Nous
avons des enseignants qui ne demandent pas mieux que de satisfaire cette soif
de savoir.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. le Président, je pensais tantôt que vous aviez
été assez clair, assez précis dans vos remarques au
député de Lafontaine pour qu'il se soumette à votre
directive.
Actuellement, le député de Lafontaine parle du milieu de
l'éducation à réinventer. il est évident que la loi
que nous avons déjà adoptée en deuxième lecture et
que nous allons adopter en troisième lecture ne réinventera rien.
C'est pour permettre aux enfants de continuer
d'aller à l'école.
M. Léger: C'est certain que ce n'est pas vous qui allez
inventer quelque chose.
M. Hardy: Alors, il n'y a pas de conséquence
négative ou positive ou de relation positive ou négative entre le
contenu de la loi et toute la littérature que le député de
Lafontaine est en train de nous servir. Je veux bien qu'il exerce ses talents
littéraires, mais tout en respectant le règlement.
M. Léger: Sur le point de règlement, M. le
Président. Je ferai remarquer au député que je suis
sûr qu'il ne veut pas comprendre ou qu'il n'est peut-être pas
capable de comprendre...
M. Hardy: C'est sûr.
M. Léger: ... que je suis en train de dire que la loi que
nous venons d'adopter, il est regrettable de réaliser qu'elle va
créer une situation intenable dans le monde de l'éducation. Mais
le député ne veut pas que je parle de cette chose, parce qu'il en
sait fort bien les conséquences désastreuses.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre! A
l'ordre! Sur la question de règlement, moi aussi depuis le début
j'écoute attentivement et je dois admettre que le député
de Lafontaire a quelque peu outrepassé les dispositions de l'article 126
qui restreignent le débat au contenu du projet de loi. Je suis sûr
qu'il y reviendra immédiatement.
M. Hardy: On est au moins deux à ne pas comprendre.
Le Président suppléant (M. Gratton): Le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense qu'il est
très important, à l'occasion de l'adoption en troisième
lecture d'un projet de loi de dire pourquoi nous allons voter contre la
troisième lecture. C'est parce que ce projet de loi va amener des
conséquences beaucoup plus graves. On a un objectif bien particulier:
ramener la paix, les services dans les écoles. Or, nous avons, en
troisième lecture, adopté des amendements, des articles et
aujourd'hui, il faut quand même...
Le Président suppléant (M. Gratton): C'est de cela
que vous devez nous parler. Des articles, des amendements qui ont
été soit adoptés ou rejetés. Ce que vous faites
depuis le début est un débat de deuxième lecture.
M. Hardy: Cela fait une demi-heure qu'il est en dehors du sujet
mais il y arrive.
M. Léger: M. le Président, je suis appelé,
si vous pouviez avoir un peu plus de patience, à parler sur le climat
qui va ressortir des articles que nous avons votés.
Le Président suppléant (M. Gratton): Le climat
n'est pas dans le projet de loi.
M. Léger: C'est à cause du projet de loi qu'il y a
un climat M. le Président. Voyons donc, qu'est-ce cela? Je sais bien que
le gouvernement ne veut pas se faire dire ses vérités, mais il va
les savoir quand même.
Le Président suppléant (M. Gratton): Vous avez
été interrompu, continuez.
M. Léger: Pardon?
Le Président suppléant (M. Gratton): Continuez.
M. Léger: M. le Président, nous avons adopté
des articles d'un projet de loi qui va atteindre d'autres objectifs que ceux
que nous aurions dû avoir, à ce moment. Je dois quand même
féliciter le ministre de l'Education d'avoir accepté certains
amendements que nous lui avons apportés. Ce sont des amendements
mineurs, mais cette loi est tellement néfaste et destructive qu'au moins
on va permettre qu'elle ne soit en vigueur que le 12 avril, c'est-à-dire
lundi à minuit et une minute, de façon que tout le personnel
enseignant, tout le milieu de l'éducation qui va subir cette loi
matraque ne pourra pas, du coup, accepter cela sans avoir au moins une
période de réflexion, de révolte, de frustration.
Cela va faire neuf ans, avec les trois années qui s'en viennent,
que le milieu de l'éducation subit un système de décret,
des conditions de travail qui n'auront pas été
négociées et un milieu de travail tellement déprimant
qu'il n'a même pas la possibilité d'en corriger un peu, au moins,
les conséquences dans ce milieu de vie.
C'est tellement dépersonnalisé dans le milieu de
l'éducation que l'enseignant se sent absolument démuni, M. le
Président. Alors, il avait un certain espoir, ce professeur, de pouvoir,
à l'occasion des négociations, faire corriger cela. Et cela s'est
vu dans ses demandes salariales, dans ses demandes sur la tâche, dans ses
demandes sur la qualité de l'enseignement. Malheureusement, M. le
Président, non seulement on lui a refusé cela, mais, en plus, on
lui impose un retour au travail dans les mêmes conditions qu'avant, dans
la même noirceur qu'avant, avec beaucoup moins d'espoirs qu'avant.
On ne veut pas parler du climat qu'il va y avoir dans les écoles.
Est-ce qu'on pense, parce que le professeur va être assis à son
pupitre et que l'élève va être assis à son pupitre,
qu'il va y avoir une meilleure relation maintenant, M. le Président?
Est-ce qu'on va être obligé, pour savoir si le professeur fait
réellement bien son travail, d'avoir un policier dans chaque classe pour
écouter si l'enseignement est bon? Est-ce qu'on pense qu'on a
amélioré le climat parce qu'on retourne, physiquement, chaque
professeur dans sa classe? Est-ce qu'on pense avoir réglé ce
problème, M. le Président?
C'est la raison pour laquelle, dans les prochains jours, il peut y avoir
une révolte normale pour des gens qui ont à coeur leur travail.
Malheureusement, il pourrait y avoir des conséquences
graves. C'est pourquoi nous sommes heureux et nous félicitons le
ministre d'avoir accepté, au moins, que cette loi n'entre en vigueur que
lundi. Après quelques jours de calme, de sérénité
et de réflexion, même si on doit accepter une loi qui est mauvaise
et qui est dure, au moins, on aura eu le temps de calmer les esprits.
Peut-être que les frustrations seront plus lentes à
apparaître, mais le gouvernement ne voudra jamais voir les
conséquences de cela. Je me charge de lui rappeler
régulièrement, pendant les trois prochaines années, ce qui
s'est passé ici.
M. le Président, je félicite le ministre d'avoir
accepté de permettre que les professeurs qui ont perdu beaucoup de
jours, soit par lock-out, soit par grève ou par harcèlement
quelconque, rattrapent ces jours par un travail supplémentaire et que,
comme ces jours n'avaient pas été payés quand ils ont
été perdus, ils soient payés à nouveau. Je pense
que le ministre a bien fait d'accepter notre amendement et je le
félicite là-dessus. Je le félicite aussi...
M. Bienvenue: Si on me le permet, M. le Président, je suis
entré en Chambre par pur hasard pour entendre des paroles aimables.
M. Léger: Pour les félicitations, vous avez compris
tout de suite.
M. Bienvenue: Cela m'a fait entrer en Chambre et je remercie le
député de Lafontaine.
M. Léger: Je remercie le ministre d'avoir accepté
un autre amendement concernant l'accréditation dans les associations de
syndicats. Il a apporté un amendement un peu différent du mien,
mais il atteint le même objectif. Je suis convaincu qu'il
reconnaîtra avec moi que l'amendement que nous lui avions proposé
l'avait sensibilisé à la chose.
M. le Président, nous regrettons, quand même, que le
gouvernement n'ait pas accepté que l'article 2 soit amendé pour
remplacer le chiffre 80 par le chiffre 30. A ce moment-là, on vient de
tuer dans l'oeuf, on vient d'enlever également ce qu'on ne
pouvait pas faire auparavant parce que c'était illégal le
droit de grève à des enseignants. Maintenant, ceci veut tout
simplement dire que les négociations ne seront plus possibles, parce que
les professeurs ne pourront plus avoir derrière leurs revendications un
argument, un moyen de pression obligeant la partie patronale à faire
certaines concessions.
Nous aurions espéré que le chiffre 80 soit remplacé
par le chiffre 30 afin que la partie patronale, devant la possibilité
que dans 30 jours, les enseignants puissent aller encore en grève ou en
harcèlement, soit obligée de donner des concessions et ainsi,
peut-être, améliorer et rapprocher les deux groupes. On a
refusé cet amendement ce qui veut dire, à toutes fins pratiques,
qu'on leur a complètement enlevé le droit de grève. Encore
là, on a mis le couvert sur la marmite parce que cela bouillait
trop.
Nous regrettons aussi, M. le Président, que la loi touche aussi
l'année prochaine et non pas uniquement l'année en cours. Je
pense que le problème s'est posé cette année et on aurait
dû, quand même, limiter les dégâts uniquement à
l'année en cours.
Nous aurions bien aimé que le gouvernement ajoute je pense
qu'on s'est servi d'un terme légaliste un article qui aurait
permis d'accepter les offres patronales, au moment où le gouvernement
arrive avec son deuxième bâton. Il avait son bâton du
patron, c'est-à-dire le lock-out, il avait le bâton aussi du
gouvernement qui peut adopter une loi. Il est arrivé avec son
bâton de gouvernement pour adopter une loi et il n'a même pas
accepté de donner les offres qu'il avait déjà
présentées à la table de négociation quand il
était uniquement le patron représentant les commissions scolaires
et les fédérations des commissions scolaires.
M. le Président, je pense que, d'un côté, le
gouvernement offre aux enseignants une certaine somme salariale et, comme ce
n'est pas accepté, le gouvernement dit: Malgré tout cela, on te
retourne au travail. Tu vas continuer à négocier. Mais on ne lui
donne même pas, en même temps qu'on lui enlève son pouvoir
de pression, les sommes qu'on lui avait offertes. Je pense qu'on ne voulait pas
que le professeur rentre avec une certaine dignité à
l'école. On voulait qu'il y retourne à quatre pattes. On voulait
casser le syndicat. On voulait montrer à la population qu'on a des
muscles, qu'on est capable d'adopter des lois. Imaginez-vous. Nous autres, la
loi et l'ordre, cela compte. On l'a vu, la loi et l'ordre, tantôt, avec
le président de la commission parlementaire, qui refusait les questions
de règlement.
M. Hardy: A l'ordre!
M. Léger: La loi et l'ordre, M. le Président.
M. Hardy: A l'ordre!
M. Léger: La première personne qui doit respecter
la loi et l'ordre, c'est celle qui fait la réglementation, c'est celle
qui fait le règlement et c'est celle qui doit l'appliquer. Ce n'est pas
uniquement la population qui doit suivre les conséquences de cela. Il y
a ceux qui font la loi. Le gouvernement lui-même se doit de respecter la
loi. Les présidents des commissions, les présidents de
l'Assemblée nationale se doivent de respecter la loi. Ce n'est pas parce
qu'on est les responsables d'une loi qu'on ne doit pas la faire respecter.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
L'honorable ministre des Communications invoque le règlement.
M. Hardy: Vous savez, les gens d'en face et
quand je parle des gens d'en face, ce sont ceux qu'on a directement en
face sont d'un bizarre incalculable.
Au moment même où ils nous parlent de respecter la loi, ils
la violent directement. C'est cela la logique, la cohérence de ce monde.
C'est du monde drôle. Mais, ils ont beau être drôles, il
faudrait peut-être les aider à être moins drôles et
surtout leur demander, au moment où le député de
Lafontaine nous dit que le gouvernement doit respecter la loi je suis
parfaitement d'accord avec lui de donner l'exemple. Commencez par faire
ce que vous prêchez. Quand vous parlez de cela je ne discute pas
du fond pendant le débat de troisième lecture vous
enfreignez le règlement que vous avez vous-même adopté,
comme parlementaire.
M. Léger: M. le Président, l'exemple vient de haut;
sur la question de règlement.
Le Président suppléant (M. Gratton): Sur la
question de règlement?
M. Léger: Oui, M. le Président. L'exemple vient de
haut, parce qu'on l'a vécu cet après-midi, on le vit
actuellement; le député qui vient de parler sur la question de
règlement, juste avant il m'avait interrompu pendant que je parlais
régulièrement. Lui, il me fait la leçon et dit que je
viole le règlement, alors qu'il le faisait encore quelque temps
auparavant.
Le Président suppléant (M. Gratton): Est-ce que je
pourrais dire au député de Lafontaine que, jusqu'à ce
qu'il nous parle de ce qui s'était passé en commission
tantôt, cela faisait dix bonnes minutes qu'il était très
pertinent quant à l'article 126?
M. Léger: Merci, M. le Président, je vous voyais
réellement intéressé aussi, vous suiviez le débat
avec une intensité rare.
Le Président suppléant (M. Gratton): Personne ne
vous interrompait.
M. Léger: Le député de Terrebonne sera
certainement heureux de savoir qu'il y aurait pu y avoir une autre façon
de régler le problème quant à la nomination des
commissaires. Il est un homme démocratique qui souvent présente
les aspects d'une personne qui voudrait bien être démocratique. Il
a le souci de cela. Il doit admettre quand même que dans la loi on les
impose à un des groupes directement impliqué dans ce projet de
loi.
Ce projet de loi ne touche pas uniquement la grève, mais aussi
les lock-out et c'est la partie patronale qui fait des lock-out. Mais les
commissaires sont nommés par le partenaire de cette partie patronale,
c'est-à-dire le gouvernement. C'est donc dire qu'on aurait pu,
décemment, demander que les enseignants ou les représentants des
enseignants et des syndicats aient aussi le droit d'être consultés
sur la nomination de ces commissaires, qui, eux, vont avoir à travailler
avec le syndicat autant qu'avec la partie patronale.
M. le Président, est-ce démocratique d'imposer, par une
loi, des commissaires qui auront un rôle d'observateur, qui auront une
responsabilité, qui devront régulièrement rencontrer les
deux groupes alors que la partie patronale les nomme, c'est-à-dire le
gouvernement, et que la partie syndicale n'a même pas été
consultée? On a refusé de la consulter. M. le Président,
nous avions demandé aussi que non seulement ces commissaires aient une
préoccupation des coûts mais aussi une préoccupation quant
à la qualité de l'enseignement.
On a refusé de toucher à cela parce que, en
réalité, on ne veut pas régler la qualité de
l'enseignement au Québec avec une loi comme celle-là. Tout ce
qu'on veut, c'est tout simplement ramener l'ordre. Ni plus ni moins. C'est un
peu comme quelqu'un qui ne veut pas changer les draps de son lit, qui ne veut
pas faire son lit, mais qui met une belle couverture par-dessus le lit tout
défait. On voit les bosses partout, mais on a quand même, pour la
visite qui va venir tantôt, mis une couverture sur un lit qui est
complètement défait, rempli de bosses, rempli de
sous-vêtements, etc., mais cela paraît bien, on a couvert le grand
lit. Ce qu'il y a en dessous par exemple, on espère que la population ne
verra pas cela.
M. Parent (Hull): ... un peu comme discours.
M. Léger: Mais malheureusement la population est de plus
en plus consciente. C'est la raison pour laquelle cette fois-ci le gouvernement
était mal à l'aise de voir les sondages et les groupes de parents
qui appuyaient la demande des enseignants. Le gou-vernement était
très mal à l'aise de voir que même son Conseil
supérieur de l'éducation favorisait les demandes des enseignants.
Le gouvernement était vraiment mal à l'aise de tout cela, C'est
parce que les gens sont maintenant au courant de ce qui se passe. Ce ne sont
plus des gens qui ne sont pas renseignés; on est sensibilisé
à ces choses.
M. le Président, étant donné qu'il est six heures,
je voudrais proposer la suspension du débat.
M. Hardy: M. le Président, je propose la suspension de la
séance à 20 heures.
Le Président suppléant (M. Gratton): Adopté.
L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à ce soir, vingt
heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Président: A l'ordre, messieurs! Le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, lorsque nous avons
suspendunos travaux à l'occasion du dîner, j'étais en train
de démontrer jusqu'à quel point nous étions
déçus de voir que le projet de loi no 23 va plonger tout le
domaine de l'enseignement et de l'éd ucation dans une période de
grande noirceur, va retourner dans le milieu de l'éd ucation des
enseignants qui avaient un grand espoir de profiter de ces négociations
pour atteindre l'objectif qu'ils espéraient obtenir, c'est-à-dire
corriger la qualité de l'enseignement qu'il sont dû subir depuis
les deux derniers décrets, soit depuis les six dernières
années.
Les conséquences de ce projet de loi nous amènent à
être convaincus que, pour avoir voulu régler en trois heures le
contenu d'une loi, sans être capables d'approfondir les
conséquences détaillées de chacun des articles qui nous
ont été présentés, nous allons malheureusement voir
peut-être des conséquences à long terme beaucoup plus
graves que nous ne l'avions prévu. En d'autres mots, pour éviter
une perte de jours-élève bien significative, on a obtenu en
contrepartie une diminution de la qualité de ces
jours-élèves.
Nous avions espéré, une fois que le projet de loi
était obligatoirement devant nous, que nous aurions pu corriger certains
articles qui vont apporter des conséquences les plus graves. Entre
autres, il y a un article sur lequel nous avons passé tellement
rapidement que nous n'avons pas pu discuter les conséquences graves de
son adoption.
C'est l'article qui touche particulièrement les salariés
qui seront présumés avoir contrevenu aux dispositions des
articles 3 et 4 au cours d'une journée, dès qu'il est
prouvé, prima facie, que ce salarié n'a pas exercé ses
fonctions au cours de cette journée.
Je pense que c'est à peu près un des pires articles que
l'Assemblée nationale ait jamais adopté. La présomption de
culpabilité est une chose inacceptable dans une société
moderne. Cela nous ramène quasiment à la période des
mesures de guerre. Une personne, sans aucun avis, sans aucune occasion de se
disculper est déjà présumée coupable.
Je donne un exemple des conséquences de cela. Vous avez un
professeur de géographie, par exemple, dans une école, qui
habituellement donne son cours de géographie à l'intérieur
de la classe. Au cours des 80 jours pendant lesquels il est censé faire
son travail tel qu'il est stipulé plus haut, selon l'habitude, etc., il
décide d'amener sa classe à une vingtaine de milles de
Montréal pour étudier, d'une façon différente, le
contenu, disons donc, de son programme pédagogique de la journée.
A ce moment-là, si cela ne plaît pas à certains
élèves qui disent qu'ils aimeraient mieux être en classe,
pour différentes raisons, le professeur ne se trouve pas à avoir
rempli, au cours de cette journée, directement ou indirectement, le
travail qu'il faisait habituellement. Un élève se plaintet,
immédiatement, si on suit l'article 20, "tout salarié... est
présumé avoir contre- venu aux dispositions desdits articles au
cours d'une journée dès qu'il est prouvé prima facie que
ce salarié n'a pas exercé ses fonctions au cours de cette
journée".
On peut dire: II était en vacances, il s'est reposé, il
est allé à la campagne. Mais il étai en train d'enseigner
la géographie dans un cadre différent. Et avant qu'il puisse
prouver cela, d'abord il y a présomption de culpabilité.
M. le Président, c'est une injustice très grave qui peut
être mise de l'avant. On m'a dit, entre autres, je me suis laissé
dire, comme disent souvent certaines personnes, que même quand on a
présenté un projet de loi comme celui-là au caucus du
Parti liberal, il y en avait des biens pires que cela qui ont été
enlevés. Imaginez-vous ce qu'il aurait pu y avoir dans ce projet de
loi.
Il fallait donc les mettre à leur place, les professeurs qui sont
un danger public pour l'ordre établi! Qu'ils sont donc dangereux, ces
professeurs! Qu'il faut donc se venger sur eux! Ils vont contaminer notre
jeunesse, ils vont lui permettre de réfléchir. C'est grave!
C'est le plus grand péché qu'il peut se commettre de
permettre aux enfants de réfléchir, M. le Président,
d'avoir une opinion, de ne pas tout assimiler dans le système, mais
peut-être d'avoir un esprit critique pour susciter certains changements
et faire évoluer plus tard la société. C'était
grave, ils sont donc dangereux pour notre ordre établi, pour ceux qui
sont au pouvoir! C'est sûr qu'un système a à sa tête
des gens qui désirent que le système ne change pas; souvent on ne
veut même pas qu'il évolue parce que, s'il évolue, il y a
des dangers. Le professeur, qui est là pour transmettre la connaissance,
les valeurs et la science, se voit, tout à coup, comme un danger public
pour ceux qui représentent le pouvoir, ceux qui sont en place, le
pouvoir capitaliste en place, le pouvoir de l'entreprise libre et le pouvoir de
ceux qui veulent diriger le Québec à leur façon en faisant
croire aux gens qu'il ne faut pas changer cela, car c'est dangereux.
On en voulait donc aux professeurs, M. le Président, pour mettre
des articles aussi pitoyables que l'article 20, où on abuse d'un pouvoir
juridique. C'est une présomption de culpabilité
outran-cière; chaque personne devra prouver qu'elle n'était pas
coupable et, à première vue, elle sera coupable, M. le
Président. Il se peut fort bien qu'une personne se trouve malade le
même jour que ceux de son groupe qui n'accepteraient pas d'aller à
l'école. Eux seraient peut-être coupables pour avoir
outrepassé la loi. Mais l'autre, qui est réellement malade, sera
accusé par présomption d'être comme les autres, de ne pas
avoir suivi la loi. Il sera passible des différentes amendes et des
sanctions qui sont là.
C'est la conséquence d'un projet de loi étudié
à la vapeur en trois heures; des articles comme celui-là sont
inacceptables. On voulait mettre des dents; on a mis non seulement des dents
mais on veut l'avaler en entier, le système d'éducation. On est
en train de le rétrécir. On est en train, non seulement de le
déprécier, mais de le diriger d'une fa-
çon telle qu'il ne pourra plus rien y avoir de créateur
dans ce système, et c'est ce qui est grave.
Je pense que le gouvernement a réellement manqué en
présentant un article comme celui-là sur lequel on n'a même
pas pu s'exprimer. Nous avions un amendement et tout le monde sait le brouhaha
dans lequel la commission s'est terminée. Nous n'avons même pas pu
proposer l'amendement qui aurait fait disparaître cet article. Si on
avait eu le temps de s'exprimer sur l'article 20, M. le Président, si le
président en place n'avait pas eu l'audace de faire passer l'autre
amendement avant, on aurait pu, au moins, expliquer au gouvernement, à
l'intérieur des trois heures, qu'on ne pouvait pas permettre un article
de cette arrogance.
C'est une atteinte à la liberté même des citoyens au
Québec et spécialement du corps enseignant. C'est pratiquement
comme si on disait: Tirez-les à vue, ils sont dangereux, les
professeurs. Imaginez, M. le Président, ils sont dangereux!
Il devrait y avoir, dans le corps professoral, autant de professeurs de
telle tendance et autant de professeurs de telle autre tendance qu'il existe
dans une société de gens qui sont de telle tendance ou d'une
autre tendance. C'est normal, il ne faut pas avoir peur. Mais il faut
réellement être de ceux qui craignent des changements, parce que
cela peut plaire à d'autres et peut déranger bien des personnes,
pour éviter de faire face à la réalité
quotidienne.
M. le Président, l'article 20 aurait dû être
retranché pour éliminer de la loi une présomption qui
était exorbitante. La même chose pour l'article 21. Et, en fin de
compte, l'article 24 a reçu un amendement qui a amélioré
quand même le projet sur ce côté. On peut dire que nous
sommes heureux que le ministre l'ait apporté. Cependant, nous aurions
voulu discuter aussi des autres articles.
Il faut quand même admettre que si nous n'avons pu faire adopter
tous nos amendements, le résultat concret du projet de loi sera
d'obliger l'ensemble des partenaires des milieux syndical et patronal dans le
domaine de l'éducation de réaliser que pour eux, à
n'importe quel niveau qu'ils soient, autant les commissions scolaires que les
professeurs, cette loi n'encourage en rien la poursuite des
négociations. Puisque, M. le Président, une négociation
comme telle exige, pour chacune des parties qui négocient, qu'elle ait
quelque chose à gagner ou à perdre dans cette négociation.
Quand deux adversaires se font face et qu'ils veulent discuter chacun selon des
objectifs et des intérêts à défendre, c'est
sûr qu'ils ne peuvent garder complètement ce qu'ils veulent
défendre; il faut nécessairement qu'ils acceptent d'en laisser
aller un peu et acceptent d'en obtenir un peu de l'autre côté.
Cela prend des moyens de pression parce qu'à un côté de la
table, on peut avoir tous les moyens de pression. Par exemple, le
côté patronal maintenant n'a qu'à attendre 80 jours; au
bout de 60 jours, il va y avoir des observations faites par les commissaires,
et après cela, il va peut-être y avoir un décret venant du
gouvernement, même si le ministre dit: Non, il n'y en aura pas.
A un moment donné, il va falloir qu'il se tanne, parce que les
gens ne sont pas pour signer une convention s'il n'y a rien de changé
à moins que, de guerre lasse et n'ayant aucun espoir d'avoir quelque
chose on ne se dise: On est aussi bien de signer ce qu'on a là, le
couteau sous la gorge.
M. Parent (Hull): Vous seriez surpris de connaître le
nombre de ceux qui sont prêts à accepter les offres.
M. Léger: M. le Président, c'est sûr qu'il
doit y avoir...
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi n'avez-vous pas
continué les négociations?
M. Parent (Hull): Vous seriez surpris. Enlevez les chefs, vous
allez voir combien il y en a qui sont prêts à signer.
M. Bédard (Chicoutimi): Ah! Ce sont seulement les chefs,
là.
M. Parent (Hull): J'en suis convaincu.
M. Léger: Est-ce qu'il y en a plus que 50%?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Ce n'est pas la place pour la négociation.
M. Léger: M. le Président, négociation, dans
le climat actuel, c'est un mot, je pense, qui va disparaître du
dictionnaire.
Si le ministre affirme qu'il y en a un nombre très important qui
serait prêt à signer, pour quelle raison nous présenter ce
projet de loi? Cela sert à quoi, s'ils étaient prêts
à signer? La CEQ a même affirmé qu'ils étaient,
à 5% près, proche des offres patronales.
M. Bellemare (Rosemont): Nomme-nous ceux qui sont contre,
toi.
M. Parent (Hull): Ils devraient renseigner leurs membres.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Léger: M. le Président, vous savez, le
gouvernement qui admet que le syndicat refuse de renseigner ses membres, a tous
les moyens de le faire avec une agence extraordinaire comme Pierre Tremblay,
qui n'attend que des contrats. Le gouvernement pourrait ainsi renseigner
davantage les membres que le syndicat ne renseigne pas. Vous avez l'argent,
vous avez l'agence, vous avez tout ce qu'il faut pour faire de la
démagogie. Profitez de la publicité que vous donnez à
votre agence, amie de votre organisation libérale, pour renseigner les
gens de la CEQ. On voit cela régulièrement à la
télévision, dans les journaux. Vous n'avez pas de
problèmes, renseignez-les. Mais ce
qui est malheureux, c'est que la partie patronale, actuellement, n'a
qu'à rester bien assise. Elle n'a rien à perdre, le temps marche
pour elle, tandis que la partie syndicale, ne pouvant plus avoir des moyens de
harcèlement, n'a qu'à se soumettre. A ce moment-là, le
gouvernement pourra dire d'une façon paternaliste: Voilà, enfin,
vous avez compris que ce qu'on vous offrait, c'était pour votre bien.
Vous voyez bien que c'était pour votre bien.
C'est sûr que vous avez les moyens de permettre à la partie
syndicale de se laisser aller à la signature à la fin, mais, M.
le Président, ce n'est pas parce qu'ils ont négocié. Vous
leur avez encore, pour une troisième fois, entré la loi dans la
gorge, comme vous avez entré la commission parlementaire dans la gorge
de l'Opposition officielle, aujourd'hui.
M. le Président, nous regrettons que l'article 10 du projet de
loi confie aux commissaires des fonctions d'enquêter sur des questions
qui opposent les parties aux négociations dans le secteur de
l'éducation, d'entendre les parties et d'examiner les dernières
offres et demandes de chacune d'elles ainsi que l'impact éventuel au
point de vue du coût de celles-ci.
Le mandat de ces commissaires est, à mon avis, bien loin
d'être clair en ce qui concerne les observations qui pourront être
contenues dans le rapport qu'ils seront tenus de remettre aux parties, dans les
60 jours de leur nomination. Il procède également d'une tout
autre philosophie que celle qui est inhérente à la notion d'un
médiateur.
M. le Président, j'ai l'impression que les commissaires vont
être trois badauds. Un badaud, savez-vous ce que c'est? C'est quelqu'un
qui reste tranquille., qui regarde une maison se construire ou qui regarde une
autre maison se détruire. Il examine tout cela la bouche ouverte; il
regarde cela. Il peut peut-être dire aux gens: Toi, ça va?
Qu'est-ce que vous faites là? Il peut jaser un peu comme cela, mais il
ne peut absolument pas aider le gouvernement et surtout l'opinion publique
à se forger une idée de la réalité et du juste
milieu qui pourrait exister entre la demande patronale et la demande syndicale.
Il ne peut pas parce qu'il n'est qu'un observateur. Le gouvernement a bien trop
peur de lui demander de faire des recommandations, même des
recommandations non obligatoires, parce qu'il craindrait bien trop. Il faut le
dire, le gouvernement craint énormément les conséquences
politiques d'une recommandation venant d'un médiateur neutre qui
regarderait les demandes du syndicat et les demandes des patrons. Il a b.en
trop peur que les conséquences soient justement de donner à
l'opinion publique la juste revendication, la juste valeur de ce que demandait
en grande partie la partie syndicale.
M. Vallières: Vous êtes irresponsable.
M. Léger: Le gouvernement a bien trop peur, c'est pour
cela...
M. Vallières: Vous êtes un irresponsable.
M. Léger: II aurait été très habile,
par exemple, s'il avait été réellement honnête, de
mettre dans sa loi, au moins un médiateur. Tout le monde retourne au
travail, par une loi matraque. Mais au moins s'il avait mis un
médiateur, le personnel enseignant et le monde de l'éducation
aurait pu dire: Le médiateur, quand même, va être
obligé de dire publiquement exactement les conséquences, puis il
va suggérer des choses, il va rapprocher les parties, il va ramener les
gens à une meilleure objectivité, il va créer un climat de
sérénité et il va ressortir, de cela, quelque chose.
L'opinion publique pourrait dire au gouvernement: Pour quelle raison ne
donnez-vous pas suite aux recommandations non obligatoires, aux recommandations
d'un médiateur? Le gouvernement, comme de raison, surtout celui qu'on
connaît actuellement, qui ne marche que par la vision d'une image
à donner à la population, une image, un poli il est
tellement mince, le poli, que le moindre petit vent pourrait faire partir la
peinture ...
La population est un peu tannée...
M. Parent (Hull): C'est votre cas.
M. Léger: La population est tannée d'avoir à
repeinturer régulièrement quelque chose qui ne tient pas
debout.
M. Parent (Hull): On va assez vous peinturer qu'il n'en restera
plus un de l'autre bord.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Léger: Amenez-les vos élections, M. le
Président, on est prêts, on vous attend. Il est temps de nettoyer
le Québec. On attend cela. C'est une invitation que nous attendons avec
plaisir. On va nettoyer cela. Même les places...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): C'est tout un
négociateur.
M. Bellemare (Rosemont): Le futur ministre de l'Education.
M. Léger: Un négociateur, après avoir
entendu les parties, émet des observations qui sont susceptibles...
M. Vallières: ... dans l'opposition.
M. Léger: ... de rapprocher les parties et de lancer sous
un jour meilleur des négociations qui achoppaient. J'ai bien peur, M. le
Président' qu'avec l'article 9 et les suivants du projet de loi 23 tout
ce qui va se produire, c'est que le rapport des commissaires aux
différends scolaires ne fera que constater l'écart entre les
positions des parties sans indiquer la solution au conflit. Un tel
rapport ne ferait que constater ce que nous savons tous
déjà. En ce sens, il est incroyable que le gouvernement penser
améliorer la situation actuellement avec la nomination de ce genre de
commissaires. On accepte difficilement le fait que les commissaires aux
différends scolaires soient nommés uniquement à la
discrétion du gouvernement. Pour quelle raison ne pas les faire accepter
par le syndicat? M. le Président, ils pourraient les refuser; le
ministre de l'Education disait cet après-midi: Ils vont les refuser
continuellement. D'accord qu'ils peuvent en refuser quelques-uns. Vous auriez
pu au moins leur suggérer des noms. Dans la loi on aurait pu indiquer
que vous pouviez leur suggérer des noms. Après un certain temps,
si on n'a pas accepté les noms, on leur en impose d'autres. Vous auriez
pu au moins tenter la chance qu'ils acceptent des noms ou leur donner une
série de noms qui pourraient être acceptés de part et
d'autre. La population aurait jugé de la latitude autant du syndicat que
du côté patronal.
M. le Président, la période de 80 jours démontre
qu'on enlève directement la possibilité de faire la grève
et d'avoir un moyen de pression. Je pense qu'une grande absente dans ce projet
est l'insertion. L'absence d'insertion par le gouvernement d'une clause qui
ferait que les offres du gouvernement soient immédiatement
versées aux salariés qui sont à l'emploi des
collèges ou des commissions scolaires. Le gouvernement avait payé
l'année dernière en dehors de la période où nous
sommes actuellement, et même après que le décret fut
terminé, le forfaitaire de 17,13%. Pour quelle raison ne ferait-on pas
la même chose cette année ou même les faire changer
d'échelle? On aurait pu le faire, mais non, le gouvernement dit: Nous on
a du muscle. On est entêté. Entêté, c'est
borné, têtu, cela c'est du rhinocéros.
Avoir du caractère, c'était avoir des idées, puis
de la volonté selon un éclairage qui est beaucoup plus objectif.
La différence, M. le Président, c'est un gouvernement
entêté dont le seul objectif est d'essayer d'écraser ceux
qui ne sont pas de son avis, plutôt que de recueillir tout simplement les
possibilités de ceux qui peuvent apporter beaucoup dans une
société.
M. le Président, je pense que l'attitude froide et technocratique
du gouvernement n'apportera rien au climat qui aurait dû être
changé à l'intérieur des écoles. Je pense que nous
allons, malheureusement, pour les années à venir, vivre des
années noires dans le domaine de l'éducation. Le gouvernement en
portera l'odieux, parce que la population bientôt, dès que le
premier ministre décidera d'émettre les brefs d'élection,
saura juger le gouvernement à sa juste valeur.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, depuis hier, nous avons eu la
chance de siéger plus souvent et plus longtemps qu'à notre tour.
Pourquoi? Parce qu'hier le gouvernement décidait de suspendre toutes les
règles qui nous auraient normalement permis peut-être d'agir
autrement pour faire adopter à la vapeur un projet de loi.
On est rendu en troisième lecture. J'ai voté contre ce
projet de loi en première lecture, j'ai voté contre en
deuxième lecture. J'ai donné mes raisons et je n'ai pas
l'intention de reprendre tous les arguments d'hier soir. J'ai donné mon
point de vue hier soir devant le gouvernement et devant les
représentants des syndicats qui étaient présents dans nos
galeries. J'ai personnellement rencontré M. Charbonneau, hier soir, dans
les corridors. Je sais qu'il était donc, sinon dans les galeries,
très près de nous.
Une Voix: Vous n'avez pas rencontré grand-chose.
M. Samson: M. le Président, j'aimerais bien que les
députés libéraux respectent les gens, quel que soit leur
nom. Il se peut qu'on ne soit pas d'accord avec les gens, mais respectons-les
pour autant qu'on n'est pas trop nerveux, pour autant qu'on n'est pas trop
nerveux.
M. Vallières: Vous êtes le premier à
l'oublier.
M. Samson: M. le Président, pendant une heure hier soir,
j'ai tenté de convaincre et le gouvernement et... M. le
Président, voulez-vous demander au ministre de la friction publique de
me laisser tranquille? J'ai tenté pendant une heure, M. le
Président, de convaincre les deux parties, d'en arriver à une
entente, plutôt que de nous laisser aller à la troisième
lecture. Je l'ai fait en désespoir de cause, parce que je soutiens
encore qu'une loi spéciale, ce n'est pas le meilleur moyen de
régler le problème qui est devant nous.
Ce problème-là, il n'est pas venu au monde hier matin.
M. Deziel: Hier soir.
M. Samson: II existe depuis longtemps. Il existe depuis une
quinzaine d'années. Mais, plus cela va, plus nous nous retrouvons devant
une détérioration du climat social, à un tel point qu'ici
même en cette Chambre, cet après-midi, on s'est demandé,
à un certain moment, si la détérioration du climat social
ne nous avait pas atteints.
Je fais référence ici à la fin de l'étude
article par article du projet de loi.
Je suis très déçu, M. le Président,
très déçu de la façon dont tournent les choses. On
veut régler un problème que de part et d'autre on a laissé
croître. J'ai dit hier, je le répète encore ce soir, M. le
Président, parce que je pense que je n'ai pas été compris
hier, que des deux côtés, partie gouvernementale et partie
syndicale, on a laissé s'envenimer le problème pour
déboucher sur cette loi spéciale qui n'est à l'honneur de
personne.
J'ai demandé, en terminant hier soir, et je l'avais même
demandé au début de mes remarques, je pense, si ma mémoire
m'est fidèle, que le gouvernement tente un dernier effort pour
négocier pendant que nous continuions nos travaux.
J'ai demandé l'ajournement, avant de revenir en troisième
lectureparce que là c'est l'étape finale; quand on aura
pris le vote, après cela c'est l'étape finale, la loi sera
adoptéepour que chacun ait le temps de mettre un peu d'eau dans
son vin et essaie de négocier pour en arriver à une entente, et
oela aurait été possible.
Mes informations sont qu'il y a une couple de jours les deux parties
sont venues à deux cheveux de s'entendre. Cela veut dire que si, hier
soir, on avait tenté un ultime effort, il y aurait eu moyen de
s'entendre. Il y aurait eu moyen de sauver la situation sans aller jusqu'au
bout avec cette loi.
Il y a des précédents. Nous avons été
convoqués en cette Chambre, en 1974, à l'occasion de la
grève dans les transports publics à Montréal pour une
session spéciale. On nous a convoqués pour ajourner quelques
minutes après en nous disant: Vous reviendrez demain. On ne nous a pas
déposé le projet de loi à ce moment-là. Les parties
ont tenté de s'entendre avant de le déposer, mais parce que le
projet de loi était là, elles ont fait cet ultime effort et se
sont entendues, de sorte que nous, qui avions été
convoqués pour une session spéciale, sommes retournés chez
nous sans être obligés de discuter du projet de loi. Cela s'est
déjà produit.
J'espérais, hier soir, M. le Président, qu'on
répéterait le même geste, mais il aurait fallu pour cela un
minimum d'efforts des deux parties, de la partie patronale et de la partie
syndicale.
Il semble que personne n'a voulu faire ce minimum d'efforts. Je vous
réfère à l'article 9 du projet de loi où je
tentais, aujourd'hui, de demander un amendement où on parle des
commissaires aux différends, nomination de trois commissaires aux
différends. J'ai demandé que ces commissaires soient des
magistrats, des juges, j'ai demandé qu'on étende leurs pouvoirs.
Actuellement, il me semble qu'ils n'ont pas de pouvoirs autres que de regarder,
d'assister, de constater, de consulter et de faire rapport. Ce n'est pas ce que
j'avais proposé dans mon amendement qui a été
refusé par le gouvernement. J'avais proposé qu'on nomme trois
juges, qu'on leur confie le dossier avec des pouvoirs qui auraient pu permettre
à ces gens de nous présenter une décision qui aurait
donné probablement satisfaction.
Bien sûr, si on recherche l'idéal, on ne le trouve pas
souvent. Même avec cette solution, je n'ai pas l'impression qu'on aurait
atteint l'idéal. Mais quand il y a conflit, c'est que, d'une part, il y
a des demandes et que, d'autre part, il y a des offres et que les offres et les
demandes sont tellement écartées qu'il n'y a pas moyen de se
rejoindre. Or, il me semble que ce tribunal spécial, dans les
circonstances, aurait pu non seulement être utile mais être la
seule solution.
Je pense qu'il faut dire non seulement la vérité mais
toute la vérité. Si le gouvernement n'a pas voulu accepter cette
proposition qui a déjà été faite depuis longtemps,
mais surtout depuis quelques mois, du côté syndical on ne l'a pas
accepté non plus. Non, on ne l'a pas accepté, M. le
Président, on m'a rapporté, cet après-midi, que dans un
certain journal on me prêtait même des intentions là-dessus.
On faisait référence à ma proposition du tribunal
spécial pour la circonstance, et j'avais dit que je n'aimerais pas
revivre le triste drame de 1972. Au lieu de répondre que ce genre de
solution serait satisfaisant, une association d'enseignants en particulier a
répondu, par la voix des journaux, que j'avais menti à la
population en parlant d'un triste drame de 1972. Et on a charrié sur des
détails techniques.
M. le Président, ce n'est pas de cette façon qu'on
règle les problèmes. Cela me fait dire que le gouvernement et la
partie syndicale ont eu le temps de répondre aux propositions que j'ai
faites. Ni l'un ni l'autre n'a répondu. Pire que cela, il semble, selon
des informations que j'ai reçues par téléphone, il y a
quelques heures à peine, il semble que certains parents, dans certaines
régions, auraient reçu des lettres avec les enfants, ce midi.
On a retourné les enfants à la maison avec une lettre qui
disait aux parents de garder les enfants chez eux jusqu'après
Pâques, alors que tout le monde sait que nous sommes à discuter
une loi spéciale qui ordonnera le retour au travail.
Que nous soyons ou que nous ne soyons pas d'accord sur la loi
spéciale, M. le Président et je pense que j'ai
manifesté mon désaccord, hier, assez clairementaussi
longtemps qu'on vit en société, il faut accepter les
règles du jeu, c'est-à-dire l'autorité qui vient de la
majorité. C'est cela la démocratie. Bien sûr, M. le
Président, je ne suis pas d'accord avec le Parti libéral; bien
sûr, ce n'est pas ma faute non plus s'ils ont été
élus. Mais, M. le Président, il reste qu'ils sont là. Ils
sont là parce que les gens ont voté majoritairement pour eux. Ce
sont eux les responsables, ils auront des comptes à rendre à la
population à la fin de leur mandat.
Lorsqu'une loi est en vigueur, tout bon citoyen doit la respecter. Il
peut la critiquer, la combattre, c'est normal. Cela, c'est notre droit à
tous les citoyens. Mais, M. le Président, on envoie nos enfants avec des
lettres comme celle-là, aujourd'hui. Elle s'intitule: Encore un
congé scolaire. "Chers parents, depuis le début de septembre
dernier, nous avons fait appel à votre solidarité et votre
collaboration à plusieurs reprises. Or, depuis quelque temps, le chat
est sorti du sac. L'Etat refusait un conciliateur, refusait un
médiateur, refusait un observateur-parent aux tables de
négociations en plus de refuser de négocier. Voilà
maintenant qu'il se prépare à imposer le silence total à
tous ses employés du secteur scolaire. L'Etat veut purement et
simplement imposer sa volonté, couper les fonds en éducation et
en santé pour placer l'argent ailleurs. Où ailleurs? Les
Olympiques, la baie James, l'armée, la plice: les millions
supplémentaires. Nous savons que, pour vous comme pour nous,
l'éducation de vos enfants passe avant le financement des grosses
compagnies. Voilà pourquoi nous-mêmes, comme parents, nous
garderons nos enfants à la maison pendant les prochains jours.
Voilà pourquoi nous vous invitons à garder vos enfants à
la maison pendant les prochains jours. Voilà pourquoi nous vous invitons
à garder vos enfants en sécurité en
sécurité, M. le Président, je souligne cela à
la maison durant
les jours qui viendront. Cette loi illégitime ne réglera
rien. Cette loi veut faire taire qu'une loi spéciale force les
enseignants à être physiquement à l'école mais nous
garderons nos enfants à la maison jusqu'à la fin des vacances de
Pâques, pour exprimer comme parents notre désaccord avec cette loi
illégitime, si elle est adoptée. Restons unis pour combattre
ensemble la détérioration de l'éducation et de la
santé. Les enseignants chargés de l'éducation de vos
enfants". En bas, c'est marqué: "Congé scolaire jusqu'à la
fin des vacances de Pâques." C'est mon petit gars qui devait avoir un
"fun" noir à midi, M. le Président, parce que lui, il aime cela
les congés. Il est jeune, il a neuf ans. Quand on lui annonce un
congé, il a du "fun" avec cela parce qu'il n'en comprend pas la
portée. Le dernier de mes enfants ne comprend pas la portée de la
lettre que son professeur lui a donnée pour apporter à sa
mère à midi.
M. Bellemare (Rosemont): C'est signé par qui?
M. Samson: II n'y a pas de signature. Ce sont les enseignants
chargés de l'éducation de vos enfants. J'imagine que le
député de Rosemont, comme moi, doit savoir qui sont les
enseignants de ses enfants.
M. le Président, je pense qu'il y a lieu de s'inquiéter.
Je disais hier que je n'étais pas prêt à donner
l'absolution au gouvernement, pas plus qu'aux syndicats, parce qu'il me semble
qu'il y a un manque de bonne foi quelque part. Le gouvernement, hier, a
utilisé un canon pour tuer une mouche, oui, mais je ne pense pas que
cela justifie le syndicat d'utiliser le même canon pour tuer le
même genre de mouches.
M. le Président, on se retrouve en présence de deux
parties qui ne veulent pas négocier. A qui la faute? Si on veut faire le
procès des négociations, nous verrons qu'un jour c'est la faute
du gouvernement et, le lendemain, c'est la faute du syndicat. Mais il reste
qu'aujourd'hui on est devant un fait accompli. L'année scolaire de nos
enfants est en danger. On est devant cela. Le gouvernement a-t-il pris la
meilleure des solutions? Je dis non, le gouvernement n'a pas pris la meilleure
des solutions. Je continue à prétendre que la solution que j'ai
proposée était la meilleure. Mais c'est un moindre mal. Il
fallait qu'un jour quelqu'un prenne la responsabilité de remettre de
l'ordre. Je fais référence, à ce moment-ci, à cette
majorité d'enseignants qui, sans se manifester aussi publiquement, avec
autant de fracas que certains leaders le font, à cette majorité
silencieuse d'enseignants qui nous regardent aujourd'hui en se demandant si on
leur permettra de continuer à exercer leur profession en toute
liberté avec des conditions normales de travail.
Car la majorité des enseignants sont très malheureux de ne
pas avoir de convention collective et malheureux de ne pouvoir donner
l'enseignement professionnel que, généralement, ils voudraient
donner à nos enfants. Ils sont pris entre deux feux: d'une part, leurs
responsabilités et, d'autre part, la solidarité qui fait que
s'ils ne respectent pas cette solidarité, ils seront eux-mêmes
exposés à un harcèlement.
M. le Président, je pense qu'il y a un petit peu de vrai dans les
affirmations qu'a faites le ministre de la Fonction publique. Je ne suis pas
prêt à lui donner l'absolution à lui non plus, je m'en
garde, parce que déjà, si je dis qu'il y a un petit peu de vrai,
il relève la tête. Il ne faudrait pas qu'il la relève trop
vite. Mais il reste que, lorsqu'il dit que peut-être plus de 50% des
enseignants veulent retourner au travail, je partage cet avis. Je n'ai pas
rencontré tous les enseignants, mais je pense que je suis conscient de
la situation pour avoir eu plusieurs communications. Je pense que plus de 50%
veulent retourner au travail d'une façon normale et dans des conditions
de travail normales.
M. le Président, je disais que la loi n'était pas le
meilleur moyen. Quand on voit une lettre comme celle-là, on
s'aperçoit que la loi n'est pas le meilleur moyen. Quand je regarde le
paragraphe qui dit, à nous les parents j'en ai des enfants, je
suis un père de famille"Voilà pourquoi nous vous invitons
à garder vos enfants en sécurité à la maison durant
les jours qui viendront", comment peut-on interpréter cela? Bien, je
pense qu'on n'a pas besoin de l'interpréter. A sa face même, tout
le monde comprend ce que cela veut dire. A sa face même, tout le monde
comprend que, si on envoie nos enfants à l'école, il y a un
danger pour leur sécurité. C'est aussi clair que ça, c'est
écrit.
M. le Président, pour les parents du Québec qui n'ont rien
à voir, dans le fond, avec ce conflit, qui ne sont pas responsables de
cette situation de conflit, pour les parents du Québec qui ont le droit
d'être assurés de la sécurité de leurs enfants, je
pense que c'est leur faire insulte de leur envoyer une lettre semblable
à cela.
On n'avait pas cela hier. La loi a peut-être provoqué des
sautes d'humeur et des nervosités telles qu'on peut se demander, quels
sont ceux qui aujourd'hui, demain, la semaine prochaine, risqueront d'envoyer
leurs enfants à l'école. C'est sérieux, M. le
Président. C'est très sérieux. Même si je suis en
désaccord avec la loi, je suis beaucoup plus en désaccord avec ce
genre de choses, beaucoup plus. Je ne veux pas m'emporter, parce que je pense
que la situation est assez grave qu'il nous faut la traiter avec le plus de
sang-froid possible. En tout cas, nous, ici à l'Assemblée
nationale, on ne devrait pas perdre notre sang-froid. On l'a perdu un peu cet
après-midi, il n'aurait pas fallu. Il ne faudrait pas le perdre.
Il faudrait s'assurer que le gouvernement va redoubler d'ardeur dans les
jours qui vont suivre pour régler ce problème d'une façon
amicale avec les enseignants ou leurs représentants. J'ose
espérer que les leaders de la CEQ recherchent une solution, j'ose
espérer qu'ils la recherchent. Je sais que les enseignants la
recherchent, eux. Je sais que la majorité des enseignants veut une
convention collective, veut des conditions de travail, veut bien faire son
travail. Mais, quand je vois des choses comme je viens d'en voir là, qui
se sont passées aujourd'hui, je me demande dans quelle proportion on
n'est pas victime, dans ce
secteur, d'un harcèlement venant de la tête. Je me le
demande sérieusement.
Les enseignants qui paient des cotisations syndicales ont le droit
d'être bien représentés. Ils ont droit d'être
défendus. Ils ont droit, devant le gouvernement, d'avoir des gens pour
bien les représenter qui tenteront d'obtenir pour eux la meilleure
convention collective possible. Cela est légitime. Mais ils ont droit
aussi à leur liberté de parole et d'action.
Quand on sait comment les votes de grève se sont pris dans
certains coins, cela m'amène à vous souligner que, même en
lisant le projet de loi no 23, article par article, je n'ai pas retrouvé
suffisamment d'articles là-dedans pour comprendre que nous avions
là une refonte du Code du travail qui nous permettrait de ne plus
revenir sur ce sujet.
Je comprends que la situation est urgente. Je comprends que, quand le
feu est pris, ce n'est pas le temps de chercher la couleur des chapeaux de
pompier; on cherche de l'eau. On est dans cette situation
présentement.
La maison est en feu, est-ce qu'on est pour se chicaner plus longtemps
sur la sorte de pompiers à engager pour éteindre le feu? Je pense
que cela presse assez que cela doit nous inciter à prendre les pompiers
qui sont disponibles.
M. Bienvenue: Le député me permettrait-il une
question? Le député est-il au courant qu'aujourd'hui un million
d'enfants du Québec ont été privés de cours et que
demain, à moins de contre-ordre des centrales, ce même million
d'étudiants du Québec seront privés de cours?
M. Samson: M. le Président, le ministre ne m'apprend
évidemment pas la nouvelle quant au principe, mais il m'apprend la
nouvelle quant au chiffre. Nous avons dépassé la limite de ce
côté, je suis d'accord, je l'ai dit hier. Nous avons
dépassé la limite raisonnable et nous risquons l'année
scolaire de nos enfants. Nous risquons aussi que nos enfants soient
obligés de passer l'été à l'école. Ces
enfants ont droit à des vacances l'été, comme tout le
monde, comme les professeurs y ont droit aussi. On risque beaucoup que cela
perturbetou-tes les vacances des parents au Québec. Si les enfants sont
à l'école pendant la période estivale, les familles qui,
habituellement, prennent des vacances durant l'été ne les
prendront pas. Nous allons perturber cela aussi. Vous allez me dire que des
vacances, c'est moins grave. C'est moins grave, mais c'est un droit
légitime. C'est un droit légitime que les parents ont. Si on ne
prend jamais de vacances, qui que nous soyons, un jour ou l'autre on se
retrouve sur une table d'opération dans un hôpital. Par les temps
qui courent, il ne faudrait pas que cela nous arrive, parce qu'il paraît
que les tables ne sont pas prêtes à nous recevoir. Même les
portes sont fermées à certains endroits.
On retrouve cela aussi dans le projet de loi, à l'article qui
abroge l'article 24 du projet de loi 253 des lois de 1975. C'est absolument le
contenu du projet de loi. C'est absolument cela. En abrogeant l'article 24 du
projet de loi no 253 des lois de 1975 que ce Parlement a voté il y a
déjà quelques mois, cela permet de maintenir les injonctions et
de conserver les services essentiels. Cet article, qui était une erreur
de copiste, m'a-t-on dit, est apparu dans le projet de loi no 253, plus
précisément, si vous le voulez au chapitre...Ce serait trop long,
M. le Président, vous me comprenez, vous.
C'est pour cela qu'hier soir, à cinq heures, on a sorti des
malades du centre hospitalier Laval. Des malades qui auraient dû rester
là parce qu'ils avaient besoin de soins. C'est parce que cet article
n'était pas abrogé qu'ailleurs on en a sorti aussi et qu'ailleurs
on a refusé des malades à l'urgence.
Il n'est pas seulement question des enseignants dans ce projet de loi.
Il y a un tout petit article visant à rétablir les services
essentiels dans le domaine hospitalier et les services sociaux. Je pense qu'il
faudrait parler de cela aussi. Il faudrait dire que, s'il y avait eu deux lois
hier, j'aurais voté pour la loi du rétablissement des services
essentiels dans le domaine hospitalier et les services sociaux. Alors que j'ai
voté contre la loi parce qu'on nous a fait un espèce de "package
deal", on a mis cela ensemble. Qu'est-ce que vous voulez, il y avait plus
d'articles pour les enseignants qu'il y en avait pour l'autre. J'ai suivi la
majorité. M. le Président.
Ce soir, je me pose des questions, à la suite des
événements qui se sont produits hier, à la suite
peut-être pas du refus mais du manque à se rencontrer pendant
qu'il en était encore temps.
Cela m'amène à vous dire que, autant le gouvernement a ses
torts, autant le président de la Centrale de l'enseignement du
Québec, M. Char-bonneau, a les siens. Il a de lourdes
responsabilités sur les épaules ce monsieur. Evidemment il n'est
pas seul. Il a avec lui des conseillers. Mais on a placé nos enfants et
les parents du Québec dans une étau. A droite de l'étau se
retrouve le gouvernement, à gauche de l'étau se retrouve la CEQ,
et non pas les professeurs, remarquez bien; il faut faire la différence
entre les professeurs, généralement et majoritairement bien
pensants et de bonne volonté, et les autres qui poursuivent plutôt
une lutte qui est très idéologique.
Mais cela n'excuse pas le geste du gouvernement, parce que lui aussi
poursuit une lutte idéologique dans cette affaire. Lui aussi utilise son
pouvoir absolu, pour avoir suscité cette situation qui est devenue
intenable. Alors, M. le Président, vous me voyez pris entre ces deux
feux aussi comme parent. Il y a un défi de la loi qui est rendu public
par cette lettre. Je ne sais pas si cela s'est fait dans toutes les
régions du Québec, mais elle a sûrement été
envoyée à plusieurs personnes. Alors c'est devenu passablement
public.
Quand cela se fait d'une façon aussi publique, c'est en quelque
sorte le défi d'une loi. Si la loi n'est pas bonne, M. le
Président ce que je prétends, parce que ce n'est pas
là le meilleur moyen de régler le problème je leur
suggère plutôt de se préparer à changer le
gouvernement afin d'avoir un gouvernement qui fera des lois différentes,
qui en fera de meilleures. Mais aussi longtemps qu'on est pris avec
celui-là, c'est lui le législateur. Ce n'est pas
l'Assemblée nationale qui est le législateur, soyons bien francs;
le législateur
c'est le Parti libéral présentement. Tout ce qui est
amené devant cette Chambre par le Parti libéral passe tout
le monde sera d'accord avec moi à moins que tout le monde sorte
pour ne laisser que l'Opposition. Mais ce n'est jamais l'Opposition qui va
gagner un vote. S'il arrivait que tout le monde se retire pour nous donner une
chance, on n'aurait pas quorum. Donc, ce n'est pas possible.
Alors, aussi longtemps que nous avons ce gouvernement, M. le
Président, cela veut dire que chaque loi qui est présentée
par le gouvernement libéral va passer. Quand le gouvernement a
décidé que cela passe, il est capable de le faire adopter.
Nous ne sommes pas en face d'un gouvernement minoritaire. On est en face
d'un gouvernement majoritaire, c'est très différent.
Le Président suppléant (M. Gratton): Le contenu,
s'il vous plaît!
M. Samson: M. le Président, vous allez comprendre que
j'arrive au contenu, j'y arrive au contenu. Regardez l'article 1, qui me permet
de vous dire qu'on va toucher les collèges régionaux, qu'on va
toucher les commissions scolaires, le Bureau des écoles protestantes du
Grand Montréal, la Commission des écoles catholiques de
Québec, la Commission des écoles catholiques de Montréal,
toute commission scolaire, toute commission scolaire régionale, toute
corporation de syndics d'écoles régie en tout ou... M. le
Président, c'en est du contenu cela. Tout ce monde est touché par
ce que je viens de vous dire là. Cela en est du contenu, M. le
Président. Tout ce monde que nous retrouvons cité à la
section I, article 1, sera touché par ce que je viens de vous dire.
M. le Président, en troisième lecture, vous allez le
reconnaître, ce n'est pas toujours facile de ne s'en tenir qu'à
l'article même. Si le gouvernement n'a pas changé, si le
gouvernement n'a pas amendé les articles, tel que nous l'avons
demandé, nous avons droit de vous dire, selon notre
interprétation, pourquoi on nous a refusé cela, quelles en sont
les conséquences.
C'est ce que je tente, à ma façon, de dire à ce
gouvernement.
Bien sûr, peut-être n'ai-je pas un langage juridique qui me
ferait peut-être mieux apprécier par mon collègue d'en
face, le leader adjoint du gouvernement. Il resque que, dans mon langage
à moi, j'essaie de lui faire comprendre, à lui comme à
vous, qu'il y a des conséquences graves qui sont rattachées
à tous les articles de ce projet de loi, tous les articles.
Je pourrais vous en citer d'autres articles. Voici l'article 4: "Les
salariés doivent, notamment, accomplir tous les devoirs attachés
à leurs fonctions en vertu de leur contrat de travail, des ententes ou
conventions collectives applicables et des décrets tenant lieu de
conventions collectives. L'alinéa précédent ne s'applique
pas à un salarié qui démissionne si la démission
est acceptée par son employeur ou s'il a acquis le droit à la
retraite?
Justement, aujourd'hui, nous avons un document, qui est envoyé
dans les résidences, qui est transporté par les enfants, qui
vient en contradiction avec l'article 4 que je viens de vous citer. Je pense
que c'est important de le dire. Il est très important de dire cela au
gouvernement, M. le Président, parce que, dans quelques heures, nous
adopterons la troisième lecture et, après cela, ce sera la
sanction royale, demain matin ou le jour qui sera fixé pour la sanction.
Je pense qu'il y a eu un amendement qui retardera cela à lundi. Je ne me
le rappelle pas trop, mais, M. le Président, vous ne m'en voudrez pas de
ne pas avoir tout compris...
Une Voix: Minuit, dimanche.
M. Samson: Minuit, dimanche. Bon. Vous ne m'en voudrez pas de ne
pas avoir tout compris pendant le charivari qui s'est produit cet
après-midi. A un certain moment, on ne savait plus quels étaient
les amendements et quels n'étaient pas les amendements.
D'ailleurs, M. le Président, personne ne nous a remis une copie
de tout cela; je n'en ai pas. On a fait rapport, mais quelle sorte de rapport
a-t-on fait? On a fait rapport que nous nous étions assis, que nous
avions discuté et que cela avait été adopté avec
amendements, mais les amendements, nous ne les avons pas. Nous ne les avons
pas.
Le Président suppléant (M. Gratton): Là,
vous vous éloignez du contenu.
M. Samson: Je ne m'éloigne pas, M. le Président. Je
vous dis que je n'ai pas les amendements. Les avez-vous, vous?
M. le Président, si vous voulez me les offrir! Vous ne pouvez pas
m'en vouloir. Seulement les secrétaires les avaient. Maintenant, on me
les apporte. Un autre; est-il adopté celui-là?
Une Voix: Oui, il est adopté.
M. Samson: Celui-là également?
Une Voix: Celui-là également.
M. Samson: Celui-là également. Vous voyez, M. le
Président, cela s'est fait tellement vite que cela a pris trois
députés pour m'apporter tous les amendements. Trois
députés, M. le Président, pour m'apporter tous les
amendements.
M. Bellemare (Rosemont): Pour le bénéfice du
journal des Débats, je m'excuse M. le Président...
M. Samson: II y en a un qui en connaissait un bout et un
autre...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je
m'excuse...
M. Samson: ... qui en connaissait un autre bout.
M. Bellemare (Rosemont): ... mais pour le bénéfice
du journal des Débats, il n'y a aucun membre de l'Opposition officielle
en Chambre.
Une Voix: C'est grave!
Le Président suppléant (M. Gratton): L'honorable
député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, vous voyez que j'avais raison
de dire qu'à la façon dont cela s'est passé aujourd'hui,
cela a été carabiné, carabiné!
M. Parent (Hull): Le député de Rouyn-Noranda n'a
pas raison de dire cela; tous les amendements ont été
déposés ce matin et remis...
M. Samson: Comment je n'ai pas raison de dire cela!
M. Parent (Hull): ... de chaque côté de la
Chambre.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre,
messieurs!
M. Samson: Comment je n'ai pas raison de dire cela! Je vais vous
en faire, moi, je n'ai pas raison de dire cela.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
M. Samson: Une minute, M. le Président, je vais...
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre! A
l'ordre! Un instant, je sais que vous allez vous emporter et je voudrais vous
en prévenir.
Tantôt, je vous parlais du contenu. Vous savez fort bien que les
amendements font partie du projet de loi, bien entendu. Vous devez me parler
des amendements et non pas de la façon dont ces amendements ont
été adoptés ou rejetés. Alors, parlez-moi des
amendements, s'il vous plaît.
M. Samson: M. le Président, si les amendements font partie
du contenu, je dois vous dire de quelle façon je les
apprécie.
Le Président suppléant (M. Gratton): Oui.
M. Samson: Bon, et je ne peux pas les apprécier, parce que
même si les trois quarts de ces amendements ont été
déposés, à un certain moment, quand on a mis fin à
la commission, c'était une chicane extraordinaire.
M. Parent (Hull): Vous n'étiez pas là!
M. Samson: Un instant, le père, j'étais là,
moi.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre! A
l'ordre!
M. Samson: J'étais là, oui. J'étais
là, j'ai même refusé le rapport du comité.
M. Parent (Hull): Vous vous êtes absenté. M.
Samson: Non, je ne me suis pas absenté.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
M. Parent (Hull): Voyons donc!
M. Samson: Je me suis absenté au moment où vous
parliez et j'avais raison parce que vous étiez trop plat.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
Parlez-moi, s'il vous plaît.
M. Samson: Oui, M. le Président, j'aime mieux vous parler
à vous, parce qu'avec l'autre je vais me choquer.
M. Parent (Hull): Vous voyez ce que cela a donné aussi,
vous n'avez pas vos amendements!
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
M. Samson: M. le Président, ces amendements, j'en ai
suggéré un moi-même qui n'apparaît pas là.
Vous n'avez pas celui que j'ai suggéré, M. le Président?
Eux non plus ne l'ont pas parce que je l'ai suggéré pour offrir
au gouvernement, à la Chambre l'occasion de bonifier son projet de loi.
Ils n'ont rien accepté de cela. Quels sont les amendements qu'on a
acceptés? De ce que nous avons suggéré, on n'a pas
accepté grand-chose. Les amendements qui ont été
acceptés dans le charivari, vers la fin, je ne peux vous dire ce que
c'est à moins de lire le journal des Débats, bien sûr, mais
je le lirai demain, M. le Président, et demain la loi sera votée.
C'est comme cela.
Il reste une chose. Oui, cela va marcher quand même, c'est
toujours comme cela que vous fonctionnez vous autres. Cela ne vous
dérange pas trop que cela dérange les autres. Non, cela ne les
dérange pas, M. le Président, cela ne les dérange. Cela
devrait les déranger un peu, parce que, dans les prochains jours,
j'espère qu'il y aura du calme au Québec, je ne voudrais pas, en
tout cas...
M. Bédard (Montmorency): Si vous continuez, vous allez
contribuer à créer du calme...
M. Samson: M. le Président, j'essaie de garder mon
sang-froid, vous le voyez.
M. Bédard (Montmorency): Cela fait trois ans que je le
garde.
Le Président Suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
M. Bédard (Montmorency): Excusez, M. le
Président.
M. Samson: Quel article, M. le Président, exige qu'un
député soit à son siège, est-ce l'article 26?
M. Bédard (Montmorency): C'est un numéro
quelconque. J'aime mieux vous voir en face que de côté.
M. Samson: Non, je pense que c'est 26. M. le Président,
pourriez-vous lui demander de s'en aller à son siège s'il veut
parler?
Le Président Suppléant (M. Gratton): Excellente
suggestion.
M. Samson: M. le Président, je voulais vous dire que nous
arrivons à la fin ou presque de ce débat. Nous aurons à
voter en troisième lecture dans quelques heures...
M. Parent (Hull): Vous aimez laisser traîner les
affaires.
M. Samson: Je vous le dis honnêtement, et sans rancune
envers mon bon ami le ministre de la Fonction publique, j'aurais encore
préféré que le tout soit réglé sans qu'on
soit obligé de voter cette troisième lecture. Peut-être
qu'il y en a qui ne sont pas d'accord.
M. Hardy: Nous sommes tous d'accord avec cela.
M. Samson: Vous êtes d'accord? M. Hardy: C'est
évident.
M. Samson: Si vous êtes d'accord avec cela, je pense que
vous commencez à avoir du bon sens. J'aurais
préféré que cela se règle, s'il y avait lieu encore
que cela se règle, avant qu'on arrive à la troisième
lecture. Je pense que, si on a passé proche de le régler il y a
deux jours, on devrait le faire. Mais cela dépend de qui, je ne sais de
qui cela dépend; il y a deux parties, cela ne peut pas dépendre
de la troisième, cela ne peut pas dépendre des parents, des
enfants, non plus des professeurs, cela dépend des leaders.
M. Hardy: Un peu des professeurs parce que ce sont eux qui
votent.
M. Samson: Non, vous venez de nous dire, par l'entremise du
ministre de la Fonction publique, que plus de 50% des professeurs voulaient
retourner au travail; alors cela ne peut pas dépendre d'eux si c'est
vrai ce que le ministre nous dit.
Une Voix: Ce n'est peut-être pas pour voter.
M. Samson: Alors, cela dépend plutôt de ceux qui les
mènent. La majorité silencieuse veut retourner au travail et je
pense comme le ministre de la Fonction publique. C'est objectif ce que je vous
dis là. Si je ne le pensais pas, je ne vous le dirais pas. Je pense que
c'est vrai que la majorité veut retourner au travail...
M. Bédard (Montmorency): II a bien raison.
M. Samson: ... parce que la majorité veut donner des
services et des vrais services. La majorité, dans les classes, ce sont
des professionnels qui, dans une classe de mathématiques, font des
mathématiques, la majorité. La minorité fait autre chose
parfois. Il reste que devant tout cela, moi en toute conscience et en
toute honnêteté je vous le dis je ne peux me permettre
d'accepter que ce soit toujours un éternel recours aux lois
spéciales.
On aurait pu régler cela avant. On aurait pu modifier le Code du
travail avant. On nous annonce qu'il y aura modification du Code du travail. Je
ne sais pas quand ; c'est peut-être reporté aux calendes grecques
encore. Mais on aurait pu le faire, M. le Président. C'est cela qu'il
faudrait faire, pour inclure des mécanismes permettant de donner
justice. Il n'y a personne qui demande autre chose que de la justice parmi les
travailleurs concernés. Je parle des travailleurs. Il n'y a personne qui
demande autre chose que de la justice. Il faudrait revoir le Code du
travail.
Mais en attendant, on est pris ce avec quoi on est pris aujourd'hui.
Cela presse. Je reviens là-dessus parce que je veux vous expliquer
qu'entre ces deux extrêmes qui ne veulent pas se rapprocher pour
négocier, qui ne veulent pas se rapprocher pour régler le
problème, je vous dis que surtout depuis hier... Parce que, hier, M. le
Président, j'ai fait un appel public, je pense, à des gens de se
rencontrer et personne n'a répondu. Par contre, on nous apporte chez
nous des lettres, on apporte cela dans les familles. Aujourd'hui surtout, on a
distribué cela en laissant planer des soupçons qui font que tous
les parents du Québec sont très inquiets, très inquiets,
M. le Président. La sécurité de nos enfants, cela nous
intéresse. Cela intéresse tous les parents du Québec. Les
manifestations ou le manque de bonne foi, dans certains cas, m'amène
à vous dire ceci: Si je ne suis toujours pas d'accord sur la loi, je le
suis encore moins sur les mesures qui sont prises et avec les gens qui se
préparent à la défier.
M. le Président, ma position sera donc la suivante, en
troisième lecture: je m'abstiendrai de voter. Je ne veux pas m'associer
au gouvernement parce que le gouvernement a attendu à la dernière
minute, le gouvernement n'a pas pris ses responsabilités. Je ne veux pas
m'associer non plus à ceux qui font ce qui se fait présentement.
Je ne veux pas m'associer à cela non plus. Alors, rapprochez-vous et
arrangez-vous. C'est cela. Je ne m'adresse pas seulement au ministre de la
Fonction publique en disant cela, je m'adresse aussi à M. Charbonneau.
Il y a le ministre, député de Hull, et il y a M. Charbonneau qui
sont directement intéressés. Rapprochez-vous et tentez d'arranger
cela au plus vite, cela presse. Mais moi, je ne m'associerai pas à votre
loi spéciale et eux ne m'associeront pas non plus aux mesures de
harcèlement qui font que je ne suis même plus certain de la
sécurité de mes enfants à partir de demain. Je ne
m'associerai pas à cela non plus. C'est pourquoi, M. le
Président, je vais m'abstenir de voter.
En d'autres circonstances, j'ai déjà voté pour les
lois spéciales. J'ai déjà voté pour des lois
spéciales parce que je considérais que, parce qu'il y
avait urgence, il était de mon devoir de le faire. Mais,
aujourd'hui, l'urgence a été provoquée par une trop longue
attente. Alors, ce n'est plus une urgence, c'est la fin d'une attente. Ce n'est
plus la même chose. Vous auriez dû régler cela bien avant
aujourd'hui. Le débat n'a pas commencé hier. Cela ne vous est pas
tombé dessus comme la crue des eaux du printemps. Cela n'est pas
arrivé comme la débâcle sur la rivière Ottawa, M. le
Président, qui a peut-être inondé votre cave et celle de
plusieurs de vos concitoyens. Ce n'est pas arrivé comme cela, ce n'est
pas arrivé tout à coup.
C'est une urgence préméditée que le gouvernement
déclare aujourd'hui. Le gouvernement déclare l'urgence.
Là, cela presse en pépère! S'il avait réglé
cela quand c'était le temps, ou bien s'il nous l'avait dit avant, M. le
Président, s'il avait pris des dispositions pour mettre sur pied un
mécanisme que j'ai demandé à l'article 9 et que j'ose
encore demander, M. le Président.
On ne me dira tout de même pas que je ne suis pas tannant! J'ose
encore le demander parce que, même en troisième lecture, le
ministre pourrait, s'il le voulait, nous présenter des amendements.
Même en troisième lecture, il pourrait faire cela. Même en
troisième lecture, il pourrait accepter la nomination de juges
plutôt que de commissaisres nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Même en troisième lecture, il pourrait donner des
pouvoirs à ces gens, au moins une forme de pouvoirs qui pourrait nous
faire espérer que ces gens pourraient obtenir justice sans qu'ils se
retrouvent devant quelqu'un qui est juge et partie en même temps.
Même là, le ministre, au nom du gouvernement, pourrait le faire.
J'ose encore le demander.
Bien sûr, je vois sa réaction. Il s'apprête poliment
à me dire pourquoi il ne pourra pas le faire. Mais il reste que s'il le
faisait, probablement qu'il aurait tellement satisfaction lui-même, son
gouvernement, la population, les intéressés, les travailleurs de
l'enseignement, qu'à l'avenir, il n'attendrait pas si longtemps et il
aurait recours immédiatement à ces choses.
M. le Président, on nous a fait siéger jusqu'à
trois heures et demie du matin, hier. Moi, j'ai perdu une nuit. Cela ne me fait
rien d'en perdre deux. Je ne suis pas pressé.
Une Voix: Tu n'étais même pas là hier.
M. Samson: M. le Président, est-ce que vous avez entendu
ce que je viens d'entendre?
Le Président suppléant (M. Gratton): Non.
M. Samson: Vous êtes chanceux, M. le Président. Vous
êtes chanceux. Parce que cela me donnerait l'occasion de soulever une
excellente question de privilège.
Le Président suppléant (M. Gratton): Je vous avoue
très sincèrement que je n'ai rien entendu.
M. Samson: C'est mieux. Mais je vous souligne quand même,
même si vous n'avez rien entendu, que j'ai été à mon
siège jusqu'à trois heures vingt, hier soir. J'étais
là.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, une question de
privilège. Je m'excuse mais il m'ouvre la porte. Je soulève une
question de privilège, si vous me le permettez. Avec tout le respect que
j'ai pour vous, M. le Président, je me sens lésé et
blessé dans mes droits, insulté. Je ne peux pas comprendre
pourquoi... Ma question de privilège est celle-ci: Pourquoi est-ce que
je me sens lésé dans mes droits? C'est parce que l'Opposition
officielle doit siéger à l'Assemblée nationale...
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
M. Bellemare (Rosemont): ...et doit être là
pour...
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre! A
l'ordre s'il vous plaît! Ce n'est pas une question de privilège et
vous le savez depuis longtemps.
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je reviens
à ma question de privilège.
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Bellemare (Rosemont): Je reviens à ma question de
privilège.
Le Président suppléant (M. Gratton): II n'y a pas
de question de privilège. Je vais écouté et il n'y en a
pas. Je m'excuse. On pourra en reparler tantôt.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je vous demande
une directive. M. le Président, si je me sens lésé dans
mes droits, vu qu'il n'y a pas de membres de l'Opposition officielle sur une
loi aussi importante que le bill 23, je vous demande de quelle façon je
dois intervenir.
Le Président suppléant (M. Gratton): Pour le dire
une fois, vous l'aviez déjà fait, pour le dire quatre fois, c'est
fait.
L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président. Je termine. Cela va
vous faire plaisir et cela va faire plaisir à d'autres. Je termine en
répétant je veux être bien compris pourquoi
je m'abstiendrai de voter. Je ne voudrais pas qu'on m'interprète mal, ni
d'une part, ni de l'autre. Je dis que, des deux côtés, on n'a pas
tout fait ce qu'il fallait faire. Je dis que, des deux côtés, on a
ses torts. Cependant, il faut que cela se règle. Le gouvernement a
choisi de faire son nid avec une loi spéciale. Je ne suis
pas d'accord avec la loi spéciale. Je suis d'accord avec
l'urgence d'un règlement. C'est pourquoi si je votais pour la loi
spéciale, en n'étant pas d'accord avec cette formule, je ne
serais pas honnête avec moi-même. Par contre, comme je suis
d'accord avec l'urgence de régler le problème et que, de l'autre
côté, on ne fait pas non plus son possible pour le régler,
si je continue à voter contre en troisième lecture, on va
m'associer à ceux qui ne veulent pas de règlement non plus, de
l'autre côté. J'ai donc choisi de me dissocier des deux formes de
harcèlement, des deux formes de harcèlement en provenance des
dirigeants du gouvernement d'une part et des dirigeants du syndicat d'autre
part. C'est pour cela que je m'abstiendrai de voter.
Le Président suppléant (M. Gratton): Le
député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais
simplement au début de mes remarques signaler à cette Chambre
combien j'ai toujours, pendant ma carrière parlementaire, essayé
d'être à la hauteur des responsabilités qui m'incombent.
Même avec les relations que j'ai eues, au point de vue social, au point
de vue politique avec mes collègues, j'ai toujours voulu garder une
certaine étiquette de responsabilité et bien savoir
apprécier les qualités, mais aussi certains manques de mes
collègues.
Hier, M. le Président, nous avons assisté à un
manque d'étiquette parlementaire. Le ministre de l'Education, qui est un
très bon ami, je ne le vois pas à son siège, mais je suis
sûr qu'il n'est pas loin vous voyez que je ne dirais même
pas du mal de lui a présenté hier une loi d'urgence, une
loi spéciale que depuis un mois j'annonçais personnellement. Tout
le monde savait hier particulièrement que j'étais en service
commandé dans une autre place, dans un autre lieu...
M. Hardy: Dans un autre pays.
M. Bellemare: Non, pas dans un autre pays, mais dans une autre
province. On aurait peut-être pu avoir, à l'endroit du chef d'un
parti en Chambre, cette délicatesse de me dire: Ecoutez, il va se
produire un événement très important aujourd'hui, ce
serait peut-être mieux que vous restiez à Québec. J'aurais
compris l'intervention du ministre et je serais resté à mon
poste, parce qu'au point de vue de l'assiduité, j'aime toujours prendre
part à ces grands débats qui ont une certaine portée au
point de vue politique, mais aussi au point de vue de la population
québécoise. Hier, on m'a critiqué dans les journaux de
m'être absenté, de ne pas figurer à mon siège. M. le
Président, je vais certainement donner la permission au ministre de
rétablir les faits, mais je regrette infiniment ce manque de
délicatesse à mon endroit. Je suis capable, parce que j'ai
déjà été ministre, de respecter le secret
professionnel et surtout la solidarité ministérielle. Si le
ministre m'avait dit: M. Bellemare, vous avez su par tous les collègues
qui étaient hier à notre déjeûner hebdomadaire... Il
y en avait quinze, hier, qui étaient là puis qui auraient pu me
dire ce qui se préparait ou faire simplement une remarque et je ne
serais pas parti de mon siège pour aller dans une autre ville accomplir
un autre devoir qui m'a plu énormément.
M. Bienvenue: M. le Président, si le chef de l'Union
Nationale me le permet, cela va être court. D'une part et c'est
mon explication j'ai appris hier à une heure de
l'après-midi que nous déposerions ce projet de loi. D'autre part,
j'ignorais le voyage du député de Johnson; je l'ai appris en fin
de journée hier, après m'être enquis avec inquiétude
de son absence. Troisièmement, je puis assurer le député
de Johnson que si j'avais connu plus tôt l'un et l'autre
événements je n'aurais eu d'autre préoccupation
première que celle de le rejoindre par tous les moyens honnêtes
possibles. Je n'aurais pas dit, à ce moment, comme il le dit: M.
Bellemare, mais j'aurais dit: Maurice, tant il connaît l'affection et
l'estime que je lui porte.
M. Bellemare (Johnson): Vous seriez toujours bienvenu pour
m'annoncer d'aussi bonnes nouvelles.
Il y avait assez de monde, hier matin, à ce déjeuner, que
quelqu'un aurait pu m'avertir. Mais trêve de ces remarques, je viens
maintenant à la question du projet de loi no 23.
M. le Président, c'est parce que je suis conscient de mes devoirs
et de mes responsabilités que j'ai fait l'impossible, depuis midi, pour
être présent en Chambre, au moins pour vous apporter mon
témoignage et vous dire dans mes propres termes ce que je pense de la
loi. Je voterai en faveur de la loi, c'est sûr. Puisqu'en
troisième lecture, en vertu de l'article 126, on doit s'en tenir au
contenu, il y a dans le contenu de la loi certains aspects qu'il me faut
dénoncer. Dans votre bienveillance, M. le Président, si j'erre en
quelque circonstance et que je semble revenir au principe de la deuxième
lecture, j'espère qu'à cause des faits qui se sont produits bien
involontairement de part et d'autre vous vous priverez peut-être de me
rappeler à l'ordre. Comme je sais que vous avez une oreille très
sensible et une autre un peu moins bonne, vous emploierez celle de gauche pour
me laisser continuer.
M. le Président, j'ai été ministre du Travail
pendant quelques années. J'ai appris là ce que les livres ne nous
apprennent pas. On peut avoir le meilleur Code du travail, bien fait, bien
rédigé par des hommes du temps, et ne pas s'apercevoir que c'est
au contact des humains plus qu'au contact de termes législatifs qu'on
peut véritablement, dans ce grand domaine des relations
patronales-ouvrières, établir un climat particulier de bonne
entente, de compréhension et particulièrement de loyauté.
Jamais on ne pourra se servir des casques d'acier, des bâtons et des
matraques pour faire la paix dans les relations industrielles, dans les
relations patronales-ouvrières. Je dis que c'est plutôt un
défi qu'une méthode de négociation.
Les jeunes, aujourd'hui, se posent de sérieuses questions. Il ne
saisissent pas, ces jeunes étudiants ou ces malades dans les
hôpitaux, le sens profond de l'enjeu que les adultes, eux, recherchent.
Les parents déplorent énormément le gaspillage de temps,
de ressources,'d'énergies. Plusieurs en ont plein le dos; c'est
l'expression populaire qu'on emploie chez mol. Pour établir des
relations patronales-ouvrières qui ont un certain sens et qui veulent
véritablement rejoindre l'équité, c'est-à-dire le
respect des parties dans une négociation collective, il faut
établir un climat. En effet, cela prend des années pour
établir un esprit d'équipe, mais cela prend seulement quelques
semaines pour briser par des tensions formidables et pour détruire tout
le système de la négociation.
Je n'ai pas besoin de vous dire, M. le Président, vous qui avez
connu certaines grèves dans votre comté, combien c'est difficile,
même après, si les relations patronales-ouvrières ne sont
pas faites dans un climat favorable, dans un esprit objectif. Il reste,
malgré les négociations entreprises, des reliquats qui durent des
années. On n'a pas oublié encore la loi de 1974. On n'a pas
oublié la prison qu'on a imposée avec raison je dis avec
raison aux chefs syndicaux. Dans les relations
patronales-ouvrières, cela ne s'est pas oublié.
Immédiatement après, en 1974, quand on savait qu'il y avait une
négociation qui devait reprendre en 1976, on aurait dû essayer de
recréer un climat de confiance, au lieu d'établir, comme c'est
aujourd'hui un fait probant, le défi.
Est-ce que je dois vous rappeler, à vous, M. le Président,
le Manuel du 1er mai, qu'on a distribué dans nos écoles et qui,
comme moi, vous a estomaqué? Est-ce que le gouvernement ne pouvait pas
prévoir, à ce moment, un indice formidable de l'action vers
laquelle se dirigeait toute la centrale syndicale des professeurs?
M. le Président, j'admets qu'il y a et je le dirai dans
quelques instants en vous citant un texte nombre d'enseignants qui sont
révoltés aujourd'hui contre cette attitude de la centrale,
révoltés contre certaines déclarations qui frisent le
maoïsme, le marxisme. Ce n'est pas, M. le Président,
détruire le système qu'il faut, chez nous, c'est en créer
un meilleur par des relations plus amicales, dans un climat
véritablement de loyauté et non pas par des défis, des
ultimatums ou des "blitz". Je dis donc que vouloir détruire le
système était déjà un indice formidable dans lequel
se dirigeaient tous les professeurs, certains membres de la centrale des
enseignants.
M. le Président, j'ai, devant la loi qui nous est soumise,
certaines réflexions que m'inspire l'expérience que j'ai
vécue dans ce domaine. Cette loi, M. le Président, vient trop
tard et donne trop peu. Trop tard parce qu'il y a déjà des
dizaines de jours, il y a des semaines qu'on a établi
véritablement un système d'ultimatums. Le ministre de la Fonction
publique, par un ultimatum adressé aux commissions scolaires, le 4 mars
1976 a dit: Si quelqu'un ne travaille pas comment pouvons-nous le payer? M.
Parent a dit que les commissions scolaires se- ront exposées à
perdre leurs subventions si elles n'assument pas leurs responsabilités
et si elles ne voient pas à ce que les règlements soient
respectés. Si quelqu'un ne travaille pas, comment pouvons-nous le payer,
a demandé le ministre?
Comment le gouvernement pourrait-il accepter que des gens qui ne
travaillent pas soient payés? D'accord. Nous demandons donc aux
commissions scolaires de les respecter, ces règlements, dans le cadre de
leur juridiction et de leur propre responsabilité. Sinon, conclut le
ministre, elles devront faire leur deuil des subventions auxquelles elles ont
droit. M. le Président, si ce n'est pas un ultimatum, je me demande, en
bonne vérité, ce qu'a voulu, par ce texte, exprimer le
ministre.
Il a aussi, quelques jours plus tard, après le fiasco de son
ultimatum, envoyé...
M. Parent (Hull): Voulez-vous que je vous réponde?
M. Bellemare (Johnson): Pardon? Non, non. Si, si ouvrez-la
grande, fermez-la sec. M. le Président, je continue. Il a, après
cet ultimatum qui a été un fiasco...
M. Parent (Hull): Je pensais que vous vouliez avoir la
lumière.
M. Bellemare (Johnson): Non, non, M. le Président, vous
n'êtes pas le Saint-Esprit, certain. Je ne vous condamne pas pour le
travail immense que vous avez fait, mais je déplore l'attitude que vous
avez prise, simplement. Laissez-moi mon droit de parole, je vous en supplie,
parce que je ne voudrais pas me faire interrompre. J'ai des choses très
sérieuses à vous dire, comme j'en ai aussi de très
sérieuses au gouvernement, et c'est dans un but objectif...
M. Parent (Hull): II ne faudrait pas me poser de question.
M. Bellemare (Johnson): ...que je le fais. M. le
Président, je continue. Ultimatum fiasco, pression à la table
centrale, pression, un "blitz" qui devait tout régler. On m'a dit cela
à moi, ici même, en cette Chambre, après une question que
j'ai posée au ministre: II va y avoir un "blitz" formidable, des
négociations intenses. Je connais cela, moi, M. le Président.
J'avais bien envie de rire quand j'ai entendu le ministre dire cela. Pauvre
ministre! Un autre "front". Un autre écran de fumée. Il va y
avoir vendredi, samedi, dimanche, lundi, la table centrale et cela va
fonctionner.
Cela a été quoi? Un fiasco monumental, M. le
Président, la voilà votre réponse.
M. Parent (Hull): Ah! non, non!
M. Bellemare (Johnson): La voilà votre réponse.
Donnez-m'en une autre. Si c'était vrai, M. le Président, que le
"blitz", que l'ultimatum a produit des bons effets, on n'aurait pas eu 10 000
per-
sonnes, aujourd'hui, devant le Parlement. Non, M. le Président,
je n'accepte pas d'intervention. 10 000 personnes qui sont venues protester
contre le gouvernement. Ces gens ne sont pas venus chanter la gloire du Parti
libéral. Soyez assuré que cette démonstration massive
d'aujourd'hui doit être considérée comme un rejet non pas
seulement de la loi et des modalités qui y sont contenues, mais aussi de
l'attitude du gouvernement qui n'a pas pris sa responsabilité. Trop peu
et trop tard. Et aujourd'hui, je vous...
Le Président suppléant (M. Gratton): A l'ordre!
M. Parent (Hull): C'est la loi qu'ils ont brûlée,
dehors!
M. Bellemare (Johnson): ... je vous dis, M. le Président,
que cette manière d'agir du gouvernement est suprêmement
condamnable. Condamnable parce qu'on passe par-dessus le Code du travail, qui
est la loi du gouvernement. Les relations patronales-ouvrières qui sont
contenues dans ce chapitre, le gouvernement passe par-dessus et refuse de
respecter les conditions de la négociation et particulièrement
des conventions collectives.
Le gouvernement s'est donné une loi et pardessus cette loi on en
amène une spéciale qui annule toutes les lois
générales, ce qui fait que cette loi sera opérante.
Le gouvernement a vu depuis des mois cette situation lamentable se
détériorer. Est-ce que, M. le Président, vous n'êtes
pas un peu pris de panique quand vous voyez ces enfants qui, tout le long de la
journée, traînent les chemins? Les parents se disent: On n'envoie
pas un enfant à l'école parce que c'est sûr qu'il va nous
revenir; journée d'étude, ralentissement au travail.
On essaie, qu'on le veuille ou non, de transmettre un message. On essaie
d'influencer cette jeune génération qui, demain, formera les
chefs de la nation, de l'influencer assez pour qu'on puisse casser le
système. C'est cela que le gouvernement aurait dû faire depuis
longtemps, le casser l'autre système, l'empêcher de grandir, non
pas le subventionner, comme il l'a fait et le fait encore; il subventionne ces
mouvements. Je l'ai dit au ministre de la Fonction publique, lors de la
commission parlementaire des engagements financiers. On subventionne ces
centrales syndicales.
M. le Président, d'accord, je suis en faveur d'un sain
syndicalisme; d'accord je suis en faveur d'un patron qui respecte les droits et
les mesures qui s'imposent dans les relations patronales-ouvrières. Mais
on est rendu, M. le Président, qu'on manque de cette ardeur, qu'on
manque de ce leadership pour s'affirmer devant cette vague montante qui
inquiète terriblement tout le monde dans la province. Les industriels
déménagent ou ne viennent pas chez nous. On touche les classes
les plus pauvres, comme les étudiants, les vieillards et les
malades.
Quand on voit, M. le Président, et c'est une statistique que nous
allons vous citer prochainement, le nombre d'industries qui ne sont pas ve-
nues dans le Québec et celles qui en sont sorties, on n'a pas besoin de
se demander pourquoi.
Il y a le climat incertain, le climat révolutionnaire qu'on est
à créer partout dans la société, qu'on est à
forger dans le cerveau, dans le coeur, dans l'esprit de ces tous jeunes. On
burine, mon cher monsieur, dans leur cerveau, cet esprit de revendication,
surtout maoïste, marxiste, de détruire la société
d'aujourd'hui pour la remplacer par une meilleure. Je les défie d'aller
vivre ailleurs et de revenir au Québec constater les bienfaits qui
peuvent résulter de notre système.
M. le Président, le gouvernement, on dirait qu'il le fait
exprès. Il y a eu d'autres lois spéciales; vous le savez, M. le
Président, la liste est longue. Elle est longue la liste des lois
spéciales. On a cassé, encore là, ce qu'avait reconnu le
Code du travail: Après les 30 jours d'avis, les huit jours au ministre
pour demander un négociateur, les 60 jours de délai et ensuite la
grève. Cela, c'est la loi. Quand le droit de grève est obtenu, on
ne respecte plus le Code du travail; on arrive avec des lois matraques, comme
celle-ci, M. le Président, faites par le gouvernement en face de moi. On
a imposé la loi en cassant, pas le système, mais en cassant des
droits chèrement acquis par les syndicalistes. J'en suis un syndicaliste
et tout le monde sait que j'appartiens au "brotherhood". Mais je dis, tout en
étant syndicaliste, que je veux qu'on vive au Québec un
syndicalisme progressif, un syndicalisme de paix, de bonne entente, non pas un
syndicalisme révolutionnaire qui, pour garder certains chefs syndicaux
à la tête de certains mouvements, est prêt à
céder devant n'importe quelle pression.
Il est temps dans le Québec qu'on fasse de l'ordre.
M. le Président, la loi qu'on est appelé à voter
est une loi pénible puisque le gouvernement l'impose. Ceci ne facilitera
pas les bonnes relations dans le domaine syndical. On va s'en ressentir pour
des années, on va être encore pris avec un "blitzkrieg" une guerre
sournoise qui va continuer, parce qu'on n'a pas touché au
problème. On touche au problème en les retournant au travail sans
aucune garantie de ce qu'on aurait pu faire pour les encourager à une
négociation. Ne pensez-vous pas que cela aurait pu être possible,
devant le nombre de clauses des conventions collectives qui ont
été adoptées, de les sanctionner, de les signer, au moins,
celles-là? Cela aurait diminué énormément l'impact
et encouragé ceux qui ont encore foi dans la négociation des
conventions collectives à apporter une quote-part plus
sérieuse.
Je n'ai pas besoin de vous dire combien je suis peiné de voir que
le gouvernement de ma province a recherché
délibérément et, M. le Président, c'est une
accusation très grave cet affrontement. On dirait qu'il a tout
mis en place pour arriver à cette loi spéciale. On dirait que
tout a été coordonné de façon progressive afin de
s'attirer la sympathie de la population vis-à-vis de ses points de vue,
vis-à-vis des offres salariales, ou bien tout a été fait
en négociant, en négociant un peu, en ne négociant pas. Je
négocie, je ne négocie pas. On dirait que tout a
été "timé" pour établir
cet esprit de contestation.
Je ne me souviens pas d'avoir, pendant les quelques années
où j'ai occupé le poste de ministre du Travail,
réglé certains conflits et Dieu sait combien nous en avons
eu aussi sans avoir fait appel aux bonnes volontés, et ce dans un
climat différent.
Ah! je n'ai pas besoin de vous dire que j'ai vécu des
circonstances difficiles, mais j'en suis venu, je pense, à force de
patience et de travail généreux, à établir un
climat dans lequel on s'est reconnu. Ah! pas partout, M. le Président.
Il y a eu des cas où je n'ai pas réussi. Mais là où
je n'ai pas réussi à établir ce climat, il y a encore une
perturbation dans la compagnie et le syndicat, et parmi ces cas, depuis que je
suis parti, il y en a un ou deux où on est venu trois fois en
grève. Ce n'est pas faire oeuvre de bien, ni établir un climat
qui soit véritablement acceptable. Sans contredit, cette loi,
d'après son contenu, en vertu de l'article 126, attaque durement le
système syndical, j'en suis convaincu.
Ils ne sont pas tous mauvais les syndicalistes, ce n'est pas vrai. Il y
en a quelques-uns qui sont délégués en autorité,
qui parlent haut dans certaines circonstances et qui ne devraient pas occuper
ces charges. On va jusqu'à dire dans des assemblées publiques de
5000 personnes: Vous êtes prêts à nous suivre et à
défier la loi, levez la main, sinon nous n'engagerons aucun combat
contre le gouvernement. On crie cela et on répète cela dans la
province de Québec. Etes-vous prêts à défier la loi,
les injonctions? Et là, M. le Président, vous voyez ce qui se
produit. On a établi une mentalité qui est extrêmement
difficile. Ce n'est pas avec des matraques, des bâtons et des casques
d'acier je l'ai dit tout à l'heure qu'on va établir
ce climat tant souhaité dans les relations patronales-ouvrières,
surtout quand le gouvernement est patron et employeur. Cela est terrible. Quand
le patron est juge et partie, cela est indiscutable. S'il y a un exemple a
donner dans la province, il faut qu'il vienne de son gouvernement. Il faut que
son gouvernement soit fort, que son gouvernement ait du leadership, qu'il sache
imposer les solutions quand c'est le temps, pas un cataplasme sur une jambe de
bois six mois après que le mal est fait.
M. le Président, il y a eu bien des étapes où l'on
aurait pu facilement apporter, plutôt qu'une loi, un règlement
possible.
Je n'ai pas besoin de vous relire un excellent article qui vient
d'être fait par Claude Vaillancourt, du journal Le Soleil, sur le projet
de loi et particulièrement sur ses données. Je ne sais pas s'il
est dans la tribune ce soir ou s'il n'y est pas; je ne le connais pas. Mais je
pense que ce que l'abbé Dion, que je connais lui, a dernièrement
décrit...
M. Bédard (Montmorency): Cela, c'est mieux. M.
Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Bédard (Montmorency): C'est mieux; cela, c'est un bon
gars.
M. Bellemare (Johnson): Bon, écoutez, je m'en vais essayer
de vous le citer textuellement pour que vous ne m'accusiez pas d'errer: "En
février dernier, lors d'une causerie, le révérend
abbé Gérard Dion, qui est un expert reconnu dans mon temps
comme aujourd'hui dans les relations industrielles, décrivait
clairement le fonctionnement de notre système des relations du travail
en vigueur à l'heure actuelle et démontrait la
nécessité d'effectuer le plus tôt possible une refonte en
profondeur de notre système périmé". Il m'a cité au
texte, M. le Président. Il m'a cité au texte; j'ai dit exactement
la même chose ici, dans cette Chambre, lors d'un débat sur le
discours inaugural. M. le Président, je continue...
M. Hardy: II n'a pas cité sa source?
M. Bellemare (Johnson): Non, non, non, non.
M. Hardy: II n'a pa.s cité sa source!
M. Bellemare (Johnson): Je vous cite l'article de l'abbé
Dion, sans vouloir en prendre tout le mérite parce qu'il y a
déjà plus d'un an que je demande une commission d'enquête
sur le Code du travail. Le gouvernement n'aurait pas eu à faire ce qu'il
fait là, adopter une loi spéciale, s'il avait voulu
véritablement amender le Code du travail, à la suite...
M. Bellemare (Rosemont): Pourquoi vous ne l'avez pas fait, en
1966?
M. Bellemare (Johnson): ...d'une révision complète
de ceux qui nous auraient apporté les meilleures suggestions pour
l'amender. On a vécu trois périodes dans les relations
patronales-ouvrières: des mesures de guerre, des mesures
d'après-guerre jusqu'en 1964, où on a eu le nouveau Code du
travail et, maintenant, nous vivons sur le code amendé depuis
1967-1968.
En 1976, le code est périmé. Les conventions collectives
ne tiennent plus. On avait donné des responsabilités à
certaines personnes, les croyant sérieuses dans les relations
parapubliques. mais elles nous ont déçus fortement et tout le
monde dans la province a hâte de connaître l'attitude... Sur ce
sujet, M. le Président, si le gouvernement nous avait
écoutés en ordonnant une commission d'enquête sur les
relations patronales-ouvrières, on aurait entendu des suggestions
heureuses et le gouvernement, au lieu de se servir d'une loi comme celle qu'on
a aujourd'hui devant nous, aurait pu recourir à un autre moyen qui nous
a déjà été suggéré, que j'ai
déjà dit au gouvernement, et qui aurait pu empêcher le
gouvernement d'être juge et patron, surtout dans les circonstances.
L'abbé Dion disait, et je le cite en entier: "II est
indéniable que c'est un rôle de l'Etat gouvernement de se faire
respecter et de faire respecter sa loi. Pourtant, voyez ce qui se passe devant
tant de gestes illégaux qui sont actuellement posés. Il n'ose pas
poursuivre devant les tribunaux, de crainte d'embarrasser les employeurs et de
nuire
aux négociations. La situation en est rendue extrêmement
périlleuse. Si la négociation n'aboutit pas, il y aura
probablement une grève qui durera jusqu'à ce que l'Etat
gouvernement, pour des raisons d'intérêt public, car une
grève dans l'enseignement ne peut durer indéfiniment, soit
forcé de recourir à une loi pour imposer le retour au travail et
fixer un autre délai de négociation. Si l'on n'arrive pas
à s'entendre pas voie de négociation, à la fin, il faudra
bien qu'un décret gouvernemental vienne tenir compte d'une convention
qui leur sera imposée".
M. le Président, pourquoi ne pas avoir choisi la situation qui ne
mettrait pas le gouvernement dans ces situations malheureuses? On aurait pu
facilement se servir du Tribunal du travail, constitué en 1968. On
aurait pu établir, au sein même de ce tribunal, une chambre
administrative qui aurait pu s'occuper d'autorité de ce conflit qu'on
essaie de régler par le contenu du projet de loi no 23, aujourd'hui. On
aurait pu prendre en main le conflit et le régler sans avoir à
passer par-dessus le Code du travail et aussi par-dessus la tête du
gouvernement.
Le Conseil supérieur de l'éducation disait, ces jours
derniers, que les tensions énormes qui se sont développées
à travers les relations patronales-ouvrières, les
déchirements pénibles vont perturber le monde de
l'éducation et, dans une escalade sans fin, vont engendrer la guerre des
nerfs et surtout la guerre épuisante des militants.
C'est devenu une guérilla scolaire. Dommage, M. le
Président, pour notre système d'éducation. Les premiers
frappés, ce sont les étudiants, ce sont les enfants. Il y a aussi
nos malades, il y a aussi certaines personnes qui ont besoin de certains soins,
au ministère des Affaires sociales. Mais payer si cher de l'argent des
taxes pour se faire saboter, dépenser presque $2 milliards en
éducation pour favoriser une meilleure éducation populaire,
dépenser tant d'argent pour avoir un si lamentable résultat, le
peuple du Québec a hâte d'avoir des comptes. Le peuple du
Québec, qui voit couler par milliards son argent dans le système
d'éducation et qui voit si peu de résultats. On dirait qu'on
engraisse une bête à sept têtes. On dirait qu'on lui fournit
les armes nécessaires pour nous faire détruire.
La province, qui a un budget de $10 milliards, en dépense au
moins un cinquième pour ce secteur de l'éducation. Et vous
croyez, M. le Président, que les gens, qui sont muets, aujourd'hui,
n'ont pas raison de se plaindre? Mais pour cela, il y a déjà
longtemps que le gouvernement aurait dû assumer ses
responsabilités. Il y a déjà longtemps que de l'ordre
aurait dû être rétabli dans la province et
particulièrement dans certains gestes qui ont été des
gestes provocateurs, qui ont été des gestes de défi
à l'endroit des élus.
Si on a, dans nos cours de justice, des outrages au tribunal, combien
plus on pourrait dire qu'il y a eu des outrages au Parlement et à ceux
qui administrent les biens de la société
québécoise. M. le Président, le comité de vigilance
des enseignants de Montréal, par exemple, a été
cité en exemple. Le comité de vigilance, présidé
par M. Mailloux je vous cite un extrait du Devoir du 16 mars 1976
"est formé d'enseignants qui n'acceptent pas la radicalisation de leur
syndicat ou de leur centrale. Ils ne sont pas prêts, eux, à casser
le régime pour s'en faire une gloire personnelle. Nous rejetons du plus
profond de nos coeurs la stratégie qui consiste à créer un
tel état d'anarchie tel que la population arriverait à souhaiter
véritablement un bouleversement total."
Voilà des enseignants qui, ayant foi dans notre système et
particulièrement étant animés d'une flamme très
vive de contestation mais dans les cadres d'une revendication juste et
raisonnable, voilà des gens qui peuvent être cités à
la barre populaire.
Je continue: "Le comité ne s'en cache pas. Il essaie
d'éviter un décret qui fermerait toutes les portes et
maintiendrait sensiblement les offres actuelles. Si la grève ne peut
qu'amaigrir nos portefeuilles, provoquer des lock-out, l'arbitrage obligatoire
paraît moins brutal qu'un décret et moins intransigeant que des
affrontements destinés par la centrale syndicale à servir des
fins politiques ou des fins personnelles".
Voilà véritablement parler avec bon sens. Ce ne sont pas
tous les éducateurs, ce ne sont pas tous les enseignants, ce ne sont pas
tous les militants de la centrale qui sont en faveur de ce qui se produit
aujourd'hui. Même parmi les 8000 qui sont venus aujourd'hui protester
devant le Parlement, je suis sûr qu'il y en avait une très large
partie qui était composée de gens qui, par obligation ou
forcément parce qu'ils ont été entraînés dans
le sillon, sont venus protester.
M. le Président, j'espère que le ministre de la Fonction
publique est sérieux quand il affirme que le gouvernement proposera un
nouveau système de relations de travail dans le secteur public. Il a
fait cette déclaration, il n'y a pas si longtemps, qu'il faudra revoir,
après les négociations, tout un nouveau rôle de
négociation adapté au système, plusieurs prescriptions qui
deviendront nécessaires.
J'espère qu'il est bien intentionné et qu'il se rendra
à cette promesse que je lui rappellerai en temps et lieu.
J'espère particulièrement qu'il nous présentera des
solutions plus réalistes que celle du fameux projet de loi
mort-né, le projet de loi no 89, qu'on a appelé le bill
antiscab.
M. le Président, il faut mettre fin au malaise qui ronge, dans
cette province, nos relations patronales-ouvrières. Tout le monde est
d'accord sur ce point, mais peu de gens en prennent la responsabilité.
Le projet de loi ne peut pas être considéré comme la
solution idéale. Prenez ma parole, il ne rétablira pas le juste
équilibre tant souhaité, ardemment désiré par toute
la population. Non, M. le Président, j'ai dit au début de mon
intervention que, si j'étais en faveur du principe du retour au travail,
j'avais néanmoins des objections sur les modalités et le contenu
du projet de loi.
M. le Président, pour moi qui suis un syndicaliste qui a
vécu intensément cette vie de travailleur, il y a les deux
articles qu'on a cités tout à l'heure, les articles qui ne sont
pas acceptables,
les articles 20 et 21. Le fardeau de la preuve, pour un ouvrier, je l'ai
dit et je l'ai répété quand on a étudié le
projet de loi no 32 sur les relations de travail dans la construction, c'est
impensable. C'est impensable pour un gouvernement qui veut respecter les
libertés syndicales, particulièrement la liberté d'action
d'un homme qui se voit obligé de renverser la présomption de
culpabilité. C'est impensable qu'on mette cela dans nos lois en 1976.
C'est rétrograde. On n'a pas le droit, quand on connaît le
moindrement la manière dont se déroulent nos conflits ouvriers,
de mettre dans une loi les articles 20 et 21, où il faut renverser la
présomption de culpabilité, et par l'employeur et par
l'employé. Je l'ai dit et je l'ai répété, c'est
presque une loi antisyndicale. Ce passage particulier ne rendra service
à personne. On aura beau, dans les articles qui suivent, imposer des
amendes, dans le chapitre IV, de $50 jusqu'à $5000, mais aujourd'hui, ce
n'est pas ce qui compte. Est-ce qu'une désobéisance collective et
publique réglerait le problème? S'il fallait, je ne le souhaite
pas, qu'il y ait une désobéissance publique et unanime de 100 000
personnes dans les rues de Québec, qu'est-ce qui se produirait? Le
gouvernement n'aurait pas d'autre choix que de demander l'émission des
brefs d'élection et de se justifier vis-à-vis de
l'électorat, devant une masse de personnes qui
désobéiraient publiquement à la loi.
M. le Président, c'est très grave, et je pense qu'on ne
fera pas cela. Mais, cet après-midi, en m'en venant du lieu où
j'avais des obligations à remplir, j'écoutais la radio. On
demandait aux gens ce que feraient les syndicats après l'adoption de la
loi. J'ai été surpris du haut pourcentage des gens qui disaient
à la radio, sans aucune obligation: On désobéira. Ce sera
peut-être comme la grève des chemins de fer en
Colombie-Britannique; la loi a été adoptée et on a
désobéi publiquement dans tout un secteur du chemin de fer. Cela
a pris des mois pour régler ce problème. Mais s'il fallait demain
que cela arrive, s'il fallait que les 80 jours n'atteignent pas le but que tout
le monde recherche, la loi sera inopérante. Qu'est-ce qui se produirait?
Est-ce qu'on ne retiendra pas pour le mois de septembre 1976 ces arguments pour
recommencer encore le talonnage et surtout la pression qu'on a exercée
sur le gouvernement?
Est-ce qu'on peut régler cela par une loi spéciale? Je dis
non. Mon expérience vous apporte aujourd'hui mon témoignage et je
pense, parce que j'ai vécu très intimement cette situation, que
s'il y a désobéissance publique, il n'y a rien à faire
pour le gouvernement, sauf de rétablir l'ordre.
M. Bienvenue: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Laissez-moi terminer, j'en ai encore pour
quelques minutes. S'il vous plaît, je sais que vous avez un droit de
réplique, moi je n'en ai pas.
M. le Président, je suis donc un de ceux qui disent qu'il y a
dans la loi des choses difficiles à expliquer. Il y a un article du
projet de loi où il est dit que les commissaires verront à
empêcher de se servir d'intimidation, de violence, de harcèlement,
de manoeuvres qui ne seraient pas permises en vertu du Code du travail. Qui va
établir cela? Est-ce qu'à Saint-Zénon, dans une
école retirée dans un rang où il existe encore des
écoles, l'institutrice ou le professeur dira: Vous autres, restez
tranquilles on ne fera rien, on va conter des histoires. Qui va prendre des
mesures contre l'institutrice de Saint-Zénon? A Saint-Luc-de-Vincennes,
le professeur va dire: Allez-vous-en chez vous, on ne fait plus rien. Qui va
intenter les procédures? Qui va porter les plaintes? Quel est celui qui
va être capable de s'ériger en accusateur contre un syndicaliste?
Voyez-vous le climat dans lequel nous allons vivre, avec 80 jours sans lock-out
ou grève et qui va peut-être atteindre son paroxysme sans
être réglé? Défense d'user d'intimidation, de
violence de harcèlement. Qui va être capable de contrôler
cela?
Les commissaires, en vertu des articles 9 et 10 ont l'obligation de
faire des enquêtes. Où? Comment? Quand? Par quel bout vont-ils
commencer demain matin? C'est dans la loi qu'ils doivent faire des
enquêtes sérieuses, entendre les parties, étudier tous les
programmes. C'est impensable qu'un gouvernement responsable puisse en 1976,
écrire cela dans la législation sans avoir à
côté des données spécifiant bien ce qu'ils vont
empêcher, ce qu'ils vont permettre et ce pourquoi ils vont imposer une
certaine pénalité. Dans la loi, cela paraît bien, cela fait
boule de neige. On dit: Ah! le gouvernement a un mandat extraordinaire. Il nous
a donné un mandat...
Prenez garde, M. le Président, ne prenez pas les gens de la
province de Québec pour des fous en les envoyant voir s'il mouille. Il y
a une limite, M. le Président. Je n'ai pas besoin de vous dire que
l'article 24 qui a été changé, en relations de travail,
cela ne se fait pas. Cela peut se faire en suspendant le droit d'association
parce qu'on a un mécanisme en vertu du Tribunal du travail, qui a la
responsabilité de l'accréditation et de la suspension de certains
droits, qui a certains pouvoirs d'accréditation et de
désaccréditation. Le Tribunal du travail a le droit de faire
cela. Enlever cela dans une loi et écrire formellement que la formule
Rand va disparaître... Il y a toujours une limite! La formule Rand, c'est
ce qu'il y a de plus sacré dans le droit ouvrier. Elle existe dans le
Code du travail depuis 1964. Cette formule Rand, c'est celle qui permet de
faire prélever les cotisations par l'employeur. On l'enlève dans
l'article 24. Vous le relirez et vous allez vous apercevoir que vous commettez
une grave injustice. Cela, M. le Président, c'est l'épée
de Damoclès. Si vous ne vous soumettez pas en bons petits
garçons, vous allez avoir le bâton sur la tête.
M. Hardy: Une loi sans dents?
M. Bellemare (Johnson): Pas nécessairement sans dents, il
peut y en avoir avec des dents, mais pas celle-là.
Une loi qui dirait: M y a un Tribunal du travail d'établi. Vous
êtes obligés par la loi de retourner
au travail demain matin, sans condition, et la convention collective va
continuer à se négocier devant un chapitre particulier.
M. Hardy: Si quelqu'un ne la respecte pas, la loi?
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai pas à répondre
à toutes les questions que vous me posez, mais je dis, par exemple, que,
si quelqu'un ne la respecte pas, le Tribunal du travail possède des
pouvoirs pour lui imposer des sanctions. Oui, M. le Président, et ce
serait beaucoup plus juste que de...
M. Hardy: Quelles sanctions?
M. Bellemare (Johnson): ... mettre au pilori toute
l'accréditation syndicale. Vous pensez que vous allez énerver
bien du monde avec cela? Vous pensez que vous allez énerver bien du
monde avec cela? Vous n'êtes pas dans les relations de travail pour dire
cela. Si vous en avez déjà fait, vous avez oublié le
chapitre où l'on parle de certaines pénalités.
M. Bédard (Montmorency): Vous avez fait des miracles, vous
autres.
M. Bellemare (Johnson): L'honorable député,
aspirant ministre, devrait reprendre son siège, comme le veut le
règlement. Je pense que ce serait plus raisonnable. On est en
troisième lecture, M. le Président; il n'a pas le droit d'occuper
un autre siège, même s'il aspire à être ministre.
M. Bédard (Montmorency): Moi, j'aime mieux vous voir en
face.
M. Bellemare (Johnson): Moi, vous me déplaisez, parfois,
en face.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): Alors, M. le Président, je
termine. Plusieurs vont peut-être dire: M. Bellemare, pourquoi ne
l'avez-vous pas fait dans votre temps? Oui, on l'a fait. On a eu notre loi, M.
le Président, le chapitre 68, Loi assurant le droit à
l'éducation des élèves de la Commission scolaire
régionale de Chambly, c'est vrai, mais on n'a pas touché à
la cotisation; on a touché à l'accréditation.
M. Hardy: C'est bien pire.
M. Bellemare (Johnson): Un instant. Un instant! Un instant!
M. Hardy: C'est effrayant!
M. Bellemare (Johnson): II n'a pas le droit de m'interrompre.
Mais on a ajouté dans la loi une disposition spéciale; on a dit:
II faudra qu'il y en ait au moins 70% qui désobéissent à
la loi, 70%.
Là, M. le Président, on a mis du discrétionnaire et
on dit, M. le Président, dans la discrétion qu'on veut
exercer...
M. Hardy: Substantiel.
M. Bellemare (Johnson): Substantiel, l'avez-vous entendu, l'ange
tutélaire? Le Procureur général peut, s'il est d'avis
qu'un "groupe substantiel". Qu'est-ce que c'est, substantiel? Pour nous,
substantiel, cela peut être quinze, cela peut être vingt. C'est
là le pouvoir discrétionnaire que se donne encore le gouvernement
vis-à-vis de la suspension du droit d'accréditation. Au moins,
nous, dans notre bill de 1969, on avait retiré l'accréditation,
quand on constatait qu'il n'y avait pas 70% des gens qui n'avaient pas
accepté le principe de la loi.
Eux, non. Non, vous l'avez entendu, l'honorable ministre? On a mis
"substantiel". Substantiel! Vous êtes un cas de qualité
substantielle.
M. Parent (Hull): C'est un très beau vocabulaire.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je termine,
puisque mon heure s'achève, en vous disant, de mon poste d'observateur,
que j'ai hâte de voir, demain, ce que la loi va produire. Je reviendrai
dans cette Chambre, avant longtemps, pour dire au gouvernement combien il a
laissé se détériorer la situation et combien peu d'effets
a maintenant sa loi. Vous n'êtes plus crus de la population. C'est bien
dommage, les gens ne croient plus à vous. Ils ne croyent plus au
gouvernement "pan-toute, pantoute, pantoute." C'est clair cela, M. le
Président? Je suis sûr que, même si vous adoptiez une loi
des plus parfaites...
M. Parent (Hull): Vous seriez surpris.
M. Bellemare (Johnson): ... demain, vous pouvez peut-être
avoir des surprises.
M. Parent (Hull): Cela ne veut pas dire qu'ils croient à
l'Union Nationale.
M. Bellemare (Johnson): Cela, c'est établir un mauvais
climat dans les relations patronales-ouvrières. Vous avez poussé
l'audace jusqu'à la présentation de cette loi. M. le
Président, c'est probablement un des derniers fils de la corde qui va
vous pendre.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, au début de mon
intervention, j'aimerais demander si la Chambre serait consentante pour
m'accorder une vingtaine de minutes, afin de pouvoir m'exprimer.
M. Hardy: Non. Non.
M. Roy: Vous voyez, M. le Président, l'esprit de
générosité de l'actuel gouvernement.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Il n'y a pas de question de règlement. Le
député de Beauce-Sud a droit à dix minutes.
M. Hardy: J'invoque le règlement. Vous pourriez, au moins,
prendre le temps de m'écouter!
M. Bellemare (Johnson): Ah! Un parlementaire comme le
député de Terrebonne qui vient de menacer le
présidentl
M. Charron: Regardez donc qui vous demande...
M. Bellemare (Johnson): Qu'il retire ses paroles. C'est indigne
d'un leader adjoint de la Chambre.
Il sait qu'il n'a pas le droit de vous insulter. Je vais vous
défendre moi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Surtout un
ex-vice-président de la Chambre.
M. Bellemare (Johnson): Oui, c'est cela, un
ex-vice-président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: J'invoque le règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je suis debout, si vous
connaissez le règlement. Premièrement, je vous accorde votre
question de règlement, mais le règlement de l'Assemblée
nationale prévoit dix minutes pour l'honorable député de
Beauce-Sud. Vous connaissez le règlement également, n'engendrez
pas de débat, parce que c'est dix minutes. Ne prenez pas dix minutes
pour nous expliquer qu'il a dix minutes.
M. Hardy: Un instant, ne nous énervons pas.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Surtout pas.
M. Hardy: M. le Président...
M. Charron: Vous avez aussi peu de respect pour le
Président de l'Assemblée, je réclame le
député de Saint-Louis, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Vous savez...
M. Roy: M. le Président, question de privilège.
M. Charron: Le député de Saint-Louis, lui, prendra
des décisions pour le gouvernement, il est membre du gouvernement...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre! A l'ordre! A
l'ordre, s'il vous plaît! Je rappelle à l'ordre l'honorable
député de Saint-Jacques... Je rappelle à l'ordre
l'honorable député de Saint-Jacques pour la deuxième
fois... Je rappelle à l'ordre l'honorable député de
Saint-Jacques pour la troisième fois... Vous perdez votre droit de
parole pour le reste de la séance... Je demande à l'honorable
député de Saint-Jacques de sortir de l'Assemblée
nationale... Je fais appel à votre intelligence personnelle, je pense
que... C'est suffisant, je vous demande de vous retirer de l'Assemblée
nationale... Si on est respectueux des règlements, comme vous
prétendez l'être, je vous demande de vous retirer... Je pense que
vous auriez besoin d'autre chose, pour le moment!... Je demanderais au sergent
d'armes de sortir l'honorable député de Saint-Jacques.
L'honorable ministre des Communications.
M. Hardy: M. le Président, je...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je demanderais à
l'honorable député de Saint-Jacques de se retirer de
lui-même.
M. Hardy: Je voudrais tout simplement rappeler, M. le
Président, sur la question de règlement, que ce n'est pas une
question d'injustice ou de justice envers le député de
Beauce-Sud, c'est une question de justice pour tous les députés
membres de cette Chambre qui, en troisième lecture et c'est un
amendement au règlement ont droit de parler pendant dix minutes.
Le député de Beauce-Sud a les mêmes droits que tout le
monde, pas plus et pas moins.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais, sur la question de
règlement soulevée par l'honorable ministre, lui dire tout
simplement ceci. Ce n'est pas la première fois qu'un
député se lève à l'Assemblée
nationale...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Question de règlement sur votre droit de parole, je ne
l'endurerai pas.
M. Roy: ...ce n'est pas sur mon droit de parole.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Faites bien
attention.
M. Fabien Roy
M. Roy: Ce n'est pas sur mon droit de parole. Je tiens à
dire, M. le Président, que ce n'est pas une insulte à faire
à la Chambre que de demander le consentement de la Chambre pour pouvoir,
justement, déroger un peu aux règlements, de façon
à pouvoir m'exprimer. L'honorable leader du gouvernement le fait tous
les jours. Je l'ai demandé poliment, on a dit non, tout simplement, et
on est parti dans les grands airs et on est monté dans les rideaux.
M. le Président, j'aimerais dire, avant de débuter,
à l'honorable ministre, l'honorable député de Terrebonne,
de se souvenir de la devise du Québec, ce soir avant de s'endormir,
parce que j'aurai l'occasion de la lui rappeler avant 24 heures. On sollicite
souvent le consentement de la Chambre, et je le donne, le consentement. Quand
je le sollicite, M. le Président, vous voyez la réponse qui m'est
donnée par le député de Terrebonne.
M. le Président, je devrai donc limiter mes propos à
quelques commentaires sur le projet de loi no 28. Le gouvernement, après
avoir tout gâché, le gouvernement, après avoir
laissé pourrir la situation, présente, encore une fois, une loi
d'urgence, d'autres l'ont dit avant moi, présente une loi d'urgence, une
loi faite à son image et à sa ressemblance. C'est une loi avec la
guillotine pour les députés, de façon qu'on ne puisse
discuter la loi, article par article, en commission plénière,
qu'avec une moyenne de six minutes pour chacun des articles.
Alors, M. le Président, sur la motion de troisième
lecture, il n'est que normal que les députés parlent des articles
du projet de loi et des amendements qui auraient dû être
acceptés et d'autres amendements qui ont été soumis et qui
ont été rejetés par le gouvernement, par la
majorité ministérielle.
M. le Président, ce projet de loi qui a été
discuté en commission plénière aujourd'hui, l'Opposition a
tenté de le bonifier en présentant quelques amendements. Nous
avons eu la réponse du ministre, non pas du ministre de l'Education
et pourtant c'est une loi qui regarde l'éducation une
réponse de l'honorable ministre titulaire du ministère de la
Fonction publique.
Il a dit: Non, non, non, le gouvernement n'ajoutera rien. Le ministre de
l'Education nous a déclaré tout à l'heure qu'il
était prêt lui à négocier, mais c'est à
partir de celui qui a le dossier, qui n'est pas le ministre de l'Education,
mais bien le ministre de la Fonction publique; c'est lui qui négocie.
C'est le ministre de la Fonction publique qui négocie mais il dit qu'il
ne négocie pas: C'est à prendre ou à laisser, c'est tout
ou rien. Comment peut-on espérer que, même si cette loi est
adoptée il pourra y avoir des négociations de bonne foi dans un
climat serein demain matin, la semaine prochaine, dans quinze jours, pour en
venir à une véritable négociation?
Nous serons appelés à nous prononcer avant l'ajournement
de la Chambre ce soir. Nous serons appelés à voter sur cette loi.
Il y a des choix qui ne sont pas agréables, qui sont loin d'être
agréables. Nous avons des responsabilités et le gouvernement veut
évidemment se faire cautionner par l'Assemblée nationale, par la
Chambre des députés.
Cette responsabilité, je l'ai acceptée en 1970, je l'ai
acceptée en 1973 et je continue de l'assumer avec toutes les
implications que cela peut comporter. Je représente un comté qui
a des étudiants, des enseignants, des parents, comme tous les autres
comtés du Québec, et qui a aussi des contribuables, mais qui en
ont assez du climat actuel. Ils en ont assez du débrayage. Ils en ont
assez d'at- tendre et de risquer que leurs enfants ne puissent pas terminer
leur année scolaire.
Aujourd'hui, notre première responsabilité est de
permettre aux enfants, aux étudiants du Québec d'au moins
terminer leur année scolaire. Cela m'apparaît la plus grande
priorité actuellement et c'est la seule raison pour laquelle je vais
appuyer le projet de loi en troisième lecture. C'est la seule raison
pour laquelle je vais l'appuyer en troisième lecture. Ce n'est pas du
tout pour appuyer l'attitude du gouvernement, surtout l'attitude du ministre de
la Fonction publique, qui a le dossier.
Le gouvernement vient de déposer à l'Assemblée
nationale un budget dans lequel on demande des crédits de $2 774 000 000
pour l'année qui vient de débuter alors que nous avons
dépensé $2 445 000 000 pour l'année qui vient de se
terminer, ce qui fait $5 200 000 000. Je n'inclus pas les taxes scolaires
payées par les contribuables, les articles des budgets d'autres
ministères qui sont consacrés à l'éducation. En ce
moment, je songe au transport des étudiants. L'éducation au
Québec coûte en moyenne $500 par tête par année, et
on va prendre le risque que nos étudiants, cette année, perdent
leur année scolaire?
M. le Président, on vient de gaspiller $1 milliard dans les Jeux
olympiques, je pense qu'on n'a pas le droit de gaspiller $2 milliards ou $3
milliards dans le domaine de l'éducation et de faire perdre une
année à une génération.
C'est pourquoi j'appuierai le projet de loi. J'aimerais, cependant, dire
ceci au gouvernement: On n'a pas parfois la possibilité de choisir et je
ne sache pas que personne encore ait réussi à obtenir la
liberté de choisir les conséquences. Nous sommes en face d'un
gigantisme à l'heure actuelle qui a été créé
par le gouvernement lui-même.
Le gouvernement a voulu tout prendre à sa charge dans le domaine
de l'éducation. On a pratiquement enlevé tous les pouvoirs aux
commissions scolaires de la province de Québec. C'est le gouvernement le
gros patron, le superman qui décide pour tout le monde. D'un autre
côté, on a forgé inévitablement une autre dictature
pour faire face à cette dictature qu'est la dictature syndicale
actuellement.
Je le dis parce que ceux qui dirigent ces syndicats agissent exactement
comme le gouvernement agit, c'est-à-dire que le gouvernement ne consulte
pas toujours ses députés. Je ne sache pas que le caucus du Parti
libéral ait été consulté. Le ministre de
l'Education en est la preuve.
M. Parent (Hull): Plusieurs fois.
M. Roy: II a lui-même déclaré tout à
l'heure, à la suite de l'intervention du député de
Johnson, qu'il a appris qu'il y aurait une loi spéciale à trois
heures de l'après-midi. On est en train de se demander qui gouverne dans
cette province. On est en train de se demander qui mène, qui dirige dans
le Québec, puisque le ministre de l'Education, responsable de
l'éducation au Québec...
M. Parent (Hull): Le gouvernement.
Une Voix: Vous avez dit cela?
M. Roy:... n'est pas avisé plus de deux heures à
l'avance de la présentation d'un projet de loi spécial. Je me
demande, M. le Président, si le ministre de l'Education a
participé à la rédaction de ce projet de loi.
M. Parent (Hull): Oui.
M. Roy: Comment se fait-il qu'il n'était pas au courant
qu'on présentait le projet de loi? Il y a quelqu'un quelque part, M. le
Président, qui camoufle la vérité ou il semble y avoir du
patinage.
M. Bienvenue: M. le Président, sur une question...
M. Roy: Mais il y a une chose qui demeure, par exemple...
M. Bienvenue: ... de privilège. M. Roy:... c'est
que la situation...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Question de
privilège.
L'honorable ministre de l'Education.
M. Bienvenue: Tout ce que dit le député de
Beauce-Sud est vrai, M. le Président. Ce que j'ai dit est vrai aussi.
J'ai participé personnellement à la rédaction de ce projet
de loi et je maintiens toujours je n'ai pas menti au
député de Johnson que c'est hier à midi que j'ai su
qu'il serait présenté à trois heures hier
après-midi.
Une Voix: C'est cela.
M. Roy: M. le Président, on est en train de se demander si
c'est le conseil des ministres qui a décidé de la
présentation de ce projet de loi.
Lors de la dernière négociation j'aimerais que le
gouvernement se souvienne de cela il a fallu venir devant
l'Assemblée nationale et discuter encore de loi spéciale, au
moment de la négociation avec le secteur public et le secteur
parapublic. Aujourd'hui, nous sommes encore devant l'Assemblée nationale
pour discuter d'une loi spéciale lorsqu'il s'agit d'une
négociation avec le secteur public et le secteur parapublic. Si on
n'apporte pas de changement dans nos lois des relations de travail, si on ne
change pas les règles du jeu, nous serons encore devant
l'Assemblée nationale, à l'occasion d'une prochaine
négociation, pour discuter d'une autre loi spéciale.
M. le Président, on récolte ce que l'on sème. Le
gouvernement a créé le gigantisme et aujourd'hui nous avons les
conséquences du gigantisme. Qu'on le veuille ou non, le gouvernement
actuel ne trouvera pas de formule magique pour régler les
problèmes de toutes les régions du Québec avec une seule
formule. Cela m'amène à dire qu'il va falloir revenir à la
décentralisation. Pour argumenter, je dirai au gouvernement, qu'il va
falloir revenir au bon sens, qu'il va falloir revenir à la logique: II
va falloir qu'on permette aux gens de leur région de régler, eux,
leurs problèmes. Actuellement, si on avait laissé aux commissions
scolaires des différentes régions du Québec le pouvoir de
régler leurs problèmes avec leurs enseignants... J'ai
interrogé plusieurs commissions scolaires et enseignants et on m'a dit:
II y a belle lurette que ce serait réglé. M. le Président,
on n'a qu'à regarder ce qui s'est passé dans le secteur
privé pour dire qu'il y a eu des négociations qui ont eu lieu, et
je ne sache pas que les enseignants du secteur privé soient plus
bêtes que les autres.
C'est là que je dis que le jeu est faussé...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président... M. Roy:
... et il va falloir que nous revenions...
M. Bellemare (Rosemont): ... j'invoque le règlement. Il
est 10 h 27 et le temps est terminé pour l'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président...
M. Levesque: M. le Président, je crois que l'honorable
député de Rosemont a raison. Cependant, vu que l'honorable
député de Beauce-Sud semble vouloir terminer, on devrait au moins
connaître entièrement sa pensée et je pense bien que le
député de Rosemont sera d'accord avec moi pour qu'on
l'écoute jusqu'à la fin.
M. Bellemare (Rosemont): Mon cher leader, étant
libéral d'esprit, j'acquiesce.
M. Roy: M. le Président, je voudrais dire ceci en
terminant. D'abord, je veux dire que je vote librement. Je pense aussi avoir le
droit de m'exprimer librement en cette Chambre et ne pas avoir à subir
les pressions de qui que ce soit. Je suis assez grand et assez vieux pour
être en mesure de prendre mes décisions moi-même. M. le
Président, je veux dire ceci en terminant: Je ne crois pas que le
ministre actuel, responsable du dossier des négociations, soit l'homme
désigné pour en venir à un règlement
négocié. Je pense que vu son attitude passée et si
j'avais quelques minutes de plus a ma disposition, je pourrais apporter
plusieurs preuves, plusieurs arguments pour prouver mes dires
l'honorable ministre aotuel n'est pas la personne désignée...
M. Levesque: Si le député...
M. Roy: C'est une question d'opinion, j'ai droit à mes
opinions, M. le Président.
M. Levesque:... a besoin de deux ou trois minutes pour les
preuves, on va les lui donner.
M. Roy: M. le Président, je vais prendre seulement une
preuve: l'attitude qu'il a eue ici à l'Assemblée nationale
aujourd'hui. Je ne voudrais pas revenir sur les propos du député
de Johnson mais il a été assez clair tout à l'heure et il
a apporté des preuves également. Je dis en terminant que je
ne
crois pas que le ministre actuel, responsable du dossier de
l'éducation...
M. Levesque: II y a un rapprochement, il y a un petit
rapprochement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Roy: Je ne crois pas que le ministre actuel, responsable du
dossier des négociations, le ministre de la Fonction publique, soit la
personne désignée pour en venir à un règlement
négocié.
Si le gouvernement était de bonne foi, si le gouvernement
était sincère dans son désir d'en venir à une
négociation normale, je dis qu'il devrait avoir comme première
responsabilité de remettre ce dossier entre les mains d'un autre
ministre. Je pense qu'à partir de ce moment-là la vapeur baissera
au Québec et qu'on pourra peut-être commencer à
négocier de bonne foi, avec sincérité. Etant donné
l'attitude intransigeante du ministre, c'est la recommandation que je fais au
gouvernement, en terminant, de remettre le dossier des négociations
entre les mains d'un autre ministre.
M. Parent (Hull): Excellente suggestion.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saint-Maurice.
M. Marcel Bérard
M. Bérard: M. le Président, les nombreux
problèmes qu'a apportés la situation scolaire actuelle, tant dans
le domaine social qu'économique dans la région de La Mauricie,
m'obligent à appuyer le projet de loi no 23, Loi concernant le maintien
des services dans le domaine de l'éducation.
Comme tous les députés ministériels en cette
Chambre, il m'est très désagréable de voir qu'on est
obligé d'en arriver à cette solution ultime pour régler un
problème qui perturbe depuis trop longtemps nos institutions
d'enseignement. Il ne fait aucun doute que, dans la région de La
Mauricie, on en est arrivé à un cul-de-sac dans le domaine
scolaire. Les positions très fermes, tant du côté patronal
que du côté syndical ne pouvaient déboucher que sur la
fermeture des écoles pour le reste de l'année scolaire. A cause
d'un conflit d'adultes, des enfants, qui n'étaient nullement
responsables, auraient eu à subir les graves conséquences d'une
année scolaire perdue et à tout jamais
irrécupérable.
J'ai toujours affirmé, et je l'affirme encore, que les
syndiqués ont droit à des meilleures conditions de travail,
à une sécurité d'emploi, mais on oublie trop souvent, chez
les leaders syndicaux, que les enfants ont aussi droit à
l'éducation. Il est bon de rappeler quelquefois que, si dans une
société les citoyens en général ont des droits, ils
ont également des obligations et des responsabilités. Ce projet
de loi indique bien que les autorités gouvernementales veulent un
règlement négocié avec les enseignants, car comment
voulez-vous qu'une négociation efficace se déroule dans un climat
de perturbation, tel qu'il en existe un actuellement?
L'objectif du gouvernement n'est pas un décret, mais une
convention signée. Il est bien évident que les lock-out, les
débrayages, le harcèlement, les pressions de toutes sortes
n'aident pas à atteindre cet objectif tant souhaité par les
enseignants.
La CEQ a toujours prétendu qu'elle négociait de bonne foi.
Alors, comment expliquer que, dans ses demandes initiales, il y a quelques
mois, elle réclamait l'engagement immédiat de plus de 50,000
nouveaux enseignants, des congés de paternité, etc., pour
atteindre une prétendue meilleure qualité de l'enseignement,
alors qu'aujourd'hui 5000 professeurs supplémentaires, à
l'élémentaire et au secondaire, permettraient, d'après
elle, d'atteindre le même objectif? Comment, après de telles
pirouettes, peut-on croire à la bonne foi des chefs syndicaux de la
CEQ?
Le projet de loi no 23, M. le Président, vise surtout à
rétablir un climat propice à la négociation en vue d'en
arriver à une entente signée. De plus, l'article 8 du projet de
loi permet au ministre de l'Education de modifier ou de remplacer, jusqu'au 1er
octobre 1976, le calendrier scolaire des élèves des
collèges et des commissions scolairse ou de déterminer de
nouveaux calendriers scolaires.
Pour la région de La Mauricie, cet article est d'une
extrême importance, car il permet une récupération
partielle des journées perdues par les élèves et les
enseignants. La fermeture des écoles qui persiste depuis près de
deux mois dans notre région fait en sorte qu'un travail de rattrapage
très important s'avère indispensable et cela, pour le
bénéfice des enseignants, bien sûr, mais aussi des
enfants.
Ce projet de loi, à mon sens, est nécessaire pour
atteindre, dans le cadre des négociations actuelles, une solution
signée bénéficiant à tous et chacun.
Nous vivons, dans la région de Shawinigan, peut-être le
pire conflit scolaire de toute notre histoire. J'ai été à
même de constater, après de multiples démarches et efforts,
que les positions sont irréconciliables. Le Parti
québécois suggère que l'on retarde encore la solution qui
mettra fin au conflit. Il est bien évident que le gouvernement ne
pouvait plus attendre et qu'il fallait aux grands maux prendre les grands
moyens.
J'ai mentionné, M. le Président, au tout début de
mon intervention, qu'il ne m'est pas agréable qu'on soit obligé
d'utiliser une telle mesure, mais cette loi s'avère la seule solution
pour mettre fin à une situation qui est devenue intolérable pour
tous.
Je fais donc appel ce soir en cette Chambre a la bonne volonté de
tous et chacun qui oeuvrent dans le domaine de l'éducation, en Mauricie,
de façon que la vie scolaire reprenne normalement. Je fais appel
également au ministre de l'Education, à sa grande
compréhension des problèmes scolaires, pour trouver des
solutions, afin que les enseignants de la Mauricie puissent
réintégrer di-
gnement leurs écoles lundi prochain, favorisant ainsi un climat
propice à l'enseignement et au travail pédagogique.
Les conditions sont essentielles, si l'on veut que nos enfants
réussissent leur année scolaire, déjà si gravement
compromise. Je demande aux représentants patronaux et syndicaux
d'oublier leurs querelles et de penser à l'avenir de notre jeunesse.
Comme représentant de la population du comté de Saint-Maurice
à l'Assemblée nationale, j'offre mon entière collaboration
aux deux parties, en vue de trouver des voies susceptibles de ramener une
véritable paix et un climat de confiance dans nos écoles.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Gratton): Le
député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je crois
qu'en vertu du règlement, nous avons droit à dix minutes.
M. Levesque: Vous pouvez prendre le temps que vous voulez.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président... M.
Levesque: Prenez votre temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Je crois que vous voulez ajourner
plus tard.
M. Levesque: II n'est pas tard. M. Hardy: A part cela,
vous êtes intéressant. M. Marc-André
Bédard
M. Bédard: Vous le verrez tantôt. Je sais que ce
n'est pas de l'acquis.
Au début de son intervention, en deuxième lecture, le
ministre de l'Education m'a accordé la paternité
simultanée si je puis employer l'expression de
l'amendement qui a été apporté à l'article 18,
à l'effet de ne pas rendre un membre ordinaire responsable d'infractions
commises par son association. M. le Président, le ministre me l'a
accordé, pour le citer textuellement, au nom des principes sacro-saints
du droit pénal britannique. Cependant, j'aurais aimé que ce
respect du ministre pour le droit pénal britannique se poursuive un peu
plus longuement au cours du projet de loi et qu'il puisse garder ce respect, au
moins jusqu'à l'article 20 qui prévoit, comme nous le savons, une
mesure absolument inacceptable, en énonçant la présomption
de responsabilité pour tous les salariés enseignants qui sont
visés par les articles 3 et 4 de ce projet de loi.
Je pense que, non seulement comme législateur, mais comme avocat
aussi, le ministre de l'Education ne doit pas être très fier
d'avoir, dans le cas de l'article 20, foulé aux pieds un principe
élémentaire de droit criminel, qu'il a pratiqué avec brio
durant plusieurs années, un droit élémentaire qui veut
qu'on doive reconnaître la présomption d'innocence. C'est
l'économie même de tout notre droit criminel qui a cette
présomption d'innocence comme base. Dans cet article, malheureusement,
sans donner des explications qui soient satisfaisantes, à mon humble
avis, le ministre de l'Education a accepté de remplacer cette
présomption d'innocence par une présomption de
culpabilité, pour les salariés visés aux articles
précités.
Quand on pense à ce qui s'est passé dans le domaine de la
construction, il n'y a pas tellement longtemps, quand on pense à cette
loi qu'on applique à des milliers de travailleurs au Québec, je
me demande, au rythme où vont les choses, jusqu'à quel point,
dans peu de temps, tous les travailleurs du Québec ne seront pas des
gens présumés coupables par le gouvernement que nous avons
à l'heure actuelle. Une chose est certaine, je crois que ce serait
déjà un élément suffisant pour être contre
cette loi qui nous a été présentée et que nous
étudions depuis deux jours.
Lors du débat, à plusieurs reprises, le ministre de
l'Education a fait référence aux problèmes qu'il y avait
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, notamment dans le
comté que je représente. Entre autres, il voulait me poser une
question au cours du débat afin de savoir quelle avait été
ma position ou mes suggestions durant ce débat. Je n'ai malheureusement
pu répondre étant donné un débat de
procédure qui s'est présenté à ce moment. M. le
Président, je fus un peu surpris que le ministre de l'Education me pose
une telle question, puisqu'en date du 2 mars je ne sais pas si d'autres
députés lui ont écrit après avoir
reçu un groupe de parents intéressés aux problèmes
des négociations et après avoir discuté avec eux, j'avais
acheminé une position et des suggestions au ministre de l'Education me
faisant, à ce moment, l'écho de ce groupe de parents qui
étaient venus me voir.
Le 2 mars 1976, j'écrivais ceci au ministre de l'Education:
M. le ministre, le conflit qui sévit actuellement dans le domaine
de l'éducation touche des milliers de personnes. Les premiers
concernés, nos enfants, vivent dans une insécurité qui ne
peut résulter qu'en une animosité envers le milieu scolaire. Ce
conflit pourrit sur place depuis trop longtemps. Il est évident que
l'attitude actuelle du gouvernement risque de détériorer pour
plusieurs années la t qualité de l'enseignement.
Force m'est de constater que le gouvernement s'est carrément
laissé traîner les pieds dans ce dossier, surtout qu'il donne ses
offres patronales au compte-gouttes. Elles ne sont d'ailleurs
complètement connues que depuis deux semaines, soit onze mois
après le début des négociations. Il est donc essentiel
d'éviter que la crise se dénoue encore une fois par un
décret en tant qu'Etat-patron et vous devez faire tout ce qui est
humainement possible pour en arriver à un règlement
négocié du conflit, autant dans l'intérêt des
enseignants, des enfants que dans l'intérêt de notre
système d'éducation. A cet effet, la nomination d'un
médiateur me semble un premier pas vers une attitude plus confinante de
votre part et vers tout règlement négocié du conflit.
M. le Président, si le ministre avait eu le souvenir de cette
communication que j'ai eue avec lui, il ne m'aurait pas demandé quelle
avait été ma position au cours de ces négociations puisque
je la lui transmettais dès le 2 mars.
Suite à cette lettre, M. le Président, j'ai reçu
une réponse personnelle du ministre de l'Education, qui prend le soin de
mentionner: Pour bien vous souligner toute l'importance que j'y attache, j'ai
tenu à dicter moi-même la présente qui est à votre
intention et à celle des parents de votre région.
Relativement à la suggestion que vous me faites d'un
médiateur pour dénouer cette crise, je dois vous dire, comme vous
avez pu en prendre connaissance et dans la presse écrite et à la
télévision, que mon collègue, M. Oswald Parent,
négociateur en chef du gouvernement dans ce conflit, a annoncé
publiquement à la suite du premier ministre qu'il ne pouvait être
question d'accepter un véritable médiateur au sens légal
du mot puisqu'il pourrait arriver que ce dernier fasse des recommandations
à caractère contraignant qui aient pour objet d'engager la masse
salariale prévue par l'Exécutif, s'arrogeant ainsi des
responsabilités qui m'incombent qu'aux élus.
Alors, au niveau de ce paragraphe, M. le Président, je crois que
le ministre, encore une fois fidèle à la position qu'il a
adoptée jusqu'à maintenant, prend bien la précaution de
placer la position du gouvernement dans la bouche du ministre de la Fonction
publique et qu'il évite, naturellement, de dire clairement sa position.
Pourtant, je crois qu'il aurait été important qu'il le dise. Cela
aurait peut-être pu contribuer à un climat plus acceptable qu'il
aura d'ailleurs à affronter entre les enseignants d'une part, le monde
scolaire et le ministre, puisqu'il serait important qu'ils connaissent sa
position.
Egalement, M. le Président, le ministre continuait ainsi. Ce ne
sera pas très long, M. le leader parlementaire." Je n'hésite pas,
par contre, à partager d'emblée le désir des parents d'une
convention négociée, l'ayant moi-même clamé de
façon combien sincère à une foule d'occasions, tant
à des conférences de presse qu'au cours d'allocutions
télévisées. Je suis de ceux qui croient, en effet, que
toute solution de force aurait pour résultat de prolonger, pour une
durée de trois ans, le climat actuel combien néfaste dans le
monde de l'éducation."
Eh bien! M. le Président, moi aussi je suis de ceux qui croient
que toute solution de force aura pour résultat de prolonger, non pas
pour une période d'une année, mais pour une période de
trois années, le climat actuel qui est néfaste et qui existe dans
le monde de l'éducation. C'est parce que je suis de ceux-là qui
croient fermement cet avancé que je suis contre la loi qui est
présentée à l'heure actuelle. Je vois que la seule
différence qu'il puisse y avoir entre ma position, que j'exprime ce
soir, et celle que le ministre m'exprimait dans sa lettre du 12 mars de
l'année courante est que, lui, semble avoir changé de position
sur cet énoncé.
Alors, M. le Président, ma conviction profonde, c'est que la loi
ne donne même pas l'assurance de sauver la présente année
scolaire. Je crois que, pour sauver la présente année scolaire,
non seulement le climat des trois prochaines années, pour sauver la
présente année scolaire, ce n'aurait été que dans
un climat de solidarité. Même s'il avait fallu que les
négociations durent encore un peu plus longtemps cela n'aurait
été possible que dans un climat de solidarité entre
enseignants, parents et enfants. Mais le genre de projet de loi qu'on nous a
présenté contribuera plutôt, je crois, avec, d'une part,
les présomptions de culpabilité, et d'autre part, les amendes qui
sont prévues concernant les personnes visées aux articles 3 et 4
du projet de loi, contribuera plutôt à créer un climat de
tension, un climat de dénonciation, un climat d'enquête
continuelle qui ne permettra pas de régler ce conflit
adéquatement.
Le Président suppléant (M. Gratton): L'honorable
ministre de l'Education, en exerçant son droit de réplique,
mettra fin au débat.
M.Jean Bienvenue
M. Bienvenue: M. le Président, la lettre dont le
député de Chicoutimi vient de faire lecture et je l'ai
écrite avec beaucoup de plaisir est telle que je dis que je n'ai
pas changé d'idée, lorsque je faisais allusion, de façon
positive, au fait que je croyais au règlement ou aux négociations
intelligentes, etc. et que je ne croyais pas aux arguments de force. Je voulais
par là éliminer le décret et non pas la loi à
laquelle nous devons faire face aujourd'hui. Je pense que c'était assez
clair.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous croyez que cette loi n'est
pas un argument de force?
M. Bienvenue: M. le Président, il y a un deuxième
point sur lequel je voudrais revenir, parce que cela a semblé
créer une certaine confusion, et il faut que ce soit bien clair. A la
suite d'une intervention de l'honorable député de Johnson et de
celle du député de Beauce-Sud, il a été question de
ce qui semblait être une apparente contradiction. Je
répète, pour que ce soit très clair, que j'ai
participé moi-même à la rédaction de ce projet de
loi qui m'intéressait vivement, bien que j'aie dit, à plusieurs
reprises, déplorer que nous ayons eu à la présenter. Je
répète, pour une dernière fois, que je n'ai su que ce
projet de loi devait être déposé hier après-midi
qu'hier midi, alors que la décision a été prise au conseil
des ministres, suite à une dernière nuit longue, difficile et
infructueuse de tentatives in extremis de négociation, ici tout
près, à l'Auberge des gouverneurs. Tentatives infructueuses qui
nous ont clairement démontré qu'il n'y avait pas à
espérer, pour les tout prochains jours et peut-être plus
longuement, un règlement qui satisfasse les deux parties.
Voici le dernier point, M. le Président et ce sera tout
que je voulais aborder. Il a été soulevé par le
député de Chicoutimi, qui aurait souhaité que je fasse
montre de plus d'esprit juridique, au
sens du droit pénal britannique, dans le cas du fardeau de la
preuve, dans le cas de ceux qui seraient accusés d'avoir enfreint la
loi. Le député de Johnson avait soulevé la même
question. Lorsque j'ai levé mon doigt, la main en l'air, geste qui n'a
pas été capté par le journal des Débats, il a
compris que je voulais lui poser une question; c'était justement pour
lui demander la permission de m'expliquer sur ce point. Alors, je profite de
mon droit de réplique pour le faire séance tenante.
Tous savent, M. le Président, que, premièrement, toujours
dans ce système pénal britannique, le fardeau de la preuve, c'est
mon premier axiome, est au poursuivant, à la poursuite. Tous savent,
deuxièmement, que cette preuve doit être faite hors de tout doute
raisonnable, sinon quoi l'accusé bénéficie du doute.
Troisième axiome, tous savent que l'accusé est
présumé innocent. Quatrième et dernier axiome, tous savent
qu'un accusé n'est pas obligé de se faire entendre, c'est son
droit sacré.
M. le Président, dans le cas des poursuites qui pourraient avoir
cours, suivant la loi que nous adopterons dans quelques instants, tous savent
que tout ce que pourrait faire le poursuivant, à l'appui de sa preuve,
serait de s'amener dans la boîte aux témoins et d'affirmer, sous
serment, que l'enseignant untel ne s'est pas présenté à
ses cours la veille. C'est tout ce qu'il peut faire comme preuve.
L'accusé n'a qu'à ne pas se faire entendre, comme c'est son droit
absolu et, par la théorie du bénéfice du doute, il est
acquitté. Parce que, même s'il ne s'est pas présenté
à son cours la veille, il peut avoir mille et une bonnes raisons autres
que celles de la désobéissance sciemment décidée de
ne pas se présenter à son cours pour ainsi enfreindre la loi.
Nous ferions face à une série d'aquittements et la loi
serait complètement inutile dans ce cas. Voilà pourquoi, dans ce
cas précis, la preuve prima face est telle qu'il lui faudra, lui, se
faire entendre pour bien montrer que ce n'est pas parce que sa mère est
morte, parce qu'il est malade, ou son petit, je ne sais pas quoi, qu'il ne
s'est pas présenté à ses cours.
Une Voix: C'est cela.
M. Bienvenue: Alors, voilà tout ce que j'avais à
dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne partage pas votre opinion.
S'il ne se fait pas entendre, il est condamné.
Des Voix: A l'ordre!
M. Bienvenue: C'est mon droit de réplique, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Gratton): Un droit de
réplique.
M. Bienvenue: Je remercie tous ceux qui ont participé
à ce débat et je souhaite, une dernière fois, que nous
pourrons oublier cette loi le plus rapidement possible de la façon la
plus satisfaisante qui soit, soit d'une part, par le retour au travail de ceux
qu'elle vise; deuxièmement, le retour intelligent au travail, je veux
dire non par la présence physique à laquelle faisait allusion le
député de Rouyn-Noranda, mais vraiment la prestation de cours,
suivant les normes pédagogiques; et troisièmement, une
négociation de bonne foi aboutissant à des résultats. Je
suis sûr que tous les membres de l'Opposition se réjouiront
à ce moment de l'issue des événements.
Le Président suppléant (M. Gratton): Cette motion
de troisième lecture de l'honorable ministre de l'Education est
adoptée?
M. Burns: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Gratton): Y a-t-il cinq
députés?
M. Roy: M. le Président, nous sommes cinq.
Le Président suppléant (M. Gratton): Qu'on appelle
les députés!
Vote de troisième lecture
Le Président: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
troisième lecture du projet de loi no 23 veuillent bien se lever, s'il
vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Bourassa, Levesque, Parent
(Hull), Mailloux, Saint-Pierre, Garneau, Lachapelle, Giasson, Mme Bacon, MM.
Lalonde, Hardy, Bienvenue, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Houde
(Abitibi-Est), Massé, Perreault, Brown, Bossé, Kennedy,
Lamontagne, Bédard (Montmorency), Veilleux, Brisson, Séguin,
Sain-don, Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Fraser, Gratton,
Assad, Carpentier, Dionne, Faucher, Saint-Germain, Harvey (Charlesbourg),
Larivière, Bellemare (Rosemont), Bérard, Bonnier, Chagnon,
Marchand, Caron, Côté, Denis, Déziel, Dufour, Harvey
(Dubuc), Lachance, Lapointe, Lecours, Malépart, Malouin, Massicotte,
Mercier, Pagé, Sylvain, Tardif, Tremblay, Verreault, Bellemare
(Johnson), Roy.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Bédard
(Chicoutimi).
Le Président: Que ceux qui désirent s'abstenir
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: Abstention, M. Samson.
Le Secrétaire: Pour: 64 Contre: 3
Abstention: 1
Le Président: Cette motion de troisième lecture est
adoptée.
M. Burns: M. le Président, je voudrais tout simplement
vous mentionner...
Des Voix: Non, non!
M. Burns:... que si le député de Saint-Jacques
avait été ici, il aurait voté de la même
façon que nous avons voté.
Le Président: A l'ordre! D'accord.
M. Levesque: Nous vous écoutons.
Le Président: C'est terminé.
M. Levesque: C'est terminé?
M. Burns: J'ai tout simplement dit que si le député
de Saint-Jacques n'avait pas été expulsé...
Des Voix: A l'ordre!
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Burns: D'ailleurs, il est là. Il est dans les
tribunes.
M. Levesque: II aurait voté comment?
M. Burns: II aurait voté exactement de la même
façon que nous avons voté.
M. Levesque: M. le Président...
M. Burns: M. le Président, je veux signaler la
présence du député de Saint-Jacques, non pas en Chambre
mais dans les tribunes.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Levesque: M. le Président, je voudrais
simplement...
Le Président: En général, on souligne
uniquement la présence des ex-parlementaires!
Des Voix: Ha! Ha!
M. Burns: Dans le cas du député de Saint-Jacques,
vous et moi nous serons des exparlementaires et il sera encore ici!
M. Levesque: M. le Président, parce que nous avons permis
au député de Maisonneuve de faire cette déclaration, je
pense bien qu'on n'aura pas d'objection à ce que je rappelle à
cette Chambre la déclaration qu'a voulu faire le premier ministre hier
sur le vote qu'aurait donné le député de Johnson. On sait
fort bien que le député de Johnson a dit, aux media, parce qu'il
ne pouvait pas être ici hier, qu'il aurait...
M. Bellemare (Johnson): Vous m'avez joué un maudit
tour!
M. Levesque:... bien voulu être ici pour voter avec le
gouvernement.
M. Bellemare (Johnson): Vous m'avez joué un maudit
tour!
M. Levesque: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir
aux projets de loi au nom des députés?
M. Roy: Je m'excuse, M. le Président. Cela prend le
consentement et je ne donne pas mon consentement. Si vous voulez avoir des
explications, vous les demanderez au député de Terrebonne.
M. Levesque: M. le Président, je voudrais simplement
permettre aux députés qui voudraient prendre connaissance du
projet de loi no 192, Loi incorporant l'Association des entrepreneurs en
construction du Québec... Pour les députés qui voudraient
en prendre connaissance, j'ai des copies ici. C'est simplement pour donner une
chance à ceux qui s'intéressent à la législation de
voir cela quelques heures à l'avance.
Il ne l'emportera pas en terre, cela!
Des Voix: Ha! Ha!
Le Président: Je crois qu'il est 23 heures.
M. Roy: Sont-ce des menaces?
M. Levesque: Oui et on saura exactement, dans un avenir pas
tellement éloigné...
Le Président: A l'ordre!
M. Roy: M. le Président, question de privilège.
Je voudrais simplement dire au leader du gouvernement que je n'ai jamais
refusé de collaborer avec le gouvernement. Seulement, si le gouvernement
veut jouer serré, j'ai demandé ce soir la permission de pouvoir
m'exprimer quelques minutes...
M. Levesque: Et je l'ai donnée.
M. Roy: Auparavant, je l'avais demandée au
député et on me l'a refusée parce que j'avais
demandé une vingtaine de minutes, M. le Président. Alors, on s'en
souviendra pour la prochaine fois.
M. Levesque: Est-ce que le député de Beauce-Sud
sera assez honnête il n'a qu'à regarder le journal des
Débats pour dire que, lorsqu'il était en train de parler
et à un moment donné le député de Rosemont a
indiqué que son temps était terminé, je me suis
levé? C'est un fait qui n'est pas tellement fréquent, de
contredire un ami comme le député de Rosemont. J'ai
demandé...
Le Président: En ce qui concerne les amitiés
particulières...
M. Levesque: Devant ces faits, je demande au député
de Beauce-Sud s'il ne serait pas d'accord qu'on fasse la paix et qu'on permette
aux députés
de prendre connaissance de ce projet. M. Roy: M. le
Président...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, une question de
privilège, étant donné que j'ai été
cité. J'ai beaucoup d'amitié pour le leader parlementaire et si
j'ai acquiescé à la demande du leader parlementaire à
l'effet que le député de Beauce-Sud puisse continuer de parler,
c'est par solidarité ministérielle.
Le Président: A l'ordre! Pour une fois, il aura le dernier
mot.
M. Levesque: Je demande le consentement unanime, je le
demande.
Le Président: Je ne peux pas le permettre, je m'excuse. Le
député n'est plus là.
M. Levesque: C'est clair.
Une Voix: C'est tacitel
M. Levesque: Voyons donc.
M. Burns: Le consentement est acquis en ce qui nous concerne.
M. Levesque: C'est unanime, M. le Président. C'est le voeu
de la Chambre.
Projet de loi no 192
Première lecture
Le Président: Avec cette grande couverture. le
député de Portneuf propose la première lecture de la Loi
incorporant l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Ce projet porte
création de l'Association des entrepreneurs en construction du
Québec. Les statuts et règlements de l'association sont ceux qui
ont été adoptés en vertu de la Loi sur les relations du
travail dans l'industrie de la construction.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? Des
Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance, ou séance subséquente.
M. Levesque: M. le Président, je pense bien que c'est
tout.
M. Burns: Est-ce qu'il y a une période de questions?
M. Levesque: Je ne sais pas ce qui arrive, dans nos
règlements, à ce moment. Je vais demander une directive, je vais
dire comme le député de Rosemont.
Le Président: La directive est la suivante; je ne me
poserai pas de question pour déclarer qu'il est 23 heures et
l'Assemblée ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 13)