Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures dix-sept minutes)
M. Richard (président): A l'ordre, mesdames et
messieurs.
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
M. le député de Deux-Montagnes.
Rapport sur la Charte de la langue
française
M. de Bellefeuille: M. le Président, conformément
aux dispositions de notre règlement, j'ai l'honneur de déposer le
rapport de la commission élue permanente de l'éducation, des
affaires culturelles et des communications qui a été
chargée de l'étude du projet de loi no 101, intitulé
Charte de la langue française, après la deuxième
lecture.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de motions non annoncées.
M. le leader du gouvernement.
Modification à l'horaire de la commission de la
justice
M. Burns: M. le Président, je dois faire une motion,
étant donné un avis qui apparaît au feuilleton
actuellement. Je demanderais tout simplement la collaboration de la Chambre
pour corriger cet avis, vu que, lorsqu'il a été donné,
nous ne prévoyions pas siéger à dix heures le matin. Donc,
nous avions donné un avis pour faire siéger la commission
parlementaire de la justice au salon rouge, à dix heures, le jeudi 25.
Comme nous serons en séance de l'Assemblée nationale, je fais
donc motion pour que cet avis soit corrigé pour garder la commission
parlementaire au salon rouge, relativement au projet de loi no 240, Loi
annulant une servitude grevant certains lots du cadastre de la paroisse de
Cap-de-la-Madeleine, mais, au lieu de mettre dix heures, que ce soit
immédiatement après la période des questions.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: On n'a pas besoin de motion pour cela.
Le Président: Adopté.
M. Burns: M. le Président, il faut que ce soit bien
clair.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: ... ce n'est peut-être pas le moment de poser
ma question, mais, dans le cas de la commission des engagements financiers qui
est annoncée pour 9 h 30 demain matin...
M. Burns: Pardon?
M. Gratton: Dans le cas de la commission des engagements
financiers qui doit siéger à 9 h 30 demain matin, est-ce que le
leader du gouvernement est en mesure de nous dire à quel moment elle se
réunira?
M. Burns: Je devrai consulter le ministre responsable à ce
sujet-là.
M. de Belleval: Oui.
M. Burns: D'accord?
M. de Belleval: Oui.
M. Burns: On vous donnera l'avis dans le courant de la
journée là-dessus.
Le Président: Présentation de projets de loi au nom
du gouvernement. Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
M. le ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Livre blanc sur la consultation populaire au
Québec
M. Burns: M. le Président, j'ai le grand plaisir et le
grand honneur de déposer le livre blanc sur la consultation populaire au
Québec.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
Projet de règlement sur les produits agricoles
et les aliments
M. Garon: C'est pour déposer le projet de modification au
règlement sur les produits agricoles et les aliments.
Le Président: Document déposé.
Période de questions orales.
M. le chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
M. Levesque (Bonaventure): Le leader du gouvernement me
permettra, avant de poser ma question, de lui demander si c'est cela le livre
blanc, parce qu'on le voit à peine, cela prendrait un microscope ou
quelque chose pour le voir.
M. Burns: Lisez-le et vous allez voir qu'en peu de mots, il y a
beaucoup de choses qui peuvent se dire.
M. Lavoie: Est-ce qu'il est déposé sous forme de
microfilm?
M. Burns: C'est le format de poche.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que le
ministre des Terres et Forêts et le ministre d'Etat au
développement économique sont attendus ce matin? J'attendrais
pour poser ma question.
M. Lévesque (Taillon): On peut vérifier, mais le
ministre des Terres et Forêts sera probablement ici.
M. Levesque (Bonaventure): A moins que le premier ministre
veuille répondre, c'est au sujet de la Wayagamack et ce qui se passe
là.
M. Lévesque (Taillon): Le dossier est plutôt long.
Voulez-vous attendre quelques minutes, on va vérifier?
M. Levesque (Bonaventure): Je ne voudrais pas perdre et la
priorité et mon tour.
Le Président: Vous ne perdrez rien, M. le chef de
l'Opposition officielle. Question principale.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Station de ski dans le parc de Gatineau
M. Gratton: Ma question concerne la possibilité
évoquée récemment par les media de publicité et les
media d'information que la Commission de la capitale nationale pourrait se
porter acquéreur des propriétés du Ottawa Ski Club
à Camp Fortune, dans le parc de la Gatineau.
Je sais que plusieurs ministères sont intéressés,
j'adresserai donc ma question au ministre des Affaires municipales, responsable
de la Société d'aménagement de l'Outaouais, mais
j'espère que les ministres intéressés pourront
compléter les réponses aux questions s'ils le jugent à
propos.
Compte tenu du fait que la Société d'aménagement de
l'Outaouais a indiqué son accord de principe pour se porter
acquéreur des 260 acres de terrain, avec les édifices et autres
équipements, pour un montant de $1,5 million, compte tenu du fait que le
Ottawa Ski Club a fixé au 30 août la date à laquelle il
devra rejeter ou accepter l'offre d'achat de la Commission de la capitale
nationale, le ministre peut-il nous dire aujourd'hui s'il a l'intention
d'autoriser la Société d'aménagement de l'Outaouais
à faire une offre d'achat de façon que les biens du Ottawa Ski
Club demeurent la propriété du Québec plutôt que
s'en aller dans ce vaste réservoir de terrains que possède la
Commission de la capitale nationale dans l'Outaouais
québécois?
M. Tardif: J'ai effectivement été saisi de ce
dossier avec d'autres de mes collègues du COMPA, le Comité
ministériel permanent de l'aménagement; ce dossier est
présentement à l'étude et je ne peux, pour l'instant, dire
quelle sera la position du gouvernement face à cette transaction
concernant le Camp Fortune. Il n'y a pas d'autres éléments
d'information à ajouter pour l'instant là-dessus, on a le
dossier. Est-ce que la SAO, dont la vocation plutôt touristique
jusqu'à maintenant sera plutôt orientée vers la promotion
industrielle c'est ce qu'on avait tenté de faire au cours de la
présente année sera l'organe par lequel on interviendra,
si jamais il était décidé d'intervenir? Je ne pourrais pas
répondre à cette question maintenant.
M. Gratton: Je comprends, par la réponse du ministre, que
le gouvernement n'a pas encore fait son lit quant à la
possibilité soit pour la SAO ou pour un autre organisme
paragouvernemental ou même un ministère de devenir
propriétaire du Camp Fortune. Puis-je demander au ministre des Travaux
publics, qui s'intéresse de façon particulière à ce
dossier, s'il ne serait pas tout à fait dans l'ordre pour le
gouvernement du Québec, qui parle depuis longtemps de ce qu'on appelle,
du côté du Parti québécois...
Une Voix: L'invasion.
M. Gratton: ...l'invasion du gouvernement fédéral
dans l'Outaouais québécois, de faire en sorte que ces 260 acres
de terrain qui, soit dit en passant, sont complètement
entourées par les propriétés du gouvernement
fédéral dans le parc de la Gatineau ne deviennent pas une
autre propriété du gouvernement fédéral? Le fameux
échange de terrains, tant dénoncé par le Parti
québécois, n'a pas encore été conclu avec la
Commission de la capitale nationale.
Par le fait même, le gouvernement du Québec est en
très bonne posture pour négocier l'acquisition de ces
terrains.
Mme Ouellette: Je suis heureuse de constater que, pour la
première fois ou à peu près, mon collègue du
comté de Gatineau s'intéresse enfin à
l'intégrité du territoire. En fait, c'est 240 acres et non 260.
Nous avons été informés de cela au cours de la semaine
dernière seulement, alors que l'Ottawa Ski Club négocie avec la
Commission de la capitale nationale ou le gouvernement fédéral
depuis plus de deux ans, si mes informations sont bonnes. Nous sommes en train
de regarder le dossier, comme mon collègue des Affaires municipales vous
l'a dit précédemment. Bien sûr, vous n'êtes pas sans
savoir que dans la région de l'Outaouais il y a d'abord et avant tout
des priorités. Ces priorités passent avant l'achat d'un centre de
ski. Soit dit en passant, si vous avez bien regardé le rapport Delta, on
peut constater dans ce rapport que le nombre des gens qui allaient au Camp
Fortune a sensiblement diminué. C'est passé de 14 000 à
4000 personnes. De toute façon, je pense
qu'on doit d'abord et avant tout mettre l'accent sur les
priorités, les engagements du gouvernement dans la région de
l'Outaouais, ce qui ne nous empêche pas de regarder de très
près ce dossier.
M. Gratton: M. le Président, je comprends qu'il y a
beaucoup de priorités et je comprends d'ailleurs le ministre des Travaux
publics de ne pas évoquer quelles sont ses priorités. Le fait
demeure qu'il s'agit là de l'intégrité du territoire. On
peut bien penser que c'est la première fois que je m'y intéresse.
C'est sûrement la première fois, en tout cas, qu'on a un
gouvernement qui se dit très conscient de la nécessité de
préserver l'intégrité du territoire. On peut applaudir de
ce côté-là, mais en gestes concrets on n'a rien vu et,
selon la réponse du ministre des Travaux publics, je vois bien qu'on ne
va nulle part avec cela non plus.
Des Voix: Question.
M. Gratton: Le ministre est-il conscient du fait que le Camp
Fortune n'est pas seulement un centre de ski, mais également un endroit
qui sert à l'année longue pour des spectacles culturels, entre
autres, et qu'effectivement les 240 ou 260 acres je vous passe
volontiers 20 dans le territoire québécois sont
entourées par...
Le Président: M. le député de Gatineau, je
pense que la question est posée. Vous avez demandé a Mme le
ministre si elle était consciente.
M. Gratton: J'aurais un deuxième volet, M. le
Président, simplement pour demander soit au ministre des Travaux publics
ou au ministre des Affaires municipales s'il est exact que,
premièrement, l'OPDQ, le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, celui des Affaires municipales et celui des Travaux publics
sont tous d'accord en principe pour que le gouvernement du Québec
acquière cette propriété et que seul le ministre de la
Fonction publique s'y oppose catégoriquement à titre de
vice-président du Conseil du trésor.
M. de Belleval: M. le Président, j'ai été
mis en cause par le député de Gatineau. Les dossiers de ce genre
sont considérés par les ministres directement responsables. Quand
j'interviens dans ce genre de dossiers, c'est, bien sûr, à titre
de vice-président du Conseil du trésor et non pas à titre
de ministre de la Fonction publique. Les décisions en ce domaine sont
prises de façon collégiale et, dans le cas du Camp Fortune, il
n'en a pas été autrement.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Est-ce qu'on est conscient du côté du gouvernement que le 30
août est la date limite à laquelle le gouvernement devra poser un
geste quelconque, soit de dire oui ou non à l'acquisition de ces
terrains? Est-ce que le gouvernement a l'intention de prendre une
décision, pour une rare fois, avant la date limite du 30 août?
Mme Ouellette: M. le Président, étant donné
qu'on n'a pas l'intention d'improviser dans ce dossier et qu'on n'a
été mis au courant que la semaine dernière ou à peu
près...
M. Gratton: Cela fait seulement une semaine que vous savez que le
Camp Fortune a des difficultés financières! Voyons donc, soyez
donc sérieuse!
Mme Ouellette: Etant donné que c'est un très gros
investissement quand même...
M. Gratton: $1,5 million pour l'intégrité du
territoire. Vous vouliez, selon le rapport Dorion, racheter toutes les
propriétés du gouvernement fédéral.
Mme Ouellette: M. le Président, je vais attendre que le
député de Gatineau se calme et je répondrai par la
suite.
M. Gratton: Cela ne fait pas sérieux comme réponse.
Arrêtez de jaser et agissez.
Mme Ouellette: De toute façon...
M. O'Neill: Vous voulez qu'on rachète tout ce qu'on a
donné à Ottawa, tout ce que vous avez donné?
Mme Ouellette: Tout ce que j'ai l'intention d'ajouter, M. le
Président, à l'intention du député de Gatineau,
c'est qu'étant donné que, pour une fois, il vient de se
réveiller sur la question de l'intégrité du territoire, on
pourra, bien sûr, faire front commun dans l'Outaouais pour dire à
la Commission de la capitale nationale que l'intégrité du
territoire et l'aménagement du territoire québécois
relèvent exclusivement des autorités
québécoises.
M. Gratton: Des beaux principes, mais rien dans l'assiette. M. le
Président, j'en suis rendu à regretter le parrain régional
qui a été remplacé par une marraine régionale qui
ne prend pas de décisions.
Le Président: A l'ordre!
M. Charbonneau: Question de privilège.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, c'est mon
privilège de parlementaire d'espérer, éventuellement, au
moment d'une période de questions, pouvoir poser une question, mais
lorsqu'un député usurpe ce droit et empêche les
parlementaires, je pense qu'il serait important...
Le Président: A l'ordre! Je comprends que c'est une
atmosphère de fin d'année scolaire, mais n'oubliez pas qu'il y
aura une distribution des prix.
Union Nationale, question principale.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, le ministre
des Terres et Forêts étant arrivé, puis-je reprendre ma
question? Sans vouloir...
M. Marchand: II est arrivé, mais il est reparti... M.
Gratton: Au travail.
Dossiers de la Wayagamack et de la Domtar à
East Angus
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse au ministre des Terres et Forêts.
Est-il exact que la tentative du ministre de prolonger de six mois
l'exploitation de la Consolidated Bathurst, au Cap-de-la-Madeleine, c'est
soldée par un échec et qu'on aurait confié à son
ministre tuteur, le ministre d'Etat au développement économique,
le soin de reprendre le dossier?
M. Bérubé: II est exact, d'une part, que j'ai
rencontré le conseil d'administration de la société, il
est exact que nous avons fait faire une étude très approfondie de
la comptabilité de l'entreprise. Il est également exact que la
conclusion du rapport de nos fonctionnaires a confirmé les dires de
cette société selon lesquels la situation de
rentabilité...
Des Voix: ...
M. Bérubé: Vous permettez, messieurs, que je
réponde à cette merveilleuse question?
Le Président: Je vous remercie, M. le ministre, de votre
collaboration.
M. Bérubé: II est donc exact que nous avons
dû confirmer la position de la compagnie en ce qui avait trait à
la rentabilité du transfert de ses opérations dans ses autres
usines qui avaient été modernisées.
Cependant, nous avons dû être en désaccord avec
l'entreprise dans la mesure où nous estimons qu'une entreprise qui a
vécu d'une population pendant aussi longtemps que la
société Consol, lorsque la situation économique est
difficile et que le taux de chômage est élevé, nous croyons
qu'une entreprise a des responsabilités sociales également. Il
est vrai qu'une société pourrait faire plus de profit en
transférant ses opérations, mais par contre il reste
néanmoins qu'en continuant ses opérations à Wayagamack,
cette entreprise n'encourrait aucun déficit comme tel.
La société a écouté nos
représentations, elle a décidé de ne pas intervenir. Je
devrai maintenant simplement transmettre mes propres recommandations au Conseil
des ministres, qui décidera s'il y a lieu d'intervenir.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, si je
comprends bien ce que le ministre dit, la décision de la
société est finale, le ministre ne peut rien faire d'autre. Que
vient faire le ministre d'Etat au développement économique dans
le dossier, d'après la même nouvelle?
M. Bérubé: Personnellement, je ne saurais dire
exactement ce que vient faire le ministre d'Etat comme tel. Il faut simplement
reconnaître que le Conseil des ministres a confié à un
comité ministériel, regroupant le ministre d'Etat au
développement économique, le ministre de l'Industrie et du
Commerce, le ministre des Terres et Forêts, le ministre
délégué à l'environnement, la tache de s'occuper du
programme de modernisation de l'industrie des pâtes et papiers. Dans le
cadre de ce programme, nous avons deux cas problèmes en particulier que
nous avons dû examiner en priorité, le cas de Wayagamack et celui
de East Angus.
M. Levesque (Bonaventure): Mais peut-on donner foi à cette
nouvelle qui dirait que M. Cha-rest aurait mentionné que le syndicat
avait reçu un télégramme du ministre Bernard Landry dans
lequel ce dernier souligne qu'il s'affaire avec le ministre
Bérubé à trouver des solutions rapides mais aussi
définitives pour assurer la continuité des activités de
l'usine? J'aimerais bien qu'on dise si c'est vrai ou non.
M. Bérubé: Malheureusement, M. le Président,
le ministre d'Etat au développement économique ne m'envoie pas
copie de toute sa correspondance; ce que je ne fais pas non plus.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'avais prévenu le
ministre, bien sûr, mais je poserai une question additionnelle. Le
ministre serait-il en mesure de nous informer maintenant de ce qui attend la
population d'East Angus?
M. Bérubé: Dans le cas du dossier d'East Angus, M.
le Président, nous avons également fait faire une étude,
mais beaucoup moins systématique, de l'entreprise, je dois dire. Nous
avons atteint certaines conclusions, en ce sens, d'une part, qu'il nous faut
dès maintenant nous préoccuper du sort de l'usine de Windsor, qui
est également en très fâcheux état, et que la
solution d'East Angus pourrait fort bien être reliée à la
solution de Windsor. Nous sommes personnellement favorable à la
continuation des activités, qui serait un prérequis à un
programme de modernisation de ces entreprises. Cependant, nous constatons
qu'une telle continuation des activités demande une collaboration de
l'entreprise et des travailleurs. Je pense que les travailleurs ont amplement
montré, jusqu'à maintenant, une collaboration avec l'entreprise.
L'impression que nous avons, d'après les contacts que nous avons
présentement avec l'entreprise et le syndicat, c'est que, tout
probablement, cette entreprise pourra continuer, dans l'état où
elle est, encore pendant un certain temps, ce qui va nous permettre de
travailler avec l'entreprise et les travailleurs de manière à
obtenir une solution finale.
M. Grenier: Est-ce que le ministre est toujours en étroite
collaboration avec le comité ad hoc
formé pour la sauvegarde, la continuation de l'exploitation de
l'usine d'East Angus, ou, comme il vient de nous le mentionner si ses rapports
sont uniquement avec le syndicat?
M. Bérubé: Je dois dire que nous n'avons pas
beaucoup de communications depuis un certain temps. Comme il s'avérait
que les travailleurs et l'entreprise se dirigeaient vers une solution et qu'il
n'était pas nécessaire d'intervenir de la part du gouvernement,
nous avons donc laissé le dossier évoluer normalement. Je ne peux
pas dire que nous avons des contacts suivis. Cela ne veut pas dire que nos
fonctionnaires dans la région ne rencontrent pas les gens du
comité ad hoc, mais je ne suis pas, personnellement, mis au courant de
chaque rencontre.
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, concernant le cas de la
Wayagamack, étant donné que le ministre a mentionné
tantôt, évidemment avec raison, que la compagnie a
bénéficié non seulement de nos ressources, mais de nos
hommes également, qui ont fait de l'excellent travail, il y aura
certainement une décision politique à prendre. Est-ce que je peux
savoir ce que le ministre a l'intention de proposer comme solution au Conseil
des ministres pour régler le problème, puisque cela sera
assurément un engagement politique qu'il faudra prendre dans ce
cas-là?
M. Bérubé: M. le Président, je regrette
infiniment, mais c'est le genre de recommandation que je réserve
à mes collègues, normalement.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire.
M. Lavoie: Comment le ministre peut-il expliquer que lorsqu'il y
a des échanges sur des problèmes d'une telle importance, entre
son ministère et lui personnellement, en tant que ministre responsable,
et le ministre d'Etat responsable au développement culturel...
M. Levesque (Bonaventure): Economique.
M. Lavoie: ... économique, pardon, excusez-moi, M. le
député de Fabre, comment se fait-il qu'il n'y ait pas de
relations? Si je me rappelle bien, au début de votre...
M. Levesque (Bonaventure): Le cas est réglé.
M. Lavoie: Etant donné la structure qu'il y a maintenant
au point de vue de l'Exécutif, avec des ministres d'Etat, des
superministres, n'est-il pas le ministre de qui vous relevez, en somme, et
pourquoi n'y a-t-il pas plus d'échanges...
M. Burns: S'il vous plaît!
M. Lavoie: ... entre les superministres et les ministres
sectoriels?
M. Bérubé: II me fait extrêmement plaisir de
répondre à cette question, M. le Président. Il s'agit
d'une structure que l'Opposition a beaucoup de difficulté à
comprendre. Je soulignerai, par exemple, au leader du Parti libéral que
dans le cas de l'industrie des pâtes et papiers, le comité est
sous la présidence du ministre des Terres et Forêts et, dans ce
cas-ci, précisément, le ministre d'Etat au développement
économique est donc sous la tutelle du ministre des Terres et
Forêts.
M. Lavoie: C'est un échange de tutelles.
M. Bérubé: Vous voyez donc que c'est un
gouvernement très flexible qui s'adapte aux situations.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président...
M. Picotte: M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Une Voix: Cela veut dire qu'il n'y a pas de vote.
M. Picotte: Je m'excuse, mais c'est quand même bien
important, le dossier de la Wayagamack et j'aurais une petite question
additionnelle, M. le Président, une petite courte.
Le Président: M. le député de
Maskinongé, très brièvement, parce que déjà,
il s'est écoulé beaucoup de temps.
M. Picotte: Est-ce que le ministre accepterait de déposer
les documents qu'il a relativement aux solutions possibles au conflit de la
Wayagamack? Sinon, j'espère bien qu'il pourrait nous dire qu'au moins il
y a des solutions et qu'il s'engage à nous en proposer.
M. Bérubé: M. le Président, il existe
certaines solutions, solutions qui, je pense, devront être d'abord
discutées au Conseil des ministres. Mais pour répondre plus
précisément à la question qui m'est posée, soit le
dépôt de documents, je dois souligner une chose. Nous avons
reçu une excellente collaboration de la part de l'entreprise
concernée, la Consolidated Bathurst, qui n'a pas hésité
non seulement à ouvrir ses livres concernant l'entreprise du
Cap-de-la-Madeleine, mais également les livres de toutes ses autres
sociétés, ses autres usines, de manière que nous puissions
contrôler non seulement le bilan consolidé de l'entreprise, mais
également le bilan par entreprise, de manière à pouvoir
vérifier les possibilités de transfert de profits.
La société était libre de se soumettre à une
telle étude. Elle a donc accepté et elle a accepté sous le
couvert d'une confidentialité que je ne voudrais pas finalement renier.
Par conséquent, je ne pense pas que je pourrais remettre à cette
Assemblée les résultats d'une telle étude.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Livre blanc sur la consultation populaire
M. Biron: Ma question s'adresse au ministre de la réforme
électorale et parlementaire. Suite au dépôt, ce matin, du
livre blanc sur la consultation populaire au Québec, je remarque que le
ministre n'a pas retenu une des suggestions que j'avais faites, il y a
déjà plusieurs mois, à savoir d'avoir un conseil du
référendum ou un organisme apolitique qui verrait à
l'organisation des référendums et à poser la ou les
questions. Même si le premier ministre avait montré une certaine
ouverture à cette suggestion, est-ce que le ministre peut nous dire les
raisons qui font qu'on n'a pas retenu ma suggestion?
M. Burns: C'est-à-dire que nous avons fait un certain
choix. Evidemment, c'est un livre blanc; cela ne veut pas dire que c'est le
texte définitif du projet de loi. D'ailleurs, comme je l'ai
annoncé, la commission parlementaire de la présidence du conseil
siégera dès le mois d'octobre pour examiner les remarques que la
population et nos collègues, nos amis d'en face peuvent nous faire
valoir à cet effet. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas retenu
la suggestion du chef de l'Union Nationale, non pas qu'elle soit futile, ni
quoi que ce soit, mais simplement en nous disant que le modèle
britannique que nous proposons dans notre livre blanc, ne s'accommode pas
tellement bien d'une suggestion comme celle qui a été faite par
le député de Lotbinière. C'est dans ce sens, tout
simplement, à cause du système parlementaire britannique duquel
nous relevons, que nous avons utilisé le modèle qui a
été utilisé en Grande-Bretagne, lors du maintien de la
Grande-Bretagne dans le Marché commun européen.
M. Biron: Une question additionnelle au ministre. Est-ce que le
ministre ne croit pas que la population en général se sentirait
beaucoup plus rassurée si de tels référendums
étaient organisés par des organismes apolitiques et pas seulement
par un parti politique?
M. Burns: II ne faut pas se tromper, non plus. D'abord, les
référendums qui seront tenus au Québec auront un
caractère uniquement consultatif. Je veux bien admettre qu'il y a quand
même une valeur morale très lourde et très pesante, si je
peux utiliser l'expression, pour le gouvernement, suivant la décision
que la population prendra de façon majoritaire. Il reste, quand
même, que cette valeur consultative d'un référendum portera
ses fruits éventuellement et probablement forcera le gouvernement
à agir dans tel ou tel sens, selon la décision de la
majorité.
M. Biron: Une question additionnelle au premier ministre. Surtout
considérant que le ministre vient de nous dire que ce
référendum aura une valeur consultative, est-ce que le
premier référen- dum, je crois bien, sera sur
l'indépendance du Québec il y aura des rencontres
interprovinciales afin de négocier cette option claire, nette et
précise qui pourrait être l'option canadienne, alors que le
gouvernement du Parti québécois pourra nous présenter,
lui, son option claire, nette et précise de
souveraineté-association?
En d'autres termes, est-ce qu'on saura véritablement ce que sera
l'autre option qu'on pourra offrir et qui ne sera pas l'option
souveraineté-association? Le premier ministre s'attend-il d'avoir des
rencontres ou des discussions ou des conférences interprovinciales pour
offrir cette option canadienne qu'on veut avoir?
M. Lévesque (Taillon): Je m'excuse, mais je dois dire au
député de Lotbinière qu'il ne faudrait pas commencer
à tout confondre. Il s'agit d'une décision qui sera prise ici en
fonction de questions qui seront discutées ici d'une ou de
questions qui seront discutées ici à l'échelle du
Québec en vue de déterminer, entre Québécois,
l'avenir politique, le statut politique du Québec. Les autres seront
sûrement au courant. Je ne vois pas en quoi il y aurait des consultations
interprovinciales ou intergouvernementales de quelque forme que ce soit
là-dessus. Je suis bien sûr que certains hommes politiques,
certaines figures politiques du reste du pays trouveront l'occasion de
participer au débat du référendum; à cela, on s'y
attend et on les attend.
Il demeure quand même que c'est une décision strictement
québécoise qui fait partie des prérogatives absolument
indiscutables de l'Assemblée nationale dont nous faisons tous partie et
c'est ici que la ou les questions seront débattues à partir de
l'initiative du gouvernement. Après avoir étudié pas mal
de précédents, comme le disait le ministre d'Etat, on a
décidé de coller le plus près possible du
précédent qui est le plus proche de nos institutions
parlementaires, celui des Britanniques.
M. Biron: Question additionnelle au premier ministre. Je suis
d'accord pour dire que c'est ici qu'on prendra la décision, mais il va
falloir prendre une décision sur des options claires, nettes et
précises, et c'était ma question. Le premier ministre s'attend-il
de faire des rencontres avec les autres premiers ministres des provinces
canadiennes pour, au moins, offrir une option canadienne qui serait claire,
nette et précise, alors qu'on sait ce que sera l'option
souveraineté-association? C'est juste pour cela, pour avoir des options
claires.
M. Lévesque (Taillon): Si le chef de l'Union Nationale ne
trouve pas que la ou les questions sont assez claires ou assez précises,
il aura l'occasion de le dire ici. Pour ce qui est d'avoir d'autres options qui
puissent être définies, à part celle que présente le
gouvernement, qu'il va nécessairement défendre et promouvoir, nos
amis d'en face ont des liens dans le reste du pays, ils se promènent et
je suis sûr qu'ils pourront, à l'occasion, véhiculer, seuls
ou avec d'autres, les options
alternatives qu'ils auront à défendre devant la population
du Québec. Mais ce n'est pas une chose qu'on discute avec les autres,
cela.
Le Président: M. le député de Vanier.
M. Bertrand: Le député de Lotbinière semble
avoir fait la trouvaille du siècle avec son idée de conseil du
référendum. J'aimerais demander au ministre d'Etat à la
réforme parlementaire si, à sa connaissance, après avoir
fait l'analyse des consultations populaires et des types de
référendums ayant prévalu dans les grandes
démocraties occidentales qui utilisent déjà ce type
d'instrument, on a institué des mécanismes autres que les
institutions politiques reconnues et élues pour décider du choix
des questions et du type d'organisation des référendums qu'il
devait y avoir?
M. Burns: La réponse est non. Effectivement, dans les pays
où nous avons examiné les divers types de
référendums d'ailleurs, cela paraît en appendice au
livre blanc on constatera que ce conseil du référendum,
tel que suggéré par le chef de l'Union Nationale, n'est pas
très populaire dans les autres pays, que ce soit des pays de type
présidentiel, comme la France ou les Etats-Unis, ou encore de type
parlementaire britannique comme, évidemment, la Grande-Bretagne.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je voudrais demander... M. Lavoie: Question
additionnelle?
M. Samson: Oui, question additionnelle.
A la page 11 du livre blanc, où on parle de la formulation de la
question à propos des référendums, on dit que le
gouvernement propose que ce soit l'Assemblée nationale qui
décide, à la suite d'une proposition gouvernementale, de la
formulation de la question. Le ministre peut-il me dire si lui ou les membres
du comité ou les membres du gouvernement envisagent, pour la formulation
de cette question qui sera soumise à l'Assemblée nationale, de
requérir les deux tiers des voix de l'Assemblée, comme pour la
nomination du Protecteur du citoyen, du Vérificateur
général, etc.?
M. Burns: M. le député de Rouyn-Noranda, ce seront
des modalités qu'on pourra éventuellement discuter lorsque nous
soumettrons ce livre blanc à la commission parlementaire. On est rendu
à dire: Voici les grandes lignes que nous aimerions voir dans un
éventuel projet de loi. Il n'est pas dit, d'autre part, que des gens,
par leurs interventions, des membres de l'Assemblée nationale ne nous
fassent pas préciser certains aspects comme celui que vous
suggérez. Maintenant, au moment où je vous parle, je pense que
c'est une modalité beaucoup plus précise que l'approche globale
de la présentation d'un livre blanc.
M. Samson: Cela n'a pas été envisagé
jusqu'à maintenant, si je comprends bien?
M. Burns: Non, pas encore.
M. Samson: A ce moment-là, le ministre accepte-t-il de le
prendre comme suggestion?
M. Burns: Sûrement. Je ne refuserai aucune suggestion
constructive.
Le Président: Question additionnelle. Le leader
parlementaire de l'Opposition.
M. Roy: J'aurais une question additionnelle.
M. Lavoie: Question additionnelle. Est-ce que le leader du
gouvernement, responsable de ce livre blanc, tout en s'inspirant de la formule
britannique lors d'un certain référendum qui a eu lieu il n'y a
pas tellement longtemps sur l'accession de l'Angleterre au Marché commun
je crois que c'est le seul exemple vécu en Angleterre avec
tous les doutes et les réserves que nous pouvons nous-mêmes avoir
sur la valeur d'un référendum suivant notre tradition et suivant
notre constitution...
M. Perron: La démocratie.
M. Lavoie: Ne vous énervez pas. Vous savez qu'un
référendum, c'est enlever certains pouvoirs au Parlement. Est-ce
que le leader du gouvernement a pris en considération que dans le cas
spécifique de l'Angleterre, sur l'accession au Marché commun, les
deux principaux partis en Angleterre, le Parti travailliste et le Parti
conservateur, étaient totalement divisés dans leur sein au point
de vue de l'accession au Marché commun, alors que ce n'est pas le cas
ici?
M. Bertrand: Ce n'est pas certain.
M. Lavoie: Ici les deux partis ont une option bien
précise. D'après mes informations, de votre côté,
vous êtes...
Une Voix: C'est une question cela?
M. Lavoie: C'est ma question. Vous êtes totalement
souverainistes alors que, de notre côté, on ne l'est pas du tout.
Avez-vous pris cela en considération dans votre livre blanc?
M. Bertrand: Un gros problème, M. le Président, un
gros problème.
Une Voix: ...votre cours au CEGEP.
M. Burns: Le livre blanc, M. le Président, s'appelle "Sur
la consultation populaire au Québec". Ce n'est pas un livre blanc pour
le référendum concernant l'indépendance du Québec.
C'est dans ce sens que nous avons tenu compte... Je ne peux pas et personne au
gouvernement ne peut présu-
mer des options qui seront prises par les différents
députés. Peut-être l'Opposition officielle fera-t-elle bloc
contre quelque mesure progessiste que ce soit quant à l'avenir politique
du Québec. Mais on ne peut pas présumer de ce que les membres de
l'Union Nationale vont faire, on ne peut pas présumer quelle attitude
prendront le député de Beauce-Sud ou le député de
Rouyn-Noranda, ou même certains des membres de la majorité
ministérielle. C'est dans ce sens que le livre blanc a été
soumis et veut tout simplement permettre que les députés
expriment eux-mêmes leur option au moment où la ou les questions
seront posées et soumises à l'Assemblée nationale.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Dans le livre blanc on
mentionne que la question serait soumise au référendum pour un
débat spécial. J'aimerais demander au leader du gouvernement s'il
a l'intention de convoquer une commission parlementaire, tel que je l'avais
suggéré, pour qu'on discute de la formulation de la question
avant qu'elle soit soumise à l'Assemblée nationale. Le leader du
gouvernement admettra que ce n'est pas le même genre de débat.
M. Burns: Encore une fois, ce sont des modalités qu'on
pourra discuter au mois d'octobre lorsque nous étudierons le livre blanc
en commission parlementaire. Je ne ferme pas la porte, le gouvernement ne ferme
pas la porte à quelque suggestion constructive que ce soit.
Nous prendrons par la suite, après avoir consulté et les
membres de l'Opposition et les députés ministériels et la
population qui voudra bien nous soumettre des mémoires au mois
d'octobre, une décision, et ce sera une décision gouvernementale
qui sera soumise au Conseil des ministres.
M. Roy: Si j'ai bien compris le leader du gouvernement, on ne
rejette pas l'idée d'une commission parlementaire spéciale.
M. Burns: Je ne rejette aucune idée constructive
relativement à la consultation populaire au Québec
éventuellement.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Non.
Le Président: M. le député de
Verchères.
Entrepreneurs dans le transport en vrac
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Au ministre des
Transports, et ce n'est pas une question plantée. Je vous ai posé
un certain nombre de questions la semaine dernière au sujet du transport
en vrac et des problèmes qui semblent encore secouer ce secteur au
Québec. Vous nous aviez indiqué que vous deviez avoir à la
fin de la semaine des rencontres importantes avec vos fonctionnaires et que par
la suite vous auriez possiblement des recommandations fermes à faire au
Conseil des ministres. Est-ce que vous êtes en mesure, à ce
moment-ci, M. le ministre, de nous indiquer où en est rendu le dossier
parce que, encore ce matin, dans le comté de Verchères en
particulier, j'ai eu des appels d'entrepreneurs et de camionneurs en vrac qui
sont exaspérés de la situation.
M. Lessard: M. le Président, cela fait environ deux mois
que nous avons signé une entente entre, d'une part, l'Association
nationale des camionneurs artisans indépendants et, d'autre part, le
ministère des Transports. Cela fait environ deux mois et demi que nous
avons proposé au Conseil des ministres un règlement qui tente
pour une fois d'associer ou de regrouper les petits camionneurs alors
qu'autrefois on vivait, avant ce règlement 112, sous un monopole,
à savoir le monopole accordé à une seule association,
l'ANCAI.
Il faudrait quand même, M. le Président, que les petits
entrepreneurs qui, je le sais, sont exaspérés devant le fait que
cette situation perdurait depuis des années et des années,
comprennent qu'on ne peut pas en l'espace de quelques semaines ou de quelques
mois aplanir toutes les difficultés qui se sont accumulées depuis
des années dans ce secteur. Tant et aussi longtemps que le
règlement 112 ne sera pas appliqué dans l'ensemble du
Québec actuellement il y a deux régions où il
s'applique et on espère aller vers d'autres régions il
faudra que les petits entrepreneurs comprennent que je suis soumis à
certains engagements antérieurs et qu'en ce qui concerne les contrats
déjà donnés, les contrats gouvernementaux, la clause 7525
s'applique encore exclusivement aux petits camionneurs artisans. Il va falloir,
comme le disait l'ancien ministre des Transports, que les petits artisans
acceptent puisque j'ai moi-même respecté un certain nombre
d'engagements, à savoir étendre cette clause 7525 à
d'autres ministères de partager le travail avec les petits
entrepreneurs, à savoir ceux qui ont deux ou trois camions.
Dans ce cadre, à la suite des pressions que j'ai des
députés des autres régions du Québec, j'ai
rencontré encore une fois, après plusieurs rencontres, les
représentants de l'ANCAI vendredi dernier, soit, M. Dubé, le
président, et M. Beaudet, leur conseiller juridique. Je leur ai
indiqué ma ferme volonté d'appliquer le règlement 112 et
de répartir le travail entre les petits camionneurs
québécois. Ils auront une rencontre spéciale je
termine sur cela, M. le Président ils m'ont garanti qu'ils auront
une rencontre spéciale de tous les présidents de comté en
fin de semaine prochaine. Je leur ai proposé un règlement, une
répartition équitable du travail, et je leur ai indiqué
que si nous n'étions pas capables d'en arriver à cette
répartition équitable selon des listes assermentées, je
devrais proposer un règlement au Conseil des ministres dans les plus
brefs délais.
Je devrai les rencontrer à la suite de la rencontre qu'ils auront
avec leurs présidents de comté mardi prochain. J'espère
avoir une réponse favorable, de telle sorte qu'enfin on ait la paix dans
ce secteur et la paix sur les chantiers de construction au ministère des
Transports.
M. Charbonneau: Question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: Dernière question additionnelle.
M. Charbonneau: Le ministre pourrait-il nous indiquer, à
ce moment-ci, si le délai qu'il a fixé pour le milieu de la
semaine prochaine ou mardi peut être considéré actuellement
comme le délai final? On sait que les petits entrepreneurs se sont
déjà fait donner plusieurs "deadlines", comme on dit en langage
familier. A un moment donné, les délais s'accumulent et,
là, les gens vraiment ne sont plus capables de supporter, d'autant plus
que...
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: On a eu une manifestation importante et ce fut un
brouhaha important dans le Québec.
Le Président: Je pense que M. le ministre des Transports a
compris votre question. M. le ministre des Transports, brièvement, s'il
vous plaît.
M. Lessard: Je considère qu'il va justement falloir
prendre des décisions assez vite à ce sujet. Cependant, il ne
faudrait pas, non plus, mettre le feu au moment où on est tout
près d'un règlement, d'autant plus que, comme je l'indiquais tout
à l'heure, pour la première fois, vis-à-vis des petits
entrepreneurs, le gouvernement du Québec a démontré sa
volonté d'établir un règlement qui leur permettrait de
vivre sur les chantiers de construction du gouvernement et d'avoir leur part du
gâteau aussi. Cependant, tout en cherchant la solution dans les plus
brefs délais, il faudrait aussi essayer de ne pas mettre de part et
d'autre le feu dans la cabane.
Le Président: M. le député de Charlevoix.
Régime d'assurance automobile
M. Mailloux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Le régime d'assurance automobile responsabilité qui est
connu jusqu'à maintenant et que le gouvernement se propose de modifier
par le projet de loi 67 permettait à des dizaines de milliers
d'assurés, automobilistes et principalement camionneurs, de suspendre
certaines clauses en période hivernale pour les blessures corporelles
comme pour les dommages matériels. Le ministre sait-il que le
régime "no fault" ne permet pas une telle suspension pour le remisage
d'hiver? Comment entend-elle compenser la perte que subira l'assuré, qui
variera de $50 à $250 suivant le type de véhicule?
Mme Payette: M. le Président, il est prévu
je pense qu'on aura plus de détails au fur et à mesure qu'on
étudiera le projet de loi 67, quand le moment sera venu de la commission
parlementaire dans le cas de ces camionneurs en particulier et d'autres
personnes également qui sont dans la même situation, qu'ils
puissent s'assurer également pour six mois seulement, selon leurs
besoins.
M. Mailloux: Le ministre est-il conscient que, dans tous les
régimes "no fault" connus j'avais l'exemple, hier, d'un
régime américain où, avec la réduction de $155
consentie sur une automobile de promenade, le client a dû rembourser
immédiatement il n'y a aucune suspension possible d'une police
où l'émission se fait à même l'immatriculation?
Mme Payette: Je crois, M. le Président, que la
différence est que, dans le cas de ce qui est proposé dans le
projet de loi 67, il ne s'agit pas véritablement d'une assurance. Le
gouvernement ne devient pas un assureur et le "no fault" n'est pas
confié à l'entreprise privée, mais confié au
gouvernement comme mesure de justice sociale. Le gouvernement peut, à ce
moment-là, établir ses propres lois et effectivement rembourser
ou assurer les gens pour une période de six mois.
M. Mailloux: M. le Président, le ministre affirme que,
pour les assurés qui voudraient faire un remisage d'hiver et n'utiliser
un véhicule que pour six mois, il y aura un régime semi-annuel
proposé dans le régime "no fault"?
Mme Payette: C'est exact, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
Affaire Marion dans les Cantons de l'Est
M. Grenier: M. le Président, au ministre de la Justice sur
la question que j'avais posée avant-hier au premier ministre. Encore
là, je veux faire une mise au point. Au sujet de l'affaire Marion, qui
fait la manchette des journaux depuis près de 20 jours, il n'est pas
question, bien sûr, de jeter du gaz sur le feu. Je veux uniquement
demander au ministre s'il y a lieu d'avoir des informations
supplémentaires suite à ce qui est donné dans les
journaux, principalement ce matin. Encore là, je veux bien dire au
ministre, M. le Président, que s'il juge et, s'il en est un qui
connaît l'intégrité du ministre depuis plus de quinze ans,
c'est celui qui vous parle qu'on ne doit pas, ce matin, fournir
d'informations supplémentaires, il me le dira et que je ne me
relèverai pas pour parler de cette question. Mais s'il est possible de
fournir des in-
formations supplémentaires à la population, principalement
des Cantons de l'Est, je lui demande de nous les donner.
M. Bédard: M. le Président, j'ai lu le journal des
Débats et j'ai pu remarquer que le député m'avait
posé cette question en se référant à une
déclaration que j'aurais faite et qui était reproduite dans le
Journal de Québec à savoir que j'étais surpris que
l'Opposition ne pose pas de questions sur l'affaire Marion. Si le
député avait pris la peine, la même journée, de lire
les journaux, il aurait été à même de constater que
j'ai exprimé ma surprise que l'Opposition ne pose pas de questions non
pas sur l'affaire Marion mais plutôt sur l'affaire Filion, vous savez, le
cas d'un francophone québécois qui n'est pas capable d'obtenir un
procès devant un jury francophone en Ontario.
Concernant l'affaire Marion, le député l'a d'ailleurs
souligné, il s'agit d'une opération policière
délicate, très difficile. Je dois lui dire que la
Sûreté du Québec me tient continuellement au courant des
développements dans cette affaire, et que les effectifs
nécessaires qui sont affectés à l'heure actuelle
continuent d'être affectés sur ce cas spécial. Je crois
sincèrement qu'il est tout indiqué, de ma part, de ne faire
aucune autre déclaration que celle-là de manière à
ne pas nuire d'aucune façon à l'enquête policière
qui se déroule.
Le Président: Fin de la période des questions. M.
Johnson: M. le Président. Le Président: Affaires du
jour.
M. Gratton: M. le Président, en vertu de l'article 34.
M. Johnson: il y a une réponse que je devais donner
à une question posée par le député de Jean-Talon,
hier. M'autoriseriez-vous à la fournir? Elle est très
brève.
Le Président: Comme le député de Jean-Talon
est absent, il y a également M. le ministre des Terres et Forêts
qui voulait répondre à une question, mais on a déjà
dépassé les deux ou trois minutes, le temps normalement
alloué pour les questions. Je ne sais pas si vous auriez objection
à ce qu'on remette les réponses à demain.
M. Gratton: En vertu de l'article 34, M. le Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Travaux parlementaires
Projet de loi privé sur la ville de
Gatineau
M. Gratton: Sur le même sujet qu'hier, je note que le
feuilleton d'aujourd'hui, à l'article e), en avis, nous parle toujours
du projet de loi privé de la ville de Gatineau. Le ministre a-t-il eu le
temps de consulter la résolution du conseil municipal que je lui
remettais hier, et est-ce qu'effectivement l'avis sera rayé du
feuilleton de demain?
M. Burns: J'ai pris connaissance de la résolution que le
député de Gatineau nous a remise hier. Malheureusement, je n'ai
pas eu le temps, dans la journée d'hier, de faire les consultations
requises, et je pense bien que, d'ici la fin de semaine, je serai en mesure de
donner une réponse au député de Gatineau. Cela va? D'ici
la fin de semaine.
M. Gratton: Merci.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais demander au leader du
gouvernement s'il est en mesure de nous dire étant donné
la fin de nos travaux ses-sionnels, si j'en juge par les motions qui ont
été adoptées l'ordre des travaux de
l'Assemblée nationale et quels sont les projets de loi qui seront soumis
à l'Assemblée nationale ce matin avant qu'on convoque une
commission parlementaire pour l'étude d'un projet de loi?
M. Burns: Pardon?
M. Levesque (Bonaventure): Y a-t-il une commission, ce matin?
M. Burns: Je ne comprends pas.
M. Lavoie: II ne peut pas y avoir de commission ce matin, je
crois.
M. Burns: Seulement cet après-midi. D'ailleurs, je ferai
motion tout à l'heure pour que la commission de la présidence du
conseil siège relativement au projet de loi no 2 cet après-midi.
D'accord?
Questions inscrites au feuilleton
M. Burns: M. le Président, j'aurais un certain nombre de
réponses, c'est-à-dire pas moi mais un certain nombre de
ministres. Vu l'absence temporaire du ministre de la Justice, je
présume, je passerai à d'autres questions. A l'article 22 de
notre feuilleton, aujourd'hui, il y a une question de M. Verreault,
réponse de M. Lessard.
M. Lessard: A l'article 22.
M. Burns: Lu et répondu. (voir annexe)
M. Burns: A l'article 27, question de M. Gratton. Je ferais
motion, Mme le Président, pour que cette question soit
transformée en motion pour dépôt de documents.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Document déposé par Mme Ouellette.
Mme Ouellette: Document déposé.
M. Burns: Document déposé.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Burns: A l'article 28, question de M. Gratton, réponse
de Mme Ouellette.
Mme Ouellette: Lu et répondu.(voir annexe)
M. Burns: A l'article 48, question de M. Gratton, réponse
de Mme Ouellette.
Mme Ouellette: Lu et répondu.(voir annexe) M. Burns:
Article... Pardon?
M. Lavoie: Est-ce que c'est un patronage de l'Outaouais?
M. Giasson: Ce sont des combines de l'Outaouais?
Mme Ouellette: Celui qui était là avant nous,
oui.
M. Burns: On parlait du parrain de l'Outaouais. Je suis certain
qu'on ne parlera jamais de la marraine de l'Outaouais.
J'étais rendu à l'article 48. Alors, article 49, Mme le
Président, question de M. Larivière, réponse de M.
O'Neill.
M. O'Neill: Lu et répondu, Mme le Prési-dent.(voir
annexe)
M. Burns: A l'article 123, motion de M. Gratton, le document est
déposé par Mme Ouellette.
Mme Ouellette: Document déposé.
M. Burns: Article 143, motion de M. Springate. J'ai l'honneur de
déposer le document au nom du ministre de l'Education. Document
déposé.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Burns: Article 146, motion de M. Gratton. Dépôt
de document par le ministre d'Etat, M. Laurin.
M. Laurin: Document déposé.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Burns: Finalement, Mme le Président, à l'article
3, il y avait une question-fleuve de notre ami le député de
Rouyn-Noranda. Quant au ministère de la Justice, il restera probablement
un seul autre élément pour satisfaire complètement le
député de Rouyn-Noranda. Je fais donc motion pour que cette
question, quant au ministère de la Justice, soit transformée en
motion pour dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Article 3?
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Et j'ai l'honneur de déposer le document au nom
du ministre de la Justice.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Burns: II restera à répondre, quant à
l'article 3, relativement au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports.
Sur ce, Mme le Président, je pense que nous pourrions
peut-être disposer d'un certain nombre d'articles de notre feuilleton,
d'une façon assez rapide. J'appellerais donc, en conséquence,
l'article 80, la troisième lecture du projet de loi no 13.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture
propose la troisième lecture du projet de loi no 13, Loi modifiant la
Loi des abus préjudiciables à l'agriculture. M. le ministre.
M. Lavoie: Est-ce que vous faites la motion pour la
commission?
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Motion pour faire siéger la commission de la
présidence du conseil
M. Burns: Je pense, Mme le Président je remercie le
leader de l'Opposition de me le rappeler qu'il serait normal, à
ce stade-ci, que je fasse motion pour que la commission de la présidence
du conseil de la constitution et des affaires intergouvernementales se
réunisse aujourd'hui, à compter de 15 h, à la salle
81-A.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Avant de demander le vote enregistré, M. le
Président, est-ce l'intention du leader du gouvernement de
compléter les réponses à ces volumineuses questions qui
apparaissent au feuilleton, en date du 24 août? Entre autres, il y a des
questions qui datent du 28 avril, du 3 mai.
M. Burns: Nous faisons ce que nous pouvons. Evidemment, je dois
dire et je pense que le chef de l'Opposition comprend très bien ce que
je veux dire...
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends mieux que vous, vous
compreniez quand vous étiez de ce côté-ci.
M. Burns: Je comprends mieux que je comprenais aussi. Je dois
dire qu'il y a des questions, il n'y a pas de doute, qui remontent au 28 avril,
mais vous savez que je considère que j'ai déjà vu, lors
d'un gouvernement précédent, des questions traîner au
feuilleton pendant un an et demi, deux ans...
M. Levesque (Bonaventure): Je sais que vous êtes là
depuis neuf mois, donnez-vous le temps.
M. Burns: ...et être ramenées au début de
chacune des sessions. Il me semble que ce n'est pas si mal que votre question
la plus ancienne remonte au 28 avril. Je peux vous dire que mon bureau, comme
leader du gouvernement, s'occupe de voir à ce que les questions soient
le plus rapidement traitées par les différents ministres ou les
différents ministères. Mais il arrive souvent que certaines
questions, entre autres celle qu'on me souligne actuellement du 28 avril sous
le nom de M. Raynauld, le député d'Outremont, demandent un peu de
recherche. Comme nous prenons au sérieux les questions que vous nous
posez, on prend le temps de faire la recherche nécessaire...
M. Levesque (Bonaventure): Ne me faites pas rire.
M. Burns: ...pour vous donner la réponse la plus
complète possible.
M. Lavoie: On avait l'impression que depuis le 15 novembre vous
aviez des réponses rapides à toutes les questions du
Québec.
M. Burns: Oui, on a des réponses rapides à toutes
les questions du Québec, mais il reste quand même qu'un certain
nombre de questions demandent une recherche. En tout cas, il faut savoir un peu
comment l'appareil gouvernemental fonctionne pour se rendre compte qu'il arrive
qu'il y ait un certain nombre de délais. Mais moi, je vous avoue que je
ne suis pas, comme leader du gouvernement, gêné de voir que la
plus ancienne des questions auxquelles nous n'avons pas encore donné de
réponses remonte au 28 avril.
M. Lavoie: La question du chômage.
Mme le Vice-Président: Le vote est demandé sur la
motion du leader parlementaire du gouvernement. Qu'on appelle les
députés!
Vote sur la motion
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Le leader parlementaire du gouvernement propose de faire siéger
la commission de la présidence du conseil à partir de 15 heures
cet après- midi pour l'étude article par article du projet de loi
no 2. Que ceux qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Cardinal, Bédard, Laurin, Couture, Bérubé, Johnson,
O'Neill, Mme Ouellette, M. de Belleval, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx,
Charron, Duhaime, Tardif, Garon, Chevrette, Michaud, Paquette, Marcoux,
Vaugeois, Martel, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand,
Godin, Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge,
Marquis, Lacoste, Ouellet, Perron, Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre,
Lavigne, Dussault, Charbonneau, Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
M. Lavoie: Je ne voudrais pas être plus formaliste qu'il ne
le faut, mais le ministre du Tourisme n'a pas voté de son
siège.
M. Burns: L'important, c'est qu'il était là.
Mme le Vice-Président: Nous vous demandons, quand
même, d'être attentifs à ne pas vous déplacer. Nous
vous demandons de ne pas vous déplacer pendant le vote, s'il vous
plaît. M. le secrétaire adjoint.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Lalonde, Forget, Garneau, Mailloux, Goldbloom, Larivière, Saindon, Mme
Lavoie-Roux, MM. Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia,
Marchand, Gratton, Verreault, Springate, Biron, Grenier, Goulet, Fontaine,
Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Mme le Vice-Président: Contre? Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 86. Contre: 0.
Abstentions: 0.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
Travaux parlementaires (suite)
M. Burns: Mme le Président, nous revenons aux affaires du
jour. Avant les affaires du jour, j'aimerais cependant donner avis, à la
suite de la consultation que j'ai eue avec le ministre de la Fonction publique,
le vice-président du Conseil du Trésor, que la commission des
engagements financiers pourra siéger demain. Je l'annoncerai
officiellement avec une motion demain matin, après la période des
questions, c'est-à-dire aux environs de 11 heures, 11 h 30. C'est en
réponse à une question qui m'était posée tout
à l'heure à savoir si la commission devait siéger à
9 h 30 tel qu'on le fait habituellement. Mais comme la Chambre siégera
demain matin à compter de 10 heures, ce sera immédiatement
après la période des questions que la commission des engagements
financiers se réunira.
M. Lavoie: Avez-vous pensé que vous serez dans
l'obligation de solliciter bien humblement la collaboration de l'Opposition,
parce qu'une seule commission peut siéger?
M. Burns: J'ai pensé à cela, et je suis sûr
d'avance de la collaboration de l'Opposition. Si on me refuse ce consentement,
on devra reporter à plus tard la commission des engagements financiers,
puisqu'il y a une autre commission prévue pour 11 heures. Mais
étant donné que ce ne sont pas les mêmes participants aux
deux commissions, de la justice et des engagements financiers, je pense que
cela ne devrait pas causer de problèmes. Je vous dis d'avance que je
solliciterai votre consentement, M. le leader de l'Opposition, M. le leader de
l'Union Nationale, M. le député de Beauce-Sud et M. le
député de Rouyn-Noranda.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Etant donné qu'il va y avoir une autre commission
qui va probablement siéger, celle de la présidence du conseil
pour étudier la loi du financement des partis politiques, étant
donné que probablement j'aimerais que le leader nous le confirme
l'Assemblée nationale va procéder à l'étude
du rapport concernant la loi 101, étant donné la nature et
l'importance de ces deux débats, je ne veux pas mettre d'objection et
refuser mon consentement uniquement parce que je ne peux pas être
à plus d'un endroit en même temps, mais je me demande s'il n'y
aurait pas lieu, s'il ne serait pas plus sage de reporter l'examen des
engagements financiers, prévu pour le mois d'août, au mois de
septembre, de façon qu'on puisse travailler et concentrer nos
activités sur les deux points extrêmement importants sur lesquels
le gouvernement nous fait siéger plus longtemps que d'habitude.
M. Burns: En réponse au député de
Beauce-Sud, les informations que nous avons elles peuvent
s'avérer inexactes en cours de route sont que la commission de la
justice pourrait siéger demain après la période de
questions, dont avis a été donné, et devrait prendre
à peine 15 minutes. C'est dans ce sens que je solliciterai, de la part
de nos collègues d'en face, leur consentement. Il m'apparaîtrait
que la commission des engagements financiers, plutôt que d'accumuler le
travail pour le mois de septembre auquel cas nous aurions de la
difficulté à passer à travers notre programme d'examen de
ces engagements financiers si les collègues d'en face veulent
bien donner leur consentement, pourrait siéger quand même. Je
comprends la réaction du député de Beauce-Sud, je sais
qu'il est très intéressé aux travaux de cette commission.
Je sais qu'il est intéressé comme tout le monde ici
d'ailleurs au débat qui aura lieu relativement à la loi
101. Mais que voulez-vous? On ne peut pas être partout à la fois.
Il ne faut pas non plus empêcher l'évolution de nos travaux. C'est
dans ce sens que je sollicite votre collaboration.
M. Roy: Je ne veux évidemment pas empêcher
l'évolution des travaux de la Chambre, mais puisque le leader du
gouvernement vient de me dire que ce serait la commission parlementaire de la
justice et non celle de la présidence du conseil qui siégerait
demain, en même temps...
M. Burns: Commission de la justice. M. Roy: La justice
seulement? M. Burns: Seulement.
M. Roy: Alors, je donne mon consentement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je voudrais qu'on établisse les choses
clairement. Le leader du gouvernement a souligné qu'il demanderait notre
consentement demain. C'est bien cela?
M. Burns: C'est bien cela.
M. Samson: Alors, on ne donne pas notre consentement
immédiatement, on le donnera demain.
M. Burns: D'accord, mais j'apprécie beaucoup la
collaboration du député de Beauce-Sud.
M. Samson: Je peux vous dire aussi que je n'ai pas l'intention de
manquer de collaboration, mais je pense qu'il est mieux qu'on attende à
demain pour régler cela.
M. Burns: C'est cela. D'accord. Mme le Président, nous
pourrions peut-être, comme je le disais tout à l'heure, disposer
d'un certain nombre de points qui ne semblent pas être très
contentieux. En conséquence, je vous demanderais d'appeler l'article 80,
la troisième lecture du projet de loi no 13.
Projet de loi no 13 Troisième lecture
Mme le Vice-Président: Le ministre de l'Agriculture
propose la troisième lecture du projet de loi no 13, Loi modifiant la
Loi des abus préjudiciables à l'agriculture. Cette motion
est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Brochu: Un instant. Est-ce que le ministre a une intervention
à faire au niveau de la troisième lecture?
M. Garon: Non. J'aime autant que la troisième lecture
aille rapidement.
M. Brochu: Nous ne voudrions pas le priver de son droit de
parole. A ce moment-là, un de mes
collègues qui a travaillé au dossier aimerait intervenir
à ce stade-ci en troisième lecture.
M. Garon: II aurait dû venir en commission.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: J'aurais seulement quelques courtes remarques à
faire au ministre de l'Agriculture. Au moment de l'étude en cette
Chambre du seul article du projet de loi 13, j'avais apporté une
suggestion, c'est-à-dire une motion d'amendement. Le ministre m'avait
accusé de charrier et de ne rien connaître du dossier, mais je
m'aperçois finalement qu'il a accepté ma suggestion, ou
partiellement, puisqu'il a amendé son projet de loi pour indiquer cinq
contribuables agriculteurs au lieu de strictement cinq contribuables. Je veux
remercier le ministre.
Mme le Vice-Président: Un moment, M. le
député. M. le député de Montmagny-L'Islet se
lève sur une question de règlement.
M. Giasson: Mme le Président, loin de moi l'idée
d'être désagréable à l'endroit du
député de Huntingdon, mais je crois que nous avons des
règlements qui régissent et qui limitent largement le
débat lors de la discussion de troisième lecture. Le
député de Huntingdon devrait s'en tenir uniquement au fond, au
contenu. Je crois qu'il fait allusion à des amendements, ce qui n'est
pas le contenu propre de la loi présentée par le ministre.
M. Brochu: Mme le Président, sur la question de
règlement. Je comprends l'intervention du député qui vient
de parler avant moi, mais je dois vous rappeler qu'en troisième lecture
le député de Huntingdon est justifié de parler du projet
de loi tel qu'amendé ou des raisons qui ont apporté des
amendements ou du contexte dans lequel cela a été amendé
dans l'ensemble du projet de loi. Je pense qu'à ce stade-ci le
député de Huntingdon est tout à fait justifié de
faire la démonstration qu'il fait.
Je comprends que, poussée à l'extrême,
l'argumentation du député qui a parlé avant moi pourrait
laisser croire que le député de Huntingdon outrepasse les droits
permis en troisième lecture. Je vous demande, Mme le Président,
d'entendre le reste de l'intervention du député de Huntingdon, et
vous verrez que son débat est tout à fait pertinent à la
troisième lecture du projet de loi.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: De toute façon, Mme le Président, j'ai
dit ce que j'avais à dire tout à l'heure.
Une Voix: Ce n'était pas long.
M. Dubois: L'amendement, je crois, rend jus- tice aux
agriculteurs du Québec et il est pertinent. J'en remercie le ministre,
même s'il a été très réticent et m'a
accusé de plusieurs choses au moment de l'étude. Je le remercie
quand même.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Quelques mots sur le contenu en troisième
lecture.
M. Brochu: II ne voulait pas parler avant et maintenant il
parle.
M. Giasson: Je voudrais tout de même reconnaître que
le ministre...
M. Brochu: L'Union Nationale pousse les rouges à
parler.
M. Giasson: ... à la suite des suggestions qui lui ont
été apportées par quelques collègues en cette
Assemblée, a fini par comprendre que la Loi sur les abus
préjudiciables à l'agriculture devait demeurer une loi, en ce qui
a trait à certaines dispositions, où on devait avoir la
présence de quelques cultivateurs dans les demandes formulées aux
corporations municipales dans l'application de cette loi, en ce qui a trait
à un des chapitres.
Il a fallu, je l'ai constaté lors du débat en commission
plénière, que de ses collègues lui fassent comprendre la
réalité et qu'une telle loi devait permettre à des
cultivateurs d'ordonner aux municipalités d'engager des inspecteurs et
de contrôler la destruction des mauvaises herbes dans le milieu.
Je voudrais féliciter le ministre, qui au départ ne
voulait pas accepter cette dimension. Il a fini par comprendre que l'ancienne
disposition de la loi qui réservait ces pouvoirs aux cultivateurs devait
demeurer. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le ministre exercera-t-il son
droit de réplique?
M. Jean Garon
M. Garon: Mme le Président, j'aime beaucoup entendre les
gens interpréter ma pensée, mais elle n'est pas du tout dans le
sens qu'ils l'ont exprimée.
Je remarque que le député de Huntingdon a parlé,
parce que le matin où on a discuté en commission parlementaire,
son parti était absent. Il n'y avait pas de représentant de
l'Union Nationale quand on a étudié les projets de loi 13 et 14,
de sorte qu'il est obligé de faire ses remarques aujourd'hui.
M. Dubois: Mme le Président, question de
règlement.
M. Garon: C'est un fait.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon, sur la question de règlement.
M. Garon: Ce n'est pas une discussion, c'est un fait, il n'y
avait personne de l'Union Nationale...
Mme le Vice-Président: M. le ministre, M. le
député de Huntingdon pose une... M. le ministre, je vous
demanderais de vous asseoir quelques secondes. M. le député de
Huntingdon pose une question de règlement. M. le
député.
M. Dubois: Mme le Président, le ministre induit cette
Chambre en erreur puisqu'au début de l'étude du projet de loi 13,
j'étais ici présent et nous avons travaillé une heure et
trente minutes sur ce projet de loi. Malheureusement, la semaine
dernière j'étais absent, absence motivée. Je ne pouvais
donc être en commission parlementaire, mais, quand même, j'ai
participé au début de l'étude du projet de loi 13 et mes
remarques ont été faites à ce moment. Le projet de loi 13
contenait un article et quant à ma motion d'amendement, le ministre a
finalement accepté, mais après.
Mme le Vice-Président: Vous avez rétabli les
faits...
M. Dubois: Je voulais quand même rectifier les paroles du
ministre.
Mme le Vice-Président: Très bien. M. le
ministre.
M. Garon: II n'a rien rectifié, le député ne
fait pas la distinction entre la commission plénière et la
commission parlementaire. Je n'ai pas dit qu'il était absent en
commission plénière, il était présent. En
commission parlementaire, il était absent.
M. Brochu: C'est ce qu'il a dit. M. Cordeau: C'est
exactement pareil. M. Fontaine: Question de règlement. M.
Garon: Je n'ai rien dit d'autre. M. Cordeau: C'est exactement
pareil.
M. Fontaine: Je pense, Mme le Président, qu'une commission
parlementaire...
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Mme le Président, je pense que le ministre
non plus ne fait pas la différence parce que la commission
plénière est également une commission parlementaire
plénière, ici, à l'Assemblée nationale.
M. Brochu: Voilà.
Mme le Vice-Président: M. le ministre.
M. Brochu: La culture du ministre va augmenter avec cela.
M. Mailloux: ...sur les dangers de...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, M. le
député de Charlevoix!
M. Garon: Vous avez remarqué, dans les changements, que le
député de Huntingdon avait proposé cinq contribuables
agriculteurs. J'ai trouvé que c'était trop; c'est pourquoi j'ai
modifié cela, à ce moment. Plutôt que d'entrer dans des
débats juridiques, j'ai pensé que si les députés
s'opposaient aussi violemment, éventuellement, une fois la loi
adoptée, ils continueraient possiblement le même "charriage". Je
me suis dit: Aussi bien tenir compte des réalités et diminuer le
nombre de cultivateurs à trois. Cinq, cela me paraissait trop,
étant donné les représentations faites par
différentes municipalités. C'est dans ce sens qu'on a
diminué le nombre à trois contribuables agriculteurs, alors
qu'auparavant il y avait cinq contribuables, mais je crois toujours que cinq
contribuables, cela aurait été mieux que trois contribuables
agriculteurs.
M. Brochu: ...
M. Fontaine: Ne parlez pas contre la loi.
M. Garon: Pour la simple raison c'est vrai que, dans
l'Union Nationale, il n'y a pas beaucoup d'avocats que cela peut
entraîner des conflits d'interprétation, étant donné
la jurisprudence.
M. Roy: Je vais poser une question, Mme le Président. Si
le ministre n'aime pas l'article, j'aimerais savoir pourquoi il l'a
adopté.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, acceptez-vous la
question?
M. Garon: Je l'ai modifié parce que trois, ce sera plus
proche des besoins dans certaines municipalités où il y a
très peu de cultivateurs, mais où ils ont de très grandes
terres.
Mme le Vice-Président: Cette motion de troisième
lecture du projet de loi no 13, Loi modifiant la Loi des abus
préjudiciables à l'agriculture est-elle adoptée?
M. Brochu: Mme le Président, j'ai l'impression qu'elle
sera adoptée sur division de la part du ministre parce qu'il n'est pas
d'accord avec sa propre loi.
Mme le Vice-Président: Adopté. M. le leader
parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: Mme le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 81.
Projet de loi no 14 Troisième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture
propose la troisième lecture du projet de loi no 14, Loi modifiant la
Loi des produits laitiers et de leurs succédanés.
Cette motion de troisième lecture sera-t-elle adoptée?
M. Brochu: Adopté, Mme le Président.
M. Chevrette: Cela me tenterait de dire: Vote enregistré,
mais je n'ose pas.
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Duhaime: Je vous demanderais d'appeler l'article 99, Mme le
Président.
Projet de loi privé no 230 Troisième
lecture
Mme le Vice-Président: M. le député de
Joliette-Montcalm, pour M. le député de Vanier, propose la
troisième lecture du projet de loi no 230, Loi modifiant la charte de la
ville de Charlesbourg.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Goldbloom: Sur division, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Adopté sur division?
M. Garon: Ils n'aiment pas Charlesbourg!
Mme le Vice-Président: Adopté sur division.
M. Duhaime: Je vous demanderais d'appeler l'article 100), Mme le
Président.
Projet de loi privé no 236 Troisième
lecture
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laprairie propose la troisième lecture du projet de loi no 236, Loi
modifiant la charte de la ville de Lon-gueuil. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Michaud: Adopté.
M. Goldbloom: Adopté, Mme le Président.
M. Duhaime: Je vous demanderais d'appeler l'article 87), Mme le
Président.
Projet de loi no 43 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture
propose la deuxième lecture du pro- jet de loi no 43, Loi modifiant la
Loi sur les produits agricoles et les aliments. M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme le Président, je ne pensais pas devoir
passer en deuxième lecture ce matin, puisque je venais de distribuer les
règlements. Je pensais que le débat aurait lieu demain, mais on
m'a dit que l'Opposition avait demandé qu'on procède à
l'étude du projet de loi 43 parce que ceux qui devaient parler sur un
autre projet de loi n'étaient pas prêts, à ce
moment-là, à parler. Je me vois dans la situation où le
règlement a été distribué peu de temps avant ce
débat en deuxième lecture.
Par ailleurs, je pense que, pour l'information des
députés, ce projet de règlement va être beaucoup
plus utile pour l'étude en commission parlementaire. Je pense que ceux
qui ont le règlement entre les mains se sont rendu compte que c'est un
document assez volumineux.
M. Brochu: Là, c'est vrai qu'on l'a, M. le ministre.
M. Garon: Oui, là, c'est le vrai. Pour simplifier, en
commission parlementaire ce sera demain, je suppose j'aurai un
schéma qui pourra indiquer comment se fera le circuit des viandes au
Québec. Ce projet de loi ne réglemente pas seulement les petits
abattoirs, mais l'ensemble du secteur des viandes au Québec. J'avais des
explications à donner au sujet du règlement; je veux les donner
immédiatement avant mon court discours sur le projet de loi 43 en
deuxième lecture.
Pour l'information des députés, il me fait plaisir, tel
que promis, de déposer le projet de règlement modifiant le
règlement sur les produits agricoles et les aliments. Ce projet de
règlement apporte des solutions relatives aux permis, aux viandes
propres à la consommation humaine, ainsi qu'aux viandes impropres
à une telle consommation. Premièrement, les permis,
catégories et droits. Au niveau des permis, le règlement vise
à établir des catégories et à imposer des droits
pour leur délivrance et leur renouvellement. Ceci appert de façon
plus spéciale aux sous-sections suivantes: sous-section 1.3.2,
catégories de permis d'abattoirs; sous-section 1.3.3, catégories
de permis d'ateliers de préparation, de conditionnement ou de
transformation pour fins de vente en gros de viandes ou d'aliments
carnés destinés à la consommation humaine; sous-section
1.3.4, catégories de permis d'ateliers d'équarrissage;
sous-section 1.3.5, permis de récupération de viandes impropres
à la consommation humaine; sous-section 1.3.6, droits exigibles.
Section B, les viandes propres à la consommation humaine.
A ce sujet, le règlement a pour objet: a) de préciser les
normes relatives à ce secteur de façon à en faciliter
l'application et à les rendre claires pour ceux qui y sont assujettis;
b) de garder un réseau d'abattoirs et d'ateliers de charcuterie pour
fins de vente en gros, répondant
à des normes spécifiques de construction, et
d'opération, tout en fonctionnant sous permis, d'inspection permanente
et avec usage de l'estampille "Approuvé Québec"; c) de permettre
aux exploitants actuels de petits abattoirs, qui ont leur propre boucherie de
détail qu'ils approvisionnent eux-mêmes, de poursuivre leurs
opérations sans permis et sans usage de l'estampille, tout en demeurant
assujettis seulement aux normes générales d'hygiène et de
salubrité; d) de réserver aux établissements sous permis,
abattoirs et charcuteries de gros, l'approvisionnement des magasins de
détail, c'est-à-dire, par exemple, les boucheries; e) d'obliger
les exploitants de ces magasins de détail à s'approvisionner de
viandes estampillées provenant des établissements sous permis; f)
de prescrire les conditions de fabrication et de reproduction de l'estampille
"Approuvé Québec" afin d'en empêcher l'utilisation
frauduleuse.
Dans la troisième partie C, les viandes impropres à la
consommation humaine.
A ce sujet, le règlement a pour objet: a) de prévoir les
dépôts ou postes satellites servant à regrouper ces viandes
avant de les acheminer aux ateliers d'équarrissage exploités sous
des permis de catégorie fondoir, conserverie animale ou viande crue; b)
de prescrire des normes spécifiques de construction et
d'aménagement applicables à chaque type d'atelier
d'équarrissage; c) de déterminer les conditions de
récupération et de détention des viandes impropres par des
récupérateurs autres que les exploitants d'ateliers
d'équarrissage et les assujettir aux règles inhérentes aux
permis de récupération; d) de contrôler les huiles ou
graisses fabriquées à partir de viande impropre rappelée
dans des ateliers d'équarrissage de catégorie fondoir.
Le règlement envisagé comporte des avantages, tant dans le
domaine des viandes propres à la consommation humaine que dans celui des
viandes impropres à cette fin. Premièrement, les viandes propres
à la consommation humaine. A cet effet, le règlement permettra,
de façon générale, aux consommateurs
québécois de s'approvisionner chez les détaillants de
viandes provenant d'un réseau d'établissements sous permis et
sous inspection permanente. Malgré tout, il maintiendra des petits
abattoirs assurant des services d'abattage aux agriculteurs, en même
temps que des services de préparation de vente en détail aux
consommateurs locaux qui le désirent.
Deuxièmement, pour les viandes impropres à la consommation
humaine, le règlement aura pour avantage d'accroître les moyens
d'enlèvement et d'utilisation des viandes impropres, selon la nature de
ces viandes, en fonction d'une diversification des débouchés, de
normaliser et améliorer le service de récupération des
animaux morts sur les fermes.
J'ai voulu donner ce texte. Je demande qu'on en donne un exemplaire aux
députés qui sont intéressés. J'aurais voulu faire
cette déclaration ce matin, en déposant le règlement, mais
les règles de procédure ont changé...
M. Roy: Mme le Président, je suis obligé de vous
signaler que nous n'avons pas quorum.
Mme le Vice-Président: Nous allons immédiatement
vérifier le quorum. Veuillez compter les députés, s'il
vous plaît.
M. Grégoire: II y en a 20.
Mme le Vice-Président: II manque effectivement quelques
députés.
M. Marcoux: II manque 25 députés
libéraux.
Mme le Vice-Président: Nous vérifions de
nouveau.
M. Marcoux: II manque 24 députés
libéraux.
Mme le Vice-Président: Nous vérifions de
nouveau.
M. Cordeau: II n'y a que deux ministres.
M. Marcoux: Ils sont au Conseil des ministres.
Mme le Vice-Président: II y a maintenant quorum.
M. Cordeau: Pourquoi grogne-t-il tout le temps, en
arrière?
M. Duhaime: Mme le Président, pour les fins du journal des
Débats, je pense que ce serait utile que l'on mentionne que le Conseil
des ministres siège actuellement.
M. Marcoux: Est-ce qu'il y a un caucus libéral?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, messieurs!
M. Marcoux: On salue le député de Jean-Talon.
M. Garon: Si j'ai voulu distribuer ces documents
immédiatement, c'est pour qu'on commence rapidement, en commission
parlementaire, l'étude article par article de ce projet de loi. A ce
moment-là, vous aurez ce texte de présentation du projet de
règlement.
En deuxième partie de mon intervention, j'aimerais dire que je
pensais la faire sous forme de déclaration ministérielle, mais il
s'adonne, encore une fois, que la règle de procédure est
modifiée sur cette deuxième lecture du projet de loi no 43.
Il s'agit de l'aide financière dans le secteur des viandes. Il y
a eu des modifications apportées par le Conseil des ministres à
sa dernière réunion. J'aimerais mentionner ici, comme je l'ai
mentionné antérieurement, à l'occasion de l'étude
du projet de loi, que vous auriez l'ensemble du portrait dans le secteur des
viandes.
Premièrement, le gouvernement maintient des programmes de
stimulants financiers visant à ai-
der les entreprises qui désirent répondre aux normes
requises pour exploiter des établissements "Approuvé
Québec" ou "Approuvé Canada". Je ne veux pas entrer dans le
détail, puisque ce sera expliqué à ceux qui sont
concernés. Mais nous demanderons à ceux qui feront une demande de
subvention au gouvernement du Québec, de faire précéder
leur demande d'une demande au gouvernement fédéral
également, puisqu'il est bon de prendre son argent dans le
Québec, mais il retire aussi des taxes dans le Québec.
M. Grenier: C'est vrai.
M. Garon: Les gens qui feront des requêtes au gouvernement
du Québec, devront demander préalablement au MEER, sigle anglais,
de subventionner la modernisation des abattoirs, ou les ateliers de
charcuterie.
Deuxième partie, il s'agit des indemnisations qui seront
apportées aux petits abattoirs qui voudront se retirer de ce commerce
pour différentes raisons. Afin d'alléger de façon plus
adéquate la perte financière que pourraient encourir les
exploitants d'abattoir ou d'atelier de préparation de viande pour fins
de vente en gros qui désirent discontinuer leurs activités et
désaffecter leurs établissements, le gouvernement a
augmenté ces indemnités comme suit: a) dans le cas des abattoirs
les chiffres que je vais citer, ce sont des chiffres par tête de
bétail, pas par tête d'abattoir, par tête de
bétail pour le boeuf, l'ancien barème prévoyait une
indemnité de $10 par boeuf, ce nouveau barème prévoira
$15; pour le cheval, de $8.50 de l'ancien barème, cela demeurera la
même chose; pour le veau, il passera de $4 à $5; pour le porc, de
$1 à $3; pour les bovins, il n'y avait rien de prévu dans
l'ancien barème, le nouveau barème prévoira $2; pour la
volaille et les lapins, l'ancien barème ne prévoyait rien et il y
aura une indemnité de $0.50; b) dans le cas des ateliers de
préparation, de conditionnement ou de transformation de viande pour fins
de vente en gros, il s'agit d'indemnités qui sont calculées
à la livre. Pour le boudin, l'ancien barème prévoyait
$0.05, ce sera augmenté à $0.06, ce qui fait une augmentation de
20%; la tête fromagée, de $0.04 à $0.05; la saucisse, de
$0.04 à $0.05; les cretons, de $0.04 à $0.05...
M. Fontaine: Toujours sur le principe de la loi.
M. Garon: ...la viande fumée de $0.015 à $0.02; le
pâté de viande, de $0.04 à $0.05; la graisse de rôti,
de $0.03 à $0.04. Ce qui est très important également,
dans les indemnités qui étaient prévues anciennement, dans
l'ancien barème, il y avait une déduction de $200. Elle a
été enlevée. On a pensé que, dans le domaine des
abattoirs, on n'était pas dans le domaine de l'assurance automobile et
qu'il n'y avait pas besoin d'avoir une franchise. Alors, elle a
été enlevée.
Troisièmement, de plus, au choix du bénéficiaire,
la compensation en désaffectation peut être calculée sur la
valeur amortie des actifs désaffec- tés, acceptée par le
ministre et apparaissant au bilan certifié du
bénéficiaire.
Quatrièmement, afin de traiter équitablement ceux qui
avaient déjà choisi de bénéficier de l'ancien
programme de désaffectation, le gouvernement rend l'application du
nouveau programme rétroactive au 12 juin 1975, pour que ceux qui ont
déjà choisi de se retirer du domaine de l'abattage ne soient pas
pénalisés par rapport à ceux qui décideront de le
faire ultérieurement.
Cinquièmement, afin de permettre aux bénéficiaires
de ces mesures de faire leur choix en connaissance de cause, ils auront, pour
faire leur demande de compensation et fournir les documents pertinents requis,
18 mois à compter de la date de publication du règlement
modifiant le règlement sur les produits agricoles et les aliments.
Après la date de publication dans la Gazette officielle du
règlement modifiant le règlement sur les produits agricoles et
les aliments, ceux qui veulent se retirer et recevoir les indemnités
auront une période de 18 mois pour le faire. Après cela, il n'y
aura plus d'indemnité versée.
Je voudrais également vous faire distribuer ce texte pour une
meilleure compréhension, aux députés présents. Ceux
qui ne sont pas là doivent être moins
intéressés.
M. Grenier: Ils n'en ont pas besoin eux autres. M. Jolivet:
...East Angus.
M. Garon: Je vais déposer, quand on sera en commission
parlementaire, un schéma qui permettra de comprendre plus facilement
tout le processus de fonctionnement de ce qui est prévu comme
réseau de distribution par ces règlements et ce projet de loi. Je
pense que ce sera assez clair pour tout le monde. C'est évident que se
démêler dans ces documents volumineux, ce n'est pas facile.
Le projet de loi no 43 vise, avant tout, à rendre applicable la
Loi sur les produits agricoles et les aliments et la réglementation qui
en découle dans le secteur des viandes en les adaptant à la
réalité québécoise, tout en permettant aux
consommateurs de se procurer des viandes et aliments carnés sains et de
provenance saine. Par ailleurs, il maintient au niveau local certaines
exploitations d'abattage avec vente en détail pour le service des
agriculteurs et d'une clientèle de détail. Ce projet confirme
l'existence et l'encadrement des principaux points de contrôle, tant du
circuit des viandes impropres à la consommation humaine avec des permis
d'ateliers d'équarrissage et de récupération de ces
viandes, que du circuit des viandes propres à la consommation humaine
avec des permis d'inspection permanente et l'usage de l'estampille
"approuvé Québec" pour les abattoirs et les ateliers de
charcuterie pour fins de vente en gros.
Cependant, au niveau des abattoirs, il a été jugé
nécessaire d'apporter un règlement exemptant de l'obligation de
se munir d'un permis, et, en conséquence, de respecter les normes
spécifiques de construction et d'équipement et aussi
d'utiiiser
l'estampille, la personne qui, à la date du dépôt du
projet de loi, soit le 14 juin 1977, exploitait un abattoir servant
exclusivement à approvisionner son propre atelier de préparation
de viandes pour vente en détail. Les exploitants devront continuer
à respecter les normes générales d'hygiène et de
salubrité concernant les constructions, équipements et
opérations.
Afin de réaliser cette nouvelle structure, le projet permet au
gouvernement d'instaurer un débouché exclusivement
réservé aux viandes estampillées provenant des
établissements sous permis et sous inspection permanente en obligeant,
d'une part, les exploitants de ces ateliers et les détaillants à
s'approvisionner d'établissements sous permis et, d'autre part, les
restaurateurs à se procurer des viandes provenant de tels
établissements ou d'établissements qui en ont reçu. A cet
effet, je soumets des modifications au projet de loi no 43. Je vous les donne
immédiatement pour ne pas vous prendre par surprise quant aux
modifications que j'ai apportées au projet de loi no 43. Remarquez bien
que ce ne sont pas de gros changements au point de vue de l'ensemble du texte
de la loi; ce sont de petits changements.
Je soumets des modifications au projet de loi no 43 de façon
à clarifier la notion de vente en détail et à redonner
à la définition de "détaillant" son sens traditionnel qui
est plus restreint, soit celui d'exploitant d'un magasin d'aliments en
détail. Par ailleurs, ces modifications, qui n'affectent aucunement les
principes du projet de loi no 43, ajoutent la notion de "restaurateur", de
façon à y inclure toutes les personnes qui sont exclues de la
définition de "détaillant" au sens du projet déposé
en première lecture. Toutefois, ce projet permet au ministre, notamment,
pour les exploitants d'abattoirs à volume restreint, de faciliter leur
accès au permis, à l'inspection permanente et à l'usage de
l'estampille, nécessaires pour avoir droit aux débouchés
de vente en gros, en ayant la possibilité, dans l'intérêt
public, de prescrire au permis des conditions qui, une fois les normes
réglementaires respectées, tiennent compte, entre autres, de
l'état de chaque établissement et de leur volume
d'opérations. A cet égard, il est prévu des moyens de
mettre en place une inspection permanente rotative et de s'assurer que les
opérations se font exclusivement sous cette inspection en adaptant
également la durée des permis à la période
réelle de l'exécution de ces opérations.
Afin d'atteindre cet objectif, ce projet confère des pouvoirs de
réglementation concernant surtout l'estampille, les catégories et
restrictions des permis ainsi que le déroulement des opérations
relatives aux viandes impropres à la consommation humaine. Enfin, pour
s'assurer que ces dispositifs de régularisation soient respectés,
que la population soit protégée et que le fonctionnement des
établissements, ainsi que la circulation des viandes, se fassent dans le
cadre des circuits appropriés, le projet précise notamment, quant
aux règles sur les permis, l'estampille et les viandes impropres
à la consommation humaine, les moyens d'inspection, de saisie et de
confiscation et les pénalités qui sont essentielles au maintien
d'une action ordonnée de chacun des intervenants dans le secteur des
viandes.
Mon intervention ne veut pas être plus longue que cela. C'est un
dossier qui est dans le décor québécois depuis presque une
dizaine d'années. Je pense que le projet de loi, avec les modifications
que nous pourrons apporter en commission parlementaire, de même que le
projet de règlement qui éventuellement encore une fois,
j'ai voulu le présenter à l'Assemblée nationale en premier
pourra être discuté, mais brièvement pour ne pas
éterniser le débat, avec les associations concernées,
pourrait être adoptés avant le 15 septembre, pour que les gens qui
veulent se moderniser puissent le faire, parce qu'il y en a plusieurs qui
attendent actuellement. Je pense que ce projet tient compte de la
réalité. Il vise une modernisation importante du secteur des
viandes au Québec, en tenant compte aussi du fait qu'on ne modernise pas
un secteur dans le temps de le dire, en quelques mois, mais que cela prend un
certain temps. C'est dans cette perspective que nous avons travaillé et
je pense que les projets qui sont devant l'Assemblée nationale
aujourd'hui sont de bons projets qui seront acceptés par la population
avec soulagement. Je vous remercie.
Mme le Vice-Président: Si j'ai bien compris, M. le
ministre, les documents que vous avez fait distribuer pendant votre
intervention sont ceux que vous allez déposer en commission
parlementaire. Ils ne sont pas ici pour discussion, bien sûr, parce que
nous sommes en deuxième lecture. C'est bien ce que j'ai compris?
M. Garon: Oui.
Mme le Vice-Président: Alors, il faudra intervenir sur le
projet de loi et, bien sûr, les amendements seront discutés, soit
en commission plé-nière, soit en commission parlementaire.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Une question de règlement, Mme le
Président. Bien sûr, je ne veux pas prendre la parole, car elle
revient au député de Montmagny-L'Islet. J'apprends que,
normalement, même avec une motion de fin de session, il est de tradition
de terminer nos travaux à midi. J'attendais pour vous poser ma question
afin de ne pas couper le souffle au ministre de l'Agriculture; je pensais que
vous attendiez la fin de son intervention pour suspendre les débats
jusqu'à 15 heures cet après-midi. Parce que c'est une coutume
établie; même avec une motion de fin de session, on respecte quand
même la possibilité des caucus à midi et je voudrais vous
demander une directive là-dessus.
Mme le Vice-Président: Alors, il y a une motion pour
ajourner...
M. Grenier: Non, Mme le Président, je n'en fais pas une
motion. Je vous demande de me dire si cette tradition de suspendre les
débats à midi pour les reprendre à 15 heures va se
perpétuer ou si je dois comprendre que le gouvernement rompt
avec la tradition et que maintenant on va siéger jusqu'à
13 heures plutôt que jusqu'à 12 heures comme c'était
l'habitude durant les travaux de fin de session.
Mme le Vice-Président: II n'y a pas eu... M. Giasson: Sur
la question de règlement...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet sur la question de règlement.
M. Giasson: ... dois-je comprendre qu'on ne respecte pas la
tradition qu'on avait dans cette Assemblée? Même lorsqu'il y avait
des motions du genre de celle que nous vivons présentement, surtout en
fonction du mercredi, c'était habituel pour tous les partis en cette
Chambre de tenir le grand caucus de la semaine, au-delà des mini-caucus,
et on acceptait le principe de suspendre à midi le mercredi,
étant donné la tenue de caucus pour la plupart des formations
politiques.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Duhaime: Mme le Président, je ne suis pas au courant
des us et coutumes et de toute la petite histoire de l'Assemblée
nationale. Je tiens pour acquis que ce que vous me dites est conforme à
la tradition et je suis parfaitement d'accord pour qu'on permette aux membres
des formations politiques d'assister à leur caucus, en tenant pour
acquis, bien sûr, que nous pourrons reprendre les travaux dès 15
heures cet après-midi pour continuer l'étude du projet de
loi.
M. Giasson: Je propose la suspension des débats.
Mme le Vice-Président: Je n'ai pas entendu qui a
proposé la suspension du débat.
M. le député de Montmagny-L'Islet propose la suspension du
débat. Cette motion est-elle adoptée?
M. Duhaime: Adopté.
Mme le Vice-Président: Les travaux de cette
Assemblée sont suspendus...
M. Samson: Mme le Président, je m'excuse, mais, pour se
conformer au règlement, il faut une motion d'ajournement.
M. Duhaime: C'est déjà fait. M. Samson: Qui l'a
faite?
M. Giasson: J'ai proposé la suspension du débat
jusqu'à 15 heures.
M. Samson: Cela prend une motion d'ajournement jusqu'à 15
heures.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Samson: On est sur une motion de fin de session. Cela vous
prend une motion...
Mme le Vice-Président: Bien sûr, ce n'est pas une
motion d'ajournement. Nous allons siéger cet après-midi. Je veux
savoir s'il y a consentement unanime à ce que les travaux soient
suspendus jusqu'à 15 heures.
Des Voix: Oui.
Mme le Vice-Président: Consentement unanime. Les travaux
sont suspendus jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
Reprise de la séance à 15 h 2
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Veuillez vous asseoir.
C'est la reprise du débat en deuxième lecture du projet de
loi no 43, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles et les aliments.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Mme le Président, depuis plusieurs
années, les membres qui siégeaient en cette Assemblée ont
été témoins de nombreux débats qui portaient sur la
loi que nous avons à discuter en deuxième lecture, soit la loi
qui régit la mise en marché, la qualité des aliments au
Québec ainsi que des produits agricoles.
Je me suis donné la peine de revoir, en diagonale, assez
brièvement, les propos qui avaient été tenus par des
députés en cette Chambre qui étaient intervenus pour
livrer leur pensée sur ce que devrait être le contenu de la loi
régissant la qualité et la mise en marché des aliments au
Québec ainsi que des produits agricoles. J'ai constaté, Mme le
Président, qu'il se dégage d'à peu près toutes ces
interventions une volonté ou l'acceptation du principe qu'on doive agir,
au Québec, au-delà du système d'inspection de la
qualité des viandes, tel que mis en place et régi par le
gouvernement fédéral, c'est-à-dire les ateliers d'abattage
ou les abattoirs qui fonctionnent selon les normes du gouvernement
fédéral. J'ai senti, dans les interventions ou dans les prises de
position de ceux qui ont commenté ce qui fait l'objet de la
présente loi, une même volonté, une même expression
d'opinion. Le Québec a décidé, il y a environ une dizaine
d'années, d'établir son propre système d'inspection de la
qualité de ces produits.
Ces gens qui sont intervenus ont toujours pensé que le
Québec, à partir de cette volonté d'avoir son propre
système d'inspection, devrait le plus rapidement possible
déboucher sur un principe fondamental qui serait celui que toute viande
mise en marché, que toute viande destinée au Québec
subisse une inspection obligatoire.
Les uns émettaient l'avis qu'il devait y avoir deux
procédés d'inspection, c'est-à-dire une inspection de
l'animal avant de passer à l'abattage, suivie d'une autre inspection de
l'animal abattu et d'inspections qu'on pourrait retrouver au niveau des
entreprises qui font le détail, la mise en marché, qui font le
dépeçage, la charcuterie, etc. Je croyais, après les
débats que nous avons depuis quatre ans à peine, que les
modifications qui seraient apportées à la loi sur les aliments
nous permettraient enfin de retrouver des dispositions qui consacreraient de
façon définitive et officielle qu'on aurait au
Québec, dans notre propre système québécois,
à côté de celui du gouvernement fédéral
enfin ce contrôle, cette inspection, cette qualification d'un
produit par notre organisation.
C'est pourquoi je dois dire au gouvernement, au ministre de
l'Agriculture que je suis surpris et même déçu de certaines
dispositions de la loi no 43. Encore une fois, on nous apporte en cette As-
semblée une loi qui n'est ni chair, ni poisson, loi où on
retrouve de très bonnes intentions, loi où on voudrait tout
couvrir, mais, voulant tout couvrir, on tolère des choses qui deviennent
inacceptables à l'époque que nous connaissons, en 1977.
Voici une autre déception que j'ai au-delà du contenu de
la loi que nous avons devant nous. Même si certaines dispositions nous
paraissent bonnes en soi, si certaines dispositions vont attirer notre
assentiment, notre accord, une autre chose m'a renversé. C'est de ne pas
recevoir avant ce matin la nouvelle réglementation qui fait que la loi
que nous avons devant nous puisse être véritablement efficace, que
le ministre puisse véritablement faire les contrôles qui sont
nécessaires dans ce secteur. Je me souviens fort bien que, lors de
l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture en mai
et juin derniers, nous avions quelque peu abordé le secteur des viandes,
le secteur des petits abattoirs au Québec.
J'avais cru comprendre, à l'époque, que le ministre
était fort bien disposé, puisqu'il nous avait indiqué,
à ce moment-là, que ce qui avait toujours achoppé dans le
passé, quand les anciens ministres avaient conçu la
réglementation en matière d'inspection des aliments et des
produits carnés, c'est qu'ils n'avaient pas accepté d'ouvrir un
véritable débat avec les députés qui sont
touchés par ce secteur, d'ouvrir un véritable débat avec
les groupes concernés par l'abattage, la commercialisation et la mise en
marché. J'avais cru comprendre qu'enfin le nouveau ministre s'ouvrirait
fondamentalement en tenant des séances spéciales, le nombre de
séances qu'il faudrait, afin de bien faire comprendre aux
députés qui représentent des régions rurales qui
sont surtout concernées par ce problème, la portée de la
réglementation, les conséquences que cela avait pour les
propriétaires d'abattoirs, que ce soit les propriétaires
d'abattoirs de type A, qui ont déjà, entre les mains, le sceau
Approuvé Québec ou les propriétaires d'abattoirs qui
n'étaient pas de cette catégorie.
J'avais pensé aussi que le ministre accepterait les règles
du jeu Ies plus ouvertes que nous puissions connaître, justement dans ce
principe de transparence dont nous parle si souvent le premier ministre du
Québec. Je pensais que le ministre ferait siéger une commission
parlementaire ouverte aux intervenants. Cette commission pourrait recevoir des
mémoires des différents groupes, que ce soit l'union des
salaisons du Québec, l'association des petits abattoirs, l'UPA, puisque
cela a une implication vis-à-vis des membres de l'UPA, les cultivateurs
qui, somme toute, sont les véritables producteurs de ce qui passe par
les petits abattoirs.
J'avais cru, d'après les propos du ministre lors de
l'étude des crédits de son ministère, que nous aurions
enfin cette possibilité. Je pourrais peut-être citer quelques
remarques que le ministre nous avait faites à l'époque et qui
nous indiquaient une volonté des plus ouvertes. Ce serait
peut-être intéressant de revoir ça, Mme le
Président.
Le ministre, dans le temps, nous a livré toutes
sortes de commentaires. D'abord, il a dit que les gens qui veulent
conserver les petits abattoirs ne sont pas toujours ceux qui veulent les garder
ouverts. Il nous a également dit: Quelle que soit la solution
apportée, je vous assure que la solution va être critiquée.
Il nous a également appris qu'on n'implante pas une industrie d'abattage
par une loi.
Il va falloir y aller progressivement. Il y aura des étapes. Il
nous a indiqué qu'il fallait faire à l'avenir une distinction
entre le détail et le gros. Il nous a indiqué cela m'a un
peu surpris qu'il faut protéger beaucoup plus, je pense, les gens
qui mangent dans les restaurants et les hôtels, dans les hôpitaux
et dans les écoles. Eux, selon l'avis du ministre, méritaient
beaucoup plus de protection. C'est textuel, c'est au journal des Débats.
Il nous avait indiqué: Je souhaite pouvoir déposer un projet
d'amendement à la loi actuelle: a) qui va couvrir tout le secteur, par
exemple, le secteur des viandes impropres également; b) qui va permettre
aussi l'inspection des viandes de façon rotative. Il nous a dit: Je
souhaite déposer les règlements en même temps que la loi
pour qu'on ait une vue générale du système.
La réglementation qui est déposée ce matin, au
moment où le ministre entreprenait son discours de deuxième
lecture, est très imposante, il s'agit d'un document d'un demi-pouce
d'épaisseur. Je déplore que le ministre n'ait pas respecté
cet engagement pris lors de l'étude des crédits de son
ministère de déposer la réglementation avec le
dépôt du projet de loi en première lecture. Cela nous
aurait permis, du moins les députés qui sont
intéressés par ce secteur et ce domaine, d'évaluer les
changements apportés à sa réglementation, de
déterminer les capacités réelles de tous les ateliers
d'abattage au Québec de s'intégrer à un programme
d'inspection obligatoire des viandes.
Il y a également d'autres déclarations que le ministre a
faites concernant ce secteur mais, pour l'instant, voyons ce qui pourrait
être fait au-delà du contenu du projet de loi que nous avons
devant nous. Je dois poser une question au ministre. Le ministre, qui a sans
doute reçu à diverses occasions des représentants des
propriétaires de petits abattoirs comme des représentants
d'abattoirs de catégorie A au Québec, a-t-il véritablement
tenu compte des commentaires ou des propos émanant de ces personnes qui,
pourtant, sont les plus grands connaisseurs en matière d'exploitation
d'abattoirs ici dans la province? Ce sont des gens qui, pour la plupart,
exploitent ces entreprises depuis dix, quinze, vingt ans. Même, dans un
bon nombre de cas, il s'agit d'entreprises qui ont été transmises
du père à son fils.
Le ministre a-t-il véritablement écouté l'ensemble
des commentaires fournis par ces gens afin de pouvoir adapter non seulement la
loi elle-même, mais surtout la réglementation? S'il est une loi
où la réglementation a des conséquences beaucoup plus
profondes que celles que le texte de la loi lui-même veut laisser
paraître, c'est exactement la loi que nous avons devant nous, la Loi sur
les produits agricoles et les aliments.
Pour avoir discuté, à maintes occasions, avec des
propriétaires de petits abattoirs chez nous, j'ai réalisé,
à écouter ces gens et à dialoguer avec eux, que ce
n'était pas la loi en soi que ces gens redoutaient. C'était
justement la réglementation, qui pose des conditions, dans certains cas,
tellement exigeantes que, s'il fallait que ce soit maintenu, on peut bel et
bien déclarer d'ores et déjà que c'est la fin de 80% des
petits abattoirs dans notre province. Les implications que peut avoir la loi
vis-à-vis du maintien et de la survie d'un fort pourcentage de ces
établissements, de ces petites entreprises chez nous résident
dans les conditions que le ministre pose à l'intérieur de sa
réglementation.
J'ai discuté également avec des représentants de
l'Union des salaisons qui, eux, acceptent déjà, à cause de
conditions qu'ils ont faites leurs, de subir l'inspection. Mais ils
déplorent, tout autant que les représentants de l'Association des
petits abattoirs, qu'on n'ait pas encore au Québec une loi et surtout
une réglementation pour toutes les viandes destinées au commerce,
à une seule exception, la viande des animaux qu'un cultivateur abat sur
sa ferme pour la consommation de sa famille. Tout le monde est à peu
près d'accord, que ce soit n'importe quel groupe, pour accepter qu'un
cultivateur qui abattrait lui-même un animal pour la consommation de sa
famille soit dispensé de subir l'inspection. Mais, au-delà de
cela, tout le monde, du moins tous ceux que j'ai entendus, sans exception,
voudrait qu'enfin au Québec nous ayons des structures, nous ayons des
lois qui feraient que quel que soit le type de viande qu'on destine au
commerce, l'inspection soit obligatoire sur ce produit.
Or, la loi que nous avons devant nous ne confirme pas ce principe, loin
de là; même la loi par des dispositions nouvelles crée des
possibilités où le contrôle deviendra encore plus
difficile, parce qu'on permet dans la loi, en ajoutant de nouvelles dimensions,
qu'un établissement d'abattage, qu'un atelier puisse faire de
l'abattage, mettre de la viande en marché, vendre de la viande, à
condition que ce soit au détail, sans subir d'inspection obligatoire. Je
ne sais pas quelle sorte de système de contrôle et de
vérification le ministre devra mettre en place pour être sûr
que dorénavant, avec une telle ouverture dans sa loi, il n'y aura plus
de possibilité que les principes recherchés par à peu
près tous les intéressés dans ce domaine soient confondus,
soient déjoués.
Comment le ministre va-t-il faire, lorsqu'il aura accordé un
permis à un établissement d'abattage de procéder à
l'abattage et à la mise en marché à condition que ce soit
destiné au détail, pour empêcher, dans le cours normal des
choses, que l'acheteur du produit concerné, ne puisse dans un premier
temps, aller acheter une certaine quantité de viande d'un
établissement qui a subi l'inspection et qui utilise le sceau
Approuvé Québec, et, parce qu'il est capable d'obtenir à
des prix inférieurs une viande qui n'a pas subi d'inspection parce
qu'elle était destinée au détail, aller compléter
son approvisionnement d'un établissement qui
devait normalement vendre au détail? J'aimerais savoir de quelle
façon le ministre va pouvoir établir ses contrôles.
Je vous donne un exemple. Je suis restaurateur. Donc, pour mon
établissement, je suis acheteur de produits carnés ou de viande.
Selon l'envergure, selon le volume de la clientèle que je reçois,
je peux acheter des centaines de livres de viande par semaine et même
davantage. Je présume que dans mon établissement il se consomme
en moyenne 100 livres de steak haché dans une semaine. Du steak
haché utilisé aux fins qu'on connaît. Comme
établissement de restauration, je devrai me procurer ma viande d'un
établissement qui subit l'inspection et qui utilise le sceau
Approuvé Québec. Je me procure au début de la semaine 25
livres de viande hachée.
Je suis en règle avec mon affaire. Je suis allé voir un
établissement qui me livre de la viande inspectée et
estampillée. Comme j'ai un autre propriétaire d'abattoir dans le
milieu, qui est capable de me vendre de la viande $0.10 de moins la livre, je
m'organise pour aller me procurer 80 livres de viande hachée qui me
coûtent $0.10 de moins. Je me demande de quelle façon le ministre
pourra avoir suffisamment d'inspecteurs toujours en poste, toujours en place
pour contrôler et empêcher de telles opérations.
Mme le Vice-Président: J'allais vous interrompre dans le
milieu d'une phrase. Je regrette de devoir vous interrompre maintenant. Je veux
simplement vérifier si je suis dans l'erreur en croyant que vous
intervenez au nom du parti. Alors, j'en conclurais que vous pouvez continuer;
autrement, je serai tenue de vous demander de conclure. Est-ce que vous
intervenez au nom du parti, M. le député de
Montmagny-L'Islet?
M. Giasson: Je parle au nom du parti.
Mme le Vice-Président: Vous parlez au nom du parti.
M. Giasson: Je viens de citer un exemple où il sera
très facile, à partir du nouveau contenu de la loi sur les
aliments, de jouer aux fins finauds, de passer à côté de la
loi, de tromper les fins poursuivies par cette loi. Ce sera extrêmement
difficile même pour le meilleur système d'inspection et de
contrôle d'empêcher que ces choses ne se produisent.
Or, si le ministre avait voulu respecter un principe avec lequel
l'immense majorité des propriétaires de petits abattoirs
était d'accord, soit celui de déboucher au Québec sur une
inspection obligatoire, que ce soit avant ou après l'abattage, dans le
cas des petits établissements là où on ne peut laisser sur
les lieux un inspecteur en permanence parce qu'il s'agit
d'établissements dont le volume est assez limité et qui font
l'abattage une ou deux journées par semaine, il y aurait toujours eu
possibilité, dans un système d'inspection rotatif, de faire
inspecter ces petits abattoirs qui fonctionnent une journée ou deux. Par
entente, avec des jours prédéterminés où l'abattage
se fait au cours de la semaine, on aurait certainement pu procéder enfin
à un contrôle de la qualité des viandes, débouchant
sur une inspection totale, complète et uniforme sur tout le territoire
du Québec.
Je constate qu'on n'est même pas allé jusque-là.
Tout à l'heure, j'ai parlé des problèmes que posait la
réglementation. Je me demande s'il y a des éléments qui
sont bons dans ce projet de loi. Je me demande comment je pourrais voter pour
en deuxième lecture, sincèrement, si le ministre ne nous donne
pas une garantie qu'au cours des prochains jours il convoquera la commission
parlementaire de l'agriculture et demandera, lorsque cette commission
siégera, quelques mémoires des groupes
intéressés.
C'est assez limité. J'ai fait allusion tout à l'heure
à ces groupes, L'Union des salaisons, et sans doute l'UPA ou
peut-être un ou deux autres organismes touchés par ce domaine.
Cela permettra à ces personnes qui ont déposé un
mémoire de venir discuter avec les membres de la commission
parlementaire se vider une fois pour toute ce que
représente la réglementation de la loi sur les aliments, de
découvrir quelles sortes d'implications les règles posées,
les exigences imposées par la réglementation, quelles sortes de
conséquences financières cela pourrait avoir sur les
propriétaires de ces petits établissements. Nous aurions enfin,
je pense, une possibilité de compréhension de l'ensemble du
secteur d'une manière qui n'a jamais été possible dans le
passé.
M. Garon: Vous auriez dû faire cela pendant vos six ans au
pouvoir au lieu de matraquer les petits abattoirs.
M. Giasson: Si cela n'a pas été fait, on peut le
déplorer, M. le ministre. Mais j'espère que vous, qui nous avez
dit, en juin dernier, qu'enfin vous aviez la solution aux problèmes de
ces petites entreprises au Québec, si cela n'a pas été
fait, j'espère qu'enfin vous allez le faire. Il ne faudrait pas que cela
retarde. Nous en sommes au débat de deuxième lecture. Je suis
sûr que si le ministre acceptait cela, je suis convaincu de la chose, il
pourrait faire comprendre à certains de ses hauts fonctionnaires qui
sont, dans une large mesure, les bâtisseurs de la réglementation,
qu'il est encore possible de permettre à la majorité de nos
petits établissements d'abattage de survivre tout en respectant des
règles et des obligations qui sont à la portée et à
la dimension de leur bourse, de leur capacité d'investissement. Cela
permettrait encore dans l'avenir la rentabilité de ces petites
entreprises.
On peut vouloir les tasser du revers de la main. J'ai senti
déjà, dans le passé, qu'il y a des fonctionnaires à
l'Agriculture qui ont pensé être capables, par une
législation et surtout une réglementation très
serrée, très forte, éliminer ces gens-là. On leur
proposait des accommodations. On a dit, à un certain moment: Ceux qui
vont fermer l'usine, nous aurons des mesures de compensation financière
à leur accorder. On a fait miroi-
ter, face aux exigences très fortes que nous avions dans la
réglementation, à ces propriétaires d'entreprises
d'abattage qui décidaient ou qui voulaient continuer, qu'on mettrait
aussi, à leur disposition, des subventions, de l'aide financière,
pour leur permettre de se développer, au-delà de l'aide
financière que les entreprises pouvaient obtenir du gouvernement
fédéral par le biais du ministère de l'Expansion
économique régionale. Mais, en dépit de toutes ces
approches, certains fonctionnaires du ministère n'ont pas réussi
ce qu'ils avaient derrière l'esprit, je crois. Parce qu'il n'y a pas
grand monde qui accepte de se laisser passer à la guillotine, de voir
détruire une entreprise qui a fait vivre une famille pendant des
années et même quelquefois trois générations. Il n'y
a pas beaucoup de monde qui accepte cela et il faut les comprendre.
On peut, nous, comme députés, membres de
l'Assemblée nationale, accepter un coup de guillotine par année,
à chacune des fins de session que nous vivons, mais c'est prenable par
des hommes politiques, à l'intérieur de débats et de
procédures parlementaires.
C'est peu de chose, comparé au propriétaire d'une
entreprise qui voit disparaître son gagne-pain et qui, la plupart du
temps, n'a pas de moyen de remplacement immédiat.
Mme le Président, je voudrais également profiter de
l'occasion pour indiquer au ministre que, même si nous sommes d'accord
avec le principe de l'inspection obligatoire, il devrait peut-être
examiner la manière dont certains de ses inspecteurs travaillent dans
des établissements d'abattage qui ont déjà le sceau
Approuvé Québec. Nous avons, au Québec, un
établissement d'abattage avicole qui n'est pas inspecté par le
gouvernement fédéral. Il s'agit d'un bon abattoir avicole
situé dans le comté de mon collègue de
Kamouraska-Témiscouata, le Comptoir avicole des Aulnaies, qui fait
l'abattage d'une certaine quantité de volailles et qui est sous
l'inspection du ministère de l'Agriculture du Québec.
A discuter avec le propriétaire ainsi qu'avec les cultivateurs,
les producteurs spécialisés qui vendent leurs poulets à
cet abattoir, on a découvert que les inspecteurs du Québec,
vis-à-vis des règles d'inspection et des normes appliquées
dans le seul abattoir avicole du Québec sous inspection provinciale,
sont beaucoup plus sévères que les inspecteurs
fédéraux qui travaillent dans des établissements
d'abattage de produits avicoles sous inspection du gouvernement
fédéral. On a réalisé que le taux de confiscation
de poulets abattus dans un abattoir sous inspection provinciale était le
double de celui que nous retrouvons dans les abattoirs sous contrôle
fédéral. Prenons un ou des exemples concrets. Les producteurs
livrent une partie de leur production dans des abattoirs sous le contrôle
du gouvernement fédéral, et une autre partie est livrée
à l'abattoir du Comptoir avicole des Aulnaies.
Il s'agit donc du produit venant d'un même producteur et d'un
même troupeau et, en moyenne, le taux de confiscation est toujours le
double. Pourquoi? Si, dans cet établissement, on doute qu'une partie de
l'oiseau ou de la bête soit affectée, on confisque la bête
au complet. On a réalisé que lorsqu'il s'agit d'inspections
faites par les autorités du fédéral, au lieu de confisquer
l'oiseau au complet, on peut détacher des parties pour confiscation et
récupérer celles qui ne sont pas affectées. Il y a
peut-être là matière à examen de la part de notre
ministre de l'Agriculture puisqu'il s'agit du seul abattoir avicole sous
inspection du Québec.
Mme le Président, je termine là-dessus, mais vous me
permettrez une fois de plus de demander, de supplier le ministre de convoquer
la commission parlementaire de l'agriculture. Cela permettrait aux
députés qui sont touchés par ce secteur, d'abord à
ceux qui vivent de l'abattage, de la commercialisation de la viande dans les
comtés ruraux du Québec de venir exposer leurs vues et d'examiner
les conséquences favorables qu'auraient pour eux les modifications
apportées à la réglementation actuelle. Je n'ai pas eu le
temps de l'examiner en profondeur puisque je n'ai reçu que ce matin la
copie que le ministre nous a déposée. Mais il faudrait prendre le
temps de l'examiner et de voir les changements que le ministre devrait apporter
afin de permettre à la plupart de nos entreprises d'abattage qui ne sont
pas sous contrôle fédéral de survivre, d'accommoder les
cultivateurs des régions où ces établissements existent,
de permettre aux propriétaires de continuer d'exploiter une petite
entreprise au Québec. On a parlé beaucoup des petites et moyennes
entreprises au Québec, c'en sont, des petites entreprises de chez nous.
On pourrait également permettre aux consommateurs qui le désirent
de se procurer de la viande qui porte le sceau Approuvé Québec,
parce que le consommateur va savoir que les normes de qualité, que les
normes d'inspection sont uniformes sur tout le territoire. Peut-être
permettra-t-on à nos établissements d'abattage, à
quelques-uns, du moins, qui ont perdu au cours des dernières
années une partie de leur marché habituel, surtout depuis
l'histoire des viandes avariées, aux mains d'autres
établissements d'abattage qui, sous prétexte qu'ils utilisent le
sceau Approuvé Canada, ont davantage la confiance du public, de regagner
cette confiance.
J'ai hâte de voir, à la suite de la demande bien
précise que j'ai formulée au ministre de l'Agriculture, s'il va
accepter, dans les meilleurs délais, de travailler en commission
parlementaire, d'entendre les personnes intéressées, de permettre
aux députés des comtés qui sont touchés par cette
activité de donner leur point de vue afin de réaliser ce qui
m'apparaît fondamental, soit la possibilité, dans la plus courte
échéance possible, d'appliquer enfin le principe intégral
de l'inspection obligatoire de toutes les viandes destinées au commerce
ici au Québec. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier M. Grenier: Mme le Président, point n
est be-
soin de vous dire aujourd'hui combien il faut être polyvalent pour
se recycler aussi vite que depuis minuit hier soir. Alors que nous parlions de
la francisation du Québec au bill 101, arriver aujourd'hui avec la sorte
de viande qui doit composer notre saucisse québécoise, ça
demande une polyvalence qui sort de l'ordinaire.
Je voudrais que vous m'accordiez trente secondes pour saluer dans les
galeries la présence d'un député qui a siégé
ici jusqu'à récemment et qui s'intéresse
énormément aux questions de l'agriculture,
l'ex-député de Lotbinière, M. Massicotte.
Si je le fais, Mme le Président, c'est parce qu'on a des
affinités, et M. l'invité d'honneur comprend ce que je veux
dire... C'est un bon gars quand même.
M. Marchand: C'est un bon gars quand même.
M. Grenier: Oui.
M. Marchand: Mais très libéral.
M. Grenier: Oui. Mme le Président, le ministre de
l'Agriculture, qui nous amène aujourd'hui sa loi 43 qui était
attendue, je dois vous dire d'abord que c'est avec un soupir de soulagement
qu'on l'accueille. Il y a longtemps qu'elle était demandée par
les petits abattoirs principalement. Je n'ai pas à vous signaler non
plus l'importance que l'Union Nationale attache à ce dossier, dossier
que le chef de notre parti m'a confié il y a déjà
longtemps, avant même mon élection ou ma réélection
dans cette Chambre, et que j'ai suivi de très près avec
l'Association des petits abattoirs.
Je sais que le ministre se tient prêt du libellé de ce
dossier au fur et à mesure des journées et des heures où
ce dossier évolue, et Dieu sait les difficultés
rencontrées dans le passé.
Ce dossier a pris de l'envergure avec la CECO dont a été
témoin le voisin de droite du ministre, actuellement. Cette
enquête a suscité un intérêt un peu
particulier...
M. de Bellefeuille: Ce n'est pas la même enquête.
M. Grenier: Non, mais il était quand même
très au courant, je le sais, pour une raison très
particulière. Je sais que ce n'est pas la même enquête.
Mme le Président, cette enquête a suscité un
intérêt un peu particulier vis-à-vis des petits abattoirs
et il semble qu'on ait voulu, en tout cas depuis quelques mois, passer d'un
extrême à l'autre. Le juge de la CECO par sa tournée en
province sur les petits abattoirs, a fait une preuve presque complète
que ce n'était pas des petits abattoirs ruraux que venait la viande
avariée. Cela se passait dans les grands centres et, comme on l'a
déjà dit dans cette Chambre, c'est peut-être dans des
abattoirs où on aurait pu manger sur le plancher qu'il se vendait le
plus de viande avariée. Pas besoin de vous rapporter le
témoignage des gens de Rouyn qui étaient venus dire à la
CECO à peu près dans ces termes qu'ils avaient trouvé de
la gazette dans la saucisse. Ils disaient que c'était pour la rendre
moins fondante et qu'il y avait moins de danger. Cette saucisse, disait-on
n'était pas pour le grand public en général;
c'était juste pour les écoles polyvalentes et les CEGEP et cela
avait moins d'importance. C'est à ce moment-là qu'on a
attiré l'attention sur les abattoirs et qu'on s'est rendu compte que
c'était surtout dans les grands abattoirs...
M. Brochu: Pour des hommes de lettres.
M. Grenier: ...qu'on produisait le plus de viande avariée.
Le dépôt de ce projet de loi permet à tout abatteur, qui
peut demeurer ouvert maintenant, d'aspirer à devenir une petite ou une
moyenne entreprise rentable, selon les règles de salubrité qu'on
lui propose. Bien sûr, nous allons vous proposer des modifications, mais
il est clair je vous le dis au départ que nous voterons
pour ce projet de loi, parce qu'il donne au moins quelque chose, à
partir d'aujourd'hui, aux petits abatteurs. Nous allons tâcher ensemble,
en deuxième lecture, de le bonifier. Entre l'adoption du projet de loi
et ce qu'on doit proposer, on va demander au ministre d'être vigilant et
d'être à l'écoute aussi.
Je dois déplorer le fait que, si nous avons une copie du projet
de loi depuis un certain nombre de semaines, ce matin il nous est tombé
une brique de 105 pages de règlements. J'avais personnellement
prévenu le ministre que, dans le secteur de l'agriculture, le secteur
des petits abattoirs principalement, les règlements étaient plus
importants que le projet de loi. C'est de là que naissait tout le
trouble. Nous arriver ce matin avec des règlements de 105 pages, c'est
obliger l'Opposition à ne faire que des considérations, à
part nos connaissances personnelles, très générales. Je
pense que du côté du gouvernement, ce n'est pas correct de faire
cela à la fin d'une session. Si on nous avait produit ces
règlements il y a deux mois, notre rôle d'Opposition constructive,
d'Opposition qui veut faire des suggestions au gouvernement, aurait
été tout à fait différent. C'est pour cela que je
demanderai, sans en faire une motion, au ministre de retarder l'adoption de son
projet de loi de trois mois, en concordance avec le député de
Montmagny-L'Islet qui demandait, tout à l'heure, d'avoir une commission
qui siégerait pour entendre les mémoires.
Je déplore le fait que le ministre nous donne à la toute
dernière minute les règlements. Le ministre sait combien c'est
important dans le secteur, que ces règlements qu'on vient de
déposer. Ce n'est pas possible physiquement d'avoir le
dépôt des règlements ce matin, à onze heures, et de
vouloir voter demain la deuxième lecture et cette semaine la
troisième lecture du projet de loi no 43. C'est humainement impossible
de travailler; il y a quand même des limites. Je déplore le
même fait que j'ai déploré dans le cas du projet de loi no
101 dont on parlait ici avant-hier. Encore une fois, je le dis on le
dira peut-être assez pour qu'on finisse par comprendre c'est en
changeant de côté en
Chambre que les gouvernements comprennent et ce n'est pas bonnet blanc
et blanc bonnet. On aurait voulu voir du changement. Qu'on nous arrive avec la
brique de ce matin, cela me surprend et cela me déçoit.
On aurait aimé obtenir une autre collaboration que
celle-là. Il arrivera quoi, comme conséquences? Il arrivera qu'on
aura une loi mal faite à cause du gouvernement et à cause de
nous, en partie, parce qu'on n'aura pas fourni ce qu'on était capable de
fournir dans le temps requis, le temps qu'on nous a demandé. On aurait
dû être pour vous autres plus suggestif que cela et vous nous
empêchez de l'être. Vous êtes responsable de cela, de notre
manque de collaboration comme parti d'Opposition. Quand on arrivera pour faire
des modifications... Cela s'est produit dans d'autres secteurs, des changements
qui ont été apportés à cause d'une loi qui a
été adoptée trop vite. Je ne donnerai pas le nom du
ministre, il est présent ici aujourd'hui. On a dû faire des
changements un mois après à cause d'une loi qui a
été adoptée trop vite.
La réglementation aurait dû nous être donnée
plus vite que cela pour qu'on puisse l'étudier. Ce n'est pas trois mois
qui vont changer bien des choses à la situation, quand on sait depuis
combien d'années on attend dans ce secteur afin d'avoir une loi la
meilleure possible. Le ministre nous avait promis je le vois encore
quand on lui posait des questions, depuis deux ou trois mois qu'il y
aurait des consultations provinciales, qu'il irait dans la province et qu'il
consulterait sur cette loi. Nous avons été témoins d'une
autre consultation qui a été menée par le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières et que je
juge correcte. Je pense que c'est ce qu'il faut faire si on veut écouter
les gens. On peut bien faire des gorges chaudes parfois, de ce
côté-ci de la Chambre, sur des décisions de ce genre, mais
pour avoir une saine administration, il faut faire cela. Si on veut être
un gouvernement près du peuple, il faut écouter les gens du
milieu.
J'aurais aimé que le ministre de l'Agriculture fasse la
même chose, il nous l'avait promis. C'est ce qui me déçoit
davantage. Il est allé dans la province, il est allé dans les
expositions agricoles, il était justement à Saint-Agapit, la
semaine dernière, il a été vu là par l'ancien
député et par le député actuel, mais ce n'est pas
ce qu'on appelle des consultations provinciales.
M. Garon: Le député actuel de Lotbinière
n'était pas là.
M. Cordeau: II était là dimanche.
M. Grenier: II y était dimanche, il a suivi son
exposition.
M. Garon: II ne m'a pas vu, on n'y est pas allé
ensemble.
M. Grenier: Non, mais il vous voit en Chambre assez souvent et il
nous entend vous questionner.
M. Garon: Moi, je vois plus souvent son siège vide.
M. Grenier: M se tient au courant du problème des petits
abattoirs. Il y a d'autres questions.
Une Voix: On ne peut pas vous manquer quand vous passez.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, je dois vous
rappeler à l'ordre. Il semble qu'un dialogue est en train de
s'établir et vous aurez tout le loisir d'intervenir pendant le temps qui
vous est alloué pour votre réplique.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Quand le ministre passe devant nous autres, on le
voit! Nous aurions aimé avoir une commission parlementaire pour entendre
des mémoires. Le député de Montmagny-L'Islet y a fait
allusion tout à l'heure. Nous aurions aimé entendre les gens, ils
auraient pu venir rencontrer le ministre et les partis d'Opposition afin de
discuter de leurs besoins. Cela aurait été important de le faire.
Les gens auraient aimé être entendus, ils avaient des choses
à dire au ministre pour améliorer la loi.
La loi parlera de l'estampille Canada et de l'estampille Québec.
Je vous dis tout de suite que ce n'est pas contre cet article que je vais
voter, sûrement. Je me rappelle encore les longs débats que
faisait le député de Johnson, ministre du Travail à ce
moment-là. Je l'entends encore dire et cela résonne depuis
1967 ou depuis 1968 ceci: On est tanné de prendre un boeuf et
bedoum! sur une fesse pour le Canada et bedoum! sur l'autre fesse pour le
Québec. C'étaient à peu près ses propos. Ce n'est
pas nouveau de dire dans l'article de la loi qu'on devrait mettre l'accent sur
l'estampille Québec. Je pense que cet article aura sa place.
J'espère que la loi va faire en sorte qu'on éliminera la
concurrence extérieure avec cela et qu'on fera de plus en plus accepter
l'estampille Québec. On devrait pouvoir sortir notre viande de la
province sans être obligé d'accepter, dans ce secteur,
l'estampille Canada. Là-dessus, je dois féliciter le ministre et
lui demander de donner des dents à cet article, s'il y a moyen, dans ce
secteur pour qu'on en vienne à garder nos produits chez nous, qu'on
puisse vivre avec notre viande à nous tout en la gardant bonne.
L'inspection des viandes va être faite. Je vois que la loi ne
répondra pas aux besoins des gens du milieu. Comme je l'ai
signalé tout à l'heure, après avoir vécu la CECO,
les gens sont partis d'une extrême pour aller dans l'autre. Alors qu'il y
avait peu d'inspection, là, on en met plus que le client en demande. Il
y aura trois inspections: l'ante mortem, la post mortem et l'avant-sortie,
avant de la manger.
L'ante digestionnel, me suggère le député de
Beauce-Sud. Je demanderais au ministre de mettre toute son énergie, tout
son pouvoir de conviction auprès de son cabinet, et je pense qu'il est
en train de prendre le contrôle. Je n'ai pas été
témoin
des discussions. J'en ai vu d'autres où j'ai déjà
dit à des gens de ce ministère: Vous avez brûlé des
ministres et vous allez en brûler encore d'autres au train où vous
allez. Je ne l'ai pas dit ici en Chambre, je le leur ai dit dans le bureau en
présence du ministre du temps. Il était en train de faire des
lois, il était en train de nous amener un plan qui aurait fait que dans
des régions on aurait dû aller à 50 ou 60 milles avant de
trouver un endroit pour faire abattre une vache ou un porc. Cela aurait
été le retour à ce qui avait déjà
existé il y a dix ans, pendre la vache au bout d'un tracteur comme on a
déjà connu dans nos régions.
Mme le Président, je vous demande de convaincre le ministre de
convaincre ses fonctionnaires que la troisième inspection est de trop.
L'inspection de la viande à la sortie des boucheries de vente en gros.
Ensuite, s'il fallait accepter le système des trois inspections, cela va
demander combien d'inspecteurs supplémentaires? Il faudrait
peut-être en revenir à la formule du ministre
délégué à l'environnement. Il en faudrait 6
millions, chaque citoyen du Québec devrait être un inspecteur de
viandes. Je pense qu'on ne peut pas demander au ministère d'aller
engager 2000 ou 3000 inspecteurs pour répondre aux besoins des sorties
de viandes chez les vendeurs en gros. C'est impossible. Quand la viande a
été inspectée une couple de fois, soit ante et post
mortem, c'est suffisant. Plus que cela, cela va entraîner l'engagement
d'une série d'inspecteurs dans des régions rurales, dans des
petits centres. On l'a mentionné, cela ne fera pas sursauter le ministre
qui comprend cela, il y a une autoinspection qui se fait dans les
régions rurales. Les gens des régions rurales ne peuvent pas
faire de la saucisse avec une vache tuée par le tonnerre ou morte de
mammite. Ils ne feraient cela qu'une fois. Ils perdraient leur
crédibilité. Le ministre le sait. Qu'il ne fasse pas signe
M...m... m... Non. Il est au courant. Il sait cela lui aussi. Il sait que le
petit abatteur dans son comté ne peut pas se permettre d'utiliser une
vache tuée par le tonnerre pour faire de la saucisse. M ne ferait pas
cela bien des fois avant de perdre sa crédibilité. Il y a une
autoinspection qui est importante dans les régions rurales et, pour
permettre des sorties de viande en gros, on n'a pas besoin de la
troisième inspection. C'est peut-être pour cela qu'il serait
important que des gens du milieu viennent ici nous fournir des détails
que le ministre n'a peut-être pas et que ses fonctionnaires ne se
dépêchent pas de lui donner.
Le ministre nous disait également, dans un communiqué
qu'il a remis le 22 décembre dernier, qu'il y aurait la situation
particulière des petits abattoirs. C'est vrai. On arrive avec deux
catégories, soit celle de la vente au détail et celle de la vente
en gros. Je pense que là, comme je l'ai dit au début, on peut
facilement s'accommoder et garder plusieurs abattoirs ouverts avec des normes
pas trop sévères, ou des conditions, même si les normes
sont plus sévères, qui leur permettront de continuer leurs
activités. Cependant il y a son paragraphe b), les
caractéristiques particulières aux diverses régions. J'ai
cherché cela dans la loi et dans les règlements et je n'ai pas vu
ce qu'il y avait de caractéristiques particulières à la
Gaspésie et aux Cantons de l'Est. C'est pourtant bien clair dans son
paragraphe b). Je ne sais pas ce qu'il voulait dire à ce
moment-là, c'étaient certainement des couleurs locales qu'il
envisageait à ce moment-là et qu'il n'a pas transmises dans sa
loi. Il y aurait peut-être lieu qu'il nous en informe quand il exercera
son droit de réplique. On aimerait entendre sa réplique à
ce sujet.
L'indemnisation pour les fermetures. Je n'entrerai pas dans les
détails comme l'a fait le ministre ce matin avec la tête de
fromage, les cretons, la graisse de rôti. Je vais vous parler uniquement
des trois secteurs principaux que sont le boeuf, le porc et le veau, qui sont
d'ordre plus général. Alors c'est l'indemnisation des
cultivateurs lors de la fermeture. On évalue la valeur d'une industrie,
puisqu'il faut l'appeler ainsi, répartie sur un an, sur le nombre de
têtes abattues.
Je ne prends que ces trois aspects soit le boeuf, le porc et le veau.
Alors que rabatteur prévoit environ $25 pour un boeuf, le gouvernement
s'apprête à lui donner une valeur d'environ $15. Sur un porc
rabatteur prévoit $10 et le gouvernement lui en donne $3. Sur les veaux
rabatteur prévoit $12 et le gouvernement lui en offre $5.
Je pense que si on veut faire de l'indemnisation à la tête,
ce n'est pas possible qu'on ait un commerce qui vive depuis une
génération ou deux dans certains cas, et qui abat, par exemple,
300 têtes par année. Si je ne prends que le boeuf, cela fera un
total de $4500 pour cette petite industrie, qui fait parfois vivre une famille.
Ce n'est pas possible que ce soit le salaire d'un abatteur $4500. Le ministre
va peut-être me répondre que c'est un "sideline", que souvent il
fait autre chose. C'est faux dans plusieurs cas. Il faut admettre que ces gens,
ce n'est pas avec $4500 qu'ils vivent. Cela leur donne en moyenne le prix
qu'ils exigent, ici, soit $25, $10 et $12. C'est avec cela qu'ils vivent, ce
qui leur fait un revenu qui se situe entre $8000 et $10 000. C'est bien
sûr que ces gens ne prennent pas leur dîner et leur souper au
Château Frontenac ou au Hilton, mais ils vivent et ont fait vivre leur
famille pendant 20, 25 ou 30 ans. C'est leur revenu, entre $8000 et $10 000. Ce
que je demande au ministre, c'est de ne pas évaluer une petite
entreprise uniquement sur le nombre de têtes abattues dans la
dernière année, mais d'évaluer également la
construction, les autres actifs qui sont là; les têtes d'une part
et les divers actifs d'autre part pour être capable d'en arriver, dans
les cas les plus bas, si on évalue un abattoir de six ou sept
têtes par semaine sur une année, avec une moyenne de $8000
à $10 000. C'est à peu près avec cela que ces abatteurs
vivaient.
On est joliment en deça. On est à peine à la
moitié de ce avec quoi les gens vivaient avec leurs abattoirs. L'aide
pour ces gens devrait être repensée. Ce sont des suggestions que
l'on fait au ministre. Je lui demanderais de réviser cet article, cette
partie des règlements. C'est pourquoi on vous disait, Mme le
Président, combien il aurait été important d'avoir les
règlements plus tôt pour qu'on puisse détecter des failles
qui sont peut-être tout aussi extravagantes que celle-là. Deux
ou
trois heures sur l'étude de règlements de 105 pages, pas
de 8 1/2 x 11, mais de 8 1/2 x 14, 105 pages... Il y a peut-être du bon
là-dedans. J'espère que c'est du papier d'East Angus au moins.
Cela aura occasionné cette vente de papier là-bas pour retarder
la fermeture de la compagnie.
Des Voix: La Wayagamack.
M. Grenier: C'est encore très bon, puisqu'elle est sur le
point de fermer aussi. Mme le Président, on aurait voulu les avoir plus
tôt pour détecter de telles choses. Si le ministre acceptait de
reporter à plus tard l'adoption de cette loi, je ne pense pas que le
milieu aurait beaucoup de frissons. Il accepterait peut-être cela. Cela
rendrait peut-être service aux gens du milieu et au gouvernement aussi
afin qu'il ne soit pas obligé de revenir avec sa loi et la modifier
après. Je m'excuse, Mme le Président, j'ai oublié de vous
dire que je parle au nom de mon parti.
Mme le Vice-Président: Si vous parlez au nom du chef de
l'Union Nationale, M. le député, vous pouvez continuer.
M. Grenier: Merci. D'ailleurs, je ne prendrai pas tout le temps
qui est réservé à notre parti. C'est là une vue
rapide des règlements et de la loi, mais on s'attendait d'entendre
parler de l'aide financière quant à la rénovation des
abattoirs qui existent ou bien à la construction, mais pas un mot. On ne
sait pas à quoi s'attendre. On ne sait pas quel sera l'aide du
gouvernement dans ce secteur, dans la rénovation et la construction des
éventuelles bâtisses ou bien de celles qui existent
déjà avec leur agrandissement ou leur amélioration.
Il me semble qu'on devrait voir cela dedans, à l'exemple de ce
qu'on fait pour le cultivateur lui-même. C'est dans votre secteur encore,
je ne prends pas l'exemple ailleurs. C'est dans le milieu agricole, le
cultivateur qui a de l'aide du gouvernement. Est-ce que le ministre
envisage...? J'aimerais qu'il réponde à cela dans sa
réplique de deuxième lecture et qu'il nous donne des
informations.
Il me semble que si l'on dit qu'on est prêt à appuyer le
projet de loi parce qu'on y voit de bonnes choses, il devrait nous dire quelque
chose de positif.
Est-ce que cela vous irait une subvention de 35% du coût de
rénovation ou de construction et, ensuite, comme cela est connu dans le
milieu agricole, un prêt avec un taux préférentiel? Le
ministre est-il prêt à nous dire ce qu'il a l'intention de faire?
Dans son ministère, a-t-on pensé à ce qu'on pourrait
offrir à ces gens du milieu? Dans le moment, on est loin de la
réalité du côté de l'indemnisation pour les
abattoirs qui devront fermer. On est très loin de la
réalité. Quand on parle de rénovation, moins que rien et,
quand on parle de construction, encore là, moins que rien. On aimerait
en entendre parler. Le ministre trouve cela encore ordinaire. Je pense qu'il a
envie de me dire: II n'y a rien là. Il a quelque chose, c'est la survie
des insti- tutions qui sont là dans nos régions! On veut en
entendre parler. Ils sont tous appelés, avec cette loi, à
apporter au moins des modifications. Bien, on n'en dit pas un mot. La loi ne
dit rien.
M. Garon: Ecoute!
M. Grenier: "Ecoute". Je l'entends "écoute". Il
faudrait...
Une Voix: Sois calme.
M. Grenier: ...quand même savoir ce qu'il a envie de faire
dans cela. C'est dans une loi qu'on le dit; ce n'est pas dans une
conférence de presse dans les hebdos qu'il faut aller dire cela. Vous
allez nous le dire dans votre loi et c'est là qu'on pourra ensuite vous
apporter des suggestions pour l'améliorer. J'aimerais que le ministre
nous le dise. Peut-être a-t-il tout cela dans ses coffres et qu'il va le
sortir tout à l'heure dans son discours de réplique, mais je lui
propose de le faire.
Pour l'application de la loi, il n'y a pas de date; on ne sait pas
à quoi s'en tenir. Je vous propose, Mme le Président vous
le ferez savoir au ministre de faire savoir à notre ministre de
l'Agriculture que cela ne presse pas pour l'application des règlements.
Cela ne presse pas à ce temps-ci de l'année. Qu'il ne vienne
surtout pas nous proposer le 31 décembre 1977 ou le 1er janvier 1978; il
n'y a pas une grosse différence entre les deux jours. Qu'il ne vienne
pas nous proposer cela; qu'il donne au moins un an de répit à ces
gens. Les constructions ne se font pas à partir du mois de novembre; on
ne pense plus à se construire. On pense à cela dans le milieu
rural au printemps. Qu'on donne au moins à ce milieu une autre
année pour se conformer à la loi. On n'en parle pas. C'est
peut-être aussi bien qu'on n'en parle pas dans le moment. Je connais le
ministre; il aime écouter l'Opposition et il prend beaucoup de
suggestions. Je suis sûr qu'il nous écoute aujourd'hui et il va
dire à ses fonctionnaires ce soir: Grenier l'a dit et je ne veux pas
entendre parler de cela avant un an. Je suis sûr que c'est le message
qu'il va leur faire en soupant ce soir. Si ça ne devait pas être
cela, j'aimerais qu'il y pense sérieusement Mme le Président.
Bien sûr, c'est un ton un peu badin. Le ministre le comprend, bien
sûr. Après ces heures que nous faisons ici, je pense qu'être
trop sérieux, cela devient astreignant et je pense qu'on peut
réussir à passer de grandes vérités tout en
étant un peu badin. Je pense que le ministre de l'Agriculture n'est pas
loin de ce style aussi.
Mme le Président, sans en faire une motion, car ce n'est pas
notre attitude de faire une motion pour retarder le débat, je lui
propose alors, cela n'amènera pas de débat de
retarder l'application de sa loi de trois mois pour rejoindre l'opinion du
député de Montmagny-L'Islet et, en attendant, de faire venir des
organismes, des gens du milieu pour qu'on les voie. Si on était capable
de rencontrer, de voir des gens et de les questionner afin de bonifier cette
loi, nous voterions avec plus de coeur pour la loi. On aurait moins de
difficultés à
convaincre notre caucus. Ce n'est pas drôle de convaincre notre
caucus de voter pour une loi, quand il y a tellement d'affaires qui marchent
croche. C'est une "job" pour le whip, je peux vous dire cela, de convaincre les
députés de voter pour une loi qui ne fonctionne pas dans le tiers
de ses articles. Aidez-nous. On vous demande de nous aider à appuyer
votre loi. Rendez-la un peu meilleure, il y a de la place pour cela. Alors,
j'aurai plus de facilité avec le député de Huntingdon; il
est parfois rétif. Il me dit: Cela n'a pas de bon sens, est-ce qu'ils
connaissent cela? Il faut faire comprendre cela aux députés de
Bellechasse et de Saint-Hyacinthe qui sont ici. On a parfois de la
misère à les convaincre de voter pour une loi qui est seulement
au quart ou aux trois quarts faite. J'aimerais mieux qu'elle soit meilleure. Je
pense que le député de Beauce-Sud a moins de difficulté
à convaincre son caucus, mais ce n'est pas mon cas. J'aimerais bien que
vous me donniez une chance en acceptant mes propositions.
M. Roy: Le mien est convaincu d'avance.
M. Grenier: II n'a jamais de difficulté.
Mme le Président, nous voterons en faveur de la loi,
assurés que vous apporterez des changements d'ici la troisième
lecture. Même si vous ne deviez pas en apporter, on l'appuiera quand
même, parce que, comme le dirait sans doute la grand-mère du
ministre des Consommateurs si elle ne l'a pas dit, ma grand-mère
le disait "faute de pain on mange de la galette." On votera en faveur de
la loi, mais on aimerait mieux que vous en donniez un peu plus. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Je remercie et je félicite mes collègues,
députés des comtés ruraux, qui s'intéressent de
très près à ce problème.
Comme je me suis occupé particulièrement de ce dossier
depuis 1975, j'ai consulté non seulement mon caucus mais, en plus de
cela, les représentants des différents partis en cette Chambre
afin d'obtenir un consentement unanime au cas où il serait
nécessaire de dépasser de quelques minutes les 20 minutes
réglementaires. Il semble que ce consentement m'ait été
accordé. Je n'ai pas l'intention de parler pendant une heure, je n'ai
pas l'intention, non plus, de dépasser 30 minutes, mais j'aimerais quand
même avoir toute la latitude nécessaire pour pouvoir exposer la
situation, les représentations qui m'ont été faites, et
surtout le problème qui prévaut dans ce secteur.
Ce matin, lorsque le ministre a déposé, à notre
demande répétée, les règlements qui devront
être appliqués concernant les petits abattoirs et tout ce qui
regarde la transformation et la commercialisation des viandes au Québec,
j'étais loin de m'at-tendre qu'on passe immédiatement à la
deuxième lecture de ce projet de loi sans, au moins, nous donner le
temps d'examiner ces règlements.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud, je voudrais simplement vérifier. Vous me dites que vous avez
le consentement unanime. Je me suis dit que j'allais le demander au bout des 20
minutes, mais j'aimerais autant vérifier tout de suite pour que vous
puissiez ou restreindre votre intervention ou la faire.
M. Brochu: D'accord, il y a consentement unanime, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: C'est le cas? Il y a consentement
unanime. Cela veut dire que vous pouvez un peu dépasser les 20 minutes
qui vous sont habituellement allouées.
M. Roy: Merci, Mme le Président. Je remercie mes
collègues de leur collaboration et de leur compréhension. Je
pense que c'est un débat qui dépasse les formations politiques.
C'est un débat qui concerne le milieu rural, qui concerne la classe
agricole, qui concerne tous les consommateurs du Québec, et c'est
pourquoi je pense que c'est dans cette perspective que ce débat doit
avoir lieu.
En 1976, à partir du moment où le ministère de
l'Agriculture avait avisé les propriétaires de petits abattoirs,
des représentations ont été faites à cette
Assemblée. Il y a même eu une assemblée publique qui a
réuni des gens à peu près d'une quarantaine de
comtés du Québec et qui a eu lieu dans mon comté, dans le
comté de Beauce-Sud, précisément à
Saint-Georges-de-Beauce, assemblée au cours de laquelle ont
participé les fonctionnaires, les responsables de ce service du
ministère de l'Agriculture, en l'occurrence, M. Bergeron et M. Yvan
Jacques. J'aimerais dire au ministre qu'à ce moment-là il a
été clairement déclaré, et cela a été
public, cela a été écrit dans les journaux, que
c'était l'intention de ce service du ministère de l'Agriculture
de fermer définitivement les petits abattoirs.
C'est l'intention que poursuivent les fonctionnaires du gouvernement, je
suis malheureusement obligé de le dire à l'intention du ministre,
et je vais lui en donner des preuves tout à l'heure. Je dis tout
simplement qu'on se moque, encore une fois, des membres de l'Assemblée
nationale. Je n'en ferai pas de reproche au ministre. Le ministre n'a pas
été capable de déposer ces règlements avant
aujourd'hui parce qu'on ne les lui a pas fournis avant. Ce n'est pas la
première fois qu'on est pris en otage nous autres, ici, à
l'Assemblée nationale, et qu'on est conditionnés,
contrôlés par quelques technocrates du gouvernement qui, eux,
n'ont pas de comptes à rendre à la population je l'ai dit
devant eux et je le répéterai n'importe quand, n'importe
où, dans le Québec qui ont une sécurité
d'emploi et qui sont bien payés. Je n'ai rien contre le fait qu'ils
aient une sécurité d'emploi et qu'ils soient bien payés,
mais il va falloir, quand même, qu'on se rende compte que le peuple
du
Québec s'est donné un nouveau gouvernement, le 15 novembre
dernier, pour gouverner et administrer le Québec.
On sait que ce dossier des petits abattoirs a coûté cher
à l'ancien gouvernement. Il y a des députés du
côté ministériel qui sont ici, à l'Assemblée
nationale, et qui siègent en ce moment parce qu'il y en a qui se sont
occupés de la dernière campagne électorale pour faire un
petit nettoyage là-dedans, pour manifester leur mécontentement et
leur désapprobation à l'endroit des politiques du
ministère de l'Agriculture, et cela, qu'on ne l'oublie pas. Il y a eu un
engagement politique aussi, de la part de mes collègues du
côté gouvernemental, au cours de la dernière campagne
électorale, cela a été écrit dans les journaux: On
est pour le maintien des petits abattoirs.
Je les en félicite. Mais si on regarde les nouveaux
règlements, qu'on a voulu nous présenter à la
dernière minute pour nous faire voter la loi sans qu'on ait eu le temps
de les examiner, de les analyser et d'en mesurer la portée et les
conséquences, on fait en sorte encore une fois, comme je le disais tout
à l'heure, de faire de l'Assemblée nationale un otage.
Mme le Président, j'ai pris le temps, durant l'heure du
dîner, d'examiner et de lire en diagonale ces nouveaux règlements.
Les anciens, je les avais appris par coeur et j'ai constaté que ces
nouveaux règlements vont plus loin que les anciens. Dans les anciens on
n'allait pas jusque dans les restaurants pour faire l'inspection et on n'allait
pas dans les épiceries non plus. Mais on y va, avec ce nouveau
règlement. Ce nouveau règlement et les amendements à la
loi ne font que prolonger l'agonie des petits abattoirs. On ne règle pas
le problème. On prolonge tout simplement l'agonie. Les subtilités
et les persécutions dont ces gens ont été victimes,
malgré ce que le ministre de l'Agriculture nous disait ici à
l'Assemblée nationale, ont continué malgré les
déclarations que nous a faites le ministre de l'Agriculture à
l'Assemblée nationale du Québec.
Je dirai, Mme le Président, qu'on n'a pas compris,
malheureusement, que tout cela se fait en fonction d'un objectif bien clair et
bien précis. Ce n'est pas le premier secteur dans lequel on retrouve des
petites entreprises para-agricoles qui sont victimes d'une
réglementation gouvernementale et qu'on pousse à la
concentration, au regroupement pour favoriser la création de cartels
régionaux. Une fois que les cartels régionaux sont
organisés, une fois qu'on a éliminé la concurrence, les
grands trusts de l'alimentation, les multinationales achètent
quelques-unes de ces moyennes entreprises pour créer un réseau
intégré et on fait la vie dure à ceux qui restent.
Un des problèmes majeurs dont souffre l'agriculture au
Québec, c'est qu'on a placé l'agriculteur devant une situation
où il n'a plus le choix. Il a un seul endroit pour envoyer son lait, il
a un seul endroit pour envoyer tel produit et on est en train de faire la
même chose au niveau des viandes. A l'heure actuelle, selon le
fonctionnement de ce secteur, vous avez les petits encans où les
proprié- taires des petits abattoirs vont concurrencer les acheteurs des
gros cartels.
C'est fatiguant pour les gros cartels. S'ils peuvent faire
disparaître ces petits abattoirs, les gros cartels vont pouvoir offrir
les prix qu'ils vont vouloir aux producteurs agricoles. C'est
élémentaire, ce n'est pas nouveau, que les gros cherchent
à dévorer les petits. Aujourd'hui, on a organisé une
certaine influence qu'on a poussée à un point tel qu'on
crée des situations de panique dans l'opinion publique pour tâcher
de réclamer à grands cris les contrôles, les carcans de
façon à accélérer la disparition et la destruction
de petites entreprises de chez nous alors qu'au Québec on devrait avoir
des politiques qui, au lieu de détruire les petites entreprises, en
créeraient d'autres, en développeraient d'autres.
On verse des subventions pour la fermeture d'entreprises au
Québec, qui jouent un rôle. Le consommateur ne se plaint pas de
ces entreprises, le producteur agricole ne s'en plaint pas. De plus, il n'y a
pas eu de preuve d'apportée, jusqu'à maintenant, que ces gens
étaient des criminels, des bandits et des voleurs. Je dis qu'on est
rendu un peu trop loin.
Quand je vois une brique de règlement comme celle-là, je
ne peux m'empêcher de constater qu'on continue à l'heure actuelle
la mainmise de l'Etat sur tous les secteurs d'activité économique
au point de contrôler tous les échanges qu'il peut y avoir entre
les individus eux-mêmes, selon des normes gouvernementales, selon des
directives de technocrates grassement payés à même les
deniers des contribuables, les taxes et impôts des contribuables, pour
tâcher de placer le consommateur devant un fait accompli.
On nous a, depuis trois ans dans cette Chambre, fourni
énormément de statistiques, sous prétexte que les petits
abattoirs ne font que l'abattage de 5% des viandes consommées au
Québec; consommées au Québec, peut-être que c'est
seulement 5%, mais pour l'abattage des bêtes qui ont été
élevées au Québec, le pourcentage est beaucoup plus
considérable. Or, pour des raisons que j'ignore, on ne semble pas
intéressé tellement à en informer les membres de
l'Assemblée nationale.
C'est tellement vrai que ces règlements vont beaucoup plus loin
que les règlements précédents, et qu'on dit, à
l'article 6.7.1.11 : Vente en détail d'aliments. Les entreprises de
vente en détail de produits alimentaires détenant des viandes ou
aliments carnés doivent répondre aux exigences suivantes...
Quelles sont les entreprises de vente de détail si ce ne sont pas les
5000 épiciers indépendants qu'on a au Québec? Je lis
l'article: Premièrement, l'emplacement où sont détenus les
viandes ou aliments carnés doit être distinct de l'emplacement des
autres produits alimentaires. Le plancher doit être exempt de fissures et
constitué de matériaux lavables et le recouvrement des murs et
des plafonds doit être lavable, on n'a rien contre cela. Cet emplacement
doit comprendre des comptoirs frigorifiques à une température
ambiante d'au plus 40 degrés centigrades, comportant des aires
distinctes exclusivement ré-
servées à l'exposition et à la conservation des
viandes et aliments carnés. Les comptoirs et étals doivent
être recouverts de matériaux durs, lavables, lisses et non
absorbants. Et on continue, ce qui fait en sorte qu'à partir de ce
règlement les officiers du ministère pourront aller faire
l'inspection dans toutes les épiceries du Québec, alors qu'on
nous avait dit cela avait été ce que l'ancien ministre de
l'Agriculture nous avait dit qu'il n'y avait pas assez d'inspecteurs et
qu'il n'y avait pas assez de budget pour engager les inspecteurs
nécessaires pour appliquer l'ancien règlement.
Aujourd'hui, on va beaucoup plus loin. On va aussi loin que de parler
des restaurants. Site des lieux de consommation. Article 6.7.1.13 c'est
compliqué Site des lieux de consommation: Un endroit public
où se consomment des viandes ou aliments carnés devra être
distinct et séparé de tout local insalubre et malpropre pouvant
occasionner une altération ou une contamination des aliments
consommés.
La prochaine étape ce sera un inspecteur à
côté de celui qui va manger de la viande dans les restaurants pour
s'assurer qu'à chaque bouchée la viande n'est pas
contaminée. C'est la prochaine étape et c'est la seule qui
resterait.
Une Voix: Approuvé Québec.
M. Roy: Pour voir si chaque bouchée aura bien l'estampille
Approuvé Québec. Si le ridicule faisait mourir, il y en aurait
plusieurs qui seraient en danger.
Mon collègue de l'Union Nationale, le député de
Mégantic-Compton, a dit qu'il allait voter pour la loi. Je ne veux pas
adopter une attitude négative en cette Assemblée mais je ne peux
pas, dans les circonstances, dans le contexte, faire en sorte que cette loi,
avec les règlements qui l'accompagnent, puisse recevoir
l'unanimité de l'Assemblée nationale. Si je suis seul à
m'opposer, dans les circonstances, ce n'est pas que je m'oppose aux
améliorations qu'on peut retrouver dans le projet de loi et aux
améliorations qu'on peut retrouver dans les règlements, mais je
dis que dans le contexte actuel, si je regarde la question de façon
globale, étant parfaitement conscient de la guerre d'usure dont vont
être victimes les propriétaires de ces petits
établissements, de ces commerces, une fois que ces règlements
seront adoptés, connaissant les intentions et les déclarations de
ceux qui seront chargés de leur application, je manquerais gravement
à mon devoir, étant conscient de ces faits, d'appuyer ce projet
de loi tel qu'il est présenté à l'heure actuelle, dans les
circonstances, et de faire en sorte que ce projet de loi reçoive
l'unanimité de l'Assemblée nationale du Québec.
Il y a quand même des limites pour abuser de l'Assemblée
nationale, pour abuser d'une population. Qu'on veuille créer des
fonctions, des "jobs", comme on dit à l'intérieur de la fonction
publique, les multiplier et surtout multiplier les services pour avoir le plus
possible de chefs de service, qu'on fasse en sorte en même temps de
paralyser et d'étouffer l'économie québécoise en
commençant par la première, par la base même de
l'économie qu'est notre économie rurale, notre économie
agricole, je dis qu'il commencerait à être temps que le
gouvernement se lève.
Les députés, debout! Je veux féliciter les
députés de Kamouraska et d'Arthabaska de s'être
levés. Le ministre dit qu'il endosse ces propos, mais j'espère
qu'on n'en demeurera pas seulement au stade des intentions et des
déclarations; il va falloir qu'on passe aux actes. Il va falloir que
l'actuel gouvernement réalise que la population du Québec l'a
élu ce n'est pas la première fois que je le dis, mais je
le répète encore une fois aujourd'hui le 15 novembre
dernier pour gouverner le Québec, pour l'administrer, pour apporter des
réponses aux préoccupations de la population, pour qu'on
développe le Québec, qu'on développe notre économie
afin que chaque individu, chaque entreprise puisse avoir sa place, jouer son
rôle dans le meilleur intérêt de la collectivité.
Qu'on cesse de se servir de l'appareil gouvernemental, surtout dans ces
milieux, pour créer des cartels et des monopoles qui ne servent que les
intérêts des grandes entreprises nationales et
multinationales.
S'il y a une formation politique qui nous a parlé, du temps
où elle était dans l'Opposition j'ai parlé comme
elle, dans le même sens contre l'emprise des multinationales au
Québec, c'est bien le parti politique qui, actuellement, a la
responsabilité et le mandat de gouverner le Québec. Il est temps!
Je ne suis pas contre les belles déclarations, je ne suis pas contre les
intentions pures, mais ce n'est pas tout de faire des déclarations, ce
n'est pas tout d'avoir des intentions, il va falloir que ce gouvernement passe
aux actes. Il a actuellement une occasion de poser un geste, de mettre un cran
d'arrêt à la bureaucratie et à la réglementation
abusives qu'on ne voit dans aucune autre province canadienne, qu'on ne retrouve
pas aux Etats-Unis. Je ne sache pas un seul endroit au monde où on soit
allé aussi loin qu'on va actuellement avec ce projet de règlement
qui sera adopté, si j'en juge d'après les déclarations du
ministre, aussitôt que la loi sera adoptée en troisième
lecture à l'Assemblée nationale.
Je souscris, en terminant, à la suggestion faite par mon
honorable collègue, le député de Mégantic-Compton,
laquelle avait été faite également par le
député de Montmagny-L'Islet. Il n'y a pas de presse.
Habituellement, l'Assemblée nationale ne siège pas à ce
temps-ci de l'année. C'est la première fois dans les annales
politiques du Québec que l'Assemblée nationale siège de
façon ininterrompue jusqu'au 24 août. Je m'explique mal pourquoi
on voudrait faire accepter à la vapeur ce projet de loi, alors qu'on
vient d'étudier d'autres projets de loi d'une très grande
importance et sur lesquels le gouvernement a mis toutes ses énergies et
même tous ses espoirs, les projets de loi nos 101 et 2. On se voit
obliger de discuter de ces projets de loi en même temps que celui-ci qui,
quand même, a son importance, qui a de nombreuses implications parce
qu'il s'agit du gagne-pain, de la vie même de petites entreprises
propriétés de familles qui ont toujours gagné leur vie
dans ce secteur.
En 1975 je serais curieux qu'une enquête soit faite
là-dessus lorsque la CECO a fait sa grande enquête devant
l'opinion publique, pour faire peur au monde, on a appris à la
population des choses épouvantables! Je serais curieux que le
ministère de l'Agriculture, en collaboration avec le ministère de
la Justice, fasse une petite enquête et qu'on nous dise ce qu'il est
advenu des chargements de viande saisis à l'époque dont personne
n'a entendu parler depuis et au sujet desquels aucun rapport n'a
été fait. Nous serions curieux, intéressés
même de connaître les résultats de ces enquêtes et
d'avoir une copie de ces rapports à l'Assemblée nationale. Si on
ne les a pas rendus publics, c'est parce qu'il y avait des raisons et les
raisons n'étaient peut-être pas celles qu'on aurait
espérées à l'époque.
On me permettra de souligner un point que j'oubliais. Suite à une
suggestion qui a déjà été faite, j'aimerais
demander au ministre de l'Agriculture s'il peut prendre en considération
les demandes que je lui fais. J'aimerais savoir à combien est
évalué, au niveau des officiers de son ministère, un
établissement réglementaire tel que suggéré par le
nouveau règlement.
J'aimerais demander au ministre de l'Agriculture je pense qu'il
ne m'écoute pas en ce moment si, au niveau de son
ministère, on a préparé un budget type quant au coût
de fonctionnement d'une entreprise suggérée, une entreprise
imposée par la réglementation. On serait en mesure de voir,
à ce moment-là, si ces entreprises seront rentables ou si ces
entreprises ne serviront pas simplement de tremplin pour permettre aux grandes
entreprises nationales et multinationales de venir à la rescousse, de
venir les acheter en vue de former leur réseau intégré le
plus rapidement possible. Ce sont deux points qui n'ont jamais fait l'objet,
à ce que je sache, d'études extrêmement sérieuses de
la part du ministère de l'Agriculture, surtout le dernier point:
à combien sont estimés les coûts de fonctionnement des
entreprises suggérées? On pourrait voir quelles sont les
implications que cela peut comporter relativement, évidemment, au prix
que le consommateur devra payer, parce que, en définitive, c'est le
consommateur qui en fera les frais. Il ne nous a pas parlé de cela.
Comme on prévoit, au niveau du crédit agricole, des
prêts à l'agriculture, des prêts à la transformation
de l'industrie agricole comme telle, il serait peut-être temps qu'on
examine, au niveau du crédit agricole, la possibilité de se
servir de l'Office du crédit agricole du Québec pour consentir
des prêts aux entreprises de transformation de produits agricoles. Le
ministre de l'Agriculture aurait là, je pense, un outil formidable. En
vertu des pouvoirs qui lui sont dévolus par la loi du crédit
agricole comme telle, on pourrait probablement doter le Québec, à
l'aide de crédits mis à sa disposition par l'Office de
crédit agricole, d'un réseau d'entrepôts, d'usines de
transformation des viandes, des entreprises de commercialisation. On pourrait
ainsi, au lieu d'éliminer les petites entreprises, de les
éliminer systématiquement, leur consentir des prêts
à faible taux d'intérêt de façon qu'elles puissent
se moderniser et répondre aux normes minimales de salubrité.
Le gouvernement pourrait également se servir de toute son
équipe de vétérinaires dans tout le territoire du
Québec. Ceux-ci, après être allés faire des visites
dans les entreprises agricoles, faire l'examen d'animaux malades, nous
déclarent que le lendemain matin, après que ces animaux eurent
été jugés impropres à la reproduction, ne pourront
plus servir pour l'industrie laitière, ces animaux malades, à
75%, prennent le chemin des abattoirs. Et les abattoirs où ils vont ne
sont pas, majoritairement, des abattoirs "Quebec approved", ce ne sont pas non
plus des petits abattoirs parce que les gars des petits abattoirs connaissent
les animaux. Ils vont dans les abattoirs "Canada approved". Qu'on examine ce
côté-là de la question et on se fera peut-être moins
d'illusions sur la fameuse estampille "Canada approved" et sur ses
exigences.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Jean-Talon.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Mme le Président, le projet de loi qui est
soumis à l'attention de cette Chambre aujourd'hui revêt un
caractère peut-être régional mais touche un nombre
considérable de citoyens du Québec. A titre d'ancien membre de
gouvernement, le problème de la réglementation concernant
l'abattage des animaux a retenu longuement notre attention, surtout à
cause des révélations qui avaient été faites devant
la CECO, quant à la vente et à la mise en marché de la
viande impropre à la consommation.
Je dirai que c'est peut-être sous l'impulsion des
révélations qui avaient été faites à ce
moment que le gouvernement a été tenté, peut-être
à bon escient, compte tenu des circonstances, de faire passer le pendule
du côté gauche au côté droit, d'un coup sec, sans
nécessairement avoir pris toutes les précautions d'usage pour
mesurer l'impact des lois que nous avons votées sur le plan
économique et surtout de la réglementation qui a
été édictée en vertu de ces lois.
M. le Président, je dois dire que l'ancien gouvernement, dans
cette affaire, a agi de bonne foi, autant que l'actuel gouvernement entend le
faire. Il a tenté de trouver une solution entre la
nécessité qu'il y avait d'assurer aux consommateurs
québécois des produits alimentaires sains et ayant subi un
certain nombre d'inspections et celle qui, elle, a un caractère plus
local, plus régional, qui est de rendre service d'abord aux
cultivateurs, sur la base régionale, et, deuxièmement, de
maintenir dans nos régions un nombre important de petites entreprises.
Je dirais également qu'il y a un troisième aspect qui, en plus de
rejoindre la qualité des produits offerts aux consommateurs, rejoint
tout simplement la nécessité d'approvisionner à meilleur
prix les régions rurales éloignées des grands centres. On
sait fort bien que les grands abattoirs, que les abattoirs régionaux
nécessitent du transport des animaux, transport vers l'abat-
tage, transport des produits finis vers les petits détaillants.
Ainsi, dans bien des cas et pour des types de viandes, une
réglementation trop sévère ou la recherche trop
poussée de la jonction de ces trois éléments fait en sorte
que des consommateurs québécois sont pris avec des produits qui
coûtent plus cher et, dans certains cas, se voient privés de
certains types de viande qui leur seraient accessibles beaucoup plus facilement
autrement.
L'ancien gouvernement a essayé d'agir de bonne foi comme l'actuel
gouvernement essaie de le faire, mais je dois dire au ministre que ce que
mentionnait tout à l'heure le député de Beauce-Sud est
parfaitement vrai. Je pense à plusieurs des membres de cette Chambre qui
siègent du côté ministériel. Je voudrais tout
simplement mentionner les discours que faisait le député de
Saguenay en cette Chambre, autant lorsqu'il a pressé le gouvernement de
faire quelque chose à cause des révélations de la CECO
que, par la suite, lorsqu'il pressait le gouvernement dans le sens inverse, de
protéger les petits abattoirs. Je sais que c'est un sujet difficile
à traiter.
J'invite le ministre à être très prudent dans la
réglementation parce que dans la loi cela peut aller, on peut être
tenté je crois qu'en ce qui nous concerne nous serions
tentés de voter pour la loi telle qu'elle est proposée.
Mais quand je vois une réglementation de trois quarts de pouce
d'épaisseur sur des feuilles 8 1/2x14 et que je constate toutes les
exigences qui seront faites aux petites industries, aux petits abattoirs
régionaux, je dis que le Parti québécois ne respecte pas
l'engagement qu'il a pris, devant cette population, de sauver et de maintenir
ces petites entreprises qui n'étaient pas les responsables des
événements ou des gestes posés et qui ont
été révélés par l'enquête de la
CECO.
M. le Président, il y a une différence, à mon sens,
entre la nécessité d'avoir une inspection des viandes qui doivent
être propres à la consommation et les obligations
méticuleuses que nous avons malheureusement mises nous aussi dans les
règlements alors que nous étions au pouvoir et qui sont
maintenues dans l'actuel règlement, après la courte analyse que
nous avons faite de ce côté-ci de la Chambre au cours des quelques
heures qui ont précédé ce débat. Malheureusement
cela n'a pas été très long. Nous constatons que la plupart
des dispositions sont encore là et que nous allons forcer les petits
abattoirs à disparaître à toutes fins pratiques. Ce que les
règlements demandent, ce n'est pas uniquement une inspection des viandes
avant l'abattage, au moment où l'animal est en vie, et après
l'abattage, mais c'est également tout un changement dans la structure
physique de l'endroit où l'animal est abattu.
Je suis bien d'accord qu'il faut avoir des conditions hygiéniques
dans les abattoirs. Mais quand je regarde les règlements et c'est
comme cela depuis un certain nombre d'années, même avant que les
révélations aient été portées à
l'attention de l'opinion publique il y avait dans les permis
Approuvé Québec et aussi dans les permis Approuvé Canada,
une foule d'obligations.
Je pense que dans des petits abattoirs, il n'est pas nécessaire
d'avoir des murs en acier inoxydable, d'avoir trois sortes de salles de
toilette pour l'usage des gens qui sont là, d'avoir des vestiaires,
d'avoir toutes sortes de choses qui, dans le fond, seraient absolument
nécessaires pour les abattoirs qui emploient 200, 300 ou même 50
personnes, et qui font l'abattage 24 heures par jour, cinq jours par semaine,
avec des équipes de huit heures. Ce serait peut-être
nécessaire, mais quand on tombe dans des petites entreprises qui
abattent une centaine de porcs par semaine, on sait que cela se fait facilement
sans la moindre organisation. Cela peut se faire dans une journée. Quand
on voit qu'un petit abattoir va peut-être desservir trois, quatre, cinq,
six, sept ou huit magasins de la localité ou des environs, je ne crois
pas que ce soit nécessaire, dans une réglementation
détaillée d'aller aussi loin que nous, nous sommes allés
dans notre temps, ce que vous vous apprêtez de continuer et même de
renforcer. Je dis qu'à ce moment, le parti ministériel n'aide pas
la petite entreprise au Québec et surtout ne règle pas le
problème ou l'objectif qu'il vise de l'inspection des viandes. Je crois
qu'il faut faire la distinction entre l'inspection, parce que ce qu'on mange
c'est l'animal... Dans ces petits abattoirs, en tous cas dans les
régions où j'ai vécu, dans les régions rurales
où j'ai vécu et où j'ai eu du côté de ma
famille des gens qui ont été mêlés à ce genre
de commerce, je n'ai jamais vu, parce que c'était un petit abattoir,
qu'on faisait exprès après l'abattage de prendre les porcs et de
les traîner sur le plancher sur une distance de 25 pieds uniquement pour
les salir. Cela ne se fait pas. N'importe qui d'intelligent sait que cela ne se
fait pas.
Je dirai plus que cela. Dans les petits abattoirs, les gens sont au
courant de la façon dont cela se passe. Le ministre a probablement
dû même s'il vient d'une région urbaine au
moins prendre quelques consultations, il en a peut-être visité
lui-même depuis qu'il est ministre de l'Agriculture. Il sait fort bien ce
qui se passe dans ces petits abattoirs. C'est que probablement le
propriétaire fait cela avec son fils ou encore il engage deux ou trois
voisins une journée pour l'aider à faire l'abattage. Tout le
monde le saurait et très rapidement si, dans un établissement de
cette nature, on traitait les animaux abattus dans des conditions qui seraient
complètement déraisonnables. Je pense, M. le Président,
que l'objectif qui devrait être recherché par le gouvernement
devrait être de faire l'inspection de la viande ou des animaux avant et
après l'abattage et de ne pas permettre que des animaux puissent
être abattus pour fins de consommation sans que quelqu'un du
ministère, un technicien ou un vétérinaire puisse,
même si l'inspection n'est pas faite dans le cas des tout petits
abattoirs qui abattent 25 ou 30 têtes, d'avoir nécessairement
quelqu'un la journée même, tout le temps, mais que ces petits
abattoirs soient au moins soumis à une inspection rotative, de telle
sorte que les gens ne sachent pas à quel moment l'inspecteur va arriver
et de quelle façon l'inspection va se faire: Que ce soit fait à
brûle-
pourpoint, de telle sorte qu'il y aurait toujours cette prudence qui
pourrait être exercée dans le cas des plus petits abattoirs et
d'être plus exigeant pour cette inspection totale lorsqu'il s'agit
d'unités d'abattage qui sont un peu plus considérables.
Je crois que l'objectif est de s'assurer que l'animal qui est abattu
pour des fins de consommation soit sain avant qu'il soit abattu et qu'il y ait
une vérification de faite après cet abattage.
M. le Président, il y a une autre raison pour laquelle
l'Opposition libérale va s'opposer à ce projet de loi, et je
demanderais au ministre de ne pas commettre l'erreur que nous avons commise. Il
me semble que cela est assez franc. On a fait une erreur dans le cas des petits
abattoirs et je lui dis: Si vous continuez comme cela, vous allez faire la
même erreur qu'on a faite. Pour vous éviter de faire cette erreur,
je vous suggère... Evidemment, si vous ne le faites pas, vous ne pourrez
pas dire qu'on ne vous l'avait pas suggéré, on essaye de vous
faire profiter d'une expérience qu'on a vécue et qui nous a
coûté cher, sur le strict plan électoral, parce que les
gens qui ont porté certaines choses à notre attention avaient
raison. Je pense que cela a été partagé, dans bien des
cas, par plusieurs cultivateurs, plusieurs personnes qui connaissaient bien le
secteur. Je dis au ministre, s'il ne veut pas commettre la même erreur
que nous avons commise, qu'il accepte donc la suggestion du
député de Montmagny-L'Islet, qui a été reprise par
le député de Mégantic-Compton.
Qu'il accepte d'avoir cette commission parlementaire pour analyser les
règlements avant qu'ils soient mis en application, pour être bien
certain que tout le monde tombe d'accord et que tout le monde sache de quoi ils
parlent, pour qu'enfin nous puissions avoir cet équilibre
recherché, celui de fournir une viande saine et diversifiée aux
consommateurs québécois, et cela dans quelque région du
Québec que ce soit. Je ne vois pas pourquoi dans un petit village,
à un moment donné, il ne pourrait pas y avoir de viande de porc
disponible, parce qu'il faut qu'elle vienne de l'abattoir régional qui
est à 75 ou 100 milles, que cela coûte trop cher et qu'ils ne sont
pas capables d'en obtenir. Donc, une viande qui soit saine à la
consommation, un approvisionnement qui soit de qualité et dans les
diverses sortes de viandes propres à la consommation; je pense que ce
sont là les deux premiers objectifs. Le troisième, est
également important parce que cela touche un nombre important de
travailleurs québébois. Ce n'est certainement pas le temps
d'avoir, par la fermeture de ces petits abattoirs, une augmentation du
chômage régional. Je pense que le ministre devra être
prudent, consulter tout le monde publiquement dans une commission
parlementaire. S'il le fait, peut-être pourra-t-il avoir la jonction de
ces trois éléments, ce qui ne nous paraît pas le cas
actuellement.
Nous ne ferons pas de débat-marathon sur ce projet de loi
je crois qu'il y aura peut-être une autre personne, de notre
côté, qui va intervenir mais nous voulons dire au ministre
et au gouvernement il me semble que c'est bien précis et bien
clair: Ne commettez pas la même erreur que le gouvernement
précédent a commise dans ce domaine. Essayez de
bénéficier de notre expérience. Si, pour vous faire
comprendre davantage ce point de vue, il fallait voter contre le projet de loi,
c'est ce que nous ferons. Nous espérons que vous allez entendre ce
message, que vous allez permettre la tenue de cette commission parlementaire
pour que, véritablement, les mesures législatives et
réglementaires que vous vous apprêtez à adopter permettent
d'améliorer la situation, mais aussi pour maintenir dans nos
régions des abattoirs qui sont de petites entreprises, mais qui rendent
service non seulement aux cultivateurs, mais aux consommateurs
québécois. Merci, M. le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, Mme le Président. Je m'en serais
voulu de ne pas intervenir sur le projet de loi 43. C'est quand même un
sujet fort intéressant, qui a quand même beaucoup d'impact dans
une région agricole et rurale comme la mienne, avec une économie
fondée à 34% ou 35% sur l'exploitation de l'agriculture chez
nous.
Ce n'est pas la première fois qu'on a l'occasion
d'échanger, de discuter ou d'étudier un projet de loi ou encore
un projet de règlement sur toute cette question de l'inspection des
viandes, cette question des abattoirs depuis quelques années.
Effectivement, vous vous rappelez sans doute l'adoption de la loi 31, il y a
quelques années, loi qui, un peu comme celle-là, visait
essentiellement à assurer une surveillance accrue sur les produits
agricoles et les aliments. Par contre, tout comme le projet de loi 43, c'est
une loi qui énonce des principes généraux, mais qui
confère un pouvoir réglementaire au Conseil des ministres, donc
au ministre responsable de l'application de la loi.
Mme le Président, avec tout le respect que j'ai pour les membres
de cette Assemblée, pourriez-vous mettre fin aux différents
caucus qu'il y a un peu partout, en arrière? Je ne sais pas si le
député de Rimouski est en train d'essayer de convaincre le
ministre de l'Agriculture de revenir sur ses positions et d'écouter
religieusement les commentaires formulés par les députés
de l'Opposition, ce serait peut-être de bon aloi, mais je vous
demanderais, Mme le Président, de ramener les députés
à l'ordre pour qu'on m'écoute religieusement.
M. Laplante: Un petit gars de première communion!
Mme le Vice-Président: Je demanderais aux gens qui, par
inadvertance, sans doute, se sont allumé une cigarette de vouloir bien
l'éteindre et, autant que possible...
M. Garneau: Vous allez contaminer la viande.
Mme le Vice-Président: ... de prendre des places,
même si ce ne sont pas les vôtres, de façon à ne pas
distraire M. le député de Portneuf.
M. Jolivet: C'est lui qui nous distrait!
M. Pagé: Non pas que ces personnes me distraient, Mme le
Président, bien au contraire, mais je pense qu'elles auraient tout
intérêt, déterminées qu'elles sont à
écouter mes propos qui témoignent et qui font foi d'une
expérience, à la lueur d'un projet de loi comme
celui-là.
Je vois le député de Joliette-Montcalm qui a un beau grand
sourire. Vous auriez intérêt, je suis certain, à
écouter parce qu'on a déjà discuté de projets de
loi comme celui-là.
M. Jolivet: Le projet de loi.
M. Pagé: Mon collègue de Jean-Talon, tout à
l'heure, a eu l'occasion de faire état de positions adoptées par
un gouvernement antérieur, mon gouvernement d'opposition, qui, comme
celui-ci en a fait état, comme il l'a avoué...
M. Chevrette: On vous sert de sujet de discussion.
M. Pagé: ... aurait résulté en ce qu'on peut
appeler aujourd'hui des erreurs.
Effectivement, Mme le Président, beaucoup d'encre a coulé
sur toute cette question. On se rappellera qu'à un certain moment tout
le monde au Québec croyait, tout au moins certaines gens voulaient le
laisser croire, qu'au Québec la viande que l'on consommait
n'était pas bonne. Je me rappelle qu'il y avait eu beaucoup d'oeufs
pourris à ce moment-là. La cause était apparemment les
petits abattoirs. On a voulu agir sur les petits abattoirs, même si on
n'avait aucun élément nous permettant de démontrer que le
problème était là. Une loi a été
adoptée, la loi 31 qui, comme je le disais tantôt,
prévoyait des mécanismes d'adoption de règlements.
Des règlements ont été présentés
auxquels des députés d'alors se sont opposés, même
si ces règlements avaient été présentés au
Conseil des ministres par un membre de notre équipe. Lorsque je parlais
tantôt d'expérience et d'intérêt pour les
députés d'écouter, c'est à ce stade-ci que je veux
bien leur signaler les faits suivants. Je parle particulièrement, Mme le
Président, aux députés ministériels qui ne sont pas
d'accord sur ce projet de loi. Ils doivent utiliser toute leur force, toute
leur pression, tout leur pouvoir pour faire en sorte que le ministre revienne
sur ses positions, sur certains éléments qui nous apparaissent
comme n'étant pas acceptables dans ce projet de loi, d'une part, et
d'autre part, que le ministre accepte de convoquer une commission parlementaire
pour entendre les parties.
Somme toute, qu'est-ce qu'il y a dans ce projet de loi? On dit que
l'inspection est obligatoire pour tous les abattoirs. Tous ceux qui voudront
abattre devront se prévaloir et faire une demande pour l'obtention d'un
permis, et ceux qui abattent et vendent directement au comptoir n'auront pas
besoin de permis.
Cela me semble tenter de courtiser un certain nombre de
propriétaires d'abattoirs en leur disant:
Ecoutez, vous autres, vous avez des droits acquis pour nous; si vous
n'arrêtez pas votre commerce pendant douze mois, si vous continuez votre
commerce, vous pourrez y aller sans être obligés de vous soumettre
à l'obtention d'un permis. Les autres qui ne vendent pas directement la
viande au comptoir, vous allez fermer.
Mme le Président, je ferai, à l'actuel ministre de
l'Agriculture, les mêmes remarques que je formulais à son
prédécesseur, quand je lui disais: Ce ne serait pourtant pas
compliqué d'adopter une loi, des règlements qui permettraient une
inspection, qui permettraient tout d'abord de garder les immeubles qu'on a
actuellement, les commerces qu'on a, de les garder ouverts, et de mettre sur
pied une inspection ante mortem. Cela pourrait impliquer un abattage
périodique, c'est faisable et possible.
Dans votre loi, vous dites que le ministre se donne le pouvoir de
réglementer les heures d'abattage, vous pourriez le faire sous le
couvert de cet article. Je suis d'accord pour dire qu'il y a des petits
abattoirs au Québec, dans les milieux ruraux notamment, qui abattent un
nombre pas trop élevé d'animaux par semaine, mais qui ont leur
importance dans le milieu. Il pourrait y avoir dans ces cas-là une
inspection ante mortem, même si elle est rotative, avec des jours
d'abattage prévus, avec tout le personnel nécessaire à une
inspection saine avant que l'animal soit abattu et aussi après
l'abattage de l'animal.
Il n'aurait pas été compliqué, Mme le
Président, dans les règlements qui, soit dit en passant, ont
été déposés seulement ce matin, d'adopter des
normes qui n'auraient pas obligé les propriétaires d'abattoir
à investir des sommes allant jusqu'à $150 000 ou $200 000. Il me
semble que, pour qu'une viande soit saine, il n'est pas obligatoire d'avoir un
stationnement de telle superficie, il n'est pas obligatoire d'avoir des
toilettes pour les deux sexes, il n'est pas obligatoire d'avoir toute une
nomenclature de critères, de conditions rattachées à
l'obtention du permis.
Le ministre l'a déjà dit lui aussi ici même en
Chambre en réponse à une question qu'un député de
l'Opposition lui formulait. Je me rappelle et j'espère le citer le plus
fidèlement possible, il nous avait dit: J'ai demandé à mes
inspecteurs de regarder surtout la viande et d'arrêter de regarder les
plafonds. Je suis certain que mon collègue de Mégantic-Compton se
le rappelle. Et les craques dans le plancher, ce sont les termes qu'il avait
utilisés à l'époque. J'espérais, à ce
moment, que des commentaires comme ceux-là témoignaient d'une
prise de conscience réelle des besoins du milieu et que cela allait par
la suite se refléter, se reproduire dans le règlement qui a
été déposé ce matin.
Qu'est-ce que cela coûterait au gouvernement de convoquer une
commission parlementaire pour vraiment entendre les parties, discuter avec
elles des besoins du milieu, discuter avec les agriculteurs pour voir s'ils
sont d'accord sur ce principe? Il ne faut pas oublier, Mme le Président,
que dans certaines régions du Québec la loi aura un effet tel
qu'il n'y en aura plus d'abattoir. Cela coûtera cher au producteur
agricole pour aller faire abattre son
boeuf, son porc ou autre. Qui aura le contrôle? Ce ne sera pas la
petite entreprise, ce ne sera plus la petite entreprise dans ces
régions. Ce sera pour employer une bonne expression le
"free for all", ce seront encore les grosses entreprises, comme nous le
signalait tantôt le député de Beauce-Sud, qui a quand
même une expérience à ce chapitre, qui a travaillé
longtemps dans ce dossier.
Je soumets respectueusement ceci au ministre de l'Agriculture.
J'espère que mon intervention ne sera pas considérée par
le ministre comme en étant une d'obstruction. Au contraire, je veux que
mes propos soient considérés comme étant cons-tructifs. Ce
sont des commentaires suite à une expérience vécue dans un
milieu donné et particulièrement dans une formation politique
où on a été placé face à ce problème.
Je dis ceci au ministre: Regardez donc la possibilité d'avoir des normes
qui seront moins onéreuses pour l'obtention d'un permis. Envisagez donc
plus sérieusement la possibilité d'une inspection partout, mais
avec une inspection ante mortem, avec la fourniture du personnel suffisant pour
être là au moment de l'abattage, même si on doit prescrire
un abattage périodique dans certaines régions où la
densité de l'abattage est plus faible. Regardez donc la
possibilité de vous associer plus étroitement avec le monde
agricole, avec les agriculteurs. A de nombreuses reprises, le ministre s'est
fait fort d'avoir de nombreux échanges; il a déjà dit en
Chambre qu'il était le ministre de l'Agriculture qui était sorti
le plus souvent depuis une trentaine d'années. Je l'invite à
sortir encore, à continuer, à discuter avec les agriculteurs pour
voir si c'est vraiment là le projet de loi dont ils ont besoin.
Je dirai ceci en terminant au ministre. Ce n'est pas dans les petits
abattoirs, Mme le Président je ne sais pas si vous en avez chez
vous qu'on a trouvé de la viande qui était impropre
à la consommation. Non. Les petits abattoirs ce sont des commerces qui
fonctionnent dans un milieu donné, dans une petite municipalité
avec les clients de la municipalité. C'est une relation amicale, bien
souvent. C'est le cas pour moi personnellement, mon boucher je le connais
personnellement, c'est une petite boucherie. Il n'y a rien de "stainless" dans
cela, puis ce n'est pas un investissement de $300 000, mais je sais que la
viande que je mange, elle est bonne. Je pense que j'en témoigne, je suis
assez en forme. Il n'y a rien là, comme on dit.
M. Jolivet: Ah!
M. Pagé: Le député de Laviolette pourra dire
ce qu'il voudra, il pourra dire ce que bon lui semble, mais je suis en pleine
forme et la viande que je mange d'un abattoir de chez nous...
M. Jolivet: Cela fait deux semaines qu'il n'est pas
là.
M. Gagnon: II revient de vacances.
M. Pagé: ... qui est un petit abattoir qui n'est pas
inspecté, elle est bonne. La mauvaise viande, elle n'est pas là.
Entre ces petits commerces et le client, il y a une relation de confiance, il y
a une relation de bonne foi. Ce ne sont pas ces gens qui vont passer de la
"scrap" à leurs clients, ce n'est pas le cas.
Je termine, parce que je vois, Mme le Président, que vous
regardez l'heure avec beaucoup d'attention, je ne sais pas combien il me reste
de temps, mais je termine en disant ceci: Respectueusement, je demande au
ministre, j'insiste avec beaucoup de ferveur, pour qu'il convoque une
commission parlementaire dans les plus brefs délais. S'il écoute
les commentaires de ses collègues, je suis certain qu'il verra qu'on
n'est pas les seuls, de l'Opposition officielle, à vouloir une
commission comme cela. Je ne veux pas faire de présomption, mais le
député de Champlain, mon bon ami, qui est fort sensibilisé
aux problèmes agricoles, je suis certain qu'il serait d'accord avec moi
pour qu'on ait une commission parlementaire d'ici quelques semaines...
M. Jolivet: ... présomption.
M. Pagé:... pour qu'on s'assoie, qu'on discute
objectivement avec les gens concernés par l'adoption du projet de loi.
D'autre part, que le ministre prenne quelques jours pour regarder attentivement
les commentaires qui ont été formulés par les membres de
l'Opposition qui ont eu à être confrontés à une
situation analogue, il y a quelques années, et qui peuvent, aujourd'hui,
faire profiter cette Assemblée de l'expérience qu'ils ont
vécue relativement à l'application de ce projet de loi. Comme en
a fait part le député de Jean-Talon, cela risque de faire fermer
une foule de petits commerces au Québec. Cela contribuera à
augmenter le chômage, d'autre part, et, enfin, cela ne répond pas
aux aspirations de la très grande majorité des gens
concernés par ce projet de loi. Je vous remercie.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, Mme le Président. J'aimerais
émettre quelques brèves remarques sur le projet de loi no 43 qui
est en discussion devant nous aujourd'hui en deuxième lecture,
étant donné que je représente également un
comté à forte densité agricole, qui a connu les
problèmes des petits abattoirs; où, plus
précisément, devrais-je dire, nos petits abattoirs ont connu les
problèmes auxquels fait référence le projet de loi no 43,
situation qui est en discussion d'ailleurs depuis déjà plusieurs
mois et même quelques années.
J'ai eu l'occasion de prendre connaissance, de façon très
rapide, du règlement qui a été déposé
aujourd'hui par le ministre de l'Agriculture en rapport avec son projet de loi
no 43. J'aurais évidemment aimé, comme d'autres l'ont
souligné avant moi, que cette importante réglementation on
voit quel document imposant cela représente qui est
rattachée directement au projet
de loi, soit déposée bien avant à
l'Assemblée nationale pour que nous puissions en prendre connaissance
plus à fond afin de pouvoir apporter une évaluation plus
exhaustive et plus complète des propositions que nous fait aujourd'hui
le ministre.
A première vue, certaines des indications fournies par ce
document nous laissent croire à certaines améliorations dans ce
domaine; d'autres données, par contre, qui paraissent dans ce document
nous laissent largement sceptiques, et de nombreuses questions se posent
à ce sujet. On aura l'occasion, lors de l'étude en commission
article par article, d'aller plus à fond dans la question, mais j'aurais
aimé qu'on ait davantage le temps d'étudier en profondeur ce
document avant même d'aborder la question de la deuxième lecture.
Je regrette même qu'on ait à discuter de ce problème dans
une fin de session, alors que nos travaux sont quelque peu bousculés, et
qu'on doive activer passablement le rythme des travaux parlementaires.
J'espère une chose et j'insiste sur ce point; il a d'ailleurs
été souligné tout à l'heure par le
député de Beauce. J'espère que cette
réglementation, comme ce projet de loi, corrigera vraiment la situation,
qu'elle ne sera pas simplement un cataplasme sur une jambe de bois ou qu'elle
ne sera pas simplement de nature à perpétuer, par le biais, la
situation déplorable dans laquelle se trouvent nos petits abatteurs
actuellement. De façon plus précise, j'espère que ce
projet de loi, comme sa réglementation, ne contribuera pas tout
simplement à maintenir sur une plus longue période l'agonie de
nos petits abattoirs. Nous aurons évidemment à éclaircir
cette situation. Le ministre pourra nous donner son argumentation de fond sur
la question. Il pourra également développer le contexte dans
lequel il a établi ces règlements et il pourra peut-être
justifier sa position et nous donner l'éclairage que nous demandons
à ce sujet.
Nos petits commerçants, nos petits abatteurs ont
été suffisamment soumis à toutes sortes de
persécutions jusqu'à présent, à toutes sortes de
tortures de la part du ministère de l'Agriculture pour que maintenant on
leur accorde l'attention qui leur revient; surtout, que l'Assemblée
nationale prenne le temps de se pencher de façon adéquate sur
leurs problèmes afin d'apporter des solutions non pas à courte
vue, mais des solutions qui leur permettent d'entrevoir l'avenir sous un jour
meilleur, qui leur permettent de continuer à exister tout en modifiant,
d'accord, certaines données de leur exploitation agricole, mais toujours
dans une mesure raisonnable. J'espère que ce projet de loi no 43, qui
est devant nous aujourd'hui, pourra apporter cette assurance, ce gage de
sécurité à ces entrepreneurs de chez nous qu'on ne doit
pas négliger, dont le monde agricole a besoin, d'un côté,
mais également le monde de l'économie. Si petits soient-ils, ces
commerces représentent quand même un nombre important
d'emplois.
Ils représentent également la possibilité pour nos
consommateurs québécois d'aller chercher des biens de
consommation à leur portée, dans leur milieu. Et, là, on
doit penser en termes de milieu rural et non pas en termes de grandes
agglomérations urbaines.
Le ministre et je profite de l'occasion de cette deuxième
lecture pour souligner ce fait a sûrement rencontré, je ne
sais pas si on pourrait appeler cela le mur du son, mais un mur en tout cas, le
mur de la technocratie. Je pense que cela a peut-être été
une de ses premières déceptions, il n'est pas obligé de
nous le dire. Il peut le garder dans le secret de son coeur, comme plusieurs
ministres de l'Agriculture qui se sont succédé en cette Chambre
ont dû le faire, j'imagine. Il pourra garder dans le secret de son coeur
cette triste constatation qu'il a sûrement dû faire en arrivant au
ministère de l'Agriculture, celle d'avoir découvert le royaume
immuable de la technocratie, un royaume quasi éternel qui a ses racines
jusqu'au tréfonds du ministère et qui, souventefois, paralyse
même un ministre dans ses actions, si bonnes soient ses intentions au
point de départ.
Ce mur immuable, c'est donc le royaume de cette technocratie, de ces
grands penseurs qui se donnent, malheureusement trop souvent, comme mission de
créer des "enfarges". Je ne parle pas de tous les technocrates, parce
qu'il y en a qui sont vraiment des hommes d'affaires, des gars qui ont les
pieds à terre et qui veulent apporter les vraies réformes en
tenant compte de la réalité. Ce n'est pas tout le monde, je veux
être bien clair ici. Par contre, il y en a d'autres de la
catégorie qu'on pourrait appeler, d'une façon fort
intellectuelle, les "pelleteux de nuages", ceux qui se donnent souvent pour
mission de tricoter des tuques, sans regarder la grosseur des têtes
avant.
On en a un bon nombre et on peut les reconnaître d'un
ministère à l'autre, on peut les retracer. On les
reconnaît, pas au premier coup d'oeil, mais à la première
pièce législative à laquelle ils s'apparentent. Parce que
c'est toujours le même problème. Ils sont bien loin de la
réalité. Ils ne peuvent pas s'enfarger dans les fleurs du tapis
à la hauteur où ils volent. Ce n'est pas possible. D'autres
ministres en cette Chambre ont peut-être rencontré le même
écueil. Cela demande une force d'esprit, une volonté de fer pour
être capable de passer à travers ce mur qui, malheureusement,
empêche souvent des bons projets de se réaliser. C'est dur pour un
ministre, parce qu'en plus d'avoir souvent des difficultés à
faire adopter un projet de loi à l'Assemblée nationale, il doit
en plus se battre à l'intérieur de sa propre demeure, à
l'intérieur de son ministère. Cela devient un être
éternellement tiraillé entre deux sources de bataille, quelqu'un
qui, malheureusement peut-être, à bout de souffle à un
moment donné, se dit: Cela doit être comme cela; si c'est comme
cela, on va continuer jusqu'à ce que cela change de gouvernement.
Là, le ministre de l'Agriculture même espère que cela
change de gouvernement. Il espère que le prochain ministre de
l'Agriculture sera capable, lui, de surmonter cette difficulté. Mais
c'est comme un fil d'araignée et je pense que c'est bien ancré.
Je badine un peu en décrivant cette situation, mais ce n'est pas unique
au Québec, Mme le Président, et je vois que cela vous
préoccupe également beaucoup.
Ce n'est pas unique au Québec. Vous vous rappellerez d'ailleurs,
à ce sujet-là, que même le président Carter,
à son arrivée au pouvoir aux Etats-Unis, a souligné
clairement le problème de cette espèce de lierre que constitue le
fonctionnarisme à outrance, bien assis, feutré, calfeutré
qui reste en place d'éternité en éternité, de
ministre en ministre, de gouvernement en gouvernement et qui, lui, met les
mécanismes qu'il veut dans la législation, alors que les
ministres, comme les feuilles d'automne, changent.
Je voulais insister sur ce fait à l'intérieur du projet de
loi 43, parce que le ministre a sûrement rencontré ces
difficultés. D'ailleurs, le député de Jean-Talon, dans
l'exposé qu'il a fait tout à l'heure a également fait
allusion à cette situation. Il a eu l'honnêteté de
reconnaître qu'eux aussi avaient trébuché sur cet
écueil et qu'ils avaient été aux prises avec cette patate
chaude du fonctionnarisme, qu'ils avaient buté sur ce caillou
passablement gros et qu'ils en subissent maintenant les conséquences. Ce
n'est pas uniquement pour cela que l'ancienne administration a
été battue, mais il y a cela "itou".
Mme le Président, je pense que le ministre devrait se servir de
cette première pièce législative qui est sienne maintenant
pour asseoir son autorité, celle qui lui a été
confiée par les citoyens du Québec, d'une part, et aussi par son
premier ministre, pour asseoir son autorité en matière
d'agriculture, de sorte que ce soit lui le répondant des politiques du
ministère. Mais que ces mêmes politiques du ministère
soient vraiment les siennes et qu'il ne se contente pas d'être simplement
le haut-parleur des fonctionnaires.
J'avais d'ailleurs fait un exposé en cette Chambre,
déjà, il y a quelques années, à l'ancien titulaire
du ministère de l'Education, l'honorable François Cloutier,
à l'occasion de débats qui avaient cours à ce moment et
qui touchaient l'essence même du monde de l'éducation au
Québec. Il était tombé exactement dans le même
panneau. Le député de Beauce-Sud me fait signe qu'il se rappelle
ces débats à l'époque, où je mettais le ministre en
garde contre le fait de devenir simplement le haut-parleur de hauts
fonctionnaires. Dans le monde de l'éducation c'est peut-être
encore plus prononcé que dans d'autres.
Mme le Président, plus spécifiquement sur le projet de loi
no 43, je vous rappellerai simplement que nos petits abatteurs ne sont pas les
gars qui sont contre l'inspection, loin de là. Je n'ai pas l'intention
d'être long là-dessus, mais je pense que ce n'est pas là
non plus que la CECO a trouvé le plus de coupables en ce qui concerne la
viande avariée. Ce n'est pas là non plus que le plus de reproches
doivent être adressés. Je pense que c'était dans les
grandes entreprises. Sans citer de noms, Mme le Président, je vous dirai
que j'ai eu connaissance de certains cultivateurs qui, lorsque leurs
bêtes étaient atteintes de certaines fièvres, n'allaient
pas les porter à l'abattoir du coin. Ils connaissaient trop le gars et
le gars connaissait trop les animaux. Ils allaient porter ces bêtes dans
de grands abattoirs.
Que vous le vouliez ou non, Mme le Président, vous avez
peut-être été en contact, grâce à ce
système bien organisé, avec ce genre d'animal. Je pense qu'il
nous faut agir avec beaucoup de prudence dans ce domaine, et j'attire
l'attention du ministre sur le fait qu'il doit le faire aussi à
l'intérieur de son projet de loi maintenant.
Le député de Mégantic-Compton a très bien
décrit la situation. C'est pourquoi je ne parlerai pas plus longtemps,
Mme le Président. Il a demandé au ministre d'être prudent,
de prendre le temps qu'il lui faut. On n'ira pas jusqu'à demander trois
mois de plus pour étudier ce projet de loi, mais on demande, et on
insiste auprès du ministre pour que, d'ici la troisième lecture,
on entende en commission parlementaire quelques-uns des principaux
intéressés pour qu'avant de figer définitivement les
grandes lignes de ces modifications à la loi, on puisse avoir les
opinions des principaux concernés. Je voudrais, M. le ministre,
simplement vous remercier ou vous féliciter d'avoir tiré la ligne
au bon endroit dans le problème en question. Peut-être aussi,
à l'occasion, pourrais-je vous transmettre d'autres recommandations et
des suggestions qui pourraient être fort positives pour protéger
ces petites entreprises de chez nous.
Mme le Président, je terminerai pour le moment, au grand plaisir
de certains de mes collègues, mon intervention. Je demanderai au
ministre, en terminant, d'être extrêmement prudent et de tenir
compte de nos recommandations. Sur ce, Mme le Président, je vous
remercie infiniment.
Une Voix: Au revoir.
Mme le Vice-Président: M. le ministre exercera-t-il son
droit de réplique?
M. Brochu: Je remercie le ministre des Consommateurs, des
Coopératives et des Institutions financières de sa
collaboration.
Mme le Vice-Président: M. le ministre. M. Jean
Garon
M. Garon: Mme le Président, j'écoutais les
interventions des différents députés qui ont parlé,
et je m'apercevais, dans ce dossier comme dans beaucoup d'autres, dans tous les
dossiers, en réalité, où il y a des gros, des moyens et
des petits, que les problèmes sont toujours difficiles à
régler. On s'aperçoit rapidement que tout le monde veut aller au
ciel mais personne ne veut mourir.
Quand j'ai présenté le règlement à la
Chambre, j'avais dit que je le présenterais, je ne pensais pas qu'on
délibérerait aussi rapidement.
Mais j'ai su, ce matin, que c'est l'Opposition libérale qui a
demandé d'étudier le projet 43 parce qu'elle n'était pas
prête à procéder sur un autre projet de loi. Je pensais
qu'on étudierait ce projet de loi demain ou après-demain et que
vous auriez un certain délai. Le projet de règlement, ce n'est
pas au stade de la deuxième lecture qu'il est vraiment
nécessaire; c'est plutôt à l'étude, article par
article, puisque c'est le principe de la loi qu'on étudie à ce
moment-ci. Je pense que c'est un des
seuls cas, dans les dernières années en Chambre, où
un ministre montre le projet de règlement aux députés
avant l'adoption du projet de loi. Dans le passé, ceux qui ont une
longue expérience parlementaire m'ont dit que cela ne s'était
à peu près jamais fait parce que les ministres avaient trop
peur.
Concernant le règlement, je l'ai passé aux
députés, je l'ai déposé à ce moment-ci pour
qu'il y ait un éclairage et non pas pour discuter du projet de
règlement lui-même, mais discuter du projet de loi, qui, je pense,
est foncièrement bon. Je pense qu'il tient compte des différents
problèmes qui peuvent exister dans ce secteur et il amorce un
progrès considérable sans aller trop loin. On ne peut penser que
toutes les réformes peuvent se faire d'un coup sec. Pas plus dans ce
domaine que dans d'autres. On me demande si j'ai consulté. Oui, j'ai
consulté des associations, j'ai rencontré les différentes
associations qui sont dans le domaine de la viande. Vous savez c'est là
le dilemme, on me dit: Vous auriez dû discuter du projet de loi avec les
associations. En même temps il y avait le député du
comté de...
M. Brochu: Orford.
M. Garon: ... d'Orford qui me disait: L'avez-vous montré
à d'autres avant de nous le montrer? Il m'accusait presque de l'avoir
montré à d'autres. J'ai dit: Non, on a consulté avant de
le rédiger. Le projet de loi sera discuté, il sera adopté
en deuxième lecture. Il y a plusieurs éléments qui se
retrouvent dans le règlement et non pas dans le projet de loi. Le projet
de loi tel qu'il est, avec les amendements que j'ai annoncés ce matin,
est foncièrement bon. J'ai dit, non pas en commission parlementaire,
mais une fois que le projet de loi sera adopté en deuxième
lecture, que je consulterais encore une fois les différentes
associations, qui ne sont pas très nombreuses, pour réviser une
dernière fois le règlement, voir s'il n'y aurait pas des points,
ici et là, qui nous auraient échappé. Mais je pense que,
dans l'ensemble, le projet de loi et le projet de règlement sont
bons.
Concernant ce qui a été mentionné au point de vue
des petits abattoirs qui vont se moderniser et qui seront sous inspection
permanente, il faut dire qu'il y a une indemnisation qui va être
versée à ceux qui vont désaffecter leurs petits abattoirs
qui ne sont pas inspectés, ce qui peut correspondre à 5%, 10%,
15% du coût de la construction d'un nouvel abattoir. En plus, il y aura
une subvention qui peut aller jusqu'à 35% du montant investi. Cela veut
dire, à toutes fins pratiques, que le gouvernement va subventionner 40%
à 50% du coût de construction du nouvel abattoir qui va être
sous inspection. Il n'y a pas un domaine dans lequel le gouvernement est
allé aussi loin et a subventionné presqu'à 50% la
construction d'une nouvelle entreprise.
Le député de Mégantic-Compton a parlé de
consultation à travers la province. Je n'ai jamais parlé de faire
promener une commission parlementaire à travers la province comme l'a
fait le ministre des Consommateurs, Coopératives et Ins- titutions
financières, mais de consulter les gens du milieu, c'est-à-dire
les gens qui étaient concernés par ce problème, et nous
l'avons fait. On a également parlé de trois inspections. Vous
savez, l'inspection ante mortem n'est pas une très grosse inspection.
Quand vous voyez des photographies d'inspections ante mortem dans les
expositions agricoles au ministère de l'Agriculture, vous voyez un
inspecteur qui a une main sur la vache ou sur le boeuf. Il regarde s'il a
quatre pattes, il regarde s'il n'est pas mort d'avance. C'est un peu une
inspection comme celle-là, puisque c'est la deuxième inspection
qui est la grande inspection, où on inspecte les viscères. C'est
un peu un regard sur la vache ou le boeuf pour voir s'il a l'air normal, pas
pour voir s il est aveugle.
Quant aux délais d'application dont a parlé le
député de Mégantic-Compton il a parlé d'au
moins un an ils ne sont pas encore fixés, ne sont par encore
énumérés puisque la loi, au dernier article, dit bien que
c'est sur proclamation. Evidemment, il y aura un délai et un
délai raisonnable, mais, dans mon esprit, le délai va
dépasser un an. Supposons que la loi soit adoptée d'ici la fin de
semaine. On révise le règlement et on l'adopte d'ici le 15
septembre.
C'est évident que les gens n'auront pas le temps de se construire
d'ici le 31 décembre pour être sous inspection ceux qui
veulent le devenir cela prend un délai plus long que cela et,
dans mon esprit, cela pourrait prendre environ 18 mois, mais ce n'est pas
encore un délai fixé. Mais c'est, je veux dire, un délai
raisonnable pour que les gens aient le temps de connaître le
règlement, de se faire expliquer le règlement, et j'ai
l'intention, également, dans cette perspective, d'utiliser non pas les
inspecteurs qui font du travail d'inspection, mais tous les services
vétérinaires qui sont dans les différents bureaux de
l'Agriculture, dans toute la province pour rencontrer les propriétaires
d'abattoirs et leur expliquer le règlement, les indemnités et les
subventions possibles.
Concernant le député de Beauce-Sud, il a charrié un
peu, il est allé beaucoup plus loin que je pensais, il ne lui manquait
que l'estampille sur la bouchée. Je pensais qu'à un moment
donné il dirait qu'on irait jusqu'à mettre une estampille sur la
bouchée entre le moment où le consommateur prendrait une
fourchetée dans son assiette en l'amenant à sa bouche. On n'ira
pas jusque-là, et il n'y aura pas d'inspecteurs dans les
épiceries et dans les restaurants d'une façon permanente, non
plus. Il s'agit tout simplement, comme on l'a dit dans le projet, que la vente
en gros serait réservée à des abattoirs ou à des
institutions qui sont sous inspection permanente. Evidemment, il faudrait que
les inspecteurs, d'une façon intermittente, aillent faire le tour des
établissements pour voir s'il n'y a pas de viande qui ne provient pas
d'abattoirs sans inspection.
Les premiers qui vont le demander, qui sont très contents de cela
et qui veulent que cela se fasse, ce sont justement les abattoirs qui vont se
transformer sous inspection permanente parce qu'ils veulent que cette
inspection donne quelque chose. Ce n'est pas mon intention non plus, et
j'ai
travaillé énormément là-dessus, on a
parlé de différents domaines dont s'occuperait un peu un ministre
du Travail dans un domaine comme ceux-là. Il y a des choses,
évidemment, que je ne peux pas dire. Si je fais mes mémoires
comme le député de Johnson, à un moment donné, je
pourrai en parler. Evidemment, je n'ai jamais voulu qu'on remplace des petits
par des gros.
Dans mon esprit, je souhaite que le plus grand nombre de petits
abattoirs deviennent des abattoirs sous inspection pour qu'il y en ait le plus
possible dans la province. C'est ce qui m'a guidé dans tout mon travail
sur ce projet de loi. Quant au Québec Approuvé et Approuvé
Canada, dont parlait le député de Beauce-Sud, je peux lui donner
une consolation, c'est qu'après le référendum, ce seront
tous des Approuvé Québec. Je vous remercie.
Mme le Vice-Président: La motion du ministre de
l'Agriculture proposant la deuxième lecture du projet de loi no 43
sera-t-elle adoptée?
M. Giasson: Vote enregistré, Mme le Président.
M. Brochu: Vote enregistré.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Mme le Président, est-ce que vous m'accordez la
parole?
Mme le Vice-Président: Oui.
M. Lavoie: Vous devriez vous asseoir, je vais...
Mme le Vice-Président: J'ai rappelé les gens
à l'ordre pour que vous puissiez parler, M. le député de
Laval. A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader de l'Opposition officielle, sur une question de règlement,
dites-vous?
M. Lavoie: Non, je voudrais seulement rappeler à cette
assemblée l'existence de l'article 107 pour les fins du journal des
Débats et pour l'avenir également, parce que cela fait deux ou
trois occasions qui se présentent où le vote est retardé
par le côté ministériel. L'article 107...
M. Burns: Mme le Président, j'invoque le
règlement...
M. Lavoie: Un instant, j'ai la parole sur une question de
règlement.
M. Burns: Voyons donc!
M. Lavoie: L'article 107, deuxièmement...
M. Burns: Cela a toujours été, qu'est-ce que c'est
ces affaires-là?
M. Lavoie: ...lorsque le président juge que le
délai d'appel a été suffisant...
M. Burns: Voyons donc, voyons donc!
Mme le Vice-Président: A l'ordre! J'ai très bien
compris.
A l'ordre, s'il vous plaît, à l'ordre! M. le leader de
l'Opposition officielle, je vous ferai une remarque quand nous aurons
terminé le vote. Cette assemblée est maintenant...
M. Lavoie: Mme le Président, je veux I avoir tout de
suite, ma remarque.
Vote de deuxième lecture
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle, vous venez justement de me dire que c'est moi qui décide
maintenant.
Cette assemblée est appelée à mettre aux voix la
motion du ministre de l'Agriculture proposant que soit lu la deuxième
fois le projet de loi no 43, Loi modifiant la Loi des produits agricoles et des
aliments.
Que ceux qui sont en faveur de cette motion, veuillent bien se lever,
s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Burns, Couture,
Bérubé, O'Neill, Mme Payette, MM. Proulx, Garon, Chevrette,
Michaud, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Vaugeois, Martel, Fallu,
Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante,
Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Lacoste, Perron,
Brassard, Clair, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau,
Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Grenier, Russell, Goulet,
Fontaine, Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson.
Mme le Vice-Président: Contre. Que ceux qui sont contre
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Lalonde, Forget, Garneau, Goldbloom, Larivière, Saindon,
Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM. Lamontagne, Giasson, Blank, Caron,
O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault,
Springate, Roy.
Mme le Vice-Président: Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 52 Contre: 24
Abstentions: 0
Mme le Vice-Président: Motion adoptée. Une Voix:
Qu'est-ce qui s'est passé?
Mme le Vice-Président: Simplement une petite incidence, M.
le leader de l'Opposition officielle; une incidence. Je vous répondrai
à la suite de ce que j'ai entendu, tantôt. Pendant un certain
temps, les trois whips étaient encore debout. Une autre chose qui est
peut-être intervenue dans le fait que j'ai retardé le vote, c'est
que vous aviez un de vos députés à qui il manquait des
roulettes à
son fauteuil et qui ne pouvait pas s'asseoir. Il faut absolument que les
députés soient assis pendant le vote.
M. Lavoie: Je vous remercie, Mme le Président. Il y a
peut-être un de nos députés dont le fauteuil manque de
roulettes, mais je croyais que vous vouliez émettre votre regret
à l'effet qu'il n'y avait que six ministres présents sur 26 lors
du vote. Je croyais que c'était le regret que vous vouliez exprimer.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Lamontagne: J'aimerais qu'on fasse enquête sur le voleur
de la roulette également.
Mme le Vice-Président: Oui, je pense que les membres de
cette Assemblée se sentent un peu comme des écoliers quand les
vacances approchent. C'est peut-être le moment où les gens ont
envie de se jouer quelques petits tours pendabîes. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le leader du gouvernement.
Motion de renvoi à la commission de
l'agriculture
M. Burns: Je propose que le projet de loi no 43, que nous venons
d'adopter, soit déféré à la commission permanente
de l'agriculture pour étude article par article.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Brochu: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Avant d'appeler le prochain article, contrairement
à un certain nombre de consultations... Non, pas contrairement aux
consultations, mais contrairement à certaines affirmations que j'ai
faites, à un certain nombre de représentants et du
côté ministériel et du côté de l'Opposition,
je dirai ceci. J'avais indiqué que possiblement nous siégerions
ce soir à 20 h 15. La bonne nouvelle la mauvaise viendra
après est que nous ne siégerons pas ce soir.
Des Voix: Ah!
M. Marchand: II n'y a pas assez de ministres?
M. Burns: Nous ne siégerons pas ce soir. Une autre bonne
nouvelle. La raison est bien simple, nous avons pris l'engagement de ne pas
abuser des dispositions qui ont été votées par
l'Assemblée nationale en vertu...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
Si quelqu'un veut intervenir en cette Assem- blée, je lui
demanderais de demander la parole. Ne parlez pas tous ensemble, s'il vous
plaît! M. le leader du gouvernement.
M. Burns: Mme le Président, c'est la première fois
que je donne des bonnes nouvelles à l'Assemblée nationale et que
je me fais engueuler à ce sujet. Maintenant, jusqu'à 18 heures,
je proposerais à l'Assemblée nationale, si vous voulez bien
l'appeler, l'article 89).
Mme le Vice-Président: Vous dites?
M. Burns: L'article 89).
Mme le Vice-Président: L'article 89).
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, avant que
nous abordions cela, je pense que je me dois d'intervenir à ce moment-ci
relativement...
Mme le Vice-Président: Question de règlement, M. le
chef de l'Opposition officielle?
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège,
doublée d'une question de règlement. Le leader du gouvernement
vient de nous dire qu'il avait une bonne nouvelle à nous annoncer, soit
que nous ne siégerions pas ce soir.
M. Burns: Vous voulez connaître la mauvaise maintenant?
M. Levesque (Bonaventure): Non. Un instant. C'en est
déjà une mauvaise. Après nous avoir servi un double
bâillon avec la guillotine et tout le "kit", comme on peut dire, nous
aimerions bien savoir ce qui motive présentement le leader du
gouvernement à retarder les travaux de la Chambre, alors que nous nous
attendions tous à siéger ce soir, particulièrement quand
nous avons au menu le projet de loi relatif aux assurances. J'étais
sûr que Mme le ministre pourrait disposer de son projet de loi dans un
délai raisonnable et que nous pourrions diriger ce projet de loi
immédiatement en commission pour la poursuite des travaux. Cela me
surprend d'autant plus que cette "générosité" n'existait
pas alors que la commission parlementaire de l'éducation était
appelée à siéger de 10 heures du matin...
M. Burns: Mme le Président, puis-je poser une question au
chef de l'Opposition?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, d'accord. M. Lavoie:
Consentement unanime.
M. Burns: Est-ce qu'on réclame de siéger ce
soir?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Burns: Est-ce la même chose du côté de
l'Union Nationale?
M. Brochu: Non.
M. Burns: Est-ce qu'on réclame qu'on siège ce
soir?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Burns: Est-ce que les députés de Beauce-Sud et
de Rouyn-Noranda partagent cette opinion?
M. Roy: Le député de Beauce-Sud doit siéger
à la commission parlementaire de la présidence du conseil et ne
peut siéger à l'Assemblée nationale.
M. Burns: Donc, il n'y a pas de problème, quant à
lui, pour siéger ce soir?
M. Samson: La même chose pour le député de
Rouyn-Noranda, il sera en bas à la salle 81-A.
M. Burns: Puis-je demander au député de Richmond ce
qu'il en pense?
M. Brochu: Mon opinion personnelle il y a quand même
des députés qui siègent aux commissions c'est qu'il
serait peut-être bon de faire une halte au milieu de la semaine, surtout
que j'ai l'impression qu'on va se donner un rythme
accéléré pour le reste de la session. C'est mon opinion.
Vous me l'avez demandée, je vous la donne.
M. Burns: Si c'est aussi unanimement réclamé par
l'Opposition, nous siégerons ce soir.
M. Levesque (Bonaventure): Merci.
M. Lavoie: Maintenant que la bonne nouvelle s'est
améliorée, quelle est la mauvaise nouvelle que vous nous
réserviez?
M. Burns: La mauvaise nouvelle était que, si nous ne
siégions pas ce soir, je doutais fort des possibilités de pouvoir
terminer avant la fin de semaine. Je pouvais vous laisser entendre que
possiblement nous reviendrions la semaine prochaine.
Projet de loi no 49
Deuxième
lecture
Mme le Vice-Président: Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières propose la
deuxième lecture du projet de loi no 49, Loi constituant la Régie
de l'assurance automobile du Québec.
Mme le ministre.
Mme Lise Payette
Mme Payette: Mme le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'étude à la Chambre. C'est avec beaucoup de plaisir,
Mme le Président, que je soumets et recommande à cette
Assemblée l'étude en deuxième lecture du projet de loi no
49 créant la Régie de l'assurance automobile. Actuellement, c'est
l'entreprise privée qui administre tout le régime d'assurance
automobile, mais face aux problèmes que les Québécois
rencontrent, surtout depuis une dizaine d'années, alors que le parc
automobile au Québec a pris un essor considérable, le
gouvernement considère qu'il est urgent d'intervenir dans ce domaine, et
il a fait connaître en avril 1977, par son énoncé de
politique contenu dans ce qu'on appelle le livre bleu, son projet de
réforme de l'assurance automobile.
Ce que nous y avons décrit, Mme le Président, comme
étant une situation désastreuse pour les citoyens du
Québec nous a été de plus confirmé par les nombreux
intervenants...
Mme le Vice-Président: ...s'il vous plaît! Mme
Payette: J'ai du mal à m'entendre.
Mme le Vice-Président: Je demanderais à cette
Assemblée, malgré tous les déplacements qui se font
maintenant pour les gens qui retournent en commission parlementaire,
d'être un peu moins bruyants. Je demanderais aussi à ceux qui
demeurent ici de parler moins haut, même s'ils ont de petits caucus
à tenir.
Mme le ministre.
Mme Payette: Merci, Mme le Président. Je reprends donc...
Ce que nous avons décrit dans ce livre bleu comme étant une
situation désastreuse pour les citoyens du Québec nous a
été de plus confirmé par les nombreux intervenants qui se
sont fait entendre lors de la consultation populaire que j'ai entreprise au
cours du mois de mai dernier et au tout début du mois de juin dans les
villes du Québec. Partout, tant à Jonquière, à
Rimouski, à Trois-Rivières, Sherbrooke, Hull, Rouyn-Noranda,
Montréal, Québec, Hauterive et Sept-Iles, partout, au cours de
ces 14 jours de consultation, lors de l'audition de 160 mémoires, dont
58 préparés par des organismes reliés de près ou de
loin au domaine de l'assurance automobile et 102 provenant de simples citoyens
consommateurs d'assurance, partout la population nous incite à aller de
l'avant et à entamer une réforme en profondeur de l'actuel
système de l'assurance automobile.
C'est pourquoi le gouvernement propose aux législateurs la
constitution d'une régie de l'assurance automobile qui aura pour
fonctions d'élaborer et de mettre en place les mécanismes
administratifs nécessaires pour appliquer le projet de loi no 67
déposé devant cette Assemblée le 19 août
dernier et déféré en commission parlementaire
après sa première lecture.
De plus, Mme le Président, le gouvernement est prêt
à assurer l'Opposition que l'adoption de la loi 49 n'a pas pour objet de
limiter le débat parlementaire sur le projet de loi 67. En effet, au
moment de l'étude en troisième lecture du projet de loi 49, il
sera possible de préciser notre intention que le principe même et
les modalités du régime d'indemnisation, c'est-à-dire son
fondement juridique, sa nature, le niveau des indemnités ne pourront
entrer en vigueur sans que la loi 67 déposée la semaine
dernière ne soit adoptée par cette Assemblée.
Déjà, Mme le Président, nous avons prévu des
amendements qui sont prêts au projet de loi no 49 et que nous soumettrons
nous-mêmes à l'Opposition afin que le projet de loi 67 qui
définit, lui, la volonté du gouvernement, ne prête pas,
dans l'étude du projet de loi, à un débat.
Par exemple, à l'article 2, nous proposerons que les mots "avant
le 1er mars 1978" soient retranchés. Nous proposerons aussi que le mot
"éventuelle" soit ajouté dans le paragraphe a), de façon
que cet article parle d'une "instauration éventuelle". L'article
3...
Mme le Vice-Président: Permettez-moi de vous rappeler, Mme
le ministre, que vous ne devriez pas parler du contenu comme tel, de votre
projet de loi. C'est probablement fort difficile maintenant, puisque vous
voulez avertir cette Assemblée que vous allez proposer des amendements,
mais, en deuxième lecture, il n'est pas permis de parler du contenu tel
quel.
M. Lamontagne: Mme le Président, je crois que, par
exception, on pourrait accepter que le ministre mentionne des articles,
étant donné qu'il s'agit de changements apportés au projet
de loi qui a été déposé devant cette
Assemblée.
M. Fontaine: Consentement.
Mme le Vice-Président: S'il y a consentement de cette
Assemblée, Mme le ministre.
Mme Payette: Mme le Président, je disais donc que
l'article 3 sera retranché. A l'article 4 a), les mots "qui sera
appliqué par la régie à compter du 1er mars 1978" seront
retranchés; b) à la fin de l'article on parlera de "principes" et
de "modalités".
Le régime d'indemnisation prévu par la loi 67...
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, si Mme le
ministre me le permet, j'avais été un peu distrait avant qu'elle
ait parlé des articles 3 et 4 et des changements que ceux-ci
comportaient, j'imagine qu'elle a également mentionné les
changements à l'article 2?
Mme Payette: C'est exact.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
Mme Payette: Désirez-vous qu'ils soient
répétés?
M. Levesque (Bonaventure): Non, cela va.
Mme le Vice-Président: Par exception et sans créer
de précédent, Mme le ministre, du consentement unanime de cette
Assemblée.
Mme Payette: En effet, les changements à l'article 2 ont
été annoncés.
Le régime d'indemnisation prévu par la loi 67 ne pourra
toutefois être mis en oeuvre, ni le fonds d'indemnisation
créé sans que la loi 67 déposée la semaine
dernière ne soit adoptée par cette Assemblée.
La présentation en deux projets de loi distincts d'une telle
réforme n'est pas une innovation du présent gouvernement. On se
rappellera que le régime d'assurance maladie avait également fait
l'objet de deux mesures législatives. En effet, le 26 mai 1969, M.
Jean-Paul Cloutier, alors ministre de la Santé et du Bien-être
social du gouvernement de l'Union Nationale, déposait, en
première lecture, le projet de loi no 30 visant à créer la
Régie de l'assurance-maladie. Un an plus tard, le 25 juin 1970,
c'était au tour du nouveau gouvernement libéral et du ministre de
la Santé et du Bien-être social d'alors, M. Claude Castonguay, de
déposer la loi no 8 qui, elle, proposait le Régime de
l'assurance-maladie.
On peut se demander pourquoi élaborer et mettre en place des
mécanismes administratifs avant l'adoption des modalités du
régime d'indemnisation. C'est simple: c'est pour avoir une structure
apte à compenser sans retard et dès l'entrée en vigueur du
nouveau régime les personnes lésées à cause d'un
accident d'automobile. Pour réaliser cet objectif, on conviendra que des
groupes de coordination administrative doivent être immédiatement
constitués à la Commission des accidents du travail et au Bureau
des véhicules automobiles pour entreprendre l'intégration
administrative des nombreux mécanismes déjà existants.
Ceci permettra de gagner du temps et de réduire les coûts
d'administration. On conviendra également que l'organisme doit
entreprendre au plus tôt le recrutement et l'intégration de cadres
et de personnel d'administration. Il a donc besoin à ces fins d'un cadre
légal qui lui donne le pouvoir d'engager et de rémunérer
ces personnes.
La régie doit également être prête à
réagir aux questions que se poseront les citoyens en regard du prochain
régime d'assurance automobile. Ici aussi, il faut un cadre légal
et un personnel spécialement formé à cette fin.
Mme le Président, je ne crois pas qu'un seul membre de
l'Opposition, ici, mettra en doute qu'une réforme s'impose en
matière d'assurance automobile. J'ai entendu toutes sortes
d'interventions au cours des derniers mois, mais personne ne préconise
le statu quo. Même ceux à qui le système actuel profite
n'osent clamer à haute voix que le système actuel est bon, rapide
et juste pour tous.
La population du Québec veut une réforme en
profondeur et le gouvernement aussi veut une réforme en
profondeur du système d'assurance automobile. Je suis sûre que
tous les membres de cette Assemblée la souhaitent, cette réforme;
d'abord, parce que c'est notre devoir en tant que législateurs pour le
mieux-être des Québécois, mais aussi parce que
l'automobile, même si elle est appelée à devenir de plus en
plus un luxe dans le contexte d'une utilisation plus rationnelle de
l'énergie et dans le contexte d'une protection accrue contre cet agent
pollueur reconnu, est encore aujourd'hui un bien de consommation que je
n'hésite pas à qualifier de mal nécessaire.
Si les Montréalais peuvent, eux, prendre le métro plus
souvent et se laisser transporter plus économiquement et à
moindre risque, on ne peut pas en dire autant des gens de la Côte-Nord,
des Gaspésiens et de ceux du Nord-Ouest. Nous faisons donc tous partie
de ces 3 millions de Québécois appelés à conduire
une voiture. Nous sommes tous appelés, un jour, à devoir
appliquer brusquement les freins quand un enfant se jette devant notre voiture
pour attraper son ballon. Nous pouvons tous être victimes d'un malaise
soudain alors même qu'on est au volant. Nous sommes tous susceptibles
d'être pris dans un carambolage sur la désormais et tristement
célèbre route no 20 ou sur la 138 ou sur la 2. Nous sommes tous
appelés à nous déplacer plus de six mois par année
sur des routes glissantes. Qui, ici, peut dire qu'il n'aura jamais d'accident
de voiture? Qui pourra dire qu'à cause de la chaussée, d'un
enfant turbulent ou d'une déficience mécanique il ne causera
jamais d'accident? Nous sommes tous des responsables en puissance si l'on admet
le maintien du système actuel. Je vous épargnerai ici les
enfants, les vieillards, les piétons qui, eux, sont des victimes en
puissance.
Le système actuel n'admet pas les erreurs, la fatigue ou la
maladresse. Pourtant, on sait tous que le bon père de famille, comme le
dit la loi, en commet, des erreurs, et ce quoi que dise la loi actuelle de
l'indemnisation des victimes d'accidents d'automobile. Le bon père de
famille, c'est vous, Mme le Président, et c'est moi aussi, puisque les
législateurs sont sexistes. Le bon père de famille qui est au
volant de sa voiture fait, selon l'Organisation mondiale de la santé,
200 observations, prend 20 décisions par mille parcouru, commet une
erreur de conduite tous les deux milles, donc 75 erreurs de conduite entre
Montréal et Québec et je n'ose pas calculer le nombre d'erreurs
que le député de Gaspé peut commettre, lui, même
s'il n'est pas un bon père de famille.
On aura beau argumenter, parler des ivrognes et même accuser les
femmes au volant, ou encore les jeunes ou les vieux, nous sommes tous des
coupables et des victimes en puissance dans le système actuel. C'est
pourquoi j'estime qu'il incombe au gouvernement d'intervenir et d'agir avec
justice et célérité.
Il faut faire quelque chose pour les milliers de Québécois
qui se blessent chaque année sur nos routes. Il faut faire quelque chose
pour les familles de ceux qui perdent leurs revenus ou parfois leur vie.
La situation au Québec en matière d'accident est peu
enviable. C'est pourquoi la mise sur pied d'une régie de l'assurance
automobile nous apparaît indispensable et urgente. C'est un peu comme
lorsqu'une famille décide de faire le grand ménage dans sa
maison, la décoration du salon, par exemple. On choisit telle peinture
pour un mur, telle tapisserie pour un autre, c'est discutable. On n'a pas tous
nécessairement les mêmes goûts. Mais il faut se munir de
balais, de pinceaux et de grattoirs, il faut se donner des outils. La
régie sera un outil, l'outil qui verra à assurer aux
Québécois une meilleure indemnisation plus rapide et avec un taux
d'administration minime.
J'ai déposé, Mme le Président, vendredi dernier, le
19 août, le projet de réforme comme tel, projet que nous
analyserons ensemble et que nous avons déféré en
commission parlementaire afin que tous ceux qui ont encore quelque chose
à dire sur le sujet puissent le faire. A ce moment, nous parlerons des
80% de motards qui ne sont pas assurés, des jeunes qui paient $1000 ou
$2000 pour s'assurer, des courtiers qui sont pris souvent entre leurs
intérêts et ceux de leurs clients; nous parlerons du Barreau et
des avocats dissidents, face à la réforme proposée, nous
parlerons des personnes âgées qui n'utilisent leur voiture qu'une
ou deux fois par semaine, nous parlerons de tarification et d'indemnisation,
nous parlerons des ivrognes au volant, des maniaques de la vitesse et des
"minounes ".
C'est tout un programme, Mme le Président. Mais je sais que
personne dans cette Chambre n'a de doute quant à l'urgente
nécessité d'une réforme de l'assurance automobile. Le
précédent gouvernement a d'ailleurs financé des
études exhaustives qui nous ont permis d'activer les recherches et la
préparation d'un projet de loi et de proposer, dans des délais
assez courts, une réforme en profondeur du régime d'assurance
automobile.
Pour ma part, c'est toujours avec beaucoup d'anxiété que
je prends connaissance du bilan tragique des victimes de la route chaque
semaine. Le Bureau des véhicules automobiles rapporte qu'en 1976 il y a
eu 1382 accidents mortels et 33 390 accidents avec blessures corporelles pour
un total de 168 486 accidents. Que de dire de plus, sinon qu'il est urgent au
gouvernement d'intervenir. Combien, parmi toutes ces victimes, pour
l'année 1976, ont été indemnisées? Combien de
victimes nous réserve l'année 1977, alors qu'il y a eu
déjà, depuis le début de l'année, 5117 accidents
avec blessures corporelles et 157 accidents mortels? Combien de ces victimes ou
leur famille seront adéquatement indemnisées et dans combien de
temps le seront-elles? Quelle qualité de vie le régime
d'assurance automobile actuel leur assure-t-il?
Personne ici, dans cette Chambre, Mme le Président, ne peut
rester insensible au sort réservé actuellement aux victimes des
accidents de la route.
En tant que gouvernement responsable de la santé et du
bien-être des Québécois, nous n'avons pas le droit de
retarder la mise en oeuvre de mesures qui leur assureront une plus grande
justice sociale.
Mais n'anticipons pas, nous en reparlerons en long et en large lors de
la commission parlementaire consacrée au projet de loi no 67 sur la
réforme et les changements en profondeur qu'elle implique. Les
intentions du gouvernement sont claires dans le projet de loi no 67. C'est
pourquoi le débat pourra se faire sur ce projet de loi quant aux grands
principes mis en cause. Le projet devant nous en deuxième lecture, le
projet de loi no 49, ne crée que l'outil qui serait bien inutile si le
gouvernement décidait de ne pas faire de ménage. Mais comme
disent les femmes, Mme le Président, je crois sincèrement que le
gouvernement fera un grand ménage d'automne dans l'assurance
automobile.
Des Voix: Bravo!
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je me demande, Mme le Président, si on
ne doit pas considérer qu'il est 18 heures, quitte à commencer
à 20 heures.
M. Burns: Vingt heures et quart.
M. Saint-Germain: Est-ce que je pourrais demander la suspension
de nos travaux et considérer qu'il est 18 heures?
M. Burns: Mme le Président, je suis d'accord que le
débat soit suspendu, qu'on considère qu'il est 18 heures.
La commission de la présidence du conseil, de la constitution et
des affaires intergouvemementales reprendra ses travaux à vingt heures
quinze, tel que prévu et ainsi qu'entente a été prise avec
les représentants de l'Opposition qui siègent à cette
commission, pour poursuivre l'examen du projet de loi no 2. Maintenant, il est
possible, suite à un certain nombre de discussions que j'ai actuellement
avec l'Opposition, que de consentement une autre commission puisse
siéger ce soir. Je ne pourrai pas donner avis avant vingt heures quinze
relativement à cette deuxième commission, qui serait possiblement
la commission de l'agriculture, pour étude article par article du projet
de loi no 43. Je donnerai cet avis, si c'est possible, à vingt heures
quinze, lorsque nous reprendrons nos travaux.
Mme le Vice-Président: Comme vous en convenez, il est 18
heures et nous suspendons les travaux jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 55).
Reprise de la séance à 20 h 17
Mme le Vice-Président: Madame et messieurs, veuillez vous
asseoir. A l'ordre, s'il vous plaît! C'est la reprise du débat sur
la motion de deuxième lecture de Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières sur le projet de loi no
49, Loi créant la Régie de l'assurance automobile du
Québec. M. le député de Jacques-Cartier avait la
parole.
J'ai presque envie de vous rappeler à l'ordre! Après cette
suspension, la parole est au député de Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Mme le Président, je m'aperçois
vite...
M. Lamontagne: ...tous les députés arrivent... Il
me semble pas mal en forme.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
M. le député!
M. Chevrette: Très bonne intervention, M. Lamontagne.
M. Saint-Germain: Alors, Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Un moment, M. le
député de Jacques-Cartier. M. le député de
Joliette-Montcalm, je me vois dans l'obligation de vous dire que si vous voulez
intervenir, il faut être à votre siège d'abord, et
qu'ensuite, j'avais déjà reconnu le droit de parole au
député de Jacques-Cartier. Ceci dit sans ironie, M. le
député.
M. Chevrette: Devant votre compétence, Mme le
Président, je m'incline.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
M. le député!
M. Saint-Germain: Mme le Président, je m'aperçois
que les députés du gouvernement ont beaucoup plus le coeur
à la fête qu'ils n'ont le coeur à l'ouvrage à cette
Assemblée. Tout de même...
Mme le Vice-Président: ...dans la suite de ce
débat, M. le député de Jacques-Cartier et j'espère
que chacun respectera le temps qui vous est alloué pour votre
intervention.
M. Saint-Germain: Tout de même, laissez-moi vous dire que
je sais pertinemment que ces applaudissements étaient pour le premier
ministre, et ne m'étaient certainement pas destinés.
Des Voix: Ah!
M. Saint-Germain: Ceci dit, nous étudions ce soir un
projet de loi qui est supposé être bien urgent et qui est
supposé mettre fin à un régime qui
abuse des citoyens québécois. Depuis plusieurs mois et
même quelques années, on entend parler d'assurance automobile et
il me semble absolument évident que personne n'accepte le statu quo. Je
crois que tous les citoyens du Québec, tous ceux qui, de près ou
de loin, sont mêlés à l'assurance automobile admettent
aisément que, dans le contexte actuel, l'assurance automobile est trop
dispendieuse surtout au point de vue administratif et qu'il faut certainement
modifier ce régime d'une façon extrêmement importante.
Là-dessus, nous nous entendons tous; nous reconnaissons tous
qu'une loi de l'assurance automobile est importante, qu'elle est urgente et
qu'elle devrait être soumise à l'étude de cette
Assemblée le plus tôt possible. Naturellement, ceci était
dans le programme du parti qui forme aujourd'hui le gouvernement. Seulement, au
lieu de nous présenter dès le début des travaux de cette
Chambre une loi sur l'assurance automobile, on a trouvé bon, ce qui
n'était pas mal en soi, de nous remettre un livre bleu. Et voilà
qu'au lieu de faire suivre ce document de travail par une loi le ministre a
trouvé bon de parcourir la province soi-disant pour écouter les
Québécois, pour comprendre leurs problèmes et essayer de
bonifier le projet de loi qui était contenu dans ce livre bleu.
Malheureusement, cette tournée est devenue vite une
tournée de relations publiques où le ministre s'est permis,
à tort ou à raison, non pas d'écouter les citoyens qui
voulaient se faire entendre, mais de vendre sa propre salade. Par les
réactions des assemblées et les nouvelles que nous avons eues de
ces différentes assemblées, il semble que la majorité des
citoyens du Québec soit loin d'accepter d'emblée les projets que
contenait ce livre bleu. Il va sans dire que cette tournée de la
province a valu au projet de loi plusieurs mois de retard, et ceci
malgré qu'on nous dise bien sérieusement que c'est une loi
urgente.
Voilà que nous avons devant nous deux projets de loi, le projet
de loi 49 qui traite de la régie, et le projet de loi 67 qui,
réellement, va au fond des choses et qui traite de la loi sur
l'assurance automobile.
On a voulu scinder le projet de loi no 101. Le gouvernement n'a pas
voulu, probablement parce que c'était l'Opposition officielle qui le
voulait. On n'a certainement pas demandé de scinder le projet de loi sur
l'assurance automobile, mais voilà que le gouvernement le fait.
Alors, c'est bien urgent. C'est très urgent. Seulement on nous
apporte deux lois. Ce sont deux études en deuxième lecture. Deux
fois la commission sera obligée de se réunir, la commission
élue de l'Assemblée nationale, pour étudier ces deux lois,
article par article. Et par les amendements que le ministre a apportés
cet après-midi qui font disparaître toutes les dates, j'ai
l'impression que ce n'est pas avant tard l'année prochaine, si c'est
l'année prochaine, que les citoyens du Québec verront les
modalités de l'assurance-automobile changer pour la peine.
Alors, ces lois devraient nécessairement être ensemble.
Pour quelle raison ne nous a-t-on pas présenté un projet de loi
global qui aurait pu très facilement et logiquement comprendre et les
projets de loi 49 et 67? C'est probablement dû au fiasco de
l'organisation des travaux parlementaires du leader parlementaire aussi bien
que du cabinet et du gouvernement.
Et voilà que la session doit finir. Et voilà que la
session doit se terminer. On sait pertinemment que le projet de loi 67, qui est
à la base du système d'assurance, prendra des mois ou du moins
plusieurs semaines à être étudié convenablement dans
cette Chambre. Alors, pris d'urgence, déjà très en retard,
le gouvernement a trouvé bon de nous présenter le projet de loi
49 qui, en fait, avec les amendements proposés par Mme le ministre cet
après-midi, ne veut pratiquement plus rien dire puisqu'il nous limite
à un squelette, à constituer tout simplement une régie de
l'assurance automobile.
C'est un cadre légal, si vous voulez, qui ne va pas plus loin que
cela et qui est là, à mon' avis, simplement pour cacher le retard
du gouvernement sur ces différentes lois. Il reste tout de même
que, vu que nous connaissons la matière qui entrera dans les cadres
formés par le projet de loi 49, c'est avec une certaine
inquiétude, une certaine crainte que nous étudions ce projet de
loi car, avec le projet de loi 67, on voit venir. Si avec le projet 49 on a le
contenant, avec le projet de loi 67 on aura le contenu et le contenu sera
beaucoup moins attrayant que le contenant, il va sans dire. Si Mme le
Président voulait bien me laisser faire la preuve de ce que j'avance, je
pourrais bien le faire, mais j'avoue, Mme le Président, que je suis le
premier à constater que je serais tout à fait hors du sujet parce
que Mme le ministre a bien voulu enlever de son projet de loi 49 les principes
qu'il pouvait contenir dans sa première impression. Ces principes et ce
qu'il contient au point de vue des modalités ont été tout
à fait enlevés.
Dans ces conditions, sur les principes du projet il y a peu à
dire, mais je dois tout de même mentionner, Mme le Président
puisque Mme le ministre a bien voulu y faire allusion en deuxième
lecture l'application sur nos routes du Code de la route. Il faudrait,
en collaboration avec le ministère de la Justice et du corps de police
provincial, voir à ce que les citoyens se soumettent aux
règlements déjà établis par le Code de la route.
S'il y avait plus de respect de la part de chaque citoyen pour ce code, si
chaque citoyen était plus prudent et si la loi était
appliquée, si le Code de la route était appliqué plus
efficacement, il n'y a aucun doute qu'au Québec le nombre des accidents
diminuerait d'une façon sensible.
D'ailleurs, les divers gouvernements passés, petit à
petit, se sont montrés de plus en plus sévères envers les
automobilistes coupables de fautes de conduite sur la route. Je crois qu'il y a
là encore place pour beaucoup d'amélioration. J'inviterais le
gouvernement à faire en sorte que les automobilistes
s'aperçoivent que, lorsqu'ils voyagent sur nos routes, il y a au moins
un policier de temps à autre qui voit à ce que les citoyens
observent nos règlements.
C'est ce qui explique qu'actuellement le coût des primes
d'assurance, au Canada en général,
ont tendance à baisser depuis une couple d'années. Cette
province, surtout, avec la loi qui oblige les automobilistes à se servir
de leur ceinture...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lamontagne: Mme le Président, je voudrais vous informer
qu'on les autorise à retourner à leur "party". S'ils veulent
être sérieux, qu'ils demeurent ici, mais s'ils veulent rire,
qu'ils aillent ailleurs.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Si les Québécois étaient
conscients que sur les routes la police provinciale est plus souvent
présente, je crois qu'il y aurait une diminution sensible du nombre des
accidents. C'est ce qui amènerait une baisse du coût de
l'assurance, ceci indépendamment du genre de système que nous
avons. Il ne faudrait pas laisser sentir à la population que cette
diminution du coût des primes est due aux deux lois que nous
étudions présentement.
Assurément, depuis l'élection du gouvernement, rien n'est
changé au point de vue des assurances, absolument rien...
Des Voix: Les primes baissent.
M. Saint-Germain: ... parce que c'est le premier projet de loi
que nous étudions concernant ces problèmes et que toute baisse
dans le coût des primes n'a absolument rien à voir avec les lois
que nous avons à étudier. J'ai bien l'impression que ce projet de
loi 49 est un premier pas vers un système étatique et vers un
système qui, malheureusement, augmentera les coûts dans cette
province.
Lorsqu'on étudiera la bill 67, je crois que nous aurons, à
cette date, les preuves voulues pour soutenir que si la baisse des coûts
est un des éléments importants qui oblige le gouvernement
à amener une législation dans ce domaine, avec un tel
système, avec une telle loi sur l'assurance automobile, il n'y aura pas
d'abaissement des coûts. Je pourrais assurer la population qu'elle verra,
avec l'expérience et l'application de cette loi, que les coûts
iront constamment en augmentant, en ce qui regarde l'assurance automobile.
Je dis au ministre qu'avec cette nouvelle loi, si elle veut voir baisser
le coût des primes, elle devra certainement voir à ce que la loi
et le Code de la route soient définitivement plus sévères
et, deuxièmement, qu'ils soient appliqués d'une façon
efficace au niveau de nos routes et de nos différentes autoroutes.
Comme je le disais, cette loi, constituant la régie de
l'assurance automobile du Québec, nous est amenée parce que le
gouvernement, comme dans bien d'autres domaines, est en retard au point de vue
de cette législation et qu'il voudrait bien, par une loi simple comme la
loi 49, au moins pouvoir dire à la population qu'il a amorcé son
programme et ses projets.
Il serait difficile d'être contre une telle législation si
nous ne savions pas quel sera le contenu de cette régie, mais nous le
savons, Mme le Président. Nous savons ce que contiendra la loi sur
l'assurance automobile. Comme nous avons un ministre et comme nous avons un
gouvernement qui a le monopole de la vérité, qui ne fait jamais
erreur, qui peut facilement se dispenser des conseils des corps
intermédiaires, des conseils des citoyens et des conseils de
l'Opposition, nous savons pertinemment que ce projet de loi 67 sera très
peu modifié.
Une Voix: II n'y en a pas d'Opposition officielle.
M. Saint-Germain: L'Opposition officielle ne veut nullement
collaborer à l'établissement du projet de loi 67. La seule
collaboration que nous voulons offrir au gouvernement, c'est de l'amener
à modifier ce programme d'assurance, de la façon la plus positive
et dans le meilleur intérêt des Québécois.
Mais comme le projet de loi no 49 est le contenant, si vous voulez, de
ce qu'il y a dans le projet de loi no 67, nous voterons contre la
création de cette régie, car nous ne voulons assumer aucune
responsabilité quant à l'application d'un tel projet de loi sur
l'assurance automobile.
On nous a promis qu'il serait permis aux citoyens et aux
différents corps intermédiaires de se faire entendre au niveau de
la commission parlementaire. C'est avec plaisir que nous prévoyons y
siéger pour écouter les citoyens et les différents corps
intermédiaires qui voudront bien nous transmettre au niveau de cette
commission leurs vues et leur façon de voir ce projet.
Nous allons remettre tout ce débat lors de l'étude du
projet de loi no 67; je crois que la saison s'y portera mieux. Nous sommes
à la fin de l'été; il y a déjà belle lurette
que les citoyens du Québec ne s'occupent pas d'une façon intense
et passionnée de politique, dans la période des vacances qui se
termine. Nous serons dans une meilleure période de l'année pour
étudier plus sérieusement le projet de loi no 67 et
réellement livrer à la population notre façon de voir et
les principes de notre parti qui soutiendront une loi sur l'assurance
automobile au Québec.
M. Lamontagne: J'espère que ce n'est pas contagieux, cette
histoire. Je suis très inquiet, très inquiet.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, Mme le Président. Le projet de loi
dont nous faisons présentement l'étude vise essentiellement la
création d'un organisme qui verra à l'instauration d'un
régime d'indemnisa-
tion universel et sans égard à la responsabilité
pour les personnes lésées en raison de dommages corporels
causés par une automobile. Je dis bien le terme "automobile", parce que
c'est le terme qui est indiqué dans le projet de loi et je pense qu'il y
aurait lieu pour le ministre d'inclure dans le projet de loi une
définition du mot "automobile". Si on ne fait que dire le terme
"automobile " sans le définir, il y aurait des possibilités que
certains véhicules automobiles ne soient pas inclus dans le projet de
loi, comme par exemple, les camions, les motoneiges, les tracteurs de ferme,
etc. Je pense que le ministre pourrait considérer d'inclure dans son
projet de loi une définition du mot "automobile". A moins que je ne me
trompe, cette définition n'est pas incluse. Le ministre me dit que c'est
inclus dans le projet de loi 67, je suis d'accord, mais ce n'est pas inclus
dans ce projet de loi en particulier. En tout cas, les légistes verront
à vérifier s'il y a lieu de l'inclure.
Mme Payette: Elle n'a pas d'affaire là.
M. Fontaine: Cet organisme verra également à
l'administration du fonds d'indemnisation relativement aux cas non
résolus par l'assurance obligatoire pour la couverture des dommages
matériels causés par une automobile. Enfin, il y aura, dans les
prochains mois, un troisième organisme, soit la Corporation des
assureurs autorisés.
Ce n'est pas la première fois que nous reconnaissons qu'il est
nécessaire de prendre des mesures concrètes afin de faire
disparaître un certain nombre de problèmes relatifs à
l'assurance automobile. J'écoutais cet après-midi le ministre
nous dire qu'elle avait constaté, comme à peu près tout le
monde, qu'il y a un nombre effarant d'accidents au Québec et qu'il
était urgent d'intervenir dans le domaine de l'assurance automobile pour
régler ce problème. Vous me permettrez de ne pas être tout
à fait d'accord avec cette assertion, parce que ce n'est pas en
intervenant sur l'assurance automobile qu'on réglera le problème
des accidents d'automobiles. Ce qu'il faudra, pour le gouvernement actuel,
c'est d'intervenir sur le Code de la route pour limiter les vitesses,
intervenir auprès du ministre des Transports pour améliorer les
routes du Québec, et faire toutes sortes d'interventions qui feront
qu'il y aura moins d'accidents au Québec. Je ne pense pas que ce soit le
fait de légiférer sur l'assurance automobile qui va
réduire le nombre d'accidents mais, de toute façon, je pense
qu'il y a lieu d'intervenir dans l'assurance automobile.
Pour ne citer que les deux principaux motifs qui justifient cette
intervention gouvernementale, disons qu'actuellement, au Québec, il y a
20% des automobilistes qui ne sont pas assurés et que, selon les
statistiques, 28% des victimes ne sont pas indemnisés. Il est important
de bien comprendre, cependant, ce que signifient exactement ces 28% de
non-indemnisés. En effet, il a été établi que
certaines de ces personnes qui ne sont pas indemnisées ne se sont pas
préoccupées de réclamer les indemnités auxquelles
elles avaient droit, et dans d'autres cas, les victimes n'étaient pas
assurées pour leurs propres dommages, alors qu'elles étaient
responsables des accidents. Dans ces 28% d'accidents, il y a des victimes
d'accidents d'automobiles qui étaient responsables et qui
n'étaient pas indemnisées. Donc, le ministre n'a besoin que de
rendre l'assurance obligatoire et prendre les mesures nécessaires pour
appliquer une telle mesure.
En ce qui concerne les cas de non-couverture, en raison de la
responsabilité...
Mme Payette: Question de règlement, Mme le
Président. Je ne suis pas sûre et je ne voudrais pas vexer
le député qu'il y a là pertinence dans le
débat. Je crois que le député a carrément confondu,
depuis le début, le projet de loi 49 et le projet de loi 67, ne
serait-ce que par sa demande de définition du mot "automobile" qu'on
trouve dans le projet de loi 67. Les arguments qu'il apporte
présentement, à mon avis, feraient partie d'un débat sur
le projet de loi 67 et non pas sur le projet de loi 49.
M. Johnson: Sur la question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le ministre du Travail.
M. Johnson: Mme le Président, vous me permettrez d'abonder
dans le sens du ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Nous sommes au débat de deuxième lecture. D'une part, il
faudrait s'en tenir aux principes du projet de loi qui est devant nous et,
d'autre part, tenir compte du fait qu'il y a également le projet de loi
67 qui n'est pas, en ce moment, en deuxième lecture, devant cette
Chambre. Je ne veux pas brimer les droits du député de Nicolet
pour autant, mais je préférerais qu'on s'en tienne vraiment au
débat de principe sur le projet de loi créant la Régie de
l'assurance automobile.
M. Fontaine: Question de règlement, Mme le
Président, avant de continuer.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska, sur la question de règlement.
M. Fontaine: II s'agit, bien sûr, d'une introduction que je
fais, et je pense que les deux projets de loi sont intimement reliés.
D'ailleurs, on n'a qu'à regarder le deuxième article du projet de
loi, au paragraphe a), qui dit: "Pour l'instauration éventuelle
avec l'amendement que le ministre a apporté d'un régime
d'indemnisation des personnes lésées à raison d'un dommage
corporel causé par une automobile".
Je pense, Mme le Président, qu'il est pertinent de parler d'une
façon générale de l'assurance automobile à ce
stade-ci. Si vous me laissez continuer, je vais en arriver plus
particulièrement à toucher les principaux principes du projet de
loi actuel.
Mme le Vice-Président: Les questions de règlement
sont entendues, continuez, M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: En ce qui concerne les cas de non-couverture en
raison de la responsabilité, le projet de loi ne règle rien car,
en ce qui concerne les dommages matériels, les circonstances de
responsabilité demeurent. Pour apporter une solution à ce
problème, le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières nous a présenté un projet de loi
sur l'assurance automobile qui propose de scinder la couverture pour
l'assurance en deux secteurs, l'un couvrant les dommages corporels et l'autre,
les dommages matériels. Selon cette loi, les dommages corporels seront
couverts par un régime étatique d'assurance automobile. C'est
à cause de cette mesure contenue dans le projet de loi no 67 qu'il est
nécessaire de procéder à la création d'une
régie de l'assurance automobile, et vous voyez le lien qu'on peut faire
entre les deux lois à ce moment-ci.
Le ministre, dès les premiers moments de la présentation
du livre bleu, affirmait que la réforme proposée était
essentiellement une mesure de justice sociale. Nous sommes d'accord avec la
nécessité de rendre le plus équitable possible les
indemnisations des victimes d'accidents d'automobile. Cependant, nous
comprenons mal que le ministre puisse affirmer que sa solution est la solution
aux problèmes de l'injustice qui est créée aux victimes
non indemnisées. Bien sûr, la création d'un
mécanisme s'imposait pour faire disparaître une injustice aussi
criante, mais vous me permettrez de prétendre que l'injustice est
corrigée par une autre injustice. En effet, la régie
créée par le projet de loi no 49 deviendra un organisme dont la
fonction principale sera d'instaurer un régime de rentes qui couvrira
l'ensemble des dommages corporels.
Comment le ministre, dont la sagesse ne paraît pas être mise
en doute, peut-elle affirmer qu'un même dommage corporel a la même
valeur et la même conséquence, indépendamment de la
personne qui en subit le préjudice? J'ai bien peur que, dans l'esprit du
ministre, l'objectif maintes fois avoué de favoriser une indemnisation
rapide des victimes a été confondu avec la notion de justice qui
se rattacherait bien plus à la qualité des indemnisations
accordées aux victimes qu'à la rapidité avec laquelle est
versée cette indemnisation.
Une fois de plus, nous nous posons des questions sur la
rentabilité de la création d'une telle régie, car cette
rentabilité ne nous a pas encore été
démontrée.
Les compagnies ont annoncé récemment une diminution de
leurs primes. Que le ministre vienne nous dire qu'il s'agit là de la
preuve que son régime entraînera une diminution de l'ensemble des
coûts reliés à la couverture de l'assurance automobile,
rien n'est plus faux à notre avis.
En effet, le coût des primes va baisser tout simplement parce que
le taux des accidents et celui des réparations en ont fait autant. Nous
discuterons d'ailleurs plus profondément de ce sujet lors de
l'étude du projet de loi no 67.
Dans le projet de loi no 49, il est expliqué que la régie
pourra s'entendre avec la Commission des accidents du travail en vue de
l'application pratique du système proposé.
Nous nous demandons pourquoi, compte tenu de la réforme
même des indemnisations, on ne procède pas plutôt à
une association du même genre avec la Régie des rentes du
Québec.
Tous savent très bien que la Commission des accidents du travail
administre les fonds que lui versent l'ensemble des employeurs assujettis
à ce régime. La commission n'administre donc pas un fonds
gouvernemental et sa fonction est de verser un salaire de remplacement à
un travailleur accidenté selon des normes préétablies.
Par contre, la Régie des rentes du Québec nous semble
l'organisme le plus en mesure de s'occuper de la mise en oeuvre du
régime proposé par la réforme que nous étudions
aujourd'hui.
En effet, l'évaluation qui est faite de l'efficacité avec
laquelle travaille la Commission des accidents du travail est souvent mise en
doute. A ce sujet, le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, lorsqu'il a
proposé son projet de loi sur la réforme dans le domaine des
accidents du travail, a d'ailleurs admis devant cette Chambre que la Commission
des accidents du travail n'était pas des plus efficaces
actuellement.
D'ailleurs, le principal reproche qu'on attribue à la Commission
des accidents du travail est précisément de ne pas être
tellement rapide, ce qui est à rencontre d'un des principaux objectifs
du ministre, soit d'accélérer le paiement des
indemnités.
A ce sujet, je voudrais vous citer le bâtonnier du Québec
qui disait: "Quand Mme Payette prétend qu'un organisme comme la
Commission des accidents du travail permettrait de réduire les
délais, on peut en douter drôlement. L'expérience des 20
dernières années permet d'affirmer qu'il faut actuellement
à peu près autant de temps à la Commission des accidents
du travail pour déterminer l'indemnité à laquelle a droit
un accidenté de travail que si celui-ci s'adressait aux tribunaux. Je
pense que cela démontre bien la lenteur de la Commission des accidents
du travail."
Il est évident que le régime étatique ne sert
qu'à satisfaire une promesse électorale. Rien dans les propos du
ministre ne prouve la nécessité absolue de procéder
à cette intrusion de l'Etat dans un domaine où d'autres mesures
auraient pu, moins brutalement, atteindre les mêmes objectifs de
justice.
Mme le Président, je pense qu'on pourrait terminer les caucus
dans le coin, d'ailleurs les paroles que je viens d'entendre ne sont pas
tellement louables pour un membre de l'Assemblée nationale.
Mme le Vice-Président: J'espère pour vous que le
micro n'était pas ouvert. M. le député de Nicolet-Yamaska,
vous avez la parole.
M. Fontaine: Nous l'avons souvent répété, si
l'on cherche à faire indemniser le plus grand nombre de victimes
possible, il n'y a qu'à rendre l'as-
surance obligatoire. On pourrait également intensifier l'action
du fonds d'indemnisation et faire comme le propose la loi, l'obligation aux
compagnies de se partager au prorata leur chiffre d'affaires, ce qu'il est
convenu d'appeler les mauvais risques. Enfin, la notion de justice devrait
impliquer la possibilité pour tout individu de recevoir une compensation
correspondant réellement au préjudice qui lui est causé
lors d'un accident. Le Régime de rentes va à l'encontre de ce
principe de justice à partir du moment où il établit qu'un
dommage corporel a la même conséquence pour tout individu. Cela
revient, à toutes fins pratiques, à nier le concept
d'individualité. Il serait plus sage de viser à établir un
système où l'on chercherait à indemniser les victimes
innocentes en rendant obligatoire l'assurance responsabilité car, de
toute façon, une victime responsable bénéficie des
avantages essentiels que procurent la Régie des rentes et
l'assurance-maladie du Québec.
Il ne nous reste qu'à réitérer notre accord sur la
réorganisation du fonds d'indemnisation, la création de la
corporation des assureurs autorisés et l'augmentation des pouvoirs du
surintendant des assurances pour surveiller le taux des primes en relation avec
les revenus des assureurs. L'ensemble de ces mesures est réellement de
justice sociale et d'équité et c'est pourquoi nous les
approuvons. Cependant, la fonction maîtresse de la régie
étant l'application d'un régime étatique de couverture de
dommages corporels, nous ne pouvons, en toute cohérence, appuyer un tel
régime, dans une présentation aussi improvisée, et c'est
pourquoi nous nous prononçons contre le principe de ce projet de loi en
deuxième lecture.
Il y a un autre domaine qui est lourdement touché par la
création de la Régie d'assurance automobile, c'est celui du
secteur privé et plus précisément le secteur privé
des compagnies d'assurance. Il ne faudrait pas oublier que ce secteur de
l'activité économique est le plus dynamique et il est important
que l'attitude du gouvernement manifeste son intention vis-à-vis de sa
survie. Ainsi, l'étatisation de l'assurance automobile, selon les dires
de M. Michel Giasson, de l'Université Laval, le nouveau régime
signifie une perte de revenus de l'ordre de $300 millions, sans pour autant
diminuer les problèmes administratifs de ces mêmes compagnies. De
plus, l'assurance est l'un des domaines où les Québécois
excellent et ils pourraient s'attendre d'un gouvernement nationaliste qu'il
aide le développement des compagnies québécoises
plutôt que de diminuer leur rôle.
Le régime proposé amènera plus de centralisation,
possiblement plus de chômeurs et sûrement plus de fonctionnaires.
Le gouvernement devrait recourir à l'étatisation seulement
là où c'est absolument nécessaire de façon à
ne pas hypothéquer la relance économique qui passe par
l'investissement privé et le développement de ce secteur. Qu'on
le veuille ou non, l'étatisation risque de tuer, en tant que principe,
tout esprit "d'entre-preneurship" et par le fait même le dynamisme
caractéristique de la nouvelle génération
québécoise qui rêve de prendre ses affaires en main et non
d'être soumise à l'ingérence de l'Etat dans toute son
activité.
Notons enfin, Mme le Président, et c'est ici l'essentiel de notre
opposition à ce projet de loi, que les conséquences de
l'étatisation sont encore mal connues et tout simplement pas connues, de
plus, les gens à revenus élevés et ceux à moindres
revenus mais dont les obligations familiales sont grandes devront contracter au
moins trois types d'assurances à cause des rentes étatiques et,
dans certains cas, ça aussi, c'est injuste.
Sur le plan pratique, il y aura, chaque fois, une double
démarche: une pour les dommages corporels et l'autre pour les dommages
matériels. Enfin, à cause de la nature même du
système, tous vont payer le même prix, indépendamment de
leur fiche de conducteur; cela également, Mme le Président,
à notre avis, c'est injuste.
Vraiment, il n'y a pas à se réjouir outre mesure de la
réforme qu'on nous propose ici, car la principale préoccupation
de la marraine du projet de loi, à savoir l'application d'un
régime socialement juste, n'est en aucune façon atteinte.
Surtout, que le système de rentes que propose le ministre ne soit jamais
considéré comme une mesure juste.
Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Mme le Président, je voudrais simplement faire
quelques remarques à propos de ce projet de loi qui, même si une
fois qu'on l'a examiné, surtout à la lumière des propos du
ministre cet après-midi, n'a pas l'importance que toute la question
devrait avoir dans ce débat, introduit à cette Assemblée
un débat extrêmement important pour tous les
Québécois, parce que la question de l'assurance automobile est
sérieuse. J'entendais le ministre cet après-midi, dans son style
très imagé et convaincant, décrire de quelle façon
chacun de nous, chacun des Québécois est une victime en puissance
de l'ère de l'automobile. Des centaines de mortalités, des
milliers de blessés chaque année dans notre province sont le
bilan de cette réalité moderne du Québec, d'autant plus
que notre province s'est distinguée parmi les pays ou les provinces
comparables comme l'un des endroits les moins sûrs au monde, que ce soit
pour l'automobiliste, pour le chauffeur ou pour le piéton. Comment
peut-on reprocher à un piéton les faiblesses de notre
système en ce qui concerne l'assurance automobile?
L'augmentation des coûts, naturellement, vu ce record,
était inévitable. De là l'intervention de l'Etat depuis
plusieurs années. Depuis 1975, toutefois peut-être un peu
avant, mais j'en parle en connaissance de cause depuis 1975 la
surveillance routière nous est apparue plus importante et a
été plus sévère. Je pense que l'une des
recommandations du rapport Gauvin, peut-être moins remarquée parce
que moins spectaculaire, mais aussi importante que toutes les autres,
était
justement de nous appliquer davantage, comme gouvernement, comme
responsables de l'administration publique, à la surveillance
routière.
Quel Québécois, d'ailleurs, ayant voyagé à
l'extérieur de la province, ne s'est pas aperçu de cette lacune,
depuis des années, au Québec, qu'on a tenté de justifier
par notre caractère propre de Latins?
M. Marchand: M. le Président, j'invoque le
règlement. Je m'excuse auprès du député de
Marguerite-Bourgeoys d'interrompre son intéressant discours, mais, au
moment où je vous parle, il n'y a pas quorum en Chambre.
Le Président suppléant (M. Laplante): On va
vérifier, M. le député de Laurier.
Il y a quorum, M. le député de Laurier.
M. Marcoux: Je pense que c'est important de préciser qu'il
y avait quorum au moment où le quorum a été
appelé.
Le Président suppléant (M. Laplante): A l'ordre,
s'il vous plaît, M. le député de Rimouski! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... québécois, M. le
Président...
M. Marchand: Et 20 avec vous, M. le Président. 20 avec M.
le Président.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Laurier, voulez-vous laisser continuer votre
collègue, s'il vous plaît, le député de
Marguerite-Bourgeoys. La parole est à vous, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Marchand: Vous n'avez pas de remarque à me faire parce
que je demande le quorum. J'ai le droit de demander le quorum et je le
demanderai tant que cela me plaira.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Laurier, à l'ordre s'il vous plaît! Je ne
vous blâme pas d'avoir demandé le quorum, M. le
député de Laurier. Mais le député de
Marguerite-Bourgeoys avait la parole et c'est encore à lui. M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, combien de
Québécois voyageant à l'extérieur de la province,
que ce soit dans les provinces voisines, sauf peut-être quelques pays
d'Europe vous avez probablement eu l'occasion d'avoir des
appréhensions et des craintes, comme chauffeur d'une automobile
mais en Amérique du Nord, combien de Québécois se sont
aperçus de cette lacune, chez nous, qu'on a souvent justifiée, un
peu de façon bonhomme, par le caractère latin de la population du
Québec. On aime bien vivre et on va conduire un peu à la
va-comme-je-te-pousse sur les routes, mais cela a conduit combien de
chauffeurs, de piétons, de victimes innocentes, simplement parce
qu'elles étaient des passagers, soit à l'hôpital, soit
à un endroit plus définitif.
M. le Président, nous avons compris déjà qu'il
s'agissait, non seulement d'une question d'assurance, mais d'une question de
surveillance. Et je me souviens qu'en 1975, alors que j'avais l'honneur de
diriger la Sûreté du Québec a titre de solliciteur
général, la Sûreté du Québec, à notre
demande, avait mis en oeuvre des programmes ponctuels, des programmes de
surveillance routière qui avaient donné certains
résultats.
Mais vint, en 1976, la loi parrainée par le député
de Charlevoix sur le port de la ceinture de sécurité qui avait
reçu l'appui de tous les députés de cette Chambre, y
compris les députés du Parti québécois qui, alors,
faisaient l'Opposition officielle.
Déjà, nous pouvons considérer que l'application de
cette loi a donné des résultats. Je pense que les statistiques
que nous avons sont bien partielles et, dans une certaine mesure, un peu
prématurées. Il s'agit d'une loi qui a été mise en
application il y a un an, c'est-à-dire le 15 août 1976.
Voilà, dans tout ce contexte, la loi 49, M. le Président.
Je l'ai lue, je l'ai relue et je n'y vois qu'une manoeuvre de sparage qui,
d'ailleurs, s'est dégonflée cet après-midi avec des
retraits et des retraites de la part du ministre.
On appelle cela un projet de loi, avant même les retraites du
ministre en question, mais maintenant, tout ce qu'on nous laisse, cela
s'appelle une carcasse. Comment voulez-vous, M. le Président, que, comme
Opposition officielle, devant cette question sérieuse, on puisse
être en faveur d'une carcasse? On n'a même pas de contenu. Il y en
avait un peu. Le ministre, comme résultat de je ne sais quelle
appréhension, quelle réflexion, quelle crainte, quelle pression,
a retiré le quelconque contenu qu'il y avait dans ce projet de loi qui
est maintenant une carcasse.
M. le Président, d'autant plus qu'on ne peut considérer ce
projet en oubliant complètement le projet de loi no 67. Je sais que si
je déborde le débat et que je commence à m'adresser
à cette Assemblée à propos du projet de loi 67, vous me
rappellerez à l'ordre. Mais je ne puis quand même pas être
complètement aveugle. Je dois me rendre compte, à la lecture du
projet de loi 67, qu'il s'agit quand même d'une solution étatique,
d'une solution socialiste qui, dans d'autres régimes, a
coûté bien cher aux contribuables.
M. le Président, si les primes ont été
réduites récemment...
Mme Payette: M. le Président...
M. Johnson: M. le Président, sur une question de
règlement.
Le Président suppléant (M. Laplante): Oui, M. le
député d'Anjou.
M. Johnson: M. le Président, s'il vous plaît, encore
une fois, sans vouloir m'en prendre aux droits du député de
Jacques-Cartier, je vous demanderais de rappeler... de Marguerite-Bourgeoys, je
m'excuse, quelle confusion!
M. Lalonde: Marguerite-Bourgeoys était une femme, Jacques
Cartier était un homme.
M. Johnson: Nous sommes heureux de l'apprendre pour Jacques
Cartier. J'aimerais que vous rappeliez le député de
Marguerite-Bourgeoys à l'ordre, étant donné que, de toute
évidence, il déborde le cadre de la discussion du projet de loi
qui est devant cette Assemblée, à savoir le projet de loi visant
à la création de la Régie de l'assurance automobile et non
pas le projet de loi sur l'assurance automobile.
M. Lamontagne: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Laplante): Le
député de Roberval.
M. Lamontagne: Je voudrais, ce soir, un peu implorer votre
clémence sur l'étude de ce projet de loi no 49. Comme vous le
savez, M. le Président, ce n'est que vers six heures moins vingt, ce
soir, que nous avons appris que le ministre, comme le député de
Marguerite-Bourgeoys vient de le dire, par suite de pressions, de
représentations, nous présentait un projet totalement
modifié.
M. Perron: Ce n'est pas une question de règlement.
M. Lamontagne: Un instant. Cela est normal, les partis de
l'Opposition, le Parti libéral, l'Union Nationale, s'étaient
préparés en fonction du projet de loi qui était devant
eux. Seulement, sur l'heure du souper, il fallait que chacun des partis se
réunisse pour réévaluer sa position face à ce
nouveau projet de loi totalement modifié, enfin une carcasse. M. le
Président, tout en acceptant et comprenant les remarques
antérieures qui ont été faites, j'apprécierais
qu'on soit un peu plus large, parce que je pense qu'il aurait fallu, dans les
circonstances, que le projet de loi soit au moins reporté à
demain ou après-demain, pour avoir une discussion plus
appropriée. Ce n'est pas notre faute, il n'y a pas un projet de loi qui
n'est pas changé du tout au tout à toutes les fois qu'il vient
pour étude. Je pense que Mme le ministre n'est pas gagnante dans la
sorte de projet de loi qu'elle a accepté de nous présenter, ce
soir.
Le Président suppléant (M. Laplante): Le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Oui, M. le député de Saint-Jacques.
M. Charron: J'écoutais, à partir de mon bureau,
l'intéressante conversation que viennent d'engager les
députés de l'Opposition. Les députés de
l'Opposition n'ont pas le loisir de choisir la qualité du projet de loi
sur lequel ils doivent intervenir, et ils le savent. Nous avons vécu
assez longtemps cette expérience pour le savoir. Ils doivent se
prononcer sur le contenu du projet de loi tel qu'il est et tel que le ministre
responsable l'a présenté en deuxième lecture. J'admets que
le sujet, parce qu'il intéresse tous les Québécois, nous
invite à faire des réflexions ordonnées et sensées,
mais il ne permet pas de faire des divagations comme celle à laquelle
s'apprêtait le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lamontagne: Question de règlement, M. le
Président.
M. Charron: Donc en ce sens, M. le Président, la rigueur
de notre règlement devrait s'imposer.
M. Lamontagne: Sur une question de règlement.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Roberval.
M. Lamontagne: J'essaie tout simplement de porter à
l'attention du leader adjoint qu'il ne s'agit pas de divagation. Depuis
plusieurs semaines, les partis politiques s'étaient
préparés en fonction d'un projet de loi; or, il est totalement
différent, ce soir, et on l'a appris à six heures moins
vingt.
Le Président suppléant (M. Laplante): Si vous
voulez, M. le député de Roberval, on va mettre un terme à
cet incident. Je demanderais au député de Marguerite-Bourgeoys,
avec toute l'expérience parlementaire qu'il a, de se tenir au moins sur
le bord de la clôture du projet de loi no 49.
M. Lalonde: M. le Président, vous pouvez compter sur moi.
Je vous l'avais dit d'ailleurs, je vous avais fait la prophétie que vous
me rappelleriez à l'ordre, parce que je n'ai pas l'intention de parler
du projet de loi no 67, projet de loi socialiste et étatique. Je n'ai
pas l'intention d'en parler, parce qu'autrement vous auriez raison de me
rappeler à l'ordre. Je n'ai pas l'intention de dire que ce projet de loi
socialiste et étatique ne peut pas être...
Une Voix: A l'ordre!
M. Lalonde: ... oublié quand on parle du projet de loi no
49. M. le Président, vous avez raison de me rappeler à l'ordre.
Je vais me soumettre au règlement. Je n'en parlerai pas de ce projet de
loi étatique et socialiste.
M. Perron: La farce du député.
M. Lalonde: Si les primes ont été réduites,
M. le Président, récemment on le doit aux lois...
M. Michaud: ...
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Laprairie, s'il vous plaît!
M. Lalonde: ... aux décisions de l'ancien gouvernement. Si
les primes ont été réduites, récemment on a lu
cela...
M. Michaud: Etes-vous contre cela?
M. Lalonde: Je pense que le député de Laprairie a
mal à la tête, M. le Président.
M. Michaud: Non, monsieur, du tout; si vous êtes contre la
réduction des primes, c'est anormal.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Laprairie, s'il vous plaît, un peu de
coopération.
Une Voix: Parce que ses amis font moins d'argent.
M. Lamontagne: On peut suspendre.
Le Président suppléant (M. Laplante): Pas du tout,
M. le député de Roberval.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Si les primes ont
été réduites récemment, on le doit aux lois que
j'ai mentionnées tantôt et aux décisions administratives de
l'ancien gouvernement sur la sécurité routière, et en
particulier sur le port de la ceinture de sécurité. On
récolte maintenant les résultats...
M. Chevrette: Mais oui.
M. Lalonde: ... des décisions éclairées de
l'ancien gouvernement concernant la surveillance sur les routes et le port de
la ceinture de sécurité. J'ai lu dernièrement il
est possible que le ministre ait lu les mêmes journaux; en fait, nous
n'avons pas le choix aujourd'hui ou hier, que la Sûreté du
Québec commencerait à appliquer plus sévèrement la
loi sur le port de la ceinture de sécurité. Je pense que c'est
une réponse à un besoin. D'ailleurs, je suis surpris que depuis
le 15 novembre, un certain laxisme se soit installé dans ce secteur, qui
a coûté sûrement cher à tous les
Québécois au niveau des primes d'assurance, au niveau des
coûts de l'assurance et au niveau de la santé aussi, alors que
nous, lorsque cette loi est entrée en vigueur le 15 août 1976,
nous avions prévu une période de grâce, une période
de transition de quelques mois, pas d'un an. Enfin, disons que le gouvernement
a compris et qu'on ne peut qu'accueillir avec beaucoup de satisfaction une
décision de ce gouvernement, enfin, de la Sûreté du
Québec, en particulier. Je suis sûr que même le ministre
donne l'exemple à ce propos.
M. le Président, des Québécois, d'après les
statistiques que je n'offrirai même pas de défendre au point de
vue scientifique, mais que j'ai lues est-ce que ce sont des sondages,
est-ce que ce sont des statistiques, je l'ignore apparemment, il reste
que 80%, après l'adoption de cette loi sur le port de la ceinture,
l'observaient. C'étaient tombé à 60%, si j'en crois le
même article. Je pense qu'il est temps que le gouvernement intervienne,
de façon humaine, humanitaire, de façon raisonnable et applique
quand même un peu plus de sévérité quant au port de
la ceinture de sécurité, une loi, justement, pour laquelle ce
parti a voté.
Mme le Président, votre prédécesseur m'a
rappelé à l'ordre, lorsque j'ai parlé de la loi
étatique et socialiste qui s'appelle la loi 67. Je regrette de ne
pouvoir l'oublier, même si je ne peux pas en parler. Je ne peux pas faire
abstraction de cette loi. Dans cette perspective, je vois justement les deux
gros sabots du gouvernement. Le premier gros sabot, c'est la loi 49 qu'on
discute ce soir. Le deuxième, c'est la loi 67. Encore une fois, le
gouvernement a décidé de régler un problème en
chaussant ses gros sabots. Encore une fois, ce gouvernement, dans son ignorance
de la réalité, poursuivant ses chimères, fidèle
à son scénario et à ses promesses électorales,
accordant plus d'importance à la parade qu'aux intérêts
concrets des Québécois, a décidé que l'Etat
réglerait tout en prenant tout. On sait ce que cela a coûté
à d'autres contribuables dans d'autres régimes. Quant à
moi, avec les graines qu'on nous offre, qu'on aurait dû avoir le courage
de retirer ce soir, au lieu de retirer simplement les principes et de nous
laisser la carcasse, en ce qui me concerne, après cent jours, demain, de
débats à cette session, je n'ai pas l'intention de voter pour une
carcasse.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, je serai
très bref. Je connais le corridor très étroit dans lequel
nous pouvons nous aventurer, étant donné qu'il s'agit d'un projet
de loi qui n'est qu'un contenant et que, comme l'a bien réalisé
et s'en est bien rendu compte le député de Marguerite-Bourgeoys,
on ne peut pas tellement toucher au contenu.
Je voudrais, à ce moment-ci, simplement soulever une seule
question, laissant à mes collègues le soin d'aborder
l'étude de ce projet de loi sous d'autres aspects. Je voudrais
simplement m'en tenir à une déclaration qu'a faite dans cette
Chambre le ministre parrain du projet de loi. Pardon?
Mme Payette: Marraine!
M. Levesque (Bonaventure): C'est assez embêtant.
Mme Payette: Vous n'avez pas l'habitude.
M. Levesque (Bonaventure): Lorsqu'on dit Mme le Président
et Mme la Présidente, les deux s'acceptent. Lorsqu'on dit Mme le
ministre ou Mme la ministre, cela peut s'accepter. Je parlais de Mme le
parrain; devrais-je dire Mme la marraine? Encore là, c'est la même
subtilité et la même confusion qui s'établit parce qu'il
est assez difficile...
Mme Payette: Appelez-moi Lise, comme tout le monde.
M. Levesque (Bonaventure): On peut peut-être laisser les
personnes qui font l'objet de ce titre décider pour elles-mêmes ce
qu'elles préfèrent. Je demanderais au ministre des Institutions
financières ce qu'elle préfère. Aime-t-elle mieux que je
l'appelle Mme le ministre ou la ministre, ou Mme le parrain ou la marraine?
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle, je vous ai reconnu le droit de parole sur le projet de loi.
M. Levesque (Bonaventure): Mais c'est Mme le ministre qui m'a
interrompu et qui demande que je l'appelle Mme la marraine. Je veux bien
coopérer.
Mme le Vice-Président: Ce que je vois, maintenant, c'est
que vous lui demandez une directive mais, habituellement, la directive, on la
demande au président.
M. Levesque (Bonaventure): Je vous la demande, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Et, comme je ne suis pas
responsable du titre qu'elle veut bien chercher, je pense que vous allez
être obligé de lui demander en dehors de l'Assemblée, M. le
chef de l'Opposition officielle.
M. Lalonde: On s'oppose!
M. Lamontagne: Nous tenons à ce que nos relations soient
strictement parlementaires!
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Payette: On réglera cela en dehors de la Chambre.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président...
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, je disais
justement que la marraine du projet de loi avait fait une déclaration,
disant qu'elle n'avait pas, jusqu'à présent, osé, si l'on
veut, annoncer une diminution des primes d'assurance par prudence et qu'elle
avait laissé le soin aux compagnies d'assurance de faire de telles
déclarations. Ces propos ont été rapportés dans la
Presse, Mme le Président. Entre autres, je lis Normand Girard, ce matin,
qui dit ceci, et je cite...
Des Voix: Qui?
M. Levesque (Bonaventure): M. Normand Girard, un des journalistes
les plus chevronnés de la Tribune de la presse, que vous auriez grand
intérêt à connaître et à lire. M. Girard
disait ceci, et je le cite... J'aurais pu, évidemment, Mme le
Président, citer également le Montréal-Matin qui avait en
page frontispice: Mme Payette triomphe. Baisse des primes d'assurance! J'aurais
pu en citer plusieurs autres; je veux simplement citer celui-ci: "Le
prétexte était une déclaration des représentants de
Royal Insurance Canada et du groupe Commerce selon laquelle il sera possible de
diminuer les primes d'assurance automobile de 30% à 40% en raison de la
diminution des accidents, d'une part et, d'autre part, du futur régime
d'assurance d'Etat couvrant les dommages corporels ".
Mme le Président, je dis que c'est de cette façon que l'on
peut manipuler l'opinion et d'une façon qui m'a scandalisé. Je
suis même allé aux sources je veux bien prêter toute
la confiance possible à Mme le ministre et savez-vous ce que ces
compagnies d'assurance et ces porte-parole ont dit? A la suite du régime
qui sera mis en place éventuellement, les revenus de primes des
compagnies d'assurance diminueront de 30% à 35%, parce que, justement,
ces compagnies d'assurance n'auront plus à couvrir les dommages
corporels.
C'est très différent de ce qu'a voulu laisser entendre,
volontairement, sciemment ou non, le ministre, lorsqu'elle a dit que les
compagnies d'assurance avaient annoncé une baisse des primes. C'est une
baisse de revenus pour ces compagnies d'assurance.
Mme Payette: Mme le Président, j'en fais une question de
privilège.
M. Levesque (Bonaventure): ...mais en même temps...
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le ministre.
Mme Payette: Mes déclarations étaient basées
également sur l'article d'un autre journal, d'un autre journaliste qui
avait mené son enquête auprès de six compagnies d'assurance
au Québec et qui arrivait au résultat que non seulement les
primes baisseront des 30% qui étaient prévus depuis toujours,
puisque ce sont les 30% que nous enlevons à l'entreprise privée,
mais qui prévoyait également une autre baisse de primes.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, c'est
absolument inexact. Je demanderais à Mme le ministre de revoir les
sources. Je suis allé aux sources qu'elle a évoquées et je
dis que la réponse que j'ai reçue est celle-ci: Les revenus des
primes, les revenus perçus par les compagnies d'assurance diminueraient
parce que ces compagnies d'assurance ne couvriraient plus les dommages
corporels, si le régime était mis en place. Mais ces mêmes
porte-parole m'ont confirmé à moi, personnellement, que le total,
et de ce qui sera exigé par l'Etat et de ce qui sera exigé par
les compagnies d'assurance, ne peut faire autrement qu'augmenter.
Le ministre devrait vérifier avant de laisser les media colporter
ce qu'elle a voulu, je dis volon-
tairement ou sciemment; je lui donne même la chance au coureur
mais je ne voudrais pas, cependant, laisser passer une telle
énormité et il faudra attendre, Mme le ministre, que vous ayez
des chiffres exacts, que vous ayez, une fois que votre régime aura
été mis en place, si telle est la volonté du
Parlement...
Mme Payette: Mme le Président, question de
règlement.
M. Levesque (Bonaventure): A ce moment-là, vous pourrez
apporter des conclusions.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement...
Mme Payette: Question de règlement, Mme le
Président. Je ne pense pas que cela soit pertinent au débat sur
le projet de loi 49, premièrement...
Mme le Vice-Président: Un moment s'il vous plaît! Un
moment s'il vous plaît! A l'ordre!
Avant d'accepter et avant de donner la parole à Mme le ministre
elle décidera si elle veut intervenir ou non je veux
simplement faire une réflexion. Il est prévu dans notre
règlement que le ministre qui propose un projet de loi a droit à
une heure de réplique d'accord au moment où se
terminera le débat, avant la mise aux voix du projet de loi.
Alors, si Mme le ministre veut maintenant intervenir, je la laisse me
dire à quel propos elle veut le faire, et c'est à elle en
faisant...
Mme Payette: J'avais soulevé une question de
règlement parce que je ne pense pas que la discussion soit pertinente
à la discussion du projet de loi no 49 qui est en cours actuellement et
également une question de privilège au sujet des accusations qui
sont portées par le chef de l'Opposition à mon égard et je
pense qu'il devrait avoir aussi l'honnêteté de reconnaître
que, si depuis quatre mois, j'ai eu la sagesse de ne pas annoncer de baisse de
primes, quand je le dis, c'est que je le sais.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, Mme le Président. Les
applaudissements sont proportionnels à la connaissance du sujet ou
inversement proportionnels, devrais-je dire!
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. Michaud:
Bravo!
M. Levesque (Bonaventure): On dirait que cela leur fait mal. Cela
fait mal d'avoir la vérité. Cela fait mal de se faire dire qu'on
manipule l'opinion ou qu'on essaie de manipuler l'opinion publique...
M. Chevrette: Arrive en ville.
M. Levesque (Bonaventure): Me ferait-on croire, Mme le
Président, qu'un régime qui n'est même pas en vigueur, qui
est simplement annoncé par un cadre qu'on veut offrir, simplement un
cadre juridique, Mme le Président, simplement une régie qu'on
nous demande de mettre sur pied, qui n'a d'existence que dans l'idée,
qui n'est qu'une conception présentement, qui est présenté
comme un projet pour étudier un régime qui sera
éventuellement mis en place, c'est cela, Mme le Président, qui
fait baisser les primes? C'est une énormité, encore une fois que
de vouloir passer une telle idée dans le public. C'est manipuler
grossièrement et d'une façon indigne l'opinion publique qu'on
réussisse à avoir, en page frontispice de certains journaux: "Mme
Payette triomphe. Baisse, des primes d'assurances ".
M. Boucher: Cela fait mal.
M. Levesque (Bonaventure): Je dis qu'à ce
moment-là, Mme le Président, et je le dis avec la
responsabilité dont je suis capable, on n'agit pas comme un gouvernement
ou un ministre responsable devant l'opinion publique et devant
l'électo-rat du Québec et devant ceux qui auront à payer
les primes d'assurance automobile. Je dis ceci, Mme le Président: S'il y
a eu une baisse dans l'assurance automobile jusqu'à maintenant,
premièrement il y a eu une baisse dans toutes les provinces
canadiennes...
M. Clair: Règlement!
M. Levesque (Bonaventure): Deuxièmement...
M. Charron: Je vois très bien que la blessure du
succès du ministre des Institutions financières est douloureuse
au chef de l'Opposition.
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement, j'aimerais que vous me disiez à quel propos vous voulez
intervenir. Est-ce sur une question de règlement?
M. Charron: Le propos le plus régulier qui est celui de
voir avancer le débat et de demander au chef de l'Opposition de s'en
tenir au propos de la loi 49. Il sait, mieux que quiconque, que la loi 67 lui
permettra de le faire à une autre occasion.
Mme le Vice-Président: M. le leader adjoint, j'aimerais
que vous vous adressiez à la présidence plutôt qu'au chef
de l'Opposition officielle.
M. Charron: Je vous demande, Mme le Président, vous qui
connaissez mieux que moi le chef de l'Opposition, de lui dire qu'il aura, au
moment de la loi 67, l'occasion d'avoir des propos semblables à ceux
qu'il tient, mais que la loi 49 ne le lui permet pas.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, parlant sur
la question de règlement...
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le chef de l'Opposition officielle, est-ce bien ce que
vous avez dit?
M. Levesque (Bonaventure): Sur la question de
règlement.
Mme le Président, je vais d'abord faire appel à la
présidence pour me permettre de m'exprimer d'une façon normale,
dans cette Chambre, sans être continuellement interrompu par des gens
comme l'ancien ministre du Travail, comme plusieurs députés. Je
ne m'arrêterai pas à les nommer, mais je voudrais m'exprimer d'une
façon normale ce soir et simplement, très brièvement. J'ai
dit que je serais bref. J'aurais terminé déjà, Mme le
Président. Je voulais simplement soulever ce point et ce point est
étroitement relié à ce que nous devons faire ce soir,
c'est-à-dire créer ce cadre juridique, c'est-à-dire la
Régie de l'assurance automobile au Québec. Je veux simplement,
comme j'ai le droit de le faire à l'étude de ce projet de loi qui
touche directement cette question, pouvoir faire une observation et terminer
mes phrases. C'est tout ce que je demande, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Vous avez terminé sur la
question de règlement, M. le chef de l'Opposition officielle? J'aimerais
dire à tous ceux qui sont intervenus sur la question de règlement
ce soir qu'il y a, dans notre règlement, un article, qui porte le
numéro 120, qui dit que "Le débat en deuxième lecture
et je le dis pour tout le monde, des deux côtés de
l'Assemblée doit être restreint à la portée,
à l'à-propos, aux principes fondamentaux je vous dis le
mot à mot et à la valeur intrinsèque du projet de
loi ou à toute autre méthode d'atteindre ses fins". Je demande
à chacun de peser les mots de cet article du règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, Mme le Président. Dans
le principe de ce projet de loi, il y a ces objectifs qui sont poursuivis et
qui ont été rendus publics d'ailleurs, maintes et maintes fois
par le gouvernement.
Ces mêmes objectifs ont été poursuivis par le
gouvernement antérieur. Cela a été de pouvoir proposer un
régime d'assurance automobile qui aurait pour effet de diminuer les
primes d'assurance ou de réduire le plus possible les primes d'assurance
et en même temps accorder la couverture la plus généreuse,
la plus générale possible. C'est ça, enfin, les objectifs
que voulait poursuivre et que poursuivait notre propre gouvernement avant le 15
novembre et ce sont ces mêmes objectifs qu'on a
répétés depuis, de la part du gouvernement actuel.
Or, je dis, Mme le Président, qu'en créant cette
régie de l'assurance automobile on n'atteint pas les objectifs qui sont
contenus dans les principes qui sont défendus présentement par le
ministre qui présente ce projet de loi. Le premier objectif, qui
était la réduction des primes, n'est pas atteint par la
création d'un régime comme celui-ci ou la création d'une
régie d'Etat et je dis cela particulièrement à cause des
déclarations qu'a faites le ministre tout récemment. C'est encore
tout chaud.
Je pense que j'ai le droit de m'élever contre une telle
prétention. Est-ce qu'elle l'a fait volontairement, sciemment? Cela,
c'est prêter des motifs à Mme le ministre, je ne suis pas
prêt à le faire; j'ai confiance en sa sincérité,
dans son objectivité, dans son désir de servir le Québec,
tout cela; les meilleurs sentiments, je suis prêt à les lui
donner.
Mme Payette: N'en jetez plus, la cour est pleine.
M. Levesque (Bonaventure): Mais, par exemple, lorsqu'on manipule
l'opinion publique et qu'on fait croire, volontairement ou non, à
l'opinion publique, aux automobilistes qu'ils auront à payer moins ou
que déjà il y a une baisse de prime et que Mme le Ministre
triomphe, je dis que nous avons le droit de rétablir les faits. Je suis
allé aux sources, Mme le Président. Les sources m'ont
confirmé qu'on a pris ces chiffres, qu'on a donné 30% ou 35%; je
dis que lorsqu'on parle de 30% ou...
M. Chevrette: Mme le Président!
M. Levesque (Bonaventure): Je vous laisse décider. Je vais
m'en aller, si je ne peux pas parler. Je n'ai pas commencé une phrase
que je ne peux pas la terminer.
M. Chevrette: Cela va être très court.
M. Levesque (Bonaventure): Si vous me dites, Mme le
Président, que je n'ai pas le droit de parler, que je n'ai pas le droit
de parler du principe ou des objectifs poursuivis, bien...
Une Voix: A l'ordre!
Mme le Président: A l'ordre!
M. Chevrette: Mme le Président, est-ce que quelqu'un qui
pose une question peut être entendu?
M. Marchand: Un autre ministre du Travail, c'est le
troisième.
Mme le Président: M. le député de
Joliette-Montcalm. Un moment, M. le député. Vous demandez, M. le
député de Joliette-Montcalm...
M. Chevrette: Selon l'article 100.
Mme le Président: ... à l'intervenant si vous
pouvez lui poser une question. Est-ce que c'est bien ce que j'ai entendu?
M. Chevrette: Je ne l'ai pas encore dit, vous allez au-devant de
mes pensées. Mme le Président, c'est en vertu de l'article 100,
c'est vrai. Je voudrais demander au chef de l'Opposition officielle...
M. Levesque (Bonaventure): Je ne permets aucune question.
Mme le Président: M. le chef de l'Opposition officielle ne
permet pas de question, M. le député de Joliette-Montcalm, et
c'est...
M. Chevrette: C'est un signe de faiblesse, je l'en remercie.
M. Marchand: Assoyez-vous.
Mme le Président: Et c'est son droit strict, M. le
député, de ne pas accepter de question, s'il n'a pas l'intention
de le faire.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, Mme le Président, et je
serai très heureux de répondre à toutes les questions, une
fois que j'aurai terminé mon intervention.
Mme le Président, nous n'avons pas le droit, dans le contexte
d'un débat comme celui-ci, de parler de ce régime qui n'est
même pas institué. On en parlera dans un autre projet de loi, qui
n'est même pas entamé, qui sera porté à la
connaissance d'une commission parlementaire plus tard et, je le dis encore,
dont on n'a pas le droit de parler, en vertu de nos règlements. Est-ce
à cause d'un tel régime qu'on aurait connu une baisse des primes
d'assurance? Non, Mme le Président, c'est fausser la
vérité.
Je dis simplement que, s'il y a une baisse, c'est d'abord à cause
des politiques du gouvernement antérieur, qui a vu à augmenter la
sécurité sur les routes. Deuxièmement, s'il y a une
baisse, généralement parlant, elle se trouve à travers le
Canada également, dans chacune des provinces. Ce qu'il faut regarder
dans le projet de loi actuel, c'est pourquoi nous créons une
régie de l'assurance automobile; pourquoi? C'est, j'y reviens encore,
pour réduire les primes d'assurance et, deuxièmement, pour donner
une couverture plus générale en vertu d'un régime à
venir.
Or, tout ce que j'ai voulu souligner par mon intervention ce soir, c'est
qu'on n'essaie pas présentement, avant même la création
d'une régie, avant même la venue d'un régime nouveau,
d'essayer, j'allais dire, si c'était le parrain, de se peter les
bretelles, mais je ne peux pas dire ça.
Ce que je veux dire, Mme le Président, c'est qu'on ne peut pas se
vanter, à ce moment-ci, d'une réduction qui ne serait aucunement
liée, qui ne serait liée d'aucune façon à
l'étude du projet de loi que nous avons devant nous ou à un
projet de loi ultérieur qui donnerait suite à celui que nous
avons devant nous.
Retournons à ces propos qui ont été tenus par des
porte-parole de compagnies d'assurance qui nous ont dit simplement ceci: Si on
nous enlève, à cause de la création de cette régie
de l'assurance automobile, à cause d'un nouveau régime qui va
s'occuper des dommages corporels, si on nous enlève cette partie de la
couverture et qu'on l'assume, d'une façon étatique et socialiste,
comme le disait le député de Marguerite-Bourgeoys, si on fait
cela, on nous enlève des revenus de primes d'environ 30% à
35%.
Mais ce que je dis cependant, lorsque l'on crée cette
régie, du moment que l'on crée la régie, Mme le
Président, c'est que l'on veut y entrer un contenu. Et dans ce contenu,
on va faire en sorte... C'est pour cela que je mets en garde le ministre, et
cela avant même que la commission parlementaire ne soit convoquée
au mois de septembre ou octobre. Je dis au ministre, en toute
objectivité, en toute bonne foi, dans le désir de lui être
utile et probablement très utile: Attention à vos
prédictions. Et attention à des déclarations comme celles
qui sont venues et qui ne sont pas reliées à des propos tels que
ceux qu'a évoqués Mme le ministre.
Mme Payette: Comme 100 000 emplois.
M. Levesque (Bonaventure): Lisez, relisez, les propos tenus par
ces porte-parole des compagnies d'assurance. Relisez surtout les nombreux
mémoires que vous avez reçus. Pensez en particulier et
c'est un conseil, un conseil d'ami pensez...
Mme Payette: ...comme vous, on n'a pas besoin d'amis.
M. Levesque (Bonaventure): Pensez à ceci, Mme le
ministre...
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Pensez, Mme le ministre, à
l'addition de ce qu'aura à payer l'automobiliste lorsqu'il aura à
acquérir ses plaques d'immatriculation, son permis de conduire. Il se
retournera ensuite vers les assureurs...
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle. Je veux simplement vous rappeler... Il me vient une
réflexion. Cela n'est pas tout à fait évident que vous
parlez du principe du projet de loi no 49. Mais je pense que vous avez
suffisamment d'expérience pour...
M. Levesque (Bonaventure): Et à cela vous ajouterez, Mme
le ministre ceci est encore un conseil les primes que devront
payer les automobilistes pour les dommages matériels; vous ajouterez les
primes qu'ils devront payer pour les dommages causés à
l'extérieur du Québec; vous ajouterez les primes additionnelles
que voudront payer ceux qui veulent avoir une assurance plus complète
que celle donnée par la régie d'Etat, la régie dont il est
question dans ce projet de loi. Vous ferez l'addition de tout cela et vous
ferez une comparaison avec les primes payées ailleurs, tenant compte des
diminutions qu'il y a également ailleurs à travers le Canada, et
vous pourrez alors vous lever et nous apporter des preuves de ce que vous
avancez.
D'ici là, je conseille à Mme le ministre la plus grande
prudence. Je conseille à ceux qui ont à traiter l'information de
bien faire leur devoir pro-
fessionnel et de bien regarder. Non, c'est bien beau, assis, comme vous
êtes là...
M. Michaud: ...le projet de loi. Lisez-le, le projet de loi, cela
va vous rendre service.
M. Levesque (Bonaventure): ...dans l'euphorie du PQ, où
tout le monde.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle.
Je demanderais l'ordre aux participants à cette Assemblée.
Je vous demanderais de laisser l'intervenant faire son intervention sans
vouloir faire de pléonasme et en même temps, j'aimerais,
puisque nous avons quand même arrêté le débat pour
quelques instants... J'espère ne pas présumer, M. le chef de
l'Opposition officielle, de ce que vous alliez dire, mais encore maintenant, ce
n'était pas tout à fait évident pour moi que vous parliez
du principe du projet de loi.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, je vais vous
rendre la justice et le témoignage suivants, c'est que vous avez raison,
de vous inquiéter, parce que je patine sur la glace mince au point de
vue procédurier et au point de vue parlementaire, parce que j'entre dans
le fond de la question de temps à autre. Je vous le dis et j'essaie de
coopérer. Je ne pouvais pas laisser passer cela, Mme le
Président, vous comprenez, parce que ce sont des déclarations
très chaudes, très récentes, qui touchent l'ensemble de la
question et surtout qui touchent les objectifs que l'on retrouve dans le
principe de ce projet de loi, les objectifs que l'on recherche en créant
la Régie de l'assurance automobile, c'est-à-dire la
réduction des primes, le premier objectif.
Je dis à Mme le Ministre qu'en présentant ce projet de loi
et en y ajoutant les commentaires qu'elle a faits elle-même, elle est
très imprudente. Je lui conseille la prudence, je lui conseille
d'attendre les résultats, s'il faut d'abord que le régime
lui-même soit mis en place. On n'est pas sûr encore. On a une
commission parlementaire; j'espère que Mme le Ministre, marraine du
projet de loi, n'agira pas comme certains de ses collègues qui appellent
les commissions parlementaires, qui acceptent les commissions parlementaires,
mais qui y vont avec l'idée préconçue de rejeter toute
suggestion faite par l'Opposition officielle.
M. Charron: A l'ordre! A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Du moment que je dis quelque chose qui
ne fait pas l'affaire de l'autre côté, cela crie.
M. Johnson: Vous êtes loin de la motion.
M. Levesque (Bonaventure): Comment voulez-vous que l'on puisse
procéder?
Mme le Vice-Président: Je demanderais qu'on me laisse
juger du moment où il faut intervenir. Je vous demanderais de respecter
l'ordre.
M. Levesque (Bonaventure): Je disais justement, Mme le
Président, avant que j'aie été pour la nième fois
interrompu, je conseille vous en ferez ce que vous voudrez, Mme le
Président, vous direz au ministre d'en faire ce qu'elle veut ce
que je dis, c'est qu'elle devrait aborder l'étude en commission
parlementaire avec la plus grande ouverture d'esprit, la plus grande
objectivité, que je lui reconnais d'ailleurs, à l'avance, afin
que nous puissions trouver le meilleur régime possible pour les
Québécois, pour les automobilistes. Ne tenant pas pour acquis
que, parce qu'on a pris une telle voie, il faut y demeurer coûte que
coûte, quelles que soient les conséquences, parce qu'on ne veut
pas perdre la face, parce qu'on a annoncé un peu trop tôt des
résultats que l'on escompte, mais pour lesquels on n'a pas de preuve ou
de base réellement solides.
Tant mieux si Mme le Président avait raison, si son
régime, une fois installé, lui donnait raison, nous serions les
premiers à applaudir.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition
officielle, je me demande si j'ai bien entendu, si vous avez parlé de
régie ou de régime.
M. Levesque (Bonaventure): Je parlais de cette régie qui
crée ce régime, Mme le Président, qui annonce ce
régime. Ce que je dis à Mme le ministre, et vous avez raison,
surveillez-moi de près parce qu'il m'arrive d'empiéter sur
l'article 120 et de glisser un peu vers cet autre projet de loi qui est
à côté de l'autre. Qu'est-ce que vous voulez? Le projet de
loi no 49 et le projet de loi no 67 se côtoient et, si je tourne une
page, je vois ce que l'autre projet dit. Je ne peux pas être absolument
ignorant du fait que Mme le Ministre nous a déposé deux projets
de loi; il faudrait que je me ferme complètement les yeux et que je dise
que je n'ai pas vu l'autre. Mais je l'ai vu, Mme le Président.
Ce sont les conseils que je donne. Comme le projet de loi que nous
étudions implique la création d'une régie, il est
important de savoir pourquoi, évidemment, nous créons une
régie. Cela n'aurait pas de sens de créer une régie si on
n'avait pas autre chose après. Créer des mécanismes
administratifs simplement pour le plaisir d'en créer, je pense que le
gouvernement en a fait assez de ces choses. Il faudrait bien que Mme le
Ministre responsable sache pourquoi elle fait une régie. Si elle fait
une régie, c'est pour y mettre du contenu. Le contenu, c'est le projet
de loi 67. Je dis à Mme le Ministre de profiter de la commission
parlementaire pour que cette régie, si elle doit avoir un sens et une
suite bonne pour les Québécois, soit suivie.
Je sais fort bien que, même si nous nous opposons à la
création de cette régie, la majorité ministérielle
va faire en sorte qu'elle soit créée. Je dis qu'une fois
créée, Mme le Ministre devra prendre toutes les
précautions imaginables, parce que ce n'est pas un projet de loi facile.
Même si les objectifs sont clairs, la réduction des primes, et,
par exemple, une couverture plus générale, la mise en oeuvre de
tout le système, la création de la
régie par ce projet de loi que nous avons devant nous et ce qui
s'ensuivra dans les autres projets de loi, tout cela est très complexe.
Mme le Ministre doit savoir, depuis le 15 novembre, qu'il s'agit là
d'une question fort complexe; elle l'a dit elle-même.
Tout ce que je lui dis, c'est qu'elle ne perdrait pas la face avec moi,
du moins, si elle disait: Je me suis trompée. Je suis prête
à modifier telle ou telle disposition de la loi. Je suis prête
à modifier telle ou telle partie du régime et, même, je
suis prête à modifier la loi créant la régie. Si,
à la lumière de l'expérience ou, même avant,
à la lumière surtout de ce qu'on lui dira en commission
parlementaire, elle modifie le cours des choses et que c'est dans
l'intérêt des Québécois, elle aura notre appui et
notre plein appui. J'essaierai de ne pas la taquiner non plus afin que
l'épreuve ne soit pas trop difficile.
Mme Payette: Vous allez voter contre?
M. Levesque (Bonaventure): Encore une fois, en terminant, si je
suis intervenu ce soir, ce n'est pas pour épuiser tous les aspects qui
sont contenus dans ce projet de loi. C'est surtout pour apporter un peu de
réalisme dans la discussion et pour rappeler au ministre qu'elle ne peut
pas manipuler l'opinion. Je ne le dis pas d'une façon
désagréable ou accusatrice, mais je dis que c'est l'effet que
l'on a connu aujourd'hui, par exemple, à la suite des
déclarations du ministre, déclarations qui manquaient,
évidemment, de rigueur et qui ne tenaient pas compte des
éléments que j'ai voulu souligner dans ma brève
intervention.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, Mme le Président. Quelques mots en anglais
pour exprimer un point de vue contre ce projet de loi 49 qui prévoit la
création d'une régie de l'assurance automobile du Québec.
I note, Madam President, we have a few more members present now, because the
party must be over, the bar is closed. But, nevertheless, there are some very
important things to be said about this proposed establishment of a régie
to develop a State operated insurance program. Let us look exactly where the
problem is, Madam President. We have a problem in Quebec and that is that 20%
of the people of Quebec are not covered by automobile insurance and
approximately 28% are not indemnified because of the accidents. And invariably,
because of the government responsibility to cover those cases which are not
indemnified, the State assume this responsibility as a financial obligation.
So, il makes sense... As the honourable minister of Agriculture would say:
C'est vraiment simple. We must institute compulsory automobile insurance, but,
Madam President, if we institute that compulsory automobile insurance, someone
would make a profit. Incredible! Someone would make a profit if we institute
that compulsory automobile insurance.
So, instead of allowing someone to make a profit because, now, it is
immoral to make a profit because we have a government that feels that profit is
not a just and worthy objective of a society. So, we must now establish "une
régie" that is going to do what the private sector is quite capable of
doing, and going to do it better. I challenge that, Mr President.
First of all, where is the expertise? Is it to be suggested that the
provincial government can now hire the expertise that can match that in the
private sector. Never. The private sector has had 100 years of development of
this expertise and its own system of selecting the best and the most capable
people to deliver.
And secondly, Mr President, is the motivation of profit and the efficacy
of profit, and we have examined this, around the world. How many places have
decided that it was more in the State's interest for the government to provide
insurance and make the so-called profit than allow the private sector to do it.
Invariably, in each and every case, it has cost everybody more money. Mr
President, the profit that is made by insurance companies in providing the
service is invariably taken out of the money they save it by doing it for. That
is so simple.
And so, I suggest very strongly that we look carefully at the rational
behind the establishment of this régie. With it, we begin to build the
new bureaucracy which will come in with self-evidence, facts, that it is a case
for the government to enter into this automobile insurance and definitely
prejudice any attitude that would be required to invoke a proper system of
indemnification in the area of automobile insurance for the people of this
province.
So, on behalf of my party, I support my colleague, the member for
Nicolet-Yamaska, in suggesting very strongly we must vote against the second
reading of this bill on the grounds that the establishment of "une régie
d'assurance automobile du Québec" is countered to the best interests of
the citizens of this province. Thank you, Mr President.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Le projet de loi
présentement devant nous a pour but la création d'un organisme
qui aura pour mission l'instauration d'un régime d'indemnisation
universelle sans égard à la responsabilité pour toute
personne victime d'un dommage corporel causé par une automobile. Je dois
vous dire que certaines automobiles, tel que mentionné dans ce projet de
loi, me posent plusieurs points d'interrogation. Bien que certaines soient
définies dans le projet de loi no 67, elles ne sont pas définies
dans ce
projet que nous avons à étudier présentement. Cet
organisme verra également à l'administration du fonds
d'indemnisation des cas non résolus par l'assurance obligatoire pour la
couverture des dommages matériels causés par une automobile.
Nous reconnaissons qu'il est nécessaire que le gouvernement
prenne des mesures concrètes afin de faire disparaître certains
problèmes relatifs à l'assurance automobile, entre autres le fait
qu'il n'y a actuellement que 80% des automobilistes qui possèdent de
l'assurance, et, d'après les statistiques, environ 26% des victimes ne
sont jamais indemnisées. Bien sûr que ces 26% paraissent
astronomiques, mais il faut y regarder de plus près car n'oublions pas
que plusieurs personnes n'ont pas été indemnisées parce
que responsables de l'accident et, n'étant pas assurées pour
leurs propres dommages, n'ont pas été indemnisées. Pour
cette considération, entre autres, Mme le ministre n'a besoin que de
rendre l'assurance obligatoire et de prendre les mesures nécessaires
pour faire appliquer une telle mesure.
Sur ce point, elle peut compter sur notre entière
collaboration.
Pour ce qui est des cas de non-couverture en raison de la
responsabilité, le projet de loi qui nous est soumis ne règle
rien car les circonstances...
M. Charron: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Saint-Jacques, sur une question de
règlement.
M. Charron: Sur une question de règlement. Je ne veux pas
être désagréable à mon excellent ami, le
député de Saint-Hyacinthe, mais tous ces arguments que Mme le
ministre, j'en suis convaincu, est prête à entendre et que nous
sommes prêts à débattre du côté gouvernemental
devraient intervenir au moment de la loi créant le régime.
M. le député parle de différents aspects du
régime que sera appelée à administrer la régie. Ce
que nous discutons ce soir et ce à quoi nous devons nous en tenir, c'est
si oui ou non c'est le principe de la loi, et l'article 120 du
règlement nous le rappelle nous devons, nous comme
Québécois, nous donner une régie de l'assurance
automobile. Maintenant, quel régime appliquera cette régie? Quel
régime cette régie sera-t-elle chargée de surveiller et
d'appliquer?
Nous aurons dans les tout prochains mois, à l'appel de Mme le
ministre, encore une fois, l'occasion de débattre ce régime.
Mais, en ce moment, c'est l'opportunité de mettre sur pied une
régie.
Je comprends très bien la difficulté qu'on peut avoir de
parler d'une régie qui ne toucherait pas au régime, mais notre
règlement a des impératifs, la loi a des impératifs que
tous les députés auraient intérêt à
observer.
M. Brochu: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Laplante): Oui, M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Je voudrais intervenir brièvement. Le leader
parlementaire adjoint a souligné la difficulté qu'il y a de s'en
tenir strictement à la pertinence du débat. Il n'est pas
prévu non plus dans notre règlement, de façon
spécifique, les cas où on doit discuter d'un projet de loi
à deux têtes, qu'on a séparé en deux, le
régime et la régie.
A ce moment, automatiquement, lorsqu'on envisage l'entité de la
loi, on a, par incidence, à faire référence tantôt
à l'un, tantôt à l'autre.
M. Charron: Pas dans les modalités.
M. Brochu: Pas nécessairement dans toutes les
modalités, mais le leader parlementaire adjoint comprendra très
bien et je pense qu'il le comprend qu'il est extrêmement
difficile de ne pas y toucher à l'occasion. Je pense que c'est le sens
de l'intervention du député de Saint-Hyacinthe, et on aurait
peut-être intérêt à le laisser terminer dans ce
sens.
Le Président suppléant (M. Laplante): Je comprends
parfaitement les difficultés entre les deux, mais je demande aussi de
respecter l'article 120 du règlement, s'il vous plaît.
M. Cordeau: Je reconnais que j'ai peut-être un pied en
dehors de la glace; par contre, j'ai peut-être I autre pied sur la
glace.
M. O'Neill: Cela patine mal.
M. Cordeau: Par son projet de loi, Mme le ministre propose de
diviser la couverture pour l'assurance en deux secteurs, l'un couvrant les
dommages corporels et l'autre les dommages matériels.
D'après ce projet de loi, les dommages corporels seront couverts
par le régime gouvernemental d'assurance automobile. Cela ressemble
à la régie. Nous reconnaissons le besoin de verser aux victimes
d'un accident d'automobile une indemnisation qui leur donnera justice.
La régie que créera le projet de loi no 49 deviendra
l'organisme qui aura pour fonction principale l'instauration d'un régime
de rentes qui couvrira les dommages corporels.
Comment le ministre peut-il affirmer qu'un même dommage corporel a
la même valeur et les mêmes conséquences lorsqu'il s'agit
d'un père de famille ou d'un célibataire qui en subit le
préjudice?
Quelle que soit l'indemnisation, il faut avoir à l'esprit une
saine notion de justice et d'équité. Hier, Mme le ministre a fait
allusion que cette façon de procéder amènerait une baisse
des primes d'assurance. Cela se pourrait car, les automobilistes ayant tous une
protection, les compagnies d'assurance n'auront plus à imposer à
leurs assurés une prime additionnelle, laquelle était
versée au fonds d'indemnisation, qui servait à indemniser les
victimes des chauffeurs qui n'avaient pas d'assurance.
De plus, je crois que les campagnes de prévention des accidents
ont porté fruit et qu'une
plus grande surveillance routière efficace aidera à
maintenir les primes à un taux raisonnable.
Dans le projet de loi 49 il est mentionné que la régie
pourra s'entendre avec la Commission des accidents du travail en vue de
l'application pratique du système proposé. Sur ce point, M. le
Président, j'ai des réserves, car mon expérience avec la
CAT, dans certains cas, n'a pas été des plus heureuses. En ce qui
regarde la rapidité, j'ai l'impression que ce n'est pas là que
les records de vitesse et d'efficacité ont été
enregistrés. Soyez bien prudente.
M. Brochu: Certainement pas.
M. Cordeau:... Mme le ministre. Il y a un autre domaine qui est
lourdement touché par ce projet d'une régie de l'assurance
automobile, et c'est celui du secteur privé, soit les compagnies
d'assurance. N'oublions pas que ce secteur de la vie économique a
toujours été très dynamique, et il est important que le
gouvernement ait une attitude qui manifeste son intention vis-à-vis de
sa survie.
Etant donné que la régie est l'application d'un
régime étatique de couverture des dommages corporels, nous ne
pouvons appuyer à ce stade un tel régime, tel que
présenté. C'est pourquoi je voterai contre le principe de ce
projet de loi en deuxième lecture.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Montmagny-L'islet.
M. Caron: Mme le Président, je ne voudrais pas être
désagréable envers mon collègue de Montmagny-L'Islet, mais
je sais qu'il va être très intéressant et si on compte,
nous ne sommes que 24 ou 25. J'aimerais bien avoir quelques collègues
additionnels en Chambre.
M. Guay: Mme le Président, sur la question soulevée
par le député de Verdun, je lui ferai remarquer que le Parti
libéral ne compte que cinq représentants sur 27 et que s'il veut
des représentants additionnels pour entendre le député de
Montmagny-L'Islet, il pourrait peut-être faire appel, au deuxième
étage, aux autres députés du Parti libéral qui ne
sont pas très nombreux ici ce soir.
Mme le Vice-Président: MM. les députés, je
veux simplement faire remarquer à chacun d'entre vous que quand vous
demandez le quorum, il faut penser s'il y a une commission parlementaire qui
siège ou pas. A ce que j'ai entendu dire, la commission parlementaire
qui siégeait à partir de vingt heures ce soir n'a pas
terminé ses travaux, alors nous avons amplement quorum.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: Mme le Président, étant donné
que la loi qui fait l'objet du présent débat a des dimensions
assez limitées si on la compare aux dispositions ou au contenu de la loi
67 qui va suivre, j'avais dans un premier temps songé à ne pas
intervenir dans le débat de deuxième lecture sur la loi 49
puisque nous aurions amplement les possibilités de discuter, et surtout
une matière beaucoup plus volumineuse à discuter lors de l'appel
de deuxième lecture du projet de loi 67. Mais au-delà de cela,
vous permettrez, Mme le Président, à un député de
cette Assemblée qui a vécu au moins quinze années de sa
vie dans une pratique professionnelle touchant le secteur de l'assurance,
d'apporter quelques remarques, même sur ce débat de
deuxième lecture qui a comme fin de constituer une régie de
l'assurance automobile chez nous.
Je le fais parce qu'il y a beaucoup de Québécois, non
seulement ces Québécois qui siègent devant nous, mais
beaucoup de Québécois en province dont certains peuvent partager
l'avis et l'opinion de ceux qui sont devant nous, mais dont d'autres ont des
conceptions différentes de ce que devrait être une réforme
de l'assurance automobile chez nous. Je le fais en me rappelant des travaux qui
ont été menés par l'Assemblée nationale du
Québec il y a trois ou quatre ans. On se rappelle tous que le
gouvernement de l'époque avait demandé à un groupe de
travail, un groupe de spécialistes qu'on a appelés à
l'époque les commissaires de la commission Gauvin, de mener une
recherche assez approfondie sur ce que devrait en être possiblement les
changements à apporter au régime de l'assurance automobile, tel
que nous le connaissons depuis que cette activité se pratique au pays, y
compris au Québec.
Il faut reconnaître que les gens qui avaient été
mandatés ont mené une véritable recherche, ont fait un
travail vraiment approfondi, se sont donné la peine de poursuivre des
études afin de connaître véritablement quels étaient
les différents régimes d'assurance automobile qui existaient, non
seulement sur le continent nord-américain, mais à travers le
monde.
Les commissaires à la commission Gauvin s'étaient
déplacés, avaient obtenu des renseignements et de la
documentation sur les régimes variés et différents qui
existent en Europe, même du côté de l'Asie, on est
allé jusqu'en Australie pour voir de quelle façon on appliquait
des indemnités là-bas. Il va de soi que les commissaires à
la commission Gauvin qui devaient faire des recommandations au gouvernement,
c'était le mandat qui leur avait été confié, somme
toute, c'était la raison même de l'existence de la commission. Ils
se sont donné la peine d'approfondir l'expérience vécue
par d'autres provinces canadiennes qui avaient vu l'Etat intervenir dans
l'activité du régime d'assurance; ils ont même
examiné ce qui existait dans certains Etats américains où
on avait décidé de vivre l'expérience du régime qui
opérait en dehors du principe de la faute ou de la
responsabilité.
Somme toute, ces recherches très élaborées
menées par les commissaires, ont produit un rapport qui a
débouché sur une série de recommandations au gouvernement,
en vue, dans un premier temps, d'améliorer le mode d'indemnisation
des
victimes de l'automobile chez nous et, comme deuxième volet, dans
ces recommandations, les commissaires ont recommandé au gouvernement de
changer les structures administratives du régime.
On a reconnu qu'on devait changer les structures administratives afin de
réduire le coût de l'assurance automobile chez nous. On avait
découvert d'abord, que depuis au moins vingt ans, la province de
Québec détenait le record de toutes les provinces du Canada en
matière de coûts d'assurance très élevés. Les
statistiques produites par chacune des provinces, l'expérience
vécue en matière automobile dans chacune des provinces,
révélaient qu'année après année, le
Québec avait toujours le nombre moyen d'accidents par 100 automobiles le
plus élevé au Canada. Ce qui est plus grave, c'est que les
statistiques disaient également que le coût moyen payé et
versé pour chacun des accidents survenus au Québec
détenait également le record et était toujours le plus
élevé des provinces canadiennes.
Or, lorsqu'on possède un tel record et, pour ceux qui connaissent
le moindrement ce qu'est le coût de la prime, selon les classes
d'assurés, selon l'âge de ces derniers, selon l'expérience
des accidents survenus aux automobilistes, selon l'usage du véhicule, le
type de véhicule, ceux qui connaissent ça reconnaissent qu'on
devait vraiment tenter de modifier notre structure d'assurance afin, dans un
premier temps, de diminuer le coût aux usagers et, par la même
occasion, examiner s'il n'y avait pas d'autres façons d'appliquer un
régime que celle que nous avions connue précédemment.
Cette commission Gauvin recommandait au gouvernement d'atteindre les
deux fins principales, soit celle de modifier le fonctionnement du
régime existant, et proposait également des mesures pour
réduire les coûts. Du côté d'un changement au
paiement des indemnités, on avait débouché sur le principe
de la non responsabilité dans les recommandations. C'était
peut-être là le grand changement proposé par la commission
Gauvin. Vis-à-vis de ce projet de réduire le coût de
l'assurance automobile au Québec, on avait proposé d'abord au
gouvernement de changer toutes les structures de la sécurité
routière, passant par le Code de la route, passant par une équipe
de surveillance, d'une vérification ou d'un examen des véhicules,
enfin ceux qui ont travaillé dans cette Chambre à l'époque
se rappellent tout ce que comportaient ces recommandations dans une meilleure
politique de sécurité routière.
On avait également proposé dans une réduction
éventuelle des coûts, d'éliminer le principe de la
responsabilité parce que les recherches menées nous indiquaient
que, si on éliminait le principe de la responsabilité, nous
pouvions aller chercher, sauf erreur, une réduction de 2,5% dans le
coût des primes.
On avait également proposé au gouvernement, toujours dans
cette recherche de réduction des coûts, de changer de façon
assez draconienne le système de mise en marché de l'assurance au-
tomobile, de remplacer ce qu'on avait connu comme structure
antérieurement, c'est-à-dire l'existence d'un courtier, par un
homme qui ferait à peu près le même travail, mais qu'on
qualifierait d'un autre titre et qui surtout serait
rémunéré d'une autre façon.
C'étaient là les éléments en vertu desquels
les commissaires avaient proposé au gouvernement des changements au
régime d'assurance automobile existant. Mais ils n'avaient pas
recommandé de façon formelle au gouvernement
québécois de prendre en charge l'administration d'un
régime d'assurance automobile de façon totale ou partielle, sauf
que, dans une dernière recommandation, ils avaient indiqué que,
si le gouvernement n'appliquait pas toutes et chacune des mesures
proposées, il devrait, face à ce refus d'accepter toutes les
mesures, examiner sérieusement la possibilité d'étatiser
entièrement l'assurance automobile.
Puisque nous avons une loi qui a comme fin de créer une
régie de l'assurance automobile au Québec, il est encore permis
de se poser la question, en gens intelligents: Pourquoi devons-nous avoir une
régie de l'assurance automobile au Québec?
Lorsqu'on connaît les fins poursuivies par l'actuel gouvernement,
comme principe d'indemnisation des victimes d'assurance automobile, pour un, je
crois comprendre les raisons de l'existence d'une régie.
J'ai eu l'occasion d'émettre quelques opinions en commission
parlementaire du ministère des consommateurs, je crois. Si on veut
vraiment, au Québec, faire accepter le principe nouveau d'indemnisation
qui est proposé entre autres dans la loi 67 que nous allons
étudier, il m'apparaît assez difficile de convaincre l'entreprise
privée de procéder, en matière d'indemnisation des
victimes de blessures corporelles sur la base d'un système de "no
fault", de non-responsabilité à partir de rentes indexées
annuellement.
Je ne dis pas que c'est totalement impossible, mais ce serait difficile
pour des compagnies d'assurance dans l'industrie privée, toujours dans
l'application du principe qui est recherché par la création de la
régie dans la loi 49 qui, somme toute, est à peu près le
contenant qui va recevoir son contenu lorsque cette Assemblée aura
adopté le projet de loi 67. La loi 49 est un contenant, si on examine
les dispositions de la loi. Et la viande, comme on dit souventefois, que nous
allons retrouver véritablement dans tout cela, ce sera dans la loi
67.
Si le gouvernement tient absolument au grand principe d'indemnisation de
toutes les victimes de blessures corporelles, sans tenir compte qu'il y ait
responsabilité ou non-responsabilité dans les circonstances qui
ont provoqué ces blessures corporelles, je crois qu'il serait
très difficile pour des compagnies privées d'appliquer ce mode
d'indemnisation et de rémunération. En effet, pour avoir
véritablement un système équitable, juste et uniforme pour
tous les réclamants, pour toutes les victimes, il faudrait que les
compagnies procèdent
elles-mêmes, à partir d'un mécanisme, d'une
régie privée qui, elle, aurait des modes uniformes pour
déterminer les pertes de capacité ou tout autre
événement découlant d'un accident d'automobile, de
manière que toutes les victimes de blessures corporelles suite à
un accident d'automobile soient vraiment indemnisées sur une base
équitable ou, tout au moins, sur une base égale. Sur une base
équitable, cela reste largement discutable pour des raisons que le
ministre connaît et qu'on accepte très facilement.
M. Charron: Bien oui.
M. Giasson: Cependant, si les compagnies privées
d'assurance avaient été plus vigilantes dans une recherche de
vouloir améliorer sans cesse un régime d'assurance, que ce soit
automobile ou cela peut être également le même
phénomène dans d'autres types d'assurances, je ne comprendrais
pas que l'actuel gouvernement doive absolument aller du côté de
l'étatisation d'une partie de l'indemnisation des victimes.
Mais, cependant, je viens d'aborder le principe de base, le grand
principe qu'on a recherché, mais tout cela se traduit par des
coûts. Cependant, je me permettrai de vous dire que je n'ai pas le
même optimisme que le ministre peut avoir en matière de coût
dans l'opération d'un tel régime. Je ne veux pas lui enlever son
optimisme, cela lui est propre, cela lui appartient, mais je sens d'ores et
déjà que le paiement des indemnités sous forme de rente
indexée va se traduire, après quelques années
d'opérations, par une augmentation du coût ou de la charge qu'on
fera à chacun des automobilistes ou à chaque détenteur de
permis.
Cette augmentation de coût va découler d'abord d'un
régime indexé et, deuxièmement, va subir les pressions qui
vont venir du public auprès du gouvernement. Que ce soit celui-ci qui
administre le Québec ou d'autres qui le remplaceront, nous allons
indéniablement subir des pressions venant des citoyens
québécois qui vont demander sans cesse, avec l'évolution
du temps, qu'on soit plus généreux dans les rentes qu'on va
verser aux victimes de blessures corporelles dans des accidents
d'automobiles.
Il ne faut pas se leurrer, Mme le ministre, là-dessus. On n'a
qu'à examiner d'autres régies d'Etat qui ont comme fonction de
verser des rentes aux citoyens du Québec pour découvrir que,
d'après les évaluations actuarielles qui ont été
préparées pour mettre en place ces tels régimes,
déjà les actuaires qui avaient travaillé reconnaissent
qu'il va falloir réviser tout cela, entreprendre de nouvelles
études et que les citoyens québécois vont subir des
augmentations de cotisations qui ont comme fins de subventionner les
régimes que nous avons en matière de sécurité
sociale dans différents secteurs d'activité chez nous.
Lorsque le ministre a déclaré qu'elle savait depuis
quelques mois qu'il y aurait réduction des primes d'assurance automobile
au Québec, moi je la crois quand elle dit cela. Je présume
qu'elle-même et ses fonctionnaires ont eu l'occasion d'examiner les
rapports financiers de toutes les compagnies d'assurance qui transigent de
l'assurance automobile au Québec et qui sont incorporées en vertu
des lois du Québec. A partir du moment où les compagnies
d'assurance ont fait connaître les états financiers de la
dernière année financière, l'étude des chiffres que
contiennent ces états financiers indique ce que n'importe quelle
personne le moindrement avertie peut comprendre s'il va y avoir
stabilité dans la prime, s'il va y avoir augmentation ou diminution de
prime. C'est très simple. Le ministre sourit, mais c'est une
vérité fondamentale.
Pour ma part, je ne veux pas prendre de mérite, mais je sais,
depuis le mois de mars dernier, que nous avions toutes les possibilités
de réduction des primes d'assurance automobile, c'est-à-dire
à partir du moment où chacun des assureurs avec qui mon bureau
transige nous a produit l'expérience de l'année et que nous avons
examiné ces chiffres. Dans des discussions que j'avais avec le personnel
de mon bureau et les courtiers, nous avons tous convenu que l'année 1976
connaîtrait des réductions de prime d'assurance automobile. Cela
n'est pas sorcier. Tous les gens qui sont dans le secteur de l'assurance et qui
ont examiné ces états en sont tous arrivés à la
même conclusion.
Ce n'est pas la venue de la présente loi qui a fait que les
compagnies d'assurance automobile vont réduire ou ont réduit les
primes en 1976, c'est l'expérience pratique vécue par chacune de
ces compagnies.
Mme le Vice-Président: Je me demande, M. le
député, si vous faites suffisamment référence dans
votre intervention à la Régie de l'assurance automobile.
Mme Payette: C'est très intéressant.
M. Giasson: Mme le Président, il est évident que le
projet de loi no 49 ne fait pas mention du mode de financement de cette
régie ou du système.
Mais comment peut-on parler d'une régie qui va avoir comme
fonction d'instaurer au Québec les modes nouveaux d'un régime
d'assurance, du moins d'une partie d'un régime d'assurance, sans
examiner les faits pour lesquels est créée cette régie? Je
pense qu'on la crée pour deux fins: la première, que j'ai
tenté d'évaluer tout à l'heure et de désigner, et,
la deuxième, c'est de réduire le coût de l'assurance.
Si on doit parler d'une régie d'assurance automobile que
crée la présente loi, sans examiner les deux fins qu'on recherche
en la constituant ou en la créant, je me demande comment on peut parler
véritablement en deuxième lecture, parce que c'est là le
débat le plus large qui est permis par nos règlements. Je sais
qu'on pourrait bien parler d'autres éléments. On pourrait parler
de la responsabilité du ministre du Travail à l'intérieur
de la présente loi comme de la responsabilité du ministre des
Consommateurs. On pourrait parler longuement de la fonction qui sera celle de
la
Commission des accidents du travail, à qui on voudra confier un
rôle au plan de l'administration ou de l'attribution des
indemnités, si j'ai bien compris. Justement, ce serait facile de parler
de la Commission des accidents du travail, compte tenu de l'expérience
de cette régie d'Etat. C'est une autre régie d'Etat qui a de
longs états de services au Québec, régie d'Etat avec qui
nous avons dû communiquer à maintes et maintes reprises comme
députés, suite à des demandes qui venaient des
contribuables de nos comtés. S'il y a une régie au Québec
par laquelle le député peut devenir la courroie de transmission,
pour utiliser un terme qui est propre à mes collègues d'en face,
c'est bien la Commission des accidents du travail. Je suis certain que le
ministre va le reconnaître lui-même. L'expérience
vécue par à peu près tous les députés qui
ont siégé en cette Assemblée, depuis, entre autres, une
vingtaine d'années, nous indique que les modes de fonctionnement, que
l'équipe médicale, que les experts qui ont
déterminé les pertes de capacité ont toujours
provoqué des problèmes aux gens qui devaient
bénéficier des prestations de la Commission des accidents du
travail. Ce n'est pas possible, on ne peut pas créer une régie et
demander à la Commission des accidents du travail de traiter les gens
qui ont subi des préjudices de la même manière qu'on a
traité les accidentés de travail; ce serait de la foutaise.
J'ose croire que, lorsqu'on va demander à la Commission des
accidents du travail de prendre charge du paiement des rentes ou des
indemnités, cela sera un tout autre mode de fonctionnement et
d'évaluation des pertes que subissent les réclamants que celui
que nous avons connu traditionnellement chez notre Commission des accidents du
travail.
Mme le Vice-Président: Je vais devoir vous demander de
conclure, M. le député. Vous avez peut-être deux minutes,
mais pas tout à fait.
M. Giasson: Mme le Président, je conclus là-dessus.
Comment accepter entièrement et sans restriction le principe de la
création d'une régie d'assurance automobile tant que nous n'avons
pas véritablement approfondi le contenu qu'on va rattacher à ce
contenant? Le débat fondamental, selon moi, nous allons le faire lorsque
nous passerons à l'étude de deuxième lecture de la loi 67,
parce qu'assurément l'instauration et la mise en application du nouveau
régime vont dépendre des dispositions de la loi 67. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Mme le Président, je m'excuse auprès de Mme
le ministre, parce que j'étais occupé à une autre
commission parlementaire. Quelques brèves observations seulement sur
l'étude de ce projet de loi no 49. Evidemment, le ministre des
Institutions financières, en acceptant la responsabilité de diri-
ger ce ministère, a hérité de plusieurs dossiers, dont
celui de l'assurance automobile, qui n'était pas un dossier facile, nous
en conviendrons. La commission Gauvin a étudié pendant un certain
nombre de mois, je dirais même pendant pius d'un an, des commissions
parlementaires ont siégé sur ce sujet. Nous avons entendu des
représentants des différents groupes à l'époque
pour examiner le rapport Gauvin, ainsi que ses recommandations. Evidemment,
depuis cette date, nous aboutissons aujourd'hui à l'examen du projet de
loi no 49 qui, après la deuxième lecture, si ma mémoire
est fidèle et si j'ai bien compris, sera déféré
à la commission parlementaire en même temps que nous pourrons
étudier l'autre loi concernant l'assurance automobile.
Mme Payette: Mme le Président, je m'excuse auprès
du député de Beauce-Sud. Je dois apporter une correction. Le
projet de loi 49 n'est pas déféré en commission
parlementaire en même temps que le projet de loi 67.
Il sera étudié en troisième lecture, article par
article, dans les jours qui viennent.
M. Roy: Je remercie Mme le ministre de cette précision.
Merci, Mme le Président. Je voulais dire que ce projet de loi a pour
objet de créer une régie gouvernementale, la Régie de
l'assurance automobile, une autre régie qui vient s'ajouter à
toutes les régies que nous avons déjà au Québec
pour remplacer, l'entreprise privée. Malgré les reproches qu'on
peut lui faire, malgré les défauts, les lacunes et le
laisser-aller, et je dirai même certaines irresponsabilités
à certains moments, et je parle, à ce moment-là, des
compagnies d'assurance qui oeuvraient dans ie secteur de l'assurance
automobile, je ne sache pas que par la régie qui sera instituée
en vertu de la présente loi et par les autres lois qui en
découleront, on puisse réellement répondre aux besoins
réels et aux attentes de la population qui, elle, se plaignait,
évidemment, de certains défauts dans le système actuel.
Tout le monde en convient, tout le monde l'a admis, tous les membres de
l'Assemblée nationale l'admettent. Ils sont conscients, et moi, le
premier, je suis conscient qu'il est important que nous y apportions des
réformes. Mais est-ce que la réforme proposée par le
ministre est justement la réforme qui saura répondre le plus
adéquatement possible, le plus efficacement possible, le plus
honnêtement possible... quand je dis le plus honnêtement possible,
c'est que pour les victimes d'accidents d'automobile, que ce soit au niveau des
dommages matériels ou au niveau des blessures corporelles, ce puisse
être réellement le système qui verra à faire en
sorte de procéder, après une juste évaluation des dommages
à régler les sinistres dans les délais minimaux.
Quand je vois dans certaines dispositions de ce projet de loi des
références à la Commission des accidents du travail, je ne
peux m'empêcher d'être terriblement inquiet. Mon expérience
de député de comté ayant à faire du bureau,
à rencontrer des gens, est qu'il y a énormément de
dossiers
de personnes qui ont dû se référer à la
Commission des accidents du travail pour faire évaluer leur situation et
discuter avec elle, négocier avec elle pendant des semaines, pendant des
mois, pendant des années, et je ne sache pas que la Commission des
accidents du travail, à l'heure actuelle, soit en mesure de donner une
seule bonne leçon à n'importe quelle compagnie d'assurance,
malgré tous les reproches qu'on pourrait leur faire. C'est pourquoi je
dis que je suis inquiet parce qu'encore une fois, lorsque le gouvernement aura
décidé d'administrer lui-même ce service, il sera devenu,
en quelque sorte, un genre de service public. Même si on admet que les
améliorations s'imposaient, je me demande qui, quand, et où on
pourra trouver l'arbitre capable de prendre les intérêts des
victimes. Qui peut, actuellement, aller défendre les
intérêts des victimes d'accidents du travail j'y fais
référence parce qu'on y fait référence directement
dans le projet de loi qui est actuellement en discussion qui,
actuellement, peut être en mesure de faire le lien pour voir à
l'équilibre, pour s'assurer que cette entreprise, cette régie
gouvernementale, même si elle n'en porte pas le nom, sera en mesure de
donner justice aux personnes qui s'y réfèrent et aux personnes
qui n'ont pas d'alternative sinon de se référer à la
Commission des accidents du travail? Je dis que je suis inquiet, je serais
peut-être moins inquiet si on avait procédé à une
réforme en profondeur de la loi qui régit la Commission des
accidents du travail et qu'on aurait fait le ménage dans la boîte.
Il y a du ménage à faire là-dedans.
Dans les circonstances actuelles et avant même que la loi soit
réformée, lui ajouter, en plus des services qui leur seront
dévolus par les ententes qui interviendront entre la régie de
l'assurance automobile du Québec et la Commission des accidents du
travail, je ne sache pas qu'on puisse améliorer quoi que ce soit et
c'est pourquoi je n'ai pas l'intention de continuer plus longtemps,
malgré que nous aurions bien des choses à dire
là-dessus.
On pourra y revenir lors de l'étude, article par article, en
commission parlementaire, et on pourra y revenir plus tard lorsque la loi de
l'assurance automobile comme telle sera examinée.
Mais quand même, j'aimerais vous dire que la position que j'adopte
sur ce projet de loi n'est pas une nouvelle que j'annonce à cette
Chambre puisque je pense avoir été très catégorique
à l'occasion du discours inaugural, qui a été fait par le
premier ministre à l'Assemblée nationale, où j'ai
exposé mon point de vue très clairement à ce sujet. J'ai
dit que je serais contre toute forme d'étatisation dans le secteur de
l'assurance automobile bien que je reconnaissais qu'il y avait quelque chose
à faire.
Nous avons la Loi des assurances. Il y a des dispositions dans les
contrats d'assurance. Il y a des pouvoirs dont le gouvernement dispose à
l'heure actuelle pour forcer les compagnies d'assurance à régler
les sinistres un peu plus vite.
Il y aurait eu des amendements à apporter aux lois. Il y avait
sûrement des correctifs à apporter, mais le gouvernement,
évidemment, a choisi de présenter une régie de l'assurance
automobile plutôt que d'amener des corrections là où les
corrections devaient être apportées et pour lesquelles
énormément de représentations avaient été
faites ici à cette Assemblée, les représentations avaient
également été faites à l'occasion de l'étude
du rapport Gauvin en commission parlementaire.
Mme le Président, sans prolonger le débat, je vais dire
que c'est avec regret évidemment, même si je suis conscient
qu'il est important d'apporter des améliorations dans ce secteur
que je constate que le gouvernement choisit la forme d'étatisation d'un
secteur de l'assurance automobile pour évidemment reporter à deux
ans, à trois ans et peut-être quatre ans ce sera
peut-être un autre ministre qui sera là à ce moment
peut-être à cinq ans; une fois que la porte est ouverte, une fois
qu'on est entré quelque peu, il est facile par la suite d'aller un peu
plus loin, puisque effectivement, nous devrons avoir, en quelque sorte, deux
régimes d'assurance automobile, un régime d'assurance pour les
blessures corporelles qui nous sera garanti par l'Etat et un autre
régime d'assurance pour les dommages matériels qui nous sera
fourni par l'entreprise privée.
Comme les compagnies d'assurance continueront d'exister, comme les
courtiers continueront d'exister, comme en quelque sorte, la procédure
qui découle continuera d'exister et évidemment qu'on ajoute
actuellement à ce moment-ci... Et je n'ai jamais vu un gouvernement
faire de miracles de ce côté et je n'ai pas encore vu un seul
secteur au Québec, que le gouvernement a décidé
d'administrer lui-même qui ait été plus efficace, plus
rentable et qui ait coûté moins cher que celui qui nous
était offert par l'entreprise privée.
Pour toutes ces considérations, Mme le Président, je
maintiens l'attitude que j'avais prise à l'occasion du discours
inaugural, alors que j'avais déclaré très clairement
à cette Chambre que je m'opposerais à toute forme
d'étatisation dans le secteur de l'assurance automobile.
Mme le Vice-Président: Je veux simplement faire une mise
au point à la suite de certaines interprétations du
règlement qui sont faites en cette Assemblée ce soir.
J'ai entendu des interprétations selon lesquelles la
réplique d'un ministre qui propose un projet de loi pouvait être
de 20 minutes. Le règlement dit bien que le ministre a droit à
une heure.
Mme le ministre.
Mme Lise Payette
Mme Payette: Mme le Président, je vous remercie de me
faire savoir que j'ai droit à une heure. J'ai l'intention d'être
brève et comme je n'ai qu'une seule parole, ce sera vrai.
Je me retrouve avec une série de petits papiers sur lesquels j'ai
pris une multitude de petites notes pour faire cette réponse et j'ai
l'impression qu'elles me serviront peu tellement il s'est dit de choses
différentes et confuses à cette Assemblée.
Je dois vous avouer que je me sens un peu triste ce soir et ce n'est pas
la première fois à cette Assemblée où j'apprends
doucement depuis neuf mois à jouer un jeu qui me convient mal.
C'est un jeu de faussetés, d'ententes non respectées, de
négociations qu'on balance du revers de la main, de demandes qu'on vous
fait presque en vous suppliant, Mme le Président, pour que la situation
soit plus facile dans ces derniers jours. Tout cela pour vous dire, Mme le
Président, qu'au moment où on nous accuse d'avoir retraité
sur le projet de loi 49, je dois vous dire que, si nous avons annoncé
des amendements, c'est à la demande de l'Opposition qui ne se sentait
pas le goût, le coeur, la patience, le temps de faire le débat de
fond sur le projet de loi 49. La volonté du gouvernement, cependant,
était ferme.
Quand le chef de l'Opposition m'accuse d'avoir raconté des
mensonges dans cette Assemblée en disant que les primes d'assurance
automobile allaient baisser, Mme le Président, c'est qu'il n'a pas
compris que ce n'est pas la réforme, qui n'est pas encore en place, qui
fait baisser les primes présentement. Le député de
Montmagny-L'Islet, qui est le seul véritable spécialiste dans
cette Assemblée, le comprend bien; c'est la volonté ferme du
gouvernement, connue de tous, d'entreprendre cette réforme et de ne pas
reculer sur les valeurs de fond qui sont énoncées dans le projet
de loi 67 qui ont permis au public québécois, aux consommateurs
québécois de profiter à nouveau d'une concurrence qui
était devenue inexistante entre les compagnies d'assurance.
M. Giasson: Mme le Président, je fais appel à mon
privilège de député. Les derniers propos tenus par le
ministre indiquent que j'ai compris que, s'il y avait une baisse,
c'était dû à la volonté de l'Etat d'intervenir en
matière d'un régime d'assurance automobile. Ce n'est pas ce que
j'ai dit, Mme le ministre. Quand vous dites qu'il n'y a plus de concurrence, il
y avait de la concurrence bien avant 1977, il y avait deux grands groupes
d'assureurs au Québec qui existent depuis fort longtemps et auxquels
adhéraient un certain nombre de compagnies. Vous aviez aussi un grand
nombre de compagnies qui n'étaient membres d'aucun groupe
d'assurance.
Mme Payette: Mme le Président, je m'excuse si le
député de Montmagny-L'Islet a mal interprété mes
propos; mettons cela sur le compte qu'il est passé 22 h 30. Je
reconnaissais en lui le seul véritable spécialiste dans cette
Assemblée en ce qui concerne l'assurance automobile; d'ailleurs, ce
qu'il a dit au préalable le démontre bien. Mais je ne liais pas
cette affirmation au fait que j'affirme que les primes baissent parce que la
concurrence est rétablie entre les compagnies. Cela n'avait rien
à voir, M. le député. Je vous faisais une fleur que vous
n'avez pas su recevoir.
M. Giasson: Mais la plus belle fleur...
Mme Payette: C'est donc, Mme le Président, à la
demande de l'Opposition que nous avons déjà annoncé
certains amendements au projet de loi 49, puisqu'il ne nous paraissait plus
essentiel de maintenir l'affirmation des changements de fond à
l'intérieur de ce projet de loi vu qu'ils sont affirmés d'une
façon claire et précise dans un autre projet de loi qui est
déjà déféré à la commission
parlementaire et qui sera étudié dès la fin du mois de
septembre par cette commission et, ensuite, par cette Chambre.
Mme le Président, je voudrais juste souligner une chose, parce
que je pense que tous ceux qui ont pris la parole dans cette Assemblée
l'ont mentionnée; c'est la situation dans laquelle se trouve la
Commission des accidents du travail, à laquelle la régie à
être créée donnerait un contrat d'administration du
régime d'assurance automobile éventuellement. Cette Commission
des accidents du travail qui a, effectivement, Mme le Président, il faut
bien le reconnaître, la plus mauvaise réputation qu'on puisse
avoir au Québec, connaît présentement des changements
extrêmement importants...
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Opposition, sur une
question de privilège.
Une Voix: II défend l'indéfendable.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais, à ce moment-ci,
relever les propos tenus il y a quelques instants par Mme le ministre, selon
lesquels c'est à la demande de l'Opposition...
M. Lamontagne: Un instant, elle n'a pas dit cela toujours?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, elle a dit cela. Un instant.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Des deux côtés de cette assemblée. J'ai donné la
parole à M. le chef de l'Opposition officielle maintenant; il s'est
levé en vertu d'une question de privilège et non pas en vertu de
l'article 96, pour rétablir les faits, c'est ça?
M. le chef de l'Opposition, vous vous êtes levé en vertu de
la question de privilège et non pas en vertu de l'article 96,
d'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, j'ai voulu
relever les propos tenus il y a quelques instants par Mme le ministre des
Institutions financières à l'effet que c'est à la demande
de l'Opposition que le gouvernement aurait retiré certaines parties du
projet de loi no 49. Je proteste vigoureusement. Je pense, encore une fois, que
c'est probablement de bonne foi qu'elle a dit cela, mais elle a sûrement
été mal informée. Le gouvernement nous a fait part,
lorsqu'il nous a parlé, des projets qui restaient pour la fin de la
session, il nous a parlé, entre autres, de ce projet. Nous avons dit que
nous avions un débat assez long à faire sur la question de
l'assurance automobile.
C'est là que le gouvernement nous a offert d'enlever les parties
qui touchent le fond de la question. C'est cette précision que je
voudrais que Mme le ministre ait la décence de faire à ce
moment-ci.
Jamais nous n'avons demandé ça au gouvernement.
Aujourd'hui, j'ai rappelé le chef du cabinet du premier ministre pour
lui demander quels étaient les articles qu'il avait décidé
de modifier à la suite de ces conversations. Donc, c'est à la
demande du gouvernement et c'est en vertu du plan de fin de session du
gouvernement que ces choses se sont produites et non pas à la demande de
l'Opposition. C'était une question de privilège.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
privilège, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Charron: Pour compléter la question de privilège
du chef de l'Opposition et pour ne pas ouvrir un débat, je ne veux pas,
le règlement me l'interdit...
Mme le Vice-Président: Pour compléter une question
de privilège.
M. Charron: Mon privilège est aussi visé, parce que
j'ai été partie liée aux événements que
vient de relater le chef de l'Opposition. Je dis que c'est exact, qu'il
faudrait ajouter, en plus, que l'Opposition n'a aucunement protesté
à l'offre que faisait le gouvernement et que cela la satisfaisait
grandement.
M. Lamontagne: Question de privilège, Mme le
Président. Tout de même, je pense que la vérité a
ses droits.
M. Levesque (Bonaventure): Madame pourrait peut-être
retirer ses paroles.
M. Lamontagne: Tout à l'heure, le ministre... Mme
Payette: Moi, j'en étais à la CAT.
M. Lamontagne: ...le leader adjoint a bien mentionné,
à l'occasion d'une de mes questions de règlement, que
c'était le gouvernement qui indiquait à la Chambre quelles lois
étaient présentées et de quelle manière elles
étaient présentées. Je pense que le leader adjoint devrait
en tenir compte.
Mme le Vice-Président: Je pense, M. le whip de
l'Opposition officielle, que déjà M. le chef de l'Opposition
officielle et M. le leader adjoint du gouvernement sont intervenus sur les
propos de Mme le ministre. Je pense que ça devrait suffire maintenant.
Mme le ministre.
Mme Payette: Mme le Président, j'en étais à
dire...
Mme le Vice-Président: Avant, Mme le ministre, je m'excuse
une seconde, lors de mon intervention, tout à l'heure, pour tenter de
rétablir les faits, quand j'ai dit que vous aviez droit à une
heure, c'est que le proposeur du projet de loi a droit à une heure, mais
pour la réplique, c'est différent.
Mme Payette: Mme le Président, je m'étais
engagé à être brève et je vous ai dit que j'avais
une seule parole. J'en étais à parler de la Commission des
accidents du travail en signalant que je trouve qu'il est extrêmement
dommage que cette assemblée critique la Commission des accidents du
travail sans tenter de faire de ces critiques des critiques constructives.
M. Levesque (Bonaventure): Question de règlement! Je
m'excuse auprès de Mme le ministre, je ne veux pas être
désagréable.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le ministre avait tenu des propos
extrêmement durs à l'endroit de celui qui vous parle...
Mme Payette: Tels que les vôtres auparavant.
M. Levesque (Bonaventure): ... et injustes, malgré la
bonne foi que je lui attribue, erronés, devrais-je dire, parce qu'elle
n'était probablement pas au courant.
M. de Bellefeuille: Quel règlement, M. le
député?
Mme le Vice-Président: A l'ordre! M. le chef de
l'Opposition officielle, un moment s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous
plaît! Mme le ministre.
Mme Payette: Merci, Mme le Président. Je disais donc que
je souhaitais qu'on fasse de la Commission des accidents du travail une
critique constructive et cette Commission des accidents du travail, qui vit
actuellement une réforme en profondeur, sera effectivement prête
pour administrer le contenu du contenant que nous nous apprêtons à
former.
On a utilisé, pendant ces discours de deuxième lecture,
Mme le Président, un mot qui, à chaque fois qu'il a
été répété, me faisait terriblement mal. On
a parlé de carcasse, en parlant de la régie à être
créée. J'aurais préféré, comme l'a fait le
député de Montmagny-L'Islet, qu'on exprime, sous le nom de
squelette, peut-être, la régie à être
créée, puisqu'il a lui-même utilisé l'expression,
pour dire que le projet de loi qui doit suivre ajoute à ce squelette la
chair qui est nécessaire pour qu'on puisse parler d'un changement dans
le domaine de l'assurance automobile.
Je comprendrai mal remarquez que je vais rester probablement avec
cette question en suspens que le député de
Montmagny-L'Islet puisse voter contre le projet de loi, à la suite de ce
qu'il a dit. Cela restera sa décision à lui, j'imagine, mais je
dois vous déclarer, Mme le Président, que
je suis dorénavant convaincue que, quand les partis d'Opposition
votent contre un projet de loi du gouvernement, c'est un honneur pour le
gouvernement. Merci, madame.
Mme le Vice-Président: Cette motion de deuxième
lecture du projet de loi no 49 sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Brochu: Mme le Président, on ne voudrait pas priver le
ministre des honneurs qui lui sont dus dans les circonstances.
M. Levesque (Bonaventure): Vote enregistré. M. Brochu:
Vote enregistré.
Mme le Vice-Président: Le vote est demandé. Qu'on
appelle les députés!
Vote de deuxième lecture
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
C'est le moment de la mise aux voix de la motion de Mme le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières proposant
la deuxième lecture du projet de loi no 49, Loi constituant la
Régie de l'assurance automobile du Québec. Que ceux et celles qui
sont en faveur du projet de loi veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Burns, Cardinal, Bédard,
Laurin, Couture, Bérubé, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, M. de
Belleval, Mme Payette, MM. Proulx...
Mme le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre,
s'il vous plaît! A l'ordre!
Le Secrétaire adjoint: ... Charron, Tardif, Garon,
Michaud, Paquette, Vaillancourt (Jonquière), Marcoux, Vaugeois, Martel,
Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Bertrand, Laplante,
Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Lacoste,
Ouellette, Perron, Brassard, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault,
Charbonneau, Beauséjour, Baril, Bordeleau, Boucher, Gagnon, Jolivet.
Mme le Vice-Président: Contre.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Mackasey, Lalonde, Forget, Garneau, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Gratton, Springate, Biron, Grenier, Russell, Fontaine,
Brochu, Shaw, Le Moignan, Dubois, Cordeau, Samson, Roy.
Mme le Vice Président: Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 48 Contre: 31
Abstentions: 0
Mme le Vice-Président: Motion adoptée. A l'ordre,
s'il vous plaît! M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Motion adoptée, bien
sûr.
M. Burns: Deuxième lecture? D'accord. Cela va, M. le
secrétaire?
Mme le Vice-Président: Oui.
Motion de renvoi à la commission des
consommateurs
M. Burns: Mme le Président, je propose que ce projet de
loi no 49, Loi constituant la Régie de l'assurance automobile du
Québec, soit déféré à la commission
permanente des consommateurs, coopératives et institutions
financières.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté!
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Evidemment, pour fins d'étude article par
article. Je pense bien que tout le monde l'a compris. Sur ce, Mme le
Président, je vous demanderais d'avoir l'amabilité d'appeler
l'article 83 qui est la reprise du débat sur la motion de M. Johnson
proposant la deuxième lecture du projet de loi no 45. Je crois que
c'était le député de Notre-Dame-de-Grâce qui avait
demandé l'ajournement du débat. Peut-être pour vous donner
quelques indications, selon les consultations que j'ai eues avec les
représentants de l'Opposition, il semblerait que nous pourrions, dans le
but de faire avancer les travaux, possiblement nous rendre jusqu'à
minuit, ce soir. Je n'ai pas l'intention, sans le consentement de l'Opposition,
de dépasser cet horaire. Nous pourrions également j'en
donne avis à la Chambre reprendre peut-être les travaux de
la commission élue permanente de la présidence du conseil qui,
actuellement, examine, article par article, à la salle 81-A, le projet
de loi no 2 sur le financement des partis politiques.
Projet de loi no 45
Deuxième lecture (suite)
Mme le Vice-Président: Bon. C'est la reprise du
débat sur la motion du ministre du Travail proposant la deuxième
lecture du projet de loi no 45. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Picotte: II est aussi populaire que le ministre des
Institutions financières!
M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: Mme le Président, mes premières
paroles j'attends que l'autre président ait terminé
sont pour féliciter le ministre du Travail qui est occupé
à l'heure actuelle.
Je félicite le ministre du Travail parce que je sais que son
rôle est très difficile et c'est probablement le ministère
le plus lourd du cabinet.
Mme le Vice-Président: M. le député,
voulez-vous me laissez une seconde, s'il vous plaît? Je pensais que
l'ordre se rétablirait. Je demanderais aux nombreuses personnes qui ont
des conciliabules à tenir qu'on vous entende le moins possible, en tout
cas. M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Mackasey: Mme le Président, comme je l'ai dit, je veux
féliciter le ministre du Travail pour son premier projet de loi, la loi
45, qui est une loi qui modifiera encore le Code du travail probablement pour
la cinquième, sixième ou septième fois, et c'est normal.
Franchement, je crois qu'il y a des choses dans le projet de loi 45 que je peux
accepter facilement. Pour ma part, je n'ai jamais vu de façon tragique
la formule Rand, malgré qu'aujourd'hui cette dernière ne soit pas
exactement la formule du juge Rand d'il y a 30 ou 31 ans, à Windsor. Je
me demande pourquoi la United Aircraft a toujours prolongé une
grève parce qu'elle ne voulait pas de la formule Rand. Mais, quand
même, je pense que cette formule serait une amélioration dans
notre Code du travail. Elle a évolué un peu depuis 30 ans mais,
quand même, on parle de la formule Rand comme une mesure de protection
des droits de ceux qui ont des convictions religieuses ou qui ne veulent pas
être membres d'un syndicat, et cela arrive souvent au Canada. Il y a des
personnes qui, pour des raisons personnelles, ne veulent pas être membres
d'un syndicat mais qui sont prêtes à collaborer aux frais des
syndicats qui, par leur intervention, aident indirectement quelqu'un qui n'est
pas membre d'un syndicat mais qui travaille dans une équipe.
Because I am tired, I am going to speak my own language. I am sure that
nobody regards this as anything else than an effort to be precise and clear
because I belong to a very exclusive club, ministers of Labour. I began my
career ten years ago at the ministry of Labour, and if I have any advice to
give the minister is to never be ashamed to be the voice of the labour movement
in the cabinet. You will always find in the cabinet people who speak for other
vested interests. It is very difficult to speak out for the worker, for the
poor, for the unemployed, for the underemployed, for the people who are members
of a union, for people who are not. These are the ranked file of people who are
the backbone of the community. Too rarily are people prepared to stand up and
speak for these people. When I look back a couple of weeks ago preparing for
ironically a debate or a discussion some weeks from now of the labour strike in
this province from 1903, 1904, and 1905, and even the textile industry... A
Saint-Henri, en 1904, 1905, 1906, il y en avait des grèves au
Québec et on entendait toujours la même histoire: Les syndicats
sont trop forts, trop puissants. Ils n'avaient même pas le droit
d'empêcher les employeurs de les mettre sur les "piece works", comme on
dit, au lieu de leur donner un salaire minimum. C'étaient les
curés de paroisse qui étaient obligés de défendre
les ouvriers au Canada.
And we had the same thing in Cape Breton, in the Coal industry, in the
West, in the mining industry. And, so, you need in every cabinet somebody who
is prepared to get up and stand for the rights of the workers, and I hope that
the honourable gentleman will continue proudly to speak out for the workers of
the province of Quebec because he will find that his job is a very difficult
one, extremely difficult.
There are no votes to be gained in speaking out for the poor as he
knows. There are no votes to be gained in speaking for the immigrants or for
the workers but the satisfaction of the type that politicians are supposed to
enter politics for. If you cannot, through your efforts, improve the lot of
your fellow citizens, you have no right to be in politics.
Though, we should never be ashamed to work for the workers, but I would
be naïve and would the minister if I did not say that there are times when
some unions and union leaders take advantage of the very people that they are
supposed to be protecting.
Sometimes, the people who speak the strongest against the union are
members of the union. The minister of Labour is a member of a union, a member
of the Bar, one of the strongest unions in Canada. They negociate their own
increases in private and behind closed doors. I am another kind of an union
member. Forty years standing in the IEW and so my sympathies are very much with
the unions, very much with the workers. And for every overzealous union, too
powerfull, there is an employer just as strong and in many instances, very
strong. I have seen strikes started by employers who, because they had
stockpiled material and were unable to sell it, actually encouraged strikes.
But what is important here is that we improve a labour code which is not the
property of the union, but the property of the employer and the employees,
unless this piece of legislation, and I say that honestly to the minister, is
acceptable to both the employer and the employee, it cannot serve either party
weel, nor least of all the community, since, instead of being a mechanism to
improve dialogue, it becomes a further impediment to honest exchange of
differences of opinion and this is what worries me about bill 45.
Normally, I would have no hesitation to accept bill 45. I can and
I am saying to the minister accept the Rand formula, because, as I
mentioned, it is an alternative sometimes to a closed shop which is more
dangerous than hiring a union hall.
I can accept easier accreditation. After all, easier accreditation is
not so easy. You still have to get 35% of the people in the bargaining unit to
say: Yes, we would like to unionize and, after the government moves and after
long procedures, you then have to get 51% of the people in the unit to agree to
a union, for there is nothing extraordinary about the clause. It is a welcomed
clause. I do not say this in a derogatory sense. It is exactly the same formula
as we have in the federal code, the same formula in most of the provinces, and
I am surprised that employers would even raise a voice against a formula which
is moderate by today's standards, very moderate, because either we want our
workers to have the right to unionize or not.
I know that a lot of us would rather not at times, especially when we
run into unions, to take advantage of the workers, and I have been on both
sides of the issue.
Quand j'étais ministre du Travail, j'étais le
défenseur des employés syndiqués ou membres du syndicat.
Quand j'étais le ministre des Postes, j'étais l'employeur. J'ai
dû faire face à un syndicat qui ne défendait pas les
meilleurs intérêts de ses membres. Et, qui a souffert? Les
membres. Ils ont perdu $1500, $2000 ou $3000 de salaire lors d'une grève
inutile.
On voit cela souvent. C'est une grève qui a été
déclenchée sans le consentement de 50% des ouvriers. Il y avait
à peine 20% qui voulaient aller en grève. C'était facile
de mettre une ligne de piquetage devant un bureau de poste à Ottawa et
la grève s'est prolongée dans tout le pays dans l'espace de deux
jours.
C'est important d'avoir un équilibre. Il faut protéger
l'employeur autant que l'employé.
I must say, Madam le Président, that industrial relations are
human relations and you cannot legislate a happy marriage and you cannot
legislate industrial peace. You can only set up the framework, you can only
minimize the grievances, you can only try to formulate, structure the
atmosphere so that when two people meet at the bargainning table, at least they
begin from a base of mutual respect and not with hate, and not with anger and
not with pent up emotions that they want to let go at the bargaining table. If
there is anything wrong with the Quebec code I say this in front of the
minister from my very limited experience of looking at it, is it, for
some reason I could never understand maybe this week we will see bills
made and amended in five minutes that are the terrible tendency for too
much government interference in industrial relations and in collective
bargaining. There is not enough distinction made between bargaining in the
public service, bargaining in service industry, municipalities, and bargaining
in the free enterprises where usually the employer and the employee know within
a dollar what that employer can afford and will pay. Rarely are strikes over
money, they are usually over conditions, over attitudes, over real or imaginary
faults that are left to fester and grow. Money is always the headline because
it is usually the last thing to be adjusted. But there are times when no amount
of money will buy industrial peace. There are times when you must have your
strikes under our system... The best collective agreements, Mme le
Président, are those we see in the United States which have no term,
which can be opened on 30 days and some of them are 22 years old and there have
never been on strike in all those. Periodically, the workers will serve notice
that in 30 days they would like to bargain are wages. It is done, it is over
with. We did that in Canada when the jumbo jets came in.
Now, Mme le Président, what I am leading up to? I am leading up
to something for the benefit of the minister and for the benefit of the workers
of this province. I do not like bill 45 for certain reasons, I like the
accreditation bit, I like the Rand formula, some of the technical changes' are
important, I suppose, their housekeeping, they should be done, it is the time
to do them, but what concerns me is that we have not had a chance ot the unions
nor to the employers face to face in the committee. Find out what their fears
are, why are they afraid of the anti-scab legislation? Why have we not made in
commission, in committee, before the press, before the members here, a greater
distinction between strike breakers and professional strong armed men? Why have
we not discussed in committee how one action creates a reaction, how an
agressive picket line can cause trouble, how willfull damage to property in
turn creates the reaction which is the hiring of professional guards? And I
must say, about the Robin Hood thing, that what I saw was not a labour dispute,
but was an invasion of private property by people who had no right to invade
private property even under the excuse of being on strike and so this gesture
grows and grows until finally, we have people tired, perhaps overreacting to
protect the private property for which they were hired. These are not strike
breakers, this overzealous, undertrained, overarmed protective staff which has
nothing to do with whether strike workers were at work within the plant or not.
I can support the minister's concept that professional strike breakers should
not be hired, but I cannot support any concept that would render helpless an
employer simply because the union has called a strike and he had no right to
continue to operate. This is paramount to saying: We are going on strike on
monday, we will not bargain, we will be back in two months, knowing that, at
the end of two months, we will either get all we wants or the company will be
bankrupted and gone. That is not collective bargaining and the minister knows
it. I happened to know of a strike in Vancouver that I was involved in to
settle, where 7 pickets out of 287 people forced one of the largest
corporations in this country out of business. They moved to Alberta. 280 of
these employees worked in full-time in other plants, steel workers. So the
minister knows that I am right, but if you impede the employer's
right to keep the operation going, you have to put equal pressure on the
workers. Construction workers work on the Montreal waterfront everytime the
construction industry is to be shut down and everytime the waterfront is shut
down, the same people work on construction sites.
Mme le Président, I reluctantly have to state that I cannot
accept this bill for one reason. I want to accept, my instinct is to accept,
why do I not accept? Because in my short period here, and this has nothing to
do with my party policy, I do not know what its policy is, I do not even know
how it is going to vote, but I know one thing, that I do not want to hurt the
labour movement, I do not want to hurt the minister's future, and I mean this
sincerely. I would like to see the Labour Code revised, I know it can be
revised. The Federal Code took two years and $4 millions in research, I know
that it needs amending and I know that there are provisions here that are
important, and if the minister would promise me now that he would remove the
anti-scab clause that bother me, if he will bring in Bill tomorrow limited to
the Rand formula and accreditation, I would accept it and suggest that we have
second reading committee hearing and third reading all in one afternoon.
But as long as the so called anti-scab, which is an unfortunate misnomer
is there, as long as the employers are concerned, I think with justification
about that section, as long as they have no recourse to respectable
responsible... aknowledgeable undustrial at a commission, it is unfair to
labour, it is unfair to the management, it is unfair to the minister, it is
unfair to that government to proceed any further with the bill.
And I would urge the minister for his own good, for the good of labour,
for the good of management, for the good of the party, for the good of the
community of the province to withdraw this bill for 60 days. There is no harm
or shame in having another good look at this bill before he brings it back to
second reading, there is nothing wrong with that, I brought bills back five or
six times on the advice of good members in the Opposition in the NDP Party.
First, for instance, first time bargaining compulsory arbitration, which
he borrowed from British Columbia, I wonder if the minister knows that it
considered the most anti-union section of the British Columbia Labour Code. I
wonder if he knows that has been 21 appeals to this section and less than
eight, maybe seven or more have been granted because the employers refused to
bargain. They say: Give the matter off to compulsory arbitration, we will
accept the deal.
And so the unions are frustrated, because if the union's accreditness is
so weak that it cannot arrive at a collective agreement then there has to be
something wrong with the accreditation process.
So, I do not want to get into other parts of the bill, I do not want
to... I think the minister is right. I think the people are overreacting to
professional strike breakers, are failing to make the distinction between
protective staff and strike breakers.
M. le Président, I am sorry if I called you Madame. I have not
looked very carefully if there is a difference. It is not very hard to see, but
I do not question you either.
If I am a couple of minutes over, I do not think anybody will be too
concerned, you got half an hour from my birthday, I think I can afford it. But
I would suggest to the minister that he withdraw the bill, that he bring it
back when we resume hearings in a month or two and, in the meantime, take full
advantage of the period to review with the labour movement for these provisions
which I am not going to identify tonight, because of newspapers, because of
employers, because of other members. I have counted six features in that bill
which I have considered flagrantly anti-union, unintentionally, so, but obvious
to me. I see some that are flagrantly unfair to the employer and I am talking
about the one that would virtually win a plant rather than encourage people to
bargain. It will encourage these people who are leaving the province. We have
enough firms leaving, as it is.
Now, in conclusion, Mr Speaker, I will feel much better with that...
Le Président suppléant (M. Marcoux): Est-ce que je
pourrais vous appeler Mme le député?
M. Mackasey: Oui, avec plaisir. Cela dépend qui m'appelle,
par exemple. For just in conclusion, I want to say that I am in favour of any
legislation that improves the industrial relations climate. I do not want to be
a member of a party that has no sympathy for the workers of this province,
where 85% of the people are...
And I think I am speaking for all of my colleagues, including...
Le Président suppléant (M. Marcoux): Je vous invite
à conclure.
M. Mackasey: ... the member from Saint-Laurent, who made a very
objective speach and who was badly misquoted, because what he did was to show
the pros and cons of the legislation, as it fitted in in the actual Labour
Code. I think he did us all a service. If we read this carefully and if the
minister reads this speach carefully, there is plenty of facts about this
rights of the...
And if, in conclusion, just two more minutes, if I thought there was
anything in the history of this party that I have seen in nine months that
would encourage me to gamble on the committee here that I thought they would
accept amendments which I would bring forward in a spirit of cooperation,
because I have been interested in this field of activity and I still am...
But there is nothing and the minister must be aware. I have said it
objectively, for the good of this Parliament, when we come back. The government
has got to understand that our role is to improve legislation, by objective
criticism, in committees, and objective amendments, once we get out of this
arena, which is a theater, and into
commission. It is our responsibility to be informal, to be positive and
to improve the legislation which is going to affect the labour climate of our
province, such is our responsibility. But there is nothing in the history of
the PQ Party or government that would indicate that they are willing to accept
these amendments. So, I have no choice, because I know the...
Le Président suppléant (M. Marcoux): Vous avez
déjà dépassé votre temps de trois minutes.
M. Mackasey: Could I have unanimous consentment to go on a little
longer?
M. Laplante: Consentement.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Vous avez le
consentement.
M. Mackasey: Merci, M. le Président.
M. Johnson: Consentement pour deux minutes.
Motion de report à 60 jours
M. Mackasey: II y a un député là-bas, qui
est contre les syndicats qui a dit non. Je m'excuse. Je présenterai mon
amendement. C'est dommage, because I was going to propose something that would
have been acceptable to the minister, since he says: No, I wonder, I confer
with my amendment que la motion en discussion serait amendée en
retranchant le mot "maintenant" et en ajoutant, à la fin, les mots "dans
deux mois". C'est l'amendement que je propose. Je pense bien que le ministre
est à ma disposition. C'est simplement pour permettre au ministre de
prendre 60 jours pour réétudier le projet de loi et nous le
représenter dans 60 jours. Je lui dirai, devant tout le monde ici, qu'il
a ma pleine collaboration pour améliorer le bill, pour améliorer
le Code du Travail, pour arriver avec une solution acceptable pour l'employeur,
acceptable pour les employés, acceptable pour les syndicats et
certainement acceptable pour tous les membres de cette Chambre. Merci, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je voudrais
tout d'abord remercier le député de Pointe-Claire de me
permettre, à ce moment-ci, d'intervenir. Je serai très bref.
Le Président suppléant (M. Marcoux): Sur
l'amendement?
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Sur l'amendement proposé par le
député de Notre-Dame-de-Grâce, à qui je voudrais, au
nom de tous ses col- lègues et au nom de tous les collègues de
l'Assemblée nationale, non pas seulement formuler des
félicitations à la suite du discours qu'il vient de prononcer,
mais également nos meilleurs voeux à l'occasion de son
anniversaire de naissance, qu'il célèbre à minuit ce
soir.
Le député de Notre-Dame-de-Grâce est un homme
très compétent dans plusieurs domaines, mais
particulièrement dans celui qu'il a abordé ce soir, à
l'occasion du débat en deuxième lecture du projet de loi no
45.
Vous avez remarqué, M. le Président, j'en suis convaincu
et le ministre du Travail aussi, qui me donne quelques signes
approbateurs de temps à autre que le député de
Notre-Dame-de-Grâce a abordé l'étude de ce projet de loi
avec beaucoup d'objectivité et un souci évident de se pencher
d'une façon particulière sur le sort des travailleurs et
également sur les relations de travail et la qualité, surtout, de
ces relations de travail qui sont une condition du succès
nécessaire dans toute négociation ou dans tout processus qui a
trait à ce domaine extrêmement délicat, mais tellement
important pour le climat social du Québec et également pour le
bien de toute la population du Québec.
J'aurai l'occasion, en deuxième lecture, j'espère que je
serai ici à ce moment, de parler à la suite du
député de Saint-Laurent et de m'inscrire dans la pensée
qu'il a développée et particulièrement dans les latitudes
qu'il a prises vis-à-vis de ce projet de loi. Je m'en tiens cependant
à cause des règlements, à ce moment-ci, à
l'amendement proposé par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je crois que le ministre ne peut pas demeurer
insensible à cet appel que nous lui faisons ce soir de reporter, non pas
aux calendes grecques, mais simplement à deux mois l'étude de ce
projet de loi no 45. Non pas à deux mois réellement, prendre deux
mois avant de reprendre l'étude en deuxième lecture, mais
profiter de cette période pour convoquer la commission parlementaire qui
a été demandée par la grande majorité de tous ceux
qui s'intéressent de façon directe ou indirecte à cette
question.
Pensez aux éditorialistes, pensez aux journalistes qui ont
commencé l'étude du projet de loi, pensez aux milieux syndicaux
comme aux milieux patronaux, sauf quelques exceptions. Je pense en particulier
à ceux qui ont dit: Votez immédiatement le projet de loi, nous
sommes assez informés et ne revenez pas avec cela en commission
parlementaire, mais c'est l'exception. C'est pour le bien même de ceux
qui ont dit cela, et là je me réfère
particulièrement à un porte-parole de la FTQ et un porte-parole
de la CSN qui se sont fait entendre à ce sujet et qui ont
suggéré de l'adopter sans commission parlementaire, mais c'est
pour leur bien à eux également. C'est pour le bien des
travailleurs qu'il importe d'entendre en commission parlementaire ceux qui
voudraient s'y exprimer.
D'ailleurs, cela me surprend qu'on ne l'accepte pas d'emblée,
parce que le gouvernement nous dit ceci: Une fois la deuxième lecture
adoptée, nous reviendrons à l'automne pour poursuivre
l'étude de ce projet de loi. Or, je dis qu'il n'y aurait
sûrement pas, évidemment pas de préjudice de
créé ou de causé par le fait de permettre cette
période de deux mois et d'en profiter pour laisser à ceux qui
veulent s'exprimer le soin, la possibilité et l'occasion de le faire.
Laissons à ces gens l'occasion de venir s'exprimer et ne refusons pas
d'être éclairés davantage. C'est ce que je suggère
en appuyant la motion du député de Notre-Dame-de-Grâce. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce ne s'en est pas pris
violemment au projet de loi no 45. Au contraire, comme d'ailleurs l'a fait le
député de Saint-Laurent, malgré les titres que l'on voit
et qui sont absolument injustes sur la façon dont a abordé le
député de Saint-Laurent toute cette question. Mes
collègues qui ont pris la parole sur ce projet de loi ont abordé
cette question avec beaucoup d'ouverture d'esprit et on fait un appel constant
au ministre pour qu'il permette la convocation de cette commission
parlementaire. Ce qui me surprend, M. le Président, c'est que nous avons
toute cette série d'organismes et de gens qui demandent la convocation
de la commission parlementaire. Ce matin encore, je lisais que la
Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec
demandait la convocation de cette commission parlementaire.
Les deux seuls porte-parole syndicaux ai-je entendu, dire, qui
demandaient de passer outre à cette commission parlementaire, sont
constamment sur la brèche et ont constamment été sur la
brèche pour suggérer la convocation d'une commission
parlementaire. Il n'y a presque pas un projet de loi important que nous avions
à déposer ou à étudier, pour lequel nous n'avions
pas de pression pour la convocation d'une commission parlementaire. Je suis
surpris de voir l'attitude... On dirait qu'il y a quelque chose...
J'espère qu'on ne veut rien cacher, qu'on ne veut rien
précipiter, parce que...
M. Johnson: Question de règlement. Est-ce que le chef de
l'Opposition me permet? Mme le Président, je pense qu'il s'agit
peut-être d'une question de directive. Je me rends compte que dans son
argumentation, le chef de l'Opposition me dit qu'il appuie la motion du
député de Notre-Dame-de-Grâce pour un report à 60
jours dans le seul but que le ministre convoque une commission parlementaire
sur la question...
M. Levesque (Bonaventure): Un but, j'étais pour passer
à d'autres...
M. Johnson: Or, le chef de l'Opposition sait très bien que
cette Chambre a déjà rejeté une motion de l'Union
Nationale voulant qu'effectivement une commission parlementaire soit
convoquée. Je me permets de vous demander une directive, Mme le
Président. Je me demande si la motion d'amendement du
député de Notre-Dame-de-Grâce, étant donné
que le gouvernement a dit qu'il entendait...
M. Levesque (Bonaventure): Parmi plusieurs. M. Johnson:...
reporter la troisième lecture et l'étude, article par article,
effectivement au retour, ce qui est à peu près dans 60 jours. Je
me demande si la motion du député de Notre-Dame-de-Grâce
est recevable.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, je tiens
à vous faire remarquer que c'est...
Mme le Vice-Président: Je comprends, M. le chef de
l'Opposition officielle...
M. Levesque (Bonaventure): ... une question de
règlement.
Mme le Vice-Président: C'est une question de
règlement, d'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Je tiens à rappeler au ministre
du Travail que le député de Notre-Dame-de-Grâce a
présenté une motion de report à 60 jours, mais il a dit
que c'était pour permettre au ministre de bien réfléchir
et de tenir compte, justement, des arguments qu'il entend ici en cette Chambre
et de consulter... Il y a plusieurs motifs qui justifient le report à 60
jours.
Je reprends maintenant mon intervention qui s'achève, parce que
je ne parle pas au nom du parti. Je parle, à ce moment, comme
député de Bonaventure. Je voudrais simplement conclure en
demandant au ministre du Travail et en demandant au gouvernement de bien
réfléchir à ce qui me semble réellement non
défendable. Il est clair que le gouvernement veut continuer
l'étude du projet de loi en octobre ou novembre, je ne sais pas encore
quelle est la date de la reprise des travaux de la Chambre, mais c'est
sûrement après les 60 jours que l'on demande. Il n'y a
réellement pas de raison sérieuse... Pardon?
M. Johnson: De faire une motion. Il n'y a pas de raison
sérieuse pour apporter cette motion.
M. Levesque (Bonaventure): Non, il n'y a pas de raison
sérieuse pour refuser notre motion de report...
M. Johnson: Ah bon!
M. Levesque (Bonaventure): ... à 60 jours, parce que les
effets de la loi ne pourraient se faire sentir avant l'adoption de la loi. La
loi ne pourrait pas être adoptée avant une période qui
dépasse ces 60 jours. Pourquoi nous refuser l'occasion de
réfléchir, de part et d'autre, et de consulter, de part et
d'autre. Possiblement, c'est une suggestion, même si cela a
été rejeté, comme l'a évoqué le ministre du
Travail même si cette proposition a déjà
été refusée antérieurement, rien n'empêche le
gouvernement, rien n'empêche le ministre du Travail, rien n'empêche
l'Assemblée nationale de dire: D'accord, voyant le contexte dans lequel
se trouve l'étude de ce projet de loi, nous sommes d'accord. Même
si nous avons refusé la commission parlementaire la semaine
dernière ou il y a deux semaines, nous sommes d'accord; dans le contexte
actuel, il serait loisible, possible, désira-
ble même de convoquer cette commission parlementaire. Il n'y
aurait aucun délai additionnel vu le contexte actuel, vu le fait que ce
projet de loi ne sera étudié en troisième lecture
qu'ultérieurement. Je me demande pourquoi le ministre du Travail
n'accepterait pas cette proposition, cet amendement qui est fait de bonne foi
et dans un désir de trouver ici, à l'Assemblée nationale,
un consensus autour du projet de loi no 45 que nous pourrions bonifier.
Je rejoins, en ce moment, mes collègues et
particulièrement le député de Notre-Dame-de-Grâce
qui parlait de l'importance des relations de travail et de l'aspect humain des
relations de travail. Je suis convaincu que, si on avait une unanimité
autour du projet de loi no 45 bonifié ici, à l'Assemblée
nationale, son application éventuelle dans le monde du travail aurait
1000 chances de plus d'être acceptée et de réellement
créer un meilleur climat social et de meilleures relations de travail.
Je vous remercie.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frédéric Shaw
M. Shaw: Merci, Mme le Président. Premièrement, je
voudrais dire que c'est un privilège d'appuyer la motion dilatoire du
député de Notre-Dame-de-Grâce. Excusez-moi, pas
dilatoire.
M. Johnson: C'est exactement cela. Une Voix: Ce qui est dit est
dit!
M. Shaw: La motion qui vise à retarder de 60 jours la
deuxième lecture du projet de loi 45. When I first heard of the
appointment of the member from Anjou as minister of Labour for the Parti
québécois government of our province, I was pleased because I
felt that these times, particularly, with the history that this province has
had in labour relations over the past six years, they required someone with an
open mind to undertake the responsibility to take a department and a ministry
which of all the ministries in this province right now perhaps needs the best
leadership. I suggest not that there is anything in the background of the
member from Anjou except for the fact he has obviously demonstrated his
capacity to learn. He has obviously learned to become a lawyer and pass his Bar
exams, and further than that, he has learned to become a physician, two
professions which require a great deal of study and openness of mind. So, I
felt that, because he had the open-minded training of what might be considered
for any of students, he would, at least, be in a position to apply himself to
the responsibilities of this portfolio with the consideration that it deserved.
Because we recall perhaps one of the reasons why the previous government came
to fall from favour in this province was the disastrous period of labour
relations in the period between 1963 and 1966 where we had police departments
on strike and fire departments on strike, and long lock-outs at the Alcan, and
SIDBEC, and strikes in very important sectors of the construction industry that
set back projects and caused the cost of certain projects to become so
astronomical that they had to be stopped and discontinued.
And so, when bill 45 came down, in principle, I know our party is
supporting the object of this bill, that has accepted that the Rand formula, as
a principe to be applied to the labour movement in this province, is
commendable except that, unfortunately, it seems to only have noticed the first
few paragraphs of the Rand formula and accepted the concept of compulsory
check-off without the major recommendations of supervised secret ballots of
members of the association and the various sanctions that are associated with
supporting it legal strikes both by the union and by the individual
members.
A couple of weeks ago, or a few days ago, as a matter of fact, l'Union
Nationale used its day to discuss calling a parliamentary commission to
seriously study the implications of what is suggested in bill 45. I think
members of all parties of the Opposition participated in this debate and I
really felt again that we had a listener on the other side, a listener who was
not considering our interventions as being negative. I certainly considered the
interventions of the member from Notre-Dame-de-Grâce far from
negative.
He certainly complemented the positive aspects of the bill, for example,
expanding and making more accessible the certification of unions. It is an
interesting and an important aspect of the bill. But, as everyone in this
country seems to notice, because I noticed an editorial in the Winnipeg Free
Press making reference to our minister of Labour and comparing our bill 45 with
their new labour legislation, for it suggested that perhaps their minister of
Labour, who was brought up in the tradition of labour, had a better sense of
how to pass labour legislation than did our young perhaps open-minded minister
of Labour in the province of Quebec.
Everyone in Canada has been looking at this piece of legislation as
representative of an attitude of our government and I feel that if this
government does take a positive attitude, and does take the time, the 60 days
recommended by the member of Notre-Dame-de-Grâce, to have the input and
respond to it, that perhaps bill 45 can be a monumental positive step by the
Parti Québécois as the government of this province. But if it
does not, if it elects rather to continue an attitude of arrogance that only
they are in a position to know which way this province should be directed, that
only they and their particular group of advisors are in a position to judge
what is best to bring labour peace in this province.
Then I would be disappointed and I am sure the members of this House
will be disappointed but, more than that, the workers of this province will be
disappointed and the citizens of this province will be disappointed. It is very
bad to use
a hammer to kill a fly. You never kill the fly but you do a lot of
dammage, trying. I think that, if we take this comparison and look at this bill
as a vehicle to correct things that are wrong, we should be looking more to
make the fly swamp than the hammer. Thank you very much.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Mme le Président, j'ai l'intention d'exercer le
droit de parole de l'Opposition officielle. Mais je me demande si, étant
donné l'heure à laquelle nous sommes, il ne serait pas plus sage
de reconnaître que nous sommes peut-être parvenus à une
heure raisonnable pour ajourner nos travaux.
M. Johnson: Mme le Président, je suis dans la regrettable
position d'être en train de défendre mon projet de loi devant
cette Chambre et d'écouter surtout les propos de l'Opposition et
également je suis dans la position où je dois, pour ce soir,
remplacer le leader du gouvernement, qui est en commission parlementaire.
Je crois que, étant donné la surprise et même
pour certains membres de l'Opposition eux-mêmes causée par
la motion apportée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il serait adéquat, puisque nous avons
décidé de suspendre les règles de cette Chambre, de
continuer le débat sur l'amendement proposé par le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Est-ce que je dois comprendre que nous terminons
à minuit ou irons-nous jusqu'à la fin du débat?
M. Johnson: Nous allons continuer et nous verrons en cours de
route.
M. Forget: Mme le Président, m'exprimant sur la motion du
député de Notre-Dame-de-Grâce, j'aimerais souligner
après l'avoir d'ailleurs fait dans un contexte sensiblement
différent dans ma participation aux débats de deuxième
lecture et pour appuyer en cela les propos de mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce qu'il m'apparaît particulièrement
approprié d'observer un moment de réflexion additionnel du
côté du gouvernement en raison même des objectifs que
prétendent servir le ministre et le gouvernement dans la modification de
nos lois du travail. En effet, il me semble que s'il était possible, par
un effort un tant soit peu plus poussé, d'effectuer ces modifications
dans un contexte qui ne soit pas marqué par des dissensions entre les
partenaires sociaux que nous avons tous pour but de rapprocher et qui ne soit
pas marqué par des doutes quant à l'efficacité et quant
à l'objet véritable de ces mesures, nous au- rions fait un pas
très important. En effet nous sommes en face d'un projet de loi qui
pourrait nous permettre d'inscrire dans notre Code du travail au moins quatre
principes qui, actuellement, ne s'y trouvent pas.
En premier lieu, il y a la formule Rand, et je voudrais là-dessus
appuyer totalement ce que mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce a
dit pour réaffirmer à nouveau que notre parti de l'Opposition
officielle, loin de donner à ce principe une approbation du bout des
lèvres ou une approbation hésitante, souscrit sans
hésitation et sans réserve à la notion d'un
prélèvement obligatoire d'une cotisation syndicale.
En effet, il n'y a rien qui répugne davantage à tous ceux
qui ont le moindre sens de la justice, dans le fonctionnement des organismes
qui ont pour mission de représenter et de défendre
l'intérêt des travailleurs, que la possibilité qui s'offre
actuellement à un certain nombre d'entre eux de jouir de ce que l'on
peut qualifier il n'y a pas d'expression française qui soit aussi
appropriée de "free ride". D'avoir la possibilité, par les
efforts des autres, par les sacrifices financiers des autres, de jouir de
conditions de travail qui soient meilleures, à cause
précisément de ces efforts auxquels ils ne participent pas.
C'est donc un principe qui m'apparaît absolument souhaitable et
qu'il devrait être possible d'inscrire dans notre Code du travail avec
l'assurance, à la fois, que ce principe est bien compris par tous les
partenaires sociaux et davantage que ceci ne se fait pas dans n'importe quelle
condition. Que cette occasion qui est donnée lors de l'inscription dans
la loi d'un tel principe n'est pas, en quelque sorte, gâchée en
omettant de faire ce qui s'impose dans le même contexte. C'est sur ces
modalités d'application que l'on peut véritablement juger de la
valeur du principe, et c'est le délai que permettrait...
M. Johnson: Question de règlement.
Mme le Président: Question de règlement, M. le
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Mme le Président, encore une fois, et ce n'est
pas pour brimer les droits des députés de l'Opposition,
j'aimerais rappeler au député de Saint-Laurent que la motion sur
laquelle nous discutons en ce moment est une motion d'amendement du
député de Notre-Dame-de-Grâce de reporter l'étude en
deuxième lecture à 60 jours. Je vous prierais, madame, de
rappeler le député de Saint-Laurent à l'ordre pour qu'il
discute de cette motion et non pas de la deuxième lecture du projet de
loi.
Mme le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Mme le Président, relativement à cette
intervention sur le règlement, je suis sûr que le ministre du
Travail serait le dernier à vouloir que nous nous exprimions sur une
motion de report à
60 jours sans en expliquer les motifs. Les explications que je lui donne
actuellement lui permettent de mesurer que notre suggestion d'un rapport de 60
jours vise à permettre à l'Assemblée nationale de jouer le
rôle qui est le sien. Même lorsque tous les partis s'entendent sur
les objectifs à poursuivre, il ne s'ensuit pas que les modalités
sont indifférentes et doivent demeurer indifférentes aux
parlementaires.
On sait très bien et c'est la deuxième partie de
mes remarques, j'y viendrai tantôt que le gouvernement aura gain
de cause puisqu'il dispose d'une majorité. Il est, dans une large
mesure, futile pour nous de se répéter les uns aux autres que
nous nous entendons sur des principes, si ce qui fait difficulté et ce
sur quoi nos travaux doivent porter sont les modalités mêmes par
lesquelles ces principes vont s'articuler. C'est la raison pour laquelle, dans
le cas de la formule Rand, il est largement futile de nous dire que nous nous
entendons avec le ministre sur les principes et de prétendre s'en
remettre à sa bonne foi et à la compétence de ses
fonctionnaires quant à la façon dont va s'actualiser ce principe,
c'est sur ces modalités elles-mêmes que le travail de
l'Assemblée nationale peut être utile.
Pour ce qui est des principes, le gouvernement a fait son lit et c'est
lui qui a l'initiative de la législation, c'est lui qui dispose de la
majorité pour la rendre effective.
Pour ce qui est des autres principes, la même chose, la même
distinction peut être tracée. Lorsque l'on parle du taux de
syndicalisation, Mme le Président, c'est avec la plus grande
sincérité que nous affirmons qu'il faut effectivement...
M. Johnson: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Je ne veux pas mettre en doute l'esprit positif que
le député de Saint-Laurent a démontré dans un
discours excellent hier, une critique que j'ai trouvée des plus
intéressantes et dans laquelle j'ai puisé des informations
considérables.
Cependant, Mme le Président, le député de
Saint-Laurent, en ce moment, se livre, avec une subtilité qui lui est
bien coutumière, à l'équivalent d'un "filibuster", alors
qu'il parle sur le fond de la deuxième lecture du projet de loi 45 et
que nous sommes censés discuter des 60 jours de report. Cela
m'apparaît assez évident et j'espère que vous rappellerez
le député de Saint-Laurent à l'ordre.
M. Forget: Mme le Président, je remarque la
nervosité du ministre, que je ne m'explique pas, étant
donné son désir de nous voir procéder dès ce soir
à ce débat. Il me semble que ces remarques et parlant sur
la motion d'ajournement méritent que nous parlions quelque peu de
cette question de procédure parlementaire.
Il semble malheureusement que le ministre du Travail perde de vue
l'essentiel de ce qui constitue ses responsabilités comme ministre, face
au Parlement. C'est afin que le Parlement puisse exercer ses
responsabilités que nous souhaitons un délai de 60 jours. En
effet, Mme le Président, quelles que soient les remarques du ministre de
la culture, qui n'a d'autre participation à faire...
M. O'Neill: II est hors du sujet, c'est ce que je vous dis.
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Forget: II n'y a absolument rien qui soit hors d'ordre dans ce
que je vous dis dans le moment. Si seulement vous aviez un peu
d'expérience parlementaire, vous vous rendriez compte que le ministre du
Travail a une occasion de s'acquitter de ses responsabilités, qui est
celle de répondre devant l'Assemblée nationale des
modalités qu'il choisit dans un projet de loi, pour mettre en vigueur
des principes qu'il proclame de façon théorique...
M. O'Neill: Je fais une seule remarque, Mme le
Président...
M. Forget: ... et que c'est par un délai
additionnel...
M. O'Neill: Le député de Saint-Laurent peut manquer
au règlement, mais, au moins, qu'il n'essaie pas de nous faire croire
qu'il ne manque pas au règlement, il y a des limites à se moquer
du monde. C'est tout ce que j'ai à lui dire.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
culturelles. Est-ce que vous avez demandé la parole sur une question de
règlement, M. le ministre?
M. O'Neill: Je fais une remarque sur le règlement, si vous
me le permettez, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le ministre. Vous pouvez parler.
M. O'Neill: Je veux simplement lui dire ceci: II peut parler hors
du sujet, c'est tout ce que j'ai à dire, mais qu'il n'aille pas penser
qu'on ne s'en aperçoit pas. C'est tout ce que je veux lui dire. Il peut
le faire jusqu'à cinq heures du matin s'il le veut, on va
l'attendre.
Mme le Vice-Président: Je pense, M. le
député de Saint-Laurent, qu'il n'a pas toujours été
évident, au cours de votre intervention, que vous interveniez vraiment
sur la motion d'amendement. Mais vos dernières remarques
m'apparaissaient au moins très près de la motion qui est
maintenant en discussion.
M. Forget: Mme le Président, sur cette question de
règlement, tout en respectant l'expression
d'opinion que vous venez d'émettre, je ne puis souscrire aux
interventions du ministre des Affaires culturelles et des Communications quant
à la nature des remarques qui seraient pertinentes au débat. En
effet, comment justifier un délai dans l'étude d'un projet de loi
si ce n'est par l'explication des tâches qui reviennent, d'une part au
ministre, et d'autre part à l'Assemblée nationale, et qui ne
peuvent être exécutées convenablement que si nous disposons
les uns et les autres d'un délai additionnel. Si la pertinence du
débat sur une telle motion se limite à redire indéfiniment
le texte ou à relire indéfiniment le texte de la motion, je crois
que nous atteindrions le comble de la stérilité dans nos
débats. Il y a eu...
Mme le Vice-Président: A l'ordre!
M. Forget: Je crois comprendre que c'est effectivement le
désir de certains intervenants de l'autre côté.
M. O'Neill: Comme sérénité.
M. Forget: Mme le Président, ces interruptions
continuelles manifestent l'incapacité physique, je crois, sinon
intellectuelle des ministériels de soutenir le débat,
passé une certaine heure. Il y a un comportement qui me rend tout
à fait non parlementaire.
Mme le Vice-Président: J'ai rappelé cette
Assemblée à l'ordre. Vous avez la parole, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je vous remercie, Mme le Président. J'aimerais
avoir la même collaboration de tous nos collègues de
l'Assemblée nationale.
Mme le Président, comment peuvent être occupés ces
deux mois de délai, sinon par le ministre qui est déjà
assuré que la majorité dont son parti dispose, à
l'Assemblée nationale, de l'adoption de son projet de loi, par un examen
plus approfondi des modalités dont il s'accompagne et qui seules, si
elles sont bien conçues, peuvent permettre que les principes qu'il
prétend servir seront effectivement réalisés dans une
législation qui sera applicable et appliquée, parce
qu'acceptée par toutes les parties dont les implications auront
été explorées avec suffisamment de soin, pour s'assurer
que les amendements qu'on fait cette année ne devront pas être
corrigés dès l'an prochain par de nouveaux amendements.
Comment remplir ce délai pour l'Opposition, si ce n'est de lui
permettre, par la consultation avec les groupes intéressés, une
meilleure compréhension des implications multiples de ces
réformes qui, encore une fois, n'ont aucune signification à titre
de déclaration de principe, n'ont aucune signification à titre de
consensus à l'Assemblée nationale s'il était
même possible de concevoir à un consensus à
l'Assemblée nationale sur ces principes, mais je crois que ça
l'est dans ces cas et dans le cas des principes que j'ai
énumérés tout à l'heure à moins de
nous assurer que, de façon publique, de façon transparente,
dirais-je, si je voulais utiliser un terme qui a été absolument
éculé, vidé de son contenu par l'abus qu'on en a fait du
côté du Parti québécois, que de façon
publique et transparente les modalités que l'on propose sont les
modalités appropriées pour mettre en vigueur soit la formule
Rand, soit la syndicalisation qu'on prétend accroître dans les
entreprises par des mesures qui finalement ne changeront rien et on le sait
très bien, soit des mesures que l'on appelle antibriseurs de
grève qui sont destinées à régler un
problème que beaucoup de commentateurs ont démontré ne pas
exister, sauf dans 2% ou 3% des cas, et qui ne règlent pas d'autres
problèmes très réels qui sont, pourtant, plus aigus et
plus présents dans l'opinion publique, sans démontrer comment les
mesures de démocratie syndicale que le gouvernement prétend
servir, vont s'actualiser dans des dispositions concrètes.
M. Johnson: Mme le Président, question de
règlement.
M. Forget: Ces explications, nous ne les avons pas eues.
M. Johnson: Mme le Président, question de
règlement.
M. Forget: On nous demande d'accepter en principe une loi sans
avoir...
Mme le Vice-Président: Question de règlement. M. le
député de Saint-Laurent, M. le ministre du Travail a
demandé la parole sur une question de règlement.
M. Johnson: Mme le Président, je me demande si cette
Chambre attend que je fasse sortir la transcription de la deuxième
lecture et du discours que le député de Saint-Laurent a
livré devant cette Chambre hier. Il est en train de le
répéter. Nous sommes, à ce que je sache, ici, en ce
moment, en train de discuter la motion du député de
Notre-Dame-de-Grâce à l'effet de reporter la deuxième
lecture de ce projet de loi à 60 jours. Je soumets respectueusement,
pour la troisième fois, que le député de Saint-Laurent
erre, en termes de règlement, qu'il exagère, qu'il charrie et
qu'il parle de la deuxième lecture de ce projet de loi. Je vous
prierais, madame, de le rappeler à l'ordre.
M. Garneau: Sur la question de règlement!
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le député de Jean-Talon.
M. Garneau: Mme le Président, j'ai entendu tout à
l'heure, ici, et antérieurement, par la voie des communications dans les
bureaux du whip, ce rappel à l'ordre de la part du ministre du Travail
concernant l'intervention de mon collègue de Saint-Laurent. Je crois que
le député de Saint-
Laurent est parfaitement dans l'ordre d'exposer les raisons pour
lesquelles il croit que ce projet de loi ne devrait pas être lu en
deuxième lecture maintenant. Il a non seulement le droit, mais
l'obligation d'exposer ces raisons et d'indiquer comment ces 60 jours
pourraient être utilisés pour donner suite au voeu qu'exprime la
motion, c'est-à-dire une réflexion plus grande sur certains
aspects de la loi. Je crois qu'il respecte parfaitement le règlement.
Nous avons assisté, en cette Chambre, à maintes reprises,
à des débats de cette nature. A chaque fois, même si c'est
difficile de faire la démarcation entre ces sujets...
Une Voix: C'est assez.
M. Garneau: Vous êtes bien nerveux!
M. Brassard: Non.
M. Garneau: Si vous n'êtes pas nerveux, assoyez-vous et
laissez continuer les orateurs.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Jean-Talon avait demandé la parole sur une
question de règlement. Je le laisse terminer.
M. Garneau: Mme le Président, je conclus en disant que le
député de Saint-Laurent était parfaitement dans l'ordre en
exposant les raisons pour lesquelles il appuie la motion de report à 60
jours.
Mme le Vice-Président: II apparaît assez difficile,
bien sûr, d'intervenir pendant une discussion en deuxième lecture,
quand un amendement est apporté.
Les amendements en deuxième lecture sont toujours à
l'effet de changer "maintenant" pour certains autres mots en
l'occurrence, c'est "dans deux mois" il me paraît, et cela me
semble évident, que, quand j'ai demandé tantôt au
député de Saint-Laurent de revenir et de rendre plus
évident qu'il s'en tenait à la pertinence du débat, il me
paraît, dans ce qu'il dit maintenant, qu'il en revient à dire
et j'espère que je ne présume pas de ce qu'il disait
que les raisons qui faisaient qu'il voterait contre le principe en
deuxième lecture sont les mêmes que celles qu'il invoque
maintenant pour amener la réflexion et reporter ce projet de loi.
J'espère ne pas présumer de ce que vous disiez, M. le
député de Saint-Laurent; vous avez encore cinq minutes pour
intervenir.
M. Forget: Mme le Président, je crois, avec tout le
respect que je vous dois, que vous présumez un peu de ce que j'allais
dire, effectivement. Je cherchais à inviter le ministre, par un
délai et des consultations de part et d'autre, à nous permettre
d'évoluer vers un consensus sur le contenu de son projet de loi,
étant donné qu'il y a un consensus sur les principes dont il
prétend se réclamer. Si, cependant, cette raison d'un
délai semble surperflue au ministre qui, s'appuyant sur la
majorité ministérielle, se fait fi d'obtenir un consensus ou de
ne pas en obtenir et qu'il semble même souhaiter ne pas donner à
l'Opposition la possibilité d'être d'accord avec lui,
peut-être serait-il dans l'ordre, Mme le Président, de faire des
conjectures sur les raisons qui poussent le ministre à vouloir repousser
l'amendement du député de Notre-Dame-de-Grâce et à
vouloir passer le plus rapidement possible à l'adoption de ce projet de
loi, de manière à brûler le plus rapidement possible ces
veto, de manière à s'enlever toute espèce de
possibilité, la deuxième lecture étant faite, de revenir
sur des dispositions qu'une étude plus attentive et qu'une étude
publique pourraient lui inspirer.
Si ce sont de tels motifs, Mme le Président, qui inspirent le
ministre, je comprends sans peine que, du côté ministériel,
on s'oppose à la motion de report et, d'ailleurs, cet entêtement
qu'a le gouvernement à procéder le plus vite possible, en
négligeant toute possibilité de développer un consensus
qui semble important pour tout le monde, manifeste, à mon avis, une
très grande insécurité du côté du ministre
quant à la possibilité de démontrer publiquement
l'efficacité des mesures qu'il propose pour atteindre les objectifs
auxquels nous souscririons volontiers si seulement il pouvait nous en
démontrer l'efficacité; cette démonstration est difficile
à faire, mais elle n'est peut-être pas impossible. Cependant, je
suis prêt à concéder qu'il serait peut-être
imaginable qu'une étude objective de ces propositions pourrait nous
convaincre du bien-fondé d'au moins une partie d'entre elles, mais si le
ministre a déjà conclu pour lui-même et s'il a
déjà gagné l'adhésion de tous ses collègues
ministériels à cette conviction qu'il sera impossible de faire
une telle démonstration, qu'il est préférable de disposer
de ce problème le plus rapidement possible avec la moins grande
participation possible du public, c'est là parfaitement son droit, et je
comprendrai sans peine le vote que sera appelé à donner le
côté ministériel de cette Assemblée, vote qui
viendra en confirmer quelques autres déjà et des opinions maintes
fois exprimées par le gouvernement, se faisant en cela l'écho de
certains intérêts qui sont effectivement visés par cette
loi.
Je comprendrai que l'Opposition n'a aucun espoir de dégager,
à partir des dispositions de cette loi, une approche commune, approche
qui aurait pourtant eu des chances de modifier de façon fort
intéressante ce Code du travail et qui sera malgré tout,
malgré toutes les oppositions, malgré toutes les
difficultés, d'ailleurs le député de
Notre-Dame-de-Grâce l'a bien souligné, au détriment, non
seulement des membres de l'Opposition ce n'est pas grave et nous y
sommes habitués, particulièrement en cette fin de session
mais aussi de ceux que l'on veut protéger par cette loi. Ce sera au
détriment de l'ensemble de la société à qui on a
promis une paix sociale retrouvée qu'on ne lui donnera pas, ce sera au
détriment du ministre lui-même et du gouvernement qui sera
jugé sur sa performance et non pas sur les promesses qu'il peut faire
actuellement.
Pour toutes ces raisons, je crois que cette mo-
tion du député de Notre-Dame-de-Grâce est
parfaitement appropriée. Elle devrait être prise à son
compte par le ministre qui trouverait là une occasion de s'affirmer.
C'est une chance, comme l'a dit le député de
Notre-Dame-de-Grâce, que l'Opposition lui offre de s'affirmer comme le
véritable ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, comme le
véritable patron de cette loi plutôt que comme le successeur
fidèle qui exécute les commissions qu'on lui a confiées
sans exercer à leur égard aucune espèce de
discrétion, sans aucune espèce de responsabilité qui lui
soit propre.
Mme le Vice-Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: Je voterai évidemment contre cette motion pour
quelques raisons bien simples. La première est qu'il y a là un
énorme sophisme dans lequel a plongé directement le
député de Notre-Dame-de-Grâce et il y a
entraîné celui qui nous avait pourtant fait montre d'une
très grande disponibilité d'esprit hier lors de son discours, le
député de Saint-Laurent.
Cette Chambre a rejeté, il y a déjà quelques jours,
une motion du leader adjoint de l'Union Nationale pour que siège une
commission parlementaire avant la deuxième lecture du projet de loi.
Cette motion a donné lieu à un débat fort long et dans
lequel l'ensemble des arguments pertinents à cette motion il faut
dire qu'on était peut-être moins fatigué à
l'époque; on était peut-être un peu plus pertinent sur la
motion ont été évoqués.
Or, ce que nous présente ce soir le député de
Notre-Dame-de-Grâce est une motion de report à 60 jours. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce sait très bien, car le
gouvernement l'a dit, l'a même annoncé publiquement, qu'il
n'entend pas faire adopter en troisième lecture le projet de loi no 45
avant l'ajournement d'été.
Ce gouvernement est prêt à considérer que
l'étude, article par article, du projet de loi ait lieu dans les
semaines qui viennent et que l'adoption en troisième lecture puisse
avoir lieu à la reprise de la session.
Or, si on se situe dans le temps, il me semble que cela ressemble un peu
de fait à un report.
Entre-temps, le ministre du Travail s'est engagé clairement
devant cette Chambre, et il le répète pour ceux qui l'auraient
mal compris, d'une part, à permettre au Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, où siègent des représentants du
patronat comme des syndicats, à venir se faire entendre lors de
l'étude article par article du projet de loi. J'ai fait cette invitation
au conseil consultatif, je dois rencontrer lundi soir les membres du conseil
consultatif au sujet d'un éventuel projet de loi touchant un autre
secteur du travail pour l'automne, et j'en profiterai pour obtenir leur
assentiment définitif à cette procédure.
D'autre part, le ministre du Travail entend continuer ce qu'il fait
depuis qu'il a été nommé, c'est-à-dire recevoir les
doléances, les critiques, les remarques et, dans certains cas, les
félicitations de certaines des personnes qui sont
intéressées à ce qui se passe au niveau de son
ministère, et particulièrement au sujet du projet de loi 45. Ce
qui m'a d'ailleurs valu récemment une visite du vice-président de
la Chambre de commerce, M. Létourneau, que nous connaissons bien. J'ai
l'impression que je recevrai d'autres commentaires d'autres groupes
intéressés.
Le ministre du Travail entend faire comme le député de
Saint-Laurent semblait le faire hier, être d'une très grande
ouverture d'esprit quant à ces remarques. C'est pour cela, Mme le
Président, qu'il ne me semble pas opportun d'apporter la motion du
député de Notre-Dame-de-Grâce en rassurant, toutefois, my
old Irish friend that I will be of course of very great attention to all
remarks being put to me by those who want to put remarks to the minister of
Labour. Merci.
M. Burns: Je présume que les membres de l'Opposition
seraient prêts à voir cette motion rejetée sur
division.
M. Lavoie: Ce serait plutôt pour la motion. Nous ne
demandons pas un vote enregistré, mais je crois que, dans le respect de
notre règlement, c'est l'article 105 qui s'applique.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Le vote a lieu à main levée, sans
enregistrement des noms, à moins que cinq députés ne
l'exigent.
M. Burns: Je ne l'ai pas demandé, c'est pourquoi je
disais, en regardant le nombre de députés du côté
ministériel et le nombre du côté de l'Opposition que je
présumais que...
M. Lavoie: Cela va aller, mais ce n'est pas tout à fait
dans les normes. Une motion peut être acceptée sur division...
M. Burns: Voulez-vous faire cela à main levée?
M. Lavoie: C'est cela, ça prend deux secondes.
M. Burns: D'accord, à main levée, Mme le
Président.
Vote sur la motion de report
Mme le Vice-Président: Cette motion d'amendement,
proposée par M. le député de Notre-Dame-de-Grâce,
est-elle adoptée? Que ceux qui sont en faveur veuillent bien lever la
main.
Contre?
Motion rejetée.
M. Burns: Mme le Président.
M. Garneau: II n'y a pas de compte?
M. Lavoie: Non, il n'y a pas de compte.
M. Garneau: Mme le Président, je demande l'ajournement du
débat.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'ajournement du
débat est-elle adoptée?
M. Burns: Je propose l'ajournement de nos travaux à ce
matin dix heures, Mme le Président.
Mme le Président: Je ferai remarquer que l'ajournement
n'est pas encore prononcé et que les députés, que les
partis auraient le loisir d'intervenir pendant dix minutes chacun pour dire
s'ils sont contre ou pour cette motion. Alors je vous demande si cette
Assemblée est en faveur de l'ajournement du débat.
Des Voix: Oui.
Mme le Président: Adopté. Cette Assemblée
ajourne ses travaux à aujourd'hui, 10 heures.
(Fin de la séance à 0 h 21)
ANNEXE
Questions inscrites au feuilleton Questions de M. Verreault 1. Le
gouvernement a-t-il pris une décision, à la suite des suggestions
qui lui ont été faites par divers organismes
intéressés à la sécurité routière, de
rendre obligatoire l'examen périodique des véhicules-automobiles
ayant un certain nombre d'années d'usure? 2. Quel est le nombre de
véhicules-automobiles, immatriculés au Québec, dont
l'année de fabrication est antérieure à 1972?
Réponses de M. Lessard 1. Le Bureau des
véhicules-automobiles est à préparer un règlement
sur l'inspection mécanique sélective des véhicules
automobiles. Cette inspection touchera tous les véhicules automobiles au
moment de leur achat, tel que le prévoit l'article 7 de la loi 13
sanctionnée le 30 juin 1976.
L'étude de ce règlement se poursuit, parallèlement
à une étude des procédures d'implantation d'un tel
système. 2. Le nombre de véhicules, dont l'année est plus
ancienne que 1972 sur la filière d'immatriculation est:
Catégorie "promenade": renouvelés: 510,528
véhicules non-renouvelés: 361,745 véhicules
Total: 872,273 véhicules
Catégorie "autres": renouvelés: 314,919 véhicules
non-renouvelés: 167,854 véhicules
Total: 482,773 véhicules
Questions de M. Gratton 1. Le ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement a-t-il élaboré une politique
globale d'organisation d'espaces administratifs? 2. Dans l'affirmative, quelles
sont les grandes lignes de cette politique? 3. Le ministère a-t-il
entrepris une étude pour déterminer l'opportunité
d'établir une société de gestion des immeubles
gouvernementaux? 4. Si oui, quand cette étude doit-elle être
complétée?
Réponses de Mme Ouellette 1. Le MTPA a
élaboré une politique de répartition et d'utilisation des
espaces administratifs devant permettre aux organismes et ministères de
prendre une expansion normale sans réaménagement majeur:
2. une prévision d'augmentation d'espaces de 3% par année,
pour une période de trois (3) ans, a été établie;
cependant, une dérogation est possible jusqu'à 3% par
année, pour une période de cinq (5) ans, pour les
ministères et organismes dont le fonctionnement est, soit hautement
spécialisé ou dont le fonctionnement séquentiel peut
difficilement être interrompu; 3. non; 4. non applicable.
Questions de M. Gratton 1. Quels sont les nom, prénoms et
adresse des administrateurs de la Corporation Sanibec (Québec), 3700
boulevard de la Chaudière, Sainte-Foy? 2. A quelle date cette entreprise
a-t-elle produit le dernier rapport requis en vertu de la Loi des
renseignements sur les compagnies (S.R. 1964, c. 273, a. 4 et amend.)? 3.
Relativement à l'entretien ménager des locaux de la
Sûreté du Québec, 54 Dorchester, Québec (projet no
303-4H-01), quels sont: a) les noms et adresses des personnes ou entreprises
qui ont soumis des appels d'offre (no 1300-1); b) le montant de chaque
soumission?
Réponses nos 1 et 2 de Mme Payette et no 3 de
Mme Ouellette
Voir les documents en annexe Questions 1. Quels sont les nom,
prénoms et adresse des administrateurs de la Corporation Sanibec
(Québec) 3700 boulevard de la Chaudière, Sainte-Foy? 2. A quelle
date cette entreprise a-t-elle produit le dernier rapport requis en vertu de la
Loi des renseignements sur les compagnies (S.R. 1964, c. 273, a. 4 et
amend.)?
Réponses 1. Les administrateurs sont; MM. Benoît
Goudreault, président Raymond Drouin, vice-président Roger
Bergeron, secrétaire-trésorier. 2. Le dernier rapport a
été produit en 1976.
Question de M. Gratton
Relativement à l'entretien ménager des locaux de la
Sûreté du Québec, 54 Dorchester, Québec (projet no
303-4H-01), quels sont: a) les noms et adresses des personnes ou entreprises
qui ont soumis des appels d'offre (no 1300-1); b) le montant de chaque
soumission?
Réponse de Mme J. Ouellette
Corporation Sanibec (Québec) 3700, Boul. de la Chaudière,
Ste-Foy. $5,808.00
Entretien Laflamme 15, Montreuil, Villeneuve, Qué. $6,864.00
Sani Service Enr. 695, Strasbourg, Ste-Foy. $8,840.00
Questions de M. Larivière
Suivant le document no 270 déposé à
l'Assemblée nationale le 6 juillet 1977, il est indiqué, à
la page 2, que le coût total de participation au Festival du livre de
Nice s'est élevé à $19,531.80 pour tous les
ministères concernés.
1. A quoi ont donc servi les $6,600 pour lesquels aucune explication n'a
été fournie? 2. Faut-il comprendre que les $19,531.80
mentionnés à la page 2 doivent s'ajouter aux $20,766.25 inscrits
à la page 3 du document pour établir globalement à
$40,298.05 la somme que le gouvernement du Québec a
dépensée à Nice, du 6 au 11 mai 1977?
LE FESTIVAL INTERNATIONAL DU LIVRE DE NICE
Réponses de M. O'Neill
Les $6,600 auxquels Monsieur Larivière fait allusion ont servi
à la construction du stand par le ministère de l'Industrie et du
Commerce au coût de $5,000 et à l'envoi de ce stand en Europe par
bateau qui a nécessité des déboursés de $1,600.
A la question numéro 2, les frais occasionnés par le
Festival international du Livre de Nice et par la Semaine du Québec qui
s'est tenue aux mêmes dates totalisent, en effet, $40,298.05.