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(Quinze heures onze minutes)
M. Lavoie (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de projets de loi au nom du gouvernement
M. Levesque: Article k).
Projet de loi no 51 Première lecture
Le Président: L'honorable ministre des Affaires
municipales propose la première lecture de la Loi concernant l'exemption
de l'application de certaines dispositions législatives à
l'égard des Jeux de la XXIe Olympiade.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, l'article 1 du projet de
loi a pour effet d'exempter certains jeux de la XXIe Olympiade et certains
exercices préalables de l'application des règlements de la
Commission athlétique de la ville de Montréal et de certaines
dispositions de la Loi des commissions athlétiques.
L'article 2 a pour effet d'autoriser une corporation municipale à
renoncer aux droits prévus à la loi, qui seraient autrement
payables par tout porteur d'un billet de faveur et par celui qui est admis
gratuitement aux cérémonies d'ouverture et de clôture et
à toute compétition sportive faisant partie du programme officiel
des Jeux de la XXIe Olympiade.
L'article 3 a pour effet de rendre inapplicables les dispositions de la
Loi des licences relatives à la délivrance d'une licence ou au
paiement d'un droit à l'égard des cérémonies
d'ouverture et de clôture et des compétitions sportives faisant
partie du programme officiel des Jeux de la XXIe Olympiade.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Je demande un vote enregistré, M. le
Président.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
Vote de première lecture
Le Président: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en
faveur de cette motion de première lecture proposée par
l'honorable ministre des Affaires municipales veulent bien se lever, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque, Mailloux, Garneau,
Phaneuf, Lachapelle, Berthiaume, Giasson, Goldbloom, Quenneville, Lalonde,
Tetley, Bienvenue, Vaillancourt, Houde (Abitibi-Est), Massé, Perreault,
Brown, Fortier, Bossé, Lamontagne, Veilleux, Saint-Hilaire, Brisson,
Cornellier, Houde (Limoilou), Lafrance, Pilote, Picard, Carpentier, Dionne,
Faucher, Harvey (Charlesbourg), Shanks, Springate, Pepin, Bellemare (Rosemont),
Bonnier, Boudreau, Marchand, Ostiguy, Caron, Déziel, Harvey (Dubuc),
Lachance, Lecours, Malépart, Sylvain, Tardif, Tremblay, Vallière,
Verreault, Morin, Burns, Léger, Charron, Lessard, Bédard
(Chicoutimi), Samson, Roy.
Le Secrétaire: Pour: 59 Contre: 0 Le
Président: Cette motion est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Levesque: M. le Président, est-ce que nous pourrions
suggérer le dépôt de certains projets de loi qui
apparaissent en appendice au feuilleton d'aujourd'hui, c'est-à-dire le
premier et le second?
M. Burns: D'accord, M. le Président.
Projet de loi no 49 Première lecture
Le Président: L'honorable ministre du Revenu propose la
première lecture de la Loi pourvoyant au financement des programmes de
santé.
L'honorable ministre du Revenu.
M. Quenneville: M. le Président, ce projet de loi, qui
remplace la section IX de la Loi de l'assu-rance-maladie, 1970, chapitre 37, a
pour objet de pourvoir au financement des programmes de santé.
La section I définit, aux fins de la loi et des
règlements, certaines expressions.
La section II détermine les règles d'assujettissement du
particulier et prévoit notamment: a)que le taux de la contribution est
fixé à 1,5%; b)que la contribution maximale pour une année
ne peut être supérieure à $235 ou $375 selon qu'il s'agisse
d'un salarié ou d'un autonome; c)que la contribution que doit verser le
particulier ne peut réduire son revenu net à un montant qui soit
inférieur à $5600 ou $3700, selon qu'il s'agisse d'un particulier
assujetti à la Loi sur les impôts comme personne mariée ou
comme célibataire; d)que, à l'égard d'un particulier qui
n'a résidé au Québec que durant une partie de
l'année, certains montants devront être proportionnés pour
tenir compte de la période de résidence.
La section III fixe le taux de contribution de l'employeur à 1,5%
du salaire versé à un employé.
La section IV prévoit certaines règles
particulières relativement au paiement des contributions
par un particulier qui n'est pas tenu de faire des versements en acompte
sur son impôt en vertu de la Loi sur les impôts et relativement
à la remise par le ministre du Revenu des contributions perçues
en vertu de la loi.
La section V prévoit la création d'un fonds spécial
auquel seront versés les sept quinzièmes des contributions.
La section VI a trait aux pouvoirs réglementaires.
La section VII prévoit des dispositions transitoires aux fins de
l'application de la présente loi pour l'année 1976, a pour effet
de modifier la Loi du ministère du Revenu, (1972, chapitre 22)
relativement à certaines références et rend le ministre du
Revenu responsable de l'application de la présente loi et ce, aux fins
de prévoir que cette loi est une loi fiscale au sens de la Loi du
ministère du Revenu.
M. Morin: C'est votre projet de loi hypocrite, cela!
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Projet de loi no 52 Première lecture
Le Président: L'honorable ministre de la Justice propose
la première lecture de la Loi pour remédier aux pertes
occasionnées par un incendie au palais de justice de Québec.
M. Levesque: M. le Président, le présent projet de
loi valide...
Une Voix: II est important!
M. Levesque: Oui, c'est assez important pour ceux qui ont des
dossiers qui ont été brûlés et qui ont dû
être reconstitués. Peut-être que le député de
Saint-Jacques aurait avantage à en étudier le sérieux.
M. Charron: Je n'en ai pas au palais de justice.
M. Levesque: Ne me provoquez pas.
M. Charron: Je ne sais pas si je n'en ai pas chez vous.
M. Levesque: Le présent projet de loi valide les
opérations de reconstitution de dossiers judi- ciaires entreprises suite
à l'incendie au palais de justice de Québec en février
1976 et confère aux dossiers ainsi reconstitués le
caractère d'authenticité attribuée aux originaux des
archives du tribunal.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Levesque: Article j)
Projet de loi no 17 Première lecture
Le Président: Le ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi sur la refonte des lois.
M. Levesque: M. le Président, pour le
bénéfice du député de Saint-Jacques, voici un autre
projet important.
M. Léger: On va fondre, il fait chaud.
M. Burns: On peut étudier cela cet après-midi, si
vous voulez.
Une Voix: Après la période des questions.
M. Levesque: Le présent projet de loi vise à
instaurer un organisme ayant pour mandat de procéder à la refonte
des lois du Québec. La section I établit la Commission de refonte
des lois dont les membres sont nommés par le lieutenant-gouverneur en
conseil, sauf le greffier en loi de la Législature. La section II
précise le mandat de la commission qui refondra les lois adoptées
jusqu'au 31 décembre 1975. La commission pourra préparer un
supplément aux lois refondues pour les lois adoptées depuis le
1er janvier 1976 jusqu'au jour où les Lois refondues auront force de
loi. La section III traite des Lois refondues. Aussitôt les travaux
terminés, l'Editeur officiel verra à l'impression des Lois
refondues. L'exemplaire des Lois refondues transmis au lieutenant-gouverneur
constituera l'original de ces lois et le lieutenant-gouverneur en fixera la
date d'entrée en vigueur. La section IV contient des dispositions
finales et, entre autres, charge le ministre de la Justice de l'application de
la loi.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Levesque: Article h)
Projet de loi no 11 Première lecture
Le Président: Le ministre de l'Industrie et du Commerce
propose la première lecture de la Loi constituant la
Société du parc industriel et commercial aéroportuaire de
Mirabel.
M. Saint-Pierre: M. le Président, le capital social de la
société sera détenu à raison de 60% par le
gouvernement du Québec et de 40% par le gouvernement du Canada; les
actions du gouvernement du Québec seront enregistrées au nom du
ministre de l'Industrie et du Commerce qui exercera les droits attachés
à ces actions.
Comme l'indique le texte de loi, la société aura pour buts
la gestion et l'administration du parc industriel et commercial rattaché
à l'aéroport de Mirabel.
Le Président: Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi. First reading of this bill.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents. Questions orales des députés.
L'honorable député de Saint-Jacques
QUESTIONS DES DÉPUTÉS
Etat des négociations dans les secteurs public
et parapublic
M. Charron: Sans soulever de débat, je voudrais poser une
question de règlement uniquement pour vous signaler que comme bien des
Québécois j'avais l'intention aujourd'hui, au nom de
l'Opposition, de m'informer de l'état actuel des négociations
dans les secteurs public et parapublic, de ce qu'il reste à faire pour
nous assurer que tous les services reprendront normalement et le plus
rapidement possible. Comme tous les Québé- cois, je me suis
réjoui de l'entente intervenue au cours de la fin de semaine, mais il
est normal que l'Assemblée reçoive plus de détails que ce
que les journaux nous ont fourni.
Malheureusement, ni le premier ministre ni le ministre de la Fonction
publique, ni le ministre...
Le Président: A l'ordre, à l'ordre, s'il vous
plaît! Je m'excuse, mais je ne vois rien dans le règlement qui
puisse vous permettre de soulever une question... Posez votre question, si vous
voulez.
M. Charron: Je pourrais vraisemblablement la poser au
vice-premier ministre, mais je suis à peu près assuré que,
malgré son bon vouloir, il ne pourrait qu'en prendre avis. Je vous
demanderais donc de donner la première question de l'Opposition
officielle à un autre de mes collègues.
Le Président: L'honorable député de
Maisonneuve.
Election du député d'Abitibi-Est
M. Burns: La semaine dernière, j'ai posé au premier
ministre une question concernant des nouvelles qui nous étaient
parvenues de la dernière élection dans le comté
d'Abitibi-Est. Tout au cours de cette discussion avec le premier ministre,
celui-ci m'a référé au Solliciteur général.
Je vois que le Solliciteur général est ici; il a sans doute pris
connaissance des questions que j'avais posées au premier ministre et,
pour lui rafraîchir la mémoire, je lui répète ces
questions.
Je lui demandais, entre autres, si, à un moment ou à un
autre, depuis l'élection de 1973, il avait été
porté à sa connaissance que des sommes supérieures
à celles permises par la Loi électorale avaient été
dépensées pour l'élection du député actuel
d'Abitibi-Est; deuxièmement, que de l'argent aurait été
versé à des fonctionnaires du Québec pour leur faire
effectuer du travail partisan en faveur du député actuel
d'Abitibi-Est; troisièmement, est-il exact que de l'argent aurait
été versé à certains électeurs, pour les
inciter à voter en faveur du député actuel d'Abitibi-Est;
quatrièmement, que des dépenses de régalades
prohibées par la Loi électorale auraient été faites
en faveur du député actuel d'Abitibi-Est; et enfin,
cinquièmement, que contrairement à la Loi électorale, les
dépenses du candidat officiel de l'Union Nationale, dans le comté
d'Abitibi-Est, avaient été défrayées, au moins en
partie, par l'organisation du député actuel d'Abitibi-Est? Le
Solliciteur général se souviendra qu'il s'agit là
d'informations qui nous sont parvenues par la voie d'un article de M.
Jean-Pierre Charbonneau, dans le journal La Presse. Comme tout le
problème semble avoir été déféré par
le premier ministre au Solliciteur général, j'aimerais,
aujourd'hui, qu'il nous donne le point de vue de son ministère
relativement à ces accusations.
M. Lalonde: M. le Président, comme le pre-
mier ministre l'a confirmé, je pense, dans sa réponse, il
y a eu, en effet, une enquête concernant un pot-de-vin de $500 à
une personne qui, depuis lors, a été mise en accusation, il y a
quelques semaines. Relativement à cette enquête, qui n'est pas
encore terminée, j'ai reçu un rapport d'étapes il y a un
peu plus d'une semaine. Il est à l'étude actuellement, au service
du ministère, et toutes les dispositions qui devront être prises
concernant cette affaire, seront prises lorsque l'étude, l'examen de ce
rapport d'étapes aura été complété.
En ce qui concerne plus particulièrement des questions
intéressant la Loi électorale, si de telles questions viennent
à notre connaissance, au moment de ce rapport, elles seront transmises
à l'autorité constituée par cette loi, soit le
président d'élections. Mais actuellement on comprendra
qu'étant donné qu'il s'agit d'un rapport de police sur une
affaire qui n'est pas encore complétée, je ne puis pas
révéler quoi que ce soit qui est contenu dans ce rapport
jusqu'à ce que l'examen en soit complété et que des
dispositions soient décidées pour donner suite à ce
rapport.
M. Burns: Première question additionnelle, M. le
Président, quel est l'échéancier que le Solliciteur
général peut nous proposer relativement à cette question?
Deuxièmement, quelles sont les mesures qu'il entend utiliser aux fins
d'informer la Chambre du résultat de cette enquête?
M. Lalonde: C'est comme dans toute enquête, M. le
Président. Les rapports de police contiennent des faits qui sont
relatés.
Lorsque ces faits constituent des éléments de la
commission d'une infraction au Code criminel, en ce qui me concerne,
étant donné que c'est l'administration de cette loi qui m'a
été confiée, à ce moment-là, les
dispositions qui sont prises, par les poursuites en cours, rendent
nécessairement publics ces faits. Lorsque ces faits ne sont pas
suffisants ou ne sont pas du tout pertinents à la poursuite, en vertu du
Code criminel, il n'est pas question de les rendre publics. Ce serait
simplement salir inutilement des gens contre lesquels l'enquête n'a pas
trouvé quoi que ce soit qui puisse résulter dans des poursuites
en cours.
Toutefois, si des faits nous sont rapportés, à l'occasion
de cette enquête, qui intéressent l'application d'autres lois,
à ce moment-là l'usage est de les transmettre aux
autorités concernées, c'est-à-dire
intéressées par l'application de ces lois.
M. Burns: M. le Président, je suis en train de me demander
si le premier ministre n'a pas spécialisé le Solliciteur
général dans la façon de ne pas répondre aux
questions. M. le Président, je pose spécifiquement une question
qui est d'intérêt public, qui est particulièrement
d'intérêt pour cette Chambre. Je ne porte pas d'accusation, qu'on
n'essaie pas de m'embarquer dans une affaire comme cela: moi, je sais fort bien
qu'il y a quelque chose qui est devant l'opinion publique et c'est dans
l'intérêt de l'Assemblée nationale qu'on ait
éventuellement une réponse à ces questions.
Je ne vous demande pas, comme on a essayé de distordre la
question la semaine dernière, de déposer le rapport de police; je
vous demande quelles sont les mesures que le Solliciteur général
entend utiliser pour informer la Chambre relativement aux accusations, ou en
tout cas quant aux faits énoncés qui pourraient jeter du
discrédit sur au moins un membre de la Chambre, sinon sur l'ensemble des
membres de la Chambre.
M. Lalonde: De la façon ordinaire. M. le Président,
c'est-à-dire que, comme je l'ai expliqué tantôt, si des
poursuites sont prises à la suite d'une enquête, naturellement
c'est public. Le contenu de la dénonciation et les faits entourant la
dénonciation sont rendus publics nécessairement.
M. Burns: S'il n'y en a pas?
M. Lalonde: S'il n'y en a pas, à ce moment-là, on
peut confirmer publiquement qu'il n'y a rien ou qu'il n'y en a pas, mais on ne
peut pas publier le rapport. C'est ce que j'essayais d'expliquer au
député de Maisonneuve.
M. Burns: Ce que je demande tout simplement c'est...
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Burns: Dernière question. Est-ce que le Solliciteur
général verra à répondre aux cinq questions que
j'ai posées tout à l'heure, qui sont des questions actuellement
posées devant l'opinion publique? Est-ce qu'il verra à
répondre à l'occasion, en tout cas au moment où le rapport
sera terminé, comme il le dit? J'espère que ce sera le plus
tôt possible, parce que ce n'est pas bon que cela se promène dans
l'air, ce genre de rumeur.
Au moment où le rapport sera terminé, le Solliciteur
général verra-t-il, au moins, à répondre à
ces cinq questions à l'Assemblée nationale?
M. Lalonde: S'il faut répondre à ces cinq questions
pour rétablir la vérité, naturellement, on le fera.
M. Bellemare (Rosemont): Question additionnelle.
M. Burns: M. le Président, quand, à quel
moment?
M. Lalonde: Aussitôt que l'enquête sera
terminée.
M. Burns: Croyez-vous que cela peut se faire avant la fin de la
session?
M. Lalonde: Ecoutez, M. le Président, on se souviendra de
l'affaire de la SAQ où on m'assurait ' à tous les mois que
l'enquête allait être terminée le mois suivant et
l'enquête continue encore. Alors, je serais fort mal venu de donVer une
idée je n'en ai pas de la date où j'aurai de la
Sûreté du Québec un rapport définitif. C est assez
difficile
pour moi de dire à la Sûreté: Vous allez terminer
votre enquête après-demain. Ce serait même une
interférence politique indue et je pense que les députés
de cette Chambre comprendront que je dois donner à la
Sûreté toute la latitude nécessaire pour terminer son
enquête. Nous serions fort mal venus de présumer que les
enquêteurs, à ce moment, se traînent les pieds, parce qu'eux
non plus ne savent pas d'avance ce qu'ils vont découvrir.
Je regrette, mais je ne peux pas dire si ce sera avant la fin de la
session ou après.
M. Burns: Depuis la semaine dernière vous devez avoir fait
enquête personnellement?
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président...
Le Président: Le député de Rosemont,
question additionnelle.
M. Bellemare (Rosemont): Le Solliciteur général
peut-il me dire où il en est rendu avec l'enquête que je lui ai
demandée de faire dans Rosemont, concernant les...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
A l'ordre!
S'il vous plaît, après trois ans d'expérience en
cette Chambre, vous devriez savoir quelle était la question principale
aujourd'hui, qui concernait de prétendus événements dans
le comté d'Abitibi-Est?
Y a-t-il une autre question? Question principale, le
député de Lafontaine.
Direction de la Régie des installations
olympiques
M. Léger: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable de la Régie des installations olympiques. M.
Maurice Custeau, président de la Régie des loteries et des
courses du Québec a été nommé dernièrement
directeur général de l'exploitation de la Régie des
installations olympiques. M. Custeau aura pour tâche de rentabiliser les
installations olympiques, mais aussi de s'assurer qu'elles soient facilement
accessibles à toute la population sportive de la ville de
Montréal.
Le ministre peut-il me dire comment il peut expliquer l'absence totale
de représentants du milieu des sports amateurs et de loisirs ainsi que
du haut-commissariat et de l'Institut des sports du Québec, étant
donné que M. Custeau sera assisté du président de la RIO,
du président de l'Hydro-Québec, du vice-président de la
compagnie Canada Sheamship Lines, du vice-président de la Brasserie
Molson et d'un député libéral? Est-ce l'indice que ce sont
des impératifs uniquement économiques qui devront guider
l'exploitation des installations olympiques pour les années à
venir?
M. Goldbloom: M. le Président, c est une expression
d'opinion, une interprétation, un je ne sais pas quoi que le
député me demande. Le but est clair et a été
défini par la régie. Un mandat a été donné
à M. Custeau. Il y a sûrement de nombreux Québécois
qui se préoccupent de la rentabilisation de ces installations. En
même temps, il faut certainement être à la disposition des
milieux sportifs, notamment du sport amateur pour fournir un accès utile
à ces installations. Mais, M. le Président, nous sommes au
début de cette action, et la première chose à faire, c'est
de faire siéger des hommes d'affaires pour regarder quelle peut
être la rentabilité de la chose.
On a commencé par cela; il y aura d'autres étapes au fur
et à mesure que nous serons activement dans la mise en
disponibilité des installations après les jeux. Là aussi,
il faut commencer par négocier avec les équipes de sport
professionnel qui vont contribuer plus que tout autre organisme que l'on peut
identifier à la rentabilisation possible des installations. Il faut
commencer par cela.
M. Léger: Question supplémentaire, M. le
Président. On verra dans les faits si on s'occupera des deux, de la
rentabilité et de l'utilisation sportive pour tous les
Québécois.
Dernièrement, on apprenait, par la voie des journaux, que la
coupe Grey aura lieu au stade olympique en 1977 et que M. Custeau avait
proposé, au nom de la régie, un loyer minimum de $35 000 pour la
journée ou de 50% des recettes excédant $800 000 après
toutes déductions fiscales. Quelle a été la formule
acceptée par la Ligue canadienne de football? Est-ce que ce montant de
$35 000 est suffisant pour couvrir le coût d'exploitation du stade pour
la présentation de cette compétition, puisque le ministre...
Le Président: A l'ordre! J'aurais certains commentaires.
D'abord, quant à l'urgence de la question, cet événement
est à l'automne 1977. Mais ce qui est plus grave encore, une question
dont la réponse est une opinion personnelle n'est pas permise. Vous
demandez au ministre si c'est suffisant ou non. On peut avoir 110 opinions
différentes; on peut avoir environ 60 opinions différentes
aujourd'hui, à savoir si c'est suffisant ou non. Formulez votre question
autrement.
M. Léger: M. le Président, mon
interprétation, c'est que ma première question portait sur la
rentabilité. Ma question suivante est un exemple typique que cela va
coûter $35 000, alors que le ministre lui-même a affirmé que
cela coûterait $50 000 par jour. C'est public, cela, et les contrats
doivent être signés bientôt pour la coupe Grey,
l'année prochaine. On commence à fonctionner là-dedans et
on veut savoir si c'est une question de rentabilité. Premier geste, le
contrat qui doit être signé bientôt va-t-il être a $35
000, puisque le ministre a dit que cela coûtait au minimum de $50 000 par
jour? C'est la réponse que je veux avoir du ministre. , M. Goldbloom: M.
le Président, d'abord, je n'ai pas dit que cela coûterait $50 000
par jour. C'est dans une discussion que j'ai eue avec certaines personnes
où l'on parlait d'un ordre de grandeur
possible que l'on m'a cité des chiffres pour le coût
d'exploitation d'autres stades en Amérique du Nord. Je me suis permis de
suggérer que, si c'était X pour d'autres stades, ce serait X plus
Y pour nous, à cause du coût de notre stade et à
cause...
M. Burns: C'est-à-dire $50 000.
M. Goldbloom: ... d'une certaine inflation entre-temps. Je ne
sais pas exactement ce que cela coûtera par jour. Je voudrais souligner
que, dans le cas de la Ligue canadienne de football, il s'agit d'une
négociation. Les conditions sont connues et se répètent
d'année en année. La Ligue canadienne de football, par la main de
son président, a écrit pour exposer les conditions auxquelles la
joute de la coupe Grey peut être tenue dans une ville qui veut l'avoir.
Il y a des négociations qui se poursuivent. Puisque je suis ici
aujourd'hui, comme c'est mon devoir, je ne suis pas à la réunion
hebdomadaire de la régie qui se poursuit présentement. Je suis
donc privé de la possibilité de savoir immédiatement si
une entente est intervenue ou non, encore moins quelles sont les conditions
précises de cette entente.
M. Custeau avait reçu de la part de la régie des
instructions pour négocier davantage et pour remettre en question
certains éléments des conditions exposées par la Ligue
canadienne de football.
Alors, M. le Président, je partage votre opinion que nous avons
devant nous un temps suffisant pour ne pas considérer la question comme
véritablement urgente. En temps et lieu, quand il y aura des
détails additionnels, je serai heureux de les fournir à la
Chambre.
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Léger: M. le Président, c'est sûr que si
le gouvernement avait pris en main les Jeux olympiques, cela coûterait
peut-être moins cher aujourd'hui.
M. le Président, ma question est la suivante: Le ministre peut-il
nous dire, toujours sur la rentabilité, d'une part, et
l'accessibilité, aussi, au niveau du sport et des loisirs au
Québec, si le vélodrome est actuellement accessible pour fins
d'entraînement des cyclistes québécois et à quel
prix? Deuxièmement, sur la question d'accessibilité, le ministre
peut-il nous dire quand des personnes seront nommées au comité de
M. Custeau qui vont s'intéresser aussi à l'aspect du sport
amateur et des loisirs et qui pourront faire un plan pour l'utilisation,
après les Olympiques, de ces installations pour le sport amateur et les
loisirs?
M. Goldbloom: M. le Président, à la première
question, je m'informerai. Je ne sais pas quelles sont les
disponibilités du vélodrome présentement. Il y a certaines
activités qui sont prévues mais il nous reste moins de quatre
semaines avant l'ouverture des Jeux. Donc, ces disponibilités sont
limitées. Je m'informerai et je donnerai ces renseignements à la
Chambre.
Quant à la deuxième question, la seule ré- ponse
que je puisse donner, c'est: En temps et lieu.
Le Président: L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, les deux ministres auxquels
j'aurais pu poser des questions viennent de s'absenter.
Le Président: Plus tard durant la séance. M.
Samson: Plus tard, je pourrai revenir.
Le Président: L'honorable député de
Saint-Jean.
Bilinguisme aux aéroports du
Québec
M. Veilleux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre responsable de l'application de la loi 22 au Québec et touche
le problème du bilinguisme aux aéroports situés au
Québec.
Le ministre des Transports à Ottawa, M. Lang, a
déclaré, au cours de sa récente visite en France, qu'il
avait été impressionné par l'efficacité du
bilinguisme aux aéroports parisiens. Cependant, le président de
I' Association canadienne des contrôleurs aériens, M. Livingston,
a déclaré à quelques reprises, depuis cette visite du
ministre des Transports à Paris, que les impressions de M. Lang
n'étaient pas valables dans le contexte québécois car le
trafic aérien était, disait-il, beaucoup moins important à
Paris qu'à Montréal.
Je voudrais savoir de la part du ministre s il a vérifié
cette assertion de M. Livingston.
M. Lalonde: M. le Président, le fanatisme se nourrit
à la source du préjugé et de l'ignorance. Les
préjugés, cela prend un bon moment avant de les faire
disparaître, mais l'ignorance, on croyait au moins que les gens seraient
assez ouverts pour apprendre.
Il est évident que, s'il y avait une différence
fondamentale entre les aéroports de Paris et ceux du Québec que
les conclusions du ministre des Transports pourraient manquer de pertinence.
Mais une simple vérification des chiffres aurait permis à M.
Livingston de se rendre compte que l'aéroport d'Orly, par exemple, avec,
en 1975. environ 150 000 mouvements, se compare à l'aéroport de
Québec qui a à peu près le même nombre de mouvements
pour l'année 1975, l'aéroport de Dorval, avec 190 000 mouvements
aussi, et un trafic aérien qui est en majorité commercial et
privé.
Alors, je veux assurer le député de Saint-Jean que M.
Livingston est complètement dans Terreur, que les conclusions du
ministre des Transports, à la vue de l'expérience de ce qui se
passe à Paris, sont tout à fait pertinentes et que c'est, au
fond, tout ce qu'on veut faire comprendre à ceux qui veulent maintenir
ici un vieux bastion d'unilinguisme au Québec.
En terminant, je remercie le député de Saint-Jean de sa
question car il ne faut manquer aucune
occasion de souligner le fanatisme de ces gens et de faire
disparaître leurs préjugés.
M. Charron: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Question additionnelle.
M. Charron: Avec les chiffres que vient de fournir le Solliciteur
général et à travers tout le débat concernant le
bilinguisme aérien au Canada, est-ce que le ministre, en sa
qualité de responsable de l'application de loi 22, solliciterait
aujourd'hui de la part des Québécois le boycottage de la
compagnie Air Canada, tant et aussi longtemps que la politique du bilinguisme,
maintes fois annoncée, ne sera pas réellement appliquée,
tel que le demandent les employés québécois de la
société actuellement?
M. Lalonde: M. le Président, le gouvernement n'a pas
craint de prendre ses responsabilités concernant le biliguisme, non
seulement en ce qui concerne les communications aériennes sur le
contrôle des communications aériennes, mais aussi en ce qui
concerne Air Canada. Immédiatement après la publication du fameux
règlement, il y a quelques semaines, j'ai rencontré le
président d'Air Canada, M. Taylor, pour lui faire part de
l'intérêt que nous portions à cette question et lui
rappeler que la loi 22...
M. Charron: II s'agissait d'une béquille.
M. Lalonde: ... s'applique autant à Air Canada comme
entreprise qu'à toute autre entreprise du Québec. Après
coup, quelques semaines après, M. Taylor, Air Canada annonçaient
qu'ils allaient faire une demande de certificat de francisation. Je crois que
c'est là une indication très claire de la force, de la vigueur de
cette loi 22 qui va apporter des changements extraordinaires dans cette
province, d'ici quelques années.
Le Président: Dernière question
supplémentaire pour l'Opposition officielle sur cette question
principale.
M. Morin: M. le Président, le ministre nous parle de
bilinguisme; je croyais que la loi 22 avait pour objet de faire de la langue
française la langue officielle au Québec. Ma question serait la
suivante: Si tant est que l'utilisation d'une seule langue soit plus
avantageuse au point de vue de la sécurité dans les airs, compte
tenu de la majorité francophone qui vit au Québec, la position du
ministre ne devrait-elle pas être que cette langue doit être le
français? Ce n'est pas du bilinguisme.
M. Lalonde: M. le Président, on reproche à certains
anglophones, surtout de l'extérieur du Québec, un certain
fanatisme. Eux aussi affirment que la sécurité est
rattachée à l'unilinguisme. Est-ce que l'hypothèse du chef
de l'Opposition à l'effet que l'unilinguisme serait susceptible d'ap-
porter une plus grande sécurité vient du même genre de
mentalité...
M. Léger: Vous êtes tout mêlé. M.
Morin: Vous êtes mêlé! Là.
M. Lalonde: ... que celle qui inspire MM. Li-yingston et
Malley?
M. Léger: Vous êtes tout mêlé.
M. Morin: Ce que je reproche au ministre, c'est sa faiblesse
devant les arguments des pilotes anglophones.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre!
Truquez l'article 96, si vous voulez rétablir les choses;
c'était pas mal votre dernière question, je vous avais
prévenu.
M. Morin: Je vais simplement répéter ma question,
le ministre n'a peut-être pas compris.
M. Burns: Article 96.
M. Tetley: Posez-la en anglais, cela va être plus
clair.
M. Morin: Si tant est que l'utilisation d'une seule langue soit
plus conforme à la sécurité c'est l'argument de
l'autre partie le ministre ne devrait-il pas répondre: Bon,
puisque votre argument est que c'est plus sûr, alors que ce soit le
français?
M. Lalonde: M. le Président, j'ai donné la chance
au chef de l'Opposition de rester assis, mais non il a
répété; ça démontre son ignorance de la
question. Parce que ce qui est plus sécuritaire...
M. Morin: ... c'est votre faiblesse?
M. Lalonde: ... c'est d'offrir au pilote le service dans sa
langue. Alors s'il faut parler trois langues, parce qu'il y a trois langues qui
sont parlées dans les airs, c'est plus sécuritaire; donc sa
prémisse est totalement fausse.
M. Léger: Vous n'avez même plus de
béquilles.
Le Président: Le député de Rouyn-Noranda.
Remboursements d'impôts
M. Samson: M. le Président, je voudrais poser une question
au ministre du Revenu. Je lui ai posé une question vendredi, il devait
me donner une réponse aujourd'hui. Est-il vrai que le remboursement de
l'impôt sur le revenu des particuliers qui ont fait leur rapport
d'impôt en février et mars n'aurait pas encore été
effectué? Et si c'est vrai, qu'est-ce qui a provoqué ce
retard?
M. Quenneville: M. le Président, la question posée
par le député de Rouyn-Noranda m'a apporté certains
renseignements de la part des fonctionnaires. Effectivement, surtout dans les
régions limitrophes comme le comté de Rouyn-Noranda, Hull et
d'autres comtés, pour les résidents du Québec qui
travaillent à l'extérieur du Québec, nous devons attendre
certains renseignements de la part du ministère du Revenu
fédéral avant de pouvoir corriger les remboursements.
C'est la raison qui explique pourquoi certains contribuables n'ont pas
reçu encore leur remboursement. Nous prévoyons, d'après
les renseignements, que d'ici deux ou trois semaines au plus tard tous les
remboursements seront faits.
M. Samson: Question supplémentaire. Le ministre peut-il me
dire s'il y a également, dans les retards occasionnés, des cas
absolument différents de ceux qu'il vient de souligner,
c'est-à-dire des cas où ce sont des travailleurs qui travaillent
uniquement au Québec, par exemple?
M. Quenneville: Oui. Ceci peut se produire. Comme je le disais
l'autre jour, parfois, les formulaires manquent de clarté ou
nécessitent certains détails supplémentaires. Nous
communiquons, à ce moment-là, avec les travailleurs qui,
résidant au Québec, y travaillent mais qui, malheureusement, ont
mal rempli leur formulaire. Nous les corrigeons dès que nous les
recevons.
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Samson: S'il s'agit de cas où les formulaires sont
dûment remplis, où ils ont été remplis en
février et que le remboursement n'a pas encore été
effectué, de quelle façon, au ministère, les traitera-t-on
pour qu'ils puissent être remboursés parce qu'il y a,
effectivement, des cas qui ont été portés à mon
attention?
M. Quenneville: Si le député a des noms à me
soumettre, nous ferons sûrement diligence pour que les gens soient
remboursés le plus rapidement possible.
Le Président: L'honorable député de
Beauce-Sud.
Concessionnaires de Loto-Québec
M. Roy: Ma question s'adresse à l'honorable ministre des
Finances et concerne, évidemment, Loto-Québec. J'aimerais
demander au ministre des Finances, suite à la réponse qu'il m'a
fournie la semaine dernière, alors qu'il a admis effectivement que les
renouvellements de baux, les renouvellements de permis de concessionnaires de
Loto-Québec se faisaient pour de courtes périodes, s'il a
l'intention de maintenir la politique actuelle qui consiste à renouveler
les permis des concessionnaires de Loto-Québec pour des périodes
de un à six mois. Je dis bien de un à six mois.
M. Berthiaume: J'inviterais le député de
Beauce-Sud à lire le journal des Débats de jeudi dernier
où j'ai répondu amplement à la question qu'il avait
posée au ministre des Finances mercredi dernier.
M. Roy: Je n'ai pas entendu la réponse du ministre, il y
avait du bruit dans la Chambre.
M. Berthiaume: Elle est dans le journal des Débats de
jeudi dernier.
Le Président: Pour renseigner l'honorable
député de Beauce-Sud, ce que le ministre vient de dire, c'est que
la question avait été posée mercredi au ministre des
Finances et qu'une réponse complète a été
apportée par le ministre d'Etat aux Finances jeudi. L'honorable ministre
d'Etat aux Finances suggérerait au député de Beauce-Sud de
lire le journal des Débats de jeudi où, à ce qu'il dit,
une réponse complète a été apportée.
M. Roy: J'étais ici, en Chambre, quand le ministre a fait
connaître sa réponse, et c'est après avoir pris
connaissance de sa réponse que j'ai découvert qu'elle
n'était pas tellement précise. Je veux savoir, aujourd'hui, du
ministre si le gouver-nementa a l'intention ma question est bien claire
et bien simple, elle n'est pas difficile à comprendre de
maintenir longtemps sa politique actuelle de renouvellement des baux, pour les
concessionnaires de Loto-Québec, de un à six mois, les livrant
ainsi au chantage. Je vais ajouter: Pour les livrer au chantage qui est
dénoncé, actuellement, par toute la presse au Québec.
M. Berthiaume: Premièrement, j'ai indiqué, la
semaine dernière, que tant que la commission Gilbert n'aura pas fini son
travail, on renouvellerait les concessions de Loto-Québec de la
façon dont cela a été fait depuis janvier dernier. Si le
député de Beauce-Sud a connaissance de chantage qui se fait
autour de cette question, qu'il fasse son devoir de député et son
devoir de citoyen, qu'il en avertisse le ministre et qu'il donne des noms.
M. Roy: C'est bien beau, mais il faudrait commencer par faire une
enquête là-dessus et une enquête publique. A ce
moment-là, cette petite forme de menace que fait le ministre à
l'endroit d'un député de l'Opposition... Je pourrais probablement
lui citer des noms.
M. Berthiaume: Envoyez donc! Nommez-les!
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Avez-vous une question
additionnelle?
M. Roy: Oui, j'ai une question additionnelle. Le ministre a-t-il
fixé une date limite pour la publication de ce rapport?
M. Berthiaume: J'ai répondu à cette question la
semaine dernière. De toute façon, je n'ai pas parlé de la
publication du rapport, j'ai parlé de la fin de l'enquête. Ce
n'est pas tout à fait la même chose.
Une Voix: II ne comprend rien. Le Président:
Affaires du jour.
Travaux parlementaires
M. Levesque: Je propose que la Chambre, cet après-midi et
ce soir, procède à la législation. Je vais donner une
idée à nos amis d'en face du programme.
Nous procéderions autant que possible dans l'ordre suivant: les
articles je les donne dans l'ordre probable 3), 5), 4), 16), 20),
21), 22), 9), 10), 15), et 18).
M. Burns: Vous êtes un jeune homme aux vertes
espérances.
M. Samson: Vous avez de l'appétit.
M. Levesque: Non. Lorsqu'on regarde l'article 3), il s'agit d'une
troisième lecture; l'article 5), c'est déjà entamé
depuis vendredi dernier; à l'article 4), cela fait longtemps que le
débat est en cours; il ne s'agit que de le terminer et ainsi de suite.
Il y a des projets de loi qui, à première vue, me semblent
mériter une courte discussion, non pas parce qu'ils ne sont pas
importants, mais je pense qu'ils font le consensus. Dans le cas des bills du
Revenu, ces projets de loi pourraient peut-être être
déférés à une commission parlementaire, comme on le
fait habituellement, à moins qu'il n'y ait des raisons contraires. Dans
les circonstances, je pense que c'est un menu réaliste.
D'abord, je vais faire une motion, M. le Président, pour que,
pendant que la Chambre siège ainsi, nous puissions permettre à la
commission de l'éducation de siéger pour poursuivre
l'étude des crédits du ministère de l'Education à
la salle 81-A immédiatement et, ce soir, à compter de vingt
heures. Je fais donc motion à cet effet, M. le Président.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Président: Adopté. La commission de
l'éducation, des affaires culturelles et des communications peut
siéger immédiatement pour l'étude des crédits du
ministère de l'Education.
M. Levesque: M. le Président, avant que les membres ne
quittent, demain matin, au salon rouge cette fois, la commission de
l'éducation pourra poursuivre l'étude des crédits du
ministère de l'Education, à compter de dix heures. A la salle
81-A climatisée, la commission des affaires municipales et de
l'environnement entreprendra l'étude des projets de loi privés
nos 215, 218, 219, 221, 223, 224, 225, 226, 229 et 230. A la salle 91-A, nous
aurons probablement la commission des transports, mais là je ne suis pas
sûr si ce n'est pas le même député. Le ministre des
Transports m'indi- quait que le député de Chicoutimi lui avait
dit qu'il serait prêt, demain matin, à discuter article par
article le projet de loi qui sera sans doute adopté au cours de la
présente journée, mais je vois qu'il y a également la
commission des affaires municipales avec les bills privés. Est-ce qu'il
y a conflit de la part de l'Opposition?
M. Burns: Oui, M. le Président, il y a conflit dans les
fonctions qu'exerce dans l'Opposition le député de Chicoutimi. Il
sera sûrement celui qui représentera l'Opposition officielle
à l'examen des amendements du Code de la route, le projet de loi no 13,
ainsi qu'à l'examen des projets de loi qui sont soumis à la
commission des affaires municipales.
M. Levesque: Peut-être pourrions-nous songer à la
commission parlementaire de la justice, demain matin...
M. Burns: D'accord.
M. Levesque: ... à moins qu'il n'y ait changement au cours
de la journée, tout dépendra. Peut-être aussi que ce sera
la commission parlementaire du revenu. On pourra peut-être décider
cela en fin de journée, parce que tout dépend du sort qui sera
réservé aux différents projets de loi au cours de la
journée. Il y aura peut-être lieu de donner priorité
à une autre commission. Mais il y a deux commissions qui semblent bien
assurées, soit, au salon rouge, l'éducation, si ce n'est pas
terminé, et, à la salle 81-A, les projets de loi privés
municipaux.
Alors, pourrait-on commencer par l'article 3)...
M. Burns: Les articles 16) et 20).
M. Levesque: Les articles 16) et 20), mais l'article 3 avant?
M. Burns: Oui.
Projet de loi no 34 Troisième lecture
Le Président: L'honorable ministre des Richesses
naturelles propose la troisième lecture du projet de loi no 34, Loi
modifiant la Loi sur le commerce des produits pétroliers.
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Jean Cournoyer
M. Cournoyer: M. le Président, je n'ai pas ou peu de chose
à ajouter, sauf que, du côté de l'Opposition comme du
côté du gouvernement, nous avons fait, de part et d'autre, les
représentations, semble-t-il, que nous devions faire au titre de la
deuxième lecture, et je n'ai pas l'intention de prolonger davantage le
débat sur cette loi en particulier.
Le Président: L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, compte tenu des réserves
que j'ai exprimées à l'endroit de la politique
énergétique du gouvernement, en particulier pour ce qui est des
produits pétroliers, compte tenu également du fait que nous avons
exprimé notre approbation à l'égard de ce projet de loi,
en dépit du fait qu'il ne résout qu'une infime partie du
problème de l'énergie au Québec, je ne reviendrai pas sur
mon intervention de deuxième lecture. Je me contenterai de
réitérer l'appui de l'Opposition officielle à ce projet de
loi, tout en rappelant au ministre, comme je l'ai fait vendredi dernier, qu'il
lui reste de nombreuses autres pièces du casse-tête à
résoudre avant que le Québec soit doté d'une
véritable politique de l'énergie.
Le Président: Cette motion de troisième lecture
est-elle adoptée?
M. Morin: Adopté, M. le Président.
Le Président: Adopté.
M. Levesque: M. le Président, article 5).
Le Président: Article 5).
M. Levesque: Oui.
Projet de loi no 32
Deuxième lecture
Le Président: Reprise du débat sur...
M. Levesque: C'est le chef de l'Opposition qui a...
Le Président: Oui, qui a la parole. L'honorable chef de
l'Opposition officielle. C'est la reprise du débat?
M. Levesque: Oui.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, nous sommes en train de
débattre le principe du projet de loi approuvant la convention de la
baie James et du Nord québécois. Cette convention a fait l'objet
d'une étude en commission parlementaire, qui a duré quatre
longues journées, au cours desquelles nous avons entendu non seulement
les Cris de la baie James, dont les intérêts étaient
directement concernés par cette entente, mais également des
représentants des Inuit du Nord du Québec, et en particulier des
délégués de la communauté de Po-vungnituk, lesquels
nous ont fait connaître les réserves qu'ils entretenaient à
l'égard de l'entente.
Ce n'est pas mon intention de reprendre aujourd'hui les débats
que nous avons eus en commission; ce n'est pas mon intention non plus, puisque
ce ne l'était déjà pas au moment de la commission, de
refaire la négociation qui est intervenue entre les Cris et les Inuit,
d'une part, et le gouvernement du Québec ainsi que certains organismes
québécois, comme la Société HydroQuébec, qui
ont un intérêt dans ces territoires, d'autre part.
Le problème à résoudre était de taille
puisque la loi de 1912, qui transférait certains territoires relevant
auparavant du gouvernement fédéral au gouvernement
québécois, comportait une clause selon laquelle le Québec
devait conclure des ententes avec les Indiens et les Inuit, les Esquimaux,
comme on disait à l'époque, au sujet de leurs droits. Cette
entente n'a jamais été négociée et, tant que les
travaux de la baie James ne sont pas venus dramatiser le problème des
droits des Indiens et des Inuit, on pouvait sans doute se permettre de
négliger une telle entente. Du moins, il ne semble pas que les
principaux intéressés aient été suffisamment forts
pour imposer une négociation au gouvernement du Québec, de sorte
que, la négligence jouant d'un côté comme de l'autre, cette
entente n'a jamais été conclue. Le problème c'était
de définir, non seulement la nature des droits des Indiens et des Inuit
sur leurs territoires, mais également l'étendue de ces
territoires.
L'entente intervenue depuis 1974, longuement négociée par
les bons soins du député M. Ciaccia. en est venue à un
ensemble de solutions nuancées, distinguant entre les terres de
catégorie 1. de catégorie 2 et catégorie 3, lesquelles se
définissent par des droits beaucoup plus stricts des Indiens et des
Inuit pour ce qui est de la catégorie 1, des droits déjà
plus nuancés de chasse et de pêche dans les terres de la
catégorie 2, etc. Je puis dire, M. le Président, qu'après
avoir étudié cette entente article par article en commission
parlementaire l'Opposition officielle en est venue à la conclusion que
les intérêts du Québec y étaient sauvegardés
et qu'on avait réussi à établir un équilibre
raisonnable entre les droits des autochtones, d'une part et les droits de la
collectivité québécoise, de l'autre.
Cependant, j'attire l'attention du ministre, qui était
présent en commission parlementaire il se souviendra
sûrement des faits que je vais évoquer sur certaines
oppositions, premièrement de la part de certains Inuit, de Povungnituk
notamment qui sont partie à l'entente et dont les droits, dans la mesure
où ils ne sont pas définis dans l'entente, seront effacés
par la loi que nous nous apprêtons à voter. En second lieu,
j'attire l'attention du ministre sur les droits des tiers. C'est
peut-être même là un problème plus important puisque
les Naskapis et les autres tribus montagnaises de la Côte-Nord se sont
vues écartées de l'entente, alors que certains de leurs
territoires seront inondés en raison de la dérivation des eaux de
la rivière Caniapiscau. De même lAssociation des Indiens du
Québec représentant à l'heure actuelle, si je ne m'abuse,
sept tribus indiennes, n'a pu se faire entendre devant la commission
parlementaire, alors que les droits de tous les Indiens
du Québec seront éteints par la convention et la loi que
nous nous apprêtons à voter, de même que par la
législation fédérale qui doit s'ensuivre.
M. le Président, dois-je rappeler au ministre que c'est l'un des
principes fondamentaux de cette entente qu'elle éteindra, de
façon permanente, les revendications, les droits et tous les titres et
intérêts de l'ensemble des Indiens et des Inuit sur les terres qui
avaient été transférées au Québec par les
lois de 1898 et de 1912? Je n'hésite pas à dire que j'ai
été profondément choqué par la façon dont on
procédait à éteindre les droits de l'Association des
Indiens du Québec sans les avoir consultés, sans tenir compte de
leurs revendications pourtant persistantes. Alors qu'ils étaient
présents aux auditions de la commission parlementaire, le ministre n'a
pas cru bon de les autoriser à prendre la parole ou encore à
répondre aux questions que l'Opposition aurait aimé leur
poser.
Je tiens à dire que cet aspect de la législation ne nous
rassure pas. Nous n'allons sûrement pas remettre en cause les fruits de
la négociation intervenue entre les Cris et les Inuit d'une part, et le
gouvernement du Québec de l'autre. Ce qui a été conclu l'a
certainement été en toute connaissance de cause par les
intéressés, et ce n'est pas à l'Opposition officielle de
se montrer plus exigeante que les Cris et les Inuit et de revendiquer plus que
ce que leur accorde une convention librement débattue et
acceptée. Je demanderais cependant au ministre ce qu'il en est de
Povungnituk. Y a-t-il eu une ratification en bonne et due forme de la part de
ce groupe qui représente grosso modo le quart des Inuit du
Québec, même s'il ne s'agit que d'un établissement parmi la
douzaine?
En second lieu, j'aimerais demander au ministre s'il peut nous
éclairer sur les intentions du gouvernement à l'égard des
autres Indiens du Québec, représentés par l'Association
des Indiens dont l'un des principaux porte-parole est le chef Max Gros-Louis.
Nous ne pouvons faire autrement qu'être inquiets, car ces Indiens avaient
des droits traditionnels de chasse, à ce qu'ils sont venus nous dire,
dans les territoires qui sont visés par la convention et par la loi qui
l'approuve.
On nous a laissé entendre que le gouvernement négocierait
sans doute ou peut-être avec ces tribus indiennes, mais ce sera une
négociation ex post facto, c'est-à-dire après que leurs
droits auront été éteints par la convention et par la loi.
Si le ministre n'en est pas conscient, je le lui rappelle.
M. Cournoyer: Ce n'est pas moi qui les éteins. M.
Morin: C'est un fait.
M. Cournoyer: Ce n'est pas moi qui les éteins, c'est la
loi fédérale.
M. Morin: M. le Président, il ne faudrait pas que le
ministre joue l'innocent dans cette affaire...
M. Cournoyer: ... pour ne pas vous écoeurer.
M. Morin: ... et que le gouvernement du Québec
prétende qu'il n'est pas partie à cette convention.
M. Cournoyer: C'est le fédéral.
M. Morin: Or, la convention éteint les droits de tous les
Indiens du Québec. Le ministre ne s'en tirera pas en prétextant
que seul le gouvernement fédéral est responsable de cette
extinction. Ce serait trop simple. J'espère que le ministre va nous
donner des explications pleines et entières là-dessus.
M. Cournoyer: Oui, M. le Président. Faites attention, vous
faites exprès.
M. Morin: M. le Président, j'en ai terminé.
M. Cournoyer: C'est mon professeur de droit constitutionnel qui
vient de me parler.
M. Morin: J'ai simplement voulu souligner les problèmes
qui ne sont pas réglés par l'entente. J'aimerais connaître
les intentions du gouvernement du Québec. Si en effet quelqu'un doit
verser une compensation aux Indiens du Québec pour la perte de leurs
droits de chasse ou d'autres droits qu'ils pourraient posséder dans les
territoires visés par la convention, ce sera le gouvernement du
Québec, comme c'est le cas en vertu des dispositions actuelles de la
convention.
M. le Président, j'en ai terminé. Je voulais, tout en
rappelant que l'Opposition apporte son appui à la convention,
puisqu'elle a été librement négociée, dire que
l'Opposition ne saurait fermer les yeux sur l'existence de droits qui seront
éteints et pour lesquels on n'a pas encore prévu de compensation.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): La réplique du
ministre des Richesses naturelles. Pas de réplique?
M. Jean Cournoyer
M. Cournoyer: Je ne voudrais pas qu'elle soit cinglante pour mon
ancien professeur, mais, au point de départ, étant donné
les dernières remarques que vous avez faites, mon cher chef
parlementaire de l'Opposition, je vous dirai que la convention prévoit
une méthode d'extinction des droits des Indiens et des Inuit, de tous
les Indiens, vous en conviendrez, dans cette partie. Le projet de loi que nous
adoptons reconnaît cette convention, mais n'éteint pas en soi les
droits des Indiens et des Inuit, puisque ces droits, en vertu de la loi de
1912, ne peuvent être éteints finalement que par une loi du
gouvernement fédéral.
Remarquez bien que, jusque-là, je suis d'accord avec le chef
parlementaire de l'Opposition officielle...
M. Morin: Si vous aviez été un bon étudiant,
vous ne joueriez pas sur les mots comme cela!
M. Cournoyer: Si vous aviez été un excellent
professeur, vous auriez utilisé des meilleurs mots!
Effectivement, ce que j'essaie de dire, c'est
que je ne joue pas sur les mots. Nous entreprenons le processus. Mon
cher ancien professeur...
M. Morin: Oui, mon cher ancien étudiant!
M. Cournoyer: ... l'élève habituellement
dépasse le maître!
M. Morin: Je ne me prononcerai pas là-dessus!
M. Cournoyer: Non, non! Laissez M. Burns faire cela.
De toute façon, j'ai écouté avec beaucoup...
M. Burns: Je ne serais pas de votre côté
là-dessus!
M. Cournoyer: Pardon? Parce que vous êtes aussi un ancien
professeur!
M. Burns: Je ne serais pas de votre côté, parce que,
moi aussi, je suis un ancien professeur!
M. Cournoyer: C'est ce que je dis. C'est un ancien
élève comme moi, d'ailleurs. Nous l'étions dans le
même temps, même si vous étiez plus jeune que moi.
L'opposition de Povungnituk, M. le Président, nous l'avons
notée comme l'Opposition. C'était une opposition des gens qui
disaient: Nous n'avons pas les mêmes intérêts: nous ne
pensons pas comme le reste des Inuit. C'est une communauté qui, j'en
conviens, est importante sur la baie d'Hudson en particulier. Seulement, la
façon de déterminer la participation des Inuit au vote a fait
qu'il y en a qui étaient pour et qu'il y en a qui étaient contre.
Il s'agissait de prendre qui était contre et qui était pour et de
compter cela.
M. Morin: Quel a été le vote? Pourriez-vous nous
renseigner là-dessus?
M. Cournoyer: Je pourrais vous renseigner tantôt, en
commission plénière, si vous le voulez. Je vais vous donner le
résultat exact par rapport au nombre exact d'Inuit. Je demande à
ceux qui sont en haut de m'indiquer cela tantôt pour qu'on ait moins de
misère pendant l'étude en commission plénière.
Il m'apparaît donc que, dans le cas de Povungnituk, cette
société ou cette municipalité ou cette bande ou cette
aglomération d'Inuit n'a pas été considérée
comme telle dans le groupe des Inuit. On a dit: Ce sont des Inuit qui sont
habituellement des voyageurs et qui ont des communautés qu'on retrouve
un peu partout sur la baie d'Ungava ou qu'on retrouve sur la baie d'Hudson. Ces
gens ne forment qu'un peuple, les Inuit.
S'il y en a qui vivent à Povungnituk, on n est pas pour avoir une
patente différente pour eux strictement parce qu'ils se trouvent du
côté de la baie d'Hudson, pendant que d'autres sont du
côté de la baie d'Ungava ou du côté du Labrador,
d'une façon générale.
Comme nous sommes le gouvernement du
Québec qui négociions avec eux pour tenter de
régler le problème et que toute la méthode établie
dans la loi elle-même donne un choix particulier à chacune des
communautés, soit Inuit, soit Cris ces choix sont
déterminés dans la convention nous croyons fermement qu'en
toute justice pour tous les Inuit nous avons décidé de
procéder par la règle de la majorité. Le gouvernement
fédéral ayant accepté cette règle, c'est lui qui en
a supervisé l'application et le gouvernement fédéral,
s'étant dit satisfait, lui qui éteindra effectivement les droits
des Indiens et des Inuit sur tout le territoire, que cela a été
fait d'une façon démocratique et non pas imposé par le
gouvernement du Québec, même si nous avions pu être les plus
forts dans ce cas c'était imposé par les circonstances
dans lesquelles les Inuit comme les Indiens vivaient a reconnu cette
situation de fait et a dit: Face à cela, je reconnaîtrai que les
droits des Indiens et des Inuit peuvent être abolis d'une façon
démocratique compte tenu de la loi de 1912.
Il reste d'autres sortes d'Indiens dans la province de Québec. Il
y a ceux qui sont représentés par l'Association des Indiens de
laquelle les Cris se sont formellement, dans les faits du moins,
dissociés, dans le sens qu'ils ont dit: On va négocier notre
affaire tout seuls.
Et il y a aussi une autre section: les Naskapis. Nous devons tenter de
négocier une abolition des droits ordinaires des Indiens d'avant la loi
de 1912. Nous avons tenté de la négocier, et la négocier
avec ceux qui ont des droits sur le territoire de la baie James. Et jusqu'ici,
les Indiens, les Inuit, les Naskapis, d'une part, et les autres groupes d
Indiens, suite, bien sûr, aux représentations pour obtenir une
clarification de la part du chef parlementaire de l'Opposition, nous avons
indiqué que nous négocierions essentiellement tous les droits
avant d'arriver à une abolition totale, c'est-à-dire un
remplacement des droits. Je conçois, moi. la Convention des Indiens et
des Inuit comme étant un remplacement des droits que ces deux
communautés pouvaient avoir avant 1912, qu'ils auraient continué
d'exercer postérieurement à 1912, et que nous, actuellement,
voudrions voir changer.
M. Morin: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une question?
M. Cournoyer: Oui, vous avez l'air gentil cet
après-midi.
M. Morin: Elle va être assez simple. Est-ce que la
convention que nous sommes sur le point d'approuver par ce projet de loi ne
prévoit pas spécifiquement l'abolition, plutôt l'extinction
des droits de tous les Indiens sur ces territoires? Soyons précis,
là.
M. Cournoyer: Oui, elle prévoit l'abolition des droits des
Indiens et des Cris et sans distinction de qui que ce soit.
M. Morin: Aussi bien les Naskapis que les Algonquins, que les
Montagnais?
M. Cournoyer: Certainement. Mais dans la convention, cependant,
vous allez découvrir une clause qui dit que je m'engage, moi, comme
gouvernement, à négocier avec les autres. Il faudrait la lire,
celle-là aussi, parce qu'elle est dans la même convention.
C'est-à-dire que je ne peux requérir formellement du gouvernement
fédéral l'abolition des droits des Indiens et des Inuit, donc de
tous les Indiens, de tous les Inuit sur le territoire, sans avoir reconnu ou
trouvé une méthode de remplacement des droits de ceux qui croient
en avoir.
Actuellement, nos discussions sont, avec les Naskapis, par exemple:
Est-ce que vous avez des droits? Et quels sont-ils? Et quelle serait la
compensation que nous devons vous donner pour l'abolition que, de toute
façon, nous allons être obligés d'en arriver à
demander au gouvernement fédéral? Et cela nous le faisons. Je le
dis en toute sincérité. Ceux qui ont négocié au nom
des Indiens et des Inuit ont insisté pour qu'une telle clause ou une
telle situation existe dans la convention. Ils ne voulaient pas être ce
qu'on pourrait appeler des traîtres à leur patrie, et dire: Voici,
nous, les Naskapis, on n'a pas d'affaire à eux autres, ou encore les
autres Indiens représentés par l'Association de M. Gros-Louis,
par exemple, on n'a pas d'affaire à eux autres. Ce n'est pas tout
à fait cela. Etant la majorité, ils ont dit: Vous autres, vous ne
viendrez pas nous empêcher de régler notre problème comme
bon nous semble et décider avant certaines dates, vous le savez, qui
auraient été difficiles pour nous.
Une fois le barrage terminé, il n'y a pas un Indien qui va mettre
de la dynamite dedans pour le plaisir d'en mettre. On comprend qu'il y avait un
certain nombre d'impératifs, pour eux comme pour nous, et nous sommes
arrivés à la conclusion que la convention devait obliger le
gouvernement vis-à-vis et des Indiens et des Inuit qui signaient la
convention face à des tiers comme les Naskapis et d'autres Indiens qui
croiraient avoir des droits. C'est pourquoi nous avons mis deux ans de maximum
avant que le gouvernement fédéral n'ait effectivement atteint
tous les droits des Indiens sur le territoire, et je le dirais à la
façon du chef de l'Opposition officielle: Les droits de tous les Indiens
du territoire, tous les droits de tous les Indiens, pour éviter le jeu
de mots. Je ne joue pas sur les mots là, mais il semble que c'est
à peu près dans ce sens qu'on se dirigeait.
Nous avons, bien sûr, convenu de payer certaines compensations,
qui sont inscrites dans la loi, aux Indiens Cris de la baie James et aux Inuit.
En fait, ils sont en grande partie, sinon en totalité, du
côté de la baie d'Ungava et du côté de la baie
d'Hudson proprement dite, un peu au-delà quoique un peu aussi, en
partie, dans le territoire de la baie James. Nous avons donc convenu avec eux
des conditions avec lesquelles eux consentaient à ce que leurs droits
soient abolis. Les négociations sont formellement engagées. Si on
ne pouvait pas être empêtré dans le Labrador, on serait
correct, parce qu'en fait ces gens ne reconnaissent pas plus les
frontières que certains d'entre nous. Il y a un problème, c'est
que de l'autre bord de la ligne, c'est encore des Inuit, et que de ce
côté-ci de la ligne, ce sont des Inuit; ils n'ont pas
changé de race parce qu'ils sont de l'autre bord.
Effectivement, ces gens demandent que nous négociions, en
même temps que le gouvernement de Terre-Neuve, l'abolition des droits,
parce que, semble-t-il, ils sont beaucoup plus forts chez nous, vu le
précédent de notre entente avec les Inuit, qu'ils ne le seraient,
semble-t-il, du côté du Labrador.
Comme je n'ai pas à m'occuper des préoccupations du
gouvernement de Terre-Neuve, mais que le Labrador m'intéresse
souverainement, j'étudie formellement avec eux la possibilité
pour nous d'en venir à une entente qui réglerait le
problème des Inuit du territoire de la baie de l'Ungava.
Ce qui veut dire que je pense bien que devant...
M. Burns: Vous avez eu un commercial payé par le ministre
des Richesses naturelles.
M. Cournoyer: S'il faut continuer à les payer, à
part cela, on va continuer à les payer. Mais jusqu'ici, il y en a de
plus en plus qu'on ne paie pas parce que les gens commencent à savoir
que le ministère des Richesses naturelles n'a pas besoin de payer ses
commerciaux, cela appartient à la société
québécoise. Ce n'est pas Ti-Jean Cournoyer qui est là et
qui mène cela. C'est la société qui mène cela. Ils
ne font pas de publicité à Ti-Jean, mais ils font de la
publicité au ministère des Richesses naturelles. Il est temps
qu'on le sache.
M. Burns: Vous n'avez pas besoin de faire dire: Le
ministère des Richesses naturelles, c'est mon ministère! Vous
n'avez pas besoin de faire dire cela.
M. Cournoyer: Jamais! Je le répète et je le dis
encore: Le meilleur ministre des Richesses naturelles qui ait jamais
passé au Québec, c'est moi! S'il y en a qui ne sont pas contents
de cela, dites-le!
Tout cela pour dire...
M. Burns: II faut dire que ce n'était pas difficile.
M. Cournoyer: D'avoir un ministère comme celui-là?
C'est le plus beau ministère au Québec. Ce n'est pas parce que je
le dis que c'est le plus beau. Faites bien attention, parce que ce
ministère est le ministère de l'avenir à condition qu'on
s'en occupe comme le ministère de l'avenir.
M. Morin: A la condition qu'il y ait un bon ministre.
M. Cournoyer: A la condition qu'on s'en occupe aussi comme le
ministère du présent, mais pas le ministère du
passé. Je n'ai pas l'impression que ce ministère n'ira pas loin.
Il va aller aussi loin que ceux qui l'ont créé voulaient qu'il
aille.
M. Morin: C'est-à-dire?
M. Cournoyer: Je n'ai rien dit.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: Ecrivez cela dans vos journaux; ceux que vous
possédez encore.
M. Morin: Cela vous intéresse "souverainement," si j'ai
bien compris.
M. Cournoyer: Si j'ai bien compris, c'est superlatif. C'est plus
que souverainement. Je veux que nous soyons, chez nous, maîtres de nos
richesses naturelles comme nous le sommes déjà, d'ailleurs. Il
n'y a pas de problème là-dessus. Il s'agit juste de savoir ce
qu'on en fait. On va le savoir, ce qu'on va en faire, quand on va arrêter
d'être empêtré et de s'enfarger dans les fleurs du
tapis.
M. Morin: Le problème, c'est que vous êtes dans le
mauvais gouvernement.
M. Cournoyer: Les Indiens et les Inuit sont l'objet principal du
bill 32, et il se situe dans la conjoncture de ce gouvernement de respecter les
droits de tout le monde, fussent-ils en très grande ou en très
petite minorité dans la province de Québec, de façon que
tout le monde soit heureux d'y vivre.
Nous avons eu énormément de difficultés, cela n'a
pas été facile d'en arriver à une conclusion parce que,
d'une part, il s'agissait d'intérêts d'une minorité
très éloignée de la majorité
québécoise et, d'autre part, nous avions conscience que la
majorité québécoise ne voulait pas assommer cette
minorité. Parce que nous savions, de même que tout le monde ici,
que nous ne devions pas assommer cette minorité, aujourd'hui nous
n'avons pas de crainte de constater que les chiffres auxquels nous arrivons ne
doivent fatiguer personne, même s'ils semblent élevés.
Effectivement, c'est ce que ça vaut pour nous, et la
société québécoise en particulier, ce que nous
avons dû consentir pour que ces gens ne se sentent pas brimés dans
une société comme la nôtre.
Nous aurions pu les écraser, mais le Québécois ne
permet pas l'écrasement des petits, à aucune époque. Comme
je suis Québécois, je n'aurais pas permis qu'il en fût
ainsi. C'est pourquoi parfois, lorsque vous regardez les chiffres, certains
d'entre nous peuvent trouver que nous avons acheté la paix à un
très gros prix.
M. Morin: II y a des Indiens qui se sentent écrasés
à l'Association des Indiens du Québec.
M. Cournoyer: Je fus un jour à Povungnituk. Non, pas
à Povungnituk, j'irai cet été. J'étais sur le bord
de la baie d'Ungava. S'il y a des gens qui se sentent écrasés
là, je m'adresse à eux autres, à la baie aux Feuilles en
particulier. Vous m'avez dit qu'ils se sentaient écrasés. Il y en
a quelques-uns qui doivent se sentir pas mal supérieurs.
M. Morin: Je parle des Indiens du Québec. M. Cournoyer:
Pardon? M. Morin: Je vous ai parlé...
M. Cournoyer: Oui, oui, les Indiens du Québec.
M. Morin: ... de l'Association des Indiens du Québec.
M. Cournoyer: Je vais répondre d'abord sur les Inuit, cela
fait mon affaire, et, après, je répondrai sur les autres
aussi.
Dans le cas des Inuit, quand je constate qu'un gouvernement comme le
nôtre, aussi éloigné que possible de la baie d'Ungava, et
ceci inspiré par un ancien ministre des Richesses naturelles
écoutez bien, je le dis avec toute la sincérité que je
peux avoir a actuellement à la baie aux Feuilles, pour 72 Inuit,
quatre fonctionnaires québécois payés au gros prix,
posez-vous la question: Jusqu'à quel point, les gens qui vivent à
baie aux Feuilles ne sont-ils pas servis royalement par le gouvernement du
Québec? Quatre fonctionnaires pour 72 Inuit.
En plus de cela, on leur transporte le pétrole pour faire marcher
les "skidoo" et les générateurs à
l'électricité. Dans ce sens-là, on est aussi mal pris que
les gars de Terre-Neuve avec leur patente thermique, parce que c'est thermique,
notre affaire.
M. le Président, cela, c'est un village que j'ai visité
par hasard comme ministre des Richesses naturelles. J'ai regardé ce que
nous donnions comme services au complet sur toute la baie de l'Ungava en
particulier, en partant de Chimo jusqu'à l'autre bout de la baie
d'Hudson. Puis, je regarde les gens que nous entretenons comme
Québécois, entretenons c'est-à-dire nos
fonctionnaires...
M. Morin: Le terme est fort.
M. Cournoyer: Bien voilà! Vous jouez sur les mots; je vais
jouer sur les mots, moi aussi. Les gens que nous fourrons comme
Québécois, si c'est ce que vous voulez.
M. Morin: Ce n'est pas mieux choisi. Ce n'est pas un mot mieux
choisi.
M. Cournoyer: Le nombre de personnes que nous entretenons, pas
comme des pauvres et des galeux... Parce qu'ils sont éloignés,
nous les entretenons; nous les aidons à transporter la nourriture, nous
leur prêtons de l'argent chaque année. On dit qu'on les traite
comme des pouilleux ces gens-là. Ce n'est pas vrai, M. le
Président.
Nous donnons à ces gens tous les services qu'une
société moderne doit donner à des gens qui veulent
demander là je dis bien à leur crédit en même
temps qu'à leur débit avec tous les degrés
d'indépendance que certains autres voudraient avoir pour le
Québec. Cela, c'est parfait
pour moi. Nous leur consentons d'énormes sacrifices par rapport
aux sacrifices que nous demandons à des populations qui sont beaucoup
plus volumineuses, mais qui sont peut-être un peu plus près de
ceux qui payent des taxes. M. le Président, ce n'est pas un blâme
que je leur fais, mais, comme on me provoque dans ce sens, je me dis: A aucun
moment, ceux qui se plaignent actuellement, du côté des Inuit,
peuvent-ils dire que nous utilisons la force pour les écraser.
Quant à l'Association des Indiens de la province de
Québec, Max Gros-Louis, Billy Diamond non, pas Billy; Billy a
signé cela, lui l'autre qui était à Caughnawaga,
ils prétendent avoir des droits sur le territoire de la baie James; ils
prétendent cela. Venez me dire lesquels; je suis prêt à les
acheter avant qu'on les abolisse. Mais, tant et aussi longtemps que je ne sais
pas lesquels, puisque je ne sais pas du tout comment vous les utiliseriez sans
les avions modernes que la société dans laquelle nous vivons vous
permette d'utiliser, lâchez-moi. Dites-moi les droits, je suis prêt
à les acheter. Les Naskapis, qui sont beaucoup plus près que les
Indiens de Caughnawaga du territoire de la baie James franchement, ils
sont plus proches; c'est à Schefferville dans ce coin-là
ont un territoire de chasse qui englobait, semble-t-il, une partie du
territoire qui sera inondé.
Etant donné qu'il y a une possibilité très
rapprochée, très rapprochée que les Naskapis perdent un
droit traditionnel qu'ils ont toujours eu, reconnu par leurs collègues
Indiens pas mal avant qu'on soit là, je dis: Très bien,
étant donné que ce droit sera aboli, je suis prêt à
discuter avec vous de l'achat de ce droit ou de son remplacement par un autre
droit ou encore du maintien du même droit, compte tenu des autres
impératifs que le gouvernement du Québec ou la
société québécoise voudraient voir se
développer dans la région.
Là, je n'en ai pas.mais, si j'avais d'autres impératifs,
je serais prêt à dire: Messieurs, je vais vous acheter cela
à tel prix ou je vais remplacer cela par telle autre terre, à
côté, plus encore propice pour votre territoire de chasse que
celui que vous utilisiez dans le temps. Alors, comme je ne veux pas du tout
brimer les Naskapis, ni brimer l'Association des Indiens, mais qu'il ne fallait
surtout pas, au moment de la conclusion de l'entente, brimer les droits de la
majorité des Indiens qui restent sur le territoire de la baie James, les
Cris par exemple, ou encore brimer les droits de la majorité des
Esquimaux ou des Inuit qui restent là, on a décidé que la
loi de la démocratie commençait à avoir son voyage, puis
qu'il fallait qu'elle suive son cours.
Comme les Cris ont décidé à 95% ou 96% l'abolition
des droits des Indiens et que cette abolition comporte une clause, je la
respecterai, dans ce sens que je ne peux pas avoir aboli les droits des
Naskapis, s'ils en ont, sauf en les compensant suivant la méthode
prévue dans la convention avec les Cris et les Inuit. Donc, ce que le
Parlement me reconnaît le droit de faire actuellement par la loi que j'ai
proposée, c'est de me conformer à une convention que tout le
monde a vue.
Le Parlement me dit: Non seulement nous te permettons de t'y conformer,
mais nous t'obligeons à t'y conformer. Tu ne viendras pas changer cela,
comme ministre des Richesses naturelles, comme tu vas le vouloir. Ce dont il
est question, c'est de la loi qui a été déposée
à l'Assemblée nationale; ce ne sont pas des petits amendements
qui vont arriver après.
M. Morin: Oui, mais la loi vous autorise à modifier la
convention.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je commence à trouver que votre droit de réplique
est long.
M. Cournoyer: II est long, excusez-moi, M. le Président.
Je voulais simplement dire que la loi m'autorise à modifier la
convention, mais elle ne m'autorise pas à modifier une convention tout
seul. Si c'est cela que ça veut dire, on changera cela en commission
plénière tantôt. La convention, M. le Président, je
vais la changer avec ceux qui l'ont signée avec moi. Il y a assez
longtemps que j'en négocie pour savoir ce que cela veut dire. Ce n'est
pas un décret, cette loi, et je suis prêt à changer cela en
commission plénière. J'arrête, je comprends que c'est un
peu long.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Burns: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): L'honorable leader
adjoint par intérim.
M. Garneau: Je propose que vous quittiez le fauteuil pour qu'on
se forme en commission plénière pour étudier le projet de
loi, article par article.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Burns: Adopté.
M. Morin: Adopté, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Adopté.
L'honorable député de Viau.
Commission plénière
M. Picard (président de la commission plénière):
A l'ordre, s'il vous plaît! Loi approuvant la convention de la baie
James et du Nord québécois, article 1.
M. Morin: M. le Président, avant d'aborder l'article
premier, le ministre me permettrait-il de lui poser quelques questions de
fait...
M. Cournoyer: Oui.
M. Morin: ... pour compléter le débat de
deuxième lecture que nous venons de terminer?
J'aimerais lui demander s'il a eu, depuis novembre dernier,
c'est-à-dire depuis que la convention a été conclue, des
contrats avec l'Association des Indiens du Québec. Il a mentionné
tout à l'heure qu'il avait rencontré les Naskapis, je crois
du moins c'est comme cela que j'ai interprété ses paroles
que le gouvernement avait rencontré les Naskapis, avant ou
après la signature de la convention. Peut-être pourrait-il me
donner des détails là-dessus?
J'aimerais surtout savoir si, depuis lors, on a rencontré les
Indiens du Québec pour discuter de leurs droits à la
lumière de la nouvelle convention?
M. Cournoyer: II est clair que nous avons rencontré les
Naskapis je dis nous en m'excluant que le gouvernement a
rencontré les Naskapis. A la suite de la convention, j'ai renommé
M. Ciaccia, qui avait négocié et conclu l'entente avec les Cris
et les Inuit, pour les Naskapis. Quant à l'autre question, je vais
m'informer ici, auprès de M. Guy Poitras, qui est le responsable et
coordonnateur de l'entente, comme sous-ministre adjoint au ministère des
Richesses naturelles.
L'Association des Indiens du Québec représente,
actuellement, 10% des Indiens, environ. Il s'est formé une nouvelle
association qui assume les intérêt des Montagnais et qui est en
train de préparer un dossier à présenter au ministre des
Richesses naturelles.
M. Morin: Combien l'Association des Indiens, regroupe-t-elle de
tribus à l'heure actuelle?
Si j'ai bien interprété vos propos, les Montagnais ont
quitté cette association.
M. Cournoyer: Oui, les Cris aussi, si je comprends bien. Est-ce
que les Cris ont quitté l'association? Non, ils n'ont pas quitté
l'association sauf pour les intérêts relatifs au territoire de la
baie James.
M. Morin: Et quant aux Montagnais?
M. Cournoyer: Les Montagnais ont formé une nouvelle
association, dont le président est M. Gili, qui prépare
actuellement un dossier de réclamations à faire étudier et
à présenter au ministre des Richesses naturelles.
M. Morin: Si vous n'avez pas encore rencontré
l'Association des Indiens, association dont, apparemment, ne font plus partie
les Montagnais, quand comptez-vous les rencontrer? Entre-t-il dans vos
intentions de négocier avec eux l'étendue de leurs droits?
M. Cournoyer: Remarquez bien, M. le Président, je ne
voudrais pas les provoquer, mais jusqu'ici je n'ai reçu personnellement
que des représentations de la part des Naskapis et des Montagnais. Les
Montagnais, même, sont en train de préparer un dossier. Quant aux
Naskapis, cela a été formel, l'Association des Naskapis ou la
bande des Naskapis ou la trubu des Naskapis, cela a été formel.
Ils m'ont demandé de commercer avec eux les négociations, en
conformité avec la convention. Ce que nous avons fait et que nous
continuons de faire.
Dans le cas de l'Association des Indiens du Québec, je n'ai
jamais, personnellement et je me fie à mes fonctionnaires
reçu de demande de cette association pour négocier quelque droit
que ce soit ou l'abolition de quelque droit que ce soit sur le territoire de la
baie James ou celui de la baie d'Hudson; à aucun moment je n'en ai
reçu.
M. Morin: Pour ce qui est de l'abolition de leurs droits. Mais
n'auriez-vous pas eu, par hasard, des représentations à l'effet
de leur remettre une compensation pour l'abrogation de certains droits?
M. Cournoyer: Non, c'est ce que nous avons dit ensemble, je pense
bien, à la commission parlementaire, s'ils ont des droits qu'ils
constatent devoir être abolis. Comme vous l'avez dit tantôt, ce
sont les droits de tous les Indiens qui vont être abolis sur le
territoire de la baie James, et non pas une partie seulement des droits des
Indiens. C'est-à-dire, ce n'est pas une partie des Indiens qui verront
leurs droits abolis, ce sont tous les Indiens qui verront leurs droits
abolis.
Nous avons dit. à cette époque, que nous étions
ouverts à la négociation de l'abolition ou des compensations
possibles lorsque certains droits seraient abolis vis-à-vis d'eux. Or,
la catégorie de droits n'est pas la même partout. Ceux que nous
abolissons dans le cas des Cris ou dans le cas des Inuit sont totalement
différents de ceux que nous abolirions s'il en existait dans le cas des
Indiens de Cauqhnawaga, par exemple. Ils en ont peut-être, des droits,
mais je ne les connais pas pour le moment. Si nous constatons qu'actuellement
et cen'estpasun reproche encore l'Associationdes Indiens du
Québec représente 10% de tous les Indiens, qui sont au nombre de
30 000 au Québec, et que de ces 10%, à la baie James, il y a au
moins 6000 Cris qui ont réglé, alors, il est clair, il est fort
possible que, les Montagnais en étant sortis et les Naskapis
négociant seuls, il reste peu de monde qui ait des droits
immédiats à formuler vis-à-vis du gouvernement. Mais s'ils
en avaient. M. le Président, il me semble que nous serions prêts
à négocier avec eux de la même façon que nous avons
négocié avec les autres.
M. Morin: Quand vous dites 30 000 Indiens, l'entendez-vous au
sens juridique du British North America Act comme incluant les Inuit, ou si
vous ne comptez que les Indiens proprement dits?
M. Cournoyer: Non, les Inuit ne seraient pas compris. Ils n'ont
jamais été catalogués comme Indiens ni dans la loi ni
ailleurs. Cela comprend une définition légale des Indiens par
exemple, parce que, lorsque c'est légal ou juridique, cela exclut les
Inuit, selon certaines interprétations.
M. Morin: Combien y a-t-il de Montagnais et de Naskapis en
particulier?
M. Cournoyer: II y a 400 Naskapis à Schefferville, mais on
ignore le nombre de Montagnais qui résident au même endroit.
M. Morin: Ce nombre est de quel ordre?
M. Cournoyer: Ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas fait valoir
leurs droits quant au nombre. Tous les droits sont toujours calculés sur
une base individuelle.
M. Morin: Vous me dites qu'il y a 30 000 Indiens au
Québec, dont 6000 Cris et 400 Naskapis. Cela laisse encore 23 000 et
quelques centaines d'Indiens dont les droits n'ont pas été
négociés ou qui pourraient prétendre avoir des
droits...
M. Cournoyer: Mais qui ne l'ont pas encore prétendu.
M. Morin: Dont certains l'ont prétendu déjà,
notamment les Montagnais, mais d'autres ne l'ont pas fait. Cela laisse donc une
majorité d'Indiens dont les droits n'ont pas encore été
explorés, si je comprends bien.
M. Cournoyer: Je vous dis que je suis en train de négocier
et je n'irai pas les explorer pour eux.
M. Morin: Je comprends, mais...
M. Cournoyer: On leur donne l'occasion, après plusieurs
annonces de ce que nous faisons, à la suggestion de l'Opposition et
à la demande de l'Opposition, de venir nous voir, disant: Venez nous
voir et si vous pensez que vous avez des droits, on va les négocier
avant de les abolir. Nous savons une chose on n'est pas fous
c'est que lorsque viendra le temps de les abolir, devant une autre instance,
c'est-à-dire le fédéral, qui a le pouvoir ultime d'abolir
les droits de tous les Indiens sur le territoire, je ne voudrais pas
recommencer une négociation avec qui que ce soit.
Disons que l'occasion que vous me donnez, c'est de répéter
ceci dans des textes officiels parlementaires: Si vous avez des droits,
demandez-les. Il est le temps de les demander, parce qu'il sera trop tard,
après cela.
M. Morin: Est-ce que le ministre n'estimerait pas opportun de
faire un geste du côté de l'Association des Indiens du
Québec et d'inviter ces derniers à faire valoir leurs droits? A
ce que je sache, il n'y a jamais eu de démarches par écrit de
votre part.
M. Cournoyer: Dans le cas de plusieurs Indiens
québécois, une sorte de confusion a pu s'installer à un
moment donné. La première confusion vient du fait que nous avons
un problème sur un territoire délimité comme étant
celui de la baie James. En vertu des termes de l'entente, il s'étend
au-delà de la baie James; c'est la baie d'Hudson au complet, ce qu'on
appelle le Nouveau-Québec, qui était assujetti à un
certain nombre de règles qui étaient non écrites, ce qui
faisait que nous avions, au ministère des Richesses naturelles, une
direction du Nouveau-Québec qui s'occupait des gens de ce
côté et que le fédéral avait sous son égide
depuis déjà un certain temps.
Quand on parle des droits des Indiens et des autochtones qui auraient eu
des droits, nous parlons, bien sûr, dans une négociation, de ceux
qui auraient des droits sur le territoire visé et non pas sur tout le
territoire de la province de Québec. J'espère qu'on se comprends
là-dessus.
M. Morin: Parfaitement.
M. Cournoyer: Dans le territoire visé, les principales
personnes qui, c'est sûr, avaient des droits là-dessus,
c'étaient les Cris du côté des Indiens et les Inuit du
côté de ce que nous nous étions convenus d'appeler, avant
que le terme nous apparaisse à sa face même, les Esquimaux. Ces
gens ont des droits à leur face même, puisqu'ils vivent
effectivement sur le territoire dont il est question.
Il y a d'autres cas, comme les Naskapis, qui ne vivent pas
essentiellement sur le territoire dont il est question. Il y en a une partie
qui vit sur ce territoire, mais les Naskapis, comme je le disais tantôt,
ou les Inuit, ont aussi, semble-t-il, vu le caractère de mobilité
de leur vie, des droits sur le territoire du Labrador qui n'est pas encore chez
nous, que je sache; même sur l'île de Terre-Neuve, ils ont des
droits. Chez nous, l'abolition, dans ce qu'on appelle la loi de 1912, ou la loi
de l'extention du territoire québécois, nous dit que nous devons
faire un certain nombre de gestes que nous avons négligé, comme
gouvernement, de poser depuis 1912 et que nous avons dû poser, suivant
notre bon jugement, à partir de 1970 ou 1971.
Nous en sommes venus à la conclusion que c'est de cette
façon qu'on éteignait les droits de ceux qui vivaient sur le
territoire. Quelqu'un qui avait droit à une réserve, qui avait le
droit de chasser, ce n'est pas comme celui qui avait le droit de vivre
là. S'il avait le droit de chasser et que je change son droit, je ne
paierai certainement pas le même prix qu'à celui à qui
j'enlève le droit de vivre sur le territoire.
M. Morin: Vous devrez à tout le moins payer ce que cela
vaut.
M. Cournoyer: Nous sommes prêts à payer ce que cela
vaut à condition que le gars vienne, du côté des Indiens
je ne lui fais pas une invitation, il est invité formellement,
comme tous ceux qui sont des Indiens et qui auraient des droits sur le
territoire de la baie James les faire valoir le plus rapidement
possible, de façon qu'on puisse en disposer avant que le Parlement
fédéral ne dépose sa loi qui abolira effectivement et
d'une façon incontestable les droits des Indiens, toujours sur le
territoire de la baie James. Il ne faut pas se laisser leurrer par l'autre
approche.
L'autre approche, c'est que l'Association des Indiens prétend
avoir d'autres droits sur d'autres territoires de la province qu'elle voudrait
négocier en même temps que ceux du territoire de la baie James.
C'est là que les Cris et les Inuit ont dit non. On négocie notre
affaire, on reste ici. Vos problèmes dans le bout de Caughnawaga, vous
les règlerez avec les autorités du gouvernement du
Québec.
M. Morin: Vous êtes disposé à négocier
avec les Indiens les droits ancestraux ou traditionnels qu'ils ont sur le
territoire qui fait l'objet de la convention. C'est clair.
M. Cournoyer: Etant donné que je négocie avec vous
c'est ce que je suis en train de faire apparemment je vais dire
que je suis prêt à négocier les droits que nous
reconnaîtrons qu'ils ont plutôt que les ancestraux et les
traditionnels. Moi, mon grand-père avait peut-être des droits dans
ce bout-là. S'il fallait que je commence à réclamer! Il
était pas mal plus vieux que moi. Je ne me souviens pas de cela, moi.
Peut-être qu'il en a.
M. Morin: C'étaient plutôt des droits seigneuriaux
du côté du Richelieu...
M. Cournoyer: Qu'est-ce qui vous dit que ma grand-mère
n'était pas une Indienne?
M. Morin: Dans votre cas, c'étaient des droits
seigneuriaux en haut de la rivière Richelieu. Le ministre devrait mieux
connaître ses ancêtres et savoir quels ont été leurs
droits dans la seigneurie de Cournoyer!
M. Cournoyer: Y a-t-il eu une seigneurie de Cournoyer?
M. Morin: Le ministre ne savait pas cela?
M. Cournoyer: J'ai mon voyage! Je reconnais mon professeur!
M. Morin: On voit bien, M. le Président, qu'on n'enseigne
plus l'histoire dans les écoles du Québec!
M. Cournoyer: Une seigneurie de Cournoyer! J'ai mon voyage! En
tout cas, je vous avertis que mon père n'était pas seigneur!
M. Morin: M. le Président, on pourrait peut-être
passer, devant ces assurances formelles que me donne le ministre de sa
volonté de négocier, à l'étude de l'article
premier. J'ajoute que je n'ai pas d'objection à ce que nous adoptions
cet article.
Le Président (M. Picard): Article 1, adopté.
Article 2?
M. Morin: II est bin répétitif, cet article 2, un
peu à la manière anglaise, surtout à l'alinéa
premier. Ne suffirait-il pas de dire que la convention était mise en
vigueur par la présente loi? Pourquoi avoir utilisé tout ce
fatras répétitif de "approuvée, mise en vigueur,
déclarée valide"? C'est plutôt une technique
législative d'inspiration anglaise.
M. Cournoyer: M. le Président, je pense que l'entente
elle-même comporte ces termes. Parce que nous voulions la respecter dans
son intégrité et vis-à-vis aussi de ceux avec qui nous
avions négocié, nous ne voulons pas dire que le texte de loi est
totalement différent de l'entente.
M. Morin: Si vous aviez dit que l'entente est ratifiée ou
que la convention est ratifiée, cela aurait eu exactement le même
effet sur le plan juridique.
Je n'en ferai pas une question de première importance mais...
M. Cournoyer: II eût fallu, à ce moment-là,
renégocier avec les Indiens ou les Cris et les Inuit les termes
mêmes parce que les termes ont été négociés
l'un après l'autre et tous les termes ensemble.
M. Morin: Voulez-vous dire que le projet de loi que vous nous
soumettez aujourd'hui a été négocié mot par
mot?
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas ce que je vous dis. Ce que je
veux dire, c'est que l'entente comporte ces termes dans la séquence
où ils s'y trouvent. Les premières remarques, cela aurait
été pour nous de faire un projet de loi différent: On va
arranger cela différemment pour la procédure législative.
Mais sans négocier la loi, nous aurions eu l'air de nous départir
de certaines obligations de l'entente en ne la reproduisant pas dans son
intégrité. Comme cela n'était pas notre intention et que
nous n'avons jamais douté que l'Oppostion nous demanderait, par un texte
législatif, de faire autrement que l'entente, on en est venu à la
conclusion qu'il était préférable de reproduire
l'entente.
M. Morin: M. le Président, sous ces réserves
d'ordre terminologique, nous sommes disposés à adopter
l'alinéa premier de l'article 2, de même que l'alinéa
deuxième, de même que le troisième, de même que le
quatrième, ainsi que le cinquième. J'aurai toutefois quelques
observations à faire valoir sur le sixième alinéa.
Nous serions totalement d'accord avec le principe qui est
énoncé dans cet alinéa à l'effet que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut procéder par décret
à créer certains organismes, à déterminer le mode
de nomination, à déterminer la composition desdits organismes, si
ce n'était de l'article 3 qui suit. Autrement dit, si l'alinéa 6
de l'article 2 ne portait que sur la convention existante, je n'aurais aucune
espèce d'objection majeure.
J'ai des craintes, cependant, à propos d'autres conventions
complémentaires, lesquelles seraient adoptées par proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lesquelles ne seraient approuvées par
cette Assemblée qu'à la suite d'un débat restreint,
lesquelles pourraient être adoptées également sans que les
parties intéressées soient entendues par cette Assemblée.
Alors, lorsqu'on fait la jonction de l'alinéa 6 avec l'article 3, il y a
lieu de s'interroger sur le caractère quelque peu arbitraire du pouvoir
qui est ainsi conféré au gouvernement.
Le ministre peut-il me donner son opinion là-dessus?
M. Cournoyer: M. le Président, avant de donner une
opinion, l'Opposition a adopté tantôt ou, enfin, a
suggéré l'adoption de l'article 2, paragraphe 3. A l'examen des
deux textes cela m'est arrivé souvent; moi, je ne regarde
habituellement que le texte français dans cela il semble qu'il y
aurait, dans le texte anglais, une différence fondamentale, au
paragraphe 3. Cela concerne "shall be set aside, " au paragraphe 3, en anglais.
En français, nous ne le modifions pas pour autant. Au lieu de "shall be
set aside," qu'on retrouve à la troisième ligne du paragraphe 3
de l'article 2, ce serait, à toutes fins utiles, "as are hereby set
aside;" "are" set aside instead of "shall be."
M. Morin: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
M. Cournoyer: Cela étant corrigé, je...
Le Président (M. Picard): Article 2, alinéa 3,
version anglaise, à la troisième ligne, après le mot
"agreement," changer les mots "shall be set aside" par...
M. Cournoyer: "Are hereby set aside."
Le Président (M. Picard): And are hereby...
M. Cournoyer: Non. "In the said agreement are hereby, " au lieu
de "shall be" et, ensuite, cela continue.
Le Président (M. Picard): Les mots "shall be" sont
remplacés par "are hereby. " Cet amendement est adopté?
M. Morin: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Picard): L'article 2, paragraphe 3,
version anglaise, adopté tel qu'amendé.
M. Morin: Maintenant, j'attends la réaction du ministre
sur ce que je lui ai dit il y a un instant.
M. Cournoyer: Oui, justement, c'est une chose très
intéressante que vous m'avez dite; cela porte essentiellement sur une
méthode. L'article 3, paragraphe 6 dit: "Le lieutenant-gouverneur en
conseil peut adopter les règlements nécessaires à
l'application de la convention ou de l'une de ses dispositions". Vous voyez cet
article en particulier en conjonction avec l'article 3 et l'article 4. Je pense
bien que vous l'avez lu aussi l'article 4 en même temps que l'article
3.
M. Morin: Bien sûr.
M. Cournoyer: Dans votre argumentation, vous me parliez de la
motion. Or, c'est dans l'article 4 qu'on retrouve la motion d'approbation.
Pour ce qui est d'adopter les règlements, moi, je dis que ces
règlements ne peuvent être que nécessaires. On ne peut pas
faire n'importe quels règlements; on ne peut faire que ceux qui sont
"nécessaires à l'application de la convention ou de l'une de ses
dispositions". La convention, nous l'avons déposée à
l'Assemblée nationale, la semaine dernière; c'est donc un
document session-nel et nous ne pouvons le modifier de notre propre
autorité.
S'il était possible pour le gouvernement de modifier les termes
de la convention sans avoir le concours de ses partenaires à la
convention, ce serait, en définitive, réclamer ici un pouvoir
abusif, compte tenu de l'article 3, j'en conviens. En effet, l'article 3 nous
dit: Après que tu as convenu, tu peux faire n'importe quoi.
Il faut comprendre que les règlements dont il est question au
premier stade, en première instance, il s'agit de règlements qui
sont rendus nécessaires par la convention telle qu'elle est
écrite au moment où on se parle. Quand elle est écrite au
moment où on se parle, cette convention, et j'en conviens avec le chef
officiel de l'Opposition... Non, pas le chef officiel; c'est le chef de
l'Opposition officielle. Vous ne me prendrez pas sur les mots, mon cher
collègue; ce n'est pas la même chose. On convient donc que
l'article 3 et l'article 4 nous indiquent une procédure d'amendement
à la convention, puisque nous avons impliqué le Parlement. C'est
pour cela qu'on met l'article 4.
En effet, ayant impliqué le Parlement dans le dépôt
et la reconnaissance d'une convention de base qui n'est pas, en soi, une
loi ne pouvant être changée, vu qu'on se réfère
à celle-là et non pas à une autre et que le gardien
de cette convention est le greffier de l'Assemblée nationale, on se dit
que, s'il nous appartient quand même de faire un certain nombre de
conventions complémentaires, comme, par exemple, celle avec les
Naskapis, plutôt que de revenir avec une loi, si nous en arrivions
à une convention avec les Naskapis qui amende fondamentalement la
convention que nous avons faite avec les Cris, les Inuit, la
Société d'énergie de la baie James et tous ceux qui, en
fait, se trouvent parties à la convention selon l'article 1, nous
devrions suivre une procédure qui est établie à l'article
4, mais nous pourrions le faire en vertu de l'article 3.
Je me dis: Nous ne pourrions modifier aucun terme par une convention
complémentaire qu'avec l'assentiment de ceux qui ont signé la
convention ordinaire.
M. Morin: Je vous en pose une question technique en vue
d'éclairer le sens de la question que
je posais tout à l'heure. L'alinéa 6 de l'article 2 vous
donne le pouvoir de procéder par voie de décret du
lieutenant-gouverneur en conseil pour mettre en oeuvre, en quelque sorte, les
dispositions de la convention. Pourrez-vous, par la suite, utiliser la
même méthode du décret pour mettre en oeuvre les
dispositions d'une convention complémentaire? Me fais-je bien
comprendre?
M. Cournoyer: Mon impression, c'est que ce serait probablement ma
prétention. Si j'avais à plaider, je dirais: Oui, c'est en vertu
de l'article 3 et de l'article 6. Ayant convenu de certaines choses dans une
convention complémentaire, c'est la même chose dans l'article 6,
c'est la convention. Elle n'est que complémentaire à l'autre,
mais c est la convention dont il est question.
M. Morin: C'est ce qui m'inquiétait quelque peu. Etant
donné que, selon l'article 3, vous aurez un débat très
limité sur toute convention complémentaire et que, de
surcroît, les parties ne seront pas entendues au sujet de leurs
intérêts, de leurs attitudes au sujet des conventions
complémentaires, nous pourrions être devant un processus qui
risquerait d'être arbitraire étant donné que, par la suite,
le gouvernement pourrait, par simple décret du lieutenant-gouverneur,
mettre en oeuvre la convention complémentaire.
En d'autres termes, je trouve que tout le processus que nous sommes
à établir par cette loi risque de tomber dans l'arbitraire. Pour
être clair, je crains avant tout les articles 3 et 4, dont je suis en
train d'entretenir le ministre, mais cette question est liée à
l'alinéa 6 de l'article 2. Ne vaudrait-il pas mieux que, s'il y a
convention complémentaire, nous procédions comme nous l'avons
fait pour la convention principale approuvée par le présent
projet de loi, et qu'une commission parlementaire puisse être
convoquée, que nous puissions entendre les intéressés,
comme nous l'avons fait en novembre dernier pour les Cris et les Inuit? C'est
le sens de ma question.
M. Cournoyer: Réponse: Non.
M. Morin: Le ministre n'est-il pas sensible au risque
d'arbitraire que pourrait comporter cette procédure?
M. Cournoyer: Non, justement parce qu'elle a été
construite, cette procédure, pour éviter l'arbitraire possible du
lieutenant-gouverneur. Je suis convaincu que l'Opposition souhaiterait que la
même procédure soit faite en fonction de n'importe quelle autre
entente que le gouvernement pourrait faire avec d'autres citoyens
québécois. Vous avez quand même une intervention
gouvernementale ici et elle n'exclut pas, mais elle n'engage pas, que le
gouvernement puisse se satisfaire que tous ont eu leur dû et,
effectivement, ont eu la chance d'être entendus lorsqu'ils avaient des
droits auxquels ils prétendaient. A ce moment-là, on va convoquer
la commission parlementaire, j'en suis convaincu, et je suis convaincu que le
chef de l'Opposition va la demander, dans le temps.
Ce ne sera pas la loi qui va obliger le gouvernement à passer par
la commission parlementaire. Il reste une chose c'est que le jeune
débat, le petit débat dont vous pariez, est un débat de
fond aussi sur les modifications à la convention.
M. Morin: Qui est limité dans le temps et qui n'oblige pas
le gouvernement à entendre les parties. Or, si par hypothèse il
s'agit d'une convention complémentaire qui modifie sensiblement la
convention actuelle, si par exemple une nouvelle entente venait même
à annuler la convention actuelle parce que cette
possibilité est prévue à l'article 3; on nous dit qu'une
convention complémentaire pourrait "modifier, annuler ou remplacer la
convention" dans une telle hypothèse, M. le Président, ne
serait-il pas juste et équitable de prévoir que les parties
intéressées pourraient être entendues en commission
parlementaire?
Par le processus de cette proclamation et de ce débat restreint,
pourquoi met-on de côté les règles normales de cette
Assemblée? Voilà qui pique ma curiosité.
M. Cournoyer: Ce qui pique votre curiosité c'est qu'en
définitive il y a une convention qui est signée par des parties,
un certain nombre de parties j'en conviens, puis tout le monde doit être
consentant, suivant les termes mêmes de la convention, pour
procéder à la modification ou encore son complément par
une convention complémentaire. C'est dans la convention actuelle que
nous retrouvons cela. Nous ne demandons pas ici autre chose que ce qui est
prévu dans la convention actuelle, pour les conventions
complémentaires que, par ailleurs, le gouvernement a
décidées avec les gars du syndicat des Inuit ou l'union
internationale des Cris; nous avons décidé avec eux d'une
procédure.
Nous avons décidé avec eux d'une procédure, nous ne
pouvons pas procédé à des amendements à la
convention, sauf conformément aux termes de la convention.
M. Morin: Vous ne viendrez pas me raconter qu'on trouve, c'est
dans la convention avec les Cris qu'il y aura un débat restreint devant
cette Assemblée, et qu'ils ne seront pas entendus.
M. Cournoyer: Vous parlez de deux choses, vous parlez de
protéger les gens...
M. Morin: Vous parlez de deux choses.
M. Cournoyer: ... moi je dis que les gens qui protègent
les gens sont quand même les gens. L'Association des Cris, l'Association
des Inuit, l'Association des Naskapis, l'Association des Mon-tagnais et le
reste, représenté par les différentes
sociétés gouvernementales, de même que les
représentants autorisés du gouvernement légitimement
élu jusqu'à preuve du contraire, légitimement
élu tout ce monde s'entend. Effectivement ce que nous avons fait
la dernière fois, ce n'était pas marqué dans une loi.
Lorsque nous avons décidé de convoquer la commission
parlementaire à la demande du chef parlementaire de l'Opposition, nous
l'avons fait, parce que nous croyions qu'il y avait lieu, pour ceux qui
s'opposaient à cause de leur importance particulièrement dans le
milieu des Inuit, d'avoir ce que moi j'appelle encore aujourd'hui le "due
protest". Ils formaient des communautés totales du côté de
la baie d'Hudson. Lorsque le chef parlementaire de l'Opposition l'a
demandé, nous avons convenu qu'il y avait lieu que ces gens aient
l'occasion devant leurs pairs...
M. Morin: Ils l'ont demandé eux aussi.
M. Cournoyer: Oui, mais ils ont eu l'occasion, devant leurs
pairs, de dire: Vous autres, vous vous en allez dans une mauvaise voie, vous
êtes entraînés là par le gouvernement; puis vous y
allez trop vite, puis nous on ne veut pas y aller. Ils ont dit cela devant les
Cris et ils ont dit cela devant les Inuit.
Par la suite, 66% de tous les Inuit du territoire ont dit: On s'en va
là pareil. Nous sommes donc plus heureux aujourd'hui que si nous
n'avions pas eu la commission parlementaire, parce qu'on nous aurait dit:
Personne ne nous a jamais entendus. Nous avons cela, pas parce qu'une loi nous
obligeait de le faire, mais parce que nous avons considéré comme
gouvernement et comme partie contractante à une convention qui serait
contestée par un petit groupe qu'il fallait éviter que nous
soyons contestés. C'est exactement ce que nous avons fait. Le
bénéfice c'est qu'aujourd'hui vous me posez encore des questions
pour savoir qui est d'accord et qui n'est pas d'accord.
M. Morin: Maintenant je reviens à ma question, puisque je
pense ne pas m'être fait comprendre clairement du ministre. Ma question
précise est celle-ci: Le processus d'approbation législative de
la proclamation visée à l'article 4 est-il défini dans la
convention? La réponse, je suis sûr d'avance, je la connais
d'avance: c'est non, mais j'aimerais que vous le disiez clairement.
M. Cournoyer: La réponse, c'est non. M. Morin:
Merci!
M. Cournoyer: Ce processus, en définitive, admettons-le
je ne dis pas qu'on ne réfère pas à un mode de
procéder n'est pas décrit comme cela dans la convention,
parce que c'est de la législation, ce n'est pas de la convention.
M. Morin: C'est bien ce que je pensais. Alors, ne venez pas nous
dire que c'est inscrit dans la législation parce que c'était
prévu dans la convention! Ce n'est pas vrai.
M. Cournoyer: M. le Président, vous étiez mon
professeur, encore une fois, mais il n'est pas question que vous
déformiez mes mots comme cela. J'ai dit que nous tentons ici de faire en
sorte que le processus lui-même... Si je réfère, dans la
convention, à une motion devant l'Assemblée nationale, est-ce
que, parce que les paragraphes 2, 3, 4 et 5 de l'article 4 ne sont pas inscrits
dans la convention, je n'ai pas à me conformer à la façon
dont les motions se font dans les débats de l'Assemblée
nationale? Et à copier effectivement d'autres formules qui sont
identiques à celle-là!
M. Morin: Ce que je vous reproche je le dis clairement
cette fois-ci c'est d'utiliser cet article 4 qui ne vous est nullement
dicté par les dispositions de la convention pour imposer à cette
Assemblée, et à l'Opposition en particulier, un débat
restreint de cinq heures en vue d'approuver une proclamation par laquelle
l'entente pourrait être modifiée, annulée ou
remplacée. J'estime que ce n'est pas correct. Suis-je assez clair?
M. Cournoyer: Votre opposition ou votre opinion étant
donnée d'une façon aussi claire, je la comprends et je vous dis
que moi j'estime que c'est correct.
M. Morin: M. le Président, pour en débattre plus
amplement il faut, sans doute, d'abord approuver le sixième
alinéa de l'article 2, mais j'ai encore une question à poser sur
cet alinéa.
On va, semble-t-il, adopter des règlements nécessaires
à la mise en oeuvre de la convention. J'aimerais obtenir du ministre
l'assurance que ces règlements seront publiés dans la Gazette
officielle du Québec. J'aimerais en obtenir l'assurance formelle.
M. Cournoyer: M. le Président, étant donné
que je n'aime pas rédiger en pleine Chambre, la suggestion du chef
parlementaire de l'Opposition me plaît, on va écrire, comme on
devrait l'écrire, que les règlements entreront en vigueur au
moment de leur publication dans la Gazette officielle. Je n'ai pas d'objection
à cela. Ou encore, à toute date qui est prévue dans le
règlement. Disons que la formule traditionnelle, je n'ai aucune
objection à ce qu'on l'inscrive. Vous me demandez si je peux vous
garantir qu'ils seront publiés dans la Gazette officielle. Je pourrais
le faire verbalement. Je vous dis: On peut écrire dans la loi qu'ils
seront publiés dans la Gazette officielle mais selon la formule
traditionnelle, plutôt que d'essayer de l'écrire pendant qu'on se
parle...
M. Morin: Oui.
M. Cournoyer: Vous voulez que ce soit la formule
traditionnelle?
M. Morin: J'y consens. Si vous avez quelqu'un, parmi vos
adjoints, qui veut rédiger une clause additionnelle, selon les termes
consacrés, je l'accepte volontiers. J'aperçois le
député de Louis-Hébert, savantissime juriste, qui pourrait
faire cela en quelques secondes à n'en pas douter.
Le Président (M. Picard): Est-ce que cela irait à
l'article 8?
M. Morin: M. le Président, non, sans doute pas à
l'article 8. Je crois que ce devrait être...
M. Cournoyer: ... à l'article 6.
M. Morin: ... un alinéa additionnel au paragraphe 6 de
l'article 2. Un alinéa d).
M. Cournoyer: Un alinéa d).
M. Morin: Bien. Si ces messieurs veulent s'employer à
rédiger cette clause, je suis disposé à approuver
l'alinéa 6, de même que l'alinéa 7.
Le Président (M. Picard): Alors, article 2, tel
qu'amendé, dans sa version anglaise, à l'alinéa 3, est-il
adopté?
M. Morin: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Vous nous présenterez le
texte.
M. Morin: Pour économiser du temps, nous pouvons y revenir
par la suite.
Le Président: Article 3.
M. Morin: A l'article 3, M. le Président, je n'ai pas
d'objection majeure, sauf dans la mesure où cette proclamation, aux
termes de l'article 4, ferait l'objet d'une procédure spéciale
d'approbation par l'Assemblée nationale, sous forme de motion d'urgence
qui ne serait débattue que pendant cinq heures au maximum.
C'est cette disposition de l'article 4 que je trouve inacceptable, parce
qu'elle prive l'Assemblée de ses droits normaux, mais je suis
disposé à adopter l'article 3 sous cette réserve.
M. Cournoyer: Si je comprends bien, vous n'avez pas d'objection
à l'article 3 tel quel, sauf que la procédure immédiate
qui suit, vous la trouvez un peu frustrante pour l'Opposition en
particulier.
M. Morin: Je la trouve un peu arbitraire sur les bords, non
seulement parce qu'elle réduit le débat, mais parce qu'elle ne
prévoit pas que nous puissions entendre les parties. C'est l'esprit de
l'article 4 visiblement que cela va être passé au rouleau
compresseur. Je crains justement, à cause de l'esprit de l'article tel
qu'il est rédigé, qu'on n'écarte les parties. Or, si, par
hypothèse, une convention complémentaire venait annuler,
remplacer ou modifier sensiblement la convention existante, j'estime qu'on
devrait entendre les parties à nouveau. Vous n'allez rassurer personne
personne par cet article 4.
M. Cournoyer: Non, je ne rassure personne, sauf les Cris et les
Indiens qui sont d'accord avec cette convention pour le moment. Je comprends
que l'Opposition voit d'autres personnes que les Cris et les Indiens dans cette
histoire. Mais je suppose un amendement ou une convention possible très
simple qui corrigerait une mauvaise impression que la convention actuelle
donnerait aux Cris et aux Inuit. D'un commun accord, nous dirions: Changeons
donc cela. Je serais pris pour convoquer des gens qui sont d'accord avec le
changement et pour leur dire: Ecoutez, il faut absolument retourner devant
l'Assemblée nationale, alors qu'effectivement tout le monde est
d'accord.
La procédure du paragraphe 3 ne demande pas au Parlement de
donner une bénédiction inconditionnelle à toute
modification ou à toute convention complémentaire qui devrait
survenir conformément à la première; la loi dit: Quand il
y a une convention complémentaire, à ce moment, si elle est
complémentaire, nous allons procéder d'une façon
expéditive pour en prendre soin. Si c'était plus compliqué
que cela, ce serait plus difficile.
M. Morin: Oui, mais, vous ne retenez que l'hypothèse d'une
modification simple ou mineure. Je constate que l'article 3 prévoit des
modifications qui pourraient être majeures, puisqu'on parle d'annuler, de
remplacer ou de modifier la convention. Dans un cas comme cela, je trouve
arbitraire de limiter les droits de l'Opposition à un débat de
cinq heures et je trouve arbitraire de ne pas prévoir qu'on puisse
entendre les parties intéressées, si elles le demandent.
M. Cournoyer: Encore une fois, vous allez dans les mots qui
m'énervent: les parties intéressées. Ce n'est pas la
première fois que j'entends ces mots, les parties
intéressées, sans définir quel est l'intérêt
des parties.
M. Morin: Je suis prêt à le définir, si cela
peut rassurer le ministre.
M. Cournoyer: C'est cela. Nous allons écrire une loi et,
au lieu d'avoir 6 articles, nous allons en avoir 25.
M. Morin: Non, je suis prêt à définir les
parties intéressées si le ministre le veut. Ce sont les parties
qui seraient parties à la convention. Est-ce suffisamment clair?
M. Cournoyer: M. le Président, je pense bien que je ne
voudrais pas être haïssable, mais lorsque nous pouvons amender une
convention strictement avec le consentement de toutes les parties, pourquoi
diantre faudrait-il qu'il y ait une commission parlementaire pour entendre les
parties à la convention? Nous pouvons l'amender seulement avec le
consentement de tous.
Que vous me demandiez, par exemple, qu'on ajoute au paragraphe 3 une
chose qui dit: A condition que toutes les parties soient d'accord, les parties
à la convention originale, parce que c'est un amendement la convention
originale. Tout le monde est d'accord pour abolir cela. A ce moment, je n'ai
pas touché à l'article 4, mais je vais revenir devant vous pour
dire: Tout le monde était d'accord pour abolir cela. Si vous me
qualifiez l'ar-
ticle 3 en disant plus que ce qu'il veut dire, je ne vois pas comment je
peux amender la convention sans le consentement de ceux qui sont décrits
dans l'article 1 comme étant parties à la convention.
On dit: "Dans la présente loi, à moins que le contexte
n'indique un sens différent, on entend par l'expression "Convention " la
Convention intervenue entre le Grand Council of the Crees, la Northern Quebec
Inuit Association", etc. Cette convention, on peut la modifier, l'annuler ou la
remplacer. C'est écrit à l'article 3. Je ne peux pas concevoir
que je doive écrire dans une loi que je ne peux modifier une convention
sans le consentement de ceux qui ont signé la convention.
M. Morin: Ce n'est pas ce que je vous demande.
M. Cournoyer: Vous dites: une fois qu'ils se sont entendus. S'il
y en a un qui dit: Je me suis fait fourrer dans cette histoire, je vais
retourner devant la commission parlementaire et me plaindre, mais j'ai
signé pareil. Qu'est-ce que cela donne cette histoire? Le gars dit: On a
un processus et, bien sûr, quand j'ai donné mon consentement
à une convention, j'en ai pris un petit bout et j'en ai laissé un
petit bout. Je dis: Vous allez vouloir vous faire entendre, pourquoi? Pour
obtenir le petit bout que vous m'avez donné?
M. Morin: Supposons qu'après Povungnituk il y ait Saglouc
ou quelque autre établissement inuit ou encore une bande cri qui ne soit
pas d'accord. N'estimez-vous pas que ce serait utile qu'elle puisse venir se
faire entendre, comme les gens de Povungnituk l'ont fait devant la commission
parlementaire? Ce qui, sans doute, a contribué à faire accepter
la convention, en dernière analyse. Le processus qui s'est
déroulé devant la dernière commission parlementaire
n'a-t-il pas été utile?
M. Cournoyer: Je vais vous expliquer tout de suite.
M. Morin: La commission n'a-t-elle pas contribué à
détruire l'idée qu'il pourrait y avoir des injustices? Autrement
dit, la commission n'a-t-elle pas été très utile à
toutes les parties intéressées?
M. Cournoyer: Elle a été utile, parce que le
gouvernement a prouvé qu'il ne faisait pas exprès pour
créer des injustices. Mais cela n'a rien changé chez les gens de
Povungnituk. Il y a eu 236 votants possibles. Ce sont des gens de Povungnituk
qui sont venus, ici, entendre leurs confrères. Ce sont leurs
confrères qui leur parlaient, et nous qui leur expliquions qu'on ne les
fourrait pas; on faisait exprès pour leur donner tout ce à quoi
ils avaient droit. Parmi ces 236 votants possibles, il y en a dix qui ont
voté. Tout l'exercice que l'Etat québécois a
été obligé de faire cette journée-là, pour
essayer de convaincre ces 236 messieurs qui n'ont pas voté... Je vais
faire cela une autre fois?
M. Morin: Cela s'appelle une abstention, pour le cas où le
ministre ne le saurait pas.
M. Cournoyer: Comment une abstention? Cela veut dire la
même chose. C'est bien sûr que je ne suis pas aussi instruit que
vous l'êtes, parce que vous n'avez pas réussi pendant que
j'étais à l'école, mais il reste une chose certaine, quand
une personne ne va pas voter dans les circonstances dans lesquelles elle se
trouvait, ce n'est plus de l'abstention, elle vote non.
M. Morin: Vous pensez que le fait de ne pas aller voter
constituait un vote négatif.
M. Cournoyer: Pour moi.
M. Morin: C'est donc plus grave que je ne pensais, parce
que...
M. Cournoyer: Vous trouvez cela grave que 236 votants sur 1968
disent non, et il va falloir suivre les 236 votants possibles. Voyons donc, M.
le Président, il y a assez de nous autres qui vous suivons comme
cela.
M. Morin: Je voudrais revenir sur la question de fait, parce
qu'on m'avait laissé entendre que le problème était
réglé à Povungnituk. Je me rends compte qu'il ne l'est
pas.
M. Cournoyer: II est réglé, le problème,
parce qu'ils vont avoir les mêmes droits que tout le monde. Il n'y aura
pas de différence de traitement, par le gouvernement du Québec,
vis-à-vis des Inuit de Provungnituk comme ceux de baie aux Feuilles. Ce
sont tous des bons citoyens québécois maintenant.
M. Morin: La seule différence étant que ceux de
Povungnituk, puisque le ministre a interprété leur abstention
comme constituant un vote contre la convention, ne sont pas d'accord avec
l'étendue du territoire qui leur est octroyé, ne sont pas
d'accord avec la définition de leurs droits et refusent. Si j'ai bien
compris, c'est ce que vous venez de nous dire...
M. Cournoyer: M. le Président...
M. Morin: J'osais espérer qu'il s'agissait d'une
abstention qui ne pouvait être interprétée pour ou contre
la convention, mais c'est le ministre lui-même qui vient de m'apprendre
que cela signifie qu'ils ont voté contre.
M. Cournoyer: Oui. M. le Président, j'aimerais bien que
vous me donniez un cours de démocratie, et dites-moi donc comment on va
arriver à mener une province, un parti politique avec la minorité
qui mène. Expliquez-moi cela. Dans le cours constitutionnel que vous
m'avez déjà donné, ce n'était pas écrit de
même, et dans toutes les autres bebelles qu'on a dans la province de
Québec, vous me dites que c'est la loi de la majorité qui
mène.
Expliquez-moi donc comment je dois me conduire ici.
M. Morin: Le ministre ne se souvient-il pas d'avoir entendu, sur
les bancs de la faculté, des propos voulant qu'on juge une
démocratie par le traitement qu'elle offre à ses
minorités?
M. Cournoyer: A la condition que la minorité ne soit
jamais aussi mal traitée que la majorité.
M. Morin: Le ministre ne convient-il pas que, lorsqu'un groupe
autonome est suffisamment isolé des autres pour être
considéré comme distinct, comme c'est le cas de Povungnituk, dans
la mesure où ce groupe refuse la convention, ce que le ministre est en
train de faire, c'est la lui imposer?
M. Cournoyer: Je n'accepte pas cette interprétation de la
démocratie. A chaque fois, en démocratie, où la personne
qui est en minorité voit que la règle de la majorité
s'applique et qu'elle s'applique à elle comme à tout le monde,
j'appelle cela de la démocratie. Je n'impose rien. Je dis: C'est cette
règle ou une autre. Si vous la retournez à l'envers, que c'est la
minorité qui mène la majorité, on a une sorte de
démocratie que vous aimez peut-être mais dans laquelle, moi, je ne
pourrais pas vivre.
M. Morin: II faut bien s'entendre. Ce n'est pas de notre
démocratie d'hommes blancs que nous parlons. Il s'agit des coutumes et
de la démocratie telle qu'elles sont appliquées et
interprétées par les divers groupes Inuit et Cris avec lesquels
vous avez négocié. Or, le ministre ne se souvient-il pas qu'en
commission parlementaire nous avions compris que chaque groupe se gouvernait
par lui-même, que chaque groupe avait son autonomie?
M. Cournoyer: Jamais! C'est la minorité qui a compris
cela, c'est vous. Moi, je n'ai jamais compris cela comme ça. Nous avons
entendu un monsieur en particulier, ancien employé du ministère
des Richesses naturelles, venir nous traduire ce que le gars disait de l'autre
bord, le traduire selon certains informations de la façon
dont il voulait bien que ça sorte. Celle-là, je l'ai entendue
devant la commission parlementaire et je refuse de mettre cela dans une loi.
N'importe qui peut venir nous raconter n'importe quoi en commission
parlementaire. On retarde I exécution de certains gestes que nous avons
par ailleurs considérés comme étant à l'avantage
général des Québécois. Cela, c'est notre
responsabilité.
M. Morin: Une dernière question, d'ordre technique puisque
je constate que là-dessus il y a une différence de philosophie
entre le ministre et moi. N'est-il pas exact que chacune de ces bandes d'Inuit
était autonome, demeure autonome et se gouvernait par elle-même,
selon ses propres coutumes et traditions?
M. Cournoyer: Bien oui!
M. Morin: Auquel cas, si vous admettez cela, n'êtes-vous
pas en train de faire violence à ces gens en leur imposant des
règles, par la convention, qui vont à rencontre de leur processus
traditionnel d'approbation des règles qu'ils s'appliquent à
eux-mêmes?
Une Voix: ...
M. Morin: Vous ne comprenez rien à cela!
M. Veilleux: Commencez par appliquer cela chez vous avant de
venir donner des leçons ici!
M. Cournoyer: M. le Président, il n'y a jamais personne
qui m'ait indiqué quel était le processus traditionnel
d'approbation de Povungnituk, ni de l'autre endroit que vous avez nommé
tantôt...
M. Morin: J'ai mentionné Saglouc mais il y a d'autres
endroits.
M. Cournoyer: ... ni de la baie aux Feuilles, etc., etc. Il n'y a
pas de processus traditionnel. C'est la première fois que cela leur
arrive qu'ils soient capables de discuter de leur avenir. C'est la
première fois. M. le Président, ils vont à la chasse aux
phoques de temps en temps!
M. Morin: M. le Président, je n'insiste pas. Nous avons
discuté de cela à la commission parlementaire pendant des heures
et il était clair qu'il existait des processus traditionnels dans
chacune des bandes.
M. Cournoyer: Non, non. Non, M. le Président. M. Morin:
Le ministre n'a rien compris.
M. Cournoyer: II y a quelqu'un qui a prétendu qu'il y
avait des processus traditionnels mais entre cela et dire qu'il y a des
processus traditionnels, il y a une légère différence.
Voilà pourquoi je dis non aux convocations en commission
parlementaire.
M. Morin: M. le Président, j'ai le sentiment qu'il faut
m'arrêter. Plus je pose de questions, plus le ministre s'enferre et met
le Québec dans une situation difficile par rapport à ces groupes
et aux intérêts des Inuit et des Cris. Je n'insisterai donc pas.
Nous sommes devant une différence d opinion fondamentale. Je regrette
simplement que le ministre ait commis l'erreur d'identifier l'abstention, des
gens de Povungnituk, à une opposition. J estime que, ce n'était
pas à lui de le faire. C'était aux gens de Povungnituk
d'interpréter leur propre attitude. Je crois qu'il n'a pas avancé
les intérêts du Québec en l'interprétant de la
sorte. Mais c'est une autre affaire.
Je suis prêt à disposer de I article 3.
Le Président (M. Picard): Article 3. adopté.
Article 4, adopté sur division?
M. Morin: Non, M. le Président. A l'article 4, je veux
revenir à la charge.
Le Président (M. Picard): Avant de passer à
l'article 4, voici le texte de l'amendement proposé à l'article
2, alinéa 6, sous-alinéa d): "Les règlements
adoptés en vertu du présent alinéa entreront en vigueur le
jour de leur publication dans la Gazette officielle ou à toute autre
date prévue audit règlement".
Cet amendement est-il adopté?
M. Morin: Un instant, M. le Président. Est-ce qu'il
pourrait se faire, selon cette rédaction, que les règlements ne
soient pas publiés dans la Gazette officielle?
Le Président (M. Picard): A ce moment, ils n'entreront
jamais en vigueur.
M. Morin: Si on nous dit qu'ils entrent en vigueur à toute
autre date prévue audit règlement, il suffirait de prévoir
dans le règlement qu'ils entreront en vigueur le jour où ils
seront déposés au greffe du Conseil exécutif, point
final.
M. Cournoyer: Très clair.
M. Morin: C'est justement ce que je voudrais éviter.
Pourquoi ne pas laisser tomber le second membre de phrase et dire qu'ils
entreront en vigueur le jour de leur publication, tout simplement?
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'on est d'accord?
M. Cournoyer: Est-ce qu'on règle l'article 4 avec
cela?
M. Morin: Chaque article doit être étudié
à son mérite.
M. Cournoyer: II y a une chose, mon professeur, que vous m'avez
enseignée dans le temps d'ailleurs tout le monde l'enseignait
dans ce temps c'est que, dans le règlement...
M. Morin: Chaque fois que vous êtes mal pris, vous nous
rappelez nos rapports maître-étudiant, mais ce n'est guère
pertinent.
M. Cournoyer: Je comprends, mais discutant de droit avec vous et
m'ayant imprimé cette course folle dans laquelle je me trouve
maintenant, il m'a mis le harnais, c'est Robert qui l'a...
Une Voix: Est-ce qu'on va revenir à la loi?
M. Cournoyer: Oui et, comme le dirait un autre de mes
collègues, à quel article ça se trouve, ça? Cela ne
se trouve pas là, j'en conviendrai. Mais, quand je regarde, par exemple,
ce que mon professeur vient de me dire, effectivement il dit: Pourquoi ne
mettrions-nous pas une clause qui fourre le peuple?
M. Morin: Comment cela! Expliquez-moi cela.
M. Cournoyer: Bien oui, puisque vous me dites qu'ils entreront en
vigueur à la date de leur publication dans la Gazette officielle.
M. Morin: Oui, comment est-ce que cela...
M. Cournoyer: Dans le règlement lui-même,
j'écris que cela entrera en vigueur dans sept mois. Cela, c'est le
règlement, c'est un article du règlement. Vous comprenez ce que
je veux dire. Quand on va publier le règlement j'indique dedans: II est
entré en vigueur, il y a six mois. C'est écrit dedans. On se
souviendra vous et moi, M. le Président, que nous avons eu des choses
comme cela quand il a été question de rétroactivité
dans le bill 9 que vous avez tellement exécré. Il a fallu le
remodifier après parce que les gens ne voulaient pas comprendre. On se
disait: C'est bien sûr qu'un règlement peut comporter une date de
mise en application. On avait, dans le temps, une échelle de paiements.
L'échelle de paiements disait: A compter du 1er mai 1973, c'est
ça; le 1er avril 1973, c'est cela, etc.
Alors, la date de mise en vigueur de l'augmentation du 1er avril,
c'était le 1er avril 1973; ce n'était pas le 1er avril 1973, date
de la publication. On se restreint, nous, par notre proposition ici, et on dit:
A une date qui peut y être fixée.
Si le chef parlementaire de l'Opposition m'avait demandé:
Pourquoi ne mets-tu pas le mot "ultérieure" dedans plutôt que
juste une date, j'aurais dit: D'accord, cela veut dire que vous ne voulez pas
que je vous aie poigné. Donc quand cela peut entrer en vigueur cette
journée ou après, mais pas avant, j'aurais compris toute la
stratégie de mon ancien professeur. Mais vouloir fourrer le peuple de
même, je ne comprends pas cela.
Essayez de dire que ce n'est pas la même chose; cela peut
être antérieur ou ultérieur, car ce n'est pas important, ce
qui est écrit dedans.
M. Morin: Le ministre joue sur les mots. Ce dont je veux
m'assurer, c'est que le dernier membre de phrase ne dispense pas le
gouvernement de publier les règlements en question. Si le ministre
m'affirme que les mots n'ont pas cet effet, je suis prêt à
l'adopter tel quel.
M. Cournoyer: Mettez donc dedans "ultérieure",
après toute autre date. Le gouvernement doit les avoir publiés
pour qu'ils soient en vigueur.
M. Morin: Oui, j'aimerais mieux cela.
M. Cournoyer: Si je mets "ultérieure " après, je
vous ai satisfait dans votre remarque originalement faite.
M. Morin: Oui, j'accepterais cette disposition. M. Cournoyer:
Parfait. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Picard): Où est-ce qu'ils le
mettent le mot "ultérieure"?
Une Voix: Ultérieurement à toute autre date.
M. Veilleux: Je suis prêt à dire que
l'élève a dépassé le professeur; je suis même
prêt à dire cela. En 1976, l'élève a
dépassé le professeur.
Je me charge d'aller dire cela dans le comté du ministre et dans
le comté du chef parlementaire de l'Opposition.
M. Morin: Peut-on avoir la version des rédacteurs, la
dernière version?
M. Cournoyer: Oui.
M. Morin: Je voudrais approuver la dernière version.
Le Président (M. Picard): Voici la dernière
version. Les règlements adoptés en vertu du présent
alinéa entreront en vigueur le jour de leur publication dans la Gazette
officielle ou à toute date ultérieure prévue auxdits
règlements.
Adopté?
M. Morin: Adopté.
Le Président (M. Picard): Adopté. Article 4.
M. Morin: Nous en venons à l'article 4. Je voudrais
simplement et très brièvement répéter ce que j'ai
dit au moment de l'étude de l'alinéa 6 de l'article 2. Il nous
paraît que le processus parlementaire prévu pour l'approbation de
la proclamation prévue à l'article 3 est un processus qui tend
à brimer les droits habituels des députés de cette
Chambre. Je ne vois aucune raison, à moins que le ministre ne s'explique
clairement là-dessus, pour laquelle ce débat devrait être
limité à cinq heures au maximum.
Quelles difficultés tente-t-on de contourner par une telle
disposition? Pourquoi ne pas traiter une entente complémentaire
annulant, remplaçant ou modifiant la convention que nous approuvons
exactement comme la convention originale?
En second lieu, le ministre ne m'a pas rassuré sur l'esprit de
cet article, qui tend, à mon avis, à empêcher l'audition
des parties intéressées ou des parties directement
concernées par la nouvelle entente. Autrement dit, ce processus
exorbitant du droit habituel de cette Chambre est-il absolument
nécessaire? Le ministre craint-il à ce point l'Opposition?
C'est surtout à l'alinéa 2 que j'en ai. Le premier
alinéa me paraît convenable, puisqu'il prévoit le
dépôt, devant l'Assemblée nationale, de la proclamation
faite par le gouvernement, mais ce sont les alinéas suivants qui me
paraissent exorbitants du droit commun.
M. Cournoyer: M. le Président, j'ai déjà dit
une foule de choses tantôt, puis là je m'informais pour voir si,
effectivement, on n'était pas mal interprété dans ce que
nous tentions de faire ici. D'abord il est clair, en lisant l'article 3 et
l'article 4 ensemble, et je pense bien que le chef de l'Opposition l'a fait
également, que, premièrement, pour modifier les termes d'une
convention, cela prend le consentement de ceux qui ont signé la
convention originale.
Si l'article 3 me donnait un pouvoir différent, je vais dire: Je
suis prêt à changer tout. Mais il ne me donne pas un pouvoir
différent. Il ne dit pas que je peux modifier les termes par
décret, il dit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut, par
proclamation, approuver, mettre en vigueur et déclarer valide toute
Convention complémentaire... '
Alors, comme il s'agit d'une convention, il faudra que tout le monde
soit d'accord avec moi pour pouvoir faire une modification ou faire une
convention comme celle-là qui viserait à modifier, annuler ou
remplacer la convention. Alors, il est donc assuré, dans mon cas et je
pense bien que c'est cette loi qui le dit, que pour pouvoir faire une
proclamation du gouvernement ou à l'Assemblée nationale, en vertu
de l'article 4, il faut que toutes les parties signataires à la
convention aient convenu de la modifier.
Donc, s'ils ont convenu de la modifier, pourquoi multiplierions-nous les
heures et les minutes de débat, juste pour le plaisir de le faire? S'il
s'agissait, disons d'opposition...
M. Morin: Je vous retourne votre question. Pourquoi
limiteriez-vous ce débat?
M. Cournoyer: Parce que, effectivement, il faut continuer
d'administrer la province et on n'a pas que cela à faire et vous non
plus.
M. Morin: Pourquoi ne feriez-vous pas cela pour toutes les lois,
pendant que vous y êtes?
M. Cournoyer: Je suis prêt à faire cela pour toutes
les lois; je ne me sentirais pas antidémocrate du tout de faire cela
pour toutes les lois.
M. Morin: Ce serait du propre!
M. Cournoyer: Combien y a-t-il eu de débats sur cette loi,
au moment où on se parle? Sur tout le contenu d'une convention comme
celle-là, combien y a-t-il eu d'heures de débat?
M. Morin: C'est à vous de le calculer, on en a
parlé pendant quatre jours à peine.
M. Cournoyer: Oui, et ce ne sont pas des heures, ce sont des
jours. Si l'on regarde cela comme il faut, on passe des après-midi
à répondre aux questions, jusqu'à peu près quatre
heures tous les jours, cela se rend à peine jusqu'à six heures
et, deux ou trois fois dans la journée, nous sommes interrompus par
autre chose; nous n'avons pas fait, la dernière fois, même cinq
heures de débat...
M. Morin: Revenons à nos moutons.
M. Cournoyer: ... parce que nous avons posé des questions.
Il y avait à l'époque et on le sait, M. le
Président un cas particulier. L'Opposition, comme nous, savait
qu'il y avait des oppositions du côté des Inuit en particulier et
nous n'étions
pas sûrs non plus que les Cris étaient totalement d'accord.
L'Association des Indiens du Québec je parle toujours d'une loi
qui concerne les Indiens et les Inuit avait été plus ou
moins mise de côté ou à sa place par le ministre des
Richesses naturelles qui m'a précédé ou moi-même, un
peu, un petit peu, y inclus, aussi, par l'Association des Cris, M. Diamond. La
chicane était prise un peu partout pour que tout le monde veuille,
à un moment donné, dire: C'est la première convention,
c'est une affaire qui est très importante pour le Québec; demain,
on a une injonction ou on n'en a pas. Je comprends que, à ce
moment-là, on ait eu l'opportunité de faire cela. Mais, depuis ce
temps, qu'est-ce qui s'est passé? Tout le monde est heureux comme dans
le meilleur des mondes. Tout le monde sait qu'il faut mettre en vigueur cette
convention. Là, nous discutons beaucoup plus longuement de la
méthode que du fond même de ce que nous avons consenti aux Cris et
aux Inuit. On vous a donné un document épais comme cela. On peut
se limiter à trois heures, si vous le préférez, parce que
ce sera long cinq heures, à moins d'aller dans chacun des articles,
article par article. Ce que nous ne voulons pas c'est d'être
accusé de vouloir passer un Québec ou un Labrador à
quelqu'un.
M. Morin: C'est à cela que ça ressemble!
M. Cournoyer: Oui, mais si effectivement les parties en question
sont d'accord avec cette méthode et disent: Ecoutez, les gars, nous, on
est des gens qui administrons notre section en bas, il n'est pas tout seul, le
Parlement. On vous soumet cette convention pour que le Parlement ou le
gouvernement ne puisse pas l'amender de son propre geste autoritaire et dire
demain matin: Les articles 10, 15 et 16 ou je ne sais pas quoi, on le change,
comme gouvernement. On dit: Messieurs, lorsque vous avez une convention, il
faudra que vous prouviez à l'Opposition de Sa Majesté qu'il y a
consentement unanime. Il faudrait qu'il y ait une convention pour le faire.
C'est ce que l'article 3 dit.
Oui, c'est cela qu'il dit: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut,
par proclamation, approuver, mettre en vigueur et déclarer valide toute
convention ", je ne sais pas comment je peux faire une convention si c'est un
arrêté en conseil! "Toute convention ", il me faut cela au point
de départ, "à laquelle le Québec est partie ". C'est une
convention, à part cela qui, en plus, est "destinée à
modifier, annuler ou remplacer la convention" dont il est question.
M. Morin: Je vais faire une proposition au ministre, M. le
Président. Consentirait-il à la suppression du dernier
paragraphe, le numéro 5, qui limite le débat sur la motion
à cinq heures? Il me rassurerait déjà beaucoup sur ses
intentions s'il consentait à laisser tomber ce paragraphe. Le reste,
à la rigueur, je puis l'accepter, mais je ne comprends pas pourquoi et
insiste sur une telle limitation du débat.
Le premier qui sera mal pris avec cet article, ce sera peut-être
le ministre lui-même s'il se trouve dans l'Opposition après les
élections de l'automne prochain ou de l'année suivante. A ce
moment, j'entendrai sans doute le ministre, qui sera peut-être assis sur
l'une des banquettes d'ici, s'il est réélu, protester contre sa
propre législation.
M. Cournoyer: M. le Président, étant donné
que c'est moi qui suis responsable jusqu'à ce que je sois
remplacé, je préfère avoir cette possibilité de ne
parler que cinq heures au chef du gouvernement lorsqu'il sera là.
M. Morin: M. le Président, je tiens à dire que
c'est arbitraire, qu'il n'existe aucune raison majeure d'agir de la sorte. On
met de côté les règles habituelles de cette Chambre sans
aucun motif valable. J'estime que c'est arbitraire; cela doit être dit et
sera rappelé.
Le Président (M. Picard): C'est sur division?
M. Cournoyer: Je prends bonne note; je m'en souviendrai quand je
serai dans l'Opposition.
M. Morin: Nous ne pouvons pas approuver cet article, M. le
Président. Sûrement pas!
M. Cournoyer: Vous pouvez l'adopter sur division.
M. Morin: Je dis que nous ne pouvons l'approuver. Vous en tirerez
la conclusion que vous voudrez.
M. Cournoyer: Ah bon! Voilà.
Le Président (M. Picard): L'article 4 est adopté
sur division. Article 5.
M. Morin: Les articles 5 à 8 ne soulèvent aucune
question de ma part, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Article 5, adopté.
Article 6, adopté. Article 7.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Picard): Article 8.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Picard): Merci messieurs.
M. Picard (président de la commission plénière):
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission
plénière a adopté le projet de loi no 32 avec des
amendements qu'il vous prie d'agréer.
Le Vice-Président (M. Blank): Ces amendements sont-ils
agréés?
M. Burns: Agréé.
Le Vice-Président (M. Blank): Les amendements sont
agréés. Troisième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. Garneau: M. le Président, j'aimerais appeler l'article
4, s'il vous plaît.
Projet de loi no 13 Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: Reprise du débat sur la motion
de deuxième lecture de M. Mailloux proposant que le projet de loi 13
soit adopté.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Tetley: Je voudrais demander, M. le Président, la
suspension du débat jusqu'à vingt heures.
Des Voix: Vingt heures quinze.
Le Vice-Président (M. Blank): La Chambre est-elle
d'accord?
Des Voix: Vingt heures quinze.
Le Vice-Président (M. Blank): Vingt heures quinze. La
Chambre suspend ses travaux jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 55)
Reprise de la séance à 20 h 18
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. William Tetley
M. Tetley: M. le Président, c'est avec un très
grand plaisir que j'appuie notre distingué ministre des Transports et
son projet de loi no 13, intitulé, Loi modifiant le Code de la route.
Cette loi a une certaine importance, une très grande publicité,
parce que cela a été, en effet, intitulé loi concernant
les ceintures de sécurité. La loi est beaucoup plus que cela et
c'est pourquoi je dois féliciter notre ministre des Transports. La loi
comporte sept grands principes de droit, au moins, sinon huit ou neuf, qui vont
protéger nos citoyens, qui vont certainement couper le coût et le
nombre des accidents.
Nous savons tous qu'à cause du nombre si élevé
d'accidents, au Québec et du coût si élevé par
accident nos primes d'assurance-automobile sont elles-mêmes si
élevées. Québec a 11,7 accidents par 100 chauffeurs et la
Saskatchewan a 3 accidents par 100 chauffeurs par année. Le coût
d'un accident au Québec est deux fois le coût d'un accident en
Saskatchewan. A peu près $900 contre à peu près $400 en
Saskatchewan. Québec a le championnat dans le nombre d'accidents par
année par 100 chauffeurs, et aussi dans le coût moyen de chaque
accident.
Quels sont les sept principes qui se trouvent dans ce projet de loi
magistral? Tout d'abord, la loi no 13 veut éliminer la distinction entre
permis de chauffeur et de conducteur au profit de la notion plus
générale de permis de conduire de classes diverses. Cela est
très important, M. le Président.
C'était, en effet, une recommandation du rapport Gauvin dont j'ai
copie ici. Le bleu est la copie française et le rouge est la copie
anglaise. Pour quelle raison? Je n'en sais rien. Vous verrez le principe que
j'ai mentionné à la page 98 du rapport. C'est la recommandation
no 12 du rapport Gauvin.
Le deuxième principe, M. le Président, qui se trouve dans
ce bill du ministre des Transports a pour objet d'instaurer des mesures de
contrôle sur l'état mécanique des véhicules
automobiles, mesures très importantes et nécessaires au
Québec et ailleurs. Vous verrez que cette recommandation se trouve aussi
dans le rapport Gauvin à la page 97. C'est la recommandation no 8.
Le troisième principe de base qui se trouve dans ce bill est le
suivant: ajouter aux obligations de l'accompagnateur de l'apprenti celle de
porter son permis de conduire et de le remettre au besoin à un agent de
la paix pour vérification. Il y a trois semaines, j'avais exactement ce
problème et. maintenant, nous allons amender la loi afin de forcer les
jeunes à avoir quelqu'un avec eux. qui aura l'obligation de
présenter son permis. C'est la recommandation no 13 du rapport Gauvin,
à la page 98.
Le quatrième principe c'est peut-être le principe le
plus important de ce projet de loi no 13 se trouve dans le rapport
Gauvin: établir les conditions permettant à une personne de
conduire un cyclomoteur sur un chemin public.
En effet, on n'avait pas de règlement et ce principe se trouve
aussi dans le rapport Gauvin, à la page 70.
Le cinquième principe ne se trouve pas dans le rapport Gauvin, et
c'est la question de la vitesse. Les commissaires n'ont pas cru bon
contrôler la vitesse; en effet, ils croyaient que la vitesse
c'était parfait peut-être au Québec, le contrôle se
faisant par notre Sûreté du Québec et par les agents
municipaux. Mais il est essentiel que nos constables et nos agents soient
sévères. Le bill 13 va plus loin, et j'appuie fortement cette
recommandation.
En effet, le bill 13 vise essentiellement à réduire
certaines limites de vitesse et à donner au ministre des Transports le
pouvoir d'augmenter ou de réduire ces limites, selon les circonstances,
par l'installation de panneaux de signalisation. Cet article oblige les
municipalités à soumettre à l'approbation du ministre des
Transports leurs règlements sur la vitesse.
Cela a été mentionné dans le rapport Gauvin
à la page 71 et un peu à la page 99. Mais Gauvin n'a pas
réellement suggéré la réduction de la vitesse. Il
est clair qu'il faut la réduire et il est clair que les résultats
déjà obtenus en vertu de certains règlements du
ministère des Transports ont été un très grand
succès.
Le sixième principe c'est le principe du port obligatoire de la
ceinture de sécurité. Il est essentiel, et cela a
été recommandé par tout le monde et par le rapport Gauvin
à la recommandation 10, à la page 98. Il faut évidemment
que cet article et ce principe soient adoptés ici. Par ce moyen, nous
pourrons peut-être épargner de $60 millions à $100 millions
par année.
Le dernier principe, c'est d'obliger les municipalités à
indiquer par des panneaux de signalisation la limite de vitesse prescrite par
le code sur leur territoire lorsqu'elles ne se sont pas prévalues de
leur pouvoir de prescrire une limite de vitesse différente, lequel
principe se trouve dans la recommandation 14 du rapport Gauvin, à la
page 51 et à la page 58.
Voici sept principes importants du projet de loi no 13. Je dois noter
avec plaisir que le ministre actuel des Transports a présenté ce
projet de loi. Je crois qu'il est le quatrième ministre des Transports
depuis l'élection du gouvernement Bourassa en 1970, et je sais qu'au
début certains ministres des Transports avaient peur de présenter
une loi semblable. Je me souviens très bien que mon ami, le premier
ministre des Transports, Georges Tremblay, député de Bourassa,
avait peur d'un système de points de démérite. Il croyait,
en grand démocrate, qu'un système de points de
démérite affecterait les droits individuels. Le problème
et le dilemme de tout législateur c'est de garder ou de protéger
les droits de la minorité ou de l'individu et aussi les droits de la
majorité.
En effet, nous avons eu un débat cet après-midi exactement
sur cette question. En forçant les citoyens à porter des
ceintures de sécurité, à accepter un système de
points de démérite ou à réduire la vitesse,
malgré leur compétence personnelle, on agit pour le grand
bénéfice du public et de la majorité, et c'est
nécessaire.
Je dois rappeler c'est la première occasion que j'ai de le
faire le nom des gens qui ont fait partie de la commission Gauvin.
Je note, tout d'abord, Jean-Louis Gauvin, actuaire, de Québec,
Claude Belleau, avocat, Jean-Marie Bouchard, avocat, de Québec, le
regretté Stephen V. Normand et Ewin Rankin, économiste de
Québec. Il y avait aussi Germain Dionne qui avait remplacé M.
Normand.
M. le Président, la commission Gauvin a été
nommée en 1971 et a fait certaines grandes recommandations. Ils ont eu
le courage de faire ces recommandations, dans le temps, très peu
populaires et je sais très bien qu'ils étaient critiqués
parce qu'il n'y avait pas de courtiers d'assurances nommés à la
commission. Il n'y avait pas d'avocats nommés par le Barreau. Il n'y
avait pas de représentants de compagnies d'assurances. Il n'y avait que
certaines gens nommés par le ministre, après évidemment
consultation avec le Conseil des ministres.
La commission quand même était libre. Il n'y a pas eu de
rapport minoritaire, il n'y pas eu de grandes luttes entre les commissaires. Il
n'y avait pas quelqu'un qui parlait pour un groupe ou pour un autre.
Malgré la présence de deux avocats, ils ont accepté le
système de l'assurance sans égard à la
responsabilité. M. le Président, je dois saluer et remercier le
premier ministre qui n'a pas accepté, dans le temps, les critiques de
certains groupes de pression qui voulaient nommer d'autres personnes et des
représentants de groupes de pression à la commission Gauvin.
M. le Président, le gouvernement et le ministre actuel des
Transports, ont adopté deux autres recommandations de la commission
Gauvin; tout d'abord, le système de démérite qui est
essentiel. Je dois ajouter que le système de points de
démérite, en fait, c'est très sévère; je me
demande s'il est assez sévère. Mais le ministre a eu le courage
d'imposer un système assez sévère.
Nous avons aussi, l'emploi de l'ivressomètre qui est très
important sur les routes du Québec. Apparemment, dans 50% des accidents
au Québec où il y a perte de vie, le chauffeur est affecté
par l'alcool.
J'espère, M. le Président, que la Sûreté du
Québec adoptera, à l'avenir, des procédures plus
sévères au sujet del'ivressomètre. C'est regrettable, mais
nécessaire.
Mr Speaker, allow me, to conclude, in noting the great value, to our
society, of this law, Bill no 13, an Act to amend the Highway Code. The title
is seemingly unimportant or very unpretentious, but it is a very important
Bill. Much like our Minister of Transport who, himself, is seemingly
unpretentious but does important work.
The Bill has great principles in it: reducing the speed limit, the
employment of the seat belt, forcing the municipalities to publish proper
speed
signs, forcing young drivers to have drivers, permits and so on. This
Bill is extremely important and, I prophesy, will cut, not only the number of
accidents in Quebec, but the cost per accident and this is extremely important
to all of us. We spend more on automobile insurance in Quebec, Mr Speaker, than
we do on hospital insurance. We spend much more and it is unfortunate that we
do.
M. le Président, je termine en félicitant encore le
ministre des Transports qui a présenté ce projet de loi no 13,
loi si importante.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Charlesbourg.
M. André Harvey
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, quelques
minutes seulement pour attirer l'attention de cette Chambre sur le projet de
loi no 13, intitulé Loi modifiant le Code de la route au Québec,
c'est un projet de loi qui viendra au cours des prochains jours,
peut-être en apparence, brimer la liberté des gens, mais
peut-être en conséquence les protéger davantage à
l'instar de plusieurs mesures qui sont prises en regard du rapport Gauvin. M.
le Président, on sait qu'en mars 1974 le rapport Gauvin proposait dans
ses recommandations les mécanismes permettant d'en arriver à une
diminution des primes d'assurance et, par conséquent, consacrait un
très long chapitre sur la sécurité routière dans
son rapport sur différentes questions touchant particulièrement
ce domaine. L'une des recommandations proposait, entre autres, le port
obligatoire de la ceinture de sécurité.
A cette époque, cette recommandation m'apparaissait et je
parle pour moi-même très draconienne puisqu'elle allait
m'imposer comme citoyen des restrictions et qu'elle allait aussi imposer
à l'ensemble des citoyens du Québec une restriction qui allait
même, pour autant que je suis concerné, être
qualifiée de brimade à la liberté
générale.
Je vous dirai, M. le Président, que depuis ce temps-là,
à la lumière des différentes statistiques, j'ai
évolué et les statistiques ont aidé. En 1975, lors d'un
séjour officiel dans les pays Scandinaves, je constatais que la grande
majorité des citoyens de ces pays avaient accepté le fait du port
obligatoire de la ceinture de sécurité et que cela faisait
désormais partie de leur habitude de conduire.
D'autre part, les statistiques d'alors démontraient clairement
que le taux d'accidents routiers avait considérablement diminué
dans les pays Scandinaves. Cette expérience, a donc grandement et
considérablement contribué à me faire prendre conscience
de la situation qui prévaut présentement au Québec.
Aujourd'hui je puis vous dire avec certitude qu'il m'apparaît donc urgent
et peu coûteux il faut le dire, puisque le ministre des Transports
l'a déjà dit en commission parlementaire pour le
gouvernement du Québec d'agir avec compétence et avec
fermeté en imposant intégralement, si ce n'est pour le moment, du
moins en intention, mais dans la mesure où nous pouvons le faire,
l'immense majorité des recommandations qui sont retenues dans le rapport
Gauvin. Celles-ci ont été énumérées
précédemment par mon collègue, le ministre autrefois
responsable de la protection du consommateur, mais maintenant responsable des
Travaux publics et de l'Approvisionnement.
A cette période, nous avons ensemble et par le biais d'une
commission parlementaire, étudié l'ensemble des recommandations
visant particulièrement le côté de la protection du
consommateur et surtout de la sécurité routière à
l'intérieur du rapport Gauvin.
En effet, si on feuillette quelque peu les statistiques publiées
par le service d'étude en sécurité routière du
Bureau des véhicules automobiles, ce qu'on appelle le BVA du
Québec, on se rend bien compte de la gravité de la situation.
Ainsi, au mois d'octobre 1975, au Québec, on dénombrait 154
personnes tuées et 4564 blessées lors d'accidents survenus sur
les routes. D'autre part, au mois de novembre dernier, on dénombrait 131
personnes tuées et 3881 personnes blessées, toujours lors
d'accidents de voiture. Devant de tels chiffres, je suis convaincu que, si les
personnes touchées avaient porté la ceinture de
sécurité, beaucoup d'entre elles auraient eu la vie sauve, la vie
épargnée, d'autant plus que plusieurs spécialistes dans ce
domaine en sont venus unanimement à la même conclusion: le port de
la ceinture de sécurité contribue à diminuer et même
à atténuer le taux de mortalité lors d'accidents
routiers.
A cela vient s'ajouter mon expérience personnelle en la
matière, puisque chaque jour je suis appelé à rencontrer
des gens du monde de l'automobile. Tous sans exception, au niveau des
écoles de conduite, dans tout autre secteur, dans tout autre organisme
impliqué dans ce domaine, tous, dis-je, sont unanimes en ce qui a trait
au port de la ceinture de sécurité et ils s'associent
entièrement au projet de loi no 13. Un sondage maison
réalisé dans mon comté a de plus indiqué que depuis
environ deux ans, 20% des jeunes et des moins jeunes portent déjà
la ceinture de sécurité lors de déplacement en voiture, et
ce avant même que la loi ne soit déjà en vigueur. Ce sont
là des signes que la population prend conscience de l'importance du port
de la ceinture puisqu'elle préfère la prévention
plutôt que la collision désastreuse.
Je soulignais il y a quelques instants la position de
spécialistes en la matière; j'aimerais ajouter celles de nos
spécialistes radiophoniques ici, à Québec, tels que
José Mathieu, et peut-être appelons-les les frères
Jacques pour la circonstance celle de Jacques Bergeron, un as du volant
au Québec, Jacques Duval et Jacques Rain-ville, spécialistes en
la matière. Tous arborent fièrement le drapeau de la
sécurité routière en préconisant au Québec
le port de la ceinture et l'acceptation intégrale de la loi no 13.
L'effet spychologique créé par le port de la ceinture de
sécurité a comme conséquence d'enlever le stress des
personnes au volant et des passagers qui peuvent ainsi goûter pleinement
les
plaisirs de la route tout en demeurant totalement protégés
en cas de collision. M. le Président, l'exemple typique que le ministre
a su opter en faveur d'une politique saine de prévention et de
sécurité maximale sur les routes du Québec a tout à
fait donné raison à ce dernier, puisque, au début, le
ministre, comme moi, ou comme bien d'autres citoyens au Québec, avait
certaines réticences vis-à-vis du port obligatoire de la ceinture
de sécurité. Puisque maintenant il s'agit d'une politique
gouvernementale, par solidarité gouvernementale et aussi parce que nous
devons nous aussi, comme gouvernement, voir à assurer une
responsabilité vis-à-vis de l'ensemble des citoyens du
Québec et aussi, dans certains départements, à assurer aux
citoyens du Québec un certain niveau de sécurité ou un
certain service, eh bien moi aussi, je me dis d'accord sur ce champ d'action
où le gouvernement doit être présent.
Je me déclare donc, M. le Président, très favorable
au projet de loi no 13 et, de concert avec le ministre des Transports,
j'entends voter pour ce projet de loi, même si, au fond, il contient
d'autres mesures ou d'autres prescriptions, tels les cours obligatoires pour
les jeunes de 16 et 17 ans devant se diriger, demain, sur nos routes du
Québec. En plus, il y a une mesure de sécurité à
l'intérieur du projet de loi no 13 pour assurer la protection des gens
qui procéderont à l'achat de pneus d'automobiles de second ordre
ou encore de pneus soi-disant de premier ordre, mais rechapés. On veut
aussi limiter la vitesse sur nos routes par l'assurance ou la confirmation, par
le Québec, d'un contrôle de vitesse à l'intérieur
des municipalités, par l'acceptation par le gouvernement du
Québec des règlements faits par les cités et villes. Je me
dis d'accord parce que le gouvernement du Québec vient justement
répondre à un besoin en matière de
sécurité.
Le chapeau de ce projet de loi no 13, qui nous donne une "chance sur
13", c'est, à l'article 13, le port obligatoire de la ceinture.
J'étais d'abord réticent face à cette mesure, mais,
à la lumière des chiffres et de ce que je vous ai dit, j'y suis
maintenant favorable à 100%. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député
d'Anjou.
M. Yves Tardif
M. Tardif: M. le Président, le projet de loi no 13 que
nous avons devant nous et dont nous avons commencé l'étude il y a
environ un mois et demi, a comme principe fondamental d'assurer une plus grande
sécurité aux usagers de la route. Parmi les deux moyens
principaux privilégiés pour la concrétisation de cet
objectif, on retrouve le port obligatoire de la ceinture de
sécurité et la réduction de certaines limites de vitesse.
Au cours des prochaines minutes, j'aimerais plus particulièrement
m'attacher à ces deux points, à savoir le port obligatoire de la
ceinture de sécurité et la réduction des limites de
vitesse.
M. le Président, au plan personnel, je suis tout à fait
d'accord avec le port de la ceinture de sécurité. Depuis sept
ans, je porte moi-même la ceinture de sécurité et je dois
avouer que je n'ai jamais eu à m'en repentir. Les moyens
évoqués par le ministre des Transports dans son discours de
deuxième lecture sont, à mon avis, tout à fait
justifiés pour favoriser le port obligatoire de la ceinture.
J'ai eu un exemple frappant de l'efficacité de la ceinture de
sécurité, la semaine dernière, alors que,
malencontreusement, je circulais à quatre ou cinq milles à
l'heure et que j'ai frappé l'arrière de l'auto d'une femme. La
femme en question ne portait pas sa ceinture de sécurité. Bien
que je ne circulasse alors qu'à une vitesse de quatre ou cinq milles
à l'heure, celle-ci s'est blessée, alors que ma femme et moi, qui
portions la ceinture de sécurité, n'avons eu absolument aucune
blessure.
Une Voix: Pauvre femme!
M. Tardif: Je pense que c'est un argument frappant en faveur du
port obligatoire de la ceinture de sécurité.
Une Voix: Un jeune député de même, pauvre
femme!
M. Tardif: M. le Président, il y a cependant une autre
question qu'on doit se poser, il s'agit de savoir si le gouvernement est
justifié d'intervenir pour forcer tous les automobilistes à
porter la ceinture de sécurité. A cet égard, M. le
Président, j'en suis moins convaincu. Je suis d'abord pour que le
gouvernement intervienne lorsqu'il s'agit de protéger certaines
personnes pour des gestes commis par d'autres personnes, mais je suis moins
convaincu de la valeur de l'argument qui veut que le gouvernement doive
intervenir nécessairement pour protéger les gens contre des
gestes que ces personnes pourraient poser.
Au cours du dernier mois, j'ai discuté avec un certain nombre de
personnes de mon comté, et la plupart des gens, bien qu'ils aient
été prêts à admettre la valeur de la ceinture de
sécurité, étaient contre l'imposition obligatoire de ce
mécanisme de sécurité.
M. le Président, je sais que c'est une question dont on discute
depuis longtemps. Je sais également que la ceinture de
sécurité a été imposée dans d'autres pays,
mais encore là, comme je le disais tout à l'heure, je me demande
si le gouvernement doit intervenir pour protéger les gens contre
eux-mêmes. Je sais que la liberté dans ce domaine implique des
coûts sociaux. Le ministre des Transports a mentionné qu'il en
coûtait environ $42 millions par année, tant au niveau de
l'assurance-hospitalisation qu'au niveau de l'assurance-maladie à la
suite des blessures occasionnées à des personnes qui ne portent
pas la ceinture de sécurité. Je suis conscient de cela, M. le
Président, mais je me demande si le moyen préconisé dans
le projet de loi est le moyen que nous devrions adopter aujourd'hui, alors que
nous sommes appelés à nous prononcer sur cette question.
Je pense que, jamais, qui que ce soit n'a suggéré
qu'à la suite d'un accident une personne qui n'avait pas sa ceinture de
sécurité devrait automatiquement se voir réduire le
montant de la réclamation qu'elle a contre la personne responsable. Je
m'explique. Si une personne qui conduit un véhicule ne porte pas sa
ceinture de sécurité et qu'à la suite d'un accident elle
subit des dommages au montant de $10 000 qu'elle est en droit de
réclamer, je pense que sa réclamation devrait être
déduite automatiquement de 25%, c'est-à-dire que, même si
elle n'est absolument pas responsable et que tout le monde s'entend pour
déclarer que cette personne a subi des dommages au montant de $10 000,
compte tenu du fait qu'elle n'a pas porté sa ceinture de
sécurité et sans qu'il soit nécessaire de prouver que
l'absence du port de la ceinture de sécurité a augmenté
ses dommages, cette personne devrait voir le montant qui lui est accordé
réduit de 25%. En somme la personne qui aurait droit à des
dommages de $10 000, s'il est prouvé...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le contraire dans la
recommandation Gauvin.
M. Tardif: ... qu'elle n'avait pas porté sa ceinture de
sécurité, ne recevrait qu'une somme de $7500.
M. le Président, un accident entraîne des coûts
sociaux, comme l'a mentionné le ministre des Transports. Je pense
qu'à cet égard, la Régie de l'assurance-maladie et
l'assurance-hospitalisation devraient être en mesure de réclamer
contre la personne qui a reçu des soins et des traitements sous ces deux
régimes et qui ne portait pas sa ceinture de sécurité lors
d'un accident.
A ce moment, sans obliger les gens à porter la ceinture de
sécurité, on les pénaliserait d'une autre façon
puisque ces personnes verraient leurs réclamations réduites lors
d'un accident et qu'elles seraient obligées de rembourser, en tout ou en
partie, les frais que la Régie de l'assurance-maladie du Québec
et l'assurance-hospitalisation ont dû débourser pour ces
personnes.
Vous me direz qu'il ne sera peut-être pas facile de faire une
telle preuve et je le reconnais. D'autre part, on sait que, si une personne est
projetée en dehors de son véhicule, il existe sûrement une
présomption à l'effet que cette personne, lors de la collision,
ne portait pas sa ceinture de sécurité. Si elle est restée
dans le véhicule et qu'on la retrouve inconsciente alors que sa ceinture
de sécurité était attachée, il va de soi que la
preuve à l'effet qu'elle portait sa ceinture de sécurité
au moment de la collision sera facile à établir.
Même s'il s'agit d'un obstacle et que l'on prétend que la
preuve ne sera pas facile à établir pour réduire la
réclamation d'une personne qui ne portait pas sa ceinture de
sécurité, je pense que le texte actuel de l'article 56d) du
projet de loi no 13 va permettre à des avocats de s'en tirer sans trop
de difficultés puisque l'article en question dit: "Toute personne qui
conduit sur un chemin public un véhicule de promenade
équipé, suivant la Loi sur la sécurité des
véhicules automobiles, d'une ceinture de sécurité pour le
conducteur doit porter cette ceinture de sécurité correctement
bouclée. "
Je dis qu'il ne sera pas facile de prouver cette infraction. Pour quelle
raison? Lorsque, tout d'abord, l'automobiliste va voir un policier s'approcher
et lui faire signe de s'arrêter, il va être très facile pour
cet automobiliste d'attacher rapidement sa ceinture et le policier ne sera pas
en mesure de faire la preuve. Deuxièmement, même si le policier
arrêtait un automobiliste et constatait que celui-ci n'a pas
attaché sa ceinture de sécurité, à mon avis, devant
une cour celui-ci pourrait aisément faire la preuve qu'il avait sa
ceinture de sécurité attachée lorsqu'il conduisait, mais
que, lorsque son véhicule était arrêté, il
n'était pas nécessaire, d'après le texte actuel de
l'article 56d), de porter sa ceinture de sécurité
bouclée.
A cet égard, si le ministre des Transports veut s'assurer que la
preuve qui devra être faite pour faire condamner une personne sera
possible, à mon avis, il devrait réviser le texte de l'article
56d). Je sais que ce n'est pas ici que nous allons étudier chacun des
articles, mais je pense qu'en commission parlementaire il y aurait
peut-être lieu de modifier la phraséologie de l'article et
d'indiquer plutôt: Toute personne au volant d'un véhicule sur un
chemin public.
Le deuxième élément privilégié retenu
pour donner suite au principe du projet de loi no 13 est la réduction de
certaines limites de vitesse. Il va de soi que plus on conduit à une
vitesse élevée, plus les chances d'un accident sont sans doute
plus élevées. Mais je ne suis pas certain qu'on puisse faire une
équation entre la vitesse à laquelle circule une automobile et
ses chances d'avoir un accident. Un des facteurs importants dans la cause des
accidents est l'ivresse au volant. Je pense pouvoir parler en connaissance de
cause, non pas au plan personnel mais, ayant eu l'occasion de pratiquer pendant
quelques années comme avocat, j'ai vu le nombre effarant, pour ainsi
dire, de personnes qui se font prendre au volant alors qu'elles sont en
état d'ébriété.
Une certaine mentalité s'est établie depuis un certain
nombre d'années.
Tout le monde est d'accord pour dire que l'ivresse au volant est un
fléau, mais lorsqu'il s'agit de mettre un holà à ce
fléau, on trouve souvent des échappatoires. Il arrive bien
souvent que la personne accusée ayant plaidé coupable
déclare qu'elle a besoin de son permis de conduire pour gagner sa vie et
le juge va lui permettre de conserver son permis de conduire.
Toutes les excuses sont bonnes, M. le Président, lorsqu'on est
arrêté et que l'on passe devant un juge, pour justifier la
nécessité de conserver son permis de conduire. Si on veut
vraiment être sérieux à cet égard, je pense que la
loi devrait prévoir qu'automatiquement, à une première
infraction, quelle que soit la raison invoquée par la personne coupable
et quelle que soit la nécessité pour cette personne d'avoir son
permis de conduire pour travailler, la personne devrait perdre son permis de
conduire pour une période d'un
mois, de deux mois ou de trois mois. J'ai vu souvent des personnes
accusées une deuxième ou une troisième fois pour
facultés affaiblies, qui devaient encourir normalement et
automatiquement un emprisonnement minimal de quatorze jours s'en tirer avec des
amendes de $50 ou de $100 et avec une suspension du permis de conduire pro
forma.
Pourtant, M. le Président, l'alcoolisme au volant est un
fléau. La preuve en est que la semaine dernière, on lisait le
court article suivant, qui ne comprend que deux paragraphes et qui dit ceci:
"Quatrième cause de décès aux Etats-Unis après les
maladies cardio-vasculaires, le cancer et les maladies mentales, l'alcoolisme
coûte au pays $25 milliards par année". On comprendra, M. le
Président, qu'il s'agit de chiffres se rapportant aux Etats-Unis. Le
coût de l'alcoolisme comprend les accidents de la route provoqués
par les excès de boisson. Certaines études font apparaître
que la moitié de ces accidents sont provoqués par ce
fléau, tous les autres accidents, le temps perdu, la productivité
perdue, les maladies, la cirrhose notamment... Quelques jours plus tard,
toujours dans la Presse, un autre article faisait état de l'ivresse au
volant et des conséquences que celle-ci peut engendrer: "Près de
64% des personnes qui ont perdu la vie dans des accidents d'automobile à
Montréal et à Québec, l'an dernier, étaient sous
l'influence de l'alcool." Le Dr Jean-Paul Valcourt, qui est directeur de la
section de pathologie au laboratoire médico-légal du
Québec, a révélé que 49,3% des conducteurs qui sont
morts au volant dans ces deux villes, en 1973, avaient absorbé plus
d'alcool que ne le permet la loi.
M. le Président, je pense qu'il n'est pas nécessaire de
citer ad nauseam d'autres articles sur cette question. Quant à moi, M.
le Président, compte tenu de la petite expérience que j'ai eue en
plaidant devant les tribunaux sur ces questions, compte tenu des
différents chiffres dont j'ai pu prendre connaissance au cours des
dernières années, toujours sur la même question, je pense
que l'ivresse au volant est encore un facteur plus important que la vitesse
dans le domaine des accidents de la route. Je vous avouerai sincèrement,
M. le Président, que nous avons au Québec de belles autoroutes
que nous avons construites à grands frais, qui sont sécuritaires
et qui nous permettent de conduire à une vitesse supérieure
à 70 milles à l'heure.
Je me demande si on ne devrait pas faire un projet pilote une bonne
fois. Ce projet pilote consisterait, sur une certaine distance, je pense entre
autres à l'autoroute 20 entre le mille 185 et la rivière
Richelieu, à relever la limite actuelle de vitesse de 70 milles à
l'heure à 90 milles à l'heure pendant la période
d'été, pendant la journée, c'est-à-dire entre six
heures du matin et six heures du soir. Je serais curieux de constater quels
pourraient être les résultats. Je serais curieux de constater, si
les accidents sont beaucoup plus nombreux parce que la limite de vitesse sur
cette autoroute entre les deux points mentionnés pré-
cédemment serait de vingt milles supérieure à ce qu'elle
est actuellement.
Je pense qu'entre autres sur les autoroutes, les personnes qui
conduisent à 40 milles à l'heure, les personnes qui conduisent le
soir sans avoir aucun feu allumé en arrière, les personnes qui
conduisent à gauche de la route et qui refusent systématiquement
de céder le passage sont beaucoup plus responsables des accidents que
les personnes qui conduisent à 90 milles à l'heure. Nous avons,
M. le Président, des limites de vitesse qui sont à mon avis
indûment basses à certains endroits. Je pense entre autres au
boulevard Champlain et au boulevard Métropolitain où la limite de
vitesse n'est que de 45 milles à l'heure.
Je vais emmener n'importe qui ici et on pourra rouler à 70 milles
à l'heure en sécurité sur le boulevard Champlain à
Québec. Une limite de 45 milles à l'heure est beaucoup trop
basse. Ce qui se produit, c'est qu'il y a certaines personnes qui conduisent
à des vitesses exagérément basses et qui retardent la
circulation. Une autoroute est faite pour quoi? C'est fait pour dégager
les centre-ville, c'est fait pour permettre de relier deux grands centres
urbains rapidement; ce n'est pas fait pour rouler à 60 milles à
l'heure ou à 40 milles à l'heure comme certains le font.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, je reconnais que le principe
fondamental du projet de loi no 13, qui est d'assurer une plus grande
sécurité aux usagers de la route, est bien fondé. Dans les
circonstances, je vais voter pour le projet de loi no 13, malgré
certaines réticences que je pourrais formuler à l'égard
des moyens utilisés.
En ce qui a trait aux moyens eux-mêmes, je n'ai parlé que
de deux moyens, c'est-à-dire le port obligatoire de la ceinture de
sécurité et la réduction de certaines limites de vitesse.
Il y a d'autres moyens suggérés pour atteindre le but
formulé dans le projet de loi no 13 et, fondamentalement, je suis
d'accord avec les moyens en question. Evidemment, lorsque quelque chose fait
notre affaire, on en parle peu; lorsque quelque chose ne fait pas notre
affaire, là on critique. C'est un peu ce que j'ai fait ce soir, parce
que je reconnais qu'il y a de bonnes choses dans le projet de loi no 13, mais
je pense qu'il faut apporter certaines distinctions quant aux deux moyens
utilisés, à savoir le port de la ceinture de
sécurité et la réduction de certaines limites de
vitesse.
Quoi qu'il en soit, en terminant, M. le Président, je veux
féliciter le ministre des Transports, parce que, comme il l'a dit au
bébut, cette mesure n'est pas un concours de popularité. J'ai
bien l'impression qu'il y a un certain nombre de personnes qui vont
désapprouver le fait que le gouvernement du Québec veuille
brimer, pour ainsi dire, leur liberté. Les gens disent parfois, d'une
façon imagée je ne suis pas nécessairement d'accord
avec cela: Laissez-nous mourir en paix. Ces gens oublient, évidemment,
qu'il y a des coûts sociaux, comme l'a mentionné le ministre des
Transports.
J'ai suggéré au ministre des Transports deux façons
de corriger cela, c'est-à-dire que l'on pré-
voie automatiquement une réduction d'au moins 25% de la
réclamation d'une personne qui a subi un accident et qui n'est pas
responsable; deuxièmement, que la Régie de l'assurance-maladie et
l'assurance-hospitalisation puissent revenir contre les personnes n'ayant pas
porté leur ceinture de sécurité, ayant subi un accident,
pour les frais encourus par ces personnes à l'égard de ces deux
régimes.
Finalement, M. le Président, j'ose croire que tous ceux qui ont
fait de la démagogie sur cette question, dont certains commentateurs de
radio, s'y prendront à deux reprises pour relire le projet de loi et se
rendront compte qu'il ne contient pas simplement de mauvaises choses,
même si on peut formuler, avec justification, certaines critiques. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Blank): S'il n'y a pas d'autres
opinants, le ministre exercera son droit de réplique.
Le ministre des Transports.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, ayant déjà
participé à ce débat, qui est commencé depuis
près de trois semaines, pour au-delà de deux heures, je ne pense
pas qu'il me soit permis, à ce moment-ci, de m'étendre sur tous
les sujets dont ont parlé tous mes collègues, d'un
côté ou de l'autre de la Chambre.
On me permettra, cependant, de remercier mes collègues
ministériels, le Solliciteur général, le ministre des
Travaux publics et ceux qui viennent de se faire entendre en cette Chambre sur
le projet de loi no 13 qui, on le sait, peut être contesté par une
certaine partie de la population. Je voudrais, M. le Président, pour
être honnête dans ces félicitations, dire, quand même,
en ayant écouté mes collègues de l'Opposition officielle,
du moins celui de l'Opposition officielle qui s'est fait le porte-parole de ce
parti, dire le respect que j'ai de l'Opposition dans une mesure aussi
importante qui peut être aussi controversée. Le gouvernement
aurait besoin, dans un tel projet de loi, de l'appui presque inconditionnel de
l'Opposition officielle, parce que on vient de le dire et de le
répéter ce n'est pas un concours de popularité;
c'est un concours de sécurité publique. Ensemble, nous devons
faire en sorte de perdre le triste championnat que le Québec
connaît, depuis trop longtemps, sur son réseau routier.
Le député de Rouyn-Noranda que j'ai écouté,
alors qu'il nous faisait un peu le récit de ce qu'il avait
lui-même constaté lors de son voyage à Porto Rico où
il avait pris l'exemple d'un pays qui a imposé des limites restrictives
de vitesse, qui a imposé le port de la ceinture de
sécurité et qui connaît aujourd'hui les résultats,
qu'a cette partie des Etats-Unis, a appuyé également
inconditionnellement le projet de loi, malgré les réserves que,
comme le ministre des Transports, il aurait contre certaines parties de cette
loi.
Je pense qu'il mérite d'être félicité
également.
M. le Président, vous me permettrez, quand même, de ne pas
être aussi heureux des réserves qu'a apportées le
député de Beauce-Sud. Je n'étais pas présent au
moment de son discours, mais je pense que tous les partis ici en Chambre
devaient, dans une mesure aussi importante, être unanimes. Ce n'est pas
le moment, je pense, pour aucun parti politique, de chercher à gagner
des votes dans les cinq ou six mois qui suivront l'adoption de cette mesure. Je
pense qu'à l'instar de l'Ontario et à l'instar d'autres pays qui
ont connu les mêmes inconvénients au moment où la loi a
été mise en vigueur, la population, elle, comprend
l'économie de vie humaine, l'économie de santé de chacun
de nos concitoyens, l'économie de carburant, l'économie de
centaines de millions qui sont en cause. Mais principalement sur les vies
humaines et la santé, cela peut faire effet de boomerang. Cette loi,
aussi dure soit-elle, peut se résumer en peu de mots, quant à la
ceinture de sécurité: une question d'habitude. C'est simplement
une question d'habitude.
Des personnes, peut-être, iront devant leur médecin de
famille, devant les spécialistes, comme les règlements le
prévoiront, afin d'être déclarées inaptes à
porter une ceinture de sécurité, c'est leur droit. Le ministre
des Transports ne fera pas grief à qui que ce soit, à des
personnes souffrant d'obésité, de maladie nerveuse ou de toute
autre infirmité, se sentant emprisonnées par une ceinture de
sécurité, de dire devant un médecin qu'elles deviennent
à ce moment mauvais chauffeurs. Il appartiendra à chacun de mes
concitoyens du Québec de faire cette preuve. Je pense qu'il ne demandera
aucun frais supplémentaire. Si ces personnes ne pouvaient pas être
en mesure de porter la ceinture que la loi les obligera à porter, elles
auront un certificat médical les exemptant de cette mesure.
M. le Président, on me permettra de revenir sur certaines des
suggestions que j'avais faites dans mon discours de deuxième lecture.
J'avais dit, dans mes notes préliminaires, qu'il est fort possible et
peut-être même certain que si les conducteurs du Québec
voulaient, dans leurs habitudes, boire plus modérément qu'ils ne
le font maintenant, une telle loi ne serait pas obligatoire. J'ai fait appel
à certains postes de radio et de télévision, et aux
média d'information, à certaines brasseries, leur demandant de
tâcher de réduire, autant que faire se peut, la propagande
néfaste des boissons dont on vante les mérites, mais dont on ne
vante pas les résultats.
Depuis que nous nous sommes parlé ici, en cette Chambre, je
regardais, malheureusement, quelles sont les statistiques de l'ivresse au
volant au Québec. C'est dans une livraison, je pense, de la Presse du 11
mai où l'ont lit ceci: "L'ivresse au volant tue et tue de quelle
façon". Près de 64% des personnes qui ont perdu la vie dans des
accidents d'automobile à Montréal et à Québec, l'an
dernier, étaient sous l'influence de l'alcool. 64%. Le docteur Jean-Paul
Valcourt, qui est directeur de la section de pathologie au laboratoire
médico-légal du Québec, avait révélé
que 49,3% des
conducteurs qui sont morts au volant dans ces deux villes, en 1975,
avaient absorbé plus d'alcool que ne le permet la loi. Selon lui,
certains d'entre eux avaient un taux d'alcool dans le sang deux fois ou
même trois fois plus élevé que la limite permise de 80
milligrammes par 100 millilitres. Ces statistiques ont établi
qu'à la suite d'autopsies pratiquées sur les corps
d'automobilistes tués dans les accidents, des échantillons de
sang ont été prélevés chez 115 victimes de la
région de Québec et chez 169 autres de la région de
Montréal. Seulement 35,6% de victimes étaient sobres, d'ajouter
le docteur Valcourt.
M. le Président, cela indique quand même que tant et aussi
longtemps que les Québécois penseront qu'il leur est permis de se
servir et d'abuser des routes du Québec et de mettre la vie de tout le
public en danger, qu'on ne pense pas réduire, à l'instar de
l'Ontario, ce taux tellement radicalement si l'on ne prend pas les moyens pour
éviter ou faire disparaître des routes du Québec ceux qui
veulent s'en servir comme bars-salons.
Un rapport vient également de sortir d'un pays qu'on
prétend le pays le plus libre du monde, les Etats-Unis. Ce pays, qui n'a
pas encore voulu imposer la ceinture de sécurité, par contre,
vient d'imposer à tous ses Etats des limites restrictives de vitesse de
55 et 65 milles à l'heure. C'est tellement imposé que les Etats
qui voudraient améliorer leur réseau n'aurait du
fédéral, aux Etats-Unis, aucune somme d'argent s'ils ne
consentent pas à réduire les limites de vitesse.
Je vous fais grâce de la lecture de tout le document. Je voudrais,
quand même, vous citer quelques passages qui prouvent que, quand les
Etats-Unis voudront prendre également toutes leurs
responsabilités suite à l'ensemble des enquêtes qui se sont
poursuivies sur ce territoire, peut-être qu'ils obtiendront les
mêmes résultats qu'ont obtenus l'Australie, la Suède et
tous les autres pays dont on a parlé récemment.
Je cite simplement quelques extraits. "Le port obligatoire de la
ceinture de sécurité et l'application uniforme de la limite de
vitesse à 55 milles à l'heure à travers le pays,
ressortent c'est une étude qui a été faite à
la demande du gouvernement des Etats-Unis pour l'ensemble des Etats
comme étant les contre-mesures de sécurité routière
ayant le plus de potentiel en vue d'épargner des vies et d'éviter
des blessures corporelles, et ceci à des coûts relativement bas,
d'après le National Highway Safety Needs Report soumis au Congrès
le 9 avril dernier. Au point de vue du potentiel d'épargner des vies et
aussi coût efficacité c'était une
étude coûts bénéfices également
se trouve le port obligatoire de la ceinture de sécurité en
tête de liste. L'étude estime que l'utilisation universelle de la
ceinture de sécurité éviterait aux Etats-Unis plus de 89
000 pertes de vie et préviendrait plus de 3 millions d'accidents causant
des blessures sur une période de 10 ans, de 1977 à 1990". Ce
rapport indique que la mise en application uniforme et sévère de
la limite de vitesse à 55 milles à l'heure épargnerait
environ 31 900 vies et éviterait à peu près 415 000
accidents causant des blessures sur une période de dix ans.
Parmi les 37 contre-mesures mentionnées au rapport visant
à diminuer les pertes de vies, vient, en second lieu, toute
contre-mesure relativement à l'usage abusif de l'alcool. Cette
activité implique la possibilité d'éviter plus de 13 000
accidents mortels de circulation, de même que 152 000 blessés,
pour éviter des frais de $2,130 milliards. "L'Alcoolisme est un
problème médical de grande importance au niveau national, cite le
rapport, et, bien que les contre-mesures de sécurité
routière ne représentent qu'un moyen de s'attaquer à ce
problème, il est nettement mis en preuve qu'il y a un pourcentage
élevé et disproportionné de conducteurs faisant usage de
l'alcool, tel que je le mentionnais tantôt.
Quand même je me pourfendrais de toutes sortes de statistiques et
d'autres déclarations, pour le ministère des Transports, il y a
déjà un certain temps que j'ai fait mon lit. Je voudrais
remercier mon collègue, le ministre des Travaux publics, qui avait
été à l'origine du rapport Gauvin. Le rapport Gauvin, dans
l'ensemble des suggestions qui nous étaient faites, je pense que nous
l'aurons respecté presque dans son entier dans un avenir prochain. Nous
avons voulu faire tout ce qu'il était humainement possible de faire pour
rendre les routes du Québec plus sécuritaires. Nous avons
cherché à passer par des voies législatives pour le mettre
en place. Il appartiendra maintenant à tous et à chacun dans la
province de tâcher de s'habituer à conduire à des vitesses
plus modérées, et cela s'adresse également à mes
collègues qui sont ici, en Chambre. Il faudra possiblement donner
l'exemple, parce que, quand des accidents surviendront non pas à 80
milles à l'heure, mais à 55 et à 60 milles à
l'heure, il y a de très fortes chances que la gravité des
blessures soit moins grande et que des vies soient épargnées.
Je n'ai jamais prétendu que c'est à des vitesses de 80, 90
et 100 milles à l'heure que la ceinture de sécurité
pourrait rendre les meilleurs services.
Je voudrais revenir, par contre, sur les deux arguments de masse
qu'invoquent ceux qui sont contre le port de la ceinture de
sécurité, soit des automobiles qui, par immersion, verraient
leurs occupants noyés; des automobilistes qui, lors d'une collision,
verraient leur automobile incendiée et y seraient retenus. Qu'on regarde
les journaux des tout derniers jours et l'on verra qu'il y a de très,
très jeunes personnes qui n'étaient pas attachées et qui
ont été brûlées.
Si, dans les semaines qui suivent l'application de cette mesure, des
personnes sont attachées et qu'elles passent au feu, ce ne sera pas pire
qu'aujourd'hui alors qu'il y a collision parce que, si attachée, cette
personne aura peut-être la chance de se sortir d'un véhicule avant
que l'incendie commence.
Je parlais l'autre jour d'un autre accident qui est arrivé
près de ma région où quatre personnes sont tombées
dans une rivière. Elles n'étaient pas attachées mais,
inconscientes, elles se sont noyées toutes les quatre.
II arrivera peut-être que des personnes attachées, en
tombant dans une rivière, seront blessées ou perdront la vie
peut-être parce qu'elles seront attachées. Mais l'exemple de tous
les pays du monde a prouvé que 0,5% de ces personnes pourraient
peut-être trouver la mort alors que 25% et 30% pourraient être
sauvées ou pourraient avoir des blessures moins graves.
Devant de telles statistiques, que cela vienne de la Suède, que
cela vienne de l'Australie, que cela vienne du Japon, que cela vienne de
l'Ontario, je n'ai pas honte du tout, comme ministre des Transports, de
proposer un projet de loi contre lequel j'ai eu moi-même quantité
de réserves. Il m'a fallu, je pense, convaincre d'abord le ministre des
Transports de s'attacher dans son propre véhicule. Comme cela faisait
près de 30 ans que j'étais à la conduite d'un
véhicule, cela n'a pas été facile. Par contre,
après quatre mois de l'habitude que j'ai prise, je puis assurer tous mes
collègues que, s'ils font la même chose, ils chercheront la
ceinture quand ils monteront dans une automobile. On est pas mal plus en
sécurité et on est pas mal plus à notre aise
attaché que libre devant chacun des obstacles qu'on peut rencontrer sur
la route.
Je remercie tous les membres du parti ministériel, membres de
l'Exécutif comme membres du caucus, qui m'ont appuyé pour
présenter ce difficile projet de loi. Je sais que plusieurs avaient
à l'esprit également des réserves et que vous aurez, dans
chacun de vos comtés, à convaincre vos collègues mais je
pense que, dans les mois qui vont suivre, vous aurez le fruit de votre travail.
Que ce soit du côté gouvernemental ou du côté de
l'Opposition, je remercie tous ceux qui ont participé à cette
deuxième lecture. Je suis convaincu que si l'on peut bonifier en
commission chacun des articles de ce projet de loi et si ensemble nous faisons
le nécessaire pour convaincre nos commettants que lorsqu'ils auront
l'habitude...
Comme le signalait tantôt, je pense, mon collègue qui est
à ma gauche, je voyais ici même dans la ville de Québec
que, depuis que nous parlons de cette mesure, il y a près de quatre
semaines, près de 15% et 20% des plus jeunes parmi les chauffeurs, des
20 à 30 ans, ont déjà pris l'habitude de s'attacher, ce
qu'on ne voyait pas auparavant. Je sais que l'ensemble des postes de
sécurité de la Sûreté du Québec, partout en
province, ont de 100 à 200 appels par jour pour connaître à
quel moment la mesure sera en application, qu'est-ce que cela concerne comme
véhicule de 1971 à 1974 et autrement. Toutes les informations
leur seront données.
Je voudrais dire en terminant, M. le Président, que nous ferons
une campagne d'annonces intensive par tous les moyens d'information: radio,
télévision. Nous avons un film merveilleux qui sera
présenté, dont s'est servi l'Ontario, que nous avons traduit pour
les fins québécoises. Après cette campagne nous donnerons
quelques semaines, après que la loi sera adoptée, afin que les
gens puissent avoir les avis nécessaires de politesse dans les
premières semaines. A l'instar de l'Ontario, quelques semaines par la
suite, les for- ces de sécurité du Québec, quand la loi
sera votée, passeront à l'application. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Avec la permission de l'honorable
ministre, j'aimerais lui poser une question.
C'est qu'au cours du débat, sans donner le nom des intervenants
qui l'ont fait, il reste qu'il y a eu une suggestion à l'effet de
réduire de 25% le montant de l'indemnité qui serait
accordée à des personnes alors que la preuve serait faite, en
cour, que leur ceinture de sécurité n'était pas
attachée. Peut-être que le ministre préférera en
commission, lors de l'étude article par article, me répondre.
Mais, étant donné que je trouve cela complètement
inacceptable, contraire aux recommandations Gauvin, j'aimerais savoir les
réactions du ministre.
Le Vice-Président (M. Blank): A l'ordre! On va discuter de
cela en commission.
Cette motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté avec la
dissidence de...
M. Roy: M. le Président, avec ma dissidence, pour les
raisons que j'ai mentionnées.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais
que le ministre me dise s'il préfère répondre à ma
question lors de l'étude article par article.
M. Mailloux: M. le Président, je dirai simplement au
député de Chicoutimi que j'avais compris tantôt ce qu'avait
dit mon collègue, et à la commission je pense que nous pourrons
reparler du sujet.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Motion de déférence à la
commission
M. Garneau: M. le Président, je propose que le projet de
loi no 13 soit déféré à la commission des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement pour étude
article par article.
Le Vice-Président (M. Blank): Est-ce que cette motion de
déférence est adoptée?
M. Morin: Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté
M. Garneau: Article 16.
Projet de loi no 36 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales propose la deuxième lecture du projet de loi no 36, Loi
concernant la ville de La Baie.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, je serai bref parce que,
essentiellement, ce que propose ce projet de loi est une modification de la
date des premières élections municipales dans la nouvelle ville
de La Baie.
J'ai eu l'occasion de rencontrer le comité administratif qui, au
nom du conseil municipal, m'a fait cette suggestion. C'est une ville qui a
été créée par une loi qu'on se rappelle, et je
dirai sans hésitation que ce regroupement a été bien
accepté dans son ensemble. Vu le désir des dirigeants municipaux,
qui reflète à mon avis celui de la population, de
déterminer, à un moment précoce par rapport à ce
qui avait été prévu dans la loi originale, la composition
d'un conseil municipal qui assurera la gestion de la municipalité pour
les quatre prochaines années, j'ai voulu, M. le Président,
présenter ce projet de loi pour répondre à ce
désir.
C'est une ville qui est vouée à un avenir
intéressant et je crois que le geste que nous posons en
présentant ce projet de loi est gage de la réussite de cet
avenir. Je crois que nous avons intérêt à effectuer cette
modification permettant à la population de la ville de La Baie de
procéder dès cet automne au choix d'un conseil municipal avec une
distribution de sièges selon ce que vous voyez dans le texte du projet
de loi.
J'aimerais faire un dernier commentaire à cet égard, M. le
Président. C'est que nous avons répondu à un autre
désir exprimé par les municipalités qui existaient
auparavant et qui ont regroupées pour constituer la ville de La Baie, en
conservant, pendant un certain temps l'intention était que ce
soit pendant une période de quatorze mois un conseil municipal de
28 membres, c'est-à-dire que pour les quatre anciennes
municipalités, le conseil municipal de sept membres continuait de
siéger pour cette période prévue de quatorze mois.
L'intention, et l'on peut le voir en examinant le projet de loi qui est devant
mes yeux, est que l'équilibre sera nettement différent avec la
définition de dix quartiers, maintenant, et, d'ici quatre années,
de six quartiers seulement, l'équilibre de
représentativité, dis-je, entre le milieu déjà
urbanisé et le milieu rural sera nettement différent.
En conservant pour un certain temps un conseil municipal de 28 membres,
nous avons voulu assurer que pour une période de transition le milieu
rural ait une représentation particulière pour assurer que, dans
les décisions qui seraient prises par le nouveau conseil provisoire et
qui seront prises, dorénavant, après les élections de cet
automne par le nouveau conseil permanent, dans ces décisions, dis-je,
les intérêts du milieu rural ne soient pas oubliés.
Maintenant que le point de vue local est modifié, quant au calendrier
des changements prévus, il me semble que nous aurons eu dix mois au lieu
de quatorze, nous aurons respecté les intérêts particuliers
du milieu rural et nous aurons mis la ville de La Baie sur la voie de son
développement et de son épanouissement.
Le Vice-Président (M. Blank): Le député de
Chicoutimi.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard (Chicoutimi): Nous serons également
très bref, simplement pour exprimer notre accord avec ce projet de loi,
d'autant plus que ledit projet de loi correspond à une position publique
que nous avions prise il y a plus de deux mois déjà à
l'intérieur de la région concernant ce problème
particulier qui existait au niveau du conseil de la nouvelle ville de La
Baie.
J'exprime simplement l'intention de l'Opposition de voter pour ce projet
de loi.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
Le Secrétaire: Deuxième lecture de ce projet de
loi. Second reading of this bill.
M. Garneau: M. le Président, je propose que vous quittiez
le fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière
pour l'étude, article par article, du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté. Le Vice-Président
(M. Blank): Adopté.
Commission plénière
M. Blank (président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs! Article no 1.
Adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article 2.
M. Bédard (Chicoutimi): Je crois qu'il y a un amendement
à l'article 2.
M. Goldbloom: J'aimerais proposer un tout petit amendement.
L'article comporte, au dernier alinéa, à la troisième
ligne, la date du 1er juillet 1976 pour la définition des dix quartiers
indiqués à l'article. Nous sommes aujourd'hui le 21 juin et il ne
reste que dix jours avant le 1er juillet. Il me
semble, et nous avons examiné le calendrier électoral pour
la tenue d'élection en novembre, que nous pouvons accorder un peu plus
de temps que cela. J'aimerais suggérer que nous remplacions la date du
1er juillet par celle du 20 juillet.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous sommes d'accord avec cet
amendement, tenant compte justement de la période de temps
nécessaire pour effectuer cette division électorale.
Le Président (M. Blank): L'article 2 est-il adopté
avec l'amendement?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article 3.
Adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article 4?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Article 5?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aurais peut-être une
question générale à poser au ministre. J'aimerais savoir
s'il prévoit d'autres amendements majeurs à la loi 98.
M. Goldbloom: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre est au courant qu'il y
a certaines interrogations qui se posent en ce qui a trait à la loi 98
et surtout à cette partie de la loi qui aurait pour effet de faire de
Jonquière et de Chicoutimi une seule ville, à partir du 1er
janvier 1978.
Est-ce que le ministre, étant sans doute au courant de ces
interrogations, est en mesure de me dire s'il a une objection
systématique à ce qu'un référendum puisse
être tenu sur le territoire avant de procéder à cette
étape finale, étant donné l'importance que cette
étape finale présente pour l'ensemble des citoyens
concernés?
M. Goldbloom: M. le Président, très
brièvement je dirai trois choses; d'abord, la loi est là et je
viens de répondre à la première question du
député de Chicoutimi. Je ne prévois pas d'amendement
significatif à la loi. Deuxièmement, je pense que je serais quand
même malvenu et mal inspiré de faire la sourde oreille à
des représentations qui pourraient être faites par des personnes
sérieuses. Troisièmement, pour répondre directement
à sa question, non je n'ai pas d'objection systématique. Cela ne
veut pas dire que je déclare aujourd'hui qu'on va procéder
à un référendum, mais je veux lui dire que je n'ai pas
d'objection systématique à ce genre de consultation, s'il est
demandé sérieusement par des personnes sérieuses.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que le ministre
considère la population comme étant sérieuse, dans le sens
que s'il y avait une demande exprimée par plusieurs milliers de
citoyens...
M. Goldbloom: Evidemment de la population et pas du
député de Chicoutimi.
Le Président (M. Blank): C'était tout
irrégulier, je pense que la question posée...
M. Bédard (Chicoutimi): Là le ministre commence
à être moins gentil, M. le Président.
Le Président (M. Blank): M. le Président, j'ai
l'honneur de faire rapport que la commission a adopté le bill 36 avec un
amendement.
Le Président suppléant (M. Picard): Ce rapport
est-il agréé? Agréé.
M. Blank: Troisième lecture, prochaine séance.
Le Président suppléant (M. Picard):
Troisième lecture à la prochaine séance ou à une
séance subséquente.
M. Blank: Est-ce qu'il n'y a pas de troisième lecture
aujourd'hui?
Une Voix: Article 20).
Projet de loi no 38 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Le ministre des Affaires
municipales propose la deuxième lecture du projet de loi no 38, Loi
concernant la Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Victor Goldbloom
M. Goidbloom: M. le Président, ce projet de loi a deux
buts. D'abord remettre à cet automne la date officielle, la date
légale, pour l'entrée en vigueur du schéma régional
d'aménagement de l'Outaouais québécois et, par rapport
à cela, l'obligation qui est imposée par la loi, à la
Communauté régionale de l'Outaouais, d'adopter un tel
schéma.
On sait que la Communauté régionale de l'Outaouais a
respecté le délai prévu du 1er mai en déposant le
projet de schéma régional, mais il nous semble tout à fait
désirable que la période de consultation de la population, qui
doit durer jusqu'au mois de novembre, soit respectée et que la
population ait effectivement la possibilité de s'exprimer sur le projet
de schéma régional. Or, il semblait logique et nécessaire
de modifier le calendrier de façon à donner six mois additionnels
à
la Communauté régionale de l'Outaouais pour
l'entrée en vigueur de son schéma régional.
Dans l'intervalle, M. le Président, et c'est le deuxième
but du projet de loi, il faudra maintenir un contrôle intérimaire.
Nous prolongeons les pouvoirs déjà accordés à la
Communauté régionale de l'Outaouais, afin d'éviter que des
municipalités individuelles agissent de leur propre chef, sans rapport
avec ce qui est déjà devant l'opinion publique, et ainsi, par
leurs actions individuelles, modifient le schéma préparé
par les municipalités elles-mêmes autour de la table de la
Communauté régionale.
Alors, M. le Président, ce sont deux choses pratiques que nous
faisons pour assurer que, d'ici quelques mois seulement, il y ait un
schéma régional qui entrera en vigueur, qui engagera les
municipalités individuelles et qui n'aura pas été
gâté, dans l'intervalle, par des actions intempestives et
individuelles.
Le Vice-Président (M. Blank): Ce projet de loi est-il
adopté en deuxième lecture?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Blank): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
M. Garneau: M. le Président, je propose que la Chambre se
forme en commission plénière pour étudier ce projet de
loi, article par article.
Le Vice-Président (M. Blank): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté. Le
Vice-Président (M. Blank): Adopté.
Commission plénière
M. Picard (président de la commission plénière):
A l'ordre, messieurs! Projet de loi no 38, Loi concernant la
Communauté régionale de l'Outaouais, article 1.
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
Le Président (M. Picard): Article 1, adopté.
Article 2.
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté.
M. Blank: Je constate que, à l'article 2, on a
ajouté des exceptions, ce qui, après avoir lu les anciens
articles, donne une certaine discrétion à la commission de donner
des autorisations dans certaines circonstances. Est-ce cela qu'on a
ajouté?
M. Goldbloom: Essentiellement, M. le Prési- dent, cet
article 2 expose un certain nombre de conditions, et si ces conditions sont
respectées, l'autorisation est donnée, le permis est
émis.
M. Blank: Est-ce qu'il y a une obligation de donner un permis ou
si la commission aura le choix de donner un permis à A au lieu de B ou
au lieu de C? Y a-t-il des normes autres que celles présentées
ici?
M. Goldbloom: M. le Président, la réponse est
essentiellement celle que j'ai donnée et j'ajouterai ceci. Si les
conditions énoncées ici sont respectées, si toutes les
autres formalités sont accomplies, l'émission du permis devient
obligatoire. Il n'y a pas moyen de refuser le permis si toutes les conditions
sont respectées.
M. Blank: Quand vous dites les conditions, vous parlez des
conditions de ce projet de loi et des conditions normales de cette
municipalité ou de cette région, c'est cela?
M. Goldbloom: C'est cela. Il y a toujours les règlements
de zonage et de construction qui existent et qui s'appliquent. Il faut que le
conseil municipal soit d'accord, mais si le conseil municipal est d'accord et
que les conditions qui découlent de l'autorité que l'on donne
à la communauté régionale sont respectées, le
permis doit être émis, il ne peut être refusé.
M. Blank: D'accord.
Le Président (M. Picard): L'article 2 est-il
adopté?
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté. Le
Président (M. Picard): Article 3.
M. Bédard (Chicoutimi): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Article 3, adopté.
Article 4, adopté. Merci, messieurs.
M. Picard (président de la commission plénière):
M. le Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que la
commission plénière a étudié article par article le
projet de loi no 38 et l'a adopté sans amendement.
Le Vice-Président (M. Blank): Ce rapport est-il
adopté? Adopté. Troisième lecture, prochaine séance
ou séance subséquente.
M. Garneau: Article 9), M. le Président.
Projet de loi no 5 Deuxième lecture
Le Vice-Président (M. Blank): Article 9). Le ministre de
l'Industrie et du Commerce propose la
deuxième lecture du projet de loi no 5, Loi modifiant la charte
du Centre de recherche industrielle du Québec.
M. Guy Saint-Pierre
M. Saint-Pierre: M. le Président, le lieutenant-gouverneur
a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande l'approbation par la
Chambre.
M. le Président, c'est vers 1964 que le gouvernement du
Québec a réellement commencé à voir la
nécessité d'agir positivement sur le développement
économique, par exemple en aidant le développement industriel
régional ou en finançant les entreprises industrielles. Mais,
très vite, ces dimensions régionales, financières ou
sectorielles importantes, il est apparu nécessaire d'ajouter une
dimension technologique.
En effet, comme il devenait indispensable d'ouvrir l'économie du
Québec au commerce et à la concurrence internationale; il
fallait, en même temps, en accroître la productivité, et
cela particulièrement en encourageant la recherche, le
développement et l'innovation dans le secteur manufacturier. En
même temps, le gouvernement cherchait à se donner des moyens
d'action et une politique dans le secteur scientifique en
général. Doté d'une charte à la toute fin de 1969,
le Centre de recherche industrielle a commencé à se constituer en
1970.
On peut dire que l'année 1970/71 a été une
période d'organisation préliminaire, le véritable
début des opérations remontant aux exercices financiers 1971/72
et 1972/73, au cours desquels il y eut une croissance rapide des ressources
humaines, construction des laboratoires et des ateliers, ici même
à Sainte-Foy, et aménagement des équipements.
C'est à la fin de cette période que furent amorcées
véritablement les opérations de recherche, de
développement, de services d'analyse et d'essais techniques, ainsi que
d'information technologique. C'est ainsi qu'à la fin de 1973 le centre
avait déjà un personnel totalisant quelque 200 personnes
localisées surtout à Sainte-Foy, dans la banlieue de
Québec, mais également à Dorval. près de
Montréal, et à Sherbrooke.
La nature des tâches dévolues au nouveau centre par la loi
était, on peut le dire, excessivement large. Je rappelle aux membres de
l'Assemblée que le centre devait faire des recherches en sciences
appliquées, mettre au point de nouveaux produits, des
procédés ou des appareils industriels et scientifiques et,
troisièmement, faire la collection et la diffusion de l'information et
de renseignements d'ordre technologique et industriel.
En d'autres mots, la loi ne donnait guère de précisions
quant aux domaines où le centre devait en priorité diriger ses
ressources forcément limitées et exercer son activité face
aux besoins importants des industries québécoises. Pour agir, le
centre a quand même dû, dès ses débuts, effectuer,
face aux besoins et aux occasions qui se présentaient, un certain nombre
de choix de base qui l'ont amené à se doter graduellement d'une
excellente équipe de scientifiques et de techniciens répartis en
trois principaux secteurs de recherche et je les nomme: matériaux,
mécanique et électronique. Le CRIQ a donc très tôt
structuré ses services autour de ces technologies de base, car toutes
les entreprises, quel que soit leur domaine d'activité, utilisent, en
effet, des matières premières qu'elles transforment en produits
finis ou semi-finis à l'aide d'équipements qui nécessitent
des contrôles, d'où la constitution d'équipes de chercheurs
et de techniciens dans ces trois secteurs de base.
En 1974, avec un renouvellement marqué de l'équipe de
direction, on a cru bon de poursuivre des travaux de planification
technico-économiques visant à déterminer avec plus de
précision les secteurs dans lesquels le centre tenterait de se
spécialiser et d'offrir une expertise valable à l'entreprise
manufacturière québécoise. Ces travaux
technico-économiques ont été terminés
l'été dernier et ont fait l'objet d'une approbation par le
conseil d'administration du Centre de recherche industrielle le 18 septembre
dernier.
A l'initiative du centre, j'ai participé, quelques jours plus
tard, à une conférence de presse pour rendre public le document
officiel sur la définition des orientations du CRIQ de même qu'un
document de travail plus détaillé qui réunit les
différentes tranches de l'étude économique et industrielle
sur laquelle sont basées les nouvelles orientations et la nouvelle
politique du Centre de recherche industrielle. Ces documents ont d'ailleurs
été distribués à l'Assemblée nationale et
tous les députés ont pu en prendre connaissance.
Face à ce besoin de préciser son champ d action, et
doté de ressources substantielles mais non pas illimitées, le
centre se devait donc, face aux multiples besoins des entreprises, de
préciser vers quels secteurs il allait chercher à employer en
priorité la force de frappe que constitue son réservoir de
ressources humaines et également d équipements de recherches, de
connaissances scientifiques et d'expériences industrielles. Etant un
organisme public, le centre a entrepris de préciser ses priorités
en effectuant au départ, selon une méthode de
multicritères, une analyse exhaustive de chacun des secteurs industriels
sans en exclure aucun à priori. Cet exercice a permis de
déterminer un ordre prioritaire des industries du Québec qui sont
les plus susceptibles de bénéficier d'une aide du centre et pour
lesquelles les retombées économiques seraient les plus grandes
pour le Québec.
Ont été retenus de cette manière cinq groupes
majeurs industriels, vers lesquels le CRIQ fera porter prioritairement ses
efforts: premièrement, les fabricants de machines, d'outils et de biens
d équipement pour la production et le conditionnement dans les secteurs
suivants: A-industrie agro-alimentaire: B-matériel forestier et minier:
C-industrie des produits en métal: D-industrie des équipements de
chauffage, des chaudières et d équipement commercial, de
réfrigération, de
climatisation; E-matériel de production textile.
Deuxièmement, on a également retenu l'industrie du
matériel de transport; troisièmement, les fabricants de
matériel électrique et électronique; quatrièmement,
l'industrie du bois et du meuble; cinquièmement, l'industrie de
fabrication d'articles en matière plastique et de produits en
argile.
A partir de ces travaux complexes et fouillés qui constituent une
contribution d'une très grande utilité à la
définition de la politique industrielle québécoise, la
direction du centre a complété un document d'orientation qui
constitue en quelque sorte la bible qui guidera son action au cours des
prochaines années. J'en souligne les principales recommandations qui
découlent d'ailleurs des principes de base que je viens de
décrire.
Premièrement, le centre desservira une clientèle multiple,
mais constituée d'entreprises industrielles, prioritairement les petites
et moyennes entreprises.
Deuxièmement, le centre établira une clientèle
cible vers laquelle il axera principalement ses efforts de promotion, de ses
services de recherche et de développement. Elle fera partie des
industries prioritaires dont nous avons déjà parlé et elle
sera surtout de taille moyenne, susceptible de croissance importante.
Troisièmement, le centre offrira ses services de
recherche-développement contre rémunération à des
tarifs raisonnables, bien que certains autres services, comme le service
d'information technologique et industriel, soient généralement
gratuits.
Quatrièmement, de plus, dans certains cas exceptionnels, le
centre pourra participer aux risques d'un projet et contribuer à
l'élargissement du capital-actions d'une entreprise par le biais d'une
participation dans ses travaux de recherche et de développement.
Le centre est donc maintenant doté d'orientation très
claires sur lesquelles il a commencé à modeler l'essentiel de ses
activités de tous les jours. Un plan d'action concret est en cours de
parachèvement pour chaque groupe de recherche des trois secteurs
scientifiques du centre, que j'ai mentionnés préalablement,
à savoir: l'électronique, la mécanique et
matériaux, basés sur les priorités données par les
orientations et sur les données du marché, clientèle,
entreprises existantes, etc. Les effectifs en personnel technique et
scientifique et les équipements sont présentement en train
d'être ajustés en conséquence.
Par ailleurs, élément essentiel, le centre a bâti
une véritable équipe commerciale qui a commencé à
faire une promotion sérieuse et systématique des services du
centre auprès des entreprises et des organismes québécois
en vue de stimuler l'innovation. On peut dire que ces efforts ont
déjà porté fruit puisqu'au cours de l'année
financière qui se termine, plus de 350 entreprises ont reçu la
visite de ces agents commerciaux, et plus de 100 commandites d'expertises et de
recherches de développement en ont résulté de la part
d'entreprises ou d'organismes pour une valeur excédant, en commandes de
recherche, plus d'un demi-million de dollars.
En effet, le centre fait maintenant payer les services scientifiques
qu'il fournit et il est évident que ces revenus internes constitueront
un véritable appoint aux subventions gouvernementales. Il faut bien
spécifier ici que le centre n'a pas l'obligation ni l'intention de
rentabiliser commercialement pour lui-même chacune de ses
opérations, ce qui risquerait de l'entraîner dans des chemins
contraires à sa mission. L'objectif du centre est plutôt de viser
une rentabilité économique pour l'ensemble de la
communauté québécoise.
D'autre part, le service de renseignements à l'industrie dont il
faut souligner ici l'appui indispensable a répondu cette année
à plus de 1700 demandes des industriels québécois pour de
l'information technologique, des découvertes récentes ou des
objets de recherche dans la littérature mondiale des scientifiques. Pour
accomplir sa fonction de diffusion de l'information ou de transfert
technologique, ce service dispose maintenant d'une équipe
expérimentée d'analystes, d'un réseau
téléphonique gratuit à l'échelle du Québec,
de bulletins de diffusion spécialisés par secteur industriel, de
banques de données internes ainsi que de l'accès aux principales
banques de données techniques et scientifiques, la plupart du temps
reliées à de puissants ordinateurs.
L'année qui s'achève démontre bien que le CRIQ a
trouvé sa place au sein de monde industriel et qu'il a établi sa
crédibilité auprès des sociétés
privées. On peut maintenant dire que le CRIQ est en train de devenir,
pour nos entreprises, un partenaire privilégié dans une oeuvre
commune de développement industriel.
D'ailleurs, il ne faut pas oublier que, même si le centre n'a
guère fait parler de lui jusqu'à tout récemment, il ne
part quand même pas de zéro. Il a, depuis le début de ses
activités, rendu de nombreux services techniques à plusieurs
entreprises; il a effectué des projets et, surtout, il s'est acquis un
actif extrêmement précieux, soit le réservoir de
savoir-faire industriel et technologique accumulé par l'équipe de
techniciens, de scientifiques et d'ingénieurs qui s'est
développée graduellement.
Il faut cependant assurer à cette institution la stabilité
financière dont elle a besoin pour accomplir son travail. Vous vous
souviendrez que l'Assemblée nationale, par la charte de 1969,
modifiée en 1970, avait accordé une subvention quinquennale d'un
montant de $20 millions selon un échéancier progressif. Le projet
d'amendement législatif que je vous soumets, présenté par
le projet de loi no 5, étudié en deuxième lecture
actuellement, prévoit une nouvelle dotation quinquennale de $30
millions, commençant en 1976/77 par $5 millions annuellement et allant
jusqu'à $7 millions en 1980/81, qui prendra le relais de la
première subvention avec un délai entre les deux subventions
statutaires au cours duquel le centre a vécu à même les
réserves financières qu'il avait accumulées au cours de
ses cinq premières années.
Cette proposition de financement s'appuie sur une recommandation faite
par les membres du comité exécutif et du conseil d'administration
qui
ont apporté, je tiens à le dire ici, une contribution
très suivie et efficace aux affaires du centre.
Pour résumer, M. le Président, le Centre de recherche
industrielle du Québec, qui a réussi son démarrage, est
maintenant bien lancé et a atteint sa vitesse de croisière.
Grâce à l'expertise technologique et aux équipements dont
disposent maintenant ses équipes de chercheurs et de techniciens,
grâce à la réorganisation administrative en profondeur
maintenant presque achevée et à l'important travail de
définition des orientations dont je viens de décrire les grandes
lignes, il est maintenant prêt à jouer pleinement le rôle
original et indispensable qui doit être le sien parmi les organismes
paragouvernementaux québécois oeuvrant dans le domaine
économique, à savoir la modernisation des structures
industrielles du Québec par le développement de l'innovation
technologique dans nos entreprises en rendant celles-ci plus efficaces et en
leur facilitant l'accès des marchés nationaux et
internationaux.
Le projet devant nous recevra sûrement l'approbation de
l'Opposition officielle puisqu'il s'agit d'un de ces gestes concrets que
l'Opposition nous invitait à poser et qui a effectivement
été posé au cours des six dernières années,
geste concret qui tente d'atteindre cet objectif économique dont nous
avons à maintes reprises parlé, c'est-à-dire une
présence accrue des Québécois dans leur propre vie
économique en particulier cet objectif qui, allié à
d'autres instruments dont le Québec s'est doté, devrait nous
permettre une véritable prise en main de notre économie, si nous
le voulons bien, au cours des dix ou quinze prochaines années. Je vous
remercie. M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition
officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, il est hautement souhaitable
que le Centre de recherche industrielle du Québec puisse continuer ses
activités.
Vous savez peut-être que le Québec consacre une part infime
de son produit national brut à la recherche et au développement.
De fait, nous consacrons à ces fins deux fois moins que le Canada et
quatre fois moins que les Etats-Unis. C'est dire le retard que nous accusons
dans cette activité pourtant essentielle au développement
économique et technique. Le rapport Lamontagne, qui gît
aujourd'hui sur les tablettes avec tant d'autres, recommandait de porter la
part du produit national brut consacrée à la recherche à
2,5% en 1980 et à 3% en 1985. Or, à l'heure actuelle, le
Québec n'y consacre même pas 1% de son PNB. Effectivement le
dernier chiffre que j'ai pu voir était de 0,7%, et encore tout ce
pourcentage n'était-il pas consacré à la recherche
proprement dite.
Nous sommes donc loin du compte, M. le Président, et il
était grand temps que le gouvernement songe à la continuation du
plan quinquennal qui, jusqu'ici, a valu la somme de $20 millions au CRIQ, somme
qui lui a été remise par les versements échelonnés
sur une période de cinq ans. Ce qu'on nous propose maintenant, c'est de
porter à $30 millions pour les cinq prochaines années, le montant
qui sera consacré au CRIQ.
On nous dit que le centre a maintenant démarré pour de
bon, après avoir cherché sa voie pendant quelques années.
On ne peut faire autrement que le souhaiter, et c'est la raison pour laquelle
nous appuierons ce projet de loi. Il s'agit, à ce qu'on nous dit, de
venir en aide à la petite et moyenne entreprise
québécoise. J'aurais là-dessus un certain nombre de
questions à poser au ministre. Puisqu'on veut rendre service aux petites
et moyennes entreprises, comment expliquer que de nombreux membres du conseil
d'administration proviennent de la grande entreprise et notamment des
entreprises multinationales telles que Northern Electric, Canadair et quelques
autres, et qu'on n'y trouve très peu de représentants de ce qu'il
est convenu d'appeler la petite et la moyenne entreprise?
Nous pourrons étudier ces questions en commission parlementaire
puisque nous avons convenu, lors de l'étude des crédits du
ministère de l'Industrie et du Commerce l'autre jour, de réserver
nos questions portant sur les crédits pour le moment où l'on
étudierait ce projet de loi relatif au CRIQ. Je me permets de
prévenir le ministre qu'à l'occasion de cette commission je
voudrai l'interroger sur les moyens qu'il compte utiliser pour faire du CRIQ un
instrument privilégié d'aide aux petites et moyennes entreprises.
J'avoue que, jusqu'ici, je cherche dans les rapports du CRIQ les moyens qui
seraient destinés à cela. Procédera-ton par commandite,
par projets en association? Nous aimerions avoir des réponses
là-dessus.
Les petites et moyennes entreprises, vous le savez, M. le
Président, disposent de faibles ressources financières et par
définition elles ne peuvent porter les frais de recherche à moyen
terme. Dans cette optique, je voudrai donc savoir du ministre de quelle
façon les PME ou les associations de petits manufacturiers seront
représentées au sein du conseil d'administration du CRIQ. Je
voudrai savoir également combien de petites et moyennes entreprises ont
des ententes en commandite ou en association avec le centre, à l'heure
actuelle.
Enfin, récemment, le ministre a évoqué la
nécessité de rechercher l'aide fédérale pour
financer les activités du centre, et ceci quelques années
à peine après avoir lui-même dénoncé, alors
qu'il était ministre de l'Education, la faiblesse des sommes que nous
consacrons au Québec à la recherche par rapport à ce qui
se dépense en Ontario. Je voudrai donc savoir du ministre quelle est sa
politique à l'égard de l'aide fédérale. Je voudrai
savoir s'il n'est pas plutôt d'avis qu'il appartient au Québec de
prendre les moyens de financer lui-même la recherche et, en particulier,
le type de recherche appliquée qui se fait au Centre de recherche
industrielle du Québec.
Je me résume. Nous ne pouvons qu'appuyer un projet comme celui-ci
puisqu'il tend à permet-
tre au Centre de recherche de continuer ses travaux, de faire preuve
d'initiative et de pouvoir de la sorte faire état de nouveaux
succès d'ici à quelques années. Nous approuvons le projet
de loi, mais nous aurons des questions précises à soulever en
commission parlementaire. J'en ai terminé, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou):
Adopté?
M. Morin: Adopté.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion de deuxième lecture est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Motion de déférence à la
commission
M. Garneau: Je propose que ce projet de loi soit
déféré à la commission de l'industrie at du
commerce, du tourisme, de la chasse et de la pêche pour étude
article par article.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion est-elle adoptée?
M. Morin: Volontiers.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou):
Adopté.
M. Garneau: Article 21).
Projet de loi no 43 Deuxième lecture
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Le
ministre des Finances, pour le ministre du Revenu, propose la deuxième
lecture de la Loi modifiant la Loi des droits sur les successions. L'honorable
ministre des Finances.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: L'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance
de ce projet de loi et il en recommande l'étude à la Chambre.
Il s'agit d'un projet de loi qui donne suite à l'annonce contenue
dans le discours sur le budget et qui abaisse d'une tranche de 20% les
impôts autrement payables sur les droits de succession. Il s'agit de la
répétition d'une mesure qui a été annoncée
il y a un certain nombre d'années et que nous avions indiqué
vouloir appliquer par étapes. Je n'ai pas l'intention de faire un long
discours; mon collègue, le ministre du Revenu, demain, lors de
l'étude en commission plénière ou à la commission
appropriée à laquelle ce projet de loi sera
déféré, pourra répondre aux autres questions qui
pourraient être soulevées.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou):
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: J'aurais aimé entendre, de la part du ministre
des Finances, des commentaires un peu plus étoffés sur la
portée exacte de ce projet de loi qui modifie à nouveau les
droits sur les successions. Il s'agit, si j'ai bien compris, d'une
quatrième tranche de 20% qui est enlevée, depuis le budget de
l'année 1973/74, à l'impôt sur les droits successoraux.
Il faut se demander si la dernière tranche de 20%, dont,
normalement, la suppression devrait nous être proposée
l'année prochaine, devrait effectivement l'être supprimée,
puisque cette loi sur les successions demeure le principal moyen de suivre le
cheminement de l'enrichissement des individus.
Sans cette loi imposant les successions, il est évident que non
seulement l'application de certaines autres lois fiscales sera rendue plus
difficile, mais qu'on ouvrira la porte, je le crains, à l'évasion
fiscale, notamment pour ce qui est de l'impôt personnel sur les dons, de
l'impôt sur les revenus de placement les dividendes, les
intérêts et de l'impôt sur les gains de capitaux,
qu'ils soient spéculatifs ou non.
Pour justifier le principe de la suppression graduelle et quasi totale,
puisque nous atteignons maintenant 80%, après quatre ans, je dois
constater qu'on s'est servi de l'instauration de l'impôt sur les gains de
capitaux, dont l'assiette équivaut d'ailleurs seulement à 50% des
gains réalisés. C'est la raison donnée pour fonder
l'abandon de l'impôt successoral. De fait, il s'agit de deux mesures
essentiellement distinctes et qui ne sont pas vraiment reliées l'une
à l'autre.
Prenons tout d'abord l'imposition des gains de capitaux. On a
instauré cet impôt pour des raisons évidentes, à la
suite, vous vous en souviendrez, des recommandations de la commission Carter.
Si on l'a fait, c'est pour des raisons d'équité horizontale, en
ce sens que, quelle que soit la source des revenus, qu'il s'agisse de salaires,
de gains à la bourse, par exemple, les citoyens doivent être
taxés de façon égale.
Quant aux droits sur les successions, le principe en est très
différent. Ces droits tirent leur origine de la nécessité
de contrer les effets excessifs de la transmission des richesses personnelles,
des fortunes personnelles, de génération en
génération, et la constitution d'oligarchies économiques.
Le principe qu'on essayait alors de défendre était que ce
système devait, du moins en principe, reposer sur
l'égalité des chances, au départ, pour tous les citoyens,
ce qui, d'ailleurs, est foncièrement incompatible avec le système
économique dans lequel nous vivons.
Mais si cette loi atteint que, très partiellement pour ne
pas dire de façon dérisoire ses objectifs il n'en demeure
pas moins que le principe est toujours justifié. Cela dit, il faut, par
ailleurs, ajouter que la loi des successions a toujours
été conçue de façon à protéger
les petites et moyennes successions par des exemptions significatives à
l'intérieur d'une même famille, particulièrement en ligne
droite. En ce sens, l'aspect odieux qu'on a toujours invoqué pour abolir
cette loi, c'est-à-dire empêcher la motivation personnelle et
l'initiative des petites entreprises familiales, aura largement
été un prétexte.
M. le Président, nous aurons l'occasion de reprendre
l'étude de ce projet de loi en commission parlementaire et j'ai
l'intention d'obtenir du ministre du Revenu des explications complètes
sur sa portée.
De même, j'aimerais également m'assurer que l'Etat,
fût-il provincial, saura se réserver un certain pourcentage de ses
impôts l'année prochaine, lorsque viendra le moment de supprimer
encore une autre tranche de ces droits qui sont dus à l'Etat. J'ose
espérer que le ministre, que l'Etat se gardera un droit de regard sur
les successions, par le biais de cet impôt, en vue de contrôler le
paiement des autres impôts. J'en ai terminé, M. le
Président, et je vous remercie.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): La
réplique du ministre mettra fin au débat de deuxième
lecture.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, quelques remarques pour
indiquer que la décision concernant la dernière tranche de
l'impôt sur les successions n'est pas définitivement prise. Il y a
certains des aspects que nous voulons étudier. D'ailleurs ce que vient
de dire le chef de l'Opposition, nous en avions parié, je crois, lors de
l'étude des crédits l'an dernier ou l'année d'avant.
J'avais répondu la même chose que maintenant, en soulignant que
j'attendais d'être rendu à cette étape-ci des baisses
successives de l'impôt sur les successions avant de prendre une
décision.
Je dois faire remarquer que d'autres provinces n'ont pas d'impôt
sur les successions et assurent un contrôle, quand même, au niveau
de la taxation, pour autres fins. Le gouvernement fédéral a aboli
l'impôt sur les successions, n'en perçoit plus du tout et je ne
crois pas qu'il y ait d'évasion fiscale à cause de cela. Mais,
même avec ces réserves et ces constations, nous voulons, au cours
des prochains mois, faire une étude plus poussée de ces
différents aspects et voir si c'est l'impôt sur les successions
qui nous permet d'agir, en termes de contrôle nécessaire, ou si
c'est par l'impôt sur les dons, qui est le pendant absolument
nécessaire à l'imposition sur les successions. De toute
façon, la décision, concernant l'avenir, sera sans doute
annoncée dans le prochain discours sur le budget.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion de deuxième lecture du projet de loi no 43 est-elle
adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Motion de déférence à la
commission.
M. Garneau: M. le Président, je fais motion pour que le
projet de loi no 43 soit déféré à la commission
parlementaire des finances, des comptes publics et du revenu pour étude
article par article.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion de déférence est-elle adoptée?
M. Morin: Adopté, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou):
Adopté.
M. Garneau: Article 22), M. le Président.
Projet de loi no 44 Deuxième lecture
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou):
L'honorable ministre des Finances, pour l'honorable ministre du Revenu, propose
le projet de loi no 44, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente en
détail.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet et en recommande
l'étude à la Chambre. Encore là, il s'agit de donner suite
à une proposition fiscale annoncée dans le discours sur le budget
qui visait à modifier, d'une façon que je considère
importante, la Loi concernant la vente en détail.
Ce projet de loi vise essentiellement deux objectifs. D'abord, abolir
l'exemption qui était accordée aux entreprises, en proportion des
exportations faites de leur production en dehors du territoire
québécois. Deuxièmement, il a pour objet de permettre, au
ministère du Revenu, de ne pas appliquer la taxe de vente sur les
différents articles qui entrent dans la fabrication d'un produit, soit
le louage d'équipement en vue de la fabrication d'un produit
destiné à la revente ou l'achat d'équipement, que ce soit
l'équipement manufacturier, que ce soit ce qu'on appelle
communément la machinerie industrielle, mais également tout ce
qui, sans faire partie intégrante du produit ou du bien mobilier
destiné à la revente c'est un élément
essentiel de sa fabrication est sous forme d'abrasif, électrode
et tout ce qui est utilisé dans le processus de production.
Il touche également, d'une façon importante, toutes les
entreprises reliées au domaine de l'impression, les imprimeries, par
exemple, ceux qui produisent des films, tous ces biens qui étaient
taxés antérieurement, qui entraient dans la fabrication d'un
produit qui étaient taxés et qui, à l'avenir, pourront
être exemptés. Ce projet de loi est donc, je considère,
assez important, en termes de
développement de l'industrie québécoise, surtout de
la petite industrie qui oeuvrait sur le marché québécois,
dont les principaux débouchés étaient au Québec et
qui ne bénéficiait pas d'abattement de la taxe de vente alors que
ceux qui exportaient se trouvaient ainsi avantagés.
Il faut reconnaître que l'exemption d'une partie de la taxe de
vente basée sur les exportations avait été accordée
à un moment où il y avait des taxes de vente au Québec,
soit sur une base municipale ou provinciale, et que ces mêmes taxes
n'existaient pas dans les provinces voisines, chez nos principaux concurrents.
Il s'agissait à ce moment d'implanter cette mesure afin de ne pas se
priver d'investissements dans le secteur manufacturier qui était
orienté vers l'exportation ou vers des ventes à
l'extérieur du territoire québécois.
Le projet de loi que nous présentons nous permettra d'atteindre
ces objectifs, et j'espère qu'au niveau du secteur manufacturier il aura
les retombées positives que nous escomptons.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou):
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin: M. le Président, à cette étape du
cheminement de ce projet de loi, je n'ai que quelques observations à
faire valoir. C'est en commission parlementaire que j'aurai de nombreuses
questions à poser au ministre du Revenu sur la portée exacte de
certains aspects de ce projet.
Il est évident que l'existence d'une taxe de vente sur les achats
de biens devant par la suite être transformés et revendus par les
manufacturiers pose un problème de double taxation ou même de
taxation multiple, en ce sens que le produit est déjà taxé
une fois sur ses éléments composants et une seconde fois sur le
produit fini au moment où il est vendu au détail.
C'est essentiellement la raison pour laquelle plusieurs pays
européens ont préféré utiliser la formule de la TVA
j'entends la taxe sur la valeur ajoutée par opposition
à une taxe à taux fixe sur l'ensemble de la valeur du produit, en
vue d'éviter ainsi qu'un produit qui subit dix étapes dans sa
transformation par dix entreprises différentes soit taxé dix fois
à chacune des étapes de sa transformation, puis encore une
dernière et onzième fois au moment où, en tant que produit
fini, il est mis sur le marché.
Cela étant dit, il demeure pour le moins bizarre que les
amendements à la Loi de l'impôt sur la vente en détail
favorise depuis quelques années surtout les entreprises et qu'on ne la
modifie pas en vue d'exempter de cette taxe de caractère
régressif des biens essentiels comme, par exemple,
l'électricité et les vêtements. Avec ce projet de loi, nous
allons en arriver à une situation pour le moins inacceptable où
l'électricité ne sera pas taxable lorsqu'elle sera achetée
par des entreprises manufacturières et le sera, au contraire,
lorsqu'elle sera consommée par des individus pour des fins
domestiques.
Nous avons donc, M. le Président, les réserves les plus
expresses sur certains aspects de ce projet de loi, réserves que j'aurai
l'occasion d'étudier plus à fond en commission parlementaire.
Pour l'instant, je me contenterai de m'abstenir lors du vote de seconde
lecture.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
M. Morin: M. le Président, sur abstention expresse de
l'Opposition officielle.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Alors,
abstention du chef de l'Opposition.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi. Second reading of this bill.
Motion de déférence à la
commission
M. Garneau: M. le Président, je voudrais faire motion pour
que ce projet de loi no 44, Loi modifiant la Loi de l'impôt sur la vente
en détail soit déféré à la commission
parlementaire des finances, des comptes publics et du revenu pour étude
article par article.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion est-elle adoptée?
M. Morin: Oui, M. le Président. M. Garneau: Article
10.
Projet de loi no 6 Deuxième lecture
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Le
ministre de l'Industrie et du Commerce propose la deuxième lecture du
projet de loi no 6, Loi concernant les sociétés de
développement de l'entreprise québécoise et modifiant la
Loi sur les impôts.
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Guy Saint-Pierre
M. Saint-Pierre: M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande
l'étude par cette Chambre. C'est avec beaucoup de joie et de plaisir que
je présente, pour l'approbation de cette Chambre, le projet de loi
formant les SODEQ, qui donne suite à des études qu'avait faites
la Chambre de commerce de la province de Québec sur les besoins de la
petite entreprise manufacturière québécoise.
Le terme est nouveau. L'idée même de SODEQ est un peu
unique en Amérique du Nord à
ce jour, mais je pense qu'au cours des prochaines années, sur le
plan régional comme sur le plan sectoriel, les SODEQ seront un
instrument fort valable du développement de la petite et de la moyenne
entreprise québécoise. C'est, d'ailleurs, pour venir en aide aux
petites et moyennes entreprises du secteur manufacturier que l'honorable
ministre des Finances, dans le dernier discours du budget, proposait la
création de ce nouveau type d'institutions financières
appelées sociétés pour le développement de
l'entreprise québécoise, SODEQ. Ces sociétés se
spécialiseront dans l'offre de capital de risque aux petites et moyennes
entreprises du secteur manufacturier. Comme elles détiendront du
capital-actions ou des prêts non garantis, ces sociétés
financières privées puisqu'il ne s'agit pas de
sociétés gouvernementales seront fortement incitées
à collaborer à la gestion des entreprises dans lesquelles elles
auront investi.
Dans les études portant sur les petites et moyennes entreprises
manufacturières, de même que dans les rapports de nombreux groupes
d'étude qui ont porté sur les problèmes de la petite et
moyenne entreprises, il est un problème qui est mentionné avec
une constance qui ne se dément pas, c'est le problème du
financement. Depuis longtemps, des industriels du Québec, par leur
association ou individuellement, font des représentations auprès
du gouvernement du Québec pour obtenir que soient
atténuées certaines imperfections du marché des
capitaux.
En dépit des initiatives qui ont déjà
été prises, soit par le gouvernement du Québec, comme la
SGF et surtout la mise sur pied, en 1971, de la Société de
développement industriel, et même avec l'existence de nombre de
sociétés mises sur pied par le gouvernement fédéral
je pense, bien sûr, à la Banque fédérale de
développement également des sociétés du
secteur privé comme le groupe Roy Nat ou les initiatives des banques
à charte ou des caisses populaires, il est un domaine du financement de
l'entreprise québécoise qui souffre de lacunes sérieuses,
c'est celui du capital de risque ou, si on veut, le capital de
l'équité de l'entreprise ou l'équité même de
l'entreprise. L'un des objectifs que poursuivra la société de
développement de l'entreprise québécoise sera
précisément de fournir du capital de risque aux petites et
moyennes entreprises manufacturières du Québec.
Afin d'apporter davantage de précisions sur ces nouvelles
institutions financières que permettra de créer la nouvelle loi,
je souhaiterais écrire brièvement le monde de la PME
manufacturière en montrant son importance pour notre économie et
en faisant état des difficultés qui lui sont
particulières. Si on défini la PME manufacturière comme
une entreprise qui emploie moins de 200 personnes et dont l'actif est
inférieur à $7,5 millions, on constate, sur la base des
données remontant à 1971, qu'environ 95% des entreprises
manufacturières de la province sont des PME. Elles emploient environ 56%
de la main-d'oeuvre et sont responsables de quelque 50% de la production to-
tale, c'est-à-dire de la valeur des expéditions du secteur
manufacturier québécois. C'est dire que les PME
manufacturières jouent un rôle très important dans
l'économie du Québec. Les PME manufacturières sont, comme
on peut s'y attendre, réparties fort inégalement sur le
territoire du Québec. En fait, quelque 67% de celles-ci sont
localisées dans la région administrative de Montréal; la
région de Québec, la deuxième en importance à ce
chapitre, compte environ 13% des PME manufacturières, alors que la
région de Trois-Rivières en compte 7%.
Un autre fait qu'il est utile de rappeler, c'est que les PME sont
généralement des entreprises contrôlées par des
francophones, alors que les grandes entreprises appartiennent, le plus souvent,
à des non-francophones et. à l'occasion, à des citoyens
non canadiens. Certaines des difficultés des PME et l'objectif des SODEQ
ont largement été mentionnés, car les études qui
ont été effectuées sur les PME mettent en lumière
certains des obstacles qui ralentissent ou empêchent leur
développement.
Les auteurs s'accordent généralement à citer les
facteurs suivants comme ayant une incidence négative sur la croissance
des PME du secteur de la fabrication. Premièrement, le manque de
dynamisme "entrepreneurial" caractérise souvent certaines PME. Le fait
observé, que la direction d'une PME dépend souvent d'une seule
personne qui occupe son poste pendant de nombreuses années, est
peut-être le facteur qui affecte le plus le dynamisme de
l'entreprise.
Deuxièmement, la faiblesse du management est souvent liée
à la taille même de l'entreprise. Etant petite, l'entreprise ne
peut se payer les services de gestionnaires qualifiés. Les fonctions de
marketing, de finance, de production, de contrôle sont dirigées
par une ou des personnes manquant souvent de connaissances
spécialisées et qui ne sont pas en mesure de suivre
l'évolution de l'entreprise. La planification à moyen et à
long terme du développement de l'entreprise, qui fait le succès
de la grande entreprise, est, à toutes fins pratiques, malheureusement
inexistante à la PME, ou le résultat du hasard dans le
cheminement même de l'entreprise.
Troisièmement, le financement des opérations et des
immobilisations peut constituer un obstacle majeur au développement des
PME. De l'avis de plusieurs personnes qui ont analysé les
problèmes financiers des PME par exemple, la commission Porter
le financement à court terme semble adéquatement fourni
par le marché. C'est le financement à long terme qui pose le plus
de problèmes aux PME. En dépit du fait que des institutions
gouvernementales, comme la Banque fédérale de
développement, la SDI, interviennent sur le marché des capitaux
à long terme destinés aux PME, plusieurs observateurs constatent
que ces entreprises continuent à être sous-capitalisées et.
face à une croissance, ne peuvent réaliser leur potentiel
pleinement.
Souvent, en fait, l'entreprise qui a d'excellentes chances d'avoir une
croissance exceptionnelle
est vouée à deux choix peu intéressants,
c'est-à-dire limiter la croissance, le développement de son
potentiel, ou bien vendre l'entreprise complètement à des
étrangers.
Quatrièmement, une autre difficulté qui a pour effet de
ralentir la croissance de la PME est reliée au développement des
marchés. Les ressources dont dispose la PME pour la recherche et le
développement en marketing ou en développement de produits sont
fort limitées. D'autre part, une étude effectuée par les
services gouvernementaux indique que la grande entreprise du Québec est
souvent mal intégrée aux entreprises autochtones,
c'est-à-dire aux PME. La sous-traitance est loin d'avoir atteint ici le
degré de développement que l'on retrouve chez nos voisins du sud
ou même chez nos voisins de la province d'Ontario.
Cinquièmement, la recherche et l'innovation nécessaires
à un sain développement de la PME sont plutôt
anémiques, et la récente loi que nous avons fait adopter pour le
CRIQ est un élément qui semble combler cela. Mais, souvent, les
besoins d'investir en recherche et en développement sont absents des
dirigeants de nos PME qui ont déjà trop de problèmes
à tenter uniquement de survivre.
La SODEQ a donc comme objectif principal de corriger deux des faiblesses
de la PME énumérées ci-dessus. D'une part, la SODEQ devra
fournir du capital de risque aux PME et, d'autre part, en sa qualité
d'actionnaire d'une PME, elle pourra exercer une influence
bénéfique sur l'administration contribuant ainsi à
améliorer la qualité de la gestion des PME.
La contribution de SODEQ à la gestion d'une PME pourrait prendre,
bien sûr, diverses formes, comme l'offre de services administratifs,
l'organisation de rencontres entre hommes d'affaires, la participation à
certains conseils d'administration. Mais, dans une large mesure, ce sera un
effort de concertation au niveau régional pour bâtir et
développer pleinement le potentiel que l'on retrouve dans chacune de nos
régions du Québec.
En fait, souvent, la SODEQ pourra avoir tout un réseau de PME
dans lesquelles elle aura investi les mêmes liens
privilégiés que l'on rencontre dans certains pays
européens entre des banques d'affaires qui ont investi dans des
entreprises et qui maintiennent de saines pratiques de bonne gestion et qui
permettent à l'entreprise de déborder un cadre strictement
familial, sans pour autant être obligée d'avoir soit un partenaire
gênant ou soit même d'avoir à vendre à un
étranger.
La SODEQ est donc une institution financière privée, par
opposition à une institution gouvernementale, dont l'objectif sera
d'abord de fournir du capital d'équité au secteur de la
fabrication, mais essentiellement aux petites et moyennes entreprises. Sans
entrer dans le détail du projet de loi, puisque nous aurons l'occasion
de l'étudier article par article, on voit bien que c'est un parti-pris
que prend le gouvernement en faveur du développement de la petite et
moyenne entreprise manufacturière québécoise.
Sans faire de partisanerie politique, je me permettrai de dire que tous
les partis politiques aiment bien parler de la petite et de la moyenne
entreprise. Mais je pense qu'avec un peu d'objectivité, par des mesures
prises par le gouvernement depuis 1970, il faudra un jour rendre hommage et
rendre mérite à ceux qui ont abandonné la parole pour
passer aux gestes, à ceux qui, par des mesures comme le leader du
gouvernement, dans le poste que j'occupe actuellement, avait mis de l'avant les
projets de loi nos 20 et 21 et qui a donné naissance à la
Société de développement industriel.
Nous avons adopté des mesures accrues dans d'autres secteurs et
qui montrent que nous n'en sommes pas uniquement à des paroles
démagogiques ou à de vaines paroles en faveur de la vertu de la
PME. Nous avons un souci de passer aux actes, souci qui ne se veut pas une
discrimination en faveur d'une telle entreprise, mais qui tente plutôt de
rétablir un équilibre dans une saine croissance où
à la fois la PME et également la grande entreprise pourraient
avoir une place dans le développement économique harmonieux du
Québec.
D'ailleurs un des effets secondaires de ce projet de loi que nous avons,
c'est qu'il s'agit d'une incitation fiscale qui est donnée au niveau des
citoyens eux-mêmes. Cela stimulera la croissance des sommes personnelles
des Québécois en espérant que l'incitation fiscale
très forte qu'on retrouve dans le projet de loi permettra de freiner des
dépenses de consommation qui, à l'occasion, peuvent sembler
abusives. Cela nous permettra, ici au Québec, d'avoir une croissance
beaucoup plus forte dans la formation du capital brut, particulièrement
du capital brut au niveau des entreprises manufacturières. On sait
d'ailleurs que tous les pays qui ont connu une croissance économique
soutenue ont dû envisager plusieurs mesures favorisant cette croissance
de la formation du capital brut. Même si notre taux au Québec peut
se comparer avantageusement à nombre d'autres pays, il est nettement
inférieur lorsqu'on le compare à des pays comme le Japon, qui
nous a dépassés d'au moins 50% dans ses taux d'épargne et
dans les taux de formation du capital brut, par rapport au produit national
brut qui, ici, au niveau des immobilisations, peut osciller alentour de 20%,
23% et 24%. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, on a maintenu
des pourcentages dépassant annuellement 30% dans des pays comme le
Japon, qui ont été en mesure de faire des percées,
extrêmement importantes, sur le plan économique.
M. le Président, je ne voudrais pas aborder en détail le
projet de loi que nous avons devant nous. Je voudrais simplement
réitérer que son principe mérite, il me semble,
l'approbation unanime de cette Chambre puisqu'il s'agit d'un parti pris
décidé du gouvernement actuel en faveur de la croissance de la
PME dans le secteur manufacturier. Ce principe même de l'aide
gouvernementale par le biais d'une incitation fiscale me paraît
extrêmement important pour corriger cette sous-capitalisation chronique
que nous rencontrons dans nos entreprises manufacturières.
D'ailleurs, vous me permettrez peut-être une digression pour bien
indiquer le champ d'action que nous prévoyons pour les SODEQ.
L'expression "capital de risque", on l'emploie souvent dans son sens de
"venture capital". Je pense qu'il faudrait bien dire que les SODEQ ne viseront
pas à développer nécessairement de nouvelles entreprises
qui seraient basées sur un produit révolutionnaire ou une
technique qui n'a pas été éprouvée sur le
marché. Souvent dans sa connotation anglaise "the venture capital", on
pense à des entreprises comme Xerox, comme IBM, qui du jour au lendemain
ont pu connaître un succès inespéré mais qui ont
laissé derrière elles une série d'entreprises qui ont
connu la faillite puisque l'innovation technologique qu'elles voulaient mettre
au point n'a pas correspondu aux attentes du marché.
En d'autres termes, il faudrait éviter les deux extrêmes,
c'est-à-dire éviter des entreprises dont les risques de faillite
seraient très très grands, et ce seraient de nouvelles
entreprises. Il faut également éviter les entreprises du type
communautaire, et je n'ai rien contre ces entreprises, bien sûr. Il faut
trouver des moyens de les soutenir, mais ce n'est pas le champ
privilégié qui est donné aux SODEQ.
Les SODEQ sont plutôt un instrument du secteur privé pour
aider nos entreprises qui ont déjà une bonne feuille de route,
qui ont déjà une bonne croissance, mais qui manquent de nouveaux
capitaux pour être capables d'exploiter à fond le potentiel
qu'offre le marché actuel.
Le caractère, d'ailleurs, régional de ces institutions
constitue pour les SODEQ un facteur important de leur efficacité
auprès des entreprises. La proximité géographique de ses
clients devrait permettre à la SODEQ de réduire au minimum les
frais de transaction et d'évaluer de façon plus adéquate
les risques mêmes qu'elle prend dans les SODEQ. De même, le
voisinage des SODEQ et des PME pourrait faciliter la transmission de conseils
de gestion et les liens interpersonnels qui devraient s'y développer
devraient permettre d'étendre les rayons d'action de chacune des PME
à l'intérieur non seulement d'une région, mais de
l'ensemble de la province.
En conclusion, je m'en voudrais de ne pas mentionner que les SODEQ
correspondent à un des véhicules, sur le plan économique,
qu'on avait mis de l'avant du temps de la révolution tranquille, mais
qui n'avait jamais été transposé en texte de loi. On se
rappelle qu'à certaines époques on a parlé, durant la
révolution tranquille, de ces sociétés, sur le plan
régional, devant aider à la croissance des régions sur le
plan économique. Or, je pense qu'essentiellement c'est le voeu
même qu'on retrouve dans les SODEQ, ces sociétés
privées à caractère régional dont, au
départ, nous limiterons peut-être, tel qu'indiqué dans le
texte de loi, le nombre. Elles seront peut-être une dizaine, puisqu'il
faudra nous assurer d'avoir fait un bout de chemin avec une dizaine de
celles-ci et nous assurer que celles-ci répondront bien aux objectifs
que nous avons en tête. Il sera nécessaire de les surveiller de
près, bien que ce soient des sociétés privées, pour
nous assurer de ne pas connaître des échecs retentissants qui
pourraient gêner la croissance et le développement des autres
SODEQ.
Après deux ou trois années de fonctionnement, je pense
qu'il sera alors possible, si la formule s'avère un succès,
d'ouvrir les vannes, pour employer une expression populaire, d'étendre
la formule des SODEQ à plusieurs des régions et même d'en
retrouver plusieurs à l'intérieur d'une même
région.
Encore une fois, voici, pour l'Opposition officielle, un geste concret
que pose le gouvernement en faveur de l'entreprise autochtone, puisque, bien
sûr, si on examine les entreprises, au Québec, qui ont moins de
200 employés et un actif de moins de $7,5 millions, ce sont
essentiellement les Québécois francophones qui pourront
bénéficier de cette nouvelle formule des SODEQ qui devraient
être, à mon sens, un instrument fort valable pour assurer non
seulement la croissance de nos régions, mais la détermination de
nos différents secteurs manufacturiers. Elles devraient nous permettre
de pénétrer des marchés d'exportation, de créer des
emplois sur le plan régional et de fournir alors de véritables
véhicules aux bâtisseurs que nous avons dans nos
régions.
J'avais l'occasion, la semaine dernière, de visiter la
région de Bellechasse-Dorchester et de me rendre compte comment le
potentiel de certaines de nos régions peut être il l'a
déjà été développé davantage.
J'avais l'occasion, dans Bellechasse, de voir des autobus de Prévost Car
qui sont vendus à Hawaii, qui ont un contenu québécois qui
dépasse 70%, et qui partent pourtant d'un petit village du comté
de Dorchester. J'avais l'occasion également de voir les nombreuses
expéditions de l'entreprise Les Plastiques IPL qui, partant de
Saint-Damien de Bellechasse, peuvent exporter souvent aux quatre coins de la
terre.
Le véhicule que nous avons aujourd'hui, par le projet de loi que
nous avons devant nous, devrait permettre à nombre d'entreprises qui
n'utilisent pas pleinement leur potentiel aujourd'hui de retrouver là un
véhicule unique que le gouvernement du Québec met à la
disposition de l'ensemble de la population. Je me plais, d'ailleurs, à
mentionner que l'Ontario a tenté de nous imiter, mais un peu sans
succès puisque, n'ayant pas, comme le Québec, un contrôle
sur l'impôt personnel, elle a plutôt dû utiliser le
véhicule d'un dégrèvement fiscal appliqué à
la SODEQ elle-même, alors qu'ici, dans notre projet de loi, le
dégrèvement fiscal s'applique aux individus, puisque le
Québec, ayant un champ particulier d'impôt personnel, peut alors
plus facilement viser vers ce champ d'action.
En conclusion, voilà un instrument privilégié que
le gouvernement entend donner et qui montre que celui-ci, en matière
d'aide à la petite et à la moyenne entreprise, ne se limite pas
uniquement à des discours favorisant la vertu ou donnant les
bénéfices de la vertu, mais qu'il passe réellement
à l'action, qu'il traduit sa pensée, celle qui l'a animé
sur le plan politique et sur le plan économique.
par des gestes concrets. En voici deux, ce soir, qui, à mon sens,
au cours des prochaines années, permettront un essor soutenu de
l'entreprise manufacturière québécoise. Merci, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Le
chef de l'Opposition officielle.
M. Morin: M. le Président, compte tenu de l'heure tardive,
je propose l'ajournement du débat.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion d'ajournement est-elle adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou):
Adopté.
Travaux parlementaires
M. Levesque: M. le Président, nous allons poursuivre
demain, à partir de dix heures c'est l'heure à laquelle
nous allons ajourner nos travaux, demain matin à dix heures le
projet de loi qui est présentement en discussion et que nous avons
laissé en plan, le projet de loi no 6, Loi concernant les
sociétés de développement de l'entreprise
québécoise et modifiant la Loi sur les impôts.
Nous aurons également, le projet de loi no 24, Loi modifiant la
Loi sur l'assurance-stabilisation des revenus agricoles; le projet de loi no
40, Loi modifiant la Loi de l'aide sociale; les troisièmes lectures des
projets de loi qui ont été adoptés en deuxième
lecture au cours de cette présente séance; le projet de loi no
33, Loi sur les jurés et, en plus, nous pourrons aborder les projets de
loi suivants...
M. Morin: II a été mentionné à
l'instant que nous précéderions probablement demain à
l'adoption en troisième lecture des lois qui ont été
adoptées en deuxième lecture ce soir? Lesquelles?
M. Levesque: Qui ont été
déférés à des commissions élues.
M. Morin: Fort bien.
M. Levesque: II n'est pas mal en procédure. Suivront la
Loi constituant la Société du parc industriel et commercial
aéroportuaire de Mirabel; la Loi sur la refonte des lois; la Loi
concernant l'exemption de l'application de certaines dispositions
législatives à l'égard des Jeux de la XXIe Olympiade, et
on verra par la suite.
Il est possible que nous siégions jusqu'à treize heures
demain et que, demain après-midi, nous fassions l'étude des
crédits de l'Assemblée nationale et, à ce
moment-là, deux commissions pourraient siéger. Celle qui
siégera normalement demain matin, la commission des affaires
municipales, pour les projets de loi privés municipaux, siégera
probablement toute la journée. On pourrait ajouter une commission demain
après-midi, durant l'étude des crédits de
l'Assemblée nationale, c'est-à-dire l'éducation, à
moins que nous nous entendions autrement demain. Peut-être, en
soirée, trois commissions siégeront; tout dépend,
évidemment, de la progression des travaux de la matinée, mais
nous pourrons aviser à mesure que la journée avancera.
M. Morin: M. le Président, puisque j'ai devant moi
à la fois le ministre des Finances et le leader du gouvernement, puis-je
leur demander quand ils comptent appeler les crédits du ministère
des Finances? J'ai un intérêt particulier pour cette question.
M. Garneau: M. le Président, mon leader gouvernemental a
le même intérêt. Demain, c'est la réunion des
fonctionnaires des différentes provinces des ministères des
Finances, en vue de la conférence des ministres des Finances qui doit
avoir lieu les 6 et 7 juillet. Cette rencontre qui commencera demain matin se
poursuivra certainement jusqu'à mercredi après-midi. Ce qui veut
dire que tous mes hauts fonctionnaires seront à Ottawa pour cette
rencontre. Je ne sais pas...
M. Morin: II faudrait alors...
M. Garneau: ... peut-être mercredi soir ou lundi
prochain.
M. Morin: II faudrait alors qu'ils soient adoptés,
probablement, dans le courant de la semaine prochaine, puisque si, vous
êtes à Ottawa la semaine suivante, vous ne serez pas en Chambre et
nous ne pourrons procéder à l'adoption des crédits.
M. Garneau: C'est les 6 et 7 juillet, la conférence. Ce
qui veut dire qu'on aurait lundi, mardi et mercredi prochain où on
pourrait étudier les crédits du ministère des
Finances.
M. Levesque: D'autant plus qu'il conviendrait, si possible, de
voir à l'adoption de tous les crédits d'ici lors, avant le 30
juin, autrement nous serions obligés de présenter un projet de
loi, encore une fois, pour une partie des sommes nécessaires à la
poursuite de nos objectifs.
M. Morin: Le leader est très perspicace.
M: Levesque: Oui. Et demain il y aura le vote aussi sur le
débat sur le discours du budget et sur les motions d'amendement ou de
censure. Alors, M. le Président, avec ces renseignements qui sont
fragmentaires et provisoires et aléatoires, qu'il me soit permis de
proposer l'ajournement de la Chambre à demain, dix heures.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): Cette
motion d'ajournement est-elle adoptée?
M. Morin: Adopté, M. le Président.
Le Président suppléant (M. Houde, Limoilou): La
Chambre ajourne ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 46)