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(Quatorze heures dix minutes)
Le Président: À l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir. À l'ordre!
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre de l'Éducation.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapports de l'Ordre des chimistes et de l'Ordre des
chiropraticiens
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi,
à titre de ministre responsable de l'application des lois
professionnelles, de déposer le rapport de l'Ordre des chimistes du
Québec pour l'année 1977-78, ainsi que le rapport de l'Ordre des
chiropraticiens du Québec pour la même année.
Le Président: Rapports déposés.
M. le leader parlementaire du gouvernement, au nom de M. le ministre de
la Fonction publique, si vous avez le document.
M. Charron: Je n'ai pas la copie, M. le Président; ce sera
remis à demain.
Le Président: Dépôt de rapports de
commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur le projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, si on peut revenir un instant
au rapport du ministre de la Fonction publique, au dépôt de
documents...
Le Président: Oui, avec le consentement, M. le ministre de
la Fonction publique au dépôt de documents.
Rapport de la Commission de la fonction
publique
M. de Belleval: Permettez-moi, M. le Président, de
déposer le rapport annuel 1977/78 de la Commission de la fonction
publique du Québec.
Le Président: Document déposé.
M. le leader du gouvernement, nous revenons à la
présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, j'apprécierais que
vous appeliez l'article m) de notre feuilleton d'aujourd'hui, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 96 Première lecture
Le Président: M. le ministre de l'Éducation propose
la première lecture du projet de loi no 96, Loi modifiant de nouveau la
Loi de l'instruction publique et modifiant la Loi du Conseil supérieur
de l'Éducation.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, ce projet de loi
modifie principalement la Loi de l'instruction publique aux fins suivantes:
premièrement, préciser les pouvoirs accordés aux
commissaires et syndics d'école, d'engager et d'administrer, de
résilier ou de suspendre le personnel enseignant et le personnel requis
pour l'administration; deuxièmement, de préciser que les
commissaires ou syndics d'école peuvent changer de classe,
d'école ou de fonction un membre du personnel pourvu que son traitement,
sauf disposition contraire dans une convention collective ou un
règlement édicté en vertu de la loi, ne soit pas
réduit.
Le projet de loi abroge, en outre, certaines dispositions de la loi
concernant le contrat d'engagement d'un enseignant et sa durée, et
l'arbitrage des griefs en cas de congédiement ou de non-rengagement;
l'obligation pour une commission scolaire d'assurer ses biens meubles et
immeubles.
Le projet de loi accorde par ailleurs au gouvernement le pouvoir de
déterminer par règlement des règles et conditions quant
à l'aliénation des biens meubles et immeubles des commissions
scolaires.
Enfin, ce projet de loi accorde, de plus, au ministre le pouvoir de
déterminer par règlement des normes relatives au mandat du
vérificateur des commissions scolaires et des commissions scolaires
régionales et de déterminer les modalités
d'exécution de ce mandat.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales. M. le député
d'Outremont.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Manifestation des étudiants en
réadaptation
M. Raynauld: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Aujourd'hui, l'Association des étudiants
en réadaptation des universités du Québec est ici devant
le parlement et même dans les galeries pour attirer l'attention du
gouvernement sur une décision que le ministre a prise relativement
à l'internat.
M. le Président, je voudrais peut-être rappeler quelques
faits qui ont amené les problèmes d'aujourd'hui. D'abord, le
problème s'est posé pour la première fois à
l'occasion d'un rapport, l'opération sciences de la santé, qui a
proposé de remplacer l'internat pour ces étudiants par des stages
intégrés dans le programme universitaire.
En mars 1977, le ministre des Affaires sociales a décidé
d'uniformiser les salaires payés à ces internes, de sorte
qu'à partir de ce moment-là les salaires ont été de
$100 par semaine payés pour l'internat des étudiants en
physiothérapie et en ergothérapie.
Un mois après avoir décidé de cette uniformisation,
le ministre a décidé de couper le salaire, tout simplement, pour
le mois d'août 1978. Deux mois après, en juillet 1977... Je pense
qu'il faut expliquer un peu, M. le Président.
Le Président: Un peu.
M. Raynauld: En juillet 1977, la balle passe au ministre de
l'Éducation du Québec qui décide que cet internat devrait
être intégré au programme régulier, mais sans
session supplémentaire, ce que les universités refusent.
J'ai deux questions. La première est la suivante: Est-ce que le
ministre, compte tenu des représentations qui lui ont été
faites, est disposé à revenir sur sa décision en gardant
à l'esprit la distinction entre un stage et un internat?
Deuxièmement, compte tenu de la position de la corporation
professionnelle dans ce domaine qui appuie les étudiants, comment
entend-il résoudre le problème de l'internat, compte tenu
également des positions que le ministre de l'Éducation peut avoir
sur le même sujet?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, à la première
partie de la question, la réponse, c'est non, c'est-à-dire que
nous n'entendons pas revenir sur la décision. C'est une décision
qui a été prise conjointement par le ministère de
l'Éducation et le ministère des Affaires sociales.
Essentiellement, la décision est basée sur un principe
d'équité, de justice pour l'ensemble des étudiants, futurs
professionnels. Je m'explique. Depuis un certain nombre d'années, les
futurs physiothérapeutes et ergothérapeutes, de par leur
programme d'études, doivent faire un stage de quatre mois qu'on appelle
internat. Pour cedit internat, ils touchent un salaire. Cependant, la plupart
des autres disciplines qui, tout aussi bien que les futurs
physiothérapeutes ou ergothérapeutes, doivent faire des stages,
mais cette fois-ci non pas condensés dans un bloc de quatre mois, mais
espacés sur une année, sur six mois, sur huit mois, peu importe,
ne touchent pas de salaire. En vertu de ce principe d'équité,
nous avons convenu le ministère de l'Éducation et le
ministère des Affaires sociales qu il fallait mettre un terme
à ce qui avait été une coutume depuis un certain nombre
d'années. Nous pensons que ces stages doivent continuer. Ils sont une
partie importante du programme de formation de ces futurs
physiothérapeutes.
J'arrive à la deuxième question. Nous pensons qu'il doit y
avoir entre les deux corporations impliquées et le ministère de
l'Éducation, avec la collaboration du ministère des Affaires
sociales, une entente pour que ces stages soient échelonnés sur
plusieurs mois et que ces étudiants soient traités sur le
même pied que tous les étudiants d'une dizaine d'autres
disciplines qui n'ont jamais touché de salaire pour leur stage.
M. Raynauld: Une question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Quand j'ai posé ma première question,
c'était justement en référence à la distinction
à faire entre un stage et un internat. Les arguments qui viennent
d'être invoqués par le ministre s'appliquent à des stages;
ils ne s'appliquent pas à des internats. Est-ce que la distinction est
encore valide ou est-ce qu'on veut absolument confondre les deux, de
façon à pouvoir invoquer des situations qui, à ma
connaissance, n ont à peu près pas de rapport avec la situation
de ces étudiants en particulier?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, c'est un peu le noeud du
problème. Je pense que c'est une discussion de sémantique, c'est
une discussion sur les termes. Ce qui importe, c'est le contenu de la formation
pratique du futur professionnel, qu'il soit physiothérapeute,
psychologue ou travailleur social. Il peut être de bonne guerre d'appeler
internat un stage donné si, accroché au concept d'internat, on
voit le salaire mais, ce qui importe, c'est que, dans les deux cas, il s'agit
d'une formation pratique qui découle de la formation théorique ou
l'accompagne.
Alors, en réponse très claire à la question du
député d'Outremont, pour nous, il n'y a vraiment pas de
différence substantielle entre stage et internat. (14 h 20)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Question supplémentaire. J'aimerais
m'adresser au ministre de l'Éducation,
M. le Président. Est-ce que son ministère a examiné
les répercussions sur la qualité de la formation des
physiothérapeutes en l'absence d'un internat? Deuxièmement, comme
responsable de l'Office des professions, peut-il concilier les exigences de la
Corporation des ergothérapeutes, soit tant d'heures d'internat pour
accéder à la corporation, avec les intentions apparentes du
gouvernement de faire sauter cet internat qui ne peut pas être
intégré aux sessions régulières, selon l'avis des
universités?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, il importe qu'on
soit conscient du fait que, si le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Éducation ont pris cette décision, ce n'est
pas à la légère; c'est en raison d'une recommandation qui
nous vient de ce qu'on a appelé "l'Opération sciences de la
santé". Nous n'avons pas tout simplement décidé du jour au
lendemain de supprimer ces stages ou cet internat, comme on se plaît
à l'appeler. Le problème, tel qu'il se pose aujourd'hui, c'est de
réconcilier, d'une part, les corporations professionnelles
intéressées: physiothérapeutes, ergothérapeutes et
les étudiants qui s'appuient, bien sûr, sur les professions; et,
d'autre part, les universités qui, elles aussi, ont leur point de vue
sur la question et tendraient plutôt à ajouter un septième
semestre d'études aux six qui existent déjà, mais à
l'intérieur des études universitaires, à condition, bien
sûr, que le ministère de l'Éducation considère cela
comme faisant partie des cours pour fins de financement.
Enfin, il y a le ministère de l'Éducation et le
ministère des Affaires sociales. Il faut concilier ces trois points de
vue qui, pour l'instant, ont de la difficulté à se rejoindre. Je
puis rassurer Mme le député de L'Acadie: nous y travaillons
d'arrache-pied ces jours-ci et j'espère que nous trouverons une solution
d'ici quelques semaines, en tout cas, avant que ne commencent les nouveaux
stages quelle que soit la forme qu'ils prennent.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Est-ce que, dans cette conciliation, le ministre va
tenir compte du fait que la réduction des 1200 heures actuelles et
l'intégration du stage dans les trois années vont réduire
le stage pratique de 1200 à 600 heures pour tout le cours et que cela
peut faire perdre le statut de ces étudiants auprès des
corporations professionnelles, éventuellement?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): Nous sommes bien conscients du fait que
la formation pratique va devoir changer de nature. Si on donne raison au
ministère des Affaires sociales et au ministère de
l'Éducation, il faudra désormais que cette formation pratique
s'effectue au travail; je pense que le ministère des Affaires sociales
l'envisage de cette façon. La formation ne se ferait plus dans le cadre
d'un internat, mais d'une autre façon. Pour ce qui est des exigences des
professions en cause, naturellement, nous essayons d'amener celles-ci à
faire preuve de souplesse et à tenir compte des exigences de l'ensemble
des professions. Car il faut bien le dire, M. le Président, cet internat
constituait, par rapport à ce que connaissent les autres
étudiants, quelque peu un privilège.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Pointe-Claire. Additionnelle?
M. Shaw: Oui. Mr Minister, I would like to ask whether this is a
deliberate intent to make the status of Québec physiotherapists and
occupational therapists, unique in Canada, thereby locking them into the
province and removing their capacity to move from one province to the other
because of a change of regulations here?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je ne sais pas
où le député peut avoir trouvé pareils motifs! Il y
a là, peut-être, quelque chose d'un peu paranoïaque. J'ai dit
tout à l'heure et je répète, que cette mesure est la
conséquence d'une recommandation qui nous vient de "l'Opération
sciences de la santé". Ce n'est donc pas une improvisation. Il s'agit
pour nous de mettre en oeuvre la recommandation de personnes qui ont
étudié le problème pendant plusieurs mois, sinon
même quelques années.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
M. Shaw: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: The question of my paranoiac appreciation of this
particular point, this is the one that had been firstly delivered by these
young ladies in my office at my county, that is their concern. So that if the
minister is criticizing me for this paranoia, perhaps that is what they are
experiencing, these young ladies.
Le Président: Très bien, M. le député
de Pointe-Claire.
M. le député de Portneuf.
Lock-out de l'entreprise Valger
M. Pagé: Merci, M. le Président. En l'absence du
ministre du Travail, j'adresserai ma question au premier ministre. À la
lumière de cette nouvelle expérience du ministre du Travail qui
est intervenu
dans le conflit à la Commonwealth Plywood pour une
première fois, réhabilitant ainsi le style d'intervention de son
prédécesseur, M. Jean Cour-noyer, qui, lui, intervenait dans les
conflits et faisait son boulot dans ces conflits, le premier ministre ne
croit-il pas que le ministre du Travail devrait intervenir personnellement dans
le conflit de l'entreprise Valger ici, à Québec, où on a
un lock-out qui touche 45 travailleurs, mais qui aussi a fait en sorte que les
cafétérias, les tabagies ici, au gouvernement du Québec,
dans les différents complexes, sont fermées et ce, depuis le
début de mai dernier? M. le Président, on sait que la
conciliation semble tourner en rond et qu'il ne semble pas y avoir de solution
éventuelle. Ma question au premier ministre: À la lumière
de cette intervention dans la question de la Commonwealth Plywood, le premier
ministre ne croit-il pas que le ministre du Travail qui arrive justement
devrait intervenir dans ce conflit?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, tout en
avertissant le ministre du Travail, mon collègue, du dangereux
parallèle avec le passé que vient d'établir hasardeusement
le député, il s'agirait d'une nouvelle intervention qu'on propose
au ministre du Travail. Je vais le laisser en juger du bien-fondé.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je regrette. Je n'ai pas
entendu la question du député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je vais la
réitérer. Le Président: M. le député
de Portneuf.
M. Pagé: Est-ce que je dois la réitérer au
complet, M. le Président, avec le préambule aussi?
Le Président: Voilà une bonne occasion. Vous avez
le droit de la réitérer cette fois-là.
M. Pagé: M. le Président, il y a un conflit.
Évidemment, je pourrais poser plusieurs questions avec les nombreux
conflits qu'on a au Québec actuellement. On en a un autre qui pourrit
ici à Québec, M. le Président, depuis le début de
mai. Je pense que tous et chacun d'entre nous sommes concernés.
L'entreprise Valger ici où les cafétérias ne fonctionnent
pas. Qu'est-ce que le ministre du Travail attend pour intervenir
personnellement comme il vient de le faire pour la Commonwealth Plywood? Par
contre, pour la Commonwealth Plywood, il a attendu un an. Est-ce que vous
comptez attendre un an pour intervenir dans ce conflit?
Le Président: Très bien. M. le ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je reconnais bien les mardis
après-midi du député de Portneuf. Si je comprends bien, M.
le Président, la question touche le conflit qui affecte en ce moment 50
salariés de l'entreprise Valger qui, en fait, fournit les services de
cafétéria à l'édifice G au gouvernement, ici
à Québec. Ce conflit dure, c'est vrai, depuis le mois de mai.
Il s'agit, en fait, au niveau de la toile de fond, brièvement,
d'une entreprise qui a obtenu, par soumission publique, le contrat de
dispensation des services de cafétéria, à l'édifice
G. Elle a obtenu ce contrat, parce que c'était l'entreprise qui payait
la plus grosse redevance au ministère des Travaux publics. Or, en cours
de route, il y a eu syndicalisation des employés, demande syndicale et
l'entreprise était aux prises avec ce contrat, se croyant dans
l'impossibilité d'accorder aux salariés des conditions qui lui
permettraient de continuer d'exister comme entreprise, comme elle était
liée par un contrat au Travaux publics.
Nonobstant cela, à mon ministère, M. Deschênes,
conciliateur est intervenu au moins à trente reprises dans ce dossier
que je suis de très près depuis de nombreux mois et, il y a eu,
hier soir, une rencontre, je pense, avec les représentants du
ministère des Travaux publics dont j'aurai les résultats en fin
de journée.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, une brève question
additionnelle. Ce que j'ai demandé au ministre du Travail, ce n'est pas
l'historique du dossier. On le connaît le dossier et on le connaît
le problème. Est-ce qu'à la lumière de ce problème,
de l'expérience que vous avez dans celui de la Commonwealth Plywood
vous venez de décider d'intervenir dans des conflits, même
si vous aviez promis de ne jamais intervenir est-ce qu'à la
lumière de cette expérience dis-je, compte tenu que la situation
ne semble pas vouloir avancer, la question est bien simple, avez-vous
l'intention d'intervenir oui ou non? Ce n'est pas compliqué.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, je suis quand même
frappé par le fait que le député de Portneuf souligne pour
la première fois depuis le mois de juillet dernier alors que j'ai
été nommé au ministère du Travail, que je suis
intervenu personnellement dans le conflit de la Commonwealth Plywood. Il est
exact que j'ai eu, comme je l'ai dit en commission parlementaire, l'occasion de
rencontrer les représentants de la Commonwealth Ply-wood à
quelques reprises. Je parle évidemment des syndiqués, des gens
dits de l'intérieur, ainsi que de l'entreprise. Je n'ai jamais
nié cela. Je pense qu'il s'agit, au-delà d'un conflit de
relations de travail, d'un problème social considérable pour
toute la région de Sainte-Thérèse et, à ce
titre-là, je n'ai ménagé aucune intervention et je
continuerai de le faire. (14 h 30)
Cela dit, la méthode qui a consisté à faire faire
par ce ministère son travail nous a permis, au Québec, depuis les
deux dernières années, de couper par deux et par trois, si on les
compare aux dernières années précédentes du
précédent régime, le nombre de grèves.
M. Bellemare: Question supplémentaire.
M. Pagé: Question additionnelle, le ministre n'a pas
répondu à ma question.
Le Président: Brièvement, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Le ministre n'a pas répondu. A-t-il
l'intention d'intervenir, oui ou non, dans le conflit de Valger? Ce n'est pas
compliqué, ce n'est pas long, oui ou non.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, mon ministère est
présent dans le dossier de Valger depuis de nombreux mois.
M. Pagé: ... d'intervenir personnellement? Le
Président: M. le député de...
M. Pagé: II n intervient pas, M. le Président,
merci. On prend acte de son admission.
Le Président: M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Je ne partage pas l'idée du
député de Portneuf. Je me range plutôt du côté
de l'honorable ministre du Travail pour le féliciter ce matin de la
décision qu'il a prise de véritablement régler un conflit
de travail qui perdurait. Je lui ai dit, au mois de septembre dernier, que
c'était son devoir de le faire. Il l'a fait maintenant et je pense, M.
le Président, que je voudrais le féliciter pour le succès
qu'il va...
Le Président: Votre intervention était de nature
d'une motion non annoncée, M. le leader de l'Union Nationale.
M. le député de Saint-Louis.
M. Blank: M. le ministre du Travail, while we are talking about
the intervention of the minister into various conflicts, notwithstanding the
fact that perhaps the Prime minister does not always approve of the English
press, is it the intention of the minister of Education to intervene at the
Montreal...
Le Président: M. le député de Saint-Louis,
je regrette. On reviendra avec la question tout à l'heure.
M. le chef de l'Union Nationale.
Création d'emplois pour les jeunes
M. Biron: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre de l'Industrie et du Commerce. Demain, ce sera le deuxième
anniversaire de la défaite du gouvernement libéral de M. Bourassa
et de l'élection du gouvernement péquiste...
M. Mailloux: II y avait des signes avant-coureurs dimanche,
à Montréal.
Des voix: ... confusion.
M. Biron: L'élection...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Biron: L'élection...
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, vous avez
la parole.
M. Biron: L'élection du gouvernement péquiste est
due surtout aux nombreux espoirs que les péquistes avaient
créés chez les jeunes de moins de 25 ans pour de meilleurs jours
et de meilleurs emplois. Ces espoirs ont été déçus
et changés en désillusions depuis.
J'ai rencontré, depuis une dizaine de jours, des étudiants
de plusieurs cégeps du Québec à ce sujet, notamment ceux
de Sainte-Foy, de Lévis, de Rimouski, d'Alma et de Chicoutimi.
Ma question est celle-ci: Est-ce qu'il y a eu des emplois permanents de
créés chez les jeunes de moins de 25 ans grâce au programme
OSE? Si oui, combien d'emplois permanents et non d'emplois temporaires ont
été créés chez ces jeunes de moins de 25 ans?
Étant donné qu'il n'y a aucun programme spécifique pour la
création d'emplois chez les jeunes de moins de 25 ans, est-ce que le
gouvernement entend finalement, après deux ans d'inaction dans ce
domaine, faire un effort pour instituer un ou des programmes en vue de
créer des emplois pour cette importante catégorie de citoyens
québécois?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, je comprends que le chef de
lUnion Nationale aille rencontrer les jeunes dans les cégeps, parce
qu'il y en a très peu dans son parti.
Le chômage des jeunes est un problème qui est important. Le
Parti québécois et le gouvernement du Parti
québécois travaillent pour l'avenir et pour les jeunes. Lorsque
l'on parle de la création d'emplois, il faut rappeler au chef de l'Union
Nationale, qui, peut-être, n'était pas en Chambre jeudi dernier,
que les chiffres de Statistique Canada pour le mois d'octobre témoignent
d'une augmentation de 63 000 nouveaux emplois au Québec au cours de
l'année dernière.
Je dirais simplement, M. le Président, qu'il
m'est impossible de donner des chiffres détaillés par
groupes d'âge. Ce que je dirais au chef de I'Union Nationale, par contre,
c'est que, si, en un an et demi, on a réussi à créer 63
000 emplois, qu'est-ce que ce sera dans les années à venir?
Regardez-nous faire!
M. Bellemare: Combien y en a-t-il qui sont partis, qui ont
quitté la "job"?
M. Biron: M. le Président, je m'aperçois que le
ministre de l'Industrie et du Commerce ne connaît pas ce dossier
spécifique. En tout cas, il n'a pas répondu à ma question.
Je lui dirai qu'il devrait s'occuper des cégeps parce qu'il y a de moins
en moins de péquistes dans les cégeps du Québec
actuellement.
M. Bellemare: Vous irez voir.
M. Biron: Ma question est celle-ci: Que fait-on de concret ou
qu'est-ce qu'on va faire de concret, demain, pour créer des emplois pour
les jeunes de moins de 25 ans au Québec, au ministère de
l'Industrie et du Commerce?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, nous avions dit, au
début, que la priorité était d'aider les petites et les
moyennes entreprises. C'est ce qui a été fait. La priorité
était d'aider les régions. C'est ce qui a été
fait.
Maintenant, nous allons mettre de l'ordre dans les
sociétés d'État. C'est ce qui va se faire dans les mois
à venir. Nous allons de plus mettre de l'avant un développement
de l'industrie comme on n'en a jamais vu au Québec.
M. Bellemare: Ah, ah!
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Je suis heureux de voir que le ministre veut mettre de
l'ordre dans les sociétés d'État. C'est un voeu que j'ai
exprimé depuis longtemps.
Mais je voudrais poser une dernière question additionnelle.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Je vais poser une dernière question
additionnelle très brève au ministre de l'Éducation
concernant ce sujet. Concernant le très haut taux de chômage chez
les jeunes travailleurs, est-ce que le ministre entend instituer un
comité interministériel spécial qui aurait pour fonction
de créer une véritable liaison école-travail, afin de
mieux orienter les jeunes étudiants vers des domaines, métiers ou
professions dans lesquels ils auraient plus de chance de trouver des emplois
disponibles permanents au sortir de l'école? D'autant plus que le
ministre en aurait certainement le temps, puisqu'il ne semble pas vouloir se
préoccuper de ré- gler des problèmes aussi concrets que
celui des bourses et prêts-bourses dans les cégeps du
Québec.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je me demande si
le chef de l'Union Nationale a lu le récent énoncé de
politique du gouvernement sur les collèges. J'ai l'impression qu'il ne
l'a pas lu.
M. Biron: Non.
M. Morin (Sauvé): Non, je ne le pense pas.
Dans cet énoncé de politique, nous nous sommes
penchés justement sur ce problème que les jeunes rencontrent.
Souvent, ils n'ont pas suffisamment d'information sur le marché du
travail et, même, manquent d'information au moment de faire les choix qui
pourront les conduire à tel emploi plutôt qu'à tel autre.
Dans l'énoncé de politique, nous avons annoncé que nous
allions travailler à améliorer l'information scolaire,
l'orientation des jeunes et surtout leur information par rapport au
marché du travail.
Nous avons également discuté de ces problèmes avec
mon collègue le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Je ne sais
s'il veut ajouter quelque chose à mes propos.
Visiblement, M. le Président, le chef de l'Union Nationale aurait
intérêt à lire les documents gouvernementaux.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, je connais les bonnes
intentions et les voeux pieux du ministre, mais je lui ai demandé quand
il allait passer à l'action. Les jeunes ne veulent plus entendre parler
de voeux pieux, ils veulent de l'action de la part du gouvernement. Quand
allez-vous passer à l'action?
M. Johnson: M. le Président, si vous le permettez,
étant donné que mon collègue du ministère de
l'Éducation s'est référé au ministère...
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Effectivement, à la section de la
main-d'oeuvre du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre, en
collaboration avec le ministère de l'Éducation, de la même
façon que le ministère de l'Éducation se sent
obligé et lié à une meilleure politique d'information des
jeunes étudiants, de la même façon, de notre
côté, au niveau des plans d'apprentissage, dans le secteur de la
construction entre autres, de l'automobile et des usines de filtration des eaux
et des métiers qui conduisent à ces usines, nous avons
déjà amorcé non seulement une consultation mais un
début de réforme de ces programmes d'apprentissage.
Le Président: M. le député de Limoilou.
Taux de pollution à Québec
M. Gravel: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'État délégué à l'Environnement.
On apprenait en fin de semaine, par les media d'information, que la ville de
Québec était la ville la plus polluée au Québec et
au Canada.
Une voix: Cela vous fait rire.
M. Gravel: Je voudrais savoir du ministre
délégué à l'Environnement si les gens des
galeries peuvent arrêter, je vais pouvoir poser ma question si ces
informations sont exactes. Si elles sont exactes, M. le ministre, je voudrais
savoir si le gouvernement a pris des mesures pour diminuer ce taux de pollution
dans la région de Québec.
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Environnement. (14 h 40)
M. Léger: Je remercie le député de Limoilou
de se préoccuper de ce problème et je suis sûr, M. le
Président, comme vous êtes député d'un comté
de Québec, que vous aurez la patience d'attendre les conclusions de ce
rapport que j'ai eu ce matin. Je dois dire au départ qu'il y a eu des
erreurs faites par la technicienne qui a préparé les
données qui doivent être remises à Statistique Canada. Au
départ, M. le Président, il faut dire que, concernant les deux
journées où on a mentionné qu'il y avait un
dépassement très élevé de la norme acceptable,
c'est-à-dire les 13 et 14 mars 1977, des erreurs ont été
faites par une nouvelle technicienne qui a commencé le 10 mars et qui a
fait une étude en donnant des résultats qui étaient
inexacts. La lecture des données était mal faite, ce qui fait que
les données étaient cinq fois inférieures à la
norme qui a été donnée. Les spécialistes de mon
ministère, qui ont évalué les erreurs de cette
technicienne, ont corrigé par la suite les chiffres. Cependant, les
chiffres des quatre jours précédents n'avaient pas
été corrigés. Ils ont été envoyés
comme brouillon à Environnement Canada qui a fait des statistiques sans
nous remettre le contenu de ces brouillons que nous aurions pu corriger. C'est
cette fuite d'un brouillon non officiel qui a amené les journalistes
à publier des chiffres qui étaient dans un brouillon, mais qui
n'étaient pas exacts.
Cependant, M. le Président, ceci ne touche que le problème
de l'ozone et je dois quand même parler de la provenance de ce polluant.
Même s'il est cinq fois inférieur à ce qui a
été mentionné, c'est quand même une norme assez
proche de la norme acceptable. Je dois dire que la provenance de ce polluant
n'est pas associée à des sources locales d'émission, mais
attribuable au transport à longue et moyenne distance de polluants et
aux réactions qui ont lieu dans l'atmosphère. Donc, ce n'est pas
particulier à la région d'ici.
M. le Président, dans la question du député... Si
les députés de l'Opposition ne sont pas intéressés
à avoir la réponse, je vais simplement déposer un document
que vous pourrez lire personnellement et cela répondra à toutes
vos questions.
M. Bellemare: M. le Président...
M. Bertrand: Une question additionnelle.
Le Président: M. le leader de l'Union Nationale, est-ce
qu'il s'agit d'une question additionnelle?
M. Bellemare: Non, c'est une question au ministre du Travail et
de la Main-d'Oeuvre.
Le Président: Non.
M. le député de Vanier, une question additionnelle.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais simplement
demander au ministre délégué à l'Environnement si
de nouvelles mesures ont été prises durant l'année 1978
parce qu'il s'agit d'un rapport qui remonte à mars. Il s'agit d'un
rapport qui remonte à mars 1977 et je voudrais savoir si le ministre
délégué à l'Environnement a pu procéder
à certaines analyses plus récentes qui donneraient le taux de
pollution dans le centre-ville de Québec.
M. Léger: M. le Président, je remercie le
député de Vanier de s'intéresser à la région
de Québec. Je dois dire qu'il y a trois sources de pollution
importantes: il y a celle du SO2.
M. Lavoie: M. le Président, je demande qu'on dépose
le rapport. On pourra en prendre connaissance.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader parlementaire de l'Opposition officielle. Je pense qu'il s'agit
là d'une question assez importante j'ai envie de dire, comme
député de la région de Québec qui a fait
l'objet des manchettes à la une de tous les journaux de la région
de Québec. Je ne voudrais pas, toutefois, qu'on abuse de la question.
Or, vous connaissez la règle en la matière. Quand un
député s'intéresse particulièrement à un
problème, le rôle de la présidence tend, autant que
possible, à l'autoriser à formuler une question. C'est pourquoi
j'ai autorisé le député de Vanier qui ne m'avait pas
prévenu. Toutefois, on va demander au ministre
délégué à l'Énergie d'être concis,
d'être bref... à l'Environnement, plutôt. Un lapsus.
M. Léger: M. le Président, j'ai de
l'énergie, mais je suis ministre délégué à
l'Environnement.
La question du député de Vanier touche quand même
les problèmes d'anhydride sulfureux. Nécessairement, la centrale
thermique de l'Université Laval était une des causes de cette
quantité d'anhydride sulfureux qui dépassait les normes ou qui
approchait les normes; nous avons une station située très
près de l'Université Laval, nous avons demandé de corriger
la situation et, au niveau des retombées provenant de
l'Université Laval, la situation est actuellement corrigée.
Concernant la compagnie Les papiers Reed, qui était aussi une
source de pollution de SO2,
nous avons émis une ordonnance, le 16 décembre 1977, et,
déjà, il y a des améliorations. Je peux dire que, le 1er
mai 1979, date de la mise en vigueur de l'ordonnance, il n'y aura plus de
matières polluantes qui dépasseront les normes. On respectera les
normes actuelles.
Quant à l'incinérateur de la CUQ, je dois vous dire qu'on
a émis une ordonnance le 14 juin 1978; donc, mesure prise cette
année qui oblige la Communauté urbaine de Québec de
corriger le fonctionnement de son incinérateur. Alors qu'il y a un an,
il polluait 7 fois selon les normes actuelles, au moment où on se parle,
il n'est que de 1.6 fois et, en décembre, il devrait être au
niveau normal.
M. Bellemare: Question additionnelle, M. le Président.
M. Guay: Question additionnelle, M. le Président.
M. Raynauld: Non.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Merci, M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Taschereau, j'essaierai de vous reconnaître
demain. M. le député de Gatineau.
M. Guay: Sur une question de règlement. Pourriez-vous me
dire comment vous allez me reconnaître, demain, sur une question
additionnelle d'aujourd'hui?
Le Président: C'est très simple, M. le
député de Taschereau, demain, vous n'aurez qu'à en faire
une principale.
M. le député de Gatineau.
Résolution du PQ de Hull au sujet du journal Le
Droit
M. Gratton: M. le Président, la semaine dernière,
alors que je l'interrogeais au sujet d'une résolution de
l'exécutif du Parti québécois de Hull qui concernait le
journal Le Droit, le premier ministre, qui n'était probablement pas
encore informé des détails de cette résolution, me
répondait que n'importe quel citoyen ou n'importe quel groupe de
citoyens est libre de critiquer les éditoriaux ou les
éditorialistes de n'importe quel journal. Or, on sait maintenant que le
geste du PQ de Hull ne constitue pas simplement une critique à l'endroit
d'un éditorial quelconque du journal mais que, selon les termes
mêmes de la résolution, et je la cite: "... réclame que le
journal Le Droit reflète plus fidèlement, qualitativement et
quantitativement la réalité de l'Outaouais et du Québec".
On sait également que, dans une mise au point qui a été
publiée en première page de l'édition du 9 novembre du
journal Le Droit, l'éditeur écrivait: Que tous les lecteurs d'un
journal ne partagent pas les opinions de ce dernier, c'est normal, mais qu'un
parti politique veuille imposer à un journal une ligne de pensée,
cela constitue une atteinte grave à la liberté de la presse. Je
vais terminer, M. le Président, une seule phrase: Le gouvernement
devrait être le premier à protester. Donc, je demande au premier
ministre si, à la lumière de ces informations additionnelles
qu'il n'avait pas la semaine dernière, il n'entend pas profiter de ma
question pour justement condamner ce geste qui, de l'avis de tous, constitue
une intrusion dans la liberté de la presse.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je
maintiens l'opinion que je donnais la semaine dernière. Que des citoyens
réunis en association de comté, régionale, peu importe, se
plaignent de la teneur, du manque d'équilibre, etc., de telle ou telle
page éditoriale, cela arrive tous les jours dans tous les journaux. Je
ne vois pas pourquoi il y aurait un épiderme aussi sensible à un
endroit pendant qu'en fait c'est une pratique courante, et c'est le droit le
plus absolu des citoyens de lire les journaux et de les critiquer sous forme de
lettre, de résolution, etc. Je ferai remarquer qu'il ne s'agit d'une
attitude ni du gouvernement, ni du Parti québécois dans son
ensemble. Il s'agit de citoyens qui font partie de notre formation politique
dans la région qui ne sont pas contents et qui le disent
de la façon dont la réalité québécoise est
traitée. Je ne peux pas aller plus loin que cela.
Je ne pense pas que cela ait le même poids officiel que
l'attaché de presse du Parti libéral qui se plaint du fait que
Radio-Canada ne passe pas vos questions avec tous les préambules. Cela
est de l'ingérence directe dans la présentation de
l'information.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Je vous avouerai que je ne m'attendais pas à
mieux du chef du gouvernement, cet homme si transparent et si honnête.
Vous en voulez des questions, en voilà des questions. Est-ce que le
premier ministre n'est pas conscient que d'abord l'allusion qu'il fait à
un appel téléphonique de l'attaché de presse du Parti
libéral, ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit en l'occurrence? Ne
sait-il pas que le Parti québécois ne fait pas que simplement
critiquer la page éditoriale du journal...
M. Charron: C'est quoi la différence? (14 h 50)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Gatineau.
M. Gratton: Vous me permettrez sûrement de reprendre ma
phrase, M. le Président, étant donné qu'on m'interrompt de
l'autre côté. Le premier
ministre n'est-il pas conscient que cette intervention de
l'exécutif du Parti québécois de Hull n'est pas une simple
critique à l'endroit de certains éditoriaux, mais exige que la
page éditoriale soit modifiée pour mieux refléter la
réalité québécoise? Je demande au premier ministre
si, en tant que chef de ce parti, il n'est pas conscient que, si on devait ne
pas condamner un tel geste, on en viendra probablement, comme c'est le cas pour
le Parti québécois dans la plupart des dossiers, à exiger
qu'on boycotte le journal Le Droit et qu'à ce moment, de l'avis de tous,
il s'agit d'une intrusion dans la liberté de la presse et c'est la
dernière...
Le Président: M. le député de Gatineau...
À l'ordre, s'il vous plaît, M. le député de
Gatineau. M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Très rapidement, M. le
Président. À partir d'une certaine connaissance des
métiers dont il est question, je dirais, sans entrer dans toute la
philosophie de l'affaire, que les pressions publiques, les réactions
publiques de la part d'individus ou de groupes face à des moyens
d'information me paraissent parfaitement saines. Les moyens d'information n'ont
qu'à se tenir debout et à les évaluer. C'est beaucoup plus
sain que l'ingérence par téléphone, en coulisse, pour
essayer de voir si on ne peut pas améliorer la façon dont on est
présenté dans les nouvelles. Cela est plus grave. Cela a
déjà créé des problèmes.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Je vous remercie de m'avoir reconnu, M. le
Président.
Le Président: Je vous reconnais chaque fois, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
Congés de maternité et Loi du salaire
minimum
M. Bellemare: Oui, mais là, il vient d'y avoir une passe.
Mais en tout cas... M. le Président, le ministre du Travail nous avait
dit, il y a un certain temps, qu'une ordonnance serait émise pour les
congés de maladie, pour les congés de maternité. Il nous a
dit que cette ordonnance serait probablement soumise au Conseil des ministres
à la fin de cette semaine. Est-ce que le ministre peut nous dire si
l'ordonnance a été soumise, si elle sera publiée et s'il a
pu débloquer, avec le fédéral, les $5 800 000 qui
étaient au budget québécois? Troisièmement
je pose toutes mes questions à la fois parce que j'ai peur de ne pas
être capable de revenir est-ce que le ministre du Travail peut
nous dire si, dans la législation qu'il va soumettre, certains
critères concernant les congés de maternité vont
être inclus dans la loi du salaire minimum?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, brièvement, d'abord,
je voudrais simplement rassurer le leader de l'Union Nationale en lui disant
que c'est ma conviction que la maternité n'est pas une maladie et
qu'à ce titre je pense qu'il ne faut pas identifier le congé de
maternité au congé de maladie. Quand même! Il est exact que
j'ai eu l'occasion, la semaine dernière, de soumettre au Conseil des
ministres un projet d'ordonnance suite à la préordonnance, si on
veut, qui avait été publiée il y a quelques mois,
après que la Commission du salaire minimum eut reçu les
commentaires des différents groupes intéressés à
cette question. J'inclus là-dedans des groupes sur la condition
féminine, sur la question du congé de maternité, le front
commun, je crois, le Conseil du statut de la femme, la Commission des droits de
la personne et, évidemment, des représentants du
côté patronal comme syndical.
Cette ordonnance sera publiée incessamment dans la Gazette
officielle du Québec et elle devrait entrer en vigueur, donc, au moment
de la publication. Cependant, j'annoncerai le contenu de l'ordonnance finale
dès que j'aurai obtenu de mon collègue du gouvernement d'Ottawa,
M. Cullen, ou de ses fonctionnaires, la confirmation ce qui ne devrait
d'ailleurs pas tarder, parce que nous avons eu des pourparlers encore il y a
quelques jours quant à la question du paiement de ce qu'on
appelle le délai de carence. J'aurai des informations, normalement,
d'ici la fin de la semaine. Nous aurons l'occasion d'annoncer non seulement les
dispositions sur le congé de maternité, mais également
cette question de l'utilisation des fonds qui sont prévus au budget du
ministère des Affaires sociales sur cette question.
La dernière partie de la question du député de
Johnson, du leader de l'Union Nationale, était: Est-ce que j'ai
l'intention d'inclure dans la loi des conditions minimales certaines des
dispositions touchant le congé de maternité? Oui, effectivement,
nous envisageons cette possibilité d'inclure certaines des dispositions
qui touchent le congé de maternité dans la loi des conditions
minimales de travail du Québec.
Le Président: M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, question
supplémentaire, la dernière. Est-ce que ce projet de loi sera
déposé avant le 1er décembre?
M. Johnson: Ce projet de loi sera sans doute déposé
après le 1er décembre, mais il !e sera avant Noël.
M. Bellemare: Oui, mais la loi ne deviendra pas effective durant
la session de 1978?
M. Johnson: L'ordonnance de congé de maternité peut
entrer en vigueur sans la loi.
M. Bellemare: Oui, d'accord.
M. Johnson: Le projet de loi des conditions minimales sera
déposé quelques jours après le 1er décembre, dans
la semaine ou dans les quinze jours qui suivront...
M. Bellemare: C'est-à-dire qu'elle ne viendra pas avant la
session de 1979?
M. Johnson: ... pour adoption à la prochaine session,
à moins...
Le Président: M. le député de
Saint-Louis.
Grève au Montreal Star
M. Blank: Peut-être que j'aurai la chance aujourd'hui
c'est la troisième fois que j'essaie de poser ma question
au ministre du Travail. J'espère que cela ne dérange pas, parce
que cela fait trois semaines que j'essaie de poser cette question et cela fait
trois semaines que la grève continue. Je voudrais poser une question
concernant le Montreal Star. At the minister is well aware, this strike has
been going on since sometime in June or July and it seems that nobody is
interested in settling this strike. It seems that the pressmen are working at
other plants, earning as much money as they did before, that management
personnel are being paid, that management itself is installing computers
instead of typing units. Everybody seems to sit back and allows the great
number of anglophone readers of Montreal Star to be without what is one of the
greatest newspapers in the country. Of course, since La Presse strike, there
has been a large number of francophone persons in Québec who are now
reading the Star.
Is it the intention of the minister, once and for all, to intervene into
the strike and do something so that we, the large community in Montréal,
which depend on this afternoon paper, have once again the Star in our home?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Si le député de Saint-Louis le permet,
M. le Président, je répondrai dans la langue de Shakespeare ou
celle du député de Saint-Louis, en tout cas.
In the case of the Star, effectively, the department has been involved.
Mr Valois, who is the conciliator, has been in that file for quite a few months
now, literally. The basic problem at the Star is one of technological progress
inasmuch as the pressmen, people who work on the press, are, in a certain
sense, threatened by the technological progress in that field where computers
can literally replace men.
That problem is not characterized at the Star. It is the problem of all
newspapers in North America and, in that sense, it is an extremely acute
problem for which solutions are not very easy.
M. Valois spent most of his time trying to get the parties to sit down
and talk. I must say he has spent lots of energy just trying to get them to
speak to each other. I think that has been going on for the past few days and I
am glad to announce... I cannot announce a settlement, but, at least, people
have been speaking to each other for the past week.
Le Président: M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: I agree with the minister in what he says about the
problem of technology, but that same problem arose in New York just the last
few months and it was settled amicably, it seems, between all the parties
concerned, the New York Times, the Post and the News.
It is not possible that the minister have his conciliator take the New
York solution in hand and, perhaps, discuss it or suggest it to those at the
Montreal Star?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, pour conclure sur cette
question: I understand there was a solution to a similar problem in New York
newspapers lately. That kind of problem also arose in the case of La Presse in
Montréal where there was a settlement on the technological question and
I am sure both parties will probably inspire themselves from that kind of
solution although I cannot, I think, confirm that they will, but I hope they
do.
M. Blank: Just one short question. In view of the fact that the
conciliator is now working and, if it seems that the problem cannot be resolved
within the few days, is it perhaps the intention of the minister, as he did for
Le Soleil in Québec, to hold a parliamentary hearing and attempts to
settle the strike?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, il s'agit ici, si je
comprends bien... Le député de Saint-Louis me demande si j'ai
l'intention de tenir une commission parlementaire sur la question du Star.
Je vous avoue, M. le Président, que je n'en ai pas l'intention
pour le moment.
Le Président: Fin de la période de questions. Nous
en sommes aux motions non annoncées.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président, il me fait plaisir de
solliciter le consentement unanime de l'Assemblée nationale sur une
motion consécutive aux récentes élections municipales.
Je comprends, M. le Président, qu'il y a consentement...
M. Levesque (Bonaventure): ... préférable de
prendre les devants.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre!
M. Tardif: Je comprends, M. le Président, qu'il y a
consentement pour une motion.
(15 heures)
Félicitations aux maires, conseillers et
candidats
M. Tardif: M. le Président, je propose que
l'Assemblée offre ses félicitations les plus sincères
à tous les maires et conseillers, élus ou réélus,
et ses voeux les meilleurs à tous et chacun pour un mandat des plus
fructueux à l'enseigne de la démocratie et de la collaboration.
Félicitations également à tous les candidats élus
ou non qui ont expérimenté loyalement la loi 44. Enfin, M. le
Président, il convient de rappeler...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Vous pouvez poursuivre M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: ... les services innombrables et essentiels rendus par
tous les édiles municipaux qui se sont retirés récemment
de la scène municipale. Je propose donc que l'Assemblée leur
témoigne au nom de la population son appréciation et sa
gratitude.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation? Alors, il y a consentement à la
présentation?
M. Bellemare: Non, M. le Président; avant que la motion
soit acceptée, je voudrais faire un sous-amendement pour dire tout
particulièrement à Son Honneur le maire de Montréal, M.
Jean Drapeau...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, s'il vous plaît! Personne ne vous conteste le droit d'amender.
Ce qu'on vous demande c'est de le faire en temps et lieu, en temps utile. Ce
n'était pas le moment, il s'agissait de savoir s'il y avait consentement
à la présentation de la motion; ce n'est qu'après, M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale, qu'on peut soumettre un amendement.
Je prends donc pour acquis qu'il y a consentement à la
présentation de la motion. M. le député de Verdun, sur la
motion vous avez le droit de parole.
M. Caron: M. le Président, je veux amender la motion en y
rajoutant les mots suivants: L'Assemblée nationale tient
également à féliciter d'une façon spéciale
pour son triomphe éclatant le maire de Montréal, M. Jean Drapeau,
qui depuis deux décennies est associé de près au
développement de la plus grande ville du Québec et de la
métropole du Canada.
M. Bellemare: Je pense que le sous-amendement a été
copié sur le mien, M. le Président, mais je n'en fais aucune
différence. J'appuie entièrement le sous-amendement qui vient
d'être proposé.
M. Marchand: M. le Président, dans mon bureau cet
après-midi...
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'aimerais ajouter quelques mots à la motion qui a
été présentée par le ministre des Affaires
municipales et qui a été appuyée par le
député de Verdun ainsi que par le leader parlementaire de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, il convient, comme il se doit, de
féliciter les dirigeants municipaux... j'ai bien dit le leader
parlementaire de l'Union Nationale...
M. Bellemare: Vous avez dit de l'Assemblée nationale.
M. Roy: ... de l'Union Nationale, je m'excuse, M. le
Président, je veux rectifier. Je pense qu'il convient, comme il se doit,
de féliciter ceux qui ont été élus au cours de la
fin de semaine dernière, lors de l'élection de dimanche, pour
administrer leur ville respective. Je pense bien, comme cela fut
souligné par le député de Verdun ainsi que par le
député de Johnson, que la victoire la plus spectaculaire a
été celle du maire de Montréal, le maire Jean Drapeau. Je
pense bien, M. le Président, qu'il n'y aura pas de recomptage
judiciaire.
Ceci pour dire qu'il faudrait quand même souligner que le
Québec aurait besoin d'autres Jean Drapeau. Si je le dis, c'est parce
qu'on a souvent eu l'occasion de discuter ici de différentes motions
concernant le développement économique de la région
métropolitaine. Qu'on se rappelle bien que, depuis une quinzaine
d'années, si nous avons eu trois grands booms dans l'industrie de la
construction au Québec, il y en a deux parmi ces grands booms qui ont
concerné l'Exposition universelle de 1967 et les Jeux olympiques. Comme
il n'y a pas de grands projets d'envergure d'amorcés par la ville de
Montréal, on sait très bien à ce moment-là,
on peut parler du règlement de placement dans l'industrie de la
construction qu'il faut restreindre la main-d'oeuvre parce qu'on manque
de travail, on manque d'investissements. C'est pourquoi je dis qu'il faut dire
les choses telles qu'elles sont; il faut rendre hommage à ceux qui
travaillent à bâtir le Québec sans distinction et sans
partisanerie politique.
Ces deux booms dans l'industrie de la construction que nous avons
vécus de façon particulière n'ont pas eu lieu sous le
régime du gouvernement fédéral; ils n'ont pas
émané du gouvernement fédéral, n'ont pas
émané non plus du gouvernement provincial. Il faut dire ces
choses-là. Je pense qu'il serait temps qu'on songe à mettre un
terme à l'opposition qui pourrait exister entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement de la plus grosse administration publique
après celle du gouvernement provincial, parce que les deux doivent se
compléter et travailler en étroite collaboration.
Le Président: Merci, M. le député de
Beauce-Sud.
M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, tout en
m'associant à la plus grande partie des propos du député
de Beauce-Sud, je voudrais lui dire que peut-être je suis mieux
placé que lui sauf tout le respect que je lui dois pour
expliquer comment cela se passe entre le gouvernement du Québec et
l'administration de la métropole, la plus grande ville du Québec.
La meilleure illustration est peut-être que sur la plupart des dossiers
importants, jusqu'à tout récemment je pense
à la coopération des Floralies internationales qui viendront
à Montréal en 1980, on n'a pas vu autre chose qu'une
collaboration normale entre deux niveaux gouvernementaux et administratifs qui
ont à travailler ensemble.
Je dois dire que, parlant au maire Drapeau hier, pour des raisons
évidentes qui dépassaient un petit peu la mondanité, mais
qui visaient quand même, sans lui demander son secret, à le
féliciter pour le résultat qu'il venait d'obtenir, le maire a
spontanément offert le même genre de collaboration pour les
années qui viennent que celle qu'on a connue depuis deux ans. Alors, je
ne vois pas où le député de Beauce-Sud voyait le conflit.
Pour le reste, je suis d'accord avec ses propos.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'avais pas
l'intention d'intervenir sur cette motion que j'approuve évidemment de
tout coeur. Évidemment, je veux profiter moi-même de l'occasion
pour féliciter tous les maires et conseillers élus,
féliciter particulièrement, comme l'a fait le
député de Verdun, M. Jean Drapeau, le maire de Montréal.
Mais, vu l'intervention du premier ministre et lorsque,
particulièrement, il a évoqué les félicitations
qu'il avait transmises au maire de Montréal, puis-je demander au premier
ministre il n'a peut-être pas le droit de réplique, mais il
y a sûrement moyen qu'il dise un mot à son voisin pour que
l'Assemblée soit réellement informée s'il est vrai
que, dans un volume intitulé La passion du Québec, il aurait fait
des prédictions?
Je vois, dans un article du Journal de Québec, sous la signature
de M. Normand Girard...
Une voix: II est hors d'ordre.
M. Levesque (Bonaventure): Non, je suis en plein dans l'ordre, M.
l'adjoint parlementaire aux Affaires intergouvernementales et, d'ailleurs, M.
le Président, j'aurai l'occasion...
M. de Bellefeuille: On invoque mon titre en vain, je n'ai pas
ouvert la bouche.
M. Levesque (Bonaventure): Alors, je m'excuse auprès du
député, c'est peut-être... Comme d'habitude, dit-on.
M. Levesque (Bonaventure): C'est vrai que le premier ministre
avait prévenu, je pense, l'adjoint parlementaire aux Affaires
intergouvernementales de moins parler.
M. le Président, je reviens à mon propos. Ce volume, qui a
été édité apparemment et publié à
Paris tout récemment par les Editions Stock, sera présenté
de nouveau grâce aux bons offices du ministère des Affaires
culturelles, apparemment, qui est en train de subventionner une exposition
où le premier ministre va présenter lui-même
j'entendais cela dans les media récemment son volume. Puis-je
demander au premier ministre si M. Girard a raison de dire: Savait-on que
René Lévesque croyait que la récente élection
municipale à Montréal marquerait la fin du règne de Jean
Drapeau?
M. Garneau: Lui, il connaît ça!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je sais que le
premier ministre ne peut pas répondre en vertu du
règlement...
M. Lavoie: On donne notre consentement.
M. Levesque (Bonaventure): ... mais, avec consentement, M. le
Président, il serait très agréable de l'entendre à
ce sujet.
Le Président: M. le premier ministre. (15 h 10)
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, ce ne sera
pas la première fois qu'on aura fait mentir mes prévisions. J'en
avais fait des pessimistes aussi en 1976, on voit le résultat, mais je
pense que c'était quand même moins affirmatif que ça;
enfin, le chef de l'Opposition comme moi-même, on pourra vérifier;
c'est parce qu'il s'agit d'interviews qui ont été faites en 1977,
rajustées tant bien que mal pour une édition
québécoise qui est lancée je me permets de le dire,
M. le Président; je ne veux pas en faire une question de
privilège je pense franchement, il ne faudrait pas
évoquer les subventions, cela fait un peu quétai-ne par un
éditeur normal du Québec qui a obtenu le sous-contrat des
Editions Stock et on m'a demandé d'aller à un lancement où
il y aurait quelques auteurs dont le quasi-auteur que je suis. C'est tout.
Le Président: M. le député de Laurier. Sur
la motion toujours, M. le député de Laurier?
M. Marchand: M. le Président, je veux me joindre à
tous ceux qui m'ont précédé pour féliciter le maire
Jean Drapeau, naturellement, qui a obtenu plus de 60% du vote à
l'élection municipale, le féliciter chaleureusement parce que je
pense que le maire Drapeau est sûrement un des plus grands Canadiens
français qui aient été produits qui aient
été produits, oui, je dis bien qui est un produit du
Québec; c'est un grand Québécois, c'est un grand Canadien
qui a mis et Montréal et le Québec et le Canada sur la mappe du
monde. Je suis fier du maire Drapeau et je profite de cette occasion pour le
féliciter, lui et
ses 52 conseillers élus, et tous mes regrets aux 2 qui ne l'ont
pas été. Je veux également profiter de l'occasion pour
féliciter Mme Nicole Larocque qui a été élue dans
le district no 27.
Une voix: Dans le comté de Laurier.
M. Marchand: Dans le comté de Laurier, qui est d'ailleurs
la vice-présidente de l'Association libérale de Laurier. Dans le
comté de Laurier, je dois vous dire que les cinq candidats du Parti
civique, naturellement, ont été élus et l'accident de
parcours qui est arrivé à la dernière élection
municipale où un candidat du RAM...
Une voix: Du RCN.
M. Marchand: ... du RCN fut élu... Cette fois-ci, il a
assez fortement avalé de la poussière. Ce candidat était
anciennement le publiciste du Parti québécois pour le
comté de Laurier.
Des voix: Ah!
M. Marchand: Je pense bien que tout le monde le connaît
ici...
M. Pagé: II prend son trou comme les autres.
M. Marchand: ... le premier ministre spécialement. C'est
M. Berthelet, si vous voulez le savoir. Je pense qu'il est très bien
connu. C'était un gros candidat, apparemment. On lui a montré que
dans Laurier, les gros candidats, on sait quoi en faire.
Le Président: M. le député de Laurier, je
n'ai pas d'objection à ce que vous parliez sur la motion. Je vous
rappelle que c'est une motion de félicitations et non pas une motion de
blâme.
M. Marchand: M. le Président, je vous remercie bien de
m'avoir interrompu. Vous m'avez donné de nouvelles idées. Je veux
également féliciter le ministre des Affaires municipales pour
nous avoir présenté et fait adopter le projet de loi 44 en vue de
battre le maire Jean Drapeau. Son humour tardif vient à point. M. le
Président, pour toutes ces bonnes raisons, je réitère mes
félicitations au maire Drapeau, à ses 52 conseillers et au maire
Bissonnette, également, qui a été élu dans
Saint-Léonard.
M. Blank: Au sujet des félicitations... J'ai droit
à 20 minutes.
Le Président: M. le député de
Saint-Louis.
M. Blank: Je veux seulement féliciter deux membres de
l'Association libérale du comté de Saint-Louis, M. Dimitrius
Manolakos et M. Sydney Stevens qui ont été élus hier sous
la bannière de M. Drapeau.
Le Président: Est-ce que cette motion de
félicitations sera adoptée?
M. Lavoie: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
m'excuse, je n'avais pas vu le ministre des Affaires municipales se lever.
Comme tout le monde le sait, il a parfaitement droit à la
réplique.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: M. le Président...
M. Pagé: Je serais prêt à donner mon
consentement, M. le Président...
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Pagé: ... pour que le ministre responsable du
Haut-Commissariat, le député de Saint-Jacques, fasse ses
commentaires, lui aussi, sur l'élection là-bas.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Il
n'y avait personne de l'autre côté, sauf le ministre des Affaires
municipales.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Évidemment, je suis tout à fait d'accord
avec les amendements proposés à la motion qui se voulait une
motion de félicitations, tant pour ceux qui ont été
élus que pour ceux qui ont été candidats, et une motion de
remerciement pour ceux qui sont partis. Puisqu'on a fait allusion à la
loi 44 et qu'on a même fait des gorges chaudes à un moment
donné, j'aimerais quand même dire que la loi 44 a très bien
fonctionné en ce qui concerne la reconnaissance des partis politiques,
en ce qui concerne le financement des partis, en ce qui concerne le
découpage des quartiers électoraux, et ce dans les quatre
rnuni-ciipalités où elle a été
appliquée.
Il y a évidemment une chose que la loi 44 ne contenait pas et
qu'elle n'a pas corrigée, c'est la distorsion que représente le
système uninominal à un tour, qui fait...
Des voix: Ah!
M. Tardif: ... évidemment, qu'un parti peut se retrouver
avec 50% ou 60% des voix et 94% des sièges.
M. Springate: 41%, 71 députés. M. Bellemare:
40% du vote.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Tardif: J'aimerais quand même encore une fois, pour
cette loi qui a été votée par cette Assemblée,
qu'on reconnaisse qu'elle a accompli ce qu'elle avait à accomplir, je
pense, d'essentiel. On a soulevé la question de la loi 44 et il
convenait de répondre.
Le Président: Qu'on appelle les députés!
M. Bellemare: Avant, j'aimerais vous demander une directive, M.
le Président. Est-ce qu'on va voter...
Des voix: Non! À l'ordre!
Le Président: Un instant! C'est une demande de directive
sur le vote.
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: ... sur la motion de l'honorable ministre des
Affaires municipales et, après, sur l'amendement qu'on a proposé
ou si on va voter sur les deux ensemble? C'est une directive que je demande.
Est-ce qu'on va voter sur la motion en premier lieu et sur l'amendement
après?
M. Grenier: II faudrait voter sur l'amendement tout seul.
M. Bellemare: II faudrait voter sur l'amendement tout seul.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, on ne fera pas de procédurite autour d'une motion non
annoncée qui est une motion de félicitations qui reçoit un
assentiment unanime au niveau de la présentation; je n'ai pas
d'objection à suivre l'avis de l'Assemblée.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: Nous préférerions qu'il y ait un vote
distinct sur l'amendement du député de Verdun et après
cela sur la motion principale.
Le Président: II y aura un vote sur l'amendement et
ensuite sur la motion principale. Qu'on appelle les députés!
Suspension à 15 h 18
Reprise à 15 h 27
Mise aux voix de la motion amendée
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! La
motion du ministre des Affaires municipales se lirait à peu près
comme suit, sensiblement comme suit: "II est proposé que
l'Assemblée offre ses félicitations les plus sincères
à tous les maires et conseillers élus ou réélus et
ses voeux les meilleurs à tous et chacun pour un mandat des plus
fructueux à l'enseigne de la démocratie et de la collaboration.
Félicitations également à tous les candidats, élus
ou non, qui ont expérimenté loyalement la loi 44;
félicitations, enfin, à ceux qui ont rendu des services
innombrables et essentiels en tant qu'édiles municipaux et qui se sont
retirés récemment de la scène municipale." Il y a un
amendement qui est apporté à cela et, à la fin, il
faudrait ajouter: "et d une façon spéciale, pour son triomphe
éclatant, au maire de Montréal, M. Jean Drapeau, qui, depuis deux
décennies, est associé de près au développement de
la plus grande ville du Québec et de la métropole du Canada".
Que ceux et celles qui sont en faveur de l'amendement veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Lavoie,
Saint-Germain, Lalonde, Gar-neau, Mailloux, Goldbloom, Ciaccia, Mme
Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson, Blank, Caron, Picotte,
Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Lévesque
(Taillon), Charron, Laurin, Morin (Sauvé), Morin (Louis-Hébert),
Landry, Léonard, Tremblay, Mme Cuerrier, MM. de Belleval, Johnson,
Proulx, Duhaime, Lessard, Lazure, Tardif, Garon, Vaillancourt
(Jonquière), Mar-coux, Bertrand, Fallu, Michaud, Laberge,
Grégoire, Guay, Laplante, Gendron, Mercier, Marquis, Gagnon, Perron,
Gosselin, Brassard, Boucher, Beauséjour, Bordeleau, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Jolivet, Bellemare, Grenier, Goulet, Fontaine,
Brochu, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy, Shaw. (15 h 30)
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cet
amendement veuillent bien se lever, s il vous plaît! Que ceux et celles
qui désirent s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Burns. Mme Payette, Mme
Leblanc-Bantey, MM. Alfred, Lavigne, Dussault.
Le Secrétaire: Pour: 68 Contre: 0
Abstentions: 6
Mise aux voix de ia motion principale
amendée
Le Président: L'amendement est adopté. Que ceux et
celles qui sont en faveur de la motion principale veuillent bien se lever.
Des voix: Telle qu'amendée!
Le Président: Telle qu'amendée, bien sûr.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Tail- lon),
Charron, Laurin, Morin (Sauvé), Morin (Louis-Hébert), Landry,
Léonard, Tremblay, Mme Cuerrier, MM. de Belleval, Johnson, Proulx,
Duhaime, Lessard, Lazure, Tardif, Garon, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux, Bertrand, Fallu, Michaud, Laberge, Grégoire, Guay, Laplante,
Gendron, Mercier, Marquis, Gagnon, Perron, Gosselin, Brassard, Boucher,
Beauséjour, Bordeleau, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Jolivet, Levesque (Bonaventure), Lavoie, Saint-Germain, Lalonde, Gar-neau,
Mailloux, Goldbloom, Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne,
Giasson, Blank, Caron, Picotte, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault,
Springate, Bellemare, Grenier, Fontaine,
Goulet, Brochu, Dubois, Le Moignan, Cordeau, Roy, Shaw.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît! Que ceux et celles qui
désirent s'abstenir veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Burns, Mme Payette, Mme
Leblanc-Bantey, MM. Alfred, Lavigne, Dussault.
Le Secrétaire adjoint: Pour: 68 Contre: 0
Abstentions: 6.
Le Président: La motion, telle qu'amendée, est
adoptée.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: M. le Président, est-ce que vous pouvez
aviser les autres députés...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Nous en sommes à
l'enregistrement... M. le député de Roberval, s'il vous
plaît! Nous en sommes à l'enregistrement des noms sur les votes en
suspens et maintenant aux avis à la Chambre.
M. le leader du gouvernement.
Travaux parlementaires
M. Charron: Oui, M. le Président. D'abord pour demain
matin, au salon rouge, comme convenu déjà avec l'Opposition, la
commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières devrait se réunir pour entendre un certain nombre de
citoyens qui ont déjà été convoqués à
la suite des demandes qu'ils nous avaient faites avant d'entamer l'étude
article par article du projet de loi 72 de la protection du consommateur. De
même, à la salle 81-A, demain matin j'en donne avis
également la commission de l'immigration se réunira afin
de procéder à l'étude article par article du projet de loi
77 qui lui a déjà été
déféré.
M. Gratton: Je voudrais demander au leader si, dans le cas du
projet de loi 72, il serait en mesure de nous dire quels seront les organismes
ou personnes qui ont été invités à
comparaître demain.
M. Charron: À moins que je ne me trompe, M. le
Président, les critiques des partis ont reçu cette liste des
organismes qui avaient été convoqués pour demain matin. On
me dit oui d'un côté et on me dit non de l'autre.
Le Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: J'allais demander si les mémoires
avaient été déposés en même temps ou si
certains l'ont été aujourd'hui, de façon qu'on puisse les
étudier durant la soirée, si possible.
M. Charron: Que je sache, très peu de mémoires ont
été préparés et acheminés jusqu'ici à
l'Assemblée nationale. La plupart des groupes sollicitaient de
présenter des mémoires de deux ou trois pages sur un article ou
un chapitre en particulier du projet de loi. Ils devraient donc être
déposés au moment même où ils vont comparaître
étant donné qu'il ne s'agit pas de mémoires très
volumineux et qu'eux-mêmes ont choisi de les limiter à quelques
aspects du projet de loi. C'est ce que nous leur avons dit qu'ils pouvaient
faire, en tout cas, dans ces circonstances. Autrement, M. le Président,
je voudrais tout de suite dire que ceux dont nous disposons cet
après-midi, qui seraient déjà entrés, avec la liste
complète de ceux qui seront entendus demain, devraient parvenir dans les
toutes prochaines minutes au bureau du chef de l'Opposition officielle et au
bureau du chef de l'Union Nationale ainsi, qu'au bureau du député
de Beauce-Sud.
Une voix: Les mémoires?
M. Charron: Ainsi que les quelques mémoires qu'on aurait
déjà d'entrés.
M. Lavoie: ... 91.
M. Charron: Effectivement.
M. Mailloux: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: En vertu de l'article 34, est-ce que je pourrais
savoir du leader si le gouvernement a l'intention d'appeler aujourd'hui le
projet de loi no 91 sur les transports?
M. Charron: Seulement le projet de loi 86, qui est au nom du
ministre des Transports, devrait être appelé aujourd'hui, pas le
projet de loi 91.
M. Mailloux: Pourrait-on informer la Chambre à savoir si
le gouvernement a l'intention de retirer ce projet de loi ou de l'appeler
à une date ultérieure?
M. Charron: M. le Président, c'est-à-dire qu'avant
de l'appeler en deuxième lecture, le ministre s'est engagé
à mener un certain nombre de consultations ou à recevoir un
certain nombre de gens qui voulaient lui faire des représentations
à son bureau et, si c'est demandé et confirmé, on attendra
que cela soit fait avant d'appeler la deuxième lecture. C'est pourquoi
j'annonce, pour la journée d'aujourd'hui, probablement en soirée,
uniquement l'appel du projet de loi 86, Loi modifiant le Code de la route.
M. Roy: Toujours en vertu de l'article 34, M. le
Président, le leader du gouvernement nous avait dit la semaine
dernière que, concernant le projet de loi 90, loi du zonage des terres
agricoles, il y aurait la deuxième lecture et que, par la suite, on
pourrait étudier les mémoires, examiner les
mémoires des organismes qui seraient désireux de se faire
entendre. J'aimerais demander au ministre aujourd'hui quand prévoit-on
que le projet de loi 90 sera appelé en deuxième lecture? Est-ce
que le leader du gouvernement serait en mesure de nous dire aussi
jusqu'à quelle date les personnes ou les groupes qui sont
intéressés à faire parvenir un mémoire au
gouvernement peuvent aviser le gouvernement ou aviser le ministère de
l'Agriculture de leurs intentions?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: C'est une question qui intéresse sans doute
tous les membres de l'Assemblée, à cause de l'importance du
projet de loi. Je veux remercier le député de la poser. M. le
Président, j'ai l'intention d'appeler la deuxième lecture de ce
projet de loi, c'est-à-dire que les députés soient
invités à se prononcer sur le principe de la protection des
terres agricoles au Québec, jeudi de cette semaine. Comme je
prévois qu'un grand nombre de députés vont choisir
d'intervenir sur ce sujet, je pense qu'il serait illogique de penser que la
commission parlementaire devant entendre les organismes qui voudraient se faire
entendre sur ce projet de loi soit convoquée avant le 1er
décembre, ce qui, à tout le moins, assure donc un délai,
entre le dépôt du projet de loi qui a eu lieu le 9 novembre et la
toute première audience, c'est-à-dire la convocation du tout
premier groupe avant qu'on entame l'étude article par article, de trois
semaines. Je dois informer la Chambre que je n'ai eu, à la suite de
l'annonce que j'ai faite ici même, à l'Assemblée, de cette
procédure, la semaine dernière, aucune représentation
à l'encontre de cette démarche que j'avais proposée pour
l'adoption du projet de loi, étant donné que la plupart d'entre
eux ont déjà souscrit au moins dans leurs interventions publiques
au principe de la protection (15 h 40)
M. Bellemare: En vertu de 34, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Est-ce que la commission parlementaire du travail
et de la main-d'oeuvre va siéger après la période de
questions tel qu'entendu ce matin? Elle a été ajournée
sine die, quitte à la Chambre de redonner un nouveau mandat à la
commission parlementaire pour siéger de nouveau, je ne sais pas quand,
je ne sais pas où? Je voudrais savoir cela de vous ou du ministre du
Travail.
M. Charron: M. le Président, mon collègue du
Travail me fait à l'instant rapport que la raison pour laquelle la
commission a suspendu ses travaux ce matin, c'est-à-dire que les
discussions hors de la commission parlementaire se poursuivaient, allaient
à tout le moins s'entamer avec des chances de succès, et se
poursuivre cet après-midi. J'ai donc l'intention, dès que les
questions en vertu de 34 auront été épuisées, de
faire motion pour que la commission parlementaire du travail et de la
main-d'oeuvre se réunisse ce soir à 20 heures et non pas cet
après-midi, pour donner toutes les chances au coureur d'en arriver
à une solution qui sera agréable à tout le monde.
M. Dubois: En vertu de 34, M. le Président. Le
Président: M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Je veux demander au ministre de l'Agriculture s'il a
l'intention de déposer le règlement se rattachant au projet de
loi no 90 avant l'étude article par article en commission
parlementaire?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Non, M. le Président, je n'en ai pas
I'intention, parce que ceux qui ont lu le projet de loi pourront constater que
les règlements sont mineurs, concernent uniquement les questions de
procédure devant la commission; tout ce qui est fondamental est dans la
loi et non pas dans les règlements.
M. Lavoie: M. le Président, mes propos sont à
I'adresse du ministre de l'Agriculture. Est-ce que le ministre considère
peut-être apporter des modifications ou des amendements à l'aire
intérimaire de contrôle, ce qu'on voit en vert sur les cartes,
durant l'étude du projet de loi? C'est qu'on m'informe entre autres que,
dans la ville de Laval, les plans du ministère de l'Agriculture sont
plutôt désuets, car il y a des routes et des ponts qui ont
été bâtis depuis dix ans et qui n'apparaissent même
pas sur votre plan, entre autres le pont Papineau, qui n'apparaît
même pas sur votre plan, cela a été fait en 1968, et votre
aire intérimaire de contrôle actuelle affecte entre autres des
endroits où il y a 500 maisons bâties, dans le parc industriel,
prévoyez-vous...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: ... en cours de route de modifier votre plan,
autrement, vous allez bloquer ces développements pendant près
d'un an?
M. Garon: M. le Président, ceci ne représente aucun
problème. Il faudrait que le député lise la loi, parce que
le parc industriel est couvert par un article dans la section sur les droits
acquis et on ne touche pas aux parcs industriels qui ont été
faits légalement. Il n'y a aucun problème là-dedans. La
section sur les droits acquis couvre tous ces cas, c'est-à-dire que,
dans la loi, dans la carte, dans la zone qui n'est pas retenue pour fins de
contrôle, la municipalité fonctionne comme avant.
Le Président: Très bien. Je vous souligne qu'il ne
s'agissait pas d'une question en vertu des
dispositions de l'article 34 et que les questions en vertu des
dispositions de l'article 34 doivent normalement être formulées au
leader du gouvernement, qui peut occasionnellement céder son droit de
parole, mais c'est au leader. Il ne faudrait pas qu'on reprenne le débat
là-dessus. M. le leader du gouvernement.
M. Garon: M. le Président, est-ce que je pourrais dire
juste un mot? C'est que les cartes ne tiennent pas compte des ponts. Il n'y a
de pont nulle part.
Le Président: Très bien.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je voudrais faire motion pour
que la commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre se
réunisse ce soir à 20 heures pour poursuivre le travail
déjà entamé sur le conflit de la Commonwealth Plywood.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Bellemare: Oui, M. le Président, elle sera
adoptée, mais si, cet après-midi, il arrivait qu'on puisse
s'entendre et qu'il ne soit pas nécessaire à la commission...
M. Charron: Je suggère quand même que la commission
se réunisse pour s'en réjouir.
M. Bellemare: C'est d'accord.
Le Président: La motion est adoptée. Maintenant, M.
le leader de l'Union Nationale, je voudrais que vous indiquiez à
l'Assemblée quel sera votre choix pour la motion du mercredi?
M. Bellemare: Oui, M. le Président, page 12 de notre
feuilleton, aujourd'hui, motion de M. Grenier, député. Que cette
Assemblée demande la convocation de la commission permanente de
l'éducation pour étudier de manière urgente les causes et
les conséquences des nombreux conflits qui perturbent à l'heure
actuelle le bon fonctionnement de plusieurs institutions d'enseignement
à travers le Québec et qui opposent, d'une part, les parents et
les commissions scolaires, et, d'autre part, les étudiants et le
ministère de l'Éducation.
Le Président: Très bien, M. le leader parlementaire
de l'Union Nationale, la Chambre en est saisie.
M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: Je porte à votre attention que c est le
deuxième avis concernant la motion du mercredi que l'Union Nationale
donne et ce n'est pas le même avis.
M. Bellemare: Non, non, c'est la même question avec
débat pour en bas.
Le Président: Je pense, M. le député de
Roberval, que vous vous êtes trompé, ce qui est permis à
tout le monde. Il ne s'agissait pas de cela. Il s'agissait plutôt de
questions avec débat.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, puis-je demander
au leader de l'Union Nationale, à la lecture de la motion qu'il veut
présenter demain, s il est au courant des derniers
développements...
Une voix: Ah, ah! M. le Président, c'est...
M. Morin (Sauvé): ... dans le domaine qui fait l'objet de
la motion?
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre de l'Éducation, ce sera demain que vous pourrez intervenir
là-dessus.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, je voulais
simplement faire observer que le conflit de Paspébiac est
réglé.
Le Président: Vous aurez tout le loisir de le dire demain,
M. le ministre de l'Éducation, M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, s'il vous plaît.
M. Charron: M. le Président, avant de solliciter que vous
appeliez un article en particulier, puis-je indiquer, pendant que nos
collègues de la commission parlementaire du travail se
réunissent, ce à quoi nous allons nous livrer à
l'Assemblée jusqu'en soirée? D'abord, je suis sur le point de
vous demander d'appeler la deuxième lecture du projet de loi 83 qui
figure à mon nom au feuilleton. Lorsque nous aurons disposé de
cette deuxième lecture, nous allons entamer l'étude on
verra à ce moment si les collègues de l'Opposition y consentent
je proposerai qu'on fasse une étude simultanée au niveau
de la deuxième lecture des projets de loi qui portent les numéros
28, 29 et 30 et qui, tous les trois, concenent nos concitoyens autochtones. Je
vois que le député de Mont-Royal me donne à l'avance ou
presque son consentement, de même que l'Union Nationale. Donc, nous
n'aurons qu'une intervention de deuxième lecture et, par la suite, comme
je l'ai déjà annoncé, nous aurons la deuxième
lecture du projet de loi 86 modifiant le Code de la route. Je pense, quand nous
aurons fait cela aujourd'hui, nous aurons fait une bonne journée.
Avis de mini-débats
Le Président: Très bien, M. le leader du
gouvernement. Maintenant, je voudrais donner lecture puisque je dois le
faire normalement avant 18 heures de deux avis qui viennent d'être
communiqués à la présidence. "Le 14 novembre 1978, M. le
Président, à la séance d'aujourd'hui, j'ai posé au
ministre de l'Éducation une question portant sur le sujet suivant: La
qualité de la formation académique et professionnelle des
physiothérapeutes et des exigences de leur corporation. Puisque je
ne
suis pas satisfaite de la réponse donnée, je désire
me prévaloir des dispositions de l'article 174 du règlement.
Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de mes sentiments
les meilleurs". Et c'est signé par le député de L'Acadie,
Thérèse Lavoie-Roux.
Puisque le règlement m'autorise à choisir lequel aura
préséance sur l'autre puisque j'ai deux avis j'ai
choisi, à moins qu'il y ait un consentement à l'effet contraire,
que M. le ministre de l'Éducation serait le premier, puisque j'ai
reçu les avis en même temps, simultanément. C'est le
premier mini-débat ce soir à l'ajournement, à 10
heures.
Je donne lecture de l'autre avis: "Le 14 novembre 1978, M. le
Président, à la séance d'aujourd'hui, j'ai posé au
ministre des Affaires sociales une question portant sur le sujet suivant: La
suppression de l'internat des étudiants en réhabilitation.
Puisque je ne suis pas satisfait de la réponse donnée, je
désire me prévaloir des dispositions de l'article 174 du
règlement. Veuillez agréer, M. le Président, l'expression
de mes sentiments les meilleurs". Et c'est signé par le
député d'Outremont, André Raynauld. Malheureusement, je
voulais prévenir le ministre des Affaires sociales avant qu'il ne
quitte. Je ne sais pas s'il a été prévenu.
M. Charron: Je le ferai. M. le Président, pour
éviter l'expérience de la semaine dernière, puis-je
inviter ceux qui ont sollicité de croiser le fer avec certains de mes
collègues ce soir, lors d'un minidébat, et mes collègues
interpellés, à s'attendre que ces mini-débats, comme vous
l'avez dit, aient lieu à l'ajournement, mais pas nécessairement
à 22 heures? Le menu que j'ai indiqué pour la journée
d'aujourd'hui à sa face même, en tout cas n'est pas
extrêmement litigieux. Il se peut qu'en cours de route, ce soir, nous
l'achevions. J'inviterais donc les quatre députés de
l'Assemblée qui sont visés à faire peut-être preuve
d'une assiduité tout au cours de la soirée.
Le Président: On tient, pour acquis que les quatre
antagonistes seront présents un peu plus tôt ce soir.
Aux affaires du jour.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: L'article 8), M. le Président. (15 h 50)
Projet de loi no 83
Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: Le ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports propose que soit maintenant lu pour la deuxième
fois le projet de loi no 83, Loi modifiant la Loi constituant la Régie
des installations olympiques.
M. le ministre.
M. Claude Charron
M. Charron: Merci, Mme le Président. Le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande
l'adoption à l'Assemblée.
C'est la première fois que la loi, qui a constitué la
Régie des installations olympiques, est appelée à
être amendée. J'indique tout de suite à l'Assemblée
que ce n'est pas par une faute grave ou par une erreur de parcours que nous
sommes appelés à le faire, comme il arrive à l'occasion de
modifier des lois déjà adoptées, mais, bien au contraire,
comme j'aurai l'occasion de le développer dans quelques instants, c'est
un signe que la loi précédente avait fait son chemin et il s'agit
bien davantage d'un geste de confiance posé à l'endroit de la
régie qui avait été constituée par la loi que nous
modifions.
Je veux avoir des propos brefs parce que quand on comprendra le sens et
le pourquoi de ce projet de loi, je pense recevoir très rapidement
l'assentiment de tous les membres de l'Assemblée. Je suis obligé
de modifier la loi qui a constitué la Régie des installations
olympiques pour permettre à celle-ci de prendre sous sa
responsabilité l'amphithéâtre sportif bien connu des
citoyens de l'Est de Montréal, et j'ai presque envie de dire de
l'ensemble du Québec, qui s'appelle le centre Paul-Sauvé, au coin
de Beaubien et Pie 1X dans le comté de Rosemont à
Montréal. Je suis obligé, parce que la loi que nous modifions
aujourd'hui avait limité dans son texte même c'est pourquoi
nous sommes appelés à l'amender le champ de juridiction de
la Régie des installations olympiques. Pour les Montréalais, si
je le décris comme étant le parc olympique même, tout le
monde sait de quoi je parle. Dans la loi, on le décrit comme suit: Dans
le quadrilatère compris entre les rues Sherbrooke, Viau, Pie 1X et
Pierre-De-Coubertin, c'est-à-dire où se trouvent aujourd'hui le
stade, le vélodrome et la piscine olympiques. Là où se
trouvent également, bien sûr, le centre Maisonneuve, le centre
Pierre-Charbonneau et l'aréna Maurice-Richard, mais ces centres ne sont
pas sous la responsabilité de la Régie des installations
olympiques actuellement.
La régie avait été invitée à se
confiner à ce quadrilatère, et j'ai presque envie de dire
à sa demande même, parce que quand on l'a invitée à
prendre en charge le chantier olympique, en novembre 1975, elle n'en demandait
pas plus. Les autres installations olympiques, qui sont à
Montréal ou qui étaient à l'extérieur de
Montréal, en périphérie je pense à L'Acadie,
à Sherbrooke, à Kingston n'étaient pas sous la
responsabilité de la régie. Donc, pour inclure le centre
Paul-Sauvé sous la coupe de la Régie des installations olympiques
au-delà du vélodrome, du stade ou de la piscine, je suis
obligé de présenter ce projet de loi et le Conseil des ministres
m'a autorisé à le faire.
Mme le Président, je vais faire une intervention brève, en
trois points. Je vais d'abord vous dire que c'est une loi que nous ne voulions
pas faire. Je vais vous dire ensuite que c'est une loi que nous faisons quand
même avec plaisir et je vais vous dire que c'est une loi qui, à
mon avis, nous donne l'occasion d'améliorer la Régie des
installations olympiques.
Une loi que nous ne désirions pas faire. Je
m'explique. Il y a quelques mois de cela, au début de
l'année 1978 qui s'achève, j'ai eu, à mon bureau du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, une
première rencontre avec les dirigeants de l'Association
athlétique nationale de la jeunesse. Qui sont ces gens? Ce sont des
bénévoles qui se sont succédé au cours des 18
années d'existence du centre Paul-Sauvé et qui en ont, avec
beaucoup d'énergie, assuré non seulement la construction, la
gestion, mais j'ai presque envie de dire aussi le succès et l'expansion.
Certains ont donné plusieurs années à la direction ou au
moins dans le conseil d'administration de l'association qui avait
été créée par une loi de cette Assemblée en
1960; d'autres étaient fraîchement arrivés, mais les uns
comme les autres avaient une marque commune lorsque je les ai
rencontrés; le désir d'être libérés de leur
tâche.
L'époque du bénévolat, en particulier pour un
centre administratif qui a un chiffre d'affaires aussi élevé que
le centre Paul-Sauvé, est dépassée. Cela demande, ni plus
ni moins, des gens à temps plein, des gens responsables et de
véritables administrateurs depuis que le centre a pris une telle
envergure. Je ne dis pas qu'ils n'étaient pas de véritables
administrateurs, mais je veux dire qu'il faut des gens qui ont choisi d'en
faire une profession, presque un métier, non pas simplement d'aller
siéger, comme certains bénévoles dans tant d'autres
domaines le font, à l'occasion seulement.
Je pense que ce n'est pas leur manquer de respect de dire qu'ils
étaient épuisés et qu'ils demandaient que, dans la charge
financière qu'ils n'étaient plus capables de supporter, le
gouvernement leur vienne en aide.
Au fil des années, la gestion du centre, mais les immobilisations
en particulier: agrandissements, améliorations, rénovations qu'un
pareil centre nécessitait, avaient amené les affaires
financières du centre Paul-Sauvé à un point
déficitaire qui, comme on dit, les condamnait à ne plus voir la
lumière au bout du tunnel. C'est avec un déficit qui
s'annonçait pour être d'environ $600 000 à la fin de leur
année financière, qu'ils sont venus explorer, avec moi, comme
membre du gouvernement, les possibilités de les soulager d'une
manière ou d'une autre. La manière qui était favorite
à leurs yeux était que le gouvernement prenne en charge
littéralement la gestion du centre.
Nous avons fait deux choses dans ce domaine, Mme le Président.
Nous avons d'abord pensé à l'immédiat et à
l'urgence quand je les ai rencontrés, quelque part en janvier ou
février. Certains groupes sociaux, certaines équipes, certains
citoyens individuellement ou autrement avaient déjà des
engagements avec le centre. Il m'apparaissait plus qu'urgent que le centre
puisse au moins finir la saison engagée avant qu'on pense à son
avenir. J'ai donc sollicité de mon collègue des Finances une
subvention spéciale au centre Paul-Sauvé pour lui permettre de
finir sa saison, c'est-à-dire de se rendre jusqu'en juillet ou
août, toujours la saison creuse d'un pareil complexe sportif. Ceci fut
fait par une décision du Conseil des ministres, ce qui nous a permis
d'éponger les dettes les plus criantes, les plus urgentes du centre,
mais qui, de l'avis de tous et de celui qui vous parle en particulier, ne
réglait pas à long terme la situation du centre
Paul-Sauvé. Pardon?
M. Marchand: Mme le Président, je ne sais pas si le
ministre me permettrait une question. Est-ce que c'est la même subvention
de $260 000 environ sur laquelle j'avais posé une question au ministre
il y a quelque temps?
M. Charron: C'est exact, Mme le Président. Il s'agit de
cette première tranche qui avait été versée au
cours de l'hiver et le succès espéré a été
obtenu.
La solution à moyen ou à long terme restait à
trouver. Quand je vous disais que je vous présente une loi que je ne
désirais pas présenter, c'est qu'était à mon esprit
à ce moment et l'est encore aujourd'hui la conviction que ce n'est pas
au gouvernement du Québec de se rendre gestionnaire de complexes
sportifs qui sont situés sur des terrains qui appartiennent à des
municipalités. Nous n'en possédons aucun. Outre ce que nous avons
dû je parle comme gouvernement, mais il s'agit du gouvernement
précédent ramasser en catastrophe en novembre 1975, le
gouvernement du Québec ne possède aucune aréna, aucune
patinoire, aucun gymnase dans tout le Québec. Ce sont soit les
commissions scolaires ou les municipalités qui les possèdent, ou
alors des organismes privés qui s'en sont eux-mêmes rendus
responsables. Je me disais, en particulier en pensant à la
municipalité où était situé le centre, que j'avais
encore moins de raisons de faire exception lorsqu'il s'agissait d'une ville
qui, au chapitre du loisir et des services de récréation,
possède à elle seule un budget plus élevé que le
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports pour
l'ensemble du Québec. Je ne m'adressais pas à des gens qui
étaient dans l'impossibilité de prendre sur-le-champ cette
responsabilité que je voulais leur confier comme à d'autres.
J'irai plus loin, Mme le Président, et j'invite les
députés à prendre acte des événements que je
veux leur raconter en toute vérité. Cette conviction était
tellement présente à notre esprit, que ce n'était pas
à nous j'emploie le mot qui nous venait à l'esprit
à ce moment de ramasser le centre Paul-Sauvé, mais
c'était plutôt à faire un arrangement avec la ville de
Montréal, le meilleur arrangement possible. (16 heures)
À cette fin, nous étions prêts à
négocier pour que celle-ci l'assume. C'était à ce point
réaliste, Mme le Président, et possible que nous sommes venus
à un cheveu de réaliser ce qui apparaissait logique et
souhaitable pour les citoyens de l'est de Montréal.
Mon collègue des Finances et moi-même avons, au cours du
printemps, de front ou en paire, c'est-à-dire séparément
ou ensemble, à l'occasion, auprès des autorités
municipales de Montréal, auprès du maire Drapeau et du
vice-président
du conseil exécutif j'ai rencontré ce dernier,
aussi, à quelques occasions sur ce sujet invoqué la
possibilité que la ville de Montréal prenne le centre
Paul-Sauvé en gestion et l'incorpore à tous les autres centres
qu'elle possède dans toute la ville.
Mme le Président, nous ne leur faisions pas un cadeau de Grec,
nous ne leur donnions pas un éléphant blanc empoisonné
dont il fallait assurer la gestion. Au contraire, le centre fait ses frais. Le
centre est lucratif. Mis à part les dettes accumulées même
au cours de la toute dernière année 1977, le centre
Paul-Sauvé a fait plus de recettes qu'il n'a fait de dépenses, si
on parle en termes comptables. Autrement dit, je n'offrais pas à la
ville de Montréal une occasion de s'endetter davantage. C'était
à ce point logique et clair lorsqu'on regardait les chiffres, que lors
d'une rencontre en mai dernier avec le maire de Montréal, j'ai
reçu de sa part un acquiescement verbal indiquant qu'il n'y avait pas de
problème à l'horizon et qu'il s'agissait d'établir une
négociation pour que les fonctionnaires du Haut-Commissariat et ceux de
la ville de Montréal mettent sur papier l'offre que je lui faisais.
L'offre que je lui faisais, c'était celle-ci. Le gouvernement du
Québec s'engageait à effacer totalement le déficit et les
dettes. On les prenait à notre compte. Autrement dit, les $325 000 de
déficit qui restaient encore à éponger, on les
épongeait. On prenait possession du centre Paul-Sauvé et on le
vendait à la ville de Montréal. On vendait un centre, qui fait
des revenus, à la ville de Montréal, pour un dollar. Le maire
Drapeau s'est, non seulement, montré alléché par pareille
offre, mais il a dit que c'était une question de temps et de
modalités pour le faire. Suite à cette rencontre avec lui, en
aparté je précise même les lieux, Mme le
Président, pour qu'on puisse le vérifier auprès de celui
que je cite au forum de Montréal entre deux périodes de
hockey, pendant les éliminatoires de la dernière saison, j'ai eu
l'occasion de bavarder avec lui entre dix et quinze minutes, il était au
courant, M. Parizeau lui en avait parlé, je lui en avais parlé,
c'était la première fois qu'on se rencontrait sur le sujet dont
on s'était déjà parlé, par le courrier ou au
téléphone, il me dit: Envoyez vos fonctionnaires et on va faire
cela le plus rapidement possible. Je lui dis: Cela presse un peu, parce que le
centre va finir sa saison au mois de juin et il faut tout de suite penser
à la prochaine saison. Ce que j'ai fait. J'ai prié mes
fonctionnaires, quelques jours plus tard, d'aller rencontrer, suite à ce
que le maire Drapeau m'avait offert, les fonctionnaires de la ville de
Montréal pour qu'on bâcle cela le plus rapidement possible et pour
qu'on puisse annoncer aux citoyens de Rosemont que leur centre allait leur
revenir propriété de la ville de Montréal et
administré par la ville de Montréal comme il se devait.
C'est là que cela c'est gâché et que j'en ai perdu
des bouts. Parce que mes fontionnaires me sont revenus je leur ai
demandé de me faire rapport en me disant: Êtes-vous bien
sûrs que la ville de Montréal est intéressée
à prendre le centre
Paul-Sauvé? J'ai dit: Écoutez, j'ai la parole du maire
même que j'ai rencontré et du vice-président du conseil
exécutif de la ville. Il me semble que... Ils m'ont dit: Du
côté des fonctionnaires qui sont à la table de l'autre
côté, je vous assure que, le moins que l'on puisse dire, ce n'est
pas de l'empressement. J'ai été étonné. J'ai donc
décidé de renouveler, au niveau politique, dans l'esprit de
collaboration qu'évoquait le premier ministre tout à l'heure
avec les autorités de la ville de Montréal qui nous
anime depuis que nous sommes au pouvoir, un nouveau contact pour voir de quoi
il retournait. C'est cette fois, le 5 juin dernier, que j'ai rencontré
à mon bureau de la rue Fullum, à Montréal, le
vice-président du Conseil exécutif, M. Lamarre, qui occupe au
conseil exécutif de Montréal les fonctions, ni plus ni moins, de
responsable du service de récréation. Il est, si vous voulez, Mme
le Président, mon vis-à-vis au niveau du Conseil exécutif
de la ville de Montréal.
M. Lamarre m'a fait état que, analyses faites, si on introduisait
les normes et critères de la ville de Montréal, si le personnel
syndiqué de la ville de Montréal allait devoir prendre en charge
le centre Paul-Sauvé, etc., etc., il faudrait faire une étude
avant de se prononcer. Ah! j'ai dit. Mon devoir était de respecter ce
qui n'était pas un refus, ce qui était une demande d'attente.
J'ai accordé, j'ai attendu. Sauf que, rendu à la fin du mois
d'août dernier, je commençais à trouver que cela prenait un
peu de temps. J'ai revérifié auprès de la ville de
Montréal ce qu'il advenait de cette étude que Montréal
avait demandé de faire avant de se prononcer catégoriquement.
Dans une conversation téléphonique avec le maire de
Montréal le 31 août dernier, celui-ci m'a confirmé que les
chiffres que son service lui avait fournis l'incitaient à refuser cette
fois à noter qu'on avait fait beaucoup de chemin entre le mois de
mai et le 31 août carrément l'offre que je lui faisais. Me
faisant miroiter des chiffres par exemple, on disait que les
réparations à faire au centre Paul-Sauvé pouvaient aller
jusqu'à $1 750 000 ou à peu près, selon
l'évaluation de la ville de Montréal j'étais
étonné. J'ai demandé au maire de Montréal la
permission d'envoyer mes gens vérifier cette donnée parce que ce
n'était pas du tout le chiffre que nous avions. Écoutez! Le
centre a eu pour $1 200 000 de réparations en 1976 pour être un
des sites de compétition des Jeux olympiques. J'avais mal à
croire qu'un an plus tard il faille mettre encore $1 750 000; ce n'est quand
même pas, pour ceux qui la connaissent dans l'est de Montréal, une
bâtisse qui est en train de tomber. Qu'on la rafraîchisse, qu'on la
refasse, qu'il y ait des réparations, c'est dans la norme des
choses.
J'ai donc envoyé des gens de la Régie des installations
olympiques qui ont développé une certaine expertise dans
l'évaluation des travaux à faire. Ceux-ci me sont arrivés
avec, Mme le Président je le dis comme je l'ai vécu
un démenti formel sur l'évaluation que la ville de
Montréal avait faite des travaux à faire. Je donne un exemple; la
ville de Montréal refusait non seulement des revenus d'environ $30 000
par année que rap-
portent les panneaux publicitaires à l'intérieur du
centre, qui sont loués à différents commanditaires et
qu'on voit dans toutes les arénas du Québec il y en a au
centre Paul-Sauvé également mais elle évaluait
à $15 000 le temps en heures-homme de travail pour les enlever. Bien
sûr, quand on calcule de cette façon-là, on n'a pas de mal
à arriver à un budget déficitaire. Quand on refuse des
sources de revenus et qu'on dépense pour se priver de sources de
revenus, c'est bien évident qu'au bout de la ligne les chiffres ne
disent plus la même chose. J'ai interprété ce document
comme étant un instrument politique pour appuyer un refus politique de
prendre le centre Paul-Sauvé en charge. Je n'ai pas voulu faire de
querelle ou de bataille inutile devant ces faits qui me sautaient aux yeux. La
ville de Montréal n'était pas intéressée au centre
Paul-Sauvé; d'une certaine façon, elle abandonnait le centre
Paul-Sauvé à ce qui pouvait arriver. Dans l'intérêt
des citoyens de l'est de Montréal, plutôt que de livrer une guerre
avec une administration qui ne voulait pas prendre cette responsabilité,
je vais dire comme un certain journaliste interprétait cette action il y
a quelques semaines: Je me suis reviré vite, je me suis reviré de
bord et j'ai fait appel à des gens pour le prendre. Dans ma tête,
Mme le Président, ce qui était le plus important, c'était
que le centre Paul-Sauvé, qui est une véritable institution dans
l'est de Montréal, qui est occupé par des citoyens de l'est de
Montréal, soit rouvert le plus rapidement possible. (16 h 10)
C'est ce qui m'amène à vous dire que non seulement c'est
une loi que je ne désirais pas faire, que je suis obligé de
faire, mais, en passant au deuxième volet de mon intervention, c'est une
loi que je fais avec plaisir. En me revirant de bord, à qui ai-je
pensé, croyez-vous? Pas à d'autres personnes que celles avec qui,
dans la confiance du premier ministre, j'ai été appelé
à travailler depuis deux ans et qui ont fait un travail invraisemblable.
Je le dis parce que je les ai vues à l'oeuvre et qu'à certaines
occasions des citoyens, partout dans le Québec, et à
Montréal en particulier on comprendra pourquoi me l'ont
dit en offrant leur sympathie et leur collaboration pour ce que la Régie
des installations olympiques a su faire, ce qui nous est apparu et ce qui
m'apparaissait, il y a deux ans, comme un terrible héritage que je ne
savais pas par quel bout prendre.
En disant aujourd'hui que le centre Paul-Sauvé va
désormais être administré vu que Montréal ne
le veut pas par la Régie des installations olympiques, c'est une
loi que je fais avec plaisir parce qu'elle doit être
interprétée comme un geste de confiance et de reconnaissance en
même temps à la Régie des installations olympiques, je
dirais même au moindre des fonctionnaires qui s'y sont débattus,
mais je signalerai en particulier le président lui-même de la
régie, M. Robert Nelson.
Je suis arrivé le 1er décembre 1976 au dossier de la
Régie des installations olympiques. Mon prédécesseur, qui
me fait l'honneur de sa présence cet après-midi, sait sans doute
un peu dans quel état j'ai ramassé le dossier; il sait aussi,
sans aucun doute que, dès ce moment, l'idée n'était pas,
dans ma tête, de faire le procès du passé, des coûts
exorbitants de ces installations, mais de penser au plus sacrant à faire
que ces édifices qui étaient quasi inutilisés depuis la
fermeture des jeux, le 1er août 1976, retournent à ceux qui les
avaient si chèrement payés, les contribuables
québécois, les Montréalais en particulier. J'ai donc, dans
les tout premiers jours, en arrivant à la régie, dit: Sortez-moi
des fichiers ce qu'on avait préparé on devait bien avoir
pensé que cela allait rester debout ces édifices-là
pour assurer leur utilisation après les Jeux olympiques.
Je ne mens pas à cette Chambre quand je dis que ce qu'on m'a
offert, à ce moment-là, c'était deux pages de papier
où quelqu'un avait écrit, avait daigné mettre des notes
pour dire qu'il faudrait créer un comité pour y penser.
J'étais devant rien, et cela m'apparaissait difficile de tout mettre en
branle rapidement. Devant rien et devant un objectif quand même, un
objectif que j'ai, à l'occasion, décrit comme une
véritable quadrature du cercle ou, comme on le dit dans des termes plus
familiers, un peu comme un chien qui se court après la queue. Ce que
j'essayais d'obtenir d'un côté, la règle
mathématique faisait que je le perde à peu près
automatiquement de l'autre. Je m'explique. J'avais comme but d'ouvrir au plus
grand nombre de monde possible, à n'importe qui, les installations
olympiques telles qu'elles figuraient dans le paysage de l'est de
Montréal à ce moment-là, au plus bas coût possible,
pour que n'importe quel Montréalais et n'importe quel
Québécois de l'extérieur puisse y aller à bon prix.
Après tout, ils les avaient payées, ils avaient le droit d'y
accéder. Mais, d'autre part, je ne pouvais pas baisser les coûts
d'accès aux installations olympiques sans automatiquement faire porter
par l'ensemble des contribuables le déficit d'exploitation du centre.
Autrement dit, je ne pouvais pas limiter le coût d'entrée sans
à la fois augmenter la subvention nécessaire de la part du
gouvernement pour boucler la boucle. J'ai visé les deux à la fois
et je soutiens honnêtement qu'avec le travail gigantesque des membres de
la Régie des installations olympiques je ne dis pas que nous les
avons pleinement atteints tous les deux, mais la réalité est
là pour parler je crois que nous avons fait bon cheminement vers
les deux objectifs en ce sens que j'ai réussi, l'année
dernière, à solliciter de cette Assemblée, au moment
où elle a voté les crédits de mon ministère, que la
subvention à la Régie des installations olympiques, pour lui
permettre de boucler ses opérations, soit diminuée des $10
millions qu'elle était la première année à $6
millions cette année
Puis-je vous dire je devance peut-être les
événements mais je suis au courant, puisque je viens de
l'acheminer au Conseil du trésor que la demande de subvention
pour la prochaine année est à peu près du même
ordre, incluant l'inflation, qu'il faut normalement calculer.
Autrement dit, je considère que les Québécois ont
tellement déjà suffisamment payé pour cela, que je me dis
que le moins que je leur demande pour tirer parti, en plus de cela, de
l'immobilisation qui a été faite, c'est le mieux. Mais, dans
l'état actuel des choses, Mme le Président, je pense, je le dis
aussi comme les faits m'obligent à le dire, ne jamais être en
mesure de demander moins que $6 millions. Autrement, je serais obligé
d'augmenter les coûts d'entrée, et ces coûts d'entrée
vont faire que moins de Montréalais vont y aller. Ceux-ci auront
à la fois payé pour ces installations et elles seront trop
coûteuses pour qu'ils y accèdent, ce qui était l'autre
objectif.
L'autre objectif, je l'ai aussi partiellement atteint, Mme le
Président, avec le concours des officiers de la régie. Par
exemple, la piscine olympique de Montréal, est une des plus courues et
j'ai fait état, lors de l'étude de mes crédits, de la
fréquentation incroyable que nous y avons; nous le faisons au même
prix que toutes les autres piscines de Montréal, tous les autres
centres. Bien sûr, ne pas avoir voulu faire de déficit à ce
niveau, couvrir les frais, m'aurait peut-être forcé à
augmenter les prix beaucoup plus, mais nous avons un taux élevé
de fréquentation et de présence au parc olympique actuellement.
J'évoque simplement pour les Montréalais la patinoire qui avait
été instaurée l'année dernière au centre du
stade et qui a été un succès, je pense, grandiose. Cela
fait plaisir, c'était le lieu de récréation de plusieurs
centaines de milliers de Montréalais au cours de l'hiver.
Je pense à la piscine, je pense au vélodrome dont
l'accès au public est à la fois contingenté avec le
nécessaire souci d'en faire un lieu de développement de
l'élite. Nous sommes en train d'aménager, sous les gradins du
stade, un centre national d'entraînement de notre élite sportive
québécoise, qui va en faire sans aucun doute un des sites les
mieux reconnus, sinon au Canada, j'ai presque envie de dire en Amérique
du Nord, du moins; il fait la joie de toutes les fédérations
sportives et en particulier des athlètes de pointe que le Québec
compte. Nous essayons donc d atteindre à la fois des objectifs un peu
différents, mais qui réussiront sans aucun doute à trouver
un équilibre harmonieux. Devant ce succès, Mme le
Président, devant l'héritage à nouveau qui m'arrive entre
les bras du centre Paul-Sauvé, il est tout à fait normal, et
c'est le principe même de ce projet de loi, que j'aie fait appel à
la régie pour étendre son expertise, son dévouement au
centre Paul-Sauvé comme tel.
La transaction est déjà faite, Mme le Président,
depuis septembre. Le ministère des Travaux publics s'est rendu
propriétaire par arrêté en conseil du centre
Paul-Sauvé. La loi aujourd'hui nous permettra de le remettre à la
Régie des installations olympiques, et d'en faire littéralement
un nouveau centre de succès. Actuellement, le centre revient
déjà peu à peu à la normale dans ses
activités. Les 30 glaces sont déjà quasi en
totalité utilisées et toutes les autres salles que les
Montréalais connaissent reviennent à la vie. On me disait
vendredi soir j'y étais pour accueillir à nouveau
l'équipe de Montréal de la Ligue junior majeure du Québec
qui y faisait sa rentrée le centre va reprendre à 100% le
rythme de ses activités quelque part avant la fin du mois de
novembre.
Nous avons fait vite et nous avons fait, je pense, bien dans
l'intention, en particulier, des citoyens de ce district de Montréal et
de tous ceux qui ont appris à en profiter. Le fait que j'inaugurais la
Loi de la Régie des installations olympiques, Mme le Président,
m'a amené à apporter certains amendements également
à d'autres articles. Cette régie avait été
constituée en catastrophe en 1975 et il nous fallait aujourdhui,
maintenant qu'elle est vieille de trois ans et que sa fonction n'est plus
principalement de construction maintenant, mais d'abord d exploitation et de
gestion de centres, assouplir un peu ces règlements internes pour lui
permettre de bien continuer à faire son boulot. C'est ce qui explique
d'autres articles du projet de loi que je serai prêt à discuter
avec les collègues de la commission lorsque nous en ferons
l'étude article par article.
Je dis donc, Mme le Président, que c'est avec plaisir, même
si je ne l'avais pas souhaité à l'origine, que j'invite
l'Assemblée à se joindre à moi pour que la Régie
des installations olympiques reçoive un mandat de confiance pour
gérer le centre Paul-Sauvé à Montréal. Merci, Mme
le Président. (16 h 20)
M. Springate: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Westmount.
M. George Springate
M. Springate: Merci, Mme le Président. Nous, de notre
côté, reconnaissons que le gouvernement se trouve dans
l'obligation d'amender la loi sur la régie des installations olympiques
pour prendre en main le centre Paul-Sauvé. Je dois vous dire tout de
suite, Mme le Président, que nous allons voter pour ce projet de loi en
deuxième lecture.
Mme le Président, le ministre a parlé pendant environ dix
minutes du nombre de Montréalais et de Québécois qui
connaissent et qui fréquentent le site des installations olympiques,
notamment l'aréna, la piscine, le vélodrome, le site Desmarteau
et d'autres qui se trouvent non seulement sur l'île de Montréal,
mais à l'extérieur de l'île. Cela démontre que la
ville de Montréal, le gouvernement du Québec de l'époque a
non seulement donné les Olympiques aux Montréalais et aux
Québécois, mais, surtout maintenant, il donne ces installations
à tous les Québécois, surtout à ceux qui se
trouvent sur l'île de Montréal et notamment à l'est de
l'île de Montréal. Cela fait baisser, Mme le Président, le
coût des Olympiques qui était tellement élevé en
1976.
Mme le Président, pour parler du centre sportif Paul-Sauvé
et cela est la raison principale du projet de loi de cet
après-midi le centre a vu le
jour en 1960. C'était par la voie d'une souscription publique que
nous avons essayé de faire construire la bâtisse en 1960.
Malheureusement, nous n'avons pas pu amasser les fonds nécessaires. Les
citoyens de Montréal ont fait appel au gouvernement en mars 1960 et
c'est le gouvernement de l'époque, le gouvernement de l'Union Nationale,
qui a accepté de contribuer au financement en garantissant un emprunt
d'obligations de $2 400 000, en plus de débourser en totalité le
capital et les intérêts de cet emprunt. Mme le Président,
de 1960 à 1976, par l'entremise du gouvernement de l'Union Nationale ou
du gouvernement libéral, le centre Paul-Sauvé était
vraiment un centre populaire, un centre communautaire et tous les
Québécois, surtout ceux qui demeurent dans le quartier de
Rosemont, ont bénéficié de ce centre. Il y a deux ou trois
ans, il y avait des réparations majeures à faire et cela a
occasionné un premier déficit de fonctionnement. Ensuite, au
printemps de cette année, les administrateurs ont informé le
ministre qu'il y avait un autre déficit en vue.
Mme le Président, le ministre a essayé de faire savoir aux
autorités de la ville de Montréal que c'était dans leur
intérêt de prendre possession du centre et que le gouvernement
était prêt, non seulement à payer le déficit, mais
aussi à payer toutes les réparations nécessaires pour que
ce centre ouvre ses portes et soit à la portée des gens de
Rosemont. Mais, pour une raison que j'ignore, les autorités de la ville
de Montréal ont refusé de prendre cela en main. Face à ce
refus, le ministre et le gouvernement ont décidé d'en faire
l'achat pour la somme minimale de $1 et de s'engager aussi à liquider
toutes les dettes, le déficit de fonctionnement et l'emprunt
contracté pour la construction de l'édifice. Maintenant, nous
voyons aujourd'hui ici, à l'Assemblée nationale, que le
gouvernement nous demande d'amender une loi pour cet édifice, cet
aréna. Comme le ministre l'a très bien dit dans son discours, le
gouvernement n'est jamais devenu propriétaire d'une aréna
auparavant. Nous nous trouvons maintenant dans l'obligation d'amender une loi
pour que la Régie des installations olympiques prenne ce centre en
main.
Je n'ai pas l'intention de parler longtemps sur ce projet de loi. Je
veux féliciter le ministre car je suis heureux que le gouvernement ait
décidé de continuer l'oeuvre qui a été
commencée par le gouvernement de l'Union Nationale, continuée par
notre formation politique quand nous avons décidé de garder le
centre Paul-Sauvé comme une institution populaire et communautaire.
Quand le ministre a décidé de ne pas donner suite aux
recommandations de l'Institution des sports du Québec pour que ce site
serve à l'entraînement de l'élite provinciale, je suis
complètement d'accord avec son raisonnement et avec la décision
qui a été prise dans ce sens.
Nous pourrions parler longtemps sur le centre Paul-Sauvé, nous
pourrions parler longtemps de la Régie des installations olympiques. Je
suis convaincu que le ministre et le gouvernement qui se trouvent en face de
nous se rendent maintenant compte pourquoi nous, lorsque nous étions au
gouvernement, avons insisté, avec l'aide du député de
D'Arcy McGee, pour que les installations olympiques soient utilisées,
pour que les installations olympiques servent à tous les
Québécois, pour que les installations olympiques, un jour
maintenant, le ministre s'en rend compte pour que ces sites soient
à la disposition de tous les Québécois. Le projet de loi
qui est devant nous cet après-midi est un autre exemple du pourquoi de
la fondation de la Régie des installations olympiques. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Très brièvement, bien sûr. Ce
projet de loi vise à permettre à la RIO de s'approprier le centre
Paul-Sauvé. Nous serions bien sûr, nous de l'Union Nationale, les
derniers à nous opposer à un tel projet de loi puisque ce centre
Paul-Sauvé est un peu notre oeuvre, même si elle a pris de
l'âge.
Vous me permettrez, avant d'entrer dans le vif du sujet, de vous dire
que, de tout temps, le sport et le loisir furent des activités
essentielles à l'épanouissement de l'homme. Dans toutes les
sociétés et les civilisations, nous constatons une importance
valable donnée au sport et au loisir. Ces activités se
manifestent selon les cultures et les époques. Chaque
société définie possède son sport national et
celui-ci est relié par sa propre conjoncture sociale, mais
influencé par ses relations internationales. Le même
phénomène se produit bien sûr au niveau des loisirs. Une
société qui n'a pas détaillé les principes
même d'un sport doit quand même l'adapter et le transformer selon
ses besoins. Le sport subit alors un transfert de culture; il nous a
été donné de le vérifier.
L'importance qu'une société attribue au sport est
révélatrice de l'importance qu'elle accorde à une bonne
condition physique. L'État se doit de stimuler le sport car
l'hygiène mentale que les participants s'y procurent est
nécessaire à un fonctionnement social efficace. "Le sport est
l'art par lequel l'homme se libère de soi-même", disait Giraudoux.
Cela définit toute l'importante du sport, qu'il soit de combat,
individuel, d'équipe ou même mécanique. L'importance que
l'homme attribue au sport est, la plupart du temps, proportionnelle à
son état physique. On le sait trop, un individu en mauvaise condition
physique n'est pas sportif; cette discipline n'étant pas une habitude de
vie est difficile à prendre. Le sport permet à l'homme le
maintien du bon fonctionnement de son corps. C'est prouvé depuis
longtemps.
Le sport influence aussi l'individu face à son comportement
social puisqu'il permet par sa pratique et son entraînement
méthodique, le respect de certaines règles de discipline. Cet
aspect de la rigidité du sport favorise l'intégration sociale et
l'acceptation des normes sociales. Tout le monde sait que le sport peut servir
à plusieurs de salle de
défoulement et permet de mieux comprendre les problèmes
auxquels le travailleur aura à faire face. Le sport favorise bien
sûr l'interaction entre les individus puisqu'un sportif doit
nécessairement s'organiser à l'intérieur d'un groupe. La
participation au groupe accentue le processus de socialisation et
d'identification ainsi que la sociabilité du membre. (16 h 30)
Le sujet qui est amené cet après-midi nous permet de
vérifier jusqu'à quel point un centre comme celui que nous
étudions, soit le centre Paul-Sauvé, à travers les temps,
mérite des transformations. Il est passé par d'énormes
difficultés. L Association athlétique nationale de la jeunesse a
vécu des difficultés le ministre en a fait mention tout
à l'heure alors qu'elle était propriétaire de
lancienne Palestre nationale, principalement, et elle a eu des
difficultés avec le centre Paul-Sauvé. Mais c'est de cela qu'on
hérite quand on a un centre qui se veut populaire. En
général, comme on l'a signalé antérieurement, ce
n'est pas toujours là qu'on peut trouver les sources de financement. On
sait jusqu'à quel point nos piscines, nos palestres, nos centres
sportifs coûtent cher. Le projet de loi a pour but de transférer
le centre à la Régie des installations olympiques et la RIO
désire respecter la vocation du centre Paul-Sauvé. Ce centre
demeurera-t-il ce qu'il est, puisque le ministre veut ainsi répondre
à un besoin?
Le comité Marsan donnait comme recommandation sur l'avenir du
parc olympique "de privilégier pour le parc olympique une vocation de
parc de sports et de loisirs, comme fonction particulière, de valoriser
et de concrétiser l'activité physique par la participation
sportive à tous les niveaux et par la compétition ".
On sait que le parc olympique est à quelques pas du centre
Paul-Sauvé et on sait qu'ils ont partagé au cours des
années passées, des buts à peu près identiques.
J'aimerais que le ministre nous dise, dans sa réponse, ce qu'il
réserve, de façon plus précise, pour le centre
Paul-Sauvé, si déjà des objectifs sont fixés. Il
est bien sûr que tout athlète préfère aller marcher
dans les traces de grands athlètes internationaux qui se sont
présentés aux Jeux olympiques que de choisir le centre
Paul-Sauvé; c'est tout à fait humain. Je pense qu'il est tout
à fait raisonnable de comprendre ces gens qui préféreront
aller pratiquer ce sport au site olympique au lieu de le faire au centre
Paul-Sauvé. Il reste une chose, c'est que les buts sont peut-être
différents; on intéressera peut-être une clientèle
différente Ce centre a servi à plusieurs fins. Est-ce que le
ministre envisage de lui laisser encore des fins multiples comme on en a connu,
à savoir de sport, de culture, de loisir, de commerce même
à l'occasion, puisqu'il m'a été donné, comme
à tant d autres députés ici, d'aller assister à
l'ouverture de toutes sortes de salons du commerce qui y étaient
tenus?
Nous savons tous que la note créancière de I'Association
athlétique nationale de la jeunesse s'élève à $325
000 pour les frais d'exploitation.
L'État devra investir environ $560 000, donc un peu plus d'un
demi-million de dollars. Considérant que les installations olympiques
subissent déjà un déficit, l'acquisition du centre
Paul-Sauvé va-t-elle augmenter ce déficit actuel? J'aimerais que
le ministre nous dise dans sa réponse, considérant que
l'État désire terminer le mât du stade, si lentretien de ce
centre sera négligé à cause du mât qui pourra nous
arriver à la Régie des installations olympiques. Est-ce que les
budgets seront différents? Le budget global de la RIO devrait, à
mon sens, protéger aussi bien le centre Paul-Sauvé, dont on fait
l'acquisition aujourd'hui, que de voir à compléter... Ce sont
deux problèmes assez importants; je pense qu'il faudrait les aborder
d'un front commun. Considérant le rôle passé qu'avait le
centre Paul-Sauvé, le ministre nous dira quel rôle l'État
lui réserve pour les années à venir.
Également, il y a le problème auquel feront face la
régie et le gouvernement lorsque Loto Canada décidera,
très prochainement, de couper les subsides qu'on a octroyés. Par
quel moyen arrivera-t-on à subventionner et à continuer de faire
vivre la Régie des installations olympiques avec ce montant additionnel
qu'on ajoute aujourd'hui?
Le document de la réunion du Conseil des ministres, en date du 20
septembre dernier, au paragraphe 1-C, parle "d'entreprendre les
démarches nécessaires pour confier le plus rapidement possible
l'administration du centre Paul-Sauvé à la Régie des
installations olympiques, étant entendu que la propriété
du centre Paul-Sauvé pourra, en tout temps, être
transférée à la ville de Montréal." Je voudrais lui
demander si ceci tient encore, s'il est encore possible qu un jour ou l'autre,
la ville de Montréal puisse l'administrer, en reprendre possession de
quelque façon, après avoir réglé les
difficultés que certains qualifient de passagères, mais un
passage qui est quand même assez long.
L Union Nationale s'interroge, comme formation politique, sur ces
quelques points et nous aimerions avoir des réponses du ministre. Suite
à ces réponses, bien sûr, que nous sommes, nous aussi, en
faveur de la vertu et contre le péché. Il est clair qu'aucun
député ne peut se permettre d être contre un tel projet de
loi pour ouvrir les loisirs et les sports à une plus large participation
de la population. Je vous remercie.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: Mme le Président, ce n'est pas tous les jours
qu'un dossier sur lequel vous travaillez depuis six mois arrive à terme
devant cette Assemblée. J'aimerais en remercier le ministre
délégué au Haut-Commissariat qui l'a piloté tout au
long de cette route parsemée d'embûches. Avant de parler
spécifiquement du dossier du centre Paul-Sauvé, j'aimerais tout
simplement relever une remarque du député de Westmount qui a mis
en évidence l'extraordinaire essor du parc
olympique; essor qui, nous l'espérons bien tous, va se
répercuter sur le centre Paul-Sauvé, en termes d'activités
et d'ouverture à la population. Il a dit: Vous voyez, on avait raison de
faire une orgie de dépenses au niveau des Jeux olympiques.
C'est assez curieux, Mme le Président. Je vous rappelle que
lorsque nous étions dans l'Opposition, le Parti québécois
a toujours dit que les Jeux olympiques étaient souhaitables, que la
population de Montréal avait besoin d'équipements sportifs, mais
qu'il n'était pas nécessaire pour cela de dépenser de
façon aussi irresponsable l'argent du public. Nous avons toujours la
même opinion. Ce qu'on a essayé de faire, depuis le 15 novembre,
c'est de réduire au minimum les coûts tout en faisant profiter la
population au maximum des nouveaux équipements.
Au début de février, j'ai appris, à peu près
en même temps que le Haut-Commissariat et que la ville de
Montréal, les difficultés du centre Paul-Sauvé. Le
député de Westmount a mentionné les efforts des
gouvernements précédents, d'abord, dans la construction du centre
Paul-Sauvé et dans son développement jusqu'en 1976.
Effectivement, les différents gouvernements du Québec se sont
engagés pour une somme totale d'environ $6 millions dans l'achat des
terrains et de la construction du centre Paul-Sauvé. Ce sont donc des
investissements publics, Mme le Président, dont un gouvernement
responsable et dont une ville, une administration municipale qui aurait
dû être responsable également, devaient se préoccuper
de façon à en faire profiter les citoyens qui les avaient
payés. S'il faut rendre hommage au gouvernement précédent
de s'être aperçu du sous-équipement patent en termes
d'équipements sportifs des francophones au Québec et
particulièrement dans la région de Montréal, il faut
également je pense que cela sera le voeu unanime de cette Chambre
féliciter le gouvernement actuel d'avoir empêché la
fermeture du centre Paul-Sauvé, parce que c'était bien de cela
qu'il s'agissait, Mme le Président.
Le député de Westmount a mentionné que le centre
Paul-Sauvé a été un centre populaire, vivant, jusqu'en
1976. Je tiens à vous dire, puisqu'il est dans mon comté, que
c'était un centre populaire et vivant jusqu'au 1er août de cette
année, date de sa fermeture.
Les difficultés financières, passagères du centre
Paul-Sauvé témoignent justement de ce que je disais au
début: nous avons toujours été d'accord pour qu'il y ait
plus d'équipements sportifs à Montréal pour qu'on fasse
les Jeux olympiques, mais à des coûts modestes et sans
improvisation. Les difficultés du centre Paul-Sauvé sont un autre
des nombreux témoignages de l'improvisation qui a présidé
à la mise sur pied des Jeux olympiques, parce que si le centre
Paul-Sauvé a eu des difficultés en 1976, ce n'est pas un hasard,
c'est justement l'année où les Jeux olympiques se sont tenus,
où les équipements olympiques se sont ouverts et on avait
oublié de planifier comment ces équipements allaient s'ajuster
aux équipements environnants. Le centre Paul-Sauvé qui
s'autofinançait par la location de ses salles, de sa patinoire au public
pour des fins commerciales, ce qui lui permettait de financer des
activités de loisirs amateurs à des taux extrêmement bas, a
commencé à avoir des difficultés financières,
passagères, parce qu'il n'a pas réussi à s'ajuster
à ce moment-là. (16 h 40)
Dernièrement, les choses se sont rétablies, mais le centre
Paul-Sauvé, c'est-à-dire l'Association athlétique de la
jeunesse nationale n'arrivait pas à effacer les difficultés
temporaires qu'elle a connues à ce moment-là. C'est alors, Mme le
Président, qu'au mois de février j'avais recommandé au
ministre d'intervenir dans le dossier du centre Paul-Sauvé à la
demande de l'Association athlétique de la jeunesse nationale qui le
gérait pour un certain nombre de raisons: d'abord, les fonds publics qui
avaient été investis dans le centre Paul-Sauvé qui
devaient continuer à profiter au public de l'est de Montréal;
deuxièmement, le fait que la région métropolitaine est
probablement la moins équipée, en proportion de sa population,
des régions du Québec.
Je tiens ici à rassurer mes collègues des autres
régions qui pourraient penser qu'on met un peu trop d'argent dans les
équipements sportifs. Mais la région de Montréal est
sous-équipée en termes d'équipements sportifs; l'est de
Montréal est sous-équipé par rapport à l'ouest
également. Par conséquent, c'était une deuxième
raison pour venir en aide à l'Association athlétique de la
jeunesse nationale. Une troisième raison, c'est que le centre
Paul-Sauvé était la continuation de la Palestre nationale, la
première institution canadienne-française mise sur pied par des
bénévoles qui ont travaillé d'arrache-pied depuis des
décennies à donner aux Québécois francophones les
mêmes facilités qu'on retrouverait dans l'ouest de Montréal
quant aux sports et aux loisirs amateurs et qui ont contribué à
la bonne condition physique et intellectuelle des jeunes
Québécois. C'étaient là des raisons suffisantes
pour intervenir.
Comment comprendre cette attitude de la ville de Montréal et
après des réponses favorables, cette réaction, par
exemple, de M. Pierre Lorange, membre du comité exécutif, qui
disait: Ce n'est pas le premier projet en perdition qu'on tente de refiler
à la ville? Il nous disait: II y aura des réparations pour $2
millions; il y aura un déficit de fonctionnement de $500 000 un
demi-million de dollars par année. Alors que le centre
Paul-Sauvé avait, pendant deux ans, fait des déficits passagers
de $200 000 seulement! Est-ce que la ville de Montréal reconnaissait
à l'avance qu'elle serait moins efficace que l'Association
athlétique de la jeunesse nationale? Des réparations de $2
millions alors que la valeur marchande du centre est de $5 millions.
Devant ces tergiversations, j'ai dû faire une conférence de
presse au mois de juin pour inciter la ville à prendre ses
responsabilités dans ce domaine puisqu'elle était en partie
responsable, par son improvisation, des difficultés passagères du
centre Paul-Sauvé. Malheureusement, dans
cette tentative pour éviter la date du 1er août qui
était prévue pour la fermeture du centre, au-delà de
laquelle l'association ne pouvait plus fonctionner, le centre a quand
même fermé ses portes le 1er août de cette année.
À partir de là, Mme le Président, je dois dire que
nous avons répété pression sur pression pour avoir une
réponse ferme de la ville de Montréal. Nous l'avons eue le 31
août. Ici, il faut souligner on souligne fréquemment
souvent avec raison, les déficiences de l'appareil public; mais dans ce
dossier-là on a un remarquable exemple d'efficacité que le
31 août nous avons eu un refus de la ville de Montréal. Le temps
de se retourner et de trouver une autre solution, de contacter la Régie
des installations olympiques, de s'assurer que la ville ne s'y opposerait pas,
le 20 septembre, il y avait une décision au Conseil des ministres; le 22
septembre, on annonçait la réouverture du centre
Paul-Sauvé à la population et, trois semaines plus tard,
déjà le centre Paul-Sauvé recommençait ses
activités. En deux semaines, le centre Paul-Sauvé aura
retrouvé sa vigueur d'antan et ses activités qu'il avait perdues
temporairement pour un mois et demi.
Mme le Président, nous n'aurions pas une partie des
investissements que le gouvernement du Québec aura à faire dans
ce centre si celui-ci n'avait pas dû fermer ses portes pendant un mois et
demi. Pendant ce temps, des associations ont quitté et ont trouvé
des équipements ailleurs et qui reviennent maintenant, mais il y aura un
manque à gagner qui devra être couvert. Mais j'ai obtenu
l'assurance de la nouvelle direction du centre Paul-Sauvé que,
dès le début de l'année 1979, le centre Paul-Sauvé,
comme avant, fera ses frais et s'autofinancera. J'ai également obtenu
l'assurance qu'on maintienne les services communautaires actuels à la
population.
La ville de Montréal nous disait: II y a assez de centres dans
Rosemont et dans l'est de Montréal. Si le centre Paul-Sauvé
n'avait pas rouvert, à l'Association de loisirs Saint-Jean-Vianney et au
comité des jeunes de Rosemont, les petits gars, là-dedans,
auraient joué dans la rue cet hiver. J'ai obtenu l'assurance que ces
services allaient continuer; d'ailleurs, ils ont recommencé leurs
activités au centre Paul-Sauvé. J'ai également obtenu
l'assurance que le personnel qui avait été mis à pied le
1er août, sauf évidemment les cadres qui seront des cadres de la
Régie des installations olympiques, serait réembauché, et
c'est fait dans la presque totalité des cas.
Je pense que cette loi, si l'Assemblée nationale l'agrée,
sera l'occasion d'un nouveau départ pour cette institution nationale
qu'est le centre Paul-Sauvé, avec une gestion
expérimentée. Je pense que la Régie des installations
olympiques a fait ses preuves à ce sujet. Il y aura, surtout, une
nouvelle administration qui pourra combiner ses opérations avec un
complexe plus large. Le centre Paul-Sauvé, tout comme les autres
installations du complexe olympique, a une vocation commerciale et
également une vocation communautaire d'ouverture à la
population.
La Régie des installations olympiques pourra marier
harmonieusement ces deux types d'opérations en acquérant le
centre Paul-Sauvé et elle pourra lui fournir une nouvelle gestion plus
expérimentée.
En terminant, Mme le Président, je tiens à dire qu'il y
aura également du nouveau au centre Paul-Sauvé. Nous avons
réuni tous les organismes de loisirs de la région
immédiate du centre Paul-Sauvé et nous avons formé un
comité consultatif qui aidera la Régie des installations
olympiques à gérer ce centre dans le meilleur
intérêt de la population, à faire en sorte que la
population de Rosemont et de l'est de Montréal sente que le centre
Paul-Sauvé, c'est son centre, parce que c'est elle qui l'a payé.
Je comprends la population de Rosemont, le 11 novembre dernier, lorsque le
Canadien junior reprenait ses activités, d'avoir fait au ministre
délégué au Haut-Commissariat une ovation debout parce que,
pendant très longtemps, la population de Rosemont a craint d'être
privée de ces installations et, surtout, elle voulait en partie les
prendre en charge, ce que nous assure ce projet de loi. Je vous remercie.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Laurier.
M. André Marchand
M. Marchand: Mme le Président, le projet de loi 83, Loi
modifiant la Loi constituant la Régie des installations olympiques, est,
comme le dit le ministre, un mal nécessaire. Si c'est un mal
nécessaire, c'est une chose qui devait être faite. Que ce centre
vive par quelque autorité que ce soit qui le conduise, comme je l'ai dit
déjà en commission parlementaire du haut-commissariat sur les
installations olympiques, l'important, c'est que ces installations et ce centre
Paul-Sauvé servent à pleine capacité afin que notre
jeunesse trouve de plus en plus de lieux où elle peut aller exploiter
ses talents et aussi occuper ses loisirs.
En voyant le centre Paul-Sauvé que moi-même j'ai bien
connu, puisque j'ai même participé à certaines de ses
activités, je suis même un petit peu jaloux tout en étant
fier pour les gens de Rosemont. J'aurais aimé même et j'aurais
été prêt à ce qu'on le transporte dans le
comté de Laurier, dans la paroisse de Saint-Jean-de-la-Croix qui est une
des paroisses qui en auraient peut-être eu le plus besoin dans la ville
de Montréal, où les petits gars et les petites filles, tous les
jeunes sont obligés de jouer dans la rue ou dans la ruelle parce que les
centres sportifs sont extrêmement éloignés. Même en
plein été, quand il faut partir de cette région pour s'en
aller jouer au parc Jarry ils sont obligés de traverser des rues aussi
importantes que les rues Beaubien, Bélanger, Jean-Talon et la rue
Saint-Laurent. (16 h 50)
Cela me rend un petit peu jaloux, comme petits gars de Villeray, comme
petit gars du nord de la ville, de ne pas avoir ce centre. Lorsque nous
étions jeunes, nous avions le parc Jarry, le parc
Saint-Hubert et la Palestre nationale. En passant, je veux
féliciter ses administrateurs qui ont décidé un jour de
fonder le centre Paul-Sauvé et d'en faire un centre sportif
extrêmement occupé. Aujourd'hui, le ministre nous a dit tout
à l'heure que la ville de Montréal avait refusé pour $1,
tout déficit payé, de prendre en main ce centre. Or, l'on sait,
naturellement, que les centres sportifs sont, comme l'a dit le ministre, du
ressort municipal.
Mais le ministre nous a parlé de l'estimation de la ville de
Montréal, de $1 700 000, pour fins de rénovation. Il nous a dit
que cela devait coûter moins cher que cela, mais il ne nous a pas
donné ses chiffres, son estimation, pas la sienne, mais l'estimation de
ses experts dans ce domaine. Moi-même, j'ai parlé de ce centre
à plusieurs personnes depuis ce temps, et l'on sait que même ceux
qui voulaient s'en porter acquéreurs, leur grande crainte était
justement la rénovation importante et à coût très
fort à effectuer pour s'en rendre acquéreurs. Ils étaient
peut-être prêts à le prendre pour $1, mais, encore une fois
avec des subventions gouvernementales. Ceci veut vraiment dire que ce centre
aurait coûté et va coûter en rénovation, je ne pense
pas qu'on se trompe, quand on parle de la rénovation du centre
Paul-Sauvé, plus de $1 million.
L'on sait l'entretien que représente le centre Paul-Sauvé.
Je ne veux ni excuser, ni blâmer la ville de Montréal et le
gouvernement, si le gouvernement le prend et si la ville de Montréal ne
veut pas le prendre. Tout ce que j'ai dit tout à l'heure, je le
répète, je suis fier que le centre Paul-Sauvé soit remis
en état de fonctionnement. Le député de Rosemont dans son
discours, a dit que les difficultés passagères sont dues à
l'improvisation de l'organisation des Jeux olympiques. Le ministre aura un
droit de réplique, il pourra reprendre les paroles que je vais dire,
mais je pense que le député de Rosemont a commis une erreur assez
grave. Je ne crois pas que ce soit l'improvisation dans l'organisation des Jeux
olympiques qui soit la cause du déficit du centre Paul-Sauvé. Les
difficultés du centre Paul-Sauvé étaient
déjà commencées depuis quelques années et, avec une
subvention annuelle de plus de $200 000, pendant dix ans, il n'arrivait plus
à boucler son budget.
Comme le ministre l'a dit, une tranche de quelque $260 000 d'une
subvention encore une fois pour payer le nouveau déficit a
été versée encore cette année en plus de la dette
qui demeurait de l'administration. Je pense qu'à ce moment, si le
déficit, d'année en année, s'en allait grossissant, il y
avait une question d'administration. On se souvient peut-être qu'il y a
quelques années l'administrateur, sans parler de salaire, avait un
compte de dépenses, je pense, extrêmement exagéré.
Depuis une couple d'années, il est arrivé que les frais de voyage
et les dépenses de toutes sortes du bureau d'administration ont
excédé de plusieurs dizaines de milliers de dollars ce que
c'était auparavant. Ce n'est peut-être pas nécessairement
tellement cela la cause du déficit. Je dois aussi vous dire que, lorsque
le ministre a parlé des annonces publicitaires qui étaient dans
l'Aréna, d'abord, plusieurs n'étaient pas vendues et, parmi
celles qui étaient vendues, je connais, par exemple, un annonceur qui
avait payé une partie de son annonce et celle-ci n'a été
installée que l'an passé, trois mois après qu'elle devait
l'être. Ainsi, cet annonceur n'a pas défrayé le coût
complet de son annonce, parce qu'il ne l'avait pas eue.
Je pense que cela s'est répété. Ceux qui sont
allés au centre Paul-Sauvé le député de
Rosemont, je l'espère, est allé l'hiver dernier à quelques
occasions ont vu qu'il y avait beaucoup de trous dans ces annonces. Les
publicitaires du centre Paul-Sauvé, les administrateurs, ne se donnaient
peut-être pas la peine d'aller voir les marchands environnants qui
auraient sûrement été intéressés à
annoncer là et de voir à ce que lesdites annonces soient
posées à temps. Si l'on accumule tous ces $500, $1000, $2000 et
$5000, cela augmente un déficit. Je pense qu'il y a eu une
difficulté dans l'administration qui devait être corrigée.
C'est pourquoi certains promoteurs étaient prêts à prendre
ce centre en corrigeant ces anomalies.
Dans son discours, le député de Rosemont a dit que l'est
était moins bien équipé que l'ouest au point de vue des
centres sportifs. Si le député de Rosemont parle d'il y a
plusieurs années, je suis d'accord. Mais le député de
Rosemont devrait comprendre qu'avec l'avènement des Jeux olympiques, des
installations olympiques, l'est n'est plus défavorisé au point de
vue des équipements olympiques. Au contraire, et le ministre l'a dit
dans son intervention, cela serait probablement ce qu'il y aurait de mieux au
Canada et peut-être en Amérique du Nord. Je ne pense plus que
l'est soit défavorisé. Remarquez bien que je ne dis pas que l'est
est favorisé et qu'il y en a trop. Loin de là. Pour moi, il n'y
en aura jamais assez. Il faut donner à notre jeunesse la chance d'avoir
ce qu'il faut, ces installations, ces centres sportifs, afin que ces loisirs
soient employés à développer ceux qui nous remplaceront,
les gens en parfaite santé. Je pense que c'est dans les centres sportifs
et non pas dans les rues et les ruelles que l'on pourra développer
davantage notre jeunesse.
M. le Président, ce sont les remarques que j'avais à
faire, tout en ajoutant que je suis complètement d'accord pour que le
centre Paul-Sauvé rouvre ses portes.
Mme le Vice-Président: En vertu de l'article 96, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Mme le Président, le député de
Laurier a relevé certains de mes propos que je voudrais corriger. Je
n'ai pas dit que l'improvisation des Jeux olympiques était responsable
de l'ensemble des difficultés du centre Paul-Sauvé. J'ai dit que
l'arrivée des installations olympiques dans le même secteur a
déséquilibré un budget qui était déjà
très serré. Bien sûr, il y a le fait qu'au niveau du
déficit de fonctionnement, Mme le Président...
M. Marchand: Voulez-vous dire qu'il y en a trop?
M. Paquette: Non. Sur le plan des activités commerciales,
le centre Paul-Sauvé n'a pas eu le temps de s'ajuster. Rien n'avait
été prévu. Le ministre l'a dit tantôt. Il n'avait
pas été prévu combien on louerait le vélodrome, par
exemple, ce qui a enlevé des locations d'aréna au centre
Paul-Sauvé. Les preuves sont là. J'ai les budgets ici, Mme le
Président. Le déficit de fonctionnement se maintenait à un
niveau très bas et, en 1976-1977...
M. Marchand: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: M. le député, une
correction est admissible, mais il ne faudrait quand même pas allonger et
en faire une discussion.
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Merci madame. Je me lève cet
après-midi avec un sentiment de fierté et d'orgueil devant ce que
fait présentement l'honorable ministre au sujet du projet de loi qui est
devant nous et qui donne au centre Paul-Sauvé un nouveau départ
qui est sûrement vivement apprécié par tous les sportifs de
Montréal et de la province. L'histoire que nous a contée tout
à l'heure l'honorable ministre était un peu longue, mais elle
était véridique quant à ses difficultés avec la
ville de Montréal pour faire accepter à cette dernière le
centre Paul-Sauvé. (17 heures)
Ce que je voudrais ajouter à cela, c'est l'histoire qui a
précédé l'inauguration du centre Paul-Sauvé et que
j'ai eu l'occasion de vivre assez intensément comme ministre dans le
temps, faisant partie de l'équipe qui gouvernait la province et qui
avait reçu de nombreuses pétitions pour remplacer la Palestre
nationale du temps. Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il y a eu des hommes
extraordinaires, dont le bénévolat n'a jamais été
cité, dans cette oeuvre merveilleuse faite pour les jeunes, pour
l'élément sportif de la province et particulièrement pour
Montréal.
Des noms me viennent à l'idée. Je ne voudrais blesser
personne, mais il y en a quelques-uns en particulier qui ont été
présidents et qui ont servi bénévolement pendant des
années en vue de l'établisement du centre Paul-Sauvé. Ici,
je voudrais nommer quelqu'un que connaît peut-être l'honorable
ministre, il s'agit de Maurice Custeau qui a été le marteau qui a
entré le dernier clou dans l'affaire du centre Paul-Sauvé.
Maurice Custeau est aujourd'hui le PDG du Journal de Montréal; il a fat
partie des chambres de commerce, c'était un homme très actif, et
il a lui-même participé à cette réalisation
merveilleuse. Je me souviens de l'interprétation qu'il en faisait lors
de sa présence devant le Cabinet des ministres. Il disait:
"Montréal, c'est une métropole qui n'a pas le droit d'être
en retard sur aucune autre ville du Canada ". C'était son premier
argument. Il disait aussi: "Vous verrez un jour qu'on aura chez nous les Jeux
olympiques". Je pense que quinze ans plus tard sa prophétie s'est
réalisée.
Il nous disait à ce moment-là: "Combien coûterait
aujourd'hui un centre et combien coûtera-t-il dans quinze ans? "
Voyez-vous la différence? Si les Jeux olympiques ont
véritablement obtenu un succès phénoménal sur le
plan canadien et sur le plan québécois, nous en devons une grande
partie à ce centre Paul-Sauvé qui a formé la jeunesse et
qui l'a lancée dans des orientations sportives qui sont aujourd'hui le
plus grand honneur du Québec. Fermé le 1er août dernier, c
est vrai comme le disait le député de Rosemont
à cause de certaines raisons qui ont motivé le ministre et leader
parlementaire, il a été rouvert le 22 septembre dernier avec joie
et bonheur par une foule "inconsidérée" mais une foule
extraordinaire de gens qui ont applaudi largement cette initiative. Il va
vivre, le centre, maintenant! Dieu sait qu'on en fait peut-être un centre
appartenant au gouvernement provincial je ne voudrais pas taxer le
gouvernement d'être socialisant mais pour une oeuvre comme
celle-là, cela mérite d'être considéré comme
un bienfait de sauver une oeuvre pareille.
M. Charron: C est du bon socialisme. M. Bellemare: Pardon?
M. Charron: C'est du bon socialisme. Une voix: C'est du bon
patronage.
M. Bellemare: Du bon patronage! M.Charron: Du bon
socialisme!
M. Bellemare: Ah! Du bon socialisme. S'il y a eu du bon et du
mauvais patronage, c'est l'axiome dont s'est servi l'ancien
député de Drummond qui faisait une différence
énorme entre le bon et le mauvais patronage pour dire qu'il était
du bon côté et nous autres du mauvais côté.
M. Grenier: C'était un libéral.
M. Bellemare: C'était un libéral, dans le temps.
Aujourd'hui, si l'honorable ministre dit qu'il y a du bon et du mauvais
socialisme, je dirai plutôt que c'est être humain et il faut
comprendre, à son degré, la véritable intention qu'a le
gouvernement aujourd'hui de faire de cette oeuvre une oeuvre de jeunesse
réalisée et réalisable, ne pas la fermer et la laisser
hypothéquée pour le reste des jours à venir.
M. Tremblay: C'est un bon gouvernement!
M. Bellemare: Non, je dis que le gouvernement peut faire quelque
chose de bien. Il peut se tromper de temps en temps.
M. Tremblay: Rarement. Des voix: C'est rare.
M. Bellemare: Certainement, il peut se tromper. Comme M.
Taschereau le disait dans mon
temps: "Les gens votent bien plus pour ce qu'ils ont l'espoir d'avoir
que pour ce qu'ils ont eu. " N'oubliez jamais cela! M. Taschereau avait raison.
M. Taschereau est mort, mais c'est resté comme une espèce de
slogan dans ma tête: Les gens votent bien plus pour ce qu'ils ont
l'espoir d'avoir que pour ce qu'ils ont eu. N'oubliez jamais cela. Pardon?
Une voix: Avec Drapeau...
Mme le Vice-Président: À l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Bellemare: Avec Drapeau? On vient de voir un résultat
assez "magnanime " de M. Drapeau, parce que M. Drapeau a fait plus que
largement sa part. Il s'est aidé, il n'a pas cru au Père Sept
Heures et à ceux qui ont voulu, par la loi 44, défaire les
quartiers et surtout...
Mme le Président, je reviens à la pertinence du
débat, parce que je vois que vous allez me gronder et je ne veux pas
prolonger parce qu'il y a plusieurs autres députés qui veulent
parler sur ce projet de loi. Mais je suis en faveur de la reconnaissance du
bien qu'ont accompli les nombreux bénévoles qui, par un travail
extraordinaire de bénévolat, ont fait et créé,
après la Palestre nationale, le centre Paul-Sauvé et, par la
suite, l'ont maintenu en marche pendant des années avec succès.
Je rends témoignage à tous ceux qui ont participé et
particulièrement au gouvernement de l'Union Nationale qui, dans le
temps, a jeté les bases de ce centre. Je me réjouis de voir que
l'oeuvre va continuer. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Thank you very much, Madam President, I would like to
address myself to this "projet de loi", concerning the acquisition by the
Olympic Installations Board of the centre Paul-Sauvé.
It is very evident, Madam President, that we have a dilemma in the
management of certain athletic facilities in the City of Montreal, as the
result of the accumulation of other facilities that were the benefits of having
the Olympics in the City of Montreal in 1976.
However, Madam President, we now are faced again with the realization
that some of the bitter pills that we are going to have to swallow are such as
the management of the operation of the centre Paul-Sauvé.
Obviously, Mr President, this kind of facility must not be allowed to
close. It is one of our prized athletic facilities in the City of Montreal and
it is of most urgent need in the east end of the city. However, we must also
evaluate comparative costs, because we know that, over the past five years, an
operating deficit of approximately $900 000 has been accumulated and this,
basically, out of gentlemen and women who have participated in the management
of that center on a non-remunerative basis.
We know as well, Mr President, that we have to make major capital
expenditures for this center to bring it to a standard that would be equivalent
to other facilities available in the province. So, we speak of expenditures for
this improvement that may involve other millions of dollars.
Also, I have to speak of the fact that, for the first time, the
provincial government is becoming involved in the acquisition of an athletic
facility, all be it for a temporary time, all be it being transferred to the
Olympic Installations Board which, in itself, is supposed to be a temporary
arrangement. And we look to how are we establishing a precedent that may, in
turn, follow with other such facilities in the City of Montréal, some
which have been absorbed into the larger expenditures for the general facility.
I take for example the athletic complex of the University of Montréal.
(17 h 10)
Every year, when I drive by and I see that lovely stadium, sitting
virtually idle with its astroturf and its thousands of seats, because no longer
are there programs that use it, I see, again, other areas all over our city
which have similar problems of inadequate applications of facilities that are
available and thereby are reducing demand on the use of the services and
thereby increasing use deficit associated with their maintenance and
continuance. There is no question that the City of Montreal is one of the most
privileged areas in the world, as far as, for example, enclosed ice arenas. I
visited cities such as Toronto, such as New York, such as Detroit, and, there
is no comparison to the quality of the ice surfaces and of the arenas that are
involved, but he thing that concerns me, Mr President, is not the attitude of
the government, because I think what they are doing is necessary, that it does
not allow it to close a centre like the Paul-Sauvé arena is commendable
and desirable, but that it is establishing a precedent that the provincial
government would become involved in an area which is essentially that of the
municipality, and will maintain and continue to operate operations which are
questionable maintenance value as compared to other applications of the same
funds.
I have no criticism of this particular application, because of the
quality and the necessity of the centre Paul-Sauvé. I only ask that we
remember that this is a precedent, that this particular facility could be an
example for other facilities which could also run into financial difficulties
and then come back to the minister and say: We no longer can operate, we can no
longer function. Our deficit accumulation is too high. Why do you not do for us
what you have done for the centre Paul-Sauvé and save us from our debt
and again we will be encurring a provincial expenditure requirement which
should essentially be that of the municipality.
We must remember that essentially the
Olympic Intallation Board and all of its facilities should be returning
to the city of Montreal whithin five to ten years if ever the Olympic deficit
is fully paid, at which time the city of Montreal will be again faced with the
problem that it was facing this year with the operation of centre
Paul-Sauvé with making this an operating centre within the budget
parameters of the city of Montreal.
And so, for closing, I would like to review that this law as it is
proposed does indeed meet a need that is a genuine and necessary need. But, it
is, Mr President, a dangerous precedent. It is assuming responsibility that
could be precedental. It is something that should be considered when five years
hence, these facilities are again returned to the City of Montréal,
maybe, this should be the consideration of the minister. Maybe, we should be
reviewing the capital requirements and the operating requirements of all of our
athletic facilities in the province.
I hope, Mr President, that the efficiency which is normally accorded to
the operation of the centers because of the proximity they are to the
municipalities involved, the pride of the municipalities have in there local
arenas and the way that they provide the good administration will not be
supplanted by an attitude "si cela va mal, cela va être au provincial de
nous sauver".
M. le Président, j'espère que ce projet de loi va
répondre aux problèmes du centre Paul-Sauvé sans
établir un précédent que nous aurons besoin de suivre dans
les années qui viendront. Je crois que ce précédent peut
être, en fin de compte, un défi pour le gouvernement à
l'encontre de ses directions. Pour le moment, c'est aux municipalités de
contrôler et gérer les centres, comme le centre Paul-Sauvé.
Ce précédent qu'on fait aujourd'hui est peut-être un signal
pour l'avenir d'être plus conscient de la situation en totalité.
Merci.
Le Vice-Président: M. le député de Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, quelques mots sur le projet de
loi 83, Loi modifiant la Loi constituant la Régie des installations
olympiques. Pour ma part, je suis bien heureux que le gouvernement prenne la
responsabilité et j'en félicite le ministre. Quand vous faites
des bonnes choses, on le dit. C'est rare que vous en fassiez. Quant à
l'augmentation des tarifs d'électricité, ce n'est pas populaire,
mais enfin. Ce projet de loi est très populaire et je tiens à
dire au ministre que nous allons, de notre côté, voter pour ce
projet de loi.
Le ministre a des dossiers qu'on n'a pas de ce côté-ci. Il
a dit tout à l'heure que la ville de Montréal a refusé
parce qu'on avait budgétisé un montant de X. Je pense qu'il y a
des limites, que ce soit Montréal ou ailleurs je suis bien
à l'aise d'en parler cet après-midi où les
municipalités peuvent s'avancer. Vous le savez vous-même; vous
êtes venu à Verdun dernièrement; vous faites le tour de la
province. Le fait que le gouvernement accepte de prendre la
responsabilité est tout à fait normal. J'espère que cela
va ouvrir une porte, que vous allez continuer et que le Conseil des ministres
va augmenter le budget du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs
et aux sports. On donnait autrefois $100 000 ou $150 000 c'est
peut-être rendu à $200 000 pour construire un aréna.
Vous savez qu'aujourd'hui, à moins de $2 millions, $2 500 000, $3
millions et même jusqu'à $5 millions, ce montant n'est pas assez
élevé. Je pense qu'on n'en a même pas assez pour payer les
honoraires professionnels. Or, si cela s'avère une très bonne
expérience, M. le ministre, j'espère que vous allez continuer
je dis continuer non seulement à Montréal, mais
partout en province. On a besoin de loisirs plus que jamais. Avec 32 ou 35
heures de travail par semaine, les gens ont besoin de loisirs et de très
bons loisirs. J'espère que, après une expérience d'un an
comme le ministre le dit cela deviendra rentable, et qu'on
s'apprêtera à aider les autres municipalités. Je dis cela
parce que le gouvernement a des façons d'aller chercher l'argent que la
municipalité apporte. Exemple: taxes de vente, taxes sur les repas, un
montant que je n'ai pas exactement. Je comprends que c'est divisé, mais
ce sont des montants que les municipalités n'ont pas. Un autre exemple,
M. le Président: Les plaques d'immatriculation. Je sais bien que chez
nous, à Verdun... Faites la grimace ou un signe de tête...
M. Charron: Ce n'est pas sur le bien-fondé de ce que vous
dites, mais sur la pertinence.
M. Caron: Mais combien chez nous et comme ailleurs vous ne donnez
même pas $0.05 pour l'asphalte et les routes dans la municipalité
de Verdun. Je dis LaSalle, Lachine et les autres municipalités de la
région de Québec. (17 h 20)
Alors, c'est la raison pour laquelle, avec l'expérience que vous
allez vivre actuellement, si elle s'avère bonne, j'espère que
vous allez penser à toutes les municipalités et nous aider. Quand
vous circulez en province je voudrais ici vous faire penser qu'on peut
avoir des facilités avec les commissions scolaires il y a
toujours un genre de petite clôture...
M. Charron: À Verdun, c'est une grosse clôture.
M. Caron: Pas plus chez nous qu'ailleurs. Chacun veut administrer
son budget et chacun est limité, M. le ministre. Encore là, c'est
votre responsabilité que les facilités des commissions scolaires,
dans toute la province, cela fait longtemps qu'on en parle... Je me rappelle
que M. Gilles Houde, qui était adjoint au ministre à
l'époque, avait commencé ces démarches, et je trouve que
cela ne va pas assez vite. Alors, encore là, les facilités qu'on
peut avoir, cela ne coûterait rien aux municipalités et cela
rendrait un grand service.
En terminant, M. le Président, je veux dire que
je suis bien heureux que l'administration Drapeau ne l'ait pas
accepté, parce que si l'administration Drapeau l'avait accepté,
cela aurait coûté plus cher. Quand le gouvernement ou une
municipalité fait quelque chose, souvent, on budgétise un certain
montant mais c'est toujours un peu plus cher. Alors, on aurait dit, encore
là: Des grandes folies, des "grandes grandeurs " du maire Drapeau! On va
voir, à l'expérience, ce que cela donnera. J'espère que
dans un an ou dans un an et demi, le ministre déposera ici, à
l'Assemblée nationale, un rapport qui servira pour le bien de toute la
population du Québec. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de D'Arcy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, je ne peux passer sous
silence une petite remarque apparemment innocente de la part du ministre qui a
dit que, quand il a reçu le dossier, il n'y a trouvé que deux
pages sur l'exploitation future des installations olympiques.
On se rappellera que, dès l'automne 1976, quelques semaines
après la fin des jeux, les Alouettes de Montréal jouaient
déjà au stade olympique. Si l'on veut parler de la
rentabilité de ces installations, il faut commencer par les Expos, avec
leurs 75 événements par année, les Alouettes, avec huit et
parfois davantage, et, ensuite, chercher autant d'événements que
possible pour le stade, pour les piscines, pour le vélodrome. Il fallait
commencer par les équipes professionnelles et c'est ce que nous avons
fait.
Il fallait prendre d'abord la décision de laisser le gazon
naturel ou de le remplacer par une surface artificielle. Vu le peu de soleil
qui atteint le terrain, vu la perspective d'un éventuel toit sur le
stade, qui aurait également privé le gazon naturel de la pluie
nécessaire, il nous semblait justifié je pense que les
événements l'ont confirmé de procéder au
remplacement du gazon naturel par une surface artificielle.
La deuxième décision était une décision de
ce que l'on appelle, en bon français, de "timing". À quel moment
était-il préférable de le faire? Si nous attendions au
printemps suivant, nous pouvions permettre aux Alouettes d'avoir accès
au stade dès le début de septembre mais, par contre, nous
placions les Expos dans une situation où ils n'auraient pas
été en mesure de commencer la saison suivante au stade olympique.
Les Expos auraient été obligés de continuer au parc Jarry
pour au moins une partie de la saison, et l'administration de cette
équipe nous a fait part des problèmes très
considérables sur le plan administratif qu'il y avait à changer
de stade au cours d'une saison.
Or, l'on risquait de perdre toute la saison de baseball de 1977 si l'on
ne procédait pas immédiatement au remplacement du gazon naturel.
C'est ce que nous avons fait.
Il fallait, ayant pris des décisions, régler avec les
Expos des questions d'emplacement: où situer le marbre, le monticule,
les buts, la clôture; et quelle sorte de clôture, quelle hauteur de
clôture? Etait-il préférable d'avoir une clôture
basse pour encourager les coups de circuit, ou une clôture plus
élevée pour encourager des jeux spectaculaires au deuxième
but et au troisième but? C'était ce genre de discussion qui se
poursuivait et très sérieusement, parce qu'il y avait des
investissements considérables qui étaient en jeu.
C'est ainsi qu'il fallait également prendre une décision
quant aux estrades mobiles qui devaient remplacer les estrades temporaires
utilisées pour les Jeux olympiques et qui pouvaient se déplacer
selon la nature du sport pratiqué; sur les côtés, pour le
football et, en diagonale derrière le marbre pour le baseball.
Tout cela a été réglé, M. le
Président, et, en même temps, on procédait à une
prospection d'événements possibles. C'est à cause de cette
prospection que nous avons connu des événements au
vélodrome, comme des championnats de cyclisme, le spectacle sur glace de
Tôlier Cranston, le Salon de I'agriculture et de l'alimentation qui vient
d'avoir lieu il n'y a pas longtemps. Nous avions également, M. le
Président, sans avoir pu en régler toutes les modalités,
décidé de l'ouverture des piscines au grand public. Il fallait le
faire.
M. le Président, j'ai voulu introduire ces commentaires pour ne
pas permettre à l'impression laissée par le ministre de se
répandre dans I'opinion publique, Qu'il n'ait trouvé que deux
pages sur certains aspects de tout cela, je n'ai pas de commentaire à
faire. Je n'avais pas exigé qu'un rapport écrit me soit soumis
dans cette période de travail intense sur nos relations avec les
équipes professionnelles, qui devaient être nos premières
préoccupations. Mais l'intention était clairement la nôtre,
comme elle est devenue celle du nouveau gouvernement. Devant l'importance des
investissements, devant les frais d'exploitation très
élevés des installations en question, il fallait les uiliser au
maximum.
M. le Président, je termine en faisant écho à des
compliments faits par le ministre à l'endroit des dirigeants de la
Régie des Installations olympiques. Je voudrais en faire tant à
l'endroit des dirigeants actuels qu'à l'endroit de ceux qui ont
assumé en novembre 1975 une tâche totalement ingrate et
dangereuse, parce que c'était seulement à la fin de janvier, deux
mois plus tard que nous étions en mesure d'affirmer publiquement
devant le Comité international olympique et l'opinion publique mondiale
que Montréal était en mesure de présenter les Jeux
olympiques de 1976 dans des installations réalisées au
degré nécessaire pour la tenue de ces événements.
Et, M. le Président, en faisant ces compliments, en offrant ces
félicitations, en toute simplicité parce que celui qui
vous parle n'était que le porte-parole de ce groupe de personnes
très compétentes qui ont réalisé la dernière
phase de la construction des installations olympiques je voudrais dire
tout simplement à leur endroit que ces personnes ont, en 1976,
sauvé notre honneur collectif.
Le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: M. le Président, une très courte
intervention sur le projet de loi no 83. Nous avons devant nous ce projet qui a
pour but de faire acquérir par la Régie des instalations
olympiques la propriété qu'est le centre Paul-Sauvé. (17 h
30)
M. le Président, la plupart des intervenants je dirais
même tous les intervenants cet après-midi ont
été d'accord avec ce projet de loi et, personnellement, je suis
également d'accord avec le principe de ce projet de loi. Probablement
que M. le ministre m'écoutera même s'il a dû quitter pour
quelques instants. Mais ce que je voulais dire, M. le Président, dans
cette brève intervention, c'est que ces beaux principes ne sont pas
seulement pour les grandes villes, mais aussi, peut-être, pour les
comtés ruraux. M. le Président, dans mon comté, il y a des
faits qui se sont passés et je crois sincèrement que ce sont des
précédents qui méritent d'être soulignés
à la population du Québec. Je demande au ministre si, à un
moment donné, il ne pourrait pas extensionner ce projet de loi et
regarder de temps en temps dans les comtés ruraux où la
population, dans nos villages, est très minime comparativement à
celle des grands centres comme Montréal.
Je comprends très bien, M. le Président, que les grandes
villes comme Montréal et Québec doivent avoir beaucoup
d'installations, mais j'aimerais souligner au ministre que dans nos
comtés ruraux, nous avons également des jeunes qui aiment
s'amuser et qui, souvent, n'ont pas les installations adéquates.
Personnellement, M. le Président, je veux rappeler au ministre que, dans
mon comté, nous avons construit des arénas valant de $500 000
à $700 000 où la population population très minime
d'environ 2500 à 3000 habitants dans des villages a fourni de 80%
à 85% du coût de ces arénas, soit environ $500 000 à
$600 000. C'est un effort très louable. Je demande au ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports s'il ne pourrait pas, à un moment donné,
extensionner son projet de loi et faire en sorte, par exemple, que
l'aréna de Saint-Anselme puisse recevoir au moins une petite subvention
de $150 000 que nous attendons sur un montant de $750 000. Il n'y a pas
seulement les grandes villes qui existent. Je suis pour les grandes villes,
mais également peut-être, les villages ruraux, les villages de
campagne. Nous avons également des jeunes et nous aimons aussi nous
amuser à l'abri, comme on le dit chez nous.
Le Vice-Président: M. le député de Shefford.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Merci, M. le Président. De toute
façon, je vais vous dire tout de suite, M. le Président, que,
comme les membres de l'Opposition officielle, je vais voter en faveur de ce
projet de loi. Si j'ai demandé la parole, M. le Président, soyez
maintenant assuré que ce n'est pas pour féliciter le ministre,
parce que tout ministre qui se respecte et prend ses responsabilités
devait faire ce qu'il a fait. "That's all". Dans les circonstances, M. le
Président, le ministre nous parlait tout à l'heure dans son
boniment de la régie. Cela me faisait plaisir de l'entendre parler d'une
manière positive de la régie, parce qu'il y a quelques
années, j'étais présent ici en cette Chambre vous
n'y étiez peut-être pas, M. le Président et le style
oratoire du leader et du ministre responsable du Haut-Commissariat
différait étrangement du style oratoire qu'il avait aujourd'hui
en présentant son projet de loi en deuxième lecture. De toute
façon, même si le parti Libéral a fait quelques erreurs, il
en a peut-être commis moins l'histoire nous le dira que le
gouvernement actuel. La régie existe. Elle fonctionne. Nous en sommes
fiers. Le ministre lui-même l'approuvait tout à l'heure et son
projet de loi donne des pouvoirs, des droits. Dorénavant, avec le projet
de loi 83, la situation qui "perdurait" au centre Paul-Sauvé sera
corrigée dans les circonstances.
Je ne veux pas être long, mais on a souvent fait allusion à
la ville de Montréal dans le cas du centre Paul-Sauvé. À
ce point, M. le Président il nous sera peut-être plus
facile d'obtenir plus de renseignements lors de l'étude du projet de loi
en commission parlementaire je me pose quand même la question
suivante: Pourquoi la ville de Montréal a-t-elle décidé de
refuser l'administration de ce centre? Même si cette question est sans
réponse, je peux quand même en conclure que le coût que
représentait cette administration pouvait être un fardeau pour la
ville de Montréal. Quelques-uns de mes collègues de
l'Assemblée nationale ont également touché le fait
je ne suis pas de la région de Montréal même si je suis
dans la périphérie que même si, d'une part, les
Olympiades qui ont eu lieu les années dernières et tout ce qui
s'est passé lors de ces Olympiques ont quand même favorisé
l'ensemble de la province et le Canada, il n'en reste pas moins que le
problème des loisirs on l'a souligné tout à l'heure
est un problème très important.
Si on se reporte à quelques années passées, alors
que les travailleurs faisaient 50, 60 ou 70 heures par semaine de travail, il
était sûr et évident que les gens avaient très peu
de temps pour le loisir. Maintenant, avec les nouvelles conventions
collectives, on travaille 30, 32 ou 40 heures. On a même des semaines de
quatre jours maintenant. Il est important que le gouvernement actuel, comme les
gouvernements qui suivront, se penche sur la question des loisirs puisqu'il y a
un proverbe qui dit que "l'oisiveté est la mère de tous les
vices".
L'inflation a fait que les coûts olympiques ont grimpé en
flèche. Cette inflation s'est fait sentir dans les coûts de la
construction; maintenant, nous allons avoir les mêmes coûts
d'inflation parce que le coût de la vie augmente et a tendance à
se maintenir à la hausse dans l'administration. Le problème
qu'affronte actuellement le centre Paul-Sauvé mon collègue
de Bellechasse l'a souligné dans son comté nous le
trouvons probablement dans tous les autres comtés en dehors de
l'île de Montréal. Pour administrer aujourd'hui un centre culturel
et sportif ou tout
simplement sportif, cela exige des sommes considérables. Dans la
région immédiate que je représente, la plupart des
conseils municipaux ou des cités ont à faire face à des
déficits énormes, je dirais même astronomiques.
Dans les circonstances, tout comme mon collègue de l'Union
Nationale, j'aimerais je crois en la bonne foi et à
l'honnêteté du ministre responsable du Haut-Commissariat
que le ministre se penche sur ces problèmes. Tout comme il le
mentionnait tout à l'heure, nous devons fournir des loisirs à des
coûts abordables. Il ne faudrait pas que les sportifs, qui sont quand
même notre fierté, soient obligés de payer
entièrement pour pratiquer leur sport favori. Je ne suis pas tellement
sportif, mais je suis fier des sportifs de ma région. Dans les
compétitions régionales, dans les compétitions au
Québec, ils font honneur à la ville de Granby, ils font honneur
au comté de Shefford. Je sais ce que cela comporte de problèmes
financiers et d'heures de travail et d'endurance pour chaque sport. Je
considère qu'il est de notre devoir, au haut-commissariat, de faire tout
ce qui est humainement possible pour encourager davantage le sport au
Québec. Tout en représentant bien le Québec, nous
représentons également très bien le Canada. Les
retombées découlant de ce fait font notre fierté. Que le
député de Saint-Jacques n'ait aucune crainte, je voterai pour son
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Chevrette: M. X.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Merci, M. le Président. J'aimerais prendre
quelques minutes pour parler sur ce sujet, étant donné qu'avant
18 heures, il reste encore un peu de temps avant que le ministre ne fasse sa
réplique. J'aimerais attirer son attention sur un dossier dont il nous a
fait part, je pense, au printemps dernier, et qui concerne cela touche
exactement le principe de ce projet de loi la concertation municipale et
scolaire. Le ministre nous avait à ce moment-là informés
qu'il y avait un comité interministériel formé pour
étudier toute cette question et cela, en vue de l'utilisation maximale
des installations municipales et scolaires au point de vue sportif. Nous
attendons toujours avec impatience les conclusions de ce rapport. Je profite
également de la présence du ministre de l'Éducation en
Chambre pour lui faire part des attentes assez pressantes de nos milieux.
Plusieurs députés ont fait mention des mêmes
problèmes dans leur comté.
Dans mon comté comme ailleurs, on attend beaucoup de ce rapport.
Déjà, des fonctionnaires qui ont eu à étudier
certains dossiers nous disent qu'ils attendent les conclusions de ce rapport.
Le Conseil du trésor attend également les autorisations
nécessaires, de ce comité interministériel, pour donner
une réponse précise. En particulier, je fais allusion ici
à l'aréna de Nicolet que nous attendons dans mon comté.
J'aimerais que le ministre, dans sa réplique, nous dise où en est
rendu ce dossier de la concertation municipale et scolaire, pour que nous
puissions faire rapport à nos commettants afin qu'ils sachent à
quoi s'en tenir concernant la construction de certains arénas. (17 h
40)
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le ministre
délégué au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports.
M. Charron: ... je dois vous dire que j'ai eu peur à un
moment d'être obligé d'utiliser mon rôle de leader
parlementaire du gouvernement pour ramener les députés à
la pertinence du débat, parce que j'ai eu peur qu'on ne s'éloigne
un peu du sujet du projet de loi. Mais j'ai été tolérant
puisqu'il s'agit d'un sujet qui, sous forme législative en tout cas,
n'est pas souvent abordé à l'Assemblée et que, j'imagine,
à cause du nombre de représentations que j'ai de la part des
députés, plusieurs ont beaucoup de choses à dire sur le
sujet.
Je craignais un peu d'être obligé de répéter
ce que je dis dans les coulisses, dans les couloirs ou sous forme de lettres,
à quelques-uns de mes collègues qui plaident au nom des
municipalités dans leur comté. Ceci apparaît une
réponse passepartout, mais c'est la triste réalité: mon
budget n'est pas illimité. Je vous informerai pendant que j'en ai
plusieurs à la fois que, pour les $7 millions de budget que
j'avais pour ce qu'on appelle chez nous, au Haut-Commissariat, l'aide à
l'équipement en loisirs dans les différentes
municipalités, ce qui couvre l'ensemble du territoire, si j'avais pris
à la lettre la totalité des demandes qui me sont venues des
municipalités, en date du 28 février, date finale d'entrée
des demandes qui sont ensuite analysées, j'en avais pour $74 millions.
J'ai donc dit plus souvent non que oui, mais je crois qu'avec la plupart des
députés on peut dire qu'il y a eu un oui ou quelques oui,
dépendant de l'ampleur des projets, dans l'ensemble des régions
du Québec, je dirais même dans l'ensemble des comtés du
Québec, parce que l'une de mes fonctions premières est de voir
à une répartition équitable des ressources.
Montréal qui l'objet de notre discussion de cet
après-midi, puisque le centre Paul-Sauvé s'y situe. Contrairement
à l'idée que pourraient avoir des députés des
régions, à savoir que c'est Montréal qui gruge tout,
Montréal qui a tout, je voudrais simplement les informer d'une
donnée que certains députés montréalais pourraient
confirmer; par exemple, le nombre d'arénas par groupe de population est
cinq fois plus élevé en province, en région, que pour les
Montréalais. On a, dans le Québec, un aréna par 17 000
habitants; la championne, dans ce domaine, c'est la Gaspésie,
contrairement à ce qu'on peut en penser, souvent, à partir d'un
tableau mal fait.
Oui, M. le député de Gaspé, même si vous
plaidez encore pour d'autres arénas dans votre district. Pour
Montréal, c'est une par 85 000 habitants. Il est évident, comme
le disait un député, qui n'est pas de Montréal, mais
à proximité, le député de Verdun, que les
subventions que l'on peut donner pour l'aide à la construction
d'arénas en région sont insuffisantes lorsqu'elles arrivent
à Montréal, à cause du prix du terrain, à cause de
ce qu'il vaut. On n'a pas les mêmes embûches dans d'autres
régions. C'est pourquoi le gouvernement auquel j'appartiens et mon
ministère avons, pour la première fois cette année, en vue
de combler le déficit à Montréal, afin de faire un
cheminement vers le rattrapage, dit qu'il y aura des mesures très
concrètes d'annoncées prochainement. J'attendais que
l'administration municipale de Montréal reprenne son souffle
régulier pour être capable d'établir que non seulement avec
mon ministère, mais avec l'Office de planification et de
développement du Québec, nous pourrons, à l'égard
de Montréal, à tout le moins prendre à peu près la
même proportion que nos $200 000 ou $150 000 représentent
ailleurs; donc, d'établir un équilibre à l'égard de
Montréal.
C'est comme député de Montréal que je me laisse
emporter un peu, mais c'est parce qu'il y a souvent des images qui sont
absolument non simplement déformées, mais contraires à la
réalité.
L'autre point que je veux ajouter brièvement au point
soulevé par le député de Nicolet-Yamaska, avant de
répondre à quelques questions qui m'ont été
posées est celui-ci: Le rapport du comité interministériel
sur ce que nous appelons l'utilisation maximale des équipements
scolaires et municipaux, j'en aurai vraisemblablement le tout premier brouillon
vendredi de cette semaine. C'est annoncé à mon ordre du jour, en
tout cas, un officier doit m'en faire rapport. On me dit que le délai
fixé dans l'arrêté en conseil qui a créé ce
comité interminitériel, c'est-à-dire décembre 1978,
sera respecté. Donc, dès que tout le tralala sera terminé
autour de cela, il me fera plaisir d'en informer les membres de
l'Assemblée.
Cette digression étant faite, revenons au sujet du projet de loi
no 83. À quelle fin, me demandait le député de
Mégantic-Compton, le centre Paul-Sauvé sera-t-il utilisé?
Je pense que mon collègue de Rosemont, qui a été d'une
vigilance extrême dans ce dossier, depuis que nous en avons
été saisis, a sinon complètement du moins grandement
répondu. C'est la même vocation que précédemment,
c'est-à-dire une vocation dans tout le Montréal
métropolitain, ouverte à tout le monde, et à la fois une
vocation de quartier, une vocation communautaire, et déjà, les
groupes qui avaient habitude d'avoir lieu et place et qui avaient fait, un peu,
leur chez-soi du centre, ont déjà réintégré
des employés, de vieux employés du centre Paul-Sauvé. J'y
ai veillé personnellement. Certains y sont depuis 18 ans, ils sont
à quelques exceptions près, mais c'est parce que c'est eux
qui l'avaient choisi tous ramenés au centre Paul-Sauvé. Je
suis le premier à m'en réjouir, puisqu'ils en avaient fait la
réputation et il était normal que l'on puisse demander à
la Régie des installations olympiques de les réaccepter.
La question qui plane au fond du débat, c'est, comme je l'ai dit
moi-même, je ne m'en suis pas caché: Pourquoi sommes-nous
obligés de prier la régie de prendre ce centre, alors que la
municipalité de Montréal se l'était vu offrir pour un
dollar, tout déficit effacé? Je dois dire aux
députés qui ont soulevé la question et tenté de
ressasser le mystère, que je suis moi-même, encore, dans le
mystère. Je peux informer les députés, comme je l'ai fait
dans ma présentation du projet de loi de ce qu'on m'a d'une
manière un peu mâchée expliqué au moment du
refus, mais qui m'apparaissait, au fond, comme un refus de principe d'y
accéder. À mon avis, on a exagéré grandement le
montant des réparations ici, je réponds au
député de Laurier qui m'avait posé la question le
montant des rénovations à faire à l'intérieur du
centre Paul-Sauvé, puisque la Régie des installations olympiques
estime, encore aujourd'hui, et nous sommes à le faire et il y a
déjà des sommes d'engagées, qu'avec $350 000 nous allons
être en mesure de rafistoler complètement et de remettre sur pied
pour encore une bonne période de temps, j'espère, aussi
fructueuse que celle que nous avons achevée, le centre Paul-Sauvé
dans sa vocation originelle. Lorsque nous nous sommes trouvés devant les
chiffres gonflés, à mon avis, et démesurément
pessimistes de la ville de Montréal des gens avaient
peut-être l'intention politique à l'arrière pour le faire
c'est ce que je suis obligé d'évoquer, sans pouvoir porter
de réponses précises, on est obligé de dire: Cela n'a
aucun sens.
D'ailleurs, M. le Président, puis-je évoquer que plusieurs
entrepreneurs privés certains ayant même fait la
première page des journaux de Montréal pendant l'espèce
d'incertitude qui régnait alentour du centre Paul-Sauvé
nous ont dit: Si le gouvernement ne le prend pas, mettez-le en vente ou, en
tout cas, confiez-le-nous et on va faire du profit avec cela. Nous, on va s'en
sortir avec cela. J'étais en face de demandes très formelles.
À ces gens-là avec qui je jasais, je disais: Écoutez! Vous
n'avez pas peur qu'en prenant ce centre-là vous soyez obligés de
faire des réparations énormes. La ville de Montréal les
estime jusqu'à environ $1 800 000. Les gens qui connaissent le centre
je pense à M. Johnny Rougeau, entre autres, qui en a
été le gérant pendant un certain nombre d'années
disent qu'au maximum ce que n'importe quel entrepreneur privé
aurait à mettre là-dedans, c'est $350 000. Cela confirmait un peu
l'évaluation que la Régie des installations olympiques avait
faite; ce qui a fait que je n'ai pas poussé plus loin ma discussion avec
la ville de Montréal. Celle-ci, par exemple, évaluait aux
alentours de $500 000 c'est le chiffre qu'on avait eu le
déficit annuel quant à la gestion du centre Paul-Sauvé.
Des entrepreneurs privés pourraient vous dire aujourd'hui: Donnez-le-moi
n'importe quand et je vais faire du profit avec ce centre-là. C'est la
mission donnée à la Régie des installations olympiques en
vertu de cette loi, et nous allons le faire.
M. le Président, le refus de principe de céder à
l'entreprise privée tient à un seul fait: C'est qu'il y
a déjà, au moment où on se parle et c'est ce
qui justifie le gouvernement de prendre ce centre et de le confier pour sa
gestion à la régie pour environ $6 millions
d'investissements publics qui ont été faits au cours des
années. Le député de Johnson l'évoquait
tantôt, des gens ont été identifiés et il a bien
fait de les identifier parce qu'ils ont travaillé à le faire.
Est-ce qu'on peut, demain matin, céder pour une bagatelle à des
entrepreneurs privés qui pourraient en faire des profits ce qui est un
bien public? Moi, j'ai un principe de base à ce sujet: C'est non.
D'ailleurs, le terrain sur lequel est construit le centre Paul-Sauvé
appartient toujours aujourd'hui au moment où on se parle
à la ville de Montréal. Il est évident qu'une cession du
centre à l'entreprise privée aurait amené la ville de
Montréal à vouloir vendre le terrain ou à exiger que le
terrain soit vendu également. Il est actuellement évalué
à environ si mes chiffres sont fidèles; je n'ai pas ces
chiffres en ma possession $1 200 000. Il est évident que
l'entrepreneur privé, à ce moment-là, n'est plus
intéressé. (17 h 50)
Donc, devant cette espèce d'avance et de recul de tout le monde
qui était à la fois intéressé et non
intéressé, et dans l'intérêt de la population, nous
nous sommes empressés d'agir avec la chronologie que relatait le
député de Rosemont. Je me permets de le signaler, parce qu'on se
fait, dans cette enceinte même, très souventefois engueuler sur le
fait que c'est long, que cela prend du temps entre l'annonce d'une
décision et sa réalisation. Si nous sommes l'exception qui
confirme la règle peut-être qu'on l'interprétera
comme cela du côté de l'Oppositon, je ne leur en voudrais pas
j'admettrai au moins qu'on dise que, dans ce cas-là, la
Régie des installations olympiques a vraiment été une
exception. Je peux vous dire que les gars ne se sont pas tourné les
pouces et qu'ils ont travaillé 24 heures par jour, en tout cas cela aura
été sept jours par semaine, pour que la saison de loisirs, celle
qui marque l'automne, se fasse, avec le retour du centre Paul-Sauvé,
à 100% de ses activités.
La dernière question que je veux aborder, M. le Président,
c'est celle-ci; elle est double en réponse à une question
posée par le député de Mégantic-Compton et par
celui de Pointe-Claire. Est-ce que le centre Paul-Sauvé va retourner un
jour à la ville de Montréal? La réponse, c'est oui, M. le
Président, puisque toutes les installations olympiques, auxquelles
s'ajoute, en vertu de cette loi, le centre Paul-Sauvé, sont, en vertu de
la loi que nous modifions aujourd'hui, appelées à retourner
à la ville de Montréal le jour où le déficit
olympique que nous avons commencé à rembourser cette année
sera payé. L'année dernière, on n'a payé que la
tranche d'intérêt.
Pour la première fois, cette année, on a fait le premier
versement sur le capital emprunté en 1976 par nos
prédécesseurs. Quand cela sera achevé j'estime que
ce sera aux alentours de l'année 1985, puisque nous venons, à New
York, il y a quelques semaines à peine, de renégocier cet emprunt
sur une base plus favorable pour la Régie des installations olympiques,
je tiens à le signaler également il est appelé
à retourner à la ville de Montréal, en vertu de la loi. Le
centre Paul-Sauvé fait partie désormais du "package deal", si je
peux appeler cela comme cela, en tout cas, du lot de ce qui relève de la
Régie des installations olympiques. Et je veux qu'il retourne à
Montréal parce que pour répondre au député
de Pointe-Claire il est normal que le gouvernement du Québec soit
propriétaire de centres sportifs. C'est, depuis toujours, une vocation
municipale. Nous avons des programmes, je les ai évoqués au
début de cette réplique, pour aider les municipalités
à en développer, à en créer; nous essayons
d'assouplir ces normes pour qu'elles soient de plus en plus favorables, mais ce
n'est pas la vocation du gouvernement des Québécois d'être
le gérant de stades ou de terrains de baseball dans tout le
Québec.
Je veux affirmer au député de Pointe-Claire qu'il ne
s'agit donc pas d'un précédent. Quand il dit: Attention ce
qu'il nous disait tantôt, si j'ai compris, était bien fondé
cela peut être un précédent! Demain matin, d'autres
gens qui sont en difficultés financière, sur le point de faire
faillite, vont venir vous voir et vous dire: Prenez le centre, on ne sait plus
par quel bout le prendre, moi, je dis au député de Pointe-Claire
en tout cas, je m'efforcerai de le lui faire transmettre qu'il
n'y a pas de danger à cela dans le geste que l'Assemblée est
appelée à ratifier ici, aujourd'hui. Pourquoi? Pour deux raisons.
D'abord, pace qu'il n'y en a pas beaucoup de centres, dans le Québec,
qui sont privés. La plupart appartiennent déjà à
des commissions scolaires ou à des municipalités. Il y a
très peu de corporations à but non lucratif, comme l'était
l'Association athlétique nationale de la jeunesse, qui sont
propriétaires d'un équipement aussi grand que cela. Il y en a, me
direz-vous. Oui, il y en a mais, nous avons, depuis deux ans, l'attitude
suivante. Quand une corporation à but non lucratif vient nous
rencontrer, c'est-à-dire les fonctionnaires de mon ministère ou
celui qui vous parle, pour nous dire: Nous sommes en train de doter notre
municipalité ou notre région d'un équipement que nous
allons posséder et gérer, est-ce que le gouvernement du
Québec est prêt à faire une contribution pour nous aider?
J'évoque un cas et c'est à l'honneur de ces citoyens, je pourrais
en citer d'autres. Sainte-Martine, dans le comté de Huntingdon, a eu,
par souscription populaire, par quête et par effort des citoyens de la
région, l'initiative de doter cette petite municipalité, la ville
ayant cédé le terrain mais n'ayant pas les moyens d'aller plus
loin, de construire un centre à partir d'une quête publique qui a
rassemblé quatre ou cinq municipalités du coin.
D'autres exemples, j'en connais. Dans l'Est du Québec, j'en
connais dans le Témiscouata également. Je ne peux pas me mettre
à faire le tour. Nous avons cette prévision désormais.
Nous sommes heureux de nous associer à des efforts populaires des
citoyens et d'apporter une contribution, une subvention gouvernementale. Mais
nous po-
sons une condition, M. le Président, et c'est pour cela que le
précédent doit être écarté. Nous posons la
condition que, si jamais, pour une raison ou pour une autre, la corporation
allait tomber démissions, départs,
déménagements, peu importe l'équipement lui, sur
lequel on aura mis $100 000 ou $125 000 des fonds québécois,
n'allait pas être cadenassé et fermé.
Nous faisons donc adopter par la municipalité où se situe
cet édifice d'une corporation à but non lucratif l'engagement par
une résolution du conseil de ville que si jamais tel malheur devait
arriver à une corporation qui fait preuve d'autant de
générosité, la ville s'engage à prendre
l'héritage, à exploiter le centre. Autrement dit, quand je donne
à la corporation, à partir des fonds que je suis appelé
à administrer, une subvention de $125 000 ou de $150 000 à une
corporation sans but lucratif, qui a construit une patinoire ouverte ou qui a
aménagé quelque chose, c'est quand j'ai une résolution du
conseil de ville et que j'ai donc l'assurance que ce centre est appelé
à fonctionner pendant de nombreuses années que l'investissement
que le gouvernement du Québec fait est justifié et
justifiable.
Donc, il n'y a pas de précédent parce qu'en tout autre cas
nous exigeons l'engagement municipal. Si cela avait été fait au
moment où le centre Paul-Sauvé a été
créé, aujourd'hui, il n'y aurait pas de loi devant
l'Assemblée, parce que, par une résolution qui aurait
été prise en 1960, mais je comprends que ce n'était pas
dans les moeurs de l'époque, la ville de Montréal se serait
engagée dans pareil cas de difficulté à le prendre. Parce
que cela n'existait pas et parce que cela existe maintenant, je suis
obligé de demander à l'Assemblée, M. le Président,
son assentiment pour que le principe de l'acquisition par la Régie des
installations olympiques du centre Paul-Sauvé soit désormais un
fait accompli.
Le Président: Merci.
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: ... par délicatesse pour le ministre, je
n'ai pas voulu l'interrompre, mais je ne sais quel geste machinal j'ai
posé et le ministre a vu cela, je pense, comme un geste de protestation
et il a mentionné la Gaspésie comme exemple. Je n'étais
pas du tout sur la terre à ce moment, mais je suis tellement d'accord
avec lui que, dans mon message aux électeurs, j'ai souligné
l'exceptionnelle contribution que le ministre avait accordée aux sports
et loisirs dans mon comté. Je voudrais simplement que le geste que j'ai
fait tout à l'heure ne soit pas un geste de protestation.
Le Président: À l'ordre!
M. Charron: M. le Président, est-ce que je peux faire
motion pour que le projet de loi qui vient d'être adopté soit
déféré à la commission de la...
Le Président: Un instant! Il n'a pas encore
été adopté. Est-ce que cette motion de deuxième
lecture sera adoptée?
M. Bellemare: Oui, adopté.
Le Président: Adopté, M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Le Secrétaire adjoint: Adopté.
Renvoi à la commission de la jeunesse
M. Charron: Je remercie l'Assemblée, M. le
Président. Est-ce que je peux faire motion pour que ce projet de loi
soit déféré à la commission de la jeunesse, des
loisirs et des sports?
Le Président: Est-ce que cette motion de
déférence sera adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Le Président: Adopté également, M. le
ministre. Nous retournons aux affaires du jour.
M. Charron: Oui, si vous voulez bien, c'est pour vous dire que,
dès la reprise des travaux à 20 heures, M. le Président,
avec le consentement obtenu cet après-midi, nous ferons une
deuxième lecture simultanée des projets de loi 28, 29 et 30,
c'est-à-dire, M. le Président, ce qui, dans le feuilleton, figure
aux articles 12), 13) et 14).
Le Président: Très bien, M. le ministre. Je
comprends qu'il y a consentement.
M. Charron: La reprise des travaux aura lieu exceptionnellement
à 20 h 15, M. le Président.
Le Président: Je compends qu'il y a consentement pour
suspendre les travaux immédiatement, puisqu'il ne reste que trois
minutes avant 18 heures, jusqu'à 20 h 15. Il y a consentement de
l'Assemblée. L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 20 h
15.
Suspension de la séance à 17 h 58
Reprise de la séance à 20 h 18
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader adjoint du gouvernement, vous avez la parole.
M. Duhaime: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 12) de notre feuilleton.
Projets de loi nos 28, 29 et 30 Deuxième
lecture
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 28, Loi
concernant les droits de chasse et de pêche dans les territoires
de la baie James et du Nouveau-Québec.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Cet après-midi, du consentement de tous les
partis à l'Assemblée, nous avons convenu que les discours de
deuxième lecture concernant les projets de loi nos 28, 29 et 30 feraient
l'objet d'un seul et même discours. Ce sera donc le débat de
deuxième lecture du projet de loi concernant les droits de chasse et de
pêche dans les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec,
de même que du projet de loi concernant le régime des terres dans
les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec, ainsi que de la
Loi modifiant de nouveau la Loi de la qualité de l'environnement.
Je voudrais me faire le porte-parole de mes collègues, MM.
Bérubé et Léger, en ce qui concerne les projets de loi 29
et 30 et, d'une façon plus particulière, j'interviendrai en
deuxième lecture au sujet du projet de loi no 28. On m'informe
également que le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ces trois
projets de loi et qu'il en recommande l'adoption...
M. Proulx: II les a lus tous les trois!
M. Duhaime:... après les avoir lus, bien sûr. Je
voudrais faire remarquer à cette Assemblée qu'il s'agit de
projets de loi fort importants; on peut le voir par l'assistance à
l'Assemblée ce soir. Nous amorçons ce soir l'étude en
deuxième lecture de trois projets de loi qui concernent respectivement
les droits de chasse et de pêche, le régime des terres et le
régime de la protection de l'environnement et du milieu social dans les
territoires de la baie James et du Nouveau-Québec. (20 h 20)
Ces projets de loi donnent suite aux chapitres 5, 7, 22, 23 et 24 de la
Convention de la baie James et du Nord québécois qui a
été signée le 11 novembre 1975 pour entrer en vigueur le
31 octobre 1977. Ces trois projets de loi ont pour but d'accroître le
rôle des autochtones dans la gestion des territoires qu'ils habitent ou
qu'ils fréquentent dans la région de la baie James et du
Grand-Nord québécois.
Quant à la faune, d'une façon plus particulière, le
projet de loi no 28 consacre, d'abord et avant tout, la primauté du
principe de la conservation des espèces fauniques, tout en reconnaissant
le droit des autochtones de poursuivre leurs activités traditionnelles
de chasse, de pêche et de piégeage. Le projet de loi
détermine les modalités d exercice de ces droits et indique les
régions où les Cris et les Inuit peuvent les exercer.
Ce projet de loi reconnaît également le droit des
non-autochtones de pratiquer la chasse et la pêche sportives, dans les
territoires visés par la convention et de pouvoir y exploiter des
pour-voiries et des pêcheries commerciales.
Le projet de loi 28 établit la préséance des
activités des autochtones relativement aux ressources fauniques des
territoires visés et accorde aux Cris et aux Inuit des droits exclusifs.
C'est peut-être ici que nous retrouverons, M. le Président, le
seul club privé dans tout le territoire du Québec, puisqu'il
s'agit effectivement du droit exclusif de chasser et de pêcher sur les
terres de catégories I et II et un droit exclusif de piéger dans
la majeure partie des territoires visés par la convention.
Enfin, le projet accorde aux autochtones un droit de premier choix quant
aux demandes de pourvoirie et réserve, à leur usage exclusif,
certaines espèces de mammifères et de poissons, en plus de leur
garantir une priorité dans l'attribution des tableaux de chasse
annuels.
Un comité consultatif de chasse, de pêche et de
piégeage sera constitué suivant la loi, afin de conseiller les
gouvernements et les administrations locales et régionales dans
l'application, la gestion et la mise en oeuvre du régime de chasse, de
pêche et de piégeage.
J'en arrive, M. le Président, au projet de loi 29, concernant le
régime des terres dans les territoires de la baie James et de...
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement, je
m'excuse d'interrompre le fil de votre discours, mais je crois qu'il y a eu un
consentement de donné cet après-midi en tout cas il
faudrait peut-être le rechercher, s'il n'y a pas un tel consentement,
suivant ce que vous êtes en train de dire pour que les trois
projets de loi, c'est-à-dire 12), 13) et 14), soient lus
simultanément. Si j'ai bien compris ce qu'on voulait entendre par
là, c'est que les opinants pourraient s'exprimer à la fois sur
les trois projets de loi, ce que vous êtes en train de faire
précisément; sauf qu'on n'a demandé d'appeler que la
deuxième lecture du projet de loi no 28. C'est peut-être une
correction technique à apporter, mais seule la deuxième lecture
du projet de loi no 28 a été appelée et vous êtes en
train de discourir sur le projet de loi no 28, mais aussi sur les projets de
loi nos 29 et 30. Peut-être que nous devrions revenir au consentement et
appeler la deuxième lecture des deux autres projets de loi pour que vous
puissiez continuer à poursuivre votre discours.
M. Duhaime: Je m'excuse, M. le Président, vous vous rendez
compte que vous êtes en train d'interrompre un des plus brillants
discours jamais prononcés en cette Assemblée. Je vous demanderais
donc d'appeler l'article 14) et ensuite l'article 13) de notre feuilleton.
Le Président: Après avoir appelé la
deuxième lecture du projet de loi no 28, j'appelle maintenant la
deuxième lecture du projet de loi no 29, Loi concernant le régime
des terres dans les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec.
Maintenant la deuxième lecture du projet de loi no 30, Loi modifiant de
nouveau la Loi de la qualité de l'environnement. Je sollicite le
consentement unanime de la Chambre pour pouvoir discourir sur
les trois projets de loi simultanément. Il y a consentement. Vous
pouvez poursuivre maintenant, M. le leader du gouvernement.
Des voix: Consentement.
M. Duhaime: Avant cette interruption, M. le Président,
j'allais vous entretenir justement du projet de loi no 29 qui concerne le
régime des terres dans les territoires de la baie James et du
Nouveau-Québec et vous dire que ce projet de loi partage les territoires
visés par la convention en terres de catégories I, II et III. Les
autochnones jouiront de droits d'usage exclusifs sur les terres de la
catégorie I, sous réserve de certains droits d'utilisation
desdites terres à des fins publiques. Les terres de catégorie II
sont des terres publiques où les autochtones jouiront des droits
exclusifs de chasse et de pêche. Quant aux terres de la catégorie
III, il s'agit de terres publiques assujetties d'une façon
générale au régime ordinaire applicable aux terres
publiques dans l'ensemble du territoire du Québec.
Enfin, M. le Président, en ce qui est du projet de loi no 30, qui
modifie la Loi de la qualité de l'environnement, il vient adapter, en
fait, la Loi de la qualité de l'environnement à la suite de la
signature de la Convention de la baie James. Ce projet de loi no 30
reconnaît le principe de l'application générale de la Loi
de la qualité de l'environnement, tout en y introduisant des
dispositions particulières applicables uniquement aux régions de
la baie James et du Nord québécois. Ce projet de loi
prévoit la création, pour chacune des régions
séparées par le 55e parallèle, d'un comité
consultatif dont certains membres sont nommés par les autochtones et
dont les fonctions sont de conseiller les gouvernements et les administrations
régionales et locales en matière d'environnement et de
surveillance, d'une manière générale l'application des
mesures de l'environnement et du milieu social propre à chacune de ces
régions.
En outre, le projet de loi no 30 met en place une procédure
particulière d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement et le milieu social et crée un comité
d'évaluation et un comité d'examen pour la région de la
baie James; enfin, une commission de la qualité de l'environnement pour
la région du Grand-Nord québécois. Les autochtones
nommeront certains membres de ces organismes dont la tâche est de
collaborer, avec le directeur des services de protection de l'environnement,
à l'application de la procédure d'évaluation et d'examen
des impacts sur l'environnement et le milieu social.
Ces trois projets de loi, M. le Président, visent ainsi à
reconnaître des droits aux autochtones en ce qui concerne la chasse, la
pêche, le piégeage, la gestion des terres et la protection de
l'environnement et du milieu social des territoires visés par la
convention. Les autochtones seront également impliqués de droits
par le biais de certains organismes dans la surveillance et la mise en oeuvre
du régime de chasse, de pêche, de piégeage, de protection
de l'environnement et du milieu social applicables à ces
territoires.
Ces mesures contribueront, nous le pensons, à faire des Cris et
des Inuit des citoyens québécois à part entière
jouissant de certains droits qui témoignent de la contribution originale
des autochtones à l'édification de la société
québécoise. C est avec plaisir, M. le Président, que je me
fais le porte-parole de mes collègues, le ministre des Terres et
Forêts et le ministre délégué à
l'Environnement, pour proposer à cette Chambre l'adoption en
deuxième lecture de ces trois projets de loi.
Le Président: Merci, M. le ministre. M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Les trois projets de
loi que nous étudions en deuxième lecture ce soir se situent dans
le cadre des lois qui donnent suite aux dispositions de la Convention de la
baie James et du Nord québécois. Pour situer ces trois projets de
loi, pour essayer de mieux les comprendre, si l'on faisait un bref historique
du litige et de la question territoriale qui s est présentée face
à ce projet de loi, peut-être cela nous permettrait-il encore de
mieux comprendre les stipulations des projets de loi et leur raison d
être.
M. le Président, la carte du Québec d aujour-d hui, le
Québec que nous connaissons aujour-d hui, est le résultat
d'extensions de territoire accordées par le gouvernement
fédéral. Autrement dit, Mme le Président, en 1867
je pourrais vous le montrer sur une carte quand I'Acte de
I'Amérique du Nord britannique a été signé
on se réfère souvent à cette date, à cette
époque. (20 h 30)
Dans le problème constitutionnel actuel qu on discute, on remonte
toujours à cette année, à 1867, au consentement ou au
non-consentement et à lentente que le Québec avait avec les
autres provinces pour former le Canada. Si vous regardez la carte, vous voyez
que le territoire du Québec, en 1867, n'était que la
lisière blanche que l'on voit ici; c'était une lisière de
terrain relativement petite comparée à l'ensemble du
Québec d'aujourd'hui.
Si vous regardez l'espace vert et l'espace jaune sur cette carte,
l'espace vert représente un territoire qui a été
accordé au Québec par le gouvernement fédéral en
1898 et l'espace jaune représente le territoire qui faisait partie des
Territoires du Nord-Ouest. Comme aujourd'hui les Territoires du Nord-Ouest et
le Yukon font partie du domaine fédéral, à cette
époque, ces territoires faisaient partie du domaine
fédéral, des Territoires du Nord-Ouest. En 1912, l'espace qui est
démontré sur la carte en jaune a été
cédé au gouvernement du Québec avec l'expresse condition
que le Québec fasse les ententes et obtienne la cession des droits des
autochtones sous réserve de la confirmation de telles ententes par le
gouvernement fédéral.
Alors, ces deux territoires ne faisaient pas partie du Québec en
1867 et, pour vous donner un exemple du territoire de 1898, la ville de
Val-d'Or se situe dans ce territoire. Lebel-sur-Quévillon et Chibougamau
ne faisaient pas partie, à l'époque de la
confédération, de la province de Québec. Ce sont des
territoires où nous savons qu'il y a beaucoup de développement,
beaucoup de richesses naturelles et le territoire de 1912, naturellement, est
celui où se situe le développement de la baie James. Tous les
développements miniers, par exemple, à Schefferville, se trouvent
dans ce territoire de 1912.
Pourquoi l'entente de la baie James? Il était absolument
essentiel qu'un titre clair soit obtenu par le Québec sur les
territoires de 1898 et de 1912 qui représentent les deux tiers du
Québec. Les territoires qui font partie de l'entente de la baie James
représentent approximativement 410 000 milles carrés. C'est un
territoire qui est aussi grand en lui-même que la province de
l'Ontario.
Nous voyons l'ampleur de cette entente. Nous voyons pourquoi il est
absolument nécessaire de remplir les conditions de la loi de 1912 tout
en respectant les droits des autochtones.
Mme le Président, la raison d'être aussi de ces projets de
loi, c'était non seulement de respecter les obligations du Québec
vis-à-vis de la loi de 1912, mais c'était aussi de
répondre aux problèmes particuliers des autochtones qui
habitaient ce territoire. Avant l'entente de la baie James et d'après
notre constitution fédérale, la question des Indiens était
de juridiction entièrement fédérale et les Indiens surtout
se trouvaient dans des réserves fédérales; les Inuit
étaient plutôt migrateurs, d'une région à une autre,
eux aussi dépendaient de la juridiction fédérale et leur
territoire faisait partie de l'administration du gouvernement
fédéral.
Mme le Président, on faisait face à un peuple
abandonné vraiment, un peuple oublié. Le Québec n'avait
rien à voir quant à l'administration de ces peuples. Tout
était fait d'Ottawa par le ministère des Affaires indiennes et du
Nord canadien. À travers tout le Canada, les conditions de ces peuples
avaient dépassé de beaucoup les conditions matérielles de
ces réserves et les conditions dans lesquelles ces gens vivaient. En
plus du désavantage matériel auquel ces gens faisaient face,
arriva le projet de la baie James. Vous pouvez voir le genre de bouleversement
que cela a pu provoquer parmi ces différentes communautés.
C'était un projet qui n'était pas tout à fait connu de ces
peuples.
Cela impliquait des inondations de territoires, des changements dans
leur mode de vie traditionnel. Il y avait des changements dans l'environnement
du territoire; cela inquiétait et préoccupait les gens
concernés qui utilisaient les territoires d'après leur mode de
vie traditionnel. Beaucoup de gens l'ignoraient peut-être, dans le Nord
québécois, les Indiens, les Cris et les Inuit gagnaient leur vie
selon les modes traditionnels, c'est-à-dire, la chasse, la pêche
et le piégeage.
Nous faisions vraiment face, Mme le Président, à un
conflit culturel, parce que ces gens avaient leur culture, leurs moeurs. Ils
ont leur langue. Ils ont encore leurs moeurs et leurs habitudes. Face à
cette culture des Cris, la culture des Inuit, venait le projet de la baie James
avec toutes les conséquences que cela pouvait comporter.
L'entente, Mme le Président, avait deux objectifs. Ces trois
projets de loi donnent effet à seulement trois des 31 chapitres de
l'entente. On faisait face, premièrement, au problème du
développement des ressources naturelles du Québec, parce que,
pour répondre aux besoins de la population du Québec, le
gouvernement se devait d'utiliser rationnellement les ressources qui existent
dans ces territoires. Une des ressources les plus abondantes est la ressource
de l'eau, et le projet de la baie James a commencé vers 1970. Cela
était un des buts de l'entente, de permettre au gouvernement, pour le
bénéfice de l'ensemble de la population, de développer ses
ressources.
L'autre but de l'entente et c'est pour cela que nous avons ces
projets de loi qui donnent effet à l'entente était la
protection de ces peuples. Le fait qu'ils n'étaient que 10 000 personnes
sur une population de six millions ne voulait pas dire qu'ils n'avaient pas
leurs droits, qu'ils n'avaient pas leurs coutumes, qu'ils n'avaient pas le
droit au respect de leurs coutumes, au respect de leurs moeurs. Il fallait
reconnaître leurs droits, ce qui aurait dû être fait en 1912,
après que ce territoire fut cédé au Québec mais,
pour une raison ou une autre, cela a traîné et cela n'a jamais
été fait.
Le deuxième et aussi important but de cette entente
était de permettre à ces autochtones de continuer leur mode de
vie traditionnel, tout en permettant à ceux qui le voulaient de
s'intégrer à la nouvelle société, au nouveau
développement économique et, soit par transition ou autrement, de
prendre avantage des bénéfices parce qu'il y en a aussi
que notre société pouvait leur offrir. C'est pour cette
raison, Mme le Président, comme vous le savez, que l'entente a
été signée nécessairement par le gouvernement du
Canada, mais obligatoirement aussi par l'Hydro-Québec, par la
Société d'énergie de la baie James et la
Société de développement de la baie James ainsi que le
gouvernement du Québec. Tous ces organismes étaient
impliqués pour répondre aux besoins de la population du
Québec mais aussi à faire face aux besoins des autochtones dans
ces régions parce que ces organismes étaient très
activement impliqués dans le développement de ces
régions.
Les trois projets de loi que nous étudions ce soir traitent plus
particulièrement de l'utilisation, du contrôle et de la protection
des terres et des ressources naturelles du territoire visé par la
Convention de la baie James et du Nord québécois. Ils ont trait
à trois sujets qui forment vraiment la base des activités
traditionnelles des autochtones: les terres, la chasse et le piégeage et
l'environnement. Ce sont trois sujets qui ont occupé la plupart du temps
durant les négociations. Il peut y en avoir, parmi la population, qui
voient l'entente de la baie James en termes des $225 millions, seulement en
termes pécuniaires. (20 h 40)
Je puis vous assurer que la préoccupation principale des deux
parties, du côté gouvernemental et du côté des
autochtones, était les sujets traités ce soir par les projets de
loi; c'étaient les sujets qui touchaient leur vie quotidienne qu'ils
considéraient d'une importance primordiale. Les projets de loi, une fois
adoptés, permettront la continuation de l'exercice des activités
traditionnelles des autochtones du Nord du Québec et consacreront le
rapport très spécial des autochtones avec les terres. C'est
quelque chose! Quand on parle d'un conflit culturel, quand on parle de
différentes valeurs culturelles, c'est quelque chose qu'il faut
comprendre de la part des autochtones. Leur attachement à la terre,
à ce que la terre produit, c'est quelque chose qui est un peu
différent de ce que nous voyons, de ce que nous pouvons
interpréter.
Tous les points de vue et les valeurs des autochtones ont
été reflétés dans l'entente et,
généralement, je peux dire qu'ils sont reflétés
dans les projets de loi que le gouvernement nous soumet ce soir. Par
conséquent, ces projets de loi sont parmi les projets les plus
importants pour les autochtones du Nord du Québec. Vous vous
souviendrez, Mme le Président, qu'avant l'ajournement
d'été on a eu plusieurs projets de loi qui ont donné effet
à l'entente et il sera encore nécessaire d'apporter devant la
Chambre pour adoption d'autres projets de loi parce qu'il y a 31 chapitres dans
l'entente. Les projets de loi que nous traitons ce soir sont les plus
importants. Cela va au coeur de l'entente même; on traite des
territoires, on traite des terres, on traite de la propriété et
de l'utilisation de ces terres; non seulement de la façon dont les
autochtones vont utiliser ces terres, mais encore, ce qui est plus important,
de la façon dont le gouvernement et les non-autochtones pourront les
utiliser.
Ces projets de loi font beaucoup d'innovations pour concilier les
intérêts très légitimes des autochtones pour
continuer leur vie traditionnelle et la nécessité de
développer des territoires pour le bénéfice de tous les
Québécois. Nous voyons dans ces projets de loi de nouveaux
organismes, une nouvelle approche qu'on ne voit dans aucune autre entente qui
aurait été signée avec les autochtones. Je dirais
même que ce sont des innovations qu'on ne retrouve pas dans les autres
projets de loi qu'on présente devant cette Assemblée ou dans les
autres Parlements pour traiter de la question de l'environnement.
Le projet de loi no 69 s'est inspiré du projet de loi 28, parce
qu'il y a des procédures de base d'évaluation des projets
adoptés dans le régime de la protection de l'environnement et du
milieu social qui sont dans la convention et qui, maintenant, se retrouvent
dans le projet de loi 69. L'aspect innovateur, c'est l'implication, sur
différents comités, de gens locaux, de gens du milieu et le fait
de prendre en considération les besoins de ces peuples. C'est un
principe, Mme le Président, qui peut s'appliquer dans tout autre projet
de loi. On n'a pas besoin de parler seulement des autochtones pour dire: Nous
allons impliquer les gens concernés, la population locale dans
l'administration d'un certain projet de loi, dans la formulation d'un certain
projet de loi et nous ne procéderons pas avec certains projets, avec
certaines lois avant d'avoir obtenu leur approbation, leur consentement et
avant d'avoir consulté ces différents peuples. C'est un principe
qui est innovateur pour les autochtones et je crois qu'on pourrait s'en
inspirer dans d'autres projets de loi que nous faisons pour le
bénéfice de tous les Québécois.
De plus, Mme le Président, ces projets de loi, lorsque
complétés par le projet de loi qui mettra en application un
programme de sécurité de revenu et d'aide pour les
activités de chasse, de pêche et de piégeage, devraient
assurer aux autochtones un choix réel entre la continuation de leur mode
de vie traditionnel et les opportunités offertes par la vie
économique moderne ou encore de puiser dans les deux. Le projet de loi
de sécurité de revenu, c'est comme un projet de loi de revenu
garanti qui permet à ces gens de poursuivre, de continuer leur mode de
vie traditionnel ou bien de tirer avantage du développement qui se
produit dans ces régions.
Revenons, Mme le Président, spécifiquement au projet de
loi que l'on considère ce soir, le projet de loi 28, intitulé Loi
concernant les droits de chasse et de pêche dans les territoires de la
baie James et du Nouveau-Québec, qui donne suite au chapitre 24 de la
convention et prévoit les droits de chasse, de pêche et de
piégeage pour les Cris et les Inuit bénéficiaires de la
convention dans une grande partie du Nord du Québec. Le projet de loi
prévoit aussi des règlements et ceci est très
important sur les droits de chasse et de pêche qu'auront les
non-autochtones dans ce territoire. Avant de conclure cette entente, nous avons
consulté parce qu'on était en négociation, on
était obligé de consulter les autochtones les
non-autochtones du territoire parce que leurs droits étaient
affectés par les droits que nous étions pour accorder, dans
l'entente, aux autochtones de toute cette région. Si on leur donnait un
droit exclusif de chasse et de pêche sur un territoire de 60 000 milles
carrés, cela pouvait affecter les communautés non-autochtones
dans ces endroits. Nous les avons consultés pour nous assurer qu'on
conciliait les droits de tous les intéressés dans ces
territoires.
Le projet de loi 29, intitulé Loi concernant le régime des
terres dans les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec, donne
suite aux dispositions de la convention ayant trait aux terres. Le projet de
loi prévoit que les Cris ont droit à une certaine superficie de
terre, soit 5544 kilomètres carrés pour leur
bénéfice exclusif et 3279 kilomètres carrés doivent
être transférés au gouvernement du Canada pour l'usage et
le bénéfice exclusifs des communautés cries et sont
désignés comme des terres de la catégorie 1A.
Il y a d'autres superficies de terre qui sont sous la juridiction
provinciale et qui sont aussi destinées à l'utilisation exclusive
des Cris. Il faut noter, Mme le Président, qu'il y a certains principes
qui sont un peu différents de nos lois, c'est qu'il
n'y a pas parmi ces communautés l'idée de la
propriété privée. Cela n'existe pas. Alors, les gens qui
croient que toutes ces terres, on va pouvoir en prendre avantage si quelqu'un
en devient propriétaire exclusif, ce n'est pas dans leurs moeurs, ils ne
l'ont pas demandé. Il y a des stipulations très concrètes
dans le projet de loi pour s'assurer que c'est la collectivité, que ce
sont les communautés autochtones qui vont jouir de ces territoires.
Je parlais tantôt de certains principes, de certains exemples que
nous pouvons tirer de ce projet de loi. Il y avait un problème
très épineux quand nous avons conclu nos négociations,
c'était le problème constitutionnel. Comme vous le savez,
d'après l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, les Indiens et
les terres réservées aux Indiens sont sous la juridiction
exclusive du gouvernement fédéral. Alors, un des buts de cette
entente était d'essayer d'éviter des erreurs du passé
où le gouvernement fédéral administrait ces peuples
à travers le Canada. Ces peuples ne faisaient pas partie du
Québec, par conséquent ils n'étaient pas impliqués
dans la société dans laquelle ils se trouvaient.
Dans le Nord du Québec, ils se trouvaient dans la
société québécoise; alors ils devaient s'impliquer
forcément dans les institutions du Québec, dans le
ministère de l'Éducation, dans toute l'administration
québécoise. Cela posait un problème constitutionnel assez
grave, parce que si vous prenez 60 000 milles carrés de terres et vous
dites: Ce sont des terres à l'utilisation exclusive des autochtones, le
danger est que ces 60 000 milles carrés au complet vont tomber sous la
juridiction fédérale. Ce n'était pas l'intention des
négociateurs, ce n'était pas l'intention de toutes les parties
que cela se produise. Nous avions un problème constitutionnel assez
sérieux. (20 h 50)
La raison pour laquelle je me réfère à cela, c'est
parce qu'aujourd'hui aussi on soulève des problèmes
constitutionnels et on semble être incapable d'en trouver les solutions.
Ce sont des obstacles insurmontables. Je peux attirer votre attention sur cette
entente et je crois qu'elle a traité d'un sujet constitutionnel des plus
épineux, des plus sérieux. Et, nous avons trouvé la
solution, parce qu'il y avait la volonté politique, il y avait la bonne
volonté des deux côtés, des trois côtés,
dirais-je. La bonne volonté du Québec de vouloir trouver une
solution, sans créer des obstacles. On n'a pas eu besoin des grandes
conférences constitutionnelles. On a trouvé la solution. Il y
avait la volonté du gouvernement fédéral aussi, parce que
c'était un problème qui devait se résoudre.
Naturellement, il y avait la volonté des autochtones qui se
trouvaient pris entre les deux juridictions. D'un côté, ils se
sentaient protégés par la juridiction fédérale qui
était la juridiction historique qui avait administré tous leurs
biens avec laquelle ils se trouvaient, malgré certaines
réticences, certains désavantages, plus à l'aise. Ils
craignaient un peu l'administration du Québec parce qu'ils ne la
connaissaient pas. À ce problème constitutionnel qui était
assez complexe, nous avons trouvé une solution qui se trouve dans
l'entente et qui permet aujourd'hui au gouvernement de donner effet à
cette entente par ses projets de loi, de consacrer des terres aux autochtones
dans différentes catégories sans crainte de conséquences
constitutionnelles abusives ou sérieuses. Je suggérerais
fortement à ce gouvernement de prendre le même exemple pour tous
les autres problèmes constitutionnels.
Quand nous avons un problème pratique et sérieux et qu'on
veuille le résoudre, Mme le Président, on ne se cache pas
derrière la question constitutionnelle. On trouve la solution. Si on l'a
fait pour cette entente et que le gouvernement lui-même introduit en
deuxième lecture le projet de loi sur les terres qui consacre une grande
étendue de terres du Nord du Québec à l'utilisation par
les autochtones, je crois bien que tous les autres problèmes vont
pouvoir être résolus.
L'entente avait suivi les recommandations ces projets de loi le
font également de la commission Dorion sur
l'intégrité du territoire du Québec qui disait que le
gouvernement du Québec prenne sans délai les mesures
nécessaires pour respecter les obligations envers les Indiens qui ont
été assumées par les lois de 1912 concernant l'extension
des frontières du Québec et que l'accomplissement de cette
obligation prenne la forme d'une entente entre le gouvernement du Québec
et les représentants dûment mandatés des Indiens, des
bandes indiennes du Québec, confirmée, consentie par le
gouvernement du Canada.
Alors, Mme le Président, il y a une distinction entre trois
catégories de terres dans ces territoires pour les différentes
obligations du gouvernement vis-à-vis de ces peuples. Les terres de
catégories 2 et 3 peuvent être développées en tout
temps; cela n'empêche pas le développement ordonné et
rationnel du territoire en conformité avec les lois du Québec. Je
dirais même que le projet de loi prévoit que les terres de la
catégorie 1 peuvent aussi être expropriées dans certaines
circonstances. Il y a certaines protections. Ce ne sont pas les lois ordinaires
et le droit usuel de l'expropriation. Il y a certaines garanties pour donner
effet à la protection qu'on voulait donner aux autochtones.
Il y a cependant un nouveau principe d'inséré dans ce
projet de loi, à savoir celui du remplacement des terres de la
catégorie 1 et de la catégorie 2 lorsqu'il y a une prise
entière de ces terres, sujette à certaines exceptions, parce que
nous avions prévu qu'il y aurait peut-être des
développements tels qu'un gazoduc, d'autres développements
miniers, d'autres développements de richesses naturelles. Alors, il
était nécessaire de prendre ces terres. Cela était
équitable, mais, d'autre part, il ne fallait pas complètement
enlever la raison d'être de cette entente qui était de consacrer
aux autochtones un certain nombre de terres parce que, comme je vous l'ai dit
tantôt, Mme le Président, la terre représente pour les
autochtones quelque chose et même je dirais que c'est plus qu'un bien
matériel. Pour eux, elle fait partie de leurs valeurs spirituelles. Cela
va à ce point-là. Il fallait prévoir certaines
manières de remplacer.
Si le gouvernement voulait prendre certains territoires, il fallait les
remplacer, et c'est ce qui déroge de la loi générale
d'expropriation. Si on prend ces terres, le gouvernement du Québec va
être obligé, en consultation et avec le consentement des
communautés affectées, de les remplacer. Cela garantit aux
autochtones qu'ils auront toujours une certains quantité de terres
à moins qu'il n'y consentent autrement. Alors, la protection
était pour ces communautés, et je suis heureux de voir que cela a
été traduit fidèlement dans le projet de loi qui a
été introduit ce soir par le ministre.
Quant au projet de loi 30, la loi sur l'environnement, on prévoit
un nouveau système pour la protection de l'environnement au moyen de
l'addition d'un nouveau chapitre à la Loi de la qualité de
l'environnement. En effet, la loi prévoit la formation d'un certain
nombre de comités pour assurer la participation des autochtones à
la protection de l'environnement et du milieu social en cas de
développement. Les dispositions du projet de loi prévoient une
procédure particulière d'évaluation et d'examen des
impacts sur l'environnement et le milieu social qui doit tenir compte de la
protection des droits de chasse, de pêche et de pié-geage, et de
la société autochtone.
Si on se réfère aux études d'impact, cela a
créé un précédent d'inclure l'obligation, pour ceux
qui veulent développer ces territoires, de faire des études
d'impact et de prendre en considération, dans ces études, les
conditions non seulement de l'environnement physique, cela aussi, c'est
nécessaire, mais, si on lit l'annexe III du chapitre 22, on dit: Celui
qui développe ces territoires doit prendre en considération les
conditions sociales, c'est-à-dire la composition de la population, les
institutions de cette population. Est-ce que le développement va
affecter leurs institutions? L'organisation sociale de ces communautés,
la famille, la communauté. Il faut que l'étude d'impact prenne en
considération la culture de ces gens. Quel sera l'effet sur les valeurs
culturelles du développement? Les valeurs culturelles, les objectifs,
les aspirations de ces communautés. Je pense qu'au crédit de tout
le monde concerné, cela a été accepté, et
c'était un précédent assez important pour l'ensemble de
nos lois et pour la protection de ces communautés. Mais je remarque
je veux porter ceci à l'attention du ministre qui,
peut-être, pourra le porter à l'attention du ministre
délégué à l'Environnement que, pour les
études d'impact, après de longues négociations, nous
avions fait une liste de projets pour lesquels la nécessité
était absolue de faire ces études d'impact. Autrement dit, si un
des projets tombait sous la description de l'annexe I du chapitre 22, par
exemple, si c'était un projet pour la production d'énergie, si
c'était un projet pour le développement hydro-électrique,
excluant les projets déjà en cours de la baie James ces projets
étaient automatiquement et obligatoirement assujettis à une
étude d'impact par le développeur et soumis aux différents
comités créés par ce projet de loi. Je remarque je
trouve cela assez sérieux et nous allons faire nos
représentations en commission à l'étude article par
article que ce principe a été exclu de votre projet de
loi. Autrement dit, pour ce qui a pris, je dirais, des mois et des
années à négocier pour définir les projets qui
étaient assujettis à l'étude d'impact, dans votre projet
de loi, vous procédez par règlements du lieutenant-gouverneur en
conseil. Il n'y a aucune obligation maintenant, le lieutenant-gouverneur en
conseil peut décider lui-même. Cela veut dire le ministre, le
Conseil des ministres et celui qui va être en charge du
développement du Nord. Vous pouvez voter les règlements que vous
voulez. Vous enlevez la protection essentielle de cette entente qui
était de garantir que certains projets de loi seraient soumis à
ces études, parce que, quand on dit que le projet de loi est soumis
à une étude, cela a des implications assez importantes parce que
cela veut dire que le comité d'évaluation, que le comité
de l'environnement est saisi de ce projet, que toutes les données
doivent être soumises au comité, et le comité comprend les
autochtones, les gens de la région. (21 heures)
Alors, si vous enlevez cette protection, vous enlevez l'essentiel, Mme
le Président, du projet de loi. Nous allons voter en faveur du principe
du projet de loi, ne vous inquiétez pas pour cela, mais nous allons
insister en commission parlementaire pour que vous y réincluiez cette
protection essentielle qui est incluse dans l'entente, mais que vous avez
écartée dans votre projet de loi. On revient toujours au
même problème, le problème de procéder par
règlement du lieutenant-gouverneur en conseil. Cela semble être
une des façons dont ce gouvernement semble vouloir procéder et
ici vous avez les stipulations de l'entente qui permettent de faire autrement.
Ecarter l'entente et procéder par règlement, je crois, n'est pas
juste et ne répond pas non seulement à la lettre de l'entente,
mais même à l'esprit de l'entente.
Une autre remarque, Mme le Président, sur la façon dont
cette entente a été adoptée. C'est pour cela que c'est
important d'inclure dans les projets de loi que nous étudions ce soir
tous les termes de l'entente. Si on veut, Mme le Président, des
leçons en démocratie, nous n'avons qu'à examiner le
processus que les mandatés des autochtones ont pris pour faire approuver
cette entente. C'est pour cela que je vais m'assurer que les termes de
l'entente sont clairement respectés dans le projet de loi. Cette
entente, Mme le Président, a été approuvée dans
chaque communauté. Elle a été expliquée. Au fur et
à mesure qu'on faisait une entente, qu'on tombait d'accord sur certains
termes, les mandatés retournaient à leur communauté et ils
le faisaient approuver par une assemblée générale des
membres de la communauté, des électeurs. Village par village, Mme
le Président, les Inuit ont fait cela.
Il y a eu des dissidents dans trois communautés inuit. Les Cris
ont fait cela, village par village; ils ont fait tout le tour. C'est une des
raisons pour lesquelles cela a pris tout ce temps et c'est pour cela que ces
gens y tiennent. C'est leur bible, c'est leur charte, c'est leur constitution,
Mme le Président. C'est pour cela qu'on ne peut pas les
décevoir, ces personnes. Quand ils ont accordé la cession
de leurs droits, c était très émouvant parce qu'on leur a
demandé: Cédez tous vos droits sur cette terre. C'était
leur territoire. Cela faisait 5000 ans qu'ils occupaient ces territoires et on
vient leur dire: Cédez tous vos droits. Émotionnellement et
intellectuellement, c'est un geste qui est assez difficile à poser, mais
ils l'ont fait dans l'intérêt de leurs communautés, dans
l'intérêt de la reconnaissance de leurs droits. Il ne faudrait
pas, aujourd'hui, Mme le Président, décevoir tout ce peuple qui,
malgré qu'on ait eu certains passages difficiles dans la
négociation, à la fin, a accepté volontairement les termes
de cette entente. Ils se sont soumis aux droits qui nous étaient
accordés et aussi à ceux qui étaient en leur faveur. Mais
il faudrait aujourd'hui s'assurer qu'on respecte intégralement les
termes de l'entente dans ces projets de loi.
Mme le Président, en concluant, je dirais que
généralement les termes de l'entente sont reflétés,
sauf certaines exceptions, dans les projets de loi. Cette entente et ces
projets de loi ont ramené dans ces territoires, Mme le Président,
un genre de paix et d'harmonie entre les peuples dont les relations
étaient très tendues. Ceux qui ont vécu les
événements de ces temps ont vu l'amertume; cela ne datait pas
seulement d'une année ou deux; ce n'était pas seulement le
résultat d'un développement de la baie James, Mme le
Président, mais c étaient des siècles d'amertume que ces
gens exprimaient parce que, dans le passé, on n'a jamais assez reconnu
les droits de ces peuples. On ne les a pas traités avec respect. Cette
entente a donné le respect nécessaire, la reconnaissance de
l'égalité de leur culture, de l'égalité de leurs
droits, la reconnaissance de leurs droits et a ramené aussi la paix et
l'harmonie dans les relations qui existent maintenant entre ces peuples et le
reste de la population. Merci.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Conformément à l'entente conclue cet
après-midi, je limiterai moi aussi mes propos aux trois projets de loi
qui sont actuellement à l'étude en deuxième lecture, dans
un bloc, dans un tout, trois projets de loi, Mme le Président, qui sont
quand même de nature fort technique, qui découlent de l'ensemble
des ententes de la baie James à l'intérieur même de la
Convention de la baie James: premièrement, le projet de loi 28
concernant les droits de chasse et de pêche; deuxièmement, la Loi
concernant le régime des terres dans les territoires de la baie James et
du Nouveau-Québec, et enfin, le projet de loi 30, Loi modifiant de
nouveau la Loi de la qualité de l'environnement.
En juin dernier, Mme le Président, nous avons eu l'occasion
d'étudier une série de projets de loi en rapport avec
ceux-là, concernant les territoires de la baie James. Cela avait
été pour nous, à ce moment, en tant que parlementaires,
l'occasion d'entendre de façon assez élaborée les
témoignages de tous les groupements concernés dans cette
Convention de la baie James, dans l'application éventuelle des cadres
législatifs que le gouvernement mettait alors de l'avant. Nous avons
été en mesure de pouvoir porter un certain jugement sur ce que
vivent nos Inuit, à l'intérieur du cadre de ces premières
ententes, comme à l'intérieur également des projets qui
ont été mis de l'avant par le gouvernement du Québec
concernant ces territoires.
Je pense que lorsqu'on regarde le problème des Inuit ou lorsqu'on
regarde quelque projet de loi que ce soit, quelque pièce de
législation que ce soit en cette matière, il convient de situer
le débat dans son vrai contexte et d'asseoir notre analyse sur la
position historique de cette population qui est des nôtres, mais qui vit
quand même dans un contexte fort différent, qui a une culture fort
différente, qui a une histoire même si elle est
assimilée au territoire québécois quand même
différente de la nôtre.
Je vous avoue, Mme le Président, en revoyant le journal des
Débats, qu'on peut ressentir à ce moment-ci aussi, avec une
certaine acuité, les problèmes que vivent ces gens, les
problèmes qu'ils ont vécus dans le passé et que continuent
de vivre, à certains égards, les Inuit en terre
québécoise. J'ai constaté, entre autres, à la
lumière de cette commission parlementaire, l'attitude un peu
paternaliste des différents gouvernements face à cette nation
inuit. Je pense que cette attitude s'est malheureusement
perpétuée trop longtemps aussi et on a pu la déceler
à travers l'approche que l'actuel gouvernement a prise dans ces
questions. Je pourrais certes comparer l'attitude des revendications de cette
minorité aux revendications historiques du Québec aussi, face au
gouvernement d'Ottawa. De la même façon qu'il existe, Mme le
Président, un nationalisme québécois dans une mesure saine
et normale, il existe également, de la même façon et
c'est normal, reconnaissons-le un nationalisme de la nation inuit,
c'est-à-dire une volonté de s'affirmer en tant qu'entité
propre, en tant que peuple clairement identifié avec ses coutumes, avec
ses traditions, avec ses modes de vie. Ces gens on l'a vu et on doit le
reconnaître, non seulement dans des énoncés de principe,
mais également dans la réalité quotidienne, dans nos
relations avec eux, comme également dans les cadres de
législation tiennent à conserver cette culture. Ils
tiennent à conserver leur langue. Bref, ils tiennent, à
conserver, en somme, tout l'héritage tout à fait particulier et
attachant, également, qui leur a été laissé par
leurs ancêtres et qu'ils continuent à perpétuer d'une
façon particulière. À cet égard, Mme le
Président, j'aimerais peut-être me référer
rapidement à un ouvrage tiré de la revue Forces, numéros
41 et 42 de 1978, où on rapporte une entrevue avec M. Eric Goudreau, qui
est directeur du secrétariat des activités gouvernementales en
milieu amérindien et inuit. M. Eric Goudreau...
Des voix: Gourdeau.
M. Brochu: M. Eric Gourdeau pardon a
été, en 1963, directeur-fondateur de la direction
générale du Nouveau-Québec et est un spécialiste de
ces problèmes. La personne qui l'interviewait, Mme Cardinal, lui
demandait son opinion sur la nation inuit concernant sa culture, son
identité, et le besoin pour cette nation d'avoir tous les pouvoirs et
privilèges en continuant à être ce qu'ils sont tout en
ayant l'exercice du droit d'assumer leur identité propre. (21 h 10)
À cette question, M. Gourdeau répondait ce qui suit: "La
disparition des cultures indienne et esquimaude ne serait pas du tout un acquis
pour la civilisation québécoise ou pour la Civilisation
avec un grand C la civilisation universelle. Au contraire, c'est la
perpétuation de ces cultures, leur enrichissement qui seront le
symptôme de notre bon état de santé en tant que peuple
civilisé. Déjà, on peut dégager certains
éléments qui pourraient favoriser la survie de ces cultures. Il
faut en plus et surtout s'efforcer non pas de prendre la place des autochtones
pour les faire évoluer, mais épauler pour le mieux leur
évolution telle qu'eux-mêmes la dessinent au fur et à
mesure des années."
C'est dans cette optique qu'on doit absolument entreprendre toute forme
de rapport avec cette culture propre, avec cette nation qui a sa propre
identité. Je pense que c'est avec cette préoccupation
réelle et sincère de vouloir favoriser ce sain nationalisme de la
nation inuit qu'on doit entreprendre et continuer, avec eux, toutes les
pièces de législation qui découlent de ces ententes de la
Convention de la baie James.
Lors de débats antérieurs sur les autres projets de loi
découlant de cette Convention de la baie James, comme lors des auditions
des mémoires présentés par les Inuit en commission
parlementaire, l'Union Nationale a eu l'occasion d'exprimer son point de vue
là-dessus. Nous sommes d'accord, en général et en
principe, sur les trois projets de loi qui viennent de nous être
présentés. Nous aurons certaines questions à poser et nous
pourrons le faire en commission parlementaire, lorsque nous passerons à
l'étude article par article. Il s'agit, comme je l'ai indiqué au
début, de lois de nature technique qui découlent de ces ententes
de la Convention de la baie James qui permettront c'est l'idée
maîtresse qui nous fait appuyer ces projets de loi aux Inuit de
continuer leurs activités traditionnelles, d'avoir le choix soit de
s'intégrer à la société conventionnelle que nous
connaissons, à notre niveau, ou de continuer leur mode de vie
traditionnel tel qu'ils le décideront selon leur liberté et leur
choix propre. Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Ar-cy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Quelques mots seulement, Mme le Président.
La présentation de ces trois projets de loi est l'aboutissement
pas le premier, il y en a eu d'autres et il y en aura d'autres à
l'avenir d'un processus commencé il y a déjà
plusieurs années. Pour avoir participé au début de ce
processus dans une mesure relativement limitée, mais quand même
dans une mesure je fais abstraction de ma personne qui
était importante, je voudrais faire un petit commentaire de nature
historique.
Quand nous avons commencé à expliquer aux membres de cette
Chambre et à la population du Québec et du Canada ce
qu'était le projet de la baie James un projet vivement
critiqué par les amis d'en face qui, aujourd'hui, disent que c'est un
des meilleurs projets jamais conçus par un gouvernement du Québec
il tombait sur les épaules de votre humble serviteur la
responsabilité de la protection de l'environnement.
On me disait: Le projet de la baie James, c'est le viol de
l'environnement de cette région. C'est non seulement le viol de
l'environnement, mais c'est le viol des droits des autochtones, le viol de leur
vie traditionnelle. On disait: Ce n'est pas possible que vous réalisiez
un projet de cette envergure sur un environnement aussi fragile sans
détruire à tout jamais la capacité de cette région
de supporter la vie de ceux qui étaient là avant vous.
Mme le Président, il y a eu, après un certain temps, des
négociations avec les intéressés. Si je prends la parole
ce soir, c'est, entre autres choses, pour rendre hommage d'abord à celui
qui a conçu tout le projet, un monsieur qui s'appelle Robert Bourassa,
qui en a fait son projet personnel. Je voudrais aussi en cette Chambre, ce
soir, rendre hommage à un homme qui a porté le fardeau de ces
négociations, qui les a menées à terme, qui nous a
amenés à une situation sans précédent en
Amérique du Nord où nous avons pu signer avec les autochtones,
des ententes qui trouvent leur aboutissement dans les projets de loi que nous
étudions ce soir. Vous comprenez que j'ai nommé le
député de Mont-Royal. C'est grâce à lui que nous
sommes en mesure de faire des pas additionnels vers la réalisation de
quelque chose qui était toujours et sera encore davantage à
l'avenir, dans l'intérêt collectif des
Québécois.
Mme le Président, je suis fier que nous puissions, ce soir,
établir un cadre, des mécanismes, des structures administratives
et consultatives qui nous permettront d'assurer la protection de
l'environnement. Je suis fier que nous ayons conclu des ententes qui respectent
les droits des autochtones. Je suis fier que nous pourrons, en même
temps, jouir des bénéfices du projet de la baie James et
respecter la vie traditionnelle des autochtones qui pourront, à cause de
ce que nous avons fait au cours de ces dernières années,
continuer à jouir de ce qu'ils ont créé ici avant nous et
qu'ils nous ont permis de partager, en vertu des ententes en question.
Mme le Vice-Président: M. le chef parlementaire de
l'Opposition officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président, on me
permettra d'intervenir très brièvement à ce moment-ci,
d'autant plus brièvement que mon collègue de D'Arcy McGee, sans
me prévenir, a rendu justement, en notre nom, le témoignage que
je m'apprêtais moi-même à rendre et à l'ancien
premier ministre et au député de Mont-Royal. Je me rappelle les
premiers moments de tout ce processus où nous avions cette tâche
très considérable devant nous de relever ce défi qui
était là depuis 1912, mais auquel tout de même on n'avait
pas encore fait face. Je me rappelle qu'à ce moment, le premier ministre
avait eu recours et de cela nous sommes très fiers aux
bons services du député de Mont-Royal, qui avait eu une
expérience considérable alors qu'il était sous-ministre,
haut fonctionnaire, au ministère fédéral des Indiens et du
Nord canadien.
Il faut bien dire que c'était une tâche également
très complexe. En effet, il y avait là des considérations
d'ordre historique, d'ordre constitutionnel, d'ordre politique, d'ordre
ethnique et culturel, d'ordre économique, d'ordre halieutique, d'ordre
faunique, d'ordre énergétique et que sais-je encore. Il y avait
des considérations d'ordre social, il y avait tout ce que vous voulez,
c'était un monde presque à recréer, c'est-à-dire
tâcher de placer dans une entente tous les aspects d'une question qui
avait été tellement complexe que personne n'avait songé
à entreprendre ce règlement. (21 h 20)
Mme le Président, je ne puis passer sous silence, à ce
moment-ci, le travail considérable abattu par le député de
Mont-Royal et également par les fonctionnaires qui l'ont assisté
et par les consultants qui ont été appelés à
travailler à ce projet gigantesque. J'ai, d'ailleurs, eu l'honneur et le
privilège de signer, cette entente. Si le député de D'Arcy
McGee dit qu'il a eu une participation limitée, la mienne l'a
été encore plus, parce que je n'ai eu qu'à signer
l'entente une fois qu'elle a été toute préparée.
Que l'on songe aux 31 chapitres de cette entente, que l'on songe qu'il fallait
tout d'abord, avant d'écrire tout cela, entreprendre un dialogue qui
avait été un peu boiteux dans le passé entre le
gouvernement du Québec, les Inuit et les Cris de la baie James et du
Nouveau-Québec, qu'il fallait autour d'une même table
réunir tous ces partenaires qui étaient le gouvernement du
Québec, le gouvernement du Canada, la Société du
développement de la baie James, la Société
d'énergie, l'Hydro-Québec, évidemment les Inuit et les
Cris et arriver à concilier tous les intérêts et à
respecter cette vie autochtone, les aspirations légitimes de ce peuple
et finalement arriver à cette conclusion heureuse à laquelle on
donne présentement une suite législative par le train de mesures
que nous avons à étudier d'abord et à adopter, depuis
quelque temps.
On a évoqué tout à l'heure les projets de loi qui
avaient été déposés au printemps dernier, et
maintenant nous avons ces projets de loi 28, 29 et 30 qui touchent
évidemment l'environnement, qui touchent les terres publiques, qui
touchent les ressources. Je voudrais simplement, en terminant, rappeler deux
mots qui m'ont particulièrement frappé, prononcés il y a
quelques instants par le député de Mont-Royal: paix et harmonie.
J'espère que le député de Mont-Royal a raison en disant
que, dans ce grand territoire, cette entente a réussi justement ce
qu'elle voulait et c'était d'apporter la paix et l'harmonie.
En conclusion, M. le Président, je voudrais simplement exprimer
le voeu que l'on puisse en commission parlementaire nous assurer que pour ces
projets de loi en particulier et même lorsqu'il y aura d'autres projets
de loi pour donner suite aux 31 chapitres de l'entente, on respectera et la
lettre et l'esprit de l'entente. D'après certains propos que j'entendais
de la bouche même du député de Mont-Royal il y a quelques
instants, il semblerait qu'on voudrait passer par législation
déléguée des principes que l'on devrait revoir dans le
projet de loi lui-même. Si c'est le cas, je pense que la commission
parlementaire pourra s'occuper de ce point particulier, de cet aspect
particulier. Mais j'espère que, dans ce train de mesures, on respectera
fidèlement, encore une fois, la lettre et l'esprit de l'entente afin que
l'on n'ait pas à reprendre plus tard des discussions qui, à mon
sens, devraient être maintenant conclues, puisque l'entente
elle-même a été signée à la satisfaction de
tous les intéressés.
Je voudrais, en terminant, remercier le ministre et les ministres, parce
que je me rappelle que, de notre temps, plusieurs de nos collègues
le ministre des Affaires municipales et de l'Environnement du temps
était lui-même dans le coup et des fonctionnaires de leurs
ministères ont dû se pencher sur ces divers aspects de l'entente
et apporter leur contribution. Je suis convaincu que le ministre, qui
présente au nom de ses collègues ces trois projets de loi ce
soir, réussira également à obtenir la collaboration de
tous les membres du cabinet qui sont impliqués dans les suites de cette
entente afin que, dans chacune des lois déposées, dans chacun des
projets de loi étudiés, l'on ait constamment à l'esprit de
respecter justement l'entente signée.
Je remercie le ministre de donner suite ainsi, par ce train de mesures,
à une entente qui a été obtenue par un travail
considérable que je voulais simplement souligner à ce
moment-ci.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais remercier mes
collègues du Parti libéral et ceux de l'Union Nationale de leur
intervention dans ce débat. Je peux présumer d'ores et
déjà que nous allons nous acheminer vers une unanimité
lors du vote en deuxième lecture. Je voudrais brièvement revenir
sur l'intervention du député de Mont-Royal et lui dire, dans un
premier temps, que nous reconnaissons, bien sûr, sa contribution à
tout ce
dossier fort complexe, parce que nous sommes bien au courant de la
loyauté avec laquelle il s'est à la fois préoccupé
des intérêts du Québec et des populations autochtones. Je
dois vous avouer, M. le Président, que, compte tenu des
antécédents de carrière du député de
Mont-Royal, cela mérite d'être souligné.
Je voudrais également lui dire que, s'il est vrai que le projet
de loi 30 en particulier, qui semble préoccuper, c'est-à-dire
celui qui modifie de nouveau la Loi de la qualité de l'environnement
pour l'appliquer à l'entente, ce qui m'a frappé à
l'étude de ce dossier, a été le 55e parallèle. Mais
je vous rappelle que vous avez de façon très explicite dans le
projet de loi 30 des procédures particulières. Pour ce qui est du
Sud du 55e parallèle, premièrement, un comité consultatif
pour l'environnement de la baie James; vous avez ensuite un comité
d'évaluation et un comité d'examen et, ensuite, une
procédure d'évaluation et d'examen. Pour ce qui est du Nord du
55e parallèle, vous avez un comité consultatif de l'environnement
Kativik, une commission de la qualité de l'environnement Kativik et,
ensuite, une procédure d'évaluation.
En fait, M. le Président, tout le projet de loi 30 a pour but
justement de donner suite aux études d'impact dont le
député de Mont-Royal parlait. Il serait complètement
illogique que, dans un projet de loi comme celui-ci, on ait prévu une
procédure, des commissions consultatives, etc., et qu'ensuite, par un
pouvoir réglementaire quelconque, le lieutenant-gouverneur en conseil
veuille escamoter le tout. Je comprends la préoccupation du
député, mais je pense qu'il y a une chose qu'il faut rappeler
également: nous sommes en face d'un traité, d'un accord qui a
été signé. Aussi bien le projet de loi 30 que les projets
de loi 28 et 29 ne font que donner suite à ce qu'on appelle la
Convention de la baie James. De ce côté-là, M. le
Président, je pense bien qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. On
a fait grand état, bien sûr, on a même rendu hommage
à un ancien chef de gouvernement pour ce qui est du projet de la baie
James. Vous allez me permettre de rappeler que, de ce côté-ci de
la Chambre, ce que nous avons le plus déploré, a
été d'abord la date et le lieu de l'annonce du projet de la baie
James que certains journalistes ont même appelé le soir ou la nuit
de la Saint-Robert; c'était le 29 avril 1971. Je suis convaincu que le
soir où le 29 avril 1971 l'ancien chef du gouvernement du Québec
a fait l'annonce de ce projet, il n'avait sûrement pas à l'esprit
les projets de loi 28, 29 et 30. Mais je pense que ses préoccupations
étaient bien meilleures.
Je voudrais dire également au député de Mont-Royal
que ce que nous vivons, ce soir, est peut-être une anticipation de ce que
nous vivrons au Québec dans quelques années, puisqu'il s'agit bel
et bien d'un traité que nous signons, que nous avons signé comme
gouvernement. Nous donnons suite aux 31 chapitres dont quelques-uns sont
impliqués, ce soir, à une signature par une loi de
l'Assemblée nationale. Le député de Mont-Royal a fait
état qu'on pouvait s'entendre avec le gouvernement du Canada, avec les
populations autochto- nes et avec le gouvernement du Québec. Nous
répondons affirmativement à cela. Je suis convaincu qu un de ces
soirs, à l'Assemblée nationale, après qu'auront
été départagés les pouvoirs, nous pourrons voter
une loi ou des lois qui reconnaîtront certains des droits souverains du
Québec après que des ententes sur la base de traités
auront probablement été signées par le gouvernement du
Canada. (21 h 30)
Ce que je veux dire aussi, c'est que ces trois projets de loi forment un
tout dont chacune des parties vise en définitive à
reconnaître et à concrétiser la relation bien
spéciale de l'autochtone québécois avec la terre qu'il
habite. Là-dessus, je rejoins ce que disait le député de
Mont-Royal. Avec son environnement naturel et avec les activités qu'ils
y exercent depuis toujours, ces trois projets, une fois adoptés,
permettront aux autochtones non seulement d'avoir certaines terres bien
à eux, pas sous notre régime de propriété mais sous
leur régime de propriété, dont ils pourront, en tant que
communauté, contrôler l'usage et qu'ils pourront aménager
selon leurs vues, mais aussi de continuer à puiser dans leur
environnement naturel une partie importante de leur subsistance grâce au
pouvoir exclusif qui leur est concédé sur ces grandes
étendues de terre. De plus, ils se voient reconnaître un droit
d'intervention certain dans toute forme de développement qu'ils
jugeraient préjudiciable à l'environnement naturel sur l'ensemble
de ces territoires visés par la convention. C'est tout le but et l'objet
du projet de loi no 30.
Dans la mesure où ces lois seront bien appliquées, elles
feront des autochtones habitant le Nord québécois des agents
privilégiés de conservation de la nature et de
développement civilisé du territoire.
Un point particulièrement important à souligner au moment
de l'adoption en principe de ces trois projets de loi, c'est un certain
transfert de pouvoirs cela, c'est important depuis les
métropoles du Sud vers les communautés nordiques. Il
n'appartiendra plus aux seules autorités de Québec ou d'ailleurs,
qu'elles soient gouvernementales, corporatives ou de tout autre statut, de
décider unilatéralement de l'utilisation à faire de ce
territoire , mais les autochtones devenus citoyens du Québec à
part entière auront une contribution importante qu'il faudra
obligatoirement respecter dans le processus décisionnel. Il s'agit
là d'un partage, sinon d'un déplacement de pouvoirs qui cadre
bien avec la politique de décentralisation qu'entend privilégier
le gouvernement.
Évidemment, ce phénomène créera certains
problèmes à ceux trop nombreux qui, parmi nous, avaient pu,
jusqu'à tout récemment, considérer ce territoire si vaste
et si peu densément peuplé comme une vaste steppe nordique
pratiquement inhabitable et valable uniquement par les ressources qu'elle
promettait de livrer aux appétits des sociétés, entre
guillemets, "sudistes". Nous devrons apprendre à tenir rigoureusement
compte
des autochtones qui y vivent, nos concitoyens, et qui se voient
maintenant reconnus des droits et un rôle essentiel. Nous devrons nous
faire à l'idée que les libertés des uns sont
limitées ici et là, comme ailleurs, par les droits des
autres.
C'est avec plaisir, M. le Président, que je vous demanderais donc
d'appeler le vote sur l'adoption de ces trois projets de loi en deuxième
lecture en tenant pour acquis que nous devrons, pour les fins du vote, appeler
les projets de loi les uns après les autres.
Le Président: Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Alors, j'appelle maintenant le vote sur la motion de deuxième lecture du
projet de loi no 28, Loi concernant les droits de chasse et de pêche sur
les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec. Est-ce que cette
motion de deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): Une motion de rapport.
Le Président: II y a une motion de rapport à
faire.
M. Levesque (Bonaventure): Report ou rapport?
Renvoi aux commissions permanentes
M. Duhaime: Alors, M. le Président, je fais motion pour
que le projet de loi no 28 soit déféré à la
commission permanente du tourisme, de la chasse et de la pêche.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Duhaime: M. le Président, je ferais également
motion pour que le projet de loi no 29...
Le Président: Un moment! Je pense que vous anticipez, M.
le leader adjoint du gouvernement. J'appelle maintenant le vote sur la motion
de deuxième lecture du projet de loi no 29, Loi concernant le
régime des terres dans les territoires de la baie James et du
Nouveau-Québec. Est-ce que cette motion de deuxième lecture sera
adoptée?
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Alors, adopté, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Duhaime: M. le Président, je fais motion pour que le
projet de loi soit déféré à la commission
permanente des terres et forêts.
Le Président: Cette motion de déférence
sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je crois
qu'à ce moment-ci, nous pourrions obtenir un engagement du gouvernement,
particulièrement du leader adjoint du gouvernement, à savoir que
les trois projets de loi qui sont déférés à des
commissions différentes ne soient pas étudiés en
même temps, notre porte-parole, le député de Mont-Royal, ne
pouvant pas être à trois endroits en même temps. Or, je
pense qu'il serait important qu'il soit là quand chacun des projets sera
étudié en commission parlementaire. Je pense bien que cette
demande est justifiée et j'espère bien que nous aurons la
collaboration du leader adjoint du gouvernement pour nous assurer de cette
procédure.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement, est-ce
que vous allez forcer le député de Mont-Royal à la
multilocation?
M. Duhaime: Cela m'apparaît aller de soi, M. le
Président. Les experts en cette matière étant rarissimes
d'un côté comme de l'autre de la Chambre, je pense que ce serait
une bonne idée que soit dans l'ordre que nous les avons discutés
ce soir ou dans un ordre différent. Je parlerai avec mon collègue
le député de Saint-Jacques pour qu'on puisse trouver un "modus
vivendi" pour que chacun des projets de loi puisse être appelé en
commission parlementaire pour l'étude article par article à la
convenance de tout le monde.
Le Président: Cette motion de renvoi sera-t-elle alors
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Président: Adopté. J'appelle maintenant le vote
sur la motion de deuxième lecture du projet de loi no 30, Loi modifiant
de nouveau la Loi de la qualité de l'environnement. Est-ce que cette
motion de deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: Je fais motion, M. le Président, pour que ce
projet de loi soit déféré à la commission
permanente de l'environnement pour étude article par article.
Le Président: Compte tenu de l'entente intervenue ou du
"modus vivendi" dont on a parlé, est-ce que cette motion de renvoi sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Président: Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 11) de nos affaires du jour.
Projet de loi no 86 Deuxième lecture
Le Président: J'appelle maintenant la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 86, Loi modifiant le Code de la
route.
M. le ministre des Transports.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, il me fait plaisir ce soir de
proposer en deuxième lecture la loi no 86, soit la Loi modifiant le Code
de la route. Il est certain, M. le Président, qu'il ne s'agit pas d'une
loi dont l'objectif est de transformer entièrement le Code de la route,
puisque nous aurons l'occasion, d'ici quelques semaines ou quelques mois,
d'analyser un tel projet de loi. Ce projet de loi qui touche un secteur
particulier ou important de la société québécoise
est un projet ponctuel qui veut régler une situation qui dure
déjà depuis plusieurs années. Je voudrais d'abord, dans un
premier temps, essayer de placer ce projet de loi dans son contexte global, en
expliquer ensuite les modalités et, enfin, conclure, Mme le
Président, en résumant ces principales propositions.
On sait que le gouvernement du Québec doit investir chaque
année des millions de dollars dans la construction routière et
dans son entretien. Par exemple, cette année, en 1978/79, le
ministère des Transports a dépensé près de $400
millions à son programme de construction du réseau routier et
plus de $250 millions à son programme de conservation. Aussi est-il
nécessaire d'essayer de réduire ces coûts
considérables et surtout de protéger nos investissements,
d'autant plus que le climat que nous connaissons au Québec,
particulièrement lors des périodes de gel et de dégel,
rend notre réseau routier beaucoup plus vulnérable que dans des
pays dont le climat est plus tempéré et moins fluctuant. (21 h
40)
II est naturellement impossible pour le ministère des Transports
d'éviter toute détérioration de son réseau, puisque
la fonction essentielle du ré- seau routier est de permettre le
mouvement des personnes et des biens de façon efficace et
économique. Mais notre réseau routier est construit de
façon à pouvoir supporter une limite de charge ou de poids
au-delà de laquelle la chaussée se détériore
beaucoup plus vite. Par exemple, certaines analyses du ministère que
nous possédons sur le coût révèlent qu'un essieu
portant une charge de 7000 à 12 000 livres occasionne une
détérioration du revêtement qui implique des frais annuels
d'entretien environ huit fois supérieurs à l'essieu d'une voiture
ordinaire. Aussi est-il nécessaire de contrôler les charges
lourdes par une réglementation qui doit prévoir des limites aux
charges qui peuvent s'engager sur les différents types de routes, ainsi
que sur nos ponts qui pourraient s'effondrer si on faisait ainsi circuler
librement les camions lourds.
La sanction imposée contre ceux qui commettent des infractions
contre la réglementation du ministère est naturellement
l'imposition d'amendes. Il faut bien comprendre que, si ces contrôles et
ces amendes n'existaient pas, il est facile de réaliser que les
transporteurs de biens circuleraient avec des charges les plus
élevées possible afin de réaliser des économies de
transport et, donc, des profits plus considérables. Mais le citoyen, qui
doit, lui aussi, défrayer le coût de construction et d'entretien
du réseau routier, devrait donc, pour autant, payer de plus en plus cher
sous forme de taxes pour sa conservation.
Il s'agit donc pour le ministère des Transports du Québec
et pour le gouvernement du Québec de concilier deux objectifs au plan
économique: d'abord, protéger les investissements publics dans le
réseau routier et, en même temps, permettre aux transporteurs
routiers de transporter les biens aux coûts les plus bas possible, afin
de répondre aux exigences des expéditeurs et de conserver une
certaine concurrence entre les différents modes de transport.
Il est certain, Mme le Président, que l'imposition de telles
amendes ne plaît pas aux transporteurs, particulièrement aux
petits camionneurs dont l'entreprise se situe bien souvent à la marge de
la rentabilité financière. Ces petits transporteurs sont
quelquefois littéralement coincés entre les expéditeurs et
les clients et, dans bien des cas, ne possèdent aucun levier de
négociation. C'est, d'ailleurs, pourquoi j'ai dû intervenir dans
le secteur du camionnage en vrac en juin 1977 afin de donner à cette
catégorie de petits transporteurs un instrument de négociation
par l'intermédiaire des postes d'affectation régionaux où
ils sont maintenant regroupés. Ces petits transporteurs devaient, bien
souvent, se résoudre, en vue de rentabiliser leurs opérations,
à transporter des charges plus lourdes que ne le permettait la loi. Ils
se sont vu imposer des amendes qui, selon le système actuel, ne sont pas
toujours en rapport avec le dommage causé par la surcharge. C'est
pourquoi, à plusieurs reprises, ces camionneurs ont refusé de
payer les amendes imposées qui étaient il faut en convenir
souvent ssez exorbitantes.
D'ailleurs, même le gouvernement précédent, par
l'intermédiaire du ministre des Transports du temps, M. Mailloux,
député de Charlevoix, avait, dans un cas je pense, annulé
ces amendes puisque nous étions pratiquement dans l'impossibilité
d'exiger des amendes aussi lourdes de la part des transporteurs. Par ailleurs,
il faut bien que le réseau routier soit conservé et éviter
des montants exorbitants pour son entretien. Il faut bien aussi que les lois
soient respectées. Il fallait donc trouver un système qui soit
applicable tout en protégeant notre réseau routier. Certains
transporteurs, par l'intermédiaire de leur association, sont intervenus
à plusieurs reprises auprès du ministre des Transports actuel et,
je présume, auprès de l'ancien ministre des Transports, M.
Mailloux, pour essayer d'augmenter à la fois les charges axiales et la
charge totale des véhicules de transport.
Il faut bien comprendre ceci. Nous sommes déjà
actuellement, au moment où je vous parle, au-delà de tout ce qui
est permis dans les autres provinces canadiennes. Nos charges tant axiales que
totales sont déjà supérieures à ce qu'on permet
ailleurs. Pour autant, notre climat, particulièrement en périodes
de gel et de dégel, est encore moins favorable que cela peut être
le cas, par exemple, en Ontario ou dans d'autres provinces. Après avoir
entendu les différentes parties, après avoir travaillé en
collaboration avec les différentes associations et après leur
avoir fourni toutes les informations concernant les lois des différentes
provinces, après avoir constaté ensemble que nous étions
déjà au-delà de ce qui était permis par d'autres
provinces, j'en suis normalement venu à la conclusion qu'il était
extrêmement difficile, au nom de la protection de notre réseau
routier et de sa conservation, d'augmenter ces charges qui sont
déjà assez lourdes.
Par ailleurs, dans bien des cas, une augmentation des coûts de
transport peut entraîner la fermeture d'entreprises et surtout de petites
entreprises industrielles qui fonctionnent au seuil de la rentabilité.
C'est d'ailleurs ce qui risquait de se produire, en mai dernier, dans le cas
des transporteurs de bois de l'Estrie et à l'automne 1977, alors que les
transporteurs de bois se sont regroupés pour faire une manifestation et
demander au ministre des Transports de ne pas appliquer la loi, ce qui
était naturellement inacceptable.
Dans le cas de l'Estrie, les protestations et le refus de transporter de
la part des camionneurs, face aux infractions reçues et aux amendes qui
en découlaient, menaçaient d'entraîner la fermeture des
usines Kruger à Bromptonville et à Trois-Rivières, ainsi
que d'autres petites entreprises forestières particulièrement
regroupées sous forme de coopératives. J'ai reçu des
télégrammes de ces entreprises me demandant d'intervenir comme de
la part des camionneurs. J'ai d'ailleurs reçu plusieurs questions
à l'Assemblée nationale concernant ces conflits et me demandant
d'intervenir, d'essayer de trouver des solutions pour éviter que ces
citoyens, que ces petits camionneurs surtout, soient aussi fortement
pénalisés que le prévoyait la loi. (21 h 50)
Dans ce cas en particulier, les camionneurs devaient faire le ramassage
du bois sur les terres des cultivateurs avec un équipement assez lourd,
ceci réduisant naturellement leur charge utile et leur charge payante.
Il s'agissait d'une opération qui n'était pas tellement rentable,
car les amoncellements de bois étaient répartis ici et là
sur les terres des producteurs agricoles. C'est souvent le cas dans d'autres
régions du Québec.
Ces transporteurs recevaient un taux de transport qui était
fixé, de façon indirecte, entre l'Union des producteurs agricoles
et les utilisateurs. Il s'agissait, en définitive, d'un montant
résiduel laissé aux transporteurs dans le cadre de ces
négociations.
Le cas que je viens de citer et je pourrais parler du cas de
Chandler, que le chef de l'Opposition officielle, je pense, connaît assez
bien n'est qu'un exemple parmi tant d'autres et illustre la situation de
certains petits transporteurs qui doivent fonctionner à la marge de la
rentabilité.
À titre de ministre des Transports, je devais donc tenter de
concilier mes deux objectifs fondamentaux, soit la protection du réseau
routier et aussi le mouvement efficace et économique des biens dans une
perspective économique plus globale.
Je vous avoue, Mme le Président, que cela n'est pas toujours
facile et, dans certains cas, les transporteurs doivent assumer des contraintes
qui ne leur sont pas propres, j'en conviens, mais qui sont
révélatrices de situations prévalant dans d'autres
secteurs de l'activité économique.
Je conviens qu'il serait beaucoup plus facile de permettre aux
transporteurs d'éviter cette réglementation, mais en même
temps nous devrions, comme je l'indiquais, payer des coûts beaucoup plus
considérables pour la construction, la conservation et l'entretien de
notre réseau routier.
C'est donc pourquoi, Mme le Président, à la suite de
nombreuses discussions, à la suite de la création de
différents comités et de rencontres entre les différentes
associations de camionneurs et les fonctionnaires du ministère des
Transports, je propose, dans le projet de loi modifiant le Code de la route,
soit le projet de loi 86, un nouveau calcul de l'amende qui soit progressif
avec la surcharge constatée et qui soit en même temps plus en
relation avec la détérioration du réseau routier.
Actuellement, comme je le soulignais tout à l'heure, il n'existe pas de
rapport entre l'importance de l'amende et les dommages causés par la
surcharge, surtout à cause du fait qu'il n'est pas tenu compte, dans le
calcul de l'amende, du nombre d'essieux supportant une surcharge; par exemple,
il est certain qu'une surcharge de 8500 livres, dans un camion qui peut
transporter 53 000 livres, qui serait répartie sur quatre essieux
causerait moins de dommages que si elle était répartie sur trois
essieux. Ainsi, certains camionneurs se voyaient imposer de lourdes amendes
pour une surcharge bien minime, souvent, à cause du nombre d'essieux en
jeu, alors qu'ils n'avaient causé que très peu de dommage au
réseau routier. Le projet de loi a donc pour but de corriger cette
situation par
une formule plus complexe, mais qui rend justice aux petits
camionneurs.
J'aurai l'occasion, Mme le Président, de donner les tables,
toutes les explications sur cette formule et de donner aux membres de la
commission parlementaire des transports toutes les informations
nécessaires qui leur permettront de comprendre très facilement
cette formule. Dans cette même optique, les tables de calcul ont
également subi une modification pour faire en sorte que l'importance des
amendes s'accentue plus rapidement lorsqu'il y a surcharge sérieuse que
lorsqu'il n'y aura qu'une surcharge légère. Il est naturel, Mme
le Président, que ceux qui causent plus de dommages au réseau
routier paient plus cher. Il résulte de ce nouveau mode de calcul que
l'amende s'appliquant aux faibles surcharges sera inférieure à
celle qui était prescrite par l'ancienne loi, à l'article 49b du
Code de la route, mais beaucoup plus élevée pour les fortes
surcharges.
Je voudrais, Mme le Président, si vous me le permettez, donner
deux cas qui me permettraient d'expliciter ce que je veux souligner. Je prends,
par exemple, le véhicule de trois essieux qui possède une charge
légale de 57 000 livres. Si ce véhicule transporte une charge de
63 000 livres, il y a donc une surcharge de 6000 livres. L'amende actuelle,
telle que prévue par la présente loi, serait de $220 et l'amende
en vertu du nouveau système sera de $100. Si je prends maintenant un
véhicule le même véhicule de trois essieux
avec charge légale de 57 000 livres qui transporterait une charge de 87
000 livres donc, une surcharge de 30 000 livres, l'amende actuelle telle que
prévue par la loi serait de $700 alors que l'amende proposée
je suis convaincu que c'est assez marginal dans ces cas par le
projet de loi que je vous soumets sera de $1370.
Finalement, les dispositions. Si, Mme le Président
quelques mots sur cela nous voulons établir des amendes plus
progressives c'est justement pour amener les gens qui causent des dommages plus
considérables à payer plus et, en même temps, éviter
que ces dommages ne soient causés et imposent des contributions plus
importantes aux citoyens du Québec pour l'entretien et la conservation
de leur réseau routier.
Finalement, les dispositions du projet de loi, s'il est adopté,
seront rétroactives au 1er janvier 1977. Je dis bien au 1er janvier
1977. Mais seulement dans les cas où le nouveau calcul avantage celui
qui a commis une infraction. Je m'explique. C'est que beaucoup de camionneurs,
beaucoup de petits transporteurs ont refusé jusqu'ici de payer les
amendes et les ont accumulées. Comme je le soulignais tout à
l'heure, ces amendes étant tellement lourdes, il était vraiment
difficile pour le gouvernement du Québec de leur imposer ces amendes. En
collaboration avec le ministre de la Justice, puisque nous travaillons pour
l'amélioration de cette réglementation, nous avons
décidé de retarder l'envoi de ces amendes, quitte à
soumettre à l'Assemblée nationale une nouvelle
réglementation. Ce sera donc cette nouvelle réglementation qui
s'appliquera, pour autant qu'elle favori- se les transporteurs. Mais je dois
dire, Mme le Président, qu'aucun transporteur fautif ne sera
appelé à débourser un montant d'argent plus grand que
celui qu'il a déjà payé ou de celui qu'il aurait
payé s'il avait payé ces amendes en vertu de cette disposition
rétroactive. (22 heures)
Les transporteurs touchés sont donc tous ceux qui ont
actuellement des causes pendantes devant les tribunaux et tous ceux qui ont
payé une amende pour surcharge depuis le 1er janvier 1977. Cela touche
environ, Mme le Président, 8000 petits camionneurs du Québec.
Dans le cas où les camionneurs auraient payé une surcharge
depuis le 1er janvier 1977, le projet de loi prévoit une disposition par
laquelle le ministre des Finances est autorisé à rembourser le
trop-perçu par le gouvernement en vertu des nouvelles règles de
calcul. Je dois dire qu'il y a déjà eu des
précédents au projet de loi actuel. En effet, le chapitre 55 des
Lois du Québec de 1972 prescrivait certains taux d amendes qui furent
modifiés en 1973 selon la proposition que je vous soumets.
Cette rétroactivité ne résulte pas du fait que j'ai
tardé à prendre des mesures appropriées.
Déjà, à l'automne de 1977, je créais un
comité pour étudier les problèmes du transport du bois
à la suite des difficultés survenues à Chandler et dans
d'autres régions du Québec, soit aussi l'Estrie. Une des
difficultés que ce comité devait étudier pour,
subséquemment, me faire des propositions était le fait que les
usines payaient le bois...
Le Président: M. le ministre des Transports, je regrette
de vous interrompre, mais je me dois de vous rappeler, suivant les dispositions
de notre règlement, qu'il est maintenant 22 heures et qu'on devra
continuer ce débat à un autre moment.
M. Duhaime: M. le Président, si nos collègues
étaient d'accord, je proposerais l'arrêt de la pendule pour
environ trois minutes, de sorte que dans quatre minutes il serait 21 h 59.
Notre collègue pourrait terminer son intervention de deuxième
lecture et nous pourrions ensuite ajourner ce débat...
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Duhaime: ... et procéder aux deux
minidébats.
Le Président: Alors, si je comprends bien, la
présidence est autorisée à arrêter l'horloge trois
minutes.
M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, cela ne sera pas très
long. Une des difficultés que ce comité devait étudier
pour, subséquemment, me faire des propositions était donc le fait
que les usines payaient le bois au volume de bois reçu et accepté
au plan de la qualité, alors que les taux de transport sont
établis au poids. De plus, il s'avérait très difficile
pour le transporteur d'évaluer le poids d'une façon exacte
lorsque le bois transporté est un mélange de feuillus ou de
résineux allant du bois vert au bois plus ou moins séché
ou au bois sec.
J'avais émis un communiqué de presse le 5 décembre
1977 afin d'introduire, au printemps de 1978, un nouveau mode de contrôle
de la pesanteur du bois. On sait que ce nouveau mode de contrôle est plus
simple d'application et permet au transporteur d'évaluer lui-même
les limites de charge en vigueur. Je peux dire que ce système fonctionne
bien.
De plus, à la suite des démarches que j'ai entreprises en
mai dernier avec mes collègues, le ministre de l'Agriculture et celui
des Terres et Forêts, le mode de paiement pratiqué par plusieurs
usines de pâtes et papiers a été modifié et cela a
amélioré la situation des transporteurs.
Enfin, je propose de plus, dans ce projet de loi, que le système
international de mesures soit utilisé pour se conformer à la
nouvelle réglementation.
En terminant, je voudrais résumer comme suit le projet de loi qui
veut conserver notre réseau routier en évitant sa
détérioration. Pour ce faire, il maintient une
réglementation de contrôle des charges trop lourdes et
d'imposition d'amendes en cas d'infraction. Il veut en même temps rendre
ces amendes plus conformes aux dommages causés à la route. Il
veut réduire les amendes trop lourdes qui étaient exigées
des petits transporteurs et rendre ce système de pénalisation
rétroactif au 1er janvier 1977, ce qui aide l'ensemble des
transporteurs.
Enfin, il veut pénaliser encore plus sévèrement
ceux qui causent de lourds dommages à notre réseau routier et
éviter ainsi que les contribuables québécois soient dans
l'obligation de payer plus fortement la conservation de ce réseau. Je
pense donc que ce projet de loi sera bien reçu et des transporteurs qui
exigeaient des correctifs depuis plusieurs années et aussi, je pense,
des membres de l'Assemblée nationale qui sont intervenus à
plusieurs reprises auprès du ministre des Transports pour essayer de
faire corriger la situation.
Merci.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander l'ajournement du débat?
Le Président: Alors, nous prenons acte de votre demande,
M. le député de Charlevoix.
Mini-débat relatif à la formation des
physiothérapeutes et des ergothérapeutes
Avant de prononcer l'ajournement des travaux de la Chambre, je voudrais
rappeler les membres de l'Assemblée nationale aux deux avis qui ont
été lus, cet après-midi, à l'Assemblée. Le
premier, c'est celui de Mme le député de L'Acadie sur le sujet
suivant: la qualité de la formation académique et professionnelle
des physiothérapeutes et ergothérapeutes, selon les exigences de
leur corporation.
Mme le député de L'Acadie, en vous rappelant les
règles de ce mini-débat, vous avez cinq minutes pour soulever
votre question.
Mme le député de L'Acadie, puis-je vous demander, question
de décence, je pense, puisque le ministre de l'Éducation
était là il y a quelques secondes à peine, qu'on appelle
le ministre de l'Éducation? Le voici.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas été obligé
de sonner la cloche, M. le Président.
Le problème qui a été soulevé cet
après-midi, à l'Assemblée nationale, à savoir la
suppression de la période d'internat pour les étudiants en
réadaptation, a des répercussions importantes sur la
qualité de la formation de ces professionnels tout autant que sur la
qualité des soins de santé pour la population. Sans aucun doute,
le ministre des Affaires sociales, cet après-midi, a insinué
allègrement que les étudiants en physiothérapie et en
ergothérapie s'accrochent au concept d'internat, parce qu'il y a un
salaire qui s'y rattache. Je crois qu'il y a, au contraire, tout lieu de croire
que c'est le gouvernement qui est prêt à sacrifier la
qualité des soins de santé et de la formation professionnelle
à des considérations trop strictement budgétaires.
Le ministre de l'Éducation nous disait cet après-midi que
la décision d'intégrer l'internat de quatre mois au cours
régulier de trois ans n'avait pas été prise à la
légère, mais faisait suite à un rapport intitulé
opération sciences de la santé. Je pense qu'il ne faudrait pas
oublier qu'il s'agit d'un rapport qui a été fait par le
ministère des Affaires sociales en collaboration avec le
ministère de l'Éducation, mais que les universités et
corporations professionnelles n'y ont pas pris part. Aussi faudrait-il
s'assurer de la participation de ces dernières qui sont les
premières concernées dans la formation des étudiants et
dans la qualité des services.
Il semble bien que le ministère de l'Éducation a pris
cette décision unilatéralement et pourtant, en 1975, le
président de l'Office des professions faisait une mise en garde contre
l'intervention du gouvernement dans les programmes d'enseignement et de leur
attitude à donner directement accès à l'exercice des
professions. Il semble bien que, si le gouvernement ne l'a pas fait d'une
façon directe, il l'a fait d'une façon indirecte en demandant aux
universités d'intégrer l'internat au cours régulier pour
les étudiants en réadaptation, alors qu'il ne leur a pas
donné l'aide financière nécessaire pour faire cette chose
et qu'également il ne donne pas aux étudiants les ressources
financières pour pouvoir assumer une session supplémentaire tel
que le demandent les universités.
Les contraintes budgétaires du gouvernement nous sont
rappelées constamment, mais je pense qu'elles exigent que le
gouvernement soit le plus
transparent possible quant aux motifs qui l'incitent à faire des
coupures dans un domaine plutôt que dans l'autre, surtout quand elles
touchent la qualité de la formation des étudiants et des services
de santé à la population. Le ministre pourrait-il donc nous
assurer qu'il nous déposera les données pédagogiques ou
professionnelles qui l'incitent à supprimer l'internat ou à
l'intégrer au cours régulier, ce qui aurait le même effet
puisqu'on ne peut possiblement intégrer 600 heures d'internat à
des cours réguliers sans compromettre la qualité de ces cours?
C'est d'ailleurs ce que les universités font valoir que ceci est
impossible sans diminuer considérablement la qualité des cours et
de la fonction des étudiants. (22 h 10)
Le ministre peut-il nous assurer aussi que les universités auront
l'aide financière nécessaire dont elles ont besoin pour
s'acquitter de cette nouvelle responsabilité que le ministère de
l'Éducation veut leur confier et de même qu'il assurera l'aide
financière aux étudiants qui dans une session
supplémentaire, si telle est la solution qui normalement est souhaitable
et devrait être retenue, n'auraient pas accès aux prêts et
bourses puisque normalement ils devraient travailler dans la même
année et qu'il ne s'agirait que d'une partie d'année? Finalement,
le ministre peut-il nous assurer que les exigences de la corporation
professionnelle, qui exige 1200 heures de stage et d'internat seront
respectées de telle sorte que les étudiants pourront jouir d'une
mobilité puisque, dans le cas des corporations des
ergothérapeutes et des physiothérapeutes, il s'agit de
professions dont les standards devraient respecter et respectent actuellement,
d'ailleurs, les standards des autres provinces et ceux de toute
l'Amérique du Nord? Je pense qu'il s'agit, M. le Président, d'une
question extrêmement importante qui touche à la formation
professionnelle de ces étudiants dans le domaine de la santé et
également, d'une façon encore plus évidente, à la
qualité des soins qui seront prodigués éventuellement
à la clientèle des services de santé ou des institutions
de santé. Merci, M. le Président.
Le Président: Merci, Mme le député de
L'Acadie. Je note que vous avez respecté rigoureusement les cinq minutes
qui vous étaient allouées et j'ai la certitude que M. le ministre
de l'Éducation fera de même.
M. le ministre de l'Éducation.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, voilà une
question qui remonte à la décision du ministère des
Affaires sociales de mettre fin à la rémunération des
physiothérapeutes et des ergothérapeutes en juillet 1977. Dans le
sillage de l'opération sciences de la santé, le ministère
des Affaires sociales était d'avis que l'internat, comme on l'appelle,
devait prendre la forme d'un stage clinique qui, bien sûr, aurait
été dispensé en milieu de santé, comme le veut
l'expression, mais du même coup intégré au programme de
formation universitaire et professionnelle, c'est-à-dire intervenant
avant l'octroi du diplôme de bachelier.
L'Opération sciences de la santé a analysé, en
effet, le type d'internat, si on peut l'appeler de la sorte, des
physiothérapeutes et des ergothérapeutes. Les rédacteurs
du rapport estimaient que cette formation n'était pas satisfaisante
parce qu'elle était dispensée l'été, au moment
où les hôpitaux connaissaient leur taux d'occupation le plus bas
et au moment où l'encadrement laissait à désirer.
L'Opération sciences de la santé concluait que des stages
cliniques seraient préférables avec un encadrement réel
par des enseignants, par des moniteurs, et qu'ils devraient faire l'objet d'une
évaluation également réelle. Le ministère des
Affaires sociales est enclin à penser qu'il n'y a pas de
différence entre ceux qui ont fait l'internat enfin, il n'en a
pas observé et ceux qui ne l'ont pas effectué, parce que
la qualité de l'encadrement laisse à désirer. La nouvelle
politique du ministère des Affaires sociales découle d'une
politique de collaboration entre le MAS et le MEQ dans l'organisation des
stages, laquelle, soit dit en passant, remonte à juin 1976, au moment
où l'ancien gouvernement était responsable de ce dossier.
Mme le député de L'Acadie a oublié de nous
souligner, au passage, ce petit détail, mais passons. Toujours est-il
que nous avons hérité de ce dossier. Le ministre des Affaires
sociales l'a mis en vigueur en juillet 1977 et, comme on le sait, cela a fait
l'objet d'un moratoire jusqu'au 10 novembre 1978. Les stages sont
terminés en ce moment et je ferai observer qu'il est tout de même
urgent de régler ce problème puisqu'ils reprendront en avril
1979, s'ils sont maintenus, naturellement. Devant l'abrogation du salaire des
physiothérapeutes et des ergothérapeutes, quelle est l'attitude
des intéressés? J'entends les étudiants, bien sûr,
au premier chef, leurs corporations professionnelles, les universités,
l'Office des professions et le ministère de l'Éducation. Il est
important, je pense, de comprendre l'attitude de chacune des parties
concernées si on veut trouver un dénouement raisonnable à
cet imbroglio. Les corporations professionnelles semblent soucieuses de
conserver le statu quo. Elles nous l'ont dit; d'ailleurs, elles soutiennent que
les 600 heures d'internat sont absolument nécessaires pour la
qualité de la formation et aussi parce que, disent-elles, nous devons,
pour fins d'accréditation, nous conformer aux normes des associations
pancana-diennes, lesquelles sont d'ailleurs en réalité
copiées sur les normes américaines, lesquelles, soit dit en
passant, ne tiennent pas du tout compte du système
québécois et de l'existence en particulier des cégeps et
des universités, ce qui fait que nos étudiants ont en
général une formation plus complète que celle qui se
dispense ailleurs. Mais passons là-dessus pour l'instant puisque nous
avons si peu de temps pour les fins de ce débat.
Les étudiants, évidemment, sont également en faveur
du statu quo, cela se comprend. D'abord, ils sont soucieux que la
qualité de leurs cours ne
s'en ressente pas et, de même, ils étaient soucieux de
conserver un salaire uniformisé depuis avril 1977 qui leur rapportait
$401 par mois, ce qui n'est pas négligeable. L'Office des professions,
de son côté, travaille à un projet de règlement
nouveau puisque l'actuel règlement, celui qui est en vigueur, expire en
juin 1979. Les universités, quant à elles, estiment que
l'intégration des stages à l'enseignement universitaire
entraînera nécessairement un certain allongement pour
reprendre les termes de l'un des vice-directeurs de la durée des
études au-delà des six trimestres qui sont actuellement
consacrés à la formation des physiothérapeutes et des
ergothérapeutes, bien que l'intégration devrait permettre, nous
disent-ils, une certaine économie de temps.
Venons-en maintenant très rapidement à l'attitude du
ministère de l'Éducation devant ce problème. Il me
paraît urgent de le régler puisque les stages qui doivent avoir
lieu devraient reprendre en avril prochain.
Nous sommes soucieux, M. le Président, que l'intégration
des stages, si elle doit avoir lieu, n'entraîne pas la prolongation de la
durée des programmes de baccalauréat; c'est l'attitude que nous
avons prise d'ailleurs à l'égard de la formation en
diététique, en septembre 1977. Nous sommes également
soucieux de ne pas augmenter les coûts de formation qui sont
déjà considérables, comme on le sait. Cependant, je tiens
à dire, M. le Président, et je tiens à assurer
également Mme le député de l'Acadie, que j'entends
conserver l'esprit le plus ouvert possible devant cette question; je comprends
d'ailleurs fort bien l'anxiété des étudiants.
En définitive, c'est aux universités qu'il appartient
d'évaluer les besoins de formation des futurs professionnels; elles font
partie, d'ailleurs...
Le Président: M. le ministre de l'Éducation, on me
rappelle que votre temps est écoulé. Je supposais qu'il y avait
un consentement tacite et que vous vouliez entendre le reste de la
réponse.
Les règles sont égales, alors je suis obligé de
vous interrompre là, M. le ministre de l'Éducation.
M. Morin (Sauvé): C'est dommage, d'une certaine
façon, puisque Mme le député de l'Acadie n'aura pas la
réponse qu'elle attendait.
Mini-débat relatif a l'internat des
étudiants en réhabilitation
Le Président: Nous en sommes maintenant au deuxième
mini-débat. Ce mini-débat, cette fois, a été
demandé par M. le député d'Outremont et porte sur le sujet
suivant: La suppression de l'internat des étudiants en
réhabilitation.
M. le député d'Outremont, vous avez cinq minutes pour
soulever la question. (20 h 20)
M. André Raynauld
M. Raynauld: Merci, M. le Président. En effet, nous avons,
de ce côté-ci de la Chambre, posé des questions, cet
après-midi, sur les régimes d'internat des étudiants en
réhabilitation et les réponses que nous avons obtenues ne sont
pas adéquates. Cela, pour deux raisons, la première a trait
à la rémunération du régime d'internat; c'est un
problème que je voudrais bien distinguer du second qui portera,
celui-là, sur l'existence même ou le bien-fondé d'un
régime d'internat.
Quant au premier problème, le ministère des Affaires
sociales a pris une décision de supprimer la rémunération
à ces régimes d'internat, rémunération d'une
centaine de dollars par semaine; cela vient en contradiction avec la politique
qui a été suivie jusqu'à maintenant internat aussi
qui est exigé aussi on peut le rappeler par les
corporations professionnelles.
La réponse que le ministre nous a donnée sur le sujet de
la rémunération proprement dite consiste à dire que cela
serait injuste, puisque les stagiaires ne reçoivent pas de
rémunération, eux. Cette comparaison, à mon avis, n'est
pas valable aussi longtemps que le régime d'internat ne sera pas
intégré dans un programme d'enseignement proprement dit. Je pense
que cela n'est pas un stage. Les stages consistent en une formation pratique
intégrée à l'intérieur des programmes, tandis qu'un
régime d'internat, au contraire, est un régime d'application
également, de formation pratique et professionnelle, mais régi
par les corporations qui suivent donc l'enseignement universitaire et qui est
en réalité suivi après l'obtention d'un
baccalauréat en réhabilitation.
Par conséquent, je pense qu'aussi longtemps qu'on n'a pas
intégré le régime d'internat on ne peut pas dire que ce
régime d'internat rémunéré serait équivalent
à rémunérer des stages. On met donc la charrue devant les
boeufs. On supprime d'abord le salaire avant d'avoir disposé du
problème de fond qui est celui du régime d'internat.
J'en arrive maintenant au deuxième point que je voudrais, comme
je l'ai dit tout à l'heure, bien distinguer du premier. C'est celui
c'est le problème de fond de l'existence du
bien-fondé des régimes d'internat. Si l'on ne veut pas confondre
les problèmes et si on ne veut pas faire de sémantique, il est
exact de dire que le ministère des Affaires sociales a
décidé, somme toute, qu'il n'y aurait plus de régime
d'internat. En voulant intégrer cette formation pratique à
l'intérieur des sessions régulières d'enseignement, on
supprime, à toutes fins utiles, le régime d'internat tel qu'il
existe. On le supprime puisqu'on ne peut pas le confondre avec, comme je l'ai
dit tout à l'heure, les régimes de stages. En fait, on a
supprimé le problème. Quelqu'un a mal à la tête, on
dit: Vous avez mal à la tête, vous n'avez qu'à ne plus
avoir de tête et vous n'aurez plus mal. On a supprimé le
problème, puis les étudiants sont inquiets parce qu'ils pensent
et ils ont de bonnes raisons de penser qu'au fond de tout cela c'est
l'existence du régime d'internat et c'est l'existence même du
diplôme universitaire en réhabilitation qui sont en jeu. Ce n'est
plus une question de rémunération, c'est une question de
formation et de l'existence d'un diplôme pour cette formation.
Les étudiants ont raison de douter de cela puisque des
affirmations ont été faites, en particulier par le sous-ministre
de l'Éducation, en ce sens que non seulement les internats
n'étaient pas nécessaires, mais que la formation en
réhabilitation pourrait très bien se faire au niveau
collégial plutôt qu'au niveau universitaire. On a...
Mme Lavoie-Roux: Le sous-ministre l'a dit.
M. Raynauld: II y a des lettres qui existent. Le sous-ministre
l'a affirmé. J'ai moi-même lu les lettres. Ensuite, le
ministère des Affaires sociales, à la réunion du 3 mai
1978, a proposé d'engager les étudiants en réhabilitation
dès après le baccalauréat, sans programme de formation
pratique. Par conséquent, je crois qu'ils ont raison.
Le deuxième problème que cela pose, c'est que si on veut
encore une fois intégrer les programmes...
Le Président: M. le député
d'Outremont...
M. Raynauld: Pas déjà, M. le Président.
Le Président: ... dois-je vous rappeler...
Mme Lavoie-Roux: II pourrait au moins...
Le Président: ... que votre temps est déjà
écoulé.
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, je regrette que le
député d'Outremont ne soit pas ici pour entendre réponse
à ses questions. Je veux d'abord essayer de diminuer cette espèce
d'importance démesurée qu'on a donnée à la
qualité de la formation et la qualité des soins en
prétendant que le fait de discontinuer le paiement d'un salaire
d'internat avait pour effet de compromettre la qualité de la formation
et la qualité des soins.
M. le Président, je vais rappeler au député de
L'Acadie et au député d'Outremont qui est absent la chose
suivante. Dans toutes les disciplines de la santé, actuellement, qu'il
s'agisse des soins infirmiers, de la psychologie, du travail social que
Mme le député de L'Acadie connaît bien il existe des
stages pratiques de formation qui ne sont pas rémunérés;
qui ne sont pas rémunérés et qu'on appelle stages. Cette
querelle de mots entre internat et stage est tout à fait stérile.
Quand le député d'Outremont essaie de faire croire à cette
Assemblée qu'en discontinuant un internat on pose un geste qui va
à l'encontre de la formation pratique, nous disons que c'est laisser
entendre à la population que nous sommes irresponsables; ce que nous ne
sommes pas.
Nous disons aux physiothérapeutes étudiants, aussi bien
qu'aux ergothérapeutes et aux universi- tés qu'il est possible
d'intégrer dans leur formation, au cours des trois années, cette
formation pratique. Les diététistes l'ont fait, il y a deux ans.
Les diététistes avaient aussi un internat qui était
rémunéré et les diététistes ont
réussi, en collaboration avec l'Éducation, les Affaires sociales
et les universités, à insérer dans les trois années
d'études universitaires tous les stages pratiques qu'ils faisaient, sans
rémunération.
Alors, il ne faut quand même pas déformer la
vérité à ce point-là. Je dirais aussi que,
dès avril 1976 il y a quand même des recommandations ou des
décisions de l'ancien gouvernement qui étaient valables et en
voilà une le rapport de l'Opération sciences de la
santé, à la recommandation 5853, disait: "Que les corporations
professionnelles et les universités voient à intégrer tous
les stages en milieu de santé à des programmes universitaires
sous la responsabilité de l'université, en étroite
collaboration avec la corporation concernée". C'est ce que nous voulons
faire et, en terminant, je pense que...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais rectifier les choses.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
M. Lazure: ... les stages pratiques qui sont nécessaires
à la future compétence des physiothérapeutes et des
ergothérapeutes doivent être constamment intégrés.
Je ferais appel, en terminant, à la compréhension des
étudiants en physiothérapie et en ergothérapie, par
égard pour leurs confrères étudiants de toutes les autres
disciplines qui n'ont pas de salaire pour leurs stages; je ferais appel
à leur sens de l'équité et je ferais appel aux membres de
l'Opposition pour leur demander de ne pas inquiéter inutilement la
population. Merci.
Des voix: Bravo!
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: J'allais justement, M. le Président, vous
proposer cette motion que nous ajournions nos travaux à demain, 15
heures, en rappelant par ailleurs que, demain, deux commissions siègent,
les consommateurs au salon rouge et la commission de l'immigration, à la
salle 81-A.
Le Président: Alors, est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, l'Assemblée
ajourne ses travaux à demain, 15 heures.
Fin de la séance à 22 h 30