Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures neuf minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motion non annoncées.
Motion de changement d'un membre de commission
M. Burns: M. le Président, je propose qu'à la
commission de l'Assemblée nationale le nom de M. Bédard
(Chicoutimi) soit substitué à celui de M. Lessard.
M. Levesque: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: Que ceux qui sont en faveur de la motion du
député de Maisonneuve veuillent bien se lever s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Léger,
Lessard, Bédard (Chicoutimi), Levesque, Parent (Hull), Mailloux,
Cloutier, Phaneuf, Lachapelle, Giasson, Goldbloom, Simard, Quenneville,
Lalonde, Tetley, Hardy, Forget, Harvey (Jonquière), Vaillancourt,
Massé, Perreault, Brown, Fortier, Bossé, Bacon, Lamontagne,
Bédard (Montmorency), Veilleux, Saint-Hilaire, Séguin,
Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Fraser, Picard, Gratton,
Gallienne, Assad, Carpentier, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Larivière,
Pelletier, Shanks, Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont), Bérard,
Bonnier, Chagnon, Caron, Ciaccia, Déziel, Lachance, Lapointe, Lecours,
Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier, Pagé, Parent
(Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay, Verreault, Choquette,
Leduc.
Le Secrétaire: Pour: 72 Contre: 0
Le Président: Cette motion est adoptée.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
L'honorable Solliciteur général.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport annuel de la Commission de police
M. Lalonde: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel de la Commission de police du Québec,
pour l'exercice de 1975.
Le Président: Dépôt de documents. C'est
fait.
Questions orales des députés. L'honorable
député de Lafontaine.
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Négociations dans le secteur de
l'enseignement
M. Léger: Ma question s'adresse au ministre de
l'Education, qui doit arriver certainement de son travail dans son
ministère. J'aimerais lui poser la question suivante, M. le
Président, concernant les négociations actuelles dans le secteur
de l'enseignement. Le ministre de l'Education peut-il confirmer ou infirmer
l'affirmation que je fais actuellement que, lorsque les représentants de
la Centrale de l'enseignement du Québec se sont présentés
à la table de négociation ce matin, ils se sont fait dire que la
partie patronale n'était pas encore en mesure de négocier?
M. Bienvenue: M. le Président, je ne sais pas ce qu'ils se
sont fait dire, parce que je n'y étais pas. Je sais que la partie
patronale n'a pas rencontré les représentants de la Centrale de
l'enseignement du Québec, parce qu'ils devaient, à ce
moment-là ils devaient, je dis bien rencontrer les
représentants de la PACT. Si je fais des imprécisions, si je dis
des choses incorrectes, j'invite le négociateur en chef du gouvernement
à me corriger et à ajouter.
M. Léger: II n'a rien à ajouter!
Le Président: Question additionnelle.
M. Léger: M. le Président, le ministre a-t-il
été informé qu'aucune poursuite n'a pu être prise,
en vertu de la loi 23, contre les enseignants protestants, parce que la
Protestant School Board of Greater Montreal a refusé de donner au
gouvernement le nom des contrevenants? Est-ce que, devant cette
impossibilité d'appliquer la loi uniformément à tout le
monde, le ministre a l'intention de recommander à ses collègues
du gouvernement que les poursuites totales déjà prises soient
annulées?
M. Bienvenue: J'invite évidemment, M. le Président,
le responsable de telles poursuites, le Procureur général,
à répondre à cette question.
M. Levesque: Alors, M. le Président, en effet il y a eu
certaines difficultés lorsque nous avons eu à identifier certains
syndicats, mais on m'assure que le tout s'est régularisé ou se
régularisera prochainement.
M. Léger: Non, mais ma question était beaucoup
plus... Si vous n'avez pas tous les noms des contrevenants, pour qu'il y ait
une justice partout, le gouvernement a-t-il vraiment l'intention d'annuler les
poursuites déjà prises pour que tous soient égaux devant
la loi?
M. Levesque: Je tiens à rappeler, M. le Président,
que j'ai justement devant moi un rapport en date du 26 avril qui indique
si j'ai bien compris les propos du député de Lafontaine, ils
n'étaient pas tout à fait exacts parce qu'il y a eu des plaintes
de faites contre la PAPT et la PACT qu'il y a eu un total de 268
plaintes, à la suite du débrayage du 23 avril 1976 et que, de ce
nombre, il y avait un total de 251 plaintes contre les syndicats locaux et de
17 plaintes contre les centrales. Dans les plaintes contre les centrales, il y
en avait six contre la CEQ, cinq contre la FNEQ, trois contre la FEC, deux
contre le PAPT et une contre la PACT.
Je ne voudrais pas que le député laisse planer, par ses
propos, qu'il y a eu discrimination de la part du ministère de la
Justice. Nous n'avons aucun intérêt à le faire, nous
n'avons aucun désir de le faire et nous prenons toutes les dispositions
pour que tout le monde soit traité également, car tout le monde,
dans notre optique, est égal devant la loi.
M. Léger: J'aurais une troisième question au
ministre de l'Education, parce que c'est toujours au niveau de la
qualité de l'enseignement et sur ce qui touche les enseignants que je
m'interroge. C'est pour demander au ministre s'il s'est informé
auprès des autres membres de son gouvernement quand sera versée
aux enseignants l'avance de 17% à laquelle le gouvernement a enfin
consenti.
M. Bienvenue: Je voudrais faire une mise au point, M. le
Président, et j'aurai l'occasion de la faire souvent. Je ne suis pas
responsable de la qualité de l'enseignement; je suis responsable de la
qualité de l'éducation, ce qui est bien davantage, parce que
l'enseignement n'est qu'une des filles de l'éducation. Ce n'est pas la
plus jeune.
M. Léger: Quand pourra-t-on prouver que vous êtes le
père?
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Bienvenue: Ce n'est pas la plus jeune des filles, mais c'est
une des filles.
Le Président: A l'ordre!
M. Bienvenue: M. le Président, la décision a
été prise hier, comme on l'a annoncé, comme l'a
annoncé mon collègue, le ministre de la Fonction publique, de
verser les sommes en question. Evidemment, le processus administratif est en
marche et rien ne l'a retardé, que je sache, au moment où je vous
parle.
M. Léger: II n'y a pas de date?
M. Burns: Question additionnelle, M. le Président, la
dernière en ce qui me concerne.
Le Président: La dernière en ce qui concerne
l'Opposition officielle.
M. Burns: En ce qui me concerne, moi.
Le Président: Nous sommes déjà à la
troisième ou quatrième.
M. Burns: Je veux tout simplement demander au ministre de la
Justice s'il n'aurait pas l'obligeance de déposer la liste des plaintes
qui sont déjà devant les tribunaux et auxquelles il s'est
référé.
M. Levesque: Si j'ai objection? M. Burns: Oui.
M. Levesque: Je n'ai pas d'objection, une fois que le tout sera
complété.
M. Burns: Non, mais, M. le Président, je soulève
une question de règlement. Le ministre de la Justice s'est
référé à une liste qu'il a citée, ne
serait-ce que partiellement, comme le dit l'article 177 de notre
règlement. J'en exige le dépôt, M. le Président, en
vertu des dispositions de l'article 177.
M. Levesque: M. le Président, je n'ai donné aucun
nom, sauf la liste des centrales et elle n'est pas tellement longue. Si on veut
la prendre en note, je n'ai pas d'objection. Ce que j'ai dit, c'est qu'il y
avait...
M. Burns: Non, j'en demande le dépôt, M. le
Président.
M. Levesque: ... 17 plaintes contre les centrales et je les ai
données comme suit: CEQ, 6; FNEQ, 5; FEC, 3; PAPT, 2; PACT, 1. C'est
tout ce que j'ai dit et je ne pense pas qu'il y ait à déposer
quelque document pour cela.
M. Burns: M. le Président, le ministre de la Justice s'est
référé même à une date de document. Il nous a
dit: C'est une liste que j'ai devant moi, qui est datée du 26 avril. Je
vous réfère à l'article 177: "Quand un ministre cite, ne
serait-ce qu'en partie, un document, il peut être requis sans autre
formalité de le déposer immédiatement, à moins
qu'il ne déclare qu'il est contraire à l'intérêt
public de le faire".
M. Levesque: Alors, M. le Président, je n'ai qu'à
déclarer ceci: Quant au reste du document, je ne crois pas qu'il soit
d'intérêt public de le déposer à ce moment-ci.
Le Président: L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
Contribution fédérale à
l'assurance-maladie
M. Morin: M. le Président, ma question est destinée
au ministre des Affaires sociales. Avec votre permission, je voudrais faire un
très bref préambule pour rappeler les faits sur lesquels ma
question sera fondée.
Le gouvernement fédéral a décidé
unilatéra-
lement et sans avis, au mois de juillet dernier, de plafonner
progressivement sa contribution à l'assurance-maladie jusqu'à son
retrait complet et définitif en 1980. La conférence
fédérale-provinciale des ministres de la Santé, qui vient
de se terminer, a pris fin sans qu'il y ait accord sur quelque partage fiscal
que ce soit, ni sur l'extension du programme actuel à des soins moins
coûteux que ceux actuellement dispensés dans les hôpitaux,
comme certains gouvernements provinciaux l'auraient souhaité.
Pourtant, le ministre fédéral de la Santé a
laissé entendre que cette conférence n'avait pas
été un échec et qu'on était sur la voie d'une
entente.
J'aimerais demander au ministre s'il est d'accord avec cette opinion du
ministre fédéral quant au succès de la conférence.
J'aimerais lui demander également s'il entend faire des propositions
à la suite de ce qui nous paraît être un échec.
Enfin, j'aimerais lui demander cela fait partie d'une question qui forme
un tout s'il se rend compte, enfin, que le transfert de points
d'impôt du niveau fédéral aux provinces est la seule
solution qui soit conforme aux intérêts du Québec en
l'occurrence.
M. Levesque: Je voudrais demander s'il y a quelqu'un pour
remercier le conférencier un peu comme hier!
Des Voix: Ha, ha!
M. Forget: M. le Président, la question du chef de
l'Opposition me demande de faire un commentaire, pour une part, sur la
perception ou les conclusions qu'en tire mon collègue
fédéral. Pour sa part, il a, je crois, indiqué qu'il
considérait effectivement que cette conférence était un
succès. Qu'elle soit un succès ou non, cela dépend
largement des attentes qu'on pouvait formuler avant cette conférence. Il
faut dire que, de part et d'autres, les attentes étaient fort modestes,
si modestes qu'on peut effectivement affirmer que c'était un
succès si on s'attendait à ce que rien ne se règle
là, puisque effectivement rien ne s'est réglé.
Là-dessus, je pense pouvoir dire que je suis d'accord avec M.
Lalonde. Il n'y a pas eu d'échec parce qu'il ne pouvait pas y avoir non
plus de succès étant donné...
M. Morin: En fait d'échec, c'est un succès!
M. Forget: ... la façon dont le problème
était posé.
Cependant, tout cela, c'est bien amusant mais cela ne nous avance pas
beaucoup. Il y a deux questions qu'il est important de distinguer. Il y a la
question du renouvellement des accords sous quelque forme que ce soit quant au
financement des programmes de santé au Canada. Cette question est une
question forcément à moyen et à long terme. Pour le
Québec, la position qui a été défendue par
moi-même lors de cette conférence mais avant moi par mon
collègue le ministre des Finances à la conférence
fédérale-provinciale des minis- tres des Finances a
été adoptée sans hésitation pour le transfert de
points d'impôt.
Je n'entrerai pas dans les raisons qui nous ont amenés à
cette position et on est très familier avec les événements
de la dernière année.
Là-dessus, il faudra, bien sûr, une entente, il faudra un
accord. Pour ce qui est du deuxième aspect qui sont les accommodements,
les arrangements à court terme qui peuvent intervenir, je ne vois pas en
quoi un accord est nécessaire. C'est un des aspects qui a
été traité assez longuement, lors de cette
conférence. Je ne vois pas en quoi il est nécessaire de formuler
un assentiment quelconque lorsque Ottawa nous dit: Je suis disposé
à interpréter plus généreusement, plus
libéralement la loi fédérale actuelle et la
réglementation fédérale actuelle. Il s'agit d'une loi
fédérale, d'une réglementation fédérale;
s'il leur plaît de l'interpréter plus libéralement, plus
généreusement, ma réponse a été: Qu'ils le
fassent, nous n'avons évidemment aucune objection à une
interprétation plus généreuse. Cette interprétation
plus généreuse, elle s'applique aux $250 millions que nous
consacrons annuellement aux programmes de santé et pour lesquels nous
n'avons aucun partage en provenance d'Ottawa.
Il y a donc un domaine très vaste pour une telle
générosité ou une telle libéralité venant
d'Ottawa et il dépend strictement de leurs intentions de vouloir
étendre plus largement leur partage. Ceci est leur loi, leur
règlement et c'est l'interprétation qu'ils en feront qui est
décisive. Il n'y a rien que nous puissions faire dans le court terme
pour infléchir cette interprétation si ce n'est de plaider la
cause que les programmes pour lesquels nous sommes les seuls à assumer
les coûts sont des programmes innovateurs, sont ces programmes
mêmes que le gouvernement fédéral insiste pour voir les
provinces adopter. Il est donc un peu irrationnel, un peu illogique de voir le
gouvernement fédéral hésiter si longtemps pour être
généreux, pour employer son expression.
Donc il n'y a pas lieu qu'il y ait des ententes de ce côté;
nous sommes prêts à recevoir plus d'argent pour des programmes qui
sont déjà en place et que nous finançons à
100%.
M. Morin: Comme première question additionnelle, M. le
Président, j'aimerais demander au ministre, concernant le court terme et
au sujet de l'absence de partage des $250 millions que le Québec
consacre à des programmes nouveaux, s'il n'a pas jugé opportun de
faire part à son collègue fédéral du montant que le
Québec espérait récupérer grâce à ce
partage. Le ministre nous dit qu'il attend que la manne tombe d'Ottawa. Je me
demande s'il n'est pas...
Le Président: A l'ordre! Votre première partie
était tout à fait régulière.
M. Morin: Merci, M. le Président.
M. Forget: M. le Président, le plus possible des $250
millions, nous n'avons aucune espèce d'hésitation à ce
qu'il partage dans toutes ces dépenses.
Encore une fois, il ne dépend pas de nous d'interpréter
les lois fédérales dans la mesure où cette
interprétation serait nouvelle, serait un dépassement de ce qu'il
est traditionnel de faire dans l'interprétation des lois et des
règlements fédéraux.
Cela peut supposer même une nouvelle réglementation
fédérale plus généreuse, plus large. Notre
objectif, c'est qu'il partage dans 100% de ces $250 millions. Bien sûr,
un degré de probabilité très variée s'attache aux
différents éléments qui composent ces $250 millions
j'en suis bien conscient mais, a priori, il devrait partager dans toutes
les dépenses de santé, quelles qu'elles soient.
M. Morin: Je laisse maintenant le court terme pour me tourner
vers le long terme. A la suite de la réponse qui m'a été
donnée tout à l'heure, le ministre estime-t-il que la
réunion des premiers ministres, qui va être tenue à huis
clos et sans la participation des principaux fonctionnaires chargés des
dossiers sociaux, notamment, soit propice à un règlement
favorable au Québec? C'est une question de fait, M. le Président.
J'aimerais demander au ministre, en même temps, s'il est au fait que
l'intransigeance du premier ministre fédéral sur les questions de
transfert de points d'impôt a rendu cette solution presque impossible
depuis quelques années.
M. Forget: II n'y a pas, du côté d'Ottawa, autant
que je puisse le voir, d'opposition de principe ou d'attitude doctrinaire quant
au transfert de points d'impôt. Déjà, il y a trois ans, le
gouvernement fédéral a proposé au Québec et aux
autres provinces de transférer de façon définitive et
pratiquement inconditionnelle un certain nombre de points d'impôt pour
compenser son retrait du partage des programmes de santé. Cette
proposition n'avait pas été retenue, à l'époque,
parce qu'elle était insuffisante en termes d'argent, mais il reste que
l'option d'un transfert fiscal ne fait pas prendre à nos discussions sur
les programmes de santé une tournure irrémédiable; elle ne
nous fait pas déboucher sur une impasse. Il y a une possibilité
d'en discuter qui est démontrée par l'offre qui a
été faite il y a maintenant deux ou trois ans et qui pourrait
être renouvelée. Ce n'est pas inconcevable. Je crois
qu'effectivement les conférences qui s'annoncent au niveau des premiers
ministres offrent une possibilité d'un règlement sur cette
base.
Le Président: Une dernière.
M. Morin: Ce sera ma dernière, M. le Président.
Advenant un retrait complet et définitif, du gouvernement
fédéral en 1980, le ministre pourrait-il nous indiquer de combien
de points d'impôt il s'agit? J'entends par là, selon la
connaissance qu'il a du dossier, combien de points d'impôt devraient
être transférés au Québec pour constituer
l'équivalent de ce qui va être perdu par le retrait
définitif du gouvernement fédéral des programmes
d'assurance-maladie?
M. Forget: M. le Président, je ne crois pas qu'il soit
dans l'intérêt du Québec, à ce moment de la
discussion, de faire état d'une proposition précise. Il y a une
négociation qui devra se faire, et qui sera extrêmement
serrée. Bien sûr, il y a des études qui ont
été faites. Il y a plus d'une façon d'aborder ce
problème. Il y a plus d'une façon de combiner différents
impôts, de transférer différentes taxes d'un niveau de
gouvernement à un autre. Ces possibilités sont trop nombreuses.
Leur signification à long terme et à court terme diffère
dans tous les cas.
Donc, je crois qu'il serait un peu superficiel pour moi de donner un
seul chiffre aujourd'hui et, même si c'était possible de le faire,
qu'il ne serait pas nécessairement dans l'intérêt du
Québec de le faire à ce moment-ci.
M. Morin: De quel ordre sont les montants?
M. Forget: De mémoire, je ne peux pas citer les chiffres,
je n'ai pas les dossiers devant moi, mais on peut se référer
à ce qui a été connu il y a deux ou trois ans et qui avait
été refusé à l'époque pour avoir
c'était connu, ça se trouvera probablement dans les rapports de
presse de l'époque au moins une idée de ce qui
était insuffisant à l'époque et qui risque fort de
l'être encore aujourd'hui.
M. Morin: De l'être davantage!
Le Président: Les deux prochaines questions, le
député d'Outremont et le député de Verdun. Si nous
avons le temps, le député de Saguenay.
Je m'excuse, vous m'aviez fait signe; je croyais que c'était une
question supplémentaire à une question précédente,
mais je vous accorderai votre question.
M. Harvey (Charlesbourg): J'ai hâte de la poser. Merci, M.
le Président.
Décret de la construction
M. Choquette: M. le Président, je voudrais savoir du
ministre du Travail si le gouvernement en est arrivé à une
décision quant à l'opportunité de reconduire ou de
prolonger le décret de la construction après le 1er mai. Sinon,
quand le ministre du Travail pense-t-il pouvoir annoncer cette
décision?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, pour l'information du
député d'Outremont, comme le voulait l'article 18 de la Loi sur
les relations du travail dans l'industrie de la construction, la commission
parlementaire a été convoquée, au cas où je
déciderais de recommander, en vertu de l'article 18, une action dans ce
sens à mes collègues du cabinet. Au moment où je vous
parle, je réfléchis et étudie de façon
sérieuse ce qu'on a dit devant moi aux séances de la commission
parlementaire. Ce sera annoncé si, oui ou non, je me sers de l'article
18 avant le délai limite, qui est le 30 avril à minuit.
Le Président: Le député de Verdun.
Centre hospitalier de Verdun
M. Caron: M. le Président, j'ai posé une question
hier au ministre de la Fonction publique et le ministre des Affaires sociales a
répondu que la question devrait aller au ministre du Travail. Alors, je
pose ma question au ministre du Travail. Je voudrais savoir si votre
ministère ou le gouvernement peut faire quelque chose pour un groupe de
300 employés du centre hospitalier de Verdun qui veut avoir une
réunion pour reprendre le vote qui a été pris la semaine
passée pour retourner au travail, ce qu'on leur refuse. Est-ce qu'en
1976 les gens qui veulent travailler, qui veulent prendre soin des malades, il
y a possibilité de faire quelque chose pour eux?
M. Harvey (Jonquière): D'abord, M. le Président, je
remercie le député de Verdun de m'avoir prévenu quelques
minutes avant la séance d'aujourd'hui de sa question. Le seul moyen pour
moi de donner une réponse intelligente à sa question est de
soumettre immédiatement le cas au service des enquêtes du service
de la conciliation, de l'arbitrage et des enquêtes de mon
ministère, afin d'être en mesure de vous dire la raison pour
laquelle l'assemblée est refusée par le syndicat
concerné.
J'ai immédiatement téléphoné au directeur du
service de la conciliation, M. Blain, et ce dernier m'a assuré
d'être en mesure de me fournir les renseignements pour la prochaine
séance de demain.
M. Caron: M. le Président, est-ce que je pourrais rajouter
ceci? Pour ceux qui retardent, qui créent de la difficulté aux
gens qui veulent être soignés, j'espère que cela leur
prendra autant de temps pour être soignés quand ils seront
malades.
Le Président: A l'ordre! Le député de
Saguenay.
Traversiers de la Côte-Nord
M. Lessard: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports. Je voudrais demander au ministre des Transports s'il a
été informé que la Traverse Matane-Godbout Limitée
a inscrit de nouveau, comme l'an dernier où on l'avait refusée,
une requête pour augmenter ses tarifs. Le ministre a-t-il
été informé? S'agit-il de la société de
Traverse Matane-Godbout ou s'agil-il de la Société des
Traversiers du Québec? Le ministre a-t-il l'intention d'appuyer ou de
s'opposer à cette requête? Et pourquoi revenir avec une demande
d'augmentation de tarifs, alors que nous avions prouvé, l'an dernier,
que les profits étaient considérables? Y aurait-il des bilans
négatifs, cette année, et des déficits qui
s'annonceraient?
M. Mailloux: M. le Président, je suis, en fait, au courant
qu'une demande d'augmentation de tarifs est faite devant la Commission des
transports pour le service de traversiers entre Matane et Baie-Comeau. J'avais,
l'an passé, dit notre intention, comme ministère, de nous opposer
à la demande qu'avait faite l'ancienne Société des
Traversiers de Matane-Godbout. Je pense avoir dit, à ce
moment-là, à la Chambre, que, vu la nationalisation, il serait
peut-être bon d'attendre une année, pour voir à
l'expérience que connaîtrait la société d'Etat avant
de revoir cette demande d'augmentation de tarifs.
Il me semblait avoir dit, récemment, lors d'une conférence
que je donnais à Baie-Comeau, à laquelle assistait le
député de Saguenay, mon intention d'appuyer une telle demande
pour la raison suivante. Nous avons eu les résultats des douze premiers
mois d'activités conjointes de la société qui a
été nationalisée. Il y a eu une administration conjointe.
J'ai été renversé de constater qu'après la prise en
charge je comprends qu'un navire important a été
ajouté à ce service, le Camille-Marcoux; les problèmes de
navigabilité dans les premiers mois apportent des contraintes
spéciales où la période de rodage a amené certains
accidents mineurs; les équipages ne sont pas tellement prêts
à prendre la relève sur des navires semblables j'avais en
ma possession un document je regrette de ne pas l'avoirci
où le rapport qu.' m'est soumis indique, hors de tout doute, que dans la
première année d'activité, l'achalandage des personnes,
des automobilistes et des camions a augmenté, vu l'importance du navire
ajouté au service, d'environ 35%, donnant des bénéfices
extrêmement supplémentaires. Mais il ressort que, quand on me
donne la note des coûts qu'a amenés la nationalisation et la mise
en service de ce traversier, l'augmentation se chiffre par 95% de
l'année précédente, dans l'administration de la
traverse.
C'est donc dire que, devant un tel rapport, j'ai demandé à
la société d'Etat de se présenter devant la Commission des
transports et de solliciter un tarif supplémentaire. Il appartient
à la Commission des transports de se prononcer, de faire l'étude
du bilan des activités de la première année. Mais cela
laisse quand même le ministre des Transports très perplexe sur la
nationalisation de certains services de traversiers ou autre nationalisation,
quand on connaît les premiers mois d'expérience par la suite.
M. Lessard: M. le Président, question additionnelle. Le
ministre a-t-il fait étudier les bilans par ses experts, s'est-il
penché sur la gestion à la fois de la Société des
traversiers et de la Traverse Matane-Godbout? Il y a cette augmentation
considérable et, l'an dernier, on avait prouvé devant la
Commission des transports qu'il y avait des profits considérables; le
ministre peut-il nous dire qu'il n'y a pas eu, à un moment donné,
certaines choses qui ont été cachées par l'ancienne
administration? Pourquoi avoir tant retardé, pourquoi la
Société des traversiers du Québec a-t-elle tant
tardé à prendre en main l'entière administration de la
Traverse Matane-Godbout? Voulait-on prouver que ce n'était pas
rentable une société d'Etat? Je pense qu'il y a plusieurs
questions.
M. Mailloux: M. le Président, je pourrais dire au
député de Saguenay que le ministre des Transports, qui peut
être, par affinité, est très près des services
maritimes, est profondément troublé par tous les rapports qu'il
reçoit de tous les services maritimes et principalement tous les
services de traversiers, que ce soient celui-là ou d'autres.
Actuellement, je fais poursuivre, peut-être pas des
enquêtes, mais une évaluation complète de tous les
coûts qui nous sont apportés, parce que l'ensemble des services,
qu'ils soient nationalisés ou pas, demandent des subventions à
l'Etat. Présentement nous sommes, pour plusieurs des services que nous
subventionnons, à vérifier le pourquoi de dépenses aussi
exagérées que celles que nous envisageons.
Je ne voudrais pas par contre, couvert par mon immunité
parlementaire, laisser supposer que des personnes ou des groupes seraient mis
en accusation. Mais je ne conçois pas que, malgré la mise en
service d'un navire plus important, la nationalisation ait fait passer les
coûts connus dans l'année 1974 à un dépassement de
95%. Le personnel n'est pas tellement plus nombreux et j'imagine qu'à
l'intérieur de l'administration conjointe il y a eu là-bas des
vices qu'il nous faudra corriger absolument.
Le Président: Dernière question. Le
député de Rimouski aura une question supplémentaire et
nous terminerons par la dernière question du député de
Charlesbourg.
M. Lessard: Le ministre accepterait-il, pour l'information des
députés qui sont particulièrement préoccupés
de ce problème, de nous faire parvenir tous les documents, dont les
bilans financiers, qui ont été déposés devant la
Commission des transports pour appuyer cette requête, de telle
façon que nous puissions décider si on va s'y opposer ou si on va
l'appuyer?
Une Voix: II vous fait un bilan là.
M. Lessard: Quant à moi, je n'ai pas dit que je
l'appuyais.
M. Mailloux: M. le Président, je pense que je pourrais
déposer devant la Chambre les documents suivants: le rapport, d'abord,
des activités de la société, qui m'avait été
transmis, rapport assez sommaire, mais montrant l'importance du trafic qui
s'est accru, vu l'arrivée d'un nouveau navire et l'importance des
dépenses. Par contre, le bilan sur lequel se poursuivent actuellement
des vérifications n'est pas complété et je ne pourrais pas
déposer des documents que je n'ai pas encore en main. Mais j'imagine que
la Commission des transports, quand elle aura à étudier et
à se prononcer sur la demande d'augmentation des tarifs, exigera
sûrement que la preuve soit faite du supplément des tarifs qui
sera exigé devant elle.
M. Lessard: Comment peut-on s'opposer si on n'a rien?
Le Président: Question supplémentaire. L'honorable
député de Rimouski.
M. Saint-Hilaire: M. le Président, ma question se
rattachait un peu à la question du bilan. Etant donné que la
société était exploitée en cogestion avec une
société qui existait auparavant, une société qui
faisait énormément de profits à la traverse de Matane, je
pense qu'il serait bon, en tant que députés très
intéressés dans le développement du Bas-du-Fleuve, que
nous connaissions le fonctionnement de la compagnie. Parce que si la compagnie
Traverse Matane-Godbout fonctionnait très bien avant d'être
cogestionnaire avec la Société des traversiers du Québec,
il serait peut-être bon qu'on puisse voir si, effectivement, elle a aussi
bien fonctionné avec la Société des traversiers du
Québec. Je pense qu'un moyen précis de le savoir, c'est que le
bilan de fonctionnement de la compagnie nous soit fourni pour qu'on puisse en
prendre connaissance et voir s'il n'y a pas de failles. Nous avons
déjà eu les mêmes problèmes, comme vous le savez,
à Rimouski, avec la Société Nord-Sud où, à
un moment donné, il y avait des chiffres d'exploitation à
même le bateau qui était déficitaire. Je pense qu'il serait
bon qu'on le sache.
M. Mailloux: M. le Président, j'ai déjà
contesté moi-même la société qui exploitait ce
service précédemment, avant la nationalisation. Je voudrais que
la Chambre sache que ce n'est mon intention de cacher aucun des documents qui
pourront lui être fournis pour que tous les députés qui
connaissent assez bien le problème puissent se prononcer d'une
manière très valable. Il faudrait quand même que j'obtienne
toutes les réponses aux questions que j'ai posées avant de les
fournir à cette Chambre.
Le Président: Dernière question principale.
L'honorable député de Charlesbourg.
Projet de construction à la cité
parlementaire
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
prévenu le ministre des Travaux publics de ma question et il s'est dit
prêt à la recevoir. Cela concerne un dossier qui aurait
été présenté hier au conseil des ministres,
accordant le feu vert au projet Trizec, dans ce qu'on appelle la cité
parlementaire. Je voudrais savoir s'il est exact que le nombre d'étages
de cette tour du centre-ville puisse atteindre seize, d'une part, et si, par la
même occasion, puisque je représente le comté de
Charlesbourg, cela va retarder pour autant le projet Lebourgneuf, dans le
comté du même nom.
M. Tetley: M. le Président, j'apprécie beaucoup la
question, surtout de notre jubilaire, le député de Charlesbourg,
qui fête son anniversaire aujourd'hui.
M. Harvey (Charlesbourg): On n'a pas tous les jours vingt
ans.
M. Tetley: 29 ans. M. le Président, la décision au
sujet de Trizec n'affecte d'aucune manière Charlesbourg,
j'espère. Nous allons construire, pour les fonctionnaires, les
édifices et les espaces nécessaires, surtout dans la
région de Québec. A votre première question, je
réponds que c'est notre intention de louer, si possible, seize
étages d'un édifice de seize étages sur l'emplacement de
Trizec, mais pas seize étages d'un édifice de 37
étages.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, question
supplémentaire. Je remercie le ministre d'avoir souligné mon
anniversaire. C'est aussi l'anniversaire de tous mes collègues
élus en 1970. Je voudrais lui demander si cela peut être un risque
de retard pour le projet Lebourgneuf dans Charlesbourg. Le projet de
construction d'un édifice à bureaux.
M. Tetley: D'aucune manière. M. Harvey (Charlesbourg):
Merci.
Le Président: Affaires du jour. L'honorable leader
parlementaire du gouvernement.
Travaux parlementaires
M. Levesque: M. le Président, je voudrais simplement
indiquer à ce moment-ci que nous allons, dans les jours qui suivent,
poursuivre ou entamer l'étude des crédits des ministères,
entre autres, les crédits du ministère des Terres et Forêts
qui sont commencés.
Je demande la collaboration autant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition pour que l'on
puisse procéder sans trop de délai. Qu'on essaie de
prévenir des engagements, de part et d'autre, afin que l'on puisse
procéder sans trop de retard à l'étude des crédits
des ministères. Je songe particulièrement au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, au ministère des Affaires
municipales, au ministère de la Fonction publique, au ministère
du Travail, au ministère des Affaires intergouvernementales, au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Je songe, en fait, à
tous les ministères...
M. Lessard: Cela s'en vient.
M. Levesque: ... mais particulièrement à ceux que
j'ai nommés. Encore une fois, je me permets, au début de ces
travaux, de solliciter la collaboration, de part et d'autre, afin que l'on
puisse procéder avec le plus d'efficacité possible.
M. Morin: Pas de problème.
M. Levesque: Vous aviez un problème aujourd'hui, vous.
M. Morin: Non, ce n'était pas moi. C'était le
ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Lessard: Surveillez le quorum aux commissions!
M. Levesque: Non, c'est vous qui avez le problème.
Le Président: A l'ordre, messieurs! Etant donné que
nous allons procéder au débat sur une motion
privilégiée du député de Lafontaine et qu'il y a
lieu de faire un partage du temps, j'ai consulté, tel que le
règlement me l'impartit, les leaders parlementaires des partis reconnus.
Voici le partage du temps que je propose: Opposition officielle, au nom de qui
la motion est inscrite, 100 minutes, y compris le droit de réplique qui
sera protégé à la fin; parti ministériel, 120
minutes; Ralliement créditiste, 15 minutes, Union Nationale, 15 minutes,
Parti national populaire et députés indépendants, 15
minutes, ce qui fait un total de 265 minutes.
Ce soir, à onze heures moins quart, nous procéderons au
vote sur cette motion.
M. Levesque: M. le Président, est-ce que nous attendrons
à onze heures moins quart, si le débat est terminé avant
cela?
Le Président: Non, pas nécessairement. M.
Levesque: Ah bon!
Le Président: Lorsque le débat sera terminé,
mais, au plus tard, à onze heures moins quart.
M. Levesque: D'accord.
Le Président: L'honorable député de
Lafontaine.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Burns: ... avec votre permission et celle du
député de Lafontaine, à cause de la
référence que vient de faire le leader du gouvernement, dans
l'éventualité si c'est possible où le
débat se terminerait avant onze heures moins quart, est-ce que le leader
peut nous donner ses intentions quant aux travaux de la Chambre?
M. Levesque: Nous avons l'intention de procéder en
commission plénière sur le projet de loi no 25, au nom du
ministre des Finances.
M. Burns: Zarolega.
M. Levesque: Oui.
M. Burns: D'accord.
Motion privilégiée de
M. Marcel Léger blâmant le
ministre
des Affaires municipales
Le Président: L'honorable député de
Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, la motion
privilégiée que j'ai déposée à
l'Assemblée nationale se lit comme suit: "Que cette Assemblée
blâme le ministre des Affaires municipales, responsable de la
Régie des installations olympiques, pour avoir autorisé la
signature du deuxième contrat entre le COJO et les Terrasses Zarolega,
et avoir ensuite caché ce fait à la Chambre, l'induisant ainsi en
erreur."
M. le Président, l'un des principaux avantages de la
démocratie au Parlement, c'est qu'elle permet à la population,
par l'intermédiaire de ses représentants élus, d'obtenir
de ses gouvernants des informations continues sur le fonctionnement de l'Etat.
Que ce soit au moment de la période des questions quotidiennes, que ce
soit lors de l'étude des crédits et des budgets ou que ce soit
lors de l'adoption des projets de loi, le processus même de nos
délibérations est axé sur l'échange public de
renseignements. Ainsi, la population peut être informée sur la
façon dont sont conduites les affaires publiques.
Pour que ce système fonctionne, il est essentiel que les hommes
publics s'astreignent à suivre un code d'éthique
sévère quant à l'exactitude des informations qu'ils
donnent à la Chambre et qui, par la suite, sont transmises à la
population.
Cela est tellement essentiel que nos règlements et notre
tradition font une obligation à chacun des députés de
prendre, sans discuter, la parole d'un de ses collègues quand il a
parlé en Chambre. Il est bien établi que si un
député ment délibérément en Chambre, cela
constitue un bris de privilège qui peut être suivi de sanction. On
se rappellera peut-être, à ce sujet, la célèbre
affaire Profumo qui, il y a une quinzaine d'années, entraîna la
déchéance d'un ministre anglais qui avait fait
délibérément une fausse déclaration à la
Chambre des communes.
M. le Président, le bon fonctionnement de notre système
exige que les ministres, lorsqu'ils donnent des informations à la
Chambre, agissent avec franchise. D'ailleurs, notre règlement, pour
protéger le caractère confidentiel de certaines informations,
permet à un ministre de refuser de répondre à une
question. Si l'Opposition peut toujours s'en plaindre, il n'y a aucun moyen de
forcer un ministre à répondre à une question s'il
décide de ne pas donner de réponse. Mais s'il y a réponse,
si une information est donnée, on est en droit, M. le Président,
de s'attendre à ce que cette réponse soit juste et que cette
information soit exacte.
J'invite le ministre des Affaires municipales, qui connaît mieux
que quiconque tous les faits dont nous allons parler cet après-midi,
à se demander sérieusement si, dans cette histoire, sa conduite a
obéi aux critères de franchise et de vérité qui
s'imposent à un parlementaire digne de ce nom.
M. le Président, quels sont donc les faits sur lesquels repose la
motion de blâme que j'ai proposée en Chambre sur le ministre des
Affaires municipales, responsable de la Régie des installations
olympiques? Ces faits comportent deux volets. Le premier de ces deux volets est
que le ministre des Affaires municipales est celui qui a autorisé le
COJO à signer, à la fin de janvier 1976, un nouveau contrat avec
les Terrasses Zarolega au sujet du Village olympique. Mais, comme cette
autorisation et ce deuxième contrat devenaient, avec le temps, de plus
en plus embarrassants pour le gouvernement, le ministre a voulu camoufler
l'existence de ce contrat. Et c'est le deuxième volet de cette motion de
blâme. L'information transmise à la Chambre par le ministre au
sujet de ce deuxième contrat était de nature à induire la
Chambre en erreur et, de fait, j'ai moi-même été induit en
erreur par le ministre responsable de la Régie des installations
olympiques.
M. le Président, attardons-nous d'abord au premier volet de la
question: l'autorisation donnée par le ministre des Affaires municipales
à la signature par le COJO d'un deuxième contrat avec les
Terrasses Zarolega. D'abord, il y a un fait que je voudrais établir, le
plus clairement possible et c'est le suivant: Jamais le COJO n'aurait
signé le contrat sans une approbation ministérielle venant
directement de Québec.
Après les nombreuses discussions que nous avons eues sur ce sujet
lors de l'étude du projet de loi 25, je crois que la chose ne fait plus
aucun doute. Ainsi, le Solliciteur général, qui a eu la charge de
ce dossier jusqu'en novembre ou décembre 1975, nous a dit à
plusieurs reprises qu'il avait refusé à plusieurs occasions
d'autoriser la signature du deuxième contrat, parce qu'il en
désapprouvait les termes. Il a dit que ces multiples refus de sa part
avaient empêché la signature de ce deuxième contrat. A ce
propos, je voudrais citer les paroles mêmes du Solliciteur
général lors de la séance de mardi soir dernier. Dans les
galées, R/1106, page 2: "Alors, si c'est la seule ou, enfin, la
résolution où on m'avait demandé mon accord, j'ai
déjà dit plusieurs fois que je ne l'avais jamais donné.
D'ailleurs, c'est tellement évident que si je l'avais donné on
aurait signé le contrat, parce qu'on était tellement prêt
à signer, chacune des deux parties et le COJO et Zarolega, qu'on
l'aurait signé lorsque j'aurais donné mon accord."
M. le Président, je pourrais citer de nombreux autres extraits du
journal des Débats où le Solliciteur général
affirme qu'on lui a soumis des projets de contrat et qu'il les a toujours
refusés. Evidemment, ce que cela prouve, c'est que le COJO a toujours eu
l'obligation d'obtenir une autorisation ministérielle avant de signer ce
deuxième contrat et que tant que le Solliciteur général
s'est occupé du dossier, c'est-à-dire jusqu'à la
création de la Régie des installations olympiques en
décembre dernier, il a toujours refusé de donner cette
autorisation. Cela a eu comme conséquence que le deuxième
contrat, pendant cette période, ne s'est
jamais signé. D'ailleurs, M. le Président, l'obligation du
COJO d'obtenir une autorisation de Québec n'était pas purement
morale. C'était une obligation légale à laquelle le COJO
s'était astreint par un contrat en bonne et due forme, et je vous
réfère à l'article 301 du protocole d'entente signé
le 31 août 1973 par la ville de Montréal et le COJO. Cet article
se lit ainsi: Pouvoirs du CCJO pour les fins du journal des Débats, CCJO
veut dire Comité de contrôle des jeux olympiques.
Article 301, à la page 10 du protocole d'entente. "La ville et le
COJO reconnaissent que les fonctions du CCJO comprennent celles de revoir les
modalités du budget des jeux, de participer au contrôle des
revenus, des coûts je souligne et des dépenses de la
ville et du COJO, de soumettre des rapports, de faire toute observation et
recommandation jugées à propos au gouvernement de la province de
Québec, à la ville et au COJO et que le CCJO aura accès
à toutes les informations en la possession des parties et requises
à ses fins. "Ils conviennent de plus qu'aucune dépense de la
ville pour les fins prévues aux présentes et aucune
dépense, quelle qu'elle soit, du COJO ne sera engagée sans avoir
été soumise au préalable au CCJO".
M. le Président, pour bien apprécier la valeur de ce
protocole, il faut se souvenir des circonstances dans lesquelles il a
été signé. On se rappellera qu'en 1973 le premier ministre
du Canada, M. Pierre Elliott Trudeau, dont la signature était
nécessaire pour que Montréal puisse tenir les Jeux, avait
exigé que le Québec s'engage par écrit à assumer
lui-même tout déficit pouvant survenir dans l'organisation des
Jeux. Le Québec a donné cet engagement et on sait maintenant ce
que cela va nous coûter. Mais avant de le faire, le Québec a
exigé que la ville de Montréal et le COJO signent le protocole
dont nous parlons maintenant, lequel protocole prévoit la formation d'un
comité de contrôle et de surveillance des coûts,
appelé CCJO, dont le mandat consistait précisément
à s'assurer qu'il n'y aurait pas de déficit olympique.
L'importance de ce protocole du 31 août 1973 était donc
fondamentale, et la ville de Montréal et le COJO ont toujours
été obligés légalement de s'y conformer. Il serait
donc absolument impensable que pour le contrat qui était de loin le plus
important contrat que le COJO ait signé, un contrat de $100 millions, le
COJO ne se soit pas conformé à ce protocole d'entente et n'ait
pas obtenu l'autorisation de Québec avant d'y apposer sa signature.
D'ailleurs, M. le Président, lorsqu'en septembre 1975, le COJO a
autorisé son président, Son Excellence l'ambassadeur Roger
Rousseau, et son secrétaire-trésorier, M. Howard Radford,
à signer le deuxième contrat, il a spécifié que
cette signature devait avoir été autorisée au
préalable par le Solliciteur général qui, à ce
moment-là on est en septembre au moment où je vous parle
était le ministre chargé du dossier.
M. le Président, il ressort donc clairement de l'ensemble de ces
faits deux points majeurs. Premièrement, que le deuxième contrat
devait être soumis à l'approbation de Québec avant
d'être si- gné. Deuxièmement, que tant que le ministre
chargé du dossier a refusé cette autorisation, le contrat n'a pas
été signé. M. le Président, logiquement, on
pourrait en conclure, sans qu'il soit besoin de preuves additionnelles, que si,
en janvier 1976, le deuxième contrat a effectivement été
signé, c'est que cette autorisation, qui avait été maintes
fois sollicitée et qui avait toujours été refusée,
avait maintenant été donnée. J'affirme que s'il y a eu
signature, il y a eu autorisation. Je répète que, s'il y a eu
signature, il y a eu autorisation, mais il n'est pas nécessaire de s'en
remettre à cette simple logique car il y a une preuve concrète
que le ministre des Affaires municipales, qui en décembre 1976 avait
pris la relève du Solliciteur général dans ce dossier,
à titre de ministre responsable de la RIO, la Régie des
installations olympiques, a effectivement autorisé la signature du
contrat.
Cette preuve, M. le Président, on la retrouve dans la
correspondance déposée par le ministre des Finances le 9 avril.
Voyons quelle est la nature de cette correspondance. Lettre du 14 janvier de M.
Rouleau à M. Rousseau, dans laquelle M. Rouleau dit: "C'est dans ce
contexte que la Régie des installations olympiques a analysé les
documents suivants, puisque la régie deviendra leur héritier
éventuel". M. Rouleau dit à M. Rousseau que la régie a
analysé les documents suivants: "le contrat principal passé entre
le COJO et les Terrasses Zarolega en date du 18 octobre 1974;
deuxièmement, le contrat additionnel passé entre le COJO et les
Terrasses Zarolega le 18 octobre 1974; troisièmement, une lettre
d'entente, en date du 4 février 1975, passée entre le COJO et les
Terrasses Zarolega; quatrièmement c'est bien important un
projet de contrat du 28 novembre 1975 entre le COJO et Zarolega devant
être incessamment signé entre les parties".
Donc, M. le Président, la RIO savait très bien que la
signature était imminente. On ne peut pas nous faire croire que le COJO
a agi en cachette. C'est bien important, dans l'argumentation que j'apporte, de
voir que, le 14 janvier 1976, la RIO était au courant qu'on
s'apprêtait à signer ce contrat.
Plus tard, il y a eu la lettre de M. Rousseau, concernant le Village
olympique, à M. Rouleau. Je cite au complet cette lettre: "M. Claude
Rouleau, président de la Régie des installations olympiques.
Sujet: Village olympique. M. le Président, J'accuse réception de
votre lettre datée du 14 janvier 1976 et reçue à mon
bureau le 16 janvier. Le comité exécutif du COJO en a pris
connaissance et je l'ai soumise à l'assemblée du conseil
d'administration du COJO, tenue le 23 janvier courant". Cette lettre est
datée du 23 janvier. "Tous mes collègues sont d'avis que, tels
que rédigés, les propos contenus dans votre lettre
s'interprètent comme une recommandation de ne pas signer le projet de
contrat daté du 28 novembre 1975".
Donc, le COJO admet que, d'après l'esprit de la lettre de M.
Rouleau, M. Rouleau ne voulait pas qu'on signe tout de suite ce contrat.
Je continue la citation de la lettre: "Notam-
ment, les membres de la régie sont conscients qu'ils ne peuvent
intervenir légalement. Toutefois, la régie a un
intérêt éventuel, etc. Suite à l'analyse de ces
documents et de l'information... le COJO s'est déjà trop
impliqué financièrement... En conséquence, nous croyons
que le COJO devrait et "devrait" est souligné deux fois dans la
lettre sans avoir à verser aucune somme additionnelle, signer le
contrat. Ces extraits sont d'autant plus significatifs que, nulle part, dans
votre lettre, continue M. Rousseau, il n'y a d'autorisation ou de confirmation
à signer. Tout au plus, lisons-nous, le projet de contrat
améliore quelque peu la position du COJO. Mais cette expression
apparemment favorable est annulée par les mots: malgré
cela..."
Je continue encore: "Dans les circonstances, nous sommes portés
à considérer votre lettre comme une recommandation de reprendre
les négociations avant de signer le projet du 28 novembre 1975 et de
vous faire rapport".
Le paragraphe suivant est le paragraphe fondamental. M. Rousseau,
commissaire des Jeux olympiques, dit à M. Rouleau: "Par ailleurs, il
ressort de conversations que j'ai eues avec M. le ministre Victor Goldbloom que
la régie ne s'objecte pas à ce que le COJO signe ce contrat,
compte tenu des documents antérieurs, de l'urgence de conclure le
nouveau contrat et de l'amélioration qu'il apporte au contrat qu'il
remplace".
Le paragraphe suivant: "C'est dans cet esprit que je signerai
c'est M. Rousseau qui parle le projet du 28 novembre 1975, à
moins que vous ne m'informiez à l'effet contraire, sur réception
de la présente. Veuillez agréer, M. le Président,
l'expression de mes sentiments les meilleurs".
Donc, M. Rousseau, à la suite de conversations, affirme que M.
Goldbloom lui a dit qu'il ne s'opposait pas, que c'était la permission
dont M. Rousseau avait besoin puisqu'il était lié par les
recommandations du CCJO au COJO et les recommandations du protocole
d'entente.
Plus loin, M. le Président, on a d'autres lettres et je vais en
parler. Devant cela, que ressort-il de cette correspondance? D'abord, il
ressort que la signature du deuxième contrat remarquez bien la
date le 28 janvier 1976, a été
précédée de multiples échanges entre le COJO, la
Régie des installations olympiques et le ministre des Affaires
municipales.
De plus, les dates mêmes des lettres qui sont très
rapprochées les unes des autres, de même que le texte même
de ces lettres indiquent clairement que tous les intéressés
savaient pertinemment que la signature était imminente. M. le
Président, il n'y avait donc pas de cachette entre les parties. Il
ressort également de cette correspondance que le COJO n'aurait pas
signé ce deuxième contrat sans qu'une personne autorisée
lui donne le feu vert; s'il n'y avait pas eu de conversations au pluriel
avec le ministre des Affaires municipales, il n'y aurait pas eu de
signature.
Il faut ajouter qu'après la signature du deuxième contrat
par M. Rousseau et par M. Radford au nom du COJO, certains
événements se sont produits qui ont empêché
et cela est important, M. le Président, après la signature des
mandatés du COJO, MM. Rousseau et Radford que ce deuxième
contrat reçoive tous ses effets quant à chacune des parties
impliquées. On avait, en effet, convenu que le notaire Roberge
demeurerait dépositaire exclusif du contrat tant que le conseil
exécutif de la ville de Montréal n'aurait pas autorisé un
membre de son contentieux à produire une opinion juridique à
l'effet que les droits, à l'égard du Village olympique,
étaient pleinement protégés par le deuxième
contrat. Et les gens ont signé une entente, une lettre qui est
adressée au notaire Philippe Roberge et qui démontre que les
contrats étaient signés par le président du COJO, M.
Rousseau, et M. Radford. Ces derniers ont signé leur part des contrats
qu'ils ont mis sous écrou chez le notaire Roberge; et, pour qu'ils
prennent effet, ils nécessitaient la signature de M. Zappia puisque M.
Gaty, de Zarolega, avait déjà signé. M. Zappia ne signait
cela qu'après avoir obtenu de la ville de Montréal la
continuation ou la préservation des droits de la ville à
l'égard du Village olympique. Après consultation avec un M.
Bouchard, du contentieux de la ville de Montréal, celui-ci avait
affirmé que la signature du contrat ne changeait rien; qu'il n'y avait
pas de problème et qu'il enverrait par écrit l'affirmation
verbale qu'il avait faite. Donc, il n'y avait pas de problème; il ne
manquait qu'un petit détail, que la lettre de la ville de
Montréal confirme ce que M. Bouchard, du contentieux de Montréal,
avait affirmé verbalement. Donc le contrat était terminé
et signé.
M. le Président, il semble bien, et là je dois admettre
que j'en suis réduit à des conjectures.
M. Hardy: II y a une différence.
M. Léger: Ah! vous aimeriez bien cela rire des
conjonctures.
M. Bacon: Mais vous ne la faites pas la différence, vous,
entre les deux.
M. Léger: Mais, jusqu'à maintenant, vous suivez
l'argumentation et vous voyez fort bien que c'est beaucoup plus sérieux
qu'on ne le pense.
M. Bacon: Vous ne faites pas la différence entre les
deux...
M. Léger: J'en suis réduit à des
conjectures, M. le Président, puisqu'on nous a refusé l'occasion
d'interroger les principaux intéressés.
Il semble donc que la Régie des installations olympiques, qui,
comme on l'a vu, était toujours opposée à la signature du
deuxième contrat, a obtenu que la ville de Montréal n'autorise
pas le dépôt de cette opinion juridique. Ce qui fait que le
deuxième contrat, même s'il est signé par le COJO, reste
toujours en possession exclusive du notaire Roberge. C'est ce qui explique que,
dans la correspondance subséquente adressée au ministre des
Affaires municipales, M. Rousseau puisse continuer à parler de projet de
contrat et puisse continuer à faire pression pour que les choses soient
complétées, ces petits détails de la ville.
En effet, tant que le notaire Roberge restait le
seul dépositaire du contrat signé, on ne pouvait pas
obtenir de la Banque Canadienne Nationale qu'elle verse le montant de $18
millions qu'elle s'était engagée à verser en
première hypothèque, avec l'appui de la Société
centrale d'hypothèques et de logement. Tout le problème est
là, M. le Président. Le COJO a hérité d'un projet
de Village olympique qui ne correspondait pas à ses
responsabilités du début, il y a plusieurs années; il
était pris avec des problèmes financiers; il devait avoir, dans
le projet de financement, $18 millions venant de la Banque Canadienne
Nationale, approuvés par la Société centrale
d'hypothèques et de logement, qui nécessitait que le contrat soit
renégocié. A ce moment-là, le COJO était pris et
demandait justement ces $18 millions pour ne pas avoir à intervenir.
M. le Président, c'est le notaire Roberge qui l'avait. Et le
contrat ne pouvait pas sortir de là parce que quelqu'un empêchait
que la ville de Montréal donne, par écrit, l'appui verbal qui
avait été donné par M. Bouchard au signataire du contrat.
Il était donc bien clair, pour quiconque était au fait du
dossier, trois choses: premièrement, un deuxième contrat avait
bel et bien été signé par les représentants
autorisés du COJO; deuxièmement, que, malgré la signature
de ce deuxième contrat, l'argent de la première hypothèque
ne pouvait pas être touché parce que ce deuxième contrat
restait en possession exclusive du notaire Roberge, donc les $18 millions
étaient gelés; troisièmement, que ce qui bloquait le
versement de la première hypothèque, ce n'était pas que le
deuxième contrat n'avait pas été signé, mais
plutôt que la ville de Montréal bloquait la production d'un avis
juridique quant à la protection de ses propres droits. Un détail
secondaire qui ne changeait rien au contrat, ne changeait rien à la
volonté du gouvernement qui avait donné un appui à des
gens autorisés par le COJO et par le gouvernement, leur volonté
avait été exprimée. Il restait un détail qui
concernait la ville de Montréal. Pression a été faite
à la ville de Montréal pour qu'elle ne donne pas cette
autorisation écrite qui avait été donnée
verbalement.
M. le Président, une commission parlementaire aurait
clarifié beaucoup de choses là-dessus. On l'a crainte, cette
commission. On a craint que les personnes, directement ou indirectement
liées par la signature du contrat avec Zarolega, viennent
témoigner. On a craint de le faire, M. le Président.
C'est dans ce contexte que j'arrive au 25 mars dernier, où j'ai
posé, en Chambre, au ministre des Affaires municipales, la question
suivante. Je cite, à la page 178 du journal des Débats du 25 mars
1976, la question telle que posée par moi-même: "M. le
Président, ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales,
responsable de la Régie des installations olympiques, et concerne le
Village olympique. Le ministre peut-il nous dire s'il est exact que le nouveau
contrat du Village olympique n'est pas encore signé?
Deuxièmement, est-il exact que la première hypothèque de
$18 millions de la Banque Canadienne Nationale n'a pas encore été
accordée aux Terrasses Zarolega et qu'ainsi le COJO assume l'entier
financement du
Village olympique? Troisièmement, est-il exact que les
négociations entre le COJO et les Terrassea Zarolega pour modifier le
contrat dans le sens de ce qui avait été promis à la
commission parlementaire de 1975 sont actuellement dans une impasse?
Est-ce que c'est le ministre des Affaires municipales qui va
répondre ou si c'est le représentant au CCJO? Je pense que c'est
le ministre des Affaires municipales puisqu'il va prendre le dossier en
main.
Maintenant, je cite la réponse du ministre des Affaires
municipales, qui fut la suivante, à la même page 178 du journal
des Débats: "M. le Président, le député de
Lafontaine sait que la Régie des installations olympiques n'est pas
présentement responsable directement du Village olympique, mais est
identifiée comme l'héritier éventuel de ce dossier. Selon
les renseignements que je possède en ce moment, il est vrai que le
contrat n'est pas signé et, donc, que l'argent n'a pas, jusqu'à
maintenant, été obtenu. Je ne serais pas en mesure cependant de
porter un jugement de valeur sur le progrès des communications qui ont
lieu présentement entre le consortium Zarolega et le COJO pour dire si,
oui ou non, il y a impasse. Mais le gouvernement continue de suivre ce dossier
de très près".
Voilà, M. le Président, la réponse du ministre qui
a, premièrement, participé personnellement aux multiples
discussions qui ont précédé la signature du
deuxième contrat. Voilà la réponse du ministre qui a
lui-même autorisé cette signature. Voilà la réponse
du ministre qui connaît précisément la raison qui
empêche le versement de la première hypothèque parce que le
contrat est sous écrou, que le notaire Roberge le possède.
Voilà la réponse du ministre qui sait que les négociations
entre le COJO et Zarolega ne sont pas dans une impasse puisqu'elles se sont
terminées il y a deux mois, le 28 janvier 1976. Cette citation est du 25
mars. Deux mois après la signature d'un contrat, deux mois de distance!
Le ministre m'en parle deux mois après et il affirme, en Chambre, une
fausseté comme celle-là.
M. le Président, si cela n'est pas induire la Chambre en erreur,
je me demande bien ce qui est induire la Chambre en erreur. D'ailleurs, j'ai
été personnellement victime de cet effort de camouflage du
ministre puisque, sur la foi de sa déclaration, j'ai affirmé
publiquement que les relations entre le COJO et les Terrasses Zarolega
étaient toujours régies par le premier contrat d'octobre 1974,
puisqu'on me dit que le contrat n'est pas signé et que, vu
l'impossibilité de parvenir à une nouvelle entente, il fallait
procéder par voie de législation. Donc, j'ai affirmé, sur
la foi de ce que le ministre a dit en Chambre, qu'il fallait qu'il y ait une
loi dans le genre de la loi qui est présentement présentée
en Chambre.
M. le Président, personnellement, je n'aurais pas fait ces
déclarations si, dans sa réponse, le ministre avait
été franc et s'il m'avait dit que le deuxième contrat
avait effectivement été signé mais que le gouvernement
avait, depuis, modifié ses positions et qu'on se servait du fait que
certai-
nes formalités n'avaient pas été
complétées pour empêcher ce contrat d'avoir tous ses effets
et qu'effectivement le gouvernement songeait à une loi spéciale
pour annuler non seulement le premier, mais également le deuxième
contrat.
M. le Président, je peux répéter ce que je viens de
dire. C'est le sens fondamental de mon intervention.
M. Hardy: Ce ne sera pas plus clair la deuxième fois que
la première.
M. Léger: Quand on est bouché, cela ne rentre
d'aucun bout, je le sais.
M. Hardy: Non. C'est confus et cela va rester confus!
M. Lessard: C'est clair, c'est clair. Calmez-vous, c'est
très clair.
M. Hardy: Non, non. Je suis bien calme.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: C'est très clair: On a trompé la
Chambre.
M. Léger: M. le Président, quand on dit à la
Chambre des choses qui ne sont pas vraies, qu'on s'en sert pour camoufler une
situation, cela change le débat. Je dis que je n'auras pas fait
moi-même les déclarations...
M. Hardy: ... de quoi vous parlez quand vous parlez de
camouflage.
M. Léger: ... que j'ai faites par la suite si, dans sa
réponse, le ministre avait été franc. S'il m'avait dit que
ce deuxième contrat avait effectivement été signé,
mais que le gouvernement avait, depuis, modifié ses positions et qu'on
se servait de certaines formalités, comme celles que j'ai
mentionnées, la question du contrat qui était sous écrou,
qu'il manquait une signature de la ville de Montréal, qu'on l'avait
accordée verbalement mais qu'il manquait de la voir écrite, qu'on
se servait, dis-je, du fait que certaines formalités n'avaient pas
été complétées pour empêcher ce contrat
d'avoir tous ses effets et qu'effectivement le gouvernement songeait à
une loi spéciale pour annuler non seulement le premier mais
également le deuxième contrat, M. le Président, cela
aurait été différent.
Le ministre voulait peut-être dire: Quand je disais que ce
n'était pas signé, je voulais dire que ce n'était pas
valide, que cela prendrait beaucoup de jurys et beaucoup de juges pour
déterminer la validité ou pas. Le problème n'est pas
là. Le gouvernement a fait son lit, il avait permis que les contrats
soient signés et les personnes avaient l'autorisation de signer; les
contrats étaient signés et ce n'était qu'une clause
secondaire qu'il fallait. Et que le gouvernement a empêché cette
clause d'arriver parce qu'il avait changé d'idée. C'est cela la
vérité, M. le Président.
Mais le ministre ne voulait pas dévoiler ces faits parce qu'il
aurait éventuellement été obligé d'expliquer son
rôle dans la signature de ce deuxième contrat. Le ministre a voulu
cacher ses traces. D'ailleurs, ce n'est pas la seule fois dans ce dossier que
le ministre a voulu cacher ses traces. Qu'on se rappelle la fameuse rencontre
de l'été 1974 avec les propriétaires des Terrasses
Zaro-lega, rencontre à laquelle participaient également le
premier ministre et le maire de Montréal, et au cours de laquelle les
autorités de Québec et de Montréal ont été
clairement informées que le Village olympique ne pouvait pas être
construit sans une subvention importante qui, à ce moment,
équivalait à plus du tiers du coût, soit de $10 millions
à $12 millions pour un projet beaucoup plus petit à ce
moment-là parce que le gouvernement l'a augmenté, ce
projet qui était estimé à $30 millions. Evidemment,
l'existence d'une telle rencontre ne faisait pas l'affaire du ministre,
puisqu'elle rendait inexcusable le choix d'un village permanent plutôt
que d'un village temporaire.
M. le Président, vous vous rappelez avec moi le temps où
le ministre des Affaires municipales et moi étions du même bord
pour défendre les espaces verts, défendre la valeur d'un village
temporaire, pour protéger les espaces verts. On était du
même bord. On s'appuyait, les larmes aux yeux tous les deux, devant M.
Drapeau. Pas moyen d obtenir qu'on sauve le parc Viau, et on pleurait tous les
deux sur la même épaule: Y a-t-il moyen de protéger les
espaces verts et d'avoir un village temporaire? Il était arrivé
des projets et je me rappelle que le président de la
Société d'habitation du Québec, M. Bernier, à ce
moment, était venu nous dire qu'il y avait un moyen d'avoir un village
temporaire, que cela coûterait un peu moins de $30 millions, avec
certaines difficultés, mais que c'était possible. Malgré
que le rapport d'une firme spécialisée ait dit que le village,
à ce moment, n'était pas de $30 millions, mais de $50 millions,
on s'était dit: II y a de grosses chances que ce soit $30 millions. Et
alors, $30 millions en village permanent ou à peu près la
même chose en village temporaire, on va pencher... Je me rappelle avoir
affirmé à la commission parlementaire, devant les larmes que
versait le ministre des Affaires municipales ici, que parce que c'était
à peu près le même prix, je continuerais à croire
que le village temporaire était préférable. Et le ministre
disait: Devant les preuves qu'on nous a faites que cela va coûter
à peu près la même chose pour un village permanent, il faut
se soumettre et nous aurons un village permanent.
M. Hardy: La pertinence.
M. Léger: M. le Président, le ministre ne comprend
pas parce qu'il ne suit pas, il est bouché. Le ministre des
Communications devrait saisir l'astuce qu'il y a là. Au moment où
le ministre des Affaires municipales pleurait pour un village temporaire, parce
qu'on voulait un village permanent, il avait déjà vu et
rencontré les gens des Terrasses Zarolega qui lui avaient dit qu'ils ne
pouvaient pas arriver à bâtir un projet de $30 millions,
à moins d'avoir une subvention gouvernementale de $12 millions.
Voyez-vous la relation qu'il y a là?
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le ministre des
Communications.
M. Hardy: Evidemment, quand on écoute le
député de Lafontaine on est parfois enclin à dire:
Laissons-le aller, même si on le rappelle à l'ordre, il ne
comprendra rien, puis cela ne changera rien à la nature des choses.
M. Burns: C'est une question de règlement ou c'en est
pas?
Qu'il la fasse sa question de règlement, M. le
Président.
M. Hardy: C'est mon préambule.
M. Burns: II n'y a pas de préambule, c'est une question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: Vous êtes bien nerveux.
M. Burns: II n'y a pas de nervosité là-dedans, on
veut tout simplement que ce soit respecté.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Question de
règlement, le ministre des Communications, leader adjoint.
M. Hardy: M. le Président, j'ai une question de
règlement, mais j'aimerais bien que le député de
Maisonneuve ne s'énerve pas.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Question de
règlement.
M. Hardy: Oui, oui. Je ne suis pas nerveux, moi.
M. Burns: La question de règlement, c'est cela qu'on veut
savoir, c'est tout.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): J'attends.
M. Hardy: M. le Président, la motion qui est
présentement en discussion est libellée d'une façon bien
précise. Il est question de l'autorisation de la signature d'un
deuxième contrat. Ce n'est pas le moment, M. le Président, de
faire un débat sur l'ensemble du problème. On va étudier
une loi tantôt. On ne peut pas faire deux débats sur la même
chose. Le débat doit se restreindre à une chose bien
précise. Est-ce que oui ou non il y a eu autorisation pour la signature
d'un deuxième contrat entre le COJO et Zarolega?
M. le Président, je vous demanderais d'inviter le
député de Lafontaine à s'en tenir à cette ques-
tion et à ne pas faire de débat sur l'ensemble du
problème; si on aurait dû avoir un village temporaire, un village
permanent. Ce n'est pas l'occasion.
M. Lessard: II n'a rien compris.
M. Léger: II n'a rien compris encore.
M. Hardy: Vous vous comprenez? C'est légal ce qu'il fait
votre député, hein?
M. Lessard: La relation entre ce que le député
disait, le député de Lafontaine...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Hardy: C'est légal ce qu'il fait votre
député, là hein?
M. Lessard: II n'a rien compris encore.
M. Hardy: C'est légal, ce qu'il fait votre
député? Vous ne vous levez pas quand il fait cela.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre...
M. Hardy: Je ne vous voyais pas, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je prends note de cette
extrême délicatesse à mon endroit et je vous invite
à terminer votre question de règlement.
M. Hardy: M. le Président, je termine rapidement en vous
invitant très respectueusement à ordonner au député
de Lafontaine de s'en tenir au libellé de la motion.
M. Burns: M. le Président, sur la question de
règlement...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Maisonneuve.
M. Burns: Sur la question de règlement, il y a un petit
bout que le ministre des Communications, le leader adjoint du gouvernement, a
oublié de mentionner dans la motion. Bien sûr, il a fait
référence au fait que le blâme s'attachait à
l'autorisation de la signature du deuxième contrat entre le COJO et les
Terrasses Zarolega. Il a bien sûr fait référence à
cela. Il a oublié, cependant, de vous lire la fin de la motion de
blâme qui dit: "Et avoir ensuite caché ce fait à la
Chambre, l'induisant ainsi en erreur".
M. Hardy: Ce fait...
M. Burns: M. le Président, ce que le député
de Maison... de Lafontaine est en train de dire...
M. Hardy: Vous vous croyez omniprésent?
M. Burns: Je fais de la projection. Ce que le
député de Lafontaine est en train de dire...
M. Hardy: ... envie de vous présenter contre lui?
M. Burns: II est en train de vous exposer un historique. Nous, de
l'Opposition, croyons qu'il est impossible on entendra, j'imagine, le
ministre des Affaires municipales tout à l'heure se défendre
là-dessus qu'avec la séquence des événements
qui est décrite par le député de Lafontaine il n'ait pas
pu savoir, lorsqu'il répondait au mois d'avril ou de mars au
député de Lafontaine, qu'il induisait la Chambre en erreur. C'est
cela le fond de la motion de blâme. Je vous soumets respectueusement, M.
le Président, que le député de Lafontaine doit avoir toute
la latitude possible pour émettre, devant l'Assemblée, cette
séquence d'événements. C'est dans ce sens que
l'intervention du député de Lafontaine doit être comprise,
à moins que le ministre des Communications veuille encore une fois faire
preuve d'ignorance crasse et ne veuille véritablement pas comprendre ce
qui se passe.
M. Hardy: Tout cela sans rire!
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre! Le
député de Lafontaine.
M. Léger: Evidemment, M. le Président, l'existence
d'une telle rencontre à l'été 1974 ne faisait pas
l'affaire du ministre puisqu'elle rendait inexcusable le choix d'un village
permanent plutôt que d'un village temporaire.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable ministre
des Communications, sur une question de règlement.
M. Hardy: La rencontre dont parle le député de
Lafontaine n'a rien à voir avec l'autorisation d'une signature d'un
deuxième contrat et avec le fait d'avoir caché ce fait à
la Chambre. Je vous demande, pour une seconde fois, d'inviter le
député de Lafontaine à s'en tenir au texte de la
motion.
M. Léger: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, lors de ces rencontres, nous
avons, il y a trois semaines, déposé devant la Chambre, des
affidavits de MM. René Lé-pine et Andrew Gaty, deux membres de la
firme Zarolega, qui affirment, exactement ce que dit le député de
Lafontaine, que, lors des discussions qui ont eu lieu en présence du
ministre des Affaires municipales, on parlait de subventions normalement de
l'ordre de $10 millions à $12 millions sur une construction qui devait
normalement coûter $30 millions. C'est cela la séquence des faits
que le député de Lafontaine est en train de vous faire. C'est
bien dommage, M. le Président, il n'y a pas de restriction à
l'exposé du député de Lafontaine tant et aussi longtemps
que ce qu'il dit mène à un blâme. Dans notre esprit, cela
mène à un blâme direct à l'endroit du ministre des
Affaires municipales.
M. Hardy: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Question de
règlement.
Le ministre des Communications.
M. Hardy: Si la motion de blâme avait été
plus large, si la motion de blâme avait dit: Nous blâmons le
ministre des Affaires municipales pour sa conduite dans l'ensemble du dossier
des Terrasses Zarolega, ses propos seraient pertinents, mais ce n'est pas ce
que la motion dit. La motion blâme le ministre des Affaires municipales
d'avoir autorisé une signature, puis de ne pas l'avoir dit en Chambre.
C'est uniquement ce que dit la motion et je regrette, M. le Président,
mais je vais insister pour que le député de Lafontaine s'en
tienne à cela. Même si le député de Maisonneuve
pousse tous les cris, puis fait tous les appels pathétiques qu'il
voudra, je ne donnerai pas mon consentement, en tant que membre de cette
Chambre, pour que le député de Lafontaine aille au-delà de
cette motion.
M. Léger: Vous voulez encore cacher des faits.
M. Hardy: C'était de libeller votre motion
différemment. Vous n'avez pas été assez intelligent pour
libeller votre motion différemment, tant pis pour vous.
M. Burns: Vous n'êtes pas assez intelligent pour comprendre
le sens de la motion, tant pis pour vous.
M. Hardy: Je comprends trop. Je comprends trop.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Saguenay sur une question de règlement.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement, comme d'habitude, le leader adjoint est dans les
patates...
M. Hardy: Quand on n'a pas de cause, on lance des injures.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lessard: M. le Président, ce que tente actuellement de
faire le député de Lafontaine, c'est dire et confirmer que le
ministre des Affaires municipales c'est pourquoi nous le blâ-
mons avait pratiquement fait son lit lors de cette rencontre. Il
y a une relation entre cette rencontre et le deuxième contrat, parce que
c'est à partir de cette rencontre qu'il y a eu, par la suite, signature
du contrat. Y a-t-il une relation entre cette rencontre et le blâme que
nous portons? Je pense que c'est clair. Il y a aussi une relation entre la
décision d'avoir un village permanent et la rencontre qu'a eue le
ministre des Affaires municipales et qu'a tenté de nier continuellement
le ministre des Affaires municipales. C'est dans ce sens, M. le
Président, que nous présentons notre motion de blâme.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je dois dire que, de part et d'autre, des arguments très
valables ont été énoncés. Nous devons tenir compte
également de la loi 25 qui est à l'étude et, pour
permettre en plus une pause-café qui, je pense, serait importante, je
vais suspendre pour cinq minutes. Je voudrais donner une nouvelle directive
dans cinq minutes.
(Suspension à 16 h 49)
Reprise de la séance à 16 h 54
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre! Une simple
directive. Comme vous le savez, c'est un problème très complexe,
une loi étant à l'étude. J'inviterais le
député de Lafontaine à se limiter le plus possible
à ce qui concerne le blâme. Je comprends qu'il puisse faire une
certaine énumération chronologique des faits, mais
peut-être ne pas remonter trop loin dans le dossier, pour que cela n'ait
pas l'air, autrement dit, de faire l'étude au complet du dossier.
Il m'apparaît qu'il peut faire une certaine
énumération pour en arriver à un blâme, mais qu'on
n'ait pas l'impression que c'est le dossier lui-même en entier qui est
étudié. C'est une directive restrictive, en ce sens que je
l'inviterais à être un peu plus restrictif dans ses propos, de
manière que ce soit une motion de blâme et non pas l'étude
du dossier en lui-même qui soit porté à notre
attention.
M. Burns: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, simplement sur la question de
règlement et dans le but que tout le monde sache quel temps reste au
député de Lafontaine, je pense que, à cause de
l'interruption, c'est assez important qu'on le lui dise
immédiatement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): On va demander aux
officiers de la Chambre de nous le donner.
On m'informe que la suspension... Il reste dix minutes.
M. Burns: A quelle heure a-t-on suspendu, M. le
Président?
Le Vice-Président: A seize heures cinquante?
M. Burns: A seize heures cinquante: II y a eu cinq minutes de
questions de règlement entre le leader du gouvernement et moi.
M. Hardy: Les questions de règlement comptent dans son
temps.
M. Burns: Est-ce qu'on s'entend, M. le Président, pour
laisser quinze minutes au député de Lafontaine pour terminer?
M. Hardy: Je consentirais à quinze minutes à la
condition qu'il respecte la pertinence du débat.
M. Burns: II le fera. Il le fera comme il l'a fait depuis le
début.
M. Hardy: S'il ne respecte pas la règle de la pertinence,
pas de quinze minutes.
M. Burns: II le fera, comme il l'a fait depuis le
début.
M. Hardy: Non, écoutez, c'est dix minutes dans ce
cas-là.
M. Léger: Je vais prendre douze minutes et demie pour
satisfaire les deux côtés.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, si on regarde la motion,
après avoir été interrompu par des questions de
règlement, elle dit: "Que cette Assemblée blâme le ministre
des Affaires municipales, responsable de la Régie des installations
olympiques, pour avoir autorisé la signature du deuxième contrat,
entre le COJO et Les Terrasses Zarolega, et avoir ensuite caché ce fait
à la Chambre, l'induisant ainsi en erreur."
Ce que je veux, en faisant allusion à la rencontre de
l'été 1974 entre Les Terrasses Zarolega et le ministre des
Affaires municipales, c'est montrer dans quel contexte se situe le débat
d'aujourd'hui qui amènera le blâme, c'est présenter un
ensemble de faits qui ont mené à la signature d'un contrat,
signature qui n'a pas été affirmée en Chambre, comme
telle, par le ministre.
Pour le souligner, quand je faisais allusion à la lutte qu'il y
avait eue à propos d'un village permanent ou temporaire, je voulais
démontrer par là que le ministre était au courant que les
Terrasses Zarolega avaient demandé au ministre et au premier ministre,
en plus de cela, une subvention minimale de $12 millions. C'est donc dire qu'on
ne pouvait pas arriver sans subvention. Quand le deuxième contrat a
été signé, cette question était un
élément fondamental de la négociation que connaissait le
ministre des Affaires municipales, puisqu'il avait suivi le dossier depuis
déjà deux ans.
Mais, M. le Président, le ministre a eu des blancs de
mémoire, encore une fois, opportuns. Le premier ministre avait
affirmé n'avoir jamais rencontré les représentants des
Terrasses Zarolega, à ce moment, avec le ministre des Affaires
municipales, mais, lorsqu'on l'a confronté à la
déclaration et aux affidavits signés et assermentés de MM.
Lépine...
M. Hardy: La crédibilité du témoin? M.
Léger: ... et Gaty, je pense...
M. Hardy: Vous allez voir cela dans quelques semaines.
M. Léger: ... le premier ministre a eu, au moins, la
décence de se rétracter. Mais, M. le Président, je
voudrais revenir, en terminant, à l'essentiel de ma motion. Je crois
avoir démontré que, dans cette histoire, dont plusieurs aspects
restent encore obscurs, le ministre des Affaires municipales a joué un
rôle clef, particulièrement en ce qui concerne la signature du
deuxième contrat entre le COJO et Zarolega. Il me semble absolument
évident que, dans un tel contexte, la réponse qu'il m'a
donnée le 25 mars 1976 était de nature à induire la
Chambre en erreur, au moment où il a affirmé en Chambre que le
contrat n'était pas signé. Le ministre avait participé
personnellement aux multiples discussions qui avaient
précédé ce deuxième contrat. Ce même
ministre, qui avait autorisé cette signature, connaissait
précisément la raison qui empêchait le versement de la
première hypothèque. Ce même ministre savait que les
négociations entre le COJO et Zarolega n'étaient pas dans une
impasse, à ce moment, puisque cela s'était terminé, il y
avait deux mois, par la signature d'un contrat.
Evidemment, M. le Président, j'imagine que le ministre aura une
autre version des faits et qu'il va faire valoir une autre perception de la
situation.
M. Lessard: Un médiateur.
M. Léger: Mais je lui dis ceci, en terminant: II est une
façon bien simple de savoir exactement ce qui s'est passé et si
ce qui s'est passé est conforme ou non à ce que j'ai
décrit. Il y a une façon bien simple de le faire: que l'on
convoque les personnes intéressées devant la commission
parlementaire, que l'on convoque Son Excellence M. Rousseau, sur lequel le
gouvernement voudrait jeter tout le blâme pour la signature du
deuxième contrat.
Le rôle du commissaire aux Jeux olympiques, dans la situation
actuelle, est épouvantable. Il est pris à l'intérieur d'un
groupe de personnes qui sont divers centres de décision. Il est pris au
milieu de politiciens municipaux, de politiciens provinciaux, de politiciens
fédéraux.
M. Lessard: De patroneux.
M. Léger: II est entouré aussi de gens qui
désirent faire du patronage à tour de bras.
Une Voix: Les PQ.
M. Léger: II est obligé de prendre des
décisions pour arriver à l'objectif pour lequel il a
été nommé, c'est-à-dire la réalisation des
Jeux olympiques à temps. En plus de tout cela, il est pris avec les
manigances de plusieurs politiciens qui veulent cacher bien des choses. Il a
une situation très ingrate et je n'accepte pas qu'on fasse du
commissaire des Jeux olympiques, M. Rousseau... Une chance, il ressort à
la diplomatie. Il est capable d'en prendre, il a l'écorce solide et il
est capable de patiner pour s'en sortir, mais, quand même, il ne faut pas
en demander trop à une personne. Il a beau être un diplomate, il
est obligé de subir régulièrement les pressions des
politiciens provinciaux, fédéraux et municipaux, les oppositions
de ceux qui sont en place, des entrepreneurs et de ceux qui sont
eux-mêmes des centres de décisions occultes.
On veut le faire passer pour le bouc émissaire. On veut dire:
Vous avez signé ce contrat, c'est votre affaire. Ou bien dites que vous
n'avez pas signé.
C'est faux, on a des preuves, on l'a prouvé que le contrat a
été signé; on a des copies du contrat signé du 28
janvier 1976, M. le Président, et le contenu qui prouve que le contrat a
été signé et que le gouvernement était
derrière cela quand nous avons prouvé que le COJO ne pouvait pas
être le propriétaire de l'option mais que, malgré tout,
cette option a été accordée à quelqu'un. Qui l'a
décidé? C'est le Trust Général du Canada qui a eu
l'option. Le Trust Général du Canada ne pouvait permettre, en
signant le contrat, qu'il y ait $5 millions de donnés en
dédommagement pour l'achat ou la prise de possession du Village
olympique si ce n'était pas quelqu'un derrière lui qui
était nul autre que gouvernement ou la régie. On l'a
prouvé que c'était signé. Pour quelle raison ne l'a-t-on
pas dit en Chambre, M. le Président? Pour quelle raison n'a-t-on pas
dit: C'est signé mais c'est sous écrou chez le notaire, il y a de
petits détails qui manquent, ce n'est pas complètement
terminé de ce côté, il y a des aspects légaux.
Pourquoi ne l'a-t-on pas dit? Non, ce n'est pas signé vu l'impasse, etc.
Bon. Pour quelle raison, M. le Président?
Parce que le ministre ne voulait pas que la Chambre soit au courant de
l'ensemble du dossier, il voulait cacher le rôle qu'il a joué. M.
le Président, j'affirme que les interventions au pluriel
du ministre des Affaires municipales auprès du COJO sont responsables de
la signature du contrat. M. Rousseau n'aurait jamais signé le contrat,
ayant été mandaté par le COJO, s'il n'avait pas eu des
conversations téléphoniques directement avec une personne
autorisée, c'est-à-dire le ministre responsable de la
Régie des installations olympiques qui héritait du dossier. C'est
donc dire que le ministre des Affaires municipales, quel que soit son
degré de responsabilité, est directement responsable de la
signature de ce contrat et il a affirmé le contraire en Chambre.
M. le Président, que M. Rousseau, sur qui le gouvernement
voudrait jeter tout le blâme pour la
signature du deuxième contrat, vienne nous dire quelle est la
nature exacte des conversations qu'il a eues avec le ministre. Que M. Claude
Rouleau vienne nous donner sa version des faits; il pourra peut-être en
profiter pour nous donner sa version d'autres faits dans le dossier olympique
complet. C'est facile de faire la vérité sur cette affaire, M. le
Président. Pourquoi a-t-on si peur des faits? Ce que j'affirme
aujourd'hui, cela pourrait tout se régler par une commission
parlementaire, pour entendre ces personnes.
M. Hardy: Pertinence!
M. Léger: M. le Président, je suis en pleine
pertinence. Je dis que les affirmations que je fais aujourd'hui, qui
amènent le blâme, la seule façon pour le ministre des
Affaires municipales de prouver qu'il n'est pas à blâmer c'est
d'emmener les personnes concernées qui, elles, ont signé le
contrat sous sa responsabilité.
Je crois que le ministre des Affaires municipales devrait franchement
reconnaître ses torts dans cette affaire et devrait de lui-même
remettre sa démission au premier ministre. S'il ne le fait pas de
lui-même, je crois que cette Chambre ne devrait pas avoir d'autre choix
que d'adopter la motion de blâme que je présente aujourd'hui. Il
est inacceptable qu'en Chambre on ne puisse même plus prendre la parole
de ceux qui ont été élus pour administrer la province et
qui font des affirmations qui ne peuvent plus être dignes de foi. Merci,
M. le Président.
Des Voix: Vote! M. Hardy: Vote! M. Burns: Le
ministre ne parle même pas?
M. Hardy: II faut avoir quelque chose pour répondre, il
n'y a rien, c'est le néant.
Des Voix: Vote!
M. Hardy: II ne peut pas répondre au néant.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): J'inviterais quelqu'un
à intervenir, sinon nous devrons procéder au vote sur cette
motion.
Des Voix: Vote!
M. Burns: On attend le ministre, nous autres.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Bon,
écoutez...
M. Hardy: ... quelque chose que tu puisses répondre,
actuellement c'est le néant.
M. Burns: Vous en avez pour une heure à
répondre.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Ecoutez...
Des Voix: Vote!
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Dix secondes de
réflexion et j'appellerai le vote si personne ne se lève.
Des Voix: Vote!
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Saguenay.
M. Lessard: La guerre des nerfs?
M. Hardy: Tâchez d'apporter quelque chose, vous!
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, nous présentons une
motion de blâme contre un ministre de ce gouvernement. M. le
Président, vous en êtes conscient. En vertu de l'article 68 du
règlement, nous pouvons présenter une telle motion. Mais il
s'agit là d'un article du règlement qui devrait être
utilisé le moins possible. Il s'agit d'un article du règlement
qui doit être utilisé de façon extrêmement
sérieuse. Lorsque nous avons à blâmer un ministre, lorsque
nous disons que le ministre des Affaires municipales a menti à
l'Assemblée nationale par ses réponses, je pense qu'il s'agit
d'une motion sérieuse.
Or, le ministre des Affaires municipales, soit parce qu'il a
accepté l'accusation, soit parce qu'il ne peut pas répondre, ne
veut même pas se lever pour parler sur cette motion. Je trouve absolument
ridicule... Ou bien le ministre des Affaires municipales est à l'image
de son gouvernement, c'est-à-dire un ministre qui tente de camoufler
constamment les faits, ou bien le ministre des Affaires municipales a
été le responsable du "cover up". Il a protégé le
premier ministre, il a protégé un certain nombre de responsables
à l'intérieur de ce gouvernement. Le ministre des Affaires
municipales n'est même plus capable de se défendre, le ministre
des Affaires municipales n'a même plus le simple courage ou le simple
respect de lui-même pour se défendre.
Ce qui veut dire, M. le Président, que si le ministre des
Affaires municipales ne se lève pas...
M. Burns: M. le Président, je pense que nous n'avons pas
quorum. Je vous demanderais d'appeler les députés.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
L'honorable député de Saguenay.
M. Lessard: Je dis, M. le Président, qu'il semble que le
ministre des Affaires municipales n'ait pas la volonté ou le
désir de répondre aux affirmations et aux accusations du
député de Lafontaine. Si le ministre des Affaires municipales,
comme accusé, ne veut pas répondre aux affirmations du
député de Lafontaine, c'est parce qu'il veut sans doute soit
couvrir le premier ministre, soit accep-
ter lui-même les accusations qui sont portées. Son silence
le rend coupable parce qu'il s'agit d'une accusation qui est importante.
M. le Président, que le minimum de respect que le ministre des
Affaires municipales, ce roseau, comme le disait le député de
Saint-Jacques, ce roseau du cabinet, devrait au moins avoir de lui-même,
c'est de se lever et essayer de démontrer...
M. Veilleux: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le député
de Saint-Jean.
M. Veilleux: Là, je commence à avoir mon voyage en
l'écoutant, parce qu'il est en dehors du sujet. Le ministre n'a pas
voulu se lever immédiatement après le député de
Lafontaine, il le traite de lâche. Cela n'a aucun rapport avec la motion.
Qu'il parle, qu'il fasse son discours sur la motion, puis le ministre des
Affaires municipales jugera à propos, en temps et lieu, de
répondre. Mais que je sache, la motion n'a pas trait au fait que le
ministre des Affaires municipales a refusé de répondre aux
inepties, aux inerties du député de Lafontaine
immédiatement après lui.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Effectivement, j'étais sur le point de me lever, parce que depuis
le début, le député de Saguenay présume que le
ministre des Affaires municipales ne se lèvera pas pour
répondre.
M. Burns: M. le Président, vous avez demandé le
vote.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Moi, je ne peux pas
présumer...
M. Burns: M. le Président, vous avez dit vous-même,
tout à l'heure, que dans dix secondes vous demanderiez le vote. C'est
pour cela que le député de Saguenay s'est levé. Il
établit l'hypothèse que le ministre ne veut pas parler, c'est
tout.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Oui, c'est exact.
M. Hardy: Si le vote avait été
demandé...
M. Burns: S'il est gêné d'en parler, si le ministre
a peur de se défendre, on tirera les conclusions.
M. Hardy: Vous, avez-vous peur de parler?
Le Vice-Président (M. Lamontagne): J'inviterais le
député de Saguenay, quelle que soit la situation décrite,
de s'en tenir à la motion.
M. Lessard: M. le Président, je m'en tiens à la
motion et par suite de l'inaction qu'a démontrée le ministre des
Affaires municipales, j'affirme que cette motion que nous présentons est
réaliste, que le ministre mérite le blâme, parce que son
silence... J'établis l'hypothèse, à partir de la
façon dont il a agi tout à l'heure, que le ministre des Affaires
municipales ne se lèvera pas.
M. Veilleux: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Une question de
règlement.
M. Veilleux: S'il faut que je lui lise la motion, je vais la lui
lire. Attendez une minute, je vais lui lire la motion. Cela vaut la peine,
parce que je crois qu'il ne l'a pas lue: "Que cette Assemblée
blâme le ministre des Affaires municipales, responsable de la
Régie des installations olympiques, pour avoir autorisé la
signature du deuxième contrat entre le COJO et les Terrasses Zarolega,
et avoir ensuite caché ce fait à la Chambre, l'induisant ainsi en
erreur." Il n'est pas dit, M. le Président, dans cette motion, que c'est
une motion de blâme au ministre des Affaires municipales pour ne pas
avoir voulu parler immédiatement après le député de
Lafontaine.
M. Burns: II est intelligent, ce gars-là.
M. Veilleux: Ce n'est pas cela la motion, qu'il s'en tienne
à la motion.
Le député de Maisonneuve... cela n'a pas d'importance.
M. Burns: Bravo, bravo!
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Une fois de plus, je donne raison au député de Saint-Jean
sur cette question de règlement. Je ne peux pas présumer qu'un
autre se lèvera ou ne se lèvera pas. Il y a des stratégies
politiques qui ne sont pas l'affaire du président. Mais je dois lire la
motion. Si vous discutez à savoir qu'un homme ne se lèvera pas,
ce n'est pas la motion, évidemment.
M. Lessard: M. le Président, la motion est une motion de
blâme.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Oui.
M. Lessard: M. le Président, il y a un accusé
à la barre, parce que le député de Lafontaine.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
A l'ordre, s'il vous plaît! S'il y en a qui ont des questions de
règlement, je suis prêt à les entendre.
Le député de Saguenay. Question de règlement?
M. Lessard: Non, pas de question de règlement. Je suis
dans l'ordre et je continue.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Non. Ce
n'est pas une question de règlement, c'est une directive que je
vous donne, une fois de plus je n'ai pas à discuter qui se
lèvera ou ne se lèvera pas sur la pertinence du
débat.
M. Lessard: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Oui, question de
règlement.
M. Lessard: J'ai l'intention de prouver que, si le ministre des
Affaires municipales et c'est mon droit de le penser refuse de se
lever et de répondre aux accusations du député de
Lafontaine, c'est qu'il est coupable, son silence le rend coupable.
M. Malouin: C'est une hypothèse.
M. Lessard: Et la motion du député de Lafontaine se
trouve à être prouvée du fait même. C'est cela que
j'ai l'intention de démontrer.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Vous comprendrez que je
ne peux pas vous donner raison dans votre interprétation des faits. Je
dois m'en tenir, et vous le savez fort bien, à la motion du
député de Lafontaine. En aucun moment il n'est signalé que
si le ministre des Affaires municipales n'intervient pas, il sera coupable.
C'est votre jugement. Vous avez droit à votre jugement, mais, pour le
moment, je vous invite à la pertinence du débat.
J'ai essayé de tracer un cadre assez large qui permette certaines
choses que j'ai définies tout à l'heure. Mais là vous
voulez présumer que s'il n'intervient pas... Intervenez sur la motion
telle qu'elle est libellée, il n'y aura pas de problème avec
moi.
M. Burns: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: Sur la question de règlement, vous avez
vous-même dit que cela peut être l'interprétation du
député de Saguenay. Or, c'est exactement ce qu'il dit à
l'Assemblée. Son interprétation de la non-intervention du
ministre des Affaires municipales...
M. Malouin: II ne sait pas encore s'il n'interviendra pas.
M. Burns: C'est cela, on verra. Jusqu'à maintenant, M. le
Président, je suis obligé de me rendre compte que le ministre des
Affaires municipales n'est pas intervenu. Le député de Saguenay a
le droit d'en tirer les conclusions qu'il voudra.
M. Levesque: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable leader du
gouvernement.
M. Levesque: ... la valeur de l'argument de l'honorable
député de Maisonneuve égale celle de celui que je pourrais
moi-même avancer. C'est que l'honorable député de
Maisonneuve, qui avait signifié son désir d'intervenir dans le
débat, ne l'ayant pas fait à l'heure actuelle, n'est pas d'accord
avec le parrain de la motion et approuve le ministre des Affaires
municipales.
M. Burns: Cela veut dire aussi que le leader du gouvernement, qui
n'est pas intervenu, approuve la motion du député de
Lafontaine.
M. Levesque: Si, M. le Président...
M. Burns: II n'a pas défendu le ministre, voyons donc!
M. Levesque: On voit le résultat où on peut aller
avec une absurdité comme celle dont le député de Saguenay
est le parrain.
M. Burns: Si vous avez le droit de dire cela, allez-y!
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Je pense que je n'ai
pas besoin d'ajouter grand-chose. On vient de faire la preuve de part et
d'autre qu'il faut revenir à la pertinence du débat sur la motion
telle qu'elle est libellée.
L'honorable député de Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, je disais tout à
l'heure que le ministre des Affaires municipales est blâmé par une
motion qui est extrêmement importante, une motion qui est utilisée
très rarement, ici, à l'Assemblée nationale.
Comme député responsable, avant de voter une telle motion,
je pense qu'il est tout à fait normal, afin que je puisse... Parce que,
étant le juge, j'aurai à voter pour ou contre cette motion. M. le
Président, devant ce fait, j'estime qu'il est normal que le principal
accusé puisse se défendre et faire valoir une argumentation
s'opposant à celle qui a été présentée par
le député de Lafontaine, selon laquelle le ministre des Affaires
municipales a tout simplement trompé la Chambre. Le ministre des
Affaires municipales, en affirmant qu'il n'était pas au courant de la
signature du contrat, a erré et a tenté de tronquer les faits. Il
s'agit d'une accusation extrêmement importante, d'autant plus que le
règlement nous impose, à nous, députés, de croire
la parole du ministre. Nous avons été dans l'obligation, lorsque
le ministre des Affaires municipales nous a déclaré qu'il n'avait
pas eu connaissance de ce contrat, que ce contrat n'était pas
signé, de croire le ministre des Affaires municipales.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs,
s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Saguenay.
M. Lessard: Nous avons donc dû croire le ministre des
Affaires municipales. L'un des principes
mêmes du parlementarisme, c'est que nous devons nous fier à
la parole du ministre. Le ministre aurait pu utiliser d'autres articles du
règlement, il aurait pu répondre au député de
Lafontaine qu'il n'était pas d'intérêt public de
répondre à sa question. Il avait toutes les possibilités
nécessaires de s'en sortir au lieu de tenter de faire un "cover up", au
lieu de tenter de tromper la Chambre. Or, le ministre des Affaires municipales,
selon l'accusation très forte qui est portée par le
député de Lafontaine, a tronqué les faits, a menti aux
députés de l'Assemblée nationale et, en ce sens, il a agi
de façon irresponsable. Je dis que le député de Lafontaine
a apporté une argumentation très sérieuse, très
rigide, très rationnelle. Jusqu'ici, je dois croire les affirmations du
député de Lafontaine. Nous les croyons, M. le
Président.
Mais, avant de juger quand même, avant de croire aux affirmations
du député de Lafontaine, il me semble que le minimum de respect
qu'un accusé a de lui-même exige qu'il se lève et
réponde au principal accusateur. Or, le ministre des Affaires
municipales semble rester dans le silence. Si le ministre des Affaires
municipales, par hypothèse en tout cas, j'en douterais; je
trouverais cela absolument scandaleux refusait de répondre
à l'argumentation qui est présentée par le
député de Lafontaine, je dis que son silence le rend coupable et
qu'il devrait démissionner, comme l'a affirmé le
député de Lafontaine. Il devrait donner sa démission,
parce que non seulement ce ministre n'a pas le respect de lui-même, mais
ce ministre est devenu un menteur, parce que quelqu'un qui ne dit pas la
vérité, c'est ce qu'on appelle un menteur dans le
dictionnaire.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, une question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Une question de
règlement.
Le député de Rosemont.
M. Lessard: Je dis...
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, je m'excuse, une
question de règlement. Je vous demande de demander au
député de Saguenay...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Ecoutez, de toute
façon, je n'entends plus rien ici. Alors, si vous voulez qu'on se
comprenne, il faut que tout le monde écoute. S'il y a des questions de
règlement comme le député de Rosemont vient de le faire,
qu'on se lève et je vais accorder des questions de règlement.
Votre question de règlement, le député de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Je vous demande, M. le Président,
de demander au député de Saguenay j'ose croire que cela a
dépassé sa pensée lorsqu'il a traité le ministre de
menteur et je lui demande de retirer ses paroles.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Un instant, s'il vous
plaît! De toute façon, je n'ai pas tout à fait compris vos
paroles. Si vous voulez les répéter, j'aviserai en
conséquence.
M. Lessard: Je dis, M. le Président, que, si le ministre
ne répond pas à l'argumentation du député de
Lafontaine et que si le ministre a trompé la Chambre comme il l'a fait
le député de Lafontaine l'a prouvé il
devient, à ce moment-là, devant les membres de l'Assemblée
nationale, un menteur, parce que mentir, c'est ne pas dire la
vérité.
Or, le ministre des Affaires municipales n'a pas dit la
vérité, a trompé le député de Lafontaine, a
trompé les députés de l'Assemblée nationale et a
trompé la population. M. le Président, c'est ce que j'ai dit et
je pense que, si on utilise pas le grand Robert, mais le petit Robert, c'est
exactement la définition de quelqu'un qui ne dit pas la
vérité. Le ministre a fait un mensonge à
l'Assemblée nationale et un mensonge flagrant.
Comment nous, députés de l'Assemblée nationale, le
croirons-nous dans l'avenir, puisque l'un des articles du règlement nous
force à croire, à ne pas mettre en doute la parole d'un ministre,
à ne pas mettre en doute les réponses qui nous sont
données par un ministre? Comment nous, députés à
l'Assemblée nationale, allons-nous maintenant si le ministre ne
répond pas à cette accusation, croire le ministre des Affaires
municipales? C'est un ministre qui m'apparaît, quand même,
extrêmement important à l'intérieur du conseil des
ministres, parce que c'est le ministre des Affaires municipales. Nous avons des
municipalités à travers le Québec qui, en fait, veulent au
moins avoir la confiance ou croire que le ministre, lorsqu'il leur affirmera
quelque chose, leur dira la vérité. Au nom de
l'intérêt public, au nom du parlementarisme, au nom des
règlements à l'Assemblée nationale, nous souhaitons que le
ministre des Affaires municipales, et je termine, va, au moins, avoir, s'il n'a
pas le respect de lui-même, un minimum de respect pour l'Assemblée
nationale et va se lever pour répondre aux accusations qui sont
portées contre lui par le député de Lafontaine.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le ministre des
Affaires municipales.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, vous me permettrez, au
départ, de commenter très brièvement les incroyables
sophismes du député de Saguenay. Il m'a, en quelque sorte, pas
par gentilhommerie, invité à répondre à l'honorable
député de Lafontaine. Il a bâti toute une argumentation sur
le fait que je ne me suis pas levé immédiatement.
M. le Président, si les cinq hargneux du Parti
québécois parlent tous, aurai-je de nouveau l'occasion de leur
répondre? S'ils sont disposés à m'accorder un
deuxième droit de parole, je l'accepterai, mais la gentilhommerie, ils
ne connaissent pas cela.
M. le Président...
M. Burns: M. le Président, je voudrais donner
tous les droits de parole qu'il voudra au ministre. N'importe quand, il
parlera aussi longtemps qu'il le voudra.
M. Goldbloom: Très bien.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre,
messieurs!
M. Morin: Du moment qu'on nous dit la vérité,
ça ira.
M. Goldbloom: M. le Président, la motion du
député de Lafontaine, fondée sur des hypothèses,
des interprétations, des insinuations et des conjectures, est cousue de
fil blanc. Le député de Lafontaine affirme que j'ai
autorisé la signature d'un deuxième contrat entre le COJO et les
Terrasses Zarolega et que j'ai caché ce fait à la Chambre.
M. le Président, il fonde cela d'abord sur une réponse que
j'ai donnée à une question qu'il a posée. Il a
demandé: Est-ce qu'un deuxième contrat est signé?
L'interprétation que j'ai donnée à sa question
était que le mot clé était contrat; que ce qu'a voulu
savoir le député de Lafontaine était: Est-ce que nous
sommes présentement, dans cette négociation, dans les relations
entre le COJO et Zarolega, régis par le premier contrat ou par un
deuxième?
M. le Président, il est très évident que nous
sommes toujours régis par le premier contrat, qu'il manque des
éléments qui permettent à un deuxième contrat
d'avoir effet dans les circonstances. C'est ce renseignement que j'ai voulu
fournir à la Chambre et cela pendant une période où le
Conseil du trésor se penchait sur la situation pour examiner quel serait
l'effet d'un deuxième contrat possible. Puisqu'il n'y avait pas de tel
contrat, il n'y avait pas moyen, pour le Conseil du trésor, de se
pencher là-dessus.
Deuxièmement, le député de Lafontaine fait allusion
à un affidavit selon lequel il y aurait eu une rencontre au bureau du
premier ministre. J'ai déjà indiqué que je ne me rappelle
pas une telle rencontre, quoique je me rappelle fort bien une rencontre
antérieure, dont j'ai donné les détails à la
Chambre. J'ai donné, de mémoire, tous les éléments
de la présentation des Terrasses Zarolega: l'origine du projet;
l'endroit en France où le modèle a été
trouvé; le nom et ainsi de suite.
Alors, M. le Président, on affirme, dans cet affidavit, que la
conversation qui aurait eu lieu avec le premier ministre aurait porté
sur une demande de subvention de $10 millions à $12 millions. Et cela
par rapport à un projet qui devait coûter $30 millions et qui
était d'envergure moindre que ce que l'on voit maintenant sur le parc
Viau.
Alors, M. le Président, si la réalisation du projet
était liée à une subvention putative de $10 millions ou de
$12 millions, comment se fait-il que, le mercredi 29 janvier 1975, devant la
commission parlementaire, M. Joseph Zappia a affirmé non seulement qu'il
n'avait pas besoin de subvention, mais qu'il y avait un profit de $9 millions
à remettre au COJO, en plus d'un profit de $4 millions ou $5 millions
qui reviendraient à Zarolega et cela, sans subvention gouvernementale et
pour un projet qui, à ce moment, était estimé à $50
millions, pas à $30 millions.
M. le Président, à la page B-574 du journal des
Débats, on peut lire ce que disait M. Zappia: "Le contrat nous permet de
calculer un montant de 10% de profit. Les 10% de profit seraient un montant
entre $4 millions et $5 millions. Si on déduit les $4 millions et les $5
millions des $13 millions à notre avantage, il nous reste quand
même $9 millions. On pourrait réduire le prix de vente de ces
choses de $9 millions ou d'à peu près 18%, ce qui veut dire qu'en
1977 on vendrait les appartements en bas du prix du marché, ce qui est
un avantage".
A la page suivante, on peut lire ce que disait le député
de Lafontaine: "C'est donc dire que, si vous ne faites pas de profit, cela vous
coûtera dix fois zéro pour prendre possession d'une bâtisse
qui vaudra probablement $65 millions à ce moment. Vous n'avez
qu'à assumer une hypothèque de $18 millions et le COJO a perdu
$30 millions".
Enfin, deux pages plus loin, on lit de nouveau M. Zappia qui disait: "Ne
trouvez-vous pas qu'on aide le COJO en produisant un village qui ne lui
coûtera pas un cent, en lui donnant toute la chance de
récupérer son argent avec profit? Je vous ai donné une
marge, $9 millions".
Alors, M. le Président, l'hypothèse d'une subvention de
$10 millions à $12 millions est tout à fait farfelue. Il n'y a
pas eu de telle subvention, il n'y a jamais eu de promesse de telle subvention
et le contrat a été signé sans subvention. Et, au mois de
janvier 1975, voilà les échanges qui ont eu lieu et les
affirmations d'un des principaux de la société Zarolega.
Il y a un troisième élément à
l'argumentation du député de Lafontaine; c'est une lettre qu'a
adressée à M. Claude Rouleau, président de la Régie
des installations olympiques, M. Roger Rousseau, président et
commissaire général du COJO. Dans cette lettre, M. Rousseau dit
à peu près ce qui suit: II ressort de conversations que j'ai eues
avec le ministre que la régie ne s'oppose pas à la signature d'un
deuxième contrat.
M. le Président, je vous fais remarquer que la lettre ne se lit
pas: Vu l'autorisation du gouvernement, transmise par le ministre, je signe. La
lettre est une interprétation suite à une conversation qui a
été passablement longue et dont la teneur a été
effectivement: Vous êtes le conseil d'administration du COJO. C'est vous
qui négociez. Le point de vue de la régie est que le premier
contrat n'est pas satisfaisant, qu'il faut absolument l'améliorer.
Telle, d'ailleurs, était la volonté exprimée par la
commission parlementaire.
Puisque vous avez cette responsabilité, vous devrez prendre votre
décision à la fin. Mais la régie n'était pas en
mesure d'être la caution du COJO dans cette négociation et, quand
cette lettre a été reçue par la régie, elle a
immédiatement expédié une lettre indiquant que cette
interprétation était fautive, totalement, et, comme en
témoignent les lettres subséquentes, les négociations ont
été poursuivies.
M. le Président, quand le député de Lafontaine a
inscrit sa motion au feuilleton, nous sommes allés un peu aux recherches
pour savoir un peu ce qui s'était passé. Je voudrais vous faire
lecture de deux lettres; la première est datée du 13 avril 1976
et est adressée à M. Roger Rousseau et à M. Howard
Radford, tous les deux membres du COJO. Je vais en faire la lecture
intégrale, M. le Président, c'est une lettre qui est
rédigée en anglais. Pour votre information, c'est une lettre qui
est signée par un avocat qui représente les Terrasses Zarolega.
Je cite, M. le Président: "April 13th, 1976. The Honourable Roger
Rousseau and Mr E. Howard Radford, The Organizing Committee of the 1976 Olympic
Games, 85 Notre-Dame East, Montreal, Quebec. Gentlemen, We are writing you on
behalf of our client les Terrasses Zarolega Incorporated. On January 28th,
1976, you, gentlemen, signed on behalf of the Organizing Committee of the 1976
Olympic Games COJO an agreement with our client. By your
execution of that agreement, you warranted and represented that you were duly
authorized for the purposes thereof. Moreover, throughout the negociations that
pre-ceeded such agreement, you and your negotiators represented to our client
that the Government of the Province of Quebec had been kept fully appraised of
the negociations and had agreed to the result thereof. Statements attributed to
the Honourable Mr Fernand Lalonde have now questioned whether, in fact, you
were authorized to execute the agreement. "Unless we receive, at our offices,
by 1700 hours today, proof of your authority from the Province of Quebec and/or
a Minister thereof to the execution of the agreement, our instructions are to
institute immediate proceedings against yourselves personally and COJO. "We are
also instructed to vigorously protest the action of COJO and its
representatives in depriving our clients of access to their offices and the
unilateral action of COJO in signing agreements and checks as and from April
7th, 1976. "We trust that you will take appropriate measures to insure that
COJO and its representatives fulfil their contractual obligations to our
clients. "The foregoing is written without prejudice and under full reserve of
all of our clients rights. Do govern yourselves accordingly. "Yours very truly,
"Phillips & Vineberg "Signed: Mitchell Klein."
Je passe à la deuxième lettre, qui est datée du
lendemain. Je la cite intégralement. Celle-ci est en français:
"Le 14 avril 1976, sans préjudice, Me Mitchell Klein, Phillips &
Vineberg, Suite 930, 1, Place Ville-Marie, Montréal, Québec, H3B
2A5. "Cher confrère, "Au nom de nos clients, le Comité
organisateur des Jeux olympiques de 1976, ainsi que de MM. Roger Rousseau et
Howard Radford, nous accusons réception de votre lettre du 13 avril 1976
au sujet de laquelle nous ne pouvons que vous réitérer le
désaccord dont nous vous avons déjà fait part. "Si, d'une
part, il est exact qu'au moment de la signature partielle du contrat entre les
Terrasses Zarolega Inc. et COJO, nos clients vous ont informé du fait
qu'ils étaient dûment autorisés à signer ce contrat,
nos clients n'ont jamais prétendu y avoir été
autorisés par le gouvernement du Québec. Au contraire, à
une rencontre qui a eu lieu au bureau du COJO la veille de ladite signature
partielle, vous, ainsi que vos clients, avez été informés
du fait que le gouvernement du Québec n'avait jamais autorisé la
signature dudit contrat non plus qu'il ne semblait probable que le gouvernement
l'autorise éventuellement.
De plus et en conséquence de ce qui précède, une
résolution du conseil d'administration du COJO a dû être
amendée pour refléter le fait que le gouvernement du
Québec n'avait pas autorisé la signature du contrat. Une copie de
la résolution amendée vous a été remise, lors de la
même réunion qui avait précédé la signature
partielle du contrat.
D'autre part, si au cours des négociations il a été
fait état de fréquentes communications entre les
négociateurs du COJO et les autorités du gouvernement du
Québec, ces communications n'avaient qu'un but d'information, et, en
aucun moment, notre client n'a prétendu avoir obtenu la sanction du
gouvernement du Québec pour le contrat. Nous devons donc vous informer,
au nom de nos clients, que nous considérons votre lettre du 13 avril
1976 comme absolument sans fondement en fait ou en droit. Veuillez
agréer, cher confrère, l'expression de nos sentiments les
meilleurs. Stikeman, Elliott, Tamaki, Mercier & Robb, par: Jean-Pierre E.
Ouellet.
M. le Président, je déclare de mon siège que je
n'ai pas induit la Chambre en erreur. Je vous suggère respectueusement,
M. le Président, d'appeler le vote sur la motion cousue de fil blanc du
député de Lafontaine et de l'inviter à s'en excuser.
Des Voix: Vote.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Morin: Le ministre m'autoriserait-il à lui poser une
question?
Une Voix: Non. Des Voix: Vote.
M. Morin: M. le Président, je pourrais prendre la parole,
mais j'aimerais obtenir un complément d'information du ministre.
Des Voix: Vote.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Oui.
M. Morin: J'entends beaucoup de cris dans cette Assemblée,
mais je n'ai pas entendu la réponse du ministre.
Est-ce qu'il m'autorise à lui poser une question?
Des Voix: Non, vote, vote.
M. Morin: Le ministre a fait signe que oui.
M. Goldbloom: Une question, oui.
M. Morin: M. le Président, je veux simplement lui
demander, pour m'éclairer, s'il peut également affirmer de son
siège qu'il n'a jamais, en aucune façon, autorisé la
signature du second contrat? Ma question est-elle suffisamment claire? J'ai
bien dit, en aucune façon, de quelque façon que ce soit.
M. Goldbloom: Non seulement je l'affirme, mais c'est
démontré par la lettre dont j'ai fait lecture. Je n'avais pas
à donner une autorisation. Je n'étais pas autorisé par le
gouvernement à la donner. Le gouvernement n'avais pas à en
donner.
M. Levesque: Vote, M. le Président. Des Voix: Vote.
Vote.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable chef de
l'Opposition officielle.
M. Morin: J'aimerais poser une autre question au ministre, s'il
l'autorise, bien sûr. Je pense que je n'ai pas abusé des questions
que j'ai posées jusqu'ici. Je tente tout simplement d'obtenir un
complément d'information. Si le ministre l'autorise, je vais la lui
poser; s'il ne l'autorise pas, je reprendrai mon siège.
M. Goldbloom: M. le Président, dans cette affaire...
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Goldbloom: ... jusqu'à ce moment, je n'ai pas
été l'objet de beaucoup de gentilhommerie de la part du Parti
québécois. J'ai accepté de répondre à une
question de la part du chef de l'Opposition, je pense que cela suffit.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Burns: Voyons donc, restez donc tranquille!
M. Bellemare (Rosemont): ... Robert... M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je suis de ceux qui pensent que
la motion qui a été faite par le député de
Lafontaine est une motion très importante. On a beau, de l'autre
côté de la Chambre, tenter de minimiser les effets d'une telle
motion, je pense qu'il faut, pour se rendre compte du sens véritable de
cette motion, se référer à notre règlement.
M. le Président, spécifiquement, l'article 99,
alinéa 9, nous dit qu'il est interdit à tout député
qui a la parole "d'imputer des motifs indignes à un député
ou de refuser d'accepter sa parole". Lorsque le député de
Lafontaine, le 25 mars dernier, a posé une question au ministre des
Affaires municipales, il était lié par le paragraphe 9 de
l'article 99, c'est-à-dire que le député de Lafontaine
était obligé de prendre la parole du ministre des Affaires
municipales.
Pourquoi un tel règlement existe-t-il? Il existe parce qu'il
parle du prérequis que quelqu'un qui s'adresse à la Chambre dit
la vérité. C'est cela le prérequis, M. le
Président.
J'ai entendu le ministre des Affaires municipales avec une candeur, mais
avec une candeur que je n'ose qualifier, nous dire tout à l'heure:
Lorsque la question m'a été posée par le
député de Lafontaine, j'ai été obligé de
conclure il a reformulé dans sa petite tête à lui la
question du député de Lafontaine, qui demandait s'il y avait un
deuxième contrat de signé, pour justifier a posteriori, la
réponse qu'il donnait Sommes-nous régis par le premier ou
le deuxième contrat?
J'ai entendu cela de la bouche du ministre des Affaires municipales. Si
on en est rendu là, je serai de ceux qui, lors de la prochaine
séance pour réexaminer les règlements, vous
suggéreront d'enlever les mots "de refuser d'accepter la parole d'un
député". Il suffit d'examiner le journal des Débats du 25
mars dernier, de voir l'ensemble des questions posées par le
député de Lafontaine et, ensuite, d'examiner la réponse
faite par le ministre des Affaires municipales pour se rendre compte que
vraiment il faisait des acrobaties intellectuelles lorsqu'à un moment
donné il nous disait: J'ai compris, moi, que le député de
Lafontaine me demandait si on était régi par le premier ou par le
deuxième contrat.
M. le Président, regardons la question. Je ne pense pas que le
ministre des Communications va me faire des reproches sur la pertinence de
cette question. C'est exactement le coeur du problème. La question que
posait le député de Lafontaine était la suivante: "M. le
Président, ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales,
responsable de la Régie des installations olympiques, et concerne le
Village olympique. Le ministre peut-il nous dire s'il est exact que le nouveau
contrat du Village olympique n'est pas encore signé?
Deuxièmement, est-il exact que la première hypothèque de
$18 millions de la Banque canadienne nationale n'a pas encore été
accordée aux Terrasses Zarolega et qu'ainsi le COJO assume l'entier
financement du Village olympique? Troisièmement, est-il exact que les
négociations entre le COJO et les Terrasses Zarolega pour modifier le
contrat dans le sens de ce qui a été promis à la
commission parlementaire en 1975 sont actuellement dans une impasse? Est-ce que
c'est le ministre des Affaires municipales qui va répondre ou si c'est
le représentant du CCJO?
Je pense que c'est le ministre des Affaires municipales puisqu'il va
prendre le dossier en main."
Et la réponse du ministre est la suivante; quand même, il y
a tout un échelonnement de questions, une séquence de questions
qui ne peu-
vent pas surprendre le ministre des Affaires municipales, dont c'est la
responsabilité, tout au moins depuis les quelques derniers mois, de
surveiller la mise en application des installations olympiques.
La réponse du ministre, après cette question très
élaborée, est la suivante. Je terminerai sur cela, M. le
Président, parce que je m'aperçois qu'il est près de 18
heures, mais cette réponse est très courte. "M. le
Président, le député de Lafontaine sait que la
Régie des installations olympiques n'est pas présentement
responsable directement du Village olympique, mais est identifiée comme
l'héritière éventuelle de ce dossier". Je cite, M. le
Président, c'est très important, les mots qui viennent, c'est de
là que part la motion de blâme du député de
Lafontaine. "Selon les renseignements que je possède en ce moment, il
est vrai que le contrat n'est pas signé et donc, que l'argent n'a pas,
jusqu'à maintenant, été obtenu. Je ne serais pas en
mesure, cependant, de porter un jugement de valeur sur le progrès des
communications qui ont lieu présentement entre le consortium Zarolega et
le COJO pour dire si oui ou non il y a impasse, mais le gouvernement continue
de suivre ce dossier de très près".
M. le Président, je demande la suspension du débat
jusqu'à 20 h 15.
M. Hardy: Vingt heures.
M. Burns: Vingt heures, d'accord.
M. Hardy: Vingt heures quinze. M. le Président, on a
convenu que, puisqu'on ajourne habituellement à dix heures, pour avoir
deux heures de séance le soir on ajourne à vingt heures.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
Le Président: Etes-vous certains de terminer à dix
heures? C'est un débat qui peut aller jusqu'à onze heures.
M. Hardy: M. le Président, ce n'est pas seulement pour ce
soir, mais d'une façon générale, depuis la reprise de la
session, on avait convenu de suspendre les travaux à vingt heures pour
que, normalement, sauf ce soir, on puisse faire deux heures de travaux le soir,
pour répondre un peu à un de vos objectifs, M. le
Président, de ne pas poursuivre trop tard le soir.
Le Président: Oui, mais je sais que ce soir on
siégera très tard. Quel est le consensus de
l'Assemblée.
L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 12
Le Président: A l'ordre, messieurs! Le
député de Maisonneuve.
M. Burns: M. le Président, à l'ajournement,
à l'heure du dîner, j'expliquais quels étaient les points
sur lesquels nous nous fondions, en particulier le député de
Lafontaine, pour souligner le blâme que nous adressions à
l'endroit du ministre.
J'avais, à ce moment, M. le Président, cité les
questions et les réponses données par le ministre en date du 25
mars. Je pense qu'il est particulièrement nécessaire de revenir
sur tout cet aspect et, dans le but de permettre au député de
Lafontaine d'exercer son droit de réplique, je vais
délibérément restreindre mon intervention. Cependant, je
m'en voudrais de ne pas souligner le point suivant. A l'été 1974
il est important de le souligner et il est fort probablement
nécessaire de remonter à cette date une réunion a
eu lieu au bureau du premier ministre, à Montréal, à
laquelle assistait le ministre des Affaires municipales et où il aurait
été question d'inclure, dans le premier contrat, des clauses qui
feraient en sorte que les Terrasses Zarolega bénéficieraient de
subsides gouvernementaux déguisés de $10 millions ou de $12
millions. Sur un projet de $30 millions, je pense que c'est
particulièrement essentiel qu'on en tienne compte actuellement dans le
présent débat. Il était important, à notre avis, de
la façon dont nous le voyons et peu importent les remarques, peu
importent les réponses que le ministre des Affaires municipales peut
nous donner là-dessus de camoufler ces subsides. La population
n'aurait pas bien reçu du moins, c'est la façon dont on le
voit cette attitude, vu que des fonds publics financent la construction
d'un projet privé, surtout après les déclarations de la
ville de Montréal, qui avait promis que le Village olympique ne
coûterait pas un cent aux contribuables. Cette version, M. le
Président, est corroborée par le député
d'Outremont, qui était, alors, membre du gouvernement.
Je pense que le député d'Outremont nous a donné un
certain nombre d'éléments qui nous laissaient croire que,
effectivement, à cette époque, il y avait une décision du
gouvernement. Maintenant, le député d'Outremont voudra
peut-être...
M. Choquette: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Question de privilège.
M. Choquette: Je tiens à dire qu'au cours de mon
intervention sur le projet de loi no 25, je me suis fondé sur des faits
qui avaient été portés à mon attention par les
promoteurs des Terrasses Zarolega, faits que j'ai appris au cours du
débat. Quant à cette réunion qui aurait eu lieu au mois
d'août 1974, je n'y ai pas assisté personnellement, je n'en ai
jamais entendu parler avant qu'on me relate l'existence de cette réunion
à la suite de laquelle les promoteurs des Terrasses Zarolega ont
fourni un affidavit sur lequel le député de Maisonneuve se
fonde. Je tiens à faire cette mise au point pour être bien clair
et de façon à éviter toute confusion au sujet de mon
rôle de parlementaire, comme membre de l'Opposition par rapport à
mon rôle d'autrefois, comme membre du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je ne voulais pas mettre le
député d'Outremont dans une position difficile. Je ne veux pas
non plus le placer dans la position où, effectivement et c'est
tout à son honneur il a à garder le secret des
délibérations qui ont eu lieu à l'époque où
il était ministre, donc membre du Conseil exécutif. Ce n'est pas
du tout mon intention. Je le citais simplement en passant. Si cela choque le
député d'Outremont, je me restreins de ce côté, ce
n'était pas du tout mon intention.
M. Choquette: Ce n'est pas que cela me choque, je tenais juste
à clarifier les faits.
M. Burns: D'accord, on se comprends très bien. M. le
Président, mis à part cet aparté à l'endroit du
député d'Outremont, je tiens simplement à dire que la
motion qui a été présentée par le
député de Lafontaine, je voterai en faveur sans aucune
hésitation, parce que le ministre des Affaires municipales,
malgré la défense qu'il a semblé nous apporter cet
après-midi, est ce même ministre des Affaires municipales qui dit
ne pas se souvenir d'avoir assisté à une réunion au cours
de laquelle tout le problème a été discuté.
Il y a deux semaines, j'ai déposé deux affidavits qui
laissaient entendre que, bien au contraire, le ministre des Affaires
municipales était parfaitement au courant de ce qui se passait. Ai-je
besoin, M. le Président, de vous rappeler les deux affidavits que j'ai
déposés, l'un de M. René Lépine, l'autre de M.
Andrew Gaty, tous deux actionnaires et, je pense, partenaires dans l'entreprise
Zarolega?
Je me contenterai simplement de citer, en terminant, les deux derniers
paragraphes de ces deux affidavits. Celui de M. Lépine nous dit ceci:
"Au cours de cette réunion cette réunion qui a eu lieu au
cours de l'été 1974 les personnes présentes et
moi-même avons présenté la maquette du Village olympique.
Les personnes présentes sont les suivantes: M. Robert Bourassa, M.
Victor Goldbloom, M. Jean Drapeau, M. Richard Niding, M. Roger D'Astous, M. Luc
Durand, M. Joseph Zappia, M. Gérald Robinson, M. Andrew Gaty, ainsi que
d'autres personnes. "Troisièmement, j'ai alors informé les gens
présents qu'il n'était pas possible pour Zarolega de construire
le Village olympique à moins de disposer d'un subside gouvernemental
considérable, de l'ordre de $10 millions à $12 millions. A ce
moment, le projet était évalué à $30 millions et il
était beaucoup plus petit."
M. le Président, j'ai également un affidavit de M. Andrew
Gaty...
M. Hardy: M. le Président, j'invoque de nouveau le
règlement.
Des Voix: Question de règlement!
Le Président: Une question de règlement.
M. Hardy: M. le Président, j'invoque le règlement
de la même façon que je l'ai fait cet après-midi, en
insistant pour dire que le texte de la motion est très circonscrit. Il
parle de la signature d'un deuxième contrat autorisée par le
ministre des Affaires municipales. La motion dit que le ministre des Affaires
municipales n'en a pas fait part à la Chambre. Actuellement, on essaie
d'étendre le débat à l'ensemble du problème.
D'ailleurs, c'est tellement vrai, ce que je dis, M. le Président,
que le député de Maisonneuve, à l'heure actuelle, redit
à peu près les mêmes choses qu'il a dites lors de
l'étude du projet de loi no 25 en deuxième lecture. A ce
moment-là, il était possible de parler de l'ensemble du
problème du Village olympique, au niveau de la deuxième lecture
du projet de loi no 25. Le député de Maisonneuve a dit
textuellement ce qu'il est en train de dire présentement.
M. Burns: C'est le même affidavit.
M. Hardy: M. le Président, j'ai dit, cet
après-midi, que si la motion de blâme était aux fins de
blâmer le ministre des Affaires municipales pour le rôle qu'il a
joué dans l'ensemble du problème, dans l'ensemble de la question
du Village olympique, les propos du député de Maisonneuve
seraient pertinents. Mais, actuellement, ils ne le sont pas. Le débat
actuel doit se limiter à savoir si, oui ou non, il y a eu signature d'un
deuxième contrat avec l'autorisation du ministre des Affaires
municipales, et si, oui ou non, le ministre des Affaires municipales a dit la
vérité à la Chambre. C'est cela la motion, à
l'heure actuelle, mais on ne peut pas remonter à ce qui s'est
passé en 1974 et en 1972, c'est l'ensemble du problème. Cela a
été discuté au niveau de la deuxième lecture, et
cela peut également, à l'occasion de certains articles de la loi
dont l'étude reprendra tantôt, être de nouveau
discuté. Donc, en vertu du principe de la pertinence du débat et
en vertu du principe que l'on ne doit pas faire deux débats identiques,
je vous demande de rappeler le député de Maisonneuve à
l'ordre.
M. Burns: M. le Président, cela va être bien simple,
je viens d'apprendre qu'il reste à peu près dix minutes à
l'Opposition quant à l'utilisation de son droit de réplique. Je
pense que le député de Lafontaine est en droit de garder ce droit
de réplique intact. Alors, M. le Président, je vais arrêter
mon intervention uniquement dans ce but. Je ne me débatterai pas en
rapport à la question de règlement qui a été
soulevée par le ministre des Communications. Je cesse mon intervention
immédiatement pour protéger le droit de réplique du
député de Lafontaine.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président: Le Solliciteur général.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Si je me lève ce soir, M. le Président,
sur la motion du député de Lafontaine, c'est pour vous exprimer
à la fois mon étonnement et la honte que je ressens à
entendre ce que j'ai entendu, aujourd'hui, au cours de ce débat.
Si nous lisons la motion de blâme, nous y retrouvons les raisons
"pour avoir autorisé la signature du deuxième contrat et avoir
ensuite caché ce fait à la Chambre."
J'ai entendu le député de Lafontaine cet après-midi
et j'ai cru comprendre que sa preuve repose sur une lettre. Une lettre est un
écrit; vous savez, professionnellement, M. le Président, que
l'écrit est sûrement la meilleure preuve, mais l'erreur qu'il a
faite, est que cette lettre ne provient pas du ministre des Affaires
municipales. C'est un écrit qui vient d'une autre personne.
Avant d'avancer de telles accusations on a entendu des
accusations graves à l'endroit du ministre des Affaires municipales, cet
après-midi; je me souviens du mot menteur entre autres il me
semble que l'honnêteté intellectuelle la plus
élémentaire ou même la décence, si on n'a pas la
première, exige qu'on vérifie. La vérification la plus
simple aurait permis au député de Lafontaine et à ses
acolytes de trouver les preuves qui ont été apportées par
le ministre des Affaires municipales et qui sont flagrantes, à l'effet
que le COJO n'a jamais reçu d'approbation du gouvernement pour signer le
contrat de janvier 1976.
La lettre du COJO est claire. Elle explique même que la
résolution qui avait originalement autorisé le contrat en
septembre et qui faisait de mon approbation une condition de la signature avait
été changée justement parce que cette approbation n'avait
pas été obtenue. Ce que je me demande, c'est pourquoi on ne veut
pas accepter l'invitation du ministre des Affaires municipales et retirer cette
motion de blâme qui ne repose absolument sur rien. Pourquoi cette hargne
à l'endroit d'un des plus gentilshommes membres de cette
Assemblée? Il a accepté dans les conditions les plus difficiles
le mandat, en novembre dernier, de mener à bien la grande entreprise
olympique; on le sait maintenant, il a relevé ce mandat avec tout son
esprit de travail, son acharnement au travail qu'on lui connaît.
Pourquoi cette hargne? M. le Président, j'ai aussi suivi le
débat en deuxième lecture et je m'explique maintenant pourquoi
les députés de l'Opposition et, en particulier, le
député de Lafontaine, ont décidé de proposer cette
motion de blâme.
M. le Président, c'est parce qu'ils se sont emprisonnés
eux-mêmes dans les erreurs qu'ils ont commises en prenant fait et cause
pour les Terrasses Zarolega dans le débat. C'est tout à fait
logique. On se souvient, et je ne reviendrai pas sur la deuxième
lecture, M. le Président, vous allez me rappeler à l'ordre, mais
on se souvient très bien qu'au lieu de discuter du principe, tout ce
qu'on a dit c'est: Vous avez autorisé le contrat et, devant la preuve
flagrante qu'on ne l'avait pas autorisé le contrat, devant
l'échec de cette stratégie enfantine au fond, je me demande de
quel genre d'habileté on voulait faire preuve dans un débat qui
est quand même très sérieux et qui engage les deniers de la
population.
Alors, M. le Président, on continue à faire l'erreur qu'on
a commencé à faire lors du débat de deuxième
lecture et, si le député de Lafontaine n'a pas le minimum de
courage que cela lui prend pour retirer cette motion de blâme, M. le
Président, j'inviterai les membres de la Chambre à voter le plus
nombreux possible pour la défaire.
Le Président: S'il n'y a pas d'autres
députés qui désirent participer au débat sur cette
motion, je vais accorder la parole au député de Lafontaine pour
environ huit minutes, huit ou neuf minutes pour...
Une Voix: Dix minutes.
Le Président:... cela a été... Ecoutez, on
ne va pas se battre pour une ou deux minutes. Prenez la parole, le
député de Lafontaine.
Une Voix: Pour dix minutes.
M. Levesque: M. le Président, il y en a un autre qui
voudrait dire un mot. Vous avez dit s'il n'y en avait pas d'autres.
Le Président: Non, non, le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque: M. le Président, je voudrais simplement, dans
cette intervention très brève, me référer aux
premières paroles du député de Maisonneuve, qui
commençait son intervention en citant l'article 99: "II est interdit
à un député qui a la parole d'imputer des motifs indignes
à un député ou de refuser d'accepter sa parole."
Or, M. le Président, le député de Maisonneuve
citait cet article du règlement, quelques instants seulement
après que le ministre des Affaires municipales eut répondu
à une question du chef de l'Opposition, qui lui demandait, de son
siège, de dire s'il avait, oui ou non, posé tel geste.
Le ministre avait donné sa parole à la Chambre et
immédiatement le leader de l'Opposition officielle s'est levé en
mettant de côté et en commettant une infraction même
à l'article qu'il venait de citer.
M. le Président, je veux, à ce moment-ci, simplement
concourir aux propos que vient de tenir le Solliciteur général.
On me permettra de m'indi-gner, à ce moment-ci, avec lui et avec tous
nos collègues de l'Assemblée nationale, vis-à-vis de cette
pseudo-stratégie, ce coup bas porté envers l'un des hommes les
plus illustres, les plus éminents, les plus intègres... Mon
vocabulaire m'empêche de poursuivre dans ce sens, mais c'est surtout
probablement la modestie proverbiale du député de D'Arcy-McGee et
ministre des Affaires municipales...
M. Burns: Le ministre le plus mou.
M. Levesque: ... qui m'empêchent de continuer.
M. Burns: Le plus à-plat-ventriste.
M. Levesque: J'espère que le vocabulaire ne me manquera
pas, M. le Président, pour qualifier ce geste posé par l'un des
membres de l'Opposition officielle, le député de Lafontaine,
l'auteur et le parrain de cette motion infâme, mais également par
l'ensemble du Parti québécois. On voit, à ce moment-ci, le
véritable visage de ces gens.
On peut se tromper, d'accord. On aurait pu faire erreur, mais une fois
que le ministre des Affaires municipales s'est levé et, preuve en main,
a établi, sans l'ombre d'un doute, et sa bonne foi...
M. Morin: Des lettres qui se contredisent, c'est une preuve,
cela?
M. Burns: Ce n'est pas vrai!
M. Levesque: ... et les faits tels qu'établis dans une
correspondance... Est-ce que le chef de l'Opposition, par ses dernières
remarques, veut soulever une objection à l'encontre de
l'authenticité des documents?
M. Morin: II y a deux lettres qui se contredisent; j'aimerais
bien entendre tout le monde pour savoir qui dit la vérité.
M. Levesque: M. le Président...
Le Président: A l'ordre messieurs, s'il vous
plaît!
M. Levesque: M. le Président...
M. Morin: Le ministre m'a posé une question.
Le Président: II n'a pas le droit de vous poser des
questions.
M. Levesque: Si vous trouvez une contradiction dans les lettres,
et si, dans l'esprit du chef de l'Opposition, il y a contradiction, il devrait
y avoir au moins un doute et un peu de prudence vis-à-vis d'une
accusation comme celle qu'a posée son parti.
S'il y a, dans l'esprit du chef de l'Opposition, ce doute, c'est
criminel d'avoir attaqué une réputation bâtie d'efforts,
d'énergie, de sacrifices comme la réputation qu'a le ministre des
Affaires municipales. C'est la marque authentique du Parti
québécois de jouer avec les réputations. Si je me
lève ce soir, c'est simplement pour faire un appel à ces gens,
à leurs acolytes et leurs semblables qui n'ont aucun respect pour la vie
privée, la vie politique, la vie publique des gens qui se sont
dévoués pour les autres, comme eux-mêmes se disent
dévoués aux intérêts du bien public.
Eh bien! il y en a d'autres ici qui, depuis des années, luttent
pour le bien des Québécois. On peut faire des erreurs, mais on
n'accusera jamais des gens de cette équipe ministérielle, je les
connais trop bien et, particulièrement, le député de
D'Arcy-McGee, M. Victor Goldbloom. Même si je n'ai pas le droit de dire
son nom, je le nomme ce soir parce qu'on n'aura jamais le droit et
surtout pas le petit député de Lafontaine d'attaquer aussi
bassement un homme qui aurait eu mille raisons de faire autre chose que de
faire ce qu'il fait aujourd'hui, mais qui s'est dévoué, corps et
âme, à l'intérêt public et au service de ses
concitoyens. Je trouve horrible ce genre d'accusation, surtout quand on vient
d'avoir une admission du chef de l'Opposition qui dit: On peut douter, on peut
douter. Les lettres sont contradictoires. Mais, M. le Président, s'il
reste un petit doute quelque part, ne devrons-nous pas être plus
prudents?
Je ne blâme pas autant le député de Lafontaine qui a
porté cette accusation, dans son ignorance habituelle, mais je
blâme ceux qui ont continué cette attaque, après que le
ministre des Affaires municipales eut, de son siège, affirmé
qu'il n'avait jamais autorisé la signature d'un tel contrat, et en plus
qu'il eut apporté, comme preuve additionnelle, une correspondance. Et
jusqu'à ce qu'on fasse la preuve que ce n'est pas une correspondance
authentique et là je reviens à l'article 99 cité
par le député de Maisonneuve on devra prendre la parole du
ministre des Affaires municipales. Entre des accusations comme celles qui ont
été portées et, par la suite, continuées...
M. Burns: ... l'Opposition, c'est bien simple. M. Levesque:
Pardon?
M. Burns: On ne la prendra plus, la parole du
député en question. C'est bien simple.
M. Levesque: M. le Président, on ne la prendra plus? Au
contraire, la population du Québec a toujours eu confiance dans la
parole du ministre des Affaires municipales.
M. Burns: Ce n'est pas vrai.
M. Levesque: Elle continuera d'avoir confiance...
M. Burns: Ce n'est pas vrai.
M. Levesque: ... dans les hommes publics qui ont
travaillé...
M. Burns: Ce n'est pas vrai.
M. Levesque: ... pour son bien et son intérêt et
contre, justement, la parole de ceux qui, continuellement, sont les
destructeurs qui veulent détruire à sa base même la
société québécoise telle que nous voulons voir
cette société continuer de prospérer, continuer d'avoir sa
place au soleil. On a devant nous des gens qui prennent tous les moyens et qui
s'associent à ceux qui ne jouissent que dans l'anarchie, que dans des
accusations
comme celles qui ont eu lieu aujourd'hui et qui n'ont aucun fondement,
ni en fait, ni en droit.
M. le Président, j'aurais cru qu'à la suite des remarques
du ministre des Affaires municipales, à la suite de la preuve
incontestable...
M. Morin: Voyons donc!
M. Levesque: Voulez-vous la contester?
M. Burns: Oui.
M. Morin: Bien sûr, deux lettres qui se contredisent.
M. Levesque: Voulez-vous la contester? M. Burns: Bien oui,
on ne le croit plus.
M. Levesque: Laissez donc parler le chef de l'Opposition, qu'il
dise...
M. Burns: Bien oui.
M. Morin: M. le Président...
M. Levesque: ... sans l'ombre d'un doute...
M. Morin: ... le ministre m'autorise-t-il...
M. Levesque: ... que je le défie à ce
moment-ci.
M. Morin: Le ministre m'autorise-t-il à lui poser des
questions?
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? Ecoutez
là, c'est délicat.
M. Morin: Le ministre m'autorise-t-il à lui poser des
questions?
M. Levesque: Certainement.
Une Voix: Poses-en des questions.
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Morin: M. le Président, le leader du gouvernement
a-t-il bien suivi l'exposé du ministre?
M. Bellemare (Rosemont): Oui.
M. Morin: Est-ce qu'il a compris que les deux lettres d'avocats
qu'il nous a citées se contredisent point par point et qu'elles ne vont
pas du tout dans le même sens comme il le prétend? M. le
Président, le ministre s'induit lui-même en erreur pour mieux
induire la Chambre en erreur!
Le Président: A l'ordre! Bon.
M. Bellemare (Rosemont): C'est faux.
Une Voix: II n'a rien compris.
Le Président: Cet incident...
M. Lalonde: J'aimerais quand même, après les
remarques du député de Sauvé, souligner le fait que, si
les deux lettres ne sont pas d'accord, au moins la deuxième...
M. Morin: C'est ce que disait le ministre. M. Lalonde: ...
mais la deuxième... M. Morin: C'est ce que disait le ministre.
Le Président: A l'ordre!
M. Lalonde: Laissez-moi terminer. La deuxième contredit la
lettre sur laquelle le député de Lafontaine se fonde pour accuser
le ministre des Affaires municipales. Cela, au moins, il faut le
reconnaître quand même.
M. Morin: M. le Président, puis-je poser une autre
question?
Le Président: Un peu de calme, s'il vous plaît!
M. Burns: Est-ce que le ministre me permet une question?
Le Président: Permettez-vous cette question avant de
reprendre votre intervention?
M. Levesque: Oui, M. le Président, s'il y a, dans la
question du leader parlementaire de l'Opposition officielle, quelque chose de
plus positif que ce que nous avons entendu ensemble à la question du
chef de l'Opposition. Est-ce qu'il y a quelque chose dans la question...
M. Morin: Vous n'y avez pas répondu.
M. Levesque: ... posée par le chef de l'Opposition qui a
ajouté quoi que ce soit au dossier, sinon une insulte additionnelle, des
questions absolument abstraites? Aucun fait n'a été
apporté sur la contradiction que l'on doit retrouver dans les lettres en
question, absolument rien, rien que des questions béates et
bêtes.
Le Président: Une question.
M. Burns: Une seule question, M. le Président. Est-ce que
le leader du gouvernement se porte au secours de son ministre des Affaires
municipales? Je ne le blâme pas, c'est tout à fait son boulot de
le faire, bon. Il a probablement reçu des instructions très
précises de le faire, bon.
Le Président: Est-ce une question pertinente au
débat?
M. Burns: M. le Président, je pose la question suivante:
Est-ce que le leader du gouvernement...
Le Président: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. Burns: Est-ce que le leader du gouvernement a compris
l'interprétation que le ministre des Affaires municipales a
donnée à la question posée le 25 mars par le
député de Lafontaine, qu'il a lui-même traduite en d'autres
termes, de la façon suivante: Sommes-nous régis par le premier ou
par le deuxième contrat? C'est à ce titre et c'est dans ce
contexte que le ministre des Affaires municipales avait répondu à
la question. Est-ce que le ministre de la Justice, vice-premier ministre,
leader du gouvernement, a compris cette partie de la réponse du ministre
des Affaires municipales? Si oui, est-ce dans ce sens qu'il défend son
ministre actuellement?
M. Levesque: M. le Président, est-ce qu'il y avait un
second contrat?
M. Burns: Oui.
M. Levesque: Ce n'est pas...
M. Burns: Bien oui!
M. Levesque: C'est cela.
M. Burns: C'est cela.
M. Léger: La question, c'est cela.
Le Président: Messieurs, voulez-vous vous adresser... Je
m'excuse si je vous dérange de temps à autre.
M. Levesque: M. le Président, il est clair, d'après
les accusations portées par le député de Lafontaine,
qu'elles ne sont fondées ni en fait, ni en droit. Le ministre des
Affaires municipales et, à sa suite, le Solliciteur
général ont bien établi, et eux me semblent plus au
courant du dossier que l'honorable député de Lafontaine...
M. Burns: Ce n'est pas sûr, cela. M. Léger:
Ce n'est pas sûr.
M. Levesque: Quand on veut être complètement
ridicule, on peut continuer de m'interrompre comme on le fait
présentement.
M. Lessard: Ils n'en ont pas eu conscience. Le
Président: A l'ordre, messieurs!
M. Levesque: Mais ceux qui ont eu à relever le défi
des Olympiques... Qu'ils soient contre les Olympiques, de l'autre
côté, c'est leur affaire. Qu'on soit contre tout, cela va dans le
sens des choses telles qu'on les conçoit au Parti
québécois. Destructeurs, non pas constructeurs. C'est connu. Que
voulez-vous? Il faut vivre avec cela.
M. Burns: Démagogie! Basse démagogie!
M. Levesque: Ah! C'est de la démagogie! Les
spécialistes de la démagogie devraient se taire à ce
moment-ci.
M. Burns: Démagogie!
M. Morin: Alors, asseyez-vous.
M. Burns: Asseyez-vous.
M. Levesque: M. le Président, je dis que le ministre des
Finances...
M. Burns: Reprenez votre siège. Le Président:
A l'ordre!
M. Levesque: ... le ministre des Affaires municipales et le
Solliciteur général, qui sont très au courant du dossier,
ont apporté un éclairage parfait et ont répondu à
toutes les questions qui ont été posées,
particulièrement dans l'étude du projet de loi, et cela pendant
des heures et des heures, et on va continuer dans quelques instants.
Le député de Lafontaine s'accroche à une
réponse apportée au mois de mars par le ministre des Affaires
municipales à une question qu'il a posée, question qui, comme on
le sait, fait partie du genre de questions posées par le
député de Lafontaine...
M. Léger: La réponse provenait du ministre des
Affaires municipales.
M. Levesque: ... questions qui sont ordinairement aussi obscures
que l'homme qui les pose et aussi enchevêtrées que possible... M.
le Président, on s'accroche à...
M. Burns: Vous n'avez même pas lu la réponse.
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: M. le Président...
M. Burns: Lisez donc la réponse qui a été
donnée à la question.
Le Président: A l'ordre! S'il vous plaît, messieurs!
Cela suffit.
M. Levesque: Est-ce que je peux parler en paix?
Le Président: Oui, mais arrêtez de...
M. Levesque: On n'a pas lu la réponse! On a lu
continuellement...
M. Burns: Voyons donc!
M. Levesque: ... tout l'après-midi le journal des
Débats, au lieu de parler.
Vous avez continuellement, et le député de Lafontaine et
le député de Maisonneuve, passé votre temps à lire
le journal des Débats, sans apporter aucune...
M. Burns: Parce que vous ne l'avez pas lu, vous n'avez même
pas...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Messieurs,
s'il vous plaît, et ces propos s'adressent particulièrement au
député de Maisonneuve. J'ai assisté, cet
après-midi, à des attaques très graves et très
sérieuses qui ont été portées par des opinants de
l'Opposition officielle, et je crois qu'il n'y a pas eu trop d'interventions.
Je crois que la même chose devrait exister.
M. Burns: Vous avez raison, M. le Président, je m'excuse.
Je vais garder mon siège jusqu'à la fin.
M. Levesque: Et je dis au député de Maisonneuve de
garder son siège, il est heureux de le garder actuellement. Il est
tellement heureux parce qu'il est désarmé, M. le
Président.
M. Burns: M. le Président, ce n'est pas cela que j'ai dit,
par exemple.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
A l'ordre! Vous venez de me faire une promesse.
M. Levesque: C'est comme cela, M. le Président.
M. Burns: Ce n'est pas cela la promesse, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre! ... A l'ordre, s'il vous
plaît!
S'il vous plaît!
M. Burns: J'invoque le règlement. Je vous dis simplement
que je vais garder mon siège, vous aviez parfaitement raison de me
rappeler à l'ordre, je n'ai pas à interrompre le leader du
gouvernement, sauf que, M. le Président, je pense que la même
remarque devrait se faire autant à l'endroit du leader du gouvernement
qu'à mon endroit.
Le Président: A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Burns: Si on veut que cela se fasse dans le calme, cela va se
faire dans le calme. Je suis entièrement d'accord que cela doit se
faire. J'accepte, M. le Président, la remarque que vous m'avez faite.
Puis on jugera jusqu'à quel point on nous provoque ou pas, du
côté gouvernemental.
Le Président: La seule remarque que je voulais faire. Il
ne faudrait pas quand même, lorsqu'il y a bonne volonté d'une
part, qu'il y ait provocation de l'autre part. ...A l'ordre, messieurs!......A
l'ordre!...
Autrement, si vous êtes capable de mieux diriger les
débats... Si quelqu'un dit: D'accord, j'accepte la décision du
président, et si on fait des remarques sur l'acceptation de cette
décision, je pense bien que les régies du jeu sont un peu
faussées.
M. Choquette: M. le Président, si vous en avez assez du
côté ministériel, vous pouvez venir avec le Parti national
populaire.
Le Président: Je me retiens de faire tout commentaire.
M. Levesque: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
poursuivre davantage si je dois me conformer à votre décision la
plus récente. Mais je n'en pense pas moins ce que j'ai dit et je
m'aperçois que cela ne prend pas grand-chose pour que ces gens-là
manquent à leur parole.
M. Burns: Ne commencez pas, s'il vous plaît.
M. Léger: II ne faut pas avoir grand-chose à
dire.
M. Levesque: Je le dis d'un ton très serein. D'abord qu'on
dit comme eux dans la province de Québec, cela va bien. On peut
commettre les crimes même les pires, c'est correct, d'abord que cela
marche avec le Parti québécois...
M. Burns: Vous êtes extraordinaire, vous êtes d'une
bassesse absolument extraordinaire.
Une Voix: Vous êtes démagogues.
Le Président: La motion, s'il vous plaît! La motion,
s'il vous plaît.
M. Levesque: Cela marche avec ceux qui veulent détruire le
Québec et ceux qui veulent détruire le Canada, ceux qui veulent
détruire la façon de penser de ceux qui ont été les
pionniers de notre société...
M. Burns: Vous n'arrivez même pas à vos
chevilles.
Le Président: A l'ordre, messieurs! La motion, s'il vous
plaît!
Je m'excuse, mais la motion.
M. Levesque: Cela fait partie de la motion, parce que c'est
justement ce genre de pensées, ce genre d'attitude qui ont pu motiver le
député de Lafontaine à apporter une telle bassesse en
cette Chambre, M. le Président.
M. le Président...
M. Choquette: Vous prêtez des motifs. Le
Président: A l'ordre!
M. Levesque: Je ne prête rien à ces gens, vous les
connaissez comme moi, M. le député d'Outremont. Nous avons eu
ensemble la même perspective et on ne peut pas se dissocier d'une
expérience qui a été la nôtre.
M. Choquette: Une question de privilège, M. le
Président. Je ne voudrais pas que le leader parlementaire se laisse
emporter et m'implique trop dans ses arguments, ce soir.
M. Levesque: C'est simplement parce que j'ai été
provoqué, M. le Président, légèrement par le
député d'Outremont. Je voudrais simplement lui rappeler la partie
peut-être la plus brillante de sa vie.
M. le Président, je voudrais, à ce moment-ci, simplement
rappeler l'importance que l'on doit attacher à la question de
privilège et à la responsabilité avec laquelle on doit
l'utiliser.
M. le Président, lorsqu'on attaque quelqu'un dans la rue, c'est
une petite bataille de rue, ce n'est pas tellement important. Lorsqu'on attaque
quelqu'un qui a été attaqué partout le monde et qui a
été condamné par tous les tribunaux du pays, ce n'est pas
trop grave. Quand on attaque simplement pour rire, pour badiner comme on le
fait souvent en coulisse, ce n'est pas trop grave. Mais lorsqu'on utilise le
règlement de l'Assemblée nationale, une institution qui à
mon sens doit être considérée comme la plus importante de
notre société l'une des plus importantes qu'on
invoque la question de privilège, qu'on demande à
l'Assemblée nationale de voter une motion de blâme, à ce
moment, M. le Président, on commet un geste
prémédité et on utilise la procédure la plus
officielle que l'on connaisse au Québec. On utilise le truchement, si
vous le voulez, de l'Assemblée nationale, des élus du peuple et
on tourne toute cette machine contre un de nos collègues. C'est cela une
motion de blâme; c'est cela une motion de censure. C'est tellement grave
que toute l'Opposition réunie, incluant le Parti
québécois, incluant le Ralliement créditiste, incluant
l'Union Nationale, incluant le PNP et les indépendants, tout ce monde,
d'après l'article 24, n'a que six de ces motions qu'on peut soumettre au
cours d'une année.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Levesque: Est-ce que j'ai dit quelque chose qui n'est pas
correct?
M. Burns: La pertinence du début, je vous dis simplement
ceci.
M. Levesque: Bien, voyons! On invoque l'article 24 pour attaquer
le ministre des Affaires municipales et je n'ai pas le droit de citer l'article
24 et de l'interpréter? Voilà le genre de justice qu'on aurait de
ces gens. C'est le genre de chose qu'on aurait si ces gens étaient en
majorité.
Qu'est-ce qui arriverait à l'Opposition avec un gouvernement
dirigé par des gens qui sont des dictateurs et des gens qui
déjà, à six, essaient de brimer la liberté dans
cette Chambre?
M. le Président, je cite l'article 24 du règlement en
vertu duquel ces gens attaquent mon collègue, le ministre des Affaires
municipales. Pertinence du débat.
M. Burns: M. le Président...
Le Président: A l'ordre! C'est quoi? C'est une question de
règlement?
M. Burns: Une question de règlement. Je voudrais
savoir...
Le Président: A l'ordre!
M. Burns: Je voudrais savoir jusqu'à quel point le leader
du gouvernement parle de cette fameuse motion où on nous a
rappelés à l'ordre. M. le Président, vous n'étiez
peut-être pas au fauteuil à ce moment, mais on nous a
rappelés à l'ordre à la demande du leader adjoint de la
Chambre, le ministre des Communications, qui était outré cet
après-midi, qui ne pouvait pas supporter que le député de
Lafontaine et que le député de Saguenay puissent parler d'autre
chose que des mots qui apparaissent dans la motion. Est-ce que c'est deux poids
deux mesures, M. le Président? Est-ce que le leader du gouvernement est
en train de nous dire lui, parce qu'il est leader du gouvernement, qu'il est
possible de déborder de tout cela, de parler de toutes les attitudes du
Parti québécois?
Le Président: A l'ordre! Je suis prêt à
rendre ma décision. Je n'ai pas à commenter une autre
décision qui aurait été rendue cet après-midi, mais
je crois bien que... J'ai écouté le plus sérieusement
possible toute l'intervention qui était déjà difficile
à diriger, il y a quelques instants. Le leader du gouvernement jugeait,
du côté ministériel, qu'une motion de blâme est une
question importante et grave.
Je me demande comment on peut invoquer la pertinence du débat
alors qu'on est justement dans cette question de blâme contre le ministre
des Affaires municipales, et je vais continuer à surveiller cette
intervention pour qu'on respecte cette pertinence.
M. Levesque: M. le Président, le leader de l'Opposition
officielle croit qu'il a atteint son objectif en me faisant perdre un peu le
fil de mes idées, mais au contraire, M. le Président.
Je rappellerai au député de Maisonneuve, dont la
mémoire semble défaillante à ce moment-ci, que, lorsque
j'ai appelé l'article 1) du feuilleton cet après-midi, j'ai
appelé un article qui se lit comme suit: "28 avril. M.
Léger. Motion privilégiée en vertu de l'article 24
du règlement". Or, M. le Président, nous sommes sur ce
débat et je me demande comment il a pu se lever pour dire, lorsque je
parlais de l'article 24 du règlement, que j'étais en dehors de ce
que l'on appelle la pertinence du débat.
Or, M. le Président, je vous rappelais que l'article 24 en
question ne permet que six motions dans une année et cela, et pour
l'Opposition officielle, et pour le Ralliement créditiste, et pour
l'Union Nationale, et pour le PNP et pour les indépendants. Ils ont six
motions. Alors, si on veut ju-
ger du sérieux de ces gens-là, à la façon
dont ils utilisent les procédures qui sont mises à leur
disposition par le règlement de la Chambre, il faut se poser la
question: Comment ont-ils pu, ces gens-là et particulièrement le
député de Lafontaine, présenter la présente motion
comme l'une des motions... D'abord, ils n'ont pas le droit aux six; il faut en
laisser aux autres. Ils ont droit à trois ou quatre. Cela veut dire, une
au début de la session, puis une vers le milieu, puis une vers la fin,
puis c'est fini. Cela, c'est la façon d'utiliser efficacement l'article
24.
Evidemment, le grand public du Québec penserait que l'Opposition
officielle, parce qu'ils se disent et, que voulez-vous, ils le sont...
M. Lessard: Vous n'avez pas le choix. Vous n'avez pas le
choix.
M. Burns: Cela vous fait de la peine de l'admettre.
M. Levesque: C'est un des accidents politiques dont il sera
question dans l'histoire et les historiens se poseront bien des
questions...
M. Lessard: Cela vous fait de la peine.
M. Levesque: ... et apporteront sûrement des
réponses à cet accident de parcours. Mais, en attendant, M. le
Président, ils ont ou ils devraient avoir ce sens des
responsabilités qui appartient à l'Opposition officielle.
M. Lessard: Les sondages nous prouvent le contraire.
M. Levesque: Ils ont trois ou quatre motions de censure au plus
dans une année. Là, je pense, M. le Président, à
tous ces grands Parlements que l'on a connus dans le monde occidental où
l'on a de ces motions de censure. Même si elles sont moins
limitées qu'ici ou si elles le sont plus, de toute façon ces gens
utilisent cette arme avec ordinairement beaucoup de prudence, beaucoup de
discrétion et beaucoup de sélection. A ce moment-là, on
pense à l'intérêt public. On pense à ce qui touche
les grands courants d'opinion à travers soit le pays ou la province. A
ce moment-là, on dit: On réserve ces choses pour des grandes
questions nationales, pour blâmer le gouvernement pour des grandes
politiques qui sont inadéquates.
M. Lessard: Ce n'est qu'un milliard de dollars. M. Levesque:
M. le Président, on conserve...
M. Lessard: Ce n'est qu'un milliard et demi, les Olympiques.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
A l'ordre! Bon, à l'ordre! Ce que vous demandez aux autres, faites-le
vous-même. A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre s'il vous
plaît!
Une Voix: Ce n'est pas toi, le petit qui...
M. Levesque: On conserve, M. le Président...
M. Lessard: Son ignorance n'a d'égale que sa grosseur.
M. Levesque: ... ces motions extrêmement rares.
Le Président: Je suspends pour cinq minutes. A l'ordre,
messieurs!
J'invite l'honorable leader parlementaire du gouvernement à
continuer son intervention.
M. Levesque: M. le Président, je vous remercie de votre
invitation et je vous inviterais à inviter ceux qui m'ont interrompu
constamment à cesser de le faire. S'ils ne cessent pas, ce sera bien
simple, je reprendrai simplement mon siège, en comprenant que, lorsqu'on
dit des choses qui ne font pas l'affaire de l'Opposition, cela résulte
en des protestations véhémentes et, finalement, par la suspension
des travaux de la Chambre. C'est la façon dont on accepte, de l'autre
côté, la moindre contradiction. C'est la façon dont agit
quelqu'un lorsqu'on lui dit qu'il est cloué sur son siège parce
qu'il n'a plus rien à dire. Evidemment, il recourt à la
présidence, il recourt à tous les moyens que l'on peut imaginer
pour essayer de faire croire qu'il a quelque chose à dire, alors que la
seule chose qu'il a à dire ou qu'il devrait dire, ce sont des excuses
à l'endroit de celui que son parti a attaqué aussi bassement.
M. le Président, tout le monde le reconnaît, et, lorsque je
dis tout le monde, je n'ai pas à rappeler toutes les instances à
travers la province, tous ceux qui ont vu le ministre des Affaires municipales
à l'oeuvre, lorsque je dis tout le monde, je parle de toutes les petites
gens, tous ceux qui viennent, quotidiennement, rencontrer le ministre des
Affaires municipales, tous les maires des municipalités et les
édiles municipaux, tous ceux-là qui ont besoin du secours du
ministre des Affaires municipales, et je dois le dire, sa disponibilité
est devenue proverbiale. Tout le monde connaît le ministre et personne ne
croirait qu'il faudrait passer quelque temps que ce soit à
étudier une telle motion; elle ne correspond absolument pas à la
réalité, surtout lorsqu'elle est adressée à cet
homme, et rien ne justifie d'en faire l'objet d'un débat.
Si, tout à l'heure, avant six heures, nous avons presque pris un
vote, c'est parce qu'il manquait d'opinants qui voulaient participer au
débat, c'est parce qu'il y avait un profond écoeurement, M. le
Président, de ce côté-ci de l'Assemblée nationale.
Et j'oserais croire qu'il y avait, de l'autre côté, beaucoup
d'hésitation à continuer une pareille saloperie.
M. le Président, non seulement connaît-on le
dévouement du docteur Goldbloom, mais on connaît aussi son
intégrité.
Je disais, tout à l'heure, qu'on pouvait se permettre de faire
quelques accusations entre amis, entre camarades dans les coulisses, etc.,
qu'on
pouvait faire des accusations contre des gens qui ont été
trouvés coupables devant tous les tribunaux et tout cela, qu'on pouvait
porter des accusations générales contre un parti ou un autre.
Cela pouvait s'admettre, mais porter, avec la procédure qui a
été établie, des accusations aussi graves contre un homme
de la qualité de celui qui les reçoit, contre un homme d'une
telle gentilhommerie, c'est cela que j'appelle de la saloperie et de la
bassesse, M. le Président. Je disais combien importantes étaient
ces procédures pour une Opposition officielle responsable. M. le
Président, avec six motions par année, dont trois ou quatre pour
l'Opposition officielle, je me demande ce que l'on pense de
l'intérêt public lorsqu'on utilise une de ces motions
exceptionnelles pour s'en servir de cette façon.
Ce n'est pas surprenant, M. le Président. Que l'on retourne
à ce moment-ci, je ne fais qu'une parenthèse très
courte simplement deux ou trois ans en arrière et que l'on
regarde la préoccupation de nos amis d'en face. Est-ce réellement
l'intérêt public qui les motive? Est-ce de savoir et
d'étudier profondément la législation? Ces gens sont-ils
intéressés réellement à voir à ce que les
crédits soient affectés à telle ou telle fin? 90% de leur
temps, M. le Président, c'est de savoir lequel on va salir la prochaine
fois. C'est ce qui fait que nous sommes témoins, ce soir, de
l'utilisation de l'article 24 de notre règlement, de l'utilisation d'une
motion de privilège et que nous sommes témoins de leur
déconfiture surtout.
Si c'était fondé, je dirais: Bon, ils se trompent dans
leur stratégie, mais, au moins, ils ont pris quelque chose, une petite
phrase au mois de mars. Lorsqu'on sait que 24 heures par jour, 31 jours par
mois, le docteur Goldbloom est au travail et qu'il vient ici répondre
à vos questions idiotes, qu'à un moment donné, M. le
Président, à travers une question, on semble vouloir dire qu'il
n'a pas dit ou qu'il a dit qu'il le savait ou qu'il ne le savait pas ou quoi,
mais, M. le Président! Surtout, lorsque l'on voit que, sur le fond des
choses, il n'y avait pas eu d'autorisation, ni de la part du docteur Goldbloom,
ni de la part du gouvernement du Québec, à ce moment,
l'élémentaire sens de la justice... On crie à la justice,
on crie à l'équité, on crie à tout ce qu'il y a de
plus injuste et on est prêt à jeter cela sur le gouvernement, sur
les ministériels, à jeter tout le discrédit possible sur
les libéraux, sur toute la population et sur toute la majorité,
j'allais dire infinie, mais je dirais l'immense majorité. On est
prêt à jeter là-dessus tout le discrédit possible,
mais, lorsqu'on fait une erreur Dieu sait si on a presque le monopole de
cela de l'autre côté qu'on ait donc la modestie, la
franchise, l'ouverture d'esprit de dire: Docteur Goldbloom, on s'est
trompé, on n'avait pas les documents en question. C'est ce qu'on devrait
dire, M. le Président. Si on les avait eus, on ne vous aurait pas
attaqué. On aurait peut-être posé plus de questions; nous
serions allés plus à fond, mais, pour le moment, nous retirons
notre motion, parce que nous avons devant nous des faits et des faits qui ne
sont pas contredits. En gentilshommes, nous irons plus loin dans notre
recherche de la vérité et on va retirer cette motion. Là,
je lèverais mon chapeau.
L'ignorance, M. le Président, chez le Parti
québécois, en particulier, cela se comprend, cela se pardonne,
mais l'ignorance crasse, l'ignorance coupable, même chez le Parti
québécois, on ne peut pas la pardonner.
Il est impossible d'accepter que des hommes faisant partie, enfin, du
même collège que celui que constitue l'Assemblée nationale,
que des hommes responsables puissent s'attaquer à un autre
collègue qui est à dix pieds d'eux, qui est élu comme eux,
M. le Président, démocratiquement. Mais, cela devient une
habitude, de la part du Parti québécois, d'attaquer des
collègues. J'ai été vingt ans en cette Chambre et je dis,
moi, que c'est la première fois que je vois cela. C'est seulement depuis
deux, trois ou quatre ans. Ce sont ces gens qui ont commencé à
multiplier les attaques contre leurs collègues, des gens qui vivent avec
eux dans cette même grande famille, l'Assemblée nationale, et cela
sans preuve, comme on l'a vu aujourd'hui, et que l'on fait passer dans les
media d'information, M. le Président, à gauche et à
droite. Le Dr Victor Goldbloom, blâme, censure, il a menti, etc.
On dit n'importe quoi, on lance cela et, après, on dit: On
discutera cela jeudi prochain, maintenant que tout le monde croit que c'est
vrai, on va essayer d'enterrer cela dans une motion plus tard, dans une
discussion. Mais on ne fait pas cela avec la réputation des gens, ceux
au moins qui en ont une et qui la défendent encore, M. le
Président, comme Victor Goldbloom pour qui c'est ce qu'il a de plus
précieux.
Que l'on pose des questions au ministre des Affaires municipales, il est
toujours disponible, il est toujours là, il est toujours désireux
de répondre. Il l'a prouvé en combien d'occasions, en commission
parlementaire, où il a passé des heures, des jours, des nuits
complètes, des semaines complètes à répondre
à vos questions, messieurs. Mais lorsque...
M. Léger: ... c'est pour cela qu'il endort les autres.
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: Mais lorsque, M. le Président...
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: ... on est témoin de ce qui se passe
présentement, avec clarté, lucidité, humilité,
objectivité et toutes les qualités qui vont avec cela...
M. Léger: II endort tout le monde.
M. Levesque: ... et que vous ne connaissez pas, malheureusement.
Je dis que lorsque l'on fait cela, ce n'est pas qualifiable. Mais je
reviens à ceci en terminant peut-être qu'on a encore une
chance de se reprendre. Peut-être. Et si on se reprend, je serai le
premier à retirer mes paroles parce que, après tout, dans la
société où l'on vit, il
faut plusieurs fois savoir accepter qu'on vit dans une
société pluraliste et qu'il y a, Dieu sait, de multiples courants
d'opinions qui ont cours aujourd'hui. Peut-être, dans le feu de la
discussion, qu'on peut, à un moment donné, prendre certains
écarts, etc. ou certaines routes plus à gauche ou à
droite, mais sachant, M. le Président...
M. Burns: Les récents sondages vous impressionnent
M. Levesque: Voyez-vous, M. le Présdient, comment on peut
essayer de dévier la discussion. On parle de la réputation qu'a
un homme comme Victor Goldbloom et on me dit: Regardez donc les sondages. M. le
Président, voici une preuve évidente qu'on n'a aucun respect pour
un homme, pour sa dignité, pour un collègue...
M. Burns: On n'en a pas.
M. Levesque: ... pour sa réputation. Regardez les
sondages...
M. Burns: Bien oui, on n'en a pas, c'est clair.
M. Levesque: ... M. le Président, c'est tout ce qu'on a.
C'est tout, M. le Président, les interruptions que j'ai
présentement, c'est: Regardez les sondages, lorsque l'on est
après jouer avec la réputation d'un homme, avec son
intégrité qui n'a jamais, dans sa vie de 50 ans,
été mise en doute, jamais, jamais.
A ce moment-ci, je redeviens calme, et sur un ton très serein, je
dis: M. le Président, avant que le ministre des Affaires municipales ait
apporté cette preuve indéniable, et si le chef de l'Opposition
n'accepte pas que c'est une preuve indéniable, au moins il a
accepté que cela constituait un doute sérieux dans son esprit, un
doute raisonnable. Alors M. le Président, je demande au chef de
l'Opposition, je demande à mon ami le leader de l'Opposition officielle,
et je demande au parrain de cette motion, simplement, si on ne veut pas la
retirer, au moins qu'on demande de la remettre.
Combien de fois, M. le Président, ces amis d'en face ne font-ils
pas, en deuxième lecture et à chaque occasion que c'est permis,
une motion pour demander de remettre à une semaine, à un mois,
à deux mois, à trois mois, à six mois, à un an, M.
le Président, pour leur permettre ou pour permettre de faire plus de
clarté, plus de lumière?
Alors, pourquoi, ce soir, ne se lèvent-ils pas avec une grande
humilité...
M. Léger: Est-ce qu'on me permet une question?
Des Voix: Non!
M. Levesque: Ah! Cela frappe, M. le Président!
M. Léger: Est-ce que le ministre me permet une
question?
M. Levesque: Cela frappe en plein coeur. Je n'ai pas
terminé ma phrase, assoyez-vous!
M. Léger: Vous ne me permettez pas une question, non?
M. Levesque: Je dis que ces gens, M. le Président, s'ils
avaient ce sens qu'ils prétendent avoir de la
vérité...
Je vois tellement bien leur petit jeu, après leur petit caucus,
demandant la convocation de la commission parlementaire pour Zarolega! Je
demande, M. le Président, quelle que soit la stratégie du Parti
québécois, qu'ils aient l'honnêteté et
l'humilité de mettre de côté, pour un moment, cette
stratégie et de dire: Nous demandons que cette motion soit
laissée en suspens.
M. Morin: ... convoquer la commission parlementaire.
M. Levesque: Assoyez-vous! Assoyez-vous. M. Léger:
Me permettez-vous une question? M. Levesque: Voyez-vous, M. le
Président...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre!...
Assoyez-vous. A l'ordre!
M. Levesque: Voyez-vous, M. le Président, le
sérieux...
Une Voix: ...
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque: ... de cette motion de blâme? On est
prêt à la retirer, M. le Président.
M. Léger: Vous avez peur de me permettre la question!
M. Levesque: On est prêt à la mettre de
côté, M. le Président. Vous les avez vus, les uns
après les autres, debout, demandant grâce: le chef de
l'Opposition, le député de Lafontaine on l'a vu et
le petit député de Saguenay. Evidemment, M. le Président.
Ils courent d'un fauteuil à l'autre essayant d'inventer une
stratégie pour faire échec à une vérité qui
devient de plus en plus éclatante.
Il est temps non seulement de demander la suspension ou la remise de
cette motion mais de la retirer purement et simplement, dans un geste, par
exemple, qui demande du courage...
M. Morin: Convoquez la commission.
M. Levesque: ... non pas de la poltronnerie comme celle qui a
inspiré cette motion contre le ministre des Affaires municipales. Cela
demande du courage de se lever et de dire: J'ai fait erreur. Je ne suis pas
sûr. Il y a un doute raisonnable, il y a ceci, il y a cela. Il y a
suffisamment pour que, de votre siège, vous vous leviez, M. le
député de La-
fontaine, ou au moins le chef de l'Opposition, qui porte la
responsabilité d'une telle motion de blâme. Levez-vous ensemble au
lieu de vous lever en genre de caucus, coureurs de stratégie. Levez-vous
et dites: Nous avons fait erreur, nous avons été
prématurés dans notre motion. A ce moment-là, nous nous
inclinerons, pour une fois, devant cet esprit de franchise et de
vérité et d'humilité qui doit caractériser une
véritable Opposition officielle désireuse de faire éclater
la vérité et de faire voir ce qu'est la lumière, ce qui
est transparent, ce qui est diaphane, ce qui est la qualité de celui que
vous avez attaqué aujourd'hui.
Le Président: L'honorable député
d'Outremont.
M. Jérôme Choquette
M. Choquette: M. le Président, il me semble bien qu'au
cours de ce débat il n'y ait que les députés formant le
Parti national populaire qui aient su garder leur calme.
M. Malouin: Surtout Fabien!
M. Choquette: En effet, M. le Président, nous avons
assisté...
Le Président: A l'ordre, messieurs!
M. Choquette: ... cet après-midi et encore ce soir
à des scènes que je n'ai pas besoin de décrire, à
des invectives de part et d'autre de la Chambre entre le parti
ministériel et l'Opposition officielle.
M. le Président, je voudrais, au moment de cette intervention qui
sera extrêmement courte mais que je veux tout à fait au point,
signaler au leader du gouvernement que si, aujourd'hui, on se trouve dans cette
situation d'une accusation, d'une motion de blâme, portée par
l'Opposition contre le ministre des Affaires municipales, c'est largement
à cause d'une grande faute commise par le gouvernement
lui-même.
Cette faute, M. le Président, a été de ne pas
permettre que le projet de loi no 25 aille en commission parlementaire, pour
qu'on puisse y entendre les témoins qui avaient assisté, qui
avaient signé, qui avaient autorisé ce fameux contrat qui a
été signé ou qui n'a pas été signé
avec le consentement ou sans le consentement du ministre des Affaires
municipales.
Il faut quand même, je pense, rétablir la
vérité et revenir sur les circonstances qui ont
présidé au débat qui a eu lieu sur le projet de loi no 25.
Si, aujourd'hui, on se trouve devant une large part d'incertitude quant au
rôle précis joué par le ministre des Affaires municipales,
c'est exclusivement attribuable à ce que le gouvernement a
lui-même refusé de faire la vérité sur les
circonstances de cette signature d'un deuxième contrat au sujet du
Village olympique.
Alors, M. le Président, lorsque j'entends le leader du
gouvernement invoquer des principes de clarté, de limpidité, de
vérité, je dis que le gou- vernement a été le
premier fautif et le premier coupable à ce sujet.
Voilà, je pense, un point qu'il faut garder à l'esprit au
moment où on doit être appelé à voter sur la motion
présentée par nos amis du Parti québécois.
Maintenant, étant donné que je n'ai aucun
intérêt partisan dans ce débat, je respecte le ministre des
Affaires municipales comme un ancien collègue. Je pense que la
réponse qu'il avait donnée à une question posée par
le député de Lafontaine était au moins ambiguë, parce
qu'il a été obligé lui-même de donner des
explications, cet après-midi même, qui ne concordent pas tout
à fait avec le texte de sa réponse. Comment tirer cette situation
au clair, M. le Président? Eh bien! c'est de donner suite au voeu
exprimé par le leader du gouvernement et c'est de faire une motion pour
remise de ce débat à une semaine, pour permettre que nous allions
en commission parlementaire et que nous puissions interroger les personnes qui
ont assisté à cette transaction avortée ou réussie,
suivant qu'on se situe d'un côté ou de l'autre de la Chambre.
C'est la raison pour laquelle, je dis, M. le Président, qu'il est
encore temps pour le gouvernement de se reprendre de sa faute initiale et que
les reproches qu'il adresse au Parti québécois, je peux tout
aussi bien les lui retourner en lui disant qu'actuellement, si le gouvernement
veut montrer vérité, clarté, limpidité, il doit
donner suite à la motion que je ferai à la fin de mes
observations, et permettre ainsi qu'on aille en commission parlementaire pour
tirer cette affaire au clair. Car je vous dis, M. le Président, que,
pour ma part, devant les versions contradictoires qui sont contenues dans la
correspondance produite devant la Chambre, devant les versions
différentes du ministre des Affaires municipales, à certains
moments, pour ma part, je ne pourrais ni voter pour la motion du Parti
québécois, ni voter contre cette motion de blâme, et que je
serais, dans les conditions actuelles, forcément obligé de
m'abstenir, parce que je pense que la preuve n'a été faite, ni
d'un côté, ni de l'autre, que le ministre des Affaires municipales
est blâmable ou qu'il doit être absous de toute faute.
Je conclus donc mes remarques, M. le Président, en faisant motion
pour que ce débat soit ajourné à une semaine, pour
permettre que la commission des affaires municipales se réunisse et
entende les témoins qui ont assisté au contrat qui est intervenu
ou n'est pas intervenu, le 28 janvier 1976.
Le Président: A la lecture même de l'article 24 du
règlement, cette motion n'est pas recevable, parce qu'elle ne peut subir
aucun amendement.
M. Hardy: II faudrait que vous appreniez votre
règlement.
Le Président: Le député de... ...A
l'ordre!......A l'ordre!...
Une Voix: Fabien n'est pas là!
M. Burns: Le voeu est exprimé quand même.
Le Président: A l'ordre! Le droit de réplique de
l'honorable député de Lafontaine mettra fin à ce
débat, à moins que d'autres députés ne
désirent intervenir.
M. Tardif: On est aussi bien de se retirer tout de suite.
Le Président: A l'ordre, messieursl L'honorable
député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, ce qui m'a le plus
déçu dans la réponse du ministre des Affaires municipales
à mon amendement, c'est qu'il n'a rien réfuté et qu'il n'a
rien prouvé.
M. le Président...
Le Président: S'il vous plaît, messieurs!
M. Léger: ... je voudrais en quatre points
démontrer pourquoi ma motion devrait être approuvée par
l'ensemble de l'Assemblée nationale. Tout d'abord, le ministre n'a pas
répondu à la première affirmation que j'avais faite, quand
je lui ai demandé, le 25 mars, si le deuxième contrat
était signé ou s'il n'était pas signé. Le ministre
a dit, à ce moment: II est vrai que le contrat n'est pas signé.
Or, M. le Président, c'était déjà une affirmation
fausse, puisque nous avons prouvé que le contrat était
signé et qu'il n'y avait que quelques détails qui continuaient
à rester en suspens, qui ne dépendaient même pas de la
volonté du COJO, pour que le reste du contrat soit rendu valide.
Deuxièmement, le ministre nous apporte comme preuve deux lettres
contradictoires. Une lettre signée par l'avocat Klein qui affirme que le
gouvernement avait donné l'appui tel que le COJO le lui avait dit, d'une
part, ce qui confirme mes dires. D'autre part, il m'apporte une lettre non pas
de M. Rousseau, mais d'un autre avocat, M. Jean-Pierre Ouellet, qui dit: On n'a
jamais affirmé, quand on était autorisé, que cela voulait
dire une autorisation du gouvernement.
M. le Président, je pense que, si on regarde le protocole
d'entente qui exigeait que le CCJO soit consulté avant que le contrat
soit signé et les minutes adoptées par le COJO qui disaient qu'en
nommant MM. Rousseau et Radford comme comme signataires du contrat il fallait
nécessairement que ce soit approuvé par le ministre responsable
à Québec, qui, à ce moment, était le Solliciteur
général. Depuis ce temps, ce ministre ne s'est plus occupé
de ce dossier et le dossier revenait éventuellement au ministre
responsable de la régie.
Voilà le point central, le troisième point, qui prouve
jusqu'à quel point le ministre n'a rien réfuté de ce que
j'ai mis de l'avant. Le ministre des Affaires municipales a joué un
rôle bien particulier. N'eût été l'intervention du
ministre des Affaires municipales auprès de M. Rousseau, il n'y aurait
jamais eu de contrat signé. Le ministre des Affaires municipales a
conversé souvent avec M.
Rousseau qui, lui, a affirmé et a conclu que cela voulait dire
que la RIO et que le ministre des Affaires municipales ne s'opposaient pas
à ce que le COJO signe ce projet et non pas un contrat, comme il l'a dit
tantôt dans son affirmation. Ce n'est pas signer un contrat; c'est signer
ce projet qui avait été vu, étudié et
vérifié par le ministre.
M. le Président, si le ministre des Affaires municipales avait
réellement voulu dire non, M. Rousseau n'aurait pas compris oui. C'est
aussi clair que cela. Quand on dit non, ce n'est pas oui. Le ministre des
Affaires municipales n'a pas dit non et M. Rousseau a compris oui. C'est si
limpide, c'est si clair les réponses du ministre. Comment se fait-il que
M. Rousseau ait compris oui et qu'il ait signé le contrat? Le ministre,
quand il dit non, cela veut dire oui. Quand il dit oui, cela veut dire non. Je
comprends pourquoi, dans le Québec, les gens sont mêlés aux
Affaires municipales et dans le domaine de l'environnement.
M. le Président, le ministre a induit M. Rousseau en erreur. Le
problème que je soulève aujourd'hui, c'est qu'au moment où
je lui ai posé la question en Chambre le ministre, sachant fort bien,
à cause de son intervention si peu claire et limpide parce qu'il
était intervenu, que M. Rousseau a conclu que c'était un oui et
que le contrat était signé étant conscient qu'il
avait fait une erreur, n'était pas fier de son geste et il a
répondu en Chambre que le contrat n'était pas signé. A ce
moment, il a induit la Chambre en erreur, alors qu'il aurait dû, au lieu
de dire que le contrat n'est pas signé, dire tout simplement la phrase
que je disais tantôt.
Je n'aurais pas fait ces déclarations si le ministre avait
été franc le jour où je lui ai posé la question, et
s'il m'avait dit que le deuxième contrat avait effectivement
été signé, mais que le gouvernement avait, depuis,
modifié sa position, et qu'on se servait du fait que certaines
formalités celles de la servitude, privilège de la ville
de Montréal n'avaient pas été
complétées pour empêcher ce contrat d'avoir tous ses effets
et qu'effectivement le gouvernement songeait à une loi spéciale.
C'est cela, c'est toute la vérité, rien que la
vérité, et uniquement la vérité que le ministre
aurait dû dire cette journée-là.
M. le Président, aujourd'hui, nous croyons que le ministre des
Affaires municipales non seulement n'a pas réfuté l'affirmation
que nous avons faites, mais il a affaibli sa position. Il l'a affaiblie au lieu
de nous apporter une preuve claire nous permettant à tous, nous de
l'Assemblée nationale, d'en avoir le coeur net. S'il dit vrai, c'est de
faire venir chacun des acteurs de ce contrat, tous ceux qui ont
participé à la négociation. Il y a une commission
parlementaire, comme je l'ai demandé tantôt et comme le
suggérait le ministre, l'ancien ministre de la Justice, commission
parlementaire où nous pourrions entendre M. Rousseau. M. le
Président, ce qui est plus grave, ce n'est pas ce que le leader de
l'Opposition, qui a joué un rôle assez comique ce soir, ce n'est
pas ce qu'il a dit...
Une Voix: ... Un rôle comique.
Le Président: Est-ce que le leader de l'Opposition a une
question de privilège?
M. Léger: Ce n'est pas ce que le leader a dit qui est le
plus grave. Ce qui est grave, parce qu'il faut y penser deux fois, c'est que
les deux lettres contradictoires, qui va être pris avec cela? Il y a des
possibilités de poursuites au civil et au criminel, au niveau du COJO.
Aujourd'hui, ce qui est le plus criminel, c'est que le ministre des Affaires
municipales, pour protéger sa parole de la dernière fois
où il a induit les gens en erreur, laisse tomber M. Rousseau. Cela c'est
plus grave, parce que M. Rousseau est pris à l'intérieur de la
politique municipale, provinciale et fédérale. Il est
obligé de subir les humeurs et la protection qu'on veut se donner au
niveau politique. Ce qui est bien plus grave, c'est que le ministre des
Affaires municipales n'a pas voulu aider celui qu'il a laissé tomber,
celui qu'il a induit en erreur, ce qui a amené aujourd'hui ce qu'on
considère comme étant une motion pour blâmer l'attitude
d'un ministre qui n'a pas voulu admettre ses torts, qui a voulu les cacher, qui
a induit la Chambre en erreur. C'est la raison pour laquelle, tant qu'on ne
permettra pas à tous ceux qui ont participé de près ou de
loin à la négociation et à la signature de ce contrat, de
se faire entendre, la population est à même de juger que le
ministre a induit la Chambre en erreur pour cacher ses erreurs.
Or, M. le Président, un "cover up" de plus. La population n'en
veut plus. C'est la raison pour laquelle je demande à la Chambre, pour
qu'on protège encore un sens de la vérité de ce qui se
passe à l'intérieur du Parlement du Québec, je demande
à la Chambre qu'elle vote cette motion qui blâme le ministre des
Affaires municipales responsable de la Régie des installations
olympiques pour avoir autorisé la signature du deuxième contrat
entre le COJO et les Terrasses Zarolega et avoir ensuite caché ce fait
à la Chambre en l'induisant en erreur.
Le Président: Le débat est terminé. Est-ce
que les députés sont prêts à se prononcer sur cette
motion?
M. Burns: Je demande un vote enregistré, M. le
Président, avec la voix du député d'Outremont.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote sur la motion
Le Président: A l'ordre, messieursl Que ceux qui sont en
faveur de la motion de l'honorable député de Lafontaine veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Morin, Burns, Léger,
Lessard.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque, Phaneuf, Giasson,
Goldbloom, Lalonde, Hardy, Harvey (Jonquière), Vaillancourt, Perreault,
Brown, Bacon, Lamontagne, Séguin, Cornellier, Houde (Limoilou), Pilote,
Fraser, Picard, Carpentier, Faucher, Harvey (Charlesbourg), Larivière,
Shanks, Bérard, Bonnier, Chagnon, Caron, Côté,
Déziel, Dufour, Lapointe, Malépart, Malouin, Massicotte, Mercier,
Parent (Prévost), Picotte, Sylvain, Tardif, Tremblay.
Le Président: Que ceux qui désirent s'abstenir
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Choquette. Le
Président: A l'ordre, messieurs!
Le Secrétaire: Pour: 4 Contre: 40
Abstention: 1
Le Président: Cette motion est rejetée.
M. Levesque: Demain matin, nous entreprendrons la suite de
l'étude en commission plénière du projet de loi no 25, Loi
concernant le Village olympique. D'ici là, je propose l'ajournement de
la Chambre à demain, dix heures.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée? M.
Burns: Adopté, M. le Président.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux
à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 21 h 55)