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(Dix heures et dix-neuf minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles. M. le
ministre des Finances.
Déclaration ministérielle
Crédit d'impôt sur les dividendes
et
récupération de la contribution
fédérale
sur la taxe de vente
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, alors qu'il semble bien que
la présente journée puisse être la dernière avant
l'ajournement d'été, il me semble nécessaire de faire le
point sur des questions fiscales dont l'Assemblée nationale doit
être informée avant de terminer ses travaux.
En premier lieu, j'avais indiqué qu'il semblait opportun de
réexaminer les dispostions relatives au crédit d'impôt sur
les dividendes. Voici maintenant le résultat de ce réexamen.
A compter de l'année d'imposition 1978, le taux de majoration des
dividendes de corporations canadiennes aux fins du calcul de l'impôt
fédéral a été porté de 33 1/3% à 50%
et le crédit pour dividendes a été ajusté de
façon correspondante.
Dans le but de faciliter le calcul des impôts pour le contribuable
québécois, j'avais annoncé, lors du discours du budget,
qu'aux fins du calcul de l'impôt québécois, la majoration
des dividendes des corporations canadiennes était aussi haussée
de 33 1/3% à 50% et le crédit d'impôt pour dividendes
porté de 11 1/4% à 12 1/2% de dividendes majorés de
façon à donner, sous forme de crédit, le plein montant de
la majoration, compte tenu du crédit fédéral.
Dans les autres provinces, le crédit d'impôt pour
dividendes est supérieur au plein montant de la majoration et ce, pour
des raisons techniques liées au fait que, dans ces provinces,
l'impôt sur le revenu des particuliers est perçu par le
gouvernement fédéral en vertu d'accords de perception fiscale.
Ainsi, bien que le crédit pour dividendes applicable au Québec et
limitant le crédit au plein montant de la majoration soit tout à
fait justifié, il a, en pratique, pour effet de créer un
écart relativement important entre le taux d'imposition des dividendes
applicable au Québec et celui applicable ailleurs au Canada.
Dans ce contexte, il m'apparaît souhaitable de modifier le taux du
crédit pour dividendes annoncé lors du discours sur le budget de
façon à réduire cet écart dans le taux d'imposition
des dividendes.
En conséquence, j'annonce qu'à compter de l'année
d'imposition 1978, le crédit pour dividendes est porté à
16 2/3% des dividendes majorés. Ainsi, le crédit pour dividendes
applicable au Québec, fédéral et québécois
ensemble, s'établit à 112,6% du montant de la majoration.
En second lieu, M. le Président, et toujours dans le cadre des
dispositions fiscales dont cette Assemblée doit être saisie avant
l'ajournement, il est nécessaire de dire quelques mots au sujet de la
façon dont le gouvernement du Québec va récupérer
la somme de $186 millions que le gouvernement fédéral doit verser
en compensation des coupures apportées à la taxe de vente.
La Chambre des communes, à la suite d'une avalanche de
résolutions de clôture, n'a adopté qu'hier soir le projet
de loi C-56. Le Conseil des ministres du Québec, après avoir
longuement examiné la question hier, en est arrivé à la
conclusion suivante:
Le gouvernement du Québec a décidé de
récupérer intégralement, par des moyens fiscaux,
l'équivalent de la somme que le gouvernement fédéral
entend distribuer au Québec, en refusant de passer par la voie d'une
entente entre gouvernements. Cette récupération se fera dans les
mois qui viennent, à moins, bien sûr, que d'ici là quelques
changements à Ottawa ne permettent de rouvrir la voie d'un arrangement
de gouvernement à gouvernement.
Le gouvernement du Québec ne juge pas utile pour le moment
d'indiquer quelles pourraient être les modalités de la
récupération. Il faudra évidemment avoir davantage de
précisions quant au moment choisi par le gouvernement
fédéral pour la distribution des montants qu'il doit payer et au
temps nécessaire pour compléter l'opération. Les formules
de récupération examinées pouvant être
appliquées à la condition d'être annoncées avant la
fin de cette année, l'Assemblée nationale sera saisie du choix du
gouvernement, au cours de l'automne.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lavoie: Je me lève sur une demande de directive, M. le
Président. Je ne voudrais pas qu'il y ait des discours, et c'est vrai
que notre règlement ne le prévoit pas directement, mais j'ai
l'impression que l'article 127 s'applique. Nous avons affaire actuellement, par
le biais d'une déclaration ministérielle, à un discours du
budget ou un mini-budget. Même si nous entendons qu'il est possible que
la session se termine dans les jours prochains... Ecoutez, M. le
Président, je crois que c'est plus sérieux, regardez votre
règlement. Il y a eu un discours du budget cette année, où
le ministre des Finances nous a présenté la politique
budgétaire du gouvernement.
Quelques jours après, concernant les contenants, les canettes, on
a changé l'assiette fiscale ou la perception des taxes ou les projets du
ministre des Finances en ce qui concerne la
taxation au Québec. Aujourd'hui, je crois que nous assistons
à un autre mini-discours du budget, et d'ailleurs cela s'est
présenté plus souvent à Ottawa qu'ici.
On sait qu'à Ottawa, à certains moments, au milieu de
l'année financière, il y a un changement important dans le budget
du gouvernement. Je vous demande une directive, M. le Président. Je
crois qu'un ministre ne peut pas uniquement passer par une déclaration
ministérielle qui ne donne aux partis de l'Opposition qu'un droit de
parole de cinq minutes ou de quelques minutes à peine. Si on appliquait
notre règlement à la lettre, chaque fois qu'il y aurait un
changement assez important dans le budget du Québec, cela ouvrirait la
porte à un débat de 15 heures et tous les députés
auraient le droit d'intervenir. Aujourd'hui il y a le changement dans les
dividendes, mais il n'y a pas encore de changement dans la taxe de vente et on
en prévoit un. Comment voulez-vous qu'il y ait un seul porte-parole de
l'Opposition officielle et un seul de l'Union Nationale qui puissent
intervenir? Aucun député ministériel n'a le droit
d'intervenir sur cela. Il faudrait prévoir dans notre règlement
cela donnerait une ouverture, je ne voudrais pas un débat de 15
heures deux ou trois fois par année qu'il y aurait un
débat de peut-être deux ou trois heures lors de la
présentation d'un budget ou d'un minibudget qui change le budget
principal du Québec. Je ne sais pas quelle est l'opinion des autres
partis, mais n'y aurait-il pas lieu de donner ouverture à un
débat d'une heure ou une heure et demie? Je ne sais pas s'il y aurait
lieu d'avoir une conférence des leaders sur cette question.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Je prends à la lettre la dernière
phrase du leader de l'Opposition officielle. Je veux témoigner de mon
ouverture également là-dessus en disant qu'il faudrait
peut-être prévoir que des déclarations d'envergure
permettent à l'Assemblée d'y consacrer un plus grand temps que
lors des déclarations ministérielles. Il faudrait le
prévoir, mais ce n'est pas ce que prévoit actuellement notre
règlement. Je pense que la déclaration du ministre des Finances
est tout à fait régulière. Il y en a eu de semblables
à celle-là. Il est évident que quand un ministre des
Finances se lève pour une déclaration ministérielle, c'est
quelque chose qui concerne l'état financier, le budget, qui affecte
certaines mesures, qui affecte les citoyens aussi. C'est son rôle. En ce
sens, il faudrait dire qu'il est le seul ministre qui n'a pas le droit de faire
de déclaration ministérielle et qu'à chaque fois qu'il se
lève c'est un discours du budget. Ce n'est pas ce que dit notre
règlement. On ne lui interdit pas de faire une déclaration
ministérielle, selon les normes de notre règlement, courte,
brève, concise, et elle suscite maintenant le droit de réplique
de cinq minutes de chaque parti de l'Opposition.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Biron: Sur cette question précise, si j'ai bien compris le leader de
l'Opposition officielle, cela s'est terminé par une suggestion de
refaire ou de réviser notre règlement. J'ai l'impression qu'on ne
va peut-être pas le réviser ce matin. Je vous encourage à
procéder à des réunions de leaders pour réviser le
règlement, de telle sorte que, lorsqu on discutera d'une question
importante concernant le budget du Québec, on puisse avoir le temps
nécessaire pour pouvoir en discuter et étudier à fond ces
différents problèmes.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Je serais d'accord avec la dernière suggestion qui
a été faite par le chef de l'Union Nationale, à savoir
qu'il faudrait prévoir dans notre règlement certains
mécanismes qui permettraient aux membres de l'Assemblée nationale
et aux représentants des différentes formations politiques qui
siègent ici de s'exprimer sur des questions de ce genre, malgré
qu'habituellement nous avons réussi à avoir l'unanimité
pour nous exprimer.
Le Président: La suggestion est bonne. Je proposerai aux
leaders un amendement à l'article 179 pour la prochaine session. Je
pense qu'il y aurait lieu d'amender l'article 179 ou 127.
M. Lavoie: Plutôt l'article 127.
Le Président: Mais il faudrait peut-être aussi le
prévoir dans le cadre de l'article 179. Je vous souligne que, lorsque la
déclaration ministérielle est de grande importance, dans le
passé comme maintenant, la présidence a toujours
été relativement large avec les cinq minutes prévues
à l'article 179, notamment la dernière fois où j'ai
été appelé à rendre une décision
là-dessus.
M. le chef parlementaire de l'Opposition officielle. (10 h 30)
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, la
déclaration du ministre des Finances se présente en deux parties.
Tout d'abord, je voudrais aborder très brièvement la
première partie de sa déclaration qui touche les dividendes.
Nous sommes témoins encore ce matin de la politique
d'improvisation du gouvernement actuel. Le ministre des Finances a
déposé son budget le 18 avril 1978, il y a à peine deux
mois, et ce matin, on nous sert notre troisième discours du budget. On a
eu le premier, l'officiel. On a eu le deuxième qui corrigeait le premier
sur la question de l'impôt sur les contenants, sur les canettes, on se le
rappellera. Ce matin, nous avons droit à une troisième version
qui corrige l'impôt sur les dividendes des corporations canadiennes.
Maintenant, nous pourrons sans doute nous attendre, au cours de la
session, à d'autres corrections. Ce n'est pas que nous ne reconnaissions
pas qu'il est important de corriger ces erreurs. A ce titre, nous ne
chicanerons pas le ministre. Si le ministre nous revient, dans quelques jours,
dans
quelques semaines ou dans quelques mois en voulant donner suite aux
promesses solennelles du Parti québécois, à savoir qu'on
aura une indexation des impôts, ce sera un correctif que nous accepterons
peut-être dans une quatrième version.
Si le ministre des Finances arrive avec une correction relative aux
droits successoraux qui ont été augmentés et qui affectent
particulièrement les petite et moyenne entreprises au Québec,
lorsqu'il y a passation des biens de père à fils, on acceptera la
cinquième version du budget. S'il y a des correctifs relativement
à la fiscalité des cadres, nous accepterons la sixième
version du budget.
Nous avons devant nous un ministre des Finances probablement bien
intentionné. J'espère bien qu'il donnera suite à ces
versions dans l'intérêt public, mais je lui conseille fortement,
lors de la préparation de son prochain budget celui-ci est
censé être le budget préréférendaire, l'autre
sera le budget référendaire d'éviter d'avoir
plusieurs versions en cours de route et d'essayer de faire le nécessaire
pour que, comme il en a été question, ce matin, dans les
dividendes, on fasse des études comparatives avec la situation de nos
voisins avant le budget plutôt que de les faire après.
Ces remarques étant faites, je vais immédiatement aborder
la deuxième partie de la déclaration ministérielle. Cette
déclaration ministérielle, si elle était prise comme
étant la seule ce matin, autrement dit s'il n'y avait pas eu de
première partie, je me demande ce que la deuxième partie
viendrait nous dire. Une déclaration ministérielle qui
déclare qu'on n'a rien à dire et rien à faire pour le
moment.
M. le Président, le ministre des Finances change de comportement
comme on change de chemise. Une journée il est solennel. Il
déclare, il prévient et il menace. Quelques heures après,
dans une conférence de presse, il savoure, il fait de l'humour, il plane
dans la joie, la liesse, l'allégresse, M. le Président. Quelques
jours après, cela va si bien qu'il déclare au gouvernement
libéral du haut de sa grandeur: Faites donc ce que vous voulez. Allez.
Allez. Allez. Allez. Vous êtes dans votre juridiction, retournez l'argent
aux contribuables. C'est votre affaire. Quant à nous, nous savons ce que
nous allons faire.
Une semaine après, M. le Président, une autre lettre. Je
ne suis pas sûr si vous avez bien fait de... Ecoutez, avez-vous bien
compris ma lettre? Avez-vous bien compris mon comportement? Avez-vous bien
compris mes déclarations? Je vous dis: Ne faites pas ce que vous avez
fait. Faites ce que je vous dis, à ce moment-ci. Ultimatum.
Deuxième lettre, du 14 juin, personne ne l'a comprise, M. le
Président. Est-ce par procédure de diversion? Mais le premier
ministre a dû aller lui-même, avec les deux lettres, les expliquer
dans une conférence de presse impromptue. Les membres de la Tribune de
la presse sont des gens fort intelligents, fort lucides, fort au courant, M. le
Président, à cause de leur expérience. Plusieurs d'entre
eux qui avaient, on ne se le cache pas, un préjugé favorable pour
le gouvernement, eh bien! M. le Président, ils ont tous
été unanimes à dire, même ceux qui avaient un
préjugé favorable: Ne faites pas les hypocrites. Vous le faites
tous les jours. Ne le faites pas ce matin encore.
Même ceux qui avaient un préjugé favorable au
gouvernement ont dit: On ne comprend plus. Qu est-ce qui se passe dans cette
affaire? On dit: Cela n'a aucun sens. Qu'est-ce que le ministre des Finances
fait? Il ouvre la porte à Ottawa. Et, de fait, Ottawa est entré
dans la porte ouverte, le 7 juin, par le ministre des Finances dans un geste ou
ambigu, comme je l'ai dit, ou d'une plus grave irresponsabilité.
M. le Président, on a peut-être pu rire un peu là,
mais soyons sérieux. Pourquoi le ministre des Finances a-t-il fait cela
le 7 juin? Pourquoi a-t-il ouvert une porte comme celle-là, alors qu'il
avait l'appui, l'unanimité de cette Chambre? Nous a-vions
nous-mêmes accordé directement, comme on se voit, face à
face, l'unanimité que demandait, que réclamait le ministre des
Finances pour régler l'affaire. Où en sommes-nous ce matin dans
cette déclaration?
M. le Président, nous avons devant nous une abdication, nous
avons devant nous un silence inquiétant. Je dis que ce gouvernement
n'agit plus avec transparence. S'il a déjà agi comme gouvernement
comme tel, il n'agit pas avec transparence. Il agit comme un gouvernement qui
s'amuse avec la chose publique au lieu de prendre ses responsabilités en
toute lumière, avec fermeté. Il avait ce qu'il fallait. Il avait
l'unanimité ici et il avait l'unanimité dans les partis de
l'Opposition à Ottawa. Il a commencé, par ses gestes, à
briser cette unanimité à Ottawa.
Ici, nous demeurons cependant fermes pour appuyer encore le gouvernement
du Québec sur les principes. Jamais nous n'accepterons qu'un
gouvernement central ait quelque chose à dire dans des domaines de
juridiction provinciale, comme la taxe de vente provinciale. Nous allons
respecter cette attitude que nous avons prise, à la face de tout le
monde. Nous allons continuer de nous défendre sur les principes et
défendre le gouvernement, malgré lui s'il le faut, parce qu'il
faut continuer de faire respecter les droits du Québec.
Nous allons continuer de donner des formules comme la formule Ryan que
nous avons fournie au ministre des Finances. Pourquoi l'a-t-il laissé
tomber? Pourquoi a-t-il offert à Ottawa, comme il l'a fait le 7 juin, de
faire ce qu'il voulait? Pourquoi ne s'est-il pas tenu à cette formule
qui respectait les droits du Québec à l'intérieur de la
Confédération canadienne? Pourquoi a-t-il laissé tomber?
Pourquoi a-t-il ouvert la porte? Pourquoi a-t-il invité en quelque sorte
le ministre fédéral des Finances à faire ce qu'il fait
maintenant avec son bill C-56? C'est là une responsabilité
à laquelle devra répondre le ministre des Finances.
Nous continuerons d'appuyer le gouvernement sur les principes. Nous
continuerons de faire valoir les droits du Québec, mais nous allons
continuer de dire, et nous allons le dire plus que
jamais, M. le Président, que nous avons devant nous soit un
gouvernement irresponsable, ou un gouvernement qui se comporte comme l'a dit
Doris Lussier, lorsqu'il a indiqué la voie à suivre au
gouvernement. C'est-à-dire que le gouvernement suit déjà
cette voie, lorsqu'il veut mettre tout ce qui va mal sur le dos du
fédéral, tel qu'il était indiqué dans le texte
rendu public hier. Qu'est-ce qu'on prépare? Qu'est-ce que l'on veut? (10
h 40)
Dans sa réplique, le ministre des Finances doit nous dire ce
qu'on prépare pour l'automne. On parle de l'automne. On va renseigner
les gens, la population à l'automne. D'ici l'automne, non. Est-ce qu'on
va faire de nouvelles négociations? Dans quel climat peut-on le faire
après avoir fait des déclarations aussi irresponsables? Est-ce
qu'on veut préparer, intoxiquer, manipuler l'opinion publique pour
avoir, à l'automne, une taxe référendaire?
M. le Président, quelles sont les intentions du gouvernement? Le
public a le droit à l'information. Cette Assemblée devrait
être la première à connaître les intentions du
gouvernement et les intentions du ministre des Finances. Autrement, nous allons
dire: Nous vous appuyons sur les principes, mais nous retirons tout appui pour
un gouvernement complètement irresponsable et qui ne veut pas agir comme
un bon et vrai gouvernement.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, j'ai été
très heureux de lire la première partie de la déclaration
ministérielle du ministre des Finances. Je dois lui rappeler quand
même que, les 25 et 27 avril dernier, alors que je lui posais des
questions concernant la politique du gouvernement du Québec sur les
dividendes de corporations canadiennes, le ministre des Finances me disait
qu'il n'y avait pas de discrimination à l'endroit des
Québécois.
Je suis heureux de voir que, comme tout homme intelligent qui
s'aperçoit qu'il a fait une erreur quelque part, il a réussi
à changer d'idée et à corriger cette erreur, et que,
finalement, les Québécois qui retirent des dividendes de
corporations canadiennes vont pouvoir être traités sur un pied
d'égalité avec les autres Canadiens des autres provinces
canadiennes. Cela aurait été beaucoup plus sérieux,
beaucoup plus responsable quand même de revoir ces chiffres, d'apprendre
à compter avant de déposer le budget. Mais, du fait que nous
changions de 12 1/2% à 16 2/3% la majoration de crédit des
dividendes, on va à peu près arriver aux chiffres dont j'avais
parlé il y a environ deux mois. Je dois dire que je suis heureux de voir
que des Québécois vont finalement profiter de cette
décision du ministre des Finances.
Ce que je voudrais savoir du ministre des Finances lorsqu'il fera sa
réplique, c est ceci: Quelles implications cela aura-t-il sur le budget
du Québec? Quel sera le manque à gagner du
Québec après cette majoration de 11 1/2% à 16 2/3%
Qu'est-ce que cela représente en dollars pour le budget du
Québec?
Pour ce qui est de la deuxième partie de la déclaration du
ministre des Finances, en ce qui touche le problème de la taxe de vente,
je tiens à rappeler la position de l'Union Nationale qui. au
début, a fermement appuyé le gouvernement du Québec dans
le respect de la juridiction du Québec.
Je dois dire qu'au cours des derniers jours de la dernière
semaine, j'ai eu beaucoup de difficultés à suivre le cheminement
du ministre des Finances et du gouvernement du Québec. Cela a
été un peu pour moi incompréhensible de voir certains
changements dans l'attitude du ministre des Finances et du gouvernement du
Québec, d'autant plus que, comme l'a souligné tout à
l'heure, avec justesse, le chef de l'Opposition officielle, pour une fois, on
avait réussi à convaincre l'Opposition officielle d'être
unanime avec les Québécois. Il aurait fallu que le ministre des
Finances s'en tienne à la décision, à mon point de vue, de
cette Assemblée nationale qui l'appuyait en totalité sur les
actions à entreprendre pour récupérer les sommes d'argent
qui étaient dues aux Québécois ou au gouvernement du
Québec par le gouvernement fédéral.
Je voudrais bien connaître, par la réplique du ministre des
Finances, ce matin, les raisons qui ont motivé son changement d'attitude
au cours des dix derniers jours et pourquoi il a maintenant fait savoir qu'il
n'était plus aussi ferme dans sa décision ou dans sa position
qu'il l'était, lorsque le problème de la taxe de vente a pris
naissance à Ottawa et à Québec. Je répète
que la solution québécoise, à mon point de vue,
était beaucoup plus juste, beaucoup plus facile, beaucoup plus
raisonnable et sans frais pour les contribuables du Québec.
Maintenant que nous avons adopté une autre solution, il faudrait
savoir ce que cela va coûter. Lorsque le ministre des Finances, au cours
de l'été, avant de prendre sa décision définitive
pour l'automne, va calculer comment récupérer les montants de $85
ou le montant de $186 millions payés à des
Québécois par le gouvernement canadien, alors que le gouvernement
canadien doit $186 millions au gouvernement du Québec, je voudrais bien
que le ministre des Finances examine très clairement et très
justement ce que cela va coûter en perte en dollars pour le gouvernement
du Québec, donc automatiquement pour les contribuables du
Québec.
Le ministre des Finances, l'autre jour, nous a parlé de $3
millions que cela pourrait coûter, à peu près, l'envoi des
chèques et la récupération, mais est-ce qu'on va pouvoir
faire une récupération intégrale? Le ministre des Finances
nous dit: Au cours de l'été on verra, le moment indiqué,
quelles pourraient être les modalités de la
récupération. Est-ce qu'avec ces modalités on va pouvoir
récupérer la totalité des sommes d'argent qui sont
dispensées dans tout le Québec?
Il faudrait aussi que le ministre des Finances
profite de sa réponse de ce matin pour, peut-être,
sécuriser certains Québécois. Il y a toutes sortes de
rumeurs qui ont couru sur les modalités de récupération.
Une question m'a été posée, il y a quelques jours, par des
hommes d'affaires, à savoir qu'il y avait une taxe d'affaires
spéciale sur les entreprises pour récupérer les $186
millions. Je leur ai dit qu'il n'en avait pas été question du
tout à ce jour, que je serais très surpris de voir une taxe sur
les entreprises qui sont déjà passablement taxées au
Québec. Ce ne sont d'ailleurs pas les entreprises qui recevront les $186
millions, ce sera la population du Québec. Alors je voudrais que le
ministre des Finances clarifie cette situation afin que les rumeurs
arrêtent de circuler et qu'on aille véritablement chercher
l'argent où il est. J'encourage le ministre des Finances à
continuer ses négociations et ses rencontres avec le gouvernement
fédéral, et à trouver le moyen de leur faire comprendre le
bon sens, soit de payer véritablement, si on doit l'argent, au
gouvernement du Québec.
Je voudrais aussi que le ministre des Finances, au cours de
l'été, nous explique véritablement sa formule,
comparée à la formule Chrétien. Nous avions parlé
au début de 12 000 emplois créés au Québec avec la
formule Parizeau, de 7000 avec la formule Chrétien, mais avec deux ou
trois mois, au cours de l'été, il y aura moyen de faire des
études beaucoup plus précises et de clarifier la situation. Ce
serait intéressant pour les Québécois de savoir la
situation exacte. Jusqu'ici, je pense qu'il faut se fier à des
prévisions qui ont été faites de part et d'autre, de bonne
foi des deux côtés, je pense bien.
Je voudrais aussi, tout en terminant, M. le Président, que la
solution à ce problème de taxe de vente puisse joindre deux
grands principes à mon point de vue: respecter le principe
constitutionnel et, deuxièmement, respecter les principes
économiques, c'est-à-dire une bonne administration, le moindre
coût possible pour les contribuables québécois, et
automatiquement pour leur gouvernement à Québec.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Beaucoup de choses ont
été dites, tant par le chef parlementaire du Parti libéral
que par le chef de l'Union Nationale. Cependant, je voudrais préciser
deux points. C'est que, sur la première partie de la motion, nous sommes
évidemment d'accord qu'il s agit là d'une amélioration
à ce qui avait été annoncé antérieurement.
Mais, comme l'a si bien dit le chef du Parti libéral, je pense que le
ministre des Finances du Québec doit quand même offrir aux
Québécois une image de sécurité, une image de
stabilité. Et je pense qu'actuellement nous risquons que soient remises
en question toutes les décisions du ministre des Finances au cours des
prochains mois, et surtout au cours du prochain budget. Il y a eu ce changement
d'attitude relati- vement à la taxe sur les canettes, aujourd hui on
nous annonce d'autres changements et il est possible qu'on nous annonce
d'autres changements plus tard. Alors il y a danger, lorsque le ministre des
Finances prononcera le discours du budget. On sait très bien que,
même si les lois ne sont pas amendées, les décisions
annoncées à l'Assemblée nationale entrent
immédiatement en vigueur, comme c est la tradition. Alors il y a un
danger énorme de ce côté-là, et je veux faire une
sérieuse mise en garde au ministre des Finances du Québec.
Pour ce qui a trait à la deuxième partie, il est
évident qu'actuellement il y a une décision qui est prise et qui
ne relève pas du Québec puisque la loi fédérale a
été adoptée hier soir. C'est une décision qui a
été prise par le gouvernement fédéral de ne pas
tenir compte des vues et des recommandations du gouvernement du Québec.
Evidemment, on se rappellera que le 11 avril dernier j'avais été
l'auteur d'une motion qui avait réussi à faire l'unanimité
de la Chambre. Il y a eu une deuxième motion qui a été
présentée par le chef de l'Opposition officielle, motion à
laquelle j'ai proposé un amendement auquel tout le monde s'est
rallié pour donner un appui unanime de cette Chambre au ministre des
Finances. Je pense que, fort de cet appui, le ministre des Finances aurait
dû adopter une attitude ferme et laisser le gouvernement
fédéral porter l'odieux de sa volonté de s'imposer et de
s'immiscer dans les affaires de la province. (10 h 50)
En terminant, j'aimerais demander au ministre des Finances quand il sera
en mesure d'informer les Québécois de la décision qu'il
prendra relativement à la récupération des $186 millions.
Je pense qu'il est important que nous sachions quand. Deuxièmement,
j'aimerais demander au ministre des Finances s'il songe, dans ses
réflexions, tel que je l'ai déjà suggéré
dans cette Assemblée, à prendre les mesures qui s'imposent afin
de rapatrier unilatéralement une partie de l'impôt sur le revenu,
même en admettant qu'il nous faudra nous retirer de certains programmes
à frais partagés. J'aimerais bien connaître l'opinion du
ministre des Finances là-dessus.
Le Président: M. le ministre des Finances. M. Jacques
Parizeau
M. Parizeau: En réplique à ce qui vient
d'être dit, j'aurai quelques brefs commentaires. La première
partie, c est-à-dire les modifications apportées à
l'impôt sur les dividendes. Nous avons, à l'occasion du discours
du budget, procédé, je pense on en conviendra en toute
équité à des modifications majeures d une bonne
partie de la structure des impôts au Québec. Qu'à partir
d'une transformation aussi massive, dans les mois qui suivent, on soit
amené à faire deux modifications, il n'y a là, à
mon sens, rien qui doive surprendre. Ou, alors, on serait simplement
taxé d'entêtement.
Dans ce sens, la modification dont je parle ce matin est due, pour une
part, au budget du Qué-
bec et, il ne faut pas l'oublier, pour une part aux transformations qui
se sont faites à peu près en même temps au Canada. On peut
alors, par entêtement, refuser de changer quoi que ce soit ou simplement
constater que l'écart, effectivement, commence à devenir un peu
considérable et qu'il faut, pour une part, le corriger.
Dans ce sens, nous ne recevons pas pour rien, par exemple, les
communications de la Chambre de commerce de la province de Québec qui,
entre autres choses, nous a fait des représentations là-dessus.
Est-ce que ce qu'on me demande, c'est de recevoir des représentations
à la fois des partis de l'Opposition, parce que certains de ses membres
ont parlé de ces représentations, en particulier le chef de
l'Union Nationale, et de recevoir un certain nombre d'associations d'hommes
d'affaires et de dire: "Je suis coulé dans le ciment, surtout, je ne
bougerai sur rien"? Et si le moindrement on est amené à faire
quelques modifications que ce soit, on dit non? On dit que c'est
indécent? On dit que c'est obcène? Non, M. le Président.
Si tant est qu'on arrive à me persuader qu'à un moment
donné il faut modifier des dispositions du budget et que le Conseil des
ministres est prêt à me suivre là-dessus, je ne me
considérerai jamais comme déshonoré parce que, sur un
ensemble de transformations fiscales, on se rend compte qu'à un moment
donné il faut en corriger une.
Pour en conclure avec cette première question, le chef de l'Union
Nationale me demandait quel serait le coût de la mesure. Il n'y a pas de
coût pour l'année 1978/79, mais pour l'année 1979/80, il
s'agit d'un coût de $11 millions.
Passons maintenant à la deuxième question. Le gouvernement
a décidé, hier, d'attendre quelque temps avant d'annoncer ce
qu'il a l'intention de faire pour récupérer les $186 millions que
le gouvernement fédéral va distribuer. Nous pensons bien que les
distributions faites par le gouvernement fédéral commenceraient
quelque part au mois d'août. Cela peut se poursuivre pendant un certain
temps parce que les livres, quant à l'année 1977, ne sont pas
encore fermés et ne seront pas fermés avant quelques mois.
Dans ces conditions, il est sage de ne pas trop se hâter quant aux
scénarios que l'on peut choisir. Le gouvernement fédéral a
décidé de distribuer ces chèques de $85. Contrairement
à ce que disait le chef parlementaire de l'Opposition officielle, il n'a
pas attendu ma lettre pour le décider. La proposition très
détaillée que je lui ai présentée le 7 juin n'a pas
été acceptée. Le gouvernement fédéral,
indépendamment de toutes les représentations qui lui ont
été faites, a décidé de procéder à I
émission de ces chèques. On peut donc chercher à
s'entredéchirer là-dessus. Il me paraît plus utile, tout
simplement, de constater que le gouvernement fédéral vient de
créer de cette façon un dangereux précédent, de
modifier des comportements constitutionnels traditionnels et classiques au
Canada. Qu'il a adopté, et Dieu sait si on l'a dit souvent, comme
principe de distribution de cette somme d'argent, un principe
extraor-dinairement injuste sur le plan social puisqu'en définitive tous
ceux qui ne gagnent pas assez cher pour avoir droit à un remboursement
ne l'auront pas. Tout ce que nous avons indiqué ce matin, c est,
d'abord, que le gouvernement a la ferme intention d'aller
récupérer un montant équivalent et, deuxièmement,
qu'il indiquera plus tard, c est-à-dire au moment de la session
d'automne, comment il a l'intention de procéder.
Cette affaire, manifestement, n'est pas close. On a pu penser, dans
certains milieux, qu'elle le serait. Je terminerai en disant ceci: Le chef
parlementaire de l'Opposition officielle, tout à l'heure, me disait:
Dans cette deuxième partie, il n'y a rien, comme contenu d'une
déclaration ministérielle. Oui, il y a quelque chose. Il y a la
possibilité qui me paraissait normale de faire en sorte que non pas
à travers la période des questions, mais par une
déclaration ministérielle chacun des partis qui ont
collaboré avec nous depuis le début dans cette opération
puisse indiquer clairement ce qu'il pensait de son déroulement
jusqu'à maintenant.
Le chef de l'Opposition officielle conviendra avec moi que, dans la
mesure où on annonce simplement que la déclaration quant au mode
de récupération viendra plus tard, on aurait pu le faire à
l'occasion d'une question. On aurait même pu, comme on nous en accuse
parfois, planter une question et cela se serait arrêté là.
Au nom de l'unanimité que nous avons développée entre nous
depuis deux mois sur cette question, il me semblait normal, il me semblait
décent, à l'occasion d'une déclaration
ministérielle comme celle-là, même si elle consiste
simplement à dire que la solution viendra plus tard, de permettre
à chacun des partis de dire spécifiquement ce qu'il pensait.
Merci, M. le Président.
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre du Revenu.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport de la Régie des loteries et courses du
Québec
M. Parizeau: M. le Président, conformément à
l'article 19 de la Loi sur les loteries et courses du Québec, j'ai
l'honneur de déposer le rapport de la Régie des loteries et
courses du Québec pour l'année financière 1977/78.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Finances.
Rapport du Curateur public du Québec
M. Parizeau: M. le Président, conformément à
l'article 40 de la Loi de la Curatelle publique, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du Curateur public du Québec pour
l'année terminée le 31 décembre 1977.
Le Président: M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement, au nom de M. le ministre de l'Education.
Rapport de l'Ordre des comptables agréés
du Québec
M. Charron: Oui, M. le Président. Au nom du ministre
responsable des corporations professionnelles, j'ai l'honneur de déposer
le rapport annuel de l'Ordre des comptables agréés du
Québec pour l'année terminée le 31 mars 1978.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires sociales.
Rapport de la Régie de l'Assurance-maladie du
Québec
M. Lazure: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel 1977/78 de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Transports.
Rapport de la Commission des transports du
Québec
M. Lessard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1977/78 de la Commission des transports du
Québec.
Le Président: Rapport déposé.
M. le ministre des Affaires culturelles.
Rapport du ministère des Affaires
culturelles
M. Vaugeois: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel du ministère des Affaires culturelles
pour l'année 1977/78.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Rapport des tuteurs de syndicats de l'industrie de la
construction
M. Johnson: M. le Président, en vertu des
différentes lois des tutelles de certains syndicats dans l'industrie de
la construction, il me fait plaisir de vous présenter le premier rapport
annuel des tuteurs nommés le 27 octobre 1977.
Rapport de la Commission des droits de la personne du
Québec
Le Président: Rapport déposé. J'ai
moi-même le plaisir de déposer le deuxième rapport annuel
de la Commission des droits de la personne du Québec, qui s'intitule Un
défi de justice pour tous. (11 heures)
Le Président: Dépôt de rapports de
commissions élues. M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, il y a un certain nombre de
rapports de commissions élues qui doivent être faits à
l'instant. Mais tout de suite, je voudrais solliciter de l'Assemblée la
permission de déposer, en cours de séance, entre
différents articles de l'ordre du jour, certains rapports qui nous
parviendraient de travaux de commissions qui se sont achevés tard hier
soir et que l'équipe technique n'a pas eu le temps de rassembler encore
pour ce matin.
Le Président: Y a-t-il consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Dans un esprit de collaboration.
M. Charron: Merci.
Le Président: II y a consentement. Ce sera fait au cours
de la journée, M. le leader parlementaire du gouvernement?
M. Charron: Oui.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
est-ce que vous déposez le rapport de M. le député de
Laprairie?
M. Charron: II est là, M. le Président. Le
Président: M. le député de Laprairie. M. Michaud:
Comme toujours...
Le Président: A l'ordre. M. le député de
Laprairie, vous avez la parole pour déposer votre rapport.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 55
M. Michaud: M. le Président, malgré les
commentaires...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît.
M. Michaud: ... un petit peu injustifiés, injustifiables
et imbéciles souvent, nous allons procéder. Qu'il me soit permis
de déposer le rapport de la commission élue permanente des
finances et des comptes publics qui a siégé le 21 juin 1978 aux
fins d'étudier article par article le projet de loi no 55
intitulé: Loi sur l'organisation des parties patronale et syndicale aux
fins des négociations collectives dans les secteurs de
l'éducation, des affaires sociales et des organismes gouvernementaux, et
l'a adopté avec des amendements.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
des Finances.
Rapport des commissions ayant étudié les
crédits de 1978/79
M. Parizeau: M. le Président, conformément à
l'article 130 du règlement de l'Assemblée nationale, j'ai
l'honneur de déposer le rapport regroupant les différents
rapports des commissions permanentes élues qui ont procédé
à l'étude des crédits
du budget de l'année financière 1978/79 pour chacun des
ministères du gouvernement du Québec. Ces commissions ont tenu 61
séances pour un total de 222 heures et 24 minutes.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
Suppension de règles de pratique
relativement à certains projets
de loi privés
M. Charron: M. le Président, j'ai un certain nombre de
projets de loi privés qui devraient être déposés ce
matin mais, immédiatement, je dois à nouveau solliciter de
l'Assemblée la permission de déroger à certaines
règles de pratique qui concernent ces projets de lois privés. Je
prends d'avance note de l'opinion que pourrait émettre à nouveau
le député de Bonaventure qui y souscrit à nouveau
également. Par exemple, en ce qui concerne le projet de loi no 223, M.
le Président, en ce qui concerne les Soeurs de la Charité de
l'Hospice de Sainte-Croix de Marieville, tout est régulier, sauf que le
projet de loi a été déposé au secrétariat
des commissions après le jour de l'ouverture de la session. Il y aurait
donc lieu de suspendre la règle de pratique à cet égard.
J'en fais motion, M. le Président.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: En ce qui concerne le projet de loi no 235 modifiant
la Charte du Cimetière de l'est de Montréal. C'est palpitant, ce
matin, je ne sais pas si vous avez remarqué?
M. Levesque (Bonaventure): 33% sont intéressés.
M. Lavoie: Cela fait suite au sondage.
M. Charron: M. le Président, tous les avis ont
été...
M. Lavoie: C est bien le cimetière de l'est. Le
Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: C'est dans votre coin. Préparez-vous.
M. Charron: C'est là où il ne reste plus un seul
député libéral.
M. Lavoie: Oui, mais il y a de la place au cimetière pour
vous.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charron: Avec le croque-mort que vous avez comme chef, cela ne
me surprendrait pas. M. le Président, à la loi 235, tous les avis
ont été publiés, sauf que le projet a été
déposé au secrétariat des commissions après le jour
d'ouverture de la session. Je fais donc la même motion que
précédemment.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: La loi 236, tous les avis ont été
publiés. Je donne le titre de la loi: Loi modifiant la charte des Soeurs
de la Congrégation Notre-Dame. Le projet a été
déposé au secrétariat des commissions après le jour
de l'ouverture de la session et les avis ont été publiés
après le jour de ce dépôt, alors qu'au moins un avis aurait
dû être publié avant ce dépôt. Je fais donc
motion pour suspendre la règle de pratique qui a été
violée.
Le Président: Est-ce que cette motion sera adoptée?
Adopté.
M. Charron: La loi 240, Loi concernant Jo-seph-Gino Gagné.
Le projet a été déposé au secrétariat des
commissions après le jour de I ouverture de la session et ce
dépôt n'a pas été précédé d'au
moins une publication d'avis. Il y a donc lieu de suspendre les règles
de pratique à cet égard.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: ... dépôt. Le Président:
Adopté.
M. Charron: La loi 263, Loi concernant le Parc du Souvenir (1976)
Inc. Tout est régulier, sauf qu aucun avis n'a été
publié dans les journaux anglais. Souvenir 1976, qu est-ce que vous
voulez? Je fais donc motion pour suspendre la règle de pratique.
Le Président: Est-ce que cette motion sera adoptée?
Adopté.
M. Charron: Finalement, à la loi 265, tout est
régulier, M. le Président.
Le Président: Pas de motion pour la loi 265.
M. Charron: Je fais motion pour qu elle soit acceptée
quand même.
Le Président: Présentation de projets de loi au nom
du gouvernement.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Charron: Article j), M. le Président.
Projet de loi no 68 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Finances propose la
première lecture du projet de loi no 68, Loi constituant la
Société des loteries et courses du Québec.
M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, ce projet de loi, qui
remplace les dispositions de la Loi sur les loteries et courses ayant trait
à la Société d'exploitation des loteries et courses du
Québec, a principalement pour objet: a) de remplacer l'actuelle
Société d'exploitation des loteries et courses par une compagnie
à fonds social à être connue sous le nom de
Société des loteries et courses; b)de prévoir que les
actions de cette nouvelle société sont attribuées au
ministre des Finances; c)de confier l'administration des affaires de la
société à un conseil d'administration composé de
sept membres dont un président qui est également président
et directeur général de la société; d) de
prévoir que les fonctions de la société seront de conduire
et d'administrer des systèmes de loteries et, si le gouvernement l'y
autorise, de tenir des courses et de promouvoir l'industrie
québécoise de l'élevage des chevaux de courses; e) de
permettre à la société de déterminer les normes et
conditions relatives au système de loteries qu'elle conduit et
administre; f) de soustraire, à l'application de la Loi sur les
loteries, les courses, les concours publicitaires et les appareils d'amusement,
des activités de la société ayant trait au système
de loteries.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Charron: Article i), M. le Président.
Projet de loi no 67 Première lecture
Le Président: M. le ministre du Revenu propose la
première lecture du projet de loi no 67, Loi sur les loteries, les
courses, les concours publicitaires et les appareils d'amusement.
M. le ministre du Revenu.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, ce projet de loi vise
à doter le Québec d'un organisme chargé de surveiller,
réglementer et contrôler les courses, les systèmes de
loteries autres que gouvernementaux, les concours publicitaires et
l'exploitation des appareils d'amusement. Cet organisme, la Régie des
loteries et courses du Québec, succède à la régie
portant le même nom instituée par le chapitre 28 des lois de 1969
dont ce projet de loi remplace les sections I, II, III, V, et VI. La loi
imposera, aux personnes qui exercent certaines activités dans le domaine
des courses, des systèmes de loteries ou appareils d'amusement,
l'obligation de détenir une licence émise par la régie et
de payer les droits qui s'y rattachent.
La loi imposera le prélèvement de droits lors de la tenue
au Québec de concours publicitaires. La loi permettra à la
régie de faire des règles pour fixer les modalités, les
conditions et les normes concernant l'obligation et la conduite des courses,
des systèmes de loteries et des concours publicitaires et l'exploitation
des appareils d'amusement ainsi que les règles de procédure et de
pratique relatives aux affaires dont la régie devra disposer. ( 11 h
40)
La loi confiera à la régie en matière de courses la
juridiction exclusive pour connaître et disposer des affaires ayant trait
à son application et pour imposer en cette matière des sanctions
ou des amendes. La régie aura aussi juridiction pour connaître et
disposer de certains litiges en matière de système de loteries,
de concours publicitaires et d'appareils d'amusement. Les décisions de
la régie seront sans appel.
Le chapitre I traite des définitions. Le chapitre II porte sur la
constitution, les fonctions et les pouvoirs de la régie. Le chapitre III
contient les dispositions relatives à l'émission des licences,
aux droits qui s'y rattachent et aux exigences des conditions qui s'y
rapportent. Il traite aussi de l'immatriculation de certains appareils ainsi
que de l'enregistrement requis dans certains cas en matière de courses.
Le chapitre IV concerne le prélèvement des droits relatifs aux
concours publicitaires. Le chapitre V a trait à la tenue et à la
conservation des ivres, registres et autres documents, à la production
de rapports et aux pouvoirs de vérification, d'enquête, de
perquisition et de saisie de la régie. Il traite également du
recouvrement des sommes dues à la régie, des cotisations, des
remboursements et des intérêts qui s'y appliquent, de même
que du droit conféré à une personne cotisée par la
régie de s'opposer à la cotisation et d'en appeler devant les
tribunaux. Le chapitre VI concerne le pouvoir réglementaire. Le chapitre
VII traite des infractions et peines. Le chapitre VIII contient des
dispositions diverses.
Le Président: Cette motion de première lecture
sera-t-elle adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Charron: M. le Président, je voudrais solliciter le
consentement de l'Assemblée pour qu'un article qui figure en appendice
à notre feuilleton, une loi annoncée au nom du ministre des
Finances, soit appelé en première lecture à ce
moment-ci.
Le Président: Y a-t-il consentement?
M. Lavoie: Est-ce qu'on pourrait avoir une explication avant de
donner notre consentement?
M. Charron: Le ministre des Finances... M. Lavoie: Qu'est-ce que
c'est?
M. Parizeau: Je comprends simplement que cela aurait dû
être mis au feuilleton régulièrement et qu'il y a eu un
oubli; ou je ne sais pas très bien quoi.
M. Lavoie: Avant de donner notre consentement, on aimerait
savoir...
M. Parizeau: II s'agit essentiellement de modifications à
la Loi sur les impôts qui découlent des déclarations
ministérielles que j'ai eu à faire depuis presque un an.
Une Voix: D'accord.
M. Lavoie: Cela ne comprend pas la déclaration
ministérielle d'aujourd'hui.
M. Parizeau: Non. Tout ce dont il s agit, n'est-ce pas, c'est une
série... Vous vous souviendrez qu'il y avait toute une série de
cas de concordance avec les lois fédérales, de modifications qui
avaient été apportées à l'occasion de diverses
déclarations ministérielles dans le cours de I année
précédente.
M. Lavoie: D'accord. Consentement.
Projet de loi no 65 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Finances propose la
première lecture du projet de loi 65, Loi modifiant la Loi sur les
impôts et certaines dispositions législatives d'ordre fiscal.
M. le ministre des Finances.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: Ce projet de loi fait suite à la
déclaration ministérielle du ministre des Finances du 21
décembre 1977 et contient la plupart des modifications proposées
à la loi fédérale par le projet de loi C-11,
sanctionné le 15 décembre 1977, et certaines mesures contenues
dans le projet de loi C-22, sanctionné le 24 février 1977,
à
I'égard des organismes de charité. Ce projet de loi donne
également suite au discours sur le budget du 18 avril 1978 et contient
les mesures nécessaires au réaménagement des exemptions
personnelles, la simplification du calcul de l'impôt, la modification de
la table des taux d'imposition et I introduction de mesures plus restrictives
visant certaines dépenses, notamment les dépenses d automobile.
Ce projet de loi contient enfin certaines mesures pour préciser
certaines règles pour pallier à des échappatoires et, en
général, pour faciliter l'application de la Loi sur les
impôts. Il inclut également certaines mesures de concordance
à la Loi autorisant le paiement d'allocations à certains
travailleurs autonomes.
Le Président: Cette motion de première lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Charron: Article h), M. le Président.
Projet de loi 194 Première lecture
Le Président: M. le député de Beauce-Sud
propose la première iecture du projet de loi 194, Loi reconnaissant le
droit à la libre disposition du peuple québécois.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. A quelques heures de notre
fête nationale, j'ai le plaisir et I'honneur de présenter à
cette Chambre le projet de loi 194 intitulé Loi reconnaissant le droit
à la libre disposition du peuple québécois. Cette loi,
dans sa portée générale, reconnaît en droit qu'il
appartient aux Québécois de décider eux-mêmes de
leur devenir politique.
M. Levesque (Bonaventure): II y a M. Chalout qui avait fait une
déclaration comme cela, mais le drapeau est monté en même
temps. Je ne sais pas ce que le premier ministre va dire.
M. Lévesque (Taillon): On ne l'a pas baissé.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Roy: M. le Président, si j'avais I appui de cinq
collègues, je demanderais un vote enregistré. Alors, M. le
Président, j'ai l'appui de mes collègues de l'Union Nationale et
du Parti québécois.
Le Président: Qu'on appelle les députés.
(Suspension à 11 h 16)
(Reprise à 11 h 27)
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous avons
demandé, vu l'importance du sujet, qu'un exemplaire de ce projet de loi
soit distribué à tous les députés. On nous a
répondu que ce n'était pas selon les traditions et que la
première lecture était faite en vertu de l'article 117 qui n'est
que la présentation du projet de loi. Vous comprendrez que nous allons
voter en faveur de la présentation, mais que nous réservons nos
droits sur le fond de la question, en deuxième et troisième
lectures.
Le Président: C'est toujours implicite, M. le chef
parlementaire de l'Opposition. A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège. Je
n'aime pas ce genre de réaction au moment d'un vote, alors que notre
sens des responsabilités et nos devoirs envers la population du
Québec exigent qu'on ait lu un projet de loi avant de se prononcer. Il
n'y a que les imbéciles qui soient prêts à voter les yeux
fermés.
M. Roy: Sur un point de règlement.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
voulez-vous intervenir sur une question de privilège?
M. Roy: Sur un point de règlement.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Le vote de première lecture est toujours un vote
pour accepter le dépôt d'un projet de loi à
l'Assemblée nationale. Je pense qu'il n'y a pas de question de
règlement ni d'histoire à faire sur ce projet de loi particulier,
c'est la procédure habituelle qui prévaut lors du
dépôt de tous les projets de loi, que ce soient les projets de loi
du côté gouvernemental ou les projets de loi des
députés.
M. Charron: M. le Président...
Le Président: Je voudrais juste souligner qu'en
première lecture c'est tout simplement un vote pour accepter de prendre
connaissance d'un projet de loi.
M. Charron: Je voulais rappeler cela et dire qu'il y a eu une
seule fois où les amis se sont opposés au dépôt en
première lecture d'un projet de loi, c'était celui qui faisait du
français la langue officielle du Québec. (11 h 30)
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le chef parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Le député de
Saint-Jacques semble avoir la mémoire courte, parce que sur le projet de
loi 22 ils ont eux-mêmes voté contre en première lecture.
Deuxièmement, lorsque nous avons voté contre en première
lecture, quant au projet de loi no 1, 101 avait été
précédé du projet no 1 et le no 1 lui-même avait
été précédé du livre blanc exposant la
politique du gouvernement. C'est là que nous avons voulu indiquer, par
notre vote, que nous étions contre le livre blanc exprimé par le
gouvernement qui s'est traduit très bien dans les projets de loi 1 et
101. Mais le député de Saint-Jacques a tort et est même
téméraire dans ses rappels.
Mise aux voix de la première lecture
Le Président: ... A I ordre, s il vous plaît! Je
vais maintenant appeler la mise aux voix de la motion de première
lecture du projet de loi no 194 qui s intitule Loi reconnaissant la libre
disposition du peuple québécois. Que ceux et celles qui sont en
faveur de cette motion de première lecture veuillent bien se lever, s il
vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Roy, Lévesque (Taillon),
Charron, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bedard. Morin (Louis-Hébert),
Parizeau, Landry, Léonard, Couture, Tremblay, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, MM. de Belleval, Joron, Mme Payette, MM. Lessard, Proulx, Duhaime,
Lazure, Léger, Tardif. Garon, Vaugeois, Michaud, Paquette. Vaillancourt
(Jonquière), Marcoux, Alfred, Chevrette. Martel. Fallu, Rancourt, Mme
Leblanc, MM. Bertrand, Godin, Laplante, Bisaillon, de Bellefeuille. Guay,
Gendron, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste. Ouellette, Perron, Brassard,
Gosselin, Lefebvre. Dussault. Charbonneau, Beauséjour, Desbiens. Baril,
Bordeleau, Boucher. Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Gagnon, Jolivet. Levesque (Bonaventure), Lavoie, Vaillancourt (Orford),
Lalonde, Forget, Mailloux, Goldbloom, Larivière. Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. La-montagne, Giasson, Caron, OGallagher, Picotte, Ciaccia,
Marchand, Gratton, Pagé, Springate, Biron, Grenier, Goulet, Fontaine,
Brochu, Le Moignan. Cordeau.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion de première lecture veuillent bien se lever, s il vous plait!
Le Secrétaire adjoint: M. Shaw.
Le Président: Que ceux qui désirent s abstenir
veuillent bien se lever, s il vous plaît! A l'ordre, s il vous plait!
Le Secrétaire: Pour: 90 Contre: 1
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Premiere lecture de ce projet de
loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente. M. le leader
parlementaire.
M. Lamontagne: M. le Président, question de directive.
Est-ce que le ministre de l'Education est contre sa loi? M n'est pas ici.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Oui, mais qu'ils arrêtent de faire les
imbéciles!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire adjoint du gouvernement. A I ordre s'il vous
plaît!
M. Charron: Article a), M. le Président.
Projet de loi no 210 Première lecture
Le Président: M. le député de d'Iberville
propose la première lecture du projet de loi no 223, Loi concernant les
Soeurs de la Charité de l'hospice Sainte-Croix de Marieville.
Une Voix: A l'article a) ce sont les Frères Maristes.
M. Lavoie: Les Frères ou les Pères...
M. Charron: Attendez un peu! Je vais vous trouver les bonnes
soeurs.
Le Président: Alors, il y a une erreur. Ce ne serait pas
la loi 223. Il y aurait une erreur au menu, M. le leader parlementaire adjoint
du gouvernement. A l'article a), M. le député d'Iberville propose
la première lecture de la Loi concernant la Congrégation des
Frères Maristes. On reviendra avec la loi 223 tout à l'heure.
Est-ce que cette motion de première lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Un discours! Des Voix: Un discours! Le
Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. Charron: II va être déféré, M. le
Président. J'en aurai quatre à déférer ensemble,
tout à I heure. Article d), M. le Président.
Projet de loi no 263 Première lecture
Le Président: M. le député de Vanier propose
la première lecture de la Loi concernant le Parc du Souvenir (1976) Inc.
Est-ce que cette motion de première lecture sera adoptée?
M. Grenier: Est-ce que ce sera à Québec ou en
France?
M. Charron: Article f), M. le Président.
Projet de loi no 230 Première lecture
Le Président: M. le député de Sainte-Marie
propose la première lecture de la Loi modifiant la charte du
Cimetière de l'est de Montréal.
M. Lavoie: II n'est pas là. Il est mort. Un autre. Une
Voix: II est debout! Il est au soleil!
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté. M. Charron: Article m).
Projet de loi no 236 Première lecture
Le Président: M. le député de Sainte-Anne
propose la première lecture de la Loi modifiant la charte des Soeurs de
la Congrégation de Notre-Dame. Est-ce que cette motion de
première lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Un discours. Des Voix: Adopté.
Renvoi des projets de loi nos 210, 263, 230 et 236 en
commission élue
M. Charron: M. le Président, je fais motion pour que ces
quatre projets de loi soient déférés à la
commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Charron: M. le Président, l'article e).
Projet de loi no 265 Première lecture
Le Président: M. le député de Richelieu
propose la première lecture de la Loi concernant la succession de
Tancrède Bienvenu. Est-ce que cette motion de première lecture
sera adoptée?
M. Grenier: M. Welcome! Des Voix: Adopté. Le
Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture du projet
de loi.
M. Levesque (Bonaventure): Cela a déjà
été réglé.
M. Charron: L'article o), M. le Président.
Projet de loi no 240 Première lecture
Le Président: M. le député de
Jonquière propose la première lecture de la Loi concernant
Joseph-Gino Gagné. Est-ce que cette motion de première lecture
sera adoptée?
Renvoi des projets de loi nos 265 et 240 en commission
élue
M. Charron: M. le Président, je fais motion pour que ces
deux projets de loi soient déférés à la commission
parlementaire de la justice.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président: Période des questions orales.
M. Lavoie: On va attendre le premier ministre.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Théorie de la
souveraineté-association
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse à l'honorable premier ministre. Ce sera possiblement la
dernière période des questions avant l'ajournement
d'été, pas nécessairement, mais possiblement. M. le
Président, je pense qu'il y a une motion qui a été
votée à l'unanimité de cette Chambre et à laquelle
le gouvernement n'a pas donné suite. Vous me permettrez un bref
préambule parce que la question est suffisamment importante et elle
concerne l'avenir col- lectif de tous les Québécois. M. le
Président, dans un vote de 85 à 0, enregistré le jeudi 13
avril 1978, cette Chambre a voté la motion suivante: "Que cette
Assemblée est d'avis que le gouvernement doit définir clairement
et sans délai sa théorie de la souveraineté-association
afin que les Québécois soient en mesure de bien connaître
les implications du projet indépendantiste véhiculé par le
présent gouvernement." (11 h 40)
M. le Président, d'un côté comme de l'autre de la
Chambre, sans amendement, à l'unanimité, les membres de
l'Assemblée nationale ont voté pour cette motion.
M. le Président, à un moment donné, pour rappeler
le contexte, on a dit: II y aura des élections fédérales
incessamment. Il ne faudrait pas que cela arrive durant les élections
fédérales. On sait que, depuis, les élections
fédérales ont été reportées sine die. Or,
nous sommes à la veille de nous quitter et nous n'avons pas encore
donné suite à cette motion votée à
l'unanimité par l'Assemblée nationale.
M. le Président, I importance de la notion de
souveraineté-association a été récemment
soulignée par des faits très précis. On n'a qu'à
regarder le résultat des sondages où on indique que la
moitié de ceux qui appuient cette notion disent qu'on aura encore des
députés québécois qui vont siéger à
la Chambre des communes. Le 16 mars 1977, dans cette Chambre, le premier
ministre m'a dit: Ecoutez, souveraineté ou indépendance, cela
veut dire la même chose, cessez les chinoiseries.
M. le Président, hier, dans un document publié dans le
Journal de Québec et le Journal de Montréal, Doris Lussier
indiquait qu'il ne fallait pas utiliser le mot "indépendance", qu'il
fallait être contre le séparatisme pour la véritable
confédération. Je dis au premier ministre: Quand va cesser cette
confusion qui semble être un paradoxe, qui semble être
diamétralement opposée à la transparence qu'on a promise.
Je demande au premier ministre quand il donnera suite à la motion
votée à l'unanimité par cette Chambre.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je ne
reprendrai pas ce que j'avais à dire hier, peu importe le battage que
certains en font, sur le texte de M. Lussier, que je n ai pas à
commenter, pas plus qu on a à commenter quelque lettre que ce soit dont
la responsabilité appartient toujours à son auteur. Je
répète simplement que cela n'a aucun caractère officiel
qui puisse, de près ou de loin, engager le parti, encore moins le
gouvernement.
Pour ce qui est du fond de la question du chef de lOpposition, c est
vrai, et c'est sans la moindre réticence ou sans la moindre restriction
mentale non plus qu'on a voté cette motion dont le "sans délai
avait été quand même interprété.
Premièrement, cela ne voulait pas dire ni le lendemain matin, ni la
veille. Deuxièmement, c'était relié, et cela lest encore,
quoi que dise trop facilement le chef de I'Opposition, c était
relié à cette question des
elections fédérales. Elles ne sont pas remises sine die.
parce que même les libéraux fédéraux, avec Ihabitude
du pouvoir qui finit par faire croire que cela leur appartient, sont tenus par
la loi à mettre un terme à leur mandat auquel ils s accrochent,
au plus tard, sauf erreur, en juillet 1979. Je ne dis pas qu'on attendra
jusque-là. Mais on a clairement dit a ce moment qu'on ne voulait pas
et je pense que le moindre souci de santé démocratique
veut qu on I'évite mêler une discussion le moindrement
détaillée sur le référendum et sur la façon
dont il doit se présenter avec des élections
fédérales ou d ailleurs, avec des élections provinciales.
Cela a toujours été un engagement.
Maintenant, il est déjà entendu que des documents qui
servent de substrat, si on veut, à I opinion qu on peut se faire ou, en
tout cas, qui donne réellement les éléments pour se
fabriquer une opinion sur le régime fédéral actuel, ces
documents seront publiés d'ici quelque temps. Cela a été
demandé à bien des reprises, cela fait partie des
éléments essentiels d information. Ils seront publiés.
Pendant quelques semaines, cet été, bien sûr, mes
collègues et moi on va travailler sur la perspective de la suite, il n'y
a pas de cachette là-dedans, pour voir quelle serait la façon la
plus éclairante c est vrai qu il y a beaucoup de confusion, on
l'a vu dans le sondage, on le voit ailleurs de présenter a
I'opinion publique l'armature essentielle, et beaucoup plus concrètement
que cela a été fait jusqu ici. de ce qui sera proposé au
référendum de notre côté.
Ce sera d'autant plus efficace que certains je ne veux viser
personne en ce moment que ce soit à Ottawa ou ailleurs, cessent
de faire de la confusion systématiquement, de l'entretenir
eux-mêmes comme ils le font en ce moment d'ailleurs et comme ils l'ont
fait depuis quasiment le lendemain du 15 novembre 1976 et qu'en plus on cesse
également d'entretenir des illusions sur le régime actuel. Il y a
des gens qui passent leur temps enfin, on avait parlé hier de la
caricature de ce que deviendrait le futur sénat dans le projet de loi
fédéral; cela saute aux yeux de n'importe qui a une tête
sur les épaules, deux yeux pour lire et un esprit pour
réfléchir. Ce genre, littéralement, de fraude
constitutionnelle, au fait...
M. Lavoie: ...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Lavoie: Parlez-nous de moralité publique.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Moralité publique.
Le Président: A l'ordre! M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, je vous rappelle à l'ordre.
M. Lévesque (Taillon): Ce genre de fraude qui se sert de
textes de loi pour essayer de manipuler l'opinion et d'entretenir des
illusions. On l'a fait autour du référendum, on le fait
maintenant autour d'une pseudo-réfection de la constitution de 110 ans
qui nous sert d'armature qui, littéralement, étouffe le
développement normal d une population.
M. Lavoie: C'est Lussier qui vous dit de parler du
fédéral.
M. Lévesque (Taillon): Si tout cela n'était pas
multiplié ailleurs, entretenu par des organismes stipendiés et,
hélas! parfois véhiculé aussi à l'Assemblée
nationale du Québec, je serais plus confiant dans les mois qui
viennent.
M. Lavoie: C'est Lussier qui lui dit de parler d'Ottawa.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président... Le
Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ... une question additionnelle
à l'honorable premier ministre. Nous avons devant nous un texte clair
voté par cette Assemblée. Le premier ministre a-t-il l'intention
de respecter la volonté exprimée par l'ensemble des
députés? Oui ou non?
M. Lavoie: Sans délai.
M. Levesque (Bonaventure): Sans délai. Ce n est pas
à lui de choisir si cela va être... Qu'est-ce qui vous rend
nerveux, M. le Président? Est-ce que j'ai choqué quelque chose
chez vous?
Le Président: La longueur de vos préambules, M. le
chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président.
C'est la dernière occasion que nous avons avant de revenir ici à
l'automne. J'ai l'intention d'utiliser tous les droits, tous les
privilèges que je peux avoir ce matin parce que c'est la dernière
occasion que nous avons de connaître les intentions de ce
gouvernement...
M. Charron: Non, vous êtes soumis au règlement comme
les autres.
M. Levesque (Bonaventure): ... et de donner suite, M. le
Président... J'en fais une question de privilège; les droits et
privilèges des membres de cette Assemblée. On ne jouera pas aux
fous; on ne passera pas des motions ici simplement pour faire dip service". On
va avoir des motions qui veulent dire quelque chose.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A Tordre,
s'il vous plaît! M. le chef de l'Opposition, je connais votre longue
expérience de parlementaire et je connais votre gentilhommerie. Je sais
que c'est la dernière journée, mais c'est la dernière
journée pour tout le monde; c'est la dernière journée
aussi pour le tiers parti qui est à côté. Je n ai pas
d'objection que vous accordiez beaucoup
d'importance a cette question, sauf que je vous rappelle, M. le chef de
l'Opposition, ce que vous savez pertinemment et peut-être mieux que moi,
c'est que la période des questions ne doit pas susciter de
débats, elle est là pour formuler des questions. Je n'ai pas
d'objection que la première question soit précédée
d'un préambule, mais les suivantes, suivant la règle
parlementaire qui a toujours été appliquée, et
peut-être plus sévèrement encore dans le passé, ne
doivent pas être précédées d'un
préambule.
M. le chef de l'Opposition, vous avez la parole.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, une question
de privilège. Tout en respectant votre voeu, j'ai deux petites choses
à formuler. Premièrement, je suis surpris, M. le
Président, que vous ne soyez pas vous-même inquiet de cette motion
votée il y a deux mois par cette Assemblée; vous qui êtes
le gardien de cette Assemblée, de ses droits et privilèges, qu'on
puisse voter à l'unanimité une motion ne vous inquiète pas
parce qu'on n'y donne pas suite.
Deuxièmement, M. le Président, je veux coopérer
avec le gouvernement je vous le dis et avec vous en particulier.
Ne nous forcez pas à avoir une autre période des questions
demain. On jugera cela après la période des questions si... (11 h
50)
M. Lavoie: Si on en a besoin d'une autre.
M. Levesque (Bonaventure): ... on en a besoin d'une autre.
M. le Président, je demande au premier ministre s'il est
conscient que cette motion qui a été adoptée à
l'unanimité par cette Chambre demande au gouvernement de
préciser, de clarifier cette question dont tout le monde parle, la
souveraineté-association. Est-ce que, oui ou non, il va donner suite
à cela? Pas parce qu'il peut le faire quand il veut, la motion dit "sans
délai". Je suggère au premier ministre de faire un nouveau vote,
s'il ne veut pas donner cela. Il y a des moyens peut-être, en
procédure, de changer cette disposition qui a été
votée à l'unanimité, mais tant que cette motion est dans
les procès-verbaux, qu'est-ce qu'il a l'intention de faire et quand?
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, on avait,
en s'appuyant sur deux ou trois facteurs qui sont encore dans le paysage, y
compris cette incertitude des élections fédérales,
interprété le "sans délai" personne n'y avait
d'objection comme signifiant dans les plus brefs délais qui
paraîtront légitimes, même dans l'intérêt de la
démocratie. Cela reste de l'interprétation. Ce sera fait le plus
vite possible, mais je n'accepte pas que le "sans délai" du chef de
l'Opposition, qui nous brasse son inquiétude et ses incertitudes et puis
quasiment des référendums la veille, quand ce n'est pas
l'avant-veille, que ses interprétations, le moins qu'on puisse dire
subjectives, bousculent ou prétendent charrier le gouvernement dans des
applications prématurées d'une résolution que très
légitimement nous avons soutenue, mais qui par ailleurs implique que le
"sans délai" soit interprété honnêtement,
légitimement par le gouvernement du jour.
M. Levesque (Bonaventure): En plus de la rigueur, M. le
Président, que l'on doit donner aux procédures de cette Chambre,
en plus du fait que ce n'est pas le gouvernement qui peut modifier la
volonté de l'Assemblée nationale, volonté exprimée
unanimement, en plus de cela, le premier ministre se rend-il compte qu'un
délai additionnel ne fait que semer davantage de confusion dans le
public, nuit à la relance économique, accentue et tend à
accentuer le mal qui est le plus dénoncé par la population, le
chômage? M. le Président, est-ce que le premier ministre veut nous
dire, finalement, la vérité?
Est-ce qu'il pourrait, par exemple, modifier
souveraineté-association par les mots indépendance-association?
Est-ce qu'il pourrait faire cela? Au moins cela nous aiderait à
comprendre un peu ce qu'il a dans la tête. Indépendance et,
deuxièmement, association. Est-ce qu'il voudrait nous dire ce que cela
veut dire, association? Est-ce que les associés ont été
consultés? Est-ce qu'ils vont entrer dans le jeu? Est-ce qu'il a des
propositions à faire? Qu'est-ce que c'est que les propositions
constitutionnelles du gouvernement? Au moins, au fédéral, on a
des propositions? On est vague, le premier ministre dit, lui, qu'on est
insignifiant, mais au moins on a des propositions. Qu'est-ce que le premier
ministre attend pour faire des propositions concrètes, qu'on puisse
étudier, pourque le peuple soit renseigné?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): En tout cas, M. le
Président, le chef de l'Opposition vient de faire la somme,
évidemment un peu improvisée s'il veut se reprendre demain
matin, on est parfaitement d'accord pour faire cela d'une façon un peu
plus précise il vient de faire la somme, dis-je...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'ai
formulé mes questions comme je les entends, de la façon que je
les entends, avec les imperfections qu'elles contiennent. Je ne tiens pas
à avoir le livre du maître.
M. Lévesque (Taillon): Le chef de l'Opposition vient de
faire la somme d'une chose sur laquelle je ne peux vraiment pas lui donner de
conseils, c'est-à-dire la propagande de confusion et de démagogie
qu'on entretient depuis des mois et des mois. Et je répète une
dernière fois, je répète une dernière fois que
c'est le gouvernement qui, légitimement, honnêtement, en
conscience, interprétera ce vote de l'Assemblée nationale. Sinon
que le chef de l'Opposition propose, s'il le veut, qu'il y ait... Qu'il fasse
une motion pour que ce soit marqué dans trois jours, dans quatre jours,
qu'il interprète le "sans délai" et je peux lui garantir d'avance
que sa motion n'ira pas plus loin qu'un vote.
Le Président: Question principale, M. le
député de Saint-Laurent.
M. Levesque (Bonaventure): Qu'est-ce que vous avez à
dire?
Le Président: A l'ordre!
M. le député de Saint-Laurent, vous avez la parole.
Fermeture de deux écoles de quartier à
Montréal
M. Forget: M. le Président, j'aimerais soulever une
question de privilège. Il y a quelques minutes, le leader adjoint du
gouvernement a fait un dépôt de documents au nom du ministre de
l'Education. A l'heure qu'il est, il devient évident que le ministre de
I Education, malgré les efforts que le premier ministre avait dit devoir
faire, hier, à la suite de la demande que nous avions faite de ce
côté-ci, pour que le ministre de l'Education soit présent
ce matin, est malgré tout introuvable.
La raison pour laquelle je soulève la question de
privilège à ce sujet aujourd'hui, c'est que c'est probablement la
dernière occasion que nous avons de poser des questions et que cela fait
quelques jours qu'il est absent. Or, aujourd'hui même, la Commission des
écoles catholiques de Montréal va prendre la décision de
fermer deux écoles de quartier, les deux dernières écoles
de quartier, dont l'une dans mon comté, l'école Dujarié,
et l'autre dans le comté du député de Maisonneuve.
C'est la dernière occasion que nous avons, avant qu'il s'agisse
d'un choix définitif et irrémédiable, de poser des
questions au ministre de l'Education qui, il y a moins de trois semaines, dans
une lettre qu'il adressait au président de la commission scolaire,
déclarait que, selon lui, il s'agissait effectivement des deux
dernières écoles de ces quartiers et que cela tombait sous le
coup de la politique qu'il a annoncée il y a trois mois. Ce matin, on ne
peut pas lui demander ce qu'il a l'intention de faire ou s'il a l'intention de
retirer la politique en question.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Tout ce que je peux dire, c'est que
le ministre de l'Education heureusement est ici en ville; on va voir si on ne
pourrait pas lui demander d'interrompre... Il y a des choses importantes aux
deux bouts. Je sais l'importance primordiale qu'a l'Assemblée nationale
et on a été averti hier, sauf que c'est la dernière
journée aussi, sauf erreur, des audiences à l'échelle
nationale sur le livre vert. Heureusement, comme cela ne se déroule pas
trop loin, puisque l'Opposition insiste de nouveau, je vais voir tout de suite,
si on me le permet, s'il n'y aurait pas moyen de demander au ministre de
l'Education d'être ici avant la fin de la période des
questions.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Rapport sur la non-discrimination dans les avantages
sociaux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avais également
une question pour le ministre de l'Education, mais, à défaut, je
vais adresser une autre question au ministre des Affaires sociales. Il y a
quelques jours, le ministre des Affaires sociales déposait le rapport
final du comité sur la non-discrimination dans les avantages sociaux. Ce
rapport fait état que certains régimes et même plusieurs
régimes d'avantages sociaux comportent des aspects discriminatoires
particulièrement en ce qui touche l'âge, l'état civil et le
sexe. Ce rapport avait été remis au ministre des Affaires
sociales en décembre 1976 et il n'a pas cru bon de le déposer
avant la semaine dernière.
Alors, mes questions sont les suivantes: Pourquoi le ministre a-t-il
tant tardé à déposer ce rapport? Deuxièmement,
compte tenu du retard déjà accusé qui peut nous faire
espérer que déjà il a pris des mesures pour que certaines
recommandations soient appliquées le plus rapidement possible, peut-il
nous dire, en ce qui a trait aux recommandations touchant les modifications
à apporter à la Charte des droits et libertés de la
personne, qui semblent des recommandations très fondamentales dans ce
rapport, s'il a déjà parlé au ministre de la Justice dans
cette perspective d au moins modifier la Charte des droits et libertés
de la personne pour faire suite aux recommandations du rapport?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Je suis le premier à déplorer le retard
considérable entre la réception de ce rapport et son
dépôt à l'Assemblée. La raison principale de ce
délai considérable a été précisément
que nous voulions que chaque ministère ou chaque organisme
gouvernemental impliqué ou concerné par ce rapport puisse en
faire une étude. Nous avons été empêchés de
le déposer plus tôt parce que certains ministères ont
tardé beaucoup à nous faire part de leurs réactions. Je ne
peux pas, à ce stade-ci, donner plus de détails, mais justement
le député de L'Acadie l'a touché du doigt
nous voulions, avec le dépôt du rapport, que chaque
ministère ait fait un certain cheminement, de façon que
l'application des recommandations ne retarde pas trop après le
dépôt à l'Assemblée.
M. Forget: Une question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je ne comprends pas l'explication du ministre qui dit
trouver une excuse dans le fait qu'on a voulu consulter les ministères
pour un délai de presque un an et demi dans la publication d un rapport
comme celui-là qui intéresse tout le monde. Mais, comme
effectivement il a pris un an et demi, est-ce qu'il répondrait à
la deuxième partie de la question de mon collègue de L Acadie et
nous dirait, maintenant qu'il connaît les réactions de tout le
monde, ce qu'il va faire pour mettre en vigueur les recommandations du
rapport?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Justement, pour ne pas improviser et étant
donné que l'application ou l'implantation des recommandations touche un
bon nombre de ministères et pas spécialement le ministère
des Affaires sociales, je pense que c'est une question à laquelle on ne
peut pas répondre ce matin de façon intelligente. Il va falloir
que chaque ministère complète par écrit les intentions
qu'il a manifestées jusqu'ici de façon provisoire face à
ce rapport. Il faudra que notre ministère agisse un peu comme le
coordonnateur des réponses que nous recevons de chacun des
ministères. (12 heures)
Le Président: Mme le député de L Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est difficile d accepter la réponse du
ministre des Affaires sociales. Je comprends qu'il essaie de coordonner tout le
monde, d avoir foi en la bonne volonté de tous les ministères,
mais vous savez que cela peut nous mener aux calendes grecques, pour I
application des recommandations.
En ce qui a trait aux recommandations spécifiques, qui sont les
deux premières recommandations du rapport, que la Charte des droits et
libertés de la personne soit justement modifiée pour corriger la
discrimination touchant le sexe, I'âge et l'état civil, il me
semble qu'il n'a pas besoin d avoir le consentement de tous les
ministères du gouvernement. C'est très spécifique. Il
pourrait nous dire que, dès septembre, lors de la réouverture de
la session, ces corrections seront apportées.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, sur une question aussi
précise, je vais donner une réponse très
précise.
Mme Lavoie-Roux: ... en premier lieu.
M. Lazure: Notre recommandation auprès du ministre
responsable de la Commission des droits de la personne est positive. Il
restera, au ministre responsable de la commission, à mettre à bon
effet ce qui découle de cette volonté. Quant à nous, il
est bien clair que nous recommandons l'implantation de cette recommandation
spécifique.
Le Président: M. le chef de I Union Nationale.
Impôt des cadres et des hauts
salariés
M. Biron: Ma question s adresse au ministre des Finances. Elle
concerne son dernier budget vis-à-vis des impôts des
Québécois qui gagnent plus de $30 000, à savoir les cadres
et le personnel des sièges sociaux. Surtout après sa
décision de corriger certaines injustices vis-à-vis des
dividendes de corporations canadiennes payables par des contribuables
québécois, le ministre des Finances a-t-il I'intention de
réétudier le problème des cadres et des hauts
salariés au Québec afin d alléger leur fardeau fiscal, si
cela est possible, d'autant plus que la demande est venue de plusieurs
parlementaires, bien sûr, mais aussi de la Chambre de commerce, du
Conseil du patronat et des représentants de sièges sociaux en
particulier?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je suis toujours avec
beaucoup d'intérêt les discussions qui ont trait à cette
question. Je reçois passablement de mémoires à ce sujet.
J'ai eu l'occasion de rencontrer des représentants de milieux
d'affaires. Je tente de suivre leurs préoccupations d assez près,
mais je ne vois pas de raison, à I'heure actuelle, pour remettre en
cause la décision qui a été prise.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: J ai une question additionnelle sur le même sujet
que j'adresse au ministre d'Etat au développement économique.
J'ai une coupure de presse du 9 mai dernier qui dit à peu près
ceci: "Conscient que le fossé ne cesse de s'élargir entre le
régime dont jouissent les dirigeants et cadres d'entreprises en Ontario
et celui de leurs homologues québécois, le ministre d'Etat au
développement économique entend intervenir. M. Landry a, en
effet, déclaré hier qu'il est disposé à
étudier en profondeur toute la question des avantages comparatifs des
sièges sociaux pour voir comment améliorer la situation
concurrentielle de ceux qui sont situés au Québec ou envisagent
de s'y installer. C'est pourquoi le ministre a souligné hier combien I
initiative du comité Beaulieu, dit comité des sièges
sociaux, lui plaît et qu'il compte le rencontrer d ici une dizaine de
jours.' Quelles ont été les actions du ministre d Etat au
développement économique sur ce sujet particulier? Est-ce qu'il
est intervenu auprès de son collègue, le ministre des Finances?
Est-ce qu il a étudié le problème des cadres et des hauts
salariés au Québec? Quelle est sa recommandation personnelle?
M. Landry: Premièrement, il est bien sûr que la
question a été discutée à moult reprises avec le
ministre des Finances. C'est le premier volet de I action. C'est ordinaire que
cela se fasse. Le deuxième a été cette rencontre qui
était annoncée dans la coupure de presse que vous avez
mentionnée. Elle a eu lieu. Elle a duré quelques heures. Nous
avons établi le contact avec ce comité des sièges sociaux
pour Montréal. Nous avons accéléré et
modifié le devis des travaux qui se font sur les sièges sociaux
dont il fut question à I'étude des crédits hier et qui
consiste principalement en deux volets.
Premièrement, le volume de l'emploi dans les sièges
sociaux significatifs et, secondement, I étude de la
rémunération du personnel et des cadres des sièges sociaux
dans I optique de leur pouvoir d achat net d impôt, ce qui est vraiment
au coeur du problème. Si on dit qu un cadre, qui gagne $40 000, paie
$500 à $600 de plus d impôt, mais
qu on se rend compte que, dans toutes les autres villes de sièges
sociaux du continent, les maisons valent trois fois plus cher, ils ne gagnent
pas grand-chose. C est ce genre d'étude qu on est en train de faire. A
cause du volume des individus et des cas à étudier, je pense
pouvoir, dès septembre, rendre public au moins le premier volet et
peut-être un rapport d étape sur le deuxième.
M. Biron: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Sur le même sujet. Il y a un problème bien
spécifique sur ce sujet. Je m'adresse au ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Est-il exact que lorsqu'on parle de cadres et de hauts
salariés, les gens de la Iron Ore, en particulier, qui gagnent tout
près de $30 000 et plus, même pour les travailleurs de la Iron Ore
les difficultés de négociation, à l'heure actuelle,
même si les négociations reprennent cela arrête,
celareprend sont àl a base même de ce que les travailleurs
disent que déjà ils paient trop d'impôts et qu'ils ne
veulent pas gagner trop cher? Ils veulent plutôt négocier les
avantages sociaux et la sécurité d'emploi. C'est ce qui causerait
beaucoup plus de difficultés à la Iron Ore pour négocier
avec ses travailleurs, à cause de la nouvelle table d'impôt des
citoyens du Québec qui gagnent plus de $30 000.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je dois reconnaître que
le chef de l'Union Nationale vient de faire un des plus beaux huit sur une
glace que j'aie jamais vu pour essayer de me demander comment se passaient les
négociations à la Iron Ore, dans le cadre d'une question
supplémentaire touchant la table d'imposition des cadres. Bref, je veux
bien répondre quand même et lui dire qu'effectivement il y a eu,
à partirde mardi, des négociations entre les représentants
des salariés à la Iron Ore et la compagnie. Cependant, ces
pourparlers ont connu des difficultés considérables hier, et
l'essentiel, semble-t-il, ne porte pas vraiment sur les clauses
financières, qui ne sont pas, pour le moment, discutées, ni
même sur la question de santé et sécurité de la
sous-traitance mais, comme le disait récemment le président des
métallos, les métallos essaient de négocier un climat, et
ce n'est pas une chose facile à négocier, un climat. Les
salariés ont des demandes, ont surtout des reproches à faire
à la compagnie quant à la qualité du climat des relations
de travail en dehors de la période des négociations. Cela rend
les choses extrêmement difficiles.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, ma question s adresse au
premier ministre et a trait au document de Doris Lussier. Même si le
premier ministre a tenté hier et ce matin de dissocier son gouvernement
et son parti de ce plan de bataille, le fait demeure que plusieurs de ses
députés et ministres se conduisent exactement comme si ce
document était leur guide officiel.
En fait, dans l'Opposition, c'est à se demander si.
effectivement, c'est la stratégie référendaire du
gouvernement qui s'inspire du document de Doris Lussier ou si c'est Doris
Lussier qui s'inspire des actions du gouvernement pour rédiger son
document.
Le Président: M. le député de Gatineau,
pour-rais-je vous inviter à formuler votre question, s il vous
plaît?
M. Gratton: Quoi qu'il en soit, M. le Président, je pense
qu'il est primordial que le premier ministre nous donne l'assurance que son
gouvernement ne continuera pas à faire ce qu'il fait depuis quinze mois.
C'est cela. Je demande au premier ministre de nous donner l'assurance qu'il
mettra tout en oeuvre pour que le gouvernement ne continue pas à faire
ce que préconise la conclusion du document, et je cite: De mettre dans
la bataille tous les moyens que le pouvoir met à leur disposition,
incluant les fonds publics.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, est-ce
qu'il vaut la peine de souligner de nouveau enfin, puisque le
député m'en fournit l'occasion, je vais le faire que cette
lettre appartient à son auteur? Il peut être l'ami on n'a
pas à s'en cacher le vieux compagnon d'hôte, à bien
des points de vue, de certains d'entre nous, ici.
M. Lavoie: Un des fondateurs de votre parti.
M. Lévesque (Taillon): II était là au moment
où le parti est venu au monde. Cela étant dit, cette lettre n'a
aucun caractère, sauf pour ceux qui veulent s amuser à jouer avec
et à essayer encore une fois d entretenir la confusion cela a
déjà commencé hier, on peut continuer aujourd'hui, cela ne
changera pas les faits.
Pour ce qui est des fonds publics, je trouve assez extraordinaire
qu'après les recherches qui ont été faites
complètement en dehors on n'a pas le goût des
enquêtes à ne plus finir du gouvernement qui ont
été publiées dans un grand journal quotidien et qui
démontrent à quel point il y a une espèce d orgie,
croissante à part cela, une espèce d escalade dans l'orgie des
fonds publics au niveau fédéral, avec distribution à n'en
plus finir dans des coins serviles qu'on a organisés, avec le I'argent
plus que des convictions, dans Québec, pour essayer de maintenir un
vieux régime, on n'a pas de leçon à recevoir, après
tous les scrupules qu on a mis à éviter de mettre des fonds
publics là-dedans, on n'a pas de leçon à recevoir de gens
qui ne sont même pas capables de dire leur façon de penser en ce
qui concerne des patentes comme Québec-Canada, etc. (12 h 10)
Le Président: M. le député de Gatineau, une
dernière question, après quoi je vais reconnaître M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Gratton: Pourquoi la dernière, M. le
Président?
Le Président: Parce que, M. le député de
Gatineau, j'essaie de faire un dosage non seulement en termes de nombre pour
les questions, mais en termes de temps également. Si les
préambules étaient plus courts, cela permettrait beaucoup plus de
questions.
M. Gratton: M. le Président, j'avoue que votre formule de
dosage est toujours un peu dans la même direction, en ce qui me concerne
en tout cas.
M. Goulet: Cela fait trois quarts d'heure que vous êtes
debout et on a aucune question.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Gatineau, s'il vous plaît!
M. Gratton: Les murmures des 8% à ma gauche
m'empêchent...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: M. le Président, la réponse même
que vient de me faire le premier ministre nous donne raison puisque, justement,
il emploie la tactique invoquée dans le document.
M. Charron: Question!
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, il est d'usage en cette
Chambre que lorsqu'on pose une question principale, on puisse faire un bref
préambule. Il s'agit maintenant d'une question additionnelle. Je ne
pense pas qu'on puisse permettre de préambule.
Le Président: M. le député de Gatineau,
puis-je compter sur votre collaboration pour permettre que d'autres membres de
ce Parlement puisse poser des questions?
M. Gratton: Comme toujours, M. le Président. Je dis
simplement et je demande au premier ministre si effectivement lui-même
utilise cette stratégie de tout mettre ce qui va mal au Québec
sur le dos du fédéral, de blâmer le fédéral
et de se servir de l'exemple du fédéral. Nous, en tant
qu'Opposition officielle à l'Assemblée nationale du
Québec, ce qu'on lui demande ce matin, ce n'est pas de nous
dénoncer ce qui se fait à Ottawa, mais bien de nous dire, de nous
donner l'assurance que dans son gouvernement à lui, le gouvernement du
Québec, il fera en sorte qu'on n'utilise pas les fonds publics à
des fins partisanes et qu'on cesse en fait d'utiliser les fonds publics
à ces fins partisanes.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, pour me
conformer je crois qu'il n'est pas d'intérêt public de
répéter toujours la même chose, ce n'est sûrement pas
dans l'intérêt de l'Assemblée nationale à une
certaine équité en ce qui concerne les questions, vu que le
député vient de répéter pour la deuxième
fois une question de propagande, je le référerai simplement
à la première réponse que j'ai faite.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
Projet de loi sur le zonage agricole
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Je voudrais poser une
question au ministre de l'Agriculture, s'il veut bien reprendre son
siège après avoir... Je ne sais pas s'il est en train de
négocier l'aménagement de son bureau. J'aurais une question, M.
le Président, sur un domaine qui est cette fois-ci de compétence
provinciale. Plusieurs intervenants dans le domaine agricole, M. le
Président, demandent instamment au gouvernement et au ministre de
l'Agriculture de faire adopter le plus rapidement possible la loi sur le zonage
agricole. M. le Président, étant donné qu'on est à
la dernière journée de la session, étant donné
également que le leader du gouvernement a déjà
indiqué en cette Chambre qu'il voulait faire adopter, ou déposer
au moins, le plus rapidement possible cette loi, et je pense même que le
leader du gouvernement, M. Burns, avait indiqué qu'il voulait le faire
si c'était possible avant la fin de la session, je voudrais demander
aujourd'hui au ministre de l'Agriculture quand il va faire ce
dépôt, que nous lui suggérons de faire le plus rapidement
possible.
Si cela avait été possible de le faire aujourd'hui, nous
l'aurions certainement accepté pour que les députés de
l'Opposition et ceux du gouvernement également puissent étudier
cette loi au cours de l'été.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, l'Opposition me fait penser
à quelqu'un qui souffre du goître. Ils ont déjà la
gorge pleine et ils veulent en avaler plus. Actuellement, ils sont pleins de
projets de loi qu'ils ne peuvent pas adopter, qui prennent du temps.
Pensez-vous qu'on peut déposer sérieusement un projet de loi sur
le zonage agricole dans les derniers jours de la session, garder cela là
tout l'été et attendre l'automne? Je pense qu'on ne peut pas
faire cela.
Ce que j'ai toujours dit, ce que l'Union des producteurs agricoles dit,
ce que tout le monde agricole dit, c'est que, si on veut garder des terres pour
l'agriculture, il faut adopter des mesures pour les mettre en valeur.
Actuellement, en même temps que nous préparons les documents pour
en arriver à une loi sur le zonage agricole ou à une loi pour la
protection des terres agricoles, nous
sommes en train de mettre en application un ensemble de lois qui vont
permettre de développer l'agriculture.
Nous en avons eu un exemple avec les six lois du crédit agricole
qui amènent un changement considérable. La loi de SOQUIA a
augmenté le capital de $10 millions à $40 millions. Nous sommes
en train de travailler à la stabilisation des revenus du
maïs-grain. Nous sommes en train de travailler à une régie
des grains de provende et il y a d'autres projets que je ne veux pas mentionner
immédiatement. Tout cela va arriver en même temps, pour mettre en
valeur le développement agricole.
A travers cela je l'ai dit à plusieurs reprises
arriverait la loi de la protection des terres. Mais la loi de protection des
terres agricoles ne peut pas être une mesure qui va arriver dans les
derniers jours de session, mais normalement en début de session,
plutôt.
M. Fontaine: Une question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Je n'ai pas demandé au ministre de nous
énumérer tous les projets qu'il a en tête. Je ne lui ai pas
demandé non plus de juger la capacité de travail de l'Opposition.
Ce que je lui ai demandé, c'est si sa loi est prête. Cela fait
assez longtemps qu'il nous casse les oreilles avec cela. Si sa loi est
prête, pourquoi ne la dépose-t-il pas? S'il ne la dépose
pas, qu'est-ce qui bloque?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: II n'y a rien qui bloque, M. le Président, mais
personne ne pouvait imaginer que cela prendrait deux mois et demi à
adopter la loi de l'amiante.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
une question additionnelle.
M. Roy: J'aurais une question additionnelle. Est-ce que le
ministre de l'Agriculture est en mesure de nous indiquer ce matin si son
ministère cherche à faire une loi générale qui va
s'étendre à tout le territoire du Québec ou si la loi du
zonage agricole pourrait s'appliquer dans une première étape
à des régions particulières, comme la région de
Montréal et la région du Richelieu?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Voyez-vous, dans une loi comme celle-là qui est
pensée avec bon sens, normalement, je pense bien que cela peut
être comme une maison modulaire. On peut avoir le "kit" au complet ou on
peut en avoir des morceaux en fonction des besoins de la population.
M. Fontaine: Une question additionnelle, M. le
Président.
M. Roy: C'est quoi, la maison modulaire? Le Président:
A l'ordre, s'il vous plaît! M. Roy: M. le
Président...
Le Président: A l'ordre! M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: ... on aimerait quand même avoir une idée
sur la maison modulaire dont vient de nous parler le ministre.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud,
à l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, une question additionnelle au
ministre de l'Agriculture. Est-ce qu'il pourrait donner l'assurance à
cette Chambre que la loi sur le zonage agricole sera déposée
à l'automne? Est-ce son intention de la faire adopter avant le mois de
décembre 1978, bien que cela fasse un an qu'elle est censée
être sortie et que cela fasse un an qu'elle est promise par le ministre
même et par le premier ministre dans deux discours inauguraux.
Une Voix: Vous en avez parlé pendant dix ans de temps,
vous autres.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Ce que je voulais dire quand je parlais d'une
législation modulaire, c'est un peu sur le principe des maisons
modulaires, c'est-à-dire qu'il peut y avoir plusieurs modules. A ce
moment, on peut appliquer ou étendre le nombre de modules selon les
besoins.
M. Grenier: Prédicateur.
M. Garon: Si cela nous prend 100 pieds carrés, 200 pieds
carrés, 300 pieds carrés, la législation permet de le
faire. C'est dans ce sens que je veux pouvoir l'étendre en fonction des
besoins.
Quant à l'assurance que souhaite avoir le député de
Maskinongé, je peux lui dire que nous allons procéder rapidement,
mais on a pris deux mois pour adopter la loi de l'amiante. Moi, je n'avais
jamais imaginé que la loi de l'amiante serait adoptée si tard que
cela. Avec tout le temps qui a éte passé là-dessus,
évidemment, c'était difficile de présenter la
législation au printemps.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Une question
additionnelle. Je voudrais demander au ministre ceci: S'il n'est pas capable de
présenter sa loi, est-ce qu'il pourrait cesser de dire en province,
lorsqu'il se promène, que, si la loi n'est pas adoptée, c'est
parce que l'Opposition ne veut pas collaborer?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Je n'ai jamais dit que l'Opposition ne collaborait pas;
au contraire, j'ai dit qu'elle collabore, mais à la mesure de ses
capacités. Au contraire, à la dernière commission
parlementaire, j'ai remercié tous les gens de l'Opposition de leur
collaboration. Je le dis et c'est vrai. Je pense que la capacité de
digestion est lente et cela, je suis obligé de le dire. (12 h 20)
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre de l'Agriculture, à quelle date
allez-vous nous présenter votre premier module? A quelle date allez-vous
nous présenter votre premier module?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Le plus rapidement possible, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Une dernière question additionnelle sur cette
question. Est-ce que le ministre de l'Agriculture a pris connaissance de cette
publication où il est dit: A remettre après le
référendum toutes les réformes dont le radicalisme, si
nécessaire soit-il en lui-même, risque d'en faire un
élément négatif, dévastateur au moment du vote?
Tout ce qui bouscule le moindrement les habitudes du Québécois
moyen. Y a-t-il une relation entre cet écrit et votre retard à
déposer la Loi sur le zonage agricole?
Une Voix: Vous nous présentez...
M. Lavoie: C'est un passage de M. Lussier.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: J'ai vu cela comme tout le monde en lisant le journal,
mais je n'ai pas vu le zonage dans les mesures radicales. Au contraire, je
pense que ce sera une mesure très populaire qui est demandée par
la population. Evidemment, elle ne sera pas populaire chez les
spéculateurs. Les spéculateurs sont des sangsues, des parasites
dans notre société; je dirais quasiment des ennemis publics dans
une société; ils ne seront pas heureux.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais ils votent au
référendum. Attention!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Garon: II faut dire que c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de
spéculateurs qui votent de notre côté. C'est évident
que les vampires de la société que sont les spéculateurs
ne sont pas heureux. Mais les gens qui gagnent leur vie dans l'agriculture vont
être heureux. ., Le Président: M. le député
de Saint-Hyacinthe.
Politique sucrière du Québec
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Agriculture. Est-ce que vous avez reçu le rapport des
administrateurs de la Raffinerie de sucre de Saint-Hilaire, de la Raffinerie de
sucre du Québec à la suite de la déclaration du premier
ministre concernant votre politique sucrière? A quelques reprises, au
mois de janvier et au mois de mars, vous nous avez dit que vous étiez
censé recevoir ce rapport incessamment. Avez-vous reçu ce
rapport? Si oui, pouvez-vous faire connaître le contenu de ce rapport
à l'Assemblée?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, le rapport m'a
été remis officiellement mardi, le 20 juin, à 9 h 30. Il
serait peut-être un peu long à résumer en Chambre parce que
c'est un rapport assez volumineux. Nous sommes actuellement à
étudier ce rapport et, éventuellement, à la suite du
rapport de la raffinerie, il y aura des recommandations qui seront faites aux
instances appropriées du gouvernement.
Une Voix: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: A la suite de l'étude que vous allez faire,
avez-vous l'intention de présenter un projet de loi à la reprise
de la session à l'automne ou avant les Fêtes?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Je pense bien qu'il y a, dans ce rapport, des mesures
qui peuvent demander des lois et d'autres qui peuvent demander tout simplement
des mesures administratives. On pourra sans doute procéder par
étapes dans l'élaboration d'une politique du sucre, telle
qu'annoncée dans le message inaugural. Une chose est certaine, par
exemple: c'est encore là une politique du sucre au Québec qui va
demander des terres arables et il va falloir garder pour l'agriculture des
terres qui sont sous spéculation. Dans ce sens-là, M. le
Président, le député de Saint-Hyacinthe est un des
députés qui devrait conseiller aux gens de la ville de
Saint-Hyacinthe de bâtir un deuxième étage plutôt que
de s'étendre sur les terres. A Saint-Hyacinthe, en agrandissant, l'an
dernier 80% des investissements dans le secteur industriel étaient dans
le domaine agro-alimentaire. Je leur dis qu'ils sont en train de brûler
la galerie actuellement pour chauffer le poêle.
M. Levesque (Bonaventure): ... M. le Président.
M. Garon: Quand ils auront débité la galerie et la
maison, le poêle va rester tout seul dans le centre. Il n'y aura plus
grand-chose dans notre secteur agro-alimentaire. Je pense que dans la plupart
des villes du Québec où la principale industrie est l'industrie
alimentaire, les députés devraient conseiller aux
municipalités, au lieu d'accepter des plans de développement et
accepter des rues on a fait une rue dans un champ et on a bâti une
maison au bout parce que la municipalité a accepté qu'on fasse la
rue...
M. Fontaine: ... zonage... faites votre zonage. Lévis,
Saint-Jean-Chrysostome, Lauzon, qu'est-ce que vous faites?
M. Garon: ... on devrait les conseiller.
Le Président: Très bien, M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: On pourrait conseiller au milieu local de se
préoccuper de ces questions; ce n'est pas seulement au niveau
gouvernemental...
M. Fontaine: Saint-Jean-Chrysostome, Saint-David,
Saint-Romuald.
M. Garon: ... mais au niveau local également.
Le Président: Bon, fin de la période de
questions.
Fin de la période de questions. Motions non annoncées.
M. Parizeau: Je voulais donner une réponse...
M. Biron: ... du ministre des Finances à une question
posée la semaine dernière.
Le Président: En effet, M. le ministre des Finances
m'avait fait prévenir qu'il voulait répondre à une
question qui a été posée antérieurement.
M. le ministre des Finances.
Exemption de taxe pour les sociétés
d'Etat
M. Parizeau: M. le Président, le chef de l'Union Nationale
avait demandé, il y a quelques jours, de quelle façon ou en vertu
de quel règlement SIDBEC pouvait échapper au paiement de la taxe
de vente, non seulement sur l'acier qu'elle produit, mais sur de l'acier
acheté. Vérification faite, la question se présente de la
façon suivante: Ce n'est pas comme producteur ou comme revendeur d'acier
que SIDBEC est exemptée de la taxe de vente au détail, ce ne peut
être que comme entrepreneur de construction. Celui qui paye la taxe de
vente au détail c'est l'entrepreneur de construction au moment où
il achète des matériaux. Or, il semble que non seulement SIDBEC,
mais possiblement d'autres sociétés d'Etat obtiennent des
contrats en tant que constructeurs, entrepreneurs en construction, et donc sont
en mesure d'obtenir des contrats à cet égard avec un avantage sur
les constructeurs privés, puisque les constructeurs privés payent
la taxe et qu'eux ne la payent pas.
Il semble clairement établi depuis quelques jours qu'une
situation comme celle-là ne pourrait pas être corrigée sans
un amendement aux lois existantes. En somme, ce n'est pas par des modifications
aux règlements ou, comme je le pensais, seulement par une directive. Il
faudrait envisager des changements aux lois. Nous allons examiner la question.
La situation que je viens de décrire me paraît effectivement
présenter une anomalie assez sérieuse, et nous verrons d'ici
quelques semaines ou quelques mois comment cette situation peut être
corrigée. Je dis quelques mois; dans la mesure même où il
s'agirait d'amendements aux lois, forcément cela ne pourrait pas revenir
avant l'automne.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question posée sur le même sujet au
ministre de l'Industrie et du Commerce, parce que c'est lui qui est responsable
de la plupart des sociétés d'Etat. Compte tenu de la
déclaration du ministre des Finances, est-ce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce pourrait prendre rengagement devant cette Chambre
d'aviser les sociétés d'Etat de comptabiliser, au moins dans
leurs coûts, la taxe de vente provinciale qu elles devraient payer
autrement au gouvernement du Québec et que temporairement elles ne
payent pas? Cela leur assurerait premièrement, un surplus de revenu, et
Dieu sait que les sociétés d Etat en ont besoin, et
deuxièmement, cela assurerait que les sociétés d'Etat ne
concurrencent pas avec I argent des Québécois les entreprises
québécoises qui, elles, payent des taxes et payent les 8% de taxe
de vente provinciale au gouvernement du Québec.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: Etant donné que le ministre des Finances
vient d'indiquer que nous sommes à étudier cette question, il est
évident que je ne peux pas donner de directives à une
société d Etat qui seraient illégales. Si une
société d'Etat est exempte de paiement de taxe, je ne peux pas la
forcer, comme ministre de l'Industrie et du Commerce, à payer des taxes,
étant donné que le ministre des Finances lui-même ne peut
pas par règlement la forcer. Mais, comme j'ai déjà dit en
réponse à une question du chef de l'Union Nationale, je
considérerais comme une concurrence déloyale l'action une
société d'Etat qui irait dans un domaine autre que celui pour
lequel sa loi constitutive lui a permis d'exister pour se servir d'un
dégrèvement fiscal, afin de concurrencer d autres entreprises
privées.
Donc, le chef de l'Union Nationale peut prendre ma parole nous allons
rectifier cette situation, au besoin, par un amendement aux lois si
nécessaire.
Le Président: Fin de la période de questions. M. le
leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Charron: Je sollicite le consentement de la Chambre pour
permettre l'échange de questions entre le ministre de l'Education et
certains députés de l'Opposition.
Le Président: Alors il y a consentement. M. le
député de Saint-Laurent, votre question à M. le ministre
de l'Education.
Fermeture d'écoles de quartier (suite)
M. Forget: Je remercie le ministre de l'Education de s'être
dérangé pour venir répondre à cette question. Il
s'agit du problème de la fermeture des dernières écoles de
quartier et le ministre est sûrement au courant que cet
après-midi, je pense, la CECM doit prendre une décision finale
relativement à deux écoles, que le ministre lui-même dans
une lettre qu'il adressait au président de la commission scolaire, en
fin mai, désignait comme étant, selon lui, selon le ministre, les
dernières écoles de quartier. Il s'agit entre autres de
l'école Dujarié à Cartierville, dans le comté de
Saint-Laurent, et d'une autre école dont le nom m'échappe dans le
comté de Maisonneuve. (12 h 30)
Considérant les tentatives faites par les groupes de citoyens,
dans ces deux quartiers et I intervention du ministre dans ce dossier et
spécifiquement pour les deux écoles auxquelles je viens de faire
référence, quelle est la dernière nouvelle en provenance
du ministre de l'Education relativement à cela, et est-ce qu'il a
l'intention d empêcher, effectivement, que ces deux dernières
écoles de quartier ne ferment?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): La question du député de
Saint-Laurent met en cause le principe de l'autonomie des commissions
scolaires. Comme le député le sait, l'automne dernier, sinon
même au printemps 1977, j'ai énoncé une politique
favorisant le maintien des petites écoles rurales et, plus
récemment, une politique à l'égard du maintien de la
dernière école de quartier dans les zones urbanisées.
Cette politique avait été élaborée avec la
collaboration de plusieurs commissions scolaires, dont, notamment, la CECQ.
Dans le cas de la CECM, bien qu'il y ait eu des contacts, le ministère
et cette commission scolaire n'ont pas pu se mettre d accord sur ce qui
constituait, à l'intérieur du territoire de la CECM, un
quartier.
La correspondance que je viens d échanger avec la CECM
démontre que ces difficultés persistent. Du point de vue du
ministère, parmi les 30 écoles que la CECM se voit forcée
de fermer, en raison de la dénatalité et du nombre
décroissant d élèves qui se trouvent sur son territoire
on sait que pour cette année il y en aura 12 000 de moins que
l'an dernier il y en a deux qui, du point de vue du ministère,
constituent des der- nières écoles de quartier. J'ai écrit
à la commission scolaire pour lui demander de reconsidérer sa
décision et de maintenir ouvertes, lécole Dujarié dont
s'enquiert le député de Saint-Laurent, et I'école
Boucher-de-la-Bruère, laquelle se trouve à lautre
extrémité de Montréal. Dans les deux cas, je viens de
recevoir une lettre du président de la Commission des écoles
catholiques de Montréal, le Dr Luc Larivée, qui me fait part de
la réaction de la commission, laquelle est négative. En effet, la
CECM donne du quartier une définition qui n'est pas celle du
ministère. Toutefois, la seule arme dont je dispose comme ministre de
l'Education est celle de la persuasion. Je vais m'employer à persuader
la commission scolaire que ces deux écoles sont situées dans des
quartiers bien délimités et devraient être
considérées en conséquence comme les dernières
écoles de ces quartiers. Je tiens cependant à préciser au
député de Saint-Laurent que la décision ultime appartient
à la commission scolaire qui est un gouvernement local élu.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent.
M. Grenier: Une question de règlement.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Excusez-moi. Je voudrais vous faire remarquer que le
député de Bourassa a la mauvaise habitude de fumer dans cette
Chambre. J ai des droits comme non-fumeur et je voudrais bien qu ils soient
respectés.
Le Président: M. le député de Bourassa, s il
vous plaît!
M. le député de Saint-Laurent.
M. Forget: Je souhaite évidemment bonne chance au ministre
dans ses efforts de persuasion, puisqu'il nous dit qu'il en est réduit
à utiliser seulement des moyens de persuasion. Cependant, ne serait-il
pas approprié, dans la mesure où le ministre a annoncé une
politique, que cette politique comporte un certain nombre de moyens qui aillent
un peu plus loin que la simple persuasion? Par exemple, les commissions
scolaires qui ont à faire face à ces problèmes de
fermeture se basent sur les coûts additionnels ou excessifs qu'elles
doivent encourir pour maintenir la dernière école de quartier. Ne
serait-il pas raisonnable qu'il joigne le geste à la parole et, en
annonçant une politique de maintien des dernières écoles
de quartier, donne aux commissions scolaires I'occasion de la réaliser,
ou inversement, s'il juge que ce n'est pas possible, qu'il pénalise, ne
serait-ce que financièrement, les commissions scolaires qui ne
souscrivent pas aux objectifs qu'il a définis?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas ainsi que le système
scolaire est bâti. Il est fondé sur le principe de l'autonomie des
commissions scolaires,
particulièrement lorsqu il s agit d augmenter leurs
dépenses, les coûts qu'on leur fait encourir.
En l'occurrence, la commission scolaire qui voudrait maintenir des
écoles ouvertes en dépit du fait que la dénatalité
les frappe possède le recours que chacun connaît, qui est celui de
la taxation foncière, notamment pour les dépenses non
subventionnées. C'est là que se trouve la solution.
C'est sur le principe de la responsabilité financière de
la commission scolaire que doit reposer une décision comme
celle-là. Toutefois, si le député de Saint-Laurent a des
représentations à me faire et des arguments à faire valoir
en faveur du maintien de l'école Dujarié dont il m'entretenait
tout à l'heure, je serai heureux de l'entendre. Pour faciliter sa
réflexion, je dépose devant cette Chambre la copie de la lettre
que m'adresse le Dr Larivée, président de la CECM.
M. Forget: M. le Président, un dernier point. Le
Président: Une dernière question.
M. Forget: II est évident que, dans le cas de la
Commission des écoles catholiques de Montréal, elle n'a
même pas cette faculté de taxer puisque ce pouvoir appartient au
Conseil scolaire de l'île de Montréal. Il est même difficile
pour l'ensemble des commissions scolaires, face à la loi no 57 qui
gèle les rôles d'évaluation, de se prévaloir de ce
moyen. Le ministre, en énonçant une politique, a un peu induit la
population en erreur en croyant qu'il aurait des moyens qui accompagneraient
une telle politique pour que ce ne soit pas seulement une expression de voeux
pieux. Malheureusement, c'est ce que nous devons constater à ce
moment.
M. Morin (Sauvé): M. le Président...
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): ... ce serait plutôt le
député qui induirait la population en erreur s'il soutenait que
le gel des rôles d'évaluation signifiait qu'une commission
scolaire ou le Conseil scolaire de l'île de Montréal ne pouvait
augmenter le taux de la taxe. Le projet de loi en question, dont nous allons
débattre cet après-midi, ne porte que sur le rôle
d'évaluation et non sur le taux.
M. Forget: Cela le rend d'autant plus odieux. Le
Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, une dernière question
supplémentaire à deux volets qui s'adresse au ministre de
l'Education. Premièrement, j'imagine qu'il a eu des pourparlers avec la
CECM. Est-ce que cette dernière a tout simplement opposé un refus
catégorique face au maintien de ces deux écoles ou si elle a
posé certaines conditions? Si oui, quelles sont-elles?
Deuxièmement, en ce qui concerne le problème de l'école
Paul-Gérin-Lajoie, qui relève de la commission scolaire
Sainte-Croix et qui est aussi la dernière école de quartier
il y a énormément d'écoles privées dans
Outremont, mais c'est la dernière école publique de quartier
est-il exact que, suite à la pression des citoyens, la
décision concernant cette école a été
retardée à l'automne par la commission scolaire Sainte-Croix?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il m est plus
facile de répondre à la première question qu'à la
seconde, puisque, dans ce dernier cas, le dossier fait l'objet de discussions
à l'heure actuelle et que nous n'en sommes pas encore venus à des
conclusions.
A la première question, je dois dire que, d après le ton
de la lettre, dont le député pourra se procurer un exemplaire, le
refus de la commission scolaire, qui est motivé c'est une lettre
de plusieurs pages me paraît être assez catégorique.
La commission scolaire ne requiert pas de financement particulier; elle a tout
simplement décidé que ces deux écoles ne sont pas les
dernières écoles de quartier". Elle a décidé
d'élargir la notion de quartier et me fait part, en somme de sa
décision et des motifs qui la sous-tendent. Néanmoins, le
dialogue se poursuivra avec la commission scolaire, mais, encore une fois, en
nous fondant sur de bons principes de gestion scolaire, c'est à elle
qu'il appartiendra de prendre la décision finale.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Projet de polyvalente pour étudiantes de langue
anglaise
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais une question
à poser au ministre de l'Education. Elle touche le projet de
construction d'une polyvalente pour les étudiantes de langue anglaise
à la commission scolaire Jérôme-Le Royer. Je ferais
remarquer que c'est le seul projet d'école qui, à ma connaissance
et selon le tableau que son ministère nous a remis au moment de
l'étude des crédits, a été annulé même
si l'autorisation en avait été donnée par le Conseil du
trésor. A ce moment, le ministre a demandé une autre
étude. Le Conseil scolaire de l'île a maintenu sa décision.
Pourtant, le ministre vient de dire, il y a quelques jours ou, enfin, il n'y a
pas très longtemps, qu il demandait encore une autre étude. (12 h
40)
Lundi dernier, le Conseil scolaire de l'île s est prononcé
à nouveau disant que les études démogrophiques qu'il a
produites sont des études démographiques valables. Est-ce que le
ministre de l'Education peut nous dire sur quoi il se base? Va-t-il changer sa
décision, à la suite des dernières nouvelles du conseil
scolaire de l'île? Sur quoi se base-t-il pour redemander une autre
étude ou une troisième étude sur les données
démographiques?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): Permettez-moi, M. le Président,
de clarifier les faits. Il est exact que le
Conseil scolaire de l'île de Montréal, à mon
invitation, nous a fait part, l'an dernier, de six projets de construction
prioritaires. Puisque la requête émanait de moi, j'ai
accepté cette hiérarchie dans les projets que me proposait le
conseil et je les ai transmis au Conseil du trésor. Celui-ci a
accepté un certain nombre de projets du conseil scolaire et m'en a
retourné d'autres en me demandant de faire la démonstration que,
sur le plan démographique, ces écoles étaient absolument
nécessaires, y compris ce projet de polyvalente de Saint-Léonard
dont le coût pourrait s'élever facilement à $13 millions ou
$15 millions.
Or, le Conseil du trésor me fait observer, premièrement,
qu'il y a des places-élèves dans les environs, lesquelles
devraient être utilisées. En second lieu, on me fait observer
qu'il y a, non loin de là, une école, l'école Dunton, qui
pourrait, d'ici à 1980, être transformée, avec certaines
améliorations et des agrandissements, en vue de répondre aux
besoins de la clientèle anglophone de Saint-Léonard.
Devant cette requête du Conseil du trésor, si je veux un
jour obtenir son consentement, il me faut faire la démonstration
requise. Je me suis donc tourné vers le Conseil scolaire afin qu'il nous
aide à l'établir. Le Conseil scolaire semble rester sur ses
positions et ne pas vouloir refaire la démonstration. Il faudra donc,
apparemment, que nous la fassions seuls, au ministère, ce qui nous
prendra un peu plus de temps.
Je puis assurer Mme le député que nous tentons de faire
cette démonstration. Nous voulons que toutes nos clientèles
scolaires, quelles qu'elles soient, soient bien desservies.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas vu le ministre de l'Education en
Chambre, depuis trois semaines.
M. Charron: Quand même, j'invoque le règlement! Il
est là, le ministre de l'Education, depuis quinze minutes à peu
près. On a dépassé d'environ quinze minutes
également la période de questions.
Le Président: Je vais permettre deux dernières
questions: une à Mme le député de L'Acadie et une à
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Gratton: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Gatineau.
M. Charron: Là, vous voulez avoir des questions de
privilège, en plus.
M. Gratton: J'ai une question au ministre de l'Education qui va
prendre deux secondes mais qui est importante.
M. Pagé: II n'a pas été ici pendant un
mois.
M. Gratton: Ce n'est pas parce que je suis assis en
arrière qu'il faut m'oublier.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre de
l'Education nous dit qu'il n'accepte pas les chiffres du Conseil scolaire de
l'île de Montréal. A ce régime, je me demande...
M. Morin (Sauvé): Ce n'est pas ce que j'ai dit, Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas ce que vous avez dit. Vous dites
que le Conseil scolaire de l'île de Montréal reste sur ses
positions quant aux données démographiques qui justifieraient la
constitution de la polyvalente. On se comprend mal. De toute façon, dans
cette nouvelle étude que vous allez faire unilatéralement, sans
doute pour bien respecter l'autonomie des commissions scolaires et du Conseil
de l'île de Montréal, quel est le bassin de recrutement que vous
envisagez pour les étudiants qui se rendront à cette école
dont présumément vous disposez? Il se peut qu'il y ait, dans
l'ensemble de l'île de Montréal, dans toutes les commissions
scolaires, un nombre suffisant de places...
M. Charron: J'invoque le règlement, M. le
Président. Il faut que l'Opposition collabore un peu. C'est
irrégulier d'ajouter des préambules qui sont des discours.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
leader parlementaire du gouvernement, Mme le député de L'Acadie,
à l'ordre! Si j'ai bien compris tout à l'heure le sens du
consentement qui avait été donné, c'est en réponse
à M. le député de Saint-Laurent qui voulait formuler une
question. Je ne sache pas qu'il y avait eu consentement pour refaire une
période de questions. En conséquence, Mme le député
de L'Acadie, pourrais-je compter sur votre collaboration pour formuler une
question rapide? Autrement, cela n'a aucun sens.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vous ferai remarquer
que je collabore ordinairement quant à la longueur des questions. Elles
ne sont pas généralement longues. Vous pouvez au moins admettre
ceci. La question précise, quel est le bassin que le ministre de
l'Education envisage? Quelle est la longueur du bassin dans lequel les
étudiants seront recrutés pour se rendre à la polyvalente
puisque immédiatement autour il n'y en a pas de place? Est-ce que le
ministre va les faire voyager dans toute l'île de Montréal ? Quel
est le bassin ou le rayon que vous envisagez?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il n'est pas
question de faire voyager les élèves dans toute l'île de
Montréal. Il s'agit essentiellement d'élèves anglo-
phones, surtout d'origine italienne, qui se trouvent dans deux
écoles secondaires de Saint-Léonard. C'est donc une
clientèle qui se trouve à l'intérieur d'un bassin
précis. Il s'agit de savoir si dans un espace raisonnable autour de ce
lieu, il ne se trouve pas des écoles qui pourraient servir, par exemple
lécole Dunton, laquelle se trouve au nord de Saint-Léonard, mais
à une distance raisonnable, un peu moins d'un mille, je crois.
Voilà, M. le Président, de quoi il s'agit. Si Mme le
député veut absolument obtenir des détails très
précis sur le bassin dans lequel se recruterait cette clientèle
scolaire, il faudra que nous sortions les cartes, mais ce n'est pas le moment,
je pense.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
Politique de maintien des écoles
rurales
M. Grenier: Très brièvement, M. le
Président, au ministre de l'Education. Ces écoles de secteur
s'appellent chez nous des écoles de paroisse et c'est le même
problème. Suite à la décision qui avait été
rendue, à savoir la possibilité de maintenir ces écoles de
paroisse ouvertes, je voudrais informer le ministre, s'il ne l'est pas, que
certaines commissions scolaires imbues de ce principe de régionalisation
semblent mal comprendre la directive émise par le ministre et exigent de
certaines paroisses des normes différentes de celles que vous appliquez,
que vous avez demandé d'appliquer. Est-ce que le ministre est au courant
que certaines paroisses ont des difficultés à maintenir leur
école primaire, leur école de quartier ou de paroisse?
Le Président: Brièvement, s'il vous plaît, M.
le ministre.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je
répondrai très brièvement que, lorsque les
députés trouvent des problèmes particuliers à
l'égard de cette politique de maintien des petites écoles
rurales, ils doivent s'adresser au ministère de l'Education. Ils peuvent
même en parler au ministre. Nous verrons alors dans quelle mesure la
politique que j'ai annoncée et les conditions qu'elle comporte peuvent
ou ne peuvent être appliquées au cas en question. Je suis toujours
disponible, le député le sait, pour discuter de ces cas
particuliers.
M. Charron: C'est fini. Ça va faire!
Le Président: Fin de la période des questions.
M. Lavoie: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne sais pas à
partir de quel critère vous accordez des questions à certains
députés et non pas à moi. La mienne...
M. Charron: II n'y a pas consentement.
M. Gratton: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: A l'ordre! M. le député de
Gatineau, j'imagine que ce ne sera pas une question de privilège
formulée parce que la période des questions a duré
à peu près une heure et quinze minutes aujourd'hui.
M. Gratton: C est une question de privilège, à I
effet que j'ai une question à poser au ministre de I'Education. Elle est
d'intérêt public. Elle est urgente parce que je veux la poser
depuis deux semaines.
Le Président: Je regrette. Cela, autant que je sache, ne
faisait pas partie du consentement, à moins que le premier ministre me
dise que cela faisait partie du consentement.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je serai en
Chambre demain et pourrai répondre aux questions du
député.
M. Gratton: M. le Président, au mois de juin... Cela va
prendre deux secondes.
M. Lévesque (Taillon): Après avoir demandé
au ministre de lEducation spécialement de quitter
prématurément une séance quand même très
importante tournant autour du livre vert, le consentement qu'on s est
accordé les uns aux autres était basé et je le
répète, en toute bonne foi sur les questions qui avaient
été prévues pour le député de Saint-Laurent
et le député de L Acadie. Si on fait une autre période de
questions, on n'a plus de consentement. Ce n est pas possible, parce qu
à ce moment on bousille le temps qui nous reste.
M. Gratton: Cela prendrait 30 secondes. Je veux simplement
demander au ministre s il est prêt...
Le Président: Je regrette, M. le député de
Gatineau, puisqu il n'y a pas de consentement, vous pourrez lui poser cette
dernière question demain.
Motions non annoncées. (17 h 50)
Traitement du Vérificateur
général
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
proposer une motion concernant un des officiers de I administration publique
les plus importants et dont le traitement, les conditions essentielles
dépendent de l'Assemblée nationale. Il s agit du
Vérificateur général du Québec dont, par
inadvertance j'avais averti le chef de I'Opposition et aussi les autres
partis le traitement n'a pas été rajusté depuis
janvier 1976, ce qui veut dire que pendant deux ans, il n y a pas eu ni
augmentation, ni indexation.
M. Lavoie: Les députés n en ont pas eu en 1978.
Des Voix: Les ministres en ont eu.
M. Lévesque (Taillon): C'est pour cela, il s agit de 1978.
On avait l'habitude, je crois c'est ce que le chef de l'Opposition ma
dit, parce que je n'étais pas là à I époque
de faire ces réajustements à la fin de l'année, ce qu'on a
fait pour I ombudsman, Mme Patenaude, en même temps qu'on réglait
le cas des trois directeurs ou codirecteurs du financement des partis
politiques. Pour Tannée 1978, puisqu'il n'y a rien eu de fait en 1976 et
en 1977, je demande le consentement, M. le Président, pour
présenter la motion suivante: Que le traitement du Vérificateur
général, M. Gérard Larose, soit fixé à $54
000 à compter du 1er janvier 1978. Ce qui voudrait dire une indexation
mais jouant seulement sur 1978 pour les deux années
précédentes, d'environ 5% mais qui ne jouera pas pour ces deux
années.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
NI. Lavoie: Est-ce que c est le même traitement que
l'ombudsman?
M. Lévesque (Taillon): Non, cela n'a jamais
été le même traitement. Je n'ai pas les chiffres ici, mais
c'est simplement qu'il y a un parallélisme qui avait été
respecté, mais qui, par inadvertance, n'a pas été suivi
à la fin de 1977.
Le Président: Est-ce qu il y a consentement? Des Voix:
Consentement.
Le Président: II y a consentement, alors la motion est
adoptée.
M. Lavoie: Sur cette question, est-ce que le premier ministre me
permettrait une question? Trouve-t-il normal que le Vérificateur
général des comptes, qui a une responsabilité de
surveillance sur tous les ministères, sur toute l'administration
publique, qui est au-dessus en somme des ministères, ait un traitement
moindre que certains sous-ministres?
M. Lévesque (Taillon): Je pense que l'ajustement qui est
proposé, que la Chambre a adopté, est évidemment un
ajustement de parcours. C'est une question qu'on aura à traiter parce
qu'il y a beaucoup de manque de cohérence au niveau des cadres
supérieurs. On le remarque tous les jours. On voudrait essayer, en
même temps qu'il s'agit de définir une politique salariale, en
même temps qu'il s'agit de réévaluer aussi ce qui doit
arriver au traitement parlementaire, parce qu'il y a des négociations
qui viennent, d'ici la fin de l'année, sûrement pour la reprise de
la session avant la fin de l'année, de proposer d'ajuster d'une
façon qui serait plus cohérente tout ce qui touche les cadres
supérieurs, y compris les sous-ministres, et, à ce moment, de
voir s'il y a moyen de faire une cohérence un peu définitive avec
je suis parfaitement d'accord avec le fond de l'opinion que vient
d'exprimer le député de Laval des gens aussi
stratégiques que le Vérificateur général,
l'ombudsman aussi, d'une autre façon, qui sont il y a aussi le
président des élections, mais là, enfin, cela rejoint les
magistrats nommés par l'Assemblée nationale et qui ne
doivent pas être oubliés, comme cela arrive parfois, ou être
injustement traités simplement parce que, ici, parfois on ne trouve pas
le temps. Il faudrait essayer de trouver une rationalité, en tout cas,
qu'on pourrait soumettre à tous les partis, de façon qu'il y ait
une entente une fois pour toutes. On n'en est pas là parce qu'il faut
commencer par l'ajustement des cadres supérieurs.
Le Président: Nous en sommes toujours au chapitre des
motions non annoncées.
Projet de loi no 57
Révocation de la commission
plénière et renvoi en commission élue
M. Charron: M. le Président, j'en ai quelques-unes qui
sont très brèves. Je voudrais d'abord proposer un ordre de
révocation de la commission plénière sur la loi 57 qui
figure à notre feuilleton parce que j'ai l'intention je le dis
tout de suite de déférer à la commission de
l'éducation, qui doit se réunir cet après-midi, le soin de
poursuivre en commission élue, plutôt qu'ici à
l'Assemblée, l'étude de l'article du projet de loi 57. Je fais
donc motion pour que l'ordre de convocation en commission
plénière soit révoqué et que ce projet de loi soit
désormais déféré à la commission élue
de l'éducation.
Une Voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais de quoi s'agit-il?
M. Charron: L'article 6) actuel au feuilleton. Le
Président: Mme le député de L'Acadie. M. Charron:
C'est que, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement demander au leader du
gouvernement pourquoi on change de façon de procéder.
M. Charron: Je vais vous le dire. Mme Lavoie-Roux:
Laissez-moi... M. Charron: Je vais vous le dire.
M. Lavoie: Laissez donc parler Mme le député.
M. Charron: Elle me demande pourquoi. J'ai compris la
question.
M. Lavoie: Elle a d'autres questions à vous poser. Elle a
le droit d'intervenir sur cette motion.
M. Charron: Je vais donner une réponse chaque fois.
Le Président: C est cela, Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
qu'on me donne une explication complète. Je pense qu'on a
travaillé déjà une couple d'heures sur la question
à l'Assemblée nationale et tout s'est déroulé dans
le meilleur ordre. Je ne vois pas pourquoi à ce moment-ci on
décide de la retourner en commission élue, sauf qu'on veut
éviter que cette discussion ait trop de répercussions sur le plan
public.
Le Président: M. le leader parlementaire adjoint.
M. Charron: M. le Président, vous voyez bien que la
question était déjà posée. Je vais donner la
réponse. J'ai déjà saisi, dès la semaine
dernière, les Oppositions du fait qu'aujourd'hui il y aurait une
séance de la commission parlementaire de l'éducation sur un
projet de loi privé qui concerne l'Université de Sherbrooke. J'ai
pensé que, plutôt que d'envoyer, de faire remonter, de renvoyer en
commission, de faire remonter à nouveau, on pouvait
déférer le projet de loi en commission. Quand celle-ci aura fini,
quand tous les membres de la commission publique, madame, couverte par les
media d'information pour enregistrer vos éloquents témoignages,
aussi bien qu'à cette Assemblée...
M. Lavoie: Parlez donc en leader. Voulez-vous un
débat?
M. Charron: ... quand ils vont avoir lieu en bas, il va y avoir
à la fois...
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! M. Lavoie:
Calmez-vous un peu.
M. Charron:... l'étude du projet de loi de I
Université de Sherbrooke, et quand vous aurez terminé ceci, vous
enchaînerez pour poursuivre l'étude du projet de loi no 57.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai entendu le leader
du gouvernement dire que, la semaine dernière, il avait averti les
leaders, les Oppositions qu il y aurait une commission parlementaire pour
étudier des projets de loi privés. Si ma mémoire est
bonne, la dernière journée où nous avions
siégé, la semaine dernière, la question lui a
été posée, à savoir si on avait l'intention de
présenter des projets de loi privés, et votre réponse a
été: Non, nous n'en prévoyons pas à ce moment-ci,
on va les regrouper et, durant l'été, on appellera des
commissions parlementaires...
M. Charron: Autres que ceux qui avaient été
déposés avant le 1er juin, madame.
Mme Lavoie-Roux: Bien, je ne le sais pas, il faudrait
vérifier.
M. Charron: Et celui sur lequel vous vous réunissez
aujourd'hui...
Le Président: Pour ne pas qu'il y ait de débat sans
fin, est-ce que cette motion sera adoptée?
M. Lavoie: Non, non, un instant. Pour les fins du journal des
Débats, et je ne veux pas en soulever un avec le leader parlementaire du
gouvernement, la semaine dernière, lorsque j'ai posé la question
au leader parlementaire du gouvernement, relativement aux projets de loi
privés. Du moins ma question ne visait pas uniquement les projets de loi
déposés soit avant soit après le 1er juin. On peut relever
le journal des Débats, mais je ne veux pas soulever un débat.
Mais pour corriger la prétention que vient de nous exprimer le
député de Saint-Jacques, leader du gouvernement, ni dans ma
question, ni dans ma réponse, la semaine passée, il n'y avait une
distinction sur les projets de loi privés déposés avant ou
après le 1er juin. Mon impression est que la réponse couvrait
tous les projets de loi privés, qu'il n'était pas question qu'il
y aient des projets de loi privés dans cette partie de la session. C'est
une mise au point que je voulais faire.
M. Charron: Pourtant, lorsqu à la réunion des
leaders, vendredi midi, je vous ai annoncé que nous avions l'intention
d'appeler ce projet de loi privé vous n'avez apporté aucune
objection.
Mme Lavoie-Roux: Vous craigniez d avoir des mauvaises
nouvelles!
M. Lavoie: M. le Président, c'est avant la réunion
des leaders. Il est vrai que vendredi dernier, alors que la Chambre ne
siégeait plus, il y a eu une rencontre des leaders. Il a
été question, un peu à notre surprise, que le projet de
loi sur I'Université de Sherbrooke serait étudié cette
semaine. J ai eu des réserves. J'ai demandé au leader de dire
à son secrétaire de communiquer au secrétariat des
commissions qu'il avait des oppositions. J avais mis des réserves sur
nos règles de pratique qui disent que les parties doivent être
convoquées dans les sept jours. C est vrai que c'est venu dans la
discussion, mais pas d'une manière définitive disant que ce
projet de loi privé serait étudié cette semaine.
Le Président: Est-ce que...
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Charron: Est-ce que je peux faire motion pour que le rapport
de cette commission soit considéré comme le rapport de la
commission plénière?
M. Lavoie: Premièrement, il faudrait le
déférer en commission élue. Là c est la
révocation de I ordre. (13 heures)
M. Charron: J'ai fait les deux motions.
M. Lavoie: Cela se fait. Normalement, cela se fait...
Le Président: On va procéder à... Si je
comprends bien il y a une seconde motion de déférence. Est-ce que
cette motion sera adoptée?
M. Charron: Je fais motion pour que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire de
l'éducation.
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Je fais motion pour que le rapport de cette
commission soit considéré comme un rapport de commission
plénière.
M. Lavoie: II faudrait un consentement pour cela.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Lavoie: Oui. On consulte de ce côté-ci,
d'accord?
On consulte même les tiers partis.
Le Président: M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement.
Projet de loi no 38 Renvoi à la commission
élue
M. Charron: Je voudrais faire motion maintenant pour que le
projet de loi no 38 qui figure à l'article 9) de notre feuilleton soit
déféré, avant la deuxième lecture, à la
commission parlementaire des affaires municipales pour qu'il y ait des
auditions sur ce sujet au cours de l'été et la deuxième
lecture ne devant avoir lieu qu'à notre rappel à l'automne.
Le Président: Cette motion sera adoptée?
M. Lavoie: Qu'est-ce que c'est? Une motion de révocation
de l'ordre de deuxième lecture.
M. Charron: C'est une motion de renvoi.
Le Président: C'est de renvoi.
M. Lavoie: II faut révoquer l'ordre avant, M. le
Président.
M. Charron: Motion de révocation de l'ordre de
deuxième lecture et motion de déférence à la
commission parlementaire des affaires municipales.
Le Président: Est-ce que la motion de révocation
sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Est-ce que la motion de
déférence à la commission des affaires municipales sera
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté. A l'ordre, s'il vous
plaît!
Questions inscrites au feuilleton
M. Charron: M. le Président, j'ai maintenant des
réponses à des questions au feuilleton. Je sollicite le
consentement pour pouvoir répondre même le jeudi à des
questions au feuilleton.
Le Président: Cela viendra après l'enregistrement
des noms sur les votes en suspens. Nous en sommes maintenant aux avis à
la Chambre. Je vous signale, M. le leader parlementaire adjoint, qu'il est 13
heures.
M. Charron: Je sais, je sollicite le consentement pour poursuivre
une dizaine de minutes, M. le Président, afin de répondre
à des questions au feuilleton et afin de donner une motion pour que les
commissions puissent siéger dès 15 heures.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Est-ce que cela pourrait vouloir dire que le ministre
de l'Education répondrait à ma question? Non? Ce n'est pas cela
que cela veut dire.
M. Lavoie: Consentement d'abord pour réponses
écrites à des questions écrites.
M. Charron: Si vous ne me donnez pas le consentement pour
dépasser 13 heures, je ne pourrai pas vous les donner.
M. Lavoie: On vous le donne.
M. Charron: Merci.
M. le Président, il yen a encore une vingtaine ce matin à
rajouter à la vingtaine d'hier, cela fait 40 dans une semaine. Peut-on
aller au feuilleton d'hier, M. le Président, pour avoir les
numéros des questions?
A l'article 9), Mme le Président, question de M. Bellemare,
réponse de M. Lazure.
M. Lazure: M. le Président, lu et répondu, (voir
annexe)
M. Charron: A l'article 16), question de M. Fontaine,
réponse de M. Garon.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: Lu et répondu, Mme le Président, (voir
annexe)
M. Charron: A l'article 35), question de M. Sain-don,
réponse de M. Lazure.
M. Lazure: Lu et répondu. (voir annexe)
M. Charron: A l'article 37).question de M. Saindon,
réponse de M. Lazure.
M. Lazure: Lu et répondu. (voir annexe)
M. Charron: A l'article 61), question de M. Forget,
réponse de M. Lazure.
M. Lazure: Lu et répondu. (voir annexe)
M. Charron: A l'article 68), question de M. Roy, réponse
de M. Joron.
Mme le Vice-Président: M. le ministre
délégué à l'énergie.
M. Joron: J'ai lu la question et j'y réponds. (voir
annexe)
M. Charron: Question 75), de M. Grenier, réponse de M.
Lazure.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Lu et répondu. (voir annexe)
M. Charron: Question 77), de M. Russell, réponse de M.
Garon.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Charron: Question 77.
M. Garon: Je n'ai pas cela, question 77). Ah oui! Je l'ai ici. Lu
et répondu, Mme le Président. (voir annexe)
Une Voix: Uniquement en ce qui concerne l'agriculture?
M. Charron: Cela vient par tranche. Il y en a eu deux, hier, de
deux autres ministères, dont le mien, je pense. Question 92), de M.
Russell, réponse de M. Lazure.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Lu et répondu. (voir annexe)
Mme le Vice-Président: On est au no 92) du feuilleton.
M. Charron: No 92), c est cela. Maintenant, Mme le
Président, si vous voulez revenir au début du feuilleton,
à la question 5), de M. Bellemare, la réponse devant être
fournie par M. Lazure, je fais motion pour que ce soit transformé en
dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée? C'est l'article 5) du feuilleton de mercredi. Cette motion
est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Lazure: Document déposé, Mme le
Président.
M. Charron: A la question 65), de M. Roy, la réponse
devant être fournie par M. Garon, je fais motion pour la transformer en
dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Mais l'autre document est-il
déposé?
M. Charron: Oui, oui, il l'a dit.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
Cette motion d'abord est-elle adoptée, cette motion de transformation de
question en dépôt de document?
M. Lavoie: Adopté, Mme le Président. Une Voix:
Quel numéro?
Mme le Vice-Président: Adopté. M. le ministre de
l'Agriculture, le document est déposé.
M. Garon: Le document est déposé.
M. Charron: A la question 66), de M. Roy, la réponse
devant venir de M. Joron, je fais motion pour la transformer en
dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Joron: Mme le Président, je dépose le
document.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: A la question 73), de M. Dubois, la réponse
devant être fournie par M. Garon, je fais motion pour la transformer en
dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Garon: Document déposé, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: A la question 90), de M. Grenier, réponse de
M. Lazure. Je fais motion pour que cette réponse soit transformée
en dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. M. le ministre des
Affaires sociales.
M. Lazure: Je dépose le document.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: Et finalement, question 91), question de M. Grenier,
réponse de M. Lazure, motion pour que cette réponse soit
transformée en dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté, M. le ministre des
Affaires sociales.
M. Charron: Excusez-moi, Mme le Président, j'en ai
d'autres.
M. Lazure: Je dépose le document, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Charron: A la question 101), de M. Dubois, réponse
devant être fournie par M. Garon, motion pour transformer cette
réponse en dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: Document déposé, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: A la question 102) de M. Cordeau, la réponse
venant de M. Lessard, je fais motion pour que cette réponse soit
transformée en dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Document déposé.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Charron: A la question no 103) de M. Dubois, la réponse
devant venir de M. Joron, je fais motion pour que cette question soit
transformée en dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée? M. le ministre délégué...
M. Charron: M. Garon.
Mme le Vice-Président: Ah! M. le ministre de
l'Agriculture, j'espère que la motion est de toute façon
adoptée à ce moment-là.
M. Charron: Oui.
M. Garon: Est-elle adoptée?
Des Voix: Oui.
Mme le Vice-Président: Vous déposez le document, M.
le ministre?
M. Garon: Me rendant à votre petite question, Mme le
Président, document déposé.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: Et aux motions maintenant des députés,
138), Mme le Président, la motion venait de M. Grenier, le document sera
déposé par M. Lazure.
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Je dépose le document, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Charron: Et à la motion 139), de M. Grenier,
réponse aussi devant venir de M. Lazure, document devant être
déposé par M. Lazure.
Mme le Vice-Président: M. le ministre. M. Lazure:
Je dépose le document.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: La prochaine réponse à l'automne, Mme
le Président.
M. Lavoie: Nous, on n'en a pas, est-ce qu'il y a une
coïncidence?
M. Charron: Vous les avez eues hier.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, vous avez...
M. Charron: Oui, madame, je m'excuse, il y a une question de M.
Saindon, réponse devant être fournie...
M. Lavoie: C'est une des rares.
M. Charron: Oui, c'est à un de vos rares à part de
cela. Venant de M. Lazure.
Mme le Vice-Président: II s'agit d'un document, un moment,
s'il vous plaît...
M. Lazure: Pour l'édification et pour l'instruction du
député d'Argenteuil, durant ses vacances, je dépose...
Mme le Vice-Président: II s'agit d'un document?
M. Charron: Non, non, d'une réponse.
Mme le Vice-Président: D'une réponse, alors...
M. Charron: Cela a été fait, parce qu'on ne
s'était pas...
Mme le Vice-Président: La réponse est
déjà faite.
18e anniversaire d'élection de certains membres
de l'Assemblée nationale
M. Charron: Dernière motion non annoncée, Mme le
Président, c'est aujourd'hui le 22 juin, 1978, il y a dix-huit ans
aujourd'hui, un certain nombre de nos collègues, dont le premier
ministre du Québec, devenaient membres de cette Assemblée pour la
première fois, dont le leader de I Opposition officielle. Je voudrais
que la Chambre commémore cet événement.
Mme le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement? (13
h 10)
M. Lavoie: Les députés de quels comtés? Le
député d'Orford et le député de Saint-Louis, je
crois.
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement que cette
motion soit proposée? Voilà. La motion est-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Mme le Président, il est évident que,
cet après-midi, l'Assemblée va continuer à discuter de
certaines prises en considération de rapports qui nous ont
été fournis. Incidemment, Mme le Président, à la
suite du consentement qui a été donné que certains
rapports soient déposés, lorsqu'arrvivés, ceux concernant
les projets de loi qui concerne nos concitoyens autochtones qui ont
été étudiés par la commission des affaires
intergouvernementales sont entrés. Je crois que vous pourriez appeler le
député de Duplessis pour déposer le rapport, s'il vous
plaît, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Duplessis.
Rapport de la commission ayant
étudié les projets de loi nos 23, 24,
25, 26, 27, 32, 33, 34 et 42
M. Perron: Mme le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des affaires
intergouvernementales qui a siégé les 20 et 21 juin 1978 aux fins
d'étudier article par article les projets de loi suivants: projet de loi
no 23, Loi concernant les villages nordiques et l'administration
régionale Kativik avec amendements; projet de loi no 24, Loi concernant
les villages cris; projet de loi no 25, Loi concernant l'administration
régionale crie avec amendements; projet de loi no 26, Loi constituant le
Conseil régional de zones de la baie James avec amendements; projet de
loi no 27, Loi constituant la société Makivik; projet de loi no
32, Loi constituant la Société des travaux de correction du
complexe La Grande avec amendements; projet de loi no 33, Loi constituant la
Société de développement autochtone de la baie James avec
amendements; projet de loi no 34, Loi concernant les autochtones, Cris et
Inuit; projet de loi no 42, Loi concernant la convention du Nord-Est
québécois avec amendements et les a adoptés avec ou sans
amendements, selon le cas.
Mme le Vice-Président: Rapport déposé.
M. Charron: Autre rapport, Mme le Président, au nom du
député de Sainte-Anne concernant le projet de loi no 40.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Sainte-Anne.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 40
M. Lacoste: Mme le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la justice
qui a siégé le 21 juin 1978, aux fins d'étudier article
par article le projet de loi no 40 intitulé: Loi modifiant la Loi des
tribunaux judiciaires et le Code de procédure civile et instituant le
Conseil de la magistrature, et la adopté avec des amendements.
Mme le Vice-Président: Ce rapport est
déposé.
Travaux parlementaires
M. Charron: Mme le Président, la période de
questions de ce matin et le nombre imposant de dépôts de projets
de loi, déclarations ministérielles également ont fait que
nous en sommes encore aux affaires courantes au moment où nous devrions
déjà avoir suspendu. Ce n'est pas plus grave que cela, sauf que,
Mme le Président, ce matin on avait prévu une séance de la
commission des consommateurs sur un tout court projet de loi, le projet de loi
204, concernant les magasins Continental Limitée. Tous les gens ont
été convoqués et ils sont déjà rendus, je
crois. On me dit que la séance pourrait durer peut-être au maximum
une quinzaine de minutes ou une demi-heure. Enfin, je ne veux limiter personne
dans le débat.
Ce que je voudrais solliciter tout de suite, c'est que cette commission
s'ajoute, le temps qu'elle durera, de 15 heures à 15 h 30 environ, aux
deux autres qui sont prévues pour cet après-midi et soumette son
rapport ici. Je ne voudrais pas retarder les deux autres commissions pour
autant. J'ai l'intention de faire motion pour faire siéger deux
commissions en même temps que la Chambre. Ce que je sollicite, c'est
qu'elle soit la troisième commission à siéger de 15 heures
à 15 h 30, si c'est possible.
Mme le Vice-Président: Y aurait-il consentement?
M. Lamontagne: Mme le Président, à titre
exceptionnel...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: ... et considérant qu'une des
régions les plus dynamiques du Québec est concernée, il me
fait plaisir de vous donner notre consentement.
M. Brochu: Vous avez notre consentement également, Mme le
Président.
M. Roy: Consentement aussi même en tant que membre de la
commission parlementaire des consommateurs, coopératives et institutions
financières.
Mme le Vice-Président: Vous avez le consentement, M. le
leader parlementaire.
M. Charron: Alors, Mme le Président, cette commission se
réunira au salon rouge cet après-midi, à compter de 15
heures. A la salle 81-A, à compter de 15 heures, la commission de
l'éducation se réunira afin d'étudier et d'entendre les
invités sur le projet de loi privé concernant l'Université
de Sherbrooke et de procéder à l'étude article par article
du projet de loi 57 qui vient de lui être déféré. Je
fais motion également pour qu'à la salle 91-A la commission du
travail et de la main-d'oeuvre se réunisse pour achever l'étude
article par article du projet de loi no 59.
Mme le Vice-Président: Loi modifiant le Code du travail.
Cette motion est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Avez-vous
terminé vos avis?
M. Charron: Oui, Mme le Président. Nous reviendrons
à 15 heures.
Mme le Vice-Président: Trois commissions. M. le
leader.
M. Lavoie: Est-ce que le leader du gouvernement pourrait
renseigner l'Assemblée sur l'ordre des travaux à
l'Assemblée cet après-midi?
M. Charron: Pour la reprise, certainement, Mme le
Président. D'abord, il y aura prise en considération du rapport
sur la loi 52; prise en considération du rapport sur la loi 56 du
ministère des Transports; prise en considération du rapport sur
la loi 92, Loi sur la consultation populaire.
Par la suite, troisième lecture de la loi 44, troisième
lecture de la loi 9, troisième lecture de la loi 60 et troisième
lecture de la loi 50. C'est ce que nous avons...
Mme le Vice-Président: J ai l'impression que cette fois-ci
il y a consultation des deux côtés. M. le leader
parlementaire.
M. Charron: Bien sûr, Mme le Président, ce que je
disais à mes collègues, je peux le dire à I'ensemble de I
Assemblée, c'est que cela c'est le programme régulier.
Evidemment, s'il y a consentement pour que nous procédions, par exemple,
à la prise en considération des rapports qui ont
été faits aujourd'hui, on le sollicitera en temps et lieu et
I'Opposition sera maîtresse de sa décision à ce
moment-là. Cela, c'est que nous pouvons légitimement et
légalement, en vertu de notre règlement, appeler aujourd'hui, Mme
le Président.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 13 h 17)
(Reprise de la séance à 15 h 15)
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Rappel du projet de loi no 210 et
présentation du projet de loi no 223
en première lecture
M. Charron: Mme le Président, j'aurais d'abord une petite
correction à faire. Vous savez l'imbroglio momentané qu'il y a eu
ce matin à propos de l'appel d'un projet de loi privé au
feuilleton. Je voudrais simplement corriger; l'article que j'aurais
dû appeler et la loi qui a été effectivement
déposée ce n'était pas l'article a) de notre feuilleton,
mais l'article g). C'est la correction que je voudrais faire.
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement pour que nous
procédions à cette correction? Il s'agit de l'article g). M. le
député d'Iberville proposait la Loi concernant les Soeurs de la
Charité de l'Hospice de Sainte-Croix de Marieville. Cette motion de
première lecture est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: La correction est faite, M. le
leader.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Article 20) de notre feuilleton. 22) tout de suite
après. J'estime que le projet de loi est déféré
à la même commission que l'autre auparavant.
Renvoi en commission élue
Mme le Vice-Président: La motion de
déférence à la commission élue est-elle
adoptée pour le projet de loi concernant les Soeurs de la
Charité?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 52
A l'article 20, il s'agit de la prise en considération du rapport
de la commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre qui a
étudié le projet de loi no 52, Loi modifiant la Loi sur les
relations du travail dans l'industrie de la construction. C'est M. le
député de Limoilou qui avait fait le dépôt du
rapport. Ce rapport sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Vous vouliez intervenir, M. le
ministre?
M. Johnson: Mme le Président, le lieutenant-gouverneur a
pris connaissance de ce projet de loi et en recommande l'étude par cette
Assemblée.
M. Levesque (Bonaventure): Cela avait été
oublié!
M. Johnson: Cela n'avait pas été oublié,
c'est parce qu'il n'y avait pas eu de débat de deuxième
lecture.
M. Charron: Débat de deuxième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Cela avait donc été
oublié.
M. Charron: Non, il n'y avait pas eu de débat de
deuxième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Je comprends, mais là il y
avait eu déférence et il y avait eu un vote avant cela.
M. Lavoie: II y a eu un vote de deuxième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): C'est à ce moment-là
qu'on aurait dû faire cela!
M. Charron: D'accord. Emporte les marbres! M. Lavoie:
Adopté.
Mme le Vice-Président: Le rapport est adopté, M. le
leader.
M. Charron: Oui, madame. L'article 22), s'il vous
plaît.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 92
Mme le Vice-Président: Prise en considération du
rapport de la commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution qui a examiné le projet de loi no 92, Loi sur la
consultation populaire. C'est M. le député de Jeanne-Mance qui
avait déposé le rapport. J'ai entendu dire qu'il y avait des
amendements. Ces amendements ont été déposés
à l'intérieur des délais requis, une copie a
été distribuée. C'est M. le député de Laval
qui propose des amendements aux articles 6 et 21. Comme tout le monde a
reçu copie de ces amendements, est-ce que vous me dispenseriez de les
lire?
Une Voix: D'accord.
Mme le Vice-Président: Ces amendements de M. le
député de Laval sont-ils adoptés?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Charron: J'ai senti que vous aviez le désir de vous
exprimer là-dessus.
M. Levesque (Bonaventure): Oui. M. Charron: Allez-y
donc!
M. Levesque (Bonaventure): Si vous voulez les adopter, je vais
laisser tomber.
M. Charron: Mon idée n'est pas encore faite, je vais vous
écouter avant.
Mme le Vice-Président: M. le chef parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, nous vous
avons dispensée de la lecture des amendements, mais vous me permettrez,
cependant, de rappeler à cette Chambre un peu ce dont il s'agit dans les
amendements que nous suggérons au projet de loi no 92, loi connue comme
la loi du référendum ou plus techniquement la Loi sur la
consultation populaire.
Les principaux amendements de fond présentés par
l'Opposition officielle et, à ce jour, refusés par le
gouvernement, bien que les propos que vient de tenir le leader parlementaire du
gouvernement sont encourageants peut-être c'est une illusion de ma
part, mais on me permettra de le noter ces principaux amendements,
dis-je, malgré qu'en certains cas, comme je le disais, le gouvernement
se disait d'accord avec le contenu de l'amendement, sont en
général les suivants. D'abord, une question qui appelle un oui ou
un non comme réponse quel que soit l'objet du référendum.
Nous avons insisté là-dessus. Une question qui appelle un oui ou
un non comme réponse, dans le cas d'un référendum portant
sur le statut constitutionnel du Québec. C'est un autre amendement qui
n'a pas encore été accepté par le gouvernement, par la
majorité ministérielle, de-vrais-je dire (15 h 20)
L'adoption de la question par les deux tiers des membres de
l'Assemblée nationale. Il me semble que c'est raisonnable que l'on
insiste là-dessus parce que, après tout, lorsqu'on nomme les
membres de la Commission des droits de la personne, on exige les deux tiers de
l'Assemblée. Lorsqu'on veut nommer un directeur du financement des
partis politiques ou même un adjoint au directeur du financement des
partis politiques, on exige le vote des deux tiers de l'Assemblée.
Lorsqu'on va venir à la question qui va être soumise au peuple et
qui va déterminer grandement l'avenir du Québec, à ce
moment on n'exige pas les deux tiers, je trouve que l'Opposition officielle est
bien justifiée d'insister pour qu'on adopte cet amendement.
Un autre amendement que nous avons suggéré, dans le cas
d'un référendum, c'est la possibilité pour un
électeur, un groupe ou un parti politique de participer à une
campagne référendaire sans être obligé de faire
partie d'un comité national, tout en étant, par ailleurs, soumis
à un contrôle sévère des dépenses et à
la Loi régissant le financement des partis politiques. Ce que nous
suggérons dans cet amendement, c'est qu'on donne cette liberté
d'association et cette liberté d'expression qui, à mon sens, sont
essentielles si I on veut qu'on observe une liberté minimale
vis-à-vis d'une question aussi fondamentale que celle qui sera soumise
à la population du Québec.
Finalement, nous avons soumis comme amendement, dans le cas d'un
référendum portant sur le statut constitutionnel du
Québec, qu'il y ait dépôt à l'Assemblée
nationale, par le gouvernement, d'un document définissant son option
constitu- tionnelle au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire. Il me semble que c'est
normal que l'on adopte cet amendement. Il me semble que c est tout à
fait raisonnable que la population puisse, au moins trois mois avant le jour
fixé pour l'émission du bref référendaire,
connaître réellement la position du gouvernement et qu'on ait un
document officiel déposé à l'Assemblée nationale
pour que les députés et la population sachent exactement quelle
est cette théorie, cette notion, cette option constitutionnelle du
gouvernement.
Je vais insister sur cet amendement en particulier; peut-être que
d'autres de mes collègues voudront développer d autres aspects.
Vous savez qu'en vertu de notre règlement nous n'avons qu'un droit de
parole là-dessus, limité, d'ailleurs.
J'aimerais bien pouvoir utiliser le temps à ma disposition pour
développer la position de l'Opposition officielle sur tous ces
amendements que nous vous suggérons et développer un peu notre
approche. Vu que je ne veux pas non plus prendre trop du temps de la Chambre en
cette dernière journée de nos débats, je voudrais insister
davantage sur cet aspect, cette exigence que nous voudrions voir inscrire dans
le texte du projet de loi no 92 obligeant le gouvernement à faire
connaître son option constitutionnelle d'une façon très
claire par un document, et cela au moins trois mois avant le jour fixé
pour l'émission des brefs.
Mme le Président, la Chambre elle-même a déjà
opté en faveur de cette suggestion. En effet, nous avons, il y a deux
mois, en cette Chambre, comme je l'ai rappelé ce matin, voté
à l'unanimité, 85 à 0, et cela représentant tous
les partis en cette Chambre. La motion a été votée
unanimement, je le répète, dans cette Chambre, indiquant la
volonté des parlementaires de voir le gouvernement, sans délai,
faire connaître le contenu, la définition, sa définition de
la notion de souveraineté-association que véhicule le
présent gouvernement dans son option indépendantiste. Mme le
Président, tout ce que nous demandons, c'est que ce soit maintenant mis
dans la loi.
Pourquoi nous insistons? Parce que, malgré que nous ayons une
motion ici, adoptée à l'unanimité, le gouvernement se
réserve le droit d'interpréter la motion. Nous avons entendu le
premier ministre, ce matin, dire qu'il sait ce que cela veut dire, sans
délai, qu'on n'a pas à lui dire ce que le sans délai veut
dire. Pour moi, Mme le Président, sans délai, cela veut dire
immédiatement, surtout après deux mois, alors qu'une motion a
été adoptée à l'unanimité. On dit encore:
Sans délai, ce n'est pas encore rendu au point. On a eu des excuses,
à un moment donné, des élections fédérales.
Il n'y en a pas d'élections fédérales. Cela a
été remis sine die. Donc, il me semble, Mme le Président,
qu'on devrait donner suite à notre motion adoptée
démocratiquement et unanimement par l'Assemblée nationale. Or, le
gouvernement actuel ne donne pas suite à cette motion et fait fi de la
volonté de l'Assemblée nationale.
Mme le Président, si ce n'était que cela. Mais devant
cette volonté, allons-nous nous fier à ce
gouvernement pour ce manque de volonté? Nous voudrions que si le
gouvernement ne respecte pas les motions de l'Assemblée, au moins le
texte de loi devrait être observé, respecté et nous
pourrions, si le gouvernement ne le respecte pas, prendre des mesures
parlementaires et judiciaires afin d obliger le gouvernement à tenir son
engagement. Nous voulons que la population puisse se décider en pleine
lumière, lorsqu'elle aura à décider de son avenir.
Nous avons particulièrement raison de nous inquiéter,
parce que nous avons devant nous un gouvernement qui semble prendre tous les
moyens à sa disposition pour créer davantage de confusion dans
l'esprit des Québécois. Ce gouvernement sait fort bien, les
ministériels savent fort bien, leurs troupes savent fort bien que la
population du Québec, dans son immense majorité, ne veut pas voir
le pays se briser, ne veut pas voir le Québec se séparer du reste
du Canada et est virtuellement, définitivement, positivement,
concrètement contre l'indépendance du Québec, c est clair.
Tous les sondages l'indiquent, au moins 80% de la population sont contre
l'indépendance du Québec.
Ces gens savent cela et connaissent leur option indépendantiste
qu'ils ont véhiculée les uns après les autres. Encore tout
récemment l'adjoint parlementaire du ministre des Affaires
intergouvernementales, dans un discours tout récent je lisais ce
matin la revue de presse l'Argus parlait de la séparation du
Québec. Le ministre des Finances ne se gêne pas pour parler de I
indépendance du Québec. Il y en a d'autres qui se gênent.
Il y en a d'autres qui ne voudraient pas le dire. Probablement que le
député de Rosemont parle de confédération
véritable des fois, mais je le prendrais pour un indépendantiste
celui-là.
M. Paquette: Je parle d indépendance également.
M. Levesque (Bonaventure): II y en a qui n ont pas peur de leur
couleur. D'accord le député de Saint-Jacques, leader du
gouvernement dit: Moi, je suis indépendantiste, il vient de me faire
signe, il veut que son nom soit ajouté.
M. Lavoie: Est-ce qu'il y en a d autres? M. Lessard: On l'est
aussi.
M. Levesque (Bonaventure): Je sais que c est pas un
indépendantiste, lui; quand même il le dirait, je ne le croirais
pas lui.
M. Lessard: ... l'indépendance et la souveraineté,
c'est la même chose.
M. Levesque (Bonaventure): Je sais que le ministre des
Transports, lui, n'est pas indépendantiste; quand même il me le
dirait, je le connais, il n est pas indépendantiste.
Mme le Président, il y a les gens qui montrent leur couleur, je
les respecte, je diffère d'opinion. mais au moins on sait ce qu ils
veulent. Mais il y en a qui vont tout essayer et cela est la majorité
que nous avons devant nous. Surtout les stratèges d
arrière-scène veulent que la population du Québec soit
confrontée avec quelque chose qu'elle ne comprendra pas ou mal. (15 h
30)
C'est pour cela qu'on a inventé de toutes pièces. Cela
fait longtemps qu'on a inventé le mot, mais on l'utilise de plus en
plus, on laisse tomber I indépendance, dont le premier ministre parlait
à New-York comme étant irréversible, on laisse tomber le
mot "indépendance". De plus en plus, dans les communiqués, de
plus en plus on est parti de la séparation qu'on a abandonnée, de
lindépendance qu'on a abandonnée, sauf quelques-uns que je
respecte pour l'avoir au moins gardée. On a le courage de ses
convictions. Si on est convaincu que c'est mieux pour le peuple
québécois et qu'on le dit: Bravo! Continuez votre travail,
dites-le, et si le peuple du Québec vous croit et vous suit, il vous
suivra. C'est démocratique.
M. Lessard: Bravo!
M. Levesque (Bonaventure): Mais ne venez pas nous embêter,
embêter la population du Québec et essayer de la leurrer avec un
vocabulaire complètement confus. Mme le Président, de la
séparation à l'indépendance, de l'indépendance
à la souveraineté-association, de la
souveraineté-association à la véritable
confédération et jusqu'à l'autonomie provinciale à
travers cela, je vous dis qu'on n'est pas surpris, après ça, de
voir le document publié par le journal de Montréal et le journal
de Québec où l'on voit le véritable visage de ceux qui
colportent le vocabulaire, et cela d une façon absolument indigne, sans
respect pour l'intelligence des Québécois. C'est ce genre de
plan, de manifeste, que nous avons grâce à des journalistes
vigilants intercepté et que la population va voir. Les masques
vont tomber. C est cela qui a inspiré la politique du gouvernement
actuel; c'est cela qui continue d'inspirer la politique du gouvernement actuel
et c'est ce qui aurait continué de se faire si on n avait pas
déjà démasqué ces gens-là.
Qu est-ce que l'on dit, Mme le Président? Je n ai pas l'intention
de relire ce document. J'aimerais cependant avoir l'occasion ou la permission
de le déposer en cette Chambre; cela m'éviterait de le lire en
entier. J'aimerais qu'il soit en annexe au journal des Débats, tellement
c est édifiant.
M. Lavoie: Oui, on demande le consentement.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, est-ce que je
peux...
M. Lessard: Est-il signé?
M. Levesque (Bonaventure): II est signé, justement, et je
réponds au ministre des Transports.
Grâce à la vigilance encore de la presse et grâce
à l'honnêteté du signataire du document qui a
lui-même reconnu l'authenticité du document, c'est-à-dire
que Doris Lussier a écrit au journaliste en question qui couvre nos
activités parlementaires à la Tribune de la presse. Il a reconnu
l'authenticité du document. On le verra dans le journal de
Montréal de ce matin ou le journal de Québec, c'est reconnu. Le
document étant authentique, pourquoi le ministre des Transports me
dit-il: Est-ce qu'il est signé? Est-ce qu'il a honte du document?
Pourquoi pose-t-il de telles questions? Est-ce parce que lui-même n'est
pas un véritable indépendantiste?
M. Lessard: Oui, je le suis.
M. Levesque (Bonaventure): II vient avec un sourire bienveillant
de me donner raison encore une fois. Mme le Président, je vous dis que
c'est édifiant de voir cela. "Cette analyse effectuée
là, je cite le journaliste simplement M. Lussier préconise
ses recettes: utiliser le pouvoir au maximum, pour faire de la propagande
souverainiste; pour cela, trouver le moyen, direct ou indirect, d'utiliser
l'argent du public, chauffer à blanc le nationalisme et planifier
l'opération de façon paramilitaire. Faire passer les
fédéraux pour des peureux, des arriérés et des
traîtres; faire toute la stratégie référendaire
contre le séparatisme et sur l'association; s'assurer la collaboration
des mouvements syndicaux à la faveur des prochaines négociations
des secteurs public et parapublic. Mettre tout ce qui va mal sur le dos du
gouvernement fédéral; acheminer un petit catéchisme de la
souveraineté-association à tous les foyers et inonder le
territoire francophone d'affiches et de slogans souverainistes. " C'est le
résumé du journaliste, mais écoutons maintenant M. Lussier
lui-même, dans certains passages.
Mme le Vice-Président: Vous m'induisez en tentation de
vous lire les amendements, M. le chef parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, je donne les
raisons pour lesquelles je souscris de tout coeur à l'amendement qui
exige de ce gouvernement qu'il dépose un document sur son option
constitutionnelle au moins trois mois avant le moment de l'émission des
brefs. Malgré tout le respect que je vous dois personnellement, et que
j'ai pour votre institution, Mme le Président, personne ne
m'empêchera dans cette Chambre d'appuyer, d'étayer mon
argumentation à l'aide d'un document authentique, reconnu par son auteur
qui est un militant de la première heure du mouvement qui est justement
à l'origine de la théorie, de la notion, de l'option de la
souveraineté-association de ce gouvernement. Je dis, Mme le
Président: Qu'est-ce que ces gens-là veulent? Ils se
reconnaîtront ou ils ne se reconnaîtront pas.
Je ne parle pas au ministre des Finances à ce moment-ci; lui, il
montre ses couleurs. Il l'a dit et répété: II pense qu'un
Québec indépendant peut fort bien vivre. Il dit: Je suis
indépendantiste. Voyez-vous, il a des adeptes, le ministre des Finances,
ici en cette Chambre. Je suis heureux de le reconnaître, mais ce n'est
pas ce que nous avons vécu. Combien de fois me suis-je levé en
cette Chambre, Mme le Président, pour que le premier ministre me dise:
Nous sommes pour l'indépendance du Québec. Nous voulons
l'indépendance du Québec. Si on s'associe, on s'associera avec
qui on pourra après.
C'est cela, la vérité? Bien, qu'on le dise donc! Qu'on ait
donc le courage de ses convictions. Qu'on ne parle pas d'une association,
lorsqu'on sait que cela prend des associés, que cela prend une
volonté extérieure pour pouvoir s'associer avec quelqu'un. Cette
volonté extérieure peut venir d'ailleurs. On ne dit pas que la
France est dans un gouvernement de souveraineté-association. On ne dit
pas que les Etats-Unis sont dans un gouvernement de
souveraineté-association. On ne dit pas que l'Angleterre est dans un
gouvernement de souveraineté-association. Ces gouvernements-là
sont indépendants et ils s'associent selon leurs intérêts,
selon les circonstances, selon ce qu'ils pensent être bon pour leur
peuple, qu'il soit américain, français ou britannique, et dans un
esprit également de coopération internationale.
Mais, lorsque l'on parle, au peuple du Québec, de la
souveraineté, pour flatter sa fierté, sans lui parler de la
vérité qu'est l'indépendance, et lorsque, en même
temps, on veut le sécuriser en parlant d'association, on veut leurrer le
peuple. C'est ce genre de document que je vous cite à l'instant qui
indique bien la pensée de ceux qui sont les grands stratèges de
la souveraineté-association.
On dit dans ce texte, signé et authentique: "Mais en ce moment,
dans l'ordre des priorités objectives, la souveraineté passe
avant la social-démocratie ". Et on continue: "D'où la
nécessité, tout en étant le meilleur gouvernement
possible, de consentir à remettre à après le
référendum toutes les réformes dont le radicalisme, si
nécessaire soit-il en lui-même, risque d'en faire un
élément négatif, dévastateur au moment du vote". Un
peu plus loin on dit: "La troisième leçon, c'est qu'il va falloir
utiliser le pouvoir au maximum, pour faire de la propagande souverainiste. Sans
quoi nous perdons sûrement le référendum et
vraisemblablement, ensuite, le pouvoir". Et je continue de citer, c'est
intéressant dans ce paragraphe. "En pratique, cela veut dire que le
gouvernement doit absolument trouver le moyen, direct ou indirect, de nourrir
l'intendance, mot élégant pour désigner le vulgaire, mais
désespérément indispensable pognon. Je connais et je
respecte l'opinion de ceux de nos camarades qui croient politiquement
imprudent, voire immoral, d'utiliser l'argent du public à des fins de
propagande souverainiste préréférendaire. Mais il me
semble que ces scrupules..." etc. Voyez-vous cela, Mme le Président?
C'est cela la transparence? Mme le Président, on se dit en état
de légitime défense.
Et ensuite, la quatrième leçon. Voulez-vous l'entendre,
Mme le Président? "La quatrième le-
çon des faits, c'est qu'il va falloir chauffer à blanc le
nationalisme québécois, avec tous les moyens à notre
disposition, subtilement mais de façon constante, quotidienne et
massive". C'est justement cela qu'on ne veut pas. On ne veut pas que le projet
de loi no 92, et ce qui viendra après, lorsqu'on aura
décidé de la question, on soit pris avec ce genre de philosophie
machiavélique, indigne d un parti qui se targuait de transparence et qui
attaquait le gouvernement libéral du temps, comme manquant de cette
transparence essentielle à un gouvernement démocratique. Ils sont
au pouvoir aujourd'hui. Où est cette transparence? Où sont les
renseignements dont nous avons besoin?
Nous quittons dans quelques heures cette Assemblée nationale pas
plus avancés que lorsque nous y sommes entrés, pas plus
avancés dans ce domaine. Nous n'avons pas la question. Nous n'avons pas
une idée de la question. Nous ne connaissons pas la position du
gouvernement sur l'indépendance ou la souveraineté-association.
On ne veut nous donner aucune définition. On a une motion votée
à l'unanimité par cette Chambre qui oblige le gouvernement
à se prononcer sans délai, cela fait plus de deux mois. Le
gouvernement a fait fi des droits et privilèges en disant: C'est nous
qui allons interpréter cette motion. Ce n'est pas l'Assemblée.
Faites-nous voter encore, et on verra. C'est ce genre de mépris qui nous
a été servi aujourd'hui.
Pensez-vous que nous avons des leçons à prendre de ces
gens-là? Ils nous donnent quatre leçons et, ensuite, ils nous
parlent de stratégie. Ecoutez c'est le bout, Mme le
Président, cela a été répété dans les
officines du Parti québécois et c est ce qui court chez les
stratèges, même chez les parlementaires et où l'on dit: "A
cet égard et je cite M. Lussier il me paraît d'une
importance stratégique absolue de faire toute la campagne
référendaire contre le séparatisme. C'est la seule
façon d'enlever aux fédéralistes ce qu'ils croient, avec
raison, être leur arme absolue: la peur. (15 h 40)
II ne faut surtout pas se leurrer là-dessus, les
Québécois dans leur grande majorité ont peur du
séparatisme. Et la seule stratégie efficace à adopter pour
les sécuriser..." Vous avez déjà entendu cela dans les
campagnes électorales, Mme le Président. Vous-même avez
passé par là, mais je sais que vous avez passé par
là avec noblesse, avec dignité, mais pensez à tous vos
collègues autour de vous qui disaient: II faut rassurer le peuple. Vous
les voyiez à la télévision avec les couleurs qu il
fallait, avec l'éclairage qu'il fallait, avec le sourire, disant: Mes
chers amis québécois. Avez-vous regardé la
télévision durant la campagne électorale? C était
beau de voir cela! Moi-même je me suis laissé prendre à un
moment donné. Je me disais: C est-y du bon monde! Ont-ils l'air bons,
honnêtes, gentils? Ils veulent notre bien. On veut un bon et vrai
gouvernement et non comme ces gens, eurk! Les libéraux, eurk! Les
Bourassa et compagnie, eurk! C est donc un bon gouvernement!
Je sais que cela vous fait mal, mais je vous vois encore. Je vous vois
tellement jolie, rassu- rante. On voyait le ministre des Consommateurs, Mme le
Président. Elle était charmante. Elle était rassurante.
Elle était d'une gentillesse qui nous prenait au coeur. Elle nous
rassurait. Je ne dis pas qu'elle était maternelle, mais
réellement elle avait I air de dire: La province de Québec,
venez, je vous adore, je vous aime, venez! Mme le Président, tout cela
à des émissions de télévision.
De temps en temps, il y avait le premier ministre actuel qui revenait et
disait: Ecoutez, ne vous en faites pas. Il y a des gens qui colportent toutes
sortes de choses, mais ayez confiance en nous, nous allons être un bon et
vrai gouvernement.
Mme Payette: Alors?
M. Levesque (Bonaventure): Cela a été fait. Les
autres, les ténors qui parlent fort, les gens qui font du bruit, on ne
les a pas vus durant la campagne. Ils sont allés dans leur comté.
On leur a dit: Occupez-vous de votre comté et ne venez pas apeu-rer le
peuple. On va avoir une dame qui va bien présenter les choses. Elle l'a
très bien fait. Je la félicite. Elle est probablement une
à qui I on doit beaucoup si on est intéressé au pouvoir,
mais il y a une chose. On nous revient après moins de deux ans et l'on
voit le véritable masque qui tombe et I on veut encore nous rassurer et
nous sécuriser. Oh non! Cela va se faire une fois. Ils vont nous
rassurer. Ils vont nous sécuriser. On va se faire rassurer. On va se
faire sécuriser, mais pas là. Là, Mme le Président,
j espère que si vous rencontrez Doris, notre ami. vous allez lui dire
que cela fait, de sécuriser encore une fois. Je le cite, Mme le
Président. La seule stratégie efficace à adopter pour les
sécuriser, c est de faire une campagne spectaculaire
antiséparatisme. Si nous ne faisons pas cela, je suis convaincu que nous
ne ramasserons pas plus de 35% du vote. Il ne faudra pas prononcer le mot
indépendance une seule fois." Voyez-vous la transparence? Le premier
ministre, le 16 mars 1977, me dit: Arrêtez-donc ces chinoiseries.
Indépendance et souveraineté, c est la même chose.
Mme Payette: C'est exact.
M. Levesque (Bonaventure): Pourtant, il ne faut pas. Pourquoi il
ne faut pas? Il ne faudra pas prononcer le mot indépendance une seule
fois. "Il faut même faire campagne je pense que le
député de Rosemont a déjà lu cela, car je pense qu
il a fait cela; d ailleurs, le premier ministre l'a fait pour la
Confédération, la vraie. On ne peut pas tomber mieux. Seulement
deux minutes. J achève. Je vais demander à quelques-uns de mes
collègues de poursuivre parce que cette lecture est fort
intéressante: je m'aperçois que de plus en plus de
députés reviennent à I'Assemblée nationale pour
prendre connaissance de ce document. Réellement, je crois qu'il y a
là de quoi nous édifier. Je continue de citer. "Il ne faudra pas
prononcer le mot "indépendance " une seule fois. Il faut même
faire campagne pour la Confédération, la vraie, cest-a-dire d une
association d égal à égal d Etats souverains. Un
traitement d égal à égal écoutez-moi cela,
je continue, Mme le Pré-
sident, il me reste deux minutes les Québécois vont
acheter cela." Voyez-vous l'esprit? Les Québécois vont acheter
cela. Il faut les sécuriser d'abord et après cela ils vont
acheter. Voyez-vous le "merchandising' péquiste?
Mme le Président, la perspective d'une séparation? Jamais!
Ceux qui ne croient pas cela ne connaissent pas l'opinion
québécoise. Là, on revient à la
souveraineté-association. Ecoutez-moi cela! "C'est la certitude d'une
association qui enlève aux Québécois leur peur de la
souveraineté. C'est sur ce sentiment qu'il faut absolument jouer".
Sécuriser, acheter ou vendre et jouer. Voyez-vous les termes? Cela,
évidemment, comme M. Doris Lussier l'a dit en toute candeur: Je n'aurais
pas employé les mêmes termes si j'avais su que cela aurait
été publié. Je comprends. C'est une belle candeur.
On continue: "La seule façon au Québec de faire
l'indépendance, c'est de ne jamais en parler! "Et ainsi de suite.
Là, on parle même d'utiliser je préviens le ministre
des Finances les négociations dans les secteurs public et
parapublic. Faites bien attention! Si on lit ceci, on comprend qu'il faut payer
un petit peu plus pour ne pas avoir de troubles, afin de protéger la
campagne référendaire. Cela, c'est utiliser l'argent public
c'est aussi clair que cela par millions et par centaines de
millions pour essayer de ne pas avoir de problèmes au moment du
référendum. C'est sérieux. On va y revenir quand le temps
nous le permettra.
Finalement, la tactique. "Tout mettre ce qui va mal au Québec sur
le dos du gouvernement fédéral", et ainsi de suite. C'est ce qui
fait que ce genre de plan, ce genre de dessein qui a commencé, depuis
lonqtemps, à être utilisé par le gouvernement actuel on
veut le voir cesser dans l'intérêt même des
Québécois. C'est pourquoi le projet de loi no 92 en
bénéficierait grandement et le gouvernement ferait preuve de plus
d'ouverture, de plus d'honnêteté, de plus de transparence s'il
acceptait d'adopter, avec l'ensemble des députés, les amendements
que nous suggérons bien respectueusement, bien aimablement, bien
gentiment, avec toutes les qualités qui vont avec leur
présentation tout à fait objective. Il serait bien avisé
d'appuyer ces amendements et surtout cet amendement qui permet à
l'Assemblée nationale et à l'opinion publique d'être au
courant, au moins trois mois avant l'émission des brefs, de la position
constitutionnelle du gouvernement actuel.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: Mme le Président, je ne voudrais pas que nous
fermions cet intéressant dossier que vient d'ouvrir le chef de
l'Opposition sans que toutes les questions soient posées. Il en a
posé un certain nombre. Je ne dis pas que, de cette place, cet
après-midi, avec la compétence limitée que je peux avoir,
je répondrai à toutes. Je m'efforcerai de faire ce que le chef du
gouvernement a fait depuis plusieurs mois, à chaque fois que les crises
d'inquiétude et les angoisses constitutionnelles "tressaillaient" les
tripes de l'Opposition, soit de répéter notre réponse, de
répéter ce que nous avons déjà fourni, les
engagements que nous pouvons déjà fournir sur cette
question...
M. Levesque (Bonaventure): Je m'excuse d'interrompre le leader du
gouvernement. Je ne m'attendais pas à avoir une réplique de sa
part. J'en suis fort heureux. J'espère que ceci ajoutera au
débat. Je veux simplement m'excuser. Je n'avais pas prévu cette
intervention et je devais quitter. Je ne m'en vais pas parce que je ne veux pas
l'entendre. Je le lirai avec beaucoup d'intérêt.
M. Charron: C'était d'ailleurs pour lui permettre de
partir que j'avais appelé cet article.
M. Levesque (Bonaventure): Je reviendrai un peu plus tard.
Merci.
M. Charron: Je vous permets d'aller voir votre chef.
M. Lavoie: C'est vrai!
M.Charron: Je le sais. Pour une fois que cela ne lui prend pas
trois jours à prendre une décision.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: Mme le Président, donc, pour vous, je le
regrette. Pour vous, une partie de mon intervention est du déjà
cuit, du déjà entendu, du déjà lu. Surtout pour
ceux qui, comme moi, sont membres du Parti québécois depuis sa
fondation, cela prend un certain air harassant. On a l'impression
qu'au-delà d'un manque de clarté de texte, d'une limpidité
à venir dans une définition, ce qui rend aveugle à
comprendre le sens des propositions qui sont inscrites dans notre programme
depuis dix ans, c'est d'abord et avant tout une certaine manière de ne
pas vouloir voir ce qui est écrit dans le texte. (15 h 50)
Quand on dit que ce parti fondé il y a dix ans est aujourd'hui le
gouvernement du Québec sans aucun programme clair, sans aucun
énoncé constitutionnel, sans que le peuple sache exactement ce
qu'il veut et ce qu'il est, on ment. Nous n'aurions pas eu la confiance des
Québécois aussi rapidement si nous n'avions pas su aussi
clairement répondre à un désir qui habite ce peuple depuis
200 ans, et nous engager à le faire. D'ailleurs, Mme le
Président, s'il y en a qui nous ont présentés à la
population, définis à la population, décrits à la
population comme nous autres, selon ce que nous disons être, selon ce que
nous affirmons être tous et chacun comme membres de ce parti, ce sont
bien nos amis d'en face qui, dès le moment où parmi les tout
premiers députés nous avons mis les pieds dans cette
Assemblée, nous ont appelés ad nauseam les séparatistes,
nous ont appelés à nous en écoeurer les destructeurs du
pays, les "abandonneurs" des Rocheuses. Ce sont eux ici qui nous ont
décrits comme tels.
Si aujourd'hui les gens ne nous connaissent pas, c'est votre machine
à propagande qui ne nous a pas suffisamment décrits, parce que,
à ce que je sache, vous ne vous êtes pas gênés pour
dire partout que nous voulions l'indépendance du Québec. Vous ne
vous êtes pas gênés pour placarder en noir, signe
avant-coureur du deuil qui vous afflige depuis le 15 novembre, que nous
étions le parti séparatiste, pour tenter de nous affilier
madame, le jeu était grossier et tellement laid qu'il les a
coulés à nouveau à ce mouvement violent qui a
marqué le départ de l'indépendance du Québec, il y
a presque une vingtaine d'années.
Ce n'était pas dit, mais ce n'était pas refusé non
plus. On ne détestait pas laisser dans l'horizon sentir que des gens qui
finançaient depuis le début de leur parti démocratiquement
cette option, qui avaient fait le programme du parti, qui se
réunissaient étaient peut-être au fond des terroristes en
puissance. On ne le disait pas. Pas les hauts rangs du parti, bien sûr,
pas le nouveau chef du parti, non plus, bien sûr. Il est beaucoup trop
catholique pour cela, Mme le Président. Mais les troufions à la
base, les couleuvres à la base qui militent pour ce parti à
certaines occasions ne ménageaient pas les allusions.
J'ai fait trois campagnes électorales avec la machine
électorale du Parti libéral dans les jambes, Mme le
Président. On ne se gênait pour dire que j'étais
séparatiste et je ne me gênais pas pour dire, moi, que
j'étais indépendantiste, parce que je croyais que ce peuple
était aussi grand, aussi adulte, aussi normal que les 160 peuples qui
sont aux Nations Unies actuellement. Je n'ai pas honte de cela. Et, si cela m'a
valu d'être suivi par la Gendarmerie royale, de faire ouvrir mon
courrier, de faire écouter mes lignes téléphoniques, je m
en fous.
Je crois que le peuple québécois est un peuple normal. Je
le défends ici. Je crois qu'il est capable d'administrer la
totalité de ses taxes et de ses impôts. Je crois que, comme un
peuple adulte, il est capable de proposer aux Canadiens, plutôt que de
nous battre et de nous quereller dans une chicane de maison qui n'en finit
plus, comme celle de la taxe de vente que nous vivons, que nous avons
vécue à nous en écoeurer également et à
écoeurer toute la population du Québec, je crois, dis-je que nous
sommes assez adultes, le peuple du Québec, pour proposer à tous
les Canadiens, qui seront toujours nos voisins et avec lesquels nous ne voulons
briser aucune harmonie, une nouvelle association, pas de peuples qui sont
forcés de vivre dans une cabane où ils ne se respectent pas les
uns les autres, mais de gens qui acceptent de vivre ensemble, de partager un
certain nombre de responsabilités. L'histoire et la géographie
nous y conduisent tout à fait naturellement.
Mme le Président, qu'on ne s'inquiète pas de l'autre
côté. La motion qu'évoquait le chef de l'Opposition ce
matin, qui a valu l'unanimité de la Chambre, j'ai voté pour, moi
aussi. Ce qu'on cherche à obtenir par l'amendement qui est
proposé actuellement, soit que le gouvernement définisse trois
mois avant le référendum, par un papier déposé
à six millions d'exemplaires s il le faut, sa position
constitutionnelle, tout cela sera fait. Pensez-vous que j'ai travaillé
comme un chien depuis dix ans pour l'indépendance du Québec pour
risquer qu'au référendum mon option soit mal comprise?
Pensez-vous que tous ces militants qui viennent de nous souscrire $2 millions
à partir de leurs poches privées pour financer notre parti, notre
option veulent que nous nous rendions au référendum pour risquer
de le perdre? Nous allons clairement le dire, et malgré
l'ambiguïté que nous sommes censés maintenir actuellement. C
est curieux comme l'ambiguïté, qui est plutôt lourde à
20 pieds en avant de moi, n'existe plus dès qu'on a
dépassé ce mur des séquences ridicules comme celle de la
taxe de vente par pur mépris du gouvernement québécois. Le
gouvernement de la majorité anglaise du pays et les serviteurs
francophones qu'il dirige actuellement, ont lancé dans les goussets de
chacun les $186 millions qui nous reviennent en nous disant: Allez les chercher
maintenant. Ce qu'ils n'auraient jamais fait à l'Ontario, ce qu ils
n'auraient jamais fait à d'autres provinces. Pensez-vous que cela
n'ouvre pas les yeux aux citoyens, malgré les épouvantails
à moineaux d'incertitude et d'angoisse que soulèvent nos amis
d'en face? Est-ce que vous ne trouvez pas que les citoyens, eux, commencent
à comprendre?
Dans le sondage dont se gargarise probablement à l'instant le
nouveau chef du Parti libéral, j'espère que sa myopie ne
l'empêche pas de comprendre sur le plan intellectuel tout le sens qu'il y
a là-dedans. Quand on pose la question: Si, demain matin, la question du
référendum était: Etes-vous en faveur de la
souveraineté politique du Québec avec une association
économique au reste du Canada, que répondriez-vous à cette
question?" Chez le peuple francophone du Québec, Mme le
Président, la réponse c'est 46% oui, et 54% non. Notre option n'a
jamais été aussi forte dans notre peuple francophone. C'est
à lui que nous posons la question.
Bien sûr, nous le déplorons les tout premiers. Nous ne
sommes pas servis en cela, pour les rejoindre, par les media d'information
à travers lesquels nous tentons de nous adresser à eux. Nos
concitoyens anglophones du Québec, eux, maintiennent une objection de
principe qu'entretiennent d'une manière inqualifiable, à
l'occasion, certains ténors du Parti libéral, à refuser la
moindre évolution du peuple québécois. La proportion, chez
les anglophones du Québec, n'atteint même pas 10% qui seraient
prêts à voter oui. Mais chez les Québécois de langue
française, chez le peuple du Québec, le peuple francophone de
l'Amérique du Nord, c'est ici, son seul chez-soi possible et
envisageable. Nous n'avons jamais été aussi près de
renverser la vapeur.
Nous allons donc continuer d'informer les citoyens, à partir
d'exemples que nous fournissent des serviles comme Jean Chrétien
à Ottawa, d'ouvrir les yeux de la population du Québec et dire:
C'est aussi clair que cela. C'est presque
impossible de gaffer comme cela, mais c'est la réalité
quotidienne du système en agriculture, en affaires municipales, en
loisirs même. Je serai en mesure de déposer sur la table
l'injustice causée aux Québécois, la lenteur à
être servis lorsqu'on est Québécois dans ce régime
et dans ce système. Que nos amis ne fassent pas l'erreur, qui les a
d'ailleurs conduits à leur perte une fois, de se gargariser à
l'avance. Le chef du gouvernement demeure, par une large coudée, le plus
fidèle représentant homme politique de la majorité
francophone du Québec et approuvé par une large majorité
de la population francophone du Québec.
M. Lavoie: Excusez-moi, je crois que le ministre a
épuisé son droit de parole.
M. Charron: Non, Mme le Président, je réponds au
nom du gouvernement.
Mme le Vice-Président: A moins qu'il ne parle comme
représentant du gouvernement.
M. Lavoie: Mme le Président, selon l'article 123 de notre
règlement, tout à l'heure, on n'a pas oublié de laisser
entendre au chef du Parti libéral que son temps était
épuisé. Je pense que les mêmes règlements doivent
s'appliquer à tout le monde.
Si on lit l'article 123 de notre règlement, il est dit: "Le
président organise le débat au cours duquel a lieu la prise en
considération du rapport et des amendements proposés. La
règle voulant qu'un député ne parle qu'une fois ne
s'applique pas au proposeur du projet de loi. " S'il y en a un qui a le droit
de parler plusieurs fois, c'est, je crois, en l'occurrence, le ministre de la
Justice, et non pas le député de Sain-Jacques qui est soumis,
comme tout le monde, à un droit de parole de dix minutes, Mme le
Président, sauf le chef du parti qui a droit à une demi-heure et
le ministre qui a droit à une demi-heure et peut même intervenir
plusieurs fois. (16 heures)
Des Voix: Consentement.
Mme le Vice-Président: Je vous remercie de me rappeler ce
fait qui m'avait échappé momentanément. Je demanderais
à M. le leader du gouvernement de conclure ou bien, à moins qu'il
n'y ait consentement de cette Assemblée...
Des Voix: Consentement.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Des Voix: Consentement.
Mme le Vice-Président: Veuillez conclure. S'il vous
plaît! A l'ordre!
M. Charron: Est-ce que je peux...
Mme le Vice-Président: Je vous demanderais,
M. le leader parlementaire du gouvernement, de bien vouloir conclure.
Vous avez encore... Voilà, c'est terminé. Concluez.
M. Charron: Mme le Président, est-ce que je peux prendre
le droit de parole du ministre de la Justice sur cette présentation de
rapport?
Une Voix: Le règlement ne le permet pas.
Des Voix: Non.
Une Voix: Le règlement est clair.
M. Gratton: Le règlement ne le permet pas, voyez-vous.
Une Voix: Vous pouvez entendre le ministre de la Justice.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: Est-ce qu'il est permis de demander au leader de
l'Opposition, en sollicitant un consentement, la raison fondamentale pour
laquelle il me refuse de parler au nom du ministre de la Justice?
M. Lavoie: Oui, cet bien simple parce que, premièrement,
à mon point de vue, vous ne respectiez pas du tout la pertinence du
débat. Mme le Président, le ministre m'a posé une
question. A l'étape du rapport du projet de loi, on peut parler soit sur
le rapport ou sur les amendements proposés. Les amendements
proposés, c'est une question avec un oui ou un non, une question, les
deux tiers.
M. Charron: Je parle du même amendement que le chef de
l'Opposition.
M. Lavoie: D'accord. Maintenant, même sur cet amendement
d'un engagement du gouvernement trois mois avant le référendum,
l'obligation pour le gouvernement d'établir sa position
constitutionnelle, ce débat ne permet pas de faire un débat de
fond même si vous aviez une position constitutionnelle. Mais c'est
uniquement si l'opportunité pour le gouvernement, l'obligation pour le
gouvernement...
M. Charron: D'accord, je ne veux pas vous enfarger. D'accord.
M. Lavoie: Un instant. Je vais terminer ma réponse.
Uniquement sur le fait de l'obligation du gouvernement d'établir sa
position trois mois avant et non pas un débat de fond. Enfin, je ne
voudrais pas priver le ministre de la Justice d'intervenir, lui limiter sont
droit de parole parce que c'est lui qui, avec nous, a travaillé 70
heures en commission, qui a étudié le projet de loi et non pas le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je vais rassurer le leader de l'Opposition, Mme le
Président. Le ministre de la Justice...
Mme le Vice-Président: Permettez-moi...
M. Charron: Oui, s'il vous plaît! sur cette question
soulevée.
Mme le Vice-Président: D'accord, M. le leader
parlementaire du gouvernement, sur la même question de
règlement?
M. Charron: Oui, je veux assurer le leader de l'Opposition
officielle. Le ministre de la Justice va intervenir en troisième lecture
parce qu'il a effectivement accepté à pied levé le
parrainage de ce projet de loi. Deuxièmement, le ministre de la Justice
est tout à fait d'accord pour que je termine à sa place et je ne
lui enlève pas son droit de parole. Troisièmement, Mme le
Président, je suis membre du gouvernement et j'ai été
appelé à travailler à chacun des projets de loi et des
amendements.
M. Lavoie: Ce n'est pas un reproche que je vous fais.
M. Charron: Je conclus, Mme le Président, en disant que je
serais favorable, si j'en avais l'assurance, à l'amendement
proposé dans le texte qu'a présenté le
député de Laval, si la contrepartie était la même.
Je n'admets pas, à la veille d'un référendum j'ai
entendu mes collègues l'exprimer très bien en commission
parlementaire que les règles du jeu soient inéquitables et
qu'il y ait une seule partie qui soit, dans la loi, comme l'amendement le
suggère, obligée de définir sa position trois mois avant
le référendum. Je pourrais accepter si les amis d'en face, leur
chef ou toute aide extérieure, même du gouvernement
fédéral aide financière ou intellectuelle qui leur
serait donnée leur permettaient de prendre l'engagement devant
cette Assemblée qu'une fois pour toutes, trois mois également
avant le référendum, ils vont nous dire ce qu'est le
fédéralisme repeinturé, le régime
débossé, le partage défini et clair qui peut être
donné. Chaque fois qu'on leur a demandé...
M. Gratton: ... le référendum et on va nous donner
la réponse.
M. Charron:... ils préfèrent s'enfoncer dans ce
qu'ils sont actuellement que de participer avec les Québécois
à une recherche claire de leur maturité. C'est ce que nous
offrons; c'est ce que le référendum leur offre et c'est pour cela
que nous allons refuser cet amendement.
M. Gratton: II y en a 49% qui ne savent pas de quoi vous parlez!
Envoyez, charriez!
Mme le Vice-Président: Avant de donner la parole à
M. le député de Mégantic-Compton... Vous ne m'avez pas
laissée me lever, M. le leader parlementaire du gouvernement. J'allais
vous dire que j'aurais interprété le règlement, en m'en
tenant à l'article 94.2, en considérant que c'est un débat
restreint où j'aurais pu recevoir une intervention un petit peu plus
longue. Mais maintenant que vous avez conclu, vous ne m'avez pas donné
l'occasion de le faire. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Charron: Sur une question de règlement, parce que peu
importe au fond le débat en cours actuellement, j'aimerais bien
qu'à partir d'une décision de votre part, nous puissions
clarifier l'avenir des travaux, parce qu'il va s'en produire d'autres cas comme
celui-là.
Mme le Vice-Président: Je n'avais pas l'intention, M. le
leader, d'en faire une discussion aujourd'hui, mais cette intervention
était justement pour que nous puissions clarifier cette question. Ce
n'est pas nécessaire de le faire aujourd'hui, mais on peut fort bien le
faire, je pense.
M. Charron: Mme le Président, je vais vous poser une
question de directive.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement?
M. Charron: Oui. Est-ce que la motion que nous débattons
actuellement est une motion de fond?
Mme le Vice-Président: Je dirais que c'est une motion de
forme, M. le député.
M. Lavoie: Exactement, c'est une motion de forme.
M. Charron: Pourquoi, Mme le Président?
M. Lavoie: Voulez-vous citer, Mme le Président, l'article
56, septièmement...
Mme le Vice-Président: Vous voulez intervenir sur la
question de règlement, M...
M. Lavoie: On peut finir cette question, parce que vous avez
entrouvert une porte, Mme le Président, et nous avons le même
souhait que vous, c'est qu'on clarifie une fois pour toutes cette question. En
vertu de l'article 94, je crois, 'sauf dispositions contraires du
règlement, un député peut parler sur une motion de fond
pendant vingt minutes; mais peuvent parler pendant une heure le premier
ministre, le leader parlementaire du gouvernement, le chef d'un parti reconnu
ou leur représentant et lors des deuxième et troisième
lectures, le proposeur du projet de loi. 2. Sur toute autre motion cela
veut dire une motion de forme en l'occurrence la durée des
discours prévus au paragraphe 1 est réduite de moitié.
Pour les fins du présent article, les motions de deuxième et de
troisième lectures sont assi-
milées à des motions de fond." Et si on prend la
définition d'une motion de forme, Mme le Président, c'est
l'article 56, septièmement, qui dit que "les motions de forme, (qui)
sont des motions principales, consécutives à une
résolution ou à un ordre adopté pendant la session, ou
les deux dernières lignes sont très importantes
ayant pour objet de mener à fin une affaire dont l'Assemblée est
déjà saisie."
L'Assemblée est déjà saisie de la loi 92,
première et deuxième lectures, commission, et là c'est une
considération du rapport. En somme, c'est pour mener enfin vers la
troisième lecture une affaire dont l'Assemblée est
déjà saisie, la loi 92. C'est une motion de forme et si nous
allons maintenant à l'article 123, sixièmement, "le
président organise le débat au cours duquel a lieu la prise en
considération du rapport et des amendements proposés. La
règle voulant qu'un député ne parle qu'une fois ne
s'applique pas au proposeur du projet de loi."
Maintenant, le droit de parole. En plus de cela, ce serait très
facile de citer une très abondante jurisprudence. Je vois devant moi le
député de Saint-Jacques et le député de Saguenay,
le leader parlementaire du gouvernement et le ministre des Transports pour qui,
constamment, quand ils siégeaient de ce côté-ci, les droits
de parole ont toujours été cette étape-ci c'est une
motion de forme de moitié. Tous les députés ont
droit à dix minutes, le proposeur du projet de loi il y a une
exception pour lui peut parler plusieurs fois. S'il peut parler
plusieurs fois, il peut parler pendant une heure s'il le veut ou quoi que ce
soit, et les représentants, les porte-parole de chacun des partis ont
droit à la moitié de leur temps normal, qui est d'une heure, ce
qui veut dire trente minutes. Ce sont les trente minutes qu'a employées
le chef de l'Opposition officielle. Je pense que c'est bien clair.
Mme le Vice-Président: Dans votre dernière phrase,
M. le leader de l'Opposition officielle, vous disiez, ...
M. Lavoie: Mon humble avis, c'est que tous les
députés...
Mme le Vice-Président: ... que le représentant de
chacun des partis à droit à une demi-heure.
M. Lavoie: Le proposeur, entre autres, du projet de loi. Vous
savez, le proposeur d'un projet de loi a le droit de parler une heure sur un
projet de loi...
Mme le Vice-Président: Oui. D'accord, M. le leader.
(16 h 10)
M. Lavoie:... et si son droit de parole est coupé de
moitié, cela fait une demi-heure. Le représentant de chacun des
partis d'Opposition a droit à une heure dans un débat sur une
motion de fond, à une demi-heure sur une motion de forme. C'est cela
qu'a exercé le chef de l'Opposition officielle. Un représentant
de l'Union Nationale a droit à une demi-heure et les autres
députés, même s'il y a 100 amendements, n'ont droit
qu'à une seule intervention de dix minutes, ce qui est la moitié
de leurs vingt minutes normales.
Mme le Vice-Président: Ce que vous me dites, M. le leader
de l'Opposition officielle, c'est que le représentant de l'Opposition
officielle, le représentant de l'Union Nationale et le
représentant du gouvernement ont droit à une demi-heure?
M. Lavoie: Ainsi que le ministre proposeur du projet de loi.
Mme le Vice-Président: Sauf que le parrain de la motion
n'a pas de restriction quant au droit de parole. C'est comme cela que
j'interprète ce que vous dites.
M. Lavoie: Qui est le proposeur du projet de loi ?
M. Charron: Mme le Président, j'invite le
député de Laval...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, sur la question de règlement.
M. Charron: Sur la question de règlement, l'article 94.2
dit que "sur toute autre motion, la durée des discours prévue au
paragraphe 1 est réduite de moitié." C'est à partir de
cela que le député de Laval a interprété que mes
vingt minutes ordinaires étaient coupées à dix, et qu'il
s'est levé pour m'interrompre après dix minutes. Mais le
paragraphe 1 dit bien ceci: "Peuvent parler pendant une heure le premier
ministre, le leader parlementaire du gouvernement, le chef d'un parti reconnu
ou leur représentant et, lors des deuxième et troisième
lectures, le proposeur du projet de loi." Si, en vertu du deuxièmement,
la durée prévue à premièrement est coupée de
moitié, ce n'est pas de vingt minutes à dix minutes que je suis
limité, mais, comme leader parlementaire du gouvernement, c'est d'une
heure à une demi-heure. J'ai donc encore droit à vingt minutes de
mon intervention. Vous m'avez interrompu après dix minutes.
M. Lavoie: II avait fini, il avait repris son siège.
M. Charron: J'ai fini parce que vous m'avez interrompu.
M. Lavoie: Vous aviez reconnu le député de
Mégantic-Compton.
M. Charron: J'ai fini parce que madame m'a rappelé
à l'ordre et que j'ai voulu respecter le règlement, mais
vérifiant le règlement à votre instigation puisque vous
avez attiré mon attention sur l'article 94.2, je vois que vous venez en
fait de reconnaître que j'ai encore vingt minutes!
M. Lavoie: Vingt minutes? Voyons donc! Il ne sait même pas
compter, Mme le Président!
M. Gratton: Question de règlement, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Ce sera la dernière question
de règlement.
M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Simplement pour vous dire que, quelle que soit la
décision que vous rendrez sur la question de fond, à savoir si le
leader parlementaire à droit à dix ou à trente minutes,
peu importe, le fait demeure que vous aviez rendu une décision
tantôt qui a invité le leader du gouvernement à terminer
son intervention. Il a, en fait, repris son siège et effectivement il a
terminé son intervention. Comme, en vertu de l'article 123, seul le
proposeur du projet de loi peut intervenir plus d'une fois, je vous inviterais
à trancher la question de fond, si vous le voulez, mais à
reconnaître que le député de Saint-Jacques a
déjà terminé son intervention et que le
député de Mégantic-Compton devrait normalement être
le prochain qui prendra la parole.
M. Charron: Mme le Président, je crois que ce que vous
avez fait, c'est que vous êtes rendue à un appel à l'ordre
de bonne foi, vous basant sans doute sur l'expérience du
député de Laval qui paraissait sans dout bien fondée.
Mais, à l'examen attentif de ce que prescrit notre règlement, le
député de Laval nous signalant lui-même l'article à
partir duquel il invoquait le règlement, vous devez reconnaître
que j'ai droit encore à vingt minutes.
Mme le Vice-Président: Cette réponse est faite au
député de Gatineau. Au moment où le député
de Saint-Jacques s'est assis, je lui ai dit que je n'avais pas rendu ma
décision, parce qu'il ne m'avait pas donné l'occasion de le
faire. Voilà. J'ai bien dit aussi que ma décision était
qu'il aurait droit à une demi-heure. Maintenant, je crois que M. le
député de Laval, par son argumentation sur la question de
règlement, en vient effectivement à dire la même chose que
ce que les autres opinants disent maintenant. Il y a peut-être eu un
petit accrochage au moment où il s'est levé pour dire au
député qu'il avait terminé. M. le député de
Saint-Jacques, vous avez quand même un peu dépassé dix
minutes; je vous accorderais encore quelques minutes, mais quand même pas
encore vingt minutes.
M. Charron: Très volontiers, Mme le Président. Je
remercie le député de Laval de nous avoir permis, par son
expérience gigantesque, de clarifier cette situation. J'allais me rendre
à votre décision, mais, à l'invitation du
député de Laval, j'appliquerai intégralement le
règlement et je prendrai donc le temps qui m'est alloué.
Mme le Président, j'ai dû résumer, à votre
appel, ce qui me semble le plus important à développer
maintenant, l'invitation faite dans l'amendement pour que le gouvernement du
Qué- bec redéfinisse, explique davantage, aille jusque dans les
détails.
Dieu sait que, de l'autre côté, on fendra les cheveux en
quatre, on cherchera les poux et les puces de chacun en disant: Non, ce n'est
pas possible. Ah! non, le gouvernement du Canada n acceptera jamais cela. Ah!
non, cela n'a pas d allure. Nos spécialistes du retrousse-culotte et du
ménage vont sans aucun doute nous dire, encore une fois, que nous sommes
un peuple de petits pains, qu'on ne sera jamais capable de sortir du trou.
Même si on décrit, trois mois à l'avance, le genre de
société qui, à partir des $24 milliards de taxes et
d'impôt dont elle dispose à chaque année, est
condamnée à la misère et à
l'infériorité, je crois, Mme le Président le
sondage d'hier l'indique qu'il y a encore dans notre peuple une
minorité je suis le premier à le reconnaître
mais une minorité croissante qui commence à rester indemne, qui
commence à sentir que la chanson des peureux traditionnels manque de
musique nouvelle.
Après tout, quand on se regarde, quand on se compare, à
certaines occasions, pour se débarrasser de ce complexe qui veut
toujours nous mettre en dernier lieu, d accord, on ne veut pas battre les
Américains dans la course de l'espace. Il n'y a pas un membre de I
Assemblée qui y pense et qui le souhaite. Mais il se trouve ici une
majorité de membres j'en suis convaincu qui croit que ce
peuple, comme nous l'indiquait, ce matin, le député de Beauce-Sud
dans un projet de loi qu'il a déposé, est capable de disposer de
son avenir. Il est assez grand et adulte, assez équipé en
talents, en force, en capital économique, en dynamisme social. Pas pour
devenir la société la plus merveilleuse au monde, la plus
éclaboussante du monde, mais pour en devenir une qui s'attèle, au
lieu des querelles et des chicanes où elle gaspille son énergie,
à la construction, chez elle, d'une société ouverte au
reste du monde. Le Québec est au monde. Il accueille le monde. Il est
prêt à s'ouvrir, maintenant que nous sommes devenus cette
société.
Si nos amis d'en face prenaient ce temps de discours qui leur est
réservé, que je respecte, pour nous dire eux qui sont soucieux de
clarté, de profession de foi, de limpidité d'option, de
diminution, de disparition de toute ambiguïté, combien ils sont de
coucheurs dans cette chambrée qui ressemble de plus en plus à un
fourre-tout et qu on appelle le fédéralisme renouvelé.
Où sont-ils donc? Que veulent-ils donc nous dire? Ceux qui, depuis 20
ans, quand des citoyens québécois leur font la preuve noir sur
blanc que le régime fédéral fonctionne à notre
désavantage, répondent: Ne dis pas cela à moi; tu sais, je
suis pour un fédéralisme renouvelé, je ne suis pas pour
celui qui est là: ne dis pas cela à moi, je suis pour refondre le
système.
On a été plus loin, nous, en dix ans d'efforts, avec des
militants honnêtes, de la base jusqu'en haut pour désigner une
option qui est encore incomplète, on est mille fois plus avancé
dans notre définition d'option que la vôtre. Regardez-
vous donc avant de nous demander de détailler jusqu'aux
trémas et aux virgules, une option, quand vous êtes en même
temps que Jack Horner, en même temps que Reznowski, en même temps
que Joe Clark, en même temps que tout le monde, finalement, en train de
coucher dans le fédéralisme renouvelé. Pourquoi
couchez-vous là? Parce que le sondage vous indique qu'effectivement il y
a encore une proportion de Québécois que, si c'était
possible, accepterait de le renouveler. Vous dites: Le monde est pour cela. On
se colle là-dessus, et on attend que le pouvoir nous revienne dans les
mains.
Le premier des grands chefs, celui qui donne actuellement une
conférence de presse, Claude Ryan, est déjà, après
deux mois de pratique, le plus insensible des politiciens à cet effet.
Il vogue en fonction des sondages. Il s'accroche aux sondages. En ce sens, il
ressemble bien au prédécesseur qu'il avait dans le Parti
libéral et que les Québécois ont rejeté
massivement.
Le Parti libéral n'a pas d'idées. Il n'a pas de couenne.
Il se colle sur les sondages et il attend que cela lui tombe dans les mains.
Ils ont l'impression qu'ils sont nés pour le pouvoir. Qu'ils disent
n'importe quoi, ils n'ont qu'à attaquer en face. Ils n'ont pas beson de
rien définir, eux. Définissez, vous! Dites-nous ce que vous
voulez. Nous, on est pour le fédéralisme renouvelé! On va
débosser le système. On va repeinturer le Sénat, on va
replâtrer la Cour suprême. (16 h 20)
Non seulement ils sont pour la formule la plus ambiguë, la plus
vide, la plus insignifiante qu'on puisse trouver, mais ils ne font même
pas d'efforts pour la définir. Quand avez-vous entendu une
réflexion du Parti libéral, lors de l'assemblée des
mouchoirs, au Colisée? Pensez-vous que c'est en tournant des mouchoirs
qu'on va faire l'avenir du Québec? Pensez-vous que la définition
précise des pouvoirs que tous les Québécois
réclament ici va se faire par une initiative de l'autre
côté? Ils n'ont tellement pas d'idées de l'autre
côté; on publie un document d'une vingtaine de pages où pas
une seule fois le mot Québec n'est mentionné, où nous
sommes rabattus, à chaque occasion, comme une province. On dirait qu'on
cause autant de problèmes au Canada que l'Ile-du-Prince-Edouard.
Aux yeux de ceux qui gouvernent actuellement, nous sommes le fait
français, pas le peuple, pas la nation du Québec, le fait
français! C'est ce que nous sommes. Nos amis cautionnent cela, se
lèvent, bondissent en Chambre, disent: Comment se fait-il que vous ne
discutez pas de cet important document? Ils n'en ont pas d'idées! Ils
prennent celles des autres, même quand elles ne valent rien! Soumis,
lécheux, dépendants jusqu'à l'extrême limite!
Trudeau avait raison dans sa forme de mépris qui l'habite de les
appeler, l'autre jour, la section provinciale du Parti libéral. Cela les
choque, cela les fâche. Ils voudraient bien apparaître comme
autonomes. Regardez-les se conduire chaque jour! Ils attendent les initiatives
de l'autre bord! Ils ne les traduisent et nous les transmettent ici, à
l'Assemblée. Quand avez-vous entendu un souffle là-dedans? C'est
quoi, votre fédéralisme renouvelé? Quels sont les pouvoirs
que vous exigez?
Puisque vous nous demandez, à nous, de vous donner les garanties
qu'il y en aura une association, dites-nous donc les garanties de l'homme pour
qui vous travaillez, qui s'appelle Pierre Elliott Trudeau, actuellement, qui a
été le symbole, depuis dix ans, de la muraille que constitue
Ottawa face aux demandes du Québec. Comment pouvez-vous jouer sur les
deux tableaux sans que votre jeu transparaisse finalement, comme le sondage
l'indique? Les gens ne sont pas fous. Ils voient bien que ces gars ne peuvent
pas dire qu'ils sont pour un fédéralisme renouvelé, une
nouvelle constitution, une nouvelle entente. Il faudrait qu'on mange tout ce
qu'Ottawa nous donne. Viens dans la mangeoire, viens manger! Ils vous invitent
à une conférence: Allez-y! A la conférence, si on dit
qu'on n'est pas contents de ce qu'ils nous disent, ils disent: Vous êtes
des mauvais coucheurs! Il faudrait qu'on fasse tout ce qu'Ottawa nous demande
de faire. On n'est pas de ce genre de Québécois et il n'y en aura
plus de ce genre de Québécois non plus!
Il subsiste encore des hommes intelligents dans la formation d'en face.
Quels sont donc les pouvoirs que vous exigez? Ceux des communications? Ceux en
matière de travail? Le document fédéral nous propose de
remettre à 1981, parce que M. Trudeau est trop occupé avant cela,
la première discussion sur le partage des pouvoirs. Mais la seule
allusion, la seule ligne, une seule ligne, dans un document de 20 pages nous
dit que ce partage des pouvoirs se fera dans les deux sens. Y a-t-il des hommes
politiques du Québec qui sont prêts à s'asseoir à
une table où on pourrait être sollicité à
abandonner, à troquer, à échanger des pouvoirs
déjà maintenus par le Québec? Quels pouvoirs seriez-vous
prêts à négocier? Vous voulez qu'on y aille, à la
table? Vous voulez qu'on négocie? Dites-nous donc ce que vous feriez!
Quels pouvoirs? Vous laisseriez aller les pouvoirs en matière sociale?
Vous seriez prêts, pour un pouvoir de communications, à laisser
aller les pouvoirs culturels? Définissez donc votre opinion ambiguë
que l'on ne comprend plus. On ne sait plus ce que vous voulez, finalement. Vous
vous ramassez derrière une banderole avec des ennemis du peuple
canadien-français, comme vous l'appelez, des ennemis du peuple
québécois, vous le savez!
Ceux qui ont voté contre la Loi des langues officielles, ceux qui
ont voté contre toute mesure à notre avantage se retrouvent avec
vous, dans le même lit que vous. Eux aussi voient bien que la machine est
en train de craquer! Eux autres aussi, ils ont pris le
fédéralisme renouvelé! Qu'on nous le dise donc! Moi, je
pense que tous les hommes et femmes élus à cette Assemblée
devraient au moins avoir un point en commun et unanime. Il n'est pas question
de troquer les pouvoirs du Québec. Si on se rend pour négocier,
que ce soit replâtré, en vue de la souveraineté ou d'un
fédéralisme replâtré, repeinturé, comme on le
voudra, on ne
négocie pas dans les deux sens. Il y a au moins unanimité
du peuple québécois, c'est qu'il y a plus de pouvoirs qui doivent
venir à Québec. La différence qui nous sépare dans
cette Chambre, c'est que nous, on croit que la majorité des pouvoirs
pour être un peuple adulte devrait venir au Québec.
Eux, ils s'arrêtent quelque part. J'ai dit eux, j'ai dit les deux
partis d'en face. Il y a des pouvoirs qu'eux seraient prêts à
avoir, mais eux ne les réclament pas On ne les sait pas. Je m'en doute,
si je lis à travers les lignes. Ils n'ont jamais précisé
leur option. Peut-être que trois mois avant le référendum,
ils vont nous la dire exactement, et surtout ils vont avoir l'assurance que de
l'autre côté cela marche parce qu'il y a des gars qui arrivent ici
et qui disent: Vous savez, si je suis élu, c'est mon programme
constitutionnel, je vais exiger les communications, je vais exiger, vous vous
rappelez, la souveraineté culturelle. Cela fait une belle bretelle pour
exiger la souveraineté culturelle!
L'autre, à côté, il vous regarde venir et dit: Bande
de mangeurs de "hot dogs! " C'est bon. On exige la souveraineté
culturelle. On dit à Ottawa: Han! On est là. Quand Ottawa disait:
Tu vas prendre cela. Ils le prenaient et s'en venaient. M. le Président,
cette ambiguïté de l'option de nos amis d'en face est en train,
malgré l'imprécision de la nôtre, malgré le fait que
nous devons définir la nôtre davantage, leur imprécision et
surtout le fourre-tout, le magasin général constitutionnel qu'est
devenu le fédéralisme renouvelé est en train de faire
notre fortune. Pas nous comme parti politique. Pas nous comme gouvernement.
C'est en train de faire la fortune du peuple québécois. Parce que
la fortune d'un peuple, c'est comme la fortune d'un adulte.
Tu as beau étirer, tu as beau allonger, tu as beau même
reculer devant le défi à certains moments, parce qu'il y a un
certain frisson à partir, il n'y a pas un parent qui le refuse tu
as beau les aimer "au boute" à un moment donné quand vient
un âge, et il vient de plus en plus jeune dans une société
évoluée... Nous, dans la société mondiale, on est
l'un des derniers. On est des petits retardés. Les autres ont
décidé bien avant nous autres. On est séparé du
reste du monde à cet effet, maintenant. Ce qu'on nous propose, c'est de
rejoindre le reste du monde. Il faut qu'on quitte qu'on se prenne une maison
à nous autres, qu'on se prenne un appartement à nous autres,
qu'on le meuble à notre façon, qu'on ne permette plus aux autres
de venir jouer dans nos meubles et dans nos taxes de vente et dans nos
vêtements.
Mais qu'on s'organise nous autres mêmes à partir de ce que
nous possédons. On ne fera pas de miracle. On ne battra personne dans la
course à l'espace, je vous l'ai dit, M. le Président. On va au
moins se considérer comme un peuple honnête. Suffisamment
honnête pour dire que ce n'est pas du tout un mouvement de
réclusion qu'on est en train de faire. Au contraire. Une fois qu'on ne
sera plus frileux, une fois qu'on n'aura plus peur de notre identité,
une fois qu'elle sera assurée dans un destin massif d'un oui, que les
Québécois diront: Oui, j'appartiens à un peuple adulte,
oui, je me prends un appartement et je ne me coupe pas du reste du monde, au
contraire, je vais les accueillir bien plus à l'aise que quand ils
viennent dans un pays où je ne suis même pas moi chez nous. C'est
cela qu'on est en train de proposer.
L'ambiguïté, l'imprécision de votre option, le
sondage le dit 46% des francophones souscriraient demain à une option
souveraineté-association qui leur serait présentée dans un
référendum. M. le Président, ce ne sera pas demain qu'elle
leur sera présentée parce que nous allons effectivement
préciser davantage aux Québécois, discuter avec eux.
L'ajournement d'été va permettre à tous les
élus qu'il y a ici et surtout à nos nombreux militants de
retrouver partout dans le monde l'occasion de la redéfinir. On le fait
depuis dix ans. Je suis prêt à le faire encore bien volontiers
pendant une autre année à 20 heures par jour s'il le faut, M. le
Président, parce que j'y crois. Parce qu'on est une gang à y
croire maintenant qu'on va proposer aux Québécois de
reconnaître que nous sommes assez grands pour nous partir souverainement
une maison et nous associer dans la plus parfaite harmonie possible avec tous
les voisins qui voudront bien vivre avec nous. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, j'avais compris au
début que c'était le dépôt d'amendements fait par le
Parti libéral et je m'étais préparé à
commenter les cinq ou six amendements qu'on apporte à la loi alors qu'on
revenait en discours de troisième lecture vers la fin de
l'après-midi ou au début de la soirée. Je me suis rendu
compte que le débat ne porte plus sur la loi-cadre qu'on se donne, mais
que depuis le début, nous nous croirions, en plein milieu de la campagne
référendaire.
J'aime mieux vous prévenir immédiatement que mes propos se
limiteront à notre position face aux amendements proposés par le
Parti libéral. Ici, on nous donne des amendements à l'article 6,
et je vous reviendrai, bien sûr, en troisième lecture avec le
discours comme porte-parole de l'Union Nationale. (16 h 30)
Dans les amendements proposés par le Parti libéral
actuellement à l'article 6, on dit que, dans le cas d'un
référendum portant sur le statut constitutionnel du
Québec, le gouvernement doit déposer à l'Assemblée
nationale un document définissant son option constitutionnelle au moins
trois mois avant le jour fixé pour l'émission des brefs
référendaires ". La bataille en commission a été
assez ferme, je pense, et nous souscrivons à l'objectif du
dépôt de ce document.
L'amendement visé à en faire une loi particulière,
c'était là la base des débats en commission parlementaire
et nous étions, nous de l'Union
Nationale, pour une loi-cadre. Alors, à l'intérieur d'une
loi-cadre, nous ne voyons pas d'amendements à apporter face à un
seul référendum portant sur l'avenir constitutionnel du
Québec. Ce sont à peu près les motions qui ont
été apportées pendant l'étude du projet de loi et
elles ont été rejetées. Il faudrait que l'amendement se
lise ainsi: Le gouvernement doit déposer à l'Assemblée
nationale un document définissant, le cas échéant,
l'option qui est sienne au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission de brefs référendaires.
Si, aujourd'hui, cette nouvelle motion, à peu près dans
ces termes, avait été apportée par le Parti
libéral, nous y souscririons, puisqu'elle fait partie d'une loi-cadre,
à ce moment. Mais le jour où on rappelle que l'amendement porte
sur une loi particulière, nous ne pouvons être d'accord sur un tel
amendement, et nous avons eu l'occasion de l'expliquer largement en commission
parlementaire. Le deuxième amendement dit: "Un référendum
portant sur le statut constitutionnel du Québec ne peut être
ordonné sans que le gouvernement, avant l'émission du bref
référendaire, n'ait pris devant l'Assemblée nationale
l'engagement moral de respecter l'opinion de la majorité des
électeurs qui exprimeront leur avis lors d'un tel
référendum ". Bien sûr, nous sommes encore d'accord sur
l'objectif, sauf qu'il s'agit, ici encore, d'un débat qui réduit
la loi-cadre à une loi particulière qui est celle du
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec. Encore
une fois, pour les mêmes raisons, nous ne pouvons être d'accord
puisque nous défendons le principe d'une loi-cadre.
L'autre amendement: "Dans le cas d'un référendum portant
sur le statut constitutionnel du Québec, il doit s'agir d'une question
à laquelle il ne peut être répondu que par un oui ou par un
non? Encore là, les débats ont été longs. Nous nous
sommes prononcés en faveur d'une question qui pourrait être un oui
ou un non, mais nous n'avons pas pu le faire inscrire dans la loi. Cela
semblait compliqué. Nous avons même fait des ajouts en demandant
qu'on fasse à la loi générale une particularité,
à ce moment, pour demander un oui ou un non. Même des amendements
sont venus demander que dans une loi-cadre tous les référendums
puissent être répondus par un oui ou par un non. Puisqu'on en fait
encore une fois, c'est pour les mêmes raisons une loi
particulière dans l'amendement, nous ne pouvons pas, bien sûr,
l'appuyer.
Quant au dernier amendement qui porte sur l'article 21 qui a fait
l'objet du plus large débat pendant la commission parlementaire
puisqu'il traite des comités nationaux, on y dit: "Un électeur,
un groupe, un syndicat ou une association, à l'exclusion des
corporations commerciales, financières et industrielles, ou un parti
politique peut participer à une campagne référendaire sans
nécessairement adhérer à un comité national. Nous
nous sommes opposés à cet amendement, puisque nous avons
accepté au départ les comités nationaux. J'aurai
l'occasion de revenir là-dessus plus longuement en troisième
lecture.
Pourquoi acceptons-nous les comités nationaux? Le premier volet
de cet amendement parle d'un électeur ou d'un individu, si vous voulez.
Il est protégé moyennement dans la loi. Cet électeur, cet
individu peut se permettre de faire des rencontres, de faire des
conférences de presse, de louer une salle et de parler au nom de la
population. Je pense qu'il est partiellement protégé dans la loi,
pour ne pas dire entièrement. De toute façon, il est
partiellement protégé.
Quant au deuxième groupe, ce qui est plus difficile à
accepter, c'est un groupe ou un parti politique ou un syndicat,
c'est-à-dire un groupe, un syndicat ou une association. Nous nous sommes
opposés pour plusieurs bonnes raisons. A l'intérieur des
comités nationaux, ces groupes pourront être des groupes
affiliés d'abord; ils sont protégés comme groupes
affiliés. A l'intérieur d'un comité national, le sujet
sera quand même suffisamment large à l'intérieur d'un oui
ou d'un non, peu importe les référendums qu'il pourrait y avoir;
que ce soit sur les forces nucléaires, que ce soit sur la
nécessité d'un zonage agricole.
Les groupes pourraient quand même défendre une option qui
ne serait peut-être pas tout à fait semblable à celle de la
majorité du groupe. A partir de là, ces groupes sont
subventionnés à l'intérieur d'un comité national.
Nous préférons cette option du comité national à
celle des groupes séparés, pris un par un, pour la bonne raison
qu'un référendum ne doit pas devenir une foire
générale. Nous voyons, à ce moment-là on l'a
mentionné lors de l'étude article par article du projet de loi
arriver des groupes des plus farfelus. Nous voyons, par exemple, les
Fils du Québec, qui sont sous la direction je ne me rappelle
jamais son nom...
Une Voix: M. Barbeau.
M. Grenier: ... M. Barbeau qui a un important groupement, me
dit-on. J'ai eu l'occasion de le mentionner déjà. Il dit qu'il y
a six millions de personnes dans son groupement; il m'a même appris que
j'étais membre de son groupement. Le groupement de M. Barbeau aurait le
droit d'être subventionné par l'Etat, comme, par exemple, le
candidat dans Notre-Dame-de-Grâce, M. DeJong, que je qualifie
d'extrémiste de gauche ou de droite. A partir de là, le
gouvernement serait obligé de subventionner des groupes comme
ceux-là qui viendraient prendre les ondes et faire connaître des
principes qui sont loin d'être ceux d'une majorité du peuple. Nous
verrions d'autres sortes de groupes, peut-être encore plus farfelus,
venir prendre les ondes et faire de notre référendum, qui porte
sur l'avenir constitutionnel je prends celui-là comme exemple
une foire où une chatte ne reconnaîtrait plus ses
petits.
Alors, pour cela, M. le Président, c'est absolument inacceptable
qu'on puisse subventionner des groupes. Je pense qu'à l'intérieur
des comités nationaux il y aura place pour des options
différentes; il y aura place dans le comité des oui, par exemple,
si on devait avoir une question aussi clai-
re. Je pense que je suis le débat à peu près comme
les autres qui m'ont précédé; je suis aussi large et je
m'excuse, M. le Président, de ne pas m'en tenir uniquement aux
amendements. Mais comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on a fait face
à un discours non pas sur la loi-cadre, mais on en était rendu en
plein milieu d'une campagne référendaire. Je dois vous dire, M.
le Président, que ces groupes qui seront à l'intérieur
d'un comité référendaire portant sur l'avenir
constitutionnel du Québec, par exemple le groupe que j'ai
mentionné comme étant les Fils du Québec, se rangeront
probablement, un petit peu mal à l'aise, dans le groupe des oui. Ils
trouveront une façon de dire que l'indépendance, ce n'est pas
suffisant, qu'ils auraient préféré la séparation.
Mais ils seront quand même dans le groupe du oui.
A partir de là, ils ne seront peut-être pas tout à
fait à l'aise, mais ils auront quand même des "plates-formes" leur
permettant de dire que cela ne va pas assez loin que de préconiser
l'indépendance. On pourra parler, à ce moment-là, de
séparation ou de moyens plus radicaux s'ils le désirent, mais on
se rangera probablement dans ce groupe afin de pouvoir avoir une "plate-forme '
pour expliquer sa version.
Dans l'autre groupe, celui des non, on aura encore des
extrémistes qui trouveront que non à l'indépendance, ce
n'est pas assez, qu'il faut protéger le statu quo, qu'il faut
protéger la liberté de choix, qu'il faut protéger, en
fait, tout ce que la très grande majorité des
Québécois n'accepte plus depuis longtemps.
Les deux parties seront dans l'une ou l'autre des options.
Personnellement, je trouve que c'est acceptable. Ces comités nationaux
sont acceptables et il y a place dans chacun des groupements pour se faire
entendre.
L'Union Nationale sera dans l'un ou l'autre des groupements. Bien
sûr, on attendra la question et ce sera important de la connaître
avant de se ranger dans un groupement. Si le gouvernement continue de glisser
vers une position de centre qui est celle de l'Union Nationale comme on
l'a vu dans le cheminement du dossier "souveraineté du Québec",
il y a une quinzaine d'années on parlait de séparation et ce
terme est devenu tabou; un peu plus tard, on parlait d'indépendance, et
on commence à cacher le terme "indépendance" parce qu'il devient
de plus en plus tabou et difficile à vendre, comme on l'a
mentionné dans certains documents. (16 h 40)
On parle maintenant de souveraineté. On se rend compte que
même la souveraineté, il y a pas mal de citoyens qui la rejettent.
M. le Président, j'aime mieux vous faire savoir tout de suite
qu'à glisser puis à glisser vers le centre on en arrivera
possiblement sur le fauteuil de l'Union Nationale, qui est celui du centre. On
dira peut-être: Plus de pouvoirs pour le Québec ou
l'autodétermination. C'est ce qui faisait dire à M. Biron:
Peut-être qu'à ce moment-là on votera oui au
référendum. C'est ce qui faisait dire à M. Ryan
également qu'il voterait peut-être oui au référendum
quand on connaîtra la question et qu'on se dirigera davantage vers le
centre. C'est là le point qui n était peut-être pas
éclairci.
On a des discours aujourd'hui, on assistait au discours du
député de Saint-Jacques qu'il vient de nous servir, mais on sait
qu'un discours comme celui-ci pourrait être fort différent au
moment du référendum, et ce ne sera peut-être pas une
position aussi claire que celle-là qu'on définira. On ne
demandera peut-être pas aux gens de se prononcer pour une
indépendance aussi claire que cela, parce que ce n'est pas comme cela
qu'on a pris le pouvoir. On n'en a pas parlé tant que cela de
l'indépendance pendant les élections; alors pendant un
référendum on pourra avoir des dispositions moins claires que
cela. Quant à moi, M. le Président, j'aurai l'occasion de revenir
en troisième lecture, mais j'aimerais faire savoir ceci
immédiatement. Le député de Vanier, je regrette qu'il ne
soit pas ici présent, a annoncé en France parce que les
grandes déclarations se font toujours en France qu'il y aurait un
mariage entre le PNP, l'Union Nationale et le PQ, probablement, lors du
référendum.
J'aime mieux dire au député immédiatement qu'il n'y
aura pas de divorce entre les trois formations, il n'y aura pas de divorce,
parce que c'est un mariage non consommé; il y aura annulation par
exemple, il y aura annulation, cela n'existera pas. Alors j'aimerais le dire
aux media d'information qui sont ici présents. C'est à vous que
je m'adresse aujourd'hui. On dira non à la séparation, on dira
non à l'indépendance, puis on dira non à la
souveraineté. J'aimerais cela que demain ce soit dans la première
page des media d'information. Une fois pour toutes, que ce soit bien clair,
c'est notre position de l'Union Nationale. Qu'on comprenne une fois pour toutes
que, quand on vote ici en Chambre, il y a deux seules façons de voter en
Chambre, deux. On vote ou bien avec les propositions du gouvernement ou bien
contre le gouvernement. On est pour ou on est contre le gouvernement.
Aujourd'hui, on est appelé à faire une douzaine de votes;
sur le total que j'ai, on votera cinq fois oui, puis six fois non. Bien, le
malheur de l'Union Nationale, c'est que, quand on vote contre le gouvernement,
la nouvelle est toujours dans la page des décès; quand on vote
avec le gouvernement, on fait toujours la première page. C'est ce qui
est la position de l'Union Nationale. C'est ce qui est notre malheur. Mais
quand on est un parti nationaliste, mais pas séparatiste, pas
indépendantiste, on s'expose à cela. Je n'en veux pas aux media
d'information, qui ont, on l'a signalé, un préjugé
favorable au gouvernement, et cela s'explique. Nous les partis d'Opposition, le
lendemain d'une élection, on est contre, puis on est contre à
plein, puis cela ne prend que six heures à se virer de bord pour
être contre le gouvernement. Eux sont plus modérés et ils
attendent de voir le gouvernement poser des gestes. C'est comme cela que je
peux dire que les media d'information ont un préjugé favorable au
gouvernement, et je trouve cela correct. Mais là où cela ne
devient pas
honnête, c'est que, à cause de cela, quand on est contre le
gouvernement, nos militants, nos amis, les gens qui partagent notre opinion
politique n'aiment pas cela se voir dans la colonne des décès.
Ils aimeraient mieux se voir aussi, à l'occasion, en première
page ou en deuxième page.
C'est ce qui est le malheur de l'Union Nationale. Or, j'aime à
l'annoncer immédiatement, ce sera clair pour nous, je suis un des
vice-présidents du comité préréférendaire
dans le moment et je suis là avec un dénommé Marcel
Piché, dont je n'ai pas à parler ici de sa réputation,
elle est connue. Nous sommes deux représentants de l'Union Nationale au
comité préréférendaire et nous tenons à y
demeurer également. Nous attendons maintenant la question. Si la
question, je le répète encore une fois, devait demander la
séparation du Québec, la souveraineté avec cette
égalité que c'est l'indépendance, nous dirons non. Notre
position, contrairement à ce qu'on a charrié tout à
l'heure de l'autre côté, il y a un document ici, qu'on a en main,
qui peut bien ne pas faire l'affaire du gouvernement, c'est leur droit qui
préconise l'indépendance.
Un document de 24 pages que je ferai parvenir au leader parlementaire
adjoint afin qu'il sache qu'aux pages 16 et 17, notre position est bien claire
et bien précise, en douze points, ce qui a fait dire à M.
Pépin, qui n'est pas à ce que je sache un "bleu",
qui a fait dire à M. Robarts de l'Ontario, à Mme Chaput-Rolland,
que c'était un des meilleurs documents qu'ils n'avaient jamais eus en
main: la position constitutionnelle de l'Union Nationale. On peut bien
démolir, on ne s'attend pas que le gouvernement nous louange et nous
encense à longueur de temps, mais on a une position qui est nette. On a
douze points bien nets qui ne feront pas, bien sûr, l'affaire du
gouvernement, mais qui peuvent faire l'affaire des partis qui
représentent 60% de la population. Cela peut faire partie de cela.
L'autre document qui a été déposé on va en
discuter, c'est un document politique déposé par le premier
ministre canadien. On pourra également discuter du nôtre. Je suis
sûr que I'équipe libérale aura un document à
déposer bien prochainement, et on pourra en discuter. Mais je veux qu'on
connaisse, immédiatement, dans le cadre de cette loi, que l'Union
Nationale n a pas l'intention de se faire marcher sur le corps et qu'on a
l'intention de défendre notre dossier, notre position. J'y reviendrai en
troisième lecture, mais dans une loi-cadre référendaire...
Celle que nous sommes appelés à voter aujourd'hui, les
amendements qui sont proposés... Nous voulons une loi-cadre, et c'est
connu. Elle a été déposée en cette Chambre sous le
premier ministre, M. Bertrand, en 1969. A ce moment-là, nous voulions
une loi-cadre nous l'avons déposée pour des
référendums au Québec. J'ai eu l'occasion de l'expliquer
en cornmission parlementaire et dans d'autres rencontres que j'ai eues dans le
Québec avec le comité pré-référendaire; j'ai
eu l'occasion d'expliciter notre position.
La raison pour laquelle nous avons besoin d'une loi-cadre, c'est
là-dessus que nous différons. Sans être des adversaires,
nous différons de l'équipe libérale là-dessus. Nous
voulons cette loi-cadre et c'est probablement pour cela que nous rejetons les
amendements qui nous sont proposés aujourd'hui. Je l'ai dit en cette
Chambre déjà, ce gouvernement est changé depuis 1966
principalement pas parce que c'était l'Union Nationale qui était
au pouvoir, mais parce qu'à ce moment-là on a fait une lutte
importante au Québec à plusieurs partis. On connaissait à
ce moment-là le RIN, le RN, l'Union Nationale et le Parti
libéral. Un peu plus tard, au cours de ce mandat, on a vu siéger
ici le premier ministre qui a changé de côté en Chambre,
c'est-à-dire qu'il est resté du même côté,
mais il est venu siéger sur ces banquettes à titre de
député indépendant, et il a été suivi, pas
longtemps après, du député, M. Aquin, qui a
été suivi, pas longtemps après, du député de
Rouyn-Noranda, M. Antonio Flamand, qui a été suivi, pas longtemps
après, du député de Saint-Jean, M. Jérôme
Proulx, et, à la toute fin, du député de Montmorency, le
Dr Tremblay. C'est ce qui était l'Opposition circonstantielle du
temps.
Depuis ce temps, cela peut se voir plus régulièrement,
nous vivons ici en Chambre avec des gouvernements qui sont majoritaires dans
leurs députés, mais minoritaires dans leur nombre de votes. A
partir de là, quand arrive une loi qui est aussi importante je
l'ai demandé au premier ministre et il m'a dit que non que la loi
sur le zonage agricole, on y a fait allusion ce matin, non pas sur l'aspect
référendaire, mais sur un dépôt de loi qui pourrait
se faire au cours de l'année, alors une loi importante comme celle du
zonage agricole, qui sera plus importante que ne l'a laissé entendre le
ministre de l'Agriculture et qui suscitera plus de mécontentement que ne
l'a dit le ministre de l'Agriculture, quand on est un parti avec 71
députés qui représente 41% de la population, c'est une
raison d'aller voir ce qui se passe dans la population, de ne pas la
"bulldozer". Surtout quand l'Opposition est formée de
députés qui représentent environ 60% de la population et
qu'elle dit qu'elle ne veut pas d'une telle loi qui pourrait être par
exemple je la prends comme exemple, je ne dis pas que ce sera ainsi
une loi de zonage agricole, je dis qu'il y aurait peut-être une
raison pour le gouvernement d'aller voir ce qui se passe dans la population.
C'en serait une. Quand on a plusieurs partis politiques, qu'on est rendu au
multipartisme, on a plus de raisons de se donner une loi-cadre des
référendums. C'est cette différence qu'il y a eu entre des
membres de l'Opposition, entre une loi spécifique et une loi-cadre. Ce
n'est pas seulement pour couvrir notre passé en disant qu'on a eu un
dépôt de loi en 1969, mais on est dans la même
lignée, dans la même foulée, et si on avait besoin d'une
loi-cadre parce que, à ce moment-là, nous qui étions
élus avec une minorité de votes sous le gouvernement de l'Union
Nationale, on en sentait le besoin, c'est encore plus vrai dix ou douze ans
plus tard. (16 h 50)
C'est ce qui fait que nous ne pourrons pas voter pour les amendements
qui sont proposés par le Parti libéral on doit comprendre
la base de notre refus c est que nous préconisons une loi-cadre,
alors qu ils visent majoritairement un seul référendum. Si on
pouvait voter les amendements un par un, il en est un que I'on accepterait,
mais, comme on est obligé de les voter dans l'ensemble, nous serions
contre.
M. Lavoie: Ce n est pas dans I ensemble. M. Grenier: On les
votera un par un? M. Lavoie: Certainement.
M. Grenier: II va y avoir un amendement auquel on va
souscrire.
M. Lavoie: Lequel?
M. Grenier: On le dira avant le vote. Merci, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Boucher): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, je n avais pas l'inten-tion
d'intervenir sur I acceptation du rapport concernant le projet de loi no 92,
mais, après tout ce que j'ai entendu cet après-midi, je ne peux m
empêcher je manquerais peut-être un peu à mon devoir
d'exprimer certaines opinions. On me permettra peut-être de
déborder le cadre de la discussion, de déborder le
règlement de la Chambre, parce que tous mes prédécesseurs
ont été en dehors du règlement en étant en dehors
du sujet.
M. le Président, après avoir entendu nos collègues
du Parti libéral qui ont fait grand état, évidemment, de
la crise constitutionnelle que le Canada traverse, je peux dire que, si le
Canada traverse une crise constitutionnelle, le Parti libéral du
Québec, filiale du Parti libéral fédéral, a des
crampes constitutionnelles. Ils ont même des pierres sur le foie. Je me
demande sérieusement, lorsqu'on adopte une telle attitude, au lieu
d'agir en citoyens responsables, ayant comme mandat de représenter les
intérêts du Québec, ayant comme mandat d'être
préoccupés, comme membres de l'Assemblée nationale du
Québec, des intérêts majeurs de notre population, de notre
peuple, si on peut faire réellement avancer le débat en prenant
tous les moyens qui sont à sa disposition pour tâcher de monter en
épingle des lettres, des opinions de personnes qui ont milité au
sein du Parti québécois, pour essayer de faire peur à la
population.
Nous traversons, à l'heure actuelle, M. le Président, une
période de notre histoire où il va falloir que, du
côté gouvernemental comme du côté de l'Opposition
quand je parle de l'Opposition, je parle de l'Opposition officielle,
ainsi que de nos amis de I Union Nationale nous prenions la res-
ponsabilité de nous asseoir autour d'une table et que nous nous mettions
à la tâche pour définir, clarifier, établir
clairement quelle est la volonté du Québec, quels sont les
pouvoirs dont nous avons besoin pour assumer notre devenir, compte tenu du fait
que tout le monde admet toutes les formations politiques la
nécessité d'un réaménagement constitutionnel, que
tout le monde admet que le statu quo est inacceptable.
Je n ai qu a regarder les déclarations que le Parti
libéral a faites au moment où il était au pouvoir, que ce
soit de 1960 à 1966 ou de 1970 à 1976. ou encore les
déclarations qui ont pu être faites par le parti de I Union
Nationale au moment où il a lui aussi, à son tour,
gouverné la province. Nous aurons I occasion de revenir sur cela.
A partir du moment où un parti politique est au pouvoir au
Québec, tous les partis qui se sont succédé ont
dénoncé les politiques fédérales, ont
dénoncé I intrusion fédérale, ont
dénoncé cette volonté qui se trouvait à Ottawa
d'empiéter sur les droits et sur les prérogatives du
Québec. Ce n est pas d'aujourd'hui que nous assistons au débat
constitutionnel. Vouloir faire croire à la population que cela a
commencé le 16 novembre, je pense que c est passablement charrier.
Tant et aussi longtemps que, d'un côté comme de I'autre,
nous ne prendrons pas nos responsabilités pour aborder cette question en
toute objectivité, en dehors des préoccupations trop
immédiates et strictement partisanes, des intérêts de
partis, comme si les partis politiques étaient fondés pour
gouverner à tout prix, par tous les moyens possibles, à toutes
les conditions et dans toutes les conditions... Ce n est pas de cette
façon que j'ai conçu I activité politique et le rôle
des formations politiques.
Je trouve que c'est extrêmement malheureux, pénible et
coûteux pour les Québécois d'avoir à subir ce genre
de choses. Tant et aussi longtemps que les options ne seront pas mieux
définies, tant et aussi longtemps que les partis politiques
traditionnels n auront pas le courage de définir clairement leur option,
et le plus tôt possible, nous allons vivre des moments
d'inquiétude et la population du Québec commence à avoir
passablement son voyage.
J écoutais tout à l'heure mon collègue et ami, le
député de Mégantic-Compton, qui nous
référait aux grands documents de l'Union Nationale. C'est la
première fois que j'ai l'occasion de prendre l'initiative d'en dire
quelques mots. Evidemment, je n'ai pas de conseils à leur donner mais je
pourrais peut-être leur faire une suggestion pour éclairer ma
propre lanterne. Quand on dit qu'on choisit légalité, j'aimerais
leur demander, en donnant le cas où l'égalité nous serait
refusée, si on doit comprendre, à partir de là, qu'on
accepte la soumission. Je pense que ma question est fort pertinente. Il
faudrait peut-être qu'on cherche un moyen, qu'on prenne peut-être
quelques instants pour répondre à cette question, advenant le cas
où I'égalité nous serait refusée: Qu'est-ce qu'on
adopte, comme attitude, par la suite? En ce qui me concerne, je choisis
l'association.
M. Fontaine: Vous la refusez, l'association.
M. Roy: L'association économique, M. le Président,
c'est un peu comme dans la vie de tous les citoyens, lorsqu'un jeune homme
demande la main d'une jeune fille, ou qu'une jeune fille désire
épouser un jeune homme. Pour qu'il y ait mariage, pour qu'il y ait
association, il faut qu'il y ait un consentement des deux. S'il n'y a pas de
consentement des deux, il n'y a pas d'association. Advenant le cas où on
refuse effectivement l'égalité, qu'on demande et que je
réclame, c'est l'option que je partage, l'option
d'égalité, je pense que nous avons des droits comme Canadiens,
comme Québécois, comme citoyens, comme Québécois
canadiens-français, c'est ce que j'allais dire. Nous avons des droits
à être traités comme des citoyens égaux. Si cette
égalité n'est pas acceptée, si on n'accepte pas de nous
l'accorder, il faudra peut-être envisager une formule, une option, une
orientation qui nous permettra de disposer de certains moyens de façon
que nous puissions être nous-mêmes en étant respectés
et en mesure d'exercer nos droits, d'exercer nos prérogatives. Quand il
s'agit d'un exercice des droits, on n'a pas à les négocier, on
n'a pas à les marchander. Des droits, cela s'exerce. Il faut prendre les
moyens de les exercer.
Ceci dit, vous m'excuserez de cette parenthèse en dehors des
suggestions d'amendements qui nous ont été
présentées par l'Opposition officielle. J'aimais quand même
apporter ces précisions. Je pense que le peuple québécois,
la population du Québec a hâte de voir ses hommes politiques, de
voir son Assemblée nationale, de voir les gens des différents
partis politiques travailler dans son intérêt de façon
à dénouer l'impasse que tout le monde décrie à
l'heure actuelle et qui risque de compromettre sérieusement notre avenir
collectif, notre avenir national.
Pour revenir aux amendements, la plupart de ces amendements ont fait
l'objet de discussions en commission parlementaire et j'ai eu l'occasion de me
prononcer là-dessus. Je dirai tout simplement que, depuis le
début, je n'ai pas changé d'opinion là-dessus. Les
décisions sont prises de façon définitive, le gouvernement
a fait son lit. Alors, on a choisi une Loi sur la consultation populaire, une
loi-cadre plutôt qu'une loi particulière. En ce qui me concerne,
j'aurais préféré de beaucoup une loi particulière,
parce que cela aurait été beaucoup plus facile. Je pense que cela
aurait évité un deuxième débat qui, dans les
circonstances, n'ajoute rien de neuf, n'ajoute rien de nouveau et ne permet
pas, ne favorise pas non plus un meilleur climat de compréhension, un
meilleur climat d'entente.
Alors, évidemment, après l'étude de la loi-cadre,
il faudra venir étudier la loi particulière qui consistera
à préciser les modalités du référendum
constitutionnel pour, ensuite, organiser un troisième débat sur
la question qui sera posée à la population du Québec.
J'aurais été d'accord sur les amendements si cela avait
été dans une loi spécifique. L'amendement proposé
par le Parti libéral, à l'article 6, se lit comme suit: "Dans le
cas d'un référendum portant sur le statut constitutionnel du
Québec, le gouvernement doit déposer à l'Assemblée
nationale un document définissant son option constitutionnelle au moins
trois mois avant le jour fixé pour l'émission d'un bref
référendaire".
Je suis d'accord avec le principe qui est émis, parce que je
pense que, dans une question aussi importante que l'avenir constitutionnel, et
compte tenu du fait que cette première consultation qui aura lieu sur le
statut constitutionnel du Québec, la population du Québec devra
avoir suffisamment d'information, suffisamment de documentation pour pouvoir
mesurer la portée, la véritable signification de la
réponse qu'elle sera appelée à donner, que ce soit une
réponse affirmative ou une réponse négative, alors, comme
nous sommes enclins à croire que le gouvernement n'acceptera pas cette
proposition, je demande quand même à celui qui aura l'occasion de
prendre la parole une fois que nous aurons exprimé notre point de vue,
au moment où on exercera le droit de réplique lors de la
troisième lecture, de prendre au moins un engagement moral devant cette
assemblée à ce sujet. (17 heures)
On ajoute un deuxième amendement à l'article 6 qui se lit
comme suit: "Dans le cas d'un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec, il doit s'agir d'une question à
laquelle il ne peut être répondu que par un oui ou par un non. "
M. le Président, je suis en faveur évidemment de cette motion
d'amendement. Un amendement est présenté à l'article 21
qui se lit encore comme suit: Un électeur, un groupe, syndicat ou
association, à l'exclusion des corporations commerciales,
financières et industrielles, ou un parti politique peut participer
à une campagne référendaire sans nécessairement
adhérer à un comité national.
Il y a eu des amendements d'apportés dans la loi qui nous donnent
satisfaction puisqu'on a permis effectivement à des groupes
affiliés de pouvoir faire partie des comités-parapluies.
Evidemment, si cette motion d'amendement était acceptée telle
qu'elle, et je termine là-dessus, M. le Président, elle aurait
pour effet d'ouvrir la porte dangereusement à une orgie de
dépenses, bien que j'aie de sérieuses réserves sur tous
les contrôles qu'on retrouve dans la loi référendaire et
qui risquent effectivement de placer des gens bien intentionnés, sans
abuser de quoi que ce soit, dans des situations d'illégalité.
D'ailleurs, j'aurai l'occasion de revenir sur ce sujet en troisième
lecture. M. le Président, je ne sais pas comment le vote va être
demandé. Il y a des amendements sur lesquels je serais
décidé à voter pour. Il y en a d'autres où je
voterai contre.
Le Vice-Président: Sur cette question, à la fin du
débat, la présidence y verra, en vertu du dernier alinéa
de l'article 123. M. le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président... M. Fontaine: M. le
Président...
Le Vice-Président: Un instant. M. le député
de Sainte-Marie s'est levé le premier.
M. Fontaine: M. le Président, est-ce que le
député de Beauce-Sud me permettrait une question à la fin?
J'aimerais le savoir.
Le Vice-Président: Si M. le député de
Beauce-Sud le permet. Vous auriez dû l'interrompre, mais enfin.
M. Fontaine: Je voudrais savoir ceci du député de
Beauce-Sud. Si l'association prônée par le Parti
québécois était refusée par le reste du Canada,
est-ce qu'il accepterait l'indépendance pure et simple?
M. Roy: Je pourrais peut-être répondre; c'est une
question hypothétique et c'est toujours assez délicat de
répondre à une question hypothétique. Je n'ai pas
posé de question hypothétique. Je dis tout simplement que, dans
le document dont j'ai reçu une copie, on disait qu'on choisissait
l'égalité, entre l'égalité ou
l'indépendance. J'étais bien d'accord avec cela. Mais il faudrait
quand même envisager sérieusement l'hypothèse suivante: Si
l'égalité était refusée, quelle est la
décision qui serait prise? M. le Président, je vais tenter de
répondre. Dans une situation où il n'est plus possible de bouger
pour un peuple, où il arrive un moment où on veut tenter de
dominer et d'écraser politiquement une population, il y a quand
même des notions de fierté, des sentiments de fierté qui
commandent des gestes courageux.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bisaillon: M. le Président, c'est une demande de
directive que je vous adresse. Je voudrais savoir, M. le Président,
comment m'y prendre, en termes de règlement, si j'avais une nouvelle
d'intérêt public et qui intéresse sûrement l'ensemble
des membres de cette Assemblée nationale, pour l'annoncer.
Le Vice-Président: II suffirait d'un consentement
unanime.
M. Roy: M. le Président, le consentement, je suis
prêt à l'accorder, mais, compte tenu de la teneur de la nouvelle
que nous ne connaissons pas, j'aimerais peut-être que cela puisse se
faire en vertu des dispositions du règlement qui prévalent dans
les déclarations ministérielles pour que nous puissions faire au
moins un bref commentaire. Je serais prêt à donner mon
consentement.
Le Vice-Président: Ce consentement sur les deux...
Oui?
M. Gratton: Quant à moi, M. le Président, je serais
prêt à ce que nous donnions notre consentement après qu'on
aura terminé l'étude du rapport.
Le Vice-Président: C'est-à-dire que vous refusez
votre consentement.
M. Gratton: C'est exact, M. le Président.
M. Bisaillon: M. le Président, est-ce que je pourrais
expliquer aux députés de l'Opposition aue, si je suis venu
immédiatement pour demander ce consentement à l'Assemblée
nationale, c'est que je siège actuellement en commission parlementaire
et que je dois retourner en commission parlementaire pour continuer le travail
et que cette nouvelle mériterait peut-être d'être connue
avant l'ajournement de 18 heures.
M. Gratton: M. le Président, je refuse mon consentement
pour la simple et unique raison que, ce matin, j'avais une courte question
à poser au ministre de l'Education, et qu'on m'a refusé le
consentement. Je ne vois pas pourquoi je me priverais de mon droit de parole
parce que le député a du travail en commission.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
J'accepte difficilement votre réplique. Le président, ce matin, a
permis... Justement, ce n'est pas moi qui suis revenu sur cela. Je ne la laisse
pas passer pour la présidence. Sans autres commentaires.
Un instant! M. le député de Sainte-Marie, je regrette, il
y a un membre de cette Assemblée qui ne veut pas vous entendre.
M. Bisaillon: Je voudrais quand même souligner, M. le
Président, que je trouve regrettable de n'avoir pu annoncer...
M. Lavoie: Si vous n'avez pas accepté ses commentaires,
vous n'avez pas le droit d'accepter ces commentaires-là.
Le Vice-Président: J'ai dit "à l'ordre", aussi.
M. Gratton: Sur le projet de loi no 92, M. le
Président.
M. Goulet: Question de privilège.
Le Vice-Président: II y en a trois debout. Cela en fait un
quatrième. Je vais poser la question suivante. M. le
député de Pointe-Claire, est-ce sur une question de
directive?
M. Goulet: C'est une question de privilège.
Le Vice-Président: D'accord. Vous êtes le
premier.
M. Goulet: M. le Président, on a souvent
blâmé l'Assemblée nationale ici, les membres du
gouvernement, de renseigner la population par le
biais des journaux ou de la TV, avant les membres de l'Assemblée
nationale. S'il y a quelque chose d'important à entendre, M. le
Président, en tant que membre de l'Assemblée nationale,
j'aimerais être un des premiers avertis.
Le Vice-Président: Un instant. M. le député
de Vanier, sur quelle question?
M. Bertrand: Une directive, M. le Président. Est-ce que je
pourrais, en vertu de l'article 100 de nos règlements, poser une
question au député de Sainte-Marie?
Le Vice-Président: Non. M. Gratton: M. le
Président.
Le Vice-Président: Non, j'ai dit non. Malheureusement.
M. Shaw: M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire, sur tous les amendements en même temps, vous le savez.
M. Shaw: Est-ce que les questions sont finies? Des Voix:
Non, non.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Because I am very curious to hear this remark. Mr
President, I would like to speak specifically on the amendments to the bill 92
which has been presented before this House today. First of all, I would like to
say, at the outset, I support these amendments I certainly feel that perhaps
they are not even necessary. Because we are getting the game into mischief from
day to day on what the exact wording of sovereingty-associa-tion is and I am
most certain, Mr President, that the Parti québécois will do
everything it can to design the pattern to fit the clock and try and make their
product as marketable as possible because they know very well that if they were
to call this referendum at the present time, they would be embarrassed and
defeated.
So, for this reason, Mr President, I feel that we should be moving on
with this. We have been sitting in this House since the middle of december 1976
and we have had one constant harangue about the proposed referendum. We have
had one constant harangue on various definitions about what the referendum
would be about, what the question will be and whether or not there will be a
definition of sovereignty and what is association. We have had suggestions that
we might have a Quebec dollar, we have had suggestions that we might even
develop lines of communications with other foreign powers, and this morning, we
had bill 194 deposited which suggested maybe unilaterally we will not bother
with the referendum, we will just declare that, after all, we have entitlement
to call this shut and say we are a seperate State without the referendum. (17 h
10)
Mr President, I think we need to make the façade, exactly, what
it is. We need to lay the cards on the table, we need to play the game properly
and stop hiding behind the myth that some day you are going to be able to take
a section of Canada out of Canada and make a separate state, because, Mr
President, that is a myth. After all, we did not have any conversations at all
so far when we made comparisons, for example, with other countries who have had
referendums. We looked at the famous referendum on joining the Common Market.
That was a great referendum. We had talked about the referendum in
Newfoundland, when Newfoundland decided to join Canada.
But there was another referendum on separation, Mr President, and it
took place in 1933 in Australia. Did you know that, Mr President? There was a
referendum and those people also were dissatisfied and they also felt that just
by changing the political boundaries, they would change the fact that Eaton's
is Eaton, whether you take the "s" off or not and that Morgan's is Morgan
whether you take the "s" or not, and that you will still drive a Ford car or a
Chevrolet and use a General Electric toaster.
Mr President, they had this famous referendum and it was won! Yes, the
separatists won in Western Australia. Did you know that? They won the
referendum in Western Australia. So, they sat down, as is projected in bill 194
and they drafted a resolution that was to go to Westminster on the unilateral
separation of Western Australia to form a separate country.
And in July 1934... And I would like to mention it, Madam President,
because every time the member for Saint-Jacques is here doing his harangues
about how great this new country will be, etc., I intentionnally sit here
because I want to listen to what he has to say. When I am speaking back to him,
he is always hiding in the back because facts bother him, truth annoys him, but
his dreams, that is a different story. The truth is that in 1934, in June,
Westminster returned the verdict on unilateral separation and made it very
clear: No. That is a reality.
Now, let us look at the problem because we have also had other versions
of what the solution is. We are going to revise the Canadian constitution. We
are going to make everything change and all of a sudden the hostility that has
been going on for the last fifteen years in this province and this country is
going to be abated. Madam President, I support these motions, I supported the
bill, I supported the idea because the sooner we get on with it, the sooner the
truth will be heard and perhaps we can do something about what is going on
wrong in this province. The fact that we have 20 000 workers that are not
working in Northern Quebec, the fact that we have the highest level of
unemployment that we have had since the last great depression, the fact that
the
standard of living of every Quebecer is falling because of increased
taxes, the fact that this government is an economic, political and social
disaster; that is what we have to talk about.
Madam President, we should get on with this referendum. And I challenge
the government to accept the challenge and do it. They have been pretending
that they are going to do it since they came here: We are going to have the
referendum; I promised it to you in 1977, 1978 and now it is 1979. Frankly,
Madam President, you know what they say outside: Ça ne viendra jamais;
ils ont peur. C'est vrai, ils ont peur parce qu'ils savent que la population
n'acceptera jamais, mais je m'aperçois qu'ici à
l'Assemblée nationale, ils ont la majorité avec 71
députés. Mais ils représentent, Mme le Président,
seulement 31% de la population. Même avec les sondages d'il y a quelques
jours, l'appui de la population baisse de jour en jour. Essayez donc! Faites
donc la preuve!
Appelez donc demain un élection générale au
Québec, et voyez ce qui arrivera. Ne charriez pas la population avec
cette promesse continuelle que vous allez nous donner une question qui sera
claire un jour. En même temps, ici, on ne fait rien, on ne fait rien,
aussi vite que possible, Mme le Président, c est la seule chose que je
demande. Merci.
Mme le Président: M. le député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Mme le Président... non, cela ne prend pas de
consentement. Ce n'est pas la première fois, Mme le Président,
que le député de Saint-Jacques fait la preuve que la meilleure
défensive est souvent une bonne offensive. En fait, on se dit: Au diable
les faits, au diable la vérité, attaquons, mentons et
peut-être bien que la population oubliera qu'on ne lui fournit aucune
réponse à ses questions.
Je dirai simplement, en réponse aux propos du
député de Saint-Jacques, qu'il n'a qu'à consulter une
partie du sondage publié par Radio-Canada, cette semaine, à
l'effet que même parmi les tenants ou ceux qui se proposent d'appuyer
l'option souveraineté-association, 49% pensent encore qu'avec la
souveraineté-association le Québec aurait des
députés à Ottawa. Dieu sait, Mme le Président, que
cela indique bien que le gouvernement s'est refusé, se refuse et
continuera de se refuser, malgré l'adoption par cette Assemblée
nationale, à l'unanimité, d'une motion demandant au gouvernement
de rendre publiques toutes ses études là-dessus, se refusera,
pour des fins partisanes, des raisons strictement partisanes, à informer
la population sur ce qu'il entend soumettre à sa décision au
moment du référendum, si jamais il y en a un.
Mme le Président, je vous avoue franchement que j'aurais honte
d'avoir participé à cette supercherie qu'a consisté le
débat sur la Loi sur la consultation populaire, si cela n'avait
été, Mme le Président, de la consolation que j'ai
retrouvée dans la position claire, honnête et constante qu'a
défendue l'Opposition officielle, depuis maintenant bientôt un an
que le livre blanc sur la consultation populaire a été
déposé. Supercherie, Mme le Président, qui a
débuté par l'introduction d'une loi-cadre plutôt que d'une
loi spécifique pour la tenue du seul référendum qui
intéresse 99.9% des Québécois, c'est-à-dire le
référendum sur I avenir constitutionnel du Québec.
De l'autre côté, on voudrait que l'Opposition cesse de
citer le document de Doris Lussier où on fait état d'une
stratégie que le premier ministre, encore ce matin, nous disait ne pas
être la stratégie du gouvernement ou de son parti. Moi, je veux
bien croire cela, Mme le Président, que ce n est pas la stratégie
officielle, mais dans les faits. Mme le Président, c est exactement ce
que I on constate depuis dix-huit mois. Lorsque Doris Lussier dit: Notre
première priorité, dans l'ordre de l'action, c est d'obtenir un
oui au référendum, coûte que coûte", c'est un
impératif catégorique, c'est le préambule sine qua non de
tout le reste. M. le Président, ce n'est pas seulement Doris Lussier qui
le dit, ce sont également les observateurs neutres qui constatent que
c'est exactement ce qu a fait et ce que continue de faire le gouvernement,
depuis son élection, en commençant d'abord par son refus de tenir
le référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec
à partir d'une loi spécifique qui aurait clairement
indiqué, édicté les règles du jeu.
Marcel Adam, dans le journal La Presse, Mme le Président, disait,
dans l'édition du lundi, 12 juin 1978: Pourquoi le gouvernement tient-il
tant à une loi-cadre régissant toutes les consultations à
venir? Parce que, comme tout le monde, il n'est préoccupé que par
le référendum sur l'indépendance. Or si ce
référendum a un caractère spécial pour tous les
Québécois, pour le parti gouvernemental, il a aussi une autre
dimension qui concerne sa survie en tant que gouvernement". (17 h 20)
Marcel Adam a écrit cela avant que le Journal de Montréal
ne rende public le document de Doris Lussier. C'est à cela que tout ce
scénario du gouvernement rime. Pendant toutes les auditions des
organismes sur le livre blanc, on a refusé de parler du
référendum sur l'indépendance. A chaque fois qu un
organisme ou un député voulait utiliser ce
référendum sur l'indépendance à titre d'exemple, on
nous disait: Non, non, il ne faut pas. On parle d'une loi-cadre sur les
référendums. A chaque fois que l'Opposition officielle, à
l'étude article par article, a déposé des amendements pour
tenter de clarifier les règles du jeu, le gouvernement s'est
refusé à les accepter en disant: On ne peut pas adopter
d'amendements sur un référendum particulier parce que ce que nous
discutons, c'est d'une loi-cadre. Stratégie purement partisane, Mme le
Président. Effectivement, au moment où on a déposé
des amendements qui s'appliquaient à tous les référendums
et non pas nécessairement à celui-là en particulier, le
gouvernement nous a trouvé alors d'autres arguments. Des arguments
exactement contraires à ceux qu'il employait deux jours ou deux heures
avant.
L'Opposition officielle a tenté par tous les moyens de faire en
sorte que le gouvernement mette dans le texte du projet de loi l'obligation que
la question, au moment de tous les référendums mais plus
particulièrement au moment de celui qui touche l'avenir constitutionnel
du Québec soit formulée d'une façon à
appeler comme réponse un oui ou un non. C'était justement pour
que le gouvernement ait la chance de faire, dans les faits, ce qu'il
prêche depuis 18 mois dans toutes les déclarations solennelles, le
premier ministre en tête jusqu'au dernier des députés
ministériels. Mais, à chaque fois qu'on a tenté,
justement, de le faire inscrire dans un texte de loi, on nous a servi la
réponse: On ne peut préciser, il s'agit d'une loi-cadre sur les
consultations populaires en général. C'est pourquoi nous avons de
nouveau, au moment du dépôt du rapport, comme le permet le
règlement de l'Assemblée nationale, fait quatre des motions
d'amendements que nous avions présentées au gouvernement. Le
gouvernement, durant l'étude du projet de loi, a trouvé le moyen
de présenter de ses propres amendements, un en particulier qui visait
à limiter d'avance le débat pour l'adoption d'un projet de loi
devant être soumis à la consultation populaire. Alors que ni le
livre blanc ni le texte original du projet de loi no 92 n'imposaient quelque
limite que ce soit dans le cas d'un projet de loi à être soumis au
référendum, une des trouvailles du gouvernement a
été de venir saisir la commission d'un tel amendement pour
limiter d'avance le débat, en d'autres mots d'imposer d'avance une
guillotine après 30 heures de débat, pour l'adoption d'un tel
projet de loi.
Ce n'est qu'après quatre ou cinq heures de débat en
commission parlementaire et cela cette semaine, il ne s'agit pas d'il y
a quatre semaines, mais cette semaine que le ministre a finalement
consenti, dans sa grandeur d'âme, à retirer son amendement.
J'imagine qu'il se rendait compte qu'on allait un peu trop loin dans le
maquillage, et qu'on était en train de se démasquer du
côté du gouvernement en faisant un tel amendement qui
n'était acceptable pour personne, incluant plusieurs
députés ministériels qui nous l'ont dit en confidence
durant tout ce débat.
Si Marcel Adam conclut son éditorial en disant que dans un tel
contexte il est capital pour un gouvernement péquiste de jouer le jeu
électo-raliste, conserver î'înitiative, cacher son jeu,
laisser les adversaires dans la confusion et l'incertitude afin de les
empêcher de s'organiser adéquatement, seule une loi-cadre peut lui
permettre cette stratégie, et le refus du gouvernement, durant
l'étude article par article du projet de loi, d'accepter quelque
modification que ce soit, par exemple, le refus de permettre que ce soit les
deux tiers des membres de l'Assemblée nationale qui doivent accepter la
formulation de la question, ce refus catégorique, systématique
à la commission parlementaire nous amène à une seule
conclusion en tant qu'Opposition, c'est que toute la crédibilité
de cet outil qu'on a appelé un outil de la démocratie
qu'on est en train de se donner est minée à jamais et que,
malheureusement, quel que soit le résultat de quelque
référendum que ce soit qu'on voudra tenir au Québec, son
résultat et son interprétation en seront toujours
entachés. Cela je le regrette plus que quiconque.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Sainte-Marie.
Entente de principe au journal Le Soleil
M. Bisaillon: Mme le Président, je voudrais informer
l'Assemblée nationale qu'aujourd'hui, il y a eu une entente de principe
entre le syndicat...
M. Gratton: Est-ce que vous avez besoin du consentement unanime
pour faire...
M. Bisaillon: Vous me l'aviez accordé tantôt, je
pense.
M. Lavoie: Est-ce que le député de Gatineau
représente le consentement unanime? Allez, rapidement.
M. Bisaillon: Cela va prendre deux minutes. Mme le
Président, mon seul objectif est d'informer l'Assemblée nationale
qu'il y a eu aujourd'hui, dans le dossier du Soleil, une entente de principe
entre le syndicat du personnel de soutien et la direction du Soleil. Cette
entente de principe vise à présenter un texte complet et
définitif de la convention collective à une assemblée
générale qui va se tenir demain après-midi. On sait que le
conflit des journalistes est déjà réglé quant au
contenu. Il restera donc, dans les jours qui viennent, à régler
le protocole de retour au travail. Les membres de l'Assemblée nationale
devraient être heureux de savoir qu'au moins dans la région de
Québec, la semaine prochaine, on pourra être davantage
informé qu'on ne l'a été durant les dix derniers mois.
M. Lalonde: Sur le même consentement, Mme le
Président, j'avais une question à poser au député
de Sainte-Marie. Je voudrais savoir s'il a informé le ministre du
Travail de cet heureux et rapide dénouement.
M. Bisaillon: MMe le Président, il est évident que
le ministre du Travail a été informé au jour le jour du
déroulement des discussions qui ont eu lieu entre le syndicat et la
partie patronale, comme d'ailleurs dans l'ensemble des dossiers dont s'occupe
le ministre du Travail. Par ailleurs, si je me suis empressé aujourd'hui
de venir l'annoncer à l'Assemblée nationale, c'était pour
annoncer, à l'approche de la fête nationale du Québec,
c'était pour communiquer cette nouvelle aux Québécois et
peut-être pour fêter l'anniversaire du député de
Vanier. (17 h 30)
M. Grenier: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Après ce consentement qui a
été accordé par I'Assemblée, pour qu'on donne un
renseignement, M. le député de Mégantic-Compton,
voulez-vous vous prévaloir, vous aussi, d'un consentement de
l'Assemblée? Je pense que vous êtes déjà intervenu
sur le sujet qui nous occupait.
M. Grenier: Très brièvement, je voudrais faire un
court commentaire sur ce que nous annonce le député de
Sainte-Marie.
Des Voix: Consentement.
Mme le Vice-Président: Alors, consentement. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: J'aime mieux qu'on souligne aujourd'nui la fin de la
grève au Soleil que I anniversaire du député de Vanier. Je
pense que c'est plus important pour la population du Québec, non pas que
je ne respecte pas et que je n'aime pas le député de Vanier. J
aurais mieux aimé que c eût été le ministre du
Travail qui vienne faire ces commentaires en Chambre.
M. Goulet: En tout cas, le conflit du Soleil n est pas aussi
vieux que le député de Vanier.
M. Lavoie: II ne faut pas mêler le Soleil avec de petites
étoiles.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud...
M. Lalonde: Surtout des étoiles filantes.
Mme le Vice-Président: ... vous devrez, vous aussi,
obtenir le consentement.
M. Roy: Dans ce décor céleste, Mme le
Président, j'aimerais tout simplement faire un bref commentaire pour
dire que c est une excellente nouvelle pour la population que j'ai l'honneur de
représenter à l'Assemblée nationale, puisque
c'était le quotidien qui était le plus spécialisé,
avec des bureaux dans chacune de nos régions respectives, dans la
région de Québec, pour couvrir la région comme telle. Bien
que nous ayons eu d'autres journaux et d excellents journalistes qui ont
continué à faire leur travail dans les autres quotidiens pour
informer notre population, pour la population de la région de
Québec, du Bas-Saint-Laurent et de la Beauce, c'est une grande
nouvelle.
Alors, je voudrais féliciter sincèrement, au nom des gens
que je représente, le député de Sainte-Marie et le
député de Joliette pour I'excellent travail qu'ils ont fait dans
ce dossier. Je suis convaincu que le travail qu'ils ont fait, à la suite
de la commission parlementaire, a contribué largement à faire
avancer le dénouement et à faire rapprocher les deux parties.
Pour ce qui a trait à mon collègue et ami, le
député de Vanier, je ne voudrais pas le décevoir
même si c'est à I'occasion de son anniversaire de naissance, mais
je voudrais lui dire qu'il n'aura pas l'occasion d aller aux noces.
Prise en considération du rapport sur le projet
de loi no 92 (suite)
Mme le Vice-Président: Maintenant qu à la suite de
ce consentement nous avons tous eu ces interventions et que le soleil a eu
rendez-vous avec les étoiles, j aimerais savoir s il y a encore des
intervenants sur la question qui nous occupait avant ces interventions.
M. Grenier: Lequel est le plus vieux, le député de
Vanier ou le conflit du Soleil?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s il vous plait!
M. Lalonde: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Vous voulez intervenir sur cette
question? Alors, sur la prise en considération du rapport et les motions
d'amendement de M. le député de Laval, M. le député
de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: J'ai attendu pour savoir si le ministre de la
Justice, parrain de ce projet de loi, avait des nouvelles à nous
annoncer relativement à la position du gouvernement sur les amendements,
mais, comme il n'était pas à son siège...
M. Bédard: J exercerai mon droit de parole à la
fin, Mme le Président, sur chacun des amendements et je
préfère de beaucoup entendre ce cher député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: En tout cas, cela ressemble beaucoup à I
attitude du ministre dans tout ce débat. Il a attendu que cela se
passe.
M. Bédard: Mauvais coup!
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: II n'a pas mis le leadership auquel on se serait
attendu pour faire de ce projet un projet accepté de toute la
population. Il n'a pas réussi à injecter dans le débat le
leadership nécessaire pour atteindre les objectifs que le
député de Maisonneuve avait souhaités, à savoir
trouver un consensus à l'égard du projet de loi no 92, en sorte
que la loi référendaire soit une loi acceptée, donc
acceptable par l'ensemble des citoyens.
Je n ai que quelques mots sur Intervention, le discours
"patriopétard" du député de Saint-Jacques tantôt, du
leader du gouvernement. Il a utilisé un certain style d éloquence
on retrouvait cela à I'école, dans les petits
débats oratoires où on recourt davantage à
I'intensité de la voix qu à la profondeur de la pensée. Il
semble qu'il y a une certaine clientèle pour cela, étant
donné que j'ai entendu quelques applaudissements à la fin de son
discours.
Je voudrais simplement retirer quelques contradictions de ce discours.
Dans une de ses nombreuses envolées il n'y avait que cela
le
député de Saint-Jacques s'engage, pour la nième
fois, c'est le nième ministre qui l'a fait d'ailleurs, à
l'égard de l'association. C'est le noeud gordien de la fameuse option
constitutionnelle. Je cite, non pas mot à mot, mais cela revient
à peu près à ceci: On s'associera dans la grande
amitié avec nos voisins de l'histoire et de la géographie, Mme la
Présidente. Quelques minutes plus tard, il invectivait, de son verbe le
plus injurieux, les ennemis du peuple canadien-français qui s'adonnent
aussi à être encore nos voisins géographiques et
historiques. Je me demande si c'est avec ce genre de contradiction que nous
allons faire avancer le débat.
Quant à moi, après l'avoir entendu pour la nième
fois aussi, après en avoir entendu de semblables, je suis davantage
convaincu du bien-fondé de l'amendement du député de
Laval. On veut cela par écrit maintenant, Mme la Présidente. Des
discours, des promesses, c'était dans le temps où il fallait
gagner la confiance des gens. Les engagements, c'était dans le temps
où on demandait aux gens de voter pour le Parti québécois.
Maintenant, c'est le temps de la loi. C'est le temps de la protection de toute
la population.
Dans une société démocratique comme la nôtre,
c'est la loi qui protège la population et non pas le gouvernement, et
non pas les discours, ni les engagements. Nous sommes dans un système de
lois, le premier ministre l'a rappelé avec beaucoup d'éloquence
comme d'habitude, il y a quelques jours, lorsque, à cause d'une
négligence de l'administration, on s'est vu fermer la porte de ce
Parlement. Nous sommes dans un système de lois et je ne sache pas qu
aucun des députés ici présents, ou les autres qui seront
appelés à voter, pourrait justifier de s'en tenir au discours du
député de Saint-Jacques, à des diatribes semblables
plutôt que de voter pour l'amendement qui demande simplement d'informer
les Québébois. Je m attends à un refus du ministre de la
Justice tantôt qui va nous couleuvrer une petite déclaration ou
murmurer une position ambiguë, mais dont la conclusion sera, Mme le
Président, qu'on est pour mais qu'on va voter contre.
On a eu cela pendant des jours et des jours. Je pourrais vous en citer,
si j'avais plus de dix minutes. Il y en a là que c est réellement
comique. C est du plus haut comique, sauf qu'on ne riait pas. Il va nous
arriver avec cela. Donc, je présume qu'il va me dire non. Cela va
simplement ajouter un doute à un autre, d'ailleurs qui n'est plus un
doute, qui devient de plus en plus une certitude, à savoir que le
gouvernement n'a pas réussi, dans ce projet de loi, à
réunir le consensus que le député de Maisonneuve avait
souhaité. Il n'a pas réussi à cause de sa fermeture, de
son hermétisme, à cause des refus systématiques de
discuter des vrais problèmes. Sous le prétexte de loi-cadre, de
loi générale, on a refusé de discuter des vrais
problèmes qui préoccupent les Québécois
actuellement. J'ai mis en garde le ministre contre ce péril qui le
guettait au début de ses refus. Tout d'abord lorsqu'il a refusé
de voter en faveur d'une question qui donnait ouverture à une
réponse oui ou non. Lorsqu'il a voté en faveur de l'approbation
des deux tiers de la Chambre pour la question. Ainsi de suite.
Je l'ai mis en garde. Il nous a accusés, à un moment
donné, nous-mêmes, de miner la crédibilité. C'est
classique. C'est comme si nous étions au gouvernement. Je pense que ce
parti, surtout l'ancien député de l'Opposition, ne s'est pas
aperçu qu'il était au pouvoir. Ce n'est pas l'Opposition qui peut
miner la crédibilité d'un bon projet de loi. C'est le
gouvernement. L'Opposition ne peut qu'en constater les résultats. (17 h
40)
Donc, Mme le Président, ces refus ont eu pour effet de
réduire la crédibilité de la loi. Si on en avait eu
besoin, on pourrait prendre aussi quelques parties du discours du
député de Saint-Jacques, ministre, leader du gouvernement, qui,
tantôt, chauffait à blanc le nationalisme québécois.
C'est ce qu'il faisait en parlant des ennemis, des Anglais, nos ennemis du
peuple canadien-français II chauffait à blanc le nationalisme
québécois. Il a invectivé les francophones surtout, parce
qu'ils sont plus traîtres que les autres, qui travaillent à
Ottawa, avec qui nous ne sommes pas toujours d'accord quant aux politiques
quotidiennes, mais avec qui nous sommes d'accord en principe, relativement
à la structure politique ou à la formule politique qui devrait
nous diriger, nous gouverner. Lorsqu'il a fait ces deux déclarations, il
a rejoint d'emblée le célèbre auteur Doris Lussier qui
disait justement dans sa lettre, plus ou moins confidentielle maintenant: La
quatrième leçon des faits c'est qu'il va falloir chauffer
à blanc le nationalisme québécois, avec tous les moyens
à notre disposition, subtilement il faut dire que, quant à
la subtilité du député de Saint-Jacques, c'est
peut-être le seul talent qu'il n'a pas, parce qu'il en a beaucoup
d'autres mais de façon constante, quotidienne et massive.
Voilà, on a eu beau renier l'ami de la première heure,
hier, de la part du premier ministre, Mme la Présidente, le
député de Saint-Jacques l'a rejoint. Il l'a rejoint un peu plus
loin lorsque le célèbre auteur Lussier disait: II faut faire
passer les fédéralistes québécois dans l'opinion
publique pour ce qu'ils sont, des peureux, des arriérés
politiques, des poids morts j'en passe des écrasés
d'avance et des traîtres.
Le député de Drummond vient d'applaudir; le
député de Frontenac, qui n'est pas à son siège,
comme le député de Drummond vient d'applaudir, ainsi que le
très efficace whip du gouvernement qui vient aussi d'applaudir.
M. Proulx: Est-ce qu'on a quorum ce soir, M. le
député? Un très beau quorum, vous n'avez pas à vous
plaindre.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Lalonde: Mme la Présidente, non seulement te
député de Saint-Jacques mais aussi d'autres penseurs du Parti
québécois...
M. Proulx: Trois députés libéraux. Il y a
trois députés libéraux.
M. Lalonde: D'autres penseurs comme le député de
Saint-Jean, comme le député de Drummond, le député
de Frontenac se joignent au député de Saint-Jacques pour
invectiver les fédéralistes québécois de cette
façon, pour appuyer la thèse du célèbre auteur
Lussier. Le premier ministre vient nous dire hier qu'il ne connaît
à peu près pas ce monsieur, politiquement, dis-je; cela a
été le reniement. Judas n'a pas fait pire. Je n'ai jamais vu un
pauvre militant de bonne foi dont les idées sont tout à fait
inacceptables se faire donner la gifle comme cela par son chef, à qui il
a parlé deux fois depuis le début de l'année d'ailleurs.
Je ne sais pas à combien de personnes le premier ministre parle deux
fois au téléphone. Quant à moi, je ne lui ai pas
parlé encore. Mais, enfin, je ne sais pas si tous les militants...
M. Proulx: Parlez-vous à M. Ryan de temps en temps?
M. Lalonde: ... ont le soin d'appeler deux fois au moins en
quelques mois le premier ministre et de l'avoir au bout de la ligne.
Voilà, Mme la Présidente, que la stratégie du
gouvernement rejoint celle du stratège en chef Lussier, Doris Lussier.
Cela confirme ce que je craignais et je termine là-dessus
c'est que le gouvernement, à moins de voter pour nos amendements
et nous en avions d'autres qui l'auraient amélioré davantage
à moins de voter pour ceux-là, va vouer cette loi au sort
le plus j'allais dire humiliant dégradant qu'une loi
puisse avoir, c'est-à-dire le manque de crédibilité de la
population. C'est au gouvernement qu'en reviendra la responsabilité. Je
pense que les députés péquistes qui comptent sur ce
référendum pour une deuxième vie, politiquement, devraient
prendre plus de soin à la rédaction de ce projet de loi, et, dans
son adoption, appuyer l'amendement pour donner au moins un espoir de
crédibilité à cette loi.
Mme le Président: M. le député de
Terrebonne.
M. Elie Fallu
M. Fallu: Mme le Président, nous arrivons au terme de
l'étude du projet de loi 92. Nous soumettons à la Chambre
l'état de nos travaux, lesquels ont longtemps duré, comme chacun
le sait. La commission fait rapport aujourd'hui et nous prenons connaissance de
ce rapport.
L'Assemblée nationale a confié à la Commission
parlementaire de la présidence du conseil l'étude d'une loi. Nous
n'avions pas, en deuxième lecture, article par article, à en
changer quelque principe que ce soit puisque ces principes étaient
déjà acceptés ou que la loi était acceptée
en principe. L'Assemblée nationale ne nous avait donné
l'autorité que de pourvoir à certains aménagements
internes de la loi.
Il serait utile de rappeler, en premier lieu et très
brièvement, les principes de base de ce projet de loi avant de parler
des amendements qui ont été déposés à
même le rapport ou dans un rapport privé, celui du
député de Laval, qui fait l'objet du débat de cet
après-midi.
La loi 92 est une loi des consultations populaires. C est une loi qui
prévoit qu'on peut poser une question au peuple du Québec
après une motion faite en Chambre ou proposer au peuple du Québec
la ratification d'une loi. La loi prévoit en conséquence des
mécanismes et on trouve deux principes fondamentaux: celui de la
formation des comités nationaux et celui du financement des mêmes
comités. Le principe qui sous-tend ces deux principes, le principe
fondamental, c'est celui de l'égalité des chances. Nous avons
accompli notre mission, Mme le Président; le rapport est
déposé.
Toutefois, nous avons un second rapport. Un rapport, dirais-je,
minoritaire. Il l'est d'ailleurs, Mme le Président, à tous les
sens du terme. C est un rapport minoritaire qui attaque justement et en
profondeur les deux principes, puisqu'on nous propose d'élargir, de
démolir devrais-je dire les comités nationaux en
laissant presque chacun s immiscer, faire à peu près ce qu il
veut au moment de la tenue d'une consultation populaire.
On brise donc cette égalité des chances, cette
harmonisation que soulignait tantôt le député de
Mégantic-Compton. Mais pourquoi donc veut-on briser ces comités
nationaux? Mme le Président, vous n'étiez pas témoin de la
commission parlementaire; la Chambre ne pouvait pas, non plus, en être
témoin. Nous ne pouvions en aucun moment c'était interdit
par le règlement saisir la Chambre de l'état des travaux
de la commission parlementaire. Mme le Président, il faudrait vous
rapporter brièvement quels ont été les sujets, comment on
a traité le problème des comités nationaux et du
financement des partis politiques.
Enfin, on peut en parler en cette Chambre, car l'amendement qui nous est
proposé a pour objet de fourrer le monde du Québec, parce qu'un
député du Parti libéral a lui-même appelé, a
demandé, a désiré l'orgie des dépenses. C'est ce
qu'on nous présente aujourd'hui, Mme le Président.
M. Lavoie: Mme le Président, j'aurais une directive, une
question de règlement.
Mme le Vice-Président: Une question de règlement,
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: J'aimerais que vous décidiez vous-même si
le mot qui vient d'être employé par le député de
Terrebonne est parlementaire.
M. Fallu: Orgie a été utilisé en commission,
Mme le Président.
M. Lavoie: L'autre avant. Non, non, j'exige une décision
de la présidence.
Mme Payette: Mme le Président, il y a un
précédent puisqu'on a parlé de fourre-tout tout à
l'heure.
M. Fallu: Mme le Président, nous connaissons l'humour du
député de Laval; je ne crois pas que vous ayez de décision
à rendre.
M. Lalonde: Est-ce dans le même sens?
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je pense que nous ne ferons pas de querelle de mots.
M. le député. (17 h 50)
M. Fallu: La technique du député de Laval est bien
connue; elle est d'ailleurs extraordinaire et je l'admire chaque fois qu'il se
lève dans ces circonstances. Quand il voit un député qui
lui fait face prendre son élan oratoire, le truc est connu, il se
lève pour poser quelque question de règlement.
M. Lavoie: Excusez-moi, je ne l'avais pas remarqué.
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Poursuivez, M. le député de Terrebonne.
M. Fallu: Merci, Mme le Président. Ce qu'on veut donc
aujourd'hui, par le biais d'un amendement ajouté au rapport, c'est
attaquer profondément les principes mêmes de la loi 92 qui ont
déjà été votés ici à
l'Assemblée nationale. Ce qu'on veut, c'est jeter le soupçon sur
la loi 92. Ce qu'on veut, c'est créer une ambiguïté à
propos de la loi 92. Ce que l'on veut profondément, Mme le
Président, c'est, au moment de la prise en considération du
rapport et sans doute tantôt en troisième lecture, continuer
à harceler la loi 92 en insinuant d'une façon continuelle qu'elle
irait vraisemblablement contre les droits de la personne, les droits à
la libre association ou les droits à la liberté individuelle.
Mme le Président, il faut savoir de quoi cela retourne, ces
supposées libertés, cette supposée liberté
d'association. Mme le Président, cette supposée liberté
d'association par l'amendement du député, cela veut dire aux
partis d'Opposition, cela veut dire à tous les Québécois
qui ne seraient pas avec le Parti libéral au moment de la formation des
comités nationaux: Dehors, non pas sur le petit banc, mais dehors par la
porte d'en arrière. Nous voulons garder le monopole d'un des
comités nationaux. Davantage, par le biais de tous leurs comités
financés par Ottawa, ils voudraient dépenser ad libitum, d'une
façon effrénée. C'est ce qu'ils visent. Et non pas
l'égalité des chances et non pas la démocratie. L'Union
Nationale a saisi ce petit jeu, pendant les séances de la commission.
Nous pouvons enfin en parler ici. Vous en avez sans doute entendu parler
à la télévision, Mme le Président, mais jamais en
cette Chambre, au moment où cela se passait. C'est ce qu'on veut vous
rapporter aujourd'hui, et dire que l'amendement qui nous est
présenté va contre les principes mêmes qui ont
été adoptés en deuxième lecture. S'ils ont
été acceptés pour fins de discussion, c'est qu'ils sont
dans la bonne forme, j'allais dire littéraire, ou rien d'autre. Parce
que, sur le fond même, ils vont contre le projet de loi. Je
m'arrête là parce que j'aimerais laisser à mon
collègue, le ministre, quelques instants pour parler au nom du
gouvernement.
Mme le Vice-Président: M. le ministre de la Justice et
parrain intérimaire du projet de loi.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: Mme le Président, disons, au tout
départ, que, fidèle à son habitude, le
député de Marguerite-Bourgeoys, comme il l'a fait tout au long de
la discussion de ce projet de loi en commission parlementaire, a
préféré s'attaquer aux hommes plutôt qu'au fond de
la question. C'était, lors de son intervention de tout à l'heure,
comme cela a été son habitude tout au long des travaux de la
commission parlementaire, sa stratégie, justement pour éviter de
parler du fond de la question, de parler du fond de ce projet de loi qui, nous
le disons avec fierté, représentera pour l'avenir un instrument
d'exercice de la démocratie pour l'ensemble des Québécois,
un instrument de première qualité. Je puis dire d'avance que ce
n'est pas avec le concours de l'Opposition officielle, malheureusement, que
nous y sommes arrivés. Je dis bien l'Opposition officielle parce qu'il y
aura certaines distinctions à faire concernant les autres
Oppositions.
M. Lavoie: N'attaquez pas les hommes, là!
M. Bédard: Mme le Président, le
député de Marguerite-Bourgeoys a signalé le manque de
leadership du ministre de la Justice, qui n'a pas réussi, dit-il,
à obtenir le consensus de l'Assemblée nationale. Il me fait
sourire lorsqu'il dit cela parce qu'il sait très bien qu'il ne peut
faire une telle affirmation avec crédibilité alors qu'il a
été à même de constater que son propre parti,
l'Opposition officielle, a voté contre le principe du projet de
loi-cadre en deuxième lecture sans même prendre la chance
d'essayer d'améliorer le projet de loi. Dès le départ, M.
le Président, nous savions que l'Opposition officielle
j'espère qu'ils seront au moins honnêtes là-dessus
s'était branchée...
M. Lavoie: Ne parlez pas d'honnêteté avec le papier
de Lussier...
M. Bédard: Mme le Président, vous avez encore
là, avec la remarque du leader de l'Opposition, ajoutée à
celle faite par le député de Marguerite-Bourgeoys, l'exemple de
ces gens qui, plutôt que de s'attaquer au fond de la question,
préfèrent s'attaquer aux hommes, soit le ministre de la Justice,
les gens de l'extérieur, Doris Lussier, ou qui vous voudrez.
M. le Président, comment reprocher au ministre de la Justice
d'avoir manqué de leadership en
n'obtenant pas le consensus de l'Opposition officielle alors que,
dès le départ, c'était clair que ce consensus était
impossible? Eux-mêmes avaient fait leur lit dès le
départ.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a mentionné
l'hermétisme dont j'aurais fait preuve lors de l'étude de ce
projet de loi en commission parlementaire. Il a raison sur un point. Il est
vrai que je me refusais d'avance, et que je me refuse encore, à aller
à l'encontre des principes mêmes de ce projet de loi, des
principes qui ont été mis de l'avant non seulement par le
gouvernement, mais qui ont été votés, en deuxième
lecture, par les membres de cette Assemblée nationale. Ces principes qui
ont été énoncés lors de la deuxième lecture
par les membres de l'Assemblée nationale, je me suis fait un devoir de
les respecter tout au cours de la discussion de ce projet de loi. Dans ce sens,
je dois dire que j'ai fait preuve d'hermétisme et que c'était mon
devoir de le faire devant les tentatives répétées de
l'Opposition officielle pour essayer d'aller à l'encontre de ces
principes énoncés lors de la deuxième lecture: principe
d'une loi-cadre, principe du contrôle des dépenses, principe de la
création de comités nationaux, principe de
l'égalité des chances par un contrôle des dépenses
efficace et non pas illusoire, tel que nous le proposait le leader de
l'Opposition officielle avec ses amendements au cours des travaux de cette
commission parlementaire.
Mme le Président, ces amendements...
M. Lavoie: Mme le Président, je vous ferai remarquer qu'il
est 18 heures.
Mme le Vice-Président: Je regrette de devoir vous
interrompre, M. le ministre, cette Assemblée doit, puisqu'il est 18
heures, suspendre ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
Reprise de la séance à 20 h 18
Mme le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Charron: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: ... juste avant que nous reprenions le débat
en cours, conformément à l'entente survenue ce matin, je voudrais
vous informer que nous avons trois rapports de commissions élues qui
nous sont soumis actuellement. Le premier est au nom du député de
Limoilou.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 59
M. Gravel: Mme le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente du travail et
de la main-d'oeuvre qui a siégé les 20, 21 et 22 juin 1978 aux
fins d'étudier article par article le projet de loi no 59, Loi modifiant
le Code du travail, et l'a adopté avec ses amendements.
Mme le Vice-Président: Rapport déposé.
M. Charron: Le deuxième, Mme le Président, est au
nom du député de Saint-François.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Saint-François.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 246
M. Rancourt: Mme le président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'éducation qui a siégé le 22 juin 1978 pour auditions
publiques et étude article par article du projet de loi privé no
246, intitulé Loi concernant l'Université de Sherbrooke, qu'elle
a adopté avec amendements.
Mme le Vice-Président: Rapport déposé.
M. Charron: Finalement, Mme le Président, le
troisième est au nom du député d'Iberville.
Mme le Vice-Président: M. le député
d'Iberville.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 204
M. Beauséjour: Mme le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission élue permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières qui a
siégé, le 22 juin 1978, pour audition publique et étude,
article par article, du projet de loi privé no 204 intitulé Loi
concernant Les Magasins Continental Ltée, quelle a adopté sans
amendement. (20 h 20)
Mme le Vice-Président: Rapport déposé.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Mme le Président, je crois que la parole
était au ministre de la Justice.
Prise en considération du rapport sur le projet
de loi no 92 (suite)
Mme le Vice-Président: D'accord. Cette Assemblée en
était à prendre en considération le rapport sur la loi 92,
Loi sur la consultation populaire, et c'est M. le ministre de la Justice qui
avait la parole.
M. Marc-André Bédard (suite)
M. Bédard: Mme le Président, ces amendements qui
sont présentés par l'Opposition officielle illustrent, je crois,
d'une façon très éloquente le refus systématique de
l'Opposition offi-
cielle, le Parti libéral, de se conformer et d'accepter
d'étudier la loi 92 selon la volonté exprimée par
l'Assemblée nationale qui était que nous avions à mettre
au point, non pas une loi spéciale pour un référendum en
particulier, mais nous avions à mettre au point, le plus valablement
possible, une loi-cadre.
Les trois premiers amendements qui sont présentés par
l'Opposition officielle expriment très clairement cette volonté
de particulariser une loi-cadre pour en faire une loi spéciale
adaptée à un référendum en particulier, à un
type de référendum, à savoir un référendum
portant sur le statut constitutionnel du Québec.
C'est pourquoi, lors de l'étude en commission parlementaire, nous
avons refusé ces amendements. Nous avions le mandat très
explicite de I'Assemblée nationale d'étudier une loi-cadre et
nous avons essayé de nous conformer à ce désir d une
façon scrupuleuse. Mme le Président, je suis convaincu qu'il
était important de faire les efforts nécessaires, et nous aurions
aimé que l'Opposition nous aide en ce sens, pour donner aux
Québécois une loi-cadre, c'est-à-dire un cadre
démocratique permettant la tenue de consultations populaires de quelque
type que ce soit, que ce soit d ordre constitutionnel ou de tout autre
ordre.
Ma conviction profonde est que nous avions à relever le
défi et nous l'avons relevé d'étudier une
loi et d'adopter une loi ce que nous ferons ce soir qui
constitue, comme je l'ai dit, un cadre démocratique valable, un
instrument valable qui permet de fixer les règles du jeu pour quelque
type de référendum que ce soit. C'est pourquoi, et c'était
fondamental, nous avons refusé tout amendement et j'en ai
informé dès le départ, les Oppositions qui serait
de nature à particulariser cette loi-cadre.
L Opposition officielle, depuis le dépôt du livre blanc, en
passant par la deuxième lecture jusqu'en commission parlementaire, a
essayé de discréditer continuellement cette loi-cadre en essayant
de faire croire que c'était une stratégie de dernière
minute du gouvernement de décider d'une loi-cadre plutôt que d'une
loi spéciale concernant le référendum que nous avons
à l'esprit.
L'Opposition officielle a essayé continuellement de faire croire
que c'était à la toute dernière minute que nous avions
accouché, du côté gouvernemental, de cette idée
d'une loi-cadre. Or, il ny a rien de plus faux que cela. J invite les membres
de lOpposition officielle, les membres de cette Assemblée, à
consulter le programme du Parti québécois. Ils seront à
même de constater que. lors des élections de novembre 1976, le
programme politique du Parti québécois prévoyait qu un
gouvernement du Parti québécois s'engageait je le dis
textuellement premièrement, à assumer
méthodiquement l'exercice de tous les pouvoirs d un Etat souverain en s
assurant au préalable de I appui des Québécois par voie de
référendum; deuxièmement ce n'est pas une
trouvaille de dernière minute, une loi organique ou une loi-cadre de la
part du gouvernement lors des élections du 15 novembre 1976, et
c'est consigné dans le programme du Parti québécois, ce
dernier s'engageait déjà à faire adopter une loi organique
sur les référendums garantissant que les options offertes seront
claires et distinctes, de formulation non ambiguë, permettant l'expression
de choix véritables.
Mme le Président, vous êtes à même de
constater que, contrairement à tout ce qu'a essayé de laisser
croire l'Opposition officielle, cette loi organique, cette loi-cadre n'est pas
- permettez-moi l'expression une trouvaille de dernière
minute. Au contraire, le programme du Parti québécois le
préconisait et le gouvernement actuel y a donné suite parce que
celui-ci fait confiance en la maturité politique de l'électeur
québécois. Il veut lui donner un instrument, non pas temporaire
qu'on change à chaque référendum, à chaque
consultation populaire, mais lui donner un instrument permanent, pour
accroître sa participation à la gouverne de l'Etat. C'est cela
croire en la maturité des Québécois. C'est non seulement
s'engager à tenir des élections à tous les cinq ans, mais
il faut aller plus loin que cela. Comme l'ont fait d'ailleurs plusieurs Etats
nous n'avons pas innové dans ce sens c'est essayer de
trouver les moyens qui vont associer le plus possible la population à la
prise de décisions majeures. C'est dans cet esprit qu'il faut comprendre
l'attitude du gouvernement, d'une part de donner une loi-cadre et d'autre part
d'associer la population.
Je pense, Mme le Président, que le caractère permanent des
règles référendaires qui seront inscrites et qui sont
inscrites à l'heure actuelle dans la loi-cadre du
référendum que nous aurons adoptée permettra à
l'électeur québécois de mieux apprivoiser les techniques
référendaires, d'en mieux comprendre les règles du jeu
d'avance, plutôt que d'arriver à la dernière minute avec
des règles spéciales pour un référendum
spécial. Je pense qu'il n'y a rien de plus correct, de plus respectueux
envers la population que de décider d'avance et assez longtemps d'avance
quelles seront les règles du jeu, non pas seulement à l'occasion
d'un référendum sur l'indépendance que nous savons
très important, capital même, mais à l'occasion de toute
autre consultation populaire.
Ce caractère permanent de la loi-cadre l'esprit en est
très clair liera le gouvernement du Québec à
l'occasion de la tenue de chaque référendum. Ceci permettra de
donner l'assurance à la population que lors d'une consultation
populaire, les dés ne seront pas pipés d'avance par quelque
option que ce soit, par quelque parti politique que ce soit, par quelque
puissance d'argent que ce soit, par quelque citoyen que ce soit. Je pense qu'il
n'y a rien, Mme le Président, de plus démocratique, encore une
fois, que cette manière de procéder du gouvernement actuel. Il y
a bien des gouvernements qui auraient essayé de jouer avec la surprise
d'une petite loi spéciale à la dernière minute à
propos d'un référendum qu'ils voudraient tenir.
Nous n'avons pas voulu, Mme le Président, accepter cette
manière de procéder par respect pour les Québécois,
qui ont le droit d'être au courant, au moins sur l'essentiel de ce que
seront les règles du jeu, qui ont le droit d'être au courant et de
savoir que ces règles du jeu respectent, quoi que peuvent en dire les
membres de l'Opposition officielle, les droits et libertés individuels,
le tout analysé en fonction du bien d'autrui et du bien
général d une population. (20 h 30)
Je pense bien que personne n'accepterait qu'un gouvernement change les
règles du jeu à la dernière minute. Personne n'accepterait
qu'un gouvernement change les règles d'une élection
générale à chaque élection générale.
De la même façon, nous avons voulu, comme pour les
élections générales, fixer des règles
permanentes.
Je l'ai dit tout à l'heure, nous n'avons pas innové. Je
pense que les pays qui n'ont pas recours à la possibilité d'un
référendum, d'une consultation populaire, sont de plus en plus
rares et l'Opposition est à même de le constater également.
En Angleterre, même s'il n'y a pas de loi-cadre, on s apprête
à tenir deux référendums sur le modèle du
référendum de 1975, modèle qui a inspiré fortement
la loi-cadre que nous aurons.
M. Lavoie: Ce sont des lois spéciales.
M. Bédard: Une loi spéciale qu'ils sont en train de
convertir en une loi-cadre, parce que d'autres référendums vont
être tenus conformément aux règles déjà
édictées. Je sais d'avance qu'il y a une différence
fondamentale le leader de l'Opposition va nous en parler longuement
tantôt entre ce qui s'est passé en Angleterre et ce qui se
passerait ici au Québec avec la loi que nous aurons à voter,
puisque, en Angleterre, il n'y avait pas de limites pour les dépenses,
alors qu'ici il va y avoir un contrôle des dépenses. C'est un des
principes du projet de loi sur lequel je n'ai pas cédé
l'Opposition le sait parce que c'est ma profonde conviction qu'il y a
une nécessité que les dépenses soient
contrôlées.
Cela s'inspire, d'ailleurs, de la tendance que nous avons ici au
Québec, depuis plusieurs années, avec la Loi électorale
où le Parti libéral et l'Opposition officielle devrait se
le rappeler a limité les dépenses. Je pense que cela a
été une bonne décision pour le fonctionnement
démocratique de notre société québécoise.
Cette tendance s'est accentuée avec la loi sur le financement des partis
et nous continuons tout simplement dans cette ligne de pensée.
L'Opposition officielle nous a parlé continuellement de
l'atteinte aux droits et libertés de la personne à cause du
contrôle des dépenses, à cause de l'instauration de
comités nationaux. C'est évident que toute loi constitue
certaines contraintes. Toute loi oblige les citoyens à la respecter.
Toute loi est faite non pas seulement en fonction de certains individus, mais
en fonction du bien d'autrui et du bien général d'une
société. Il en est de même pour la loi-cadre que nous
allons adopter, qui amène certaines contraintes, mais des contraintes
qu'il fallait accepter.
La Commission des droits de la personne l'a souligné
elle-même qu'il y avait certaines contraintes, mais qu'elle souscrivait
entièrement au principe du contrôle des dépenses et au
principe de la formation des comités nationaux.
Une loi-cadre empêchera là c'est dans une loi
un gouvernement de déclencher des
élections-référendums qui sont dominées par une
seule grande question. On le sait. C'est de mettre les électeurs dans
une position anormale où, au lieu de choisir entre différentes
équipes en fonction des hommes et des programmes d'un gouvernement,
comme cela devrait être le cas, ils doivent plutôt se prononcer
pour ou contre une seule idée.
D'ailleurs, avec le principe d'une loi-cadre, nous donnons tout
simplement suite à ce qui avait déjà été mis
de l'avant par le gouvernement de l'Union Nationale. Cela, le
député de Mégantic-Compton l'a souligné. Le
gouvernement de l'Union Nationale avait clairement exprimé son intention
non pas de procéder à la mise au point d'une loi spéciale
pour les consultations populaires, mais d une loi-cadre. Tout le monde
était d'accord avec cela. Là, on essaie de faire croire que c'est
plus ou moins bon, entre autres l'Opposition officielle, prce qu'elle est
traumatisée par un seul référendum qui est
très important, il faut l'avouer soit celui de l'avenir
constitutionnel du Québec. Ma conviction est que n'importe quelle sorte
de référendum, quelle que soit son importance, est capable de se
situer à l'intérieur de la loi-cadre que nous avons mise au
point.
M. Lavoie: Mme le Président, excusez-moi! Je voudrais vous
interrompre un instant.
Mme le Vice-Président: Sur une question de
règlement, M. le leader de I Opposition.
M. Lavoie: Je ne sais si le ministre a sauté une
étape du projet de loi. Je suis très patient depuis le
début. II faut considérer, dans notre règlement, que les
députés n'ont qu'un droit de parole de dix minutes. Le ministre a
le droit de parler plus longuement et plus souvent mais toute l'intervention ou
pratiquement 80% de I'intervention du ministre, depuis qu'il a commencé,
c'est un discours de troisième lecture. Le débat est assez
restreint, vous qui aimez, à l'occasion, établir des
corridors.
M. Bédard: Mme le Président...
M. Lavoie: II y a quatre amendements. Voici le propos qu'on doit
tenir, à ce stade-ci. La troisième lecture viendra demain, ou...
Actuellement, ce sont quatre amendements. Le discours que le ministre fait, c
est un discours de troisième lecture et je me demande ce qu'il va nous
dire en troisième lecture. Il va avoir épuisé tous ses
arguments.
M. Charron: Mme le Président, question de
règlement.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je dirais que, théoriquement, il y a beaucoup
de vrai dans ce que vient de dire le leader de l'Opposition officielle. Mais le
tout premier intervenant sur la prise en considération du rapport a
été le chef de I Opposition lui-même qui, il en conviendra
avec moi, a puisé dans des lettres publiées dans les journaux ou
n'importe quoi, au point que je me suis senti la même latitude
après. Si le chef de l'Opposition avait été très
circonscrit dans ses interventions alentour des amendements, d accord! La porte
est ouverte et je pense que le ministre de la Justice a le droit de
répondre.
M. Lavoie: Mme le Président, très brièvement
sur cette question. Il ne faut pas oublier que le chef de l'Opposition
officielle et le leader parlementaire du gouvernement, selon votre
décision, étaient quand même limités dans le temps.
Je vous demanderais une directive. Il est dit, à l'article 123, au sujet
du ministre parrain d'un projet de loi, que la règle qu'un
député ne parle qu'une fois ne s'applique pas au parrain du
projet de loi. Ce n'est jamais venu dans le passé, cette
difficulté. Du fait qu il a le droit d'intervenir plus d'une fois,
est-ce que cela veut dire que c'est illimité, qu'il peut "filibuster" le
projet de loi, qu'il peut nous parler pendant deux heures? Autrement, il n'y a
plus de corridors.
Je pense que vous devriez rendre une directive, parce qu'il peut nous
entretenir pendant deux heures.
M. Bédard: Mme le Président, sur la question de
règlement.
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement. M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je m excuse. Je ne crois pas être en
désaccord avec le leader du gouvernement, mais je voudrais exprimer
qu'au contraire je suis dans l'ordre. On vous connaît, l'Opposition
officielle. Vous allez vous promener dans le paysage en disant qu on n'a pas
donné les explications nécessaires. Pourquoi avons-nous
refusé des amendements comme ceux-là qui ont I'air d'avoir bien
du bon sens, que c'est impensable qu'on ne les ait pas acceptés...
M. Lavoie: Merci de le reconnaître.
M. Bédard: Non. Il y a votre autre partie qui est moins
honnête, par exemple. Il est important pour le journal des Débats
que nous apportions les arguments techniques, les arguments de principe
cela touche trois des amendements qui sont présentés qui
expliquent pourquoi nous n'avons pas accepté ces amendements. Non pas
par manque d'ouverture d'esprit, mais parce que, nous avions à respecter
un mandat de l'Assemblée nationale qui était d'en faire une
loi-cadre, d'adop- ter une loi-cadre et non pas de faire une loi
spéciale sur les référendums. (20 h 40)
Mme le Vice-Président: II y a deux questions de
règlement, si je ne m'abuse. L'une serait quant au droit de parole du
ministre, parrain de la motion, et l'autre quant à la pertinence du
débat.
En ce qui regarde le droit de parole du ministre, je pense que nous
avions bien déterminé cet après-midi que, comme c'est une
motion de forme, nous nous en tiendrons, comme c'est le cas habituellement,
à l'article 94.2 du règlement.
Pour ce qui est de la pertinence du débat, je pense que nous en
sommes actuellement à la prise en considération du rapport,
auquel on veut faire des amendements. Je crois que, dans le passé, on a
pu intervenir à la fois sur les amendements et sur le fond de la
question et que toute latitude a été permise quant à cette
façon de fonctionner. Nous en sommes à la question des
amendements, mais nous en sommes aussi, quand nous parlons des amendements
actuellement, à la prise en considération du rapport comme tel.
Donc, je pense qu'on peut quand même élargir la question au fond
du projet de loi.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Mme le Président, vous serez à
même de constater que trois des amendements qui sont
présentés ont la même formulation, à savoir
celle-ci: Dans le cas d'un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec... C'est la même chose que vous voyez au
deuxième amendement et au troisième amendement
présentés. Ce qui explicite, je pense, d'une façon
très claire, les intentions de l'Opposition officielle d'aller à
rencontre du principe même dune loi-cadre pour essayer de nous la faire
particulariser à un type de référendum en particulier.
Dans le premier amendement, on retrouve la préoccupation de l'Opposition
officielle là-dessus, je suis d'accord en partie que la
population soit bien informée de l'option sur laquelle elle aura
à faire un choix. Nous avons refusé cet amendement, encore une
fois, parce qu'il particularisait la loi, mais ce que ne dira pas l'Opposition
officielle, c'est que nous lui avons offert, conscients du droit à
l'information des citoyens, conscients de l'obligation d'un gouvernement
d'informer la population avant de la consulter, nous avons offert à
l'Opposition officielle, dis-je, la possibilité de mettre dans la
loi-cadre qu'un gouvernement qui veut faire une consultation populaire, d'une
façon générale, doit informer la population sur son option
et la définir.
Je n'ai pas besoin de vous dire que cet amendement n'a pas fait un long
chemin. Pourtant, cela répondait à des principes fondamentaux du
droit à l'information du public et de l'obligation d'un gouvernement
d'informer. Mme le Président, on l'a seulement évoqué a la
commission parlementaire et, tout de suite, nous avons vu la réaction
spontanée des libéraux contre cette approche, parce que,
disaient-ils, s'il faut qu'on donne le droit au gouvernement d'informer la
population sur son
option constitutionnelle d'une façon générale, on
risque que cette information ne soit partisane. C'était le grand
principe.
Alors, que les libéraux se le rappellent: ils ont, autrement dit,
balayé du revers de la main des principes fondamentaux comme le droit
des citoyens à l'information et l'obligation d'un gouvernement, d'une
façon générale, d'informer la population. Pourquoi? Par
peur que le gouvernement soit partisan, parce que, essentiellement, ils n'ont
pas confiance à la population et aux citoyens québécois.
Ils ne croient pas qu'ils sauront faire la part des choses sur toute
information gouvernementale qui pourrait leur être adressée en
fonction d'explications concernant une option en particulier.
M. Lavoie: Mme le Président, question de règlement.
D'après mes informations, le ministre aurait parlé,
jusqu'à maintenant, durant au moins 30 minutes. Nous avons convenu tous
ensemble qu'il s'agit d'une motion de forme et que le proposeur d'un projet de
loi a droit à une heure sur la motion de fond, mais est limité
à la moitié de cette période sur la motion de forme. Etant
donné que le ministre a pas mal exprimé tout ce qu'il avait
à dire et étant donné que nous désirons le
référendum le plus vite possible, je crois que le ministre
devrait conclure. J'ai besoin d'une directive de votre part à ce sujet.
Autrement, il pourrait parler pendant trois jours, de la manière qu'il
va. Il n'est pas plus convaincant à cause de cela.
M. Bédard: Je n'essaie pas de vous convaincre; je sais
d'avance qu'il n'y avait aucune possibilité d'obtenir un consensus de
votre part. Cela, je le sais d'avance.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, me
permettriez-vous, quand même, de faire une intervention? Je veux
simplement vous dire que vous aviez parlé cinq minutes avant le
dîner et que vous avez commencé à 20 h 21. Je ne saurais
affirmer que M. le ministre a seulement une demi-heure, comme M. le leader de
l'Opposition officielle veut bien me le dire, parce que le temps n'est pas
déterminé. On dit que le parrain d'un projet de loi a le droit
d'intervenir plusieurs fois au cours du débat sur la prise en
considération du rapport. Nulle part il n'est fait mention du temps qui
lui est alloué, sauf que j'ai bien dit tantôt que nous nous en
tenions à l'article 94.2. Mais nous pourrions quand même discuter
du temps, puisque ce n'est pas tout à fait clair. Il y a l'article 95
qui pourrait être restreint par l'article 123, quatrièmement, je
pense. Mais je pense que l'article 94.2 pourrait aussi s'appliquer selon
l'intention de celui qui a fait le règlement ou du
législateur.
Alors, M. le ministre, je vous ai simplement dit de combien de temps
vous aviez déjà disposé. Allez-y donc!
M. Bédard: Parfait! Mme le Président.
M. Lavoie: Mme le Président, je pense qu'il serait
normal...
Mme le Vice-Président: Sur la question de
règlement.
M. Lavoie: C'est vous qui avez l'autorité pour trancher
cette question.
Mme le Vice-Président: Oui.
M. Lalonde: Oui, il faut trancher.
M. Lavoie: Je peux en discuter avec le sergent d'armes, si vous
voulez, ou avec les pages.
Mme le Vice-Président: M. le leader de I Opposition
officielle, je veux bien que nous discutions de questions de règlement,
mais je vous demanderais quand même d'intervenir de façon
acceptable.
M. Lavoie: Mme le Président, sur cette question de
règlement, c'est à vous, je crois, de donner la directive. Je
pense qu'on convient ensemble qu'en vertu de l'article 94 sur une motion de
fond, le proposeur d'un projet de loi a le droit de parler pendant une-heure;
sur une motion de forme, c'est limité à la moitié du
temps.
Par contre, à l'article 123, la règle voulant qu'un
député ne parle qu'une fois ne s'applique pas au proposeur du
projet de loi.
Je pense qu'il va falloir un de ces jours trancher la question.
Mme le Vice-Président: C'est l'intention du
législateur. Je suis d'accord avec vous, M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: Moi, je vous propose une solution. Qu'on lui donne 30
minutes à la fin, c'est son droit. Qu'il revienne plusieurs fois pendant
30 minutes, mais une première dose de 30 minutes, c'est
déjà pas mal. Il y a peut-être d'autres
députés qui vont intervenir et il nous donnera une
deuxième dose de 30 minutes. Mais une, pour moi, c'est pas mal
suffisant. La première est terminée, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Vous savez comme moi, M. le leader
de l'Opposition officielle, qu'habituellement en vertu de l'article 123, le
président peut établir les règles et établir de
combien de temps on disposera; ce qui n'a pas été fait au
début de cette prise en considération du rapport. Je ne
déciderai pas ce soir pour le ministre combien de temps il pourra
utiliser. Je vous dis que ce n'est pas clair dans le règlement; je
laisse toute latitude au ministre de continuer, sauf que je lui demanderais
d'être le plus court possible.
Maintenant, M. le ministre.
M. Bédard: Quitte à revenir. (20 h 50)
Mme le Vice-Président: M. le leader de I Opposition
officielle, nous pourrions quand même discuter de ce règlement. Je
pense qu'il n'est pas tout à fait clair. Je vous dirai que l'article 123
régit le nombre de fois où on intervient, mais que cela
n'est pas si sûr que cela qu'il régisse le temps de parole
du parrain du projet de loi. Je pense qu'il faut faire référence
aussi aux règles de la commission parlementaire. Je pense qu'on pourrait
quand même discuter de cette question. M. le ministre.
Mme Payette: Bravo! Madame. M. Bédard: Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: S'il vous plaît, à
l'ordre! M. le ministre de la Justice.
Une Voix: C'est-y assez fort!
M. Bédard: Mme le Président, je disais donc que
nous n'avons pu obtenir le consentement de l'Opposition officielle pour
insérer dans la loi une disposition générale qui
obligerait je pense que c'est normal un gouvernement à
informer la population, chacun des citoyens, à l'occasion d'une
consultation populaire.
Le gouvernement avait cependant présent à l'esprit cette
nécessité d'informer la population et aussi de lui donner
l'information la plus objective possible. C'est nous qui avons pris les
devants, qui avons proposé qu'au plus tard dix jours avant la tenue d'un
scrutin le directeur général des élections devait
transmettre aux électeurs une brochure unique, expliquant chacune des
options soumises à la consultation populaire et dont le texte serait
déterminé par les comités nationaux. Ces deux brochures
devaient assurer un espace égal à chacune des options qui
étaient soumises à la population. Cela, à mon sens,
révèle la préoccupation du gouvernement d'informer la
population et de préciser ses options et ses positions.
Mme le Président, nous étions, j'étais très
déçu de ce refus de l'Opposition de permettre au gouvernement d
informer chacun des électeurs. C'est ce qui me fait conclure à
une certaine hypocrisie de la part de l'Opposition officielle, qui demande
continuellement au gouvernement de déposer des études, mais qui
n'accepte pas, alors qu'on lui en offre l'occasion, le principe que ces
études pourraient être acheminées aux citoyens et que ces
derniers pourraient effectivement en prendre connaissance et se faire une
meilleure idée en fonction d une décision éclairée
qu'ils auront à prendre à l'occasion du référendum
qu'on a tous présent à l'esprit.
Mme le Président, nous avons eu, à un moment donné,
la grande contribution du chef de I Opposition aux travaux de la commission
parlementaire qui est venu nous répéter ce qu'il nous a dit cet
après-midi, qu'il fallait définir loption. On le savait
déjà, c'est clair qu'on va la définir. C'est clair qu'il y
a encore un travail de définition à faire, comme il y en a un
énorme à faire aussi en ce qui a trait à I Opposition
officielle concernant leurs différentes sortes de
fédéralisme.
Lorsque le leader de lOpposition est venu nous rencontrer, il nous a
laissé entendre que c'était à nous de définir notre
position, comme s'il n'y avait qu une obligation et qu'elle n'appartenait qu'au
gouvernement, celle de définir notre position. Il nous a avoué
candidement que, pour eux, il n'y avait pas de référendum, ce n
était pas eux qui faisaient le référendum. Mais je pense
que le leader de l'Opposition a oublié que le minimum de
responsabilité dont devra faire preuve l'Opposition officielle lors du
référendum sur I'avenir constitutionnel du Québec obligera
également l'Opposition officielle à définir ses positions,
ce qui reste à faire, sinon...
M. Lavoie: Est-ce que c est dans les quatre amendements
proposés par I Opposition, la position de l'Opposition dans le
référendum? Qu'on respecte la pertinence du débat, il y a
quatre amendements.
M. Bédard: Bien oui, mais vous nous parlez... Question de
règlement. On dirait que c'est d'une façon technique, je ne sais
pas, que c'est à la manière d un robot que le leader de I
Opposition a déposé ses amendements, mais lisez-les. Votre
premier amendement porte essentiellement... C'est pour cela que vous n'avez
rien compris en commission parlementaire, vous ne comprenez rien encore.
M. Picotte: ... ce serait encore bien mieux!
M. Bédard: ... porte essentiellement sur le besoin de
définition, et c'est sur cela que je parle présentement.
Je crois je ne serai pas plus long là-dessus que
l'Opposition, si elle n'a pas peur d'assumer ses responsabilités, devra
définir, elle aussi, ses options d'une façon précise.
Parce que c'est bien beau de parler des sondages, mais le dernier qu'on a eu
révèle au moins une chose, c'est que les gens ne voulaient plus
du statu quo. Donc, ils devront se prononcer, non pas seulement sur une
formule, mais il y aura l'obligation, pour l'Opposition, de présenter
une formule de rechange si elle respecte les Québécois. Les
libéraux pensent peut-être qu'ils peuvent gagner un
référendum simplement en disant: Votez non, ou en faisant des
peurs, en créant l'incertitude, autrement dit en faisant ce qu'ils font
depuis le 15 novembre 1976, mais ils auront exactement le même
résultat qu'ils ont eu le 15 novembre 1976, j'en suis convaincu.
Sur le deuxième amendement, l'Opposition officielle demandait
qu'on inscrive dans une loi-cadre l'engagement moral du gouvernement de
respecter le résultat de la consultation populaire. Autrement dit, ces
gens avaient oublié que premièrement...
M. Lalonde: Cela vous dépasse, un engagement moral!
M. Bédard: ... une consultation populaire ne constitue pas
un engagement juridique et que, en soi, pour un gouvernement qui se respecte,
une consultation populaire, du point de vue politique,
ne peut pas être mise de côté par un gouvernement. Le
gouvernement ne peut pas mettre de côté cette volonté
populaire exprimée. Ceci, ajouté à l'engagement qui a
été pris par le ministre d Etat à la réforme
parlementaire, par le premier ministre, par moi-même et d'autres
ministres, afin qu'il y ait...
M. Lalonde: Cela, c'est fort!
M. Bédard: ... une question claire et précise non
seulement parce que nous ne croyons pas aux questions-pièges qui se
retournent contre ceux qui les posent, mais parce que nous croyons a une
question claire et précise parce que nous voulons une réponse,
aussi, claire et précise des Québécois, et nous n'avons
pas peur de cette réponse.
Au cours de la discussion, j'ai compris un peu la méfiance
l'Opposition officielle me corrigera j'ai compris pourquoi l'Opposition
officielle avait tant de méfiance. Elle se rappelait sans doute un
certain référendum qui a été tenu non pas par le
Parti québécois, non pas par le gouvernement actuel, mais qui a
été tenu par leur grand frère d Ottawa...
M. Lavoie: A Ottawa.
M. Lalonde: A Ottawa.
M. Lavoie: C'est la faute au fédéral.
M. Lalonde: Arrêtez donc de brailler!
M. Bédard: ... de qui ils reçoivent leurs ordres
à Iheure actuelle.
Mme le Vice-Président: A Tordre!
M. le ministre, à l'ordre!
Je ferai remarquer aux membres de cette Assemblée que je dois me
lever quand il y a trop d interventions et que quand je suis debout ces
interventions ne sont pas enregistrées. Donc, j'apprécierais que
vous arrêtiez plus rapidement quand vous me voyez debout.
J aimerais bien M. le ministre, que vous apportiez votre collaboration,
vous avez déjà exercé votre droit de parole pendant pas
mal de temps... (21 heures)
M. Bédard: Mme le Président, j'ai dit que
j'essayais de faire mon intervention concernant les quatre amendements. J'en
aurai une spécifique concernant la troisième lecture. Je tiens
à le faire a ce temps-ci parce que le journal des Débats existe.
Les petits députés de lOpposition officielle se promènent
dans leur comté avec le journal des Débats. Ils essaient de faire
croire n importe quoi. Si nous ne donnons pas les réponses
présentement, on sait très bien que I Opposition officielle se
contentera de porter à la connaissance de ses électeurs cette
partie du débat que nous avons sans les explications que nous voulons
voir inscrites au journal des Débats.
Le deuxième amendement demandait un en- gagement moral dans la
loi. Au cours de la discussion, j'ai compris, à un moment donné,
la méfiance de l'Opposition officielle qui se rappelle sans doute un
certain référendum qui n a pas été tenu par le
gouvernement actuel je le dis encore une fois ni par le Parti
québécois, mais par des gens que connaissent bien les membres de
lOpposition officielle, à savoir le gouvernement libéral d
Ottawa.
M. Lalonde: Nos grands-pères étaient là.
M. Bédard: Vous avez raison d être méfiants...
Mme le Vice-Président: A Tordre! M. Lalonde: Vous
êtes ridicule.
M. Bédard: ... l'hérédité, cela veut
dire quelque chose.
Mme le Vice-Président: A Tordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Quand la souche ou le père pense d une
certaine façon, il y a des possibilités que les enfants pensent
de la même manière. C est le cas des petits libéraux
provinciaux face à leurs grands frères d Ottawa.
C est pour cela qu'il est important de très bien fixer les
règles du jeu dans une loi-cadre parce qu il y a déjà eu
une consultation populaire, ici au Canada. Elle a été tenue par
le gouvernement libéral d Ottawa. C était le
référendum concernant la conscription où le gouvernement
a, premièrement, posé une question-piège, mais il n a pas
réussi à tromper la population. Cette dernière s en est
rapidement rendu compte.
M. Lalonde: Vous ne réussirez pas, non plus, à
tromper la population.
M. Bédard: Une expression de volonté des
Québécois à 90% en faveur d une option bien précise
n'a pas empêché ce gouvernement libéral d Ottawa d aller
complètement à Tencontre de la volonté exprimée par
les Québécois. Plus que cela, Mme le Président, le
gouvernement libéral d Ottawa, à Toccasion de ce
référendum, avait défendu au comité du non de faire
de la publicité à la radio. Cela, Mme le Président, ce
sont des choses qui ont été faites et qui ont été
vécues par un gouvernement que connaissent bien nos amis d en face. Je
les comprends d'être méfiants. C est pour cela que nous aussi,
nous étions méfiants. Nous avons cru qu'il était
nécessaire, si nous respections les Québécois, de fixer d
avance les règles du jeu, de manière que ceux-ci sachent à
quoi s'en tenir. Je le dis et je sais que j exprime la conviction de
tous mes collègues le gouvernement, le Parti
québécois ne croit pas à des questions pièges. Il
croit à un gouvernement c est ce que nous ferons qui
posera une question claire et précise de manière à avoir
une réponse claire et précise des Québécois.
M. le Président, je termine. Le troisième amendement, je
pense que cela ne vaut même pas la peine d'en parler. On demandait que ce
soit une question qui se réponde par un oui ou un non. Je n'ai pas
besoin d'argumenter longtemps...
M. Lalonde: Vous nous habituez à répondre noui.
M. Bédard: Je vous ai laissé parler quand vous avez
parlé, vous.
M. Lalonde: Vous dépassez votre temps.
M. Bédard: ... pour savoir qu'une loi-cadre peut permettre
une consultation sur différentes options et qu'on peut y répondre
par un pour ou un contre ou par une indication précise.
Concernant le quatrième amendement je termine
là-dessus cet amendement, Mme le Président, va contre deux
principes, je ne détaillerai pas davantage: le contrôle des
dépenses et, également, il va contre le principe de la formation
de comités nationaux.
L'Opposition officielle n'a pas cessé de crier très fort
qu'elle était pour le principe du contrôle des dépenses et
de la formation de comités nationaux, sauf que, continuellement, elle
nous a présenté des amendements qui allaient à rencontre
de ces principes, ce qui me fait dire que ce n'est pas consciemment. Mais s'il
avait fallu suivre les recommandations faites par le Parti libéral, il
n'y en aurait pas eu de contrôle des dépenses et nous aurions
assisté à une orgie monumentale, ce dont les
Québécois n'ont pas besoin pour comprendre le vrai sens de leur
avenir.
Des Voix: Bravo!
M. Bédard: En ce faisant je sais que c'est
inconsciemment et que, maintenant, elle s'en repent l'Opposition
officielle risquait de se battre non pas pour les droits et les libertés
individuelles mais, je l'ai déjà dit, pour une seule
liberté, la liberté du renard dans le poulailler. Les forces de
l'argent.
M. Lavoie: Question de règlement. J'aurais besoin d'une
directive.
Le Vice-Président: M. le leader.
M. Lavoie: Cela fait 50 minutes, à l'étape du
rapport, en vertu de l'article 123, que le ministre parle. Voulez-vous nous
donner une directive, s'il vous plaît? A-t-il droit à plus de 30
minutes, tel que prévu à l'article 94? Cela fait
déjà 50 minutes.
M. Bédard: Pour empêcher une division, je terminais
dans deux phrases, soit de dire que l'Opposition officielle...
M. Lalonde: Une question de directive? Non. La question de
directive est posée.
M. Bédard: ... risquait de se battre pour la
liberté du renard dans le poulailler, les forces de l'argent contre les
forces de la démocratie.
M. Lavoie: M. le Président. Des Voix: Bravo!
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, à cette heure, m'a posé une question
difficile, après ce débat. En vertu de 123, vous savez, avec
toute votre expérience, que le débat aurait pu être
organisé par la présidence. Tout a été
laissé à la discrétion des membres de cette
Assemblée. M. le ministre pouvait intervenir aussi souvent qu'il le
voulait mais dans les limites de l'article 94.2. Bon. Cela s'est fait. Dans ce
cas, on présume un consentement. Si on en est rendu là, c'est
parce qu'il y a eu un consentement.
A l'ordre, s'il vous plaît! Ne me faites pas revenir sur des
décisions rendues.
D'accord. Il y a eu des décisions et il n'y a pas eu de
consentement. Bon. Je n'attaquerai personne et je ne veux juger personne. S'il
vous plaît! M. le ministre a dit lui-même qu'il a terminé.
Par conséquent, je considère l'incident clos, en disant,
cependant, que l'article 123 est encore la règle qui nous régit,
d'abord, complété par 94.2 et par 54.7. D'accord?
Des Voix: D'accord.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Lalonde: Question de directive, M. le Président. Etant
donné l'interprétation que la présidence a donnée,
elle est indivisible, vous le savez, aux articles du règlement qui a
permis au ministre de parler pendant près d'une heure, pouvez-vous me
dire de combien de temps le député de Mont-Royal pourra disposer
pour son intervention?
Le Vice-Président: Selon le règlement, dix
minutes.
M. Lavoie: Deuxième directive, M. le Président.
Après l'intervention du député de Mont-Royal, est-ce que
le ministre aura encore droit à une heure?
M. Charron: M. le Président, sur la question de
règlement, le député de Laval le sait, il a lui-même
attiré notre attention cet après-midi, effectivement, le
député de Chicoutimi, le ministre de la Justice, aurait le droit,
mais je pense qu'il réserve ses dernières interventions pour la
troisième lecture. (21 h 10)
M. Lavoie: M. le Président, mon opinion, je voudrais
l'émettre. Je crois qu'il a le droit à 30 minutes, à la
fois. S'il y a encore cinq ou six députés qui peuvent intervenir
pendant dix minutes, cela voudrait-il dire qu'il y aurait un temps
illimité à chaque fois qu'un député aura
parlé?
M. Charron: M. le Président...
M. Lavoie: Je crois que c'est 30 minutes de la dose, M. le
Président.
M. Charron: M. le Président, je pense que c'est une
ambiguïté du code Lavoie qu'il nous faudra faire trancher un jour
par de nouvelles lumières.
M. Lavoie: M. le Président, il y a un code Lavoie, mais il
n'y aura jamais de code Charron.
M. Charron: M. le Président, je ne suis pas certain de
cela. Avec les deux fausses manoeuvres du leader de l'Opposition aujourd'hui,
je pense à prendre mes leçons.
Le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal. Dix minutes.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président.
M. Lavoie: Dix minutes.
M. Lalonde: Le bâillon pour l'Opposition.
Le Vice-Président: Non, pardon. Je m'excuse.
NI. Ciaccia: C'est la troisième fois que je me lève, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal. Non. Avec beaucoup de patience, est-ce que vous voulez que je vous
récite l'article 123 en entier? Chaque député, sur toutes
les motions d'amendements, sauf le proposeur de la motion principale et sauf
certains qui ont déjà expiré leur temps de parole, ont
droit à dix minutes, et, en vertu de l'article 39, j'applique le
règlement.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Nous avons
proposé certains amendements pour permettre, dans le
référendum qui devrait avoir lieu et qui doit avoir lieu
d'après les promesses du gouvernement, une information à la
population et pour permettre de consulter non seulement la minorité qui
est en faveur de l'indépendance et du séparatisme, mais toute la
population, M. le Président. C'est le but des amendements. Le seul
argument qui a été invoqué par le ministre contre
l'adoption des amendements que nous avons proposés était que nous
sommes liés par la volonté de l'Assemblée nationale et que
le principe du projet de loi c'est une loi-cadre. M. le Président, la
volonté de l'Assemblée nationale, c'est la volonté du
gouver- nement. On sait qu'ils ont la majorité ici. C'est vrai qu'on ne
veut pas être lié par le contrôle du gouvernement. C'est
pour cela qu'on s'est prononcé contre certains aspects du projet de loi.
Pour la question de la loi-cadre, si le gouvernement s'est engagé
à avoir un référendum sur l'indépendance, il ne
s'est pas engagé dans son programme électoral à avoir une
loi-cadre. C'est pourquoi ils utilisent cette affaire comme une excuse pour ne
pas en faire des amendements obligatoires et nécessaires afin que la
population soit informée et consultée.
M. le Président, l'amendement que nous a-vons
suggéré à l'article 6 est pour donner le droit à
l'information à la population. A moins que la population ait une
information adéquate, elle ne pourra pas se prononcer sur l'option qui
sera offerte par le gouvernement. Le ministre nous dit qu'il avait offert, que
le gouvernement avait offert d'insérer un article au projet de loi pour
nous donner cette information. M. le Président, j'ai participé
à cette commission et l'article que le ministre nous avait
proposé était que le gouvernement pouvait informer le public sur
les aspects juridiques, financiers, techniques et politiques de l'option du
gouvernement. M. le Président, traduisez le mot politique par
propagande, et c'est cela qu'on ne voulait pas.
Heureusement, M. le Président, le ministre l'a retiré
lui-même cet amendement proposé parce qu'il a
réalisé que ce n'était pas acceptable et que cela allait
vraiment trop loin d'insérer dans le projet de loi le droit par le
gouvernement, à sa guise, de donner à la population de la
propagande et de la manipuler cette population.
M. le Président, un membre notable du Parti
québécois a dit en parlant du référendum: "La
côte à monter est énorme et les moyens de l'adversaire sont
puissants. Cela veut dire que nous devons affronter les impératifs d'une
sorte de guerre totale." La première arme dont le gouvernement s'est
doté dans cette guerre, c'est le projet de loi no 92. Les termes et
conditions de ce projet de loi sont inacceptables. Ils ne permettront pas
à tous ceux qui veulent participer au référendum de le
faire d'une façon libre et adéquate.
M. le Président, le projet de loi, qui ne contiendra pas les
amendements que nous avons suggérés, est véritablement un
cheval de Troie du gouvernement. Je n'ai pas à vous dire ce qui est
arrivé quand les anciens Grecs n'ont pu, après avoir
assiégé la ville de Troie, conquérir cette ville. Ils ont
procédé par une ruse. Ils ont donné un cadeau à
Troie et, par ce cadeau, ils ont atteint leur objectif. Le cadeau que le Parti
québécois veut faire à la population, par la consultation
populaire, c'est par ce genre de cadeau qu'il veut essayer de tricher la
population, en lui enlevant les moyens de participer au
référendum. On ne peut pas accepter cela.
Ce projet de loi va limiter le droit de participation des groupes
fédéralistes. C'est cela l'objectif et c'est l'effet du projet de
loi. Quand le ministre dit que nous ne voulons pas limiter les dépenses,
le ministre oublie que son propre gouvernement a
créé la loi 2 justement pour limiter les dépenses
électorales. Nous avons déjà une loi qui va limiter ces
dépenses. Ce gouvernement ajuste ses propres lois pour arriver à
ses propres fins, parce qu'il voit que par la loi 2, il ne peut pas avoir le
contrôle qu'il veut sur toutes les associations, sur toute la population.
Sous le couvert d'une loi-cadre, sous le couvert de contrôler les
dépenses, avec la prétention d'essayer de contrôler les
dépenses, il restreint une grande partie de la population quant à
la participation à ce référendum qui sera le
référendum le plus important dans notre vie politique et dans la
vie de notre population.
M. le Président, le gouvernement vraiment attaque par le moyen
avec lequel il procède. Il met en question la crédibilité
de sa propre loi. Il y avait plusieurs articles dans ce projet de loi. Nous
n'avons pas fait d'obstruction, mais les amendements que nous avons
suggérés, sont des amendements que nous disons être le
minimum pour permettre que la population soit informée, qu'elle puisse
participer et pour démontrer une certaine honnêteté de la
part du gouvernement dans la question référendaire.
Le gouvernement laisse planer un doute sur toute la population. Il ne
nous dit pas quand, il ne nous dit pas comment, il ne nous dit pas ce qui sera
demandé, il ne définit pas son option. Le ministre demande
à l'Opposition officielle de définir son option. Ce n'est pas
nous qui avons fait cette loi, ce n'est pas nous qui avons commencé la
question du référendum. C'est l'obligation du gouvernement de
définir son option pour demander à la population sa
décision.
C'est de la poudre aux yeux. Il essaie d'écarter les vrais
problèmes. Ce n'est pas en répétant maintes et maintes
fois: On veut consulter, qu'on le fait au nom de la démocratie. Ce n'est
pas assez de seulement dire ces paroles. Il faut les concrétiser dans
les termes du projet de loi et ne pas laisser d'ambiguïté. Non
seulement ne pas laisser d'ambiguïté, mais à la façon
dont le gouvernement procède, il veut vraiment tenter de manipuler la
population. (21 h 20)
M. le Président, le premier ministre aujour-d hui a fait cette
accusation au sujet de certains propos d'un autre niveau de gouvernement: que
c'était une façon de tenter de manipuler la population. Mais ce
n'est pas en passant à l'attaque qu on excuse nos propres lois. La loi
92 va restreindre la participation; voyez tous les carcans, toutes les
restrictions, toutes les limitations. Le gouvernement veut contrôler,
veut lier pour essayer de faire réussir son option.
M. le Président, c'est une stratégie qui serait un peu
dangereuse si la population se réveille au lendemain du
référendum. Nous devrons tous vivre ensemble au lendemain du
référendum. C'est pour cela qu'il faut que ce soit fait d'une
façon honnête et avec intégrité. Si le gouvernement
a eu la population par les ruses, par les restrictions, par les
contrôles, M. le Président, ce n'est pas la façon d'assurer
une paix sociale, un ordre et un bon fonctionnement dans notre
société.
Je voudrais assurer le ministre, M. le Président, par votre
entremise, que, malgré tous les contrôles qu'il met dans cette
loi, malgré ces tentatives d'empêcher des groupes, des individus,
des associations de participer au référendum, malgré
toutes les restrictions, nous allons lutter encore plus fort et il ne
réussira pas. La population va voir à travers les vraies
intentions de ce gouvernement; elle va réagir en conséquence et
elle va donner une réponse claire au gouvernement même si son
option et sa manière d'agir ne sont pas claires et ne sont pas franches.
Merci.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, je pense qu'il est tout
à fait normal, en tant que proposeur des quatre amendements qui sont
annexés au rapport, d'intervenir pendant le temps de parole de dix
minutes qui m'est imparti.
Le Vice-Président: C'est cela.
M. Lavoie: C'est la raison pour laquelle je n'aurai pas d'autre
choix que d être pertinent au débat dans cette courte
période, M. le Président. Je réserverai, dans le respect
de notre règlement, certains points de mon intervention pour
répondre au ministre de la Justice, car vous comprendrez que je ne
pourrai pas répondre à ce fleuve qu'il nous a servi pendant le
peu de temps que j'ai. Je réserverai mon intervention d'une
manière tout à fait pertinente en troisième lecture pour
tenter, notamment, d'expliquer au ministre pour quelles raisons I'Opposition
libérale a voté contre le projet de loi en deuxième
lecture. Nous allons expliquer très brièvement également
en troisième lecture pourquoi nous voterons contre. Le rêve
d'ouverture et de consensus que le ministre, dans sa candeur, a voulu
espérer, c'est bien dommage, mais nous avons amplement de raisons de
nous y opposer que nous pourrons expliquer plus longuement, mais assez
brièvement quand même en troisième lecture. Egalement, je
réserverai mon propos sur les comités nationaux pour la
troisième lecture.
Dans le respect le plus strict possible de notre règlement, je
vais m'en tenir, M. le Président, aux quatre amendements que nous avons
proposés. Ces quatre amendements ne sont pas compliqués.
Très brièvement, il y en a deux sur le oui et le non. Nous
aurions voulu que, dans tout référendum, étant
donné qu il s agit d une loi-cadre, comme cela se fait dans à peu
près quinze pays où l'institution référendaire
existe, la question posée ne commande ou n appelle qu un oui ou un non.
C est dans la loi de l'Etat de la Californie et c est partout
l'expérience que nous avons eue. Partout, c'est oui ou non. Ici, le
ministre et la majorité ministérielle dans son contexte
d'ambiguïté et d'ambivalence a préféré voter
contre cet amendement.
C'est tellement logique, M. le Président, que même dans une
tentative d'une loi référendaire, par M. Jean-Jacques Bertrand,
alors premier ministre, en 1969, un projet de loi qui n'a jamais
été adopté, le projet de loi 55, Loi des
référendums, dont j'ai une copie ici, en annexe il y avait
justement un appendice où un fac-similé du bulletin de vote
était attaché à la loi où on voit: texte
français de la question, anglais, oui et non. Vous étiez
là, je crois, M. le Président, à l'époque, vous
siégiez à ce moment-là, et vous vous êtes
penché, comme ministre, dans le temps, sur l'élaboration de ce
projet de loi. Que la question soit acceptée par les deux tiers de
l'Assemblée, je reviendrai en troisième lecture sur cela, M. le
Président.
Un autre amendement, qui n'est pas plus compliqué qu'il le faut,
demandait peut-être un petit effort de transparence de la part du
gouvernement: "Dans le cas d'un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec, le gouvernement doit déposer à
l'Assemblée nationale un document définissant son option
constitutionnelle au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire." Le ministre a raison de
mentionner notre méfiance, parce qu'on a proposé une motion en
Chambre, qui a été adoptée vers le 13 avril, ici, et qui a
été adoptée unanimement par l'Assemblée, où
il est dit que le gouvernement devait, sans délai, établir sa
position constitutionnelle de souveraineté-association. Cela fait deux
mois et demi. Cet après-midi, le premier ministre dit: II n'est pas
question qu'on le fasse sans délai. Cela veut dire pratiquement les
calendes grecques.
C'est vrai que la méfiance existe. C'est un minimum qu'on demande
pour la population du Québec, même si on ne connaît pas la
date de ce fameux référendum. Cela fait deux ans qu'on cherche la
question. Personne ne la sait. Le Québec vit dans des espèces de
limbes sur cette question référendaire, la décision la
plus importante que le peuple québécois aura à prendre
dans son histoire de 300 ans et plus. On ne connaît pas la date, on ne
connaît pas la question. On demande que, trois mois avant le
référendum, le gouvernement établisse sa position, ses
couleurs, encore là, c'est non.
Une Voix: II y en a un qui dit qu'il la connaît,
là.
M. Lavoie: Je pense que cela aurait été normal que
ces amendements puissent être acceptés. Un autre amendement: "Un
référendum portant sur le statut constitutionnel du Québec
ne peut être ordonné sans que le gouvernement, avant
l'émission du bref référendaire, n'ait pris, devant
l'Assemblée nationale, l'engagement moral de respecter l'opinion de la
majorité des électeurs qui exprimeront leur avis lors d'un tel
référendum." Si on prend la peine de mettre en place un
référendum qui coûte entre $10 millions et $15 millions
pour aller consulter la population, est-ce que ce n'est pas un minimum que le
gouvernement respecte l'opinion exprimée, le choix de la population?
Non, de la part du gouvernement. Pourquoi?
Je vais vous parler tout à l'heure d'une publication du
père Gédéon, Doris Lussier. Savez-vous ce qui les a
fatigués dans cela? C'est la moralité. Un engagement moral, je
pense que c'est trop fort pour eux, M. le Président.
Un autre amendement qu'on a proposé: "Un électeur, un
groupe, syndicat, association, à l'exclusion parce qu'on'dit
qu'on ne peut pas contrôler les dépenses à
l'exclusion des corporations commerciales, financières et industrielles
ou un parti politique, peut participer à la campagne
référendaire sans nécessairement adhérer à
un comité national." Encore non, M. le Président.
Pensez-vous que c'est acceptable? J'aimerais vous voir siéger
dans l'Opposition, vous, M. le Président, quand un gouvernement,
élu on sait de quelle manière, avec quel stratège
on le sait et c'est connu à l'échelle du Québec et encore
plus connu maintenant sous totalement de fausses
représentations...
M. Fallu: Dites-nous comment vous vous êtes fait
battre.
M. Lavoie: ... ils se sont accrochés à 41% des voix
à peine pour offrir aux Québécois un bon et vrai
gouvernement et, depuis ce temps, on ne parle que de séparation.
M. Fallu: ... libéral.
M. Lavoie: Le ministre des Finances, plus honnête que le
ministre de la Justice, dit tout ce qu'ils ont fait depuis le 15 novembre. Il
dit: Ne cherchez pas midi à quatorze heures, tout est fait en vue de la
campagne référendaire, le budget et tout, tout. M. le
Président, le Québec et le sondage le dit vit dans
l'ambiguïté, dans l'obscurité, dans l'ambivalence et c'est
ce gouvernement qui nous a mis dans cette situation. Le sondage qui est sorti
hier, ou avant-hier, nous dit que les deux tiers, deux contre un, de la
totalité des Québécois veulent des négociations
viriles, adultes, en vue d'un système fédéral
amélioré, rajeuni, nouveau. M. Lussier dit que les
fédéralistes ne sont que des peureux, des arriérés
politiques, des poids morts. (21 h 30)
M. le Président, j'ai hâte de voir la
télévision dans cette Chambre, j'ai hâte de voir le
gouvernement et Le chrétien et les élections" qui est debout
là-bas...
Une Voix: Jésuite!
M. Lavoie: J'ai hâte de les voir se moquer de la population
comme ils le font présentement.
Une Voix: Les deux tiers.
M. Lavoie: Les deux tiers de la population du Québec ont
à coeur un attachement privilégié au Québec, mais
ils tiennent également aux liens canadiens. On applaudit à ces
propos du père Gédéon qui considère les
fédéralistes comme des
boulets qui retardent sa marche vers la liberté, des
écrasés d'avance, presque des traîtres.
M. Grégoire: C'est votre meilleur discours!
M. Lavoie: C'est le respect du gouvernement, un gouvernement
qu'on dit légitime, c'est le respect qu'ils ont pour les deux tiers des
Québécois.
M. le Président, mes propos s'adressent tout
particulièrement au premier ministre du Québec, au chef de l'Etat
du Québec que j'ai très bien connu. J'ai eu l'occasion de
siéger avec lui, autant à votre droite qu'à votre gauche.
J'avais beaucoup de respect pour cet homme. Beaucoup. J'appartiens à un
parti traditionnel depuis une vingtaine d'années, un grand parti. Le
plus grand parti que le Québec ait jamais connu, qui remonte à
Papineau, Dorion, Laurier, Mercier, à tous ces grands hommes. A Pierre
Elliott Trudeau qui est un grand homme.
M. Grégoire: Vous lirez ce qu'il dit de vous autres!
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Lavoie: Un grand homme. Et rares sont les pays qui peuvent se
payer un chef d'Etat de ce calibre!
LE Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Revenons au Québec et aux quatre amendements. M. le
député de Roberval, s'il vous plaît M. le leader
parlementaire du gouvernement...
De l'Opposition, pardon...
Une Voix: C'est pour bientôt!
Le Vice-Président: ... je vous reconnais le droit de
parole pour le temps qui vous reste.
M. Lavoie: M. le Président, nous vivons ce contexte, cette
ambiance, cette atmosphère, depuis le 15 novembre, de mensonge,
d'ambiguïté, de duplicité, de mystère. Je n'ai jamais
connu, dans ma courte expérience, un parti aussi malhonnête, d une
malhonnêteté intellectuelle! J'ai connu le duplessisme à
ses heures. J'ai commencé en politique contre le duplessisme. Ces partis
qu'on a connus en Amérique du Nord, avec toutes leurs grandeurs et leurs
défauts, autant le Parti libéral, le Parti conservateur et
l'Union Nationale, les reproches qu'on pouvait leur faire c'était le
patronage, certaines mauvaises décisions, des manques d'envergures,
manques de planifications. Mais ce sont des péchés humains, des
péchés, je dirais, contre la chair...
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Lavoie: ... mais les péchés qu'ils commettent
sont les plus grands parce que ce sont des péchés contre
l'esprit.
Le Vice-Président: A l'ordre! Bon, est-ce que c'est fini?
Je regarde à droite, j'écoute à gauche. Il n'y a rien
d'enregistré et il n'y a qu'un seul journaliste en cette Chambre, alors,
s'il vous plaît! Je ne veux pas nommer des gens. M. le
député de Laval et leader parlementaire de l'Opposition
officielle, je vous prierais de conclure, s'il vous plaît!
M. Lavoie: M. le Président, si nous avons demandé
certains paramètres dans nos amendements pour obliger le gouvernement
à montrer ses couleurs, à respecter la décision du
Québec, une décision claire, c'est que tout est relié au
texte d'un certain M. Doris Lussier. Je le cite. "... il va falloir utiliser le
pouvoir au maximum, pour faire de la propagande souverainiste... ' En pratique,
cela veut dire que le gouvernement doit absolument trouver le moyen, direct ou
indirect, de nourrir l'intendance, mot élégant pour
désigner le vulgaire, mais désespérément
indispensable pognon. Je connais et je respecte l'opinion de ceux de nos
camarades qui croient politiquement imprudent, voire immoral ce n'est
pas moi qui dit que c'est immoral, M. le Président; ce sont certains
membres de ce parti d'utiliser l'argent du public à des fins de
propagande souverainiste préréférendaire. Mais il me
semble que ces scrupules, si nobles soient-ils, perdent leur raison
d'être..."
M. Grégoire: Ottawa a donné $150 000 à
Québec-Canada.
M. Lavoie: "... il va falloir chauffer à blanc le
nationalisme québécois ". C'est cela qu'on fait au
ministère de l'Education. On est en train de faire de la fête
nationale des Québécois...
M. Laplante: C'est assez! M. Lavoie: On n'y croit plus.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire, on n'est
plus dans les amendements. Vous qui êtes si respectueux des
règles, vous savez que votre temps est dépassé. S'il vous
plaît. On peut passer la nuit ou la journée de demain, si vous
voulez. M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle, je vous accorde
encore quelques minutes, mais qu'elles soient très brèves, s'il
vous plaît. Un instant, s'il vous plaît! Je vous en prie. M. le
député de Bourassa, avec la générosité qui a
été accordée à un côté, je ne peux pas
être mesquin pour l'autre côté. S'il vous plaît!
M. Caron: Sur une question de règlement.
Le Vice-Président: D'accord, sur une question de
règlement.
M. le député de Verdun.
M. Caron: Vous êtes prêt à donner quelques
minutes additionnelles au leader de l'Opposition officielle, mais est-ce que ce
serait possible que
nos amis d'en face, du "pool room " qu'on voit grogner, lui donnent la
chance de finir son intervention tellement sérieuse.
Le Vice-Président: D'accord. M. le député de
Verdun, ne prenez pas le temps que le président prendrait et que
d'autres prendraient. M. le député de Laval et leader
parlementaire de l'Opposition officielle, je vous prierais, avec tout le
respect que vous avez pour cette Assemblée, de conclure aussi rapidement
que possible.
M. Lavoie: La prière que vous m'adressez, M. le
Président, je l'adresse également à mes collègues
d'en face pour qu'ils arrêtent de m'interrompre afin que je puisse
terminer bien calmement.
M. le Président, je dis que nous sommes ici en tant que
députés de l'Opposition. C'est notre devoir de mettre en garde la
population devant ce genre suite à ce que j'ai expliqué,
le contexte que nous vivons depuis près de deux ans
d'opération, je vais employer des mots très durs, M. le
Président, de tricherie, d'indécence. La moralité
publique, on me l'a mise dans les oreilles constamment. (21 h 40)
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J ai
dit que je ne voulais pas vous nommer par comté. Cela n'apparaîtra
pas au journal des Débats. Mais je ne permettrai pas que l'on poursuive
les débats de cette façon. Je ne voudrais pas appliquer un
certain article du règlement, sans aucune menace, mais, quand
même, songez-y! Si vous voulez que M. le député de Laval
termine, laissez-le terminer, s il vous plaît!
M. Lavoie: Ils ont raison de s'énerver parce qu'un
document comme cela, M. le Président, je n'ai jamais vu cela. Il y en a
un qui en a écrit un je pense que c'est au 16e ou au 17e
siècle dans Le Prince. Il s'appelait Machiavel. C'étaient
les mêmes propos que M. Doris Lussier, alias Père
Gédéon, a écrits dans ce document. C'est cette
stratégie que, dans tous les pays totalitaires d'extrême gauche ou
d'extrême droite on a mise en pratique pour museler la population.
M. Grégoire: Cela, c'est Trudeau.
M. Lavoie: C'est notre devoir de démasquer ce maquillage
et cette mascarade de la démocratie. Je vous ai dit que j'ai connu le
premier ministre. Cela a été un ami. Je le respectais. Je le
respecte moins. J'avais des amis, j'ai des amis de I autre côté de
cette Chambre et, s'il en reste un, deux ou cinq d'honnêtes, je vous
demanderais de vous dissocier de cette stratégie du document
Lussier.
Une Voix: Ils applaudissent.
M. Lavoie: M. le Président, je termine. Je fais un appel
au premier ministre. Alors qu'il était député et ministre
libéral dans les années 1963, je croyais qu'il apportait un vent
de fraîcheur dans les partis traditionnels. Depuis la naissance de ce
parti, on nous a bourré le crâne d'honnêteté et de
moralité publique. Un a même écrit un livre sur "Le
chrétien et les élections ". Je lui donnerais une commande, ce
soir, d'en écrire un sur le chrétien et les
référendums.
Je termine en faisant un appel au premier ministre. Ce n'est pas l'homme
que j'ai connu, s il veut mettre en pratique cette stratégie. Je vous
dis que le premier ministre actuel avait plus d honnêtetés,
était plus respectable lorsqu'il était ministre libéral
que chef péquiste.
Le Vice-Président: Je vois deux députés
debout. Est-ce que je comprends qu'il y a deux autres intervenants? A l'ordre,
s'il vous plâit! Soyons calmes! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire du gouvernement, je comprends que nous en
sommes à la réplique et qu'il est question de la mise aux voix
des amendements.
M. Lavoie: II n'y a pas de réplique?
Le Vice-Président: Je considère que vous avez fait
la réplique.
M. Lavoie: Qui?
Le Vice-Président: Vous.
M. Lavoie: Ce n'est pas une réplique, c'est mon droit de
parole.
Le Vice-Président: Sur un droit de parole. Il y a quatre
amendements. S'il vous plaît! A l'ordre!
M. Lavoie: M. le Président, j'ai l'intention d exercer mon
droit de réplique.
Le Vice-Président: Non, vous avez exercé votre
droit de parole.
Une Voix: Cela fait 18 ans aujourd'hui qu'il est en Chambre.
Le Vice-Président: On l'en félicite. Soyons calmes.
S'il vous plaît. Il y a quatre amendements devant moi. En vertu de
l'article 123.8, je puis les prendre dans un bloc ou séparément.
Je pourrais réunir les leaders. Je pourrais tout simplement demander un
consentement de la Chambre. Je vais aller au plus rapide, parce que le
consentement de la Chambre serait de voter sur chacun des amendements l'un
après l'autre. Y a-t-il consentement?
M. Lavoie: M. le Président, si vous voulez, on va
procéder au premier vote. Après, en ce qui nous concerne, je
pense que c est peut-être I'Union Nationale ou d autres qui
désireraient un vote séparé. On peut procéder par
le premier vote. On verra après. En ce qui nous concerne, d accord. Si
vous l'adoptez, on peut continuer avec le même vote.
M. Charron: Si on ne l'adopte pas, c'est la même chose.
Le Vice-Président: Le premier amendement, d'accord?
M. Lavoie: Qu'on appelle les députés, M. le
Président.
Le Vice-Président: Est-ce que je peux donner la motion
avant?
M. Lavoie: Vous êtes mieux d'attendre que les
députés arrivent, autrement vous devrez la lire plus d'une
fois.
Le Vice-Président: Vote enregistré sur la
première motion d amendement. Que I on appelle les
députés.
(Suspension à 21 h 46)
(Reprise à 21 h 53)
Mise aux voix des amendements
Le Vice-Président: Je mets aux voix la première
motion d'amendement. Article 6, ajouter à la fin l'alinéa
suivant: "Dans le cas d'un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec, le gouvernement doit déposer à
l'Assemblée nationale un document définissant son option
constitutionnelle au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire."
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
M. Lavoie: M. le Président- Nous avons deux amendements
assez semblables sur le oui et le non. Il y en a un de portée
générale qui s'applique à toutes les lois-cadres, quelque
référendum que ce soit, en respectant l'esprit de la loi-cadre,
qui demande justement une question avec un oui et un non. Ce serait mieux de
procéder, si vous n'avez pas d'objection...
Le Vice-Président: Non, je n'en ai pas. Ecoutez, M. le
leader parlementaire de l'Opposition officielle, j'ai pris le document qui a
été présenté au secrétaire
général de l'Assemblée nationale. Vous avez appelé
la première motion, c'était celle-là. Si vous voulez que
j'en appelle une autre, je le ferai avec plaisir.
M. Lavoie: Nous avons deux motions qui demandent que la question
appelle un oui ou un non. Une première motion qui porte sur la
loi-cadre, toutes sortes de référendums. Si c'est refusé,
la deuxième est que dans le cas d'un référendum de nature
constitutionnelle, au moins là que ce soit oui ou non. C'est juste ma
contribution que je veux apporter, je pense que ce serait plus logique
d'appeler celui qui porte sur la loi générale, la loi-cadre.
Le Vice-Président: S'il y a consentement, je le fais.
A ce moment, vous me corrigerez, l'amendement proposé est le
suivant. Dans le cas d'un référendum portant sur le statut
constitutionnel du Québec...
M. Lavoie: Vous en avez un autre là. Nous sommes d'accord,
M. le Président.
Le Vice-Président: Sur quoi?
A l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce que vous voulez parler de
l'engagement moral ou du oui ou non?
M. Lavoie: Le premier, M. le Président, allez-y.
Le Vice-Président: Le premier que j'ai
mentionné.
M. Lavoie: Oui.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J'ai
déjà lu cette motion d'amendement. Les amendements ne sont pas
numérotés; je ne veux pas te répéter, il s'agit
donc de l'avis de trois mois avant le jour fixé pour l'émission
du bref référendaire, c'est ça?
M. Lavoie: D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, d'accord.
Le Vice-Président: Que ceux qui sont en faveur de cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailioux, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Gias-son, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Grenier, Goulet,
Fontaine, Brochu, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy.
Le Vice-Président: Que ceux qui sont contre veuillent bien
se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Taillon), Charron,
Bédard, Morin (Sauvé), Morin (Louis Hébert), Parizeau,
Marois, Landry, Léonard, Couture, Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM.
de Belleval, Joron, Lessard, Proulx, Duhaime, Lazure, Tardif, Michaud,
Paquette, Marcoux, Alfred, Chevrette, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM.
Grégoire, Godin, Laplante, Bisaillon, Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Perron, Brassard, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Le Vice-Président: Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 29 Contre: 51
Abstentions: 0
Le Vice-Président: La motion est rejetée.
Pour tenter de suivre une espèce de logique, l'autre amendement
est le suivant, amendement à l'article 6, s il vous plaît:
"Ajouter à la tin I alinéa suivant: Dans le cas d'un
référendum portant sur le statut constitutionnel du
Québec, il doit s agir d une question à laquelle il ne peut
être répondu que par un oui ou par un non.' Oui?
M. Charron: Même vote, M. le Président. Le
Vice-Président: Non, on demande le vote.
M. Grenier: Le même vote en ce qui nous concerne. On ne
reprend pas le vote. Même vote en ce qui nous concerne.
Le Vice-Président: Ecoutez. Il y a consentement.
M. Lavoie: A moins que le gouvernement ne change d idée,
je ne sais pas.
Le Vice-Président: Alors, même vote. La motion est
rejetée. Tentant encore une fois de suivre un certain ordre logique,
l'amendement suivant à I'article 6 se lit comme suit: "Ajouter à
la fin l'alinéa suivant: Un référendum portant sur le
statut constitutionnel du Québec ne peut être ordonné sans
que le gouvernement, avant rémission du bref référendaire,
n ait pris devant I'Assemblée nationale l'engagement moral de respecter
I'opinion de la majorité des électeurs qui exprimeront leur avis
lors d'un tel référendum?
M. Grenier: Même vote, M. le Président, en ce qui
nous concerne.
M. Charron: M. le Président, même vote. M. Lavoie:
Ils sont inébranlables.
M. Charron: On est logique. (22 heures)
Le Vice-Président: La motion est également
rejetée sur le même vote. Le dernier amendement à l'article
21 cette fois: "Ajouter à la fin de l'article: un électeur, un
groupe, syndicat ou association, à l'exclusion des corporations
commerciales, financières et industrielles, ou un parti politique de
participer à une campagne référendaire sans
nécessairement adhérer à un comité national.
M. Grenier: Vote enregistré, M. le Président.
Le Vice-Président: Pas nécessaire d'appeler les
députés?
Alors, que ceux qui sont en faveur veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Mailloux, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson. Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Pagé, Verreault, Springate.
Le Vice-Président: Ceux qui sont contre, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Bédard, Morin (Sauvé), Morin (Louis-Hébert),
Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, MM. de Belleval, Joron, Lessard, Proulx, Duhaime, Lazure, Tardif,
Michaud, Paquette, Marcoux, Alfred, Chevrette, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc,
MM. Grégoire, Godin, Laplante, Bisaillon, Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Perron, Brassard, Gosselin, Lefebbre, Lavigne, Dussault,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Biron, Grenier, Goulet,
Fontaine, Brochu, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy.
Le Vice-Président: Abstentions? S'il vous plaît! A
Tordre!
Le Secrétaire adjoint: Pour: 20 Contre: 60
Abstentions: 0
Le Vice-Président: Motion rejetée.
M. Charron: M. le Président, c'est la prise en
considération du rapport.
Le Vice-Président: C'est cela. Après ces votes sur
les amendements, c'est la prise en considération du rapport de la
commission permanente de la présidence du conseil et de la constitution
qui a examiné le projet de loi no 92. Ce rapport sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: Sur division, M. le Président.
Le Vice-Président: Adopté sur division.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je vous prierais d appeler
larticle 21) de notre feuilleton.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 56
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, si je ne commets pas d'erreur, c est la prise en
considération du rapport de la commission permanente des transports qui
a étudié le projet de loi no 56, Loi modifiant la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal et la Loi constituant la
Commission de transport de la rive sud de Montréal. Je n'ai pas
d'amendements devant moi. Est-ce qu'il y a des amendements? Je n en n'ai
pas.
M. Charron: II n'y en n'a pas, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que ce rapport sera
adopté?
M. Lavoie: Division.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je propose l'article 2) de
notre feuilleton.
Projet de loi no 9
Troisième
lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires sociales
propose que soit lu pour une troisième fois le projet de loi no 9, Loi
assurant l'exercice des droits des personnes handicapées.
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lavoie: Adopté.
M. Lazure: M. le Président, je veux rendre hommage aux
collègues de la commission parlementaire de tous les partis, en
particulier au député de Champlain, qui a travaillé de
façon très intensive à ce dossier des personnes
handicapées. Je me réjouis comme tous les handicapés au
Québec de ce qu'enfin on puisse avoir une loi pour favoriser l'exercice
des droits des personnes handicapées.
Le Vice-Président: Merci, M. le ministre. Le projet de loi
no 9 est adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'aimerais
bien rendre hommage au député de L'Acadie parce qu'après
tout elle a apporté une contribution très importante et
valable.
Le Vice-Président: L'article 5), M. le leader
parlementaire?
M. Charron: C'est cela, M. le Président.
Projet de loi no 44 Troisième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires municipales
propose que soit lu une troisième fois le projet de loi 44, Loi
concernant les élections de 1978 dans certaines municipalités et
modifiant la Loi des cités et villes. Adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Caron: Le ministre va parler. Je parlerai après.
Allez!
Le Vice-Président: Un instant! M. le ministre.
M. Tardif: II me fait plaisir de céder la parole au
député maire de Verdun et peut-être de dire quelques mots
après, en guise de réplique, s'il y a lieu, M. le
Président.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, je pense que je peux me faire
le porte-parole de mon parti, en l'absence du député de D'Arcy
McGee, pour dire la raison pour laquelle nous allons voter contre le projet de
loi no 44. C'est que le choix du nombre de candidats, du nombre
d'échevins ou de conseillers, je pense, est une chose qui relève
de la population. Dans le projet de loi, on est trop catégorique en
voulant nous en imposer un certain nombre. Après avoir discuté,
durant la semaine dernière, avec un nombre considérable de maires
et de conseillers qui sont venus ici, à Québec, je pense que
nous, le parti de l'Opposition officielle, nous devons voter contre.
C'est la raison pour laquelle je demanderais un vote
enregistré.
Le Vice-Président: M. le ministre, un instant, s'il vous
plaît! Vous aurez la réplique. M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Nous sommes d'accord avec le principe d'une plus
grande démocratie municipale concernant le processus électoral et
le financement des partis politiques. Par contre, nous n'acceptons pas les
moyens qu'a pris ce gouvernement pour imposer aux populations de
Montréal et de Longueuil ses politiques concernant les élections
qui se tiendront dans ces villes au mois de novembre prochain. Je n'ai pas
l'intention de mentionner le contenu du discours que je faisais en
deuxième lecture le 6 juin dernier concernant ce projet de loi no
44.
Plusieurs raisons que nous invoquions à rencontre de ce projet de
loi demeurent, malgré les explications fournies par le ministre lors de
l'étude article par article en commission parlementaire, voilà
pourquoi nous voterons contre ce projet de loi en troisième lecture. (22
h 10)
Le Vice-Président: M. le ministre, votre
réplique.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, depuis le dépôt
de ce projet de loi en troisième lecture, trois amendements ont
été apportés dans le sens d'un assouplissement, mais sans
pour autant sacrifier laugmentation du nombre de conseillers qui doit, selon
nous, refléter le fait que le Québec n est plus une
société monolithique et que les divers courants d opinion qui ont
cours dans la société doivent aussi se retrouver à la
table du conseil. Deuxièmement, M. le Président, on avait
invoqué que le délai pour préparer une nouvelle carte
électorale devait être allongé. On a mentionné
quinze jours; il a été étendu à 30 jours, M. le
Président. Troisièmement, les parties facultatives en ce qui
concerne, dune part, le financement des
partis politiques et, d autre part, le découpage des cartes ont
été scindées, si bien qu'une municipalité pourrait
se prévaloir des premières mesures, celles relatives au
financement, sans pour autant s'engager dans un découpage de sa carte de
façon immédiate.
Donc, M. le Président, je pense qu'il y a tout lieu d'être
fier de pouvoir instaurer sur le plan municipal des règles identiques
à celles qui nous régissent à l'Assemblée nationale
et je comprends mal que l'Opposition, sur ce plan, ne se range pas
derrière ce principe du projet de loi. Sur le plan du découpage,
il est facultatif. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Vote enregistré.
Le Vice-Président: Ecoutez, si on demande un vote
enregistré, je dois appeler les députés parce que
plusieurs ont quitté. Que l'on appelle les députés.
M. Charron: A l'intention de tous les collègues de
I'Assemblée, non seulement de mon propre parti, mais de tout le monde,
pendant que les cloches sonnent justement, il est possible, vraisemblable
à cause du feuilleton, que plusieurs votes enregistrés aient lieu
ce soir. Il ne faudrait pas interrompre nos travaux pour cinq ou dix minutes
chaque fois. Je n'ai pas d'objection cette fois-ci. Mais, comme tout le monde
est prévenu, ce n'est pas le temps de disparaître dans le paysage.
Il faut être à proximité de l'Assemblée, je crois
bien.
Le Vice-Président: Si vous me le permettez, M. le leader
parlementaire du gouvernement, j'ai constaté moi-même I'absence de
plusieurs députés et, pour des fins de démocratie, je veux
que tous puissent s'exprimer.
Mise aux voix de la troisième lecture
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
M. le whip, comme tous les membres du gouvernement, vous avez mon
entière collaboration pourvu que j'obtienne celle de tous.
Je mets aux voix la troisième lecture du projet de loi no 44, Loi
concernant les élections de 1978 dans certaines municipalités et
modifiant la Loi des cités et villes. Que ceux qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Bédard, Morin (Sauvé), Morin (Louis-Hébert),
Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture, Johnson, O'Neill, Mme
Ouellette, MM. de Belleval, Joron, Lessard, Proulx, Duhaime, Tardif, Michaud,
Paquette, Marcoux, Alfred, Chevrette, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM.
Grégoire, Godin, Laplante, Bisaillon, Guay, Mercier, Laberge, Marquis,
Lacoste, Perron, Brassard, Gosselin,
Lefebvre, Lavigne, Dussault, Beauséjour, Desbiens, Baril,
Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Gagnon, Jolivet.
Le Vice-Président: Que ceux qui sont contre veuillent bien
se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt, (Orford). Lalonde, Forget, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Grenier, Goulet,
Fontaine, Brochu, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy.
Le Vice-Président: Abstentions.
Le Secrétaire: Pour: 51 Contre: 28
Abstentions: 0
Le Vice-Président: Motion adoptée. (22 h 20)
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: L'article 3), M. le Président.
Projet de loi no 60
Troisième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la troisième
lecture du projet de loi 60, Loi concernant la protection à la retraite
de certains enseignants. C est une motion de troisième lecture de M. le
ministre de la Fonction publique. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. le député de Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: J'aimerais, au nom de I'Opposition officielle, faire
quelques remarques concernant ce projet de loi. Comme vous avez pu le constater
lors de I'acceptation du rapport, après avoir relu le journal des
Débats au complet, j'avais fait un amendement dans le but d'inclure dans
le rapport officiel la raison exacte pour laquelle le gouvernement avait
décidé de procéder de cette façon concernant le
projet de loi 60.
M. le Président, je vous dirai immédiatement, sans
peut-être demander de vote particulier sur ce projet, qu'il reste que
nous, de l'Opposition officielle, sommes contre l'adoption de ce projet de loi
en troisième lecture et nous voterons sûrement sur division, pour
la raison suivante. Je pense que, quand un gouvernement décide de
légiférer, il doit légiférer dans le but d'enlever
ou denrayer les injustices qui ont pu être créées par le
passé selon certains projets de loi ou selon certaines choses qui se
passent au niveau professionnel ou peu importe le domaine. Mais le gouvernement
se doit de légiférer contre l'injustice, M. le
Président.
Dans ce projet de loi no 60, le gouvernement a décidé de
légiférer tout simplement dans un choix
budgétaire. Evidemment, on mentionne que, si on enlève du
projet de loi no 60 une certaine catégorie, c'est-à-dire les
enseignants religieux, c'est à cause du coût d'un tel projet de
loi.
M. le Président, je pense que, quand un gouvernement est au
pouvoir, c'est à lui de légiférer, c'est à lui de
trouver les moyens et c'est encore à ce même gouvernement
d'essayer de créer le moins d'injustice possible. Or, que fait le projet
de loi no 60 présentement? On excepte une catégorie de personnes,
c'est-à-dire les enseignants religieux. On les excepte dans le
même projet de loi. Si le gouvernement était prêt
présentement à retarder l'adoption de ce projet de loi au mois de
septembre, je sais que cela créerait peut-être quelques
problèmes, mais je pense que, depuis le temps où les enseignants
et cette catégorie d'enseignants attendent ce projet de loi, trois mois
additionnels ne seraient quand même pas si pires.
Le ministre a fait une déclaration en commission parlementaire.
J'étais occupé à l'étude de d'autres projets de loi
en Chambre et je devais travailler à d'autres fonctions. Mais,
après avoir lu le journal des Débats, j'ai constaté que le
ministre a dit lui-même en commission parlementaire que les
communautés religieuses avaient été fort passives lors de
la Conférence religieuse canadienne. Pourtant, il nous a parlé de
la proposition II; cette même proposition faite par la Conférence
religieuse canadienne dit tout simplement qu'on aimerait qu'on trouve une
solution au problème des enseignants à la fois religieux et
ex-religieux.
Si le ministre a trouvé les communautés religieuses fort
passives, je serais curieux qu'on nous dise, depuis le début de
l'étude de ce projet de loi, le nombre de télégrammes que
le ministre, que le premier ministre, que le chef du gouvernement même du
Québec ont reçus face à ce projet de loi, et les pressions
qui ont été faites par des communautés religieuses, dont
les Clercs de Saint-Viateur dont j'ai eu copie et d'autres
communautés religieuses. Il y en a eu du Lac-Saint-Jean, il y en a eu de
la Mauricie, il y en a eu de Montréal, de Chicoutimi. Je serais curieux
de savoir le nombre de communautés religieuses qui ont
expédié des télégrammes au ministre, de même
que le nombre d'enseignants religieux eux-mêmes qui se sont
prévalus de cette façon d'indiquer au ministre qu'ils trouvaient
ce projet de loi 60 nettement discriminatoire, concernant les enseignants
religieux.
Je vous dis d'avance, M. le Président, que nous, de l'Opposition
officielle, nous n'avons pas l'intention de cautionner le gouvernement
là-dessus. Même si, pour une partie de ces enseignants, la loi
peut être bénéfique, je pense que les tout près de
9000 enseignants religieux qui sont exclus de ce projet de loi méritent
plus de considération et méritent une meilleure attention, sinon
du gouvernement du moins de la part de l'Opposition officielle. M. le
Président, même si le ministre a mentionné qu'il demeurait
à l'écoute de ces personnes qui sont exclues du projet de loi 60,
quand on a un peu l'habitude de cette Assemblée nationale, M. le
Président, on sait combien cela peut prendre de temps, à un
moment donné, pour ramener une même loi, y apporter des
amendements; ce que cela prend de temps au niveau des discussions et ce que
cela prend de temps pour un gouvernement pour ramener un projet de loi pour
tâcher qu'on essaie de le bonifier encore de façon
additionnelle.
Je ne veux tout simplement pas mettre en cause la bonne volonté
du ministre là-dedans, mais je sais pertinement, M. le Président,
que pour les enseignants religieux qui sont exclus de ce projet de loi ce n est
pas près de revenir. Je sais pertinemment que pour les 9000 personnes
qui sont exclues de ce projet de loi, qu'on traite d ailleurs de façon
injuste, on la souligné en commission parlementaire, on a fait des
comparaisons avec les enseignants. On sait très bien, M. le
Président, qu'en 1954, 1955, 1956, parmi ces mêmes enseignants
religieux il y avait des différences au niveau salarial de tout
près de 50% entre un enseignant laïc et un enseignant
religieux.
On sait très bien, M. le Président, on n'a pas besoin de
rappeler I histoire du Québec, on sait très bien, aussi, que les
communautés religieuses, dans le passé et même encore
aujourd'hui, ont joué et jouent encore un rôle social qui se veut
très adéquat et de premier plan. On sait cela, mais malgré
tout cela, cette catégorie d'enseignants, on la met tout simplement de
côté.
M. le Président, en terminant, je voudrais tout simplement dire
au ministre que s il veut justement démontrer vraiment de la bonne
volonté, on pourrait peut-être s'entendre pour retarder de
quelques mois l'adoption, quitte, durant l'été, suite aux
nombreux télégrammes reçus de la part des gens que j'ai
mentionnés tantôt, à tenir une commission parlementaire et
écouter vraiment ce que ces communautés religieuses, ce que ces
enseignants ont à dire. Par la suite, on sera peut-être plus en
mesure de pouvoir adopter une loi qui rendra justice, non seulement aux
enseignants exreligieux, mais aussi aux enseignants qui sont encore religieux
et qui désirent le demeurer.
Pour toutes ces raisons, pour tout simplement au moins rendre justice
aux religieux et aux communautés religieuses, M. le Président, je
vous dis d avance que nous accepterons ce projet de loi sur division et que
nous serons complètement contre en troisième lecture, parce qu'il
crée une injustice sociale au niveau du Québec. (22 h 30)
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: M. le Président, je ne voudrais pas faire
tout l'historique des débats qui ont entouré le projet de loi no
60, mais je voudrais peut-être préciser certaines affirmations du
député de Maskinongé. Je ne veux pas me faire l'avocat du
diable dans les circonstances...
Une Voix: Surtout pas.
M. Le Moignan: ... mais je pense qu'il ne faudrait pas oublier
que ce projet de loi no 60 a été demandé surtout et
d'abord par les ex-enseignants religieux. Je comprends très bien qu'un
comité ad hoc a été formé d'ex-religieux, de
religieux actuels et de délégués du ministère de
l'Education. Les recommandations de ce comité étaient positives,
à savoir que le gouvernement devait considérer non seulement les
ex-religieux enseignants, mais aussi les enseignants actuels qui sont
demeurés dans les ordres, de même que les membres du clergé
séculier.
Je sais que pour être admissible, ce serait très facile. Je
n'aurais qu'à accepter l'invitation qui nous fut faite en commission
parlementaire. Je n'aurais qu'à abandonner mon état, à le
changer pour un autre état et, à ce moment-là, je
deviendrais admissible. Le ministre a dit en deuxième lecture que je ne
plaidais pas ma cause; alors, je ne la plaiderai pas ce soir, mais je voudrais
tout de même, à l'occasion de la troisième lecture, voir
l'aspect positif de la loi. D'après les conversations, les lettres et
les télégrammes reçus, les ex-religieux, d'abord,
semblaient très contents et très satisfaits de cette loi.
Maintenant, pour l'autre partie, le ministre de la Fonction publique n'a
pas considéré la solution 10, 11 ou 12, la dernière
solution, où on recommandait d'élargir la loi à tous les
religieux, à tous les groupes. Peut-être que les
communautés religieuses ne se sont pas prévalues de leurs droits,
peut-être qu'elles n'ont pas assez insisté, qu'elles ne l'ont pas
réclamé du ministre à ce moment-là. Je le sais
aussi par certaines conversations avec certaines communautés qui,
aujourd'hui, s'intéressent beaucoup au projet de loi.
C'est justement l'ouverture peut-être que le ministre nous a
promise en commission parlementaire. Il nous a dit qu'il n'avait pas les deux
pieds figés dans le ciment, sa loi non plus, et qu'il était
prêt à reconsidérer des amendements dans les mois ou les
années à venir. Au cours de certaines conversations, ces derniers
jours, je sais qu'il y a certaines communautés comme telles qui, par
leur supérieur majeur, aimeraient reconsidérer toute la
situation. Je sais que cela va entraîner des déboursés pour
l'Etat, mais, automatiquement aussi, des déboursés pour les
communautés et pour les prêtres séculiers qui ont
oeuvré dans le passé dans l'enseignement et qui continuent
aujourd'hui, soit dans les CEGEP, dans les polyvalentes ou encore dans d'autres
milieux de l'apostolat paroissial.
Jusqu'à présent, je crois que le premier pas accompli par
le gouvernement vient combler une lacune de la loi de 1965, qui, à ce
moment-là, n'a pas été complète. Mais il reste un
autre pas à franchir et c'était mon objectif ce soir d'inviter le
ministre à entamer des pourparlers avec les communautés
religieuses qui veulent se prévaloir de cette loi-là. On a dit,
à ce moment-là, que ce n'était pas uniquement une question
budgétaire. On sait très bien que cela représente de
l'argent pour la province, mais cela va en représenter aussi pour ceux
qui vont apporter leur quote-part, leur contribution.
Tout en étant favorable à ce qui a été fait
pour rendre justice aux ex-enseignants religieux, j'invite, avant de conclure,
le ministre de la Fonction publique à garder ses oreilles toutes grandes
ouvertes, ses yeux également, pour lire les lettres et les messages qui
vont lui parvenir et peut-être, l'an prochain, serons-nous appelés
à considérer des amendements à ce projet de loi.
Graduellement, le ministère pourrait s'aboucher, entamer des
négociations et des pourparlers avec les autres communautés ou
avec les membres du clergé séculier. Je crois qu'avec le temps,
le gouvernement va dénoter ce souci de justice qu'il a montré
dans sa loi no 60.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président. Seulement quelques mots
à l'occasion de la troisième lecture de ce projet de loi. Bien
qu'il m'ait été impossible de participer à son
étude, article par article, en commission parlementaire, je dois vous
signaler que, depuis quelques années, j'ai eu l'occasion d'accumuler un
volumineux dossier de demandes qui nous étaient faites de la part
d'enseignants, d'ex-religieux enseignants pour corriger les lacunes de la loi
de 1965.
M. le Président, j'appuierai le projet de loi no 60 parce qu'il
s'agit là d'un grand pas en avant qui a été fait. Je
serais totalement opposé à la suggestion qui a été
faite par le député de Maskinongé voulant lui donner un
nouveau report à trois mois.
Je ne peux pas être indifférent aux problèmes des
enseignants religieux. Il y a un autre pas à faire. Il ne faudra pas
qu'on attende encore treize ans avant qu'on franchisse une autre étape
dans ce domaine. Il y a des problèmes extrêmement sérieux.
Il faut éviter que, dans ce projet de loi, on crée des injustices
envers des personnes qui ont exercé la même profession. Suite aux
recommandations qui ont été faites par mes deux collègues
qui m'nt précédé, le gouvernement aura sûrement pris
note des remarques qui ont été faites. Ce sont des remarques que
j'endosse pour que nous puissions, au cours des prochains mois, revoir ce
dossier de façon à pouvoir franchir l'autre étape qui
m'apparaît absolument indispensable si nous voulons éviter
l'injustice.
M. Beauséjour: M. lé Président... Le
Président: M. le député d'Iberville. M. Jacques
Beauséjour
M. Beauséjour: A la suite de mon élection, j'ai eu
plusieurs représentations d'ex-religieux qui m'ont fait part justement
qu'il devrait y avoir des amendements apportés à la loi de 1965.
Je suis sûr que cette loi, pour les ex-religieux, sera très bien
acceptée. Elle est désirée depuis longtemps. Pour ce qui
est des religieux qui sont actuellement à la
retraite, malheureusement, je n'ai eu qu'une représentation de
renseignements, ce qui m'a surpris un peu étant donné que je suis
toujours dans une communauté religieuse, et étant donné
que le sujet posait certains points d'interrogation.
J'ai assisté à quelques séances de la commission.
Le ministre a indiqué qu'il est prêt à regarder certaines
possibilités, certains accommodements pour les religieux à la
retraite. Je crois que c'est une garantie et, avec le temps, certains aspects
de la loi pourraient être amendés ou on pourra ajouter quelque
chose qui sera de nature à satisfaire les uns et les autres. Je voterai
en faveur de la loi. Je suis assuré qu'il y en a plusieurs qui
l'attendaient. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: M. le Président, je tenterai d'être
le plus bref possible et de ne pas abuser de la patience de cette Chambre
à la fin d'une dure session. Il n'en reste pas moins qu'un certain
nombre d'affirmations ont été faites, en particulier par le
député de Maskinongé, qu'on ne peut passer sous silence.
Je demanderai l'indulgence de cette Chambre pour entendre l'autre
côté de la médaille.
La question que nous réglons ce soir remonte à une loi de
1965. Depuis ce temps, les partis qui occupent les banquettes de l'autre
côté de cette Chambre ont laissé pourrir le
problème. Nous l'avons réglé en moins d'un an et demi,
après treize ans d'inactivité de l'autre côté de
cette Chambre.
Qu'est-ce que j'entends? C'est que ce projet de loi créerait une
injustice. Bien sûr, il règle une partie du problème mais,
paraît-il qu'on aurait ouvert un nouveau contentieux, que de nouvelles
injustices risqueraient d'être créées à la suite de
l'adoption de ce projet de loi. Je fais surtout allusion aux paroles du
député de maskinongé mais aussi, en filigrane, à
celles du député de Gaspé.
Le problème que nous réglons, c'est celui qui avait
été créé en 1965 à l'égard des
ex-religieux, pas à l'égard des religieux, à
l'égard des exreligieux, c'est-à-dire des enseignants religieux
qui, à un moment ou à un autre, dans leur carrière,
décidaient de changer d'état civil et de rejoindre l'état
laïc. Jusqu'en 1965, les enseignants religieux n'avaient pas accès
aux plans de pension publics qui s'adressaient aux enseignants laïcs du
Québec.
Par conséquent, lorsque nous revenons au statu quo d'avant 1965,
en rétablissant les enseignants laïcisés dans leurs droits,
nous ne créons pas une injustice à l'égard des religieux
qui, eux, jusqu'en 1965, n'avaient jamais eu le droit de
bénéficier d'un fonds de retraite public administré par
l'Etat.
Ceci s'explique quand on connaît un peu et qu'on ne veut pas
passer sous silence l'espèce de concordat tacite qui existait entre
l'Eglise du
Québec et la société québécoise, au
moins jusqu'en 1965, en ce qui concerne cette situation. Les religieux avaient
une communauté et cette communauté avait des revenus, largement
fournis, d'ailleurs, par la charité publique mais aussi par l'Etat, pour
assurer à leurs membres, jusqu'à leur décès, une
sécurité. Bien entendu, j'admettrai que, depuis le début
des années soixante, la situation a peut-être changé.
Peut-être que certaines des communautés n'ont plus les revenus que
traditionnellement la société québécoise leur
assurait, que certaines d'entre elles, peut-être, peuvent voir leurs
membres dans la gêne. Je l'admettrai, mais cela n'est certainement pas
une situation générale. En tout cas, ce n'est pas une situation
connue.
Autrement dit, si on veut remettre en cause l'espèce de contrat
social qui existait avant 1965, le gouvernement est disposé à
l'examiner, mais il faut examiner l'ensemble de la situation. Quand une
communauté qui a des biens considérables vend ses biens, par
exemple, à des spéculateurs fonciers, c'est son droit, je le
sais. Mais, encore, est-ce que les membres de cette communauté sont dans
la gêne? Est-ce que les biens accumulés pendant toutes ces
années ne permettent pas d'assurer à leurs membres une retraite
décente? Pendant ce temps de 50% à 60% des
Québécois ne bénéficient d'aucun régime de
retraite au-delà du Régime de rentes et du Régime de
pensions du Canada.
La charité distributive demande aussi que l'Etat s'occupe de
l'ensemble des citoyens et ne privilégie pas une classe
spécifique qui a peut-être moins besoin que d'autres des fonds
publics. C'est cela qui est la réalité. C'est cette
réalité que nous devons regarder en face. Par conséquent,
le gouvernement a indiqué qu'il était disposé à
examiner avec l'ensemble des communautés, des
évêchés la situation qui pourrait exister quant à la
protection de leurs membres à la retraite.
Toutefois, c'est un problème plus complexe que ne le laissent
soupçonner certains des opinants qui m'ont précédé.
Certains religieux, par exemple, même si nous adoptions une loi ce soir,
même si nous étendions les bénéfices de cette loi
aux religieux sans distinction, ne pourraient librement, comme individus, en
profiter, compte tenu des contrats qui les lient avec les communautés.
D'autres, évidemment, pourraient en profiter. Un certain nombre d'entre
eux en profiteraient alors qu'ils n'en ont aucun besoin. Par contre, dans
d'autres situations, nous ne pourrions rejoindre véritablement les
bénéficiaires.
C'est ce qui explique, M. le Président, que nous nous sommes
contentés de réprimer une injustice qui avait été
créée par la loi de 1965, mais nous n'avons pas de ce fait
créé une nouvelle injustice, loin de là, et je
récuse fortement cette assertion. Nous sommes revenus au statu quo qui
existait avant 1965 pour tout le monde. Si les communautés religieuses
et l'Eglise du Québec veulent remettre en cause ce qui existait avant
1965 pour leurs membres, nous sommes disposés à examiner la
question, mais en le faisant, M. le Président, l'Etat
québécois fera preuve d'ouverture
d esprit et d une certaine générosité. Ce ne sera
pas dans I'esprit de réparer une injustice qui n existe que dans I
esprit de certaines personnes qui veulent mêler tout le monde avec des
slogans, avec de la démagogie. C est cela la vérité, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que cette motion de troisième
lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska, insistez-vous?
M. Fontaine: Vote enregistré. M. Pagé: Sur
division.
Le Président: Un, deux, trois, quatre, cinq, six.
M. Charron: Est-ce qu'on réclame un vote
enregistré?
Le Président: Oui.
M. Pagé: M. le Président, sur division quant
à nous.
M. Fontaine: Non, M. le Président, on demande un vote
enregistré.
Le Président: Pourriez-vous reprendre vos places
immédiatement pour que nous puissions procéder au vote? (22 h
50)
Mise aux voix de la troisième lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la
motion de troisième lecture de M. le ministre de la Fonction publique
relativement au projet de loi no 60, Loi concernant la protection à la
retraite de certains enseignants. Que ceux et celles qui sont en faveur de
cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bé-dard, Morin (Sauvé),
Morin (Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture,
Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Lessard, Proulx, Duhaime,
Tardif, Michaud, Paquette, Alfred, Chevrette, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM.
Grégoire, Godin, Laplante, Guay, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste,
Ouellette, Perron, Brassard, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Biron, Grenier, Goulet,
Fontaine, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre veuillent
bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Pagé, Verreault, Springate.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Les
abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 59 Contre: 19
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 57
M. Charron: M. le Président, conformément au
consentement donné par l'Assemblée plus tôt, lors de la
séance aujourd'hui, la commission de l'éducation a terminé
l'étude article par article de la loi 57. Le député de
Châteauguay pourrait, comme si nous étions en commission
plénière, nous faire rapport immédiatement.
Le Président: M. le député de
Châteauguay.
M. Oussault: M. le Président, la commission élue
permanente de l'éducation a pris connaissance du projet de loi 57, Loi
modifiant de nouveau la Loi de I instruction publique, et l'a adopté
avec un amendement. Merci, M. le Président.
Le Président: Rapport déposé. Est-ce que
vous suggérez, M. le leader-Une Voix: Non, il ne suggère
rien.
Le Président: Est-ce que ce rapport sera
adopté?
M. Charron: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Est-ce qu'on peut suggérer la troisième
lecture immédiatement, M. le Président?
M. Lavoie: Adopté sur division.
Le Président: Rapport adopté sur division.
M. Charron: La troisième lecture peut-elle se faire sans
débat?
M. Lavoie: Oui.
M. Charron: La troisième lecture, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que la motion de troisième
lecture du projet de loi 57, Loi modifiant de nouveau la Loi de l'instruction
publique sera adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré et on serait prêt
à voter immédiatement.
Mise aux voix de la troisième lecture
Le Président: Nous procédons immédiatement
à la mise aux voix du vote de troisième lecture du projet de loi
57. Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion de troisième
lecture veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Pari-zeau, Marois, Landry, Léonard, Couture,
Johnson, O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Lessard, Proulx, Duhaime,
Tardif, Michaud, Paquette, Alfred, Chevrette, Fallu, Rancourt, Mme Leblanc, MM.
Grégoire, Godin, Laplante, Guay, Mercier, Laberge, Marquis, Lacoste,
Ouellette, Perron, Brassard, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Biron, Grenier, Goulet,
Fontaine, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Foget, Saindon, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux,
MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia,
Marchand, Pagé, Verreault, Springate.
Le Président: Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 59 Contre: 19
Abstentions: 0
Le Président: La motion de troisième lecture est
adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Article 4) de notre feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 50
Troisième lecture
Le Président: J appelle maintenant la motion de
troisième lecture du projet de loi no 50, Loi sur la fonction publique.
Est-ce que cette motion de troisième lecture sera adoptée?
M. le député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Par considération pour mes
collègues, en raison de I'heure avancée en cette soirée de
fin de session, je tenterai quand même d'être assez bref. Nous
avons passé plusieurs heures à étudier le projet de loi
50, et ce tant en deuxième lecture qu en commission élue pour
l'étude du projet de loi article par article.
Nous avons voté contre le projet de loi en deuxième
lecture, nous avons eu l'occasion de formuler nos représentations, de
présenter des amendements dans le débat du projet de loi article
par article, et aujourd'hui, je voudrais vous faire part, dans cette
intervention de troisième lecture, des motifs invoqués au soutien
d'un vote négatif à l'égard de ce projet de loi 50.
Mme le Président, trois éléments de fond nous ont
guidés dans la position que nous avons adoptée, position dont
j'ai déjà eu loccasion de faire part et de discuter à
plusieurs reprises avec mon collègue de Charlesbourg, le ministre de la
Fonction publique. Le premier élément, ce sont toutes ces
questions des pouvoirs qui sont délégués dans le projet de
loi. A plusieurs endroits, dans le projet de loi, le ministre peut
déléguer ses pouvoirs au sous-ministre, lequel peut les
déléguer au sous-ministre adjoint ou au sous-ministre
associé, lequel peut les déléguer à un
fonctionnaire à l'intérieur du ministère. (23 heures)
II en est ainsi des organismes qui sont créés, qui
continuent de vivre par le projet de loi 50 ou qui ont trait à la
question de la gestion de la fonction publique. Nous nous inscrivons en
désaccord avec ce principe parce qu'il peut donner place et faire
naître de I'arbitraire. Nous nous sommes inquiétés, en
commission parlementaire, de la possibilité que, éventuellement,
dans certains ministères, le ministère des Transports, par
exemple ce soit un directeur de personnel qui assume des
responsabilités aussi importantes que celles qui sont accordées
au ministre dans le cadre du projet de loi. Nous avons eu l'occasion aussi de
soulever toute cette question du mérite et de la promotion au
mérite. Effectivement, je dois cependant vous faire part que le projet
de loi no 50 contient une amélioration par rapport à I'ancien
projet de loi, le projet de loi no 53, en ce que, tout au moins, il fonde la
question du mérite sur des questions de compétence et d aptitude.
Cependant, Mme le Président, ce pourquoi, encore une fois, nous nous
sommes inscrits en désaccord... Mme le Président, pouvez-vous
demander Tordre, s il vous plaît?
Mme le Vice-Président: II apparaît que M. le
député de Portneuf se trouve troublé dans son
intervention...
M. Pagé: Mme le Président, il y aurait de quoi
soulever une question de privilège.
Mme le Vice-Président: ... parce que certains membres de
cette Assemblée éprouvent le besoin soit de se consulter, soit de
passer des réflexions. Je vous demanderais de le faire à voix la
plus basse possible. Le député de Portneuf, comme tous les autres
membres de cette Assemblée, a le droit d'exercer son droit de parole
sans être empêché de le faire.
M. le député.
M. Pagé: Merci, Mme le Président. Au début,
je disais, par considération pour mes collègues, que je ne
parlerais pas longtemps, mais encore une fois, par considération pour
mes collègues, je ne soulèverai pas de question de
privilège, mais il y aurait peut-être matière à une
question de privilège.
J'en étais à dire que, sur la question du mérite,
il y a des améliorations par rapport au projet de loi no 53 en ce que le
mérite sera basé sur la compétence et l'aptitude. Des
représentations ont été faites auprès du ministre
de la Fonction publique pour qu'un droit d'appel soit prévu dans le
projet de loi sur cette question du mérite. Celui-ci s'est refusé
je pense que c'est à bon droit d'accorder un droit d'appel
sur toute cette question des motifs ou du contenu du mérite comme tel.
Mais là où le ministre aurait dû y donner suite, selon moi,
c'est que si un choix, dans la fonction publique, est effectué autrement
que par la règle du mérite, il n'y a aucun mécanisme
d'appel de prévu, si ce n'est un recours dont la personne visée
pourra se servir pour se présenter devant les tribunaux de droit commun
par la demande d'émission d'un bref devant la cour.
Encore une fois, je crois que nos représentations ont
été dans le sens de bonifier le projet de loi en demandant au
ministre d'inclure de telles procédures d'appel sur ces questions de
modalités d'application du mérite, mais il ne l'a pas fait. Je
vous dirai pourquoi tantôt, Mme le Président.
Sur la question de l'aire des négociations, encore une fois, il y
a eu beaucoup d'échanges parce que toute cette question de l'application
et de l'interprétation à donner à l'article 116 a
été, tout au long de ce débat, le noeud du
problème. A plusieurs reprises, j'ai demandé au ministre de la
Fonction publique de rencontrer les parties en cause, d'avoir des
échanges un peu plus sérieux sur le fond avec les interlocuteurs
dans le dossier, de façon à en arriver à une entente sur
la question. C'est tout au moins ce qu'on espérait. L'aire de
négociations est très limitée par rapport à ce
qu'il y avait antérieurement. Encore là, c'est un motif suffisant
pour voter contre ce projet de loi.
La façon dont l'étude de ce projet de loi a
été menée par le gouvernement et particulièrement
par le ministre de la Fonction publique témoigne de certains
éléments. Entre autres, cela témoigne qu'on a mis de
côté des recommandations importantes du rapport Martin-Bouchard.
On a eu l'occasion d'en discuter avec le ministre de la Fonction publique
je ne voudrais pas les reprendre ici, Mme le Président
mais le ministre de la Fonction publique aura à saisir la dimension et
l'importance exacte des recommandations qui étaient formulées
dans ce rapport. Somme toute, c'est lui qui aura à vivre avec ce projet
de loi. Peut-être que, dans des délais plus brefs que l'on pense,
le ministre devra revenir devant l'Assemblée nationale pour
présenter des amendements qui iront je l'espère cette
fois-là dans le sens des recommandations formulées dans le
rapport Martin.
L'étude de ce projet de loi, au nom du gouvernement, a
été marquée par l'intransigeance en ce qu'on a
refusé systématiquement d'adopter et, dans certains cas,
même, de considérer les amendements proposés par les
représentants de I'Opposition officielle ou de l'Union Nationale. Les
amendements qui ont été présentés n'étaient
pas de nature dilatoire. Ces amendements visaient essentiellement, encore une
fois, à bonifier le projet de loi. Cela a été non,
purement et simplement, et ce, dès le début des travaux jusqu
à la fin des travaux.
Somme toute, le gouvernement a voulu démontrer une certaine image
de force dans I'étude de ce projet de loi. Qu'on se rappelle qu à
quelques reprises, tout au moins, le ministre de la Fonction publique y est
allé de déclarations assez fortes, disant: Au nom de la
responsabilité, au nom de l'Etat, etc. Je crois que ce projet de loi
témoigne, encore une fois, d'une attitude intransigeante. Le
gouvernement a voulu peut-être pour améliorer son image
dans l'opinion publique, on ne sait trop démontrer de la force
à l'égard des milieux syndicaux.
Le gouvernement s'est attaqué, en premier lieu, à la
fonction publique québécoise, ce groupe de travailleurs et de
syndiqués qui sont un peu comme un enfant unique dans une famille, qui
ne sont pas appuyés par des centrales avec des milliers et des milliers
de travailleurs. Les événements auxquels nous avons
assisté ces dernières semaines je crois que c'est
d'intérêt public j espère qu'ils ne se
répéteront pas. Cependant, en raison du
déséquilibre des forces que ce projet de loi entraîne, on
peut appréhender que la première manche est peut-être
terminée mais que, malheureusement, le ministre de la Fonction publique
est peut-être attendu au coin d'un détour quelconque. Quant
à moi, j'ose croire et j'ose espérer que, malgré les
déficiences nombreuses dans ce projet de loi no 50, on réussira
à s'entendre et on réussira quand même à travailler
de façon concluante avec ce projet de loi. C'est le voeu que je formule.
Cependant, j'ai beaucoup d'hésitation.
Mme le Président, avant de terminer, j'aimerais soumettre
quelques commentaires au ministre, entre autres, des éléments
auxquels le ministre a omis de nous répondre à la fin de
l'étude du projet de loi article par article. On a siégé
vendredi, on a siégé mercredi, souvent très tard en
soirée. J'aimerais que le ministre, dans sa réplique, me dise
s'il a reçu le mémoire de Participation Québec en ce qui
concerne la facilité que le ministre de la Fonction publique devrait
donner ou que le gouvernement devrait donner à l'intégration de
non-francophones dans la fonction publique québécoise. Je n'irai
pas plus loin, ne voulant pas entraîner de débat, mais je crois
que le ministre pourrait répondre à la question que je lui
formule dans mon intervention de troisième lecture.
Il en est ainsi d'un communiqué je crois que c'est hier
que je le recevais qui a été émis le 19 juin
dernier, soit lundi, et que je n'avais pas à
la fin de l'étude du projet de loi article par article entre les
deuxième et troisième lectures. Je me permettrai de demander tout
simplement au ministre de la Fonction publique comment il peut expliquer
on a discuté de cette question de maraudage, on a discuté de
cette question de l'accréditation, je ne voudrais pas ici revenir au
coeur du débat je me limiterai à demander au ministre de
la Fonction publique comment il peut expliquer qu'une entité syndicale
comme le Syndicat des fonctionnaires de l'Etat du Québec donne, comme
adresse: 880, Chemin Sainte-Foy, à Québec, avec un numéro
de téléphone du gouvernement du Québec, 643-4006, dans un
communiqué qu'elle émet en date du 19 juin. Comment le ministre
peut-il expliquer une situation comme celle-là? Comment le ministre
peut-il expliquer que le gouvernement permette qu'une entité syndicale
qui n'est pas reconnue par la loi 50, qui n'a pas d'accréditation soit
reconnue par un ministère du gouvernement du Québec?
En terminant, une dernière question que je voudrais formuler au
ministre. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec lui. Le moment coïncide
peut-être un peu bien. On est à la fin de la session. D'ici
à quelques heures, nous ajournerons nos travaux d'été.
Généralement, à la fin des travaux, il est de mise que
tous et chacun des représentants des partis politiques, par le biais de
leurs chefs ou de leurs leaders respectifs transmettent des voeux, des
remerciements au personnel de l'Assemblée, entre autres, au personnel du
journal des Débats qui fait un travail admirable, ici, à
l'Assemblée nationale, qui doit être présent avec nous, et
ce tout le temps. Par la teneur des débats et les heures qui sont
souventefois indues, vous comprendrez que c'est aussi difficile pour le
personnel de l'Assemblée nationale, et particulièrement pour le
personnel du journal des Débats, que cela peut l'être pour nous,
dans certains cas.
A ce sujet, ce serait peut-être le moment le plus opportun pour le
ministre de la Fonction publique de me donner une réponse sur ce sujet,
réponse qui, je l'espère, sera claire, nette et précise.
J'avais l'occasion de demander au ministre si la question des 117 griefs
posée par le personnel du journal des Débats et pour lesquels il
y a eu une sentence arbitrale qui n'a cependant pas été
respectée, selon mes renseignements, par l'Assemblée nationale, a
été réglée. Sinon, dans quel délai le
ministre de la Fonction publique prévoit-il que ce problème
pourra éventuellement se régler? J'espère que les gens
visés par ce problème n'auront pas à continuer à se
promener devant les tribunaux pour faire reconnaître leurs droits. (23 h
10)
Mme le Président, c'étaient essentiellement les
commentaires que je voulais formuler à cette intervention de
troisième lecture. Nous voterons contre ce projet de loi. Nous avons eu
beaucoup d'échanges. Nous avons participé étroitement.
Nous nous sommes batailles ferme sur le projet. Amendements par-dessus
amendements visant à améliorer le projet. Mais l'attitude du
gouvernement en était une d'intransigeance. Le gouver- nement avait fait
son lit par le projet de loi no 50. Nous présumons, et quant à
moi j'espère, que le gouvernement reviendra avant longtemps avec des
améliorations sensibles à ce projet de loi,
particulièrement par le biais des amendements, des propositions qu'on a
déjà eu l'occasion de formuler. Mme le Président, pour
tous ces motifs, nous voterons contre le projet de loi en troisième
lecture.
M. de Belleval: Mme le Président, je répondrai
rapidement, avant le discours de réplique du député de
Richmond, à deux questions posées...
M. Brochu: Consentement.
M. de Belleval: Les réponses à fournir...
Mme le Vice-Président: M. le ministre, à moins
qu'il n'y ait consentement.
M. de Belleval:... n'auront aucune place dans un
déroulement normal...
Mme le Vice-Président: M. le ministre, je crois que le
député de Portneuf devait s'attendre à ce que vous lui
répondiez au moment où vous pourriez exercer votre droit de
réplique. Autrement, je devrai demander le consentement unanime de cette
Assemblée pour que vous puissiez intervenir à ce moment-ci.
Des Voix: Consentement.
Mme le Vice-Président: II y a consentement. M. le
ministre.
M. de Belleval: Merci, Mme le Président. Sur la
première question, le mémoire de Participation Québec,
j'ai reçu ce mémoire effectivement aujourd'hui. Donc, trop tard
pour en prendre vraiment connaissance et apporter quelque changement que ce
soit au projet de loi qui soit valable.
Quant à la deuxième question, comment se fait-il qu'un
syndicat de fonctionnaires puisse utiliser le numéro de
téléphone et une adresse postale gouvernementale? Je ne suis pas
au courant de cette situation. Je ferai les recherches nécessaires et je
donnerai une réponse éventuellement à cette Chambre.
Quant aux griefs des préposés au journal des
Débats, je pense, Mme le Président, que cette question s'adresse
d'abord et avant tout à la présidence ou, à la rigueur, au
leader du gouvernement. Le ministre de la Fonction publique n'a aucune
autorité en vertu des lois existantes. Cela pourrait changer,
d'ailleurs, avec le projet de loi no 50, sur cette question.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, Mme le Président. Très
brièvement, on m'informe que le chef de l'Union
Nationale met l'heure qui lui est habituellement allouée à
ma disposition. Cela me fait plaisir de l'entendre. Le leader du gouvernement
dit que cela ne lui fait pas tellement plaisir, de l'autre côté.
Cela dépend de la place où on est situé.
Mme le Président, utilisant donc ce droit de parole qui m'est si
gentiment accordé, je rappellerai simplement que, tout au long de ce
débat sur le projet de loi no 50, l'Union Nationale a été
présente, en deuxième lecture comme dans les longues discussions
également en commission parlementaire. Nous avons eu largement
l'occasion de faire état des différentes positions que nous
adoptons concernant la fonction publique au Québec, concernant plus
particulièrement les dispositions du projet de loi no 50.
Nous avons évidemment connu les longues heures de discussions de
la commission parlementaire à ce sujet, avec des débats parfois
animés, des débats où on a pu présenter certaines
motions qui n'ont pas été, comme mon collègue l'a
indiqué, retenues dans 99.9% des cas. Le gouvernement a donc fait son
lit sur cette question. Il aura maintenant la responsabilité de vivre
avec ce projet de loi.
Un point sur lequel j'aimerais rapidement attirer l'attention de cette
Chambre, c'est sur le fait qu'au cours des discussions que nous avons eues en
commission parlementaire, nous avions présenté une motion
demandant à entendre les différents syndicats de fonctionnaires
impliqués par le projet de loi no 50, afin que ceux-ci puissent nous
faire connaître directement, à la table de la commission
parlementaire, leurs points de vue, compte tenu du fait que la loi 50
était une modification dans son ensemble du projet de loi no 253 qui
avait été au préalable rejeté par le gouvernement
du Québec. Nous n'avons pu, malgré les longues discussions que
nous avons eues autour de cette question, même si nous avons offert que
cette discussion ait lieu dans un contexte défini, avec un nombre
d'heures limité pour pouvoir entendre les parties, malgré toute
cette approche que nous avons voulu faire à l'endroit du gouvernement
sur cette question, on nous a refusé de faire entendre les syndicats de
fonctionnaires en commission parlementaire. Nous avons dû continuer les
travaux de la commission parlementaire article par article. Nous avons,
évidemment, entre-temps, pu obtenir au moins que le premier ministre
rencontre deux représentants du Syndicat des fonctionnaires du
Québec. Cette rencontre, comme on le sait également, n'a pas
apporté de résultats positifs, puisqu'on en était au
même point, à la fin des discussions, qu'au tout début.
Nous avions certaines réserves, et nous les maintenons encore,
quant à la délégation de pouvoirs. Ce n est qu'à
I'usage, je pense, qu'on verra réellement que les craintes que nous
entretenions à ce niveau pourront se justifier. J espère que ce
ne sera pas le cas, cependant. Nous avons exprimé nos craintes
clairement à ce sujet et nous avons (impression que cela pourra donner
lieu à certains problèmes. La même chose également
en ce qui concerne I'aire de négociations autour de laquelle il y a eu
de nombreuses discussions et sur laquelle nous avons exprimé de
nombreuses réserves quant à l'approche du gouvernement.
J ai eu, par la suite, après l'adoption article par article du
projet de loi en commission. I occasion de discuter avec certains
fonctionnaires et j'ai pu me rendre compte que pour eux, au moment où on
se parle, il demeure, d'une façon générale, un contexte
d'inquiétude quant à lapplication de ce projet de loi no 50.
C'est ce qui me fait dire que c est uniquement à lusage que nous allons
pouvoir soit dissiper, si c est possible, cette crainte qui demeure encore au
niveau de la perception par les fonctionnaires du projet de loi no 50, ou si
vraiment I approche qui est faite par le gouvernement est valable.
En ce qui nous concerne, nous considérons qu'il y a certains
points de la loi qui sont positifs. Par contre, certains autres points
demeurent dangereux, à notre point de vue. Dans I'ensemble, il nous
apparaît à ce moment-ci, avec ce que nous connaissons de la
situation, que nous ne pouvons pas appuyer, en ce qui nous concerne, ce projet
de loi en troisième lecture. Nous allons voter contre le projet de loi
en troisième lecture, tel qu il nous est présenté
maintenant.
Le Président: Le ministre de la Fonction publique.
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: M. le Président, nous terminons
effectivement un débat qui a duré presque un an sur la
réforme de la Loi de la fonction publique. Ce projet de loi constitue
I'aboutissement de toute une série de réformes qui ont
commencé avec les gestes de Paul Sauvé, en 1959, et qui se sont
poursuivies ensuite en 1964 et en 1965, avec la création de lactuelle
Commission de la fonction publique, et en 1969, avec la création du
ministère de la Fonction publique.
Je voudrais rappeler brièvement les deux principaux objectifs du
projet de loi; d une part, donner au pouvoir politique, qui est responsable
devant la population de la qualité de la gestion de sa fonction
publique, de la productivité de cette fonction publique, de la
motivation des fonctionnaires, donner au gouvernement les possibilités
réelles, les moyens de faire en sorte que cette fonction publique soit
effectivement productive, efficace, véritablement au service des
citoyens qui paient fort cher pour en défrayer le coût. En ce
sens, un certain nombre de pouvoirs, qui, jusqu à maintenant,
étaient confiés à un organisme autonome,
indépendant, sans responsabilité véritable auprès
de la population, sont transférés au ministre de la Fonction
publique.
Désormais, dans l'ensemble de notre appareil gouvernemental, il y
aura un ministre qui répondra, devant lensemble de la population, de la
gestion véritable, de la gestion effective de la fonction publique du
Québec. Cette réforme n est pas propre au Québec. Elle a
été entreprise dans
de nombreux Etats démocratiques, tant en Amérique du Nord
qu'en Europe, où ce mouvement s'est généralisé
depuis de nombreuses années. (23 h 20)
En même temps que nous effectuons ce mouvement en vue
d'établir une cohérence à l'intérieur de l'action
gouvernementale en matière de gestion du personnel, nous avons aussi
renforcé les mécanismes qui doivent protéger le
fonctionnarisme contre l'arbitraire, contre le favoritisme, que cet arbitraire
ou ce favoritisme soit d'origine politique ou administrative. Nous avons
créé une Commission de la fonction publique forte,
indépendante, dont les membres sont nommés par l'Assemblée
nationale et qui aura un pouvoir d'enquête général sur
l'application de la loi.
Nous avons créé aussi un organisme autonome, responsable
des concours de recrutement et de promotion dans la fonction publique, concours
de recrutement ou de promotion qui seront basés sur une règle
explicite voulant que les concours soient impartiaux et assis sur des
critères de compétence et d'aptitudes des candidats, candidats
d'ailleurs dont la nomination se fera conformément aux résultats
du concours, contrairement à ce qui se passait jusqu'à
maintenant.
Voilà, M. le Président, les deux objets fondamentaux de ce
projet de loi. Pourtant, durant toute l'année qu'a duré ce
débat, ce n'est pas là-dessus que ces débats ont
porté. Je suis le premier, M. le Président, à m'en
plaindre; je suis même le premier à m'accuser, s'il le faut, de
cette lacune du débat, mais je pense que véritablement je n'en
porte pas la responsabilité; le gouvernement n'en porte pas la
responsabilité.
En effet, pour qu'un débat puisse se dérouler
démocratiquement, il faut encore que les interlocuteurs du gouvernement
acceptent ce débat, ce dialogue là où il doit porter. Cela
n'a pas été le cas de l'Opposition qui, au lieu de critiquer,
s'il le faut, le gouvernement sur les moyens qu'il met en oeuvre pour accomplir
ces deux objectifs fondamentaux, mais quand même d'en discuter, a
préféré prendre, pendant un an, une position attentiste et
laisser à un groupe particulier très important, bien sûr,
le Syndicat de la fonction publique, prendre le haut du pavé et amener
le débat sur un aspect, que je ne dirai pas secondaire, mais quand
même sur un aspect qui n'est à peu près pas touché
par la réforme que nous avons devant nous, à savoir le
régime syndical dans la fonction publique.
M. le Président, ce gouvernement a un préjugé
favorable envers les travailleurs. Il l'a dit explicitement et je pense qu'il
est le premier gouvernement à l'avoir jamais dit au Québec. Il
n'a pas honte de ce préjugé favorable; il est
irrévocablement et viscéralement attaché à ce
préjugé favorable. Que le leader de l'Opposition me laisse finir;
j'ai des choses à lui dire.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le Président;
j'invoque mon privilège. Si c'est le leader de l'Opposition officielle,
il n'est pas ici; il est sorti pour quelques minutes. Quant au chef de
l'Opposition, il n'a pas dit un mot. Je voudrais que le ministre
précise...
Le Président: C'est leader au sens très noble du
terme.
M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: M. le Président, avec tous les personnages
qui se promènent de l'autre côté, on devient un peu
mêlé quant au titre respectif de chacun.
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: II y a un leader "in out", "out out", etc., le
grand frère à Ottawa, on ne sait plus qui mène,
là-dedans.
Le Président: M. le ministre de la Fonction... M.
Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. Levesque (Bonaventure): ... si le ministre souffre de la
confusion générale du gouvernement, ramenez-le à l'ordre,
M. le Président. Remettez-le sur la voie.
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique, en
restant pertinent autant que possible, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): II est en train de mettre le feu aux
poudres.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre! Je vous rappelle
à l'ordre, M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): On va être prêt à
voter.
M. de Belleval: M. le Président, je reconnais que, quand
nous avouons sans honte nos préjugés et que ceux-ci sont en
faveur des travailleurs, cela met mal à l'aise les gens d'en face. Je le
reconnais. De la même façon aussi, quand nous avouons notre
préjugé favorable envers le gouvernement du Québec par
rapport au gouvernement d'Ottawa, cela met mal à l'aise les gens d'en
face. Mais ce n'est pas mon problème; ce n'est pas ma faute. Je
reviendrai donc, M. le Président, à la pertinence du
débat.
Le Président: Je le souhaiterais, M. le ministre de la
Fonction publique.
M. de Belleval: Mais je ne suis pas responsable des malaises des
gens d'en face.
M. Lalonde: On savait cela que vous n'étiez pas
responsable.
M. de Belleval: Ce préjugé favorable envers les
travailleurs s'étend aussi aux instruments que ces travailleurs se sont
donnés pour poursuivre leurs intérêts. Il s'étend
aussi aux syndicats, M. le Président.
Cependant, ce préjugé favorable est envers tous les
travailleurs, tant les travailleurs non syndiqués que les travailleurs
syndiqués, tant les travailleurs syndiqués du secteur
privé que les travailleurs syndiqués du secteur public.
Cependant, M. le Président, ce préjugé, il n'est
pas aveugle. Ce préjugé n'a pas pour but d'encourager l'anarchie.
Il n'a pas pour but d'encourager l'irresponsabilité. Le corporatif, M.
le Président, aux dépens de l'ensemble des travailleurs du
Québec, nous n'en sommes pas. Aux dépens des gagne-petit, aux
dépens des retraités, nous n'en sommes pas, M. le
Président.
Et là-dessus, l'Opposition officielle s'est
réveillée le jour où le Parlement a été ni
plus ni moins bloqué, la semaine dernière. La veille, il y avait
une grève illégale de deux syndicats de la fonction publique, en
violation du Code du travail, en violation d'une disposition expresse de leur
convention collective, ce qui équivalait à déchirer leur
propre convention collective. La veille, les débrayages illégaux
avaient eu lieu.
Mais l'Opposition, conformément à l'attitude qu'elle a
prise dans le débat depuis un an, n'avait rien à dire, laissait
les autres faire la bataille, se contentant de fournir, si nécessaire,
les munitions.
M. Pagé: Qu'est-ce que vous faites de la bataille sur le
projet de loi 53?
M. de Belleval: Le lendemain, c'était I indignation du
chef de l'Opposition qui, je le pense, doit maintenir avoir un ticket de
l'Union des artistes. C'était l'indignation du chef de l'Opposition
contre les gestes particuliers que venait de poser le même syndicat. Mais
la veille, il n'avait rien à dire.
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique, je
vous ramène à la pertinence du débat.
M. de Belleval: M. le Président, l'Opposition est
heureuse, maintenant, de jouer sur les deux tableaux, et elle l'a fait
abondamment dans ce débat. Elle n'ose pas afficher ses sympathies
prosyndicalistes, puisqu'elle n'en a pas. C'est bien connu. Elle est
foncièrement antisyndicaliste, M. le Président.
M. Pagé: Vous n'avez pas applaudi trop fort.
M. de Beileval: Mais en même temps, M. le Président,
elle préparait des amendements démagogiques pour, à toutes
fins pratiques, donner et je reviens, Mme le Président, M. le
Président...
Une Voix: II ne sait pas ce qu'il dit.
M. Levesque (Bonaventure): La confusion la plus totale.
M. de Belleval: M. le Président, votre personne change
souvent de sexe sur ce trône...
Le Président: Question de privilège, M. le ministre
de la Fonction publique.
M. de Belleval: ... et on a raison d'être
mêlé, à l'occasion.
M. Levesque (Bonaventure): ... si on se trompe de sexe.
Le Président: Question de privilège.
M. Pagé: M. le Président, adopté sur
division.
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique, en
vous demandant de vous en tenir à la pertinence du débat.
M. de Belleval: Merci, M. le Président. J'en viendrai
à cette question de l'aire de négociations et de l'attitude de
l'Opposition en cette matière.
M. Levesque (Bonaventure): ...
M. de Belleval: Cet aspect n'était pas l'aspect central de
la réforme que nous avons proposée à cette
Assemblée. En cette matière, nous avons, au fond, maintenu la
situation qui existe dans la fonction publique du Québec depuis 1964.
Nous avons fait des améliorations secondaires, marginales, que le
syndicat des fonctionnaires a lui-même reconnues. Il a reconnu que
l'article 116, entre autres, améliore cette situation par rapport
à l'article 52a de la loi actuelle. Il l'a admis, M. le
Président.
Par conséquent, l'aire de négociations, dans la loi 50, ne
constitue aucun recul pour le monde syndical. (23 h 30)
Deuxièmement, ce régime syndical dans la fonction publique
du Québec est certainement le plus généreux de tous les
régimes semblables de tous les Etats d'Amérique du Nord et
probablement de tous les Etats européens démocratiques. Ce n'est
pas un régime réactionnaire. C est un régime, d'ailleurs,
qui nous vient d un gouvernement de 1964 et qui, de lavis de tous les
spécialistes, constitue le régime le plus généreux
de tous les régimes qui existent dans les pays démocratiques.
Toutefois, ce régime prévoit un certain nombre d'exceptions qui
ont pour but de sauvegarder les responsabilités ultimes de I Etat de
façon à lui permettre de poursuivre ses objectifs, de mettre en
branle les programmes d action pour lesquels il a été élu,
sans avoir à négocier la mise en application ou les moyens de
mise en application de ses programmes et de ses politiques avec les syndicats.
Et là-dessus, tous les régimes démocratiques, dans le
monde entier, prévoient les mêmes restrictions. La plupart des
autres en prévoient davantage. Nous sommes ceux qui en prévoient
le moins. Mais malgré tout, là-dessus, il y a une
unanimité entre tous les pays démocratiques.
Et pourtant, qu'est-ce que nous avons vu? Nous avons vu l'Opposition
libérale présenter un des quelques amendements, des trois
amendements, je pense, au maximum. Le député de Portneuf disait:
Une avalanche d amendements.
Amendements sur amendements. M. le Président, ils n'ont pas eu d
amendements à présenter à ce projet de loi. Ils en ont eu
deux ou trois au maximum, dont un tout à fait irresponsable et
démagogique qui revenait à ouvrir toutes grandes les portes de la
négociation sur toutes les questions.
M. Pagé: Vous avez hésité, vous avez failli
le présenter.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre de la Fonction publique
fait sa session ce soir, quoi?
M. Lavoie: Séance de défoulement!
M. de Belleval: L'Opposition libérale a
présenté un amendement qui revenait à enlever toute
restriction à l'aire de négociations dans la fonction publique.
En ce sens, nous aurions été véritablement à la
fine pointe de l'évolution en cette matière, eux dont le
préjugé antisyndical est bien connu. Mais la démagogie
était prête à leur laisser ouvrir toutes les portes.
M. Pagé: C est passionnant, votre discours! Une Voix:
Est-ce terminé?
M. Lavoie: La télévision n'est pas encore
installée!
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Je pense que l'Opposition libérale traite
à la légère une question extrêmement importante.
L'amendement qu'ils ont présenté, ils le traîneront
longtemps derrière eux...
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique,
revenez à la pertinence du débat, s il vous plaît!
M. de Belleval: C est ce que j'essaie, si on veut bien me laisser
continuer sans m interrompre.
M. Pagé: Vous avez dit vous-mêmes, en commission,
que vous avez failli présenter vous-même cet amendement!
Le Président: A I ordre, M. le député de
Portneuf!
M. Pagé: Oui, mais, quand même, M. le
Président!
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys!
M. Lalonde: Mais j'aime cela, M. le Président. Il est
bon!
Le Président: Vous avez la parole, M. le ministre de la
Fonction publique.
M. de Belleval: Tout cela pour dire que je suis assez surpris de
voir qu après des débats de plusieurs heures où
I'Opposition officielle n'a eu qu'un ou deux amendements mineurs à
proposer sur le principe même du projet de loi, sur ses fondements, elle
est arrivée, à la fin, sur un aspect secondaire pour
lequel, à toutes fins utiles, nous maintenons le statu quo pour
ouvrir les vannes toutes grandes à l'irresponsabilité, à
la démagogie et à l'anarchie dans nos relations de travail dans
la fonction publique.
M. Lalonde: Bravo!
M. Pagé: Vous avez failli le présenter cet
amendement. Vous l'avez dit vous-même. Vous y avez songé.
M. de Belleval: Là-dessus, M. le Président, elle a
eu l'outrecuidance de nous accuser d'intransigeance. Nous avons le
régime le plus généreux en matière de relations de
travail en Amérique du Nord...
M. Pagé: ... vous serez jugé par... M. Springate:
Une minute.
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: En maintenant ce régime, nous serions
intransigeants.
M. Lalonde: Bravo!
M. de Belleval: Je pense, au contraire, que nous avons fait
preuve de responsabilité, de sens de l'Etat. Je pense que, dans
l'ensemble, ils ont eux-mêmes reconnu que les fondements mêmes du
projet de loi constituaient une amélioration par rapport à la
situation existante. En fait, le projet de loi constitue l'aboutissement de
toute une série de réformes auxquelles j'ai fait allusion tout
à l'heure. C'est avec beaucoup de fierté que je le propose
à l'approbation de cette Assemblée.
Le Président: Est-ce que cette motion de troisième
lecture du projet de loi no 50... M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, j'ai une directive
à vous demander. Compte tenu de la performance verbale du ministre, vous
serait-il possible d'inviter à nouveau des gens du comté de
Charlesbourg dans les galeries, comme ce soir, parce que cela semble être
le motif de sa performance.
M. Jolivet: Non recevable.
Le Président: J'appelle maintenant aux voix la
troisième lecture du projet de loi no 50, Loi sur la fonction publique.
Est-ce que cette motion de troisième lecture sera adoptée?
M. Lavoie: Sur division.
M. Brochu: Sur division. Le Président:
Adopté sur division.
Projet de loi no 56
Troisième
lecture
M. Charron: M. le Président, je voudrais maintenant,
puisque nous en sommes venus à la fin de notre ordre du jour
régulier, solliciter le consentement de la Chambre pour que le projet de
loi no 56, dont nous avons pris en considération le rapport au cours de
la séance, puisse être lu maintenant pour la troisième
fois.
M. Lavoie: Consentement.
M. Brochu: Consentement.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Brochu: Consentement.
M. Charron: Oui, il y a consentement.
Le Président: Est-ce que la motion de troisième
lecture de la Loi modifiant la Loi de la communauté urbaine de
Montréal et la Loi constituant la commission de transports de la
rive-sud de Montréal sera adoptée?
M. Lavoie: Sur division. Le Président:
Adopté sur division.
Projet de loi no 52 Troisième lecture
M. Charron: M. le Président, je voudrais solliciter le
consentement de la Chambre pour que la loi no 52, qui est la Loi modifiant la
Loi sur les relations de travail dans l'industrie de la construction, puisse
maintenant être lue une troisième fois.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Brochu: Consentement, M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Le Président: Est-ce que la motion sera
adoptée?
M. Charron: Adopté.
M. Lavoie: Avec la politesse du leader, on peut difficilement
refuser notre consentement.
Le Président: La motion de troisième lecture du
projet de loi no 52 est adoptée.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
Prise en considération
du rapport de la commission
ayant étudié le projet de loi no
59
M. Charron: M. le Président, avec la collaboration de la
Chambre, je voudrais solliciter le consentement pour que nous puissions prendre
en considération le rapport qui a été déposé
aujourd'hui sur la loi no 59.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? M. Brochu:
Consentement, M. le Président. M. Levesque (Bonaventure):
Consentement.
Le Président: Est-ce que le rapport sera
agréé?
M. le député de Saint-Laurent sur la prise en
considération du rapport.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, il y a moins de trois ans,
cette Assemblée nationale adoptait à l'unanimité la loi no
253 relative au maintien des services essentiels en cas de conflits de travail
dans les services de santé et les services sociaux. Le Parti
québécois, après avoir joint ses voix à celles des
autres formations politiques représentées dans cette
Chambre...
M. Levesque (Bonaventure): II y a trop de bruit de l'autre
côté.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! (23 h
40)
M. le député de Saint-Laurent, vous pouvez poursuivre.
M. Forget: Merci, M. le Président. Le Parti
québécois, après avoir joint sa voix à celle des
autres formations politiques représentées dans cette Chambre,
s'est ensuite empressé de dénoncer cette loi et de fournir ainsi
des arguments à la désobéissance civile qui a, de
façon générale, mis en échec son application.
Dès son arrivée au pouvoir, en 1977, les mains
présumément liées par des engagements qu'il avait pris
envers des groupes qu'il avait appuyés, il s'est empressé
d'annuler les poursuites intentées à la suite de cette
désobéissance civile systématique et alimentée par
les arguments de (Opposition officielle.
Après une telle hypocrisie, voici que le même parti demande
à l'Assemblée nationale de ratifier en quelque sorte le choix
fort douteux qu'il a fait d une stratégie électorale en nous
demandant d'abroger cette loi à l'échec de laquelle il a
contribué après l'avoir approuvée, en prétendant
que cette loi était inapplicable et que c est pour cela qu'il ne l'a pas
appliquée, alors qu'au contraire c'est par manque de courage, d'une
part, qu'il ne l'a pas fait et aussi, parce qu il n'était pas
vraiment libre de le faire. Cela se sentait et c'est ainsi que cela a
été compris par un très grand nombre de gens.
La loi qu'il cherche à y substituer sera au mieux
l'équivalent de celle que l'on supprime, puisque la commission
Martin-Bouchard qui a examiné les problèmes d'application de la
loi précédente a déclaré très clairement que
le mécanisme de la loi 253 était irréprochable et que ce
qui avait pu créer des difficultés sur le plan strictement
technique était la date de son entrée en vigueur, ainsi que la
nature et la gravité des pénalités dont elle était
assortie.
Pour ce qui est de sa date d'entrée en vigueur, c'était un
défaut que l'écoulement du temps depuis son adoption avait
résolu automatiquement. Pour ce qui est de la gravité des
pénalités et de leur nature, rien n'empêchait le
gouvernement actuel de nous proposer des modifications. Au lieu de cela, on
nous propose une mécanique nouvelle quant aux détails de son
articulation, puisque l'on remplace les commissaires aux services essentiels
par deux organismes: un d'information, l'autre d'évaluation.
L'histoire des amendements qui ont été
présentés par l'Opposition officielle en commission parlementaire
et qui ont été, quant aux principaux, uniformément
rejetés par le ministre du Travail démontre qu'on n'a
guère apporté de sérieux à assortir cette loi de
modalités d'application qui seraient susceptibles d'en assurer le
succès. Le conseil qui doit informer le public est
délibérément privé par le gouvernement des moyens
d'être autre chose qu'une courroie de transmission, le porte-voix des
parties. Il n'aura pas le pouvoir d'avoir accès, de sa propre
initiative, à une information autre que celle que les parties voudront
bien lui donner à la graine, au compte-gouttes. La
crédibilité qu'il pourrait recevoir d'un accès
privilégié à toute l'information fera que son impact sur
l'opinion publique ne sera pas différent de celui des media
d'information. On sait jusqu'à quel point les citoyens ont du mal
à se retrouver dans des conflits de travail de cette complexité.
Ce conseil d'information est donc voué à une existence
végétative et n'a aucun élément vraiment nouveau
à apporter à l'évolution d'un conflit éventuel.
Pour ce qui est du conseil pour le maintien des services essentiels, qui
s'écarte de la voie tracée par la loi 253 qui écarte
l'expertise en relations de travail que constituaient les arbitres
désignés par la liste du Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre pour développer une approche plus "consensuelle" pour
utiliser, plutôt que l'expertise en relations de travail, l'expertise
propre aux secteurs visés par cette loi, c'est-à-dire les
services de santé et les services sociaux. Le ministre a refusé
de s'engager et d'engager le président du Tribunal du travail à
consulter, avant d'effectuer les nominations, les groupes à l'aide
desquels ce consensus précisément pourrait s'établir quant
aux critères, quant aux règles du jeu dans la
détermination des services essentiels.
C'est donc une espèce d'organisme hybride qui pourra être
accusé, de la même façon que d'autres organismes
antérieurement l'ont été, d'être une créature
gouvernementale, de refléter l'intervention et le pouvoir du patron, de
l'Etat employeur. A cet égard, un tel conseil, qui ne devra pas de toute
façon et ne pourra pas intervenir de la façon tranchante que nous
avions proposée, en intervenant nécessairement à certains
moments, en étant tenu à la publication de ces avis
préalablement à l'intervention du Conseil des ministres pour
suspendre le droit de grève, un tel conseil, dis-je, ne peut avoir qu'un
effet de relations publiques. Ce sera un paravent derrière lequel on
pourra juger commode de se réfugier du côté gouvernemental
à l'occasion, mais il ne s'agira pas, à mon avis, d'un
véritable conseil pour le maintien des services essentiels.
Il s'agit, comme on l'a su, comme on l'a appris d'ailleurs lors des
débats en commission parlementaire, d'un deuxième conseil visant
à l'information du public et guère autre chose. Au niveau des
modalités d'application, Mme le Président, il est vrai que sur le
plan des sanctions, cette loi se réfère au régime
général du Code du travail et qu'à ce titre, elle n'est
pas totalement dénuée de sanctions. Mais je crois
qu'au-delà du quantum des sanctions ou des pénalités, des
amendes, si l'on veut, qui peuvent être imposées à ceux qui
enfreignent les dispositions de cette loi, il faut se poser une question sur la
nature même des pénalités. Je crois que l'expérience
passée a clairement démontré que le recours aux tribunaux,
l'application de sanctions pénales est tout à fait inefficace
pour assurer le respect des lois du travail et que le défaut
d'imagination de ce côté fait que le gouvernement actuel sera pris
dans le même dilemme qu'ont connu les gouvernements
précédents.
Il y a pourtant des formules de rechange que le gouvernement n'a pas
voulu considérer et qui indiquent, de toute manière, que
derrière ce projet de loi, il faut voir non pas tellement le
désir de régler un problème que le besoin politique de
fournir quelque chose d'alternatif quelle qu'en soit la valeur, étant
donné la décision prise, pour des raisons électorales et
politiques, de supprimer la loi 253. C'était une décision,
c'était une cause qui était jugée d'avance. Il
était très clair, je pense bien, même à ceux qui ont
constitué la commission d'étude sur cette question, que parmi les
conclusions qu'ils auraient pu rédiger le premier jour de leurs travaux,
il y avait celle-là, d'abroger la loi 253. Dans le fond, peu importe par
quoi on la remplace, le véritable but de cet exercice, ce n'est pas de
la remplacer par quelque chose de meilleur, c'est de la supprimer par n'importe
quoi.
C'est à peu près par cela qu'on la remplace, de toute
façon, Mme le Président. Nous avons été fortement
tentés, Mme le Président, et je dois l'indiquer, de refuser notre
consentement au franchissement des étapes nombreuses qui devaient
être franchies aujourd'hui par ce projet de loi et d'acculer ainsi le
gouvernement à une impasse sur ce plan. S'il n'avait été
question que de forcer le gouvernement à retraiter de ce
côté, nous aurions
volontiers cédé à cette tentation parce que nous ne
croyons pas que la solution que représente la loi 59 soit une solution
véritable, soit une solution qui pourra avoir un succès notable.
(23 h 50)
Cependant, il y a une disposition dans ce projet de loi, il y a d
ailleurs un esprit qui imprègne lensemble du projet de loi et qui se
manifeste de la façon la plus visible par la prépondérance
de la liste syndicale qui faisait qu'en bloquant par le refus de consentement
I'adoption de ce projet de loi à ce moment-ci, nous aurions fourni une
excuse en or à tous ceux qui auraient voulu prétexter de la
non-adoption de ce projet de loi pour ne pas en faire un essai qui va
démontrer un certain nombre de choses. Cet essai va démontrer
entre autres que, du côté syndical, il n'y a aucune espèce
de changement dans les intentions et dans la volonté clairement
exprimées encore une fois la semaine dernière en commission
parlementaire d'utiliser tous les moyens sans restriction pour faire les gains
maximaux au cours d un conflit de travail dans le secteur public.
On a vu cette affirmation répétée à
plusieurs reprises dans les écrits des centrales syndicales, dans les
textes qui sont distribués à leurs membres comme dans les
mémoires présentés en commission parlementaire, l'usage
sans restriction de tous les instruments possibles pour effectuer des gains sur
le plan des conditions de travail et de la rémunération. Cette
volonté est intacte et rien de ce que peut faire le gouvernement,
certainement rien de ce qui se rapproche du projet de loi no 59, n'est de
nature à les dissuader, et ceci en dépit des appels un peu
pathétiques du ministre au sens de la responsabilité, à
des consensus, au bon sens, on va voir se répéter la même
attitude, la même façon implacable que dans le passé,
puisque c est la raison d'être apparemment de ces structures d aller
jusqu au bout de leurs moyens, et ceci coûte que coûte.
Mais nous aurons aussi une autre démonstration. Nous aurons la
démonstration que ce gouvernement qui, selon les dires du ministre de la
Fonction publique à ce préjugé favorable aux travailleurs,
n est pas véritablement le gouvernement social-démocratique qu'il
prétend être. En effet, c est un gouvernement qui a des dettes
à payer envers les centrales syndicales, mais sa
social-démocratie se limite à des dettes politiques et
électorales- II ne pourra pas exiger de ses partenaires dans cette
soi-disant social-démocratie qu il livre la marchandise. C est ce que
nous allons démontrer, c est ce que ce projet de loi va démontrer
puisque, pour une fois, dans ses propositions de la loi 59, le gouvernement est
allé aussi loin qu'il était possible d imaginer pour satisfaire
les demandes même les plus exorbitantes des centrales syndicales. La
prépondérance de la liste est une demande qu ils ont faite
à plusieurs reprises et je suis persuadé qu'ils ne s attendaient
jamais à voir leurs voeux exaucés si rapidement. Ils ont aujourd
hui cette satisfaction. Et nous allons bien voir que, même en ayant cette
satisfaction, ils ne seront pas disposés à offrir au ministre du
Travail et à ce gouvernement quelque contrepartie que ce soit, lorsque
le moment de vérité viendra. C est véritablement la marque
justement du caractère frauduleux de l'étiquette
social-démocrate dont veut se parer le gouvernement actuel, c est qu au
lieu d'un lien organique entre le mouvement syndical et une formation
politique, qui impliquerait des exigences et des obligations
réciproques, nous avons une alliance électorale de I'opportunisme
qui a été exploité avec succès pendant un certain
temps par le gouvernement, par le Parti québécois, et qui est
aujourd hui exploité avec succès par les centrales syndicales et
ça se limite à cela.
C est ce que nous allons voir malheureusement au cours des prochains
mois, au cours de la prochaine année et demie. C'est le caractère
factice de cette soi-disant social-démocratie, caractère factice
d un lien qui, s il existait vraiment, constituerait peut-être une raison
d'espérer dans une législation comme celle-là.
Malheureusement, c est un exercice électoral, le gouvernement n'a pas
véritablement le choix de faire autrement que ce qu il fait, même
si c est voué à l'échec et même si nous devons
collectivement, comme citoyens du Québec, payer les pots
cassés.
Je souhaiterais pouvoir être plus optimiste, Mme le
Président, mais nous avons malheureusement trop vu de cynisme à
cette Assemblée nationale sur ces sujets et de la part de ceux qui
forment actuellement le gouvernement, du moins en partie, pour juger autrement
leur comportement d aujourd hui. Il y a d'ailleurs des indications nombreuses
qui nous poussent à porter de tels jugements puisque, en commission
parlementaire. nous avons eu droit à des silences embarrassés au
moment où nous avons précisément confronté les
centrales syndicales avec cette interprétation de leur attitude et cette
interprétation de leur lien avec le gouvernement.
Mme le Président, il est évident, d après ce que
j'ai dit, que nous ne donnerons pas notre appui à ce projet de loi. Nous
voterons contre. C est avec regret que nous le ferons, mais si le ministre
avait apporté un peu plus de sérénité et un peu
plus de désir d'améliorer vraiment son projet de loi au moment de
létude article par article, nous aurions peut-être pu
considérer un vote différent. Malheureusement, cela n'a pas
été le cas.
Mme le Vice-Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson: Mme le Président, j'aurais aimé pouvoir
passer sous silence ce soir les manifestations de quelque chose qui ressemble
à un délire de cynisme de la part de l'ancien ministre des
Affaires sociales. Evidemment, l'ancien ministre des Affaires sociales a
voté la loi 253 et la dure réalité a voulu que ce
fût une pièce de législation médiocre et qui
entraîna des résultats médiocres et qui
coûtèrent fort cher à la population du Québec.
M. Levesque (Bonaventure): Calmez-vous, M. le ministre.
M. Johnson: L'ancien ministre des Affaires sociales, dans un
délire de cynisme, dans une incapacité d'apprendre par
l'expérience, dans une noirceur à la lumière des
considérations technocratiques qui l'ont alimenté pendant des
années au ministère des Affaires sociales, auteur, père,
parrain de la loi 253, n'a malheureusement pas appris par
l'expérience.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président...
M. Johnson: Ces allusions... Je sais, il nous reste un
consentement à obtenir pour la troisième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant! Ce n'est pas cela que je
veux dire. Je veux simplement dire...
M. Johnson: Ah! bon, très bien.
M. Levesque (Bonaventure): ... que ce que vous allez dire ce soir
est enregistré et, dans quelques mois...
M. Johnson: Sûrement, j'en suis parfaitement conscient. Mme
le Président. Sans les allusions derrière le ton susurrant du
député de Saint-Laurent, on a retrouvé dans sa bouche le
mot "hypocrisie', le mot "fraude", les mots "stratégie
électorale", les mots "d'axe politique envers les ogres syndicaux ". Mme
le Président, je pense que le député de Saint-Laurent se
situe encore à l'époque de l'adoption de la loi 253.
Je pense, Mme le Président, que I'Opposition n'a malheureusement
rien compris de ce que le gouvernement est en train de faire. Il y a dans cette
législation un premier élément important qui est
l'introduction... J'espère que je ne dérange pas trop le
député de Mégantic-Compton. Non? Cela va... Il y a, Mme le
Président, d'abord dans cette loi un calendrier qui est quand même
une innovation. Le gouvernement impose et s'impose à lui aussi, en tant
qu'employeur, des délais au niveau de la négociation. C'est
déjà un effort que nos amis d'en face n'ont pas fait dans le
passé.
Deuxièmement, il y a dans ce projet de loi et dans ce qui sera
une loi ce soir, je l'espère, la création d'un organisme qui a
une fonction d'information. Malheureusement, le député de
Saint-Laurent n a pas non plus compris les explications que nous avons
données en commission parlementaire, semble-t-il, étant
donné que nous avons bien démontré que, même si on
fixait à des étapes précises l'obligation pour ce
comité d'information d intervenir publiquement, il y aurait quand
même à sa disposition comme données l'ensemble de ces
données que ce gouvernement est prêt à partager avec ses
partenaires patronaux et syndicaux des réseaux public et parapublic.
Quant à la question des services essentiels, malheureusement le
député de Saint-Laurent, dans les sophismes qui le
caractérisent, tantôt se sert du rapport Martin pour le reprendre
à son compte et tantôt pour critiquer le gouvernement, le
député de Saint-Laurent n'a pas non plus compris quel
était le rôle de ce groupe sur les services essentiels.
(Minuit)
II ne s'agit pas, comme dans la loi 253 et c'est le choix que le
gouvernement a fait, contrairement à ce que proposait Martin-Bouchard,
nous le reconnaissons de faire de ce groupe sur les services essentiels
une tierce partie intervenant dans les services essentiels, de quelque
façon que ce soit, entre les deux parties, au niveau local.
Pour cette raison, nous avons effectivement rejeté une
série d'amendements proposés par le député de
Saint-Laurent et le député d'Outremont, de même que par le
député de L'Acadie. L'ensemble de ces amendements tendaient
à vouloir faire un intervenant de ce groupe sur les services essentiels.
Et cela a été la faille centrale, sans doute, de la loi 253.
Mme le Président, je ne prétends pas que la prochaine
négociation dans le secteur hospitalier en particulier se
déroulera sans heurt. Je le souhaite et je le souhaite pour nous tous,
je le souhaite pour les membres de ce Parlement, je le souhaite
évidemment pour ce gouvernement parce qu'il faut être bien
conscient des implications d'une crise dans le secteur hospitalier. Et je le
souhaite surtout pour l'ensemble des Québécois. Et je pense que
nous avons tenté d'apprendre dans ce qui s'est passé dans
l'histoire des relations de travail dans le secteur hospitalier depuis 1966 au
Québec.
Et ce que nous apprenons, c'est qu'il y a un droit de grève, que
ce droit de grève ne peut pas être supprimé parce que, de
toute façon, les travailleurs qui voudraient aller en grève le
feraient, et ce serait une absurdité que de les mettre dans un contexte
d'illégalité.
Cependant, à partir du moment où le droit de grève
existe dans un secteur aussi névralgique que celui de la santé,
et quand on parle de l'intégrité corporelle physique des gens,
quand on parle de la vie et de la mort, dans certains cas, il faut essayer,
dans une société, de civiliser l'exercice d'un droit aussi
fondamental, d'une part, et d'un droit qui, de toute façon, est
perçu par les travailleurs comme un droit qu'ils peuvent et doivent
avoir, il faut réglementer et civiliser l'exercice d'un tel droit.
Et c'est cet équilibre difficile qu'essaie de rejoindre le projet
de loi 59, de faire en sorte que les travailleurs exercent une
responsabilité dont le gouvernement est convaincu, que les travailleurs
soient confiants d'exercer une responsabilité dont ces travailleurs
peuvent faire la preuve et, malgré tout, de maintenir un régime
qui soit, a priori, à leurs yeux, acceptable. C'est cela, le coeur.
C'était cela, le problème du 253.
Le loi 253 avait des vertus, la loi 253 se voulait
généreuse et la loi 253 se voulait objective. C'était
peut-être cela son tort, se vouloir objective dans un contexte de rapport
de forces, dans une société où nos
prédécesseurs n'ont pas eu le
courage d'abolir le droit de grève puisque c'était cela,
la vraie conséquence de leur raisonnement.
Nous disons non. Nous disons qu'il n est pas question d'abolir le droit
de grève. Mais cependant, il faut prendre les moyens, en tant que
responsables de la santé publique, de faire en sorte que l'Etat,
ultimement, après avoir fait adopter une loi qu'il considère a
priori comme adhérable", si l'on veut, pour les travailleurs, que
l'Etat, ultimement, se réserve des pouvoirs précis pour essayer
de régler des situations précises et localisées.
En terminant, Mme le Président, je voudrais simplement souligner
que, comme le chef de l'Opposition l'a évoqué tout à
l'heure, il faut effectivement être très prudent. Je souhaite qu
en 1979, quand viendra cette négociation, nous n ayons pas à
déplorer le type d'événement que nous avons connu en 1976
et en 1972, et même en 1966. Il n'y a pas de garantie que cela puisse se
faire, mais il y a une chose au départ que ce gouvernement est
prêt à offrir, c'est une notion de confiance envers la
responsabilité de toutes les parties impliquées.
Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Le rapport de la commission
élue concernant le projet de loi 59 est-il adopté?
M. Brochu: Adopté.
M. Lavoie: Nous serions prêts à adopter le rapport
sur division et, si vous désirez appeler la troisième lecture
tout de suite, je pense qu'on serait prêt à voter sans
débat.
M. Charron: Enregistré ou pas?
M. Lavoie: Enregistré.
M. Charron: D'accord.
M. Lavoie: Sur division, le rapport.
M. Charron: J'appelle la troisième lecture, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Le rapport est adopté sur
division. Il y a consentement à ce que nous appelions la
troisième lecture immédiatement. M. le ministre du Travail et de
la Main-d'Oeuvre propose que soit maintenant lu la troisième fois le
projet de loi 59.
M. Charron: Mme le Président, puis-je proposer quelque
chose?
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Est-ce que les amis de l'Opposition ont l'intention
d'appeler un vote enregistré également sur la loi 55? Nous
pourrions peut-être faire les deux votes l'un à la suite de
l'autre.
M. Lavoie: Non.
M. Charron: Alors, appelons la troisième lecture du projet
de loi no 59. C'est parce que j essayais de grouper les deux votes.
Mme le Vice-Président: C'est la loi 59. Loi modifiant le
Code du travail.
M. Lavoie: Qu'on appelle les députés.
Mme le Vice-Président: Qu'on appelle les
députés.
(Suspension à 0 h 7)
(RepriseàOh 11)
Mise aux voix de la troisième lecture
Mme le Vice-Président: J'espère que vous ne verriez
pas d'objection à ce que nous appelions le vote immédiatement,
n'est-ce pas?
A l'ordre, veuillez prendre vos sièges s'il vous plaît!
Cette Assemblée est appelée à faire la mise aux
voix de la motion du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre pour que soit
maintenant lu la troisième fois le projet de loi no 59, Loi modifiant le
Code du travail. Que ceux qui sont en faveur veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Cardinal, Bédard, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture,
Johnson, O'Neill, Mme Ouellette. MM. de Belleval, Lessard, Proulx, Duhaime,
Tardif, Garon, Vaugeois, Michaud, Paquette, Alfred, Martel, Fallu. Rancourt,
Mme Leblanc, MM. Grégoire, Godin, Laplante, Bisaillon, Guay, Mercier,
Laberge, Marquis. Lacoste, Ouellette, Perron, Brassard, Gosselin, Lefebvre,
Lavigne, Dussault, Beauséjour, Desbiens, Baril, Boucher, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet.
Mme le Vice-Président: Contre.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Saindon, Saint-Germain, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte,
Ciaccia, Marchand, Pagé, Verreault, Springate, Biron, Grenier, Goulet,
Fontaine, Brochu, Dubois, Cordeau.
Mme le Vice-Président: Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 52 Contre: 26
Abstentions: 0
Mme le Vice-Président: Troisième lecture a-
doptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié le
projet de loi no 55
M. Charron: Mme le Président, je voudrais solliciter le
consentement de la Chambre pour que nous puissions prendre en
considération le rapport sur la loi 55 qui a été
déposé en cours de séance.
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Mme le Vice-Président: Y a-t-il consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
M. Lavoie: Nous serions prêts, oui, consentement.
Mme le Vice-Président: Consentement.
M. Lavoie: Pour ce qui est du rapport, c est sur division en ce
qui nous concerne. Nous serions prêts à terminer l'étude de
ce projet de loi par un vote enregistré, le même que celui qui
vient d'être exprimé en ce qui nous concerne.
M. Brochu: En ce qui nous concerne, Mme le Président, on
serait prêt à adopter le rapport sur division, sans vote
maintenant, et à passer à la troisième lecture avec le
même vote que celui qu'on vient de tenir sur le projet de loi no 59.
Mme le Vice-Président: Le rapport sur le projet de loi no
55 est donc adopté.
M. Lavoie: Sur division.
Troisième lecture
Mme le Vice-Président: Sur division. Avec le consentement
unanime, la troisième lecture est appelée et adoptée avec
le même vote que pour la loi 59.
M. Lavoie: C est bien cela.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Prise en considération du rapport de
la commission ayant étudié les
projets de loi nos 25, 27, 34, 42, 26,
32, 33, 23 et 24
M. Charron: Mme le Président, I'Assemblée a
été saisie d'un grand nombre de projets de loi concernant nos
concitoyens autochtones. Ils ont tous été étudiés
article par article. Le rapport a été présenté et
déposé en deux occasions, hier et aujourd hui, en cours de
séance. Est-ce que je puis proposer à I'Assemblée que nous
considérions I ensemble de ces projets de loi à la fois, au
moment de la prise en considération du rapport et de la troisième
lecture?
M. Lavoie: Nous sommes d'accord, Mme le Président, du fait
que I étude en deuxième lecture a été faite d une
manière groupée. Nous pouvons procéder de la même
façon.
M. Brochu: Cela va également en ce qui nous concerne, Mme
le Président.
Mme le Vice-Président: Consentement à ce que le
rapport concernant les neuf lois soit pris en considération en
même temps pour les neuf lois. Ce rapport...
M. Lavoie: Pour les fins du journal des Débats,
pourriez-vous peut-être donner juste les numéros des projets de
loi?
Mme le Vice-Président: D accord. Ce sont le projet de loi
no 25, Loi concernant l'Administration régionale crie, le projet de loi
no 27, Loi constituant la société Makivik, le projet de loi no
34, Loi concernant les autochtones cris et inuit, le projet de loi no 42, Loi
approuvant la Convention du Nord-Est québécois, le projet de loi
no 26, Loi concernant le Conseil régional de zone de la Baie James, le
projet de loi no 32, Loi constituant la Société des travaux de
correction du complexe La Grande, le projet de loi no 33, Loi constituant la
Société de développement autochtone de la Baie James; le
projet de loi no 23, Loi concernant les villages nordiques et I'Administration
régionale Kativik; le projet de loi no 24, Loi concernant les villages
cris. Le rapport concernant I ensemble de ces projets de loi est-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté, Mme le Président.
Troisième lecture
Mme le Vice-Président: Adopté. Avec le consentement
unanime de cette Assemblée, nous procédons maintenant à la
troisième lecture sur les mêmes neuf projets de loi.
M. Lavoie: Consentement accordé.
Mme le Vice-Président: Le consentement est
accordé.
M. John Ciaccia M. Ciaccia: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... hier soir ou tôt ce matin, nous avons
étudié article par article trois des projets de loi qui nous sont
soumis pour troisième lecture et nous avons aussi entendu certains
groupes qui ont fait des représentations sur les projets de loi.
Malgré les réticences de certains députés
"ministériaux "...
Des Voix: Ministériels.
M. Ciaccia: ... ministériels excusez-moi, il
est tard, il est minuit et quart, Mme le Président, et nous
sommes un peu fatigués j'ai dû insister pour qu'on continue
et qu'on étudie tous les projets de loi pour l'ensemble des autochtones
qui sont visés et qui font partie de l'ensemble de la baie James. Mme le
Président, si j'ai insisté pour qu'on procède à
l'étude de tous les projets de loi et qu'on ne remette pas à
l'automne un de ces projets de loi, c'est spécifiquement pour obliger le
gouvernement à assumer ses responsabilités.
Dans un discours assez éloquent que notre chef parlementaire de
l'Opposition officielle a fait ce matin, il a dit: Nous allons continuer de
nous défendre sur les principes et de défendre le gouvernement,
malgré lui s'il le faut, parce qu'il faut continuer de faire respecter
les droits du Québec. C'était un exemple, Mme le
Président, du respect non seulement des droits du Québec, mais
aussi des droits des autochtones et de la population du Québec. Pour
cette raison, j'ai insisté pour procéder à l'étude
de tous ces projets de loi. (0 h 20)
Mme le Président, je dois cependant admettre et peut-être
féliciter aussi le ministre des Affaires intergouvernementales pour
avoir pris ses responsabilités, finalement d'avoir réalisé
que c'était important, non seulement pour les autochtones, mais pour
l'ensemble du Québec que nous adoptions et que nous procédions
avec tous ces projets de loi qui mettent en application certains chapitres
importants de l'entente de la baie James.
Mme le Président, les objectifs de ces projets de loi entre
autres ont pour but de réduire l'impact, sur les autochtones, de
certains changements qui se produisent dans les régions nordiques. Ils
prévoient la réorganisation du territoire et ils créent un
précédent quant à l'administration régionale au
nord du 55e parallèle pour un territoire d'approximativement 200 000
milles carrés. Il sera administré par les résidents de ces
territoires qui sont majoritairement les Inuit du territoire.
En plus, ces projets de loi, en donnant effet à l'entente de la
baie James qui a été conclue le 11 novembre 1975, permettent aux
autochtones finalement de prendre eux-mêmes les décisions quant
à l'administration de leurs programmes et quant au développement
social, culturel et économique de leur communauté et de leur
peuple.
Mme le Président, il y a plusieurs précédents de
créés par cette entente. C'est une entente qui a
été négociée pendant plusieurs années et la
mise en application à cette date de certains aspects de l'entente va
donner un effet législatif et les organismes et outils pour permettre
aux autochtones de prendre leurs décisions quant au développement
de leur communauté. Cela va permettre aussi au Québec de
développer et d'administrer avec le consentement des gens et de la
population concernés.
Il y a d'autres projets de loi, il y a d'autres chapitres de l'entente
qui devront être mis en application. L'entente contient 31 chapitres et
il y a certaines dispositions de cette entente qui doivent être mises en
application spécifiquement quant à l'environnement,
spécifiquement aussi quant au régime de chasse et pêche
pour ces territoires. Quoique nous soyons heureux de voir que, finalement, le
gouvernement a accepté de prendre ses responsabilités quant
à l'entente, quant aux projets de loi qui sont déposés et
qui seront adoptés ce soir, nous souhaitons que le gouvernement, dans la
prochaine session, mette en application tous les autres aspects de cette
entente afin que, non seulement la lettre des projets de loi soit mise en
application, mais aussi l'esprit de l'entente.
Mme le Président, nous sommes heureux d être d accord, de
consentir à adopter ces projets de loi. Nous souhaitons que les parties
concernées travaillent ensemble et puissent, en mettant en application
cette entente, vraiment faire en sorte que les communautés
concernées travaillent avec I administration, avec les différents
ministères du Québec. Cest un précédent en ce sens
parce que, comme vous le savez, Mme le Président, sous notre
constitution, jusqu'à présent, cela a été le
gouvernement fédéral qui a eu juridiction sur les autochtones et
sur les terres réservées aux autochtones. Pour encourager et
permettre le développement de ces communautés, nous avons
insisté pour que les communautés travaillent avec
l'administration du Québec pour les différents problèmes,
soit dans léducation, soit dans les services sociaux, soit dans
l'administration de la justice, !e but, Mme le Président, étant
de pouvoir donner au Québec le titre final et complet sur un territoire
de 400 000 milles carrés qui représente les deux tiers du
Québec et permettre ainsi aux autochtones de prendre les
décisions sur les programmes et sur les prévisions de cette
entente qui les concerne.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, Mme le Président. Quelques mots seulement
pour rappeler que, lorsque la commission parlementaire s'est réunie et a
entendu les représentants des populations qui sont concernées par
ces projets de loi, beaucoup de recommandations ont été faites,
notamment par le secteur des coopératives qui sont organisées sur
ces territoires depuis au moins une vingtaine d années.
Alors, j aimerais tout simplement dire à cette Chambre que. si
nous avions des réserves sur le projet de loi no 27 comme tel, à
partir du moment où le ministre a accepté d'amender ce projet de
loi pour que les représentants des coopératives puissent faire
partie de la société, puissent faire partie du conseil
d'administration de la société, je pense quand même qu'une
ouverture a été faite pour permettre aux représentants de
ces mouvements, qui ont contribué grandement à leur
développement économique depuis ces dernières
années, de pouvoir continuer à jouer un rôle positif dans
l'avenir.
Mme le Président, je ne serai pas plus long dans mon
intervention, mais je veux quand même
dire à Ihonorable ministre que je tiens, en ce qui me concerne,
à le féliciter pour son ouverture d esprit. Je pense que mes
propos sont largement endossés par mes collègues de I Union
Nationale.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le chef parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Vous me permettrez, à la veille
de l'adoption de ce train de lois, de souligner je pense que ce serait
de ma part une omission que je ne me pardonnerais pas le travail immense
accompli par le député de Mont-Royal dans la préparation
de cette entente qui a été réalisée sous le
gouvernement précédent et à laquelle on donne suite
présentement. Le député de Mont-Royal a consacré un
temps considérable, des énergies, des efforts qu il me
plaît de souligner. Je suis heureux de voir qu'il est ici aujourd'hui
avec nous et qu'il peut participer, comme il l'a fait ce soir, au cours de I
étude de ce train de neuf projets de loi. Je pense qu'il mérite
de la part des deux côtés de la Chambre une approbation pour le
travail qu'il a fait. (0 h 30)
Mme le Vice-Président: M. le ministre...
M. Morin (Louis-Hébert): Mme le Président...
Mme le Vice-Président: ... des Affaires
intergouvernementales.
M. Claude Morin
M. Morin (Louis-Hébert): Je ne sais pas si vous le savez,
mais il existe, dans les règlements de cette Chambre, un article
inquiétant. C'est l'article 94-1 qui donne au proposeur d'une loi la
possibilité de parler une heure sur chaque projet de loi.
M. Charron: II y en a neuf. Une Voix: Salut.
M. Morin (Louis-Hébert): II y a neuf projets de loi en
tout...
M. Lavoie: Et nous aurons accordé notre consentement pour
que ce soit neuf heures de suite.
M. Morin (Louis-Hébert): Cependant, je n'en ai que quatre
sous mon nom et d'autres collègues se sont chargés, comme le
ministre des Affaires municipales par exemple, des autres projets, le ministre
des Richesses naturelles également de même que le ministre
délégué à l'énergie.
Je vais être très bref, à moins qu'il n'y ait une
demande populaire intense pour que j'utilise le temps qui m'est imparti. Mais
je ne pense pas que cela se manifeste tellement précisément.
Par conséquent, Mme le Président, je veux simplement, en
quelques mots, et vraiment rapidement, dire deux choses. La première,
c'est que le gouvernement du Québec, par ces lois, s'acquitte de ses
obligations et il a respecté l'engagement qu'il avait pris. Je ne veux
pas répéter ce que le député de Mont-Royal a
mentionné et je ne veux pas non plus faire l'historique de ces lois,
mais nous avons assuré en cette matière une continuité qui
fait qu'aujourd'hui, une des questions, un des problèmes qui existait
depuis longtemps est désormais réglé. Tout n'est
peut-être pas parfait, nous le savons. Mais moi, personnellement, parce
que je suis entré tard dans ce dossier précis, je suis quand
même heureux, modestement tout de même, d'avoir apporté ma
contribution à la solution de ce problème. C'est la
première chose que je voulais dire.
La deuxième, c'est que je veux remercier ceux qui ont
travaillé avec moi je parle de ma commission parce que je ne
connais pas les membres des autres commissions les députés
du gouvernement, par exemple celui de Mercier, celui de Duplessis, celui de
Rosemont, le ministre de la Fonction publique qui est venu hier malgré
d'autres occupations. Il y a évidemment le ministre des Affaires
municipales que j'ai mentionné tantôt et le ministre
délégué à l'énergie, de même que le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières qui est venu également.
M. Levesque (Bonaventure): ...
M. Morin (Louis-Hébert): Et je veux aussi remercier le
député de Mont-Royal, le député de Bellechasse et
le député de Beauce-Sud. Nous avons travaillé
jusqu'à deux heures moins quart à peu près, hier matin,
et, Mme le Président, je voudrais tout simplement, encore une fois, dire
que je suis personnellement heureux d'avoir eu cette contribution. Le
gouvernement du Québec s est acquitté d'une responsabilité
importante et d une obligation qu'il avait envers une partie de sa
population.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Mme le Président, c'est simplement pour
soulever une question de privilège, à la suite des paroles qui
ont été dites par le député de Mont-Royal et ayant
trait à la dissidence des députés ministériels en
commission parlementaire.
D'abord, je voudrais expliquer à cette Chambre et être bien
clair sur le fait que nous étions dissidents, assurément, sur la
loi 27 seulement, ce qu'il n'a pas dit.
La deuxième chose, c'est que, si nous étions dissidents,
c'était justement que nous avions une certaine croyance selon laquelle
les millions de dollars qui seraient distribués à un
organisme
nuiraient peut-être aux coopératives du
Nouveau-Québec. C'est la seule raison pour laquelle nous étions
dissidents, Mme le Président. Merci.
Mme le Vice-Président: Je pense, M. le
député de Duplessis, que votre question de privilège
aurait pu prendre l'allure d'une intervention. Mais, de toute façon,
à moins qu'il n'y ait d'objection, je pourrais appeler la
troisième lecture des différents projets de loi de façon
groupée, comme nous l'avons fait.
M. Lavoie: Nous sommes d'accord en ce qui nous concerne.
M. Goulet: D'accord, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Vous n'y voyez pas
d'inconvénients? Il n'y a pas d'objection. Les motions de
troisième lecture pour les projets de loi nos 25, 27, 34, 42, 26, 32,
33, 23 et 24 sont-elles adoptées?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
M. Roy: Adopté.
Mme le Vice-Président: Troisième lecture,
adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Prise en considération du rapport sur le projet
de loi no 204
M. Charron: Mme le Président, la loi 204 a
été étudiée en commission. Il s'agit d'un projet de
loi privé au nom du député de Jonquière, qui a
été étudié en commission. Je voudrais solliciter de
la Chambre I'occasion d adopter le rapport de la commission et, bien sûr,
de proposer les deuxième et troisième lectures de ce projet de
loi. D'abord motion pour adopter le rapport de la commission.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Lavoie: II n'y a pas d amendement? M. Charron: Non.
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Consentement. Le rapport
adopté.
Deuxième et troisième lectures
M. Charron: Motion de deuxième lecture...
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Motion de troisième lecture?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Prise en considération du rapport sur le projet
de loi no 246
M. Charron: La même chose pour I autre projet de loi qui a
été étudié cet après-midi, le projet de loi
246 concernant I Université de Sherbrooke. Je fais motion pour que le
rapport de la commission qui a été déposé en cours
de séance aujourd hui soit adopté.
Le Vice-Président: Est-ce que le rapport sera
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Deuxième et troisième lectures
M. Charron: Motion pour que la deuxième lecture de ce
projet de loi soit adoptée.
Le Vice-Président: Consentement?
M. Lavoie: Consentement et adopté.
Le Vice-Président:
Adoption.
M. Charron: Même chose pour la troisième lecture. M.
le Président.
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Consentement et adoption.
Prise en considération du rapport sur le projet
de loi no 40
M. Charron: L avant-dernier. Je voudrais proposer le consentement
pour la prise en considération du rapport concernant létude de la
loi 40. qui a été déposé en cours de
séance.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement?
M. Lavoie: Consentement.
Le Vice-Président: Consentement accordé. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je vous prie d appeler la prise en
considération de ce rapport.
Le Vice-Président: Quel est I article?
M. Charron: II est trop tard pour avoir des articles. M. le
Président, cela a été déposé en cours de
séance.
Le Vice-Président: Comme il n est pas au feuilleton, je
fais mon possible! Est-ce que la prise en considération de ce rapport
fait en sorte que ce rapport soit adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Je sollicite maintenant le consentement pour que ce
projet de loi soit étudié en troisième lecture.
M. Lavoie: Le leader du gouvernement est devenu le solliciteur du
Québec! Je ne l'ai jamais vu autant solliciter que ce soir!
M. Charron: C'est vrai!
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement, je m'excuse, vous parlez du projet de loi 40?
M. Charron: Oui, je propose...
Le Vice-Président: La deuxième lecture?
M. Charron: Je propose que cette Chambre consente à ce que
nous procédions à la troisième lecture.
M. Lavoie: Consentement.
Le Vice-Président: Consentement.
M. Charron: Je propose la troisième lecture du projet de
loi.
M. Lavoie: Non, c'est le ministre qui propose.
M. Charron: Que vous appeliez...
Troisième lecture
Le Vice-Président: M. le ministre de la Justice propose la
troisième lecture du projet de loi no 40, Loi modifiant la Loi des
tribunaux judiciaires et le Code de procédure civile et instituant le
Conseil de la magistrature.
M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, je ne cacherai pas ma
satisfaction de constater que nous sommes rendus ce soir à la
troisième lecture de ce projet de loi que je crois important non
seulement pour la société judiciaire québécoise
mais également important pour lensemble des citoyens
québécois.
Je ne cacherai pas ma satisfaction, parce que, à un moment
donné, j'ai cru avec raison, comme dirait le leader du gouvernement,
qu'il était possible que nous ne puissions nous rendre jusque-là
au cours de la présente session. Je dois dire que si cela a
été possible, c est que, lors de l'étude de ce projet de
loi article par article, j'ai pu compter sur la collaboration entière du
député de Marguerite-Bourgeoys et du député de
Nicolet-Yamaska, non seulement à cause de leur consentement pour
procéder avec célérité et nous permettre même
d'étudier ce projet jusqu à 2 heures du matin, mais surtout
je tiens à le souligner grâce à un travail
positif de collaboration de ces deux représentants de l'Opposition,
ainsi que de mes collègues de la commission parlementaire, afin
d'améliorer le projet de loi par des suggestions et des amendements que
nous avons trouvés fort appropriés. Je pense que ce sont des
choses qu'il faut dire, parce que c'est la stricte réalité. (0 h
40)
M. le Président, sans être une réforme globale de
l'organisation des tribunaux, le projet de loi no 40, qui modifie la Loi des
tribunaux judiciaires, comporte quand même plusieurs
éléments d'importance qui touchent directement la nomination, le
traitement et la pension des juges nommés par le gouvernement du
Québec.
Le projet de loi institue, en outre, et c'est là, à mon
avis, la réforme majeure de ce projet de loi, un organisme attendu
depuis de nombreuses années, à savoir le Conseil de la
magistrature. Le Conseil de la magistrature, dont les membres ne sont pas issus
uniquement de la magistrature, aura plusieurs fonctions, entre autres, celle
d'organiser des programmes de perfectionnement et d'adopter un Code de
déontologie. Les juges, je pense que nous sommes tous d'accord
là-dessus, ne sauraient être soumis à aucune pression
lorsqu'ils rendent leurs décisions, et ils doivent pouvoir juger en
toute liberté et sans aucune contrainte. Il faut cependant j'ai
eu l'occasion de le dire éviter l'érosion de
l'éthique et de l'image d'impartialité et
d'intégrité que doit avoir et doit toujours conserver la
magistrature.
M. le Président, en outre des fonctions du Conseil de la
magistrature et ce ne sera pas la moindre il y aura celle
d'adopter par règlement un Code de déontologie. Ce code
déterminera les règles de conduite et les devoirs des juges
envers le public, les parties en instance et les avocats; il devra indiquer les
actes ou les omissions dérogatoires et les fonctions ou les
activités qu'un juge peut exercer à titre gratuit, sans aller
à l'encontre de la règle de l'exclusivité des fonctions
judiciaires.
Les juges des différentes cours seront consultés lors de
l'élaboration de ce code, non seulement le Conseil de la magistrature
aura à se pencher sur ce projet, mais, et nous avons eu l'occasion de le
souligner en commission parlementaire, mes collègues aussi, et nous en
sommes convaincus, il donnera lieu à ce qu'une consultation de tous les
juges du Québec soit menée à bonne fin.
M. le Président, ce projet de loi prévoit aussi et je
crois que c'est très important, des modes et des critères de
nomination de juges.
Les juges de la Cour provinciale, des Sessions et du Tribunal de la
jeunesse sont nommés par le gouvernement, nous le savons. Le
ministère de la Justice a mis sur pied, depuis plus d'un an maintenant,
un mécanisme de recrutement et de sélection des juges qui a bien
fonctionné et qui nous a permis de procéder à un choix
parmi un nombre de candidats à l'égard desquels nous avons des
garanties d'aptitudes et de compétence. J'ai même
eu I occasion de le mentionner en commission parlementaire. Même
s'il était prématuré de fixer ce mécanisme à
l'intérieur d'une loi, puisqu'il est encore en période de rodage,
il nous est apparu essentiel de manifester dans la loi elle-même
cela, je pense que c'est une première dans ce domaine notre
volonté d'assurer, par un règlement, les principes de base de
sélection et de nomination des juges, ce qui enlèvera, j'en suis
convaincu, une grande partie du discrétionnaire qui était
accolé à ces nominations de juges et permettra, nous
l'espérons, d'augmenter de plus en plus la crédibilité
à l'endroit du monde judiciaire et des juges qui auront à assumer
de grandes responsabilités.
M. le Président, il y a également un aspect important de
ce projet de loi qui concerne le traitement et la pension des juges. Nous
avons, par règlement, décidé que les hausses de traitement
des juges seront désormais reliées automatiquement à
celles des cadres supérieurs. Je sais que ce n'est peut-être pas
la formule parfaite il y aura toujours des possibilités
d'améliorer des formules mais je crois sincèrement que
nous avons répondu à un impératif qui existait
déjà depuis plusieurs années.
En ce qui concerne les pensions, ce projet de loi propose
l'établissement d'un régime dont la principale
caractéristique nouvelle est l'introduction du caractère
contributif du régime. Cette normalisation du régime par rapport
à ce qui existe dans la fonction publique nous permet d'en
améliorer certains aspects d'une façon très sensible.
Comme pour tous les régimes contributifs, la rente sera calculée
en fonction du traitement et du nombre d'années d'exercice de la
fonction judiciaire et elle sera, par la suite, indexée.
M. le Président, je crois que ce projet de loi est un pas
important vers d'autres étapes qui s'imposent au niveau de la
réforme globale de nos tribunaux judiciaires et j'invite, en remerciant
encore une fois mes collègues de l'Opposition qui ont accepté de
travailler à des heures tardives hier soir afin de mener à bien
l'étude de ce projet de loi article par article, mes collègues de
l'Assemblée nationale à voter pour ce projet de loi.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, étant donné
l'heure tardive, je vais m'en tenir à l'essentiel. Relativement à
la collaboration que le ministre mentionnait tantôt, je dois lui dire que
nous l'avons fait tout d'abord au nom des justiciables et au nom du respect que
nous devons aux juges. Nous y croyons très fort de ce
côté-ci et je suis sûr que les députés aussi,
malgré des débats qu'on a qualifiés de houleux dans le
passé, voudront maintenant s'associer à nous dans ce
sentiment.
La deuxième raison, c'est que le ministre avait fait une
ouverture considérable à l'encontre d'une conception que nous
avions qualifiée de mainmise de l'exécutif sur le judiciaire lors
de l'étude de deuxième lecture.
La troisième raison, M. le Président, c'est que je ne
voulais pas que ce projet de loi, qui était apporté, tout aussi
important qu'il soit, à la fin de cette partie de la session, je ne
voulais pas, dis-je, que Ion tienne rigueur au ministre de la Justice du fait
que ce projet de loi était apporté dans les deux derniers jours
de notre session, étant donné qu'il avait accepté
d'assumer la responsabilité d'une autre loi, à pied levé.
Même si nous ne sommes pas d'accord avec sa contribution à cette
commission parlementaire sur la loi 92, nous ne voulions pas que cela lui soit
reproché dans le sens que ce projet de loi important ne soit pas
adopté, étant donné qu'il avait dû consacrer
beaucoup de temps à la loi 92. C'est une des raisons qui nous ont
dicté notre conduite dans la collaboration que le ministre a
soulignée tantôt. (0 h 50)
En deuxième lecture, nous avons voté contre ce projet de
loi, M. le Président, et nous avons longuement expliqué pourquoi.
Nous n'allons pas nous étendre sur cela ce soir. Maintenant, les
nombreux amendements que le ministre a apportés ont corrigé dans
l'ensemble, mais pas complètement nous ne sommes pas d'accord
avec tous les amendements; d'ailleurs, le rapport que vous avez lu
sûrement, M. le Président, vous l'avez vu, indique que plusieurs
amendements et plusieurs articles ont été adoptés sur
division cette impression de mainmise de l'exécutif sur le
judiciaire. C'est la raison pour laquelle nous allons considérer notre
vote de façon différente en troisième lecture, M. le
Président.
Ces amendements ont pour effet, dans la plupart des cas,
d'écarter la décision du ministre ou de l'exécutif de
l'administration judiciaire. En ce qui concerne la rémunération
des juges, nous sommes en désaccord avec ce principe, mais le principe a
été accepté par cette Chambre. Heureusement que la
décision du ministre d'associer l'augmentation de la
rémunération à une formule qui empêche le
gouvernement de s'inscrire directement dans la décision écarte,
encore là, l'influence de l'exécutif, quoique nous aurions
souhaité une sorte d'indexation, une formule plus juste pour les juges.
Le ministre n'a pas cru bon d'accepter notre suggestion ou les
représentations de l'Union Nationale en particulier à cet effet,
mais je pense que cette approche du gouvernement marque un changement important
dans l'attitude du Parti québécois relativement à la
rémunération des juges.
Nous avons dénoncé la conduite du Parti
québécois dans le passé à cet égard. Nous
l'avons fait longuement. Je pense que le message a été
reçu, M. le Président. De notre côté, nous allons
nous inspirer d'un principe plus noble quant à notre vote de
troisième lecture. Même si quelques amendements nous paraissent
encore inspirés d'un principe d'ingérence dans une certaine
mesure, d'un manque de confiance dans les juges en général, en ce
qui concerne, par exemple, l'adoption du code de déontologie, certaines
améliorations sont très sérieuses.
Compte tenu de ces amendements et compte tenu surtout, je dirais au
moins pour la moitié, du
fait que nous voulons revaloriser la fonction de juge au Québec,
nous voulons par notre vote participer à la création d'un climat
de confiance. Il ne s'agit pas seulement d'un climat de confiance de la part du
législateur à l'égard du juge, mais, ce qui
peut-être est encore plus essentiel, plus important à ce stade-ci
de l'évolution de notre justice, M. le Président, dans le but de
créer un climat de confiance du juge à l'égard du pouvoir
exécutif et du pouvoir législatif, nous voulons par notre vote
participer et j'espère que l'Opposition de l'Union Nationale
entendra notre message là-dessus à construire une
unanimité dans ce message que je voudrais que notre vote transporte aux
juges, à savoir que nous avons confiance en eux en général
et que nous voulons qu'ils conservent ou qu'ils reprennent confiance
malgré les imperfections que ce projet de loi contient et que nous avons
combattues. Nous voulons non pas faire sur le dos des juges le débat que
nous faisons actuellement, mais nous voulons que notre débat participe
à la revalorisation de la fonction de juge au Québec et c'est la
raison principale pour laquelle, M. le Président, nous allons voter pour
le projet de loi en troisième lecture.
Le Vice-Président: Merci. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, le ministre de la Justice,
lors de l'étude en commission parlementaire en deuxième lecture,
nous a apporté de nombreux amendements à ce projet de loi qui
lont amélioré sous différents aspects. Je veux vous
assurer. M. le Président, que l'Union Nationale est en faveur de
certaines dispositions qui ont été adoptées dans ce projet
de loi, entre autres le mode de nomination des juges est inscrit et
prévu dans la loi. la formation d un Conseil de la magistrature, I
adoption d un principe de code de déontologie qui pourrait être
adopté par règlement, que les pensions des juges soient
indexées, qu'il y ait également des programmes de
perfectionnement qui puissent être offerts aux juges.
Nous sommes également pour le principe de I augmentation du
salaire des juges indexée à chaque année. Cependant, bien
que nous ayons donné toute notre collaboration lors de I'étude
article par article en deuxième lecture pour que ce projet de loi puisse
être adopté dès cette partie de session, il reste un
principe sur lequel nous ne pouvons être d accord avec le gouvernement.
Il s agit, M. le Président, du fait que le salaire des juges soit
indexé par voie d arrêté en conseil, par le Conseil des
ministres. Nous pensons et nous en sommes convaincus, nous maintenons toujours
notre position qu il s agit là essentiellement d'une ingérence du
pouvoir exécutif dans le pouvoir judiciaire.
Je comprends très mal la position du Parti libéral
là-dessus, parce qu'ils viennent de nous expliquer qu'ils sont eux aussi
contre ce principe, mais que, quand même, ils vont voter pour la
troisième lecture de ce projet de loi.
Je voudrais vous réaffirmer que, n'eût été
cette façon de procéder, nous aurions voté favorablement
à ce projet de loi. Nous avons été contre le principe et
nous avons fait des suggestions positives, nous avons proposé au
ministre d'inscrire la formule d indexation du salaire des juges directement
dans la loi. comme cela se fait dans la Loi de la Législature pour la
question du salaire des députés, et ce dans le but
d'éviter que l'intervention de I exécutif se fasse dans le
pouvoir judiciaire, dans le but également d éviter que des
débats politiques se fassent sur le dos des juges à chaque fois
qu'on veut leur proposer une augmentation de traitement.
M. le Président, nous ne pouvons démordre, nous ne pouvons
céder sur ce principe. Bien que nous aurions aimé, en vue de
favoriser une meilleure confiance dans notre système judiciaire, voter
en faveur de ce projet de loi, malheureusement, nous ne pourrons le faire.
Là-dessus, j'ai la confiance et I'appui de tous mes collègues de
I Union Nationale et j'ai également l'appui d'un autre parlementaire
qui, celui-là, est situé à votre droite. M. le
Président. Je voudrais le citer, c est enregistré dans le journal
des Débats: J'espère que, dans les solutions recherchées
éventuellement quant au traitement des juges, on tâchera de
trouver une formule analogue peut-être plus adaptée en ce qui
concerne les juges, mais une formule analogue à celle qui, actuellement,
est en train de se discuter pour les députés." Celui qui a
prononcé ces paroles, en 1974, est actuellement le leader du
gouvernement, M. Robert Burns.
M. le Président, à cause de tout cela, nous devrons
malheureusement voter contre ce projet de loi en troisième lecture.
Le Vice-Président: II n y a pas de réplique?
Des Voix: Adopté.
M. Fontaine: Sur division.
M. Bédard: Non, M. le Président.
Le Vice-Président: Je m'excuse de certains lapsus. Si vous
regardiez le feuilleton rendu à cette heure avec tout ce qui se passe,
vous feriez quelques erreurs.
La motion de troisième lecture du projet de loi no 40, Loi
modifiant la Loi des tribunaux judiciaires et le Code de procédure
civile et instituant le Conseil de la magistrature.
Une Voix: Vote enregistré.
Le Vice-Président: Vote enregistré. Que I on
appelle les députés.
(Suspension à 1 heure)
(Reprise à 1 h 4)
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef
parlementaire de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, à cause
de l'heure tardive, je n'ai pas cru bon, ainsi que d'autres de mes
collègues, d'intervenir dans le débat. Cependant, je pense que,
lorsque vous appelez la troisième lecture, il serait bon de rappeler au
vice-premier ministre et député de Sauvé, au ministre des
Transports et député de Saguenay et au leader du gouvernement
qu'ils votent présentement relativement à la hausse du salaire
des juges.
M. Lalonde: D'à peu près cinq mille.
M. Lévesque (Taillon): Ce n'est pas long.
Mise aux voix de la troisième lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J'appelle
maintenant la mise aux voix de la motion de troisième lecture de M. le
ministre de la Justice relativement au projet de loi 40, Loi modifiant la Loi
des tribunaux judiciaires et le Code de procédure civile et instituant
le Conseil de la magistrature. Que ceux et celles qui sont en faveur de cette
motion de troisième lecture veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Johnson,
O'Neill, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Lessard, Proulx, Duhaime, Tardif,
Garon, Vaugeois, Michaud, Paquette, Marcoux, Alfred, Chevrette, Martel, Fallu,
Rancourt, Mme Leblanc, MM. Grégoire, Godin, Laplante, Bisaillon, Guay,
Mercier, Laberge, Marquis Lacoste, Ouellette, Perron, Gosselin, Lefebvre,
Lavigne, Dussault, Beauséjour, Desbiens, Baril, Bordeleau, Boucher,
Gravel, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet,
Levesque (Bonaventure), Lavoie, Vaillancourt (Orford), Lalonde, Goldbloom,
Saindon, Saint-Germain, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson,
Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Pagé, Verreault,
Springate, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui... Je voudrais
signaler à l'Assemblée la présence du député
de Saint-Laurent dans les galeries. Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Biron, Grenier,
Goulet, Fontaine, Brochu, Dubois, Cordeau.
Le Président: Abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 74 Contre: 7
Abstentions: 0
Le Président: Cette motion est adoptée.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez dit 7% ou 8%? Cela aurait-il
déjà baissé?
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Projet de toi no 92 Troisième lecture
M. Charron: M. le Président, je voudrais solliciter
à nouveau le consentement de cette assemblée pour que nous
puissions procéder à la troisième lecture du projet de loi
92 sur la consultation populaire.
M. Lavoie: II est pas mal tard.
M. Lalonde: Vous ne trouvez pas qu il est tard un peu?
Le Président: II est trop tard, M. le leader parlementaire
du gouvernement, il est trop tard.
Des Voix: Consentement. Adopté. M. Charron: Merci
beaucoup.
Le Président: Consentement, M. le leader du gouvernement.
Est-ce que cette motion de troisième lecture relativement à la
Loi modifiant la Loi sur...
Est-ce que cette motion de troisième lecture relativement au
projet de loi no 92 sera adoptée?
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, même si le
règlement qui nous régit m accorde un droit de parole d'une
heure, au nom de lOpposition officielle...
M. Lalonde: II va prendre seulement trois quarts d heure.
M. Lavoie: ... je pense bien que je pourrai limiter mes propos
à une période plus acceptable et plus convenable.
Des Voix: Consentement.
M. Lavoie: M. le Président, nous avons l'im-pression que
le ministre des Finances a fait une évaluation trop sommaire et beaucoup
trop confiante de la portée de ce projet de loi.
Cet après-midi, sur le débat lors de la prise en
considération du rapport, hier, il y a quelques heures, le ministre nous
accusait d avoir refusé notre approbation à la motion de
deuxième lecture. Je pense que je pourrai me permettre de lui donner les
raisons, même si nous avions déjà fourni ces raisons lors
du débat de deuxième lecture. (1 h 10)
La position du Parti libéral, de lOpposition officielle, je
pense, a été bien claire, bien établie, dès
l'été de l'nnée dernière, lors du
dépôt du livre blanc. Nous avions voté contre parce que
nous considérions et nous considérons encore que le gouvernement
aurait dû procéder par une loi spéciale au lieu d une
loi-cadre.
Nous considérions et nous considérons encore qu'une
question aussi capitale, aussi importante pour tous les
Québécois, en vue d'implanter le mécanisme qui permettra
aux Québécois de prendre la décision la plus importante de
leur histoire méritait une loi spéciale. D'ailleurs, le ministre
de la Justice nous a accusés d'avoir trop particularisé ce projet
de loi lors de nos amendements. Mais je pense que celui qui nous a donné
le plus raison d'avoir particularisé ce projet de loi, c'est le
député de Saint-Jacques lors de son intervention de cet
après-midi, une intervention, je dirais, remarquée, mais pas
nécessairement remarquable. Elle était plutôt du genre
"Saint-Jean-Baptis-tard," dans une salle surchauffée, où un tel
discours aurait eu sa place, où, en deux tranches, une de dix minutes et
une autre de vingt minutes, il nous a entretenu uniquement de l'avenir
constitutionnel, de l'avenir utopique du Québec.
Nous croyons, à cause de notre tradition, que les occasions de
permettre à la population et nous sommes d'accord sur le
référendum qui doit se tenir sur l'avenir constitutionnel du
Québec, nous sommes d'accord et nous désirons ce
référendum le plus rapidement possible nous sommes en
faveur, à l'occasion, dans des circonstances exceptionnelles, de
consulter la population, mais, avec la courte expérience que j'ai, je ne
me rappelle pas, depuis une vingtaine d'années, combien d'occasions se
seraient présentées pour se servir de cet instrument de
démocratie directe. Et si le Parlement peut adopter, dans une
année, environ 150 ou 200 lois, s'il se présente à
l'occasion, une fois tous les cinq, sept ou dix ans, l'occasion de consulter la
population sur un sujet bien précis, je pense qu'on est capable
d'adopter, à ces occasions, des lois spécifiques.
Nous avons cette tradition du parlementarisme britannique. On a beau
chialer contre ce système, on a beau ne pas l'apprécier, je pense
qu'aujourd'hui, on a l'occasion, brièvement ce soir, entre
parenthèses, en faisant une courte digression, de voir comment on
apprécie ce système dans une occasion comme celle d'aujourd'hui
où, même avec une liberté de parole assez large qui est
normale, nous réalisons qu'en 56 jours de session, depuis le mois de
février, le Parlement a produit 40, 50 lois. A l'automne, nous
siégerons encore et, encore là, nous adopterons 40 ou 50 lois. Je
crois qu'il serait assez facile, quand l'occasion se présenterait,
d'aller consulter la population; avant de s'habituer, d'ailleurs, à ce
régime de consultation directe, on pourrait vivre une ou deux
consultations spécifiques. Je serais bien surpris, surtout que c'est un
instrument qui est assez dispendieux, cela peut certainement aller entre $10
millions ou $15 millions chaque fois qu'on consulterait la population... Ce
sont les dépenses normales d'une élection
générale.
L'Angleterre a passé une loi spécifique, en 1975, pour son
appartenance au Marché Commun; elle vient d'adopter, il y a quelques
mois à peine, une autre loi spécifique, Scotland 1978, pour
décider d'un gouvernement régional en Ecosse. Le ministre pourra
me répondre tout à l'heure, mais à moins qu'il n'ait eu
des nouvelles d'Angleterre de- puis 24 heures, il n'est pas question de passer
une loi-cadre. En Australie, il y en a eu un en 1933, justement sur
l'indépendance de l'Australie occidentale. Ce fut une loi
spécifique.
Pour toutes ces raisons, nous croyons, à cause du débat
intéressant, capital qui se déroule actuellement que le
gouvernement aurait dû adopter une loi spécifique. La raison pour
laquelle nous avons voté contre en deuxième lecture, c'est qu'il
y avait des modalités qui se comparent à des principes. Entre
autres, lors de la rédaction de la loi 92, il n'y avait pas d'appel des
décisions du Conseil du référendum. Ce fameux Conseil du
référendum, tel que la loi était rédigée,
était imprégné d'une intervention cela a d'ailleurs
été modifié en cours de route marquée de
l'exécutif qui choisissait deux membres du Conseil du
référendum, et appointait des juges pour devenir des personas
designatas comme membres. Cela a été modifié en cours de
route. Il n'y avait pas d'appel des décisions du Conseil du
référendum. C'était plus que des modalités,
c'étaient des principes. Il y avait des éléments de
clôture. Par la suite, le ministre a voulu nous amener une
deuxième clôture sur les projets de loi. Je nous félicite
et je le félicite que cette nouvelle disposition n'apparaisse plus dans
ce projet de loi.
Il y a une dernière chose contre laquelle nous allons voter en
troisième lecture. Nous nous opposerons aux contraintes, aux
contrôles des fameux comités nationaux où je
préviens le ministre qu'à mon humble opinion il va trop loin dans
ce contrôle absolu sous le bel étendard des chances égales.
J'ai des doutes, je suis envahi de doutes au point de vue juridique, au point
de vue de notre tradition, au point de vue de la jurisprudence, sur cette
contrainte des comités nationaux. C'est bien pour cette raison que nous
avons voté contre en deuxième lecture et que nous voterons encore
contre en troisième lecture.
Pour les fins du journal des Débats, je crois que le ministre n'a
pas répondu et le gouvernement n'a pas répondu à toutes
les interrogations évoquées par les commentaires de la Commission
des droits de la personne. Je ne voudrais pas répéter les cinq
passages qui demeurent encore dans les neuf pages du commentaire de cette
commission. Il y a cinq passages très délicats mentionnés
par cette commission. Je vais n'en mentionner que deux, pour qu'ils demeurent
enregistrés sur ce débat de troisième lecture.
A la première page des commentaires, il est dit, suite aux
premiers commentaires, lors du livre blanc de cette commission, dans le
deuxième rapport: "Après la rédaction du projet de loi no
92, les écueils par rapport aux droits et libertés de la personne
qui avaient été relevés à propos du livre blanc
n'ont pas complètement disparu du projet de loi." Je vois le ministre
qui va me parler de ses organismes affiliés. Je vous dis que vous
n'effacez pas toutes les inquiétudes de la commission.
M. Bédard: C'est une suggestion de la Commission des
droits de la personne.
M. Lavoie: Je voudrais citer uniquement un
deuxième passage, à la page 8. Dans le bloc où on
parle des organismes affiliés il est dit: "L'équation difficile
entre plusieurs droits et libertés qu'a tenté de réaliser
le gouvernement dans ce projet de loi présente encore des inconnues qui
empêchent la commission de se prononcer catégoriquement sur son
succès ou son échec. Les objectifs sont louables, la
mécanique de la mise en oeuvre est précise, mais tout cela
peut-il fonctionner sans danger pour les libertés d'opinion,
d'expression ou d'association? C'est la question que la commission se permet de
poser de nouveau au gouvernement en lui recommandant une dernière fois
la plus grande prudence dans la voie difficile où il s'est
engagé." (1 h 20)
M. le Président, je m'adresse encore une fois au premier
ministre, au chef d'Etat du Québec. Cela nous a permis, depuis un an, de
devenir pratiquement des experts un peu de la question
référendaire. La réaction que j'ai aujourd'hui,
après un an d'étude, c'est que cette opération
référendaire est un instrument démocratique très
délicat et très fragile. On l'a vu en France, à
l'époque gaullienne où cela devenait des plébiscites;
souvent ce n'est plus la question qui est importante mais on juge sur la
tête d'un gouvernement ou d'un chef d'Etat. Le gouvernement a voulu
c'est habile de sa part mêler la population: c'est une
espèce de maquillage. Cela paraît toujours bien de dire: Nous
voulons une loi-cadre pour pouvoir consulter le plus souvent possible la
population, mais ce n'est pas tout à fait suivant notre tradition et nos
habitudes. On sait que, dans notre système constitutionnel de tradition
britannique, on est habitué à élire des gouvernements qui
prennent des décisions bonnes ou mauvaises. Au bout de quatre ans, si on
est satisfait, on les retourne au pouvoir et, si on n'est pas satisfait, on les
remplace par d'autres. J'ai de forts doutes que cette consultation devienne
fréquente dans notre tradition, je verrai et l'avenir nous le
montrera.
Je me demande si le gouvernement, sous ce beau parapluie de consultation
populaire, n'aurait pas dû faire adopter parmi ses premières
législations la question référendaire et soumettre
possiblement la loi 101 ou la loi 67 à cette consultation. On verra tout
prochainement si on soumettra si vous êtes tellement à
l'écoute de la population à la consultation populaire une
réforme du financement municipal qui touche tous les citoyens du
Québec, qui affecte 1500 municipalités et je ne sais combien de
commissions scolaires. On verra si vous voulez vraiment consulter et faire
participer la population.
C'est une des raisons pour lesquelles votre projet de loi, vous allez
l'avoir ce soir. Vous aurez l'instrument et vous consulterez la population sur
la réforme du financement municipal avec les implications pour les
commissions scolaires. Vous consulterez la population sur le zonage agricole;
cela touche une très grande partie du territoire du Québec. On
verra. Vous avez sans doute, dans votre euphorie, des grands projets de loi qui
touchent les tripes des Québécois; bien, vous irez au
référendum.
Je dis, M. le Président, que cet instrument doit être
efficace. Pour être efficace, cela doit être simple, la question
référendaire, le plus facile possible, le moins compliqué
possible. On l'a vu en Angleterre; il faut vraiment, dans l'opération
référendaire, qu'il y ait une limpidité, une
simplicité, une transparence absolues. Depuis cinq ou six ans, en
Norvège, au Danemark, en Irlande, en Angleterre, on a vécu des
référendums et il n'y a pas eu d'affrontements comme nous en
vivons actuellement sur un projet de loi, sur la formulation de la question. Il
ne devrait pas y avoir d'affrontements. En Angleterre, on a produit un livre
blanc; avant la parution du livre blanc, ils ont consulté tout le monde.
La question était connue dans le livre blanc; la date du
référendum était connue. La loi a passé comme une
lettre à la poste et on est allé consulter la population. Tout le
monde était de bonne foi.
Ailleurs, cela a été simple. Ici, vraiment, cela a
été joliment compliqué et je vous dirai pourquoi tout
à l'heure; c'est parce que, depuis le 15 novembre, nous vivons dans un
climat de méfiance généralisé.
Voici mon deuxième propos sur les comités nationaux. C'est
bizarre, M. le Président, on a l'impression qu'il n'y a que le
gouvernement péquiste qui a le pas en 1978. Tous les
éditorialistes au Québec d'à peu près tous les
journaux, soit de Montréal, de Québec, de la province, ont
été contre. Le Barreau, les centrales syndicales, la CSN, la FTQ;
ce ne sont pas des libéraux et ils sont tous contre les comités
nationaux qui sont encarcanés, de la façon que vous I'avez fait
dans la loi. Je vous ai nommé, quinze pays, des Etats américains
où ils ont une expérience. On n'en a pas, nous,
d'expérience référendaire. Tous ces pays ne sont jamais
allés aussi loin pour imposer ces carcans, pour imposer cette obligation
pour l'individu, les groupes et même les partis politiques d'être
encarcanés dans des débats politiques.
S'il doit y avoir des groupes qui doivent être libres dans des
débats politiques, ce sont les partis politiques. Et avec la loi, les
tiers partis sont encarcanés, sont obligés de
s'enrégimenter, d'embarquer dans le traîneau des partis
majoritaires. Le gouvernement sera sur le "drivers seat " dun comité et
l'Opposition et les autres partis seront obligés d'embarquer dans ce
traîneau. On a fait une lutte contre les comités nationaux, on a
prêché contre nos intérêts, en somme. Cela fait notre
affaire personnelle, le comité du non. Je le sais qu'on va être
dans le comité du non. La loi dit que c'est l'Opposition officielle qui
décide de tout: le choix du président, la réglementation,
la modalité, la campagne et tout. On a voulu défendre les tiers
partis, leur donner la liberté. On a prêché contre nos
intérêts.
On n'avait aucun intérêt à diriger ces
comités, mais on l'a fait sur le principe non négociable à
notre point de vue des libertés; notre tradition, on a cela dans la
peau, dans les tripes, on l'a, la liberté...
M. Chevrette: Oui, les tripes.
M. Alfred: Oui, les tripes, on vous entend.
Franchement...
Le Président: A l'ordre!
M. Lavoie: Ce sont des libertés fondamentales. Pourquoi,
comment se fait-il que seul le gouvernement ait le pas? Il y a eu une
émission à la télévision hier. On a eu des experts
de France, d'Angleterre, de partout, des députés socialistes
français, pas un de ces pays n'a eu l'audace d'avoir des contraintes
aussi sévères. M. le Président c'est mon opinion
personnelle d'ailleurs la Commission des droits de la personne, je vous
dis qu'elle a été beaucoup trop prudente sur cette question. M.
le Président, j'ai le droit... Si vous voulez intervenir au débat
au lieu de rigoler ou de faire des pitreries... Voulez-vous intervenir? Je
crois à ce que je dis. Je vais respecter vos opinions. Je respecte les
opinions du ministre de la Justice. Mais dans notre esprit de liberté,
je vais vous forcer à respecter les miennes. M. le Président, je
crains que ces contraintes soient antidémocratiques, contre la Charte
des droits et libertés de la personne et j'entretiens des doutes
qu'elles soient même illégales et attaquables devant les
tribunaux. Et c'est une opinion personnelle. D'ailleurs, je suis très
heureux d'avoir devant moi le ministre de l'Education; il va se rappeler une
intervention très intéressante qu'il a faite lorsque la charte a
été adoptée en 1975, je crois.
Lorsqu'il a dit de cette charte... Je n'ai pas le texte de ses propos
ici, mais il me corrigera si ce n'est pas exact. Il trouvait que l'article 3,
qui traite des droits fondamentaux, était un peu bref. Mais il a dit:
C'est quand même une consécration d'une tradition reconnue par des
tribunaux du Québec et du Canada. Je fais un parallèle et
je serais surpris que le ministre de l'Education diffère d'opinion avec
moi entre ces contraintes qu'on impose dans la loi 92 et les fameux cas
des années soixante et cinquante, de la Loi du cadenas, du cas
Roncarelli qui a été une question de brimade des libertés.
(1 h 30)
Même si les communistes, les maoïstes ou les
léninistes ne font pas mon affaire, dans notre système, je vais
les endurer. Je vais leur laisser le droit de parole absolu et je fais
confiance en la sagesse ou l'intelligence de la population d'opter ou de ne pas
opter pour les maoïstes, les léninistes et les communistes. Dans
notre société, on a le droit de parole et la liberté de
presse. Il y a une analogie, un parallèle à faire entre ces
contraintes imposées dans les comités nationaux avec la Loi du
cadenas, les cas Roncarelli, les cas Saumur, Switzman et autres. Cela
dépasse même la charte que nous avons. C'est mon opinion
personnelle et les tribunaux décideront éventuellement des
contraintes imposées dans le projet de loi no 92 aux droits et
libertés fondamentales d'expression, d'opinion, d'association.
Je vais passer par-dessus vous savez, un journaliste, un
éditorialiste a allumé une petite lumière; M. Marcel Adam,
il y a quelques jours. Vous savez pourquoi ces comités nationaux? Je
rejoins la stratégie, la tactique soulevée un peu dans
l'atmosphère d'un Doris Lussier.C'est pour enquiquiner l'Opposition,
c'est pour enquiquiner le comité des non. Bien sûr, il y a
beaucoup de comités qui sont habitués à plus de
libertés, à avoir les coudes plus libres. Ils vont être
obligés, ces comités, Action positive, Rallye-Canada,
Québec-Canada, il y en a beaucoup, l'Union Nationale y a siège,
même M. le député de Beauce-Sud vient à l'occasion
et le député de Rouyn-Noranda... Il y a beaucoup de ces
comités qui vont être obligés de se regrouper, d'essayer de
travailler ensemble avec des moyens communs, alors que le comité des oui
va probablement s'enrégimenter assez bien, MSA et tout cela. Ils sont
beaucoup moins nombreux.
Nous, nous serons obligés de négocier pendant la
période préréférendaire et
référendaire. Mais ne vous en faites pas, on en a
déjà vu d'autres. Cela ne nous empêchera pas de vous faire
face et de vaincre, parce que nous avons confiance en l'intelligence des
Québécois. Nous avons confiance. On aurait pu bloquer ce projet
de loi. On en a fait une étude serrée, sérieuse, pendant
70 heures. On aurait pu le bloquer parce que nous ne sommes pas d'accord sur ce
projet de loi. Par contre, nous sommes prêts à travailler avec cet
instrument, même s'il est loin d'être parfait, parce que nous
avons, à côté de cet instrument imparfait, la très
grande majorité de la population qui est assez intelligente et nous y
faisons confiance. Les sondages donnent facilement les deux tiers du
Québec contre l'idée de la séparation du Québec. On
a des liens sacrés avec le Québec. On n'a pas de leçon de
nationalisme à recevoir de quiconque. Nous voulons rester, nous voulons
garder nos liens canadiens.
Sur les comités nationaux, c'est malheureux que ce soit le
ministre de la Justice qui ait dû prendre la relève. Je l'ai
entendu cet après-midi et je n'ai pas aimé ce passage qu'il a
dit: Oui, je suis en faveur des contrôles, je veux ces contrôles.
Ce n'est pas le rôle d'un ministre de la Justice de devenir
contrôleur, justicier. Un ministre de la Justice dans notre
système est un modérateur. C'est un homme qui a de la mesure et
je crains qu'il ne reste marqué. Il a évalué un peu trop
sommairement sa déclaration de cet après-midi comme ministre de
la Justice.
Il est malheureux que ce gouvernement ne respecte pas les deux tiers de
la population du Québec. Je crois qu'il est uniquement au service d'un
parti, qui est resté parti politique au lieu d'être un vrai
gouvernement. D'ailleurs, j'ai entendu le député de Saint-Jacques
cet après-midi. Il en avait des envolées oratoires. Il a dit que
la séparation, les fédéralistes et tout, M. le
Président, quelle honnêteté! Est-ce qu'ils ont eu le mandat
de la part de 41% de la population? On sait comment s'est fait cette
élection du 15 novembre. Ont-ils eu le mandat de suivre les propos et la
ligne de conduite prêchée par le député de
Saint-Jacques? Une séparation totale, ils n'ont jamais eu ce
mandat-là et ils ne l'ont pas sollicité. Les
Québécois n'ont pas voté pour cela le 15 novembre, M. le
Président.
Une Voix: D'accord.
M. Lavoie: M. le Président, je termine en disant que le
ministre dit: II y a de la méfiance dans l'Opposition. C'est sûr,
et si on ne vous l'a pas assez dit, on vous le dit encore ce soir, c'est vrai
qu'on est méfiant; on est méfiant, c'est épouvantable! La
preuve, c'est que non seulement l'Opposition est méfiante devant les
sondages de la population, les gens ne se comprennent plus dans le sondage.
Souveraineté-association, je ne sais pas quel pourcentage ils ont dit
dans le sondage, ils s'attendaient qu'avec la souveraineté-association,
il y aurait encore des députés à Ottawa. Il y a 49% des
gens qui pensent qu'avec la souveraineté-association, il y aurait des
députés à Ottawa et que les Québécois
seraient qualifiés pour être fonctionnaires au Parlement
fédéral. Il y aurait encore la Cour d'appel, la Cour
suprême et tout cela.
La méfiance n'est pas finie. Nous vivons, M. le Président,
dans l'ambiguïté, dans l'ambivalence...
M. Laplante: Cela va créer du chômage.
M. Lavoie: On ne sait plus où on en est avec la
souveraineté, l'indépendance, la séparation. On ne
connaît pas la date et on ne connaît pas la question; on ne
connaît pas l'heure. Mais le résultat, on le connaît, M. le
Président.
M. le Président, comment voulez-vous qu'on ne soit pas
méfiant avec le texte d'un des cofonda-teurs du mouvement
souveraineté-association?
M. Jolivet: Doris! Doris! Une Voix: Doris Lussier!
M. Lavoie: Après cela, ils disent qu'ils ne le connaissent
pas et ils l'on tous nommé, M. le Président. Je ne l'ai
même pas nommé, M. le Président. Ne vous en faites pas, le
peuple du Québec va être encore bien plus méfiant que cela,
parce que le petit document du petit copain Lussier le père
Gédéon, en ce qui me concerne va être diffusé au
Québec. Il va être diffusé au Québec.
Des Voix: Bravo!
M. Godin: Vous faites la campagne du oui.
M. Lavoie: M. le Président, je termine, en disant que,
pour toutes ces raisons et pour beaucoup d'autres que je n'ai pas eu le temps
d'exprimer, nous allons voter contre le projet de loi.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, il est 1 h 40 du matin,
j'aurais aimé que ce projet de loi nous arrive une autre journée
et à une autre heure. Je reconnais, à ce moment-ci, qu'on change
de gouvernement, mais c'est effrayant comment les choses se ressemblent. Des
projets de loi aussi importants que celui que nous sommes appelés
à voter à une heure aussi matinale auraient dû à mon
sens trouver place à l'intérieur d'une session plus
régulière qui nous permette de voter a tête reposée
et de ne pas obliger des partis politiques tels que l'Opposition officielle,
l'Union Nationale ou le représentant de Beauce-Sud, à faire un
discours raccourci à cette heure-ci et à émettre la
moitié de nos opinions, puisque, à cause du travail qui s'est
fait en commission parlementaire, bon nombre de députés ici
entendent parler de ce projet de loi et de ses articles pour la première
fois puisqu'ils n'ont pas eu l'avantage de venir en commission
parlementaire.
M. le Président, ce n'est pas nouveau pour l'Union Nationale
qu'un projet de loi pour les référendums au Québec. M.
Bertrand, en 1969, déposait ici en première lecture ce projet de
loi; cette loi s'appelait la Loi des référendums, et elle a
été lue en première lecture. Certains points peuvent faire
un rapprochement avec l'actuel projet de loi, d'autres moins, puisque il y a
déjà près d'une douzaine d'années que ce projet de
loi avait été déposé ici. On peut faire certains
parallèles, mais il faut quand même comprendre que ce projet de
loi assujettissait les référendums et les élections au
Québec. Donc, il y a des différences marquées entre les
deux, même si un certain parallèle peut être fait.
Ce projet de loi devra nous faire déboucher sur une question que
pas mal de gens attendent, et de l'Opposition ou du gouvernement, une question
qui devra être claire, une question qui devra être limpide, mais
une question qui devra surtout être décisive, pas une question en
attendant une autre question qui pourrait être posée à
l'occasion d'un autre référendum, mais une question
décisive. (1 h 40)
Nous l'avons eue de la part de pas mal de ministres et de la part du
premier ministre également, cette assertion voulant que cette question
devrait être décisive pour l'avenir constitutionnel des
Québécois. Cela est dit en préface du programme du Parti
québécois que la question devrait porter sur
l'indépendance, la souveraineté du Québec.
Au long de ces longues heures que nous avons passées ensemble en
commission parlementaire, l'Union Nationale a fait un travail de
véritable législateur en proposant des amendements qui, pour la
plupart, ont été acceptés, amendements importants pour
nous. Plusieurs de ceux-là ont été acceptés.
Notre position est claire depuis le début, nous n'avons pas voulu
mêler loi et référendum. Je pense que c est
extrêmement important. J aurai l'occasion d'y revenir un peu plus tard,
mais pour nous c était important, cela le demeure et cela le demeurera
dans les jours qui vont suivre.
J'aimerais avoir été dans un début
d'après-midi ou un début de matinée, afin d'y mettre plus
d'énergie, mais vous comprendrez qu'à cette heure je veuille
prendre un ton plus atténué.
Je fais appel à des gens qui voudraient se
servir de la loi à toutes les sauces. Je ne voudrais pas, au nom
de notre formation politique, et au nom des Québécois
sérieux, qu'on se serve de ce projet de loi pour apeurer les gens, faire
peur au monde, comme c'est commencé. Les extrémistes sont des
gens trop faciles à survolter et on peut réussir à les
apeurer facilement. Il y a d'autres groupes de gens qu'on peut apeurer.
Au Québec, et je coudoie assez régulièrement I
élément anglophone du Québec, il ne m'est jamais
arrivé de rencontrer une population aussi inquiète comme celle
d'aujourd'hui, parce que des gens attisent le feu, jettent de l'essence sur le
feu. Ce n'est pas le rôle, ni de l'Opposition, ni du gouvernement. Nous
devons avoir une position ferme, mais de calme également. Nous sommes en
train de vouloir apeurer des hommes d'affaires avec ce projet de loi.
Ce projet de loi n'a, en lui-même, rien d'apeu-rant. C'est un
projet de loi comme d'autres, un projet de loi important, je le veux bien, mais
il n'y a pas là de quoi apeurer le monde dans le Québec. Je pense
qu'on n'a pas le droit, quand on est un député qui veut et qui a
à coeur de faire réussir ce référendum au
Québec, d'être des agents de la peur au Québec. Et pour
reprendre cette parodie de Charlebois que plusieurs ont l'impression de faire
leur, c'est à soir qu'on fait peur au monde, il s'agit d'assister
à certaines rencontres ou à des discussions pour s'en rendre
compte.
Mme le Président, on peut tromper un peu de monde tout le temps,
et on peut tromper tout le monde quelque temps. Mais on ne peut pas tromper
tout le monde tout le temps. Cela peut avoir une durée, cela peut avoir
une portée, et cela peut être rentable électoralement
temporairement que de vouloir faire peur au monde. Ce n'est pas notre
intention. Et nous travaillerons, comme nous le faisons depuis le début
de l'étude de ce projet de loi. Nous continuerons à travailler
pour calmer autant que possible, même si ce n'est pas rentable
électoralement temporairement. Nous tâcherons de travailler ici,
au Québec, notre formation politique travaillera dans ce sens-là.
Je vous l'avoue bien honnêtement, Mme le Président, il est
à peu près assuré que ce n'est pas rentable à court
terme que de vouloir calmer les gens.
Mais, sur un projet de loi comme celui-là, on n'a pas le droit de
faire de politique. On n'a pas le droit d'être partisan, puisqu'il faudra
préparer l'apres-référendum. Ce qui nous préoccupe
à partir de ce matin, c'est I'après-référendum et c
est dans ce sens-là que chaque membre de cette Assemblée
nationale doit travailler. Il y a trop d occasions de faire de la petite
politique. On peut en faire sur d autres projets de loi et on peut en faire
comme hommes politiques, on peut en faire comme députés, comme
conférenciers. On n'a pas le droit de faire de la politique sur l'objet
de l'instrument que nous nous donnons ce matin.
Notre position est connue, je l'ai dit cet après-midi au
dépôt des amendements qui ont été faits par
l'Opposition officielle, notre formation politique est contre la
séparation du Québec et notre passé en témoigne.
Notre formation politique est contre l'indépendance du Québec et
notre forma- tion politique est contre la souveraineté associée
à I'indépendance qu'on n'a pas encore définie. Que ce soit
clair pour les media d'information, je le dis pour la deuxième fois dans
la même journée.
Quant aux autres questions, parce que M. Bi-ron s'est interrogé,
comme M. Ryan s'est interrogé, tout dépendra de la question.
J'entendais tout à l'heure le leader de l'Opposition officielle dire
que, dans son cas, il est dans le groupe des non; j'ai entendu le chef du Parti
libéral dire qu'il verrait, que cela dépendrait de la
question.
Des Voix: Ah! Ah!
Une Voix: Vive la liberté!
M. Lavoie: Je l'ai convaincu depuis ce temps-là.
Une Voix: Vous n'étiez pas au souper?
M. Grenier: Quant à nous, nous disons oui à une
loi-cadre, et ce n'est pas du nouveau ce matin. Nous disons oui à une
loi-cadre et oui à un contrôle financier. Quand on a
accepté que chaque citoyen puisse y aller d'une somme de $300 et qu'on a
attribué une somme de $0.50 par électeur, nous acceptons ce
contrôle financier. Nous ne voulons pas d'une orgie de dépenses
lors d'un référendum, avec toutes ses conséquences. A
notre proposition également, le gouvernement a accepté un Conseil
du référendum. Nous avons également dit oui à des
comités nationaux. Et il est un terme que le chef du Parti
libéral a mentionné dans un article du jeudi 15 septembre 1977;
après le dépôt du livre blanc, M. Ryan disait: "Le projet
québécois de référendum sera-t-il vraiment
inspiré de l'expérience britannique? ' Et dans les règles
du jeu relativement aux comités nationaux, il disait ici: "Ceci permit
ce n'est pas clair, mais, dans ses éditoriaux, M. Ryan finissait
toujours avec plusieurs éléments de solution, c'est assez rare
qu'on n'en trouve qu'une! vraisemblablement de contourner les
difficultés qui eusent pu surgir autour de la représentation des
partis dans la conduite du scrutin. "
Une Voix: II parle bien français!
M. Grenier: Cela venait, bien sûr, de ce livre, "1975
Referendum", que tout le monde a connu pendant l'étude de ce projet de
loi et dans lequel on a pigé de façon assez
régulière. Nous disons oui aux comités nationaux.
Et je ne voudrais pas reprendre tous les éléments de
discussion que nous avons eus en commission parlementaire, mais nous avons dit
oui aux comités nationaux pour regrouper les personnes, parce qu'une
fois la question connue et si elle devait être aussi claire que je
prends comme exemple le référendum constitutionnel
Etes-vous pour l'indépendance du Québec? Il y aura des non et il
y aura des oui. Et, entre les deux, je veux bien qu'il y ait du monde entre les
deux, mais, à partir de là, je me demande qui peut être
entre les deux. Il y aura, dans les deux groupes.
des extrêmes, bien sûr, et je l'ai mentionné à
plusieurs reprises. Les Fils du Québec vont probablement être dans
le groupe des oui, et ils vont trouver que ce n'est pas assez que de demander
l'indépendance du Québec, ils vont vouloir plus que cela. Mais
ils vont se satisfaire quand même et ils vont défendre leurs
positions à l'intérieur du groupe des oui. Le candidat de
Notre-Dame-de-Grâce, M. DeJong, sera dans le comité des non. Mais
ce ne sera pas encore assez que de dire non à l'indépendance. Il
faudra qu'il aille plus loin que cela, mais il va quand même se ramasser
dans le groupe des non.
Ce sont des groupes d'extrêmes. Il est clair qu'ils auront
à émettre leurs positions et ils auront même de l'argent
pour s'exprimer. A partir de là, quand je vois des gens nous dire: Ce
sont les autres partis qu'on veut protéger, on ne veut pas être le
chauffeur de la machine et avoir les autres sur le "back seat". Je dis
et cela me rappelle le conte du Petit Chaperon rouge si je t'embrasse,
c'est pour mieux t'étouffer, mon enfant! J'ai trop peur de cela!
Dans la loi du référendum, nous avons également
accepté les comités affiliés. Cela fait notre affaire,
comme formation politique, avec ce qui en découle. Et nous avons fait
accepter par le ministre de ne pas mettre de guillotine dans le projet de loi
au moment de la question. Et c'est l'Opposition, ensemble, qui y a
travaillé. C'est encore une de nos satisfactions. Je pense qu'on a eu un
débat qui a duré assez longtemps à ce moment (1 h 50)
II y a, bien sûr, bien d'autres points que je pourrais soulever
pour dire pourquoi nous sommes favorables à la loi. Nous sommes pour une
loi-cadre; on en a entendu de toutes les sauces. J'entendais cet
après-midi les arguments d'un député qui disait: Le
gouvernement ne s'est pas engagé à un référendum,
il ne s'est pas engagé à une loi. En voilà une histoire!
C'est bien sûr qu'il s'est engagé à un
référendum, mais en faire un sans faire de loi serait
surprenant.
Quant à nous et je ne rejoins pas là les positions
du gouvernement, c'est évident on réalise que le Canada
est un pays qui est malade dans le moment et on a des éléments de
solution à proposer. Cela prend des remèdes en profondeur et,
quand on mentionne qu'on aimerait connaître les positions de l'Union
Nationale il y a certains partis qui ne l'ont pas, mais j'en ai des
copies ici, je pourrais en remettre à certaines personnes on a un
document qui a été présenté devant la commission
Pépin-Robarts, un document de 24 pages, qui est très clair pour
nous et qui pourrait éclairer la lanterne de certaines personnes. "I
also have an English copy for the member of Pointe-Claire".
Notre document dit: "Une Charte des droits et libertés de la
personne" Cela a été déposé je l'ai dit cet
après-midi devant la commission Pépin-Robarts. M. Jean-Luc
Pépin, le président de la commission que je sache, ce
n'est pas un bleu avait déclaré au matin du
dépôt de notre document qu'il n'y avait pas un parti politique qui
avait donné un document aussi valable jusqu'a- lors. Cela a
été repris par M. Robarts et cela a été repris par
Mme Chaput.
Je cite notre document pour le journal des Débats: "C'est une
charte des droits et libertés de la personne, une charte du bilinguisme,
une formule d'amendement de la constitution canadienne je cite
rapidement, c'est plus long, mais je remettrai un document à ceux qui en
désireront un mécanisme permanent de révision
constitutionnelle, un tribunal constitutionnel où les provinces auraient
leur mot à dire quant à la composition, un nouveau type de
Sénat ainsi qu'un nouveau type de Cour suprême, des règles
qui limitent enfin le pouvoir de dépenser du pouvoir central strictement
aux matières de sa compétence et la remise aux provinces des
sources de pouvoirs qui leur seraient dévolues, la reconnaissance
formelle que les provinces ont pleine et entière juridiction plus
particulièrement dans le domaine de l'éducation, de la
santé, de la sécurité sociale, de l'habitation, de
l'aménagement du territoire, et, il va de soi, des affaires culturelles
en général, la reconnaissance également que les provinces
sont les seules responsables, sur leur territoire pour établir les
priorités et administrer les programmes fédéraux en
matière d'immigration, de développement économique
régional et de communications; la reconnaissance que les provinces sont
entièrement libres de négocier des accords internationaux dans
les domaines qui relèveraient de leur juridiction et enfin l'affirmation
que les pouvoirs résidu-aires, soit ceux qui ne seraient pas
expressément attribués au gouvernement central, appartiennent aux
provinces.
Mme le Président, il est bien sûr que le document que nous
avons produit peut ne pas faire l'affaire du gouvernement, mais il y aurait une
chose par exemple qu'il serait important de se rappeler, c'est que le
référendum, on va le passer. En le passant, je ne veux pas dire
que les gens vont voter favorablement au référendum, mais si les
gens disent non au référendum, on aura besoin de documents
constitutionnels après, et le gouvernement courra après les
documents et les partis qui se seront donné la peine d'en
préparer. Ce sera la même chose du côté de
l'Opposition. On attendra peut-être d'autres éléments de
solutions qui nous viendront du fédéral, on en a quelques-uns et
ils ne sont tous pas mauvais. Ce sont des positions qui ont été
défendues par 60% de la population au dernier scrutin. C'est
peut-être 80%, parce que vous avez eu 20% des votes qui ne vous
appartenaient pas, il y en a 20% qui ont voulu se défaire d'un ancien
gouvernement et ils ont peut-être voté chez vous, il faut se
souvenir de cela aussi, c'est important.
C'est si fragile et cela repart si rapidement! Il suffirait qu'un
premier ministre canadien revienne vous dire non pas cette fois votre
mangeur de hot-dog, mais votre nouveau chef, sous quel angle on doit le
photographier. Il faudrait presque le prendre de dos M. le
Président...
M. Charron: ... Il s'épanouit de dos.
M. Grenier: ... je voudrais vous dire que dans
la position de l'Union Nationale, il y a quelqu'un qui nous rejoint, pas
nécessairement un homme qui était avec nous autres, c'est
l'ancien ministre du Revenu, M. Tetley, qui dit dans un article du Devoir, le
16 juin: "Chacun de nous devrait se conduire avec calme au cours de ce
référendum." Il est peut-être contre la politicaillerie sur
la loi du référendum. Je dois vous dire que, pour nous, pendant
la campagne référendaire, je m'en tiens à cela puisque,
depuis ce matin, on ne parle pas beaucoup de la loi-cadre, tout le monde est
parti en campagne référendaire et là-dessus, je suis
semblable à ceux qui m'ont précédé, nous ne ferons
pas dans ce débat flèche de tout bois; il n'y a aucune raison
dans cette loi-cadre qui nous permette de voter contre elle: les comités
nationaux, le contrôle des finances, les comités affiliés.
Il y aurait la question du oui. Nous avons appuyé cet après-midi
cette motion de l'Opposition officielle, la question du oui ou du non qui
apparaissait dans le dépôt de loi de M. Bertrand en 1968/1969;
cela aurait pu être mentionné. Je pense que cette seule raison ne
nous justifie pas de voter contre la loi-cadre.
On s'imagine qu'il serait vraiment difficile d'avoir une question qui
pourrait être autre chose qu'un oui ou qu'un non, quand on se rappelle
surtout la question posée par le fédéral en 1942, lors de
la tenue d'un plébiscite. Vous essaierez de me dire si c'est facile de
répondre oui ou non à une telle question: "Consentez-vous
à libérer le gouvernement de toute obligation résultant
d'engagements antérieurs restreignant les méthodes de
mobilisation pour le service militaire? '
Des Voix: Non.
M. Grenier: A ce moment-là, je pense que même si la
question était pas mal enchevêtrée à
répondre, les Canadiens l'ont quand même comprise et, en Ontario
pour vous montrer jusqu'à quel point cette question, qui n'avait
pas été connue trop longtemps à l'avance, mais en
période référendaire, à ce qu'on m'a dit 83%
des gens ont voté oui, 71% ont voté non, au Québec, et les
media d'information n'étaient pas, à ce qu'on m'a dit, ce qu'ils
sont actuellement.
A partir de là, je dis que, avec la question, une fois qu'elle
sera connue, on est capable de véhiculer pas mal de choses et de les
faire savoir aux gens qui peuvent être pour ou contre. C'est une autre
raison qui nous dit qu'on ne peut pas, bien sûr, voter contre une
loi-cadre à cause d'une question n'ayant pas été connue
trois, quatre ou cinq mois à l'avance. Une autre chose, M. le
Président, et c'est peut-être la plus importante, on n'a pas le
droit de détruire l'outil à l'avance, l'outil qu'on se donne,
cette loi-cadre. On n'a pas le droit de lui faire perdre sa
crédibilité dans le public. Je pense que, si c'était une
loi ordinaire, une loi administrative, on pourrait peut-être se chicaner
à gauche et à droite, mais cette loi que nous sommes en train de
nous donner aura trop de répercussions pour qu'on puisse se permettre de
détruire cet instrument que nous nous sommes donné. Et, à
tout prendre, quand on la regarde, on se rend compte que, dans l'ensemble, elle
est beaucoup plus qu'acceptable.
Je pense qu'il y a d'autres terrains pour se battre, d'autres terrains
pour faire de la politique. Pour nous, il est bien évident que nous
accepterons, puisque nous demandons d'avoir ce référendum, et,
pour avoir un référendum, c'est de toute évidence qu'il
nous faut une loi. C'est ce matin que nous allons nous donner cette loi, afin
de pouvoir procéder dans les délais les plus courts possible. M.
le Président, le travail qui pourrait se faire d'apeurer la population
est fait. Je regrette, comme bien d'autres, le document publié ces
derniers temps. Le document qualifiant le référendum de
stratégie, qui était censé venir d'un comité de
bénévoles du Parti québécois, n'était pas
plus drôle que le campagne de peur ou de crainte ou le fait de vouloir
enlever la crédibilité que l'Opposition officielle a tenté
de garder tout au long des débats sur l'étude de la loi. Ce
document n'était pas plus drôle que celui de mon ami Doris Lussier
qui a paru dans les journaux cette semaine, qu'on nous a fait parvenir. J'avais
peine à reconnaître cet homme qui est né non pas dans la
Beauce, mais bien dans mon comté, qui a grandi encore une fois dans mon
comté et que j'ai eu l'occasion de coudoyer bien plus que bien du monde
dans cette Chambre. J'ai été fortement surpris qu'il nous sorte
un document aussi apeurant, et ce n'est pas trop. Je m'opposerai, M. le
Président, à ce que le comité référendaire
prépare un document de la sorte. (2 heures)
Je m'opposerai à cela. Qu'il y ait des gens qui le disent, qu'il
y ait des gens qui véhiculent des idées semblables, cela peut
s'accepter. Mais qu'un homme qui a l'importance qu'on lui reconnaît dans
le Parti québécois, qui s'appelle Doris Lussier, qui a
été un candidat pour ce parti et qui a beaucoup d entregent,
comme on le sait, et qui a une racine assez profonde dans le parti,
écrive un pareil document et qu'il soit perçu par la population,
si c'est ainsi qu'on a envie de faire un référendum et de le
gagner, je trouve que les moyens de l'un ne sont pas meilleurs que les moyens
de l'autre. Si cela devait être la préparation du
référendum qu'on veut amener au Québec, on est mieux d'y
réfléchir à deux fois.
On ne prépare pas exactement les lendemains de
référendum avec de pareils documents. Si on a accusé
l'ancien gouvernement de ce qui se passait vers les années 1975, 1976,
on va se réveiller avec des lendemains qui vont être pas mal pires
que cela. C'est l'après-référendum qu'il faut commencer
à préparer à 2 heures, ce matin. On a notre loi
maintenant. C'est cela qui va marquer la population du Québec. Ce ne
sont pas des documents comme les deux documents qui ont coulé cette
semaine qui vont rassurer la population du Québec, M. le
Président.
En terminant, je demanderais ce qu'a fait tout à l'heure le
député de Marguerite-Bourgeoys pour la loi qui avait rapport aux
juges, car je pense que, s'il est une loi qui doit avoir l'unanimité de
cette Chambre, c'est celle que nous seront appelés à voter dans
quelques minutes.
Celle-là, M. le Président, ne devrait pas donner lieu
à de la dissension dans cette Chambre. Si les Québécois
ont confiance dans leur gouvernement, avec un outil qu'on a critiqué
dans sa construction, quand on l'a élaboré, qu'on a
bonifié, cette nuit, cette loi devrait recevoir l'appui unanime de cette
Chambre. Je comprendrais mal que pour de la partisanerie l'Opposition
officielle décide de voter contre cette loi. M. le Président, on
peut se servir d autres moyens pour faire de la politique, mais je pense que la
loi, l'outil qu'on vient de se donner, cette loi-cadre des
référendums qui servira a I avenir constitutionnel des
Québécois, ne doit pas susciter de division dans cette Chambre.
Je demande à l'équipe libérale de voter en faveur de cette
loi. Cela peut être rentable à court terme de dire, demain matin,
aux media d'information que l'Union Nationale est encore collée sur le
PQ. Cela peut être rentable pour quelques semaines. Faites bien
attention. Cela ne dure pas longtemps ces rentabilités et vous
êtes placés pour le savoir vous autres: de 102 tomber à 26,
cela se réalise dans quelques semaines.
Je peux vous dire une chose, c est que demain, les journalistes
rapporteront que l'Union Nationale a voté avec le gouvernement sur cette
loi-cadre des référendums et l'Opposition officielle
libérale tentera d'aller chercher des votes dans la province en disant:
L'Union Nationale est avec le PQ. Etre avec le gouvernement pour une loi... Ah
oui! Je vois le député de Marguerite-Bourgeoys qui a
déjà les mains en l'air. Ah oui!
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai rien dit. Le
Président: A l'ordre!
M. Lalonde: Je comprends qu'il est tard, M. le Président,
mais je n ai rien dit.
Le Président: A Tordre!
M. Grenier: Ne vous en faites pas, quand les millions que vous
avez misé dans la campagne pour faire élire votre chef pendant
les dix derniers mois seront dépassés, on se mesurera de nouveau
dans six mois ou dans un an. On verra ce que cela donnera. M. le
Président, je demande une chose ici. Des lois comme on est en train d'en
adopter une ce soir, on n'en adoptera pas dix par année pendant que le
gouvernement sera là. C'est une loi importante qu'on adopte cette nuit.
Je demande aux députés libéraux de voter en faveur de
cette loi et de mettre de côté les raisons qu'ils ont
invoquées pendant l'étude de cette loi.
Je vous garantis, membres de l'équipe libérale, que dans
six mois, dans un an ou dans deux, quand le référendum aura
été adopté, il en sera coûteux d'avoir voté
contre un instrument comme on se donne ce soir. Il en sera coûteux et ce
sera à votre équipe d'apprendre que vous mettrez cela sur le dos
demain des autres formations. C'est cela que vous voulez par votre avis de
subventionner tous les comités et non pas d'avoir les comités
nationaux. Vous voudriez bien être les seuls à vouloir
défendre à court terme, être le seul parti
fédéraliste. Faites attention, cela joue des tours. Cela ne
durera peut-être pas longtemps, cette crédibilité, quand on
la prend et qu elle est à fleur de peau, quand on joue sur les
sentiments comme vous le ferez demain matin, quand les journaux auront dit que
l'Union Nationale a voté avec le gouvernement du Parti
québécois. Cela vous jouera des tours, mais ce ne sera pas demain
matin. Vous allez encore rire quelques semaines, mais faites bien attention,
dans deux ans ce ne sera plus la même chose.
Je demande le consentement de tous les députés pour voter
pour ce projet de loi. Je le fais au nom de notre équipe, de ce parti
qui a administré le gouvernement. On ne voudrait pas que cette loi serve
à des différends et à des difficultés comme on en a
trop connus. On voudrait que ce soit ce matin la fin de ce débat, qu'on
fasse l'unanimité, qu'on mette de côté tous les petits
points à caractère trop politiques et qu'on vote pour ce projet
de loi du gouvernement.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Merci, M. le Président, je pense bien que si
tôt, à cette heure du matin, je ne solliciterai pas le
consentement unanime de la Chambre pour avoir un temps supplémentaire de
parole.
M. le Président, nous sommes à notre douzième heure
de session aujourd'hui. Je me sens un peu comme un ouvrier de la
douzième heure. Je me sens vraiment mal à l'aise d'intervenir
à ce moment-ci sur un projet de loi aussi important parce que tout le
monde attend la fin de la session, la fin de la séance, pour
entreprendre ce qu'on pourrait appeler des vacances bien
méritées, des vacances d'été.
On ne peut pas laisser passer ce projet de loi et cette étape de
l'adoption de ce projet de loi sans faire connaître son point de vue et
sans faire part de quelques observations. Après tout ce que j'ai entendu
aujourd'hui, je suis en train de me demander si la Loi sur la consultation
populaire ne risque pas de devenir la loi de la division populaire, de la
division des Québécois. Je pense qu'il serait extrêmement
malheureux, et c'est pourquoi j endosse les propos que vient de tenir mon
collègue, le député de Mégantic-Compton... Si on
veut travailler dans l'intérêt du Québec et dans
l'intérêt des Québécois à un moment aussi
important de notre histoire, il est important, il est élémentaire
qu'on oublie les intérêts de parti, qu'on se donne la main, qu'on
fasse une certaine unité et qu'on accepte unanimement la Loi sur la
consultation populaire devant l'Assemblée nationale.
On semble vouloir déjà entreprendre la campagne et essayer
de mobiliser les nons. Cela m'inquiète, quand la question n'est
même pas posée, quand les documents ne sont même pas
publiés. C'est pourquoi je m'interroge sur ce projet de loi. Il peut
alimenter, activer et participer à la formation d'une division nationale
dans la province de Québec.
Diviser, c est très facile; unir, c'est beaucoup
plus difficile. S'il y a un voeu que je veux exprimer à ce
moment-ci, c'est qu'on prenne le soin, des deux côtés de cette
Chambre, de bien réfléchir sur le fait que, le
référendum, une fois voté, une fois que la population se
sera prononcée, les problèmes ne seront pas réglés.
Si la population du Québec répond oui majoritairement au
référendum, tout le travail sera à faire. Il faudra
commencer à travailler à élaborer une constitution. Il
faudra commencer à préparer tous les documents, toutes les
clauses et déterminer quelles seront les juridictions que le
Québec devra assumer. Il faudra se mettre à la tâche, et je
m'adresse particulièrement à ceux qui sont déjà
partis en campagne pour le non. (2 h 10)
Si les Québécois devaient dire non au
référendum majoritairement, est-ce que, pour autant, la situation
dans laquelle nous nous trouvons serait réglée, est-ce que, pour
autant, le dossier constitutionnel se trouverait réglé?
Des Voix: Non.
M. Roy: II faudrait tout recommencer et tout serait à
recommencer. Alors, M. le Président, je ne veux pas être plus long
et aller un peu en dehors des quelques notes que j'avais prises, mais je tenais
quand même, à ce moment-ci, à faire part de mes
observations sur les points que je viens de souligner.
M. le Président, nous sommes aujourd'hui rendus à
l'étape finale de l'étude du projet de loi 92 sur la consultation
populaire. Inutile de dire que ce sujet a fait couler beaucoup d'encre et de
salive, surtout lorsque l'on sait que c'est le 24 août 1977
bientôt depuis un an que le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire et électorale a déposé son
livre blanc sur la consultation populaire au Québec. Depuis, nous avons
eu de multiples interventions tant à la commission parlementaire, que
lors de l'audition des mémoires ou en Chambre, lors de la période
quotidienne des questions. Toutes ces discussions se sont encore
prolongées durant quelque quatorze jours de séances, alors que la
loi a été étudiée article par article en commission
parlementaire.
C'est donc dire que cette troisième lecture marque la fin d'un
long débat qui, je crois, somme toute, a été
bénéfique tant pour le gouvernement que pour les membres des
Oppositions, et ce dans un sain exercice de la démocratie. D'ailleurs,
M. le Président, lors de la séance d'ouverture de la commission
parlementaire, j'avais formulé le voeu que la commission étudie
de façon honnête et objective chacun des articles de ce projet de
loi, et ce, sans craindre de procéder à des modifications
même substantielles dans l'intérêt de toute la population du
Québec.
Je crois, M. le Président, que cette discussion honnête,
les membres de la commission parlementaire l'ont eue. Cependant, je regrette
que les mécanismes proposés initialement pour assurer l'exercice
de la consultation populaire aient été maintenus, et ce, parce
que je suis toujours convaincu que ce genre de mécanismes est un
obstacle à la libre expression de notre population et que cela risque de
créer plus de difficultés qu'on ne prétend en
résoudre.
Je reconnais, toutefois, que, sur cet aspect particulier des
comités nationaux, une amélioration sensible a été
apportée. En effet, en inscrivant à l'article 23 la notion de
groupes affiliés, proposée par le député de
Nicolet-Yamaska, le gouvernement a fait preuve d'une certaine ouverture
d'esprit en ce sens. Les groupes voulant adhérer à une option
sans nécessairement se fondre dans l'idéologie d'une des grandes
formations politiques pourront le faire, et ce en obligeant ces
dernières à partager un peu le gâteau. Ce n'est pas
l'amendement idéal, mais nous devons reconnaître que cela
constitue un assouplissement par rapport à la position initiale.
Ici, M. le Président, je tiendrais bien à dire à
mon collègue, le leader de l'Opposition officielle, que si j'ai
voté en commission parlementaire pour un amendement qu'il avait
proposé et si aujourd'hui j'ai pris une attitude différente,
c'est que, depuis cette date, il y a eu des amendements, il y a eu des
assouplissements dans la loi qui nous donnent quand même un minimum de
satisfaction, sans nous donner une satisfaction totale. Mais de là
à permettre l'ouverture d'une porte qui pourrait permettre tous les abus
possibles et des dépenses astronomiques, pour noyer la population du
Québec dans une propagande qui irait à l'encontre de ses
intérêts, je dis que nous n'avons pas le droit de céder, M.
le Président.
Parmi les autres articles qui, à mon avis, constituent une
amélioration, je me permets de citer l'introduction d'un droit d'appel
inséré à l'article 3; la suppression, à l'article
7, de la priorité que l'on faisait au débat d'une question
référendaire sur le message inaugural; la suppression de la
contrainte de 30 heures pour la question inscrite dans le projet de loi
à l'article 9 et, enfin, la précision de l'article 24a sur le
droit à l'information.
Ce sont là, M. le Président, des modifications qui rendent
plus acceptable l'actuel projet de loi no 92 et qui démontrent bien
toute l'importance des discussions et échanges de vues des membres de la
commission parlementaire. Cependant, même en étant plus
acceptable, ce projet de loi n'élimine pas toutes les difficultés
dont, entre autres, le danger d'une trop grande "partisanisation" d'un
débat. De plus, il y a aussi ce grand nombre de restrictions que l'on
retrouve dans la loi. Ici, il faudra faire vraiment diligence afin que, d'un
côté comme de l'autre, les sanctions qui nécessairement
découleront de ces restrictions et contrôles ne servent pas
qu'à créer de nouvelles classes de citoyens que l'on pourrait
appeler les martyrs de la cause. (2 h 20)
II faudra prendre garde que certains succombent à cette tentation
car là, le mécanisme référendaire pourrait servir
à un effet autre que d'assurer un meilleur exercice de la
démocratie. Si je soulève ces propos, c'est surtout en songeant
à ce qui pourrait se produire lors d'un référendum
particulier qui, jusqu'à preuve du contraire, en plus de permettre aux
Québécois de se prononcer
sur leur avenir constitutionnel, sera la consultation populaire qui
servira de tests aux consultations populaires futures.
Il nous faudra être d'une grande vigilance, M. le
Président, vigilants pour que la consultation populaire soit et devienne
un réel instrument de démocratie et non un vulgaire instrument de
propagande ou de fabrication de hors-la-loi.
En terminant, je dis que cette loi mérite un essai honnête
et si, à la pratique, on y découvre des lacunes contraires
à l'exercice de la démocratie, nous ne devrons pas craindre de
revenir devant cette Assemblée pour lui apporter les changements
nécessaires.
M. le Président, plus qu'à la loi 92 encore, je me fie au
gros bon sens de la population du Québec et à son jugement lors
de cette consultation populaire. La population, je l'espère et je le
souhaite elle l'a déjà démontré dans le
passé capable de prendre une décision quand ce sera le
temps d'en prendre une, dans son intérêt.
En terminant, je demande encore une fois, à l'instar de mon
collègue, le député de Mégantic-Compton, dans
l'intérêt de tous les Québécois même
s'il y a des particularités sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord,
dans le projet, il y a un certain nombre de particularités que je n'ai
pas mentionnées, sur lesquelles je ne suis pas d accord que cette
loi de la consultation populaire ne soit pas un point de départ, une loi
de division populaire.
Commençons par faire preuve de responsabilité à
I'Assemblée nationale en plaçant les intérêts du
Québec et des Québécois au-dessus de nos
préoccupations partisanes, en démontrant quand même que
dans des questions nationales, que dans des questions aussi importantes que
celle-là, on est capable de faire un front commun, de se donner la main
et de faire l'unanimité.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, je vais prendre seulement
quelques minutes et profiter de cette troisième lecture pour remercier
et féliciter mes porte-parole qui, au cours de cette dernière
année d étude sur le livre blanc d'abord et ensuite en commission
parlementaire sur cette loi des référendums, le
député de Mégantic-Compton et le député de
Nicolet-Yamaska, au nom de l'Union Nationale, ont essayé d'apporter leur
modeste contribution pour améliorer autant que possible cette loi
très importante pour les citoyens du Québec.
Le débat a été très long sur la place
publique, bien sûr, depuis au-delà d'un an et maintenant à
l'Assemblée nationale, au cours de cette dernière année.
L'Union Nationale y a contribué par de très nombreuses
suggestions, dont la principale, bien sûr, est la formation de ce conseil
du référendum, sa composition, et d autres suggestions aussi. Je
suis très heureux du travail, de l'intensité du travail de
même que de la qualité du travail des députés qui
ont représenté notre parti pour l'amélioration de ce
projet de loi.
M. le Président, très rapidement, l'Union Nationale a dit
oui à la loi-cadre sur le référendum pour plusieurs
raisons bien précises. Le député de
Mégantic-Compton tout à l'heure a noté cette
présentation déjà faite en 1969 par un de mes
prédécesseurs, l'honorable Jean-Jacques Bertrand, et aussi parce
que, à notre point de vue, nous bâtissons à l'heure
actuelle au Québec, au Canada, en Amérique et partout à
travers le monde, des sociétés et des Etats modernes. Lorsqu'on
parle d'Etats et de sociétés modernes, cela implique
énormément de changements importants dans la vie des citoyens.
Une loi-cadre sur les référendums peut facilement faire
participer davantage les citoyens à la gouverne de leur gouvernement,
à la gouverne de leur province ou de leur pays.
Il y a certainement des sujets... Je crois que le leader de l'Opposition
officielle a indiqué qu'on aurait pu essayer la loi-cadre sur les
référendums, sur l'assurance automobile par exemple, ou sur
d'autres lois que nous avons adoptées depuis un an. Il y en a d'autres
qui viendront au cours des prochaines années. Je songe à
l'énergie en particulier, au zonage agricole, à la
décentralisation et aux normes nouvelles de relations de travail dans
les secteurs public et parapublic; nous pourrions consulter la population de
notre province sur ces problèmes. (2 h 20)
Maintenant, nous croyons fermement à une loi-cadre parce que, je
le répète, pour nous c'est un instrument moderne, dans un Etat
moderne. Les citoyens pourront participer démocratiquement aux grandes
décisions qui seront prises pour leur province- Ce que je trouve quand
même assez difficile à concilier c'est la position du Parti
libéral du Québec qui dit qu'il veut un référendum
le plus tôt possible. Lorsque arrive une loi-cadre sur les
référendums on dit non à l'instrument pour avoir le
référendum le plus tôt possible. Pour moi c'est assez
difficile à concilier, mais j'espère qu'un jour on va pouvoir
avoir les explications en détail d'une telle décision.
Depuis un an et demi, en particulier depuis l'élection du 15
novembre, l'émotion est très grande à cause de craintes
qu'on a de part et d'autre. Bien sûr, cela polarise les esprits et cela
fait en sorte qu'on monte une confrontation entre Québécois de
bonne volonté qui, pour une raison ou une autre, veulent aller dans un
camp ou dans l'autre, mais souvent c'est surtout dû à des
campagnes de peur, de panique qu'on fait un peu partout. J'entendais tout
à l'heure le leader de l'Opposition officielle nous parler de
liberté, comment il croyait à la liberté. Je le
félicite, parce que tous les Québécois, tous les Canadiens
croient véritablement à la liberté. On veut y ajouter par
exemple un peu de responsabilité, un peu d'égalité, un peu
plus de justice pour les uns comme pour les autres, pour les gouvernements
provinciaux comme pour le gouvernement fédéral. On veut aussi y
ajouter une énorme confiance dans le bon jugement de la population du
Québec. Quant
à moi j'ai hâte de voir le référendum qui va
décider finalement de points bien importants dans la vie du
Québec, et en particulier celui de l'avenir constitutionnel du
Québec.
Je ne suis pas méfiant vis-à-vis de cette décision
des Québécois parce que j'ai confiance dans le bon jugement des
Québécois, j'ai confiance qu'ensemble nous pourrons trouver des
solutions précises aux problèmes précis du Québec
d'aujourd'hui.
Sur ce problème particulier on en a tant parlé du
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec
l'Union Nationale est contre l'indépendance ou la souveraineté
politique sous toutes ses formes. Nous sommes tout simplement pour vivre dans
un Canada renouvelé, plus juste, plus égal, qui apportera
véritablement ce que les citoyens de notre pays veulent avoir, une vraie
confédération, une confédération qui
répondrait aux besoins de nos concitoyens. Tout dernièrement le
premier ministre du pays a écrit un livre: "C'est le temps d'agir". Je
pense bien que ce serait le temps d'agir justement. Un peu de bonne
volonté, un peu de bonne foi de la part du premier ministre du Canada,
un peu de bonne volonté, un peu de bonne foi de la part du gouvernement
du Québec. Peut-être que ces deux grands hommes, ces deux grands
Québécois, ces deux grands Canadiens que sont le premier ministre
du pays et le premier ministre du Québec pourraient s'asseoir ensemble
et mettre leurs préoccupations et leurs problèmes sur la table de
négociation et essayer d'apporter des solutions.
M. le Président, je pense que, lorsqu'on décidera de
régler nos problèmes, nous aurons une chance de les régler
de façon définitive. Si nous votons pour cette loi des
référendums au Québec, c'est que nous avons confiance dans
le bon jugement des Québécois. Je veux aviser le premier ministre
du Québec, qui m'écoute, le gouvernement, le Parti
québécois en particulier d'être honnêtes dans leurs
décisions, dans leurs actions, dans la présentation de la
question. dans ce qu'ils vont préparer pour le référendum,
parce que les Québécois ont un bon jugement, ont un sens moral et
un sens patriotique poussés. Si on veut les rouler d'une part ou de
l'autre, les Québécois vont s'en apercevoir, aussi bien de la
part des non que de la part des oui. J'avise le gouvernement du Québec,
le premier ministre en particulier, d'éviter, autant que possible, tout
affrontement entre les Québécois de bonne volonté. De
même je demande à nos collègues et amis du Parti
libéral du Québec d'éviter aussi ces affrontements et ces
confrontations entre Québécois de bonne volonté parce que
bientôt, comme l'a dit si bien le député de
Mégantic-Compton, après le référendum, nous devrons
vivre ensemble. Ceux qui auront dit oui, ceux qui auront dit non, le lendemain
matin du référendum tous ces gens seront des
Québécois de bonne volonté, peu importe le résultat
du référendum.
Peut-être que 1%, 2% ou 3% de Québécois peuvent
quitter notre province, mais je pense bien que la grande majorité de nos
citoyens du Qué- bec, peu importe la décision qu'ils auront prise
à l'occasion de ce prochain référendum sur l'avenir
constitutionnel du Québec, vont décider de rester chez nous. Il
va falloir vivre ensemble, il va falloir regarder nos voisins et dire:
Même si tu as été contre moi à l'occasion du
référendum, ce matin, nous vivons ensemble, nous sommes des
Québécois de bonne volonté. C'est important que le
gouvernement du Québec, dans cette décision importante, soit un
gouvernement responsable. C'est important que l'Opposition officielle soit une
Opposition officielle responsable. C'est important que les autres partis
politiques soient des partis politiques responsables. C'est important que nous
agissions en vue des prochains référendums pour être des
hommes responsables, de vrais Québécois, des hommes calmes,
modérés, qui essaieront de résoudre nos problèmes
entre Québécois de bonne volonté.
M. le Président, cela veut dire de s'occuper d'autres
problèmes que celui du seul avenir constitutionnel du Québec. Il
ne faut pas oublier, le premier ministre en particulier et le gouvernement
actuel, de s'occuper d'économie, de création d'emplois,
d'investissements, d'affaires municipales, d'affaires sociales,
d'éducation, et il y a tellement d'autres problèmes M. le
Président, qu'on ne peut pas se permettre de parler d'un seul
problème, soit celui de l'avenir constitutionnel du Québec,
même si c'est un problème très important. Mais je pense
qu'on a parlé depuis tellement longtemps de cet avenir constitutionnel
du Québec que ce serait le temps d'agir, le temps de prendre une
décision afin, le lendemain, de régler ce problème et de
pouvoir travailler ensemble à créer des emplois pour nos jeunes
Québécois qui poussent après nous.
M. le Président, je termine simplement ce que j'avais à
vous dire en remerciant encore une fois mon député de
Mégantic-Compton en particulier, mais en faisant un appel à tous
les Québécois, aux parlementaires en particulier, aux formations
du Québec, d'être calmes, d'être raisonnés, d'agir
avec modération au cours des prochaines années, au cours des
prochains mois, au cours des prochaines semaines, mais surtout d'avoir
confiance dans l'avenir des Québécois, d'avoir confiance dans le
bon jugement des Québécois. Merci.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeois.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: C'est l'incohérence du plaidoyer des
porte-parole de l'Union Nationale qui me porte à me lever, M. le
Président. J'ai écouté attentivement le
député de Mégantic-Compton et le chef de l'Union
Nationale, et je pense que c'est mon devoir de tenter une dernière fois
de les convaincre du bien-fondé de notre position.
Le chef de l'Union Nationale croit voir une incohérence dans le
fait que le Parti libéral veut un
référendum, mais qu'il est contre la loi qu'on nous
présente. Oui, nous voulons un référendum. Nous voulons
que le gouvernement remplisse sa promesse d'un référendum, mais
pas en vertu de n'importe quelle loi et ce n'est pas parce que nous sommes
contre l'indépendance, contre l'option constitutionnelle du Parti
québécois, que nous votons contre la loi, c'est que nous croyons
que cette loi n'est tout simplement pas bonne, quels que soient les
référendums qui pourraient être tenus et quelles que soient
les questions qui pourraient être posées aux
Québécois par la suite.
J'ai reproché au ministre de la Justice d'avoir failli à
sa tâche lors de l'examen article par article, la tâche que lui
avait dessinée son prédécesseur, le député
de Maisonneuve, de rechercher le plus large consensus possible lors de
l'étude de ce projet de loi. Le ministre nous a dit: Comment voulez-vous
que j'aie un consensus de la part du Parti libéral, puisqu'il avait
voté contre la loi en deuxième lecture. M. le Président,
je pense que cet argument est très court; en effet, il avait
oublié un autre exemple qui s'est présenté, il y a
quelques jours, il y a quelques heures, il y a à peine quelques minutes,
le projet de loi no 40. Nous avions voté contre en deuxième
lecture, contre le principe, mais, à l'étape de l'étude
article par article, le gouvernement a compris suffisamment et a apporté
des amendements qui nous semblaient suffisants pour en faire une loi acceptable
et nous n'avons pas hésité, nous n'avons pas été
gênés de l'appuyer lors de la troisième lecture. J'aurais
souhaité que le ministre de la Justice fasse preuve d'autant d'ouverture
dans le projet de loi no 92 que lors du projet de loi no 40.
Revenons à l'Union Nationale, quelques minutes, M. le
Président, pas plus de sept ou huit minutes. (2 h 30)
J'ai cru comprendre que le député de
Mégantic-Compton, dans un référendum sur
l'indépendance, voyait trois voies, trois options, trois
possibilités. Une première, c'est le groupe des oui; la
deuxième, le groupe des non; entre les deux, l'Union Nationale avec un
"noui", M. le Président.
M. Grenier: Vous n'avez rien compris. Qu'il arrête ses
insignifiances. Cela le qualifie trop honnêtement!
M. Lalonde: M. le Président, est-ce qu'il y avait une
question de règlement?
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: II n'a encore rien compris!...
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, l'appel pathétique du
député de Mégantic-Compton arrachait les larmes quand il
nous demandait, s'il vous plaît, de voter comme eux autres, pour ne pas
les laisser seuls avec le mauvais gouvernement. Il arrachait des larmes de
rire, au fond, parce qu'il n'y a rien là. Il faut quand même
être cohérent avec nous-mêmes. Est-ce qu'ils ont si honte
que cela de voter pour ce projet de loi? Il faut quand même avoir de
bonnes raisons. Nous sommes contre ce projet de loi et nous avons dit pourquoi.
C'est un projet de loi qui est étriqué, qui est frustré,
c'est une loi qui n'est pas claire de noeuds, pour employer un terme du
député, une expression chère au
député...
M. Grenier: ... de vous là!
Le Président: A l'ordre!
Une Voix: II a parlé assez longtemps.
M. Lalonde: ... de Mercier, M. le Président. C est une loi
qui est pleine de suspicion, qui ne ressemble pas aux Québécois.
Le Québécois est franc, honnête, direct. La loi qu'on lui
offre est renfermée, suspicieuse et inspirée par un esprit de
peur et de méfiance. C'est la méfiance de l'usurpateur. Est-ce
que ce gouvernement croit qu'il n'est pas légitime pour essayer de
passer un référendum masqué derrière une loi-cadre
qui restreint la liberté des gens, M. le Président? C'est une loi
qui s'inscrit parfaitement dans la stratégie Lussier du Parti
québécois, M. le Président, et je cite: D'utiliser
l'argent du public à des fins de propagande souverainiste
préréférendaire. Oui, M. le Président, cela s
inscrit dans ce même esprit. La fin justifie les moyens, Lussier dixit.
C'est justement encore cette façon de cacher sa véritable figure,
son véritable visage derrière un masque plus ou moins honorable
d'une loi-cadre. La fin justifie les moyens. Il ne faudra pas prononcer le mot
"indépendance" une seule fois, dit le frère Doris, M. le
Président. Or, le ministre de la Justice a refusé que la loi 92
parle d'indépendance une seule fois.
Laissons de côté le mot "indépendance", si vous
voulez. Il a refusé qu'on parle de ce que les Québécois
veulent parler, un référendum sur le statut constitutionnel.
C'est dans le même esprit, M. le Président, c'est dans cette
perspective. Ce n est pas étonnant que le gouvernement ait choisi la
fermeture opaque et obstinée à toute tentative de I'Opposition
officielle d'ouvrir la loi à la liberté des gens, à la
transparence et surtout à la discussion des vrais problèmes des
Québécois, c est-à-dire le référendum promis
par ce gouvernement, c est-à-dire le référendum sur
l'indépendance.
Je cite encore le compère Lussier: C est la certitude d'une
association qui enlève aux Québécois leur peur de la
souveraineté. Traduction libre, M. le Président: Les
Québécois ne sont pas des imbéciles. Ils disent au
gouvernement: Si vous nous parlez de souveraineté-association,
montrez-nous donc le contrat d'association signé. Cela fait peur au
compère Lussier. Il ne faut pas leur en parler, aux camarades.
Allez-vous blâmer les Québécois de se méfier d'une
loi qui est inspirée de la même stratégie? Voulez-vous
qu'ils avalent toutes les
chimères sans y regarder? Ce n'est pas surprenant que le premier
ministre soit sidéré par les sondages, si c'est ce que les
Québécois croient. Mais pour qui prenez-vous les
Québécois, pour des malades? Des malades à qui vous pouvez
prescrire les médicaments nécessaires pour les endormir, endormir
leur conscience suffisamment pour leur permettre de voter suivant vos ordres?
Ce n'est pas comme cela qu'on conçoit le référendum, ni
une loi sur les référendums, M. le Président.
Pourtant, c'est ce que le gouvernement fait. L'intoxication de l'opinion
publique. Je cite encore le camarade Lussier: La seule façon, au
Québec, de faire l'indépendance, c'est de ne jamais en parler.
Tout mettre ce qui va mal au Québec sur le dos du gouvernement
fédéral, en faire le bouc émissaire de tous les malheurs
québécois. Il a même eu à peine un
petit éclair de bonne conscience pour dire que cela ressemblait à
de la démagogie, puis après... Puis après, c'est ce qu'il
nous dit, c'est marqué en toutes lettres, M. le Président. Si
l'Union Nationale a encore des oreilles, qu'elle écoute bien: Le Parti
québécois a fait une loi à sa mesure, à son image,
frustrée, insensible, rentrée sur elle-même.
Plusieurs pays ont des lois. On aurait pu quand même s'en
inspirer. On n'a rien inventé. Mais non, il fallait justement être
à l'avant-garde selon ce que j'ai entendu tantôt. Mais, gare
à vous. Si vous êtes trop à lavant-garde de cette
façon, vous allez regarder derrière et il n'y aura plus de
Québécois derrière vous. M. le Président, le
gouvernement a fait une loi pour le Parti québécois, pas pour
tous les citoyens. C'est ce qu'on leur reproche. En ce faisant, il trahit son
mandat car il choisit de favoriser le Parti québécois
plutôt que 100% des citoyens qu'il doit représenter suivant le
mandat qu'il a reçu le 15 novembre 1976.
Nous avons en vain tenté de l'améliorer. Nous nous sommes
butés à l'entêtement préréférendaire
du gouvernement et c'est malheureux parce que cela nous force actuellement
à voter contre ce projet de loi que nous aurions voulu, nous aussi,
suffisamment acceptable pour que tout résultat d'un
référendum tenu en vertu de ce projet de loi, de cette loi
lorsqu'elle sera une loi, ne puisse être mis en doute quant à sa
valeur et à sa validité, M. le Président. Mais ce n'est
pas parce que nous voulons que le référendum soit le plus
honnête, le plus clair, le plus précis, le plus définitif,
le plus ouvert que nous allons, comme l'Union Nationale dans un raisonnement
dont je n'ai pas encore saisi la cohérence, voter pour la loi. Si elle
n'est pas bonne, notre devoir, c'est de voter contre.
Je sais quand même, M. le Président, je suis convaincu, en
ce qui concerne le référendum sur l'indépendance,
malgré la stratégie Lussier d'intoxication de l'opinion publique,
malgré l'orgie de dépenses publiques que le gouvernement a
été invité à faire par le camarade pour tromper les
Québécois parce que tout est préréférendaire
et bientôt référendaire, que les Québécois
donneront une gifle retentissante au gouvernement actuel parce que les
Québécois useront, feront preuve de bons sens. Il n'y a pas une
loi aussi mauvaise qu'elle soit qui va réussir à tromper les
Québécois, M. le Président.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, compte tenu de l'heure
tardive et du fait que tout a été dit dans ce débat, je me
permettrai une courte intervention sauf que lorsque le député de
Marguerite-Bourgeoys tient des propos, il a le don de m'obliger à
allonger un peu le débat étant donné sa manière
d'insinuer ou de laisser entendre des choses qui n'existent pas. J'irai
très rapidement simplement sur un point qui me semble plus important,
celui qui permet au député de Marguerite-Bourgeoys de dire qu'il
vote contre la loi parce que la loi est mauvaise. Il a le droit de le penser,
mais dire que la loi est mauvaise parce qu'elle restreint les
libertés... Je sais que le député de Marguerite-Bourgeoys
se gargarise souvent avec la notion des droits et libertés de la
personne. Il emploie cette notion à toutes les sauces possibles et
impossibles afin d'être tout simplement logique ou fidèle au
slogan de son parti: Le Québec des libertés. Je pourrais dire,
par exemple, qu'avant d'être le Québec des libertés, vous
avez réussi bien plus facilement à construire le Québec du
patronage et un Québec qui n'était pas à l'image des
Québécois parce qu'ils vous l'ont très bien montré
le 15 novembre 1976.
Je ne veux pas faire de partisanerie puisque nous en sommes rendus
à la fin de ce débat. Cependant, sur ce thème, sur cette
notion des droits et libertés de la personne que le député
de Marguerite-Bourgeoys emploie à toutes les sauces, il oublie toujours
le préambule de la Charte des droits et libertés de la personne
qui stipule le droit à la préservation des libertés
individuelles, mais qui stipule aussi que ces droits et libertés
individuelles doivent s'évaluer dans un contexte général
de la recherche du bien d'autrui et du bien général. C'est
textuel dans le préambule de la Charte des droits et libertés de
la personne. (2 h 40)
Malheureusement, le député de Marguerite-Bourgeoys se
refuse continuellement à vouloir essayer de peser ses propos en nous
servant ce genre d'argument qui ne tient vraiment pas devant le projet de loi
que nous proposons en troisième lecture ce soir. Le député
de Marguerite-Bourgeoys, qui pense être le seul défenseur, comme
son parti d'ailleurs, des droits et libertés de la personne ici au
Québec, devrait avoir au moins une chose, le respect de l'opinion de la
Commission des droits de la personne. Cette opinion vis-à-vis des droits
et libertés de la personne, je ne vous la relirai pas en entier, nous
avons eu amplement l'occasion d'en discuter en commission parlementaire.
Permettez-moi tout simplement de vous citer textuellement ses
conclusions après la parution du livre blanc qui exprimait tous les
objectifs poursuivis. C'est textuellement que je vous cite cette conclusion:
"La Commission des droits de la personne souscrit aux objectifs du livre blanc,
à
savoir la démocratisation de nos institutions politiques,
l'association directe des électeurs à la gouverne de l'Etat,
l'élargissement progressif de la participation populaire et la
commission continue en disant ceci textuellement qu'elle se
réjouit de retrouver dans le livre blanc sur la consultation populaire
au Québec, premièrement, le principe fondamental de
l'égalité des chances entre les individus, tel que reconnu par la
Charte des droits et libertés de la personne que prétend
respecter et connaître le député de Marguerite-Bourgeoys;
deuxièmement, elle dit qu'elle se réjouit de retrouver dans le
livre blanc un autre principe non moins important affirmé dans la Loi
sur le financement des partis politiques, celui d'une meilleure
réglementation des revenus et des dépenses politiques. "
Voilà ce que dit textuellement la Charte des droits et libertés
de la personne.
Qu'on vienne nous dire que la loi n'est pas parfaite, d'accord. Je ne
pense pas que vous ayez rédigé tellement des lois parfaites; vous
seriez probablement encore le gouvernement. Mais qu'on vienne nous dire, par
exemple, qu'on n'accepte pas de voter pour ce projet de loi parce qu'il
restreint les droits et libertés de la personne, que c'est une atteinte
aux droits et libertés de la personne, aux droits des citoyens
québécois, c'est de l'hypocrisie qui se refuse à voir la
loi telle qu'elle est, et cette hypocrisie nous l'avons vécue tout le
temps des travaux de cette commission. Hypocrisie qui permet au parti, à
l'Opposition officielle, de se dire d'accord sur le principe du contrôle
des dépenses, sur la création de comités nationaux
ce sont des principes dans la loi et qui nous fait un tas de
propositions qui sont toujours à rencontre de ces principes qu'elle
prétend vouloir respecter.
M. le Président, cette attitude à deux visages, cette
attitude continuelle d'hypocrisie de la part de l'Opposition officielle, j'ai
eu à la subir durant tous les travaux de cette commission parlementaire.
Le chef de l'Opposition officielle a l'air de se scandaliser que j'emploie le
mot "hypocrisie ". Quand on regarde tout le vocabulaire que vous employez
durant tous les débats que nous avons eus seulement aujourd'hui à
l'endroit de ce qu'est le gouvernement, ce n'est pas un gouvernement parfait,
mais qui est un gouvernement, j'en suis convaincu, orienté vers le
mieux-être des Québécois, on a toujours bien le droit de
vous dire à un moment donné ce que nous pensons
profondément. C'est ce que je pense.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
privilège.
Le Président: M. le chef parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président. M.Guay:
Allons, à l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Avez-vous fini là?
Le Président: A l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ce n'est pas
une question de privilège, c'est une question de règlement. Je
veux simplement rappeler à cette Chambre et rappeler au ministre de la
Justice qu'il n'a pas le droit d'employer des termes anti parlementai res.
Le Président: A l'ordre!
M. Johnson: C'est la meilleure.
Une Voix: La vérité blesse.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Guay: C'est un bel exemple d'hypocrisie.
M. Lévesque (Taillon): Cela, c'est un show!
M. Charron: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Attendez un peu! Je n'ai pas
terminé.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
le chef parlementaire de I'Opposition officielle a déjà
invoqué le règlement.
M. Charron: II a posé une question de privilège, M.
le Président.
Le Président: Non, il l'a transformée... M.
Charron: Moi, j'invoque le règlement.
Le Président: ... après en une question de
règlement.
M. Charron: Non, je n'ai pas saisi.
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
Le Président: En effet.
M. Charron: Oui.
Le Président: En effet.
M. Charron: Faites-la et j'en ferai une autre après.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je dis que le
ministre de la Justice n'a pas le droit d employer des mots antiparlementaires.
Il n a pas le droit, non plus, de prêter des motifs indignes à
I'Opposition officielle qui a fait son devoir. M. le Président, je tiens
également à rappeler que le règlement ne me permet pas,
à ce moment-ci, de répliquer vu que le droit de réplique
est réservé au proposeur du projet de loi, à celui qui a
proposé la troisième lecture. Dans les circonstances, je ne
voudrais pas être obligé de me relever pour rappeler au ministre
de la Justice qu'il n a pas le
droit, dans cette réplique, d'abuser de ce droit et de croire que
nous allons demeurer silencieux.
M. Charron: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Lévesque (Taillon): Vous allez suivre le
règlement.
M. Charron: Si l'expression employée par le ministre de la
Justice ce soir, en réponse aux interventions libérales, est
antiparlementaire, est-ce que la même expression était
parlementaire quand, il y a environ sept jours, dans le débat en
deuxième lecture sur la loi 40 concernant les juges, que nous venons
d'adopter, le même chef de l'Opposition, à l'endroit de celui qui
vous parle actuellement, a employé au moins à quatre reprises la
même expression sur des attitudes que j'ai déjà
défendues dans cette Chambre et que je défends encore
aujourd'hui? Alors, si c'était parlementaire lorsqu'il l'a
lui-même employée, ou bien il faut reconnaître que c'est
encore parlementaire aujourd'hui et le ministre de la Justice peut le retenir
ou, alors, le chef de l'Opposition est un hypocrite.
M. Lalonde: Une question de privilège.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ... est-ce que je peux demander au
leader du gouvernement de me rafraîchir la mémoire et de me
rappeler quelles sont les attitudes passées du député de
Saint-Jacques et leader parlementaire qui ont provoqué chez moi une
telle attitude?
Le Président: Bon! Alors, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, sur votre question de privilège.
M. Lalonde: M. le Président, j'invoque mon
privilège de pouvoir écouter en toute
sérénité et dans la paix la plus complète les abus
de langage du ministre que vous jugerez parlementaires.
Le Président: M. le ministre de la Justice. M. Levesque
(Bonaventure): Faites attention! M. Lavoie: De la
modération.
M. Bédard: Oui, je suis bien prêt à faire
attention et je m'attendais que vous fassiez, vous aussi, attention...
M. Levesque (Bonaventure): Certainement. M. Bédard:
... dans vos propos...
M. Levesque (Bonaventure): Certainement.
M. Bédard: ... à mon endroit tout au cours du
débat qui se termine ce soir.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'y ai pas participé, pauvre
toi!
M. Lavoie: Pauvre toi!
M. Bédard: M. le Président, je suis bien d'accord
pour dire que la loi n'est pas parfaite. Je n'ai pas la prétention et
aucun des membres de la commission n'a la prétention d'avoir
réussi à rendre cette loi parfaite, ce que chaque parlementaire
peut tendre à réaliser. Mais de là, par exemple, à
dire, comme le député de Marguerite-Bourgeoys, qu'il s'agit d'un
instrument de contrainte qui ne ressemble en rien aux Québécois,
il y a une marge. Parce que le contrôle des dépenses, on ne vient
pas de l'inventer dans cette loi que nous allons voter. Cela existe dans la Loi
électorale; cela existe aussi dans la loi du financement des partis et
toute loi implique nécessairement une certaine contrainte. Mais toute
loi est faite en fonction non pas de quelques individus, mais du bien d autrui
et du bien général. C'est cela, l'esprit de la Charte des droits
et libertés de la personne.
M. le Président, je considère que cette opinion de la
Commission des droits de la personne prouve que ce que nous avons essayé
de mettre au point j'aurais aimé le faire avec la collaboration
de l'Opposition officielle, comme je l'ai fait sur le projet de loi 40 et je
n'ai pas eu peur de le dire que j'avais eu cette collaboration c'est,
non pas un instrument de contrainte, mais un instrument de démocratie
qui sera valable. En cela, je rejoins cette opinion exprimée par le
député de Mégantic-Compton et le député de
Beauce-Sud. Il s'agit de savoir se servir de ces instruments. (2 h 50)
Quand on essaie de les dévaloriser avant même de les mettre
au point, à ce moment-là, M. le Président, c'est assez dur
d'essayer d'en chanter les louanges ou d'essayer d'en voir les bons
côtés. Quand on a pris, dès le départ, une voie,
quand on s'est tracé, dès le départ, un objectif à
atteindre, qui peut être celui de discréditer une loi, à ce
moment-là, je ne m'étonne pas qu'on refuse de revenir sur une
voie dans laquelle on s'est engagés.
M. le Président, le 27 août 1977, le ministre d'Etat
à la réforme parlementaire, mon collègue et ami,
déposait devant cette Assemblée le livre blanc sur la
consultation populaire au Québec. Au verso de la page couverture du
texte, le premier paragraphe se lisait comme suit: "Un débat hautement
démocratique s'amorce au Québec. Comment les citoyens
québécois, à l'avenir, pourront-ils élargir leur
participation à la prise des grandes décisions politiques?".
Il y a presque un an que ce débat est amorcé. Quelque 30
heures ont été consacrées en com-
mission parlementaire, à l'automne 1977, pour entendre un
très grand nombre d'organismes. Plus de 60 heures ont été
consacrées à l'Assemblée et en commission pour examiner le
projet de loi déposé le 21 décembre 1977. C'est donc
à un total de plus de 100 heures de discussion intensive qu'a
été soumise la politique gouvernementale en matière de
consultation populaire.
M. le Président, je voudrais prendre quelques minutes seulement
pour dire quelques-unes des raisons qui expliquent la fierté que j'ai
eue à m'associer à ce débat, suite à la
décision prise par l'honorable premier ministre.
M. Levesque (Bonaventure): Vous commencez?
M. Bedard: Oui, et c'est seulement quelques minutes. Mais quand
j'entends des propos comme ceux du député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Vous avez tout le temps.
M. Bédard: ... cela m'oblige à faire certaines
corrections qui allongent un peu le débat et je m'en excuse dès
le départ.
M. Lalonde: J'accepte vos excuses.
M. Bédard: Avec tout le monde, je déplore les
circonstances qui ont empêché le ministre d'Etat à la
réforme parlementaire électorale de mener son dossier à
terme. Par ailleurs, j'ai été fier de piloter, en commission
parlementaire, ce projet de loi si bien préparé et amorcé
sous sa responsabilité.
J'ai essayé de mener à bien ce dossier dans le respect des
principes qui avaient été votés lors de la deuxième
lecture par les membres de cette Assemblée nationale et avec la
collaboration de mes collègues ministériels.
Ma seconde raison de satisfaction vient d'avoir eu la chance de
contribuer, je l'espère, modestement, à ce que le gouvernement
mène à terme un projet amorcé sous l'Union Nationale en
1969, qui consiste à associer tous les Québécois aux
grandes décisions qui déterminent le déroulement de leur
vie nationale. Il est tout à fait normal que le Parti
québécois, qui a été fondé et maintenu pour
contribuer à assurer la liberté de la nation
québécoise, pose, comme priorité absolue, que les citoyens
eux-mêmes exercent cette liberté de choisir.
Le projet de loi no 92 est une proclamation officielle de la
liberté de tous les Québécois de choisir non seulement, et
pour la première fois de leur histoire, leur avenir constitutionnel,
mais aussi de trancher les grandes questions qui ne manqueront pas de se
présenter dans la vie d'une communauté aussi jeune et dynamique
que la société québécoise.
La Loi sur la consultation populaire que nous adoptons aujourd'hui
respecte certains principes fondamentaux qu'il convient de rappeler
brièvement. Tout d'abord, il nous est apparu important, afin de ne pas
fausser le débat démocratique, d'assurer à chacune des
options soumises à la consultation populaire une chance égale de
faire valoir sa position en contrôlant les dépenses de la
même manière qu'elles le sont durant une campagne
électorale et en publiant, aux frais de I'Etat, une brochure contenant
les textes préparés par les comités nationaux.
Au cours de l'étude en commission, nous avons apporté, je
crois, un amendement substantiel qui introduit, à la suggestion de la
Commission des droits de la personne, la notion de groupe affilié. Il
sera ainsi permis à tous les groupes de participer librement à la
campagne référendaire, sans le faire nécessairement
à l'intérieur d'un comité national, en ayant une
stratégie et un style d'action qui leur est propre. Je pense que cela
montre jusqu'à quel point nous avons non seulement diminué, mais
nous avons essayé de tendre à faire disparaître
complètement toutes les contraintes, que ce soit au niveau des individus
ou des groupes. Il s'agit là d'une innovation majeure qui renforce la
liberté d'expression et les droits démocratiques fondamentaux
déjà contenus dans le projet original.
Enfin, si l'amitié a sa place de prédilection et si la
fidélité aux convictions a aussi la sienne, il reste qu'en
politique la première place doit appartenir à la
démocratie, au gouvernement de tous les citoyens d'abord par
eux-mêmes. En dépit des imperfections inévitables, le
projet de loi no 92, je le crois, je le prétends et j'en suis convaincu,
constitue un exercice de démocratisation. En dépit du prestige
très fort dont jouit le système parlementaire britannique, nous
devons nous féliciter, tous, d'avoir bâti ensemble chacun
aura à évaluer sa participation un instrument qui sera un
constant rappel que le Parlement reste le serviteur du peuple, que la
souveraineté du Parlement est, en quelque sorte, un pouvoir
délégué par la souveraineté populaire, qu'avant
même les droits qu'ils ont à l'Assemblée, les
parlementaires que nous sommes avons des responsabilités envers la
population toute entière.
Si cette Assemblée l'adopte, comme je l'y invite, le projet de
loi no 92 sera pour nous tous ici, de quelque côté de la Chambre
que ce soit, une occasion unique de réfléchir aux
responsabilités énormes que la population nous a confiées
et dont la première demeure celle de nous rappeler que c'est son pouvoir
à elle et non le nôtre que nous exerçons ici.
M. le Président, viendront, et très bientôt, des
moments historiques où la démocratie directe exercera ses droits
par le biais et par l'entremise de cet instrument démocratique que
représente la loi que nous soumettons respectueusement à votre
approbation. Merci.
M. Lavoie: Vote enregistré. Le Président:
Qu'on appelle les députés! (Suspension à 2 h 58)
(Reprise à 3 h 3)
Mise aux voix de la troisième lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! On attend
M. le député de Laval!
Nous allons maintenant mettre aux voix la motion de troisième
lecture présentée par M. le ministre de la Justice, relativement
au projet de loi no 92, Loi sur la consultation populaire. Que ceux et celles
qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon), M.
Charron, Mme Cuerrier, MM. Cardinal, Bédard, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Parizeau, Marois, Landry, Léonard, Couture,
Johnson, Mme Ouellette, MM. de Belleval, Lessard, Proulx, Duhaime, Tardif,
Garon, Vaugeois, Michaud, Paquette, Marcoux, Alfred, Martel, Fallu, Rancourt,
Mme Leblanc, MM. Grégoire, Godin, Laplante, Bisaillon, Guay, Laberge,
Marquis, Lacoste, Ouellette, Perron, Gosselin, Lefebvre, Lavigne, Dussault,
Beauséjour, Desbiens, Baril, Boucher, Gravel, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Gagnon, Jolivet, Biron, Grenier, Goulet,
Fontaine, Brochu, Dubois, Cordeau, Roy.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Vaillancourt (Orford), Lalonde, Saindon, Saint-Germain, Raynauld, Lamontagne,
Giasson, Caron, O'Gallagher, Picotte, Ciaccia, Marchand, Pagé,
Verreault, Springate.
Le Président: Des abstentions?
Le Secrétaire: Pour: 59Contre: 17Abstentions:
0
Le Président: La motion est adoptée.
Adoption du rapport des commissions qui ont
étudié les crédits
M. Charron: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: ... nous en sommes aux toutes dernières
minutes, et il me reste un important projet de loi à solliciter de cette
Assemblée. Aucun député ne s'est prévalu du droit
qui lui est offert à l'article 130 de notre règlement. En ce qui
concerne le dépôt du rapport des crédits, en commission
plénière, les crédits de ce matin, je pense donc qu'aucun
ne veut un débat additionnel sur ces crédits, débat qui
pourrait s'étendre jusqu'à 5 heures. Je fais motion, M. le
Président, pour que ce rapport soit adopté.
Le Président: Est-ce que le rapport qui concerne les
commissions qui ont étudié les crédits sera
agréé?
M. Lavoie: Adopté. Le Président:
Agréé.
Projet de loi no 53
M. Charron: M. le Président, en vertu de l'article 131 de
notre règlement, je sollicite l'adoption en première,
deuxième et troisième lectures, sans avis, sans débat ni
amendement, et soumises à une seule approbation de l'Assemblée,
du projet de loi no 53 qui a été distribué.
Première, deuxième et troisième
lectures
Le Président: M. le ministre des Finances propose la
première, la deuxième et la troisième lecture du projet de
loi no 53, Loi octroyant à sa Majesté des deniers requis pour les
dépenses du gouvernement pour l'année financière se
terminant le 31 mars 1979 et pour d'autres fins du service public. Est-ce que
ces motions de première, deuxième et troisième lectures
seront adoptées?
Des Voix: Adopté.
M. Lavoie: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: ... Les première,
deuxième et troisième lectures de ce projet de loi.
Le Président: Adopté.
M. Charron: M. le Président, je n'ai plus rien à
vous mettre sous la dent.
Le Président: Je souhaiterais que vous mettiez la motion
d'ajournement.
M. Charron: Auparavant, je pense que le premier ministre pourrait
s'adresser à l'Assemblée.
Le Président: M. le premier ministre.
Souhaits de vacances M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, cela va
être d'une brièveté extrême. Je veux simplement, au
moment d'ajourner dire, au nom de tous mes collègues de ce
côté-ci de la Chambre, merci, dans l'ensemble, à tous nos
collègues de tous les autres horizons de la Chambre de nous avoir permis
tous ensemble, je crois, une première partie de cette session aussi
fructueuse, peut-être d'une fécondité sans
précédent. Je dois dire que parmi les lois très
importantes, une cinquantaine...
Ce travail assidu, en un temps plus bref, je crois, que ce qui
était la moyenne des sessions traditionnelles, nous a permis d'adopter
un grand nombre, un bon nombre en tout cas, de lois très importantes. Il
n'y en a probablement pas de plus importante que celle qui a
précédé immédiatement les deniers de Sa
Majesté. (3 h 10)
Je dois dire avec un mélange de regret et de fierté,
à cause des déchirements qu'on a sentis autour de cela, mais qui
sont en fait préréférendaires, cela n'aurait pas dû
se mêler au débat sur la loi elle-même. Malgré cela,
je pense que c'est la fierté qui l'emporte parce que, cette nuit,
à une heure qui n'avait pas de bon sens, mais qui avait
été précédée par tellement de débats
que finalement je crois que la question était déjà
épuisée, on a donné pour la première fois de leur
histoire à nos concitoyens du Québec un instrument qui leur
permettra de décider de leur avenir.
Je crois que cela, on s'en souviendra. On s'en souviendra
peut-être différemment les uns et les autres. Enfin, cela on
verra. Sur ce, je voudrais, je pense, obtenir facilement l'unanimité de
la Chambre pour remercier, après avoir été obligé
de succéder au pied levé au vétéran qu'est notre
ami le député de Maisonneuve, mon collègue le
député de Saint-Jacques d'avoir, pendant les dernières
semaines, je crois, piloté les semaines extrêmement difficiles de
la fin de la session, avec un mélange de bonne foi et de bonne humeur
qui, je crois, ont trouvé leur écho dans tous les coins de la
Chambre et qui expliquent en bonne partie le succès de cette
première partie de la session.
Je voudrais également remercier un autre qui, pour la même
raison d'accident de parcours, a fait ce soir le discours culminant d'un
dossier qu'il a, lui aussi, eu à piloter laborieusement, difficilement,
mais avec un doigté qui n'a pas eu le succès absolument unanime,
sans restriction qu'il espérait, mais je crois que tout le monde
admettra que ce n'est pas parce qu'il n'a pas fait tous les efforts possibles
et imaginables et qu'il n'a pas mis tout son talent, tous ses dons et tout le
sens qu'il avait de l'importance de cette législation à rendre
à terme cette loi sur la consultation populaire.
Il reste simplement avant l'ajournement, à remercier la
présidence, les officiers, les permanents de l'Assemblée
nationale, tous, et aussi, dans l'ensemble, nos amis de la galerie de la
presse. Je pense qu'on peut se souhaiter à tous, on les a
méritées, de bonnes vacances et jusqu'au retour, au début
d'octobre, un bon été et le temps de réfléchir les
uns et les autres parce que j'ai lu que quelque part en Colombie-Britannique,
le Parti libéral annonçait qu'il ne serait pas prêt
à décider ce qu'il voulait faire avec le
fédéralisme avant mai ou juin prochain. Les uns et les autres,
cela nous donne tout l'été. A nos amis d'en face, cela leur donne
encore un an pour penser à l'attitude qu'ils adopteront.
J'espère que, vis-à-vis des engagements comme ceux qui ont
été pris en Colombie-Britannique, le chef de l'Opposition ne
demandera pas de faire cela sans délai. Mais quoi qu'il en soit, en
remerciant tout le monde, souhaitons-nous, je pense à tous, bonnes
vacances et on peut se féliciter, dans l'ensemble, du travail
accompli.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, relevant
simplement les dernières paroles du premier ministre ou ses
avant-dernières paroles, quant à la date de mai et juin 1979 pour
des travaux relatifs à la constitution, je tiens à lui
rappeler...
M. Lévesque (Taillon): ... pour 1980?
M. Levesque (Bonaventure): 1979. Je tiens à lui rappeler
que nous avons déjà prévu que, si le gouvernement
accédait à notre demande répétée, nous avons
un programme d'accélération du processus, il n'a pas à
s'inquiéter.
M. le Président, j'ai entendu comme vous une sorte de
résumé de bilan du premier ministre, bilan qu'il veut positif. Je
veux bien être aimable et surtout à cette heure-ci du matin
à trois heures et quart, je n'ai pas envie de commencer à me
chicaner mais cependant je tiens à rappeler au moins pour que les
observateurs qui suivent la scène parlementaire puissent faire la part
des choses, que nous avons commencé cette session alors que le premier
ministre indiquait que la population du Québec abordait 1978 avec
confiance et anxiété. Nous repartons à la fin de cette
première partie de notre session avec beaucoup plus
d'anxiété partagée par la population que de confiance. Le
chômage n'a jamais été aussi pire, particulièrement
le chômage des pères de famille, des jeunes travailleurs, des
étudiants. Jamais nous n'avons connu autant de confusion, on n'a pas
dissipé l'ambiguïté sur la question constitutionnelle,
malgré tous les efforts que l'Opposition a pu faire.
Je pourrais, si je voulais, s'il n'était pas si tard, pour le
journal des Débats, commencer à parler des choses
récentes, comme les sondages, excusez-moi, les sondages. Je pourrais
parler, par exemple, du document Lussier que je n'ai pas pu réellement
commenter.
Je vais suivre l'exemple du premier ministre plutôt et remercier
tous nos excellents collaborateurs, et particulièrement le whip de
l'Opposition officielle, et tous ces valeureux collègues qui sont encore
ici ce matin avec nous et qui, au cours de la session, se sont penchés
sur de multiples dossiers et ont passé avec les collègues des
autres formations des heures et des heures afin de bonifier cette
législation qui en avait tellement besoin.
M. le Président, je veux les féliciter et les remercier.
Je voudrais en même temps, M. le Président, profiter de l'occasion
pour reprendre les félicitations à notre jeune leader
parlementaire du gouvernement pour la façon dont il s'est
acquitté, au pied levé, de cette responsabilité, que j'ai
eu l'occasion de connaître moi-même. Je sais ce que c'est.
Je voudrais également, sans partager ses opi-
nions ni son comportement, ce matin, rendre un témoignage au
ministre de la Justice pour également avoir au pied levé
remplacé son collègue de Maisonneuve.
Dans les moments où on doit exprimer des convictions qui sont les
nôtres, qui sont différentes de celles de nos amis d'en face, on
sait tout de même reconnaître le travail et le sens du devoir de
ceux qui ont ainsi à répondre à des défis.
Je voudrais, M. le Président, également dire que nous
avons une banquette libre de ce côté-ci. Je pense bien que, quand
on se retrouvera, cette question sera réglée.
Je voudrais également, M. le Président, vous
féliciter, vous, et vous remercier de la façon digne, impartiale,
remarquable avec laquelle vous avez présidé nos travaux. Je
voudrais associer à ce témoignage vos deux vice-présidents
qui, réellement, méritent également notre admiration,
notre respect et nos félicitations.
Je voudrais associer évidemment à votre travail vos
principaux collaborateurs, le secrétaire général et ses
adjoints, tous les officiers et le personnel de l'Assemblée nationale
qui font un travail magnifique.
Je voudrais également associer le journal des Débats, ces
gens qui travaillent continuellement dans l'ombre et qui doivent nous
endurer.
M. Lévesque (Taillon): Ils sont tannés.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, ils sont tannés. Le
premier ministre a raison. Ils doivent être tannés.
M. le Président, vous savez que même si nous sommes
souvent, ou voulons être des idéalistes, il y a toujours le
ventre; et le Parlementaire qui nous accueille, avec ses employés,
à toutes les heures. On voudrait également les associer à
notre témoignage, à notre gratitude, et les journalistes, comme
le premier ministre, nous allons les saluer, particulièrement ceux qui
ont souvent passé la nuit avec nous dernièrement et qui
méritent nos félicitations.
M. le Président, avant de reprendre mon siège, je voudrais
m'associer à tous nos collègues qui ont souligné l'absence
du leader du gouvernement, le député de Maisonneuve, et du leader
de I Union Nationale, qui se sont fatigués à cette tâche
presque inhumaine. Nous espérons bien qu'ils pourront nous revenir en
excellente forme le plus tôt possible et nous leur formulons nos
meilleurs voeux de prompt rétablissement.
Maintenant, je demande au gouvernement de faire attention. Il va
être tout seul. On ne sera plus ici pour l'aider, pour un petit bout de
temps. On va être très vigilant, cependant. On ne sera pas en
Chambre. Je n'aime pas cela le laisser tout seul, ce gouvernement, M. le
Président. (3 h 20)
Je veux assurer le gouvernement de notre vigilance, mais s'il y a des
moments où il se sent trop seul, qu'il nous appelle, on sera au bout du
fil. On pourra peut-être lui donner de bons conseils.
M. le Président, je voudrais, comme l'a fait le premier ministre,
souhaiter à tous, à chacun et à chacune, de bonnes
vacances et l'assurance, malgré tout, de notre plus cordiale et profonde
amitié.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, lorsque j'ai entendu le premier
ministre nous parler de ce que nous avions accompli au cours de cette
première partie de la session, de cette productivité d'une
cinquantaine de lois, j'ai compté rapidement qu'aujourd'hui nous avions
adopté environ 20 lois. Cela veut dire que la productivité
d'aujourd'hui a valu la productivité depuis le début de la
session.
Je ne recommande pas au gouvernement de nous faire travailler trop de
nuits ou trop de jours comme nous l'avons fait aujourd'hui. Je voudrais en
profiter pour remercier spécialement mes collègues de l'Union
Nationale, mes députés, qui ont fait un excellent travail au
cours de cette session, qui ont participé, comme nous l'avions fait au
cours de la dernière session avec nos autres collègues de
l'Assemblée nationale, que ce soit du côté gouvernemental
ou du côté de l'Opposition officielle. Nous avons surtout
continué d'apporter nos suggestions précises aux problèmes
du Québec d'aujourd'hui.
J'ai vérifié depuis quelques jours les actions de l'Union
Nationale, dans quelle direction elles avaient été depuis le
début de cette session, et j'ai trouvé que tout près des
deux tiers des interventions des députés de l'Union Nationale ont
porté sur la vie économique du Québec.
Et je me suis mis à penser que c'était un peu dans la
direction que le premier ministre du Québec avait voulu l'orienter
à l'époque, dans son discours inaugural, alors qu'il nous disait
que cette session serait surtout orientée vers la vie économique.
Bien sûr, nous avons trouvé que le gouvernement n'a pas
été assez loin, pas assez rapidement, pas assez
précisément dans cette direction, mais les interventions de
l'Union Nationale ont porté dans cette direction.
Je voudrais, moi aussi, remercier tout le personnel de
l'Assemblée nationale, le personnel de service, tous ceux qui ont pu, de
près ou de loin, aider ou faciliter le travail quotidien des
députés. Je veux aussi remercier tous ces collègues du
gouvernement ou de l'Opposition officielle, les députés de
Beauce-Sud et de Rouyn-Noranda pour leur amabilité et leur
cordialité durant cette session, même si quelquefois nous devons
avoir des échanges virils comme le dit souvent le premier ministre du
Québec. Tout à l'heure, je me suis mis à penser lorsque le
chef parlementaire de l'Opposition officielle parlait d'une banquette vide
à sa droite et je pensais que c'était à sa droite
immédiate, mais j'ai compris que la banquette resterait là encore
un bout de temps et que c'est à l'autre bout qu'il pourrait se passer
quelque chose.
Je veux aussi remercier les gens de la presse qui ont bien servi les
gens de l'Assemblée nationale et chacun des media d'information qui a,
au meilleur de ses connaissances, de ses capacités et
de son honnêteté, essayé de reproduire
fidèlement ce qui s'est passé ici. Je veux bien sûr vous
remercier et vous dire, comme le chef de l'Opposition officielle, que nous
avons remarqué votre impartialité dans tous ces débats et
nous voulons vous en remercier bien sincèrement. De même un mot
à l'endroit du leader du gouvernement, nous avons apprécié
sa sagesse et son doigté lorsqu'il a remplacé au pied levé
le député de Maisonneuve et nous l'assurons de notre
collaboration s'il continue dans ce même poste.
Nous avons aussi remarqué, comme le chef de I'Opposition
officielle, l'absence du député de Maisonneuve et du
député de Johnson. C'est dire que les travaux de
l'Assemblée nationale demandent une charge de travail à peu
près inhumaine pour les députés, pour les ministres en
particulier. Je pense bien que de ce côté-là il faudrait y
penser sérieusement dans la tenue de nos autres travaux au cours des
prochains mois, des prochaines années.
Avant de terminer, je veux tout simplement faire remarquer que cette
année, parce que l'an dernier les vacances d'été n'ont pas
existé pour les députés, quelques-uns de nos
députés, en tout cas ceux qui le veulent, vont pouvoir profiter
de quelques jours ou quelques semaines de vacances, surtout pour essayer
d'améliorer un peu leur vie de famille. Je pense que j'en ai
parlé à loccasion de l'ajournement des Fêtes, j'en reparle
également aujourd'hui, parce que c'est drôlement important dans la
vie des hommes publics de passer quelques jours avec leur famille.
M. le Président, je vous souhaite, ainsi qu'au premier ministre,
aux ministres, à mes collègues de l'Opposition officielle,
à mes députés, au député indépendant,
de bonnes vacances et j'espère que nous allons tous revenir ici en
forme, prêts à travailler pour améliorer un peu le sort des
Québécois.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, quelques mots seulement pour ne
pas allonger ce débat, même s'il semble faire l'unanimité
de l'Assemblée nationale. Je voudrais joindre ma voix à ceux qui
m'ont précédé pour souhaiter à tous mes
collègues, un peu comme vous M. le Président, des deux
côtés de la Chambre, parce que je suis presque au centre de
l'Assemblée nationale, de bonnes vacances.
Je pense que tout le monde mérite des félicitations pour
l'apport et les efforts qui ont été faits par chacun en vue de
travailler dans l'intérêt de ceux qui nous ont mandatés, de
ceux qui nous ont élus pour les représenter ici à leur
première institution politique qu'est l'Assemblée nationale du
Québec.
M. le Président, je souhaite de bonnes vacances à tout le
monde, à tous mes collègues, à tout le personnel de
l'Assemblée nationale, aux journalistes, aux employés du journal
des Débats, à vous, M. le Président, et aux
vice-présidents. Je veux rappeler à mes collègues des
autres formations politiques que, malgré nos divergences politiques,
nous sommes tous Québécois. Comme nous sommes à la veille
de notre fête nationale, je voudrais mentionner en dernier lieu: Bonne
fête nationale!
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, je veux d'abord beaucoup
remercier, en commençant par le premier ministre, ceux qui ont
exprimé leur satisfaction du travail fait lors des dernières
semaines.
Je puis vous dire que c'est toute une expérience de vie que
j'achève ce soir, M. le Président, avec une certaine
satisfaction, non pas pour "la job faite", mais comme membre du gouvernement.
Nous avons la satisfaction de permettre à tout le monde, enfin cette
année, d'avoir une vie normale d'été, de retrouver et les
familles et les électeurs, avec tout le programme législatif, que
le gouvernement s'était fixé comme objectif,
réalisé, atteint, voté et sur le point d'être
sanctionné dans quelques minutes.
M. le Président, le travail que j'ai effectué au cours des
cinq dernières semaines, le chef de l'Opposition y a fait allusion
lui-même, est difficile parce qu'il faut fonctionner entre les
frontières que sont l'efficacité obligatoire d'une machine
gouvernementale, d'une équipe gouvernementale après tout
nous avons été élus pour cela, avec un mandat et le
respect fondamental des libertés et des droits de chacun des membres, y
compris ceux qui n'ont pas été élus dans la même
équipe gouvernementale. Il faut manoeuvrer, il faut
nécessairement de la collaboration, il ne faut pas perdre de vue les
objectifs, il faut en même temps, je pense, obtenir de chacun la
satisfaction d'être membre de l'Assemblée nationale.
Pour ce faire, M. le Président, j'ai
bénéficié c'est le seul mot que je vais dire ce
soir d'abord d'une grande confiance de la part du premier ministre, et
je l'en remercie, d'un travail fort bien préparé par le
député de Maisonneuve, mon ami, d'une collaboration qui m'avait
été offerte dès le premier jour et qui n'a pas
manqué un seul instant, par l'Opposition officielle et par l'Union
Nationale, d'une tolérance plus que bienveillante de la part de mes
collègues du parti ministériel et de votre part, M. le
Président, et des officiers qui vous entourent, d'une
disponibilité qui n'a pas manqué à un seul moment non
plus.
Avec toutes ces conditions favorables, M. le Président, et avec
le goût de faire "une bonne job", je pense que nous sommes en mesure de
dire que nous achevons ce soir une des premières moitiés de
session les plus productives auxquelles j'ai pu assister en neuf ans dans cette
Assemblée. Je pense donc aussi que tout le monde mérite des
vacances, qu'il les mérite bonnes pour chacun, mes collègues de
l'Opposition au même titre que nous, de l'Opposition officielle aussi;
tout ce que j espère c'est que leur chef n'attendra pas trois mois avant
de se décider à leur accorder et qu'on puisse leur permettre de
souffler et de venir nous
retrouver à l'automne pour la deuxième partie de ce qui
nous reste à accomplir dans le discours inaugural qu'annonçait le
premier ministre.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre au mardi
3 octobre, 14 heures.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: La motion est adoptée. Bonnes
vacances et merci à tous!
(Fin de la séance à 3 h 30)
ANNEXE Questions inscrites au feuilleton
Questions de M. Bellemare 1. Quel a été le montant
total accordé par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec: a) entre le 30 mars 1976 et le 30 mars 1977; b) entre le 30 mars
1977 et le 30 mars 1978, à titre de remboursement aux
établissements hospitaliers situés hors du Québec ou
à des personnes pour des services externes ou internes assurés,
dispensés à des résidents du Québec pour des
services assurés reçus hors du Québec? 2. Quel a
été le montant total accordé au cours de chacune de ces
périodes de temps pour les mêmes fins: a) aux hôpitaux
canadiens codés; b) aux hôpitaux canadiens non-codés; c)
aux hôpitaux américains; d) aux hôpitaux des autres pays? 3.
Au cours de chacune de ces périodes de temps, quels montants les
établissements hospitaliers suivants ont-ils reçus: a) Ottawa
Civic Hospital 1053 Carling Avenue Ottawa, Ontario b) Hôpital
Général d'Ottawa 43, Bruyère
Ottawa, Ontario c) Montford Hospital Montreal Road Ottawa. Ontario d)
Riverside Hospital of Ottawa 1967 Riverside Drive Ottawa, Ontario e) Children's
Hospital of Eastern Ontario 401, Smyth Road Ottawa, Ontario f) Queensway
Carleton Hospital 3045, Baseline Road Ottawa, Ontario g) National Defence
Medical Centre Alta Vista Drive
Ottawa, Ontario h) Royal Ottawa Hospital 1145 Carling Ottawa,
Ontario?
Réponses de M. Lazure 1. a) $2 103 389.78 b) $2 562
470.20
Questions de M. Fontaine 1. Du 1er septembre 1976 au 1er
février 1978, quel est le montant de subventions qui ont
été accordées à chaque municipalité et
à chaque commission scolaire du district électoral de
Nicolet-Yamaska par les ministères suivants: a) Transports; b) Affaires
municipales; c) Agriculture; d) Education; e) Affaires culturelles; f)
Industrie et Commerce? 2. A quelle fin chacune de ces subventions a-t-elle
été accordée?
Réponse de M. Garon Aucune subvention n'a
été accordée par le ministère de I Agriculture.
Questions de M. Saindon 1. A quelle date les
autorités du Centre hospitalier Georges-Frédéric, à
Drummondville, ont-elles soumis une demande au ministère des Affaires
sociales pour l'obtention d'un budget supplémentaire d environ $500
000., montant jugé nécessaire pour permettre le changement de
vocation, de I hébergement au chronique, à ce centre hospitalier?
2. Quelle a été la décision rendue et à quelle
date? 3. Depuis le 1er janvier jusqu au 18 octobre 1977, combien de lits, pour
malades à long terme, sont demeurés inoccupés en raison d
un manque de budget d'exploitation?
Réponses de M. Lazure 1. La demande du Centre hospitalier
a été présentée au ministère des Affaires
sociales le 29 janvier 1976. 2. Le 21 juillet 1977, le ministère avisait
l'établissement que les sommes requises pour le changement de vocation
de 67 lits d hébergement en lits de soins prolongés
étaient disponibles. 3. Du 1er janvier 1977 au 10 février 1977,
la totalité des lits était utilisée.
Du 10 février 1977 au 5 septembre 1977, 47 lits sont
demeurés inoccupés, dû à des difficultés de
liquidité de crédits et aux difficultés rencontrées
dans le recrutement du personnel durant le temps des vacances.
Du 5 septembre 1977 au 18 octobre 1977, 20 lits sont demeurés
inoccupés pour raison d aménagement. Depuis cette date, le Centre
hospitalier fonctionne à pleine capacité.
Questions de M. Saindon 1. Combien d handicapés le
ministère des Affaires sociales a-t-il embauchés, depuis le 1er
mai 1977? 2. Quel était le pourcentage des postes occupés par des
handicapés au sein du ministère, en date du 30 novembre 1977?
Réponses de M. Lazure 1. Aucun. Lors du recrutement de
nouveaux employés, le ministère des Affaires sociales, comme tous
les autres d'ailleurs, doit choisir ses candidats parmi les personnes
qualifiées auprès de la Commission de la fonction publique.
Ainsi, les quelques postes que mon ministère a comblés
à partir de ces listes, entre le 1er mai 1977 et le 30 novembre 1977, ne
nous a pas permis d'embaucher des personnes handicapées. Toutefois, il
faut préciser que l'adoption du projet de loi 9 facilitera l'embauche
des personnes handicapées, étant donné que le
gouvernement, comme tout autre employeur, devra faire approuver par l'Office
des handicapés un plan d'embauche des handicapés. 2. Au 30
novembre 1977, 176 personnes handicapées étaient à
l'emploi du ministère des Affaires sociales, ce qui représente
4.53% des effectifs autorisés.
Question de M. Forget 1. Quelles mesures la Régie de
l'assurance-maladie du Québec a-t-elle prises pour: a) corriger les
anomalies observées dans la prestation de services de
psychothérapie suspects de psychanalyse; b) poursuivre l'étude
des profils de pratique médicale relativement aux actes de
psychothérapie suspects de psychanalyse chez les psychiatres; c)
soumettre à un contrôle plus efficace l'augmentation spectaculaire
des actes de psychothérapie chez les omnipraticiens?
Réponse de M. Lazure 1. a) Avec les nouvelles ententes, le
code d'acte 8943: psychanalyse est disparu du cahier de prestations des
médecins spécialistes; malheureusement, ce code d'acte est
demeuré dans I entente des omnipraticiens et ceux-ci ont
été avertis de ne pas I'utiliser et nous n avons plus de
facturations pour ce code.
Tous les établissements visés par l'article 5.03 des
règlements concernant la Loi de I'assurance-maladie sont validés
et toutes facturations pour des actes effectués en dehors de ces
institutions sont annulées. b) Une étude de profils a
été entreprise chez tous les psychiatres dont les séances
de psychothérapie sont longues et s étendent sur des
périodes prolongées. En somme, I'étude porte sur toute
forme de psychothérapie à long terme. c) Nous réalisons
que la définition de la thérapie psychiatrique de soutien permet
une utilisation extensive des codes s'y rattachant. Cette situation rend le
contrôle difficile. Nous avons réalisé, cependant, que la
facturation de ces codes d actes, bien qu élevée, est à
peu près stabilisée. Une définition plus restrictive de la
psychothérapie devra être envisagée lors de prochaines
négociations.
Questions de M. Roy Relativement à la
publication intitulée: L'équipe de Soquip: 1. Quel est le
coût de cette publication? 2. A combien d exemplaires cette publication
a-t-elle été tirée? 3. Depuis sa parution, y a-t-il eu des
modifications au sein de I'équipe de Soquip; si oui, quelles
sont-elles?
Réponses de M. Joron 1. Le coût de la publication de
"L équipe de Soquip est de S4 402.36 2. Le document a été
tiré à 500 exemplaires. 3. Il n y a eu aucune modification au
sein de I'équipe de Soquip depuis la publication du document.
Questions de M. Grenier 1. Combien d appels
téléphoniques interurbains ont été
échangés entre le C.R.S.S.S. de Sherbrooke et les centres
hospitaliers Saint-Joseph et du Frère-André ainsi que le Centre d
accueil Jeanne-Mance (et vice versa) entre le 1er mai 1977 et le 30 mars
1978?
2. Pour chacun d'eux, quelles ont été la date de l'appel
téléphonique et la durée?
Réponses de M. Lazure 1. Cette question a reçu
réponse lors de l'étude des crédits du ministère
des Affaires sociales, en commission parlementaire. 2. Idem.
Questions de M. Russell 1. Est-ce que les villes de Bedford,
Bromont, Cowansville, Farnham, Granby, Lac Brome et Waterloo ont reçu
des subventions des ministères ou organismes suivants de 1964 à
ce jour: a) Industrie et Commerce; b) Transports; c) Richesses naturelles; d)
Agriculture; e) Tourisme, Chasse et Pêche; f) Travaux publics et
Approvisionnement; g) Terres et Forêts; h) Affaires municipales; i)
Education; j) Justice; k) Affaires culturelles;
I) Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports? 2.
Dans chaque cas, quel a été le montant de la subvention et le but
pour lequel elle a été versée?
Réponses de M. Garon 1 - 2 - Le
ministère de l'Agriculture n'a versé aucune subvention aux villes
mentionnées plus haut.
Questions de M. Russell 1. La Régie de T
assurance-maladie a-t-elle signé un contrat de location avec la
compagnie P. Tardif Inc. au cours de Tannée 1975 en vue d occuper la
totalité ou une partie de l'édifice situé au 1125, chemin
Saint-Louis, à Québec? 2. Dans l'affirmative, quelle était
la durée de ce contrat de location au pied carré? 3. Ce contrat
a-t-il été résilié au cours de la même
année? Dans laffirmative: a) pour quelles raisons a-t-il
été résilié; b) le locataire a-t-il
été tenu de payer une pénalité; c) quel a
été le montant déboursé en guise de
pénalité? 4. Au cours de I année 1977 ou de Tannée
1978, la Régie de lassurance-maladie du Québec a-t-elle
signé un contrat de location en vue d occuper la totalité ou une
partie de l'édifice situé au 1125, chemin Saint-Louis à
Québec? 5. Dans laffirmative, quelle était la durée de ce
contrat de location et quel est le prix de location au pied carré?
Réponses de M. Lazure 1. La Régie de
lassurance-maladie du Québec n'a pas signé de contrat de location
avec la compagnie P. Tardif Inc. au cours de Tannée 1975 en vue d
occuper la totalité ou une partie de Tédifice situé au
1125, chemin Saint-Louis. 2. Non applicable. 3. Non applicable. 4. Le 13 mars
1978, la Régie a signé un bail pour Toccupation de la
totalité de Tédifice sis au 1125. chemin Saint-Louis. 5. La
durée du bail est de 25 ans et le taux de location est de $9.29 le pied
carré pour les espaces locatifs du rez-de-chaussée et des
étages, et de $5.70 le pied carré pour les espaces locatifs en
sous-sol.