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(Dix heures treize minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre des Finances.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport de la Société des loteries et
courses
M. Parizeau: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le neuvième rapport annuel de la Société
des loteries et courses du Québec pour l'année 1978/79.
Le Président: Merci. Rapport déposé. M. le
leader parlementaire du gouvernement, au nom de M. le ministre des
Communications.
M. Charron: Non, M. le Président, c'est au nom du ministre
des Affaires culturelles, mais ça va faire pareil, si vous voulez.
Le Président: Même chose.
Rapport du ministère des Affaires
culturelles
M. Charron: Je voudrais déposer le rapport annuel du
ministère des Affaires culturelles pour l'année 1978/79.
Le Président: Rapport déposé. Au nom
maintenant de M. le ministre des Communications.
M. Grenier: II y a beaucoup d'absences!
Rapport de l'Office de
radio-télédiffusion du Québec
M. Charron: Au nom du ministre des Communications, je voudrais
déposer le rapport annuel de l'Office de
radio-télédiffusion du Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Papineau.
Rapports de commissions élues
Etude des projets de loi nos 35, 31, 38, 11 et
40
M. Alfred: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la justice
qui s'est réunie le 11 juin 1979 pour étudier les projets de loi
suivants: projet de loi no 35, Loi modifiant ou abrogeant certaines
dispositions législatives; projet de loi no 31, Loi modifiant le Code
civil; projet de loi no 38, Loi pour les corps de police des villages cris et
du village naskapi; projet de loi no 11, Loi modifiant la Loi de la division
territoriale; projet de loi no 40, Loi modifiant le Code des procédures
civiles et d'autres dispositions législatives. Ces projets de loi ont
été adoptés avec amendements.
Des Voix: Bravo!
Le Président: Rapport déposé. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Lacoste: Merci, M. le Président.
Conformément aux dispositions de l'article 161, paragraphe 2, de
notre règlement, et à la suite d'une motion du ministre de
l'Education adoptée à l'unanimité le 19 juin 1979, il me
fait plaisir de déposer le rapport de la commission élue
permanente de l'éducation qui a siégé les 18 et 19 juin
1979 aux fins d'étudier article par article le projet de loi no 24, Loi
sur le Conseil des collèges et elle l'a adopté avec des
amendements.
Le Président: Merci.
Rapport déposé.
M. le député de Sainte-Anne, toujours.
Etude du projet de loi no 30
M. Lacoste: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'éducation qui a siégé le 19 juin 1979 aux fins
d'étudier article par article le projet de loi no 30, intitulé
Loi modifiant la Loi de L'instruction publique, et qui l'a adopté avec
des amendements.
Le Président: Rapport déposé. M. le
député d'Abitibi-Ouest, au nom de M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
Etude du projet de loi no 37
M. Gendron: Qu'il me soit permis de déposer le rapport de
la commission élue permanente du tourisme, de la chasse et de la
pêche qui s'est réunie le 19 juin 1979 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi no 37, intitulé Loi sur l'aide au
développement touristique, et qui l'a adopté avec des
amendements.
Le Président: Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article c) du feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 17
Première
lecture
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement social propose la première lecture du projet de loi
no 17, Loi sur la santé et la sécurité du travail.
M. le ministre d'Etat au développement social.
M. Pierre Marois
M. Marois: M. le Président, c'est avec beaucoup de
fierté que je propose aujourd'hui, en première lecture, le projet
de loi no 17, Loi sur la santé et la sécurité du travail,
qui a pour objet d'établir les mécanismes de participation des
travailleurs et des employeurs à l'élimination des causes
d'accidents du travail et de maladies professionnelles, projet de loi qui
établit à cet effet les droits et les obligations des
travailleurs, employeurs, propriétaires et fournisseurs assujettis
à la loi. Il reconnaît aux travailleurs le droit à des
conditions de travail qui respectent sa santé, sa sécurité
et son intégrité physique, lui assure, en particulier, le droit
de refuser d'exécuter un travail lorsqu'il a des motifs raisonnables de
croire que l'exécution de ce travail l'expose à un danger pour sa
santé, sa sécurité et son intégrité physique
ou peut avoir l'effet d'exposer une autre personne à un semblable
danger, si ce danger n'est pas normalement ou habituellement inhérent
aux fonctions qu'il exerce. Il assure à la travailleuse enceinte le
droit de bénéficier d'un retrait préventif lorsque les
conditions de son travail comportent des dangers physiques pour l'enfant
à naître ou pour elle-même en raison de son état de
grossesse. Il crée un comité de santé et de
sécurité au sein de certaines catégories
d'établissements, en détermine la composition et précise
le mode de nomination de ses membres, la nature de ses pouvoirs et la
fréquence minimale de ses réunions.
Il prévoit la nomination d'un représentant à la
prévention parmi les travailleurs, membre du comité de
santé et de sécurité et il en décrit les fonctions.
Il permet la création d'associations sectorielles paritaires dont
l'objectif est de fournir aux employeurs et aux travailleurs des secteurs
d'activités qu'elles représentent, des services de formation,
d'information et de conseils en matière de santé et de
sécurité du travail. Il confie aux réseaux publics
l'organisation et la dispensation des services de santé sur les lieux du
travail. Il précise les fonctions de l'employeur du comité de
santé et de sécurité du département de santé
communautaire d'un centre hospitalierdu ministère des Affaires sociales
et de la commission de la santé et de la sécurité du
travail relativement à l'élaboration et à l'application
des programmes de santé. Il détermine le mode de nomination du
médecin responsable des services de santé auprès d'un
établissement. (10 h 20)
II institue un nouvel organisme, la commission de la santé et de
la sécurité du travail qui remplacera la Commission des accidents
du travail du Québec et assumera la responsabilité de la mise en
oeuvre du régime de santé et de sécurité du
travail. Il dote cette commission d'un conseil d'administration où sont
représentés en nombre égal les travailleurs et les
employeurs et lui accorde les divers pouvoirs réglementaires requis pour
l'exercice de ses fonctions. Il prévoit la nomination d'inspecteurs qui
seront chargés de s'assurer du respect de la loi. Les dispositions
particulières au secteur de la construction spécifient les
obligations des employeurs de ce secteur, confient aux
délégués de chantier les fonctions qui sont
attribuées aux représentants à la prévention par
les autres dispositions du projet de loi.
Il prévoit l'existence de comités de chantier, adapte
à ce secteur les modalités d'exercice du droit de refus et assure
une inspection plus intensive des chantiers de construction. Il assure au
travailleur la protection du Code du travail lorsqu'il a été
l'objet d'un congédiement, d'un déplacement ou d'une mesure
disciplinaire à cause de l'exercice d'un droit ou d'une fonction que lui
reconnaît le projet. Il établit en outre des sanctions
pénales applicables en cas d'infraction à la loi et accorde un
pouvoir d'ordonnance au Tribunal du travail. Il assure enfin la transition par
rapport aux lois et règlements actuels et prévoit que le ministre
responsable de l'application de la loi sera désigné par le
gouvernement.
Des Voix: Bravo!
Le Président: Cette première lecture sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ... je pense qu'en vertu du
règlement, c'est le moment de poser une question au leader parlementaire
du gouvernement. Le leader parlementaire du gouvernement a-t-il l'intention de
déférer ce projet de loi après sa première lecture
à la commission parlementaire afin qu'avis puisse être
donné dans la Gazette officielle et que les auditions soient permises?
Afin aussi que nous puissions entendre les parties intéressées
relativement à ce projet de loi et cela, avant que nous ayons
abordé la deuxième lecture du projet de loi? D'autant plus que
l'opinion et l'intention évidente du gouvernement, c'est de ne pas voir
ce projet de loi adopté à cette étape-ci de la session.
Autrement, le gouvernement aurait déposé le projet de loi
avant.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: C'est ce que j'allais faire, M. le Président,
soit faire motion pour déférer à la
commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre ce projet de
loi, en demandant aux officiers d'émettre immédiatement les avis
dans la Gazette officielle pour que tous les citoyens et les organismes
intéressés à se faire entendre sur ce projet de loi
puissent se préparer au cours de l'été. Je donne tout de
suite, sans en donner la date officielle, une indication, à la fois pour
les membres de l'Assemblée et pour les citoyens qui seraient
intéressés à se prononcer, que j'ai l'intention de
convoquer cette commission parlementaire du travail et de la main-d'oeuvre vers
la mi-septembre, vers le 15 septembre. Donc, tous et chacun devraient, dans les
circonstances, se préparer pour cette date.
Renvoi à la commission du travail
Je fais motion, M. le Président, pour déférer ce
projet de loi à la commission du travail et de la main-d'oeuvre.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Une Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales.
M. le député de Saint-Laurent.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Services essentiels dans les hôpitaux
M. Forget: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre qui vient de quitter
l'Assemblée. L'an dernier, à peu près à cette
date-ci, l'Assemblée nationale adoptait des modifications au Code du
travail, dispositions qui devaient régir en particulier les conflits de
travail dans le secteur de la santé, dans le secteur des hôpitaux.
Avec un an de recul, on peut constater que, d'une part, le premier
élément d'innovation, soit la création d'un conseil
d'information chargé d'informer le public sur la marche des
négociations, ce conseil, à part de savoir qu'il a
été créé d'ailleurs avec quatre ou cinq mois de
retard, on n'en a plus jamais entendu parler.
Deuxièmement, les amendements au Code du travail comportaient la
création d'un conseil sur les services essentiels pendant les
périodes de conflit. Or, il y a eu 20 jours d'arrêt de travail
dans plusieurs hôpitaux de la région de Québec, de l'Est du
Québec, et tout ce qu'on sait de ce conseil, c'est que le
président, hier, a convoqué ses enquêteurs pour les
rencontrer. Ce n'est pas très riche non plus.
Enfin, les innovations du Code du travail comportaient le
dépôt, dès le 1er janvier de cette année, de listes
syndicales, quant aux employés, devant être fournies
volontairement par le syndicat à défaut d'ententes pour donner
des services essentiels. Or le 30 juin 1979, tout le front commun, la CSN et la
FTQ, du côté non pas des infirmières, cette fois-ci, mais
des employés de soutien et autres, dans les hôpitaux, vont voir
leur contrat de travail venir à expiration. On se rend compte que les
listes dans leur cas devraient être déposées depuis le 1er
janvier de cette année. Or, il y a 400 unités
d'accréditation et jusqu'à maintenant, il n'y a que 57 ententes
et 27 listes syndicales, c'est-à-dire qu'il y a quelque 325
unités d'accréditation dans le secteur des hôpitaux pour
lesquelles on ne s'est pas conformé à la loi.
Devant cet échec apparent des mesures introduites l'an dernier
dans le Code du travail, le gouvernement ou le ministre du Travail entend-il
réviser les mécanismes qu'il a introduits, de manière
à ce que les prochains conflits qui vont commencer probablement
très bientôt, peut-être même demain et certainement
demain dans le cas de la fédération des infirmières et
infirmiers, trouvent une autre façon de se dérouler que ce qu'on
a pu observer depuis un mois ou deux?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: M. le Président, en effet, il y a maintenant
près d'un an, le gouvernement ou cette Assemblée créait
deux conseils en amendant le Code du travail. Dans le cas du conseil sur
l'information quant aux négociations, ce conseil a effectivement
été formé. J'ai eu l'occasion de rencontrer ses
représentants, dont son directeur général, Mme Tanghe,
pour voir au budget de ce conseil et j'ai été informé
à cette occasion, d'ailleurs, que le conseil entend rendre public au
cours du mois de juillet, tel que confié par les dispositions des
articles 99 et suivants du Code du travail, un rapport sur l'état de la
négociation en date du 30 juin. En ce qui concerne le conseil sur les
services essentiels, c'est absolument exact... Je pense qu'il ne faut pas aller
dans des analyses très profondes pour se rendre compte que ce conseil,
dans un premier temps, au niveau des débrayages qui ont affecté
particulièrement la région de Québec, a mis un certain
retard à s'activer. Au-delà cependant de la description un petit
peu caricaturale que nous en donne le député de Saint-Laurent, ce
conseil a cependant procédé effectivement à la nomination
d'experts qui ont fait enquête, qui ont remis ces rapports au
président, et le président doit en saisir le conseil, bien
qu'aujourd'hui, on puisse se demander, dans le cas des hôpitaux qui ont
été visités, si cela avancera puisque la situation est
redevenu normale dans les hôpitaux où on avait nommé des
experts.
J'espère que le conseil et ces experts, qui sont nommés,
comme on le sait, par le juge en chef du Tribunal du travail et non pas par le
gouvernement, auront pris une leçon de cette expérience des
débrayages dans le secteur de Québec et que, le cas
échéant, si la situation devait se représen-
ter, ils agiraient à temps et dans des meilleurs délais.
Quant à la question des listes qui touchent les groupes affiliés
en particulier à la CSN, pour le moment je ne peux pas anticiper ce que
sera, à compter du 30 juin, la situation.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, ce que vient de dire le
ministre confirme largement notre propre interprétation: cela n'a pas
fonctionné. Le ministre nous dit qu'il espère que cela
fonctionnera mieux dans l'avenir. Il reste que, dans le cas, en particulier, du
Conseil sur les services essentiels, ce n'est pas très rassurant de se
faire dire, après trois semaines de grève, qu'on n'a pas encore
un rapport public sur la situation. Demain, commencent d'autres
débrayages de la part des membres de la Fédération des
infirmiers et infirmières et on aimerait savoir ce que le gouvernement
entend faire devant cet échec passé outre qu'exprimer des voeux
que cela ira dans l'avenir. Nous aussi, on peut faire cela, exprimer des voeux
pour l'avenir, mais on s'attend à autre chose de la part du
gouvernement. (10 h 30)
M. Johnson: M. le Président, au risque, encore une fois,
de me répéter et de faire réentendre au
député de Saint-Laurent l'explication sur le fonctionnement et
l'état de la situation lors des derniers débrayages, je lui
rappellerai ceci: Ce conseil avait comme fonction et a toujours comme fonction
d'informer le public. Le gouvernement, pour sa part, doit prendre ses
responsabilités à partir des évaluations que font les
experts du ministre des Affaires sociales et c'est le ministre lui-même
qui recommande ou pas, selon le cas, la suspension du droit de grève
dans un établissement donné si, à son jugement, à
son avis, et non pas à celui du Conseil des services essentiels, cela
doit s'imposer. Or, même si le comité sur l'information quant aux
services essentiels, dirigé par M. Picard, nommé par le juge en
chef du Tribunal du travail, n'a pas rendu publique jusqu'à maintenant
son évaluation et ne l'a pas rendue publique au moment, d'ailleurs,
où elle aurait peut-être été assez utile pour le
public comme pour le ministre des Affaires sociales, je pense qu'il ne faut pas
anticiper du fait qu'il sera incapable de le faire à l'avenir.
Cependant, je ne peux pas non plus présumer, malgré le
titre que je vois dans le Soleil aujourd'hui, que la population aura besoin des
services de ce conseil, étant donné que, dans le cas des
débrayages qui ont affecté la région de Québec, on
sait que les négociations ont repris et que les infirmières du
SPIIQ ont décidé de mettre fin à leur mouvement de
débrayage.
M. Forget: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Le ministre dit: Si le conseil ne fonctionne pas, le
gouvernement prend ses res- ponsabilités. Il semble oublier que la
raison d'être du conseil sur le maintien des services essentiels c'est
justement de pallier le manque de crédibilité du gouvernement qui
est impliqué dans ces négociations lorsqu'il prétend que
tout va bien. Alors est-ce que le silence du conseil n'est pas effectivement un
aveu que tout ceci ne peut pas fonctionner, ne peut pas durer, ne donne pas les
garanties qui avaient été envisagées à la
population que la vérité serait connue au moment d'un conflit de
travail?
Le Président: Le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: II est absolument exact, comme le dit le
député de Saint-Laurent, que ces comités
indépendants du gouvernement, donc nommés par une personnage qui
relève de l'autorité judiciaire, le juge en chef du Tribunal du
travail, ont été créés dans le but de leur
conférer une crédibilité que, par ailleurs,
historiquement, les gens d'en face ont contribué à
détruire dans le cas de gouvernement. Deuxièmement, si on doit
présumer, dans une société qui a été
longuement malade autour de choses comme les services essentiels et la
négociation des secteurs public et parapublic, que quand un ministre en
cette Chambre se lève il n'est pas a priori crédible, je pense
que ceux qui sont en face de nous portent largement la responsabilité de
cette détérioration du respect de l'Etat dans notre
société.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Levesque (Bonaventure): ... prédécesseurs qui
étaient assis de ce côté-ci. Il faudrait qu'il se rappelle
les péquistes de l'Opposition.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale, s'il vous plaît!
On peut poursuivre la période des questions. Est-ce que vous souhaitez
qu'il y ait une période de questions ce matin?
M. le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Comme d'habitude, il semble qu'en face on veuille une
période de questions, mais pas de période de réponses.
S'il est exact, comme le dit le député de Saint-Laurent,
que ces comités ont été créés en vue de
satisfaire les esprits qui, dans notre société,
considèrent qu'au départ, un ministre de la Santé, un
ministre de l'Education ou un ministre du Travail, ce n'est pas crédible
parce que, encore une fois, dans notre société, pendant
quelques années, on a contribué à défaire la
crédibilité des élus du peuple et d'un gouvernement
responsable s'il est vrai que cela s'est produit, il n'en demeure pas
moins que la responsabilité du gouvernement n'a pas changé. Le
gouvernement a deux responsabi-
lités dans les circonstances, en plus d'avoir établi les
règles du jeu qu'on retrouve dans le Code du travail. C'est, d'une part,
de négocier et, deuxièmement, dans le cas du ministre des
Affaires sociales, de faire en sorte que la santé et la
sécurité de la population ne soient pas mises en danger.
Or, je pense que, jusqu'à maintenant, ce gouvernement a
négocié et que la santé et la sécurité de la
population n'ont pas été mises en danger.
Le Président: Dernière question, M. le
député de Pointe-Claire.
M. Shaw: Question additionnelle. Speaking of credibility in the
same line of thinking, we know that the minister of Labour is a physician
himself who has worked in an emergency room. We know that the minister of
Social Affairs is a physician himself and knows that people have died and are
dying while you are waiting for this decision to be made by the functions of
bill 52. Will the minister accept that he is not performing his duty in
protecting the lives of the citizens of Québec and will he accept that
the bill 52 is a total failure?
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: D'abord, la loi 52 touche l'amiantose et je ne pense
pas que ce soit celle à laquelle veut se référer le
député de Pointe-Claire. J'ai l'impression qu'il se
réfère à la loi 55 ou à la loi 59.
Deuxièmement, je pense qu'il n'a pas écouté tout
à l'heure quand j'ai bien expliqué que le gouvernement n'a pas
à attendre ce que pense, ce que dit ou ce qu'aimerait dire le Conseil
des services essentiels. Le gouvernement, en vertu de la loi, peut
décider, proprio motu, de lui-même, en ignorant même, s'il
le désire, le Conseil des services essentiels, de mettre en vigueur les
dispositions de 99i qui prévoit, là où le Conseil des
ministres juge que cela est nécessaire, non pas de faire adopter une loi
spéciale, non pas d'assommer les gens à coups d'injonctions, mais
de suspendre à un endroit précis le droit de grève, si la
santé et la sécurité de la population sont mises en
danger.
Le Président: M. le député de Laval.
Conséquences de la mise en veilleuse du projet
de loi no 3
M. Lavoie: En l'absence du premier ministre, j'aimerais diriger
ma question au président du Conseil du trésor. A la suite de
l'adoption de la loi 123, mettant en place la liste permanente des
électeurs, j'imagine qu'il y a eu un arrêté en conseil, des
engagements du Conseil du trésor autorisant le directeur
général des élections à procéder à la
cueillette d'informations, à la dépense de deniers. On sait
actuellement qu'il y a 150 employés qui travaillent dans cette ruche,
dont une cinquantaine de contractuels dont les services sont loués de
sociétés d'informatique. On connaît la situation, on sait
que la loi 123 n'a pas défait... Si la loi 3 n'est pas adoptée,
la loi 123 ne prévoit pas une fin de mandat.
J'aimerais savoir du président du Conseil du trésor quels
étaient les montants initiaux d'engagements qu'il avait autorisés
en vertu de la loi 123 pour la mise en place de la liste permanente des
électeurs. Deuxièmement, dans la situation actuelle, est-ce qu'il
doit prendre une décision immédiate? On a parlé hier d'une
quarantaine de fonctionnaires qui deviendraient permanents automatiquement le
1er août. Est-ce que le président du Conseil du trésor, le
grand argentier, doit prendre une décision pour arrêter ces
dépenses publiques dans la situation actuelle, et cela dans les
meilleurs délais?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, quant à la
première partie de la question, le député de Laval me
permettra de vérifier le chiffre exact; je comprends que j'ai une
mémoire qui n'est pas mauvaise, mais je ne voudrais pas avancer un
chiffre avant de l'avoir vérifié. Deuxièmement, j'ai
effectivement demandé qu'on réexamine cette question à la
suite, je ne sais pas si je dois parler des avatars de la loi no 3; il y avait
d'ailleurs une demande pour du personnel supplémentaire qui a
été stoppée dès qu'on s'est rendu compte de ce qui
arrivait au projet de loi no 3. Maintenant, il faut revenir au personnel en
place pour voir exactement où on en est. Je devrais normalement, je
pense, d'ici un jour ou deux, avoir des renseignements précis à
ce sujet. De toute façon, M. le Président, si on me le permet, je
vais aller vérifier quant à la question spécifique que me
posait le député de Laval, c'est-à-dire quel montant
était engagé, et je pense pouvoir donner le renseignement avant
la fin de la période de questions. (10 h 40)
Le Président: M. le député de Laval.
M. Lavoie: J'aurais une autre question sur le principe
d'échange de données qui se fait actuellement entre les
organismes gouvernementaux et paragouvernementaux, de renseignements que
détient le directeur général des élections à
partir de la Régie de l'assurance-maladie, cette
réciprocité qui peut exister avec les ententes qui peuvent
être autorisées par la loi 123. Malheureusement, je ne sais pas
à qui poser ma question. Le ministre d'Etat à la réforme
électorale... Bon, peut-être. Bon, je peux continuer, je crois. Je
ne vous voyais pas! Est-ce que le ministre ou le gouvernement prend les moyens
nécessaires actuellement, étant donné qu'à la suite
de l'étude en commission parlementaire de la loi 123, nous avons appris
que le directeur général des élections a obtenu, à
ce jour, entre autres de la Régie de l'assurance-maladie, des
renseignements sur les numéros d'assurance-maladie d'environ cinq
millions de citoyens du Québec... On sait que le directeur
général des élections a ces données; nous avons
appris également qu'il y a déjà 500 programmes
en informatique qui ont été faits, qui ont
été confectionnés. D'ailleurs, on voit tout de suite
l'importance de la question lorsque le directeur général des
élections nous dit que c'est sous la garde d'une compagnie de
sécurité; la Brinks entre autres. On sait que la loi no 123 a
été faite uniquement pour les fins d'une élection; en
somme, il fallait une deuxième loi, la loi no 3. Est-ce que le
gouvernement a pris, dans le moment, toutes les assurances pour qu'il n'y ait
pas de réciprocité d'information, étant donné le
danger de la constitution d'un dossier collectif sur ces cinq millions de
citoyens du Québec? Qu'est-ce qui arrive justement, du fait que le
projet de loi no 3 est arrêté, avec ces échanges, ces
cueillettes de données, cette possibilité de
réciprocité, cette surveillance qu'on doit faire? Qu'est-ce qui
arrive pour la sécurité de la population actuellement?
Le Président: M. le ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire.
M. Lalonde: ...
M. Bédard: Le député de Marguerite-Bourgeoys
est un "sinistre"!
M. Burns: M. le Président, je pense que c'est le bon
moment de dire que je n'ai pas d'ordre à donner au directeur
général des élections, mais qu'il y a des échanges
entre son bureau et le mien. Voyant le fait qu'à un moment donné
on se posait le problème, à savoir si on devait rendre public le
numéro d'assurance-maladie, voyant également que
l'échantillonnage au point de vue du recensement qui avait
été prévu, non pas par le gouvernement, mais par le bureau
du directeur général des élections, j'ai demandé
avec toute la déférence possible au directeur
général des élections de ne pas faire
l'échantillonnage qu'il voulait faire dans quatre comtés. Il m'a
confirmé qu'il mettait fin à son projet d'échantillonnage
à titre uniquement expérimental en vue d'un éventuel
registre. Je peux vous confirmer cela aujourd'hui. Cela ne se fera pas dans les
quatre comtés qui avaient été prévus comme
étant des comtés échantillons.
Quant à l'autre aspect, eh bien! qu'est-ce que vous voulez?
Là-dessus, je n'ai pas d'ordre à donner au directeur
général des élections. Il fera sûrement bien son
travail comme on pense qu'il le fait habituellement. Il m'apparaît en
tout cas qu'on n'a pas de raisons de le critiquer. Il m'apparaît, au
contraire, qu'on a toutes les raisons de le féliciter pour le travail
qu'il fait et il continuera à faire les travaux qu'il a à faire.
Le projet de loi no 3 n'est pas mis de côté, n'est pas
abandonné. Il est à peu près évident qu'il ne sera
pas adopté au cours de la présente partie de la session. Dans ce
sens-là, il suivra son cours et ses compétences seront
portées par la suite.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Question additionnelle, M. le Président.
Plusieurs contrats semblent avoir été donnés à des
firmes spécialisées en informatique en rapport avec les projets
du directeur des élections. Peut-on savoir où on en est dans
l'exécution de ces contrats? Est-ce que cela va continuer longtemps?
Tout ce travail-là se poursuit-il jusqu'au bout et quelle en est la
valeur approximative? Maintenant que le ministre des Finances revient, il
pourrait ajouter ce renseignement à ceux qu'il se propose de nous
donner. Quelle est la valeur approximative des contrats qui ont
été accordés à des firmes d'informatique pour la
mise en marche d'un registre permanent dont on ne sait pas s'il verra jamais le
jour?
M. Burns: M. le Président, je pense qu'on aurait pu
facilement répondre à cette question en commission parlementaire
si nous avions pu continuer les travaux du projet de loi no 3. Ce n'est pas
et je vous avoue bien honnêtement, je vous le dis ouvertement
le gouvernement qui est en mesure de vous donner cette information.
C'est le directeur général des élections. Ce que le
député de Laval disait tout à l'heure il avait
parfaitement raison c'est qu'il y a 42 personnes qui, par l'entremise de
la loi 123, ont été embauchées et qui vont obtenir
dès le 1er juillet leur permanence. Il y a d'autres personnes qui sont
embauchées de façon occasionnelle.
Mais quant au projet précis et quant à l'administration
même de ce budget, le gouvernement n'a pas connaissance de cela comme
tel, sinon par l'entremise du Conseil du trésor qui
peut-être que là le ministre des Finances veut compléter ma
réponse autorise un certain nombre de dépenses. Mais comme
tel, le gouvernement n'a pas à se mêler de l'administration de ce
budget. C'est quelque chose qui reste exclusivement entre les mains du
directeur général des élections.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Si je peux ajouter, M. le Président, un
complément d'information dans le sens des renseignements que demandait
le chef de l'Opposition officielle, je dois effectivement confirmer ce que
disait le ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire, c'est-à-dire que le Conseil du trésor autorise des
postes là-dessus, bien sûr, on peut avoir le renseignement
assez rapidement mais quant à l'affectation de l'enveloppe
budgétaire à des fins par exemple, de recrutement des consultants
à l'extérieur, cela relève directement de la
compétence, à l'intérieur des enveloppes dont il dispose,
du président des élections. Je vais donc obtenir ces
renseignements, mais non pas, en somme, en raison d'autorisation obtenue du
Conseil du trésor, mais du président des élections
lui-même. Evidemment, comme je l'ai dit, je vais demander deux ou trois
jours pour être capable de faire le tour du dossier. Deux ou trois jours,
d'ici la fin de la session, quoi!
Le Président: M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président.
M. Lavoie: Pourriez-vous, à ce moment-là, nous
donner toutes les sommes qui ont été autorisées en vertu
de la loi 123, au complet, à la suite de l'adoption de la loi 123?
Une Voix: Reliées à l'application.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Ryan: Reliées à l'application.
M. Lavoie: Reliées à l'application, si vous voulez,
de...
M. Parizeau: M. le Président, je ne suis pas très
certain de ce qu'on me demande. Il y a des sommes qui ont été
autorisées. D'autre part, il y a des sommes à l'intérieur
des enveloppes disponibles. Il y a des sommes qui ont été
dépensées de la compétence même du président.
Donc, dans les renseignements que je donnerai, j'établirai une
distinction entre ce qui a été autorisé par le truchement
du Conseil du trésor et, d'autre part, des dépenses qui ont
été engagées par le président lui-même.
Le Président: M. le député de
Huntingdon.
Dossiers de la Commission de protection du territoire
agricole
M. Dubois: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Agriculture. Dans le journal La Presse d'aujourd'hui, on indique
que la Commission de protection du territoire agricole a été
dépassée par les événements. Comme vous le savez,
M. le Président, le ministre a toujours pris à la
légère les craintes que nous lui formulions, à savoir
qu'une seule commission qui siégerait à Québec ne pourrait
répondre aux milliers de demandes formulées par les citoyens du
Québec. Nous savons que, présentement c'est indiqué
dans le journal 5000 dossiers sont en attente...
Une Voix: Eh bien!
M. Dubois: ... qu'il y a eu 11 000 demandes formulées
à la commission...
Une Voix:... ont reçu une réponse.
M. Dubois:... que la commission s'est prononcée,
jusqu'à maintenant, sur 1000 dossiers. Donc, je demande au ministre
quelles dispositions il va prendre pour répondre immédiatement
à ces 5000 dossiers en attente, qui sont en attente depuis plusieurs
mois, puisqu'on en a du mois de février qui n'ont pas encore reçu
de réponse de la commission.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, je voudrais vous dire, comme
l'article du journal le dit, qu'il y a eu 11 000 dossiers ouverts et qu'il en
reste 5000 à décider. 6000 dossiers en six mois, c'est pas mal.
Je vais vous dire...
M. Dubois: Question de règlement, M. le Président.
Le ministre est en train d'induire la Chambre en erreur. Il y a eu 1000
dossiers étudiés et non 6000.
M. Garon: II y a les dossiers des droits acquis et les dossiers
de demandes, premièrement. Deuxièmement, il y a eu au-delà
de 200 municipalités, près de 300 municipalités qui ont
reçu l'avis de négociation de la part de la commission.
(10h 50)
II y a eu un certain nombre de demandes qui n'ont pas été
traitées encore mais qui sont arrivées récemment. Des
demandes des mois de janvier et février qui n'ont pas encore
été réglées,
Il ne doit pas en rester beaucoup. Le gros coup des demandes est
arrivé je l'ai déjà dit à la Chambre
à la fin de mars, au cours d'avril et en mai. Depuis quinze jours, trois
semaines, le nombre de demandes a diminué considérablement.
Pourquoi?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre de l'Agriculture.
M. Garon: C'est évident que dans une première
phase, au début, la commission a dû d'abord être
formée. A la fin de décembre, les trois premiers commissaires ont
été nommés. Ils ont pris un certain temps à
être mis en place. Actuellement, le rythme de décision de la
commission est rapide. Dans le dernier mois environ 200 municipalités...
Le député de Johnson peut-il écouter, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: C'est lui qui nous parlait des 3000 porcheries de son
comté à 10 cochons par porcherie?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: II peut écouter, il en a beaucoup à
apprendre dans ce domaine.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, s'il vous
plaît!
M. Garon: Pourriez-vous garder l'ordre, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Faites votre travail de garder l'ordre, cela va m'aider
à répondre. M. le Président, il faut dire qu'on attendait
un coup, dans les demandes, plus fort vers le printemps de cette année.
Je crois que dans les semaines et les mois qui vont venir, tout va se
régulariser. Des zones permanentes vont être
déterminées de plus en plus dans les municipalités et,
à ce moment-là, les demandes
qui vont venir directement à la commission pendant la
première phase vont passer par la municipalité parce que les
zones permanentes vont être établies. C'est évident que
dans une première phase c'était prévu il va
y avoir un nombre de demandes plus fort. Je pense que les députés
de l'Opposition, et certains en particulier, n'ont pas aidé beaucoup en
disant que c'est un peu une commission d'autorisation.
Je regrette, ce n'est pas une commission d'autorisation; c'est une
commission de protection. Les autorisations ne sont pas automatiques. Il doit y
avoir une étude de chacun des cas, on doit regrouper les cas par
secteurs en vue d'établir une jurisprudence dans ces secteurs. C'est
évident que dans les premiers mois, c'est exactement le rôle de la
commission. On ne peut pas prévoir dans des règlements tous les
cas individuels qui peuvent se présenter. Il s'agit d'établir une
jurisprudence. Elle s'établit actuellement. Je suis persuadé que
plus les semaines, les mois vont passer, les gens vont se rendre compte que la
commission joue exactement le rôle pour lequel elle a été
créée, protéger les terres en même temps qu'elle
établit des zones permanentes, permettant de la souplesse dans l'analyse
des demandes individuelles.
Le Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Je voudrais savoir du ministre s'il est conscient et
s'il réalise que son inertie retarde la mise en chantier d'un millier de
constructions environ. Cela affecte énormément l'économie
et crée encore plus de chômage que l'on en a présentement
dans le domaine de la construction. J'espère que le ministre est
conscient de ce problème parce que dans tous les comtés ruraux,
on vit le même problème. A nos bureaux de comté, le lundi,
ce qu'on voit, ce sont des gens qui viennent se plaindre des trois ou quatre
mois de retard dans les réponses aux demandes qui sont formulées
à la commission. Que le ministre ne vienne pas nous dire aujourd'hui
qu'il n'y a pas de retard dans les constructions dans les secteurs ruraux. Je
demande au ministre ce qu'il va faire immédiatement pour répondre
à ces 5000 dossiers.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Devant l'accroissement des demandes, nous avons soumis
au Conseil du trésor, qui a accepté, une demande pour avoir un
certain nombre de personnes occasionnelles pour une période de temps
limité pour traiter le supplément de dossiers qui sont
arrivés puisque la période est terminée
à la fin de mars, en avril et pendant les trois premières
semaines de mai, afin que ces dossiers soient traités plus rapidement.
Actuellement, c'est ce que la commission est en train de faire.
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Question additonnelle. Est-ce que le ministre de
l'Agriculture réalise qu'à la commission de contrôle, on
manque de structuration dans les méthodes d'analyse de ces dossiers? Il
y a des demandes formulées par des citoyens qui veulent acquérir
de toutes petites parcelles de terre pour agrandir la propriété
résidentielle. C'est situé souventefois dans des terrains
totalement incultes.
Voici que la demande est placée. Les gens se procurent les
formules à la municipalité chez le greffier ou le
secrétaire municipal, complètent ce formulaire, l'adressent. Au
bout de quelques jours, les personnes reçoivent un accusé de
réception avec le numéro attribué au dossier. Des semaines
et des mois se passent sans aucune nouvelle. Les municipalités et les
notaires affirment aux citoyens du Québec qu'ils ne peuvent pas
posséder tant et aussi longtemps qu'une approbation n'est pas
donnée par la commission de contrôle. Tout est bloqué. Il
me semble qu'il y aurait...
Des Voix: Question.
M. Giasson: M. le ministre, êtes-vous prêt à
étudier cela pour changer la méthodologie utilisée
à la commission de contrôle afin de traiter, dans les
premières semaines qui suivent la demande, des cas patents qui sont
faciles à régler?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, je n'ai pas entendu parler
qu'il y avait beaucoup de demandes du genre de celles que vient de mentionner
le député de Montmagny-L'Islet. Le député de
Montmagny-L'Islet vient de préciser le cas de quelqu'un qui a une
résidence à la campagne qui veut accroître son terrain pour
fins résidentielles. A toutes fins utiles, je n'ai jamais entendu parler
qu'il y avait une demande de ce type. Si c'est le genre de demandes qu'il a
dans son comté, pour moi c'est exceptionnel.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Est-ce que le ministre
admet que la régie est dépassée par les
événements? Egalement, est-ce que le ministre admet qu'on devrait
décentraliser déjà les opérations de cette
régie? M. le Président, pour accélérer les
réponses, n'y aurait-il pas lieu possiblement de les faire
connaître par téléphone à ceux qui les demandent,
aux personnes qui les demandent? On répond, M. le Président: Nous
connaissons la réponse, les commissaires ont rendu leur décision,
mais nous vous ferons connaître la réponse par courrier
recommandé, ce qui prend encore un délai de quinze jours ou trois
semaines dans bien des cas. Nous avons des cas comme cela. N'y aurait-il pas
lieu de donner des ordres à la régie et de dire: Quand c'est
quelqu'un que vous connaissez et qui s'identifie, donnez-lui donc la
réponse qu'il est accepté ou refusé? Cela va être
clair.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Je peux vous dire que ce que vous dites là est
inexact parce que je sais de quelle façon fonctionne la Commission de
protection du territoire.
M. Goulet: Question de privilège, M. le Président.
Ce n'est pas inexact. Si le ministre veut des cas concrets, je lui en citerai.
Ce n'est pas inexact. C'est faux de dire que c'est inexact, parce que j'ai des
cas concrets à lui citer.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Si, comme vous le dites, il se passe quinze jours ou
trois semaines entre la décision, moi, je ne suis pas le ministre des
Postes. Je peux vous dire qu'à la façon dont est
administrée la commission, aussitôt qu'une décision est
rendue, elle est rédigée le jour même. Elle est
expédiée le jour même ou le lendemain. Ah oui! je peux vous
certifier cela, sauf quand la cause est prise en délibéré.
Quand la décision est rendue, la journée même ou le
lendemain, elle est expédiée au destinataire. S'il y a un
délai de quinze jours, trois semaines...
Une Voix: Allez au ministère; vous allez apprendre des
choses.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Non, parce que je connais la procédure
administrative et ce que vous mentionnez est impossible puisque les
commissaires rendent leur décision finale sur un texte
rédigé. Cela veut dire que la décision est rendue en
même temps que le texte est rédigé et c'est
expédié la journée même ou le lendemain au
destinataire. S'il y a un délai de quinze jours, trois semaines, c'est
à cause des Postes, pas à cause de la commission.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, une
dernière question sur le sujet.
M. Biron: M. le Président, je vais passer l'additionnelle
au député de Brome-Missisquoi dans ce cas.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, j'ai une question
additionnelle pour le ministre de l'Agriculture. Je comprends les commentaires
que vient de faire le ministre. C'est complètement irréaliste et
insatisfaisant pour l'Opposition qui reçoit quotidiennement des plaintes
réellement fondées, des faits réels.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, les préambules sont très longs ce matin et vous
allez être privés d'autres questions. Puis-je vous demander de
formuler votre question?
M. Russell: M. le Président, je pense que le petit
préambule, c'est pour faire comprendre l'importance de la question au
ministre. Ma question est celle-ci: Dans le contexte actuel où on est
rendu au mois de juin et qu'on a des demandes qui sont en attente depuis le
mois de mars et avril, ne serait-il pas possible qu'il se rende à son
ministère dès ce matin pour prendre l'information et se rendre
compte des faits, puis venir devant la Chambre et donner la réponse
réelle?. (11 heures)
M. Grenier: Parlez à votre réceptionniste, elle
aurait besoin de quinze oreilles.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, il faut dire une chose que le
député de Brome-Missisquoi ne semble pas réaliser, c'est
que la journée où la loi a été adoptée et
que la commission a été formée, la spéculation
n'est pas arrêtée du jour au lendemain. J'ai eu des appels
téléphoniques à mon bureau, pour recevoir des compagnies
et c'étaient justement des compagnies de spéculation qui
vendaient des milliers de terrains à l'étranger et trouvaient que
cela avait du bon sens. Alors, du jour au lendemain, quand il y a des
assemblées dans les municipalités, il y a 25 spéculateurs
qui sont en place qui demandent que 25 terres soient développées
avec des routes dans le milieu... Un instant! Alors du jour au lendemain, la
spéculation n'est pas arrêtée. C'est évident qu'il y
a des citoyens de bonne foi qui veulent et qui font une demande raisonnable,
qui a du bon sens mais il y a toutes les demandes des spéculateurs et la
spéculation ne s'est pas arrêtée du jour au lendemain.
M. le Président, je remarque...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, M. le
député de Marguerite-Bourgeois. Si vous permettez, M. le ministre
de l'Agriculture, que je fasse mon travail puis-je vous demander
d'abréger?
M. Garon: Je dois dire, M. le Président, que je visite
souvent des poulaillers, des porcheries et des étables et il y a souvent
moins de bruit qu'ici.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Conflit de travail à l'Alcan
M. Brassard: Merci, M. le Président, ma question porte sur
le conflit qui paralyse actuellement les installations de l'Alcan dans ma
région et à Beauharnois. Je vois que le ministre du Travail n'est
pas à son siège, j'aurais aimé évidemment, 'ce
matin...
M. Jolivet: A l'ordre! Une Voix: A l'ordre! M. Jolivet:
A l'ordre!
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: C'est un conflit, comme vous le savez, qui implique
quelque 7500 travailleurs qui commencent aujourd'hui leur 19e journée de
grève. Vous savez également que la production de l'aluminium chez
nous, dans notre région constitue un des fondements de l'économie
régionale et je n'ai pas besoin de souligner l'impact économique
d'un pareil arrêt de production dans notre région. Il est
considérable. Il faut ajouter peut-être aussi qu'un tel conflit
s'accompagne de ce que j'appelle un véritable scandale
énergétique. Actuellement, au moment où on se parle,
toutes les vannes des barrages sont ouvertes sur la rivière
Péribonka, sur la rivière Saguenay, sur la Grande-Décharge
et ce sont des milliers de kilowatts qui sont ainsi gaspillés au fil de
l'eau, pourrait-on dire. Quand on sait que l'on connaît un peu partout
une pénurie d'énergie, je pense que...
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean, est-ce que je pourrais vous demander d'enfiler sur la
question?
M. Brassard: Si on me le permet, je vais le faire sûrement,
M. le Président.
Quand on sait qu'à travers le monde on connaît une
sérieuse pénurie d'énergie, je pense qu'on peut
considérer cela comme un vrai scandale. Je demanderais dans une
première question j'en aurai une autre à poser au ministre
d'Etat au développement économique au ministre du Travail
et de la Main-d'Oeuvre, étant donné que la dernière
séance de conciliation a eu lieu le 10 juin, soit il y a dix jours, de
faire le point et de nous dire s'il y a de nouveaux développements dans
ce conflit.
Le Président: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: Oui, il y a des développements dans ce
conflit. Il s'agit en effet d'un conflit extrêmement important, compte
tenu du nombre de salariés qui sont impliqués et compte tenu du
fait que ces salariés sont dans une région très bien
délimitée qui est le Saguenay-Lac-Saint-Jean, d'où vient
le député.
Cependant, je voudrais lui souligner que quand les parties y mettent un
peu de bonne foi, un peu de diligence et que le ministère peut leur
venir en aide à l'occasion pour qu'elles se parlent, on peut assister,
même dans des conflits extrêmement importants compte tenu de leurs
dimensions, à des succès, par exemple, comme cela a
été le cas à Marine Industrie hier, comme cela a
été le cas, après de longs mois de grève, à
Murdockville et finalement à la Donohue.
Je pense que, dans le cas de l'Alcan, ces développements
devraient permettre, demain, que la partie patronale soit saisie par nos
conciliateurs de certaines hypothèses; nos conciliateurs, qui ont
convoqué l'Alcan, ont obtenu la réponse qu'effectivement les
représentants de la compa- gnie seraient présents à une
séance de conciliation demain.
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Question additionnelle, comme je l'ai
mentionné tantôt, au ministre d'Etat au développement
économique. On a laissé entendre hier que certains dirigeants de
l'Alcan remettaient en question les investissements de l'Alcan à
Grande-Baie et surtout qu'ils remettaient en question le programme de
modernisation de la compagnie dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
J'aimerais savoir du ministre d'Etat au développement
économique si cette rumeur, qui, quant à moi, ressemble à
du bon vieux chantage de multinationale, est réellement
fondée.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Lamontagne: C'est un problème qu'on vit chez nous, par
exemple.
Une Voix: Mettez-vous à genoux!
Le Président: M. le ministre d'Etat au
développement économique.
M. Landry: Je n'oserais pas croire qu'un porte-parole responsable
et sérieux de l'Alcan ait pu laisser entendre les choses qu'a
mentionnées le député. En effet, l'Aluminium du Canada au
Québec est dans une situation, à cause des ressources
énergétiques, à nulle autre pareille pour aucune de ses
installations dans le monde, ni celle de ses concurrents dans le monde. En
fait, ils sont assis, si vous me permettez l'expression, sur quelques milliers
de mégawatts, ce qui est l'équivalent de plusieurs puits de
pétrole, avec l'avantage que les rivières du Saguenay ne vont pas
s'épuiser.
Encore une fois, je réitère que je n'ose pas croire qu'une
compagnie sérieuse comme l'Alcan dit des choses comme cela parce
qu'aller menacer de retarder des travaux, alors que ce à quoi le
Québec, la population et les travailleurs sont en droit de s'attendre de
l'Alcan c'est une accélération et un niveau de transformation
plus élevé, cela me paraît aussi absurde que si un pays
consommateur et non producteur de pétrole menaçait les Arabes de
ne plus en acheter.
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
Travaux mécanisés chez les
agriculteurs
M. Giasson: J'avais une question principale à poser au
ministre de l'Agriculture, mais il vient de sortir. Il est probablement en
arrière.
Une Voix: II est parti à son ministère!
Une Voix: II cherche l'adresse de son ministère!
Le Président: II est allé faire son travail!
M. Grenier: II est allé téléphoner, mais
c'était occupé!
Le Président: M. le député de Gaspé,
une courte question.
Une Voix: II cherche l'adresse de son ministère!
M. Le Moignan: En attendant le retour... Des Voix: Le
voilà!
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Grenier: II n'a pas eu son rendez-vous, il est revenu.
M. Giasson: J'aimerais savoir du ministre de l'Agriculture s'il y
a eu des changements dans les directives qui ont été
données pour l'administration du programme des travaux
mécanisés de son ministère en ce qui a trait à la
décision d'attribuer des heures à des producteurs agricoles qui
ont des travaux à faire faire pour des chemins d'accès sur leur
terre à bois ou dans les érablières. Il y a des
régions où le bureau des agronomes accorde des permis avec assez
de facilité. Dans d'autres régions, on croirait que les
directives sont différentes. On ne veut pas attribuer de permis pour tel
type de travaux.
Le Président: Très brièvement, M. le
ministre de l'Agriculture, la période des questions est
déjà terminée.
M. Garon: II y a eu un cahier de charges très
précis qui a été remis à tous les fonctionnaires du
ministère concernant les travaux mécanisés. Vous savez
comme moi que, concernant les boisés de ferme, il s'agit de desservir
les boisés qui sont des continuités des fermes. C'est dans ce
sens que les travaux mécanisés sont appliqués. Maintenant,
il y a un cahier de charges très précis, pour la première
fois dans l'existence du ministère, qui a été
distribué partout. Je ne vois pas comment on pourrait appliquer
différemment un cahier de charges très précis
envoyé partout dans le ministère.
Le Président: Avant de mettre un terme à la
période des questions, je voudrais inviter M. le ministre des Finances
à apporter un complément de réponse à une question
qui a été posée aujourd'hui même, je crois, par M.
le député de Laval.
M. le ministre des Finances.
Conséquences de la mise en veilleuse du projet
de loi no 3 (suite)
M. Parizeau: Voici les premiers renseignements que j'ai. On
s'entend, bien sûr, que demain je pourrai fournir l'ensemble des
réponses aux questions posées. Pour le registre des
électeurs, le nombre de postes permanents octroyés est de 39.
Nous saurons demain matin combien d'entre eux en fait sont comblés
actuellement. (11 h 10)
D'autre part, pour ce qui a trait au nombre d'occasionnels, ce n'est que
demain que je pourrai donner la répartition pour la raison suivante:
c'est que le président des élections dispose à toutes fins
de 48 hommes/année occasionnels, c'est-à-dire 48 hommes ou femmes
pendant un an. Cela peut vouloir dire évidemment une centaine pendant
quelques mois, bien sûr, mais c'est pour toutes les fins de ces
activités. Nous aurons la répartition de ces 48
hommes/année demain matin, pour cette partie qui va au registre des
électeurs ou qui a été utilisée pour le registre
des électeurs jusqu'à maintenant.
Le Président: Une courte question, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Pourriez-vous vérifier également s'il
est exact qu'il y a, en plus de cela, environ une cinquantaine de contractuels?
Lorsque nous avons visité l'endroit la semaine dernière, on nous
a dit qu'il y avait environ 150 employés sur les deux étages, sur
le chemin Saint-Louis.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Ce sera effectivement vérifié pour
demain matin, M. le Président.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées.
Enregistrement...
M. le Ministre de la Justice.
Motions non annoncées
Décès de Mgr Victor Tremblay
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, je voudrais
présenter une motion non annoncée. La région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean déplore le décès, la perte de l'un
de ses citoyens les plus respectés en la personne de Mgr Victor
Tremblay. Je voudrais présenter une motion à savoir que cette
Assemblée rende un hommage à la mémoire de Mgr Victor
Tremblay pour sa contribution unique à titre d'historien, de même
qu'elle exprime ses sympathies à l'endroit de ses proches. Fondateur de
la Société historique du Saguenay, Mgr Victor Tremblay s'est
illustré par son effort unique dans la recherche des origines et de
l'identification du patrimoine du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Son travail acharné et sa contribution
exceptionnelle au développement de l'histoire régionale ont
d'ailleurs été reconnus nationalement. Je compte que j'aurai
l'assentiment de mes collègues de l'Assemblée nationale pour
accepter cette motion.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
présentation de cette motion?
Des Voix: Oui.
Le Président: II y a consentement. Est-ce que la motion
sera adoptée?
Sur la motion, M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Je voudrais m'associer au sentiment qui est
exprimé par le député de Chicoutimi, ministre de la
Justice. Il m'a été donné de connaître Mgr Victor
Tremblay il y a déjà plusieurs années quand il
était encore dans la force de l'âge. C'est un homme qui a fait
énormément pour le développement de la discipline
historique au niveau régional. Il a contribué par le fait
même à préparer le terrain pour cette mise en valeur des
richesses de notre héritage régional à travers le
Québec, surtout dans sa région. Je pense qu'il était un
modèle d'énergie, de travail intellectuel et je m'associe
volontiers aux sentiments de regret qui ont été exprimés
à l'occasion de son décès.
M. Le Moignan: M. le Président... Le Président:
M. le député de Gaspé. M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: ... je voudrais également m'associer au
ministre de la Justice et au député d'Argenteuil. L'occasion me
fut donnée à différentes reprises, alors que j'oeuvrais
dans le domaine des sociétés d'histoire, de rencontrer Mgr Victor
Tremblay. Tous ceux qui s'intéressent à l'histoire, surtout
l'histoire régionale au Québec, reconnaissent qu'il fut un grand
pionnier. Il a travaillé déjà pendant presque un
demi-siècle dans ce secteur et son travail fut reconnu par de grandes
associations, mêmes canadiennes et internationales, qui lui ont
décerné des diplômes qui attestent de son ardeur au
travail. Je sais qu'il a accumulé là-bas, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, une collection tout à fait unique qui sert de
modèle à toutes les autres sociétés historiques du
genre dans la province de Québec.
Le Président: Merci. Alors, est-ce que... M. le ministre
des Transports.
M. Lucien Lessard
M. Lessard: M. le Président, très
brièvement. Le chanoine Tremblay a été mon professeur et
chez nous, sur la Côte-Nord, pour lui c'était la grande
région, le grand royaume du Saguenay. Le député de
Chicoutimi a parlé du Lac-Saint-Jean, de la région de Chicoutimi,
mais il faudrait parler de toute la Côte-Nord puisqu'il s'est
intéressé à cet ensemble, à cette grande
région qui était pour lui, avec fierté d'ailleurs, le
grand royaume du Saguenay. M. le Président, à beaucoup de ses
élèves, je pense qu'il a fait aimer leur région, leur
paroisse et aussi leur pays. J'aimerais m'associer à mes
collègues pour lui rendre hommage aujourd'hui.
Le Président: Est-ce que la motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Nous en sommes à l'enregistrement des noms sur les votes en
suspens. Justement, il y a un vote en suspens. Il s'agit du vote sur la motion
de M. le ministre des Richesses naturelles, proposant que le projet de loi no
121, Loi modifiant la Loi constituant la Société nationale de
l'amiante, soit lu la troisième fois et, en conséquence, je
demande qu'on appelle les députés.
Suspension à 11 h 15
Reprise à 11 h 25
Mise aux voix de la troisième lecture du projet
de loi no 121
Le Président: J'appelle maintenant la mise aux voix de la
motion de M. le ministre des Richesses naturelles proposant que le projet de
loi no 121, Loi modifiant la Loi constituant la Société nationale
de l'amiante soit... A l'ordre, s'il vous plaît! ... soit maintenant lu
la troisième fois. Je demande à ceux qui sont en faveur de cette
motion de troisième lecture de bien vouloir se lever, s'il vous
plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Charron, Mme Cuer-rier, MM.
Burns, Bédard, Laurin, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Marois, Landry, Léonard, Tremblay,
Bérubé, Mme Ouellette, MM. O'Neill, Vaillancourt
(Jonquière), de Belleval, Joron, Mme Payette, MM. Johnson, Proulx,
Lessard, Lazure, Tardif, Garon, Vaugeois, Martel, Paquette, Marcoux, Chevrette,
Bertrand, Fallu, Michaud, Rancourt, Laberge, Grégoire, Laplante, Mme
Leblanc-Bantey, MM. Bisaillon, de Bellefeuille, Gendron, Gagnon, Alfred,
Marquis, Ouellette, Perron, Gosse-lin, Jolivet, Brassard, Godin, Lavigne,
Dussault, Boucher, Beauséjour, Desbiens, Bordeleau, Charbonneau, Gravel,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Lacoste.
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Ryan, Levesque (Bonaventure),
Saint-Germain, Vaillancourt (Orford), Lalonde, Forget, Lavoie, Mailloux,
Goldbloom, Rivest, Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Raynauld, Lamontagne, Giasson,
Blank, O'Gallagher, Picotte, Scowen, Marchand, Gratton, Pagé, Verreault,
Biron, Bellemare, Grenier, Russell, Goulet, Fontaine, Brochu, Dubois, Le
Moignan, Cordeau, Samson, Shaw.
Le Secrétaire: Pour: 59 Contre: 35
Abstentions: 0
Le Président: La motion est adoptée.
Avis de privilège
M. le leader parlementaire du gouvernement, j'ai deux avis de
privilège à communiquer aujourd'hui à l'Assemblée.
Je ne sais pas s'il ne conviendrait pas de permettre aux commissions de
siéger, je l'ignore. Je vais donner immédiatement lecture des
avis de privilège.
Mesures gouvernementales dans le domaine de
l'habitation
"Québec, le 19 juin 1979. "M. le Président,
conformément à l'article 49 du règlement, je désire
vous donner avis que je soulèverai une question de privilège
immédiatement avant les affaires du jour, à la suite de gestes
posés par le ministre des Affaires municipales relativement à des
mesures gouvernementales dans le domaine de l'habitation et qui constituent une
violation de mes privilèges et de mes droits à titre de
député en cette Chambre. "Veuillez accepter, M. le
Président, l'expression de mes meilleurs sentiments. " C'est
signé du député de Mégantic-Compton. (11 h 30)
M. le député de Mégantic-Compton, je voudrais
simplement vous rappeler qu'est réputée question de
privilège toute question qui concerne les droits, la
sécurité, la conduite ou l'honneur des députés
considérés individuellement, mais en leur qualité de
membres de la Chambre. Je voudrais que vous nous expliquiez, très
brièvement, en quoi les gestes dont vous faites état ont
porté atteinte à vos droits, à votre
sécurité, à la conduite, à l'honneur, à la
qualité des membres de l'Assemblée nationale. Je voudrais
également que vous expliquiez, parce qu'une question de privilège
doit être soulevée à la première occasion, s'il
s'agit vraiment pour vous, s'il s'agissait, en signifiant cet avis de
privilège, de la première occasion où il vous était
possible de le faire. Alors, brièvement, succinctement, comme nous le
demande le règlement, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Très brièvement, M. le
Président, j'ai changé d'opinion ce matin. Après avoir
déposé ma question de privilège, hier, dans la
journée, j'ai eu l'occasion de rencontrer le ministre. Je lui ai
expliqué l'état du dossier auquel je me référais,
les 31 interventions que j'avais faites en faveur d'un logement à prix
modique dans mon comté, et j'ai indiqué que le
député n'avait pas été mis au courant de la
situation au même moment que les organisateurs du PQ de mon comté.
Après mon intervention hier, le ministre a compris qu'un
député qui fait ce travail dans son dossier sera
dorénavant prévenu des décisions du ministre. Je retire
donc ma question de privilège.
Demande de dépôt de documents
Le Président: Merci, M. le député de
Mégantic-Compton. Je voudrais maintenant donner lecture d'un second avis
de privilège. "Québec, le 19 juin 1979, "M. le Président,
je désire vous aviser qu'aux termes de l'article 49, paragraphe 1 et 3
de notre règlement, je désire soulever à la séance
d'aujourd'hui une question de privilège portant sur le sujet suivant:
l'impossibilité pour les membres de l'Assemblée nationale de
prendre connaissance des mémoires ou commentaires tranchés par la
Commission des droits de la personne au gouvernement depuis décembre
1976 et dont copies ont été transmises au président de
l'Assemblée nationale, notamment sur les lois ou dossiers suivants: les
lois administrées par le ministère des Affaires sociales, sur les
dossiers du CAD, sur la Loi sur l'assurance automobile, sur la Loi assurant
l'exercice des droits des personnes handicapées, sur la Loi sur la
protection du consommateur, sur la Loi sur les agences d'investigation et de
sécurité, sur la Loi de l'assurance-maladie.
A la suite de cette question de privilège, j'entends proposer la
motion suivante, tel que le prévoit l'article 79 du règlement:
Que cette assemblée prie le président de l'Assemblée
nationale de déposer immédiatement copies de tous les documents
que lui a transmis la Commission des droits de la personne et le prie
également de déposer à l'Assemblée toutes
informations de même nature qui pourraient lui être transmises
à l'avenir par ladite commission. Veuillez agréer, M. le
Président, l'expression de mes sentiments les meilleurs. C'est
signé de Jean-Noël Lavoie, député de Laval.
M. le député de Laval, je vous avoue que j'hésite
même à vous céder la parole sur cette question, quoique je
vais le faire, parce que cela m'apparaît un appel déguisé
d'une décision qui a déjà été rendue par la
présidence il y a quelques jours. Comme je n'en ai pas la certitude
absolue et qu'il convient de vous entendre là-dessus, à tout le
moins, je voudrais vous entendre dire en quoi cela ne constitue pas un appel
déguisé d'une décision qui a été rendue. Je
voudrais vous entendre aussi quelques instants pour que vous me disiez en vertu
de quel règlement, en vertu de quel ordre de la Chambre, en vertu de
quelle loi, le président de l'Assemblée nationale pourrait
être tenu de déposer non pas les originaux je rappelle le
contenu de la décision d'il y a quelques jours mais des copies de
documents adressés à d'autres personnes.
Je voudrais également vous entendre sur un autre fait. Je
voudrais que vous nous disiez si, en accueillant favorablement votre
requête, la présidence ne pourrait pas être
blâmée par le destinataire de l'original pour avoir
dévoilé publiquement une copie qui a été
adressée. Je vous rappelle tout de suite, M. le député de
Laval, qu'hier, j'ai eu l'occasion, vous le savez, de déposer un
document émanant de la Commission des droits de la personne, parce que
ce document, je devais, aux termes des dispositions de la loi, le
déposer. Je veux également vous donner l'assurance, M. le
député de Laval, qu'à chaque fois que le président
de la Commission des droits de la personne demandera à la
présidence de déposer un document à l'Assemblée
nationale, il le sera. Je voudrais que vous me disiez comment je peux
déposer un document si je n'y suis autorisé, à ma
connaissance, par aucune disposition législative, réglementaire,
par aucun ordre de l'Assemblée nationale et surtout par aucune demande
du président de la Commission des droits de la personne. Je voudrais que
vous me disiez comment je pourrais faire pour déposer de tels documents.
C'est là-dessus que je voudrais vous entendre brièvement, M. le
député de Laval.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, je vous remercie. Maintenant,
tous les points que vous avez soulevés, vous vous imaginez bien que je
les avais quand même prévus dans mon argumentation, et je suis
assuré que je vais combler vos voeux totalement et entièrement.
Le premier point, brièvement, était inclus dans mon
argumentation, à savoir si ce n'était pas un appel
déguisé d'une décision. Je vais vous citer le journal des
Débats du mercredi 6 juin 1979, alors que cette question a
été soulevée à trois reprises à
l'Assemblée nationale, soit les 5, 6 et 7 juin de ce mois-ci.
Je vais vous citer avec toute l'humilité voulue, M. le
Président, à la page 1697 du journal des Débats: "Le
Président: A cause de cela, parce que la loi n'en fait pas obligation,
je vais continuer, M. le député de Laval, à me pencher sur
cette question pour voir si le président de l'Assemblée nationale
est obligé de déposer ce genre de document, mais la loi n'en fait
certainement pas une obligation. Je voudrais maintenant savoir si les
destinataires en général auraient objection à ce que je
dépose une copie de l'original qui est adressé à d'autres
personnes."
Vous deviez vérifier cela. A la page suivante, vous dites: "Oui,
M. le député de Laval je vous cite encore je n'ai
pas d'objection, sauf que je vous signale d'abord que pour le moment la
décision semble à peu près rendue." A mon point de vue,
cette décision à peu près rendue n'est pas rendue ou, du
moins, est à moitié rendue. Raison de plus, le 7 juin,
après cela, il en a été encore question. Je vous cite
encore à la page 1799 où vous vous étiez engagé
à faire une autre vérification, je crois. "Le Président:
C'était une copie d'un texte dont l'original était adressé
à quelqu'un d'autre. Je trouvais imprudent de déposer
régulièrement ces copies. Cela peut se vérifier facilement
auprès de la Commission des droits de la personne."
Il n'y a pas eu de suite à cela, je le vois. La Chambre n'a pas
eu connaissance que vous ayez communiqué avec la Commission des droits
de la personne; ce n'est pas le fond total, ou global, ou final de mon
argumentation. Je voudrais enchaîner maintenant sur l'argumentation. Je
vais tenter de le faire le plus brièvement possible, mais je voudrais
également être le plus complet possible. C'est peut-être un
peu par atavisme, M. le Président, si j'attache autant d'importance
à ces questions de privilège dans le respect que nous avons tous
du Parlement, de l'institution parlementaire et de l'institution qu'est la
présidence avec toute l'autorité que je lui reconnais et que je
reconnais aux représentants du corps législatif.
J'ai soulevé la semaine dernière vous vous le rappelez,
une question de privilège à peu près semblable sur les
droits absolus, à mon point de vue, que possèdent et que doivent
posséder les parlementaires, les députés à
l'information. Comment voulez-vous qu'on puisse demander aux citoyens de
respecter les lois, et on sait combien on en adopte, M. le Président,
comment pouvons-nous exiger que le gouvernement ou le Parlement exige le
respect des lois si, à l'origine même lorsque ces lois sont
étudiées, préparées, analysées,
votées, ceux qui ont ce mandat n'ont pas toute l'information
nécessaire et utile, tous les renseignements pour qu'on puisse
légiférer? Je crois que c'est une base même du Parlement
qu'on puisse légiférer en toute connaissance de cause. (11 h
40)
On sait, vous l'avez cité dans ma question de privilège,
qu'à notre connaissance, actuellement, il y a au moins sept rapports
finals ou provisoires, préliminaires de la Commission des droits de la
personne qui ont été demandés, soit par les ministres,
soit par des organismes paragouverne-mentaux ou autres sur des lois, sur des
dossiers. J'ai posé une question au ministre de la Justice; il m'a dit
qu'il a effectivement reçu de la Commission des droits de la personne,
étant donné qu'il est le ministre responsable devant cette
Chambre de l'application de la commission et il m'a dit, et d'ailleurs, c'est
juste, qu'il ne pouvait pas me donner l'assurance qu'il les avait tous. Je le
comprends, parce que cela peut être demandé par différents
ministères et tout.
D'après mes informations, il y a un endroit où toutes les
copies se retrouvent, et je continue mon argumentation, mes informations sont
les suivantes: à chaque fois qu'il y a un rapport, des commentaires, des
avis de la Commission des droits de la personne, une copie est dirigée
à la présidence de l'Assemblée, et sur ce, je vais
élaborer un peu plus tout à l'heure. Je crois qu'il est
essen-
tiel qu'on ait ces opinions de cet organisme qui coûte à
l'Etat, quand même, dans les budgets du ministère de la Justice,
près de $2 millions. On sait l'importance de cette commission. Les
dizaines de commissaires sont nommés par les deux tiers de
l'Assemblée nationale qui doivent être au-dessus de tout
soupçon. On sait que cela touche les droits essentiels, les droits
fondamentaux des citoyens, les droits d'opinion, de conscience, de religion,
qui empêchent toute discrimination, et on sait que pratiquement toutes
les lois de tous les Parlements peuvent toucher, affecter ces droits essentiels
et ces droits fondamentaux.
J'ai un exemple qui est quand même aberrant, c'est que dans le
bulletin de la Commission des droits de la personne du mois d'avril sur les
normes du travail et les droits de la personne, dans un commentaire
adressé au gouvernement, à la fin de mars, la commission a
recommandé 31 amendements au projet de loi no 126, sur les normes du
travail.
M. Charron: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Lavoie: Ecoutez, M. le Président, je n'en ferai pas une
question de fond, laissez-moi continuer.
M. Charron: Je soulève une question de
règlement.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Je fais une question de règlement, parce que
je crois qu'actuellement le député de Laval ne respecte pas votre
toute première consigne voulant qu'il ne doit s'agir, en aucun temps,
d'un appel de la décision que vous avez rendue la semaine
dernière.
D'autre part, ce que fait le député de Laval,
actuellement, s'éloigne de beaucoup, et nous avons déjà
entendu tous ses arguments, des questions précises que vous lui avez
posées et sur lesquelles vous attendez une réponse, sans aucun
doute, actuellement, enfin sur lesquelles toute l'Assemblée attend une
réponse ici. En ce sens, on ne veut pas avoir la nomenclature de tous
les avis que la Commission des droits de la personne a fait parvenir à
quiconque, parce qu'encore une fois, si elle avait choisi de les faire
connaître aux membres de l'Assemblée, elle connaissait les noms et
adresses de tous les membres de l'Assemblée, et nous les aurions
reçus. Si la commission a choisi la méthode qu'elle a choisie,
c'était votre décision la semaine dernière, et c'est ce
sur quoi en appelle actuellement le député de Laval, elle aurait
pris une autre méthode de travail.
Le Président: M. le député de Laval. La
question de droit n'est pas sans intérêt et la question de fond ne
saurait intéresser la présidence, mais la question de droit pur,
à savoir si une question de fond, Beauchesne est toujours constant
là-dessus, tous les auteurs, la présidence n'a pas à
intervenir sur le fond même d'une question de privilège. La
question de droit n'est pas sans intérêt, la présidence
aimerait savoir quelle conduite elle devra adopter à l'avenir en ce qui
concerne les copies de documents qu'elle reçoit pour son information. Je
répète que quand on demandera à la présidence de
remettre des copies aux membres de l'Assemblée nationale, cela sera fait
sur le champ, mais je voudrais vous entendre vraiment sur la question de droit,
et non pas sur les faits. Je pense que nous en sommes à la question de
droit qui n'est pas sans intérêt, je le répète.
M. Lavoie: Je disais brièvement qu'entre autres, sur un
projet de loi, la commission recommande au gouvernement 31 amendements. On n'a
pas eu connaissance de ces avis, ces commentaires, et la troisième
lecture du projet de loi no 126 a été adoptée hier ou
avant-hier.
Voici maintenant la perception qu'a la Commission des droits de la
personne de son mandat, de ses responsabilités. Tous les points que vous
avez soulignés, je vais les couvrir. Pourquoi le président
doit-il le déposer? Je vais vous le dire, à mon avis. La
perception qu'a la Commission des droits de la personne dans son premier
rapport annuel qui vous a été adressé, M. le
Président, le rapport de 1976... Je cite la Commission des droits de la
personne.
Une Voix: Est-ce qu'on peut avoir la paix?
M. Forget: C'est l'interprétation d'un point de droit par
la commission elle-même.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Je cite le rapport de cette commission.
"Répondre régulièrement d'un mandat aussi
diversifié et complexe à nos trois interlocuteurs qui sont:
l'Assemblée nationale, le gouvernement et la population." A la page 18
de ce premier rapport, la commission dit encore une fois "répond
à trois interlocuteurs" dont le premier est l'Assemblée
nationale, le deuxième, le gouvernement et le troisième, la
population. A la page 19 de ce même rapport, je cite toujours la
perception de cette commission qui a un mandat bien précis: "Que la
commission vraisemblablement conseillera l'Assemblée nationale en
l'incitant à faire les choix politiques appropriés." "Conseillera
l'Assemblée nationale".
Le Président: M. le député de Laval, je
m'excuse de vous interrompre, mais ne pensez-vous pas il y a une
question qui me paraît assez simple et assez limpide que si la
commission souhaitait que le président de l'Assemblée nationale
remette une copie des documents qu'elle envoie aux membres de
l'Assemblée nationale, il lui serait tellement facile de le demander? Si
elle ne le fait pas, comment expliquez-nous son silence là-dessus?
M. Lavoie: Je voudrais terminer mon argumentation. S'il y a une
lacune quelque part, c'est pour cela que je termine par une motion.
M. Charron: C'est ça, la question!
M. Lavoie: Est-ce que le leader du gouvernement ne voudrait
pas...
M. Lalonde: II est nerveux!
M. Lavoie: ... agir comme un autre ministre qui m'a traité
tout à l'heure de sacré achalant ou fatigant lorsqu'il s'agit des
droits fondamentaux des parlementaires?
M. Charron: Vous lever, vous, pour les droits fondamentaux de la
personne me permet d'en douter pas mal.
Le Président: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre!
M. le leader parlementaire du gouvernement, s'il vous plaît! Cela
va prendre beaucoup moins de temps, de toute manière... M. le leader
parlementaire du gouvernement, on mettra beaucoup moins de temps s'il n'y a pas
d'interruption et si on peut entendre cette intervention.
M. le député de Laval, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Je cite le deuxième rapport qui vous a
été remis par la commission. D'ailleurs, pour répondre
à votre question, M. le Président, si quelqu'un s'adresse
à l'Assemblée nationale, s'il veut faire une pétition
devant l'Assemblée nationale pour répondre un peu à
ce qu'on me demande est-ce qu'on envoie 110 copies de la
pétition?
M. Lalonde: Non, au président.
M. Lavoie: On s'adresse à la présidence, à
mon point de vue. Je termine. Dans le deuxième rapport, à la page
13, je cite encore la commission: "La charge exige que la commission soumette
annuellement non seulement un rapport de ses activités, mais encore
qu'elle fasse connaître ses recommandations au président de
l'Assemblée nationale." C'est dans le rapport. C'est envoyé au
président de l'Assemblée nationale, pour votre information;
à mon avis, on ne vous envoie pas cela en tant que Me Clément
Richard ou en tant que député de Montmorency. J'imagine qu'on
vous envoie de la correspondance comme président de l'Assemblée
nationale.
J'ai mentionné avoir soulevé cette question Ies 5, 6 et 7
juin. Est-ce que le président doit déposer ces communications?
J'arrive à ceci. On a abordé, une de ces
journées-là, l'article 17 de l'ancien règlement
vous vous en rappelez? au sujet des attributions de l'Orateur ou du
président. Il est dit, à cet article, dans l'article
même... Je vais vous citer la note, ne vous inquiétez pas, M. le
Président, je pense avoir tout couvert mes angles. Dans l'article
même, l'article du code Geoffrion, on dit "recevoir les messages et
autres communications qui concernent la Chambre et les porter à sa
connaissance". Je lis la note en-dessous, la note 4. "Il n'est pas tenu de lire
à la Chambre toutes les lettres ou communications qui lui sont
adressées officiellement". (11 h 50)
Je comprends que s'il reçoit une plainte d'un client du
Parlementaire ou du service de l'accueil... Si vous recevez une plainte d'un
client du restaurant Le Parlementaire, comme administrateur, vous n'êtes
pas obligé d'en aviser l'Assemblée nationale, c'est sûr.
Mais lorsque cela concerne le droit des parlementaires à
légiférer, à mon avis, c'est l'article même qui
s'applique et non pas la petite note en-dessous. La note, ce sont d'anciennes
décisions de présidents, c'est secondaire, par rapport à
l'article même de la loi. Il y a une autre note également à
l'article 17, la note 1: L'orateur est à la fois le président, le
représentant et le porte-parole de la Chambre. C'est une note qu'il y a
également au-dessous de l'article 17.
M. le Président, votre rôle, je n'ai pas à vous le
rappeler, vous le connaissez très bien. Vous êtes le premier
protecteur et votre première responsabilité est de
protéger les privilèges de la Chambre. Je vais vous rappeler
l'ancienne coutume que j'ai connue, qui existe en Angleterre et à
Ottawa, et qui a existé ici. A l'ouverture de la session, le
président se déplaçait, allait au salon rouge, s'adressait
au représentant de la Couronne, le lieutenant-gouverneur, et
sollicitait, revendiquait, exigeait les privilèges de la Chambre. La
Couronne accédait c'était la coutume à la
requête pour la protection des privilèges des "commoners" ou des
députés. C'est votre première responsabilité.
Vous êtes au service de la Chambre, au service des
députés. Vous êtes le représentant de la Chambre,
vous êtes le protecteur du corps législatif, vous êtes le
rempart qui nous protège de l'exécutif. On sait la montée,
l'omniprésence de l'exécutif. Qu'est-ce qui arriverait, quel
serait le sort de la Chambre si la plus haute autorité, dont les
décisions sont sans appel, qu'est-ce qui arriverait à la pauvre
Chambre si son représentant, son défenseur penchait du
côté de l'exécutif?
Le Président: J'aurais envie de vous dire que je ne suis
pas tout à fait sûr qu'elles sont sans appel.
M. Lavoie: Vous connaissez le rôle de cette
Assemblée de contrôle, de surveillance de l'exécutif. Dans
quelle position, comment pourrions-nous remplir notre mandat si notre premier
défenseur nous laissait tomber, M. le Président? C'est ce que je
vous dis. D'ailleurs, vous l'aviez bien compris, M. le Président. Le 14
décembre 1976, lors de votre mémorable élection, vous nous
disiez, et je vous cite bien humblement encore une fois: "Gardien des
privilèges de la Chambre, le président n'est pas un symbole
démocratique; il est un instrument que je juge essentiel dans le
processus démocratique; il est le garant de la survivance même des
institutions parlementaires et, par là, de
la liberté d'expression des représentants du peuple."
D'ailleurs, je ne vous citerai pas May, Bouri-not, Campion, je pense
qu'ils sont pas mal tous d'accord sur les privilèges. Je vais vous citer
Redlich. D'ailleurs, c'est utile, c'est dans la note au-dessous de l'article 17
lorsqu'il est dit que le président n'est pas tenu de déposer tous
les documents.
M. Bellemare: C'est un quatrièmement, M. le
Président, vous allez trouver cela.
M. Lavoie: M. le Président... M. Bellemare: ...
lire les lettres.
M. Lavoie: ... il y a une citation de Redlich sur les
privilèges mais je pense bien qu'on est convaincu tout le monde de
l'importance des privilèges et que vous êtes le premier
défenseur de ces privilèges. A la page 151: "Ail documents and
papers which concern the House as a whole are delivered to him and he
communicates them to the House, unless in its discretion he declines to do
so...
Des Voix: Ah, ah!
M. Lavoie: ... a course which, under circumstances, is untitled
to adopt." Je ne veux pas revenir sur l'importance des documents dont nous
demandons la communication. Je ne reviens pas sur l'importance que nous avons
si nous voulons légiférer, ce sont des documents essentiels
à mon point de vue. Ces sept documents, nous les voulons; il y en a
peut-être d'autres. Les documents sur la loi 26... J'ai exploré
j'en ai pour deux minutes à peine toutes les autres
avenues, M. le Président.
Une Voix: Deux minutes encore.
M. Lavoie: En vertu de l'article 167 de notre règlement,
vous le savez, M. le Président, je n'ai pas le droit, aucun
député n'a le droit de vous poser des questions au feuilleton. On
ne peut poser au président de l'Assemblée, sur les affaires de
l'Assemblée, que des questions orales. D'accord?
D'ailleurs, c'est pour cette raison que les 5, 6 et 7 juin je vous ai
posé certaines questions. L'article 175 qui s'appliquait peut-être
vendredi dernier ne s'applique pas à vous, M. le Président. On ne
peut pas par une motion au feuilleton vous demander de déposer des
documents. C'est uniquement au gouvernement qu'on peut demander cela. Cela veut
dire que j'ai exploré avant d'arriver à une motion qui est assez
délicate vous priant de déposer ces documents... Je ne tiens pas
à ce qu'il y ait un débat d'une heure ou deux de prévu au
règlement. Je n'y tiens pas. Je crois que c'est dans votre rôle de
médiation, possiblement, comme cela s'est fait à certains moments
dans le passé, de communication avec les ministres ou autre- ment de
faire en sorte que ces documents soient déposés. Je crois que
s'il y a le moindre doute sur le fait qu'il n'est pas tenu de déposer
vis-à-vis de l'exécutif, je crois que vous, le protecteur de
l'Opposition et des députés, votre affinité ou votre
penchant devrait être plutôt de notre côté que du
côté de l'exécutif qui semble ne pas vouloir déposer
ces documents. Je vais vous citer et je crois que c'est
nécessaire que nous ayons cela un dernier auteur, en dernier
recours, si vous ne voulez pas, de proprio motu, vous-même, prendre cette
responsabilité de déposer ces documents, je vais vous citer
Erskine May, à la page 191 de la treizième édition: "The
Speaker et cela réfère encore à la petite note
commentaire à l'article 17 du règlement Geoffrion is not
obliged to read to the House every letter or communication that may be
addressed to him as Speaker but he may at his discretion withhold the same from
publication". Mais là également, il y a une petite note en bas,
M. le Président, la note 6, et je vous cite... C'est arrivé en
1785, M. le Président.
Le Président: Vous ne vous citez pas, alors.
M. Lavoie: Je cite Erskine May. Il est dit que le
président "... withhold the same from publication". Article 6. "In the
latter case, the Speaker said that it was for the House to say whether the
correspondence should be produced". Dans ce cas-là, le président,
le "Speaker" n'a pas voulu peut-être prendre seul la décision, et
c'est la raison de ma motion à la fin.
M. Burns: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. Lavoie: Je termine. Une seconde, une seconde!
M. Burns: Avons-nous quorum, M. le Président?
M. Lavoie: Une seconde! Je dis, M. le Président, que
si...
M. Burns: M. le Président, j'invoque le règlement.
Avons-nous quorum?
Une Voix: II n'y a plus personne de l'autre côté, M.
le Président. Ils sont tous allés voter sur les avis de la
commission.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Il n'y a
pas quorum. Je demande qu'on appelle le quorum.
Qu'on appelle les députés! (12 heures)
L'Assemblée peut maintenant reprendre ses travaux.
Vous avez encore une minute pour tirer vos conclusions, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Je termine immédiatement, M. le
Président. Je vous citais May, lorsque, dans un cas
que le président n'a pas jugé à propos de donner,
il a demandé à la Chambre...
Une Voix: Son avis. M. Forget: De trancher.
M. Lavoie:... l'avis de la Chambre, de trancher la question. Je
vous ai cité Erskine May.
Une Voix: Deux heures plus tard.
M. Lavoie: M. le Président, je reviens ce n'est pas
un appel de votre décision, je pense bien que je l'ai établi
le 6, vous disiez "à peu près rendu", le 7, on en a
parlé de nouveau. J'aimerais également que dans votre
décision, vous nous donniez deux renseignements que vous deviez obtenir:
consulter les destinataires pour savoir s'il n'y avait pas des ministres qui
avaient reçu ces documents, et s'ils n'y voyaient pas d'objection. Le 7,
vous nous disiez que vous deviez vous enquérir auprès de la
commission si c'était une copie. S'il n'y a rien, si la commission ne
vous a pas demandé de le produire, s'il n'y a rien dans la loi qui vous
dit de le produire, il n'y a rien, cependant, qui vous en empêche non
plus, M. le Président. Je crois que vous devez être notre
protecteur. Vous êtes le représentant de la loi. Il ne faudrait
pas que, avec la recrudescence et l'envahissement de l'exécutif...
Restez avec nous, M. le Président.
Je termine. Que ce soient des copies ou des originaux, qu'on nous
remette des copies ou des originaux, je pense bien qu'il n'y a rien là.
Je pense avoir complété et j'espère que j'ai couvert tous
les angles. S'il y a des détails ou d'autres informations que vous
désirez, je suis à votre humble disposition, M. le
Président, afin que vous puissiez rendre une décision la plus
éclairée et la plus avantageuse pour l'institution qu'est le
Parlement.
Le Président: Je vous remercie de votre offre de service,
M. le député de Laval. Bien entendu, je répète que
cela m'apparaît une question intéressante, en tout cas, en droit
parlementaire. Compte tenu de la longueur de votre plaidoirie, vous allez me
permettre de prendre cette question en délibéré, j'en ai
la conviction. Alors, je vais prendre la question en
délibéré et essayer de rendre une décision dans les
meilleurs délais, mais certainement pas aujourd'hui, M. le
député de Laval.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je vous remercie, M. le Président.
M. Bellemare: En vertu de l'article 34, M. le
Président.
M. Tardif: M. le Président, question de
privilège.
M. Lavoie: Demain au plus tard. Le Président: M. le
député...
M. Lavoie: Parce que la session doit se terminer...
Le Président: M. le député de Laval, je vais
faire diligence. Je ne vous ai pas promis, mais je vais faire diligence. En
général, si le passé est garant de l'avenir, vous pouvez
peut-être espérer une décision demain.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Tardif: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Le député de Mégantic-Compton
s'est levé sur une question de privilège, qu'il a d'ailleurs
retirée mais, cependant, en la retirant, il a dit que, renseignements
pris auprès du ministre, il était satisfait que l'organisation du
Parti Québécois du comté de Mégantic-Compton
n'avait pas été informée de façon
privilégiée par mon ministère. Cependant, il a
effectivement quand même imputé que de telles intentions aient pu
exister chez nous. M. le Président, je veux indiquer je crois mon
privilège en cause ici à cette Chambre que pour faire
suite aux représentations du député de
Mégantic-Compton à l'occasion du 75e anniversaire de Martinville,
le ministre des Affaires municipales a envoyé, vendredi dernier, au
maire de cette municipalité, ses voeux ainsi qu'à toute la
population, et a annoncé à cette occasion quinze HLM pour la
municipalité. Cela a été annoncé au maire de la
municipalité. Comme ce télégramme a été
envoyé et diffusé publiquement, il est tout à fait normal
que les gens dans la région l'aient su et l'aient donc connu au moment
où le député était ici en Chambre.
Le Président: Merci, M. le ministre des Affaires
municipales.
M. le leader parlementaire de l'Union Nationale.
Avis à la Chambre
M. Bellemare: Premièrement, en vertu de l'article 34, la
loi de la police va-t-elle être déposée demain? Si la loi
est déposée, est-ce qu'on pourra en avoir des copies avant la fin
de la session? Deuxièmement, j'ai posé une question sur l'article
13) du feuilleton d'aujourd'hui. Le ministre m'a promis une réponse
hier. J'aimerais bien l'avoir avant la fin de la session. Est-ce qu'il va y
avoir des réponses au feuilleton aujourd'hui?
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Oui, M. le Président. Il y a des
réponses au feuilleton aujourd'hui que je vais déposer
immédiatement. Malheureusement, pas à celle que le
député réclamait hier mais à celle que le
député de Laval réclamait hier. J'espère
qu'avant la fin de la session, puisque j'ai accroché le ruban
"urgent" à la question, on pourra fournir une réponse au
député. Je voudrais répondre à certaines questions
au feuilleton au nom de mes collègues. A l'article no 8) du feuilleton,
la question était de M. Mailloux. La réponse vient de M. Lessard
(voir annexe)
M. Lessard: Lu et répondu, M. le Président.
M. Charron: A la motion no 41) de M. Ver-reault, le document sera
déposé par M. Lessard.
M. Lessard: Document déposé. Une Voix: II
travaille bien.
M. Charron: A la motion no 43) de M. Lavoie, je dépose le
document au nom de M. O'Neill. A la motion no 46) de M. Saint-Germain, je
dépose le document au nom de M. Laurin. A la motion no 56) de M. Lavoie,
c'est M. Burns qui déposera le document.
M. Burns: M. le Président, je sais qu'il n'est pas normal,
au moment du dépôt de documents, de faire des commentaires. Je ne
ferai pas de commentaires qui suscitent des débats. Cependant, je veux
tout simplement expliquer qu'effectivement les documents, avec le consentement
de la Chambre, j'imagine...
Des Voix: Consentement.
M. Burns: Merci. Je veux expliquer que ces documents sont
effectivement en ma possession depuis une semaine. Je pensais que je pourrais
les déposer en commission parlementaire. D'ailleurs, l'avis du directeur
général des élections s'adresse à tous les membres
de la commission parlementaire de la présidence du conseil qui
étudiait le projet de loi no 3. Comme il devient de plus en plus
évident que cette commission ne siégera pas, et respectant
d'ailleurs votre décision, j'ai pensé, avec le consentement de la
Chambre, déposer ces documents à la suite de la motion pour
dépôt de documents de la part du député de Laval.
Cela me fait plaisir, M. le Président, de déposer les
documents.
M. Charron: D'accord.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement, M. le
député de Laval?
M. Lavoie: M. le Président, je tiens à remercier le
ministre qui a accédé rapidement à ma demande,
étant donné qu'il n'y a que deux jours que j'ai inscrit cette
motion, et je remercie le leader parlementaire également. Que je
remercie le Président? Permettez-moi d'attendre, pour vous remercier,
votre décision sur la motion d'aujourd'hui. Je veux vous dire quand
même que cette motion de privilège que j'ai soulevée
vendredi rapporte quand même certains fruits, grâce au
dépôt de ce document. (12 h 10)
M. Charron: II y avait deux autres questions, M. le
Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
Questions inscrites au feuilleton
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, simplement une
remarque qui s'impose à ce moment-ci. Lorsque l'on voit au feuilleton
des questions qui datent peut-être même de l'an dernier, c'est dire
que lorsque le gouvernement le veut, il le peut. Voici qu'une question
posée hier ou avant-hier au feuilleton reçoit une réponse
aujourd'hui, c'est dire que celle posée il y a au-delà d'un an
devrait avoir une réponse.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Je dois expliquer que celle-là n'était
pas tellement difficile parce qu'on les avait déjà en main. On
attendait seulement l'occasion pour les déposer, M. le Président.
C'est le député de Laval qui nous l'a offerte. J'ai oublié
deux questions, M. le Président, la réponse devant être
fournie par M. Garon, ce sont les questions nos 19) et 20), toutes les deux au
nom de M. Picotte, (voir annexe). Quant à la Loi de police...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture. M.
Garon: Lu et répondu, M. le Président.
Le Président: Merci, M. le ministre de l'Agriculture.
M. Charron: M. le Président, quant à la Loi de
police, je crois qu'effectivement elle sera déposée demain, selon
les informations dont je dispose.
Le Président: M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: En vertu de l'article 34, au leader du
gouvernement, mais profitant de la présence du ministre d'Etat à
la réforme électorale et parlementaire, sans aucun doute que le
ministre déposera demain la Loi sur la représentation
électorale? Tenant compte du signe de tête affirmatif qu'il me
fait actuellement, je voudrais rappeler au leader du gouvernement certains
engagements pris par le ministre en commission parlementaire, lors de
l'étude de ses crédits, concernant des rencontres et concernant
des travaux effectués par la Commission de refonte des districts
électoraux. A la suite de la production du cinquième rapport, je
voudrais demander au leader du gouvernement s'il ne pourrait pas, demain, en
même temps que la
loi, déposer le produit du travail dont la commission nous a
informés soit un sixième rapport, parce que la commission nous a
dit qu'elle avait fait ces travaux. Excusez-moi. J'avais produit un
mémoire au nom de l'Opposition officielle et on m'a informé qu'on
en a tenu compte, qu'on a préparé des documents en
conséquence. Il faudrait bien qu'ils soient produits.
M. Charron: M. le Président, je prends avis de la
question. J'en discuterai avec mon collègue, le ministre d'Etat à
la réforme électorale et parlementaire. Ce qui sera disponible
lors du dépôt du projet de loi demain devrait l'accompagner,
à mon avis. Evidemment, si le rapport de la commission n'est pas encore
entré, on ne peut quand même pas l'inventer. M. le
Président...
Mine Lavoie-Roux: En vertu de l'article 34.
Le Président: Mme le député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: La semaine dernière, je demandais au
leader du gouvernement que soit déposée l'étude faite par
le ministère de l'Agriculture sur l'acceptation du programme de la
distribution du lait dans les écoles. Je pense que le ministre de
l'Agriculture était en Chambre à ce moment. Est-ce qu'on peut
espérer que ce rapport soit déposé avant l'ajournement de
la session?
M. Charron: D'accord. Vous m'en parlerez à moi.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture. M.
Garon: Ce n'est pas un rapport.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je suis soucieux de voir
notre journée commencer parce que, comme d'autres, j'espère
qu'elle ne se terminera pas trop tard. Il y a quand même un menu assez
volumineux que je ne rappelle pas en entier. Enfin, au début, nous
allons faire les projets de loi au nom du ministre de l'Industrie et du
Commerce, ensuite, celui au nom du ministre de la Justice, ensuite, ceux au nom
du ministre des Richesses naturelles. Par la suite, bien sûr, nous
accueillerons les prises en considération des troisièmes
lectures, c'est normal, à cette époque-ci de la session.
Je fais motion, M. le Président, pour que se réunissent
immédiatement jusqu'à 13 heures, au salon rouge, la commission
des consommateurs, coopératives et institutions financières sur
les projets de loi qui lui ont été déférés
hier et, à la salle 81-A, la commission de l'agriculture sur le projet
de loi no 16 qui lui a déjà été
déféré. Cet après-midi, la commission des
consommateurs continuera son travail, tandis qu'à la salle 81-A, on
accueillera la commission de l'industrie et du commerce, dès que les
projets de loi au nom du ministre auront été acceptés par
l'Assemblée. Ce soir, l'industrie et commerce continuera son travail
à 81-A et la commission de la justice remplacera celle des consommateurs
au salon rouge.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. Bellemare: Un vote enregistré.
M. Charron: M. le Président, est-ce que je peux demander
la collaboration du député de Johnson, pour éviter le
vote, il est midi quinze. Si on ne veut pas aller jusqu'à des heures
indues cette nuit, je pense que tout le monde doit faire un effort pour gagner
un peu de temps. Je remercie le député de Johnson.
Le Président: Adopté.
M. Lalonde: M. le Président, seulement une
précision. Est-ce que la commission de la justice va remplacer la
commission des consommateurs, même dans l'hypothèse qu'elle
n'aurait pas terminé l'étude article par article des trois
projets de loi?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président: Est-ce que la motion sera adoptée?
Adopté. M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler d'abord l'article 69) de
notre feuilleton.
Projet de loi no 29
Deuxième
lecture
Le Président: J'appelle maintenant la deuxième
lecture du projet de loi no 29, Loi modifiant la Loi du crédit aux
pêcheries maritimes.
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce, on vous demande d'attendre
quelques secondes, toutefois, pour que les membres aient le temps de se diriger
vers les commissions parlementaires, M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre de l'Industrie et du Commerce, vous avez maintenant la
parole.
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: Merci beaucoup, M. le Président.
La tradition parlementaire m'oblige à vous dire que le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande
l'adoption.
Mme la Présidente, c'est avec fierté et avec
énormément de satisfaction que je propose à cette
Assemblée l'adoption de ce projet de loi. En effet, ce projet de
loi modifiant la Loi du crédit aux pêcheries maritimes s'inscrit
dans le cadre d'un programme inédit de développement de
l'industrie des pêches maritimes au cours des cinq prochaines
années. Il y a quelques semaines, en effet, le gouvernement a
annoncé les grandes lignes d'un plan quinquennal de développement
de l'industrie des pêches. Aux $115 millions déjà
prévus au budget de la Direction générale des
pêches, d'ici 1984, c'est $110 millions additionnels qui seront
consacrés à l'expansion de l'industrie des pêches, pour un
montant global de $225 millions, soit un quart de milliard de dollars au cours
des cinq prochaines années.
Comme vous le savez, de ces $110 millions additionnels, la majeure
partie sera consacrée à moderniser notre flotte de pêche,
car, dans toute industrie, la prospérité découle d'un
équipement adéquat. Si nous voulons que nos pêcheurs tirent
profit de la regénérescence des espèces, il leur faut de
toute évidence des bateaux modernes. Or, la flotte de pêche du
Québec est vieille, désuète et insuffisante. A titre
d'exemple, depuis 1973, le Québec a perdu 22 chalutiers et, sur les 72
qui restent, 52 ont plus de quinze ans de service. Or, la durée de vie
utile d'un tel chalutier est d'environ 18 ans. Ces bateaux forment
assurément l'ossature de la flotte québécoise, en
prélevant au-delà de 65% des captures débarquées au
Québec. Il y a donc eu depuis quelques années un
dépérissement dramatique des unités de pêche les
plus productives. Si un vigoureux coup de barre n'est pas donné, c'est
l'industrie de la pêche tout entière qui risque de s'affaisser par
l'écroulement de sa base.
Il ne faut donc pas se surprendre que le gouvernement fasse porter
l'essentiel de ses efforts dans le plan quinquennal sur le renouvellement et la
modernisation de la flotte. Ce vaste programme nécessitera, comme je
l'ai indiqué, des investissements de $90 millions. La contribution du
gouvernement comme telle sera de $31 500 000 à titre de subventions et
de $42 800 000 sous forme de prêts ou de garanties de prêts. Ces
investissements permettront de construire 230 bateaux de 45 pieds à 65
pieds de longueur parfaitement adaptés à la pêche dans le
golfe Saint-Laurent. (12 h 20)
En raison des contraintes biologiques auxquelles est soumise la
ressource du golfe, le gouvernement du Québec réservera ce
territoire traditionnel de pêche pour les Québécois aux
bateaux de moins de 65 pieds. Nous ne financerons pas la construction de
bateaux d'au-delà de 65 pieds pour la pêche dans le golfe du
Saint-Laurent. Les chalutiers de plus grande taille seront appelés
à sortir du golfe, c'est-à-dire à participer à
l'exploitation de la zone économique des 200 milles marins.
A propos de la zone de 200 milles, dont le potentiel biologique est
considérable, même s'il a subi lui aussi une surexploitation
certaine, nous proposons d'y affecter deux grands chalutiers au coût de
$10 millions au cours de la période quin- quennale. Ces chalutiers
devraient assurer des débarquements d'au-delà de 30 millions de
livres de poisson, mais il faut que nos pêcheurs soient prêts
à tirer profit de ces nouvelles occasions. Pour préparer les
Québécois à la pêche océanique, nous
sélectionnerons des pêcheurs pour des stages prolongés sur
de grands chalutiers français, principalement sur les bateaux de
pêche des îles de Saint-Pierre et Miquelon.
Vers 1983, le Québec devrait mettre définitivement les
pieds dans la zone de 200 milles avec ses propres chalutiers, constituant pour
ainsi dire le point de départ d'une flotte québécoise de
grande pêche océanique. Les quelques bateaux de plus de 100 pieds
qui ont encore leur port d'attache au Québec de même que les
futurs chalutiers de pêche océanique seront rattachés aux
Iles-de-la-Madeleine. L'archipel madelinot représente donc la voie
d'accès du Québec à la zone économique canadienne
des 200 milles marins. La position stratégique des Iles-de-la-Madeleine
dans le contexte maritime québécois leur confère tout
naturellement cette mission.
Le projet de loi no 29 vise justement à permettre la
réalisation du programme de renouvellement de la flotte de pêche
dans sa partie prêts aux pêcheurs. En effet, le ministre de
l'Industrie et du Commerce peut accorder, depuis 1967, des prêts à
des pêcheurs et à des sociétés qui exploitent le
commerce du poisson. Le volume maximum de ces prêts a été
établi à $3 millions, sauf pour les années 1973 à
1976 quand la loi fixait un plafond maximal à $4 500 000. Le
présent projet de loi élève ces autorisations de
prêts de $3 millions à $10 millions et ceci, dès la
présente année financière 1979/80, afin de s'assurer que
la direction des pêches maritimes puisse disposer de $50 millions pour
avancer les fonds nécessaires au renouvellement de la flotte soit sous
forme de prêts, soit sous forme de garanties de prêts.
Il faut souligner que ces prêts ou ces garanties de prêts
comportent un élément important de subvention car il s'agira de
prêts sans intérêt ou de prise en charge complète des
intérêts par le gouvernement lorsqu'il s'agira de garanties de
prêts. C'est pourquoi je suis véritablement fier de
défendre ce projet de loi aujourd'hui. Ce projet de loi est la preuve
que le gouvernement tient ses engagements, car son adoption marque un jalon
important dans la réalisation de l'objectif fondamental de l'industrie
des pêches, comme il fut convenu lors de la conférence
socio-économique de Gaspé en avril 1978. L'engagement concernant
le transfert administratif de la Direction générale des
pêches a été tenu; il ne reste qu'à surmonter les
inconvénients inévitables et les technicités
administratives rattachées à ce transfert.
Je suis aussi, aujourd'hui, en mesure d'affirmer que l'engagement
concernant la mise en oeuvre d'un plan quinquennal de développement des
pêches, d'une façon intégrée, tant au niveau de la
ressource, de la pêche, de la transformation et de la commercialisation a
été rempli. Je dis: Mission accomplie!
Aujourd'hui, l'adoption de ce projet de loi nous permettra de
réaliser l'objectif du rajeunissement de notre flotte de pêche
avec la construction de 230 nouvelles unités au cours des cinq
prochaines années. A titre de Gaspésien de naissance, je me
réjouis de pouvoir contribuer à la stabilisation et à la
prospérité de l'économie régionale de tout l'Est du
Québec, tant en Gaspésie qu'en Basse-Côte-Nord et aux
Iles-de-la-Madeleine. C'est, en effet, une des grandes satisfactions qu'un
ministre peut retirer de la vie publique quand il peut faire évoluer les
choses dans une direction favorable à l'ensemble de la population.
Ce projet de loi et le plan quinquennal d'où il émane
constituent un message pour les pêcheurs professionnels du Québec
que le gouvernement croit à l'avenir dans le secteur des pêches
maritimes. C'est aussi un message aux jeunes qui veulent adopter ce
métier éminemment noble qu'il y a un avenir prometteur dans la
pêche maritime. C'est aussi un message à nos industriels et
à nos travailleurs d'usines de transformation que leurs efforts et leurs
investissements recevront l'appui du gouvernement. Ce projet de loi est aussi
un message à tous les Québécois et à toutes les
Québécoises que le Québec est un pays maritime et que nos
produits marins sont de haute qualité et sont vendus à travers le
monde, du Japon jusqu'à l'Europe, en passant par les Etats-Unis. Pour
toutes ces raisons, Mme la Présidente, je recommande respectueusement
aux membres de cette Assemblée l'adoption du projet de loi no 29.
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Opposition et
député de Bonaventure.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Président, je suis
particulièrement heureux que vous me désigniez comme
député de Bonaventure et que vous souligniez ainsi ma
qualité de Gaspé-sien, alors que j'ai à aborder
l'étude en deuxième lecture du projet de loi no 29, Loi modifiant
la Loi du crédit aux pêcheries maritimes. On n'a pas besoin
d'être Gaspésien pour évidemment évaluer
l'importance des pêcheries maritimes dans la vie et dans
l'économie des régions de l'Est du Québec,
c'est-à-dire de la Gaspésie, de la Côte-Nord et des
Iles-de-la-Madeleine. Mais je crois qu'un Gaspésien peut ressentir une
satisfaction bien légitime de participer à un débat qui
touche d'aussi près l'avenir d'une ressource aussi vitale pour l'avenir
de notre collectivité de l'Est du Québec.
Mme la Présidente, je ne voudrais pas surestimer, ni sous-estimer
l'importance du projet de loi que nous avons à étudier ce matin.
Il n'y a aucun doute que nous allons l'approuver en deuxième lecture, en
commission parlementaire et en troisième lecture. Cependant, il faudrait
être en mesure de bien situer ce projet de loi dans l'ensemble des
préoccupations qui peuvent être celles de tous ceux qui suivent
avec intérêt le développement de nos pêches
maritimes. Le projet de loi est bien simple et il ne faudrait pas lui donner
toute la signification remplie de certitude que voudrait lui donner le ministre
en l'associant directement à une stratégie quinquennale
d'allocation des ressources pour les pêches maritimes du Québec.
Ce n'est qu'une pièce encore timide que nous avons devant nous. (12 h
30)
Quant au reste, nous devons prendre la parole du ministre,
évidemment, qui manifeste jusqu'à maintenant à l'intention
des pêches maritimes et de leur avenir un intérêt verbal
car, Mme la Présidente, il faut bien voir dans ce projet de loi
simplement un ajustement quant aux prêts et garanties accordés aux
pêcheurs et cela, dans le domaine de la construction de bateaux de
pêche. Il ne faut pas oublier que nous avons dans le passé... Je
me rappelle qu'il y a plusieurs années, nous avions le projet de loi qui
parlait de moins de $3 millions. Cela a été augmenté
à $3 millions. Comme l'a évoqué le ministre de l'Industrie
et du Commerce, jusqu'en 1976, cela avait été porté
à $4 500 000 comme somme qui pouvait être mise à la
disposition des pêcheurs pour la construction de bateaux quant aux
prêts et avances qui pouvaient être consentis, mais ce qui est
curieux, c'est que de 1976 à 1979, alors que le gouvernement actuel
était au pouvoir, on a laissé, par l'effet de la loi parce
qu'elle n'a pas été amendée avant, pendant ces trois
dernières années, cette somme consacrée à cette
fin, passer de nouveau de $4 500 000 à $3 millions pour dire aujourd'hui
que l'on passe de $3 millions à $10 millions. Mais il y a eu un hiatus
important de la part du ministre et du gouvernement; c'est qu'on n'ait pas
pensé en 1976 ou 1977 à porter ces $4 500 000 à au moins
$6 millions ou $7 millions simplement pour tenir compte de l'indexation et du
coût de la vie.
Aujourd'hui, on passe à $10 millions, mais je pense qu'il s'agit
là encore d'un effort qui est simplement dans une continuité et
qui ne traduit pas réellement tout ce que peut contenir de bonnes
intentions que l'on retrouve dans la stratégie quinquennale
proposée par le gouvernement, et d'ailleurs élaborée avec
menus détails dans une publication qui a accompagné une
conférence de presse du ministre de l'Industrie et du Commerce,
publication que j'ai trouvée fort intéressante à sa
lecture même. Je me permets de demander au ministre de féliciter
son équipe de recherche qui a réellement fait un excellent
travail d'inventaire de la situation passée, tout en projetant certaines
solutions vers l'avenir.
Or, Mme la Présidente, je voudrais à ce moment-ci rappeler
au ministre que s'il relit lui-même le document ou cette publication
qu'il a eu l'honneur de signer à son avant-propos, il verra qu'il est
peut-être téméraire de sa part de parler de programme
inédit. Peut-être que dans sa forme même, on peut parler
d'un programme inédit, mais il s'agit là simplement d'une
continuité et, en même temps, il s'agit d'une adaptation à
des circonstances qui ont changé à cause de la conjoncture et
à cause des décisions prises par un autre gouvernement et par
d'autres gouvernements à l'échelle nationale et
internationale.
Mme la Présidente, je ne peux pas cependant blâmer, et loin
de moi l'idée de blâmer le gouvernement de prendre justement
conscience de ce qui se passe autour de lui particulièrement dans un
domaine aussi névralgique que celui des pêches. Je suis
très heureux de collaborer de mes modestes moyens à cette
opération qui est devenue essentielle, justement à cause des
circonstances qui ont changé.
Ce projet de loi touche simplement une augmentation de sommes d'argent
qui peuvent être empruntées par des pêcheurs, mais je tiens
à signaler, d'une façon absolument objective, que cela n'a jamais
été le manque d'argent qui a réellement été
la cause que la flotte du Québec n'ait pas été plus
considérable. Cela n'a pas été le manque d'argent qui
était mis à la disposition des pêcheurs. Il y a même
eu des moments où les circonstances faisaient qu'il n'y avait pas
tellement de pêcheurs intéressés à se procurer de
nouveaux bateaux. Autrement dit, le gouvernement a toujours été
disposé, quel qu'il soit. Que ce soit le gouvernement libéral,
que ce soit le gouvernement de l'Union Nationale, je n'ai jamais vu un
gouvernement, parmi les gouvernements qui se sont succédé, qui
ait dit: Vous ne pouvez pas bâtir de nouveaux bateaux parce que
l'Assemblée nationale ne veut pas voter de sommes d'argent
additionnelles. Il faut bien comprendre qu'il y a là une situation
très cyclique dans le domaine des pêches. Il y a des faits
nouveaux.
Ce qu'il y a de cyclique, cela a souvent été les
approvisionnements et cela a souvent été simplement le jeu de
l'offre et de la demande. Il y a eu des moments extrêmement difficiles
à passer. Je songe, en particulier, au député de Johnson,
qui était ministre responsable des pêcheries, et au ministre qui
lui a succédé qui ont trouvé, à certains moments,
la vie très difficile à cause justement d'un fléchissement
considérable dans la demande des produits et d'une certaine conjoncture
internationale qui ne favorisait pas le développement des pêches
et qui rendait hésitants des investissements dans de nouveaux
équipements.
Il y a aussi cette conjoncture nouvelle que l'on appelle la zone de 200
milles. Ce n'est évidemment pas le gouvernement du Québec qui a
pris cette décision, mais c'est là un événement qui
fait que le gouvernement du Québec doit se préoccuper de la part
que peuvent maintenant aller chercher les pêcheurs du Québec dans
ce nouveau territoire. En même temps, un autre élément de
la conjoncture, c'est que le départ de plusieurs navires
étrangers de cette zone aide à la reconstitution de stocks de
poissons dans plusieurs espèces. Cela favorise, encore une fois, les
Canadiens et les Québécois, qui peuvent avoir accès
davantage à cette ressource bien importante, et permet de meilleurs
approvisionnements dans l'avenir pour les usines de transformation qui
attendent ces approvisionnements et qui n'ont pas eu, malheureusement, les
approvisionnements suffisants à cause de stocks qui diminuaient et
diminuaient constamment. C'est cette attitude énergique qui a
été prise pour créer cette zone de 200 milles qui, encore
une fois, affecte la conjoncture et qui nous amène à regarder la
situation avec un oeil nouveau.
Il y a également cette dévaluation du dollar qui a
aidé encore énormément, lorsque l'on sait qu'entre 70% et
80% des produits de la pêche au Québec quantité
assez importante sont exportés. Là, on peut voir, encore
une fois, que la conjoncture, cette dévaluation du dollar, favorise
énormément les pêcheurs et les entreprises qui s'occupent
d'exporter ces produits. (12 h 40)
Mme la Présidente, lorsque le ministre parle en conférence
de presse et lorsque, plus modestement, il parle ce matin de situation
inédite ou de programme inédit, il fait abstraction, d'une
façon assez téméraire, sinon injuste, de ce qui s'est
passé avant lui. Il est arrivé en 1976. J'ai évoqué
tout à l'heure qu'il n'a même pas apporté un amendement
pour au moins maintenir à $4 500 000 ces sommes qui étaient
consacrées aux prêts aux pêcheurs; il les a laissés
retomber à l'ancien montant de $3 millions. Autrement dit, quand il a
pris le ministère, c'était à $4 500 000; il laisse tomber
cela à $3 millions jusqu'à maintenant et, aujourd'hui, il arrive
en suggérant $10 millions, comme s'il avait découvert quelque
chose d'extraordinaire. Dans la simple continuité des faits, on en
serait là sans avoir changé quoi que ce soit.
Dans sa stratégie quinquennale, cependant, il a des ambitions.
Nous le félicitons de faire cet effort, un effort qui est essentiel dans
le domaine des pêcheries et que j'ai eu l'occasion dans le passé
de souhaiter. Mais, tout en reconnaissant cet effort qu'il veut faire dans
l'avenir, il aura encore à faire ses preuves. Jusqu'à maintenant,
ce sont des intentions qu'on retrouve dans ses éléments de
stratégie quinquennale. Il va falloir juger le ministre et le
gouvernement à leurs oeuvres. Lorsque le ministre dit en terminant:
Mission accomplie, je dis: Voyons, il n'a même pas commencé! Il
s'assoit sur les oeuvres de ses prédécesseurs et il dit: Mission
accomplie. Ou est-ce qu'il veut dire que cette stratégie quinquennale
que l'on retrouve dans un volume très bien préparé
d'ailleurs par ses fonctionnaires c'est cela la mission accomplie? Non,
pour une mission accomplie, il va falloir qu'année après
année, comme les pêches du Québec se sont bâties
tranquillement, moins vite qu'on ne l'aurait voulu, on juge ce gouvernement
à ses oeuvres, non pas à ses livres. On est trop porté
à écrire un livre, un livre que je respecte beaucoup parce que je
pense qu'il y a eu beaucoup de travail de fait dans ce volume. On est
porté à dire: Voici, notre plan est déposé, mission
accomplie. Je dis non.
Le ministre, en conférence de presse ou à l'occasion,
alors qu'il est enclin à manquer un peu de modestie, sinon de
mémoire, est porté à dire: Tout commence avec nous. Je
pense qu'il faut signaler ici... Je trouve d'ailleurs que ceux qui ont
préparé cette publication à laquelle je me
référais tout à l'heure ont été assez
corrects en rappelant les oeuvres des prédécesseurs, mais le
ministre aurait avantage à éviter les mots "tout commen-
ce", "voici un programme inédit", "nous allons sauver la
situation, les autres ont tout négligé et nous allons nous
occuper de tout". Ce genre de conversations peut avoir un certain attrait pour
les non initiés mais, pour des gens qui ont vécu les
pêcheries, les pêches maritimes, qui ont vécu dans la
région en particulier, ce genre de vantardise ne va pas loin.
On peut peut-être impressionner les gens qui ne savent pas ce qui
s'est passé, mais on me permettra simplement de rendre hommage à
tous ces fonctionnaires, à tous ces ministres qui ont
précédé le ministre actuel, en particulier le
député de Johnson, le ministre, de l'Industrie et du Commerce, M.
Saint-Pierre, et, avant lui, tous les autres ministres qui se sont
succédé. Je vois le député de Gaspé qui me
rappelle le Dr Pouliot qui a été longtemps aux pêcheries.
Il serait scandalisé, s'il était ici, d'entendre le ministre de
l'Industrie et du Commerce dire qu'avec lui cela commence. Un instant! Il y a
eu un dévouement extraordinaire. Je me rappelle que, lorsque
j'étais aux pêcheries je ne veux pas me citer, loin de
là, en exemple je faisais le tour des postes de pêche.
Est-ce que le ministre a fait cela dans la Basse-Côte-Nord? Oui. Alors,
il devrait savoir qu'il n'a pas découvert la Basse-Côte-Nord. Il
n'a pas découvert toutes les anses et tous les fjords du golfe
Saint-Laurent. Il n'a pas découvert toute la Gaspésie avec ses
baies et ses anses. On devrait savoir qu'avant que ce ministre soit d'autres
furent et je n'ai qu'à rappeler brièvement certains faits. Je
pourrais parler, évidemment, des travaux du Bureau d'aménagement
de l'Est du Québec; je pourrais parler des travaux de recherche en
biologie et en technologie marine. Je pourrais rappeler toutes les
découvertes qui ont été faites grâce à tous
ces chercheurs. Je pourrais parler, évidemment, du dévouement des
pêcheurs qui, depuis des siècles, travaillent justement dans ce
domaine de l'approvisionnement de ces espèces. Je pourrais parler de la
flotte qui existe aujourd'hui. On dit qu'elle est vieille. Le ministre parle
d'une flotte dont les bateaux qui dépassent 18 ans doivent être
mis au rancart. Mais d'où viennent toutes ces 285 unités majeures
et 1200 plus petites unités de la flotte québécoise? Il en
hérite. Il trouve que les navires doivent être modifiés,
changés, améliorés, modernisés. D'accord. Mais il y
a là une oeuvre qui l'a précédé. Lorsque l'on
songe, Mme la Présidente, à ces 45 usines de transformation, il
ne faut pas connaître sa petite histoire pour ignorer que la plupart de
ces usines, particulièrement les grandes usines modernes que l'on
retrouve soif à Cap-aux-Meules, soit à La Tabatière, soit
à Paspébiac, à Grande Rivière, à
Rivière-au-Renard, Newport, et on pourrait en nommer, ont
été créées de toutes pièces avec l'appui non
équivoque et substantiel du gouvernement du Québec et cela, bien
avant la venue du ministre actuel.
Mme la Présidente, les parcs industriels qui regroupent les
entreprises de pêche, tout cela a été planifié dans
des stratégies quinquennales également de développement,
mais cela, avant l'arrivée du présent gouvernement au
pouvoir.
C'est ainsi qu'on a planifié le parc industriel de
Rivière-au-Renard, celui de Cap-aux-Meules, celui de
Grande-Rivière, celui de Paspébiac, de grands parcs industriels.
Tout ce qu'on demande au ministre, actuellement, c'est de terminer, de
parachever.
On me permettra simplement de rappeler que la valeur productive par
homme-heure dans les usines a triplé entre 1966 et 1975, le salaire
horaire moyen a également triplé durant cette période. Il
y a eu des améliorations, ce n'est pas encore suffisant. Nous allons
encourager le gouvernement à poursuivre l'oeuvre commencée, mais
nous allons nous opposer lorsque le ministre veut laisser entendre qu'il vient
de découvrir quelque chose et qu'il va partir, comme il voudrait le
laisser entendre, de zéro.
Je crois qu'il est important, à ce moment-ci, de nous rappeler
avec justement cette publication sur la stratégie quinquennale, certains
programmes d'aide gouvernementale. Le ministre aurait tort de passer sous
silence qu'avant lui, il y avait la Loi concernant les prêts aux
pêcheurs par les caisses populaires ou banques à charte du Canada,
cette loi permettait et permet encore le paiement de la moitié de
l'intérêt sur les prêts consentis aux pêcheurs
professionnels, par les institutions financières, pour la construction
ou l'achat ou la réparation de bateaux et d'équipement de
pêche, selon certaines modalités. Il y avait la Loi du
crédit aux pêcheurs maritimes que nous modifions aujourd'hui, mais
qui était là à la disposition des pêcheurs. (12 h
50)
II y avait également avant même que le ministre n'arrive,
un programme de subventions du gouvernement du Québec pour les petits
bateaux de pêche. Il y avait un programme de subventions du gouvernement
du Québec pour les engins de pêche. Il y avait un programme de
subventions du gouvernement du Québec pour les moteurs marins. Cela
existe toujours. Il y avait un programme de subventions du gouvernement du
Québec pour les primes d'assurance, les programmes de subventions du
gouvernement du Québec en transport du poisson. Nous avons
financé justement le transport du poisson pour permettre de l'amener
plus près des usines ou plus près du marché. Un programme
de subventions du gouvernement du Québec pour les pêches
côtières. Nous avons mis en place comme cela
énormément de programmes, sans oublier les programmes
relativement à la recherche.
Nous avons de plus eu ce qui a même précédé
un programme qui est aujourd'hui présenté par le présent
gouvernement, dont on a parlé au cours de la présente session, un
programme de supplément du revenu au travail. Déjà notre
gouvernement, le gouvernement précédent, avait pris des mesures
justement pour compenser le revenu des ouvriers dans les usines qui souffraient
du manque d'approvisionnement dont ils n'étaient pas responsables, et
nous avons vu... je me rappelle que l'ancien député des
Iles-de-la-Madeleine, M. Louis-Philippe Lacroix, avait fait un travail
extra-
ordinaire auprès du ministre de l'Industrie et du Commerce du
temps pour convaincre le ministre de l'importance d'aider les ouvriers en usine
qui avaient besoin justement d'une politique de supplément de revenu au
travail et cela a été mis en vigueur.
Combien d'autres mesures extrêmement importantes existent encore
et, je l'espère, continueront d'exister! D'ailleurs, lorsqu'on regarde
le plan quinquennal du ministre, voici ce qu'il dit et je cite
par exemple de la loi concernant les prêts aux pêcheurs
professionnels par les caisses: Cela va être maintenu sans changement
pour le moment. Lorsqu'on parle de la loi du crédit aux pêcheurs,
cela va rester sans changement pour le moment. Lorsqu'on parle du programme de
subventions du gouvernement du Québec pour les petits bateaux de
pêche, ceci sera maintenu. Lorsqu'on parle du programme de subventions du
gouvernement du Québec pour les engins de pêche, on dit: Cela sera
maintenu sans changement.
Toujours dans cette stratégie quinquennale du ministre et du
gouvernement actuel, on dit que le programme de subventions du gouvernement
pour les moteurs marins sera maintenu. Lorsqu'on parle du programme de
subventions du gouvernement du Québec sur les primes d'assurance,
là, on dit que ce sera amendé. Jusqu'à maintenant, le
ministère de l'Industrie et du Commerce payait, selon le cas, 75% ou
100%, dans le cas des petits pêcheurs, des primes d'assurance; dans la
stratégie du gouvernement actuel, on dit qu'il faudrait que la
subvention gouvernementale soit égale à 50% de la prime
payée par les pêcheurs. Là, on maintient, mais on coupe en
deux. C'est ici, justement dans cette stratégie quinquennale.
Quant au programme de subventions du gouvernement du Québec au
transport du poisson, qu'est-ce qu'on dit dans la stratégie? Il faut que
ce soit maintenu. Quand on parle du programme de subventions du gouvernement du
Québec à l'effort de pêche, évidemment, qu'il soit
maintenu, mais qu'il ne serve qu'à susciter la capture de certaines
espèces sous-exploitées, et ainsi de suite. Même dans cette
publication du ministère de l'Industrie et du Commerce, sous la
responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce, on
reconnaît toutes ces mesures d'aide qui ont été
apportées aux pêcheurs par les gouvernements antérieurs. On
reconnaît non seulement que ces mesures ont existé et qu'elles
continuent d'exister, mais, dans la plupart des cas, on suggère de les
maintenir. Je pense qu'il y a là un témoignage non
équivoque et qui méritait d'être souligné.
Lorsque nous pensons à moderniser la flotte de pêche, vous
pouvez être assurés que je suis d'accord. Nous avons besoin
d'avoir une construction navale qui soit maintenue régulièrement,
simplement pour remplacer les unités à mesure qu'elles
vieillissent. C'est un strict minimum. Mais, en plus, à cause justement
d'une conjoncture très favorable et qui n'a pas seulement des
éléments d'aspect temporaire, si l'on veut. On peut dire que la
dévaluation du dollar peut peut-être durer deux, trois, quatre ou
cinq ans; les marchés sont souvent cycliques, mais, encore là,
dans la situation actuelle, cela pourrait être un marché qui
persiste, justement à cause des modifications dans la zone de 200 milles
qui a repoussé les navires étrangers et qui a fait augmenter la
demande vers le Canada pour les produits de la pêche.
Dans les circonstances actuelles, je pense que le gouvernement est
pleinement justifié de mettre l'accent non pas seulement sur le maintien
de la flotte mais sur une augmentation considérable. Je disais tout
à l'heure que ce n'est pas l'argent qui était le principal
obstacle. Je le dis encore, il s'agissait souvent de manque
d'approvisionnement; je pense que la zone de 200 milles va aider. Il s'agissait
également et j'insiste sur ce point d'un manque
d'équipages. J'ai eu ces expériences moi-même où
nous avions l'usine, nous avions une possibilité d'approvisionnement,
nous avions des possibilités d'équipement, de bateaux, mais
où nous nous sommes cognés le nez sur le manque
d'équipages. Or, je suis heureux de voir dans la stratégie
quinquennale présentée par le ministre cette intention de
s'attaquer à ce problème et de travailler à la formation
des équipages. Cela ne sert à rien de parler d'aller dans la zone
de 200 milles si on n'a pas, évidemment, le capital humain qui sera
prêt à y aller. Je suis heureux de voir qu'on a donné une
vocation, justement, aux Iles-de-la-Madeleine quant à s'occuper de cette
zone de 200 milles. Je suis bien heureux pour les gens des îles. Ils sont
plus avancés dans le golfe que nous en Gaspésie.
Par contre, je ne voudrais pas m'imaginer que cette stratégie
soit absolument rigide et que, dans tel secteur, il y aura seulement telle
grandeur ou telle longueur de bateau, tel tonnage et que, dans d'autres
secteurs, d'une façon absolument rigide, il va falloir qu'il y ait des
bateaux de cette grosseur-là. Ce plan a été fait sans
doute à la lumière des consultations et de l'expérience,
mais je ne pense pas qu'on puisse dire, par exemple, qu'à
Paspébiac on n'aurait pas le droit d'avoir un ou deux bateaux de 150
pieds et plus si, dans un an, deux ans ou trois ans, il s'avère que ce
serait profitable pour cette usine située à Paspébiac ou
encore, à cause de circonstances changeantes, j'imagine bien que l'on
pourra à ce moment-là avoir accès à un peu moins de
rigidité et à un peu plus de flexibilité. Je vois, Mme la
Présidente, que vous m'indiquez que l'heure approche, évidemment.
Peut-être qu'on me permettrait cinq minutes pour terminer. Oui?
La Vice-Présidente: Consentement, M. le
député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Je vous remercie, Mme la
Présidente et je remercie mes collègues. Je voudrais tout
simplement, parce qu'il ne me reste justement que ces cinq minutes-là,
dire que j'appuie d'une façon particulière parce que nous
avons eu dans le passé des expériences qui nous ont amenés
à penser que c'était peut-être beaucoup plus
nécessaire que l'argent l'accent
mis sur le capital humain. C'est la formation des équipages qui
est importante; amener les jeunes à vouloir davantage
s'intéresser à cette matière première, les
pêcheries, ce qui permet aux gens de la région de demeurer dans la
région et aux jeunes de gagner leur vie dans le milieu qu'ils
préfèrent, soit le milieu gaspésien, le milieu des
Madelinots ou le milieu de la Côte-Nord. (13 heures)
Ils peuvent réellement avoir un espoir de gagner honorablement
leur vie en s'intéressant à ces pêches
particulièrement dans cette conjoncture nouvelle. Evidemment, on ne peut
pas demander à des gens d'aller pécher alors qu'on sait que les
prix sont complètement tombés, qu'il n'y a plus
d'approvisionnement possible parce que des navires étrangers prennent
toute la crème et souvent le petit lait.
Mais dans la conjoncture nouvelle, je pense qu'il y a un avenir pour les
pêches et un avenir pour les pêcheurs. Je pense qu'il faut ensemble
avoir de la vision et montrer un avenir beaucoup plus optimiste pour nos jeunes
lorsqu'on a à se tourner vers cette industrie aussi prometteuse que peut
être celle des pêches maritimes.
Je ne voudrais pas terminer sans dire un mot du comté de
Bonaventure. Je vois qu'il en est continuellement question au cours de cette
stratégie quinquennale. On s'y réfère. Je ne dis pas que
ce volume ne contient pas certaines inexactitudes, qu'il n'y a pas certaines
contradictions qui peuvent être décelées, mais dans
l'ensemble, je dis qu'on reflète assez bien, justement lorsque l'on fait
le tableau général, la situation actuelle. Je crois qu'il y a
quelque chose qui m'inquiétait. On a commencé par les petits
centres de pêche. A la page 148 de votre publication, je vois qu'il y a
une série d'installations de pêche pêche artisanale,
cela va de soi dont on fait la liste ici et qui sont appelées
à disparaître. On dit cela d'une façon assez brutale. Je ne
voudrais pas qu'il n'y ait pas de flexibilité, que l'on ait une
rigidité absolue, parce que je vois, dans la liste de ces centres de
pêche je comprends qu'ils sont modestes comme
Port-Daniel-Centre, Port-Daniel-Est, Rivière-Caplan, etc. Je ne voudrais
pas contribuer à passer le crayon sur ces petits ports de pêche.
J'attire l'attention du ministre là-dessus.
Je vois que sa stratégie conserve d'autres ports
intermédiaires. Je songe, en particulier, à Gascons qui est un
endroit extrêmement important dans le comté de Bonaventure, dans
le domaine des pêches. Je songe à Saint-Godefroi et à
d'autres postes que l'on peut appeler intermédiaires, mais qui sont
très importants pour la vie de ces villages.
Finalement, il y a Paspébiac, qui revient assez
fréquemment dans l'étude que je viens d'évoquer.
Paspébiac, évidemment, a des problèmes. J'espère
que le ministre est conscient de ces problèmes. J'ai posé des
questions au ministre, soit privément ou en Chambre, mais je veux qu'il
soit extrêmement sérieux dans l'approche qu'il doit faire, non
seulement dans cette stratégie quinquennale, mais il y a des
éléments de flotte d'approvisionnement, etc., extrêmement
importants. Paspébiac, il faut se rappeler c'est là que je
termine parce que le temps me manque que c'est le plus vieux port de
pêche; il date de 1766 alors que les usines de Charles Robin ont
été installées à Paspébiac en 1766 et,
depuis ce temps, il y a toujours eu des activités de pêche
importantes à Paspébiac. C'était les quartiers
généraux des Robin autrefois.
En 1964, lorsque l'usine des Robin a passé au feu et que la
compagnie a décidé de ne pas reconstruire, c'est à ce
moment-là, alors que j'étais ministre de l'Industrie et du
Commerce, que j'ai effectué une excellente transaction. Au nom du
gouvernement, j'ai acheté tout le banc de Paspébiac et tous les
édifices qui s'y trouvaient qui n'avaient pas été
incendiés. Il y a même des édifices tellement importants
que le ministre des Affaires culturelles du Québec actuel est
allé encore récemment, à la demande des gens de chez nous,
s'occuper de l'aspect culturel de ces édifices.
D'ailleurs, il a un petit peu de misère avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce, qui ne semble pas attacher autant d'importance au
côté culturel. J'espère qu'ils vont faire la paix entre les
deux mais tout ce banc de Paspébiac, les monuments, les édifices
de valeur culturelle et les édifices de valeur commerciale et les acres
de terrain ont été achetés en 1964 par le gouvernement du
Québec pour $50 000. Voilà quelque chose qui a été
fait et qui a préparé les voies à un parc industriel. Nous
avons nous-mêmes reconstruit une usine au nom du gouvernement et nous
avons vu à ce qu'elle fonctionne. Il y avait là entre 125 et 200
emplois. Nous savons que l'Etat doit intervenir lorsque l'entreprise
privée faillit à la tâche. C'est ce que nous avons
fait.
M. Tremblay: On va intervenir.
M. Levesque (Bonaventure): Nous interviendrons, lorsque nous
aurons le pouvoir de le faire évidemment, chaque fois que des situations
comme celle-là se présenteront. Vous avez là un parc
industriel. Vous avez là une usine moderne et, pour la première
fois depuis 1766, voilà que tout le monde est mis à pied, en
1979! Je dis au ministre: Inquiétez-vous parce qu'il y en a bien qui
s'inquiètent de cette situation, inacceptable après 213 ans, Mme
la Présidente. Après 213 ans, comment se fait-il que le PQ mette
les pieds là et que cela arrête? Il va falloir que le ministre
prenne les dispositions nécessaires pour cela. Les chantiers maritimes
ont été construits alors que j'étais ministre de
l'Industrie et du Commerce et ils ont construit plusieurs des bateaux de la
flotte de pêche dont on parle, ils ont construit le premier bateau
d'acier de pêche au Québec. Cela a été fait aux
chantiers maritimes de Paspébiac. Ce sont les chantiers de Marine
Industrie qui les ont fait fonctionner jusqu'en 1968. Là, je n'aurais
pas dû être encore dans l'Opposition. Cela a fermé encore
une fois, Mme la Présidente. Je dis qu'il va falloir que le ministre,
s'il est Gaspésien, comme il l'a évoqué tout à
l'heure, de coeur, vienne à Paspébiac et revigore ces deux usines
qui lui appartiennent
comme ministre de l'Industrie et du Commerce, et les chantiers maritimes
et l'usine de transformation.
Il y a des millions d'investis là. Il y a un port de mer, le plus
beau probablement du Québec, le plus fonctionnel. Tout est là. En
terminant, je profite de l'étude de ce projet de loi pour inciter le
ministre à intervenir, et cela avec toute la vigueur dont je suis
capable, toute la chaleur, oui, que je peux y mettre, la
ténacité, évidemment, tous mes collègues viennent
à ma rescousse parce qu'ils veulent m'appuyer auprès du
gouvernement pour que nous puissions réussir là en particulier
comme, d'ailleurs, j'espère qu'on réussira dans tous les ports de
pêche du Québec. Je dis, en terminant, que j'appuie le ministre
dans son projet de loi; j'appuie la stratégie quinquennale,
malgré qu'elle puisse être insuffisante, tellement il y a de
possibilités aujourd'hui vu la conjoncture nouvelle. Je dis, cependant,
que le projet de loi que nous avons devant nous n'est qu'un petit
élément insuffisant, évidemment, bien loin de ce que
contient la stratégie. Nous allons juger le ministre, nous allons juger
le gouvernement à ses oeuvres. En attendant, nous allons formuler des
espoirs pour le succès des pêches maritimes au Québec.
Des Voix: Bravo!
La Vice-Présidente: M. le député de
Gaspé, c'est vous qui aurez la parole au moment de la reprise du
débat sur la motion actuellement en discussion, la motion du ministre de
l'Industrie et du Commerce proposant que soit maintenant lu la deuxième
fois le projet de loi no 29, Loi modifiant la Loi du crédit aux
pêcheries maritimes.
Cette Assemblée suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 10
Reprise de la séance à 15 h 8
Le Vice-Président: Nous allons continuer la
deuxième lecture du projet de loi no 29, Loi modifiant la Loi du
crédit aux pêcheries maritimes. C'est M. le député
de Gaspé qui avait demandé la suspension du débat.
M. le député de Gaspé.
M. Pagé: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Portneuf.
M. Pagé:... j'ai la permission de mon collègue de
Gaspé pour vous demander une directive. Est-il possible par les
dispositions de notre règlement que je signale la présence dans
nos galeries et que je salue de façon particulière un groupe de
gens de Saint-Casimir dans le comté de Portneuf, qui viennent visiter
leur Assemblée nationale cet après-midi?
Le Vice-Président: M. le député de Portneuf,
vous saviez fort bien que c'est impossible, mais votre message
extrêmement chaleureux est passé.
M. le député de Gaspé, à vous la parole sur
le projet de loi no 29.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: On ne cause pas sur Saint-Casimir.
M. le Président, il me fait plaisir, à la suite du
ministre de l'Industrie et du Commerce et de mon collègue, le
député de Bonaventure, ancien titulaire du même
ministère, de prendre la parole sur un projet de loi qui me touche de
près et qui concerne non seulement les pêcheurs de la
Gaspésie, mais qui englobe en même temps ceux des
Iles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord. (15 h 10)
Les gens qui ont vécu dans l'Est du Québec et ceux qui se
sont intéressés un peu à l'histoire de toute cette brave
population savent que la pêche chez nous est aussi vieille que le pays,
puisque déjà du temps de Jacques Cartier et surtout après
lui les pêcheurs basques, bretons et normands venaient tous les ans sur
les côtes de l'Est du pays pour y faire la pêche. Si nous remontons
à nos souvenirs d'enfance, nous nous souvenons très bien que,
dans des centaines de villages échelonnés le long des côtes
du Saint-Laurent, il y avait des milliers de bateaux de pêche, de petites
goélettes. Il y avait donc également des milliers de personnes
qui oeuvraient jour et nuit dans ce rude et dur métier de la
pêche.
Evidemment, aujourd'hui, pour les touristes qui se rendent dans nos
régions, qui voient ces bateaux équipés à la
moderne, qui entendent le ronronnement des moteurs, ils s'imaginent que pour
eux la pêche c'est un sport. Ils voient les gens quitter parfois pour
deux, trois, quatre ou cinq jours, braver les intempéries, faire face
à toutes les tempêtes pour pouvoir arracher à la mer leur
gagne-pain quotidien. Ce matin, quand le ministre nous a exposé son plan
quinquennal, quand il a étalé ce beau document, fruit de longues
heures de travail qui fait appel à la collaboration de beaucoup de
spécialistes, nous trouvons dans ce beau document une synthèse de
ce qui s'est fait chez nous, au Québec, depuis de nombreuses
années.
Le député de Bonaventure a fait un historique. Si on
considère le maigre budget dévolu au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche dans les années quarante,
cinquante et même au début des années soixante, on sait que
cela ne comptait pas tellement dans le budget du gouvernement
québécois. Quand on pense à tous ceux qui se sont
sacrifiés, qui ont travaillé, qui ont peiné, qui ont voulu
maintenir vivante chez nous cette industrie de la pêche, je trouve que le
geste du gouvernement actuel, en nous proposant le projet de loi no 29, Loi
modifiant la Loi du crédit aux pêcheries maritimes, continue
l'oeuvre de ses prédécesseurs. Je pense, personnellement, au
député de mon comté, le Dr Camille-Eugène
Pouliot, qui a laissé une très grande renommée dans
ce domaine, puisqu'il a été le titulaire du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche durant environ une quinzaine d'années.
Le travail qui avait été commencé, les bases qu'on
avait jetées à ce moment-là font qu'aujourd'hui avec
l'évolution, avec la vie moderne, le gouvernement du Québec songe
à doter cette industrie d'une véritable structure qui va
permettre non seulement une plus grande capture de poisson, non seulement une
transformation qui va évoluer selon des techniques plus modernes, non
seulement de meilleurs prix, de meilleurs débouchés, de meilleurs
marchés, mais aussi la formation professionnelle des artisans de la
pêche.
On a déploré ce matin que les jeunes et ce n'est
pas seulement dans cette industrie mais dans beaucoup d'autres, chez nous et
ailleurs dans l'Est du Québec délaissent le bateau de
pêche, délaissent la terre, délaissent la forêt pour
essayer d'aller dans les grands centres trouver des emplois qui sont
peut-être moins exigeants. On sait que le salaire moyen du pêcheur,
d'après les statistiques que l'on retrouve dans le plan quinquennal, est
d'environ $6400; avec les études qui nous sont offertes ici, dans les
cinq prochaines années, on voudrait faire passer ce salaire moyen de
$6400 à $11 000.
Si on veut réellement intéresser nos jeunes, si on veut
qu'ils comprennent que ce n'est pas seulement un métier de
crève-faim, qu'il y ait là un avenir! Ceux qui ont
persévéré, ceux qui ont voulu continuer la tradition
familiale, ce n'était pas tellement par un souci de demeurer sur un
bateau; quand on vit chez nous, quand on vient au monde sur un bateau, quand le
grand-père faisait la pêche, quand le père a fait la
même chose, quand le jeune a été entraîné,
à l'âge de douze ou quatorze ans, quand on a ce sang marin dans
les veines, on aimerait bien continuer ce métier ancestral, on aimerait
garder cette industrie. Il y a tout de même là-dedans une
satisfaction personnelle d'être capable de monter sur un bateau de
pêche, d'être capable d'en posséder un un jour et
d'être capable de vivre, d'apporter une contribution et aussi d'aider
à nourrir les gens et un peu à exporter notre poisson dans les
meilleures conditions et à le vendre dans tous les pays du monde.
Mais, quand on regarde certaines politiques du gouvernement, quand on
voit les nombreuses difficultés en ces dernières années
alors que le nombre de pêcheurs est limité, que les quotas de
poisson le sont, qu'il y a beaucoup de contraintes de ce côté, on
voit qu'il y a un réveil, surtout dans la partie nord de mon
comté, depuis deux ou trois ans. On voit des jeunes qui voulaient
s'évader, qui voulaient s'exiler et on a ouvert les portes; on a permis
peut-être 50, 75 ou 100 personnes de s'adonner à ce métier
de la pêche. On les accepte comme aides-pêcheurs.
Mais quand les jeunes n'ont pas la chance de devenir
aides-pêcheurs, quand ils n'ont pas la certitude d'avoir un permis de
pêcheur et d'avoir leur propre bateau, on sait ce qui arrive. Ils
démissionnent, ils détellent, ils vont essayer de se trouver un
emploi ailleurs. Même si, en définitive, ce projet de loi
n'apporte pas tellement de choses quand on considère les sommes d'argent
qui y sont affectées... On parlait de $4 500 000 et dans les deux
prochaines années, on va porter ce crédit à $10 millions.
Je comprends que le ministre nous a très bien présenté ce
projet ce matin, et quand nous l'avons écouté, avec sa danse de
millions, avec ses centaines de millions, on s'est dit que c'était bien
normal. Je n'ai pas d'objection. Je ne voudrais pas paralyser l'élan,
l'ardeur, l'enthousiasme du gouvernement, surtout pas celui de l'adjointe
parlementaire au ministère de l'Industrie et du Commerce.
J'espère qu'elle va persévérer et qu'elle va continuer...
Elle s'y intéresse tellement à cause des
Iles-de-la-Madeleine.
Mme Leblanc-Bantey: ... des pêches.
M. Le Moignan: Des pêches. Oui, nous sommes dans le domaine
des pêches. Je sais qu'elle va appuyer, encourager, fouetter son
ministre. Il n'a pas besoin d'être fouetté. Il est tellement
enthousiaste. Il est tellement poète quand il pense aux beautés,
aux grandeurs de la mer. Il était prêt à nous les chanter
ce matin. Il y a $110 millions d'ici cinq ans. Quand on considère tous
les chiffres qui sont alignés avec l'aide du fédéral, on
peut se dire que ce sont $225 millions qui seront ajoutés pour le
développement des pêches chez nous. On se doit d'applaudir
à une telle initiative. On ne peut tout de même pas reprocher au
gouvernement de placer beaucoup d'argent, mais quand on regarde la somme, quand
on divise cela par cinq ans, quand on voit les besoins qui s'imposent
aujourd'hui dans le domaine des pêches... On a parlé ce matin des
bateaux qui commencent à être délabrés, de la flotte
de pêche qui n'est plus moderne. Il y a un projet pour en construire 235
environ, et quand on sait le prix que coûte un bateau, le gouvernement va
presque être obligé de se serrer la ceinture pour essayer de
donner justice à tous ceux qui attendent beaucoup de ce
projet-là. (15 h 20)
J'ai parlé de jeunes tout à l'heure. Les jeunes sont
l'espoir, la relève dans ce domaine et, si vraiment on veut les faire
rentrer de plain-pied... On a mentionné aussi ce matin, en passant, les
programmes des anciens gouvernements. Oui, mais cela fait 30 ou 40 ans que
l'Union Nationale et le Parti libéral ont avancé pas à
pas. Ils ont essayé de développer les pêcheries et il y a
tout un chapelet de petits villages de pêcheurs chez nous. Je sais que
dans le comté de Bonaventure le député a
très bien plaidé sa cause la pêche est très
importante, mais je dirais peut-être un petit peu moins importante. Il y
a peut-être moins de pêcheurs. Il y a peut-être chez lui des
mini-centres de pêche. J'espère qu'il va les conserver. Ils sont
bien mentionnés, les mini-centres, dans le plan quinquennal. Si les
mini-centres sont maintenus dans le comté de Bonaventure, les gens
n'auront pas à partir de Paspébiac ou d'ailleurs pour venir
s'approvisionner en poisson 50 ou 60 milles plus loin. Ce que le
député a défendu, je suis d'accord
avec lui. Il a parlé de son usine de Paspébiac, mais
malheureusement, lorsque lui et son gouvernement ont construit, il a
commencé charité bien ordonnée par penser
à sa paroisse qui fut jadis un centre très important et, à
un certain moment, le plus important dans toute l'histoire du Canada au point
de vue des pêcheries. Les Robin, en 1766, ont choisi Paspébiac
parce que, à ce moment-là, ils croyaient que c'était le
plus beau port de mer de tout l'Est du Québec. Le député
persiste à y croire. Nous sommes d'accord avec lui.
Une Voix: II n'était pas là dans ce
temps-là.
M. Le Moignan: Mais il y a d'autres beaux endroits. En 1793, M.
le Président, les Robin ont découvert Grande-Rivière. Ils
ont vu que c'était magnifique et c'était leur deuxième
port le plus important, toujours après Paspébiac. Ensuite, ils
sont allés aux Iles, ils sont allés sur la Côte-Nord
également. Ils ont découvert qu'il y avait de belles baies, qu'il
y avait des choses intéressantes. C'est comme cela que l'industrie de la
pêche s'est propagée, s'est développée.
M. le Président, ce projet de loi, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, nous semble de prime abord très important. Je ne
veux pas du tout le minimiser. Mais le ministre a fait un pas de plus et je
sais qu'il n'a pas l'intention de s'arrêter là. Quand il a dit ce
matin "mission accomplie", j'ai eu peur, dès que j'ai entendu le mot
"mission", qu'il nous dise "mission impossible". Je me suis dit: Pourtant, pour
le ministre qui veut tellement, ce n'est pas seulement une mission accomplie;
c'est une mission qui débute. Le plan quinquennal, ce sont simplement
les grandes lignes. Ce sont des objectifs que le ministre se trace.
Si le ministre réussit à passer à travers son plan,
s'il réussit à l'élargir davantage, au bout de cinq ans,
comme on le fait en Russie on a toujours des plans quinquennaux
on va étudier le passé et là, on va en rebâtir un
autre pour l'avenir. Le ministre ne sera peut-être pas là dans
cinq ans mais, tout de même, d'autres prendront ce document qui est d'une
très grande valeur. C'est avec de tels documents, des documents
très bien faits, bien étudiés, avec de très bonnes
statistiques où on a traité de nombreux aspects, qui s'inspirent
également de recherches antérieures, d'expériences... on
fait allusion au sommet économique de Gaspé, l'an dernier; on
l'avait mentionné à ce moment-là.
Ceux qui vivent de la pêche, ceux qui sont confrontés avec
le terrible quotidien ont fait valoir leurs revendications et ils ont
indiqué au ministre de quelle façon ils aimeraient voir organiser
leur stratégie pour l'avenir. Comme dans tous les gouvernements, le
ministre écoute, le ministre prend des notes et s'il a retenu
quelques-unes des suggestions, il n'a pas encore eu le temps de toutes les
oublier. Ce qu'on maintient dans la stratégie quinquennale, que ce soit
le prêt au pêcheur, le crédit maritime, les subventions pour
les engins de pêche, les subventions pour les moteurs marins, les
subventions pour l'aide aux petits ba- teaux, la petite nuance concernant les
primes d'assurance, l'octroi du prix à la livre pour le transport du
poisson, le ministre doit conserver tout cela. Mais, quand on pense à
nos bateaux, quand on pense aux chalutiers, à ceux qui s'en vont en
haute mer, à ceux qui doivent se procurer de la glace...
J'ai remis un petit billet au ministre il y a quelque temps. Quand on
met des petits papiers dans sa poche cela m'arrive moi aussi ils
glissent, ils tombent et on les oublie. On voit ici que pour conserver une
bonne qualité au poisson, il y a des usines de glace et une usine de
glace, c'est fait pour produire de la glace, le mot le dit, mais de la glace,
apparemment, c'est quelque chose qui doit se donner. La glace est si simple
à faire; on met un contenant d'eau dans un congélateur et on
obtient un volume de glace. Mais, il y a eu une certaine imprévoyance,
une certaine imprudence que je devrais souligner puisqu'on parle de
crédit aux pêches. L'erreur remonte probablement dans le
passé.
En 1978, une tonne de glace représente, pour ceux qui ne sont pas
trop initiés, sept blocs ou sept cubes de glace. Cela se vendait, l'an
dernier, $9.60 la tonne. Les pêcheurs les achetaient, les touristes les
achetaient; tous ceux qui avaient besoin de glace pouvaient se rendre chez un
épicier, c'était $9.60. Mais voici ce qui est scandaleux, cette
année, ce qui est inadmissible pour un ministère qui se veut
être le soutien, le protecteur des pêches maritimes, surtout de
tous ces pauvres diables qui s'en vont sur des petits bateaux, des
goélettes, des barges, comme on les appelle chez nous, pour deux ou
trois jours. Ils ont besoin de glace pour placer dans le fond des cales.
Savez-vous, M. le Président, on n'a pas ajouté $0.50 de plus la
tonne, cette année, parce que le gouvernement ne procède pas en
termes de cents ou en termes de sous, il ne marche même pas en termes de
dollars. $9.60, avec l'inflation, si on vendait une tonne de glace cette
année $20, on dirait que c'est cher.
Si on la vendait $40, le député de Bonaventure dirait:
Dans mon temps, quand j'étais ministre quand lui était
ministre tout était beau, et il nous l'a dit, ce matin,
d'ailleurs. Tout allait bien, tout était beau. C'est moi qui
l'interprète mal, mais cela allait bien.
Mais si on disait $40 la tonne, M. le Président, nos gens
seraient scandalisés, surtout les touristes de Québec,
Montréal, Sherbrooke et d'ailleurs qui vont arriver en Gaspésie
cet été, comme j'ai vu des députés l'an dernier qui
voyageaient en "campers"; c'est cela en bon français, "camper". Ils
s'arrêtaient et s'achetaient un bloc de glace. Savez-vous, M. le
Président, quel prix ils vont le payer si vous venez en Gaspésie
avec votre roulotte cet été? Je ne veux pas vous le dire, je ne
voudrais pas que cela se répète dans le grand public, cela va
éloigner les gens. Cela va décourager nos pêcheurs. $105 la
tonne. $15 pour un bloc de glace qu'on met dans nos poches. $15 pour un petit
bloc de glace.
M. Vaillancourt (Jonquière): Ils viendront au
Lac-Saint-Jean, on la donne.
M. Le Moignan: J'ai attiré l'attention du ministre. Je
voudrais au moins que les pêcheurs de la Gaspésie, des
Iles-de-la-Madeleine et de la Basse-Côte-Nord soient au courant. Je ne
sais pas si c'est le même prix partout ou si c'est un prix spécial
que l'on fait à Gaspé, parce que le coût de la vie y est
peut-être plus élevé qu'ailleurs. Dans le passé,
c'était peut-être trop bas. Je comprends que $9.60 c'était
"cheap", c'était bon marché l'an dernier. On aurait dû
commencer il y a trois, quatre ou cinq ans, peut-être ajouter quelques
dollars par année. Mais partir de $9.60 et se rendre à $105!
C'est la qualité peut-être qui est meilleure. La qualité de
la glace sous le nouveau gouvernement, c'est peut-être cela aussi. Il y a
peut-être des ingrédients spéciaux pour prolonger la vie de
cette glace, pour la garder plus longtemps.
Ce que je fais là, M. le Président, ce n'est pas pour
épiloguer, parler dans le vide, mais il y a quelque chose
là-dedans de très important. Quand on pense aux pêcheurs
qui vont pêcher du mois de mai jusqu'au mois de novembre, qui vont
acheter de la glace toutes les semaines, avec le prix de l'essence, avec tout
le reste qui monte, le coût de la vie, ces gens vont certainement
déplorer une telle initiative de la part du gouvernement.
Je crois que le gouvernement actuel devrait réviser ses prix,
devrait les baisser, quitte à les remonter tranquillement au cours des
années. Cela n'a aucun sens, on ne peut pas partir alors que le
salaire... On la vend presque dix fois plus cher, on n'a pas besoin
d'être fort en mathématiques pour réaliser ce que cela peut
comporter. (15 h 30)
Maintenant, on a parlé tout à l'heure de la pêche
côtière. Le nouveau gouvernement, encore là, je suis
obligé de lui rendre un petit hommage. On a augmenté le nombre de
pêcheurs, du moins dans le secteur nord de mon comté. Je ne sais
pas ce qui se fait ailleurs. On a parlé de la relève, et c'est
là qu'il faut nécessairement encourager et ne pas seulement
donner ce qu'on appelle aujourd'hui un permis de pêche artisanale ou
sportive. Dans le passé quand on parlait de pêche artisanale
c'était tellement simple. Mon père en faisait, il cultivait la
terre, il faisait la pêche, il allait couper de la pitoune, du bois en
forêt, et avec ces trois choses il n'avait pas besoin de bien-être
social, il n'avait pas besoin du gouvernement pour vivre. Alors, aujourd'hui il
y a cette pêche touristique où on permet de prendre trois ou
quatre morues si on a un invité; s'il n'y a pas trop de
garde-pêche dans les environs, cela va bien, on peut sortir 500 livres ou
600 livres de morue et cela se vend. Mais on nous donne comme raison qu'en plus
de la glace... le ministre est allé appeler son cabinet pour dire de
baisser le prix, je suis bien content, je voudrais l'en remercier au nom de
tous les pêcheurs; mais il reste qu'il faudrait que le ministre, quand on
parle de l'aide aux pêches maritimes, pense à tous les petits
pêcheurs. Ce ne sont pas 100 ou 200 petits pêcheurs de plus qui
vont prendre 2000, 3000, 4000 livres de morue ou de hareng... le maquereau
c'est un poisson aussi, si on l'exploitait plus, cela se vendrait très
bien sur le marché. Il y a beaucoup de choses comme cela. Ce sont les
gros bateaux qui viennent à l'intérieur des limites de 5 milles,
avec leur seine, tout saccager, qui prennent des centaines de milliers de
livres de morue dans une nuit, alors que 100 petits pêcheurs n'en
prendraient pas plus dans un mois.
Le ministre aurait dû inclure cela dans son plan quinquennal pour
garder les jeunes. Avec le supplément du revenu garanti, s'ils faisaient
$2000, $3000 ou $4000, beaucoup de gens mariés également... Il y
en a qui se sont construit des chaloupes cette année, des embarcations
de pêche et ils n'ont pas réussi à avoir leur permis. Ce
sont des choses sur lesquelles le gouvernement va certainement
s'arrêter.
On a parlé aussi de moderniser la flotte de pêche. La
moderniser c'est un besoin. Ce qui nous embarrasse dans le moment, c'est
qu'avec la destruction des chantiers maritimes, même s'il y a une usine
qui est inactive, dont les portes sont peut-être fermées à
Paspébiac, cela avait été construit je ne sais pas
pourquoi, mais on voulait construire des bateaux à Paspébiac, on
voulait construire des grosses usines et cela a été fait pour des
bateaux d'acier. Alors ce n'est pas fait pour des bateaux de fibre, ce n'est
pas fait pour des bateaux de bois, et la transformation de l'usine serait
probablement très compliquée.
Même en utilisant l'usine de Paspébiac, il y a actuellement
une demande pour presque 200 bateaux de pêche, que ce soit des 45 pieds,
des 55 pieds, des 75 pieds ou des 150 pieds. Malheureusement, les quelques
grands chantiers maritimes du Québec n'ont pas le temps de s'occuper de
"bebelles" semblables. Ils ont des contrats pour d'immenses bateaux et nos
pêcheurs attendent.
Lors de l'incendie des chantiers maritimes de Gaspé, il y avait
trois beaux bateaux en préparation. Quand on songe à la
première expérience, certainement très belle, des bateaux
en fibre de verre, un bateau qui a coûté presque $1 million,
malheureusement, s'est envolé en fumée. Déjà, cela
indique au ministre que, même si je suis d'accord sur ces $110 millions
multiplié par deux, avec l'intérêt, cela fait $225
millions qu'il va dépenser dans les cinq prochaines
années, avec quelque 200 bateaux à construire, avec la
modernisation de la flotte, avec les parcs industriels qui sont
également compris là-dedans, quand on sait que les quatre parcs
industriels vont demander de la part du gouvernement encore des dizaines et des
dizaines de millions, quand on pense aux jeunes, quand on pense à la
décentralisation des pêches maritimes... Il se fait tellement de
bruit dans les journaux, surtout dans Le Soleil, depuis un bout de temps, que
je me demande si ce ne sont pas des gens qui veulent nuire au ministre ou bien
c'est une publicité pour retarder l'échéance.
Ce matin encore, on voyait le 1er juin 1980; cela me ferait de la peine
parce que le premier ministre a fait une grande promesse à Gaspé
que
tout le monde continue d'applaudir. S'il fallait que ce soit
reporté en 1984 ou en 1985, cela tomberait dans le tome II de la
stratégie quinquennale.
M. Tremblay: M. le Président... M. Le Moignan:
Oui.
M. Tremblay: ... est-ce que le député me
permettrait de lui fournir un renseignement sur la glace?
M. Le Moignan: Oui, avant que la glace fonde!
M. Tremblay: On vient de me mentionner que, l'an passé, le
prix de la glace à Gaspé était de $6.58 la tonne et que,
cette année, c'est $7.50, une augmentation de $1.00. Je me demande
où vous avez pris les chiffres de $105 la tonne tout à
l'heure.
M. Le Moignan: Pourtant, j'ai remis au ministre une facture
sortant de l'usine de glace. J'en ai deux photocopies à mon bureau. Il a
payé $9.60 l'an dernier et, cette année, ce qu'il a acheté
lui a coûté $105. C'est signé par le contremaître de
l'usine. De toute façon, je déposerai le document en Chambre
demain matin afin de ne pas être taxé... Je l'apporterai demain.
Si on s'est trompé et qu'on a fait payer au type $105...
Des Voix: C'était peut-être $10.50.
M. Le Moignan: Non, non, ce n'était pas $10.50; c'est
$105. J'ai eu deux ou trois appels téléphoniques. De toute
façon, le ministre pourra faire les corrections en Chambre. Je vais
rappeler cet après-midi. On réglera cela demain matin.
On parlait de la modernisation de la flotte. Il ne faut pas seulement la
moderniser; il faudrait aussi l'augmenter. Le député de
Bonaventure a parlé d'équipage. La décentralisation des
pêches, avec ces laboratoires qui seront en région, avec ces
fonctionnaires, avec l'appui de l'école des pêches de
Grande-Rivière, qui aura à former, des techniciens, c'est
là qu'on va inspirer ce goût de la mer, ce goût de la
pêche. Il faut absolument commencer par là. Les pêcheurs, ce
n'est pas sur la rue Saint-Jean à Québec ou sur la rue
Sainte-Catherine à Montréal qu'on va les recruter; il faut les
prendre sur place, les prendre là où ils se trouvent.
D'autres arguments qui militent également en faveur de ce projet
de loi. Si la pêche se fait sur le littoral dans le Saint-Laurent, si on
a reculé nos limites jusqu'à 200 milles et un jour le
Québec devra se poser l'éternelle question; Faudra-t-il entrer en
concurrence avec les pays européens et même aussi avec les
producteurs, avec les pêcheurs des Maritimes qui sont en train de
s'équiper, qui ont d'immenses bateaux pour aller là-bas
transformer le poisson sur place? C'est le seul moyen, si on songe à
l'avenir, dans dix, quinze ou vingt ans. Autrement, on ne pourra pas se limiter
à la pêche comme nous la connaissons dans le moment, celle que le
gouvernement fait des efforts considérables pour non seulement maintenir
mais développer. C'est le rôle du gouvernement. Des fois, on dit
que cela ne compte pas tellement dans un budget. Ce n'est pas ce qui est
important. Si, actuellement, la pêche emploie 4500 personnes et qu'avec
le plan de relance du gouvernement on ajoute encore 2500 artisans de plus, avec
la construction des laboratoires, avec la décentralisation, cette
industrie de la pêche va prendre une signification tout à fait
différente.
Je comprends que les hommes ou les femmes de Québec qui
travaillent ici depuis des années au ministère de l'Industrie et
du Commerce, surtout dans le secteur des pêches, ce n'est pas de
gaité de coeur qu'ils ont appris la nouvelle de la
décentralisation. Je les comprends, je me mets à leur place.
Quand on vit à Québec, que l'on est logé ici, que l'on a
une maison, on a peut-être des enfants aux études, cela demande
d'énormes sacrifices et c'est peut-être ce que le gouvernement
leur demande, à plusieurs d'entre eux. Mais ceux qui sont allés
en Gaspésie ou aux îles, sur la Côte-Nord le savent, mais
ceux qui n'y sont pas allés seraient captivés par les charmes,
par la nature, par tous les avantages que ces endroits peuvent offrir. C'est en
faisant une petite excursion, une balade en Gaspésie qu'ils
consentiraient facilement à sacrifier trois, quatre ou cinq
années de leur vie pour aller là-bas aider sur place pas
tellement à former des techniciens mais en attendant que nos jeunes, nos
finissants des collèges, des CEGEP, puissent répondre aux
invitations du gouvernement actuel et puissent surtout se préparer
à des carrières qui leur permettraient de demeurer sur place et
d'éviter de prendre la route de l'exil. (15 h 40)
On a parlé ce matin de beaucoup de choses. Evidemment, quand on
veut relancer la pêche, il faut songer à de nouvelles
espèces. On en a découvert depuis trois, quatre ou cinq ans.
Aujourd'hui, on mange du crabe, c'est délicieux; jadis, personne n'y
touchait, on croyait que c'était du poison. Il y a d'autres
espèces de poissons qui sont là, qui dorment, qu'on ne
connaît pas ici parce qu'on n'a peut-être pas fait
l'expérience, mais si on va au Japon, dans le Pacifique ou ailleurs, ils
ont des petits cousins qui s'apparentent à ces poissons et qui font les
délices de tous les gourmets. Le gouvernement a certainement un
très grand intérêt ici à pousser ses investigations
du côté des espèces nouvelles.
Si on veut passer de 100 000 tonnes métriques, je crois, à
160 000, c'est là que le gouvernement se doit d'encourager la recherche
et la recherche va se faire par la station de biologie marine de
Grande-Rivière, par exemple, par d'autres stations qui existent afin
d'être capable de permettre le maintien et la survie des espèces
que nous avons. Il y en a qui ne sont pratiquement pas touchées. Il y a
des espèces qui sont là comme des intouchables parce qu'on n'a
peut-être pas de marché, on n'est peut-être pas
organisé, on n'a pas trouvé des méthodes d'aller chercher
ces poissons qui n'attendent que la visite de très bons
pêcheurs.
M. le Président, je souscris à cette loi qui va donner
immédiatement aux pêcheurs un crédit de $10 millions. Si on
regarde tout cela dans la grande relance et dans le déménagement
de la Direction générale des pêches maritimes et si on a
là-bas, sur place, de bons techniciens, si on a aussi réussi
à convaincre nos jeunes chez nous que ce n'est pas un métier de
troisième ordre, que c'est un métier noble, digne, que c'est le
métier de leurs ancêtres, l'argent que le gouvernement va
dépenser va certainement revenir en très bonnes ristournes
à ce gouvernement au cours des futures années.
J'aurais beaucoup de choses à dire, M. le Président, mais,
comme on a touché tellement de choses, je souhaiterais que ce plan
quinquennal soit comme l'amorce d'un nouveau dynamisme, que ce soit une relance
non seulement verbale, mais que ce soit pour le ministre l'occasion de donner
réellement chez nous à l'industrie de la pêche cet
élan véritable dont elle a besoin. On peut dire que cela
végète un peu. On ne peut pas se cacher cela. La pêche,
c'est tellement capricieux. C'est conditionné par la température.
On l'a vu avec le homard cette année. Cela peut être la même
chose du côté de la morue, du hareng, du sébaste et de
toutes les autres espèces. C'est là que le gouvernement se doit
d'aider.
Il se doit aussi d'aider par un système d'assurance. On a des
assurances-récoltes. Il faut absolument aider, par un système
d'assurance, les pêcheurs. Comme dans le cas des cages ou des casiers de
homards, quand on fait une perte totale de $4000 ou $5000, on ne peut pas
remplacer cela dans quelques jours. C'est tout ce qu'il faut pour
décourager le meilleur, le plus brave et le plus tenace de tous les
pêcheurs. Le gouvernement se doit de prévoir dans l'avenir, par un
bon système d'inspection et d'assurance, cette aide-là. Ceux qui
ont déjà un certain âge, s'ils veulent passer leur permis
de pêche à un de leurs garçons, si ce
garçon-là n'a pas fait la pêche l'année
précédente, il est exclu. Même s'il a fait la pêche
pendant 25 ans et qu'il a eu le malheur d'aller travailler à
l'extérieur pendant deux ans, il doit être apprenti pêcheur,
tirer des filets, jeter une trappe à l'eau. Cela prend un diplôme
universitaire aujourd'hui. Quand on voit les gens avec les difficultés
qu'ils ont d'obtenir un permis, cela a l'air plus difficile que pour un
médecin, un chirurgien dans un hôpital. On va lui poser une
série de questions qui n'ont absolument rien à voir avec son
métier. Je laisse donc le ministre sur ces choses-là. Je lui
demande en même temps de maintenir l'aide aux pêcheurs, de leur
donner des prêts à des intérêts moindres, des
intérêts nuls comme ils en avaient anciennement et de les
maintenir à long terme également; leur permettre aussi de
recevoir des subventions plus élevées parce que les bateaux
coûtent de plus en plus cher. Si le coût de la vie continue de
grimper, les gens auront à payer plus cher.
M. le Président, ce sont les remarques que je voulais faire en
faveur d'un projet de loi qui est très encourageant et qui est de nature
à nous stimuler, à stimuler surtout ceux qui en attendent
beaucoup, ceux qui consacrent leur vie à l'indus- trie de la
pêche. Que l'on tente par tous les moyens de garder cette industrie
vivante et que le ministère continue également de faire sa
propagande, qu'on offre dans les villes du bon poisson, qu'on s'organise pour
le transporter par avion s'il le faut. Si le poisson est frais, si le poisson
est mis sur le marché dans les meilleures conditions possible, les gens
vont aider, en même temps, tous les pêcheurs de l'Est du
Québec à accroître leur productivité et à
pénétrer davantage sur tous les marchés. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Vice-Président: Mme le député des
Iles-de-la-Madeleine.
Mme Denise Leblanc-Bantey
Mme Leblanc-Bantey: Merci, M. le Président. Pour reprendre
une expression favorite dans nos rangs, si on commence à parler des
pêches maritimes à l'Assemblée nationale, c'est que tous
les espoirs sont permis. Il faut dire, en effet, que le train n'est pas
passé souvent jusqu'ici. La dernière fois que l'Assemblée
nationale a aperçu un projet de loi sur les pêches maritimes,
c'était en 1973; il y a donc six ans. Bien que je sache d'avance que la
locomotive ne redémarrera pas pour un autre quinquennat, je voudrais
quand même, moi aussi, faire entendre mon coup de sifflet.
Je suis d'autant plus contente de prendre part à ce débat
que le projet de loi no 29 traite du crédit maritime qui
représente, aux yeux des pêcheurs, la véritable couenne
pour reprendre une expression favorite du gouvernement dans le
secteur des pêches. Avec le crédit maritime, on ne peut pas
pratiquer de politique ni chair ni poisson. Si le gouvernement gèle les
crédits maritimes, il ne doit pas donner beaucoup de chaleur aux autres
éléments de sa politique des pêches. Le crédit
maritime, c'est un peu, en effet, le test des intentions gouvernementales.
Comme l'a souligné lui-même le ministre, le projet de loi no 29
vise essentiellement à relever le budget consacré au
crédit maritime. Ce budget passera donc de $3 millions à $10
millions par année. Cela signifie que les pêcheurs de la
Gaspésie, de la Côte-Nord et des Iles-de-la-Madeleine peuvent
compter sur une assistance substantiellement accrue pour le renouvellement et
l'amélioration de la flotte de pêche.
Permettez-moi, cependant, M. le Président, de faire une
première mise au point. En 1973, le gouvernement que vous connaissiez
à l'époque, dans un de ses innombrables coups
d'épée dans l'eau salée, avait proposé de porter le
budget du crédit maritime de $3 millions à $4 500 000 pour les
années 1973 à 1976. Le député de Bonaventure nous
l'a d'ailleurs rappelé ce matin. Il y avait, malheureusement je
dois le dire et manifestement alors une intention de jeter de la poudre
aux yeux parce que, pour chacune de ces trois années financières
je ne sais pas si le député de Bonaventure était au
courant le gouvernement a dépensé en moyenne, à ce
moment-là, $1 640 000 au chapitre du crédit maritime par
année. Alors,
pourquoi faire voter l'Assemblée nationale pour élever le
budget de $3 millions à $4 500 000 quand on en dépensait, dans
les faits, le tiers?
Cette fois-ci, M. le Président, nous ne ferons pas voter les
membres de cette Assemblée sur une fumisterie. Nous avons tout un
programme de renouvellement et de raffermissement de la flotte de pêche
et nous avons besoin de crédits additionnels. Ce vaste programme dont on
a beaucoup parlé, qui constitue la pierre angulaire de notre
stratégie quinquennale, nécessitera des investissements, dans le
secteur des bateaux, de $90 millions d'ici 1984.
On doit bien se demander, M. le Président, ce qui se passe dans
le secteur des pêches pour justifier cette augmentation spectaculaire du
budget du crédit maritime et cet ambitieux programme de construction
navale. Il se passe, M. le Président, que notre gouvernement a
décidé de mettre fin à la lente agonie des pêches.
Il se passe, M. le Président, que nous avons reconnu l'indispensable
contribution des pêcheries au développement économique de
l'Est du Québec et de la Côte-Nord au point d'y consacrer
je le répète $225 millions dans un plan quinquennal de
développement. (15 h 50)
Nous avons aussi entrepris résolument de relancer l'industrie de
la pêche et nous sommes prioritairement intervenus là où il
fallait commencer, c'est-à-dire au niveau de la flotte. En 1976, du
temps de l'ancien gouvernement, on avait participé au financement de
trois bateaux de pêche alors qu'on en retirait autant de la flotte active
et que la moitié de nos chalutiers entraient dans leur
préretraite, si on peut dire.
Quand on nous dit que ce n'était pas par manque d'argent qu'il
n'y avait plus de construction de bateaux sous l'ancien gouvernement, comment
se fait-il que, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, il y avait une
liste impressionnante de 90 pêcheurs qui attendaient l'aide
gouvernementale pour construire leurs bateaux? Le député de
Bonaventure disait ce matin: Ce n'est pas de l'argent qui manque; c'est du
capital humain. Serait-ce que nos amis d'en face n'ont commencé à
accordé de l'attention au capital humain des régions maritimes
que depuis qu'ils sont dans l'Opposition? C'est probablement, d'ailleurs, par
le même souci de capital humain que l'ancien gouvernement avait
annoncé à la sauvette, à l'été 1976, le
programme de revenu d'appoint pour les ouvriers d'usine. C'était un bon
programme et, si c'est vrai que c'était sous l'initiative de l'ancien
député des Iles-de-la-Madeleine, je l'en félicite et je
l'en remercie. Je suis convaincue que, s'il avait toujours eu d'aussi bonnes
idées, il serait encore là.
Par contre, dans sa précipitation électorale, le
gouvernement précédent n'avait pas prévu de budget pour
financer ce programme. On a donc puisé peut-être que le
député de Bonaventure l'ignore aussi dans les coffres des
subventions aux pêcheurs les $400 000 qui étaient
nécessaires pour le programme de soutien aux travailleurs d'usine. Les
pêcheurs qui vous tiennent à coeur aujourd'hui, vous leur avez
syphonné à ce moment-là $400 000 dans leur programme.
C'est, d'ailleurs, nous qui avons reçu les pots cassés lorsqu'il
a fallu refuser, quand nous sommes arrivés au pouvoir, plusieurs
subventions à des pêcheurs parce que les fonds qui leur avaient
été réservés avaient été
utilisés ailleurs. On a maintenu le programme, mais on n'a pas
déshabillé saint Pierre, comme dit la maxime, pour habiller saint
Paul. Le programme de revenu d'appoint aux travailleurs d'usine, c'est de
l'argent nouveau. On n'a pas défavorisé les pêcheurs pour
favoriser les travailleurs ou défavorisé les travailleurs pour
aider les pêcheurs; on a injecté des fonds nouveaux.
Par manque d'argent, donc, il n'y avait plus de construction de bateaux
sous l'ancien gouvernement. Pardon, je me suis écartée de mon
texte, j'y reviens. En 1976, ai-je besoin de le rappeler, quand il y a eu un
changement de gouvernement, nous avons financé la construction de 24
bateaux de pêche. On avait déjà passé de 3 à
24. Nous prévoyons en construire 41 cette année. Dans le plan
quinquennal, comme l'a dit le ministre, nous allons en financer 230 les cinq
prochaines années. A ce rythme, l'ancien corset du crédit
maritime, si on peut dire, a fait éclater ses lacets. Jusqu'à
l'année dernière, les $3 millions du crédit maritime
permettaient le plus souvent aux pêcheurs d'acheter des "minounes" des
provinces maritimes qu'on rafistolait tant bien que mal. C'était la
seule façon de contrer les effets les plus redoutables d'une absence de
construction. Depuis un an, ces crédits ont presque été
exclusivement affectés au financement de bateaux neufs construits au
Québec.
Mais, dans le régime politique dans lequel nous sommes
enfermés pour quelque temps encore, il y a malheureusement quelques
impondérables qui, dans le cas des pêches maritimes, peuvent
rabaisser douloureusement les ambitions du Québec. En effet, les efforts
que déploie actuellement le gouvernement du Québec pour relancer
l'industrie de la pêche en lui donnant notamment les moyens
d'acquérir des bateaux adaptés aux techniques modernes risquent
d'être dramatiquement érodés par l'entêtement et la
mauvaise foi du gouvernement canadien à moins que le présent
gouvernement canadien ne soit plus parlable que l'ancien, ce que tout le monde
espère.
Dans ce contexte, permettez-moi, M. le Président, d'exposer ici
quelques-unes des innombrables preuves de l'attitude à la fois
méprisante et discriminatoire du gouvernement fédéral
à l'égard des pêcheurs québécois. Le
mépris et la discrimination du gouvernement fédéral, c'est
que, l'an dernier, le gouvernement central avait décidé de fixer
à un niveau tout à fait inacceptable le montant de son assistance
financière à la construction des bateaux de pêche au
Québec. Face à une attitude intraitable du gouvernement canadien,
le Québec a donc décidé d'injecter lui-même $1 300
000 pour la construction de nos bateaux dans le cadre du programme OSE.
Le député de Bonaventure a oublié de mentionner cet
élément d'ailleurs quand il a dit qu'on
avait fait passer le programme de $4 500 000 à $5 millions. Si
vous mettez $3 millions plus $1 300 000, cela veut dire $4 300 000. C'est plus
que ce que vous aviez dépensé dans trois ans. Pour revenir aussi
au mépris du gouvernement canadien, M. le Président, j'ai en main
une autre preuve de sa discrimination dans un communiqué émis le
14 février 1979 par le bureau de l'ancien ministre canadien des
Pêches, on soulignait l'essor généreux consenti par le
gouvernement canadien pour augmenter de 65% le nombre de prêts consentis
aux pêcheurs et aux entreprises de pêche du Canada.
En 1978, Terre-Neuve a bénéficié de 265 de ces
prêts. L'lle-du-Prince-Edouard en a reçu 113. La Nouvelle-Ecosse,
112. Le Nouveau-Brunswick, 28. Le Québec, devinez, M. le
Président, 3. On a même été devancé par
l'Ontario qui avec son industrie de "fish and chips", comme l'a
qualifiée lui-même son premier ministre, a décroché
5 prêts. Le mépris du gouvernement canadien, M. le
Président, c'est que cette année il a décidé aussi
unilatéralement de geler les effectifs de la flotte à son niveau
actuel.
Cette décision est extrêmement grave pour le Québec
parce qu'elle signifie que l'on accepterait définitivement le recul que
nous avons pris depuis 1973 par rapport aux provinces maritimes. Ce serait,
autrement dit, le maintien du Québec dans le club des pee wee des
pêches maritimes de l'Est du Canada. C'est comme si, aux yeux du
gouvernement canadien, l'essor était interdit au Québec. Il
faudrait, selon la logique canadienne, maintenir l'industrie de la pêche
du Québec à son niveau de désorganisation actuelle.
Appelez cela comme vous voudrez, M. le Président, j'espère que
l'Opposition sera d'accord avec moi, je dis que c'est de la véritable
escroquerie. Le mépris et la discrimination du gouvernement canadien,
c'est qu'en conséquence de ces décisions foudroyantes, il a
refusé jusqu'à maintenant d'accorder des permis de chalutage aux
bateaux que nous finançons nous-mêmes. Il me semble qu'il devrait
y avoir des limites à la mauvaise foi. Le gouvernement canadien va-t-il
encore une fois bloquer l'élan que veut donner le Québec à
l'industrie de la pêche et à la lutte au chômage dans les
régions maritimes?
Non, M. le Président, le temps de la soumission ou du fatalisme
est révolu. Ce que nous recherchons en définitive, par notre
programme de renouvellement de la flotte, c'est de prélever la part qui
nous revient de droit dans les captures canadiennes. Evidemment, le
gouvernement canadien, qui en ce domaine a toujours été le chien
de garde des intérêts privilégiés de Terre-Neuve et
de la Nouvelle-Ecosse, a toujours vu jusqu'à présent d'un mauvais
oeil les velléités du Québec parce qu'il sait très
bien que notre volonté d'équiper convenablement les
pêcheurs québécois signifie la fin de notre
démission au profit du détournement vers les provinces maritimes
des ressources et des emplois qui devraient, en toute équité,
revenir au Québec. A titre d'exemple, l'an dernier, les provinces
maritimes ont capturé 99,5% des prises canadiennes de hareng. Nous, aux
Iles-de- la-Madeleine, nous avons quatre entreprises qui risquent de faire
faillite parce que le gouvernement canadien refuse de leur donner des permis
pour "seiner" le hareng. A nos amis d'en face... je souhaite que le
présent gouvernement soit meilleur, les preuves ne sont pas faites.
Une Voix: C'est cela. On verra.
Mme Leblanc-Bantey: Nos amis d'en face débitent leurs
incantations et lèvent les bras en l'air quand une entreprise
québécoise déclare faillite. Jusqu'à maintenant,
ils se sont tus curieusement quand le gouvernement canadien avait conduit des
entreprises à la faillite. Si je me suis attardée, M. le
Président, aux tâtonnements, au mépris, et à la
discrimination qu'a pratiqués jusqu'à maintenant sans
équivoque le gouvernement canadien, c'est qu'il représente un
véritable boulet attaché aux pieds des pêcheries
québécoises. Au lieu d'épauler les actions d'un
gouvernement résolu à ranimer ses pêches maritimes, le
gouvernement canadien a multiplié les embûches et les entraves au
développement de l'industrie de la pêche
québécoise.
Pourtant, M. le Président, les pêcheurs et les ouvriers des
usines de poisson du Québec devraient pouvoir aspirer eux aussi à
manger du beurre des deux côtés, comme le dit Gilles Vi-gneault...
ou leur pain du côté du beurre plutôt. Ces embûches
concernent exclusivement le projet de loi no 29. A quoi cela sert d'avoir ici
des intentions législatives de redresser le budget du crédit
maritime, si on nous interdit ailleurs de nous servir des bateaux que nous
allons faire construire. (16 heures)
Dans les années soixante-dix, faute d'une volonté
politique au Québec, on a ménagé le crédit
maritime. Maintenant qu'au Québec on veut rouvrir les écluses du
crédit maritime, le fédéral monte des barrages pour
empêcher la construction de bateaux au Québec. Mais on ne
s'agenouillera pas à ce point. Le Québec, qui détient la
responsabilité administrative de ces pèches, n'acceptera plus de
bloquer les perspectives de développement dans ce secteur.
Pour développer les pêches, il faut améliorer la
flotte. Nous allons le faire et, s'il le faut, nous émettrons nos
propres permis de pêche hauturiè-re. Il faut espérer que le
renouveau politique qui s'est fait à Ottawa soit porteur d'un peu plus
de compréhension et d'harmonie. Il ne faudrait tout de même pas
attendre de ce changement de responsables politiques des modifications
substantielles à un régime qui, par son fonctionnement
même, diminue systématiquement les aspirations du Québec
dans le secteur des pêches maritimes. Il y a toujours eu une très
nette déviation de l'intérêt canadien vers Terre-Neuve et
la Nouvelle-Ecosse et ce penchant naturel ne risque pas de se renverser du jour
au lendemain dans le sens d'une plus grande équité
interprovinciale.
Nous sommes donc condamnés à ne compter que sur
nous-mêmes dans le domaine des pêches comme dans d'autres domaines.
Le projet de loi
no 29 est une des facettes de la responsabilité que nous
entendons prendre dans les pêcheries québécoises.
L'Opposition officielle, qui endosse parfois et principalement aujourd'hui, la
veste du pêcheur alors qu'ils l'ont déchiquetée quand ils
étaient au pouvoir, s'en prend, faute de mieux, aux lacunes du plan
quinquennal. En même temps, les voici devenus pour quelques minutes les
défenseurs de la veuve et du fonctionnaire. Je serai obligée de
vous dire que c'est là un prodige de cynisme. Bien sûr, le plan
quinquennal n'est pas parfait, personne n'a prétendu qu'il était
parfait. Bien sûr, il y a eu des solutions discutables qui ont
été avancées. Je dirais même que bien sûr,
pour le moment, ce plan quinquennal n'est qu'un ouvrage écrit, mais il
tranche carrément avec l'attitude du gouvernement
précédent, qui ne s'est pas souvent donné la peine de
réfléchir et d'écrire dans ce domaine pour essayer de
planifier les perspectives d'avenir de la pêche. Soyons honnêtes
tout de même, ils ont fait des études. Le député de
Bonaventure citait les savants travaux du BAEQ. Je pense qu'il n'est pas
allé voir dernièrement ce que pensaient les gens des
régions maritimes des travaux du BAEQ.
Il y a eu aussi la planification, du temps de l'ancien gouvernement, des
parcs industriels de pêche. C'était un peu le plan quinquennal du
Parti libéral. Belle planification, on se proposait de créer
quatre centres de pêche et d'abandonner toutes les autres
localités de la côte. On citait, justement ce matin, une liste de
quais qui auraient été abandonnés sans mentionner que la
fermeture de ces quais sur lesquels on s'apitoie aujourd'hui découle
directement de l'application de la politique des parcs industriels de
pêche du précédent gouvernement.
Mme la Présidente, en terminant, je confesse que dans le plan
quinquennal, comme dans l'histoire de la décentralisation, nous avons pu
commettre certaines erreurs, voire même certaines omissions. Nos amis
d'en face n'ont pas eu l'occasion d'en faire souvent des erreurs dans le
domaine des pêches, puisqu'ils n'ont pas souvent agi dans ce domaine. Je
pense que, pour faire des erreurs, il faut travailler aussi. C'est facile,
autrement dit, de se vanter de ne pas être obèse quand on a
jeûné toute sa vie, car il n'y avait pas matière à
indigestion dans le secteur des pêches maritimes quand l'Opposition
officielle formait le gouvernement.
M. le Président, pardon, Mme la Présidente vous
voyez, on développe tous les mêmes réflexes, je m'en excuse
la décentralisation est commencée, elle n'est pas
terminée, le plan quinquennal n'est pas réalisé encore,
mais tout cela est absolument indispensable à la prise en charge des
pêcheries par les populations côtières. Nous ferons donc et
nous réaliserons le plan quinquennal comme nous ferons et nous
réaliserons aussi la décentralisation, cependant paisiblement,
sans remorquer jusqu'à Gaspé les fonctionnaires
récalcitrants, et sans affolement. En attendant et en terminant pour de
bon, j'ai quand même hâte que l'office de recrutement se mette
à l'ouvrage et comble les départs que nous avons subis
jusqu'à présent dans le domaine des pêches maritimes. Comme
le député de Gaspé l'a souligné et comme d'autres
députés dans les régions de l'Est l'ont fait, il y a plein
de compétences disponibles dans les régions côtières
qui sont prêtes à venir travailler au bien-être des
pêches maritimes et de son avenir. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Robert-Baldwin.
M. O'Gallagher: Mme la Présidente, je vais être
très bref.
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Robert-Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, Mme la Présidente. Le ministre,
dans son discours ce matin, a brossé un tableau extrêmement
optimiste d'un futur extrêmement profitable pour tous les
Québécois dans le domaine de la pêche océanique. Il
a même mentionné dans son plan quinquennal le projet de construire
deux grands bateaux d'au-delà de $10 millions chacun,
équipés pour faire la transformation du poisson en mer. Tous ces
projets sont basés sur le fait que le Québec pourra exploiter la
zone maritime de 200 milles. En effet, il y a vraiment une richesse
extraordinaire dans tout le Canada; c'est un territoire extrêmement
vaste. Si on prend 200 milles tout le long de nos côtes, il y a une
richesse extraordinaire en poisson. Il y a une richesse extraordinaire en
minéraux; il y a une richesse aussi extraordinaire en
énergie.
Vous savez comme moi qu'aujourd'hui il se dépense des milliards
tous les ans pour l'exploration du pétrole autour de Terre-Neuve et dans
l'Arctique. Vous savez comme moi qu'aux chantiers maritimes de Davie
Shipbuilding, à Lauzon, 100% de la construction aujourd'hui est la
fabrication de plates-formes pour le forage sous-marin. On profite aujourd'hui
de cette zone maritime de 200 milles.
En plus de cette richesse en poisson, en minerai et en énergie,
il y a aussi l'exploitation de ces richesses. Pour faire l'exploitation de ces
richesses, il faut des bateaux. Au Québec, nous avons peut-être
les deux plus gros chantiers maritimes de tout le Canada. Pour faire
l'exploitation de cette richesse de 200 milles autour de notre pays, il nous
faut des bateaux pour faire de la patrouille, pour chasser les bateaux qui
viennent des autres pays et aussi pour faire de l'exploitation.
Est-ce que les électeurs des Iles-de-la-Madeleine, les
électeurs de la Gaspésie, ceux de la Côte-Nord, de Sorel et
de Lauzon sont prêts à sacrifier cette richesse pour l'amour d'un
rêve idéologique, la souveraineté-association? Est-ce que
les provinces maritimes seront prêtes à partager cette richesse?
Ce sont des questions que les électeurs vont se poser lors du
référendum. Il me
fera un grand plaisir de voter pour cette loi parce que c'est une loi
profondément pro-Canada. Merci.
M. Bellemare: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: ... peut-être allez-vous vous demander
pourquoi le député de Johnson prend la parole aujourd'hui sur un
sujet d'une brûlante actualité. C'est simplement pour dire que
j'ai déjà été ministre des Pêcheries
maritimes, dans ma carrière. A ce moment-là, j'avais
succédé à l'honorable député de Bonaventure
qui avait laissé des marques profondes de son
désintéressement auprès de tous les concitoyens qu'il
représentait si bien dans le temps pour les pêcheries maritimes.
(16 h 10)
II parle en connaissance de cause et je lui rends le témoignage
que je lui ai rendu le matin où j'ai pris mon siège à son
bureau après les élections. Le premier geste que j'ai fait en
arrivant à mon bureau comme ministre des Pêcheries maritimes, j'ai
eu la délicatesse d'appeler mon prédécesseur pour lui dire
que j'avais trouvé un ministère bien organisé.
Quant au budget qu'avait eu, dans le temps, l'honorable
député de Bonaventure, celui dont nous avons
hérité, je n'ai pas besoin de vous dire qu'en 1966 le budget de
l'administration provinciale était dix et vingt fois moins
élevé que cette année. Si je regarde dans le discours du
budget cette année, il y a un montant de $18 millions fixé pour
la construction de bateaux, tout cela. Dans notre temps, quand on parlait de
millions, c'était juste pour les avoir.
J'entendais le député des Iles-de-la-Madeleine; elle s'est
bien acquittée de sa tâche et je tiens à l'en
féliciter, sauf pour sa partisanerie quand elle a attaqué le
fédéral; ce n'est pas beau, ce n'est pas bien; ne prenez pas
cette habitude. C'est trop mauvais dans la bouche de certains autres.
Ecoutez, vous avez peut-être le droit de constater certains faits,
certains gestes, mais le fédéral a été bien bon
pour vous autres, des Iles-de-la-Madeleine, oui, oui. Ecoutez, autant que je
l'ai été pour les Iles-de-la-Madeleine, personnellement, quand
vous avez eu le désastre de la Marie-Carole; c'est moi qui les ai
sauvés ces gens. Les cinq pêcheurs noyés, on serait
resté encore, en vertu du Code civil, sept années sans pouvoir
administrer leurs biens et voir à l'exécution de leur testament.
Nous avons fait un geste humanitaire à ce moment-là et j'ai fait
adopter la loi au sujet de la Marie-Carole. Tout le monde aux
Iles-de-la-Madeleine se souvient de cet événement historique et
je pense que, quand vous parlez de capital humain, nous nous en sommes
occupés.
Avec les budgets qu'avait mon prédécesseur, l'honorable
député de Bonaventure, et dont j'ai hérité
moi-même, je pense que nous avons fait des merveilles dans le temps, de
vraies merveilles en nous occupant particulièrement du côté
humain parce que, s'il y avait un endroit dans la province où
véritablement il fallait apporter des secours et des
réalisations, c'était là. C'est nous qui avons
formé le premier crédit maritime pour permettre à bien des
gens de sortir de leur misère. Mon prédécesseur en a fait
autant; je n'ai pas besoin de vous dire comment c'était difficile du
temps de Camille Pouliot. Le Dr Pouliot a laissé toute sa vie à
ce ministère et il a fait un bien considérable pour les
Madelinots et pour tous les pêcheurs. Je n'ai pas besoin de vous dire que
notre collègue de Gaspé a fait une intervention qui
méritait d'être entendue parce qu'il a parlé
d'expérience. J'ai eu l'occasion de rendre témoignage aussi
à des fonctionnaires qui ont été pour nous des hommes
extraordinaires: Maurice Lessard, notre ancien sous-ministre, qu'a bien connu
l'honorable député de Bonaventure; c'était la quintessence
même de l'honnêteté. On n'a jamais pu lui reprocher un
mauvais $0.05, sauf qu'il aimait bien le homard et, quand on allait aux
Iles-de-la-Madeleine, il prenait comme entrée du homard, comme repas
principal du homard et comme dessert du homard. Je n'ai pas besoin de vous dire
qu'il aimait le homard à la folie. Moi aussi, mais, depuis quelques
années, j'ai été obligé de mettre certains poissons
de côté; c'était trop fort au point de vue sanguin.
Mme la Présidente, $10 millions que nous votons dans la loi.
Qu'est-ce que c'est que cette "peanut" sur $14 milliards ou $15 milliards? On
vient nous crier que c'est une grosse affaire. Madame, je n'ai pas besoin de
vous dire que j'ai écouté votre discours; si vous voulez
écouter le mien. Je ne vous ai pas interrompue même si j'en ai eu
bien envie des fois. Si nous regardons le budget de l'année, nous
trouvons ceci aux crédits affectés au développement des
pêches maritimes: on prévoit notamment la construction d'un bateau
patrouilleur et d'un bateau de recherche côtière.
Qu'y a-t-il pour le petit? Rien. Est-on humain? Il faut penser à
la petite flotte, il faut penser aux petits bateaux, il faut penser à
les aider comme on l'a fait, nous, en bâtissant... Le ministre va nous
dire: Oui, vous avez bâti des glacières, vous autres, des
réfrigérateurs. Oui, c'est vrai. Nous autres, dans notre temps,
il n'y en avait pas. C'était une perte considérable. Le
pêcheur qui arrivait à 4 heures avec sa pêche était
obligé de la vendre presque à prix réduit, à des
prix ridicules ou bien la perdre. Mais on a pensé nous, dans le temps,
en 1937-1938 c'est vieux, Mme la Présidente que pour aider
les pêcheurs dans le temps, il fallait bâtir des
réfrigérateurs et surtout, leur donner des glacières. On a
fait cela. Après cela, en 1966, quand j'ai eu l'occasion d'être le
ministre des Pêcheries à la suite de l'excellent travail fait par
le député de Bonaventure, on a pensé à
régionaliser certains domaines là où la pêche avait
perdu un peu de son prestige. Là, on a régionalisé. Cela a
été "tough", Mme la Présidente. Excusez le mot anglais.
Cela a été dur. Cela a été difficile, parce
qu'à ce moment-là, on ne voulait pas se départir d'un
petit héritage qui semblait être une propriété
privée.
Au contraire. C'était une propriété publique.
Là, on a eu des scènes disgracieuses. On a été
obligé véritablement de se battre avec un certain nombre de gens
qui ne voulaient pas laisser développer au point de vue régional
le domaine des pêcheries. Et on a réussi après quelques
années à avoir une nouvelle sorte de pêcheries. On a
réussi justement à les faire sortir de leurs petites barges et
à les faire monter dans de plus grands bateaux. Vous ne savez pas, Mme
la Présidente, ce que c'est. C'est un changement pour eux. D'avoir
toujours eu un petit moteur, put, put, put, et d'arriver avec un beau gros
moteur et avec une grande barge, un grand bateau, là, on a eu toute une
difficulté d'entraînement au point de vue psychologique, on a
dû travailler intensément. La pêche ne se faisait pas, il y
a dix ans, comme elle se fait aujourd'hui. Cela n'avait pas le même sens.
Je n'ai pas besoin de vous dire que de ce temps-là, on est passé
à un temps meilleur aujourd'hui, plus expansionniste, et on voudrait
véritablement donner un avancement.
Mais quand je suis allé ouvrir les coopératives de poisson
à Blanc-Sablon, quand je suis allé à Havre-Saint-Pierre et
à Natashquan, cela n'existait pas. Je suis arrivé là avec
des gens qui péchaient encore avec de petits hameçons.
C'était fantastique, il n'y a pas si longtemps. Il faut voir cela dans
le temps comme on voit cela aujourd'hui. Je suis arrivé à
Natashquan, Mme la Présidente, dans un village, un petit bourg,
où il n'y avait presque pas d'activités et où il y avait
peut-être dans le temps quelques pêcheurs. Aujourd'hui, c'est
devenu un peu plus à la normale. La pêche s'exerce aujourd'hui
d'une manière... A Blanc-Sablon, j'ai eu l'occasion d'ouvrir la
coopérative et aussi à Havre-Saint-Pierre et nous avons pris fait
et cause avec eux dans leur misère pour les aider à devenir
véritablement des pêcheurs qui s'étaient modernisés
et qui pouvaient vivre du produit de leur pêche.
Aujourd'hui, le verre de lait renversé, comme le dirait le
député des Iles-de-la-Madeleine, on ne pourrait pas le remettre
dans la pinte. C'est un fait. Nous avons vécu cela. Nous avons pris
l'élément pêcheries comme il était dans le temps
pour le parfaire par des subventions qui étaient bien limitées
à cause du budget qu'on avait dans le temps. Décentralisation.
Oui, nous en sommes. Nous voulons, s'il y a moyen, les aider, mais nous voulons
aussi que la flotte soit véritablement modernisée. On aurait fait
le discours qu'a fait l'honorable ministre ce matin, il y a dix ans et il
aurait fait rire de lui. Il le fait aujourd'hui dans un temps meilleur
où il faut marcher avec le modernisme, se moderniser
véritablement et parler de décentralisation que deux, trois, cinq
ou dix pêcheurs s'associent les uns les autres pour prendre la mer
ensemble pendant une semaine de temps ou peut-être parfois un mois. (16 h
20)
Ah! Ce n'est plus pareil. C'est bien différent de ce qui existait
dans notre temps. Quelqu'un qui partait pour deux jours, on trouvait cela
formidable dans le temps. Mais, aujourd'hui, on part pour un mois laissant
famille, obligations et tout le reste. On parle d'un montant de $10 millions,
c'est très peu. C'est peut-être un bon commencement. Je dis bravo.
Vous êtes sur la bonne voie. Je ne serai sûrement pas contre ce
projet qui aura soin d'une partie de notre population qui a eu de la
misère. Cette partie des pêcheurs, il fallait les visiter il y a
quelques années pour voir dans quelle situation ils vivaient, quels
étaient leurs revenus. $1 qui rentrait dans une maison d'un
pêcheur, c'était une joie profonde.
Je me souviens, il y a 10 ou 15 ans, j'allais en Gaspésie et je
partais sur un bateau en compagnie d'un pêcheur, en haute mer,
pêcher la morue. Je le récompensais. Mme la Présidente,
c'était extraordinaire de voir comment ce bonhomme-là, quand je
lui donnais un peu ce qu'il méritait, était rempli
d'émotion. Il y a dix ou quinze ans, l'argent était rare en
Gaspésie, extrêmement rare. Ceux à qui on demandait ces
services pour nous guider en haute mer, quand on les récompensait,
étaient profondément touchés. On avait cette
hospitalité légendaire. On nous recevait à sa table. On
apprêtait le plus beau plat de poisson, bien sûr mais
on l'apprêtait d'une manière toute spéciale. C'était
délicieux, Mme la Présidente. Je sais que je vous en donne un peu
l'envie, mais d'un autre côté... Si aujourd'hui le crabe est
devenu un mets de riches, je vous garantis que, dans le temps, le homard
était reconnu pour être un mets délicieux.
Je dis donc que le montant de $10 millions qui est voté
aujourd'hui pour refaire une flotte et surtout pour établir un
crédit aux pêcheurs maritimes mérite sûrement qu'on
s'arrête deux minutes pour remercier tous ces vieux pionniers qui nous
ont aidés à parfaire un peu ce crédit maritime qu'on
améliore. Vous savez, dans le temps, quand j'ai amélioré
le crédit maritime vous allez peut-être rire de moi
je l'avais pris à $300 000 en 1967 et je l'avais porté à
$500 000. C'était une trouvaille épouvantable, même que le
premier ministre m'avait dit: Où vas-tu mettre tout cet
argent-là? C'était le temps parce que c'était le budget.
Je n'ai pas besoin de vous dire que nous sommes d'emblée pour ces 230
nouveaux bateaux qui mesureront de 40 à 65 pieds, m'a-t-on dit. S'ils
dépassent cette longueur, je pense que...
M. Grenier: Tant mieux.
M. Bellemare: ... tant mieux. L'honorable député
des Iles-de-la-Madeleine nous parlait tout à l'heure du
fédéral, le maudit fédéral.
Une Voix: Elle n'aura pas de crédit.
M. Bellemare: Je retire le mot "maudit", pour rester
parlementaire et pour rester dans le juste milieu. Le fédéral,
est-ce que le député a oublié la part qu'il a mise dans
son propre village pour construire les quais? Est-ce qu'elle a oublié
cela? Ce n'est pas le provincial qui a construit les quais; tous les quais
qu'on voit aujourd'hui le long de la côte et surtout à
Havre-Saint-Pierre et à Natashquan, qui les a construits? C'est le
fédéral. C'est
notre argent, bien sûr, mais le fédéral a
contribué pour aider les cultivateurs. Prenez le grand quai de la
Madeleine. Qui a construit ce quai-là? Rivière-au-Renard; si vous
savez quelque chose là-bas, il y a là un quai qui a
été construit par les autorités fédérales
pour des millions de dollars et on n'a pas entendu dire cela. On dirait que le
maudit fédéral, ce n'est pas bon. On dirait que tout ce qui a
été payé par le fédéral... on n'est pas
Canadien. Mme le député, je vous pris de croire que c'est mauvais
dans votre bouche. Vous avez un langage tellement châtié que vous
ne devriez pas prendre celui de ces charretiers qui parlent de l'association.
Non, madame. Je dis que le fédéral a fait son devoir en maints
endroits dans la Gaspésie et, particulièrement, quand je vous
parle de la Madeleine, du Havre-Saint-Pierre ou de
Rivière-au-Renard.
Les institutions qui ont été bâties là sont
des institutions qui demeurent. Même aux Iles-de-la-Madeleine, il y a eu
une entente qui a été passée dernièrement entre une
compagnie qui produisait et qui a été achetée par une
autre. Je pense que vous connaissez bien les noms, mais le
fédéral y a contribué. Non, on n'a pas dit cela. La
contribution fédérale, il faut oublier cela, c'est un mal. C'est
terrible.
Une Voix: C'est une plaie d'Egypte.
M. Bellemare: Je voudrais féliciter le ministre
c'est dur pour moi, mais je le fais sans rancoeur pour la
générosité qu'il apporte dans cette loi qui est un
début. Nous comprenons que le ministre pourrait peut-être vouloir
en faire plus, mais il n'est pas toujours écouté au Conseil des
ministres. Il y a des soirs où il est sorti pas de bonne humeur. Vous
savez, cela aussi nous est conté. Mais il développe depuis
quelque temps une maturité qu'il me fait plaisir de constater. Il a
moins de ressorts en dessous de son siège. Il est aussi moins arrogant.
Je pense qu'il s'améliore. On le lui a dit. Je le félicite donc
de sa Loi modifiant la Loi du crédit aux pêcheries maritimes.
Madame, soyez assurée que marchant sur nos traces, il ira
peut-être pas aussi loin que nous, mais il fera du bien. Merci.
Mme Leblanc-Bantey: Question de privilège, Mme la
Présidente, en vertu de l'article 96. Le député de Johnson
n'a pas voulu le faire mal à propos mais il a très certainement
mal interprété mes paroles quand il a laissé entendre que
j'avais dit que le gouvernement fédéral n'avait jamais rien fait
dans le secteur des pêches, qu'il avait construit des quais. Ce que j'ai
dit, ce n'est pas que le gouvernement n'avait jamais rien fait dans le secteur
des pêches. J'ai dit qu'il n'avait pas fait tout ce qu'il aurait dû
faire, qu'il avait pénalisé les Québécois au
chapitre des permis de pêche et...
M. Bellemare: Je soulève une question de règlement
pour dire que l'honorable député patine.
Je comprends qu'elle essaie de "rabrier" ce que j'ai dit. Ce n'est pas
cela du tout.
La Vice-Présidente: A l'ordre, à l'ordre. Je vous
concéderai tout au plus, M. le leader de l'Union Nationale, que Mme le
député aurait dû se lever en vertu de l'article 96
plutôt que sur une question de privilège. Mais vous êtes en
train, madame, de dire: M. le député dit que j'ai dit cela et
moi, ce que j'ai dit, c'est telle chose. Je pense que c'était tout
à fait à propos, sauf que je pense que c'est suffisant
maintenant. Je pensais que vous vous leviez pour dire que vous n'aviez pas dit
le "maudit fédéral" mais "on dit que le Fédéral".
C'est ce que j'avais entendu. Je pense que M. le député avait...
Ce n'est pas moi qui vais invoquer l'article 96 à votre place,
madame.
M. Perron: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Mme la Présidente, après ce que j'ai
entendu de la part du député de Johnson, j'aurais presque le
goût de me lancer dans une bataille avec lui au sujet du
fédéral parce que soyez sûre d'une chose: je suis
parfaitement d'accord avec ce qu'a dit justement le député des
Iles-de-la-Madeleine se rapportant effectivement aux investissements que le
gouvernement fédéral aurait pu éventuellement apporter sur
la Basse-Côte-Nord, aux Iles-de-la-Madeleine et en Gaspésie, mis
à part, bien entendu, les quais. Il y a beaucoup d'autres choses
à faire à part les quais. A l'automne 1976, je suis allé
dans quelques localités de pêcheurs de la Basse-Côte-Nord.
Je vous avoue que j'ai éprouvé une certaine gêne à
voir ces gens, pour qui la pêche est l'unique activité
économique, travailler avec des embarcations vieillies et
dérisoirement petites. Mal équipés, confinés
à des moyens archaïques, ces pêcheurs
végétaient tant bien que mal, ou plutôt mal que bien...
J'espère que je ne dérange pas les députés de
l'Union Nationale, Mme la Présidente?
On se serait vraiment crus à un autre siècle tant la
technologie moderne n'avait pas encore franchi cette région nordique du
golfe Saint-Laurent. Cette réalité de misère qui nous
sautait aux yeux... (16 h 30)
La Vice-Présidente: Monsieur...
M. Godin: Mme la Présidente, est-ce qu'il n'y a pas des
locaux pour tenir des caucus ici?
M. Bellemare: Vous n'avez pas d'exemple à nous donner,
vous. Vous écrivez un discours sur la Saint-Jean.
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
pense que vous êtes d'esprit un peu taquin cet
après-midi, mais je vous demanderais quand même de
permettre au député de faire son intervention dans le calme.
M. le député de Duplessis.
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Je disais donc que
cette réalité de misère qui nous sautait aux yeux en
arrivant sur les quais de la Basse-Côte-Nord transpirait aussi dans les
statistiques officielles du gouvernement du Québec. En 1976, la
Direction générale des pêches maritimes établissait
le revenu brut moyen d'un pêcheur propriétaire d'une embarcation
de la Basse-Côte-Nord à $2692 par année, comparativement
aux $6200 de la région gaspésienne que mentionnait le
député de Gaspé. Evidemment, il fallait greffer à
ce revenu de la pêche toute une panoplie de compensations sociales qui
plus souvent qu'autrement abrutissent les travailleurs et les travailleuses en
les enfonçant dans la dépendance.
Je suis retourné sur la Basse-Côte-Nord l'automne dernier
dans plusieurs localités. Beaucoup de choses ont changé
là-bas, Mme la Présidente. On a commencé à
introduire de véritables bateaux de pêche qui remplacent peu
à peu les chaloupes de fortune. On voit se développer une flotte
de bateaux modernes convenablement équipés et susceptibles de
ramener suffisamment de ressources à terre pour faire vivre son homme et
sa famille. Au lieu d'attendre que le poisson vienne chez eux, les
pêcheurs de la Basse-Côte-Nord ont de plus en plus les moyens
d'aller chercher le poisson là où il se trouve. Cette
métamorphose qui commence à s'opérer sur la
Basse-Côte-Nord, je veux qu'elle s'étende à tout le
territoire maritime du Québec. Je souhaite que les pêcheurs du
Québec aient un accès beaucoup plus facile à l'aide
financière qui leur est nécessaire pour s'équiper de
bateaux.
Il y a quelque chose d'un peu scandaleux dans l'attitude des
gouvernements précédents qui ont laissé vivoter les
pêcheurs sur leurs bateaux démembrés. J'entendais, Mme la
Présidente, le député de Gaspé qui mentionnait que
les gouvernements avaient avancé pas à pas en vue de
l'avènement de certaines politiques des pêcheries au
Québec. Laissez-moi vous dire qu'après ce que j'ai vu sur la
Basse-Côte-Nord c'était sûrement des pas très
très lents puisque, effectivement, pratiquement rien ne fut fait par les
anciens gouvernements. Comme le mentionnait le député des
Iles-de-la-Madeleine, il faut bien se rappeler que, dans le domaine de la
construction des bateaux de pêche, en 1976, le gouvernement
libéral de M. Bourassa avait réussi à en construire trois
pendant que nous, en 1978, nous en avons construit 23. Ce qui fait, Mme la
Présidente, toute la différence entre un gouvernement qui
respecte les pêcheurs et un autre qui ne les a jamais respectés,
qui a parlé plutôt que d'agir. Le gouvernement du Parti
québécois a définitivement rompu avec ce passé. Au
cours des deux dernières années, on a fait des efforts
spéciaux pour rattraper le retard considérable qu'avaient pris
les pêcheurs de la Basse-Côte-Nord sur leurs collègues du
Québec et encore davantage sur leurs vis-à-vis de
Terre-Neuve.
On me dit que plus du tiers des bateaux dont la construction a
été financée en partie par le gouvernement du
Québec ont été attribués à des
pêcheurs de la Basse-Côte-Nord. De façon plus
générale aussi, comme l'ont souligné le ministre de
l'Industrie et du Commerce et le député des Iles-de-la-Madeleine,
adjointe parlementaire aux pêcheries, notre gouvernement a mis l'accent
sur le renouvellement de la flotte de pêche. Cette option pour la
construction navale a été marquée au cours des deux
dernières années, mais elle sera particulièrement
évidente dans les cinq prochaines années. C'est pourquoi
j'accueille avec beaucoup d'enthousiasme le projet de loi no 29 qui triplera
l'aide financière accordée aux pêcheurs pour leurs besoins
les plus immédiats, soit l'achat de bateaux.
Si j'ai pris l'exemple de la Basse-Côte-Nord, c'est qu'il illustre
plus que tout autre l'extraordinaire degré de dépendance des
travailleurs face à l'industrie de la pêche. Là-bas, loin
des marchés, loin des facilités de transport, loin de la
technologie, les citoyens sont virtuellement plongés dans le golfe
Saint-Laurent et ne peuvent compter que sur ses ressources pour vivre. A moins
de condamner ces populations à l'asphyxie économique, nous avons
l'obligation morale et politique de leur permettre d'exercer le seul
métier qui puisse se pratiquer dans cette région. Bien sûr,
la Basse-Côte-Nord représente un cas extrême. Mais dans
l'ensemble, le territoire maritime, que ce soit sur la Moyenne-Côte-Nord,
en Gaspésie ou aux Iles-de-la-Madeleine, les ressources marines forment
l'essence du développement économique et le gouvernement a
l'obligation d'en faire profiter les populations concernées.
A cet égard, on peut chiquer toutes les guenilles qu'on voudra du
côté de l'Opposition officielle ou officieuse. On peut rechigner
sur tel geste ponctuel de la direction des pêches, on est obligé
d'admettre que jamais, au grand jamais, un gouvernement du Québec s'est
intéressé et s'est impliqué à ce point dans le
domaine des pêches maritimes comme l'a fait le gouvernement du Parti
québécois.
Le député de Bonaventure, à un certain moment de
son exposé, ce matin, avait mentionné qu'il avait fait un long
voyage sur la Basse-Côte-Nord. Suite à ce que j'ai constaté
l'automne dernier, lorsque j'ai moi-même visité la
Basse-Côte-Nord, pratiquement de village en village, je pense que le
député de Bonaventure a certainement oublié
d'arrêter à la majorité des endroits où se faisait
la pêche commerciale. Je crois qu'il est plutôt passé
très vite et plutôt aussi en touriste. Le résultat, je l'ai
constaté, et le gouvernement du Québec l'a constate, lorsque nous
sommes arrivés le 15 novembre 1976.
On vient d'adopter un plan quinquennal par lequel on investira $225
millions pour relancer et raffermir l'industrie de la pêche, on n'a
qu'à comparer avec ce qui s'est passé au cours des années
antérieures. Rappelez-vous, on épluchait de peine et de
misère un budget de $12 millions ou $13 millions, des fois $14 millions
par année,
sans savoir où on s'en allait d'une année à
l'autre. Ramener cela sur une période quinquennal pour faire des
chiffres ronds et impressionnants, cela fait environ $60 millions ou $70
millions. C'était cela l'effort, la performance des anciens
gouvernements, $60 millions à $70 millions en cinq ans. De plus, on
donnait l'impression de se saigner à blanc. Quant à nous, nous
allons consacrer $225 millions en cinq ans et c'est au moins trois fois plus
que ce que faisaient les anciens gouvernements.
Le projet de loi no 29 que nous étudions aujourd'hui s'inscrit
dans la même foulée. On fait passer le budget annuel du
crédit maritime de $3 millions à $10 millions. Bien sûr, on
parle de gros sous, comme le disait le député de Gaspé, ce
sont des investissements importants qu'il faut utiliser avec beaucoup de
circonspection. Ce budget, tout compte fait, équivaut presque aux
efforts que notre gouvernement a déployés pour moderniser
l'industrie des pâtes et papiers. Si on compare avantageusement aux
mesures de stimulation de l'agriculture québécoise, enfin les
pêches maritimes sortent de la marginalité pour entrer dans la
mission économique du gouvernement du Québec.
Enfin, il y a à Québec un gouvernement qui a compris
l'importance des pêches maritimes pour l'économie régionale
et qui a le courage politique d'aller au bout de sa logique c'est-à-dire
de manifester budgétairement l'intérêt qu'il porte aux
pêcheries. Cela ne s'est pas vu souvent auparavant. Comme je le disais
tout à l'heure, plus les libéraux que les unionistes ont beaucoup
parlé mais sans agir. C'est pourquoi il est à la fois triste et
désarmant d'entendre les jérémiades de l'Opposition
officielle. Ces grincements de dents me font penser au proverbe qui veut que
quand deux esclaves se rencontrent ils médisent de la liberté.
Pour dissimuler sa propre incurie, l'Opposition officielle du Parti
libéral du Québec parle de l'impuissance. (16 h 40)
Enfin, la population, surtout celle qui habite les territoires
maritimes, jugera sévèrement, je l'espère, ceux qui
pêchent en eaux troubles. Quand l'actuel gouvernement a mis sur pied sa
stratégie quinquennale, toute imparfaite qu'elle soit, il s'est
fixé comme objectif de doter les régions maritimes d'une
industrie stable et solide. Il a fait le pari que cette industrie de la
pêche en santé produirait des effets économiques
évidents dans les régions concernées, mais toutes ces
données reposent en réalité sur la possibilité
qu'auront les pêcheurs québécois d'aller prendre leur
quote-part des ressources marines et de faire démarrer la chaîne
des effets d'entraînement. Cela revient à dire que tout est
conditionnel au renouvellement et à la modernisation de la flotte de
pêche du Québec. Cela nous amène donc à l'objet
principal de ce débat, à savoir que le crédit maritime
doit être plus ouvert et plus disponible de façon à appuyer
les nombreuses demandes de construction de bateaux. On n'a pas besoin de se
contorsionner l'esprit pour se rendre compte que le projet de loi no 29 assure
désormais cette générosité légitime du
crédit maritime pour les pêcheurs québécois.
Evidemment, l'Assemblée nationale ne verra passer que la loi sur
le crédit maritime puisque toutes les autres mesures de la
stratégie quinquennale ne sont que des applications administratives de
la loi des pêcheries. Cette seule loi reflète, par le triplement
de son budget, l'importance que notre gouvernement attache à l'ensemble
de la relance des pêcheries. On nous dit que par le programme de
renouvellement de la flotte, tel que présenté dans le plan
quinquennal, les chantiers maritimes seront occupés à pleine
capacité pour les cinq prochaines années. Sans vouloir m'enfermer
dans le chauvinisme, je voudrais rappeler à cette Chambre, et de
façon particulière au ministre de l'Industrie et du Commerce, que
la Côte-Nord ne compte aucun constructeur de bateaux et que les
pêcheurs de chez nous doivent, d'une certaine façon, importer
leurs bateaux des Iles-de-la-Madeleine ou encore de la Gaspésie, bien
entendu, mis à part le petit chantier qui existe dans la localité
de Kégashka.
Je suis très favorable aux échanges interrégionaux
mais, compte tenu du nombre de bateaux qui devront être introduits sur la
Côte-Nord au cours des cinq prochaines années, je crois qu'il
serait hautement pertinent d'encourager l'implantation d'un petit chantier
maritime sur la Côte-Nord, par exemple à Havre-Saint-Pierre,
puisque nous y avons la main-d'oeuvre et que nous avons les matériaux
disponibles et même une route pour s'y rendre. Il faut également
penser aux services que nécessitera cette flotte en termes d'entretien
et de réparations. Je préviens immédiatement le ministre
de l'Industrie et du Commerce que je vais travailler dans ce sens-là.
J'ai confiance de trouver chez nous des promoteurs intéressés
à investir dans ce genre d'entreprise.
Nous nous attaquons aujourd'hui aux urgences les plus criantes du
secteur des pêches, soit le besoin de moderniser les bateaux de
pêche. Quand cette activité sera bien engagée et que la
Direction générale des pêches maritimes respirera plus
calmement l'air de Gaspé, il faudra regarder d'un peu plus près
le système de commercialisation du poisson québécois. On
affiche, dans le secteur de la commercialisation, des attitudes de
colonisé. Les entreprises exportent encore de grandes quantités
de poisson à peine transformées qui nous reviennent des
Etats-Unis avec une plus-value qui aurait très bien pu être
donnée ici. Les chiffres du plan quinquennal parlent par
eux-mêmes. On a exporté, en 1975, 36 millions de livres de poisson
pour des revenus de $20 600 000. On a, par ailleurs, importé 38 millions
de livres de produits marins, sensiblement le même volume, mais, cette
fois, on a payé le double du prix, soit environ $42 millions.
On a beau dire que les Québécois et les
Québécoises sont des fines gueules et que parmi nos importations
il y a pas mal de queues de langoustines et de grosses crevettes du golfe du
Mexique, on n'explique pas tout. On n'explique
pas qu'une bonne partie de nos produits expédiés sans
transformation véritable nous reviennent des Etats-Unis dans de la
panure, dans des préparations précuites et dans une
présentation soignée qui en font doubler le prix. Si l'entreprise
privée ne peut contrer cet exode du potentiel d'emploi que
créerait ici la transformation la plus complète possible de nos
produits marins, le gouvernement devra y voir dans les plus brefs
délais.
Une Voix: Pourquoi pas!
M. Perron: Mais je comprends que pour l'instant, compte tenu de
l'état de délabrement de nos bateaux de pêche, on ait
d'autres chats à fouetter. Je suis d'accord pour que l'on fouette ces
chats en premier. Je veux simplement qu'on prenne en considération les
autres matous qui circulent dans le paysage parce qu'ils ont aussi leur
importance dans l'industrie de la pêche. Mme la Présidente, je
voudrais dire ici qu'il se manifeste une confiance nouvelle dans les
localités de pêche de la Côte-Nord et probablement ailleurs
au Québec. Je crois que l'adoption de ce projet de loi sur le
crédit maritime améliorera encore ce climat de confiance des
pêcheurs qui réalisent que le gouvernement du Québec et que
le gouvernement du Parti québécois est derrière eux.
En terminant, je voudrais ici souligner qu'il y a environ deux heures,
j'ai reçu un téléphone du maire de
Rivière-au-Tonnerre, M. Julien Bourque, qui me confirmait que les
Pêcheurs Unis refusent d'acheter les prises des pêcheurs de
Rivière-au-Tonnerre et des alentours, puisque ceux-ci ne sont pas
membres des Pêcheurs Unis. Là-dessus, je fais appel, par le biais
de l'Assemblée nationale, aux Pêcheurs Unis de bien vouloir, dans
les plus brefs délais, modifier leur position et d'acheter les prises
des pêcheurs de la Côte-Nord et spécialement de
Rivière-au-Tonnerre et des alentours.
Je termine en vous mentionnant que le domaine des pêcheries au
Québec sera amélioré par ce projet de loi no 29.
J'espère que ce projet de loi sera adopté à
l'unanimité par l'Assemblée nationale. Merci, Mme la
Présidente.
M. Le Moignan: En vertu de l'article 96, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Vous avez été mal
interprété, M. le député de Gaspé?
M. Le Moignan: Ou j'ai peut-être mal
interprété quelqu'un. Pour simplifier, cela ressemble à
l'histoire suivante: On demandait un jour à un curé s'il y avait
beaucoup de monde à la messe. Il dit: Cela dépend, des fois c'est
à moitié vide, d'autres fois c'est à moitié plein.
Alors, quand j'ai fait allusion au bloc de glace, je dois dire que le ministre
a raison à 50% et que j'ai tort à 50%. Je m'explique. Quand je
lui ai cité des chiffres de $9.60 la tonne l'an dernier, il ne
s'agissait pas en l'occurrence de pêcheurs. Quand le ministre a dit que
c'était $7.50 une tonne de glace pour les pêcheurs, le ministre a
entièrement raison, je suis d'accord avec lui. J'ai appelé au
bureau de Gaspé et j'ai appelé à l'usine de glace. Quand
on vend la glace au public, on la vend $15 le bloc, $105 la tonne. C'est la
distinction qui m'a échappé et c'est pour cela que
l'église du ministre est pleine à 100%.
La Vice-Présidente: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Frederic Shaw
M. Shaw: Merci, Mme la Présidente. Quelques brèves
remarques sur le projet de loi no 29, parce qu'on a besoin de reconnaître
que presque un tiers des pêcheurs du Québec sont anglophones. On
vient d'entendre l'intervention du député de Duplessis qui a
parlé des pêcheurs de la Côte-Nord, son comté, et un
grand nombre de ces pêcheurs, qui sont anglophones, sont presque
ignorés par ce gouvernement. Ce gouvernement a accepté, pour un
bout de temps et il en est conscient, que le revenu moyen par année soit
de $2600. Nous avons devant nous un projet de loi qui suggère qu'avec
des crédits de $10 millions, tout de suite un pêcheur, avec un
revenu comme cela, peut emprunter davantage d'argent pour améliorer sa
situation économique. Cela, il faut dire tout de suite que c'est une
fausseté. (16 h 50)
II faut, premièrement, qu'on accepte que cette région a
été défavorisée par tous les gouvernements, non
seulement par le gouvernement précédent, mais aussi par le
gouvernement actuel, le gouvernement fédéral et tous les
gouvernements qui ont presque nié le fait qu'il y a là une
réalité dans la Côte-Nord du Québec où il y a
des pêcheurs qui essaient de survivre dans une situation qui est
très difficile.
Madam President, I would also like to speak to the fact that the Federal
government has been accused of not meeting its obligations to the fishing
industry in the province of Québec and if anything is a
misrepresentation, that certainly has to be. In the last five years, the
federal Department of Fisheries has done a fantastic job in improving the
vitality of the fishing industry in Canada in general and included in this
group is that of the province of Québec, specifically, for example, in
research when the Department of Fisheries established in the city of
Québec the Gulf and Estuary Studies Department, the research department
that gives guidance to the establishment of directives, of planning for fishing
in the gulf and estuary which is the primary fishing zone of Québec
fishermen.
And furthermore, Madam President, this is a francophone institute which
is using young French Canadians who are graduating in expertise areas and this
is an attitude of the Federal government which has been positive towards the
needs of this province to expand the expertise in fishing. This has been done,
not by the government of the province of Québec, but by its Federal
government, it always bothers me that every time something negative: for
example, the
number of permits that have been extended in certain areas in comparison
with the Maritime provinces who, everyone knows in this country, suffer more
extensively economically than we do in this province and need aid and this why
this Canadian system works so well. They need aid and fishing is one of their
primary industries.
In the government of Québec were so wise that it would now pass a
bill like 121 which will perhaps engage the people of the province of
Québec in over $250 million of new buying of nothing because it
is something we already have speaks now of the $10 million grants to the
fishing fleets of the province of Québec. And as the member for Johnson
so accurately said, in today's gaspillage d'argent, $10 million seems to be
very insignificant indeed. Nevertheless, Madam President, I accept that the
interest of the province is engaged in the passage of this law, that the
interest of the fishing industry is, at least, being partially recognized. And
I suggest very strongly to the minister that he recognizes the total economic
unit of fishing in this province, recognizes that there are regions that need
specific direct financing such as the Québec North Shore, areas which
will help the fishing industry function and survive by making available
transformation facilities so that situations that were just mentioned by the
member for Duplessis where discrimination in buying is occurring, because of
syndical activities... These are the things that have to be done as well as
minor supplements to funding.
Make justice reign in the fishing industry in the province of
Québec so that the fishermen can go to the seas proudly with facilities
that are significant and in their very proper French word"rentable", then
perhaps the direction that we should be going would be the right one, but I
find, Madam President, that the projet de loi 29 is more of another article of
propaganda promoting the great fishing industry of the province of
Québec with $10 million while on one hand we are blowing $250 million on
an established industry like Asbestos.
It is totally incredible. It should be described as such, Madam
President, that is the way I feel this law is. Another object to promote a
government's credibility and, Madam President, this is impossible to do. Thank
you very much.
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce, votre réplique.
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais
remercier tout d'abord les députés, les membres de cette
Assemblée, qui ont apporté leur contribution constructive au
débat sur ce projet de loi no 29 de même que leur appui en faveur
du projet. Il est évident que si nous ne nous trouvions pas dans les
dernières heures de cette partie de la session, nous pourrions discuter
beaucoup plus amplement d'un sujet aussi important que celui de l'avenir de
l'industrie des pêches maritimes. Plusieurs autres membres de cette
Assemblée pourraient se joindre à nous pour soulever des
questions d'intérêt général.
Je suis aussi reconnaissant à mes deux
prédécesseurs au poste de ministre de l'Industrie et du Commerce
responsable des pêches, le député de Johnson et le
député de Bonaventure, pour avoir souligné le travail de
pionnier qui a été fait dans le passé afin de lancer cette
industrie des pêches maritimes. Il est vrai que, depuis 1922, le
Québec jouit d'un statut particulier au Canada puisqu'une entente
établie entre le gouvernement du Québec du temps et le
gouvernement fédéral confiait au gouvernement du Québec la
gestion et l'administration des pêches maritimes. Mais on avait
oublié de transférer les budgets y afférents, de sorte que
cette autonomie ou ce statut particulier dans le domaine des pêches est
une responsabilité administrative qui ne s'est pas accompagnée
d'un transfert fiscal.
Je soulignerai aussi qu'en 1943 la Loi d'aide aux pêches maritimes
sous forme de crédits a été instaurée et qu'alors
un fonds de garantie de $75 000 était accordé de même qu'un
fonds annuel pour les intérêts et les primes d'assurance de $5000.
C'est évident que le député de Pointe-Claire et le
député de Bonaventure, ce matin, ont peut-être dit que $10
millions, ce n'est pas beaucoup. Il est évident qu'il s'agit d'un plan
quinquennal de $225 millions; mais comme l'a souligné, à juste
titre, le député de Johnson, lorsque nous comparons les efforts
qui sont faits présentement pour le développement de cette
industrie éminemment régionalisée et éminemment
socio-économique à ce qui se faisait auparavant, nous avons
parcouru un long chemin depuis ce temps.
Il faut se rappeler que l'industrie des pêches maritimes,
même si elle emploie 4700 pêcheurs et compte 1200 travailleurs dans
les usines, n'est pas une industrie qui produit énormément. Elle
produit au niveau du poisson pour environ $30 millions par année. Donc,
il ne faudrait pas croire que les montants que nous mettons
parallèlement à l'effort de production sont des montants
relativement petits. Il s'agit de montants énormes, je crois. Comme l'a
dit le député de Duplessis, le gouvernement, au cours des cinq
prochaines années, va mettre pratiquement dans le développement
de l'industrie des pêches maritimes autant qu'il met dans le
développement des pâtes et papiers. Ce qui démontre
l'intérêt fondamental que nous portons au développement de
cette industrie.
Je reviens sur quelques points, Mme la Présidente, étant
donné qu'il s'agit de ma réplique, pour relever quelques
arguments qui ne m'appa-raissent pas tout à fait fondés. Le
député de Bonaventure, qui a déjà été
ministre de l'Industrie et du Commerce et responsable des pêches, nous
disait: II ne s'agit pas d'un plan inédit de développement des
pêches maritimes. Je veux croire qu'il y a eu, dans le passé, des
efforts pour développer les pêches maritimes. Mais ces efforts
étaient surtout axés sur des actions ponctuelles: une
usine à Paspébiac dans son comté ou une autre
subvention. C'étaient des efforts qui reposaient sur des budgets
annuels. Une industrie comme les pêches maritimes est vraiment l'exemple
où il faut avoir une démarche qui dépasse l'approche
purement ponctuelle et l'approche purement annuelle. (17 heures)
II nous faut donner des signaux à tous ceux qui prennent des
décisions, des décisions d'investissements, des décisions
de commercialisation pour qu'il y ait une cohérence, un
développement cohérent avec les pêcheurs qui prennent la
ressource. Comme on l'a dit, c'est une ressource qui ne se préserve pas,
qui ne se conserve pas. Il faut donc qu'elle soit transformée dans des
usines, il faut qu'on ait justement des installations de
réfrigération. Il nous faut aussi avoir des mécanismes de
distribution et de commercialisation. Donc, il faut avoir une approche
intégrée. Au moment où nous discutons cet
après-midi de l'adoption de ce projet de loi, le Conseil consultatif des
pêches maritimes que nous avons créé l'automne
passé, en septembre dernier, se réunit présentement
à Québec et discute justement de l'application dans les faits du
plan quinquennal des pêches, de sorte qu'au-delà des projets de
loi, au-delà des discours, des actions se prennent, des décisions
sont à se réaliser.
Ceci n'a pas été facile. Le député de
Johnson a souligné que, parfois, il est difficile de faire avancer des
idées nouvelles, parce que, dans les gouvernements, on n'est pas
habitué à penser en termes de cinq ans, on n'est pas
habitué à avoir des budgets qui engagent l'avenir sur une
période aussi longue. Le Conseil du trésor, qui est l'organisme
qui réglemente les déboursés gouvernementaux,
hésite à donner l'autorisation à un programme
gouvernemental qui s'étend sur une aussi longue période. Mais
nous avons décidé c'est là où la
volonté politique est importante que c'était
nécessaire pour nos pêcheurs, que c'était nécessaire
pour nos petits chantiers maritimes, que c'était nécessaire pour
nos petits investisseurs et que c'était nécessaire aussi pour nos
réseaux de distribution d'avoir ce plan d'ensemble pour que tous
puissent prendre des décisions qui soient profitables et qui ne se
neutralisent pas les unes les autres au cours des années à
venir.
Le député de Bonaventure nous a dit: Nous avons
déjà fait augmenter les crédits maritimes de $3 millions
à $4 500 000 en 1973, 1974, 1975 et 1976; pourquoi n'avez vous pas
rétabli ce montant? Je pense que nous avons ici une différence
d'approche qui montre comment les choses ont évolué. Dans cette
loi, il n'y a pas de limite temporelle. Nous ne croyons pas qu'augmenter les
crédits et placer dans la loi une date où ils reviennent à
un niveau plus bas soit une façon normale de procéder et soit une
bonne utilisation du temps précieux des membres de cette
Assemblée. Nous mettons le plafond à $10 millions par
année et ceci va demeurer indéfiniment, parce que nous croyons
que cette industrie est en croissance. Ce n'est pas une industrie qui est en
décroissance. C'est une industrie qui a traversé une
période difficile en 1973, 1974 et 1975 alors que la ressource dans le
golfe a été surexploitée et qu'on a laissé de
côté plusieurs de nos bateaux, mais, présentement, c'est un
de nos secteurs même si on peut peut-être l'appeler encore
un peu mou qui comportent un des meilleurs potentiels d'avenir
Le marché mondial pour les petits marins est très bon
parce que les produits concurrents, le boeuf et d'autres produits alimentaires,
coûtent de plus en plus cher. La demande internationale est très
forte. D'autre part, le fait que les bateaux étrangers ont dû se
retirer de la zone de 200 milles fait que l'approvisionnement européen
est beaucoup moins fort qu'il ne l'était auparavant, de sorte que nos
pêcheurs, nos entreprises, nos réseaux de distribution peuvent
prendre la place qui s'ouvre devant eux. C'est pour cela que nous agissons
dès maintenant et nous agissons avec des montants qui sont très
importants compte tenu de la dimension actuelle de l'industrie qui, comme je
l'ai dit tout à l'heure, n'est pas tellement grande.
Le Québec est une région maritime et nous avons beaucoup
moins de pêcheurs qu'à Terre-Neuve où il y en a 16 000 et
qu'en Nouvelle-Ecosse où il y en a 12 000. Nous en avons 4700. Mais il
n'y a qu'une province dans l'Est du Canada qui a un plan semblable à
celui du Québec et c'est la province de Terre-Neuve. Pour Terre-Neuve,
l'industrie des pêches est l'industrie fondamentale. Ils reçoivent
quelques redevances importantes de leurs mines au Labrador, mais l'industrie
des pêches est la plus importante. Nous sommes donc, au Québec,
à l'avant-garde au niveau d'un plan de développement.
J'écoutais récemment la semaine dernière, je
crois une nouvelle disant que les Etats-Unis se dotaient, eux aussi,
d'un plan de développement de leur industrie des pêches. Pour une
fois, nous pouvons affirmer dans cette Assemblée nationale que le
Québec n'est pas derrière les événements, mais les
précède, même si c'est une industrie qui n'a pas
l'importance en termes d'argent qu'ont les pâtes et papiers, les mines ou
d'autres grandes industries, c'est une industrie qui a un avenir et nous y
croyons par ce projet de loi et par le plan quinquennal.
Je répète rapidement, M. le Président, l'objectif
qui est poursuivi à la fois par le projet de loi et le plan quinquennal.
Nous avons 4700 pêcheurs. Ces pêcheurs ont des revenus moyens
d'environ $6000 par année. Il est vrai que l'aspect artisanal de cette
industrie va devoir continuer parce que nous avons 2700 petits pêcheurs
qui ont des petits bateaux artisanaux. Mais nous voulons que cette industrie
devienne une industrie qui soit prospère et qui puisse faire l'orgueil
de ceux qui y oeuvrent et qui choisissent d'y consacrer leur vie. Le revenu de
ces pêcheurs après l'application de ce plan quinquennal devrait
doubler, pratiquement doubler, monter à au-delà de $11 000 en
dollars d'aujourd'hui. En 1984, donc, nous aurons des pêcheurs qui auront
une productivité très grande, pourquoi? Parce qu'ils auront des
bateaux qui seront efficaces.
C'est pour cette raison que nous mettons $90 millions pour renouveler la
flotte. C'est le coeur de ce projet de loi d'avoir les fonds nécessaires
pour renouveler la flotte. Il y a plus. C'est là l'intégration
dans le programme, c'est que nos usines de transformation, le
député de Bonaventure a mentionné que nous en avions 45,
fonctionnaient l'an passé à 25% de capacité. Avec un plan
de prise de poisson, on a parlé de ressources nouvelles, le
député de Gaspé, c'est vrai, c'est absolument juste, il va
falloir développer des ressources autres que le hareng, que la morue et
que le sébaste et c'est dans le plan quinquennal afin d'approvisionner
nos usines. Donc, nous voulons faire passer le taux d'utilisation de nos usines
de 25% à 100% en 1984 et en faisant passer les prises de 100 tonnes
métriques à 160 tonnes métriques, nous allons pouvoir
augmenter le nombre de travailleurs dans nos usines. Ce nombre devrait
augmenter de 2000 dans les usines. Non pas pour travailler deux ou trois mois
pendant l'année, mais travailler de huit à dix mois pendant
l'année. Ceci exigera d'avoir des approvisionnements du mois de
février, à partir des bancs de Terre-Neuve, à partir de la
côte du Labrador, pour approvisionner nos entreprises.
On a mentionné nos petits chantiers maritimes. Je regrette que
dans le comté de Duplessis nous n'en ayons pas suffisamment, nous avons
23 petits chantiers maritimes au Québec et la limite physique pour la
construction de nos 230 bateaux, c'est la limite physique de construction de
nos chantiers maritimes. Ces chantiers maritimes vont fonctionner à
plein au cours des cinq prochaines années et devraient embaucher 300
travailleurs additionnels. Mais malgré cela, dans cinq ans nous n'aurons
renouvelé la flotte qu'à 55%. Malgré, donc, cet effort de
fonds, nous aurons une flotte plus moderne, mais nous aurons encore d'autres
efforts à effectuer dans l'avenir. Il ne faudrait pas croire donc que
nous nous asseyions sur nos lauriers.
Lorsque j'ai dit: Mission accomplie, M. le Président, j'ai dit:
Mission accomplie au niveau de la décision politique; parce qu'avant
toute chose, avant même d'avoir des projets de loi, avant même
d'avoir des budgets, il faut vouloir et le gouvernement ne voulait pas vouloir
seul, il a fait une conférence socio-économique à
Gaspé, où on a réuni ceux qui vivaient de la pêche,
on leur a demandé s'ils avaient confiance dans l'avenir. Ils nous ont
dit: Oui. Le gouvernement a dit: Nous embarquons derrière vous et nous
allons vous appuyer. De sorte que maintenant, il s'agit que chacun à son
niveau applique maintenant la politique, applique les fonds, les
dépenses au meilleur escient.
La mission ne sera vraiment accomplie que lorsque nous aurons des
pêcheurs qui seront prospères, lorsque nous aurons des usines qui
fonctionneront à dix mois par année plutôt qu'à deux
ou trois mois, lorsque nous aurons sur les tables du Québec, dans les
restaurants, dans les hôtels, des produits du Québec. On a
mentionné tout à l'heure le homard du Québec, on a
mentionné le crabe, ces produits sont les meilleurs au monde. Mais
souvent, nous avons des produits qui viennent de l'extérieur, alors que
nous exportons le crabe vers l'Europe. Par exemple, nous exportons en France
cette année de grandes quantités de crabe mis en conserve qui se
vend très bien en France. Mais nous avons de la difficulté
parfois dans les restaurants de la ville de Québec, entre autres,
à avoir des produits soient qu'ils viennent de Rivière-au-Renard,
ou de la Basse-Côte-Nord.
On a parlé des visites aussi. Je pense à tous ces petits
villages, l'an passé j'ai visité tous les petits villages de la
Basse-Côte-Nord, Tête-à-la-Baleine où nous allons
instaurer un sous-bureau pour la Direction générale des
pêches, Lourdes-de-Blanc-Sablon qui deviendra le bureau régional
pour la Basse-Côte-Nord, Natashquan, Mingan et La Tabatière
où nous allons établir un laboratoire de recherche
appliquée pour les pêcheurs. (17 h 10)
Donc, tous ces petits villages qui, souvent, n'ont pas de route et qui
ne sont reliés les uns les autres que par la voie maritime vont profiter
à plein de ce programme, un programme où il y a des fonds, un
programme où il y aura de la régionalisation, parce que, je le
répète, les gouvernements existent pour servir la population.
Dans le domaine maritime, la Direction générale des
pêches, avec ses 320 employés, que nous allons augmenter à
370 à cause de l'importance du plan quinquennal, va devoir appuyer nos
5000 pêcheurs à venir et nos quelque 3000 travailleurs d'usine, de
sorte qu'il y aura en Basse-Côte-Nord ces bureaux régionaux et ces
laboratoies, comme à Grande-Rivière, comme à
Cap-aux-Meules, comme à Gaspé il y aura des installations aussi
plus importantes.
On a soulevé un point, et je voudrais y revenir, concernant la
contribution du gouvernement fédéral. Il est vrai que le
gouvernement fédéral contribue au développement des
pêches sous forme de participation à des ententes auxiliaires
concernant les parcs industriels pour les pêches. Il y en a quatre, il y
a eu $50 millions qui ont été dépensés pour ces
parcs industriels. Il est vrai aussi qu'il contribue au niveau des quais. Mais,
lorsqu'on compare la contribution du gouvernement fédéral pour le
développement de l'industrie des pêches dans les provinces
maritimes, on a un peu je le dis comme ministre de l'Industrie et du
Commerce, parce que j'ai beaucoup d'autres responsabilités que celles
qui sont rattachées aux pêches la même impression que
nous avons lorsque nous comparons l'effort du gouvernement
fédéral pour industrialiser l'Ontario au niveau de l'industrie
manufacturière. Nous recevons quelques miettes, mais les gros montants
vont ailleurs.
Lors d'une tournée, j'étais à Terre-Neuve et je
rencontrais mon homologue, qui me faisait visiter un de ses services
communautaires où les pêcheurs viennent faire réparer leurs
bateaux l'hiver. Ils les réparent eux-mêmes dans un grand
édifice avec des instruments fournis au coût marginal, et on me
disait que ces grandes installations avaient été financées
à 90% par le ministère fédéral de l'Expansion
économique régionale, alors qu'au
Québec nous avons vraiment l'impression que nos pêcheurs
sont démunis, n'ont pas ce luxe pour pouvoir réparer leurs
bateaux. Dès que ce projet de loi sera adopté, et étant
donné que nous avons le plan quinquennal, je vais demander à
rencontrer le nouveau ministre fédéral des pêcheries pour
que nous puissions avoir au moins trois de ces services communautaires au
Québec, un sur la Basse-Côte-Nord, un en Gaspésie, un aux
Iles-de-la-Madeleine, pour que l'hiver, non seulement nous puissions avoir des
bateaux qui aient été bien construits, mais que nos
pêcheurs puissent aller les réparer eux-mêmes dans des
installations sans qu'il en coûte une fortune. Mais là il faut
avoir, au niveau du Québec, une contribution de nos impôts qui
vont à Ottawa qui ressemble un peu à celle qui va dans les
provinces maritimes et dans la province de l'Ontario.
Une Voix: ...
M. Tremblay: Oui, 10%, mais 90% viennent du gouvernement
fédéral. Ainsi on se retrouve dans le domaine des pêcheries
avec un gouvernement du Québec qui sait où il va, un gouvernement
qui va collaborer avec nos pêcheurs, avec nos entrepreneurs parce
que nous en avons plusieurs avec les syndicats aussi qui oeuvrent dans
nos usines, mais nous devons toujours prendre ces fonds à même le
budget du gouvernement du Québec. Un gouvernement provincial qui prend
la responsabilité de développer une industrie et qui n'a que la
moitié d'un budget ne peut pas faire autant qu'il aimerait faire. Dans
un domaine comme celui-ci, les gouvernements précédents,
lorsqu'ils ont accepté la responsabilité de développer les
pêches en 1922, c'était le gouvernement Taschereau, en
1943, c'était le gouvernement de Godbout, parce qu'on a renouvelé
l'entente pour les Iles-de-la-Madeleine en 1943 ont laissé les
fonds à Ottawa.
Ce qu'il nous faut maintenant, c'est non seulement avoir
l'originalité, le courage de développer l'industrie, mais il va
falloir rapatrier une partie des fonds qui sont encore à Ottawa. Je
pense que les gens de l'Opposition, surtout les deux anciens ministres de
l'Industrie et du Commerce qui ont été responsables des
pêches dans deux différents gouvernements, comprendront ces
limites budgétaires et appuieront le gouvernement du Québec dans
ses revendications.
Je termine en disant qu'il y a 140 pêcheurs sur une liste
d'attente, qui désirent avoir ce prêt sans intérêt
afin de passer une commande pour la construction de leur bateau. Je veux
remercier les membres de cette Assemblée nationale au nom de ces 140
pêcheurs. Ce projet de loi va leur permettre de s'outiller et de faire
progresser à la fois leur industrie, leur région et le
Québec. Merci.
Le Vice-Président: Est-ce que le projet de loi no 29, Loi
modifiant la Loi du crédit aux pêcheries maritimes, sera
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'industrie et du
commerce
M. Bertrand: M. le Président, je ferais maintenant motion
pour que ce projet de loi no 29 soit déféré à la
commission parlementaire permanente de l'industrie et du commerce.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Questions inscrites au feuilleton (suite)
Le Vice-Président: Avant d'appeler le prochain article, M.
le Président, si j'ai le consentement des partis d'Opposition,
j'aimerais revenir à un article des affaires du jour, à savoir
qu'au moment des affaires courantes on a l'habitude, ces jours-ci, de
déposer un certain nombre de réponses à des questions
posées par des députés de l'Assemblée nationale. Un
document avait été égaré ce matin et s'il y avait
consentement, nous serions prêts à le déposer
immédiatement. C'était en réponse à M. Bellemare,
le député de Johnson, à l'article 13 du feuilleton
d'aujourd'hui. Réponse du ministre de l'Industrie et du Commerce. Je
ferais motion pour que cette réponse soit convertie en
dépôt de document.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Motion adoptée. Document
déposé.
M. Bertrand: J'appellerais maintenant l'article 65).
Projet de loi no 7 Deuxième lecture
Le Vice-Président: II s'agit de la reprise du débat
sur la motion proposant que le projet de loi no 7, Loi modifiant la Loi de
l'aide au développement industriel du Québec, soit maintenant lu
la deuxième fois. L'ajournement du débat avait été
demandé par M. le député de Terrebonne à qui je
cède la parole.
M. le député de Terrebonne.
M. Elie Fallu
M. Fallu: Nous avons déjà débattu en
deuxième lecture le projet de loi no 7 le 15 mai. Le ministre avait fait
son discours et puis, le 17 mai, on se souviendra d'un certain soir
c'était pendant les finales du hockey nous avions
débattu le projet jusque vers les 22 heures. Nous reprenons cet
après-midi le débat.
Entre-temps, l'Assemblée nationale a été saisie de
plusieurs projets de loi ayant trait à des choses un peu connexes
à la SDI. J'entends par là des projets de loi qui ont trait au
développement industriel sous une forme ou sous une autre.
Rappelons qu'il y a quelques jours, ici même, on traitait
c'était hier, plutôt de la loi 37, Loi sur l'aide au
développement touristique. Nous venons à l'instant de voter
à l'unanimité la deuxième lecture du projet de loi no 29,
Loi modifiant la Loi du crédit aux pêcheries maritimes. Nous
avons, hier soir, terminé le débat et voté, tout à
l'heure, le projet de loi no 121 autorisant le gouvernement à
nationaliser l'Asbestos Corporation. La loi 8 a été
débattue en cette Chambre, puis article par article en commission
parlementaire. C'est la loi sur les régimes d'épargne-actions.
Donc, la loi 7 s'inscrit dans cette fin de session qui est, du point de vue du
développement économique, passablement bien remplie. C'est
d'abord ce que je voulais vous signaler.
J'arrive immédiatement au débat qui nous intéresse.
Je rappellerai très brièvement que dans notre
société capitaliste il y a de nombreux outils qui sont en place
pour le financement des entreprises. Ce peut être des outils de nature
privée, comme par exemple les banques, les sociétés de
développement Desjardins, les caisses d'entraide, que ce soit RoyNat ou
la Banque fédérale de développement. Il existe aussi de
plus en plus, à l'appel, d'ailleurs, de l'entreprise privée, des
outils qui sont fournis par les gouvernements. Sans en faire la description,
car elle serait très longue et cela nous prendrait un répertoire
pour vraiment être exhaustif, je voudrais toutefois rappeler la filiation
du projet de loi que nous avons devant les yeux.
Il faudrait se rappeler que c'est en 1954, ici même, au
Québec, que pour la première fois l'Etat est intervenu pour aider
l'industrie, par une loi de l'aide aux pêches maritimes. C'est en 1967
que la tradition, devrais-je dire, de la loi 7 démarre par la
création du Crédit industriel, et est transformé en 1971
en Société de développement industriel, la SDI, comme on
l'appelle familièrement. (17 h 20)
Puis, en 1979, nous sommes réunis pour aménager à
nouveau cette loi. C'est l'un des moyens ce n'est pas le seul, comme je
le disais que l'Etat met au service de l'entreprise privée,
notamment de l'entreprise manufacturière. En ces quelques années,
de 1967 à 1978, la SDI a fourni $244 millions en prêts
industriels, $174 millions en garanties de prêts et quelque $20 millions
sous forme de subventions. Cela ne fait même pas un demi-milliard de
dollars, c'est-à-dire que, finalement, il faudrait savoir très
modestement que c'est beaucoup moins que le seul déficit olympique. Je
passe.
J'aimerais rappeler trois points de cette loi qui font que je suis en
accord parfait avec les intentions de la loi. En premier lieu, le projet de loi
donne de nouveaux mandats à la Société de dé-
veloppement industriel, premièrement, pour aider l'industrie qui
transforme davantage les richesses naturelles; deuxièmement, pour venir
en aide à des sociétés qui exploitent un réseau de
distribution ou qui assurent la commercialisation de biens principalement
produits au Québec et, troisièmement, pour aider l'industrie
manufacturière qui contribue à l'exportation de biens produits au
Québec. On voit donc, après la politique d'achat du gouvernement,
une orientation qui est, on va dire, égocentrique, dont Québec
est le centre, mais je crois que personne ne nous en voudra, à l'exemple
de l'amiante, à l'exemple de combien d'autres domaines, de vouloir comme
Québécois, comme gouvernement du Québec responsable
jusqu'à un certain point du bien-être de l'entreprise, donc, en
finalité, des emplois, développer ou miser sur les
potentialités du Québec. C'est ainsi qu'on pourra maintenant
avoir des prêts pour les scieries ou encore les séchoirs dont on
manque si terriblement actuellement au Québec. On transporte trop de
bois vert. Il faudrait davantage faire le séchage. Mais voilà que
la SDI pourra dorénavant prêter à ces industries qui,
jadis, étaient considérées comme des secteurs un peu
relégués aux oubliettes. Une telle loi aide la transformation de
nos matières premières.
Le deuxième aspect de cette loi que je voudrais retenir je
dirais même que c'est le deuxième principe de la loi c'est
l'autonomie administrative et financière accrue qui est accordée
à la Société de développement industriel. La SDI
deviendra ainsi une sorte de banque industrielle. Je souhaiterais que ce
fût davantage sans doute que cela viendra mais
déjà il ne sera plus nécessaire de remonter au Conseil des
ministres ou au ministre lui-même à quelques occasions pour faire
approuver des prêts ou des garanties de prêts. Donc, une certaine
autonomie administrative et financière de la société.
Autonomie notamment dans l'octroi de prêts ou l'octroi de garanties de
prêts aux entreprises manufacturières. Davantage, par le biais
d'une dotation de $100 millions, la SDI aura une certaine autonomie par la
création d'un fonds de réserve. On s'en va donc vers une prise de
décision qui soit plus rapide. Si nous greffons à cette mesure
des mesures administratives déjà entreprises par la SDI
elle-même à la demande du gouvernement, comme une certaine
déconcentration, voire même une certaine décentralisation
administrative du moins, espérons que, par le biais de cette loi,
cela lui sera accordé on va donc pouvoir répondre
davantage, plus rapidement, aux besoins de l'industrie.
Enfin, troisième principe et c'est là introduire
dans une loi quelque chose de particulièrement nouveau
l'obligation de remboursement, dans certaines conditions, des prêts
concédés à l'industrie manufacturière. Il en va, je
crois, de la simple décence. La loi prévoit notamment que
l'entreprise qui est vendue à des intérêts
extérieurs au Québec, en dedans de cinq ans de l'octroi de la
subvention, devra remettre, selon une formule qui tient compte d'un prorata des
années, en totalité ou en partie, selon le cas, selon
l'échéancier, les subventions qu'elle aurait
reçues. Je crois qu'il en va d'un simple principe d'équité
parce qu'il est arrivé dans le passé des cas qui frisaient, je
dirai un gros mot, quelque chose comme du chapardage, pour ne pas dire du vol.
Je m'arrête là, M. le Président, car je crois que mon temps
est à peu près épuisé. Je sais que j'avais
déjà pris la parole pendant quelques minutes le 17 mai. Je
conclus. Je suis donc très heureux de cet amendement apporté
aujourd'hui. Il complète la décentralisation administrative de la
SDI. Il rend la SDI plus autonome. Donc, la SDI pourra répondre
davantage aux besoins du milieu. Il permettra également, par une
meilleure économie financière, de répondre aux besoins des
petites entreprises qu'on pourrait décrire souvent comme le patron
isolé avec quelques employés dans une boîte. La SDI doit
aller vers le patron, vers l'entreprise plus que l'entreprise elle-même,
vers la SDI. Je souhaite à tous les fonctionnaires de la SDI bonne
chance dans la mise en oeuvre de cette loi car le milieu attend beaucoup
d'eux.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Terrebonne.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, mes collègues de
l'Opposition officielle, au cours du débat qui a commencé il y a
déjà passablement longtemps il y a plus d'un mois
ont exprimé la position de ma formation politique relativement à
ce projet de loi qui vise à modifier quelque peu les dispositions et les
pouvoirs de financement de la Société de développement
industriel. Je n'ai pas l'intention d'ajouter à ce débat sur le
plan technique, mais, au contraire, de faire un certain retour en
arrière. Il me semble que, dans un débat comme celui-ci en
particulier, il est intéressant de voir avec preuves à l'appui
combien les positions d'un parti politique peuvent évoluer.
Particulièrement, il est intéressant de comparer les
arguments qu'avançaient les porte-parole du Parti
québécois lorsqu'ils étaient dans l'Opposition au moment
de l'adoption initiale de la loi créant la SDI avec le langage qu'ils
tiennent maintenant et surtout avec les dispositions de ce projet de loi qui
vient amender une créature de l'Assemblée nationale qu'à
l'époque ils ont assez fortement critiquée. L'avantage de cette
comparaison à travers le temps dans la position que le parti
gouvernemental d'aujourd'hui a adoptée est d'autant plus grand que les
porte-parole du Parti québécois à l'Assemblée
nationale en 1971 étaient trois personnes qui sont aujourd'hui des
ministres, des membres du Conseil des ministres, du cabinet.
Il s'agissait, dans l'ordre dans lequel ils ont parlé, de M.
Joron, qui est maintenant ministre délégué à
l'énergie et qui s'est exprimé au nom de son parti le 5 avril
1971. Après lui a parlé M. Marcel Léger et, finalement, M.
Camille Laurin. Tous les trois, sauf un qui est revenu en 1973, sont revenus
à l'Assemblée nationale après une absence de trois ans
représentant d'autres comtés et ils sont évidemment
notoirement absents de ce débat aujourd'hui. D'ailleurs, c'est fort sage
cette absence puisqu'on ne pourra pas dire qu'ils se sont contredits comme
tels, si ce n'est qu'implicitement parce qu'ils font partie d'un gouvernement.
(17 h 30)
II est intéressant de comparer leurs propos à ceux qu'ils
tenaient à l'époque. Les thèmes que le Parti
québécois utilisait pour critiquer le gouvernement libéral
de 1971, c'étaient des thèmes que le gouvernement actuel n'ose
plus utiliser, que le Parti québécois, maintenant qu'il est au
gouvernement, maintenant qu'il forme le gouvernement, n'ose plus utiliser.
C'étaient essentiellement trois thèmes qui reviennent à de
nombreuses reprises au cours de ces interventions dont la principale a
duré une heure, celle du député je ne sais pas de
quel comté il était à ce moment-là, M. le
Président...
Une Voix: Le député de Gouin.
M. Forget: ... le député de Gouin, c'est cela. Il
a, à ce moment-là, parlé pendant une heure. Ces
thèmes qui reviennent sont les suivants. D'abord, une méfiance
très considérable face au secteur privé on
prête toutes sortes d'intentions noires et malicieuses au secteur
privé une préférence marquée et très
explicite, qui est disparue du discours gouvernemental depuis quelque temps,
pour une intervention massive du gouvernement dans l'économie, des
nationalisations, la création de sociétés d'Etat en nombre
toujours plus considérable, donc, une orientation idéologique
très claire et, face aux multinationales, évidemment, à ce
moment-là, le rejet, l'écume à la bouche, en quelque
sorte, de toute espèce de troc ou de connivence avec les
multinationales.
Je vais citer ces passages ou quelques-uns de ces passages parce que ce
serait trop long, bien sûr... Les trois, au total, ont parlé
pendant près de deux heures. Alors, j'ai dû faire une
sélection, assez rapidement d'ailleurs, des passages qui sont les plus
significatifs de ces orientations. Je vais en faire la lecture parce qu'on
verra très clairement ceux qui suivent nos travaux, M. le
Président, le verront très clairement que c'est là
un langage et un vocabulaire qui n'est plus utilisé à
l'Assemblée nationale par les représentants du Parti
québécois. On a évolué ou alors on est plus
discret. Je pense personnellement qu'on est plus discret. D'ailleurs, je vois
sourire le député de Rosemont. Je pense qu'il partage mon avis
là-dessus. On est discret, on est poli, mais dans le fond, on n'a pas
changé ses orientations. Sinon qu'on est prêt à faire des
compromis, d'immenses compromis, comme le démontre ce projet de loi
puisque, essentiellement, ce projet de loi ne fait que régulariser une
situation, des précédents établis depuis des années
et des politiques qui ont été définies par d'autres partis
politiques alors qu'ils étaient au gouvernement, en commençant
par l'Union Nationale qui a inauguré cette pratique
de prêts et de subventions à l'industrie, le tout ayant
été formalisé et rendu plus régulier et formel par
la création de la SDI en 1971.
Ma première citation vient donc du député de Gouin
de l'époque, M. Joron, qui déclare, à la page 901 du
journal des Débats, volume 11, le 5 avril 1971: "L'Etat provincial, dans
le cadre actuel, se voit donc réduit à deux choix: d'une part,
l'Etat peut choisir de se faire lui-même entrepreneur, de devenir
lui-même, au même titre que l'entreprise, un agent
économique qui lance des initiatives nouvelles, qui crée des
entreprises et qui joue exactement le même rôle que la grande
entreprise. D'autre part, l'Etat peut aussi se donner la vocation d'être
le soutien de l'entrepreneur privé, s'en faire, en quelque sorte, la
béquille." Sur ce, M. Joron, à l'époque, déplore
que l'Etat, le gouvernement libéral de l'époque, ait fait un
choix qui appartient clairement à la deuxième catégorie,
selon son expression "de se faire la béquille de l'entreprise
privée". "Par contre dit-il faire porter sa
priorité sur un choix, sur une méthode plutôt que sur
l'autre implique un choix philosophique très important. "Et les projets
de loi 20 et 21 c'étaient les projets de loi, en particulier, qui
créaient la SDI, à l'époque sont très
importants parce que là, le gouvernement libéral vient de faire
son choix, de faire porter son action prioritairement dans un sens plutôt
que dans l'autre (...) C'est un choix philosophique que nous regrettons. Il est
amusant, d'ailleurs, de rappeler les témoignages qu'apportait tout
à l'heure le ministre de l'Industrie et du Commerce M. Joron
citait, à ce moment-là, notre collègue, le
député de Bonaventure qui était ministre de l'Industrie et
du Commerce et qui était le parrain de la loi créant la SDI
des milieux qui s'étaient réjouis à l'annonce de ce
projet de loi. "On a cité le Financial Times, le Financial Post, le
Montreal Star, the Montreal Gazette, et, je pense, une publication francophone.
On a également cité Business Week. Je ne sais pas si je me
trompe, je ne les ai pas tous à la mémoire. M. Joron de
continuer: Je m'étonne, dans un sens, et je trouve cela amusant, dans un
autre sens, un peu ironique. Quand on voit qui se réjouit le plus d'un
projet de loi et le ministre de l'Industrie nous a apporté de
bons témoignages; c'est ce qu'on appelle le "business community" qui en
saute de joie on peut commencer à se demander à l'avantage
de qui, finalement, ces projets de loi là ont été faits.
De voir l'ampleur des réjouissances sur St. James Street, Bay Street et
voire même Wall Street, on peut se demander s'il n'y a pas là une
espèce de dette, morale je veux bien, je n'irai pas plus loin, mais qui
est enfin remise, et on s'en réjouit.
On voit très clairement le style propre au Parti
québécois, ces espèces d'insinuations que la loi
créant la SDI était une espèce de dette politique du
gouvernement libéral de l'époque et que ceci était
explicable simplement en termes d'un tripotage odieux qui livrait les
intérêts du Québec à des manipulations condamnables.
A l'intérêt de qui, se dit-il, ceci peut-il se faire puisqu'on
s'en réjouit tellement à Wall Street? C'est, pourtant, dans la
foulée de la loi 20 de 1971 que le ministre de l'Industrie et du
Commerce d'aujourd'hui nous annonce et nous demande d'approuver des
modifications de forme, des modifications relativement superficielles à
une loi qui continuera de s'appliquer essentiellement de la même
façon qu'elle s'applique depuis huit ans.
Mais M. Joron, à l'époque, ne se limitait pas à
cette condamnation. Il ajoute je continue de le citer "Si nous
avons un certain nombre de regrets, c'est que, pour nous, l'action prioritaire
de l'Etat se situe ailleurs. Il aurait été plus urgent et plus
important de faire de l'Etat un véritable entrepreneur plutôt
qu'un soutien des entrepreneurs." Il cite ici le programme du Parti
québécois, l'édition courante de 1971, pour continuer
à affirmer que le développement technologique et le plein emploi
au Québec ne peuvent être assurés que par le nombre et la
qualité de leviers que l'Etat se donne pour accélérer son
développement économique. "Cette formule comporte, dit M. Joron,
des nationalisations lorsque l'intérêt de l'économie
nationale l'exige. Elle comporte aussi et surtout la création
d'entreprises nouvelles et de réservoirs financiers gouvernementaux et
d'organismes de gestion. Par conséquent, l'Etat doit adopter, comme
forme prioritaire d'intervention dans l'économie, une extension soutenue
du secteur public (entreprises d'Etat ou mixtes)."
Je vois applaudir le député de Mercier et le
député de Gouin. On voit qu'il s'agit là de convictions
qui continuent d'être partagées par un grand nombre de membres du
parti ministériel, mais que le parti ministériel n'ose plus
dévoiler au grand jour; il se contente, au contraire, de façon
assez hypocrite, de prolonger et de perfectionner les instruments que se sont
donnés d'autres gouvernements et qu'il dénonçait à
l'époque comme des compromissions, comme, en quelque sorte, la cession
devant des intérêts étrangers des valeurs
québécoises et des meilleurs intérêts
québécois.
Le député de Gouin de l'époque se livre,
d'ailleurs, à plusieurs analyses pour voir si, effectivement, des
subventions à l'entreprise, des prêts à taux
d'intérêt réduits sont susceptibles d'attirer des
entreprises parce que, se dit-il, la grande entreprise multinationale est en
mesure de faire un "shopping", de mettre en concurrence les uns contre les
autres les différents pays, les différentes provinces et, de
cette façon, le gouvernement se retrouvera devant des subventions
très lourdes pour attirer au Québec des entreprises qui, en
l'absence d'un tel régime, seraient peut-être venues de toute
façon. "A mon sens, dit-il, il y a un gaspillage considérable
parce qu'on donne des millons et des millions à des entreprises qui
viendraient de toute façon au Québec. Alors, je veux savoir,
d'après le ministre, quels sont les secteurs au sein du domaine
manufacturier qui mériteraient une incitation spéciale." Selon le
porte-parole officiel du Parti québécois à
l'époque, il fallait que cette incitation soit...
M. Bellemare: M. le Président, le quorum, s'il vous
plaît. (17 h 40)
Le Vice-Président: Effectivement, nous n'avons pas
quorum.
Qu'on appelle les députés.
M. le député de Saint-Laurent, vous pouvez poursuivre.
M. Forget: Je vous remercie. Je termine cette citation de M.
Joron, député de Gouin en 1971 qui dit: "Peut-être faut-il
finalement consentir ces sacrifices, mais au moins que le gouvernement nous
indique quels sont les secteurs prioritaires dans lesquels il veut orienter ses
subventions."
Or, assez curieusement, huit ans plus tard, un gouvernement dont il fait
partie présente un amendement qui a précisément pour but
d'éliminer toute référence à des secteurs
prioritaires et de rendre accessible à toutes les entreprises l'aide
financière gouvernementale. Les propos qu'a tenu le même jour, M.
le Président, un autre porte-parole du Parti québécois, le
ministre délégué à l'environnement, M.
Léger, ne sont pas aussi dignes d'être cités, parce qu'ils
constituent un torrent de paroles où il est difficile de retrouver un
filon logique. Mais il y a malgré tout un certain nombre d'affirmations
qui attirent l'oeil, parce qu'ils sont si manifestement en contradiction avec
les projets de loi qui sont présentés aujourd'hui par le ministre
de l'Industrie et du Commerce. En particulier, à la page 913, M.
Léger déclare: II s'agit beaucoup plus selon l'optique
passée d'un éparpillement de fonds entre différents
secteurs plus ou moins anémiques, exception faite cependant de quelques
subventions dans les secteurs de pointe, quelque chose qui ressemble beaucoup
plus à une Saint-Vincent-de-Paul de l'entreprise en difficulté de
survivre, qu'à une véritable politique de développement,
etc.
Ce sont évidemment des propos que le député
Léger a tenus bien avant l'histoire de Tricofil, M. le Président.
Il ne pouvait pas se douter, en 1971, de l'intérêt que son parti
prendrait au maintien d'une entreprise si évidemment en
difficulté, si évidemment un canard boiteux et qui réussit
maintenant à faire ses frais courants ayant
bénéficié de mises à fonds perdus, c'est le cas de
le dire, en vertu desquelles à peu près n'importe quelle
entreprise pourrait également surnager.
M. Léger, d'ailleurs, à l'époque, à la page
914 continue: M. le Président, un avant-dernier point dont j'aimerais
parler, c'est la clause possible de participation de l'Etat dans les
entreprises subventionnées."
C'est là un thème, bien sûr, qui revient d'ailleurs
à travers les trois interventions auxquelles j'ai fait
référence.
Je continue la citation: "On ne saurait écarter facilement le
fait que l'Etat ait contribué à raison de 25% dans les
implantations ou agrandissements des entreprises qui ont
bénéficié de primes à l'investissement sans
assortir cette exécution du produit de l'impôt d'une clause de
participation. Alors, ce mot de participation, M. le Président, il
revient également comme un thème dans les analyses que le Parti
québécois faisait du financement de l'entreprise et du
fonctionnement de la SDI. On voit donc, M. le Président, que ces dif-
férents propos, le fait que des subventions à l'entreprise sont
inefficaces à cause du contexte de concurrence internationale et qu'il
s'agit finalement de faire des dons à des entreprises qui
s'établiraient ici de toute façon. "Cette proposition qu'il
faudrait avoir des critères de sélection de manière a
s'assurer qu'on limite les dégâts et qu'on s'adresse
véritablement à des entreprises où ces subventions auront
un impact majeur sur le développement économique, cette
proposition que la contribution financière gouvernementale devrait se
faire par des prises de participation plutôt que par des prêts,
cette proposition que, dans le choix des moyens d'une politique
économique, l'Etat devrait toujours préférer des
interventions directes plutôt que l'aide à l'entreprise
privée, toutes ces propositions sont contredites par les attitudes
officielles, le discours officiel du Parti québécois, maintenant
qu'il est au pouvoir. "Ce n'est donc pas sans raison instruits par
l'expérience, instruits par ces débats que nous avons dû,
nous, écouter pendant des années, ces interventions souvent
démagogiques que nous avons dû écouter pendant des
années que nous doutions de la sincérité du
gouvernement et que nous nous étonnions qu'un ministre qui appartient
à ce gouvernement arrive avec des projets de loi qui, quant à
leur nature, quant à leur objet, n'ont pour effet que de prolonger et de
continuer l'oeuvre entreprise sous d'autres gouvernements à la
lumière d'autres orientations idéologiques."
Quel sens donner à ces propos? Est-ce que ce sont les propos que
tenait le Parti québécois en 1971 qui sont maintenant
répudiés ou est-ce qu'au contraire il faut dénoncer
l'hypocrisie du gouvernement actuel, qui, en dépit de ses convictions,
adopterait des politiques qui n'ont pour but que de lui donner une image de
continuité de pacification face à l'entreprise privée,
tout ceci étant bien sûr fait dans le but de n'effrayer personne,
de donner à tous l'impression de la continuité, de la non-rupture
avec le passé, avec, bien entendu, présente à l'esprit de
tous, l'échéance référendaire?
Ce n'est finalement pas un débat exclusivement partisan et ce
n'est pas simplement pour illustrer des contradictions dans la position
officielle d'un parti au cours des années que j'ai fait cette
intervention; c'est pour souligner un fait qui devrait être
évident. Venant d'un gouvernement dont on soupçonne fort que les
orientations idéologiques sont demeurées les mêmes
et nous avons eu, au cours de mon allocution, un certain nombre de hochements
de tête et de sourires entendus de la part de nos amis d'en face pour le
confirmer ceux à qui s'adressent ces mesures d'aide et
d'encouragement à l'investissement demeurent sceptiques. Ils demeurent
sceptiques, parce qu'essentiellement ils n'ont pas confiance dans la
sincérité du gouvernement et dans la pureté de ses
intentions, au moins à la lumière de leurs propres
préoccupations.
C'est une contribution que je crois utile à l'intelligence de
cette mesure du gouvernement. Il me paraissait nécessaire de faire cette
mise au
point avant que nous adoptions en deuxième lecture ce projet de
loi que nous appuyons puisqu'il se situe dans une ligne de continuité,
au moins superficiellement.
Le Vice-Président: Merci. M. le député de
Huntingdon.
M. Claude Dubois
M. Dubois: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir aujourd'hui sur le projet de loi no 7 en deuxième lecture,
Loi modifiant la Loi de l'aide au développement industriel du
Québec.
M. le Président, il n'arrive pas très souvent que l'on ait
l'occasion de discuter de mesures économiques ici dans cette Chambre. Je
parle de mesures économiques dans le vrai sens du mot. Par
conséquent, je suis doublement heureux de participer à ce
débat.
Ce projet de loi vise à étendre le domaine de
l'intervention de la SDI chez les entreprises manufacturières, chez des
entreprises, premièrement, dynamiques. Il vise aussi à aider
d'une façon financière les investisseurs dans le secteur
manufacturier et surtout ceux qui peuvent contribuer le plus à la
transformation de nos richesses naturelles. Il s'agit aussi d'aider les fusions
ou les regroupements pour des fins de compétitivité. Enfin, il
s'agit de stimuler l'exportation et le développement économique
du Québec par une aide financière accrue et par l'injection de
capital de risque.
On sait que nos 12 500 PME, avec leurs 600 000 employés, ont
besoin d'être aidées. Elles ont besoin d'une aide accrue de la
part de la SDI, du ministère de l'Industrie et du Commerce, puisque nous
savons que le développement industriel doit demeurer le moteur de notre
économie et qu'il est la pierre d'assise de nos institutions
manufacturières. Je dois indiquer immédiatement mon accord sur ce
projet de loi. J'aimerais aussi indiquer que c'est sous l'Union Nationale, en
1967, que fut créé l'Office du crédit industriel. Je
reconnais la volonté du ministre et son grand désir de voir notre
production industrielle s'accroître, de même que nos exportations,
mais nous devons réaliser que la part du Québec dans le produit
national brut a fléchi de quelque 3% depuis 15 ans. En ce sens, je
comprends bien l'intervention du ministre. Il est plus que temps qu'on arrive
avec un programme d'aide à nos industries manufacturières, mais
il y a une autre chose qui m'inquiète dans notre économie. (17 h
50)
II y a des raisons qui justifient le ministre à injecter
davantage dans notre secteur manufacturier. Ces raisons sont les
conséquences d'un manque de vision de la part du gouvernement et surtout
du manque d'intérêt au niveau économique que
démontrent clairement la plupart des ministres de l'actuel gouvernement.
On peut percevoir que ce qu'on tente de bâtir de la main droite, les
gestes que tente de poser le ministre de l'Industrie et du Commerce
présentement sont généralement démolis de la main
gauche par d'autres ministres à penchant socialiste. C'est pourquoi les
mesures présentées par le ministre de l'Industrie et du Commerce
n'auront d'effets positifs que si on surseoit immédiatement à la
présentation de certaines autres mesures socialisantes qui auront pour
effet de rendre caduc le projet de loi no 7.
Comme un chien qui tourne autour de sa queue, dans un cercle vicieux, on
tente désespérément de combler le vide et la
démotivation que le gouvernement et nos syndicats créent de toute
pièce. Je suis certainement aussi préocupé de l'avenir
économique du Québec que tout autre membre de cette Chambre,
sachant surtout que nos régimes sociaux dépendent d'une forte
économie et surtout d'une production industrielle accrue, dynamique et
productive.
M. le Président, il serait à peu près temps
d'évaluer la situation économique du Québec pour se
comparer avec les pays industrialisés, d'évaluer l'impact des
mesures administratives et législatives proposées par le
gouvernement, ainsi que les avantages ou désavantages comparatifs qui
sont nôtres.
J'aimerais faire état de certains problèmes que l'on vit
ici au Québec. Entre autres, récemment, on a eu l'occasion de
recevoir les dirigeants de Marine Industrie ici, en commission parlementaire.
Nous savons que le Québec a injecté environ $10 millions de fonds
publics pour aider Marine Industrie et nous savons tous que cette
société d'Etat était tout près de la faillite.
Mais, à la suite de la présentation d'un plan de relance en
commission parlementaire, nous avons appris ici, quelques jours après,
que cette société d'Etat était en grève. J'ai
été très surpris de constater qu'avant qu'il y ait eu des
offres salariales de la part de Marine nous payions les employés de
Marine plus cher que ceux des secteurs compétitifs à Sorel. J'ai
pu constater, sur un relevé des offres salariales, suite aux
déclarations dans les journaux, que Marine payait, je crois, environ
$0.50 de plus que Davie, environ $0.90 de plus que Vickers et $1.40 de plus que
Dominion Engineering pour des soudeurs dans des industries comparables.
M. le Président, je trouve néfaste que, suite à des
injections de capitaux provenant des poches des Québécois, l'on
tente par derrière d'anéantir tous les gestes qui sont
posés par le gouvernement, par le ministre de l'Industrie et du
Commerce. Je trouve néfaste que l'on réussisse à mettre en
grève une compagnie qui était sur le point peut-être de
mourir par elle-même, si ce n'avait été du ministre de
l'Industrie et du Commerce, et je déplore le peu d'intérêt
que certains syndicats ouvriers ont pour la survie de nos usines.
Je pense qu'il est temps qu'on indique ici qu'à certains moments
j'ai l'impression qu'il y a des syndicats ouvriers qui le font exprès
pour fermer les portes des usines et mettre plus d'ouvriers en grève.
Donc, je pense que ces centrales syndicales devraient être plus
réalistes vis-à-vis de la situation économique du
Québec et vis-à-vis des problèmes
de chômage que l'on vit présentement. Je pense qu'on
pourrait aussi mentionner que les syndicats américains sont beaucoup
plus respectueux de leurs industries que...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dubois: ... le sont nos syndicats ici au Québec.
M. Martel: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Richelieu.
M. Martel: ... j'aurais une question à poser au
député, s'il le permet.
Le Vice-Président: S'il consent. M. le
député de Huntingdon, permettez-vous une question de la part du
député de Richelieu?
M. Dubois: II me reste seulement cinq minutes, M. le
Président.
Le Vice-Président: Après?
M. Dubois: Après mon intervention, si vous le voulez.
Le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je venais d'indiquer
que les syndicats américains sont beaucoup plus respectueux de leurs
employés, de leurs usines et du maintien de l'emploi que le sont
certains syndicats québécois. Je pense qu'il est temps de
dénoncer ce fait. Il serait temps qu'on les copie de temps en temps. Si
vous n'êtes pas conscients de cela, je pense que l'industrie en est
très consciente aujourd'hui.
Il serait important aussi, M. le Président, de mettre en relief
les contraintes fiscales et tous les efforts en paiement de taxes que vivent
nos industries ici au Québec. Si l'on voit de temps à autre
partir des industries pour aller vers l'Ontario ou vers d'autres provinces, on
n'a pas trop de questions à se poser puisque l'effort fiscal des
compagnies ici au Québec est plus grand qu'ailleurs. Donc, je pense
qu'un redressement au niveau des mesures fiscales que la province entreprend
devrait être corrigé. Il faudrait parler aussi de la bureaucratie
qui étouffe aussi nos petites entreprises. Je pense qu'il serait temps
qu'on en parle un peu. Il y aurait plusieurs problèmes que vit notre
économie ici au Québec qu'il faudrait soulever. Je pense que le
ministre devrait soumettre plus souvent des mesures économiques. Cela
nous permettrait peut-être d'en parler plus longuement et plus
souvent.
Il y a souvent aussi, comme je l'indiquais, tout à l'heure, les
relations ouvrières très pénibles pour nos compagnies. Je
comprends qu'on désire tous ici que nos ouvriers aient un très
bon salaire, vivent très bien. Je pense que c'est le souhait que tous
formulent, mais il faut aussi qu'il soit comparable à l'économie
qui est la nôtre ici. On pourrait parler aussi des taxes
incontrôlées. D'ailleurs, mon collègue de Brome-Missisquoi
en a fait état souvent ici en cette Chambre. Les taxes
exagérées et les taxes incontrôlées de l'Etat qui
sont néfastes aussi pour notre économie. Je pense qu'il y aurait
aussi lieu de parler de nos programmes sociaux qui dépassent toutes les
normes nord-américaines. Par conséquent, elles exigent un effort
fiscal plus grand chez nos entreprises manufacturières. J'ai lu avec
intérêt dernièrement, M. le Président, un
éditorial signé par Monique Payeur. Le titre serait: "Les propos
sensés de Marcel Bélanger". Je ne pense pas que ce soit n'importe
qui. Je pense que ce sont des propos bien à point et j'aimerais faire
part de quelques paragraphes.
M. Grenier: ... M. Bellemare. M. Dubois: Oui. Une Voix:
...
M. Dubois: M. Bélanger dit: "II serait bien
enfantin...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Dubois:... de jouer à l'autruche en prétendant
que M. Bélanger a tort et que l'exode des capitaux et des talents dont
il parle est une invention pure destinée à discréditer le
parti au pouvoir. Il est effectivement vrai que des cerveaux et des capitaux
quittent le Québec, soit pour l'Ontario, soit pour les Etats-Unis, et
que les investisseurs trouvent profit à placer leurs fonds dans des
régions où le fisc est plus compréhensif,
particulièrement pour les compagnies. " Je poursuis, M. le
Président, un peu plus loin: "Graduellement, depuis 1960, les programmes
sociaux ont augmenté et les moins favorisés ont été
mieux soutenus par la collectivité par le biais de l'assiette fiscale.
Toutefois, quand les besoins de l'Etat en impôt et taxe deviennent
tellement importants qu'ils minent le goût de l'entrepreneurship dans la
population, menacent la productivité et font fuir les capitaux, il faut
songer à trouver des moyens pour rétablir
l'équilibre."
Il y a un autre paragraphe intéressant: "Le gouvernement
québécois actuel ne peut établir sa politique fiscale
unilatéralement et s'éloigner considérablement du rythme
de développement social et économique de ses voisins
nord-américains sans risquer de voir s'affaiblir sa propre structure."
Je pense que c'est un problème que l'on vit aujourd'hui.
M. le Président, il y a aussi le problème de
productivité décroissante dans presque toutes nos entreprises
manufacturières; je ne dirai pas toutes, mais presque toutes. C'est un
autre problème que vit ici notre économie. Si on parlait plus
souvent de l'économie, on pourrait peut-être faire part de
beaucoup plus de problèmes qui existent ici au Québec. On
pourrait aussi parler de la fiscalité des
cadres, M. le Président. Le ministre du Revenu a indiqué
que, par une hausse de la masse salariale de 2%, on pourrait corriger ce
problème de la fiscalité des cadres. (18 heures)
Le Vice-Président: M. le député de
Huntingdon, vous m'excuserez, mais il est 18 heures. En vertu de notre...
Une Voix: Consentement, M. le Président.
Le Vice-Président:... règlement, à moins
d'un consentement... Il y a consentement?
Une Voix: Consentement, M. le Président.
Le Vice-Président: D'accord, consentement unanime.
M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Je reviendrai à 20 heures, M. le
Président, s'il vous plaît! Je demande la suspension du
débat, M. le Président.
Le Vice-Président: Les travaux de l'Assemblée sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 1
Reprise de la séance à 20 h 09
La Vice-Présidente: Veuillez vous asseoir, s'il vous
plaît!
C'est maintenant la reprise du débat sur la motion de M. le
ministre de l'Industrie et du Commerce proposant que le projet de loi no 7, Loi
modifiant la Loi de l'aide au développement industriel du Québec,
soit maintenant lu la deuxième fois. C'est M. le député de
Huntingdon...
M. Bellemare: Mme la Présidente, je voudrais dire à
l'honorable leader que nous n'aurions pas objection à appuyer le projet
de loi 49 pour qu'il puisse être envoyé en commission
immédiatement après que la commission des consommateurs aura
terminé le projet de loi 45. Le projet de loi omnibus, le no 49, avait
été déposé après les délais
j'ai consulté M. le député de Nicolet-Yamaska et
nous n'aurions pas objection à le passer immédiatement pour qu'il
puisse être envoyé de l'autre côté après que
la commission des consommateurs aura terminé.
M. Charron: C'est-à-dire sans débat de
deuxième lecture.
M. Bellemare: Sans débat de deuxième lecture.
M. Charron: Je remercie beaucoup le député de
Johnson de cette...
La Vice-Présidente: Alors, nous allons sus- pendre le
débat sur cette motion de deuxième lecture?
(20 h 10)
M. Charron: Je voudrais également avoir le consentement de
nos collègues... Oui, le projet de loi 49. Je vais attendre un peu. Je
remercie beaucoup de cette... On va vérifier pendant que le débat
va se dérouler. Madame, puisque j'ai la parole, me permettriez-vous de
modifier légèrement la motion de ce matin j'imagine avec
le consentement de tout le monde quant aux travaux des commissions
parlementaires. Nous avions prévu ou espéré que les
projets de loi de l'Industrie et du Commerce soient terminés pour 18
heures, ce qui n'a pas été le cas; ce qui n'est pas un
défaut non plus, mais cela altère les travaux des commissions.
Nous avions prévu pour ce soir la commission de la justice. Le
débat n'ayant pas eu lieu encore, elle ne peut pas se réunir. Je
maintiens l'idée que dès que le projet de loi 7 sera
terminé, les membres de la commission de l'industrie et du commerce se
réunissent pour faire l'étude, article par article, de ce projet
de loi. Je voudrais faire motion pour qu'à la place de la commission de
la justice, ce soir pour le moment rien ne m'interdit que quand celle-ci
aura terminé, nous ne puissions l'appeler ce soit la commission
des consommateurs, coopératives et institutions financières qui
se réunisse pour terminer son travail entrepris depuis ce matin.
La Vice-Présidente: Immédiatement, M. le
leader?
M. Saint-Germain: Mme la Présidente.
M. Charron: Oui, Mme la Présidente, au salon rouge.
La Vice-Présidente: Alors, cette motion... M. le
député de Jacques-Cartier.
M. Saint-Germain: Je n'ai pas d'objection de principe mais j'en
ai parlé avec notre leader parlementaire. Peut-être que M. le
leader parlementaire du gouvernement pourrait demander à notre leader si
c'est convenable. Quelle que soit la décision que vous pourrez rendre
à la suite de ces discussions, je suis personnellement bien disponible
mais je n'aimerais pas prendre une décision sans... Cela me surprend
d'ailleurs que le leader ne soit pas ici. Je peux aller le chercher, si vous le
voulez bien.
M. Charron: C'est bien simple, madame. Je dois expliquer que,
d'une part, la commission des consommateurs, coopératives et
institutions financières n'a pas fini son travail et, d'autre part, nous
n'avons personne encore, vu les travaux de la Chambre, pour la remplacer. Il me
semble donc que la meilleure solution, c'est de permettre à ceux-ci de
terminer leur travail.
M. Bellemare: Ils en ont seulement pour une demi-heure.
M. Charron: Ils en ont pour une demi-heure.
M. Bellemare: Je pense bien qu'il n'y a pas péril en la
demeure. S'il avait une intervention à faire en troisième lecture
ou au dépôt du rapport, il pourrait la faire à ce
moment.
M. Charron: D'accord.
M. Bellemare: Alors, allez-y donc.
La Vice-Présidente: Motion adoptée?
M. Saint-Germain: Mme la Présidente, M. le leader
parlementaire devrait être ici à la seconde. Il me semble qu'on
pourrait retarder d'une dizaine de minutes ou au moins de cinq minutes. M. le
leader parlementaire va être ici très bientôt. D'ailleurs,
je suis surpris qu'il ne soit pas ici actuellement. Cela ne veut pas dire qu'on
va en avoir pour une demi-heure seulement, non plus.
M. Charron: Soit, Mme la Présidente. On va attendre que
mon collègue de Bonaventure soit de retour. Je suis convaincu qu'il
devrait accepter cette proposition. Veuillez reprendre le débat
où il en était, madame. Nous attendrons quelques minutes.
M. Dubois: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le député de
Hunting-dong, je tiens à vous rappeler qu'il reste six minutes du temps
qui vous est alloué pour votre intervention.
M. Dubois: Mme la Présidente, au moment de la suspension
des travaux de cette Chambre à 18 heures, j'en étais à la
fiscalité des cadres. Tout dernièrement, le ministre des Finances
a indiqué à certains dirigeants de la Chambre de commerce que, si
l'on haussait la masse salariale chez les cadres, c'est-à-dire chez les
hauts salariés qui paient plus d'impôt ici au Québec,
disons, qu'en Ontario, on réglerait le problème des hauts
salariés au Québec. Mme la Présidente, le ministre des
Finances a oublié qu'en agissant ainsi on perturberait toute
l'échelle salariale dans toutes les compagnies au Québec. Je ne
crois pas que ce soit la solution pour le moment et je pense que la solution,
ce serait de réduire les impôts chez les cadres au Québec
et chez les hauts salariés.
Mme la Présidente, si le gouvernement voulait être logique
avec lui-même, il y aurait lieu de s'attaquer à la multitude de
contraintes que doit affronter tout le secteur de l'activité
économique et ce serait beaucoup plus motivant pour ces gens que de
s'acharner à les soutenir artificiellement par des programmes nouveaux.
Généralement, nous pouvons constater que l'incitatif que l'on
tente de créer, d'une part, se trouve systématiquement
annihilé par des nouvelles politiques, par des nouvelles interventions
étatiques, de la bureaucratie accrue et de la réglementation
décourageante pour les compagnies. En plus des bonnes intentions dont
fait preuve le ministre de l'Industrie et du Commerce, il faudrait
considérer sérieusement la possibilité de leur adjoindre
une volonté de consommer ici au Québec nos productions en
priorité et de développer chez nos Québécois un
sens du nationalisme économique.
Premièrement, il y aurait lieu de s'attaquer d'une façon
beaucoup plus énergique à notre politique d'achat ici au
Québec, ce qui favoriserait davantage toutes nos productions
industrielles et aussi nos productions agro-alimentaires, cela va de soi. Au
niveau d'une commission parlementaire, le ministre nous a indiqué qu'il
y avait amélioration, mais je crois qu'il y a encore beaucoup de place
pour l'amélioration au niveau de l'achat chez nous au Québec, en
commençant par les ministères, les institutions gouvernementales
et paragouvernementales, les hôpitaux, enfin tout ce qui touche les
différents ministères du Québec.
Si j'ai mentionné le nationalisme économique chez les
Québécois, j'aimerais que nos Québécois soient
seulement aussi nationalistes économiques que sont les Ontariens. Les
Ontariens ont développé ce sens de protection envers leurs
produits, le sens de l'achat des produits faits chez eux. Ce même sens
n'est pas encore développé au Québec ici. Je pense qu'il y
a lieu quand même au niveau promotion, au niveau publicité
d'essayer de provoquer chez nos Québécois un sens du nationalisme
économique et de le diriger vers les produits manufacturés ici
pour fins de consommation.
J'espère que le ministre s'attaquera à ce problème
vital qui pourrait répondre aux voeux de tous les manufacturiers
québécois. Il y a aussi l'identification des produits, c'est
vraiment un manque chez plusieurs détaillants du Québec. La
plupart des consommateurs ne peuvent pas se rendre compte si un produit est
québécois ou importé. Un sigle qui pourrait identifier
très clairement une production québécoise serait de mise
et susciterait aussi la production chez nous.
Il faudrait que l'on pose des gestes concrets si on veut soutenir chez
nous nos travailleurs et le respect qu'on a pour eux. Si nous-mêmes ne
soutenons pas notre économie, il ne faut pas s'attendre que d'autres le
feront pour nous. Et personne ne va le faire à notre place. Il est
évident que le consommateur québécois n'a jamais
été sensibilisé sur la nécessité et sur la
logique de consommer en priorité ce que l'on peut produire ici dans la
province de Québec.
Dans un autre ordre d'idées, il y aurait lieu de rendre tous les
programmes du MIC et de la SDI plus accessibles à nos PME
québécoises. Nous pouvons constater à maintes reprises
qu'il y a beaucoup de difficultés pour les entreprises de se
prévaloir des services offerts par la SDI et par le MIC. L'infinie
quantité de paperasse et la lourdeur bureaucratique découragent
souvent nos PME et finalement elles se disent: On n'a pas accès aux
programmes qui sont offerts puisqu'il est très difficile de
connaître exactement la teneur de tous les programmes offerts. Souvent,
il en coûte presque aussi cher, pour aller chercher de l'expertise
à l'extérieur afin d'obtenir ces programmes, que le montant qu'on
obtiendrait en subvention.
Donc, on laisse souvent tomber les programmes qui amèneraient un
surplus d'économie à ces industries. La source de nos
problèmes est que nos gouvernements, par insouciance ou strictement pour
fins politiques, n'ont jamais supporté l'économie et ont
participé plutôt à l'autodestruc-tion et à la
démotivation de nos secteurs manufacturiers. Les effets, que
j'espère positifs, du projet de loi no 7 devraient permettre à
nos industries manufacturières un nouveau démarrage.
Je termine donc en réitérant au ministre mon appui entier
au projet de loi qu'il vient de soumettre à la Chambre en
deuxième lecture. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député... M.
Martel: Mme la Présidente... La Vice-Présidente:
Oui.
M. Martel: ... le député m'a donné la
permission de lui poser des questions à la fin de son exposé.
La Vice-Présidente: S'il vous le permet, d'accord, il
reste une minute.
M. Martel: Cet après-midi, j'avais demandé au
député de Huntingdon de lui poser une question et il m'a
répondu: A la fin de mon exposé. Tout à l'heure, vous avez
porté des jugements, je pense, assez graves concernant les travailleurs
de Marine Industrie. Vous avez parlé du manque de responsabilité
de ces gens dans la situation actuelle. J'ai même été
tenté d'intervenir dans le débat, je suis venu près de
faire un discours, mais je vais me limiter à deux questions.
M. Bellemare: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Union Nationale.
M. Bellemare:... je soulève un point de règlement.
Nous n'avons pas le droit...
M. Martel: Lorsqu'un député permet des
questions...
M. Bellemare: Non, non, cela ne peut pas être dans le
rituel des procédures, madame. Cela va provoquer un débat, des
questions et des réponses, ce qui n'est pas permis, sauf à
l'article 93, pour reprendre des allusions qui auraient été
faites dans un discours. Je regrette infiniment. (20 h 20)
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Union Nationale, en
vertu de l'article 100, le député pourrait toujours accepter une
question au cours de son intervention ou des remarques qui viendraient ajouter
à ce qu'il dit ou des explications. De toute façon, le cas est
maintenant réglé. M. le député de Richelieu, je
regrette, mais le temps de l'intervention de M. le député de
Huntingdon est déjà écoulé.
M. le leader, avez-vous l'intention de retenir le débat ou si
vous laissez tomber votre motion?
M. Charron: Un instant, s'il vous plaît! Je voudrais
à ce moment-ci, avec l'accord de mon collègue de Bonaventure,
proposer que la commission parlementaire des consommateurs, coopératives
et institutions financières se réunisse immédiatement pour
achever son travail.
M. Bellemare: Est-ce que l'honorable leader ne pourrait pas
ajouter à cela qu'immédiatement après que le ministre des
consommateurs, coopératives et institutions financières aura
terminé avec le projet de loi no 45, la commission parlementaire de la
justice siège sur le projet de loi no 49 qu'on va adopter?
M. Charron: On attend la réponse du député
de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, le premier
porte-parole de l'Opposition officielle, le député de
Marguerite-Bourgeoys, voulait s'assurer auparavant que chacun des membres de
cette Assemblée ait l'occasion de se prononcer sur ce projet de loi ou
d'en discuter, si tel était le cas, mais je pense qu'après une
enquête très sommaire, personne n'a indiqué l'intention de
participer à l'étape de la deuxième lecture. Vous
connaissez le député de Marguerite-Bourgeoys et son sens
très démocratique. Ceci étant dit, nous allons concourir
et nous invitons même le leader parlementaire du gouvernement à
suggérer immédiatement la deuxième lecture du projet de
loi pour qu'on puisse le déférer immédiatement à la
commission élue.
La Vice-Présidente: Alors, la motion de...
M. Charron: Mme la Présidente, quand on est en fin de
session, il n'y a rien qu'on ne connaîtrait pas, y compris le sens
démocratique du député de Marguerite-Bourgeoys. Alors, me
prévalant....
Une Voix: Ne vous étouffez pas!
Projet de loi no 49 Deuxième lecture
M. Charron: Je l'ai trouvée bonne celle-là. Me
prévalant de l'article 119 du règlement, je voudrais proposer que
le projet de loi no 49 soit immédiatement déféré,
sans débat de deuxième lecture, à la commission de la
justice, et qu'il soit adopté en deuxième lecture sans
débat. Je proposerai par la suite qu'il soit déféré
à la commission.
La Vice-Présidente: Adopté? Des Voix:
Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Votre motion de
renvoi...
M. Charron: Je propose donc que ce projet de loi soit maintenant
déféré à la commission de la justice.
La Vice-Présidente: Motion...
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, est-ce que
vous seriez assez aimable de lire le titre du projet de loi no 49 afin que ceux
qui suivent nos débats sachent de quoi il s'agit?
La Vice-Présidente: Très bonne idée,
monsieur le leader. Pour ne pas commettre d'impair et pour que je le dise
exactement dans les termes, il s'agit de la motion de M. le ministre de la
Justice proposant que soit maintenant lu la deuxième fois le projet de
loi no 49, Loi modifiant la Loi des tribunaux judiciaires, le Régime de
retraite des employés du gouvernement et des organismes publics et
d'autres dispositions législatives. Motion adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. La motion de renvoi
à la commission parlementaire de la justice...
M. Lalonde: Mme la Présidente... La
Vice-Présidente: Oui.
M. Lalonde: ... la commission de la justice ayant
déjà reçu un mandat de l'Assemblée ce matin
d'étudier le projet de loi 28, est-ce que le leader pourrait indiquer
dans quel ordre? Est-ce qu'on examine tout d'abord le projet de loi 49 et
ensuite le projet de loi 28?
M. Charron: Tout d'abord, le projet de loi 49. Ensuite, vous
reprendrez votre travail sur le projet de loi 28, mais il s'agira de rapports
distincts de la commission, il faut bien le comprendre. La proposition sur la
réunion de la commission des consommateurs, coopératives et
institutions financières.
Renvoi à la commission de la justice
La Vice-Présidente: D'abord, il faut, quand même,
adopter cette motion de renvoi à la commission de la justice du projet
de loi no 49. Adopté?
Une Voix: Oui.
Une Voix: A quelle salle?
M. Charron: La commission des consommateurs au salon rouge et la
commission de la justice à la salle 81-A.
La Vice-Présidente: Adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Adopté. Et votre motion quant
à la commission des consommateurs?
M. Charron: Que se réunissent immédiatement la
commission des consommateurs au salon rouge et celle de la justice à la
salle 81-A.
M. Levesque (Bonaventure): Hein? Elles ne se suivent pas?
M. Charron: Non, non.
M. Levesque (Bonaventure): J'ai compris, Mme la
Présidente, et on me l'avait...
M. Charron: C'est la commission de l'industrie et du commerce qui
suit la commission des consommateurs.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! D'accord.
M. Bellemare: Est-ce que j'ai bien compris de l'honorable leader
que le projet de loi 28 peut rester en suspens pour plusieurs heures pour ne
pas faire perdre le temps de ces honorables messieurs ce soir?
M. Charron: Pas du tout. Pas du tout. Avec la science qu'ils
savent mettre dans la discussion, je suis convaincu que cela leur plaît
beaucoup de discuter de ce projet de loi.
M. Bédard: J'espère que l'Opposition va
réaliser que c'est une bonne loi.
Une Voix: A cette session ou à une autre.
M. Charron: Cett motion est-elle adoptée, Mme la
Présidente?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Charron: Adopté.
Projet de loi no 7 Deuxième lecture
(suite)
La Vice-Présidente: Ceux qui doivent se déplacer
vers les commissions, voulez-vous maintenant vous rendre dans les salles
où siégeront ces différentes commissions? Je dois
maintenant donner la parole au prochain intervenant sur le projet de loi no 7,
Loi modifiant la Loi de l'aide au développement industriel du
Québec. Nous poursuivons ce débat de deuxième lecture.
M. le député d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: Merci, Mme la Présidente. Je voudrais, en
premier lieu, louer le travail remarquable des dirigeants de la
Société de dévelop-
pement industriel dont ce projet de loi parle parce que, pour les avoir
rencontrés et en avoir discuté en commission parlementaire
déjà, je pense que ces dirigeants font un travail
compétent, rigoureux et qu'ils appliquent un programme important
d'assistance et de financement des entreprises. En effet, la
Société de développement industriel, cette année,
aura eu des activités pour une valeur d'environ $100 millions, ce qui
n'est pas négligeable compte tenu de la clientèle de la
Société de développement industriel qui, comme on le sait,
est formée de petites et moyennes entreprises. Ce travail, cependant,
Mme la Présidente, est exécuté dans un cadre
législatif qui a été établi par le gouvernement et
c'est ce cadre législatif qui doit retenir principalement notre
attention ici.
D'abord, la Société de développement industriel
était une société de financement exclusivement lorsqu'elle
a été fondée. Avec le temps, elle est devenue une
société de financement, bien entendu, comme elle était au
début, mais aussi et en plus elle est devenue une société
d'assistance et d'intervention gouvernementale. En 1978/79, par exemple, la SDI
aura consacré plus de 50% de ses ressources, donc plus de la
moitié de ses ressources à des subventions aux entreprises: $51
millions sur un total de $94 millions d'activité générale.
Cette proportion de subventions a augmenté depuis un certain nombre
d'années, en fait, depuis que, en 1971, on avait permis à la SDI
de créer ce nouveau programme.
Par contre, en ce qui concerne les contributions de la SDI au
capital-actions, les participations au capital-actions, ces participations ont
diminué au cours des années et, en 1978, par exemple, la SDI a
consacré $5 millions à ces participations au capital-actions. En
1978/79, cette année, elle a consacré $2 500 000 seulement. Si on
regarde l'ensemble des quatre ou cinq dernières années, il ne
s'agit pas plus de 6% des ressources totales de la SDI qui soient
consacrées à l'achat de capital-actions.
De plus, à compter de 1977, on a demandé à la
Société de développement industriel d'administrer certains
programmes spéciaux, deux programmes dans le cadre de la fameuse
opération de solidarité économique, le proramme OSE,
programme pour les petites entreprises, et ensuite programme pour les secteurs
mous. (20 h 30)
On a consacré, dans l'année qui vient de se terminer, $17
millions à ces interventions spéciales et particulières.
Enfin, on a même fait passer, par l'intermédiaire de la SDI, des
interventions gouvernementales importantes, tellement importantes qu'on les
appelle des interventions pour raisons d'Etat dans les rapports de la SDI,
s'élevant, par exemple, l'année dernière à $113
millions. On aura reconnu ici la contribution, l'assistance, la garantie qui a
été donnée par le gouvernement à la
Société générale de financement pour Marine
Industrie. Ce seul montant de $113 millions dépasse à lui seul
l'ensemble des ressources utilisées par la SDI.
Si je souligne ces deux points, d'une part, la hausse des subventions
et, d'autre part, l'intervention gouvernementale qui s'est accentuée
depuis quelques années, c'est pour exprimer le regret et la crainte
à la fois que la SDI ne devienne de plus en plus une officine du
ministère de l'Industrie et du Commerce et de moins en moins la
société autonome et indépendante du gouvernement qu'elle
était à ses débuts. Le ministre, d'ailleurs, ne s'en cache
pas. Il a exprimé l'espoir que la SDI j'ai vu cela dans le
journal ce matin devienne une direction générale au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Je trouve que le ministre ne se
fait pas étouffer par la pudeur en exprimant un tel souhait qu'à
toutes fins utiles cette société disparaisse et devienne un
instrument à sa disposition en tant que ministre de l'Industrie et du
Commerce dans un domaine qui, comme nous le savons, peut prêter flanc
à toutes sortes de décisions arbitraires. Ce n'est pas non plus
la cohérence qui ressort dans ce cas-ci puis-qu'à l'occasion du
discours en deuxième lecture le ministre, qui, à ce
moment-là peut-être, n'avait pas encore décidé son
orientation, exprimait plutôt l'espoir que la SDI devienne une banque
d'affaires. Je voudrais bien savoir si le ministre entend en faire une banque
d'affaires ou s'il entend en faire tout simplement une direction de son
ministère. Les banques d'affaires, d'habitude, ne donnent pas de
subventions et ne sont jamais dirigées par un ministre.
J'ai été très étonné de voir dans le
journal que le ministre entendait enlever son autonomie à la
Société de développement industriel. Je pense que c'est
absolument incompatible avec ce qu'il avait déjà dit en ce qui
concerne l'avenir de la Société de développement
industriel, qu'il voyait, pas plus tard qu'il y a un mois, évoluer
plutôt dans un sens de banque d'affaires, donc d'une banque qui aurait
pris de l'autonomie par rapport au gouvernement et qui aurait sans doute
réduit l'importance des subventions par rapport aux prêts qui sont
faits sur un plan de marché.
Je voudrais maintenant passer à un examen très bref du
projet de loi lui-même. Je voudrais dire en premier lieu, et pour en
faire un jugement un peu global, qu'en gros le projet de loi, par plusieurs de
ses dispositions, est inutile parce qu'il autorise des activités qui
étaient déjà autorisées en vertu de la loi actuelle
et en vertu des règlements actuels.
Dans d'autres cas, et je pense ici en particulier à l'article 4,
où le gouvernement se donne le pouvoir de réclamer le
remboursement de l'assistance qui aurait été donnée
à des entreprises, en ce qui concerne cet article 4, je crois qu'il est
absolument répréhensible, inacceptable. Je me demande, à
certains égards, si, compte tenu des autres modifications qui me
paraissent tellement mineures, l'objectif premier et essentiel du ministre
n'était pas simplement d'introduire cet article sur lequel je reviendrai
dans un instant. Parmi les choses que j'appelle inutiles ou à peu
près, je mentionnerai la transformation des ressources naturelles. Les
règlements prévoyaient déjà la possibilité
de la transformation des ressources
naturelles en ce sens qu'on interdisait à la SDI de faire des
frais lorsqu'il n'y avait pas de transformation de ressources naturelles.
Donc, je ne trouve pas qu'on ajoute là quoi que ce soit
d'important. En ce qui concerne les exportations qui sont très
chères au ministre et sur lesquelles le ministre est revenu à
plusieurs reprises pour dire que c'était cela le gros changement dans la
Société de développement industriel, je rappellerai
simplement que l'assistance aux exportations cela existe depuis
déjà au moins deux ans. Le programme D en particulier, qui fait
déjà partie des rapports annuels, porte justement sur
l'assistance financière à l'exportation et, en 1977/78, on y a
consacré $16 millions. Je mentionnerai en plus qu'en vertu des
règlements qui existaient, je peux lire un article de ces
règlements, l'article 304, on dit bien là-dedans que les biens
visés à l'article précédent ne doivent pas
être des biens dont les marchés sont protégés... Je
m'excuse, ce n'est pas l'article sur lequel je voulais intervenir, c'est
l'article 303: Les biens dont la production est envisagée par
l'entreprise manufacturière doivent avoir des marchés offrant des
perspectives de croissance importante et continue, ainsi que d'exportations
hors du Québec d'au moins 20% de la production de l'entreprise
après trois années d'opération.
Mme la Présidente, cela a été introduit le 29
janvier 1975. Dans son discours de deuxième lecture, le ministre a dit
que c'était un amendement mineur. C'était peut-être un
amendement mineur, mais c'est celui qui a permis justement de l'assistance
financière à des entreprises pour fins d'exportation. Je ne vois
pas clairement ce que le projet de loi ajoute à l'heure actuelle sur ce
point.
Il y a deux autres choses additionnelles que je voudrais mentionner
à propos du projet de loi. Premièrement, il est exact qu'on veut,
en vertu de ce projet de loi, favoriser des entreprises dynamiques qui
pourraient être, qui pourraient appartenir à des secteurs qui
seraient moins dynamiques et qui ne feraient pas appel nécessairement
à de la haute et moderne technologie. Je voudrais bien lui dire
là-dessus que je suis entièrement d'accord en ce qui me concerne.
C'est également une recommandation de consultants qui ont examiné
l'activité de la SDI, Major & Martin, et c'est un amendement qui
sera utile. Je voudrais cependant dire au ministre que ceci va
complètement à l'encontre de ce que le ministre a dit vouloir
poursuivre depuis qu'il est ministre, et pas seulement en relation avec la SDI,
mais en relation avec toutes les activités de son ministère et
même du gouvernement et qui consistaient à restructurer
l'économie du Québec.
Or, si on commence à donner de l'assistance dans les secteurs qui
sont des secteurs traditionnels, on va faire moins de restructuration. On a
pour preuve de cela que dans le cas de la SDI, jusqu'à maintenant, qui
était concentrée sur les secteurs nouveaux, sur les secteurs
à haute technologie, on pourrait mentionner que 75% des ressources
jusqu'à maintenant ont été justement consacrés
à des secteurs nouveaux, des secteurs où la province de
Québec au plan économique était déjà
très faible.
Je fais allusion ici, par exemple, à la concentration
considérable de l'assistance dans les métaux primaires, les
produits chimiques, les appareils électriques et les produits
métalliques. Ce sont des secteurs qui, traditionnellement au
Québec, ont été très peu développés.
Parce qu'elle avait pour objet de restructurer l'économie dans ses
intentions et dans les faits, la SDI, justement, a permis de développer
des secteurs nouveaux, tandis que l'amendement qui est proposé dans le
projet de loi, même s'il est tout à fait valable, va avoir pour
effet de contrecarrer ou, en tout cas, de diffuser beaucoup plus l'effet de la
SDI.
Ensuite de cela, il y a un deuxième élément qui est
ajouté dans le projet de loi; c'est celui d'autoriser la SDI à
donner de l'assistance à des entreprises pour des réseaux de
distribution qu'elles contrôleraient. Là-dessus, je n'ai pas
d'objection non plus. Je ne pense pas qu'elle soit dramatique, mais c'est une
addition probablement utile, surtout dans les cas d'assistance pour des projets
à vocations multiples, des projets qui sont un peu plus complexes et qui
comportent certains éléments de distribution. La SDI pourra
désormais donner un certain coup de pouce, une certaine assistance
à des entreprises dans des cas comme cela. Mais on remarquera que la
restriction est très grande, puisqu'il s'agit seulement de
réseaux de distribution ou d'activités de distribution qui sont
déjà sous le contrôle et la propriété des
entreprises que l'on veut aider. Ce n'est donc pas une ouverture dans
l'ensemble du secteur de la distribution; c'est très limité comme
amendement. (20 h 40)
Parmi les autres modifications, il y en aurait trois à examiner.
La première, c'est celle de l'autonomie de la Société de
développement industriel. Le ministre a fait grand état de
l'autonomie nouvelle qu'il donnait à la société parce que,
dans le projet de loi, il est prévu que dorénavant les
prêts eux-mêmes n'auront pas à être approuvés
par le ministre ou par le gouvernement, mais pourront être
approuvés directement par la société, contrairement aux
cas des subventions. Je rappellerai ici que, dans la mesure où le
ministre nous dit maintenant qu'il voudrait que la SDI devienne une direction
générale du ministère de l'Industrie et du Commerce, je
crois que cette intention est absolument contradictoire. Je remarque
également que, dans la mesure où les subventions augmentent par
rapport aux prêts, peut-être qu'on donne une certaine autonomie
à une société, mais que cela va être de plus en plus
l'activité de la société qui, elle, requiert encore
l'approbation explicite du ministre. Par conséquent, je pense que cette
volonté qu'on a voulu faire paraître dans le projet de loi d'une
plus grande autonomie à la société est plus que
douteuse.
En deuxième lieu j'y ai fait allusion tout à
l'heure il s'agit du remboursement qu'on exigerait des entreprises dans
les cas où ces entreprises après cinq ans
déménageraient, laisseraient la province de Québec. On
invoque, à ce moment,
toutes sortes d'arguments pour dire: Ecoutez, les fonds publics ne
doivent quand même pas servir à des déplacements des
entreprises en dehors du Québec. Cela ne doit quand même pas
servir à des gens qui ne sont tellement pas reconnaissants qu'ils
veulent s'en aller. Je pense que c'est un outil de chantage absolument fabuleux
que le ministre se donne auprès des entreprises. On peut se poser un
certain nombre de questions là-dessus, même si on ne veut pas
faire de démagogie avec cela.
Premièrement, lorsqu'un gouvernement donne une subvention de $100
ou de $1000 à une entreprise, il essaie de poursuivre un certain nombre
d'objectifs. Si, par exemple, cet objectif est de créer des emplois, si
l'entreprise crée les emplois justement en échange de la
subvention qu'elle a reçue, cette entreprise ne doit plus rien à
l'Etat. Je ne pense pas non plus qu'un gouvernement qui donne une subvention
une année pourrait raisonnablement espérer et exiger que
l'entreprise maintienne des emplois à perpétuité; je pense
que c'est, absolument impensable. C'est un peu ce que renferme cet article-ci.
On va pénaliser des entreprises parce qu'elles vont penser que parce
qu'elles ont reçu de l'argent, elles ne peuvent pas
déménager du Québec, elles ne pourront plus prendre de
décisions pour des raisons quelconques, même si elles ont
reçu une subvention négligeable de l'Etat.
Ce qui va arriver, dans des cas semblables, c'est que les entreprises
vont faire moins appel à la SDI qu'elles ne l'ont fait jusqu'à
maintenant. On me dit également qu'une clause comme celle-là va
poser des problèmes juridiques considérables; en plus, il faut
noter que la discrétion du ministre est absolument complète dans
un cas comme celui-ci. La loi dit bien que l'entreprise doit rembourser, mais
le ministre conserve le pouvoir d'enlever cette exigence. Par
conséquent, c'est tout comme si c'était le ministre qui
décidait à volonté qu'il y avait lieu d'imposer une
exigence à une entreprise ou de ne pas l'imposer. Une telle
discrétion est dommageable en toute circonstance et elle l'est encore
ici.
Enfin, le troisième et dernier élément du projet de
loi. On introduit dans le projet de loi le concept d'une dotation de $100
millions. Je me demande vraiment si ce n'était pas pour impressionner le
public, pour qu'on puisse mentionner $100 millions tout à coup à
propos d'un projet de loi pour laisser croire à la population que le
gouvernement pouvait mettre $100 millions additionnels dans les mains de la
SDI. Le ministre a utilisé une phrase tout à fait sibylline, une
phrase à peu près incompréhensible et dans la mesure
où on la comprend, elle n'est pas exacte. Il dit: Les $100 millions
seront versés à même les avances. En réalité,
rien ne sera versé à la SDI en vertu de ce changement dans la
loi; pas un cent ne sera versé. A l'heure actuelle, la SDI a
déjà une dette vis-à-vis du gouvernement d'environ $98
millions. Le gouvernement, plutôt que d'exiger de se faire rembourser
cette dette, dit: Nous allons vous laisser l'argent qu'on vous a
déjà donné, qu'on vous a déjà avancé;
on va appeler ça un fonds de dotation. C'est une formule extraordinaire.
D'abord, c'est nouveau. On se demande quel statut cela a sur le plan juridique.
Est-ce que c'est du capital-actions, est-ce que cesont des prêts? Une
chose est certaine, c'est que dans tous les cas, sur la dotation, la
société n'aura pas à payer d'intérêts, n'aura
pas à payer de dividendes. C'est une dotation, ce sont des fonds publics
donnés gratuitement à une entreprise, des fonds publics
donnés gratuitement! Je me demande en vertu de quel principe il est
possible d'accepter une formule comme celle-là.
Un gouvernement doit avoir l'élémentaire sagesse de faire
en sorte que, lorsque des fonds publics sont utilisés pour des fins
commerciales et financières, ces fonds doivent porter un
intérêt, avoir un rendement comme tous les autres fonds. Donc, sur
ce fonds de dotation, il n'y a pas un sou qui va être versé
à la SDI. Il y a des subventions qui vont continuer. Cela n'appartient
pas à la SDI, ce sont des fonds qui ont été avancés
par le gouvernement du Québec à la SDI. Et on change cela dans le
bilan, on dit: Au lieu d'appeler cela des avances, on va appeler cela une
dotation. On ne donne rien de plus à la SDI. Les subventions, cependant,
vont continuer probablement. Les subventions, je le reppalle, Mme la
Présidente, ont été de $26 millions à $27 millions
au cours des deux dernières années; c'est ce que cela nous
coûte de façon annuelle d'avoir une société comme la
Société de développement industriel.
J'aurais aimé avoir le temps de poursuivre cet examen du projet
de loi. Pour terminer et avec votre permission, Mme la Présidente, je
voudrais mentionner un petit fait. On fait souvent état du fait que la
SDI aide les petites et moyennes entreprises; d'autre part, le ministre, dans
son discours de deuxième lecture, a continué à attaquer le
gouvernement fédéral pour tout ce qu'il faisait au Québec,
toute la discrimination qu'il exerçait à l'endroit du
Québec. Je voudrais mentionner seulement une chose: Le gouvernement
fédéral fait des prêts à travers la Banque
fédérale de développement, au Québec. Par rapport
à la SDI, je pense qu'il serait important que la population sache que la
Banque fédérale de développement a prêté $100
millions en 1977 alors que la SDI, au Québec, a prêté $16
millions; en 1978, $102 millions sont venus de la Banque fédérale
de développement et $35 millions de la SDI. On dit que le gouvernement
fédéral ne fait rien au Québec; dans ce champ particulier
de financement des entreprises, le gouvernement fédéral en fait
à peu près trois, quatre fois plus que le gouvernement du
Québec. Merci, Mme la Présidente.
M. Russell: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: ... j'avertis le ministre d'avance, je vais
être très bref. Je n'ai que quelques remarques
sur ce projet de loi no 7 qui, à mon sens, est certainement une
amélioration sur la loi existante mais qui n'atteint pas l'objectif que
nous avions recommandé au ministre de faire en sorte que nous ayons ce
que nous pourrions appeler une banque d'expansion industrielle au
Québec. Les raisons pour lesquelles nous avons sollicité le
ministre de nous apporter une loi dans ce sens, c'est de faire en sorte que
nous puissions réellement agrandir cet éventail de production
industrielle chez nous qui est nécessaire pour augmenter notre produit
national brut. On s'aperçoit d'année en année, que notre
malaise économique s'agrandit au Québec par la charge
additionnelle sur le dos du contribuable et, en somme, sur la dette de la
province, qui s'alourdit d'année en année.
Par contre, je dois admettre que ce projet de loi apporte une certaine
amélioration à la loi existante. Je suis un peu comme le
député d'Outremont, je me suis questionné en ce qui
concerne les $100 millions. Est-ce qu'il s'agit de $100 millions additionnels
mis à la disposition de la SDI pour aider la petite industrie? Si nous
pouvions utiliser ces $100 millions pour garantir un capital de risque et
laisser les finances privées, comme les banques et les autres
institutions financières, prêter à l'industrie, nous
pourrions peut-être multiplier les prêts de $5 milliards à
$10 milliards additionnels en n'imposant pas tellement un fardeau aux finances
de la province. (20 h 50)
C'est un peu ceci que je voulais faire remarquer au ministre en me
levant pendant quelques minutes. Je suis convaincu qu'il va comprendre, lui qui
connaît le domaine industriel et qui connaît le malaise que
l'industrie éprouve actuellement ici chez nous. Il faut comprendre qu'il
n'est pas facile pour l'industrie québécoise de produire pour
exporter contre l'industrie américaine qui, elle, a un marché
beaucoup plus vaste, qui peut organiser des productions beaucoup plus
considérables et produire à des coûts beaucoup moindres que
les nôtres, à moins que nous n'ayons un équipement
supermoderne. Je vois que dans cette loi, nous pourrons prêter pour aider
la petite industrie dans l'équipement, ce qui nous permettrait d'aller
chercher des marchés additionnels.
Je connais personnellement plusieurs petites industries. Si elles
avaient le moyen de réorganiser leur équipement, elles pourraient
produire et payer les tarifs de douane qui sont exigés, ce qui est
normal, et exporter chez nos voisins. Ceci pourrait aider non seulement
à augmenter la gamme d'emplois dans l'entreprise privée, mais
aussi à augmenter le revenu des taxes pour la province. On sait, Mme la
Présidente, si on regarde objectivement...
J'ai avec moi ce soir simplement quelques statistiques, pour vous faire
une démonstration. Je sais que vous allez comprendre rapidement.
Seulement dans le domaine des bénéficiaires sociaux je ne
parle pas de l'assurance-chômage dans le Québec, nous avons
au-delà de 475 000 assistés sociaux et si on prend le chiffre
total du ministère, chaque assisté social lui coûte environ
$2000. Mais si nous enlevions le ministère et envoyions tout cet argent
que nous dépensons au ministère, directement aux assistés
sociaux, nous pourrions payer à chacun des assistés sociaux
au-delà de $9000 chacun. Ce qui veut dire ceci qu'actuellement, nous
sommes surchargés. On parle de bureaucratie et de suradministration.
C'est ce dont on veut parler. Ce fardeau semble s'accroître rapidement
à tous les ans. Quand on regarde les chiffres et qu'on parle de 10%
à 12% d'augmentation du fardeau, cela ne peut pas continuer, à
moins qu'on trouve une façon d'augmenter notre capacité de
production, notre produit national brut.
Le député de Huntingdon disait tout à l'heure que
les unions ouvrières dans bien des milieux n'ont pas encore compris
cela. Elles connaissent, elles comprennent seulement leurs problèmes
à elles. Et je ne les blâme pas. Je n'ai pas raison de leur en
vouloir pour cela. C'est leur responsabilité. Les gens qui sont
responsables de représenter les mouvements ouvriers ne voient simplement
que le malaise qui est créé d'année en année. C'est
leur pouvoir d'achat qui baisse d'année en année. Pour donner
encore un exemple, on sait que l'augmentation du coût de la vie est de
9%, 10%, 11 % depuis quatre ou cinq ans, mais quand on regarde l'ouvrier et que
90% de son salaire va pour l'habitation, la nourriture et l'entretien de sa
famille et quand on prend l'augmentation dans ce domaine-là, cela
augmente de 12% à 18% par année tous les ans, ce qui veut dire
que malgré les augmentations que l'ouvrier peut avoir, de 8% ou 9% par
année, son pouvoir d'achat rapetisse. Tous les ans, il
rétrécit. Ce qui veut dire qu'il y a quelques années, il y
avait certains malaises qui existaient. L'épouse s'est mise à
travailler à temps partiel ou à temps plein et aujourd'hui, cet
éventail s'est élargi à un tel point que les deux
travaillent et ils n'arrivent plus non plus.
Donc, c'est là qu'ils créent ce malaise et les unions
ouvrières sont là pour représenter les ouvriers, pour les
diriger encore plus. Donc, pour pouvoir réussir ceci, il faut faire deux
choses. Réduire le fardeau fiscal, non pas simplement au niveau de la
province, mais au niveau municipal. Ce sont toutes les administrations
publiques. Il faut trouver un moyen de réduire ce fardeau qui
pèse sur le dos du contribuable. De l'autre côté, la
tâche du ministre de l'Industrie et du Commerce n'est pas une des plus
faciles: c'est d'augmenter le produit national brut au point de vue, comme l'a
dit le député de Huntingdon cet après-midi, de
l'agro-alimentaire, au point de vue de toutes les productions industrielles. Il
est évident qu'il faut produire pour d'autres marchés que le
nôtre et pour le faire, il faut être capable de produire à
un prix tel que nous puissions vendre notre produit.
C'est ce qui est le malaise actuellement. Nous avons perdu notre
marché du sud et nous sommes rendus à un point tel que nous
sommes en train de perdre notre propre marché parce que nos amis du sud
peuvent produire à un prix tellement compétitif que, même
s'ils paient les droits doua-
niers, ils peuvent vendre encore ici sur notre marché canadien
à un meilleur prix que nous ne pouvons le faire.
Mme la Présidente, je ne veux pas allonger le débat. Le
député d'Outremont a cité plusieurs chiffres. Je pourrais
revenir là-dessus et en exposer plusieurs. Le ministre les connaît
certainement. Ils viennent des mêmes statistiques qu'il a l'occasion
d'examiner de temps à autre, j'en suis certain. Ce serait
peut-être peine perdue. Mais c'est simplement pour lui rappeler ceci:
Nous sommes d'accord avec ce projet de loi, mais nous aimerions qu'il soit
encore renforcé. Nous aimerions que le montant soit augmenté,
soit plus élevé. Nous aimerions aussi l'utiliser d'une autre
façon afin de laisser à l'entreprise privée je
parle d'institutions financières le moyen de participer à
cet effort de développement économique en garantissant une
certaine partie du capital de risque qui pourrait être utilisé
pour nous aider à développer notre industrie.
C'est de cette façon que nous allons renforcer notre
économie du Québec. C'est ce dont nous avons besoin et ainsi nous
pourrons être enviés par les autres gouvernements provinciaux du
Canada. Je sais que des gens vont nous dire: L'Alberta a ses richesses
naturelles. Nous avons les nôtres. Il s'agit de les développer le
plus rapidement possible, mais il faut trouver un moyen de les
développer à un meilleur coût qu'on le fait actuellement
à la baie James. Je trouve que l'argent qu'on dépense là,
c'est affreux. Les coûts qu'on paie là sont inacceptables. Je dis
ceci parce que j'ai été surpris, lorsque j'ai examiné les
chiffres, de voir ce que cela coûtait annuellement pour l'entretien, le
logement, la nourriture d'un employé à la baie James: $25 000 par
année. C'est inacceptable. Quand on regarde le salaire moyen qui est
payé aux gens qui travaillent là je ne vous en veux pas;
c'est le gouvernement qui a accepté de payer ces taux, cela a
été négocié à part la nourriture et
le logement aucun employé ne paie de nourriture, de pension et de
logement si les gens travaillaient douze mois par année, ils
pourraient coûter $50 000 au gouvernement par année. De toute
façon, c'est ce que cela coûte à la Société
de la Baie James ou à un entrepreneur qui exécute les travaux
pour lesquels la société paie.
Mme la Présidente, ce sont toutes ces choses que je constate.
Nous devons faire un effort pour tâcher de redresser cette situation qui
est inacceptable et qui ne peut pas continuer. Je sais que cela n'est pas une
tâche facile. Nous sommes peut-être allés trop loin. Nous
avons peut-être trop cédé à certaines exigences et
aujourd'hui y revenir, ce n'est pas la chose la plus facile. Nous avons un
déséquilibre qui est inacceptable actuellement au point de vue
des salaires chez notre main-d'oeuvre ouvrière.
Mme la Présidente, je sais que le ministre est conscient de cela.
Je lui fais ces quelques remarques et j'espère que, malgré que
nous allons voter pour ce projet de loi, il va continuer à
étudier avec tous les fonctionnaires qui l'entourent, ces
spécialistes, une façon de nous apporter, d'ici à la fin
de l'année, un autre projet de loi pour faire en sorte que nous
puissions encore aider davantage ceux qui vont nous aider à nous sortir
du malaise économique qui existe chez nous actuellement.
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce, votre réplique.
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: Mme la Présidente, je vous remercie de me
permettre d'apporter quelques commentaires en réplique aux propos qu'ont
tenus plusieurs membres de cette Assemblée aujourd'hui comme il y a un
mois sur le projet de loi no 7 qui amende la Loi de l'aide au
développement industriel. Je vous souligne, Mme la Présidente
ceci est en réponse à mon bon collègue, le
député de Brome-Missisquoi que c'est le deuxième
projet de loi à forte incidence économique et industrielle que
nous discutons aujourd'hui. En effet, nous avons discuté cet
après-midi du projet de loi no 29 portant sur le crédit aux
pêches maritimes et nous avons discuté d'un plan quinquennal de
développement de cette industrie au montant de $225 millions. Ce soir,
nous discutons plutôt de l'ensemble des industries
québécoises dans le secteur manufacturier et de l'avenir d'un
instrument privilégié de développement de ces industries
que représente la Société de développement
industriel du Québec.
Donc, j'ai entendu de nombreux commentaires et je n'ai pas le temps d'y
répondre en détail, en profondeur, mais vous me permettrez quand
même d'en souligner quelques-uns. Je dois dire aussi, Mme la
Présidente, que n'eût été une partie de hockey, le
17 mai dernier, qui a exercé une influence et un intérêt
certain sur plusieurs membres de cette Assemblée, nous aurions sans
doute terminé ce débat, il y a un mois. Mais, je crois que nous
avons profité des interventions de cet après-midi même si
plusieurs milliers d'entreprises recevront environ un mois plus tard les aides
possibles de la Société de développement industriel. Je
souligne qu'il est ironique et pure coïncidence si le rapport annuel de la
Société de développement industriel a été
remis au ministre hier. Je vais le déposer demain en cette
Assemblée. Ce rapport annuel pour l'année 1978 démontre
que la SDI a connu une année excellente qui est le reflet de
l'état de l'économie du Québec en 1978. Les 300 hommes
d'affaires qui assistaient à la réunion annuelle hier avaient le
sourire, parce que lorsque la SDI fait de bonnes affaires elle a accru
l'an passé le nombre de ses interventions auprès des petites et
des moyennes entreprises de l'ordre de 46% c'est que l'ensemble de
l'économie et surtout le secteur manufacturier se porte bien. Je
reviendrai sur cette question tout à l'heure, puisqu'on a mis en doute
cette bonne santé du secteur manufacturier.
Donc, un mois après le début de ce débat, nous
revenons aujourd'hui pour terminer ce débat en deuxième lecture.
J'ai pu entre-temps relire les interventions faites il y a un mois de sorte que
je
ne ferai pas porter mes commentaires uniquement sur ceux que j'ai
entendus aujourd'hui. Mais, j'en profiterai pour féliciter l'Union
Nationale pour les propos constructifs qu'elle a tenus au cours du débat
sur ce projet de loi. J'ai relu ces remarques, à la fois celles du
député de Lotbinière, chef de l'Union Nationale et celles
que j'ai entendues aujourd'hui. C'étaient des remarques
construc-tives.
En ce qui concerne l'Opposition officielle, l'Opposition
libérale, les interventions des députés de Jean-Talon, de
D'Arcy McGee, de Laval, même si elles ont fait quand même... Je
vois que le député de Bonaventure revient.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège.
La Vice-Présidente: Question de privilège, M. le
leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, Mme la Présidente. Je
prie le ministre de m'excuser mais j'étais, il y a un instant, en dehors
de la Chambre et j'ai entendu le ministre de l'Industrie et du Commerce
regretter le retard à disposer de ce projet de loi, retard de plus d'un
mois, qu'il attribuait à une partie de hockey. Je sais que c'est
probablement à la blague mais cela pourrait être
interprété différemment. Je veux rétablir les
faits. Premièrement, ce projet de loi aurait pu si cela avait
été la volonté du gouvernement être
rappelé immédiatement le lendemain, soit le 18 mai.
Deuxièmement, le ministre sait fort bien lui-même que s'il avait
abrégé sa réplique, il aurait eu le projet de loi le
même jour. Mme la Présidente, je m'oppose et je veux
protester...
La Vice-Président: M. le leader! M. le ministre.
M. Tremblay: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: A l'ordre, M. le
député!
M. Tremblay: Je comprends que le leader parlementaire de
l'Opposition aurait peut-être souhaité voir ma réplique
raccourcie il y a un mois mais j'espère que ce soir, il va me permettre
de la faire en entier.
M. Lavoie: Avec consentement, qu'elle ne soit pas trop
longue.
M. Tremblay: Très bien. Je disais justement que
malgré les efforts louables des députés de Laval, de
d'Arcy McGee et de Jean-Talon, j'ai relu leurs remarques, mais je les ai
trouvées tellement pauvres en substance qu'on me permettra de les passer
sous silence ce soir.
Je m'apprêtais surtout à commenter le discours qu'a fait le
député de Notre-Dame-de-Grâce puisqu'il représentait
la position officielle du Parti libéral, étant donné qu'il
a parlé pendant une heure sur le projet de loi, mais j'ai entendu le
député d'Outremont ce soir frapper de grands coups
d'épée dans l'eau et se porter à l'attaque de moulins
à vent. Il est de mon devoir, je pense, de commenter quelque peu
certains propos qu'il a prononcés.
Je pense que ses propos démontrent que, premièrement, il
connaît mal le projet de loi cela peut s'excuser, nous sommes aux
dernières heures de cette session et les gens de l'Opposition doivent
lire les projets de loi rapidement je pense qu'il a mal compris ce
projet de loi et qu'il comprend mal comment fonctionne la Société
de développement industriel. Il a mentionné le fait qu'au
début la Société de développement industriel
était une société de financement et semblé
déplorer qu'elle devenait de plus en plus une société de
développement. La Société de développement
industriel est une société de développement. Ce n'est pas
une banque qui se comporte comme un banquier privé; si elle se
comportait comme un banquier privé, nous n'en aurions pas besoin. Elle
fait du développement industriel, elle va faire davantage de
développement industriel, et c'est la volonté du gouvernement.
Donc, le député d'Outremont a mal compris le projet de loi. C'est
justement ce que nous voulons qu'elle devienne, une véritable
société de développement.
J'ai constaté une contradiction dans les propos du
député d'Outremont. D'une part, il semblait déplorer que
la Société de développement industriel accorde des
subventions et que c'était un peu trop peut-être à son
goût. D'autre part, il dit: Si vous adoptez l'article 4, il y aura
peut-être moins d'entreprises qui vont demander des subventions. Il
faudrait que le député d'Outremont se fasse une idée. Ou
il veut que la SDI accorde beaucoup de subventions, ou il veut qu'elle en
accorde moins. Mais il ne peut pas avoir raison sur les deux points à
deux ou trois minutes d'intervalle, ce qui montre, je pense, que son discours
était un peu fait en vitesse et ne s'adressait pas tellement au fond des
choses. Je ne veux pas dire qu'il était dans les patates, mais il
n'était pas loin. Evidemment, il a ajouté: C'est un projet de loi
qui les met quelque peu dans l'embarras. C'est un très bon projet de
loi. Mais, pour minimiser son utilité, on dit: C'est un projet inutile.
Si c'est inutile d'assister de 2000 à 3000 entreprises
manufacturières, je me demande ce qui serait utile. Dans ce cas, le
gouvernement ne pourrait proposer aucune loi qui soit véritablement
utile.
Le député d'Outremont a mentionné aussi que la SDI
aide déjà les exportateurs. Pourquoi men-tionne-t-on dans la loi
qu'elle va le faire autrement? Tout ce que la SDI fait présentement,
c'est de permettre une assistance à une entreprise qui fait de la
promotion pour ses exportations en la dédommageant d'une partie de ses
frais de promotion. La nouvelle loi va permettre de faire du financement de
transactions d'exportation. C'est un cheval d'une tout autre couleur, M. le
Président, ce qui fait que la SDI devient une institution de financement
des opérations d'exportation. Cela est extrêmement
différent.
J'en viens, finalement, à la dotation de $100 millions. Encore
là, un raisonnement simpliste, si j'en ai entendu. On dit: La SDI va
obtenir $100 millions, mais ce n'est rien. C'est de la poudre aux yeux, $100
millions. J'ai déjà entendu un ministre fédéral M.
CD. Howe, dire: "What's a million?" Mais entendre un député de
l'Opposition dire: Qu'est-ce que c'est $100 millions? et pratiquement cracher
sur les $100 millions, c'est un peu fort. Les $100 millions que la SDI va avoir
en propriété vont lui permettre l'autonomie que souhaiterait le
député d'Outremont, ce qu'on n'a pas fait dans le passé
sous l'ancien gouvernement, mais que nous faisons présentement. Ces $100
millions deviennent la propriété de la SDI, ce qui lui permet,
auprès des institutions financières, d'accorder des garanties de
prêts sans avoir besoin de l'autorisation du gouvernement, soit par le
ministre des Finances, soit par le ministre de l'Industrie et du Commerce.
Lorsque l'on parle d'autonomie, il ne faut pas à la fois cracher sur les
$100 millions et demander l'autonomie. Encore là, contradiction assez
simpliste que je relève en passant.
L'autre point qui a été soulevé par le
député d'Outremont, c'est la condition additionnelle que nous
voulons assortir aux dons que fait la SDI. La SDI fait des subventions, ces
subventions sont des dons aux entreprises, mais ces dons sont faits dans un but
d'intérêt général et non pas d'enrichissement
individuel. Nous voulons par ces subventions créer des investissements,
créer de l'emploi. Si évidemment, en dedans de cinq ans, pas
à perpétuité, comme disait le député
d'Outremont le député d'Outremont est un peu comme les
libéraux, il ne fait pas la différence entre cinq ans et à
perpétuité. D'abord, la subvention, c'est le cadeau des
impôts, parce que ce sont les impôts que le gouvernement
perçoit qu'il redistribue aux entreprises. (21 h 10)
Si, en dedans de cinq ans, une entreprise se vend à des
intérêts extérieurs au Québec et que cette vente
s'accompagne d'une fermeture ou d'un déménagement de l'usine, on
demandera que les contribuables soient remboursés pour la subvention
donnée sous de faux prétextes, sous de fausses
représentations. On se demande pourquoi, vous les libéraux, quand
vous étiez au pouvoir, vous n'avez pas fait la même chose, parce
qu'on n'est pas là pour enrichir des gens qui ne travaillent pas au
bénéfice de l'intérêt du Québec.
Le député d'Outremont a ouvert une porte que j'aime bien,
celle du fédéral. Il a dit: Bien, la SDI c'est bien beau, mais il
y a la BFD qui fait des prêts. Il n'apprend rien à personne en
disant qu'il y a des banques qui font des prêts. Les banques font
énormément de prêts, et bien d'autres institutions. Mais la
SDI est une institution spéciale. Elle prête quand les autres
refusent de prêter, parce que c'est un prêteur de dernier recours,
elle prête sans garantie. Comme me le disait encore hier le
président de la SDI, la plupart des institutions financières
partent de Montréal comme point de départ, elles vont
prêter 80% sur une immobilisation à Montréal, en
s'éloignant de Montréal, elles vont baisser cela à 60%,
à Gaspé elles prêtent sur 40% et 20% quand elles veulent
prêter. La SDI prête partout au Québec au même
pourcentage. Or, la BFD ne fait pas cela. Donc, comparer la BFD à la
SDI, c'est comparer vraiment deux institutions qui ont des mandats bien
différents.
Il ne l'a pas mentionné, mais on aurait pu mentionner le MEER, je
l'ai mentionné hier à la conférence de presse, parce qu'on
parle de subvention. Il y a aussi le ministère de l'Expansion
économique régionale qui donne des subventions au Québec
pour les entreprises.
L'an passé, le ministère de l'Expansion économique
régionale a versé $40 200 000 en subventions pour les 12 500
entreprises industrielles du Québec. Or, en une seule subvention dans
une zone non désignée, à la société Ford
dans la ville de Windsor, on a versé $40 millions. Lorsqu'on parle de
répartir le développement industriel au Canada par des
interventions du fédéral, je pense que les chiffres parlent par
eux-mêmes. Il n'y en a pas vraiment de régionalisation du
développement industriel.
Donc, je ne veux pas trop m'attarder sur ces commentaires du
député d'Outremont, je pense qu'ils ont été fait en
vitesse, mais je reviendrai sur la position officielle de l'Opposition
libérale telle qu'annoncée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je pense que cette position est plus
intéressante, parce qu'elle nous révèle certains
éléments troublants de la pensée économique du
Parti libéral. Dans son intervention...
Une Voix: II n'y a pas de pensée.
M. Tremblay: Oui, on me mentionne qu'il n'y a pas de
pensée. J'allais dire qu'il y avait certainement un vide d'imagination
et d'idées construc-tives, mais quand même, je vais aller au
niveau du détail de son intervention. Dans son intervention, le
député de Notre-Dame-de-Grâce a commencé,
premièrement, par déformer sciemment le projet de loi.
Après cela il s'est amusé à caricaturer la situation
économique actuelle. Ensuite, il a développé une sorte
d'apologie de la dépendance économique et finalement il s'est
appliqué à renier la philosophie économique du Parti
libéral du Québec des années soixante et même celle
du Parti libéral du Canada, parce qu'il y a un mois, vous vous rappelez,
nous étions en pleine campagne électorale et alors que les
membres du Parti libéral à cette Assemblée parlaient
contre les sociétés d'Etat, il y avait le premier ministre
Trudeau et les libéraux fédéraux qui parlaient en faveur
de Pétro-Canada, de Canadian Development Corporation, des
sociétés d'Etat qu'ils avaient créées ou qu'ils
s'apprêtaient à créer.
On a voulu déformer le projet de loi, parce que je pense que
c'est un très bon projet de loi qui va permettre à 2000 ou 3000
entreprises... Je prends seulement un exemple, parce que le temps me manque.
Toutes les scieries du Québec, nous en avons au-delà de 1000,
étaient exclues de l'aide de la SDI; elles deviennent admissibles. On a
parlé de la transformation des richesses naturelles. Les
entreprises de transformation sont maintenant admissibles, etc.
J'ai fait une liste rapide de dix points centraux que nous retrouvons
dans le projet de loi, au niveau de l'élargissement de l'action de la
SDI pour en faire un véritable instrument de développement
industriel, une société de développement, plutôt
qu'une simple agence de financement. Premièrement, les petites
entreprises manufacturières deviennent admissibles. Les moins de 20
employés. Hier, je disais à Montréal que la SDI
commençait maintenant à regarder le petit monde, que même
une entreprise qui a besoin de $5000 d'assistance reçoit la même
importance dans le traitement de son dossier qu'une entreprise qui demande $5
millions. Alors, il y a eu 146 petites entreprises de moins de 20
employés, l'an passé, qui ont reçu l'assistance de la SDI.
Cela est nouveau et c'est concrétisé maintenant par le nouveau
projet de loi.
Deuxièmement, les entreprises qui oeuvrent dans le domaine de la
transformation des richesses naturelles, c'est tout un champ nouveau qui
s'ouvre. Je n'élabore pas davantage. Les secteurs traditionnels. Il est
bien beau de lever le nez sur les secteurs du vêtement, du cuir, du
meuble et du textile, mais ce sont des secteurs qui vont bien maintenant.
C'étaient des secteurs mous qu'Ottawa avait déjà
sacrifiés, mais qui, avec des pressions conjointes des syndicats, des
entreprises et du gouvernement du Québec, ont été
consolidés par des contingentements et par des politiques comme
l'abolition de la taxe de vente de la part de notre gouvernement. Ces secteurs
fonctionnent bien et la SDI va pouvoir continuer à les épauler
dans leur relance et dans leur réorganisation.
Quatrièmement, les réseaux de commercialisation. Les
entreprises manufacturières qui veulent s'assurer d'un
débouché certain pour leurs produits... On me dit trois minutes;
donc, je serai obligé d'y aller très rapidement. Les
réseaux de commercialisation, le domaine du financement des
exportations, la dotation de $100 millions, l'autonomie administrative qui
dorénavant, pour toute la partie financière des activités
de la SDI, sera complète, la régionalisation de la SDI. Lorsque
nous avons pris le pouvoir, la SDI avait des bureaux à Montréal
et à Québec, mais maintenant elle en a dans la plupart des
régions; elle a sept bureaux régionaux. J'ai demandé
qu'elle en ait dans chacun des 15 bureaux régionaux du ministère
de l'Industrie et du Commerce.
Un neuvième point, le fait que nous allons avoir l'approbation
annuelle du plan d'aide financière de la SDI par le gouvernement sera un
contrôle additionnel sur cette société d'Etat.
Dixiè-mernent, l'intérêt économique public
défendu par le gouvernement lorsqu'il y a des dons à des
entreprises et que ces dons ne servent pas à ren- contrer les objectifs
poursuivis.
Je termine en soulignant la caricature que le député de
Notre-Dame-de-Grâce a créée de l'économie du
Québec.
M. Scowen: M. le Président...
M. Tremblay: II ne me reste que trois minutes, vous pourriez me
laisser finir!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, je vous permettrai
d'intervenir à la fin de l'exposé du ministre en invoquant
l'article 96.
M. Lavoie: Vous pourriez l'entendre.
Le Vice-Président: Je suis bien prêt à vous
entendre quelques secondes, mais je suis fortement porté à penser
qu'il s'agit d'une rectification des faits en vertu de l'article 96. Je vous
laisse quelques secondes.
M. Scowen: M. le Président, aussitôt que vous vous
lèverez, je m'assoirai, mais je voudrais rétablir quelques faits
très importants.
Le Vice-Président: C'est manifestement l'article 96 qui
s'applique comme la présidence en avait présumé.
M. le ministre.
M. Tremblay: J'allais justement dire que le député
de Notre-Dame-de-Grâce avait tracé une caricature de
l'économie du Québec. Je crois qu'il continuait dans la
foulée de l'Opposition officielle depuis deux ans de prendre ses
désirs pour des réalités. Il a dit, par exemple, que
l'économie du Québec était un désastre. Si
l'économie du Québec est un désastre, elle ne l'est que
pour l'Opposition.
M. O'Neill: II est là, le désastre!
M. Tremblay: Au plan de l'emploi, je donnerai quelques
exemples.
M. Scowen: Nous sommes contents de voir que vous êtes
d'accord.
M. Tremblay: Au mois de mai, quand Statistique Canada a
annoncé que l'emploi avait augmenté de 30 000 au Québec et
que le taux de chômage avait chuté d'un point entier de
pourcentage, de 11,7 à 10,7, au cours du mois d'avril, il y a eu un
silence à l'Assemblée nationale et j'ai cru que le silence de
l'Opposition était dû à une certaine certitude qu'il
s'agissait d'une aberration statistique.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: II y a quelques jours, quand Statistique Canada a
annoncé que, pour le mois de mai, l'emploi avait augmenté de 83
000 au Québec en un seul mois et que le taux de chômage avait
chuté d'un autre point, de 10,7 à 9,6, alors j'ai pu
moi-même constater que le silence de l'Opposition était quelque
peu embar-
rassé. Je me suis enquis auprès du leader parlementaire de
l'Opposition officielle pour savoir s'il y avait des questions sur le
chômage, parce qu'on avait l'habitude d'en poser auparavant. On m'a dit
qu'il n'y en avait pas. Il s'est tourné vers le député
d'Outremont et on a constaté que le silence du député
d'Outremont avait une éloquence que rarement ont ses paroles. Donc, au
plan de l'emploi, le chômage baisse très rapidement au
Québec et il se porte beaucoup mieux que dans les autres provinces.
Comme j'ai très peu de temps, je terminerai sur la question des
investissements. Hier, lorsque nous avons rencontré les hommes
d'affaires, j'ai pu constater comment la réalité au niveau des
hommes d'affaires confirmait la réalité au niveau statistique.
L'an passé, tant au niveau de la production manufacturière, qui a
été au-delà de 20% par rapport à l'année
précédente, qu'au niveau des nouveaux investissements qui se sont
accrus de 18,7% nous avons eu une excellente année. Or, pour les cinq
premiers mois de l'année, les chiffres que j'ai montrent que nous avons
une poursuite dans cette relance d'environ 20%, alors qu'en Ontario il y a eu
une baisse des investissements l'an passé et qu'au Canada on avait une
augmentation moyenne de 6,5. (21 h 20)
Donc, M. le Président, lorsque nous disons que le projet de loi
ne contribue pas à la relance de l'économie du Québec,
c'est faux, mais lorsque l'on dit que l'économie du Québec est
une économie malade, je pense que c'est plutôt les gens de
l'Opposition libérale à qui s'applique ce qualificatif.
Merci.
Le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, en vous précisant que l'article 96 mentionne
les mots "rectifier les faits et très brièvement".
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je pense, M. le Président, que c'est mon devoir
de rétablir certains faits parce que le ministre a certainement induit
la Chambre en erreur d'une façon très grave. Dans mon discours de
réplique, il y a un mois, j'ai parlé de la dernière partie
du discours du ministre dans lequel il a démontré clairement
à tout le monde ce qu'on connaît déjà, la faiblesse
de sa pensée économique. Je voulais simplement démontrer
une fois de plus cette faiblesse qui est, deuxièmement, que les quatre
points qu'il a soulevés comme les points... Excusez-moi, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, j'aimerais vous dire que l'article 96 permet
à un député non pas de répéter une
intervention et cela s'applique à tous les députés,
pour leur information mais de rectifier des faits ou des propos qu'il
aurait tenus et qui auraient été mal interprétés
par un autre intervenant suite à son propre discours. Or, c'est le sens
de l'article 96 et j'aimerais que, très brièvement, vous vous en
teniez à rectifier les propos qui vous auraient été
prêtés par erreur.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, en respectant
cette directive.
M. Scowen: J'essaierai d'être très clair, M. le
Président. Dans la dernière moitié de son discours, le
ministre a dévoilé quatre faiblesses, distorsions
économiques du Québec. Il n'a lié aucunement dans son
discours ces quatre distorsions avec le projet de loi no 7.
Des Voix: A l'ordre!
Le Vice-Président: M. le député... A
l'ordre, s'il vous plaît!... A l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: II ne comprend pas.
Le Vice-Président: A l'ordre! M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce...
Une Voix: Ce n'est pas sa faute.
M. Guay: On va donner des cours de procédure au
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Une Voix: II a le droit d'avoir des cours de
procédure?
M. Guay: De procédurite. Une voix: II ne comprend
pas.
Le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, le problème n'est pas un problème de
secondes. Ce que la présidence essaie de bien vous faire comprendre
c'est le sens et la portée de l'article 96 qui n'a pas pour but de nous
permettre de dire si on est en accord ou en désaccord avec les propos
que quelqu'un vient de tenir, mais de rectifier des propos que nous-mêmes
aurions tenus et qui auraient été mal interprétés
par la suite. C'est le sens de l'article 96. Pour une dernière fois, je
vous demanderais de dire et de rectifier les propos que vous auriez tenus
vous-même auparavant et qui auraient été mal
interprétés ou mal rapportés par le ministre de
l'Industrie et du Commerce. Pour la dernière fois, s'il vous
plaît!
M. Scowen: Je vais essayer de suivre vos instructions, M. le
Président. Les quatre distorsions de l'économie du Québec
dont le ministre a parlé, j'ai fait une réplique
là-dessus, en démontrant clairement...
M. Lavoie: Voulez-vous le laisser parler...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lavoie: Arrêtez donc d'être arrogant à ce
point!
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président: A l'ordre!
M. Charron: M. le Président, je viens d'entendre le
député de Laval lancer l'arrogance. Ce n'est pas l'arrogance; si
le député de Notre-Dame-de-Grâce, avec au moins les
quelques mois d'expérience, avait appris à se conformer au
règlement, il n'y aurait pas d'arrogance du tout. C'est ce qu'on est en
train de demander, de se conformer à l'article 96. L'article 96 existe
pour rectifier les faits, non pas les faits qu'on a dans son esprit, les faits
que quelqu'un aurait déformés d'une intervention que vous auriez
faite. Si vous n'êtes pas d'accord avec l'interprétation des
événements que l'on donne, c'est trop tard pour le faire. Si on
interprète mal ce que vous avez dit au moment de votre participation au
débat, c'est une autre chose. Ce que vous nous annoncez depuis
tantôt dans le début de votre intervention, c'est que vous n'avez
pas encore compris le sens de l'article 96.
M. Scowen: Vous êtes plusieurs professeurs de l'autre
côté. Je veux expliquer...
Le Vice-Président: Je pense que j'ai été
très large. Je ne voudrais pas commencer à dévier du sens
et de la portée de l'article 96, puisque c'est déjà un
article dont parfois les parlementaires, quels qu'ils soient, peu importe leur
parti, abusent à l'occasion. Je ne voudrais pas étendre la
portée de l'article 96. Dans ce sens, je vais tout simplement demander
à la Chambre....
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ... je pense bien que, si, de part et
d'autre, on consentait à laisser simplement le député
s'exprimer 30 secondes, vous verriez à ce moment-là s'il y a
lieu... Et nous serons tous d'accord que, s'il ne respecte pas les dispositions
de l'article en question...
M. Charron: D'accord. Allez-y.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, d'accord.
Une Voix: 30 secondes.
M. Scowen: Merci, M. le Président. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce, dans sa réplique, a dit que dans mon
discours j'avais dit: Les quatre distorsions fondamentales de l'économie
du Québec n'auraient pas pu être corrigées par la SDI. Mais
les faits sont, M. le Président, que le ministre lui-même dans son
discours n'avait pas parlé de la possibilité de corriger ces
distorsions par le fait de la SDI et de plus je termine avec cela
il n'y avait rien dans sa politique industrielle ni dans ses crédits ni
dans sa politique générale pour corriger les quatre
éléments. C'est tout ce que je voulais vous dire.
M. Raynauld: Je voudrais invoquer une question de
privilège simplement parce que le ministre, probablement parce que la
langue lui a fourché, a donné tout à l'heure des chiffres
inexacts sur l'emploi. Je vais vous en mentionner seulement deux. Il a
mentionné qu'il y avait une hausse des emplois de 30 000. C'est sur
deux...
Le Vice-Président: M. le député d'Outremont,
à l'ordre, s'il vous plaît! J'ai déjà eu l'occasion
de dire que, s'il fallait qu'à chaque fois qu'un député
pense qu'un autre induit la Chambre en erreur il invoque une question de
privilège, on en serait continuellement à parler de questions de
privilège. En ce sens-là, à moins que vous invoquiez une
autre raison, je ne permettrai certainement pas une question de
privilège puisque ce n'en est pas une.
M. Raynauld: Pourrais-je poser une question au ministre,
alors?
Le Vice-Président: Vous pouvez le faire avec le
consentement du ministre.
M. Raynauld: Avec son consentement? Je suis sûr que c'est
parce que la langue lui a fourché, mais il a mentionné qu'il y
avait eu une augmentation de 83 000 emplois au mois de mai. Je voudrais tout
simplement lui demander si ce n'est pas exact que c'est 83 000 emplois par
rapport au mois de mai de l'année dernière. Donc, c'est sur un
an. Ce n'est pas sur un mois.
Une Voix: II a dit un mois.
M. Raynauld: II a dit un mois. C'est simplement cela. Est-ce
exact?
Le Vice-Président: Le projet de loi no 7, Loi modifiant la
Loi de l'aide au développement industriel du Québec il
s'agit de la motion de deuxième lecture sera-t-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'industrie et du
commerce
M. Charron: M. le Président, je propose que ce projet de
loi soit déféré à la commission parlementaire de
l'industrie et du commerce et que, conformément à une motion
adoptée par la Chambre, celle-ci se réunisse
immédiatement.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle...
M. Levesque (Bonaventure): Avant d'adopter la motion, M. le
Président, si je comprends bien, la commission sera appelée
à commencer par le projet de loi...?
M. Charron: 29.
M. Levesque (Bonaventure): C'est parce que j'avais eu certaines
indications qu'il serait peut-être désirable ou
désiré par certaines personnes qui nous regardent que nous
puissions commencer par le projet de loi no 7. Apparemment, il y a des gens
près du ministre qui attendent...
Une Voix: Non.
M. Levesque (Bonaventure): Ah bien! Je me fais
l'interprète de gens qui ont hâte d'avoir leur projet de loi no
7.
Le Vice-Président: La motion...
M. Charron: Je suis convaincu qu'on va les avoir tous les deux ce
soir. Alors, qu'ils viennent dans un ordre ou dans un autre...
M. Bellemare: La commission va-t-elle arrêter à 24
heures?
M. Charron: Pardon?
M. Bellemare: La discussion à la commission parlementaire
de l'industrie et du commerce va-t-elle arrêter à 24 heures?
M. Charron: Je répète ce merveilleux article qui
existe dans notre règlement où il est dit qu'une commission est
libre de prolonger ses travaux s'il y a consentement unanime de celle-ci.
M. Bellemare: Vous en avez donné l'ordre à...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît! La
motion de déférence du leader du gouvernement sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, cette commission doit se
réunir à la salle 81-A. C'est ce que j'ai dit tout à
l'heure. Voilà! M. le Président, nous sommes rendus aux projets
de loi qui concernent nos concitoyens autochtones. Il y en a trois d'inscrits
au feuilleton aujourd'hui. (21 h 30)
Ce que je propose tout d'abord, M. le Président, puisqu'ils sont
parrainés par deux ministres différents en ce qui concerne le
gouvernement je crois que le député de Mont-Royal a
été consulté de même que les députés
de l'Union
Nationale c'est que nous puissions disposer du projet de loi qui
concerne les citoyens cris du Québec, inscrit au nom du ministre des
Affaires sociales. Je propose donc l'appel de l'article 67) du feuilleton, M.
le Président.
Projet de loi no 12
Deuxième
lecture
Le Vice-Président: J'appelle donc la deuxième
lecture du projet de loi no 12, Loi sur la sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris bénéficiaires de la Convention
de la Baie James et du Nord québécois, au nom du ministre des
affaires sociales.
M. le ministre.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Ah oui! M. le Président, on m'informe que le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et qu'il en
recommande chaleureusement l'adoption par cette Assemblée nationale.
Ce projet de loi, évidemment, découle du chapitre 30 de la
Convention de la Baie James, laquelle convention avait été
signée par le gouvernement antérieur. Puisque le porte-parole
officiel du parti d'en face, du Parti libéral tout au moins, va nous
dire tantôt qu'il est pleinement d'accord avec ce projet de loi puisqu'il
découle de plusieurs démarches qui ont été
menées à terme par le gouvernement auquel il appartenait, je
m'empresse de dire tout de suite que c'est vrai, mais qu'en plus ce
gouvernement actuel l'a amélioré. On va voir tantôt de
quelle façon.
Le projet de loi a été élaboré en
consultation avec les bénéficiaires, c'est-à-dire les
Indiens cris de la baie James et aussi en consultation avec le ministère
des Richesses naturelles et le ministère du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche. Ce projet a pour objectif de créer, selon les
modalités prévues à la convention, un programme de
sécurité du revenu pour les chasseurs et piégeurs cris de
la baie James. L'objectif poursuivi est d'assurer une garantie de revenu aux
Cris qui désirent se consacrer à leurs activités
traditionnelles, c'est-à-dire la chasse et la pêche. Il s'agit
là d'un des engagements les plus importants pris par le gouvernement du
Québec lors de la signature de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois. En effet, non seulement la convention assure aux
autochtones signataires, aux Indiens cris, qu'ils pourront continuer leurs
activités traditionnelles, mais aussi le gouvernement reconnaît,
par cette convention, le lien étroit qui unit ces gens au milieu naturel
qui les entoure et les relations privilégiées qu'ils
entretiennent avec ce milieu. C'est pourquoi le gouvernement du Québec
se devait de valoriser, de mettre en relief les activités
traditionnelles par divers moyens, entre autres, en assurant un mode de vie
décent à ceux, parmi les Cris de la baie James, qui
désirent poursuivre leurs activités traditionnelles de chasse et
de pêche.
Le programme de sécurité du revenu prévoit le
versement de prestations supérieures aux prestations de l'aide sociale
à des familles, à des unités de
bénéficiaires qui se consacrent, au moins 120 jours par
année, à des activités de chasse et de pêche. Ce
programme fut d'abord mis en application dès les premiers mois qui
suivirent la convention, c'est-à-dire en 1976, en utilisant la Loi de
l'aide sociale. Il connut un tel succès chez les Cris que le nombre de
jours-homme-année fixé a dû être augmenté de
150 000, payés à l'intérieur de ce régime de
sécurité de revenu, à 286 000. Evidemment, cette demande
des Indiens cris, nous l'avons prise en considération et, après
avoir consulté mes collègues des Richesses naturelles et du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, j'ai fait la recommandation au
Conseil des ministres qui a accepté très volontiers de hausser le
nombre de jours-homme-année, ce qui veut dire, en fin de compte, M. le
Président, que les familles de Cris de la baie James peuvent augmenter
leurs revenus annuels.
Je dois dire en passant que ce programme de sécurité du
revenu touche exactement 7046 Indiens cris de la baie James; cela en date du
mois dernier, mai 1979, et que le programme coûte un peu moins de $5
millions par année, plus $170 000 par année de frais
d'administration.
Ce qu'il y a aussi de particulier, c'est qu'en plus d'augmenter le
nombre de jours/bénéfices par année le gouvernement actuel
a bonifié, a amélioré le chapitre 30 de la Convention de
la Baie James en permettant aux Indiens cris de toucher ces revenus non
seulement en faisant la chasse et la pêche, mais aussi en se
prêtant à des activités d'aménagement du territoire.
En somme, il s'est agi d'élargir le concept des activités
traditionnelles des Cris de la baie James pour accepter comme étant des
activités normales qualifiant l'individu à ces prestations toutes
les activités, tous les travaux qui visent à améliorer
l'environnement dans la région de la baie James.
La dernière caractéristique sur laquelle je vais insister
dans ce discours de deuxième lecture, puisqu'on aura l'occasion d'en
discuter plus en détail au moment de l'étude article par article
en commission parlementaire, c'est que le projet de loi crée aussi un
organisme paragouvernemental désigné maintenant sous le nom
d'Office de la sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris. Cet office correspond, à toutes fins utiles,
à la régie qui avait été créée comme
conséquence de la Convention de la Baie James. Si nous avons
changé le nom de régie à office, c'est tout simplement
pour satisfaire à la rigueur de la langue française et aux
opinions du comité de légistes. Cet organisme qui s'appelle
l'Office de la sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris est un organisme bipartite; la moitié des membres
sont nommés par le gouvernement du Québec et l'autre
moitié par l'administration régionale des Cris. Il appartient
à l'office de calculer les sommes nécessaires au bon
fonctionnement du programme et d'en faire annuellement la demande au
ministère des Affaires sociales. C'est aussi cet organisme qui
reçoit les demandes de prestations des bénéficiaires et
les leur verse conformément aux dispositions de la loi.
M. le Président, en terminant, je veux souligner que, pour les
Indiens cris de la baie James, ce projet de loi représente une
compensation tout à fait normale pour certains inconvénients dont
ont été victimes ces citoyens et citoyennes du Québec lors
de l'aménagement de la baie James. Cette Convention de la Baie James qui
avait été signée par le gouvernement antérieur, il
est évident que non seulement notre gouvernement l'a honorée
depuis que nous sommes au pouvoir, mais, dans le cas du régime de
sécurité du revenu, je répète encore une fois que
nous avons étendu le champ d'application en permettant que non seulement
la chasse et la pêche puissent être
rémunérées, puissent être payées à
l'intérieur d'un régime de sécurité du revenu, mais
aussi toutes les activités, tous les travaux d'aménagement du
territoire et de l'environnement.
Finalement, à la demande des Indiens cris de la baie James, nous
avons aussi consenti à hausser le plafond du nombre de prestations que
pouvaient recevoir les Indiens annuellement. Je suis sûr à
l'avance que les partis de l'Opposition vont collaborer pour que nous puissions
adopter rapidement ce projet de loi important pour nos concitoyens de la baie
James qui, ne l'oublions pas, ont été les premiers occupants de
ce beau pays du Québec. Merci. (21 h 40)
Le Vice-Président: M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, nous arrivons vers la fin des
projets de loi qui seront adoptés par cette Assemblée pour donner
effet à la Convention de la Baie James et du
Nord-Québécois. Comme l'a souligné le ministre des
Affaires sociales, le présent projet de loi effectivement permet
l'application du chapitre 30 de la convention. Le ministre a mentionné
que non seulement ce gouvernement-ci a appliqué la convention, mais il a
amélioré les prestations et le fonctionnement du projet de loi.
C'est vrai qu'il y a eu une amélioration, mais ce que le ministre oublie
de mentionner, c'est que dans la Convention de la Baie James, j'avais
prévu des changements au fur et à mesure que le programme serait
mis en application... parce que c'était un programme
expérimental. On ne savait pas exactement à quel point il devait
être modifié, quand le chiffre de 150 000 jours-homme était
pour changer. Aux dispositions finales de la convention, à l'article
38.2 on lit: Si au début de la deuxième année du
programme, ou de chaque année subséquente, la régie
l'office estime à plus de 150 000 le total de jours-homme, elle
révise le fonctionnement du programme et recommande les mesures
appropriées qui devront être adoptées au cours des
années subséquentes de façon à donner effet aux
dispositions de l'alinéa 38.1 ou à toute modification en
découlant.
A l'article 37.1, on avait encore prévu pour une révision
de temps à autre selon le fonctionnement du programme. Je suis heureux
de voir que le ministre a accepté les représentations qui ont
été faites au gouvernement, vers la mi-décembre 1977, par
les représentants des autochtones.
M. le Président, le but de ce programme est très important
à comprendre, c'est le premier programme qui donne un revenu garanti
annuel à un secteur de la population pour lui permettre d'effectuer
certaines activités et pour lui permettre de se soustraire de l'aide
sociale. Les conditions dans ces communautés étaient telles qu'il
y avait beaucoup de pauvreté, il y avait 90% de chômage. Un des
buts de la Convention de la Baie James est non seulement de répondre aux
réclamations territoriales des autochtones, mais aussi d'essayer de
trouver des solutions aux problèmes économiques et sociaux dans
ce territoire. Une des façons de remédier aux problèmes,
c'était de mettre en oeuvre ce programme de revenu garanti annuel pour
permettre à ces gens qui voulaient continuer leurs activités, non
seulement qui voulaient mais dans ces endroits, c'étaient vraiment les
seules activités que ces peuples pouvaient poursuivre.
Dans les communautés, dans les réserves du Nord, il n'y a
pas d'activité économique comme nous en trouvons dans d'autres
endroits du Québec. C'était un programme de revenu minimum
garanti pour permettre à ces gens de vivre et de travailler dans les
seules activités possibles dans ces endroits. C'est intéressant
de noter que les principes de ce projet de loi ont été
adoptés par le gouvernement par la loi 1, Loi sur le supplément
au revenu de travail. Ce sont vraiment les mêmes principes qui avaient
été établis en 1975 avec les autochtones que le
gouvernement a repris dans son projet de loi no 1, Loi sur le supplément
au revenu de travail.
Je vous donne quelques-uns de ces principes. Premièrement, il y
avait une prestation annuelle. Le montant qui est versé aux autochtones
est de $5800; c'est la moyenne, cela varie de $2000 à $10 000. Je
remarque que, par les règlements du projet de loi, le maximum est de
$5700. Vous avez pris intégralement les montants qui sont versés
aux autochtones du Nord, et vous avez fait cela comme règlement dans
votre projet de loi no 1.
Deuxièmement, un principe qui avait été
établi dans l'entente, dans le chapitre 30, est retrouvé dans le
projet de loi actuel; c'était que, pour définir
l'admissibilité d'une famille, des prestataires, on regardait
l'activité de cette famille durant l'année
précédente. C'est la même chose que vous avez dans le
projet de loi no 1. On prend en considération le revenu familial,
c'est-à-dire non seulement le revenu individuel d'une personne, mais
tout le revenu de la famille. Pour établir le montant de la prestation,
on commence avec le revenu global et on ajoute à ce revenu s'il n'est
pas suffisant.
C'est une incitation au travail; le but de ce programme, c'était
d'inciter le monde à travailler plutôt que de rester sur
l'assistance sociale. Les montants que nous avions comme prestations
étaient plus que les montants que ces gens pourraient recevoir comme
bénéfices pour l'aide sociale. En 1976, d'après les
chiffres, le gouvernement du Québec a payé, pour ce programme, $4
900 000; en 1977/78, cela a monté à $5 millions; 1978/79, il y a
eu $5 270 000. Cela arrive, comme je le disais tantôt, à une
moyenne de près de $5800 par famille, par année. Il est important
de dire qu'il y a eu une baisse de 70% dans le nombre de personnes qui
étaient sur l'aide sociale. Non seulement y a-t-il des
bénéfices économiques pour les familles qui, maintenant,
se trouvent dans le programme, mais il y a aussi des bénéfices
sociaux, parce qu'inutile de vous dire la différence dans le mode de
vie, la différence dans la mentalité et l'approche à la
vie, si je peux dire, les valeurs humaines entre une personne qui peut trouver
de l'ouvrage et une autre qui est obligée de rester sur l'aide
sociale.
M. le Président, je voudrais seulement en terminant donner
quelques commentaires sur les bénéficiaires de ce programme, la
façon dont ils voient le programme et les bénéfices qu'ils
en tirent. La décision de suivre les recommandations de la convention
d'augmenter le programme, d'étendre les modalités, je crois que
c'est une décision qui a été bien prise par le
gouvernement. Les représentants des bénéficiaires de ce
programme, dans un mémoire remis au gouvernement au mois de
décembre, ont dit que ce programme était unique dans sa
conception, dans son établissement, dans son fonctionnement et dans les
bénéfices au peuple à qui il était
destiné.
En plus, le programme a touché la vie des individus, la vie des
communautés et, en ce faisant, a créé des liens avec le
Québec au-delà des structures politiques pour toucher la vie de
tout ce peuple.
Si vous vous souvenez, avant la Convention de la Baie James, les
rapports entre les autochtones et le gouvernement du Québec
étaient minimes, très tendus. L'administration venait d'Ottawa
et, depuis ce temps, il y a eu une intégration avec les organismes du
Québec. Par l'entremise du programme, le Québec a reconnu et
appuie activement un mode de vie, des valeurs et des activités que les
Cris eux-mêmes ont demandé de reconnaître depuis longtemps.
Ils ont travaillé fort pour faire reconnaître ce qu'ils ont fait,
cette reconnaissance leur a été accordée par l'entente de
la baie James et toutes les lois subséquentes.
Le programme n'est pas perçu comme un programme de
bien-être, c'est un programme qui permet à ceux qui veulent
travailler de le faire. C'est cela la différence radicale entre ce genre
de programme de revenu garanti minimum et tous les autres programmes sociaux,
les programmes de bien-être social qui existaient avant 1975. C'est ce
principe, je crois, qui a été adopté ici dans le projet de
loi no 1 du gouvernement. (21 h 50)
Inutile de dire que je suis heureux d'appuver ce programme, cette loi.
Je suis heureux de voir aussi que les termes du chapitre 30 de la Convention de
la Baie James ont été reproduits inté-
gralement dans le projet de loi no 12, ce qui, je crois, va faciliter
nos travaux devant la commission parlementaire. En plus, c'est une approche qui
avait comme base les besoins de ces communautés. C'est une approche
nouvelle; nous sommes arrivés à inclure ce chapitre de l'entente
en consultation et avec l'active participation des peuples concernés.
Encore une fois, il me fera plaisir d'appuyer le projet de loi no 12.
Le Vice-Président: Merci beaucoup. M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, je veux d'abord vous dire que
je suis le porte-parole de mon parti politique sur ces projets de loi que nous
étudions ensemble et qui visent la communauté crie de la baie
James. Inutile de vous dire que si ce dossier m'est moins familier que
d'autres, je voudrais quand même porter à l'attention du ministre
certaines remarques que notre parti voulait faire au gouvernement à
l'occasion de l'adoption de cette loi.
Comme on le mentionne dans les notes explicatives de ce projet de loi,
le chapitre 30 de la Convention de la Baie James et du Nord
québécois est entré en vigueur dans son entier le 31
octobre 1977. C'est donc dire que les Cris ont déjà pu
bénéficier de cette loi depuis près de deux années.
Je sais pertinemment que ce nouveau programme a connu un grand succès
auprès des chasseurs et piégeurs cris. En effet, les derniers
chiffres que j'ai pu consulter m'indiquaient que pour l'année 1976/77,
1012 personnes s'étaient prévalues de ce programme. Le principe
le plus important de ce projet de loi rejoint finalement toute la philosophie
qu'on a voulu mettre de l'avant. En effet, cette partie de la Convention de la
Baie James permet aux Cris de vivre de façon traditionnelle dans leur
milieu tout en respectant leurs us et coutumes.
C'est ainsi que dans une série d'articles du journal Le Soleil,
préparés par Claude Dutrisac, en date du 13 septembre 1978, on
pouvait lire ceci au sujet du programme de sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris: "Le bénéficiaire admissible
exerce non seulement des activités de chasse et de pêche, mais
également des activités connexes comme la fabrication ou la
réparation du matériel, la préparation des réserves
d'aliments, des vêtements et des habitations, le traitement, le transport
et la commercialisation des produits de l'exploitation, la fabrication d'objets
artisanaux, les travaux de sauvegarde et d'amélioration de la faune, la
gestion de la faune, ainsi que les travaux exécutés par les
femmes dans le cadre des activités d'exploitation."
Je pense que ce chapitre en particulier respecte bien les moeurs des
Cris tout en les respectant également comme communauté faisant
partie d'une société bien particulière, vivant loin de
nous et dont on ignore trop souvent qu'ils sont les premiers arrivants de notre
pays.
Par ailleurs, il y a également deux autres projets de loi
présentés par le ministère des Richesses naturelles, soit
les projets nos 26 et 27.
A propos du projet de loi no 26 qui traite de la Convention du Nord-Est
québécois, dans l'édition du Devoir du 9 décembre
1978, il était dit ceci: "Sur le même principe que la Convention
de la Baie James, celle-ci règle le contentieux des droits territoriaux
des Naskapis sur le territoire de la baie James. Historiquement, les Naskapis
étaient trappeurs sur la côte de la baie James, de la baie
d'Hudson et ils immigrèrent ensuite à Fort Mackenzie puis
à Fort Chimo et enfin à Schefferville où ils partagent une
réserve avec les Monta-gnais. L'indemnisation à recevoir pour les
Naskapis, pour l'extinction de leurs droits sur le territoire de la baie James,
est de l'ordre de $9 millions répartis sur dix années."
En outre, dans ce même cahier du Devoir, on reprenait
brièvement un fait qui a passé presque inaperçu au cours
de l'année 1978. En effet, la Commission des droits de la personne et la
Ligue des droits de l'homme ont demandé, au cours de l'année
1978, la réouverture de la Convention de la Baie James, voire
l'annulation du contrat. Voici le contenu de leur argumentation qu'il est
important de connaître: "Les populations autochtones ont dû subir
le matraquage politico-judiciaire des gouvernements et tribunaux
consécutif au début des travaux de la baie James. La politique de
signature de traités avec les Indiens a toujours exigé comme
condition préalable à toute entente le don pur et simple des
terres des autochtones aux Blancs et le refoulement de ceux-ci dans des
réserves délimitées par les Blancs ou des relogements dans
des terres moins appropriées. Troisièmement, la convention
affecte les peuples qui n'étaient pas signataires, disposant de leurs
droits." J'aimerais demander au ministre, en terminant, si, lors de la
rencontre de décembre dernier avec les autochtones, il a
été question, à un moment ou l'autre, de renégocier
l'entente de la baie James. Il serait peut-être intéressant de
savoir du ministre également si tôt ou tard le gouvernement a
l'intention de reconnaître la souveraineté ou au moins
l'autodétermination des autochtones.
Le Vice-Président: Merci, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, je veux remercier les
porte-parole des deux partis de l'Opposition pour leurs commentaires et aussi
pour l'appui qu'ils semblent donner à ce projet de loi. Je remercie
particulièrement le député de Mont-Royal, porte-parole de
l'Opposition officielle, qui non seulement endosse ce projet de loi, mais
profite de l'occasion et on ne lui en demandait pas tant pour
faire aussi l'éloge du projet de loi no 1 qui a établi, comme on
le sait, le supplément au revenu du travail et qui a été
piloté par mon
collègue, le ministre d'Etat au développement social.
Effectivement, il y a beaucoup de ressemblances entre les deux projets de loi
et je répète que c'est vraiment un minimum que le gouvernement du
Québec se devait de faire, autant l'ancien gouvernement que le
gouvernement actuel, vis-à-vis des inconvénients importants qui
ont été créés pour les autochtones, pour les
citoyens et les citoyennes de cette région au moment où les
travaux considérables de la baie James se sont mis en marche.
Il s'agit d'un régime socio-économique. Il ne s'agit pas
d'une mesure seulement sociale. C'est une mesure économique en
même temps qui non seulement permet aux citoyens de la baie James, aux
Indiens cris de la baie James de regagner un peu de dignité en
exerçant les métiers, les activités que leurs
ancêtres ont toujours exercés dans cette région, mais en
les exerçant cette fois-ci avec l'assurance d'obtenir un revenu annuel
garanti. M. le Président, c'est une loi qui offre une
sécurité économique aux gens, mais qui, en même
temps, leur fournit une dose importante de dignité et leur apporte aussi
une sécurité culturelle qui n'est pas négligeable. Je
remercie les porte-parole de l'Opposition, M. le Président, de leurs
commentaires.
Le Vice-Président: Est-ce que la motion de deuxième
lecture du projet de loi no 12, Loi sur la sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris bénéficiaires de la Convention
de la Baie James et du Nord québécois, sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Grenier: Si vous me permettez une question de
règlement.
Le Vice-Président: Un instant, s'il vous plaît! Il
va certainement y avoir une motion de renvoi qui va être faite.
M. Lazure: M. le Président, je m'improvise leader adjoint
pour les besoins de la cause et je propose que ce projet de loi soit
déféré en commission parlementaire pour étude,
à la commission parlementaire des affaires sociales,
évidemment.
Le Vice-Président: II faudrait que vous repreniez votre
fauteuil, M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Alors, M. le Président, j'ai le plaisir de vous
proposer que ce projet de loi no 12 soit déféré à
la commission parlementaire des affaires sociales pour étude article par
article.
Le Vice-Président: Immédiatement?
M. Lazure: Non, demain, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. (22 heures)
M. Grenier: M. le Président...
Le Vice-Président: Oui, M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: ... sur une question de règlement. Bien
sûr que vous aurez le consentement de la Chambre pour saluer dans les
galeries la présence du président du caucus du Parti
libéral du Québec à Ottawa qui est sans doute ici à
Québec pour venir chercher la motion qu'on a votée hier pour
féliciter le gouvernement Clark de son élection et venir
négocier certaines choses avec l'aile provinciale.
Renvoi à la commission des richesses
naturelles
M. Charron: M. le Président, je suis très heureux
de saluer également un député de l'Opposition qui est
présent dans les galeries ce soir.
Je voudrais proposer que le projet de loi qui vient d'être
adopté soit déféré à la commission
parlementaire des richesses naturelles.
Une Voix: Non, ce n'est pas...
M. Charron: Déférence...
M. Lazure: On a fini la mienne...
M. Charron: Oui. Je veux que ce projet de loi du ministre des
Affaires sociales soit déféré, même s'il est du
ministre des Affaires sociales, à la commission des richesses
naturelles.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Motion adoptée. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je crois que le ministre des
Richesses naturelles pourrait maintenant faire à la fois, comme c'est
possible de le faire avec le consentement de chacun, la présentation en
deuxième lecture des projets de loi 26 et 27. Je vous prierais donc
d'appeler les articles 70) et 71) du feuilleton.
Projets de loi nos 26 et 27
Deuxième
lecture
Le Vice-Président: J'appelle donc la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 26, Loi
concernant les dispositions législatives prévues dans la
Convention du Nord-Est québécois et modifiant d'autres
dispositions législatives, de même que la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 27, Loi constituant la
Société de développement des Naskapis.
M. le ministre des Richesses naturelles.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Tantôt, j'écoutais l'intervention du député de
Mégantic-Compton qui rappelait une déclaration de la Commission
des droits de la personne, si je ne m'abuse, qui portait plus
spécifiquement sur l'entente de la baie James et la violation des droits
de la personne. Je pense que le député de Mont-Royal pourra sans
doute commenter lui-même cette affirmation de la commission dans la
mesure où il avait été le négociateur pour l'ancien
gouvernement de cette convention. C'est lui plus que tout autre qui pourrait
être appelé à répondre des décisions du
gouvernement.
Cependant, non pas pour prendre sa défense, bien qu'il soit tout
à fait capable de se défendre lui-même, je me dois de
souligner que quelques mois après, près d'un an, nous signions
une nouvelle entente, cette fois-ci avec les Naskapis. Comme il n'y a que 400
Naskapis, il était relativement facile de les rencontrer à peu
près tous. Dans la mesure où cette fois-ci, c'était moi
qui négociais, j'ai pu constater à quel point l'ensemble, la
très grande totalité des Naskapis était entièrement
d'accord et poussait le gouvernement à signer cette entente avec eux.
Comme l'entente avec les Naskapis est une réplique absolument conforme
à celle des Cris et des Inuit et que la pression à laquelle a
fait allusion le député de Mégantic-Compton qui
essentiellement rappelait la période troublée des débuts
du projet de la baie James et des contestations juridiques entreprises par les
autochtones pour faire respecter leurs droits, comme ces moyens de pression
n'existaient pas à l'époque, évidemment, on ne peut pas
parler, cette fois-ci, d'une pression indue des Naskapis. Il faut donc
reconnaître que les autochtones reconnaissent le bien-fondé de
cette convention et si la Commission des droits de la personne veut bien
respecter les volontés des autochtones, cela vaudrait peut-être la
peine qu'il aille rencontrer les autochtones avant de se prononcer et qu'il
découvre que 66% des autochtones lors d'un référendum ont
approuvé ladite convention.
Il ne serait peut-être pas mauvais de temps en temps, quand on
veut prendre la défense des minorités, de savoir qui on
défend et de demander leur avis, parce que c'est toujours dangereux de
se substituer à une minorité et de parler en son nom.
Ceci m'amène donc au projet de loi no 26 qui porte sur des
modifications aux lois existantes, lois qui furent introduites ici à
cette Assemblée pour mettre en vigueur les décisions qui avaient
été prises à la suite de la signature de la Con- vention
de la Baie James. La convention avec les Naskapis a été
signée le 31 janvier 1978. Elle a été reconnue par
l'Assemblée nationale le printemps dernier lors de l'adoption de la loi
approuvant la Convention du Nord-Est québécois. C'est ainsi qu'on
aura permis aux Naskapis de Schefferville de bénéficier
d'avantages similaires à ceux des Cris et des Inuit signataires de la
Convention de la Baie James et du Nord québécois. D'ailleurs,
n'eût été de certaines difficultés d'organisation
le député de Mont-Royal le confirmera puisqu'il
était au courant il est fort probable que les Naskapis de
Schefferville auraient été signataires de la première
convention.
C'est pourquoi, étant donné qu'il s'agit du territoire
déjà couvert par la Convention de la Baie James et du Nord
québécois, nous avons jugé opportun de modifier les
diverses lois adoptées pour les Cris et les Inuit afin d'y inclure
certaines dispositions touchant les Naskapis. Ce projet de loi propose de
modifier sept lois existantes. Dans une première partie, la Loi
concernant les autochtones cris et inuit est modifiée de façon
à permettre l'identification des bénéficiaires naskapis et
ainsi qu'ils puissent tirer avantage de l'ensemble de la loi qui les concerne.
En effet, il faut essentiellement recenser, identifier les Naskapis si on veut
qu'ils profitent de certains avantages.
Deuxièmement, la Loi concernant le régime des terres dans
les territoires de la baie James et du Nouveau-Québec est
modifiée afin d'ajouter, aux catégories de terres existantes dans
le territoire des terres, des catégories IA-N, IB-N et Il-N. Les terres
de catégorie I-N représentent une superficie de 326,3
kilomètres carrés, dont une fraction sera
transférée au gouvernement fédéral pour l'usage et
le bénéfice exclusifs des bénéficiaires naskapis.
Il s'agit, en termes simples, de constituer une réserve indienne et non
pas de chasse et de pêche.
La majeure partie de ces terres de catégorie I-N sera
transférée en pleine propriété à une
corporation foncière semblable aux corporations foncières cries
et inuit existantes. C'est simple. Il ne s'agit pas de reconnaître ici
une propriété privée individuelle aux Naskapis, mais bien
une propriété collective car ceux-ci estiment que c'est la
collectivité qui doit posséder le sous-sol le sol, je
devrais dire et non les individus. C'est très différent
d'ailleurs de nos habitudes occidentales.
Les terres de catégorie Il-N sont des terres publiques
représentant une superficie de 4144 kilomètres carrés et
où les Naskapis ont des droits exclusifs de chasse et de pêche. En
d'autres termes, il s'agit ici de créer un club privé de chasse
et de pêche, pour utiliser une expression simple. Essentiellement, c'est
reconnaître une façon traditionnelle de vivre pour les
autochtones, façon traditionnelle qui reposait sur la chasse et la
pêche. Dans ces conditions, il convient de protéger un territoire
de manière qu'ils puissent pratiquer la récolte traditionnelle
qui leur permet de survivre. C'est donc essentiellement leur garantir un
territoire, une production faunique aux fins de leur survie.
Toutes ces terres sont soumises au même régime juridique
déjà en vigueur pour les terres de catégorie I et II
destinées aux Cris et aux Inuit.
La loi concernant les droits de chasse et de pêche dans les
territoires de la baie James et du Nouveau-Québec est aussi
modifiée afin, d'une part, de permettre aux Naskapis de
bénéficier de droits de chasse et de pêche exclusifs sur
les terres des catégories I-N et Il-N et, d'autre part, pour effectuer
un nouveau partage du territoire entre les groupes autochtones pour ce qui
touche la chasse et la pêche. En effet, il faut reconnaître que
dans la mesure où nous allions identifier des droits précis pour
les Cris et les Inuit sur les territoires du Nouveau-Québec, dès
que l'on voulait reconnaître de nouveaux droits aux Naskapis, cela ne
pouvait se faire qu'en soustrayant aux droits que nous venions de consentir aux
Cris et aux Inuit. C'est l'objectif de cette loi. De plus, la composition et
les règles de vote du comité conjoint de chasse et de pêche
et de piégeage sont modifiées pour tenir compte des
intérêts des Naskapis de Schefferville.
En ce qui concerne l'environnement, M. le Président, nous avons
jugé à propos de modifier à nouveau la Loi de la
qualité de l'environnement pour permettre au gouvernement d'adopter
certains règlements spéciaux applicables uniquement dans la
région de Schefferville. Il ne s'agit pas ici, comme ce fut le cas pour
les Cris et les Inuit, d'adopter un régime spécial, mais bien de
tenir compte, à l'intérieur du régime
général de protection de l'environnement, de certaines
modalités particulières consenties aux Naskapis. (22 h 10)
En ce qui a trait aux terres Il-N situées au nord du 55e
parallèle, c'est le régime particulier de protection de
l'environnement déjà prévu dans la loi qui s'applique.
Seules quelques modalités particulières de consultation et
d'information des Naskapis sont prévues. Tel que prévu à
la convention, le projet de loi crée une corporation de village qui
devra, évidemment, administrer ces terres pour les Naskapis, sur les
terres de la catégorie IB-N, avec les mêmes droits, pouvoirs et
obligations que les corporations de villages cris existants. C'est pourquoi
nous modifions la Loi concernant les villages cris. Il faut aussi modifier la
Loi concernant les villages nordiques et l'Administration régionale
Kativik afin de rendre possible la conclusion d'ententes entre la corporation
du village naskapi et l'administration régionale.
De plus, puisque les terres de la corporation du village naskapi seront
situées au-delà du 55e parallèle, nous devons permettre au
maire de la nouvelle municipalité de siéger au conseil de
l'administration régionale Kativik. Enfin, le projet de loi propose
d'ajouter une quatorzième partie à la Loi de l'instruction
publique pour permettre l'établissement d'une école naskapi dans
les terres IA-N et la création d'un comité d'école
doté de certains pouvoirs spéciaux tels ceux de fixer le
calendrier scolaire pour l'école naskapi et d'élaborer des
contenus de cours pour préserver la langue et la culture des Naskapis.
En conclusion, nous permettons par ce projet de loi aux Naskapis de
Schefferville de bénéficier de droits et d'avantages similaires
à ceux déjà obtenus par les Cris et les Inuit. Comme dans
tous les autres cas, les principaux intéressés ont
été largement consultés et sont d'accord avec les diverses
dispositions de ce projet qui, de l'avis de tous, respecte l'esprit et la
lettre de la Convention du Nord-Est québécois.
Quant au projet de loi 27, qui constitue la Société de
développement des Naskapis, ce projet de loi donne suite aux engagements
pris par le gouvernement du Québec au chapitre 17 de la Convention du
Nord-Est québécois. Le projet a donc pour effet de créer
de la façon prévue au chapitre 17 une société
régie par le Québec et le Canada aux Naskapis de Schefferville.
Cette indemnité a été calculée selon les
mêmes barèmes qui ont présidé à
l'établissement de l'indemnité versée aux Cris et aux
Inuit. C'est donc un montant de $9 millions dont $3 millions en obligations qui
sera versé aux Naskapis de Schefferville au cours des prochaines
années. Le projet reprend l'ensemble des dispositions de la convention
touchant la façon dont ces sommes d'argent doivent être
placées par la société, y compris des dispositions
obligeant cette société à placer, pour une première
période de dix ans, 75% de l'indemnité reçue dans les
placements décrits à l'annexe de la loi et, pour une seconde
période de dix ans, 50% de l'indemnité dans les mêmes
placements. Après ces 20 ans, toutes les restrictions quant au placement
de l'indemnité disparaissent. Outre le placement de l'indemnité,
la société a pour objet de soulager la pauvreté, de
veiller au bien-être des Naskapis et au perfectionnement de leur
instruction, de favoriser le développement économique de la
communauté naskapi et, enfin, d'encourager, de promouvoir et de
protéger le mode de vie et les traditions naskapis. Dans la poursuite de
ces objectifs, la société ne peut utiliser son actif que pour des
fins communautaires et toute distribution de l'indemnité aux individus
est interdite.
Il va de soi qu'il s'agit là, évidemment, de termes de la
convention demandés par les autochtones eux-mêmes. Le conseil
d'administration de cette société sera constitué de huit
bénéficiaires naskapis élus lors de l'assemblée
générale annuelle de la société. De plus, jusqu'au
4 juillet 1989, deux représentants du gouvernement du Québec et
un représentant du gouvernement fédéral
hélasl siégeront au conseil d'administration. Ce projet
respecte donc l'esprit et la lettre de la convention et les ajouts qui y sont
faits concernent principalement les modalités d'élection et la
nomination d'un conseil provisoire afin de permettre à la
société de fonctionner le plus rapidement possible après
la proclamation de la loi. Il va sans dire que depuis la signature de la
Convention du Nord-Est québécois, les autochtones ont
été consultés sur ce projet. C'est d'ailleurs à
leur demande que nous avons inséré la plupart des articles qui
s'ajoutent, sans les modifier, aux dispositions de la convention.
M. le Président... Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Je vais proposer un amendement
à votre intervention pour remplacer tous les M. le Président par
des Mme la Présidente.
M. Bérubé: M. le Président avant Mme la
Présidente. Mme la Présidente, vous comprendrez qu'au moment
où j'ai rédigé ce texte, ne pouvant savoir quel serait le
président qui serait assis sur cette auguste chaise, évidemment,
j'ai extrapolé, étant donné que 66% du temps, il
s'agissait de présidents masculins, et malheureusement je me suis
trompé. Mme la Présidente.
Mme la Présidente, je tiens à souligner que le
présent projet de loi corrige une situation très vieille, je
dirais d'injustice vis-à-vis du peuple naskapi. Les Naskapis vivaient
dans le Nord du Nouveau-Québec, dans le Grand-Nord devrais-je dire, donc
plutôt du côté de la baie James. A la suite de
difficultés, d'ailleurs, de maladies et autres, ils avaient dû
être déménagés dans la région de
Schefferville, donc, loin de leur territoire naturel de chasse, dans un
territoire qui n'était pas à eux où ils étaient, je
pourrais dire, littéralement étrangers.
En fait, le présent projet de loi vient transformer des droits un
peu intuitifs, des droits de premier occupant qui n'ont jamais
été définis par les cours de justice en un nouvel ensemble
de droits qui maintenant sont beaucoup plus précis et peuvent être
défendus dans une cour de justice, ce qui, évidemment,
représente un avantage considérable pour les autochtones qui,
enfin, peuvent dire qu'ils ont des droits ici au Québec. Dans la mesure
où ces droits étaient reconnus, le Québec a tenu aussi
à conserver juridiction sur le sous-sol et, par conséquent, il y
a eu rachat de ces droits hypothétiques sur le sous-sol, ce qui explique
l'indemnité.
Il est important de souligner que la gestion de ces territoires, la
gestion de l'indemnité a été voulue communautaire par les
autochtones eux-mêmes, voulant en cela respecter une longue tradition,
une longue philosophie qui leur fait reconnaître dans la vie en
société des valeurs peut-être plus grandes que nous ne lui
en reconnaissons nous-mêmes alors que nous mettons peut-être
davantage l'accent sur les droits individuels. Ceci explique peut-être,
d'ailleurs, ce que j'appelle, moi, une erreur de la Commission des droits de la
personne qui, habituée avec sa mentalité occidentale à
traduire les besoins de l'homme uniquement en besoins individuels, n'a pas
saisi cette différence fondamentale des droits collectifs d'un peuple.
C'est dommage, à mon point de vue. Merci, "M. le Président".
La Vice-Présidente: Vous êtes incorrigible, M. le
ministre.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Mme la Présidente, le projet de loi no 26 non
seulement met en application les chapitres de la Convention du Nord-Est
Québécois signée le 31 janvier 1978, mais donne suite
à un engagement pris dans la Convention de la Baie James et du Nord
québécois envers les autochtones qui n'étaient pas
signataires de l'entente. A l'automne de 1973, les négociations avaient
commencé avec les Inuit et les Cris. Or, les Naskapis, durant les deux
années que cela a pris pour compléter l'entente de principe en
1974 et compléter l'entente finale en 1975, n'étaient pas
prêts, simplement, à négocier les termes et conditions. Ils
n'avaient pas leurs représentants et n'avaient pas fixé dans leur
esprit exactement les réclamations qu'ils devaient faire envers le
gouvernement.
Mais, pour ne pas enlever ces droits aux Naskapis, même si
l'entente de la baie James a été complétée en 1975
et a éteint par une loi subséquente tous les droits de tous les
autochtones sur le territoire, nous avons prévu une clause dans
l'entente où le gouvernement du Québec s'engageait à
négocier avec les autochtones qui ne faisaient pas partie de l'entente.
Subséquemment à l'entente qui a été signée,
j'ai moi-même commencé les négociations avec les Naskapis.
J'ai dû mettre fin à ces négociations, Mme la
Présidente, le 16 novembre 1976 et elles ont été
continuées par le gouvernement actuel pour mettre en vigueur et en
application tous les termes et conditions essentiels. Essentiellement, ce sont
les mêmes termes et conditions de l'entente de la baie James qui ont
été appliqués au prorata du nombre des Naskapis, avec
quelques petites modifications pour prendre en considération les
conditions locales, les conditions spécifiques des Naskapis autour de
Schefferville.
On a expliqué qui sont les Naskapis. C'est effectivement une
bande d'approximativement 400 Indiens qui sont venus de Fort-Chimo, de Fort
MacPherson. Ils parcouraient tout le territoire; c'était une bande
d'Indiens qui étaient nomades. Ils suivaient les caribous et c'est de
cette façon qu'ils vivaient. (22 h 20)
Au fur et à mesure que les non-Indiens, que la civilisation ont
atteint ces territoires, les troupeaux de caribous ont été
réduits, ils avaient plus de difficulté à trouver le
nécessaire pour maintenir leur mode de vie et, durant les années
cinquante, le gouvernement fédéral, le ministère des
Affaires indiennes a relocalisé les Naskapis à quelques milles
à l'extérieur de Schefferville pour leur fournir des soins
médicaux, pour leur fournir un endroit où le gouvernement
pensait, à cette époque, que s'ils étaient près
d'une ville où il y avait un travail, un développement
économique, les Naskapis auraient pu s'intégrer à la vie
économique de la région.
Le projet de loi, premièrement, alloue des terres à la
bande, à la collectivité des Naskapis. Deuxièmement, il
établit, je ne sais pas si le ministre l'a mentionné, un
gouvernement local, la Corporation du village Naskapi. Selon les lois du
Québec, le Code municipal, on prévoit une administration de type
municipal dans ce village qui est créé par le projet de loi.
Troisièmement, les mêmes droits de chasse et pêche
sur le territoire sont donnés aux Naskapis.
A l'annexe du projet de loi, on voit une carte qui définit les
endroits où le droit de chasse et pêche est exclusif à ces
Naskapis.
Il ne faudrait pas appeler cela un club privé, comme le fait le
ministre des Richesses naturelles, parce que ce n'était pas le concept,
ces peuples étaient habitués de parcourir tous les territoires et
ce qu'on a fait, on a dit: Ecoutez, au lieu de parcourir les 423 000 milles
carrés du Nord québécois, on va vous limiter à un
certain endroit qui va servir à votre utilisation exclusive. C'est donc
pour cette raison que l'on a alloué approximativement 4000
kilomètres carrés, savoir le droit de chasse et pêche
exclusif aux Naskapis.
En plus, il y a une commission de la qualité de l'environnement
au nord du 55e parallèle et les Naskapis vont participer à cette
commission de l'environnement. Mais en plus, il y a un comité
spécial par lequel les Naskapis seront particulièrement
consultés relativement à des projets dans les environs de
Schefferville. Si un projet peut affecter l'écologie, l'environnement,
non seulement l'environnement physique, mais même l'environnement social,
il y a des critères stipulés dans l'entente, les Naskapis sont
consultés au sujet de projets qui pourraient se situer de 150 à
200 milles à l'est de Schefferville.
En plus, c'est assez important, il y a un comité scolaire de
créé spécifiquement pour les Naskapis. Dans l'entente de
la Baie James, il y avait eu des commissions scolaires de créées
pour les autochtones, mais ici vu qu'il y a seulement 400 personnes, on a
créé un comité scolaire qui agit, c'est une
mini-commission scolaire, et son pouvoir le plus important c'est
d'élaborer les contenus de cours conçus pour préserver la
langue et la culture des Naskapis. Ce comité scolaire a certains droits,
certains pouvoirs d'administration et de programmation dans l'école qui
sera construite et dont les fonds viendront à 75% du gouvernement
fédéral et 25% du gouvernement du Québec. Ce comité
scolaire, sous la juridiction de la Commission scolaire régionale
Eastern Quebec, agira comme une mini-commission scolaire pour les Naskapis afin
de prendre en considération les besoins particuliers de ce peuple.
Mme la Présidente, pourquoi une loi aussi élaborée?
Elle a approximativement 124 pages. Cette loi institue un système de
gouvernement local, un comité scolaire. On prévoit pour
l'environnement une série de mesures. Ils ont un droit de chasse et de
pêche, on leur alloue des terres partiellement sous la juridiction
fédérale, mais principalement sous la juridiction du
Québec. Pourquoi une telle loi seulement pour 400 personnes? La
population peut bien se le demander. Premièrement, c'est pour remplir
les obligations du Québec envers les autochtones de ce territoire et,
deuxièmement, c'était non seulement pour remplir ses obligations,
mais pour permettre certaines solutions qui s'imposaient pour ces gens sur ces
territoires. Il fallait penser aux besoins économiques, aux besoins
sociaux, aux besoins politiques que ces peuples avaient sur tout le territoire.
C'était pour répondre aussi aux principes de justice et
d'équité pour un peuple qui avait été vraiment
abandonné et qui n'avait pas eu la reconnaissance des gouvernements du
Québec et même pas la vraie reconnaissance des gouvernements
fédéraux. La reconnaissance de la société non
autochtone, on ne s'en occupait pas. Des années et des années, on
les a laissés sur des réserves administrées par un agent
indien et le reste de la société a vraiment empiété
sur leur territoire, a utilisé les richesses naturelles de leur
territoire; on a utilisé tout ce dont on avait besoin comme
non-autochtone, mais on ne s'est pas occupé des besoins de ce
peuple.
Cela ne pouvait pas toujours continuer de cette façon; il arrive
un moment où il faut répondre aux besoins des gens d'une
localité, d'une région ou d'un territoire. C'est ce que l'entente
de la baie James a essayé de faire, c'est ce que l'entente du Nord-Est
québécois continue dans les mêmes termes et conditions;
elle remplit les obligations de notre société envers ces peuples.
Ce n'est pas seulement l'obligation d'un gouvernement, c'est vraiment
l'obligation de notre société qui vient un peu tard, mais,
finalement, nous avons décidé de rendre justice aux gens de ces
territoires.
Nous terminons les différentes lois de la Convention de la Baie
James; je ne crois pas qu'il en reste, ce sont les dernières lois. Avec
le projet de loi no 26, l'entente du Nord-Est québécois, nous
complétons la présence constitutionnelle et administrative du
Québec dans ces territoires. Il est primordial de réaliser
l'importance de ces lois en ce sens. La présence constitutionnelle
s'imposait par la loi de 1912. La loi de 1912 avait transféré ces
territoires il y avait la loi de 1898 et la loi de 1912 du
gouvernement central, du gouvernement fédéral, du gouvernement du
Canada au Québec. Avant 1898 et avant 1912, les territoires que nous
appelons maintenant le Nord québécois, le territoire de la baie
James faisaient partie des territoires du Nord-Ouest canadien, de la même
façon que les territoires du Nord-Ouest canadien actuel près du
Yukon en font partie.
En 1912, on a transféré ces territoires et on a
imposé une condition. Une des conditions était celles-ci et je
cite la loi. "Que la province de Québec reconnaîtra les droits des
habitants sauvages dans le territoire ci-dessus décrit." Entre
parenthèses, on voit comme cela nous a pris du temps à
évoluer; même jusqu'à très récemment, on
appelait ces habitants des sauvages parce qu'on ne connaissait pas vraiment
leurs habitudes, leurs moeurs. C'était peu digne de les appeler de cette
façon.
Je continue la citation de la loi: "Que la province de Québec
reconnaîtra les droits ci-dessus décrits dans la même mesure
et obtiendra la remise de ces droits de la même manière que le
gouvernement du Canada a ci-devant reconnu ces droits et obtenu leur remise et
ladite province supportera et acquittera toutes les charges et dépenses
se rattachant à ces remises ou en résultant." (22 h 30)
Alors, jusqu'à ce que le Québec complète les
conditions qui étaient prévues dans la loi de 1912, il n'y avait
pas une présence constitutionnelle complète. Ce que la Convention
de la Baie James a permis, c'est de compléter cette présence, de
rendre les titres clairs. Les titres sont maintenant clairs, ces territoires
appartiennent au Québec et nous avons rempli les conditions qui nous
avaient été imposées en 1912.
Cette convention, ainsi que la Convention du Nord-Est
québécois, en plus, prévoit... C'est vraiment un
réaménagement du territoire. Non seulement nous avons
répondu aux besoins des autochtones, aux réclamations
territoriales, mais nous avons réaménagé tout ce
territoire. Nous avons des municipalités locales qui n'existaient pas
avant; elles existent maintenant. Nous avons une administration
régionale au nord du 55e parallèle qui n'existait pas avant la
convention; elle existe maintenant. Il y a maintenant des commissions scolaires
où il n'y en avait pas. Il y a des corps de police, il y a des
comités de santé, il y a des comités d'école. En
somme, tout ce qui est nécessaire pour administrer et aménager un
territoire.
Nous avons récemment discuté en cette Chambre le projet de
loi no 125 qui réaménage aussi le territoire. La
différence essentielle ceci peut-être répondra aux
préoccupations du député de Mégantic-Compton
entre le réaménagement du territoire d'après le projet de
loi no 125 que le Parti québécois nous a imposé et le
réaménagement du territoire dans la Convention de la Baie James
est que tous ces changements, tous les organismes municipaux, régionaux,
les commissions scolaires, tout ceci a été fait avec la
participation active et le consentement des populations concernées. On
n'a imposé aucun de ces termes et conditions aux autochtones. A tel
point que dans l'entente, j'ai inclus une clause à savoir qu'avant que
l'entente devienne complète, avant qu'elle devienne finale, elle devait
être appuyée et approuvée par toutes les communautés
impliquées. Ceux qui négociaient pour les autochtones, les chefs
des différentes communautés sont retournés à leur
communauté, ont expliqué l'entente et obtenu un consentement par
écrit. On a voté sur cette entente et ils ont obtenu au-dessus de
90% d'approbation. Il n'est pas question que cela a été
forcé, il n'est pas question d'imposition; c'est une entente qui a
été librement consentie par toutes les parties.
Quant aux droits individuels auxquels se référait le
ministre des Richesses naturelles, ce n'est pas tout à fait la
même explication, la même interprétation. Les droits
individuels de ces peuples ont été intégralement
respectés dans tous les termes et conditions de l'entente.
Mme la Présidente, puisque nous terminons, avec ce projet de loi,
toutes les lois qui sont nécessaires pour donner effet aux ententes de
la baie James de 1973, de 1974 et de 1975, je crois que je dois à ce
moment-ci remercier premièrement les fonctionnaires qui ont
été responsables et impliqués dans les négociations
et la mise en application de cette entente. Ils ont fait un effort
extraordinaire. Il fallait qu'ils comprennent l'esprit de l'entente, les
problèmes de ces peuples. Il fallait qu'ils soient complètement
impliqués dans toutes les modalités pour que cette entente soit
menée à terme et que la législation soit
préparée en conséquence. C'était une
expérience très humaine pour ceux qui y ont participé
parce que le but de cette entente était vraiment de rendre justice
à un peuple qui avait été presque abandonné pendant
des dizaines, des centaines d'années. Mes remerciements aussi à
ceux des chefs indiens qui ont négocié l'entente.
Il faut comprendre qu'ils ont cédé leurs droits dans tous
ces territoires. Ce sont des droits qu'ils ont, d'après eux, depuis des
temps immémoriaux, mais, pour le bien de leur peuple, pour les
avantages, pour l'avancement, le progrès social, politique,
économique et pour répondre aux besoins du temps, ils ont
cédé tous ces droits en échange des avantages et des
obligations qui sont contenus dans l'entente et qui sont reproduits dans le
projet de loi.
Nous allons appuyer inutile de le dire, Mme la Présidente
les projets de loi 26 et 27. Je remarque que le projet de loi 27, Mme la
Présidente, reproduit intégralement les chapitres de l'entente,
ce qui est un peu différent de ce qui s'est produit l'année
dernière à peu près à ce temps-ci. Quand
l'Institution de développement pour les Inuit a été
créée et que le projet de loi a été
présenté à l'Assemblée nationale, il y avait des
différences assez remarquables entre le projet de loi et l'entente. Nous
avons été obligés de nous battre en commission
parlementaire pour obliger le gouvernement à respecter
intégralement tous les termes et toutes les conditions de l'entente. Je
suis heureux de voir que dans le projet de loi 27 on a reproduit
intégralement l'entente. On n'aura pas besoin de faire la lutte que nous
avons faite l'année dernière en commission parlementaire sur le
projet de loi.
Mme la Présidente, je crois que c'est un chapitre qui vient de se
terminer dans la vie de ce peuple autochtone du Nord québécois.
C'est aussi un chapitre de la présence constitutionnelle et
administrative du Québec dans les territoires parce qu'avant la
convention il n'y avait pas d'organisme administratif complet de la part du
gouvernement du Québec. Il y avait la direction du
Nouveau-Québec. Il y avait des organismes du gouvernement
fédéral. Tout cela a été changé. Cela a
été réaménagé et on a respecté les
droits de cette minorité. Il y a des avantages pour tous. Il y a des
avantages pour le Québec. Il y a des avantages pour les minorités
parce que maintenant elles ont des droits. Elles ont de la dignité.
Elles ont de la sécurité culturelle que cette entente leur
garantit et que le projet de loi va leur garantir. En plus, pour les travaux,
pour le développement de ces endroits, cela a apporté une paix
sociale parce qu'il y avait des difficultés dans tous ces endroits. Ces
peuples avaient été abandonnés et maintenant on sait qu'il
y a une coopération complète et totale entre ces peuples et les
organismes du Québec comme la Société d'énergie,
la
Société de développement de la Baie James et
l'Hydro-Québec. Ils travaillent ensemble, chacun promouvant ses
intérêts respectifs, mais en collaboration pour s'assurer que le
développement de ces territoires se fait d'une façon rationnelle,
de façon que cela oeuvre aux intérêts de la population du
Québec en général, des sociétés qu'il y a
là et des peuples qui habitent ces territoires depuis des temps
immémoriaux.
Pour ces raisons, nous allons appuyer le projet de loi et, encore une
fois, je voudrais remercier tous ceux qui ont été
impliqués dans les négociations et qui ont travaillé pour
assurer une réussite que je dirais complète du
parachèvement de l'entente et des lois qui lui donnent effet. Merci, Mme
la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je voudrais d'abord vous demander une directive,
à savoir que nous avons devant nous deux projets de loi, soit le 26 et
le 27, et comme j'ai une heure de discours sur chaque projet de loi, j'aimerais
savoir si vous me permettez de faire une demi-heure sur un et une heure et
demie sur l'autre.
Des Voix: Ah!
La Vice-Présidente: M. le député, il y a eu
consentement pour qu'on étudie à la fois les deux projets de loi.
Je me verrais assez mal placée pour vous donner deux heures, mais je
vous consentirais volontiers une heure complète, M. le
député.
M. Grenier: Mme la Présidente, sur un ton plus
sérieux, j'aimerais vous laisser savoir que, lors de l'étude du
projet de loi 12, il y a trois quarts d'heure, mon intervention portait
également sur les deux projets de loi que nous avons devant nous, soit
26 et 27. (22 h 40)
J'avais, comme vous l'avez constaté pendant mon intervention
trois paragraphes qui portaient sur le projet de loi 27 et j'en avais quatre
qui portaient sur le projet de loi 26. Alors, je vous demanderai, pour
l'étude de ces deux projets de loi, de vous reporter à la
période de 21 h 45 alors que j'intervenais au niveau des trois projets
de loi.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Richesses
naturelles.
M. Bérubé: Mon discours de réplique sera
bref, Mme la Présidente. Le député de Mont-Royal a dit
tout ce qu'il fallait dire et, par conséquent, je m'abstiendrai de
parler. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Ce sont deux motions de
deuxième lecture. Il s'agit de la motion du ministre des Richesses
naturelles proposant que soit maintenant lu la deuxième fois le projet
de loi no 26, Loi concernant les dispositions législatives
prévues par la Convention du Nord-est québécois et
modifiant d'autres dispositions législatives. Cette première
motion est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
La Vice-Présidente: Je pense que la motion de renvoi, nous
allons la faire pour les deux projets de loi en même temps. La
deuxième lecture du projet de loi no 27, Loi constituant la
Société de développement des Naskapis, est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Une Voix: Adopté.
Renvoi à la commission des richesses
naturelles
M. Burns: Mme la Présidente, je propose que ce projet de
loi...
La Vice-Présidente: Les deux.
M. Burns:... ces deux projets de loi...
La Vice-Présidente: Le projet de loi no 26 et le projet de
loi no 27.
M. Burns: ... soient déférés à la
commission des richesses naturelles.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
a-doptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Bérubé: Mme la Présidente, je vous
demanderais d'appeler l'article 68).
Projet de loi no 20
Deuxième lecture
La Vice-Présidente: M. le ministre des Richesses
naturelles propose que soit maintenant lu la deuxième fois le projet de
loi no 20, Loi modifiant la charte de la Société de cartographie
du Québec. Cette motion est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Après consultation avec mon
collègue, le député de Brome-Missisquoi, nous aurions une
suggestion à faire pour faciliter les choses et avoir une discussion
peu-être ah! voilà plus facile parce que nous
avons certaines questions à poser tout simplement dans ce projet de loi.
Si nous formions la commission plénière immédiatement,
nous pourrions disposer dans quelques minutes de ce projet de loi no 20. C'est
une suggestion que je fais dans...
La Vice-Présidente: Pour le projet de loi modifiant la
charte de la Société de cartographie du Québec.
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
M. Charron: C'est-à-dire sans débat de
deuxième lecture, on irait tout de suite en commission
plénière, très volontiers, Mme la Présidente.
M. Levesque (Bonaventure): En commission
plénière.
La Vice-Présidente: Etes-vous d'accord, M. le leader?
M. Charron: Oui.
La Vice-Présidente: La deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. La
Vice-Présidente: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Mme la Présidente, je fais motion pour que
vous quittiez le fauteuil et que cette Chambre se transforme pour quelques
minutes, semble-t-il, en commission plénière sur le projet de loi
no 20.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
a-doptée?
Une Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Commission plénière
La Présidente (Mme Cuerrier): Cette Assemblée s'est
formée en commission plénière des richesses naturelles
pour étudier le projet de loi no 20.
M. Bérubé: Mme la Présidente, actuellement,
je pense que...
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Bérubé: La suggestion du leader de l'Opposition
officielle m'apparaît effectivement sensée dans la mesure
où il s'agit d'un compendium d'articles portant sur différents
aspects du projet de loi et, par conséquent, difficile à discuter
au niveau d'un débat de deuxième lecture.
Essentiellement, nous abolissons un article, l'ancien article portant
sur les conflits d'intérêts, et le remplaçons par un
article identique d'ailleurs à celui que nous avons introduit pour
REXFOR. Je pense que le leader de l'Opposition a observé d'ailleurs un
amendement qui provient de son propre parti qui permet de maintenir les clauses
de conflit d'intérêts dans le cas des administrateurs travaillant
à temps plein. Mais, dans le cas des administrateurs qui siègent
à temps partiel, ils n'ont qu'à déclarer les conflits
d'intérêts si jamais ils survenaient; l'objectif étant,
évidemment, toujours le même, celui de permettre d'aller recruter
éventuellement, dans des secteurs voisins de la cartographie,
l'expertise nécessaire pour un conseil d'administration.
Vous remarquerez également une élimination du
contrôle ministériel des contrats. En fait, la
société ne peut effectuer aucun contrat, même pas de
contrats de cartographie pour l'Hydro-Québec, sans que le ministre
autorise de tels contrats, ce qui m'amène continuellement à
recevoir une lettre stéréotypée de la
société que je suis, évidemment, obligé
d'autographier pour bien montrer que le ministre a observé que la
société effectuait tel ou tel contrat. Si nous voulons une
société d'Etat qui effectue des travaux, il faut imaginer qu'elle
prend des contrats et que, par conséquent, il faut qu'elle ait quand
même une certaine marge de manoeuvre. Par conséquent, on
enlève cette espèce de contrôle du ministre plus ou moins
valable, je pense.
D'autre part, nous augmentons la valeur des emprunts que l'entreprise
peut faire sans autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil jusqu'à
une valeur de $50 000. Il y a un aspect, peut-être l'aspect majeur, qui
est la suppression de l'interdiction pour la société
d'acquérir un avion. Je pense que ceci avait fait un long débat,
à l'intérieur du Conseil des ministres libéraux à
l'époque lorsqu'on avait introduit ce projet de loi, semble-t-il, dans
la mesure où les pressions avaient été assez fortes pour
que cette société de cartographie ne puisse pas
éventuellement disposer de ces avions et sans doute pour éviter,
peut-être, qu'elle ne devienne trop importante. En effet, une
société de cartographie, par définition, fait des cartes
à partir de photographies aériennes. Dans la mesure où
pour faire ses photographies aériennes, elle est obligée d'aller
voir ses concurrents qui seuls, évidemment, en vertu de la loi,
disposent du matériel technique nécessaire pour le faire, elle se
met dans une position de concurrence extrêmement difficile, ce qui a
amené finalement la société à payer souvent
très cher pour des services de photographies aériennes d'une
part; d'autre part, de ne jamais bénéficier de conditions
optimales pour sa photographie aérienne. On ne réalise
peut-être pas en fait qu'on ne peut photographier que quelques jours ou
quelques semaines par année parce qu'il faut du beau temps, qu'il ne
faut pas de nuages, qu'il faut des conditions parfaites au plan
météorologique et que cela ne se produit que peu de fois au cours
d'une année. Deuxièmement, il faut également un
équipement très sophistiqué pour la photographie
aérienne dans la
mesure où il faut "positionner" l'appareil d'une façon
très précise pour la reproduction des cartes subséquentes
et c'est donc de l'équipement qui doit rester à
l'intérieur de l'appareil, ce qui, à nouveau, crée
certaines complications. Or, je ne vous cache pas qu'il existerait une
possibilité de création d'une société mixte avec
une autre entreprise québécoise de cartographie qui voudrait
peut-être amortir son service aérien de photographie en
créant une filiale de concert avec la Société de
cartographie de telle sorte qu'elles utiliseraient conjointement les avions. Je
pense que dans un cas comme celui-là, c'est difficile de refuser parce
que cela permettrait à la Société de cartographie de faire
des profits et, sachant l'intérêt de l'Opposition pour les profits
des sociétés d'Etat, je suis convaincu qu'elle ne pourrait
rejeter cet article.
Il y a le pouvoir de directive, le plan de développement que nous
introduisons également. C'est dans l'esprit où nous donnons de
plus en plus d'autonomie aux sociétés d'Etat mais, d'autre part,
nous voulons garder au gouvernement, au moins au Conseil des ministres, avec
l'obligation de le soumettre à l'Assemblée nationale, ce pouvoir
de directive qui s'ajoute à l'obligation pour la société
de présenter un plan de développement de manière à
savoir où cette société va dans les années qui
viennent.
Le Président suppléant (M. Laplante): M. le
député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): Si on me permet une question. Avant
d'entreprendre l'étude de certains articles, est-ce que le ministre
pourrait, en deux mots ce n'est pas seulement pour le plaisir de
retarder l'étude de ce projet de loi mais est-ce que le ministre
pourrait nous faire un bilan des opérations de cette
société et nous dire comment il apprécie le travail de
cette société?
M. Bérubé: La première année, la
société, vous savez que c'est une société qui n'a
qu'une vie très courte, elle a peut-être au maximum trois ans,
oui, mais elle n'a pas fonctionné dès sa création puisque,
pendant plusieurs mois, elle est restée inopérante, ce qui fait
que sa première année d'opération n'a été
qu'une année partielle, quelques mois. Elle a donc fait un
déficit à sa première année. La deuxième
année, je pense, de mémoire, elle devait déclarer des
profits. La troisième année, on connaîtra la grève,
on se souviendra de la grève à la Société de
cartographie, en 1977, je crois, qui a fait que cette année-là
s'est avérée également légèrement
déficitaire. La société est en voie présentement de
remonter la pente. Ce ne sont jamais des déficits majeurs puisque c'est
une toute petite société. Nous croyons, à tout le moins,
que la société peut devenir rentable à très court
terme. Je dois dire que la société a eu certains problèmes
de croissance dans la mesure où une directive du ministère des
Approvisionnements et services d'Ottawa interdit à la
Société de cartographie de soumissionner sur les contrats de
cartographie du fédéral. (22 h 50)
L'ancien gouvernement, d'ailleurs, s'était opposé à
cette mesure discriminatoire du gouvernement fédéral sans
succès. Egalement, je m'y étais opposé sans succès.
Fort heureusement, la nomination du député de Matane au
ministère des Approvisionnements et services et les excellentes
relations que nous avons l'habitude de maintenir ont fait en sorte que l'ancien
ministre avait obtenu un changement d'orientation de ces fonctionnaires, non
sans peine, je dois dire, après d'ailleurs de petits patinages de
fantaisie assez éhontés de la part de ces fonctionnaires
auprès de toutes les compagnies de cartographie canadiennes pour monter
un "lobby" contre le ministre. C'était assez intéressant,
d'ailleurs, comme spectacle. Je tiens à le souligner, parce que c'est ce
genre de chose qu'on a tendance à ne pas connaître en public.
Malheureusement, comme vous le savez, la défaite du gouvernement
libéral a amené un nouveau gouvernement et là je ne sais
pas si le "lobby" des fonctionnaires du ministère des Approvisionnements
et services sera aussi fort qu'il l'était dans le passé. Je pense
que c'est de nature évidemment à nuire.
Cependant, la société commence; elle vient, par exemple,
d'obtenir un contrat, comme plus bas soumissionnaire, pour des travaux de
cartographie en Afrique. Elle fait du travail d'excellente qualité.
Parmi les problèmes que nous avions, comme il s'agissait d'une petite
société, on s'est demandé nous aussi: est-ce que c'est
valable de conserver une société d'Etat alors qu'il y a
déjà des entreprises québécoises bien
implantées chez nous qui font déjà le travail? Cependant,
il faut reconnaître que cette société a du personnel,
qu'elle accomplit un rôle, et je pense que le rôle le plus
intéressant qu'accomplit cette société, c'est qu'elle
permet au ministère des Terres et Forêts au moins deux choses:
d'une part, expérimenter des nouvelles techniques.
Vous remarquerez que, dans le projet de loi, nous introduisons la notion
ae télédétection. Il n'existe aucune société
de cartographie qui fait de la télédétection au
Québec et on sait l'importance de cet instrument scientifique à
la disposition des cartographes aujourd'hui. Par conséquent, d'un
côté, l'expérimentation de nouvelles techniques en
cartographie s'avère intéressante et, d'autre part, un certain
contrôle des coûts unitaires pour différentes
opérations de cartographie qu'il est possible évidemment
d'obtenir de la Société de cartographie, dans la mesure
évidemment où il s'agit d'une société d'Etat,
constitue un instrument important pour le gouvernement dans l'évaluation
de ces budgets de cartographie. Nous avons jugé, étant
donné l'importance relativement faible de cette société,
qu'elle méritait de survivre et qu'elle méritait en fait de
continuer à contribuer au potentiel cartographique du Québec,
d'autant plus que ce qui pourrait se négocier dans le domaine de
l'aviation éventuellement pourrait, je pense, amener peut-être une
meilleure cohésion des travaux de la Société de
cartographie avec
d'autres sociétés québécoises de
cartographie, ce qui nous dirigerait peut-être graduellement vers une
société mixte, ce qui n'est peut-être pas une mauvaise
idée. Je pense que cela se défend.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait
et cela est ma dernière question nous donner une idée du
budget du personnel de la société et finalement nous dire, s'il
peut le dire, quelle est la société que la Société
de cartographie a en vue pour créer cette société mixte
qu'il a évoquée au cours de ses propos?
M. Bérubé: Le budget est tout petit. Je
m'aperçois que le député de Brome-Missisquoi a en main le
rapport annuel de la Société de cartographie, il pourrait
certainement nous dire le budget de la société, qui doit
être à peu près de quelques centaines de milliers de
dollars.
M. Russell: Le revenu global a été de trois quarts
de million l'an dernier. Le déficit a été de $294 000.
M. Bérubé: Le nombre d'employés varie entre
une quarantaine et une soixantaine.
M. Levesque (Bonaventure): Et la société en
question que le ministre a évoquée?
M. Bérubé: Si vous me permettez, M. le leader, en
général, je préfère laisser mes
sociétés d'Etat négocier, quitte à le
présenter en public, lorsque l'entente est conclue.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, j'ai quelques remarques
simplement. Je sais que, comme l'a dit le ministre, cette société
opère depuis simplement 1975 et le rapport date simplement de deux
ans.
M. Bérubé: C'est parce qu'elle n'a pas
opéré en 1975.
M. Russell: Elle a été fondée en 1975. Je
remarque que le rapport de 1977 n'est pas tellement favorable. Le ministre a
fait allusion à la grève, ce qui est vrai, mais, en 1978,
malgré cela, on a encore un déficit. Si je comprends bien, quand
je regarde le rapport financier, je regarde l'équipement, elle ne
possède pas d'avions actuellement. Est-ce que c'est cela qui est la
cause du déficit, parce que, comme l'a dit le ministre, elle fait
concurrence à l'entreprise privée actuellement.
Si elle fait concurrence à l'entreprise privée et qu'elle
fonctionne actuellement, pourquoi se sent-on obligé de l'équiper
d'un avion? Je vois, par certaines informations que j'ai pu obtenir, qu'elle a
obtenu un contrat en Afrique. Elle en a rempli un au Zaïre, mais il ne
s'agit, à ce moment-là, que de quelques employés qui y
vont pour exécuter des contrats. Si on achète un avion, est-ce
que ce sera pour les transporter dans un pays étranger pour aller faire
de la cartographie ou si c'est pour une utilisation sur place? On sait
qu'actuellement il y a beaucoup d'autres sociétés qui ont
déjà des avions et elles fonctionnent elles aussi avec beaucoup
de difficultés. N'est-on pas en train de créer une
société d'Etat? Je ne critique pas, je ne connais pas assez le
rôle que joue cette société d'Etat, mais, quand je vois une
société d'Etat qui fonctionne avec un déficit, quand je
connais les difficultés qui existent dans l'entreprise privée
pour exécuter le même travail quand elle travaille en concurrence
avec la société d'Etat, c'est là que je
m'inquiète.
Si je comprends bien, cette société d'Etat est
obligée de passer par le fichier pour obtenir des contrats, comme
l'entreprise privée, par le fichier établi et
contrôlé par le ministère des Travaux publics.
Actuellement, je sais qu'il y a eu certaines difficultés, certaines
discussions surtout avec l'Hydro-Québec. On trouvait que les exigences
de l'Hydro-Québec étaient trop élevées et il y a eu
un genre de grève ou de malaise qui a existé entre les
sociétés privées et celle-là, et cela a
forcé la société à licencier plusieurs
employés il y a quelques mois. Apparemment, on recommence à
fonctionner.
On recommence à fonctionner, on arrive ici et on demande une loi
pour avoir de l'argent en plus. Deuxièmement, on veut acheter un avion.
Je n'y vois pas de justification parce qu'on peut louer facilement des avions,
et à bien meilleur compte que le coût de l'entretien d'un seul
avion pour, comme le dit le ministre, des envolées qui sont si peu
fréquentes. Je me demande s'il n'y a pas là une raison pour
demander au ministre d'y aller beaucoup plus prudemment. Je ne suis pas
réellement contre ce que demande le ministre, mais il pourrait
peut-être y avoir certaines modifications afin qu'on ne dépense
pas $1 million ou un peu plus pour acheter un jet et faire de la cartographie.
Ce serait assurément peu rentable. C'étaient là les
quelques remarques que j'avais à faire sur cette loi qui semble banale,
mais qui est un des problèmes, un des maux de tête du ministre des
Finances. Un déficit, encore une fois, pour une société
d'Etat.
Si on achète de l'équipement additionnel, cela va
être encore un déficit plus grand, à moins qu'on ne fasse
une entente, comme le dit le ministre, avec les autres et qu'on ne fasse une
société mixte. Mais, si on fait cela, ces sociétés
ont des avions; on n'aura pas besoin d'en acheter. Là, je serais
peut-être d'accord avec lui. On m'expose que le problème de la
cartographie n'est pas un des plus faciles. Je ne veux pas discuter dans les
détails, je ne connais pas assez le domaine pour me poser en
professionnel dans ce domaine.
M. le Président, le ministre peut-il nous expliquer les raisons
qui motivent cet achat d'avion, qui le forcent à acheter cet avion, si
ses fonctionnaires l'en ont convaincu et pourquoi? D'abord, il y a une chose
que je voudrais que le ministre me dise, s'il a l'information. On me dit
qu'à la suite de la formation de la société on a
été obligé d'aller
engager deux techniciens qui venaient de la France; on ne pouvait pas
trouver au Québec des techniciens qui avaient la capacité
d'assister le président de cette société. Je ne sais pas
si l'information est bonne; peut-être que le ministre pourrait me
répondre à cette question.
M. Bérubé: D'une part, il ne s'agit pas,
évidemment, ici de prendre la décision d'acheter un avion; il
s'agit d'enlever l'interdiction d'acheter un avion. Vous allez comprendre que
c'est assez important. En effet, si un concurrent de la Société
de cartographie sait que la Société de cartographie ne peut pas
acheter d'avion, ce concurrent est dans une situation assez remarquable pour
vendre ses services à la Société de cartographie, sur le
plan strictement aérien. (23 heures)
On ne réalise pas dans votre intervention, M. le
député de Brome-Missisquoi, qu'en fait, un avion
équipé pour la cartographie aérienne est un avion
très spécialisé. C'est-à-dire qu'il faut pouvoir
mettre de l'équipement spécialisé, il faut songer au
positionnement de l'avion, à la caméra, qui ne va pas dans un
avion ordinaire. Ce qui veut dire que ces appareils souvent ne servent à
peu près qu'à la cartographie.
Par conséquent la Société de cartographie ne peut
pas facilement louer d'avions. De tels avions n'existent pas, ne sont pas
disponibles comme tels. Ce sont les sociétés de cartographie qui
ont, normalement, ces avions équipés pour la photographie
aérienne.
Il ne s'agit pas d'un avion duquel le pilote sort la tête,
armé d'un 35 millimètres, pour photographier des nuages plus bas.
Il s'agit d'un processus beaucoup plus sophistiqué. Donc, dans la mesure
où la Société de cartographie est obligée de faire
appel à ses concurrents qui sont seuls équipés de ces
avions, elle est dans une très mauvaise position pour négocier
des prix. On a donc pu constater qu'elle payait, toutes proportions
gardées, beaucoup plus cher pour des services aériens que ses
concurrents. Donc, cause de non-rentabilité.
Deuxièmement, très fréquemment elle ne
bénéficie pas des meilleures périodes, en ce sens qu'une
société qui a déjà des travaux de cartographie va
privilégier ses propres travaux sur ses avions avant de louer ses avions
à la Société de cartographie. Ce qui a amené
souvent donc, une insuffisance de prises de vues et des pertes pour la
Société de cartographie.
Troisièmement, il y a un autre principe qui dit qu'une
société ne peut pas faire indirectement ce que l'on ne peut faire
directement. La loi lui interdit d'acheter un avion. Evidemment vous pourriez
dire: elle n'a qu'à acheter une compagnie qui possède des avions,
mais c'est faire indirectement ce qu'elle n'a pas le droit de faire
directement. En d'autres termes, même si elle voulait s'associer à
une entreprise mixte qui, elle, posséderait des avions, elle se
trouverait en pratique elle-même à s'impliquer dans la
photographie aérienne avec des avions qui seraient sa posses- sion
indirecte. Par conséquent, légalement, ce serait discutable.
Donc, en éliminant cette hypothèse-là, cette
hypothèque-là dois-je dire, on permet à la
société de s'associer à d'autres pour posséder
indirectement des avions. Il n'y a pas également que cette
solution-là.
Une autre question. Le service aérien du gouvernement du
Québec a besoin d'appareils. Il peut devenir intéressant pour la
Société de cartographie d'équiper un avion avec du
matériel photographique en permanence et un système de navigation
permanent sur l'appareil et lorsque cet avion ne sert pas, c'est-à-dire
la majeure partie du temps, qu'il serve au service aérien pour
différentes autres fonctions, soit de transport aérien par
exemple.
Donc, ce serait possible d'optimiser l'utilisation de cet avion. Je
pense que présentement il ne faut pas parler de l'achat pour la
Société de cartographie d'un avion, ce n'est pas dans nos
intentions parce que le volume de travaux de la Société de
cartographie ne le justifierait pas. Mais ce qui est cependant envisageable,
c'est certainement l'association avec une autre entreprise, d'une part, ou,
à tout le moins, la menace que si les tarifs demandés à la
Société de cartographie sont trop élevés, elle aura
toujours le recours de s'équiper, par conséquent, c'est une sorte
de pression à la baisse sur le prix pour les services aériens
qu'elle doit louer de ses concurrents.
Alors c'est donc essentiellement pour donner un instrument de
négociation à la société que cet amendement est
introduit.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait
simplement j'avais dit que c'était les dernières
questions, mais il m'en vient deux autres à l'esprit nous donner
un ordre de grandeur du prix d'un tel avion?
M. Bérubé: On m'accuserait d'induire la Chambre en
erreur. Je me souviens d'avoir vu des prix de l'ordre de $500 000.
M. Levesque (Bonaventure): Je vois également que l'article
15 de la loi originale, de la loi organique de la société,
prévoit que la société ne peut, sans l'autorisation
préalable du lieutenant-gouverneur en conseil, acquérir des biens
dont la valeur excède $10 000. Aujourd'hui, le projet de loi a pour
effet de porter ce montant-là à $50 000. C'est dire que la
Société de cartographie ne pourra faire aucun achat d'avion sans
l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil. Evidemment, je compte bien
qu'avant que le lieutenant-gouverneur en conseil accepte d'autoriser un tel
achat, on évaluera sûrement les pour et les contre d'une telle
transaction.
Finalement, M. le Président, je vois qu'on supprime
complètement le dernier alinéa de l'article 15 qui disait: "Elle
ne peut acquérir aucun avion". En le supprimant, on ne parle plus d'un
avion. On pourrait avoir une flotte d'avions maintenant. Evidemment, c'est
toujours sujet à l'autorisation...
M. Bérubé: II y a les DC-10 qui se vendent bon
marché de ce temps-ci.
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. J'ai deux
questions seulement. D'abord, à propos des contrats octroyés en
Afrique, combien y en a-t-il? Est-ce que les contrats ont été
donnés par négociation ou par soumissions? Est-ce qu'il y a eu
des subventions du gouvernement fédéral? Est-ce que les contrats
ont été rentables? Est-ce que la compagnie a fait de l'argent ou
en a-t-elle perdu sur ces contrats? Ma deuxième question...
M. Bérubé: Voulez-vous que je réponde
immédiatement?
M. O'Gallagher: Oui.
M. Bérubé: A ma connaissance, il n'y a qu'un seul
contrat. Si je ne m'abuse, c'est au Zaïre, d'une part. C'est un contrat
dans le cadre de l'ACDI. A savoir s'il a été donné par
soumissions ou négocié, je l'ignore, mais je peux obtenir le
renseignement. Je pense de plus que, ce contrat n'étant pas
terminé, actuellement on ne peut peut-être pas encore donner une
évaluation de la rentabilité atteinte sur ce contrat. J'ai
été à même de constater, pour la seule année
d'activité normale de la Société de cartographie,
c'est-à-dire la deuxième année, que tous les travaux de
cartographie effectués par la société avaient
été rentables effectivement. Elle a connu des déficits
l'année dernière, c'est-à-dire en 1977, à la suite
de la grève. Sa récupération a été lente, je
dois dire, parce qu'il faut reconnaître que quatre mois de grève
durant la seule période où on peut faire de la photographie
aérienne, où on peut faire des travaux de cartographie, c'est
extrêment dur pour une société. Elle a donc perdu un grand
nombre de clients. Certains de ses contrats sont souvent des contrats sur deux
ou trois ans et, par conséquent, il y a eu un effet d'entraînement
qui dépasse l'année. Cependant, on constate que la
société est en train de récupérer et que,
normalement, cela devrait être rentable.
M. O'Gallagher: Ma deuxième question... Tout d'abord,
pouvez-vous me dire... Vous dites qu'il y a eu une subvention du gouvernement
fédéral dans le contrat du Zaïre.
M. Bérubé: C'est l'ACDI. Ce sont des
subventions...
M. O'Gallagher: Oui.
M. Bérubé: Ces subventions fédérales
pour le développement des pays en voie de développement.
Maintenant, ce n'est pas une subvention comme telle à la compagnie.
M. O'Gallagher: Je trouve cela drôle.
M. Bérubé: C'est un contrat à
l'intérieur des ententes.
M. O'Gallagher: Ma deuxième question, M. le
Président. Votre compagnie est en concurrence avec les compagnies
privées dans le Québec. Vous êtes en concurrence directe
avec trois ou quatre autres compagnies privées.
M. Bérubé: Oui, au moins quatre.
M. O'Gallagher: Maintenant, si votre compagnie et les autres
compagnies situées dans la ville de Québec sont
syndiquées, comment pouvez-vous entrer en concurrence avec les
compagnies de Montréal qui ne sont pas syndiquées et arriver
à de meilleurs prix que ceux des compagnies qui ne sont pas
syndiquées, au point de vue de la production? Apparemment,
d'après les études qui ont été faites sur la base
de la production, les compagnies qui sont syndiquées sont moins
productives que les compagnies qui ne sont pas syndiquées.
M. Bérubé: C'est indéniable que la
syndicalisation à la Société de cartographie a
provoqué un accroissement des coûts qui ont rendu un peu difficile
le fonctionnement de la société dans cette année de
récupération qui suivait la grève de quatre mois. Cela
explique également pourquoi la grève a duré quatre mois.
En effet, la société ne pouvait pas consentir des augmentations
de salaires telles qu'elle ne puisse absolument plus concurrencer les autres
entreprises établies au Québec et que, à plus ou moins
brève échéance, cela amène la fermeture de
l'entreprise. Il a fallu quatre mois pour faire comprendre ce point de vue au
syndicat et, éventuellement, négocier un règlement qui,
somme toute, apparaissait satisfaisant et susceptible de permettre à la
société de continuer à dégager des profits. Je
pense que n'eût été de certaines pertes trop importantes,
consécutives à la grève, la société aurait
dégagé des profits.
Nous avons bon espoir qu'une fois réglées certaines
petites difficultés de machine administrative au niveau du gouvernement,
que les travaux ayant repris à toute allure à la
Société de cartographie et dans les autres entreprises
établies au Québec dans le même secteur, la
rentabilité puisse être atteinte cette année.
M. O'Gallagher: II y a eu un rapport dernièrement faisant
état de plusieurs mises à pied dans la compagnie, il y a à
peu près deux mois. Est-ce vrai, parce que cela démontre une
autre orientation de la compagnie?
M. Bérubé: C'est exact. En fait, la
difficulté vient de ce que, d'une part, l'Hydro-Québec a mis du
temps à émettre les contrats qu'elle a l'habitude
d'émettre en cartographie, ce qui fait que plusieurs
sociétés je pense à Aérophoto, à
Béliveau et Couture, à Aumont ont dû effectivement
mettre à pied des employés. Je dois dire également qu'une
difficulté dans l'octroi des contrats comme vous le savez, nous
ne faisons plus de patronage...
M. O'Gallagher: Mon Dieu!
M. Bérubé: ... et l'application du fichier aux
contrats de cartographie a occasionné certaines difficultés
imprévues dans la mesure où il n'y a qu'un petit nombre de
sociétés. La régionalisation dans la sélection des
entreprises avait fait en sorte que les entreprises de Montréal allaient
être, en pratique, noyées sous les contrats, alors que celles de
Québec allaient manquer de contrats et qu'en fait, nous avions un volume
suffisant de travaux à leur accorder. Nous avons corrigé cette
petite anicroche.
M. O'Gallagher: Vous manquez de contrats à cause de vos
prix. Vos prix sont trop élevés comparés aux compagnies de
Montréal.
M. Bérubé: Non, absolument pas. La
Société de cartographie a soumissionné sur des contrats,
par exemple, au Canada et elle a été le plus bas soumissionnaire
à plusieurs reprises. Présentement, la Société de
cartographie est capable de soumissionner à des coûts comparables
à ceux de l'entreprise privée sans problème. Les
difficultés que vous observez sont des difficultés
essentiellement liées à la grève et à
l'année consécutive à la grève où là
elle a perdu une clientèle importante, il faut dire.
M. O'Gallagher: J'ai l'impression qu'elle ne pourrait pas
concurrencer l'entreprise privée, en arriver aux mêmes prix et
à la même production. C'est quasi impossible. Mais, plus important
encore, avez-vous l'intention d'agrandir cette entreprise ou de la garder au
niveau relativement petit comme elle l'est dans le moment? Avez-vous des
ambitions extraordinaires dans cette direction de grossir cette entreprise?
M. Bérubé: Non, pas vraiment. Je ne pense pas que
cette société puisse grossir parce que l'équilibre qui
s'est établi entre les différentes sociétés de
cartographie... Vous n'êtes pas sans savoir, d'ailleurs, que la
Société de cartographie n'a été tout simplement
qu'une entreprise résultant du rachat de Photo-Air Laurentides,
c'est-à-dire une autre société. Elle a simplement
remplacé une société existante. Elle n'a pas occupé
la place d'autres sociétés. Par conséquent, il n'y a pas
eu véritablement une compression et notre intention n'est pas
d'accroître, de façon significative, la taille de la
société. Dans la mesure où nous faisons appel au fichier
et essayons de distribuer le plus équitablement possible entre les
différentes firmes les contrats, cela veut dire que la
Société de cartographie ne pourra croître, en fait,
qu'à la vitesse à laquelle les travaux de cartographie
augmenteront au Québec, d'une part et, d'autre part, dans la mesure
où le gouvernement fédéral reconnaîtra les
soumissions de la Société de cartogiaphie comme étant des
soumissions valables, lui permettant d'étendre ses services. Ce seront
peut-être les seuls facteurs qui pourraient amener la
Société de cartographie à accroître son ampleur.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président. Le
Président (M. Laplante): M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre vient de dire qu'il n'a
pas l'intention de modifier d'une façon significative l'ampleur des
activités de la société. Par contre, tout à
l'heure, il évoquait la possibilité d'une société
mixte qui serait formée de cette Société de cartographie
et d'une autre qui se trouve présentement dans l'entreprise
privée. Est-ce qu'il peut nous dire s'il n'y aurait pas une certaine
expansion par le fait même qu'il y ait, sinon fusion, du moins un
"merger"? Est-ce qu'il peut nous dire si c'est dans l'intérêt de
la Société de cartographie de procéder ainsi ou est-ce que
c'est dans l'intérêt d'une société qui serait en
difficulté autrement? Ou, est-ce dans l'intérêt des
deux?
M. Bérubé: C'est possible que ce soit dans
l'intérêt des deux. En fait, il ne s'agit pas ici de fusionner
deux sociétés de cartographie pour créer une
société mixte, mais possiblement de mettre certains services en
commun. On pourrait imaginer, par exemple, une société mixte de
photographie aérienne travaillant à contrat pour les deux
sociétés de cartographie, l'une privée, l'autre
gouvernementale. C'est ce genre de négociation que présentement
on envisage. Elle avait été entreprise, mais, étant
donné les lenteurs à présenter ce projet de loi, nous
avons dû retarder les négociations. Nous allons voir si nous
sommes capables de les reprendre et de les mener à terme.
En pratique, il s'agit donc essentiellement de peut-être
réduire le coût élevé de la photographie
aérienne pour deux sociétés indépendantes, laissant
la réalisation des travaux même de cartographie carrément
entre les mains de l'une de ces deux sociétés. L'objectif est de
réduire les coûts, évidemment.
M. Russell: J'ai simplement une couple de questions et je pense
qu'on doit terminer là-dessus. On sait d'abord que, quand on parle d'une
petite société, on a quand même $3 millions d'investis dans
cette société, cela commence à être important. Je
constate que le ministre laisse entendre qu'il n'est pas question d'acheter
d'équipement énorme, c'est simplement des pouvoirs additionnels
pour pouvoir corriger une situation qui existe actuellement pour cette nouvelle
loi.
Je remarque ici un amendement, un article de la loi qui dit: La
société devra soumettre chaque année au gouvernement son
plan de développement et celui de ses filiales. Est-ce que cette
société a actuellement des filiales? Est-ce qu'elle a l'intention
d'en avoir? Quelle genre de filiale?
M. Bérubé: Par exemple, si nous devions constituer
une filiale mixte pour l'exploitation de certaines appareils pour la
photographie aérienne, cela constituerait une filiale au sens de la
loi.
Le Président (M. Laplante): J'appelle l'article 1.
M. O'Gallagher: M. le ministre, comment se fait-il que le
gouvernement n'ait pas mis plus d'argent dans la cartographie durant les deux
dernières années? Parce que cela aurait aidé beaucoup la
mise en vigueur de la loi 90 d'abord et maintenant du projet de loi 125, la
planincation du territoire. Les municipalités se trouvent dans une
position où le fait d'avoir eu de la cartographie nouvelle rendrait
beaucoup plus facile et moins coûteux pour elles de produire tous les
plans nécessaires pour le besoin de ces deux projets de loi.
M. Bérubé: Effectivement, M. le
député de Robert Baldwin je me souviens toujours de
Baldwin, mais jamais de Robert certaines cartes, particulièrement
concernant le cadastre municipal, sont vieilles, reposent sur des
données qui ont vieilli, qui ne sont plus précises, qui sont
vraiment désuètes. Cela peut occasionner, dans certains cas, des
difficultés. Je dois dire cependant que nous avons dû
accroître de façon importante nos travaux de cartographie des
plaines d'inondation dans la région de Montréal et une bonne part
de notre effort du service de la cartographie était monopolisé
par ce projet. Ce projet est en bonne voie d'être complété,
notre effort majeur portera encore cette année sur la cartographie des
plaines d'inondation. Je pense que, subséquemment, nous devrons nous
concentrer sur la rénovation du cadastre québécois sur la
base d'un ensemble plus adapté de photographie aérienne.
Nos besoins en photographie aérienne sont majeurs au niveau de
l'inventaire forestier actuellement, ce qui a tendance à surcharger la
capacité de production actuelle. Les sociétés
établies au Québec, actuellement, ne peuvent que difficilement
accepter plus de contrats qu'elles n'en obtiennent actuellement, sans
automatiquement surcharger leur capacité de production. Je dois dire
qu'il faut donc faire des choix entre les types de travaux que nous effectuons,
plutôt que de chercher à accroître artificiellement, pendant
deux ou trois ans, le volume des travaux de cartographie, pour que,
subséquemment, ces sociétés soient dans une situation
assez difficile, faute de pouvoir vendre leurs services à qui que ce
soit. Il y a une question d'uniformiser un peu le niveau des travaux en
cartographie. (23 h 20)
Je pense que le problème que vous évoquez est un
problème réel. Malheureusement, à cause de certaines
autres priorités gouvernementales portant sur les plaines d'inondation,
il ne nous était pas possible de nous attaquer au problème de la
cartographie de toute la vallée du Saint-Laurent en prévision
soit de la Loi de l'aménagement ou soit de la Loi sur le zonage
agricole.
Le Président (M. Laplante): L'article 1 est-il
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président
(M. Laplante): L'article 2?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article
3?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article
4?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article
5?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article
6?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. L'article
7?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Le projet de
loi no 20 est adopté sans amendement.
M. le Président, je vous fais rapport que le projet de loi no 20
a été étudié article par article en commission
plénière et a été adopté sans
amendement.
Le Vice-Président: Est-ce que ce rapport sera
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Rapport adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, est-ce que mes
collègues de l'Opposition auraient objection à la
troisième lecture de ce projet de loi immédiatement?
M. Levesque (Bonaventure): Demain.
M. Charron: Demain? D'accord.
M. Levesque (Bonaventure): Si je le demande, c'est que mon
collègue qui était responsable de ce dossier a dû
s'absenter ce soir et qu'il aimerait peut-être être présent
lors de l'adoption en troisième lecture.
M. Charron: Bien volontiers, M. le Président.
Le Vice-Président: D'accord. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je vous prierais d'appeler
maintenant l'article 80) du feuilleton.
Projets de loi nos 6, 8, 14, 18 et 42
Rapport de la commission du revenu
Le Vice-Président: J'appelle donc l'article 80) du
feuilleton qui consiste à la prise en considé-
ration du rapport de la commission permanente du revenu qui a
étudié les projets de loi no 6, Loi sur le remboursement
d'impôts fonciers; no 8, Loi sur les régimes
d'épargne-actions modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et
modifiant la Loi sur les valeurs mobilières; le projet de loi no 14, Loi
modifiant la Loi sur les impôts et certaines dispositions
législatives; le projet de loi no 18, Loi modifiant la Loi de
l'impôt sur la vente au détail et concernant l'assujettissement du
gouvernement et de ses organismes à certaines lois fiscales et, enfin,
le projet de loi no 42, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et
modifiant d'autres dispositions législatives.
Est-ce que ce ou ces rapports seront adoptés?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
M. Charron: M. le Président, il n'y a aucun amendement qui
a été signalé au secrétaire général
de l'Assemblée, donc je crois que nous pourrions adopter sans discussion
ce rapport.
Le Vice-Président: Rapports adoptés?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président: Rapports adoptés.
M. Charron: Puis-je solliciter de mes collègues, pour
faciliter la vie du ministre des Finances, qu'ils consentent à la
troisième lecture de ces projets de loi, M. le Président?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, le leader
parlementaire du gouvernement m'avait fait part de son désir de voir ces
cinq projets de loi franchir l'étape de la troisième lecture.
J'ai eu l'occasion d'en discuter il y a quelques minutes, au salon rouge,
où le député d'Outremont est en train de discuter, en
commission parlementaire, d'un autre projet de loi, le projet de loi no 7 sur
la Société de développement industriel. Dans un grand
esprit de collaboration non pas pour créer des
précédents, M. le Président nous avons convenu de
faciliter les choses au gouvernement, tout en espérant que ce bon
procédé pourra inspirer le ministre des Finances pour un meilleur
budget à la prochaine occasion.
Projet de loi no 6 Troisième lecture
Le Vice-Président: Alors, il y a consentement unanime pour
que ces projets de loi franchissent l'étape de la troisième
lecture. Je pense que je dois les appeler séparément. J'appelle
donc, en troisième lecture, le projet de loi no 6, Loi sur le
remboursement d'impôts fonciers. Est-ce que cette motion de
troisième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 8 Troisième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant, en
troisième lecture, le projet de loi no 8, Loi sur les régimes
d'épargne-actions, modifiant de nouveau la Loi sur les impôts et
modifiant la Loi des valeurs mobilières. Est-ce que ce projet de loi
sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 14 Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant le
projet de loi no 14, Loi modifiant la Loi sur les impôts et modifiant la
Loi modifiant la Loi sur les impôts et certaines dispositions
législatives. Est-ce que ce projet de loi sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 18 Troisième lecture
Maintenant, le projet de loi no 18, Loi modifiant la Loi de
l'impôt sur la vente au détail et concernant l'assujettissement du
gouvernement et de ses organismes à certaines lois fiscales. Est-ce que
ce projet de loi sera adopté?
M. Levesque (Bonaventue): Adopté. Le
Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 42 Troisième lecture
Enfin, le projet de loi no 42, Loi modifiant de nouveau la Loi sur les
impôts et modifiant d'autres dispositions législatives? Est-ce que
ce projet de loi sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Merci, M. le Président. La collaboration des
députés de l'Opposition... Je voudrais appeler maintenant les
projets de loi au nom du ministre des Affaires municipales, d'abord l'article
60) du feuilleton, M. le Président.
Projet de loi no 33
Troisième lecture
Le Vice-Président: J'appelle donc pour la troisième
lecture du projet de loi no 33, Loi modifiant la Loi
de la Commission municipale. M. le ministre des Affaires municipales.
Est-ce que ce projet de loi sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté sur division.
Le Vice-Président: Le projet de loi no 33 adopté
sur division.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: L'article 61), M. le Président.
Projet de loi no 39
Troisième lecture
Le Vice-Président: J'appelle en troisième lecture
le projet de loi no 39, Loi modifiant le Code municipal, la Loi des
cités et villes et d'autres dispositions législatives. Est-ce que
ce projet de loi sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Je présume que
c'est l'article 62), M. le leader?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Projet de loi no 44 Troisième lecture
Le Vice-Président: J'appelle donc pour la troisième
lecture le projet de loi no 44, Loi modifiant la Loi concernant les
élections de 1978 dans certaines municipalités et modifiant la
Loi des cités et villes. Est-ce que ce projet de loi sera
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 22 Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant
l'article 58) concernant la troisième lecture du projet de loi no 22,
Loi modifiant la charte de la ville de Québec, la charte de la ville de
Montréal et d'autres dispositions législatives. Est-ce que ce
projet de loi sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, article 59), s'il vous
plaît.
Le Vice-Président: J'appelle maintenant...
M. Levesque (Bonaventure): 25.
M. Charron: Article 63).
M. Levesque (Bonaventure): Oui, on l'appelle
immédiatement, non. Lequel?
M. Charron: Article 59) d'abord.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! merci.
Projet de loi no 5 Troisième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant au feuilleton
à l'article 59) la troisième lecture du projet de loi no 5, Loi
modifiant la Loi de l'Office de radio-télédiffusion du
Québec.
Mme le député de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais être
très brève, parce que le débat en deuxième lecture
a été assez long. Je pense qu'il est simplement important de
rappeler les réserves quand même assez sérieuses que
l'Opposition officielle avait non pas quant au principe du projet de loi no 5
qui vise à la régionalisation des opérations de
Radio-Québec, mais des réserves quant aux structures et au
coût des structures qui devront être mises en place
éventuellement pour réaliser cette régionalisation.
Il y avait également des réserves qui avaient
été émises quant à la coordination qui serait faite
entre la radio-télévision communautaire existante dans les
régions et Radio-Québec qui étendra ses ailes, si je peux
dire, dans toutes les régions. Nous nous sommes prononcés quand
même en faveur du principe de la régionalisation. Il faut
reconnaître qu'il y a des coins du Québec, des régions du
Québec qui sont particulièrement mal servis par la
télévision. On peut penser en fait à la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, mais je pense d'ailleurs que les
premières opérations de régionalisation se feront en
faveur de ces régions. (23 h 30)
Tout ce que je veux ajouter, c'est ceci. Le fond du problème, qui
a retenu l'attention de l'Assemblée nationale pendant si longtemps, ne
se rapportait pas au projet de loi no 5, mais bien au projet de loi no 4 qui
tentait de définir le contenu de la télévision
éducative. Pour ce qui est du projet de loi no 5, il s'agissait vraiment
fondamentalement de ce principe de régionalisation de
Radio-Québec, réserves sur les coûts, les structures
bureaucratiques qu'on ajoute et la façon dont toute cette affaire sera
menée. Nous voterons, en troisième lecture, pour le projet de loi
no 5. Je vous remercie.
Le Vice-Président: Est-ce que le projet de loi no 5 sera
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Projet de loi no 5, adopté.
Je présume enfin, M. le leader du gouvernement, que j'appellerai
maintenant l'article 63) du feuilleton, c'est-à-dire...
M. Charron: Oui.
Projet de loi no 25
Le Vice-Président: ... la troisième lecture du
projet de loi no 25, Loi modifiant la Loi des collèges d'enseignement
général et professionnel.
M. Charron: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: ... me prévalant d'un article du
règlement que nous utilisons à l'occasion, je voudrais faire
motion pour que, pendant quelques instants, nous retournions à
l'étape de la commission plénière puisque j'ai un
amendement à proposer...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
M. Charron: ... sur lequel je sais que Mme le
député de L'Acadie sera d'accord, qui n'est pas du tout un
amendement nouveau, qui est un oubli du rapport de la commission qui a
étudié article par article ce projet de loi. Je fais donc motion
pour qu'on retourne momentanément à la commission
plénière.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. Le Vice-Président:
Adopté.
Commission plénière
Le Président (M. Laplante): Commission
plénière sur le projet de loi no 25 pour apporter une
modification.
M. Charron: Oui, M. le Président. Au nom de mon
collègue, le ministre de l'Education, je voudrais faire état de
cette situation devant tous les membres de l'Assemblée. L'article 7 du
projet de loi no 25 remplaçait le premier alinéa de l'article 14
de la Loi des collèges par le suivant: "Le conseil choisit chaque
année son président parmi ceux de ses membres qui sont
âgés d'au moins vingt et un ans et qui ne font pas partie du
personnel du collège. Toutefois, le premier président est choisi
par le ministre". Lorsque les députés, nos collègues, ont
travaillé en commission parlementaire, le ministre de l'Education a
proposé que cet alinéa soit remplacé par le suivant: "Le
conseil choisit chaque année son président parmi ceux de ses
membres qui ne font pas partie du personnel du collège ou qui n'y sont
pas étudiants". En faisant cet amendement, on a oublié la
deuxième partie de la phrase qui nous semblait être importante:
"Toutefois, le premier président est choisi par le ministre", comme
c'est la coutume depuis 1967.
Il aurait donc fallu laisser cette phrase également dans
l'article 14. L'amendement que je propose à ce moment-ci est de
rétablir cette phrase dans l'article 14. Donc, l'amendement vise
à corriger un oubli survenu lors de l'étude en commission
parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais rappeler de bons souvenirs. Je ne
vois pas beaucoup de mes collègues, sauf le député de
Rimouski qui a joué le rôle de président à la
commission, et le député de Terrebonne. Je trouve que cet
amendement, sur lequel je suis d'accord, pourrait ressusciter un excellent
débat dont je m'abstiendrai, à savoir par qui le président
sera nommé. Par le ministre après consultation ou par le
lieutenant-gouverneur?
M. Marcoux: Par le lieutenant-gouverneur. Mme Lavoie-Roux:
Oui?
M. Marcoux: Nous sommes assurés de sa neutralité
bienveillante.
Mme Lavoie-Roux: Sans aucun doute. Je me range à cet
argument.
M. Marcoux: La reine sera consultée d'ailleurs à ce
sujet, nous avons la promesse du ministre à cet effet.
Le Président (M. Laplante): Pas d'autres
interventions?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Laplante): D'accord, merci.
M. le Président, la commission plénière s'est
réunie pour l'étude d'un article du projet de loi no 25, lequel a
été amendé et adopté.
Le Vice-Président: Est-ce que le rapport de la commission
plénière sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Rapport adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Avant de proposer la troisième lecture, je
voudrais dire à Mme le député de L'Acadie que, sans avoir
assisté à ce débat parce que j'étais retenu ici,
j'imagine de quelle nature il a été quant à cet amendement
et à cette décision contenue dans cet amendement puisqu'il a eu
partiellement lieu au Conseil des ministres; je peux le dire à Mme le
député. Je propose donc la
troisième lecture de ce projet de loi, M. le
Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la troisième lecture
du projet de loi no 25, Loi modifiant la Loi des collèges d'enseignement
général et professionnel, sera adoptée?
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président. J'ai droit à
une heure, M. le Président.
Le Vice-Président: Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous assurer tout de suite, M. le
Président; je pense que j'ai déjà fait une partie de ce
discours de troisième lecture à l'occasion de la
présentation d'amendements hier soir. Je voudrais quand même
signifier les raisons pour lesquelles nous voterons en troisième lecture
contre ce projet de loi, comme nous avons voté contre en deuxième
lecture. On se souviendra que deux objections majeures ont été
soulevées à l'égard du projet de loi no 25. La
première quant à la composition du conseil d'administration au
sujet duquel de très nombreuses représentations nous avaient
été faites pour que des modifications soient apportées
dans le sens d'accorder une majorité de un tiers aux
représentants de l'extérieur du CEGEP. Pour notre part, nous
trouvions cela exagéré et nous aurions souhaité
peut-être un équilibre de 9 à 11. Mais le ministre n'a pas
voulu accepter tous les arguments qui lui ont été servis à
cet égard et il a finalement adopté la formule du 10 à 10,
ce qui nous laisse prévoir que fort probablement des problèmes
qu'on a énumérés se répéteront avec cette
nouvelle composition du conseil. Il ne fallait pas croire qu'une composition un
peu différente dans le sens de 9 à 11 ou de 9 à 10 en
faveur de l'extérieur aurait résolu tous les problèmes,
mais, au moins, on aurait peut-être pu tenter cette formule.
Le ministre, par contre, a accepté plusieurs de nos amendements
qui ne modifient toutefois pas en profondeur les principes sur lesquels nous
avions des objections majeures, soit ce premier principe de la composition du
conseil d'administration, mais bien davantage le deuxième principe qui
portait sur la décentralisation que le ministre aurait pu faire quant
à l'administration de nos collèges d'enseignement
général et professionnel.
Je voudrais simplement citer ici les paroles du ministre qui, en
deuxième lecture, se défendait de vouloir centraliser et essayait
de nous convaincre qu'il décentralisait. Vous me permettrez, M. le
Président, de lire cet extrait du discours du ministre: "Mme la
Présidente, disait le ministre, je pense que nous sommes devant un
effort concerté et tout à fait voulu par le gouvernement de
décentraliser la gestion des CEGEP. En dépit de ce qui a pu
être écrit par des personnes qui ne connaissent peut-être le
fonctionnement des col- lèges, cela est bien la réalité.
Les objets de réglementation confiés au ministre sont ceux pour
lesquels il possède de toute façon déjà ce pouvoir.
D'autres objets sont ajoutés, mais il doit nécessairement alors
consulter le Conseil des collèges avant de procéder. Le Conseil
des collèges sera créé par la loi 24. Bien sûr, s'il
n'y avait pas eu ce projet de loi portant sur la création d'un Conseil
des collèges, on aurait peut-être pu penser, à la rigueur,
que le ministre ou le gouvernement voulaient centraliser les pouvoirs, mais ce
n'est pas le cas. Les pouvoirs que je possède, je les exercerai
après consultation du Conseil des collèges."
M. le Président, il reste que le ministre s'est arrogé
tous les pouvoirs présentement existants dans la loi des
collèges; il a des pouvoirs de réglementation très
considérables; le lieutenant-gouverneur en a et on a même
prévu une clause faisant une délégation de ce pouvoir de
réglementation au ministre. (23 h 40)
Même si le ministre dit qu'il consulte les collèges, il
demeure, en dernier ressort, la personne qui décidera. Je pense qu'il a
manqué là une occasion assez importante de conférer aux
collèges d'enseignement général et professionnel une
autonomie qui, je pense, aurait rendu les conseils d'administration et tout le
personnel de ces collèges beaucoup plus responsables que peut-être
ils ne l'ont été dans certaines occasions dans le
passé.
Il y avait vraiment unanimité à ce sujet. Une
unanimité est venue de tous les organismes qui se sont
présentés et même de ceux qui ont refusé de se
présenter pour peut-être des motifs différents;
c'était également l'opinion du Conseil supérieur de
l'éducation et, je le répète, M. le Président, le
ministre ou le gouvernement a refusé de prendre cette occasion. Si
vraiment il croit que le Conseil des collèges allait jouer un rôle
utile dans cette décentralisation, pourquoi n'en a-t-il pas
profité pour ne pas conserver ses pouvoirs aussi étendus de
réglementation?
Deuxièmement, il m'apparaît important de noter aussi que ce
Conseil des collèges sera accompagné de deux commissions. Une
portant sur l'évaluation et l'autre portant sur l'enseignement
professionnel. Le fait qu'il y a cette commission d'évaluation qui
pourra juger les politiques d'évaluation des institutions, leurs
politiques d'évaluation à tous égards à
l'intérieur du collège, je pense que le ministre avait là,
s'il craignait encore que la bonne conduite des collèges lui
échappe, s'était donné là un outil
supplémentaire pour exercer ce contrôle que, de toute
évidence, il entend exercer à l'égard des collèges.
Avec le Conseil des collèges et la commission d'évaluation, je
pense que les doutes qu'il pouvait entretenir vis-à-vis de la
possibilité de décentraliser auraient pu disparaître. Il
n'a pas voulu l'utiliser, il se conserve et s'arroge à lui-même
à peu près tous les pouvoirs qu'un collège peut avoir,
sauf pour les détails.
M. le Président, on a quand même fait un gain. Alors que le
ministre se défendait de centraliser, il
avait même prévu que les règlements internes que
l'institution pouvait faire en dehors de ces règlements très
larges et ces pouvoirs de sur-réglementation que le ministre a, il
aurait fallu, dans le premier projet et même dans ses projets
d'amendement, que le collège soumette ses règlement de
régie interne à l'approbation du ministre. Cela a pris
passablement de temps pour que le ministre se sente un peu repentant. C'est
finalement après beaucoup d'efforts de la part de l'Opposition, parce
que même les représentations qui lui avaient été
faites en commission parlementaire n'avaient pas suffi à le convaincre,
que le ministre a cédé sur ce point et s'est contenté de
dire que les règlements de régie interne des collèges
n'auraient qu'à être déposés pour qu'il ait un droit
de regard, mais ne nécessiteraient pas son approbation.
Je pense, encore une fois, que le gouvernement et peut-être plus
particulièrement le ministre de l'Education n'ont pas voulu faire
confiance à la responsabilité des personnes qui travaillent
à l'intérieur des collèges ou qui les administrent. En
fait, quand on regarde les choses en face, ce sont des collèges d'Etat,
à toutes fins. Dans ce domaine là, comme, peut-être, nous
aurons à le dire dans quelque temps au sujet des commissions scolaires,
je pense que si l'intention du gouvernement est de vraiment tout centraliser
l'éducation, centraliser toute la réglementation et laisser
vraiment peu de latitude, il vaudrait beaucoup mieux le dire clairement. Si le
gouvernement voulait créer des collèges d'Etat, il aurait pu
mettre les cartes sur la table, on en aurait discuté à son
mérite, mais, au moins, les choses auraient été
claires.
On prétend, d'une part, que même si on dit dans le livre
blanc sur l'enseignement collégial, que la décentralisation vaut
la peine même si elle présente des écueils, ce principe
n'est pas traduit par ce projet de loi qui je ne vais pas revenir sur
toute l'argumentation que j'ai faite en deuxième lecture revient
à une centralisation et à la reprise en main des pouvoirs qui se
trouvaient entre les mains du Conseil supérieur de l'éducation ou
qui se trouvaient dans la loi 21 sur les collèges. Il la reprend
à son propre compte avec pouvoirs de réglementation du
lieutenant-gouverneur et pouvoir suréglementaires accordés au
ministre à partir des pouvoirs de réglementation du
lieutenant-gouverneur.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, nous devrons maintenir
ce vote négatif à l'égard de la troisième lecture.
Je dois dire également que nous avons fait davantage un débat de
structure à l'occasion de l'étude de ces projets de loi qu'un
débat en profondeur sur la philosophie ou l'approche pédagogique
éducative que l'on devrait avoir en ce qui touche les collèges
d'enseignement. M. le Président, quand cela vient même de mon
leader, c'est...
Le Vice-Président: Voulez-vous que je le rappelle à
l'ordre?
Mme Lavoie-Roux: ... un peu inquiétant. Je pense qu'il
devrait écouter. La prochaine fois, il pourra faire le discours de
troisième lecture sur les collèges. A tout
événement, M. le Président, je disais qu'on devra
maintenir ce vote négatif, qu'on n'avait pas vraiment fait le
débat de toute la philosophie, de tout le régime
pédagogique. Cette question-là demeure en suspens et elle est
extrêmement importante du point de vue des orientations des
collèges. Je voudrais vous signaler un seul exemple. Même si le
ministre s'est défendu de sa centralisation en invoquant le fait qu'il y
aurait désormais un Conseil des collèges qu'il consulterait, il
nous a quand même, ici en cette Chambre, affirmé, quant au
régime pédagogique, que la décision du gouvernement
était déjà prise quant à l'ajout de trois cours
touchant la formation fondamentale. Cela, comme je le signalais à ce
moment-là, vient déséquilibrer les blocs
présentement existants dans la formation collégiale et surtout
changer l'orientation ou les objectifs que l'enseignement collégial
devrait poursuivre.
M. le Président, je termine ici mes propos. J'ose espérer
que nous aurons quand même, dans un avenir assez prochain, d'autres
occasions de discuter plus en profondeur plusieurs autres points touchant
l'enseignement collégial et qui sont tout aussi importants, sinon plus
importants que les débats de structure auxquels nous nous sommes surtout
attachés à l'occasion de l'étude du projet de loi no 25.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur le projet de loi no 25?
Une Voix: Non.
Le Vice-Président: Je me dois donc de l'appeler en
troisième lecture. Est-ce que le projet de loi no 25, Loi modifiant la
Loi des collèges d'enseignement général et professionnel,
sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Vote enregistré, M. le
Président.
Le Vice-Président: Un vote enregistré vient
d'être demandé, M. le leader.
M. Charron: II aura lieu demain matin, M. le Président, si
mes amis y consentent.
Une Voix: Si la présidence y consent.
Une Voix: Oui, c'est vrai.
M. Charron: Si vous y consentez, M. le Président.
Le Vice-Président: Effectivement, ce n'est pas
automatique. Le président doit y consentir et il y consent, compte tenu
de l'heure.
Une Voix: Délibéré. M. Charron:
Bon!
M. Levesque (Bonaventure): Décision du
président.
Le Vice-Président: Compte tenu de l'heure, la
présidence y consent.
M. Charron: II nous reste, M. le Président, avant la fin
de cette journée, à remplir la proposition que j'avais faite hier
à mes collègues de l'Opposition à laquelle ils ne
s'étaient pas opposés. C'est que nous fassions, en fin de
séance, l'adoption des projets de loi privés qui nous ont
été soumis par différents organismes ou alors par
différents citoyens. Tous ceux qui sont ici, M. le
Président je dois le dire avant que mon collègue
intervienne qui sont à l'étape de la deuxième
lecture, sont ceux qui ont été adoptés unanimement en
commission parlementaire. Ce qui devrait, à mon avis, faciliter leur
adoption.
Le Vice-Président: M. le leader. (23 h 50)
M. Levesque (Bonaventure): En effet, M. le Président, il
en avait été question au début de la séance. Bien
que le leader parlementaire du gouvernement m'ait indiqué il y a un
instant, avant l'intervention de Mme le député de L'Acadie, qu'il
s'agissait du dernier article à l'ordre du jour sa mémoire
avait peut-être failli pour un instant de toute façon, nous
allons collaborer une autre fois. Nous serions d'accord que vous
procédiez à appeler les projets de loi d'ordre privé afin
que ces personnes ou organismes qui sont venus en commission parlementaire
présenter ces projets de loi puissent voir ces divers projets de loi
d'ordre privé franchir les étapes qui vont les amener vers leur
sanction définitive.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je ne sais pas si c'est de coutume, mais il me reste
à vous demander d'appeler dans l'ordre les articles 81) à 98) qui
apparaissent au feuilleton. Je ne sais pas si vous pouvez faire une motion
globale ou si vous devez les appeler l'un après l'autre. Bonne chance,
M. le Président.
Projet de loi no 227 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Je vous remercie beaucoup de votre
générosité, M. le leader du gouvernement. Je vais les
rappeler dans l'ordre; il me semble que c'est plus conforme. J'appelle donc en
deuxième lecture le projet de loi no 227, Loi concernant la ville de
Brassard, au nom de M. le député de Laprairie. Est-ce que ce
projet de loi sera adopté en deuxième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Je soumets respectueusement que vous
devez substituer un nom. Le député de Laprairie n'est pas
ici.
Le Vice-Président: Je suis sûr que le
député de Jeanne-Mance... M. le député de
Jeanne-Mance, vous proposez le projet de loi au nom du député de
Laprairie?
M. Laberge: Oui.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour que
le projet de loi franchisse le terme de la troisième lecture?
Des Voix: Oui.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Le consentement est constaté par
la présidence. J'appelle donc en troisième lecture le projet de
loi no 227. Est-ce que celui-ci sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Projet de loi no 245 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant à l'article
82 du feuilleton, en deuxième lecture, le projet de loi no 245, Loi
concernant la cité de Pointe-aux-Trembles. M. le député de
Viau, vous proposez ce projet de loi?
M. Lefebvre: Je propose ce projet de loi.
Le Vice-Président: D'accord. Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
qu'il franchisse la prochaine étape?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Le consentement est constaté.
Est-ce que cette motion de troisième lecture du projet de loi no 245
sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Projet de loi no 273 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant en
deuxième lecture le projet de loi no 273,
Loi modifiant la Loi de la Société du parc industriel du
centre du Québec. Etant donné l'absence du député
de Nicolet-Yamaska, je suis persuadé que M. le député de
Mégantic-Compton voudra bien proposer ce projet de loi?
M. Grenier: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
Des Voix: Oui.
Troisième lecture
Le Vice-Président: II y a consentement. Est-ce que la
motion de troisième lecture du projet de loi no 273 sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Projet de loi no 275
Deuxième
lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant en
deuxième lecture le projet de loi no 275 au nom du député
de Bourassa, Loi concernant la ville d'Anjou. Je suis sûr que M. le
député de Viau voudra bien proposer ce projet de loi?
M. Lefebvre: Je le propose avec plaisir.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture?
Des Voix: Oui.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
troisième lecture du projet de loi no 275 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Projet de loi no 278
Deuxième
lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant en
deuxième lecture le projet de loi no 278, Loi concernant la ville de
Sainte-Agathe-des-Monts. Etant donné l'éloignement certain du
député de Drummond, je suis sûr que M. le leader du
gouvernement voudra bien la proposer.
M. Levesque (Bonaventure): II n'a pas le droit.
Le Vice-Président: La Présidence apprend à
tous les jours. M. le député de Terrebonne, vous proposez le
projet de loi?
M. Fallu: Je fais la proposition.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
l'étape de la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la motion de
troisième lecture du projet de loi no 278, Loi concernant la ville de
Sainte-Agathe-des-Monts, sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Projet de loi no 220
Deuxième
lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant le projet de loi
no 220, Loi modifiant la charte de la Société Le Prêt
hypothécaire. M. le député de Limoilou, au nom du
député de Vanier, vous voulez bien proposer ce projet de loi?
M. Gravel: Oui, je le propose.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: La deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: II y a consentement? Est-ce que le
projet de loi no 220, en troisième lecture, Loi modifiant la charte de
la Société Le Prêt hypothécaire sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Projet de loi no 222 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant le projet de loi
no 222, Loi concernant la Société mutuelle de réassurance
du Québec. Au nom du député de Joliette-Montcalm, M. le
député de Terrebonne.
M. Fallu: Je fais motion, M. le Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adopté.
Troisième lecture
Est-ce qu'il y a consentement pour l'étape de la troisième
lecture? Est-ce que cette motion de troisième lecture du projet de loi
no 222 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 232 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant, en
deuxième lecture, le projet de loi no 232, au nom de M. le
député de Shefford, Loi concernant la Société
coopérative agricole du canton de Granby. Je suis persuadé que M.
le député de Robert Baldwin...
M. O'Gallagher: ...
Le Vice-Président: C'est proposé, cette motion de
deuxième lecture-Une Voix: ... Orford...
Le Vice-Président: M. le député d'Orford
propose le projet de loi no 232. Est-ce que cette motion de deuxième
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: La deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: II y a consentement pour l'étape
de troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): II y a consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que le projet de loi no 232 sera
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 237 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté; maintenant, le projet de
loi no 237 en deuxième lecture au nom du député de
Drummond, Loi modifiant la charte du Crédit foncier franco-canadien.
M. le député de Mercier?
M. Godin: II me fait plaisir de le présenter.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée? Est-ce qu'il y a consentement?
Le Secrétaire adjoint: La deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la motion de
troisième lecture du projet de loi no 237 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 254 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant en deuxième
lecture le projet de loi no 254, au nom de M. le député de
Mont-Royal, Loi concernant Lambda Chi Alpha McGill Housing Corporation.
M. O'Gallagher: Je le propose.
M. Levesque (Bonaventure):... Robert Baldwin pourrait...
Le Vice-Président: M. le député de Robert
Baldwin, vous en proposez l'adoption?
M. O'Gallagher: ... l'adoption...
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: II y a consentement pour l'étape
de la troisième lecture? Il y a consentement? Est-ce que la motion de
troisième lecture du projet de loi no 254 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 284 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant le projet de loi
no 284, au nom de M. le député de Rimouski, Loi abrogeant la
charte de la Société Saint-Jean-Baptiste diocésaine de
Rimouski. Je demanderais au député de Taschereau, en l'absence du
député de Rimouski, de bien vouloir le proposer, s'il le veut
bien évidemment.
M. Guay: Avec grand plaisir.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
l'étape de la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Le consentement étant
constaté, est-ce que la motion de troisième lecture du projet de
loi 284 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 207 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant le projet de loi
no 207, au nom de M. le député de Mercier, Loi concernant la
succession de Malvina Beauchamp.
M. Godin: Je recommande l'adoption de ce projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce que la motion de deuxième
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Consentement pour l'étape de la
troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
troisième lecture du projet de loi no 207 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 228 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté; j'appelle maintenant en
deuxième lecture le projet de loi no 228, au nom de M. le
député de Rosemont, Loi concernant la succession de Pierre Victor
Rougier. Je suis persuadé que M. le député de Berthier
voudra bien proposer la motion de deuxième lecture.
M. Mercier: J'en fais motion.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée; Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: II y a consentement pour l'étape
de la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la motion de
troisième lecture du projet de loi no 228 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 234 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant l'article 94) du
feuilleton, en deuxième lecture, le projet de loi no 234, au nom de M.
le député de Rimouski, Loi concernant la succession de Julien
Levasseur. M. le député de Bourassa, est-ce que vous voulez en
faire la proposition?
M. Laplante: J'ai un discours à faire.
Le Vice-Président: Vous en faites motion, M. le
député de Bourassa?
M. Laplante: J'en fais motion.
Le Vice-Président: La motion de deuxième lecture du
projet de loi no 234 sera adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Consentement pour l'étape de
troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que le projet de loi no 234 sera
adopté en troisième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 239 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté, j'appelle maintenant en
deuxième lecture le projet de loi no 239, au nom du député
de Bourassa, Loi concernant la succession de Nicholas Minailo; M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je le propose.
Le Vice-Président: II est proposé, est-ce que cette
motion de deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour que
la rdotion de troisième lecture du projet de loi no 239 soit
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le Président.
(Minuit)
Projet de loi no 248
Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant le projet de loi
no 248 en deuxième lecture, au nom du député de Vanier,
Loi concernant la succession de Charles Frenette.
M. le député de Vanier.
M. Bertrand: J'ai droit à une heure, M. le
Président?
Le Vice-Président: Vous avez droit à une heure.
M. Bertrand: Adopté.
Le Vice-Président: Vous en proposez l'adoption? Est-ce que
cette motion de deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Y a-t-il consentement pour la
troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
troisième lecture du projet de loi no 248 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Projet de loi no 257 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle maintenant, au nom de M. le
député d'Iberville, la motion de deuxième lecture du
projet de loi no 257, Loi constituant la Régie d'exploitation de la
centrale de traitement d'eau Chambly-Marieville-Richelieu.
M. le député d'Iberville, vous en proposez l'adoption?
M. Beauséjour: Je le propose, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Consentement pour l'étape de la
troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement, M. le
Président.
M. Lavigne: M. le Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que le projet de loi no 257 sera
adopté en troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le
Vice-Président: Adopté.
M. Lavigne: M. le Président, excusez-moi si je vous
interromps dans votre nomenclature, étant novice dans ce Parlement, sur
le parquet de l'Assemblée nationale, je me demande si, au niveau des
règlements, vous êtes conforme. Je n'ai pas de leçon
à vous donner, mais chaque fois
que l'Assemblée a à se prononcer, est-ce que vous ne devez
pas être assis?
Le Vice-Président: Théoriquement, vous avez
probablement raison, M. le député de Beauharnois, mais vous
comprendrez que, compte tenu des circonstances, la présidence a cru bon
rester debout. Je remarque d'ailleurs que, subtilement, votre intervention
intervient alors que nous arrivons à l'article 98) du feuilleton qui
constitue le dernier projet de loi privé qui sera appelé ce
soir.
Projet de loi no 262 Deuxième lecture
J'appelle donc, en deuxième lecture, le projet de loi no 262 au
nom du député de Rosemont, Loi concernant Claude
Desfossés.
J'inviterais le député de Beauharnois, s'il le veut bien,
à en proposer la deuxième lecture.
M. Lavigne: Cela me fait plaisir, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
l'étape de la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
troisième lecture du projet de loi 262 sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, en ce qui me concerne, la
journée touche à sa fin. Je voudrais simplement solliciter
à nouveau, dans cette vague de collaboration, la permission de
déposer un certain nombre de rapports qui nous parviennent de
commissions parlementaires qui ont terminé leur travail. D'abord, le
député de Taschereau aurait un rapport à déposer,
si vous le permettez.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, cela ne donne
pas grand temps pour déposer les amendements, s'il y a lieu. Si nous
donnons notre consentement, il va falloir que le gouvernement et l'ensemble de
l'Assemblée donnent un consentement pour prolonger les
délais.
M. Charron: Le consentement est donné, M. le
Président, jusqu'à 14 heures demain.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord, M. le Président.
Le Vice-Président: Consentement accordé pour le
dépôt du rapport.
M. Levesque (Bonaventure): C'est le dépôt, ce soir,
M. le Président, suivant la condition qui a été
acceptée par l'ensemble de l'Assemblée, à savoir que les
délais qui se termineraient normalement à la fin de la
présente séance, ce qui devait être minuit, soient
prolongés jusqu'à demain 14 heures.
M. Charron: C'est cela.
Le Vice-Président: Consentement pour le dépôt
et consentement également pour les délais tels que
stipulés par le leader de l'Opposition officielle avec le consentement
du leader du gouvernement.
M. le député de Taschereau.
Rapports de commissions élues Etude du projet
de loi no 16
M. Guay: Merci, M. le Président. Conformément aux
dispositions de notre règlement, qu'il me soit permis au nom du
député de Kamouraska-Témiscouata de déposer le
rapport de la commission élue permanente de l'agriculture sujet
qui intéresse particulièrement les électeurs du
comté de Taschereau qui a siégé le mercredi 20 juin
1979 aux fins d'étudier article par article le projet de loi no 16, Loi
modifiant la Loi constituant la Société québécoise
d'initiatives agro-alimentaires, et l'a adopté sans amendement.
Le Vice-Président: Rapport déposé. A
l'ordre, s'il vous plaît! Un peu de silence, s'il vous plaît! M. le
député de Laviolette.
Etude du projet de loi no 49
M. Jolivet: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la justice
qui s'est réunie le mercredi 20 juin 1979 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi no 49, Loi modifiant la Loi des tribunaux
judiciaires, le régime de retraite des employés du gouvernement
et des organismes publics et d'autres dispositions législatives, et l'a
adopté avec amendements.
De plus, au nom du député d'Iberville qui est là,
mais au moment où... S'il veut le faire, je peux bien le lui laisser,
mais il n'était pas là au moment
où j'ai eu le document, je peux le faire aussi.
Conformément aux dispositions de notre règlement. Oui,
voulez-vous l'avoir?
Le Vice-Président: A l'ordre!
Une Voix: Faites-vous une idée.
Etude des projets de loi nos 36, 34 et 45
M. Jolivet: Qu'il me soit permis de déposer le rapport de
la commission élue permanente des consommateurs, coopératives et
institutions financières qui s'est réunie le 20 juin 1979 aux
fins d'étudier article par article les projets de loi nos 36, Loi
modifiant la Loi sur les assurances et modifiant de nouveau le Code civil, 34,
Loi modifiant la Loi des compagnies et d'autres dispositions
législatives et 45, Loi modifiant la Loi constituant la
société du développement coopératif. Les projets de
loi nos 36 et 34 ont été adoptés avec des amendements
tandis que le projet de loi no 45 a été adopté sans
amendement.
Le Vice-Président: Rapport déposé avec les
mêmes consentements tels qu'indiqués il y a quelques minutes.
M. Charron: M. le Président, en remerciant tout le monde
pour la journée que nous venons de faire, je propose l'ajournement de la
Chambre à tout à l'heure dix heures.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
Le Vice-Président: Motion adoptée. Les travaux de
l'Assemblée sont ajournés à ce matin dix heures.
Fin de la séance à 0 h 7
ANNEXE
Questions inscrites au feuilleton
Question no 8 Questions de M. Mailloux (le 22
mars)
1. Depuis le 1er mars 1978, date d'entrée en vigueur du nouveau
régime d'assurance-automobile au Québec, jusqu'au 21 mars 1979,
le gouvernement a-t-il découvert des automobilistes qui
possédaient des certificats d'immatriculation sans détenir une
assurance de responsabilité civile minimale de $50 000? 2. Dans
l'affirmative: a) combien de personnes ont ainsi été
trouvées coupables; b) quel est le montant total des amendes qui leur
ont été imposées; c) dans combien de cas le tribunal
a-t-il prononcé la suspension du permis de conduire de la personne
condamnée; d) dans combien de cas, le ministère a-t-il
subséquemment émis un permis de conduire uniquement pour les fins
de l'exécution du travail principal dont la personne concernée
tire sa subsistance; e) dans combien de cas y a-t-il eu saisie d'automobile,
sans mandat, par un agent de la paix; f) combien de personnes ont
été reconnues coupables d'avoir utilisé une attestation
d'assurance ou de solvabilité après l'annulation ou l'expiration
de l'assurance ou de la garantie y mentionnée et quel est le montant
total des amendes qui leur ont été imposées?
Réponses de M. Lessard 1. oui; 2. a) jusqu'à
maintenant, 21 personnes; b) $4,200. c) dans aucun cas; d) dans aucun cas; e)
dans 8 cas; f) aucune personne n'a été reconnue coupable, bien
que 2 plaintes ont été déposées pour cette
infraction.
Question no 19
Questions de M. Picotte (le 5 juin 1979) 1.
Quelle était l'occupation de M. Jean-Guy Charbonneau, avant sa
nomination au poste de sous-ministre adjoint au ministère de
l'Agriculture, le 16 novembre 1977 et quels sont les nom et adresse de son
dernier employeur? 2. Quel était son salaire annuel: a) lors de sa
nomination au poste de sous-ministre adjoint; b) au 1er juin 1979? 3. Depuis le
16 novembre 1977 jusqu'au 1er juin 1979, quels montants le gouvernement a-t-il
versés à M. Charbonneau, à titre de: a) allocation de
logement (nombre de semaines); b) frais de déplacement; c) frais de
déménagement; d) tout autre montant versé en plus de son
salaire régulier?
Réponses de M. Garon (12 juin 1979) 1. Coordonnateur de la
région de Châteauguay jusqu'à la date de sa nomination. Son
employeur était le ministère de l'Agriculture et son lieu de
travail était à Châteauguay. 2. a) Son salaire annuel avant
sa nomination au poste de sous-ministre adjoint était $36 268.00. b) Au
1er juin 1979, son salaire est $46 440.00 3. a) Nil b) $4886.95 pour frais de
déplacement. c) $163.15 pour frais de déménagement. d)
Indemnités d'assignation $10 740.00 pour 77 semaines. Remboursement de
frais de représentation $803.50
Question no 20 Questions de M. Picotte (le 5 juin 1979) 1. A
quelle date M. Denys Vinet a-t-il été nommé Directeur du
Service de l'hydraulique agricole, au ministère de l'Agriculture, et
quel était son traitement annuel en date du 1er juin 1979? 2. Quelle
fonction occupait-il au ministère antérieurement, à quel
endroit son bureau était-il situé et quel était son
salaire annuel? 3. Quels montants le gouvernement a-t-il versés à
M. Vinet, depuis sa nomination au poste de Directeur du Service de
l'hydraulique agricole, jusqu'au 1er juin 1979, à titre de: a)
allocation de logement (nombre de semaines); b) frais de déplacement; c)
frais de déménagement; d) tout autre montant versé en plus
de son salaire régulier?
Réponses de M. Garon (12 juin 1979) 1. Monsieur Denys
Vinet a été nommé Directeur du Service du Génie au
ministère de l'Agriculture le 15 mars 1978 et son traitement annuel en
date du 1er juin 1979 est $40 535.00. 2. Avant sa nomination comme Directeur du
Génie, monsieur Vinet était coordonnateur adjoint de la
région de Châteauguay et son port d'attache était à
Châteauguay même. Son traitement annuel était $31 765.00. 3.
a) Nil b) $4104.52 pour frais de déplacement. c) Aucuns frais de
déménagement. d) Indemnités d'assignation $8060.00 pour 59
semaines.