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(Quatorze heures dix minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le premier ministre.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Réponse à des questions relatives
à la publicité
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
déposer en deux copies la réponse, pour autant qu'on puisse la
compiler, à une série de questions sur la publicité, du
député de Jacques-Cartier, posées le 21 mars 1978, et
selon l'engagement que j'avais pris, tout ce qui est disponible avec certaines
corrections qui sont finales, je crois, par rapport à des chiffres
préliminaires. Tout cela est déposé en deux copies.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre des Finances.
Rapport du Vérificateur général
du Québec
M. Parizeau: M. le Président, conformément aux
dispositions de l'article 79 de la Loi de l'administration financière,
qu'il me soit permis de déposer le rapport annuel 1976/77 du
Vérificateur général du Québec.
Le Président: Rapport déposé. Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Rapport de la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec
Mme Payette: M. le Président, je désire
déposer le rapport annuel 1977 de la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Richesses naturelles.
M. Burns: II n'est pas là, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement
au nom de M. le ministre des Richesses naturelles.
Proclamations des conventions
complémentaires de la baie James
et du Nord québécois
M. Burns: M. le Président, en conformité des
dispositions de la loi 46 mettant en vigueur la convention de la baie James et
du Nord québé- cois, au nom du ministre des Richesses naturelles,
j'ai l'honneur de déposer les proclamations des conventions
complémentaires no 1, 2 et 3, conventions que le ministre a eu l'honneur
d'ailleurs de déposer la semaine dernière à
l'Assemblée nationale.
Le Président: Document déposé.
Dépôt de rapports des commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. le leader parlementaire du gouvernement, présentation de
projets de loi au nom du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, article e) s'il vous
plaît.
Projet de loi no 16
Première
lecture
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre propose la première lecture de la Loi modifiant la Loi des
électriciens et installations électriques et la Loi sur la
qualification professionnelle des entrepreneurs de construction.
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, le présent projet de
loi modifie la Loi des électriciens et installations électriques
et la Loi sur la qualification professionnelle des entrepreneurs de
construction, de façon, premièrement, à assujettir les
établissements commerciaux et la couronne au contrôle prévu
à la loi, et deuxièmement, à déterminer par
règlement un autre point de raccordement d'une installation
électrique afin de tenir compte du mode de distribution d'énergie
électrique dans certains édifices.
Le projet de loi propose certaines autres modifications dont les
suivantes: II prévoit l'exigence pour le détenteur d'une licence
de transmettre avant le début des travaux et dans les seuls cas
prévus par règlement les plans et devis d'une installation
électrique. Il confirme l'obligation pour un chef compagnon
électricien de détenir une licence alors qu'il assure la
direction des travaux d'installations électriques pour le compte d'un
propriétaire d'édifices publics ou un fabricant de constructions
fabriquées fixes.
Il modifie les conditions permettant le raccordement d'une installation
électrique au réseau de services publics et à un service
municipal. Il modifie les modalités d'inspection d'une installation
électrique et délivrance d'un certificat d'acceptation. Il permet
au bureau des examinateurs d'ap-
prouver pour les fins d'installations électriques des
matériaux qui offrent une sécurité qu'ils jugent
équivalente à ceux prescrits par règlement. Il
énumère les actes constituant une infraction et établit
les pénalités s'y rattachant. Il a de plus pour effet d'interdire
le transfert ou la cession d'un permis et de permettre au bureau des
examinateurs de suspendre ou de révoquer un permis.
Il a pour effet de retrancher l'obligation de procéder à
l'inspection annuelle des installations électriques dans tous les
édifices de la province. Et, finalement, il prévoit enfin une
procédure de publication des projets de règlement.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Une Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je vous demanderais maintenant,
s'il vous plaît, de passer à l'article f) de notre feuilleton.
Projet de loi no 17
Première
lecture
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre propose la première lecture de la Loi modifiant la Loi des
mécaniciens de machines fixes, c'est-à-dire le projet de loi no
17.
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: Pas tellement plus emballant mais un peu plus
court.
Le présent projet de loi modifie la Loi des mécaniciens de
machines fixes aux fins a) de redéfinir les types d'appareils assujettis
aux dispositions de la loi à titre de machines fixes; b) de permettre
aux examinateurs de délivrer le certificat requis par la loi à
des personnes détenant un certificat équivalent
délivré par un autre organisme, une autre province ou un pays
étranger; c) de prévoir la suspension et la révocation
d'un certificat de mécanicien de machines fixes; d) d'imposer la
surveillance d'une machine fixe en fonctionnement, lorsqu'il en est requis par
règlement; e) de prévoir une procédure de publication des
projets de règlements à être adoptés en vertu de la
loi; f) de prévoir les cas d'infraction à la loi et de hausser
les amendes; g) d'autoriser un inspecteur nommé en vertu de la loi
à intenter des poursuites prévues à la loi et à
prévoir les procédures appropriées à cette fin.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Article f), M. le Président.
Le Président: Ce ne serait pas plutôt l'article
g)?
M. Burns: Pardon, article g). Excusez-moi.
Projet de loi no 18
Première lecture
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre propose la première lecture de la Loi modifiant la Loi des
mécaniciens en tuyauterie et modifiant de nouveau la Loi sur la
qualification professionnelle des entrepreneurs de construction,
c'est-à-dire le projet de loi no 18.
M. le ministre du Travail et de la Main-d Oeuvre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: M. le Président, le présent projet de
loi propose certaines modifications à la Loi des mécaniciens en
tuyauterie dont les suivantes: II crée I obligation de détenir
une licence pour un entrepreneur en installation de tuyauterie qui fait
affaires en cette qualité dans une municipalité où il
existe un égout public; il crée en outre l'obligation pour un tel
entrepreneur de détenir une licence s'il effectue des travaux dans un
établissement commercial visé par la Loi des
établissements industriels et commerciaux; il permet au bureau des
examinateurs de suspendre ou de révoquer la licence d'un entrepreneur
qui exécute les travaux contrairement aux règlements; il
prévoit le mode de fixation de certains droits et honoraires et
énumère les actes constituant une infraction à la loi en
plus d'établir les pénalités s'y rattachant; il
prévoit l'obligation pour un entrepreneur d'obtenir un permis avant de
commencer des travaux sur les systèmes de tuyauterie; il prévoit
de plus I exigence pour un entrepreneur de transmettre avant le début
des travaux et dans les seuls cas prévus par règlement les plans
et devis d'un système de tuyauterie; il précise les pouvoirs
réglementaires du gouvernement et prévoit une procédure de
publication des projets de règlements.
Le Président: Est-ce que cette motion en première
lecture sera maintenant adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: Finalement, M. le Président, l'article c), au
nom du ministre de l'Industrie et du Commerce.
Projet de loi no 21
Première
lecture
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du Commerce
propose la première lecture de la Loi autorisant la vente de certains
vins dans les épiceries, c'est-à-dire le projet de loi 21.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce. (14 h 20)
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: M. le Président, il me fait plaisir de
présenter en première lecture le projet de loi autorisant la
vente de certains vins dans les épiceries. Le présent projet de
loi propose des modifications à la Loi de la Société des
alcools du Québec et à la Loi de la Commission de contrôle
des permis d'alcool aux fins d'autoriser les détenteurs de permis
d'épicerie à vendre des vins désignés par la
Société des alcools du Québec aux conditions et selon les
modalités déterminées par le lieutenant-gouverneur en
conseil. De plus, le lieutenant-gouverneur en conseil pourra obliger les
détenteurs de permis d'épicerie qui offrent en vente du vin
à offrir également en vente les cidres que la
Société des alcools du Québec désignera aux
conditions et selon les modalités qu'il déterminera.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera maintenant adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture. Prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Questions orales des députés.
M. le chef de l'Opposition officielle, vous avez la parole.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Souveraineté-association et monnaie
M. Levesque (Bonaventure): Ma question s'adresse au ministre des
Affaires intergouvernementales. Lors de son passage à Washington, le
ministre des Affaires intergouvernementales aurait déclaré qu'un
Québec indépendant pourrait continuer d'employer la monnaie
canadienne au lieu d'avoir sa propre monnaie québécoise.
Est-ce que cette nouvelle est bien fondée? Est-ce que le ministre
préférerait utiliser son droit de parole pour nous renseigner
davantage et nuancer cette déclaration, car elle ne semble pas du tout
coïncider avec celle faite antérieurement par le ministre des
Finances relativement à l'opportunité de créer une monnaie
québécoise?
Le Président: M. le ministre des Affaires
intergouvernementales.
M. Morin (Louis-Hébert): C'est effectivement ce que j'ai
dit et ce n'est pas la première fois que je le disais. Maintenant, quand
je regarde la valeur du dollar canadien, je dois dire que je me pose quand
même certaines questions.
M. Lavoie: C'est trop facile de répondre cela.
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais que le ministre des
Affaires intergouvernementales sache l'importance des mots qu'il emploie dans
ses réponses. Nous touchons à un élément vital et
essentiel de notre économie et de notre avenir. Je pense qu'il est
important qu'on ne puisse pas simplement répondre à la blague. Je
peux adresser ma question au premier ministre qui, lui-même,
déclarait en janvier 1977 il le faisait à New York,
d'ailleurs, devant un auditoire très réceptif, au moins entre
guillemets que l'indépendance du Québec était
absolument irréversible. Il s'agissait simplement de savoir à
quel moment on y passe. Le 16 mars, le premier ministre disait
qu'indépendance et souveraineté-association, c'était la
même chose; c'étaient des chinoiseries que de faire des
différences. Le premier ministre s'en va maintenant à Boston et
il dit à ce moment-là: II n'est pas question de rupture, de
briser le Canada! La question que je pose au premier ministre, c'est: Est-ce
qu'il y a moyen de savoir quelle est, pour l'amour de Dieu, la position
constitutionnelle du gouvernement actuel?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Elle n'a pas varié sur
l'essentiel depuis dix ans et, même avec un nouveau chef qui patine de
gauche et de droite à l'extérieur de la Chambre, je demanderais
à nos amis fédéralistes qu'est-ce qu'ils veulent
exactement, pour l'amour du ciel, en ce qui concerne un
fédéralisme assoupli, renouvelé, refait "patché ",
chirurgie plastique, etc.? Quand, peut-être, nos amis d'en face se seront
penchés un peu sur leurs perspectives d'avenir, autant que possible en
bon ordre, avec un certain consensus, qui en coulisses semble de plus en plus
aléatoire, on pourra peut-être reprendre le dessin. On le fait
constamment, au cas où le député de Bonaventure ne le
saurait pas, devant les citoyens du Québec. Ici en Chambre,
malheureusement, à cause d'un certain style qui peut-être sera
corrigé un jouron ne sait ja-
mais les aléascela tourne tellement à l'enfantillage
qu'on finit par être vaguement découragé.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Vous comprendrez que je n'ai pas
l'intention de poser tellement de questions additionnelles avec le genre de
réponse qu'on nous sert ici, à l'Assemblée nationale,
où les mots devraient être pesés, où on devrait
apporter un sérieux beaucoup plus évident que celui qui nous
apparaît être la marque de commerce de ce gouvernement.
M. le Président, nous avons continuellement des rapports de
presse, par exemple, le Nouvelliste du samedi 22 avril 1978...
M. Burns: ... supplémentaire. M. Lavoie: Un peu de
calme.
M. Levesque (Bonaventure): On dit ceci, M. le Président:
"Lévesque a dit Lévesque c'est l'autre, c'est vous
que l'association d'un Québec souverain avec le reste du pays pourrait
ne pas être uniquement économique, mais aussi politique et
sentimentale, si vous le voulez." Qu'est-ce que cela veut dire, ce genre de
déclarations faites à Boston, à New York, à
Washington? On se promène à travers les Etats-Unis chacun avec sa
théorie ou son approche...
M. Burns: Question.
M. Levesque (Bonaventure): ... mais est-ce qu'il y a moyen de
savoir quelles sont les intentions de ce gouvernement, particulièrement
en tenant compte qu'il n'a jamais eu un mandat pour séparer le
Québec du reste du Canada?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, l'essentiel
des intentions de ce gouvernement, contrairement aux sparages invraisemblables
de nos amis qui camouflent leur confusion et aussi leurs différends de
plus en plus visibles cela sort des coulisses ...
M. Levesque (Bonaventure): ...
M. Lévesque (Taillon): ... derrière tout un
écran de fumée de questions invraisemblables, l'intention de ce
gouvernement, depuis toujours, est la même: souveraineté,
association et décision du peuple du Québec par un
référendum qui, pour la première fois, en dépit de
toutes les propagandes de diminution et de rapetissage des adversaires,
permettra aux Québécois de décider eux-mêmes, pour
la première fois dans leur histoire, ce qu'ils veulent pour leur
avenir.
M. Levesque (Bonaventure): ... décider de quoi? Qu'est-ce
qu'on leur suggère comme solution? Qu'est-ce qu'on leur suggère
comme consti- tution, comme avenir? C'est la confusion la plus totale et
voulue. C'est une ambiguïté voulue.
M. Raynauld: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le premier ministre nous demande ce que nous
voulons, je voudrais essayer d'avoir des explications. C'est cela que nous
voulons, à l'heure actuelle. Je vais poser ma question au ministre des
Finances. Peut-être que lui, il pourrait nous le dire puisqu'il a
écrit un article dans un magazine de langue anglaise. Cela date d'il n'y
a pas tellement longtemps, peut-être six mois. Je n'ai pas l'article sous
les yeux, mais je pense me souvenir assez bien de la teneur de cet article
où il disait que, vraisemblablement, les contraintes d'une monnaie
commune seraient trop fortes pour être acceptables à nos
partenaires dans une association économique. Il a dit qu'il était
fort probable que, compte tenu de ces contraintes, il faille avoir une monnaie
séparée.
Ma question est la suivante: Est-ce que cela est confirmé par les
propos du ministre des Affaires intergouvernementales? N'y a-t-il pas une
contradiction flagrante entre les deux positions?
Le Président: M. le ministre des Finances. Des Voix:
Non.
M. Parizeau: M. le Président, je ne vais pas dire non, je
vais dire: Pas le moins du monde. Depuis déjà fort longtemps,
depuis plusieurs années, nous avons, au Parti québécois,
adopté la position suivante à l'égard de ces questions
monétaires. Il serait sans doute commode que, dans un cadre de
souveraineté-association, il y ait la même monnaie. Mais, alors
que dans le cas d'une union douanière, par exemple, c'est dans
l'intérêt évident des deux parties d'y participer, dans le
cas d'une même monnaie, il y a un certain nombre de contraintes, à
la fois pour les provinces anglophones et pour nous. Dans ces conditions,
même si nous sommes disposés à discuter d une monnaie
commune, il faut être en mesure de créer la sienne propre, si
besoin il y a.
Or, cette attitude, vous la retrouverez dans à peu près
tout ce que nous avons écrit depuis des années, et elle se
poursuit. Les déclarations de l'un ou l'autre des membres du
gouvernement reflètent l'une ou l'autre des branches de l'alternative
que je viens d'indiquer.
Le Président: La dernière question sur le sujet, M.
le député d'Outremont.
M. Raynauld: Je pense que le même ministre des Finances
avait également déclaré dans cet article que sa position
avait changé, quant à lui, depuis la hausse des prix du
pétrole. Par conséquent, il admettait, à ce
moment-là, qu'antérieurement à la crise du pétrole
il pouvait y avoir une monnaie commune...
Une Voix: Question.
M. Raynauld: C'est une question que je pose... et qu'à
partir de la crise du pétrole, à ce moment-là, il devenait
moins probable que les parties puissent s'entendre. Maintenant, le ministre des
Affaires intergouvernementales dit qu'on va avoir une monnaie commune. Je veux
bien que le ministre des Finances nous dise qu'il n'a jamais changé
d'avis, que c'est si nécessaire mais pas nécessairement, si cela
n'arrive pas. Je voudrais donc lui demander de nouveau si, à l'heure
actuelle, au moment où nous nous parlons, il pense qu'un Québec
souverain et associé au reste du Canada, suivant la formule du
gouvernement, aurait une monnaie séparée ou non. (14 h 30)
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, il faut remettre les
citations qu'on me prête dans leur contexte. Il s'agit de comparer les
positions que je peux avoir maintenant avec celles, par exemple, du manifeste
du Parti québécois en 1972, puisque l'article se
référait spécifiquement à cela. Je disais
essentiellement, en 1972, que la plupart des pays s'alignaient vers des taux de
change fixes, liés les uns aux autres. Le député
d'Outremont saura ce qu'a été, à ce moment-là,
l'espoir du serpent en Europe de l'Ouest, n'est-ce pas? Bon.
Depuis 1972, il s'est passé deux choses: la crise du
pétrole, d'une part je suis heureux que le député
d'Outremont le souligne mais, d'autre part, des taux d'inflation
extraordinairement différents d'un pays à l'autre. Cela aussi a
fait que beaucoup de tentatives ou d'espoirs qu'on avait de maintenir les taux
de change fixes se sont évaporés. Si bien que quelque chose qui
semblait tout à fait probable en 1972 paraît, bien sûr,
moins probable en comparaison aujourd'hui. C'est ce qui fait qu'on doit
reconnaître que, de part et d'autre, il y a des contraintes; que ces
contraintes devront être négociées et on verra bien dans
quelles mesures les deux partenaires ou bien acceptent ces contraintes ou bien
décident d'avoir des monnaies séparées.
Le Président: Question principale, le député
de Laurier.
Demande de subvention du choeur
Bien ville-Deux-Montagnes
M. Marchand: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires culturelles. Vous me permettrez une courte explication,
tout en formulant ma question. Je voudrais demander au ministre des Affaires
culturelles si c'est la nouvelle politique de son ministère et du
gouvernement qu'a annoncée dernièrement le député
de Deux-Montagnes, à l'occasion d'un récital du choeur
régional de Deux-Montagnes, où, à un certain moment, le
choeur chantait "Some Enchanted Evening " et où, un peu plus tard, le
même choeur entonnait la chanson "Old Man River". Le député
de Deux-Montagnes s'est levé, est allé parler à un
chanteur du choeur et lui a dit: Si tu penses obtenir un octroi du gouvernement
en chantant en anglais, tu t'illusionnes.
Je demande au ministre, M. le Président, s'il a l'intention
d'appliquer cette politique raciste à toutes les chorales et chanteurs
qui chantent en italien, en anglais, en grec, en allemand...
Des Voix: En latin.
M. Marchand: ... ce qui mettrait hors de combat tous nos
chanteurs lyriques et nos chanteurs folkloriques.
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. Vaugeois: M. le Président, je remercie le
député de Laurier pour l'intérêt qu'il porte au
théâtre lyrique. J'ai enfin ma première question, mais je
ne l'attendais pas de cette nature.
M. Marchand: Vous avez l'air de trouver cela drôle.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
Garon: Vous êtes perspicace.
M. Vaugeois: M. le Président, je dirai au
député qu'il n'a pas à s'inquiéter. Il n'y a pas de
fondement, en ce qui me concerne, à une attitude de raciste dans
l'évaluation des subventions. J'ajouterai qu'en ce qui concerne les
chorales mon collègue du haut-commissariat est responsable de ce
secteur.
M. Marchand: Je pourrais demander au ministre...
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Marchand: ... délégué au
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports s'il a
quelque chose à répondre dans ce domaine. Je comprends bien que
ce n'est pas un sport, mais, comme le ministre, dans la défense de ses
crédits, a souvent parlé de loisirs culturels, je pense que les
chorales sont des loisirs culturels dont plusieurs personnes profitent. Qu'on
en rie ou qu'on n'en rie pas, je dois dire au ministre que c'est une chose qui
m'intéresse depuis au moins 25 ans. Je demanderais au ministre s'il y a
quelque chose à faire dans ce domaine et de les laisser chanter dans la
langue qu'ils veulent parce que la musique est universelle et n'a pas de
langage.
Le Président: M. le ministre
délégué.
M. Charron: M. le Président, je commence demain matin
l'intéressant débat de l'étude de mes crédits avec
le député de Laurier. Je lui répondrai à ce
moment.
M. Lamontagne: Question très sérieuse. M.
Marchand: Répondez donc ici.
M. Charron: Je viens de donner la réponse que, si le
député veut un débat élargi que ne nous permet pas
le cadre de la période des questions, nous le ferons à
l'étude des crédits demain.
M. Marchand: Question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît, M. le
député de Laurier! M. le député des Deux-Montagnes.
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. de Bellefeuille: M. le Président, puisqu'on vient
d'invoquer mon nom et mon titre, je voudrais soulever une question de
privilège pour tout de suite rétablir les faits. Ce dont il
s'agit et qui a malheureusement été mal rapporté par un
chroniqueur dans un journal, c'est qu'il y a chez nous une chorale qui
s'appelle la chorale de la régionale Bienville-Deux-Montagnes. J'ai
acheté des billets pour un dîner bénéfice au profit
de cette chorale. J'ai assisté au récital et, ayant
assisté au récital, j'ai demandé à trois personnes,
par des questions privées, s'il s'agissait ce soir-là du
répertoire que cette chorale avait l'intention de présenter dans
une tournée en France l'an prochain, vu que cette chorale a
demandé une subvention au ministère des Affaires
intergouvernementales pour l'aider à faire cette tournée, parce
que j'ai jugé que le répertoire qu'on a présenté ce
soir-là avait un contenu québécois insuffisant.
Depuis lors, j'ai pris connaissance du répertoire qui est
proposé pour la tournée européenne et j'ai constaté
à ma grande satisfaction que ce répertoire a un contenu...
M. Blank: Le chantage.
M. de Bellefeuille: ... québécois beaucoup plus
important.
M. Blank: Le chantage.
Le Président: M. le député de Roberval,
dernière question.
M. Lamontagne: Je ne sais pas à qui adresser la question,
mais je voudrais savoir qui est en charge du contenu québécois
parmi ces ministres. Qui est le chef de la censure? Est-ce le ministre de la
Justice?
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Impôt sur les dividendes de corporations
canadiennes
M. Biron: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Finances.
La semaine dernière, dans son discours sur le budget, le ministre
des Finances a apporté des changements dans le calcul de revenu sous
forme de dividendes de corporations canadiennes, à tel point qu'on a
maintenant un citoyen québécois qui gagne $14 000 en revenu, et
pour $1000 de surplus, de dividendes de corporations canadiennes, maintenant il
paie $172 de taxe au lieu de $143, soit une augmentation d'environ 20%. Est-ce
que le ministre est prêt à reconsidérer les propositions de
son budget qui fait une hausse d'impôt de ces contribuables qui gagnent
beaucoup moins de $20 000 par année et qui sont imposés davantage
maintenant, parce qu'ils ont une nouvelle forme de calcul sur le revenu
provenant de dividendes de corporations canadiennes?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, à première
vue, je ne vois pas à quoi exactement fait allusion le chef de l'Union
Nationale. Ce qui a été décidé, à toutes
fins utiles, c'est d'utiliser, pour le calcul des dividendes de corporations
canadiennes, exactement la formule fédérale, ce que nous n'avions
pas encore établi. Je ne vois vraiment pas. Je peux me renseigner, il
est possible qu'il y ait quelque chose qui m'ait échappé dans le
calcul, mais à première vue, je ne vois vraiment pas d'où
pourrait provenir cette augmentation de taxe.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question additionnelle, M. le Président. Je
vais donner quelques informations au ministre sur son budget. Il a
changé la majoration imposable de dividendes de 33 1/3% à 50%,
avec un dégrèvement de 11 1/4% à 12 1/4%. Le fait de
majorer la table d'impôt de 22% à 24% pour les contribuables qui
gagnent moins que $20 000 par année à fait s'accroître le
montant d'impôt à payer par les petits contribuables. Je voudrais
juste poser une question additionnelle au ministre dans ce cas. Je crois qu'il
n'est pas en possession du dossier complet. Est-ce que les calculs ont
été faits clairement par les fonctionnaires de votre
ministère ou si vous avez fait appel à des spécialistes de
l'extérieur pour vous aider à établir ces nouvelles tables
d'impôt?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Non, ces tables d'impôt ont été
faites ici. Je vais reprendre les calculs dont on me parle pour les
vérifier. Je ne peux pas comme cela faire le calcul. Je demanderai
simplement au chef de l'Union Nationale de me rappeler pour quel revenu il
établit cela, quel niveau de revenu.
M. Biron: Pour $14 000.
M. Parizeau: Pour $14 000. Je vais faire le calcul précis
et je rapporterai le résultat.
M. Biron: Question additionnelle, M. le Président. En fin
de semaine dernière, le ministre des Finances parlait à
l'Association du camionnage. Si j'ai bien lu le rapport de presse qui est sorti
à cette occasion, il a dit qu'il serait prêt à
reconsidérer les propositions de son budget c'est ce qu'on nous
dit dans les journaux si, véritablement, le Québec a
imposé davantage ce genre de contribuables. Est-ce exact?
Le Président: M. le ministre des Finances. M. Parizeau:
Non, M. le Président.
M. Forget: M. le Président, ma question s'adresse...
M. Bellemare: Quel journal?
M. Parizeau: M. le Président, il faudrait qu'on me donne
le nom du journal au moins.
M. Biron: Le Globe and Mail, du bureau de Montréal.
M. Parizeau: Globe and Mail. J'ajouterai cela à mes
lectures, M. le Président.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent.
(14 h 40)
Respect de l'injonction relative à Commonwealth
Plywood
M. Forget: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail. Jeudi dernier, le ministre a émis un jugement, si
l'on peut dire, extrêmement sévère sur une injonction
qu'avait accordée le juge Greenberg dans l'affaire Commonwealth Plywood.
Dans les heures qui ont suivi, si je ne m'abuse, la CSN a indiqué son
intention de ne pas respecter cette injonction. Est-ce que le ministre ne voit
pas une relation de cause à effet direct entre, d'une part, le jugement
qu'il a exprimé sous le couvert de l'immunité parlementaire en
réponse à une question jeudi et cette décision de la
centrale syndicale de ne pas obtempérer à un érdre,
jusqu'à preuve du contraire, valablement émis par un juge d'une
cour de la province?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, à moins que je ne
m'abuse, ce ne serait pas la première fois que la CSN ne respecte pas
une injonction.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Lalonde: Ce n'est pas important, ce n'est pas important,
cela!
M. Forget: M. le Président, une question
additionnelle.
M. Lalonde: Ce n'est pas important!
M. Forget: J'aimerais savoir du ministre de la Justice s'il
concourt avec son collègue du Travail dans la façon dont son
gouvernementou le gouvernement auquel il participe passe en appel,
en quelque sorte, les jugements d'une cour et, en ce faisant, incite
directement une des parties à adopter vis-à-vis des ordres de
cette cour une attitude de désobéissance.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je pense que chaque
ministre est responsable des déclarations qu'il a à faire devant
cette Chambre, qui sont à la connaissance de l'ensemble de la
population. Concernant la déclaration de M. Rodrigue, je n'ai fait que
la lire dans les journaux et aucun dossier, à l'heure actuelle, n'est au
ministère de la Justice pour que je prenne une décision
concernant certains actes qui auraient été posés ou qui
devraient être posés.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président.
M. Johnson: M. le Président, pour compléter
simplement.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: J'aimerais simplement rappeler au
député de Saint-Laurent que je pense, si je ne m'abuse, que le
président de la CSN avait annoncé, avant même ma
déclaration, qu'il n'entendait pas respecter le jugement du juge
Greenberg.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent.
M. Johnson: ... faire attention.
M. Forget: M. le Président, je pense que les membres d'en
face font peu de cas des principes de solidarité ministérielle et
de responsabilité ministérielle. Il y a un énoncé
d'opinion non ambigu et très fort d'un ministre qui blâme le juge
Greenberg dans une cause qui était sujette à un appel et, dans
les heures qui ont suivi, on a vu des manchettes au sujet de l'attitude de la
CSN. Il y a une relation de cause à effet et j'espère que le
ministre de la Justice...
Le Président: M. le député de Saint-Laurent,
pourriez-vous formuler votre question, s'il vous plaît?
M. Forget: Est-ce que le ministre de la Justice va tenir compte
de l'expression d'opinion que son collègue a faite jeudi dernier lorsque
le temps viendra de savoir qui doit payer les pots cassés, qui paiera
des amendes, le cas échéant, pour le non-respect d'une injonction
valablement émise?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: C'est une question hypothétique pour le
moment. Comme je vous le dis, il n'y a aucun dossier, à l'heure
actuelle, qui a été acheminé au ministère de la
Justice qui m'indique que j'ai une décision à prendre à la
suite d'une déclaration qui a été faite par un
président de syndicat. Je ne peux quand même pas aller au devant
des problèmes.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Je voudrais adresser ma question au ministre des
Affaires culturelles. Je crois qu'il vient de disparaître. M. le
Président, s'il revient, est-ce que...
Une Voix: ... sa première question.
M. Cordeau: C'est la première conférence de
presse.
Le Président: II ne s'attendait pas à en avoir
deux.
M. Cordeau: II change d'idée; il est comblé; il est
choyé.
Le Président: On vous réclamait, M. le ministre des
Affaires culturelles. Alors, M. le député de Gaspé, vous
avez la parole.
M. Le Moignan: Alors, je dois donc m'excuser auprès du
ministre, mais je voudrais demeurer dans le domaine lyrique bien
commencé par le député de Laurier. Le ministre a dû
prendre connaissance ce matin d'une nouvelle parue dans le Devoir et qui fait
mention d'un dénouement probable et prochain concernant le dossier de
l'Opéra du Québec. Qu'est-ce que le ministre pourrait nous dire
sur ce dossier?
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. Vaugeois: M. le Président, je dois dire que c'est la
question que j'attendais. Sans malice pour mon collègue de Laurier.
Effectivement, j'ai pris connaissance avec beaucoup
d'intérêt de l'article du Devoir de ce matin. Disons qu'à
ce moment-ci il existe une hypothèse de relance de l'Opéra du
Québec qui est assez bien résumée dans l'article, mais
cette hypothèse est actuellement à l'étude. Elle fait
l'objet de plusieurs consultations qui sont loin d'être terminées.
En ce qui me concerne, j'ai demandé à revoir le rapport Jeannotte
et j'en suis là. J'aimerais préciser que nous ne sommes pas
inactifs par ailleurs puisque, actuellement, grâce à l'appui du
Conseil des ministres et grâce à l'appui du Conseil du
trésor et de son président, nous sommes à liquider les
dettes accumulées par l'Opéra du Québec depuis 1971. La
plupart des membres de cette Chambre savent que l'Opéra a cessé
ses activités à toutes fins utiles en 1975 et que nous avons
hérité d'une dette de l'ordre de $1 359 000 qui était
endossée principalement par la Place des Arts et, pour une partie
significative, par le Grand Théâtre de Québec. A ce
moment-ci, nous avons toutes les autorisations nécessaires c'est
en train de se faire pour rembourser la Place des Arts et le Grand
Théâtre de Québec et permettre au moins de nettoyer le
passé en ce qui regarde la question de l'Opéra du
Québec.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
Possibilité de relance de l'Opéra du
Québec
M. Le Moignan: Une question additionnelle. M. le
Président. Le ministre a touché la question de la dette de $1
million. Je n'aurai donc pas à lui formuler cette question. Maintenant,
quant à son attitude vis-à-vis de l'Opéra du
Québec, est-ce que le ministre a bon espoir, est-ce qu'il a pris
position, est-ce que l'Opéra du Québec va continuer de vivre,
peut-être de façon plus modeste, ou est-ce que c'est
Montréal seule qui aura le monopole dans ce domaine?
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. Vaugeois: Je ne peux pas répondre à ce moment-ci
à la question telle que formulée. Je ne peux que
répéter l'intérêt du gouvernement pour cette
question. On en fait la preuve actuellement en acquittant des dettes
accumulées sous l'ancienne administration et qui nous plaçaient
dans une impasse. Il faut dire qu'il faut connaître également la
contribution que peuvent apporter les villes concernées. Cela a
été un problème par le passé, la ville de
Québec et la ville de Montréal ne faisant pas, selon l'avis du
gouvernement, leur part. Mais il semble que la situation puisse évoluer.
Cela nous permettrait peut-être de rattraper la proposition qui est
contenue dans le rapport Jeannotte. Par ailleurs, il y a toujours l'inconnue du
Conseil des Arts également. C'est mon problème actuellement. J'ai
plusieurs dossiers semblables où le Conseil des Arts s'est engagé
à donner un montant d'argent et tout à coup, comme cela,
décide qu'il ne peut plus subventionner l'organisme. C'est le
problème avec les Ballets-Jazz actuellement. Le Conseil des Arts nous
prévient, comme cela, qu'il ne les subventionnera plus. On a le
problème avec plusieurs groupes importants. Actuellement je ne sais pas
quelle peut être la contribution réelle du Conseil des Arts; je ne
sais pas non plus ce qu'elle pourrait être dans l'avenir, en termes
d'engagement ferme et de progression même. Il y a beaucoup
d'éléments à évaluer dans le cas de l'Opéra
du Québec.
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Marchand: Ma question s'adresse au ministre des Affaires
culturelles. Lorsque le ministre dit qu'il a $1 million de déficit
à éponger pour les années précédant 1975,
est-ce qu'il pourrait dire par exemple sur combien d'années se
répartit ce déficit de $1 million et, comparativement aux autres
troupes d'opéra des villes d'autres pays, partout à travers le
monde, quelle est la comparaison qu'il peut faire entre le déficit
accumulé de l'Opéra du Québec et celui du Metropolitan
Opera, de la Scala de Milan et de toutes les autres troupes d'opéra?
Notre déficit est-il plus fort que celui de ces troupes d'opéra?
Ne croit-il pas à l'importance d'avoir une troupe d'opéra au
Québec et le Québec ne peut-il pas se permettre d'avoir un
déficit dans un domaine culturel aussi important, alors
qu'on fait des déficits dans beaucoup d'autres domaines qui sont
peut-être beaucoup moins importants?
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. Marchand: Riez tant que vous voudrez de l'opéra; si ces
choses ne vous intéressent pas, laissez donc le ministre
répondre. (14 h 50)
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre des Affaires culturelles, vous avez la parole.
M. Garon: Paillasse!
M. Vaugeois: M. le Président, l'intérêt que
porte l'Opposition à la question de l'opéra me rassure parce que,
effectivement, si nous devons proposer quelque chose, l'appui de tous les
membres de cette Chambre sera nécessaire. Le député me
pose des questions précises sur ce qui se fait ailleurs dans le monde.
Mon expérience des affaires intergouvernementales va me servir.
Effectivement, il y a plusieurs formules qui existent dans le monde, mais il y
en a rarement une qui ressemble à la nôtre où nous devons
soutenir un opéra du Québec sans avoir tous les budgets normaux
d'un gouvernement pour soutenir une institution comme celle-là.
M. Lavoie: En se séparant, on va se mettre à
chanter!
M. Vaugeois: M. le député, permettez que je
continue.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre des Affaires culturelles.
M. Vaugeois: Si mon prédécesseur de votre parti
était toujours dans cette Chambre, il pourrait témoigner
lui-même des inconvénients multiples que constitue l'intervention
fédérale dans le domaine des affaires culturelles. D'ailleurs, il
y a des gens de votre parti qui le reconnaissent. Ceci étant dit, dans
le monde, il y a plusieurs formules appliquées. J'ai relevé
moi-même le cas de l'opéra de Vienne, par exemple, où le
prix des sièges serait de l'ordre de $50, ce qui signifie que dans
certains pays on considère que c'est aux amateurs d'opéra de
faire les frais de leur opéra. Ce n'est pas notre position, mais je
montre, par cet élément, au député de Laurier que
la question qu'il s'est posée, nous nous la posons également.
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Marchand: M. le Président, je veux remercier le
ministre pour le sérieux qu'il accorde à la question,
contrairement à ses collègues qui en rient.
Le Président: M. le député de Richmond.
Conflits de travail à Radio-Québec et
dans certains quotidiens
M. Brochu: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre du Travail. On sait que tout semble bien se dérouler, du
moins en apparence, en ce qui concerne les conflits qui perduraient à
Montréal-Matin et à la Presse. Le ministre pourrait-il nous
indiquer, en ce qui concerne Radio-Québec, ce qui arrive exactement? Les
dernières nouvelles nous donnent un présage de règlement
possible aux deux autres que j'ai mentionnés. Cependant, au niveau de
Radio-Québec, il ne semble pas qu'il y ait de prévisions de ce
côté. Le ministre serait-il en mesure de faire maintenant le point
sur cette question?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je remercie le
député de Richmond d'évoquer la question des conflits dans
les media. Evidemment, je savais que je ne pouvais pas me fier sur l'Opposition
libérale pour le souligner. En effet, dans le cas de la Presse et de
Montréal-Matin, après douze jours de médiation, la
direction générale du service, avec M. Blain et le
médiateur, M. Côté, est parvenue à amener les
parties à signer une entente de principe qu'elles doivent soumettre
à leurs instances respectives aujourd'hui et demain.
Dans le cas du Soleil, M. Leboeuf a déposé un rapport de
médiation qui ressemble plus à une convention collective
qu'à autre chose. C'est un document considérable qui tient compte
au niveau salarial de certaines des réalités qu'on retrouve dans
l'entente de principe à la Presse et des écarts habituels qu'on
constate entre le Soleil et la Presse. Finalement, en ce qui a trait à
Radio-Québec, c'est à regret que je dois dire que, pour le
moment, cela ne progresse pas beaucoup. J'espère avoir des
renseignements et des nouvelles plus intéressantes d'ici quelques
jours.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Question additionnelle qui s'adresse à son
collègue des Communications. Le ministre peut-il confirmer ou infirmer
les rumeurs voulant que, dans certains milieux, on songerait à remplacer
Radio-Québec par une agence de presse québécoise? Est-ce
que ces rumeurs peuvent-être fondées? Qu'est-ce qu'il en est au
juste?
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. O'Neill: M. le Président, je n'ai jamais ouï
pareille chose jusqu'ici. Alors, je ne sais pas du tout où M. le
député a cueilli cette rumeur. A mon avis, il s'agit de choses
différentes qui peuvent aller ensemble mais dont l'une ne peut pas
remplacer l'autre.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Brochu: Dernière question additionnelle que
j'adresserai, cette fois-ci, M. le Président, avec votre permission, au
ministre d'Etat au développement culturel pour lui demander s'il peut
dire à la Chambre si, bientôt, sera déposé le
rapport Rocher et s'il a l'intention de rendre ce document public dans des
brefs délais.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président; les débats suivent leur
cours et je pense bien qu'une décision sera connue bientôt.
Le Président: M. le député de Frontenac.
Contreproposition fédérale relative
à la taxe de vente
M. Grégoire: M. le Président, ma question s'adresse
au ministre des Finances. Je voudrais lui demander si la contreproposition
d'Ottawa concernant la taxe de vente, dont il avait été rumeur
dans les journaux la semaine dernière, s'est concrétisée
dernièrement et s'il a reçu une contreproposition réelle
et tangible de la part du gouvernement fédéral?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai effectivement
reçu hier...
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre a-t-il été
prévenu de la question du député?
M. Parizeau: M. le Président, j'ai effectivement
reçu hier...
M. Grégoire: Non, M. le Président.
M. Parizeau: Je n'aurais pas été
prévenu.
M. Grégoire: ... député de Bonaventure.
M. Parizeau: M. le Président, il faut croire que, du
côté ministériel, on s'intéresse davantage à
cette question que de l'autre côté, et bien qu'il ne m'en ait pas
donné avis, je remercie le député de Frontenac de l'avoir
soulevée parce que cela me paraît, en effet, être
d'intérêt public.
La lettre que j'ai reçue hier de M. Chrétien et qui doit
avoir été rendue publique par lui-même, j'imagine, ce midi,
est une longue lettre qui revient, en pratique, sur la contreproposition que le
ministre fédéral des Finances avait faite à la Chambre des
communes le 13 avril, c'est-à-dire il y a presque deux semaines. Il
s'agit fondamentalement de la même chose et il est donc clair que la
nouvelle contreproposition, dont certains journaux avaient parlé, n'est
pas une nouvelle contre-proposition. C'est exactement, ou à peu de chose
près, ce que M. Chrétien avait présenté tout de
suite après la décision du gouvernement du Québec.
A ce sujet, je ne peux donc que revenir sur ce que j'en disais à
l'occasion d'une conférence de presse, le 14 avril, c'est-à-dire
le lendemain, alors que j'indiquais ceci, et je cite: "Hier, M. Chrétien
a offert au Québec environ $42 millions comme contribution au coût
de l'élimination des taxes de vente qui ont été
annoncées par le gouvernement du Québec mercredi soir. Il nous
doit, en fait, $226 millions et il ne peut être question que nous
renoncions à recevoir toute cette somme .
Ceci étant dit, je vais, bien sûr, préparer une
réponse écrite à M. Chrétien. Tout de même,
puisqu'il m'écrit, il faut que je lui réponde. Elle sera soumise
demain au Conseil des ministres, et dès qu'elle aura été
envoyée à M. Chrétien, je la rendrai publique.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre aurait objection à
déposer la proposition fédérale?
M. Parizeau: Ayant prévu cette question, M. le
Président, j'en avais fait préparer des copies et je suis heureux
de les déposer, si je peux les retrouver au milieu de tous les papiers
que j'ai devant moi, si j'ai le consentement, bien sûr.
M. Charron: Est-ce qu'on a consentement?
M. Parizeau: Est-ce qu'il y a consentement, M. le
Président?
M. Lavoie: D'ailleurs, un ministre n'a pas besoin de
consentement.
M. Charron: On vous le demande parce qu'on ne sait jamais avec
vous autres.
M. Parizeau: Je pense que j'ai besoin de consentement puisque je
ne l'ai pas citée, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question additionnelle au ministre des Finances:
Est-ce que le ministre des Finances croit apporter des changements à sa
réponse au gouvernement fédéral ou s'il peut nous donner
l'assurance, ici, qu'il va continuer à s'opposer, avec toute la force et
l'énergie nécessaires, à cette nouvelle ingérence
du gouvernement fédéral dans les affaires provinciales?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai soutenu que le
gouvernement fédéral devait, au Québec et aux
Québécois, aux environs de $226 millions et c'est notre intention
ferme de les récupérer.
Le Président: M. le député de Vanier,
question additionnelle.
M. Bertrand: M. le Président, est-ce qu'on peut savoir du
ministre des Finances si, techniquement, la proposition fédérale
est en tout point identique à la première contreproposition et si
la masse d'argent que le gouvernement fédéral serait prêt
à offrir en compensation au Québec est la même que celle
qu'on avait relevée au moment de la contreproposition, soit $42
millions?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, nous sommes à faire
des vérifications qui sembleraient indiquer qu'entre les deux
propositions, selon les estimations de chacun, il pourrait y avoir une
différence d'environ $2 millions.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Est-ce que le
ministre des Finances a pris connaissance d'un texte qui a été
publié hier dans le Devoir, sous la plume de M. Yvan Bernier, professeur
de droit constitutionnel et international à la faculté de droit
de l'Université Laval, qui traite de l'aspect constitutionnel du
débat sur la taxe de vente? Ce texte indique...
M. Bertrand: Quel journal?
M. Charbonneau: Le journal Le Devoir, à la page 5. ...
qu'en 1969 le fédéral publiait un livre blanc sur cette question
et indiquait, notamment, que la décision d'un corps législatif
provincial d'exercer son droit constitutionnel à ne pas participer
à un programme donné, c'est-à-dire un programme conjoint,
même lorsqu'il y a un accord général national, ne devrait
pas avoir pour résultat l'imposition d'une peine fiscale sur les
habitants de cette province. Est-ce que le ministre des Finances a pris
connaissance de ce texte?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: J'ai pris connaissance de ce texte, M. le
Président, et je pourrais même y ajouter un autre extrait du
même document qui se lit ainsi: "Premièrement toujours dans
le sens de ce qu'on vient de dire, et je cite à partir de ce document
présenté par le premier ministre du Canada sous forme de livre
blanc il faudrait que le Parlement puisse démontrer qu'il existe
un accord général national en faveur de la mise sur pied d'un
programme donné avant de pouvoir exercer son pouvoir." Cela n'a pas
été fait, M. le Président. "Deuxièmement je
cite toujours l a décision d'un corps législatif provincial
d'exercer son droit constitutionnel de ne pas participer à un programme
donné, même lorsqu'il y a un accord général
national, ne devrait pas avoir pour résultat l'imposition d'une peine
fiscale sur les habitants de cette province." Il faut que cela se fasse, M. le
Président. (15 heures)
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, est-ce que le...
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... ministre des Finances je ne veux pas, bien
sûr, présumer de la réponse qui sera envoyée au
fédéral, dans le texte qui sera soumis au cabinet demain matin
pourrait nous indiquer si ce document pourra enfin permettre à M.
Trudeau de régler l'imbroglio et de déclencher enfin ses
élections?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, comme la décision de
déclencher des élections est, dans le système
parlementaire où nous vivons, une décision du premier ministre
lui-même, on comprendra que je peux difficilement me substituer à
M. Trudeau quant à cette décision.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, question principale.
Le Président: M. le député d'Outremont.
Population du Québec
M. Raynauld: Ma question s'adresse au premier ministre. Elle fait
suite à d'autres questions que j'ai déjà posées sur
les migrations, particulièrement interprovinciales. On se rappellera que
la dernière réponse que j'ai reçue, c'était qu'en
1970 cela avait été aussi pire qu'en 1977. Ce matin, dans le
journal, on voit qu'on donne des informations additionnelles montrant cette
fois que la population baisse au Québec en chiffres absolus. Donc, on ne
peut même plus compter sur les naissances...
Le Président: M. le député d'Outremont, je
vous rappelle que la période des questions se termine à 3 h 6.
Donc, il vous reste peu de temps pour formuler votre question.
M. Raynauld: Merci, M. le Président. Je voudrais
simplement donner la raison de ma question. C'est que ce matin, dans le
journal, on donne des indications à savoir que la population baisse en
chiffres absolus. Bien sûr, en 1974, 1975, 1976, les migrations avaient
été positives. Je voudrais donc demander au premier ministre
comment il explique en 1977, puisqu'il n'y a pas de crise d'octobre, cet exode
et, l'ayant expliqué, s'il y aurait des mesures qu'il entend prendre
pour essayer de modérer tout au moins l'exode en question.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Le député
d'Outremont, avec le soutien souriant du député de L'Acadie, qui
s'intègre très bien au climat général de
l'Opposition libérale, on ne l'aurait pas cru...
cela étant dit, le député d'Outremont pose une
question... Je n'ai pas dit que c'était un compliment. Cela étant
dit, M. le Président, je dirai au député d'Outremont que
de trimestre en trimestre, un peu comme quand le chef de l'Opposition parle, de
mois en mois, du chômage, etc.. je suis curieux de voir l'ancien
économiste réputé, ancien président du Conseil
économique du Canada nous amener si souvent avec ses collègues
à une espèce de retour au cours primaire. Puisque c'est cela
qu'exige le climat de ce système, je lui ferai remarquer que le solte
complet de l'année 1977 qui ne marche pas d'un trimestre à
l'autre je pense que là, je n'apprendrai rien au
député d'Outremont l'année 1977, dans laquelle il y
a deux semestres, pas un, comme dans chaque année...
M. Burns: C'est bête, mais c'est comme ça.
M. Lévesque (Taillon): Alors, le solde total de
l'année 1977, qui n'est pas particulièrement brillant au point de
vue de la démographie, est quand même positif. Au premier
semestre, la population a augmenté, en chiffres nets, de 19 000 au
Québec et a baissé de 4000 en deuxième semestre, ce qui
fait que le solde net est une augmentation de 15 000.
Il est évident que c'est à supposer qu'il soit
nécessaire de toujours multiplier les populations, une augmentation qui
n'est pas particulièrement spectaculaire, mais qui existe. Le solde de
l'année 1977 est une augmentation de la population de 15 000,
d'après les chiffres qui ont été vérifiés ce
matin. En effet, même si le député d'Outremont, comme on le
fait souvent, n'avait pas pris la peine, comme ses collègues, de nous
résumer un article que nous avons tous lu, on l'a lu nous aussi et, par
conséquent, on avait fait faire une petite étude sur les
statistiques.
Maintenant, depuis des années, en fait depuis les années
soixante, le solde des départs interprovinciaux, pour autant qu'ils
puissent, sous toute réserve l'article le dit, d'ailleurs
être calculés à partir surtout de la base des allocations
familiales et des déménagements de ménages, a toujours
été ou presque toujours négatif. Donc, pour
résumer, premièrement, malgré le fait que ce ne soit pas
une année exceptionnelle, loin de là, il y a un solde positif au
point de vue démographique pour l'ensemble de l'année 1977.
Deuxièmement, le solde des départs interprovinciaux par rapport
aux arrivées qui est négatif l'a été depuis
à peu près toujours, plus ou moins depuis le début des
années soixante.
Maintenant, les explications sont toujours là et les
démographes qu'on a consultés ce matin disent: On peut s'attendre
à une certaine reprise, mais cela dépendra de certains facteurs
aussi, au cours de l'année 1978. Mais les facteurs de base sont toujours
là depuis des années et des années, avec un peu plus
d'intensité ou un peu moins. Premièrement, il y a la
dénatalité qui continue; enfin, notre natalité n'a pas
remonté. C'est vrai, Mme le député de L'Acadie,
jusqu'à nouvel ordre. La situation économique
générale du Canada, du Qué- bec et des Maritimes, surtout
de l'Est du Canada, depuis des années et des années, en est une
de semi-stagnation que le régime fédéral et ses politiques
n'ont certainement pas aidé à corriger. Troisièmement,
s'ajoute à cela je vais le dire franchement et je pense que tout
le monde en est conscient la propagande incessante, délirante et
parfois dégradante des adversaires du gouvernement, qui sont en
même temps ceux de l'évolution même du Québec. Le
Seigneur leur pardonnera car ils ne savent ce qu'ils font.
J'espère que les libéraux, que la section provinciale du
Parti libéral, comme le disait M. Trudeau, ne se range pas parmi les
pires de ses adversaires de l'évolution du Québec. Une chose est
certaine, ils battent la grosse caisse tant qu'ils le peuvent. Enfin, cette
propagande incessante, délirante et parfois dégradante a
entraîné, comme, d'ailleurs, à un certain moment,
l'effervescence autour d'un bill 22 que nos adversaires et amis d'en face
connaissent bien, un certain nombre... Si, M. le Président, on nous
permettait de finir des phrases!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Levesque (Bonaventure): II restait le député
d'Outremont.
M. Burns: A l'ordre, à l'ordre!
M. Lavoie: Vous avez arrêté trois minutes avant.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, trois minutes avant.
M. Lévesque (Taillon): Pour la logique de la phrase, si on
me la laisse finir, elle doit durer trente secondes. Troisième facteur,
la propagande délirante, souvent dégradante des adversaires du
gouvernement qui, sans s'en apercevoir, se transforment souvent en adversaires
de l'évolution même du Québec, a entraîné et
entraîne encore un certain nombre de départs-paniques,
hélas! essentiellement chez nos concitoyens anglophones. C'est
malheureux, mais c'est comme cela!
Mme Lavoie-Roux: Question supplémentaire.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
J'autorise une dernière question supplémentaire, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander au premier ministre:
Comment concilie-t-il les données statistiques qu'il vient de nous
donner et cette affirmation suivant laquelle les migrations interprovinciales
ont presque toujours été négatives depuis le début
des années soixante avec la disposition qui a été
prévue dans la loi 101 à l'effet que les enfants venant des
autres provinces et de langue anglaise ne pouvaient aller à
l'école française sous prétexte qu'ils étaient une
menace à la survivance des francophones au Québec alors que
pourtant, vous admettez que cela a toujours été un
déficit pour le Québec, ces migrations
interprovinciales?
M. Lévesque (Taillon): De toute façon, je
rappellerai au député de L'Acadie, qui sera certainement
porté à donner son appui à une politique comme
celle-là, que les gens qui viennent du reste du Canada, qui sont
citoyens canadiens, leurs enfants, pendant trois ans renouvelables; donc six
ans, si c'est justifié par le besoin de leur carrière ou de leur
emploi, peuvent aller aux écoles anglaises, soutenues par les taxes au
Québec. Comme le commissaire aux langues officielles l'a lui-même
répété à un fonctionnaire du Parlement
fédéral, l'offre d'accord de réciprocité que le
Québec a également assorti à cette loi devrait être
acceptée par des gens de bonne foi et de bonne volonté dont, je
suis sûr, le député de L'Acadie fait partie.
Mme Lavoie-Roux: Les données démographiques ne sont
donc plus un argument à utiliser?
Le Président: Fin de la période de questions. A
l'ordre, s'il vous plaît! Motions non annoncées.
M. Grenier: M. le Président...
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: M. le Président...
(75 h 10)
M. Grenier: ...le ministre des Affaires sociales est
sensibilisé à une question qui sévit dans la région
de Lac-Mégantic depuis de nombreaux mois et il est prêt à
répondre à une question qui lui a été
posée.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton, je regrette, mais la période des questions a
pris fin. M. le ministre de la Fonction publique.
M. Grenier: II s'agit d'une réponse à une question
qui avait été antérieurement posée. Il est
prêt à répondre.
Des Voix: Consentement.
Le Président: S'il y a consentement unanime, je peux
autoriser le ministre des Affaires sociales. Il n'y a pas consentement.
M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: M. le Président, nous
célébrons cette semaine la semaine des secrétaires. On ne
pourrait donc trouver une meilleure occasion pour rendre hommage à tous
ceux et celles qui, jour après jour, s'avèrent d'indispensables
collaborateurs et parfois même de précieux complices. J'ajouterai
qu'à mon avis on oublie trop souvent que le succès d'un employeur
ou d'une entreprise est directement fonction de la qualité des services
rendus par ses employés et que cela est particulièrement vrai du
travail des employés de secrétariat. Je fais donc motion, M. le
Président, pour que cette Assemblée rende hommage aux
secrétaires du Québec à l'occasion de la semaine des
secrétaires.
M. Bellemare: M. le Président.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion? M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Je serais bien prêt à donner mon
consentement mais, en relisant les procès-verbaux, l'honorable ministre
s'apercevra qu'une telle motion a été présentée par
le chef de l'Union Nationale l'année dernière et c'est le leader
du gouvernement qui s'est opposé.
Une Voix: C'est pour cela.
M. Bellemare: Alors, c'est non.
Le Président: II n'y a pas consentement à la
présentation.
M. Bellemare: Non.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Affaires du jour.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, vous avez la
parole.
Démission de M. Bryce Mackasey
M. Mackasey: M. le Président, ma raison pour avoir
décidé de soumettre ma démission en tant que
député à l'Assemblée nationale de vive voix
plutôt que par écrit, c'est parce que cela me fournit l'occasion
d'exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont rendu la transition de
la politique fédérale à l'Assemblée nationale plus
facile.
M. le Président, je sais qu'à l'occasion j'ai mis votre
patience à l'épreuve et je vous remercie de votre courtoisie et
votre collaboration. Peut-être que la manière la plus facile
d'exprimer ma reconnaissance à vous tous, mes collègues je
n'emploie pas seulement ce terme pour les membres de l'Opposition, mais aussi
pour les membres du gouvernement, les membres de la tribune de la presse, mon
bon ami l'autre Irlandais, Robert Burns est de souligner aux Canadiens
et aux Québécois qu'en aucun moment, soit dans cette
Assemblée ou à l'extérieur de cette Assemblée, on
ne m'a fait sentir la moindre discrimination à cause du fait que je suis
de langue maternelle anglaise ou que mon dévouement à la cause
fédéraliste est inébranlable. Pour plusieurs raisons je
pourrais dire que quitter l'Assemblée nationale est pour moi quitter la
compagnie d'amis, ce qui est toujours pénible, M. le Président.
J'espère que,
quel que soit mon prochain destin, je continuerai à être,
comme tous les membres anglophones de l'Assemblée nationale, un lien de
bonne volonté entre les deux communautés
québécoises et un lien de compréhension entre les
Québécois et les Canadiens des autres provinces.
Mr President, just a word in the other official language in the National
Assembly. I just want to say that I leave this Assembly understanding better
than ever before the many strange and unique currents that flow and ebb in this
province. Perhaps because of my Irish origin, I understand the dedication and
the determination of all French-speaking Canadians to maintain and protect
their language and their culture against assimilation. I share their concern
and their determination. I say that I believe that this can be accomplished
without in any way infringing on my language and my culture. I say, Mr Speaker,
that without your language you can never describe a thing of beauty nor
describe man's inhumanity to man. Though I share your concern, the French
language and the French culture must survive. I leave Quebec more fulfilled, a
better person, a better Canadian and a more understanding Quebecker. Merci
à tous.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on me
permettra, en mon nom personnel et au nom de l'Opposition officielle, de dire
à notre ami, le député de Notre-Dame-de-Grâce, le
regret que nous ressentons de le voir quitter, mais en même temps lui
témoigner nos sentiments d'amitié qui nous ont animés tout
particulièrement au cours des 18 mois où nous avons eu l'occasion
de travailler avec lui.
Nous avons apprécié son esprit ouvert, sa collaboration,
sa vaste expérience et son dévouement à toutes les causes
valables, particulièrement celles qui touche les plus
défavorisés. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce, en effet, a eu l'occasion de poursuivre une
carrière au niveau fédéral et une courte carrière
trop courte, hélas! au niveau provincial.
Ce qu'il vient de nous dire indique, cependant, combien l'ont
marqué ce passe à l'Assemblée nationale, ce contact avec
des collègues de diverses formations politiques, ce contact
également plus quotidien avec la langue française dont il
connaît encore davantage les secrets. Nous voyons tous qu'il s'est
amélioré de jour en jour quant à la façon de
s'exprimer dans la langue de Molière. Je tiens à lui dire, M. le
Président, que, devant ses deux carrières bien remplies, nous
devons nous incliner et lui souhaiter... Il n'a pas parlé de ses
intentions immédiates, mais je suis sûr que cela va être
difficile pour lui de ne pas être impliqué quelque part. Je ne
sais pas dans quelle voie, mais elle ne sera pas complètement
étrangère au service du public.
De toute façon, M. le Président, nous voudrions, à
ce moment, lui formuler nos meilleurs voeux de santé. Egalement, nous
voulons le voir connaître de nouveaux succès. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce a été, dans un
rôle ou dans un autre, un fervent de l'unité canadienne. Il a
voulu travailler dans ce sens, soit au niveau fédéral ou au
niveau provincial. Je suis convaincu qu'il continuera, par ses nombreuses
relations, par son travail, par ses contacts, par l'exemple qu'il donne dans sa
vie, à être un exemple et qu'il continuera, en même temps,
à favoriser une meilleure compréhension entre Canadiens.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, en
m'excusant auprès du député de Johnson à qui je
céderai la parole dans un instant, je voudrais tout de même dire
que, de ce côté-ci également et non seulement à
titre personnel je pense que je parle pour tous les gens du parti
ministériel nous allons regretter le député de
Notre-Dame-de-Grâce, On va regretter sa bonhomie et sa
générosité naturelle. Une chose qui paraît toujours
dans ses propos, sauf quand parfois certaines émotions
constitutionnelles l'emportent, c'est son souci des gens modestes qui a
marqué sa carrière au fédéral, et aussi son style
un peu exceptionnel qui vient toujours des tripes. (15 h 20)
Nous savons tous que le scrutin de 1976 a donné des
résultats qui ne rencontraient peut-être pas toutes ses
aspirations. Cela, malheureusement, nous pouvons difficilement le regretter,
mais nous croyons que, malgré tout, le député de
Notre-Dame-de-Grâce a l'impression de n'avoir pas perdu son temps et
d'avoir retiré quelque chose de ce séjour trop bref à
l'Assemblée nationale.
Si on me permet d'ajouter un tout petit mot dans la deuxième
langue officielle du Canada, qui est une langue admise à
l'Assemblée nationale... I want to thank Mr Mackasey because,
from now on, that will be a main title and it is the most prominent one
for understanding so generously the preoccupations we have about language and
culture. I am a bit surprised that, as an Irishman, he does not seem to
understand the national aspect of those aspirations, but this is no time for
controversy, before good-byes and best regards. Si M. Mackasey ne cède
pas il a parlé de son destin d'une façon incertaine pour
l'avenir à quelque tentation et se retire vraiment de la
politique, je crois que nous souhaitons unanimement, partout en cette Chambre,
que ses années soient longues et fructueuses. Il saura sans doute,
même en période de retraite politique, les rendre fécondes.
Et s'il devait céder de nouveau à quelque tentation politique,
nous lui souhaiterions quand même une retraite heureuse et rapide.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare M. Bellemare: M. le Président, je
n'ai pas be-
soin de vous dire que le député de
Notre-Dame-de-Grâce a fait preuve, depuis des années, d'une grande
courtoisie à l'endroit de ses collègues. Même quand il
était ministre à Ottawa j'étais, à ce
moment-là, ministre du Travail il nous avait reçus avec
une grande condescendance et il avait compris nos problèmes d'une
manière très substantielle.
Je voudrais lui dire combien nous regrettons, aujourd'hui, son
départ qui est dû à certaines circonstances, je pense.
Elles ne sont peut-être pas rattachables mais elles nous laissent des
doutes quant à l'opportunité d'une démission comme
celle-là. Je serais très heureux si M. Mackasey veut continuer
dans la politique active parce qu'il est sûr et certain que le Parti
libéral en a bénéficié dans une large mesure,
particulièrement lorsqu'il a occupé les hautes fonctions de
ministre des Postes et ministre du Travail à Ottawa.
Dernièrement, lui aussi a vécu un congrès à la
chefferie et peut-être qu'en immolant sur l'autel de son parti sa vie
publique il veut donner une chance à un autre de venir dans cette
Chambre pour qu'on puisse le connaître à fond ce nouveau chef.
Je formule le voeu très sincère que cette immolation sur
l'autel de son parti puisse avoir d'heureuses conséquences pour toute la
province.
Le Président: Je pense que personne ne tiendra rigueur
à la présidence de ne pas faire de délibéré
sur l'intervention du député de Notre-Dame-de-Grâce, mais
permettez-moi de dire que j'aurai malgré tout la nostalgie de la
sonnette de l'ami de gauche.
Affaires du jour.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Travaux parlementaires
M. Burns: M. le Président, je voudrais d'abord donner avis
concernant les commissions de demain matin, le mercredi 26 avril. A compter de
10 heures, au salon rouge, la commission permanente de l'agriculture poursuivra
l'examen des crédits du ministère de l'Agriculture pour terminer
ses travaux à midi trente. Aux mêmes heures, à la salle
81-A, les crédits de la jeunesse, des loisirs et des sports
débuteront à la commission parlementaire du même nom. Aux
mêmes heures également, à la salle 91-A, se poursuivra
l'étude article par article du projet de loi no 70. Cela va? Quant
à nos travaux de cet après-midi, comme je l'avais annoncé
la semaine dernière, pendant que nous siégerons en Chambre
relativement à la motion qui apparaît à mon nom, je fais
motion pour que deux commissions puissent siéger immédiatement,
peut-être trois, si j'ai le consentement de la Chambre. Je fais donc
motion, M. le Président, pour qu'immédiatement, avec suspension
à 18 heures, pour reprise de leurs travaux à 20 heures pour les
terminer à 22 heures, au salon rouge se poursuive l'étude des
crédits du ministère de l'Agriculture devant la commission
permanente de l'agriculture et, pour les mêmes heures, à la salle
81-A se poursuive l'étude des crédits pour, es-
pérons, les terminer puisque c'est un peu ce que nous avions
programmé dans les diverses consultations faites auprès de
l'Opposition du ministère de la Justice devant la commission
permanente du ministère de la justice.
Si j'avais ce consentement qui m'a été trop rapidement
refusé, j'ai l'impression, nous pourrions aussi faire siéger la
commission parlementaire des richesses naturelles relativement au projet de loi
no 70, ce qui lui permettrait d'avancer un peu se travaux qui piétinent
actuellement. Je n'ai pas encore entendu quelqu'un qui ait dit non.
M. Bellemare: Non.
Le Président: II n'y a pas de consentement, M. le leader
parlementaire.
M. Burns: Je viens de l'entendre. Cela va, ma motion donc est
à deux volets, comme dirait si bien le vice-président de
l'Assemblée nationale, relativement au ministère de l'Agriculture
et au ministère de la Justice qui devraient immédiatement
siéger aux heures que j'ai indiquées.
M. Bellemare: M. le Président, sur la motion, je
demanderais un vote enregistré.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
(Suspension à 15 h 27)
(Reprise à 15 h 48)
Le Président: A l'ordre! Je vais maintenant mettre aux
voix la motion à double volet de M. le leader parlementaire du
gouvernement aux fins de poursuivre l'étude des crédits du
ministère de l'Agriculture et l'étude des crédits du
ministère de la Justice.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Burns, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Laurin, Morin
(Louis-Hébert), Léonard, Tremblay, Bérubé, Johnson,
O'Neill, de Belleval, Joron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Charron,
Duhaime, Léger, Tardif, Garon, Vaugeois, Michaud, Paquette, Marcoux,
Alfred, Martel, Fallu, Rancourt, Grégoire, Bertrand, Godin, Laplante,
Bisaillon, de Bellefeuille, Guay, Gendron, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste,
Ouellette, Perron, Clair, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault, Charbonneau,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Le-vesque (Bonaventure), Lavoie, Vaillancourt
(Orford), Lalonde, Forget, Goldbloom, Saindon, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux,
MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia,
Marchand, Gratton, Biron, Bellemare, Grenier, Goulet, Fontaine, Brochu, Dubois,
Le Moignan, Cordeau, Samson, Roy, Shaw. (15 h 50)
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît! Que ceux et celles qui
désirent s'abstenir veuillent bien se lever!
Le Secrétaire: Pour: 88 Contre: 0
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée.
M. Burns: Ces commissions peuvent siéger
immédiatement, M. le Président.
M. le Président, dès que nos collègues qui se
dirigent vers les commissions l'auront fait, nous pourrons appeler l'article 1
de notre feuilleton.
Motion priant l'Assemblée de
permettre la radiodiffusion et
la télédiffusion des
débats
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J'appelle
maintenant le poste 1 de l'ordre du jour. Il s'agit d'une motion de M. le
ministre d'Etat à la réforme électorale et parlementaire
qui se lit comme suit: "Que, à la suite du rapport de la Commission de
l'Assemblée nationale en date du 22 février 1978, cette
Assemblée est d'avis que les débats de l'Assemblée
nationale puissent, sous l'autorité du président de
l'Assemblée nationale, être radiodiffusés et
télédiffusés dès la reprise de ses travaux à
la suite de l'ajournement d'été de 1978, et que le
président de l'Assemblée nationale soit autorisé à
constituer à ses fins un comité consultatif formé d'un
représentant de chaque parti politique présent à
l'Assemblée nationale".
Alors, le débat entourant cette motion conformément
à l'entente intervenue se déroulera comme suit: une enveloppe de
temps, pour ainsi dire, sera accordée à chaque formation
politique représentée à l'Assemblée nationale de la
façon suivante: la majorité ministérielle disposera de 90
minutes, l'Opposition officielle disposera de 75 minutes, l'Union Nationale
disposera de 60 minutes et MM. les députés de Rouyn-Noranda et de
Beauce-Sud disposeront respectueusement de 15 minutes chacun.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je n'ai pas à relire la
motion dont vous venez de nous faire lecture, mais je pense que cette motion
en commençant, ce serait peut-être la chose à dire
est tout à fait conforme à toutes les étapes ou, en
tout cas et sans aucun doute, le résultat de ce que,
éventuellement, nous avons, au cours des mois qui ont
précédé je dirais même au cours de
l'année et demie qui a précédé la date d'ajourd'hui
fait l'objet de nos discussions soit en commission parlementaire ou
encore par l'entremise d'un comité ministériel qui avait
été présidé par le député de Mercier.
C'est pour cela qu'à l'occasion je ferai référence au
comité Godin, même si ce n'est pas très parlementaire, me
dit-on, M. le Président, de se référer au nom d'un
député; ce sera beau- coup plus pour identifier ce comité
que j'y ferai référence.
Sans vouloir reprendre mon discours en réponse au message
inaugural qui a été livré par le premier ministre,
discours que je faisais au mois de mars, il me semble quand même assez
utile de reprendre un extrait de cette déclaration que j'avais faite
à l'Assemblée nationale pour nous resituer dans le contexte, du
moins quant à cet aspect de radiodiffusion et
télédiffusion de nos débats à l'Assemblée
nationale. Et je disais au cours du mois de mars: "La
télédiffusion des débats a cette heureuse
caractéristique de répondre et ce que je dis relativement
à la télédiffusion vaut aussi, avec des limites qui
s'imposent, c'est-à-dire le visuel en moins, pour la radiodiffusion
simultanément à tous les objectifs de la réforme
parlementaire. Bien sûr, il ne faut pas espérer que tous les
Québécois suivront religieusement tous nos travaux au point de
mettre de côté leurs émissions favorites. Mais lorsque
seront discutées les grandes questions de l'actualité, les lois
les plus controversées, les situations de crise et j'ajoutais
qu'aucune société n'en est exempte, je persiste à croire
que même la nôtre n'en est pas exempte il n'est pas vain de
penser qu'un bon nombre de nos concitoyens voudront suivre nos débats
tout en restant bien assis dans leur salon. Cela aura pour résultat
d'accroître l'influence de l'Assemblée nationale dans notre vie
sociale et politique et de renforcer l'autorité morale quelle doit
exercer pour guider le Québec au travers des changements importants qui
s'annoncent. Cela augmentera également la quantité et la
qualité de l'information politique donnée aux citoyens, leur
permettant de mieux comprendre la nature des problèmes qui se posent et
des solutions qui y sont apportées. Cela revalorisera le discours
parlementaire et le rôle de législateur du député.
Le contrôle du législatif sur l'exécutif aura plus de
mordant et les députés eux-mêmes seront soumis à un
meilleur contrôle de la part de leurs électeurs. "
Globalement, c'est le motif principal qui nous a incité
quand je dis nous je parle du gouvernement, qui me donnait, en décembre
1976, un mandat relativement à ce sujet c'est ce qui nous a
inspiré lorsqu'on m'a dit: Le mandat du ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire sera entre autres, et je vous
le cite: "de rendre l'Assemblée nationale plus accessible aux citoyens,
notamment en permettant la télédiffusion des travaux
parlementaires." Et un peu plus loin, dans ce même mandat, sur l'aspect
plus spécifique de la télédiffusion des débats, on
me suggérait et même on me donnait mandat au Conseil des
ministres: "En collaboration avec les différents partis politiques et
après étude des expériences de télédiffusion
des débats des Parlements qui ont pu être faites ailleurs, faire
des propositions au Conseil des ministres sur une expérience pilote de
télédiffusion des débats qui aurait lieu au cours de la
prochaine session." A ce moment-là on parlait évidemment de la
session du printemps 1977. "Voir, après décision par le Conseil
des ministres, à la réalisation de cette expérience
pilote, soumettre
au Conseil des ministres, au plus tard le 31 décembre 1977, un
bilan de cette expérience et faire des recommandations quant à
l'opportunité de télédiffuser les débats de
l'Assemblée nationale sur une base permanente." (16 heures)
C'est relativement à ce sujet-là, grosso modo, le mandat
qui m'a été donné. Nous croyons, jusqu'à
maintenant, que nous avons respecté et l'aspect de
l'échéance, sauf un petit détail sur lequel je dirai
quelques mots tout à l'heure et sous l'aspect de cadrage du mandat,
simplement pour rappeler quelques faits, M. le Président c'est
peut-être important pour que les membres de l'Assemblée nationale
prennent leur décision en toute connaissance de cause qu'il faut
peut-être se rappeler. D'ailleurs, je vous dis que la semaine
dernière, lorsque j'inscrivais ma motion à l'Assemblée
nationale, je me suis aperçu qu'on avait oublié de parler d'un
certain nombre d'étapes tout au cours de l'évolution de ce
dossier. Ce sont des étapes qui peuvent nous paraître, à
certains égards, bousculer le dossier puisque, dans beaucoup de
Parlements où la télédiffusion et la radiodiffusion des
débats ont été insérées dans le processus
normal d'information à l'endroit du public, souvent cela a pris beaucoup
plus qu'un an et demi ou deux ans pour y arriver.
Je dois dire également, au début, que ce n'est pas la
première fois que nous parlons de télédiffusion et de
radiodiffusion des débats à l'Assemblée nationale. Le
député de Laval se souviendra que lorsqu'il était
président de l'Assemblée nationale, j'étais revenu
à quelques reprises, lors de l'examen des crédits de
l'Assemblée nationale, sur ce sujet. C'est un sujet qui me tenait
à coeur. Même si cela peut paraître assez rapide comme
réalisation, il y avait déjà un travail en
préparation qui remontait à quelques années avant novembre
1976, quoiqu'il n'y avait rien eu de précis quant aux travaux
préliminaires qui devaient normalement nous amener à cette
diffusion par voie électronique de nos débats à
l'Assemblée nationale.
M. le Président, cela me fait plaisir quand même de
rappeler un certain nombre de dates et de faits. Je le fais de façon
très schématique afin de ne pas abuser du temps que la Chambre
m'accorde pour présenter cette motion. Je rappelle simplement que, le 22
décembre 1976, le mandat que je vous lisais tout à l'heure
m'avait été donné, comme ministre d'Etat à la
réforme électorale, dans les termes que je vous ai cités
il y a quelques instants.
Le 21 février, sachant fort bien, M. le Président, que je
ne pouvais seul, comme ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire, en arriver à une conclusion rapide;
sachant que je n'avais pas, comme individu et par ma propre formation,
l'expertise nécessaire et peut-être les écoutes
nécessaires dans les milieux concernés, j'ai formé un
comité ministériel que je désignais tout à l'heure
sous le nom de comité Godin. Je profite de l'occasion pour remercier
encore une fois le député de Mercier pour son étroite
collaboration dans ce dossier qu'il a mené et qui nous a amené
à prendre des décisions qui, je l'espère, se- ront
éventuellement entérinées par l'adoption de la motion que
je présente aujourd'hui. Ce comité a été
formé d'un parlementaire qui le présidait, c'est-à-dire le
député de Mercier. Il était assisté de deux
employés contractuels attachés au ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire, soit M. Pierre Chantelois et
M. Fernand Robidoux, deux personnes qui viennent du milieu de la radiodiffusion
et de la télédiffusion, l'un derrière les caméras
et l'autre en avant des caméras, très souvent.
Ce comité a bénéficié également de
l'assistance de certaines personnes compétentes. Je n'ose pas les
énumérer parce que je risquerais d'en oublier quelques-unes. Ce
sont des personnes qui viennent, entre autres, du ministère des
Communications, du bureau de la présidence de l'Assemblée
nationale. J'en profite, M. le Président, pour vous remercier
également de cette assistance tout au long de ce dossier. Ce
comité était constitué le 21 février 1977. Le 15
avril, un premier rapport nous était remis par le comité Godin.
Je l'ai soumis à l'attention des parlementaires. Les 13, 18 et 26 mai
1977, la commission de l'Assemblée nationale prenait connaissance de ce
dossier.
Le 26 août 1977, le premier rapport du comité Godin a
été soumis à l'Assemblée nationale, en quatre
tomes. Vous vous souviendiez, M. le Président, que j'avais eu toutes les
difficultés du monde à livrer le document parce qu'il
était trop volumineux. Du 19 au 30 septembre, en conformité avec
une certaine décision qui m'avait été
suggérée par le Conseil des ministres, nous avons
procédé à des expériences de
télévision à l'Assemblée nationale. Le tout a
été fait avec la collaboration du ministère des
Communications, de Radio-Québec et également de
l'Assemblée nationale.
Là-dessus beaucoup de gens ne le savent pas je
tiens à remercier certains de nos collaborateurs de l'Assemblée
nationale qui ont principalement, sauf erreur, été choisis parmi
les agents de la paix qui servent à l'Assemblée nationale et qui
je vous l'avoue, j'ai vu les scènes qui ont été
tournées ont sûrement des talents pour devenir
députés à l'Assemblée nationale. Je vous avoue
qu'entre autres il y en a un qui m'inquiétait plus que les autres, celui
qui jouait le rôle de leader parlementaire du gouvernement. Je le
trouvais meilleur que moi. Alors, je lui ai dit: II ne faudrait peut-être
pas que tu prennes goût à la politique. Je remercie,
évidemment, tous ces collaborateurs qui ont participé à ce
travail préliminaire.
Mme Payette: C'est un job facile!
M. Burns: Oui, c'est facile. Le ministre des Consommateurs me dit
que c'est un job facile. Elle a bien raison. Je ne pouvais pas passer sous
silence cette collaboration qui nous a permis, soit dit en passant, de
régler des éclairages et de nous préparer à la
véritable expérience pilote qui a été faite par la
suite.
Du 24 au 28 octobre, ces expériences, c'est-à-dire les
expériences que j'appellerais bidons,
sans la présence des parlementaires, ont été
reprises avec la collaboration de l'Association des câblodistributeurs,
au salon vert.
Le 9 novembre, les installations techniques d'Ottawa ont
été visitées par le comité Godin, du moins par les
principaux collaborateurs du comité Godin. Le 9 novembre
également, le Conseil des ministres acceptait le principe même de
la télédiffusion des débats. Le 10 novembre 1977 toujours,
des séances de visionnement des essais de télévision
auxquels je me référais il y a quelques secondes ont
été faites et il y a eu une invitation à l'ensemble des
députés de venir voir exactement quelle sorte d'image cela
pouvait faire, quelle sorte de cadrage on pouvait arriver à faire.
C'était surtout évidemment l'aspect visuel qui était
soumis à l'appréciation des députés. L'aspect
auditif, je pense bien que tout le monde le connaît. Tout le monde sait
que c'est beaucoup moins difficile à réaliser et, sans aucun
doute, beaucoup moins contentieux aussi.
Malheureusement, je profite de l'occasion pour le dire, il n'y a pas
beaucoup de députés qui en ont profité, ni du
côté ministériel, ni du côté de l'Opposition,
quoique, du côté de l'Opposition, toutes proportions
gardées, beaucoup de gens se sont prévalus de cela. Mais,
globalement, je pense que les députés auraient dû se
prévaloir de cette invitation de façon beaucoup plus
généralisée.
Du 14 au 16 novembre, un voyage d'étude du comité Godin et
de la direction générale des services techniques du
ministère des Communications a été organisé
à Ottawa directement et à l'ONU où, comme vous le savez,
le système de télédiffusion est probablement l'un des plus
perfectionnés parce que l'édifice où on
télédiffuse a été conçu en fonction de cela,
de sorte qu'on était déjà prêt à recevoir
tout l'appareillage technique requis pour la télédiffusion des
débats, alors qu'ici on a été obligé de faire des
ajustements, on a été obligé de renforcer la filerie de
l'Assemblée nationale, entre autres, quoique c'était devenu
nécessaire je pense bien que tout le monde l'admet pour
d'autres raisons. (16 h 10)
M. Lavoie: A quel moment le comité de M. Godin s'est-il
rendu à Ottawa?
M. Burns: A Ottawa? Ils s'y sont rendus du 14 au 16 novembre.
C'étaient des gens du comité Godin accompagnés des gens de
la DGST, la direction générale du service technique du
ministère des Communications. Ils sont allés à Ottawa et
à l'ONU. Effectivement, à New York. Le 21 novembre, les premiers
devis techniques pour les appels d'offres quant au système TV
étaient rédigés. Le 1er décembre, le
deuxième rapport, c'est-à-dire l'aspect final du rapport du
comité Godin était déposé à
l'Assemblée nationale. Le 2 décembre, certains soumissionnaires
ont été rencontrés relativement au système de
télévision. Le 7 décembre, mes collègues, Mme le
ministre des Travaux publics et M. le ministre de la Fonction publique, se sont
rencontrés pour faire la mise au point des différents travaux qui
devaient être exécutés relativement à la
télédiffusion des débats.
Cela peut paraître fastidieux, M. le Président, mais c'est
important que ce soit enregistré au dossier pour justement montrer qu'il
n'y a pas du tout d'improvisation dans ce domaine. Vous voyez, les dates sont
terriblement rapprochées. Il y a des gens qui ont fait des efforts
absolument énormes pour arriver à respecter cet
échéancier.
M. Bellemare: ... dans le temps, ils n'auraient pas eu les
épreuves qu'on a eues.
M. Burns: Ecoutez, on n'est pas rendu là encore.
M. Bellemare: On va le dire nous autres.
M. Burns: Le 8 décembre, M. le Président, nous
avons, vous vous en souviendrez, étudié le projet de loi no 78,
problème qui avait été à bon droit soulevé
par certains représentants de l'Opposition relativement à
l'extension de l'immunité parlementaire à la
télédiffusion et à la radiodiffusion de nos débats
qui, comme vous le savez, n'est pas actuellement ou n'était pas, avant
l'adoption du projet de loi no 78, protégée par notre
système parlementaire, ni par nos traditions parlementaires. Ce projet
de loi faisait surface à l'Assemblée nationale le 8
décembre 1977. Le 10 décembre, nous avions les appels d'offres
auxquels je faisais référence tout à l'heure. Certaines
recommandations, le 12 décembre, étaient faites du comité
du directeur général du Service général des
achats.
Le 13 décembre, le Conseil du trésor procédait
à l'approbation d'une des soumissions et de l'ensemble des travaux
concernant l'éclairage, l'électricité, la climatisation,
la peinture, les tapis et travaux de construction de la régie de
production, au troisième étage; et, évidemment, de
l'implantation du nouveau système de son qui, de toute façon, je
l'ai dit en commission parlementaire, était nécessaire parce que
nos amis qui patientent à nous écouter dans les galeries,
à l'époque, pouvaient à peine nous entendre. Surtout
lorsqu'on avait la moindre défaillance vocale. Je me souviens, entre
autres, de la première session à la suite de l'élection de
1976 où je n'avais plus de voix. Je voyais des gens plisser des yeux
dans les galeries. Ils ne pouvaient pas m'entendre et ils ne pouvaient pas
entendre, d'ailleurs, un certain nombre de députés qui avaient
perdu cette voix au cours de la campagne électorale. On n'avait pas
choisi la bonne voie peut-être.
M. Bertrand: II y en a qui avaient perdu trop de voix.
M. Burns: Mais, heureusement qu'on avait Lavoie.
Le Président: Pourriez-vous vous remettre sur la voie?
M. Burns: Je vous remercie de me rappeler à la bonne voie.
Le 14 décembre, M. le Président, je vous rappelle cette rencontre
entre les leaders
parlementaires à l'Assemblée nationale avec vous pour
faire approuver le contrat qui aurait pu, à l'époque, être
accordé au plus bas soumissionnaire relativement au système TV.
Je me rappelle qu'à l'époque l'Opposition avait opposé un
refus à cette première suggestion. Une deuxième rencontre
avait eu lieu en votre présence le lendemain, M. le Président, le
15 décembre, avec les leaders de l'Assemblée nationale. Et le
dépôt des documents techniques et des diverses options,
c'est-à-dire les modalités de paiement, systèmes de bail
et location, etc. avaient été soumis aux représentants de
l'Opposition. Encore une fois, nous avons essuyé un deuxième
refus. '
Le projet de loi no 78 sur l'immunité parlementaire nous
arrivons maintenant au 19 décembre 1977 a été
adopté. Finalement, les 12 et 13 janvier, les tests relatifs à la
nouvelle couleur des murs et du tapis de l'Assemblée nationale ont
été faits par l'entremise de Radio-Québec. Nous avons
d'ailleurs un certain nombre de documents audio-visuels qui nous permettent de
voir exactement ce que ça pourra donner lorsque ce sera prêt pour
être mis en application.
Par la suite il y a eu et je vous fais grâce de
l'énumération des dates, je ne veux pas que mon intervention soit
trop longue en janvier rencontre avec les principaux media
dîffuseurs, Radio-Canada, TVA, Télémédia,
Télécâble, Vidéotron. La commission de
l'Assemblée nationale siège pour la première fois avec ces
détails beaucoup plus précis, le 19 janvier. Un nouveau voyage,
à la suite de cette séance de la commission, est organisé
sous vos auspices, M. le Président, le 31 janvier. Là c'est un
voyage d'étude de parlementaires à la suggestion du
député de Laval à Ottawa, pour voir sur place ce
qui s'était passé. Le 7 février, la commission de
l'Assemblée nationale, à la suite de ce voyage, puisque
c'était l'entente qui était intervenue le 19 janvier, se
réunit à nouveau pour prendre connaissance du chemin de Damas que
certains de nos collègues d'en face ont entrepris en se rendant à
Ottawa. Effectivement, il y a beaucoup de gens qui étaient contre au
début et qui se sont tout à coup retrouvés en faveur de la
télédiffusion, malgré les coûts relativement
élevés de l'implantation, il ne faut pas se le cacher.
Le 17 février, donc, la commission de l'Assemblée
nationale manifeste son accord par des motions successives; c'est le 17
février, j'ai le rapport sous les yeux. Le 17 février, la
commission de l'Assemblée nationale, après avoir
réexaminé un certain nombre de motions que je faisais devant
elle, s'est prononcée finalement pour la motion suivante, de sorte
qu'aujourd'hui je pense bien que ma motion est beaucoup plus de forme que de
fond. J'ai l'impression que le fond est déjà accepté.
Cette motion qui a été adoptée le 17 février se
lisait comme suit: "Que la commission recommande à l'Assemblée
nationale que ses travaux soient radiodiffusés et
télédiffusés à partir de l'ouverture prochaine de
la prochaine session, le 21 février 1978." Evidemment, comme tout le
monde le sait, cela n'a pas eu lieu le 21 février, pour des raisons que
je vous énumérerai éventuellement par la suite.
Un certain nombre d'autres procédures dont je fais grâce
à l'Assemblée nationale telles que réunions du Conseil de
ministres à nouveau, réunions du Conseil du trésor, etc.,
se sont échelonnées tout au long du mois de février, pour
en arriver au caucus des députés ministériels à
Trois-Rivières qui ont demandé de reporter la
télédiffusion à plus tard, voyant et étant d'avis
que...
Une Voix: Le comité Bertrand.
M. Burns: C'est le comité Bertrand!
M. Bertrand: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président: II n'y a pas de privilège là,
M. le député de Vanier.
M. Bertrand: Je voudrais rétablir les faits, M. le
Président.
Le Président: Non, il n'y a pas de privilège
là, il n'a mentionné personne, il n'a pas fait de
référence à quiconque; je ne crois pas qu'il y ait un
privilège là, M. le député de Vanier.
M. Bertrand: II ne faudrait pas prendre les farces de certains de
mes collègues pour la vérité, M. le Président.
M. Burns: M. le Président, c'est une taquinerie amicale
à l'endroit du député de Vanier. Je pense qu'il la
comprend, je suis sûr que tous les collègues la comprennent
également.
A la suggestion du caucus ministériel, la décision est
retardée. Finalement, il y eut un nouveau Conseil des ministres à
ce sujet, le 16 février 1978. Vous voyez que les dates sont quand
même rapprochées. Je le fais délibérément
pour vous montrer que cela n'a pas été fait à la va comme
je te pousse, cette affaire. Si on en arrive à une motion aujourd'hui,
c'est parce qu'il y a eu énormément d'étapes et qu'il y a
beaucoup de gens qui se sont serré les coudes pour essayer d'en arriver
à quelque chose de clair et de précis, le plus satisfaisant
possible pour l'Assemblée nationale, et surtout pour vous, M. le
Président, qui hériterez du dossier éventuellement,
lorsque ce sera le voeu de l'Assemblée nationale de donner suite
à ma motion. (16 h 20)
La décision du Conseil des ministres est effectivement de donner
suite à ce désir de reporter la télédiffusion
quelque part à l'automne, ce qui a été suivi d'une
déclaration ministérielle que j'ai faite en Chambre
annonçant justement ce renouvellement de décision, du
côté ministériel, du principe de la
télédiffusion tout en la remettant à plus tard. Par la
suite, il y a eu des échanges entre le bureau du président de
l'Assemblée nationale et moi-même. Nous en sommes arrivés
à cette journée je vous en sais gré, M. le
Président que vous avez effectivement souhaitée,
c'est-à-dire qu'une décision puisse être prise à
l'Assemblée nationale.
Nous en sommes là, nous sommes rendus au point où tout le
monde se rend compte que dans toutes les situations, dans toutes les
organisations parlementaires, devrais-je dire, ou dans toutes les institutions
politiques là, j'en prends peut-être encore plus large
qui veulent se mettre à l'heure de 1978, de 1980 ou de 1990 on
doit, de plus en plus, rendre accessibles les travaux qui se font à
l'Assemblée nationale. Pour deux raisons principales. La
première, c'est la raison de l'information, bien sûr, comme je le
mentionnais tout à l'heure. L'autre est peut-être aussi un
souhait, c'est quelque chose que je demande à Dieu et à
l'Assemblée nationale de nous donner. Peut-être que je rêve
en le disant, mais je pense que si les parlementaires se rendent compte de
l'importance, au point de vue des communications, de cet instrument
audio-visuel, radio-tv, que nous connaissons, peut-être vont-ils se
rendre compte que nous devons relever le niveau de nos débats et
peut-être que ce sera aussi un élément d'autodiscipline
à l'Assemblée nationale.
J'ai, personnellement, à d'assez nombreuses reprises, à
titre professionnel et non pas par goût vous allez le comprendre
regardé la télédiffusion des débats à
la Chambre des communes à Ottawa pour savoir effectivement comment on
traitait du problème là-bas, comment on le faisait. En
général, les parlementaires sont satisfaits, à Ottawa, de
la situation actuellement en vigueur. Evidemment, cela n'a peut-être pas
encore donné certains députés, tant d'un
côté que de l'autre de la Chambre, s'en plaignent les
résultats du deuxième élément que je mentionnais,
c'est-à-dire celui d'une certaine autodiscipline. On entend encore des
gens qui enguirlandent les vis-à-vis à tort et à travers.
Ce n'est peut-être pas dans une seule expérience qu'on en arrivera
à cela.
Je suis porté à croire, quitte à me faire traiter
de naïf, que chez nous on va, à la suite des expériences qui
ont eu lieu ailleurs, assez rapidement se rajuster à cela. On va
très rapidement, je pense, s'adapter à cela. Déjà,
nous avons fait les expériences voulues avec le nouvel éclairage
qui est installé et avec le nouveau système de climatisation. On
s'est aperçu que, même s'il n'y avait pas de
télédiffusion, les parlementaires s'accommodaient assez bien des
changements, sauf quelques cas où la bouche d'air arrivait directement
dans le cou de tel député, celui-ci croyant que c'était
dirigé personnellement contre lui, pour le rendre malade et pour qu'on
s'en débarrasse le plus rapidement possible. Je tiens à dire que
ce n'était pas du tout le cas, surtout pas à l'endroit du
député de Rouyn-Noranda. Je sais que le député de
L'Acadie s'en est plaint également, mais ce sont des choses qui pourront
fort probablement être corrigées avec le temps. Dans l'ensemble,
il n'y a pas eu d'incommodités très importantes, sauf des cas
très isolés.
Je voudrais simplement, en terminant, résumer le système
proposé, qui a été discuté par l'entremise de mon
cabinet avec le cabinet du président de l'Assemblée nationale,
puisqu'il devra prendre la relève à compter de l'adoption de
cette motion et voir à l'implantation de ce système avec ses
collaborateurs, vu que mon travail à moi sera terminé à ce
sujet aujourd'hui, du moins je l'espère bien.
Les principales caractéristiques du système de
radio-télédiffusion des débats parlementaires que je
propose à l'Assemblée nationale, M. le Président,
pourraient se résumer comme suit. D'abord, quant à
l'enregistrement, nous pensons évidemment, cela relèvera
de vous, mais je présume qu'il est important que je donne le point de
vue du ministre d'Etat qui a piloté le dossier jusqu'à maintenant
que tous les travaux de l'Assemblée nationale devraient
être enregistrés et diffusés en direct si c'est
possible, tout dépend des diffuseurs ou en différé;
les travaux d'une commission parlementaire pourraient éventuellement
être enregistrés et diffusés. Comme vous le savez, cela
implique un coût de $1 200 000 additionnels, sans compter les
améliorations physiques au salon rouge puisque ce serait
probablement l'endroit idéal pour envisager la
télédiffusion et la radiodiffusion des débats sans
compter, donc, les travaux matériels, une meilleure filerie,
l'éclairage, la climatisation, etc. On s'est dit que peut-être,
dans un premier temps, nous serions mieux de faire à fond
l'expérience à l'Assemblée nationale pour lui permettre de
nous donner des résultats et possiblement de nous ajuster relativement
à la télédiffusion des commissions.
La motion actuelle n'envisage pas cette possibilité, bien que,
par voie d'interprétation, on pourrait facilement dire que ce qui est
permis à l'Assemblée nationale est aussi permis à l'une de
ses commissions. Mais, pour le moment, nous ne l'envisageons pas, à
moins que vous, M. le Président, avec les crédits qui vous sont
votés, ne croyiez être éventuellement en mesure de pousser
l'expérience un peu plus loin vers les commissions parlementaires. Nous
ne croyons pas que cela doive dépasser tous les travaux de
l'Assemblée nationale.
Quant à la diffusion, elle serait laissée à
l'initiative des diffuseurs, des radiodiffuseurs, télédiffuseurs
et câblodistributeurs. Soit dit en passant, j'ai appris un chiffre
très intéressant qui concerne les câblodistributeurs. On me
dit que déjà, selon les démarches préliminaires qui
ont été faites par l'entremise de gens à qui nous avons
confié la tâche de voir quelles étaient les
possibilités je regrette que le député de Laval se
soit momentanément absenté; je pense qu'il serait
intéressé à ce chiffre il y aurait des
câblodistributeurs intéressés pour couvrir environ 500 000
des 600 000 personnes qui bénéficient du câble,
c'est-à-dire qu'il y aurait actuellement à peine quelque 100 000
personnes qui reçoivent le câble qui, pour des raisons ou pour
d'autres qui risquent d'être corrigées en cours de route, ne
pourraient pas dans l'immédiat bénéficier de la
câblodistribution par le biais d'ententes qui pourraient être
faites avec des câblodistributeurs. Je pense que c'est un chiffre
très intéressant, surtout si on tient compte du fait que, la
diffusion étant intégrale, il est fort possible, dans des grands
débats, dans des débats où cela sem-
ble répondre au désir de tout le monde d'être
à la fine pointe de l'information, c'est-à-dire d'être
pratiquement assis à l'Assemblée nationale, que l'un des trois
réseaux québécois je parle de Radio-Canada, TVA et
CTV décidé à l'occasion de diffuser en direct,
chose qui pourrait leur être possible par le système qui est
actuellement envisagé.
Cette diffusion pourrait se faire en direct par l'entremise des
compagnies de téléphone et l'Assemblée nationale paierait
le coût de la ligne entre l'Assemblée nationale et une compagnie
de communication à Québec. Les utilisateurs paieraient les autres
coûts de transmission. La diffusion pourrait aussi se faire en
différé au moyen de cassettes. L'Assemblée nationale
paierait le coût des cassettes et les utilisateurs paieraient le
coût du transport. Evidemment, ces cassettes, comme vous le savez, sont
renouvelables et peuvent être réutilisées, sauf que
l'expérience à Ottawa, me dit-on, est relativement difficile
parce qu'il y a des cassettes qui traînent un peu plus longtemps qu'on ne
le croirait auprès des diffuseurs et, à ce moment-là, cela
prend une très grande quantité, peut-être une
quantité plus grande que nous avions évaluée. (16 h
30)
Maintenant, il y a aussi des possibilités qui sont
examinées, tant ici qu'à Ottawa, relativement à
l'utilisation d'un autre système, et pour moi, je pense qu'il serait
prématuré, quant à cet aspect du dossier, d'en
dévoiler le contenu. C'est encore à l'état de
l'étude mais, tant à Ottawa qu'ici, il y a des gens qui se posent
des questions, à savoir si un autre système ne serait pas encore
plus valable, encore plus efficace et encore plus utile tant aux diffuseurs
qu'éventuellement à celui à qui on s'adresse.
La production, quant à elle, serait sous l'autorité
la motion le dit du président de l'Assemblée nationale
dont dépendrait l'équipe de production et sa direction. Je pense
bien que cela donne aux membres de l'Assemblée nationale une garantie
d'impartialité, d'autant plus que le président nous donne cette
garantie de neutralité et d'impartialité en présidant nos
débats souvent houleux à la période de questions. Je pense
que, jusqu'à maintenant, il n'y a personne qui ait mis en doute votre
impartialité relativement à cela, donc il est tout à fait
normal que le président de l'Assemblée nationale prenne charge de
cela.
Dans ma motion je fais une suggestion additionnelle relativement
à un comité consultatif. Il y a eu, à certaines occasions,
des suggestions afin que nous soumettions tout cas litigieux relativement
à la télédiffusion ou à la radiodiffusion à
la commission de l'Assemblée nationale. La motion que je présente
aujourd'hui n'a pas pour but d'écarter le pouvoir qu'a, de toute
façon, la commission de l'Assemblée nationale sur les travaux en
général je ne parle pas des travaux de la Chambre comme
tels, mais sur le fonctionnement de l'Assemblée nationale mais
peut-être, en réduisant le nombre des interlocuteurs
concernés, de faciliter une meilleure communication et une communication
rapide pour permettre au président de se reposer sur une certaine, pour
ne pas dire expertise, tout au moins opinion éclairée de la part
de parlementaires qui se sentent concernés et venant de tous les
partis.
Nous pensons, éventuellement et ce sera une
décision que vous aurez à prendre mais je vous la laisse pour ce
qu'elle vaut qu'un animateur expérimenté et aguerri au
parlementarisme devrait pouvoir expliquer les différentes étapes
des travaux parlementaires. J'ai trouvé, dans ces expériences de
visionnement que j'ai faites relativement aux travaux à Ottawa, à
la Chambre des communes, qu'il y a clairement et évidemment des vides
dans la diffusion pour la simple et unique raison que, à un moment
donné, il y a un vote qui est demandé et le président dit:
Qu'on appelle les députés. Il y a cinq ou dix minutes de temps
mort dans nos travaux et là on garde la caméra braquée sur
une Chambre où les gens se promènent, discutent, fument, etc. Ce
serait peut-être le moment idéal de faire de l'éducation
populaire via un animateur qui connaît le parlementarisme, un animateur
qui sait exactement quels sont les dessous et les dessus du fonctionnement de
l'Assemblée nationale. Est-ce que j'ai entendu le ministre des
Consommateurs se proposer déjà?
Mme Payette: Plus tard.
M. Burns: On a besoin de vous actuellement...
Mme Payette: Plus tard, plus tard.
M. Burns: Finalement un circuit fermé. Je pense que c'est
dans les projets qui ont été établis. Un circuit
fermé permettra la retransmission en direct des travaux dans les
cabinets des personnes suivantes: le premier ministre, le président de
l'Assemblée nationale, le leader du gouvernement, le leader de
l'Opposition officielle et le leader de tout autre parti reconnu. C'est un peu
une extension visuelle du système d'ampliphone que nous avons,
peut-être sur une base plus large. Connaissant les coûts, on a
été obligé de limiter les endroits, mais je pense qu'on
est allé aux endroits stratégiques.
De plus, nous pensons qu'une réserve d'urgence de cassettes
pourrait être prévue afin de pouvoir, sur demande, assurer un
visionnement dans un délai d'une dizaine de minutes. Toute
vérification faite, cette chose-là est possible. Cela peut
paraître un peu exceptionnel comme objectif, mais nous pourrions
très facilement, dans les dix minutes où les
événements à l'Assemblée nationale se sont
déroulés, avoir des cassettes disponibles pour quelqu'un qui
voudrait avoir exactement le "replay" au ralenti ou à
l'accéléré je ne le sais, on verra en
accéléré, des fois cela pourrait aider, M. le
Président, je dois dire.
Finalement, M. le Président, l'enregistrement des extraits
pourrait être remis sur demande grâce à un système
intégré de minutage qui serait mis en place de façon que
le journal des Débats indique périodiquement c'est un
aspect très important et assez nouveau dans le dossier, et ce,
grâce à un système de minutage beaucoup plus précis
l'heure des débats. Actuellement, nous rece-
vons régulièrement des transcriptions relativement
à nos interventions à l'Assemblée nationale à peu
près dans l'heure où elles viennent d'être
prononcées. Nous avons simplement l'heure du début de nos travaux
et sur une feuille particulière l'heure et la minute. Lorsque c'est
reproduit de façon définitive, on nous dit que c'est tel jour
à telle heure que les choses se sont passées. Si vous voulez
revoir telle ou telle séquence, ce serait très important que le
journal des Débats puisse avoir justement ce parallèle via une
possibilité d'information audio-visuelle dans ce domaine.
Il reviendra au comité de régie interne d'établir,
s'il y a lieu, une charge pour ce service, à la lumière des
demandes de la part des députés, des journalistes et du public en
général.
Quant à la mise en oeuvre, M. le Président c'est
mon dernier point un calendrier détaillé de la mise en
oeuvre de ce système a été déjà
préparé. Nous pensons que, lorsque vous aurez pris toutes les
dispositions quant à la mise en oeuvre de cela, vous aurez en main, je
présume, tous les éléments pour réussir, dans le
délai prévu de la motion que je suggère, sans aucune
difficulté du moins je l'espère à mettre
cela en oeuvre pour la reprise de nos travaux à la suite de
l'ajournement d'été. C'étaient les quelques remarques que
j'avais à faire à ce sujet.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, je voudrais dire que ce
débat nous l'avons sollicité, c'est un débat normal qui
devait se faire à l'Assemblée nationale pour que les premiers
participants puissent décider d'eux-mêmes si nous devons
procéder à la télédiffusion et à la
radiodiffusion des travaux de l'Assemblée nationale autant en
Assemblée qu'en commission. C'est un débat qui doit homologuer ou
ratifier les décisions de la commission de l'Assemblée nationale
ou d'une sous-commission qui a déjà traité de cette
question.
Je tiens à assurer mon collègue, mon vis-à-vis, le
leader du gouvernement, que je n'en ferai un débat politique d'aucune
façon. On a assez exploré cette question pour pouvoir en discuter
d'une manière adulte entre parlementaires qu'on prétend assez
aguerris. Au cours de ce débat, je voudrais apporter ma contribution.
C'est une contribution vraiment positive à cette question.
Par contre, je dois dire je ne peux pas m'empêcher de le
dire, M. le Président, même avec la meilleure volonté
que ce n'est pas l'opération la plus heureuse du ministre d'Etat
à la réforme parlementaire, député de Maisonneuve
et leader du gouvernement. Je dois dire que nous de l'Opposition officielle et
peut-être les autres partis, Union Nationale et autres, nous l'avions un
peu prévenu des difficultés, de la complexité de la
question, des embûches que nous aurions à affronter dans la
réalisation de ce projet. (16 h 40)
Je dois dire que, alors que j'occupais les hautes fonctions que vous
occupez, M. le Président, nous n'avions rien de concret ni de
précis, même si je vous ai laissé des briques de dossiers,
mais nous avions abordé cette question en collaboration avec le leader
du gouvernement alors qu'il siégeait dans l'Opposition et avec les
autres partis de l'Opposition.
C'est un voeu unanime. Tous les membres de l'Assemblée
autant les membres qui siégeaient dans le passé, à
l'Assemblée nationale, que ceux qui siègent présentement
et ceux qui siégeront dans l'avenir ont à coeur la
valorisation du Parlement, de cette institution qui joue un rôle de
premier plan dans toute communauté ou dans toute notre organisation
politique.
Le leader du gouvernement mentionnait tout à l'heure la
chronologie de ses intentions, de ses décisions. C'est une même
chronologie qui rapporte nos embûches et nos difficultés. J'ai
également ici une feuille qui mentionne les 17 étapes que nous
avons plus ou moins franchies, avec plus ou moins de succès, depuis que
le leader du gouvernement et ministre d'Etat à la réforme
parlementaire nous proposait et tentait, de bonne foi, au mois de mars 1977, de
régler par téléphone entre les cinq partis
politiques qui siègent ici, dans un geste sans doute fringant de nouveau
gouvernement, de nouveau leader parlementaire, de titulaire pour la
première fois, je crois, au Canada et dans notre régime, du titre
de ministre d'Etat à réforme parlementaire la transmission
du message inaugural par la télévision. On sait que cela a
échoué.
Au mois d'avril 1977, un mois après, encore une fois, il y avait
une nouvelle tentative, un peu précipitée, d'ailleurs, de
diffusion du premier discours sur le budget du gouvernement actuel. Encore une
fois, sans étude approfondie, sans consultation, sans se mettre à
une table de travail pour voir toutes les difficultés, au mois de juin
1977 je pense bien que tout le monde l'a reconnu, tant les membres du
gouvernement que le leader du gouvernement on a tenté d'avoir la
télédiffusion de l'audition des mémoires sur la loi 101. A
quelques jours d'avis; il a même été question de
transporter la commission parlementaire de l'édifice A à
l'édifice G.
Après dix ou quinze mois d'étude, peut-être
justement à cause de ce manque de participation, alors qu'on aurait pu
faire suite à une motion que j'ai faite moi-même, que j'ai
présentée moi-même, le 9 mars 1977, à la
première rencontre de la commission de l'Assemblée nationale,
à la première session normale ou officielle du gouvernement
actuel, je proposais l'institution d'une sous-commission de l'Assemblée
nationale qui était l'instance normale pour se pencher sur les
difficultés et les problèmes auxquels nous aurons à faire
face. D'ailleurs, mes félicitations s'adressent au député
de Mercier et aux députés des autres comités que le leader
du gouvernement a mis sur pied, mais ces travaux avec
l'expérience que j'ai, dans l'ambiance de ce qu'est un Parlement, avec
toutes les susceptibilités et tout auraient dû être
faits avec la participation de tous les partis politiques. Vous avez
travaillé d'arrache-pied, messieurs, mais les comités que vous
avez formés
au sein du cabinet du ministre, les travaux certainement valables qu'a
faits le député de Mercier, qui apporteront des fruits, cela a
été fait sans aucune participation ni aucune consultation des
partis d'Opposition. Je pense que le leader du gouvernement commence à
le reconnaître aujourd'hui.
Je sais que vous, M. le Président, vous avez reconnu avant lui
que tout ce qui touche nos institutions démocratiques, tout ce qui
touche appelez cela comme vous voudrez ce club qu'on appelle le
parlementarisme ou le Parlement, on ne changera pas cela. Tout ce qui touche
cela doit être fait en consultations permanentes; pour qu'il y ait une
confiance qui règne, il faut qu'il y ait une transparence et une
communion de pensée. La preuve en est que, sur certains dossiers, cela a
existé. Entre autres, pour la loi 2, cela s'est bien passé parce
qu'il y a eu énormément de consultations. Pour la loi 92, cela va
un peu moins bien parce qu'il n'y a pas eu autant de consultations et
d'échanges que sur la loi 2. Justement, je vois le député
de Johnson. Dans le passé, si on touchait les cartes électorales,
pour que cela réussisse, qu'il s'agisse de l'abolition des comtés
privilégiés ou d'autre chose, il fallait des consultations.
Même si les anciens gouvernements ne l'ont pas toujours fait, que ce soit
le Parti libéral ou l'Union Nationale, pour tout ce qui touche nos
institutions, cette enceinte et surtout les députés, il doit y
avoir une participation totale.
Autrement, cela accroche quelque part et les fruits n'arrivent pas
à la maturité qu'on désirerait. Vous vous rappelez, M. le
Président, qu'on a eu au mois de décembre 1977 alors que des
comités avaient travaillé, une réunion d'urgence, à
votre bureau dans les tout derniers jours du mois de décembre alors
qu'on avait 30 ou 35 lois sur la table de travail qu'on devait adopter en une
dizaine de jours. Le comité qui avait travaillé avec le ministre
nous demandait de ratifier des demandes de soumissions d'un montant de $1
million ou de $1,5 million. On nous mettait cela sur le coin de la table alors
qu'on ne nous avait aucunement consultés durant les huit mois qui
avaient précédé et qu'on avait fait un travail valable. On
nous a dit: On a demandé des soumissions et on vous demande votre
ratification. Que voulez-vous, M. le Président, on a dit non et tous les
partis ont dit non.
Quelques jours après, une autre réunion d'urgence à
votre bureau, M. le Président. Je crois que c'est le 15 décembre.
Il y avait encore une trentaine de lois à adopter dans la
dernière semaine. Là, on nous annonce, sans nous avoir
consultés, que la décision du gouvernement et du ministre,
c'était un Hansard électronique, c'était l'enregistrement
intégral de tout ce qui se passe à l'Assemblée. Ce dossier
n'a pas procédé et je vous dis que normalement on n'est pas
tellement plus avancé aujourd'hui, sauf les renseignements techniques
que nous avons. Aujourd'hui, le ministre vous passe la patate chaude, M. le
Président. Il nous l'a dit: J'ai hâte, c'est vous qui aurez la
responsabilité. Parce que je sais que vous allez consulter, vous, nous
vous assurons d'avance de notre collaboration.
Mais, même si nous sommes tous d'accord, disons, sur la question
de fond, je suis d'accord, M. le Président, pour qu'on apporte notre
contribution pour valoriser nos institutions parlementaires. Je reconnais
qu'une des premières responsabilités du Parlement, surtout dans
les moments et les années que nous vivons, c'est d'informer la
population. Nous avons la responsabilité de prendre des décisions
sur des lois, sur des budgets et nous avons également cette
responsabilité de transmettre tous ces renseignements à la
population. Tout le monde reconnaît que le media le plus rapide et le
plus efficace, c'est justement le moyen audio-visuel. On veut, M. le
Président, donner une image des plus précises, des plus
objectives du Parlement. On reconnaît qu'il y a une possibilité
que par ce moyen on améliore nos institutions démocratiques, on
améliore la participation des ministres et des députés de
l'Opposition ou du gouvernement. (16 h 50)
Nous voulons étendre l'influence et le prestige du Parlement et
ces moyens audio-visuels sont un moyen que je reconnais valable. Nous voulons
c'est notre responsabilité peut-être plus dans l'Opposition
attirer l'attention du public sur le comportement de ses administrateurs
autant du côté ministériel que du côté de
l'Opposition. Nous voulons faire participer la population aux grandes
questions, aux grands débats que nous avons tous, élus de la
population, administrateurs et administrés auxquels nous avons et nous
aurons à faire face. Tout le monde est d'accord là-dessus, nous
voulons cela. Mais quels sont les moyens pour parvenir à cela? Sur le
fond, on est d'accord. Le Parlement doit ouvrir ses portes et ses
fenêtres le plus large possible.
Quels sont les moyens? J'arrive à la forme, et c'est justement
sur la forme, les modalités où nous ne sommes pas d'accord. Il y
a la formule gouvernementale qui dit: Un Hansard électronique.
L'enregistrement intégral complet, au départ, des travaux de
l'Assemblée nationale, ici. Moi, je ne suis pas convaincu que c'est le
moyen le plus rentable, le plus économique, le plus productif. On sait,
à la suite d'informations que nous avons obtenues, entre autres,
à Ottawa, qu'il s'agit d'un investissement, d'ici une couple
d'années, d'un minimum de $7 millions à $8 millions. J'ai
visité moi-même, de même que le député de
Mercier et d'autres députés, l'équipement qu'on a à
Ottawa. Vous savez, dans la salle de contrôle, ce qu'il y a de l'autre
côté de la rue, je ne sais pas comment cela s'appelle, devant le
Parlement, il y a je ne sais pas combien de bureaux, des duplicateurs de
rubans, des rubans de 3/4 de pouce, de 11/2 pouce et de 2 pouces. Ce sont des
belles bebelles, je vous dis, cela m'a impressionné de voir tout cet
équipement.
Je pense bien que si on veut avoir la même chose qu'à
Ottawa, c'est au moins $7 millions à $8 millions, et je n'exagère
pas, d'ici un an ou deux, que coûtera l'opération d'un Hansard
électronique intégral. On peut discuter sur quelques centaines de
milliers de dollars, moi je vous dis que c'est au moins $2 millions par
année, parce que tout le
monde reconnaît que c'est la création de 30 postes
permanents de techniciens, de cameramen et tout le personnel de soutien et
autres. On me dit que le coût des films et hier je me suis permis
d'appeler même à Ottawa pour rafraîchir ma mémoire
est énorme d'un enregistrement intégral avec la
distribution gratuite aux canaux, à ceux qui veulent s'en servir.
Il ne faut pas oublier et je me pose des questions que le
Parlement ici, la période la plus longue de l'année où on
siège, c'est environ sept mois. Si nous retenons les services d'une
trentaine de personnes pendant sept mois, elles travailleront, et les autres
cinq mois, il faudra nécessairement les payer. Il ne faut pas oublier
là qu'il s'agit d'un équipement des plus sophistiqués.
J'ai une liste, ici, de 50 ou 60 Parlements dans le monde qui ont
certainement les moyens autant que nous, je pense que tout le monde est au
courant, et je voudrais informer cette Chambre que le seul endroit au monde
où il y a un Hansard électronique complet, intégral et
permanent c'est à Ottawa. M n'y a aucune autre place ailleurs.
Même les Etats-Unis n'ont pas voulu se permettre cela. En Allemagne, en
France, en Italie, en Angleterre, partout, cela n'existe pas. Aux Etats-Unis,
il y a uniquement les comités d'enquête du Congrès qui sont
filmés. Il n'y a jamais de caméra qui entre soit à la
Chambre des représentants ou au Sénat. Je ne fermerai pas la
porte, je dis qu'il faut qu'il y en ait. Je pourrais vous citer l'Australie,
l'Autriche, la Belgique, le Danemark, la Finlande, la France, l'Allemagne, j'en
ai cinq pages où ce sont uniquement des séquences. C'est
là que sera ma suggestion au comité consultatif, parce que ces
modalités, il faudra y revenir, au comité que vous allez
présider.
Je voudrais, sans faire de politique, être logique avec
l'expérience qu'on a eue et avec ce que nous avons avancé dans le
passé. Le meilleur moyen serait la période des questions. Tout le
monde reconnaît que c'est de là que proviennent la plupart des
nouvelles. On connaît la participation de nos confrères les
journalistes qui sont ici, ils font leurs nouvelles surtout grâce
à la période des questions, qui dure 45 minutes. Je voudrais
qu'on intéresse le grand public et la population aux grands
débats comme le message inaugural et les répliques, celles des
chefs des autres partis de l'Opposition, comme le discours du budget et les
répliques, les prises de position des différents partis de
l'Opposition, les débats de fond des grandes lois, grâce à
votre comité consultatif où, toujours sous l'autorité de
la présidence, on décide de faire participer la population au
débat de fond de deuxième lecture du côté
ministériel et du côté de l'Opposition.
Mon humble opinion est que la meilleure information qu'on puisse fournir
à la population j'insiste est celle des travaux des
commissions parlementaires, autant lorsque les gens de la baie James sont
invités à discuter des coûts de la baie James que le
récent débat sur la loi 101 en commission, la loi 67, la loi 45,
la loi 2 sur le financement des partis politiques, la loi 92 sur le
référendum...
M. Grégoire: La loi 70.
M. Lavoie: La loi 70, sans aucun doute, sur la
Société nationale de l'amiante.
M. Grégoire: Vous auriez l'air fin!
M. Lavoie: Ce n'est pas par la télédiffusion d'un
débat de deuxième lecture, celle du discours du ministre qui
propose...
M. Grégoire: Imaginez-vous si c'était
télévisé, le projet de loi 70!
M. Bellemare: La commission des engagements financiers.
M. Lavoie: La commission des engagements financiers et, plus que
cela, les commissions des crédits. On sait qu'au tout début de
chaque commission des crédits il y a un débat de politiques
générales d'une heure ou d'une heure et demie alors qu'on fait un
tour d'horizon sur le domaine de l'éducation, sur celui des affaires
municipales, sur celui de l'énergie, sur celui de l'agriculture.
D'après moi, c'est saprement plus instructif, plus intéressant
pour la population que la belle rhétorique ou les discours de
deuxième lecture, autant des ministres que des autres participants.
M. Grégoire: Que du leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lavoie: M. le Président, j'inviterais le
député de Frontenac, dans ce débat, à garder un
certain niveau de sérieux. Je l'inviterais à y participer,
d'ailleurs. Je pense que ce serait une contribution des plus positives à
apporter à nos institutions.
Le moyen que semble vouloir prendre le gouvernement, moi, je ne l'ai pas
encore accepté, le Hansard électronique, avec les coûts en
capitalisation et tout. Je me pose des questions sur la cote d'écoute et
l'intérêt que la population y apporterait à la suite,
justement, de l'expérience fédérale. Cela ne m'atteint pas
car chez moi, dans Laval, nous n'avons pas le câble. Je me pose des
questions. Moi-même, personnellement, je ne serais pas
intéressé à m'écouter quand je parle trois quarts
d'heure. Peut-être que vous êtes intéressés à
vous entendre, peut-être que dans votre milieu vous aimez cela, vous
faites partie de cette confrérie de l'adoration mutuelle; vous
regarderez vos confrères.
Il y aurait une deuxième formule. Cela a été fait
à Toronto, au Parlement de l'Ontario, où c'est un fonctionnement
commun des media. Les media en profitent. Si c'est l'Etat qui le fait par un
Hansard électronique, tous les media peuvent aller puiser à la
banque des données. Cela s'est fait aussi ailleurs. Il y aurait comme un
pool, un fonctionnement en commun alors que l'équipement serait fourni
par les media d'information. On pourrait, toujours sous l'autorité du
président, faire des prises de vue afin de garder le respect dû
à notre Parlement. Actuellement, je me demande si on a le
quorum. On ne l'avait pas tout à l'heure, pendant que le ministre
parlait, mais je ne le demande pas, M. le Président. (17 heures)
Ce serait une autre formule qui serait beaucoup plus économique
si jamais on a à investir $7 millions à $8 millions, un budget de
fonctionnement de $2 millions pour se rendre compte, au bout de deux ou trois
ans, que ce n'est pas valable. Cela peut arriver. Il y a eu des
expériences en Nouvelle-Ecosse où on a fait des essais d'un mois
qu'on a laissé tomber. C'est arrivé au Manitoba. Va-t-on investir
$7 millions ou $8 millions, engager 30 personnes et décider au bout d'un
an ou deux que ce n'est pas la vraie formule? Que va-t-on faire de tous ces
fonctionnaires, des équipements qu'on aura achetés?
Troisième formule, M. le Président. Pourquoi ne pas
confier cela toujours, dans ces grands débats, après
entente à un entrepreneur privé, une entreprise
privée qui avec un contrat de deux ans, fournirait l'équipement
et le personnel sept mois par année? Même si cela coûte $2
millions au départ, par année, pendant deux ans, on saura au bout
de deux ans ou cela nous mène. On profitera justement de
l'expérience des gens expérimentés de ce milieu pour
rendre peut-être plus intéressante, plus accessible, plus rentable
l'information qu'on veut apporter à la population, toujours sous le
contrôle de la présidence et du comité consultatif.
On me dira que, dans les deux formules que j'apporte, il y aura un
montage, il y aura une discrétion de laissée aux media. La
discrétion et le montage existent même avec un Hansard
électronique parce que les media pourront aller puiser ce qu'ils
désirent dans ce Hansard électronique.
Les montants que je vous ai mentionnés, les investissements et
les coûts ne couvrent que la production. Ils ne couvrent que la
production parce que, encore aujourd'hui, à mon avis, le ministre ne
nous a pas dit que la diffusion était assurée. Il ne nous a pas
encore dit que les personnes qui diffusent, les câblodiffuseurs ou
câblodistribu-teurs sont prêts à se brancher comment
on appelle cela? sur le Parlement, si vous voulez, pour diffuser au
Québec. Encore là, j'ai des réserves sur les cotes
d'écoute éventuelles.
Nous insistons d'ailleurs je pense que mon collègue de
Saint-Laurent va en parler comme j'ai abordé le sujet tout
à l'heure, sur le fait que les travaux des commissions parlementaires,
à notre point de vue, sont autant sinon plus intéressants, plus
informatifs et plus susceptibles d'intéresser la population que les
travaux mêmes de l'Assemblée. Je crois que mon collègue de
Saint-Laurent suggérera une modification à la motion. Quant
à faire quelque chose, si on le fait uniquement pour l'Assemblée,
on devra le faire pour certaines commissions parlementaires. Je ne voudrais pas
qu'on me dise que je double le coût parce que nous gardons le principe
d'une certaine sélectivité de ce que nous allons diffuser.
Pour les commissions parlementaires cela s'est fait ailleurs
il peut y avoir de l'équipement portatif. Les renseignements que
j'ai obtenus d'Ot- tawa sont que si nous adoptons ou si nous considérons
notre proposition, il y aurait une économie d'au moins 50% dans le
budget de fonctionnement entre un Hansard électronique intégral
et une sélection des programmes ou des travaux que nous pourrions
diffuser.
M. le Président, je termine en vous disant que, sur le fond, nous
allons voter pour cette motion, mais nous allons continuer à apporter
notre contribution au sein de votre comité pour tenter d'apporter une
bonne gestion à ce projet de la télédiffusion.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: Merci, M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, vous avez la
parole.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, puisque le libellé
de la motion nous invite de façon expresse à nous
remémorer certains faits, je voudrais retourner deux mois en
arrière, à un certain 7 février 1978. C'est une date
importante dans l'évolution du dossier et particulièrement du
dossier de la télédiffusion des débats de
l'Assemblée nationale. C'est une date qui marquait une entente de
principe entre le leader représentant le gouvernement et tous les partis
de l'Opposition.
En effet, après des semaines et des semaines, des mois de
discussions, de consultations, d'ajustements si je puis dire, de
négociations particulièrement avec certains partis de
l'Opposition, nous avions émis sur trois principes notre opinion bien
claire. Premièrement, quant aux problèmes de l'immunité
parlementaire, cela a été réglé par la loi 78.
Quant aux problèmes d'ordre technique, encore là toute la
nécessité de voir à l'organisation physique, il en avait
été longuement question. Il y avait eu aussi
particulièrement l'aspect financier. Alors, après des mois de
discussions, je pense que, le 7 février 1978, l'honorable leader du
gouvernement avait réussi à obtenir notre consentement total et
absolu.
M. Burns: Je vous vois venir là, vous!
M. Bellemare: Bien oui, mais écoutez là, je fais
mon discours! Ce n'est pas le vôtre!
M. Burns: Excusez moi.
M. Bellemare: D'accord. Le leader avait réussi, je ne
dirai pas à obtenir, mais à arracher un consentement des partis
d'Opposition pour procéder à la pièce maîtresse,
disait-il dans le temps, celle de la télédiffusion des
débats de l'Assemblée nationale. Au début, c'était
pour le 21 février 1978. C'est ainsi que la commission parlementaire
adoptait la motion suivante du député de Maisonneuve: "Que la
commission recommande à l'Assemblée nationale que ses travaux
soient radiodiffusés et télédiffusés à
partir de l'ouverture de la prochaine session, le 21 février 1978".
Motion unanimement
acceptée. Mais le destin a des caprices que même le leader
du gouvernement ne soupçonnait pas. Quelle ne fut pas sa surprise et sa
stupéfaction, après tant de travaux, tant d'heures qu'il avait
sacrifiées pour obtenir ce que lui-même prétendait
être la pièce maîtresse de sa réforme, après
avoir arraché à l'Opposition presque un consentement que nous
avons donné bien librement, de la bouche même de ses propres
députés, d'avoir été terriblement
déçu, sous prétexte, pour prendre les termes mêmes
de la résolution du caucus du Parti québécois tenu
à Trois-Rivières "qu'il faille remettre indéfiniment la
retransmission des débats de l'Assemblée nationale jusqu'à
ce que la conjoncture économique le permette et qu'on ne puisse
autoriser que la seule télédiffusion de certaines commissions
parlementaires, avec l'appui du caucus ".
M. Guay: Le leader était-il au caucus? Une Voix:
Qu'est-ce que vous citez là?
M. Bellemare: M. le Président, des honorables messieurs
auront le droit de me dire que ce n'est pas vrai. Seulement, je pense que j'ai
mon droit de parole et je demanderais à cette honorable Assemblée
de faire preuve d'un peu de patience. Si j'ai des documents, je les assure de
leur authenticité autant que Radio-Canada l'avait fait pour la
série Duplessis. Alors, j'assure que toutes les personnes ont
été consultées et que les faits sont
vé-ridiques.
M. Godin: ... du chef.
M. Bellemare: Quel ne fut pas son désespoir, après
nous avoir dit en commission parlementaire qu'il parlait à la fois au
nom du gouvernement, du Conseil des ministres et même de son caucus,
chose qu'il ne peut pas nier, de se faire désavouer, bafouer aussi
cavalièrement par les siens! Lui je l'ai dit dans le temps et je
le répète encore qui avait fait un geste extraordinaire
dont les travaux nous avaient amenés graduellement à certains
compromis. J'ai eu de la peine pour le leader du gouvernement.
M. Burns: Ah!
M. Bellemare: C'était dans la même année la
deuxième rebuffade qui a dû le peiner. J'ai été
leader parlementaire, moi aussi dans cette Chambre, et je sais qu'un jour
j'avais subi l'outrage d'un ancien premier ministre. Oui, de l'outrage. (17 h
10)
M. Godin: Où est la pertinence? M. Bellemare: Je
l'avais dit aussi. M. Godin: Où est la pertinence?
M. Bellemare: Non. Ce n'est pas la pertinence non plus. Je ne
vous le compte pas non plus. Si vous voulez le savoir, je vous le dirai.
M. Guay: ... c'est cela. M. Lesage.
M. Bellemare: J'avais un dossier sur mon bureau que je ne voulais
pas remettre à M. Lesage, dans le temps. Pendant que je discutais avec
lui, il a pris le dossier et il l'a envoyé porter à M. Lesage.
J'étais énormément désappointé.
Je suis heureux aujourd'hui de le voir revenir avec beaucoup
d'objectivité à la charge. Malgré ce bout de temps
où il a peut-être perdu le contrôle sur son caucus,
malgré ses revers, malgré ses rebuffades, malgré son
angoisse, malgré ce manque flagrant de confiance de la part des siens,
il est revenu faire preuve qu'il était un homme dont les
destinées et particulièrement la pensée politique
étaient droites. Le but qu'il s'était fixé veut que, par
ses travaux, il soit atteint.
Il fait preuve de ténacité comme tout bon Irlandais qui se
respecte. Je tiens à lui dire que l'Union Nationale tient ferme dans son
adhésion au principe de procéder, le plus tôt possible,
à la télédiffusion des débats à
l'Assemblée nationale.
C'est de notre ressort, malgré certains arguments qu'a
apportés tout à l'heure le député de Laval, leader
de l'Opposition officielle. On ditait qu'il a crainte de faire le pas qu'il
faut pour tâcher d'éclairer la population et d'avancer. C'est
toujours une certaine restriction qui me semble maladive, depuis que je le
connais et que je le vois exposer, dans ce dossier, que peut-être ou
peut-être pas, et que, quand cela était arrivé, que ce
n'était peut-être bien pas... Il était bien heureux parce
qu'il disait "Cher monsieur, j'ai prévu cela".
M. le Président, nous étions d'accord le 7 février
dernier et nous demeurons d'accord aujourd'hui le 25 avril 1978. Il est grand
temps que le Québec se mette à jour dans cette terrible question.
Elle est terrible parce qu'elle a des incidences je le dirai dans
quelques minutes au point de vue budgétaire, parlementaire et au
point de vue de l'avenir du parlementarisme.
M. le Président, nous vivons dans un monde dominé par les
media électroniques. C'est vouloir jouer à l'autruche que de
refuser aux membres de la Chambre et à la population en
général une communication plus grande et plus directe. Je
demanderai tout à l'heure à l'honorable leader du gouvernement si
les $445 000 qui avaient été prévus pour les mois de
février et mars vont abaisser le budget en conséquence à
environ $6 millions, comme il nous l'avait dit pour un projet de trois ans?
Est-ce qu'il y aura des compensations différentes parce qu'il y a
plusieurs choses qui sont disparues? Le 7 février, les prévisions
budgétaires déposées par le ministre comprenaient, sur une
période de trois ans 1978 à 1980 des
dépenses totales de $6 678 318 soit environ $3 900 000 en frais
d'immobilisations et $2 700 000 en frais de fonctionnement. Il faudrait savoir,
du ministre d'Etat à la réforme parlementaire, ce qui reste de
ces prévisions budgétaires. Il faudrait qu'il nous dise,
peut-être dans sa réplique. Certes, nous n'avons plus besoin des
dépenses de $445 750 qui avaient été prévues pour
les mois de février, mars et avril.
En ce qui concerne la préparation au salon rouge, par exemple,
les dépenses prévues disparaissent-elles? Si oui, c'est, au seul
article des immobilisations, $1 271 000 de moins. Il y a sûrement
d'autres coupures possibles ailleurs. Je voudrais bien que le ministre nous le
dise tout à l'heure.
J'ai donc parlé du point de vue budgétaire, du point de
vue parlementaire et du point de l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire ce qu'elle est et ce qu'elle devrait être. M. le
Président, tant mieux si on peut trouver un moyen pratique pour
empêcher cet absentéisme qu'on connaît, dans la province de
Québec, à la Législature du Québec. Tant mieux!
C'est foudroyant que d'être aujourd'hui leader parlementaire du
gouvernement. C'est encore pire quand on voit cet absentéisme; pour
toutes sortes de raisons, les députés ou les ministres ne sont
plus à leur place. Ils sont payés d'abord, comme
députés, pour siéger. Les autres occupations sont
attenantes, viennent rejoindre le mandat. Le mandat du député,
c'est de siéger à l'Assemblée nationale. Dans quelle sorte
de circonstances?
M. Perron: A quelle place êtes-vous quand vous ne parlez
pas? Vous n'êtes pas ici.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît,
M. le députél
M. Bellemare: Je suis le député le plus
régulièrement à son siège. Je vous demande bien
sincèrement excuse parce que, quand arrive l'heure des séances,
je suis ici à toutes les séances.
M. Perron: La période des questions!
M. Bellemare: Non, jamais! Je suis ici quand personne n'y
est.
Mme le Vice-Président: M. le député,
à l'ordre, s'il vous plaît! Je vous demanderais de cesser ces
interventions. M. le leader de l'Union Nationale, je vous rappellerais
maintenant à la pertinence du débat.
M. Bellemare: Mme le Président, cette interruption me
chagrine parce que je pense avoir payé mon dû à mon mandat
par un apostolat de la présence. Jamais, dans la province de
Québec, on n'a reproché à Maurice Bellemare de ne pas
être à son siège! Jamais, de tous les gouvernements et de
tous les temps.
Je suis très heureux qu'enfin la télévision puisse
pénétrer dans cette enceinte. On va voir la position que vont
prendre certains députés qui arrivent ici en chandail
roulé au cou.
M. Bérubé: Puis après?
M. Bellemare: Ce n'est pas parlementaire! Non, M. le
Président. Il n'y a pas de Chambre dans le Canada ou dans le
Commonwealth britannique où on permet qu'un député puisse
entrer en Chambre avec un collet roulé. Jamais!
M. Grégoire: Trudeau est arrivé au Parlement
d'Ottawa en sandales!
M. Bellemare: Je pense que je n'ai pas à discuter de M.
Trudeau. Je sais qu'il y a ici des députés que j'ai vus... Votre
prédécesseur, Mme le Président, le député de
Laval, avait rappelé l'ancien ministre de l'Agriculture à l'ordre
parce qu'il était arrivé ici avec des "jeans" et qu'il avait un
collet ouvert. La population l'a certainement rappelé à l'ordre.
Un autre aussi, le député de Chambly, qui était ministre
du Travail, était arrivé avec un collet ouvert. Votre
prédécesseur l'a fait demander à son fauteuil et lui a dit
d'aller se mettre une cravate.
M. Bérubé: Ce sont des préjugés
bourgeois.
M. Bellemare: Quand je vous entends, je vomirais sur votre
attitude tellement c'est répugnant d'entendre un député
qui traite l'Assemblée nationale de cette façon! Vous devriez
être un de ceux qui prêchent pour la distinction, pour avoir
véritablement un principe qui soit honnête.
M. Bérubé: L'habit ne fait pas le moine!
M. Bellemare: L'habit ne fait pas le moine mais cela le cache
parfois. Cela reviendra peut-être à vous, cette dure tâche
d'avoir à rappeler à certains députés l'habillement
qu'ils devront porter pour siéger. J'ai visité plusieurs
Parlements dans ma carrière, je suis allé voir celui d'Angleterre
en particulier une couple de fois et je vous garantis que les
députés ont une distinction extraordinaire dans le
parlementarisme britannique. Même si l'Orateur ne s'habille plus
aujourd'hui; en Angleterre on respecte encore cette tradition.
Ce sera une chose bien vue si on peut empêcher
l'absentéisme avec la télévision. A l'Assemblée
nationale, on montrera les sièges libres. L'Union Nationale veut que le
citoyen voie son député à l'oeuvre et qu'il devienne plus
familier avec le rouage de l'Assemblée nationale. Sa
responsabilité lui incombe de représenter dignement le peuple.
(17 h 20)
II n'y a qu'une chose qui suscite une certaine réticence bien
légitime, je pense, M. le Président, c'est la question des
coûts. Au tout début, on parlait de prévisions de $2
millions pour cette réalisation, ce qui semblait fort acceptable.
Aujourd'hui, on parle de $6 600 000 pour trois ans. Je pense, Mme le
Président, qu'une des bonne suggestions que j'aurai entendues dans ce
débat, c'est la suggestion du député de Laval de voir
à confier cela à un entrepreneur du domaine privé qui
ferait aussi bien que le gouvernement, mais sous votre juridiction et celle du
comité consultatif. Les 30 ou 35 personnes qui seront engagées
relèveront de cette entreprise et ne seront pas à la charge de
l'Etat si jamais l'expérience vécue ne donne pas
satisfaction.
Je pense que c'est une heureuse suggestion qu'il faudrait
peut-être prendre le temps d'examiner. Je suis sûr que c'est
là un véritable problème qui a été
soulevé et qui, je pense, trouverait une
bonne solution par ce contrat qui pourrait être donné
à une firme privée.
Quant aux commissions parlementaires, M. le Président, vous savez
l'importance qu'elles ont pour un Parlement parce que c'est là que se
joue souvent le rôle de tous ces députés qui, à
l'Assemblée nationale, n'ont pas souvent la chance de se faire valoir.
J'ai connu des Parlements où il y avait plusieurs députés
qui ne disaient rien pendant quatre ans. Rien. Il n'y a pas de cachette, j'ai
vu cela. Sous plusieurs autres gouvernements aussi, les députés
ne disaient rien. Mais, en commission parlementaire, je me réjouis, M.
le Président, de voir l'apport de chaque député, parfois
par son intervention contre le gouvernement, comme cela s'est vu
dernièrement, par sa dissidence c'est bon de le savoir ou
bien par des arguments qui aident énormément à la
réplique qui peut être donnée à certaines
propositions qui sont faites par l'Opposition.
Mais là où cela serait très utile et
nécessaire, M. le Président, c'est à la commission
parlementaire des engagements financiers. Les engagements financiers qui ont
lieu une fois par mois sont un peu le reflet de ce que décide le Conseil
du trésor. Ils viennent devant les députés pour être
étalés au grand jour, explicités et recevoir l'explication
qui se doit à certaines dépenses que nous ne comprenons pas, et
nous sommes heureux d'avoir par la présence du ministre qui
répond à nos questions.
M. le Président, même sans rénovations ici
même, à l'Assemblée nationale, il y aurait lieu, je pense,
de pousser plus loin, par une certaine dépense raisonnable et
raisonnée, cet engagement qu'on prend aujourd'hui sous votre protection,
sous votre tutelle, d'avoir véritablement un apport particulier pour les
commissions parlementaires et la commission des engagements financiers.
M. le Président, le ministre d'Etat à la réforme
parlementaire, l'honorable député de Maisonneuve, nous demande
deux choses. Premièrement, donner notre accord sur la
télédiffusion des débats à l'Assemblée
nationale dès la reprise des travaux à la suite de l'ajournement
de l'été 1978. Notre réponse, M. le Président, est
claire: c'est "oui" sur le principe. Mais pour voter en connaissance de cause,
nous exigeons de nouvelles prévisions budgétaires, compte tenu
des modifications qui ont été apportées par la force des
choses à celles qui ont été publiées le 7
février 1978. Deuxièmement, confier cette responsabilité
au président de l'Assemblée nationale qui serait appelé
à constituer un comité consultatif formé d'un
représentant de chaque parti politique présent à
l'Assemblée nationale et mieux placé que lui pour assurer une
tâche aussi délicate.
Oui, M. le Président, pour ce comité consultatif, et
j'espère que c'est dans la bonne entente que nous allons procéder
à l'adoption de cette... Il y a une autre raison, M. le
Président, c'est que pour nous autres, venant en troisième
à l'Assemblée nationale, il y a souvent des interventions qui
passent inaperçues chez les journalistes. Ils ont tellement de choses
à couvrir, des conférences de presse, des dépôts de
documents et, quand on arrive à l'Assemblée nationale, le
troisième parti n'a pas toujours gain de cause auprès de ces
messieurs de la presse, des media d'information.
Là, ils vont être obligés de se surveiller, parce
que, si la télévision joue véritablement son rôle,
dans la télédiffusion des débats, on va s'en apercevoir.
Les gens vont dire à la presse: Comment, vous n'en avez pas parlé
de cela, vous autres? Vous savez, l'Union Nationale a fait telle sortie, a dit
telle chose. On va en parler, on était pour en parler. Là aussi,
pour un troisième parti comme le nôtre, je suis très
heureux que la télédiffusion pénètre dans
l'Assemblée nationale. Si cela peut améliorer deux choses, le
statut d'abord du député et particulièrement son
comportement, si on peut ne plus entendre ces grenouillements qu'on entend
souvent quand quelqu'un se lève, pour la bonne réputation de
l'Assemblée nationale, j'en serai deux fois plus heureux et surtout si
cela peut empêcher cet absentéisme qui est aujourd'hui
ex-traordinairement déplaisant pour un véritable parlementarisme,
je dis que je serai très heureux de voter en faveur de la motion.
Le Président: Merci, M. le député de
Johnson. M. le député de Rouyn-Noranda, vous avez la parole.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, nous avons devant nous
aujourd'hui une motion qui vise essentiellement à permettre la
télédiffusion et la radiodiffusion des débats de
l'Assemblée nationale à compter de l'automne prochain,
c'est-à-dire à la reprise des travaux à la suite des
vacances d'été. On demande aussi que le président de
l'Assemblée ait l'autorité de "constituer, à ces fins, un
comité consultatif formé d'un représentant de chaque parti
politique présent à l'Assemblée nationale".
M. le Président, bien sûr, je suis de ceux qui ont, depuis
assez longtemps, suivi les discussions, les débats, les échanges
d'idées autour de cette question. Je suis d'accord depuis très
longtemps pour que nous procédions à la
télédiffusion des débats à l'Assemblée
nationale. Je suis d'accord, parce que je considère qu'il y va du droit
du public à l'information. Le public est celui qui décide par les
élections qui formera son gouvernement, quel groupe formera l'Opposition
officielle, quel groupe formera telle autre forme d'Opposition. Mais le public,
également, décide dans chacun des comtés de la province de
Québec qui sera son député. Ce public, qui a ce pouvoir en
tant qu'électeur, une fois par élection générale ou
par élection partielle, selon le cas, de décider qui sera son
représentant, a aussi, selon moi, un droit qui accompagne ce pouvoir,
celui de savoir ce que fait son représentant à l'Assemblée
nationale.
Or, Mme le Président, il se trouve qu'avec les formules que nous
connaissons, les formules ordinaires d'information, comme l'a dit mon
prédé-
cesseur, le leader parlementaire de l'Union Nationale, la presse ayant
certaines priorités et la nouvelle étant abondante, le public
électeur qui a des devoirs, c'est-à-dire de choisir ses
représentants à l'Assemblée nationale, et qui a des
droits, c'est-à-dire de savoir ce que fait son représentant
à l'Assemblée nationale, n'est pas toujours satisfait parce qu'il
est souvent mal informé ou encore sous-informé. (17 h 30)
La télédiffusion et la radiodiffusion des débats ne
viendront pas régler tous ces problèmes. Il est difficile, pour
une chaîne de télévision ou pour une chaîne de radio,
de télédiffuser intégralement tous les débats. Pour
bien informer la population, pour que chaque électeur soit bien
informé, il faudrait qu'il ait accès à l'ensemble des
travaux parlementaires. C'est physiquement impossible, pour une chaîne ou
pour une autre, de donner à la population cette
télédiffusion intégrale des débats de
l'Assemblée nationale. Donc, devant quoi nous retrouvons-nous?
Nous nous retrouvons devant la possibilité que certains
câblodistributeurs mettent tout leur temps d'antenne au service de
l'Assemblée nationale, tout leur temps d'antenne en ce qui concerne le
réseau de câble, et de ce fait il y aurait une certaine
possibilité de diffusion intégrale.
Nous nous retrouvons aussi devant un autre fait indéniable: les
grandes chaînes qui ont la plus forte cote d'écoute ne prendront
que ce qu'elles considèrent comme étant de la nouvelle
potentielle pour ne pas dire de la nouvelle à sensation. Dans le domaine
des grands réseaux, il ne faut pas se le cacher, les choses étant
ce qu'elles sont, les reporters attitrés à la tribune de la
presse parlementaire font de la nouvelle, mais ces nouvelles ne passent pas
toujours le petit écran parce qu'il peut arriver, au cours de la
journée, d'autres nouvelles.
Il y avait, dernièrement, une émission spéciale qui
nous expliquait un peu le fonctionnement et cela s'intitulait, je pense,
Derrière la caméra. J'ai vu là des journalistes-reporters
de Radio-Canada, par exemple, qui se plaignaient d'avoir fait une nouvelle sur
commande et de ne pas avoir vu cette nouvelle passer au petit écran.
Cela arrive fréquemment. Cela veut dire que la nouvelle
sélective, c'est-à-dire ce qui pourrait être repris de
l'ensemble de la télédiffusion des débats, de
l'enregistrement des débats d'abord, ne serait que des capsules qui
seraient susceptibles de plaire aux réalisateurs ou à ceux qui
s'occupent de la nouvelle comme telle.
Mon prédécesseur, l'honorable député de
Johnson, a mentionné tantôt que quand on a déjà pris
les déclarations ministérielles, quand on a déjà
pris les questions de l'Opposition officielle, quand on arrive au
troisième parti en Chambre, déjà, il y a beaucoup de
matériel, de sorte qu'il se pourrait que le troisième parti soit
un peu défavorisé comparativement aux deux premiers. Ce qui est
vrai pour le troisième parti l'est d'autant plus pour le
quatrième et pour le cinquième. Nous avons donc à dire
aujourd'hui, puisque l'occasion nous en est donnée, que la couverture,
à titre d'exemple, de la période des questions pour les tiers
partis serait une couverture strictement reliée à des
circonstances spéciales. Autrement dit, dans le cours normal de la
discussion, on oublie fréquemment les tiers partis.
Or, Mme le Président, je dis que la télédiffusion
est une chose, l'enregistrement des débats en est une autre. Ce qu'on
nous propose après toutes discussions faites c'est
d'enregistrer le tout, de mettre à la disposition des
télédiffuseurs ce que ces derniers voudront bien ou pourront bien
prendre selon le temps d'antenne qu'ils auront à mettre à la
disposition des téléspectateurs.
En ce qui concerne la télédiffusion intégrale par
les câblodistributeurs, selon les chiffres qu'on nous a donnés, il
existe 600 000 abonnés au Québec, il y aurait la
possibilité d'en couvrir environ 500 000 par la voie de la
câblodistribution. Si j'ai bien compris à moins que j'aie
mal compris; si j'ai mal compris, qu'on me le dise il y aurait une
possibilité pour environ 500 000 abonnés d'avoir accès
à la télédiffusion intégrale des débats,
soit en direct ou soit en différé.
Je pense que cette partie est valable parce que le citoyen a quand
même le choix d'écouter ou de ne pas écouter. Il a le choix
d'écouter ce qu'il veut écouter, ce qui l'intéresse
particulièrement, et de ne pas écouter ce qui ne
l'intéresse pas. Mais quant à l'autre partie, celle qui devient
sélective, je dis que c'est extrêmement difficile, tout en
poursuivant un but très noble, soit celui d'atteindre le public par une
information directe du producteur au consommateur. C'est un but très
noble que nous poursuivons, mais, tout en poursuivant ce but, je dis que la
télédiffusion sélective est difficile à partir du
moment où quelqu'un a à faire de l'arbitrage, à partir du
moment où quelqu'un a à décider quelle est l'intervention,
la question ou la réponse du jour qui mérite d'être
télédiffusée. Je dis que c'est de la sélection qui
court un certain risque d'être plus ou moins intellectuellement
honnête ou malhonnête envers quelqu'un. Sans que quelqu'un qui aura
ces responsabilités veuille mal les exercer, les hommes étant ce
qu'ils sont, la personne humaine étant ce qu'elle est, l'arbitrage
étant ce qu'il est, bien sûr, dès que nous tombons dans des
choses sélectives, nous tombons dans une question de jugement.
Il peut apparaître aux yeux d'un réalisateur, d'un
technicien, d'un journaliste qu'une nouvelle est plus importante parce qu'elle
satisfait à certaines normes journalistiques. Elle va faire la
première page, la deuxième page ou la troisième page, elle
va faire un titre sur quatre colonnes ou un titre sur huit colonnes. Mais ce
n'est pas cela que le public a besoin de savoir. Le public est aux prises
je dirais avec des grands titres; le public est obligé de
lire ce qui est imprimé; il est obligé d'écouter ce qu'on
lui dit à la radio; il est obligé de voir ce qu'on lui montre
à la télévision. Mais je voudrais que le public ait aussi
accès à ce qui se passe derrière la caméra.
Derrière la caméra, comme on le disait à Radio-Canada il y
a quelques jours. Derrière la caméra, c'est là qu'on
retrouve la vérité. Devant la caméra, c'est souvent
malheureusement un mirage qui est composé de
demi-vérités ou de demi-mensonges selon qu'on est optimiste ou
pessimiste. Mais je dis, Mme le Président, que je plaide aujourd'hui
pour le droit et pour que ce public ait son droit, voie son droit
respecté; pour le droit au public à une information pleine et
entière. (17 h 40)
Nous aurons un comité consultatif composé de
représentants de tous les partis présents à
l'Assemblée nationale. C'est, je pense, un minimum. Mais il ne faudrait
pas et je le dis sans lancer de flèches à qui que ce soit
que l'on pense pour un instant que ce comité consultatif qui sera
créé va régler tous les problèmes. Il ne faudrait
pas non plus que l'on se cache parce qu'un jour viendra où vous aurez
des députés qui se lèveront à l'Assemblée
nationale sur des questions de privilège relatives à la
télédiffusion des débats, relatives à des choses
qui se seront passées à l'Assemblée nationale et qui
auront été rapportées suivant une capsule, comme on dit
dans le langage des techniciens de la télévision, ce qui fera que
le montage ne rapportera pas nécessairement l'esprit dans lequel
l'orateur se sera exprimé.
Ceci étant dit, il ne faudra pas que le comité consultatif
devienne en quelque sorte l'écran qui permettra à certaines
personnes de dire: Voici, tout va bien. Ce qui a été reproduit
est très bon parce qu'il y a un comité consultatif qui est
là pour veiller au grain.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, vous n'avez plus qu'une minute.
M. Samson: Mme le Président, j'ai compris tantôt,
avec tout le respect que je vous dois, que le président avait
mentionné quinze minutes, mais le leader parlementaire du gouvernement
m'a dit que dans ce débat particulier, il n'y avait pas d'objection
à ce qu'il donne son consentement pour que l'on ait quelques minutes de
plus, étant donné que... Il y a consentement?
Des Voix: Consentement.
Mme le Vice-Président: Dans le respect de l'entente, je
veux bien vérifier.
M. Samson: Le leader arrive, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: II y aurait consentement?
M. Samson: Si vous voulez vérifier avec lui!
M. Burns: Mme le Président, je pense bien que comme je
l'ai dit au député de Rouyn-Noranda, on est prêt à
jouer avec le temps. D'autre part il faudrait parce que c'était
l'objet de l'entente lorsque, malheureusement, le député de
Rouyn-Noranda n'était pas présent qu'autant que possible
les deux députés de Beauce-Sud et Rouyn-Noranda s'en tiennent aux
environs de quinze minutes. Mais j'ai dit que si, à un moment
donné, à cause de la répartition du temps qui à
l'époque n'avait pas tenu compte de la présence possible du
député de Rouyn-Noranda puisqu'il n'était malheureusement
pas là, cela n'allait pas, qu'on essaierait de faire des arrangements
entre nos temps respectifs pour lui donner du temps. Là je pense qu'il a
ses quinze minutes sans difficulté.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rouyn-Noranda, une minute.
M. Samson: Combien?
Mme le Vice-Président: Une minute.
M. Lavoie: On va lui donner quatre ou cinq minutes. On va
s'entendre de toute façon.
M. Bellemare: II peut prendre trois ou quatre minutes chez nous
et trois ou quatre minutes...
M. Lavoie: II n'y a pas de problème. Mme le
Vice-Président: M. le député.
M. Samson: Mme le Président, je vous remercie et je
remercie mes collègues qui ont eu l'amabilité de m'accorder
quelques minutes de plus. Je vais tenter de terminer.
Je voudrais souligner une fois de plus à mes honorables
collègues que le comité consultatif qui sera formé, j'en
ferai obligatoirement partie, parce qu'il est dit qu'un représentant de
chaque parti politique sera présent, et que je suis le seul membre de
mon parti présent à l'Assemblée nationale, donc je devrai
automatiquement faire partie de ce comité consultatif. Ce comité
n'aura que des pouvoirs de consultation. Quand un comité consultatif
fait des recommandations, cela ne veut pas toujours dire qu'elles sont
reçues, agréées ou qu'elles sont mises en pratique. Je ne
voudrais pas, pour un instant je veux que cela soit bien clair
que l'on pense qu'en formant un comité consultatif tout le monde va
être bien protégé. Ce n'est pas tout à fait comme
cela que cela va se passer.
La télédiffusion des débats, Mme le
Président, nous en parlons depuis plusieurs années. Au cours des
années, une délégation parlementaire s'est rendue en
Colombie-Britannique en 1974 et le sujet de discussion des parlementaires
était justement la télédiffusion des débats. Le
Québec n'avait pas encore commencé. La Colombie-Britannique
n'avait pas encore commencé. Le Québec va commencer
d'après la résolution et la Colombie-Britannique a
décidé de laisser tomber cela.
Cependant, sa voisine, l'Alberta, a commencé à le faire
dans les années 1972-1973, si ma mémoire m'est fidèle. De
toute façon, ce n'est pas l'année qui importe, c'est le principe.
Ils ont commencé à faire de la télédiffusion
intégrale par les voies du câble ou autres et ils se sont vite
aperçus qu'après quelques mois seulement la cote d'écoute
était absolument tombée.
Or, je dis que l'exemple que nous avons présentement d'Ottawa,
c'est-à-dire par les nouvelles
le soir une petite image très rapide de quelqu'un qui a dit
quelque chose ou encore l'heure que nous avons le samedi, de midi à
treize heures, que je prends occasionnellement me laisse songeur. Je vois des
orateurs que je connais très bien à la Chambre des communes,
à Ottawa, des orateurs qui font un excellent discours. Mais quand je
vois cet orateur dans le cadre de mon petit écran de
télévision et que je vois comme arrière-scène
quatre ou cinq banquettes vides, cela me déçoit grandement. Je
vois ces orateurs, des différents côtés de la Chambre,
représentant les différents partis politiques. Il ne faut pas
oublier que, compte tenu de l'heure où le débat se
déroute, quelle que soit son importance, il peut y avoir salle comble si
on est à la période des questions, mais à l'heure
présente, soit 17 h 45, nous avons peut-être une vingtaine de
députés présents. Il y a d'autres séances des
commissions parlementaires, bien sûr, où il y a des
députés qui sont présents. Les gens qui regardent la
télévision le samedi et qui voient des banquettes vides à
Ottawa ne savent pas qu'il y a des commissions qui siègent en même
temps. Ils ne savent pas que le député a d'autres choses à
faire en même temps. Ils ne savent pas que le ministre a des choses
à faire dans son ministère. Ce n'est pas dit assez souvent.
L'exemple qui nous est donné là doit nous servir. Nous nous
devons de regarder ce qui se fait ailleurs et nous nous devons de le tenir en
considération pour que, chaque fois qu'on aura à
télédiffuser une heure, une demi-heure, 45 minutes ou deux heures
de débat, il soit bien expliqué à la population qu'au
moment où le débat s'est tenu, à telle heure, tel jour, il
y avait telles autres activités parlementaires, que les ministres ont
telles responsabilités, que les députés ont telles autres
responsabilités, de sorte que les gens sauront bien pourquoi il n'y a
pas toujours foule autour de l'orateur et il y a parfois des banquettes
vides.
Je dis, Mme le Président, en terminant que nous sommes d'accord
avec la télédiffusion des débats depuis très
longtemps, mais qu'il faudrait songer à faire de la
télédiffusion intégrale pour certaines parties comme la
période des questions, comme le débat sur le discours inaugural,
le débat sur le budget, les grands débats, tel que
décidé par le conseil consultatif et le président, par
exemple. Quant au reste, laissons-le à la sélection mais, encore
une fois, avec toute la prudence que cela va nécessiter.
Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, Mme le Président. On m'a alloué un
certain temps en vertu d'une entente intervenue entre les représentants
de chacune des formations politiques et je vous dirai tout de suite que je n'ai
pas l'intention de l'utiliser entièrement. De mon bureau, j'ai
écouté le leader parlementaire de l'Opposition officielle et mon
collègue, le leader parlementaire de l'Union Nationale, ainsi que tout
à l'heure mon collègue de Rouyn-Noranda. Passablement de choses
ont été dites, et je n'ai pas l'intention de les
répéter.
Cependant, j'aimerais attirer votre attention et celle de cette Chambre
sur trois points bien particuliers. D'abord, sur le fait qu'il est important
d'offrir à la population du Québec le maximum d'information par
le moyen le plus dynamique, le plus utile, le plus moderne qu'est la
télévision de façon que les électeurs, les
contribuables et les citoyens du Québec sachent ce qui se passe à
l'intérieur de leur Parlement. Là-dessus, je pense que
l'Assemblée nationale a été passablement unanime
à venir jusqu'à maintenant à reconnaître ce
grand principe du droit à l'information pour le contribuable, pour le
citoyen du Québec. (17 h 50)
Lorsqu'on parle de moyens d'information, le moyen d'information par
excellence le plus direct, celui qui prête le moins à
interprétation, c'est évidemment celui de la
télédiffusion puisque les gens pourront voir directement les
intervenants à l'Assemblée nationale. Ils pourront suivre, de
leur résidence, chez eux, dans leur salon, les principaux débats
politiques qui ont lieu actuellement et ceux qui auront lieu plus tard au
Québec. Inutile de vous dire que je souscris entièrement au
principe de la télédiffusion des débats de
l'Assemblée nationale.
Si, d'un côté, on favorise la télédiffusion
des débats, il faudra agir avec une certaine prudence et je dirais
même une prudence certaine, pour aller un peu plus loin. Je me demande
s'il ne serait pas sage de commencer à procéder par étapes
plutôt que de vouloir tout télédiffuser: tous les
débats, les commissions parlementaires, et tout. C'est bien beau
d'enregistrer, de télédiffuser, mais il faut songer aussi
à l'accessibilité, à la possibilité, pour la
population, de capter ces émissions de télévision,
d'être à l'écoute, d'écouter ces débats. Si
c'est réservé à une petite partie de la population
à cause des difficultés de télédiffusion qu'on peut
avoir, je pense qu'on devrait c'est pourquoi je souscris au
comité qui sera constitué, tel que proposé dans la motion
du leader du gouvernement avoir un comité qui pourra examiner la
question de très près. Une chose à éviter, au point
de départ, c'est de faire de la télédiffusion des
débats un instrument de propagande partisane. Je m'explique.
Lorsque l'Assemblée nationale du Québec a
décidé de se doter d'un journal des Débats... On sait que
le journal des Débats inscrit tout ce qui se dit à
l'Assemblée nationale, inscrit tout ce qui se dit dans les commissions
parlementaires. Les gens qui veulent s'informer de la politique achètent
le document, s'abonnent, peuvent le recevoir, peuvent le consulter. Mais tout
est là-dedans. C'est-à-dire qu'il n'est pas possible de s'abonner
à une seule partie du journal des Débats pour recevoir ce que dit
le gouvernement ou encore ce que dit l'Opposition officielle, ou encore ce que
peuvent dire les autres formations politiques présentes à
l'Assemblée nationale. Le journal des Débats constitue un tout.
J'insiste sur ce point. La télédiffusion des Débats devra,
elle, constituer un tout et
on devra faire en sorte qu'elle soit accessible au plus grand
nombre.
On a parlé des câblodiffuseurs, je souscris à cette
mesure parce que je pense que les câblodiffuseurs peuvent nous offrir un
excellent service. Il faut bien se rendre compte qu'il n'est pas possible de
couvrir tout le territoire du Québec. Si on fait payer tout le monde, ce
sera pris dans l'argent des contribuables, je vois un peu difficilement comment
il se ferait qu'on prenne à même le budget public des sommes pour
offrir un service à la population qui n'est pas accessible à
tous.
Je me demande s'il n'y a pas lieu d'examiner une formule
complémentaire. Quelle serait la formule complémentaire à
utiliser? Je ne suis pas un spécialiste de la question. Je ne suis pas
un technicien non plus, Mme le Président. Mais je pense que cela doit
être une des premières préoccupations de l'Assemblée
nationale, de la présidence et du comité qui sera
constitué de faire en sorte que cette télédiffusion des
débats soit un tout accessible à tous. On est mieux, Mme le
Président, d'y aller par étapes, de télédiffuser
certaines parties de nos travaux parlementaires et de les rendre accessibles
à tous plutôt que de tenter de tout télédiffuser et
que ce ne soit pas accessible à tous. Qu'on ne prenne à la
pigette quelques extraits pour les intégrer à certaines autres
émissions d'information publique.
Je n'ai pas d'objection, Mme le Président, à ce qu'on
puisse, à un moment donné, à l'occasion d'un documentaire
qui pourra être télédiffusé par les grandes
chaînes de télévision que ce soit Radio-Canada, la
télévision privée ou encore Radio-Québec
prendre des extraits de ce document de l'Assemblée nationale que
constitue l'enregistrement des débats de la Chambre. Mais il faudra, au
préalable, et j'insiste là-dessus, que l'ensemble ait
été soumis à la population du Québec par la
télédiffusion générale. Qu'on en prenne des
extraits par la suite, c'est une bonne chose, parce qu'il faut également
informer la population, comme n'importe quel parlementaire de cette Chambre
peut photocopier une partie du journal des Débats, ses interventions
dans le journal des Débats, un député ministériel
prendre les déclarations de son ministre, du premier ministre et les
faire parvenir à ses électeurs. Cela demeure un extrait du
journal des Débats, mais préalablement le journal des
Débats est accessible à tous ceux et à celles qui
étaient désireux de s'abonner et qui sont
intéressés à suivre les travaux de l'Assemblée
nationale.
J'insiste énormément sur ce point, et je pense que cela
devrait faire l'objet d'un consensus général de tous les membres
de cette Assemblée. J'ai l'intention de soulever cette question et je
compte sur la collaboration la plus unanime de mes collègues des
différents partis politiques de l'Assemblée nationale du
Québec pour que ce principe d'accessibilité à tous soit
une question fondamentale, soit la question primordiale de cette innovation
qu'on fait dans le Parlement de Québec visant à informer
davantage le public québécois. Merci, Mme le
Président.
M. Godin: Je demande la suspension des débats, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mercier. Cette motion est-elle adoptée?
M. Lavoie: II n'y a pas de motion pour la suspension des
travaux.
M. Burns: Avant six heures, oui.
Mme le Vice-Président: II n'est pas tout à fait 18
heures.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Burns: Comme il ne reste que cinq minutes.
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Burns: Mme le Président, comme il ne reste que cinq
minutes, je dois faire une motion de suspension de nos travaux à ce
soir, 20 heures.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
Cette Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension à 17 h 58)
Reprise de la séance à 20 h 8
Le Vice-Président: A l'ordre! Reprise du débat sur
la motion de M. le ministre d'Etat à la réforme électorale
et parlementaire. La parole est à M. le député de
Mercier.
M. Gérald Godin
M. Godin: Notre Parlement, dans 14 ans, aura deux siècles
d'existence. Je souhaite à tous mes collègues actuels, surtout de
ce côté-ci de la Chambre, d'être là pour
célébrer cet anniversaire, y inclus le leader de l'Union
Nationale. Ce Parlement a toujours été le centre de la vie
politique et démocratique au Québec. C'était le foyer de
la nation et on l'a d'ailleurs surnommé le salon de la race. Le
problème que ce Parlement, comme tous les autres, a toujours eu a
été celui de diffuser ses activités, ses lois, ses
décisions au sein de la population qui l'avait élu. La motion que
nous étudions aujourd'hui vise tout simplement à moderniser les
moyens de communication entre ce Parlement et le peuple que ce Parlement
représente. En d'autres termes, nous voulons faire entrer le salon de la
race dans les salons du peuple.
Au début de ce Parlement, c'étaient les journaux qui
faisaient office de journal des Débats. Les journalistes jouaient le
rôle de sténographes et de ceux qui enregistrent les débats
actuels. C'est ainsi qu'en relisant ces journaux on peut reconstituer ce qui se
passait ici. D'année en année, d'étape en étape, en
1963 le journal des Débats, le vrai, a vu le jour. Il était
précédé mes excollègues de la Tribune de la
presse s'en souviendront peut-être de ce qu'on appelait le "pool"
des journalistes. Les membres de la Tribune de la presse se relayaient à
tour de rôle et, de quinze minutes en quinze minutes, faisaient office de
sténographes. Ils tapaient en douze copies ce qu'ils recueillaient ici
et les distribuaient à leurs collègues. Nous fonctionnions, si on
peut dire, à la mitaine et nous étions deux siècles en
retard sur le Parlement de Londres, qui est le père ou la mère du
nôtre, et de quelques décennies sur le Parlement
fédéral. (20 h 10)
Dans le cas de la télévision, nous ne voulons pas
être en retard, M. le Président. Dans le cas de la radiodiffusion
non plus. Nous voulons que les citoyens du Québec puissent voir les
choses telles qu'elles se passent ici, en direct autant que possible. C'est la
raison pour laquelle le Parti québécois en a fait une promesse
électorale. Dès son entrée, il a pris les mesures pour que
cet objectif se réalise. D'ailleurs, je dois dire que cette
décision s'inscrivait dans la continuité du travail
déjà accompli par votre prédécesseur à ce
poste, qui est actuellement le leader parlementaire de l'Opposition officielle,
et qui nous a transmis des documents déjà recueillis, des travaux
déjà faits et dont nous nous sommes inspirés en
partie.
D'autre part, nous nous sommes fixé comme objectif que les
travaux de ce comité, formé à la demande du ministre
d'Etat à la réforme parlementaire, coûtent le moins cher
possible au gou- vernement. Par exemple, quand il s'est agi d'étudier le
problème de l'immunité parlementaire relativement à ces
débats transmis par mode électronique, au lieu de confier
à un expert le soin de nous préparer une étude, nous avons
tout simplement demandé au Parlement de la Colombie-Britannique de nous
transmettre copie de l'avis qu'il avait lui-même demandé au
spécialiste Edward McWhinney.
Dans le cas des études techniques, elles furent faites par des
fonctionnaires du gouvernement ministère des Communications,
direction générale des services techniques et à
même leur temps de travail. De plus, quand il s'est agi d'avoir des
sondages dans certaines régions, que l'on pourrait qualifier de
relativement sous-développées en information du fait qu'un seul
journal où une seule entreprise de presse les couvrait, nous avons fait
des sondages afin de savoir s'il existait un besoin dans ces régions
pour les travaux de la Chambre et si ce besoin était comblé par
les media existants. Nous avons découvert dans ces régions un
besoin intense de tels renseignements, de telles informations, et un appui au
projet gouvernemental de transmettre les débats par voie de radio et de
télévision.
De plus, nous sommes allés à deux reprises, au
gouvernement fédéral, et dans un esprit de collaboration
étroite et dans le respect de nos souverainetés
réciproques car elles existent nous nous sommes
inspirés également des expériences qui furent faites
là-bas et qui sont toujours en cours. Dans le cadre des activités
de l'Association des parlementaires du Commonwealth, quelques collègues
et moi-même avons participé à un débat sur cette
question et, encore là, nous nous sommes inspirés des
expériences faites aussi bien dans le Parlement fédéral
que dans d'autres Parlements membres du Commonwealth.
De plus, une équipe extrêmement réduite
composée de deux personnes à qui je veux rendre hommage, M.
Fernand Robidoux et Pierre Chante-lois, a travaillé d'arrache-pied en
vue de respecter chacune des étapes que nous nous étions
fixées, qui étaient la remise d'un rapport préliminaire et
la remise d'un rapport final avec de longues annexes. J'ai eu l'occasion,
malheureusement, de constater que, des deux côtés de la Chambre,
ces rapports ont été très peu lus. Quand j'ai entendu,
aussi bien de ce côté-là de la Chambre que du nôtre,
dans un caucus célèbre, certaines interventions, je me suis rendu
compte qu'ils n'avaient pas été lus. Cela me faisait me demander
quelle était l'utilité d'avoir des comités puisque les
travaux que nous y faisions, malgré leur importance, n'avaient que fort
peu de lecteurs.
De toute façon, ce qui importe c'est qu'aujourd'hui nous soyons
rendus à cette étape où c'est le Parlement lui-même
et son chef, le président, qui prennent les choses en main. A partir des
travaux techniques que nous avons fait faire, à partir des sondages qui
confirment qu'un besoin existe et qu'on doit le combler, à partir des
travaux dont nous avons obtenu copie dans d'autres Parlements, dans notre
propre système parlementaire, nous passons le paquet à la
présidence.
C'est elle qui verra à réaliser cet objectif, qui
s'inscrit en fait tout simplement dans la modernisation des communications de
ce Parlement avec la population.
J'entendais un peu plus tôt le leader de l'Opposition officielle
souhaiter que l'opération soit confiée à l'entreprise
privée. En fouillant dans les coupures de journaux de 1963 qui datent de
l'époque où le journal des Débats imprimé fut
instauré dans ce Parlement, on peut constater qu'un journaliste de
l'époque recommandait aussi que l'opération soit confiée
à l'entreprise privée. Ce journaliste est aujourd'hui en charge
du journal des Débats à la Chambre! Peut-on voir un jour le
leader actuel devenir responsable de la diffusion des débats
après sa carrière politique? Ce n'est pas exclu.
En d'autres termes, M. le Président, après avoir fait
entrer Gutenberg au Parlement en 1963, nous faisons maintenant entrer
McLuhan.
Mme Payette: Est-ce qu'il a été élu?
M. Godin: Oui, McLuhan a été élu.
Il était temps, M. le Président, parce que nul n'ignore
ici que les gens consomment énormément plus d'information
radiodiffusée et télévisée que d'information
écrite. Ce Parlement ne fait que se mettre à jour, M. le
Président. Dans les études que nous avons consultées,
certaines craintes qui ont été émises ici, se
retrouvaient. Entre autres, la crainte que certaines cicatrices ou certains
comportements peu parlementaires trouvent écho en dehors de cette
Chambre et soient montrés au public. D'autres craignaient, en s'excluant
de cette crainte, que les défauts de certains de leurs collègues
apparaîtraient. Comme nous ne sommes pas tous des Walter Cronkite ou,
pour ne pas nommer aucun de nos collègues, des spécialistes du
médium télévisé, les gens craignaient que plus on
se ferait voir, plus on se ferait détester ou moins on se ferait aimer.
Or, les études sur ces questions démontrent que dans n'importe
quel Parlement toute personne qui dit la vérité est
respectée, peu importe si elle maîtrise ou non le médium.
Je le dis à l'attention de tous mes collègues, moi-même y
compris, toute personne qui ne dit pas la vérité, cela
paraît également.
J'espère que l'arrivée des caméras dans cette
Chambre, l'arrivée d'une transmission en direct ou en très peu de
différé, cela se réflétera sur le comportement de
tous.
C'est une illusion de penser que du jour au lendemain les moeurs de ce
Parlement vont changer. On le voit dans d'autres Parlements où on nous
présente chaque soir des petits bouts comme du "baloné". On voit,
effectivement, que cela ne change pas tellement les choses. On voit que la
télévision n'a pas affecté, ni en bien ni en mal, ce qui
se passe dans ces Parlements. On voit des banquettes vides également. On
voit des vedettes, des ministres répondre aux questions. On voit les
questionneurs poser des questions. Est-ce que les gens comprennent un peu mieux
ce qui se passe après avoir vu ces quelques secondes au bulletin de
nouvelles? (20 h 20)
Je ne le pense pas, mais là où cela devient utile et
important dans la perspective de la démocratie, c'est que, chaque soir,
une heure et demie ou deux heures de débats de la Chambre sont transmis
en différé dans les foyers, dans la région
périphérique de la capitale fédérale. Je souhaite
que les radiodiffuseurs et les télédiffuseurs
québécois fassent la même chose.
Je dois souligner en passant que, dans nos rapports avec eux, nous avons
trouvé un intérêt pour ce projet. Malheureusement, ils ont
refusé d'investir eux-mêmes dans ce projet, mais cela les
intéressait, en tout cas, comme contenu dans leur grille
d'émissions. Nous espérons, les membres du comité et mon
collègue, le ministre chargé de ce projet, que les
câblodistributeurs de tout le Québec sauteront sur l'occasion et
diffuseront les parties importantes des débats de la Chambre.
Je termine, je boucle la boucle, M. le Président. Notre Parlement
célébrera donc ses deux siècles d'existence dans quatorze
ans. J espère qu'au moment où ce sera fait, ce Parlement en sera
un complet et totalement souverain.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Terrebonne.
M. Elie Fallu
M. Fallu: M. le Président, nous sommes dans un Parlement,
c'est-à-dire dans un endroit où l'on parle...
M. Lavoie: C'est vrai.
M. Fallu: ... où la parole a un rôle politique,
où nous avons choisi l'affrontement verbal, où nous avons choisi
de nous affronter tendance contre tendance par la parole,
où nous avons choisi, par la parole, d'exprimer des idéologies.
Ce soir, nous nous apprêtons, après deux cents ans d'existence de
parlementarisme à Québec, à restaurer le rôle de la
parole. Jusqu'à maintenant, la parole ne s'est exprimée que par
interposition. Il s'est agi de ces courses un peu folles, même pendant la
période des questions, au "hot room" à côté, pour
ajouter un supplément d'information ou fixer une image quelconque,
à la hâte, en dehors du contexte, d'ailleurs. Il s'est agi de
transporter la parole et l'image par interposition du débat à
travers une conférence de presse, à travers un "talk show ' ou
une interview, alors que la vocation de la parole sur le lieu même de son
prononcé n'échappait que bien timidement à cette
solennelle enceinte par le biais de l'écrit, par le biais du journal des
Débats ou par le biais du journal du soir. Ce soir, M. le
Président, nous réhabilitons le Parlement, nous
réhabilitons la parole. Ce Parlement a peu de contact avec le public,
avec le citoyen: quelques présences dans les galeries, la lecture du
journal des Débats, mais surtout les media, les journalistes, les
techniciens qui sont les yeux, qui sont les oreilles du public, qui sont les
sens du citoyen par leur plume et leurs cameras interposées.
Toutefois, ce que nous allons donner, ce n'est
pas un spectacle, mais un service public. M. le Président, c'est
notre vie parlementaire au sens le plus profond qui est en jeu, cette vie
parlementaire que nous vivons dans la tradition britannique, d'ailleurs, en
vase clos. Nous ne sommes que les représentants du peuple. Nous ne
sommes qu'une expression bien faible, d'ailleurs, de la souveraineté du
peuple. Je me sens lourd lorsque je me lève pour un vote et que j'ai sur
le dos le poids de 50 000 électeurs, M. le Président. Nous ne
vivons ici que par délégation de pouvoirs. Mais quelle est donc
cette tradition britannique, cette tradition du vase clos qui fut, pendant
longtemps, d'ailleurs, dans la tradition britannique, celle du huis-clos
jusqu'à ce que les grands débats du XVIIIe siècle...
M. Lavoie: Vous parlez du Parlement français?
M. Fallu: Jusqu'à ce que les grands débats du
XVIIIe siècle ne viennent secouer le parlementarisme britannique. Ces
grands débats qui, notamment, ont commencé en 1738 date à
laquelle un journaliste, ayant rapporté quelques paroles recueillies
à la House of Commons, a été accusé, en Chambre, de
"suprême indignité". Ces journalistes qui, faisant
sécession en 1771, après avoir rapporté les paroles de
parlementaires en Chambre, ont été relégués dans
cette tour de Londres, ce qui, d'ailleurs, leur valut d'être des
héros à partir de ce moment.
Le débat qui s'est déroulé au Parlement de Londres
pour l'entrée de la presse ressemble un peu à ce long
débat qui secoue maintenant le 20e siècle à propos de la
diffusion de nos débats. Ce débat, qui a permis l'entrée
du journal des Débats dans les Parlements de style britannique, a
duré plus de 30 ans dans les Parlements. Le débat relatif
à la radiodiffusion date de 1936 alors que la Nouvelle-Zélande
avait introduit le son, et c'est depuis 1946 que le débat roule alentour
de la télédiffusion des débats.
Le Québec, ce soir, va enfin entrer dans le clan des nations car,
déjà, 42 pays télédiffusent les débats de
leur Parlement respectif, dont 21 de façon régulière et,
notamment, celui d'Ottawa. M. le Président, à ce chapitre, nous
ne sommes pas sous-équipés; au contraire, nous sommes une des
nations les mieux équipées dans le domaine des communications:
98% des citoyens reçoivent chez eux la télévision VHF;
40,3% ont la télévision UHF et 40% reçoivent la
télévision par câble.
M. le Président, sommes-nous moins dignes que tous ces pays qui
se sont dotés de la télévision? Sommes-nous moins dignes
que la République démocratique d'Allemagne, que la Hongrie, que
l'Irlande, qu'Israël, que l'Italie, que la Côte-d'Ivoire, que le
Japon, que la Jordanie, etc? Sommes-nous moins avancés qu'eux? Notre
Parlement est 42 Parlements en retard. Au moment où nous entreprenons de
nous doter de la radio-télédiffusion des débats, le geste
que nous posons et la façon dont nous le posons sont notables. Le geste,
très certainement, est en retard; enfin, nous le posons. Quant à
la façon de le faire, elle est remarquable. Elle est remarquable dans le
sens du parlementarisme car ce n'est pas à l'exécutif qu'est
confié le soin de la radio-télédiffusion des
débats, mais bien au législatif par la personne même du
président de l'Assemblée nationale sous l'égide d'un
comité consultatif formé de représentants de tous les
partis représentés en cette Assemblée. C'est d'ailleurs,
devrais-je dire, devant la nation que nous serons responsables bien
au-delà de l'Assemblée elle-même.
C'est également reconnaître la fonction médiatrice
des organes de diffusion que nous nous engageons. (20 h 30)
Ce que nous faisons ce soir, c'est respecter la plus longue ou
l'une des plus longues traditions en Occident des libertés
d'expression dans laquelle l'exécutif sera exempt de tout contrôle
de la médiation de l'information. Le législatif s'exemptera
même de contrôler d'une façon ou d'une autre l'information.
Nous laissons aux media, nous laissons à l'information privée le
soin de diffuser nos propres débats. Je crois que le geste que nous
posons ce soir, en dotant, d'une part, la présidence du pouvoir
législatif et en dotant, d'autre part, les media de la
responsabilité de l'usage qu'ils feront de nos débats, est une
preuve à la fois d'une grande maturité et de l'expression de la
liberté la plus totale. Merci.
Le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, M. le Président, je veux profiter de
l'occasion qui m'est donnée ce soir pour dire quelques mots sur la
télédiffusion des débats ici, à l'Assemblée
nationale du Québec. Après le discours du leader du gouvernement,
j'ai pris la liberté de lui faire parvenir une lettre pour le
féliciter. J'ai fait moi-même une expérience dans cette
Chambre et je peux vous dire qu'il doit y avoir de grands changements
d'attitude et même de procédure pour que la population du
Québec sache exactement ce qui se passe dans cette Assemblée
nationale du Québec.
Mr President, as usual, I would like to make my remarks in English. I
would like to record in the "journal des Débats ' that I strongly
approve of this particular direction of the leader of the government in
attempting to make the reality of this Assembly a reality in the homes of the
citizens of the province of Québec. We have seen the advantages that
have been accrued through an exposure of the parliamentary process in Ottawa to
the people of Canada. We have seen, for example, how responsible it has made
members of this House in regard to their responsibilities to be present during
the so-called debate on the subjects which are also so important to their
future. I would imagine, Mr President, that one of the first signs of the
televising of the debates in this National Assembly would be that we would
improve the actual presence of members in the House.
The second thing that I think would be seen would be, first of all, a
better appreciation of the
value of question period and its importance to the "éclairage" of
the situations that are present in this province and it would give the
opportunity to the people of the province both to see how the question is
asked, how the subject is approached and how the ministers respond to it.
We have seen in Ottawa, for example, Mr President, that the people of
Canada recognize a very supple and open answer. And they recognize equally the
importance of a sound and a responsible answer to the questions which are asked
during question period. Because, Mr President, question period is the
foundation of this Assembly. Question period is the opportunity that the
Opposition really has to ask the government to be responsible for those acts
that it is responsible for providing.
And secondly, Mr President, we will see the principal areas of debate
directly presented to the people. We will give the advantage to the government
and to the Opposition to make their cases directly to the people. I have heard,
Mr President, the suggestions that the government will have the advantage, that
they will be able to take advantage of the televising of debates, that they
will only put on television those sections of the debates which are to their
advantage. Mr President, I have a great confidence in the people of this
province. I have a great confidence in their own appreciation of the reality of
any debater and the position that they are taking. I have the confidence that
when the case is made well for the government, the people of this province will
accept it well and when the Opposition makes their position properly, that the
people of this province will have an apportunity to evaluate that not through
the hands of a journalist who may put his particular bias to the reporting of
this particular area of debate.
Mr President, I have a great confidence in the fundamental intelligence
of the people of this province and their capacity to judge themselves how we
are performing. I look forward to having the opportunity to have myself judged
directly, for example, by my peers. And I would look forward equally to having
the people of this province have an opportunity to examine the good and the
improper actions of the government, the wise act, for example, of a minister of
Labour or a minister of Justice and an improper act of perhaps the same
ministers.
We have seen that, with our present parliamentary system, we really do
not have a protected people. The government has the power to enact such
legislation as it chooses. The only inhibitor to any government is the reaction
of the people and I suggest, Mr President, if we give them access directly to
what is going on in this House, we will be more responsible to them, more
inhibitive to the government which may act irrationally and more responsible to
the Opposition who will have to demonstrate that they are not acting
politically, but in the best interest of the people of this province.
Mr President, I would like to close in saying that this, perhaps, has
been looked upon by many people as a luxury, a luxury that, perhaps, in this
time of economic recession and economic difficulties, could be deferred to a
later time. But at the same time, I feel that perhaps at this time more than
ever the people need to know how they are being governed, who they are being
governed by and how these people are acting on their behalf in this
Assembly.
Mr President, I strongly support a posture which would, as soon as
possible, provide the people of this province with an opportunity to look in on
what we are doing here. And I suggest that it would make us all better
parliamentarians, better representatives of the people and, we hope, more
responsible for their needs. Thank you very much, Mr President. (20 h 40)
Le Vice-Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Victor C. Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, chacun des intervenants a
établi le même principe, un principe si fondamental qu'il est,
à toutes fins pratiques, une vérité de La Palice. C'est
que le public doit être informé convenablement,
adéquatement, de ce que nous faisons ici. En acceptant ce principe, on
doit se rendre à l'évidence qu'il n'y a pas moyen de s'opposer
à la télédiffusion de nos débats.
Je suis convaincu que quand le gouvernement a lancé cette
idée, a formulé cette proposition, il était sûr
d'avoir rapidement l'approbation unanime des membres de cette Chambre.
Pourtant, le dossier sur lequel nous nous penchons ce soir traîne ici et
là, à l'Assemblée nationale, depuis au moins quatorze
mois. Il y a lieu d'examiner les raisons possibles pour le retard à
accoucher de quelque chose en ce qui concerne la télédiffusion
des débats.
Je ne veux pas chercher à interpréter la pensée du
gouvernement, mais je veux faire mes propres réflexions
là-dessus. Je voudrais d'abord poser une question. L'idéal est
une chose à laquelle nous devons tous toujours aspirer, mais
l'idéal a généralement un prix. Il faut se trouver en
mesure de payer le prix en question pour être capable de réaliser
l'idéal que l'on s'est fixé.
Si je comprends bien, le coût prévu est passablement
élevé. Il y a donc une nécessité, si nous voulons
agir en bons administrateurs, d'examiner la considération qui, par une
tradition relativement récente, s'appelle
coût-bénéfice.
Si nous étions dans le secteur privé, si nous avions la
responsabilité d'un poste de télévision, si nous devions
faire vivre ce poste de télévision par la cote d'écoute
des émissions et, avec cette cote, attirer des annonces commerciales et
des revenus, nous ferions une étude serrée du marché. Nous
ferions une étude serrée des coûts impliqués, dans
la production des émissions que nous voudrions offrir, par rapport aux
revenus possibles.
Si j'invoque cette comparaison, c'est parce que j'ai l'impression
je n'ai pas vu les chif-
fres que la télédiffusion et la radiodiffusion des
débats à la Chambre des communes à Ottawa, après
une période initiale où la cote d'écoute était
élevée, sont maintenant descendues en cote d'écoute. Je me
demande ce que nous, de l'Assemblée nationale, ferons si nous
connaissons une expérience semblable. Le gouvernement nous propose des
investissements considérables. Ce sont des investissements de nature
quasi permanente. Ce sont des investissements à long terme. Si la
décision est prise de faire ces investissements et si par la suite la
cote d'écout tombe, nous nous trouverions dans une situation de
rentabilité douteuse.
Je reviens à ce que je disais il y a quelques instants.
L'idéal serait certainement de tout télédiffuser, mais
à quel prix? C'est une question qui doit recevoir sa réponse
avant la fin de ce débat.
Je serai légèrement méchant. M. le
Président, si vous n'étiez pas obligé d'être
à votre fauteuil en ce moment, si vous aviez la liberté de vous
asseoir devant votre télévision, si vous étiez ainsi libre
de choisir le canal, l'émission que vous regarderiez, est-ce que, dans
votre esprit par votre intermédiaire, je pose la question
à tous mes collègues vous êtes sincèrement
convaincu que vous choisiriez les débats de l'Assemblée nationale
de préférence aux éliminatoires de la coupe Stanley ou
à des interviews serrées avec des personnages politiques?
M. Burns: Pas dans le moment, en tout cas. Mon choix serait vite
fait, je regarderais le hockey. Dans le moment, je m'en irais directement au
hockey.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Goldbloom: Je comptais beaucoup sur cette appréciation,
M. le Président, j'aurais été déçu de ne pas
l'avoir.
M. Burns: Vous avez déjà remarqué qui
parlait.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Goldbloom: Après tout, M. le Président, comme le
disait un autre collègue dans cette enceinte à l'égard
d'un premier ministre aujourd'hui décédé, M. Yves Michaud,
que connaissent certaines personnes de l'autre côté, s'adressant
à feu M. Daniel Johnson: II y a de vieilles inimitiés qui nous
unissent. J'ai un tel rapport avec le député de Maisonneuve et je
m'attendais à son intervention.
M. Proulx: M. Ryan aussi?
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: Cela vous fâche, quand on parle de l'Union
Nationale?
M. Proulx: Je ne renie pas mon passé. M. Lavoie: Votre
ancien berceau.
M. Proulx: Je ne le renie pas, j'en suis fier. Une Voix:
Bravo!
Le Vice-Président: Je m'excuse. Vous savez qu'il y a une
enveloppe globale, je vous prierais d'employer le temps à la pertinence
du débat.
M. Goldbloom: M. le Président, nous devons, comme
parlementaires, utiliser le meilleur jugement possible dans l'affectation des
deniers publics. Je pense que c'est le député de Mercier qui
mentionnait le journal des Débats, il y a quelques minutes. Ce document
existe. Il existe depuis de nombreuses années. J'aimerais poser une
question qui s'adresse à tous les gouvernements qui ont utilisé
cet instrument. Est-ce que nous avons nous, de l'Assemblée
nationale essayé véritablement de vendre le journal des
Débats? Je crois que non. Une campagne de publicité pour
augmenter la cote de lecture du journal des Débats coûterait
beaucoup moins cher que la télédiffusion des débats.
Déjà l'habitude de lire est en déclin
inquiétant. Pourtant, les écrits demeurent. Vous me direz que les
bandes magnétoscopiques demeurent aussi et peuvent être
consultées, mais un peu moins facilement que le journal des
Débats, par exemple.
Je ne peux m'empêcher de faire un autre commentaire. Si, sur le
plan fonctionnel, nous devenons des illettrés ce qui est en train
de se produire dans une certaine mesure il me semble que parmi les
premiers perdants seraient, par exemple, le poète de Mercier,
l'historien de Terrebonne, l'autre historien de Trois-Rivières, pour ne
pas mentionner le nouveau chef du Parti libéral.
Des Voix: C'est un théologien!
M. Goldbloom: Nous avons tous à coeur la revalorisation du
parlementarisme...
M. Lavoie: Ce n'est pas si mauvais que cela, un
théologien!
M. Goldbloom: ... contre beaucoup d'obstacles, vous pouvez le
constater, M. le Président.
M. Lavoie: Les Théologiens, c'est à un haut
niveau.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! (20 h
50)
M. Goldbloom: Nous avons tous le désir de parler
directement à l'opinion publique au lieu d'être filtrés par
des intermédiaires. Il faut reconnaître, M. le Président,
que souvent il faut filtrer par un tamis relativement fin les discours qui sont
prononcés ici pour en extraire un message qui peut valablement
être communiqué à l'opinion publique.
Il me semble que nous avons quand même des choses valables
à dire et que le fait de devoir les dire publiquement... Nous le faisons
déjà, mais le nombre de spectateurs ici est presque toujours
restreint; il serait souhaitable que le nombre de té-
léspectateurs soit considérable. Si nous avons des choses
importantes à dire, si nous pouvons, en utilisant un tel instrument,
rehausser le niveau de nos débats, nous serions tous les
bénéficiaires d'une telle situation.
Par la force des choses, par la nature même de notre
règlement et de son application, par la nature des travaux que nous
devons accomplir au cours d'une journée, au cours d'une année, il
y a des périodes où vraiment nous faisons des choses d'ordre
technique qui sont nécessaires pour la vie et le respect de notre
Parlement et aussi pour le processus législatif. Il y a, cependant, des
périodes de notre activité qui ont une moyenne plus
élevée d'intérêt, je dirais, où souvent il y
a des intervenants qui nous viennent de l'extérieur, où le
débat a moins de formalité et, donc, souvent plus de saveur et
d'intérêt. M. le Président, je parle des commissions
parlementaires.
Je suis légèrement perplexe devant le fait que la motion
en discussion n'en parle pas. M. le Président, il me semble qu'il serait
désirable que nous élargissions la portée de la motion. Ce
n'est pas un geste dilatoire que je veux poser. C'est un geste tout à
fait constructif. Je pense que, si nous voulons offrir à l'opinion
publique un régime intéressant de débats, nous pourrons
profiter avantageusement de ce qui colle peut-être davantage aux
préoccupations quotidiennes de la population en incluant les commissions
parlementaires dans la portée de cette motion.
Motion d'amendement
C'est pour cette raison que je voudrais terminer mon intervention par
une motion qui est la suivante: "Que la motion en discussion soit
amendée en ajoutant à la cinquième ligne, après le
mot "nationale", les mots suivants "et ceux de certaines commissions
parlementaires ". Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que je peux avoir le texte de la
motion, s'il vous plaît? Sans débat, parce que je pense qu'il faut
s'en tenir à l'enveloppe globale même si le mot "Assemblée
nationale" dans la motion principale peut comprendre les commissions, je
déclare recevable la motion. Est-ce que je pourrais avoir... Oui, M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je pense que cela va être
bien court. Si je comprends bien le désir du député d'Arcy
McGee, c'est de préciser la motion dans un sens qui me semblait, en tout
cas, inféré dans la motion originelle, de sorte que je n'ai
aucune espèce d'objection, si cela peut satisfaire les membres de
l'Assemblée nationale, à l'accepter sans plus de
débats.
Evidemment, s'il y a des gens qui veulent intervenir là-dessus,
il n'y a pas de problème mais, en ce qui me concerne, je n'ai pas
l'intention de plaider ni contre la recevabilité que vous venez
d'accepter d'ailleurs, à bon droit ni contre le fond et le
contenu de cet amendement. Il m'apparaît que c'est tout à fait
normal qu'éventuellement, lorsque les débats de
l'Assemblée nationale... Vous avez l'article 163 de notre
règlement qui, peut-être, par extension, pourrait s'appliquer
à des dispositions comme celles-ci. Il dit que les règles
applicables à l'Assemblée nationale s'appliquent également
aux commissions. C'était évidemment notre intention
éventuellement, de permettre au président de l'Assemblée
nationale, avec tous les conseils qu'il peut recevoir et de l'Assemblée
nationale et de la commission de l'Assemblée nationale dont il ne faudra
pas oublier le rôle dans tout cela, mais aussi de ce comité
consultatif auquel il est fait référence dans la motion, de se
prononcer là-dessus.
De sorte que, M. le Président, quant à moi, je suis
prêt à adopter cette motion d'amendement,
immédiatement.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, je suis d'accord sur le
principe que les commissions parlementaires puissent être couvertes, un
jour ou l'autre, par le système de la télédiffusion. Mais,
vu que c'est une dépense d'argent assez considérable pour
produire l'effet de l'amendement, en vertu de l'article 64, seul un ministre
peut, dans les circonstances, quand il s'agit de faire des dépenses qui
seraient...
M. Burns: La motion a été reçue, M. le
député.
M. Bellemare: Elle n'a pas été reçue, il
attendait notre intervention.
M. Burns: Non, non, elle est recevable.
Le Vice-Président: Elle a été reçue.
J'ai fait deux commentaires.
M. Bellemare: Alors, il faudra encore arracher cette page de
notre règlement.
Le Vice-Président: D'accord.
M. Burns: M. le Président, excusez-moi, je ne veux pas
nécessairement voler à la défense de votre décision
mais le libellé de la motion "est d'avis que", c'est exactement le style
de la motion où on suggère une façon de fonctionner. Il y
a un autre élément, dans cette motion, qui ne concerne pas
immédiatement et de façon directe une dépense d'argent
mais qui démontre que c'est une question de principe, c'est le mot
"puissent", que les débats puissent être radiodiffusés et
télédiffusés ".
Le Vice-Président: ... pour clore le débat. J'ai
déclaré la motion recevable, malgré l'article 64, pour
deux raisons: La première, c'est qu'elle est recevable. Si elle ne l'est
pas, la motion principale ne l'est pas. Bon, d'accord, mais c'est un
amendement. Bon.
Deuxièmement, on dit "de certaines commissions parlementaires ".
M. le leader parlementaire du gouvernement avait raison de dire que c'est
une demande de précision puisque, déjà, par nos
règlements, l'Assemblée nationale comprenait toutes les
commissions parlementaires. C'est dans ce sens, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale, que j'ai déclaré recevable la motion. Est-ce
que cette motion sera adoptée?
M. Lavoie: Un instant, s'il vous plaît! Est-ce que je
pourrais demander une suspension de 30 secondes?
Le Vice-Président: Certainement. La séance est
suspendue pour deux minutes.
(Suspension à 20 h 58)
(Reprise à 21 h 8)
Le Vice-Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Mégantic-Compton! La motion
est-elle adoptée?
M. Lavoie: La motion d'amendement?
Le Vice-Président: La motion d'amendement, oui.
M. Lavoie: On revient à la motion principale.
Le Vice-Président: La motion d'amendement de M. le
député de D'Arcy McGee est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. La motion
principale?
M. Lavoie: Telle qu'amendée.
Le Vice-Président: Telle qu'amendée. M. le
député de Saint-Laurent, sur la motion principale telle
qu'amendée.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Je ne veux pas
intervenir longuement sur cette motion, mais je tenais malgré tout
à la souligner ou à la saluer au passage parce qu'elle constitue,
je pense, une date importante dans l'histoire de nos institutions
parlementaires. Je crois que cette motion, qui sera adoptée à
l'Assemblée nationale, semble-t-il, par un vote unanime, constitue la
façon la plus appropriée pour amorcer la télévision
des débats, c'est-à-dire par un geste de l'organe
législatif principalement visé par la télévision
des débats plutôt que par tout autre mécanisme ou toute
autre décision telle que, par exemple, une décision
unilatérale du gouvernement, comme cela aurait pu être
imaginé, ou encore une décision de type administratif qui
émanerait de la seule présidence.
Il y a trois points, dans cette question de télé- vision
des débats qui devraient être soulignés. Le premier, et
sans aucun doute le plus important, est la question du principe lui-même
de l'ouverture de nos débats à la présence d'un plus large
public par le médium de la télédiffusion de nos travaux.
C'est une chose qui, indépendamment des principes, devient une pratique
de plus en plus répandue. On nous indique que, sur une période de
cinq ans, c'est-à-dire les cinq dernières années, le
nombre d'Etats américains où se pratique la
télédiffusion des débats a doublé. C'est donc dire
qu'il s'agit là d'une tendance universelle, c'est la mise à
l'heure électronique des travaux parlementaires, qu'on le veuille ou
non. Il y a probablement là quelque chose d'inévitable et
d'irréversible. Même si les autres ne le faisaient pas
déjà, je crois qu'il est très important de saluer et de
souligner avec quel plaisir, dans le fond, il faut accueillir une telle
décision, une telle orientation. (21 h 10)
Quelles que soient les réserves qu'on puisse formuler sur les
modalités à ce sujet, plusieurs interventions
d'aujourd'hui l'ont fait abondamment l'idée même, le
principe même de la télédiffusion des débats,
à mon avis, est un événement heureux. C'est le même
phénomène qui, à d'autres époques, dans
l'évolution des institutions parlementaires, a produit, par exemple, un
phénomène que nous avons oublié et que peut-être,
comme individus, nous ne connaissons même pas, mais qui a donné
aux débats parlementaires un caractère toujours de plus en plus
public, de plus en plus ouvert. Ainsi, la mère des Parlements, le
Parlement britannique on ne le sait peut-être pas au
dix-huitième siècle, siégeait à huis clos. Ce n'est
qu'au cours de ce siècle que la décision a été
prise d'ouvrir des galeries à la destination du public. Un peu plus
tard, au début du dix-neuvième siècle, on s'est mis
à reproduire par l'imprimé les débats de la Chambre des
communes britannique.
Il est donc raisonnable, après quelque 50 ans de radio et une
vingtaine d'années de télévision, que ces méthodes
de communication modernes soient utilisées pour rendre plus large la
connaissance des questions d'intérêt public qui sont
débattues au Parlement.
Je le mentionne avec une certaine insistance, Mme le Président,
parce que je crois qu'on risque d'oublier que c'est fondamentalement ce geste
que nous posons de rendre nos travaux accessibles à un plus grand
nombre, s'ils le veulent bien, s'ils veulent bien s'y intéresser, c'est
ce que l'avenir nous dira, mais il semble que, de ce
côté-là, les cotes d'écoute des émissions
comparables dans différents pays ou différents Etats où
c'est pratiqué s'améliorent graduellement. Même s'il n'y
avait que 5000 téléspectateurs de nos travaux, ce serait
probablement multiplié par 1000 le nombre de ceux qui actuellement,
comme membres du public, sont amenés à connaître la
poursuite de ces travaux. Le Parlement ne peut que bénéficier
à long terme de cette exposition si I'on me permet l'expression
plus soutenue et plus large de ce qu'il fait, de la façon dont il
le fait aux yeux du public.
Je ne m'étendrai pas longuement par contre sur le deuxième
élément, c'est-à-dire le choix de moyens techniques. Mon
collègue, le député de Laval, a abondamment émis
les réserves, les réticences que fait surgir à l'esprit la
façon particulièrement somptueuse il faut le dire
avec laquelle, sur le plan des moyens techniques, on envisage d'actualiser, de
réaliser une idée comme celle-là. Il y a un grand nombre
de choix sûrement dans ce domaine qui n'ont peut-être pas
été examinés avec assez de soin. Il me semble
personnellement je l'avais souligné lors d'une réunion de
la commission de l'Assemblée nationale en février que
l'engagement de 40 personnes à temps plein pour
télédiffuser les délibérations de 110 autres
personnes, c'est beaucoup de monde. C'est un ratio assez élevé de
techniciens à artistes. Je ne sais pas si c'est le terme qui nous
convient, Mme le Président, mais pour 110 personnes qui font une
performance, et encore on sait très bien que ce n'est pas la
règle générale, c'est beaucoup moins que cela, on aura,
autrement dit, autant de gens derrière la caméra qu'il y en a
devant.
M. Lavoie: Mais nous avons des idées.
M. Forget: Nous avons des idées, oui, espérons-le
du moins. Il me semble que c'est un luxe de moyens inapproprié. Mais,
encore une fois, le député de Laval a abondamment décrit
ses réticences à ce sujet. Je souscris à ce qu'il a dit
à ce sujet-là et je ne voudrais pas m'étendre et le
répéter.
Il y a un troisième aspect sur lequel, cependant, j'aimerais
insister un peu plus longuement. Outre la question du principe lui-même
auquel je souscris avec enthousiasme, outre la question des moyens techniques
qui sont peut-être un peu trop luxueux, il y a le choix d'une
stratégie de diffusion ou, si l'on veut, d'une programmation pour ce
genre de télédiffusion. Ce sera le travail de cette commission
qui sera mise sur pied et il y aura beaucoup de travail sur la planche. Il me
semble qu'il devrait exister un certain équilibre entre le but qu'on
veut atteindre et les moyens que l'on veut utiliser pour l'atteindre. Je
m'explique. Le but que l'on veut atteindre, c'est certainement non pas de
permettre aux citoyens de suivre par le menu les délibérations
sur les projets de loi à caractère assez technique qui
intéressent une fraction minuscule de l'opinion publique.
Je cite en exemple un projet de loi qui a été
distribué aujourd'hui, le projet de loi no 16, Loi modifiant la Loi des
électriciens et installations électriques et la Loi sur la
qualification professionnelle des entrepreneurs en construction. J'imagine mal,
à supposer qu'on ait la télévision aujourd'hui même
et pour le reste de la présente session, que des gens soient assis
devant leur petit écran pour nous entendre parler de projets de loi de
ce genre-là, alors qu'en commission parlementaire se déroulerait
un débat qui, quelle que soit sa qualité, est malgré tout
beaucoup plus important pour la majorité des gens. Je parle du
débat qui va se dérouler à la commission parlemen- taire
qui étudiera le projet de loi 92, la Loi sur la consultation populaire.
Tout simplement parce que ce débat va se dérouler en commission
parlementaire et non pas à l'Assemblée nationale, puisque ce sera
l'étude article par article, les spectateurs hypothétiques,
puisque cela ne s'applique pas maintenant, seraient forcés de regarder
un débat sur la Loi des électriciens et installations
électriques alors qu'ils savent très bien par les journaux qu'il
y a un autre débat, dans une autre salle à l'Assemblée
nationale, qui les intéresserait bien, mais qu'ils ne pensent pas suivre
à cause d'une technicité qu'ils ne peuvent pas comprendre,
n'étant pas membres de cette Assemblée, soit que l'étude
article par article se déroule en commission parlementaire et non pas
à l'Assemblée nationale.
Dans le fond, si on regarde rétrospectivement les travaux de
n'importe quelle session passée, on se rend compte qu'il y a
peut-être trois, quatre, cinq questions dans une année, au grand
maximum, qui vraiment ont des chances d'intéresser un tant soit peu
l'opinion publique. Le reste, c'est du "housekeeping", c'est de la maintenance,
si on veut, de l'appareil législatif, mais ce ne sont pas des questions
d'intérêt public de façon générale. Bien
sûr, c'est d'intérêt public dans le sens restreint et
technique du mot, mais ce n'est pas intéressant pour le public.
Il me semble que sur ces sujets d'ailleurs, tous les partis
politiques peuvent ordinairement s entendre sur le fait que ces sujets
existent; ils peuvent être identifiés d'avance à partir du
programme législatif du gouvernement, par exemple il faudrait des
règles qui permettraient de suivre toutes les étapes de ces
grands débats, qu'ils se déroulent soit à
l'Assemblée nationale ou en commission parlementaire, et de mettre
résolument de côté tout le reste. Il y a peut-être 60
lois dans une année qui amendent tel paragraphe de tel article par
concordance avec tel autre article dans tel autre paragraphe de telle autre loi
ou qu'il faut modifier parce que l'année est changée ou parce
qu'il faut indexer tel montant ou Dieu sait quoi. Il y en a tous les ans de ce
genre de projets, on n'y échappe pas et ceci est sans aucun
intérêt. Pour essayer de respecter une espèce
d'équilibre, il faudrait utiliser ces moyens coûteux et à
très grande puissance de diffusion pour des grands débats, quelle
que soit l'étape législative où ils sont rendus, quel que
soit le forum, Assemblée nationale ou commission parlementaire, dans
lequel ces débats se déroulent. Il me semble que l'on devrait
alors se concentrer sur le travail de cette commission de manière,
encore une fois, à atteindre le but que l'on poursuit, une plus grande
implication du citoyen dans les grands débats, et ne pas l'inonder de
messages où le bruit est plus sensible que le contenu. (21 h 20)
II me semble que, si on réussissait à maintenir cet
équilibre, on obtiendrait un heureux mariage de la technique moderne et
de nos institutions parlementaires. Autrement, nous risquons de détruire
un intérêt naissant pour les débats parle-
mentaires. Nous risquons de noyer le poisson par une trop grande
abondance de paroles sur des sujets qui ne rejoignent pas le citoyen et
d'être tous accusés d'avoir participé à un autre
gaspillage de fonds publics. Ce serait une accusation malheureuse parce
qu'encore une fois, pour ma part, je suis tout à fait d'accord avec la
notion d'une télédiffusion des débats pourvu qu'elle serve
à informer nos concitoyens qui, on le sait, lisent fort peu.
Peut-être, par ce moyen privilégié, qui est, semble-t-il,
le leur de se distraire et de recevoir de l'information, la
télévision, peut-on les intéressera la chose publique
mieux que par n'importe quel autre moyen. Encore faut-il s'y prendre de la
bonne façon.
C'est dans ce sens que je souscris non seulement à la motion
principale, mais à l'amendement présenté par mon
collègue de D'Arcy McGee. Il me semble que par cette addition des
commissions parlementaires, en modifiant peut-être les
aménagements techniques en conséquence pour que cela ne
coûte pas plus cher certainement cela ne devrait pas coûter
plus cher l'on réussira un élargissement du forum
où sont débattues les affaires de l'Etat. C'est un
élargissement dont on a grand besoin.
On sait non seulement que les gens lisent peu, mais on sait aussi que
les journaux ont peu d'espace à consacrer aux débats de
l'Assemblée nationale et ce, même pour les importants journaux.
Des enquêtes ont démontré que moins de 2% de l'espace total
dans nos journaux au Québec sont consacrés aux nouvelles en
provenance du Parlement. A cela, il y a peut-être plusieurs
interprétations possibles. Je vois le ministre des Consommateurs opiner
du bonnet. Il est fort possible que nous ne discutions de rien et que rien ici
n'est important. C'est au moins une hypothèse qu'il faut pouvoir
considérer. Cependant la conclusion à cela est simple. Elle ne
demande pas de télédiffusion des débats. Elle consiste,
chacun pour soi-même, à prendre la décision de ne plus s'en
occuper.
Cependant, si c'est une autre hypothèse qu'il faut faire voulant
qu'il y ait vraiment quelque chose d'important peut-être qu'on ne
le fait pas de la bonne façon il faut considérer comme
vital d'y intéresser un plus grand nombre de citoyens. Finalement, je
termine là-dessus, Mme le Président, si plus de monde
s'intéresse à ce que nous faisons, il y a peut-être des
chances, du moins si la démocratie a quelques raisons d'être, que
la façon dont on s'en occupe et la façon dont on s'exécute
dans ces devoirs soit meilleure qu'autrement. C'est donc dans cet esprit que je
suis heureux de célébrer avec tous mes collègues de
l'Assemblée nationale cette avant-veille espérons que nous
ne serons pas déçus encore une fois de la
télédiffusion des débats.
Mme le Vice-Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire.
M. Robert Burns
M. Burns: Mme le Président, mes remarques en
réplique seront très brèves. Evidemment, je me demande si,
théoriquement, c'est une réplique puisque tout le monde s'est dit
d'accord sur le principe de la motion et même que l'un des membres de
l'Opposition nous a fait préciser cette motion.
En terminant ce débat, je veux simplement remercier les gens qui
ont mené ce dossier à bien, qui nous ont permis d'avoir toutes
les informations, ce qui nous a permis d'avoir ce soir, le 25 avril, la
possibilité d'exprimer ce voeu clair et précis à
l'Assemblée nationale. Je veux remercier également de leur
collaboration tous les membres de l'Assemblée nationale qui, tout au
long de ce dossier, se sont préoccupés de l'évolution de
ce dossier, tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition.
Cependant, dans cette brève réplique, je voudrais
simplement relever trois points particuliers qui semblent avoir retenu
l'attention assez générale du côté de l'Opposition.
Il y a celui, entre autres, qui a été verbalisé à
la fin par le député de D'Arcy McGee lorsqu'il exprimait une
réserve à l'endroit de la motion en disant qu'il s'agissait
là d'un investissement quasi permanent.
J'ai entendu la même remarque de la part du député
de Laval, la même remarque, je crois, de la part du député
de Rouyn-Noranda. Si ce n'est pas lui, c'est donc son frère. C'est sans
doute le député de Beauce-Sud qui faisait une remarque
substantiellement semblable à celle-là.
Je tiens à dire je pense que cela a été
clairement exprimé lors des travaux de la commission permanente de
l'Assemblée nationale qui a siégé la dernière fois,
à ce sujet que, si cela n'a pas été suffisamment
clair, peut-être serait-il nécessaire que je le dise clairement,
à ce moment-ci. Le projet qui est envisagé actuellement et qui,
à compter de ce soir, sera complètement sous l'autorité du
président de l'Assemblée nationale est un projet qui a une valeur
pour les deux années à venir, en ce sens que les investissements
du gouvernement, via le budget de l'Assemblée nationale, sont des
investissements à court terme, sont des investissements sous forme
par exemple, pour les caméras et le personnel de
bail-achat. Cela, c'est important qu'on le sache. Donc, ce n'est pas un
quasi-investissement permanent dans ce sens. Si jamais on s'apercevait, au bout
de deux ans, qu'on avait vraiment fait fausse route, que les buts
recherchés ne sont pas ceux qui sont atteints, à ce
moment-là, nous aurons fait cette expérience sur une
période suffisamment longue pour pouvoir prendre une décision
conséquente et sérieuse.
Soit dit en passant, je souligne que le député de Laval
faisait état de l'expérience de la Nouvelle-Ecosse, cet
après-midi, en disant: La Nouvelle-Ecosse a fait cette expérience
et elle s'est ravisée par la suite. Je tiens à lui dire qu'elle a
fait cette expérience dans des circonstances très
différentes de celles où nous nous apprêtons à la
faire à l'automne prochain. Il se référait, entre autres,
au rapport de Jeremy Ackerman, et je le réfère au premier
document que nous avons déposé venant du comité Godin,
celui qui était particulièrement limité à l'aspect
radiodiffusion. A la page 10 de ce rapport, on peut lire ceci: "M. Jeremy
Ackerman, de la Nouvelle-Ecosse, a communiqué à la
conférence canadienne de l'Union parlementaire du Commonvealth, tenue
à Halifax du 26 au 30 juillet 1971, des commentaires qui furent
suscités par une expérience fort brève de
télédiffusion des délibérations parlementaires dans
sa province. Voici les grandes lignes, et je cite toujours l'extrait du premier
rapport Godin qui cite lui-même le rapport Ackerman: "The first objection
with respect to discomfort and inconvenience of members, at first, we did have
a problem in this respect with lights". Tout le monde sait qu'en
Nouvelle-Ecosse le problème est très différent de celui
que nous avons examiné ici, alors que les feux ou les lumières
on appelle cela des feux les feux de la rampe sont placés
très élevés au plafond de sorte qu'ils risquent on
a fait l'expérience à quelques reprises très peu
d'incommoder les députés en Chambre.
Evidemment, quelques députés m'ont dit: Cela m'aveugle!
J'ai dit: Ne regardez pas en l'air, ce n'est pas fait pour être
regardé. Habituellement, quand on est à l'Assemblée
nationale, c'est vous, Mme le Président, que nous regardons ou nos
collègues d'en face, ou encore des collègues à
côté de nous. Alors, il y a un minimum de logique. Il va falloir
s'habituer à voir des feux de cette importance qui nous viennent du
plafond. "The second objection continuait le rapport Ackerman was
to fear that it would turn the House into a circus. It is very difficult to
judge whether or not it did turn the circus into an even bigger circus, but I
do not think that, after the initial two or three days, it really had very much
effect al all". (21 h 30)
Le rapport du comité fédéral s'est penché
là-dessus et a été mis à la disposition de tous.
D'ailleurs, si vous me permettez l'expression, le petit "kit" que nous avons
mis à la disposition de tous les députés qui
étaient intéressés à ce problème, contenait,
entre autres, la constatation générale suivante. Je ne peux pas
la citer au texte parce que je ne l'ai pas sous les yeux. Mais, de
mémoire, ce rapport nous dit qu'effectivement les réactions des
députés, dans les premiers jours surtout où la
télédiffusion est installée dans une enceinte
parlementaire, sont différentes. Ces réactions varient pendant
quelques jours. Mais à peine au bout de quelque trois, quatre, cinq
jours ou une semaine, le tout revient à la normale dans le sens que tout
le monde accepte cette ambiance. Par la suite, on n'a que cette conscience
éventuellement d'être surpris par une caméra en train de
poser des gestes qui peuvent éventuellement être
désagréables à l'ensemble du public et être
retransmis à l'ensemble du public.
Ce qui rejoint un peu mon argument de cet après-midi. "The third
major objection toujours le rapport Ackerman was that the media
would have tremendous powers of editing and therefore might present a distorted
view of the work of the House for the public". Ceci, Mme le Président,
c'est un phénomène qui existe actuellement, même pour le
journalisme écrit. C'est-à-dire que c'est évident que le
"tronquage" d'un certain nombre de débats à l'Assemblée
nationale peut se faire par l'entremise des journalistes à l'emploi des
media d'information écrits. Ils en prennent la responsabilité, de
sorte que de la même façon je pense que les amendements que
nous avons apportés à la Loi de la législature en tiennent
compte si jamais des media électroniques décident de faire
du montage qui ne rend pas justice à la situation exacte qui a eu lieu
à l'Assemblée nationale, ils en prennent également la
responsabilité et, à ce moment, leur immunité qui est
transmise par les amendements du projet de loi no 78 n'existe plus.
Je me fie, ce n'est pas la première fois que je le dis, sur la
conscience professionnelle des gens des media électroniques, soit radio
ou TV pour ne pas, justement, se barrer carrément les portes de
l'Assemblée nationale par un mauvais montage ou un montage de mauvaise
foi. Ces gens, éventuellement, comme on dit en anglais, "they vote
themselves out of a job" très rapidement. Je pense, Mme le
Président, que le problème n'existe pas de ce côté.
Ceci dit toujours pour rassurer mon collègue de Laval. "The fourth major
objection c'est la dernière I think is one which is still
a very real one. And this is that many of the back-benchers are considered
since the camera does tend to go to the Premier, the ministers and the front
benchers of the Opposition continually".
Mme le Président, cela peut arriver dans certaines
Assemblées nationales ou certaines Législatures, mais je pense
que cela dépendra énormément de la participation des
députés. Justement le but, un des buts, sinon le seul, de la
télédiffusion des débats et de la radiodiffusion des
débats, c'est de revaloriser le travail du député,
peut-être l'inciter à être beaucoup plus présent. Je
sais que le député de Johnson a fait quelques remarques
là-dessus. Je partage entièrement ses vues. Je souhaite que la
venue de la télévision et de la radiodiffusion à
l'Assemblée nationale incite davantage tous nos collègues, de
quelque côté que ce soit, à être plus présents
et à essayer de participer davantage aux travaux si cela en vaut la
peine.
Cela en vaudra la peine, Mme le Président, le jour où nous
autres mêmes, c'est-à-dire tous les membres qui siègent
ici, nous nous en donnerons la peine. Mme le Président, cela
était pour répondre à ces remarques que j'ai prises de
bonne part de la part du député D'Arcy McGee, du
député de Laval et de quelques autres députés
relativement à cette espèce d'investissement permanent
vis-à-vis d'une possible retraite de ce projet, éventuellement de
la part de l'Assemblée nationale. Encore une fois, je vous assure que
l'investissement est très limité en personnel. C'est le personnel
qui est fourni par la compagnie qui fournira les caméras pendant la
période de temps où le bail-achat est en mesure de s'exercer, et
ce bail-achat, éventuellement, permettra la propriété des
caméras par l'Assemblée nationale en permettant,
également, la déduction du coût de location durant cette
période transitoire de deux ans.
Deuxièmement, Mme le Président, j'ai entendu le
député de Johnson me poser une question relativement à la
disparition, comme il le disait, des coûts du printemps 1978, vu le
retard dans la mise en application ou dans l'implantation. C'est beaucoup plus
que cela. Considérons la seule location des cars de reportage. On sait,
actuellement, qu'un studio de production existera éventuellement, si je
ne me trompe pas, au troisième étage de l'édifice A; on
est en train de l'aménager. Il fallait, en attendant que le studio de
production soit aménagé, remplacer cela par un car de reportage,
peut-être deux même si on allait jusqu'à la
télédiffusion des débats au salon rouge. En soi, cette
économie est de $600 000, me dit-on. Le fait est que nous pensons que le
studio de production sera prêt pour l'ouverture de nos travaux dès
l'automne prochain; donc, il n'est plus question de cette location de cars de
reportage. Déjà, c'est une économie de $600 000.
La deuxième économie sera réalisée si, dans
l'immédiat, nous ne nous lançons pas dans la réfection du
salon rouge ou l'adaptation du salon rouge, bien que probablement, comme c'est
arrivé ici à l'Assemblée nationale, on devra se rendre
compte qu'il y avait des travaux, de toute façon, qui étaient
nécessaires. Quand on a enlevé le tapis ici, à
l'Assemblée nationale, on s'est aperçu qu'on était
à la veille de se retrouver au sous-sol, si on ne réparait pas le
plancher. Des choses aussi banales et aussi bêtes que celle-là. Il
reste quand même qu'il y aura des coûts normaux de réfection
du salon rouge, mais le fait de ne pas mettre d'installations, tant au niveau
des caméras qu'au niveau de l'éclairage, etc., dans
l'immédiat, c'est une économie additionnelle de $1 271 000. Les
deux ensemble comportent, pour cette année en tout cas, une
économie d'environ $2 millions, de tout près de $2 millions.
J'espère que cela répond à la question du
député de Johnson.
Finalement, j'ai entendu à plusieurs reprises de la plupart des
députés de l'Opposition qui se sont exprimés à ce
sujet l'objection de la production ou de la télévision, ou de la
radiodiffusion partielle versus la production ou télévision, ou
radiodiffusion intégrale de nos débats. Le fait est que, depuis
le début, nous avons maintenu cette attitude et je souhaite que
nous continuions à la maintenir qui consiste à dire qu'il
serait vraiment injuste, et pour les media, et pour le public, et aussi, je
pense bien, pour les parlementaires, de juger du haut de notre sagesse que tel
débat n'est pas important et que tel autre l'est et de dire donc: II ne
faut pas télédiffuser tel débat qui a lieu à
l'Assemblée nationale. Je vous donne simplement un exemple très
récent. Si j'avais suivi le raisonnement du député de
Laval il n'est pas dénué de sens, soit dit en passant, et
je comprends la bonne foi avec laquelle le député de Laval nous
fait cette suggestion et que, il y a deux semaines, par exemple, nous
nous étions dit: Bon, il n'y a rien de spécial qui va se passer
cet après-midi; nous allons faire la production de la période des
questions et, ensuite, on ferme les caméras et bonjour, tout le monde
s'en va chez lui, nous aurions peut-être manqué un
élément très important de cette journée d'il y a
deux semaines lorsque le ministre des Finances a fait sa déclaration
ministérielle qui a eu lieu à 17 h 45.
M. Lavoie: II y avait eu un préavis la veille. M. Burns:
Oui, il y avait eu un préavis, bon.
M. Lavoie: La veille. (21 h 40)
M. Burns: Voilà, c'est ce que j'attendais de la part du
député de Laval. Là, justement, vous pensez en termes
d'économie, ce qui n'est pas, en soi, une économie parce que je
ne connais que très peu de techniciens de télévision
compétents qui vont accepter de venir travailler une heure par jour.
J'en connais très peu. Ou bien, pour les obtenir, il va falloir leur
payer ce qu'on leur paie normalement dans des studios de production
concurrents, par exemple, Radio-Canada, TVA et CTV, ensuite Radio-Québec
et tout ce qui est producteur de films et de cinéma. Là, on parle
véritablement d'économie je ne le dis pas de façon
péjorative de bouts de chandelle parce que ça ne sera pas
véritablement une économie. Si on veut vraiment
économiser, on va peut-être y perdre sur le plan de la
qualité. Je pense que c'est un des défis que nous avons à
relever. Si le produit est bon sur le plan du contenu, et cela reste à
nous de le faire, s'il est bon aussi sur le plan de la forme, il va se vendre,
ce produit. Voilà pour ceux qui pouvaient se poser une question au sujet
de la cote d'écoute ou quoi que ce soit.
Ce sont les quelques remarques que j'avais à faire. Je souhaite
personnellement, tout en réitérant mes remerciements à
l'endroit de tous les collègues qui ont accepté de participer
à ce débat de façon très positive, qu'on puisse
retenir fondamentalement le but qui nous anime dans cette démarche vers
la télédiffusion et la radiodiffusion des débats,
c'est-à-dire l'ouverture encore plus grande, si c'est possible, de
l'Assemblée nationale sur l'information au public et la
possibilité que le public s'y sente tout à fait chez lui.
Espérons que nous allons lui faire une place telle qu'il se sentira bien
chez lui puisque c'est quand même lui qui, éventuellement, doit en
payer les frais. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle...
M. Lavoie: Mme le Président, je n'ai pas l'intention ou la
prétention...
Mme le Vice-Président: ... j'espère que vous n'avez
pas l'intention d'intervenir sur la motion puisque la réplique est
déjà faite.
M. Lavoie: Mme le Président, si vous avez la gentillesse
de me laisser m'exprimer très brièvement, j'aurais deux points
à souligner: D'abord, une question de privilège et,
deuxièmement, selon l'article 96. Avec votre permission, je vais
commencer par l'article 96, sans soulever de débat. Je crois que
l'article 96 me donne le droit de rétablir certains faits. Le leader du
gouvernement a mentionné quatre points du rapport Ackerman,
l'expérience de la Nouvelle-Ecosse. Il est vrai que j'ai ici un avantage
sur le leader du gouvernement, j'ai le texte français. Je ne sais pas
s'il vient du ministre d'Etat au développement culturel, ce que vous
m'avez cité...
M. Burns: C'est parce que c'est l'original d'où a
été tirée la citation.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle, sans entrer dans les détails, s'il vous plaît, puisque
vous invoquez l'article 96, veuillez simplement rétablir les faits, s'il
y a lieu.
M. Lavoie: Oui, Mme le Président. Je voulais dire que du
fait que le leader du gouvernement, dans sa réplique, a parlé du
rapport Ackerman, je voulais lui mentionner que cette expérience
avant-gardiste, qui a été expérimentée en
Nouvelle-Ecosse du 22 mars au 8 avril 1971 et dont le leader a mentionné
quatre points de correctifs à faire, soit la main montrée trop
grosse, les angles aigus ou l'éclairage, je dois mentionner que cette
expérience avant-gardiste de 1971 n'a pas été suivie par
une continuité de télédiffusion des débats.
M. Burns: C'est un fait; je pense que c'est clair.
M. Lavoie: Ensuite, sur la question de privilège, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Une question de privilège,
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Dans sa réplique, le leader du gouvernement
semble laisser entendre que la décision du gouvernement serait prise sur
une télédiffusion intégrale et continue. Lorsqu'il a
répliqué de bon droit à notre argumentation sur la forme
ou l'application de la télédiffusion des débats, ia
position du leader du gouvernement fut de choisir une
télédiffusion intégrale alors que nous, sur la forme et
les modalités, sommes plutôt pour une télédiffusion
sélective. C'est là ma question de privilège parce que, en
lisant la motion, je ne vois pas que la décision soit prise dans la
motion. Le leader du gouvernement ne sera que mon égal au comité
consultatif comme il sera l'égal du député de
Rouyn-Noranda, comme il sera l'égal du député de
Beauce-Sud et comme il sera l'égal d'un représentant de l'Union
Nationale et l'égal d'un membre de l'Opposition officielle. Si on lit la
motion je ne voudrais pas la répéter ...
Mme le Vice-Président: ...seulement, M. le leader.
M. Lavoie: Je n'aimerais pas que vous m'interrompiez.
Mme le Vice-Président: M. le leader, s'il vous
plaît! J'allais simplement vous dire que je n'avais qu'à lire la
motion et qu'il deviendrait évident que les propos que vous tenez
maintenant sont ceux qu'il fallait... Voilà.
M. Lavoie: C'est une question de privilège.
Mme le Vice-Président: Mais je pense que votre question
est déjà terminée. Vous alliez lire la motion.
M. Lavoie: C'est vous qui allez décider qu'elle est
terminée!
Mme le Vice-Président: M. le leader, s'il vous
plaît! M. le leader de l'Opposition officielle, vous alliez lire... A
l'ordre, s'il vous plaît! Vous alliez lire la motion, ce que je
m'apprêtais à faire de toute façon. Puisque vous alliez
avec cette motion illustrer vos dires, je pense qu'il est maintenant temps de
mettre aux voix cette motion.
M. Lavoie: Mme le Président, je n'accepterai pas ce
bâillon. C'est clair. Restez debout, je vais m'asseoir.
M. Burns: Une question de règlement. Mme le
Vice-Président: Un moment. M. Burns: Une question de
règlement.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement.
M. Burns: Ecoutez! Je ne me suis pas levé, Mme le
Président, mais c'était évident que le
député de Laval avec.
M. Lavoie: ...terminé.
M. Burns: ...toute l'habileté que je lui reconnais est en
train de faire... Je ne sais pas ce que le député de Laval aurait
fait, Mme le Président, s'il avait été assis à
votre siège et que c'est moi qui aurais fait une réplique
à une réplique.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement.
M. Burns: Parce que la réplique clôt le
débat, Mme le Président. Je pense bien que je n'ai pas à
vous apprendre cela.
Mme le Vice-Président: Voilà.
M. Burns: Et surtout pas au député de Laval non
plus. Sauf qu'il ne faut pas prendre des moyens détournés pour
faire indirectement ce qu'on n'a pas le droit de faire directement.
M. Lavoie: Mme le Président, je voudrais terminer
très brièvement.
M. Burns: Ce qu'il est en train de faire exactement parce qu'il
ne s'agit pas d'une question de privilège. Voyons donc!
M. Lavoie: Très brièvement, ma question de
privilège.
Mme le Vice-Président: Monsieur. M. Lavoie:
Très brièvement.
Mme le Vice-Président: Sur une véritable question
de privilège...
M. Lavoie: II y a des droits des parlementaires.
Mme le Vice-Président: ...M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Je voudrais dire, Mme le Président, que nous
pouvons difficilement, en ce qui concerne l'Opposition, accepter du
gouvernement une position prise sur une télédiffusion
intégrale. Je vous dis que la motion ne dit pas cela. La motion dit que
c'est un voeu que la télédiffusion des débats se fasse au
mois de septembre et qu'il y ait un comité consultatif...
Mme le Vice-Président: M. le député.
M. Lavoie: Madame, il aurait dû y avoir de la
télévision avant. Vous auriez pu connaître ce qui se
passait dans un Parlement avant.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le leader de l'Opposition officielle, je pense que la motion veut dire ce
qu'elle veut dire, que la réplique est déjà
terminée et que c'est le moment de mettre aux voix cette motion. Je ne
considère pas votre question comme une question de privilège.
La motion du ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire, amendée, se lit comme suit: "Que
suite au rapport de l'Assemblée nationale en date du 22 février
1978, cette Assemblée est d'avis que les débats de
l'Assemblée nationale et ceux de certaines commissions parlementaires
puissent, sous l'autorité du président de l'Assemblée
nationale, être radiodiffusés et télédiffusés
dès la reprise de ses travaux à la suite de l'ajournement
d'été de 1978, et que le président de l'Assemblée
nationale soit autorisé à constituer, à ces fins, un
comité consultatif formé d'un représentant de chaque parti
politique présent à l'Assemblée nationale". Cette motion
est-elle adoptée?
M. Burns: Mme le Président, je suis informé qu'on
demanderait de toute façon un vote enregistré. Certaines
commissions n'ont pas encore terminé leurs travaux et, après
avoir fait signe à certains collègues à l'Assemblée
nationale, je m'aperçois que nous aurions probablement le consentement
pour que le vote soit reporté à demain, immédiatement
après la période des ques- tions. Je vous demande d'utiliser la
discrétion que le règlement vous permet d'utiliser...
Mme le Vice-Président: Alors, l'enregistrement des noms
sur cette motion sera fait demain à la fin des affaires courantes, juste
avant les affaires du jour.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Travaux parlementaires
M. Burns: Mme le Président, je rappelle que demain matin
il y aura trois commissions parlementaires qui vont siéger, donc que
l'Assemblée nationale ne siégera pas, ces trois commissions
étant celle de la jeunesse, des loisirs et des sports, de l'agriculture
et des richesses naturelles relativement au projet de loi no 70. Demain
après-midi nous reprendrons, j'imagine, le débat qui avait
été entrepris la semaine dernière à la suggestion
du député de Mégantic-Compton. Entre-temps, il ne me reste
qu'à vous faire la motion d'ajourner nos...
M. Lavoie: Je ne comprends pas très bien ce que vous venez
de dire. Est-ce que c'est la motion de l'Union Nationale demain, une motion des
députés, du mercredi...
M. Burns: Une motion de l'Union Nationale qui, à mon avis,
si je comprends bien, n'a duré qu'un seul mercredi.
M. Lavoie: Elle n'a pas été commencée
seulement.
M. Bellemare: Elle n'a pas été commencée,
mais on a ajourné sur la motion de Lévesque et l'amendement de
Roy.
M. Burns: D'accord, vous avez bien raison. Alors, ce sera la
motion de l'Union Nationale.
M. Lavoie: La motion de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Oui, d'accord. Parce que la décision que
devait rendre le vice-président n'a pas été rendue sur la
recevabilité de l'amendement.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais vous demander ce que nous
allons entreprendre jeudi comme travaux à l'Assemblée, à
14 heures?
M. Burns: J'ai nettement l'impression, quitte à
reconfirmer demain, que nous ajournerons les travaux de l'Assemblée
nationale pour permettre à trois commissions de siéger,
étant donné que mes bons amis d'en face ne me donnent pas ce
consentement pendant que nous poursuivons nos travaux.
M. Bellemare: C'est prévu au règlement qu'il y en a
deux et là vous arrivez avec trois maintenant.
M. Burns: Je me rappelle le temps où nous étions
bien moins nombreux dans l'Opposition et
on acceptait cela parfois, dans des circonstances spéciales. Des
circonstances spéciales, c'est, entre autres, le débat qui
traîne sur le projet de loi no 70. On y verra, autrement, à
d'autres occasions.
M. Bellemare: Au contraire, on essaie de trouver plus de
solutions.
M. Burns: Pour le moment, Mme le Président, je pense bien
qu'il serait indiqué, pour faire avancer les travaux d'au moins trois
commissions, d'ajourner les travaux de la Chambre jeudi pour permettre à
trois commissions de siéger. Puisqu'il semble que ce ne soit pas
possible de faire autrement, malgré ce grand nombre de membres dans
l'Opposition je parle évidemment de quan- tité nous
devrons probablement faire cela, mais cela reste à reconfirmer. Demain,
dans le cours de la journée, j'en aviserai les leaders parlementaires de
chaque parti. Sur ce, Mme le Président, je propose l'ajournement de nos
travaux à demain, quinze heures.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Cette
Assemblée ajourne ses travaux à demain, 15 heures.
(Fin de la séance à 21 h 53)