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(Quatorze heures et douze minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Fonctionnement et évolution du commerce au
Québec
M. Tremblay: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport du comité d'étude sur le fonctionnement
et révolution du commerce au Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Rapports de commissions élues
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député d'Abitibi-Ouest au nom de M. le député de
Viau.
Application du règlement de placement dans
l'industrie de la construction
M. Gendron: Qu'il me soit permis de dépoer le rapport de
la commission élue permanente du travail et de la main-d'oeuvre qui a
siégé les 20 et 21 février, aux fins d'examiner
l'application du règlement de placement dans l'industrie de la
construction.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales. M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
M. Lalonde: M. le Président, ma question devait s'adresser
au ministre de la Justice, qui n'est pas encore arrivé. Je pourrais
passer ma question à un autre.
M. Charron: M. le Président, le voilà. Le
Président: Le voilà.
Infiltration de la SQ dans les syndicats
M. Lalonde: Le voilà. Ah bon! Le ministre de la Justice a
affirmé la semaine dernière qu'à l'occasion de
"l'opération public" de la Sûreté du Québec, il n'y
avait aucune infiltration des syndicats ni aucune enquête sur les
orientations ou allégeances politiques des syndiqués. En
préambule, je dois dire que nous sommes, quant à moi,
parfaitement d'accord pour que les services policiers soient le mieux
renseignés possible. Des policiers renseignés évitent des
réactions excessives lors des conflits. Toutefois, nous voulons que cela
se fasse dans le respect le plus scrupuleux des libertés fondamentales.
Je vais demander au ministre de la Justice s'il est d'accord avec ces
méthodes qui ressemblent davantage à celles qui sont
employées dans la lutte au crime organisé, premièrement.
Deuxièmement, est-ce qu'il entend prendre des mesures énergiques
pour dissiper complètement le climat de suspicion qui existe, ces
jours-ci, dans ce milieu, et garantir que, dans notre Québec, il n'y a
pas de liberté surveillée d'association, d'opinion politique et
d'expression?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, tel que l'a
mentionné le député de Marguerite-Bourgeoys la semaine
passée dans des questions qu'il a posées et la situation
n'est pas changée, je puis vous le dire j'avais assuré les
syndicats qu'il n'y avait pas d'infiltration de membres de la
Sûreté du Québec et c'est le cas. Il n'y a pas, non plus,
d'écoute électronique. L'action entreprise par la
Sûreté du Québec ça, c'est bien clair pour
les autorités policières ne doit en aucune façon
influencer les négociations de quelque syndicat que ce soit, que ce soit
dans le secteur public ou dans le secteur privé et leur action n'a
absolument rien à voir avec les allégeances politiques, de telle
façon que, si, par erreur de jugement, les policiers s'informent sur les
allégeances politiques, à ce moment-là, je crois que c'est
tout simplement une erreur de jugement que je ne cautionne en aucune
façon, et ça, la direction de la Sûreté du
Québec le sait. Parce que j'ai dit et je répète: Non
seulement nous n'accepterons pas des illégalités dans le travail
de la Sûreté du Québec selon le mandat
général qui lui est donné, mais nous n'accepterons pas,
non plus, d'abus dans un exercice trop large de ce mandat
général.
Qu'il y ait quelques erreurs de jugement de certains policiers, je pense
que les policiers, comme n'importe quel individu, sont sujets à cela.
L'important est que ces erreurs soient corrigées. Cela pourra
peut-être nous inciter à corriger certaines lacunes qui pourraient
exister dans l'action policière et, également, ça pourrait
nous permettre d'apporter les correctifs nécessaires.
Personnellement, je dois vous dire que ce n'est jamais facile,
l'évaluation de l'action policiè-
re à l'intérieur d'une société
démocratique telle que nous sommes, dans le sens que je puis vous
assurer que, personnellement, je crois, avec tous les dangers que ça
comporte, qu'il est préférable de voir les forces
policières agir ouvertement avec tous les risques d'erreurs que
ça comporte que de le faire en cachette car, à ce
moment-là, on n'a aucune possibilité de corriger quelque erreur
que ce soit.
Si vous me le permettez, je m'excuse, M. le Président,
d'être long, mais étant donné l'importance du sujet,
j'ajouterais que depuis deux ans le climat social s'est amélioré
et que la violence a diminué dans les conflits de travail, même
s'il en reste encore de trop nombreux cas. A mon avis, cette
amélioration de la situation est due essentiellement à deux
facteurs, en plus de l'action gouvernementale. Premièrement, une plus
grande prise de responsabilité de la part des syndicats et de leurs
dirigeants. Deuxièmement, une amélioration de la qualité
je ne dis pas qu'il n'y a pas des erreurs qui peuvent se commettre
du travail de prévention de la Sûreté du
Québec, même s'il peut y avoir certaines erreurs. Je suis bien
d'accord, parce qu'on en a fait la suggestion, M. le Président, et je
terminerai là-dessus, je veux bien que l'on précise les
règles du jeu pour ce qui est des policiers, mais je pense que cela
devrait s'accompagner et avoir en contrepartie un accroissement des
responsabilités syndicales en vue d'assurer l'ordre, la paix et la
sécurité publique. Je crois qu'un échange de vues entre
ces parties, que ce soient forces policières, gouvernement et syndicats,
pourrait être très fructueux. Je suis très ouvert à
un tel dialogue afin qu'il y ait une meilleure action policière au
niveau de la prévention tout en assurant un respect le plus parfait
possible des libertés individuelles.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, dans la déclaration
ministérielle du ministre, on ne retrouve que des affirmations, à
savoir que les policiers ne sont pas censés faire ceci et cela. Est-ce
que le ministre peut quand même prendre des mesures plus
énergiques? Les journaux sont pleins d'exemples. Je vais en donner deux.
André Poisson, journaliste à CHRC, rapportait qu'au mois de
novembre le président du syndicat à Donohue, Normand Gagnon, a
appris par un policier municipal de Clermont que la Sûreté du
Québec possédait un dossier sur chaque officier du syndicat,
dossier qui comprend, entre autres choses, des orientations politiques, la
liste des plus militants. Est-ce que ce ne sont pas des fiches sur des
personnes, premièrement qui ressemblent beaucoup au CAD que le ministre
se vante d'avoir éliminé? (14 h 20)
Autre exemple, M. le Président. Dans le Devoir du 12 novembre, on
lit ceci: Le ministre Bédard, responsable de la Sûreté du
Québec, nous affirme qu'il n'y a aucune infiltration d'agents de la SQ
dans les syndicats. Pas nécessairement, puisqu'au dire de M. Denis
Haché, porte-parole de la Sûreté à Montréal,
il arrive que la SQ ait pu se trouver nez à nez avec des agents de la
GRC infiltrés dans les mêmes syndicats. Est-ce que le ministre
attend qu'on lui apporte des preuves sur son bureau, ou bien s'il va prendre
des mesures énergiques?
La Ligue des droits de l'homme a demandé une enquête, la
CSN a demandé une enquête. Qu'est-ce que le ministre va faire?
Autre chose que des palabres ici en Chambre à l'effet que les agents de
la Sûreté peuvent faire des erreurs?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, les directives ont
été données à la Sûreté du
Québec à l'effet que l'"opération public", dont j'ai fait
état au mois de novembre dernier, devait se faire simplement sous
l'angle de l'information aux fins de prévenir des situations qui
pourraient être potentiellement des situations de violence. Ils ont eu
toutes ces directives d'une façon très précise, et je
comprends qu'il y a certains exemples qui sont donnés par le
député de Marguerite-Bourgeoys. Entre autres, on parlait d'un
policier qui aurait approché un journaliste, aurait offert de payer aux
fins d'avoir des informations; ce n'est pas le cas. Oui, il y a eu
enquête, et il n'y a même pas eu besoin d'avoir enquête parce
que le policier a été contacté, celui qui avait fait cette
démarche, par le directeur de la Sûreté du Québec.
Tout ce qui s'est passé c'est que le journaliste en question, M. Vennat,
je crois, avait écrit un article concernant un conflit et le policier de
la Sûreté du Québec l'a appelé pour lui demander la
possibilité d'avoir certaines informations. Cela n'est pas allé
plus loin que cela. Concernant un autre cas, le directeur... Maintenant, si
vous me demandez si je suis d'accord sur le fait que des policiers, même
dans la légalité, communiquent avec des journalistes pour avoir
des informations, je vais vous dire que je ne suis pas d'accord. Je trouve
carrément que c'est une erreur de jugement.
M. Lalonde: Qu'est-ce que vous faites à part cela?
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, on est dans l'erreur de
jugement à tour de bras et tout ce que le ministre fait ce sont des
palabres. Est-ce que le ministre peut déposer les directives qu'il vient
de mentionner dans sa réponse? Est-ce qu'il peut déposer en
Chambre les directives à la Sûreté à l'effet que ce
sont des erreurs de jugement et que le ministre n'est pas responsable?
Deuxièmement, ces enquêtes, parce qu'il s'agit d'enquêtes,
quand même quand le ministre dit que le directeur a
contacté le policier en question, c'est une enquête est-ce
que cela ne devrait pas être rendu public de sorte qu'on ne serait pas
dans un climat de méfiance actuellement et de méconnaissance,
peut-être, du dossier?
Le Président: M. le ministre de la Justice,
brièvement, s'il vous plaît.
M. Bédard: M. le Président, ce ne sont pas des
enquêtes. Je comprends que le député de
Marguerite-Bourgeoys prend plaisir à employer le mot "enquête". Ce
sont tout simplement des actions qui sont posées par la
Sûreté du Québec dans le respect intégral de son
mandat général d'assurer l'ordre, la paix et la
sécurité dans son mandat général de faire un
travail de prévention.
Je pense que cette information doit nécessairement porter sur les
situations et les acteurs possibles. Le député de
Marguerite-Bourgeoys et la population n'accepteraient pas que les policiers
négligent cette fonction essentielle de leur travail qui est de faire de
la prévention. Qu'on arrête de qualifier d'enquête le fait,
pour un policier de la Sûreté du Québec, très
ouvertement, d'aller voir certaines personnes, de les informer de certaines
choses, très ouvertement. Il me semble que c'est une attitude beaucoup
plus responsable que l'attitude de la Sûreté du Québec,
auparavant, qui le faisait, mais en cachette.
M. Lalonde: Les directives.
M. Bédard: Concernant les directives, je suis surpris que
le député de Marguerite-Bourgeoys, ancien Procureur
général, me pose cette question, parce qu'il sait très
bien que, concernant les opérations policières, s'il fallait
qu'à chaque opération policière, on puisse être
obligé, à la demande de l'Opposition, de déposer les
directives données par la Sûreté du Québec, je me
demande jusqu'à quel point le travail de la Sûreté du
Québec pourrait être efficace.
Si vous insistez sur le dépôt des directives, je vais
communiquer avec le directeur, parce que ces directives ne viennent pas du
ministre de la Justice, comme vous le savez, elles sont données...
M. Lavoie: ... dit que c'est vous qui avez donné les
directives.
M. Bédard:... ces directives, vous le savez très
bien, ne faites donc pas l'hypocrite, vous le savez très bien, comme
ancien Procureur général, ces directives...
M. Lalonde: M. le Président, question de
privilège.
Le Président : Le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, c'est peut-être la
centième fois qu'en réponse à des questions, le ministre
de la Justice dit: L'ancien Procureur général le sait très
bien. On veut savoir ce que le ministre de la Justice sait. Il ne semble pas en
savoir beaucoup. Ce que je sais, moi, je le sais, ce n'est pas
intéressant. C'est ce que vous savez, vous. Ce n'est pas moi, ce n'est
pas ce que je sais qui est important. La question est posée, vous
êtes ministre de la Justice actuellement.
Ma question de privilège est de m'élever contre le
qualificatif d'hypocrite que le ministre a eu à mon endroit. Est-ce
qu'il est hypocrite pour moi de poser au ministre une question que toute la
population se pose actuellement? Même si j'avais la réponse, ce
qui est important dans mon travail de député, actuellement
c'est là mon privilège c'est d'obtenir une réponse
claire du ministre sur ce qu'il sait, lui, pas ce que je sais, moi.
Le Président: M. le ministre, brièvement, s'il vous
plaît.
M. Bédard: M. le Président, je répète
ce que j'ai dit. Comme ancien Procureur général, le
député de Marguerite-Bourgeoys sait très bien que,
lorsqu'il s'agit d'une opération policière, ce n'est pas le
ministre de la Justice qui rédige les directives qui doivent être
suivies par les policiers à l'intérieur de cette
opération. Le Procureur général a des ordres très
spécifiques à donner, et il les a donnés, selon lesquels
les policiers se doivent, dans toutes leurs opérations, de respecter la
légalité et même de ne pas exagérer dans l'exercice
d'un mandat très large qui leur est donné en vertu de la loi 29.
C'est ce que nous avons fait.
Concernant ces directives spécifiques, je suis prêt
à communiquer avec le directeur de la Sûreté du
Québec et à lui indiquer la demande qui est faite.
Personnellement, je n'ai absolument aucune objection à déposer
même ces directives qui pourront permettre une bonne évaluation du
cadre ou de la politique générale dans laquelle les policiers du
Québec oeuvrent.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent.
Poursuites contre l'Asbestos Corporation
M. Forget: Ma question s'adresse au ministre des Finances, M. le
Président, relativement à la question longuement débattue
de l'amiante. Que le ministre des Finances se rassure, je ne lui demanderai pas
quel prix il a l'intention de payer pour les actions de General Dynamics. Il
n'en est peut-être pas rendu là, d'ailleurs. Mais je vais lui
demander, au contraire, si, comme on le prétend dans certains journaux
et comme nous l'avons prétendu nous-mêmes il y a un an en
commission parlementaire, il y a des poursuites auxquelles pourrait faire face
la société Asbestos. Et, dans le cas où la réponse
serait affirmative, à combien le ministre des Finances
évalue-t-il le total de ces poursuites présentes ou
possibles?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Effectivement, M. le Président, il y a eu des
poursuites intentées, aux Etats-Unis surtout, à l'égard de
la plupart des compagnies d'amiante, dont Asbestos. Je dois dire que ces
poursuites sont de nature très différente et n'ont pas le
même degré de sérieux, selon les causes. Quant à
évaluer le montant précis des poursuites contre la compagnie
Asbestos, je dois dire que cela fait quand même plusieurs mois que je
n'ai pas regardé ces montants. Je vais prendre avis de la question et je
répondrai demain pour avoir un montant exact. Je n'aime pas citer des
montants de mémoire, comme cela.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent.
(14 h 30)
M. Forget: Est-il exact, M. le Président, que le ministre
des Finances, dans l'approche ou la préparation de ces
négociations ou la conduite peut-être, maintenant, de ces
négociations avec la société General Dynamics veut obtenir
de la part de cette société la prise en charge par elle, l'ancien
actionnaire, de toutes les poursuites qui pourraient être dirigées
pour des actes ou des produits vendus avant la date d'acquisition par le
Québec. Dans ce cas-là, le ministre des Finances ne devrait-il
pas avoir dès maintenant une évaluation du montant qu'il se
propose d'offrir à General Dynamics pour assumer cette
responsabilité-là?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Non, M. le Président, ces
considérations-là ne sont pas intervenues directement dans les
évaluations. Elles interviennent indirectement, bien sûr, dans
l'évaluation des prix à venir de l'amiante, mais c'est par un
biais indirect. Quant à certaines des poursuites intentées aux
Etats-Unis, il faut bien comprendre que certaines d'entre elles mettent en
cause directement General Dynamics dans le cas de certains là, je
parle de mémoire; j'ai pris avis de la question et j'aurai au besoin la
possibilité de confirmer ou de contredire demain ou après-demain
contrats que General Dynamics a eus avec le gouvernement des Etats-Unis.
Là, bien sûr, ce n'est pas Asbestos Corporation en tant que telle
qui doit porter ces poursuites, mais c'est General Dynamics comme constructeur
pour le compte du gouvernement des Etats-Unis.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le ministre des Finances vient
de dire quelque chose de très intéressant. On sait que
l'écart des évaluations faites respectivement par le gouvernement
ou plutôt pour le gouvernement et pour la société General
Dynamics était, semble-t-il, basé largement sur une
différence quant aux hypothèses de prix futurs auxquels se
vendrait l'amiante. Le ministre des Finances ne vient-il pas d'ouvrir une porte
de sortie dans ce dilemme qui l'oppose au propriétaire actuel en disant:
Tout ceci se reflétera dans les prix plus élevés, plus ou
moins élevés pour la fibre dans les années futures? Ne
vient-il pas, en somme, de nous dire que, finalement, on va être
justifié de payer un prix plus élevé que les $40 ou $42 en
argumentant que, comme on devra faire face à des poursuites à
l'avenir, il faut donc une marge de sécurité plus grande? Est-ce
que ce n'est pas cette opération-là que vient de faire le
ministre des Finances, de s'excuser d'avance d'avoir à payer plus cher
que $40 ou $42?
Le Président: M. le ministre des Finances. M. Parizeau:
Non, M. le Président.
Le Président: M. le député de Richmond,
question additionnelle.
M. Brochu: Question additionnelle au ministre des Finances, M. le
Président.
Le gouvernement a-t-il pris connaissance de l'opinion émise par
le Health Research Group, groupe très influent auprès des
consommateurs, qui a indiqué tout récemment publiquement que la
volonté du Québec de bâtir son avenir économique sur
un produit mortel est irresponsable? Est-ce que le gouvernement du
Québec entend riposter à cette affirmation qui a
été faite par cet important groupe? De plus, j'aimerais demander
également au ministre des Finances si on a évalué ou si on
va évaluer maintenant l'impact éventuel de la campagne
antiamiante, en quelque sorte, qui s'amorce actuellement sur le continent
nord-américain sur le projet du gouvernement de se porter, à ce
moment même, acquéreur d'une des mines d'amiante au Québec.
Le ministre des Richesses naturelles a dû faire un pèlerinage en
Europe, vu qu'il y a 50% de la production de la mine d'Asbestos Corporation qui
vont là, pour essayer de minimiser ces effets. Il n'y avait pas cette
crise qu'on connaît actuellement et qui s'amorce sur le continent
nord-américain pour rejeter en quelque sorte les problèmes dus
à la production de l'amiante et à l'utilisation des produits de
l'amiante.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je trouve cela assez
amusant, dans un certain sens, que, d'une part, on dise: L'amiante est un
produit dangereux. Le danger en est tel que la consommation devrait dans
l'avenir tomber ou, en tout cas, être restreinte ou, en tout cas, monter
moins que s'il n'y avait pas ce danger. D'autre part, on soutient que la
compagnie qui vend les actions, General Dynamics, elle, entrevoit une
augmentation du prix de l'amiante supérieure à tous les autres
prix. Il y a manifestement quelqu'un qui se trompe là-dedans. Quant
à savoir où en sont les études quant au risque industriel
de l'amiante, je vous avouerai que je plaide une compétence
extraordinairement restreinte dans ce domaine. Je vais plutôt passer la
parole, M. le Président, si vous me le permettez, au ministre des
Richesses naturelles, qui a longuement examiné la question.
Le Président: M. le ministre des Richesses naturelles,
brièvement, s'il vous plaît!
M. Bérubé: C'est un sujet capital. Si vous me
demandez de le traiter brièvement, l'information risque d'être
à ce point tronquée qu'il ne vaut peut-être même pas
la peine d'y répondre. Néanmoins, je pense qu'il faut souligner
un certain nombre de choses. Il ne fait aucun doute que la fibre d'amiante est
évidemment toxique pour l'être humain, dans la mesure où
elle est respirée en forte concentration. Je ne voudrais pas
déplaire à cette Assemblée, mais 92% de la croûte
terrestre sont constitués de matières silicieuses qui se
cristallisent en bonne part sous la forme fibreuse, et, par conséquent,
nous respirons tous de la fibre d'amiante, que nous l'aimions ou non. Il s'agit
d'une substance naturelle que l'on retrouve dans l'ensemble de la croûte
terrestre.
Deuxièmement, il est connu que l'utilisation de la fibre
d'amiante en forte concentration cause des maladies industrielles. Je pense que
celles-ci sont bien connues. Il existe cependant certaines inconnues. En autant
que l'amiantose est concernée, il est possible de faire échec
à cette maladie par des teneurs en usine qui sont suffisamment basses.
Cependant, il existe des inconnues au niveau d'autres maladies industrielles,
je pense au cancer du poumon, je pense aux mésothéliomes.
Cependant, M. le Président, ce qu'il appert, c'est qu'il n'existe
finalement que très peu ou pas d'études
épidémiologiques portant sur des populations exposées
à de faibles concentrations, sauf deux études. L'une, toute
récente, a été publiée l'automne dernier par le Dr
Selikoff, l'adversaire même de l'amiante, qui a mené la campagne
ici au Québec et qui a également mené la campagne en
France. Le Dr Selikoff, après avoir étudié une population
du New Jersey exposée à de fortes concentrations d'amiante
pendant plus de 30 ans, en est arrivé à la conclusion qu'il
n'observait aucune incidence de maladies industrielles au sein de cette
population. Il en concluait donc qu'il fallait non pas bannir l'amiante, mais
le contrôler. Voilà une information importante puisqu'elle est de
la bouche même du Dr Selikoff.
Le Président: M. le ministre des Terres et Forêts,
s'il vous plaît!
M. Bérubé: Des Richesses naturelles en
l'occurrence, M. le Président.
Par conséquent, M. le Président, il ne faut pas nier les
dangers que représente l'amiante, mais je pense qu'il faut les
"relativer" aux autres dangers que représente la fibre de verre, qui
sont présentement sous étude et où on constate que la
laine minérale et la laine de verre présentent des
symptômes, au point de vue des maladies industrielles, tout aussi
dangereux que ceux de la fibre d'amiante, et, par conséquent, le
polychlorure de vinyle également, dois-je dire, un autre substitut. En
d'autres termes, M. le Président, c'est un problème universel
qu'il ne faut pas négliger, mais qu'il ne faut pas non plus
exagérer.
Le Président: Question principale de l'Union
Nationale.
M. le député de Richmond, est-ce qu'il s'agit d'une
question principale?
M. Brochu: C'est une...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Brochu: ... question additionnelle, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
nationale, s'il vous plaît.
Date du référendum
M. Bellemare: Ma question s'adresse à l'honorable premier
ministre pour une des premières fois.
Nous avons appris avec une grande satisfaction la date du
référendum. L'honorable premier ministre nous a laissé
languir pendant deux ans et demi, quatre fois en 1977, six fois en 1978 et,
lundi passé, enfin, on a trouvé la date du
référendum.
M. le Président, dans un geste extraordinaire, il nous a
annoncé que quatre mois après l'élection
fédérale, après deux mois d'études en Chambre,
parce qu'il y a 25 heures dans la loi 92 sur les référendums cela
veut dire qu'on aura la date précise, probablement à la mi-mai
1980, si on se fie à la déclaration du premier ministre.
Ma question est celle-ci, M. le premier ministre. Après tant de
tergiversations, après autant d'hésitation, quand on a perdu le
goût du Québec et qu'on a pris le goût du pouvoir, je
demande au premier ministre s'il a fini de nous envoyer un peu partout en
disant qu'il y a une élection fédérale ou autre chose qui
se passe pour ne pas nous donner la date précise du
référendum. Est-ce que véritablement il n'a pas
manqué son coup de ne pas faire le référendum après
l'élection de 1976? Il y a bien des gens qui se disent cela. Le
référendum à force d'être remis... M. le
Président, ma question au premier ministre est celle-ci: Est-ce que le
premier ministre a fini de traîner la population, l'économie,
enfin tout le "kit" des affaires industrielles au Québec pour nous
donner véritablement une sécurité? (14 h 40)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je ferai
remarquer au député de Johnson, juste en passant, puisqu'il parle
d'économie, d'incertitude, etc., qu'il y a eu une rencontre dont
l'occasion était la remise du mémoire annuel du Conseil du
patronat au gouvernement, il y a quelques jours seulement. Partant de
là, des gens qui s'intéressent beaucoup au climat
économique et qui cette année étaient dans un climat de
dialogue avec nous disent très clairement qu'ils conçoivent
à quel point il fallait une préparation, à quel point il
fallait quand même qu'il y ait, à toutes fins utiles, des
conditions favorables pour tenir un référendum qui soit
valable.
M. Bellemare: Ce n'est pas ça qu'ils ont dit.
M. Lévesque (Taillon): Par conséquent, ils
comprenaient très bien qu'il ait fallu un temps de préparation
qui n'est pas terminé.
M. Bellemare: Ils ont dit que vous vous étiez
amélioré un peu. Oui, n'allez pas trop loin.
M. Lévesque (Taillon): Pour revenir au coeur de la
question de la date, je crois que probablement le leader parlementaire de
l'Union Nationale parle de l'entrefilet qu'on vient de me montrer et qui dit
que le gouvernement provincial compte attendre au moins quatre mois
après les élections fédérales pour tenir son
référendum. C'est cela?
M. Bellemare: Quatre plus deux, cela fait six.
M. Lévesque (Taillon): Ecoutez, je pense que la
réponse est très simple et je vais revenir à des
paramètres qu'on a déjà établis,
c'est-à-dire des conditions minimales et maximales de temps. Le minimum,
c'était au moins ce qu'on peut appeler l'hypothèque ou, enfin,
l'échéance des élections générales
fédérales. On a dit qu'on ne noierait pas un
référendum dans des élections générales. Je
pense que ce ne serait pas honnête pour personne. Donc, il faut que
l'échéance électorale fédérale soit
passée. Je pense que tout le monde sait, le dernier suspense se
déroulant ces jours-ci, qu'il y a des chances que cette semaine ou enfin
d'ici un certain nombre de jours, car on peut compter maintenant en jours et
non pas en semaines, sûrement pas en mois, les élections
fédérales soient déclenchées, ce qui nous
mènerait quelque part au printemps, pas très loin de la fin du
printemps.
Partant de là, on ne peut pas jeter une population dans un
référendum en plein mois de juillet ou au mois d'août. Je
crois que le député de Johnson admettra cela tout de suite. Par
conséquent, il y a un minimum je ne pense pas que j'aie
employé quatre mois cela ne peut pas être
déclenché sûrement avant les derniers mois de 1979 au plus
tôt, c'est-à-dire à l'automne de 1979. C'est le plus
tôt. Le plus tard demeure ce qu'on a dit déjà, pas trop
tard en 1980. Il ne s'agit pas d'étirer les choses pour le plaisir de la
chose, c'est tout.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Une question supplémentaire, M. le
Président. Dans le même article qu'il a sous les yeux, on dit que
l'honorable premier ministre n'a pas voulu préciser s'il y aurait des
élections en même temps que le référendum. Ma
question est: Est-ce que le premier ministre peut me dire carrément: II
n'y aura pas d'élection avant, pendant après c'est
sûr mais avant ou pendant le référendum? Parce que
j'ai peur des prochaines élections...
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Pourtant il y en a d'autres qui
auraient plus de raisons que vous d'avoir peur, mais enfin...
M. Levesque (Bonaventure): ... des élections
partielles.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît.
M. Levesque (Bonaventure): Ou générales, n'importe
quand.
Le Président: M. le premier ministre. A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, on comprend
pourquoi, avec des systèmes nerveux aussi fragiles, ces gens-là
n'ont pas pu se maintenir au gouvernement, ce n'est pas possible. Je ne
profiterai pas de la porte presque totalitaire qu'ouvrait le
député de Johnson en se demandant s'il y aurait des
élections après le référendum. Je peux assurer la
Chambre qu'il y en aura, mais je dois aussi dire que je ne comprends pas
très bien d'où cela vient, les trois lignes que le journaliste a
glissées dans son article. Cela dit: M. Lévesque a refusé
de préciser s'il tiendrait des élections provinciales en
même temps que le référendum. Je crois qu'il y a eu un
malentendu quelque part. Cela fait 20 fois, cela va faire la 21e fois sinon la
99e qu'on répète que ni avec une élection
générale fédérale, ni avec une élection
générale provinciale, dans le régime actuel où il y
a deux niveaux qui font des élections générales au
Québec, ni avec l'une ni avec l'autre, on ne voulait noyer le
référendum. Donc, on a pris l'engagement qu'il y aurait un
référendum pendant le mandat du gouvernement, donc il n'y aura
pas d'élections avant le référendum, et
deuxièmement, le référendum ne sera pas noyé ou
mêlé à des élections générales.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Ma dernière question, est-ce que le premier
ministre a l'intention de faire ses cinq ans?
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, ce sont
vraiment des choses ou des précédents qui vont contre la coutume
qui sont en train de s'établir. On va évaluer tout ça en
temps et lieu.
Le Président: M. le chef...
M. Bellemare: ... à Québec, avec M. Godbout, cinq
ans, de 1939 à 1944.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef
de l'Opposition, question additionnelle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question
additionnelle, que j'adresse d'ailleurs au premier ministre. Dans ce même
journal, à la même date et dans la même page de l'Argus,
parlant du référendum; est-ce que le premier ministre voudrait
continuer ses précisions ou faire les corrections qui s'imposent, comme
il vient de le faire dans le dernier alinéa de l'article en question? Je
vois ici: Lévesque explique comment éviter un deuxième
référendum. C'est le titre de l'article en question et on lit: Le
premier ministre René Lévesque a exhorté les militants du
Parti québécois, réunis en congrès régional
à Boucher-ville, samedi, à clarifier l'option
souveraineté-association le premier ministre a toujours dit que
c'était clair depuis dix ou douze ans de façon à
éviter la tenue d'un deuxième référendum sur cette
question.
Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire ce qu'il entend par un
deuxième référendum et comment les instances du Parti
québécois pourraient éviter la tenue d'un deuxième
référendum?
M. Lévesque (Taillon): Me demander de clarifier l'option
souveraineté-association signifie très précisément
ce que j'ai eu l'occasion de dire, ici à l'Assemblée nationale,
respectant les privilèges du Parlement, dès le mois d'octobre de
l'année passée dans une déclaration que j'ai faite
à la Chambre; j'en enverrai une copie additionnelle au chef de
l'Opposition s'il le veut. C'est une chose, une forme de vie interne que
pratique le Parti québécois depuis qu'il est au monde. Dans un
parti démocratique, il y a l'ajustement d'un programme politique; je
parlais alors des militants qui sont en congrès d'une région
à l'autre; ça s'en va à un congrès national du
parti. Dans le programme du parti, il y a certaines imprécisions parce
que, d'un congrès à l'autre, la démocratie interne et le
jeu des délégations font qu'il y a des changements et, à
l'occasion, ils ne sont pas toujours d'une clarté aveuglante, tout le
monde le sait dans les partis démocratiques. Autant que possible, si le
congrès le veut, démocratiquement, que le programme du parti soit
clarifié de la façon dont on a essayé, au niveau du
gouvernement, au niveau de l'Assemblée nationale aussi, de clarifier nos
positions. Cela reste aux militants de décider et à un
congrès démocratique.
En ce qui concerne la question du deuxième
référendum, l'essentiel de ce qu'on a à dire, c'est ceci:
Tenant compte des traditions démocratiques et aussi des
intérêts très importants que nous avons en commun, le reste
du Canada et nous, les deux sociétés, un oui clair, que non
seulement nous souhaitons, mais auquel nous avons confiance, un oui clair et
net à une question claire et nette...
M. Levesque (Bonaventure): A quelle question?
M. Lévesque (Taillon): ... au référendum
permettrait à cause de ces traditions démocratiques des deux
côtés, et à cause des répétitions qui se font
sans arrêt, sauf chez ceux qui aimeraient bien garder le plus trembleur
possible le citoyen québécois que ce soit la commission
Pépin-Ro-barts, que ce soit le premier ministre fédéral
lui-même, que ce soit le discours du trône fédéral
qu'une option démocratique, claire, du Québec soit
respectée. Il n'y aurait besoin ni de deuxième
référendum, ni de pèlerinages à n'en plus finir. Le
poids d'un oui démocratique du Québec suffira pour changer les
choses. C'est cela qu'on veut.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président,
dernière question additionnelle.
Le Président: Dernière question, M. le chef de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, le premier
ministre vient de parler d'une réponse claire, nette d'un oui à
la question posée. Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire si
cette question sera aussi claire et nette que l'indépendance du
Québec, oui ou non, comme l'a suggéré le mouvement de la
Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): La question, M. le
Président, sera claire, nette. Elle ne sera pas stu-pide ni simpliste et
les citoyens la reconnaîtront telle quelle.
M. Levesque (Bonaventure): Ce serait stupide de demander aux gens
s'ils veulent se séparer du reste du Canada! Ce serait stupide de
demander si oui ou non on veut l'indépendance du Québec! (14 h
50)
Le Président: A l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président... Le
Président: M. le député de Sainte-Marie. M.
Lévesque (Taillon): Ah!
Le Président: Je m'excuse, M. le premier ministre, il n'y
a pas eu de question, je crois.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
simplement...
M. Lavoie: Si c'est terminé ce côté-ci, c'est
terminé de l'autre côté également.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Sainte-Marie.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, c'est une
question de privilège ou quasiment. Je crois que les
interprétations du leader de l'Opposition officielle ne sont quand
même pas nécessairement le mot final. Je me levais en croyant que
la
dernière clameur du député de Bonaventure
était un appel à une réponse. Mais je crois qu'en effet je
peux m'en passer.
Mais j'aimerais quand même que quand on se lève pour
répondre... J'essaie de répondre de mon mieux à ce que je
crois percevoir possiblement d'interrogatif dans les interventions du
député de Bonaventure. S'il n'a rien d'interrogatif et qu'il
considère qu'il a eu sa réponse, je n'insiste pas.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
privilège.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, on a
refusé et vous l'avez refusé selon le règlement,
j'imagine que l'on puisse continuer ces questions et obtenir des
réponses, mais, à ce moment-ci, je dis que rien ne me fait plus
plaisir et ne fait plus plaisir à la population du Québec que
nous puissions essayer de vider cette question et d'avoir des réponses
précises du premier ministre.
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle, je
demande votre collaboration. Je ne crois pas qu'il s'agit là d'une
véritable question de privilège. Je pense que toutes les
formations politiques ont exprimé le désir, unanimement, qu'un
plus grand nombre de questions puissent être formulées durant
cette période assez privilégiée de l'exercice de la
démocratie au Québec. C'est pour cette raison que je vais donner
la parole à M. le député de Sainte-Marie.
Utilisation d'interprètes en cour
M. Bisaillon: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre d'Etat au développement culturel. Les journaux de vendredi
dernier nous faisaient part d'une décision de la Cour d'appel concernant
l'utilisation d'interprètes pour des témoins en cour. Le noeud de
l'affaire, rapidement. Le juge reconnaît dans sa décision qu'un
anglophone qui témoigne a besoin d'un interprète, mais que le
francophone, pour écouter son témoignage, ne doit pas
requérir les services d'un interprète pour lui traduire ce qui se
dit en anglais. Il me semble, à la lecture de ce qu'on disait dans les
journaux, qu'effectivement cela correspond à la lettre de la loi 101,
mais que cela ne correspond pas, en tout cas à mon sens, à
l'esprit de la loi 101 qui veut, au moins au niveau judiciaire, traiter les
citoyens sur un pied d'égalité. Ma question au ministre, c'est:
Est-ce que le ministre confirme cette interprétation et qu'est-ce qu'il
entend faire face à cette décision de la Cour d'appel?
Le Président: La deuxième partie de votre question
est peut-être acceptable, mais, quant à la première, il
s'agit manifestement d'une demande d'opinion juridique, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: J'avais compris que le ministre aurait pu me dire
que c'était une demande d'opinion juridique.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement culturel.
M. Laurin: M. le Président, je remercie beaucoup le
député de Sainte-Marie de sa question dont il m'a prévenu
quelques instants avant le début de la séance.
J'ai suivi avec le plus grand intérêt ces procédures
judiciaires, ainsi que le premier jugement et le deuxième jugement de la
Cour d'appel, surtout en référence à la loi 101,
évidemment. Il est bien évident que le législateur,
lorsqu'il adopte une loi, entend adopter plutôt des principes et ne va
pas jusqu'à expliciter des modalités d'application d'un
principe.
Il est non moins évident que la loi 101 est bâtie sur un
certain nombre de principes. Le premier, c'est que le français est
maintenant la seule langue officielle du Québec, ce qui veut dire, en
termes pratiques, la débilinguisation institutionnelle du Québec,
c'est-à-dire que le Québec devra être désormais
aussi français que l'Ontario est anglais.
Un autre principe fondamental, qui découle du premier, c'est que
chaque consommateur de produits ou de services a le droit d'être servi en
français, si on applique cela évidemment aux cours de justice,
cela veut dire qu'il a le droit de parler en français et de comprendre
les réponses qui lui sont données.
Un autre des principes, cependant, c'est que nous avons voulu respecter
une pratique basée sur une sorte de respect des droits individuels. Vous
aurez bien remarqué, tout le monde a remarqué que dans le
chapitre sur la législation et la justice, on ne fait pas
référence aux individus. On ne fait référence
qu'aux personnes morales. Autant on fait obligation aux personnes morales de
s'adresser en français aux cours de justice, autant on ne mentionne pas
les individus, ce qui veut dire que les individus, comme témoins ou
comme questionneurs, ont le droit d'utiliser la langue de leur choix. C'est la
raison, d'ailleurs, pour laquelle, étant donné que la loi ne
mentionne rien à ce chapitre, l'administration de la justice, elle, veut
intervenir pour continuer le respect des usages.
Une dernière remarque: II faut remarquer également
qu'étant donné que la loi est muette sur le sujet, nous sommes
obligés, comme le juge l'a fait, de nous référer à
l'article 133 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, qui impose
aux seuls Québécois un bilinguisme qui n'est plus de mise avec
révolution nationale du Québec. C'est une des raisons,
d'ailleurs, pour lesquelles nous considérons que dans la
souveraineté, il n'y aura plus besoin d'article 133, et que cet article
est caduc et désuet.
M. Bisaillon: Question additionnelle.
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Une dernière question additionnelle, mais je
l'adresserai, cette fois, au ministre de la Justice. Est-ce que, dans les
circonstances, le ministre de la Justice entend faire quelque chose pour
apporter une assistance à un citoyen francophone qui serait en
état de déséquilibre par rapport au citoyen anglophone
devant les tribunaux? Au-delà de la loi, est-ce que le ministre de la
Justice est prêt à apporter une assistance à ces citoyens
francophones?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Je vais étudier la situation. Le plus
que je puis dire, pour le moment, c'est que c'est, de la part de la Cour
d'appel, l'interprétation qu'elle fait de l'article 133 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, article que la commission
Pépin-Robarts a recommandé d'abroger.
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
Frais juridiques imposés à des
camionneurs
M. Giasson: Merci, M. le Président. J'aurais une question
à l'adresse du ministre des Transports.
Le ministre des Transports est au courant que, dans la région
administrative 03, la Corporation du poste d'affectation a adopté des
règlements qui permettent de charger à chacun des camionneurs
couverts par ce poste des frais juridiques pour ce poste d'affectation.
Selon les informations que j'ai obtenues, il s'agirait là d'une
pratique qui est tout à fait particulière au poste d'affectation
03.
J'aimerais savoir du ministre ce que le comité de surveillance
qui a été créé par lui afin de suivre de
près toutes les règles des postes d'affectation a pu lui indiquer
à l'effet qu'un tel poste doive ou puisse se permettre de charger
à chacun des camionneurs membres du poste... On sait que, dans la
Corporation du poste d'affectation 03, il y a environ 1200 camionneurs. Comment
se fait-il qu'on doive exiger de chacun des camionneurs un montant de $150 par
année uniquement pour assumer des frais juridiques lorsqu'on sait que
cette corporation possède déjà son budget annuel d'environ
$115 000 qui avait été prévu au début de la
dernière année et à l'intérieur desquels $115 000
il y avait déjà un montant de $12 000 prévu pour les frais
juridiques qui pouvaient naître au cours de l'année?
Quel est l'avis du comité de surveillance à l'endroit de
ce poste d'affection qui aurait indiqué au ministre un
phénomène de telle envergure, c'est-à-dire de frais aussi
élevés à chacun des camionneurs de cette
région?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: Merci, M. le Président. D'abord, disons que
cette question est actuellement sub judice puisque vous savez qu'il y a eu une
injonc- tion qui a été demandée par des dissidents du
poste d'affectation 03. Cette injonction a été refusée
cependant, mais il reste que la cause doit être plaidée devant
d'autres tribunaux que le ministre de la Justice ou un avocat connaît
beaucoup mieux que moi.
Cependant, nous suivons de près quand même ce dossier, et
ça fait suite à une question que me posait la semaine
dernière le député de Rouyn-Noranda.
Ce soir, à 5 heures plus particulièrement, je rencontre un
groupe de camionneurs pour discuter de tout ce problème et voir si,
juridiquement, il y a lieu pour les postes d'affectation d'exiger, je dirais,
de façon particulière, la somme de $150 de tous les camionneurs
membres d'un poste d'affectation afin que cette somme de $150 par camionneur
soit versée à une firme d'avocats qui sont en même temps
conseillers juridiques pour une association bien connue. (15 heures)
M. le Président, nous regardons cela actuellement. J'ai
reçu ce matin copie d'une lettre qui a été envoyée
au député de Rouyn-Noranda, dans laquelle la firme
concernée indique, pour le poste d'affectation no 3, qu'elle ne peut
accepter d'être représentante de ce poste, tel que le demandait la
résolution concernée.
Je rencontrerai les camionneurs ce soir. On va discuter du
problème, mais il s'agit là d'un problème qui est
actuellement sub judice.
Le Président: Alors, fin de la période des
questions.
M. Giasson: Une courte additionnelle.
Le Président: Toute brève, M. le
député de Montmagny-L'Islet, pour essayer de vider la
question.
M. Giasson: J'aimerais d'abord savoir du ministre quels sont les
commentaires du comité de surveillance qui a été
créé spécialement pour examiner toutes les
décisions et les façons de fonctionner de ces postes
d'affectation. Quel est l'avis du comité de surveillance dans un tel
cas?
M. Lessard: M. le Président...
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Lessard: ... vous comprenez que, étant donné que
c'est une question qui est sub judice, il me serait quand même difficile
actuellement de donner un avis juridique, d'autant plus que je ne suis pas
avocat et que la cause est actuellement ou doit être plaidée
devant les tribunaux.
M. Bellemare: Je voudrais...
Le Président: Fin de la période des questions.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais vous faire
remarquer une chose. Je ne me plains pas, mais nous avons eu une seule question
et une
sous-question. Comme parti, on avait préparé une question
au sujet des infirmières et on n'a pas été capable de la
poser. On avait fait toute une étude sur la question des
infirmières qui sont ici aujourd'hui.
Le Président: Très juste, M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale, sauf que je vous rappelle que
précisément parce qu'elles sont en commission parlementaire,
l'occasion vous sera peut-être donnée de formuler les questions en
commission parlementaire. Vous savez mieux que quiconque, vous, le doyen de
l'Assemblée nationale, que pour une journée précise, il
est très difficile à la présidence d'accorder les
questions rigoureusement au prorata de votre représentation. Demain
j'essaierai de me reprendre, M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: Je vous ferais simplement remarquer que ma question
principale a été partagée presque entièrement avec
le Parti libéral.
Le Président: A l'ordre! Nous en sommes maintenant aux
motions non annoncées.
M. Charron: Avant, M. le Président, s'il y avait
consentement, le ministre des Affaires sociales a un complément de
réponse à donner à une question posée par le
député de L'Acadie.
M. Bellemare: Pas tout de suite, pas tout de suite.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
Négociations sur les services
essentiels
M. Lazure: M. le Président, il s'agit de la question
posée par le député de L'Acadie, la semaine
dernière, concernant les services essentiels. J'avais pris l'engagement
de donner plus de détails aujourd'hui et il me fait plaisir d'informer
cette Assemblée qu'environ 70% de toutes les unités syndicales
qui sont impliquées soit dans les conventions collectives échues
depuis six mois ou dans celles qui vont expirer dans six mois ont ou bien
conclu une entente avec la partie patronale ou bien sont en train de
négocier. Il me fait plaisir de déposer un relevé complet
en date du 12 mars sur l'état des négociations des services
essentiels dans le réseau des affaires sociales.
Le Président: Nous en sommes aux motions non
annoncées.
Mme le député des Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: M. le Président, en cette
journée de fièvre semi-printanière qui semble animer les
membres de cette Chambre, qu'il me soit permis de soumettre à leur
approbation la motion suivante: L'Assemblée nationale du Québec,
consciente de l'apport économique que procure aux Madelinots la chasse
au loup-marin dans le golfe Saint-Laurent, dénonce toute
ingérence de quelque nature qu'elle soit visant à empêcher
ces activités, déplore la violence que risque d'engendrer une
telle ingérence et reconnaît au chasseur le droit de poursuivre
ses activités traditionnelles dans le respect des lois.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion?
Une Voix: Non, non.
Le Président: Je regrette, Mme le député des
Iles-de-la-Madeleine, il n'y a pas consentement à la
présentation. Nous en sommes...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant...
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle, s'il
vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais on n'a pas
d'indication...
Le Président: S'il vous plaît! Vous connaissez les
règles du jeu en la matière.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question de
privilège. Je suis bien prêt à accepter de suivre le
règlement, mais, tout de même, il y a apparemment, du
côté gouvernemental, des questions qui se posent; il y a, du
côté de l'Opposition, des questions qui se posent. On veut savoir
si réellement il y a eu des objections à ce que la motion du
député soit discutée.
M. Bellemare: Le président s'est prononcé parce
qu'il a eu l'intuition que c'était non.
M. Lessard: Je soulève une question de privilège,
M. le Président.
Le Président: Je n'ai pas eu l'intuition, M. le chef de
l'Opposition officielle. La règle, en droit parlementaire, c'est que
dès que le président entend des non, à moins que ce soit
contesté, il est obligé de dire, et j'ai entendu très
nettement le non...
Des Voix: II n'y a pas eu de non. Le Président:
Nous en sommes... M. Charron: M. le Président...
Le Président: Nous en sommes à l'enregistrement des
noms sur les votes en suspens et aux avis à la Chambre.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je pense qu'il
est imponant que je vous pose une question et que je vous demande des
directives
parce qu'il semble y avoir un certain flottement, M. le
Président, à la suite de la décision que vous venez de
rendre, à savoir que vous, vous avez entendu un non. M. le
Président, aujourd'hui, disons que nous allons vous faire confiance,
vous avez entendu un non, le député de Johnson s'est
révélé être finalement celui qui avait dit non, etc.
Mais, M. le Président, je voudrais qu'à l'avenir vous puissiez
statuer sur cela de façon que nous puissions savoir si réellement
il y a eu un non, parce que, M. le Président, nous ne sommes pas
satisfaits de cette procédure. Elle n'est pas claire. Est-ce que vous
pourriez y penser, peut-être quelques heures ou quelques jours et nous
dire à l'avenir de quelle façon nous allons savoir nous s'il y a
eu consentement ou non?
M. Bellemare: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Bellemare: ... je pense que c'est sur votre invitation et
à la réunion des leaders dernièrement qu'il était
question que les motions non annoncées seraient réservées
uniquement à vous avec une annonce préalable de quelque dix ou
quinze minutes. Nous n'en avons jamais entendu parler, nous n'avons jamais pris
conscience de cette motion non annoncée et c'est vous qui nous avez
dirigés de ce côté pour que les motions non
annoncées soient complètement éliminées de la
Chambre. C'est vous qui nous avez demandé cela. Je pense qu'on suit
votre directive, surtout celle que les leaders avec le leader du gouvernement
nous ont tracée. Nous nous sommes soumis à cette directive et
nous la suivons.
M. Charron: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale, je voudrais vous signaler qu'en la matière je pense que les
trois leaders parlementaires avaient exprimé devoir réduire le
nombre de motions non annoncées. Mais autant que je sache, et je n'ai ni
à le déplorer ni à m'en réjouir, il n'y a eu aucune
décision intervenue à cet égard.
M. le leader parlementaire du gouvernement...
M. Charron: C'est exact, M. le Président. Je ne voudrais
pas que la réunion sereine que nous avons eue la semaine
dernière, mon ami Greenpeace, de Johnson, était présent
également à cette réunion... Je crois que nous n'avons pas
ensemble assisté à la même réunion.
M. Bellemare: ... à celle-là j'y étais.
Là, je suis ailleurs.
M. Charron: Je n'avais jamais pensé voir le
député de Johnson devenir "peace and love" comme cela à un
seul moment.
M. Bellemare: ... une motion non annoncée que vous avez
refusée pour l'équipe du Canada, l'autre jour, ce n'est pas
mieux.
M. Charron: Que je sache, M. le Président, elle n'a pas
été refusée, elle a été adoptée.
Des Voix: Non.
M. Charron: Je parle de la semaine dernière quand le
député de Mégantic-Compton... L'autre, vous savez pourquoi
elle a été refusée.
Des Voix: Ah, ah!
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Avis à la Chambre
M. Charron: Ce que j'aime surtout, M. le Président, c'est
quand ils font semblant de ne pas le savoir. (15 h 10)
M. le Président, je voudrais faire motion pour que demain matin,
en même temps que la Chambre se réunira aux fins de poursuivre son
travail sur le discours inaugural, se réunisse à la salle 91-A la
commission de la justice pour continuer d'étudier les projets de
réforme du droit de la famille et qu'à la salle 81-A se
réunisse la commission des affaires municipales sur le projet de loi no
107, Loi instituant la Régie du logement.
Je fais motion également ce sera la même motion
pour que se réunisse immédiatement et ce soir aux heures
régulières de la Chambre, au salon rouge, la commission des
corporations professionnelles, qui a déjà entamé son
travail ce matin sur la question de la délégation des actes
médicaux et infirmiers et qu'à la salle 81-A la commission de la
justice se réunisse sur la réforme du droit de la famille.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Lalonde: M. le Président, seulement sur le choix des
salles. Ce matin à la commission de la justice on avait un nombre
d'invités tel qu'à 81-A presque toutes les places étaient
occupées. Si vous nous envoyez demain matin à 91, à moins
que le salon rouge soit pris autrement, est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir une
salle un peu plus...
M. Charron: En effet, M. le Président, je dois dire au
député de Marguerite-Bourgeoys que je me suis surpris
moi-même à voir que le salon rouge n'était pas
utilisé demain matin. Il y a sans doute une raison. Si jamais il n'y en
a pas et qu'on peut effectivement inviter les gens de la commission de la
justice au salon rouge demain matin, j'en donnerai avis au cours des travaux de
la journée.
Voilà, M. le Président, aussitôt dit, aussitôt
fait. Demain matin, le salon rouge est occupé j'en donne avis
également à la Chambre par la clinique annuelle de la
Croix rouge...
Le Président: La Croix rouge.
M. Charron: ... pour le prélèvement de sang.
J'invite tous les députés...
Une Voix: Où?
Le Président: Au salon rouge.
M. Charron: ... j'invite tous les amateurs de beigne
également à se rendre au salon rouge demain matin.
Le Président: II y a tout le personnel pour commencer
aujourd'hui.
M. Charron: La motion reste telle quelle.
M. Bellemare: En vertu des dispositions de l'article 34...
Le Président: Est-ce que la motion sera
adoptée?
M. Bellemare: Oui. M. Lavoie: Adopté.
Le Président: En vertu des dispositions de l'article 34,
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: Je voudrais savoir de l'honorable leader du
gouvernement, si c'est possible, s'il va y avoir plusieurs ministres absents de
la Chambre demain à l'occasion du sommet économique de
Montebello. Quels sont les ministres qui vont faire le yo-yo en haut et en bas?
Est-ce qu'on pourrait nous donner les noms? On a ici une liste d'une quinzaine
de ministres qui doivent être absents de la Chambre. L'honorable leader
nous avait dit: Nous allons vous avertir d'avance parce que ce ne seront pas
les 15 mentionnés là qui seront absents. Pour préparer nos
questions de demain après-midi, il serait utile de connaître le
nom de ceux qui seront absents.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Oui, il y a cinq ministres qui participeront,
à cause de leurs fonctions, à la totalité du sommet
économique; ils seront donc absents demain et jeudi. Dans la
journée de demain et dans la journée de jeudi, trois autres
s'ajouteront aux cinq absents; donc huit ministres à la fois. Les cinq
sont: le premier ministre, le ministre d'Etat au développement
économique, le ministre d'Etat au développement social, le
ministre de l'Industrie et du Commerce et le ministre du Travail. A l'occasion,
les ministres du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, des Transports,
des Terres et Forêts et des Richesses naturelles, des Coopératives
et Institutions financières si sa santé le lui permet
de l'Education et le ministre d'Etat au développement culturel
devraient, à l'une ou l'autre des journées, être absents
également de la Chambre.
Fidèle à ce que j'avais dit à la Chambre la semaine
dernière, j'ai invité à nouveau, au Conseil des ministres
ce matin lequel s'est réuni exceptionnellement tous les
autres à être présents. J'invite donc l'Opposition, qui
sans doute collabore à la tenue de ce sommet économique, à
plutôt préparer ses questions pour les poser à d'autres
ministres que ceux que je viens de mentionner pour ne pas nous mettre dans la
situation de simplement accuser réception des questions.
M. Bellemare: Si je comprends bien, ce sont neuf ministres sur
les quinze qui étaient sur la liste qui nous a été remise.
C'est seulement neuf sur quinze qui seront absents tel qu'on nous l'a
signalé cet après-midi.
M. Charron: Oui, c'est ce que j'avais dit au
député, M. le Président, la semaine dernière. Le
député a entre les mains c'est moi qui la lui ai remise
la liste des ministres qui sont invités. Le ministre des
Finances, par exemple, y sera vendredi, plusieurs d'entre nous y seront
vendredi, mais ça n'affecte en rien les travaux parlementaires.
Le Président: M. le député de Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. Est-ce que le leader
parlementaire pourrait nous informer s'il a réservé une
soirée du mois de mars ou du mois d'avril pour le discours sur le
budget?
M. Charron: Oui, M. le Président, le mardi 27 mars.
M. Bellemare: Normalement, les estimations budgétaires
viennent une semaine avant?
M. Charron: Normalement, elles devraient venir quelques jours
auparavant, mais on a des problèmes d'impression; c'est ce que j'avais
dit aux députés. Cela viendra au plus tard en même temps,
mais ce que nous essayons d'obtenir, c'est que ce soit quelques jours
auparavant, évidemment.
Le Président: Aux affaires du jour, M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Article 1), M. le Président.
Le Président: J'appelle maintenant la reprise du
débat sur le message inaugural et sur les motions de censure qui ont
été formulées. La parole appartient, aujourd'hui, à
M. le député de Shefford.
M. Verreault: Merci, M. le Président. Jamais un discours
inaugural présenté par un premier ministre...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charron: Avec mes excuses au député de Shefford;
j'ai oublié de faire mention que, à l'instant même, il
avait été convenu entre les partis que
la sous-commission de l'Assemblée nationale, qui est
mandatée sur la question des sociétés d'Etat et du
contrôle que l'Assemblée pourrait y avoir, c'est-à-dire un
représentant par parti, pourrait se réunir dès cet
après-midi à la salle 101-B. Cela va? Tout le monde a
été averti, je crois; je veux simplement le rappeler. Avec mes
excuses, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
je vous signale que c'est peut-être un représentant par parti,
mais sans président pour cet après-midi, parce que...
M. Charron: II s'agit uniquement d'une séance de travail
convenue entre les partis politiques, M. le Président.
Débat sur le message inaugural
Le Président: Très bien. Alors, avec nos excuses,
M. le député de Shefford; vous avez maintenant la parole.
M. Richard Verreault
M. Verreault: Très bien, M. le Président.
Je disais tout à l'heure que jamais on n'aura entendu un discours
inaugural présenté en cette Chambre par un premier ministre qui
aura fait autant d'unanimité négative dans tous les milieux.
Premièrement, ce discours inaugural présenté la semaine
dernière par le premier ministre, tous et chacun l'ont
déclaré comme étant un discours inaugural à saveur
préréférendaire et référendaire et un
discours qui précède un budget rempli de voeux pieux. Cette
unanimité, nous la rencontrons chez les syndicats qui l'ont
qualifié de réchauffé. Nous rencontrons également
cette unanimité chez les patrons qui l'ont qualifié de sans
valeur et ridicule. Les éditorialistes, les éditoriaux, les media
d'information l'ont surnommé le supermarché
préréférendaire, et les Oppositions dans cette Chambre
l'ont qualifié de plusieurs épithètes que je ne
répéterai pas, parce que ce discours manque d'une totale
sincérité.
M. le Président, cette unanimité va même
au-delà de toutes les Oppositions et de toutes ces gens. Nous l'avons
même dénotée chez les membres ministériels du
gouvernement péquiste. La semaine dernière, nous avons eu
l'avantage d'entendre les députés de Drummond et de
Verchères qui, pendant la période qui leur était
allouée les 30 minutes n'ont fait que nous parler
d'égal à égal en ignorant complètement le contenu
même du discours inaugural. Aucun député ministériel
ne s'est levé pour vanter les grands mérites de ce discours
inaugural, ce qui veut dire, en somme, que tous les Québécois,
tous les membres de cette Assemblée sont d'accord sur le fait que ce
discours est un discours préréférendaire et à
saveur référendaire. (15 h 20)
De toute façon, pour faire un bref résumé, dans le
discours inaugural, on a voulu une chose: faire plaisir à tout le monde.
On est six millions. Il faut se parler. Et on a voulu faire plaisir aux six
millions d'individus ou aux six millions de Québécois dans cette
province. En effet, on a voulu faire plaisir aux agriculteurs parce que, d'une
part, tel que le mentionne le discours inaugural, nous allons inclure les
agriculteurs dans le programme OSE, et nous allons présenter au cours de
cette session des lois dont une aura une relation avec les banques de sol, et
la seconde aura pour effet d'empêcher la mainmise des
non-résidents sur les terres agricoles du Québec.
Tous savent que l'Opposition libérale, lors de l'étude de
la loi 90 sur la protection du territoire agricole, a fait maintes et maintes
représentations pour faire en sorte que ces deux lois qu'on se propose
de présenter soient présentées dans les plus brefs
délais possible. On ne peut pas faire la protection du territoire
agricole sans ces deux projets de loi.
Donc, on a voulu faire plaisir aux agriculteurs en leur
présentant ce sur quoi nous, les libéraux, avons insisté
depuis des mois et des mois. On a également voulu faire plaisir aux
jeunes travailleurs puisqu'on va inclure dans le futur programme OSE une somme
d'environ $20 millions pour essayer de créer des emplois parmi les
jeunes travailleurs de 18 à 25 ans. Vous savez, il est facile de
comprendre que les jeunes travailleurs de 18 à 25 ans, c'est lourd quand
ils ne travaillent pas. On sait pertinemment que l'oisiveté est la
mère de tous les vices. Evidemment, on est quand même loin, dans
le discours inaugural, de détecter les fameuses promesses du Parti
québécois qui promettait aux finissants, aux jeunes travailleurs
des emplois à ne plus finir et toutes sortes de choses. M. le
Président, vous savez que nous aurons une quantité
considérable de jeunes travailleurs qui seront même des
professionnels dès les mois de mai et juin prochains. Ces jeunes
étudiants seront sans travail et c'est vraiment malheureux.
M. le Président, on a voulu également passer le
suçon aux employés de la construction. Dans le discours
inaugural, on n'est pas encore fixé. On parle d'injecter de $100
millions à $150 millions et on parle d'une accélération
dans la construction. Je ne crois pas que les Québécois soient
naïfs à ce point, parce que cela fait trois ans qu'on entend la
même rengaine, cela fait trois ans qu'on parle d'accélérer.
Je prends à témoin les gens de mon comté, le comté
de Shefford. Cela fait trois ans qu'on leur parle d'habitation à loyer
modique. Cela fait trois ans qu'on leur parle de centres d'accueil. Cela fait
trois ans qu'on n'a rien. A tous les ans, c'est la même chose. L'an
passé, ce qui est le plus fantastique, le premier ministre, pour
stimuler l'économie au Québec, avait proposé de stimuler
l'économie et la construction en construisant et en ouvrant des magasins
de la Régie des alcools. C'est le genre de stimulation économique
que le gouvernement actuel est capable de nous proposer.
En plus, il a fait plaisir aux industriels parce qu'on parle de faire
une certaine promotion aux exportations afin de promouvoir, dans le contexte
actuel, tous les produits québécois à
l'étranger.
On a également voulu faire plaisir aux petits commerçants.
Il y en a 15 000; ce n'est pas une quantité négligeable. On a
l'intention de protéger ceux qui ont des franchises, tel que le discours
inaugural l'indique. On n'a pas oublié les coopératives. Pour les
coopératives, on a l'intention de leur accorder plus de capital de
risque, mais tout récemment nous avons voté une loi, la loi 116,
qui entrave fort étrangement les coopératives agricoles au
Québec.
Dans le domaine touristique, parce que c'est la seconde industrie
importante au Québec, on a l'intention de créer un régime
de crédit. On n'a pas oublié les pêcheurs. Nous avons
l'intention d'élargir les subventions. Les forestiers, c'est encore une
quantité qu'il ne faut pas oublier. Nous allons créer un fonds
forestier.
Maintenant, il fallait quand même penser aux artistes parce que
parfois c'est intéressant de les avoir de son côté. Dans le
domaine culturel, si on le prend dans son ensemble général, on a
l'intention de fonder une société de développement des
industries culturelles. La trouvaille du siècle! De plus, on a
l'intention de présenter une loi sur l'industrie du livre. On a
pensé également aux hommes de science, aux spécialistes de
la recherche et du développement scientifique; on leur promet un autre
livre vert pour le printemps prochain.
M. le Président, on n'a même pas oublié les
séparatistes, les indépendantistes... C'est tellement difficile
à prononcer, je vais le dire: les arriérés. On leur offre
même les cadres d'une association économique au cours de cette
session.
Vous savez, les femmes, on en parle dans le budget; elles
représentent un peu plus de 50% de la population
québécoise. Le premier ministre nous a dit: Nous allons porter
une attention tout à fait particulière et spéciale au
rapport qui nous a été présenté en cette Chambre,
qui porte le nom "Egalité et indépendance". M. le
Président, vous savez fort bien que si ce rapport avait
été titré de manière différente, s'il
n'avait pas porté le titre "Egalité et indépendance", le
Parti québécois, le gouvernement, ainsi que son premier ministre
ne se seraient sûrement pas bâdré avec ce rapport. Ce qui
est le plus amusant, c'est que pour un discours inaugural tel qu'il nous est
présenté, le gouvernement actuel se porte au secours de la veuve
et de l'orphelin. On n'a pas voulu oublier les petits salariés; nous
allons leur accorder un supplément du revenu. On va commencer d'abord
avec les couples avec enfants et nous allons continuer avec les familles
monoparentales.
Il y a une autre catégorie qu'on rencontre dans le discours
inaugural. On parle des personnes âgées. On a l'intention
d'accorder des subventions aux clubs de l'âge d'or. Pourtant, si on avait
mieux connu les problèmes des personnes âgées au
Québec, on aurait eu à proposer des choses beaucoup plus
intéressantes et importantes que ce qu'on trouve actuellement dans le
discours inaugural.
Pour les jeunes, les étudiants, en plus des $20 millions qu'on
doit injecter dans le programme OSE, on décide que si cela ne marche
pas, on allongera d'un an les études, de façon à les
garder plus longtemps à l'école; ainsi, pendant un an de plus, on
aura la paix! On n'a pas oublié les parents, parce qu'il ne faut oublier
personne dans un discours inaugural, surtout à saveur
préréférendaire. On va les consulter, M. le
Président, de certaine manière, dit-on dans le discours
inaugural, et on va leur faire jouer un rôle. Cela, c'est du
réchauffé, parce que depuis trois ans, dans le discours
inaugural, on a toujours la même intention de faire jouer un rôle
aux parents, et ce sont toujours les derniers, les plus ignorés.
On n'a pas oublié les professionnels, non, ni les dentistes,
parce qu'on a l'intention de donner la gratuité dentaire aux adolescents
jusqu'à l'âge de 14 ans, bien que le programme du Parti
québécois prévoyait à l'époque que les soins
dentaires se donneraient jusqu'à l'âge de 18 ans.
On n'a pas oublié les handicapés, non, non. On va accorder
une allocation aux handicapés, de sorte que les parents les gardent plus
longtemps à la maison. Mais, M. le Président, quand on parle de
handicapés, on oublie complètement que pour revaloriser cette
catégorie de gens, il ne faut pas les garder à la maison en
fournissant des allocations aux parents, mais les occuper soit par des loisirs
ou par un travail. Il y a un problème énorme dans le domaine des
handicapés; les ateliers protégés fonctionnent moins que
bien, plutôt mal, et au niveau des loisirs pour cette catégorie de
personnes qui sont des Québécois à part entière
il ne faut pas l'oublier le discours inaugural ne prévoit
absolument rien.
En ce qui concerne les professeurs et les commissions scolaires, on a
l'intention de donner un meilleur enseignement, une meilleure qualité
d'enseignement. On a l'intention aussi d'inventer une école plus
insérée dans le milieu. Si on consulte le domaine scolaire, on
dira: Ecoutez, c'est de la foutaise parce que cela ne veut absolument rien
dire.
On n'a pas oublié Radio-Québec, M. le Président, ni
les téléspectateurs, parce qu'on a besoin de continuer la
propagande préréférendaire; on a l'intention de multiplier
les communiqués, les messages télévisés, etc. On va
donner une nouvelle orientation à Radio-Québec, ce qui signifie,
en d'autres mots, faire une mainmise du Parti québécois et du
gouvernement pour mieux contrôler Radio-Québec et pour faire une
meilleure propagande. (15 h 30)
On a encore les fonctionnaires; il ne faut pas les oublier, il y en a
encore quelque 100 000. Face aux négociations, on leur fait du chantage:
Vous, messieurs, vous devez vous serrer la ceinture. Nous les ministres, nous
nous sommes largement graissés, nous avons eu de bonnes augmentations.
Maintenant, il faut que les budgets soient proportionnels. Il faut couper les
dépenses du gouvernement. Mais il ne faut jamais couper la
publicité, la propagande que fait ce gouvernement. Les locataires, on ne
les a pas oubliés. On
va présenter une loi instituant la Régie du logement, un
autre organisme qui sera sous la tutelle du gouvernement, une autre
ingérence. Mais quand va-t-on, M. le Président, s'occuper
également, en plus du petit locataire, des petits propriétaires
qui sont actuellement surtaxés? Les consommateurs nous sommes six
millions au Québec le discours inaugural y fait allusion; on va
leur offrir la Loi sur les biens immobiliers.
Les sportifs, il y en a quelques-uns encore. Le slogan dit: Un esprit
sain dans un corps sain. Cette fois-ci, nous allons leur offrir un livre blanc
sur les loisirs. Donc, ils se feront du muscle tout en lisant le livre blanc.
On parle également des naturalistes parce qu'on a l'intention de
créer un véritable ministère de l'environnement, ce qui
veut dire, en d'autres mots, M. le Président, que le ministre actuel est
un incompétent. La preuve, sûrement, nous l'aurons bientôt
par une démission ou encore une mutation du ministre actuel à un
autre ministère. On a même pensé, M. le Président,
aux Anglais, aux minorités. Nous avons l'intention de faire un
mini-sommet pour les minorités; en somme, un mini-suçon aux
milieux anglais et aux minorités. Aux municipalités, on va offrir
une salade formidable. Nous allons leur donner une loi qui est attendue depuis
bientôt deux ans et demi, la loi sur l'aménagement et l'urbanisme
et je n'ai aucun doute que ce sera le ministre de l'Agriculture qui sera le
parrain de cette loi, tel que nous l'avons vu pour le projet de loi 90.
En plus, on leur promet une réforme de la fiscalité et
nous allons voir bientôt la naissance des comités de quartier et
une réforme électorale municipale. Cela, M. le Président,
en résumé, c'est le gros suçon, mais défense de
croquer dedans. Juste un petit coup de langue, pas plus, pas moins. Tout cela,
M. le Président, ce sont de vrais bons voeux, des voeux de Noël,
des voeux de Pâques, des voeux de Bonne Année et des bons voeux
pieux, surtout. Tout cela, M. le Président, pour vendre un impossible
oui. Tout cela pour endormir les Québécois et vendre la pilule
référendaire. Tout compte fait, M. le Président, si on
fait un calcul, le discours inaugural contient environ 73 mesures. Dans le
domaine économique, on en retrouve quinze. En ce qui concerne la
qualité de vie des personnes, on en retrouve 51. Quand on parle des
institutions démocratiques, on en rencontre 7. Cela fait un total de 73.
Quand on fait un bilan extravagant, M. le Président, on se ramasse avec
six nouvelles sociétés d'Etat qui seront tout autant
déficitaires que toutes les autres que nous avons actuellement. Le seul
avantage que nous aurons avec ces sociétés d'Etat sera de
créer des postes intéressants, des emplois pour les petits amis.
Pourtant, on en a créé quelques-uns depuis deux ans et demi. Cela
n'a pas été suffisant. Il reste probablement encore des petits
amis du parti. Tous ces postes vont être créés avec
l'argent des Québécois.
Dans le discours inaugural, on ne rencontre aucune des mesures
innovatrices qu'on rencon- trait à l'époque dans le programme du
Parti québécois. En somme, c'est la même salade, les
mêmes mesures qu'on a vues en 1977, en 1978 et qu'on représente
avec des changements de mots, de termes, de vocabulaire en 1979. En somme,
c'est un discours à répétition. Si on avait lu le discours
de 1977, cela aurait donné exactement la même chose. Je comprends,
d'une part, que les "back-benchers" péquistes soient tant silencieux sur
le discours inaugural.
Cela fait déjà deux ans et demi près que
j'écoute les interventions qui sont faites de l'autre côté,
les interventions de votre droite, M. le Président, je dois quand
même affirmer que le gouvernement s'ajuste aux époques actuelles.
C'est cela, il s'ajuste en changeant les termes et en les maquillant, et tout
cela en fonction de la vaste cam-page référendaire et
préréférendaire. La nouvelle formule du Parti
québécois et du gouvernement actuel est la suivante, M. le
Président, si vous ne la savez pas: Changeons les termes qui ont une
saveur méchante et disgracieuse, comme patronage et favoritisme;
appelons cela plutôt promotion ou bénévolat le
premier ministre nous disait cela le mois passé et
compétence égal à égal. Ajoutons six nouvelles
sociétés d'Etat plus des commissions de toutes sortes, des
comités d'étude et un paquet de choses semblables. Nommons les
petits amis du parti et des ex-candidats pour éviter de prendre les
responsabilités. Utilisons les termes "ordinateur, loto étudiante
et fichier". On sait que les ordinateurs sont programmés par le
gouvernement, et quand on connaît le gouvernement on sait de quelle
manière la programmation se fait.
Faisons disparaître les méchantes caisses occultes, M. le
Président. Vendons de la publicité aux personnes morales, aux
compagnies, aux fournisseurs du gouvernement sous la noble
représentation de bénévolat. Accusons les
fédéraux d'à peu près tous les maux de la terre, et
cela, à tout prix. Vendons par des slogans une fausse publicité,
l'indépendance politique et économique, mettons-y une forte dose
de fierté et de nationalisme. Faisons de la publicité avec
l'argent des Québécois. Accordons des contrats à coups de
millions aux petits amis, comme cela se fait depuis quelques années,
sous la protection d'un fichier. Inondons la télévision et les
journaux à coups de millions, toujours sur le dos des
Québécois. Négligeons de créer des emplois, ayons
plus de grèves, plus de chômage, ne faisons pas face aux vrais
problèmes, laissons quitter les sièges sociaux, les
employés cadres de ces industries, les professionnels, exemple, le Dr
Gendron, les investisseurs, soyons de plus en plus ambigus. D'abord, parlons de
l'indépendance cela fait dix ans qu'on l'entend et
évitons d'en parler parce que c'est dangereux pour gagner une
élection, appelons cela plutôt une souveraineté et ajoutons
donc association. Mais, n'oublions pas le trait d'union, parce qu'il est
indispensable. Laissons tomber l'association parce qu'elle est presque
impossible, limitons-nous à l'indépendance et enfin essayons de
vendre égal à égal.
En attendant le référendum, endormons la population du
Québec par de la publicité tapageuse, des slogans, de la
propagande. Présentons-lui des discours inauguraux bien gonflants,
passons-lui le suçon, et peut-être que le gouvernement
pé-quiste va rester au pouvoir pendant cinq ans. Pendant ce temps, les
Québécois seront toujours dans l'incertitude face à
l'avenir, à leur avenir, seront toujours dans l'ambiguïté
sur des questions d'option nationale et constitutionnelle. Les
Québécois auront toujours de ce gouvernement de faux programmes,
de fausses promesses électorales, auront toujours des mesures soi-disant
nouvelles mais réchauffées, mais sans résultat, auront
toujours des discours répétitifs, et on les a depuis 1977, mais
beaucoup de slogans par exemple et de la publicité
séparatiste.
Le meilleur exemple de cette publicité c'est le fameux programme
OSE, Opération solidarité économique. M. le
Président, dans le discours inaugural, on offre actuellement d'injecter
$20 millions de plus. Vous savez que le programme OSE, c'est un ramassis de
programmes qu'on retrouvait un peu partout dans tous les ministères et
on essaie de vendre la salade que c'est un programme tout à fait
nouveau. Le programme OSE n'est rien de plus qu'un programme de
publicité référendaire à coups de millions. OSE est
un programme de propagande. Le seul mérite qu'on peut lui donner, c'est
peut-être d'avoir maintenu quelques emplois existants. Jamais OSE n'a
créé, comme le prétend le Parti québécois,
de nouveaux emplois. Le programme OSE est même, dans son ensemble, une
confusion totale pour le gouvernement qui l'a présenté parce
qu'il n'est même pas en mesure d'établir le nombre d'emplois
soi-disant nouveaux, il n'est pas en mesure d'établir
l'efficacité même de ce programme. (15 h 40)
En somme, tous ignorent les résultats soi-disant favorables de ce
programme. Comme je le mentionnais, OSE est un programme de propagande
conçu par le Parti québécois à ses fins
séparatistes. Les thèmes qu'on veut y véhiculer, c'est
l'autosuffisance et l'autodétermination. Le Parti
québécois n'est pas assez imbécile pour ne pas
réaliser que les Québécois se sentent très
insécures dans le domaine économique; c'est pourquoi le Parti
québécois, le gouvernement actuel fait tant de campagnes
publicitaires dans tous les domaines, y compris dans le programme OSE, à
coups de millions sur le dos et avec l'argent des Québécois. Il
ne suffit que de suivre les journaux, les media d'information, les media
parlés et écrits pour le constater.
Pourquoi tant de publicité pour si peu de résultats dans
le cas d'un programme comme OSE qui ne donne absolument rien aux
Québécois? Ce que veut le Parti québécois, c'est
faire croire que le Québec peut être indépendant
économiquement. C'est vraiment alarmant de constater de quelle
façon on dépense les deniers des Québécois pour
cette campagne publicitaire et de voir ce que coûtent aux
Québécois les "blitz" organisés par ce gouvernement et
effectués par les députés et ministres.
Les Québécois, à 80%, ont choisi et vont choisir
majoritairement le Québec et le Canada. Pour cette raison et je
suis peut-être le premier nous allons oser à notre
manière dénoncer cette publicité
préréférendaire faite sur le dos des
Québécois. Le Parti québécois veut monopoliser ce
sentiment que tous les Québécois ont, un sentiment de
fierté et de nationalisme; il veut également monopoliser la
fierté de tous les Québécois d'avoir un drapeau. Ils osent
même insinuer que, pour avoir cette fierté, il faut être
membre du Parti québécois. J'ai cette fierté, et ce
sentiment n'appartient pas simplement aux gens de votre droite, M. le
Président, et aux séparatistes, il appartient à tous les
Québécois sans distinction. Nous sommes tous des
Québécois et des Canadiens à part entière, y
compris même les minorités anglaise et ethnique. Nous sommes tous,
et pas seulement les membres du Parti québécois, des
Québécois fiers de vivre au Québec. Je suis moi-même
fier d'être Québécois et je ne vous mentirai pas, M. le
Président, en vous avouant et en vous répétant que je suis
fier d'être Canadien.
Le Parti libéral a choisi le Québec et le Canada. Si vous
l'avez remarqué, M. le Président, vous avez peut-être
constaté depuis très longtemps déjà que cette
position a été inchangeable. L'option que nous avons prise n'a
pas été modifiée d'un point depuis ses débuts.
Cette position est constante, elle est la plus sûre. Nous avons choisi le
Québec et le Canada et nous n'avons pas l'intention de changer
d'idée. Le Parti québécois nous propose une aventure alors
que le Parti libéral du Québec, qui est déjà
prêt pour le référendum, est prêt à faire
cette campagne. Posez-la cette question, claire et précise et vous
verrez que les Québécois, leur choix étant fait,
répondront rapidement un oui général au Québec et
au Canada.
M. le Président, la seule préoccupation du gouvernement
actuel, c'est le référendum. Pour obtenir un oui, dans les
circonstances le reste ne semble pas important. Pour le PQ, le gouvernement
québécois, à défaut de bonne administration,
à défaut d'une politique réelle et efficace, à
défaut d'idées nouvelles et créatrices et à
défaut de travailler dans l'intérêt des
Québécois, veut étirer son mandat pour vendre sa salade.
Pour cela, il est prêt à prendre tous les moyens.
M. le Président, le premier ministre, dans son discours
inaugural, a fait preuve de l'incapacité d'être un bon
gouvernement. Son contenu le prouve. On aurait dû lire, dans le discours
inaugural: priorité au chômage, aux grèves, aux perceptions
d'impôts abusives sur le dos des petits salariés; on aurait
dû lire aussi: priorité à l'exode des sièges
sociaux, aux étudiants sans emploi, au malaise économique; on
aurait dû lire également: priorité au
référendum. Les questions socio-économiques, ce n'est pas
important. Ce qui est important c'est le référendum.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): S'il vous plaît, je vous demanderais de bien
vouloir conclure!
M. Verreault: M. le Président, il me reste peut-être
deux minutes encore, et c'est le temps qui m'est nécessaire pour
conclure.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): 15 h 47.
M. Verreault: Deux minutes et demie, vous m'avez interrompu, M.
le Président.
Alors, si le référendum est une priorité, qu'on le
fasse ce référendum, qu'on pose la question claire et
précise et qu'on déclenche également, dans les
comtés d'Argenteuil et de Jean-Talon, ces élections que nous
attendons. Nous voulons connaître le pouls des Québécois,
afin de prouver au gouvernement actuel qu'il n'est pas là pour
longtemps, et ça, je vous le jure, M. le Président.
Dans le message inaugural, nous avons été inondés
de promesses de toutes sortes. Pourtant, on veut donner l'impression aux
Québécois que tout va bien, alors qu'on sait que ça va
mal. Simplement pour citer quelques faits, nous avions, aujourd'hui, les
infirmières qui sont venues manifester. Il y a la grève de la
CTCUQ ici, il y a les traversiers, les autobus. Il y a 5000 travailleurs en
grève. Le chômage augmente sans cesse. Actuellement, M. le
Président, les taux d'électricité sont à la hausse
et, dans les quatre ans qu'aura probablement fait ce gouvernement, nous aurons
vu une hausse, dans le domaine de l'électricité, d'environ 70%.
Mais où sont les fameuses solutions?
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Shefford, malheureusement
je dois vous demander de bien vouloir conclure, votre temps est
déjà expiré.
M. Verreault: M. le Président, est-ce que je peux quand
même prendre au moins une demi-minute, pour conclure?
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): S'il y a consentement de la Chambre.
M. Verreault: M. le Président, de toute façon j'en
aurais eu pour presque une heure moi aussi. Je vous avoue franchement que le
discours inaugural a été très peu éloquent; j'ai
hâte de voir les députés d'arrière-ban vanter tous
ses mérites, comme on le prétend. Je vous assure que les
Québécois sont écoeurés d'entendre parler du
référendum, ils veulent l'avoir le plus tôt possible. Ils
veulent répondre: On choisit le Québec et le Canada. Ils veulent,
après avoir choisi le Québec et le Canada, entendre parler du
pain et du beurre, du travail, des emplois.
M. le Président, les jeunes travailleurs ont également des
problèmes et ces choses doivent se régler dans les plus brefs
délais possible. Les gens veulent savoir où ils s'en vont. Comme
l'a dit mon chef parlementaire, le député de Bonaventure, cette
session s'annonce très dure pour le gouvernement. Je vous garantis, M.
le Président, que votre travail, vous allez le mériter.
De toute façon, juste un mot sur la mo- tion parce que je
pense qu'il est bon de la rappeler de mon chef parlementaire. M. le
Président, quant à la motion qui a été
proposée à savoir "que cette Assemblée adresse un
blâme sévère au gouvernement pour son manque de franchise,
de droiture et de clarté sur tout ce qui concerne son option
indépendantiste et déplore vivement que la présente
obsession référendaire du gouvernement fasse passer au second
rang la solution des problèmes économiques et sociaux des
Québécois", vous comprendrez que j'appuierai cette motion de
censure de mon collègue de Bonaventure. (16 h 50)
M. Goulet: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: ... il y a eu entente entre les partis de cette
Chambre de façon qu'on puisse laisser parler le député de
Pointe-Claire parce qu'il doit se rendre à la commission parlementaire
des affaires sociales. Avec votre permission et à la suite de cette
entente, j'aimerais que vous le reconnaissiez pour, immédiatement
après, revenir au rôle en me reconnaissant.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Reconnaître le député de... ?
M. Goulet: Pointe-Claire.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): D'accord.
M. Bellemare: Mais le député de Bellechasse
conserve son droit de parole.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): Si c'est une entende entre les partis, je vais la
respecter.
M. Goulet: C'est une entente avec le leader adjoint du
gouvernement, du Parti québécois, et avec le whip du Parti
libéral.
M. Gendron: Je veux seulement ajouter, M. le Président,
que c'est tout à fait exact, pour autant qu'on s'assure que la rotation
se continue après M. Shaw, tel qu'on l'aurait fait s'il n'y avait pas eu
cette demande. Après l'intervenant de l'Union Nationale, ce sera
l'intervenant du parti ministériel.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): D'accord.
M. le député de Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: M. le Président, merci. Pour commencer, quelques
mots en français pour essayer d'expliquer mon rôle dans cette
réplique au discours inaugural de M. le premier ministre de notre
province. Il disait que c'était l'année de
l'économie et on vit une histoire totalement différente. Il dit
que ce sera l'année de la réforme parlementaire. Nous avons
franchement vu quelques améliorations qui sont venues de ce
gouvernement, mais j'ai hâte de voir si le gouvernement va continuer dans
le même tracé vers des améliorations qui peuvent être
considérées comme des avantages pour tous les
Québécois, même après que ce gouvernement aura connu
sa défaite à la prochaine élection. Malgré tout,
pour la population du Québec, c'est entendu que cette année,
c'est l'année du référendum, mais, de jour en jour, c'est
plus évident que ce référendum ne viendra pas cette
année. Il est fort probable que cela ne viendra jamais parce que le
gouvernement va prendre tous les avantages pour faire changer la question pour
éviter le défi d'aller vers la population du Québec pour
demander précisément le mandat de la population pour continuer
dans la même veine ou changer de veine vers la réalité du
Canada. Et c'est le voeu des Québécois d'être canadiens
autant que québécois. Mais il ne semble pas, M. le
Président, que ce gouvernement soit prêt à poser cette
question à la population. On le voit. Les tracés sont clairs. Un
jour, c'est l'association qu'il faut arranger avant. Un autre jour, on formule
le voeu d'une négociation avec le reste du Canada. C'est une petite
gageure que je peux faire qu'avant la prochaine élection un
référendum avec une question claire et nette ne sera jamais fait
par ce gouvernement, même avec la promesse électorale qu'il a
faite avant.
Mr President, this government, through its Premier, gave to the people
this year's version of the inaugural address. It spoke of the year of the
economy. It spoke of the year of parliamentary reform. It was also supposed to
be the year of the referendum but each year seems to be a different year of the
referendum. We are those who immediately after the election said: We want that
referendum right now so the people of Québec can speak to it. But it did
not come. And last year: At least, let us try and turn around the economy. Let
us solve this referendum problem. Let us get the question out. But it did not
come.
This year, more excuses are being invented. More excuses, Mr President,
because the reality is that this government is afraid to ask a question on the
referendum. It is afraid to go to the people of Québec and let them
pronounce their feelings towards their future in Confederation. I was
disappointed that this year I had to travel outside our country to go to the
U.S. of A. to speak to journalists and explain to them that, when our Premier
stands up before an international audience or before an audience and speaks as
if he has the support of the people of the province of Québec, he is not
speaking to the truth. We spent a great deal of time and energy and money
making sure that every single journalist, who was in that hall listening to the
Premier at this particular visit, every journalist was aware of not what we had
to say, but what every major newspaper in Canada was speaking as to the
performance, to the validity of the position that this Premier of ours had been
taking. It always disappoints me because, fundamentally, he is my Premier, he
represents me as the leader of my province. And fortunately, he only represents
41% of the population because he chooses to act that way. He chooses to
represent himself as speaking as if it is not when and if, but now?
Mr President, when this government is prepared to accept the mandate
that it gave to the people of Québec to go to them with a clear question
on their constitutional preference, I will respect them for having met that
mandate, but every indicator is showing me that this government is skating in
every direction to avoid a commitment because as long as this problem is not
solved, along with other problems, all of the suggestions of improvement in the
economy of our province are just wasted words. We seek, Mr President, to
improve the economy and let us speak to it.
Let us talk about the OSE program. Yes, it is a program to spend
government money on public works. If we examine what happened in the city of
Montréal last year, we had a fifty plus percent reduction in residential
construction. We had more than a 50% reduction in commercial construction. We
had more than a 50% reduction in industrial construction. We had a growth of
available space for rent which was five and a half times that which was
available when this government came to power. We had a continuation, in spite
of reports by the government's minister of Economic Development that only six
head offices had left the city, the province of Québec. We have a report
in black and white by the mobility report that demonstrates that a net 38 000
Quebecers left this province last year, their jobs, their expertise, their
contribution to the life style of Quebecers, their work in the community, their
taxes which are used to pay for this program OSE because OSE is simply tax
dollars being spent and tax dollars must come from taxpayers. This government
is pretending to expand jobs, to create more employment by using government
money which it must generate from the working section of this population to
create this artificial government based expansion in construction. So, we see
two areas of construction that have incrased: institutional construction by
500%, engineering construction by over 300%. This create very few jobs, Mr
President. (16 heures)
For example, last year, although Montréal was, in March 1977,
Canada's largest city, we rank fourth in Canada in construction. Mr President,
the largest city ranks fourth. And if we subtract from that construction,
government spending, it ranks tenth. Mr President, this government is going to
change the economy, improve the economy of the province of Québec! It is
going to do it by expanding its activity in OSE, to agriculture. What a
beautiful sentiment, Mr President, that we are going to do something for our
farmers. We have done a great deal for them
this year, we have introduced bill 90 which has frozen their property
and now makes it only exchangeable through a "régie d'Etat". And we have
controlled all the cooperatives which makes it almost impossible for the
farmers to act in their own interest, within their own cooperatives. And we are
also saying, Mr President, that this funding, this magnificent source of
funding will be the saving of Quebeckers!
I had a call yesterday from a very anxious executive of a Québec
based multinational corporation and his information was and it was my
intention today to ask a question to the Minister of Finance about this
that the government of Québec intends to interfere with private pension
plans and the placement of those monies. Imagine, Mr President, that they are
concerned that this is liable to happen. After all, they do see the
interventionist activities of this government. They see, for example, how they
went into automobile insurance, which is pretended to be a great success. I
hope you are not one of the 8000 people who never made a claim last year
because they did not understand that they could. I hope you are not one of the
1600 people who's claims are being help up because of a lack of communication
between the Régie de l'assurance automobile and the victims of the
accidents. And I hope that you are not a victim and have to go through the
tragedy that these people go through and find out in the end that the amount of
money that you will receive as an indemnity is just slightly higher than the
minimum wage with this great open insurance program that this government
claimed so much success in.
Mr President, agriculture: As I said, the farmers are going to be aided
by the OSE program and the students. The students are going to be aided as well
with $20 million of new funding, also tax money, because you cannot find them
jobs. We know that this year three out of four students who will graduate from
our universities and CEGEP will have great difficulty to find employment. But,
the government is now going to involve itself in new enterprises of spending;
we are going to acquire Asbestos Corporation and we are going to flex our
muscles by pretending that we will nationalize Asbestos Corporation if they do
not come to term with what this government feels is a just price.
Again I challenge this government, Mr President, to come up with what of
which they are speaking because Asbestos Corporation is not going to back off.
If this government passes legislation to expropriate, we will go to court as
anybody who is being expropriated would do and legislation alone will not bring
Asbestos Corporation into the hands of this government. Only when it is
prepared to understand that it, like any other acquire of property, must pay
the price that it participated in generating in order to acquire will such a
property be acquired.
But, it is suggested that the government will do it at all cost and what
cost, Mr President! At what cost? When just today, the whispers are talking in
the background that the next step will be
Iron Ore. Is this the direction? Is this the image that this province is
trying to project throughout the investment world? Because that is the image,
Mr President, that is being generated.
Tourism, what a tragedy! When I look out over this beautiful city of
Québec which is, without question, one of the most desirable resort
cities in all of North America, when we speak to the managers and directors of
the hotels here, the story they tell us is quite clear that the tourist is not
coming and it is not only because of legislation concerning conventions. The
individual tourist is not coming in spite of a major drop in the value of the
Canadian dollar, he is not coming because he does not feel welcome. They do not
feel welcome, Mr President, not at all. And when we see major drops in the
number of tourists that are coming to this province, if we do not begin to
realize that they are not coming because they do not feel welcome, if we do not
realize that, we will not reverse the negative direction that tourism is taking
in this province.
Do you remember, Mr President, when we used to have the large signs in
the province of Québec, "Hospitalité is spoken here"? That was a
beautiful sign to see and I was proud, as a Quebecer, to see it on the posters.
But "la loi 101" n'accepte jamais que "Hospitalité is spoken here" soit
lisible sur les rues du Québec. But until this province is prepared to
understand that part of enticing visitors to come to this province is an image
of welcome, "un climat d'accueil", until we understand that the attitude and
the image of this province does not attract tourists, it blocks them from
coming. Until we understand that, Mr President, this tourist industry will
continue to fall and Quebec's no 2 industry will continue to suffer
gravely.
What of our famous Hydro-Québec! You know, we have one of the
greatest resources in the world and the minister of Energy fortunately is in
this room, because I have never had a chance to speak to this particular area.
In a period when other fuel costs are levelling off in relation to all other
costs, in a period when we, in the province of Québec, are in the
progress of gaining access to thousands of megawatthours in progression over
the next five years, where is the conversion program? I ask that minister right
now: What is he doing about the conversion program that is necessary to make
that power that will be produced in James Bay get into the households of
Québec? What is a conversion program? That is the program that promotes
people in their individual energy use to convert to electricity.
Price is number 1 and price is the reason why the conversion program was
given a sock in the nose when we introduced increases of 70% over the next four
years. Instead of people planning, because that is what it takes... It is fine
to have 5000 megawatts...
M. Joron: The increase for oil and gas...
M. Bellemare: M. le Président, je pense qu'en vertu de
l'article 100, le ministre devrait...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, à l'ordre! M. le
député... S'il vous plaît, à l'ordre! M. le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, M. le député de
Johnson, s'il vous plaît! A l'ordre, M. le député de
Saint-Maurice! Les gens de la Mauricie, s'il vous plaît! M. le
député de Johnson, M. le député de Saint-Maurice!
(16 h 10)
M. Shaw: Merci, M. le Président, et je remercie tous mes
collègues qui voient ce qui se passe. Le ministre
délégué à l'énergie, nous avons
touché un nerf.
We are not prepared to do the conversion in this province and it is
necessary to bring that hydroelectric power that it is being generated in James
Bay into the household of Quebecers as soon as possible. The only way that this
will come about is with massive conversion programs, and I am not even sure
that the minister knows what the word is.
I see, for example, active conversion activity by the Quebec Natural Gas
Company who are working today and every day to convince Quebecers to buy
equipment that will use their product to heat their homes, to move their
industry in our own province with this fantastic potential in hydroelectric
power. We will probably not use ten out of twelve turbines, ten out of twelve
turbines that will come on line in October 1979 and I will invite, later on,
the minister of Energy to explain to me how we now have potential to export the
power of two of the twelve turbines and, one day, I hope that the minister of
Energy will call a parliamentary commission to investigate how serious the
problem, not of production, production is going fine, it is a way ahead of
schedule. It is fine to have production, but when you do not generate
transportation and marketing of this product, you are creating a waste. That is
incredible!
Mr President, Hydro-Québec requires a parliamentary commission to
question seriously its management especially as it concerns its policy of
pricing and its conversion program to get Quebecers into electric usage over
the next five years. The economy is a disaster! The exodus is continuing. There
are major industries that are planning on leaving and this government continues
to not understand what the disease is.
Three things are really happening. The first is polarization.
Polarization because everybody in Canada is beginning to say what the question
used to be: What does Québec want? And now, they are saying: We had it
up to here with Québec, we do not want to hear another word with
Québec, do not talk to me about negotiating with Québec because
they are insatiable. They will never accept anything that anybody else is going
to go, they are going on their track; when they fall off the end of the road,
maybe they will come back! This is polarization. It is so serious that it is
very possible that for the first time in the history of this country, the
electoral results at the federal level will be on language lines and there is
one group that is primarily responsible for the direction that this is taking
and that is the image and the action of this premier and his government.
The second thing that always follows this kind of activity is exodus.
And the exodus is not restricted to Anglophones. I have spoken to the exodus
before and I will speak to it again because this is a prime symptom of the very
serious disease that is happening in this province.
But the third and the most important is that we are going to a selected
role economy. A selected role economy is when you do what other people want you
to do rather than doing what you want to do yourself. This was the role of the
Republic of Ireland after its separation. This is the role right now, except
with major advances that may happen, to Mexico. The reason why French-speaking
people living in the province of Québec have the highest standard of
living of any French-speaking community in the world is because they have been
attached in close network with North America.
This government is cutting all those ties and we are now into selected
role economy. We have already lost the money in banking center, it has moved
from Montréal to Toronto. It was there, it is there now and it was not
natural trip, it was pushed there by nationalism and negative language
legislation. "La Bourse de Montréal", the Montréal Stock Exchange
is threatened with actual closure. It used to be the center of all stock
exchanges in Canada. Montréal used to be the center of the insurance
industry in Canada; it no longer is.
I know the gentleman who have studied economics from the sense of
products that are in the ground or products that are made in a factory, who do
not understand that the expertise industries are as vital. As a matter of fact,
the largest single employers in this country are the expertise industries and
that has always been the "vache à lait" of the Québec economy,
which this government and nationalism have been destroying.
We have other areas of economy that are very important: the
pharmaceutical industry, the electronics industry. Lets look at the electronics
industry. We had Canadian Marconi, Canadian Aviation Electric. We have Aviation
Electric which is just about to announce its move. These companies, with Sperry
Gyroscope, are all but gone now. We have the aviation industry which is still
strong in Montréal, but do not misunderstand it, it is threatened with
Canadair, with Air Canada maintenance bases and with Canadian Pratt and Whitney
all suffering the problems that are associated with restriction to its mobile
work force which will have to leave if the current situation continues, because
nobody can operate expertise services without access to expertise personnel
wherever they may need to get them. As long as we create a negative environment
for people to come to, they will not come. I have often heard that people who
say they have freedom of choice will never come back to Québec. I say to
you that
the freedom of choice is vital to Quebec's recovering because Italian
will not come. You do not need to worry about them going to school, but also
they will not losing their expertise, they will not be participating in the
construction industry. The Greek will not come and other ethnic peoples will
not come and we will continue to have massive exodus from this province.
Freedom of choice is now symbolic. No one will believe that
Québec has changed until we have not made a small change. We have made
the big change. No one will believe that Québec is a stable, responsible
society, as long as there is any form of language legislation, as long as there
is only one set of blinders that says that this is a French society and that if
you want to come here you speak French. They will not come.
M. Grégoire: You can speak English.
M. Shaw: II am speaking English because I am insisting. We are
here, we are still on excess of one million people, we have been suffering and
our community is suffering when the Blacklock Report shows and in all
evidence supporting that that four out of five of our children are
leaving the province because there is no future for them here. Do not take
pride in that. Do not feel that you have generated some positive effect when
you accept that, especially when the Blacklock Report showed that over 60% of
the children that were leaving spoke through in French. It is an environment in
Québec that is not a question of language; it is a question of social
climate, a willingness to accept one another.
When I see what is happening with "Office de la langue française"
and those young girls who have gone to take those language tests after spending
thousand of dollars and many months to acquire an adequate knowledge only to be
refused by a fanatic who happens to run that programm, by the name of Major,
who continues to hold an office in "l'Office de la langue française", if
I were a French Canadian, I would be deeply insulted to be associated with. (16
h 20)
As long as that is continuing, you cannot speak to say: Well, why do you
not speak French? Why do you not join us? I am saying: We are prepared to join
you, when you are prepared to accept us. You seek the equality, but you are not
prepared to give it.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Pointe-Claire, voulez-vous
conclure, s'il vous plaît?
M. Shaw: Mr President, I am very pleased to...
M. Verreault: Un instant, s'il vous plait! Je m'excuse
auprès de mon collègue; je voudrais vous faire remarquer, M. le
Président, que, depuis le début de l'intervention de mon
collègue de Pointe-Claire, nous n'avons jamais eu le quorum. Alors, je
l'exige.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît! Je vous ferai
remarquer que, en vertu du règlement, le président n'est pas
obligé, même s'il constate l'absence de quorum, de le soulever
d'office et qu'il appartient aux députés de le faire. M. le
député de Pointe-Claire, je vous demanderais de conclure, s'il
vous plaît!
M. Shaw: Merci, M. le Président. Je veux terminer en
disant que la question de l'avenir du Québec est dans les mains des
Québécois qui, de jour en jour, commencent à savoir que la
direction vers le nationalisme est négative et "contrepro-ductive". A un
moment donné, bientôt, si vous leur donnez l'avantage de
démontrer leur appui pour le Canada, ils vont aussi appuyer le fait que
nous voulons changer l'image du Québec que ce gouvernement a
projetée non seulement dans le reste du Canada, mais partout au monde,
une image d'une société fermée qu'il faut faire changer.
Si, M. le Président, le premier ministre a accepté
véritablement sa responsabilité comme le représentant de
ma province, il doit commencer un programme dans cette direction. Merci, M. le
Président.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. A chaque année,
à pareille date, au début de mars, nous avons dans cette Chambre
le discours inaugural et également la réplique à ce
discours par les membres de l'Opposition, ainsi que les membres du
gouvernement. C'est le moment choisi par le gouvernement pour faire
connaître ses intentions à la population du Québec. Le
gouvernement veut ainsi créer de l'espoir et, bien souvent, crée
également des déceptions. Cette année, le discours est
volumineux; cela a été souligné par plusieurs
collègues de cette Chambre. Donc, lorsque nous avons lu le discours pour
la première fois, il semblait y avoir beaucoup d'espoirs. Après
avoir épluché ce discours page par page, nous nous apercevons
qu'il laisse de très grands vides et de très gros points
d'interrogation.
On parle de beaucoup de choses, bien sûr, on vise beaucoup de
personnes, beaucoup de groupes de la société. Il semble y avoir
beaucoup d'intentions dans ce discours, mais, comme l'an passé et comme
il y a deux ans, M. le Président, on revient avec des intentions qui
avaient été annoncées l'an passé et il y a deux
ans. On parle également du futur. Je vous donnerai des exemples lors de
mon intervention, vous prouvant que, dans ce discours, on retrouve beaucoup de
choses qu'on avait promises l'an passé et la première
année où les gens d'en face ont formé le gouvernement du
Québec.
Mais, avant, M. le Président, j'aimerais vous souligner que,
personnellement, étant donné que
c'est le troisième discours inaugural auquel j'ai l'occasion de
répondre, je suis d'avis que le discours inaugural devrait être
suivi immédiatement du discours du budget pour qu'ensuite on puisse se
prononcer objectivement sur les intentions annoncées par le
gouvernement. Quand on négocie un contrat, quand on négocie un
achat, M. le Président, il me semble que c'est normal que nous en
connaissions immédiatement le prix.
Si on pouvait immédiatement se prononcer sur le discours du
budget, je pense que le débat serait beaucoup plus objectif et que cela
économiserait énormément de temps à cette Chambre.
En tant que membre de l'Opposition, je veux participer à ce débat
parce que je suis bien conscient que le devoir d'un député de
l'Opposition est de souligner objectivement à la population du
Québec les lacunes qu'il y a dans ce discours, dans les intentions du
gouvernement, ce qui a été oublié pour le bien-être
des Québécois et, surtout dans mon cas, pour les gens du
comté de Bellechasse-Dorchester que j'ai l'honneur de
représenter.
Je tenterai, au cours de ces 30 minutes, de suggérer des
améliorations qui pourraient apporter quelque chose pour le
bien-être des citoyens de tout le Québec. Bien sûr, on parle
d'économie et on dit encore qu'on veut être un bon et un vrai
gouvernement. En 1977, la priorité semblait être
l'économie. En 1978, le discours inaugural nous disait que la
priorité serait l'économie, et en 1979, on nous revient encore
une fois en nous disant que la priorité sera l'économie.
J'espère que, cette fois, ce sera vrai. Le gouvernement avait pourtant
promis d'être un bon et vrai gouvernement. On peut vouloir le laisser
croire. Peut-être a-t-on raison dans certains domaines, mais dans
d'autres, je ne suis pas si certain que cela. Faudra-t-il rappeler ce que les
gens du Parti québécois réclamaient au gouvernement au
temps où ils étaient de ce côté-ci de la Chambre,
donc, dans l'Opposition? Cela a-t-il changé? Oui, cela a changé.
C'est vrai. Je pense que cela a même empiré. Le chômage est
encore très élevé au Québec;
précisément dans le comté que je représente, nous
frôlons les 20% ou 20,1% et on va même à 30% dans certaines
régions. Dans le temps de l'Union Nationale, de 1966 à 1970
lorsque le taux de chômage atteignait 7%, 7,8%, 8%, 8,5%
c'était le plus haut on criait au scandale. Maintenant, on
frôle une moyenne provinciale de 12% et on semble dire que c'est tout
à fait normal.
Les sièges sociaux, également. S'il avait fallu dans le
temps qu'un siège social déménage du Québec vers
une autre province, cela aurait été un "coup de gorge", comme on
le dit chez nous. Cela aurait été un scandale public. Fermetures
d'usines. Il faut se rapeler certaines grèves qu'il y avait à ce
moment-là. Nous avons discuté, la semaine dernière, d'un
catalogue de grèves et cela semble tout à fait normal. Les jeunes
sans emploi. Les finissants sans emploi. On parle et on a toujours parlé
de bureaucratie et de technocratie. J'y reviendrai tout à l'heure. Vous
verrez ce que certaines personnes pensent de cette bureaucratie et de cette
technocratie. Mauvais choix de priorités du gouvernement. Encore
là, je tenterai de suggérer au gouvernement certaines
améiiorations de ce côté-là. L'étatisation
est devenue la marque de commerce de ce gouvernement. Les dépenses
honteuses dans le domaine de la publicité. Cela a été
souligné par plusieurs de mes collègues. Egalement, les
dépenses inadmissibles que peuvent faire les sociétés
d'Etat au Québec.
Parlons un peu de l'entreprise privée, si vous le voulez bien, M.
le Président. Qu'a fait ce gouvernement pour l'entreprise privée?
Pourtant, elle est un très bon agent économique. Elle n'a
à peu près plus confiance au gouvernement qui nous dirige
actuellement. Il y a un certain climat d'incertitude. Je vous l'ai dit tout
à l'heure. Chaque fois que l'on parle d'étatisation, on
crée de la concurrence de l'Etat vers l'entreprise privée. Un
carcan bureaucratique. Je peux vous donner certains exemples. Je ne parlerai
pas des très grosses compagnies. Je n'ai pas vécu dans les
très grosses compagnies, mais je vous parlerai de petits commerces, tels
ceux qu'on retrouve dans le comté de Bellechasse. C'est formules
par-dessus formules, rapports par-dessus rapports. C'est rendu que cela nous
prendrait une secrétaire à temps plein seulement pour remplir les
formules, et un comptable à temps plein seulement pour remplir les
rapports et ce, pour une petite entreprise de deux, trois ou quatre
employés. On perd son temps à servir ces messieurs. Cela arrive
chez nous à l'improviste. Les gens s'asseoient à notre bureau. Il
faut servir ces messieurs, les inspecteurs. Quand ce n'est pas celui du salaire
minimum, c'est celui du comité paritaire. Quand ce n'est pas celui de
l'assurance-chômage, c'est celui de l'impôt provincial ou de
l'impôt fédéral. Quand ce n'est pas celui de la taxe de
vente, c'est celui sur l'essence, la protection du consommateur, la taxe
à la fabrication. Des "bras-seux" de papier. Savez-vous comment le
député de Brome-Missisquoi les appelle? Des "faiseux". C'est un
terme qui résume à peu près ce qu'on peut penser de cette
bureaucratie et de cette technocratie. (16 h 30)
Ce que je trouve curieux, c'est quand quelqu'un veut lancer une petite
"business", un petit commerce, une petite entreprise manufacturière, on
n'est pas capable de voir la figure d'une de ces personnes-là. A la
minute que la "business" ou que le petit commerce est lancé et que cela
semble aller assez bien, régulièrement on les voit arriver et ils
viennent nous dire comment s'y prendre. Maintenant que cela va bien, qu'on a
lancé son affaire, on les voit arriver. Pourquoi le gouvernement
n'enverrait-il pas ces gens-là dans les petites entreprises lorsqu'on en
a besoin, lorsqu'on commence, lorsqu'on a de la misère? Quand cela va
bien, qu'il laisse donc aller. Comme le député de Beauce-Sud le
disait, si vous ne venez pas nous aider, ne venez donc pas nous nuire. Je pense
que c'est une amélioration. On en a parlé d'à peu
près tous les gouvernements qui se sont succédé. Dans le
discours inaugural, je ne vois rien qui puisse améliorer cette
situation.
La technocratie n'a pas changé. Il n'y a rien dans le discours
inaugural et il faudrait absolument qu'un jour ou l'autre on s'asseoie pour
étudier véritablement cette question. Ce n'est absolument
pas vivable dans les petites entreprises, surtout les entreprises de deux,
trois, cinq ou si vous le voulez en deçà de dix
employés.
Beaucoup de gens viennent nous voir, dans nos bureaux de comté,
avec de très beaux projets, des salariés qui ont une idée
en tête et qui voudraient qu'elle se concrétise. Naturellement,
ils n'ont pas des dossiers bien préparés comme on voudrait avoir
dans certains ministères. A mon avis, la plupart de ces gens qui
viennent ont des idées réalistes et réalisables. Ces
gens-là font quelques appels téléphoniques à
Québec, des appels interurbains. Vous vous rappelez, M. le
Président, que chez nous, dans certaines paroisses, il y a quatre ou
cinq abonnés sur la même ligne téléphonique; c'est
extrêmement difficile d'avoir des relations avec Québec par le
biais du téléphone. Ces gens-là prennent une, deux ou
trois journées de leur temps pour venir à Québec cogner
à certaines portes des ministères. Je peux vous dire que,
lorsqu'ils ont fait cela une fois ou deux, ils sont assez
écoeurés vous me passerez l'expression qu'ils ne
veulent plus rien savoir. Ils prennent le projet, le mettent à la
poubelle ou dans le fond du tiroir et le projet dort là.
Il me semble que, si on pouvait avoir un homme une fois pour toutes
genre ombudsman quand on voudrait avoir quelque chose du
gouvernement, on pourrait rencontrer ce type-là qui pourrait nous
orienter de façon qu'on n'ait pas 25, 30 ou 40 personnes à
rencontrer. Qu'on ait une personne, mais que cette personne puisse
véritablement nous donner la place, l'adresse, le bon numéro de
téléphone où il faut s'adresser.
Le gouvernement a un tas de beaux programmes. Le ministre Tremblay, le
ministre de l'Industrie et du Commerce, a déposé un livre, la
semaine dernière, très bien fait. Mais ce qui est le plus
curieux, c'est quand on arrive avec un programme, avec une idée et que
vient le temps de passer dans le trou de l'entonnoir, il y a toujours quelque
chose qui accroche et cela ne passe pas.
Je prendrai le temps, M. le Président, de citer un exemple qui
s'est produit à mon bureau la semaine dernière, pour illustrer
concrètement ce que je veux dire. Je vous cite une lettre datée
du 2 mars 1979. "Je désire faire appel à ton aide pour un projet
que nous avons grandement à coeur. Il s'agit d'un parc municipal.
L'année dernière, nous avons pu obtenir un projet Canada au
travail pour débroussailler et nettoyer le terrain et aussi fabriquer
des tables à pique-nique. Il reste, cependant, une partie importante du
travail à effectuer et c'est le nettoyage des deux étangs qui
sont juste en avant du parc". C'est quelqu'un d'une municipalité de mon
comté qui m'écrivait en date du 2 mars. "Maintenant, il nous
faudrait avoir des espaces verts où les gens pourraient venir se reposer
et pêcher. Ne pourrait-on pas trouver un programme gouvernemental
provincial qui nous aiderait à compléter ce merveilleux projet?
Je te prie d'accepter nos salutations".
M. le Président, j'ai personnellement pris en main ce dossier et
je vais vous dire les démarches que j'ai faites à ce sujet
seulement pour imager concrètement ce que je veux vous dire. Etant
donné que cela parlait d'affaires municipales, j'ai appelé au
ministère des Affaires municipales. On m'a référé
au directeur des programmes. On m'a dit que le directeur des programmes serait
là vendredi. Donc, j'ai rappelé vendredi. Le directeur des
programmes m'a référé au ministère des Richesses
naturelles. Le ministère des Richesses naturelles m'a
référé au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux
loisirs et aux sports.
Une Voix: Comme d'habitude.
M. Goulet: Le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs
et aux sports m'a référé au service du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Il y a deux services au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Alors, on m'a
référé une autre fois au service de la pisciculture. Je
n'avais pas d'appels interurbains à faire, M. le Président.
Lorsque nous sommes dans nos bureaux, nous n'avons que cinq chiffres à
composer. Mais imaginez monsieur un tel, comme le chef de l'Union Nationale
l'appelle Jean-Baptiste qui est dans le comté et qui veut
appeler à Québec; il y a trois ou quatre abonnés sur la
même ligne.
Une Voix: Le gouvernement...
M. Goulet: Le service de la pisciculture m'a
transféré au ministère des Transports parce qu'on pensait
que cela pouvait servir de halte routière. Le ministère des
Transports je ne charge pas; ce que je vous dis est vérifiable;
pour ceux qui voudront le vérifier, les démarches ont
été faites la semaine dernière m'a
référé au ministère des Richesses naturelles. Le
ministère des Richesses naturelles m'a ramené une autre fois au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Une Voix: Incompétent ministre.
M. Goulet: J'ai finalement parlé au ministre du Tourisme
ici, à l'Assemblée nationale, sur le parquet. Il m'a dit:
Envoyez-moi donc une copie de la lettre. J'ai continué quand même
mes démarches, parce qu'on m'avait dit qu'aux Affaires municipales il y
avait une entente fédérale-provinciales pour les parcs urbains.
Donc, je me suis adressé là et, M. le Président, on m'a
référé au programme OSE. Au programme OSE, on m'a dit: Le
gars sera ici lundi.
M. le Président, pour ce cas, un petit cas bien simple
dans nos bureaux de comté il en arrive peut-être quinze ou vingt
par semaine, soit par lettres ou par rencontres que l'on fait avec des gens
il y a douze endroits différents où j'ai
téléphoné et où j'ai fait des démarches. Je
n'ai pas fini. C'est 23 appels téléphoniques, parce que souvent
le monsieur est absent, il ne peut pas nous répondre, il est en
conférence. Imaginez-vous, M. le Président, Jean-Baptiste qui
demeure dans le comté de Bellechasse qui, lui, appelle et fait des
interurbains régulièrement à cause de cela; rendu
au dixième ou douzième appel, il prend son projet et le
met à la poubelle.
Lorsque je parle de technocratie et de bureaucratie, je pense que cela
fait très bien image. J'aurais un autre exemple également. Un
dossier très d'actualité. Quelqu'un qui avait inventé une
fournaise pour brûler les huiles usées, dossier d'actualité
parce qu'on parle d'économie d'énergie de ce temps-ci, on parle
de la protection de l'environnement. J'ai procédé à peu
près selon le même processus, j'ai contacté bien du monde
et je n'ai pas eu de nouvelles.
Un autre exemple, également, une filature, chez nous, qui a
brûlé. J'ai posé des questions ici en Chambre. La filature
a brûlé au mois de mars, 35 emplois, appel par-dessus appel pour
se faire dire que le 25 juillet au matin on aurait un inspecteur qui viendrait
voir cela. Cela faisait longtemps que les dirigeants de la filature avaient
décidé de ne plus reconstruire parce que ces gens avaient
déjà perdu les contrats des gens qui s'approvisionnaient
là. Imaginez-vous, de mars à juillet! Il aurait fallu qu'on
délègue immédiatement quelqu'un pour conserver au moins
ces 35 emplois. Cela a été la même chose, la perte d'une
autre industrie qu'on appelle chez nous les Industries Bellechasse, manufacture
de skis de fond. Cela a pris tellement de temps que quand on s'est
décidé, il était trop tard; il y avait eu une vente
à l'enchère effectuée dans cet établissement.
Il y a de beaux programmes, M. le Président. C'est vrai qu'il y a
de beaux programmes. Mais pour des milieux à faible densité de
population, ces programmes ne collent absolument pas à la
réalité; il y aurait une amélioration concrète
à amener de ce côté. On parle de relance économique.
Le programme OSE, savez-vous comment j'appelle cela, moi? Opération
systématique d'enve-loppage, M. le Président. Et l'enveloppage,
je vais vous dire ce qu'ils ont fait avec: c'est de la propagande
péquiste éhontée. On a pris à peu près tous
les anciens programmes existants qui avaient été annoncés
d'abord dans le discours inaugural; on en a reparlé une deuxième
fois au cours du discours du budget, le ministre a fait sa petite
tournée, sa petite déclaration pour annoncer son programme, et
là, on ramasse tout cela et on dit: Voilà le programme OSE. C'est
la quatrième fois.
Pour le programme OSE, je vais vous parler concrètement de ce qui
s'est passé dans le comté. Je n'irai pas à peu
près, je vais prendre exactement les chiffres qu'on nous a donnés
dans ce fameux livre très beau d'ailleurs, très belle
couleur de lettrage, vous avez remarqué où on disait: Dans
Bellechasse, on a créé environ 100 emplois. Un bon dimanche
après-midi, je me suis mis à analyser ce volume. Les emplois
agricoles: 138; bien oui, mais pas des emplois permanents, des emplois
peut-être pour quinze jours, trois semaines. Je comprends cela, je
félicite le gouvernement, mais qu'on ne vienne pas nous dire que ce sont
des emplois permanents. Les emplois soutenus: exemple, on a travaillé
pour réparer un édifice municipal, 1,8 homme pendant cinq se-
maines. Ce n'est pas un emploi permanent. Merci beaucoup pour ce que vous avez
fait, mais ne venez pas me dire que ce sont des emplois permanents. Il y a des
emplois également qui étaient moitié-moitié, des
programmes avec le fédéral et le provincial.
En résumé, il y a eu $276 900 000 au niveau de la province
de mis dans ce programme. Mais attention! Le gouvernement du Québec a
fourni $100 000 000, ce qui veut dire 36% de ce montant. L'autre montant, ou le
reste, si vous voulez, a été fourni par le fédéral
et par l'entreprise privée. Dans mon comté, je me suis mis
à analyser cela. Sur les 300 emplois environ qu'on avait soi-disant
créés ou soutenus, semaines-homme, mois-homme, une fois que cela
a été décortiqué, on a créé
véritablement, honnêtement, 65 emplois pour un an. C'est ce qu'on
a créé. Merci beaucoup, mais c'est 65 emplois pour un an et non
pas 300 ou 400 emplois. (16 h 40)
Au même moment, M. le Président, dans le comté, par
la fermeture de deux industries, parce que les gens du gouvernement ne s'en
sont pas occupés, nous avons perdu 115 emplois permanents. Le bilan
négatif du programme OSE dans le comté de Bellechasse-Dorchester
est environ à 55%. Au niveau des investissements, je n'irai pas loin. Il
y a des députés ici qui nous ont montré certaines lacunes.
A la page 10, soit la première page pour le comté de Bellechasse,
on dit ici: Bellechasse, expansion de l'entreprise pour l'augmentation de la
production, $200 000. Prise en charge d'une partie des intérêts.
Merci au nom de cette entreprise. Dans la colonne suivante, il est inscrit
capital-actions, $100 000. Je dis bravo! J'appelle le président de
l'entreprise: Tu es chanceux, un capital-actions de $100 000. Pas $100 000, il
dit; ils ont pris une action de $100. J'appelle au ministère et je
m'informe. On me rappelle pour confirmer qu'effectivement il y avait eu une
erreur. Cela commençait bien, M. le Président. Une erreur de $100
000 en partant.
Je ne suis pas allé aux autres pages, mais plusieurs
députés de cette Chambre ont soulevé des points, à
savoir qu'en dépit de ce qui était annoncé dans ce
programme on n'a véritablement pas mis toutes ces sommes au service de
la population, parce qu'il y a l'entreprise privée qui en a fourni et le
gouvernement fédéral. Il faudrait le dire. Alors, merci pour les
$100 millions que vous avez mis, mais pas $276 millions. C'est pour cela que je
disais, M. le Président, que c'est une opération
systématique d'enveloppage. Vous avez compris pourquoi. C'est beau
d'essayer de créer des emplois, mais, avant de commencer à
créer des emplois, commencez donc par essayer de garder ceux que nous
avons actuellement. Cela serait déjà beaucoup. Vous en avez
créé 65 dans le comté et, au même moment, on en a
perdu 115.
Commencez donc par nous sortir des programmes réels,
réalistes de façon qu'on puisse au moins garder ce qu'on a
actuellement. On ne vous en demande pas plus, pour l'instant. Vous créez
un emploi, vous en perdez deux. M. le Président,
le programme OSE dans le comté de Bellechasse, avec chiffres
à l'appui, je peux affirmer qu'il a été négatif.
J'espère de tout coeur que le gouvernement va se reprendre avec le
prochain budget.
Les sociétés d'Etat, on parle d'un meilleur
contrôle. Ecoutez, l'Union Nationale a au moins servi à ouvrir les
yeux des gens d'en face. Cela fait deux ans que notre chef, le
député de Lotbinière, et les députés se
battent dans cette Chambre pour dire au gouvernement: Dans les
sociétés d'Etat, il se passe des choses anormales, voyez-y. On a
exigé une commission parlementaire. Bravo d'avoir répondu
à la demande de l'Union Nationale. Il faut faire attention. Ce qu'on
reproche aux sociétés d'Etat, nous, c'est qu'elles sont
subventionnées à coups de millions avec l'argent de l'entreprise
privée bien souvent qui, elle, est rentable et paie des impôts et
des taxes. On finance, on subventionne à coups de millions la
société d'Etat pour venir faire concurrence à l'entreprise
privée. On a eu le fameux dossier Davie Shipbuilding, Marine Industrie;
j'espère, M. le Président, que cela ne se représentera
plus, ces choses.
On parle d'un livre sur l'économie. Bravo! Ce n'est pas nouveau
pour l'Union Nationale. Cela fait trois ans, encore là, qu'on le
réclame. Alors que vous sortiez des livres de toutes les couleurs, nous
on demandait des livres sur l'économie. Egalement, nous avons
déposé un document en novembre 1977: Le défi no 1 des
Québécois, la relance économique. C'était une
priorité pour l'Union Nationale et ce sera encore une priorité
pour l'année 1979. Ce n'est pas nouveau chez nous. Les produits
québécois à l'étranger. En mars 1977, le chef de
l'Union Nationale proposait une société de mise en marché
des produits québécois. Ce n'est pas nouveau. Encore là,
merci beaucoup de répondre à nos suggestions. Nous avons
hâte de voir comment vous allez y répondre, mais, au moins, les
intentions semblent là dans le discours inaugural. Bravo d'avoir
répondu encore à la demande du chef de l'Union Nationale.
J'aimerais, M. le Président, parler des foyers
d'hébergement. Naturellement, je n'aurai pas le temps, mais je peux vous
dire que la liste d'attente dans nos comtés jugée prioritaire par
le ministère des Affaires sociales se situe environ à dix par
foyer d'hébergement. Nous avons un hôpital pour malades chroniques
et, en juillet, lorsque je suis allé au ministère des Affaires
sociales, cet hôpital comptait 78 lits et la liste d'attente jugée
prioritaire par le ministère des Affaires sociales était de 80.
Si tout le monde était mort durant la nuit, le lendemain matin, il
aurait manqué encore deux places. Cela nous prend des foyers
d'hébergement dans le comté et le ministre s'évertue
à nous dire que, pour la région 03, il n'y aura à peu
près pas de foyers d'hébergement parce qu'on dépasse de
beaucoup la norme. Quand même, parce que nous avons une faible
densité de population, il y a encore une liste d'attente, M. le
Président. C'est tout à fait aberrant qu'on prenne une personne
qui a vécu 65, 70 ans de sa vie dans un village et que, rendue au soir
de sa vie, pour récompenser cette personne, on doit la transférer
15 ou 20 milles plus loin. M. le Président, c'est pire que si on prenait
cette personne et qu'on l'envoyait à Montréal ou à
Québec. Lorsqu'on la sort de son village, ce n'est absolument pas ce
qu'il faut pour récompenser cette personne, pour remédier
à son état de santé.
La voirie: 1100 milles de route dans le comté de
Bellechasse-Dorchester, 250 milles en asphalte, en béton bitumineux. Il
y a un rattrapage urgent à faire. La population est prête à
participer. Nous avons des dossiers prouvant au ministère des Transports
que la population est prête à participer et à céder
gratuitement son terrain. Nous demandons au ministère des Transports de
baisser ses normes, d'intéresser les municipalités à
participer. Elles sont prêtes à participer. Nous voulons une route
carrossable. Qu'on baisse les normes; entre une ligne droite et une courbe
à 90 degrés, il y a peut-être moyen de faire une courbe
à 45 degrés et les gens seraient satisfaits de cela. Nous
demandons au ministère des Transports d'inciter la population à y
participer et, chez nous, la population est prête à participer
afin qu'on ait ce rattrapage.
M. Verreault: M. le Président, question de
règlement. Il y a à peine une dizaine de péquistes dans
cette Chambre, est-ce que nous pourrions demander le quorum?
M. Goulet: M. le Président, le placement dans la
construction...
Une Voix: Levez-vous donc pour parler!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, puis-je compter sur
votre collaboration pour que votre collègue, le député de
Bellechasse, puisse terminer son intervention?
M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président.
Sur le placement dans la construction, encore là, j'ai fait des
suggestions. C'est la même chose que pour le placement étudiant,
les programmes ont toujours été pensés pour les villes.
Pour des régions comme chez nous, à faible densité de
population, les programmes ne s'appliquent absolument pas. Et dans le placement
de la construction et dans le placement étudiant, nous sommes
pénalisés.
Le développement touristique. Nous avons chez nous de très
beaux sites naturels. On préfère plutôt fabriquer des
sites. Qu'est-ce qu'on attend pour mettre en évidence des sites naturels
tels que ceux des comtés de Bellechasse et Dorchester? Serait-ce parce
que ces dossiers se défendent mal politiquement? Si c'est la simple
raison, il faudrait le dire.
En agriculture, on a adopté toutes sortes de lois. On veut
vraiment défendre le petit agriculteur. Nous demandons, au niveau des
quotas laitiers,
que l'agriculteur ait au moins un minimum de 300 000 livres de lait.
C'est un minimum qu'on demande. On demande également que lorsque des
quotas sont vendus, ils soient vendus à l'intérieur de la
région. On demandera également une enquête sur les quotas.
C'est tout à fait inconcevable qu'au moment où les quotas des
gens de Bellechasse étaient coupés, ceux du niveau du
Québec se maintenaient. Il y a même des gens qui ont vu leur quota
augmenter pendant que, chez nous, des petits agriculteurs voyaient leur quota
diminuer. Il y a eu un marché noir de quotas et on demandera une
enquête, au cours de l'année, sur ce qui s'est passé.
J'aimerais prendre deux secondes pour parler de l'environnement. C'est
peut-être couvrir très rapidement à peu près tous
les ministères, mais nous sommes poignés, chez nous, avec tous
ces ministères. Le premier ministre a dit, dans le discours inaugural,
que l'environnement était là pour encadrer et non pour paralyser.
Si le premier ministre a senti le besoin d'en parler dans le discours
inaugural, c'est important. Arrêtez donc de tout paralyser! C'est rendu
que, chez nous, il y a certaines municipalités où, prochainement,
cela va coûter plus cher de taxe de vidanges que cela coûte de taxe
foncière. C'est tout à fait aberrant, on voit des microbes
partout, de l'autre côté. Arrêtez donc un peu de charrier
avec cela! Prenez donc le temps qu'il faut. Il y a déjà eu des
agriculteurs chez nous et ce n'est pas parce qu'il y avait un tas de fumier
à un moment donné que tout le monde est mort de cela.
Arrêtez donc de voir des microbes partout. Prenez votre temps.
Naturellement, j'aimerais faire certaines suggestions en terminant. Je
demande aux gens d'en face d'étudier des programmes de façon que
les Québécois puissent vivre selon leurs moyens; limitez les
dépenses. On est rendu que le transport scolaire au Québec
coûte aussi cher que tout le budget du ministère de l'Industrie et
du Commerce. Vous ne me ferez pas croire que c'est raisonnable. Il faudrait
choisir les priorités, ce qui est utile, ce qui est nécessaire et
enlever le superflu, comme, par exemple les fameux programmes de
publicité.
M. Verreault: C'est ça!
M. Goulet: Décentralisons. C'est beau de parler de la
décentralisation. On l'a fait au niveau des pêches et je
félicite le ministre de l'Industrie et du Commerce. Qu'on arrête
de décentraliser seulement les fonctionnaires et qu'on
décentralise ceux qui peuvent prendre des décisions. C'est cela
qu'on veut. (16 h 50)
II vient des fonctionnaires, ils se retournent et disent: On ne peut pas
prendre des décisions, la décision va se prendre à
Québec. Ce qu'on veut chez nous, c'est qu'on nous envoie des gens qui
sont capables de prendre des décisions. Cela serait de la vraie
décentralisation.
M. le Président, naturellement, avec cette année de
l'économie, je pense que, hors de tout doute, vous savez, vous,
qu'à l'Union Nationale c'est une priorité. C'est une
priorité chez nous l'économie, une très grande
priorité. Or, on demande au gouvernement d'abolir cette fameuse
publicité et je vais vous dire quoi faire avec cette publicité.
Juste un exemple; au mois de décembre, il y a eu $3 millions de
publicité donnée par le gouvernement.
Une Voix: C'est écoeurant.
M. Goulet: Savez-vous ce qu'on aurait pu faire avec $3 millions
de publicité dans un comté rural tel que celui que j'ai l'honneur
de représenter, avec $3 millions de publicité tout à fait
farfelue? On aurait pu construire 100 logements à prix modique,
c'est-à-dire dix paroisses auraient pu avoir chacune un HLM de dix
logements. On aurait pu construire de 20 milles à 30 milles de nouvelles
routes. On aurait pu construire d'un à trois réseaux
d'égout et d'aqueduc. On aurait pu multiplier par 125 le budget des
loisirs. On aurait pu multiplier par 50 le budget des chemins à vocation
agricole et ainsi de suite. Je pourrais en énumérer pendant
encore une heure. Alors, priorité aux HLM, priorité à la
voirie, priorité au Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs
et aux sports, priorité aux chemins à vocation agricole,
priorité aux jeunes qui sortent de l'école et qui n'ont
absolument pas de travail, l'aide aux finissants, les foyers
d'hébergement également, je l'ai mentionné tout à
l'heure.
M. le Président, vous me permettrez, il me reste certainement
deux ou trois minutes, j'aimerais savoir combien il me reste.
Le Président: M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Oui.
Le Président: A vrai dire, ce serait déjà
terminé. Je vous demande de tirer les conclusions.
M. Goulet: De consentement, M. le Président, deux
minutes.
Le Président: Je vous demanderais de tirer les
conclusions.
M. Goulet: Vous êtes bien aimable.
On a parlé de documents constitutionnels; des gens de l'autre
côté, je les ai entendus la semaine dernière, ont dit que
l'Union Nationale n'avait pas de position constitutionnelle. Je vous demande
d'arrêter de charrier un peu. Vous n'êtes pas sincères
lorsque vous dites cela. On a été le premier parti politique
à formuler une position constitutionnelle, en novembre 1977, en novembre
1978. Au congrès d'orientation, les gens ont dit: Voici notre programme
constitutionnel. M. le Président, il y a des gens qui ont vu clair, il y
a des journalistes qui ont vu clair. J'ai ici un article d'un journaliste, et
je terminerai en citant ce journaliste, M. Jean-Pierre Lemieux, de la Tribune
de la presse ici: "Mais tentons de présenter de façon
brève
d'abord la position entérinée lors du congrès
d'orientation de l'Union Nationale, ensuite la position du Parti libéral
et du Parti québécois. A noter que pour les textes
péquistes et libéraux, il s'agit de documents de travail sur
lesquels les membres ne se sont pas prononcés encore, c'est encore
à l'étude. L'Union Nationale a réaffirmé son droit
à l'autodétermination du Québec". C'est clair, c'est
précis. Cela peut ne pas faire l'affaire de certaines personnes dans
cette Chambre, mais quand même l'Union Nationale s'est prononcée
là-dessus et de façon non équivoque. Nous choisissons de
reprendre le combat de l'égalité à l'intérieur du
Canada.
M. le Président, lorsqu'on parle du Parti libéral, on dit:
C'est un document de travail ne contenant donc pas de position précise.
Et lorsqu'on parle du Parti québécois, on dit: II y a quelques
jours, c'était au tour de l'exécutif du Parti
québécois de présenter un document d'égal à
égal qu sera soumis au congrès de mai. Nous avons une position
constitutionnelle qui répond à 80% au rapport
Pépin-Robarts. Nous n'avons pas attendu le rapport Pépin-Robarts
pour formuler nos recommandations.
Je termine vraiment en disant...
M. Bérubé: Une question de règlement, M. le
Président, j'ai l'impression que vous avez avisé le
député que son temps était écoulé.
Le Président: M. le député de...
M. Goulet: M. le Président, je termine vraiment en disant
que nous n'avions pas besoin de la commission Pépin-Robarts pour
formuler notre rapport, nous l'avons formulé.
Le Président: Merci, M. le député de
Bellechasse.
Comme je ne sais pas si vous interviendrez en tant que ministre des
Terres et Forêts ou ministre des Richesses naturelles, je vais m'adresser
au député de Matane. Vous avez la parole.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Effectivement, c'est peut-être...
M. Goulet: Question de règlement, M. le Président.
Le député de Matane a été tellement gentil avec moi
que j'invoque le quorum, parce qu'il a certainement un bon discours à
nous faire et nous n'avons pas 20 députés dans cette Chambre.
Le Président: Qu'on appelle les députés,
puisqu'il n'y a pas quorum.
Il y a maintenant quorum.
M. le député de Matane, je vous redonne la parole.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: C'est certainement, M. le
Président, le titre qui me fait le plus chaud au coeur que vous me
décernez en m'appelant le député de Matane. Effectivement,
c'est à ce titre que je parlerai.
Je parlerai avec fierté du message inaugural, dans la mesure
où, devant le nombre de mesures que le gouvernement annonçait, on
ne pouvait qu'être impressionné. Non pas que, comme ministre, je
n'aie pas eu entre les mains à peu près chacun des dossiers dont
on a fait mention dans le discours inaugural. Mais, M. le Président,
comme pas un notre premier ministre a réussi à y donner une ligne
de force, une orientation qui montre l'unité qui prévaut dans la
préparation des politiques gouvernementales.
Je voudrais en souligner un certain nombre. D'abord, ce programme de
création d'emplois pour les jeunes. C'est un problème urgent, M.
le Président; c'est un problème urgent parce que nous sommes dans
une situation un peu particulière, au Québec, en ce moment. Il y
a 27% de la population, au Québec, entre 15 ans et 24 ans; cela se
compare avec 20% aux Etats-Unis et 16% en France. Nous avons un nombre
anormalement élevé de jeunes au Québec qui arrivent sur le
marché du travail. C'est une des principales raisons pour lesquelles, en
dépit du fait que nous avons un dossier remarquable de création
d'emplois, nous n'arrivons pas à créer suffisamment d'emplois
pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, parce que la
situation est anormale. Il était donc nécessaire, pour le
gouvernement, de présenter un tel programme de création d'emplois
pour les jeunes.
Mais on peut parler aussi de ces emplois communautaires, ces emplois
communautaires dont on a bénéficié à
l'échelle de tout le Québec. Qu'est-ce que ce programme de
création d'emplois communautaires? C'est un programme bien simple.
Tantôt, le député de Bellechasse se demandait: Quand
le gouvernement vient-il au secours de ceux qui essaient de bâtir des
entreprises? Justement, en écoutant le député de
Bellechasse, malheureusement, j'ai dû regretter son ignorance. En effet,
il s'est plaint de ne pas trouver la bonne porte face à des demandes de
ses commettants. Evidemment, il n'a qu'à s'en prendre à
lui-même. Cependant je vais lui conseiller une porte. Lorsqu'il ne sait
pas où s'adresser au gouvernement puisqu'il n'a pas fait ses
gammes il s'adresse à Communications-Québec qui va le
renseigner. C'est le but de cet organisme.
M. Goulet: Arrêter la farcel
M. Bérubé: Donc, le député de
Bellechasse pourrait certainement orienter ses commettants justement du
côté de ce programme de création d'emplois communautaires,
parce que ce qu'on veut faire avec la création d'emplois communautaires,
c'est permettre à des Québécois qui ont rêvé
de faire démarrer des entreprises de faire travailler des gens de leur
village, de leur municipalité, de se mettre ensemble et de créer
des emplois. Ce programme a servi, M. le Président, dans un grand nombre
d'endroits au Québec. Je pourrais en mentionner dans mon comté;
je pourrais mentionner la scierie de l'Esprit-Saint; je
pourrais mentionner un poste de radio qui s'est créé dans
Gaspé, et je pourrais encore en mentionner un grand nombre. Ce sont des
projets communautaires de Québécois comme vous et moi qui,
grâce à l'aide de ce programme, ont pu faire démarrer leur
entreprise. Voilà une réponse à la question du
député de Bellechasse. Malheureusement, il semble fort peu au
courant. (17 heures)
On pourrait souligner aussi les nouveaux programmes d'aide que le
gouvernement annonce; tantôt un programme d'aide à l'entreprise
innovatrice parce que c'est vrai, M. le Président, que nous devons
mettre l'accent sur un nouveau type d'entreprise. Nous avons de vieilles
industries. L'industrie du textile, par exemple, est une vieille industrie et
il faut faire place à une industrie beaucoup plus moderne, beaucoup plus
agressive, beaucoup plus dynamique qui vende de nouveaux produits. On peut
penser à toute l'ère des ordinateurs, des communications
où le génie québécois peut innover et créer
de nouvelles entreprises. On a besoin d'un programme comme celui-là. Il
a été reçu avec énormément de succès
et j'étais certainement le premier à l'appuyer pour qu'il soit
reconduit. Un programme de relance des pêches maritimes. Nos pêches
étaient en voie de disparition. En l'espace de deux ans, à
Saint-Joachim-de-Tourelle où il n'y avait à peu près pas
de pêcheurs il y avait une dizaine de barques aujourd'hui,
il y a 65 hommes et femmes de Saint-Joachim-de-Tourelle, un petit village sur
la côte, qui vivent de la pêche en mer et dans leur usine de
transformation qui s'est créée grâce à une aide du
programme OSE.
On pourrait parler du programme de silos et de séchoirs. C'est
important, M. le Président, parce que l'Opposition ne le reconnaît
pas, mais nous achetons au Québec pour $1 milliard de boeuf par
année et on n'en produit même pas pour $200 millions. On
l'achète à l'extérieur. Mais, pour faire l'élevage
du boeuf, il nous faut des moulées, il nous faut des grains de provende.
Il faut donc donner une chance aux Québécois de pouvoir se lancer
dans cette culture. De là ce très gros programme de construction
de silos et de séchoirs. Evidemment, il s'agit là de programmes
d'aide, d'incitation à l'entreprise privée, si chère au
député de Bellechasse et au député de
Lotbinière.
Il y a également, cependant, l'action directe du gouvernement
lorsque le gouvernement prend quelque chose en main parce que l'entreprise
privée ne le fait pas. Je pense à la société
d'exportation annoncée dans le discours inaugural. Je pense
également à ce programme pour constituer du capital de risque
parce que le capital de risque manque au Québec. Il ne manque pas
seulement au Québec. Il manque dans toute l'Amérique aujourd'hui.
On ne trouve plus d'argent pour financer la recherche scientifique. C'est un
capital de risque. On ne trouve plus d'argent pour financer l'exploration.
C'est un capital de risque. C'est un problème commun à
l'Amérique. Cependant, nous devons l'aborder de front au Québec
et c'est ce que nous faisons.
Evidemment, tous ces programmes s'ajoutent à d'autres programmes
gouvernementaux dans le domaine de l'industrie forestière, dans le
domaine de l'industrie minière. On ne réalise pas assez qu'au
Québec nous avons depuis deux ans le record pour le niveau
d'exploration; 23% de l'exploration en surface s'est faite au Québec;
31% de l'exploration en profondeur s'est faite au Québec. Savez-vous
quel est le pourcentage que représente notre industrie minière
dans l'ensemble canadien? 9,7%, M. le Président. C'est un record
absolument spectaculaire et nous avons doublé toutes les autres
provinces du Canada. Evidemment, le député de Bellechasse n'est
pas au courant, mais on excuse son ignorance. Oui, M. le Président,
c'est avec fierté que je souligne certains éléments de ce
discours inaugural, mais également avec une certaine crainte...
Des Voix: Ah!
M. Bérubé:... devant la confiance que mettent les
Québécois dans leur gouvernement.
Des Voix: Ah, ah!
M. Bérubé: En fait, les Québécois ont
toujours le regard tourné vers leur gouvernement à Québec
et, hélas, il faut dire que le Québécois n'a pas
oublié ses origines françaises. Il a gardé son esprit
critique. Il a gardé la langue mordante. On n'a qu'à suivre,
d'ailleurs, les débats de cette Assemblée et à les
comparer avec l'ennui mortel qui prévaut à Ottawa. Malheur,
malheureusement, au gouvernement qui l'oublierait trop vite. Les
libéraux l'ont connu, il n'y a pas tellement longtemps. Qui aime bien
châtie bien, dit le proverbe et le Québécois aime bien son
gouvernement. D'ailleurs, c'est intéressant de voir comment les
Québécois réagissent à une question simple:
Lorsqu'on parle de votre gouvernement, auquel pensez-vous d'abord? Voilà
le type de question qui est revenue à plusieurs reprises dans des
sondages d'opinion, dont un, récent, que j'ai noté, en avril
1977; c'était le sondage de SORECOM. Eh bien, quelle est la
réponse à cette question? 33% disent Canada, 51% disent
Québec. Cela veut dire 61% des répondants qui instinctivement,
quand on leur demande: Quel est votre gouvernement? disent Québec. Et
c'est normal.
M. Guay: M. le Président, question de règlement. Je
m'excuse auprès de mon collègue de Matane. Mais le
député de Shefford n'est pas à son siège. Il
interrompt constamment le ministre. Lorsqu'il a parlé tantôt, on
l'a laissé dire...
Des Voix: A l'ordre!
M. Guay: ... toutes les insanités qu'il a voulu dire sans
l'interrompre. Est-ce qu'il pourrait avoir la même courtoisie pour le
discours du ministre qui est beaucoup plus étoffé que celui qu'il
a fait tantôt?
Une Voix: Tu n'étais pas là tout à
l'heure...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
m'excuse...
M. Bérubé: Et je pourrais dire...
Le Président: M. le député de Shefford, s'il
vous plaît! Je pense que je n'ai pas eu trop souvent à vous faire
de reproches. Je pense que vous allez m'apporter votre collaboration.
M. O'Neill: Un peu de décence.
M. Bérubé: En effet, M. le Président,
sondage après sondage, depuis des années, on a pu constater que
le Québécois restait fier de son gouvernement et se tournait
instinctivement vers son gouvernement pour la solution de ses problèmes.
Mais il hérite aussi d'une longue tradition coloniale. Pendant des
siècles, on a payé au Québec tous les impôts
imaginables que les rois voulaient bien exiger de nous. En échange, on
attendait Bah! une certaine protection contre les invasions et,
sans doute, quelques faveurs. On n'attendait pas grand-chose de notre roi.
C'est sans doute pour cela qu'on est passé du roi de France au roi
d'Angleterre, au roi du Canada et à la reine du Canada sans même
s'en apercevoir. Mais, par contre, de nos curés, de nos maires de
paroisse, de nos élus à Québec, on attendait la
réponse à nos problèmes. En fait, le
Québécois est un bon arbitre. Il n'hésite pas à
retirer les frappeurs au fur et à mesure qu'ils se présentent au
marbre, mais il ne comprend pas pourquoi ils sont tous retirés sur trois
prises. Le Québécois reçoit son chèque
d'assurance-chômage d'Ottawa le coeur ému, mais il blâme
Bourassa de ne pas avoir créé 100 000 jobs.
Quel gouvernement, en fait, va oser affronter la colère de ses
concitoyens en leur disant que les véritables instruments de
développement économique ont été confiés
entre les mains du gouvernement fédéral en vertu de la
constitution? Quel gouvernement québécois osera affirmer son
échec? C'est là le problème. Qui contrôle le
crédit? Qui peut stimuler les dépenses créatrices
d'emplois? Qui contrôle le commerce extérieur? Est-ce que c'est
Québec? Est-ce que c'est le Canada? En fait, nous réclamons les
moyens de nous développer, les moyens de nourrir nos enfants et on nous
le refuse. En fait, on dit qu'on ne saurait pas les utiliser à bon
escient.
Nos adversaires nous accusent de vouloir la souveraineté, de
vouloir nous administrer nous-mêmes, de vouloir contrôler ce qui
est à nous...
Une Voix: ...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): A l'ordre!
M. Bérubé: Heureusement, tranquillement, ils
viennent à nous, M. le Président; ils viennent à nous.
Récemment, le plus virulent critique du Parti québécois,
M. Charles Perrault, l'ex-président du Conseil du patronat, a
réclamé le contrôle de nos exportations pour le
Québec. Oui, exactement, M. Charles Perrault. Lui aussi s'émeut
du chômage au Québec. Il s'émeut de ne pas avoir l'amiante
transformé au Québec. Lui aussi voudrait voir les
Québécois travailler ici. Pourquoi acheter une mine? Cela ne
créerait aucun emploi. On ferait mieux d'investir dans la
transformation. Là, il a découvert la solution miraculeuse: on va
taxer la fibre exportée qui n'est pas transformée au
Québec. Cela ne coûte rien, cela rapporte même au
gouvernement et cela va inciter les compagnies à transformer.
Elégant. D'ailleurs il le soulignait. C'était "L'amiante,
Perrault suggère de taxer la fibre brute". Il sait, ce M. Perrault, que
la Cour suprême vient de condamner la Saskatchewan pour avoir voulu faire
la même chose. Cela faisait déjà au moins une demi-douzaine
de fois d'ailleurs que la Cour suprême se prononçait. Il sait que
ce pouvoir appartient à Ottawa. Néanmoins, il veut que le
Québec aille le chercher pour contrôler son
développement.
Une Voix: ...
M. Bérubé: Oui. En fait, Charles Perrault est un
péquiste qui s'ignore. Vous ne le saviez pas. Oui, il est pour la
souveraineté, mais il est contre la souveraineté-association. Il
doit donc être contre l'association. C'est un séparatiste. (17 h
10)
Je dois vous dire, M. le Président, que j'ai entendu le
même genre d'argument du député de Lotbinière; c'est
extrêmement fréquent de constater que les Québécois
ont l'impression que leur gouvernement a tel, tel ettel pouvoir, alors qu'en
fait il ne les a pas. Par conséquent, quand cela va mal et qu'ils
voudraient de l'action, ils blâment leur gouvernement, c'est normal.
Justement, ce que le gouvernement du Parti québécois propose,
c'est de mettre fin à cette espèce de mélange, de
méli-mélo qui fait que les Québécois ne savent
jamais à qui s'adresser quand cela va mal.
Parce que les Québécois ne sont quand même pas fous.
On sait que, quand on laisse nos pouvoirs entre les mains d'Ottawa, on en
retire des miettes. Récemment, à partir des chiffres
publiés par Statistique Canada, les fonctionnaires de l'OPDQ se sont
amusés à calculer, province par province, combien Ottawa
dépensait en salaires, en biens et services, en subventions, en
investissements, calculer tout ce que Ottawa dépense dans chaque
province. Après cela, ils ont divisé par le nombre d'habitants et
ils ont dit: On va regarder ce que cela donne. D'après vous, M. le
Président, qui remporte la palme?
Une Voix: L'Ontario.
M. Bérubé: Vous allez me dire: C'est l'Ontario.
C'est évident parce que c'est la province la plus riche. C'est normal!
Non, quand même, il faut reconnaître qu'Ottawa a un sens de
l'équité, et on dit: On va s'intéresser aux provinces
pauves. En fait, c'est la Nouvelle-Ecosse, avec $959 par habitant. C'est pour
la période de 1961 à 1974. La deu-
xième normalement, puisque les Maritimes sont pauvres, ce serait
l'Ile-du-Prince-Edouard, tout le monde est d'accord. Sans doute Terre-Neuve. Je
ne ferai pas de blague raciste ici mais on peut se demander: Est-ce que
Terre-Neuve ne devrait pas, elle aussi, comme province,
bénéficier des mannes du fédéral? Mais non,
malheureusement, ils ne sont pas dans les premiers, dans les têtes de
liste. C'est le Nouveau-Brunswick qui est troisième, avec $521.
Nous nous dirigeons vers le Québec. Certainement que nous allons
y goûter. Nous y goûtons certainement puisque à vive allure
nous passons par-dessus le Québec pour atterrir au Manitoba; $509.
Cependant, le gouvernement fédéral s'en est rendu compte et il
revient donc vers le Québec. Il arrête en Ontario à $497.
On n'entend toujours pas parler du Québec. Mais comme nous avons
ignoré depuis le début l'Ouest et que ceux-ci font entendre leurs
cris et menacent de se réparer, il faut maintenant dépenser en
Colombie-Britannique et on passe à la Colombie-Britannique; c'est $446.
Il faut évidemment revenir puisque aller plus loin ce serait
l'océan; on revient en Saskatchewan, à $384; à l'Alberta,
cette province si pauvre avec son pétrole, son blé et son boeuf,
à $383. Finalement, évidemment, Terre-Neuve, qu'il ne fallait pas
oublier, $347. Mais, plus niaiseux encore, le Québec avec $289. Nous
sommes les derniers pour les investissements par habitant du gouvernement
fédéral dans notre économie.
Comme le concluait la commission Pépin-Robarts. Evidemment,
l'Opposition officielle s'est élevée contre ces chiffres. Le
député d'Outremont nous a blâmés
sévèrement. Première critique: Vous exprimez le tout en
dollar constant. O drame! En dollar constant, c'est compliqué. Imaginez,
en dollar constant! Parce que, évidemment, l'argent en 1961 valait pas
mal plus cher que l'argent d'aujourd'hui. Alors on a ramené cela en
argent de 1977.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Shefford, je vous rappelle à l'ordre. Si vous
voulez avoir le droit de parole, je vous demanderais en premier lieu de vous
rendre à votre siège. M. le député de Shefford,
pour la deuxième fois, je vous rappelle à l'ordre. Je vous
rappelle à l'ordre pour une dernière fois. D'accord?
M. Bérubé: Merci, M. le Président. En fait,
M. Raynauld, le député d'Outremont, ne veut pas que l'on insiste
trop sur ces chiffres. En fait, quand on se fait voler en 1900, cela
paraît moins que si on se fait voler en 1980 parce que, à
l'époque, une livre de beurre valait juste $0.10; aujourd'hui, elle en
vaut $1.50. Alors on préfère garder les chiffes de 1900. Mais, en
pratique, se faire voler $1 million quand une livre de beurre vaut $0.10, c'est
la même chose que se faire voler $10 millions quand la livre de beurre
vaut $1. C'est ce que l'OPDQ a fait. Mais là, c'est scandaleux!
Voyez-vous...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): M. le député de Shefford, vous
êtes expulsé de cette Chambre. M. le sergent d'armes, veuillez
expulser le député de Shefford de cette Chambre.
M. Verreault: Plutôt que d'écouter ces conne-ries je
préfère sortir.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): Bon, allez-y.
M. Verreault: Merci, M. le Président.
M. Bérubé: Donc, M. le Président, le saint
patron du député d'Outremont a dû lui dire: Ce n'est pas
bien de mettre le vol en évidence. Cela pourrait ternir la
réputation du voleur. Cela pourrait aider les séparatistes.
Deuxième argument choc du député d'Outremont: Vous
ne tenez pas compte des dernières années. Effectivement,
l'étude s'est terminée en 1974 faute de chiffres.
Malheureusement, en fin de semaine dernière, ayant les chiffres à
notre disposition, nous avons complété l'étude. Ce n'est
plus $16 milliards que nous perdons, c'est $18 milliards. Cela va mieux. C'est
de plus en plus payant. Plus on étudie, plus c'est payant. En fait, je
ne cacherai pas que depuis un an ou deux il y a amélioration.
Certainement qu'il y a amélioration. L'ancien gouvernement avait
réussi à négocier, en six ans de pouvoir, pour $340
millions d'ententes fédérales-provinciales. L'actuel gouvernement
en a négocié pour $1 milliard en deux ans. Evidemment, la peur
est mauvaise conseillère, me direz-vous, mais cela aide quand il s'agit
de faire respecter nos droits.
Evidemment, le député d'Outremont va utiliser son dernier
argument massue. On paie moins d'impôts à Ottawa, les
Québécois, parce qu'on est plus pauvre. C'est donc normal qu'on
retire moins. Comment cela se fait-il que la Nouvelle-Ecosse en retire plus que
tout le monde? Justement parce qu'elle est pauvre. Là, voyez-vous, c'est
le concept de justice, d'équité caractéristique du
gouvernement fédéral. En fait, en 1961, on payait autant
d'impôts que le reste du Canada, en moyenne. En 1978, c'est vrai, on paie
moins. On ne paie que 21% des impôts canadiens alors qu'on
représente 25% à 26% de la population. C'est vrai. Evidemment,
à force de nous appauvrir, on paie de moins en moins d'impôts.
C'est vrai. Décidément, M. le Président, j'arrive mal
à comprendre la logique derrière l'argumentation du
député d'Outremont. C'est tellement vrai que les
Québécois n'attendent plus rien d'Ottawa, que j'ai
écouté un certain nombre de discours en réponse au
discours de M. Lévesque, et qu'est-ce que j'ai observé? Mon
collègue de la Gaspésie, le député de Gaspé,
a demandé essentiellement dans son discours: Mais qu'est-ce que le
gouvernement attend pour lancer cette usine de pâtes et papiers dans la
vallée de la Matapédia?
Qu'est-ce que le gouvernement attend pour faire démarrer le
projet du sel des Iles-de-la-Madeleine? Qu'est-ce que le gouvernement attend
pour lancer le projet de bicarbonate de soude? Ce qu'il n'a pas
souligné, c'est que tous ces projets étaient parrainés par
le gouvernement du Québec, par nos ministères et par nos
sociétés d'Etat. Il n'a pas une seule fois souligné un
projet qui serait parrainé par le gouvernement fédéral et
qu'il faudrait lancer au plus vite. Il me semble le ministre
délégué à l'énergie pourra sans doute le
confirmer qu'il y avait au moins un projet industriel au Québec
sur les bords du Saint-Laurent qui devait fabriquer de l'eau lourde.
C'était le seul projet du fédéral au Québec.
Celui-là, il est dans les boules à mites. Mais le gouvernement
fédéral n'a pas tout mis dans les boules à mites. Il y a
un magnifique complexe pétrochimique en construction à Sarnia.
C'est Pétrosar. $600 millions, merci au ministre de l'Industrie et du
Commerce. C'est le gouvernement fédéral.
Evidemment, nous aussi on en a un qui va démarrer. Mais
là, c'est la SGF, la Société générale de
financement. C'est à nous. Voyez-vous, on paie nos taxes une fois
à Ottawa, et là ils se développent, et on les repaie une
autre fois à Québec pour pouvoir se développer, nous.
On va parler d'exploration minière. Oui, nous contrôlons la
plus grande entreprise minière au Canada, la Texas Gulf and Sulfur. Vous
ne saviez pas cela. $1,4 milliard d'actif, on est en train de construire un
"smelter" à environ 100 milles de celui de Noranda, qui va
entraîner la fermeture de celui de Noranda en 1982. Cela va aider
à notre chômage. C'est une autre réalisation du
fédéralisme rentable. (17 h 20)
Une Voix: Et avec nos impôts.
M. Bérubé: Et avec nos impôts. Et,
évidemment, pendant ce temps, cette société qui est
vouée à l'intérêt du Canada, donc du Québec,
entreprend des travaux d'exploration massifs; plusieurs millions de dollars,
près de $5 millions au Canada, $30 000 au Québec, pas $30 000
millions, $30 000. Si vous voulez comparer avec SOQUEM qui est une
société d'Etat bien à nous, celle-là,
financée avec nos taxes, avec des actifs de $15 millions, c'est 100 fois
moins, on dépense $7 millions en exploration au Québec, parce
qu'on ne va pas dépenser notre argent, nous, en Ontario ou ailleurs,
c'est normal.
On pourrait parler de Syncrude, ce vaste complexe en construction en
Alberta pour fabriquer du pétrole à partir des sables de
l'Atha-basca. On pourrait parler de l'achat par Pétro-Ca-nada d'une
chaîne pétrolière canadienne qui va coûter plusieurs
centaines de millions. On parle de l'Asbestos Corporation, mais, quand le
gouvernement fédéral achète des entreprises dans le reste
du Canada, évidemment, on n'en parle pas. En fait, la constitution nous
a laissé deux outils: les subventions à l'entreprise
privée, disons-le honnêtement, et nos sociétés
d'Etat. C'est-à-dire qu'on peut soit subventionner l'entreprise
privée pour qu'elle vienne chez nous faire du développement ou
bien se relever les manches et le faire nous-mêmes. Mais l'entreprise
privée nous a laissé tomber depuis déjà un bon
nombre d'années.
Je regarde les chiffres de 1966 et je constate que la part que les
compagnies canadiennes faisaient avec leurs entreprises au Québec,
c'était 27% de leurs profits. C'était autant que la population du
Québec, c'était normal, mais dès 1966 elles ne
réinvestissaient que 22,5% au Québec. On gagne beaucoup d'argent
au Québec, mais on ne réinvestit pas trop. Evidemment, si on ne
réinvestit pas pendant dix ou vingt ans, l'effet se fait sentir.
Aujourd'hui, la part des bénéfices faite au Québec par les
entreprises canadiennes est baissée à 23%. C'est normal. En fait,
nous avons nos sociétés d'Etat. Si on n'avait pas SIDBEC pour se
lancer dans l'acier, pour développer le gisement de SIDBEC-Normines,
c'est combien de milliers de travailleurs qui ne travailleraient pas au
Québec cette année? Si on n'avait pas la SGF, si on n'avait pas
Marine, cela ferait combien de milliers de travailleurs qui ne travailleraient
pas au Québec? Si on n'avait pas eu REXFOR pour reprendre Béarn,
Taschereau, pour s'impliquer dans le projet de Cabano, pour s'impliquer dans le
projet de F. F. Soucy pour démarrer la scierie des Outardes, combien y
aurait-il de chômeurs de plus au Québec? Evidemment, on va mettre
en évidence un certain nombre d'échecs. Il y en a des
échecs, c'est sûr. REXFOR fait des profits dans toutes ses
opérations; ils ont un échec, Samoco. On va insister sur
Samoco.
M. le Président, je terminerai en disant une chose: II ne faut
pas cracher dans la main qui nous nourrit. C'est la seule main qu'on a, nos
sociétés d'Etat. Une journée, on entend l'Opposition crier
au chômage, prendre les derniers chiffres et accuser le gouvernement de
ne rien faire et, le lendemain, on s'attaque aux sociétés d'Etat,
on en mine la crédibilité, on les diminue, on cherche à
réduire les Québécois. C'est cela, l'attitude de
l'Opposition. Ce n'est certainement pas cela qui est inscrit dans le discours
inaugural. Merci, M. le Président.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. S'il faut en croire le
discours inaugural que nous a livré le premier ministre la semaine
dernière, 1979 sera l'année de l'économie. Le moins que
l'on puisse dire, c'est qu'on n'est pas gêné du côté
de ces gens du Parti québécois. C'est pourtant tout à fait
typique de la stratégie de ce gouvernement, qui est fort simple:
multiplier les paroles creuses, les promesses ronflantes, la propagande
à peine déguisée pour faire en sorte que la population
oublie l'absence de gestes concrets, le tout dans le seul but de conditionner
la population à dire oui au référendum.
Comme le faisait remarquer le chef de l'Opposition officielle la semaine
dernière, ce n'est pas la première année que le premier
ministre consacre, du moins dans les paroles, à l'économie. Les
années 1977 et 1978 avaient également été
proclamées années consacrées à l'économie.
Pourtant, nous avons connu et nous connaissons toujours des taux de
chômage record, une inactivité presque complète dans le
domaine de la construction, et des fuites d'emplois et d'investissements jamais
encore égalées. En d'autres mots, on pourrait résumer le
mot d'ordre de ce gouvernement de la façon suivante: Ecoutez ce que je
dis mais, de grâce, ne regardez pas de trop près ce que je
fais.
D'ailleurs, si ça va mal au Québec, selon ces messieurs,
c'est la faute du fédéral et des Anglais, le ministre des
Richesses naturelles vient de nous en donner une éloquente
démonstration à sa façon. Je lui parlerai d'ailleurs
tantôt de quelques projets très spécifiques qui concernent
son ministère et sur lesquels il se traîne les pieds depuis deux
ans qu'il est là. C'est la faute du fédéral et comme le
disait si bien le ministre tantôt, quand le Québec sera
indépendant ou souverain, on négociera une association
économique avec ces mêmes ennemis jurés et tout ira pour le
mieux dans le meilleur des mondes. En attendant, on dit à la population:
Faites-nous confiance, on le mérite bien.
Je regrette, mais la population mérite mieux que cela. Si 41% des
Québécois ont accordé leur vote au Parti
québécois à la dernière élection, c'est
qu'ils espéraient autre chose que des slogans vides de sens et des
paroles creuses pour tenter de masquer la réalité. A titre
d'exemple, vous en conviendrez vous-même, M. le Président, la
population avait droit à ce que le gouvernement respecte ses engagements
quant à la réforme électorale. Les candidats
péquistes n'avaient-ils pas promis d'assainir les moeurs politiques du
Québec? On a bien voté la loi 2 sur le financement des partis
politiques; finies les contributions des compagnies aux partis politiques, ont
clamé en choeur les gens du Parti québécois, finies les
caisses occultes, renchérissait le premier ministre, lui qui a
lui-même été élu trois fois à même ces
caisses dites occultes.
Pendant ce temps, les associations de comté du Parti
québécois fondaient des journaux et allaient vendre leurs
annonces aux compagnies, aux entreprises qui, souvent, sont les mêmes qui
font affaires avec le gouvernement. Lorsque le Parti libéral a
soulevé la chose, le premier ministre, bien entendu, a piqué une
sainte colère prétextant que si les personnes qui faisaient la
sollicitation étaient des bénévoles et que si, de toute
façon, les journaux étaient déficitaires, il n'y avait
là rien de répréhensible. En fait, il a fallu l'insistance
de l'Opposition, mais surtout le jugement sévère des
éditorialistes et des observateurs québécois pour que le
premier ministre annonce enfin que le gouvernement prendrait bientôt les
moyens, les mesures pour faire cesser cette pratique. Avec sa transparence et
sa candeur bien connues, le premier mi- nistre accusait, du même souffle,
le Parti libéral d'avoir attendu trop longtemps pour dénoncer cet
état de choses, comme si c'étaient les libéraux qui
avaient contourné la Loi sur le financement populaire plutôt que
les péquistes. Encore une fois, faites ce qu'on dit, mais ne faites pas
ce qu'on fait.
Pour les présidents d'élection, même
scénario. Le gouvernement forme un comité de
députés péquistes qui a pour mandat de faire des
recommandations sur les réformes apportées à la Loi
électorale. Celui-ci recommande que, dorénavant, les
présidents d'élection soient nommés par le directeur
général des élections, après concours public, sans
aucune intervention du pouvoir politique. (17 h 30)
Or, pendant que tous applaudissent à cette réforme
proposée, le premier ministre, lui-même, remplace 40
présidents d'élection à travers la province. Lorsqu'on lui
pose la question, il nous prévient qu'il en remplacera d'autres. On lui
fait remarquer que les personnes nouvellement nommées sont toutes
reconnues, sans exception, pour leurs allégeances au Parti
québécois. Le premier ministre nous répond tout
simplement: Les péquistes aussi ont le droit de vivre. Ils ont d'autant
plus le droit de vivre, M. le Président, qu'ils sont beaucoup plus
compétents et beaucoup plus disponibles que les personnes qu'ils
remplacent. De l'avis du premier ministre! Tellement compétents et
tellement disponibles que, dans le cas de Hull, on a nommé un
résident de l'Ontario; dans Robert Baldwin et dans Laprairie les
personnes si disponibles ont dû, à nouveau, être
remplacées moins de deux mois après leur nomination. Dans
Bourget, comme dans plusieurs autres comtés, on a remplacé des
gens qui faisaient le travail à temps plein, c'est-à-dire dont
c'était la seule source de revenus, par des amis du Parti
québécois qui le font maintenant à temps partiel. Dans
Champlain, c'est le représentant officiel du Parti
québécois, lors du recensement de 1978, qui s'est vu nommé
président d'élection, alors que, dans Lafontaine, c'est l'agent
officiel, lors de deux élections, du député actuel de
Lafontaine et ministre délégué à
l'environnement.
Bien entendu, M. le Président, le premier ministre nous a
annoncé que le directeur général des élections
faisait maintenant, à la demande du gouvernement, des
vérifications sur la compétence et la disponibilité des
personnes qui sont maintenant nommées; ce qu'il a oublié de
mentionner, c'est que ce sont toujours les péquistes, dans chaque
comté, qui font les recommandations.
Dans le cas de Hull, M. le Président, le président
limogé en novembre dernier, M. Cartier Mignault, qui était
forcément incompétent et pas assez disponible, est demeuré
en poste, bien entendu, à cause de l'imbroglio que l'on connaît.
Non seulement est-il encore en poste, mais le bureau du directeur
général des élections lui a même demandé et
confié la tâche de donner des cours aux présidents
d'élection d'autres comtés qui sont moins bien
informés.
Je pense que c'est là la preuve que, en tout cas, le directeur
général des élections reconnaît à M. Mignault
une certaine compétence et une certaine disponibilité. On serait
porté à croire, devant ces faits, qu'on se contentera de laisser
M. Mignault à son poste; je le souhaite bien, sauf que, selon les
informations que je possède, les péquis-tes de Hull sont toujours
à la recherche d'un candidat pour remplacer M. Mignault. Je parie, M. le
Président, qu'il ne faudrait pas se surprendre si, prochainement, on
voyait passer un arrêté en conseil nommant un certain avocat du
nom de Marchildon président d'élection du comté de
Hull.
Encore là, M. le Président, le premier ministre nous
suggère d'attendre la réforme globale de la Loi
électorale. De cette façon, il pourra saisir l'occasion,
entre-temps, de placer les amis du Parti québécois à la
présidence de la plupart des comtés, avant le
référendum; car seuls les péquis-tes peuvent être
objectifs, compétents, disponibles, du moins assez pour satisfaire aux
exigences du premier ministre.
Encore une fois, M. le Président, écoutez ce que je dis,
mais ne regardez pas trop ce que je fais. Il est important que la population,
d'un côté, ne soit pas privée de son représentant
à l'Assemblée nationale trop longtemps, dixit le premier
ministre, en juin dernier, en parlant de Notre-Dame-de-Grâce. A ce
moment, il pensait pouvoir en tirer un profit pour le Parti
québécois. A la suite de la cinglante défaite du Parti
québécois, dans Notre-Dame-de-Grâce, dans la ville de
Saint-Pierre, dans tout le comté, le premier ministre est maintenant
moins pressé de déclencher des élections partielles dans
les comtés de Jean-Talon et d'Argenteuil; c'est devenu moins urgent et
moins important.
M. le Président, vous en conviendrez, les beaux principes qu'on
prêchait en juin 1978 ont cédé la place à
l'opportunisme strictement partisan du premier ministre, comme c'est le cas
pour le référendum. Il cherche le moment le plus susceptible de
servir les intérêts du Parti québécois. Les
intérêts de la population, cela passera après, M. le
Président.
L'hésitation du premier ministre, par contre, à
déclencher des élections complémentaires ne devrait
surprendre personne. Ce gouvernement qui gouverne à partir de sondages
sait fort bien que les populations d'Argenteuil et de Jean-Talon ont un message
à transmettre au Parti québécois. Le premier ministre sait
que les électeurs de ces deux comtés ont hâte de pouvoir
exprimer de façon tangible ce qu'ils pensent des hésitations et
des tergiversations du parti au pouvoir et de son option constitutionnelle. Ils
ont hâte de dire au gouvernement que, comme une majorité de
Québécois fiers de l'être, ils veulent continuer à
demeurer Canadiens parce qu'ils croient comme nous que le
fédéralisme canadien servira mieux les vrais
intérêts des Québécois. Ils ont surtout hâte
d'exprimer clairement qu'ils ne sont pas dupes des stratégies
référendaires et des stratégies inspirées
par Doris Lussier de ce gouvernement qu'on retrouve en face.
En particulier dans Argenteuil, les électeurs ont hâte de
démasquer l'hypocrisie du Parti québécois qui reproche au
chef du Parti libéral, M. Claude Ryan, de ne pas être
résident du comté, alors que près d'une douzaine des
membres du cabinet de ce gouvernement sont exactement dans la même
situation. Encore là, ne faites pas ce qu'on fait, faites ce qu'on dit.
A titre d'exemple, mentionnons le député de Dorion et ministre
des Consommateurs. Mentionnons le ministre délégué
à l'énergie et député de Mille-Iles qui tous deux
habitent des châteaux à l'extérieur de leur comté.
Mentionnons encore le député de Fabre et ministre d'Etat au
développement économique, le député de Bourget et
ministre d'Etat au développement culturel, tous les gros
"superministers", le député de Matane et ministre des Terres et
Forêts qui m'a précédé tantôt, le
député de Maisonneuve et ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire. Ce sont là des gens
qui tous n'habitent pas leur comté. Et le premier ministre, lui! Non
seulement le premier ministre n'habite pas le comté de Taillon qu'il
représente à l'Assemblée nationale, mais saviez-vous qu'en
1970, lorsqu'il était candidat du Parti québécois dans le
comté de Laurier, il n'était pas résident du comté
de Laurier? En 1973, à titre de candidat du Parti
québécois dans le comté de Dorion, il n'était pas
non plus résident du comté de Dorion. C'est la troisième
fois que le premier ministre se présente dans un comté où
il n'a aucune attache, où il ne réside pas, et ce sont ces
mêmes gens qui vont venir reprocher au chef du Parti libéral
d'être candidat du parti dans le comté d'Argenteuil. En fait, M.
le Président, qu'on soit sérieux. Le leader du gouvernement et le
ministre du Travail sont allés s'époustoufler à la
convention du candidat péquiste dans Argenteuil, et c'est tout ce qu'on
a pu trouver à dire. Je les inviterais à faire pression sur le
premier ministre pour que les élections dans Argenteuil comme dans
Jean-Talon aient lieu le plus tôt possible. Ils verront bien ce que les
gens d'Argenteuil et de Jean-Talon pensent de leurs beaux discours.
M. le Président, les électeurs d'Argenteuil en particulier
voudraient également faire savoir au gouvernement qu'ils ne se
contenteront plus de beaux discours et de promesses quant au
parachèvement de l'autoroute A-50 vers Mirabel. Depuis plus de deux ans
qu'il est au pouvoir, le Parti québécois n'a même pas
profité des millions de dollars disponibles du gouvernement
fédéral dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale signée en 1972. J'entendais le
ministre des Terres et Forêts tantôt faire de la démagogie
sur les investissements du fédéral. Encore faudrait-il que
lorsque le fédéral signe des ententes avec le gouvernement du
Québec et que le gouvernement du Québec est maître d'oeuvre
de ces travaux, le gouvernement du Québec ne prenne pas deux ans
à inaugurer les travaux. (17 h 40)
Dans le comté de Jean-Talon, M. le Président, la
population a hâte de dire au gouvernement ce qu'elle pense de la
politisation de la fonction publique. Les fonctionnaires de carrière qui
habitent
le comté, oui, n'acceptent pas que la valeur de leur travail soit
mesurée à partir de leur allégeance au Parti
québécois. Ils n'acceptent pas, non plus, que, dans plusieurs
cas, dans plusieurs ministères, ils doivent subir les caprices partisans
du personnel politique des cabinets de ministres. D'ailleurs, comment expliquer
la présence dans la haute fonction publique d'un aussi grand nombre de
candidats défaits du Parti québécois à la
dernière élection? Les jeunes intéressés à
faire carrière dans l'administration publique québécoise
en sont même venus à croire qu'ils doivent posséder leur
carte du Parti québécois pour pouvoir y accéder. Tout cela
d'un gouvernement qui nous prêchait et qui nous prêche encore
l'assainissement de l'administration gouvernementale. Ce sont là des
messages, M. le Président, que les personnes des comtés de
Jean-Talon et d'Argenteuil voudraient bien avoir l'occasion de passer au
gouvernement et ce, le plus tôt possible.
Il ne faut pas se surprendre, comme je le disais tantôt, que le
premier ministre n'ait pas encore déclenché les élections
partielles dans ces deux comtés, conscient qu'il est du résultat
qui l'attend. Mais, justement, il ne perd rien pour attendre. Tôt ou
tard, il devra faire appel aux électeurs et je parie aujourd'hui, M. le
Président, que ce sera probablement en pleine campagne
fédérale, car le premier ministre est très habile; il
verra là une façon de privilégier son parti. Je suis
sûr qu'il n'hésitera pas à saisir l'occasion.
Mais, quelle que soit la date, une chose est certaine: les comtés
de Jean-Talon et d'Argenteuil continueront de faire confiance au Parti
libéral du Québec. Dans le cas du comté d'Argenteuil, ce
n'est pas seulement un député que les électeurs se
donneront, mais c'est aussi le prochain premier ministre du Québec.
C'est-y assez fort cela, M. le Président? C'est-y assez clair?
J'inviterais...
Des Voix: L'ayatollah!
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Oui. Cela vous achale? Je le répète, M.
le Président.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: Restez tranquilles, il n'est pas encore
arrivé.
M. Gratton: Je répète, M. le Président,
que...
Une Voix: L'ayatollah Ryany.
Une Voix: II va vous organiser.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
Des deux côtés de la Chambre.
M. Gratton: Je dis donc, M. le Président, que le prochain
député dans le comté d'Argenteuil sera également le
prochain premier ministre du Québec. J'insiste pour dire que,
contrairement à l'actuel premier ministre, il n'en sera pas un qui
prêche une chose et qui fait le contraire. J'inviterais le premier
ministre actuel à l'imiter à ce point de vue là.
Une Voix: Votez Parti québécois en 1976.
Une Voix: Ma décision est irrévocable.
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre!
M. Gratton: M. le Président...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jonquière): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gratton: Dois-je répéter, M. le
Président, ma conviction profonde que le prochain député
d'Argenteuil, M. Claude Ryan, sera le prochain premier ministre du
Québec. M. le Président, une autre fois peut-être?
M. le Président, pourrais-je demander autant de
sévérité de votre part que celle que vous avez
exercée à l'endroit du député de Shefford? Cela
fait quand même cinq minutes que je suis debout et je n'ai pas eu
l'occasion...
Le Président suppléant (M. Vaillancourt,
Jon
quière): Je pense que votre analogie, M. le
député de Gatineau, est extrêmement boiteuse et que le
député de Shefford, tout à l'heure, a fait des choses
beaucoup plus graves que celles que sont en train de faire les
députés actuellement des deux côtés ce cette
Chambre. Je pense que votre comparaison n'est pas à sa place.
M. Gratton: Puis-je vous dire, M. le Président, que je ne
partage pas du tout le jugement que vous faites et qu'en l'occurrence les
remarques des députés d'en face m'indisposent
énormément. Je vous inviterais, à titre de
président de cette Assemblée, à bien vouloir faire
respecter l'ordre tel qu'il est prévu dans le règlement.
Merci.
M. le Président, j'ai l'habitude de profiter du débat
élargi qui est celui du discours inaugural pour soulever certains des
problèmes que connaît le comté que je représente
à l'Assemblée nationale car je suis un de ceux qui croient que le
premier devoir d'un député, c'est de faire valoir auprès
du gouvernement le point de vue des gens qu'il représente. Bien entendu,
ce travail se fait surtout au niveau de l'administration courante, à
tous les jours. Mais il est utile que les dossiers importants d'un comté
ou d'une région trouvent à l'occasion un écho à
l'Assemblée nationale. Or, M. le Président, chez nous comme
ailleurs, nous avons également eu droit à de nombreuses promesses
du Parti québécois durant et depuis la dernière campagne
électorale. Promesses qui, dans les faits, ont été suivies
par des actions complètement contraires.
On a parlé de décentralisation, de remettre le plus de
pouvoirs possible aux autorités locales. Mais, dans les faits, dans
l'Outaouais, on a assisté à une véritable chasse aux
sorcières pour tenter, par tous les moyens possibles, de
discréditer les autorités locales. On a d'abord eu la mise en
tutelle de la commission scolaire Outaouais-Hull, laquelle a finalement
été jugée invalide par les tribunaux. L'enquête sur
son administration et sur l'administration de la commission scolaire
régionale de l'Outaouais, parce que la commission scolaire
Outaouais-Hull et trois autres commissions scolaires de la région
refusaient de se plier à une directive du ministre de l'Education qui
aurait entraîné une hausse considérable des taxes pour les
contribuables de l'Outaouais, s'est avérée futile aux yeux du
ministre et de son collègue, député de Hull puisqu'elle ne
devait révéler absolument rien d'anormal.
On a également eu l'enquête sur l'administration de la
Commission de transport de la communauté régionale de
l'Outaouais, enquête qui dure depuis plus d'un an mais où le
gouvernement refuse toujours de rendre les conclusions publiques. C'est
à se demander si le gouvernement n'est pas, là aussi,
déçu de n'avoir rien trouvé de
répréhensible. Nous avons assisté au limogeage du
président de la Communauté régionale de l'Outaouais, M.
Jean-Marie Séguin, contre la volonté unanime de tous les maires
de la région. D'ailleurs, c'est à l'occasion de ce limogeage que
le ministre des Affaires municipales nous avait promis une réforme
globale de la Loi de la communauté régionale de l'Outaouais,
réforme que nous attendons toujours mais dont on ne parle plus depuis
déjà un an.
On a eu droit aussi à une dénonciation publique, de la
part du ministre des Travaux publics et député de Hull, de
l'administration du bureau d'enregistrement du district de Hull. Le
député de Hull avait même réclamé
publiquement une enquête du ministre de la Justice. Depuis plus d'un an,
M. le Président, je tente sans succès de savoir du ministre de la
Justice où en est rendu ce dossier. Il est évidemment difficile
pour lui d'admettre que les accusations de son collègue des Travaux
publics étaient encore une fois sans fondement.
Quant au développement du réseau routier régional
alors que le gouvernement libéral antérieur avait amorcé
sa construction dans le cadre d'une entente fédérale-provinciale
signée en 1972, tout est resté en plan depuis l'élection
de 1976. Il y a bien eu l'élargissement de la rue Saint-Raymond et la
construction de certaines structures dans le comté de Papineau pour
l'autoroute A-50. Mais pas un seul kilomètre de nouvelle route n'a
été inauguré depuis plus de deux ans, dans le cadre d'une
entente en vertu de laquelle le gouvernement fédéral
défraie 50% des coûts, M. le Président, qui sont
estimés à plus de $120 millions.
Absolument rien ne s'est fait sur l'axe McConnell-Laramée pour
améliorer la circulation entre Hull et Aylmer. Absolument rien non plus
sur l'autoroute A-5 dont le parachèvement constitue de l'avis de tous le
seul espoir de valoriser le potentiel touristique de la région de la
Haute-Gatineau. Dernièrement, M. le Président, au cours de la
fameuse tournée des ministres, et le ministre des Transports et le
député de Hull sont venus annoncer à grand renfort de
publicité que le gouvernement péquiste entend compléter
ces deux projets prochainement. M. le Président, ce serait bien le
comble si on ne profitait pas du fait que le fédéral en paie la
moitié pour construire et réaliser ces projets qui sont
essentiels pour l'avenir de la région et qui sont reconnus comme tels
par tous. Il faut croire que comme au bon vieux temps de l'Union Nationale, M.
le Président, on commencera les travaux juste avant les
élections; il faut bien s'en rendre compte, après avoir sorti la
statue de M. Duplessis des oubliettes, on sort maintenant les mêmes
méthodes électorales.
C'est le "candy" électoral. C'est la montée vers le
référendum. Et si, effectivement, les projets dont je vous
entretiens devaient être... (17 h 50)
M. Bellemare: Je tiens à faire une rectification en vertu
de nos règlements. L'honorable député vient d'accuser
l'Union Nationale d'avoir eu certaines tactiques électorales. Je pense
que quand, au mois d'octobre, il y avait de la neige dans le comté de
Bellechasse et qu'on faisait du sarclage à ce moment, le Parti
libéral était bien plus condamnable que l'Union Nationale, M. le
Président.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je ne voulais sûrement
pas choquer le député de Johnson par mes propos. Je disais
simplement qu'autres temps mêmes moeurs. On procède par "candy"
électoral, sauf que, dans le cas du gouvernement actuel, c'est
peut-être un "candy" référendaire. A tout
événement, M. le Président, si tel est le cas, qu'on le
tienne au plus sacrant le référendum car cela presse à
plus d'un point de vue, M. le Président.
Il est un autre dossier qui revêt une importance capitale pour
l'avenir économique de deux régions québécoises,
soit le Témiscamingue et l'Outaouais et où le gouvernement actuel
traîne également les pieds. Il s'agit du projet de la route devant
relier le Témiscamingue à la Haute-Gatineau dans la région
de Maniwaki. Cette route trouve son importance dans le fait qu'elle ouvrira
l'accès à des ressources forestières couvrant une
superficie de 1524 milles carrés, dont la qualité et l'ampleur
sont tellement considérables qu'elles nécessiteront
l'implantation d'un complexe forestier intégré localisé
dans la Haute-Gatineau, qui nécessitera des investissements qu'on
évalue à un minimum de $60 millions. A lui seul le complexe
entraînerait la création directe de 400 nouveaux emplois, en plus
de maintenir 200 emplois existants dans une industrie déjà en
place et qu'on prévoit intégrer au complexe.
Inutile d'insister sur l'importance du projet pour une région
comme la Haute-Gatineau où la main-d'oeuvre spécialisée
abonde, mais où, à certaines périodes de l'année,
environ 50% des travailleurs sont en chômage. Ce dossier fait l'objet
d'études au ministère des Terres et Forêts et à la
Société d'aménagement de l'Outaouais depuis maintenant
plus de cinq ans. Une entente auxiliaire Canada-Québec signée en
juin 1977 prévoit même pour sa construction une somme de $14,4
millions dont 60% payables par le gouvernement fédéral. Le
maître d'oeuvre, M. le Président, est le gouvernement du
Québec. Il ne s'agit donc pas de demander de faire pression sur le
gouvernement fédéral, mais bien sur le gouvernement du
Québec pour que les travaux commencent au plus tôt. Ils sont
d'ailleurs commencés dans la région du Témiscamingue, mais
malheureusement, pour des raisons qu'on ignore mais que certains devinent, rien
ne s'est encore fait dans l'Outaouais.
J'invite le ministre des Terres et Forêts et le ministre d'Etat
à l'aménagement à mettre fin à leurs
hésitations dans ce dossier. Qu'on accepte d'abord la recommandation des
experts-conseils de faire déboucher cette route dans les environs de
Maniwaki et nulle part ailleurs. Ceci permettra de commencer tout de suite la
préparation des plans et devis de façon que la construction soit
mise en chantier dans les meilleurs délais. Il faudrait aussi que le
ministère des Terres et Forêts accepte le principe de
révoquer les droits des concessionnaires forestiers présentement
en vigueur dans le territoire et qu'il réserve ce territoire
d'approvisionnement exclusivement au futur complexe industriel forestier.
Selon les experts, cette garantie d'approvisionnement constitue un
élément essentiel pour attirer les investissements
nécessaires à la réalisation du complexe. Il faudrait,
bien entendu, que dès cette année le ministère des Terres
et Forêts réserve les budgets appropriés pour que les
travaux de construction de la route forestière puissent débuter
au cours de la prochaine saison estivale.
Finalement, comme les études démontrent que l'exploitation
de la matière ligneuse devra être de type intégré,
c'est-à-dire que tous les arbres, résineux et feuillus, devront
être récoltés simultanément, le ministère
devra amender les règlements actuels régissant l'exploitation des
bois. J'en ai pour trente secondes, M. le Président.
Le Président: Merci, M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: II est essentiel et impératif que le
ministère prenne des positions définitives sur tous ces points. A
mon avis, le gouvernement ferait preuve d'irresponsabilité impardonnable
s'il devait hésiter encore longtemps dans ce dossier. Il y a là
une occasion unique pour le gouvernement du Québec, avec la
participation financière du gouvernement fédéral, de
revaloriser deux régions du Québec qui en ont grandement besoin.
J'invite donc tous les intéressés et surtout le ministre d'Etat
à l'aménagement à éviter de poser quelque geste
susceptible d'en retarder la réalisation.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Compte tenu de l'heure, M. le Président,
puis-je demander la suspension du débat?
Le Président: Y a-t-il consentement?
Une Voix: Nous l'accordons.
Le Président: A 20 heures ou à 20 h 15?
M. Gendron: A 20 heures.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, à 20 heures, vous aurez le droit de parole.
L'Assemblée suspend ses travaux en conséquence
jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 57
Reprise de la séance à 20 h 13
La Vice-Présidente: A l'ordre, mesdames et messieurs!
C'est le député de Lac-Saint-Jean qui avait demandé
la parole, au moment de la suspension des travaux de cette
Assemblée.
M. le député.
M. Marchand: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Sur une question de règlement,
M. le député?
M. Marchand: Je voudrais vous demander une directive, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Laurier.
M. Marchand: Je voudrais vous demander à quelle heure on
avait proposé la reprise de la séance? Est-ce que c'était
à 20 heures?
La Vice-Présidente: M. le député, vous savez
comme moi que la suspension avait été demandée et que nous
devions reprendre nos travaux à 20 heures.
M. Marchand: Alors, Mme la Présidente, je voudrais vous
faire remarquer que, puisque nous avons perdu douze minutes, si vous les
multipliez par 110 députés, nous avons perdu exactement 22 heures
de travail.
La Vice-Présidente: Merci de vos considérations, M.
le député de Laurier.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je constate, Mme la Présidente, que le
député de Laurier est fort en calcul.
M. Marchand: J'ai additionné plus souvent que vous, dans
ma vie.
La Vice-Présidente: M. le député de Laurier,
puis-je vous demander, puisque nous avons déjà perdu tant de
temps, de commencer immédiatement?
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, Mme la Présidente.
On sait que le règlement de cette Chambre, lors du débat
sur le message inaugural, nous permet de parler sur n'importe quel sujet; ce
n'est pas, en somme, un débat restreint à un seul sujet.
Malheureusement, notre règlement est souvent interprété
par certains comme si parler sur n'importe quel sujet, ça voulait
signifier: dire n'importe quoi, sans se soucier de la véracité de
ces propos, sans se faire de scrupule à colporter menteries et
demi-vérités, sans se gêner pour déformer
grossièrement la pensée et les thèses d'autrui. Je dois
dire que cette réflexion m'est venue, Mme la Présidente, en
entendant les discours des deux chefs de l'Opposition. A les écouter, en
effet, on en arrive à la conclusion que le sens du règlement,
c'est de dire n'importe quoi. C'est regrettable, à mon sens, c'est
même déplorable, compte tenu du poste que ces messieurs
occupent.
On leur permettra donc quelques commentaires et remarques sur les propos
des Oppositions, à l'occasion de ce débat sur le message
inaugural. Comme ces Oppositions, soit le Parti libéral ou l'Union
Nationale, ne se gênent pas pour accabler le gouvernement, pour le
submerger sous un flot de critiques négatives, je ferai donc cet
exercice sans aucun remords, Mme la Présidente.
Le chef de l'Opposition officielle, dans son discours, dans son
intervention, a beaucoup insisté sur le fait que, selon lui, le
gouvernement actuel est un gouvernement d'images, un gouvernement de mythes, et
il a tenté, dans sa longue intervention, de le démontrer. Or, en
l'entendant, il m'est revenu à l'esprit l'histoire
évangélique de la poutre et de la paille dans l'oeil. Le chef de
l'Opposition scrutait avec minutie la paille dans l'oeil du voisin dans
l'oeil du gouvernement mais il ne se rendait pas compte de la poutre
qu'il y avait dans son oeil. Car s'il y a une constatation qui, à mon
sens, crève les yeux et qui est l'évidence même, c'est
celle-ci. Si le gouvernement, selon l'Opposition et c'est fort
discutable est un gouvernement d'images et de mythes, il nous faut
convenir que nous avons devant nous une Opposition d'images, une Opposition de
mythes, une Opposition de clichés usés, une Opposition de lieux
communs, de banalités, de redites, une Opposition, comme le dit mon
collègue, miteuse, une Opposition de cassettes. On nous reproche et on
reproche au gouvernement de véhiculer des images et des mythes. Je le
répète, c'est fort discutable. Et en nous le reprochant et au
moment même où on nous le reproche, on diffuse soi-même des
images et des mythes. Au moment même où on nous le reproche, on
radote de vieux clichés insignifiants.
Je voudrais donner un exemple, Mme la Présidente, de
clichés, d'images, fausses d'ailleurs. C'est le cliché, c'est le
mythe de la confusion, l'image fausse de la confusion véhiculée
par l'Opposition libérale et l'Union Nationale aussi. Depuis deux ans,
depuis en fait la prise du pouvoir, l'accession au pouvoir du Parti
québécois, sans relâche, sans répit, l'Opposition
officielle claironne partout que notre option est confuse, qu'elle est
ambiguë et qu'elle est contradictoire, et le chef de l'Union Nationale n'a
pas cessé de le répéter dans son intervention. Nous
entretenons, disent-ils, la confusion sur notre option. Notre option est
ambiguë, elle n'est pas claire.
Je dis, Mme la Présidente, depuis deux ans, depuis novembre 1976
seulement, parce que, avant 1976, avant novembre 1976, avant notre accession au
pouvoir, c'est extraordinaire comme notre option était claire. C'est
extraordinaire comme notre option était précise, qu'elle ne
comportait pas d'ambiguïté, qu'elle ne comportait pas de confusion.
Je sais d'expérience plusieurs de mes collègues aussi
ayant vécu comme militant les élections de 1970 et de 1973
et comme candidat celles de 1976, que pendant tout ce temps et depuis, en fait,
la fondation du Parti québécois en 1968 pendant tout ce
temps jusqu'en 1976, jusqu'aux élections de 1976 jamais je n'ai
entendu dire de la part d'un libéral, y compris les chefs: Votre option
est confuse, votre option est ambiguë; ce n'est pas clair,
précisez-la, clarifiez-la, c'est obscur. Jamais je n'ai entendu de tels
propos de la part des Oppositions depuis la fondation du parti jusqu'à
l'accession au pouvoir en novembre 1976. Ni en 1970, ni en 1973, ni en 1976.
(20 h 20)
Au contraire, elle était étonnamment claire, notre option.
Elle était tellement claire et tellement précise qu'on consacrait
tout le temps, du côté de l'Opposition, à essayer de la
discréditer, de la ternir, de la déformer, mais on ne perdait pas
une seule minute pour nous sommer de la définir. Elle était
claire. Depuis deux ans, depuis l'accession au pouvoir du Parti
québécois, tout d'un coup l'Opposition a
décrété que notre option était confuse,
imprécise. Subitement, ce fut l'éclair de génie, la
révélation d'en haut: notre option n'était pas claire.
Depuis ce grand moment, depuis cette grande découverte, depuis ce
grand tournant dans l'évolution intellectuelle du Parti libéral,
tellement passionnante par ailleurs, les libéraux et l'Union Nationale
aussi ne cessent de propager le mythe de la confusion. Pourtant, Mme la
Présidente, est-il besoin de le dire, notre option n'a pas
substantiellement changé depuis 1967. Essentiellement, c'est toujours la
même option désignée depuis 1967 par la même
expression: souveraineté-association.
Je pourrais citer bien des documents à partir de 1967 pour
démontrer qu'essentiellement notre option n'a pas changé. C'est
toujours la même.
Les diverses éditions du programme du parti en 1969, celui de
1970, celui de 1972, "Option Québec 1967", le manifeste de 1972 "Quand
nous serons vraiment chez nous", les diverses éditions du parti 1971,
édition 1975, la déclaration du premier ministre en Chambre le 10
octobre 1978, le manifeste du conseil exécutif national paru
récemment "D'égal à égal", on pourrait reprendre
tous ces documents et démontrer que, substantiellement, l'option du
parti n'a pas changé, est essentiellement demeurée la
même.
La confusion, par conséquent, M. le député de
Laurier, n'existe pas. L'ambiguïté n'existe pas, sauf dans votre
esprit. La confusion n'existe que dans l'esprit de l'Opposition. Elle n'existe
pas dans l'esprit des militants du parti et elle n'existe pas non plus, cette
confusion, dans l'esprit des citoyens du Québec. Quand on les rencontre,
car on les rencontre aussi souvent que ces messieurs et collègues de
l'Opposition, quand on rencontre les citoyens du Québec et qu'on leur
explique notre option, c'est étonnant comme ils sont loin de la trouver
confuse, de la trouver ambiguë. Ils la trouvent très claire et plus
ils la connaissent cette option je parle des citoyens du Québec
évidemment; je ne parle pas des députés de l'Opposition
plus ils y donnent leur adhésion.
Les progrès constants et réguliers de notre option
illustrent ce fait; quand notre option est bien connue des citoyens, les
adhésions se multiplient et les adhésions augmentent. C'est ce
qui inquiète grandement, d'ailleurs, les libéraux et les
Oppositions. C'est pourquoi ils s'efforcent, depuis deux ans, d'enraciner,
d'essayer d'enraciner dans l'opinion publique, d'inoculer dans l'opinion
publique le mythe de la confusion. C'est pourquoi, aussi, ils réclament
sans cesse, depuis deux ans, la tenue immédiate du
référendum, c'est parce que notre option ne cesse de progresser
chez nos concitoyens québécois. L'Opposition, par
conséquent, est une Opposition d'images. C'est une Opposition de
clichés. C'est une Opposition de mythes, de lieux communs.
On pourrait donner bien des exemples de ces clichés que
véhicule l'Opposition. Celui, par exemple, de la troisième voie,
le mythe de la troisième voie, quand on sait fort bien qu'il n'y a pas
de troisième voie possible et qu'il n'y en aura pas non plus et que
toute l'histoire des négociations constitutionnelles est là pour
le démontrer et pour illustrer l'impossibilité de cette
troisième voie. Le chef du Parti libéral est également
là pour le dire que la troisième voie est impossible. Du moins,
il le disait autrefois, en 1967, par exemple, en commentaire au choix
historique que M. Lévesque venait de faire. Claude Ryan, à
l'époque, fait le commentaire suivant. Claude Ryan, le chef du Parti
libéral. "On a discuté, écrit-il, jusqu'à
maintenant comme s'il pouvait y avoir quatre, cinq ou six options
différentes. C'était une situation commode pour ceux qui
voulaient éviter de choisir clairement." Remarquez, c'est génial,
c'est merveilleux. "C'était une situation commode pour ceux qui
voulaient éviter de choisir clairement c'est M. Ryan qui
écrit cela.
M. Marchand: D'accord.
M. Brassard: Le député de Laurier est d'accord.
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. le député.
M. Brassard: Je continue, Mme la Présidente.
M. Marchand: Mme la Présidente, je pourrais vous dire que
le député de Laurier répondra en temps et lieu.
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Brassard: J'attends avec impatience, Mme la Présidente,
l'intervention brillante du député de Laurier. M. Ryan continue:
"Le mérite principal de M. Lévesque, c'est de nous rappeler qu'en
définitive les choix se réduiront à deux. Il n'y a pas de
troisième voie, M. Ryan a bien raison.
Une Voix: Avait.
M. Brassard: Avait raison. L'unique penseur du Parti
libéral qui tente présentement de cogiter à cette
troisième voie et qui livrera peut-être à ses ouailles un
jour le fruit de ses vastes pensées pensait ainsi il y a un peu plus de
dix ans. Prétendre qu'il y a une troisième voie, Mme la
Présidente, c'est berner et duper la population. L'Opposition est une
Opposition d'images et de mythes, elle prétend que le gouvernement est
un gouvernement d'images, ce qui est très discutable, mais c'est aussi
une Opposition d'images et de mythes et de lieux communs.
J'aimerais également en citer un autre de ces clichés ou
de ces mythes. Il est surtout particulier à l'Union Nationale,
celui-là. C'est le cliché de l'Etat pieuvre, le cliché de
l'Etat accapareur, de l'Etat cannibale mangeur d'hommes, de l'Etat
inter-ventioniste, de l'Etat qui s'ingère partout, de l'Etat, comme
dirait Nietzsche, le plus froid des monstres froids, de l'Etat qui
procrée des sociétés d'Etat, cette engeance monstrueuse
qui vit en parasite de la société. C'est le cliché
préféré du chef de l'Union Nationale. (20 h 30)
Pourtant, il faut dire d'abord que cet Etat est incomplet, que c'est un
demi-Etat; ce sera terrible quand ce sera un Etat tout entier. Mais il faut
surtout souligner le rôle important, considérable joué par
les partis d'Opposition, le Parti libéral et le parti de l'Union
Nationale, dans l'accroissement de la place de l'Etat dans notre
société, le rôle considérable joué par ces
partis dans la mise en place des sociétés d'Etat
québécoises que nous connaissons présentement. Je voudrais
procéder à une brève énumération. C'est
édifiant.
Prenons les états financiers des entreprises du gouvernement du
Québec, simplement la table des matières. Je ne vous les citerai
pas toutes, il y en a beaucoup. Enfin, en voici quelques-unes,
quelques sociétés d'Etat: la Caisse de dépôt
et placement, qui a été créée par le gouvernement
libéral de M. Lesage; l'Hydro-Québec, qui a été
créée par le gouvernement de M. Godbout, en 1942 ou en 1943, et
qui a été renforcée considérablement par le
gouvernement de M. Lesage avec la nationalisation de
l'électricité; l'Office de radio-télédiffusion du
Québec, qui a été créé par un gouvernement
de l'Union Nationale, M. le député de Bellechasse, en 1969;
l'Office du crédit agricole, qui a été créé
par M. Duplessis, de l'Union Nationale, est une société d'Etat;
la Raffinerie de sucre du Québec, a été
créée en 1943 par un gouvernement libéral mené par
M. Godbout.
J'en passe quelques-unes. La Régie des rentes du Québec,
sous le gouvernement de M. Lesage, du temps de la révolution tranquille.
Je vois M. le député de Laurier qui acquiesce. SIDBEC et ses
filiales, SIDBEC le souffre-douleur, la bête noire du chef de l'Union
Nationale, a été créée en 1968 par un gouvernement
de l'Union Nationale.
Des Voix: Ah!
M. Brassard: La Société de développement de
la baie James a été créée par le gouvernement de M.
Bourassa en 1970; la Société de développement industriel
du Québec, la SDI, a été créée en 1971 par
un gouvernement libéral. REXFOR a été créée
par un gouvernement libéral, par M. Lesage. Pour la
Société des alcools du Québec, il faut remonter loin,
à la Commission des liqueurs sous M. Taschereau en 1920. Un communiste,
M. Taschereau! La Société d'exploitation des loteries et courses
du Québec, en 1969, a été créée par un
gouvernement de l'Union Nationale.
Des Voix: Oh!
M. Brassard: La Société d'habitation du
Québec, la SHQ, a été créée en 1966/67 par
un gouvernement de l'Union Nationale.
Des Voix: Oh!
M. Brassard: La Société générale de
financement a été créée sous le gouvernement de M.
Lesage; SOQUEM, sous le gouvernement de M. Lesage; SOQUIA, sous le gouvernement
de M. Bourassa; SOQUIP, Société québécoise
d'initiatives pétrolières, sous le gouvernement de l'Union
Nationale en 1969.
J'en ai cité 17, Mme la Présidente. Sur les 17, 11
sociétés d'Etat ont été créées par
des gouvernements libéraux, soit celui de M. Lesage soit celui de M.
Bourasa, et 6 c'est pourtant la bête noire de l'Union Nationale et
de son chef, les sociétés d'Etat ont été
créées par des gouvernements de l'Union Nationale, sur les 17 que
j'ai citées, dont SIDBEC, ce monstre vilipendé par le chef de
l'Union Nationale.
L'Opposition est une Opposition d'images, de clichés; on le voit
avec ce cliché de l'Etat accapareur. En tout cas, elle n'a pas de
mémoire, elle manque de perspective historique, elle oublie vite. Ils
tentent, actuellement surtout le chef de l'Union Nationale qui a
passé le plus clair de son temps, en réponse au message
inaugural, sur ce sujet de faire croire à la population que le
Parti québécois a inventé l'intervention de l'Etat dans
l'économie et dans la société; que le Parti
québécois est le concepteur et l'inventeur de la
société d'Etat comme instrument d'intervention. On voit
simplement, par rénumération que j'ai faite, que c'est tout
à fait le contraire. L'Opposition fait de la mythologie.
Mme la Présidente, j'essaie de démontrer un peu
comme le chef de l'Opposition officielle qui a tenté de démontrer
que le gouvernement était un gouvernement d'images et de mythes
que les Oppositions sont des Oppositions d'images, de mythes et de
clichés. On pourrait poursuivre l'énumération; je pense,
par exemple, à ce cliché qui veut que le volet association de
notre option soit une invention tout à fait nouvelle, récente,
qu'on a ajoutée, comme ça, très récemment pour
essayer, disent-ils, de tromper la population. On pourrait, à ce moment,
citer de nombreux textes, à partir de 1967, qui démontrent que le
volet association a toujours fait partie de notre option, qu'il a toujours
été un élément essentiel de notre option. On
pourrait parler longuement de ce cliché qui est véhiculé
également par l'Opposition.
Quand il s'agit de véhiculer des images, des mythes, de
l'emballage, comme le disait le chef de l'Opposition officielle dans son
discours, des clichés, des trucs publicitaires et des trucs de
propagande, Mme la Présidente, on n'a pas de leçon à
recevoir des Oppositions, absolument pas. Avant de nous lancer la pierre
le chef du Parti libéral pourrait facilement leur apprendre cet exercice
ils devraient d'abord faire leur examen de conscience. Avant de nous
accuser de manquer de franchise, de manquer de droiture et de clarté,
comme le dit la motion de censure du chef de l'Opposition officielle, ils
devraient commencer et le chef externe du Parti libéral, lui,
l'oint du Seigneur, devrait l'admettre par nous donner l'exemple. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de Robert
Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, Mme la Présidente. C'est mon devoir
de député dûment élu par des Québécois
d'essayer de vous faire réfléchir ou de faire
réfléchir mes concitoyens très sérieusement sur le
passé, le présent et l'avenir de notre société,
ainsi que sur les propos du premier ministre.
Depuis ma jeunesse, j'observe tout le monde autour de moi. J'ai
poursuivi toutes mes études ici, dans la ville de Québec. J'ai
travaillé toute ma vie dans la belle province de Québec et
surtout depuis mon élection, j'ai beaucoup écouté. Ici,
dans cette Assemblée et en commission parlementaire, on parle, on parle
et on parle beaucoup trop sans vraiment analyser les gros problèmes qui
nous affectent aujourd'hui.
Comme vous l'avez deviné, je ne suis pas un politicien
professionnel. Je n'ai pas le verbe ni la plume faciles, mais j'aime beaucoup
ma profession d'arpenteur et ingénieur où je me sens plus
à l'aise. Tout de même, je dois être aussi franc et aussi
simple et direct que possible dans mes remarques. Je constate, Mme la
Présidente, que cela ne va pas bien au Québec. Personne ne pourra
nier ce fait. Il est bien vrai que les fonctionnaires fonctionnent et sont
payés, que les parlementaires parlent et sont payés, mais dans le
vrai monde à l'extérieur de ces murs, il y a au-delà de
300 000 chômeurs. La construction subit la pire crise qu'elle n'a jamais
eue. Les hommes d'affaires, les entrepreneurs, les sièges sociaux, les
experts techniques quittent notre province. Le nombre de faillites commerciales
n'a jamais été aussi élevé. Même nos
entreprises publiques comme SIDBEC et Marine Industrie seraient en faillite si
ce n'était des subventions du gouvernement qui comblent le
déficit. (20 h 40)
Nous ne sommes plus une force unie. Nous sommes maintenant
profondément divisés. Nous sommes de vrais
Québécois, des Québécois tout court, des Canadiens,
des anglophones, des francophones et même des allophones. On a même
réussi à diviser nos institutions entre les bons et les
méchants. Aujourd'hui, les multinationales et les banques sont des
méchants, et les petites et moyennes entreprises et les caisses
populaires sont les bons. Tous ces symptômes sont l'exemple le plus clair
du cancer mortel qui nous frappe, et ce cancer il faut être
très franc c'est le nationalisme exagéré. On
pourrait regarder le dictionnaire Robert et lire la définition de
nationalisme, à la page 1257. Nationalisme: exaltation du sentiment
national, attachement passionné à la nation à laquelle on
appartient, accompagné parfois de xénophobie et d'une
volonté d'isolement.
Vous aimez les slogans. Les slogans pour le nationalisme, c'est la
collectivité avant toute personne. Est-il nécessaire de vous
rappeler les troubles en Iran même aujourd'hui? En Ouganda, en Iran, au
Tchad, etc., et même la dernière guerre mondiale? Je ne puis pas
comprendre comment des hommes adultes dans le monde de 1979 peuvent croire
qu'il y ait de la vertu dans un nationalisme à outrance. Le nationalisme
appuyé sur la religion ou sur une race a été et demeure
encore aujourd'hui la cause des guerres, de la discrimination et des plus
grandes misères qu'a connues le monde.
Faisons ensemble, si cela ne fait pas trop mal, une petite revue de
notre histoire récente comme examen de conscience, si vous voulez.
En1967, lors du centième anniversaire de notre pays, le Canada, on
méritait bien cette fête qui célébrait le travail
d'un siècle de gens de bonne volonté qui ont réussi
à cristalliser la mosaïque du Canada. Cette fête a
duré un an. L'Expo 67, c'était une fête ouverte sur le
monde dont le thème était "Terre des hommes". A cette
époque, on se flattait d'être un pays fort respecté.
N'oublions pas que Expo 67 a été montée par tous les
Canadiens. La réalisa- tion et l'exécution de ce projet ont
été faites en grande partie par les Canadiens français. A
cette époque, le fait français en Amérique du Nord
était plus fort que jamais, comme aujourd'hui d'ailleurs. La ville de
Montréal était l'envie du monde, la deuxième ville
francophone au monde, mais en plus elle bénéficiait d'une
population importante d'anglophones et de ses institutions.
Qui est arrivé, Mme la Présidente? Le bon vieux
général de Gaulle est arrivé 200 ans en retard pour faire
la reconquête de la Nouvelle-France. Celui qui n'a jamais gagné de
bataille, plein de rancoeur pour les batailles perdues et plein de jalousie
à l'endroit de Churchill, aurait fait la conquête de la
Nouvelle-France. Il a dû constater que les Anglais n'y étaient
plus, mais c'est à ce moment-là qu'on a réveillé
cette bête terrible et incontrôlable qui est le nationalisme
exagéré. En effet, c'était le monde à l'envers. Ces
braves nationalistes et patriotes étaient drôlement absents quand
les Canadiens ont sauvé la France et le général dans deux
guerres mondiales.
Mme la Présidente, je ne pourrai jamais pardonner aux
Québécois de ne pas avoir arrêté cette affaire
dret-là, comme on dit, et de n'avoir pas dénoncé cet
outrage. La seule personne qui a eu le courage, le coeur et les "guts" de
répondre en pleine face à ce général a
été Jean Drapeau. Il a mon admiration éternelle pour ce
geste de courage. Quel affront, quelle insulte aux Canadiens, à nos
ancêtres et à nos soldats! En plein milieu de notre fête du
centenaire, on a déchaîné cette bête qu'est le
nationalisme. Qu'est-ce qu'on a récolté quelques années
plus tard? Le premier ministre du Canada, lui-même Canadien
français, insulté dans les rues de Montréal. On a eu des
bombes, des enlèvements et des meurtres. C'est la réalité.
Vous avez peur de la réalité?
En passant, je suis fier de dire, comme la grande majorité de la
population, d'ailleurs, que j'ai appuyé pleinement les actions prises
par les gouvernements provincial et fédéral pour arrêter ce
terrorisme. C'est déplorable de constater que certaines gens haut
placés dans notre société défendent la cause de ces
terroristes. Quiconque s'identifie à leur défense porte une
très grande responsabilité vis-à-vis de la population.
Messieurs, il y a tellement de causes nobles qui cherchent des champions!
Après cette période, ce fut relativement tranquille pour
quelques années. Maintenant, semble-t-il, on a oublié les
leçons du passé. Erreur de parcours, endormis par les promesses
d'un bon gouvernement, aujourd'hui, nous nous retrouvons avec un gouvernement
ultranationaliste en place. Ce gouvernement essaie de cacher sa nouvelle
religion sous le couvert de la souveraineté-association. (20 h 50)
Dans cette nouvelle religion péquiste, le seul dieu est le
pouvoir et le diable, c'est Ottawa et les Anglais. On a même des martyrs,
madame: François Schrim, les frères Rose et les felquistes
nouvellement arrivés qu'on va bientôt béatifier. Ce n'est
pas pour rien qu'ils sont revenus. Mme la Présidente, qu'est-ce que le
gouvernement essaie
de cacher sous le déguisement de la
souveraineté-association? Pour l'amour de notre bien-être et celui
de nos enfants ou seulement pour l'amour de nos biens physiques et de votre
confort, ouvrez-vous les yeux et soyez méfiants face à cette
duperie. Ne voyez-vous pas que la souveraineté-association est seulement
le nationalisme à deux personnalités, à deux visages?
La souveraineté signifie l'indépendance, la
séparation, le vieil esprit des patriotes de 1837 avec la tuque, la pipe
et le fusil. L'association, madame, signifie le bon confrère
(confédération), le businessman, le Nord-Américain, le
confort du condominium en Floride. En réalité, qu'est-ce que
c'est, cette affaire de deux visages ou deux personnalités? Cela ne
prend pas un psychiatre pour voir que c'est tout simplement de la
schizophrénie. Je ne voudrais pas prêter de la mauvaise foi
à tous les péquistes, mais cela m'inquiète beaucoup que le
gouvernement qui gère nos affaires soit pris dans ce conflit de
personnalités. On se pose la question, madame: Est-ce que c'est le
businessman nord-américain qui prend les décisions finales ou
est-ce que c'est le patriote de 1837? Malheureusement, madame, et de toute
évidence, c'est le patriote qui prend les décisions. Les exemples
sont nombreux et je veux vous en citer seulement quelques-uns.
Par exemple, la loi 101, c'est tout de même une loi de
discrimination contre les minorités. Elle a été
trouvée discriminatoire en Cour supérieure et même en
appel. Est-ce normal, madame, pour un peuple supposément arrivé
à la maturité d'imposer des restrictions complètement
ridicules à sa minorité? Qu'est-ce qu'il arriverait si le
gouvernement de l'Ontario prohibait l'affichage d'annonces en français
dans les villes frontalières comme Cornwall, Alexandria ou Mattawa? En
éducation, c'est rendu maintenant un fait ou un décret du bon
gouvernement que les enfants anglophones ou allophones sont capables
d'apprendre le français à partir de l'âge de cinq ans.
Cependant, les enfants francophones eux ne peuvent apprendre la langue seconde
je ne sais pas qui a marqué cela, parce que c'est un tabou, ils
n'ont pas le droit d'apprendre une autre langue que le français
que beaucoup plus tard. Est-ce parce qu'ils sont moins fins ou parce qu'ils
sont beaucoup plus intelligents?
Mme la Présidente, on n'a jamais su dans la province de
Québec comment donner à la population ce qu'elle voulait vraiment
en éducation. Les parents francophones du Québec veulent d'abord
que leurs enfants soient éduqués dans leur langue maternelle,
mais ils veulent aussi qu'ils apprennent l'anglais pour être capables de
faire des affaires, de voyager et d'entrer en concurrence avec le reste de
l'Amérique du Nord. Aucun gouvernement n'a jamais réussi à
leur donner cela, avec le résultat que beaucoup de francophones ont
été dirigés par leurs parents vers les écoles
anglaises là où telles écoles existaient.
Entre parenthèses, Mme la Présidente, savez-vous qu'un
enfant anglophone venant de l'extérieur de la province, victime d'une
rupture fami- liale et qui se retrouve dans un foyer nourricier au
Québec temporairement se voit interdire l'accès à
l'école anglaise? J'ai eu à m'occuper d'un de ces cas. Le
ministre de l'Education a personnellement refusé d'agir. Il a fallu
avoir recours au Protecteur du citoyen. C'est bel et bien arrivé cette
année, en 1979, nommée par ce bon gouvernement l'année de
l'enfance. Mon oeil!
Le projet de loi no 96, qui veut enlever à peu près tous
les pouvoirs aux commissions scolaires locales, ce n'est pas simplement de la
discrimination contre les commissions scolaires anglophones, mais aussi contre
toutes les commissions scolaires. On a vu, tout juste avant Noël, la loi
124 qui empêchait l'achat par des Canadiens du Nou-veau-Brunswick d'une
compagnie de fiducie française installée à
Montréal. Et tout dernièrement, on a vu l'affaire ridicule du
fameux arrêt-stop. Qui mène la barque de l'Etat?
Mais le pire de tout cela, c'est la politique nationaliste industrielle
ou économique. Aveuglé par le nationalisme dans la pensée,
on a créé de grandes entreprises de la couronne: SIDBEC, Marine
Industrie, etc. On voit aujourd'hui le désastre de ces décisions.
Nous sommes obligés, Mme la Présidente, tous les ans, de prendre
des millions de dollars pour couvrir le déficit. Ces entreprises n'ont
jamais fait de profits et n'en feront probablement jamais. Qu'est-ce que nous
avons aujourd'hui? On n'a pas appris par le passé, nous l'avons la SNAQ,
la Société nationale de l'amiante du Québec. (21
heures)
Mme la Présidente, notre budget est déficitaire
d'au-delà de $1 milliard; cela veut dire en termes communs que nous
sommes dans le trou! En plus de cela, nous voulons l'acheter! En plus
d'être dans le trou, on va être les seuls propriétaires de
ce trou et pour longtemps. Ce raisonnement du patriote de 1837 va nous ruiner.
Nous allons emprunter des centaines de millions sur les marchés japonais
et allemand qu'on va payer en double considérant la dévaluation
du dollar canadien et les intérêts. Pour faire quoi, au juste?
Pour faire du nationalisme.
La compagnie General Dynamics est morte de rire. Pensez-vous qu'elle va
réinvestir cet argent au Québec? Pas un seul job ne sera
créé par cette folie. On va même se ramasser avec une usine
de transformation de fibre non pas chez nous, mais en Allemagne. Nous ne
pouvons même pas faire profiter une industrie de Sorel et on essaie de
nous convaincre que nous allons faire de l'argent avec une usine en Allemagne.
Maudit que vous êtes fous, vous autres! C'est de la folie pure!
Les travailleurs d'Asbestos, chauffés à blanc de
sympathies nationalistes, sont bien prêts à vous appuyer, mais ils
risquent de perdre leur job d'ici quelques années. Je suis à 100%
pour la recherche, pour trouver des façons d'utiliser et de fabriquer
des produits chez nous avec la fibre d'amiante, mais, de grâce, ne faites
pas l'erreur monumentale de la nationalisation. Ce serait beaucoup mieux
d'investir de l'argent dans nos universités en donnant des bourses
d'étude permettant
de trouver des moyens pour utiliser davantage ces mêmes fibres
d'amiante.
Un autre exemple de nationalisme exagéré. Aujourd'hui, au
Québec, on se paie le luxe d'une nouvelle science qu'on appelle la
démographie. Nous avons de grands professeurs d'université qui
comptent les têtes des anglophones, des allopho-nes et des francophones
au niveau des industries. Nous les avons même payés $60 000, notre
argent, l'argent de tout le monde, pour nous faire dire qu'il y a beaucoup trop
d'anglophones qui sont chefs d'entreprise, qu'il va falloir les enlever. Le
nouveau critère au Québec, pour devenir chef d'entreprise, est
d'être nationaliste. Je vous réfère au Devoir:
L'écart anglais-français, une vision plus sombre.
L'égalité des revenus: les francophones restent fortement
défavorisés. Toute cette histoire est citée. Toutes ces
affaires frôlent le racisme. Il n'y a pas beaucoup de racisme, juste un
peu. C'est comme d'être juste un peu enceinte, pas beaucoup.
Tous ces "jouages" de chiffres font deux choses. Premièrement,
cela fouette les pires émotions nationalistes des citoyens;
deuxièmement, cela dit clairement aux anglophones, même s'ils sont
bilingues, qu'ils ne sont pas bienvenus ici.
Ces études biaisées, nationalistes sont payées par
l'Office de la langue française. On se demande, madame, si cet office
est un instrument pour promouvoir le français comme langue de travail ou
un instrument pour chasser les anglophones. C'est de la xénophobie pure
et simple. Et on se demande pourquoi les sièges sociaux
déménagent!
Juste deux pages, madame, ce ne sera pas long, deux minutes et je ne
vous dérangerai plus.
La Vice-Présidente: M. le député...
M. O'Gallagher: Je ne vous dérange pas souvent, les
"boys", juste deux minutes de plus; d'accord? Merci.
Mme la Présidente, tout dernièrement on a eu une crise
à l'Université McGill. Nos grands nationalistes ont
décidé de couper des subventions de recherche en médecine
et de couper les fonds destinés à l'enseignement et à
l'entraînement des médecins. Cela fut réglé, mais
sans faire de grosses manchettes.
Depuis quand, Mme la Présidente, la recherche médicale
bénéficie-t-elle seulement aux anglophones? Messieurs les
universitaires, qui tombe sous le dirigisme quasi exclusif de l'Etat, je me
demande si vous avez même le droit de porter ce titre d'universitaires
quand cela veut dire "ouverture sur l'univers".
La Vice-Présidente: M. le député, je vais
vous demander d'abréger, s'il vous plaît!
M. O'Gallagher: Oui, ce ne sera pas long.
La Vice-Présidente: Votre temps est déjà
écoulé, veuillez conclure.
M. O'Gallagher: On a déposé dans cette
Chambre, la semaine dernière, un nouveau livre vert sur la
recherche scientifique. Pour citer le ministre d'Etat au
développement...
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. O'Gallagher: ... culturel, la recherche scientifique est
maintenant devenue une partie de la culture, comme si la science,
dorénavant, tombait sous le contrôle de l'Etat. Le Parti
québécois accuse le gouvernement d'Ottawa d'être trop
centralisateur. Quelle blague! Jamais, depuis les débuts de l'histoire
de notre province avons-nous eu un gouvernement aussi centralisateur que ce
gouvernement que nous avons en face.
La loi 90, la loi 116 contrôlent complètement le zonage
agricole et la mise en marché des produits agricoles à partir de
la capitale.
Juste encore un peu... Avez-vous peur d'en entendre plus?
La Vice-Présidente: M. le député, vous avez
largement dépassé le temps qui vous était alloué.
Je vous ai demandé de conclure. A moins d'avoir... Si vous me dites que
vous terminez sur une demi-phrase.
M. O'Gallagher: Juste un paragraphe, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député.
M. O'Gallagher: Alors, on est rendu là avec notre
nationalisme exagéré en 1979.
Je ne serai pas long, seulement 60 secondes.
La Vice-Présidente: M. le député, vous savez
que nous devons avoir le consentement unanime de l'Assemblée. M. le
député, je ne puis pas... S'il vous plaît! M. le
député, je vous demanderais votre collaboration, vous avez
déjà largement dépassé votre temps. Je vous
demanderais de ne plus insister. Malheureusement, je me vois forcée de
faire observer le règlement. (21 h 10)
S'il vous plaît! M. le député, je demande votre
collaboration! A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! M. le
député, j'aimerais vous faire remarquer que je vous ai
déjà dit que votre temps était écoulé et que
je vous accordais une demi-minute pour terminer. Vous deviez terminer à
21 h 7. Je pense que, si je contreviens au règlement sans avoir de
consentement unanime, je créerai des précédents. M. le
député, je demande votre collaboration. Veuillez vous asseoir,
s'il vous plaît. Je pense que vous devez maintenant vous asseoir. M. le
député! M. le député, je vais devoir vous rappeler
à l'ordre, malheureusement.
M. le député de Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, Mme la Présidente. Après avoir
bien analysé le discours inaugural du premier ministre, je dois vous
dire que rien ne semble très réjouissant, ni même
très rassurant pour les
citoyens du Québec. Sous le couvert de quelques promesses
économiques mêlées de mesures socialisantes, le premier
ministre tente de paver la voie pour son futur référendum, si
jamais il y en avait un. Sinon, ce serait pour son prochain scrutin. Le premier
ministre a bien essayé de plaire à tout le monde de
différentes idéologies allant de gauche à droite, mais il
n'a tout simplement pas réussi. Il n'a semé que la confusion dans
la population et surtout il a tendu et ses politiques tendront vers une
pauvreté collective qui ne pourra nous échapper au rythme
où vont les choses actuelles. La première question que je me suis
posée au niveau de la lecture de ce budget... Excusez, de ce discours
inaugural...
Une Voix: C'est un discours dans deux mois.
M. Dubois: Je reviendrai à ce moment-là. La
première question qui vient à mon esprit, c'est: Comment le Parti
québécois pourra-t-il financer toutes les mesures et les bonnes
intentions qu'il a annoncées dans ce discours?
Une Voix: Par une saine gestion.
M. Dubois: Une saine gestion? Ce n'est pas ce que nous avons
connu depuis deux ans, certainement. Il va sans dire que, si on met en
pratique...
M. Goulet: Mme la Présidente, je m'excuse auprès de
mon collègue du comté de Huntingdon. Je soulève une
question de règlement en vertu de l'article 100. Madame, c'est assez
aberrant d'entendre ce qu'on entend actuellement. Lorsque les gens d'en face se
sont levés pour prononcer un discours le député de
Lac-Saint-Jean et les autres nous les avons écoutés et ils
n'ont pas été interrompus par l'Union Nationale. Mme la
Présidente, je vous demande de faire respecter l'article 100 et que ces
gens-là aient à notre égard la même politesse que
nous avons eue envers eux aujourd'hui.
M. Brassard: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Une nouvelle question de
règlement, cette fois de M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Sur la même question, je tiens à faire
remarquer que le député de Bellechasse m'a interrompu deux fois
pendant mon discours.
M. Goulet: C'est faux, Mme la Présidente! Sur une question
de privilège...
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Bellechasse, sur une question de
privilège.
M. Goulet: En vertu de l'article 96, Mme la Présidente,
les propos que vient de tenir le député de Lac-Saint-Jean
il a peut-être fait ceci en guise de boutade sont
complètement faux. Je n'ai pas interrompu le député de
Lac-Saint-Jean au moment où il a pris la parole tout à
l'heure.
La Vice-Présidente: Je suis convaincue que M. le
député de Huntingdon pourra faire son intervention dans le
calme.
M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, Mme la Présidente. Si tout le contenu du
discours inaugural est mis en pratique, il va sans dire que le coût en
sera prohibitif. Vu que le monde économique nord-américain semble
de plus en plus rejeter le socialisme avancé dont fait preuve le
Québec dans l'élaboration de ses mesures et de ses lois, aussi
bien que dans toutes ses intentions, il y a vraiment de quoi
s'inquiéter, Mme la Présidente, et s'interroger sur l'ampleur du
déficit qu'on accusera dans l'exercice financier 1979/80.
C'est d'autant plus inquiétant que le discours inaugural contient
un élément principal qui me semble très paradoxal puisque,
d'une part, le premier ministre précise que 1979 est une année
où l'économie sera prioritaire et sera au coeur des
préoccupations de son gouvernement et, d'autre part, dans le même
discours, le même premier ministre nous indique clairement son intention
d'intervenir encore plus profondément dans la vie des
Québécois. Il indique aussi, d'une façon très
précise, son désir de brimer davantage et de plus en plus nos
droits acquis, nos libertés individuelles, les libertés que nous
avons acquises à titre de citoyens canadiens libres.
Mme la Présidente, comme preuve, le gouvernement a annoncé
son intention de mobiliser l'épargne des Québécois. Je
pense que c'est une mesure qui ne rassure certainement personne au
Québec. On ne sait pas présentement quelle forme pourrait prendre
cette mobilisation. Le montant qui sera en jeu, nous ne le savons pas plus,
mais il s'agit, de toute évidence, d'un nouveau contrôle
étatique et d'interventions progressives de l'Etat, et également
de l'effritement graduel de la démocratie au Québec,
démocratie que nos pères ont toujours maintenue avec beaucoup
d'orgueil et beaucoup de fierté.
Le premier ministre a aussi annoncé un projet de loi sur les
biens immobiliers afin de régir les transactions qui entourent l'achat,
la vente, le financement des terrains et des maisons au Québec. N'est-ce
pas là une autre menace imminente pour les gens qui désirent
conserver leur liberté ici au Québec, au moins un minimum de
liberté d'action? Il est évident que, du berceau au cercueil, les
Québécois ne seront dorénavant que des robots assujettis
à une dictature de plus en plus déshumanisante. C'est vraiment le
Parti québécois à son meilleur.
J'imagine que le premier ministre aurait dû avoir appris, depuis
quelques années, que nos problèmes économiques sont
directement reliés à l'ingérence de plus en plus grande de
l'Etat et aux nombreuses contraintes que doivent subir les
Québécois. Toutes les contraintes que le premier
ministre nous a annoncées dans son discours inaugural s'ajoutent
aux nombreuses mesures sanctionnées durant l'exercice 1978/79. Je pense
à des mesures telles que le projet de loi 90 sur la protection du
territoire agricole, mesures qui dépossèdent l'agriculteur de son
droit le plus fondamental, soit celui de disposer librement de ses biens,
librement de son sol. En pus, on peut concevoir que, dans cette mesure, une
autre atteinte fondamentale aux droits individuels est celle qu'il n'y a aucun
recours dans un tribunal de droit commun pour celui qui se sentirait
lésé par les mesures du projet de loi 90. Encore une fois, une
autre loi où le pouvoir exécutif se substitue au pouvoir
judiciaire par le biais de sa commission de contrôle, laquelle devient,
du fait même, juge et partie.
Il faudrait aussi s'interroger sur le contenu du projet de loi 116, une
autre réalisation péquiste, socialiste, séparatiste.
Une Voix: Non, pas séparatiste.
M. Dubois: Je pourrais ajouter communiste.
Une Voix: Non, jamais.
M. Dubois: Cela vient de votre collègue. Le projet de loi
116 sur la mise en marché des produits agricoles peut aller
jusqu'à prohiber la production. Mme la Présidente, prohiber la
production: c'est une mesure de plus que le gouvernement nous a apportée
durant le dernier exercice financier et qui s'ajoute à la liste que le
premier ministre nous a annoncée dernièrement dans son discours
inaugural. Ce projet de loi 116 qui fut sanctionné dernièrement
et dont l'Union Nationale est heureuse d'avoir tenu le débat vivant
pendant de nombreuses semaines... (20 h 20)
Une Voix: Cela ne tape pas fort!
M. Dubois: Bien, écoutez, tapez vous autres! Mme la
Présidente, cette mesure, le projet de loi no 116, encore une fois, est
une loi rétroactive qui brime un droit acquis d'un groupe qui a eu un
recours collectif en Cour suprême, qui a gagné sa cause. La plus
haute instance canadienne a décidé que les prélevés
étaient ultra vires et le bon gouvernement du Parti
québécois est arrivé avec une mesure rétroactive
annulant du fait même des droits ou le gain qu'ont réalisé
ces agriculteurs à la Cour suprême du Canada. Encore une fois,
dans le même projet de loi, aucun recours possible devant un tribunal de
droit commun. On s'aperçoit qu'il y a plusieurs lois qui ont
été sanctionnées au cours de 1978-1979 dans lesquelles les
Québécois n'ont aucune possibilité de se défendre
contre certaines mesures. C'est ce qu'on appelle vraiment un gouvernement
antidémocratique, dans la force du mot.
Dans le projet de loi no 116, il faut se souvenir du rôle de la
Régie des marchés agricoles. On est habitué aux
régies, aux commissions de contrôle, au lieu d'avoir un
système judiciaire où un produc- teur ou un contribuable peut se
prévaloir de ses droits, on ne le peut plus aujourd'hui parce que tous
les projets de loi indiquent que le seul recours possible c'est devant une
régie ou une commission, qui est toujours juge et partie.
Le Québec des libertés, avec l'actuel gouvernement et, je
pourrais dire, avec le gouvernement qui l'a précédé, c'est
devenu aujourd'hui un Québec avec une administration totalitaire, un
Québec de plus en plus socialiste, un Québec qui approche souvent
le communisme et qui se situe entre la Suède, présentement, et la
Russie, à peu près.
Je pense que les Québécois en ont assez de se voir
brimés dans leurs droits et dans leurs libertés. Je pense que
tous ont appris, à l'école, que, pour vivre dans un pays libre,
il fallait s'assurer de l'existence et de la conservation de trois pouvoirs
principaux: le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le
pouvoir judiciaire. Il fallait aussi conserver un mur étanche entre ces
trois pouvoirs afin de s'assurer d'un maintien et d'un minimum de droits et de
libertés. Mais, dans le contexte que l'on connaît et selon les
tendances actuelles, on tente d'éliminer le judiciaire en créant
des régies, des commissions ou tout autre corps formé de
bureaucrates. Au lieu de spécifier tout simplement qu'il n'y a pas de
droit d'appel dans les projets de loi, qu'il n'y a pas d'appel devant un
tribunal de droit commun, on nomme ces régies et ces commissions et on
leur donne des pouvoirs de juge et partie. C'est un danger et une menace pour
notre démocratie. Il est évident que l'exécutif,
présentement, contrôle le législatif et aussi bien le
judiciaire a priori.
Lorsque les juges et les avocats réussissent à contourner
les clauses privatives, celles qu'on appelle les clauses qui défendent
les droits d'appel, et amènent les dossiers devant les tribunaux de
droit commun par de savantes procédures judiciaires, à ce
moment-là, le gouvernement légifère d'une façon
rétroactive et annihile l'action du pouvoir judiciaire.
Donc, nous sommes à l'époque où l'exécutif
contrôle et le législatif et le judiciaire. Résultat, quand
un seul pouvoir contrôle l'exécutif, le législatif et le
judiciaire, on nous a enseigné que l'on était dans un pays
à régime totalitaire et qu'on pouvait parler de dictature pure et
simple. C'est le portrait de plus en plus vrai et réaliste du
Québec d'aujourd'hui sous le régime du Parti
québécois. Il y a d'autres mesures, Mme la Présidente, qui
s'en viennent, tel le projet de loi 99 sur la banque de terres de l'Etat. Les
cultivateurs du Québec, les producteurs iront s'amuser sur les terres de
l'Etat au lieu d'être propriétaires chez eux comme cela a toujours
été le cas. Cela ressemble un petit peu à la Russie. C'est
pour cela que je parlais tout à l'heure, Mme la Présidente, de la
Suède et de la Russie, parce qu'en Russie on a cultivé pendant
longtemps les terres de l'Etat et pourtant l'agriculture russe n'a pas fait
fureur.
Un jour on verra sur une terre du Québec une grande pancarte
divisée en quatre sections où sera marqué: Est
réservé pour fins de contrôle selon les dispositions du
projet de loi no 90. Dans
un autre carré, on pourra voir: Terrain de l'Etat selon le projet
de loi no 99. Dans un autre: Subvention de l'Etat pour y cultiver selon les
dispositions du projet de loi no 100 et, dans la quatrième section, l'on
pourra voir: Culture prohibée à l'exception des bananes, du
cacao, de la canne à sucre, des pistaches et du coton. Cela pourrait
possiblemet arriver au Québec. Mme la Présidente, ce grand et
convoité pays qu'est le Canada, convoité de tous les peuples du
monde et dont le standard de vie est un des plus élevés, pays des
libertés, pays fondé sur le respect de l'individu et de ses
libertés, pays où le créateur et le producteur se
retrouvaient, pays du citoyen motivé productif et désireux
d'acquérir des biens, qu'en reste-t-il, Mme la Présidente, de ce
pays?
Il s'agit d'analyser l'attitude des péquistes pour se rendre
à l'évidence que tous leurs gestes décèlent un
désir interrompu de séparer le Québec. Pour y arriver, la
servitude et la pauvreté collectives seront et deviendront le "bag" des
Québécois. On sait que tout peuple pauvre et démuni se
manipule très facilement. La seule façon dont le Parti
québécois pourra arriver à ses fins, c'est en
appauvrissant le Québec, et il est bien parti. Il y a peut-être
quand même des moyens d'agir, Mme la Présidente, au lieu de
séparer le Québec. On s'aperçoit que l'Ontario, dans le
même régime où l'on vit, nous, les Québécois,
parvient, au niveau économique, à garder un standard très
élevé. Je me demande pourquoi le Québec, dans le
même régime, ne semble pas vouloir y parvenir. Il est
évident qu'il y a un très grand manque de bonne volonté de
la part des Québécois. Je peux vous dire que si les
Québécois, les citoyens du Québec démontraient
autant de nationalisme économique que les citoyens de l'Ontario peuvent
en démontrer vis-à-vis de leurs manufacturiers, vis-à-vis
des produits ontariens, on aurait tout à gagner ici au Québec.
Mais on s'aperçoit que les Québécois, et peut-être
davantage les séparatistes, passent l'été à se
promener aux Etats-Unis pour aller acheter des "bargains", ce qu'ils appellent
des "bargains". Je pense que si ces mêmes séparatistes avaient un
esprit économique nationaliste et achetaient a priori du produit
québécois, comme le font les Ontariens, notre économie
irait beaucoup mieux.
Il y a un autre élément, Mme la Présidente, qui ne
nous aide pas trop parce qu'il y a beaucoup d'éléments ici
qui ne nous aident pas trop c'est qu'il est impossible d'installer une
économie forte au Québec si, premièrement, les
résidents du Québec n'ont pas cet esprit d'économie, cet
esprit de respect pour nos produits et cet esprit d'assurance que l'on peut
parvenir économiquement à accéder à une vie
meilleure au Québec. (21 h 30)
Je pense que présentement on copie à peu près la
ville de New York. Je pense qu'il est bien connu que la ville de New York a eu
d'énormes difficultés économiques. Je pense que cela
pourrait servir d'exemple au Québec, mais présentement il semble
que le Québec se sert de l'exemple de la faillite de New York pour faire
exactement la même chose. Ce qu'ils appellent la "new class"
là-bas, les idéologistes ont su mettre en faillite la ville de
New York et nos dirigeants québécois semblent vouloir suivre les
traces de ces dirigeants de la ville de New York. L'erreur semble vouloir se
répéter; le même scénario ici est suivi par le Parti
québécois. Ils ont commencé à New York à
mettre de côté les capitalistes et c'est ce que le Parti
québécois fait ici au Québec. Ceux qui paient les taxes et
les impôts et qui font vivre les assistés sociaux du
Québec, si ce ne sont pas les capitalistes, je me demande qui c'est. Ce
ne sont certainement pas les socialistes.
Il faudrait qu'il y ait plus de respect pour l'initiative privée
et ce n'est pas en le freinant que le Québec arrivera quelque part, ni
en suffoquant davantage notre économie par des mesures de plus en plus
socialisantes que le Québec parviendra à se redresser et à
prendre la place qui lui revient à l'intérieur de notre pays
à tous, le Canada. Merci.
Le Président suppléant (M. Jolivet): M. le
député de Mercier.
M. Gérald Godin
M. Godin: M. le Président, mes propos porteront à
peu près exclusivement sur la motion de censure présentée
par le chef de l'Opposition je déplore qu'il ne soit pas ici, ni
aucun de ses collègues; il y en a deux, excusez-moi où il
proposait "que cette Assemblée adresse un blâme
sévère au gouvernement pour son manque de franchise, de droiture
et de clarté sur tout ce qui concerne son option
indépendantiste". Je voudrais prendre ces trois balises de la franchise,
de la droiture et de la clarté pour analyser un document récent
du chef du Parti libéral, qui s'appelle Choisir le Québec et le
Canada. Je prendrai les mêmes critères, exactement les
mêmes, pour essayer de voir si la motion de censure ne devrait pas
être retournée bout pour bout, comme on dit, contre cette
Opposition.
Notre option à l'égard du fédéralisme elle
est très claire, elle tient en une règle commerciale:
satisfaction garantie ou argent remis. Nous ne sommes pas satisfaits des folies
du fédéral. Depuis 110 ans et plus, les Québécois
ont permis au gouvernement fédéral de percevoir ici des milliards
et des milliards et des dizaines de milliards en taxe. Nous ne sommes pas
satisfaits de la manière dont ces milliards ont été
dépensés. Nous ne sommes pas satisfaits, par conséquent,
de la manière dont le fédéralisme a fonctionné dans
ce pays. On nous le décrit aujourd'hui dans les panels que nous avons
avec ces collègues comme la solution idéale aux problèmes
des pays contemporains. Mais il faut voir le fédéralisme tel que
nous le vivons ici. S'il y avait la même quantité de
chômeurs dans chacune des provinces, nous dirions: Le
fédéralisme a réussi merveilleusement bien. S'il y avait
le même nombre d'emplois correspondant au marché dans chacune des
provinces ou une certaine harmonie, nous dirions: Le
fédéralisme a marché merveilleusement bien. Or,
tous les Québécois et même les Canadiens savent très
bien que, s'il y a 16% de chômage à Terre-Neuve, c'est à
cause du fédéralisme; que, s'il y a historiquement au
Québec entre 2,5% et 3% de chômeurs de plus qu'en Ontario, c'est
à cause du fédéralisme. Nous voulons sortir justement
l'essentiel de nos biens de ce système pour le ramener ici dans ce
Parlement qui aura 200 ans en 1992. Notre position, elle est claire. On veut
que le pouvoir de dépenser les taxes des Québécois, au
lieu de s'épuiser dans des querelles de virgules, on veut que ce pouvoir
soit ramené ici. Notre option, c'est celle-là.
Par ailleurs, dans la motion du chef de l'Opposition, il ne parle plus
de séparatisme. C'est peut-être un produit qui se vend moins bien,
même dans les milieux libéraux, même s'ils sont toujours
grands consommateurs d'épouvantails à moineaux de tout acabit,
venus de partout comme dernièrement le député de
Saint-Laurent, après une tournée des popotes en Afrique, a
ramené des épouvantails du Biafra et du Nigéria pour
tenter d'empêcher les Québécois de reprendre en main leur
destin, leur économie, leurs taxes; uniquement ce qui leur appartient de
droit, leurs taxes et les lois, le pouvoir d'adopter les lois qu'ils veulent
sur quelque sujet que ce soit.
Pourquoi faut-il prendre avec un grain de sel les accusations des
libéraux à l'égard de notre droiture, de notre
clarté et de notre franchise? Parce que leur projet à eux
s'appelle choisir le Québec et le Canada, d'une part, choisir, par
conséquent, d'être une majorité à Québec et
en même temps une minorité à Ottawa, choisir de laisser
Ottawa contrôler la moitié des taxes des Québécois,
choisir, par conséquent, l'ambiguïté. Que dit-il, le nouveau
chef libéral? Page 28. "Il faut réaménager les
règles du jeu et les institutions de manière à faire
tomber les inégalités et les injustices". Cela fait 100 ans qu'on
dit cela. Cela veut dire quoi, réaménager les règles du
jeu? Le chef libéral nous dit: Attendez un autre document à
l'automne. Est-ce droit? Est-ce franc? Est-ce clair de reporter la
définition précise de l'option du fédéralisme
renouvelé à plus tard? Comment se fait-il qu'après dix ans
de fédéralisme renouvelé, coopératif,
reconstitué et même de souveraineté culturelle le Parti
libéral ne sache pas encore ce qu'il veut? Comment se fait-il qu'il ne
soit pas encore en mesure d'offrir aux Québécois une option
claire, droite, franche et précise?
Il ne faut jamais oublier que ce parti a tenté, à
l'époque où il était au pouvoir, de rapatrier certains
secteurs actuellement entre les mains du fédéral, entre autres,
les communications. Deux ministres libéraux s'y sont cassé les
dents: MM. Denis Hardy et Jean-Paul L'Allier. Les libéraux ont
tenté de rapatrier à Québec les politiques sociales; le
ministre Claude Castonguay s'y est cassé les dents. Les libéraux
ont tenté de rapatrier à Québec la souveraineté
culturelle; M. Robert Bourassa n'a pas acquis un cent des budgets du
fédéral dans le domaine des arts et lettres. Les libéraux
ont tenté d'obtenir du fédéral la juste part du
Québec pour ses frais de police provinciale puisque ailleurs, dans les
autres provinces, le fédéral couvre ces dépenses; le
ministre libéral Jérôme Choquette s'y est cassé les
dents.
Pourquoi, après ces échecs répétés,
après ces avortements en série, le fédéral
céderait-il cette fois au nouveau parti du nouveau chef du Parti
libéral? Ecoutez bien le chef des libéraux. Il dit: "II reste
qu'on n'est jamais allé vraiment au fond du problème faute d'une
opinion publique suffisamment éclairée dans le reste du pays".
Vaste programme. Il ajoute: "On devrait poursuivre d'abord le plus
consciencieusement la conscience est importante possible la
démarche qui nous a toujours inclinés jusqu'à ce jour
à chercher plutôt l'amélioration du système
fédéral". Y a-t-il un Québécois aujourd'hui, dans
l'ensemble du territoire, qui sait ce que les libéraux veulent signifier
quand ils parlent de renouveler le fédéralisme? Nommez-moi un
cas, comme disait M. Bourassa à l'époque.
Y a-t-il un Québécois aujourd'hui, où que ce soit
au Québec, qui sache ce que les libéraux veulent aller
récupérer à Ottawa pour renouveler le
fédéralisme? Il n'y en a aucun. J'accuse les libéraux de
tromper le peuple et de présenter aux Québécois un miroir
aux alouettes, des faux bijoux; les bijoux de la Castafiore libérale
sont faux! (21 h 40)
Mme la Présidente. M. Ryan nous répond à ces
questions: On vous le dira à l'automne. Laquelle des deux options
est la mieux connue des Québécois, ce soir, au moment où
nous nous parlons? Je vous le demande, messieurs les libéraux. Est-ce
que c'est la souveraineté-association ou le fédéralisme
reconstitué, le "TV dinner" du fédéralisme de M. Ryan? Je
laisse aux Québécois et aux Québécoises le soin de
répondre à cette question.
Autre question, ce fédéralisme renouvelé, quand les
libéraux l'auront fait connaître un jour, peut-être, aux
Québécois, comment vont-ils le réaliser? Par quel moyen?
Au moyen des conférences "circonférentielles", comme le disait M.
Duplessis, fédérales-provinciales à onze partenaires? Le
chef libéral ne se souvient-il pas des avortements
répétés, des échecs en série des ministres
Denis Hardy, un libéral; Jean-Paul L'Allier, un libéral; Claude
Castonguay, un libéral; Robert Bourassa, souveraineté culturelle;
Jérôme Choquette, de l'argent de la police?
Dans le dictionnaire, Mme la Présidente, le mot "masochiste" est
ainsi défini: "Une personne qui trouve du plaisir à souffrir, qui
recherche la douleur et l'humiliation." Nous avons devans nous des
"masofédéralistes"! Ils n'en ont pas encore assez subi
d'humiliations, de refus, d'échecs; ils n'ont pas encore assez souffert,
ils aiment ça. Mais le peuple du Québec, lui, a peut-être
assez souffert et peut-être que lui, il veut se sortir de ce caroussel
infernal.
Ce que les libéraux proposent au peuple du Québec, ce
n'est pas le fédéralisme renouvelé, c'est l'impasse
renouvelée, c'est le cul-de-sac
renouvelé, c'est le guêpier renouvelé, c'est le
bourbier renouvelé, c'est la "swamp" fédérale où
s'enlisent, depuis un siècle, comme en des sables mouvants, les projets
de société des Québécois. Leurs gouvernements qui
se sont succédé et les énergies de ce peuple du
Québec se sont enlisés depuis un siècle et plus.
Ce peuple du Québec a besoin d'autant plus de tous ses outils
qu'il constitue une petite nation sur la face du globe. Nous ne choisissons pas
le Québec et le Canada, nous choisissons le Québec; c'est clair,
c'est droit, c'est franc. Nous voulons ramener ici les taxes et le pouvoir;
c'est clair, c'est droit, c'est franc. Eux nous disent: Attendez à
l'automne, premièrement; deuxièmement: Comment? On ne vous le dit
pas. Référendum? Peut-être. Après avoir
littéralement bavé sur l'idée même de
référendum, voici que M. Ryan, dans un discours à
Québec il y a quelques mois, laissait entendre que peut-être il
aurait recours à cette méthode démocratique pour ramener
ici une chose qui est encore inconnue.
Le Parti libéral tente de gagner du temps pour Ottawa; le Parti
libéral tue les pénalités imposées à Ottawa.
Le Parti libéral "shoot" sur la bande, comme on dit au hockey. M. Ryan
tue les punitions du gouvernement fédéral, il espère que
ce sera oublié avec le temps; il espère que les
Québécois ne seront plus soucieux de ramener ici, enfin, ce qui
leur appartient.
Nous disons: Fédéralisme égale chômage.
Fédéralisme égale sous-développement du
Québec. Fédéralisme égale un Québec
diminué, un Québec en tutelle, un Québec chambre et
pension, nourri, logé, un Québec locataire dans son propre
pays.
Nous disons: Souveraineté égale la solution au
chômage, le début du véritable développement
économique du Québec conçu ici, pensé ici,
appliqué ici par nous. Souveraineté égale un Québec
adulte, un Québec propriétaire de son destin et de son avenir. La
clarté, la franchise et la droiture, si chère au chef de
l'Opposition officielle, où est-elle? Le peuple au fond sera notre seul
juge. La clarté est-elle dans les documents promis pour l'automne ou
dans un référendum à ciel ouvert où les
Québécois auront enfin l'occasion de dire oui ou non à
leurs propres institutions politiques, exactement comme Terre-Neuve, la nation
"newfie", l'a fait en 1949? Exactement. Pas autre chose que ce Terre-Neuve a eu
avec deux référendums. Ils ont gagné avec 52% des votes et
ils sont devenus une province. S'il y en avait eu 52% contre, ils seraient
restés un pays souverain. Il y a des précédents, au pays,
du peuple qui se prononce sur ce qu'il veut, et ces précédents
ont été respectés. Les Québécois savent
où est la clarté, la droiture et la franchise, malgré les
campagnes incessantes d'intoxication des libéraux qui, depuis deux ans,
tentent ici de discréditer ce gouvernement. Je me souviens d'une
intervention du leader parlementaire de l'Opposition officielle qui disait un
soir: Ce gouvernement est illégitime il s'en souvient
peut-être avec seulement 42% des votes, sans se poser de question
au sujet du gouvernement Trudeau qui a 42% des votes lui aussi.
M. Alfred: 43%.
M. Godin: II mettait en question, par conséquent, la
légitimité de ce gouvernement. Le pouvoir, d'après les
libéraux, leur revient de droit. Ils n'ont que 35% du vote. Ils n'ont
jamais été aussi bas, d'ailleurs, dans leur histoire. 35% du
vote. Nous avons 42% du vote et, sur cette base parlementaire, nous allons
faire un référendum permettant aux Québécois de
choisir leur option ou la nôtre. Nous sommes convaincus que, comme
à chaque fois où les Québécois ont eu le choix
d'avoir plus de pouvoirs ou moins, ils vont choisir plus de pouvoirs. Notre
option est-elle claire? Les Québécois et les
Québécoises en sont les meilleurs juges. Merci.
M. Saint-Germain: Mme la Présidente, je vois que l'heure
avance. J'aurais un discours d'à peu près 25 minutes ou une
demi-heure. Je ne sais pas si on me donnerait la permission de débuter
simplement demain à 10 heures à la reprise de nos travaux.
M. Charron: D'accord.
M. Saint-Germain: Si on accepte, je demande l'ajournement du
débat, Mme la Présidente. Merci.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Charron: Elle est adoptée.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Madame, je voudrais rappeler que demain matin, nous
nous retrouverons ici, effectivement, à 10 heures, comme vient de le
dire le député, mais qu'en même temps, deux commissions
seront appelées à siéger selon la motion adoptée
cet après-midi. La commission de la réforme du droit de la
famille, c'est-à-dire la commission de la justice se réunira
à la salle 91, tandis que la commission des affaires municipales, au
sujet de la loi 107, créant la régie du logement, se
réunira à la salle 81, à 10 heures demain.
Je propose l'ajournement de la Chambre à demain, 10 heures.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Au moment de la reprise
de la discussion sur le discours inaugural, c'est M. le député de
Jacques-Cartier qui aura la parole.
Cette Assemblée ajourne ses travaux à demain, 10
heures.
Fin de la séance à 21 h 48