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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le ministre des Affaires intergouvernementales.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
M. Morin (Louis-Hébert): M. le Président, je le
ferai demain matin, j'ai un petit délai.
Le Président: M. le ministre délégué
à l'environnement.
Rapport du Conseil consultatif de
l'environnement
M. Léger: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport des activités du Conseil consultatif de
l'environnement pour l'année terminée le 31 mars 1978.
Le Président: Document déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Limoilou. M. le député de Lac-Saint-Jean
au nom de M. le député de Limoilou.
Rapport de la commission ayant étudié le
projet de loi no 103
M. Brassard: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente des affaires
sociales qui s'est réunie les 12, 13, 15 et 19 décembre 1978,
pour étudier article par article le projet de loi no 103, Loi modifiant
la Loi sur les services de santé et les services sociaux et d'autres
dispositions législatives. Elle l'a adopté avec des
amendements.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales. M. le député de
Charlevoix.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Exode de sièges sociaux
M. Mailloux: M. le Président, ma question s'adressait au
ministre des Transports mais il ne semble pas ici. Je pourrais la
retenir...
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au développement économique. Je suppose que le
ministre a déjà pris connaissance de l'étude sur les
sièges sociaux que le Conseil du patronat du Québec vient de
rendre publique. Je voudrais lui demander à cet égard s'il est
disposé à reconnaître l'ampleur du phénomène
des départs des sièges sociaux proprement dits, s'il est
disposé à aller au-delà de son étude pour
reconnaître aussi l'importance du vidage qui est en train de se faire
à l'intérieur des sièges sociaux qui restent. Compte tenu
de cela, est-ce qu'il a l'intention d'entreprendre un travail constructif
visant à freiner ce mouvement? En second lieu, est-ce qu'il serait
disposé à participer à des groupes de travail, à
des centres d'action dont l'un est proposé par le Conseil du patronat du
Québec pour que les sièges sociaux de Montréal restent ici
et pour attirer d'autres entreprises nationales ou internationales?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: A la toute première partie de la question, non,
je n'ai pas pris connaissance de l'étude du Conseil du patronat.
Cependant, je le ferai avec grand intérêt. Quant au reste, lorsque
l'étude de l'OPDQ a été rendue publique je ferai
remarquer en passant que c'est le premier pas vers toute action
sérieuse; le député d'Outremont sait comment les
politiques économiques se bâtissent, il faut d'abord avoir des
données chiffrées le premier pas était de
constituer cette banque de données. L'Office de planification a fait un
travail extraordinaire et c'est fait. Le seul inconvénient, la seule
ombre au tableau, c'est qu'un phénomène qui se développait
depuis 25 ans n'avait pas encore été analysé par le
gouvernement du Québec. Quoi qu'il en soit, cette lacune est
comblée.
En même temps que cette étude a été rendue
publique, j'ai annoncé, ce qui a sans doute échappé au
député d'Outremont, que des contacts avaient été
pris avec les autorités de la Communauté urbaine de
Montréal, avec son président, M. Pierre DesMarais, et les
fonctionnaires économiques, en particulier M. Marcel Marion, de l'Office
d'expansion économique de la communauté. En effet, l'étude
que nous avons faite révèle que, dans le cas de grandes villes
nord-américaines de l'est en particulier, où un tel
problème s'est posé, ce sont surtout les villes elles-mêmes
qui ont opéré leur redressement ou qui ont pris des moyens pour
opérer ce redressement; ce fut le cas de New York, ce fut le cas de
Boston. Comme cela s'apparente, c'est évident, à de la promotion
industrielle, les communautés qui font de la promotion industrielle,
peuvent faire la promotion de cette activité qui est celle des
sièges sociaux.
Quoi qu'il en soit, nous avons convenu que dès le début de
1979, le gouvernement du Québec, la Communauté urbaine de
Montréal et un groupe
de citoyens montréalais intéressés aux
sièges sociaux, le groupe de M. Roger Beaulieu et de M. Germain
Perreault qui s'était constitué il y a huit ou dix mois, ces
trois interlocuteurs ensemble, avec quand même la partie la plus
importante des responsabilités dévolue à la CUM, se
mettront au travail en 1979. Ce n'est pas trop tôt pour un
phénomène qui dure depuis 25 ans. Comme je l'ai dit, cela a
opéré un renversement radical de proportions. Il y a 25 ans, il y
avait deux fois plus de sièges sociaux à Montréal
qu'à Toronto. Maintenant, c'est l'inverse. Donc, je n'ai pas à
répondre maintenant à la deuxième question: Vous
êtes conscients de l'ampleur du problème? Oui, nous en sommes
conscients et oui, nous voulons déclencher les actions qui
s'imposent.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, évidemment, comme le
ministre de l'Industrie et du Commerce l'a dit, poser le problème
correctement, c'est déjà 50% de la réponse. Alors, on pose
les problèmes. Les problèmes sont déjà connus
depuis un bon moment et les actions qui doivent être entreprises sont des
actions urgentes, à mon avis, mais il semble que le ministre d'Etat au
développement économique croit qu'il pourrait agir simplement
à travers soit la Communauté urbaine de Montréal ou
à travers des structures municipales. Je ne pense pas que ce soit la
réponse à ce problème-là.
M. Landry: M. le Président...
M. Raynauld: Je voudrais lui demander...
M. Landry:... question de règlement. Ce serait passionnant
d'avoir un débat sur cette question, c'est entendu, mais nous sommes
à la période des questions.
Le Président: La question venait M. le
député.
M. Raynauld: Oui, je voulais poser une petite question
très simple. Est-ce que le ministre est également disposé
à réexaminer les politiques du gouvernement du Québec qui
sont des facteurs bien plus déterminants pour l'attrait que peut
représenter Montréal pour des sièges sociaux? Est-ce que,
parmi ces politiques du gouvernement du Québec, il entend examiner, par
exemple, la structure des impôts? Est-ce qu'il entend examiner, par
exemple, l'infrastructure d'accueil de ces entreprises avec lesquelles il va
falloir déboucher sur des choses qui vont bien au-delà de ce
qu'une structure municipale peut fournir? Est-ce qu'il a l'intention de
regarder l'ensemble des conditions de compétitivité dans cette
industrie?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Je répondrai, M. le Président, que cela
dépend. Il est entendu que certaines des politiques de l'Etat peuvent
avoir un impact sur la venue des sièges sociaux ou le départ des
sièges sociaux. De ce point de vue, il est bon que les politiques soient
harmonisées dans la mesure du possible avec celles de nos concurrents et
partenaires, en particulier l'Ontario. De ce point de vue, nous cherchons, pour
les sièges sociaux comme pour n'importe quelle autre industrie, à
garder la position concurrentielle du Québec. Mais je dis que cela
dépend parce qu'il y a d'autres politiques de l'Etat qui sont
fondamentales, comme les politiques linguistiques, et qui ne seront d'aucune
manière remises en cause, d'abord parce qu'elles sont appliquées
avec souplesse. Le ministre d'Etat au développement culturel en a encore
fait la preuve, et la réaction de l'industrie et des sièges
sociaux en a fait la preuve encore hier.
Par conséquent, ce qui est harmonisation de bon aloi sur le plan
concurrentiel entre l'Ontario et le Québec est un objectif poursuivi par
le gouvernement. A notre manière, car on ne va pas calquer notre
politique économique sur celle de l'Ontario parce que notre
problématique est différente mais, dans certains autres domaines,
comme ce qui touche la spécificité culturelle du Québec,
la consolidation de la culture et de la langue françaises dans le milieu
des affaires et des sièges sociaux d'une façon souple, cela ne
sera pas modifié. Ni le gouvernement du Québec ni les
Québécois ne seraient bien avisés de ramper sur le
plancher pour un siège social ou une demi-douzaine.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, je pense que le ministre, avec
son rapport de l'OPDQ, est maintenant prêt à accepter que le
problème est réel. Est-il en mesure aujourd'hui de rendre
publique sa liste de six compagnies au sujet desquelles il allègue
qu'elles sont les seuls sièges sociaux significatifs qui ont
quitté le Québec, pour que la population puisse la comparer avec
le rapport du Parti libéral qui contient 42 noms et le rapport du
Conseil du patronat qui en contient 263? Est-ce que le ministre peut nous
donner ces noms pour que nous puissions les comparer d'une façon claire
et que la population puisse comprendre les différences entre les bases
de ces trois rapports?
Je peux ajouter que le ministre a indiqué que les six noms sont
probablement déjà sur la liste que le Parti libéral a
rendue publique. Alors, je ne peux pas imaginer que les compagnies vont refuser
que ces mêmes noms soient rendus publics par le ministre.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Comme je l'ai dit, M. le Président, je n'ai pas
analysé l'étude du Conseil du patronat. Cela va quand même
être passionnant d'essayer de la concilier avec celle des libéraux
parce qu'il y a des variations extrêmement significatives. Il y en a une
des deux qui en a sûrement remis.
Quant à la question de la liste...
M. Lavoie: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle. (10 h 30)
M. Lavoie: Je crois que la Chambre a le droit, du moins, à
un bon pourcentage de vérité. Ma question de privilège,
c'est que le ministre, au début de la réponse, a dit qu'il
n'avait pas pris connaissance du rapport du Conseil du patronat alors qu'il
vient de dire que ce serait intéressant de comparer les rapports du
Parti libéral et du Conseil du patronat parce qu'il y a des variantes
intéressantes.
M. Landry: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, là, vous allez toucher les privilèges
de votre collègue, si vous dites cela. C'est lui qui vient de donner le
chiffre. Alors, j'ai été porté spontanément
à lui faire confiance, moi, qui ne suis pas de sa formation politique;
je serais bien en droit d'attendre que vous lui fassiez la même confiance
provisoire que je lui fais.
Quant à la liste, maintenant, vous verrez au journal des
Débats que lorsque cette liste m'a été demandée,
j'ai refusé de la rendre publique moi-même en disant qu'il y avait
quand même place à réflexion. Or, cette réflexion,
je l'ai faite et j'ai reconsulté mes notes. C'est véritablement
à la demande des entreprises visées qui ont collaboré avec
l'OPDQ, et qui vont collaborer encore parce que, vous venez de le
reconnaître vous-même, le problème étant important ce
n'est pas l'étude qui va régler la question, que j'ai
refusé de la rendre publique.
M. Forget: Oui ou non.
M. Landry: Si vous voulez que je réponde en un mot, posez
vos questions en un mot. Vous pourriez dire "quoi" comme question. C'est une
belle question. Vous vous levez et vous dites "quoi"? Là, je pourrais
répondre peut-être oui ou non.
Sur cette question de la publication de la liste, je
réitère donc ma position. Toutes ces entreprises, pratiquement
toutes, sont encore des citoyens économiques québécois.
Ces entreprises ont encore ici des effectifs très importants. J'ai
donné l'exemple de la Sun Life, il y en a plus de 1000. A leur demande,
nous allons garder cette liste et les informations qu'elles nous ont fournies
confidentielles, étant entendu qu'un recoupement est facile pour la
population comme pour l'Opposition.
Ce n'est pas uniquement pour protéger les fonctionnaires de
l'OPDQ, bien que ce soit le devoir d'un ministre de traiter
équitablement ses fonctionnaires, mais c'est également pour
être loyal vis-à-vis de ces interlocuteurs à l'endroit
desquels vous nous demandez de travailler avec ces gens, de travailler avec les
sièges sociaux une des premières conditions du travail,
c'est de respecter nos engagements.
Et si vous êtes sincères dans l'intérêt que
vous prenez à la question, vous conviendrez que nous devons continuer
à travailler avec ces gens pendant des mois et des mois, c'est la raison
pour laquelle, après réflexion, je n'ai pas changé ma
position.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Offres salariales aux fonctionnaires
féminins
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Fonction publique. On se souviendra que dans cette Chambre,
à deux occasions, nous avons soulevé une question touchant les
offres du gouvernement aux travailleurs de la fonction publique,
particulièrement en ce qui a trait aux femmes. J'aimerais ici, si vous
me le permettez, M. le président, citer le ministre de la Fonction
publique qui, soulevant une question de privilège concernant ce que
j'avais dit, disait qu'il niait qu'il y avait discrimination dans les offres
actuelles.
Hier, le Conseil du statut de la femme déposait sa propre analyse
qui met en lumière le fait que le principe d'égalité des
hommes et des femmes n'est pas respecté dans les offres qui sont
actuellement faites par le gouvernement aux travailleurs de la fonction
publique. On ajoutait que, par un jeu de classification, "beaucoup de femmes
qui répondent aux mêmes exigences qu'un homme pour un emploi
équivalent recevraient un salaire plus bas".
Ma question au ministre vise d'abord à savoir s'il entend donner
suite immédiatement aux recommandations du Conseil du statut de la
femme, à savoir que le gouvernement devrait réviser le plus
tôt possible sa politique salariale. Deuxièmement, est-ce qu'il
considère toujours que ceci est une question de négociations aux
tables de négociations ou s'il reconnaît que c'est un principe
auquel le gouvernement devrait se soumettre immédiatement dans les
offres qu'il fait aux travailleurs de la fonction publique?
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: D'abord, M. le Président, je dois faire
remarquer au député de L'Acadie que le Conseil du statut de la
femme a confirmé mon affirmation à savoir que, pour une classe
d'emplois donnée, il n'y a pas de discrimination dans les offres
salariales entre les hommes et les femmes. Le Conseil du statut de la femme,
cependant, indique qu'à son avis, pour des emplois qu'il juge
équivalents, les corps d'emplois où la main-d'oeuvre est en
majorité féminine seraient moins bien traités dans les
échelles salariales actuelles que d'autres classes d'emplois où
on retrouve en majorité des effectifs masculins.
Là-dessus, tout le problème, c'est de savoir si
effectivement il s'agit de classes d'emplois équivalents ou semblables
ou s'il n'y a pas des différences notables entre les classes d'emplois
en question. Il n'en reste pas moins que le problème se pose. Nous
allons examiner en détail les remar-
ques que nous fait le Conseil du statut de la femme. Comme je l'ai
indiqué aussi, nous étions conscients qu'il pouvait y avoir des
problèmes de ce côté puisque c'est le gouvernement actuel,
c'est le ministre actuel de la Fonction publique qui a mis sur pied au sein du
ministère de la Fonction publique une section nouvelle
spécialement chargée de promouvoir l'égalité des
chances pour l'ensemble de nos employés dans la fonction publique et en
particulier du côté des femmes.
Il faut se rendre compte aussi qu'une façon d'améliorer la
situation en ce qui concerne la répartition des effectifs
féminins à travers l'ensemble de nos classes d'emplois et en
particulier vers les classes d'emplois qui sont plus
rémunératrices, c'est justement d'avoir des programmes
d'incitation, d'information auprès de notre personnel féminin
pour que, d'elles-mêmes, elles posent leur candidature dans ces classes
d'emploi que traditionnellement, dans le passé, on croyait
réservées aux hommes.
Je dois dire que dans beaucoup de classes d'emploi qui étaient
traditionnellement réservées aux hommes, comme les techniciens en
informatique, on se rend compte que régulièrement les effectifs
féminins augmentent dans ces classifications. Même si les
tendances actuelles se poursuivent, des classes très
rémunératrices qui, autrefois étaient soi-disant
réservées aux hommes, seront maintenant, d'ici peu de temps,
presque entièrement composées d'effectifs féminins.
Autrement dit, il y a des changements sociaux, des changements de
mentalité, des changements que mon collègue, le ministre d'Etat
au développement culturel, appellerait des changements proprement
culturels qui, aussi, vont permettre d'améliorer la situation. Je
voudrais donner un exemple en terminant. Prenons la classe des agents de bureau
qui était autrefois une classe réservée presque
exclusivement aux hommes; aujourd'hui, on se rend compte que c'est une classe
qui comprend surtout des effectifs féminins. Autrement dit, le
phénomène de répartition nouvelle des effectifs
féminins à travers nos différentes classes d'emplois se
poursuit.
Le Président: Mme le député de L Acadie.
Mme La voie-Roux: Je note que le ministre de la Fonction publique
n'a pas l'intention de tenir compte de l'avis du Conseil du statut de la femme
qui demande au gouvernement de réviser immédiatement sa politique
salariale.
M. Raynauld: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est exactement cela.
M. Raynauld: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre vient de répéter
encore une fois qu'il n'y a pas de discrimination. Comment peut-il expliquer,
par exemple, que par un jeu de classification beaucoup de femmes qui
répondent aux mêmes exigences qu'un homme pour un emploi
équivalent recevraient un salaire plus bas?
M. de Belleval: Je n'ai pas voulu faire une question de
privilège pendant que le député de LAcadie parlait, me
réservant de corriger sa première affirmation. Je trouve que son
procédé n'est pas très parlementaire. Elle ne peut me
mettre dans la bouche des paroles que je n'ai même pas prononcées.
En fait, dans ma réponse, j'ai dit exactement le contraire de ce que
vous avez dit dans votre première affirmation. J'ai l'intention
d'examiner sérieusement les recommandations que nous fait le Conseil du
statut de la femme et d'en tenir compte dans le courant des
négociations. C'est tout le contraire de ce que vous avez dit.
Deuxièmement, j'ai aussi, je pense, répondu en bonne
partie à votre deuxième question. Quand on parle d'emplois
soi-disant équivalents, il y a un jugement de valeur porté
là-dessus, il y a un jugement technique. Il est normal qu'on se pose des
questions, qu'on examine la situation. La réponse n'est pas toujours
aussi évidente qu'on voudrait le faire croire à première
vue.
Le Président: Mme le député de L Acadie. (10
h 40)
Mme Lavoie-Roux: II semble que le ministre, dans ses
réponses, dit: On va faire une étude et ce que le Conseil du
statut de la femme demande c est une action immédiate pour
révision. Le ministre nous explique ensuite longuement qu'il faut
attendre les changements de mentalité. Je vous assure que si on avait
attendu les changements de mentalité...
M. de Belleval: Question de privilège. M. le
Président.
Mme Lavoie-Roux: C est ce que vous avez dit!
M. de Belleval: Le député de L Acadie continue
à me mettre des mots dans la bouche. Je n ai pas dit qu il fallait
attendre des changements de mentalité, j'ai dit qu il fallait... Est-ce
que je peux finir ma question de privilège. M. le Président?
M. Forget: Ce n est pas une question de privilège.
M. le Président...
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre de la Fonction publique prend un temps
interminable pourfaire un plaidoyer plutôt que de...
M. de Belleval: M. le Président, j'ai une question de
privilège et je suis debout! Une Voix: Assoyez-vous donc!
Le Président: II y a une question de règlement.
là. M. le député de Saint-Laurent, sur votre question de
règlement.
M. Forget: M. le Président, notre règlement exige
que les questions soient raisonnablement brèves et concises et n
engagent pas un débat. Le
ministre de la Fonction publique, dans ses réponses, fait un
plaidoyer pour son point de vue. Il a droit à son point de vue, mais ce
n'est pas le temps de faire un débat. Le député de
L'Acadie est tout à fait justifié d'interpréter, à
son point de vue également, ce que le ministre de la Fonction publique a
dit et celui-ci n'est pas justifié pour autant d'en faire des questions
de privilège.
Le Président: Ecoutez! On ne commencera pas, ce matin, une
application trop rigoureuse du règlement. M. le ministre de la Fonction
publique, je vous suggère, plutôt que de vous lever plusieurs
fois, d'utiliser le moment où vous répondez pour faire
état de vos questions de privilège. Quant à vous, Mme le
député de L Acadie, je vous rappelle que, normalement, il n'est
pas permis à quelqu'un qui formule une question de commenter les
réponses.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je vais essayer de me conformer à vos
directives, M. le Président. A tout événement, pour qu'on
ne retombe pas dans le piège d'un débat, comme cela arrive
toujours avec le ministre de la Fonction publique, je vais adresser une
question supplémentaire au ministre responsable du Conseil du statut de
la femme. L'autre jour, à une question de mon collègue de
Marguerite-Bourgeoys, elle laissait entendre que, justement, les
mentalités évoluaient tranquillement chez quelques membres du
cabinet et qu'il était dans son intention de nous les faire
connaître avant l'ajournement de cette session. Il ne reste que deux
jours. Peut-être pourrait-elle me donner une réponse à la
question que je pose au ministre de la Fonction publique. Deuxièmement,
pourrait-elle nous dire s'il est dans son intention de déposer cette
analyse du Conseil du statut de la femme sur cette question
d'égalité dans les offres salariales faites par le gouvernement
à la fonction publique?
Le Président: M. le ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Je trouve que la manoeuvre du
député de L'Acadie est très habile...
Mme Lavoie-Roux: Ma question s'adressait au ministre responsable
du Conseil du statut de la femme, M. le Président.
M. de Belleval: M. le Président, je voudrais quand
même répondre et terminer la mise au point que j'avais
commencé à faire quand le sinistre préfet de discipline
qui tient lieu de député de Saint-Laurent m'a interrompu!
M. Raynauld: Question de privilège. Les sinistres, ils
sont de ce côté-là! On a retiré un projet de loi,
justement, à cause de cela!
Le Président: Pas de désastre, ce matin. M. le
ministre de la Fonction publique.
M. de Belleval: Rapidement, M. le Président, je ne
prétends pas qu'il faille attendre les déroulements normaux des
changements culturels au Qué- bec pour améliorer la situation de
la femme au sein de la fonction publique, et je demande au député
de L Acadie de ne pas me faire de procès d'intention et de ne pas mettre
de mots dans ma bouche. Nous avons déjà pris des dispositions. Ce
gouvernement et ce ministre ont pris les premières dispositions dans ce
domaine pour améliorer la situation. Nous allons continuer à
travailler sérieusement, en collaboration avec mon collègue
responsable du Conseil du statut de la femme, pour améliorer les choses
de ce côté-là.
Le Président: Mme le ministre responsable du Conseil du
statut de la femme.
Mme Payette: M. le Président, sur cette feuille, j'ai des
noms. Je pourrais les donner.
Une Voix: Dépôt!
Mme Payette: Je pourrais donner les noms de ceux qui ont fait
parvenir leur rapport depuis que la question a été posée.
Mais je crois, M. le Président, que je me contenterai de donner des
chiffres pour l'instant.
Des Voix: Ah!
Mme Payette: J'ai des réponses de sept ministères
sur onze. Trois, pour l'instant, n'ont pas encore fait parvenir leur rapport,
mais nous ont confirmé par téléphone que cela sera fait
dans les jours qui viennent. Il reste un ministère. Je ne sais
même plus s'il existe au Québec. Je continue de l'espérer
et de ne pas avoir à le nommer dans les semaines qui viennent.
Une Voix: Industrie et Commerce?
Une Voix: On l'a trouvé!
Mme Lavoie-Roux: Est-ce le ministère de l'Education?
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Justement, M. le Président, ma question
s'adresse au ministre de l'Industrie et du Commerce.
Une Voix: II n'y a plus de ministère.
Mme Payette: Excusez-moi, M. le Président. Je crois que
Mme le député m'a adressé une autre question. Je m'excuse
auprès du chef de l'Union Nationale.
Le Président: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Comme il m'apparaît fondamental que le bon
exemple doive partir du ministère de l'Education, je voulais bien
m'assurer qu'un des ministères coupables n'était pas au moins le
ministère de l'Education.
Mme Payette: L'inquiétude, M. le Président, c'est
que si je commence à en nommer un, il faudra les nommer tous.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
Rapport Chabot relatif à Marine
Industrie
M. Biron: Ma question s'adresse au ministre de l'Industrie et du
Commerce et a trait à l'affaire des bateaux de Marine Industrie et aux
événements qui l'entourent. Le conseil d'administration de Marine
et celui de la Société générale de financement ont
commandé un rapport à Chabot et Associés, en particulier,
le rapport a été fait par M. Jacques Desmeules, sur les
événements qui ont entouré la négociation des
contrats au sujet des bateaux grecs. Le ministre a-t-il reçu ce rapport
aujourd'hui? En a-t-il pris connaissance personnellement? Est-il prêt
à nous donner un résumé des lignes de force? Dit-on si oui
ou non il y a eu saine administration à Marine dans ce rapport
précis de Chabot et Associés? Le ministre est-il prêt
à déposer ce rapport à l'Assemblée nationale?
Le Président: M. le ministre de I Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: M. le Président, le rapport auquel on fait
allusion est celui des vérificateurs de Marine, auquel j'ai
moi-même fait allusion dans un de mes discours, il y a deux jours,
indiquant que ce rapport avait été déposé à
ma demande et à la demande de la SGF au ministère de la Justice.
Le ministère de la Justice et le ministre lui-même m ont
assuré qu'ils feraient diligence pour établir s il y avait preuve
pour poursuite au criminel dans ce dossier. Parce qu'il s'agissait,
évidemment, d une analyse des vérificateurs concernant les
fameuses commissions que nous avons établies d ailleurs lors des
témoignages en commission parlementaire qui s étaient
promenées des Bermudes vers Londres et peut-être même
Athènes. Donc, je lavais déjà annoncé lors de mes
discours d'il y a deux jours. C'est au ministère de la Justice.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Le ministre parle de poursuite au criminel possible
à la suite de l'étude de ce rapport. S'est-il basé,
justement, sur le contenu et sur l'étude de ce rapport pour refuser une
enquête publique dans le cas de Marine, en particulier, parce qu'il
semble qu'on va passablement loin en parlant de poursuite au criminel? Y a-t-il
des faits nouveaux que le ministre peut nous dire dans cette Chambre qui sont
expliqués dans ce rapport et qui n ont pas été
révélés devant la commission parlementaire?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: Non, ce n'est pas la raison pour laquelle j'ai
argumenté contre le fait d'avoir une enquête ouverte
générale sans avoir des preuves et des accusations à
porter. C'est que la SGF a demandé au ministère de la Justice
j'avais reçu le rapport et j'ai moi-même insisté
pour que cela soit fait de faire une enquête lui-même pour
voir s'il y a des preuves pour poursuites au criminel, parce qu'on ne lance pas
des accusations publiques avant d'avoir des preuves. Ceci va se faire et ceci
renforce également les poursuites au civil que Marine et la SGF ont
entamées contre certaines personnes. Donc, comme je le disais dans mon
discours il y a deux jours, toutes ces analyses ou enquêtes sont en cours
en plus, évidemment, de l'enquête publique qui a eu lieu à
la commission.
Je répondrai, par contre, en disant qu il est vrai que, par
tempérament, je me refuse à faire de ces enquêtes
générales où le simple fait de convoquer quelqu'un
représente aux yeux du public une quasi-culpabilité. Je pense
que, dans un domaine comme celui-là, nous avons des lois et des
tribunaux lorsqu'il y a preuves. Dans ce domaine-là, ce serait
peut-être difficile d'en établir parce que les Bermudes et la
Grande-Bretagne sont assez ioin du bras de la justice québécoise.
Si jamais il y en avait qui étaient établies le ministère
de la Justice est équipé pour faire cela.
D'autre part, en réponse à la deuxième partie de
votre question j'en ai discuté avec le député de
Nicolet-Yamaska hier selon nos lois, une compagnie privée comme
Marine, qui est une compagnie privée régie selon la
troisième partie de la Loi des compagnies et qui est
possédée à 86% par la SGF, mais qui a aussi des
actionnaires privés, ne peut pas faire l'objet d'une enquête,
selon le contentieux juridique du ministère de l'Industrie et du
Commerce, avec enquêteur spécial. Cela doit être fait par
les députés et les ministres en commission élue. Ceci est
établi parce que, s il fallait qu'un gouvernement puisse
décréter des enquêtes du genre je ne sais pas
Malouf ou autres pour ne pas remonter dans l'histoire qui
concernent le fonctionnement interne des entreprises privées, avec droit
de subpoena sur les textes internes et les textes de procès-verbaux,
etc., qui appartiennent aux entreprises privées, on ouvrirait un
contentieux tellement dangereux pour le maintien de la libre entreprise au
Québec que, comme ministre de l'Industrie et du Commerce, je m'y refuse
complètement. (10 h 50)
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: M. le Président, d'abord, je dirai au ministre
que Marine est peut-être formée en vertu de la troisième
partie de la Loi des compagnies. C'est une compagnie sans but lucratif de ce
temps-ci. Je voudrais poser une dernière question additionnelle au
ministre de la Justice puisque le ministre de l'Industrie et du Commerce nous a
dit que, depuis déjà plusieurs jours, le ministre de la Justice
est en possession de ce raport des vérificateurs de Marine. Est-ce que
le ministre ou ses collaborateurs ont eu le temps d'étudier ce rapport?
Quelles sont les actions correctives que le ministre entend prendre? Est-ce que
des poursuites quelconques au criminel seront intentées? Quand le
ministre prendra-t-il une décision vis-à-
vis de ces actions ou des faits graves qui sont
révélés à l'intérieur de ce rapport?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Ce que le ministre de l'Industrie et du
Commerce a dit est exact, soit que le dossier avait été
référé au ministère de la Justice pour étude
et ce, tout récemment, comme vous venez de le dire, depuis seulement
quelques jours. L'étude se poursuit et des actions seront prises en
conséquence lorsque cette étude sera terminée.
Le Président: Une dernière question, M. le chef de
l'Union Nationale.
M. Biron: Question additionnelle. Est-ce que le ministre
lui-même a pris connaissance de ce rapport et peut-il aujourd'hui nous
confirmer les faits graves qui sont révélés à
l'intérieur de ce rapport?
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas à
confirmer ou à infirmer quoi que ce soit. Je vous dis ce que j'ai
à vous dire comme ministre de la Justice. Le dossier a été
référé à notre ministère et l'étude
se fait normalement, comme dans tout autre dossier.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
Conflit de travail à Murdochville
M. Le Moignan: Je vous remercie, M. le Président. C'est la
dernière fois que j'ai l'occasion, en 1978, et j'espère que je
n'aurai pas à récidiver en mars 1979 concernant une question
posée antérieurement au ministre du Travail. Nous avons dit hier
dans cette Chambre que les traversiers ne traversent plus, les mineurs de
Murdochville ne minent plus, mais nous savons que leur courage et leur
détermination n'en sont pas minés pour autant; la
générosité de la compagnie également, puisqu'elle
continue d'offrir la traditionnelle dinde de Noël à tous les
grévistes. Soyez clément à mon égard, j'arrive
là.
Je voudrais demander au ministre du Travail si son intérêt,
si les efforts de son ministère ne seraient pas enfouis en ce moment
dans le trou de la mine. Quelle est la situation jusqu'à maintenant?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Elle est loin d'être enfouie dans le trou de la
mine et même dans un trou de mémoire. La situation, en ce moment,
à Murdochville, sur le plan de la négociation, n'est pas
particulièrement inspirante. Je pense que nous sommes devant ce qui
ressemble à une impasse, au moment où nous nous parlons,
malgré les efforts déployés par le ministère.
Je voudrais simplement référer le député de
Gaspé au fait que l'Inco, en ce moment, qui est en négociation
sur un contrat avec les travailleurs du même secteur, l'Inco, à
Sudbury, en Ontario, avec ses 12 000 employés, connaît une
grève qui dure depuis maintenant près de quatre mois et il est
très clair que le règlement de Murdochville est relié
d'une certaine façon à ce qui s'est passé à
Falconbridge, comme je l'ai déjà dit, en Abitibi, et
également à l'Inco, à Sudbury, en Ontario. Je crains que
nous ne puissions voir un règlement d'ici à Noël.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Question additionnelle, M. le Président. Si
je comprends bien la réponse du ministre, il faudrait presque attendre
le retour des Rois mages avec de l'or, de l'encens et du cuivre. Je voudrais
poser une question au premier ministre en ce moment. Dans une assemblée
célèbre, à Murdochville, il y a quelques années, le
premier ministre, devant une foule très enthousiaste, quand on regarde
les écarts de salaires et les réclamations des travailleurs, le
premier ministre avait dit: Si, un jour, nous formons le gouvernement, cette
compagnie, nous allons la civiliser. Est-ce que le premier ministre pourrait
nous expliquer ce qu'il avait en pensée à ce moment et s'il a
changé d'opinion?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Non, je n'ai pas changé
d'opinion, M. le Président, mais le ministre du Travail dit vrai. Je
pense que le député de Gaspé, qui est d'une région
qui est devenue minière depuis pas mal d'années, sait de quoi il
s'agit quand on parle de "pattern", ce mot parfois sinistre dans les questions
de grandes négociations corporatives, et. je ne pense pas qu'on puisse
faire grand-chose dans l'immédiat.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
Négociations concernant le camionnage en
vrac
M. Mailloux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Transports et elle fait suite à la manifestation qu'avait
connue la colline parlementaire en début d'été de la part
des quelques milliers de camionneurs qui revendiquaient des secteurs de
travail. Est-ce que je pourrais demander au ministre s'il est vrai qu'il n'a
pas donné suite aux promesses qu'il avait faites aux camionneurs
à ce moment pour qu'ils libèrent la colline parlementaire, ce
serait quand même un peu trop sommaire. Je voudrais demander au ministre
des Transports si, lors de ses négociations qui ont permis que la
colline parlementaire fut libérée pour la fête nationale
des Québécois, il est vrai qu'une promesse avait
été faite au sujet du règlement 112 qu'on demandait aux
camionneurs d'accepter? Dans ce règlement qui fut préparé
par le ministère des Transports et les officiers du ministère des
Institutions financières, devait-on habiliter l'ensemble des postes
d'affectation couvrant le Québec à faire des
représentations devant la Commission des transports pour
l'établissement
de taux? Dans un jugement que l'honorable juge Bouchard vient de rendre
il y a quelques semaines, le juge Bouchard, en interprétant la charte
qui fut préparée par les deux ministères, indique que rien
dans cette charte n'habilite les postes d'affectation à agir comme
intermédiaires pour faire les doléances qui s'imposent devant la
Commission des transports et que seul l'article 43 leur permet de venir agir
comme témoins pour informer valablement la commission.
M. le Président, j'aurai deux autres questions
supplémentaires. Je voudrais que le ministre me dise s'il est vrai que,
quand cette charte fut préparée, elle devait habiliter les postes
d'affectation à agir comme intervenants pour la fixation des taux devant
la Commission des transports.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Oui, M. le Président, c'était
l'intention du ministre, mais cela n'a pas été en fait la
décision du juge Bouchard dans son interprétation du
règlement
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je ne suis pas homme de loi,
mais quand je regarde le jugement de l'honorable juge Bouchard je
pensais que le ministre de la Justice serait encore à son siège
il ressort que dans l'interprétation qu'il donne de la charte,
à chacun des articles sur lesquels il se prononce, rien en fait ne lui
permettrait d'apporter un autre jugement que celui qui embête
peut-être le ministre des Transports. Cela est quand même le
jugement qui serait rendu par n'importe quel juge, nonobstant
l'interprétation que veut donner le ministère des Transports dans
le télex qu'il a envoyé aux médias d'information
récemment. Les deux questions supplémentaires que je voudrais
poser au ministre des Transports sont les suivantes: Est-il vrai que lors des
négociations ardues dans ces heures qu'on a connues en période
d'été, qu'on ne voudrait peut-être pas revivre le printemps
prochain, mais qui s'annoncent peut-être de plus en plus, un
fonctionnaire, au nom du ministère, aurait promis que d'abord la clause
75-25 s'appliquerait à tous les ministères et que cela donnera un
volume de travail non pas de $30 millions, mais de $120 millions? (11
heures)
Est-il vrai également que le ministre des Transports, lors de
cette négociation, a paraphé un paragraphe où il est dit,
non pas qu'on élargirait la clause au-delà de la ligne de
l'infrastructure, mais le paragraphe où on dit, je cite, M. le
Président, que 75% du transport de matières en vrac sur les
contrats donnés par le ministère des Transports soient
effectués par le poste d'affectation. Est-ce vrai que le ministre des
Transports aurait paraphé un tel paragraphe qui aurait permis que
l'ensemble du transport d'un contrat donné soit effectué par les
camionneurs en vrac, et non pas à 75% par les entrepreneurs? Si ce n'est
pas vrai, je voudrais bien connaître la réponse que peut don- ner
le ministre à l'article qu'il a paraphé lui-même, ou est-ce
faux?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: M. le Président, d'abord en ce qui concerne un
fonctionnaire qui aurait parlé de $120 millions plutôt que de $30
millions, lors de ces négociations, alors qu'on accusait le ministre des
Transports d'être contrôlé par des fonctionnaires, j'ai eu
l'occasion de négocier comme ministre des Transports, c'est le ministre
lui-même qui a négocié et non pas des fonctionnaires. Ce
que j'ai eu l'occasion de dire je ne comprends pas qu'à la veille
de Noël le député de Charlevoix intervienne sur un sujet qui
a fait l'objet d'ailleurs d'un règlement le 23 juin 1977 c'est
que comme ministre des Transports et comme membre du Conseil des ministres,
j'allais intervenir auprès de l'ensemble des ministères, pour
faire en sorte que les postes d affectation que je constituais, pour essayer de
régler des discussions et des chicanes entre petits entrepreneurs et
petits camionneurs, allaient être reconnus par l'ensemble des
ministères. Je pense que c'est là, actuellement, une chose
acquise; c'est-à-dire que l'ensemble des ministères maintenant,
que ce soit le ministère des Richesses naturelles, le ministère
des Terres et Forêts, même auprès des municipalités,
l'Hydro-Québec. reconnaît les postes d'affectation et jamais, je
n'ai parlé de montants d'argent. J'ai dit qu'on allait essayer d
élargir l'assiette pour l'ensemble des camionneurs.
En ce qui concerne la clause qui aurait été
paraphée par le ministre des Transports, je pense que le
député de Charlevoix a eu l'occasion de voir, parce que je lui ai
envoyé, chaque fois, copie des réponses que j'ai données
à l'ANCAl à ce sujet, et jamais, parce qu'il y avait des
témoins et il me semble qu'il y a une bonne foi qui existe dans une
négociation qui se fait, et je sais qu'en fait, ce paragraphe s'est
signé, je l'ai ajouté vers 20 h 35 le 23 juin au soir. Il
était entendu, devant au moins quinze témoins, que c'était
simplement la clause 75/25 qui s'ajoutait, parce qu'on nous avait dit, à
ce moment, on nous avait souligné que la clause 75/25 n'était pas
indiquée dans le règlement. J'ai dit: Si c'est ce que vous
voulez, si vous voulez que je l'indique dans le règlement, on va
l'indiquer. Et la seule chose qui manque, M. le Président,
là-dedans, c'est en bas de l'infrastructure, ce sont quatre mots.
Mais il reste une chose, la bonne foi des parties en cause était
là. Je suis prêt à affirmer ce que je dis ici en Chambre
devant tous les témoins qui étaient présents.
J'espère que le président de l'ANCAl est capable de faire la
même chose.
Le Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, ce sera une dernière
question ou observation. Le ministre des Transports vient d'affirmer qu'il a
posé tel geste. C est son droit. Par contre, j'ai devant moi copie du
document qu'il a paraphé, peut-être dans un
moment urgent, mais où il est indiqué, hors de tout doute,
à moins que cette copie soit un faux, que 75% de tout le transport... Il
a prétendu fortement qu'ils sont tous dans l'erreur. Est-il exact que
c'est le ministre des Transports qui a signé cette obligation qu'il
faisait à son ministère?
M. Lessard: M. le Président, c'est exact.
L'interprétation que j'ai des fonctionnaires du ministère, des
gens qui sont au contentieux du ministère, à ce sujet respecte
exactement ce que j'ai voulu signer, à savoir que 75% des travaux en bas
de l'infrastructure devaient être donnés aux camionneurs
artisans.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées. M. le premier ministre.
Motions non annoncées
Nomination à la Commission des droits de la
personne
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, en vertu de
l'article 58 de la Charte des droits et libertés de la personne, tel que
j'en ai fait part à l'Assemblée nationale hier, j'ai le plaisir
de proposer que la Chambre nomme au poste de vice-présidente de la
Commission des droits de la personne du Québec Mme Francine Fournier qui
a déjà été, il n'y a pas longtemps,
secrétaire du Conseil du statut de la femme et qui, jusqu'à ce
jour, était directrice de la recherche à la Commission des droits
de la personne.
Je pense que cela demande un vote des deux tiers, M. le
Président, et j'en fais motion.
Le Président: En conséquence, il faudrait appeler
les députés.
Suspension à 11 h 6
Reprise à 11 h 17
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la
motion présentée par M. le premier ministre que
l'Assemblée nationale nomme Mme Francine Fournier au poste de
vice-présidente de la Commission des droits de la personne du
Québec. Que ceux et celles qui sont pour cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Cardinal, Bédard, Laurin, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Marois, Landry, Léonard, Couture, Tremblay,
Bérubé, Mme Ouellette, M. O'Neill, Mme Cuerrier, MM. de Belleval,
Joron, Mme Payette, MM. Johnson, Proulx, Duhaime, Lessard, Lazure,
Léger, Tardif, Garon, Vaugeois, Martel, Vaillancourt (Jonquière),
Marcoux,
Chevrette, Bertrand, Fallu, Michaud, Rancourt, Laplante, Mme
Leblanc-Bantey, MM. Bisaillon, de Bellefeuille, Gendron, Mercier, Alfred,
Ouellette, Perron, Brassard, Dussault, Beauséjour, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Lacoste, Jolivet, Lévesque
(Bonaventure), Lavoie, Lalonde, Forget, Garneau, Mailloux, Goldbloom,
Larivière, Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson,
Blank, Caron, O'Gallagher, Picotte, Scowen, Marchand, Gratton, Pagé,
Verreault, Biron, Bellemare, Grenier, Russel, Goulet, Fontaine, Dubois, Le
Moignan, Cordeau, Samson, Roy, Shaw.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît! Que ceux et celles qui
désirent s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 85 Contre: 0
Abstentions: 0.
Le Président: La motion est adoptée. Toujours aux
motions non annoncées, M. le député de Jean-Talon.
(11 h 20)
Négociations concernant le camionnage
(suite)
M. Lessard: Tout à l'heure en réponse à la
question du député de Charlevoix. Dans la complication que
constitue le camionnage en vrac, j'ai fait une erreur qui est très
importante, c'est-à-dire très importante pour les camionneurs,
qui ne sera peut-être pas considérée aussi importante pour
les membres de l'Assemblée nationale, mais je pense que le
député de Charlevoix va comprendre très bien, puisqu'il
m'a indiqué tout à l'heure qu'il avait compris ma réponse.
J'ai dit que j'avais assuré les camionneurs que 75% des travaux en bas
de la ligne d'infrastructure leur étaient donnés alors que c'est
le contraire, c'est-à-dire que ce ne sont pas 75% des travaux en bas de
la ligne d'infrastructure, mais et je pense que le député
de Charlevoix comprend très bien c'est 75% des travaux en haut de
la ligne d'infrastructure.
M. le Président, il est très important...
Une Voix: Adopté.
M. Lessard: ... que je donne ces précisions et
j'espère qu'on pourra corriger, avec l'accord du député de
Charlevoix, dans le journal des Débats.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
Motions non annoncées (suite)
Démission de M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, conformément aux
prescriptions de la Loi de la Législature et des règlements de
cette Assemblée, je voudrais vous faire part de la décision que
j'ai prise de quitter mon poste de député du district
électoral de Jean-
Talon. Je ne vous cache pas qu'il s'agit là d'une décision
difficile à prendre. Tous les députés de cette Chambre
savent combien la responsabilité qui nous incombe peut être
exaltante, mais hélas! on l'apprend toujours très vite, d'une
façon ou d'une autre, les choses les meilleures ont toujours une fin.
J'occupe mon poste de député depuis le 29 avril 1970 et cela fera
bientôt neuf ans que je représente ici les électeurs du
comté de Jean-Talon. C'est là un honneur dont je mesure toute
l'ampleur. Il est difficile, me semble-t-il, de remplir dans une
société comme la nôtre une responsabilité plus
importante tant par le défi qu'elle comporte que par le degré de
confiance qu'elle implique. C'est pourquoi, en vous annonçant ma
décision de quitter la vie politique active, je voudrais exprimer toute
ma gratitude aux électeurs de Jean-Talon de l'insigne honneur qu'ils
m'ont fait en me permettant de les servir comme leur représentant
à l'Assemblée nationale. J'ai été membre d'un
gouvernement et j'ai occupé, à titre de ministre de la Fonction
publique, des Finances, de l'Education, responsable du Conseil du
trésor, des responsabilités que je considère
énormes. Mais, quand je regarde le chemin parcouru, ma plus grande
satisfaction, je la tire de mon titre de député, de serviteur de
mes électeurs. C'est pourquoi je veux dire à la population du
comté de Jean-Talon un grand merci en même temps que je l'assure
de toute ma reconnaissance.
La politique, c'est un combat, et j'ai été, je crois, un
soldat qui s'est battu visière levée. J'ai donné des coups
et j'en ai aussi reçu. C'est la règle du jeu, même si,
quand on regarde cela par son propre bout de la lunette, M. le
Président, parfois on a l'impression que les coups qu'on donne sont
moins durs et moins sournois que ceux qu'on reçoit. Quoi qu'il en soit,
je coupe les ponts avec ce qui fut ma vie depuis plusieurs années.
J'aurai vécu dans cette enceinte ou dans ces environs au service de mes
concitoyens comme député ou fonctionnaire depuis au-delà
de quinze ans. J'ai travaillé de très près avec deux
premiers ministres, les honorables Jean Lesage et Robert Bourassa. J'ai
côtoyé également de près d'autres
personnalités, d'autres premiers ministres, M. Daniel Johnson, M.
Jean-Jacques Bertrand, ainsi que l'actuel premier ministre. S'il peut exister
un dénominateur commun entre tous ces hommes, je dirais qu'il
réside dans le fait que chacun, à sa façon,
désirait ardemment le progrès du Québec et, pour cela, ils
y ont consacré ou ils y consacrent encore aujourd'hui le meilleur de
leurs énergies, de leur compétence, voire même de leur
force physique. Malgré les divergences d'opinions, il faut
reconnaître que, lorsque des personnes de cette qualité militent
honnêtement pour défendre des idées qu'elles croient
justes, ces personnes il est certain apportent à notre
société une contribution qui est loin d'être
négligeable.
Je suis, et demeure, un ardent défenseur d'un type de
société qui privilégié d'abord et avant tout la
liberté des individus. Je crois qu'il ne peut pas y avoir de
libertés collectives sans libertés individuelles. Je suis et
demeure un Québécois qui croit fermement que l'avenir des
francophones sera mieux assuré à l'intérieur du Canada et
d'un régime de type fédéral. Mais je crois
également c'est cela qui est important pour nous tous que
les autres ont le droit de présenter et de propager d autres
idéaux, d'autres types de sociétés. Ce qui compte
au-dessus et par dessus tout c est un peu le message que je voudrais
laisser à mes collègues et aux gens avec qui j'ai
travaillé c est de maintenir les valeurs démocratiques qui
ont toujours été à la base de la société
québécoise.
Ma vie politique m'aura permis de servir et c est là une grande
satisfaction. Dans le fond, j'ai été chanceux. C'est pourquoi je
quitte sans amertume et je quitte en disant merci à toutes celles et
ceux qui m'ont aidé dans mon comté au niveau de mon parti et,
d'une façon spéciale, je dis merci à tous mes
collègues de cette Chambre, à vous qui êtes là,
autant que ceux avec qui j'ai eu I honneur de siéger au cours des
années passées. Les autres formations politiques ne m'en voudront
certainement pas d offrir à mes collègues libéraux, de ce
côté-ci de la Chambre, des voeux bien particuliers de
succès pour que, très bientôt, sous la gouverne du futur
député d'Argenteuil, ils occupent les banquettes
ministérielles, et cela, pour l'avantage du Québec et
l'unité canadienne.
Je retourne à la vie privée. Je retourne à ma
famille à qui j'ai demandé bien des sacrifices pour me permettre
de poursuivre ma carrière politique. Mon épouse est dans les
galeries et je sais, comme vous sans doute, qu'elle considère ma
décision d'aujourd'hui comme la bienvenue. Je veux lui rendre un hommage
bien particulier et la remercier pour sa patience et son appui tout au long de
cette vie politique.
Avant de terminer, M. le Président, je voudrais également
exprimer ma reconnaissance au personnel de cette Assemblée ainsi
qu'à tous ceux et celles qui, au cours des années, dans
l'exercice de mes responsabilités, m'ont assisté. Si je quitte
mon siège de député, je ne quitte pas mon parti.
Cependant, je considère qu'il est temps pour moi de laisser à
d'autres le soin d'assumer la relève. La politique active se compare
sans doute à une course à reiais; chacun fait son bout de piste,
je considère avoir fait le mien du mieux que je pouvais.
Le Président: M. le chef de lOpposition. M.
Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ce n'est une
tâche ni facile ni agréable, à ce moment-ci, que
d'interpréter les sentiments qui nous animent tous. Evidemment, nous
respectons pleinement la décision de notre collègue qui a connu,
comme vous le savez, une carrière politique remarquable consacrée
à la défense et à la promotion des intérêts
supérieurs de son comté, de son parti, de sa province et de son
pays. Collaborateur étroit de M. Jean Lesage, député du
comté de Jean-Talon et ministre du gouvernement
de M. Robert Bourassa, notre collègue a ainsi été
directement associé à ce processus de changement rapide qui a
fait du Québec une société adulte, moderne et
développée. Ces années cruciales de l'histoire du
Québec, notre collègue les aura vécues d'une façon
intense et engagée. A plusieurs égards, et en particulier sur les
plans de la modernisation et de l'efficacité des mécanismes de
gestion administrative et financière de l'Etat, il aura apporté
une contribution personnelle éminente au progrès du
Québec. (11 h 30)
Admirablement bien servi par des qualités de coeur et d'esprit
que tous lui reconnaissent, notre collègue aura servi ses concitoyens
avec une compétence, un sens des responsabilités et un esprit de
travail qui constituent peut-être les traits les plus marquants de son
engagement politique et de son action au sein du Parti libéral du
Québec comme au niveau de l'Assemblée nationale et de
l'administration gouvernementale. Je sais toute l'affection que porte à
notre collègue la population du comté de Jean-Talon. C'est avec
un profond regret que tous ceux-là qu'il a si bien
représentés en cette Assemblée le voient aujourd'hui
quitter son poste.
Je sais l'estime que les militants et sympathisants libéraux de
tout le Québec ont pour notre collègue qui, en toute
circonstance, a su servir d'une façon exemplaire les principes de
liberté, de justice et de réforme qui constituent les fondements
mêmes de l'action du Parti libéral du Québec.
Je sais l'amitié que portent au député de
Jean-Talon ses collègues de l'Assemblée nationale, ceux
d'aujourd'hui et ceux d'hier, et particulièrement nos collègues
libéraux qui, tous, ont eu l'occasion de partager avec lui
l'expérience quotidienne de la vie parlementaire. Je sais le respect
qu'ont pour le député de Jean-Talon tous les hauts fonctionnaires
du Québec et même du Canada qui ont eu à travailler avec
lui et spécialement ceux du ministère des Finances et du Conseil
du trésor, ceux du ministère de la Fonction publique et du
ministère de l'Education.
Je sais enfin la confiance qu'ont toujours accordée à
notre collègue M. Lesage et M. Bourassa et l'étroite
collaboration que les membres de l'ancien gouvernement et la députation
ministérielle libérale ont obtenue de la part de notre
collègue tout au long de ces années où nous avons eu la
responsabilité du gouvernement.
Au cours de ces dernières années, j'ai eu à
travailler très étroitement avec notre collègue. Je ne
puis que joindre ma voix à tous ceux qui' ont suivi sa carrière
politique pour lui adresser nos remerciements et notre vive
appréciation. Le comté de Jean-Talon est donc maintenant ouvert,
comme ce fut le cas pour le comté de Notre-Dame-de-Grâce, comme
c'est le cas pour le comté d'Argenteuil. La population du comté
de Jean-Talon a le droit d'être représentée à
l'Assemblée nationale. En homme réaliste, le premier ministre
sait très bien que cette dernière vacance l'oblige à
entrevoir non plus une ni deux mais bien trois défaites
électorales consécutives pour son parti. Lui qui sait si bien et
avec tellement d'habileté cultiver les vertus de l'abnégation, de
la résignation et du renoncement, il ne cédera pas, je
l'espère, aux pressions politiques possibles de certains de ses
conseillers plus partisans que d'autres pour retarder indûment le
déclenchement d'une élection partielle dans le comté de
Jean-Talon et dans celui d Argenteuil.
L'inéluctable fatalité électorale qui attend le
Parti québécois dans ces comtés ne devrait pas faire
perdre de vue au premier ministre les exigences de ses responsabilités.
Il doit ordonner au plus tôt la tenue de ces élections
partielles.
M. le Président, à notre ami, Raymond Gar-neau, nous
souhaitons la meilleure chance possible dans sa nouvelle carrière, dans
ses nouvelles orientations. En le remerciant, cette fois, au nom de tous les
Québécois, je salue son épouse, Pauline, et ses deux
enfants qui, tout au long de ces années passées au service du
Québec, ont apporté à Raymond un soutien et un appui
indéfectible.
En toute amitié, au nom de tous les membres de l'Assemblée
nationale, merci, Raymond, et bonne chance!
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, quand le
député de Bonaventure et chef de l'Opposition a des pressions
partisanes à exercer, j'espère qu'il va continuer comme
aujourd'hui à les écrire soigneusement à l'avance. Cela
fait un ton plus détendu. Cela permet de les avaler aussi plus
facilement, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. Je crois qu'on doit dire,
de ce côté-ci, très sincèrement, que nous avons
regretté, tout en comprenant les raisons, de n'avoir pas vu le
député de Jean-Talon plus souvent depuis le printemps
dernier.
Désormais on va très simplement et sans réticence
regretter son départ. Son expérience et sa compétence
également indiscutées, surtout la connaissance très large,
très profonde aussi des affaires publiques et de l'administration que
lui avait donné sa longue et solide carrière
ministérielle, en faisait pour nous un vis-à-vis aussi stimulant
que perspicace. Je suis sûr que l'Opposition officielle dans son ensemble
sera affaiblie et attristée aussi par son départ. De toute
façon, l'Assemblée nationale toute entière est consciente
de perdre un de ses membres qui pendant les neuf dernières
années, ont été non seulement les plus en vue, mais dans
des tâches harassantes, les plus productifs. Elu trois fois de suite dans
le comté de Jean-Talon, ce qui est une performance remarquable pour les
années soixante-dix, je suis bien placé pour le dire, ayant
été successivement ministre de la Fonction publique et surtout
avec le triple fardeau invraisemblable qu'il a dû porter pendant un
certain temps, de l'Education, des Finances et du Conseil du trésor, je
crois que dans cette course à relais qu'il mentionnait tout à
l'heure, le député de Jean-Talon a vraiment fait un bout
de piste remarquable, pour lequel, je pense, tout le monde doit le
féliciter, aussi à beaucoup de points de vue, le remercier.
Je suis sûr qu'unanimement on souhaite tous à M. Garneau
qui est encore tellement jeune, tout le succès et toutes les
satisfactions possibles dans la nouvelle carrière quelle qu'elle soit
qu'il choisira. A Mme Garneau et aux enfants, je suis sûr qu'on n'a pas
à souhaiter quoi que ce soit, sauf le plaisir dont ils ont
été longtemps privés de le rencontrer plus souvent.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, le député de
Jean-Talon vient de nous annoncer ce matin qu'il met fin à une brillante
carrière en politique provinciale. C'est certainement à la fois
pour son parti et pour la population du Québec une perte, parce que
Raymond Garneau était considéré en politique comme un des
grands hommes politiques que le Québec ait produits. D'un
côté ou de l'autre de la Chambre, que ce soient des gens de son
parti ou ses adversaires politiques, on a toujours reconnu chez Raymond Garneau
des grandes qualités de politicien, de Québécois
sincère et de Canadien convaincu. J'ai eu le bonheur de participer avec
Raymond Garneau, il y a déjà quinze, seize ou dix-sept ans,
à quelques campagnes politiques fédérales dans
Lotbinière, en particulier, en 1962, 1963. et c'est là que j'ai
connu ce Québécois, que j'ai apprécié ses grandes
qualités, sa sincérité et son honnêteté.
Je dois dire, M. le Président, que Raymond Garneau a
été en politique, un homme politique vrai, convaincu et
convaincant. Il l'a dit tout à l'heure aussi, il savait donner des
coups, il savait en recevoir et, comme homme politique, un parti politique et
surtout comme ministre, il faut surtout savoir recevoir des coups même si
quelquefois ils font mal. Je dois reconnaître que le député
de Jean-Talon a été un soldat qui s'est battu avec conviction et
toujours avec une grande foi à la fois pour son parti au cours des
quinze dernières années et spécialement au cours des neuf
dernières années ici à l'Assemblée nationale. Il
s'est battu pour le bien-être de ses concitoyens du Québec.
Même ceux qui n'étaient pas d'accord avec la philosophie de son
parti, ils savaient quand même reconnaître que Raymond Garneau se
battait visière levée et essayait de donner aux
Québécois ce qu'il croyait être le mieux pour le
Québec et les Québécois. Il a toujours su aussi professer
sa foi dans le Canada. C'est bon de retrouver de ces hommes politiques qui ne
craignent pas d'affirmer leur foi dans leur pays peu importe s'ils
reçoivent aussi, comme je l'ai dit tout à l'heure et comme
Raymond Garneau l'a dit, des coups très durs. Il a aussi voulu toujours
bien servir la population de sa province et en particulier de son comté.
(11 h 40)
M. le Président, j'entrevois pour Raymond Garneau une
carrière dans le domaine de l'entreprise privée, parce qu'il a
toujours été un défenseur de l'initiative privée.
Il a toujours cru à la qualité et à la vertu du travail.
Il a lui-même professé, il a donné l'exemple dans ce sens,
alors qu'il a occupé, d'un côté ou de l'autre de la
Chambre, les banquettes de l'Assemblée nationale.
Le départ de Raymond Garneau aussi de cette Assemblée
nationale, c'est une perte pour la jeunesse québécoise, parce que
Raymond Garneau représentait quand même pour cette jeunesse
québécoise une certaine aspiration, des besoins certains, et il a
su s'identifier à la fois comme athlète et sportif à une
grande partie de notre population québécoise, qui est notre
jeunesse.
Là-dessus, nous espérons qu'au cours des prochaines
années, des hommes qui veulent représenter véritablement
et veulent répondre aux aspirations de la jeunesse
québécoise sauront, comme Raymond Garneau, venir siéger
ici à l'Assemblée nationale. Nous avons dû
reconnaître aussi au cours de ces années qu'il a
siégé à la tête du ministère des Finances, en
particulier, comme l'a souligné le chef parlementaire de I'Opposition
officielle, que Raymond Garneau a été un administrateur et
surtout un réformateur. On lui doit cette nouvelle gestion par missions
gouvernementales qu'il a instituée en 1971/72, si ma mémoire est
fidèle. On lui doit aussi l'institution de commissions parlementaires
pour questionner le Vérificateur général sur le rapport du
Vérificateur général, le poste de contrôleur
général du Québec.
En d'autres mots, M. le Président, Raymond Garneau a voulu donner
à l'administration québécoise une gestion nouvelle,
efficace et adaptée aux méthodes modernes d'aujourd'hui. Raymond
Garneau est aussi, M. le Président, un homme de famille, il l'a dit
lui-même, nous l'avions connu dans le passé, le chef parlementaire
de l'Opposition officielle l'a souligné tout à l'heure, je suis
heureux, au nom de l'Union Nationale, de rendre hommage à sa famille et
en particulier à Mme Garneau, qui a dû endurer bien souvent et
bien longtemps, au cours de ces nombreuses années de vie politique
active de son mari, des absences et surtout de longues heures seule à la
maison.
Je ne vous cache pas, M. le Président, que, pour un homme
politique, peut-être ce qu'il y a de plus dur, c'est de voir que sa vie
de famille n est pas une vie normale et que sa femme, ses enfants doivent faire
de nombreux sacrifices. Je veux ici rendre un hommage particulier à Mme
Garneau et aux enfants de notre ami l'ex-député de
Jean-Talon.
M. le Président, avant de terminer, je veux redire en mon nom
personnel et au nom de la formation que je dirige, l'Union Nationale, nos
mercis les plus sincères à Raymond Garneau pour ce qu'il a fait
à l'Assemblée nationale pour les Québécois, pour
les Canadiens, pour les gens de son comté de Jean-Talon, et je veux
formuler le voeu en terminant que le Québec et Jean-Talon en particulier
produisent d'autres hommes politiques aussi sincères que Raymond
Garneau. Cela fera
avancer la vie politique provinciale, la démocratie au
Québec, et je souhaite aussi à Raymond Gar-neau plein
succès dans cette nouvelle carrière qu'il veut commencer à
compter d'aujourd'hui.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, c'est à regret que j'ai
entendu ce matin les propos de mon collègue le député de
Jean-Talon et je souligne que, dans des circonstances comme celles-là,
c'est totalement à mon sens au-dessus des partis politiques et des
idéologies que notre intervention doit se faire.
Je vous avoue que j'ai certaines choses en commun avec mon ami de
Jean-Talon, à savoir que nous avons été la première
fois élus en cette Chambre le même jour, le 29 avril 1970. On est
arrivé en même temps et je viens d'apprendre, tout
dernièrement, que nous avons le même âge et paraît-il
qu'on est né le même jour. Ce qui prouve que les dates de
naissance n'ont rien à voir, parce qu'on ne pose pas toujours les gestes
le même jour, puis on ne les pose pas toujours de la même
façon non plus.
Je voudrais souligner que Raymond Garneau qui, depuis que je le connais,
a été ministre pendant un peu plus de six ans dans cette
Assemblée a toujours été animé du désir de
servir. Il a cumulé de grandes responsabilités, il a fait preuve
d'honnêteté et d'intégrité. Il a été
accessible et c'est important pour un ministre d'être accessible. Il a
été accessible et il entretenait toujours de bonnes relations
avec ses collègues. Bien sûr, nous avons souvent croisé le
fer; il va s'en rappeler, nous avons eu plusieurs occasions de le faire. J'ai
toujours remarqué que M. Garneau défendait avec énergie
ses idées; malgré tout, il avait toujours le respect des
autres.
Au-dessus des idéologies politiques de chacun des membres de
cette Assemblée et des partis, il a toujours manifesté un grand
respect pour les personnes, ce que je considère comme extrêmement
important pour un membre de cette Assemblée.
Je veux donc, en terminant, lui offrir mes meileurs voeux de bonne
chance et de franc succès dans l'exercice de ses futures fonctions. Je
veux en profiter également pour saluer et rendre hommage à Mme
Garneau et aux membres de sa famille. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: Comme mes collègues, j'ai appris avec regret la
décision de l'ex-député de Jean-Talon, M. Garneau. Elu,
comme un certain nombre d'entre nous mais un certain nombre de plus en
plus restreint pour la première fois le 29 avril 1970, c'est le 9
juin 1970 qu'il occupait pour la première fois son fauteuil à
l'Assemblée nationale à titre de ministre de la Fonction publique
et adjoint au ministère des Finances. Je pense que la première
fois qu'il a eu l'occasion de prendre la parole, c'est à l'occasion du
dépôt du projet de loi no 12, le 11 juin 1970.
Au cours des quelques mots qu'il nous a livrés tout à
l'heure, M. Garneau ne nous a pas dit s'il abandonnait une carrière
politique, si sa carrière politique était terminée ou si
elle était tout simplement suspendue. C'est un point d'interrogation que
je me pose et que se posent un certain nombre de nos collègues.
M. Samson: Points de suspension!
M. Roy: Au cours de ces années, c'est le cas de le dire,
nous nous sommes affrontés plusieurs fois et parfois même
durement, très durement. Ce ne furent jamais des luttes personnelles.
Avant de participer au Congrès international de l'AIPLF, qui a eu lieu
à Libreville, au Gabon, au mois de septembre, je connaissais un
collègue, mais au cours de ce congrès et au cours du voyage, j'ai
connu un ami.
Je veux lui offrir mes meilleurs voeux dans ses nouvelles fonctions et
je veux offrir mes hommages à son épouse Pauline ainsi
qu'à ses deux enfants, François et Véronique.
Le Président: M. le député de Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Mr President, I would like to take advantage of this
moment to express the deep sorrow and regret that the English-speaking
community of Québec will feel hearing that the member for Jean-Talon has
rendered his resignation. I think this gentleman, who perhaps represents the
kind of quality that is so needed in parliamentarians and has demonstrated this
quality both in his work in the National Assembly and in his communications
with the people of this province and indeed of Canada and throughout the world,
is exemplary and indeed it is with sorrow that we hear that this great
Canadian, this great champion of his community is leaving active politics to
enter private life.
We have recognized the pressures that he feels from his family and
indeed we recognize that the sacrifices that are needed to participate in
public life are heavy indeed. We wish him well and we hope, as the member for
Beauce-Sud has said, that this is only a temporary break from political life
because men of this quality are needed in this field. Thank you very much, Mr
President. (11 h 50)
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Victor C. Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, dans les fables de La
Fontaine, on peut lire: "Chacun se dit ami, mais fol qui s'y repose: Rien n'est
plus commun que ce nom. Rien n'est plus rare que la chose."
C'est au nom de l'amitié que j'ai pour Raymond Garneau que je
voudrais dire quelques mots. C'est de cette amitié, et seulement de
cette amitié, que je voudrais parler.
Tous les députés, à force de travailler ensemble,
peuvent développer entre eux certains liens d'amitié, même
les adversaires. Mais, même entre coéquipiers, les amitiés
profondes sont plutôt rares. La mienne, cependant, pour Raymond Garneau,
est de cette qualité.
A partir de 1970 jusqu'à tout récemment, Raymond Garneau
et moi avons fait de grandes choses ensemble. Mais, comme disait Voltaire:
"Toutes les grandeurs de ce monde ne valent pas un bon ami. "
Une amitié, M. le Président, se fonde sur des
qualités humaines. Celles de Raymond Garneau sont exceptionnelles. Je ne
les énumérerai pas en liste exhaustive, je mentionnerai quand
même son intelligence, son esprit de synthèse doublé d'un
sens pratique, sa loyauté, son intégrité dont j'ai
été témoin pendant six années et demie au Conseil
des ministres et au Conseil du trésor et, évidemment, son sens de
l'amitié.
De telles qualités humaines peuvent se développer
spontanément, mais, en règle générale, on les
acquiert dans un milieu familial. Ayant rencontré la famille dont
Raymond Garneau est issu, je suis en mesure de savoir où il a acquis les
siennes. Ayant appris à connaître la famille qu'il a
lui-même fondée, je constate la continuité des valeurs
qu'il incarne. Raymond Garneau a été appelé à
assumer une responsabilité publique, son épouse Pauline, son fils
Jean-François, sa fille Véronique, ont été
appelés à faire autant.
Aux qualités humaines, il a fallu ajouter des qualités
d'homme publique. Raymond Garneau a été formé à
l'école de Jean Lesage, ce qui lui a permis d'être un pilier du
gouvernement Bourassa et un des ministres provinciaux les plus respectés
par tout le Canada. Mais cela, M. le Président, est désormais
chose du passé. Avec François-René de Chateaubriand, il
faut dire: "Toutes les opinions politiques de la terre seraient trop
payées par le sacrifice d'une heure d'une sincère amitié.
"
Je ne peux m'empêcher d'ouvrir une parenthèse, parce que,
en lisant de Chateaubriand, j'ai découvert cette exhortation savoureuse
et combien pertinente: "Levez-vous vite, orages désirés, qui
devez emporter René!" M. le Président, je ne crois pas qu'un tel
orage soit un cadeau de départ que nous puissions offrir à
Raymond Garneau, mais il s'en vient.
De Chateaubriand a également écrit: "La
postérité n'est pas aussi équitable dans ses arrêts
qu'on le dit." Raymond Garneau a bien mérité de sa province et de
son pays, et je suis convaincu qu'il grandira avec le temps dans la
reconnaissance de ses concitoyens.
Mon amitié pour Raymond Garneau m'a amené à vivre
avec lui il n'y a pas longtemps une expérience extraordinaire. Je
voudrais l'assurer que cette amitié le suivra tout le long du nouveau
chemin que, dès aujourd'hui, il emprunte.
Le Président: M. Garneau.
M. Raymond Garneau
M. Garneau: M. le Président, je ne sais pas comment on
peut se débarrasser rapidement de l'esprit guerrier, mais j'ai presque
envie de le garder encore quelques instants et de dire qu'avec tous ces beaux
témoignages, je devrais me représenter, je serais élu tout
de suite, il n'y aurait certainement pas d'objections! Je voudrais, bien
sincèrement, dire jusqu'à quel point j'apprécie...
M. Lévesque (Taillon): Vous n'avez pas envie de changer
d'idée?
M. Garneau: Qui sait? Je pourrais peut-être rester dans
Jean-Talon. Blague à part, je voudrais exprimer bien sincèrement
toute l'appréciation que j'ai pour ces marques d'amitié que vous
m'avez témoignées, mon collègue, le chef de l'Opposition
officielle, M. Levesque, de même que les mots très
agréables qui m'ont profondément touché de la part du
premier ministre, du chef de I Union Nationale et des autres formations
politiques, de même que du député de D'Arcy McGee. Je
voudrais également vous remercier pour les bons mots que vous avez eus
à l'endroit de mon épouse. Tout le monde a dit qu'elle avait
souffert de mon absence. J'espère qu'elle ne souffrira pas de ma
présence, maintenant. Mais tout cela ne remplace pas le mot le plus
simple et ce mot-là est un grand merci.
Vous pouvez être assurés je le dis même pour
les députés qui sont ici depuis peu de temps et pour d'autres qui
aspirent peut-être à venir que vivre en cette Chambre et
travailler au service des Québécois, c'est une expérience
enrichissante, une expérience formidable. Je pense que toutes celles et
tous ceux qui ont eu l'occasion d'exercer cette responsabilité en cette
Chambre seront d'accord avec moi pour dire à tous les jeunes qui
aspirent à la politique qu'ils se crachent dans les mains et qu'ils
travaillent. Il y a de l'ouvrage. Il y aura également de l'ouvrage dans
les années à venir. Merci, M. le Président. Merci, M. le
premier ministre. Merci à tous.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
Décès de M. René Chaloult M.
Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, c'est une matinée
fort triste. D'abord, l'Assemblée nationale est frappée par un
deuil politique, par la démission d'un grand citoyen, ancien
député du comté de Kamouraska, candidat élu dans
Lotbinière et par deux élections dans le comté de
Québec.
Je voudrais vous dire que j'ai siégé personnellement avec
René Chaloult dans cette Chambre. Il a été un homme d'un
grand nationalisme. Je
n'ai pas besoin de vous raconter la vie personnelle de René
Chaloult. Vous la connaissez peut-être aussi bien que moi. Des
événements tragiques ont été vécus en cette
Chambre que j'ai eu l'occasion de vivre moi-même. Il avait
été élu député de l'Union Nationale en 1936.
Un jour, M. Duplessis était tellement mortifié, choqué par
l'attitude que prenait René Chaloult qu'il avait même fait sauter,
par une loi spéciale, le comté de Kamouraska. C'était
assez draconien.
Une Voix: ... premier ministre.
M. Landry: II a été accueilli dans
l'Opposition...
M. Bellemare: Je n'ai pas de crainte pour cela. Je pourrais
retourner dans le comté de Champlain facilement.
M. le Président, le premier ministre, en 1939, M. Godbout,
pensant faire un geste politique récupérable, était
allé chercher M. Chaloult et l'a fait élire dans le comté
de Lotbinière comme libéral. Au cours d'un débat qui fut
très acerbe en cette Chambre, il avait accusé M. Godbout,
après tous les bienfaits que M. Godbout lui avait faits, d'être le
pire premier ministre que l'histoire du Québec n'avait jamais connu. M.
Godbout est parti de son siège et est venu ici, au siège
qu'occupe mon chef, et il lui cracha en pleine face, en lui disant: Tu es un
ingrat! Cela, c'est de l'histoire politique que j'ai vécue. Après
ces gestes, je n'ai pas besoin de vous le dire, ni l'Union Nationale, ni le
Parti libéral ne l'a supporté dans le comté de
Québec, mais les associations pieuses, religieuses, nationalistes l'ont
fait élire comme indépendant nationaliste. En 1956, il a subi la
défaite dans Jonquière. (12 heures)
M. le Président, je voudrais, en terminant, d'abord offrir mes
condoléances les mieux senties à la famille et
particulièrement dire combien M. Chaloult, comme nationaliste dans cette
province, a fait avancer énormément notre peuple comme un peuple
québécois qui reconnaît ses droits. Je dirai à la
famille, à Mme Chaloult, l'expression la mieux sentie de mes
condoléances. Mais je dirai aussi, M. le Président, que, dans les
derniers jours de sa vie, M. Chaloult fut un exemple de ce que peut produire un
homme qui sert sa province pendant seize années et qui tombe un jour
oublié de tout le monde. J'en profite pour noter que, si j'ai
été un jour contre la motion qui a été
apportée concernant le salaire des députés, je dis qu'il
faudrait y penser très sérieusement parce qu'on a là
l'exemple véritable d'un homme qui, après avoir été
défait en 1956, n'ayant plus de bureau, a subi une certaine perte de
vitesse.
Alors, mesdames et messieurs, nos condoléances les plus
profondes.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, très
brièvement. Je voudrais, au nom de tous ceux qui sont de ce
côté-ci de la Chambre, me joindre au député de
Johnson pour rendre hommage à la mémoire d'un homme dont la vie,
la carrière évoque certains des moments tournants, si on veut, de
la vie collective du Québec. Tous ceux des générations qui
ont précédé la mienne, sûrement
peut-être même un peu de ceux qui ont suivi la mienne se
souviendront encore des luttes légendaires qui ont alimenté les
premières années, les années trente, quarante, auxquelles
M. Chaloult, avec tant d'autres, a participé à plein.
Pour ce qui est de ce que laisse derrière lui l'ancien
député de Québec-Lotbinière, j'aimerais simplement
souligner ceci je n'ajouterai pas aux mémoires que pourra
raconter le doyen qui a siégé avec lui Je pense que
personne n'a le droit d'oublier qu'en très grande partie, c'est à
sa ténacité, à son obstination qu'on a fini par devoir, il
y a 31 ans maintenant cette année, l'adoption de ce symbole essentiel de
toute nation, ce point de ralliement d'une collectivité qui, pour nous,
est le drapeau fleurdelisé. Je voudrais simplement ajouter, à
celles du député de Johnson, nos condoléances et
très personnellement les miennes également à sa famille,
en particulier à son fils Michel qui, aux Affaires
intergouvernementales, travaille très près de nous et du ministre
des Affaires intergouvernementales ainsi que de votre serviteur. M. le
Président, à toute la famille, nos condoléances et nos
meilleurs voeux.
Le Président: M. le chef parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je voudrais me
joindre, au nom de l'Opposition officielle, au témoignage de sympathie
exprimé par le député de Johnson dans sa motion et par le
premier ministre. Je voudrais, au nom de l'Opposition officielle, tout en
rappelant les qualités de parlementaire et les autres qualités
très bien connues de M. Chaloult, en même temps
réitérer ce témoignage de condoléances que nous
voulons rendre à la famille et particulièrement aussi à M.
Chaloult qui a servi avec moi le fils aux ministères des
Affaires intergouvernementales.
Le Président: M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: M. le Président, je viens tout juste
d'apprendre par la voix de l'honorable député de Johnson le
décès de M. René Chaloult. Je n'ai pas eu, comme le
député de Johnson, l'honneur de le connaître au travail,
mais j'ai souvent entendu parler de ses grandes qualités d'audacieux
parlementaire. C'est, bien sûr, quelqu'un qui a fait sa marque dans
l'histoire de notre province. Au nom du parti que je représente, je
voudrais offrir nos plus sincères condoléances à Mme
Chaloult et à tous les membres de la famille ainsi qu'aux amis.
Le Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Fabien Roy
M. Roy: M. le Président, je veux joindre ma voix à
celles de mes collègues qui m'ont précédé pour
présenter nos plus sincères condoléances à Mme
Chaloult ainsi qu'aux membres de sa famille. M. le Président, je pense
qu'il convient quand même de prendre quelques instants pour rappelr
peut-être à nos collègues et à ceux qui nous
écoutent quelques passages de la vie politique de M. Chaloult.
D'abord, il fut seize ans à l'Assemblée nationale du
Québec et je pense qu'on peut dire à juste titre que ce fut une
voie libre et courageuse pour tâcher de défendre les
intérêts de notre peuple, de notre population et forcer les
gouvernements en place, que ce soient des gouvernements libéraux ou des
gouvernements de l'Union Nationale, à prendre leurs
responsabilités pour faire avancer notre cause et faire respecter nos
droits.
J'aimerais rappeler la motion qu'il avait présentée en
cette Chambre, appuyée par M. André Laurendeau et qui a
été discutée le 19 mars 1947. Elle se lisait comme suit:
"Cette Chambre invite le gouvernement du Québec à arborer sans
délai sur la tour centrale de son hôtel un drapeau nettement
canadien qui symbolise les aspirations du peuple de cette province".
L'histore nous rappelle également qu'un comité avait
été formé, etc., mais cette motion fut réinscrite
dans le feuilleton de la Chambre pour quelle soit débattue à
nouveau au cours de la session de 1948. Elle fut réinscrite le 2
décembre 1947. Elle a été adoptée le 21 janvier
1948, le jour même où on a hissé pour la première
fois sur la tour centrale du parlement le fleurdelysé, le drapeau dont
nous sommes fiers, ce drapeau distinctif, cet emblème national dont nous
sommes très fiers. Alors, je veux rendre hommage à sa
mémoire pour dire qu'il fut un grand Québécois et, encore
une fois, je veux réitérer l'expression de nos
condoléances à sa famille et à son épouse.
Le Président: Merci, M. le député de
Beauce-Sud.
M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'aimerais me joindre à
ceux qui ont dit un mot à la mémoire de M. Chaloult qui a
été un ami personnel, avec qui j'ai passé de grandes
soirées au cours des années soixante, au cours desquelles il m'a
parlé longuement des années politiques qui ont passé, au
Québec, du nationaliste au Québec. Quand je lui demandais:
Pourquoi, comme député indépendant, vous avez
changé de comté aussi souvent? Il répondait: Quand vous
avez été élu député d'un comté
pendant un mandat et que vous ne faites pas de patronage, la seule façon
d'être élu, c'est de changer de comté. Il y avait les
moeurs de l'époque. C'est un homme qui a été
profondément nationaliste, qui a aimé le peuple
québécois et qui a travaillé de toutes ses forces pour
l'avènement du peuple québécois.
Il faut dire aussi que, dans les dernières années de sa
vie active en politique, il a été membre du regroupement
national. Il a été membre également du Ralliement
national, comme le député de Beauce-Sud, d'ailleurs, qui s'est
joint pour former le Parti québécois et qui était
profondément pour la souveraineté du Québec.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Kamouraska.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Moi aussi, je voudrais me joindre à mes collègues pour
offrir à madame et à la famille Chaloult, ayant connu intimement
M. Chaloult, mes plus profondes condoléances.
Le Président: Merci. Enregistrement des noms sur les votes
en suspens. Nous en sommes aux réponses et aux avis à la
Chambre.
Questions inscrites au feuilleton
M. Charron: Oui, M. le Président. Je vais faire une motion
pour les travaux des commissions dans un instant, si vous le voulez bien. Le
vote enregistré est déjà pris sur la motion que le premier
ministre a faite. Aussi bien les faire puisque je les ai devant moi. Les
réponses à des questions au feuilleton c'est mercredi,
aujourd'hui j annonce tout de suite qu'il pourra y en avoir quelques
autres demain matin, dernière matinée de nos travaux.
A la question no 17), de M. Vaillancourt, la réponse vient de M.
Lévesque, le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Voici la réponse, M. le
Président, (voir annexe)
M. Charron: La question no 24), de M. Pagé. La
réponse vient de M. Lévesque. Je fais motion pour que cette
réponse soit transformée en dépôt de document, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Lévesque (Taillon): Je dépose le document M. le
Président, en soulignant cependant que je l'ai mis à la main.
C'est la seule copie que j'ai. Il s'agissait d'une question sur l'ensemble des
agents officiels qui ont travaillé à ce titre, au moment des
élections de 1976, du côté du Parti
québécois. On en a rejoint 106, sur 110, ce n est pas un cadeau
de répondre à des questions
comme celle-là. C'est le résultat que je dépose. Si
on découvre les quatre autres, on nous le dira.
M. Charron: La question no 26) au nom de M. Russell,
réponse qui doit venir de M. Bérubé. Je fais motion, M. le
Président, pour que cette réponse soit transformée en
dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté
M. Charron: Non, c'est celle-ci.
M. Bérubé: Contre la tordeuse des bourgeons
d'épinettes.
M. Charron: II y en a donc bien!
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: La question no 51) de M. Gias-son. La réponse
vient de M. Bérubé. Je fais motion pour que cette réponse
soit transformée en dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée?
Adopté.
M. Charron: La question no 69), M. Dubois. La réponse
vient de M. Garon. Je fais motion pour que cette réponse soit
transformée en dépôt de document.
Mme le Vice-Président: Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. Charron: La question no 88) de M. Pagé.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Garon: Document déposé.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: La motion de M. Pagé, no 88), la
réponse vient de plusieurs ministres à la fois puisque la
question était générale. Je dépose ie document, Mme
le Président.
Mme le Vice-Président: Document déposé.
M. Charron: Finalement, la motion no 100) de M. Ciaccia. La
réponse devant venir de M. Joron, je dépose le document à
sa place.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: J'ai peut-être perdu le numéro, mais je
donne un complément de réponse. Si on veut, je lis la note telle
qu'elle est et je la dépose, Mme le Président. C'est une motion
de M. Picotte, une réponse avait été déposée
par M. Léonard, il y a deux semaines. Je ne me rappelle plus laquelle.
On pourra peut-être l'identifier dans le feuilleton du 6 décembre.
C'est un complément à la réponse qui avait
été fournie à M. Picotte et je dépose le document,
Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Le document est
déposé.
M. Charron: Madame, je voudrais donner un avis qui peut
paraître prématuré, mais qui est important à cause
du sujet.
M. Bellemare: Mme le Président, avant qu'il passe aux
avis, je ferai remarquer à l'honorable leader que l'Union Nationale
avait posé, le 22 février, quatre questions auxquelles nous
n'avons pas eu de réponse. Cinq questions encore, le 22 février.
Une qui appartenait au député de Saint-Hyacinthe. Une autre au
député de Huntingdon. Une autre au député de
Mégantic-Compton. Une autre au député de Gaspé. Et
la mienne, la première qui avait été posée le 22
février.
M. Charron: M. le député, c'est tout ce que je peux
faire dans les circonstances, Mme le Président. Je peux dire que demain
matin, j'ai une douzaine de réponses dont plusieurs viennent des
députés de l'Union Nationale. J'espère que ce sera
celles-là. Je n'ai pas eu le temps, je ne les connais pas par coeur.
M. Bellemare: ... cette post-réponse, mais je ne suis pas
sûr que cela va nous satisfaire.
Travaux parlementaires
M. Charron: Mme le Président, même si à ce
moment la session de 1979 aura déjà commencé, je donne
quand même avis tout de suite que les 13 14 et 15 mars 1979, et j'en
donne avis afin que cela figure tout de suite dans la Gazette officielle, il y
aura réunion de la commission parlementaire de la Justice pour entendre
les commentaires et réactions des citoyens sur la réforme du
droit de la famille, qui est proposée dans le rapport de l'Office de
révision du Code civil, soit les articles 24 à 28 du livre 1, le
livre 2 dans son entier, et l'article 6 du livre 3. Je répète les
dates: les 13, 14 et 15 mars. Mais à cause de l'importance du sujet, je
voudrais que cela figure dans la Gazette officielle le plus rapidement possible
et je donne l'avis public immédiatement de cette façon ce
matin.
Maintenant, Mme la Présidente, je voudrais faire motion pour que
se réunisse tout de suite jusqu'à 13 heures, de 15 heures
à 18 heures, au salon rouge, la commission de l'agriculture qui devrait
normalement, à ce moment, achever son brillant travail sur le projet de
loi no 90, article par article, comme il semble que ce soit possible.
Cette commission devant céder place ce soir à 20 heures
à la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche à
laquelle nous déférerons
en cours de journée le projet de loi no 71 dont nous terminerons
la deuxième lecture.
Que se réunisse à la salle 81-A je l'avais
annoncé hier et je le concrétise dans cette motion la
commission du revenu pour achever l'étude article par article du projet
de loi no 51, du projet de loi no 65 et des quatre ou cinq petits projets de
loi de un ou deux articles qui lui ont été
déférés, qui sont des mesures qui découlent du
budget, jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20
heures à 24 heures aujourd'hui.
Je voudrais peut-être que ma motion soit mise aux voix ou
adoptée si c'est le désir de l'Assemblée tout de suite.
J'ai autre chose par la suite.
Mme le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adoptée, Mme le Président. Mme le
Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Maintenant, Mme le Président, je dois
solliciter le consentement de l'Assemblée pour qu'une troisième
commission puisse siéger pendant que la Chambre travaillera sur des
projets de loi et que les deux commissions que je viens de mentionner se
réuniront.
J'ai l'accord des deux députés de l'Opposition officielle
qui sont membres de cette commission: il s'agit du député de
L'Acadie et du député de Saint-Laurent, je crois; l'accord du
député de Mégantic-Compton qui est le représentant
de son parti sur cette commission; l'accord du député de
Pointe-Claire qui est un membre de cette commission également. Je
sollicite les autres collègues et le même consentement.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente.
Le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le leader du gouvernement vient de dire qu'il
avait l'accord des deux députés de Saint-Laurent et de L'Acadie,
mais c'était subordonné évidemment à la
décision du leader de notre parti et, à ce moment, il
n'était pas question de faire siéger des commissions
supplémentaires. Ce que vous dites c'est qu'il va y avoir quatre
commissions ou trois commissions au lieu de deux. C'est un autre
problème.
M. Charron: C'est pour cela que je le pose sous une autre forme
et je ne l'ai pas mis dans la motion; cela demande un consentement unanime
cette fois. Mais je le sollicite vous ayant parlé à
vous-même hier, à votre collègue, à ceux que je
viens de mentionner; je sollicite de ceux-là et des collègues de
mon parti qui sont membres de cette commission que cette commission des
affaires sociales puisse se réunir aux mêmes heures que je viens
d'indiquer pour les autres, en vue de l'étude article par article du
projet de loi no 84.
Mme le Vice-Président: Est-ce qu'il y aura consentement
unanime?
M. Lamontagne: Mme la Présidente.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: Je dois dire qu'à venir jusqu'à il y
a quelques secondes, à peine, nous n'avions aucune idée des
travaux pour la présente journée. Evidemment, nous connaissons
les projets de loi qui demeurent au feuilleton. J'inviterais le leader du
gouvernement; je pense que le travail le plus productif qu'il pourrait faire au
cours des prochaines minutes, c'est de convoquer une réunion des
leaders, de sorte que chacun des partis politiques puissent, à l'heure
du lunch, se consulter et fournir toutes les réponses appropriées
au leader du gouvernement à 15 heures.
M. Charron: Mme le Président, je suis absolument d'accord
avec cela, j'en avais d'ailleurs déjà touché un mot au
député de Johnson hier pour que pareille réunion ait lieu
aujourd'hui. Il reste que sans que je l'aie formellement annoncé lors de
l'ajournement cette nuit, j'avais déjà indiqué, à
une réponse au député d'Outremont hier, que la commission
du revenu se réunirait aujourd'hui c'était
prévisible, je l'avais dit hier, et la commission de l'agriculture; cela
fait partie de notre entente, c'étaient les deux prévisibles.
J'en avais parlé un peu quand je suis allé faire un tour à
la commission de l'agriculture à savoir que la commission des affaires
sociales puisse se réunir aujourd'hui pour faire l'étude article
par article de ce projet de loi.
M. Lavoie: Mme la Présidente, nous aimerions
connaître, par contre, avant de donner notre consentement et je
ferais une proposition au leader parlementaire du gouvernement tout à
l'heure l'ordre des travaux à l'Assemblée ici. Cela peut
influer sur notre décision.
M. Charron: Oui.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Mme la Présidente, comme je l'avais
laissé entendre également hier, nous allons prendre en
considération un certain nombre de rapports qui sont au feuilleton
d'aujourd'hui. Nous allons faire les troisièmes lectures des lois qui
étaient au niveau des prises en considération hier. (12 h 20)
Par la suite, nous allons achever le débat sur la loi 71, la
conservation de la faune, dont la deuxième lecture est entamée,
pour permettre à celle-ci de se réunir ce soir. Nous allons faire
la deuxième lecture du projet de loi no 105, Loi constituant la
Société québécoise de développement des
industries culturelles. A ce moment-là,
après la deuxième lecture, la loi ayant un
caractère très peu litigieux à mon avis, mais je ne jure
de rien, car chat échaudé craint l'eau froide je crois que
nous pourrions travailler en commission plénière sur ce projet de
loi. Ce n'est qu'après que la deuxième lecture du projet de loi
sur la Société générale de financement devrait
être appelée, après le projet de loi no 105.
M. Bellemare: Si le projet de loi sur la Société
générale de financement, le no 108, doit aller en commission
parlementaire, je vous avertis d'avance qu'il ne passera pas à cette
session-ci. Vous n'aurez pas de consentement. Le projet de loi no 108, la
Société générale de financement, ne passera
pas.
M. Charron: Est-ce à cause du projet de loi lui-même
ou à cause du ministre qui le parraine?
M. Bellemare: C'est mon affaire, et vous n'aurez pas le
consentement.
M. Lamontagne: Nous avons un petit problème d'agencement
des travaux. Mme le député de L'Acadie doit siéger sur la
loi concernant les biens culturels ou la culture et aussi sur les Affaires
sociales. Il va y avoir un engorgement. C'est pour cela que la réunion
des leaders pourrait clarifier la situation.
M. Lavoie: Ce que je proposerais, c'est que les deux commissions
siègent, les deux commissions convenues, l'Agriculture et le Revenu. De
toute façon, il reste une quarantaine de minutes avant 13 heures. Qu'on
commence à l'Assemblée les troisièmes lectures, les prises
en considération, et, suivant les travaux qui resteront à 15
heures, nous vous dirons à 15 heures, à la reprise, si nous
pouvons, à ce moment-là, accorder notre co-sentement pour une
troisième commission.
M. Charron: D'accord. Est-ce que cela vous va aussi, M. le
député de Johnson?
M. Bellemare: Je voudrais savoir d'avance, au sujet du projet de
loi no 110, si vous avez l'intention de l'envoyer en commission parlementaire
aujourd'hui ou demain.
M. Charron: Demain.
M. Bellemare: Là. vous allez avoir encore un engorgement
parce que cela prend un consentement pour la troisième lecture, en vertu
de l'article 115.
M. Charron: Oui, mais je sais aussi que nous nous sommes
rencontrés jeudi dernier à cet effet et je ne l'oublie pas.
M. Bellemare: La température a changé!
M. Biron: Puis-je demander au leader s'il a l'intention d'adopter
la troisième lecture du projet de loi no 124 ce matin?
M. Charron: Oui, c'est parmi les troisièmes lectures.
Mme le Vice-Président: Les deux commissions peuvent
siéger dès maintenant.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Gratton: Mme la Présidente, en vertu de l'article
34.
Mme le Vice-Président: En vertu de l'article 34, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: J'aimerais demander au leader si le ministre des
Affaires municipales l'a informé du moment où les annexes qu'il
doit présenter au rapport de la commission sur le projet de loi
privé de Varennes...
M. Charron: Oui. L'information que je puis donner au
député est que le document que la municipalité
s'était engagée à fournir est actuellement à
l'étude au ministère des Terres et Forêts et la
troisième lecture aurait lieu demain.
M. Lavoie: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie:... en vertu de l'article 34, je ne sais pas si cela
fera l'objet de notre rencontre des leaders parlementaires, mais en ce qui
concerne le projet de loi no 116, qui concerne les problèmes de
l'agriculture, il y a deux principes. Est-ce que le gouvernement a
décidé de nous faire une proposition pour considérer la
fin du projet de loi, le deuxième principe, l'article 7, qui ratifie la
décision de la Cour suprême? Est-ce que le gouvernement est
prêt à laisser tomber la première partie, qui concerne la
mise en marché et les plans conjoints dans le domaine de l'agriculture?
Je pense que cela fera l'objet d'une décision de la part de l'Opposition
libérale. Nous serons sans doute d'accord pour qu'on ratifie la
décision de la Cour suprême, mais, en ce qui concerne la
première partie, je pense qu'il va manquer des consentements quelque
part.
M. Charron: Je suis content que le député de Laval
me donne ces indications. J'avais effectivement l'intention d'aborder ce sujet
à la réunion des leaders où mon collègue de
l'Agriculture viendra me donner un coup de main à cette occasion. Il est
donc peut-être inutile d'en parler immédiatement, on le fera plus
tard.
Mme le Vice-Président: Les travaux de ce jour, M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: La motion est adoptée pour les commissions,
elles peuvent donc se réunir tout de suite.
Mme le Vice-Président: C'est déjà fait,
oui.
M. Charron: Je vous prie d'appeler l'article 134) du feuilleton,
Mme la Présidente, s'il vous plaît.
Projet de loi no 78
Prise en considération du rapport de la
commission
Mme le Vice-Président: A l'article 134) de notre
feuilleton de ce jour, il s'agit de la prise en considération du rapport
de la commission permanente des richesses naturelles qui a étudié
le projet de loi no 78, Loi modifiant de nouveau la Loi du régime des
eaux, et il y a un amendement.
M. le ministre des Richesses naturelles.
M. Bérubé: Mme le Président, lors de nos
travaux en commission parlementaire, le député de Robert Baldwin
avait fait une suggestion d'amendement qui nous avait paru extrêmement
sensée, compte tenu d'ailleurs de la grande expérience du
député de Robert Baldwin dans les domaines de l'arpentage et de
la délimitation, du bornage des terrains.
J'aurais aimé déposer un amendement que j'ai ici et qui
serait: L'article 1 du projet de loi 70 serait modifié par l'addition,
à la fin de l'alinéa qu'ajoute le paragraphe b) à
l'article 2 de la Loi du régime des eaux, de ce qui suit: "II peut
également, de la même manière, autoriser le ministre
à convenir d'une délimitation de ses biens avec le
propriétaire du terrain adjacent."
En d'autres termes, l'objectif de cet amendement est simplement de
permettre au ministre de convenir d'un bornage à l'amiable avec un
propriétaire riverain, ce qui n'est pas possible présentement et
cause énormément de problèmes. Cela permettrait de
régler beaucoup de cas hors cour
M. Lavoie: Mme la Présidente.. Mme le
Vice-Président: M. le leader...
M. Lavoie: Avec la permission de mes collègues nous
n'avons pas d'objection à accepter ce rapport, étant donné
que le ministre des Richesses naturelles a consenti, gracieusement, à
accepter d'améliorer son projet de loi grâce à la
contribution du député libéral de Robert Baldwin. Nous
sommes prêts. Mme la Présidente, à accepter ce rapport et
à procéder même à la troisième lecture, s'il
n'y a pas d'objection.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'amendement
sera-t-elle adoptée?
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Une minute! Tranquillement! M. Goldbloom:
Tranquillement, pas vite.
M. Bellemare: Nous avons, ce matin, justement parlé lors
de notre caucus de ces rapports dont il sera question. Sur celui-là en
particulier, nous voudrions dire que nous nous sommes entendus pour que cela
puisse être réglé en commission parlementaire et devant la
commission plénière pour l'amendement après cela, il
faudra faire les écritures en troisième lecture. Il faut que les
amendements soient faits en commission plénière.
M. Charron: La prise en considération du rapport, c'est
à ce moment-ci.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale,
je n'ai peut-être pas parlé assez fort tantôt. Nous sommes
à la prise en considération du rapport. Alors...
M. Bellemare: C'est certain que. s il y a un amendement, il faut
que cela vienne devant la commission plénière pour qu'on puisse
l'intégrer à la troisième lecture.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union Nationale,
je vous ferai remarquer que cet amendement a été proposé
dans les délais requis, au moment du dépôt du rapport.
C'est là qu'il y a confusion.
M. Bellemare: C'est cela, il a été distribué
au début de décembre et ma mémoire, comme je vieillis, m'a
fait défaut pour ce moment-là. Je n'ai aucune objection à
ce que celui-là soit adopté avec les amendements, mais il y en a
peut-être d'autres auxquels nous allons nous opposer.
Mme le Vice-Président: Cette motion d'amendement du
ministre des Richesses naturelles est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté
Mme le Vice-Président: Adopté. Le rapport est-il
adopté?
M. Lavoie: Oui. Mme la Présidente.
M. Charron: Merci, madame. Consentement de troisième
lecture?
Mme le Vice-Président: Vous aviez le consentement de M...
Alors, cette troisième lecture?
M. Lavoie: Pour les fins du journal des Débats,
pourriez-vous identifier le projet de loi?
Mme le Vice-Président: Je l'ai déjà fait au
moment de la prise en considération du rapport.
M. Lavoie: Oui. mais quand même!
Mme le Vice-Président: Sûrement.
M. Lavoie: Je ne voudrais pas que ce soit une troisième
lecture de n'importe quel projet de loi!
Mme le Vice-Président: D'accord. Je vous remercie
d'être aussi vigilant. M. le leader de l'Opposition officielle. (12 h
30)
Troisième lecture
M. le ministre des Richesses naturelles propose que soit maintenant lu
pour la troisième fois le projet de loi no 78, Loi modifiant de nouveau
la Loi du régime des eaux. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Madame, je vous prie d'appeler l'article 135) et
quand vous l'aurez lu, de me reconnaître immédiatement, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 72
Prise en considération du rapport de la
commission
Mme le Vice-Président: A l'article 135), Prise en
considération du rapport de la commission permanente des consommateurs,
coopératives et institutions financières qui a
étudié le projet de loi no 72, Loi sur la protection du
consommateur.
M. Charron: Madame, il y a deux amendements à ce projet de
loi. Il y en a un qui a été fourni, je crois, par le
député de Jacques-Cartier, qui aura l'occasion...
Mme le Vice-Président: Le député de
Mont-Royal.
M. Charron: Excusez-moi. Le député de Mont-Royal
qui aura l'occasion de prendre la parole à l'instant. Il y en aurait un
deuxième qui lui, Madame, n'a pas été
présenté dans les délais prescrits par notre
règlement, mais qui a quand même été
communiqué aux députés qui se sont
intéressés à la chose. Il est, à mon avis, mineur
et ne devrait pas faire d'histoire. Je solliciterais donc le consentement pour
qu'une dérogation à notre règlement soit permise et que
lors de cette prise en considération, un amendement amené par Mme
le ministre elle-même, puisse être également
considéré, en même temps que celui qui a été
dûment déposé par le député de
Mont-Royal.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Nous acceptons volontiers cette
procédure.
Mme le Vice-Président: M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Je crois que c'est celui qui soulevait une
objection et je crois que nous allons donner notre consentement.
M. Charron: Merci beaucoup.
Mme le Vice-Président: Le consentement est
accordé.
M. le député de Mont-Royal, voulez-vous intervenir sur
votre motion d'amendement?
M. Ciaccia: Oui, Mme le Président. Mme le
Vice-Président: D'accord. M. Ciaccia: Mme le
Président...
Mme le Vice-Président: Un instant! voulez-vous? Je vais
lire les amendements pour que nous puissions peut-être à la fois
prendre en considération le rapport... La motion d'amendement de M. le
député de Mont-Royal se lit comme suit: "Par la suite de la
renumérotation des articles du projet de loi no 72, qu'un nouvel article
166 soit ajouté, lequel se lirait comme suit: Les articles 155 à
165 ne s'appliquent pas à une automobile neuve qui a fait l'objet d'un
contrat de location comportant une clause d'option d'achat dont le
propriétaire décide de se prévaloir et que tous les autres
articles qui suivent soient numérotés en conséquence."
Voilà pour l'amendement de M. le député de Mont-Royal.
M. le député de Mont-Royal voudrait intervenir. Je vais
simplement lire la motion d'amendement de Mme le ministre: "Une action
fondée sur une garantie prévue à l'article 159, au
deuxième alinéa de l'article 164, à l'article 176, au
deuxième alinéa de l'article 181 ou à l'article 186 se
prescrit par trois mois à compter de la découverte de la
défectuosité."
Sur la motion d'amendement, M. le député de Mont-Royal
d'abord. Nous verrons ensuite avec l'autre. Je l'ai simplement lue pour que
vous sachiez de quoi il s'agit.
M. Ciaccia: Mme le Président, dans le projet de loi 72,
les articles numérotés 152 à 165, qui sont changés
et qui sont de nouveau numérotés de 155 à 165, tels qu'ils
sont, prévoient présentement, donnent une obligation,
prévoient une obligation pour le commerçant d'apposer de la
manière prescrite par règlement une étiquette sur une
automobile d'occasion qu'il offre en vente et cela prévoit aussi
certaines garanties. Dans le cas d'un contrat de location, le locataire qui
veut se prévaloir d'une option d'achat, soit durant le contrat de
location, soit à la fin du contrat de location... D'après la loi,
telle qu'elle est présentement rédigée, cet achat
comporterait une obligation par le vendeur, par le locateur, de donner
certaines garanties et d'apposer un certain étiquetage sur le
véhicule.
Comme vous le savez, la pratique courante, c'est que le locataire est
celui qui a utilisé l'automobile qu'il a eue neuve et cela donnerait une
responsabilité trop onéreuse à la société
qui fait la location. Alors, si le projet de loi n'est pas amendé, cela
veut dire tout simplement que le consommateur n'aura plus cette option parce
qu'une compagnie, une société ou un individu ne pourra
pas se permettre de louer une automobile et de donner, en plus, une
option d'achat. Pour remédier à cette situation, pour enlever
cette obligation onéreuse faite au locateur et aussi pour permettre au
locataire d'avoir une option de plus, non seulement de louer l'automobile, mais
d'avoir à un prix réduit une option d'achat, j'ai proposé
l'amendement que vous avez lu tantôt, Mme le Président, qui
enlèverait cette obligation onéreuse pour le locateur et qui
permettrait une option additionnelle au locataire. Cela donnerait une option
additionnelle au consommateur.
Mme Payette: Mme la Présidente...
Mme le Vice-Président: Quelqu'un veut-il intervenir sur
l'autre amendement ou sur la prise en considération du rapport
globalement?
Mme Payette: ... je désirerais tout simplement, à
ce moment-ci, faire connaître notre accord en ce qui concerne
l'amendement du député de Mont-Royal et souligner que ce projet
de loi c'est peut-être exceptionnel, mais je crois qu'il est
honnête de le faire a été amélioré
jusqu'à la dernière minute avec la collaboration de
l'Opposition.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Mme la Présidente, simplement pour faire
remarquer comment il est difficile parfois, dans ces lois si complexes qui
contiennent environ 350 articles, de voir leur portée dans la vie de
tous les jours. On a reçu plusieurs mémoires. Plusieurs personnes
ont voulu, privé-ment ou publiquement à la commission
parlementaire, nous faire leurs commentaires, nous donner leur point de vue.
Voilà que, dans ce cas particulier d'une location de voiture avec option
d'achat, lorsque le député du comté de Mont-Royal m'a
posé cette question bien directement, c'était la première
fois, à ma connaissance, que quelqu'un, au niveau de la commission ou
autrement, portait à mon attention le fait qu'un tel contrat
n'était pas inclus dans la Loi sur la protection du consommateur et que
cela pouvait porter à toutes sortes d'interprétations. Je suis
bien satisfait de voir que le député de Mont-Royal a su constater
cette lacune et bien heureux aussi que Mme le ministre ait bien voulu l'inclure
dans la loi.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, Mme la Présidente. Très
brièvement, nous de l'Union Nationale avons également pris
connaissance de l'amendement apporté par le député de
Mont-Royal et nous donnons notre accord tout entier à cet amendement
parce que, effectivement, cela avait été oublié et cela
donnera des bénéfices peut-être aux deux parties. Nous ne
pouvons pas être en désaccord avec un tel amendement.
Mme le Vice-Président: Quelqu'un veut-il intervenir sur
l'amendement de Mme le ministre?
Une Voix: Adopté.
M. Saint-Germain: Est-ce qu'on pourrait avoir une explication sur
l'amendement de Mme le ministre?
Mme Payette: Mme la Présidente, peut-être tout
simplement pour expliquer de quoi il s'agit, nous avons, tout au long du projet
de loi sur la protection du consommateur et de son étude article par
article, traité de façon différente, pour des raisons qui
sont évidentes, les automobiles et les motocyclettes. Par une erreur qui
nous a échappé, il y avait dans le cas des motocyclettes
prescription de trois ans comme pour les automobiles. Nous avons ramené
cette prescription à trois mois comme il se doit.
M. Saint-Germain: Mme la Présidente, cet...
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: ... amendement est accepté.
Mme le Vice-Président: D'accord. L'amendement de Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. L amendement de M.
le député de Mont-Royal sera-t-il adopté?
M. Charron: Adopté. M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Le rapport sera-t-il
agréé?
M. Lavoie: Agréé.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Y a-t-il consentement pour une troisième
lecture? Plutôt demain.
M. Lavoie: Non, je crois que, pour une loi de cette
importance...
M. Charron: D'accord.
M. Lavoie: ... on devrait respecter les délais impartis
à notre règlement. A la prochaine séance...
Mme le Vice-Président: Troisième lecture... M.
Lavoie: ... ou séance subséquente.
M. Charron: Non, à la prochaine séance. Mme le
Vice-Président: ... prochaine séance. M. Charron: D'accord,
madame. Merci.
Mme le Vice-Président: Les échéances sont
rapides maintenant. M. le leader.
M. Charron: L'article 136), s'il vous plaît! Mme le
Vice-Président: L'article 136)?
M. Charron: Oui. (12 h 40)
Projet de loi no 29
Prise en considération du rapport de la
commission
Mme le Vice-Président: Prise en considération du
rapport de la commission permanente des terres et forêts qui a
étudié le projet de loi no 29, Loi concernant le régime
des terres dans les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec.
Ce rapport sera-t-il adopté?
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Lavoie: C'est une simple question que j'adresse à la
présidence mais qui se dirige via la présidence au
secrétaire général. Y a-t-il eu des amendements à
l'étape du dépôt du rapport?
Mme le Vice-Président: Aucun amendement, M. le leader. Ce
rapport sera-t-il adopté?
M. Lavoie: Vous pouvez, je pense, procéder, en ce qui nous
concerne, à la troisième lecture.
Mme le Vice-Président: Cela va. Consentement.
M. Charron: Merci. Article 137), Mme le Président, s'il
vous plaît!
Troisième lecture
Mme le Vice-Président: Alors, la troisième lecture
du projet de loi no 29 est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Article 137), Mme le Président, s'il vous
plaît!
Projet de loi no 67
Prise en considération du rapport de la
commission
Mme le Vice-Président: Article 137). Prise en
considération du rapport de la commission perma- nente du revenu qui a
étudié le projet de loi no 67, Loi sur les loteries, les courses,
les concours publicitaires et les appareils d'amusement.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais vous adresser la même
question que tout à l'heure, Mme la Présidente?
Mme le Vice-Président: II n'y a pas d'amendements,
à ce que je sache. Je vérifie. Pas d amendements, M. le
leader.
M. Lavoie: Nous sommes prêts à adopter le
rapport.
Mme le Vice-Président: Ce rapport est adopté.
M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Nous n'avons aucune objection à la
troisième lecture.
M. Lavoie: En vertu de son absence, j'aimerais consulter
auparavant le député d'Outremont. Je préférerais
que la troisième lecture soit reportée à la prochaine
séance, au cas où il désirerait prendre la parole et
intervenir en troisième lecture.
M. Bellemare: C'est plutôt le député de
Mont-Royal qui a été le principal intervenant.
M. Charron: Non.
M. Lavoie: Non, c'est le député d'Outremont.
Mme le Vice-Président: Alors, ce rapport est
adopté.
M. Bellemare: Troisième lecture.
Projet de loi no 114
Prise en considération du rapport de la
commission
Mme le Vice-Président: Troisième lecture, prochaine
séance. A l'article 138), il s'agit de la prise en considération
du rapport de la commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre qui a
étudié le projet de loi no 114, Loi modifiant la Loi des
accidents du travail et d'autres dispositions législatives. Ce rapport
sera-t-il adopté?
M. Bellemare: M. le Président, comme la séance a
été fort ardue ce matin, je n'ai pas eu I'occasion de rencontrer
le député de Richmond, qui était notre représentant
sur cette loi qui était fort contentieuse au début mais qui a
été par-cellée. Je voudrais le voir avant l'acceptation en
troisième lecture.
M. Charron: D'accord, mais le rapport est
agréé.
Mme le Vice-Président: Le rapport est adopté.
Troisième lecture à venir.
M. Charron: Merci, Mme le Président. Alors, nous allons
revenir un peu plus à l'avant dans le feuilleton d'aujourd'hui, qui est
volumineux. L'article 104, s'il vous plaît. En vertu de l'article 125, je
voudrais que, pour un moment, l'Assemblée se reconvertisse en commission
plénière, puisque mon collègue, le ministre
délégué à l'environnement, aurait un amendement
mineur, qui vient d'ailleurs de l'Opposition, je crois.
M. Bellemare: Non. Des amendements, plusieurs amendements. Il y a
une vingtaine d'amendements. Il y en a un qui est mineur qui a
été recommandé.
M. Léger: Ce n'est pas la même loi.
M. Charron: Je vais vous laisser discuter de cela. Ce que je fais
comme motion, c est qu'on revienne en commission plénière pour un
instant, au moment de la troisième lecture. J'en fais motion, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Léger: Mme la Présidente...
M. Lavoie: Un instant! Il faut que Mme la présidente nous
quitte, malheureusement.
M. Charron: II faut que vous quittiez le fauteuil, c'est
exact.
Projet de loi no 30 Commission
plénière
Le Président (Mme Cuerrier): La commission
plénière est réunie pour étudier le projet de loi
no 30 Loi modifiant de nouveau la Loi de la qualité de
l'environnement.
M. le ministre.
M. Léger: Mme le Président, c'est un amendement qui
a été apporté après une entente avec les Services
de protection de l'environnement, les terres et forêts et les Cris, et
après consultation des députés concernés de
l'Opposition. Il s'agit de remplacer le paragraphe h), par le suivant: Toute
route ou tronçon d'une telle route d'une longueur d'au moins 25
kilomètres et dont la durée d'utilisation est prévue pour
au moins quinze ans à des fins d'exploitation forestière.
Deuxième amendement, à la première ligne du
deuxième alinéa de l'annexe A, remplacer le mot "exploitation "
par le mot "exploration ". Je vous donne une copie, Mme le Président,
pour qu'on fasse les écritures.
M. Charron: Adopté.
M. Ciaccia: Les deux amendements sont adoptés.
Le Président (Mme Cuerrier): Les deux amendements sont
adoptés. Il s'agit de remplacer le paragraphe h), par le suivant: Toute
route... Je pense qu'il ne sera pas nécessaire de les lire. Ils sont
déjà adoptés. Je suis en train de faire des lapsus, de
toute façon. Les deux amendements, l'un au paragraphe h), et l'autre au
dernier alinéa de l'annexe A. Les deux amendements sont
adoptés.
M. Bellemare: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Ce sera tout?
Une Voix: II y a deux amendements à adopter.
M. Charron: Voulez-vous faire rapport?
M. Ciaccia: Juste une question.
M. Charron: Le député a une question.
M. Ciaccia: J'aurais juste une question. Il s agit, à
l'annexe A, des projets qui sont obligatoirement assujettis à la
procédure d'évaluation et d'examen. Il y a une certaine
procédure qui est incluse...
M. Léger: Je ne pourrais pas vous dire où, mais
tout ce que je peux vous dire, c'est une question d'un mot qui a
été mal écrit sur le plan grammatical. Ce n'était
pas "exploitation ", c'était "exploration ". Mais exactement où,
je ne pourrais pas vous dire.
M. Ciaccia: Exploitation minière. Dans l'annexe A,
originellement, c'était une "exploitation " minière. On remplace
cela par le mot "exploration" minière.
M. Léger: C'est plutôt une question grammaticale que
d'un changement de sens.
Le Président (M. Marcoux): Les deux amendements sont-ils
adoptés?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que je peux faire
rapport?
M. Léger: Est-ce que c'est adopté?
Le Président (M. Marcoux): Mme la Présidente, la
commission plénière de l'Assemblée nationale a
étudié deux amendements au projet de loi no 30 Loi modifiant de
nouveau la Loi de la qualité de l'environnement et a adopté ces
deux amendements.
Mme le Vice-Président: Le rapport sera-t-il
adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté tel
qu'amendé.
Troisième lecture
Troisième lecture, d'accord, consentement. Troisième
lecture du projet de loi no 30 Loi modifiant de nouveau la Loi de la
qualité de l'environnement, adopté?
M. Lavoie: Nous allons donner notre consentement, parce qu'il y a
un doute à savoir si on peut passer à la troisième lecture
aujourd'hui sans consentement du fait que nous sommes revenus en commission
plénière; l'article 125 n'est pas tout à fait
précis si on peut procéder dans la même séance. Mais
de toute façon, dans nos...
M. Charron: C'est ce que je suis allé vérifier tout
à l'heure et je me disais que pourtant l'article devrait dire qu'on peut
revenir en troisième lecture dans la même journée.
M. Lavoie: De toute façon avec notre collaboration
habituelle, nous allons consentir.
Mme le Vice-Président: Puisqu'il y avait révocation
de la troisième lecture, qu'il y a eu commission plénière,
que le rapport est adopté, qu'il y a consentement, troisième
lecture du projet de loi no 30, adopté?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: L'article 105), s'il vous plaît.
Projet de loi no 28
Troisième
lecture
Mme le Vice-Président: A l'article 105) de notre
feuilleton d'aujourd'hui, il s'agit de la proposition de troisième
lecture de M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
concernant le projet de loi no 28, Loi concernant les droits de chasse et de
pêche dans les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec.
Cette motion sera-t-elle adopté? (12 h 50)
M. Lavoie: Adopté, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: L'article 106), Mme le Président, je vais
faire la même chose pour la dernière fois. Toutefois les autres
sont sans problème, me prévalant de l'article 125, proposer que
vous quittiez le fauteuil et que cette Chambre revienne en commission
plénière.
M. Lavoie: Mme la Présidente. Est-ce que je pourrais faire
une suggestion au leader parlementaire du gouvernement? Etant donné
qu'on me prévient qu'en commission plénière le
député de D'Arcy McGee aura peut-être à parler
pendant cinq à dix minutes sur les amendements, on devra suspendre
à 13 heures et revenir à 15 heures et du fait qu'à 15
heures je devrai aller en commission parlementaire sur une loi du zonage
agricole, si vous vouliez peut-être suspendre cette troisième
lecture à 15 heures et procéder à d'autres projets de loi
où on pourrait procéder à la troisième lecture,
cela disparaîtrait du feuilleton.
M. Charron: D'accord. J'oublie l'article 106) pour le moment et
je vous prie d'appeler l'article 107).
Projet de loi no 73
Troisième
lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales propose que soit maintenant lu la troisième fois le projet de
loi no 73, Loi modifiant la Loi des régimes supplémentaires de
rentes. Cette motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. Bellemare: Oui.
M. Lavoie: Adopté, Mme la Présidente.
Mme le Vice-Président: Adopté. M. le leader.
M. Goldbloom: Mme la Présidente, si je peux intervenir, je
pense que, toute considération faite, il y aurait lieu de faire le
projet de loi no 69 avant 13 heures. Je vais faire un effort pour raccourcir
mes interventions.
M. Lavoie: On pourrait continuer puis vous donnerez votre
consentement si vous avez besoin peut-être de cinq minutes additionnelles
pour le terminer.
M. Charron: Oui, d'accord. Vous ne continuez pas, on était
sur l'article 107).
M. Lavoie: S'il n'y a pas d'objection. M. Charron:
L'article 107), c'est fait. M. Beltemare: Oui.
Mme le Vice-Président: II s'agirait de l'article 106) du
feuilleton; est-ce celui-là que vous appelez, M. le leader du
gouvernement?
M. Lavoie: Non, non, c'est l'article 108), je pense.
M. Charron: A quel moment voulez-vous?
M. Lavoie: Pourquoi ne pas vider les choses faciles?
M. Charron: D'accord, certainement. Article 108), Mme la
Présidente, s'il vous plaît.
Projet de loi no 86 Troisième lecture
Mme le Vice-Président: A l'article 108), il s'agit de la
motion de M. le ministre des Transports proposant la troisième lecture
du projet de loi no 86, Loi modifiant le Code de la route. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Troisième lecture
adoptée.
M. Charron: Article 109), s'il vous plaît.
Projet de loi no 117 Troisième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales propose que soit maintenant lu pour la troisième fois le projet
de loi no 117, Loi modifiant le régime des allocations familiales du
Québec. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Bellemare: Sur celui-là, nous avons convenu ce matin au
caucus que le député de Mégantic-Compton, qui est
présentement à la commission des affaires sociales, ne pourra pas
s'exprimer, alors, je donne mon consentement.
Mme le Vice-Président: Motion adoptée.
Troisième lecture du projet de loi no 117 adoptée.
M. Charron: Article 110), s'il vous plaît.
Projet de loi no 118 Troisième lecture
Mme le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
sociales propose la troisième lecture du projet de loi no 118, Loi
modifiant la Loi de l'aide sociale. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. Lavoie: Je pense qu'il faudrait arrêter.
M. Charron: Oui?
M. Lavoie: Pour le suivant, ce ne sera pas aussi facile.
M. Charron: Pour le suivant, il y a plusieurs intervenants,
j'imagine, de votre côté...
M. Lavoie: Oui.
M. Charron: ... et de l'Union Nationale aussi.
M. Bellemare: On a droit à une heure, en vertu de
l'article touchant les troisièmes lectures, et on la prendra.
Projet de loi no 69 Révocation de l'ordre de
troisième lecture
M. Charron: D'accord. On le fera à 15 heures. Revenons
donc, Mme la Présidente, puisqu il reste quelques minutes, à
l'article 106). De nouveau, je vous propose de quitter le fauteuil pour que la
Chambre revienne, pendant quelques instants, en commission
plénière, le ministre ayant des amendements à
présenter. J'en fais motion, madame.
M. Johnson: Adopté.
Mme le Vice-Président: Révocation de Tordre de
troisième lecture. Cette motion est-elle adoptée''
M. Bellemare: Pardon?
Mme le Vice-Président: La motion de révocation de
l'ordre de troisième lecture est-elle adoptée?
M. Lavoie: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. La motion pour
quitter le fauteuil est-elle adoptée?
M. Bellemare: Oui. Mme le Vice-Président:
Adopté. Commission plénière
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre
délégué à l'environnement.
M. Léger: Je remercie les députés de I
Opposition de leur accord sur les amendements. Je remercie d autant plus le
député de D'Arcy McGee qui aurait certainement pu faire une belle
envolée oratoire, mais qui a accepté de la diminuer pour qu'on
puisse procéder à l'adoption en troisième lecture.
Il y a un amendement qui nous a été proposé par le
député de Saint-Hyacinthe et que nous avions accepté, mais
il fallait prendre des formes qui étaient celles de la troisième
lecture, et les cinq ou six autres amendements sont uniquement de concordance.
Je ne sais pas s'il est nécessaire que je les lise, mais je vais lire
l'amendement principal qui est à l'article 23 et qui se lit comme suit:
Ajouter, à la fin, l'article suivant: "64d Le directeur doit, avant de
fixer des taux en vertu des articles 64a ou 64c, aviser et entendre
l'exploitant du lieu d'élimination des déchets, les
municipalités susceptibles d'être affectées par cette
décision et les personnes qui transportent des déchets au lieu
d'élimination visé." Pour expliquer rapidement,
c'est à la demande du député de Saint-Hyacinthe; on
voulait être certain que, si, en éliminant tous les
dépotoirs, il y avait un lieu qui est accepté comme tel, il
pourrait y avoir un monopole et, pour éviter que les prix soient
augmentés sans contrôle, il puisse y avoir une décision du
directeur après entente soit avec le propriétaire du site, soit
le transporteur, soit les municipalités. C'est un amendement d'un
député de l'Opposition que nous acceptons et que nous proposons.
Les autres amendements, pour éviter les longueurs, je vais les
déposer. Ce sont uniquement des amendements de concordance. De toute
façon, je pense que les députés de l'Opposition, du Parti
libéral comme de l'Union Nationale, les ont eus et ils étaient
d'accord quand nous en avons parlé.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je résume
l'intervention que j'avais l'intention de faire en disant simplement que les
ministres se suivent et ne se ressemblent pas et les critiques officiels aussi
se suivent et ne se ressemblent pas. A ma place, le député de
Lafontaine m'aurait servi des remontrances extraordinaires si j'étais
arrivé, après l'adoption du rapport et tout cela, avec sept
amendements additionnels.
Je voudrais dire tout simplement que, si j'avais prévu une
dizaine de minutes et c'est une directive que je vous demande à
cet égard c'est un peu parce qu'il me paraissait quand même
nécessaire que les amendements soient inscrits au journal des
Débats, donc que quelqu'un en fasse lecture ou qu'un mécanisme
soit trouvé pour que nous puissions être certains que nous votons
sur des choses connues. J'ai étudié les sept amendements qui sont
proposés par le ministre.
J'ai étudié également l'amendement additionnel
proposé par le député de Saint-Hyacinthe, amendement avec
lequel je suis tout à fait d'accord; je pense que c'est un amendement
qui est utile et même nécessaire. Je suis prêt, quant au
Parti libéral du Québec, à accepter l'adoption des sept
amendements, avec le sous-amendement du député de
Saint-Hyacinthe, qui nous sont proposés par le sous-ministre.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, simplement un mot pour
remercier le ministre d'avoir apporté cet amendement qui vient clarifier
une situation bien précise, surtout dans les municipalités
où il existe déjà un contrat entre un transporteur et les
municipalités. J'ai, moi aussi, étudié les amendements.
J'ai fait le parallèle avec les articles mentionnés et nous les
accepterons.
M. Charron: Voulez-vous faire rapport, s'il vous plaît?
Le Président (M. Marcoux): Tous les amendements
proposés à la loi 69 sont-ils adoptés.
M. Bellemare: Oui. M. Cordeau: Oui. M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Marcoux): Mme la Présidente, la
commission plénière me prie de vous faire rapport que le projet
de loi no 69, Loi modifiant la Loi de la qualité de l'environnement, a
été étudié à nouveau et que plusieurs
amendements ont été adoptés par la commission
plénière.
Mme le Vice-Président: Le rapport sera-t-il adopté
tel qu'amendé?
M. Bellemare: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Nous avions
parlé de troisième lecture. Y a-t-il consentement?
M. Charron: Y a-t-il consentement? M. Bellemare:
Consentement.
Troisième lecture
Mme le Vice-Président: Consentement à ce que la
troisième lecture soit présentée maintenant. M. le
ministre de l'environnement propose que soit maintenant lu la troisième
fois le projet de loi no 69, Loi modifiant la Loi de la qualité de
l'environnement. Cette motion est-elle adoptée?
M. Bellemare: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Troisième
lecture adoptée.
M. Charron: Madame, je remercie les collègues. Je propose,
comme il se doit, la suspension des travaux jusqu'à 15 heures.
Entre-temps, j'invite mes collègues de l'Opposition à une
rencontre qui aura lieu immédiatement à la salle attenante
à cette Assemblée.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 1
Reprise de la séance à 15 h 10
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Vous
pouvez vous asseoir. M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 115) de notre feuilleton.
Le Vice-Président: Pour vous, cela me fait tellement
plaisir.
Mme Payette: ...
Projet de loi no 71 Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: Non, ce n'est pas cela et vous allez
comprendre exactement de quoi il s'agit. C'est que M. le leader parlementaire
adjoint du gouvernement demande que je rappelle la reprise du débat sur
la motion qu'il a lui-même présentée proposant que le
projet de loi 71 soit lu une deuxième fois, c'est-à-dire la Loi
modifiant la Loi de la conservation de la faune. Au moment de la suspension de
ce débat, c'était M. le député de Nicolet-Yamaska
qui avait la parole, mais je suis prêt à reconnaître un
autre opinant.
M. le chef de l'Union Nationale.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, depuis déjà
plusieurs jours, nous attendons pour continuer le débat sur cet
important projet de loi présenté par le ministre du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche. En prenant la parole cet après-midi sur
la Loi modifiant la Loi de la conservation de la faune, bien sûr, je vais
m'adresser à vous en tant que député, mais aussi un peu en
tant que pêcheur et chasseur au Québec qui, au cours des 25
dernières années, sauf peut-être pour les deux
dernières pendant lesquelles mes fonctions de chef de parti et de
député m'en ont empêché, a eu l'occasion, la chance,
le privilège même, de parcourir les forêts du Québec,
de canoter sur les lacs et les rivières du Québec que ce soit
dans le Témiscouata, où j'ai commencé mes premières
expériences, ou dans la Gaspésie, la Côte-Nord en passant
par Moisie, Forestville, Les Escoumins, au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce sont des
forêts que j'ai eu le bonheur de parcourir: la Mauricie, la
Haute-Mauricie, le barrage Gouin, l'Abitibi-Témiscamingue, l'Outaouais,
les Cantons de l'Est, Mégantic, la Beauce, Dorchester, L'lslet,
Charlevoix, Portneuf et Lotbinière.
M. le Président, j'ai donc eu cet immense avantage de pouvoir
chasser et pêcher, mais surtout profiter des forêts et des lacs du
Québec à travers chacune des régions de notre province.
J'ai aussi, au début de mes expériences comme chasseur et
pêcheur pendant sept, huit ou dix ans, pu aller un peu partout. Je
n'étais pas membre de club privé et j'ai pu
bénéficier de ce qui était, à l'époque, des
endroits qui n'étaient pas "clubés". Pendant plusieurs
années, j'ai eu l'avantage d'être membre de deux clubs
privés différents qui ont été
déclubés successivement: L'un sur la Côte-Nord et, quelques
années plus tard, l'autre dans la région de Portneuf.
Au cours des six ou sept dernières années, j'ai pu
bénéficier du "déclubage". J'aurais dû dire
peut-être: ... présumément bénéficier du
"déclubage ". Je suis donc allé sur des territoires loués,
des territoires non loués, des territoires "clubés" et ainsi de
suite au cours des 25 dernières années, ce qui me donne
passablement d'expérience.
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire adjoint
du gouvernement.
M. Duhaime: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue, le chef de l'Union Nationale, d'interrompre son discours.
Cela va prendre trois secondes. Je voudrais faire une motion à la suite
d'un consentement qui a été obtenu pour qu'une troisième
commission parlementaire puisse siéger, la commission permanente des
affaires sociales, au 91-A, qui se réunirait immédiatement pour
l'étude du projet de loi 84.
M. Levesque (Bonaventure): Jusqu'à 18 heures seulement,
consentement.
M. Duhaime: Jusqu'à 18 heures, de consentement.
Le Vice-Président: Est-ce que ce consentement est
accordé?
M. Levesque (Bonaventure): Jusqu'à 18 heures.
M. Duhaime: Après 18 heures, on verra. M. Levesque
(Bonaventure): On verra.
Le Vice-Président: Alors, consentement accordé
jusqu'à 18 heures. Merci, messieurs. M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Je disais donc, M. le Président, que j'ai pu
bénéficier des deux systèmes qui ont été
offerts à la population du Québec au cours des 25
dernières années. Ce que j'ai vu, en 1978, le genre de
déclubage ou d'accessibilité qu'on a voulu donner à la
population, mais en ne protégeant pas les territoires, en ne
protégeant pas la faune, les poissons, les gibiers, en ne
protégeant pas ces territoires du Québec, c'est qu'on a fait
finalement un gaspillage de nos ressources fauniques. Nous avons fait un vidage
de lacs au Québec. D'ailleurs, je citerai tout à l'heure certains
documents de presse et même une lettre provenant des agents de
conservation et de protection de la faune.
Nous avons fait cette année un saccage de nos forêts et
surtout un braconnage de faune un peu partout malheureusement, parce que le
système qu'on a voulu implanter était improvisé et nous
n'avons pas donné la protection nécessaire à la faune
québécoise. Parmi bien des questions, nous pouvons nous demander
sérieusement pourquoi on a fait, au cours de 1978 et aussi rapidement,
autant d'improvisation et sans donner la protection nécessaire, sans
prévoir davantage ce
gaspillage qui est survenu, en fait, en 1978. Est-ce que, par hasard, le
gouvernement a décidé de surexploiter notre faune au cours des
deux, trois ou autres prochaines années, au cours des années
précédant le référendum, quitte à dire,
après le référendum: II ne restera rien pour dix ans,
quinze ans ou vingt ans et les Québécois attendront tout
simplement? Ce sont des questions qu'il faut se poser sérieusement,
parce que ceux et celles qui ont pu cette année aller pêcher ou
chasser dans les forêts du Québec ont vu ce qui était
arrivé le gouvernement ne prévoyant pas sérieusement,
cette avalanche de gens qui ont surexploité nos lacs et certains lacs en
particulier ou certaines régions giboyeuses du Québec.
Là-dessus, M. le Président, qu'il me soit permis de citer,
comme preuve de ce que j'avance présentement, un article du Soleil du 2
septembre 1978, d'un chroniqueur sportif qui disait ceci: Des dirigeants de
quelques ZEC disent que les responsables régionaux du ministère
leur avaient fortement suggéré de fermer la pêche dans les
ZEC le 4 septembre car les représentants du ministère ont raison
de croire que trop de lacs furent surexploités dans les ZEC les plus
rapprochés des centres urbains. Ce sont des représentants du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, M. le
Président, qui disent que trop de lacs ont été
surexploités dans les ZEC les plus rapprochés des centres jrbains
et qu'il faut laisser quelques truites pour la reproduction dans les
frayères.
D'autre part, il y a crainte que les frayères soient envahies par
les braconniers à la mi-septembre parce que plusieurs ZEC n'ont plus
d'argent pour payer leur personnel de surveillance et de patrouille durant les
dernières semaines de la saison de pêche. M. le Président,
il faut se poser de sérieuses questions quant à l'avenir des
poissons, des truites en particulier, dans ces lacs qui ont été
surexploités. Cela va prendre combien d'années avant que ces lacs
puissent reproduire des truites en quantité suffisante pour permettre
à des Québécois de justement profiter de ces lacs
québécois. M. le Président, en ce qui regarde la chasse
aussi, on retrouve une coupure de presse du Montréal-Matin du 25 octobre
1978 qui dit à peu près ceci: A la fin de l'automne, nous aurons
enregistré probablement une augmentation de 3000 orignaux abattus. Cela
veut dire qu'on abattra au-delà de 10 000 orignaux cette année
avec ceux enregistrés et ceux qui ne sont pas enregistrés.
Nous aurons tué à l'avance une très grande partie
de la récolte de l'an prochain. Qu'est-ce qui va rester l'an prochain?
Déjà nous avons tué une grande partie de cette
récolte: Surtout si nous calculons que les femelles victimes des balles
nous auraient donné un, peut-être deux veaux le printemps
prochain. M. le Président, à cause d'une décision du
gouvernement qu'on veut faire entériner par un projet de loi, on a fait
véritablement un gaspillage de nos ressources fauniques au
Québec. Ce qui est important aussi, je crois qu'il aurait fallu
procéder par étapes ou au moins assurer la protection du
territoire nécessaire, assurer la protection du gibier
nécessaire, assurer la protection des poissons au Québec pour
qu'on puisse en profiter pendant de nombreuses années.
C'est-à-dire, avoir une exploitation rationnelle de notre faune au
Québec. Au contraire, on a ouvert cela à la
va-comme-je-te-pousse, sans aucune protection, sans aucun plan de protection
adéquat.
M. le Président, le système qu'on veut instaurer a une
très grande lacune, c'est qu'on manque d'une participation maximale de
la population. Ce que nous devrions avoir, à mon point de vue, dans ce
projet de loi, c'est, premièrement, définir l'esprit de la loi
qui devrait traduire le nouvel esprit sportif qu'on veut inculquer aux
Québécois. On a dit: Nous voulons "décluber " et tout le
monde va profiter un peu partout, sans ordre aucun, mais il faudrait quand
même définir ce nouvel esprit. On a dit: Nous voulons que les
sportifs québécois, les chasseurs, les pêcheurs aient un
nouvel esprit. Cela n'a pas été déterminé. La
philosophie du gouvernement non plus n'a pas été
déterminée concernant l'utilisation du plein air, concernant les
aspects positifs de la préservation de la faune. Qu'est-ce qu'il va
arriver au Québec si certains lacs, certaines forêts sont
surexploités au cours d'une durée ou de deux années?
Qu'arrivera-t-il au cours des dix, quinze ou vingt prochaines années
dans ces régions dans ces forêts du Québec, dans ces lacs
du Québec? (15 h 20)
II faudrait aussi définir ce qu'on veut faire comme
éducation populaire et commencer immédiatement à la
traduire, premièrement, dans la présentation d'un projet de loi
et nous dire que les chasseurs, les pêcheurs vont en forêt, bien
sûr, pour profiter des forêts et des lacs ou des montagnes, de tout
ce que l'on peut voir d'excellent et de très beau lorsqu'on a l'occasion
d'aller passer quelques jours en forêt.
Il faudrait aussi traduire cet esprit en disant que si nous prenons un
permis de pêche ou un permis de chasse, ce n'est pas acheter de la viande
ou acheter du poisson d'avance. Il faut comprendre que ce permis de chasse ou
de permis de pêche nous donne l'occasion, la permission d'aller
pêcher et d'aller chasser, mais aussi de profiter pleinement de cette
utilisation du plein air, de cette utilisation de nos lacs et des poissons qui
y sont et de cette utilisation de nos forêts et du gibier qui y est. Ce
n'est donc pas un permis pour acheter de la viande qu'on devrait vendre ou un
permis pour acheter du poisson, mais véritablement une participation
à cette récréation qui s'appelle la chasse et la
pêche, à cet esprit sportif que nous voulons développer au
Québec en changeant, en modifiant la loi ou les lois sur la faune.
Il aurait fallu aussi, en enlevant nos clubs privés,
prévoir une gestion du territoire partout à travers le
Québec, mais surtout des responsabilités réelles aux
gestionnaires. Je sais que nous avons formé des ZEC et des ZAC un peu
partout. Dans certaines de ces ZEC on a eu une assez bonne gestion. Dans
d'autres, malheureusement, cela a été un fiasco lamentable. Dans
les endroits qui n'avaient pas été "zecqués", il n'y a eu
aucune
protection. Il faudrait définir ce qu'on veut faire, planifier
d'avance les richesses que nous voulons développer, les richesses que
nous voulons exploiter et le faire par secteur, par ZEC, si on veut le faire
avec des responsabilités réelles et surtout
déléguer les pouvoirs nécessaires aux administrateurs de
ces ZEC et aussi aux officiers du ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche pour bien administrer ces différentes régions
du Québec, au point de vue de chasse et pêche qu'on appelle des
ZEC ou des ZAC.
Il faut aussi faire un effort dans ce sens pour zecquer ", si on peut
appeler cela ainsi, partout à travers le Québec et assurer la
responsabilité des dirigeants de ces ZEC, leur assurer le budget
nécessaire pour administrer sainement et surtout pour faire la
protection et la conservation nécessaires.
Il faut donner des responsabilités à notre population si
on veut avoir un nouvel esprit sportif au Québec vis-à-vis de la
chasse et de la pêche. A l'heure actuelle, nous n'avons pas, au niveau
des ZEC, les pouvoirs d'aménagement ou de contrôle de
l'exploitation. Au lieu de former des zones d'aménagement et de
conservation et des zones d'exploitation contrôlée, on a fait des
zones d'exploitation, point, sans contrôle aucun pour la plupart de ces
zones et même à l'extérieur de ces zones. Certains de nos
amis disent même que ce sont des zones d'extermination du gibier. Il
faudrait véritablement améliorer sensiblement notre philosophie
et faire en sorte qu'en acceptant un principe on puisse avoir à
côté la responsabilité. La responsabilité, c'est la
protection et la conservation du territoire ou des richesses qui existent dans
ces zones.
Je disais tout à l'heure que, dans certaines zones, dans
certaines ZEC, cela a été assez bien contrôlé; dans
d'autres, cela a été un fiasco lamentable. Partout où cela
a été déclubé, sans aucune ZEC dans les environs,
sans aucune protection, tout le monde ou à peu près s'est plaint
du pillage et du braconnage qu'il a eu lieu. En plus de ce manque de
contrôle, on a eu une pollution extraordinaire qui est venue s'ajouter
à tout ce gaspillage de nos richesses. Non pas que les
Québécois ne puissent pas se contrôler; c'est quand
même l'infime minorité de nos Québécois qui ont
besoin de certaines barrières, de certains contrôles. C'est la
responsabilité du gouvernement d'établir les contrôles
nécessaires pour prévenir que cette minorité puisse
surexploiter les richesses qui appartiennent à tout le monde.
Il faut aussi donner à notre population, à nos chasseurs,
à nos pêcheurs, à ceux qui veulent profiter de ces
richesses naturelles du Québec le sentiment de propriété,
le sentiment d'appartenance à quelque chose. Le système qu'on a
voulu ériger de toute urgence, à la dernière minute, le
système des ZEC ou autrement, alors qu'en achetant une carte dans une
ZEC on peut aller un peu partout au Québec, cela enlève quand
même le sentiment de propriété de nos citoyens
Québécois. Nous savons que certains dirigeants de ZEC ont pu
installer des kiosques de vente de cartes de membre d'une ZEC à
Montréal ou à Québec, dans les grandes villes, en disant:
Achetez des cartes pour notre ZEC et vous avez le droit d'aller partout
à travers la province. Ces ZEC ont fait un revenu considérable;
d'autres, malheureusement un peu plus petites ou un peu plus
éloignées des grands centres, n'ont pas pu profiter pleinement de
ces sommes qui ont été réparties à travers la
province, mais réparties de façon non équitable.
M. Bellemare: Je voudrais m'excuser auprès de l'honorable
chef de l'Union Nationale...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Bellemare: ... pour faire remarquer que le quorum est
largement représenté par notre parti qui a siégé
jusqu'à 6 heures ce matin, mais qu'il manque beaucoup de gens,
présentement, quant aux...
Des Voix: II y a trois commissions qui siègent.
M. Bellemare: M. le Président, je vous ferai remarquer
qu'il n'y a rien d'écrit dans notre règlement à l'article
28 à ce sujet; si on a donné notre consentement pour trois
commissions, le quorum devrait être atteint quand même. Si vous
voulez le changer, changez d'abord votre argumentation, parce que vous allez
vous trouver mal pris tout à l'heure.
Le Vice-Président: Bon. Il ne s'agit pas d'une question de
vérité, mais d'une question de calcul. Nous avons
présentement quorum.
M. Biron: M. le Président, vous calculez rapidement!
M. le Président, je disais que dans un tel domaine, la chasse, la
pêche, l'exploitation de nos ressources fauniques, il faut créer
chez notre population un sentiment de propriété, un sentiment
d'appartenance. Il faut que les gens soient conscients que cela leur appartient
et qu'ils fassent un effort supplémentaire pour aider le gouvernement
à exploiter plus rationnellement nos ressources et conserver et
contrôler davantage cette exploitation. Malheureusement, du fait que cela
soit dans toute une province immense comme Québec, c'est difficile
d'avoir un sentiment d'appartenance. Une ZEC de 300 ou 500 ou 800
kilomètres carrés, ou même de 1000 kilomètres
carrés, nous donne certaines barrières naturelles, une certaine
limite de contrôle. On peut plus facilement connaître les autres
membres de notre association, de notre ZEC et plus facilement travailler avec
eux à protéger et à exploiter plus rationnellement les
richesses fauniques de cette zone. Je dis que le système qui a
été appliqué cette année pourrait être bon si
on l'améliore d'une façon considérable.
Ceux qui paient pour profiter d'un coin de terre d'une ZEC, on va dire
pour la circonstance, de 800 kilomètres carrés, ceux qui paient
pour pro-
fiter de ces richesses devraient avoir l'autorité
nécessaire, les pouvoirs nécessaires et les
responsabilités réelles pour bien exploiter et bien administrer
cette ZEC. Ils devraient avoir assez d'autorité et même assez de
pouvoirs pour déterminer qu'on a assez exploité ce territoire
à une période X de l'année lorsqu'on a pêché
tant de truites, abattu tant de gibier. Ils devraient avoir assez de pouvoirs
pour le fermer complètement et immédiatement. En ce faisant, M.
le Président, on protégerait davantage notre faune pour les
années prochaines. Pour cela, il faut avoir assez d'autorité.
Pour cela, il faut que les gens qui exploitent cette ZEC puissent avoir un
certain sentiment d'appartenance. Loin de moi de vouloir revenir aux anciens
petits clubs privés. Le ministre dira peut-être que je veux
revenir à un club privé plus vaste et plus grand, mais c'est un
peu cela.
Il faudrait quand même limiter le nombre de kilomètres
carrés, limiter le nombre de chasseurs ou de pêcheurs par
kilomètre carré. Il faudrait aussi limiter en fonction des
ressources fauniques qu'il y a dans une ZEC plutôt que dans une autre. On
ne peut pas surexploiter une ZEC donnée. On pourrait peut-être
permettre de tuer une centaine d'originaux, dans une autre, peut-être
seulement 50, dans une autre, peut-être 200. Mais pour cela, il faut
avoir un inventaire de nos ressources. Il faut aussi avoir, comme je le disais
tout à l'heure, assez de responsabilité et assez de pouvoir
à la direction de la ZEC pour dire: On arrête à ce
point-là. Il faut aussi avoir assez de pouvoirs à la direction de
la ZEC pour dire: Maintenant qu'il y a une centaine de chasseurs, 200 ou 500
sur la ZEC, c'est assez, on ne peut pas en prendre davantage. Et ce sera
malheureux pour les autres qui ne seront pas membres de la ZEC ou qui
arriveront plus tard. Il faudra qu'ils aillent ailleurs. Ceux ou celles qui
veulent profiter de cette exploitation rationnelle, de ces sentiers, de ces
routes, de cet aménagement qu'on aura pu faire à
l'intérieur de la ZEC devront payer pour les services qu'ils
reçoivent. (15 h 30)
M. le Président, lorsque quelqu'un veut jouer au golf, il paie
pour sa partie de golf. Lorsque quelqu'un veut jouer aux quilles, il va payer
pour sa partie de quilles et ainsi de suite. Je prétends que si
quelqu'un veut profiter de nos ressources fauniques, soit du gibier ou du
poisson, ou des montagnes ou du plein air, et passer sur les routes ou les
sentiers aménagés par les responsables de la ZEC, il devrait
payer pour les services qu'il reçoit, parce que c'est un sport qu'il
pratique et s'il veut pratiquer un sport, cela n'appartient pas à toute
la population du Québec pour permettre à une personne en
particulier de pratiquer son sport favori. Cela appartient justement à
cette personne de payer avec les autres qui sont autour d'elle pour
bénéficier des services qu'elle reçoit.
Donc, M. le Président, il faut absolument fixer une limite
géographique quelconque pour une ZEC. Il faut limiter le nombre de
membres et limiter, jusqu'à un certain point, l'exploitation. C'est
là qu'on devrait y aller avec la philosophie du ministre, mais y aller
complètement lorsqu'il nous parle de zones d'exploitation
contrôlée. C'est cela que je voudrais: un véritable
contrôle sur l'exploitation de nos zones et non pas faire ce qu'on a fait
cette année, avoir tout simplement des zones d'exploitation sans
contrôle.
M. le Président, on a une étape importante à
franchir dans ce domaine particulier et il faut que le ministre améliore
considérablement son projet de loi ou sa philosophie dans ce sens et
donner aussi le sentiment d'appartenance, de propriété à
un certain groupe de personnes sur leur territoire, au moins, la philosophie la
dimension de la personne cet homme ou cette femme pour avoir
véritablement le sens de la grandeur à protéger, la
grandeur d'accessibilité.
Lorsque vous parlez de l'universalité de la carte de membre d'une
ZEC pour aller à une autre ZEC, je crois qu'il faut absolument mettre un
arrêt à cela et que ceux et celles qui paient dans une ZEC en
profitent. Si vous allez dans cette ZEC et si vous n'avez pas de carte, au
moins, cela vous coûtera tant par jour un peu comme cela coûte sur
les réserves et dans les parcs du Québec où on charge tant
par jour pour bénéficier justement de la pêche. Si on y va
pour une fin de semaine, cela coûte tel prix, si on y va pêcher
pour la journée, cela coûte un autre prix. C'est la même
chose pour la chasse.
Ce qui est bon dans les parcs et réserves du Québec
devrait normalement être bon dans les ZEC et les ZAC du Québec.
Cela appartient aussi au Québec ou c'est géré par le
gouvernement du Québec. En faisant cela, M. le Président, en
enlevant l'universalité de la carte et en faisant en sorte qu'on
devienne membre d'une ZEC plutôt que d'une autre, ou en faisant payer, si
on ne veut pas devenir membre d'une ZEC, je pense bien qu'on pourra avoir, pour
ceux qui sont membres de la ZEC, un certain sentiment d'appartenance, de
copropriété à l'intérieur de cette ZEC et
l'améliorer, la conserver et l'exploiter beaucoup plus
rationnellement.
C'est très important de prévoir à long terme ce qui
arrivera avec l'exploitation de notre faune. La philosophie de l'Union
Nationale, c'est que ce sont ceux qui profitent de nos richesses naturelles,
ceux qui les exploitent qui devraient payer pour les services qu'ils
reçoivent de leur province, du gouvernement de leur province ou de la
totalité de la population du Québec. Il était
complètement injuste de faire payer à ceux et à celles qui
ne sont pas des pêcheurs ou des chasseurs pour d'autres qui veulent
profiter de leur sport et pratiquer leur sport favori. Que chacun paie pour son
sport. Dans ce secteur particulier, au lieu de payer $15 pour une carte de ZEC,
cela pourrait coûter $25, $30 ou $40, mais si on va pêcher quatre
ou cinq fins de semaine par année, je pense que ce n'est pas tellement
cher finalement. Cela reviendra encore meilleur marché que le prix qu'on
paie sur les parcs et réserves du Québec d'une façon ou
d'une autre.
Là-dessus, il faudrait se souvenir que ceux et celles qui veulent
profiter de nos richesses de-
vraient être prêts à faire certains sacrifices
financiers, à payer pour et non pas demander à toute la
population d'en profiter. C'est un peu, comme je le disais tout à
l'heure, un sport, comme le golf ou un autre sport, qu'on voudrait
véritablement pratiquer. On paie et on ne demande pas des subventions
aux autres pour pratiquer nos sports.
En plus, M. le Président, vis-à-vis du contrôle
exercé dans les ZEC cette année à travers le
Québec, il y a certains règlements qui ont été
faits par certaines directions de ZEC, qui étaient d'excellents
règlements, mais ils n'ont pas pu s'appliquer ou se faire appliquer
à cause du manque de contrôle ou de revenus à
l'intérieur des ZEC, parce que le gouvernement a limité à
$15 le prix de la carte d'une ZEC. C'était difficile pour les dirigeants
d'une ZEC donnée de faire l'aménagement nécessaire
lorsqu'ils ne pouvaient pas bénéficier d'un grand nombre de
membres. Dans ce sens particulier, il y a des gens qui sont allés
c'est un exemple chasser sur des ZEC du Québec au cours de
l'automne dernier. Lorsque vous chassez, si vous chassez l'original ou le
chevreuil dans un secteur donné, il faut quand même avoir une
certaine paix. Il ne faut pas toujours avoir un va-et-vient continuel
d'automobiles ou de motocyclettes, ainsi de suite comme cela.
Pourtant, dans certaines régions, il y a eu un fouillis
considérable, un va-et-vient considérable de motocyclettes et
d'automobiles qui n'a pas cessé, et cela a dérangé un
grand nombre de chasseurs qui étaient habitués d'avoir la paix
dans un secteur donné. Cela, c'est du civisme.
Vous allez me dire: Peut-être qu'il faudrait éduquer
davantage chacun des chasseurs ou des pêcheurs du Québec mais,
cela, c'est de l'éducation qui va se faire à long terme. Le
ministre me dira peut-être qu'il en fait de l'éducation à
l'heure actuelle dans les écoles du Québec. Je vais lui dire:
Félicitations! Continuez dans ce sens.
Mais il y a quand même un certain contrôle qu'il faut
exercer à l'heure actuelle parce qu'il y aura toujours des gens, comme
on en a aujourd'hui et comme il y en aura toujours, qui manqueront de cette
éducation et qui dérangeront les autres, qui les priveront de
pratiquer leur sport favori de façon raisonnable et décente.
Alors, il faut se donner, à travers un projet de loi de cette
nature qu'on nous présente aujourd'hui, de bonnes conditions de pratique
de ce sport et, cela, c'est véritablement important. On ne retrouve cela
nulle part là-dedans, en plus de cette philosophie, de ce sport de plein
air dont j'ai parlé tout à l'heure. Alors, il y a un effort
à faire de ce côté-là.
Il faut aussi, vis-à-vis d'un tel projet de loi, qu'on
arrête ce désaccord qu'il y a entre les différents
ministères du Québec. Je sais que le ministre, là-dessus,
va probablement m'approuver parce qu'il y a eu des problèmes entre le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche et le
ministère des Terres et Forêts. Le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêhe a donné l'autorité
nécessaire à des responsables de ZEC d'exiger des frais de
passage sur la ZEC pour aider à défrayer la réparation des
routes et des chemins.
Dans une ZEC donnée que je connais très bien;
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
donné la permission à cette ZEC d'exiger $4 pour y circuler, mais
le ministère des Terres et Forêts qui, lui aussi, avait affaire
sur la même ZEC, a dit: Non. $4, c'est trop; c'est $1.50 que vous allez
payer. Alors, tout de suite, on a eu mésentente entre deux
ministères.
C'est peut-être la première année mais il faudrait
au moins ajuster cela à l'avenir pour qu'on arrête ce
désaccord entre deux ministères et qu'il y en ait un qui
décide. Si, justement, c'est le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche qui est responsable des ZEC et que ce sont les ZEC
qui sont responsables de l'entretien des routes et des chemins sur ce
territoire donné, il faut que ce soit le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche ou à travers ses créatures, les
ZEC, qui décide quel prix sera exigé pour aider à
défrayer l'entretien de ces routes et de ces voies de communication
qu'il y a entre les différentes ZEC au Québec.
En plus, dans ce projet de loi, on retrouve tout un changement dans les
amendes ou, je dirais, les dents qu'on donne à la loi. Autrefois, nous
avions une loi passablement plus sévère qui enlevait le permis,
le certificat du chasseur à celui ou à celle qui était
trouvé coupable d'un délit quelconque vis-à-vis de la Loi
sur la protection de la faune.
On a changé un petit peu cela mais on ne nous dit pas ce à
quoi dont on veut en venir. On a entendu parler d'un système de points
de démérite, d'amendes minimales. On a entendu parler de toutes
sortes de choses qui pourraient survenir mais il reste que, pour tous ceux qui
sont de véritables chasseurs, de véritables pêcheurs au
Québec, nous voulons avoir des amendes beaucoup plus
sévères que celles fixées dans ce projet de loi. Nous
savons que, lorsqu'un braconnier est trouvé coupable, habituellement, le
juge est toujours généreux et met toujours le minimum d'amende
quelque part, comme on l'a dans les projets de loi et la plupart des
connaisseurs de l'exploitation de la faune recommandent d'augmenter l'amende,
le minimum qu'on impose à quelqu'un qui est trouvé coupable.
Je sais bien que le ministre peut peut-être me répondre en
souriant qu'un peu tous les chasseurs et un peu tous les pêcheurs du
Québec, un jour ou l'autre, ont été à moitié
braconniers ou à 20% braconniers, un peu possiblement comme lui a
déjà fait ou, moi, j'ai pu déjà faire dans le
passé...
Le Vice-Président: Oui, M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais dire, de mon
siège, que je n'ai jamais commis aucun acte de braconnage de ma vie.
M. Biron: Je prends la parole du ministre. J'espère qu'il
est allé chasser ou pêcher déjà, une fois dans sa
vie. Je ne vais pas lui demander s'il a dépassé les limites d'une
truite ou quelque chose comme cela.
Mais il reste un fait certain, c'est que nous avons, au Québec,
des pêcheurs et des chasseurs qui sont juste sur le "rebord" de la loi
pour plaire au ministre, mais il y en a d'autres qui sont véritablement
des braconniers chroniques au Québec, et ce sont ces gens que nous ne
punissons pas assez. (15 h 40)
Pour ceux qui surexploitent et vendent des produits de la chasse et de
la pêche, je crois, M. le Président, qu'il faudrait être
beaucoup plus sévère. Si le ministre voulait consentir à
augmenter les amendes minimums dans son projet de loi, je puis l'assurer qu'il
recevra l'appui de l'Union Nationale dans ce sens, parce qu'il faut absolument
avoir une loi très sévère pour protéger ces
richesses naturelles que sont notre gibier et notre poisson au Québec.
En plus, M. le Président, à travers ce système de points
de démérite, j'aimerais bien entendre un petit peu le ministre
nous parler de la perte éventuelle du permis.
Je remarque qu'à travers le projet de loi que nous
étudions présentement nous enlevons un article de l'ancien projet
de loi qui nous disait: Toute condamnation du détenteur d'un permis pour
une infraction commise à l'encontre de la présente loi ou des
règlements entraîne l'annulla-tion de plein droit du permis de ce
détenteur. Le détenteur ainsi condamné ne peut solliciter
ni détenir un nouveau permis avant l'expiration des quinze mois qui
suivent la date de sa condamnation. " C'était très
sévère autrefois, M. le Président, vis-à-vis de la
perte du permis. Aujourd'hui, on a enlevé cet article et c'est
laissé à la discrétion du ministre. Si on est bon avec le
ministre, on va pouvoir conserver notre permis. Si cela adonne qu'on n'est pas
bon avec le ministre, on peut possiblement perdre notre permis.
Si jamais mon collègue, le député de Johnson, se
faisait arrêter pour un geste possible de braconnage, je ne sais pas s'il
pourrait conserver son permis ou si le ministre le lui enlèverait pour
un an, deux ans, trois ans. M. le Président, je pense bien qu'il
faudrait définir, mettre des clôtures à cela et avoir une
loi sévère. Qu'il y ait la perte du permis dans certaines
circonstances, je le comprends. Le ministre va peut-être nous dire: Celui
qui est pris pour avoir capturé deux lièvres au collet ou
tué une perdrix ne mérite pas de perdre son permis pour quinze
mois, peut-être. Il va dire: Un autre qui tue deux orignaux ou un orignal
femelle en plein hiver mériterait, à mon point de vue, de perdre
son permis pour deux ou trois ans. Il faudrait avoir des définitions et
non pas laisser tout simplement la perte du permis à la
discrétion du ministre.
Les amendes, M. le Président, qui étaient dans cette loi,
à mon point de vue, sont un peu illogiques et un peu
incompréhensibles et, comme je le disais tout à l'heure, ne sont
certainement pas assez sévères. J'aimerais voir, tel que,
d'ailleurs, cela a été demandé par un grand nombre de
connaisseurs de la faune du Québec, une loi beaucoup plus
sévère au point de vue des amendes et une loi avec des dents
beaucoup plus longues que celles que nous avons présentement parce qu'on
a enlevé à peu près toutes les dents de l'ancienne loi.
Maintenant, M. le Président, il y a une autre chose que l'on a
remarquée cette année aussi, c'est que le permis de pêche a
été enlevé complètement. Il a été
remplacé par le permis de circuler sur une ZEC du Québec; c'est
$15 au lieu de $3 pour le permis de pêche qui donnait quand même le
droit, lui, d'aller un peu partout. En dehors des ZEC, cela ne coûte rien
pour pêcher. Je crois, M. le Président, qu'on devrait
rétablir dans un avenir très rapproché ce permis de
pêche, même si c'était, encore une fois, un montant
très minime de $3, de $4 ou de $5, au moins pour avoir un certain
contrôle sur ceux et celles qui veulent pêcher à travers la
province.
Le ministre pourra faire des statistiques beaucoup plus précises;
il pourrait profiter possiblement de quelques millions de dollars de revenus.
Ce ne sont pas tellement les revenus dans ce cas si le permis de pêche
est à un montant minimum, qui seraient importants. Mais, au moins, ce
serait une certaine forme de contrôle à la fois pour le
gouvernement et pour les agents de protection et de conservation de notre
faune. La même chose pour le permis de chasse, M. le Président,
qui lui, a continué d'exister. Il faut que ces permis, soit le permis de
pêche ou le permis de chasse, puissent continuer d'exister pour que les
agents, le gouvernement et le ministère puissent contrôler
davantage le nombre de gens qui sont intéressés à
bénéficier de nos ressources fauniques.
M. le Président, j'en ai dit un mot tout à l'heure. Je
veux revenir sur la somme payée pour faire partie d'une ZEC à
travers le Québec, soit $15 pour avoir le droit de pêcher et de
chasser. Ces $15 comportent, en plus du droit de pêcher et de chasser, le
droit de circuler, comportent les frais d'amélioration, les frais
d'aménagement, les frais d'administration d'une ZEC. Je soumets que ce
n'est pas tellement cher pour pratiquer un sport. Ceux qui veulent faire partie
de clubs de golf, cela leur coûte quelques centaines de dollars par
année. Peut-être que des connaisseurs du golf pourront m'informer
davantage.
Une Voix: $300.
M. Biron: $300 par année. M. Russell: $350.
M. Biron: Pour faire partie d'un club de golf, M. le
Président, c'est $300 par année. C'est sûr qu'on a à
collaborer et payer l'aménagement du golf, mais c est quand même
une très petite parcelle de terre, alors qu'une ZEC à travers le
Québec qui comporte 800 kilomètres carrés ou 1000
kilomètres carrés c'est immense. Cela coûte cher d
administration, cela coûte cher d'amélioration, cela coûte
cher d'aménagement, cela coûte cher de conservation et de
protection. C'est ce qui fait que, souvent, certaines ZEC n'ont pas
donné la protection nécessaire à notre faune. Avec les
revenus qu'ils avaient cela prenait tout pour payer l'administration.
On a fait un peu d'amélioration, mais très peu, et on n'a
pas fait du tout d'aménagement et encore beaucoup moins de protection et
de conservation. Il y a un effort à faire de ce côté.
J'invite le ministre à y penser sérieusement et faire en sorte
qu'on paie, si on veut bénéficier encore une fois de ces
ressources, une somme appréciable, convenable pour au moins payer pour
l'administration, l'amélioration, l'aménagement, la conservation.
Qu'on aménage quelque chose de convenable pour que les
Québécois d'aujourd'hui et de demain, au cours des prochaines
années, puissent continuer d'en profiter.
M. le Président, cette année, justement parce qu'on n'a
pas chargé assez cher et qu'on n'a pas pu faire la protection
nécessaire, il y a eu des erreurs énormes commises à
travers le Québec. Je veux croire que c'est peut-être parce que
c'est la première année et que cela va s'améliorer au
cours des années à venir, mais cela ne nous donne pas beaucoup de
garanties là-dessus, surtout avec ce qui est arrivé à
travers la province. Il y a une ZEC dans la région de
Joliette-Lanaudière en particulier qui n'a pas encore fait de rapport
à ses membres. Il n'y a pas de bilan de fonctionnement, mais
peut-être qu'ils n'ont pas pu réussir à vendre leurs cartes
de membres à temps et finalement, avec très peu de revenus, ils
n'ont pas pu procéder à une administration, à une
protection et à un aménagement convenables. Il n'y a à peu
près rien qui s'est fait.
Là-dessus, il faut prévoir un budget à chacune de
nos ZEC du Québec pour qu'on puisse véritablement
déboucher à quelque part. Il y a d'autres ZEC malheureusement
où il s'est fait du patronage dans la nomination ou lorsqu'on a
donné les ZEC à différents administrateurs. En
particulier, on a eu des plaintes dans la région de Laurentides-Labelle,
où on a nommé, comme directeur d'une ZEC, l'ancien
secrétaire du ministre d'Etat à l'aménagement du
territoire. Des gens du milieu se sont plaints en disant: Nous avions une
association de chasse et de pêche, l'association n'a pas pu avoir la
permission du ministre pour administrer cette ZEC, puis on l'a donnée
justement à des gens qui ne connaissaient à peu près rien,
d'après ce qu'on a pu entendre dire, de la chasse et de la pêche.
Mais c'était l'ancien secrétaire du ministre de
laménagement du territoire et qui est en même temps
député de Laurentides-Labelle. Cette ZEC est dans la
région de Laurentides-Labelle.
Une autre ZEC qu'on a vue tout dernièrement encore dans les
journaux, en particulier dans le Soleil de Québec, c'est la ZEC Casault
dans la région de la Matapédia. Je veux citer ce cas de patronage
qui est arrivé là-bas. "Tout au long des saisons de pêche
et de chasse sportives en 1978, on m'a fréquemment souligné que
le favoritisme politique, le patronage ont été un
élément important dans le choix des associations
agréées par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche pour prendre charge des zones d exploitation
contrôlée. Chaque fois j'ai suggéré à mes
interlocuteurs de me communiquer par écrit des faits véritables.
Voici que l'Association des pé- cheurs et chasseurs de la
Matapédia, en Gaspésie, a fait mieux que cela, elle a fait
parvenir une lettre au premier ministre René Lévesque pour
dénoncer le favoritisme politique concernant la création de la
ZEiC Casault. Puisque le premier ministre du Québec n'a pas encore
daigné accuser réception, r Association des pêcheurs et des
chasseurs de la Matapédia m'autorise à en livrer la teneur au
Soleil. " (15 h 50)
On lit ceci un peu plus loin. C'est l'histoire de ce qui est
arrivé là-bas et c'est pour vous démontrer qu'il faudrait
absolument avoir des critères beaucoup plus sérieux lorsqu'on
désigne les administrateurs d'une ZEC: "L'Association des pêcheurs
et chasseurs de la Matapédia, qui existe depuis de très
nombreuses années et qui regroupe plus de 500 membres répartis
dans une douzaine de paroisses de la vallée, était
présente à cette première réunion tenue à
Rimouski en avril et en mars. L'APCM acceptait même, à la demande
des fonctionnaires du ministère, de se fédérer avec
d'autres associations similaires pour prendre charge de la ZEC Casault. Or,
à la fin de mai dernier, l'Association des pêcheurs et chasseurs
de la Matapédia apprenait que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche avait agréé la Corporation
d'exploitation des ressources fauniques de la Matapédia comme
gestionnaire de la ZEC Casault, même si cette nouvelle association
n'existait officiellement que depuis quelques jours, soit le 8 mai 1978". On a
justement un exemple patent de patronage éhonté lorsqu'on a
donné l'administration de cette ZEC Casault à un groupe
plutôt qu'à un autre qui avait pourtant l'expérience de
nombreuses années et qui regroupait des chasseurs et des pêcheurs
de toute la région de la Matapédia, de plusieurs paroisses de la
région, du comté de Matapédia.
L'article se termine comme suit et c'est la ZEC Casault qui le dit:
"Nous avons fait parvenir une résolution concernant le projet de
fédération dûment adopté, unanimement, en
assemblée générale spéciale le 2 avril dernier, au
ministre Duhaime avec copie aux fonctionnaires de Rimouski. Nous n'avons jamais
reçu d'accusé de réception de cette résolution".
"M. le premier ministre", disait la lettre de ces gens qui protestaient, "pour
tous les faits précités, nous vous demandons d'instituer une
enquête à ce sujet; nous la souhaitons la plus honnête et la
plus juste possible, même si cela met en cause l'un de vos ministres et
l'un de vos députés", ajoutant les dirigeants de l'Association
des pêcheurs et chasseurs de la Matapédia dans leur lettre
à René Lévesque avant de conclure: "II faudra plus que des
prises en considération de votre part pour redorer le blason de votre
gouvernement auprès de nos membres".
Je pense que c'est une accusation qui est grave de la part de
l'Association des pêcheurs et chasseurs de la Matapédia. C'est un
autre exemple. On aurait pu en trouver plusieurs en faisant le tour du
Québec et en questionnant la plupart de ceux qui ont été
mandatés pour administrer nos ZEC au Québec.
M. Marquis: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Dussault): M. le
député de Matapédia.
M. Marquis: Etant donné que le député de
Lotbinière vient de faire allusion à un article reproduit dans le
journal Le Soleil qui touche le comté de Matapédia et parce qu'en
terminant, dans ses derniers mots, il a mentionné que cela pourrait
concerner le ministre du Tourisme qui va se charger de la partie du travail qui
le concerne, à titre de député de Matapédia, je
voudrais souligner aujourd'hui qu'il y a eu des suites à cet article,
lesquelles n'ont pas paru dans le Soleil, mais dans le journal régional.
Bientôt, il y aura une mise au point qui sera probablement faite par
l'Association des pêcheurs et chasseurs de la Matapédia.
M. Bellemare: Je vous ferais remarquer, M. le Président,
que ce n'est pas une question de privilège, ce n'est pas lui
personnellement qui a été mis en cause.
M. Marquis: Je m'excuse.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Dussault): M. le
député de Vanier.
M. Bertrand:... je vous demande de permettre au
député de formuler sa question de privilège puisque le
député de Lotbinière a fait un certain nombre
d'allégations qui concernent du patronage hypothétique dans le
comté de Matapédia. Je pense normal que le député
du comté puisse rétablir les faits. Le député de
Lotbinière risque d'induire toute la population en erreur.
M. Gratton: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Dussault): M. le
député de Gatineau, sur la question de règlement.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, j'aimerais rappeler qu'hier, justement, je me suis
moi-même levé sur une question de privilège pour
empêcher qu'un député de cette Chambre ne porte des
accusations contre une personne qui n'est pas membre de l'Assemblée. Le
président qui était au fauteuil à ce moment-là, le
député de Prévost, m'a rappelé à l'ordre en
me disant qu'il ne s'agissait pas, pour un député, d'invoquer des
privilèges pour une personne qui n'est pas membre de l'Assemblée.
J'ai l'impression que c'est ce que le député fait
présentement. Il peut le faire ailleurs, mais ce n'est pas ici, à
l'Assemblée nationale, qu'il peut invoquer des privilèges pour
une association de chasseurs ou de pêcheurs.
Le Président suppléant (M. Dussault): M. le
député de Matapédia, je n'ai pas vu, jusqu'à
maintenant, dans vos propos, quelque chose qui me laisse croire qu'il y a eu
atteinte à vos privilèges de membre de cette Assemblée
nationale; à moins que vous n'ajoutiez des propos fort différents
de ceux que vous avez tenus, je ne pourrai pas vous laisser continuer votre
intervention.
M. Marquis: M. le Président... M. Biron: M. le
Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Matapédia.
M. Marquis: Ce que le député de Lotbinière
n'a pas mentionné parce qu'il n'a pas lu l'article au complet, sauf que
les gens peuvent référer à cet article...
Le Vice-Président: Si vous permettez. Il est pas mal trop
tôt pour recommencer. Celui qui m'a remplacé a déjà
rendu une décision. M. le député de Matapédia a
toujours la possibilité au sein de son parti de faire un exposé
qui ne serait pas une question de privilège. M. le député
de Matapédia, s'il vous plaît! Je vous laisse la parole, mais
soyez très précis si c'est vraiment une question de
privilège.
M. Marquis: Je prendrai la parole après. Je vous remercie
quand même de l'occasion qui me sera offerte de prendre la parole.
Le Vice-Président: D'accord. M. le chef de l'Union
Nationale.
M. Biron: Merci, M. le Président. J'invite le
député de Matapédia à parler sur ce projet de loi.
Ce serait important qu'on sache ce que d'autres députés du Parti
québécois pensent d'un tel projet de loi. Quant à moi, je
n'ai fait que citer des articles de journaux!
M. le Président, dans ce projet de loi c'est arrivé
à plusieurs reprises dans plusieurs autres ZEC où cela a
été exactement le même cas il y a aussi un principe
très dangereux. Le ministre se donne un droit de préemption sur
des terrains publics ou privés, il donne ce droit au
lieutenant-gouverneur en conseil, mais sur recommandation du ministre, bien
sûr, de désigner tout terrain public ou privé en vue d'y
établir une réserve faunique. L'arrêté en conseil
à cet effet doit être publié dans la Gazette officielle.
Avis de cette désignation doit être donné à la
personne indiquée comme propriétaire au bureau d'enregistrement.
La désignation prend effet à compter du dépôt de
l'avis au bureau d'enregistrement.
Ce qui est grave, c'est justement ce droit de pouvoir désigner un
peu partout des terrains publics ou privés comme réserves
fauniques et, finalement, nul ne peut aliéner la totalité ou
une
parcelle de territoire désigné sans avoir donné au
ministre un avis écrit préalable d'au moins 60 jours.
Je soumets là-dessus qu'un bon matin le gouvernement va
décider d'établir une réserve faunique dans une
région du Québec et va désigner un terrain privé
comme réserve faunique éventuelle. Vous savez la valeur que ce
terrain va avoir. Il n'y aura plus rien, il va perdre toute sa valeur parce
qu'il n'aura qu'un seul acheteur éventuel, ce sera le gouvernement du
Québec. Je trouve qu'il devrait y avoir beaucoup plus de prudence, dans
ce domaine en particulier, avant de s'engager à avoir un droit de
préemption sur les terrains privés du Québec. Si le
ministre avait dit, dans son projet de loi, un droit de préemption sur
tous les terrains publics, au moins c'est le gouvernement du Québec qui,
à travers un ministère ou un autre, décide de prendre tel
terrain, mais lorsqu'il est question de terrains privés, c'est
très grave. On retrouve un peu plus loin, dans le texte qui nous est
présenté: "Le ministre peut acquérir de
préférence à tout autre acheteur, au prix de l'offre
consignée ou, selon le cas, de l'adjudication toute parcelle de
territoire désigné. Pour exercer ce droit de préemption,
le ministre doit signifier par écrit son intention d'acquérir la
totalité ou la parcelle..." (16 heures)
M. le Président, je répète que, si on a un seul
acheteur, je me demande qui voudra acheter un terrain qui est
déjà grevé par un droit de préemption. Des
propriétaires privés seront lésés de leurs droits
parce qu'ils pourront perdre toute la valeur qu'ils ont accumulée pour
certains terrains qu'ils possèdent.
Ils faudrait être beaucoup plus clair que cela et
déterminer, si on veut donner un certain droit au ministre dans
certaines régions désignées, quelles régions, quels
territoires, quels comtés et quand cela va se faire. On a certainement,
pour inscrire un tel article au projet de loi 71, des idées
derrière la tête. Qu'on dépose un plan de la province, un
peu comme le ministre de l'Agriculture l'a fait, et qu'on dise: Dans certains
secteurs de la province, on désire, au ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche, faire des réserves fauniques, qui ne
seront pas des ZEC ou des ZAC, et ces secteurs particuliers, on commence
à les désigner tout de suite. On pourra en discuter à
l'Assemblée nationale pour voir le bien-fondé d'une telle
décision.
Mais, à l'heure actuelle, nous acceptons un principe, si nous
adoptons un tel projet de loi, celui d'enlever à des
propriétaires de terrains privés leurs droits sur ces terrains.
Un tel droit est très dangereux. Il faudra être très
prudent là-dessus et expliciter dans quelles régions et quand on
veut le faire, et déposer les plans à l'avance ou au moins la
description des régions qu'on veut toucher.
On donne des droits énormes au ministre. On voit aussi, dans le
projet de loi, que c'est le ministre qui juge des indemnités à
verser aux anciens locataires de clubs privés. On dit: Le ministre juge
et indemnise. Je trouve que c'est très dangereux de confier des pouvoirs
aussi extraordinaires à une seule personne lorsque cette personne est
à la fois juge et partie. C'est le ministre qui veut toucher des
territoires de chasse et de pêche et c'est lui qui va indemniser, qui va
juger quel montant on va donner. C'est véritablement beaucoup trop de
droits qu'on donne au gouvernement ou au ministre par un tel projet de loi.
Mme la Présidente, je vais aussi dire un mot sur la pêche
au saumon. On a vu que cette année le ministre a été
très prudent vis-à-vis des clubs privés de pêche au
saumon. Il a décidé de les ignorer pour un petit bout de temps.
On ne connaît pas encore la philosophie du ministre pour 1979, mais on a
quand même un rapport dans le Montréal-matin qui nous dit que pour
les rivières à saumon le déclubage est reporté
à 1980.
On dit ceci: "II est loin d'être exclu que nous allons
étendre c'est le ministre qui parle le moratoire d'une
autre année, a déclaré le ministre, faisant allusion au
moratoire d'un an qui avait été décrété
à la fin de 1977 et qui devait prendre fin en décembre prochain.
Les pêcheurs sportifs de saumon du Québec, dont ceux de la
Fédération québécoise de la faune, demandent au
ministre de reporter d'une autre année le déclubage des
rivières à saumon pour éviter la mise en application
improvisée ou précipitée d'un nouveau mode de gestion de
cette ressource et de ces rivières".
C'est un peu ce qu'on a fait cette année, un mode
improvisé et précipité. "Le ministre a souligné que
son ministère tiendra compte de la fragilité de cette
espèce de poisson et de la nécessité d'une protection
spéciale de cette ressource lorsqu'il décrétera
l'accès du public aux rivières à saumon encore
louées à des clubs privés. Il a mentionné que les
clubs privés n'existent encore que sur 26 des 102 rivières
à saumon officielles du Québec".
Mme la Présidente, j'aimerais bien entendre le ministre nous
expliquer un peu sa phisolophie de la pêche au saumon, du
"déclubage" de ces clubs privés sur les rivières à
saumon, à l'occasion de l'étude de ce projet de loi, pour qu'on
sache véritablement, en particulier pour deux rivières, la
rivière Moisie et la rivière Matapédia, ce qui va se
passer au cours des prochaines années.
Le ministre a-t-il aussi une phisolophie ou un programme pour
régler le problème ou pour favoriser le saumon de la
rivière Jacques-Cartier? On sait que c'est une rivière qui passe
en plein centre du Québec et qui va se jeter dans le Saint-Laurent
à la hauteur de Donnacona, en face de Lotbinière. Cette
rivière bénéficie de quelques saumons depuis quelques
années. On en retrouve surtout parce que l'Association des
pêcheurs sportifs de saumon du Québec Inc., a voulu agir de telle
sorte qu'on ait des saumons dans cette rivière qui est en plein centre
du Québec, rivière qui est très proche de Québec,
qui est à 25 milles de Québec, à 50 milles de
Trois-rivières et 100 milles de Montréal.
Les pêcheurs du Québec pourraient profiter de cette
rivière si le ministre voulait nous dire ce
que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
entend faire justement pour avoir une plus grande exploitation de saumon dans
cette rivière Jacques-Cartier, quitte à aider à
l'aménagement de la rivière, d'autant plus que l'entreprise
Domtar, l'usine de pâtes et papiers à Donnacona, est prête
à aider à l'aménagement nécessaire d'une partie de
cette rivière pour permettre aux pêcheurs sportifs de saumon du
Québec de pouvoir profiter davantage et avoir du saumon en plein centre
de la province.
Mme la Présidente, je voudrais connaître la philosophie du
ministre dans ce domaine-là en particulier. On ne trouve pas grand-chose
dans ce projet de loi. De même, je voudrais découvrir la
philosophie du ministre vis-à-vis de l'embouchure des rivières
à saumon. On se prépare, à l'heure actuelle, à
l'aide d'un autre ministère que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, à donner le droit de pêche au saumon
à l'embouchure des rivières aux autochtones, aux Indiens. On
n'aurait peut-être pas besoin de "dé-cluber" le haut de la
rivière si on met des filets dans le bas de toutes les rivières
et si on prend tous les saumons avant qu'ils montent dans la rivière. Je
voudrais savoir du ministre ce qu'il va arriver. Est-ce qu'il y aura deux
classes de citoyens au Québec? Une classe qui aura le droit de
pêcher le saumon à l'aide de filets à l'embouchure des
rivières et l'autre classe, la grande majorité des autres
citoyens du Québec, n'aura plus le droit de pêcher le saumon parce
qu'il n'en restera pas. C'est une espèce de poisson qui est très
délicate à sauvegarder à l'heure actuelle parce que le
nombre diminue. C'est important de savoir exactement du ministre ce qu'il en
pense. D'autant plus qu'il y a de plus en plus de Québécois qui
seraient prêts à aller pêcher le saumon dans ces
rivières, mais il faut le protéger. Si on le laisse prendre au
filet à l'embouchure de chacune de ces rivières du Québec,
il n'en restera pas beaucoup pour les véritables pêcheurs sportifs
du Québec qui, eux, veulent aller prendre le saumon à la
pêche au lancer léger ou à la pêche à la
mouche. Il faudrait y penser et planifier d'avance avant de détruire
tout ce qui reste au Québec à l'heure actuelle.
Là-dessus, Mme la Présidente, je veux nous citer un
article d'un journal, Le Soleil, en date du 17 novembre dernier. Je ne voudrais
pas qu'on se fasse la guerre entre Québec et Ottawa vis-à-vis de
la pêche et de la chasse, et en particulier vis-à-vis du droit de
pêche pour les autochtones du Québec. On dit ceci: "Le premier
ministre, M. René Lévesque, étudierait actuellement d'un
oeil assez favorable la possibilité de céder des rivières
à saumon aux Amérindiens particulièrement sur la
Côte-Nord, parmi nos meilleures rivières du Québec.
Advenant que le premier ministre Lévesque décide de se faire le
défenseur de ce projet jusqu'à sa concrétisation, les
autochtones étendraient encore plus leur empire actuel sur les
ressources fauniques du territoire national au détriment des blancs,
autres habitants du même pays. Cela surviendrait au même moment
où le présent gouvernement du Québec parle d'acces-
sibilité au pratimoine faunique du territoire pour tous les citoyens.
C'est vers 1963, alors qu'il était ministre des Richesses naturelles
dans le gouvernement libéral de Jean Lesage que René
Lévesque s'intéressa très activement aux autochtones
particulièrement aux Amérindiens du Nouveau-Québec, aux
Inuit du Grand-Nord. Il jugeait alors que le gouvernement
québécois ne pouvait tout simplement pas laisser carte blanche
aux autorités gouvernementales fédérales,
particulièrement actives dans cette région du Québec."
Est-ce qu'on veut faire la guerre, Québec et Ottawa, sur le dos
des pêcheurs et des chasseurs du Québec? C'est une question qu'il
faudrait se poser, Mme la Présidente. "Peu après l'accession au
pouvoir du Parti québécois, René Lévesque est
allé chercher, pour la direction générale du
Nouveau-Québec aux Richesses naturelles, M. Eric Gourdeau, et a
fondé le SAGMAI. SAGMAI est maintenant rattaché au conseil
exécutif, le ministère du premier ministre, et c'est son vieil
ami, Eric Gourdeau, qui en est le responsable tout aussi favorable
qu'antérieurement aux thèses des autochtones." Ecoutez ceci, Mme
la Présidente: "Dès qu'un ministère touche un tant soit
peu aux Amérindiens ou aux Inuit, il doit collaborer avec le SAGMAI et
Eric Gourdeau. C'est ainsi que le problème indien par rapport à
la pêche sportive du saumon a été retiré des mains
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche voilà
quelques mois pour être remis entre celles du premier ministre
Lévesque et du conseil exécutif puis du SAGMAI et de son ami, M.
Eric Gourdeau. On voit maintenant ce que cela a donné."
Mme la Présidente, je pense bien qu'il faut se poser des
questions à ce sujet et je voudrais que le ministre puisse nous
répondre très clairement sur cette question importante des droits
des autochtones et des droits des autres pêcheurs blancs du
Québec. Il est important de le savoir parce qu'on veut savoir s'il y a
deux classes de citoyens au Québec et quels vont être nos droits,
à nous, à ce sujet.
Il y a aussi un peu plus loin et je cite encore l'article: "Les
ressources fauniques du Québec n'appartiennent pourtant à
personne en particulier, quels que soient sa couleur, sa langue, sa religion,
son origine ethnique, sa fortune, sa puissance, ses convictions politiques. Le
ministre Duhaime, titulaire du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche l'a
lui-même reconnu publiquement et c'est aussi la raison pour laquelle il
s'est fait le défenseur de l'accessibilité de toutes les
ressources fauniques pour tous les citoyens intéressés du
Québec. Bien plus, le ministre Duhaime a déjà publiquement
déclaré qu'il fallait cesser de traiter les autochtones comme des
citoyens à part et qu'il fallait les considérer comme tous les
autres citoyens du Québec, non plus comme des êtres
supérieurs devant jouir de privilèges spéciaux. (16 h
10)
Alors, je voudrais savoir, après...
Mme le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale,
vous devez conclure rapidement. Votre
temps, votre heure est déjà écoulée.
M. Biron: Mme la Présidente, je voudrais savoir la
politique du ministre dans ce domaine et les relations qu'on doit avoir avec
les autochtones du Québec, d'autant plus que la Fédération
québécoise de la faune aussi s'inquiète
énormément de ce genre de relations.
En concluant, je dis simplement qu'il y aussi d'autres gens qui se
plaignent des politiques du ministère, et ces gens, ce sont les agents
de conservation de la faune au Québec. Je vous lis copie d'une lettre
qui était adressée au ministre Duhaime ou de quelques passages,
en terminant j'en ai pour une minute ou deux au plus où on
vous dit ceci: "Nous vous disions, nous aussi, qui! était temps que
chaque citoyen se sente concerné par la protection de la faune, que
chaque citoyen fasse son effort et nous vienne en aide, et que vous
étiez prêt à faire un pas de plus à
déclencher une phase d'éducation après celle de la
dénonciation. "Pourtant, plutôt que de faire preuve
d'originalité, plutôt que de rechercher une voie
québécoise, une voie nationale en matière de protection de
la faune, vous ne trouvez pas mieux que de vous plagier à un iota
près à un système originaire de nos puissants voisins du
Sud. D'ailleurs, puisqu'il s'agit de démocratiser la gestion des ZEC,
permettez-nous de vous faire une suggestion: Iriez-vous jusqu'à laisser
la ZEC X ensemencer les espèces qu'il lui semble bon d'ensemencer
là où elle le veut, quand elle le veut? Iriez-vous jusqu'à
laisser la ZEC Y faire ses aménagements de frayère, quitte
à ce qu'elle en gâte quelques-unes? Après tout, comme le
dit si bien l'adage, toute expérience s'achète. Iriez-vous
jusqu'à déléguer à la ZEC Z le pouvoir d'ouvrir la
chasse au chevreuil pour le nombre de jours qui lui semblent bons, à la
date qui lui semblera bonne, et pourquoi pas pour les individus qui lui
semblent bons? "Cet exemple de l'absurde devrait être suffisant pour vous
faire comprendre que, depuis trop longtemps, chez trop de ministres du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, de même que chez trop de
nombreux hauts fonctionnaires, là où il est question
d'aménagement de la faune, il est aussi question de compétence
technique, d'expérience, d'aptitudes et des capacités
professionnelles, alors que quand il s'agit de la protection de la faune, le
même raisonnement ne vaut plus. " Et complètement à la fin
de cette lettre je dis cela en terminant les représentants
des agents de la conservation de la faune du Québec dit ceci,
adressé au ministre du Tourisme: "Mais, puisque date nous en sommes
rendus à devoir vous répéter les mêmes mises en
garde que nous vous faisions il y a déjà presque un an, il ne
nous reste plus qu'à vous dire que vous devrez porter seul toutes les
responsabilités de la détérioration de la protection de la
faune au Québec. " Ce sont les agents de conservation de la faune du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche qui parlent
à leur ministre. "Nous continuerons, comme agents de conservation,
à vous porter le même respect en tant que ministre responsable de
notre service, mais nous devrons cependant vous ajouter que vous ne faites
désormais plus partie de la même famille que nous."
Alors, lorsque des agents de la conservation s adressent à leur
ministre dans ce langage, je pense qu'on ne protège pas assez la faune,
on ne contrôle pas assez la faune et, là-dessus, je voudrais voir
un projet de loi qui soit beaucoup plus sévère d'un
côté et beaucoup plus clair de l'autre, mais qu'on assure la
conservation et la protection de la faune au Québec.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Matapédia.
M. Léopold Marquis
M. Marquis: Mme le Président, peu importe les points de
règlement qui pourraient être soulevés, peut-être que
je ne m'y conformerai pas en tous points puisque je ne parlerai pas
nécessairement sur le principe. Je voudrais quand même
rétablir des faits ou, en tout cas, faire une question de
privilège sur un point qui a été soulevé par le
député de Lotbinière, des accusations qui ont paru dans
différents quotidiens du Québec de même que dans le journal
régional de ma région.
Je vous citerai d'abord, pour être complet, certains paragraphes
de la lettre adressée au premier ministre. Je cite: "Maintenant, M. le
premier ministre, voici des faits qui nous ont été
rapportés par nos membres et qui nous portent à croire qu'il y a
eu favoritisme politique, pour ne pas dire plus, dans l'octroi de la ZEC
Casault. Ici, c'est l'Association des pêcheurs et chasseurs de la
Matapédia qui parle. D'abord, il semble que, bien avant le 22
décembre, date de la déclaration ministérielle du ministre
Duhaime concernant l'abolition des clubs privés, le comité
provisoire de l'Association de Causapscal recevait, par l'entremise du
député Marquis, de la documentation concernant ce qu'allait
devenir l'Opération gestion faune.
Deuxième accusation: "M. le député Marquis, se
sentant probablement trop impliqué dans ce dossier, n'a pas
daigné donner suite à notre invitation de venir rencontrer nos
membres à notre assemblée générale annuelle en
février dernier, prétextant que des fonctionnaires du MTCP
seraient présents pour nous donner de l'information sur
l'opération gestion faune."
Troisième accusation: "Lors des rencontres avec le ministre
Duhaime à Matane et à Rimouski, le député Marquis
accompagnait à chaque endroit les membres du comité provisoire de
l'Association de Causapscal."
Or, à la suite de ces articles, reproduction de lettres et dans
le journal Le Soleil évidemment, il y avait en plus des commentaires du
chroniqueur, j'ai convoqué pour le 25 novembre à Amqui une
rencontre où j'étais prêt à donner de l'information.
J'ai convoqué les deux associations, soit l'Association des chasseurs et
pêcheurs de la Matapédia, qui était l'accusatrice, et la
Corpora-
tion d'exploitation des ressources fauniques de la vallée de la
Matapédia, qui est l'association qui a obtenu la gestion de la ZEC, de
même que le journaliste de L'Avant-Poste Gaspésien, le journal de
la région. L'Association des pêcheurs et chasseurs de la
Matapédia a décliné l'invitation de se présenter
dans le télégramme suivant: Association pêcheurs et
chasseurs Matapédia. Attend rapport enquête du premier ministre.
Association refuse rencontre proposée pour samedi 25 novembre. Souhaite
rencontre dès réponse de l'enquête du premier ministre. A
cette occasion, Mme la Présidente, j'ai fait les rectifications
suivantes. Je vais m'inspirer du texte d'un article qui est paru dans le
journal régional. "A la rencontre de samedi, avaient été
invités le représentant de l'Association des pêcheurs et
chasseurs de la Matapédia, de la CERF et le représentant de
l'Avant-Poste." Précisons tout de suite que l'APCM, l'Association des
pêcheurs et chasseurs de la Matapédia s'est désistée
pour des raisons expliquées dans le télégramme que je
viens de lire. "Le député Marquis a ouvert la rencontre et a
précisé dès le départ sa démarche." "Je ne
parlerai pas pour le ministre, ni pour le premier ministre, ni pour les
fonctionnaires non présents. Je ne parlerai que de ce qui me
concerne."
Il y avait trois points dans la lettre où le député
Marquis jugeait qu'on le mettait en cause directement. Le premier avait trait
à la transmission possible de documentation à la CERF, et sa
déclaration était la suivante: "Je n'ai pas transmis les
documents qu'on m'accuse d'avoir donné à ladite association. Il
m'arrive, comme tout député de cette Chambre, de transmettre des
renseignements ou des documents à des citoyens ou à des
organisations de mon comté, mais, dans le cas de l'association
concernée, je n'ai rien transmis ni à l'une, ni à l'autre
des deux associations qui sont mentionnées dans le conflit. D'ailleurs,
les membres de la CERF qui étaient sur les lieux ont corroboré
dans le même sens précisant qu'ils n'avaient eu aucune information
du député en aucun temps. Le deuxième sujet où le
député a tenu à faire le point, c'est celui où on
raconte qu'il accompagnait la CERF lors de rencontres avec le ministre. Sur
cela, le député a tenu à préciser qu'il
était membre du Comité opération gestion faune, l'un des
trois comités qui avaient siégé sur l'opération
pour mettre en place la nouvelle politique.
C'est pour cette raison que j'ai accompagné le ministre Duhaime
le 24 janvier dernier à Matane à la rencontre d'information
convoquée pour les gens intéressés à administrer
une ZEC. A cette réunion, il y avait deux représentants de
l'Association des chasseurs et pêcheurs de la Matapédia. Il n'y
avait aucun représentant de l'association qui finalement a obtenu la
gestion de la ZEC. Je ne pouvais donc pas les accompagner, car il n'y en avait
pas de présent.
Pour la réunion de Rimouski, le ministre, c'est là une
mauvaise information qui était dans la lettre, n'était même
pas présent, c'étaient des employés de son
ministère et un membre de son cabinet, le ministre Duhaime n'y
était pas. A cette occasion, effectivement, il y avait deux
représentants de l'Association des chasseurs et pêcheurs de la
Matapédia. Il y avait aussi des représentants de l'autre
association de Causapscal.
Personnellement, j'ai assisté à la réunion à
titre de membre de la commission parlementaire du tourisme, de la chasse et de
la pêche et à titre de membre du comité de
députés qui avaient travaillé sur le sujet. Si j'ai
parlé autant à un groupe qu'à l'autre, je n'accompagnais
ni l'un, ni l'autre puisque j'arrivais de Québec par avion avec les
fonctionnaires du ministère. (16 h 20)
Enfin pour le dernier point, mon refus d'assister à la
réunion de l'assemblée générale de l'Association
des chasseurs et pêcheurs de la Matapédia, le 5 février
dernier, effectivement j'ai refusé d'y assister afin de ne pas me lier
avec une association plutôt qu'une autre, puisque je n'avais jamais
rencontré l'autre association et que c'était clair qu'il serait
question à cette assemblée générale de
l'opération gestion faune. J'ai refusé d'y assister pour ne pas
avoir l'air d'appuyer une association plus qu'une autre. Mais par la suite, la
même Association des chasseurs et pêcheurs de la Matapédia
m'a invité de nouveau à une assemblée de son
exécutif. J'ai accepté d'assister à cette réunion
et c'est le secrétaire de l'époque qui, quelques jours plus tard,
m'a informé qu'il ne souhaitait plus ma présence.
Maintenant, en ce qui concerne et je termine là-dessus
les copies des candidatures des associations parce que cela a
été mentionné je n'ai reçu ni l'une ni
l'autre de ces copies, ni de l'Association des chasseurs et pêcheurs de
la Matapédia, ni de la CERF. Lors de l'arbitrage je ne suis donc pas
intervenu en faveur de l'une ou de l'autre de ces associations. J'ai
terminé en disant je cite le journal "Dans notre parti, on
ne veut pas mêler la politique dans les différents dossiers de
façon à épurer les moeurs politiques".
Je me rappelle la première recommandation que le premier ministre
nous avait faite lors de notre élection; c'était de ne pas nous
mettre les doigts dans les engrenages politiques quand il y avait des
décisions pour lesquelles ce n'était pas nécessaire ou des
décisions qui devaient être prises par les fonctionnaires. C'est
sur une recommandation des fonctionnaires de la région qui a
été faite au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche à Québec qu'il y a eu par la suite une
décision prise, ce qu'on appelle un arbitrage.
Pour ce qui est des autres détails, si le ministre veut ajouter
autre chose, il pourra le faire. En ce qui concerne la réponse à
la lettre qui a été expédiée au premier ministre,
il y a eu une enquête interne qui a été demandée et
très bientôt il y aura une réponse du premier ministre qui
sera envoyée à l'Association des pêcheurs et chasseurs de
la Matapédia. Celle-ci m'a assuré qu'elle ferait paraître
cette réponse, dans tous les journaux, les mêmes journaux dans
lesquels est parue la lettre qui m'accusait d'avoir fait du favoritisme
politique.
Là-dessus, je vous remercie, Mme la Présidente.
Mme le Vice-Président: M. le ministre exerce-ra-t-il son
droit de réplique?
M. Blank: Mme le Président, je suis certain que le
ministre a un très bon discours à nous livrer, mais j'aimerais
qu'au moins il y ait quorum...
Mme le Vice-Président: Nous vérifions
immédiatement, M. le député de Saint-Louis. Je crois comme
vous que nous n'avons pas tout à fait quorum. Nous comptons les
députés immédiatement et nous les appellerons s'ils ne
sont pas assez nombreux. J'espère que nous n'aurons pas besoin d'aller
chercher des députés en commission parlementaire où ils
travaillent.
Il y a quorum, d'accord.
M. le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Mme la Présidente, mon droit de
réplique est limité dans le temps; j'aurais voulu avoir à
ma disposition peut-être une heure pour reprendre point par point
l'argumentation que j'ai entendue du chef de l'Union Nationale. Je pense que
cela mériterait que je lui consacre une heure de ma vie. Je voudrais
tout d'abord revenir sur l'intervention de mon collègue le
député de Maskinongé. Quand il est intervenu en
deuxième lecture sur ce projet de loi... Je sais qu'il travaille
actuellement à une autre commission, puisqu'il y en a trois qui
siègent cet après-midi, et qu'il aura sûrement l'occasion
de relire les propos que je vais tenir.
Premièrement, en ce qui concerne les agents auxiliaires ou agents
de conservation que le ministre peut nommer suivant les dispositions de
l'article 6 du projet de loi no 71 je parle également en
répondant au chef de l'Union Nationale cet article 6 existe
déjà dans la loi 58 qui a été votée à
l'Assemblée nationale le 12 décembre 1969. Si ma mémoire
est bonne, je pense que c'était sous un gouvernement de l'Union
Nationale. Tout ce que nous faisons, c'est apporter une précision en
ajoutant les mots "peut nommer des personnes pour assurer l'exécution de
la présente loi et, notamment, assister les agents de conservation dans
l'exercice de leurs fonctions". Le fond de l'article 6, qui se retrouve dans le
projet de loi no 71, est intégralement déjà contenu dans
le projet de loi no 58.
Je comprends cependant la préoccupation du président du
Syndicat des agents de conservation, M. Caplette. Je pense que ce n'est pas
tellement en fonction de la conservation de la faune que son intervention a
été faite, par une longue lettre de sept pages, que j'ai
d'ailleurs lue avec beaucoup d'intérêt; c'est beaucoup plus une
inquiétude qu'il a quant au statut des agents de conservation. Je
profite de l'occasion qui m'est donnée pour réitérer cette
assurance qu'en cours d'année nous avons eu l'occasion de leur dire que
l'article 6... Et je suis tout à fait disposé à ajouter le
mot "auxiliaire" pour qu'il n'y ait aucune confusion; les agents auxiliaires de
la conservation qui seraient nommés ne seront pas régis par la
fonction publique. Je pense que c'est clair. L'article 6 précise que
leur tâche est d'assister les agents de conservation et, en termes de
syndicat, non pas prendre leur place. C'est là qu'est leur
inquiétude.
La deuxième chose dont le député de
Maskinongé a traité, c'est qu'il a vu, dans le projet de loi no
71, la disparition du service de la faune qui était responsable... Je le
salue, il arrive à l'instant. Le projet de loi no 71 ne fait
qu'entériner une responsabilité ministérielle que le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a déjà,
celle d'appliquer la Loi de la conservation de la faune et de protéger
le cheptel ou la ressource faunique du Québec.
Le dernier point que je voudrais retenir de l'intervention du
député de Portneuf consiste à parler de l'article 49, soit
le certificat de chasseur. J'ai eu l'occasion de le dire, le certificat de
chasseur comme tel n'existe pas dans la loi actuelle; ce certificat a
été introduit par une réglementation. La loi 71 introduit
maintenant dans une loi le certificat du chasseur. Je dirai, à
l'intention de mon collègue de Maskinongé, que dans le cours de
la soirée j'aurai l'occasion de lui parler d'un amendement pour
rejoindre sa préoccupation, dans le sens que ce que nous
considérons comme des infractions majeures à la Loi de la
conservation de la faune entraînera la suspension automatique du
certificat de chasseur. Pour les infractions mineures, il y aura un pouvoir
réglementaire, donc la possibilité d'introduire un système
de points de démérite exactement comme cela peut exister dans le
Code de la route.
Je vous donne un exemple bien simple à comprendre. Celui qui
prend, au collet, un lièvre de plus que la limite permise commettrait
une infraction et perdrait son certificat de chasseur pour 15 mois. Celui qui
tuerait 10 orignaux au mois de juillet perdrait également son certificat
de chasseur pour 15 mois; c'est la loi actuelle.
M. Picotte: II ne faut pas laisser ce pouvoir au ministre, par
exemple.
M. Duhaime: Une telle disposition n'a pas de bon sens, la loi est
aveugle.
M. Picotte: II ne faudrait pas que ce soit laissé à
la discrétion du ministre; c'est quand même bien
différent.
Mme le Vice-Président: M. le député!
M. Duhaime: Quand quelqu'un brûle un feu rouge, on ne lui
interdit pas de conduire sa voiture pour 15 mois. On peut interdire de conduire
une voiture si l'infraction commise est plus grave; par exemple, conduire en
état d'ébriété.
M. Picotte: Pas à la discrétion du ministre. Il ne
comprend rien!
M. Duhaime: Par exemple, se rendre coupable ou être reconnu
coupable d'une négligence criminelle. Les dispositions du projet de loi
no 71 introduisent cette nuance.
J'en viens maintenant à l'intervention laborieuse du chef de
l'Union Nationale. D'abord, je voudrais le féliciter de
s'intéresser à un dossier aussi important. Il a voulu être
le porte-parole de son parti et je tui dirai que je suis content qu'il me donne
l'occasion de reprendre certains de ses propos puisque le gros de son
intervention a porté non pas sur le projet de loi no 71, mais sur
l'opération gestion faune. Je le préviens d'avance, en
gentilhomme, que je lui répondrai assez durement. (16 h 30)
Premièrement, Mme la Présidente, on nous accuse d'avoir
instauré et pratiqué du patronage dans l'agrément des
associations de chasse et pêche. Le député de
Maskinongé en a aussi parlé. Je pense que ni l'un ni l'autre des
deux partis politiques qui sont en face de moi ne peut se permettre une seule
allusion au patronage en ce qui est de l'attribution des territoires de chasse
et de pêche. Vous êtes des spécialistes, et vous l'avez
pratiqué pendant des années. Tout le monde sait que, lorsqu'un
gouvernement changeait, les exécutifs des clubs privés
changeaient eux aussi, de crainte de perdre leur territoire. Je m'explique mal
qu'on puisse parler de patronage parce que la seule condition requise pour
être membre d'une association de chasse et pêche
agréée, c'est de payer $15. J'ai en mémoire l'Association
de chasse et pêche Maison de pierre, je crois qu'il y a 4500 membres;
l'Association de chasse et pêche Martin Valin a 9000 membres. Mon Dieu!
Je me demande comment on peut faire du patronage. A la première
assemblée générale annuelle régulière ou
spéciale, on peut changer l'exécutif. Au contraire, ce que nous
avons fait avec l'opération gestion faune, c'est que nous allons,
dorénavant, par une modification à l'article 50, empêcher
le ministre actuel et tout ministre futur du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche de donner à nouveau des droits exclusifs de chasse et
pêche sur des territoires publics, sauf en ce qui est des pourvoiries et
sauf en ce qui est des rivières à saumon. Nous avons
annoncé que, dans ces deux dossiers, le moratoire se poursuivrait, mais
ces deux dossiers seront réglés aussi.
Ce que je voudrais dire, c'est donner un conseil, en deuxième
lieu, au chef de l'Union Nationale. Il a cité d'abondance le
Montréal-Matin. Il aurait peut-être pu ajouter: Chroniqueur: M.
Jean Pagé. Il a cité également le journal Le Soleil; il
aurait pu ajouter: Chroniqueur: M. André Belle-mare. Tout le monde sait,
Mme la Présidente, et c'est de commune renommée, que ces deux
journalistes, que ces deux chroniqueurs sont des adversaires acharnés de
l'Opération gestion-faune et je dirai que c'est par gentilhommerie que
je n'en ajouterai pas davantage, parce qu'ils ne sont pas présents en
cette Chambre pour relever les propos que je pourrais tenir.
Lorsque le chef de l'Union Nationale cite le journal
Montréal-Matin, prétendant que, cette an- née, 3000
orignaux de plus que le nombre de l'année dernière seraient
tués au Québec, je lui dis tout simplement que c'est dommage,
mais son service de recherche l'a très mal informé. J'ai eu
l'occasion de donner les chiffres et je les ai devant moi. En 1977, rapport
final: 8357; 1978, rapport final 8737. Je peux vous donner les détails:
4248 mâles adultes, 3167 femelles adultes, 649 mâles jeunes, 647
femelles jeunes et, malheureusement 26 sont de sexe indéterminé.
Nous sommes donc très loin du compte. Je pourais également vous
citer des chiffres sur la récolte de caribous, la récolte de
chevreuils. Les résultats que nous avons compilés, dans les 500
postes d'enregistrement répartis à travers le territoire, nous
indiquent que c'est une croissance normale. J'ajoute, Mme la Présidente,
pour votre information, que, l'année dernière, pour la seule
chasse à l'orignal, 90 000 permis de chasse avaient été
émis et que, cette année, nous en avons émis
au-delà de 100 000.
Je dirai également, en ce qui est des budgets, parce que cela
semble être une inquiétude du chef de l'Union Nationale, que nous
avons cette année augmenté le budget de la faune à mon
ministère de 24%. Il me paraît normal que le gouvernement paie
pour une activité comme celle-ci lorsqu'elle est pratiquée par un
aussi grand nombre de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Les gens de mon
comté paient pour le Stade olympique, ils paient également
lorsque le gouvernement décide de construire des arénas, lorsque
le gouvernement décide d'aménager des centres de ski et ce n'est
pas tout le monde qui pratique le ski, qui joue au hockey ou qui va au Stade
olympique. Lorsque, Mme la Présidente, près de 750 000
Québécois et Québécoise pratiquent le sport de la
pêche, lors-qu'au-delà de 100 000 vont à la chasse à
l'orignal, lorsque près de 70 000 chassent le chevreuil, il
m'apparaît raisonnable que le gouvernement fasse son effort au même
titre que toute autre activité sportive.
Je dirai, Mme la Présidente, que nous avons mis sur pied cette
année, à la disposition des associations de chasse et de
pêche un fonds de péréquation de $1 million et la
première fois qu'on en a parlé, j'ai vu des gens de l'Opposition
se bidonner en disant: C'est une vaine promesse. Nous avons effectivement tenu
cette promesse. Nous avons effectué le déboursé. Nous
l'avons réparti de la façon la plus équitable possible aux
57 associations agréées par le ministère. Pour
l'information du chef de l'Union Nationale qui se demande si les gens
ressentent un sentiment d'appartenance quelconque à une association de
chasse et de pêche, si le sentiment d'appartenance n'existe pas, je me
demande ce que font dans les associations de chasse et pêche les 78 917
Québécois, qui ont payé $15 pour avoir accès dans
les territoires, eux-mêmes et leur famille.
Je le dis bien clairement et d'une façon qui ne laissera aucun
doute dans l'esprit du chef de l'Union Nationale: II est hors de question que
nous abolissions le passeport ou le principe qu'en adhérant à une
association de chasse et pêche, on a accès à tous les
territoires. Je donne un exemple par analogie. La Fédération des
clubs de motonei-
gistes du Québec regroupe 250 000 personnes réparties dans
345 clubs. Pour un célibataire, cela coûte $20 pour un an. Pour
une personne mariée, pour elle et sa famille, cela coûte $30 pour
un an. Lorsque vous êtes membre d'un club de motonei-gistes, vous avez
accès à tout le circuit de motoneige du Québec qui, en
passant, est de 35 000 milles, alors que le réseau routier du
Québec est de 28 000 milles. Ces gens dépensent des centaines de
milliers de dollars et ils ont leur sentiment d'appartenance. Je vous dirai
qu'on s'est inspiré grandement de cette façon de procéder
des motoneigistes et je les en remercie.
Je voudrais également dire qu'à l'intérieur du
programme OSE, nous avons versé en projets approuvés par le
ministère une somme de $600 000. Nous avons également tenu parole
en mettant sur pied un fonds de péréquation à la
disposition des piscicultures privées que nous allons dépenser
sur trois ans. Le tiers de ce montant est à peu près
déjà dépensé cette année.
Pour le bénéfice du chef de l'Union Nationale qui a des
inquiétudes quant à la protection, je vous dirai, Mme la
Présidente, que nous sommes très bien protégés. Je
parle de la faune. Je parle au nom de tous les animaux du Québec. Nous
sommes très bien protégés. Nous avons augmenté nos
agents de conservation de 100 à temps plein. 70 occasionnels ont
été embauchés cette année. Nous avons 278
camionnettes, trois avions, trois hélicoptères, deux
hydroglisseurs, 218 embarcations motorisés, 20 bateaux-patrouilleurs, 20
véhicules tout terrain, 269 motoneiges, 56 motocyclettes. Que
voulez-vous de plus?
Je vous dirai, Mme la Présidente, que nous consacrons les deux
tiers du budget de la faune à la protection, l'autre tiers étant
pour l'aménagement. Pour le bénéfice de ceux qui veulent
comparer les civilisations, je vous dirai qu'en Ontario, c'est l'inverse. Le
tiers de leur budget va à la protection, alors que les deux tiers vont
à l'aménagement. C'est un souhait que je formule, qu'un jour, on
pourra nous aussi consacrer davantage d'argent à l'aménagement et
au renouvellement des ressources fauniques plutôt que de payer des
salaires à des policiers dans la forêt.
Le chef de l'Union Nationale nous dit, en quelque sorte et j'en
viens à la loi 71 comme telle qu'on est en train d'enlever des
dents à la loi de protection. Ce que je lui dis et je le lui dis
bien respectueusement c'est qu'il devrait relire le projet de loi 71 qui
est sur la table de l'Assemblée nationale, parce que c'est
complètement faux. Au contraire, les amendes sont doublées,
passant de $25 à $50, de $50 à $100, de $100 à $200, de
$200 à $400, etc. Ce que nous faisons dans les cas où la cour
pouvait condamner à une peine d'emprisonnement... Cela se
présente comme ceci. Je vais vous expliquer. (16 h 40)
Disons que vous tuez un orignal au mois de juillet, qu'un agent de
protection fait un constat d'infraction et que vous plaidez coupable. La cour
pourra vous condamner à $300 d'amende ou à une peine
d'emprisonnement n'excédant pas huit jours. C'est la loi actuelle.
Qu'est-ce qui se produit dans la pratique? Les juges condamnent à $300
d'amende ou, à défaut de paiement, à une journée de
prison, ce qui se traduit je pense que tout le monde va l'admettre ici
généralement par deux heures ou trois heures à
manger un petit poulet au palais de justice, de sorte que cela devient une
risée. Ce que nous faisons j'attire l'attention du chef de
l'Union Nationale à ce sujet nous enlevons cette
discrétion à la cour. Ce sera $300 d'amende ou, à
défaut, huit jours et, dans certains autres cas, ou, à
défaut, un mois.
Pour ce qui est de la réserve faunique, maintenant, que vous
retrouverez aux articles 76a et suivants, le chef de l'Union Nationale en a
fait grand état, il s'agit d'un simple droit de préemption. Ce
droit de préemption, lorsque l'avis est donné par le ministre ne
peut, bien sûr, en aucune façon affecter la valeur du terrain
public ou privé pour une raison très simple. C'est que la loi
nous permettra d'acheter ou de ne pas acheter. L'obligation qu'imposeront les
articles 76a et suivants de la loi, c'est que le propriétaire ne pourra
pas vendre sans d'abord l'offrir et le gouvernement aura un délai de 60
jours pour exercer son droit de préemption. S'il ne l'exerce pas dans le
délai de 60 jours, il tombe automatiquement. Cela va très
certainement rassurer le chef de l'Union Nationale si je lui dis que la
réserve faunique que nous incluons par droit de préemption dans
notre loi 71 qui est discutée aujourd'hui, c'est le mot à mot des
dispositions d'une loi fédérale similaire. Pourquoi
l'introduisons-nous? Nous voulons nous assurer que nous ne revivrons plus au
Québec des expéditions fédérales pour ce qui est
des parcs nationaux.
Je termine avec un dernier point, Mme la Présidente. Pour ce qui
est des indemnités, le chef de l'Union Nationale ne s'est pas rendu
compte que nous clarifions la loi 58, votée par son propre parti il y a
maintenant une dizaine d'années, en enlevant ce dont il a parlé
aujourd'hui, c'est-à-dire la discrétion du ministre. Cela veut
donc dire que, si le ministre pour une raison ou pour une autre, décide
qu'il a besoin de trois chalets ou de dix chalets, il doit les indemniser,
alors qu'autrefois il pouvait, suivant une plus-value qui pourra être
attribuée. Je voudrais également, si on m'accordait deux
secondes, terminer sur un point fondamental de l'intervention du chef de
l'Union Nationale; je dois dire que ce bout-là m'a grandement
déplu et m'a souverainement déçu. Nous avons tenu
récemment à Québec une réunion avec les
représentants de toutes les bandes indiennes du Québec: Micmacs,
Mohawks, Naskapis, Attikameks, Montagnais, Hurons, Algonquins, etc., ils
étaient ici. Je pense que le député de Mont-Royal va
confirmer qu'une telle réunion, à laquelle toutes les bandes
indiennes du Québec ont été convoquées par le
premier ministre du Québec, ne s'était pas faite je suis
convaincu que je vais vous l'apprendre depuis Callières, depuis
1701. Nous avons eu l'occasion de parler avec les représentants des
bandes indiennes de leurs droits. Je pense que le député de
Mont-Royal va
être d'accord avec moi pour dire que les traités leur ont
traditionnellement reconnu ces droits, c'est-à-dire
l'interprétation des traités. Je voudrais tout simplement dire au
chef de l'Union Nationale que le dossier des rivières à saumon,
que ce soit sur la Moisie, la Matapédia, la Restigouche ou ailleurs, ne
sera jamais réglé au Québec si on ne s'assoit pas avec les
représentants des bandes indiennes et si on ne discute pas avec eux pour
établir un consensus et voir si on ne peut pas en arriver à un
modus vivendi avec ces gens-là. Il ne s'agit pas de savoir s'il y a une
classe ou deux classes de citoyens. Il s'agit de savoir si, nous les Blancs, on
est prêt à reconnaître que les autochtones ont des droits.
Je pense que c'est la première question.
Deuxièmement, dans l'exercice de ces droits, c'est évident
que cela va affecter les droits des blancs et, troisièmement, est-ce que
nous serons assez hommes et je devrais dire assez blancs pour
être en mesure d'en arriver à établir une entente avec ces
gens qui, de tout temps, au Québec... Dans ma région, on vient
d'établir qu'il y avait des Iroquois, dans la vallée du
Saint-Maurice, 2000 ans avant Jésus-Christ ce n'est pas d'hier
et leurs descendants sont très certainement quelque part au
Québec, aujourd'hui, dans l'une ou l'autre des bandes indiennes qu'on
connaît.
Cela me fait de la peine d'entendre le chef responsable d'une formation
politique au Québec parler de cette façon des droits des
autochtones du Québec. J'espère que, lorsqu'il relira
l'intervention que je viens de faire je déplore son
absence...
M. Fontaine: Question de règlement. Mme le
Vice-Président: M. le député.
M. Fontaine: Mme le Président, nous avons tous
remarqué que le ministre a dépassé son temps depuis
quelques minutes et vous devriez lui demander de conclure le plus rapidement
possible.
Mme le Vice-Président: Vous avez raison. M. le ministre,
veuillez conclure rapidement, s'il vous plaît. J'aimerais bien faire
remarquer...
M. Duhaime: Je vous remercie, Mme le Président. Cela va
prendre 30 secondes. J'aimerais que le chef de l'Union nationale
révise...
Mme le Vice-Président: Je ne ferai rien remarquer, M. le
ministre. Allez donc!
M. Duhaime: ... les notes de son intervention. J'aimerais
je suis prêt à donner mon consentement à toute étape
de la discussion que les propos qu'il a tenus, pour ce qui est des
bandes indiennes du Québec et des autochtones, il les retire. C'est la
demande que je lui fais et je pense pouvoir parler au nom de plusieurs
députés ici présents, peut-être même de son
parti à l'Assemblée nationale.
Mme le Vice-Président: Cette motion de M. le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, proposant que soit maintenant lu
la deuxième fois le projet de loi 71, Loi modifiant la Loi de la
conservation de la faune, sera-t-elle adoptée?
M. Fontaine: Vote enregistré, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Vous n'avez pas cinq
députés, M. le député.
M. Fontaine: Six députés à
l'Assemblée nationale.
M. Picotte: Vote enregistré. Mme le
Vice-Président: D'accord.
M. Duhaime: Personnellement, je n'aurais pas d'objection à
ce qu'on enregistre les voix, sauf que je voudrais rappeler à notre
collègue, le député de Nicolet-Yamaska je comprends
ses bonnes intentions que si nous appelons les députés
maintenant, nous allons arrêter les travaux de trois commissions.
M. Fontaine: Est-ce que le ministre a l'intention de faire
siéger la commission ce soir?
M. Duhaime: Normalement, Mme la Présidente, dans l'ordre
convenu de nos travaux, à la suite de la réunion des leaders de
tous les partis ce matin, la commission du tourisme, de la chasse et de la
pêche a reçu ordre de la Chambre de siéger à compter
de 20 heures sur ce projet de loi.
M. Fontaine: Est-ce qu'on pourrait faire le vote à 17 h
55?
M. Duhaime: Pour l'adopter.
M. Picotte: La commission pourra siéger ce soir. Je
demande un vote enregistré et c'est important.
M. Duhaime: Mme la Présidente, est-ce que je peux
suggérer au député de Maskinongé qu'on prenne le
vote à 17 h 55?
M. Picotte: Oui, d'accord. M. Duhaime: Très
bien.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Roberval, vous vouliez intervenir sur la question.
M. Lamontagne: Je ne sais pas si je pourrais avoir la
collaboration de peut-être mon collègue de Maskinongé. Il a
peut-être oublié que, vers 17 h 45 ou 17 h 55, nous étions
pris, de notre côté, et je ne sais pas s'il y aurait lieu, dans ce
cas précis, en sollicitant votre collaboration, d'avoir un vote sur
division, tout simplement.
M. Duhaime: Bon. Ils sont d'accord avec la loi. Ils ne voteront
pas sur...
Mme le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consensus?
Une Voix: Oui, d'accord.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska. D'accord. Alors, la motion est adoptée.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Mme le Vice-Président: M. le ministre, votre motion de
déférence sans doute.
Renvoi à la commission du tourisme
M. Duhaime: Oui, Mme la Présidente, je fais motion pour
que ce projet de loi soit déféré à la commission
permanente du tourisme, de la chasse et de la pêche.
Mme le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Duhaime: Mme la Présidente, je vous demanderais
maintenant d'appeler l'article 111 ) de notre feuilleton.
Projet de loi no 124
Troisième
lecture
Mme le Vice-Président: A l'article 111) du feuilleton
d'aujourd'hui, Mme le ministre des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières propose que le projet de loi no 124, Loi
concernant l'acquisition d'actions de certaines sociétés de
prêts hypothécaires soit maintenant lu la deuxième
fois.
Mme le ministre.
Mme Payette: La troisième fois, Mme la Présidente?
Je vous ai bien entendue?
Mme le Vice-Président: D'accord, c'est la troisième
fois. Je retire ce que j'ai dit avant.
Mme Payette: Mme la Présidente, vous le savez, nous avons
nous, les femmes, la réputation de beaucoup parler. Pour maintenir cette
réputation, je vous dirai que nous avons siégé en
commission plénière jusqu'à 6 heures ce matin et que je
m'abstiendrai d'un discours de troisième lecture pensant que tout a
été dit sur ce sujet. Je verrai plus tard, madame, si je dois me
prévaloir du droit de réplique. (16 h 50)
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. Saint-Germain: Mme la Présidente, si on compare ce
projet de loi à la loi fédérale sur l'examen des
investissements étrangers et à la Loi des assurances du
Québec, on peut constater que ce projet de loi a été pondu
à la hâte. Il est mal conçu et sa rédaction laisse
beaucoup à désirer. Quart au fond de la question, beaucoup de
citoyens ont réclamé...
Mme Payette: Question de privilège, Mme la
Présidente. Est-ce que j'ai entendu le député de
Jacques-Cartier dire que ce projet de loi avait été pondu?
M. Saint-Germain: J'ai dit que le projet de loi avait
été mal conçu et que sa rédaction laissait à
désirer. Mais, Mme la Présidente, comme Mme le ministre vient de
nous le dire, nous avons siégé jusqu'à 6 heures du matin,
et personnellement j'étais ici avant 11 heures. Il est très
possible que madame ait bien compris, bien que j'aie l'impression qu'elle m'ait
mal entendu. De toute façon, comme je disais, quant au fond de la
question, beaucoup de citoyens ont réclamé, depuis la
déclaration du ministre, soit le 6 décembre, que la loi
proposée devrait contenir un énoncé de critères
clairs et acceptables. Là-dessus, je suis bien d'accord. Et si on avait
pu suivre le modèle de la loi fédérale sur l'examen des
investissements étrangers, on aurait certainement une longue liste de
critères dans cette loi.
L'article 7 de la loi fédérale, Mme le Président,
établit une agence de tamisage qui fait ses recommandations au ministre
fédéral, et ceci comporte, à mon avis, une certaine
garantie contre le favoritisme politique. Malheureusement, dans cette loi, on
ne trouve rien de tel. C'est le ministre, et on n'a qu'à étudier
les articles pour vite concevoir qu'elle est l'ultime autorité pour ce
qui est de l'application de cette loi. Le paragraphe d), de l'article 11, et
les articles 12 et 13 de la loi fédérale prévoient la
consultation du gouverneur en conseil et certaines consultations avec les
provinces. Si je dis ceci, Mme la Présidente, c'est pour bien faire
comprendre que, de nouveau, dans le projet de loi que nous étudions, le
gouverneur en conseil est tenu en dehors des décisions.
Il n'y a donc aucune garantie similaire dans le projet de loi que nous
étudions actuellement. Il y a certainement lieu d'insister et nous avons
insisté pour que la décision soit prise par au moins le
lieutenant-gouverneur en conseil après les études
appropriées au niveau du ministère. Je crois qu'on ne peut
décemment laisser des décisions aussi importantes à la
discrétion d'un seul ministre, car il y a là des transactions qui
pourront se chiffrer par plusieurs millions de dollars. Je voudrais aussi
signaler que dans la loi fédérale, article 14, on déclare
privilégiés tous les renseignements obtenus à l'occasion
de l'application de la loi fédérale. Inutile de vous dire que
dans la loi qui nous intéresse actuellement, il n'y a aucun article
concernant cette confidentialité.
On aurait pu ainsi se servir, comme je le disais, de la Loi sur les
assurances du Québec. Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas
présenté un projet de loi rédigé suivant le
modèle de cette loi, d'autant plus qu'on s'est
référé à l'article 1, paragraphe b), à
l'article 49 de la Loi sur les assurances (1974 chapitre 70). On avait fait
là une bonne amorce. Je me demande pourquoi on n'a pas continué.
Si on adoptait la procédure de la Loi sur les assurances du
Québec, ce serait évidemment le lieutenant-gouverneur en conseil
qui prendrait les décisions finales. Il pourrait le faire après
étude et enquête par le ministère et sur recommandation du
ministre. Pourtant, cette procédure de la Loi sur les assurances du
Québec est en usage actuellement.
Pourquoi se lancer dans l'inconnu avec un projet de loi mal
conçu, rédigé à la hâte, qui donne une
discrétion absolue à un ministre, alors qu'il s'agit, comme je le
disais, de transactions considérables. Ne serait-il pas plus sage de
suivre une procédure qui a déjà été
éprouvée par l'expérience. Si on prend le projet de loi
comme tel, on trouve à l'article 1 paragraphe b) une définition
de "actionnaire important" et, aux articles 1 et 2, surtout à l'article
1, on dit qu'un actionnaire doit détenir 20% ou plus des actions d'une
société. A l'article 2, on dit qu'un actionnaire important est
une personne qui détient des actions d'une société qui, si
elles sont ajoutées à celles détenues par une personne
liée à cette personne, au sens de l'article 49 de la Loi sur les
assurances du Québec (1974, chapitre 70), voilà qu'on a un
critère. Je faisais allusion, il y a quelques moments, à ce
critère de la Loi sur les assurances.
Mais si on arrive au paragraphe iii), on dit: Un actionnaire important
est une personne qui est désignée par le ministre, actionnaire
important d'une société confirmant l'article 2. L'article 2, je
ne vous le lirai pas, vient à peu près annuler les
définitions qu'on a données dans l'article 1. Je dois avouer ici
que, malgré que nous ayons travaillé toute la nuit à
l'étude de ce projet de loi, l'Opposition a tout de même obtenu
à l'article 2 une modification valable et, au moins, il y a là un
minimum de critère pour évaluer ce qu'est un actionnaire
important. Mais ce minimum est très loin de garantir une justice
absolue, parce que, si on lit l'article 2, on dit: "Le ministre peut
désigner actionnaire important une personne qui détient au moins
10% des actions et c'est là l'amendement qui a été
accepté d'une société si, à son avis, cette
personne exerce elle-même ou de concert avec d'autres un
dégré notable de contrôle sur les activités de la
société". (17 heures)
Cette nuit, on a argumenté que lorsqu'on dit "à son avis",
c'est un terme qui donne au ministre une latitude incommensurable, c'est l'avis
d'une personne. Cet avis, selon ses principes, selon sa façon de voir
les choses, même selon ses préjugés ou selon sa
déformation professionnelle, peut être à peu près
n'importe quoi. C'est une liberté totale.
Lorsqu'on dit "un degré notable", qu'est-ce que cela veut dire?
Qu'est-ce qui est notable et qu'est-ce qui ne l'est pas? Voilà un
adjectif qui servira à différentes personnes qui lui donneront
des définitions tout à fait personnelles. Ce qui peut être
notable pour l'un peut ne pas l'être pour l'autre et vice versa.
Ce sont des choses comme cela que nous avons discuté la nuit
durant. Si nous l'avons fait, c'est tout simplement pour prendre nos
responsabilités, pour essayer de protéger la population,
premièrement, et le gouvernement devant les abus qu'un tel projet de loi
peut apporter. Nous l'avons fait sans acrimonie, sans préjugé
envers qui que ce soit, nous l'avons fait avec les meilleures intentions. Quand
je dis "nous", je ne veux pas parler de moi en particulier; nous étions
une équipe valable. Il y avait en ma compagnie le député
de Marguerite-Bourgeoys, qui a été sous-ministre au niveau de ce
ministère, il y avait aussi mon collègue le député
de Mont-Royal, qui a une expérience personnelle des transactions
immobilières et du commerce immobilier, qui est avocat, il y avait mon
nouveau collègue de Notre-Dame-de-Grâce, qui, par les fonctions
qu'il a occupées au niveau du ministère de l'Industrie et du
Commerce, connaft très bien ce champ d'activité, il y avait mon
collègue le député de D'Arcy McGee, qui, à titre
d'ex-ministre des Affaires municipales, a aussi une longue expérience
dans ce domaine, il y avait notre whip, qui, à titre de notaire, est
habitué à la rédaction et à la compréhension
de tous ces articles. Nous avons discuté de ce projet de loi d'une
façon désintéressée, comme je vous le disais, car
nous étions convaincus que ce projet de loi devait, dans
l'intérêt de la province de Québec, être
modifié.
Il était important, pour le développement de nos
institutions financières, que ce projet de loi soit clarifié,
qu'il ait des critères, que tout le monde, dans ce projet de loi, puisse
être assuré d'être traité avec justice, que tout le
monde de l'immobilier, du crédit immobilier, puisse connaître la
règle du jeu. Je crois que c'était important pour le
développement financier et économique de la province de
Québec que ceux qui viennent s'établir dans notre province ou qui
font des affaires dans notre province connaissent clairement et facilement la
règle du jeu.
Qu'est-il arrivé? Nous avons amorcé les discussions. Pour
ce qui regarde le gouvernement, il y avait le ministre des Finances. J'admets
que du ministre des Finances nous avons eu des réponses positives, on
pouvait se comprendre, on pouvait dialoguer. On a espéré,
à un moment donné, qu'on pourrait ensemble, en collaborant avec
le gouvernement, arriver à des solutions convenables.
Pour des raisons personnelles et je ne fais absolument pas de
reproches au ministre des Finances, je sais pertinemment que c'est un homme
occupé. On ne peut pas obliger un homme, rendu à 2 heures dans la
nuit, à continuer...
M. de Bellefeuille: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: En vertu du règlement, le débat
en troisième lecture doit porter sur le contenu de la loi et non pas sur
des incidents absolument anecdotiques en cours de débat, à savoir
qui était présent ou absent à l'Assemblée.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Jacques-Cartier, sur la question de règlement.
M. Saint-Germain: M. le Président, sur la question de
règlement. Nous avons aujourd'hui à étudier ce projet de
loi dont les articles sont devant moi et j'aimerais expliquer à cette
Chambre, pour la bonne compréhension de la rédaction des
articles, les uns après les autres, pour quelle raison le projet de loi,
aujourd'hui, est rédigé tel quel. Je veux vous prouver, M. le
Président, qu'il est mal rédigé, tout simplement.
Le Vice-Président: Sur le fond de la question!
M. Saint-Germain: Sur le fond de chacun des articles.
Le Vice-Président: C'est cela. Nous avons passé la
nuit en Chambre, dans la même Chambre, nous pouvons continuer,
monsieur.
M. Saint-Germain: Alors, vous êtes bien au courant! D'un
autre côté, M. le Président, à un moment
donné, lorsqu'on a étudié soit l'article 1 soit l'article
2, surtout l'article 2, nous avons eu énormément de
difficultés à avoir du ministre, qui est le parrain de cette loi,
des réponses appropriées. A titre de législateur, j'ai
réellement compris pour quelles raisons il pouvait être
désagréable à certains ministres de discuter en commission
et de discuter d'une loi comme celle-ci article par article. A titre d'homme
public et de législateur, je crois que, lorsqu'une loi comme celle-ci
est parrainée par un ministre et à son nom, la première
obligation d'un ministre, vis-à-vis de la population, est de
connaître la portée de chaque article, la signification de chaque
mot, quelle est la philosophie et quelles sont les études qui
soutiennent la rédaction de chaque article; de savoir quelle est la
portée d'une loi et de quelle façon cette loi et chaque article
de cette loi vont se refléter dans le comportement de tous les jours des
financiers qui s'occupent de prêts hypothécaires dans cette
province. Cela va avoir des résultats! Nous avons été
incapables, par la voix du ministre, d'avoir des réponses
appropriées. Nous avons senti que cette loi est le résultat de
technocrates, exclusivement, et que la seule obligation du ministre, il m'a
semblé, dans cette loi, est de faire accepter le projet de loi.
Là se limitaient sa responsabilité et ses connaissances.
Ce projet de loi a été rédigé par des
technocrates qui n'ont aucune expérience, qui n'ont eu aucune
expérience je le dis simplement par le résultat de la
rédaction de ce projet de loi aucu- ne expérience pour ce
qui regarde les sociétés de prêts hypothécaires. On
a souvent entendu parler de l'influence des technocrates dans nos gouvernements
modernes. Cet article, surtout l'article 2, en est une preuve concrète.
On a parlé de l'influence des technocrates modernes, des hommes
sérieux se sont posé des questions sérieuses sur
l'autorité des hommes publics dans l'administration et dans nos lois.
Plusieurs citoyens se demandent, quels que soient les gouvernements qui sont
élus et qui forment le cabinet: Qui est-ce qui mène, les
technocrates ou l'homme élu? Ce sont là des questions
extrêmement sérieuses. Cette nuit, j'ai eu l'impression que les
questions que nous avons posées devaient, si nous voulions avoir une
réponse avec la moindre logique, parvenir aux technocrates et non au
ministre qui ne semblait pas capable de nous donner le réel contenu de
chaque article. A titre d'homme élu et de législateur, je me suis
senti humilié. (17 h 10)
Des Voix: Oh!
M. Saint-Germain: Je crois que lorsqu'on prend la
responsabilité d'écrire son nom sur une loi, on devrait au moins
la connaître et être capable de donner la portée de chaque
article et la signification de chaque mot. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, j'ai demandé, à un moment donné, par un
amendement, que l'administration de cette loi tombe sous la
responsabilité du ministre des Finances. Et cela a été
rejeté, malheureusement dans l'intérêt de la population du
Québec. On pourrait continuer à chaque article. A l'article 3:
"Un actionnaire important d'une société qui acquiert par
transfert...', encore là, comment définir ce qu'est un
actionnaire important? Personne ne le sait. Un sociétaire d'une telle
compagnie peut être déclaré actionnaire important ou non
important. Il n'a jamais l'occasion de plaider sa cause. Si ses
intérêts personnels ou l'intérêt de la
société exigeaient qu'il soit déclaré actionnaire
important ou l'inverse, il ne peut jamais plaider sa cause. Sans critère
d'aucune sorte, le ministre peut déclarer, d'autorité, que c'est
un actionnaire important aujourd'hui, et dans une semaine, elle peut dire non,
ce n'est plus un actionnaire important, sans même faire rapport au
lieutenant-gouverneur en conseil. Il me semble que c'est contre tout principe.
C'est encore toutes nos traditions d'être jugé sans plaider sa
cause.
J avoue, M. le Président, que je ne comprends pas comment on peut
en être arrivé à un cas bien particulier, absolument
particulier, au sujet du Crédit foncier canadien. C'est un projet de loi
qui ne concerne d'ailleurs que trois sociétés. Ceux qui sont un
peu au courant du commerce des prêts hypothécaires dans cette
province savent pertinemment qu'il y a une multitude de prêteurs dans
cette province. Ce sont les banques. Ce sont les caisses populaires. Ce sont
les compagnies de fiducie. Ce sont tous ces étrangers, compagnies ou
particuliers qui demeurent en dehors de la province de Québec qui
prêtent sur hypothèque dans cette province. Ce sont les
compagnies
d'assurance. Si on avait les chiffres et si on comparait le chiffre
d'affaires de ces trois compagnies avec l'ensemble du commerce
hypothécaire de la province de Québec, c'est un minimum. Mais
cela a pris tout simplement une importance très considérable.
Très bien. Qu'est-ce qu'on a comme résultat, si on lit les
articles les uns après les autres? Le résultat est que s'il y a
trois compagnies qui sont sous l'autorité de cette loi, il n'y en aura
jamais quatre.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! M.
le député de Jonquière...
M. Vaillancourt (Jonquière): M. le Président...
Le Vice-Président: ... sur une question de
règlement.
M. Vaillancourt (Jonquière): ... je pense qu'en vertu de
nos règlements, le député de Jacques-Cartier a maintenant
épuisé son temps. Je pensais . qu'il serait plus
intéressant le jour que la nuit. Je constate que ce n'est pas le cas et,
en conséquence, je demande l'application du règlement
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! Je
voudrais poser une question. En vertu des articles 94, alinéa 2, et 126,
le débat de troisième lecture fait justement une espèce de
référence entre ces deux articles. Si M. le député
de Jacques-Cartier me dit qu'il est le représentant officiel de
l'Opposition officielle, il n'a pas épuisé son temps.
M. Saint-Germain: M. le Président, je parle au nom de
l'Opposition officielle. Je vous dis tout de suite que si le
député de Jonquière n'est pas intéressé
à m'écouter, il peut s'en aller. Je ne parle absolument pas pour
lui non plus. Je parle pour le population du Québec, M. le
Président.
Le Vice-Président: J'espère que vous vous adressez
à la présidence aussi.
M. Saint-Germain: Je parle pour vous surtout, M. le
Président.
Le Vice-Président: Merci.
M. Saint-Germain: Ce qu'il y a de dommageable, M. le
Président, c'est que s'il y a trois compagnies qui sont assujetties
à l'autorité de cette loi, il n'y en aura pas quatre. Je ne
pourrais pas concevoir qu'un individu qui dispose de ses propres capitaux ou
des capitaux qu'il a l'obligation de gérer arrive au Québec et
demande de fonder un crédit foncier avec une charte
québécoise. Un Québécois peut même obtenir
une charte d'Ottawa pour fonctionner, il peut en obtenir une de chacune des
provinces. Pourquoi viendrait-il chez nous demander un charte povinciale pour
être sujet à des décisions aussi discrétionnaires de
la part du ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières? Pourquoi, M. le Président, cette personne le
ferait-elle? Où est son intérêt?
Avec une charte fédérale, cette compagnie sera sous
l'autorité d'une loi dont elle en connaît réellement la
portée, les règlements. Autrement dit, elle connaît
clairement les règles du jeu. Elle l'accepte ou elle ne l'accepte pas,
mais elle peut au moins l'analyser. Si cela lui convient, elle aura une charte
fédérale. Lorsque ce même individu aura lu cette loi, il
n'en connaîtra pas davantage la portée. S'il la lit article par
article, il se rendra très vite compte que c'est une loi dangereuse, il
se rendra très vite compte qu'il aura à subir les
décisions d'une personne qui pourra même porter un jugement sans
qu'il ait eu l'occasion d'expliquer sa situation, qui pourra, par l'article 6
porter atteinte à sa liberté d'administrateur d'une façon
inconcevable.
Je vous lis, M. le Président, l'article 6: "Une
société ne peut fusionner avec une corporation ni disposer
à peine de nullité, en dehors du cours normal de ses
opérations, de ses créances garanties par des biens-fonds sans
obtenir au préalable l'autorisation du ministre".
L'individu va se demander: Qui va administrer cette
société? Est-ce moi ou le ministre? Qu'est-ce que cela veut dire
"en dehors du cours normal des affaires"? Qu'est-ce que cela veut dire?
Qu'est-ce que le ministre va décider qui est dans le cours normal des
affaires? Selon quels critères va-t-il juger que c'est en dehors du
cours normal des affaires? Comment voulez-vous qu'un homme qui a si
c'est un administrateur qui a du succès, c'est un homme qui a du gros
bon sens, c'est un homme sage qui ne prend pas de décisions à
l'aveuglette... Mais qu'est-ce qui va rester pour l'attirer dans la province de
Québec? Serait-il Québécois qu'on se demande ce qui va
l'attirer. Je me pose la question.
On semble ne s'être jamais posé ces questions au
ministère, absolument jamais. Il va y avoir des remous dans le monde de
la finance. Cela va nous coûter quelques millions de dollars
d'investissement, cette loi. Je ne fais peur à personne. C'est un
précédent dangereux, une loi rétroactive à part
cela.
On lit, à l'article 9: "La présente loi a effet à
compter du 6 décembre 1978".
Il n'y a pas un législateur qui est heureux de voter une loi
rétroactive. On vote cette loi dans des situations d'urgence, quand
c'est absolument nécessaire. On est toujours un peu gênés
d'accepter de voter un loi rétroactive.
On fait cela en croyant que c'est la chose la plus simple. On croirait
qu'à ce gouvernement, M. le Président, toute autorité est
permise. Alors, inutile de vous le dire, je pourrais continuer, mais j'ai
déjà passé la nuit en compagnie de mes collègues
à essayer de faire comprendre cela au gouvernement. Je n'ai pas
réussi. Ce n'est pas parce que je parlerais dix ou quinze minutes de
plus que j'y réussirai. Alors, je n'ai pas besoin de vous dire que nous
voterons contre la troisième lecture de ce projet de loi. (17 h 20)
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, le projet de loi 124 va
causer des dommages incalculables au Québec. Par ce projet de loi, on
tente d'empêcher une compagnie canadienne, c'est-à-dire une
compagnie qui a son siège social au Nouveau-Brunswick, d'acquérir
les actions d'une compagnie étrangère, c'est-à-dire une
compagnie qui est détenue au Québec par des intérêts
qui sont situés en France.
C'est un renversement complet même des principes des
investissements étrangers, par rapport à la Loi
fédérale où on cherche à protéger ou
à contrôler les investissements étrangers. Quand je dis que
c'est un dommage incalculable pour le Québec, c'est parce que nous
établissons un principe dans ce projet de loi qui n'a jamais
été établi au Québec et qui est un principe
très dangereux. On gèle. L'effet du projet de loi, c'est de
geler, au Québec, des fonds qui se trouvent au Québec. Cest
peut-être le commencement on peut se poser des questions du
droit, de l'intention du gouvernement de geler les épargnes des
Québécois.
La première question qu'on pourrait aussi se poser est: Quel sera
l'effet de ce projet de loi sur la confiance que les investisseurs devraient
avoir au Québec? A une époque où nous devrions encourager
les investissements au Québec, nous adoptons un projet de loi qui a
l'effet absolument contraire. Si on examine les effets de cette loi et si on se
dit: C'est un nationalisme économique. Qu'arriverait-il si toutes les
autres provinces du Canada acceptaient les mêmes principes ou
pratiquaient les mêmes principes? Ce serait quelque chose de dommageable
aux intérêts des compagnies québécoises qui
résident dans les autres provinces du Canada. Puisqu'il y a neuf autres
provinces à part la nôtre, je crois que les effets seront beaucoup
plus néfastes et beaucoup plus négatifs pour nous que
l'inverse.
Voici une autre critique qu'on peut faire de ce projet de loi. On n'a
pas de politique générale pour encourager ou pour
déterminer les investissements étrangers au Québec. C'est
une loi ad hoc qui n'a pas de critères. C'est une décision du
ministre qui veut vraiment viser une compagnie, quoique le projet de loi en
vise trois. Alors, c'est une épée de Damoclès au-dessus
des autres compagnies, au-dessus des autres sociétés, parce que
si ce principe qui est un principe très dangereux est accepté,
les Québécois ne veulent pas avoir cette ingérence, ce
contrôle possible par le gouvernement sur leur épargne.
Si on accepte le projet de loi, on peut l'étendre à
d'autres sociétés, à d'autres épargnes, à
d'autres fonds, à d'autres revenus des Québécois et on
peut se dire: Où cela va-t-il arrêter? Nous n'avons pas de
politique générale. Nous n'avons pas de critères. Nous
n'avons aucune indication de la façon dont le projet de loi sera
appliqué. Tout est laissé à la discrétion du
ministre. Du point de vue technique, c'est un projet de loi très mal
rédigé. Le mieux qu'on pourrait dire pour le ministre, c'est que,
vraiment, le ministre a été très mal avisé par ses
conseillers juridiques.
Il y a des contradictions dans le projet de loi. Le projet de loi fait
des amendements aux droits des compagnies, aux droits corporatifs. Il fait des
amendements généraux au Code civil. Il y a une clause dans le
projet de loi à l'article 7 qui nous dit que cette loi prévaut
sur toute disposition inconciliable d'une loi générale ou
spéciale qui peut même inclure, M. le Président, la Charte
des droits et libertés de la personne. Il y a des contradictions dans
divers articles de ce projet de loi. On a tenté, par les meilleurs
moyens qui nous étaient disponibles, durant la nuit, jusqu'à 6
heures ce matin, M. Je Président, vous en étiez témoin, de
bonifier le projet de loi, d'enlever les ambiguïtés, de demander au
ministre comment la loi va être administrée et
appliquée?
Nous n'avons reçu aucune indication. Nos efforts pour essayer de
bonifier ce projet de loi n'ont mené à rien. Nous avons
aujourd'hui une question de confiance au Québec. Ce n'est pas le temps
d'apporter des projets de loi qui vont créer plus d'inquiétude,
plus d'incertitude qu'il en existe déjà. C'est le temps d'enlever
ces incertitudes. Le projet de loi fait l'inverse. Il met en garde tous ceux
qui ont des biens au Québec et peuvent se demander à quel endroit
et quel sera le prochain acte du gouvernement. Ce n'est pas cela qui devrait
être l'objectif d'une loi, M. le Président. L'objectif d'une loi
au Québec ne doit pas être de créer des murs autour du
Québec, d'empêcher une compagnie du Nouveau-Brunswick avec des
actionnaires qui résident à Montréal de se porter
acquéreurs des biens qui existent au Québec. Cela va contre tous
nos principes, cela va contre tous nos principes de loi, cela va même
contre le mandat que ce gouvernement a reçu de la population.
M. le Président, nous nous opposons aux principes fondamentaux,
à la phisolophie de ce projet de loi no 124. Les effets sur
I'économie peuvent être assez négatifs. C'est un projet de
loi négatif. Ce n'est pas un projet de loi qui va encourager les
investissements au Québec, mais cela en est plutôt un qui va les
décourager. Dans sa rédaction, M. le Président, nous avons
une confusion totale dans l'interprétation de différents
articles. Nous les avons portés à l'attention du ministre.
Malheureusement, nous n'avons pas pu recevoir de réponses aux
contradictions qui existent dans le projet de loi, aux effets que le projet de
loi aurait sur d'autres lois du Québec... C'est malheureux que, quelques
jours avant la fin de la session, on nous demande d'adopter à la
hâte un projet de loi qui pourrait avoir des conséquences assez
négatives pour toute la population. M. le Président, pour ces
raisons, pour des raisons touchant à l'économie du Québec,
pour les raisons techniques quant au projet de loi, à cause des
ambiguïtés, des confusions, de la discrétion donnée
au ministre qui existent dans ce projet de
loi, parce que le ministre et le gouvernement ne nous ont pas
donné une politique générale de leurs intentions quant aux
investissements étrangers au Québec. (17 h 30)
Comme ce projet de loi vise c'est un projet de loi ad hoc, une
loi d'exception seulement une compagnie, nous devons protester et porter
à l'attention de la population tous les aspects négatifs du
projet de loi.
Finalement et c'est vraiment le ridicule de la situation
il n'y a même aucune nécessité pour ce projet de loi, parce
que la transaction que le gouvernement voulait empêcher d'être
conclue, c'est-à-dire l'offre que Eastern & Maritime Trust avait
faite pour les actions du Crédit foncier franco-canadien a
été retirée, selon les journaux. M. le Président,
nous établissions un principe dangereux. Pourquoi le
député de Mercier veut-il toujours m'interrompre? Il n'est
même pas à sa place. Un peu de courtoisie durant la semaine de
Noël!
Le Président suppléant (M. Marcoux): A l'ordre,
s'il vous plaît. La parole est au député de Mont-Royal,
mats, si le député de Mercier veut intervenir, il a un
siège qui lui est assigné et où ses collègues
aimeraient l'entendre.
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Les raisons qu'a
invoquées le gouvernement à l'appui du projet de loi, nous avons
démontré qu'elles n'ont pas de fondement. Il a
référé à des projets de loi de l'Alberta et de la
Nouvelle-Ecosse. Nous avons fait les distinctions entre ces projets de loi et
nous avons vu que ces principes ne s'appliquent pas du tout ici. Par exemple,
dans la Loi des compagnies de fiducie en Alberta, au moins on reconnaît
comme résident quelqu'un qui habite au Canada. C'est un projet de loi
qui reconnaît que nous faisons encore partie de la
confédération, que nous faisons encore partie du Canada, ce que
ce projet de loi ne reconnaît pas.
Pour toutes ces raisons, nous trouvons malheureux que le gouvernement
ait choisi ce moyen de légiférer dans une tentative de retenir le
siège social du Crédit foncier à Montréal. Ce
gouvernement, jusqu'à présent, n'a pas voulu reconnaître
que le problème des sièges sociaux existe au Québec. Le
ministre d'Etat au développement économique ne reconnaît
pas ce problème. Dans ce projet de loi-ci, le moins qu'on puisse dire du
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières, c'est qu'elle réalise que la question des
sièges sociaux est un problème, mais ce n'est pas par le moyen de
ce projet de loi no 124 que nous allons empêcher les sièges
sociaux de déménager du Québec. On pourrait même
dire que c'est une inquiétude additionnelle, un harcèlement
additionnel, un obstacle additionnel que le gouvernement vient d'introduire
dans le domaine des affaires.
On ne nous a pas démontré qu'il y avait une raison
spécifique pour légiférer sur les sociétés
hypothécaires. Nous savons tous les besoins au Québec de fonds
d'hypothèque. Nous savons aussi que ce ne sont pas seulement les trois
compagnies qui sont supposément visées par ce projet de loi qui
font affaires au Québec. Il y en a une multitude. Pour une compagnie qui
voit ce projet de loi le moyen le plus facile de le contourner sera
d'établir son siège social et des bureaux en dehors du
Québec.
Notons aussi que les actifs du Crédit foncier sont à peu
près de 35% au Québec et que le reste est dans le reste du
Canada. Nous ne voyons pas la nécessité d'introduire un tel
projet de loi. Il n'y a pas de raison économique et il ne rassurera pas
les investisseurs.
C'est très malheureux que le gouvernement l'ait introduit et
c'est malheureux que le ministre n'ait pas au moins adopté ou
accepté certaines recommandations que nous lui avons faites de bonne
foi; même en n'acceptant pas le principe de la loi, nous nous trouvions
dans l'obligation, nous avions la responsabilité d'essayer de la
bonifier afin de restreindre les mauvaises conséquences qu'aura le
projet de loi tel que rédigé.
Pour ces raisons et à cause de tout ce qu'a énoncé
le député de Jacques-Cartier, nous allons voter contre le projet
de loi.
M. Roy: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: ... quelques brefs commentaires en troisième
lecture du projet de loi no 124. Je tiens bien à préciser que je
n'ai pas l'intention de reprendre les propos que j'ai tenus hier, malgré
que je serais tenté de le faire. Il faut parfois répéter
plusieurs fois pour être compris. J'ai fait une remarque hier concernant
cette loi, disant que j'appuyais l'intervention gouvernementale pour que le
gouvernement puisse exercer une certaine surveillance sur les institutions qui
ont le mandat de recueillir, d'administrer l'épargne des
Québécois. J'avais dit que j'appuyais l'intervention
gouvernementale, mais que j'avais certaines réserves concernant le
pouvoir du ministre que j'estimais beaucoup trop discrétionnaire.
Effectivement, au cours de la nuit, au cours des heures de discussions
qui ont eu lieu, Mme le ministre a accepté ou a proposé un
amendement au projet de loi. Je n'ai pas participé à toutes ces
discussions, mais un amendement a été accepté. Le ministre
peut désigner comme actionnaire important une personne qui
détient au moins 10% des actions d'une société. C'est
l'amendement qui a été proposé et qui a été
finalement accepté. Il est évident que l'article 2, dans sa forme
originale c'est-à-dire que toute personne ayant moins de 20% des
actions pouvait être désignée comme étant un
actionnaire important laissait une marge de manoeuvre beaucoup trop
considérable, beaucoup trop grande. Le fait qu'on ait mis un plancher,
puisqu'effectivement cela ne s'adresse qu'aux actionnaires qui ont au moins 10%
des
actions, c'est une mesure qui nous donne satisfaction. Cela me justifie,
non seulement avec plaisir, mais avec une certaine fierté, d'appuyer un
projet de loi, une décision gouvernementale qui a pour effet de
s'assurer que les épargnes des Québécois soient
contrôlées par des Québécois et qu'elles servent les
intérêts des Québécois.
M. Fontaine: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine:... je voudrais céder mon droit de parole au
député de Brome-Missisquoi dès qu'il aura repris son
siège. Il rencontre des agriculteurs.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le
député de Brome-Missisquoi, allez-vous intervenir au nom de votre
parti?
M. Russell: Non, M. le Président, je voudrais simplement
ajouter quelques mots...
Le Président suppléant (M. Marcoux): Alors, vous
avez droit à dix minutes.
M. Russell: ... sur ce projet de loi dont l'étude en
commission plénière a occasionné aux députés
de cette Assemblée de veiller un peu tard la nuit dernière; je
devrais peut-être dire de bonne heure ce matin.
Mme Payette: C'est parce que c'est le temps des Fêtes!
M. Armand Russell
M. Russell: C'est le temps des Fêtes! Je voudrais faire
remarquer que le père Noël n'a pas été
généreux. Les amendements que j'espérais, à la
suite de mon exposé en deuxième lecture, n'ont pas
été très bien accueillis par le ministre et cela me
déçoit un peu. J'aimerais faire remarquer au ministre que dans
mes propos j'ai dit que cette loi avait été apportée
à la hâte, que c'était de la législation en
pièces détachées. Elle est intervenue en disant que le
parti de l'Union Nationale semblait se contredire; si elle me permet d'aller au
fond de la loi, je vais lui lire des articles pour lui démontrer que
nous sommes sur la même ligne de pensée, le chef de l'Union
Nationale et celui qui vous parle. (17 h 40)
Quand j'ai parlé, j'ai cité exactement les paroles du
ministre des Finances qui a dit que c'était malheureusement de
l'administration à la pièce et c'est cela qu'on ne veut pas dans
ce domaine très sensible des finances ou de l'économie d'une
province. Après la discussion d'hier soir, je pense qu'il a
été démontré d'une façon très claire
par les membres de la commission que c'était une loi qui pouvait
créer un mauvais climat, qui était extrêmement arbitraire.
On a essayé j'ai veillé une partie de la nuit et j'ai
écouté la conversation à chacun des articles,
là où on pensait qu'il pouvait y avoir des modifications
raisonnables, encore là, on a refusé tout cela. Je n'ai pas
encore compris pourquoi on tient tellement à cette loi telle qu'elle est
présentée.
Quand je parle d'une loi administrée à la pièce,
elle couvre simplement une petite partie du problème. Entre autres,
c'est le ministre des Finances lui-même qui a avancé que cela
concernait trois sociétés en particulier du Québec.
L'Union Nationale, par la voix de son chef, l'a dit à plusieurs
reprises, qu'on voulait quand même une loi-cadre. Le ministre avait
laissé entendre qu'une loi-cadre était à l'étude.
C'est parce qu'on voulait rassurer les financiers et leur dire que le
gouvernement actuel est sérieux. J'aurais lu le programme du parti, si
on me l'avait demandé hier soir, pour démontrer que ces
gens-là avaient de bonnes idées, mais qu'après deux ans,
on n'a pas encore mordu dans ces idées pour concrétiser des lois
qui seraient bien acceptées du monde de la finance et qui devraient
exister dans le Québec. J'ai même insisté sur le fait que
je n'avais pas de félicitations à faire au gouvernement
passé, pas plus d'un parti que de l'autre, et j'ai dit que le
gouvernement actuel se devait d'agir dans ce domaine rapidement, et que ce
n'était pas en accusant les gouvernements passés qu'il allait
satisfaire les désirs des financiers. Ce que veut un financier, c'est
savoir exactement où il s'en va quand il embarque dans ce domaine. Vous
savez, ce n'est pas un gouvernement. Il ne peut pas remplir des déficits
à coups de millions qui proviennent de la poche des contribuables.
Lorsqu'un financier fait des investissements, il veut savoir d'avance où
il va et c'est ce qui est difficile avec ce projet de loi.
On a tenté hier soir, à plusieurs reprises, je ne l'ai pas
fait parce qu'il y en avait assez d'autres qui intervenaient, de
démontrer au ministre que c'était arbitraire et que cela pouvait
créer un climat de méfiance. Or, je ne pourrais pas dire que je
craindrais le ministre actuel, mais le ministre actuel n'est pas là
éternellement. S'il est de bonne foi, peut-être que son successeur
le sera moins. Ce sont les définitions qui sont dans cette loi qui sont
extrêmement arbitraires et dangereuses et qui vont faire en sorte que
bien des gens, comme le disaient certains députés qui sont
intervenus, encore cet après-midi, vont hésiter, ils vont fuir
plutôt que venir investir ici au Québec. Dans les termes de cette
loi qui comprend quelques articles, si la commission a pris la peine de
siéger toute la nuit pour tâcher d'apporter de petits amendements
mais qui voudraient dire beaucoup, c'est parce qu'on trouvait qu'il y avait des
conséquences très importantes. Je ne comprends pas encore le
ministre de rester sur ses positions et de ne pas vouloir changer d'opinion. Je
le regrette, mais je suis obligé de dire que, dans le contexte actuel,
je ne peux pas endosser ce projet de loi, pas plus en troisième qu'en
deuxième lecture. C'est regrettable, parce que c'est un domaine dans
lequel je crois sincèrement qu'on devrait
intervenir rapidement mais d'une façon claire et
définitive, tel qu'on l'avait énoncé, qu'on l'avait
écrit dans le programme du PQ.
Je suis certain que le ministre a lu le programme plus d'une fois. Je
suis certain qu'elle comprend le programme du PQ. Je me demande pourquoi ce
programme n'est pas appliqué à la lettre dans ce domaine. Je
disais que sur bien des points, il rejoignait le programme de l'Union Nationale
sur lequel on était d'accord. Mais c'est loin de là. C'est une
partie de la loi sur laquelle le ministre continue à
légiférer qui crée un mauvais climat dans un domaine
très fragile, celui des financiers.
M. le Président, je ne veux pas insister là-dessus. Je
voulais simplement réaffirmer que je regrettais les circonstances. Je
croyais que le ministre, après mûre réflexion et
après certains contacts qu'elle aurait dû faire dans le monde des
finances... Et je me demande si elle a pris la peine d'en faire, parcs
qu'encore aujourd'hui on a eu certains contacts avec des gens qui ne sont pas
nécessairement des gens de l'Union Nationale, ni des libéraux,
mais qui sont des administrateurs de sociétés importantes dans le
Québec et qui sont drôlement surpris de ce projet de loi avec ses
définitions.
Quand on parle d'une désignation d'un actionnaire, cela va loin.
Le ministre peut arbitrairement décider. Il n'y a pas de droit d'appel.
Il n'y a rien. Vous pouvez devenir une victime d'un jeu de circonstances. Je
sais que le ministre actuel n'a pas de préjugé contre qui que ce
soit. Mais son successeur pourrait en avoir et cela peut créer un
certain malaise pour bien des financiers. Je suis convaincu que quelqu'un qui
joue dans le domaine des finances ne s'embarquera pas dans semblable aventure.
Il voudra d'avance que cela soit clair, certain, ce qui n'existe pas dans ce
projet de loi. Il me semble que cela aurait été assez facile au
moins d'amender pour faire en sorte que cela soit clair et de déterminer
d'avance certains points de la réglementation qui vont suivre ce projet
de loi.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, je dis au ministre que
c'est avec regret que je serai obligé de maintenir la position que j'ai
eue en deuxième lecture. Je ferai la même chose en
troisième lecture. Encore là, je dis que c'est avec regret que je
le ferai.
Le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Si dans les
brèves remarques que je vais faire je répète quelques
commentaires qui ont déjà été faits par mes
collègues, je ne m'excuserai pas, parce que je pense que les
événements des dernières 25 heures sont une bonne
leçon pour nous tous à l'Assemblée nationale et même
au Québec. C'est une révélation, d'après moi, de
tout ce qui est mauvais dans les actions et la gestion de notre gouvernement
actuel. Il est impossible, après avoir vu les événements
d'hier soir, jusqu'à 6 heures, et d'aujourd'hui, de ne pas
réaliser que nous sommes face à une situation où le
gouvernement n'a pas de politique, ni la qualité d'un bon
législateur.
Je veux d'abord dire que je suis entièrement d'accord avec le
principe selon lequel nous devons avoir ici, au Québec, une politique
qui nous permette d'exercer une influence sur nos institutions
financières et industrielles. C'est essentiel. Je pense que cela va de
soi. Mais nous avons aussi, M. le Président, une responsabilité
comme gouvernement. Tout d'abord, développer des politiques
cohérentes et, ensuite, légiférer d'une façon
cohérente et consistante avec ces politiques. Malheureusement, dans ce
cas-ci, nous n'avons ni l'un ni l'autre.
Premièrement, je veux parler pendant une minute sur la question
des politiques. La politique envers les investissements étrangers du
Parti québécois n'existe pas. C'est un problème
très difficile, je l'admets. Mais il faut dire que, depuis les deux ans
que nous avons vécus ici, le ministre a même dit hier soir qu'il
n'existe aucune loi, aucune politique de l'investissement étranger qui
permette au gouvernement de mettre la main sur les transactions qui ont
été effectuées la semaine dernière. Nous avons
je répète un peu ce que j'ai dit hier soir une
politique qui consiste à chercher l'investissement étranger par
l'intermédiaire de nos bureaux dans le monde, faire la cour à
General Motors et Ford Motor Company pour les appuyer ici. En même temps,
nous faisons le boycottage contre Cadbury, nous faisons l'expropriation de
l'Asbestos Corporation, qui est une filiale d'une compagnie américaine,
nous ignorons complètement le départ, le
"désinvestissement " étranger si vous voulez des
compagnies dans le domaine financier, comme le Trust Royal et la Banque de
Montréal qui sont en train de se déplacer à
l'extérieur du Québec (17 h 50)
En plus, nous n'avons pas encore fait face je pense que c'est un
point très important à la question de l'investissement
étranger qui vient de l'extérieur du Québec, mais qui est
quand même de l'investissement canadien. Notre position face à ce
phénomène, l'investissement de l'Ontario, si vous voulez, ou,
dans ce cas-ci, du Nouveau-Brunswick, n'existe pas. En effet, nous avons une
grande contradiction à ce sujet. Le député de Beauce-Sud
vient de dire et je cite: "Je veux que l'épargne des
Québécois soit contrôlée par les
Québécois pour les Québécois." C'est bien beau de
dire cela, mais je pense que cela touche un sentiment fondamental dans nous
tous. Il faut que ce désir soit lié à une
déclaration du premier ministre qui disait qu'il veut une association
canadienne avec le libre mouvement de biens, services et capital. Cette
contradiction existe, M. le Président. Comment la régler? On ne
le sait pas. Dans le cas actuel, nous avons décidé de
réagir contre l'Etat du Nouveau-Brunswick, un Etat de même ordre
judiciaire que le Québec, et pour l'Etat de la France. Mais l'Etat du
Nouveau-Brunswick est un des Etats de la fédération canadienne;
c'est notre voisin. Je ne dis pas que c'est
quelque chose qui va se faire la prochaine fois, mais c'est clair que
cela ne fait pas partie d'une politique consistante de l'investissement
étranger, de l'investissement canadien.
Face à une situation d'urgence, la semaine dernière, le
gouvernement a légiféré. Il a
légiféré d'une façon, d'après moi, au moins
inacceptable. J'invite n'importe qui n'a pas vu cette loi 124 à la lire.
C'est une loi qui essaie d'établir un système de tamisage des
investissements étrangers, des investissements non
québécois. Nous avons déjà un exemple d'un
système de tamisage: celui du gouvernement canadien qui a
été développé et installé il y a quelques
années.
Je dis franchement que je ne suis pas du tout d'accord avec ce qu'ils
ont fait, mais il faut admettre qu'ils ont publié un livre blanc qui a
été étudié, qui a été débattu
et, par la suite, ils ont créé une loi, une régie pour le
contrôle des investissements, une régie dotée des
critères très clairs. Tout un système a été
mis sur place pour que tout le monde puisse connaître la politique des
investissements étrangers canadiens. Je le répète, ce
n'est pas une politique qui me plaît beaucoup, mais je peux comprendre le
système, la façon dont ceci a été fait et je pense
que cette procédure est une procédure qui doit être suivie
ou, du moins entreprise immédiatement par le gouvernement. Il faut
l'avoir. Il faut protéger nos investissements ici, mais nous n'avons
aucune poussée, aucune intention, jusqu'à maintenant, de
commencer quelque chose. Cela n'existe pas.
En l'absence totale de cette politique claire et cohérente, nous
avons légiféré de façon à donner à un
ministre comme tout le monde l'a déjà dit, je ne vais pas
répéter toute cette affaire des pouvoirs totaux.
Selon moi, on est arrivé à une réponse, à
quelque chose que le ministre des Finances a qualifié hier soir de
manifestation d'un réflexe élémentaire. Il a dit: C'est ce
que nous avons fait, nous avons réagi en fonction d'un réflexe
élémentaire. Je soutiens que les Assemblées nationales du
monde, que les gouvernements du monde n'ont pas été
créés pour réagir en fonction des réflexes
élémentaires mais pour supprimer les réflexes
élémentaires des citoyens par un sens de justice, un sens de
pondération, un sens de politique, un sens de réflexion. Pour
moi, c'est la faiblesse de cette loi. C'est révélateur parce que
cela révèle un peu, selon moi je vous le dis avec tout le
respect au monde la faiblesse du gouvernement actuel. Il y a beaucoup de
choses qui se font ici en fonction des réflexes
élémentaires et non pas en fonction de la responsabilité
d'un bon gouvernement.
Si les citoyens du Québec veulent avoir l'exemple parfait d'une
loi mal écrite, d'une loi mal pondérée découlant
d'une politique inexistante, ils n'ont qu'à demander à leur
gouvernement une copie de la loi 124. Merci.
Le Vice-Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Est-ce que je puis vous dire, M. le Président,
qu'il est 18 heures?
Le Vice-Président: Vous pouvez faire une motion de
suspension du débat.
M. Biron: Je fais la motion pour la suspension du débat
jusqu'à 20 heures.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Bertrand: On va être d'accord, M. le Président,
à condition que le chef de l'Union Nationale reconnaisse qu'il est 17 h
55.
Le Vice-Président: D'accord. N'en faisons pas un
débat. Motion de suspension du débat à la demande de M. le
chef... Oui.
M. Bellemare: M. le Président, on a dit 20 heures. Nous
avons une réception ce soir pour nos employés à
l'étage de nos bureaux. Je pense bien que cela pourrait peut-être
prendre un quart d'heure de plus. Je demanderais s'il n'y aurait pas
possibilité...
Le Vice-Président: C'est la motion de suspension du
débat.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: Nous sommes d'accord, M. le Président, mais
à condition que cela n'empêche pas les représentants de
l'Union Nationale de revenir dans les meilleures conditions possible à
20 h 15.
M. Bellemare: Vous pouvez être assuré que ce ne sera
pas moi qui vais déranger.
M. Bertrand: D'accord, M. le Président.
Le Vice-Président: Dans ce cas, les travaux de cette
Assemblée... Est-ce que vous faites un vote?
Des Voix: II n'y a aucun vote.
Le Vice-Président: II n'y a pas de vote, il n'y a pas eu
de réplique. Je vous en prie. Il y a tout simplement la motion de
suspension et je suspends ces travaux jusqu'à ce soir, 20 h 15.
M. Gratton: M. le Président... Le Vice-Président:
Oui.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais demander au leader
adjoint, on m'avait chargé de demander au leader du gouvernement...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton:... les intentions du gouvernement quant aux travaux
de ce soir. On va, bien entendu,
terminer la troisième lecture du projet de loi no 124. On sait
qu'on doit appeler ensuite la deuxième lecture du projet de loi no 105.
Ce que nous voudrions savoir du leader adjoint du gouvernement, c'est s'il est
dans l'intention du gouvernement ou du leader de nous faire étudier un
autre projet de loi en supposant que le projet de loi no 105 soit adopté
ce soir à une heure quelconque?
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, dans les prochaines minutes,
vers 18 h 15 environ, je pourrai faire savoir quelle est la réponse du
leader parlementaire du gouvernement. Je la communiquerai au leader
parlementaire de l'Opposition officielle ou à son représentant
pour que vous sachiez à quoi vous en tenir. A ce moment-ci, je n'ai pas
la réponse.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais simplement
demander au leader adjoint, lorsqu'il consultera le leader du gouvernement, de
prendre en considération que, quant à l'Opposition officielle, le
débat de deuxième lecture du projet de loi no 105 pourrait
être relativement court, par rapport à hier soir, en tout cas,
très court. Par contre, si le gouvernement devait nous indiquer qu'on
appellera d'autres projets de loi dépendant de l'heure, à ce
moment, j'avertis tout de suite le gouvernement que le projet de loi no 105
sera relativement long à adopter en deuxième lecture.
M. Bertrand: Sur cette mise en garde que nous apporte le
député de Gatineau, je lui transmettrai tout de même
l'information qu'il demande vers 18 heures 15.
Le Vice-Président: D'accord. Sur ce caveat... Oui.
M. Eellemare: Je voudrais juste ajouter un mot, parce qu'il y a
eu une entente entre notre chef et le premier ministre, à savoir que les
débats ne devraient pas dépasser deux heures.
Le Vice-Président: Parlez-vous de 2 heures du matin ou de
deux heures dans la soirée?
M. Bellemare: 2 heures du matin.
Le Vice-Président: Sur ce, nous nous reverrons à 20
heures 15.
Suspension de la séance à 17 h 59
Reprise de la séance à 20 h 20
Mme le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et
messieurs!
Veuillez vous asseoir.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Travaux parlementaires (suite)
M. Charron: Je voudrais informer l'Assemblée, d'une part,
que, lors de la rencontre des leaders parlementaires cet après-midi,
nous avons eu le consentement pour qu'aux commissions déjà
prévues par la motion de ce matin s'ajoute ce soir la commission de
l'Assemblée nationale aux fins d'étudier article par article la
loi 120, ce qui aura lieu dans quelques minutes, dès que je quitterai
l'Assemblée, à la salle 81, juste en bas.
D'autre part, je suis informé que, malgré toute leur bonne
volonté, nos collègues de la commission de l'agriculture n'ont
pas pu achever l'ensemble des articles, même s'ils ont atteint le dernier
puisque certains avaient été suspendus. Ils doivent les reprendre
actuellement. Il y a une dizaine d'articles sur lesquels, semble-t-il, il ne
devrait pas y avoir reprise du débat qui a déjà eu lieu.
Dès que cette commission aura terminé, quelqu'un aura sans doute
l'obligeance de vous faire rapport que cette commission a terminé ses
travaux et la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche, qui
était prévue pour ce soir, pourra immédiatement lui
succéder au salon rouge afin d'étudier article par article la loi
71.
Pour qu'il n'y ait pas d'ambivalence et de discussions qui viendraient
envenimer nos débats de ce soir, je suggérerais que cela devienne
un ordre de la Chambre que, dès que la commission de l'agriculture a
terminé, la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche
lui succède.
M. Lavoie: Mme la Présidente, ce que le leader
parlementaire du gouvernement vient de nous dire est l'exacte
vérité et c'est tellement riche, lorsque cela nous vient de la
part du gouvernement, que nous sommes prêts à ce que ce soit
consacré par un ordre de la Chambre.
M. Biron: Est-ce que je peux redemander au leader parlementaire
du gouvernement s'il est toujours question de la loi 105 ce soir,
immédiatement après cette loi-ci?
M. Charron: Oui.
M. Biron: Et ensuite?
M. Charron: J'allais faire le menu...
M. Lavoie: II faudrait bien que l'ordre de la Chambre soit
ratifié.
M. Charron: Oui, terminons cela d'abord, si vous voulez.
Mme le Vice-Président: Votre motion, M. le leader
parlementaire du gouvernement, sera adoptée. Nous en faisons donc un
ordre de cette Assemblée.
M. Charron: J'ai d'autres remarques à faire. La
première porte sur le menu de ce soir. Dès que nous aurons
terminé la troisième lecture du projet
de loi 124, c'est la deuxième lecture de la loi 105 je ne
sais pas trop à quel article du feuilleton qui sera
appelée au nom de mon collègue, le ministre des Affaires
culturelles. Comme je l'ai annoncé aussi ce n'est donc une
surprise pour personne aux leaders parlementaires des autres partis cet
après-midi, j'entends mener la commission plénière sur ce
projet de loi ici même immédiatement après et il y a
possibilité que le projet de loi no 108 je l'annoncerai
dès que ce sera certain dans un sens ou dans un autre pour
l'information des collègues, soit rappelé en deuxième
lecture.
Etant donné que c'est moi qui ai demandé l'ajournement, ce
sera donc à moi que reviendra la parole sur ce projet de loi. J'aurai
l'occasion de faire connaître, à ce moment-là, un certain
nombre d'amendements que nous serons en mesure d'apporter lors de
l'étude article par article qui, à mon avis, après les
consultations plus qu'intensives qui ont eu lieu sur ce projet de loi,
devraient rallier facilement les députés, au moins pour que nous
nous rendions à l'étape de l'article par article. J'en informerai
la Chambre quand ce sera certain.
Maintenant, comme c'est un peu coutume en cette fin de session que nos
services techniques, malgré toute leur bonne volonté encore une
fois, ne peuvent suivre le rythme de nos travaux, il est possible que des
rapports de commissions qui ont été mandatées pour
étudier des projets de loi article par article doivent se faire en cours
de soirée ou demain, en particulier, verbalement. Cela a toujours
été accepté et c'est un peu compréhensible que cela
se fasse. J'informe toutefois les députés de ceci: Nous avons
veillé à ce que le projet de loi no 90, qui connaîtra son
aboutissement article par article ce soir, lui, ait sa rédaction de
rapport presque d'heure en heure, ce qui fait que les députés
auront, de ce projet de loi important, un rapport écrit. Pour les autres
je donne un exemple: celui que je vais faire avec mes collègues
sur le projet de loi 120 il est plus que vraisemblable que demain matin
nous n'ayons pas de rapport écrit, étant donné que nous
fonctionnons même à trois commissions à la fois. Dans ce
sens, je voudrais faire motion pour que les rapports verbaux sur les
commissions et qui sont transmis aient, à toutes fins utiles, la valeur
prévue à notre règlement pour ce qui est des rapports
écrits en temps régulier.
Mme le Vice-Président: Cette motion de M. le leader
parlementaire du gouvernement...
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Vous voulez intervenir sur la
motion?
M. Lavoie: Oui. Nous avions donné notre consentement,
après les consultations de cet après-midi, afin que, dans le cas
de la commission du revenu, qui étudie des lois d'ordre fiscal au nom du
ministre des Finances et du Revenu, à savoir: les lois 51, 65, 102, 80,
88, 89 et 81, l'on puisse procéder par un rapport qui serait semblable
ou équivalent au rapport de la commission plénière. Notre
entente était jusque-là.
M. Charron: D'accord.
M. Lavoie: Cela va? Pour les autres commissions, je ne pense pas
qu'il y ait tellement de difficulté.
M. Charron: II y aura de mémoire, je n'ai pas de
liste, madame la loi du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui va certainement revenir sous cette forme, puisqu'elle a lieu ce
soir, peut-être même un peu tard. Quant au projet de loi 103
cela a été fait ce matin c'est déposé et
écrit. Il n'y en aura peut-être pas plus, finalement,
peut-être deux ou trois, dont le projet de loi 120 que j'ai
annoncé tantôt.
M. Lavoie: Est-ce que cela comprend le projet de loi 90?
M. Charron: Non. Il sera prêt. On nous l'a encore dit cet
après-midi.
Mme le Vice-Président: La motion, telle que faite par M.
le leader parlementaire du gouvernement, sera-t-elle adoptée?
Une Voix: Adopté.
Mme le Vice-Président: Adopté. Les rapports
pourront être verbaux et ils auront le même effet que des rapports
de commission plénière.
M. Lavoie: Ce n'est pas nécessairement un rapport verbal.
C'est comme si c'était un rapport de la commission
plénière.
Mme le Vice-Président: Comme un rapport de commission
plénière. C'est ce que nous comprenons. D'accord.
M. Lavoie: Mais en date de demain. Les consentements demeurent,
mais en date de demain.
M. Charron: D'accord.
Mme le Vice-Président: A partir de demain.
M. Charron: D'accord.
Mme le Vice-Président: Cette Assemblée est
appelée à reprendre c'est bien cela, M. le leader du
gouvernement le projet de loi 124?
M. Charron: Oui, madame.
Projet de loi no 124 Troisième lecture
(suite)
Mme le Vice-Président: Donc la discussion sur la motion de
troisième lecture de Mme le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutins
financières sur le projet de loi no 124, Loi concernant l'acquisition
d'actions de certaines sociétés de prêts
hypothécaires. C'est M. le chef de l'Union Nationale qui avait
demandé la parole au moment de la suspension. Vous avez la parole, M. le
député de Lotbinière.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: Mme la Présidente, j'ai déjà
parlé en deuxième lecture sur ce projet de loi. Je voudrais
très brièvement en troisième lecture vous dire que je suis
quand même déçu de voir le peu d'amendements que le
gouvernement a consentis à ce projet de loi, quoique le seul amendement
qui ait été apporté l'a été à
l'article 2 lorsqu'on dit que le ministre peut désigner "actionnaire
important" une personne qui détient au moins 10% des actions d'une
société. C'est un pas dans la bonne direction puisque j'avais
demandé personnellement, moi aussi, que ce pourcentage de 10% figure
comme un minimum d'actions détenues avant de pouvoir désigner un
actionnaire important. Je craignais qu'on puisse désigner comme
actionnaire important une personne qui aurait pu détenir une action, ou
1% ou 2% des actions, en fonction du degré d'activités que cette
personne pourrait avoir dans d'autres entreprises. C'est au moins une certaine
sécurité à cet article.
Si je me souviens des raisons invoquées par Mme le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières. On avait
déposé ce projet de loi en disant que le Crédit foncier
constitue une pièce trop importante du réseau d'institutions
financières montréalaises gérées par des
francophones pour risquer son démantèlement. Je
m'aperçois, Mme la Présidente, qu'à l'intérieur de
ces suggestions que nous avions faites au cours de la deuxième lecture,
le ministre n'a pris aucune décision, aucune action prise afin d'assurer
le non-démantèlement de cette société Crédit
foncier. Si je me fie aux dernières nouvelles encore que nous avions
aujourd'hui et spécialement avec le retrait de la proposition de Central
and Eastern Trust de Moncton, au Nouveau-Bruns-wick, lequel retrait est
accompagné d'un commentaire très bref disant que l'offre
était retirée et qu'il n'y aurait pas d'autre offre de la part de
cette entreprise, il nous reste tout simplement une offre sur la table: celle
qui, à l'heure actuelle, nous vient de la Banque d'Epargne de
Montréal qui, c'est sûr, lorsqu'elle aura le contrôle
à 100%, puisque l'offre est à 100% dans ce cas particulier alors
que l'offre de Central and Eastern Trust était à 55%... (20 h
30)
Si cela se concrétise et qu'on achète à 100%, la
raison d'être de ce projet de loi ne sera pas du tout respectée
puisqu'on assistera au démantèlement de la société
Crédit foncier, du siège social tel qu'il existe
présentement. Tout simplement, le siège social disparaîtra
pour aller se fusionner avec celui de la Banque d'Epargne. Non pas que j'en
veuille à une institution québécoise d'acheter une autre
institution québécoise, mais la raison fondamentale que le
ministre a invoquée, que le gouvernement a invoquée, pour nous
apporter ce projet de loi, n'est pas du tout remplie alors qu'on a fait
l'étude article par article de ce prrojet de loi.
Je répète, Mme la Présidente, que ce projet de loi
ne corrige rien et fait tout simplement accepter d'avance ou à peu
près la disparition du siège social du Crédit foncier avec
les emplois qui y sont rattachés ou une grande partie des emplois qui y
sont rattachés. En plus, à l'étude des articles de ce
projet de loi, il nous donne un pouvoir totalitaire et encore beaucoup trop
dans les mains d'une seule personne, le ministre en l'occurrence. Je
répète que le projet de loi a été
véritablement mal préparé pour faire face à un
problème qui n'est pas couvert par ce projet de loi, à un
objectif qui n'est pas couvert par ce projet de loi et à un
problème qui va exister, mais il n'y a pas de réponse à ce
projet de loi. Si on regarde le projet de loi, le problème auquel il
s'attaque n'existe même plus avec le retrait de l'offre de Central and
Eastern Trust.
Mme la Présidente, on nous demande d'adopter en troisième
lecture un projet de loi qui ne règle rien, qui s'attaque à un
problème qui n'existe plus, alors qu'il y a un problème
réel de l'autre côté qui existe en réalité,
c'est-à-dire le risque de démantèlement de ce siège
social géré par des francophones à Montréal. Il n'y
a absolument rien dans ce projet de loi qui va nous garantir justement cette
sécurité pour les travailleurs actuels de ce siège
social.
Mme la Présidente, en plus, on n'a pas assez de critères
objectifs et précis dans tous les articles de ce projet de loi pour
donner confiance au monde de l'économie. Je le disais hier et je le
répète: Le milieu de l'économie est habitué
à des lois et s'ajuste, mais à condition de savoir où il
va, où sont les choix différents, où sont les normes
à respecter, où sont les pouvoirs différents et où
sont les paramètres des différents choix, des différents
pouvoirs de la loi que nous leur présentons.
Malheureusement, à l'heure actuelle, il n'y a rien; c'est
finalement la non-confiance qu'on aura semée et qu'on récoltera
de la part du monde économique, des gens qui peuvent investir au
Québec, des gens qui peuvent nous aider à construire le
Québec, à construire des entreprises au Québec et surtout
à créer de nouveaux emplois chez nous.
Mme la Présidente, si on avait pris la peine de mettre des
critères objectifs, précis et clairs à l'intérieur
d'un projet de loi, nous aurions, j'en suis sûr, obtenu la confiance du
monde de l'économie, de tous ces investissements qui veulent venir nous
aider véritablement à faire du Québec un endroit un peu
meilleur. Mais on n'a pas voulu faire l'effort nécessaire. On a voulu
s'entêter dans la même direction qu'on avait déjà
tracée et je regrette de constater que ce projet de loi est tout
simplement une aventure de technocrates qui ne répond pas du tout aux
besoins auxquels il veut s'attaquer, c'est-à-dire aux besoins du milieu
des affaires, du milieu de l'économie.
Mme la Présidente, ce projet de loi a été
véritablement mal préparé pour régler les
différents problèmes qui se posent à nous
présentement. Nous devrons continuer de nous opposer à ce projet
et voter contre son adoption, encore une fois, parce qu'on a créé
un précédent dangereux en apportant sur la table un tel projet de
loi avec des pouvoirs aussi totalitaires dans les mains d'une seule personne.
On continue à créer la non-confiance dans le milieu des affaires
et de l'économie et on continuera à faire peur, tel que le
gouvernement l'a fait depuis le début, depuis au-delà de deux ans
à tous ceux qui veulent investir au Québec et créer des
emplois chez nous.
Encore une fois, avant de terminer, Mme la Présidente, je me dois
de déplorer, comme je l'ai fait hier, un geste posé par des
actionnaires français, par une entreprise française, ces
Français à qui habituellement le gouvernement du Parti
québécois fait confiance, qui justement laissent tomber une
entreprise québécoise.
Il faudra se souvenir, dans nos relations avec la France, de ce geste
posé par cette entreprise. Quant à nous, encore une fois, parce
qu'on manque de confiance dans ce projet de loi, parce qu'il ne règle
pas les vrais problèmes et parce qu'au cours des prochains mois, des
prochaines années, vous verrez le démentèlement du
siège social du Crédit foncier tel qu'il existe
présentement, si on le laisse passer en totalité, sans mettre des
normes précises, à d'autres mains que dans celles où il
est aujourd'hui ou des mains qui peuvent nous assurer qu'avec un minimum
d'actions de cette entreprise, on peut garder le siège social comme tel,
Mme le Président, je vous répète que nous voterons contre
le projet de loi en troisième lecture.
Mme Payette: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Mme le parrain ou la marraine du
projet de loi...
Mme Payette: La marraine, madame.
Mme le Vice-Président: ... exercera-t-elle son droit de
réplique?
Mme Payette: Oui, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: Mme le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières.
Mme Lise Payette
Mme Payette: Je puis vous assurer, Mme la Présidente, que
ce ne sera pas très long. Il me paraît cependant important
et je ne sais pas si vous êtes de cet avis, Mme la Présidente
que les Québécois et les Québécoises qui
nous regardent par le truchement des appareils de télévision,
comprennent ce qui se passe dans cette Chambre. Je pense qu'il est important de
leur dire que, pour ma part, je n'ai pas dormi depuis 36 heures. Je ne suis pas
la seule, très certainement, nous en sommes là dans nos travaux
qui font, par exemple, que j'ai dû entendre, hier soir, pendant plusieurs
heures quatre heures, si mes souvenirs sont bons des discours de
deuxième lecture qui contenaient essentiellement les mêmes
arguments, mot pour mot, que ceux que j'ai réécoutés ce
soir en troisième lecture.
Pourquoi faire deux lectures, alors, Mme la Présidente? Pour
réexpliquer des positions qui ne sont pas du moins me semble-t-il
terriblement claires? J'ai remarqué, encore une fois, du
côté de l'Union Nationale, que malgré la bonne
volonté que j'ai eue pour tenter de comprendre ce que le chef de l'Union
Nationale désirait exactement nous faire comprendre, il y a des
positions extrêmement différentes, par exemple, entre le
député de Brome-Missisquoi qui va voter contre le projet de loi
parce que nous n'allons pas assez loin et qu'il voudrait nous voir couvrir
toutes les institutions financières, alors que le chef de l'Union
Nationale voudrait qu'on retire le projet de loi parce qu'il est inutile
à cause d'une transaction qui n'aura pas lieu comme elle avait
été annoncée. Mais elle aura lieu, cette transaction,
éventuellement. Il y aura d'autres preneurs pour le Crédit
foncier, et notre intention qui était de savoir comment ces transactions
se font, comment elles auront lieu est toujours valable.
Quant au député de Jacques-Cartier, vous connaissez notre
longue histoire d'amour. Il y a deux ans que j'entends les mêmes
arguments qui tiennent à la philisophie qui sous-tend ce projet de loi,
à la pauvreté de rédaction du projet de loi, à la
méconnaissance du ministre par rapport au sujet qu'elle a à
défendre, si bien que je dois vous dire qu'au moment où on se
parle, cela me coule sur le dos un peu comme sur le dos d'un canard.
A ce moment-ci, pour ne plus retarder les travaux de cette Chambre,
alors que le gouvernement a d'autres projets de loi aussi importants qu'il
voudrait voir adopter avant la fin des travaux, je m'abstiendrai d'un discours
de troisième lecture où je répéterais
essentiellement ce que j'ai déjà dit.
Mme le Vice-Président: Cette motion de Mme le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières,
proposant que soit maintenant lu pour la troisième fois le projet de loi
no 124, Loi concernant l'acquisition d'actions de certaines
sociétés de prêts hypothécaires, est-elle
adoptée?
Des Voix: Non.
M. Saint-Germain: Vote enregistré, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: Qu'on appelle les
députés. En attendant qu'on appelle les députés,
est-ce que je puis vous faire remarquer que les consensus que vous avez bien
voulu donner cet après-midi? Je ne préjuge absolument pas de ce
que vous ferez maintenant, je voulais simplement
vous faire remarquer que nous avons actuellement un grand nombre de
membres de cette Assemblée qui travaillent dans trois différentes
commissions parlementaires qui étudient différents projets de
loi. De toute façon, ce n'est qu'une réflextion et je ne veux pas
présumer de vos intentions.
M. Biron: Mme la Présidente, est-ce que je peux faire la
suggestion au leader parlementaire du gouvernement de demander simplement de
reporter le vote? C'est la troisième lecture et, d'une façon ou
d'une autre, demain matin on pourrait facilement voter.
Des Voix: D'accord.
M. Goldbloom: Mme la Présidente, je veux vous faire
remarquer que s'il y avait un leader en Chambre on pourrait lui faire la
suggestion.
Mme le Vice-Président: Le leader parlementaire du
gouvernement est en commission parlementaire.
M. Saint-Germain: Mme la Présidente, je reconnais...
Mme Payette: Mme la Présidente, au nom du
gouvernement...
Mme le Vice-Président: Un moment!
Mme Payette: ... j'accepte cette proposition du chef de l'Union
Nationale et je crois que nous serions d'accord pour reporter ce vote à
demain matin au moment où ces votes sont appelés par la
présidence. (20 h 40)
Mme le Vice-Président: Alors, Mme le ministre, puisque
vous me le demandez au nom du leader, je vous dirai que nous reporterons ce
vote à demain au moment de l'enregistrement des voix sur les votes en
suspens.
M. Saint-Germain: Mme le Président.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je reconnais très bien vos talents et je
sais très bien que vous pouvez conduire les travaux de cette
Assemblée d'une façon plus que convenable, mais les talents ont
chacun leur limite et je suis un peu surpris de voir que vous parlez ou que
vous semblez parler au nom du leader du gouvernement. Je n'ai pas d'objection
à reporter le voter; seulement, j'aimerais bien que celui qui demandera
que le vote soit reporté parle au nom du leader du gouvernement. Si je
ne m'abuse, je ne vois personne...
Mme Payette: Mme la Présidente...
M. Saint-Germain: ... du moins a priori, qui parle au nom du
leader parlementaire du gouvernement.
Mme Payette: ... au nom du leader parlementaire du gouvernement,
je me rends à la proposition du chef de l'Union Nationale, de reporter
ce vote à demain, au moment où ces votes sont appelés par
la présidence.
M. Saint-Germain: Puisqu'il en est ainsi, nous acceptons cette
proposition.
Mme le Vice-Président: Très bien, merci, M. le
député de Jacques-Cartier.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Mme la Présidente, je vous demanderais, s'il
vous plaît, si c'est possible, de suspendre la séance pendant
quelques secondes, le temps que le ministre des Affaires culturelles puisse
venir en cette Chambre...
Mme le Vice-Président: Réintégrer cette
Assemblée.
M. Bertrand: Et le voici. Des Voix: Bravo!
M. Bertrand: En la présence du ministre des Affaires
culturelles, nous aimerions maintenant aborder l'étude du projet de loi
no 105, c'est donc l'article 124 que je vous demanderais d'appeler.
Projet de loi no 105 Deuxième lecture
Mme le Vice-Président: C'est bien à l'article 124)
du feuilleton d'aujourd'hui.
M. le ministre des Affaires culturelles propose que soit maintenant lu
pour la deuxième fois le projet de loi no 105, Loi constituant la
Société québécoise de développement des
industries culturelles.
M. le ministre.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: D'abord je dois indiquer que le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et nous demande
d'en faire l'étude.
Je dois vous dire que je suis particulièrement ému pour
plusieurs raisons, dont deux principales. J'ai vécu ces derniers jours
avec un peu d'inquiétude, ne sachant pas si le temps nous serait
donné de faire effectivement l'étude de ce projet de loi...
Une Voix: Ce n'est pas encore fait!
M. Vaugeois: Au moins, il y a un espoir.
Egalement je connais les attentes du milieu culturel,
particulièrement de ceux que nous dénommons les industries
culturelles. Nous avons eu I'occasion lors d'un récent sommet, de nous
rendre compte de l'intérêt que suscite la création
éventuelle d'une société de développement des
industries culturelles.
Je ne veux pas abuser du temps de cette
Chambre et je me contenterai de quelques remarques sur la portée
de cette loi. D'abord un mot sur la notion d'industries culturelles. C'est une
notion que nous retrouvons dans le livre blanc qui est assez récente,
qui semble paradoxale, mais qui, finalement, nous a amenés à
prendre de plus en plus conscience qu'il existe du côté culturel,
des entreprises de production et de diffusion qui doivent fonctionner sur le
modèle de ce que nous appelons des industries. Des industries qui sont
orientées sur d'autres objectifs, d'autres préoccupations. Je
n'insisterai pas là-dessus, je pense qu'il y a des pages très
éclairantes dans le livre blanc. Ce document nous amenait, d'ailleurs,
à conclure à la nécessité d'une
société de développement des industries culturelles, geste
que le gouvernement est maintenant prêt à poser.
Si une telle société doit voir le jour, elle aura à
travailler avec des industries qui devront faire la preuve d'une certaine
rentabilité. Cela nous amènera certainement à
réfléchir sur la notion de rentabilité, quand on est dans
le domaine culturel, mais on peut déjà prévoir que la
définition ne sera pas rigoureusement de caractère
économique, mais qu'elle devra tenir compte d'autres
éléments. Encore que le rendement sur le capital sera une
préoccupation, j'en suis certain, des administrateurs de cette
société lorsqu'ils traiteront avec les représentants des
industries concernées.
Un élément intéressant de ce projet de
société de développement, c'est qu'il me permettra
d'intervenir dans un type d'entreprise qui est passablement
décentralisé. Je pense que tout le monde, le gouvernement en
particulier, mais tout le monde en cette Chambre est préoccupé
d'interventions et de présence gouvernementales partout au
Québec. Or, il arrive que les entreprises culturelles sont bien
distribuées sur le territoire québécois. Bien sûr,
il y a une concentration dans les grands centres, à Montréal en
particulier, mais, si on se tourne vers l'industrie du disque ou du livre, ou
même du spectacle, on se rend compte que le spectacle passe par les
différentes régions du Québec, que le livre est
généralement imprimé dans les régions du
Québec, qu'il est vendu un peu partout au Québec. Vous avez le
même phénomène pour le disque, mais d'une façon
différente. Donc, les entreprises que nous sommes susceptibles de
soutenir par cette société sont des entreprises qui font vivre
des Québécois un peu partout au Québec et qui, en
même temps, leur permettent d'accéder à une production qui
les amène à se mieux connaître eux-mêmes.
Quand j'ai parlé tout à l'heure de rentabilité,
j'ai indiqué qu'on ne s'en tient pas qu'à la rentabilité
strictement économique, une rentabilité de plus en plus connue,
évidente, admise dans le cas de l'activité des industries
culturelles. C'est un progrès de civilisation. Je pense que, dans la
mesure où les entreprises culturelles peuvent agir, elles produisent le
fruit de nos créateurs et permettent aux Québécois de se
mieux connaître, de mieux connaître leur héritage, leur
façon d'être et d'agir. Je pense qu'on trouve là les
fondements d'une meilleure démocratie, des citoyens mieux
éclairés et, donc, pouvant intervenir de façon plus
appropriée sur les actions nécessaires à leur
épanouissement collectif.
Le fait de favoriser les entreprises québécoises qui
produisent et diffusent les créateurs et les auteurs
québécois ne veut d'aucune façon suggérer que nous
entendrions exclure les biens culturels de l'extérieur. Le livre blanc,
d'ailleurs, là-dessus, est très clair; il proclame et insiste sur
le libre accès pour les Québécois aux produits culturels
étrangers.
Lors du récent sommet sur les industries culturelles, nous avons,
parmi plusieurs points, insisté auprès de nos interlocuteurs pour
connaître leur intérêt dans notre projet. Là encore,
je ne veux pas être trop long, mais je vous indiquerai, par des citations
très rapides, l'unanimité qui s'est dégagée dans
les ateliers du livre et du périodique, dans l'atelier des
métiers d'art ou dans l'atelier du disque et du spectacle. Les uns nous
ont indiqué et la citation est au texte des comptes rendus
qu'ils souhaitent également que cette société, la SODIC,
voie le jour dans les plus brefs délais. Des gens des métiers
d'art ont dit: "Tous les participants favorisent la création de la SODIC
telle que proposée dans le projet de loi no 105." Vous avez, dans
l'atelier du disque et du spectacle, l'affirmation suivante, à la fin du
compte rendu: "Un consensus se dégage autour du principe de la SODIC."
J'aurais pu, donner des citations plus longues, plus élogieuses
même, mais je pense que ce n'est pas nécessaire. Les journaux ont
bien rendu compte des débats, des points de vue exprimés et je
pense que ce simple rappel devrait suffire, du moins pour l'instant.
Nous entendons donc faire de la SODIC, en quelque sorte, une pierre
d'assise d'une politique renouvelée de développement des
industries culturelles. Exception faite du secteur du livre, la majorité
des entreprises de production culturelle est de création récente,
de dimension réduite, d'une faible structure financière et
administrative. La plupart, cependant, sont en concurrence avec des
sociétés étrangères, ces dernières
étant souvent admirablement bien structurées et disposant de
moyens financiers qui les placent dans une position avantageuse sur notre
territoire. (20 h 50)
Deuxièmement, les entreprises québécoises sont
nettement faibles dans les réseaux de distribution du disque comme du
livre, encore que, du côté du livre, nous soyons mieux
organisés. Ces entreprises font face à une pénurie de
capitaux pour se développer en raison des hésitations des
institutions financières à prêter ou à investir dans
des marchés assez mouvants, aussi mouvants, en fait, que ceux du domaine
culturel. La vérité est que si vous allez chez un banquier, un
gérant de caisse populaire, avec vos états financiers
d'éditeur, de producteur de disques, de producteur de spectacles et que
vous indiquez, si vous êtes éditeur, que vous avez tel inventaire,
le gérant de caisse, votre financier, ne sera guère
impressionné par votre inventaire, s'il s'agit d'un inventaire de
disques ou de livres. Il vous demandera plutôt si
vous avez des biens, une maison qui n'est pas complètement
hypothéquée. Il cherchera à vous prêter
effectivement sur toute autre chose que l'inventaire de votre secteur
d'activité professionnelle.
Si vous êtes dans le spectacle, c'est le secteur où les
financiers hésitent le plus parce que le risque, effectivement, est
grand. Si, bien sûr, vous proposez un spectacle avec une vedette bien
connue, qui a fait ses preuves, il est possible que, pour une brève
période, on vous fasse confiance. Mais s'il s'agit de permettre à
la relève de se produire, de circuler en région, alors que les
risques sont évidemment plus grands, l'argent se fait rare.
Pour assurer des sources de financement à ces industries, nous
avons cru nécessaire de leur donner également, comme pour toutes
les autres industries du Québec d'ailleurs, accès à une
société qui se préoccuperait de leur développement.
Parmi les problèmes rencontrés, j'aimerais citer également
des problèmes internes aux industries culturelles
québécoises reliés à l'omniprésence des
entreprises étrangères. Je l'ai mentionné, celles-ci ont
trouvé jusqu'à présent, au Québec, un marché
libre, sans entrave, qui constitue un prolongement de leur propre marché
domestique et qui, dans bien des cas, a permis d'absorber les frais de
départ. On pourrait prendre le cas du livre américain qui vient
chez nous, du livre français qui vient chez nous. Dans le cas du disque,
le phénomène est encore plus frappant parce que l'essentiel des
coûts de production a été absorbé par les premiers
tirages. Chez nous, cela devient vraiment un marché secondaire qui ne
pose pas les mêmes défis à celui qui vient avec ses
produits culturels, alors que pour nos entreprises, elles doivent vraiment,
dès le départ, trouver ici leur marché qui doit leur
permettre d'atteindre un seuil de rentabilité ou de financement capable
de faire face aux premiers investissements engagés. Or, cela nous
amène, dans le cas du disque, à espérer un minimum de
vente de 20 000 disques, dans le cas du livre, d'espérer un minimum de
vente de 3000 ouvrages, ce qui est extrêmement difficile.
Jusqu'à ce jour, le produit culturel ne s'est guère
exposé à l'étranger. Là encore, nous croyons
qu'après avoir mieux exploité le marché
québécois, il convient d'aider nos entreprises à
accéder aux marchés étrangers. Cette
référence au marché québécois pourrait nous
amener à constater que le Québec, étant donné ses
dimensions, étant donné la langue de la majorité de ses
habitants, devrait peut-être renoncer à avoir ses produits
culturels, à avoir ses livres, ses disques, ses artistes, etc. Je pense
que personne ne voudrait sérieusement retenir cette idée.
D'ailleurs, quand on s'y arrête un peu, quand on regarde ce qui se passe
un peu partout dans le monde, on se rend compte que les petits pays, pour peu
qu'ils fassent un certain effort, peuvent s'en tirer très bien sur le
plan des activités culturelles.
Certains d'entre vous connaissent peut-être le cas de l'Islande,
qui est un tout petit pays et qui réussit merveilleusement bien du
côté de l'opéra, du côté des orchestres
symphoniques et de la production littéraire en général. Il
en va de même pour la plupart des pays de la Scandinavie qui,
malgré leur caractère linguistique, leur dimension,
réussissent également, sur plusieurs plans, à donner des
leçons au monde entier. Je retiendrai, par exemple, le cas des
musées qui sont fort bien développés dans la plupart des
pays Scandinaves. La Belgique nous a démontré qu'un pays de sa
taille pouvait développer des secteurs d'excellence avec la
littérature de jeunesse. La Suisse nous montre l'exemple d'un pays qui
réussit des travaux d'édition remarquables.
Au Québec, nous pouvons chercher l'excellence dans tous les
domaines. Nous ne l'atteindrons peut-être pas au même rythme
partout, mais une chose est certaine, c'est qu'il faut se donner les moyens
d'une intervention aussi large que possible, correspondant à nos
attentes, correspondant aux besoins des gens qui, du côté
culturel, sont plus grands que jamais. Les Québécois, à
l'instar des autres populations du monde occidental, ont de plus en plus de
temps et de désir de se tourner vers l'activité culturelle et
d'avoir accès aux produits culturels.
La SODIC est un moyen parmi plusieurs. Les politiques du
ministère resteront là, d'autres moyens sont
étudiés actuellement. Le ministre des Finances, qui est venu
assister au sommet sur les industries culturelles, a lui-même
indiqué que nous regardions du côté des privilèges
fiscaux. Au ministère, et avec nos collègues, le ministre d'Etat
au développement culturel et celui des Communications, nous
étudions actuellement ce qui entoure la protection des droits d'auteur.
Nous sommes conscients que le projet de la société de
développement des industries culturelles ne réglera pas les
problèmes des créateurs, par exemple; donc, nous cherchons des
formules pour les aider.
Il y a également des secteurs qui échapperont aux gestes
et aux initiatives de cette société. Je pense à
l'embellissement des édifices publics ou de notre environnement visuel
en général. Il y a des choses qui ne passent pas par les
industries culturelles et qui devront quand même faire l'objet de nos
préoccupations. Mais le but de ce projet de loi, c'est de nous donner
une société de financement et également une
société d'initiatives. Un peu à l'exemple de la SOQUIA, de
certaines autres sociétés d'Etat, nous pourrions attendre de
cette société des moyens de financement normaux pour les
industries culturelles. Egalement, cette société pourrait
suggérer des études de marché ou en réaliser,
suggérer aux entreprises qui la concernent une réflexion sur la
gestion, sur le marketing. Tout cela peut, très rapidement, contribuer
à une amélioration de la situation de nos industries
culturelles.
Cela a été perçu de cette façon au sommet et
je constate que, puisque l'Opposition a reconnu avec nous l'opportunité
en cette fin de session d'étudier le projet de loi 105, de son avis
aussi il y avait là un projet qui correspondait à un besoin et
à une très vive attente dans notre milieu.
Donc, comme notre temps est très précieux en cette fin de
session, Mme le Président, je me
suis contenté de résumer très rapidement, à
grands traits, une foule de données que j'aurais aimé transmettre
à cette Chambre. Dans les circonstances, je cède la parole
à mes collègues de l'Opposition, me réservant bien
sûr la possibilité de reprendre certains points.
Mme le Vice-Président: M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Mme la Présidente, je réponds
immédiatement à l'invitation du ministre et je prends la parole
sur ce projet de loi. Le ministre vient de dire que le projet correspond
à un besoin. Je ne contesterai pas, Mme la Présidente,
l'existence d'un besoin. C'est la correspondance entre le projet et le besoin
qui fera l'objet d'un commentaire de notre part.
Il est évident que le milieu des industries culturelles en est un
qui n'a pas bénéficié, au cours de l'histoire du
Québec, d'un appui tangible à la mesure de ses vrais besoins. On
a eu tendance à penser en termes de rentabilité dans le sens
classique, dans le sens commercial; mais la rentabilité d'une oeuvre qui
peut être placée à la disposition de citoyens qui
peut-être n'iraient pas jusqu'à payer le prix de l'oeuvre, ni
même le prix d'entrée à un musée ou à un
atelier ou à un endroit où cette oeuvre pourrait être
visionnée, vue, examinée, appréciée, nous place
depuis presque toujours devant la situation où la rentabilité
simple d'une activité artistique est généralement
douteuse. Il a fallu, au cours de l'histoire, des patrons
généreux pour permettre aux grands artistes, aux grands
compositeurs de nous laisser l'héritage que nous apprécions
aujourd'hui. (21 heures)
Si nous disons qu'il faut agir collectivement dans le même sens
aujourd'hui, nous nous devons d'être d'accord. Nous nous devons de dire
au ministre: Oui, un besoin existe; ce besoin appelle un appui tangible et il
faudra que la collectivité permette à ceux qui ne sont pas en
mesure d'attirer une rentabilité simpliste, mais qui ont quand
même une valeur ajoutée à offrir à la
société, de pouvoir travailler, de pouvoir produire, de pouvoir
se produire devant l'opinion publique et d'être appréciés
par des oeuvres littéraires, des oeuvres de sculpture, des oeuvres
d'art, des disques, des compositions.
Mme la Présidente, ayant établi notre accord sur
l'objectif visé, je dois me tourner vers les moyens. Je dois d'abord
commenter le cheminement de ce projet de loi que nous avons à
étudier ce soir. Ce cheminement est passé par un colloque, une
conférence, un mini-sommet le terme n'a pas tellement son
importance par une réunion à laquelle les
intéressés: les créateurs, les producteurs, les marchands
d'oeuvres artistiques, d'oeuvres culturelles, ont pu s'exprimer devant des
porte-parole du gouvernement. Plusieurs ministres sont venus et ont eu
j'ai déjà eu l'occasion de le dire en cette Chambre la
gentil- lesse, la courtoisie d'inviter des représentants de l'Opposition
à titre d'observateurs.
Dans son discours, ce soir, le ministre a dit que cette
conférence a abouti à une espèce de consensus sur le
projet de loi no 105. Mme la Présidente, je me permets de ne pas aller
aussi loin que le ministre à cet égard. Je pense qu'il y a eu,
très clairement, un consensus autour du besoin et autour du rôle
du gouvernement comme instrument d'aide à l'endroit des personnes
intéressées, mais aller jusqu'à dire que le consensus a
porté spécifiquement sur le projet de loi, je pense que ce serait
aller un peu trop loin.
J'ai eu l'occasion, Mme la Présidente même si
à cause des travaux parlementaires, ici, à l'Assemblée
nationale, je n'ai pas été en mesure d'assister à tout le
déroulement de la conférence, j'y ai été
présent à plusieurs occasions de causer avec des
participants. Parmi les témoignages que j'ai pu récolter, en
voici un. Je le rapporte sans méchanceté, ce n'est pas pour
mettre en doute la bonne foi du ministre. On m'a dit que, dans au moins un des
ateliers, qui devait terminer ses travaux vers 17 heures, des personnes sont
arrivées vers 16 heures, avec des copies du projet de loi, en ont fait
la distribution et ont demandé aux participants de regarder le texte et
d'exprimer un avis là-dessus. Une invitation très précise
a été lancée: Voudriez-vous s'il vous plaît vous
exprimer sur l'opportunité de faire un consensus relativement au projet
de loi.
Mme la Présidente, je répète, je ne mets point en
doute la bonne foi du ministre. Je dis tout simplement que l'affirmation qu'un
consensus se soit dégagé sur un texte que nous avons à
étudier et qui comporte 34 articles nous aurons fort à
faire, Mme la Présidente, dans l'espace de plusieurs heures, avec
l'expérience accumulée dans l'étude des projets de loi,
pour passer à travers l'étude objective de ce que ce projet
contient va un peu loin.
Je ne veux pas caricaturer le geste posé par le gouvernement,
mais ce dernier a indiqué sa volonté d'investir $10 millions dans
le domaine qui en a besoin. Il est évident que, si l'on dit à
n'importe quel groupe de la société: II y a $10 millions que l'on
peut mettre à votre disposition, un consensus se fait un peu plus
facilement que si on dit: On veut créer une société, mais
on n'a pas énormément d'argent à consacrer au travail de
cette nouvelle société.
Cela me rappelle et je ne veux toujours pas caricaturer
une histoire d'un journal dans le bon vieux temps qui voulait aller chercher un
journaliste dans le domaine sportif qui travaillait pour un autre journal. Il a
mandaté un de ses propres journalistes pour aller prendre contact avec
l'autre. Le mandat a été le suivant et je
répète que c'était dans le bon vieux temps
Offre-lui $45 par semaine, mais, de toute façon, dans toutes les
circonstances, pas plus de $50. Le journaliste est parti rencontrer son
confrère à l'autre journal et lui a dit: Je suis en mesure de
t'offrir ou $45 ou $50. L'autre a dit: $50, c'est un chiffre rond, je pense que
je prendrai celui-là.
Mme la Présidente, quand on dit qu'il y a des
bénéfices à retirer de ce qui est proposé, les
auditeurs sont peut-être un peu moins rigoureux dans leur critique des
modalités par lesquelles cette aide serait mise à leur
disposition.
Je suis obligé d'aller un pas plus loin, et un pas important. Il
s'agit, ici, de créer un instrument qu'on appelle une
société d'Etat. J'ai déjà eu l'occasion de dire
que, dans le passé, on a fait un examen, une réévaluation
de la situation globale par laquelle les gouvernements
précédents, tous les gouvernements successifs ont agi de
façon à faire administrer certains secteurs, par la
création de nombreuses sociétés de cette nature. La
conc-clusion de cette réévaluation a été qu'il y en
avait trop et que l'efficacité de ces mécanismes n'était
pas convaincante dans bien des cas. Je ne voudrais pas
généraliser et condamner toutes les sociétés
d'Etat, tous les organismes paragouvernementaux. Je voudrais quand même
dire que nous, du Parti libéral du Québec, nous hésitons
énormément devant la tendance très claire, très
évidente du gouvernement actuel de procéder par la
création de nouvelles sociétés d'Etat pour faire
administrer divers secteurs de responsabilité publique.
Il y a plusieurs raisons à cela. Il y a d'abord la nature
même d'une telle société, le fait que l'administration des
deniers publics est confiée à des personnes qui ne sont pas
obligées de retourner devant l'opinion publique à des intervalles
plus ou moins réguliers et de rendre compte de leur mandat. Compte est
rendu indirectement par le fait qu'il y a un ministre tuteur qui, quand un
député de l'Opposition pose une question à
l'Assemblée nationale, est obligé de se lever, parce que le
président de la société d'Etat n'est pas ici et n'a pas le
droit d'être ici, pour répondre à la question. Il
n'administre quand même pas la société en question. (21 h
10)
Entre-temps, Mme la Présidente, il y a des postes à
combler, et en créant de nombreuses sociétés d'Etat, on
crée de très nombreux postes à combler. Ces postes seront
comblés par qui? La nature humaine étant ce qu'elle est, il y a
une tendance ce n'est pas une condamnation globale, ce n'est pas une
généralisation que je fais à y placer des personnes
que l'on connaît. Il y a une tendance à connaître des
personnes qui ont milité dans le même mouvement, la même
formation politique. Quand on ajoute à cela qu'il s agit ici d'un
domaine sensible où les possibilités de l'utilisation des
ressources disponibles pour des fins de propagande partisane et dans le
contexte que nous connaissons, pour promouvoir une thèse qui pourrait
être celle d'une majorité ou qui pourrait ne pas être celle
d'une majorité des citoyens de cette province, il me semble qu'il aurait
été préférable que le gouvernement se montre plus
prudent à cet égard.
On voit dans ce projet de loi que le ministre avec l'approbation
du Conseil des ministres, d'accord pourrait donner des directives
à la société d'Etat en question. Mme la Présidente,
il est normal, dans une certaine mesure, que le gouvernement qui crée un
organisme lui donne un mandat. D'accord. Mais, si c'est le gouvernement qui
agit lui-même, il est obligé de le faire sous les feux des
lumières multiples que représente l'opinion publique, tandis que
les sociétés d'Etat agissent un peu à l'ombre. Je
n'utilise pas ce dernier mot dans un sens péjoratif, mais simplement par
comparaison à la grande lumière à laquelle je viens de
faire allusion.
Un gouvernement, de par les statuts du Québec, a le droit
d'accorder des subventions, a le droit de faire des prêts, a le droit de
mettre de l'argent à la disposition des gens qui peuvent en
bénéficier et qui peuvent en faire bénéficier la
collectivité. Il n'est pas nécessaire de créer une
société d'Etat, un intermédiaire pour placer les
ressources collectives à la disposition de ceux qui en ont besoin.
Le ministre me dira qu'un article de ce projet de loi définit la
société proposée comme étant le mandataire du
gouvernement. Le ministre me dira peut-être que le fait que la
société serait le mandataire du gouvernement voudrait dire que la
société serait tout simplement le prolongement du gouvernement,
l'instrument utilisé par le gouvernement dans un souci de plus grande
objectivité et impartialité, ce dont on peut ne pas être
parfaitement convaincu pour réaliser les objectifs qui sont
visés. Je suis obligé de vous dire immédiatement que nous
avons l'intention de contester cet article et de contester la
désignation de la société comme mandataire du
gouvernement.
Il y a une dernière considération que je voudrais
mentionner très brièvement. Il est évident que le besoin
qui existe dans ce domaine existe, dans une certaine mesure, par rapport
à un marché qui nous est propre et qui est relativement restreint
par rapport au grand marché canadien nord-américain qui parle
l'autre langue, la langue anglaise. Il y a quand même parmi nous
d'importantes sources de création qui sont les diverses minorités
et qui, elles, souffrent de contraintes encore plus sévères,
parce que leur marché peut être encore plus limité.
Il ne faudra pas que ces minorités soient négligées
dans l'attribution des ressources collectives qui seraient mises à la
disposition des créateurs, des producteurs, des intermédiaires de
ce domaine, de façon que le milieu culturel, les industries culturelles
puissent s'épanouir de la façon que nous désirons
tous.
Je termine cette intervention, Mme la Présidente, en renouvelant
la déclaration que j'ai faite au début. Nous reconnaissons le
besoin, nous appuyons le gouvernement dans son désir de répondre
à ce besoin, mais, en ce moment et nous allons écouter les
autres intervenants, nous allons écouter notamment la réplique du
ministre - je ne suis pas en mesure d'affirmer que nous voterons pour ce
projet de loi, à cause des inquiétudes, à cause des
réserves que j'ai exprimées, tout en reconnaissant une
dernière fois qu'il existe un besoin et qu'il faut répondre
convenablement, de façon utile, à ce besoin.
Mme le Vice-Président: M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: J'ai eu l'occasion, il y a quelques semaines, de
suivre les délibérations du sommet sur les industries
culturelles, je dirais presque minute par minute. Nous avons retrouvé
à ce sommet un chapitre qui, déjà, était
énoncé dans le livre blanc sur la culture. Pendant ces trois
jours, ce qui m'a le plus impressionné, c'est de voir à une
même table, je ne dirais pas ce triumvirat, mais cette trilogie, cette
trinité de la pensée culturelle. Quand nous avons vu les images
dans les journaux, à la télévision, quand on a
été présent dans la salle et que l'on a vu à tour
de rôle Dieu le Père, Dieu le Fils et le Grand Esprit s'exprimer
sur ce sommet culturel, je crois que ceci nous aide beaucoup à
comprendre la portée du projet de loi que nous avons à
étudier en ce moment en deuxième lecture.
D'abord Dieu le Père, le superministre au développement
culturel, avec ce dirigisme qu'on lui connaît, avec cette attention de
chaque instant, était là pour psychanalyser le moindre geste des
témoins, des groupes et savait très bien les interpréter
par la suite.
Je crois rejoindre ici les préoccupations du député
de D'Arcy McGee quand il émet certaines réserves quant au
rôle du gouvernement pas le gouvernement actuel, il est trop
transparent; on n'a pas le droit de douter, tout est sur la place publique, on
peut lire comme dans un miroir. Mais j'ai toujours peur qu'un autre
gouvernement nous arrive un jour, que ce gouvernement-là soit un peu
plus obscur et qu'il veuille nous masquer la vérité. Mais, avec
Dieu le Père le superministre, je sais que la culture va être sous
bonne garde. (21 h 20)
Quand nous avons regardé le Fils, le dauphin, lui qui a comme
dans le passé par son expérience personnelle, lui qui a
sillonné les routes de la Galilée culturelle, lui qui
connaît les préoccupations des écrivains, des
éditeurs, de tous les gens de métier, on se dit: On est
peut-être en sécurité avec lui. Je ne dis pas que c'est le
plus honnête des trois, je ne parle pas d'honnêteté, Mme la
Présidente, mais celui-là est à l'écoute; c'est un
homme de métier. Et quand on voit à la table, assis à sa
gauche ou à sa droite, selon le moment des discussions, l'esprit, on
sait pas expérience, on parlait de l'esprit et de ses dons de science,
de sagesse, d'intelligence j'oublie cela avec l'âge mais,
aujourd'hui, nous avons un esprit communicateur. D'ailleurs, il est ministre
des Communications; il est là pour communiquer et il le fait avec une
rare habileté. C'est lui qui, dans toutes les circonstances, est
délégué, est désigné pour transmettre le
message du Parti québécois, le transmettre aussi d'une
façon très subtile. Quand on regarde cette trinité, ou
cette trilogie, je pense que nous avons le droit de nous poser certaines
petites questions, en examinant ce projet de loi qui nous est
proposé.
On sait très bien, si on prend la définition de
Herriot c'est très vieux que la culture, en
général, c'est ce qui reste après qu'on ait tout
oublié. On a été habitué un peu, dans notre
jeunesse, au cours de notre vie, de parler de culture en termes de livres, en
termes d'écoles ou en termes d'universités. Mais je crois qu'il y
a d'autres choses dans la culture. On l'a vérifié chez nous; le
ministre des Affaires culturelles l'a vérifié dans son milieu.
Quand on parle du culture, on se doit d'interroger tous les témoins du
passé. Chaque région, chaque milieu, chaque groupe d'individus a
imprimé sa marque de commerce, que ce soit dans sa maison, dans son
folklore, dans son chant, dans ses façons de se vêtir, dans sa
nourriture, dans toutes les expressions. On a là un reflet de notre
culture. Je crois qu'il faut regarder cela dans un sens collectif.
Le député de D'Arcy McGee, tout à l'heure, a
parlé de consensus et le ministre aussi en a parlé. Il dit qu'il
se dégageait un certain nombre. Je crois qu'on ne pouvait pas
s'attendre, dans un sommet qui réunissait des gens de différentes
tendances et qui, des fois, étaient peut-être reposés
à l'intérieur des mêmes cadres, à ce qu'on ait un
consensus sur tous les ateliers à l'étude. Personnellement, j'en
ai retiré un immense bénéfice; j'ai travaillé dans
l'atelier des métiers d'art, j'ai causé avec beaucoup d'autres
groupes et il y a un consensus général qui se dégage,
c'est qu'on sent un besoin d'intensifier, de développer davantage les
industries culturelles au Québec.
Ici, Mme la Présidente, il semble y avoir une contradiction dans
les mots. Quand on parle d'industries culturelles, on dirait que cela
répugne un peu que la culture devienne une question d'argent. Mais,
comme le disait une dame fermière de Causapscal, en 1976, lors d'un
colloque sur la culture dans l'Est du Québec: Donnez-moi du pain et je
me permettrai de diffuser et de faire rayonner ma culture. Je crois qu'il est
juste qu'un artiste ou un artisan je ne ferai pas les distinctions parce
que j'ai vu que le consensus n'était pas facile dans certains ateliers
ceux qui veulent vraiment produire, ceux qui veulent apporter quelque
chose à la collectivité québécoise, doivent
recevoir de l'aide gouvernementale; ils doivent pouvor compter sur certaines
ressources financières. Si on attend d'eux qu'ils placent leurs talents
au service de cette communauté québécoise, on peut parler
de développement culturel et social, mais, en même temps, il faut
regarder la situation économique et sociale dans laquelle nous
vivons.
Comme je l'indiquais il y a quelques instants, si je veux parler de la
maison québécoise, du folklore, des coutumes, des costumes, des
traditions, en d'autres termes le but que poursuit le ministère des
Affaires culturelles, c'est de procéder à une vaste
investigation, c'est de regarder l'homme ou la femme dans son habitat, dans ses
outils de communication, dans ses modes de vie. Et, quand on regarde la
"SADIC"...
Une Voix: La sadique?
M. Le Moignan: Non, je n'ai pas dit que c'était une loi
sadique. C'est la SODIC. Il y a une
différence entre la loi sadique et la SODIC. C'est une
société d'Etat. Nous allons peut-être en voir tout à
l'heure, à l'étude article par article, la composition. Nous
allons peut-être apporter à ce moment-là certains
amendements et je crois que c'est dans l'ordre. Mais le gouvernement actuel
sait très bien que les efforts ont été entrepris et je
voudrais exhiber à cette trinité culturelle que nous avons devant
nous, je dirais une pierre tombale. C'est un programme de l'Union Nationale de
1973, Mme la Présidente. Je ne peux pas dire que ce fut la grande gloire
de l'Union Nationale le soir des élections, mais il y a dans ce document
un chapitre merveilleux sur la culture. Ce n'est pas étonnant qu'on
retrouve aujourd'hui dans le projet de loi et dans certains papiers qui nous
ont été distribués lors du sommet culturel les mêmes
conclusions, les mêmes suggestions, les mêmes résolutions
que Gabriel Loubier soumettait aux Québécois en 1973. Il est
peut-être vrai que l'Union Nationale a disparu de la carte ce
soir-là, mais la pierre tombale est restée et on peut encore s'en
inspirer aujourd'hui. C'est un gage d'avenir surtout pour les industries
culturelles.
C'est surprenant quand on regarde un chapitre. Je vous lis quelques
petits paragraphes qui rejoignent exactement ce qu'on a lu ailleurs depuis
quelques semaines. Je cite donc ce texte: "Le Québec a produit et peut
produire une somme considérable de biens culturels dans tous les
secteurs des arts, musique, arts plastiques, théâtre, livres,
cinéma, métiers d'art, danse et le reste. Cette richesse
naturelle prendra sa réelle valeur le jour où la création
et la production seront portées au maximum de qualité autant que
de quantité, plus encore, quand la population du Québec
considérera la jouissance de ces biens comme un besoin et qu'elle aura
les moyens de se les offrir." Je pense que la loi actuelle rejoint ces
idées qui datent déjà de cinq ou six ans.
Je continue: "L'Union Nationale propose que le ministère des
Affaires culturelles réoriente son action afin de devenir un
véritable agent d'accessibilité aux biens culturels. Dans ce
sens, il s'attachera, sur la base de la régionalisation, à
stimuler la création et la promotion." Il reste un autre petit
paragraphe pour terminer: "L'Union Nationale propose que le ministère
des Affaires culturelles, par des programmes d'exploitation de biens culturels,
devienne un agent de développement économique du
Québec."
Je crois que le ministre je ne veux pas me tromper en
conclusion, le soir du sommet, a affirmé si ce n'est pas lui,
c'est une autre des trois personnes de la trinité que $1 million
placés dans la culture valaient $10 millions placés dans d'autres
industries. Je crois que c'est cela. M. le ministre m'approuve.
Une Voix: Un multiplicateur.
M. Le Moignan: Un multiplicateur. Mais j'ai retenu cette image
qui m'a frappé. L'Union Nationale, dans le temps, partageait les vues du
mi- nistre actuel ou le ministre actuel partage les vues de l'Union Nationale
du temps. (21 h 30)
Alors, l'Union Nationale propose donc c'est toujours en 1973 que
nous vivons à cette fin, la création de la
Société d'actions culturelles, une société
paragouvernementale. Aujourd'hui, on l'appelle la SODIC. Cela revient un peu
à la même chose. On poursuivait les mêmes buts.
Si je regarde le livre blanc sur la culture, il y a une phrase qui m'a
frappé. J'ai oublié d'indiquer la page. "La culture est dans la
vie avant de se trouver dans les livres, dans les musées ou dans les
écoles". C'est un peu le thème, ce sont les sujets sur lesquels
se sont penchés les congressistes, il y a deux semaines, alors qu'ils
étaient réunis ici à Québec pour étudier les
moyens à prendre pour élargir, chacun dans son domaine, toutes
les possibilités de la culture. Mais ici, quand on parle d'une
société d'Etat, il y a un petit quelque chose qui
m'inquiète. On dit aussi, dans le livre blanc sur la culture, que l'Etat
a un rôle de partenaire, un rôle d'associé. Le gouvernement
est là tout simplement pour suppléer, pour consolider, pour
identifier les secteurs, pour identifier les milieux où une aide
s'avère indispensable.
Mais c'est là où il faut inviter le gouvernement à
une très grande prudence. C'est ici où l'arbitraire peut
facilement s'introduire parce que le gouvernement sera maître des
secteurs, le gouvernement pourra encourager selon l'esprit de communication,
par exemple. Quand on sait que le Grand-Esprit ne manque pas d'imagination,
quand il aime diffuser son message, le cinéma, l'imprimé, le
roman, le théâtre, que d'outils dans les mains du grand ministre!
Je sais qu'il ne veut pas les employer. Nous allons l'inviter à le faire
et il va refuser. Ce n'est pas pour lui que j'ai peur, c'est pour son
successeur, un jour, qui sera peut-être moins scrupuleux et qui voudrait
se servir de ces instruments pour diffuser une doctrine politique, par exemple.
Là, actuellement, le problème ne se pose pas, mais il ne peut pas
se poser. Mme le député de L'Acadie en est convaincue, elle est
très sérieuse. Elle sait que c'est un gouvernement transparent.
Mais s'il fallait qu'un autre parti politique vienne au pouvoir un jour, mes
craintes sont là, et vous aussi, madame, mais pas avec le gouvernement
actuel. Cela ne servira jamais...
Mme Lavoie-Roux: Jamais!
M. le Moignan: ... d'intrument de propagande politique.
Ici, je voudrais encore mettre en garde le ministre parce que je crains
que le gouvernement ne s'arroge le droit de trop pousser dans le sens de
certaines orientations, de trop insister sur certains objectifs d'Etat parce
que le ministre a déclaré le superministre, toujours,
à la culture à l'ouverture du mini-sommet: C'est la
culture qui spécifie d'abord la nation, qui lui donne ses orientations.
Si le gouvernement voulait s'en tenir à cela, je trouve que c'est
très beau, je trouve que c'est merveilleux. Parce que, après
tout, la culture
est au coeur de ce que nous sommes, au coeur de tout ce que nous
faisons, au coeur de tout ce que nous pensons. Il y aurait tellement de choses
à dire sur ce point-là, mais comme le ministre a
été modeste, comme il ne veut pas abuser du temps de cette
Chambre, je crois que je vais être obligé de me limiter un peu,
à contrecoeur, cependant, parce que c'est un sujet que j'aime et c'est
un sujet tellement important. Il ne faudrait tout de même pas que les
objectifs de la loi 105 nous fassent oublier la grande réalité.
Quand on voit un gouvernement qui va créer une société
d'Etat, quand on connaît le succès de toutes les
sociétés d'Etat, on en a tellement parlé
dernièrement qu'ici encore il faut émettre des réserves;
parce que c'est une société d'Etat, le principe nous fait peur,
quand on voit comment les autres sont administrés. Pas seulement par le
gouvernement péquiste, vous me comprenez, cela fait longtemps que les
sociétés d'Etat existent; il y en a peut-être deux qui
rapportent sur une cinquantaine ou une soixantaine. Ce qui est dangereux, c'est
que cette société d'Etat jouit d'un rôle, d'une autonomie
trop grande dans l'orientation des destinées de la culture, en donnant
des directives, parfois subtiles, mais qui peuvent nuire, qui peuvent aller
contre la liberté des citoyens du Québec. Ce gouvernement doit
donc compter sur la liberté de chacun des individus.
Quand on parle d'une Société de développement des
industries culturelles, on parle ici de liberté créatrice et
déjà on voit une espèce de contradiction. Comment un
artisan, un créateur peut-il se sentir libre s'il est soumis à
des subventions gouvernementales? Je ne suis pas contre cela, bien au
contraire, il faut que nos artistes soient aidés. C'est ici que le
rôle du gouvernement sera difficile, c'est là où la
régie ou le conseil d'administration devra entreprendre une étude
solide. Le gouvernement parle d'investir $10 millions dans une telle
société. Le premier ministre a donné l'assurance au
congrès que le gouvernement ne voulait pas intervenir dans le domaine
sacré de la création, parce qu'on sait que nos créateurs,
nos artisans ils l'ont manifesté dans les ateliers sont
des gens chatouilleux et ce qui est le pire de tout, ce sont des gens qui sont
politisés, ils sont très politisés. Ils vont recevoir une
subvention; pour la grande majorité de ceux qui étaient
là, cela va faire leur bonheur. Ils sont bien politisés...
Une Voix: Dans quel sens?
M. Le Moignan: Dans le sens de la boîte; de votre fabrique
péquiste. Ils sont à cent pour cent pour cela. Mais il y avait
des artisans ou des artistes indépendants qui, eux, craignaient de se
voir brimer dans leur liberté de créateur.
Je manifeste, Mme la Présidente par vous je m'adresse
à M. le ministre des craintes. En circulant dans les corridors,
j'ai eu l'occasion de discuter et je me suis dit: Un jour je donnerai ces
réflexions au ministre, cela lui aidera certainement. Je vous l'ai dit
au début, j'ai confiance dans le fils, parce que le fils est un artisan;
le ministre est un éditeur, un écrivain qui a été
obligé de travailler dur pour comprendre le métier, pour
comprendre la vocation de tous les artistes qui étaient là. C'est
un communicateur, mais moins puissant que l'autre en face. Il ne faut tout de
même pas oublier qu'il y a aussi les contribuables. Je pense que les
contribuables vont se demander de quelle façon vont être
utilisés les deniers de l'Etat.
Si j'étais artiste ce que je ne suis pas malheureusement
artisan-artiste ou artisan créateur, je serais gêné
en recevant... Non, il n'a pas subvention d'après l'article 20 il
ne faut pas parler des articles, mais ils existent. Mme la Présidente
il y aurait des prêts. Mais en supposant qu'il y aurait des
subventions et si je dois passer le message si c'est mon message, je
serais à l'aise de l'Etat, peut-être qu'à ce moment
je serais moins à l'aise.
Alors, Mme la Présidente, quand on parle de liberté, quand
on regarde cette loi, même si on émet des réserves
quand je dis que l'Union Nationale en avait proposé une semblable en
1973, c'est attrayant quand on regarde cette couverture tout de même
je ne peux pas être contre le ministre qui nous propose une telle
loi. Mais il faut que tous nos artisans, dans tous les domaines, se sentent
libres. Qu'ils soient libres comme l'oiseau sur la branche, comme le poisson
qui nage dans l'eau. (21 h 40)
Mme la Présidente, pour résumer j'aurais bien autre
chose à dire je pense que le cheminement naturel de tous les
intéressés, que ce soit le gouvernement, les conseils
d'administration, cette société qui va être formée,
les centaines d'artisans de toutes sortes qui vont en bénéficier,
il faut que le tout ne se concentre pas, comme l'a dit le ministre tout
à l'heure, dans les deux grands centres du Québec,
c'est-à-dire les villes de Québec et de Montréal. Il faut
que la culture puisse s'en aller dans les régions, il faut absolument
que les régions aient un mot à dire.
Si on veut donner la véritable image, le véritable reflet
de la culture québécoise, chacune des régions avec ses
particularités on n'a pas besoin d'élaborer longuement
devrait être capable, grâce à l'organisme ou à
la régie, de se faire entendre, de répartir, de fixer des
programmes et de respecter la liberté de ceux qui aimeraient, un peu
partout, être capables d'évoluer chacun dans son milieu
respectif.
Comme vous voyez, je tourne les pages en vitesse parce que la question
de la régionalisation, le ministre l'a mentionnée, il l'a
très bien comprise, il reste qu'il y a toute la culture populaire
à définir. Cette éternelle question, on l'a
mentionnée l'an dernier dans certaines commissions parlementaires, c'est
toujours cette dépendance des régions périphériques
aux grands centres. Je voudrais que le ministre, quand il va regarder, que ce
soit dans les métiers d'art, que ce soit dans le cinéma ou dans
les imprimés, que son coeur soit large, que son geste soit
généreux, que les études
qui vont être accomplies au sein de ce gouvernement ne se limitent
pas, encore une fois, aux centres les plus fortunés, là où
ils ont de grandes places, des théâtres et tout ce que vous
voulez, mais qu'il envoie dans les régions éloignées, dans
les campagnes, les troupes, le théâtre, le cinéma; on a dit
que pour les livres, c'était facile, je comprends qu'on n'ait pas besoin
d'en forcer la diffusion.
Il y a tellement d'organismes, il y a tellement d'encouragement à
apporter. Quand on est allé au Salon des artisans qui se termine
aujourd'hui à Québec, on voit qu'il y a du potentiel au
Québec. Tout ce que ces gens demandent, c'est d'être aidés,
d'être compris par le gouvernement.
Je veux donc terminer et peut-être que tout à l'heure,
quand nous ferons l'étude article par article, j'aurai quelques petits
amendements à apporter de nature à éclairer, à
bonifier certains articles de ce projet de loi.
Je vous remercie.
Mme Lavoie-Roux: Mme le Président...
Mme le Vice-Président: Je vous reconnaîtrai
immédiatement après, M. le ministre des Communications.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mme le Président, je suis presque
prête à céder mon droit de parole. C'est le Fils...
M. Le Moignan: C'est l'Esprit communicateur.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'Esprit. Le Fils, c'était?
M. Le Moignan: Le Fils, c'est le ministre des Affaires
culturelles.
Mme Lavoie-Roux: Ah! D'accord.
Mme le Vice-Président: Madame, voulez-vous me
préciser si vous parlez comme représentante de l'Opposition
officielle?
Mme Lavoie-Roux: Comptant sur votre bonne compréhension,
le porte-parole officiel était mon collègue, le
député de D'Arcy McGee. Comme il n'a utilisé que 20
minutes, si par hasard, je dépassais mes 20 minutes, est-ce que je puis
compter sur votre indulgence ou sur l'indulgence de la Chambre?
Mme le Vice-Président: Si M. le député de
D'Arcy McGee me dit que pour l'occasion vous êtes le représentant
officiel, Mme le député.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien que mon intervention ne durera
peut-être même pas 20 minutes, Mme la Présidente, alors il
ne faut pas s'inquiéter.
Ce soir, le gouvernement nous propose non seulement un débat en
deuxième lecture sur le projet de loi no 105... nous passerons
évidemment aux étapes subséquentes, je pense, en
commission plénière pour fort probablement adopter ce projet de
loi demain. Le projet de loi 105, il est peut-être bon d'en rappeler
l'objectif "pourvoit ' à la constitution et à l'organisation de
la Société québécoise de développement des
industries culturelles. La société aura pour objets de favoriser
la création et le développement des entreprises culturelles et de
contribuer à accroître la qualité, la
spécificité et la compétitivité de leurs produits
ainsi que d'en assurer la diffusion."
En d'autres termes ou en termes plus simples, Mme la Présidente,
il s'agit de créer une nouvelle société d'Etat pour
favoriser le développement des industries culturelles. C'est le
véhicule que le gouvernement propose pour répondre,
évidemment, à des besoins qui existent dans le monde culturel ou
dans le monde de la création artistique pour leur permettre d'abord de
vivre, ensuite de se développer et de s'épanouir.
Ce n'est pas par hasard que, ce soir, nous discutons de ce projet de
loi. Je pense que, déjà, dans le livre blanc sur la culture que
le ministre d'Etat au développement culturel avait déposé
en mai dernier, il était question de ce projet de création d'une
société d'Etat. Evidemment, nous avons assisté, il y a
environ trois semaines, à ce minisommet culturel. Je n'y étais
pas personnellement, pour des raisons que j'avais expliquées, à
ce moment, au ministre; mon collègue de D'Arcy McGee s'y trouvait. On
avait préparé ce minisommet culturel qui, évidemment,
était je veux bien prêter au gouvernement des intentions
très nobles une réunion des gens principalement
intéressés dans ce milieu à discuter de ce projet de
société d'Etat. Si vous me le permettez, Mme la
Présidente, j'aimerais peut-être lire un compte rendu. Est-il
objectif? Cela vaudrait peut-être la peine de s'y arrêter quelques
instants, parce que je pense qu'il me permettra, par la suite, de situer les
deux points que je veux développer.
Dans le Devoir du samedi 9 décembre 1978, dans un article
intitulé "Pour un bilan de la conférence sur les industries
culturelles ", Jean Royer écrit ce qui suit: "L'Etat avait
magnifiquement organisé la Conférence sur les industries
culturelles tenue cette semaine à Québec: les structures
d'accueil pour ses invités; les structures de la discussion pour sa
volonté politique. Au bout de trois jours, le cadeau de $10 millions
devenait officiel: la SODIC devrait être créée. En somme,
le gouvernement québécois avait invité quelques artistes
et les principaux hommes d'affaires du domaine culturel à voter
et ceci est très intéressant avant l'Assemblée
nationale je réalise bien que c'est tout à fait symbolique
la création d'une Société de développement
des industries culturelles. "Première constatation: l'Etat avait de
l'avance sur ses invités qui ne se sont à peu près pas
préparés à la discussion ie pense que ce serait
plus juste de dire qui n'étaient pas préparés à la
discussion ni entre eux ni à l'égard des implica-
tions concrètes des structures de la SODIC. On sait
déjà que tout le monde dira oui à SODIC." Je pense que M.
Royer décrit l'atmosphère qu'il a retrouvée à ce
mini-sommet sur les industries culturelles. "On sent aussi dans les discussions
que tout le monde préserve les miettes déjà acquises:
petits privilèges et subventions passent avant quelques consensus. La
discussion tourne en rond.
A l'atelier des métiers d'art, les artisans déjouent sans
même s'en rendre compte la volonté politique de la
conférence. Leur raisonnement montre à quel point ils n'ont pas
compris les enjeux du mini-sommet; ils veulent rester petits." En fait, je
pense que c'est à cet atelier des métiers d'art, du moins durant
la première journée, qu'on a soulevé les questions les
plus sérieuses. Je mets de côté l'atelier sur le
cinéma qui a présenté des problèmes particuliers.
On aura peut-être d'autres occasions d'en discuter avec le ministre des
Communications. Pour revenir à cet atelier sur les métiers d'art,
c est là qu'on était le plus prudent, ]e plus inquiet. Ils
disaient vouloir rester petits et trouvaient que les industries les plus
importantes des métiers d'art devaient être subventionnées
par le ministère de l'Industrie et du Commerce au lieu d'être
soutenues par la SODIC, qui, en fait, devait proposer des structures de
financement et de gestion et non des subventions. (21 h 50)
Mme la Présidente, je pense qu'il est évident qu'à
ce mini-sommet et je suis prête à le reconnaître
il y a eu des effets bénéfiques. On a même
parlé d'une première, je veux bien en donner le crédit au
gouvernement. De cette rencontre des milieux artistiques, il est certainement
sorti du bon, ne serait-ce que confronter une fois ensemble leurs
problèmes. Mais je ne peux pas passer sous silence la stratégie
du gouvernement qui est d'abord allé chercher un consentement
auprès d'une couple de centaines comme je le disais tout à
l'heure d'artisans ou d'hommes d'affaires du monde culturel pour, en
quelque sorte, faire approuver à l'avance son projet
d'établissement d'une nouvelle société d'Etat.
J'aimerais faire une parenthèse. J'ai exprimé, en regard
d'autres projets de loi que nous avons discutés ici, qu'il est difficile
pour l'Opposition de s'opposer à ces mini-sommets que le gouvernement
organise, il faut bien le reconnaître, avec de plus en plus
d'habileté. Il y met toutes les manières, toutes les
façons et, finalement, c'est un succès. Il s'y prépare
aussi quant à la somme de documents qu'il met à la disposition
des personnes qui se rencontrent au colloque. Je pense que c'est, à mon
point de vue, une façon de contourner ou d'éviter le rôle
normal que l'Opposition pourrait jouer en commission parlementaire, si ces
mêmes groupes étaient invités à venir en commission
parlementaire.
J'entends déjà le ministre des Affaires culturelles me
rétorquer, parce que nous avons eu l'occasion d'en causer très
brièvement ce matin: "Vous avez été invitée, vous
auriez pu prendre le micro, vous auriez pu vous exprimer" ou enfin à peu
près ceci. Il est exact que j'ai été invitée, j'ai
expliqué tout à l'heure pourquoi je n'y étais pas, mais il
reste que le contexte est tout à fait différent. C'est une
rencontre organisée par le gouvernement pour des fins qui sont quand
même passablement différentes des fins qui sont
généralement poursuivies dans une commission parlementaire.
Quand tout à l'heure mes collègues parlaient de cette
intervention de l'Etat dans la liberté de création et soulevaient
certaines difficultés, j'aurais aimé que nous ayons l'occasion de
rencontrer ces personnes sur un terrain qui aurait été, à
mon point de vue, plus neutre, sur un terrain où toutes les parties
auraient pu poser les questions vraiment pertinentes, où les gens
auraient peut-être été moins influencés par ce grand
climat psychologique qu'on avait créé, et qui, en soi,
n'était pas mauvais. Il était même bon, à maints
égards, mais il l'était peut-être moins quand on pense que
derrière tout ce scénario et je vois difficilement comment
le gouvernement pourrait réfuter ceci il y avait quand même
une idée bien arrêtée.
Je pense que c'est le député de Gaspé ou le
député de D'Arcy McGee qui en a parlé, le projet de loi a
été remis je comprends qu'on ne l'a pas discuté
article par article, on n'a quand même pas voulu se substituer au
Parlement on préparait des idées, et finalement au bout du
tunnel, apparaissait ce beau cadeau de $10 millions.
C'était bien difficile, sur le plan humain, que ce soit le monde
artistique de s'opposer, dans les circonstances qui avaient été
créées, au projet de l'établissement de cette nouvelle
société d'Etat pour le développement et la promotion des
industries culturelles.
Je prendrai quelques minutes pour développer, je le reconnais,
bien brièvement, deux points. Le premier, le véhicule que le
gouvernement propose pour apporter son appui au développement et
à la promotion des industries culturelles. Le deuxième point, la
conciliation entre la liberté des créateurs et les subventions de
l'Etat. Dans le premier cas, est-ce que le gouvernement choisit le meilleur
véhicule pour faire cette promotion des industries culturelles?
Vous comprendrez facilement, Mme la Présidente, que lors des
nombreux débats qui ont eu lieu en cette Chambre et quelques-uns
très récemment, il n'y a pas plus tard que la nuit
dernière ou la nuit précédente, tous les partis
d'Opposition ont fait valoir les difficultés que présentait
l'administration de ces sociétés d'Etat. Ils ont posé des
questions très sérieuses au gouvernement quant aux
mécanismes qu'il mettait en place pour en assurer un contrôle
adéquat, que ce soit par le Cabinet des ministres ou par des ministres
en particulier, ou que ce soit par l'ensemble des membres de l'Assemblée
nationale.
Il y a également des questions qui ont été
posées quant aux objectifs précis que I on voulait poursuivre
avec certaines de ces sociétés d'Etat et quant aux moyens qu'on
voulait prendre pour atteindre ces objectifs. On peut se poser des questions
quand même assez sérieuses. Par exem-
ple, je pense que c'est à ce mini-sommet culturel que le
président de la SDI, M. Labontë, disait que l'expérience de
la SDI en regard de l'aide à apporter aux industries culturelles avait
été un flop parce que, disait-il, il était
extrêmement difficile d'établir des critères objectifs pour
l'analyse des dossiers.
Les questions que le président de la SDI soulève à
l'égard de l'aide que la SDI pouvait apporter aux industries
culturelles, je pense qu'on est en droit de se poser les mêmes questions
à l'égard d'une société d'Etat qui, elle, se
préoccupera d'une façon beaucoup plus particulière des
industries culturelles. Le gouvernement nous demande à ce moment-ci
d'accepter ou de voter une nouvelle société d'Etat sans qu'on ait
d'autres informations quant aux objectifs, aux moyens de les atteindre, et
quant au mécanisme de contrôle, quant à l'administration de
cette nouvelle société d'Etat. Je m'étonne fort
j'espère que mon collègue de Gaspé ne m'en voudra pas
de l'attitude de l'Union Nationale qui, successivement, à
plusieurs reprises, a soulevé ce problème des
sociétés d'Etat. Elle a même demandé une commission
parlementaire pour examiner ce problème des mécanismes du
contrôle des sociétés d'Etat. Ils ont été
très véhéments, je pense, à l'égard de ces
sociétés d'Etat.
Aujourd'hui, allègrement, parce qu'il s'agit du monde culturel
ou, enfin, d'industries culturelles, toutes les difficultés semblent
s'être évanouies. Je trouve pour le moins un peu surprenant cette
attitude. Je sais que le ministre des Affaires culturelles aurait probablement
souhaité cette même souplesse de la part de l'Opposition
officielle. Mais je regrette de lui dire qu'à moins, comme le
député de D'Arcy McGee le signalait tout à l'heure, qu'il
puisse, au moment de l'étude article par article, nous donner des
explications beaucoup plus précises que ce que contient le projet de loi
nous devrons avoir les mêmes hésitations extrêmement
sérieuses à l'égard de cette nouvelle
société d'Etat que nous avons eues il y a quelques soirs au sujet
d'autres investissements proposés pour la Société
générale de financement. (22 heures)
II ne faut pas oublier que le même raisonnement s'applique ici.
D'ailleurs, je pense que c'est le ministre des Finances qui disait à
l'occasion de ce mini-sommet culturel où on a parlé du "Ministre
des Finances, artiste ou musicien?" j'oublie le titre du journal qui
disait...
Une Voix: C'est "comédien".
Mme Lavoie-Roux: La population ne sera pas prête à
donner la chance au coureur. C'est quand même l'argent des contribuables.
Je pense qu'à moins je le répète de
garanties un peu plus précises de la part du gouvernement, ce sont
absolument les mêmes inquiétudes que soulève cette nouvelle
société d'Etat, que soulèvent et ont soulevé
très fréquemment dans les derniers mois les autres
sociétés d'Etat.
Le gouvernement aurait-il pu procéder autrement que par la
création d'une nouvelle société d'Etat? Ici, j'aimerais
rappeler que le prédécesseur ou l'ancien gouvernement, par la
voie de son ministre des Affaires culturelles à ce moment-là,
avait suggéré d'autres moyens. Il avait dit qu'autant il
était essentiel que l'Etat joue un rôle dans le soutien des
industries culturelles et leur développement, autant il croyait
essentiel que c'était en appuyant des actions visant
l'amélioration de la qualité du produit et de sa mise en
marché et en participant à des actions d'éducation en vue
d'une utilisation plus rationnelle des ressources déjà existantes
dans l'industrie culturelle québécoise qu'on pourrait
améliorer le marché québécois pour les produits du
Québec.
Il y a d'autres avenues qui étaient ouvertes. Evidemment, on en
fera état, j'en suis certaine, dans la réplique du ministre et on
nous dira: Même le président de la SDI a avoué un
échec à l'égard des actions qu'elle a tenté de
prendre dans ce domaine. Mais il faut bien comprendre qu'il y a une
mentalité qui existe. Je pense que le ministre des Affaires culturelles
le reconnaîtra. On est porté à dire que tout ce qui
s'appelle culture ou industrie culturelle, ce n'est pas rentable, de toute
façon.Alors, autant la sortir des règles ordinaires qui seraient
évidemment de la confier à la SDI. Le ministre aurait
peut-être pu songer, avant d'accepter le verdict du président de
la SDI d'abord, à ce qu'était la motivation de la SDI pour
répondre aux besoins qui existent et que nul ne met en doute ni
l'Opposition officielle comme d'ailleurs tous les membres de cette Chambre.
Deuxièmement, y a-t-il des modifications à apporter à
l'intérieur de la structure actuelle de la SDI pour la rendre plus
sensible et plus capable de répondre quand même aux besoins
particuliers du monde culturel? Il faut également faire valoir que si le
gouvernement ou le ministère des Affaires culturelles peut prendre sur
lui toute la responsabilité du développement des industries
culturelles, il faut également s'interroger à savoir dans quelle
mesure il mettra une entrave à certaines initiatives qui sont
déjà heureuses et si, petit à petit, finalement, on ne
fera pas reposer totalement sur les épaules de l'Etat toute la
responsabilité du développement des industries culturelles.
Enfin, eu égard à cette question de la création
d'une société d'Etat, je pense qu'il faut se poser la question:
Est-il bon de marginaliser les industries culturelles comme ceci va arriver par
l'établissement d'une nouvelle société d'Etat? Puisqu'il
s'agit d'industries culturelles, ne faudrait-il pas davantage se servir des
structures existantes, quitte à demander au ministère des
Affaires culturelles d'assumer des responsabilités de leadership et de
sensibilisation auprès des différents services administratifs ou
auprès des ministères du gouvernement pour essayer d'atteindre
les objectifs que l'on poursuit?
En prenant complètement sous sa tutelle cette
responsabilité du développement des industries culturelles, on
peut se demander si, à l'égard des autres ministères, on
n'éprouvera pas un certain recul. A mon point de vue, les industries
culturelles sont également la responsabilité d'autres
ministères, qu'il s'agisse du ministère du Touris-
me, de la Chasse et de la Pêche, qu'il s'agisse du
ministère des Affaires municipales, qu'il s'agisse du ministère
de l'Education. En passant, puisque nous avons la présence du ministre
de l'Education, je suis sûre que c'est avec beaucoup de peine qu'il a lu
les commentaires un peu réprobateurs des personnes qui assistaient au
minisommet et qui ont déploré l'absence du ministère de
l'Education à un sommet dont l'objet le touchait tout
particulièrement.
On pourra parler, par exemple, du développement des industries
culturelles et je poserais une question indirectement au ministre de
l'Education. Par exemple, quand on discute de tout le problème du livre,
que fait-il dans son ministère pour travailler à la base à
ce développement du goût de la lecture chez les jeunes? On sait
fort bien qu'avec les derniers budgets restrictifs du ministère de
l'Education... Ici, c'est une parenthèse; je ne veux pas faire le
procès du ministre; je pense que ce sont comme il me
répondrait des priorités du gouvernement qui ont
été établies différemment. Il reste qu'alors que,
d'un côté, on se dit: On va investir de l'argent dans une
société d'Etat pour promouvoir les industries culturelles, de
l'autre côté, on a un ministère qui, faute de ressources
apparemment, est obligé de diminuer ses efforts au niveau des
bibliothèques dans les écoles. Je suis sûre que le ministre
le regrette, mais il est fort conscient qu'avec la non-indexation, par exemple,
des dépenses dans le milieu de l'éducation on est obligé
de couper non pas sur le chauffage, c'est impossible, mais sur les livres.
Enfin, ce que je veux surtout montrer par ces exemples, c'est que ce
serait vraiment dommage que le ministère des Affaires culturelles se
replie sur lui-même et n'assume pas cette responsabilité
d'animateur et de coordonnateur entre les différents ministères
pour demander à chacun de prendre ses responsabilités que ce soit
à l'égard de l'enseignement des métiers d'art, que ce soit
à l'égard de la lecture, etc. Enfin, sur la question de la
nécessité du véhicule proposé par le gouvernement,
soit l'établissement d'une nouvelle société d'Etat,
à mon point de vue, le problème demeure entier et j'attendrai
avec beaucoup d'intérêt les réponses du ministre. (22 h
10)
Le deuxième point, M. le Président, que je voulais
aborder, c'est la conciliation entre la liberté des créateurs,
d'une part, et des prêts qui viennent de l'Etat, d'autre part, qui sont,
à ce moment-ci, érigées d'une façon passablement
rigoureuse. Nous avons eu, dans cette Assemblée, à quelques
occasions et certainement au moment de l'étude des crédits du
ministère des Affaires culturelles, des échanges sur cette
nécessité de dépolitiser la culture. Nous avons aussi
abordé ce problème de l'équilibre délicat entre
l'intervention de l'Etat dans le domaine de la culture et le respect de la
liberté des créateurs.
J'aimerais ici, si vous me le permettez, citer M. Jacques Godbout, qui
est le président de l'Union des écrivains québécois
et qui s'est fait, en quelque sorte, je pense, au moment de la séance
d'ouverture, le porte-parole de l'ensemble des artistes écrivains
ou autres qui se trouvaient au mini-sommet. M. Godbout disait: "En fait,
il ne faut pas qu'en échange d'une aide financière de la part de
l'Etat, normale et nécessaire et dont les modalités pourraient
être définies à ce colloque, Ion cède le droit de
publier même l'impubliable, de diffuser tous les mots et toutes les
idées que l'on entend en toute liberté. Nous n'avons pas, pour
penser, à demander la permission à qui que ce soit. Il ne
faudrait pas que, pour éditer, diffuser et vendre des livres, l'on ait
de permis à demander à qui que ce soit. Les mécanismes et
les institutions qui devraient nous permettre d'établir les distances
nécessaires entre les arts et le gouvernement ne sont pas encore clairs
ou ne sont pas encore établis", du moins au moment où il
prononçait cette conférence d'ouverture.
Par contre, il faisait une suggestion; je pense qu'il semblait, du moins
dans le cas du président de l'Union des écrivains
québécois, d'accord avec cette création de
société d'Etat. Mais, parallèlement, il souhaitait aussi
l'établissement d'une société SOFIA, Société
de financement des arts, qui, elle contribuerait à la création,
d'une façon tout à fait indépendante des pouvoirs
politiques, un peu à la manière du Conseil des arts.
Ceci est quand même, jusqu'à un certain point, analogue au
Conseil québécois de la culture ou au Conseil national de la
culture qui avait été prôné, dans le temps, par
l'ancien gouvernement et qui, justement, voulait s'assurer que des distances
bien précises soient établies entre l'Etat et les
créateurs.
Evidemment, une société d'Etat le gouvernement, en
définitive qui est responsable devant les contribuables de
l'argent qui est mis à la disposition des industries culturelles, devra
aussi rendre compte aux contribuables, à un moment ou à un autre,
de la façon dont cet argent est dépensé. Pour le faire, il
est inévitable qu'il devra poser des questions aux premiers
intéressés, ceux qui récoltent ces prêts, et c'est
peut-être à ce moment que la limite ou les frontières
à établir entre la liberté du créateur et
l'intervention de l'Etat deviendra difficile.
Cette question de liberté des créateurs a
été soulevée également par un grand nombre
d'éditorialistes, après le mini-sommet. Ce n'est pas mon
intention de mettre en doute la bonne foi du ministre des Affaires culturelles
ou même de la Sainte-Trinité, pour utiliser le terme de mon
collègue de Gaspé, mais il reste que, néanmoins, il y a
une vieille expression: "C'est l'occasion qui fait le larron ". Je pense qu'on
part avec des intentions tout à fait
désintéressées, des intentions qui veulent vraiment servir
le monde artistique, qui veulent vraiment participer ou encourager le
développement des arts au Québec. Mais peut-être que le
chemin parcouru ne sera pas très long avant que, tout à coup, on
sente ses écueils. A moins d'une discussion ouverte où tout le
monde, et je reviens à l'idée de la commission parlementaire. Je
n inquiéterai personne, je ne ferai pas une motion de report pour
demander une commission parlementaire sur la loi 105, mais il reste que j
aurais préféré de beaucoup qu'on puisse, dans la
structure de la commission parlementaire, faire valoir, de part et
d'autre, cet écueil considérable que représente la
liberté de la création pour les personnes du monde
artistique.
En terminant, M. le Président, je voudrais simplement redire
qu'il nous sera difficile de voter pour ce projet dans l'état des choses
ou tel que le projet nous apparaît. Par exemple, regardez l'article 24,
que je ne lirai pas, qui donne au ministre le pouvoir d'établir les
orientations de cette société d'Etat et au ministre seul
alors qu'on connaît tous les enjeux qu'une telle
société d'Etat comporte. Les industries culturelles ne sont pas
des industries ordinaires, ce sont des industries qui touchent des gens qui
sont politisés. Je ne dis pas qu'ils sont tous politisés dans le
sens du Parti québécois Dieu merci! mais, qu'ils le
soient dans un sens ou dans l'autre, je pense qu'il faut assurer cette
liberté d'expression et leur permettre qu'ils puissent véhiculer
leurs idées, quelles que soient les tendances auxquelles ils
appartiennent.
M. le Président, à moins que le ministre des Affaires
culturelles nous apporte des précisions beaucoup plus grandes que le
projet de loi en comporte, je pense qu'il nous sera très difficile de
voter pour ce projet de loi tel qu'il se présente.
Le Président suppléant (M. Marcoux): M. le ministre
des Communications.
M. Louis O' Neill
M. O'Neill: M. le Président, je veux me permettre de
prendre quelques minutes de cette Assemblée pour exprimer mon appui au
projet de loi qui est piloté par mon collègue des Affaires
culturelles; un projet de loi qui est modeste, mais significatif. En passant,
ce n'est pas seulement le projet de loi qui est modeste, ce qui est modeste
également je ne sais pas si vous avez remarqué cela
c'est le temps que cette Assemblée si distinguée consacre aux
affaires culturelles.
Je voudrais vous donner une impression, M. le Président, en
terminant cette session. Ce qui me frappe, alors qu'on a dit si souvent que
c'était un gouvernement de professeurs, d'intellectuels, etc., c'est
combien depuis des mois, tous ensemble, nous parlons d'économie
ce qui est une chose excellente mais nous en parlons beaucoup. Je pense
qu'il est fort heureux que nous puissions consacrer, à la fin de cette
session, quelques minutes, quelques instants pour parler de culture.
C'est un projet modeste parce que c'est finalement une institution assez
simple dont le ministre nous propose la création, modeste aussi par les
sommes qui y sont consacrées. Un fonds de $10 millions, cela
équivaut à peu près à 3 milles d'autoroute, ce
n'est quand même pas exorbitant. Je pourrais évidemment prendre
d'autres points de comparaison, ne serait-ce de penser que cela correspond
à peu près à la moitié ou au tiers des sommes que
nous dépensons présentement pour entretenir le stade olympique,
pour ne rien construire, simplement pour entretenir.
Donc, cela semble se situer à l'intérieur de
dépenses que nous pouvons nous permettre. C'est un projet significatif
pour deux raisons. Premièrement, parce que je trouve que cela nous
ramène à des choses fondamentales, à une tradition
historique fondamentale que nous sommes portés à oublier quand
nous discutons d'économie. Je me rappelle du programme d'un parti
politique où la première phrase, en haut du programme,
était formulée à peu près ainsi: Au commencement,
il y a l'économie. On pourrait se dire, aussi, d'une autre façon,
qu'au commencement il y a la culture, c'est-à-dire qu'il y a le savoir,
il y a la science, la créativité, il y a aussi des
mentalités qui sont des produits de la culture: la confiance en soi, par
exemple. A ce point de vue-là, le savoir et la science
développent la confiance en soi.
En bref, nous remarquons que les sociétés
cultivées, au sens général du terme, ce sont les
sociétés développées. Dans ce sens
général de culture, celui d'ailleurs que vous retrouvez dans le
livre blanc sur le développement culturel, on doit dire qu'au fond
l'investissment culturel est fondamental et est radicalement rentable,
c'est-à-dire qu'il développe une série d'énergies
qui, elles, ont des effets économiques considérables. (22 h
20)
C'est un peu, en somme, ce que vient de nous rappeler ce simple et
modeste projet de loi, c'est une valeur et un fait confirmé tant de fois
par l'histoire. Prenons l'histoire du Québec. S'il y a un groupe, une
communauté au Québec qui a toujours accordé beaucoup
d'importance au développement culturel, c'est la communauté
anglophone. S'il y a un pays où on a toujours accordé de
l'importance au développement culturel, ce sont les Etats-Unis. Les
choses qui me frappent quand on va aux Etats-Unis et qu'on va même dans
des régions qu'on pourrait appeler d'arrière-pays, c'est de
trouver, à un moment donné, dans des villages, dans des petites
villes cet édifice parfois très humble, très simple, qui
abrite la bibliothèque municipale.
Il y a beaucoup d'exemples historiques qui nous montrent qu'en somme il
y a une fausse opposition que parfois on rappelle, qu'on cherche à
manifester, qui serait une opposition entre la culture et l'économie.
Significatif aussi ce projet dans son objet propre, celui des industries
culturelles, non pas des industries où on lance l'argent par les
fenêtres, mais des industries où on essaie à la fois de
créer, d'exprimer une culture et en même temps de produire des
biens qui ont une certaine rentabilité et qui font l'objet
d'échanges sur le marché et production de biens qui peut
atteindre parfois des montants assez impressionnants.
Mon collègue des Affaires culturelles qui a des statistiques plus
récentes que celles que je peux posséder sur la question, pourra
peut-être me corriger ici. Si je me rappelle bien les rapports que nous
avions l'an dernier, la production dans le domaine de l'artisanat atteignait
dans l'ensemble du Canada $58 millions et 60% de ces produits d'artisanat sont
fabriqués au Québec. C'est une industrie qui, ici, crée
à peu près 3000 emplois permanents et on dit de 15 000 à
20 000 emplois semi-permanents, artistes, artisans, bricoleurs de
toutes sortes qui consacrent certaines heures, qui varient selon les
personnes, à produire des choses qui relèvent de l'industrie
culturelle.
Il y a donc là création d'emplois. Mon collègue des
Affaires culturelles rappelle cela souvent, ce qu'on a d'ailleurs noté,
remémoré ce soir, à savoir que c'est un des secteurs
où les investissements sont des plus rentables dans le domaine de
création d'emplois.
Il y a une objection qu'on a soulignée tout à l'heure,
c'est le député de D'Arcy McGee qui l'a mentionnée; on a
parlé de cette difficulté qui résulte du fait que nous
avons un marché restreint. J'accepte cette objection tout en y apportant
une nuance; marché restreint, oui, mais non pas marché qui ne
serait pas extensible. A ce point de vue, il ne faudrait pas oublier que c'est
en vertu d'une certaine routine, de certaines habitudes que certains
marchés dans le domaine culturel sont demeurés restreints au
Québec. On peut considérer, par exemple, que dans le domaine du
livre, nous avons sans doute à viser le marché de l'exportation,
mais nous avons aussi à nous rappeler que nous atteignons actuellement,
à peu près 20% à 25% du marché possible au
Québec. Pour autant que nous faciliterons et développerons chez
nous la lecture, ce dont a parlé Mme le député de
L'Acadie, nous verrons que ce marché n'est pas aussi restreint que l'on
pense.
Je voudrais également, M. le Président, dire quelques mots
concernant cette crainte qui a été exprimée à
plusieurs reprises, ce soir, au sujet du danger du dirigisme. Ce n'est pas la
première fois évidemment qu'on mentionne cette crainte, et ce
n'est pas la première fois qu'on exprime des soupçons à
l'égard de ce gouvernement. Je laisse à mon collègue le
soin d'expliquer comment en détail ce qu'il prévoit comme
mécanisme pour éviter ces dangers que l'on craint. Je pourrais
simplement dire ceci. D'abord au plan de l'expérience, nous avons
déjà en place, nous avons donné la preuve que nous
pouvions mettre quand je dis "nous", ce n'est pas ce gouvernement,
c'était bien en place avant des mécanismes qui permettent
d'éviter dans le secteur culturel, quand il s'agit, par exemple, de
subventions, des interventions qui seraient identifiées à du
dirigisme.
Pensez, par exemple, dans le secteur des subventions pour l'aide
à l'édition, à des jurys qui sont constituées et
qui font qu'à un moment donné, le seul rôle d'un ministre,
c'est de simplement signer, c'est de donner la force officielle et
administrative à la décision qui a été prise par un
jury. Nous sommes capables de prendre tous ensemble des précautions. Je
pense qu'ici nous avons besoin de nous faire confiance collectivement. C'est
vrai que nous avons, comme bien d'autres sociétés, une certaine
tradition d'autoritarisme. Cela remonte très loin nous ne sommes
pas les seuls ainsi mais cette société quand même a
évolué beaucoup. Des gens qui l'ont connue, par exemple, au
début des années soixante, qui ont pu l'observer, je pense
à des amis français, qui sont revenus plus tard, ont
exprimé leur étonnement de voir comment cette
société a su évoluer profondément, et comment elle
a su manifester et sait manifester un sens démocratique remarquable.
Je pense donc qu'il s'agit de nous faire confiance à
nous-mêmes. Tel que nous connaissons le monde des arts, le monde des
artistes, le monde du cinéma, il ne s'agit pas de gens qui se laissent
marcher sur les pieds facilement. Ils seront les premiers à protester et
avec raison. Pour moi, il ne fait aucun doute que la population saura, à
ce moment-là, elle aussi, contester, protester, défendre ce droit
à la libre expression et ce droit à la dissidence. Il ne fait
aucun doute, non plus, que les media se mêleraient de cela, et je crois,
encore une fois, qu'il faudrait peut-être éviter de nous attribuer
des travers comme si nous pouvions, plus que d'autres, nécessairement,
être enclins à ce genre de choses.
Les traditions démocratiques existent quand même chez nous;
cette croyance dans la pensée personnelle, dans la pensée
individuelle existe aussi. Nous avons des traditions de liberté
collective, nous avons des institutions démocratiques. En somme, il y a
toute une mentalité, un climat, une culture qui a une valeur qui saura
nous protéger et faire en sorte que ce qui sera mis en place pourra
être aussi efficace dans ce sens-là que ce qui a été
mis en place jusqu'ici.
Je dois dire qu'il y aura par moments des zones grises, des
difficultés. Cela peut arriver à un moment ou l'autre, comme cela
peut arriver dans toute société. Mais, encore une fois, je pense
bien qu'il faudrait aussi nous faire confiance à nous-mêmes comme
Québécois. M. le député de Gaspé disait: Je
fais confiance à ce gouvernement pour son esprit de tolérance, sa
largesse d'esprit, mais qui viendra après? Remarquez que c'est une
question qui déjà nous renvoie dans un lointain futur, mais il
reste quand même que moi, je suis prêt à faire confiance
aussi à qui viendra après. Je pense que, comme
Québécois, c'est important de croire en nous-mêmes comme
gens qui croient en la démocratie et qui en sont respectueux. En somme,
c'est fondamental, ne l'oublions pas; nous voulons nous faire un pays à
nous, mais un pays démocratique. Pour cela, il faut croire que nous
sommes nous-mêmes capables de respecter les valeurs démocratiques
et de pratiquer quotidiennement l'esprit de la démocratie.
Je termine en rappelant simplement ceci: Ce qui nous est proposé
aujourd'hui, c'est une loi qui vient fournir un levier mis au service des
créateurs, des artistes et non pas un instrument de dirigisme. Ce que
nous voulons, c'est poser un acte politique qui soit mis au service de la
culture et non pas mettre la culture au service de la politique, ce qui est
tout à fait différent. Tout ce que veut cette loi, c'est donc
mettre ici un instrument créé par le pouvoir politique au service
de la culture. Nous ne prétendons pas remplacer les créateurs. Au
contraire, cela peut aider les créateurs. Cela ne les remplacera pas,
cela ne donnera de génie à personne, mais cela permettra assez
souvent à ceux qui en ont de pouvoir le manifester et tout le monde en
bénéficiera.
Cela répond à une attente, car ce n'est pas le
gouvernement qui est allé tordre le poignet de ces gens pour leur dire:
II vous faudrait une société d'Etat. Ce sont les milieux
culturels qui insistent depuis longtemps auprès du gouvernement pour
dire: Fournissez-nous un levier, une aide, un moyen de mieux produire, un moyen
de vivre avec cela. Nous pensons que, comme artistes, nous avons le droit de
gagner notre vie en faisant des créations, en faisant des oeuvres d'art.
Donc, tout ce que nous faisons, nous voulons, en somme, créer, en vertu
d'une politique gouvernementale bien définie dans le livre blanc, un
instrument qui fera que l'Etat, par cette société
particulière, aidera nos créateurs à mieux produire.
Ainsi, nous aurons fait un pas en avant, parce qu'il s'est quand même
fait des choses avant, pour faire en sorte que la vie culturelle au
Québec soit encore plus dynamique, plus vivante, plus créatrice,
et cela, finalement, sera à l'avantage non seulement de petits groupes,
mais à l'avantage, en fait, de la vie collective
québécoise. Voilà pourquoi, M. le Président, je me
réjouis fortement d'approuver ce projet de loi qui est soumis à
l'attention de cette Assemblée par mon collègue, le ministre des
Affaires culturelles.
Le Vice-Président: Je comprends que c'est la
réplique. Non? Ah bon! Non. (22 h 30)
M. Forget: Brièvement, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Je n'ai pas, contrairement au ministre, la
prétention et je le dis sans critique, au contraire, c'est une
prétention justifiée dans son cas de parler d'industries
culturelles à titre d'expert. Je ne le fais qu'à titre de
consommateur, et ces jours-ci, M. le Président, à titre de
consommateur très occasionnel, si tant est qu'on peut appeler
activité culturelle notre participation aux débats
parlementaires.
A titre de consommateur de l'industrie des biens et des services
produits par les industries culturelles au Québec, je suis
frappé...
Le Vice-Président: M. le député,
excusez-moi. Comme c'est au tout début de votre discours, je me permets
de faire cette intervention en vertu d'un ordre de la Chambre, à l'effet
qu'immédiatement peut se réunir la commission parlementaire
élue permanente du tourisme, de la chasse et de la pêche...
M. Charron: A la salle 81.
Le Vice-Président:... pour étudier le projet de loi
71, à la salle 81-A. Je m'en excuse mais il fallait prévenir la
Chambre. Non, cela a été adopté, c'était plus qu'un
avis.
M. Charron: II y a eu une motion, au tout début de la
séance ce soir, suivant laquelle, quand une commission finirait ses
travaux, on en avertirait la Chambre pour que l'autre puisse commencer. C'est
ce que M. le Président vient de faire. Je m'excuse auprès du
député de Saint-Laurent.
Le Vice-Président: M. le député de
Saint-Laurent, ce ne sera pas compté sur votre temps
précieux.
M. Forget: Je vous remercie, M. le Président. Je disais
qu'à titre de consommateur des biens et services produits par les
industries culturelles, je suis frappé par l'avalanche de bonnes
intentions qui nous sont offertes ce soir pour justifier un projet de loi que
le ministre des Communications qualifiait de modeste, si j'ai bien compris son
intervention tout à l'heure, alors qu'il consiste essentiellement
à placer $10 millions dans une initiative qui est loin d'être
claire quant à ses contours, pour l'instant.
Y a-t-il eu un choix, M. le Président? On a cité les
témoignages d'appui que certains milieux, plus directement
touchés par les mesures envisagées par la loi, auraient
exprimés et qui sont maintenant invoqués comme autant d'arguments
pour inciter l'Assemblée nationale à adopter cette loi. Je
n'étais pas présent au sommet culturel, mais je n'ai pas eu
l'impression, d'après les rapports qui ont été
publiés dans les journaux, d'après les discussions qui ont
été faites autour de ce sujet dans différents milieux, que
le gouvernement a présenté des choix clairs, une alternative
très claire quant à des moyens que l'on proposait au milieu
culturel pour l'aider, pour donner suite aux bonnes intentions. Dans la mesure
où on n'avait pas de choix à faire, je crois que les
manifestations d'appui sont beaucoup moins convaincantes. Pour reprendre
l'anecdote de mon collègue de D'Arcy McGee au début, si c'est un
choix entre une aide ou pas d'aide du tout, je peux comprendre fort bien qu'il
y ait eu des manifestations d'appui. Mais je n'ai pas trouvé dans le
projet de loi, en le lisant, des indications qui nous permettraient de voir
exactement quel genre d'approche on va adopter. Parmi les 34 articles que
contient le projet de loi, il y en a environ 26 ou 27 qui sont des copies
c'est normal conformes d'articles équivalents que l'on
retrouve dans les lois créant d'autres sociétés d'Etat,
d'autres sociétés publiques gouvernementales.
Il y en a donc seulement cinq ou six qui sont propres à ce projet
de loi et où on cherche, en vain, je crois, des explications. L'article
4 définit les objets de la société, et ces objets sont
exprimés de façon extrêmement générale,
extrêmement vague. On parle de favoriser, dans un premier paragraphe, la
création, mais attention! Ce n'est pas la création artistique.
C'est favoriser la création et le développement des entreprises
culturelles. Donc, on crée une société d'Etat qui cherche
à créer ou à développer des entreprises
culturelles. C'est une façon de procéder qui laisse
ouverte la question de savoir comment on va les aider.
Un peu plus loin, on découvre un article qui nous dit que cette
aide aux entreprises culturelles ne doit pas prendre la forme de subventions.
On en est donc réduit à trois possibilités. Prise de
participation au capital-actions, c'est-à-dire un investissement de
l'Etat qui devient partenaire d'individus pour mettre des fonds dans une
société d'Etat et devenir copropriétaire d'une
société privée; des prêts à des taux
présumément préférentiels puisqu'autrement
ce ne serait pas la peine d'en parler ou à des conditions
préférentielles; ou, enfin, des contrats en vertu desquels la
société d'Etat, présumément, pourrait obtenir
certains résultats de sociétés privées, soit des
contrats de développement ou de mise en marché ou Dieu sait quoi.
Encore là, nous ne sommes pas vraiment renseignés sur les
intentions du ministre.
Dans ce paragraphe où on parle de la création
d'entreprises culturelles, on énumère ensuite tous les domaines
et je pense qu'on n'en a oublié aucun où ces
sociétés pourraient être actives. Si jamais on en avait
oublié, le Conseil des ministres a le pouvoir d'y ajouter.
Effectivement, on donne au Conseil des ministres le pouvoir d'amender la loi si
jamais ce paragraphe est insuffisant. Ce qui ressort, c'est une envergure, un
éventail largement ouvert et une façon d'intervenir qui est
laissée dans le vague. Ceci pose un certain nombre de questions.
Par exemple, comme on parle des périodiques parmi les domaines
d'actions où les entreprises ou les sociétés pourraient
faire l'objet d'un appui ou d'une aide de la part de la société
de développement culturel, on peut imaginer que la Société
de développement des industries culturelles favorise la création
d'une société commerciale d'édition qui aurait pour but
et même comme seul but l'édition d'un journal. Cela
pourrait même être un quotidien. Cela s'est déjà vu.
On se pose la question immédiatement à savoir s'il est
véritablement dans l'intérêt public, s'il est
véritablement dans l'intention du gouvernement d'aller dans cette
direction. Est-on vraiment persuadé qu'il faille donner un tel pouvoir
au gouvernement de fonder un journal, d'avoir donc un impact direct sur la
diffusion de l'information et sur la diffusion d'opinions qui accompagnent le
plus souvent l'information? Rien ne l'interdit. Il me semble que c'est
là un domaine qui n'a pas besoin d'aide. C'est un domaine culturel que
l'édition de journaux. Même l'édition de périodiques
mensuels ou de périodiques hebdomadaires, à moins d'être
restreinte à des périodiques d'intérêt culturel,
scientifique bien marqué, introduirait un élément assez
curieux. S'agit-il de revues d'opinion? On peut s'imaginer tout de suite, si on
donne au gouvernement actuel ou à un gouvernement subséquent le
pouvoir de créer des sociétés d'édition pour
s'engager dans la publication de périodiques d'opinion, un
problème considérable. N'est-il pas plus approprié d'avoir
des précisions?
On parle également de possibilités dans le domaine du
spectacle, à supposer que l'on veuille dire par là le domaine
théâtral. On se souvient, comme je l'ai indiqué tout
à l'heure, qu'il n'est pas possible à cette société
de donner des subventions. (22 h 40)
II y a cependant d'autres organismes qui donnent des subventions. Il se
pose là un problème de cohérence dans les politiques
gouvernementales. Est-ce qu'une société publique pourra susciter
la création d'une société de théâtre, d'une
compagnie théâtrale, sans se préoccuper de la
possibilité pour cette compagnie théâtrale d'avoir des
subventions? Si la réponse est affirmative, quelle sera l'attitude des
compagnies théâtrales existantes vis-à-vis de ce nouveau
concurrent pour les subventions des conseils des arts et des subventions
étant donné que tout le monde sait très bien que ces
fonds-là sont limités? Est-ce qu'il est vraiment
nécessaire, du moins quand on parcourt la page des spectacles et qu'on
voit la floraison assez extraordinaire de groupes théâtraux de
toutes sortes, que le gouvernement songe à s'engager dans cette voie? Je
n'en sais rien et le ministre n'a pas donné d'indication précise
à ce sujet.
M. le Président, il y a une question peut-être plus
fondamentale que ce projet soulève. C est le problème de savoir
si les difficultés indubitables que connaissent les industries
culturelles au Québec sont causées par une insuffisance dans le
nombre des sociétés industrielles existantes, des
sociétés qui fonctionnent dans ces secteurs, si I'offre de ces
biens et de ces services culturels est insuffisante ou si ce n'est pas du
côté de la demande surtout que se posent les problèmes qui
se répercutent sur les sociétés culturelles existantes
parce que, devant une trop faible demande, bien sûr, la
rentabilité de ces sociétés est menacée Le danger,
si l'on se trompe dans le diagnostic qu'on pose comme l'a indiqué ma
collègue de L'Acadie, en citant M. Godbout, un auteur d ailleurs,
président de la Société des auteurs, c'est de stimuler la
demande et, en stimulant la demande, de stimuler une surproduction qui risque
fort de diminuer la qualité moyenne de ce qui est offert au public
québécois et, en quelque sorte, de ne pas encourager la lecture
d'auteurs québécois en affectant leur image collective. C'est un
danger réel. Le Québec est riche en talents; c'est un fait
indubitable du côté de toutes les activités de
création artistique, de création culturelle, il y a une
très grande richesse. C'est peut-être d'ailleurs dans ce secteur,
pour toutes sortes de raisons, que les Québécois ont le plus
facilement, naturellement ou volontiers si vous voulez de
facilité à s'exprimer. Cependant, n'importe quelle
société, n'importe quel groupe n'a pas un réservoir
illimité de ressources créatives.
A vouloir nécessairement dépenser certains budgets
parce qu'on sait qu'il y a quand même cette impulsion, une fois que les
structures sont créées, une fois que les budgets sont
créés, une fois que les engagements politiques sont faits,
d'avoir l'air de faire quelque chose pour la culture on sait qu'il y a
quand même une pression
qui s'exerce pour dépenser des sommes et les affecter de
façon à pouvoir démontrer avec des chiffres la
sincérité des efforts et de l'intérêt qu'on porte
à la culture il y a une grande tentation de multiplier des formes
d'aide, de multiplier l'approvisionnement, en quelque sorte, en services et en
biens culturels, ce qui n'est pas entièrement justifié par la
capacité de produire, de créer dans un domaine qui dépend
vitalement de cette dimension-là. On peut, sur une période de
temps, engendrer un certain cynisme, un certain scepticisme en disant: Ah! oui,
il y en a beaucoup, mais on ne sait plus comment choisir parce qu'il y en a
tellement. Il y en a tellement; on en a vus quelques-uns et on n'est plus
tellement intéressés. Il y a eu, même dans le secteur
strictement commercial jusqu'à il y a quelque temps du moins et
encore que là il y avait de l'aide aussi, je pense bien, du
côté gouvernemental d'une façon ou d'une autre du
cinéma québécois. On sait ce qui s'est produit
malgré tout. Il y a eu des succès remarquables, mais il y a eu
aussi un certain nombre de citrons. Il y a chez les gens maintenant la
réaction: II faut y regarder deux fois. De quel genre de film s'agit-il?
Cela n'a pas une cote d'amour immédiate, un film
québécois, parce que, à moins qu'on sache un peu, qu'on
ait lu une bonne critique, on se dit: II n'y a quand même pas un
bénéfice du doute immédiat.
Ce problème de surproduction, il est important de le mesurer
très bien et de ne pas accroître la production plus rapidement
qu'on accroît la consommation. Il y a, de ce côté, des faits
troublants; des enquêtes faites par le ministère des
Communications, d'ailleurs, je pense, ont révélé que les
Québécois ne lisent pas, parce qu'il faut bien se le dire, ils
lisent peu, du moins. Je pense que le ministre sera d'accord avec moi,
puisqu'il était libraire de profession, entre autres. Il y a donc
là un problème réel et inonder le marché de livres,
même de livres à bon marché même si ce sont
des livres que l'on veut de qualité, mais qu'on produirait à des
prix subventionnés n'est pas nécessairement la seule voie
d'accès à un épanouissement de la culture au
Québec.
Il y a dans tout ceci pas seulement le problème de diminuer la
qualité, mais il y a aussi le problème que l'on retrouve souvent,
selon les méthodes utilisées, en voulant aider un secteur, de lui
nuire d'une autre façon. J'ai l'impression que, dans une certaine mesure
et là-dessus, le ministre aura probablement un autre point de vue
et je le comprendrais dans les domaines des mesures qui ont
été appliquées à l'aide à la librairie, par
des politiques qu'on a imposées aux établissements publics, dans
le domaine, par exemple, des bibliothèques universitaires,
collégiales et scolaires, on n'a pas eu seulement de bons effets.
Beaucoup de gens se sont plaints, et, je pense, à juste titre,
des implications de ces politiques, au niveau des consommateurs; ce n'est pas
entièrement un bienfait, cela a pu faciliter la survie de certaines
librairies, cela a pu faciliter l'épanouissement de certains
éditeurs au Québec, mais cela a eu aussi des retombées
négatives à certains égards, surtout du point de vue des
consommateurs.
Je pense qu'il y a dans toutes ces interventions, M. le
Président, des arbitrages qui sont délicats, qui sont importants.
Il y a, enfin, le danger de polarisation de toute l'activité de
production de biens et de services culturels, autour d'une espèce
d'entreprise d'Etat, qui peut facilement devenir comme une espèce de
conglomérat des activités culturelles, parce que c'est une somme
très importante, dans le milieu culturel, qu'une mise de fonds de $10
millions.
Je ne suis pas d'accord avec le ministre des Communications, quand il a
utilisé le mot "modeste ' dans ce contexte. Il faudrait voir, pour
évaluer si c'est modeste ou pas, et ne pas comparer les $10 millions au
nombre de milles d'autoroute qu'ils pourraient construire, parce que ce n'est
pas là le véritable problème; cette société
ne construira pas des routes ni des chemins de fer, elle va être dans le
domaine de l'édition et, dans le domaine de l'édition, $10
millions, cela peut être un très gros chiffre; même si, pour
la construction des routes, c'est un tout petit chiffre. Je n'ai pas de
statistiques ou de renseignements quant à la question de savoir quelle
est la taille, en termes de capital, de capital-actions des
sociétés culturelles existantes. Mais j'ai l'impression que, pour
les maisons d'édition de disques ou d'édition, à plus
forte raison les autres, les métiers d'art, etc., on n'en parle
même pas, mais, même pour ceux qui ont une certaine activité
commerciale de type industriel assez bien organisée, $10 millions, c'est
un chiffre qui va les faire pâlir d'envie, dans un certain sens,
pâlir de concupiscence peut-être aussi jusqu'à un certain
point, mais pâlir aussi d'inquiétude, parce qu'ils vont se dire:
II faut être du bon bord dans cette histoire pas dans le sens
partisan, je ne veux pas imputer de motifs mais, supposons qu'il y a
plus qu'une société d'édition de disques au Québec
je pense que c'est peut-être une hypothèse
vérifiable est-ce que le ministère, dans l'application de
sa loi et je dirais même la société, d'après
sa charte constitutive devra respecter ou s'attachera à respecter
des règles d'impartialité rigoureuses? (22 h 50)
La Société d'édition de disques, qui aura l'appui
de ce mécène puissant, de cet investisseur bien nanti que
constituera la SODIC, aura une grande facilité à obtenir des
contrats des artistes les plus réputés parce qu'on pourra leur
offrir des choses vraiment plus intéressantes que...
Le Vice-Président: ... s'il vous plaît. M. le
député de...
M. Picotte: Je m'excuse, M. le Président. Nous n'avons pas
quorum et je demande le quorum.
Le Vice-Président: Attendez que je prenne le temps de
compter. Je constate qu'il y a quorum et j'en profite pour souligner qu'il ne
reste que quelques secondes à M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je conclus, M. le Président. Je disais que,
dans l'utilisation de ces sommes, il sera important de ne pas favoriser, ne pas
rompre l'équilibre qui doit exister entre différentes
sociétés. Autrement, si ceci n'est pas respecté, on verra
un déclin des industries culturelles et non pas une progression, parce
qu'il est bien sûr qu'à l'exception de ceux qui sont
privilégiés, qui sont dans le "inner circle" de la
Société de développement des industries culturelles, la
survie, le salut ne sera plus possible. $10 millions, c'est une somme immense
dans ce secteur, une somme qui est de nature à pouvoir
débalancer.
On ne trouve pas dans le projet de loi, M. le Président, des
restrictions, des indications suffisamment précises pour empêcher
que la société, peut-être avec la meilleure intention du
monde, n'intervienne de manière intempestive dans un domaine qui est
délicat et dont les actions pourraient avoir, si elles ne sont pas bien
mesurées, des répercussions malheureuses, contrairement aux
intentions du ministre.
Merci.
Le Vice-Président: Un instant! J'ai vu deux
députés. Selon l'opinion que j'ai déjà
donnée au sujet de l'article 92, je vais donner la parole à M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je ne veux pas
intervenir longtemps pour allonger inutilement le débat. J'ai
constaté tantôt que l'argumentation de l'Opposition officielle,
tout comme celle de l'Union Nationale, s'est faite autour de deux axes
principaux. D'abord, essayer de se poser un certain nombre de questions sur la
liberté d'expression qui pourrait être entravée ou
affectée éventuellement par la création de cette
société d'Etat et, deuxièmement, l'outil lui-même
qui constitue une société d'Etat, c'est-à-dire de mettre
en doute la pertinence du moyen retenu par le gouvernement pour insuffler un
dynamisme nouveau dans le domaine des industries culturelles.
Je pense qu'il faut peut-être essayer de ramener le
problème à sa source. D'abord, on constate et le livre
blanc a été là pour nous l'indiquer, pour nous le
préciser avec plus d'acuité qu'actuellement, au
Québec, on a une culture, c'est-à-dire des modes de vie, des
façons particulières de penser, d'agir, de se comporter et aussi
de créer qui sont souvent, malheureusement, empruntés. Donc, on a
une culture affectée, malade et, on pourrait aussi utiliser le terme,
une culture en bonne partie colonisée.
Depuis 1960, on s'est rendu compte qu'il y a un dynamisme nouveau qui a
fait surface au Québec dans le domaine culturel. Les gens ont pris
conscience de ce problème culturel, de ce problème d'une culture
affectée dans différents domaines de notre vie collective et des
gens ont entrepris, que ce soit dans le domaine du disque, que ce soit dans le
domaine de la littérature, dans le domaine de la création
musicale, du spectacle on pourrait prendre l'article 4 du projet de loi
et énumérer tous les domaines pour s'apercevoir qu'il y a eu un
progrès considérable des gens ont recommencé
à créer des choses, à inventer des modes de comportement,
des façons particulières de s'exprimer qui sont maintenant plus
adaptées à ce qu'on est, comme peuple.
Ces gens qui créent, qui sont engagés dans la production
culturelle ont à faire face à un certain nombre de
problèmes, à une concurrence étrangère qui est
difficile et je regardais, la semaine dernière, à la
télévision privée, un débat de presque deux heures
sur le problème du cinéma au Québec ont à
faire face, notamment dans ce domaine, à un marché qui est
limité. Cela crée un certain nombre de problèmes. On
pourrait expliciter sur les problèmes qui constituent le faible
marché québécois, les problèmes spécifiques
des industries culturelles, que ce soit dans le domaine du disque, que ce soit
dans le domaine du spectacle, que ce soit dans le domaine de la
littérature, dans le domaine des arts et des métiers d'art. Mais
je pense qu'il n'est pas important, finalement, aujourd'hui, de
s'étendre longuement sur cette question, parce que les gens de
l'Opposition, que ce soit l'Union Nationale ou le Parti libéral, ont
reconnu une chose je pense que c'est important ils ont reconnu,
comme les gens du milieu, c'est-à-dire les gens impliqués dans la
création culturelle, que le gouvernement devait intervenir par le biais
de l'Etat.
En fait, ils ont reconnu et ce n'est pas nous qui avons
inventé cela que le gouvernement, en particulier depuis le
début des années soixante, intervient de plus en plus dans le
domaine culturel au Québec. Mais on se rend compte que les interventions
qui ont été faites depuis 1960 en particulier, ne sont pas
suffisantes. Les interventions traditionnelles dans le domaine de la culture ne
sont pas suffisantes. Les actions législatives, les actions de
réglementation qui ont été faites par le gouvernement
québécois, en fait par les différents gouvernements
québécois, utilisant l'Etat québécois comme levier
d'action, ne sont pas suffisantes. C'est cela finalement qui pose le
problème du projet de loi qu'on a devant nous.
Que fait-on maintenant quand on constate que les actions que les
gouvernements québécois ont utilisées pour essayer
d'insuffler un dynamisme nouveau, pour essayer de soutenir la création
culturelle, n'ont pas été suffisantes? Que fait-on maintenant,
pour essayer de donner un dynamisme nouveau? Que fait-on maintenant pour
soutenir plus adéquatement, à la demande même des gens qui
sont impliqués dans ces différents domaines de création
d'activités culturelles?...
Au fond, à partir du moment où on s'entend sur le fait que
l'Etat intervient, que le gouvernement intervient par le biais de l'Etat et
qu'il intervient déjà, il pourrait le faire d'une façon
plus accentuée et ce de trois façons. Il pourrait décider
d'abord de devenir le seul maître d'oeuvre de la culture ou de la
production culturelle. Cela se fait dans certains pays. Je n'ai pas
l'impression que
personne au Québec, et personne ici non plus dans cette Chambre,
soit intéressé à voir le gouvernement ou les gouvernements
utiliser l'Etat comme le seul maître d'oeuvre de l'activité
culturelle et de la production culturelle.
Le deuxième moyen, qui pourrait être celui d'un
gouvernement qui décide d'intervenir plus énergiquement, pourrait
être à la façon d'un témoin, comme cela se fait, par
exemple, dans certains secteurs industriels classiques. Par exemple, quand le
gouvernement a décidé d'intervenir dans le secteur de l'amiante,
il n'a pas décidé de participer d'abord avec d'autres
sociétés, il a décidé d'intervenir comme
témoin en utilisant une entreprise et en essayant, par cette entreprise,
tout comme dans le domaine de l'acier avec SIDBEC, de créer un
dynamisme, une concurrence et un souffle nouveau.
Il y a le troisième choix et c'est celui qui a été
retenu par le ministre des Affaires culturelles et par le gouvernement, celui
de faire en sorte que le gouvernement, l'Etat, d'une certaine façon,
devienne participant actif des ressources et des initiatives privées
dans le milieu culturel. S'il y a un secteur ou s'il y a un domaine où
on reconnaît tous ensemble qu'il faut finalement laisser à
l'initiative individuelle le soin de s'exprimer, c'est bien le domaine
culturel. Mais ce qu'on constate aussi, c'est que depuis un certain nombre
d'années, d'une façon de plus en plus accentuée, les gens
ont demandé aux différents gouvernements de devenir un
participant à côté d'eux de la création culturelle
et des industries culturelles.
C'est dans ce sens, finalement, que le gouvernement a
décidé de créer une société d'Etat. On a
laissé entendre tantôt que c'était dangereux et que
c'était, d'une certaine façon, inédit, l'intervention de
la société d'Etat dans le domaine culturel. Ce qu'on semble
ignorer, de ce côté de la Chambre, c'est que ce n'est pas nouveau.
Depuis un certain nombre de mois et on n'a pas attendu que
l'expérience dure indéfiniment le gouvernement a
utilisé une autre société d'Etat pour intervenir dans le
domaine culturel. Il existait déjà la Société de
développement industriel.
Mme Lavoie-Roux: II y a une grosse différence. (23
heures)
M. Charbonneau: Je m'excuse, Mme le député de
L'Acadie, c'est moi qui ai la parole, je ne pense pas vous avoir interrompu
tantôt.
Donc, la Société de développement industriel
était intervenue dans le domaine culturel. Le problème, c'est
qu'on s'est rendu compte qu'elle n'avait pas l'expertise pour agir
adéquatement dans ce secteur-là, tout comme on s'était
rendu compte, sous l'ancien gouvernement, que dans le domaine agricole, la
Société de développement industriel n'avait pas, non plus,
l'expertise. C'est pour cela qu'on a créé SOQUIA, parce que l'on
considérait finalement que, dans certains secteurs, il fallait avoir une
expertise particulière pour soutenir l'action d'une
société d'Etat engagée d'une certaine façon dans
une banque d'affaires ou dans la fourniture de capital pour la production de
biens et services.
C'est dans ce sens-là, finalement, que le ministre des Affaires
culturelles a décidé que la meilleure façon d'intervenir,
compte tenu des expériences qu'on avait tentées avec la SDI,
compte tenu également du passé, c'était là aussi de
créer une société d'Etat du type de la SDI et du type de
SOQUIA, particulièrement pour les entreprises à caractère
culturel.
Ce que la SODIC va faire finalement, c'est de fournir du capital-actions
en laissant malgré tout l'initiative majeure à l'entreprise
privée, en laissant malgré tout, aux différents secteurs
impliqués localement, le soin d'avoir d'abord le rôle moteur.
Ce sont d'abord les gens dans le milieu qui vont décider des
projets. C'est eux qui vont soumettre leurs projets comme cela se fait dans les
autres secteurs industriels, comme cela se fait dans l'agriculture. Les projets
viennent d'abord du milieu, ils ne viendront pas du gouvernement, sauf que
maintenant, l'Etat aura un outil pour intervenir et soutenir, d'une
façon particulière, les industries culturelles, compte tenu que
le principal problème dans ce domaine-là, c'est le fait qu'il
manque de capital et qu'il y a des risques énormes.
Pourquoi l'Etat intervient-il de cette façon? C'est que l'Etat,
s'étant rendu compte, depuis un certain nombre d'années, que les
gens dans l'entreprise privée et dans le secteur privé n'avaient
pas été capables de produire suffisamment de capital de risques,
veut simplement faire en sorte que les sociétés, les entreprises
à caractère culturel, réussissent elles-mêmes,
à s'en sortir sans son intervention. Donc, ce que le gouvernement,
l'Etat fait, c'est de dire: Comme il manque du capital de risques, comme les
secteurs privés n'ont pas cru bon, pour toutes sortes de raisons et
probablement parce que les risques sont trop élevés, d'intervenir
dans ce domaine-là pour régler le problème, alors
finalement, on a décidé de créer une société
qui jouerait ce rôle-là, comme d'autres sociétés
d'Etat jouent des rôles similaires dans d'autres secteurs
industriels.
Je termine sur cela, Mme le Président, pour dire que ce n'est pas
sorcier, que l'expérience des sociétés d'Etat qui
soutiennent l'activité de l'entreprise privée est une tradition
au Québec depuis un certain nombre d'années. Ce n'est pas nous
qui avons inventé ce modèle particulier d'interventions de
l'Etat. Les gouvernements qui nous ont précédés ont mis au
point ces moyens d'interventions. Ce que l'on fait simplement, c'est de
continuer dans la même voie, en se rendant compte que l'Etat, pour les
Québécois et pour le peuple québécois, est le
premier instrument collectif de développement surtout pour un petit
peuple de 6 millions qui doit faire face à un manque de ressources,
à un petit marché et à un problème de
contrôle étranger dans bien des secteurs. Merci, Mme le
Président.
Mme le Vice-Président: M. le ministre...
M. Raynauld: On m'avait reconnu tout à l'heure...
Mme le Vice-Président: J'avais pourtant bien
regardé, M. le député d'Outremont, mais... Allez-y
donc!
M. André Raynauld
M. Raynauld: Je m'excuse, je serai très bref. Je voulais
simplement soulever deux problèmes relatifs à ce projet de
loi.
Le premier est vraiment un problème de procédures, un
problème qui s'applique à la façon dont on aborde les
problèmes et la façon dont on les fait examiner par
l'Assemblée nationale.
Lorsque l'on propose à l'Assemblée nationale de
dépenser des fonds publics, on les soumet à toute une panoplie de
contrôles, une panoplie de débats au sein d'un Parlement comme
celui que nous avons ici, et il y a des procédures de prévues
pour ces choses, il y a l'étude des crédits, il y a des
commissions parlementaires, il y a toutes sortes d'étapes dans l'examen
des dépenses qui sont proposées par un gouvernement, ce qui
permet à une Opposition de se prononcer sur la validité de ce
genre de dépenses, et il y a un jugement qui est fait de la part non
seulement du gouvernement mais de l'ensemble des parlementaires sur le
bien-fondé d'une dépense qui peut être proposée par
le gouvernement.
On a pris l'habitude, depuis quelques années, de s'en remettre
à des structures qui sont, en quelque sorte, un substitut à cet
examen des crédits publics. Cette substitution que l'on fait est un truc
extraordinaire, parce qu'avec un projet de loi comme celui-ci, par exemple, la
création d'une société d'Etat, on dit simplement: Le
gouvernement va investir $10 millions et on nous demande, à nous,
parlementaires, de signer ce chèque de $10 millions avec, en plus, des
pouvoirs d'emprunt qui sont prévus à des articles
ultérieurs. On nous demande vraiment de voter une dépense, de
voter une utilisation de fonds publics sans qu'on ait eu à peu
près aucune occasion de discuter du bien-fondé de cette
dépense, de discuter des objectifs, de discuter des projets qu'on peut
avoir, ce qui serait tout à fait inadmissible, s'il s'agissait de
crédits à voter au cours d'une année.
Là, il y a un hiatus dans les procédures parlementaires,
d'une part, mais il y a, en plus, je pense, une volonté qu'à
travers des organismes comme celui-là on puisse, en quelque sorte,
passer à côté des mécanismes de contrôle
parlementaire de ressources financières qui sont, en fait, des
ressources appartenant au point de départ aux contribuables. Dans ce
cas, même si on voulait favoriser la culture et les industries
culturelles, il me semble qu'avant de voter une dépense et un engagement
de $10 millions, on aurait droit à un peu d'information. Il me semble
qu'on aurait droit à une stratégie d'ensemble de la part du
gouvernement, qui viendrait nous convaincre, nous, comme parlementaires, du
bien-fondé de cette dépense.
Là, on vote cela à l'aveuglette et, bien sûr, ce
n'est pas la faute des gens qui sont ici ce soir, probablement, mais on nous
présente cela en plus à la fin d'une session comme s'il
s'agissait d'une question urgente, qu'il fallait absolument régler dans
une journée ou deux jours, lorsque ce problème fondamental est un
problème permanent. Qu'est-ce qui nous oblige à passer outre
à des procédures qui nous permettraient de nous mettre dans le
coup, nous, comme parlementaires, et d'attendre qu'on se donne le temps de
faire ce genre d'examen ensemble et que, ensuite, on en arrive à
proposer des engagements financiers de l'ordre de celui qui nous est
proposé ce soir.
C'est ce premier aspect qui me déroute, d'une part, et qui, je
trouve, est devenu une espèce de truc, quand on dit: On n'a plus besoin
maintenant de définir des politiques à l'Assemblée
nationale, on confie ces politiques à des organismes extérieurs,
comme cette société, et on dit: Cette société va
définir ces projets, va définir ces programmes et l'argent sera
engagé en bloc ici et ensuite sera engagé progressivement dans
chacun de ces projets. Je pense, encore une fois, que si on veut obtenir la
collaboration d'une Opposition officielle dans un tel cas, il me semble qu'il
faudrait fournir à cette Opposition officielle les
éléments de politique fondamentale, les grandes orientations de
cette politique, d'une façon beaucoup plus précise que cela n'a
été le cas jusqu'à maintenant. C'est mon premier point.
(23 h 10)
Le deuxième, c'est que, lorsqu'il s'agit d'une
société d'Etat, nous faisons face à une dynamique qui rend
à peu près inévitables des engagements successifs toujours
accrus de la part de l'Etat et ce sont des engagements dans lesquels on
s'enferme dans une espèce de... en tout cas, dans des limites telles
qu'on ne peut plus s'en sortir. On est amené progressivement à
prendre des engagements supplémentaires qu'on n'avait pas prévus
au départ, parce que ce sont des investissements essentiellement et non
pas des financements de dépenses récurrentes. On investit des
fonds. Une fois ces fonds investis dans des entreprises qui sont plus ou moins
rentables, qui ont des problèmes, qui ont des succès, cela
inévitablement nous amène à engager des fonds
supplémentaires. Cela a été l'histoire de toutes les
sociétés d'Etat au Québec. C'est l'histoire d'à peu
près toutes les sociétés d'Etat dans le monde.
On dit au départ: Non, on ne fera pas d'engagements
supplémentaires. C'est $10 millions qu'on vous demande. Mais, en
réalité, ce ne sont pas $10 millions. Cela ne peut pas être
$10 millions. Un engagement comme celui-ci, si c'est une société
d'Etat, ce sont $10 millions plus toutes les sommes qui seront
nécessaires pour rentabiliser le premier investissement. Dieu seul sait
quelles seront ces sommes qu'il faudra engager, parce qu'encore une fois, on
sera engagé dans une dynamique de laquelle on ne pourra plus sortir.
On l'a vu avec la SGF. On le voit. On l'a discuté. On a eu un
débat et une commission parlementaire. On le voit avec la SGF. Qu'a-t-on
dit au départ? Avec la SGF, on a dit: Nous allons prendre des parts
minoritaires dans certains sec-
teurs. Nous allons associer le secteur privé. Nous allons
parce que c'est indispensable, cela fait partie de la philosophie du
gouvernement associer le secteur privé au développement
industriel et cela, pour la première fois. Que nous dit l'histoire
après coup? Une bonne intention. Elle nous dit: C'était
peut-être une idée généreuse, mais cela n'a pas
fonctionné. Encore une fois, ce n'est pas à cause de la mauvaise
volonté du gouvernement, mais cela n'a pas fonctionné. Pourquoi
cela n'a-t-il pas fonctionné? Parce que ces partenaires privés
veulent de la rentabilité. S'ils placent $100 dans une
société, ils veulent avoir au moins l'équivalent de ce que
pourrait leur rapporter une obligation d'épargne. Quand ils se sont
aperçus à l'intérieur de la SGF, sur une base de sept ou
huit ans, que ce rendement était nul ou négatif à un
moment donné, ils ont demandé au gouvernement de pouvoir se
retirer de la SGF et la SGF est devenue une société d'Etat
à part entière.
Aujourd'hui, on recommence dans un secteur nouveau. On nous dit: Ne
craignez rien. Nous voulons associer le secteur privé. Nous voulons
soutenir des entreprises existantes. Nous voulons essayer d'épauler les
efforts qui sont faits à l'heure actuelle dans le domaine culturel.
Encore une fois, excellente intention, mais nous savons également que,
dans ce secteur encore plus que dans d'autres, les risques sont très
élevés. On n'a pas besoin d'avoir d'autre preuve que la raison
d'être même de cette société. Pourquoi veut-on cette
société? Parce que, dans le domaine culturel, les entreprises
existantes ne peuvent pas obtenir les capitaux nécessaires à leur
expansion. Elles ne peuvent pas les obtenir parce que c'est un secteur
où les risques sont très élevés. Et, parce que les
risques sont élevés, ces sociétés peuvent bien se
présenter devant les banques, peuvent se présenter même
à la Société de développement industriel, peuvent
se présenter devant les caisses populaires, peuvent se présenter
devant à peu près n'importe quelle institution financière
et elles se voient refuser les engagements de capitaux nécessaires
à leur expansion.
Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire qu'on crée une
société qui va faire face exactement aux mêmes conditions.
Par conséquent, cette société va également
être dans un secteur concurrentiel, un secteur risqué, un secteur
où les rendements seront volatiles, pour ne pas dire négatifs. A
ce moment-là, que va-t-il arriver? Le gouvernement aura pris des
engagements, aura peut-être acheté une part minoritaire d'une
entreprise X ou d'une entreprise Y.
Il va être amené, pour rentabiliser cet investissement,
à faire d'autres investissements. C'est normal, c'est toujours comme
cela que cela se passe. A ce moment-là, nous n'aurons pas le choix de
nous retirer puisqu'on aura à perdre des investissements
déjà faits et on voudra à tout prix sauvegarder les
placements que le gouvernement aura faits à ce moment-là.
Malheureusement, les sociétés d'Etat ont un défaut
énorme. Il y a disproportion entre les ressources de ces
sociétés d'Etat qui puisent dans le fonds consolidé de la
province et les pauvres entreprises privées qui, elles, doivent
emprunter sur un marché concurrentiel, doivent payer les taux
d'intérêt du marché, doivent obtenir un rendement pour
continuer à exister. A cause de cette disproportion entre les
sociétés, ces sociétés publiques font le vide
autour d'elles; c'est inscrit dans la dynamique également de ces
sociétés d'Etat. On l'a vu avec SIDBEC, on le voit même
avec plusieurs autres sociétés que nous avons ici. Ce sont des
sociétés qui absorbent et assimilent à peu près
tout ce qu'elles touchent parce que, là encore, c'est la logique du
système qui fait cela. Elles sont incapables de rester neutres devant
des sociétés. Elles font des participations, elles font des
placements, elles s'engagent dans des investissements. L'expansion de ces
entreprises exige des mises de fonds supplémentaires et si elles
réussissent, surtout si elles réussissent bien, elles vont faire
le vide. Si cette société s'engage, par exemple, dans
l'édition, je peux prévoir facilement que les maisons
d'édition existantes vont disparaître à terme; elles vont
disparaître à terme. Si cette société se lance dans
la fabrication, dans la distribution des disques, la même chose va se
produire.
Dans le domaine culturel, c'est peut-être encore plus dangereux
que dans d'autres parce que je dirais qu'une caractéristique de ce
secteur, c'est que les sociétés privées existantes sont
des sociétés vulnérables. Je ne pense pas qu'il existe
dans ce domaine des sociétés très fortes, des
sociétés qui puissent résister aux aléas d'une
industrie qui, il faut bien le dire, est une industrie qui n'est pas toujours
rentable à cause des produits et des services qui sont rendus. Si on a
été capable de voir des sociétés comme SIDBEC faire
le vide autour d'elles dans une industrie comme l'acier, qu'est-ce qui va
arriver dans le domaine des industries culturelles? Donc, j'ai une très
forte crainte que la création d'une société comme
celle-là conduise progressivement et contre la volonté de ses
promoteurs, j'en suis certain, inéluctablement à une prise en
charge de plus en plus grande de la société d'Etat, de toutes les
activités dites culturelles.
Je pense que personne ne désire un résultat comme
celui-là. Quelles sont les précautions qu'on pourrait prendre? Il
y en aurait probablement, mais ces précautions, malheureusement, ne sont
pas ici. Est-ce qu'on aura le temps de discuter de ces questions qui sont des
questions de fond, des questions vraiment importantes, en commission
parlementaire? Je ne pense pas. Il nous reste la nuit et il faudra passer
à autre chose.
Pour toutes ces raisons, je pense que le gouvernement aurait
été mieux avisé s'il avait peut-être attendu un peu.
Je ne pense pas que cela aurait été la fin du monde s'il avait
attendu un peu avant de passer un projet comme celui-là. Comme je l'ai
dit tout à l'heure, nous mettre dans le coup, voir avec nous ce qu'on
veut faire avec une société comme celle-là, prendre le
temps d'examiner justement les précautions qu'il faut prendre. Je ne
veux pas revenir sur les thèmes que mes collègues ont
soulevés tout à l'heure. C'est un
problème très délicat et très réel,
le danger, dans un domaine aussi sensible que celui-ci, d une mainmise de
l'Etat et, par conséquent, d'une destruction progressive de l'autonomie
dans un secteur comme celui-là, dans un secteur vital où
l'autonomie est absolument indispensable et la faculté d'initiative
aussi. (23 h 20)
Par conséquent, il y a des précautions à prendre.
Est-ce qu'il serait possible que ces précautions aient été
prises, encore dans les circonstances actuelles qu'elles soient prises? Nous,
on ne peut pas en juger puisque le projet de loi, tel qu'il nous est
présenté, ne les comporte pas. Je ne dis pas que le gouvernement
ne veut pas en prendre, je dis qu'elles ne sont pas dans le projet de loi. Par
conséquent, il aurait été très utile que l'on
puisse vraiment prendre le temps d'examiner un projet de loi comme
celui-là, pour qu'on s'engage dans ce programme pour favoriser le
développement culturel au Québec avec toute la lucidité
qu'il faut et avec les implications bien à l'esprit, de façon
justement à ne pas aboutir sur une route qui est complètement
inverse à celle vers laquelle on veut aller au point de départ.
Merci, Mme le Président.
Mme le Vice-Président: La réplique, M. le ministre
des Affaires culturelles.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: Mme le Président, comme nous aurons
l'occasion, dans quelques instants, d'étudier ce projet de loi article
par article, je pense que nous pourrons, à ce moment, reprendre certains
des points qui ont été soulevés par mes collègues
de l'Opposition et clarifier certains aspects, comme ils l'ont
souhaité.
Je dirai quand même d'abord, au député d'Outremont,
que le peu d'information que donne un tel projet de loi, dans le cas
présent, aurait pu être tout à fait compensé par une
lecture, même rapide, du livre blanc sur le développement
culturel. Parce qu'il se trouve de nombreuses pages, dans le livre blanc, pour
expliquer dans quel esprit nous avons envisagé une telle
société. Comme je constate, ce soir, que l'occasion ne lui a pas
été fournie de prendre connaissance de cette partie du livre
blanc, je l'invite à le faire et à se rassurer sur les intentions
du gouvernement.
Je ne peux m'empêcher de souligner que le scénario qu'il a
évoqué pour prévoir les effets de la société
proposée, est un scénario des plus pessimistes. Là aussi,
je pense qu'on pourra en reparler tout à l'heure, mais je suis quand
même un peu troublé de voir jusqu'à quel point le
député d Outremont peut être inquiet d'une intervention
comme celle que nous proposons.
Je constate également que, alors que lui trouve que les $10
millions vont se gonfler rapidement et qu'ils ne seront pas suffisants,
à court terme, son collègue, qui l'a
précédé, a, lui, parlé d'une somme énorme
peut-être même trop, si j'ai bien compris qui allait
débalancer tout le secteur des industries culturelles. Franchement, je
suis obligé de relever cela en deux minutes, si vous me le
permettez.
Je vais vous raconter une anecdote là-dessus; quand j'ai vu
démarrer les sommets économiques sur différents secteurs
d'activité, j'avais demandé au ministre d'Etat au
développement économique s il songeait à en tenir un sur
les industries culturelles. Mon collègue m'avait dit, l'air un peu
moqueur: Vous savez, pour l'instant, on s'occupe des secteurs où le
chiffre d'affaires est d'au-delà de $1 milliard, pour le reste, on y
reviendra après. C'était un peu à la blague et je lui ai
répondu sur le même ton: Combien, $1 milliard? Il m'a dit oui.
J'ai rétorqué: Si le seuil est d'un milliard, on peut en faire un
sur les industries culturelles. J'exagérais un peu, mais pas
beaucoup.
Le ministre des Communications, qui ma précédé tout
à l'heure, a fait allusion au chiffre d'affaires des métiers
d'art actuellement. C'est un dossier qu'il a suivi l'an dernier et je peux lui
dire que le chiffre d'affaires des métiers d'art a doublé depuis
l'an dernier, pour atteindre, cette année, environ $150 millions et le
problème des artisans c est de ne pouvoir produire assez pour rencontrer
la demande.
Plusieurs des artisans que j'ai visités, au salon de
Québec en particulier, m'ont indiqué que plusieurs d'entre eux,
depuis le mois d'août, depuis l'été dernier, refusaient des
demandes, ne pouvaient pas remplir les commandes qu'on leur présentait.
C'est un marché énorme, c'est un marché qui va se
développer rapidement, c'est un marché que nous occupons à
peu près pour 50% de la demande. Avec une intervention modeste, comme
celle du ministère des Affaires culturelles, ces dernières
années, nous avons réussi à provoquer le regroupement des
artisans, les amener, entre autre, à s'organiser des salons qui
fonctionnent sans subvention, parce que l'activité est rentable. Tout se
passe au-delà des prévisions les plus optimistes.
Dans le domaine des industries, comme le livre par exemple, certains
intervenants qui m'ont précédé ont mentionné les
difficultés du secteur; bien sûr qu'il y a des difficultés.
On les a mentionnées sur un ton qui manifeste essentiellement du
pessimisme. C'est vrai que les Québécois lisent peu, mais ce
n'est pas vrai qu'ils lisent moins. Les Québécois lisent de plus
en plus, les statistiques là-dessus sont extrêmement
révélatrices, et les libraires sont venus nous dire, au sommet
sur les industries culturelles, que, somme toute, l'activité du livre ne
se portait pas trop mal, actuellement, encore qu'elle avait besoin d'être
soutenue, parce qu'au niveau de la librairie en particulier, on a
assisté, ces dernières années, devant l'importance du
marché du livre au Québec, à une pénétration
importante de librairies de propriété étrangère.
Nous respectons ces libraires, nous convenons qu'ils doivent avoir accès
à notre marché, nous sommes heureux de les voir faire des
affaires au Québec, mais nous pensons qu'il est important qu'à
côté de ces libraires étrangers, il puisse exister chez
nous des libraires québécois et francophones, pour que le livre
québécois et le livre francophone soient acessibles aux
lecteurs.
On a fait allusion tout à l'heure à certaines
expériences que j'avais dans le domaine du livre; je signale, en
passant, que je n'en ai pas comme libraire, ma femme en a une excellente, mais
je n'ai pas d'expérience comme libraire, j'ai l'expérience de
l'édition que je regrette parfois, que je retrouverai un jour.
Du côté de l'édition et de la librairie
actuellement, au Québec, c'est une progression fantastique. Les
statistiques de lecture des bibliothèques publiques nous montrent
actuellement que le taux de fréquentation augmente en moyenne de 24% par
année. Notre défi, c'est de faciliter la production, c'est
d'élargir le réseau de librairies, c'est d'élargir le
réseau de bibliothèques publiques. Vous pouvez être certain
qu'on en fait des priorités pour les prochains mois et les prochaines
années.
On a fait allusion et mon collègue de l'Union Nationale a
insisté là-dessus, de même que le député de
L'Acadie au cheminement suivi avec le sommet à la
stratégie du sommet, au scénario du sommet. Le
député de D'Arcy McGee a suggéré que certains
participants de ce sommet n'avaient pu prendre connaissance du projet de loi
que pendant une heure avant un vote. C'est possible que cela se soit produit
ainsi, mais je peux vous assurer que, pour la majorité d'entre eux, ils
avaient reçu le projet de loi par la poste, en même temps qu'un
rappel de l'invitation qui leur avait été faite et, au moment de
l'inscription au sommet, on leur offrait, dans l'ensemble de documents qui leur
était remis, une copie du projet de loi. Ils se sont exprimés,
pour la plupart d'entre eux, sur le projet de loi.
Bien sûr, peut-être que certains d'entre eux ont souscrit
à l'idée de voir, disponible pour les industries culturelles, une
somme de $10 millions, c'est bien possible, mais je pense que la
majorité des intervenants et des participants au sommet s'étaient
préparés, avaient consulté leurs associations puisque la
plupart d'entre eux étaient des présidents et des
représentants d'association et ils avaient le projet de loi en main.
C'était d'ailleurs un peu pour cela qu'on avait retardé les dates
du sommet, on avait ajusté notre calendrier pour qu'au moment du sommet,
on puisse leur remettre un vrai document, un document dont avait
déjà été saisie l'Assemblée nationale.
A la fin des réunions du sommet, je ne pense pas que les $10
millions aient surgi comme d'une boîte à surprise susceptible de
rallier les participants. Pour avoir lu le livre blanc, ils connaissaient
déjà notre projet de Société de
développement des industries culturelles et, pour avoir pris
connaissance du projet de loi suffisamment à l'avance, ils connaissaient
également les sommes qui étaient impliquées. Ils en ont
discuté librement et longuement pendant les deux jours et demi du
sommet. On a fait un parallèle entre la SDI et la SODIC. M.
Labonté, le président de la SDI, est venu lui-même
participer à ce sommet et s'expliquer un peu sur les expériences
de la SDI.
Puisqu'on a fait allusion à son diagnostic, je pense qu'il serait
utile de le citer au texte. M. Labonté a dit exactement ceci: "Nous
avons impo- sé notre façon de faire les choses à un
secteur, celui du disque et du spectacle, qui ne savait pas s'y plier. Nous
étions pourtant bien motivés, vous aussi a-t-il dit aux
gens du disque et du spectacle malgré tous ces efforts laborieux,
nous avons manqué le bateau, ou plutôt nous avons fait un "flop"."
(23 h 30)
Ce sont les termes utilisés par M. Labonté, le
président actuel de la SDI, propos qui ont été
rapportés partiellement par le député de L'Acadie. Je
pense que le président de la SDI a été un peu
sévère pour lui-même. Encore que, si on se rappelle les
efforts de la SDI lorsque cette société a hérité de
l'application de la Loi du prêt garanti, je me souviens fort bien, parce
qu'à ce moment, j'étais président du comité
consultatif du livre, que, pendant la première année, la SDI
n'avait pas réussi à garantir un seul prêt. Je prends
à témoin mon collègue ici de l'Assemblée nationale
qui pratiquait à l'époque le métier d'éditeur comme
moi et qui, lui-même, a vu des demandes raisonnables être
adressées à la SDI sans recevoir de réponse. La SDI
n'était pas équipée, je crois, pour recevoir de telles
demandes, elle était prévenue et méfiante contre ce type
d'entreprise, elle était bien disposée, mais c'était un
secteur nouveau. Comme l'a dit M. Labonté, elle a cherché, je
crois, à imposer à ce secteur du disque, du spectacle, du livre
sa façon de faire dans d'autres secteurs de l'activité
économique.
Est-ce que la motivation de la SDI était suffisante?
Peut-être pas. Il n'avait pas tellement insisté pour
hériter des libraires et des éditeurs, comme il n'avait pas
insisté pour recevoir un programme spécial destiné
à l'industrie du disque et du spectacle. Quoi qu'il en soit,
l'expérience du fonds spécial, l'expérience de la Loi du
prêt garanti n'a pas été concluante. Ce sont les gens de la
SDI eux-mêmes qui ont proposé qu'un autre service, une autre
unité, un autre groupe prenne le relais. C'est à ce moment que
nous avons hérité aux Affaires culturelles du programme
spécial d'aide à l'industrie du disque et du spectacle. Nous en
avons fait un laboratoire pour nous, en prévision de ce projet de loi
que nous vous proposons ce soir.
Je pense qu'à la lumière de la réflexion qui est
dans le livre blanc, à la lumière des expériences des
derniers mois, avec ce programme spécial, nous arrivons suffisamment
préparés pour appliquer correctement et heureusement les termes
du projet de loi que nous avons devant nous. Nous sommes de ceux qui croient
que le secteur des industries culturelles, ne doit pas être confondu avec
la culture comme telle; je n'aimerais pas que nous donnions l'impression que
nous ramenons la culture à un élément économique,
un élément industriel. Mais puisqu'il y a là
également activité économique, nous pensons que nous
sommes justifiés de nous y intéresser.
Le député de Gaspé l'a rappelé tout à
l'heure, avec un peu de difficulté; aussi je viens à son aide. Il
a fait allusion au fait que nous disons parfois qu'un million investi dans les
industries culturelles
vaut $10 millions investis ailleurs. Nous n'avons jamais osé une
telle comparaison. Ce que nous disons parfois, c'est qu'un million investi dans
les industries culturelles est probablement le million qui rapporte le plus en
termes de création d'emplois, qui rapporte le plus également en
termes de progrès social, de progrès collectif, de progrès
de civilisation. Nous croyons profondément que l'activité des
industries culturelles, qui est une activité de production de l'oeuvre
des créateurs, qui est une activité de diffusion de l'oeuvre des
créateurs, est une activité qui, au-delà de
l'activité économique, permet un progrès de
société, permet à des citoyens d'être mieux
éclairés de se mieux connaître et de mieux saisir les
rouages et les mécanismes de leur société. Nous pensons
que la rentabilité des industries culturelles est énorme, non
seulement sur le plan économique, mais qu'en plus, il y a
énormément de répercussions pour une collectivité,
et une collectivité comme la nôtre ne doit rien négliger
pour assurer son développement et son progrès.
Assez curieusement, on nous dit à nous que la SDI aurait
peut-être pu s'occuper également du secteur culturel en toute
compétence et en toute tranquilité, alors que ce même
gouvernement qui nous a précédés et qui a mis au point la
SDI nouvelle formule, s'était permis, quelques années par la
suite, d'ajouter une société spécialisée pour le
secteur agro-alimentaire. Si le secteur agroalimentaire a justifié le
précédent gouvernement de distinguer cette activité d'en
faire un mandat spécial pour une autre société d'Etat,
pourquoi serions-nous coupables de distinguer également le
caractère spécifique des industries culturelles, leur dimension,
encore une fois, importante sur le plan économique et, en outre, leur
caractère propre?
Le député d'Outremont, sur ce point, avait bien raison
d'indiquer le caractère de risque qui se trouve dans certains types
d'industries culturelles, les difficultés qui caractérisent
certaines d'entre elles, il a eu parfaitement raison de parler de la
méfiance des banquiers à l'égard de ces industries.
Voilà pourquoi nous croyons l'Etat justifié, non pas de faire le
travail à la place des industries culturelles, non pas de les mettre en
tutelle, non pas de les prendre, si vous voulez, sous notre aile protectrice ou
encore d'arriver avec une prise d'actions pour nous rendre majoritaire comme
gouvernement. Ce n'est absolument pas notre intention, c'est déjà
exprimé dans le livre blanc sur le développement culturel; nous
aurons l'occasion d'y revenir tout à l'heure lorsque nous
étudierons ce projet de loi article par article.
Je pense que ces craintes ne sont pas justifiées. Par ailleurs,
la création d'une SODIC est au moins aussi justifiée que
l'était celle d'une SOQUIA alors qu'une SDI existait
déjà.
Assez curieusement on s'inquiète de temps en temps que des gens
qui ne seront pas élus du peuple auront à gérer des
deniers publics, alors qu'ils ne rendent pas compte de leur gestion. En
d'autres moments, on craint l'ingérence du gouvernement dans un secteur
névralgique, auprès de clientèles, comme disait le
député de Gaspé, qui sont déjà fortement
politisées. Je rassure tout de suite le député de
Gaspé si c'est nécessaire; si ces clientèles sont
fortement politisées, c'est dans le sens qu'elles s'intéressent
à l'avenir du Québec et je peux vous dire qu'il n'y a pas
tellement de clientèles aussi libres et indépendantes au
Québec que celles-là.
Le projet de loi que vous avez devant vous réalise un bon
équilibre entre l'autonomie de cette société et, en
même temps, un contrôle raisonnable par les élus du peuple,
par ceux qui sont responsables devant cette Assemblée, ceux qui
représentent la population du Québec. Nous pourrons voir cela
plus en détails tout à l'heure, mais je crois sincèrement
que le projet de loi, à cet égard, marque un certain
progrès et qu'il réalise un équilibre heureux.
Un de mes collègues de l'Opposition a suggéré que
la création de la SODIC, avec ses $10 millions, pourrait contribuer
à marginaliser les industries culturelles. Je pense que nous sommes en
face d'une situation de fait. Ces industries culturelles sont
déjà marginalisées, sont déjà
traitées à part par les financiers, par les organismes de
financement. C'est justement pour les sortir de cet état de
marginalité que cette société est créée.
Nous voulons leur donner la chance de se développer et de rendre
les services et de remplir les fonctions auxquelles j'ai fait allusion tout
à l'heure.
Le député de L'Acadie a fait siens les propos de M.
Godbout. J'en suis fort aise et je peux lui dire que également, nous
avons fait nous de la Sainte Trinité nôtres les
propos de M. Godbout. Je pense que chacun d'entre nous avons, à
l'occasion du sommet, rappelé l'importance que nous accordions à
la liberté des créateurs, à leur autonomie.
Là-dessus et le premier ministre est venu se joindre
à nous à un certain moment également le ministre
des Finances n'a pas manqué d'y insister. Nous sommes tous d'accord avec
l'Opposition à cet égard.
A l'occasion d'un atelier, des participants se sont également
inquiétés du rôle que pourraient y jouer des
fonctionnaires. Ils ne craignent pas les fonctionnaires, je pense, pour les
mêmes raisons que les hommes politiques, mais, tout de même, ils
représentent un appareil bureaucratique, parfois accusé de
lenteur et de lourdeur, parfois considéré comme moins sensible
à la réalité du milieu, surtout à cette
réalité des petites industries. Ils nous ont demandé
et nous en tiendrons compte tout à l'heure dans les amendements
d'assurer une majorité d'administrateurs, venant directement du
milieu. Nous nous rendrons à ce point de vue. Pour autant, nous ne
croyons pas que nous mettons, que nous livrons la société
à des appétits voraces et inconsidérés de gens du
milieu. Nous pensons que nous trouverons là des gens responsables qui
sauront utiliser au mieux les crédits dont disposerait la
société.
Le député de Gaspé et je terminerai
là-
dessus a souhaité que cette société se
montre généreuse et généreuse
particulièrement à l'endroit des régions. C'est un
thème qui m'est extrêmement cher et je pense que si l'article 24
est maintenu dans les orientations que suggérera à l'occasion le
ministre, pour autant que je serai concerné, il y aura cette suggestion
de s'intéresser aux industries en régions. J'ai
déjà mentionné tout à l'heure que les industries
culturelles, fort heureusement, étaient des industries
décentralisées, des industries qu'on retrouvait sur l'ensemble du
territoire québécois, en nombre insuffisant, bien sûr, avec
une fragilité peut-être, mais, tout de même, elles sont
là et cette société devrait normalement pouvoir contribuer
à les rejoindre là où elles sont et à leur donner
les moyens de se consolider, de prendre de l'expansion et de rendre les
services considérables que nous attendons des industries culturelles.
(23 h 40)
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture de M. le ministre des Affaires culturelles,
relativement au projet de loi no 105, Loi constituant la Société
québécoise de développement des industries culturelles,
sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Raynauld: Sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, conformément à
l'article 122 de notre règlement, je vous demanderais maintenant
d'envoyer ce projet de loi no 105 en commission plénière et, pour
ce faire...
M. Lamontagne: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. !e député de
Roberval, sur une question de règlement?
M. Lamontagne: ... pour le leader adjoint, avant que vous
quittiez votre fauteuil pour la commission plénière...
Le Vice-Président: II n'y a pas encore de motion.
M. Lamontagne: Non, mais il s'apprêtait à la
faire.
Le Vice-Président: Oui, d'accord.
M. Lamontagne: Je voudrais m'adresser au leader adjoint du
gouvernement. A cette heure-ci, je voudrais connaître les travaux de
cette nuit. Chaque corridor a son projet de loi actuellement; je n'ai pu, au
cours de la dernière heure, connaître de la part du gouvernement
ses intentions. Il m'apparaît qu'à 23 h 40, il serait temps qu'il
les donne, avant d'aller en commission plénière, parce que, vous
savez, la commission plénière dure le temps que l'Opposition veut
bien que cela dure; on peut être ici jusqu'à 9 heures demain
matin, selon la bonne volonté du gouvernement. Pour le moment, je lui
demande simplement l'horaire des travaux.
M. Beliemare: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Beliemare: ... parlant sur la motion que vous avez
autorisée, je voudrais simplement dire qu'hier midi, à la
réunion des leaders, il était convenu que le projet de loi no 90
sur le zonage agricole devait avoir terminé ses travaux en commission
parlementaire à 18 heures. Il était entendu aussi
qu'immédiatement après 18 heures, le rapport de la commission
parlementaire serait déposé sur la table par le gouvernement.
J'apprenais par le ministre lui-même, il y a quelques instants, que le
rapport serait prêt d'ici une dizaine de minutes. Je suis d'accord, s'il
est déposé ce soir, qu'on puisse en prendre note et faire la
discussion afin que, demain, il n'y ait aucun problème quant à la
troisième lecture. C'est un volet. Il reste d'autres projets de loi,
nous verrons.
M. Lamontagne: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Roberval.
M. Lamontagne: ... avant que le leader adjoint du gouvernement ne
réponde, s'il n'est pas en mesure de répondre totalement ou
complètement, je lui suggère de prendre quelques instants et de
suspendre pour que l'on sache où l'on ira au cours de la présente
nuit.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire adjoint.
M. Bertrand: M. le Président, tout en maintenant la motion
que j'ai faite tout à l'heure, je suis prêt à ce moment-ci
à suspendre nos travaux pour environ cinq minutes; il est fort probable
que le rapport de la commission parlementaire qui a étudié le
projet de loi no 90 soit prêt à être déposé
dans environ cinq minutes. Dans cet intervalle, il sera sans doute possible
à la fois de voir si le rapport sera effectivement déposé
dans le temps annoncé et, deuxièmement, de donner suite à
la motion que je fais de transformer cette Chambre en commission
plénière pour étudier le projet de loi no 105, et aussi de
donner une réponse satisfaisante au député de
Roberval.
Le Vice-Président: D'accord. Est-ce que vous permettez,
pour qu'on procède dans l'ordre? Il y a une motion conditionnelle
à la suspension. Est-ce que je puis tenir pour acquis que la motion, sa
condition réalisée, est adoptée?
M. Bellemare: Elle sera adoptée en autant qu'on aura la
réponse.
Le Vice-Président: C'est cela.
M. Bertrand: De toute façon, M. le Président, il
n'est même pas tout à fait nécessaire qu'on l'adopte
immédiatement; on pourra revenir tantôt et procéder
à la motion dans les formes.
Le Vice-Président: D'accord, ce serait plus simple. Dans
ce cas...
M. Bertrand: D'accord?
Le Vice-Président: ... sans vote, je suspends ces travaux
pour cinq minutes.
Suspension de la séance à 23 h 44
Reprise de la séance à 23 h 56
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Veuillez vous asseoir.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, j'arrive d'une autre salle.
Est-ce que le vote de deuxième lecture a eu lieu sur le projet de loi
105?
Le Vice-Président: II est adopté sur division, M.
le leader parlementaire. Il y a même eu une motion conditionnelle que
nous n'avons pas retenue, pour déférer en commission
plénière.
M. Charron: D'accord. M. le Président, je propose que vous
quittiez maintenant le fauteuil, que la Chambre se transforme en commission
plénière et que l'on procède à l'étude
article par article du projet de loi qui vient d'être adopté.
M. Bellemare: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le leader parlementaire de
l'Union Nationale.
M. Bellemare: La suspension conditionnelle avait
été qu'au retour on nous donne un peu le programme de la nuit
pour savoir exactement où l'on va se situer. Je pense que c'est à
cette condition qu'on a demandé la suspension pour que le leader adjoint
puisse voir son leader et nous dire le programme qui sera étalé
durant la nuit.
M. Charron: C'est le leader lui-même...
Le Vice-Président: J'ai d'ailleurs mentionné le mot
"conditionnelle".
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: ... qui va vous donner la réponse. Mon
intention est, après l'étude article par article de ce projet,
d'achever rapidement l'étude en deuxième lecture de la loi 108 et
d'ajourner les travaux de la Chambre à demain.
M. Bellemare: Y aura-t-il une commission plénière
pour l'autre?
M. Charron: Non, il n'y aura pas de commission
plénière pour le projet de loi 108 cette nuit.
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Est-ce que cela devient un ordre de la Chambre
maintenant?
M. Charron: M. le Président...
Le Vice-Président: Cela devient une motion qui n'est pas
encore adoptée.
M. Charron:... il n'est pas normal que le menu du soir
fixé par le leader devienne un ordre de la Chambre.
Le Vice-Président: Non. M. Charron: Non.
M. Bellemare: M. le Président, dans le
règlement...
M. Charron: Je vous donne ma parole que je n'ajouterai pas autre
chose ce soir.
M. Bellemare: D'accord. Pour autant que la parole du leader est
donnée, cela vaut sûrement l'ordre de la Chambre.
M. Charron: Ah! Merci beaucoup.
M. Bellemare: Oui, parce que fatigué comme il est
je le sais, j'ai déjà été leader il
mérite sûrement une considération particulière et on
lui fera de bons voeux demain.
Des Voix: Bravo!
M. Bellemare: Je suis d'accord pour accepter le projet de loi 105
en commission plénière, pour terminer l'étude du projet de
loi 108 en deuxième lecture et nous dirons pourquoi et
après cela, nous ajournerons si c'est la volonté du leader.
Le Vice-Président: Je comprends que tout le monde
désire que je descende de ce fauteuil.
M. Beauséjour: M. le Président, juste avant de
descendre de votre fauteuil, est-ce que le leader pourrait m'indiquer s'il y a
la prise en considération du rapport de la commission de
l'agriculture?
M. Charron: Non. J'ai l'intention, M. le Président,
d'appeler demain la prise en considération
du rapport de la loi 90 sur la protection des terres agricoles, dans les
tous premiers articles de la matinée de demain.
Le Vice-Président: Messieurs, je me rends à votre
désir.
La motion est adoptée. Je descends.
Commission plénière
Le Président (M. Cardinal): Nous sommes réunis pour
étudier article par article le projet de loi 105, Loi constituant la
société québécoise de développement des
industries culturelles et j'appelle immédiatement l'article 1. M. le
ministre, avez-vous des commentaires?
M. Bellemare: Avant le passage du rouleau compresseur, je
voudrais savoir, M. le Président, si l'honorable ministre a
lui-même des amendements à apporter au cours de l'étude en
commission plénière de cette loi. (minuit)
Nous n'avons aucune objection de les voir avant afin de faciliter la
tâche du ministre, mais nous aimerions en prendre connaissance
immédiatement pour que l'on puisse, avec nos amendements, faire une
concordance. Habituellement, c'est ce qui se fait au début d'une
commission plénière.
M. Vaugeois: D'accord. M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Oui, M. le ministre.
M. Vaugeois: ... étant donné le climat qui
règne, je pense qu'on va pendre tous les moyens pour assurer
l'efficacité de nos travaux. J'ai ici quelques propositions
d'amendements. J'aimerais bien qu'on procède à un échange
de propositions si l'Opposition a également des projets
d'amendements.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Ecoutez! Nous
pourrions...
M. Bellemare: Si on pouvait voir les amendements du ministre qui
ont été faits à la suite des discours...
M. Vaugeois: D'accord.
M. Bellemare: ... nous pourrions lui dire si on consent à
lui passer les nôtres. On ne voudrait pas que ce soit du copiage.
M. Vaugeois: Bien sûr.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Est-ce que je
comprends, messieurs, que pour faciliter nos travaux et les
accélérer, si c'est possible, l'on accepte que le ministre, non
pas dépose ses amendements au sens juridique du terme, mais les
distribue immédiatement?
M. Vaugeois: II y en a un autre qui va venir oralement tout
à l'heure. C'est un changement de mot.
Le Président (M. Cardinal): A ce moment-là, M. le
leader parlementaire de l'Union Nationale, lorsque vous aurez vu ces projets
d'amendements...
M. Bellemare: J'en prends connaissance.
Le Président (M. Cardinal):... vous me direz si vous
désirez en faire autant.
M. Bellemare: On en a trois.
Le Président (M. Cardinal): En temps et lieu.
M. Bellemare: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. Comme j'ai
appelé l'article 1 et que je constate que déjà M. le
ministre a un nouvel article 1, sinon un amendement à l'article 1, je
lui donne la parole.
M. Vaugeois: M. le Président, je retire ma proposition
d'amendement pour l'article 1.
Le Président (M. Cardinal): Vous en avez le droit, on n'en
a pas encore discuté.
M. Vaugeois: Voilà.
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais poser une question au ministre qui
ne se veut pas ironique; bien au contraire. Je me réjouissais de voir
qu'il le modifiait, présupposant que cela voulait dire
"Société québécoise pour le développement
des industries culturelles". Là, vous laissez le premier nom qui est
'SODIC". Quelqu'un me disait qu'il y a une société je ne
sais pas si c'est mon collègue d'Outremont qui me disait cela qui
a aussi ce sigle-là, mais il s'agit de la Société pour le
développement de l'industrie chevaline.
M. Vaugeois: C'est cela. C'est juste.
Mme Lavoie-Roux: Alors, est-ce qu'il y a un inconvénient
à ce que vous ayez un sigle qui soit, somme toute, le même?
M. Vaugeois: Ecoutez! On a un problème avec cette affaire.
L'habitude s'est déjà prise dans le milieu de parler de la SODIC
pour désigner la Société de développement des
industries culturelles. On a oublié d'ailleurs que le projet de loi
parle de Société québécoise de
développement. Mais l'habitude s'est prise de parler de SODIC ou de
SDIC. Encore là, on oublie le SODIC parce qu'on fait
référence à la SDI et on lui ajoute un C.
Je me dis qu'en ces matières il y a l'usage qui va
établir, si nécessaire, un sigle pour désigner
cette société. On avait pensé proposer la SOQDIC
qui serait, d'après nos vérifications, exclusif. Mais SOQDIC fait
un peu bizarre et SOQUEDIC ne serait pas bien mieux. Alors, laissons l'usage
fixer l'appellation qui sera retenue.
Le Président (M. Cardinal): Si vous me le permettez, M. le
ministre et Mme le député de L'Acadie, pour éviter que
nous ne devenions byzantins à cette heure, je vous dirai que,
étudiant un projet de loi, vis-à-vis du président cela n'a
aucune importance la façon dont on appellera, sous quelque sigle que ce
soit, dans l'avenir ce qui, d'après la loi, s'appelle la
Société québécoise de développement des
industries culturelles. Le reste vient avec l'usage, comme le pont
Jacques-Cartier qui ne porte pas son nom, mais que tout le monde appelle
ainsi.
M. Vaugeois: Le président a dit.
Mme Lavoie-Roux: Comment s'appelle-t-il?
Le Président (M. Cardinal): C'est le pont du Havre.
M. Vaugeois: Le pont quoi?
Le Président (M. Cardinal): Du Havre.
Mme Lavoie-Roux: Bien, merci, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je m excuse, mais... Article 1
?
M. le député de Gaspé.
M. Le Moignan: M. le Président, je ne sais pas si ma
mémoire est bonne, mais quand on parle de SDIC, je me demande s'il n'y a
pas au fédéral un organisme aussi qui s'appelle
"Société de développement des industries culturelles". Je
n'en suis pas certain.
M. Vaugeois: C'est la SDICC à Ottawa.
M. Le Moignan: On peut laisser cela au ministre.
Le Président (M. Cardinal): Alors, c'est oublié.
Est-ce que l'article 1 est adopté?
L'article 1 est adopté: j'appelle l'article 2. M le ministre.
M. Vaugeois: Je pense que je n'ai aucun commentaire à
faire.
Le Président (M. Cardinal): Merci L'article 2 est-il
adopté? Adopté. J'appelle l'article 3. Oui. M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: J'ai déjà indiqué, dans le
débat de deuxième lecture, notre opposition à cette
désignation de la société comme mandataire du
gouvernement. Je sais qu'il y a une bataille de juristes à cet
égard. Je sais que certains juristes indiquent que cette appellation,
cette désignation convient. Nos conseillers juridiques nous indiquent le
contraire et je voudrais proposer que soit biffé le premier
alinéa de l'article 3.
Le Président (M. Cardinal): Vous en faites motion?
M. Goldbloom: J'en fais motion. M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Cette motion d amendement vise
à ce que l'article 3 soit amendé en biffant tous les mots
contenus dans son premier alinéa. C'est exact. M. le
député de D'Arcy McGee? L amendement est recevable. M. le
ministre.
M. Vaugeois: M. le Président, le député de
D'Arcy McGee a bien raison de souligner le rôle des juristes dans cette
formulation. Comme il nous avait déjà prévenu, dans son
discours tout à l'heure, de son intention de contester cette
formulation, j'ai fait des vérifications et nos juristes nous ont
conseillé fortement de maintenir vous vous en doutez bien,
puisque vous-même avez vérifié la question cette
expression. Entre autres, me dit-on, c'est une façon d'assurer à
la société un caractère qui lui permet d'échapper
aux questions fiscales: elle n'aura pas à payer d'impôt, etc.
Je me fie aux juristes du gouvernement en ces matières et je
préférerais maintenir la formulation actuelle. J'ai pris la
peine. M. le député de D'Arcy McGee. de vérifier tout
à l'heure, à la suite de votre intervention.
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous. M. le
député de D'Arcy McGee? C'est pour expliquer que j'ai
déclaré cet amendement recevable parce que vous avez simplement
demandé de biffer un alinéa et non pas de le remplacer totalement
par un nouveau.
M. Goldbloom: C'est cela. M. le Président, je voudrais
expliquer brièvement la raison de notre opposition à cette
désignation. S'il s'agit d'une société d'Etat, sans
capital-actions, dont les membres sont nommés par le gouvernement, cette
société émarge au budget du gouvernement: puisque la
société figure au budget, elle peut être le mandataire du
gouvernement. Ici, il s'agit d une société par actions et la
société, à cause de cela... Il v aurait une
émission d'actions si ma mémoire est fidèle, sans
regarder les articles il y aurait une émission de 100 000 actions
et le seul actionnaire serait le ministre des Finances. A cause de
rémission des actions, la société n'émargerait pas
au budget du gouvernement. C'est là le point litigieux: si la
société n'émarge pas au budget du gouvernement. de par sa
constitution, il nous semble qu'elle ne peut engager quelle-même, qu'elle
ne peut pas être le mandataire du gouvernement, parce qu'elle ne peut pas
engager le Gouvernement.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Vaugeois: Pour être plus précis sur les
consultations que j'ai faites, nos juristes me rappelaient que. par le mot
"mandataire", on indiquait que cette société pouvait agir au nom
du gouvernement et cela précisait un certain nombre de privilèges
et de droits, en particulier au niveau de la fiscalité, de
l'évaluation foncière, de poursuites judiciaires,
d'assujettissement aux lois et, encore une fois, nos juristes me
suggéraient de maintenir la formule. (0 h 10)
Je ne me considère pas comme très compétent pour
aller plus loin dans les explications, mais je pense que je ne serais pas
tellement logique de ne pas m'en remettre à ces savants qui nous
entourent au niveau gouvernemental.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Saint-Laurent, sur la motion d'amendement de M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Lalonde: M. le Président, c'est le député
de Marguerite-Bourgeoys, si vous n'avez pas d'objection.
M. Vaugeois: II y a des savants en face aussi.
M. Lalonde: On reprend une discussion qu'on a eue en long et en
large lors de l'étude de la Loi sur la Société nationale
de l'amiante. On a même eu le bénéfice, à ce
moment-là, d'une opinion juridique, de la présence d'un
conseiller juridique, Me Jules Brière, qui est respecté de tous,
et on n'a pas réglé le problème, on en est resté
comme le ministre le suggère à cette espèce
d'exercice un peu injuste, au fond, parce qu'on cherche le meilleur des deux
mondes.
Le résultat, c'est qu'on a une société par actions,
mais on n'a pas réellement de personnalité juridique
séparée parce que ces biens font partie du domaine public alors
que, normalement, seulement les actions devraient faire partie du domaine
public et les biens de la société faire partie d'un patrimoine
séparé. On essaie ici, pour les fins fiscales comme le
ministre l'a dit à juste titre de triturer un peu la
réalité juridique et d'avoir comme résultat qu'on a une
société par actions qui est une société d'Etat,
mais qui est comme si on n'avait pas de société d'Etat, comme si
c'était, par exemple, SOQUIJ. A ce moment-là, je me souviens, on
avait eu de longues discussions je ne sais pas s'il y avait des
députés qui étaient là on avait fait la
revue de toutes les sociétés, les régies ou les organismes
comme SOQUIJ qui avaient été créés depuis quelques
années, et il y a eu une espèce de tradition qui s'est
établie à l'effet qu'on doive traiter cela de cette
façon-ci.
Nous ne sommes pas d'accord, mais je voudrais simplement dire ceci pour
essayer de ne pas perdre plus de temps inutilement. Toute cette discussion a eu
lieu à cette commission parlementaire et on a eu l'éclairage
nécessaire, on n'a pas été satisfait, mais je pense qu'on
pourrait consulter la transcription des débats de cette commission
parlementaire des Richesses naturelles pour avoir l'examen le plus approfondi
possible que des législateurs, qui ne sont pas des experts, peuvent
faire.
M. Vaugeois: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Vaugeois: Je voudrais remercier le député de
Marguerite-Bourgeoys des précisions qu'il apporte et j'ajouterai que
j'ai consulté, entre autres, la même personne que celle qu'il a
mentionnée, Me Brière qui, évidemment, maintient le
même avis et qui nous a recommandé de maintenir la formulation
comme elle l'est.
Le Président (Mme Cuerrier): Cet article 3 est-il
adopté?
M. Goldbloom: Mme le Président, puisque j'ai
formulé une motion d'amendement, il faudra en disposer. Puisque nous
maintenons notre point de vue, je ne voudrais pas la retirer. Donc, je
présume qu'elle est rejetée sur division; et que l'article est
adopté sur division, parce que nous sommes dissidents.
Le Président (Mme Cuerrier): D'accord. Motion d'amendement
rejetée sur division. Article 3, adopté sur division. L'article 4
est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Non. Un instant! On n'est pas au feu.
M. Vaugeois: A l'article 4, on a un petit amendement oral. Je
m'excuse pour celui-là, j'en avais annoncé un qui serait
oral.
Le Président (Mme Cuerrier): Peut-être
pour-riez-vous présenter votre amendement d'abord, parce que je voyais
beaucoup d'interventions.
M. Vaugeois: Comme le disait le député d'Outremont
dans le débat de tout à l'heure, il y a très peu
d'articles spécifiques à la loi, finalement, c'est une
espèce de loi générale et...
M. Bellemare: Omnibus. Je pensais que votre sous-ministre avait
adopté le mot "omnibus", un jeune homme de Mégantic comme
lui!
M. Vaugeois: Non, car il y a quatre ou cinq articles qui lui
donnent son caractère spécifique. Là, on arrive au 4e
point, qui lui donne son caractère bien spécifique.
Il est allé à la même école que votre
député de Mégantic-Compton, mais...
M. Bellemare: Oui, on connaît bien son père et sa
mère.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous aviez un amendement
à l'article 4?
M. Bellemare: On sait aussi pourquoi il est assis là.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Vaugeois: Je pense que ce serait utile de modifier
l'expression, les mots "arts graphiques " par "arts visuels. ' En utilisant
l'expression "arts visuels," on comprend les arts graphiques, les arts
plastiques et je pense qu'on rejoint une clientèle plus large et on
rejoint également un secteur qui se développe beaucoup
actuellement.
M. Bellemare: Est-ce que c'est à la troisième
ligne?
M. Vaugeois: A la quatrième ligne.
M. Bellemare: A la quatrième ligne où c'est
marqué...
M. Vaugeois: Vous avez du spectacle, de la magnétoscopie,
de l'audio-visuel et nous dirions des arts visuels plutôt que des arts
graphiques.
M. Bellemare: Des arts visuels.
Le Président (Mme Cuerrier): C'est le a).
M. Vaugeois: Article 4a, quatrième ligne.
Le Président (Mme Cuerrier): Voilà, alors cette
motion d'amendement sera-t-elle adoptée?
M. Le Moignan: Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: M. le ministre se souvient très bien que,
lors du sommet, il y a un type qui a fait circuler une motion d'amendement
où il ajoutait les mots après "métiers d'art " "les arts
visuels incluant la sculpture, la peinture et la gravure ' et je pense qu'on
lui avait fait une promesse.
M. Vaugeois: Voilà pourquoi nous proposons de parler
d'arts visuels, parce que les arts visuels comprennent les arts plastiques, la
sculpture, la gravure, etc.
M. Le Moignan: Alors cela englobe tout, à ce moment.
M. Vaugeois: Et également les arts graphiques.
Le Président (Mme Cuerrier): Cette motion d'amendement
à l'article 4 est-elle adoptée?
M. Vaugeois: ... là-dessus, avec le député
de Gaspé.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. M. Le Moignan:
Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Motion d'amendement
adoptée.
Les interventions sur l'article 4, Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question que je voudrais poser au
ministre. Peut-il définir le terme spécificité "?
M. Vaugeois: J'aime mieux le définir que de le
prononcer.
Mme Lavoie-Roux: L'autre est pire, la
compétitivité.
M. Vaugeois: C'est bien beau.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Vaugeois: Ecoutez, je pense bien qu'on se réfère
ici, comme on l'a déjà dit précédemment au fait,
qu'il s'agit de favoriser la création et le développement des
entreprises culturelles québécoises. On fait
référence ici à celles qui sont susceptibles de soutenir
le caractère propre au Québec. Je ne voudrais pas aller plus loin
dans les explications.
Quant au caractère compétitif c'est lui donner un
caractère qui lui permet de rivaliser...
Mme Lavoie-Roux: Cela va, mais votre
spécificité.
M. Vaugeois: Je vais compléter une question parce que je
viens de penser que vous avez comme voisin à gauche, ce qui
m'étonne un peu, le député de D'Arcy McGee; je voudrais
bien faire comprendre que...
M. Lalonde: II n'y a rien d'étonnant.
Mme Lavoie-Roux: Avec des définitions qu'on a
données aux termes québécois à certaines
occasions.
M. Vaugeois: Voilà!
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il faudrait être prudent et c
est pour cela que je demandais des explications.
M. Vaugeois: C'est pour cela que j'allais en donner
davantage.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Vaugeois: D'ailleurs, le député de D'Arcy McGee
tout à l'heure dans son exposé a soulevé à juste
titre que. si les Québécois dans leur ensemble, quand ils
produisent en langue française, se trouvent limités dans un
premier marché qui est assez restreint, cette remarque est au moins
aussi valable pour les minorités au Québec qui sont d'une autre
langue que de la langue française ou de langue anglaise. C'est une
remarque tout à fait pertinente. S'il m'était permis de faire le
lien entre son intervention tout à l'heure et les mots qui sont devant
nous, il ne faudrait pas que ce mot puisse nous permettre d'exclure des groupes
minoritaires québécois; notre définition de
Québécois étant, comme l'a. déjà dit le
premier ministre, des gens qui habitent le Québec et qui l'aiment.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Mercier.
M. Godin: La notion de spécificité c'est tout
simplement par opposition à une reproduction ou une copie. En d'autres
termes tout ce qui est original est spécifique.
Mme Lavoie-Roux: Ce ne serait pas mieux de mettre
l'originalité.
M. Godin: Non, parce que l'originalité pourrait se
référer à une originalité par rapport à des
choses déjà faites ici. La spécificité se compare
à ce qui est fait ailleurs. C'est par opposition à une notion de
reproduction.
M. Bellemare: II peut arriver aussi que dans ce monde où
il y a beaucoup d'originaux, de gens originaux.
M. Godin: ... ici, M. le député de Johnson, vous
êtes un exemple qu'il y en a partout, des originaux.
Une Voix: ... de région.
M. Bellemare: Qui se spécifient là.
M. Goldbloom: En passant par le député de
Mercier.
Mme Lavoie-Roux: ... le député de Johnson. (0 h
20)
M. Godin: Est-ce que le mot "spécificité' vous
cause encore un problème, Mme le député de L Acadie?
Mme Lavoie-Roux: On a tellement insisté...
Dernièrement, on a eu, par exemple, certains spectacles de danse. Il
semblerait que pour accorder des subventions il faut refléter la
"québécitude on est dans les "c", évidemment
au point où cela nuit à la création.
Je voulais bien être bien sûr qu'on n'utilisait pas ce terme
dans un sens trop restreint. Je n'ai pas d'amendements, c'était juste
pour vous le faire préciser et éviter les écueils.
M. Godin: Est-ce que la double précision que nous faisons
vous est utile pour voir ce que nous voulons dire?
Mme Lavoie-Roux: Oui, dans le terme...
M. Lalonde: Un instant! Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Elle est utile, mais je pense qu'elle n'est pas
finale. Dans votre esprit, le mot "spécificité ' veut dire
québécois, mais la loi ne le dit pas. Ce peut être une
spécificité madelinote ou mauricienne; ce peut même
être une spécificité ontarienne.
M. Godin: Je pourrais aller jusqu'à dire, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, que les romans de David Fennario
qui se déroulent dans Griffin-town sont des oeuvres
spécifiquement québécoises. Ces pièces, aux yeux de
certaines personnes, parce qu'elles ne sont pas écrites en
français, ne seraient pas spécifiquement
québécoises.
C'est pour cela que dans notre esprit, "spécificité " est
à la fois vague et précis. C'est tout ce qui est fait ici, en
fait, qui est spécifiquement québécois, par opposition
à ce qui serait une copie de ce qui est fait ailleurs.
M. Lalonde: Oui, mais, Mme la Présidente, je pense que
c'est très clair et je pense que les députés et le
ministre ont tenté avec succès d'enlever tout aspect qui soit
restrictif ou chauvin à cette réalité qu'on a tenté
de décrire par le mot qu'on emploie.
En tentant de nous mettre au-dessus de ce discours, qu'est-ce que le mot
"spécificité ' veut dire? Cela ne veut pas dire
nécessairement spécificité québécoise, de la
façon que vous l'employez dans la loi. La qualité, ce n'est pas
toujours nécessairement québécois, mais c'est une valeur
en soi.
La compétitivité décrit une réalité,
une situation facile à décrire et à cerner. Mais
spécificité ne veut pas dire québécois, je
regrette. Dans une loi, cela ne veut pas dire nécessairement quelque
chose qui reflète une réalité, un effort, une
démarche québécoise. Non. A un moment donné, on
pourrait dire que c'est très spécifique de l'Ontario et qu'on
peut donc considérer que c'est un des objets de la
société, en effet, de contribuer à accroître la
spécificité ontarienne ou américaine.
On ne le cerne pas ici, dans le mot "spécificité' . Je
comprends l'intention, elle a d'ailleurs été très bien
décrite par les députés. Mais on ne le cerne pas en
employant ce terme-là. Donc, c'est au-delà du discours,
strictement. C'est peut-être un peu juridique, ce que je suggère,
mais on est ici pour faire une loi.
M. Bellemare: Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): Est-ce que vous en faites un
amendement, M. le député?
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Non, il a attiré l'attention du ministre sur
le mot... Le commencement de la phrase, à mon sens, le décrit un
peu, mais quand on arrive à la spécificité et à la
compétitivité, on dit: "de contribuer à accroître".
Je pense que le député de Marguerite-Bourgeoys a raison: Ce sera
quoi, si ce n'est pas défini comme il le faut, tel que le dictionnaire
le veut? On va avoir un dictionnaire dans deux minutes et on va vous donner la
description fondamentale du mot spécificité.
On dit: "contribuer à accroître la qualité";
d'accord. Mais quand on arrive, comme le député de
Marguerite-Bourgeoys, à faire les représentations qu'il vient de
vous faire, il a parfaitement tort, il y a un écueil là.
Mme Lavoie-Roux: II a raison, alors.
M. Vaugeois: II faut mettre le b) en relation avec le a).
L'alinéa a) dit: "de favoriser la création et le
développement des entreprises culturelles québécoises';
cela ne pose pas de problème. Deuxièmement, "de contribuer
à accroître la qualité" , comme on l'a dit.
Je conviens avec vous que le terme "spécificité " est
général, parce qu'il peut vouloir dire "originalité".
M. Bellemare: II n'est certainement pas
québécois.
M. Vaugeois: Non, cela peut être régional le
député de Marguerite-Bourgeoys l'a dit mais c'est un
produit de caractère bien régional, soutenu par une entreprise
québécoise. A ce moment-là, elle devra vous avez un
meileur dictionnaire que nous, M. le député!
Une Voix: Le Petit Robert.
M. Lalonde: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... le ministre vient de se référer
à ce que j'ai dit tantôt. C'est vrai que j'ai donné des
exemples du caractère régional de certains produits, mais,
à la fin de mon propos, j'ai aussi mentionné que la
spécificité pourrait avoir une relation avec d'autres
réalités, que ce soit à l'extérieur du
Québec, que ce soit chinois, européen, américain. Il
pourrait y avoir comme le ministre l'a dit tantôt... Il faut lire
le paragraphe b) en relation avec le paragraphe a), parce qu'on parle bien de
la compétitivité, etc., des produits de ces entreprises. Il
s'agit des entreprises culturelles québécoises, mais il se peut
fort bien que les entreprises culturelles québécoises trouvent
très utile et très profitable de faire des produits, par exemple,
chinois, comme on a ici des produits qui sont sur nos marchés, qui sont
faits à Taiwan et sont censés ou qui prétendent
représenter une certaine spécificité même
canadienne, ou même québécoise. Donc, il pourrait y avoir
des entreprises culturelles québécoises qui font des produits
d'une spécificité autre que québécoise, autre que
canadienne, et on se trouverait à donner à la
société, comme à un de ses objets, de contribuer à
accroître cette spécificité.
Il me semble que, si on veut dire "le caractère
québécois", qu'on le dise.
M. Godin: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Mercier et M. le député de Verchères.
M. Godin: ... effectivement, vous faites une distinction qui est
utile. Supposons que les sculptures esquimaudes... Il y a eu une exposition, il
v a quelques années: "Esquimaux, peuple du Québec "; des produits
esquimaux qui seraient copiés et faits à Taiwan, à mon
avis, s'ils étaient importés par une entreprise qui demanderait
de l'aide à cette société, cette entreprise ne pourrait
pas être aidée. Par ailleurs et là je reviens
à votre exemple chinois supposons que la communauté
chinoise de Montréal, sur le modèle des opéras chinois
classiques, fasse une épopée sur les Chinois au Québec, ce
serait une oeuvre spécifiquement québécoise, quoiqu'elle
soit également un classique chinois. C'est pour cela qu'on ne veut pas
donner plus de détails que le mot "spécifique". Il appartiendra
à des êtres humains, qui peuvent se tromper, mais qui peuvent
quand même avoir la sensibilité qui émanera du
ministère, de faire la part des choses entre la
spécificité québécoise et aussi le mélange
que cela peut inclure, comme spécificité.
L'exemple que je vous donnais d'une copie d'une oeuvre esquimaude ou
d'une ceinture fléchée faite à Taiwan, à mon avis,
serait un bon exemple d'une chose qui n'est pas spécifique, même
si cela a l'air québécois. C'est une définition
juridique...
M. Laionde: Mme le Président, je ne suis pas d'accord avec
le député et je vais terminer là mon intervention.
Lorsqu'on contribue à la spécificité, je pense qu'on ouvre
un champ très large qui permettrait justement à la
société de contribuer à accroître, par les moyens
qui sont prévus dans la loi, la production à Taiwan de copies de
produits qui sont, dans leur caractère, spécifiquement
québécois. C'est cela, on ne s'entend pas. Cela prouve au moins
une chose, c'est qu'il y a de la place pour la confusion et de
l'ambiguïté.
M. Godin: C'est pour cela que je dis par opposition à
copie, M. le député.
M. Bellemare: Regardez dans la définition de
spécificité. Vous allez comprendre pourquoi le
député de Marguerite-Bourgeoys a raison.
Le Président (Mme Cuerrier): En attendant, est-ce que M.
le député de Verchères...
M. Charbonneau: Non, Mme le Président, je pense que le
député de Mercier vient de faire l'intervention que je voulais
faire. Pour le moment, cela va.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais demander au
ministre quelle distinction il fait entre spécificité et
authenticité?
M. Vaugeois: C'est très bon, je n'en fais pas tellement.
Je pense que c'est ce qu'on veut dire.
M. Goldbloom: J'aimerais, puisque l'idée vient de me
passer par l'esprit, demander à mes collègues de ce
côté-ci de la Chambre...
M. Vaugeois: C'est bon, l'authenticité. Moi, je l'aime
beaucoup.
M. Goldbloom:... ce qu'ils pensent du mot
authenticité.
M. Bellemare: Très bien.
M. Vaugeois: Je l'aime beaucoup. (0 h 30)
M. Goldbloom: ... ce qu'il penserait du mot
"authenticité".
M. Vaugeois: J'aime beaucoup.
M. Bellemare: Parce que allez couvrir le caractère
original...
M. Lalonde: C'est le caractère original qu'on veut.
M. Bellemare: ... non seulement le caractère original,
mais l'authenticité.
M. Vaugeois: Si, un jour, je peux faire de telles suggestions en
langue anglaise, j'en serai très heureux.
M. Lalonde: Quand vous serez dans l'Opposition, vous tenterez de
les faire.
Le Président (Mme Cuerrier): En faites-vous une motion
d'amendement, M. le député de D'Arcy McGee?
M. Goldbloom: Je ferai volontiers cette proposition, Mme la
Présidente.
Une Voix: Remplacer "la spécificité" par
"l'authenticité".
M. Godin: Faut-il que ce soit appuyé par un membre du
parti ministériel?
M. Bertrand: Non, pas besoin d'être appuyé.
Mme Lavoie-Roux: Non, vous pouvez voter pour l'amendement.
M. Godin: J'aimerais m'associer de près...
M. Lalonde: Malheureusement, l'originalité de la
proposition vient d'ici.
Le Président (Mme Cuerrier): La motion d'amendement est
à l'effet de remplacer "spécificité" par
"authenticité".
M. Vaugeois: Nous n'avons qu'un regret, c'est de ne pas l'avoir
proposée nous-mêmes.
M. Bellemare: Vous aurez à l'administrer.
Le Président (Mme Cuerrier): Cette motion d'amendement du
député de D'Arcy McGee est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Lalonde: C'est de remplacer le mot "la
spécificité" par "l'authenticité".
Des Voix: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Voilà! C'est bien ce
que j'avais dit, M. le député.
M. Goldbloom: J'aimerais maintenant, avec votre permission,
présenter une autre motion d'amendement que je voudrais expliquer
brièvement. Le dernier alinéa de cet article prévoit
l'entrée en vigueur des règlements adoptés en vertu du
paragraphe a) du premier alinéa. Ces règlements portent sur "tout
autre domaine". Il y a une liste de domaines auxquels la société
s'intéresserait et, à la fin, un panier omnibus, "tout autre
domaine déterminé par règlement du gouvernement". Il y a
plusieurs précédents maintenant dans les lois du Québec
où la publication de projets de règlements dans la Gazette
officielle du Québec est suivie d'une période de 60 jours pendant
laquelle l'opinion publique peut en prendre connaissance, et l'entrée en
vigueur du règlement n'arrive qu'à l'expiration des 60 jours,
soit par une deuxième publication dans la Gazette officielle, soit
automatiquement, à la fin de la période de 60 jours, s'il n'y a
pas eu d'objection manifestée.
J'aimerais, avant de préserver formellement un texte
d'amendement, inviter le ministre à commenter l'opportunité
d'introduire dans cette loi un mécanisme de cette nature: une
première publication d'un projet de règlement, une période
de 60 jours pour que l'opinion publique puisse en prendre connaissance et,
enfin, une entrée en vigueur à l'expiration de cette
période.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des Affaires
culturelles.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Mme le Président, pendant que le ministre
consulte je pense que c'est très sage je pourrais
peut-être ajouter à la suggestion du député de
D'Arcy McGee, car cette habitude a été prise il y a quand
même quelques années, depuis que la législation
déléguée a pris une ampleur telle au Québec qu'elle
mérite d'être examinée par la population; c'est une
habitude qui a même été adoptée par le nouveau
gouvernement à certaines occasions, pas toujours. Laissez-moi simplement
mentionner un exemple, la loi 101. La loi 22 prévoyait une
prépublication de 90 jours 90 jours, c'était assez
exceptionnel comme le député de D'Arcy McGee le dit, c'est
soit 60 jours ou même 30 jours qu'on a vus dans certaines lois. Mais,
quand il s'agit d'une loi qui peut affecter une clientèle très
large, on avait tendance à allonger le délai de consultation.
Cette prépublication dans la loi 101, entre autres, a été
très bénéfique, si l'on en juge par l'exercice auquel
s'est livré le gouvernement récemment dans les règlements
concernant les sièges sociaux entre autres. Il y a eu une
publication qui, je crois, a eu lieu au mois d'août quelque part
et quoique cette prépublication était peut-être de moins de
90 jours je crois que c'est 30 ou 60 jours ce n'est qu'il y a
quelques jours que les règlements définitifs ont
été publiés, presque cinq mois jour pour jour après
la première prépublication, le gouvernement s'est donc
livré à une large consultation et je pense que tout le monde en
profite, y compris le gouvernement, qui n'est pas obligé de perdre la
face sur une publication qu'il est obligé, à un moment
donné, de reprendre. Celle-là, la première, n'engage
à rien. C'est une déclaration d'intention qui, de par la nature
même de l'exercice, prévoit qu'on peut changer d'idée sans
perdre la face, premièrement. Deuxièmement, dans ce cas en
particulier, alors que le ministre des Affaires culturelles doit quand
même il faut le reconnaître faire affaires avec une
clientèle bien particulière, une clientèle bien
caractérisée qui affecte un grand nombre de personnes, je pense
que ce serait lui rendre service que cette loi prévoie cette
prépublication.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le leader de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Madame, les arguments qui viennent d'être
employés sont sûrement d'usage dans la tradition parlementaire.
Cependant je dois dire à l'honorable député, qui a
lui-même été ministre dans un gouvernement, qu'une loi
comme celle-là va nous revenir l'an prochain avec des amendements qui
vont être assez contentieux parce que ce qu'on va décider ce soir
et l'application elle-même vont faire que, même s'il y avait des
règlements qui y pourvoyaient, le ministre va revenir avec des
amendements lors de la session de 1979. J'en suis convaincu, Mme le
Président. Alors, c'est un départ, seulement, il n'y a rien de
définitif dans la loi qui est là.
M. Lalonde: Mme la Présidente, puisque les propos du
député de Johnson se rapportent à ma dernière
intervention, je lui dirai que je ne peux pas partager son scepticisme. Je
pense que, comme législateur, lorsqu'on nous propose une loi, on doit
l'analyser le mieux possible. Il est possible, il est fort probable même
que, dans un an, deux ans, trois ans, on la change, mais il me semble que c'est
notre devoir de l'améliorer, telle qu'on nous la présente.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Je poserais une question à ceux qui ont
proposé cette motion d'amendement. Je m'informais tantôt à
savoir qu'entre la décision prise par le Conseil des ministres sur une
réglementation quelconque et la publication dans la Gazette officielle,
il y a toujours une période d'environ trois semaines ou un mois qui s
écoule; entre la publication et la décision.
M. Bellemare: 30 jours. M. Bertrand: 30 jours? M.
Bellemare: C'est cela.
M. Bertrand: Si vous ajoutez à cela une période de
60 jours, cela veut dire que finalement, il y aurait trois mois qui
sépareraient la décision prise par le Conseil des ministres de
l'application du règlement en question. Si on prend, par exemple, un
article comme l'article 20, paragraphe e), où il est dit: "adopter des
règlements concernant l'exercice de ses pouvoirs et sa régie
interne " sa régie interne, entre autres...
M. Lalonde: L'article 4.
M. Vaugeois: Vous le proposez pour larticle 4 seulement.
M. Lalonde: Notre amendement s adresse seulement à
l'article 4.
Mme Lavoie-Roux: Seulement à I article 4. M. Vaugeois:
Ecoutez! Je pense que...
M. Lalonde: Jusqu'à maintenant, c'est I article 4. Le
dernier alinéa de l'article 4 s'adresse seulement à un
règlement du gouvernement qui déterminerait d'autres domaines
d'application.
M. Vaugeois: Si vous l'appliquez là. ce serait plein de
bon sens.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de D
Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... j'ai ici un texte d'amendement que je voudrais
faire distribuer. Vous verrez, M. le Président, pour la bonne
compréhension de cette feuille, qu'il y a d'abord une description
technique des modifications. Mais si on laisse de côté cette
description technique, vous remarquerez que j'ai indiqué, en bas, un
chiffre 2 et, en haut, un chiffre 3. C'est-à-dire que ce qui est
indiqué par le chiffre 2 serait la nouvelle rédaction du
deuxième alinéa; il y aurait un alinéa qui serait
ajouté, qui en serait le troisième et qui est donc indiqué
par le chiffre 3.
M. le Président, finalement, si le ministre et ses conseillers
préfèrent une autre rédaction qui atteint le même
but, je n'ai pas d'objection.
M. Vaugeois: On peut se mettre d accord. Je vais passer votre
proposition à un de mes conseillers. On reviendra là-dessus tout
à l'heure.
M. Lalonde: Cela va.
M. Goldbloom: Parfaitement.
M. Vaugeois: On s'est mis d'accord sur l'intention.
M. Lalonde: On suspend le...
Le Président (M. Clair): II y a consentement pour
suspendre l'étude de l'article 4. J'appelle l'article 5.
Une Voix: C'est en plein cela.
M. Bellemare: II y a un amendement du ministre qui dit que c'est
pour le mieux "au plus..." II dit qu'il va y en avoir seulement deux au lieu
d'en avoir au plus... Je suis d'accord avec cet amendement. Il ajoute les mots
"au plus deux des sept".
Le Président (M. Clair): Je m'excuse, M. le
député de Johnson. Justement, il faudrait d'abord que le
ministre...
M. Bellemare: Oui, d'accord, qu'il le lise.
Le Président (M. Clair): ... annonce officiellement s'il
fait une motion d'amendement à l'article 5.
M. Bellemare: Oui, les nominations.
Le Président (M. Clair): Alors, si vous voulez formuler
votre motion.
M. Vaugeois: II s'agirait de remplacer le premier alinéa
de l'article 5 par le suivant: "Les affaires de la Société sont
administrées par un conseil d'administration de neuf membres, dont un
président et un vice-président. Au plus deux des sept autres
membres sont choisis parmi les fonctionnaires du gouvernement ou de l'un de ses
organismes. " (0 h 40)
La rédaction est peut-être un peu étonnante, car
l'intention c'est que, sur les neuf membres du conseil d'administration, il n'y
en ait pas plus que quatre qui puissent venir de la fonction publique ou des
organismes parapublics. Comme on ne peut pas préjuger du recrutement du
président ou du vice-président, qui pourra se faire dans ou
à I extérieur de la fonction publique, on fait l'hypothèse
que tous les deux seraient pris dans la fonction publique, en plus des sept
autres membres, cela nous donnerait un maximum de quatre. Tel que
rédigé, on ne peut pas avoir plus que quatre personnes qui
viendraient de la fonction publique, on a de fortes chances qu'il y en ait
trois ou même deux, parce qu'il y a des chances que le président
et le vice-président ne viennent pas de la fonction publique. De toute
façon, l'hypothèse maximale, pour le recrutement dans la fonction
publique, telle que formulée, ce serait quatre, ce qui assure une
majorité aux gens du milieu.
Le Président (M. Clair): L'amendement est reçu. M.
le député de Gaspé, sur l'amendement.
M. Le Moignan: Mais, à ce moment-là, d'où
viendraient les cinq autres membres? Viendraient-ils du milieu, d'organismes
qui constituent...
M. Vaugeois: Oui, du milieu.
Le Président (M. Clair): L'amendement est-il
adopté?
M. Lalonde: Excusez-moi, je l'ai mal compris, il n'a pas
été distribué.
Le Président (M. Clair): L'amendement se lit comme suit:
"Remplacer le premier alinéa de l'article 5, par le suivant: Les
affaires de la société sont administrées par un conseil
d'administration de neuf membres, dont un président et un
vice-président; au plus deux des sept autres membres sont choisis parmi
les fonctionnaires du gouvernement ou de l'un de ses organismes ". La motion
d'amendement est-elle adoptée?
M. Bellemare: Oui.
Le Président (M. Clair): L'amendement est adopté
sur l'article 5 tel qu'amendé.
Mme Lavoie-Roux: Un instant, s'il vous plaît, j'aurais une
motion d'amendement.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que le ministre a indiqué
que les autres membres viendraient des organismes du milieu. Je me demande s'il
ne serait pas plus prudent et si le ministre accepterait une motion à
l'effet qu'on ajoute un deuxième alinéa qui pourrait se lire
comme suit: "Toutefois, deux de ses membres sont nommés sous
recommandation des créateurs les plus représentatifs, deux autres
sur recommandation des producteurs, et deux autres sur recommandation des
associations de consommateurs". Parce que comment allez-vous déterminer
ces personnes? Vous dites qu'elles viennent du milieu, mais est-ce qu'il n'y a
pas nécessité de poser certaines balises, surtout dans... Enfin,
qu'ils ne viennent pas tous, par exemple, du milieu de l'édition ou tous
du milieu de la distribution des disques ou...
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie, s'agit-il d'une suggestion ou d'une proposition formelle
d'amendement?
Mme Lavoie-Roux: D'une proposition formelle.
Le Président (M. Clair): Sur la motion d'amendement...
M. Bertrand: M. le Président, pour les fins de travail;
sans être pour ou contre, est-ce que cet amendement de Mme le
député de L'Acadie ne serait pas mieux placé à
l'article 6 qu'à l'article 5?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous avouer, M. le député
de Vanier, qu'on a hésité entre 5 et 6 et, finalement, c'est
à l'article 5 que cela va, on y a réfléchi.
M. Bertrand: Si vous y avez réfléchi, alors je ne
reviens pas à la charge.
Le Président (M. Clair): Quelqu'un désire
intervenir sur la motion d'amendement du député de L'Acadie?
M. Vaugeois: Je vais intervenir. Je pense que tout effort de
réflexion sur la composition du conseil d administration, une fois qu'on
s'est donné les balises suivantes, c'est de s'assurer qu'il n est pas
dominé par des gens de la fonction publique qui, malgré leur
compétence possible même assurée, n'ont pas la
sensibilité qui convient, la sensibilité qui est propre aux gens
des industries culturelles qui sont concernés par cette loi. On ne fait
pas la loi pour se faire plaisir, on fait la loi pour rendre service aux gens
des industries culturelles et il est important que les gens de ce milieu soient
majoritaires au conseil d'administration.
Une fois que ceci est dit, le reste est un exercice qu'il va falloir
poursuivre. Déjà, à la lecture de votre proposition, je
constate qu'il y aurait une difficulté à l'accepter, parce que
vous proposez, au départ: "... deux de ses membres nommés sur
recommandation des créateurs les plus représentatifs... ". Or, la
société ne pourra pas vraiment aider les créateurs, parce
que les créateurs ne constituent pas une industrie culturelle. Comme
vous l'avez indiqué, dans votre allocution, tout à I'heure, il
leur faudrait à eux plutôt une SOFIA. Or, une SOFIA, aussi
longtemps qu'on a le régime constitutionnel actuel où il y a un
Conseil des arts qui occupe pas mal de place pour laide à la
création, je pense que commencer à ajouter au dédoublement
d'interventions... il y en a assez comme cela. On aime mieux composer avec le
Conseil des arts pour l'instant.
Alors, tout de suite voyez-vous... Cela demande une longue
réflexion, cet équilibre. Une chose est sûre, c'est
qu'à partir du moment où on dit qu'il y en aura un minimum de
cinq qui vont représenter le milieu, il faut se donner les moyens d
amener le milieu, lui-même, à pondérer sa
représentation.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, dans l'hypothèse
où je me rendrais aux arguments du ministre, je voudrais quand
même faire remarquer que ce désir que les autres proviennent du
milieu n'est pas indiqué dans l'article 5 tel quel.
M. Vaugeois: Ils ne viennent pas du gouvernement ou de ses
organismes.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé.
M. Vaugeois: On va plaider l'authenticité, en tout
cas.
M. Le Moignan: Est-ce qu'on ne pourrait pas ajouter après
"au moins cinq membres doivent être choisis parmi les groupes les plus
représentatifs du milieu des industries culturelles
québécoises"?
M. Vaugeois: Si vous voulez rédiger cela comme cela, mais
cela ne m'apparaît pas tellement utile, parce que cela ne peut pas
être autrement.
M. Bellemare: On spécifie qui c'est dans votre
amendement.
M. Vaugeois: M. le député, est-ce que cela pourrait
être autre chose? On aurait un peu l'air fou.
Le Président (M. Clair): Mesdames et messieurs.
M. Bellemare: Ils sont nommés pour six ans, n'oubliez pas
cela.
M. Godin: On ne nommerait pas Scotty Bowman.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Mesdames et messieurs, il faudrait d'abord disposer de l'amendement du
député de L'Acadie. Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je maintiens quand même I'amendement.
J'aime mieux qu'on le rejette, si on ne veut pas l'adopter, mais il y a un
principe là-dedans. Il reste que, même si vous allez chercher les
cinq personnes restantes ou les cinq membres restants de votre conseil
d'administration dans le milieu, il faut quand même prendre garde qu'ils
ne proviennent pas tous du même milieu. C'était l'esprit de cette
motion. Si le gouvernement a une meilleure formulation, vous pouvez
comme je le disais tout à l'heure retrouver tous des gens qui
sont dans le même type d'industrie culturelle. Il faut diversifier et
c'est le sens de la motion.
Le Président (M. Clair): Je devine donc que la motion est
reietée sur division.
M. Vaugeois: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Une minute! Vous êtes bien pressé,
M. le Président.
M. Vaugeois: J'aimerais dire que je participe à
I'intention de cette proposition, mais comme il peut arriver que le
président vienne du milieu des producteurs, comme il peut arriver que le
vice-président vienne de l'Association de la protection des
consommateurs, par exemple, à ce moment-là, on se serait un peu
lié pour les cinq autres membres. Accepter cela, ce serait se lier,
s'interdire d'aller
dans ces milieux chercher un président et un
vice-président.
Je pense qu'on est mieux de ne pas se lier de cette façon.
L'important, c'est de s'assurer que le milieu aura la majorité; c'est
l'intention de notre amendement.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que le ministre
reconnaît l'importance qu'il y ait des représentants du milieu des
consommateurs? Cela va demeurer un voeu pieux? Ou est-ce que, dans les
règlements...
M. Vaugeois: Non. D'ailleurs, on a déjà
indiqué cette préoccupation parce que l'Association des
consommateurs du Québec a été invitée au sommet de
l'industrie culturelle et a été représentée,
d'ailleurs, par Mme Pauline Boileau.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: C'est le député de Gaspé.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Suite à l'intervention de Mme le
député de L'Acadie et à l'amendement apporté par le
ministre, la situation est loin d'être claire. On dit: "deux des sept
membres sont choisis parmi les fonctionnaires du gouvernement ou de l'un de ses
organismes" mais on peut encore aller chercher les autres, à la rigueur,
en dehors du milieu. Même si le ministre dit qu'ils vont
nécessairement être pris dans le milieu, il n'y a rien qui le
spécifie dans votre texte de loi.
Si on disait "au moins cinq membres sont choisis parmi les groupes les
plus représentatifs ", que ce soient les consommateurs ou les
coopéra-teurs, on serait assuré qu'il n'irait pas les chercher
ailleurs. Je pense que ce serait une sage précaution.
M. Bellemare: C'est son amendement qui a d'ailleurs
été rédigé par notre parti qui est
déposé maintenant comme amendement.
Le Président (M. Clair): II y a déjà une
motion d'amendement dont il faudrait disposer, soit celle du
député de L'Acadie; il me fera plaisir de recevoir votre
amendement par la suite.
M. le député de Mercier.
M. Godin: Je voudrais vous dire que je ne suis pas loin
d'harmoniser mes pensées avec les vôtres, Mme le
député de L'Acadie. (0 h 50)
Mme Lavoie-Roux: Cela me fait plaisir, ... M. le
député.
M. Godin: Parce qu'il y a un précédent dans ce
secteur qui est celui de l'Institut du cinéma. L'Institut du
cinéma, à ce sommet culturel, a été acclamé
par tout le milieu comme étant une chose qui fonctionne bien.
Mme Lavoie-Roux: C'est vrai cela.
M. Godin: C'est le milieu, divisé en secteurs, qui soumet
des noms au lieutenant-gouverneur ou au Conseil des ministres et c'est à
même ces noms, et pas à l'extérieur, que le gouvernement
choisit les gens. Effectivement, cela assure une crédibilité
très grande à l'Institut du cinéma. Je sympathise avec
cette motion dans l'espoir que le ministre aura une oreille sympathique
à notre harmonisation.
Mme Lavoie-Roux: II faut reconnaître que,
généralement, le ministre des Affaires culturelles est
très ouvert aux amendements. Je ne dis pas cela pour le
convaincre...
M. Godin: Je souhaite qu'il vous entendra.
Mme Lavoie-Roux: ... mais on en a fait l'expérience
à l'adoption de la loi 4 sur les biens culturels, si vous vous
souvenez.
Le Président (M. Clair): Le député de D'Arcy
McGee, à moins qu'on ne soit prêt à disposer de
l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Ecoutez, on est encore à en
discuter.
Le Président (M. Clair): Le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: Je voulais simplement dire ceci, M. le
Président: il me semble que le ministre, en étudiant le projet
d'amendement proposé par le député de L'Acadie, trouve que
le texte est trop restrictif, trop précis. Nous, de notre
côté, nous trouvons que le texte, tel que présenté
dans ce projet de loi, est trop imprécis. Y a-t-il moyen de trouver un
terrain entre les deux où il y aurait une certaine assurance que la
représentativité serait convenable?
M. Vaugeois: Oui, d'accord. Alors: Les affaires de la
société sont administrées par un conseil d'administration
de neuf membres, dont un président et un vice-président. Au plus
deux des sept autres membres sont choisis parmi les fonctionnaires du
gouvernement ou de l'un de ses organismes. Il faudrait introduire
l'idée: en consultation avec le milieu.
Mme Lavoie-Roux: C'est encore très vague. Vous n'assurez
pas l'équilibre, à ce moment-là.
M. Vaugeois: Oui. Ecoutez, on ne peut vraiment pas, à
moins d'entreprendre ce que le député de Johnson suggérait
tout à l'heure, à tous les ans revenir avec la loi et, selon
l'évolution du
milieu, changer la représentation au conseil d'administration.
Tout cela c'est extrêmement mobile et l'importance de ces secteurs,
d'abord il y a plus de secteurs qu'il n'y a de membres au conseil
d'administration, donc chaque secteur propre ne peut pas être
représenté au conseil d'administration et peut prendre de
l'importance. En plus de cela, je pense que le milieu peut, à un moment
donné, si on le consulte, nous dire: On aimerait que telle personne qui
a une expérience de la SDI puisse être là, parce que c'est
une société de financement et en même temps une
société d'initiative. Donc, on pourrait nous faire des
suggestions de personnes qui ne viennent pas du milieu, mais qui ont une
expérience d'une société d'Etat ou qui auraient une
expérience d'une série d'interventions en milieu culturel comme
banquier, par exemple. On le fait pour les conseils d'administration des
régies du Grand Théâtre ou de la Place des Arts, les gens
mêmes du milieu culturel nous suggèrent à un moment
donné d'aller chercher quelqu'un qui a une expérience de
l'administration dans une autre entreprise. On voit cela partout sur nos
conseils d'administration, actuellement, dans le domaine culturel.
On vient d'aller chercher au Théâtre du Nouveau Monde un
ancien ministre des Affaires culturelles, qui n'avait jamais joué sur
les planches, ou seulement à l'Assemblée nationale.
Mme Lavoie-Roux: C'est déjà beaucoup
paraît-il.
M. Godin: II sera peut-être là bientôt...
M. Bellemare: Maintenant qu'on a la télévision, ce
sera encore bien mieux.
M. Vaugeois: II va peut-être revenir.
Mme Lavoie-Roux: Vous allez peut-être avoir un
concurrent.
Le Président (M. Clair): Madame et messieurs je vous pose
la question: Est-ce que l'on est prêt à disposer de la motion
d'amendement?
M. Bellemare: Laissez la réponse au ministre.
M. Vaugeois: Je dois ajouter une chose. C'est qu'au moment du
sommet en plénière, j'ai insisté sur la consultation qui
serait faite avec le milieu tout en leur disant que nous proposerions
l'amendement que nous avons proposé ce soir. On balise pour l'essentiel,
pour le reste, je pense qu'il faut garder une certaine souplesse. Les
préoccupations ont été exprimées; comme le dit
souvent le député de Johnson, ce sera écrit.
M. Bellemare: Si on pouvait disposer de cette motion on pourrait
peut-être considérer celle du député de Gaspé
qui dit, après les mots "administration...
Le Président (M. Clair): M. le député de
John- son, effectivement vous avez raison, il faudrait d'abord disposer de
celle-ci.
M. Bellemare: Oui, d'accord. Mais je vais dire, par exemple, que
l'une ne va pas sans l'autre.
Le Président (M. Clair): Vous avez raison.
M. Bellemare: Je pense que si en la rejetant on rejette la
nôtre, on aurait fait un coup double.
Le Président (M. Clair): Pas du tout.
M. Bertrand: M. le Président, avant de voter sur la motion
du député de L'Acadie, j'aimerais cela comme parlementaire
entendre celle, ne serait-ce que pour l'entendre, que le député
de Gaspé voulait présenter; cela nous aiderait ainsi
peut-être à se fixer par rapport à la proposition de Mme le
député de L'Acadie.
Le Président (M. Clair): De consentement, M. le
député de Gaspé.
Des Voix: Consentement.
M. Bellemare: Après le mot "administration", dans
l'amendement du ministre, ajouter...
M. Le Moignan: On ajouterait au moins cinq membres, qui doivent
être choisis parmi les groupes les plus représentatifs du milieu
des industries culturelles québécoises.
M. Vaugeois: Voulez-vous me dire où est-ce que cela se
mettrait?
M. Le Moignan: Cela arriverait après...
M. Bellemare: Après le mot "administration ".
M. Le Moignan: ... de neuf membres, dont un président et
un vice-président. Je vais vous lire notre motion originale une fois
corrigée: "Les affaires de la société sont
administrées par un conseil d'administration de neuf membres, dont un
président et un vice-président. Au plus quatre fonctionnaires du
gouvernement ou de l'un de ses organismes peuvent être membres de ce dit
conseil d'administration. Au moins cinq membres doivent être choisis
parmi les groupes les plus représentatifs du milieu des industries
culturelles québécoises. "
M. Vaugeois: Cela est bon, sauf que nous serions
empêchés, éventuellement à la suggestion
même du milieu des industries culturelles d'aller chercher une ou
deux personnes qui ont une expérience qui n'est pas tout à fait
celle du milieu, mais qui est appréciée des gens du milieu. Je
pense qu'il ne faut pas se priver de cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: Pour la même raison que celle que vient
d'évoquer le ministre et qui avait, je pense, tantôt, eu tout son
poids, je sentais le député de D'Arcy McGee qui pliait sous
l'argumentation du ministre...
M. Bellemare: Qui ployait...
M. Goldbloom: M. le Président, je prie le
député de Vanier d'interpréter ses propres actes et ses
propres paroles, non pas ceux des autres.
M. Bertrand: II n'y avait aucune méchanceté
là-dedans.
M. Goldbloom: Non, je n'ai pas dit que c'était
méchant, je prends simplement mes précautions.
Mme Lavoie-Roux: II ne plie pas ordinairement.
M. Bertrand: D'accord. J'en fais une suggestion comme cela, parce
que je pense que, même du côté ministériel, on peut,
à l'occasion, suggérer à notre propre ministre un certain
nombre d'amendements. Justement, pour aller dans la même veine,
c'est-à-dire qu'avant de disposer de l'amendement de madame, on puisse
voir ce qu'il y a lieu de faire pour préciser les choses, est-ce qu'il
se pourrait qu'une phrase ainsi libellée puisse être acceptable,
M. le ministre? Je prends la deuxième phrase de l'article 5: "Au plus
deux des sept autres membres sont choisis parmi les fonctionnaires du
gouvernement ou l'un de ses organismes, les autres membres étant choisis
après consultation des représentants des industries
culturelles".
M. Bellemare: C'est en plein notre amendement.
M. Bertrand: Non, parce qu'à ce moment-là cela
permet d'aller chercher des membres du conseil d'administration qui pourraient
venir de l'extérieur du milieu des industries culturelles, mais ils
auraient été acceptés, d'une certaine façon,
moralement, par les représentants des industries culturelles, parce que
le ministre aurait veillé à faire une consultation auprès
de ces représentants des industries culturelles. Par exemple, il
pourrait fort bien arriver que ce soit un représentant du monde des
affaires, dans le secteur de l'entreprise privée, mais, ce nom ayant
été soumis aux représentants des industries culturelles
par le ministre, par voie de consultation, les gens diraient: Tiens, c'est tout
à fait intéressant, ce nom que vous suggérez. Nous, comme
représentants des industries culturelles, on accepterait tout à
fait que ce monsieur ou cette dame puisse agir comme représentant au
conseil d'administration.
Cela ne fait qu'inclure l'idée de consultation auprès des
représentants des industries culturelles, mais cela ne ferme pas la
composition du conseil d'administration aux seuls représentants des
industries culturelles.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Vaugeois: Je pense que je vais traiter tout le monde sur un
pied d'égalité. Je participe aux intentions des trois
propositions d'amendements, mais je pense que les écrire... Chacune
d'entre elles présente un certain nombre d'inconvénients. Je
viens de dire et cela va être écrit que je participe
aux intentions, mais la formulation nous poserait des problèmes.
Restons-en au texte qui est là.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... Le Président
(M. Clair): Mme le député.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve quand même surprenant... On
pourra toujours disposer de ma motion après coup, mais je trouvais
intéressante la nouvelle formulation du député de Vanier.
Je ne sais pas pourquoi cela crée tellement de problèmes au
ministre...
Si vous voulez me laisser finir, M. le ministre.
Alors que, dans une foule de lois, et je pense justement aux lois des
Affaires sociales qu'on a examinées depuis quelque temps, depuis
quelques jours, c'est normal de procéder en consultation avec tel ou tel
type représentatif différents groupes
représentatifs du milieu. Je ne vois pas pourquoi cela
créerait plus de problèmes au ministre des Affaires culturelles
que cela en crée aux autres ministères, d'autant plus que je
pense qu'on serait prêt à se rallier à la proposition du
député de Vanier. (1 heure)
II s'agit simplement d'articuler dans la loi une certaine mise en garde
contre, peut-être, sûrement pas des intentions mauvaises du
ministre mais d'autres ministres qui pourraient le suivre. Mais je pense que,
comme principe général, c'est bon de l'avoir dans la loi.
M. Vaugeois: Est-ce que c'est la même chose du
côté de l'Union Nationale?
M. Bellemare: Oui, oui.
M. Vaugeois: C'est un amendement qui vous comblerait d'aise?
M. Bellemare: Bien sûr.
M. Le Moignan: On est d'accord.
M. Bellemare: On est d'accord, si le ministre...
M. Vaugeois: Si je peux rendre tout le monde heureux!
M. Bellemare: Ah oui! cela, on s'en aperçoit. Le
Président (M. Clair): Alors, avant... M. Vaugeois:
Vis-à-vis de cela... M. Goldbloom: M. le
Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Bellemare: ... d'un autre ministre...
M. Vaugeois: Est-ce que le député de Vanier
relirait son amendement?
Le Président (M. Clair): II faudrait d'abord disposer de
la motion d'amendement du député de L'Acadie.
M. Vaugeois: Juste pour savoir de quoi on parle.
Le Président (M. Clair): D'accord, cela va.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, M. le ministre, si on
enlevait la mienne du chemin ce serait déjà un progrès. Il
me semble qu'elle ne sera pas retenue; je suis prête à ce que vous
la rejetiez officiellement.
Le Président (M. Clair): Alors, la motion d'amendement du
député de L'Acadie est-elle adoptée?
M. Bellemare: Non, non, rejeté.
Une Voix: Oui.
M. Vaugeois: Non.
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Clair): Rejeté sur division.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Bellemare: Notre sous-amendement, si l'amendement
présenté par le député de Vanier est
approuvé, pour une fois, le ministre vient de nous dire qu'il
était bien complaisant pour tout le monde, on va l'être nous
aussi.
M. Vaugeois: C'est que le député de Vanier est de
bonne souche, je ne peux pas oublier cela.
M. Bellemare: Sûrement, et on est bien prêt à
vous appuyer sur cela; il va, un jour, frapper son chemin de Damas aussi.
M. Bertrand: II l'a déjà frappé!
Mme Lavoie-Roux: C'est un pèlerinage douloureux qu'il
fait.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on commence par
permettre au député de Vanier de formuler sa motion d'amendement,
M. le député de D'Arcy McGee?
M. Bellemare: On est rendu là, mais après la
proposition du ministre.
M. Vaugeois: M. le Président, est-ce qu'on ne pourrait pas
d'abord disposer...
Mme Lavoie-Roux: II ne l'a pas présentée
formellement.
Le Président (M. Clair): II ne l'a pas
présentée officiellement.
M. Bellemare: On ne l'a pas présentée, on l'a juste
finie pour qu'elle soit refaite.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Vanier.
M. Godin: Est-ce que je dois comprendre que si le
député de Vanier abandonnait son truc, il n'y aurait pas
d'amendement?
M. Bellemare: Non.
Le Président (M. Clair): Vous seriez dans l'erreur, parce
qu'il n'a pas été formulé.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, écoutez, on a travaillé
de bonne foi.
M. Bertrand: Si j'abandonnais, là, j'ai l'impression que
mon chemin de Damas, ce serait tout de suite. Le député de
Johnson m'a à l'oeil et il ne lâche pas.
M. Bellemare: Pas seulement un oeil, les deux.
M. Bertrand: Sauf, après 20 heures le soir. Alors, M. le
Président, mon amendement serait le suivant: D'ajouter, à la fin
du premier alinéa de l'article 5, les mots suivants: "les autres membres
étant choisis après consultation de représentants des
industries culturelles".
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... j'aimerais suggérer immédiatement
une modification à ce texte. Je trouve que le mot "représentants"
est dangereux. Un représentant doit être choisi; il faut
désigner des représentants. Il serait mieux de dire "après
consultation du milieu des industries culturelles".
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Goldbloom: Le député de Vanier accepte-t-il
cette suggestion sans que j'en fasse une motion formelle de
sous-amendement?
M. Bertrand: Oui, sur ce que dit le député
c'est parce qu'on se parle beaucoup en même temps "les autres
membres étant choisis après consultation du milieu " plutôt
que "de représentants".
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas "représentants", c'est
limitatif aussi.
M. Goldbloom: Ecrivons simplement "du milieu des industries
culturelles."
M. Bertrand: Cela le laisse plus large en même temps.
Le Président (M. Clair): Est-ce qu'on est prêt
à approuver la motion d'amendement du député de
Vanier?
Mme Lavoie-Roux: Une minute, M. le Président, on discute
encore.
Le Président (M. Clair): Je pose la question
simplement.
M. Godin: Pour fins de concordance, est-ce qu'on ne pourrait pas
mettre les mots "entreprises culturelles"?
M. Bertrand: Non c'est la loi des industries. On est mieux de
garder le mot, il fait image.
M. Godin: Bon. D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être qu'on pourrait relire
l'amendement pour être bien sûr qu'on s'entend.
M. Bertrand: D'accord. L'amendement, c'est d'ajouter, à la
fin de l'article 5, premier alinéa, les mots suivants "les autres
membres étant choisis après consultation du milieu des industries
culturelles".
Le Président (M. Clair): L'amendement est reçu.
M. Bellemare: Je voudrais savoir si le ministre est d'accord,
premièrement.
M. Vaugeois: Cela correspond à nos
préoccupations.
M. Bellemare: D'ailleurs, on est bien proche, nous autres.
Mme Lavoie-Roux: Cela est rare messieurs de l'Union
Nationale.
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que j'ai bien compris que le
député de Vanier a dit "les autres membres est ou sont"?
M. Godin: Nommés.
M. Bertrand: "Etant nommés".
Mme Lavoie-Roux: Sont choisis.
M. Bertrand: Nommés. M. Godin: Nommés.
M. Bertrand: Vous n'avez pas d'objection pour
"nommés"?
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi vous ne dites pas "sont
nommés"?
M. Goldbloom: "Choisis" est le verbe déjà
utilisé dans la même phrase.
M. Bertrand: C'était mon opinion mais...
M. Vaugeois: Là, c'est qu'on ne veut pas dire la
même chose. Il y en a deux, ou plus, qui peuvent être choisis parmi
les cadres de la fonction publique. Il y en a cinq qui sont nommés
après consultation avec le milieu.
M. Goldbloom: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait demander cela aux
spécialistes. Est-ce qu'il ne serait pas mieux de dire: "Les autres sont
nommés" plutôt que "étant nommés", du point de vue
français?
M. Vaugeois: C'est la même chose.
Mme Lavoie-Roux: Oui?
M. Vaugeois: Cela dépend de la ponctuation.
M. Bertrand: Dans ma formulation, il y avait une virgule et non
pas un point-virgule. Comprevez-vous? A ce moment-là, cela
s'enchaînait, cela prenait le mot "étant". Si vous mettez un
point-virgule, on peut alors dire: "les autres membres sont nommés
après consultation du milieu des industries culturelles."
Comprenez-vous, madame?
Mme Lavoie-Roux: Je comprends très bien, mais tout le
paragraphe est au présent. Virgule... "les autres sont nommés";
c'est comme vous voudrez.
M. Godin: De toute façon, c'est plus français de
dire: "Les autres sont..." plutôt que "étant".
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je crois. Merci de votre
approbation. Vous connaissez cela le français.
M. Bertrand: Donc, il y a un point-virgule à la fin de
l'alinéa.
M. Godin: II ne connaît que cela.
Le Président (M. Clair): Est-ce que le
député de Vanier peut relire l'amendement une dernière
fois?
M. Bertrand: Oui, à la condition qu'on soit tous d'accord
pour que ce soit la dernière fois. Il y
aurait, M. le Président, un point-virgule à la fin du
premier alinéa de l'article 5 et après ce point-virgule, les mots
suivants seraient ajoutés: "les autres membres sont nommés
après consultation du milieu des industries culturelles."
Mme Lavoie-Roux: Très bien, adopté. M. Goldbloom:
Adopté.
Le Président (M. Clair): L'amendement est adopté.
Si le député veut bien me fournir...
Une Voix: Un instant!
M. Bertrand: ..."du milieu des industries culturelles. "
M. Vaugeois: D'accord.
M. Goldbloom: Est-ce adopté, M. le Président?
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement est
adoptée. J'appelle l'article 5 tel qu'amendé.
M. Goldbloom: M. le Président, une seule question sur
l'article 5.
Le Président (M. Clair): Sur l'article 5?
M. Vaugeois: Mes conseillers augmentent en nombre et en
qualité.
M. Goldbloom: On constate cela. M. Vaugeois: C'est un besoin.
M. Goldbloom: En poids aussi? Mme Lavoie-Roux: En quoi?
M. Vaugeois: Pendant que mes conseillers se consultent, on
pourrait revenir à l'article 4 pour dire au député de
D'Arcy McGee qu'il m'impressionne beaucoup. Il a une compétence en
législation qui me renverse. J'ai donc raison de plaider pour que les
députés soient de vrais législateurs pour qu'ils donnent
le bon exemple.
M. Goldbloom: Est-ce que le pot s'en vient après les
fleurs?
M. Vaugeois: Autrement dit, votre façon de rédiger
les amendements à l'article 4 sont jugés par un de mes
conseillers comme étant parfaite.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est...
M. Vaugeois: Encore qu'il m'a proposé de changer les mots
"le jour de la publication dans la Gazette "pour " à la Gazette ", mais
je n'accepte pas cela. Je pense que c'est mieux dit comme vous l'avez dit.
Autrement dit, M. le député, si jamais votre carrière
politique se terminait pendant que mon mandat dure toujours...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... M. Bellemare: Les
pots...
Mme Lavoie-Roux: ... le ministre pourrait retrouver la même
formulation, si sa mémoire est bonne mais elle n'est
peut-être pas si fidèle que cela dans la loi 9 sur les
handicapés. Vous ne l'avez jamais lue, je parie?
M. Vaugeois: Quelle est cette histoire? On dit "à" ou
"dans"?
Une Voix: "A".
M. Vaugeois: D'accord, sauf que maintenant c'est ma loi. J'aime
mieux la formule du député de D'Arcy McGee. J'aime mieux
"dans".
Mme Lavoie-Roux: Mais oui! C'est ce qu'on vous dit. C'est celle
qui était dans la loi 9.
M. Vaugeois: La loi 9... je ne suis pas handicapé.
M. Bellemare: Je vous conseille de la lire au Conseil des
ministres, au comité de législation.
Une Voix: ... pourrait être débattu.
M. Vaugeois: Ah! J'ai parfois des distractions.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, je note qu'à la
deuxième ligne de ce qui serait le deuxième alinéa, la
gazette officielle aurait besoin d'un g majuscule.
M. Vaugeois: Donc, "de tout projet de règlement
visé dans le paragraphe, cet alinéa passe avant l'autre. Le
dernier alinéa se termine par les mots du texte définitif. (1 h
10)
M. Goldbloom: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Pour le président, est-ce
que vous pourriez...
M. Vaugeois: On est toujours à l'article 4? Le
Président (M. Clair): Oui.
M. Vaugeois: Pour fins de concordance, on pourrait
peut-être parler, à la première ligne de l'alinéa
a), de la création et du développement des industries culturelles
parce qu'on utilise là le mot "entreprises". On pourrait uniformiser en
parlant d'industries culturelles.
Le Président (M. Clair): Alors, le premier alinéa
de l'article 4 est modifié en remplaçant les mots "des
entreprises" par les mots "des industries".
M. Vaugeois: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Adopté?
Mme Lavoie-Roux: II faudrait le faire dans les notes explicatives
également.
Une Voix: Non.
Mme Lavoie-Roux: Non?
M. Vaugeois: C'est "des industries" qui est marqué.
Le Président (M. Clair): On n'adopte pas les notes
explicatives, Mme le député.
M. Le Moignan: Vous avez les deux dans les notes
explicatives.
M. Bellemare: Dans le deuxième paragraphe, vous allez le
trouver.
M. Vaugeois: Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour uniformiser
partout où il y a "entreprises culturelles" pour que cela devienne
"industries culturelles"?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais quand
même poser une question au ministre. N'y avait-il pas un objectif
quelconque en utilisant "entreprises" plutôt que "industries"? Est-ce que
le sens de "entreprises" est plus restreint que celui de "industries"?
M. Godin: "Entreprises" peut inclure "corporations".
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Godin: Et non pas "industries".
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Godin: Ce que "industries" ne fait pas.
Mme Lavoie-Roux: Oui, alors c'est pour cela que...
M. Godin: "Entreprises" a un sens plus large. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Vaugeois: M. le député de Mercier rejoint le
point de vue exprimé par un de mes conseillers. Alors, restons-en aux
industries.
Le Président (M. Clair): Aux industries ou aux
entreprises.
M. Goldbloom: Aux industries?
Mme Lavoie-Roux: Non, aux entreprises.
M. Bellemare: Aux entreprises.
Mme Lavoie-Roux: Aux entreprises.
M. Vaugeois: Tu as dit le contraire?
Une Voix: Oui.
M. Vaugeois: De toute façon, il n'a pas de salaire,
lui.
M. Bellemare: Non, mais...
Le Président (M. Clair): Vous pourriez
préciser.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais je pense que vous ne voulez
peut-être pas fermer les portes...
Le Président (M. Clair): Vous pourriez préciser la
situation pour le président?
Une Voix: Les entreprises, c'est un terme plus
général.
M. Vaugeois: D'accord, c'est bon. Ils sont très bons.
M. Bellemare: Très bons.
M. Vaugeois: Respectons le choix des termes qu'il y a là
parce qu'il semble bien effectivement que cela ne signifie pas toujours la
même chose.
M. Bellemare: Alors, au premier alinéa, on va remettre
"entreprises" au lieu de "industries".
Le Président (M. Clair): Effectivement. M. Bellemare:
Effectivement.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne convient pas, de toute façon,
auprès des entreprises culturelles, dans le... On est à l'article
4 toujours. D'accord.
Le Président (M. Clair): On est toujours à
l'article 4. Je le préférerais.
Mme Lavoie-Roux: On reviendra à l'article 5. Parce qu'on a
adopté l'article 5.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement qui avait
été adoptée est retirée relativement au mot
"entreprises" qui avait été modifié pour le mot
"industries". On respecte le texte intégral. On conserve donc le mot
"entreprises".
M. Vaugeois: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Pouvez-vous maintenant
m'indiquer, M. le ministre, s'il y a d'autres
amendements. Précisez la situation relativement à
l'article 4 puisque...
M. Vaugeois: C'est cela. Il y a un amendement que, je pense, nous
avions accepté tout à l'heure. C'était à la
quatrième ligne et on avait remplacé "arts graphiques" par "arts
visuels ". Après, on remplace le dernier alinéa de l'article 4
par...
M. Bellemare: Comment cela? Le mot
"spécificité".
M. Vaugeois: Oui, le mot "spécificité" est
remplacé par "authenticité".
M. Bellemare: Authenticité.
M. Vaugeois: Le dernier alinéa est remplacé par les
deux alinéas proposés par le député de D'Arcy McGee
dans l'ordre suivant: "Tout projet de règlement visé dans le
paragraphe a) du premier alinéa sera suivi de l'alinéa qui
commence par "le règlement visé dans le paragraphe a) du premier
alinéa entre en vigueur le jour et se termine par les mots du texte
définitif." Cela devient le dernier alinéa de l'article 4.
J'espère que c'est clair.
Le Président (M. Clair): L'amendement est-il
adopté?
M. Bellemare: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 4, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. Nous revenons
à l'article 5 qui avait déjà été
amendé.
Mme Lavoie-Roux: Là, ne faudrait-il pas, M. le
Président, dans celui-ci revenir à la consultation auprès
des...
M. Vaugeois: Cela ne fait pas de différence.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a pas d'inconvénient.
D'accord.
M. Bellemare: Adopté.
M. Le Moignan: II faut leur souhaiter bonne chance dans le choix
des membres.
Le Président (M. Clair): L'article 5, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
M. Bellemare: Parce que la guerre va prendre là.
Le Président (M. Clair): Adopté. J'appelle
l'article 6.
M. Vaugeois: Aucun commentaire.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Aucun amendement?
M. Bellemare: Pourquoi la base de six ans? Pourquoi prendre une
base de six ans? Est-ce que cela vous est dicté par d'autres
connotations de législation ailleurs? Pour certains conseils
d'administration, c'est sept, d'autres dix, et d'autres cinq. Pourquoi six?
M. Vaugeois: Je ne sais pas, c'est ce que je demandais.
M. Goldbloom: Est-ce que je pourrais donner la réponse au
ministre?
M. Vaugeois: Oui.
M. Goldbloom: C'est parce qu'il y en a la moitié que l'on
nomme pour trois ans, pour un premier mandat; il y aura une alternance tous les
trois ans.
M. Bellemare: Je remercie le député de D Ar-cy
McGee de m'avoir renseigné.
M. Le Moignan: C'est indiqué après.
M. Vaugeois: Décidément, plus cela va. plus cela va
se classifier.
M. Bellemare: Trois ans...
Le Président (M. Clair): L'article 6 est-il adopté,
l'article 7.
M. Goldbloom: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Adopté. J'appelle I
article 8.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 9.
Des Voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Mme le député de L
Acadie, l'article 8 était adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais que vous procédiez juste un
peu moins rapidement, si cela ne vous fait rien, au moins qu'on ait le temps de
lire l'article quand même.
Le Président (M. Clair): Je procède à la
vitesse à laquelle les membres procèdent, madame.
M. Bellemare: Cela ne veut pas dire qu'on vous donne notre
autorisation chaque fois non plus. Vous allez tellement vite que...
Le Président (M. Clair): Sur l'article 9.
M. Bellemare: Si, à cet article, le vice-président
était déjà mort, qu'arriverait-il?
M. Bertrand: On l'enterrerait!
M. Bellemare: Oui, on l'enterrerait, c'est sûr, mais
qu'est-ce qui arriverait...
Le Président (M. Clair): Je vais demander au ministre de
vous répondre.
M. Bellemare: ... ou tout autre nommé.
M. Vaugeois: Devant tant de décès et de maladies,
la société est momentanément paralysée.
M. Bellemare: Oui, bien sûr. Mais qui agirait comme
président?
M. Godin: M. le député de Johnson, je citerais
Cicéron: "De minimis non curat lex".
M. Bellemare: Ah! j'ai compris cela, comme "brakeman"; comme on
comprend "si vis pacem, para bellum ".
M. Vaugeois: Cela va?
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie, sur l'article 9?
Mme Lavoie-Roux: Non, moi, je suis rendue seulement à 8;
je vous avais dit, M. le Président, que vous procédiez trop vite
pour moi.
A l'article 8 je voudrais simplement demander au ministre quelle est la
raison pour laquelle le président du conseil d'administration est aussi
président-directeur général de la société.
C'est que, dans des cas, je sais qu'on procède comme cela, dans d'autres
cas, on procède différemment, ce sont des personnes
différentes qui occupent les deux postes. Quelle a été la
motivation pour procéder de cette façon ici?
M. Vaugeois: Je pense que cela tient à la taille de la
société; comme ce n'est pas une grosse affaire, on a
préféré avoir une même personne cumulant les deux
fonctions, ce n'est d'ailleurs pas un précédent.
Mme Lavoie-Roux: Je ne croyais pas que c'était un
précédent, j'ai d'ailleurs signalé qu'il y avait des
sociétés où on procédait de cette façon et d
autres où on procédait de l'autre façon. Mais j'ai
toujours des doutes, quand le même individu occupe les deux fonctions,
quant à être obligé de défendre ses propositions
devant le conseil d'administration dont il est également le
président. Est-ce qu'il n'y a pas un inconvénient à
cela?
M. Vaugeois: Je vais faire une... M. Bellemare: Un conflit
d'intérêts.
Mme Lavoie-Roux: II peut arriver qu'il y ait conflit
d'intérêts.
M. Vaugeois: M. le Président, je vais vous faire un aveu;
je me suis posé la même question. J'ai eu envie, moi aussi, de
distinguer les deux fonctions, pour deux personnes; j'y voyais des avantages.
J'ai fait quelques consultations et, tout mis ensemble, compte tenu en
particulier, de la taille de la société on ne veut pas que cela
devienne une grosse affaire en terme de personnel j entends et
j'ai préféré en rester à ce qui avait
été proposé dans le projet de loi. Mais moi aussi, pendant
un temps, cela m'a plu, l'idée d avoir un président qui pourrait
venir du milieu, qui jouirait d'un certain prestige et avoir, à ses
côtés, un directeur général, qui serait le
fonctionnaire no 1 de la société...
M. Bellemare: Vous avez pensé au conflit qui pourrait
exister entre les deux personnalités?
Le Président (M. Clair): Mme le député de L
Acadie. (1 h 20)
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de motion à présenter,
ce serait simple d'en faire une là-dessus, mais on perdrait du temps
à discuter de la motion pendant 20 minutes. Compte tenu de la nature de
cette société d'Etat qu'on crée, compte tenu
également que c'est une société d'Etat et qu'il faut
mettre le plus de distance possible entre les intérêts de chacun,
je voudrais que le ministre y réfléchisse encore une fois. C'est
vrai qu'au plan économique, cela pourrait être mieux, en tout cas,
à première vue, mais compte tenu de la nature et du
caractère de cette société d'Etat et des objectifs qu'elle
poursuit, j'aimerais que vous y repensiez.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: J'avais aussi la même préoccupation
parce qu'habituellement, quand on nomme un conseil d'administration, on nomme
un président qui n'est pas toujours là, d'ailleurs, à
plein temps, qui, habituellement, n'est là qu'à temps partiel et
on nomme un directeur général qui est vraiment l'exécutant
des décisions du conseil d'administration.
Le député de Johnson, tantôt, sans être au
micro, a fait une remarque tout à fait valable, à mon point de
vue. Souvent, il peut arriver qu'il y ait une forme de conflit entre un
directeur général et un président de conseil
d'administration et un conseil d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas dans ce sens qu'il l'a dit.
M. Bertrand: Non, mais j'évoque un type de problème
sans donner un cas, mais il me vient immédiatement à l'esprit un
cas qui existe dans la région de Québec où le directeur
général, étant une personne spécifique, et le
président du conseil d'administration étant une autre personne
d'où un problème authentique il y a effectivement
un problème de conflit de personnalité et je pense que le bon
fonctionnement...
M. Bellemare: II y a un trouble dans les...
M. Bertrand: Oui. Le bon fonctionnement d'une
société, à l'occasion, surtout quand elle n'a pas un
personnel de fonctionnement important, mérite peut-être que les
deux responsabilités de président et de directeur
général puissent être fondues en une seule personne. Je
trouve que c est tout à fait sympathique comme idée, au
contraire, surtout si le président est là à temps plein,
tandis que dans l'autre cas, il ne serait pas là à plein
temps.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier et Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Clair): J'avais d'abord reconnu le
député de Mercier.
M. Godin: En fonction de l'alternance traditionnelle, je vous
passerai mon droit de parole.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aime mieux qu'il y ait
conflit entre deux personnes différentes que quelqu'un soit en conflit
avec ses propres intérêts.
M. Bellemare: Si vous me permettez de compléter la
pensée de ces honorables messieurs, madame, c'est que s'il n'y avait
qu'un président-directeur général, il pourrait être
dictatorial, son pouvoir pourrait être dictatorial. Je pense que
l'expérience qui va être vécue va peut-être faire que
le ministre apporte des amendements lors de la prochaine session, parce que je
suis convaincu que cette loi qui est tellement sensible, qui sera tellement
sensible dans le milieu, va lui apporter de justes revendications pour faire
les amendements appropriés à la prochaine session.
M. Vaugeois: Sans entrer dans tous les détails des
consultations, en gros, le fait d'avoir un président qui est directeur
général dans une entreprise de cette taille nous donne un
président qui, évidemment, à l'information du directeur
général. Il y a une économie de temps et d'énergie.
Il y a également un autre facteur, c'est qu'étant donné
les autres dispositions de la loi, les précautions que nous prenons au
niveau des conflits d'intérêt entre, si vous voulez, un membre du
conseil d'administration qui peut rester dans le milieu puisqu'on
souhaite qu'il vienne du milieu on ne l'empêchera pas de continuer
ses activités dans le milieu. Si on amène quelqu'un du milieu
à la présidence sans qu'il ait, en même temps, le cumul de
la fonction de directeur général, lui-même étant une
personne active dans les industries culturelles, on peut avoir une situation
très délicate alors qu'on a quelqu'un qui vient des industries
culturelles, qu'on n'emploie pas à plein temps parce qu'il n'est pas
directeur général à ce moment-là, il ne
serait pas justifié qu il soit à plein temps, surtout pour le
président d'un conseil d'administration forcément, ses
intérêts peuvent devenir discutés, ou les
intérêts de son secteur d'entreprise.
Je pense qu'on est mieux de se donner un président à temps
plein. Pour justifier I emploi d'un président à temps plein on
peut aussi bien lui donner le mandat de directeur général,
étant donné la taille de l'entreprise.
Mme Lavoie-Roux: Je suis...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, c est vraiment son tour. Allez-y!
M. Godin: Je dirais qu'il y a trois raisons, en ce qui me
concerne. Premièrement, réduire au maximum la lourdeur et la
lenteur bureaucratique que nous subissons régulièrement.
D'autre part, je pense que la présence à ce conseil
d'administration d'un bloc important de personnes du milieu fait que ces
personnes, en fin de compte, qui auront le poids réel du pouvoir dans la
société en question, auront les moyens, du fait qu'elles sont
majoritaires, d'empêcher le président directeur
général de tomber dans des travers quels qu'ils soient. Pour ces
deux raisons la principale est la première je veux que ce
soit un peu une équipe légère, personnellement. Souvent il
y a des décisions rapides à prendre dans ce secteur sur un tas de
facteurs et je ne voudrais pas justement qu'à la faveur de la
création de deux postes, un conflit retarde le fonctionnement de
l'entreprise ou de la société.
M. Vaugeois: M. le Président, comme il n'y a pas eu de
proposition d'amendement formelle, on en a discuté un peu et je pense
qu'on a eu l'occasion de donner notre point de vue; j'espère avoir un
peu convaincu le député de L'Acadie, j'ai vu en tout cas que le
député de D'Arcy McGee, semblait acquiescer à certaines
remarques. Je ne voudrais pas l'engager dans notre position.
M. Goldbloom: M. le Président, j'inviterais mes
collègues de l'autre côté à cesser de chercher
à interpréter des gestes que je peux poser, des signes de
tête ou de quoi que ce soit.
M. Bellemare: C'est l'humilité qui le fait parler.
M. Vaugeois: Mettons cela sur le compte de l'humilité.
Moi, j'aimerais... On a discuté de l'article...
Le Président (M. Clair): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur division, M. le
Président. le Président (M. Clair): L'article 8 est adopté
sur division. L'article 9.
Mme Lavoie-Roux: Moi, je suis d'accord.
M. Goldbloom: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 10.
M. Bellemare: II n'y a rien qui pourvoit le cas où le
vice-président ne peut pas agir.
M. Vaugeois: Ce sera dans le règlement interne.
M. Bellemare: Oui, ce sera dans la réglementation.
M. Vaugeois: J'imagine qu'ils auront cette
préoccupation.
M. Bellemare: Au cas où!
Le Président (M. Clair): L'article 10 est-il
adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Juste une question. Ce sera adopté
après si vous voulez. Tout à l'heure on a fait valoir les raisons
économiques pour ne pas nommer un président et un directeur
général, pour faire cumuler les deux fonctions à une
personne pour des raisons d'épargne. Là, vous nommez aussi un
vice-président qui exerce ses fonctions à temps plein. Est-ce
qu'il y a nécessité que le vice-président... Vous m'avez
fait la démonstration que c'était pour être tellement
petit, cette chose, qu'on avait assez d'un président directeur
général et là, vous ajoutez un vice-président
à temps plein.
M. Bellemare: Ce serait une rare société où
cela arriverait.
Mme Lavoie-Roux: Cela je l'ignore, merci.
M. Vaugeois: Moi, j'ai un autre exemple à l'esprit. La
Commission des biens culturels compte deux vice-présidents à
temps plein. Il y a trois membres à temps plein à la Commission
des biens culturels, le président et les deux
vice-présidents.
M. Bellemare: Au Conseil du statut de la femme, qui est
patronné par le ministre, il n'y en a pas.
M. Le Moignan: II y a deux femmes et un homme.
M. Vaugeois: Ne le dites pas, il y en aura peut-être.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'article 10 est
adopté?
M. Bellemare: Pas d'objection pour moi.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. L'article
11.
M. Bellemare: A l'article 11, il faudrait aussi que ce soit en
concurrence avec le salaire des députés.
Le Président (M. Cardinal): Et des
vice-présidents.
M. Bellemare: Et des vice-présidents, oui. Le
Président (M. Cardinal): Adopté? M. Goldbloom: Adopté.
M. Bellemare: Vous n'avez pas !e droit à la discussion, M.
le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je n'ai pas
participé.
M. Bellemare: Non c'était seulement une intrusion.
Le Président (M. Cardinal): Article 12. M. Goldbloom:
Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté, merci. Article
13, adopté?
M. Bellemare: Un instant!
M. Le Moignan: II est très long.
Le Président (M. Cardinal): D'accord.
M. Bellemare: II n'y a rien dans cela, d'accord.
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Article 14.
M. Bellemare: C'est l'intérêt public et
l'intérêt particulier.
Le Président (M. Cardinal): Conflit
d'intérêts. M. Bellemare: Conflit d'intérêts.
Le Président (M. Cardinal): Adopté?
Mme Lavoie-Roux: Un instant!
M. Goldbloom: Un instant, M. le Président. A l'article 14,
il est prévu que tout autre membre du conseil d'administration ayant un
intérêt dans une entreprise doit, sous peine de
déchéance de sa charge, le révéler par écrit
au président et s'abstenir de participer à toute décision
portant sur l'entreprise dans laquelle il a un intérêt.
Le ministre croit-il qu'il suffit de défendre à un tel
membre de participer à la décision? Ou ne croit-il pas qu'il
serait nécessaire d'aller jusqu'à lui défendre de
participer à la discussion également? (1 h 30)
M. Bellemare: Dans le premier paragraphe, M. le Président,
vous voyez, à la deuxième ligne, qu'il y a justement ce dont le
député de D'Arcy McGee vient de parler, "sous peine de
déchéance". Et on donne les raisons qui militent en faveur de
ça.
M. Vaugeois: Ecoutez! Comme je le comprends, si j'étais
concerné, m'abstenir de participer à toute décision
voudrait dire également m'abstenir de participer à la discussion.
C'est cela.
M. Bellemare: C'est cela.
M. Goldbloom: J'aimerais demander au ministre, sans manquer de
respect, si c'est l'avis de ses conseillers juridiques.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Vaugeois: Je me demande si le député de D'Arcy
McGee ne se fie pas sur les réactions qu'il peut lire sur les visages de
mes conseillers?
Mme Lavoie-Roux: Non, on ne se permet pas de telles choses.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! Pas
d'imputation d'intentions ou d'émotions.
M. Bellemare: II y a. M. le Président, ce qu'un membre
peut recevoir par succession ou par donation. Cela est bien particulier pour un
membre de la société.
M. Vaugeois: Ecoutez! On me dit que ce serait effectivement plus
clair si on disait: "S'abstenir de participer à toute
délibération". Je serais d'accord, plutôt que
"décision". Donc, à l'article 14, deuxième paragraphe, le
mot "délibération " vous conviendrait?
M. Goldbloom: Ne faudrait-il pas les deux mots?
M. Vaugeois: D'accord.
M. Goldbloom: "Délibération" et "à toute
décision "?
Le Président (M. Cardinal): Oui, un instant. M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je pense que le député de D'Arcy
McGee a raison. Le mot "délibération" n'implique pas
nécessairement une décision.
Une Voix: On est d'accord.
M. Charbonneau: On délibère pour décider
ensuite.
M. Le Moignan: On délibère ici et on décide
20 minutes après, comme on fait ici.
M. Alfred: La délibération précède la
décision.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse. Après les
mots "de participer", nous ajoutons...
M. Bellemare: A toute délibération et
décision.
M. Goldbloom: Et à toute décision.
M. Le Moignan: Comme on fait ici, on délibère
pendant quatre heures.
M. Godin: Mme le député de L'Acadie est soucieuse
de son français habituellement, je m'étonne que vous restiez
coite là-dessus. Au fond, "délibération " inclut
"décision".
Mme Lavoie-Roux: J'étais...
M. Bellemare: Non, on délibère ici et, ensuite, il
va y avoir des décisions ailleurs.
M. Le Moignan: On délibère pendant quatre jours et
on ne décide rien.
M. Bellemare: II y a une grosse différence.
M. Goldbloom: C'est déjà arrivé dans cette
enceinte.
M. Vaugeois: Un bon point pour vous.
M. Godin: Quand on prend en délibéré... Le
sens de prendre en délibéré...
Le Président (M. Cardinal): Je relis, si vous voulez, le
deuxième alinéa de l'article 14. Après les mots "et
s'abstenir de participer", l'amendement ajoute: "à toute
délibération et à toute décision".
Mme Lavoie-Roux: C'est que peut-être ici, on ne
délibère pas, on discute.
M. Vaugeois: Très bon cela. Adopté?
Le Président (M. Cardinal): Amendement adopté.
Est-ce que l'article 14 tel qu'amendé est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
M. Vaugeois: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Article 15.
Mme Lavoie-Roux: J'ai une question M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Oui, Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: L'article 15 prévoit que doit être
communiquée au ministre des Affaires culturelles et au conseil
d'administration une liste des intérêts que lui ou son conjoint
détient dans toute entreprise culturelle, avec un relevé des
opérations ayant modifié cette liste au cours de l'année.
Je ne sais pas si on va soulever de nouveau tout le débat qui avait eu
lieu au moment de la nomination du directeur du financement des partis
politiques, dont l'épouse...
M. Godin: Dont l'épouse était...
Mme Lavoie-Roux: ... était... Il ne s'agissait pas
d'intérêts financiers à ce moment-là, mais il
pouvait y avoir des intérêts partisans... Oui. On avait fait
valoir qu'il fallait quand même que les conjoints soient
considérés séparément. Je dois vous dire, M. le
Président, que, pour rassurer le ministre, je ne partageais pas l'avis
qui, à ce moment-là, avait été exprimé par
le ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières. Ce n'est pas une question de féminisme, je pense que
c'est une question de conflit d'intérêts possible et je me rallie
à ceci.
M. Bertrand: Ah bon! Vous ne partagiez pas...
M. Vaugeois: Je ne peux pas m'empêcher de... On ne
débattra pas cette question, très bien, mais il faudra, un jour
ou l'autre, revenir sur ces questions-là. Je trouve que et je vis
cette situation et je peux en témoigner quand on dit conjoint, on
pourrait toujours s'interroger aussi sur le sens du mot conjoint, si le
conjoint doit être d'un autre sexe... et toutes les questions
imaginables. C'est une affaire qu'il faudra reprendre, un jour ou l'autre, mais
ce n'est pas le temps.
M. Bellemare: Conjoint d'un autre sexe? Le Président (M.
Cardinal): ...
M. Vaugeois: Dans notre société, M. le
député de Johnson, à notre époque...
M. Bellemare: Ne venez pas blasphémer dans cette enceinte
sacrée.
Le Président (M. Cardinal): S'il vous plaît! La
pertinence du débat, cessons de faire de la sociologie.
M. le député de Vanier.
M. Le Moignan: Oui, vous avez raison, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Attendez un peu, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je pose la question parce
que je n'ai pas la réponse à cela, le ministre a peut-être
la réponse. Quand on entre en fonction, est-ce qu'on entre en fonction
"s" ou en fonction sans "s"?
M. Godin: Sans "s".
Mme Lavoie-Roux: Sans "s".
Le Président (M. Cardinal): Sans "s". En vertu de
l'article 65,2 j'enlève le "s".
M. Bertrand: On laisse le "s".
Le Président (M. Cardinal): Adopté?
M. Bellemare: On va se donner du lest.
M. Godin: Est-ce que votre lecture est terminée?
Des Voix: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Article 15, avec cet
amendement.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: Cet amendement est accepté, M. le
Président. J'ai une question au ministre: La question de conflit
d'intérêts s'applique au membre et à son conjoint. Le
ministre a-t-il pensé à étendre cette considération
aux enfants également?
M. Vaugeois: On pourrait l'ajouter... Il faut bien s'entendre
ici; il s'agit d'une déclaration d'intérêt. Il s'agit de
savoir ce que possède le conjoint; on pourrait bien y ajouter les
enfants aussi. Ce n'est pas parce que le conjoint ou les enfants
possèdent que celui qui passe pour l'autre conjoint ne peut rien faire.
C'est qu'on sait quels sont ses intérêts, les
intérêts de son conjoint et les intérêts de ses
enfants. On est dans l'hypocrisie totale avec ce genre de choses.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que cela comprendrait
les enfants adoptifs?
M. Vaugeois: Et si tu vis avec une femme depuis quinze ans et que
tu n'es pas marié, est-ce qu'elle est ta conjointe ou pas?
M. Bellemare: C'est cela. Ou bien s'il vole le fils de l'autre
qui est en affaires, il peut t'appor-ter...
M. Vaugeois: Non, ce n'est pas cela. Je pense que c'est une belle
passe d'hypocrisie, cela m'agace un peu. Mais, puisqu'on est engagé dans
cette voie, allons-y donc pour les enfants.
Le Président (M. Cardinal): Attendez un peu. Une Voix:
Faut-il les qualifier?
M. Goldbloom: M. le Président, au moment même
où le ministre a suggéré d'ajouter les enfants,
j'étais pour retirer la suggestion.
Le Président (M. Cardinal): Je suis bien prêt
à recevoir un tel amendement.
M. Vaugeois: Si le député de D'Arcy McGee n'y tient
pas, on...
M. Bellemare: Je pense que ce serait mieux de laisser les choses
comme cela pour éviter la définition de ce que c'est; on n'en
finira plus.
Le Président (M. Cardinal): Un enfant, c'est défini
au Code civil.
M. Bellemare: Oui, oui, d'accord, mais, d'un autre
côté, dans la loi, il faudrait réellement avoir, au
début, une définition.
M. Le Moignan: II est presque obligé d'avoir un conjoint
à ce moment-ci.
M. Vaugeois: Bon, alors, statu quo?
M. Le Moignan: Non, s'il n'a pas de conjoint, il peut être
membre?
M. Vaugeois: M. le Président, statu quo.
Mme Lavoie-Roux: Allez-vous prendre un conjoint, M. le
député de Gaspé?
Le Président (M. Cardinal): Alors, l'article 15 sera-t-il
adopté avec le "s" en moins?
M. Vaugeois: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Oui, franchement. M. Vaugeois: Oui, c'est
cela.
Le Président (M. Cardinal): Article 16, adopté?
M. Goldbloom: Non, pas encore.
M. Bellemare: Par le règlement de la société
et d'après les lois de la fonction publique aussi.
M. Charbonneau: Est-ce que les sociétés d'Etat ont
toutes les mêmes barèmes?
M. Bellemare: Oui, presque. Vous avez I Hydro-Québec, par
exemple, qui est un peu différente de la fonction publique.
M. Charbonneau: Est-ce que, dans les lois constituantes de ces
sociétés d'Etat, on détermine que les barèmes de la
fonction publique s'appliquent?
M. Bellemare: Non, pas à I Hydro-Québec. M.
Charbonneau: Moi, je ne pense pas. M. Bellemare: Pas dans
l'Hydro-Québec. M. Charbonneau: Pour la SDI? M. Bellemare:
Oui, oui.
M. Charbonneau: Je ne pense pas que ce soit précisé
qu elle pourrait...
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
DArcy McGee.
M. Goldbloom: ... il s'agit ici d une société d
Etat, une parmi plusieurs, parmi de nombreuses autres, et il me semble que la
tradition était en train de s établir que le gouvernement,
plutôt que chaque organisme, établisse des normes et
barèmes de rémunération. Je serais disposé à
proposer que les règlements soient établis par le gouvernement
plutôt que par la société.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce qu'en faisant
cela, on n'irait pas à rencontre du caractère autonome de chacune
des sociétés et, du fait que, finalement, c'est le gouvernement
qui supervise au niveau des conseils d'administration, que chaque
société, par la suite, est autonome pour la gestion de son
personnel? (1 h 40)
M. Goldbloom: J'aimerais répondre à la question du
député de Verchères. Il semble que, s'il s'agissait de
l'action, du processus décisionnel, je serais entièrement
d'accord avec lui que, si l'on crée une société, on lui
donne un mandat général, on lui permette une liberté
d'action pour exécuter son mandat. Mais quand il s'agit de
rémunération, pour ma part, je vois mal 100
sociétés d'Etat avec 100 échelles de traitement
différentes.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre des
Communications.
M. O'Neill: Vous devez savoir que les règlements en
question sont établis par la société...
M. Goldbloom: Par...?
M. O'Neill: ... par la société, mais en vertu de
l'article 20, doivent être approuvés par le gouvernement.
M. Vaugeois: L'article 20e.
M. O'Neill: L'article 20e.
Je voudrais faire une deuxième remarque. On a soulevé tout
à l'heure le problème des normes qui pourraient être aussi
des normes dites de fonction publique. Je pense que, dans le cas d'une
société de ce genre, il faut laisser toute liberté d'aller
choisir des gens qui peuvent avoir, par exemple, des aptitudes
particulières, s'intéresser à ce genre d'industrie, ce
genre d'activité, sans nécessairement répondre à
des normes qu'on pourrait avoir dans la fonction publique. C'est tout à
fait différent, je pense, comme exigences.
M. Charbonneau: Vous êtes d'accord avec l'article 20.
M. Vaugeois: Je...
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre des Affaires
culturelles.
M. Vaugeois: Je prendrais l'article 16 tel quel, étant
donné que les règlements de la société doivent
être approuvés par le gouvernement, tel que le précise
l'article 20e; même si nous avons des amendements à l'article 20,
le paragraphe e) va demeurer.
M. Goldbloom: Je voudrais simplement porter à l'attention
du ministre que j'ai devant moi les articles analogues des lois constitutives
de REXFOR, de SOQUIA et de la Société des alcools du
Québec. Dans chacun des trois cas, c'est le gouvernement qui
détermine les normes et barèmes de
rémunération.
M. Charbonneau: M. le député n'est-il pas d'accord
pour dire que l'article 20 lui donne la garantie qu'il recherche, tout compte
fait, sans l'autorisation du gouvernement?
M. Goldbloom: M. le Président, la garantie est
approximativement la même, j'en conviens, sauf que cette formulation
obligerait le gouvernement à se pencher sur l'échelle de
traitement de chacune des sociétés d'Etat et perdre, à mon
sens, un temps utile quand il a d'autre chose à faire. Mais si le
ministre insiste sur la liberté de la société de proposer
des normes et barèmes, quitte à les faire approuver par le
gouvernement par la suite, je n'en ferai pas un débat à n'en plus
finir.
M. Bellemare: C'est sûr et certain, M. le Président,
qu'à l'article 20, paragraphe e), il y a là toute une
réglementation de régie interne dont nous allons dans deux
minutes discuter les pouvoirs. Je comprends qu'il y a des améliorations
qui ont été apportées par les amendements du ministre
quant au placement. On y reviendra quand on arrivera là. Mais pour que
l'article 16 soit adopté, il faudrait que ce soit en conformité
avec au moins la jurisprudence établie dans les autres
sociétés d'Etat comme on vient de le dire, la
Société des alcools, REXFOR et d'autres sociétés,
SOQUIA ou d'autres.
M. Vaugeois: On me dit, M. le député, que
là-dessus, il y a autant de sociétés qui procèdent
tel que suggéré ici qu'autrement, tel que l'a indiqué le
député de D'Arcy McGee. Les deux pratiques se retrouvent. Dans le
cas présent, j'opterais pour le statu quo, tel que rédigé,
parce qu'au fond, le gouvernement pourra juger des propositions faites par la
société avec les explications fournies. Il est possible qu'on
puisse faire la preuve qu'il faut avoir des salaires supérieurs ou un
peu inférieurs pour s'ajuster au secteur couvert. Cela peut être
l'un ou l'autre, vous savez. On peut aller chercher du personnel de soutien
dans des entreprises, des industries culturelles, des gens qui ont
l'expérience, donc, du secteur, mais il peut arriver que dans ce
secteur, les échelles de salaires soient un peu inférieures
à celles de la fonction publique et qu'on veuille rester à un
niveau...
M. Bellemare: Le contraire aussi.
M. Vaugeois: Ou le contraire aussi. Donc, je pense qu'il faut
faire confiance au gouvernement quel qu'il soit pour juger de
l'opportunité d'avoir telle échelle de salaires qui va être
proposée par les règlements de la société.
M. Goldbloom: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Vaugeois: On me donne des exemples de d'autres
sociétés qui procèdent comme c'est suggéré
à l'article 16.
M. Goldbloom: Puisque...
M. Bellemare: La société de
développement...
M. Goldbloom: ... le ministre exprime sa
préférence, je me rends à son désir. Je voudrais en
même temps corriger une affirmation que j'ai faite il y a quelques
instants, la vérité ayant ses droits. J'avais mentionné
trois organismes, REXFOR, SOQUIA et la Société des alcools.
En relisant attentivement l'article pertinent dans la Loi de la
Société des alcools, je trouve que, contrairement à
l'impression que j'avais au départ, il se lit comme suit: "La
rémunération et les autres conditions de travail des
employés sont aussi fixées par règlement de la
société, approuvé par le lieutenant-gouverneur en
conseil." Alors, je me rends à la décision du ministre.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 16 est
adopté.
Une Voix: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 17?
M. Bellemare: Je vous ferai remarquer, Mme le Président,
que les articles 17 et 19 sont de la juridiction d'un ministre en vertu de
notre règlement et on n'a pas à les discuter. Ce n'est pas en
commission plénière qu'on peut les discuter.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... je pense qu'il faudrait peut-être les
traiter l'un après l'autre parce que, à l'article 19, il y a une
remarque que nous voudrions faire. Alors, peut-être peut-on disposer de
l'article 17?
Le Président (Mme Cuerrier): Certainement. L'article 17
est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 18
est-il adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Bellemare: II n'y a pas de problème.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. C'est à
l'article 19 que vous vouliez intervenir, Mme le député de
L'Acadie? L'article 19.
M. Godin: L'article 18. Est-ce que cela va trop vite?
Mme Lavoie-Roux: II faudrait peut-être, encore une fois,
que le ministre s'enquiert auprès de ses conseillers. Est-ce que,
habituellement, les paiements ne sont pas soumis à l'approbation du
gouvernement? Il y aurait peut-être lieu de modifier dans ce
sens-là pour tenir compte de ce qui est prévu dans les autres
sociétés d'Etat. Je peux proposer l'amendement si le ministre est
d'accord. Ce serait simplement que le premier alinéa de l'article 19
soit modifié en ajoutant dans la deuxième ligne, après le
mot "revenu" les mots "avec l'autorisation préalable du
gouvernement".
M. Bellemare: Mme le Président, ce n'est pas pour soulever
des difficultés ni pour désappointer l'honorable
député de L'Acadie, mais il y a en cette Chambre une tradition
qui veut que tout ce qui est dépense d'argent ne soit pas discuté
en commission plénière. Cela fait des années que cela
dure. Les dépenses sont d'abord... Quand il s'agit d'une dépense
quelconque d'un gouvernement quel qu'il soit, cela doit être
étudié, à part, dans une deuxième lecture et c'est
en vertu du règlement.
Le Président (Mme Cuerrier): Vous avez raison, M. le
leader parlementaire.
M. Bellemare: C'est une tradition.
Le Président (Mme Cuerrier): C'est l'article 64, si je me
rappelle bien. Voulez-vous vérifier? Mais il s'agirait simplement
de...
M. Bellemare: Quel article avez-vous?
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 64, M. le
leader.
M. Bellemare: C'est cela.
Le Président (Mme Cuerrier): Une motion ne peut être
présentée que par un représentant du gouvernement
après recommandation...
M. Bellemare: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je voudrais vous faire
remarquer et j'aimerais que les...
Le Président (Mme Cuerrier): Le genre d'amendement que
vous aviez proposé, madame, n'a pas de rapport. Si c'est une diminution
ou un amendement technique, c'est différent. Je pense que nous avons
tous les deux raison, M. le leader.
Mme Lavoie-Roux: C'est technique, Mme la Présidente.
Est-ce que vous pourriez me laisser...
M. Bellemare: Le principe du règlement... tel qu'il est
fait, on est obligé de s'en tenir à cela.
Le Président (Mme Cuerrier): Oui, c'est cela. C'est exact.
Madame.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais, Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): Faire votre remarque.
Mme Lavoie-Roux: ... réitérer ma demande et que les
conseillers juridiques du ministre vérifient si tel n'est pas le cas
dans des sociétés comme la Société nationale de
l'amiante, REXFOR, SOQUEM, SOQUIP, SOQUIA, que le tout soit soumis à
l'approbation du gouvernement. Si cela n'existe pas, qu'on me dise non. Ici,
dans la...
M. Vaugeois: Ecoutez! Si vous voulez, je peux demander à
Me Brière de vous donner des explications en long et en large.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Vaugeois: Mais le point de vue du député de
Johnson, plus ce que je peux vous dire tout de suite, c'est que l'article 19,
je l'ai discuté personnellement avec le ministre d'Etat au
développement culturel et le ministre des Finances. C'est le compromis
auquel on est arrivé. Je ne vous donnerai pas toutes les discussions
techniques qui peuvent tourner autour de cela, mais je peux vous dire qu'on est
arrivé à cette formulation compte tenu d'un certain nombre
d'éléments que nous avons échangés entre nous.
Je peux vous dire que dans un avant-projet de loi, on avait prévu
des versements de tel montant à chaque année et, comme on ne
connaît pas le rythme que va prendre la société, le
ministre des Finances nous a fait reconnaître que ce n'était
peut-être pas nécessaire de s'engager tout de suite à
verser $3 millions si on n'en avait pas nécessairement besoin. (1 h
50)
C'est devenu cette formule, ce sont les trois ministres concernés
qui ont retenu cette formule, mais si vous voulez que Me Brière vous
donne des explications techniques sur ce qui se fait dans d'autres
circonstances...
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre, en commission
plénière, nous ne procédons pas de cette façon, ce
serait créer un précédent.
M. Vaugeois: D'accord. Alors, je retire mon offre.
Le Président (Mme Cuerrier): Je pense que M. le leader de
l'Union Nationale va être de mon avis.
M. Bellemare: Je suis de votre avis parce que 64, madame dit
je suis à cheval sur le règlement "Toutefois, cette
règle ne s'applique pas à une motior qui exprime seulement une
opinion abstraite". C'est là qu'est la provision que peut faire le
député de L'Acadie. Mais quand il s'agit de 64,
particulièrement pour ce qui est d'une motion présentée,
en vue de dépenser de l'argent, cela ne peut être fait que par un
ministre et on n'a pas d'affaire à en discuter, sauf qu'une question
abstraite peut être soumise. On n'a pas d'affaire à en discuter,
même en commission plénière.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le leader, voulez-vous
regarder 64 avec moi?
M. Bellemare: Regardez 65 aussi, il est encore bien plus
défini.
Le Président (Mme Cuerrier): Voulez-vous me laisser
terminer, s'il vous plaît? A l'article 64, au paragraphe 3...
M. Bellemare: Oui, je l'ai lu, c'est l'imposition d'une charge
additionnelle.
Le Président (Mme Cuerrier): Là, ce serait
complètement différent. Mais je pense que ce n'est pas ce que
fait actuellement Mme le député de L'Acadie.
M. Bellemare: Ce n'est pas cela, c'est la conclusion: "Toutefois,
cette règle ne s'applique pas à une motion qui exprime seulement
une opinion abstraite ". C'est cela qui est son...
Mme Lavoie-Roux: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... ou on ne se comprend pas... Est-ce que je
puis encore au moins essayer de transmettre l'idée que j'avais...
Le Président (Mme Cuerrier): Mme le député,
nous allons écouter ce que vous voulez dire, si vous le voulez bien.
Mme Lavoie-Roux: La raison pour laquelle je fais cette
proposition... D'abord, cela n'implique pas et je pense que c'est
très clair de versements supplémentaires ou des
dépenses d'argent. Cela semble très clair.
Le Président (Mme Cuerrier): C'est clair.
Mme Lavoie-Roux: La deuxième n'implique pas non plus,
comme le ministre l'a laissé entendre, une restriction pour lui dans le
sens que les $10 millions doivent être versés en même temps.
C'est que, chaque fos que vous versez X nombre de millions, vous les soumettez
à l'approbation du gouvernement. Alors, ce n'est pas dans le sens de
vous limiter ou de vous restreindre; c'est simplement cette
précaution.
M. Bellemare: II y a une jurisprudence d'établie, madame,
pour d'autres sociétés; c'est ce qu'a dit le député
de L'Acadie. Si le ministre veut l'admettre, c'est son affaire, mais cela
contrevient à l'article 64. Cependant, lui, de son siège, comme
ministre, peut l'ajouter, parce que la jurisprudence existe dans d'autres
domaines.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je dis depuis le début, si
vous regardez les autres sociétés.
M. Vaugeois: Mme la Présidente.
Le Président (Mme Cuerrier): Tout à fait. M. le
ministre.
M. Vaugeois: ... c'est vrai que, dans certaines autres lois,
c'est rédigé différemment, mais il y avait des raisons
particulières de le faire ainsi. Je ne me rappelle plus les exemples,
mais, dans telle société, il faut l'autorisation du gouvernement
parce que ce sont des montants qui s'ajoutent à des premiers montants
dont la fonction avait été bien déterminée. De tous
les cas possibles, ce que je peux vous dire, c'est qu'au niveau de cette loi la
formulation de 19 a été discutée et, comme il s'agit d'un
montant qui satisfait aux objectifs précis d'une loi, on va
procéder tel que c'est écrit.
M. Bellemare: Dans quelque temps, vous allez faire comme les
autres, vous allez en ajouter et...
M. Vaugeois: Je l'espère bien.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, est-ce que le ministre
me permettrait...
M. Vaugeois: A part cela, ne me comparez pas à la
Société nationale de l'amiante, parce qu'on ne fait pas les
mêmes choses, on ne s'apprête pas à nationaliser les
industries culturelles.
M. Bellemare: SOQUIA...
Le Président (Mme Cuerrier): Mme le
député...
Mme Lavoie-Roux: Le ministre prendra la décision qu'il
veut, mais au moins il a admis que ce n'était pas non conforme; cela se
fait.
M. Vaugeois: Oui. Cela pouvait se faire autrement.
Mme Lavoie-Roux: Quant à l'article 13 de la
Société nationale de l'amiante, en dépit du fait que le
ministre ne veut pas que je le compare à la Société de
l'amiante, il reste que vous avez néanmoins voté pour cette loi:
"Le ministre des Finances est autorisé à payer à la
société sur le fonds consolidé du revenu, avec
l'approbation préalable du gouvernement, une somme de $250 millions pour
250 000 actions...
M. Bellemare: Oui, c'est l'article 13.
Mme Lavoie-Roux: ... entièrement acquitées de son
capital social pour lesquelles la société lui remettra des
certificats.
Ce paiement peut être fait en un ou plusieurs versements; s'il est
fait en plusieurs versements, chacun d'eux doit faire l'objet de l'approbation
prévue au premier alinéa ".
En somme, cela garantit un arrêté en conseil pour chacun
des versements.
M. Vaugeois: On admettra, je pense, qu'on n'est pas dans les
mêmes ordres de grandeur ni dans les mêmes types de
sociétés.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 19...
Une Voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Sur division.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté, sur
division.
M. Goldbloom: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): Article 20.
M. Goldbloom: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... pourrais-je demander le consentement des
membres de cette commission plénière pour poser une question qui
porte sur l'article 18 que nous avons adopté il y a un instant...
Le Président (Mme Cuerrier): Consentement.
M. Goldbloom: ... et qui se rapporte également à
l'article 5? A l'article 18, il est indiqué qu'il y a effectivement un
seul actionnaire, toutes les actions étant attribuées au ministre
des Finances. A l'article 5, à la dernière ligne, on lit: "mais
la qualité d'actionnaire n'est pas requise. " En fait, elle n'est
même pas possible.
M. Vaugeois: Oui. D'accord.
M. Goldbloom: Alors, cela ne crée pas de problème,
cette rédaction qui semble...
M. Vaugeois: Cela n'en crée pas plus que certaines autres
formulations qui m'étonnent toujours un peu. Au moins, on a pensé
à le mettre.
M. Bellemare: Vous avez deux portes de sortie au lieu d'une.
M. Vaugeois: C'est cela.
Le Président (Mme Cuerrier): La réflexion est
faite. Article 20.
M. Vaugeois: A l'article 20, Mme le Président, j'ai deux
amendements.
Que le paragraphe b) soit remplacé par le suivant: "Contracter un
emprunt qui porte le total des sommes empruntées par elles et non encore
remboursées au-delà d'un montant déterminé par le
gouvernement." J'expliquerai tout à l'heure.
Remplacer le paragraphe d) par le suivant: "Prendre un engagement
financier pour une somme excédant le montant déterminé par
le gouvernement. '
Pour expliquer ces deux amendements, je rappelle que l'article 20
commence par les mots suivants: "La société ne peut, sans
l'autorisation du gouvernement, faire un certain nombre de choses. " Au
paragraphe b), on précisait un montant de $500 000 pour des emprunts et
au paragraphe d), on précisait un montant de $150 000 pour un engagement
financier. Je pense que tout le monde comprendra que de se lier dans une loi
à de tels plafonds, c'était s'obliger, éventuellement,
à revenir devant la Chambre pour modifier ces montants, alors que les
amendements que je propose permettront au gouvernement de garder les
mêmes montants, éventuellement, de ne pas les garder au niveau de
la loi, mais au niveau des règlements. Cela veut dire qu'ils pourront
être modifiés plus facilement.
M. Goldbloom: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... les deux amendements proposés par le
ministre nous paraissent valables.
Le Président (Mme Cuerrier): Alors, ces deux
amendements...
Mme Lavoie-Roux: ...
Le Président (Mme Cuerrier): Mme le député
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les amendements qu'on a adoptés,
d'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): Ces deux amendements à
l'article 20 sont-ils adoptés? Adopté. Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Toujours à l'article 20, je me demande
s'il n'y aurait pas lieu d'obliger le ministre à rendre publics les
autorisations ainsi que les règlements de régie interne et de
prévoir une disposition comme on retrouve, par exemple, je me demande si
ce n'est pas dans la Société nationale de l'amiante. J'en fais
motion immédiatement pour ne pas perdre de temps: Que l'article 20 soit
modifié en ajoutant, à la fin, l'alinéa suivant: "Tout
arrêté du gouvernement autorisant l'acquisition de biens ou
d'actions d'une entreprise visée à l'alinéa
précédent doit être déposé sans délai
à l'Assemblée nationale si elle siège ou, si elle ne
siège pas, dans les quinze jours de l'ouverture de la session suivante
ou de la reprise des travaux, selon le cas."
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Vaugeois: Voulez-vous me montrer le texte?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: II faudrait peut-être le relire, mais ma
première réaction on me corrigera c'est d'avoir
compris que vous voulez que le gouvernement publie son autorisation
aussitôt qu'il l'a émise. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire dans le cas d'acquisition
d'actions et de biens d'autres...
M. Charbonneau: Je ne me pose qu'une question et je la pose bien
ouvertement: Est-ce que la société ne sera pas
éventuellement placée en concurrence pour acquérir
certains biens? Si on publiait l'autorisation avant que l'acquisition ne soit
faite, est-ce que cela ne placerait pas la société dans une
position difficile pour faire l'acquisition de ces biens? Par exemple, la
raffinerie de sucre du Mont-Saint-Hilaire a eu à faire l'acquisition, au
cours des derniers mois, d'un équipement considérable qui
était évalué à plusieurs millions de dollars. (2
heures)
On n'a pas ébruité la chose et cela a permis finalement au
conseil d'administration et aux responsables de la Raffinerie de sucre, qui est
une société d'Etat, de faire l'acquisition à moindre
coût, en encan public aux Etats-Unis, parce que personne ne savait
finalement qui étaient les acheteurs et ne connaissait les intentions
des gens de la société d'Etat en question, qui est la Raffinerie
de sucre de Mont-Saint-Hilaire.
C'est juste la réaction que j'ai. Peut-être qu'on pourrait
dire après acquisition rendre public. Le résultat serait le
même. Cela éviterait peut-être certaines situations qui
empêcheraient l'acquisition de biens à des coûts
raisonnables.
Mme Lavoie-Roux: Mais comment le gouvernement ou le
ministère des Affaires culturelles va-t-il tenir l'Assemblée au
courant de l'évolution, par exemple, de la société?
M. Charbonneau: Moi, la façon dont je le vois, c'est que
les autorisations qui auraient permis l'acquisition de biens ou d'actions
pourraient être déposées à la suite de ces
acquisitions. Le simple fait de les déposer avant que les acquisitions
soient faites place la société dans une drôle de
position.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que le problème, Mme le
Président, se pose vraiment? En effet, une fois que la
société a eu l'autorisation d'acquérir, c'est qu'il y a
inévitablement eu une entente préalable. Est-ce que le
problème se pose dans les termes qu'utilise le député de
Verchères?
M. Charbonneau: Je ne le sais pas. Il faudrait peut-être le
demander aux spécialistes. C'était la question qui me venait
à l'esprit, puisque...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vous comprends.
M. Charbonneau: ... dans mon comté, j'ai
l'expérience de deux sociétés d'Etat, notamment de la
Raffinerie de sucre.
Mme Lavoie-Roux: La négociation, ordinairement, est faite
quand l'autorisation est donnée d'acquérir.
M. O'Neill: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre des
Communications.
M. O'Neill: ... je me demande si les articles 26 et 27 ne
répondent pas à cela. L'article 26 pour ce qui est de
l'obligation de publier un rapport annuel. L'article 27, "la
société doit fournir au ministre des Affaires culturelles tout
renseignement qu'il requiert sur ses activités et lui transmettre les
avis de convocation et les procès-verbaux des séances du conseil
d'administration."
Mme Lavoie-Roux: C'est annuellement. Je ne crois pas que cela
réponde.
M. O'Neill: A l'article 27, c'est plus qu'annuellement, c'est de
façon régulière. C'est parce que vous demandiez comment le
ministre sera au courant des décisions prises.
Mme La voie-Roux: Oui, mais c'est au ministre; ce n'est pas
à l'Assemblée nationale.
M. O'Neill: L'autre, c'est le rapport annuel. Il me semble qu'on
doit demander à cette société d'Etat ce qu'on demande aux
autres, ni plus ni moins.
M. Bellemare: Mais dans d'autres, il y a cette prescription qui
n'existe pas.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous n'avez pas contesté?
M. Bellemare: Pardon.
Mme Lavoie-Roux: Tous les débats qui ont eu lieu dans le
fond sur les sociétés d'Etat, j'en ai l'impression, dans les
trois derniers mois au moins, ont toujours posé ce problème de
l'évolution des sociétés d'Etat et qu'on en prend toujours
connaissance un peu tardivement.
M. Vaugeois: Moi, je suis assez sensible à ce point de
vue. Evidemment, si la société est très active et acquiert
beaucoup d'actions, cela voudrait dire que chaque fois, puisqu'il va y avoir un
arrêté en conseil de préparé et qu'il faut
l'autorisation du gouvernement, l'arrêté en conseil sera
déposé ici. Moi, je n'ai pas d'objection à cela.
M. Bellemare: Mme le Président, c'est conforme aussi au
milieu, parce que c'est le milieu le plus contestataire que vous allez
rencontrer parmi les sociétés d'Etat, ce sont ceux qui peuvent le
plus vous faire du trouble. Alors, c'est pour vous mettre à l'abri, ce
que vous demande le député de L'Acadie.
M. Vaugeois: Le député de Gaspé va
être obligé d'admettre qu'on marche un peu vers la
transparence.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez beaucoup de support et
d'encouragement.
M. Le Moignan: Vous ne transpirez pas souvent depuis le
début.
Mme Lavoie-Roux: II transparaît.
M. Vaugeois: Merci, Mme le député de L'Acadie.
Si on est d'accord sur l'amendement, est-ce qu'on peut terminer cet
article?
Le Président (Mme Cuerrier): Je veux simplement que vous
vérifiiez si la phraséologie est selon les normes, si on ne parle
plus du lieutenant-gouverneur en conseil et le reste. C'est bien correct: Tout
arrêté du gouvernement autorisant l'acquisition de biens ou
d'actions d'une entreprise visée? Vous l'avez vérifié?
Mme Lavoie-Roux: Un instant. Je pense que de plus en plus, et
peut-être dans les autres articles de la loi, on fait
référence au gouvernement et non plus au lieutenant-gouverneur en
conseil. C'est pour cela que ce terme est utilisé.
Le Président (Mme Cuerrier): D'accord. Mme Lavoie-Roux:
Depuis la loi 101. M. Vaugeois: Mais non, c'est lorsque...
M. Le Moignan: Ils ont une batterie d'experts en
arrière.
M. Bellemare: Est-ce que les experts seraient conformes en
cela?
M. Vaugeois: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez innové la transparence.
M. Vaugeois: Avec votre collaboration...
M. Bellemare: Non, mais tout seul aussi. Si vos experts
étaient...
M. Vaugeois: Je n'ai plus le texte devant les yeux.
M. Le Moignan: A tête reposée, vos experts
pourraient réviser ce texte-là.
M. Vaugeois: Est-ce que vous avez changé votre
proposition?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Vaugeois: Alors, cela va ainsi.
M. Bellemare: S'il y avait une objection possible on pourrait
suspendre et, lors du dépôt de la commission demain matin, vous
pourriez faire l'amendement s'il y avait lieu.
M. Vaugeois: Merci, M. le député.
Le Président (Mme Cuerrier): L'amendement est-il
adopté?
M. Bellemare: Sauf restriction, s'il y avait un amendement
quelconque, on pourrait l'apporter avant le dépôt de la
troisième lecture.
M. Vaugeois: Sur la forme.
M. Charbonneau: En fait, l'idée c'est de ne pas
empêcher les acquisitions.
Mme Lavoie-Roux: Je ne cède pas ma motion.
M. Bellemare: On la garde bien sûr, mais on garde aussi le
privilège de... Oui, avec restriction.
Le Président (Mme Cuerrier): L'amendement de Mme le
député de L'Acadie est-il adopté?
M. Bellemare: Oui, avec restriction.
Le Président (Mme Cuerrier): L'article 20, adopté
tel qu'amendé? Adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté. Article 21.
Adopté?
M. Bellemare: On ne peut accorder de subvention...
M. Goldbloom: II y a un amendement, Mme la Présidente.
M. Vaugeois: Merci, M. le député. M.
Charbonneau: Mme le Président?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je viens de vérifier avec les conseillers
du ministre et je pense que j'avais raison tantôt de me méfier. On
n'est pas assuré qu'une fois que l'autorisation du gouvernement va
être donnée l'acquisition est nécessairement non
menacée. C'est ce qui m'inquète. A un moment donné le
gouvernement peut autoriser l'acquisition, sauf que l'acquisition se fait dans
un système de concurrence. Du simple fait qu'on rend publique une
intention d'acquisition, une autorisation d'acquisition du gouvernement, on
bloquerait ces acquisitions. C'est ce qui me...
Le Président (Mme Cuerrier): Vous avez un amendement
à l'article 21, n'est-ce pas, M. le ministre?
M. Bellemare: II y a un amendement, oui.
M. Goldbloom: Je vous fais remarquer que le député
de Verchères vient de faire des commentaires sur l'article 20. Quant
à nous, nous sommes toujours disposés à en discuter parce
qu'il y a deux considérations, ici...
M. Vaugeois: Est-ce que Mme le député de L'Acadie
accepterait que son amendement se lise comme suit: "Tout arrêté du
gouvernement, autorisant l'acquisition de biens ou d'actions d'une entreprise
visée au paragraphe a) de l'alinéa précédent doit
être déposé après cette acquisition, si elle a lieu,
sans délai, à l'Assemblée nationale"? Ce n'est pas
très bien dit, mais est-ce qu'elle accepterait qu'on ajoute quelque
part, et en le mettant en bon français: "après cette
acquisition"?
Mme Lavoie-Roux: Mais, Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): Ecoutez! De consentement,
vous discutez de l'article 20. Ne pourrais-je vous suggérer de le
suspendre pour...
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Vaugeois: C'est qu'actuellement on le change.
Le Président (Mme Cuerrier): Non? Ah bon!
Mme Lavoie-Roux: II y a l'esprit dans lequel je l'ai fait. Mais,
si le ministre ne veut pas se rendre à ce point de vue, comme second
choix je prendrai peut-être l'autre, mais...
M. Bellemare: II se rend à cet esprit-là, mais il
ajoute une particularité.
M. Vaugeois: Je pense qu'il y a des éléments qui
s'ajoutent dans la discussion qui font que...
Mme Lavoie-Roux: C'est qu'à ce moment-là on le
saura après que c'est fait.
M. Vaugeois: Après l'acquisition.
Mme Lavoie-Roux: Cela n'a plus le même effet pour
l'Assemblée nationale.
M. Charbonneau: Mme le député, est-ce que vous
voulez que l'Assemblée nationale devienne éventuellement un forum
qui permettrait qu'on puisse jouer sur des acquisitions? C'est le danger
actuellement. Parce que vous rendriez publique une autorisation du gouvernement
sans avoir obtenu la garantie d'acquisition. Vous pouvez faire en sorte qu'en
déposant cette autorisation vous ayez une augmentation,
éventuellement, des prix pour l'acquisition. Cette acquisition n'est pas
faite.
Le Président (Mme Cuerrier): Mme le
député.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends que l'argumentation est un peu
pénible, mais est-ce qu'on me permettrait de me référer
une fois de plus à la Société nationale de l'amiante? Vous
pouvez lire, à l'article 16, que tout arrêté du
gouvernement autorisant l'acquisition d'une entreprise ou d'actions formant le
fonds social d'une entreprise visée au paragraphe b du premier
alinéa du présent article, doit être déposé
sans délai à l'Assemblée nationale, si elle siège,
ou, si elle ne siège pas, dans les quinze jours de l'ouverture de la
session suivante ou de la reprise des travaux, selon le cas. (2 h 10)
J'ai l'impression que, compte tenu de la longueur des débats qui
ont eu lieu au moment de l'adoption de la loi qui créait la
Société nationale d'amiante, ces articles ont dû être
passablement examinés.
M. Charbonneau: Ce que je peux simplement vous dire, c'est
l'expérience que j'ai vécue, comme
député de Verchères, dans mon comté,
récemment...
Mme Lavoie-Roux: J'ai bien compris.
M. Charbonneau: ... et cela nous a évité des
coûts considérables qui se chiffrent par des millions de
dollars.
M. Bellemare: A la hausse ou la baisse?
M. Charbonneau: C'est un encan public qui s'est passé aux
Etats-Unis. S'il avait fallu qu'on avertisse, qu'on avance nos couleurs avant
coup, je vous jure qu'à l'encan, ils nous auraient vus venir depuis
longtemps et on aurait payé le prix. On n'aurait peut-être pas
été capable non plus de faire l'acquisition de ces
équipements.
M. Vaugeois: Mme le Président, je ne sais pas si mes
collègues d'en face réagissent comme moi, mais je pense que le
député de Verchères a de bons arguments; je le trouve
assez convaincant. Ou bien on réserve le geste de rendre publique
après l'acquisition faite, autrement cela n'est pas possible. Vraiment,
je pense que ce n'est pas l'intention du député de L'Acadie de
provoquer des fluctuations, des jeux de hausses et de baisses, de hauts et de
bas.
Mme Lavoie-Roux: Non, mon objectif, je pense que vous le
comprenez, c'est d'ajouter un outil de contrôle et de surveillance.
M. Vaugeois: A ce moment-là, je pense qu'il faut vraiment
attendre après l'acquisition, si elle a lieu.
M. Goldbloom: Mme la Présidente...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... si le ministre a quelque chose à
ajouter...
Mme Lavoie-Roux: Allez-y donc.
M. Vaugeois: On me suggère à l'oreille qu'en
pratique, si on avait accepté cela tel quel, le Conseil des ministres
attendrait pour prendre sa décision formellement que la transaction se
fasse, que l'acquisition se fasse, pour ne pas avoir à la rendre
publique avant qu'elle se produise. A ce moment-là tu as le jeu de
surenchère qui peut intervenir.
M. Goldbloom: Mme la Présidente, je vous fais remarquer
que nous avons, de bon gré, accepté deux modifications que le
ministre nous a proposées à l'article 20 et que l'effet de ces
deux modifications est de rendre moins précis le contrôle que l'on
peut avoir sur les activités de la société. Au lieu de
fixer des montants précis, on indique que le gouvernement fixerait des
montants. Si nous avons accepté ces deux modifications, nous l'avons
fait étant quand même conscients que le contrôle serait
diminué. Voici que nous avons proposé, en revanche en quelque
sorte, que les autorisations d'acquisition soient rendues publiques. L'argument
offert par le député de Verchères nous paraît
sérieux et, quand même, le problème demeure; s'il n'y a pas
de contrôle, si les activités ne sont pas rendues publiques de
façon convenable, comment peut-on vraiment...
M. Charbonneau: Est-ce que le député de D'Arcy
McGee me permettrait une question? Si on s'entend sur les deux principes qu'il
faut un contrôle mais qu'il faut, en même temps, éviter la
spéculation, on pourrait peut-être demander aux
spécialistes de rédiger et de nous faire une proposition dans
quelques minutes?
M. Vaugeois: C'est ce que j'avais demandé.
Mme Lavoie-Roux: Cela vaudrait la peine de le déplacer
après l'acquisition.
M. Vaugeois: Alors, plus simplement encore: Tout
arrêté du gouvernement autorisant l'acquisition de biens ou
d'actions d'une entreprise visée au paragraphe a) de l'alinéa
précédent doit être déposé à
l'Assemblée nationale. On enlèverait "sans délai" et on
finirait après "à l'Assemblée nationale".
Mme Lavoie-Roux: Quand même, vous pouvez le déposer
six mois après ou même dans votre rapport annuel.
M. Bellemare: II y a une chose qui existe dans d'autres lois,
c'est que si elle siège ou si elle ne siège pas, dans les quinze
jours de l'ouverture de la session suivante, ou de la reprise des travaux,
selon le cas, il faudrait que ce soit inscrit aussi. Cela existe, c'est de la
concordance avec d'autres sociétés qui devrait être au
moins respectée dans cette loi.
M. Vaugeois: Je comprends mais cela a l'air un peu drôle de
dire "doit être déposé à l'Assemblée
nationale si elle siège", sans avoir dit "sans délai".
M. Bellemare: Cela existe dans des lois d'autres
sociétés.
M. Vaugeois: II doit y avoir "sans délai". M. Bellemare:
Non, non. M. Vaugeois: En tout cas!
M. Bellemare: A l'Assemblée nationale, si elle
siège, ou si elle ne siège pas, dans les quinze jours de
l'ouverture de la session suivante ou de la reprise des travaux selon le
cas.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que...
M. Vaugeois: Voulez-vous qu'on se donne un peu de temps? On s'est
entendu. On va jouer avec la formulation et on reviendra avec...
Mme Lavoie-Roux: ... vous comprenez les objectifs. On pourra
s'entendre sur...
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. Vaugeois: L'important, c'est qu'on se soit entendu. C'est
l'information que vous voulez...
M. Bellemare: Articles 34, 21...
Mme Lavoie-Roux: Dans des délais raisonnables.
M. Vaugeois: C'est cela. On est à l'article 21?
Le Président (Mme Cuerrier): Vous reviendrez à cet
article-là. Article 21.
M. Bellemare: II y a des amendements à l'article 21.
M. Vaugeois: "La société ne peut accorder de
subventions. Toutefois elle peut consentir, dans les cas
déterminés par le gouvernement, des prêts à un taux
d'intérêt plus bas que le taux ayant cours sur le marché".
Je vous explique. La rédaction première disait: "La
société ne peut accorder de subventions". C'est toujours notre
intention, sauf que des prêts à un taux
préréférentiel pourraient être
interprétés comme étant des formes de subventions. On nous
a donné des cas où cela avait posé des
problèmes.
M. Bellemare: La Société de développement
industriel.
M. Vaugeois: Peut-être. M. Bellemare: Oui.
M. Vaugeois: On ne se lie pas. On ne s'empêche pas de faire
ce qu'on veut faire. Donc, on le précise en disant nettement qu'elle
peut consentir des prêts à un taux d'intérêt plus bas
que le taux ayant cours sur le marché, encore que la
société à ce moment-là a besoin d'être
autorisée par le gouvernement. La formule utilisée est: "... dans
les cas déterminés par le gouvernement". Cela pourrait être
des catégories. Le gouvernement pourrait ne pas obliger la
société à revenir chaque fois. On pourrait établir
que, dans tel genre de cas, on peut pratiquer un taux
préférentiel. Voilà l'explication de la formulation.
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, pour une simple
règle de procédure. Je veux tout simplement dire qu'il ne s'agit
pas d'un amendement, parce qu'il y aurait des problèmes techniques. Il
faut tout simplement dire qu'on propose un nouvel article 21.
M. Vaugeois: Voilà!
M. Bellemare: Oui, mais l'article est complet. Si on le change
comme cela, parce qu'on le répète textuellement: "La
société ne peut accorder de subventions ". Alors, le
président a parfaitement raison de changer complètement l'article
21 par l'amendement qui est proposé, parce qu'on répète la
première proposition dans la motion.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que tout le monde
accepte, justement, que l'article 21 soit simplement un nouvel article comme
suit. C'est un papillon que l'on met dans la loi.
M. le député de D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il me semble que la formule
que nous propose le ministre ne correspond pas parfaitement à ce que
nous avons déjà vu dans des articles semblables. Il me semble que
le ministre devrait dire ou bien "toutefois, elle peut, avec l'autorisation du
gouvernement, consentir des prêts" et le reste, ou bien "toutefois, elle
peut consentir, dans les cas déterminés par règlement du
gouvernement, des prêts" et le reste.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Vaugeois: D'accord. "... dans les cas déterminés
par règlement du gouvernement..."
Le Président (M. Cardinal): Un instant, s'il vous
plaît! Le texte se lirait comme suit: "La société ne peut
accorder de subventions. Toutefois elle peut consentir dans les cas
déterminés par règlement du gouvernement des prêts
à un taux d'intérêt plus bas..." etc.
M. Bellemare: II ne faut pas non plus changer le but que
recherche le ministre aussi...
M. Vaugeois: Cela va.
M. Bellemare:... parce que l'amendement que suggère le
député de D'Arcy McGee va beaucoup plus loin que le
vôtre.
M. Goldbloom: Non. M. le Président, je m'excuse. Je ne
suis pas d'accord avec le député de Johnson. De deux choses
l'une...
M. Bellemare: Ce n'est pas nouveau. (2 h 20)
M. Goldbloom:... ou bien c'est du cas par cas, ou bien ce sont
des critères qui sont établis par règlement. Si c'est du
cas par cas, c'est la société qui fait ses propositions; le
gouvernement se penche là-dessus et dit oui ou non. Ou bien ce sont des
catégories qui sont définies avec des critères par
règlement, et là la société sait de quelle
façon elle peut agir.
M. Bellemare: M. le Président, je ne veux pas contredire
l'honorable député de D'Arcy McGee,
mais je vous dis qu'il me donne parfaitement raison quand il donne une
explication supplémentaire à son argumentation. Je pense qu'on
élargit considérablement l'esprit même de la loi. A ce
moment-là, on entre dans une autre catégorie qui fait que
l'essence même de l'article 21 n'est plus ce que le ministre avait dit,
même dans son amendement. Il reste encore treize articles, M. le
leader.
M. Vaugeois: Cela nous convient.
Le Président (M. Cardinal): Cela nous convient et "par
règlement".
M. Bellemare: Treize articles.
Le Président (M. Cardinal): "Par règlement". Au
singulier.
M. Vaugeois: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Quand même, il ne suffit
pas de le dire, il faut l'écrire. Est-ce que c'est adopté?
M. Bellemare: Adopté tel qu'amendé.
Le Président (M. Cardinal): Bon. L'article 22?
M. Vaugeois: L'article 22.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Merci.
L'article 23?
M. Goldbloom: Adopté. Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Cela va? Mon devoir est
d'être un de vos serviteurs.
M. Vaugeois: L'article 24 devrait bien aller tout à
l'heure. Il répond à un certain nombre de préoccupations
exprimées par l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: On nous bouscule.
Le Président (M. Cardinal): C'est vous qui bousculez. Je
n'ai pas encore appelé l'article 24.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président... M. Goldbloom: Non, M.
le Président. Le Président (M. Cardinal): L'article 24? Mme
Lavoie-Roux: M. le Président... Le Président (M. Cardinal):
Oui, madame.
Mme Lavoie-Roux: ... je ne sais pas ce à quoi le ministre
fait allusion, mais...
M. Vaugeois: Au discours de votre voisin, entre autres.
Mme Lavoie-Roux: Je ne me sens pas tout à fait sur la
même longueur d'onde que le ministre à cet égard.
Apparemment, il semble que la formulation utilisée ici est celle qui est
régulièrement utilisée pour toutes les
sociétés d'Etat. Je n'ai pas de suggestion à faire, mais
je veux quand même exprimer une inquiétude. Elle va
peut-être servir de mise en garde au moins pour une semaine. Après
cela, peut-être pas davantage. Nous sommes dans une société
d'Etat et on a fait mention, au cours du débat de deuxième
lecture d'une société d'Etat qui a quand même un
caractère particulier, compte tenu de la clientèle à
laquelle elle s'adresse. Le ministre, comme dans les autres
sociétés c'est pour cela que je ne peux pas
m'élever contre la formulation émet des directives portant
sur les objectifs et l'orientation de la société dans
l'exécution des fonctions qui lui sont confiées par la loi.
Est-ce que le ministre a réféchi à ce problème?
Est-ce qu'il a pensé que, comme on fait parfois des déviations ou
des adaptations selon les besoins de la clause, est-ce que son ministère
a réfléchi à une formule qui donnerait moins du
moins en apparence, en tout cas mainmise au ministre des Affaires
culturelles sur les orientations d'une société à
caractère culturel ou dont les grands objectifs sont à
caractère culturel?
M. Bellemare: M. le Président, avant, je voudrais ajouter
ceci. Dans cet article, on voit que le ministre doit soumettre ces directives
au Conseil des ministres. Mais il est dit aussi dans cet article. "Si elles
sont ainsi approuvées, elles lient la Société qui est
tenue de s'y conformer". Est-ce que cela sera fait en
collégialité ou sous l'autorité, comme dit le
député de L'Acadie, du caprice du ministre?
M. Charbonneau: Est-ce que le député de Johnson ne
considère-t-il pas que c'est plus normal finalement que le ministre des
Affaires culturelles et le gouvernement puissent agir de la sorte plutôt
qu'uniquement une société d'Etat qui n'aurait pas à
répondre?
M. Bellemare: Oui, mais c'est le lien qui va exister entre la
directive qui va être soumise par lui au Conseil des ministres et
l'obligation de s'y conformer. Il n'y a pas d'échappatoire.
M. Charbonneau: Ou le gouvernement contrôle des
sociétés d'Etat ou il ne les contrôle pas.
M. Bellemare: Oui, d'accord. On va avoir une commission pour cela
bientôt.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On m'informe que cette formulation,
contrairement à l'opinion que j'ai émise tout à l'heure,
ne s'appliquerait qu'à deux autres sociétés d'Etat, soit
la Société nationale de l'amiante, qui est à la veille de
devenir un modèle, et la SOQUIA. Je me demande, à ce
moment-ci,
pourquoi ceci a été inclus dans la présente loi,
compte tenu des difficultés que j'ai fait valoir avant.
M. Vaugeois: Comme mon sous-ministre me le disait à
l'oreille tout à l'heure, nous avons beaucoup réfléchi sur
l'article 24. Je le mets immédiatement en relation avec l'article 29;
cela pourra peut-être nous faire gagner du temps, tout à l'heure.
Cela répond un peu aux préoccupations de l'Opposition, des
préoccupations que nous partageons sur des responsabilités qui
restent les nôtres, même vis-à-vis des
sociétés d'Etat.
Cela a été exprimé dans plusieurs interventions,
dont celle du député de D'Arcy McGee, si je n'ai pas mal
interprété ses paroles, et celle du député de
Saint-Laurent. Je pense que ce sont des préoccupations qui sont
raisonnables et que nous partageons. L'homme politique, le ministre, le
gouvernement ne se dérobent pas à leurs responsabilités et
ce n'est pas parce qu'ils créent une société d'Etat qu'ils
cessent d'exister. Ils continuent d'exister, ils continuent à assumer
leurs responsabilités.
Par ailleurs, il ne faut pas que cela se passe en cachette, il ne faut
pas que cela soulève des espèces de directives que subissent les
sociétés qui ne sont pas connues. C'est pour cela que le
troisième paragraphe dit bien que cela devra être rendu public; de
la même façon, à l'article 29...
M. Bellemare: M. le Président, je ne voudrais pas
interrompre le ministre, mais il y a une grande différence entre
l'article 24, où on parle de directives, et l'article 29, où on
parle des plans qui vont être des plans de développement. Les
directives, c'est une chose, parce que les directives peuvent être
soumises au ministre, mais le plan de développement dont il est question
à l'article 29, ce n'est pas tout à fait la même chose.
M. Vaugeois: Parfait! M. le Président, il y a une autre
chose que je tiens à dire. La société devra agir en
conformité avec les politiques du ministère, les politiques dont
sera responsable le ministre des Affaires culturelles. Cela veut dire qu'en
cours d'année, on peut avoir des ajustements, et ce n'est quand
même pas au ministère à s'ajuster à la
société, c'est l'inverse qui doit se produire.
L'article 24 devrait permettre au ministre d'informer la
société de certaines orientations prises par le ministère
et, entre autres, comme la société a une fonction d'initiative,
cela peut être un peu à partir de l'expertise
développée au ministère qu'on indique à la
société que le moment est venu pour tel type d'entreprise de se
perfectionner ou de s'améliorer dans tel domaine, de se réformer
et, à ce moment-là, le ministre communique avec la
société et lui donne un certain nombre d'objectifs ou
d'orientations.
M. Bellemare: Ces directives doivent être soumises au
Conseil des ministres auparavant?
M. Vaugeois: Oui.
M. Bellemare: Parce que, dans votre article, vous les soumettez
au Conseil des ministres avant. La société est obligée de
s'astreindre à cela.
M. Vaugeois: C'est cela. C'est important.
Le Président (M. Cardinal): L'article 24, adopté.
L'article 25? Adopté.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que je peux vous
demander...
Le Président (M. Cardinal): Sur l'article 25?
M. Goldbloom: Est-ce que je peux vous demander d'indiquer que
l'article 24 a été adopté sur division?
Le Président (M. Cardinal): L'article 24 est adopté
sur division.
M. Goldbloom: L'article 25 est adopté.
Le Président (M. Cardinal): L'article 25 est
adopté. L'article 26.
M. Bellemare: C'est normal, c'est dans les six mois.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. L'article 26,
adopté. L'article 27.
M. Bellemare: Une minute, sur l'article 27.
Est-ce qu'il y a une obligation morale ou une obligation d'Etat de
fournir tout renseignement qu'il requiert sur ses activités?
M. Charbonneau: Le gouvernement étant l'actionnaire,
l'actionnaire peut toujours demander des comptes.
M. Bellemare: Oui, mais quelle sorte de comptes? Moraux, sociaux,
administratifs, législatifs, quoi?
M. Charbonneau: Tout renseignement qu'il requiert sur ses
activités.
M. Bellemare: C'est cela. C'est bien vaste. S'il veut savoir si
je suis marié ou non, il pourrait peut-être le faire.
M. Charbonneau: Sur les activités de la
société.
M. Bellemare: Dans les activités de la
société, les membres sont compris.
M. Charbonneau: Je pense que ce sont les activités de la
société, non les membres individuellement. La
société agit comme une constituante.
M. Bellemare: Au début de la loi, il y avait un pouvoir
plus discrétionnaire que cela.
M. Charbonneau: Oui, mais...
M. Bellemare: Oui, mais là, il est concret.
M. Charbonneau: Je pense que...
M. Bellemare: En tout cas, je n'ai aucune objection, mais je
n'appartiendrai pas à la société.
M. Vaugeois: D'accord? L'article 27, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Un instant!
M. le député de D'Arcy McGee. (2 h 30)
M. Goldbloom: Une question, M. le Président. L'article
permettrait au ministre d'obtenir de la société tout
renseignement qu'il requiert. Tout renseignement, cela veut dire tout
renseignement. La société pourrait être, entre-temps,
devenue actionnaire minoritaire dans une entreprise quelconque. Est-ce que cet
article permettrait quand même au ministre d'obtenir tous les
renseignements qu'il voudrait sur cette entreprise dans laquelle la
société était un actionnaire minoritaire?
M. Bellemare: Oui, certainement... M. le Président, je ne
réponds pas pour le ministre...
Le Président (M. Cardinal): II faudrait le demander
à un juge.
M. Bellemare: Non, mais je pense que c'est oui, à cause de
l'article 20, qui est bien explicite.
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre.
M. Vaugeois: Je comprendrais que c'est sur ses activités
éventuellement en relation avec l'autre, mais cela reste sur ses
activités à elle.
Le Président (M. Cardinal): Adopté? Article 27,
adopté. Article 28.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Article 29.
M. Bellemare: C'est là qu'on arrive au plan de
développement, contrairement aux directives qui sont données
à l'article 24. Alors, les plans doivent, d'avance, être soumis au
ministère, avant exécution. C'est là qu'on trouve que les
directives sont une chose et que les plans de développement sont une
autre chose.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! M. le
député de Vanier.
M. Bertrand: M. le Président, je ne veux pas engager un
débat, mais je voulais simplement soumettre un amendement, s'il le
croyait intéressant.
M. Bellemare: A quel article?
Le Président (M. Cardinal): A 29, celui que nous
étudions.
M. Bertrand: Je suis fort préoccupé aussi par la
responsabilité que l'Assemblée nationale continue toujours de
porter, avec le gouvernement, quant au travail des sociétés
d'Etat et je me demandais si un alinéa...
M. Bellemare: Mais, l'article 24 s'applique là. Les
articles 24 et 29 sont corollaires, parce que la dernière partie: "...
l'Assemblée nationale ne siège pas, la directive doit être
déposée devant elle dans les quinze jours qui suivent l'ouverture
de la session suivante ou la reprise des travaux" et il y a une
corrélation entre 24 et 29.
M. Charbonneau: M. le député de Johnson,
pourriez-vous laisser terminer le député de Vanier?
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier, je n'ai pas encore entendu votre amendement.
M. Bertrand: Non, mais c'est que le député de
Johnson sait de quoi je veux parler.
M. Bellemare: Oui.
M. Bertrand: Si c'est clair dans l'esprit du ministre qu'un plan
de développement suppose qu'il sera déposé devant
l'Assemblée nationale, conformément à 24; je n'ai aucune
objection.
M. Bellemare: C'est lui qui l'a dit il y a quelques instants.
Vous étiez distrait, vous étiez à prendre votre "coke",
mais je suis sûr que le ministre a dit: 24 est corollaire 29. Je pense
que le ministre a raison et je pense qu'on est couvert par cela. Il voudrait
ajouter que le dépôt soit fait du plan de développement, en
vertu de 24. Il l'est...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Vanier.
M. Bertrand: A l'Assemblée nationale, c'est le
dépôt.
M. Bellemare: Oui, par 24, il va l'être. Le
Président (M. Cardinal): 29, adopté? Mme Lavoie-Roux:
M. le Président. Le Président (M. Cardinal): Oui,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Si je comprends bien, il semblerait que la
société ne serait pas obligée de déposer son plan
de développement ou que le ministre ne serait pas obligé de
déposer le plan de développement à l'Assemblée
nationale?
M. Vaugeois: C'est pareil, là.
Le Président (M. Cardinal): Adopté?
M. Bellemare: Mais, dans le rapport annuel du ministère,
il est obligé.
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Bellemare: Dans son rapport annuel, il va être
obligé, c'est sûr.
M. Vaugeois: II y a des choses qui pourront apparaître
éventuellement au rapport annuel, mais je pense qu'on ne doit pas rendre
public un plan de développement d'une société quand
même. Quand l'année est finie et que le rapport annuel se
prépare, on peut dire beaucoup de choses, mais le plan de
développement de l'année à venir, le rapport annuel, c'est
quand l'année est finie, ce n'est pas quand l'année s'en
vient.
M. Charbonneau: C'est un peu ce qu'on disait tantôt, il
peut y avoir des intentions d'acquisition et...
M. Bellemare: Cela fait monter ou cela fait baisser...
Le Président (M. Cardinal): Je pensais que c'était
adopté.
M. Bellemare: Oui, il est adopté.
Le Président (M. Cardinal): Article 30, adopté?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Le Président
(M. Cardinal): Article 31.
M. Bellemare: Un instant! Le ministre va nous dire les raisons
pour lesquelles il ne veut pas que les quatre articles, de 155 à 158,
s'appliquent.
M. Vaugeois: Oui, je vais vous dire cela. Cela concerne les
appels de versements.
Le Président (M. Cardinal): Sur les actions? M.
Vaugeois: Sur des actions.
M. Bellemare: Comme le gouvernement est majoritaire...
M. Vaugeois: D'accord?
Le Président (M. Cardinal): Adopté.
M. Bellemare: C'est simplement parce que je voulais que ce soit
inscrit au journal des Débats.
Le Président (M. Cardinal): L'article 31. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre des Affaires culturelles doit se
souvenir que j'ai fait le même débat et je crois qu'il avait
acquiescé, à ce moment-là, contrairement à d'autres
ministres, à ma demande. J'ai toujours beaucoup d'hésitation
à ce que les présidents et vice-présidents aient
accès au régime d'avantages sociaux de la même
manière que les employés réguliers de la fonction
publique. Je ne voudrais pas recommencer toute l'explication que je lui avais
donnée.
Il me semble qu'à ce moment-là on crée des
obligations supplémentaires à l'Etat et que, d'une façon
indirecte, on multiplie le nombre de fonctionnaires. J'avais demandé,
à ce moment-là, de retrancher j'oublie si c'était
dans le cas du président et du vice-président et
j'aimerais également faire motion, aujourd'hui, pour que le
douzième paragraphe de l'article 31 soit modifié en retranchant,
dans la première ligne, les mots "au président directeur
général, au vice-président". Evidemment, dans le cas des
employés, il est évident qu'ils sont fonctionnaires.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que vous faites une
motion formelle d'amendement?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Cardinal): Je voudrais avoir le texte,
s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): Je vous en prie, madame, c'est
une invitation pressante que je vous fais.
Je le lis, à cette heure-ci, à haute et autant que
possible intelligible voix. "Que le paragraphe douzième de
l'article 31 soit modifié en retranchant, dans la première ligne,
les mots "au président directeur général, au
vice-président et".
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais ajouter
qu'une fois que ces personnes sont intégrées, en quelque sorte,
indirectement à la fonction publique, puisqu'ils en reçoivent les
avantages, il y a une forte tendance pour que, éventuellement, à
cause des avantages qu'ils ont acquis, on se sente presque obligés,
moralement, de les intégrer à un autre niveau dans la fonction
publique quand ils ont fini d'occuper ces fonctions de président et de
vice-président. Ce sont, en définitive, des obligations
supplémentaires qu'on crée, en fin de compte, pour les
contribuables.
Je pense qu'on prend presque moralement un engagement à l'endroit
de ces personnes.
Le Président (M. Cardinal): Mme le député de
L'Acadie, sur la forme... Me permettez-vous?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Cardinal): J'ai relu votre texte et ce
paragraphe douzième, pour autant qu'il existe dans l'article 31... Dans
le fond, vous demandez que soit biffé cet article douzième.
Mme Lavoie-Roux: Non, il reste les employés de la
société québécoise et je n'y ai absolument aucune
objection, au contraire.
M. Bellemare: C'est le président et le
vice-président...
Le Président (M. Cardinal): Nous aurions le
douzième paragraphe et ce seraient les...
M. Bellemare: En vertu de certaines conventions collectives dans
la fonction publique, M. le Président, il y a des postes qui ont une
garantie de stabilité. C'est cela que le député de
L'Acadie ne voudrait pas reconnaître au président et au
vice-président pour qu'ils soient mis sur une tablette, à un
moment donné, et qu'on soit obligé de payer, comme on paie
présentement des gens qui sont sur des tablettes depuis un certain
nombre d'années, ce qui fait qu'on n'est pas capable de s'en
défaire.
M. Vaugeois: M. le Président, on est d'accord.
Le Président (M. Cardinal): Vous êtes d'accord?
Mme Lavoie-Roux: Bon!
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que l'amendement de Mme
le député de L'Acadie est adopté?
M. Bellemare: D'accord.
Le Président (M. Cardinal): Une seconde! Je mets mes
initiales officiellement. Par conséquent, est-ce que l'article 31 tel
qu'amendé sera adopté?
M. Bellemare: C'est à cause de l'heure.
Le Président (M. Cardinal): Je vais vous le lire quand
même. On dirait: "12° aux employés de la société
québécoise de développement des industries
culturelles.
M. Bellemare: C'est cela. Parfait! On est chanceux à cause
de l'heure.
Le Président (M. Cardinal): L'article 32.
M. Vaugeois: J'ai un amendement à apporter à
l'article 32.
M. Bertrand: Adopté.
Le Président (M. Cardinal): Un instant! Je voudrais voir
l'amendement.
M. Vaugeois: L'article 32 est remplacé par le suivant: "a)
La présente loi remplace la Loi concernant la garantie de certains
prêts aux éditeurs et libraires et modifiant la Loi de l'aide au
développement industriel du Québec (1975, chapitre 15), à
I'exception des articles 28, 29, 30 et 31. (2 h 40)
Est-ce la même chose avant? En tout cas! "Toutefois ladite loi
continue de s'appliquer comme si elle n'avait pas été
remplacée à l'égard des garanties accordées sous
son autorité et des demandes de garanties présentées
à la Société de développement industriel avant le
(insérer ici la date de l'entrée en vigueur du présent
projet de loi)."
Le Président (M. Cardinal): M. le ministre, pour le
journal des Débats, pour éviter tout précédent,
pouvons-nous convenir que c'est un article que vous proposez et qu'il n'est pas
question d'amendement?
M. Vaugeois: D'accord.
M. Bellemare: C'est exactement, textuellement, ce qui est dans la
loi présentement qui est retransmis dans l'amendement. Le
Président a certainement raison de vouloir que ce soit un article
nouveau qui soit complètement... parce qu'il renferme presque au texte
ce qu'il y avait même dans la loi originale.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Johnson, votre expérience me réjouit tellement ce matin!
M. Bellemare: Non, c'est conforme à tout ce qu'on a dans
notre règlement que, quand un article est amendé et qu'il
renferme presque l'article déjà contenu, on doit l'accepter tel
quel.
Le Président (M. Cardinal): Sans cela, c'est interdit.
Adopté?
M. Bellemare: C'est sûr, quant à moi, je n'ai pas
d'objection.
Mme Lavoie-Roux: Un instant! Un instant! Un instant!
Le Président (M. Cardinal): Bon, d'accord.
M. Goldbloom: M. le Président, il serait utile que nous
sachions, puisque le ministre nous présente cela à l'instant
même, ce que disent les articles 28, 29, 30 et 31.
Mme Lavoie-Roux: II semble qu'ils n'existent pas.
M. Vaugeois: Ils ne sont pas drôles, n'est-ce pas?
Mme Lavoie-Roux: Pardon? Où sont-ils?
M. Vaugeois: Ils ne sont pas drôles. Je vais vous les
lire.
M. Vaugeois: L'article 28: "L'article 16 de la Loi de l'aide au
développement industriel du Québec (1971, chapitre 64) est
modifié par l'addition de l'alinéa suivant:
Je pense que le plus simple, ce serait de vous
expliquer que, lorsque la Loi du prêt garanti a été
adoptée, on a modifié la loi de la SDI.
Une Voix: En 1975.
M. Vaugeois: Là, si on ne prend pas cette
précaution, on se trouve à toucher à la loi de la SDI.
Nous voulons ménager certains articles de la loi de la SDI qui avaient
été modifiés au moment de la loi du prêt
garanti.
M. Bellemare: On la trouve dans celle de la SDI, pas
ailleurs.
M. Vaugeois: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas...
M. Bellemare: C'est pour cette raison qu'on ne la retrouve pas
ailleurs.
M. Vaugeois: Oui, c'est par prudence.
M. Bellemare: Parce qu'il y avait la société
québécoise...
M. Vaugeois: C'est par prudence qu'on ne décide pas par
notre loi 105 d'affecter les articles 28, 29, 30 et 31.
M. Bellemare: De la loi de la SDI? M. Vaugeois: De la loi de la
SDI.
M. Bellemare: Seulement, ce n'est pas signifié dans la
loi.
Le Président (M. Cardinal): Me permettez-vous une seule
phrase? Justement, on ne peut pas, par cette loi, amender d'autres lois.
M. Bellemare: Non, d'autres lois.
M. Vaugeois: Par ailleurs, la SDI a prêté de
l'argent ou a garanti des prêts. Par ailleurs, il y a aussi devant la
SDI, des amendements en cours. Il y a aussi des demandes qui pourront
être présentées tant que notre loi ne sera pas en vigueur.
On veut que ces demandes puissent être étudiées. On veut
que les prêts qui ont été garantis demeurent garantis,
etc.
M. Bellemare: C'est pour cette raison qu'on ne les a
trouvés nulle part ailleurs, sauf à la Société de
développement industriel.
M. Vaugeois: Exact.
Le Président (M. Cardinal): Ce nouvel article 32 est
adopté.
M. Bellemare: Je n'ai pas d'objection. Le Président (M.
Cardinal): Article 33?
M. Bellemare: Le ministre des Affaires culturelles...
Le Président (M. Cardinal): Adopté. Article 34? M.
le député de Verchères.
M. Charbonneau: C'est franchement seulement par curiosité.
Peut-être que mon collègue de Mercier d'ailleurs pourrait me
répondre. Ne serait-il pas plus adéquat de dire...
M. Bellemare: II n'est pas encore ministre, par son
intermédiaire.
M. Charbonneau: Non, c'est parce que c'est un éminent
journaliste et linguiste. C'est seulement pour savoir si, finalement, ce ne
serait pas plus adéquat de mettre les Affaires culturelles avec un "A",
comme pour "Finances". Ordinairement, dans l'écriture on désigne
le nom du ministère avec une...
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Verchères, si vous me posiez la question directement...
M. Le Moignan: C'est normal.
Le Président (M. Cardinal): ...je vous répondrais
ce serait une opinion personnelle; peut-être que l'article 167 ne
le permettrait pas que je laisserais un petit "a".
M. Bellemare: L'article 167 est bien clair.
M. Charbonneau: Remarquez que l'écriture journalistique
n'est peut-être pas la même que l'écriture juridique.
Mme Lavoie-Roux: On se permet des licences dans cette
écriture.
Le Président (M. Cardinal): Cela va?
M. Vaugeois: M. le Président...
Le Président (M. Cardinal): Je m'excuse, oui.
M. Vaugeois: A-t-on adopté les articles 33 et 34?
Le Président (M. Cardinal): Non, l'article 33, non pas
l'article 34.
M. Vaugeois: Allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Cardinal): L'article 34. Je vous
rappelle, messieurs, que ce n'est pas terminé.
M. Vaugeois: C'est cela. Non, l'article 20.
Le Président (M. Cardinal): L'article 4 d'abord et
l'article 20.
M. Bellemare: L'article 4 a été adopté, en
plein milieu de la discussion.
Le Président (M. Cardinal): Attention! Est-ce que
l'article 4 a été adopté avec l'amendement de Mme le
député de L'Acadie?
M. Bellemare: Oui, d'accord. Oui, cela a été
adopté. Oui, certainement.
Le Président (M. Cardinal): La correction mineure,
c'était de changer...
M. Vaugeois: Cela a été fait.
Le Président (M. Cardinal): Attendez un peu.
M. Vaugeois: "Entreprise de ladite entreprise, "art graphique"
est devenu "art visuel".
M. Bellemare: "Spécificité" est devenu
"authenticité".
Mme Lavoie-Roux: La "spécificité" est devenue
l'authenticité".
M. Vaugeois: II a été remplacé par
"authenticité". Il y a deux nouveaux alinéas qui s'ajoutent qui
remplacent le dernier alinéa.
M. Bellemare: C'est cela.
Le Président (M. Cardinal): C'est cela, oui. Est-ce
accepté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Vaugeois: Oui, dans l'enthousiasme délirant et
général.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait trois fois qu'on l'adopte.
M. Bellemare: Le 20 aussi, il n'y avait pas... Le
Président (M. Cardinal): Non, un instant!
M. Vaugeois: Le 20, il y a une nouvelle rédaction.
M. Bellemare: Vous deviez consulter à nouveau vos
fonctionnaires.
M. Vaugeois: II y a une nouvelle rédaction.
Le Président (M. Cardinal): C'est mieux d'insister pourvu
qu'on ne perde pas son temps. Article 20.
M. Vaugeois: Grâce au travail conjoint et enthousiaste de
Me Brière et de M. Roussel... On change de président?
Mme Cuerrier: C'est l'heure.
Une Voix: C'est un feu roulant de présidents.
M. Vaugeois: L'article 20 serait modifié par l'addition de
l'alinéa suivant, et j'en remets le crédit au
député de L'Acadie, s'il accepte la nouvelle formulation: "Dans
le cas d'une acquisition d'actions ou de biens visés dans le paragraphe
a) du premier alinéa, l'arrêté du gouvernement doit
être déposé sans délai à l'Assemblée
nationale, si elle siège, ou, si elle ne siège pas, dans les
quinze jours de l'ouverture de la session suivante ou de la reprise des
travaux, selon le cas. Pour ne pas vous attraper, je précise qu'on dit
bien: Dans le cas d'une acquisition d'actions.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Vaugeois: On s'entend
bien?
M. Bellemare: Dans cela, on suit la jurisprudence établie
dans d'autres sociétés d'Etat. C'est conforme à cela.
M. Vaugeois: On est d'accord?
M. Bellemare: D'accord.
M. Vaugeois: Mme le Président, adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Laissez-moi terminer... C'est
visé au paragraphe a) de l'alinéa précédent, dans
le cas...
M. Bellemare: II y en a une copie.
Le Président (Mme Cuerrier): Cet amendement à
l'article 20 est adopté. Article 20, adopté tel
qu'amendé?
M. Bellemare: Oui, adopté.
Le Président (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Goldbloom: Mme la Présidente, il y a une seule question
que j'aimerais poser. Nous avons, au cours de l'examen de ce projet de loi,
parlé de la différence entre le mot "entreprises" et le mot
"industries". Pourtant, le mot "industries" est celui qui paraît au titre
de la loi. Le ministre, compte tenu de la discussion que nous avons eue,
veut-il toujours conserver le mot "industries" au titre de la loi?
M. Vaugeois: Oui.
M. Bellemare: Au lieu de "entreprises". Au lieu de garder
l'entreprise, qui couvre de manière plus grande, parce qu'au point de
vue de la corporation c'est bien important aussi.
M. Vaugeois: C'est cela.
M. Bellemare: Quand on a fini d'étudier, article par
article, en vertu de notre règlement, il faut revenir au titre. Le
député est revenu au titre.
M. Vaugeois: C'est cela. Mme la Présidente, j'aimerais
tout simplement, en terminant, remercier mes collègues d'en face et mes
collègues de
chaque côté. Vous avez remarqué que la participation
a été totale, familiale. Je pense qu'on a amélioré
ce projet de loi. Je remercie tout le monde.
M. Le Moignan: Adopté.
M. Charron: Madame, je vous prie de faire rapport à M. le
président, s'il vous plaît!
Le Président (Mme Guerrier): Oui, aussitôt que ceux
qu'on est convenu d'appeler les étrangers dans cette Assemblée
vous me pardonnerez le terme auront quitté!
Le Vice-Président: Oui, madame?
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
étudié le projet de loi no 105, Loi constituant la
Société québécoise de développement des
industries culturelles, et qu'elle l'a adopté avec les amendements.
Le Vice-Président: Merci. Ce rapport sera-t-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Troisième lecture, prochaine
séance.
M. Bellemare: II est bien entendu, je pense, comme j'étais
distrait et que j'étais en train de parler avec le député
de Gaspé, que c'est avec tous les amendements.
Le Vice-Président: Oui, c'est ce qui est convenu.
Troisième lecture, prochaine séance ou séance
subséquente. (2 h 50)
M. Bellemare: Oui, c'est correct. Pour celui-là, oui,
correct.
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: L'article 114) du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi no 108 Deuxième lecture
(suite)
Le Vice-Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement propose que nous reprenions le débat sur la motion de M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce qui, lui, nous proposait que soit lu une
deuxième fois, le projet de loi 108, Loi modifiant la Charte de la
Société générale de financement du Québec.
M. le leader parlementaire du gouvernement, par hasard, avait demandé
l'ajournement du débat.
M. Bellemare: Pour suppléer pour le 110.
M. Claude Charron
M. Charron: Oui, c'est peut-être parce que le début
de la discussion de ce projet de loi avait laissé voir que s'il n'y
avait pas effort de notre côté et de l'autre, en même temps,
pour trouver un terrain d'entente qui puisse faire de cette loi, qui, comme le
dit le député de Richelieu, lorsqu'il est intervenu concerne la
vie même de toute une région du Québec, qui donc,
nécessitait de tous les députés de l'Assemblée une
attention plus que convenable, on risquait de nous amener dans une impasse.
Autrement dit, le désaccord sur un certain nombre de dispositions
à l'intérieur du projet de loi risquait de faire que cette loi ne
soit pas adoptée avant la fin de la session. On risquait que la
Société générale de financement n'ait pas, comme le
prévoit ce projet de loi, moyen non seulement de couvrir une situation
désastreuse qu'elle traîne depuis cinq ans ou six ans, en
particulier dans le dossier de Marine Industrie, et deuxièmement, ce qui
est pire, d'être privée de tout moyen de relance.
Autrement dit, on aurait peut-être pu éponger la mauvaise
situation, mais la priver de tout moyen de corriger cette situation. Devant ce
fait, considérant les éléments qui avaient
déjà été déposés devant nous à
la discussion sur ce projet de loi, j'ai choisi, à ce moment, de
proposer l'ajournement du débat et passer plutôt à autre
chose, comme cela a été le cas.
Je dois Informer la Chambre que je terminerai très rapidement par
une demande de consentement à notre Chambre pour une exception à
notre règlement.
Nous avons été en contact, en dehors de cette enceinte,
bien sûr, pour que les députés qui avaient émis des
opinions on peut dire opposées sur le projet de loi aient l'occasion de
mesurer ces différences et d'essayer ensemble de retrouver ce terrain
d'entente.
Je précise même que les trois chefs des partis politiques
reconnus de cette Assemblée ont été impliqués dans
cette recherche d'un terrain d'entente et je crois que nous y sommes
parvenus.
Ceci m'amène à rappeler ce projet de loi à cette
heure et à ce dernier jour de session, toujours dans
l'intérêt des citoyens de la région du Bas-Richelieu. Il me
semble que, comme un collègue aura l'occasion de l'exprimer et comme le
ministre de l'Industrie et du Commerce aura l'occasion de la confirmer plus
encore, comme lors de l'étude, article par article de ce projet de loi,
que j'ai l'intention d'appeler en commission parlementaire demain, après
la période des questions, cela nous donnerait l'occasion de trouver un
terrain d'entente pour toutes les opinions de cette Assemblée et
d'obtenir le résultat escompté.
C'est ce travail qu'on appelle à l'occasion, en coulisse et qui,
en fait, n'est pas un travail dans l'obscurité, qui est un travail
essentiel que les feux de la rampe ne permettraient pas de conduire sans doute
avec autant d'efficacité s'il devait être conduit sur le parquet
même de cette Assemblée;
je crois que cela a porté fruit. Je voudrais donc conclure, M. le
Président, en sollicitant le consentement suivant de l'Assemblée:
Qu'un député qui s'est déjà exprimé sur le
projet de loi, soit notre collègue le député cie
Saint-Laurent, ait l'occasion, pour une période de cinq à dix
minutes au maximum, d'intervenir à nouveau pour faire part d'un certain
nombre de demandes qu'il nous a formulées su cours de ces rencontres. Il
me semble que c'est tout à fait normal que nous laissions aux
députés qui ont formulé des demandes le soin de les
présenter eux-mêmes. D'autres députés, bien
sûr, puisque nous sommes dans le cadre d'une deuxième lecture,
pourront par la suite intervenir et déjà, dans sa
réplique, le ministre de l'Industrie et du Commerce aura l'occasion
d'indiquer dans quelle mesure ses demandes agréent, reçoivent
satisfaction de notre part et j'espère bien de la part du
député qui les a proposées.
Terminant ici, M. le Président, mon intervention en
deuxième lecture sur ce projet de loi, je sollicite le consentement
unanime de l'Assemblée pour permettre au député de
Saint-Laurent de reprendre la parole pendant quelques minutes.
Le Président: M. !e leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: M. le Président, comme il est question d'un
consentement, nous sommes prêts à le donner pour que le
député de Saint-Laurent puisse parler de nouveau, mais nous ne
serons pas prêts demain à vous donner d'autres consentements. Et
en vertu de 115, vous ie lirez.
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
que M. le député de Saint-Laurent puisse intervenir à
nouveau ce soir?
M. Bellemare: Ce soir, oui. Demain, non. C'est aujourd'hui.
Le Président: Je vous signale, M. le leader parlementaire
de l'Union Nationale qu'en vertu du règlement, la session sera
prorogée demain.
M. Bellemare: Oui, mais je vais vous faire remarquer que
l'article 115 est bien explicite: A une autre séance.
Le Frésident: Alors, pour cette séance, est-ce qu'il y a
consentement unanime de cette Chambre? Il y a consentement, M. le
député de Saint-Laurent, vous avez la parole.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Je voudrais commencer
en remerciant tous les collègues de cette Chambre qui, par leur
consentement, rendent possible pour moi de prendre la parole à nouveau.
Je le ferai sans abuser de la patience et de l'énergie physique de
chacun des membres de cette Assemblée qui, à trois heures moins
deux minutes, ont sans doute d'autres soucis en tête que d'entendre de
nouveaux exposés. Je voudrais malgré tout, M. le
Président, faire le point puisque, comme l'a indiqué le leader du
gouvernement, il s'est déroulé des discussions qui, pour avoir
été momentanément privées, sont malgré tout
fort légitimes et productives, semble-t-il. Il est désormais
souhaitable que la lumière soit faite sur les échanges qui sont
survenus au cous des deux derniers jours. Je rappellerais, M. le
Président, que dans mon intervention de deuxième lecture, j'ai
fait une distinction très nette entre deux aspects du projet de loi 108.
D'une part le sauvetage à court terme de Marine Industrie, impliquant
des crédits pouvant totaliser entre $70 millions et $75 millions
auxquels nous avons indiqué que nous n'étions nullement
opposés, mais qu'au contraire nous souscrivions à l'avance
à l'approbation de cette partie-là du projet et,
deuxièmement, un projet d'avenir ou le financement de projets d'avenir,
mal définis à notre avis, qui vont au-delà des entreprises
existantes, mais qui les incluent également et auxquels nous avons dit
que nous étions fermement et même implacablement opposés,
du moins tant et aussi longtemps que de l'information additionnelle ou des
modifications n'interviendraient pas dans le projet de loi.
Immédiatement après cette intervention de deuxième
lecture, les discussions ont commencé et la discussion de
deuxième lecture fut d'ailleurs suspendue lorsqu'il devint apparent
qu'il était possible d'en venir à au moins des discussions
fructueuses ou positives. (3 heures)
Dès mardi matin, j'ai transmis des propositions au ministre de
l'Industrie et du Commerce, par écrit, au nom de l'Opposition
libérale, et les discussions ont continué depuis ce
moment-là jusqu'au point où, en fin de journée, il nous
est apparu possible d'en venir à une entente.
Les éléments essentiels de cette entente sont au nombre de
trois, les éléments essentiels de ce que nous recherchions
d'ailleurs sont au nombre de trois. En premier lieu, quant à Marine
Industrie, il nous semble absolument important que nous ne nous contentions pas
de résoudre le problème de sauvetage, de boucher les trous
béants ouverts par la mévente des six bateaux qui demeurent la
propriété de Marine Industrie pour n'avoir pas pu trouver
d'acheteurs. Il s'agit là d'une opération qui ne résout en
rien le problème que pose l'avenir des chantiers navals en particulier
à Marine Industrie et pour laquelle la direction même de la SGF
s'était engagée, mais sans qu'il n'y ait à cet engagement
d'obligation stricte dans la loi, à effectuer dans un avenir
indéfini une reconversion, à réorganiser l'entreprise de
manière à résoudre, une fois pour toutes, ce
problème qui ne semble pas passager mais au contraire de nature
passablement permanente.
Il semblait qu'il fallait fixer un délai à la
présentation d'un tel plan de reconversion et le faire également
de manière à ce que le problème soit clairement
posé à l'Assemblée nationale et pas seulement au niveau
administratif.
La deuxième implication de notre volonté de ne pas
souscrire à un chèque en blanc, visait à situer toute
intervention nouvelle de la SGF dans un contexte plus transparent ou plus
démocratique, c'est-à-dire dans un contexte où des
orientations nouvelles pour la SGF devraient être, avant d'être un
fait accompli, débattues ouvertement à l'Assemblée
nationale entre les diverses formations politiques, de manière à
ce que l'engagement qui est pris à ce moment-là soit très
clairement pris par le gouvernement, soit très clairement soumis
à un débat et que les implications, dans la mesure où on
peut les apercevoir à ce moment-là, soient très clairement
portées à l'attention du public, étant donné ce qui
peut s'ensuivre
Ceci impliquait de restreindre le mandat de la Société
générale de financement au secteur industriel et commercial dans
lequel ta Société générale de financement est
déjà active au 31 décembre 1978 pour toute espèce
d'aventure "nouvelle", toute espèce de projet nouveau la faisant
déboucher dans un secteur industriel nouveau, d'astreindre la
Société générale de financement à un mandat
explicite contenu dans une directive gouvernementale.
Cela supposait, en deuxième lieu, de restreindre l'utilisation du
financement statutaire qui est prévu dans la loi 108, en vertu duquel,
pendant une période de cinq ans, le gouvernement, le ministre des
Finances sera autorisé à souscrire, par tranches annuelles de $10
millions, un total de $50 millions additionnels au capital-actions de la
Société générale de financement; de restreindre
l'utilisation de ce financement statutaire aux activités qui font
déjà partie du stock, en quelque sorte, d'initiatives et
d'entreprises pour la Société générale de
financement est déjà engagée au 31 décembre
1978.
En troisième lieu, cela signifiait également de limiter
l'utilisation des fonds discrétionnaires qui sont mis à la
disposition du gouvernement pour versement éventuel à la
Société générale de financement, de lier
l'utilisation de ces fonds, encore une fois, aux directives gouvernementales
qui pourront à l'avenir être émises, autorisant la
Société générale de financement à
s'insérer dans un nouveau secteur industriel, et de réduire les
sommes prévues pour ces fins à un niveau plus modeste
plutôt que les $52 millions prévus dans la loi, à un niveau
qui nous apparaît devoir être largement suffisant s'il est
fixé à $10 millions, étant donné
l'imprécision actuelle dans laquelle on se trouve et dans laquelle se
trouve la Société générale de financement
elle-même quant à l'utilisation possible de ces sommes
additionnelles.
Une troisième implication a trait au contrôle
démocratique sur cette société d'Etat sur ce holding
d'Etat. Il s'agit, d'une part, dans un élément que j'ai
déjà mentionné, d'avoir, par le dépôt
à l'Assemblée nationale du plan de conversion qui sera
proposé par la gestion de la Société
générale de financement, une occasion et une
échéance pour débattre les implications sociales, en
termes d'emplois, les implications économiques, en ter- mes
d'activités et de réorganisation, et financières, en
termes de l'impact que tout ceci peut avoir sur les déficits ou la
rentabilité de l'entreprise, d'avoir une occasion de débattre de
cette question sur une proposition formelle présentée par le
gouvernement à la suite, bien sûr, des travaux et des propositions
de la gestion de SGF.
Deuxièmement, il s'agit d'obtenir la possibilité, de
façon plus permanente cette fois, pour l'Assemblée nationale de
prendre connaissance et de débattre des directives que le gouvernement
jugera à propos d'émettre, de temps à autre, pour
élargir proqressivement, s'il est d'avis qu'un tel élargissement
est nécessaire, le mandat d'action de la Société
générale de financement, l'autorisant, chaque fois que de telles
directives seraient émises à s'intéresser à un
nouveau secteur industriel ou commercial dans lequel la société
n'est pas présente.
Ce dépôt se ferait à l'Assemblée nationale,
accompagné d'un minimum d'informations nécessaires pour en
comprendre la portée, et devrait être assorti d'un débat
à l'intérieur d'une limite de temps raisonnable, de
manière qu'encore une fois, l'institution démocratique qu'est
l'Assemblée nationale puisse saisir les implications et la
volonté politique d'un gouvernement d'autoriser une telle
société d'Etat à se lancer dans un nouveau secteur.
M. le Président, ces éléments semblent des
éléments sur lesquels il est possible d'en arriver à un
consensus et, dans la mesure où cette hypothèse est
vérifiée et j'ai tout lieu de croire qu'elle le sera
je crois que nous sommes en face d'une situation dont on peut se
réjouir à plusieurs points de vue.
Modestement, vous me permettrez de dire qu'il s'agit d'une victoire
parlementaire de l'Opposition libérale. Ce n'est pas la seule durant
cette session, mais c'en est une dont nous sommes particulièrement fiers
à cause de ces implications.
Mais, au-delà de cela, c'est d'abord et avant tout une victoire
du Parlement. Nous aurons, grâce à certains de ces
éléments nouveaux dans la loi constitutive de la SGF, un meilleur
contrôle des élus du peuple, ou plus exactement par les
élus du peuple, sur les sociétés d'Etat, sur cette
société d'Etat en particulier.
Et finalement, M. le Président, c'est également une
victoire pour la raison et pour la bonne gestion. Il n'y aura pas de
chèque en blanc à la Société générale
de financement. Il y a une autorisation mesurée, mesurée à
ce que la Société générale de financement pourra
démontrer comme besoins soigneusement mesurés et
démontrés, besoins que le gouvernement prendra à son
compte, en même temps qu'il en prendra à son compte la
responsabilité politique.
En terminant, M. le Président, et en me conformant aux
délais prévus, j'aimerais remercier mes collègues de
l'Opposition officielle qui, par leur détermination à soutenir le
point de vue que nous avions présenté en deuxième lecture,
n'ont laissé aucun doute sur la volonté de l'Opposition
officielle d'obtenir, dans cette matière, des modifications
substantielles.
Je voudrais remercier également le gouvernement et le ministre de
l'Industrie et du Commerce pour avoir accueilli avec ouverture d'esprit des
propositions de l'Opposition libérale qui ne se voulaient rien d'autre
que des propositions cons-tructives pour améliorer le fonctionnement de
nos institutions démocratiques et le fonctionnement de cette
société d'Etat. Merci.
Le Président: Merci, M. le député de
Saint-Laurent. M. le député de Brome-Missisquoi, vous avez
maintenant la parole.
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, vous me permettrez, à
cette heure tardive, de faire entendre ma voix sur ce projet de loi no 108. (3
h 10)
Je suis heureux d'avoir entendu le député de Saint-Laurent
exprimer des voeux et j'espère qu'ils seront réalisés par
des actes concrets. Nous entendrons la nouvelle par la voix du ministre et nous
pourrons, demain, à l'étude de cette loi ou aujourd'hui
devrais-je dire article par article, être témoins des
amendements qui seront apportés. J'accepte avec gaité de coeur,
ces amendements qui vont bonifier ce projet de loi, et nous permettre
d'accepter d'apporter un secours à une industrie qui semble être
un peu en difficulté.
Ce projet de loi, M. le Président, avait été
déposé en première lecture. Inutile de repasser les
exigences financières, qu'il contenait. Je comprends que le ministre
avait convoqué une commission parlementaire pour donner l'occasion aux
députés d'interroger les intéressés.
Nous avions obtenu la collaboration du gouvernement, de la commission,
pour convoquer plusieurs des gens impliqués dans l'administration de la
SGF et de Marine, à l'exception d'une couple. L'un, M. Filion, dont le
nom a déjà été prononcé, n'était pas
venu pour des raisons qu'il a invoquées et que j'ai acceptées.
Temporairement, pour une première journée, c'était
possible. Mais je n'ai pas compris qu'il n'ait pas voulu,
délibérément, comme les autres, se rendre à la
deuxième journée, lui qui avait été à
l'administration de Marine pendant plusieurs années. Il y en a aussi un
autre qui avait été à l'administration de Marine, pendant
quelques années, et qui avait été aussi président
de la SGF, M. Yvon Simard, Selon l'information que nous avons eue par
après, il est disparu du pays.
J'aurais cru que le gouvernement aurait été informé
de la distance qu'il y a entre le Parlement de Québec et le lieu
où réside supposément ce monsieur.
Par les informations que nous avons eues à la commission, encore
là, toutes mystérieuses, nous avons appris, à force de
questionner les gens impliqués, que ce monsieur était
demeuré président de la SGF et de Marine Industrie plusieurs
mois, sinon une année ou plus, tout en étant absent du pays, et
qu'il le demeurait en titre.
Je n'ai jamais pu comprendre qu'un gouverne- ment ait accepté des
choses comme celles-là, et je ne peux certainement accepter non plus que
le ministre du temps n'ait pas été conscient de cette
situation.
Par contre, nous avons tenté, à cette commission,
d'obtenir le maximum d'informations. Finalement, nous avons constaté,
à la lumière des faits, l'impossibilité d'obtenir,
à notre satisfaction les informations que nous aurions
désirées pour connaître réellement
l'intérieur de cette machination, de ce qui a semblé être
une machination, et qui semble laisser porter le blâme sur un des
présidents en particulir. Si le ministre se le rappelle, j'avais
même dit à ce moment que j'étais devant une situation de
fait qui était un petit peu cocasse, qui semblait un petit peu
ambiguë, qui semblait, devant la commission, laisser entendre qu'un des
derniers présidents-administrateurs semblait être le grand
responsable. J'ai dit que nous ne pouvions pas porter de jugement
honnêtement. C'est sur ce point que j'avais demandé au ministre,
bien objectivement, de convoquer une commission d'enquête pour faire la
lumière sur l'administration de cette industrie particulière.
Cette chose nous a été refusée. J'avais dit, à ce
moment-là, qu'on tenterait de prendre d'autres moyens que nous avions
à notre disposition pour nous justifier de nous assurer que cette
administration ne soit plus prise dans une situation aussi cocasse.
Nous avons fait une motion de blâme à l'endroit du
gouvernement, pour, encore là, le rendre plus conscient et
démontrer notre insistance à vouloir clarifier ce fait. Ce soir,
à voir le déroulement des choses, on semble vouloir s'orienter
vers une limitation possible des dégâts.
Je sais que nous sommes placés devant une situation de fait.
Evidemment, on ne peut pas débâtir les bateaux et remettre la
chose en place. C'est fait, la dette est là et il y a deux choses qui
vont arriver: La faillite ou sauver l'industrie.
Quand on parle de 3000 employés, remarquez bien, M. le
Président, que c'est regrettable. Je ne peux pas dire qu'à Marine
Industries, dans la partie des bateaux, il y a 3000 employés; il y en a
peut-être 1500 ou 1600. Par contre, la faillite de l'industrie impliquera
la totalité de l'entreprise et là, 3000 employés seront
impliqués. Peut-être qu'il y aura possibilité d'en sauver
une partie. Quand même, quand j'ai entendu le ministre qui, à
plusieurs reprises, a invoqué le fait que c'était un cancer dans
l'industrie de la construction maritime à travers le monde, il y a un
point qui me surprend et le ministre pourra peut-être me répondre
tout à l'heure. On a près de nous une entreprise de construction
de bateaux un peu du même style que Marine, qui est une entreprise
privée et si ce cancer se répand, au point de paralyser ces
chantiers, quelle sera la position du gouvernement à ce moment? Est-ce
qu'on va faire un peu comme on fait pour Marine Industrie, tenter de sauver
cette industrie avec plusieurs millions, pour sauver les emplois ici, de
l'autre côté de la rivière, ce qui implique quelque miliers
d'employés qui auront à souffrir le même sort que
souffriront les gens de la région de Sorel.
M. le Président, ce sont toutes des choses auxquelles le ministre
aura à répondre et qui nous permettront de juger avec beaucoup
plus d'objectivité, la situation dans ce domaine bien particulier.
M. le Président, nos inquiétudes sont plus grandes que
cela. Je voudrais en faire part bien objectivement ce soir. Ce n'est pas une
question d'essayer de politiser le débat, pas du tout! Mais on s'est dit
ceci: "Nous, de l'Union Nationale, il faut mettre fin à ces
sociétés d'Etat qui font simplement, qui semblent simplement
vouloir saigner des fonds de l'Etat, du contribuable, tout en faisant
compétition à l'entreprise privée, qui elle, est
obligée de payer ses taxes et si elle n'a pas d'argent, si elle a des
déficits, elle est condamnée à la faillite. Je pourrais en
nommer quelques-unes au ministre et à vous, M. le Président, dont
vous connaissez bien les noms et la réputation. Je voudrais en prendre
seulement une comme exemple parce que je n'ai pas à faire le
procès complet de Marine Industrie; le temps ne me le permet pas,
d'abord, à moins qu'on ne veuille pas me limiter dans le temps mis
à ma disposition, mais je pense bien qu'à cette heure, il va
peut-être y avoir des objections de la part de mes collègues. Par
contre, pour donner un exemple de ce à quoi je veux
référer, pour informer le ministre que nous allons être
drôlement curieux à l'avenir... Je prends une autre industrie qui
appartient à la SGF, Forano. Forano fabrique seulement 45% des produits
qu'elle vend sur le marché. 55% des produits qu'elle vend sont
importés et il y en a une grande partie qui fait compétition
à l'entreprise privée, qui manufacture ici, au Québec. Je
ne suis pas prêt à endurer cela! Je n'ai pas d'objection à
ce que la SGF ait une Industrie comme Forano, mais qu'elle mette de l'argent
à sa disposition pour qu'elle produise ce qu'elle vend, ce qu'elle met
en marché. Elle n'a pas de raison de faire de commercialisation dans ce
sens. Je pourrais en nommer d'autres, M. le Président. Vous avez... Et
c'est drôle, avant que la SGF ait le contrôle de Forano, cette
industrie faisait des profits presque annuellement, des profits raisonnables.
Depuis qu'on l'a reprise, vous savez que ce n'est pas toujours drôle,
elle a perdu au-delà de $1 million en 1976, excusez, $1 900 000. Cela
commence à être pas mal d'argent pour une petite industrie comme
celle-là. Vous avez Volcano qui était une industrie qui faisait
de l'argent, qui ne savait pas où le placer, mais depuis que la SGF l'a
prise, elle est en déficit. Je vous avertis que le problème de
Forano n'est pas fini. On s'en vient faire exactement la même chose avec
Volcano qu'on fait avec Forano. On va faire de la commercialisation parce que
50% de ses revenus, de sas ventes sont devenus des services et des ventes. Elle
n'a pas raison, elle devrait augmenter sa production. Elle devrait augmenter sa
production pour aller vendre sur le marché, non seulement du
Québec, mais agrandir ses marchés à l'extérieur du
Québec, ce qu'elle fait d'une façon très timide
actuellement.
M. le Président, il y en a d'autres d'inscrits et je ne voudrais
pas entrer dans les détails. C'est simplement pour vous servir des
exemples; il y en a d'autres qui font des déficits encore plus grands,
qui se sont aventurées à l'extérieur, qui ont perdu des
millions de dollars et c'est encore le petit contribuable
québécois qui va payer la note. Je dis que la SGF doit agir avec
beaucoup d'attention dans ces aventuras; elle doit surveiller de plus
près les actionnaires de ses succursales.
M. le Président, tout ceci pour vous dire que nous allons
écouter avec beaucoup de soin la réplique du ministre.
J'espère qu'elle va être faite d'une façon aussi objective
que mon exposé et qu'on va mettre de côté les attaques
personnelles. Si parfois il est tenté de le faire je le prierais de les
retenir; cela va peut-être lui éviter des embêtements. J'ai
dit avant mon exposé, comme je l'ai fait l'autre jour, que je ne
mentionne pas de noms pour attaquer des gens; j'utilise simplement les noms
pour une question de fait. Nous avons été placés devant
des faits accomplis et je crois que le ministre aussi a été
placé devant un fait accompli. Il est pris avec le bébé,
si on peut dire, et il doit corriger la situation. Maintenant, qu'il ne soit
pas surpris qu'on proteste actuellement parce qu'on ne veut pas qu'une telle
aventure se répète. On va être extrêmement dur avec
le ministre, non pas tant avec lui qu'avec les responsabilités qu'il
exerce quant aux exigences qu'il doit avoir envers cette société
d'Etat.
Dans la conjoncture actuelle, M. !e Président, il va falloir
resserrer les exigences envers les sociétés d'Etat, parce qu'il y
en a d'autres aussi. La SGF, c'en est seulement une. On s'aventure vers une
autre, l'amiante; il y en a d'autres. On vient d'en créer une encore ce
soir. Ce sont des paniers percés d'où les dollars coulent
à profusion. C'est ce qu'on veut arrêter et c'est pour cette
raison que l'Union Nationale a demandé non pas pour embêter
le ministre, non pas pour embêter le gouvernement, mais pour donner une
police de garantie aux contribuables québécois vis-à-vis
des sociétés d'Etat une commission qui serait
formée des membres de l'Assemblée nationale, qui aurait le
pouvoir d'enquêter et aurait à son service des spécialistes
pour pouvoir surveiller ces sociétés d'Etat, parce que le
ministre n'a pas le temps de faire toute cela. C'est vrai, il a trop d'ouvrage
sans cela; il n'a pas le temps de faire cela. C'est fait souvent d'une
façon trop mitigée par des fonctionnaires, mais je pense que les
députés élus vont prendre leurs responsabilités. Si
ces gens savent qu'il y a du danger parce qu'une enquête peut être
déclenchée par un? commission de députés, ce sera
peut-être le début de la sagesse pour ces gens.
Je pense que le ministre se doit, dans sa réplique, de dire qu'il
est prêt à aller au fond de la question et à donner, non
pas à celui qui vous parle, mais à l'Assemblée nationale
et aux Québécois une commission de ce genre. Je n'entrerai pas
dans les détails et les modalités, mais il faudrait avoir une
commission qui a des pouvoirs et qui a à sa disposition des
spécialistes dans chacune des matières où on veut
enquêter. Si on ne les a pas, qu'on ait le pouvoir de les engager
pour aller chercher l'information dont on a besoin pour pouvoir juger
ces cas. Je pense que, si on fait cela, on va peut-être freiner un peu
les dépenses folichonnes dans lesquelles, trop souvent, on s'est
engagé aveuglément.
M. le Président, ce sont toutes des raisons qui nous ont
motivés à agir comme nous l'avons fait; nous l'avons fait
très objectivement et je réserve encore mon opinion, tant et
aussi longtemps qu'on n'aura pas entendu la réplique du ministre et
qu'on n'aura pas vu les amendements qui vont corriger le projet de loi 108 qui
est en discussion actuellement. Après que nou aurons examiné
cela, nous agirons le plus objectivement possible pour le bien-être des
Québécois en général, tant les gens de Marine
Industrie que ceux qui ont à payer la facture à la suite des
déficits accumulés qu'on a vus dans le passé.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, j'ai écrit, depuis
hier, un certain nombre de remarques qui sont, je pense, inspirées par
la colère et par un esprit qui n'est pas parlementaire. C'est pourquoi,
M. le Président, je ne vous livrerai pas, ni à vous ni à
d'autres, ce que j'ai écrit sous la poussée de la révolte
et de l'indignation. Je voudrais rester dans les normes d'un bon parlementaire
à la fin d'une session comme celle-ci. Si j'ai pu être
désagréable à quelqu'un et qu'on a été
à mon endroit aussi dédaigneux et d'une manière aussi
aristocrate, mais surtout dédaigneuse, je dis que je ne me vengerai pas
dans l'attitude que je voudrais prendre ce soir.
C'est pourquoi, M. le Président, je vais vous remettre la copie
de mon discours. Si vous jugez que la postérité doit en
connaître la teneur, vous en serez bien libre.
Ce geste que je pose, ce soir, est fort démocratique, mais
parlementaire qui prouve que dans un Parlement comme le nôtre on ne doit
pas se servir d'expressions qui pourraient être antiparlementaires et
dépasser souvent la raison. Ce n'est pas parce qu'on m'a insulté
que je dois retourner l'insulte. Si de leur bouche folle, vous pouvez entendre
ces gens transporter leurs mensonges et sans même mentir à leur
endroit, vous serez véritablement un homme.
Le Président: Merci, M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale. Pour votre droit de réplique. M. le ministre de l'Industrie
et du Commerce.
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président. Je voudrais
tout d'abord, M. le Président, remercier le député de
Saint-Laurent, le député de Brome-Missisquoi et le
député de Johnson, de même que tous les membres de cette
Assemblée de leur collaboration à cette heure tardive
dé- but de matinée afin de procéder à la
discussion du principe du projet de loi 108 concernant la Société
générale de financement. Comme l'a souligné le
député de Brome-Missisquoi, le gouvernement a été
placé devant une situation de fait, une situation de fait qui
représentait une situation grave pour une région
économique du Québec, je dirais même aussi, pour l'ensemble
de l'économie du Québec, puisque la survie même d'une des
principales entreprises du Québec était mise en cause.
Donc, ce sont les événements et les circonstances M. le
Président, qui ont amené le gouvernement à déposer
le projet de loi 108, le 22 novembre dernier; événements et
circonstances que je relaterai quelque peu, dans quelques instants.
Permettez-moi de souligner, quand même, cet aspect d'urgence qui
découlait d'un rapport qu a remis au gouvernement le conseil
d'administration de la Société générale de
financement, le 1er novembre dernier.
Dans ce rapport, on indiquait qu'une situation d'impasse
financière existait à Marine Industrie, de Sorel, employant 3200
employés, que cette impasse financière devait être
résolue dans les plus brefs délais et, qu'en même temps,
une reconversion des activités économiques du chantier maritime
de Sorel, devait être aussi dans les meilleurs délais mise de
l'avant afin de préserver le plus grand nombre de ses emplois.
Le gouvernement a déposé cette loi d'urgence, non pas,
parce qu'il le souhaitait, mais seulement parce qu'il prenait ses
responsabilités, comme gardien de l'intérêt public. Cette
situation d'urgence, M. le Président, portait sur trois
éléments qui se retrouvent dans la loi.
Premièrement, l'impasse financière menaçait la
faillite d'un chantier maritime, un des trois chantiers maritimes dont dispose
le Québec. Cette faillite aurait pu entraîner la mise à
pied de 3200 travailleurs, un trouble social et un trouble économique
fondamental et important dans une région, la dislocation de plusieurs
familles à quelques jours des fêtes de Noël et de la fin
d'année. (3 h 30)
Comme l'a dit le député de Brome-Missisquoi, cette
faillite s'inscrit dans un contexte qui est à la fois rattaché
à un événement et rattaché à une crise
internationale. L'événement auquel je fais allusion est
évidemment la signature d'un contrat d'une grande importance de l'ordre
de $254 millions, au mois d'août 1973. Ce contrat, dans ses
détails, dans ses péripéties, a été
analysé en commission parlementaire les 7 et 8 décembre dernier,
avec la collaboration d'une dizaine de personnes qui ont été
rattachées à cet événement.
Ce contrat malheureux, que l'on peut qualifier pratiquement de
désastreux, a conduit, au cours des années 1973, 1974, 1975,
l'entreprise Marine Industrie à prendre des engagements de commandes et
de fournitures, de moteurs afin de fabriquer des navires, des cargos de 17 000
tonnes et de fournir de l'emploi, par conséquent, à plusieurs
milliers de travailleurs en prévision d'une vente
concrétisée par des contrats qui n'ont pas pu supporter
les mois qui ont suivi la date fatidique du 15 avril 1975.
Ce contrat malheureux continue d'être analysé. Comme j'ai
répondu au chef de l'Union Nationale, ce matin, M. le Président,
le ministère de la Justice poursuit une enquête sur les aspects
criminels qui auraient pu accompagner certains événements
rattachés à ce contrat. Marine Industrie elle-même, qui est
une entreprise privée selon la troisième partie de la Loi des
compagnies, a donné ordre à son contentieux et à ses
vérificateurs de défendre ses droits et ses intérêts
devant les cours de justice. Par conséquent, cette Assemblée sera
mise au courant, dans les semaines, dans les jours, dans les mois qui viennent,
du déroulement de ces investigations.
Cet événement malheureux se situe dans le contexte d'une
crise internationale dans les chantiers maritimes qui est la plus
sévère qu'ait connue l'économie mondiale depuis un
demi-siècle. Je voudrais, simplement pour situer ce contexte important,
vous lire l'évaluation qui est faite de cette crise dans les chantiers
maritimes, dans trois pays, mais je pourrais vous en citer beaucoup plus. Je
cite, par exemple, le Globe and Mail, du mercredi 15 novembre 1978. Vous me
pardonnerez, M. le Président, c'est un texte en anglais, qui dit ceci:
"Japan says it will lay off 50 000 people under a plan to reduce its
shipbuilding capacity by one third as a result of the industries declining
world market share." C'est au Japon, 50 000 mises à pied dans les
chantiers maritimes, cette année.
En Allemagne maintenant, dans le journal La Tribune d'Allemagne, du 8
octobre 1978, on dit ceci: "En contrepartie des subventions reçues, les
chantiers navals allemands offrent la restructuration de leur production vers
les navires spéciaux de grande valeur et les complexes systèmes
de transport, d'où l'abandon de la construction de cinq cargos. Tout
compte fait, il s'agit encore de la seule chance de survie, si l'on veut
maintenir les subventions dans des limites acceptables, mais cela signifie
aussi qu'il faut encore supprimer 8000 emplois, selon les calculs de la
Fédération de l'industrie allemande de la construction
navale."
En France, par exemple, M. le Président, même situation
désespérée. Je cite l'Express du 18 au 25 novembre 1978:
"La situation des chantiers navals français est si grave que le ministre
de l'Industrie envisage même une solution désespérée
et ruineuse pour le contribuable. Il est prêt à donner aux
chantiers 350 millions de francs pour obtenir une commande polonaise de quatre
porte-conteneurs, ce qui représente la prise en charge par l'Etat de 32%
du prix de revient de construction."
Je pourrais étayer cette crise internationale par une
évaluation des chantiers maritimes dans tous les pays. Cela ne ferait
que compléter un tableau que nous connaissons malheureusement trop bien,
surtout les membres de la commission de l'industrie et du commerce qui ont eu
l'occasion, pendant 14 heures, d'étudier ce problème. Le premier
objet de ce projet de loi, c'est de sauver une entreprise d'une faillite
pratiquement inéluctable.
D'autre part, il y a un deuxième objet dans ce projet de loi. En
effet, sauver une entreprise de la faillite ne solutionne pas les
problèmes. Dans son rapport au gouvernement, le 1er novembre dernier, le
conseil d'administration de la SGF que je remercie sincèrement
pour le dévouement à la cause de l'intérêt public du
Québec a soumis au gouvernement un plan de reconversion de
l'entreprise afin de ne pas continuer à produire des produits qui ne
peuvent trouver preneur actuellement sur les marchés internationaux,
compte tenu de l'engorgement dans lequel se retrouvent les marchés
d'achats de bateaux présentement.
Deux autres divisions de Marine offrent des possibilités
d'expansion et de maintien de l'emploi qui sont non seulement rentables, mais
offrent aussi des possibilités de croissance certaine. Il s'agit de la
construction de turbines hydroélectriques pour lesquelles Marine
possède quelque chose comme $325 millions de commande et la construction
des wagons avec un carnet de commandes d'environ $34 millions.
Malheureusement, ce plan de reconversion ne peut pas se faire tout seul.
Il exige des investissements importants de modernisation, d'équipement,
donc des investissements productifs. Ce projet de loi permet d'injecter dans ce
plan de reconversion des montants qui vont permettre de remettre sur pied une
entreprise qui possède un potentiel économique certain, mais qui
a besoin d'investissements et d'injection de capitaux nouveaux.
Le deuxième objet de cette loi, c'est donc de relancer, sur une
base solide, les investissements de Marine Industrie.
Voici maintenant le troisième objet de cette loi. Au mois de mai
dernier, le gouvernement a confié la direction de la SGF à un
nouveau conseil d'administration et à une nouvelle équipe de
direction. Ce nouveau conseil d'administration est composé, entre
autres, du président de la Banque Provinciale. M. Michel
Bélanger; de l'ancien président de l'Hydro-Québec, M.
Roland Giroux; de M. Fernand Martin, un spécialiste du
développement économique régional; de M. Guy Coulombe,
ancien secrétaire exécutif du gouvernement du Québec. Il
s'agit probablement à titre de ministre de l'Industrie, je suis
en contact quotidien avec énormément d'entreprises du
conseil d'administration privé ou public le plus compétent dont
le Québec dispose présentement.
A ce conseil d'administration et à cette direction nouvelle, le
gouvernement avait demandé un rapport sur les orientations futures de la
Société générale de financement,
société qui fut créée par cette assemblée en
1962. La Société générale de financement occupe le
treizième rang parmi toutes les entreprises industrielles du Canada;
c'est donc une entreprise très importante. (3 h 40)
Ce conseil d'administration formé de gens très
compétents, très respectés dans le milieu des affaires, a
soumis un rapport d'orientation afin de
maximiser l'expansion industrielle du Québec dans les secteurs de
l'industrie lourde. Ces secteurs identifiés par ce conseil
d'administration et ces comités ad hoc des secteurs où
l'entreprise privée au Québec n'est pas tellement
représentée puisqu'il faut présentement importer
énormément de produits de ces industries lourdes. Je m'explique:
Dans le domaine des équipements pour l'industrie des pâtes et
papiers, industrie pour laquelle le gouvernement a déjà
annoncé un plan de modernisation de l'ordre de plusieurs centaines de
millions de dollars... Cette modernisation des 54 usines de pâtes et
papiers au Québec va entraîner nécessairement l'achat d'un
grand nombre d'équipements dans les prochains mois et les prochaines
années. Au lieu d'importer ces équipements, le conseil
d'administration de la SGF propose au gouvernement de produire, ici même
au Québec, ces équipements et de créer de l'emploi en
conséquence. C'est la raison pour laquelle le conseil d'administration
de la SGF a sollicité du gouvernement et de cette Assemblée
certains capitaux afin d'investir dans le domaine de l'équipement des
pâtes et papiers et de l'industrie des pâtes et papiers en
général.
Autre secteur retenu: II s'agit de l'électromécanique. Les
grands projets d'investissements que le Québec a entrepris depuis
quelques années de l'ordre de plusieurs milliards de dol'ars, impliquent
l'achat de produits électriques représentant un grand volume de
commandes. Plusieurs de ces commandes, présentement, proviennent de
l'étranger. Là encore, afin de relancer l'industrie lourde
industrielle du Québec, le conseil d'administration de la SGF a
proposé au gouvernement, dans son plan d'orientation, et par
conséquent à cette Assemblée, d'investir des capitaux
productifs afin de créer de l'emploi dans ce secteur où nous
sommes nous-même les demandeurs. Donc, c'est un secteur qui offre des
possibilités, puisque les commandes sont déjà
identifiées et que nous sommes nous-mêmes les artisans de ces
commandes.
Le troisième secteur est aussi un secteur qui est
stratégique pour le développement de l'industrialisation au
Québec, celui de la pétrochimie, puisque j'ai déjà
eu l'occasion de mentionner qu'au-delà de 400 entreprises et quelque 80
000 emplois, dans la région de Montréal, dépente nt de
cette industrie. Là encore, des capitaux productifs sont
nécessaires pour consolider ce secteur industriel
stratégique.
Par conséquent, ce projet de loi ne vient pas d'un caprice, ni
d'un ministre, ni du gouvernement. Il s'agit d'un projet de loi
extrêmement important pour l'avenir d'une région, pour la survie
d'une entreprise, mais aussi pour l'avenir industriel du Québec. Le
gouvernement, par contre, doit piloter un projet de cette importance dans les
dernières heures d'une session. Par conséquent, il doit
écourter les discussion qui devraient être très
approfondies, évidemment, compte tenu de son importance. C'est pour
cette raison, comme l'a dit le député de Saint-Laurent, que des
améliorations de certaines dispositions du projet de loi ont
été conclues. Je ne verrais pas ces améliorations en
termes de victoire ou de défaite parce que je trouverais tragique que,
devant un problème aussi sérieux, nous considérions
l'intérêt du Québec sur une base de partisanerie
politique.
M. Bellemare: Ne braillez pas pour rien.
M. Tramblay: ... de sorte que...
M. Bellemare: Ne pleurez pas sur vos péchés.
M. Tremblay: Je limiterai mes commentaires en deuxième
lecture sur ces principes généraux du projet, de loi et nous
pourrons reprendre l'analyse du projet de loi, article par article, en
commission élue. Finalement, j'aimerais remercier les membres de cette
Assemblée pour leur désintéressement, leur esprit du
devoir et pour leur haute conception de l'intérêt public.
Merci.
Le Président: Merci, M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Je demanderais au ministre s'il me permettrait une
question simplement. J'ai vu que le député de Saint-Laurent a
fait des propositions. Il a simplement fait allusion... Il n'y a pas de
garantie qu'il concourrait dans ce sens mais je me demande si c'est une
affirmation pouvant confirmer sa coopération dans ce sens.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Tremblay: Je n'avais pas l'intention d'entrer dans l'analyse,
article par article, du projet de loi puisqu'il ne s'agissait pas, je crois, de
l'occasion mais, comme je l'ai dit il y a eu des ententes sur des modifications
et des amendements qui pourront être pris un à un au cours de
l'analyse, article par article, du projet de loi, en commission
élue.
Le Président: Est-ce que cette motion de deuxième
lecture de la loi constituant la Société québécoise
de développement... Excusez-moi.
M. Bellemare: ... pas de vote enregistré?
Le Président: Juste un moment pour que tout soit correct
techniquement. Cette motion de deuxième lecture du projet de loi no 108,
Loi modifiant la Charte de la Société générale de
financement du Québec sera adoptée?
M. Bellemare: Non, on veut un vote enregistré.
M. Charron: En vertu de l'article 106, je vous prie de le
reporter après la période des questions tout à
l'heure.
Le Président: Suivant les dispositions de notre
règlement et suivant la volonté exprimée manifestement par
les trois leaders parlementaires, la présidence accepte de reporter le
vote à ce matin aux affaires courantes, à la fin des affaires
courantes, à l'enregistrement des noms sur les votes
enregistrés.
M. Charron: Je m'abstiendrai ce soir de donner le menu de la
journée de demain, parce que cela pourrait être compliqué.
Je propose simplement l'ajournement des travaux de la Chambre.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: II y a le projet de loi 90 sur la protection du
territoire agricole. Le rapport a été déposé dans
le courant de la nuit. Si le député de
Kamouraska-Témiscouata pouvait effectuer ce dépôt, s'il y
avait entente avec les députés qui aimeraient apporter des
amendements à l'étape du rapport, et s'il y avait un
consentement, je pourrais proposer qu'on puisse avoir jusqu'à midi
demain pour déposer les amendements, s'il y a lieu.
M. Charron: Je suis d'accord parce que la seule indication
précise que je puis donner dans l'organisation des travaux de demain...
évidemment, c'est la dernière journée, c'est que j'ai
l'intention d'appeler la prise en considération de ce rapport seulement
après le lunch demain, donc vers 15 heures, ce qui fait que la
suggestion du député est pleine de sens. Si les
députés ont des amendements à déposer, ils ont
jusqu'à midi pour le faire, ce qui donnera au ministre trois heures pour
les considérer et après cela, on prendra la prise en
considération ensemble.
M. Bellemare: On serait aussi bien d'ajourner nos travaux
à l'heure qu'il est, 4 heures, pour que demain, on puisse voir plus
clair dans les avis qui seront donnés, dans... Quant au projet de loi
90, nous sommes d'accord pour dire que nous n'aurons pas d'objection à
faire l'étude du rapport de la commission élue et la
troisième lecture. Pour celui-là, on n'aura pas d'objection. (3 h
50)
M. Charron: A déposer le rapport.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
je vous suggère peut-être, ainsi que M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, d'en faire un ordre de la Chambre pour ne pas qu'il y
ait de problème en ce qui concerne le consentement pour produire les
amendements jusqu'à midi.
M. Bellemare: II est déjà déposé, on
l'a eu. M. Charron: II est déposé, d'accord. Allez-y.
Le Président: M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
Projet de loi no 90
Dépôt du
rapport de la commission
M. Lévesque (Kamouraska-témiscouata): M. le
Président, conformément aux dispositions de notre
règlement, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la commission
élue permanente de l'agriculture, qui a siégé au cours du
mois de décembre 1978 pour fins d'entendre les personnes et organismes
intéressés au projet de loi no 90 intitulé Loi sur la
protection du territoire agricole et d'étudier article par article ledit
projet de loi, lequel a été adopté avec amendements, sur
division.
Le Président: Rapport déposé.
Travaux parlementaires
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une dernière
petite question à poser au leader parlementaire du gouvernement. Elle
sera très brève. A quatre heures moins huit minutes, ce matin le
21 décembre, à ma connaissance il reste l'étude d'environ
23 lois à terminer demain, soit l'étape de la deuxième
lecture de l'adoption du rapport ou de la troisième lecture, mais
également il y a quelques lois sur l'évaluation foncière
qu'il faudrait étudier en commission, une ou deux, possiblement, je ne
le sais pas. Mais est-ce que vous comptez convoquer cette commission des
Affaires municipales dès après la période des questions
demain matin? C'est pour avoir une indication pour les commissions.
M. Charron: M. le Président, il y a deux commissions qui
devraient fonctionner comme il se doit demain, celle du travail et de la
main-d'oeuvre sur le projet de loi 110 et celle de l'industrie et du commerce
sur le projet de loi 108. Je solliciterai demain matin le consentement, comme
il m'a été accordé aujourd'hui et hier à certaines
occasions, pour que la commission des affaires municipales puisse se
réunir sur le projet de loi 112 qui lui a été
déféré parce que celle-ci n'a pas eu le temps d'en
terminer l'étude, lors de la dernière séance, le projet de
loi privé sur la ville de Beauport ayant pris plus de temps que
prévu. Je pense qu'on pourrait lui permettre d'achever son travail de
même que ce soir la commission du tourisme, de la chasse et de la
pêche n'a pas eu le temps de terminer l'étude article par article
du projet de loi 71. On a dû, pour une circonstance exceptionnelle,
attendre pendant un certain temps les représentants de l'Opposition
officielle. Cela a retardé la commission. Cela arrive dans les
meilleures familles. On a dû retarder l'étude du projet de loi.
Donc, j'ai l'intention de demander demain matin le consentement pour que les
deux commissions que je viens de mentionner, celle des affaires municipales
pour quelques minutes me dit-on, se réunissent et, dans
l'après-midi, pendant que nous travaillerons sur d'autres projets de
loi,
celle du tourisme, de la chasse et de la pêche puisse
également finir les quelque vingt articles qu'il lui reste à
adopter de son projet de loi.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Goldbloom: En ce qui concerne la commission parlementaire des
affaires municipales, je crois qu'il serait malhonnête de laisser croire
au leader parlementaire que quelques minutes seulement suffiraient pour
l'étude du projet de loi 112. Je ne suis pas en mesure de calculer le
temps nécessaire. Ce ne sera pas un temps énorme, mais pas
seulement quelques minutes. D'autant plus et j'aimerais en faire mention
parce que ce que je vais dire pourra être une condition du consentement
que nous pourrions donner que nous avons découvert dans le projet
de loi no 113, dont rapport n'a pas été fait à la Chambre,
un élément qui avait échappé à l'attention
de tous les membres de la commission et qu'il faudra revenir
là-dessus.
M. Charron: Mais quand je dis quelques minutes, M. le
Président, c'est par déformation professionnelle.
M. Bellemare: Je voudrais simplement dire à l'honorable
leader qu'il va avoir besoin demain du consentement, mais il y a des
consentements qui ne seront pas accordés sur certaines lois. Je l'en
préviens.
M. Charron: La seule, que je sache, à moins que la
réunion des leaders aujourd'hui ait été un bluff, le seul
projet de loi que je sache où le député de Johnson m'a
avisé de son intention de ne pas consentir à son adoption,
jusqu'à la troisième lecture, c'est celui que l'on vient
d'adopter en deuxième lecture. Je déplorerais beaucoup, et je
vais évoquer...
M. Bellemare: Si c'est vrai, si ça va jusque là...
M. Charron: Oui.
M. Bellemare:... je vous donnerai mes raisons demain.
M. Charron: Oui, oui, d'accord. Mais je déplorerais
beaucoup, et je vais évoquer son vocabulaire, au nom d'un sain
parlementarisme, qu'une entente entre leaders parlementaires, la veille
même de l'ajournement de la session, ne soit pas respectée le
lendemain.
M. Bellemare: Vous avez dit vous-même, vous avez
cité mes paroles de la rencontre des leaders, c'est exactement ça
que je voudrais vous notifier demain.
M. Charron: Ah bon! Je ne l'avais pas oublié, mais vous
avez remarqué, malgré cet avis que j'ai très clairement
entendu aujourd'hui, comme le député de Laval sans doute, que
j'ai procédé ce soir à l'étude en deuxième
lecture de ce projet de loi. Parce que j'ai été témoin
tout à l'heure de l'acte de gentilhomme qu'a eu le député
de Johnson au cours même de ce débat, j'ai bon espoir que le
même esprit l'animera demain, quand il pensera aux effets de ce projet de
loi.
M. Bellemare: II est bien entendu que le ferme propos souvent est
laissé en cours de route. Mais je dis qu'il y aura peut-être un
échange à faire entre le gouvernement et un autre projet de loi
qui est très contentieux, qui n'a pas été appelé
encore, le bill 116.
M. Charron: ... demain. A tout à l'heure, M. le
Président.
Le Président: Est-ce que la motion d'ajournement est
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: L'Assemblée ajourne ses travaux
à ce matin 10 heures.
Fin de la séance à 3 h 57
ANNEXE
Questions inscrites au feuilleton Question no
17
Questions de M. Vaillancourt (Orford) (28 février) 1.
Quels sont les noms, prénoms et adresses des personnes qui, après
avoir accepté des responsabilités au sein du Parti
Québécois, ont, depuis le 26 novembre 1976 jusqu'au 28
février 1978, accédé à des postes dans
l'administration provinciale? 2. Quels sont, dans chaque cas: a) la date; b) le
titre de la fonction; c) le ministère ou l'organisme concerné; d)
le traitement annuel? 3. Quels sont ceux qui ont été
dispensés de subir un examen écrit de la Commission de la
fonction publique?
Réponse de M. Lévesque (Taillon)
Le nombre de personnes ayant "accepté des responsabilités
au sein du Parti Québécois" est tel qu'il est impossible de
fournir une réponse précise et satisfaisante à la
question. En effet, les structures démocratiques du Parti
Québécois, ses instances locales, régionales et
nationales, ses nombreux comités permanents, son mode de financement, la
préparation de ses congrès et l'ensemble des activités
générées à tous les échelons
requièrent la mise à contribution permanente de milliers de
militants. Dans plusieurs comtés, en dehors même des campagnes
électorales, la structure de participation s'étend au responsable
de poll. Si on ajoute à cela le nombre de mutations qui se sont
opérées aux divers postes de responsabilité depuis 10 ans
et les responsables qui sont venus prêter main-forte à
l'organisation du Parti pendant les périodes électorales, on
arrive à des chiffres plutôt impressionnants.
Aussi, tenter d'identifier ceux d'entre eux qui "ont, depuis le 26
novembre 1976 jusqu'au 28 février 1978, accédé à
des postes dans l'administration provinciale" est une opération
impensable. Au surplus, le bien-fondé d'une telle démarche
apparaît douteux. Les libertés dont jouissent les citoyens du
Québec nous paraissent en effet les mettre à l'abri de telles
inquisitions.