Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures seize minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Présence de Mme Antonine Maillet
J'ai le très grand honneur ce matin de souligner la
présence dans les galeries de Mme Antonine Maillet.
Election de M. Herbert Marx
Je dois maintenant donner lecture d'une communication qui a
été signifiée au secrétaire
général.
Québec, le 4 décembre 1979,
M. le secrétaire général de l'Assemblée
nationale,
Hôtel du gouvernement, Québec.
Cher monsieur,
Je certifie que, conformément à un bref d'élection
émis le 17e jour d'octobre 1979 et adressé à Mme Florence
Friedman, administrateur, président d'élection dans le district
électoral de D'Arcy McGee et domiciliée au 7497, chemin Briard,
Côté Saint-Luc, M. Herbert Marx, professeur de droit, a
été, ainsi qu'il appert du rapport en date du 4 décembre
1979 qui se trouve dans les archives de mon bureau, élu
député du collège électoral de D'Arcy McGee
à l'Assemblée nationale du Québec en remplacement de M.
Victor-Charles Goldbloom, médecin, démissionnaire. C'est
signé du directeur général des élections, Pierre-F.
Côté.
M. le chef de l'Opposition, je vous invite à aller accueillir
votre nouveau député.
Des Voix: Encore.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef
de l'Opposition officielle.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, ainsi que vous venez de le
rappeler, il y avait, le 26 novembre dernier, dans le comté de D'Arcy
McGee, une élection complémentaire qui a donné lieu au
résultat dont nous avons la confirmation, aujourd'hui, avec
l'entrée dans cette Chambre du nouveau député de D'Arcy
McGee, M. Herbert Marx, à qui je souhaite, au nom de notre groupe
parlementaire, la plus chaleureuse bienvenue. (10 h 20)
M. Marx n'est pas un inconnu parmi nous, parce que nous connaissons
depuis longtemps sa contribution intellectuelle à l'examen de nos
problèmes collectifs. Sa réputation de juriste a, depuis
longtemps, franchi les frontières de l'institution à laquelle il
est attaché depuis de nombreuses années. Je rappelle toutefois
deux ouvrages im- portants que nous devons au professeur Marx, en plus d'un
autre dont la préparation est en train d'être
complétée à l'heure actuelle.
Nous devons à M. Marx un ouvrage intitulé: "Les grands
arrêts de la jurisprudence constitutionnelle au Canada" que j'ai eu
l'honneur de recenser moi-même naguère, au temps que
j'étais directeur du Devoir, et que mon fils, qui est maintenant
étudiant à la faculté de droit, est très heureux
d'utiliser presque tous les jours. On doit également à M. Marx un
autre ouvrage fondamental très important intitulé "Droit et
pauvreté au Québec", qui est une synthèse de toutes les
mesures législatives québécoises ayant trait au
problème des personnes défavorisées ou en situation de
pauvreté. M. Marx n'est pas le professeur classique que l'on est
habitué de se représenter. Avant d'être dans la vie de
l'enseignement, il a travaillé lui-même dans une fonction
où il a appris ce que c'est que de gagner son pain et d'être en
contact tous les jours avec les problèmes concrets.
Il nous arrive marqué d'un signe que nous avons souvent, à
juste titre, attaché à des membres des communautés
minoritaires chez nous, en particulier de la communauté dont fait partie
M. Marx, le travail. Je pense que c'est une vie qui a été
marquée sous le signe du travail et je ne vois pas de meilleure
indication, pour une personne qui entre dans la vie politique, que cette
aptitude au travail dur dans les circonstances et les contextes les plus
variés. M. Marx est de plus, vous aurez l'occasion de le constater, un
bilingue accompli. La preuve en est que, depuis de nombreuses années, il
enseigne à la faculté de droit de l'Université de
Montréal où il était l'un des membres les plus
respectés du corps professoral. Il fera en conséquence un
très digne représentant de celui qui nous a quittés il y a
quelque temps et pour qui nous avions une estime si grande, le Dr Victor
Goldbloom.
M. Marx représentera dans cette enceinte une circonscription dont
la composition démographique est très particulière. On
trouve, dans la circonscription de D'Arcy McGee, une population qui est de
langue maternelle anglaise à 68,5%, de langue maternelle
française à 10,4% pour un total de 6031 dans cette
catégorie et d'autres langues maternelles que le français ou
l'anglais dans une proportion de 17,5%. Je pense que la composition
démographique de la circonscription de D'Arcy McGee illustre très
éloquemment la situation fort particulière que nous avons dans la
région de Montréal. La région de Montréal, au sein
de la province de Québec, forme une entité qui a des
caractéristiques très particulières dont doivent tenir
compte tous ceux qui oeuvrent sur la scène politique, en particulier les
formations politiques et les législateurs.
Je souligne, M. le Président, que le nouveau député
de D'Arcy McGee a obtenu une majorité très forte de la part, de
toute évidence, de chacune des grandes composantes de la population de
sa
circonscription, de la part de la population francophone nous
avons pu le constater, d'ailleurs, pendant la campagne électorale
là-bas de la part de la population de langue maternelle anglaise
et aussi de la part de ces citoyens qui forment les groupes que l'on a coutume
d'appeler allophones, mais qui émament d'autres cultures ou d'autres
communautés linguistiques. M. Marx sera, en conséquence,
très bien situé pour parler au nom de tous les citoyens du
Québec, dans les situations qui requerront de sa part une intervention
à ce niveau et pour parler aussi à partir du point de vue plus
particulier des groupes minoritaires, dans certaines situations qui pourront le
justifier de le faire.
Je veux souligner, de manière spéciale, la très
forte représentation de la communauté de culture juive dans la
composition de la population de D'Arcy McGee. Je n'ai pas de statistiques sous
la main, mais je crois que la population juive représente, dans la
circonscription de D'Arcy McGee, au moins 60% de la population totale. En
conséquence, le député qui nous arrive de la
circonscription de D'Arcy McGee vient aussi à l'Assemblée
nationale, en plus de représenter tous les électeurs de son
comté, avec un titre spécial pour agir et parler au nom de l'une
des communautés québécoises pour lesquelles nous avons le
plus de respect et d'attachement, la communauté juive.
I wish to say, Mr Chairman, that we, on this side of the House, are
extremely pleased and honored to see Dr Marx join our ranks today as the
representative for D'Arcy McGee. The population of this riding gave the new
member for D'Arcy McGee an overwhelming endorsement in the by-election which
took place on the 26th of November. I wish to state that we welcome Mr Marx
into this House as a representative of all the cultural communities which make
up the population of D'Arcy McGee, as an authentic and genuine representative
of the Montreal community in this House. I hope he will have a long career
among us and I wish to say to him that we are all delighted and honored to
greet him, not only as the member for D'Arcy McGee, but also as a special
spokesman for the Jewish community to whom all of us are so much attached and
for whom we have so much respect.
Dr Marx will be a key member in our caucus, especially in view of his
particular qualifications in the area of the constitution. We are headed for
important developments in the months and years ahead and I am proud that our
party can count on this additional resource on this side. Thank you very much,
Mr Chairman.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Très brièvement, mais
très cordialement, je voudrais me joindre au chef de l'Opposition pour
souhaiter la bienvenue au nouveau député de D'Arcy McGee, qui a
eu le grand mérite de remporter récemment un siège parmi
les plus chaudement disputés du Québec. On comprendra que je
puisse un peu difficilement lui souhaiter d'avoir plus de satisfaction dans
l'arène politique que dans la vie universitaire; j'ose même
espérer qu'il retrouvera la nostalgie de l'université aussi vite
que possible.
En attendant, je suis sûr nous sommes sûrs de ce
côté-ci qu'il saura remplacer son
prédécesseur, le Dr Goldbloom, avec la même constante
dignité et aussi avec la même élégance. Quant
à nous, je lui promets tout de suite que nous écouterons avec une
attention très particulière les propos qu'il pourra nous tenir au
nom des communautés ethniques non seulement de son comté
son comté est assez représentatif de plusieurs groupes
mais aussi de Montréal, et tout spécialement, bien sûr,
comme l'a dit le chef de l'Opposition, au nom de la communauté juive de
la région métropolitaine. Sans pouvoir lui souhaiter
complètement bonne chance, je répète de nouveau: Bienvenue
au député de D'Arcy McGee.
Le Président: M. le député de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: M. le Président, I would like to thank my
election committee and the hundreds of other volunteers for their hard work;
without their effort, we would not have had the great victory that we had in
D'Arcy McGee. As well, I would like to thank the electors of D'Arcy McGee for
having given me their confidence. I have a clear mandate to speak on the
questions of Canadian unity language rights, minority rights and the general
field of civil liberties. No doubt, I shall have many occasions to present my
views and those of my electors on all of these issues both in and out of the
National Assembly. (10 h 30)
J'aimerais, dans les quelques minutes qu'on m'a allouées, vous
livrer quelques observations sur la place au Québec de la
minorité anglophone de même que des minorités ethniques.
Ces minorités forment à peu près 20% de la population
québécoise, il s'agit d'environ un million de personnes. Depuis
des années et à travers des gouvernements différents, les
minorités ne sont pas adéquatement représentées
dans les grandes institutions et les grands organismes québécois,
y inclus ceux des secteurs public et parapublic.
De nombreuses études, depuis des années, témoignent
de la faible représentation, voire l'absence des minorités
québécoises, de certaines institutions et organismes. S'il
était possible, autrefois, de dire que les minorités au
Québec n'étaient pas prêtes à s'intégrer,
cela n'est plus vrai depuis longtemps. Le fait que les institutions et
organismes ne reflètent pas davantage la composition
démographique du Québec me semble tenir moins aux attitudes et
désirs des minorités qu'aux attitudes et agissements de la
majorité. Des membres des groupes minoritaires me disent souvent que
certaines institutions et organismes québécois sont des chasses
gardées de la majorité d'où
on les exclue d'une façon inconsciente ou même
consciente.
Il me semble qu'à l'heure actuelle, il faut presser les
minorités de s'intégrer en leur ouvrant la place qui doit
être la leur au lieu de les exclure pour une raison ou une autre ou par
des moyens divers.
Voici un témoignage personnel d'une institution
québécoise qui intègre bien les membres des groupes
minoritaires, voire les presse de s'intégrer. Je suis professeur de
droit constitutionnel à la faculté de droit de
l'Université de Montréal depuis 1969. A l'âge de 32 ans,
j'ai décidé de poursuivre des études en droit à
cette même faculté. Il va sans dire que l'immersion dans la langue
et la culture françaises est totale dans cette institution. Peu avant la
collation des diplômes, quelques membres de la faculté m'ont
pressé d'y retourner comme professeur. Après un stage
d'études supérieures en droit aux Etats-Unis, je suis donc revenu
à la faculté de droit à titre de professeur.
Au début de ma carrière professorale, j'ai eu certaines
difficultés linguistiques, non pas des difficultés
énormes, mais des difficultés réelles. Mes
collègues ont pris des mesures positives pour m'aider à surmonter
ces difficultés.
En somme, la faculté m'a pressé de m'y joindre et de m'y
intégrer même en dépit de mes défaillances
linguistiques. Depuis mon entrée à la faculté, je n'ai
jamais subi de préjudice à cause de mes origines ethniques ou
religieuses ou à cause de ma langue maternelle. La question que les
non-Canadiens français se posent aujourd'hui et se posaient même
avant la première législation linguistique en 1974 est la
suivante: Serait-il suffisant de parler français? Malheureusement, ils
ont l'impression que la réponse est plutôt négative. Ils
ont le sentiment que la question de la langue est employée comme excuse
pour les exclure de certains secteurs de la société de la
même façon qu'autrefois, on l'a employée pour exclure les
Canadiens français de certains emplois. Je pense que la position des
minorités au Québec est la source de beaucoup de malentendus et
de beaucoup de difficultés.
En conclusion, il me semble que pour que la situation se normalise, il
serait souhaitable que l'Etat prenne des initiatives claires et donne l'exemple
de façon à bien montrer que tous les Québécois sont
sur un pied d'égalité, pas seulement en droit, mais aussi en
fait. Les minorités sont intéressées par ce qu'on fait
plutôt que par ce qu'on dit. L'Université de Montréal, pour
ne parler que de cette institution québécoise que je connais
bien, me semble un milieu où l'on a créé un climat propice
à l'intégration de tous les Québécois, abstraction
faite de leur origine ou de leur langue maternelle. Une politique
généralisée qui ferait en sorte qu'on presse
l'intégration des non-Canadiens français dans les institutions et
organismes québécois serait un des moyens de respecter le
pluralisme et de faire converger les deux solitudes, sinon de les fondre en une
seule.
En terminant, je voudrais dire tout l'honneur que je ressens à
faire désormais partie de l'Assem- blée nationale. A mes
électeurs et à mes collègues parlementaires, je veux
donner l'assurance de ma plus entière collaboration dans toute la mesure
de mes moyens et de mes capacités.
J'aimerais juste ajouter un mot. When I met Dr Goldbloom and I talked to
him about replacing him. | only had one sentence, just a few words, to tell him
and that was: You left a very big pair of boots to fill.
Le Président: Merci, M. le député de D'Arcy
McGee.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
M. le député de Mégantic-Compton.
DÉPÔT DE DOCUMENTS Pétition
relative au choix des garderies
M. Grenier: M. le Président, j'ai ici à
déposer une pétition signée par 6356 contribuables du
Québec. Le but de cette pétition est de faire préciser la
loi et d'assurer aux parents, dans la loi no 77, le droit de pouvoir continuer
d'envoyer leurs enfants dans une garderie de leur choix.
Le Président: Pétition déposée.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Kamouraska-Témiscouata.
Etude du projet de loi no 43
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): M. le
Président, qu'il me soit permis, conformément aux dispositions de
notre règlement, de déposer le rapport de la commission
élue permanente de l'agriculture et de l'alimentation, qui a
siégé les 28 et 29 novembre ainsi que le 4 décembre 1979,
aux fins d'étudier article par article le projet de loi no 43, Loi
modifiant la Loi du ministère de l'Agriculture, et l'a adopté
avec des amendements. Merci.
Le Président: Merci. Rapport déposé. M. le
député de Beauce-Nord.
Audition des représentants de la SGF
M. Ouellette: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer, conformément aux dispositions de notre règlement,
le rapport de la commission élue permanente de l'industrie, du commerce
et du tourisme, qui a siégé le jeudi 29 novembre 1979, aux fins
d'entendre les représentants de la Société
générale de financement.
Le Président: Merci. Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Projet de loi no 233
M. Charron: M. le Président, j'ai envie de rendre service
à l'Opposition ce matin et je vais donc solliciter son consentement pour
qu'un projet de loi privé inscrit au nom d'un député de
l'Opposition officielle puisse être déposé et que les
parties concernées puissent également être invitées
à la séance de demain. Elles sont déjà
prévenues et très consentantes à venir s'il y a
consentement ce matin à ce que cela soit fait. C'est un projet de loi
dont l'étude a déjà été entamée au
mois de février dernier. Les partis je parle des partis
politiques autour de la table, à ce moment-là, avaient
constaté que le projet de loi n'était pas prêt. On avait
demandé de le retravailler, ce qui a été fait. On serait
maintenant prêt à venir. (10 h 40)
Le rapport du greffier en loi sur le projet de loi privé me dit
que ce projet de loi, qui porte le numéro 233 et qui concerne le Club de
golf Montmagny, est conforme à l'avis et que l'avis est suffisant en
nombre. Toutefois, plus de six mois se sont écoulés depuis la
parution des avis. Je demande, M. le Président, d'abord le consentement
pour pouvoir déposer le projet de loi et, par la suite,
dérogation permise pour qu'on puisse étudier ce projet de loi
demain.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement, M. le leader
parlementaire de l'Opposition officielle?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous sommes
bien d'accord pour donner notre consentement dans un esprit de collaboration
avec le gouvernement. Tout de même, M. le Président, nous ne
voulons pas qu'il s'agisse d'un précédent, et la seule raison
pour laquelle nous donnons notre consentement, c'est parce que l'étude
est déjà entamée.
Autrement dit, il faut être très vigilant quant au droit
éventuel de personnes qui voudraient se faire entendre devant la
commission. Or, on sait que cette commission siégera dès demain
et c'est avec une certaine réserve, mais tenant compte du fait que cette
commission a déjà commencé à étudier le
projet de loi, que nous souscrivons à la suggestion du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, au nom du
député de Montmagny-L'Islet, je remercie le député
de Bonaventure.
Le Président: Rapport déposé.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
M. Charron: Le projet de loi en question, M. le
Président.
Projet de loi no 233
Première
lecture
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet propose la première lecture du projet de loi no 233,
Loi concernant le Club de golf de Montmagny Inc. Est-ce que cette motion de
première lecture sera adoptée?
M. Giasson: M. le Président.
Le Président: S'agit-il de votre discours de
première lecture, M. le député?
M. Giasson: Non, c'est une demande que j'ai à formuler au
leader du gouvernement. Est-ce que vos conseillers légistes se sont
assurés que les activités qui devaient être menées
à la suite des demandes formulées aux représentants du
club de golf, lorsqu'ils sont venus devant la commission parlementaire, ont
été respectées cette fois-ci?
M. Charron: M. le Président, je n'ai pas examiné le
projet de loi trou par trou, mais je me fie aux indications qui me sont
données selon lesquelles nous pourrions procéder cette fois;
autrement dit, toutes les demandes qui avaient été
formulées lors de la séance du 13 février ont reçu
réponse. On verra, au cours de la séance de demain...
M. Giasson: Le leader du gouvernement n'a pas bonne
mémoire. S'il avait eu bonne mémoire... Il était
présent lors de la commission et il savait que le problème se
situait au 19e trou. Il n'avait pas besoin de s'occuper des autres trous.
Premièrement, le problème venait du fait que des actions
détenues par des actionnaires n'avaient pas été
récupérées et ces actionnaires n'avaient pu être
rejoints. Deuxièmement, il manquait une exigence...
Le Président: M. le député de
Montmagny-L'Islet, je voudrais qu'on se contente de jouer le par ce matin.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je propose que ce projet de loi soit à nouveau
examiné par la commission demain, donc, qu'il soit
déféré à la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Période de questions orales.
M. le leader parlementaire de l'Opposition officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Approvisionnement en pétrole
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adressait au ministre de l'Energie et des Ressources. Vu son absence...
Une Voix: Le voilà: C'est un jeune homme plein de
ressources!
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre du Canada, M. Joe
Clark, aurait déclaré hier qu'il ne pouvait pas donner de
garanties quant à l'approvisionnement en pétrole de l'Est du pays
particulièrement. Dans certaines dépêches, on mentionne que
le cas du Québec serait sûrement celui auquel on songerait
particulièrement.
Le ministre peut-il nous dire si le gouvernement est au courant de cette
incertitude d'approvisionnement en pétrole, au cours de l'hiver qui
vient, et peut-il nous donner des mesures que lui ou son gouvernement a pu
prendre de concert ou non avec le gouvernement fédéral pour faire
face à une crise possible?
Le Président: M. le ministre de l'Energie et des
Ressources.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. Dans mes
réponses antérieures j'avais bien indiqué à
l'Assemblée nationale que le rythme présentement de raffinage au
Québec était suffisamment élevé pour faire en sorte
que d'ici janvier nous ayons à peu près 40% de plus que nos
réserves habituelles. Or, on me soulignait encore avant-hier que nos
chiffres disponibles présentement indiquent que nous sommes toujours
conformes à la planification établie, ce qui veut dire que nous
ne devrions pas avoir de difficulté. J'avais cependant souligné
que nous ne contrôlions pas nos sources internationales de
pétrole. Vous n'êtes pas sans savoir que l'Alberta ne peut pas
produire plus de pétrole qu'elle en produit présentement; au
contraire, elle est obligée de réduire sa production. Ce qui nous
amène possiblement des difficultés si on ne fait pas attention
à nos partenaires étrangers étant donné que le
Québec et particulièrement les Maritimes sont terriblement
dépendants des sources internationales de pétrole.
Il est bien évident que les bonnes relations que le Canada est en
train d'établir avec les pays arabes en parlant de
déménager des ambassades à Jérusalem ou ailleurs
vont contribuer à rétablir un climat de chaleur entre le
Canada et ces pays. De même, les récentes déclarations de
M. Clark concernant l'Iran ont évidemment contribué aussi
à améliorer nos relations avec les pays arabes.
D'amélioration en amélioration, la situation internationale
risque de nous échapper. On n'a aucun contrôle là-dessus,
mais cela fait partie du fédéralisme rentable dont on nous
rabâche les oreilles assez régulièrement. L'un des
problèmes, également, c'est que récemment le gouvernement
fédéral a annoncé que l'on serait prêt à
expédier du pétrole du Canada vers les Etats-Unis. Ce serait du
pétrole qu'on n'aurait pas pour le Québec. Si on met tout dans la
balance, tout ce que je peux dire, c'est que, comme gouvernement, nous avons
offert notre collaboration au ministre de l'Energie, des Mines à Ottawa,
pour faire en sorte qu'on puisse effectivement faire face à toute
pénurie éventuelle. Je dois dire que cela prend un minimum de
collaboration de la part de tous les pays. Il y a des éléments
à l'intérieur du système politique actuel que nous
connaissons puis-qu'évidemment, l'Opposition est très
favorable à la politique énergétique canadienne à
ce fédéralisme pétrolier canadien sur lesquels nous
n'avons pas de contrôle. Si la partie fédérale commet un
certain nombre d'impairs, je n'ai malheureusement pas de contrôle
là-dessus. Il va falloir adresser les questions, finalement, au ministre
fédéral de l'Energie et peut-être que l'Opposition pourrait
démissionner en bloc et s'en aller à Ottawa.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je serais
porté à ne pas poser de question supplémentaire devant les
réponses que nous avons du ministre.
Il y a des citoyens québécois qui s'inquiètent, ce
matin, des nouvelles au sujet des approvisionnements en pétrole du
Québec, particulièrement, dans le domaine de l'huile à
chauffage. Il y a des gens défavorisés, en particulier, qui
pensent à cela présentement. Le ministre, lui, fait de la
politique, de la petite politique, ce matin, M. le Président.
Je demande au ministre responsable de l'Energie au Québec de
répondre d'une façon satisfaisante pour les gens qui nous
écoutent. Qu'est-ce que le ministre et le gouvernement font
présentement pour répondre à cette incertitude qui, de
plus en plus, va vers une insécurité? Je demande si le ministre
fait quelque chose à part faire de la politique comme il fait ce
matin?
Le Président: M. le ministre de l'Energie et des
Ressources.
M. Bérubé: M. le Président, c'est là
une des interventions les plus tristes que j'ai entendues depuis longtemps. Je
vais vous dire pour quelles raisons. C'est vrai que des Québécois
peuvent être menacés de manquer d'énergie. C'est vrai que
des Québécois instinctivement se tournent vers le gouvernement du
Québec pour avoir la réponse à leur problème. C'est
naturel, parce qu'ils savent très bien qu'ils trouvent, autour de cette
Assemblée, des gens qui parlent leur langue, qui ont la même
culture et qui attendent de leurs élus à Québec la
solution de leurs problèmes. (10 h 50)
C'est un fait, M. le Président. Mais le problème, et c'est
là la tristesse j'entends les beuglements de l'Opposition, ce qui
m'empêche totalement de m'exprimer...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bérubé: Mais c'est là le problème,
c'est que dans le système politique actuel le gouvernement qui
contrôle le commerce extérieur, le gouvernement qui contrôle
la politique pétrolière nationale, ce n'est pas le gouvernement
du Québec, c'est le gouvernement fédéral. Je n'ai pas
d'objection à ce que les Québécois mandatent le
gouvernement du Québec pour prendre en main la politique
énergétique et l'approvisionnement international de
pétrole. Je n'ai absolument pas d'objection à le faire. A ce
moment, si les Québécois devaient dire: Ce n'est pas le
gouvernement fédéral qui doit défendre nos
intérêts quand nous manquons de pétrole, mais le
gouvernement du Québec, M. le Président, c'est avec plaisir que
je dirai: Je suis prêt.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Brochu: Merci, M. le Président. Sur la même
question, la semaine dernière justement j'ai posé des questions
au ministre de l'Energie et des Ressources qui m'a répondu, à ce
moment, et on s'en rappelle que le rythme de raffinage au Québec allait
dans un sens passablement accéléré. Cependant, on a appris
quelques jours après également, à la surprise de plusieurs
Canadiens, d'un bout à l'autre du pays, qu'il y avait, au niveau de
l'huile à chauffage, comme de l'essence également, uniquement
pour deux jours de réserve, ce qui a été lancé
comme information dans le public apparemment de la part du bureau du ministre
fédéral responsable de ces sources.
Maintenant, malgré le rythme de raffinage que le ministre dit
observer au Québec, quel est actuellement l'état de nos
réserves d'huile à chauffage et d'essence en ce qui concerne plus
particulièrement le Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Energie et des
Ressources.
M. Bérubé: M. le Président, je prendrai avis
de la question pour avoir un chiffre précis. Comme il s'agit
évidemment d'une question qui évolue quotidiennement, c'est assez
difficile, mais je pourrais répondre d'une façon
générale à la question de la façon suivante. En ce
qui concerne l'huile à chauffage, nous avons effectivement
demandé mais simplement par lettre, par intervention personnelle,
puisque nous n'avons pas de pouvoir comme tel à l'industrie
pétrolière ou aux raffineries québécoises de bien
vouloir augmenter la quantité d'huile à chauffage qu'elles
produisaient avec chaque baril de pétrole, de manière qu'au moins
on n'ait pas de difficulté de chauffage au Québec. C'est
évidemment ce que les industriels avaient choisi de faire, étant
donné les mauvaises expériences qu'ils avaient connues
l'année dernière. Vous n'êtes pas sans savoir que,
l'année dernière, on avait raffiné beaucoup de
pétrole, on avait beaucoup d'huile à chauffage et l'Office
national de l'énergie avait décidé de permettre
l'exportation de cette huile à chauffage que nous avions au
Québec en particulier. C'est une des causes, en partie, qui a fait que
nous avons manqué d'huile à chauffage.
Cette année, évidemment, on a essayé de
réagir et nous avons demandé aux compagnies de produire plus
d'huile à chauffage et moins d'essence. Cela explique le sens de
l'intervention de M. Hnatyshyn à Ottawa qui, évidemment, a
souligné que les réserves en essence sont évidemment moins
fortes que dans le cas de l'huile à chauffage. Donc, ces remarques
s'appliquaient essentiellement à l'essence, et non à l'huile
à chauffage, parce que tout l'effort est fait présentement pour
maximiser la quantité d'huile à chauffage produite, pour
s'assurer qu'on puisse passer un hiver confortable.
M. Brochu: M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
M. Brochu: Dans un premier temps, est-ce que le ministre pourrait
prendre l'engagement, vis-à-vis de l'Assemblée nationale, de
rendre public le plus rapidement possible l'état justement de ces
réserves? Dans un deuxième temps, j'aimerais m'assurer de
l'attitude du gouvernement du Québec dans ce dossier. Est-ce que le
gouvernement du Québec même si cela relève d'une
question fédérale serait prêt à rechercher au
point de départ, avec les provinces et le gouvernement
fédéral, les points qui peuvent nous unir pour faire face
à un problème qui est réel pour l'ensemble des citoyens,
quelles que soient leur langue et leur culture, plutôt que des situations
d'affrontement? Est-ce que le gouvernement du Québec serait prêt
à prendre cette attitude positive, face à la population, ce
matin?
Le Président: M. le ministre de l'Energie et des
Ressources.
M. Bérubé: Non seulement prêt, mais je dois
dire que M. Hnatyshyn a communiqué avec moi il y a quelques semaines, me
demandant si nous ne pouvions pas lui nommer quelqu'un qui
représenterait le Québec sur ce groupe de travail
fédéral. Je dois lui souligner que j'ai moi-même
identifié une personne, un Québécois, qui va effectivement
défendre le point de vue des consommateurs québécois
à l'intérieur de cette commission. J'ai déjà
donné cette réponse publiquement, je ne savais pas que
c'était de la nouvelle. J'avais l'impression que ceci était su de
tout le monde. Alors peut-être qu'effectivement il faut le
répéter. Je ne répète peut-être pas
assez.
D'une part, il y a déjà effectivement une collaboration
entre le Québec et Ottawa pour tenter de faire en sorte que nos
consommateurs souffrent le moins possible de toute pénurie, s'il devait
y avoir pénurie. Je suis quand même optimiste.
Quant aux chiffres concernant les approvisionnements, comme nous aurons
demain une question avec débat portant plus spécifiquement sur le
pétrole, je pense que ce serait peut-être une occasion pour donner
les chiffres sur l'approvisionnement en même temps, à moins que le
député d'Outremont s'oppose à ce qu'on
révèle ces données, mais cela m'étonnerait qu'il y
soit vraiment opposé. Je pense qu'on pourra ajouter quelques
apartés et donner des chiffres.
Le Président: M. le chef de l'Opposition, question
principale.
Construction d'avions de combat
M. Ryan: On apprend par le Devoir ce matin que des
développements sont sur le point de survenir dans le projet d'achat de
130 avions de combat F-16 par le ministère fédéral de la
Défense nationale. Apparemment, deux groupes sont en concurrence pour
l'obtention de ce contrat. On nous dit qu'un des deux groupes, celui de General
Dynamics et de United Technologies, aurait raffiné ses propositions de
manière qu'elles contiennent plusieurs retombées
intéressantes pour le Québec et, en particulier, la
possibilité de construire une usine de pièces de gros moteurs
à Pratt & Whitney, la possibilité de construire une fonderie
de précision pour la fabrication de pièces pour une partie des
moteurs des futurs avions. On dit qu'il aurait également fait des
ouvertures pour l'obtention d'un marché pour la vente et la location des
navires de Marine Industrie, qui sont actuellement en quête
d'acheteurs.
On a également parlé de la proposition du groupe McDonnell
Douglas...
M. Landry: McDonnell Douglas.
M. Ryan: Du groupe McDonnell Douglas, au sujet de laquelle le
ministre, apparemment, se serait montré plus froid ou plus distant.
J'aimerais que le ministre nous dise ce matin quelle est la politique que suit
le gouvernement du Québec dans ce projet. Je souligne au passage que le
domaine de l'avionnerie est l'un de ceux où le Québec a connu des
développements très importants au cours des 30 ou 40
dernières années. Nous avons une base d'industrie très
importante dans ce domaine, en particulier, avec les installations de Canadair
à Cartierville, de Pratt & Whitney dans la région de
Longueuil, au sujet de laquelle certains membres du gouvernement ont eu
beaucoup de mal ces derniers temps, mais dont on constate qu'elle est loin
d'être partie du Québec et dont je signale d'ailleurs que son
personnel s'est accru d'environ 1000 unités au cours des trois ou quatre
dernières années, malgré la campagne de dénigrement
dont elle a souvent été la victime.
Je demande au ministre d'Etat au Développement économique
ou au premier ministre ou à tout autre ministre de nous fournir des
précisions en réponse à la question que j'ai posée.
Quelle est la ligne de conduite du gouvernement du Québec dans cette
affaire, quels sont les développements les plus récents et
qu'est-ce que nous devons attendre?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
Développement économique.
M. Landry: Premièrement, le chef de l'Opposition ne sera
pas surpris si je lui dis que le premier point de notre ligne de conduite est
de ne tenir aucunement compte des aspects militaires de l'un ou de l'autre des
deux appareils, de leur puissance de feu, de leur puissance de turbines, parce
que nous ne possédons aucune espèce d'expertise en cette
matière pour le moment et ce sont les chefs des états-majors qui
influencent le gouvernement du Canada en cette matière. Nous sommes donc
intéressés, par conséquent et c'est le second point
de notre doctrine en cette matière par les retombées
économiques. Depuis plus d'un an d'ailleurs, ce qui ne m'a pas
passionné sur le plan militaire, mais m'a passionné sur le plan
économique j'ai visité moi-même les installations de
Northrup, de McDonnell Douglas, j'ai vérifié moi-même leurs
connaissances des PME québécoises, ce qui n'est pas
négligeable d'ailleurs, les firmes ont des dossiers sur cette question.
Jusqu'à ce jour... La dernière rencontre avec le groupe auquel le
député a fait allusion, c'est-à-dire General Dynamics,
United Technologies, Pratt & Whitney, remonte à vendredi dernier.
Jusqu'à ce jour, nos indications sont que les retombées
économiques de la soumission de General Dynamics, à
première vue, seraient plus intéressantes pour le Québec,
d'abord parce que le motoriste serait Pratt & Whitney, deuxièmement,
parce que les chances d'assemblage final, qui, semble-t-il, sont les plus
fertiles en retombées et en transfert technologique, iraient vers la
société Canadair. (11 heures)
Cependant, suivant les fonctionnaires fédéraux, qui ont
beaucoup plus d'information que nous à ce sujet, même pour les
retombées économiques, les jeux ne sont pas faits. Mais, pour
résumer notre politique, comme le chef de l'Opposition l'a
souligné, près de 50% de l'avionnerie canadienne, moteurs et
cellules, est installée au Québec et nous serions très
déçus et tous nos efforts portent dans ce sens si
moins de 50% des retombées économiques de l'un ou l'autre des
deux appareils n'étaient pas dans l'économie
québécoise.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Je voudrais assurer le gouvernement de l'entier concours
de l'Opposition dans toute démarche qui visera à obtenir, pour le
Québec, la proposition qui sera suivie des retombées
économiques les plus substantielles en faveur du Québec. Je suis
content de voir que le ministre a souligné l'importance que l'industrie
de l'avionnerie, laquelle a été très influencée par
les décisions du gouvernement fédéral, occupe dans
l'économie québécoise.
Je voudrais demander au ministre, qui nous a fourni quelques
précisions sur les retombées économiques, comme on peut
les entrevoir actuellement, et je comprends l'état d'imprécision
où se trouve sa connaissance du dossier vu que, de l'autre
côté, on n'a peut-être pas tout donné, je voudrais
qu'il nous dise ce qu'on a laissé entrevoir du côté du
groupe McDonnell Douglas comme possibilité de retombées
économiques et pourquoi le gouvernement du Québec semblerait
pencher pour un côté ou l'autre. Deuxièmement, on nous dit
que la décision doit se prendre dans un avenir très prochain.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, pour le gouvernement, de saisir cette Chambre
du problème sous une forme dont il restera le maître? Je voudrais
assurer encore une fois le gouvernement que, si l'appui de l'Opposition
officielle peut être utile dans l'obtention d'une décision qui
nous sera favorable au maximum, nous serons très heureux de collaborer
par tous les moyens.
Le Président: M. le ministre d'Etat au
Développement économique.
M. Landry: Je remercie infiniment le chef de l'Opposition pour
son offre de collaboration dont le gouvernement tentera de profiter au maximum,
étant donné l'importance de l'enjeu. Pour répondre
spécifiquement à sa question supplémentaire, ce qui nous
porte à croire que les retombées General Dynamics-United
Technology seraient plus importantes, ce sont deux choses: Premièrement,
parce que nous avons eu plus de contact avec Pratt & Whitney, ce qui est
normal puisqu'il s'agit d'une firme oeuvrant au Québec, plus de contact,
donc plus de précision sur les retombées économiques;
deuxièmement, c'est un fait qui tombe sous le sens, c'est que la
société McDonnell Douglas est déjà installée
à Toronto, sur le territoire de l'aéroport de Malton, ce qui,
même sans être expert en aéronautique, ne nous dit rien qui
vaille au départ.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, il semble que la concurrence
est maintenant réduite à deux avions, le F-16 et le F-18, et que
les soumissions seront closes dès la fin de semaine. Est-ce que le
ministre est au courant, avec l'échéancier du gouvernement
fédéral, de la décision qui sera prise pour l'un ou
l'autre et est-ce qu'il a l'intention de présenter son cas par
écrit, formellement, au gouvernement fédéral? Si oui,
quand?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
Développement économique.
M. Landry: Premièrement, sur l'échéancier,
pourtant les militaires n'ont pas la réputation d'être des hommes
fantaisistes, mais, cependant, c'est un des échéanciers les plus
fantaisistes que je connaisse parce que déjà, quand je visitais
Northrup et McDonnell, il y a plus d'un an et demi, d'après
l'échéancier, la décision devait se prendre dans les
semaines qui suivaient. Donc, les pronostics sont difficiles sur
l'échéancier.
Quant à la présentation du cas, comme dit le
député de Notre-Dame-de-Grâce, elle a été
faite depuis longtemps, par oral et par écrit, au niveau des
fonctionnaires comme au niveau ministériel, avec l'ancien gouvernement
comme avec le présent gouvernement. Ce sujet était à
l'ordre du jour lors de la dernière rencontre que nous avons eue, un
certain nombre de mes collègues et moi, avec M. de Cotret. Les
paramètres du Québec sont très bien connus à Ottawa
et je les reprends parce que toute la population du Québec doit les
connaître: 50% de l'industrie au Québec, 50% des retombées
au Québec, au minimum. C'est bien connu, je pense, des
fédéraux et c'est connu aussi de plus en plus de la population du
Québec.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale.
M. Biron: Une question additionnelle au ministre d'Etat au
Développement économique. Dans tout ce projet d'investissement,
il est aussi question d'un projet de construction d'une fonderie de
précision dans le parc industriel de Mirabel. Est-ce que le ministre
peut nous dire aujourd'hui si c est exact et quel genre de montant
d'investissements on pourra avoir dans ce parc industriel avec cette fonderie
de précision pour les pièces d'avion?
M. Landry: Je pense que le chef de l'Union Nationale confond un
certain nombre de projets. Il y a une demi-douzaine de projets retombant
directement de la construction de ce chasseur. Celui auquel il fait allusion,
à mon avis, résulte d'une confusion, d'une connaissance vague
qu'il a de quelques-uns de ces projets. Pour Mirabel, il ne s'agit pas d'une
fonderie, M. le Président. Il s'agit plutôt d'une foreuse qui peut
forer dans cinq azimuts, ce qu'on appelle dans l'industrie, un "chipmunk" qui
est une pièce d'équipement absolument prodigieuse
fabriquée à Cincinnati et qui pourrait desservir toute
l'industrie aéronautique du Québec. C'est ce qui est prévu
effectivement pour le parc industriel de Mirabel comme une des
retombées. Ce n'est pas la plus importante. Il y a également dans
la corbeille une fonderie, un centre de pièces et un certain nombre
d'autres unités industrielles importantes.
Le Président: Question principale, M. le chef de l'Union
Nationale ou...
M. Biron: En vertu de l'article 96, M. le Président...
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président: ... M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Biron: Question de privilège, M. le Président.
Je veux tout simplement dire au ministre que j'ai pris mes informations dans le
journal de ce matin.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président...
M. Landry: M. le Président, je pense que la
vérification qu'a faite auprès de moi le chef de l'Union
Nationale est sage.
Des Voix: Ah, ah!
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Griefs des agriculteurs
M. Cordeau: M. le Président, l'Union des producteurs
agricoles tient présentement à Québec son 55e
congrès annuel.
Une Voix: Bravo!
M. Cordeau: Je n'aurai peut-être pas les mêmes
applaudissements lorsque j'aurai terminé mes questions.
Pendant que le plus parfait accord semble établi entre le
ministre de l'Agriculture et le président sortant de l'UPA, il n'en va
pas de même avec le ministre de l'Environnement et le ministre d'Etat
à l'Aménagement, selon l'article paru dans le Soleil du 4
décembre, sous le titre: "Léger et Léonard, les cibles des
agriculteurs au congrès de l'UPA".
Dans cet article, on peut lire que l'UPA reproche en particulier au
ministre Marcel Léger d'aller plus vite que les violons en
matière de protection de l'environnement, et au ministre Jacques
Léonard, d'effacer, par sa Loi sur l'aménagement, les avantages
que procurait la Loi du zonage agricole.
Plus loin, on peut lire que les agriculteurs sont conscients de la
nécessité de protéger au maximum l'environnement, mais ils
constatent qu'on veut les faire danser avant même que le violon
gouvernemental soit accordé. Ils notent que les Services de protection
de l'environnement exigent le respect de règlements qui ne sont pas
encore adoptés, prônent des techniques qui ne sont pas encore au
point entre parenthèses, et qui ne seront pas reconnues de
sitôt et traitent tout le monde de pollueur avant même
d'avoir enquêté sur les causes de la pollution.
Mes questions sont les suivantes, M. le Président. Est-il exact,
M. le ministre, que vous exigez des agriculteurs qu'ils respectent des
règlements qui ne sont pas encore en vigueur? Deuxième question:
Que le respect de ces règlements coûterait aux producteurs
agricoles québécois $250 millions pour ajuster dès
maintenant leur élevage aux règlements non en vigueur de votre
ministère? Finalement, M. le Président, le ministre a-t-il
l'intention d'adopter des modifications à ces règlements et, dans
l'affirmative, quelles sont ces modifications? Avez-vous l'intention d'apporter
une aide financière aux agriculteurs qui font face à vos
exigences?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Léger: M. le Président, vous remarquerez que ces
questions arrivent à la fin de la période des questions
précédées d'un préambule qui demande beaucoup
d'explications. Je vais essayer d'être le plus bref possible. Je voudrais
quand même dire que le problème général qu'a
soulevé le député est exact, mais il est en voie de
solution. J'ai reçu une lettre dernièrement de M. Couture,
président de l'UPA, qui résume un peu ce que le
député vient de dire. Il faut dire tout d'abord que le
problème était de trois ordres. Le premier, c'est une question de
retard à donner les permis aux éleveurs de porc
spécialement qui le demandaient. Je tiens à vous dire que pour
250 demandes de permis que nous avions par année, il y a quatre ans,
nous en avons reçu cette année 5000. C'est pour démontrer
jusqu'à quel point la demande est forte et qu'elle crée des
problèmes. Je peux vous dire qu'au moment où on se parle, il n'y
a maintenant aucun retard. Toute demande de permis pour l'élevage du
porc et pour d'autres types d'élevage se donne en moins de trois
semaines de l'arrivée des formules correctement remplies. (11 h 10)
Deuxièmement, il ne faut pas oublier une chose. Au moment
où on se parle, il y a au Québec, selon les dernières
statistiques, près de 3 millions de porcs. Quand on sait que pour une
livre de viande, il reste 17 livres de purin, cela fait beaucoup de purin qui
se dirige dans les rivières, s'il n'y a pas moyen de l'intercepter.
C'est la raison pour laquelle, dans la deuxième partie de la question,
ce que nous exigeons maintenant, c'est une fosse étanche. La
modalité relève de celui qui demande un permis, à savoir
de s'assurer qu'il y a une fosse étanche de rétention pour
éviter que le purin se jette dans les rivières.
Je pense qu'il serait impensable, M. le Président, que le
gouvernement dépense des milliards de dollars pour épurer les
rivières sur le plan de la pollution municipale et qu'on ne fasse aucune
surveillance et qu'on ferme les yeux sur la pollution agricole. De toute
façon, je pense que, selon la lettre de M. Couture, président de
l'UPA, on est très intéressé à protéger
l'environnement du côté des agriculteurs.
Voici que la troisième question concerne le fameux
règlement sur l'épuration, qui n'aurait pas été
adopté. Il n'a pas été adopté parce qu'il y avait
deux parties, dont l'une était facilement acceptable par les
éléments qui vont subir ou accepter un règlement,
c'est-à-dire la partie de la protection de l'eau. On est d'accord sur la
portion du règlement concernant la protection de l'eau. Les
agriculteurs, comme les citoyens, sont d'accord.
C'est sur la partie des odeurs qu'on n'est pas d'accord, le
règlement qui créait des contraintes sur les distances à
cause des odeurs. Là-dessus, nous avons décidé de
préparer un nouveau règlement qui tiendrait compte de la
protection des cours d'eau d'abord et de n'utiliser ces éléments
que comme code de pratique pour la protection de l'air, c'est-à-dire des
odeurs, pour éviter d'em-
pêcher des demandes de permis des citoyens qui,
légitimement, sont formulées.
Concernant l'aide financière, je tiens à vous dire que
j'appuie de tout coeur les mesures que le ministre de l'Agriculture essaie de
faire adopter. Il y a des projets d'aide financière pour les
agriculteurs qui ne relèvent pas du ministère de l'Environnement
parce que notre responsabilité, c'est celle de la qualité de la
vie, de la qualité de l'environnement. Dans le domaine de la production,
cela relève du ministre de l'Agriculture qui a des projets qui doivent
bientôt être présentés, dès qu'ils auront
passé à travers la "machine à saucisses" du gouvernement,
pour s'assurer que son projet de financement puisse aider les agriculteurs.
Le Président: Merci.
M. Cordeau: Question additionnelle.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le ministre, je vous remercie de vos explications,
mais vous n'avez pas spécifié et vous n'avez pas donné
d'explication vous n'avez pas répondu à ma question
concernant le règlement qui impose aux cultivateurs certaines normes.
Est-il en vigueur, oui ou non? J'aurais une question additionnelle, si vous me
le permettez pour aller plus vite au ministre de l'Agriculture.
Actuellement, a-t-il des programmes ou a-t-il l'intention de présenter
des programmes pour aider les cultivateurs concernant les normes qu'exige le
ministère de l'Environnement?
M. Léger: M. le Président, le règlement
comme tel, comme je viens de le dire, n'est pas en vigueur, sauf que le
ministre de l'Environnement est lié à la Loi de l'environnement
dont l'article 22 dit ceci: "Tout projet susceptible de modifier
l'environnement doit obtenir du directeur un certificat d'autorisation." Sur
quoi allons-nous nous baser pour refuser un certificat d'autorisation ou
l'accepter et émettre un permis? Il faut se baser sur quelque chose.
Nous nous basons, premièrement, sur un code de pratique qui est, grosso
modo, le contenu de ces règlements. Mais pour s'assurer qu'il n'y aura
pas d'injustice, je pense que le député sera heureux d'apprendre
que nous avons conclu une entente avec l'UPA pour que toute demande de permis
d'élevage, qui serait refusée par le ministère de
l'Environnement, puisse passer devant un mécanisme d'appel qui s'appelle
le comité régional composé de gens du ministère de
l'Environnement, de l'UPA et du ministère de l'Agriculture pour trouver,
dans la région, une solution adaptée à la région,
aux problèmes de l'agriculteur qui demande un permis et qu'on lui refuse
sur le plan national.
Deuxièmement, je dois vous dire que concernant l'aide sur le plan
technique, nous avons fait une étude pour trouver une façon de
réutiliser l'engrais animal que nous avons avec le purin par le
procédé Fuchs, qui a maintenant une année et demie
d'expérience, et je peux vous dire que ce sera probablement la solution
pour l'avenir parce que les expériences du procédé Fuchs
démontrent que cela pourra fonctionner au Québec et que les
préoccupations qu'on avait à cause du climat s'estompent avec le
succès de la première année d'utilisation de ce
procédé.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, dans la Presse de lundi
de cette semaine, le 3 décembre, on pouvait lire un article...
M. Goulet: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Charbonneau: Voyons!
Le Président: Qu'est-ce qui se passe?
M. Goulet: Je vous demande une directive. Je ne veux pas
être désagréable à cette Chambre mais, ce matin,
l'Union Nationale n'a eu qu'une question principale avec une question
additionnelle seulement. Il me semble que ce n'est pas trop demander d'en avoir
une deuxième additionnelle sur notre première question.
Le Président: M. le député de Bellechasse,
j'ai noté que, depuis un certain temps, le nombre de questions avait
sensiblement diminué à l'Assemblée Nationale. J'ai
tenté cette semaine d'augmenter un peu le nombre de questions qui sont
posées. Je vous signale qu'il est vrai que le député de
Saint-Hyacinthe n'a posé qu'une question principale, mais c'était
une question à très multiples volets, M. le député
de Bellechasse. D'autre part, le chef de l'Union Nationale a également
eu droit à des questions, de même que le leader parlementaire de
l'Union Nationale. Alors, je pense que vos propos étaient à tout
le moins inexacts.
M. le député de Verchères.
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Le ministre de l'Environnement, dans sa
réponse de tout à l'heure, a fait allusion à une entente
qu'il avait conclue avec l'UPA Est-ce qu'il pourrait la déposer?
M. Léger: Je n'ai pas dit que nous avions conclu une
entente, j'ai dit qu'il y a une entente venant de l'offre que nous avions faite
à l'UPA et de la lettre que j'ai reçue de M. Couture me
disant...
Le Président: M. le ministre de l'Environnement! M. le
député de Nicolet-Yamaska, je vous
signale au passage qu'il n'y avait pas là matière à
une question de règlement et que c'est du temps de la période de
questions qui s'est écoulé en vain, je pense.
M. le député de Verchères.
Surproduction de pommes de terre
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Comme je le disais
tantôt, dans la Presse de lundi, on pouvait voir un article qui
était malheureusement un peu camouflé dans le cahier C 12 qui
s'intitulait "La surproduction sature le marché. Les producteurs de
patates du Québec perdront $10 millions". C'est peut-être comique,
M. le député, mais si vous aviez des producteurs de patates dans
votre comté, ce serait peut-être moins drôle. Les
producteurs de Saint-Amable, dans le comté de Verchères, vont
s'en souvenir en tout cas. M. le Président, permettez-moi un bref
préambule pour situer le ministre de l'Agriculture. L'article disait:
Très avantageuse pour le consommateur, la surproduction actuelle de
pommes de terre dans l'Est du Canada et particulièrement au
Québec cause de sérieux problèmes financiers aux 1500
producteurs québécois qui doivent écouler leur
récolte au-dessous du coût de production. La perte
résultant de cette situation représente environ $10 millions pour
le Québec cette année. On dit que la surface cultivée en
pommes de terre a augmenté de façon significative dans la plupart
des provinces productrices, notamment de 11% au Québec, si bien qu'avec
450 000 tonnes produites cette année, le Québec se retrouve avec
une récolte de 38% supérieure à celle de l'an dernier.
On parle ici du marché saturé. On dit: "Toutefois, comme
il y a hausse de production également au Nouveau-Brunswick et à
l'Ile-du-Prince-Edouard, deux provinces dont le transport de pommes de terre
vers le Québec est subventionné par le gouvernement
fédéral, le marché se trouve saturé. Pis encore,
les conditions de récolte dans ces deux provinces n'ayant pas
été propices, les producteurs ont mis sur le marché une
partie de leur récolte qui était habituellement conservée
dans des entrepôts jusqu'en mai." Le secrétaire de l'Association
des producteurs de pommes de terre du Québec, M. Antoine Locas,
considère, selon lui, que la situation est grave actuellement. Un
consommateur de Québec paie moins cher les pommes de terre du
Nouveau-Brunswick que celles produites dans les environs de la même
ville." Je voudrais demander au ministre de l'Agriculture si, d'abord, il est
au courant de cette situation? Deuxièmement, est-ce que le
ministère de l'Agriculture du Québec prévoit intervenir
d'une façon quelconque pour aider les producteurs
québécois, notamment ceux de Saint-Amable, dans le comté
de Verchères? Troisièmement, est-ce qu'il trouve normal que les
consommateurs montréalais paient actuellement moins cher les patates du
Nouveau-Brunswick que les patates de Saint-Amable, à quinze milles de
Montréal?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture. (11 h
20)
M. Garon: M. le Président, il y a deux aspects à la
question. Premier aspect, normalement, les producteurs de la province de
Québec seraient avantagés dans le commerce des pommes de terre,
mais comme ont mentionné le député de Verchères et
l'article qu'il citait, le gouvernement fédéral subventionne le
transport des pommes de terre des Maritimes vers le Québec, à tel
point qu'une poche de pommes de terre qui vient de Grand Falls au
Nouveau-Brunswick, c'est quand même 250 milles à peu près
de Québec, 200 milles, coûte moins cher à venir sur le
marché du Québec qu'une poche de pommes de terre qui vient de
Saint-Raymond de Portneuf tout près d'ici, tout près de
Québec.
Une Voix: Sainte-Catherine.
M. Garon: Si on tient compte de la manutention et du transport,
au ministère de l'Agriculture, on calcule que, sur $0.96, le
gouvernement fédéral rembourse $0.56 pour le transport.
Récemment $0.56 sur $0.96 l'an dernier, des hauts
fonctionnaires, du gouvernement fédéral mentionnaient que la
subvention fédérale sur le transport des Maritimes va augmenter
encore, ce qui veut dire que, depuis que cette subvention est accordée
par le gouvernement fédéral, la production de pommes de terre a
diminué considérablement dans le bas de Québec; la
région du Bas-Saint-Laurent, par exemple, a été
très "maganée" par cette mesure fédérale et la
production s'approche de plus en plus de Montréal. Autrement, ces gens
ne peuvent pas concurrencer. Concernant les prix du marché, le
gouvernement du Québec a fait ce qu'il a pu depuis 1977 puisque nous
avons mis sur pied l'assurance-stabilisation des revenus des producteurs de
pommes de terre et ceux qui sont assurés peuvent recevoir une
compensation pour faire face aux coûts de production plus la moyenne de
salaire de l'ouvrier spécialisé, à condition d'avoir
adhéré au régime d'assurance-stabilisation des revenus des
producteurs de pommes de terre du Québec. Je n'ai pas les chiffres pour
l'an dernier, mais je peux dire que, la première année, il y a
une centaine de producteurs qui y ont adhéré et qui ont fait $1
200 000, soit une moyenne d'à peu près $12 000 chacun, pour la
stabilisation des revenus des producteurs de pommes de terre.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je voudrais signaler au
ministre que, selon le secrétaire de l'Association des producteurs de
pommes de terre du Québec, cette situation amènera la disparition
de plusieurs producteurs ne pouvant faire face à leurs obligations
financières, même si 45% d'entre eux sont couverts pas
l'assurance-stabilisation. Etant donné qu'une bonne partie de cette
situation des producteurs québécois est causée par
l'impossibilité pour eux de concurrencer les producteurs des Maritimes,
notamment, à cause des subventions fédérales, est-ce qu'il
est dans l'intention du ministère de l'Agriculture du Québec
et
du gouvernement du Québec de demander au gouvernement
fédéral de faire sa part pour compenser actuellement les
problèmes financiers des producteurs de pommes de terre du Québec
pour que ces gens ne tombent pas en faillite, pour que ces gens ne soient pas
obligés de quitter la production des pommes de terre, M. le
Président?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: A plusieurs occasions, M. le Président, on a
parlé de cette question avec les gens du gouvernement
fédéral, excepté que le gouvernement fédéral
veut, par des mesures, maintenir la production de pommes de terre dans les
Maritimes et aider la production de pommes de terre dans les Maritimes,
à tel point qu'en 1977, alors que le prix des pommes de terre avait
été très bas, le gouvernement fédéral a
versé des avances d'allocations aux Maritimes pour une stabilisation des
prix, ce qui paie beaucoup moins que les revenus, avant d'annoncer sa mesure
pour l'ensemble des provinces du Canada, pour mieux concurrencer les gens du
Québec. Les producteurs de pommes de terre auront l'occasion
d'étudier la question le printemps prochain et de dire s'ils aiment
continuer à voir le fédéral, à même nos
impôts, financer, subventionner le transport des Maritimes où si
c'est mieux que tous leurs impôts viennent au Québec pour aider
à développer la production de pommes de terre et encourager leur
production.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Dernière question additionnelle qui est
peut-être en même temps une incitation au ministre de
l'Agriculture. Je comprends sa réponse, mais je voudrais l'inciter, au
nom des producteurs de pommes de terre du Québec, notamment ceux du
comté de Verchères, non seulement d'adresser des blâmes
comme il vient de le faire au gouvernement fédéral, mais de poser
des mesures concrètes, des gestes concrets et de protester
énergiquement et d'une façon, si possible, officielle...
Le Président: M. le député de
Verchères, votre question.
M. Charbonneau: ... auprès du gouvernement
fédéral sur cette situation.
Le Président: M. le député de Gatineau. M.
le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Je peux répondre, M. le Président? Au
gouvernement fédéral, on dit d'une façon
régulière: Ces mesures discriminatoires, je sais que l'Opposition
en rit toujours, surtout le député de Johnson, on dirait qu'il
n'y a pas de producteurs agricoles dans son comté; chaque fois qu'il y a
une question sur l'agriculture, il en rit...
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, s'il vous
plaît.
M. Garon: En termes de farceurs, je pense bien que la population
a l'occasion de faire son évaluation.
C'est constant, je passerais mon temps à écrire, à
téléphoner ou à télégraphier à
Ottawa. On a passé quasiment l'année à faire cela. Cela a
été fait dans le cas du port de Montréal où il
payait $3 de plus à Vancouver après quatre jours de grève;
après six mois à Montréal, cela a été dans
tous les domaines, ce sont les politiques discriminatoires du gouvernement
fédéral dans le domaine agricole. C'est clair.
Une Voix: ...
M. Garon: Voyons donc, vous n'avez rien fait dans le
régime.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M.
Garon: Dans le domaine des patates... M. O'Neill: Les
colonisés sont toujours là.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, puis-je
vous demander de tirer les conclusions rapidement, s'il vous plaît?
M. O'Neill: Cela ne les intéresse pas quand c'est le
Québec.
M. Garon: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Garon: Quand le fédéral "magane" les
cultivateurs du Québec, l'Opposition trouve cela drôle. Le chef
libéral en tête.
M. Ryan: Question de privilège.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: On s'amuse du spectacle de théâtre qui est
fourni par le ministre. C'est tout. Le reste, on l'examine à son
mérite. Parlez donc de la question et cela va aller bien plus vite.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture. M.
O'Neill: ... au service d'Ottawa.
M. Garon: La question est simple. Le gouvernement du
Québec a établi l'assurance-stabilisa-tion pour compenser les
prix du marché avec les coûts de production. Le régime
d'assurance-stabilisation québécois est un bon programme,
très généreux et tous les cultivateurs l'admettent. Mais
on n'est pas capable d'empêcher le gouvernement fédéral de
verser des subventions sur le transport des pommes de terre qui viennent des
Maritimes, pour rapprocher les producteurs des Maritimes, plus proche de
Montréal ou de Québec, que les producteurs du Québec qui
sont situés tout près de Québec ou de Montréal...
Qu'est-ceque vous-voulez, je ne suis pas capable d'empêcher le
gouver-
nement fédéral, selon la politique actuelle, de prendre
nos sommes d'argent pour les donner aux gens des Maritimes pour concurrencer
nos cultivateurs québécois. Si vous avez quelque chose à
dire, M. le chef libéral, dites donc ce que vous voulez faire face
à cela.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: ... pour une très brève
question, M. le député de Gatineau.
Financement du transport en commun
M. Gratton: Je m'y attendais, M. le Président. Ma question
s'adresse au ministre des Transports. Hier, en conférence de presse, le
ministre des Affaires municipales et celui des Transports, par le
dépôt de ce document sur le financement des communautés
urbaines et régionales et du transport en commun, nous ont
dévoilé la nouvelle politique de financement du transport en
commun en particulier.
Il va sans dire, M. le Président, que cette nouvelle politique du
financement du transport en commun aura un impact sur le développement
du réseau routier, en particulier, du développement autoroutier.
J'aimerais donc demander au ministre si les sommes additionnelles qui seront
consacrées dorénavant au développement du transport en
commun auront quelque impact sur les échéanciers quant à
la construction des grandes autoroutes du Québec, notamment la A-50
entre Buckingham-Mirabel pour rejoindre la A-13, l'autoroute de la Beauce bien
entendu et l'autoroute de mon collègue de Portneuf, la A-40 entre
Donna-cona et Trois-Rivières et toutes les autres.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: M. le Président, nous avons effectivement,
hier, dévoilé une nouvelle politique d'aide et d'encouragement au
transport en commun, conformément à un consensus que l'on croit
déceler, en tout cas, nous, dans la population sinon dans le
Parti libéral à savoir que nos priorités durant les
prochaines années doivent aller du côté des transports en
commun en milieu urbain plutôt que du côté du
développement des autoroutes.
S'il y a une concurrence du point de vue des crédits, c'est
certainement entre le développement routier en milieu urbain et en
milieu péri-urbain par rapport au développement des
infrastructures de transport en commun. (11 h 30)
Quant à la politique de transport en commun que nous avons
dévoilée hier, outre le fait qu'elle permettra une diminution du
coût du transport en commun pour les usagers réguliers de ce
système de transport, outre le fait que cette politique permettra
d'améliorer aussi la gestion des systè- mes de transport en
commun, même de faire en sorte que les coûts...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il pourrait répondre
à la question, M. le Président?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: M. le Président, non seulement
l'Opposition choisit-elle les questions, mais en plus elle veut choisir les
réponses!
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Marchand: Parlez-nous donc de votre voyage à...
M. de Belleval: Outre donc le fait que cette politique permettra
une gestion plus efficace de nos systèmes de transport en commun, elle
améliorera aussi, je pense, l'autonomie des municipalités en
cette matière, elle renforcera cette autonomie et permettra de meilleurs
choix sur le plan des communautés locales.
Par ailleurs, en ce qui concerne notre programme de construction
d'autoroutes en dehors des milieux urbains, celui-ci se poursuivra tel que
prévu, mais il est entendu qu'il est sujet aux disponibilités
financières, budgétaires comme tous les autres projets, comme
tous les autres budgets gouvernementaux.
Le Président: Fin de la période des questions.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Fin de la période des questions.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Gatineau...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: ... j'essaierai de vous reconnaître
demain.
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Je conviens que la question devrait être
courte, c'est la dernière, je conviens aussi que je n'aurais
peut-être pas droit à une question additionnelle si, tout au
moins, j'avais eu une réponse à la première, mais je n'ai
même pas eu de réponse à ma première question, M. le
Président. Me permettriez-vous au moins de la répéter?
Le Président: M. le député de Gatineau, je
vous reconnaîtrai demain pour que vous formuliez votre question.
M. Gratton: Toujours demain, M. le Président! Le
Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: Le député de Gatineau est en train
d'induire cette Chambre en erreur en disant que je n'ai pas répondu
à sa question. J'ai répondu à sa question en disant que
notre programme de construction de réseaux d'autoroutes en dehors des
milieux urbains c'est la question qu'il me posait se poursuivra
tel que prévu, sujet aux disponibilités budgétaires comme
tous les autres postes de dépenses gouvernementaux. Il n'y a pas de
concurrence spécifique entre notre programme de développement du
transport en commun et notre programme de développement d'autoroutes,
pas plus qu'il n'y en a entre ce programme de développement du transport
en commun et d'autres programmes gouvernementaux dans d'autres
ministères.
Le Président: Très bien.
Motions non annoncées.
Motions non annoncées
Félicitations à Dalpé et
Frères
M. Marchand: M. le Président... Le Président:
M. le député de Laurier.
M. Gratton: J'ai mon voyage, mais je n'ai pas mon autoroute!
M. Marchand: ... je voudrais faire une motion non annoncée
à l'effet de féliciter la compagnie Dalpé et Frères
de Verchères qui, à la Winter Fair de Toronto, en
compétition avec 26 participants canadiens, s'est classée grande
championne dans la catégorie des fromages fins. Avec votre permission,
M. le Président, je voudrais signaler que sur les cinq gagnants, quatre
participants étaient du Québec et il me fait plaisir de nommer
Dalpé et Frères, Agropur, Lactancia et la Crémerie
Saint-Gérard de la ville de Saint-Gérard-Magella.
Le Président: Y a-t-il consentement à la
présentation de la motion?
Est-ce que la motion sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Des Voix: Est-elle débattable?
Le Président: M. le député de Johnson.
M. Bellemare: M. le Président, je voudrais proposer une
motion non annoncée qui se lit comme suit: Que cette Chambre prie notre
gouvernement provincial d'intervenir immédiatement auprès des
autorités fédérales pour que nos provisions d'huile
à chauffage pour cet hiver 1980 soient assurées pour tous les
Québécois et que copie de cette motion non annoncée soit
envoyée immédiatement aux autorités
fédérales.
Le Président: Y a-t-il consentement à la
présentation de cette motion? M. le député de Johnson, il
n'y a pas consentement à la présentation de la motion.
M. Bellemare: Le vrai visage!
Le Président: Nous en sommes maintenant à
l'enregistrement des noms sur les votes en suspens. Il y a un vote en suspens
alors, je demande qu'on appelle les députés.
Suspension à 11 h 35
Reprise à 11 h 43
Mise aux voix de la deuxième lecture du projet
de loi no 57
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
J'appelle maintenant la mise aux voix de la motion de M. le ministre des
Affaires municipales proposant que le projet de loi no 57, Loi sur la
fiscalité municipale et modifiant certaines dispositions
législatives, soit maintenant lu la deuxième fois.
Que ceux et celles qui sont pour cette motion de deuxième lecture
veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Charron, Mmes Cuerrier et Payette, MM. Laurin, Morin (Sauvé), Morin
(Louis-Hébert), Parizeau, Landry, Léonard, Vaugeois,
Bérubé, Mme Ouellette, MM. Vaillancourt (Jonquière),
Gendron, Joron, de Belleval, Johnson, Chevrette, Lazure, Léger, Tardif,
O'Neill, Paquette, Gagnon, Marcoux, Rancourt, Bertrand, Fallu, Michaud,
Laberge, Guay, Lefebvre, Laplante, Mme LeBlanc Bantey, MM. de Bellefeuille,
Dussault, Alfred, Marquis, Ouellette, Jolivet, Brassard, Godin, Mercier,
Boucher, Beauséjour, Desbiens, Bordeleau, Charbonneau, Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Lacoste.
Le Président: Que ceux et celles qui sont contre cette
motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: MM. Ryan, Levesque (Bonaventure),
Saint-Germain, Caron, Vaillancourt (Orford), Forget, Lavoie, Mailloux, Lalonde,
Blank, O'Gallagher, Picotte, Mme Lavoie-Roux, MM. Ray-nauld, Lamontagne,
Giasson, Rivest, Mme Chaput-Rolland, MM. Lalande, Mathieu, Dubois, Scowen,
Marchand, Gratton, Pagé, Verreault, Springate, Marx, Biron, Brochu,
Grenier, Goulet, Fontaine, Bellemare, Cordeau, Le Moignan.
Le Président: Que ceux et celles qui désirent
s'abstenir veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: Pour: 51 Contre: 36
Abstentions: 0
Le Président: Motion adoptée. M. Charron: M.
le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Je voudrais proposer que ce projet de loi soit
maintenant déféré à la commission des affaires
municipales.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Une Voix: Oui.
Le Président: Adopté, M. le leader parlementaire du
gouvernement. Aux avis à la Chambre.
Avis à la Chambre
M. Charron: Le menu de la journée, M. le Président,
est connu. Les deux projets de loi au nom du ministre des Affaires sociales et
celui au nom du ministre des Affaires municipales, qui apparaissent au
feuilleton se trouveront à faire notre journée de travail. Je
propose et je fais motion pour que, cet après-midi, à 15 heures
seulement pas ce matin pour quelques minutes, semble-t-il
mais il faut le faire la commission de l'agriculure et de l'alimentation
se réunisse pour mettre fin à l'étude article par article
du projet de loi no 41.
Le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Une Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Je propose, M. le Président, d'appeler le
projet de loi apparaissant à l'article 24 du feuilleton.
Le Président: Auparavant, je vais reconnaître M. le
député de Gatineau pour une question en vertu de l'article
34.
M. Gratton: C'est en vertu de l'article 34, M. le
Président, mais je ne suis pas sûr que ce soit une question
conforme à l'article 34. Je vous demande de m'arrêter
aussitôt que je dépasserai la portée dudit article. Les
députés de Saint-Jean et de Rivière-du-Loup portent de
trois à cinq le nombre de ceux qui ont utilisé le texte que l'on
connaît dans leur envoi sans adresse. Je voudrais demander au leader du
gouvernement de bien vouloir en aviser le premier ministre qui a pris avis de
la question que je lui ai posée mardi.
Le Président: Ce n'était pas une question suivant
les dispositions de l'article 34.
M. Charron: M. le Président, ce n'était pas une
question en vertu de l'article 34 parce que, si, en vertu de l'article 34, on
fait de moi le messager pour l'ensemble du gouvernement, je pense que ce ne
sont pas les dispositions que prévoit notre règlement.
M. Gratton: M. le Président, je m'en excuse...
Projet de loi no 77
Deuxième
lecture
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! J'appelle
maintenant la deuxième lecture du projet de loi no 77, Loi sur les
services de garde à l'enfance. Je cède la parole à M. le
ministre des Affaires sociales.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Mme la Présidente, selon le message habituel,
je dois d'abord vous informer que le lieutenant-gouverneur a pris connaissance
de ce projet de loi et qu'il en recommande l'étude à cette
Assemblée.
C'est avec une certaine émotion, Mme la Présidente, que
j'amorce ce matin la discussion sur le projet de loi no 77, Loi sur les
services de garde à l'enfance, une certaine émotion parce que
c'est une première au Québec. Pour la première fois, nous
aurons un cadre légal législatif. Nous aurons une loi qui
permettra de mieux organiser les services de garde à l'enfance. Le Parti
québécois, dans son programme, accorde une importance
considérable au développement, non seulement de garderies, mais
de services de garde de toutes sortes et ce gouvernement-ci s'était
engagé, dans le discours inaugural, à présenter durant
cette session un projet de loi qui, en plus de créer de nouveaux types
de services de garde, en plus de multiplier les différentes sortes de
services de garde pour enfant, verra aussi à créer un office qui
sera chargé de coordonner tous ces services de garde. (11 h 50)
Donc, le discours inaugural avait laissé entrevoir ce projet de
loi. Le gouvernement aussi avait créé, il y a un an et demi, un
comité interministériel qui a fait rapport. A la suite de ce
rapport, en octobre 1978, le gouvernement s'engageait à accorder une
grande priorité, au cours des trois prochaines années, au
développement des services de garde. C'est à ce moment-là
que le gouvernement s'est engagé à ajouter une somme de $10
millions par année, durant trois ans, pour faire en sorte que le
Québec fasse le rattrapage considérable que nous avons à
faire dans ce domaine.
Nous avons, l'été passé, présenté un
avant-projet de loi. En commission parlementaire, nous avons entendu 27 groupes
venant de différents milieux, de différentes régions du
Québec. Le projet de loi no 77 que nous déposons aujourd'hui est,
par conséquent, le fruit de multiples consultations. Ce projet de loi
correspond aussi aux voeux du Conseil du statut de la femme qui, dans le
rapport Egalité et Indépendance nous dit ce qui suit: "Les
services de garde d'enfants sont au premier rang des revendications de la
majorité des associations féminines du Québec. Comme il
s'agit de services de nature collective, l'Etat ne doit pas se dérober
aux obligations qui lui incombent. Il est urgent de mettre sur pied, au
Québec c'est toujours le Conseil du statut de la femme qui parle
des réseaux de services de garde d'enfants. Ces services devront
être diversifiés et facilement accessibles. Ils' devraient aussi
répondre à la fois aux besoins quantitatifs et qualitatifs."
Il y a deux objectifs fondamentaux dans ce projet de loi et dans la
philosophie du gouvernement. D'abord, aider la femme, la mère d'un jeune
enfant, qui désire travailler, à exercer ce droit au travail,
mais en même temps, aider aussi la femme, qu'elle travaille au foyer ou
à l'extérieur du foyer, à exercer un autre droit qui est
aussi fondamental que le droit au travail, c'est-à-dire le droit aux
loisirs. Par conséquent, en diversifiant, en offrant différentes
sortes de services de garde, garde régulière, garde
occasionnelle, garde familiale, garde en garderie, nous aidons et nous voulons
réaliser ce double objectif, celui de faciliter l'exercice de ces deux
droits de la femme, son droit au travail et son droit aux loisirs.
Le deuxième grand objectif touche, cette fois-ci, non pas la
mère, non pas la femme, mais l'enfant. Ce projet de loi établit
clairement le droit du jeune enfant à un service de garde de
qualité. Ces deux objectifs, autant du côté de la
mère que du côté de l'enfant, nous voulons les
réaliser le plus rapidement possible. Nous voulons les réaliser
en nous basant sur quelques principes fondamentaux qui ressortent de ce projet
de loi.
Le premier principe, c'est la participation des parents. Les parents
sont d'abord et avant tout les gens responsables du genre de garde que leur
enfant doit recevoir. Donc, la participation des parents, de différentes
façons: participation financière, selon les revenus du
ménage. Donc, il ne s'agit pas d'un réseau universel gratuit,
payé entièrement par les fonds de l'Etat. Il s'agit d'un
réseau où la participation financière est mixte: d'une
part, le gouvernement, selon les revenus de la famille, d'autre part, la
famille.
Le deuxième principe: la participation des parents à
l'organisation, à la gestion et à la direction d'une garderie ou
d'un service de garde. D'où, dans le projet de loi, un aspect fort
important qui veut que dans les garderies coopératives ou à but
non lucratif, le conseil d'administration soit composé majoritairement
de parents. Dans d'autres structures où le service de garde peut
être sous la juridiction d'une municipalité ou d'une commission
scolaire, cette participation des parents se fera par le biais d'un
comité consultatif de parents, un peu à la façon d'un
comité de parents dans une école. Donc, premier principe,
participation au maximum des parents qui sont les premiers
intéressés.
Deuxième principe, la liberté de choix pour les parents.
Jusqu'ici, les gouvernements antérieurs s'en tenaient, quant à la
participation financière de l'Etat, à un seul type de service de
garde, c'est-à-dire la garderie et surtout la garderie en quartier, en
région et, parfois, la garderie en milieu de travail. Avec les nouvelles
sortes de services de garde que nous offrons dans ce projet de loi, service de
garde en milieu familial, service de garde en milieu scolaire, service de garde
en halte-garderie, nous offrons un éventail, une variété
de services de garde comme les parents n'en ont jamais eu dans le passé.
Le parent décidera, avec la subvention directe qu'il ou qu'elle
reçoit du gouvernement selon son revenu, à quel type de service
de garde il ou elle voudra confier son enfant.
Troisième principe fondamental: l'accès aux services. Vous
savez, Mme la Présidente, ce gouvernement-ci a fait un effort
considérable au plan financier depuis trois ans. Lorsque nous sommes
arrivés au pouvoir en novembre 1976, le budget du service des garderies
au ministère des Affaires sociales était de $3 500 000. Trois ans
plus tard, ce même budget est passé à $22 500 000. Il
s'agit non seulement d'y mettre les budgets voulus, mais aussi de rendre
accessibles à tous les parents du Québec qui en ont besoin, dont
les enfants en ont besoin, ces services de garde. Donc, il faut les multiplier
autant dans leur variété que dans leur nombre.
Voilà les trois principes fondamentaux: participation des
parents, liberté de choix et accès aux services. Pour qui tous
ces services de garde? Actuellement, nous comptons au Québec environ 500
000 enfants de cinq ans et moins et de ces 500 000 enfants, nous en comptons
environ 150 000 dont le parent, s'il n'y en a qu'un, ou les deux parents
lorsqu'il y en a deux, travaillent à l'extérieur de la maison.
Donc, environ 150 000 enfants de moins de cinq ans qui ont besoin d'une
certaine forme de garde. Une autre façon aussi de décrire les
besoins urgents qui sont de plus en plus nombreux dans notre
société au fur et à mesure que la femme entre sur le
marché du travail je mentionne en passant que 40% des femmes sont
sur le marché du travail et plus particulièrement, une femme sur
trois qui a un jeune enfant de deux à cinq ans est actuellement au
travail hors du foyer. La situation actuelle, quoique améliorée
depuis quelques années, est encore nettement insuffisante quant au
nombre de places. Nous avons actuellement 366 garderies au Québec qui
peuvent recevoir 16 500 enfants. (12 heures)
Par voie de comparaison, si on regarde chez nos voisins de l'Ontario, on
y occupe actuellement 60 000 places de garderie pour une population d'environ 8
200 000; si on voulait du jour au
lendemain rattraper le niveau de l'Ontario, il faudrait plus que doubler
immédiatement le nombre de places en garderie; pour arriver au
même niveau que l'Ontario, il faudrait avoir tout près de 45 000
places en garderie ou en service de garde. La même disproportion se
retrouve dans d'autres provinces, notamment en Alberta et en
Colombie-Britannique. Je pense que nous devons rendre hommage aux
pionnières qui ont cru à ce genre de service et qui se sont
dépensées sans compter malgré toutes les
difficultés et souvent malgré le manque d'intérêt
des gouvernements passés. Nous devons rendre hommage à ces
pionnières. On connaît peu l'histoire des garderies. Je me permets
d'en parler deux minutes.
Les cinq premières garderies au Québec ont
été créées en 1858, Mme la Présidente, par
les religieuses Soeurs Grises.
Une Voix: A Québec ou à Montréal ?
M. Lazure: On a eu après une longue période de
piétinement et on se retrouve dans les années soixante avec un
certain nombre de garderies, surtout dans la région de Montréal,
du genre coopérative. On se retrouve, un peu plus tard, vers
soixante-cinq, tout à coup, avec la création assez subite d'un
certain nombre de garderies financées par les projets PIL de triste
mémoire projets financés par de l'argent
fédéral parce que ces garderies qui répondaient
à un besoin urgent surtout dans la ville de Montréal ont
créé des attentes, des espoirs, ont donné
momentanément des services pendant six mois, un an et, tout à
coup, le gouvernement fédéral, comme il le fait encore dans un
grand nombre de projets au Québec, annonce aux parents: Nous n'avons
plus d'argent, votre projet est terminé.
Il faut reconnaître que le gouvernement de l'époque, au
début des années 1970, a fait son possible pour ramasser, pour
maintenir un certain nombre de ces garderies et c'est ce qui a donné
lieu à la naissance d'un service de garderies au ministère des
Affaires sociales autour de 1973 et 1974.
Mme la Présidente, je ne veux pas non plus manquer cette occasion
qui est quand même assez rare dans la vie ministérielle de
présenter un projet qui est une première au Québec, dans
un domaine aussi important que les services de garde à l'enfance, je ne
veux pas manquer cette occasion pour rendre hommage à certains
employés de l'hôpital Rivière-des-Prairies qui, dès
1971, ont mis sur pied, avec la collaboration de la direction à
l'époque, la première garderie en milieu de travail. Le
même hommage s'adresse aussi aux employés et à la direction
de l'hôpital Louis-H. Lafontaine. Ces deux hôpitaux ont
été pendant plusieurs années les seuls dans le domaine
parapublic à offrir à leurs employés féminins des
services de garde. Mme la Présidente, toujours dans le domaine des
premières, je me permets de citer une partie d'un communiqué
venant de Drummondville, de la compagnie Celanese, puisqu'il s'agit de la
première garderie mise sur pied par une entre- prise privée au
Québec, qui est bien connue, et qui émet le communiqué
suivant, le 30 novembre. J'en cite quelques courts extraits: "M. Saint-Roch,
directeur de la fabrication, a annoncé aujourd'hui que l'usine de la
société Celanese à Drummondville avait pris les
dispositions nécessaires en vue d'offrir des locaux destinés
à abriter une garderie pour les enfants de Drummondville." Commentant la
décision de la société, M. Saint-Roch a
précisé qu'à sa connaissance, Celanese était la
première société québécoise à
répondre à ce besoin croissant des citoyens. Je cite M.
Saint-Roch: "Nous avons eu un certain nombre de discussions avec M. Michel
Clair, député de Drummond, et avec les responsables de la
garderie qui s'appelle "Sur une patte", qui se chargeront de l'exploitation du
centre, et nous sommes particulièrement fiers de participer à une
telle entreprise sociale."
Moi, je me permets de féliciter les autorités de cette
compagnie qui, par ce geste très social, très humanitaire, vont
rendre d'immenses services aux jeunes enfants de la région de
Drummondville.
Des Voix: Bravo! Bravo!
M. Lazure: Comment allons-nous améliorer les services de
garde? D'abord, une des principales caractéristiques du projet de loi,
je l'ai dit tantôt, c'est d'offrir une variété beaucoup
plus grande de sortes de gardes. Je les énumère rapidement,
quitte à y revenir un peu plus tard en détail: la garderie de
quartier, nous la connaissons bien; deuxièmement, la garderie en milieu
de travail, exemple la garderie de la Celanese qui, non seulement, entre
parenthèses, sera accessible aux enfants des employés de la
compagnie, mais aussi aux enfants du quartier; troisièmement, il s'agit
d'un nouveau type de garde, la garderie en milieu familial;
quatrièmement, la garderie en milieu scolaire ainsi que la garde en
milieu scolaire, et, finalement, la halte-garderie.
Ces différents types de services de garde, le projet de loi
prévoit qu'ils seront coordonnés, qu'ils seront
supervisés, animés par un office des services de garde. Pourquoi
un office? D'abord, les services de garde, quant au plan des ministères,
ne sont pas actuellement une responsabilité seulement du
ministère des Affaires sociales, ne doivent pas être une
responsabilité seulement des Affaires sociales. Les services de garde
doivent aussi concerner, doivent aussi intéresser le ministère de
l'Education et intéressent le ministère de l'Education de plus en
plus; doivent aussi intéresser le ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre quant aux normes de sécurité pour les enfants;
doivent aussi intéresser le ministère des Affaires municipales et
enfin, le ministère d'Etat à la Condition féminine. Or,
quand un service touche autant de ministères, un office qui va employer
20 ou 25 personnes; il est commode d'avoir une structure plus neutre qui pourra
faire le lien, la liaison, la coordination entre les différents
ministères impliqués.
Deuxièmement, cet office, selon le texte du projet de loi, devra
obligatoirement avoir une
représentation régionale, c'est-à-dire que le
conseil d'administration de cet office devra recevoir des représentants
ou des représentantes de toutes les régions du Québec, en
plus d'être composé majoritairement de parents.
Mme la Présidente, parmi les moyens que nous voulons prendre pour
en arriver à cette multiplication des services de garde, il y a d'abord
la formule habituelle qui a été une formule pionnière, la
formule de la coopérative, et aussi la formule, qui est la plus courante
actuellement, celle d'un groupe de parents qui ont ensemble le même
objectif de mettre sur pied une garderie, entrent en contact avec le
ministère des Affaires sociales, obtiennent une charte à but non
lucratif, mettent sur pied un conseil d'administration composé
majoritairement de parents. C'est le modèle, si vous voulez, le plus
fréquent, le plus commun. Ces modèles demeurent, mais nous
ajoutons aussi, précisément parce que les besoins sont immenses,
précisément parce que nous voulons laisser aux parents le choix
de décider de la sorte de service de garde, nous ajoutons d'autres
moyens, la municipalité.
Le texte de loi va permettre aux municipalités qui le
désirent de mettre sur pied des garderies, de devenir une agence de
garde en milieu familial. Cette municipalité, quand elle le fera, et
nous savons que plusieurs municipalités sont intéressées
de le faire, devra cependant créer un comité consultatif de
parents. (12 h 10)
Autre nouveau moyen, la commission scolaire. Nous avons entendu, en
commission parlementaire, la CECM, la Commission scolaire catholique de
Montréal, et aussi le Conseil scolaire de l'île de
Montréal. Ces commissions scolaires fort importantes nous ont
assurés qu'elles étaient intéressées à
mettre sur pied de plus en plus de la garde en milieu scolaire pour quelques
heures par jour, pour des jeunes enfants du niveau primaire ou du niveau
maternel, dont la mère travaille jusqu'à 17 heures ou 18 heures.
Ces services se développent de plus en plus. Ces commissions scolaires
sont aussi intéressées à mettre sur pied de
véritables garderies qui serviront d'abord et avant tout pour les jeunes
enfants du personnel scolaire. Ces garderies pourront être aussi
accessibles aux enfants du voisinage lorsqu'il y aura de la place.
Je suis content de voir que la députée de L'Acadie est ici
pour participer à ce débat qui s'amorce, mais je suis un peu
déçu de voir que du côté de l'Opposition officielle,
on ne compte personne d'autres sur les banquettes. Du côté de
l'Union Nationale, on ne compte qu'un député, Mme la
Présidente.
Mme Lavoie-Roux: Question de privilège, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Sur une question de privilège,
Mme la députée. A l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, mes collègues
se sont absentés parce qu'on reçoit le nouveau
député qui s'est joint à nous, et ils vont revenir
dès que ce sera terminé.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Cordeau: Mme la Présidente, j'étais à mon
siège lorsque le ministre a mentionné qu'il n'y avait
personne.
M. Lazure: C'est ce que j'ai dit, je déplorais qu'il n'y
ait en tout devant moi je sais compter jusqu'à trois que
trois députés des partis d'Opposition, alors que nous discutons
de projet de loi qui touche au moins 500 000 personnes. Bon, je continue.
Avec les nouveaux moyens, avec les nouveaux outils que ce projet de loi
va pouvoir donner aux parents des jeunes enfants, qu'il va pouvoir donner au
gouvernement aussi, nous introduisons non seulement la municipalité, la
commission scolaire, mais aussi la garderie privée à but
lucratif. Le député de Mégantic-Compton a
déposé, pas plus tard que ce matin, une pétition de la
part d'un certain nombre de parents.
Dans le projet de loi, tel que déposé, il y a un article,
l'article 6, qui prévoit que des permis pourront être émis
à des garderies à but lucratif. Nous avons décidé
de retrancher cet article 6, non pas pour fermer la porte qui avait
été ouverte aux garderies à but lucratif, mais pour
l'ouvrir davantage. Je m'explique. Nous aurons, lors du débat en
deuxième lecture, des modifications à apporter. Cette
Assemblée doit savoir tout de suite que nous avons l'intention de
modifier l'article 6 de façon que des permis puissent être
émis par l'office et non pas par le ministre. Par l'office, selon les
mêmes conditions qui prévaudront pour les garderies à but
non lucratif, à l'exception d'une chose. Nous voulons c'est notre
souci depuis le début éviter que, dans les garderies
privées à but lucratif, on fasse de la commercialisation à
outrance. En d'autres termes, nous voulons éviter ce que nous avons
déploré dans d'autres secteurs d'activité sociale depuis
quelques années, notamment chez les personnes âgées
où il y a eu et où il y a encore un peu, malheureusement,
d'exploitation par des intérêts privés, par des maisons
d'accueil privées.
Nous voulons, dans le cas des garderies privées à but
lucratif, être aussi sévères, mais pas plus plus
sévères, que pour les garderies à but non lucratif. Nous
voulons, en même temps, empêcher que des entreprises
privées, comme nous en voyons actuellement en Ontario, dans l'Ouest du
Canada et aux Etats-Unis, se développent comme des espèces de
McDonald's des garderies au Québec.
Ce n'est pas une crainte théorique. Je pourrais vous citer
et je le ferai peut-être en deuxième lecture ou lors de la
discussion article par article des rapports récents d'une
enquête en Ontario, l'an passé, où on a eu à
déplorer cette prolifération ça pousse comme des
champignons cette multiplication de garderies à but lucratif,
d'allure très commerciale, où la qualité
des soins aux jeunes enfants laisse à désirer. Cela
constitue un problème sérieux en Ontario et en Al-berta
actuellement.
Nous voulons soyons bien clairs avoir autant d'ouverture
vis-à-vis de l'infirmière d'un certain âge, l'institutrice
d'un certain âge, qui veut ouvrir une garderie à but lucratif,
comme cela existe souvent, avec un revenu modeste, dans sa garderie à
but lucratif. Nous voulons leur faciliter les choses. Nous voulons sortir de
l'espèce de carcan qui avait été imposé par mon
prédécesseur, le député de Saint-Laurent actuel,
alors qu'il était ministre des Affaires sociales, en 1974, qui
interdisait l'émission de permis à des garderies à but
lucratif, si bien que depuis 1974, aucun permis n'a été
émis à une garderie à but lucratif.
Si nous ouvrons cette porte, c'est non seulement parce que nous croyons
que la majorité des garderies à but lucratif actuelle il y
en a environ 85 sur 365 garderies au total sont de bonnes garderies,
mais nous croyons aussi que certaines régions du Québec, selon
les mentalités de la région, désirent qu'on permette
à ces individus de mettre sur pied un tel service qui correspond
à des intérêts et qui correspond à des coutumes
régionales ou locales. Nous voulons aussi, en ouvrant cette porte qui
était fermée depuis cinq ans, augmenter le choix du parent.
J'arrive au financement. J'ai dit tantôt que le budget au
ministère des Affaires sociales, en ce qui touche les services de garde,
était passé en trois ans de $3 500 000 à $22 500 000.
Comment ces sommes sont-elles dépensées? Brièvement, le
financement se fait de trois façons: il y a d'abord une allocation qui
est versée directement au parent, selon ses revenus;
deuxièmement, il y a une allocation de démarrage qui est
versée à chaque nouvelle garderie, avec un maximum de $30 000;
troisièmement, il y aura aussi, à partir d'avril prochain, dans
quelques mois, une troisième subvention qui va permettre aux garderies
de renouveler leur équipement, de renouveler leur mobilier. Cette
subvention consistera en un versement, à chaque jour, de $2 par place
à chaque garderie, ce qui équivaut, pour une garderie moyenne de
30 places, à une subvention d'environ $12 000 à $14 000 qui
servira de fonds de roulement à la garderie.
De façon bien concrète, ces subventions qui, actuellement,
vont directement aux parents sont touchées par au-delà des deux
tiers de tous les parents qui ont des enfants en garderie, les 16 000 enfants
en garderie. Par exemple: une mère seule, une famille monoparentale,
avec un jeune enfant qui fréquente la garderie, cette mère
travaille et gagne $150 par semaine; elle a droit, selon notre système
actuel de subvention, à une subvention de $7.50 par jour pour une place
en garderie qui coûte $10 par jour. Donc, cette mère gagnant $150
par semaine n'a à payer que $2.50 par jour pour la garde permanente,
à la journée, de son enfant. (12 h 20)
Un autre exemple: Un couple, deux parents, deux enfants, le couple
moyen, si vous voulez, quant à la grosseur de la famille. Les deux
parents travaillent. Un enfant est en garderie. Les deux parents gagnent chacun
$150, donc $300 par semaine, environ $15 000 de revenu annuel ou un peu plus.
Ce couple reçoit actuellement dans notre système une subvention
de $2 par jour. Il doit, par conséquent, payer $8 par jour pour la
garderie et, évidemment, chaque couple, chaque ménage voit sa
subvention baissée selon que son revenu augmente. Il s'agit toujours de
la famille de deux adultes, deux enfants.
Notre système de subventions commence à s'appliquer aux
ménages de deux enfants, deux adultes qui gagnent $17 000 et moins.
Donc, Mme la Présidente, par ce budget annuel de $22 500 000, nous
finançons principalement les milliers de parents, de ménages dont
les enfants sont actuellement en garderie, mais nous finançons aussi,
dans une bonne partie, les garderies elles-mêmes. Nous avons l'intention,
dorénavant, de financer aussi la garde dans le milieu familial.
Cette garde en milieu familial est probablement l'une des plus vieilles
sortes de garde au monde. Elle existe depuis toujours. Les deux parents
travaillent. Les parents trouvent une voisine ou une belle-soeur qui, pour un
certain montant chaque jour, garde le jeune enfant ou, encore, le garde d'une
façon occasionnelle si la mère veut prendre une journée de
congé.
Ce qu'il y a de nouveau dans ce projet de loi, c'est que, pour la
première fois, le gouvernement pourra donner des subventions aux parents
qui placent leur enfant en garde familiale. La personne qui désire faire
de la garde en milieu familial, la dame qui veut garder des enfants et
s'inscrire à une agence de garde en milieu familial aura des
déductions de son impôt jusqu'à environ un tiers de toutes
les dépenses occasionnées pour sa maison au cours de
l'année.
Autrement dit, l'impôt prévoira que les dépenses qui
seront particulières pour la garde de quatre enfants c'est le
maximum pour une personne seule, quatre enfants, cela peut aller jusqu'à
neuf enfants s'il y a deux adultes l'impôt prévoira que
toutes les dépenses d'entretien de la maison, de chauffage de la maison
pourront être exemptées pour un tiers puisque ces dépenses
auront été occasionnées par la garde en milieu
familial.
En d'autres termes, tout le monde sait qu'un certain nombre de personnes
qui font de la garde de jeunes enfants oublient très souvent de
déclarer ces revenus à l'impôt. Nous voulons
évidemment que les personnes qui, volontairement personne ne sera
obligé que les femmes, en particulier et les hommes seront
les bienvenus, s'ils sont jugés aptes à la garde de jeunes
enfants que les volontaires pour cette garde de jeunes enfants ne soient
pas pénalisés en étant honnêtes et en
déclarant leur revenu. C'est pourquoi nous allons faire ces
aménagements fiscaux qui vont rendre intéressante cette garde
payée en milieu familial.
Mme la Présidente, nous utilisons aussi une partie de notre
budget en versant des sommes au ministère de l'Education pour aider les
parents
qui, avec la collaboration d'une commission scolaire, d'un comité
d'école, offrent des services de garde à l'heure du midi ou en
fin d'après-midi.
Cette année, nous versons au ministère de l'Education $700
000. L'an prochain, au mois d'avril, nous verserons $1 700 000 de façon
que les commissions scolaires puissent, de plus en plus, offrir aux jeunes
enfants du niveau primaire ou de la maternelle des services de garde
après les heures d'école lorsque les parents travaillent.
Enfin, toujours dans le financement, les haltes-garderies qui,
jusqu'à ce jour, ne sont même pas obligées de demander un
permis je parle de haltes-garderies qui, de façon
régulière, tous les jours, reçoivent des enfants pour
quelques heures par jour; je ne parle pas de haltes-garderies qui sont mises
sur pied à l'occasion d'un congrès; il est bien évident
qu'il s'agit de haltes-garderies qui sont là de façon permanente
ces haltes-garderies, lorsqu'elles sont à but non lucratif,
seront admissibles aux subventions de démarrage, que ce soit dans une
ville ou dans une région rurale ou semi-rurale.
C'est là, Mme la Présidente, un aspect intéressant
de ce projet de loi qui va permettre à la femme qui est au foyer, qui
décide que son travail est au foyer c'est un choix tout à
fait libre de la femme, de la mère la création de
haltes-garderies et aussi de mini-garderies à partir de dix enfants va
permettre à cette jeune mère de se donner un certain nombre de
loisirs. J'ai parlé tantôt du droit au travail et du droit aux
loisirs. Je pense qu'avec toute cette variété de services de
garde qui sont maintenant avancés dans ce projet de loi, nous
faciliterons, infiniment plus que les gouvernements l'ont fait dans le
passé, à toutes ces jeunes mères du Québec, qui
veulent travailler en dehors du foyer, qui veulent rester au foyer, mais se
procurer des loisirs de temps à autre, l'exercice de ces deux droits
fondamentaux.
Mme la Présidente, en terminant, je rappelle les trois principes
fondamentaux qui sont contenus dans ce projet de loi. Premièrement, la
participation des parents, participation autant financière que
psychologique, affective et émotive, c'est-à-dire participation
à la direction, à la gestion d'un service de garde. C'est leur
affaire, ils sont, d'abord et avant tout, les individus les plus
concernés. Donc, participation assurée. Deuxièmement, le
libre choix de tout un éventail de services de garde. Finalement, en
multipliant ces services de garde grâce au budget considérable que
ce gouvernement-ci accorde aux services de garde, en multipliant ces budgets,
nous offrirons de plus en plus des services de garde qui sont accessibles
à toute la population. Merci.
La Vice-Présidente: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme la Présidente. Je n'avais pas
l'intention de commencer la discussion de ce projet de loi avec des
revendications.
Tout à l'heure, le ministre des Affaires sociales remarquait
qu'il y avait peu de gens sur les banquettes de l'Opposition. Je voudrais, une
fois de plus, pour ma part, déplorer que la ministre d'Etat à la
Condition féminine soit absente. Elle a été absente tout
au long des commissions parlementaires, même si elle se dit le
porte-parole des femmes en cette matière. Aujourd'hui, elle est encore
absente. Ce n'était pas mon intention de le souligner, mais, comme le
ministre des Affaires sociales s'est permis de juger de l'absence de mes
collègues, je pense que je puis faire cette remarque.
Mme la Présidente, nous sommes appelés aujourd'hui
à discuter de la deuxième lecture du projet de loi no 77 sur les
services de garde à l'enfance. C'est un projet de loi qui ne peut
laisser personne indifférent, que l'on soit pour ou contre d'une
façon absolue ou que, d'une façon plus nuancée, on veuille
examiner tous les aspects d'une loi qui, d'une part, se veut une réponse
à des besoins de la société moderne et qui, d'autre part,
exercera également une influence sur l'évolution des
comportements sociaux des citoyens du Québec.
Cette ambivalence, voire l'opposition dans certains milieux au
développement généralisé des garderies, on la
retrouve citée dans le rapport sur la petite enfance du comité
interministériel auquel le ministre des Affaires sociales faisait
allusion tout à l'heure. (12 h 30)
On peut y lire que des facteurs culturels, tels que les opinions sur le
rôle de la mère de jeunes bébés ou les
préférences quant au mode de garde, influencent quantitativement
et qualitativement la demande en services de garde. Les résultats d'un
sondage sur les besoins de garde d'enfants indiquent que plus des trois quarts
des femmes qui ont répondu à une enquête, en 1978, croient
que le rôle d'une femme qui a au moins un jeune enfant est de rester
à la maison et de s'occuper de son foyer. Cette opinion varie selon
l'âge: 74% chez les 18 à 24 ans; 92% chez les 45 à 54 ans,
et, selon la scolarité, 86% pour les diplômées du primaire
et 66% pour celles du collège ou d'une université. Le rapport
ajoute: Cette opinion se lie aussi à celle ne trouvant pas bon de faire
garder régulièrement un bébé d'un an.
A la lecture de ce rapport, Mme la Présidente, il semblerait que
le développement de services de garde qui, chez une bonne partie de la
population, en particulier chez les femmes évidemment, rencontre une
adhésion, répond à des désirs et apparaît
totalement justifié; par contre, chez une autre partie de la population
parmi laquelle se recrutement en majorité des hommes, d'après ce
sondage du moins, à l'égard des enfants de zéro à
deux ans ou de zéro à trois ans, on est certainement plus
réticent à l'idée d'un réseau de garderie
généralisé. D'ailleurs, ces commentaires ou ces
observations que l'on retrouve dans le rapport du comité
interministériel ont été confirmés par certains
commentaires de différentes associations qui ont déposé
des rapports au
comité interministériel sur les services de garde à
ce moment-là.
Certains manifestaient clairement l'absence de consensus sur le
rôle de la femme et la garde des enfants. Ainsi, le Cercle des
fermières rejetait l'option du travail des mères de jeunes
enfants, alors que les Organismes familiaux associés du Québec
étaient plus nuancés. Ils reconnaissaient la
nécessité de services de garde mais défendaient aussi la
liberté de choix des femmes. Par ailleurs, d'autres regroupements
féminins revendiquaient un réseau universel gratuit de services
de garde et, finalement, 24 associations dont l'AFEAS et la
Fédération des femmes du Québec réunies en colloque
sur les services de garde en septembre 1976 recommandaient l'élaboration
d'une politique globale en matière de services de garde au
Québec.
Je ne voudrais pas, par ce rappel de données que l'on retrouve
dans le rapport du comité interministériel, que l'on croit que
moi-même ou l'Opposition officielle ait des réticences quant au
développement de services de garde appropriés au Québec.
Si je présente ces faits, c'est simplement pour souligner qu'il s'agit
d'une question qui est encore assez fortement discutée dans notre
société selon les milieux d'où l'on vient, selon des
facteurs socioculturels et diverses autres variantes. Mais, il faut quand
même le signaler, il n'y a pas encore un consensus général.
Ce qui ne veut pas dire que l'Etat ne doive pas reconnaître qu'il a des
responsabilités qu'il doit assumer à l'égard du
développement de services de garde appropriés pour les enfants et
les femmes du Québec qui veulent s'en prévaloir.
Le gouvernement du Québec il faut bien le
reconnaître a d'ailleurs été plus lent que certains
autres milieux à reconnaître ses responsabilités dans ce
domaine. Je pense qu'il faut invoquer des raisons socioculturelles et
peut-être même des raisons économiques si on se compare
particulièrement à l'Ontario. Compte tenu du grand nombre
d'enfants par famille, les femmes du Québec sont allées sur le
marché du travail, sauf pendant la Seconde Guerre, plus tardivement, ou
d'une façon plus généralisée, que les femmes de
l'Ontario.
Depuis déjà, je dirais, les sept ou huit dernières
années, on peut constater maintenant une tendance qui va dans le
même sens que celle de l'Ontario et si le nombre des femmes au travail au
Québec n'a pas encore rejoint celui des femmes en Ontario, il s'en
rapproche beaucoup.
Il est évident que cette arrivée rapide des femmes sur le
marché du travail, c'est par nécessité dans certains cas,
parce que, comme le ministre des Affaires sociales le soulignait tout à
l'heure, il y a un grand nombre de femmes, un pourcentage assez
élevé de femmes qui proviennent de familles monoparentales et qui
sont sur le marché du travail par nécessité. Dans d'autres
cas, c'est pour aller chercher un salaire d'appoint et je voudrais ici ne pas
créer l'impression, comme je l'ai fait ailleurs, qu'il s'agissait d'un
salaire d'enfant gâté; dans bien des cas, c'est un salaire qui est
néces- saire pour assurer une meilleure qualité de vie à
la famille. Finalement, les femmes vont sur le marché du travail pour
une question de choix personnel à la suite de la scolarisation et de la
professionna-lisation accrue de ces dernières.
Il est évident que cet accroissement du nombre de femmes au
travail est irréversible et déjà, dans les statistiques
que j'invoquais tout à l'heure, on peut noter une différence
assez grande, selon les catégories d'âge, quant à
l'adhésion plus facile à des services de garde. Il ne fait pas de
doute dans notre esprit que, tout en conservant à la famille, à
la femme en particulier, la responsabilité première de
l'éducation des enfants en bas âge, il faut également que
l'Etat assume ses responsabilités à l'égard du
développement des services de garde.
En ce qui touche le projet de loi qui est devant nous, ces remarques
préliminaires étant faites, Mme la Présidente, je dois
vous dire que nous entretenons des réserves sérieuses à
plusieurs égards. Dans les minutes qui me sont allouées,
j'aborderai successivement, d'abord, ce qui est l'objet même du projet de
loi, la création d'un office, parce qu'il est évident que le
ministre des Affaires sociales nous a dit: Nous partons de certains principes,
la possibilité pour la femme de choisir d'aller travailler et
également d'avoir des loisirs. Là-dessus, je pense que nous
sommes d'accord, mais il ne faut pas oublier que l'essentiel de ce projet de
loi est la mise sur pied d'un office. Il est assez étonnant que cette
structure ou superstructure que le gouvernemet a retenue, c'est-à-dire
la création d'un office, soit finalement le choix sur lequel
s'arrête le gouvernement. Peut-être ne faut-il pas s'en surprendre;
il a une fois de plus succombé à ce désir de créer
une autre superstructure, un cadre administratif sans vraiment trop se
préoccuper, en dépit des bonnes intentions exprimées par
le ministre, d'améliorer la qualité véritable des services
de garderie.
Quand on regarde, Mme la Présidente, le rapport du comité
interministériel sur la petite enfance, jamais, dans les suggestions
faites, il n'est question de la création d'un office. On hésite
entre diverses formules. Par exemple, on discute des avantages et
désavantages de la création d'un ministère de l'enfance,
ce qui est immédiatement écarté pour des raisons que je
peux assez facilement comprendre puisque, ce moment, il aurait
empiété et causé des bouleversements considérables
au ministère de l'Education. Mais un autre modèle qui semble
être celui que le comité interministériel favoriserait est
celui de confier au ministère de l'Education du Québec la mise
sur pied ou la coordination de tous ces services de garderie. (12 h 40)
On y fait part également des avantages et des
désavantages. Les avantages sont qu'il existe un réseau scolaire
dans l'ensemble du Québec, qu'il existe un réseau
d'équipements qui est devenu de plus en plus libéré et
qu'actuellement, si on songeait à des services intégrés
pour la petite enfance, on pourrait assurer une continuité au plan des
responsabilités. Les désavantages, quand on les
examine de près et qui sont évoqués, sont surtout
des désavantages au plan financier, dans le sens qu'on craint que la
pression qui s'exercerait pour une gratuité au niveau des services de
garderie, deviendrait plus forte, compte tenu que le système scolaire
est gratuit, et on évoque les mêmes arguments pour le
transport.
Néanmoins, je pense qu'il ressort de ce comité que ceci
était la formule que l'on favorisait. Il y avait également une
autre formule, un autre modèle qui était proposé. On y
diviserait entre le ministère des Affaires sociales et le
ministère de l'Education les responsabilités des services de
garde. Au niveau de la coordination, pour le cas du ministère des
Affaires sociales, la municipalité agirait comme élément
de coordination et de planification. Dans les deux cas, on retrouve un
réseau, dans l'ensemble du Québec, même dans les
régions rurales, vous avez également des
municipalités.
Je m'étonne que le gouvernement n'ait pas songé à
explorer davantage l'une ou l'autre de ces avenues. Je le comprends
jusqu'à un certain point. C'est que nous sommes présentement,
comme je l'expliquais dans mes remarques préliminaires, à un
stade de l'évolution des mentalités d'une façon
générale quant à la mise en place de services de garderie.
Il se pourrait fort bien que, d'ici pas très longtemps, pour assurer une
meilleure coordination des ressources, pour une utilisation plus rationnelle
des équipements, et surtout empêcher cette sorte de chevauchement
de services, particulièrement pour les enfants de quatre à six
ans, où on retrouve des structures ou des services du côté
de l'Education et des services du côté du ministère des
Affaires sociales, on réalise que, finalement, c'est vers cette formule
qu'on s'oriente dans le sens de donner au ministère de l'Education,
éventuellement, les services de garde.
Mais on n'a qu'à se rappeler que le ministre a fait tout à
l'heure grand état de tous les millions, $6 millions, $10 millions, $20
millions que l'on met, et il me semble important à ce moment-ci pour le
gouvernement de présenter un projet de loi qui officialise, somme toute,
et peut-être davantage au plan électoral qu'au plan de la
qualité des services la façon de créer vous n'avez
pas à protester, c'est exactement cela dans l'opinion publique
l'impression que l'on donne beaucoup de services.
D'ailleurs, ceci n'est pas une opinion personnelle, bien au contraire.
Le ministre des Affaires sociales se souviendra que plusieurs organismes ont
critiqué la façon dont le ministère des Affaires sociales
faisait sa publicité en ce qui touche les services de garde. Il ne
s'agit que de rappeler, par exemple, que, successivement, on annonce, à
coup de conférences de presse, les mêmes crédits; le
regroupement des garderies l'a fort bien exprimé.
J'ai également ici devant moi un autre témoignage du
regroupement des garderies de la région 6-C qui dit: "Nous avons pris
connaissance des communiqués émanant de votre ministère
dans lesquels vous nous annoncez les politiques financières de 1979/80.
L'annonce de ce budget nous paraît un geste politique habile laissant
croire au grand public que le gouvernement s'occupe enfin des services de
garde. Cependant, à l'analyse et après consultations
auprès de gens du milieu, nous constatons qu'il s'agit là d'une
publicité trompeuse qu'il nous faut dénoncer". Je pense qu'on ne
peut pas douter du sérieux de ce regroupement de garderies de la
région 6-C et, d'ailleurs, le ministre reconnaissait que c'était
un groupe qui travaillait très sérieusement. On ajoutait: "Bien
que les montants de ce budget soient une nette amélioration sur les
sommes précédentes, notre désaccord vient du fait que ce
budget ne s'appuie sur aucune planification et que, pour le public en
général, le fait que le gouvernement dit injecter des sommes
impressionnantes aux services de garde peut sembler une preuve de son
intérêt pour la question, mais, pour les garderies qui, elles, ont
à vivre avec ces politiques, la réalité est tout autre. "
C'est pour cela que, d'une part, je pense que le gouvernement, en
décidant d'instituer un office, a agi d'une façon
prématurée, a mis sur place un superstructure dont les
coûts pourraient être utilisés plus utilement dans une
période de transition, tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas
décidé là où finalement devraient reposer les
responsabilités pour les services de garde... On utilise des fonds
considérables.
Si on regarde d'abord ce que sera la structure de l'office, compte tenu
de ses responsabilités, on peut facilement, en examinant ses
responsabilités, voir que, d'ici un an, un nombre assez impressionnant
de cadres y seront rattachés et que, finalement, ces services, pour
lesquels il s'agit ensuite d'établir des normes, d'établir une
réglementation assez considérable, ceci aurait pu tout aussi
bien, dans cette période, continuer de se faire par la division des
services de garderie qui sont situés à l'intérieur du
ministère des Affaires sociales, sans compter qu'encore là on
aurait été en meilleure position pour établir la jonction,
si on veut, ou la collaboration entre les deux ministères principalement
touchés. Mais le gouvernement continue dans sa tradition, il met un
autre organisme sur pied; évidemment, c'est un des plus
considérables, il y aura 17 membres dans cet organisme; le gouvernement
en nommera treize et même les quatre autres seront des fonctionnaires
nommés évidemment par le gouvernement.
Le ministre veut nous faire croire qu'à partir de cet office les
problèmes quotidiens, vécus profondément par les
garderies, compte tenu des ressources limitées qu'elles ont, seront
résolus. Je pense que l'argent serait beaucoup mieux investi directement
dans les garderies que dans une autre superstructure qui, finalement, permettra
au gouvernement de récupérer les plus contestataires qu'on pourra
nommer au conseil d'administration ou encore de nommer certains
privilégiés du gouvernement.
M. Lazure: Est-ce que je pourrais poser une question au
député de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Lazure: Est-ce que le député de L'Acadie...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela compte sur mon temps, M. le
Président?
M. Lazure: Non, non, consentement, consentement.
Est-ce que le député de L'Acadie se rend compte que, sur
les 29 mémoires que nous avons eus en commission parlementaire, 27
étaient en faveur de la création d'un office de services de
garde?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le ministre
a presque deviné ce que j'allais dire. Je savais fort bien que le
ministre des Affaires sociales qui aurait pu d'ailleurs le dire dans sa
réplique allait me rétorquer cela. Il est vrai que la
majorité des organismes qui se sont présentés en
commission parlementaire ne se sont pas opposés à la
création de l'office en soi, mais si vous examinez attentivement le
contenu, chacun dit: Est-ce qu'il s'agira d'une très grande
centralisation? Est-ce qu'on va faire du contrôle? Est-ce que ça
ne vise pas surtout du contrôle plutôt que du support? Il faudra
assurer des mécanismes de consultation très bien
structurés avec les instances locales. Ecoutez, peut-être qu'on
accepte et qu'on n'a pas fait de contestation, sauf dans deux ou trois cas
quant au coût, quant au fonctionnement de l'office. Mais le fait demeure
qu'aussitôt l'office mis en place on pose des questions extrêmement
importantes quant à ses coûts, quant à son articulation
avec les autorités locales et immédiatement aussi vous accordez
à l'office le droit de décentraliser dans les régions. (12
h 50)
Alors, je pense qu'on aurait pu continuer pour le moment de fonctionner
avec ce qui existe à l'intérieur du ministère des Affaires
sociales, quitte à étendre les responsabilités si les
besoins s'en faisaient sentir et, ensuite, si le ministre le désirait,
former un comité consultatif. Je pense qu'à ce moment-là
il aurait pu entendre les personnes tout aussi bien. Mais le ministre, ou le
gouvernement, préfère de beaucoup cette superstructure qui est
d'ailleurs dans les politiques habituelles du gouvernement.
M. le Président, si on avait voulu utiliser d'autres structures
que celles du MAS, pourquoi ne pas remettre, par exemple, au CRSSS la
responsabilité de faire la planification des services de garde? On fait
appel aux municipalités, on fait appel aux commissions scolaires. Il y
avait une foule d'autres organismes déjà en place. On
n'était pas obligé de créer cette structure
parallèle qui, encore une fois, je le dis, va diminuer les ressources
qui, normalement, devraient aller à l'amélioration de la
qualité des services de garderies plutôt qu'aux
superstructures.
Je voudrais également dire quelques mots sur les
différents types de garderie ou de services de garde qui seront offerts
à la population. Je dois dire, en ce qui touche les haltes-garderies et
une façon générale, et à la diversité des
services de garde qui seront offerts, je dois reconnaître et cela me fait
plaisir de le faire, parce que je l'ai souvent sollicité à
l'occasion de commissions parlementaires féliciter le
gouvernement d'élargir cet éventail de services qui
répondra certainement mieux à des besoins variés des
familles et ce, particulièrement dans le cas des haltes-garderies qui
n'avaient aucune espèce de statut officiel, si on peut dire.
En ce qui a trait aux services de garde en milieu familial, plusieurs
réserves s'imposent. D'ailleurs, à ce moment-ci, je ne crois pas
que le ministre se lève pour m'interrompre et me dire: II y a peu
d'organismes qui n'ont pas été d'accord avec cette formule de
garde en milieu familial. Les objections nombreuses et principales qui ont
été faites à l'endroit de cette formule, sont d'abord: II
est important cependant au point de départ, de bien établir la
différence entre ce nouveau genre de service de garde et ce à
quoi faisait allusion le ministre quand il a dit: Depuis des
générations, on utilise la garde en milieu familial. Il y a une
différence entre celle qu'on prévoit dans le projet de loi,
où vous retrouverez quatre enfants ou neuf enfants, et celle qu'on
identifie plus facilement à la garde chez un parent, un ami ou un
voisin. Essayer dedireque les deux sont la même chose c'est créer
la confusion. Il faut être très clair, pour que le public
comprenne qu'il s'agit de deux choses bien différentes et que souvent,
la relation qui existe entre un parent qui fait garder son enfant chez la
voisine qu'il connaît ou chez le parent ou la parente qu'il estime, c'est
fort différent d'un service de garde familial tel qu'on le
prévoit ici.
Malgré cela, Mme la Présidente, il faut reconnaître
que dans les régions isolées également dans le cas
des enfants de zéro à deux ans qui requièrent des services
de garde cette formule, peut être utile autant qu'elle ne soit pas
généralisée et qu'elle ne soit pas un frein on sait
que le gouvernement aime mettre des freins au développement du
réseau des garderies. Ceci a été exprimé je
pense que là-dessus, le ministre me le concédera par la
majorité des organismes qui se sont présentés.
Il ne faut pas oublier d'ailleurs que, parmi les autres objections qui
ont été faites à ce type de garderie, c'est d'abord la
question de la surveillance, la question du choix des personnes et, sans aucun
doute, elles devront être reconnues par une agence de garde qui est
définie dans le projet de loi. Mais on peut se demander très
sérieusement si toutes ces personnes, qui pourront réclamer le
titre d'agence de garde, pourront remplir toutes les fonctions que la loi dit
qu'elles devront remplir, entre autres, apporter l'appui technique et
professionnel, faire de l'information, etc. Il reste qu'il y a des questions
très sérieuses à se poser quant à la qualité
qu'on pourra assurer, si jamais on généralise ce type de service
de garde, et quant à la stabilité que ce type de service de garde
pourra assurer. Qu'arrive-t-il des enfants lorsqu'une femme qui garde des
enfants tombe malade? Il faudra au moins penser à des moyens
de remplacement ou à d'autres solutions pour dépanner dans
des circonstances comme celle-là.
On fait aussi état, dans la littérature, de certaines
difficultés que peut représenter, pour l'enfant, un échec
en garde familiale. Dans une garderie où il y a plus d'enfants, la
difficulté est moins grande. Je pense que là-dessus le ministre
sera d'accord. Quand on est dans un milieu plus restreint le même
problème peut se retrouver dans un foyer d'accueil les effets
d'un échec en garde familiale sont quand même plus sérieux
que ceux d'un échec qui peut survenir en garderie ordinaire alors qu'un
membre du personnel démissionne ou doit quitter.
Il y a un autre aspect du service de garde en milieu familial. Cela
concerne les taux qu'on va payer. Ici, on entre dans un problème assez
complexe. D'une part, on dit le ministre l'a expliqué tout
à l'heure que les femmes seront rémunérées
$5 par jour. Et peut-être $1 de plus, M. le ministre? Les parents
paieront $1 aussi ou strictement...
M. Lazure: Les parents paieront $1 aussi, oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui veut dire $6 par jour par enfant et il y
a quatre enfants. Quand on fait le calcul total de ceci, vous vous retrouvez
avec des femmes qui seront payées, compte tenu du nombre d'heures
où elles devront se dévouer auprès des enfants, et qui
travailleront à des conditions en bas du salaire minimum.
M. Lazure: Question de privilège. Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. Lazure: Si vous me le permettez, juste pour ne pas induire la
Chambre en erreur. Ce n'est pas exact, Mme la Présidente. Le projet de
loi permet aux femmes qui feront de la garderie en milieu familial, comme pour
les autres types de garderie, d'exiger le montant total qu'elles voudront bien
exiger. Donc, la femme en question pourra exiger $10 par jour ou $9 par jour,
comme cela se fait actuellement. Cela continuera d'être permis. Ce qu'on
dit, c'est que la subvention maximale allant au parent qui place son enfant
sera de $5 par jour, selon les revenus.
La Vice-Présidente: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'à ce moment-là... Ce
n'est peut-être pas le genre d'échange habituel, mais c'est de
bonne foi que j'ai accepté la remarque du ministre. Je voudrais
également savoir si, dans le cas où les familles ne pourraient
pas payer, vous allez avoir à ce moment-là une échelle qui
va être la même que celle qu'on applique aux garderies.
M. Lazure: Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Ceci reste à voir, puisque c'est à
l'application qu'on le verra.
L'autre problème qui est soulevé à l'égard
de la garde en milieu familial est la concurrence que ceci va créer pour
les familles d'accueil je n'ai pas terminé, Mme la
Présidente, je n'ai utilisé que la moitié de mon temps
ceci est extrêmement important. J'aimerais simplement lire ce que
les Centres de services sociaux ont fait valoir à cet égard et
c'est d'ailleurs une difficulté qui a été soulevée
par d'autres. Aux familles d'accueil qui reçoivent des enfants à
temps plein, des enfants de zéro à quatre ans, à partir du
1er janvier, on accorde une indemnité de $4 85 par jour alors que,
déjà, pour l'enfant qui sera gardé, disons, de 7 heures
à 18 heures, ou de huit à dix heures par jour, on accorde, au
point de départ, $5 par jour; à ce moment-là, les revenus
ne seront plus comparables et les familles d'accueil seront nettement
défavorisées par rapport aux familles qui recevront des enfants
pour la garde. Ceci est extrêmement important à un moment
le ministre sera d'accord avec moi où il est de plus en plus
difficile de recruter des families d'accueil (13 heures)
C'est ce que le Conseil des services sociaux nous soulignait, en disant:
"il est vrai que la compensation payée aux familles d'accueil n'est pas
un revenu au sens de la Loi de l'impôt, contrairement à la famille
de garde qui devra les déclarer. Malgré cela, nous nous
interrogeons sur la différence de traitement. Nous ne croyons pas que la
solution soit de diminuer le montant que doit recevoir une personne responsable
de services de garde en milieu familial, loin de là. Cependant,
l'Association des centres de services sociaux se demande quelies seront les
implications de la situation actuelle sur les familles d'accueil, sur leur
motivation. Quel sera l'impact sur le recrutement de nouvelles familles
d'accueil? il serait sans doute temps de réviser notre conception du
rôle des familles d'accueil et de reconnaître toutes les dimensions
de leur engagement.
Voici la question que je pose au gouvernement: Est-il prêt
à réexaminer toutes les dimensions de l'engagement des familles
d'accueil? Une seconde. Je n'ai pas fini, je reviens après... Je
continuerai là-dessus, si les gens veulent suspendre la séance
maintenant, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Cette Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 2
Reprise de la séance à 15 h 7
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît!
Mesdames, messieurs, veuillez vous asssoir. II s'agit maintenant de la reprise
du débat sur la motion de M. le ministre des Affaires sociales,
proposant que soit maintenant lu, la deuxième fois, le projet de loi no
77, Loi sur les services de garde.
Mme la députée de L'Acadie avait la parole.
Mme Lavoie-Roux: Merci, Mme la Présidente. Après
deux heures de repos, on peut reprendre le débat avec beaucoup de
sérénité. D'ailleurs, elle fut toujours là,
même avant l'heure du lunch.
Quand nous nous sommes quittés à 13 heures, j'avais
commencé à aborder le problème de la garde en milieu
familial. J'avais fait valoir certains avantages, certains désavantages.
Il faut quand même mettre le gouvernement en garde contre des
difficultés qui sont réelles. Je voudrais simplement
résumer, à ce moment-ci, les principaux écueils qui sont
celui du problème de la surveillance de la qualité des services
de la garde en milieu familial, les risques d'instabilité plus grande
que dans une garderie régulière, ensuite, la concurrence qui
devient presque inacceptable maintenant, depuis que le ministre des Affaires
sociales nous a dit qu'on pourrait même recevoir, en garderie familiale,
des montants qui iraient jusqu'à $9 ou $10 selon le barème
officiel. Alors, cela devient une concurrence inacceptable pour les foyers
d'accueil. J'imagine que le ministre devra se pencher là-dessus, sinon
on risque, sans vouloir être alarmiste, de trouver un plus grand nombre
d'enfants en institution qu'on ne le souhaiterait.
Egalement, le dernier écueil que plusieurs ont signalé,
c'est cette mise en garde, voulant que si un accent trop grand est mis sur le
développement des services de garde en milieu familial, on mette un
frein au développement du réseau de garderies de jour, ce qui
devrait quand même être la formule d'accueil la plus
généralisée pour les enfants d'âge
préscolaire. (15 h 10)
Je voudrais maintenant dire quelques mots de la garderie en milieu
scolaire et je regrette que le ministre de l'Education ne soit pas revenu parce
qu'il aurait peut-être été intéressé.
M. Marcoux: Je peux informer Mme la députée qu'il
va participer à nos travaux en fin d'après-midi.
Mme Lavoie-Roux: Bon. De toute façon...
M. Marcoux: Je vous ferai remarquer qu'il était là
ce matin.
Mme Lavoie-Roux: ... ce n'était pas d'une façon
agressive que je le disais, il n'est pas obligé d'être là
tout le temps, n'est-ce pas?
Des Voix: On comprend ça.
Le Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît,
à l'ordre!
M. Chevrette: Vous faites bien ça!
La Vice-Présidente: A l'ordre!
M. Chevrette: Continuez comme ça, ça va bien!
La Vice-Présidente: M. le député de
Rimouski, s'il vous plaît!
Mme la députée de L'Acadie.
M. Chevrette: Je voulais faire mon petit Forget!
Mme Lavoie-Roux: Si je veux attirer l'attention des deux
ministres sur le problème des garderies en milieu scolaire, ce n'est pas
que nous soyons contre le principe de la garde en milieu scolaire, après
les heures de classe, ou même contre l'ouverture par les commissions
scolaires de garderies, comme le nouveau projet de loi le prévoit, c'est
même souhaitable, mais à la condition que les programmes soient
définis avec les instances locales. Je pourrais donner au ministre de
l'Education un exemple très probant de la difficulté avec
laquelle la décentralisation dont il nous parle vers les commissions
scolaires ou vers les écoles se fait, si bien que ce que le
ministère de l'Education a prévu, parce que l'argent vient des
Affaires sociales et est remis à l'Education qui le remet aux
commissions scolaires, c'est un programme tout fait. C'est parti du
ministère de l'Education avec directives, règlements, etc., si
bien que c'est une confusion et une utilisation vraiment irrationnelle et
irresponsable. Je le dis très sérieusement au ministre des
Affaires sociales. Je veux profiter de l'occasion pour attirer son
attention.
Les sommes prévues sont uniquement pour de l'équipement.
On sait déjà que les écoles, d'une façon
générale du moins les écoles de construction assez
récente, qui peuvent quand même renouveler leur équipement
parce qu'elles ont des ressources, on le sait fort bien, plus grandes que les
garderies utilisent cet argent... Là, je ne dis pas que ce sont
les directions d'école ou que ce sont les commissions scolaires, mais il
y a des projets de soumis, par exemple, pour les services de garde après
l'école, pour acheter un téléviseur, pour acheter un four
à poterie, à la condition que l'an prochain on ne change pas
d'intérêt artisanal. D'ailleurs, il s'agit toujours d'enfants de 5
ans à 12 ans. Je pourrais citer d'autres exemples comme celui-là
pour dire que, parce que tout à coup on a de l'argent et que le
programme ne s'est pas fait avec les autorités locales mais, à
partir d'en haut, à partir de la centralisation d'un ministère,
on se retrouve devant ces incongruités qui, je pense, ne sont pas
tolérables.
Je pense également je l'ai déjà
signalé au ministre des Affaires sociales qu'il n'est pas
suffisant de donner de l'argent pour la garde parascolaire uniquement pour de
l'équipement; il y a vraiment des problèmes d'alimentation qui
viennent se greffer après le heures de classe, il y a des
problèmes de ressources des parents qui ne peuvent pas payer, et c'est
peut-être un plus grand nombre de parents que ceux que l'on
catégorise d'une façon un peu absolue dans les milieux
défavorisés. Si bien que, s'il n'y a pas une partie de l'argent
qui sert à couvrir les frais de garde, il y a peu de chance que les
services de garde en milieu scolaire se développent d'une façon
rationnelle.
Le ministre des Affaires sociales pourra peut-être dire: Bien,
maintenant, on offre des services
de garderie en dehors des heures de classe et même les
journées de congés pédagogiques, je pense que cela ne
correspondra pas vraiment à de tels services dans la
réalité.
Je voudrais dire un mot des garderies privées. Le ministre, ce
matin, a quand même laissé voir une certaine ouverture, mais je
dois vous dire que je demeure encore très sceptique et je ne suis pas
certaine que si même il dit qu'il va modifier l'article 6, tout ce qu'il
enlèvera ce sera "de l'avis du ministre des Affaires sociales". Est-ce
qu'on gardera l'intérêt public? A ce moment-là, je pense
que, même pour les garderies existantes, si on examine les deux articles
95 et 6 ce sera la seule référence à des articles
que je ferai, Mme la Présidente il se pourrait fort bien qu'au
moment du renouvellement d'une garderie privée présentement
existante, on puisse, en vertu de l'article 6, lui refuser son renouvellement,
compte tenu que, peut-être, à ce moment-là, ça ne
correspond plus à l'intérêt public.
Et qui déterminera l'intérêt public? Je sais que
c'est une formule que le ministre a utilisée à l'égard des
centres d'accueil. Je ne connais pas quelle utilisation on en a faite et si
elle s'est avérée pratique. Je voudrais, de toute façon,
dire au ministre des Affaires sociales et lui-même, je pense, a
tenu des propos dans le même sens ce matin que, historiquement,
les garderies privées ont joué un rôle important; ce sont
des pionnières dans le domaine des services de garde.
Il y en a eu d'excellentes, il y en a encore d'excellentes et on
devrait, au nom du principe du choix des parents dont le ministre parlait ce
matin, qu'il a situé dans un éventail de types de services les
conserver. Ce principe on pourrait aussi le situer dans ce choix que les
parents peuvent vouloir faire d'une garderie à but lucratif ou non
lucratif. Je suis d'accord avec lui pour le tempérament qu'il met pour
l'émission d'un seul permis par garderie, pour les raisons de
non-commercialisation qu'il a évoquées ce matin.
Je voudrais dire un mot, Mme la Présidente, au sujet des
conditions de travail et des conditions physiques dans lesquelles les garderies
fonctionnent présentement. On a eu beaucoup de représentations
d'un très grand nombre d'organismes, non seulement de techniciennes de
garderies, mais également de familles impliquées dans les
garderies, d'organismes intéressés à la question des
garderies qui nous ont d'abord parlé des conditions difficiles, des
salaires extrêmement bas que reçoivent les travailleuses des
garderies, si bien qu'on peut faire le parallèle, dans le fond entre les
ressources des garderies et l'évolution difficile des garderies. Je suis
sûre que Mme la ministre déléguée à la
Condition féminine sera d'accord avec moi. Il y a un parallèle
à établir entre les difficultés que l'évolution des
garderies a connues et les difficultés que les femmes ont connues quant
à leur émancipation et à leur acquisition d'une certaine
indépendance dans tous les domaines
Mme la Présidente, ce matin, le ministre a beaucoup fait
état de tous les millions qu'il verse si libéralement depuis
trois ans. J'aimerais qu'il nous dise de quelle façon ceci se traduit,
d'abord, quant à l'augmentation du nombre de places et quant au calcul
qui pourrait être fait si on tient compte du taux d'inflation et du
nombre de places développées. Comment ceci se traduit-il dans les
faits? Y a-t-il une augmentation véritable de la qualité des
services en garderie et, finalement, une véritable augmentation de
l'argent mis à la disposition des services de garde? Le ministre fait
toujours état de $3 millions en 1976/77. J'aimerais savoir, à ce
moment-ci, parce qu'il met tellement d'appui sur les $3 millions alors
que le dernier budget du gouvernement précédent pour les services
de garde était de $4 200 000; qu'il nous parle aujourd'hui des
$22 millions, s'il prévoit que ces $22 millions seront
dépensés dans l'année courante. On sait fort bien qu'un
des problèmes des garderies, à cause des difficultés
d'organisation et des initiatives souvent très difficiles que les
parents sont obligés de prendre pour les mettre sur pied, que les
montants mis à leur disposition à ces fins ne sont pas
utilisés durant une année budgétaire.
Mme la Présidente, il y a d'autres remarques que je pourrais
faire quant à l'abondante réglementation, quant à l'accord
de subventions par une réglementation provenant de l'office.
Là-dessus, on peut se poser des questions, à savoir si l'office
décide, par règlement, d'accorder des subventions qui demeurent
quand même l'argent des contribuables et qui échappent à
tout contrôle, à toutes fins utiles de la part de ceux qui sont
véritablement responsables de la dépense des fonds publics. (15 h
20)
II y a d'autres articles et d'autres points que je pourrais soulever.
Nous le ferons au moment de l'étude article par article en commission
parlementaire dans l'espoir d'améliorer ce projet de loi.
Je voudrais, en terminant, Mme la Présidente, dire que
l'Opposition officielle votera contre ce projet de loi, dont l'objectif
principal est d'instituer un office des services de garde qui, à notre
point de vue, n'est pas une réponse adéquate aux problèmes
fondamentaux auxquels font face les garderies. Ce sont, d'abord et avant tout,
des problèmes de ressources sur le plan matériel et sur le plan
du personnel.
Aux demandes d'une politique intégrée de services
d'accueil à la petite enfance, le gouvernement nous répond par
l'ajout d'un nouvel organisme gouvernemental, un office avec tous les
coûts que cela comporte et qui aura beaucoup de difficultés
à coordonner les ressources déjà fort mal
intégrées entre le ministère de l'Education du
Québec et le ministère des Affaires sociales. Est-ce qu'on n'a
jamais pensé de répondre pourquoi la maternelle à temps
plein est mauvaise pour les enfants de cinq ans, mais que la garderie à
temps plein est bonne pour eux? On a, au niveau des enfants de quatre ans, une
variété de services selon qu'on relève du ministère
de l'Education ou du ministère des Affaires sociales. Vous avez
même les enfants qui se promènent ou, enfin, qui sont dans les
écoles de neuf heures à 15 heures. De 15 heures à 18
heures, ils s'en retournent dans une
garderie. Il n'y a vraiment pas de continuité dans le type de
services qu'on donne aux enfants. Les services parascolaires ou la garderie
parascolaire pourront répondre à ceci en partie. Mais je pense
qu'on doit songer de plus en plus à s'acheminer vers une politique qui
assurera une continuité de services aux enfants quant aux personnes qui
s'en occupent et quant aux institutions qu'ils fréquentent. L'office
n'est pas, à mon point de vue, une politique; c'est strictement une
structure. Dans ce sens-là, il ne répond pas du tout à un
objectif d'une politique intégrée de services à la petite
enfance.
Cet office est le dernier-né ça fait plusieurs que
vous voyez de la prolifération des organismes gouvernementaux. Il
fut une époque où on créait en tout cas, vu de
loin, c'est l'impression que j'avais quand il y avait des
problèmes un peu plus aigus, des comités, des commissions
d'enquête pour résoudre les points chauds. Aujourd'hui, on
multiplie les offices ou on multiplie les régies. C'est là que
les problèmes vont se résoudre, où le gouvernement va se
mettre à l'abri des contestations du public. Il y aura toujours ce
tampon entre lui et les citoyens qu'il doit représenter.
Je ne veux pas dire que, dans certains cas, les offices ne sont pas
nécessaires. Le ministre se rappellera que dans le cas de l'Office des
handicapés, parce qu'il s'agissait d'une population ou d'une
clientèle tout à fait différente dont les problèmes
recouvraient une foule de ministères, je lui ai donné le plus
d'appui possible. Je pense qu'il doit s'en souvenir. Mais, dans d'autres cas,
ils ne sont pas nécessaires et, dans le cas présent, nous avons
un exemple probant d'un cas où la création d'une superstructure
gouvernementale avec les coûts qu'elle implique n'est pas
nécessaire.
Le ministre, dans sa réplique, voudra sans doute nous reprocher
que nous nous opposions à la mise en marche de cet éventail de
services de garde, que nous nous opposions à la participation des
parents. Ces services existent déjà puisque le ministre a
envoyé des communiqués de presse dans lesquels il disait que,
cette année, tant d'argent a été consacré aux
services de garde en milieu familial, tant d'argent aux services de garde en
milieu scolaire, tant d'argent aux garderies, etc. Alors, ils existent
déjà. Il n'est pas nécessaire de créer un office
pour les mettre en existence. Il en va de même pour la participation des
parents. Il ne faut pas oublier que ce principe de la participation des parents
dans les activités des garderies a été retenu par l'ancien
gouvernement et a présidé le développement des garderies
existantes.
Il existe déjà au sein du ministère des Affaires
sociales une unité administrative responsable des garderies. Si on la
juge trop centralisée, qu'on remette alors véritablement les
responsabilités au niveau local par le truchement des organismes
existants mais qu'on ne crée pas un autre organisme gouvernemental qui
sera aussi centralisé et probablement, à certains égards,
beaucoup moins responsable. Ce sont d'ailleurs des inquiétudes que
plusieurs organismes ont exprimées. Si le ministre voulait, par
ailleurs, s'assurer d'un conseil consultatif pour tout ce domaine des soins de
garde pour la jeune enfance, nous ne nous y opposerions pas, bien au contraire.
L'office, c'est le feu d'artifice pour la population.
Pourtant, ce que cette dernière réclame, ce n'est pas un
feu d'artifice, c'est qu'on consacre, et ceci non seulement pour ce
problème particulier que nous examinons aujourd'hui, mais pour un grand
nombre de domaines où le gouvernement a dans les dernières
années multiplié les structures bureaucratiques, ce que la
population réclame, c'est que plus d'argent soit mis à la
disposition des usagers et que moins soit mis dans les structures
administratives. C'est d'ailleurs l'appel constant de tous ceux qui oeuvrent
dans les garderies avec beaucoup de dynamisme, de dévouement depuis des
années. C'est aussi le désir des parents qui utilisent les
services de garde que les ressources financières servent le plus
possible à améliorer la qualité des services dans les
milieux auxquels ils confient leurs jeunes enfants.
Le ministre peut faire état des millions qu'il dépense. Ce
ne sont pas les siens, ni ceux du gouvernement, ce sont ceux des contribuables.
Comme plusieurs l'ont dit en commission parlementaire, il ne s'agit pas
d'augmenter le nombre de services mal organisés, mais d'améliorer
la qualité des services actuels. Le ministre voudra sans doute
évoquer que les foudres des femmes du Québec retomberont sur
l'Opposition qui aurait dit non à son projet de loi historique, la
création d'un office de garderies.
Mais qu'on ne nous fasse pas rire, Mme la Présidente. Non
seulement les femmes, mais aussi les familles du Québec veulent surtout
la plus grande qualité possible de services quand elles confient leurs
jeunes enfants à d'autres, que ces services soient stables et
qu'à cette fin, celles qui y travaillent aient des conditions au moins
un peu comparables à celles des autres travailleurs.
Il ne faut pas oublier que, dans une proportion de près de 98%,
ce sont des femmes qui oeuvrent à l'intérieur des garderies.
C'est peut-être cela aussi une façon fort positive de se
préoccuper de la condition des femmes, Mme la Présidente.
De plus, il ne faut pas oublier qu'actuellement, quand on examine les
normes de fonctionnement quant au ratio, quant à l'espace physique qui
est mis à la disposition des enfants, également quant aux
salaires qui sont payés, nous ne figurons pas en tête de liste
à l'intérieur des provinces canadiennes; malheureusement, nous
sommes un peu trop au bas de la liste, selon mon jugement. Mme la
Présidente, je termine ici mes propos et je pense que nous attendrons en
troisième lecture pour voir ce qui se passera. Je doute fort que le
ministre renonce à son office. C'est un office dont il a
décidé d'une façon improvisée, à cause de
pressions qui étaient sur lui, mais c'est un office qui ne répond
pas aux vrais problèmes et qui est strictement un exercice
bureaucratique. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: Mme la Présidente, j'aimerais, au tout
début, vous dire que je parlerai au nom de mon parti. C'est donc dire
que j'utiliserai le temps qui m'est alloué, à savoir une heure ou
à peu près, période allouée à une formation
politique pour se faire entendre sur un projet de loi.
Je n'ai pas besoin de vous dire qu'il est important, je pense,
d'exprimer largement l'opinion de notre formation politique, comme on l'a fait
du côté du gouvernement, comme on l'a fait du côté de
l'Opposition officielle, puisque c'est pour moi un projet de loi qui est
important.
Je voudrais d'abord, au tout début, féliciter, remercier
le ministre de nous avoir permis de discuter de ce projet de loi qui s'imposait
déjà depuis plusieurs années, de nous avoir permis
d'amener sur la place publique cet avant-projet de loi d'abord, d'avoir
reçu largement les associations et tous ceux et celles qui
s'intéressent au système de garde dans le Québec. D'abord,
je veux le remercier d'avoir eu une commission parlementaire et d'avoir ouverts
très larges les volets pour permettre aux gens de venir s'exprimer et
aussi lui dire combien nous apprécions qu'on établisse de
façon définitive les garderies publiques, les garderies qu'on
appelle sans but lucratif, les garderies populaires comme on les appelle plus
communément, puisque nous sommes d'accord pour dire qu'il était
temps qu'on en arrive à établir au Québec des garderies
populaires afin de rendre service à l'ensemble de notre
société québécoise.
Je voudrais aussi remercier tous ces gens qui oeuvrent dans ce secteur
des garderies: les religieuses et religieux du Québec qui oeuvrent dans
notre milieu depuis 1858, soit depuis plus de cent ans, qui ont bâti un
système qui est envié par pas mal de monde, la Chambre des
notaires, le Barreau du Québec, autant de personnes qui ont donné
de leur temps, les clubs sociaux dits clubs de service. Je pense aux clubs
Rotaryraux Lions, aux Optimistes, des clubs qui ont oeuvré, qui ont fait
énormément de travail dans le développement de garderies
au Québec. (15 h 30)
Je voudrais signaler d'une façon bien particulière
ces gens sont ici dans les galeries aujourd'hui l'Association des
propriétaires de garderies du Québec, des gens qui sont ici et
qui ont suivi les débats depuis le dépôt de l'avant-projet
de loi. Ces gens ont oeuvré au Québec, se sont associés
aux religieux et religieuses de 1850 et ont monté notre système
de garderies au Québec, ont fait que ce système de garderies dit
privé fait l'envie de pas mal de gens, de pas mal de provinces et a
obligé, à la suite des succès rapportés par ce
milieu, les gouvernements à se pencher sur ce problème, que ce
soit les anciens gouvernements ou celui qu'on a formé, celui qui a
été formé par l'Opposition officielle ou l'actuel
gouvernement.
Ce projet de loi, de toute façon, était sur les tablettes
depuis bon nombre d'années et aurait dû paraître en Chambre
avant aujourd'hui. Mais je voudrais que ces gens, l'exécutif provincial
qui est ici, soient remerciés pour avoir travaillé, avoir
oeuvré et avoir bâti au Québec ce système, encore
une fois, qui fait l'envie de pas mal de monde et qui a peut-être
forcé le gouvernement à présenter son projet de loi.
Quand on parle de garderies privées, et c'est ainsi que je le
distinguerai pendant mon intervention, je fais appel, à ce moment,
à l'Association des propriétaires de garderies du Québec.
Quand je parlerai de garderies publiques, ce sont les garderies dites
populaires. J'aurai l'occasion de revenir sur cette définition au cours
de mon intervention.
C'est après de nombreuses discussions qu'enfin nous arrivons
à la deuxième lecture du projet de loi instituant l'office de
garde de l'enfance au Québec. Il y a longtemps que le dossier des
garderies chemine dans notre province. Il faut retourner au cours des
années soixante-dix pour retrouver une croissance fulgurante de ce
phénomène.
Les fameux PIL sont des projets que je dénonce aussi dans ce
secteur, puisque j'en ai vécu plusieurs dans ma circonscription
étant directeur de centre d'accueil. J'ai vécu cette levée
de boucliers qu'il y a eue à un moment donné, ces sommes d'argent
du fédéral qui sont arrivées au Québec pour des
PIL, pour des garderies qui venaient oeuvrer pendant six, huit mois ou
même pas une année. On créait ainsi des appétits,
des goûts qu'on ne pouvait plus combler. C'est à dénoncer
et j'espère qu'on ne répétera plus cela. Il semble bien
que le nouveau gouvernement d'Ottawa veuille mettre fin à cette sorte de
projets d'initiatives locales qui ne valaient vraiment pas la peine
d'être institués, surtout quand on oeuvrait dans ce milieu.
En 1974, en instaurant le plan Bacon, le gouvernement libéral
s'engageait à soumettre une loi-cadre sur les garderies. En 1976,
c'était au tour du Parti québécois, dans un enthousiasme
pré-électoral, à promettre un réseau de garderies
universel et gratuit. Trois ans plus tard, le gouvernement péquiste
accouche d'un avant-projet de loi sur les garderies aucunement universelles et
surtout pas gratuites. Il serait difficile d'être en désaccord
avec le principe d'un tel projet de loi. En effet, le besoin en ce domaine est
criant. L'Union Nationale reconnaît la nécessité de
l'implantation des garderies tant en milieu scolaire qu'en milieu familial.
Vous allez me permettre, Mme la Présidente, de rappeler la position de
mon parti relativement à cette question.
Reconsidérons la philosophie qui prévaut au Tribunal de la
jeunesse Cette philosophie consiste à assurer à l'enfant un
milieu sain et stable, c'est-à-dire un milieu qui ne
dépersonnalise ni ne désoriente l'enfant; bref, un milieu qui
s'apparente le plus au milieu familial. Ainsi, toutes les lois sur les
garderies devraient tenir compte le plus possible de l'élément
naturel dans lequel est baigné l'enfant, c'est-à-dire la famille.
C'est une première
priorité. Tenant compte de ce principe, l'Union Nationale
perçoit les priorités en matière de garderies dans l'ordre
suivant.
La garderie en milieu familial. L'Union Nationale favorise d'une
façon primordiale ce mode de gardiennage, compte tenu des exigences
fondamentales de l'enfant. Deuxièmement, les garderies privées et
la halte-garderie. Je reviendrai sur ces deux types de garderie dans quelques
instants. Les garderies sans but lucratif et les garderies dites populaires.
Revenons maintenant aux garderies privées, dites à but lucratif.
Pendant l'auditon des mémoires sur i'avant-projet de loi, le ministre
des Affaires sociales a voulu nous faire croire que le mot "lucratif" venait du
grec; c'est une erreur puisqu'il vient du latin, du mot "lucrativus".
M. Lazure: Je n'ai jamais dit ça!
M. Grenier: Vous n'aurez qu'à vérifier. Cela
signifie "qui procure un gain".
M. Marchand: Les deux. M. Lazure: Les deux.
M. Grenier: Peut-être les deux, mais principalement du mot
"lucravitus". Les garderies privées à but lucratif procurent donc
un gain à ceux qui les exploitent. Comment se traduit ce gain de
façon concrète? Il fait vivre employés et patron; il
pourvoit à la création et à l'expansion de la garderie;
bref, il permet l'autonomie financière de l'établissement. Soit
dit en passant, la garderie populaire, bien que se définissant à
but non lucratif, est en réalité un établissement
également à but lucratif si on se réfère à
la définition du Petit Robert. En effet, les employés de la
garderie populaire retireront un gain de leur travail, ce sera leur salaire.
Cependant, leurs employeurs, ne résidant pas dans le bureau contigu de
la garderie mais bien dans les machines gouvernementales, devront faire
pèlerinage sur pèlerinage à Québec pour
résoudre soit un problème de tuyaux gelés, soit un
problème d'indexation de salaire.
Franchement, si le ministre des Affaires sociales veut des garderies
vraiment à but non lucratif, il devra engager des
bénévoles, il sera plus sûr d'atteindre son but.
Voilà maintenant qu'à l'article 6... On nous a dit ce matin qu'il
y avait des réserves et qu'on retirait cet article pour le remplacer par
l'office. Le ministre se réservait à ce moment-là le droit
de donner lui-même le permis; il le donne maintenant à un
office.
Cet office, en fait, c'est se donner plus de monde pour dire non. C'est
pour que le ministre ne porte pas l'onéreux de dire non; c'est l'office
qui l'aura dit. C'est la création de l'office qui le prévoit.
Sans aucun doute que cet office sera composé... J'ai bien peur qu'on n'y
reconnaisse pas bien des gens de l'Union Nationale et j'ai bien l'impression
que les critères premiers seront d'abord d'oeuvrer dans ce parti, afin
de faire partie de cet office qu'on voudra créer.
J'aimerais savoir de ce ministre ce qu'il a contre l'initiative
privée. Le ministre ne peut justi- fier ce pouvoir
discrétionnaire qu'il s'octroie en se basant sur le fait que ce genre de
garderie est malfamé, mal entretenu et de la pire espèce. Des cas
scandaleux d'enfants maltraités et mal gardés ont
été signalés autant chez les garderies populaires que chez
les garderie privées. A quoi rime tout cela? Quand on aborde la
définition d'une politique familiale, le ministre se dresse en invoquant
la notion qui lui est si chère, celle du pluralisme, afin d'esquiver la
question. Je dis au ministre que c'est le temps de sortir ses grands principes
entourant le pluralisme, en renonçant à son pouvoir
discrétionnaire dans la délivrance des futurs permis de garderie
privée.
Je vais rappeler ici le deuxième alinéa de l'article 2 que
je considère comme un énoncé de principe du ministre: "Une
personne ou une famille a le droit de choisir le service de garde qui lui
convient le mieux." C'est le principe de l'article 2. Je ne suis pas contre les
garderies populaires, je l'ai dit au tout début, en milieu scolaire ou
autre. Seulement, nous ne voulons pas qu'un mode de garde soit bafoué
tout simplement parce qu'il ne sied pas au ministre ou aux gens qui
l'entourent. Je pense que le système privé n'a pas
nécessairement la faveur du gouvernement actuel.
Déjà, en 1976, on craignait pour nos écoles
privées. Le ministre de l'Education a dû mettre de l'eau dans son
vin, compte tenu de nombreuses protestations, et maintenir l'école
privée moyennant un principe de complémentarité
déterminé par les commissions scolaires. Ici, je voudrais
féliciter le ministre de l'Education cela ne nous arrive pas
souvent de le faire qui ne s'est pas gêné pour mettre de
côté une partie du programme du Parti québécois qui
avait pour mission, comme on le dit ici, de réduire progressivement les
subventions de l'Etat aux écoles privées non
intégrées sur une période de cinq années. Il ne
s'est pas gêné pour le mettre de côté et dire
à son caucus: Ce n'est pas là mon intention; on va faire
certaines transformations. Je dois l'en féliciter puisqu'il accepte
assez volontairement des recommandations qui ont été celles de
l'Union Nationale. J'ai l'impression que ce ministre, si jamais il veut faire
partie de notre formation politique, serait un bon ministre de l'Education sous
l'Union Nationale. Mais, il devra passer par ie purgatoire un bout de temps,
parce qu'il est passé dans les limbes péquistes pendant trois
ans; cela lui prendrait une bonne purge, je pense, avant. Il reste quand
même avec une philosophie fort acceptable, ce ministre qui s'accroche
à plusieurs traditions du Québec et qui est peut-être un
des plus conservateurs de ce gouvernement.
Je voudrais que le ministre des Affaires sociales ici, je fais
appel à sa bonne volnté et j'ai eu l'occasion de travailler avec
lui, je pense que c'est un ministre d'excellente, de bonne volonté; il
veut faire beaucoup de bonnes choses, mais, et c'est là que ça se
gâte...
Une Voix: II n'est pas conservateur, lui.
M. Grenier: ... il est mal conseillé. Très mal
conseillé.
Une Voix: Par qui? Une Voix:Des noms!
M. Grenier: Quand il revient de la commission parlementaire
où il est fort conciliant avec les partis d'Opposition, il retombe dans
la fosse aux lions qui est son caucus et là, il n'est pas sorti du bois
quand il arrive là. Aussi, quand il retombe dans son milieu, avec ses
fonctionnaires qui, eux, ont ce projet de loi sur les tablettes depuis un bout
de temps et ont l'intention de le passer...
Des Voix: Ce sont des rouges!
M. Grenier: Ah! sans aucun doute, et qui ont l'intention, peu
importe le ministre, de passer le projet de loi. Je pense que le projet de loi
que nous étudions dans le moment n'est pas une initiative de l'actuel
gouvernement, c'est une continuité. (15 h 40)
Le ministre et son entourage, dirais-je, ce sont des libéraux
pressés, tout simplement. Ils acceptent cette doctrine qui
traînait sur les tablettes depuis quelque temps. En 1979, le ministre des
Affaires sociales nous plonge dans un même dilemme, cette fois-ci,
concernant les garderies privées, celles qu'on a vécues dans le
secteur des écoles.
Du principe de complémentarité du ministre de l'Education,
nous passons au principe de l'intérêt public du ministre des
Affaires sociales. Ces beaux principes énoncés par ces deux
ministres visent, somme toute, à décourager l'initiative
privée, à la confiner dans la marginalité.
Pourtant, les maisons d'enseignement et les garderies privées
plus que centenaires ont fait leurs preuves et les résultats plus que
positifs en témoignent dans l'un ou l'autre des secteurs. Je demande
donc instamment au ministre des Affaires sociales de retirer son
épée de Damoclès d'au-dessus de la tête des
garderies privées à but lucratif en renonçant aux pouvoirs
discrétionnaires ou en renonçant à l'office qu'il veut
créer, et qu'il retire tout simplement la deuxième partie de
l'article 6, l'alinéa 2 de l'article 6, ce qui serait beaucoup plus
simple.
Les haltes-garderies. Ce projet de loi fait état d'un autre genre
de garderies que pourraient utiliser la grande majorité des femmes et
des hommes aussi. Mme la Présidente, vous m'avez parlé à
bon escient pendant le café de ce midi, vous qui êtes tout
dernièrement devenue grand-mère pour la première fois. Je
veux vous en féliciter en passant.
Vous m'avez signalé à l'heure du lunch combien ce projet
de loi devait aussi intéresser les hommes puisque, de plus en plus,
depuis une décennie, nous vivons cette entrée des femmes sur le
marché du travail au Québec. Nous constaterons
éventuellement qu'il se trouve plusieurs hommes dans ces familles
monoparentales. On constatera sans aucun doute dans quelque temps qu'il y a
peut-être autant d'hommes qui s'intéressent à la garderie,
au système de gardiennage qu'il peut y avoir de femmes qui s'y
intéressent.
Je pense, quand nous parlons d'aider à régler ce
problème de la majorité des femmes, que cela pourrait
éventuellement devenir si ce n'est une majorité un
nombre d'hommes qui seront aussi intéressés au problème.
Il s'agit, bien sûr, de la halte-garderie, à laquelle le ministre
concède peu d'importance dans le projet de loi et dans ses subventions.
Au Québec, 75% des femmes ne sont pas sur le marché du travail et
une grande partie de ce pourcentage élèvent leurs enfants.
Je répète que ce projet de loi sur les garderies est
injuste pour ces 75% de femmes. En effet, les mères de famille auraient
pu voir dans la halte-garderie une solution à leurs problèmes
d'accaparement. Hélas! ce projet de loi ne trouve pas prioritaire ce
genre de garderie. Le ministre d'Etat à la Condition féminine
devrait bien écouter ce que j'ai à dire et laisser de
côté, pendant quelques instants, ses préoccupations
référendaires.
J'en profite pour parler ici de la majorité silencieuse des
Québécoises, c'est-à-dire de 75% des femmes qui sont
classées, ironiquement, comme inactives, dit-on, parce qu'elles ne sont
pas sur le marché du travail. Sous prétexte que la femme au foyer
est docile et moins revendicatrice que les 25% de ses concitoyennes qui
travaillent hors du foyer, le gouvernement actuel a complètement
oublié cette couche de la population féminine dans ses mesures
sociales.
Vous allez me permettre une courte parenthèse pour illustrer
cette lacune du gouvernement actuel. Prenons ces $240 d'allocation avec
laquelle le ministre des Affaires sociales se gargarise. Je parle de la
récente indemnisation que touchent les travailleuses qui s'absentent
pour un congé de maternité. Par cette allocation, discriminatoire
à mon sens, le ministre du Travail dévalorise la mère de
famille qui élève ses enfants. Ainsi, une mère au foyer
qui devient enceinte de nouveau n'a pas droit à cette prime de $240.
Le gouvernement dit implicitement aux femmes au foyer qu'elles ne sont
pas des femmes à part entière parce qu'il ne reconnaît pas
leur travail de mère de famille. Pourquoi ce présent gouvernement
s'acharne-t-il à faire sentir, par toutes sortes de manières,
à la mère à la maison qu'elle est moins bonne que celle
qui est sur le marché du travail?
Je ne peux que me réjouir des mesures sociales qui
améliorent le sort de 25% des femmes du Québec. Cependant, je ne
crois pas faire abus de langage en affirmant que le système de garderies
que l'on va implanter est discriminatoire pour la grande majorité des
femmes du Québec. Qu'en est-il de la subvention destinée à
la mère qui, de façon sporadique, doit laisser son enfant
à la halte-garderie? J'aimerais que le ministre nous l'explique.
Pourquoi le gouvernement ne reconnaît-il pas le travail
qu'accomplit une femme qui élève ses enfants? Sur le plan
économique, voici l'absurde de la situation. Avec cette politique de
gardiennage, on paiera un salaire à une dame qui gardera trois enfants
étrangers, alors qu'il n'y aura aucun pécule de versé
à une autre dame qui gardera trois enfants qui lui appartiennent.
II me semble que nous nous orientons vers de nouvelles frustrations pour
la mère au foyer. Je pense que le rapprochement est facile à
faire avec ce projet de loi que nous discuterons peut-être cette nuit ou
ce soir, ce projet de loi qui vient compenser les familles qui ont un
handicapé, stabiliser et permettre à une famille qui a un
handicapé de recevoir des sommes à peu près
équivalentes à celle qu'une famille étrangère
pourrait avoir en gardant chez elle un enfant handicapé. Je pense qu'il
y a ici un bon bout de chemin à faire par le ministre puisqu'on s'enlise
dans la même situation que celle qui prévalait dans le secteur des
enfants handicapés.
Peut-être la situation changera-t-elle avec la nomination de la
nouvelle ministre d'Etat à la Condition féminine, mais
permettez-moi d'en douter. La femme au foyer n'est pas un capital rentable pour
le PQ. C'est la raison pour laquelle elle est laissée pour compte par ce
gouvernement du Parti québécois. La récente nomination
d'un ministre d'Etat à la Condition féminine arrive justement en
période préréférendaire, alors qu'on se plaint que
75% des femmes, c'est-à-dire les femmes au foyer, sont très
réticentes à la souveraineté-association. Sans
équivoque, le gouvernement a mandaté le nouveau ministre d'Etat
à la Condition féminine d'aller chercher des oui chez cette
clientèle un peu plus conservatrice.
Cette perspective n'est guère réjouissante pour les 75%
des Québécoises sur lesquelles l'intérêt du ministre
sera porté. Nous sommes au début de la saison de la distribution
des "candies" préréférendaires et ces pauvres femmes
indécises, celles-là qui restent au foyer, ça
relève de l'exploitation politique dont les femmes, j'espère, ne
seront pas dupes.
Je m'en voudrais de ne pas souligner aujourd'hui, en cette Chambre,
l'absence d'une politique familiale au Québec sur laquelle viendrait
prendre place l'éventuelle loi sur les services de garde à
l'enfance. Le 16 novembre dernier, je débattais avec le ministre la
question suivante: la définition d'une politique familiale. La preuve en
est faite au Québec. Nous avons, selon l'expression du
député de Rimouski, une politique familiale de type "Steinberg".
Notre gouvernement est une distributrice publique à palliatifs. Le fil
conducteur dans tout ce travail à la pièce reste introuvable. A
vrai dire, le ministre des Affaires sociales ne s'est pas souvent commis au
dossier de la famille. Une de ces rares fois que le ministre a parlé sur
la famille, c'était au colloque du Conseil des affaires sociales de la
famille, tenu le 17 février dernier. Depuis, il ne cesse de nous
recuisiner le même discours dans lequel il avance des non-sens
nébuleux comme stopper le vieillissement de notre population en
modifiant l'évolution démographique.
Bref, le ministre est complètement perdu quand on lui parle de
politique familiale et la preuve en a été faite le 16 novembre
dernier alors que les questions sont restées sans réponse.
Durant cette question avec débat, un autre fait est aussi
ressorti. Je parle de la politique d'avortement criminel pratiqué dans
les cliniques privées à but lucratif, au vu et au su du ministre.
Le ministre a dit clairement je cite le ministre en parlant de
lui-même: "... est parfaitement au courant de l'existence de plusieurs
cliniques du genre." Il est donc honteux qu'un ministre se conduise de la
sorte, fasse mine de rien quand des citoyens passent outre à la loi.
M. Lazure: Mme la Présidente. Une Voix: C'est une
loi fédérale.
M. Grenier: Mais cela fait bien mal au ministre...
M. Lazure: Question de privilège.
M. Grenier: ... quand on parle de ces choses-là.
M. Lazure: Question de privilège. Une Voix: C'est
une loi fédérale.
M. Grenier: Oui, c'est une loi fédérale et je vais
vous dire pourquoi c'est une loi fédérale...
La Vice-Présidente: Sur une question... A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Grenier: ... que le ministre devrait appliquer dans la
province.
M. Lazure: Question de privilège, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Sur une question de privilège,
M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Je pense que le député de
Mégantic-Compton, qui était bien parti en lançant des
fleurs au ministre des Affaires sociales, s'éloigne beaucoup du
débat, de la pertinence du débat, en parlant des cliniques
d'avortement. Non seulement il s'éloigne de la pertinence du
débat, mais il induit la Chambre en erreur. Il induit la Chambre en
erreur quand il parle d'avortement criminel dans les cliniques de planification
dont notre ministère a connaissance. Je voudrais, Mme la
Présidente, rectifier les avancés un peu confus du
député de Mégantic-Compton qui peuvent faire croire
à la population que le gouvernement approuve des avortements criminels,
ce qui n'est pas le cas.
M. Fontaine: Question de règlement.
La Vice-Présidente: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fontaine: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Sur une question de règlement,
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Vous avez sans doute été à
même de constater, comme tous les autres membres de l'Assemblée
nationale, qu'il ne s'agissait pas là d'une question de
privilège, mais d'une question d'opinion du ministre.
M. Grenier: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: C'est votre opinion, M. le
député.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Le ministre a fait son intervention au milieu de mon
discours. C'est son droit de le faire, bien sûr, pour permettre aux
téléspectateurs de voir un autre point de vue, sauf qu'il ne
m'empêchera pas de dire ce que j'ai à dire. Avec texte à
l'appui, je lui dirai tout à l'heure de quoi je parle. Le ministre est
déjà au courant puisque je lui ai déjà
signalé cela au cours d'une commission parlementaire. Il n'y a rien de
plus propre au sujet que nous discutons actuellement. Quand j'entends l'ancien
ministre des Affaires culturelles me dire que c'est une loi
fédérale, je dis que la justice doit être
administrée au Québec. C'est de cela que je vais parler. (15 h
50)
La Vice-Présidente: M. le député de
Mégantic-Compton, la Loi sur les services de garde à
l'enfance.
M. Grenier: Merci, Mme la Présidente. Il est donc honteux
qu'un ministre se conduise de la sorte, fasse mine qu'il n'y a rien quand les
citoyens passent outre à la loi. Le ministre ne peut pas dire qu'il faut
corriger la situation en donnant plus de prise aux 20 cliniques de
planification récemment installées au Québec, car
l'avortement sur demande constitue un crime partout au Canada et demeure un
crime même pratiqué dans les 20 centres québécois
créés à cette fin. Ce comportement du ministre face
à ces cliniques d'avortement sur demande...
La Vice-Présidente: M. le député, est-ce que
ce que vous dites maintenant vous amène à la pertinence du
débat?
M. Grenier: Mme la Présidente, je pense que pour faire un
tout de ce dont je parle en ce moment, je me dois de dénoncer cet aspect
puisque, comme on me le signale ici...
La Vice-Présidente: M. le député, nous
parlons de services de garde.
M. Grenier: ... s'il n'y a pas d'enfants qui viennent au monde,
pourquoi instituer des services de garde? Je vous rappelle ici une
déclaration du ministre à la Condition féminine qui
disait, le 26 octobre 1979, sur ce point précis de l'avortement: Les
gouvernements et le corps médical ne pourront jouer les autruches encore
très longtemps et que toutes les régions du Québec ont
besoin d'un système d'interruption...
La Vice-Présidente: M. le député de
Mégantic-Compton, à moins que vos propos ne vous amènent
à la pertinence, je vois très mal maintenant que vous parliez du
sujet que vous avez abordé. Nous sommes à étudier le
projet de loi sur les services de garde à l'enfance. Je vous demanderais
d'être attentif à la pertinence.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Je pense qu'il n'y a rien de plus précis que
ce que j'étais en train d'énoncer ici pour nous amener à
ce que le gouvernement qui établira sa politique de garde au
Québec... Quand on aura à garder des enfants en haltes-garderies,
en garderies dites populaires, des garderies dites à but lucratif ou
à but non lucratif, je pense qu'il faudra que cela fasse partie d'un
tout, d'une politique familiale qu'on est sur le point d'élaborer ici au
Québec, comme on l'a signalé à la commission
parlementaire. Je pense que tout cela se tient. Il est inutile de vouloir dire
qu'on institue un service de garde au Québec si on ne veut pas aborder
le sujet dans son entier. Pour moi, le sujet dans son entier, c'est la
politique familiale, c'est l'institution qu'on est en train de faire dans les
hôpitaux de services d'avortement aux personnes qui en ont besoin, mais
c'est aussi de dénoncer à l'occasion... Si, dans mon discours
d'aujourd'hui, je ne peux pas me permettre de dénoncer des
systèmes qui perdurent ici au Québec, avec ou sans l'appui du
ministre, je me demande où je peux le faire. Ce que je veux
dénoncer ici, c'est cette feuille de chou qui traîne ici, que j'ai
dénoncée au ministre pendant la commission parlementaire et qui
dit qu'un deuxième service offert par les centres de santé est
celui de l'interruption volontaire des grossesses.
La Vice-Présidente: M. le député!
M. Grenier: Nous pratiquons des interruptions jusqu'à
douze semaines après quoi nous faisons des
références...
La Vice-Présidente: M. le député de
Mégantic-Compton, l'article 120 du règlement dit que les propos
de l'intervenant sur un discours de deuxième lecture doivent s'en tenir
à la portée d'un projet de loi, à sa valeur
intrinsèque, aux principes fondamentaux du projet de loi... mais, le
projet de loi comme tel, M. le député. Vous le savez aussi bien
que moi et je vous demanderais de vous en tenir vraiment à la pertinence
du débat actuel.
M. Grenier: Je sais que c'est un sujet litigieux ce dont je viens
de vous parler. Je continuerai bien sûr mon discours...
La Vice-Présidente: M. le député, vous aurez
d'autres occasions d'intervenir.
M. Grenier: ... sur les garderies. Je parlerai des garderies.
La Vice-Présidente: D'accord.
M. Grenier: Mais pour vous parler des garderies, je vous parlerai
des ministres qui ont l'air à être contre. Il faudra que je vous
le dise. Quand on voit le ministre à la Condition féminine qui se
promène dans la province actuellement et qui nous déclare: "C'est
le temps que la femme marche en ligne droite", je lui dirai que la femme comme
l'homme, si on veut continuer à garder notre Québec comme il a
été, devront aussi éviter certains écueils et qu'il
y a des traditions qui méritent d'être conservées et on n'a
pas le droit, qu'on soit un homme ou une femme, d'être une espèce
de rouleau compresseur qui passe sur nos traditions. C'est cela que je
dénonce aujourd'hui. Bien sûr qu'il y a des préjugés
sur lesquels on doit passer, mais je demanderai au ministre à la
Condition féminine de rectifier ses paroles et de cesser de dire aux
dames du Québec que la femme doit marcher en ligne droite. C'est faux.
Pas la femme plus que l'homme. Il y a des écueils à éviter
et ces traditions et ces coutumes doivent être respectées.
La Vice-Présidente: La loi 77, M. le député,
s'il vous plaît!
M. Grenier: Quand Mme la ministre à la Condition
féminine dit à tout le monde: II faut l'avortement sur demande,
je dis non, tant que cela ne sera pas rectifié par la loi. Ceci
étant fait, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: La loi 77, M. le député,
s'il vous plaît.
Une Voix: Question de privilège.
M. Grenier: Ce n'est pas vous que j'attaque, c'est votre
ministre. Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Grenier: ... c'est dommage que ce gouvernement n'aime pas
entendre des propos qu'on devrait entendre depuis longtemps et on ne trouve
jamais que c'est la bonne occasion. Il y a des choses qui doivent se dire. Il y
a des choses qu'on peut corriger ensemble aussi. Cela en est une.
La Vice-Présidente: Mais ce n'est pas le moment, M. le
député.
M. Grenier: Je pense que le moment était assez choisi.
Quand on parle des garderies au Québec et qu'on veut essayer de trouver
des moyens pour avoir des enfants dans les garderies, je me demande quand
est-ce qu'on va parler de cela? On ne peut pas dire que la situation sociale au
Québec est des plus roses. Avec notre gouvernement distributeur de
mesures sociales, on se retrouve avec des situations comme celle-ci. Le
printemps dernier, le ministre des Affaires sociales présentait un
projet de loi venant amender la loi existante sur l'adoption. Il s'agit de la
loi 13. On l'a adoptée à la commission parlementaire. Ce projet
de loi venait couper court aux entremetteurs louches de bébés et
cela a été accueilli par mon parti, vous vous en souvenez. Nous
avons voté pour l'acceptation de cette loi, vous vous en souvenez.
Cependant, dans son enthousiasme de centralisateur, le ministre des Affaires
sociales s'est permis d'enlever à la mère naturelle le droit de
choisir l'intermédiaire qui effectuera le délicat placement lors
de l'adoption, tout cela pour satisfaire les files d'attente des Conseils de
services sociaux qui réclament des bébés.
Le ministre a donc jugé qu'il était injuste et
discriminatoire de ne pas satisfaire ces files d'attente. Selon lui, une file
d'attente passe avant la liberté d'une mère naturelle de confier
son enfant à qui elle veut afin qu'il soit adopté. Nous nous
sommes opposés. On a apporté des amendements à ce moment,
Mme la Présidente, et cet amendement a été défait
avec l'appui du Parti libéral. J'aimerais que le ministre réponde
à cela, quand je parle de garderies privées, comme j'ai eu
l'occasion de vous en dire un mot et que je continuerai, je pense que,
là aussi, il y avait un secteur privé intéressant et que
le gouvernement devrait réfléchir davantage sur ce fait qui
était encore une de nos traditions, une de nos coutumes dans ces
services de placement qui étaient alimentés bien sûr par
des curés, bien sûr, par des notaires et bien sûr par des
avocats. Mais cette jeune fille qui était enceinte, cependant, faisait
confiance à son médecin et faisait confiance à quelqu'un
autour d'elle qui la connaissait mieux pour son placement. Maintenant, est-ce
que cela ne sera pas une raison de plus pour que cette jeune fille,
malgré tous les moyens de contraception qu'on peut avoir, cette fille
qui se trouve enceinte, cette nouvelle mère qui déciderait de se
faire avorter, est-ce que cela ne serait pas un autre moyen encore, avec le
système qu'on est en train d'introduire dans les garderies, à
savoir que c'est limité et c'est une raison de l'envoyer dans une
garderie qui sera amorcée, une garderie dite populaire...
La Vice-Présidente: Est-ce que vos propos vous
amènent au sujet d'aujourd'hui, M. le député de
Mégantic-Compton?
M. Grenier: Pardon? Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: A l'ordre. Je vous fais confiance, M.
le député.
M. Grenier: ... si je ne peux pas...
La Vice-Présidente: Allez donc.
M. Grenier: Je pense que c'est une raison suffisante quand on
pense au système d'adoption qu'on a transformé. On a
créé une commission qui s'occupe de cela et qui est maintenant
chargée par l'Etat de faire cette société d'adoption. Je
pense que cela change pas mal de choses cela aussi. Dans le système des
garderies, c'est la même histoire. Je ne dirai pas cette coupure, je ne
serai pas brutal à ce point, mais cette transforma-
tion qu'on apporte je l'ai dit au début je suis
d'accord qu'on permette ce système de garderies dites populaires. Mais
je ne suis pas d'accord quand on veut couper court avec cette tradition des
garderies privées qu'on a eues ici au Québec. C'est
là-dessus que je dis au ministre que s'il ne nous assure pas aujourd'hui
ou en commission parlementaire que ces garderies privées pourront
continuer à fonctionner et s'agrandir aussi, en avoir d'autres garderies
privées dans le Québec, s'il ne nous donne pas cette assurance,
nous voterons contre la loi, c'est bien évident. C'est un but
recherché, c'est un objectif de notre parti politique que de donner
raison, que de donner une chance au secteur privé de se
développer, à l'initiative privée dans le
Québec.
C'est vrai dans les écoles, c'est vrai dans les foyers pour
personnes âgées et cela devra continuer d'être vrai dans les
garderies. Maintenant, on sait jusqu'à quel point a dû se battre
le ministre de l'Education pour essayer de prolonger l'ancien système et
permettre de laisser vivre le secteur privé des écoles. On sait,
par exemple, avec les difficultés qu'on peut causer dans le secteur
privé, les foyers pour personnes âgées, on constate que
très peu de permis le ministre m'en donnera la liste, s'il le
désire ont été émis à des foyers
privés. (16 heures)
Comment concevez-vous, comment serait-il possible qu'avec la commission
que le ministre veut mettre en marche, que des gens viennent
décréter tout à coup qu'il y a place pour la
création d'un nouveau foyer à caractère privé? Ce
ne sera pas plus vrai avec la commission qu'on est en train de mettre au monde,
l'office, cela ne sera pas plus vrai que cela ne l'est avec les commissions
scolaires pour reconnaître qu'il y a place pour une école
privée. Cela ne se produira pas, cela n'arrivera pas. C'est donc dire
qu'on amène à une mort lente, mais à une mort certaine, ce
secteur des garderies privées du Québec. Nous allons nous y
opposer, nous de l'Union Nationale, tant et aussi longtemps que le ministre ne
nous donnera pas l'assurance que ces gens pourront continuer d'oeuvrer dans
leur milieu. Si on avait des choses à reprocher à ces gens du
secteur privé, mais jamais, en commission, on me l'a dit tout à
l'heure, on me l'a crié, jamais on n'a rien reproché au secteur
privé. Il y a eu des plaintes comme il s'en passe partout, comme il va
en avoir dans le secteur public.
J'écoutais, hier, un député du Parti
québécois qui dénonçait une maison, un foyer public
pour personnes âgées, il y en aura dans tous les secteurs, il y en
aura dans le secteur privé et il y en aura dans le secteur public. Mais
qu'on nomme une commission qui va décréter, qui va
décider, avec le ministre qui va se cacher en arrière de son
office ou de sa commission, pour dire non au secteur privé, moi, je dis
non à cela. Pourquoi n'aurait-on pas là-dedans, comme au Barreau
du Québec, à la Chambre des notaires, un droit d'autocritique?
Pourquoi ne permettrait-on pas à ce groupe de gens qui ont bâti au
Québec ce système que nous connaissons et auquel nous n'avons
rien à reprocher, absolument rien, le droit de faire leur autocritique?
Pourquoi ne serait-ce pas eux qui pourraient décider si les garderies
sont bonnes ou non? S'il y en a dans leur secteur qui ne sont pas correctes,
ils recommanderont la fermeture d'une ou l'autre de leurs garderies. Pourquoi
ce ne serait pas eux qui feraient leur autocritique? Je pense que ces gens,
sont assez adultes pour se permettre cela. Pourquoi cela ne serait-il pas vrai
pour eux? Pourquoi est-ce le gouvernement qui va venir décider que c'est
assez et qu'il ferme cela? On trouve des termes, à ce moment, dans le
public, pour jeter l'aspect péjoratif sur le secteur privé. On
appelle cela des garderies à but lucratif, des exploiteurs. A
côté, le gouvernement a ses garderies populaires. Ce n'est pas
comme cela qu'on va rendre justice à ce monde qui a bâti le
système des garderies privées au Québec.
Je les appellerai à l'avenir les garderies privées et les
garderies publiques. Cela, c'est rendre justice aux gens qui ont oeuvré
dans le secteur. Devant cette envie du gouvernement, il faudrait leur raconter
l'histoire de la petite poule rouge elle n'avait pas une belle couleur,
mais c'était une poule qui fait l'envie de pas mal de gens qui
ont monté des systèmes comme on en connaît un ici, dans le
système des garderies privées.
Je pense que le danger que nous avons, c'est que, dans ce milieu, que ce
soit dans les écoles privées, que ce soit dans les foyers ou les
garderies, le gouvernement ne peut pas se permettre de continuer
d'émettre des permis. On ne l'a pas fait ailleurs, pourquoi cela
deviendrait-il vrai dans les garderies? On ne le fait pas dans les
écoles, on ne le fait pas dans les foyers et on va nous faire accroire
aujourd'hui que, soudainement, on s'est trouvé une vocation de secteur
privé. Voyons donc! Il ne faut quand même pas nous prendre pour
des poires. On sait ce qui se passe, on l'a vu, on l'a vécu, l'autre
histoire, avant, quand on a retiré toutes ces autorités dans les
sociétés d'adoption, comme je vous le disais tout à
l'heure, qui faisaient un bon travail. Encore en commission, il y a des gens
qui sont venus nous dire: Quand on a besoin de références,
à la nouvelle commission, pour la société d'adoption,
c'est le monde qui travaillait là-dedans qu'on va voir, tant cela allait
bien. C'est étrange...
M. Lazure: Question de privilège, Mme la
Présidente. J'ai été fort patient depuis quelques minutes.
Je veux, au nom de la vérité...
La Vice-Présidente: M. le ministre, un moment, s'il vous
plaît! Je vous entendrai sur votre question de privilège. Je veux
quand même vous faire remarquer que vous disposez d'un droit de
réplique de 20 minutes à la fin du débat et que vous
pourriez intervenir à ce moment, à moins que vous ne vous leviez
vraiment sur une question de privilège.
M. Lazure: Mme la Présidente, c'est sur une question de
privilège, parce que le député de
Mégantic-Compton est depuis quelques minutes en train d'imputer
des motifs au gouvernement et à celui qui pilote ce projet de loi. Il
est en train d'induire la Chambre en erreur lorsqu'il prétend que notre
projet de loi ne permet pas l'émission de permis privés.
M. Fontaine: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: M. le ministre, il me paraît
maintenant que vos propos, à moins que vous ne soyez vous-même
attaqué personnellement, pourraient se retrouver à
l'intérieur de votre droit de réplique.
M. le député de Nicolet-Yamaska, vous m'aviez
interpellée?
M. Fontaine: Oui, madame. Auriez-vous l'amabilité de nous
lire l'artice qui concerne les questions de privilège ici, à
l'Assemblée nationale, pour que le ministre comprenne bien ce qu'est une
question de privilège?
La Vice-Présidente: M. le député de
Nicolet-Yamaska, je pense que le ministre peut le faire lui-même, il doit
d'ailleurs avoir son règlement. De toute façon, tant que je n'ai
pas entendu une question de privilège, je ne peux pas savoir de quoi il
s'agit.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement, sur une question de
règlement.
M. Bertrand: Oui, c'est relativement à
l'interprétation qui est faite des questions de privilège. Il me
semble que le règlement est très spécifique à cet
effet. Quand un député constate que vient de se produire un
événement qui induit la Chambre en erreur et qu'il convient de
rétablir les faits, c'est la responsabilité d'un parlementaire de
le faire à ce moment-là. Ce que le ministre voulait invoquer
comme question de règlement, c'est la chose suivante. Il disait: Si on
laisse continuer ainsi... Vous avez dit: II a un droit de réplique.
C'est vrai, mais si on laisse le débat se poursuivre jusqu'à la
fin en attendant le droit de réplique du ministre, il y a des risques
que la Chambre et toute la population soient induites en erreur et les faits
doivent être rétablis immédiatement. C'est ce que le
ministre veut faire, Mme la Présidente, pour indiquer que la loi dit une
chose et que le député de Mégantic-Compton dit tout
à fait autre chose relativement à l'allocation de permis de
garderies privées. C'est ce qui s'appelle rétablir les faits. Je
pense que le ministre, conformément au règlement, peut à
ce moment-ci rétablir les faits.
M. Fontaine: Une question de règlement, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: J'entendrai une question de
règlement à la fois.
M. le député de Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: De façon très polie, je voudrais
simplement vous dire qu'une question de privilège en vertu de notre
règlement, est une violation des droits de l'Assemblée ou d'un de
ses membres. Il y a des questions d'interprétation. A un moment
donné, on pense avoir raison et l'autre pense aussi avoir raison. Ce
n'est pas cela, une question de privilège.
La Vice-Présidente: Je ne vous le fais pas dire, M. le
député!
M. Fontaine: Une question de privilège, c'est quand on est
attaqué personnellement en tant que membre de l'Assemblée
nationale. Si le ministre a été attaqué personnellement,
il peut soulever une question de privilège, mais, jusqu'à
présent...
La Vice-Présidente: A l'ordre!
M. Fontaine: ... ce n'est qu'une question d'opinion. S'il n'est
pas du même avis que le député de Mégantic-Compton,
il pourra, dans son droit de réplique, s'expliquer à ce
sujet.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Lazure: Mme la Présidente, le ministre est
attaqué dans la mesure où le député de
Mégantic-Compton prétend, dans son intervention, que le projet de
loi ferme la porte aux garderies privées. Le député de
Mégantic-Compton essaie d'induire la Chambre en erreur quand il dit
cela.
La Vice-Présidente: M. le député de
Mégantic-Compton, vous avez la parole. Entre-temps, je demanderais aux
députés de lire l'article 49 du règlement de même
que l'article 96.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Merci, madame. C'est dommage d'interrompre ainsi mon
intervention par des questions de règlement et de privilège. J'ai
pourtant laissé parler tout le monde bien tranquillement, et le ministre
et les députés de l'Opposition, et je m'attendais qu'on me
réserve le même accueil sympathique que celui qu'on a
réservé à la députée de L'Acadie et au
ministre. Mais non, c'est rarement que ça m'arrive et c'est dommage! On
finit par en prendre l'habitude; que voulez-vous, il faut vivre avec cela.
J'aimerais, au cours de l'étude que nous allons faire du projet
de loi, entendre les députés du côté
ministériel. Ce n'est pas tout le monde qui partage cette option. Il y a
des députés du côté ministériel qui ont
été vus par l'Association des garderies privées; je ne les
nommerai pas ici, ils connaissent leurs responsabilités. Il y a des gens
qui sont venus me rencontrer et je me suis déplacé pour aller
voir l'exécutif à Montréal, pour voir comment on
administrait, comment ça allait dans les garderies dites privées.
Des gens sont venus me rencontrer. Ils travaillent très habilement et
très correctement également. Ils sont venus, ils ont vu des
députés ministériels et ils ont vu des
députés de l'Opposition. C'est une option qu'on choisit. D'autres
choisissent de se faire défendre
par le gouvernement et ils sont parfois désappointés; il y
en a qui décident de se faire défendre par des partis de
l'Opposition; c'est peut-être un meilleur choix parce que, quand on
choisit des députés ministériels, il y a des risques
qu'ils ne se lèvent pas et on voit nos amendements rester sur le papier
qu'on a écrit.
J'ai voulu être le porte-parole ici de gens qui ont quelque chose
à dire sur ce projet de loi. Nous avons ici un projet de loi qui,
à mon sens, est assez radical et qui amène des changements
importants. Cela ne se voit pas, ça ne se mesure pas en disant: d'ici 24
heures ou d'ici 24 mois. On sait fort bien, par exemple, qu'on crée des
difficultés. Que le ministre me dise, qu'il m'assure si le
ministre de l'Education était ici, je lui poserais la question
qu'il est sur le point d'ouvrir une quinzaine d'écoles privées au
Québec, qu'il m'assure de cela. Que le ministre des Affaires sociales
m'assure qu'il est prêt à ouvrir dans mon comté, à
Saint-Isidore-d'Auckland, les foyers privés qu'on demande d'ouvrir.
Qu'il m'assure de cela, pour les personnes âgées, et je vais le
croire pour les garderies privées. (16 h 10)
Quand le ministre de l'Education m'aura assuré qu'il y aura une
quinzaine d'écoles privées qui sont à la veille d'ouvrir,
que le ministre des Affaires sociales m'aura assuré qu'il y a une
quinzaine de foyers privés qui sont prêts à ouvrir dans le
Québec, et je le croirai.
M. Lazure: Du marchandage.
M. Grenier: Non, ce n'est pas du marchandage. J'entends le
ministre me dire "du marchandage". Faut-il être effrayant pour dire une
chose comme cela? Ce n'est pas du marchandage...
Une Voix: C'est du chantage.
M. Grenier: ... et ce n'est pas du chantage, rien de tout cela.
C'est d'avoir un engagement d'un ministre qui veut se camoufler derrière
un office pour dire non. C'est ce qui nous attend dans la loi. A cela, nous, de
l'Union Nationale, dirons non. Est-ce clair?
J'ai dit, au début, que j'étais favorable et que notre
formation politique est favorable aux garderies dites populaires actuellement,
les garderies publiques. Mais qu'on est aussi favorable aux garderies
privées qui n'ont jamais exploité la population, qui ont
donné d'excellents services à la population. Il y a des gens,
loin de chez nous, dans la région de Montréal qui devraient
s'exprimer ici, qui vivent dans des comtés où ils ont mis leurs
enfants en garde pendant qu'ils ont élevé leur famille, et
c'était dans le secteur privé. C'est important, cela aussi, quand
on confie nos enfants à quelqu'un; il y a un secteur qui est là,
il y a des gens qui oeuvrent là-dedans depuis quinze ans, depuis 20 ans,
les mêmes personnes. Si je confie mon enfant à quelqu'un,
j'aimerai qu'il y ait une continuité là-dedans; je ne le garde
pas le matin dans une maison et le lendemain dans une autre. On est
assuré d'une continuité là-dedans.
Mais qu'est-ce qu'il y a de mauvais? Pourquoi tant s'acharner à
ne pas vouloir prendre des moyens pour ne pas renouveler les permis de ces
gens? Qu'est-ce qu'il y a de mauvais? Que le ministre nous le dise! Pourquoi
copier ces systèmes qui viennent de pays européens, qui viennent
de partout? Pourquoi ne resterions-nous pas ce que nous sommes ici, au
Québec? Les gens du Parti québécois, ceux de l'Union
Nationale et de l'Opposition officielle veulent demeurer ce qu'ils sont. On est
des Québécois, on n'est pas comme les autres. Il faut le sortir,
Mme la Présidente. On est allés ensemble voir les
Français, vous vous en souvenez, et le député de
Marguerite-Bourgeoys; on était en train de déjeûner et vous
étiez toute étonnée de constater que, dans un restaurant
de Paris, le petit hôtel Saint-Honoré pour ne pas lui faire
de renommée le matin, on a été servis par un
"waiter" qui ne parlait pas le français, il ne parlait que l'anglais. On
avait été surpris de tout cela. Vous vous en souvenez? On a
voyagé et on a appris des choses.
La Vice-Présidente: Parlez donc des services de garde, M.
le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: C'était comme cela. Pourquoi, ici, ne
resterait-on pas ce qu'on est? On est venu au monde avec des gens du secteur de
l'initiative privée ici et on a grandi avec cela; cela a fait notre
affaire et on a fait ce qu'on est actuellement et on aimerait continuer
à être cela. C'est une société qui est
différente de la nôtre. On n'est pas des Français, on n'est
pas des Anglais, on n'est pas des Ontariens; on est des Québécois
et on vit de façon différente et on veut sauvegarder ces
coutumes.
Pourquoi le gouvernement s'acharne-t-il tant à vouloir bousculer
nos coutumes? Je me trouve correct comme j'ai été bâti et
il y en a bien d'autres qui me trouvent correct, en tout cas. Pourquoi
voudrait-on transformer cela? On s'accroche à vouloir détruire
les écoles privées, les foyers privés et maintenant les
garderies privées. Pourquoi ces renversements? Je ne comprends pas et
s'il est un gouvernement qui devrait ne pas vouloir cela, c'est le gouvernement
du Parti québécois. Ce sont surtout eux qui devraient s'accrocher
à nos traditions, surtout ces gens. Je ne comprends pas que cela vienne
de ce côté du gouvernement. Je ne comprends pas cela! Cela
pourrait être proposé par un gouvernement autre que celui-ci,
l'Union Nationale ou le Parti libéral, et ça pourrait être
en tout cas un peu plus compréhensible.
Mais ces gens se disent être de la racine et de la côte
d'Adam du Québécois, si vous voulez, et ils viennent nous
proposer ce projet de loi aujourd'hui; c'est incompréhensible! C'est le
monde à l'envers! Ce serait venu d'ici et ç'aurait
été acceptable.
J'aimerais que le ministre se lève d'un geste spontané et
dise aux gens qui sont dans les galeries: On a confiance en vous. On a
confiance en vous et on vous le dit. Vous allez être
protégés par la loi et on aimerait continuer ce qu'on est.
Le ministre lui-même, Mme la Présidente, ses enfants sont
dans une garderie privée. Avez-vous votre voyage? Le ministre
lui-même...
M. Lazure: Mme la Présidente... Une Voix:
Là, c'est une question de privilège. M. Grenier:
Là, c'en est une.
M. Lazure: ... là, est-ce une question de
privilège? Bon, d'accord. Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le ministre, vous prenez du temps
sur celui de M. le député de Mégantic-Compton mais...
M. Lazure: Je suis sûr qu'il est d'accord.
La Vice-Présidente:... il semble que ce soit à son
invitation.
M. Lazure: Je suis sûr qu'il consent.
La Vice-Présidente: II semble que ce soit à son
invitation, M. le ministre.
M. Lazure: Mme la Présidente, c'est un des rares moments
de vérité au cours de l'allocution du député de
Mégantic-Compton. Il est vrai que j'ai un fils de trois ans, pour
être bien précis. Je dois dire que le procédé du
député de Mégantic-Compton est d'une qualité
douteuse, mais puisqu'il en fait état publiquement, je vais
répondre publiquement. Il est vrai que j'ai un fils de trois ans qui
fréquente une des deux seules garderies dans ma ville de Saint-Bruno;
les deux se trouvent à être des garderies à but lucratif,
chez Maman Tonton, pour être très précis. Bon! Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: M. le ministre, même si M. le
député de Mégantic-Compton vous invite à prendre
une partie de son temps, je vais quand même devoir vous ramener à
la pertinence, si nécessaire.
M. Lazure: Je reviens à la pertinence, Mme la
Présidente. Je ne donne pas l'adresse exacte de la garderie. Nos amis
d'en haut, de l'Association des garderies privées, l'ont sûrement
donnée au député de Mégantic-Compton. Mme la
Présidente, je profite de. cette question de privilège pour,
encore une fois vous me permettrez de finir ma phrase, Mme la
Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, mais ce n'est pas une question de
privilège.
M. Lazure: ... vous dire que le député de
Mégantic-Compton induit la Chambre en erreur lorsqu'il essaie de faire
croire que nous sommes contre les garderies privées. Au contraire. Le
projet de loi, à l'article 6 et j'ai dit ce matin que l'article 6
était modifié pour ouvrir la porte encore plus grande aux
garderies privées à but lucratif...
Mme Lavoie-Roux: ... M. le ministre.
La Vice-Présidente: Je voudrais simplement rappeler
à cette Assemblée qu'un des membres de l'Assemblée peut
toujours demander à l'intervenant de poser une question ou de donner des
explications sur un discours qu'il a déjà prononcé, en
vertu de l'article 96 de notre règlement.
Une Voix: ...
La Vice-Présidente: Mais il peut demander la permission,
M. le député. C'est M. le député de
Mégantic-Compton qui le lui a offert. M. le député de
Mégantic-Compton, à l'ordre!
M. Lazure: Mme la Présidente, le
député-La Vice-Présidente: A l'ordre! M. Lazure:
... a assuré les représentants...
La Vice-Présidente: M. le ministre, s'il vous plaît!
M. le ministre, s'il vous plaît! M. le ministre!
Mme Lavoie-Roux: ...
La Vice-Présidente: Je suis debout, Mme la
députée. Ne vous inquiétez pas. Je suis debout et tous les
propos ne sont même pas enregistrés. M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: Mme la Présidente, le ministre devrait saisir
la distinction entre une question et une question oratoire. Quand on discute,
quand on pose des questions dans un discours, on fait état d'un homme
qui parle bien ordinairement et le ministre doit comprendre que c'est dans son
droit de réplique qu'il devra me répondre, non pas
instantanément comme il vient de le faire. Il aura son droit de
réplique pour le faire et j'aimerais, dans son droit de réplique,
qu'il nous dise s'il aime la garderie Marie Tonton une garderie
privée si elle est bonne, s'il la trouve correcte, cette
garderie. Dans votre droit de réplique, j'aimerais que vous nous le
disiez. Il y a des gens qui sont ici témoins, qui oeuvrent
là-dedans. Si elle n'est pas correcte, ils aimeraient y apporter des
correctifs. J'en suis convaincu. Ils aimeraient savoir aussi...
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît! A
l'ordre!
M. Grenier: Maintenant que la direction de la garderie Marie
Tonton s'est entendue nommer, elle aimerait savoir si le ministre a l'intention
de continuer de lui laisser son permis pour oeuvrer dans la région.
M. le Président, je voudrais que le ministre nous dise plus
clairement dans son discours de
réplique son intention face aux garderies privées. Le
reste du projet de loi je l'ai dit au ministre il était
temps qu'il vienne. Nous sommes pour cette loi sur les garderies. Nous sommes
d'accord avec le principe de cette loi, mais il y a une chose qui accroche, ce
fil conducteur qu'on reconnaît chez le gouvernement, qui est de vouloir
tout passer par l'Etat. Ce n'est pas le nôtre. Le nôtre, celui de
l'Union Nationale, c'est de passer par l'initiative privée et le jour
où vous allez vous accrocher à une philosophie comme
celle-là, nous voterons contre, même si le projet de loi
amène des choses excellentes. On ne peut pas permettre que l'Etat, qu'un
gouvernement comme le vôtre puisse venir encore diminuer l'initiative
privée au Québec. On y a pourtant donné des coups de barre
assez forts depuis quelque temps, il me semble qu'on devrait permettre, dans le
projet de loi pas dans les règlements, on se méfie de
cela... Il y a des lois qu'on a adoptées ici en Chambre et si on avait
connu les règlements, jamais on ne les aurait adoptées parce que
les règlements sont venus à peu près contredire les lois.
Que le ministre nous dise dans son projet de loi qu'il va protéger le
secteur privé de la garderie au Québec. Cessez donc de croasser!
Laisser donc parler le grand monde, les PQ en face de moi!
Mme la Présidente, le projet de loi no 77 est un projet de loi
dicté par un besoin devenu criant et qui, hélas, devra faire
partie du travail à la pièce auquel s'adonne ce gouvernement.
Bien que ce projet de loi vienne combler un besoin légitime, il n'en
reste pas moins qu'il porte atteinte à l'initiative privée
je l'ai dit et à la liberté de choix des gens du mode de
garderie que nous avons au Québec, en empêchant l'expansion dans
le moment, en rendant difficile l'expansion du secteur privé, quand on
ne l'interdit pas tout simplement en le privant de permis. La loi n'est pas
assez précise. (16 h 20)
Je voudrais terminer mon intervention en réitérant ma
position, qui se résume à ce cliché bien connu, "Vivre et
laisser vivre". Si les types de garderies populaires, privées, à
but lucratif, en milieu scolaire, les haltes-garderies, etc., ont le droit
d'exister au Québec, je ne vois pas pourquoi les garderies
privées non subventionnées n'auraient pas le même droit
puisque, déjà, on a un méchant coup de barre quand on sait
ce qui va arriver aux garderies non subventionnées. Les garderies
populaires font le tour avec la bénédiction du gouvernement, avec
les subventions qu'elles auront. Vous avez compris, comme moi, que le
recrutement sera assez difficile, comme on le vit dans le secteur des
écoles privées, par exemple, même avec des subventions qui
se totalisent à près de 80%, les difficultés qu'on peut
avoir, les difficultés qu'on peut créer dans ce milieu. Nous
aurons les mêmes difficultés. Pourquoi leur en donner davantage en
les inquiétant sur le renouvellement du permis, par exemple, sur
l'à-peu-près-pas possibilité de donner un permis neuf
à des gens qui veulent oeuvrer dans ce secteur?
J'aimerais que le ministre biffe tout simplement le deuxième
paragraphe de l'article 6. Ce serait bien plus simple, s'il le rédigeait
comme cela, à savoir qu'il laisse à l'initiative privée la
possibilité d'investir son argent, son temps et ses idées. Ces
gens ont fait la preuve qu'ils pouvaient bâtir quelque chose de potable
au Québec, d'intéressant au Québec.
Que je sache, nous vivons toujours dans une société libre.
Je pense que personne ne comprendrait aujourd'hui que le ministre ne donne pas
clairement dans le projet de loi place au secteur privé. Je donnais une
conférence de presse tout à l'heure à l'Association des
propriétaires de garderies du Québec. Dans la conférence,
on relit ce qui suit: "A la lecture du texte de la loi no 77, vous avez sans
doute constaté qu'il n'est aucunement question des garderies
privées. Dans son discours de deuxième lecture, le ministre
Lazure nous réconforte en disant qu'il nous entrouve la porte;
entrouvert, ce n'est pas large et c'est dangereux qu'on se fasse péter
la porte sur les doigts. Il n'a pas expliqué la façon dont il va
agréer notre association dans le projet de loi. "D'autre part, nous
restons dans l'expectative quant aux mesures qu'il compte prendre afin d'avoir
la soi-disant prolifération des garderies à but lucratif." Il n'y
a jamais eu un danger, je pense bien, du genre "Steinberg". "Il veut que nous
accréditions, en tant qu'association reconnue, les futures garderies
à but lucratif. Nous sommes bien prêts à coopérer.
D'ailleurs dans notre code d'éthique, l'Association des
propriétaires de garderies est très sérieuse dans le choix
de ses nouveaux membres."
Je réitère au ministre, en terminant, que s'il laissait
à l'Association des propriétaires de garderies du Québec
le soin de s'autocritiquer, le soin de recommander au ministre des garderies
qu'elle juge correctes, qui répondent aux normes prescrites par le
gouvernement et qui permettraient aussi s'il voulait poser un geste
envers des personnes qui sont en faveur du développement du secteur
privé des allocations à ces garderies, les gens seront
libres ensuite. Actuellement, est-ce qu'on propose une liberté aux gens?
Il y a des garderies à but lucratif qui, on le sait, n'ont pas fait
d'argent et dont les gens n'ont eu que de quoi vivre mais ont donné
d'excellents services aux gens. On les met sur une "track" et on dit: Vous
autres, à partir de là, vous devrez en concurrencer d'autres qui
seront subventionnées. Si vous voulez me dire que l'on va bien vivre
dans ce milieu d'ici une dizaine d'années, si on est encore ici, tous
les deux, M. le ministre, on se reparlera.
Je pense que, de ce secteur, il n'en restera pas un grand nombre,
organisées comme elles le sont actuellement. On ne vous en demande pas
tant que cela. Aujourd'hui, on vous demande seulement la permission de laisser
oeuvrer ces gens-là. Avec la difficulté que vous leur posez dans
le projet de loi, il n'y en a pas beaucoup parmi ces gens qui trouveront
à vendre leur garderie. Il n'y en a pas beaucoup, quand on sait qu'on
aura mis à côté une concurrence avec laquelle ils ne
pourront plus rivaliser. Ce qu'ils vous demandent, c'est de leur
permettre de vivre dans ce milieu et de continuer de rendre service à la
société, comme ils l'ont fait. Ceux qui ont vécu dans la
région de Montréal, d'une façon plus particulière,
dans la ville de Sherbrooke, la région que je représente, sont
pas mal satisfaits du travail qui a été fait par ces gens.
J'espère que des gens de votre parti viendront vous livrer le fond de
leur pensée et viendront vous dire, d'ici la fin de la journée,
qu'ils croient aussi au développement dans le secteur privé. Je
vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Rosemont. M. Gilbert Paquette
M. Paquette: Mme la Présidente, mes collègues du
côté ministériel étaient incrédules quand je
leur ai dit que je m'attendais à un numéro du
député de Mégantic-Compton. C'était vraiment un
numéro, Mme la Présidente. On a tout passé
là-dedans, c'était le rouleau compresseur sur nos traditions. On
a trouvé le moyen de parler de l'avortement, de l'endroit où le
ministre plaçait ses enfants en garderie. On nous a dit qu'on allait
réduire l'initiative privée. Un peu plus, je m'attendais à
ce qu'on nous parle de "bolchévisation", comme l'a fait l'ancien leader
de l'Union Nationale concernant un autre projet de loi hier. Mais le
député de Mégantic-Compton a modéré ses
excès.
Mme la Présidente, je vais simplement parler de cette question
des garderies privées ou publiques. Je pense que le député
de Mégantic-Compton fait exprès pour entretenir la confusion
là-dessus. Il n'y a aucune garderie publique au Québec
actuellement et ce projet de loi n'en crée aucune également. Il y
a des garderies à but lucratif, il y a des garderies privées
à but non lucratif et il y a quelques garderies privées
coopératives. Quand on parle de réduire l'initiative
privée, elle est derrière toutes et chacune de ces garderies.
Vous pensez que les 300 garderies à but non lucratif qui existent
actuellement il y en a une soixantaine à but lucratif se
sont mises sur pied toutes seules? Ce sont des hommes et des femmes qui,
à un moment donné, ont pris l'initiative de mettre sur pied une
garderie. On sait tous les efforts qu'ils y ont consentis. Si ce n'est pas de
l'initiative privée, je ne sais pas ce que c'est. La seule
différence parce que ce sont des gens qui ont pris leurs
responsabilités, qui ont pris leurs affaires en main est qu'ils
ont un conseil d'administration où les parents sont
représentés majoritairement et qu'elles ne fonctionnent pas sur
la base du profit. C'est la seule différence.
Quand le député de Mégantic-Compton parle de couper
avec nos traditions, il me fait rire parce que, s'il y a dans cette loi
certains freins en ce qui concerne le développement des garderies
à but non lucratif, il y a quand même, pour la première
fois depuis 1974, un assouplissement à la politique adoptée sous
l'ancien gouvernement libéral. Le ministre l'a dit très
clairement tantôt et j'ai l'impression que le député de
Mégantic-Compton a fait exprès pour ne pas l'entendre, pour ne
pas être obligé de changer son discours. Les garderies
privées à but lucratif pourront obtenir des permis. Mais il y a
des limitations à cela. Ces garderies à but lucratif n'auront pas
droit aux subventions gouvernementales. Je pense que c'est normal.
Comparez avec ce qui se passe dans le système de l'enseignement.
Il y a des écoles privées qui ont des subventions de la part de
l'Etat, mais ce sont toutes des écoles à but non lucratif; c'est
une des conditions pour émettre des subventions. On ne donne aucune
subvention à des écoles privées à but lucratif. On
en donne seulement à des écoles à but non lucratif. Alors,
la loi dit exactement la même chose, sauf qu'elle va même plus
loin: Les parents vont être subventionnés. Evidemment, il n'y aura
pas de subventions d'équipement, d'aménagement, de départ
parce qu'on veut privilégier, à bon droit, le
développement des garderies à but non lucratif, parce qu'on pense
que les parents auront plus leur mot à dire dans ces garderies.
Je pense qu'il y a un assouplissement par rapport à la situation
actuelle dans cette loi. Alors, je ne comprends pas le numéro que nous a
fait le député de Mégantic-Compton. S'il y a des
limitations, si on veut privilégier les garderies à but non
lucratif et qu'on restreint les garderies à but lucratif à un
seul permis, c'est qu'on ne voudrait pas justement qu'il se passe quelque chose
de contraire à nos traditions, comme cela s'est passé aux
Etats-Unis où on a vu des multinationales investir dans le
développement des garderies, les compagnies Singer, General Electric,
Westing-house, qui se sont mises à acquérir des locaux et
à les louer à des concessionnaires, un peu comme une chaîne
de garages Texaco ou Shell où on loue aux concessionnaires. Je regrette,
mais les enfants ne sont pas des automobiles. Cela serait contraire à
nos traditions. Cette loi vise justement à empêcher que cela ne se
produise au Québec. Même les gens des garderies à but non
lucratif nous ont dit: On veut être responsable de nos propres garderies.
On veut continuer à avoir notre responsabilité; on veut que les
parents continuent à gérer les garderies à but non
lucratif; on ne voudrait pas avoir un réseau public où l'Etat a
le mot déterminant. Je m'excuse, mais que la bureaucratie soit publique
ou qu'elle vienne des multinationales sous forme d'une chaîne avec
concessionnaires, vous allez admettre que, dans un cas comme dans l'autre, ce
n'est pas très conforme à nos traditions. Je pense que ce projet
de loi respecte entièrement nos traditions, surtout l'initiative
privée des personnes qui ont créé des garderies, que ce
soit à but lucratif ou non. (16 h 30)
Mme la Présidente, quant à ce projet de loi, on nous dit:
Vous n'avez pas de politique. Il n'y a pas de politique dans le
développement des garderies. Ce n'est pas une politique, bien sûr,
qui est élaborée dans tous les détails. Loin de là,
c'est vrai. Il y a quand même des orientations fondamentales qui sont
affirmées pour la première fois par un gouvernement, dans un
projet de loi. La
première de celles-là, c'est justement la diversité
des services, reconnaître que les gens ont des besoins divers et qu'il
nous faut plus de garderies de quartier, plus de garderies en usine ou au
bureau, plus de garderies en milieu scolaire, qu'il nous faut des
haltes-garderies, qu'il nous faut améliorer les services de garde en
milieu familial.
On reconnaît en quelque sorte le droit de l'enfant à avoir
accès, peu importe la situation de ses parents, à des services de
garde. Là, je voudrais simplement faire une petite parenthèse, je
pense que si on allait à l'excès contraire que nous propose le
député de Mégantic-Compton, on se mettrait à
subventionner les garderies à but lucratif et qu'on appuierait le
développement des garderies à but lucratif. Je pense que pour
celles de ces garderies qui jouent un rôle utile actuellement, il ne
faudrait pas qu'elles soient accessibles seulement aux mieux nantis non plus.
Il faudrait que tout le monde ait accès aux services de garde. Tout le
monde, quelle que soit sa situation financière et quelle que soit sa
situation dans son milieu en région. Dans les milieux ruraux, je pense
que tout le monde va être d'accord là-dessus, on a peut-être
des services de garde en milieu familial qui sont peut-être mieux
adaptés sans qu'il faille exclure les garderies de quartier ou les
garderies de paroisse, les garderies municipales. Dans les villes, c'est
probablement la forme de garderies de quartier ou en usine ou en milieu de
travail qui est le mieux adapté. C'est reconnaître donc qu'on a
besoin de services diversifiés.
Deuxièmement, c'est affirmer le principe que, dans la gestion des
garderies, la place fondamentale doit être aux parents. Je pense que
c'est assuré dans les garderies à but non lucratif et dans les
garderies à but lucratif. Je pense que dans le projet de loi, je ne suis
pas sûr que cela y est actuellement, mais il faudrait demander à
ces garderies de mettre sur pied un comité consultatif de parents. Je
pense que c'est prévu dans la loi. En tout cas, c'est une chose normale.
Place aux parents aussi dans les services de garde en milieu familial et les
agences de garde en milieu familial. Maintenant, on a mis beaucoup d'accent sur
l'Office des services de garde aux enfants. La critique du Parti libéral
justifie son opposition à ce projet de loi là-dessus. Je vais
revenir à cela tantôt. C'est comme dire que l'on va mettre sur
pied un office et cela n'aura aucun impact sur la qualité des services.
Si on met sur pied un office, c'est parce que cet office va préciser le
cadre de politique qui est dans la loi, qu'il va avoir des projets, qu'il va
donc pousser dans le dos du gouvernement, dans le dos de tout le monde avec les
agents impliqués dans le milieu et qu'il va donc contribuer au
développement encore plus rapide des services de garderie. Ce n'est pas
simplement une structure qu'on met sur papier. C'est un outil de concertation,
de participation, de planification, de stimulation du développement des
garderies.
Cela va nécessairement entraîner un financement accru.
Cela, la meilleure preuve, on peut voir que déjà, même sans
office, le financement aux garderies s'est accru énormément. Avec
un office, on peut s'attendre qu'il y ait accélération de
l'augmentation des budgets.
Mme la Présidente, je pense que vous êtes sans doute au
courant qu'en 1980 les subventions aux garderies de toutes sortes vont passer
à $32 500 000 alors qu'elles étaient de $3 500 000 quand on est
arrivé au gouvernement, en 1976. Le budget a été
multiplié par dix, Mme la Présidente, et on nous dit: On passe
à côté de la question, on veut simplement mettre sur pied
des structures. Ce ne sont pas des structures $32 500 000. Il y a, comme par le
passé, une aide aux parents.
Il y a aussi une part au financement des parents, évidemment.
J'ai été très sensible aux mémoires des gens qui
oeuvrent dans le domaine des garderies et qui nous disent: On a besoin de
moyens, on a besoin de services techniques, on a besoin d'aide
financière et ce que vous faites, ce n'est pas suffisant. C'est bien
évident que ce n'est pas suffisant. Mme la députée de L
Acadie était d'accord sur cela aussi à la commission
parlementaire. Elle nous disait: Ce n'est pas suffisant, mais elle convenait,
elle aussi, que l'Etat du Québec ne pouvait pas mettre l'année
prochaine $1 milliard dans le développement des garderies. Je vois
qu'elle opine, elle est d'accord sur cela. On ne peut pas remplir tous les
besoins d'un seul coup.
Je comprends mal la position du Parti libéral. On nous a
parlé d'abord, au début de i'intervention de Mme la
députée de L'Acadie, on a fait l'historique, il y avait des
réticences dans la population à un réseau de garderies
généralisé pour les zéro à deux ans. Tout le
monde est d'accord sur cela. Il y avait des organismes qui étaient
contre le travail de la femme, d'autres qui étaient pour; on disait
qu'il fallait à travers cela laisser à la femme la liberté
de choisir. On est tous d'accord là-dessus, il faut laisser à la
femme la liberté de choisir. Je me demandais, en l'écoutant, si
elle n'était pas en train de justifier l'inaction des gouvernements
précédents dans ce domaine, parce que la liberté de
choisir de la femme, cela fait longtemps qu'elle aurait dû être
reconnue. Cela fait longtemps qu'il y a des femmes sur le marché du
travail. La meilleure preuve, c'est que ce n'est sûrement pas pour rien
que les Soeurs Grises, en 1858, ont mis sur pied cinq garderies, les cinq
premières garderies au Québec. Ce n'étaient pas
particulièrement des gens, j'imagine, qui voulaient favoriser le travail
de la femme, mais ils voyaient un besoin. Le besoin n'est pas d'hier. Il a
fallu attendre en 1979 pour avoir un projet de loi qui, sans régler tous
les problèmes, a une politique qui est encore insuffisante sur le plan
financier, mais qui nous fait faire un pas de géant dans la bonne
direction. Pourquoi avoir attendu en 1979 pour avoir un tel projet de loi?
Ensuite, Mme la députée de L'Acadie nous a parlé de
diverses questions qu'on peut très bien régler après la
deuxième lecture et qui ne justifient pas un vote négatif sur ce
projet de loi. Par exemple, la question des familles d'accueil par rapport
à la garde en milieu familial, la question des règlements de
l'office, il y a toutes sortes de questions comme cela de détails. Elles
peuvent
être réglées justement après la
deuxième lecture. Sur quoi s'appuie le refus de Mme la
députée de L'Acadie et du Parti libéral de ce projet de
loi? On nous dit: Vous n'améliorez pas les services vous mettez sur pied
seulement une structure. Cela va être très coûteux.
Première chose, ce ne sera pas coûteux cet office. Il y aura
quelques membres là-dessus, bien sûr, qui vont s'occuper de
promouvoir le développement des services de garderie, mais,
essentiellement, il y a déjà des fonctionnaires au
ministère des Affaires sociales et ailleurs qui vont trouver en quelque
sorte un chapeau qui va leur permettre de coordonner leurs efforts. Cela ne
coûtera certainement pas une fortune.
On nous dit: Cela va nous donner une mauvaise coordination. Je ne vois
pas comment un office qui regrouperait justement des représentants des
divers ministères impliqués et qui se verrait donner un mandat
par cette Assemblée, par ce projet de loi, ne pourrait pas mieux
coordonner qu'avant. Avant, il y avait des responsabilités diffuses d'un
ministère à l'autre, comment un tel office regroupant des
représentants de ces divers ministères et, en plus, des gens du
milieu pourrait-il réduire la coordination? Au contraire, cela va
l'augmenter.
On nous dit: Le gouvernement veut avoir cet office pour être
à l'abri des contestations du public. Mme la Présidente, il n'y a
jamais aucun office qui a empêché le gouvernement d'être
blâmé de quoi que ce soit. Quand il y a une grève des
transports qui relève de la Communauté urbaine de
Montréal, qui est un autre niveau de gouvernement, on blâme le
gouvernement provincial. Imaginez-vous, si cela va mal dans les services de
garde, c'est bien sûr qu'on va s'adresser au gouvernement.
On nous dit: La participation des parents existe déjà, les
services existent déjà. Oui, mais s'il n'y a pas un organisme
dont c'est la seule préoccupation et qui a suffisamment de
crédibilité, qui peut contribuer au développement, qui
peut accélérer le développement des garderies, celles qui
existent déjà vont continuer à exister, mais il n'y en
aura pas d'autres et on n'étendra pas les services.
On n'améliorera pas la participation des parents. On nous dit: On
aurait dû mettre l'argent dans les garderies plutôt que dans la
création d'un office. Je pense avoir répondu à cela
tantôt. C'est un office qui est quand même très peu
coûteux. Sur un budget de $32 500 000, ce serait étonnant qu'il y
ait plus que quelques dizaines de milliers de dollars investis
là-dedans. Je pense que c'est l'outil qui manquait au gouvernement.
On dit que cela n'améliorera pas les services. Au contraire, je
ne vois pas comment Mme la députée de L'Acadie pourrait nous dire
que cela va nuire aux services. J'aimerais entendre sa solution, son
alternative. Elle nous dit: II y a déjà une division au
ministère. Est-ce qu'on est mieux de laisser la responsabilité
première du développement du service de garde à une
division d'un ministère ou si on n'est pas mieux d'avoir un office
où seront représentés les milieux scolaire, municipal, les
parents des garderies, le personnel des garderies? Est-ce qu'on n'a pas de
meilleures garanties comme ça que la population va respecter la
volonté des intervenants et des bénéficiaires des
services, surtout si on y met une représentation régionale
où tous les coins du Québec seront représentés,
surtout si cet office va devoir, comme c'est l'intention très ferme du
gouvernement, se décentraliser en régions et faire en sorte que
les services de garde de différents types pourront exister dans une
région et se coordonner? Où est la solution de rechange du Parti
libéral?
Je vous avoue que j'ai été très surpris de la
position de la députée de L'Acadie. J'ai suivi toutes les
séances de la commission qui a reçu les mémoires sur ce
projet de loi et je vous avoue que ça n'allait pas du tout dans cette
direction. Que s'est-il passé au caucus du Parti libéral? Que
s'est-il passé?
Une Voix: That is the question!
M. Paquette: Je pense que la députée de L'Acadie
était très prompte pour attaquer la ministre de la Condition
féminine, qui n'est pas ici aujourd'hui et qui n'était pas
à la commission parlementaire, c'est vrai, mais vous remarquerez, Mme la
Présidente, que Mme Payette n'était peut-être pas à
nos travaux, mais elle a atteint son objectif de faire en sorte que les budgets
soient multipliés par dix dans le domaine des garderies et qu'on ait une
loi qui contribue au développement de nos garderies au
Québec.
Mme la députée de L'Acadie, elle, était à
toutes ces séances et elle n'a même pas réussi à
convaincre son propre parti d'appuyer ce développement alors qu'elle est
parfaitement d'accord pour dire que c'est un pas de fait dans la bonne
direction.
M. Bertrand: Elle est désavouée par le caucus.
M. Paquette: Je comprends la solidarité de parti, je
comprends qu'elle est obligée de défendre une position avec
laquelle elle n'est pas d'accord, mais je vous avoue que c'est
extrêmement décevant, cette position.
Une Voix: Elle a été désavouée par
son caucus.
M. Paquette: Mme la Présidente, je termine... Mme
Lavoie-Roux: Question de privilège.
La Vice-Présidente: Je veux bien vous entendre, Mme la
députée, mais de votre siège.
Sur une question de privilège, Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie de votre indulgence. Le
député de Rosemont vient de dire que je défends une
position de mon parti avec laquelle je ne suis pas d'accord. Je dois vous dire
que je suis totalement d'accord avec la position de mon parti.
Des Voix: Oh, oh!
M. Paquette: Mme la Présidente, je dois conclure que ce
n'est pas la députée de L'Acadie qui a convaincu ses
collègues de promouvoir le développement des garderies, mais ce
sont ses collègues qui l'ont convaincue de ne rien faire.
Une Voix: C'est cela.
M. Paquette: Quand on regarde les positions que Mme la
députée de L'Acadie a prises cet été, ses positions
à la commission parlementaire devant tous les mémoires, cela
n'allait pas du tout...
La Vice-Présidente: A l'ordre!
M. Paquette: ... dans cette direction.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, question de
privilège. J'aimerais que le député de Rosemont, avant
d'affirmer des contradictions entre ma position d'aujourd'hui et celle lors des
commissions parlementaires, relise les débats des commissions
parlementaires et il verra qu'il n'y a aucune contradiction. Bien au contraire,
je travaille dans le même sens: l'amélioration!
La Vice-Présidente: M. le député, vous allez
devoir conclure.
M. Paquette: Je conclus. Je pense que les critiques du Parti
libéral portent seulement sur des questions de détail qui peuvent
être réglées après la deuxième lecture. La
seule objection qu'on nous a amenée était la constitution d'un
office. Je vous avoue que c'est curieux de justifier une position de refus en
deuxième lecture pour des raisons comme celle-là.
Je pense que ce projet de loi va contribuer énormément au
développement des garderies. Il va favoriser la participation des
parents; il va offrir des subventions accrues de démarrage, des
subventions accrues pour l'aménagement et l'équipement. Parce que
ce qui a déjà été fait par le ministère,
cela va nécessairement s'accentuer quand nous allons avoir un Office des
services de garde dont ce sera la responsabilité première de
développer, au Québec, un réseau de garderies
géré par les parents, non par l'Etat, et appuyé par l'Etat
de façon que les femmes, et les hommes aussi, les familles, puissent se
réaliser en étant certains que leurs enfants auront des services
adéquats pour leur propre promotion intellectuelle et pour leur meilleur
avenir dans la vie. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Sur une question de règlement,
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Sur une question de règlement, j'aimerais vous
faire remarquer que, même attaqué comme je l'ai été
par le député de Rosemont, j'ai choisi de ne pas répondre
et de ne pas me lever. Peut-être parce que j'habite une maison de verre,
je n'aime lancer de pierre à personne, mais j'ai compris et j'aimerais
que vous remarquiez que je n'interviens pas pendant les discours du parti
gouvernemental et j'aimerais bien qu'on me rende la pareille à
l'occasion.
La Vice-Présidente: M. le député de
Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Mme la Présidente, ce projet de loi que le
gouvernement présente comme étant un instrument essentiel pour le
développement de services de garde à l'enfance est à peu
près tout sauf cela. C'est avoir une bien faible estime de
l'intelligence de nos concitoyens que de leur faire croire que tout ce qui a
empêché un développement plus rapide des services de garde
à l'enfance tient à quelques problèmes d'administration
que l'on va résoudre en créant un office, au niveau
gouvernemental, pour l'organisation et le financement de garderies qui, le
gouvernement l'admet d'ailleurs lui-même, devraient provenir
d'initiatives du milieu.
Effectivement, il n'y a pas à chercher midi à quatorze
heures dans des réformes administratives, tant et aussi longtemps que le
problème fondamental auquel on fait face depuis le début, les
garderies et leur développement, n'est pas attaqué de front, que
la question n'est pas posée publiquement et le débat public
engagé sur cette question de fond.
La question de fond, à laquelle je vais faire allusion
moi-même, tourne, selon qu'elle est résolue d'une façon ou
d'une autre, sur des ressources additionnelles, des ressources
financières additionnelles, pas un plus grand nombre de bureaucrates
à Québec, mais sur des ressources financières
additionnelles qui seraient attribuées aux familles et aux garderies
elles-mêmes pour permettre leur développement.
Il y a une croisée des chemins devant laquelle le gouvernement se
trouve, mais devant laquelle il refuse de faire un choix clair. La
croisée des chemins est constituée par deux options possibles.
L'une de ces options consiste à continuer tout simplement la politique
adoptée il y a déjà quelques années et qui se
caractérise de la façon suivante, assez simplement: il s'agit
d'un effort pour aider financièrement des familles dont le revenu
global, le revenu familial des deux conjoints lorsqu'il y a deux
conjoints se situe en bas de la moyenne. C'est donc un effort pour
donner à ceux qui sont financièrement défavorisés,
quoique ce terme touche des familles qui sont tout juste au-dessus de la
moyenne, donc pas vraiment des familles défavorisées dans le sens
fort du mot, mais, de toute manière, avec cette réserve, ce
programme et cette option consistent à aider essentiellement,
financièrement, des gens qui n'ont pas l'argent nécessaire pour
se procurer les services de garde, par l'engagement de domestique ou de
gardienne à la maison, ainsi de suite, ou en assumant en totalité
le coût des garderies privées ou publiques, peu importe. C'est une
option. (16 h 50)
C'est l'option qui a été retenue à l'origine en
1974 et qui a été continuée sans changement substantiel,
sans changement de fond par le gouvernement actuel. Si on regarde les sommes
qui ont été attribuées pour l'aide aux familles depuis
1977 avec le nouveau gouvernement, on a tout juste ajusté à la
hausse le niveau des subventions données aux familles pour tenir compte
de la hausse générale des prix à la consommation. C'est
une indexation à laquelle nous avons assisté, mais pas davantage.
Donc, la conception originale de 1974 se maintient. C'est une aide à des
familles dont le revenu global se situe en dessous de la moyenne des revenus
familiaux au Québec. Tant que nous gardons un programme d'aide aux
services de garde, ce caractère redistributif de soutien de revenu de
certaines familles, nous ne connaîtrons pas de développement
beaucoup plus spectaculaire que ceux auxquels nous avons assisté depuis
quelques années.
D'ailleurs, en dépit des annonces que le gouvernement fait et
selon lesquelles les montants donnés et dépensés pour les
garderies doublent d'année en année, on devrait se trouver,
après trois ans de développement, devant 80 000 places de
garderies, parce qu'il y en avait entre 10 000 et 12 000 au moment où le
nouveau gouvernement a pris ses responsabilités et si on doublait en
trois ans, on serait à 20 000 la première année, 40 000 la
deuxième années et 80 000 maintenant. Mais on est bien loin de
cela, comme on le sait. On en est à 16 000, 17 000 peut-être au
grand maximum.
Une Voix: 16 000.
M. Forget: 16 000, effectivement, me dit-on. Donc, il n'y a pas
eu un développement spectaculaire. Cela s'explique assez bien parce que,
encore une fois, l'option qui a été retenue jusqu'à
maintenant, c'est d'aider sélectivement certaines familles dont le
revenu se situe en dessus de la moyenne.
Mais le problème pourrait recevoir une autre solution. Si le
gouvernement avait décidé de développer coûte que
coûte des services de garde pour l'ensemble de la population, il aurait
dû opter différemment pour une autre vision des services de garde,
une vision qui les rendrait véritablement accessibles à un
coût minime ou même nul, non seulement aux familles
défavorisées sur le plan des revenus, mais même aux
familles qui ont des revenus moyens.
Il faut se rendre compte, M. le Président, que lorsqu'on parle
d'un revenu familial moyen de $20 000 et que l'on envisage la situation de
familles où les deux conjoints travaillent c'est ordinairement la
clientèle qui est visée par les services de garde on a une
situation où des gens travaillent avec un revenu individuel, en moyenne
de $10 000 chacun. Ce sont donc des revenus relativement faibles, selon les
standards de l'époque, et il est bien clair que l'on ne s'adresse pas
à la classe moyenne. On ne s'adresse pas à l'immense
majorité des gens pour qui, véritablement, le problème se
pose de choisir, dans le cas des épouses, par exemple, d'aller
travailler ou non lorsqu'il y a des enfants dans une famille. Un programme qui
se limite à aider financièrement des familles relativement
défavorisées sur le plan des revenus sera voué à
être modeste, puisqu'il ne s'adresse pas à cette masse
considérable de familles dont les revenus moyens parce que deux
personnes travaillent dans la même famille les situent
carrément au-dessus de la moyenne, par définition.
Dans ce contexte et dans le contexte d'une telle option, si le
gouvernement avait voulu la considérer, nous serions donc amenés
à adopter une loi, non pas pour créer une structure
gouvernementale, mais pour libéraliser, élargir
considérablement les barèmes d'appui financier. Ceci
correspondrait à une notion en vertu de laquelle notre
société accepterait de faire assumer par l'ensemble des citoyens
les coûts inhérents au maintien pour les jeunes couples qui ont ce
choix à faire, d'un mode de vie qui leur permettrait de
bénéficier tous les deux des possibilités de
réalisation sur le plan professionnel, de gains sur le marché du
travail, tout en étant en mesure, à cause de services de garde
pratiquement gratuits, d'élever une famille sans devoir sacrifier en
quoi que ce soit ce mode de vie et cette façon de faire qui devient,
pour les jeunes couples, encore une fois, un choix de plus en plus attrayant,
une attente de plus en plus généralisée.
Tant et aussi longtemps que le gouvernement et que l'ensemble de la
société parce qu'il ne s'agit pas seulement d'une option
gouvernementale n'aura pas pris cette décision majeure d'aider,
par ses ressources, les familles à réaliser cette difficile
équation entre l'activité économique, l'activité
professionnelle pour les deux conjoints et les charges familiales qu'ils
assument parce qu'ils ont de jeunes enfants; donc, tant que la
société n'aura pas décidé d'assumer, en
totalité, ce fardeau, on peut bien se gargariser de mots, on peut bien
faire des communiqués de presse tous les ans du côté
gouvernemental pour dire qu'on va tout faire pour développer les
garderies, mais nous serons au point neutre, il n'y aura pas de
développement significatif. Encore une fois, en refusant de prendre
cette option, on décide implicitement, qu'on le veuille ou on, que nous
nous adressons seulement à un segment relativement limité de la
population. C'est ce qui est fait maintenant et on sait ce que cela donne.
Il est fort possible, M. le Président, que cette option plus
large de services de garderie véritablement ouverts à tous,
indépendamment des considérations de revenus dans ce
cas-ci, indépendamment du fait que des gens ont des revenus fort
supérieurs à la moyenne la société, un jour,
décide de la prendre. Mais ce qui est clair, c'est qu'aujourd'hui le
gouvernement du Parti québécois, en dépit de toutes ses
déclarations de principe sur le sujet, n'est pas disposé à
poser cette question, à soulever ce débat et à le
trancher, certainement, encore moins.
Ce qu'il nous propose, c'est un "second-best", c'est un pis-aller en
quelque sorte. Ne pou-
vant rien faire de fondamental pour le développement des services
de garde, il se résout à adopter des mesures qui sont du
"window-dressing", des mesures tout simplement pour la galerie, pour pouvoir
dire qu'il a créé des structures en essayant de faire croire
qu'en créant des structures il a résolu un problème
fondamental, alors que tous ceux qui sont familiers avec le
développement de ces services savent très bien que là
n'est pas le problème de fond.
Une société comme la nôtre, qui se pose des
questions sur le plan de sa capacité de se perpétuer même,
de perpétuer le nombre de citoyens qui composent actuellement le
Québec puisque la chute de la natalité a commencé à
poser ce problème, va, tôt ou tard, devoir faire face à une
question comme celle-là. Mais, encore une fois, ce n'est pas aujourd'hui
que nous allons la trancher. Je tenais, cependant, à souligner qu'il y a
là un problème fondamental à côté duquel le
projet de loi no 77 passe complètement, en l'ignorant en
totalité.
J'aimerais, M. le Président, aborder un deuxième sujet
dans les quelques minutes qu'il me reste, le sujet des garderies
privées. Le ministre, dans son discours, s'est réfugié
derrière les précédents et derrière les politiques
qui ont été inaugurées à ce sujet en 1974 par le
ministère des Affaires sociales que j'avais l'honneur de diriger
à l'époque. Mais il serait incorrect de laisser les membres de
l'Assemblée avec l'impression qui a été
créée en voulant imputer la responsabilité de cette
politique de restriction vis-à-vis des établissements
privés à une décision remontant seulement à 1974.
Effectivement et cela pourra intéresser les membres de l'Union
Nationale la politique relative aux établissements privés
à but lucratif a été inaugurée sous le ministre
Jean-Paul Cloutier, le ministre qui faisait partie du gouvernement de l'Union
Nationale en 1967. Cela a été fait à une époque
où des problèmes sérieux s'étaient posés
dans la gestion et le contrôle, y compris le contrôle financier, de
certains établissements, tels que des centres d'accueil privés
à but lucratif.
Dans le contexte de 1974, alors que le programme de garderies a
été inauguré, nous connaissions au Québec une
période d'optimisme que les faits et les événements
subséquents ont largement démenti. Cet optimisme était
basé sur le fait que les établissements publics pourraient
relever ce défi de donner des services de qualité et de
répondre véritablement aux besoins de leur clientèle par
l'addition, dans leur conseil d'administration, de représentants des
usagers, par l'application des principes de démocratie de participation.
(17 heures)
On a depuis, avec l'expérience, développé
là-dessus des opinions de toutes sortes mais, de mon côté,
je n'ai pas hésité, depuis quelques années, à dire
que cet optimisme à l'effet que les établissements publics
pourraient relever tous les défis, donner une qualité
supérieure et répondre à tous les besoins à cause
de leur structure même, cela s'est révélé seulement
cela, de l'optimisme et un jugement largement naïf d'ailleurs dans un
grand nombre de cas. Non pas que les établissements publics doivent
être jugés avec une sévérité uniforme quant
à l'ensemble de leurs réalisations mais on a bien dû
constater que les établissements publics, en dépit des nouvelles
formules de gestion et de participation, éprouvaient à l'occasion
des difficultés tout aussi sérieuses que les
établissements privés à assumer pleinement leur rôle
et à satisfaire leur clientèle.
C'est la raison qui nous amène aujourd'hui à
réviser cette position prise dans le passé et à
désirer que la porte soit ouverte beaucoup plus largement, de fait, sans
aucune restriction, à l'existence et au développement, non pas
seulement au maintien du statu quo mais au développement d'initiatives
privées dans le secteur et tout particulièrement dans le secteur
des services de garde pour enfants. Effectivement, l'expérience des
quelques dernières années dans ce secteur en particulier
démontre que certaines garderies publiques et même certaines
garderies dites populaires ont suscité, dans leur fonctionnement, des
problèmes encore plus sérieux qu'un certain nombre de garderies
privées et que, de ce côté, il n'y a pas de formule
miracle. Il est, au contraire, important de donner à la population et
aux parents des choix significatifs entre différentes formules,
différents modes d'organisation et aussi différentes conceptions
du rôle de la garderie et de la qualité des services qu'elle peut
offrir à sa clientèle.
En effet, le véritable choix des parents, il est illusoire de
penser qu'il peut reposer sur une structure de participation. D'abord, la
clientèle à laquelle on s'adresse, qui est formée de
familles dont les deux conjoints travaillent, ou le seul parent dans le cas de
familles monoparentales, est précisément cette catégorie
de parents qui a le moins le temps de consacrer des soirées ou des
week-ends à participer à des conseils d'administration ou
à des comités consultatifs de parents. Ces gens sont pris dans
l'étau de plusieurs responsabilités qu'ils doivent assumer en
même temps, responsabilités de travail, responsabilités de
s'occuper, malgré tout, d'un foyer et d'une famille. Je vois mal comment
on peut, de façon réaliste, supposer qu'ils pourront
contrôler les activités, le recrutement, la qualité des
services d'une garderie ou de n'importe quelle autre institution, avec des
heures de loisir si sévèrement grugées par les
responsabilités qu'ils ont déjà. C'est donc beaucoup plus
au niveau du choix entre des garderies répondant à des
perceptions, à des images différentes de leur rôle que peut
s'exercer un véritable contrôle sur le genre de services qui sont
donnés à leurs enfants. Dans ce contexte, il me semble que le
ministre a tout intérêt à ouvrir le plus largement possible
la porte qui est prévue par la loi et à ne pas restreindre
à un seul 'type ou même à quelques-uns de ceux qui existent
déjà les possibilités qui s'offrent dans le domaine,
d'autant plus qu'un enfant sur quatre qui bénéficie actuellement
de services de garderie le fait dans le cadre de ces garderies privées
et ceci, dans les milieux urbains où il y a des choix. Il ne semble donc
pas nécessaire de fermer la porte et
de dire aux parents qu'ils se sont trompés là-dessus en
affirmant, dans le même souffle, qu'on veut leur donner un plus grand
rôle et un plus grand mot à dire dans l'ensemble du
phénomène.
Relativement au mécanisme de financement des garderies
privées, je suis content d'entendre que le gouvernement n'a pas
l'intention d'avoir des règles différentes relativement à
l'aide donnée aux familles selon le lieu de fréquentation des
enfants, qu'il soit privé ou sans but lucratif. Je pense qu'il y aurait
également un effort qui devrait être fait pour s'assurer que les
règles de remboursement permettent aux garderies à but lucratif
qui, elles, ne recevront pas de subvention de démarrage et de subvention
d'équipement, de récupérer, en quelque sorte, les mises de
fonds qu'elles doivent faire. Autrement, c'est permettre les garderies dites
à but lucratif mais à condition qu'elles fassent cadeau d'une
installation que le gouvernement lui-même estime à plusieurs
milliers de dollars. Ce ne serait donc pas réaliste.
La même chose vaut pour la partie des subventions données
aux enfants, qui seraient versées désormais directement à
la garderie et non plus par le biais des versements effectués aux
familles. Cette partie, ces $2, je crois, que le ministère a l'intention
de verser directement font partie effectivement de la contribution de l'Etat
aux services fournis à l'enfant et il ne devrait y avoir aucune
discrimination à cet égard.
M. le Président, je pense que mon temps est expiré. Je
vous remercie, mais j'inviterais le ministre à donner suite aux
remarques qu'il a faites tout à l'heure, à savoir de
libéraliser certaines dispositions de la loi, en particulier l'article 4
et l'article 6. Je pense que de ce côté, un certain nombre des
réserves que nous formulons seraient dissipées, mais pas
certainement celles qui ont trait à la formation de l'office parce que
nous allons revoir là, par l'ensemble des responsabilités qu'on
confie à l'office, responsabilité d'information, de formation,
etc., de recherche, de statistiques, autant de postes de cadres très
richement rémunérés, qui vont absorber des ressources
financières considérables qu'il serait mieux de consacrer
à généraliser l'accès financier aux garderies
plutôt qu'à créer de nouvelles structures gouvernementales.
Merci.
Le Vice-Président: Mme la députée des
Iles-de-la-Madeleine.
Mme Denise LeBlanc-Bantey
Mme LeBlanc-Bantey: M. le Président, il m'est vraiment
très agréable de participer aujourd'hui au débat sur le
projet de loi no 77 concernant les services de garde à l'enfance. Je
suis d'autant plus heureuse d'intervenir que le projet de loi que nous
étudions sera d'une certaine façon, comme d'autres gestes que le
gouvernement a posés, la consécration de l'intérêt
qu'a porté le Québec à cette Année internationale
de l'enfant.
D'autre part, la présentation de ce projet de loi constitue un
autre pas dans la démache que nous avons amorcée pour
reconnaître aux Québécoises l'égalité et
l'indépendance, comme l'avait brillamment exposé le Conseil du
statut de la femme. La politique des services de garde constitue, on s'en doute
bien, un des jalons importants de la politique globale de la condition
féminine. Depuis qu'elles existent, M. le Président, les
associations féminines ont placé au plus haut point de leurs
priorités l'organisation et le développement des services de
garde d'enfants. Il y a en effet une corrélation évidente
à faire entre le droit pour la femme de poursuivre une carrière
ou de s'assumer socialement et le besoin qu'elle a, d'autre part, de partager
la responsabilité exclusive qui lui a été faite jusqu'ici
de la garde des enfants, car il y a une injustice profonde à
considérer que les enfants doivent être le lot exclusif de femmes
et que l'Etat n'a pas d'obligations à l'égard de l'assistance
à cette tâche dont on doit reconnaître qu'elle est
collective.
Le moins que l'on puisse dire d'autres l'ont souligné
avant moi c'est que les besoins sont énormes. On estime qu'il y a
un demi-million d'enfants de zéro à cinq ans qui ont besoin
d'être gardés d'une façon ou d'une autre. Même si les
besoins de garde semblent être plus pressants pour les deux parents qui
travaillent à l'extérieur du foyer, il ne faut pas non plus
oublier le droit qu'ont les femmes au foyer, si elles ont choisi de demeurer
à la maison, de s'aérer de temps à autre de leurs
responsabilités. Donc, d'une façon ou d'une autre, nous faisons
face, qu'on veuille bien l'admettre ou non, à une
nécessité sociale à laquelle nous n'avons pas le droit de
nous dérober.
Il y a cependant, il faut bien le reconnaître, une certaine
confusion qui s'était implantée dans le milieu quand on parlait
des services de garde ou de services de garderie. On en est arrivé
à la conclusion dans ces milieux que prôner un régime
universel de garderies, c'était saupoudrer à la grandeur du
Québec des services identiques qui se présentaient sous forme de
garderies classiques, stéréotypées et uniformes. Depuis
ces derniers mois, des nuances importantes ont été
apportées à cette conception et la commission parlementaire qui
s'est penchée sur cette question a fait ressortir toute l'importance
d'universaliser les réseaux de garde et en même temps de les
diversifier, ce qui est, il faut bien l'avouer, une condition essentielle
à l'implantation de garderies dans tous les milieux du Québec.
Cela, le gouvernement l'a compris et tout le monde s'entend là-dessus;
on ne peut pas toujours régler de la même façon les besoins
de garde dans un quartier urbain du centre-ville de Montréal que dans
une région rurale, à la campagne, où les gens sont plus
éloignés et où les besoins aussi souvent sont
différents. (17 h 10)
Donc, cette diversité qui avait été un des
éléments centraux des recommandations du Conseil du statut de la
femme, je crois honnêtement, et si je ne le croyais pas, ma
solidarité féminine m'empêcherait de le dire ici
aujourd'hui et même ma solidarité envers le parti n'y serait pour
rien, que ce
projet de loi relève adéquatement les lacunes et les
difficultés que posait le problème de mettre sur pied un service
de garde qui soit à l'image des besoins réels des
Québécoises.
Il est donc très heureux de constater qu'en cette période
où on a tendance à niveler les mesures et les programmes
étant députée d'une région éloignée,
j'en sais quelque chose que le ministre des Affaires sociales ait
donné suite à ces recommandations essentielles en ce qui concerne
les services de garde.
D'ailleurs, Mme Claire Bonenfant, dans une interview qu'elle donnait
dans le Devoir, soulignait elle-même que, du côté social,
cela va bien. Et je pense qu'elle n'est pas une femme reconnue oui, Mme
Bonenfant est la présidente du Conseil du statut de la femme mais
je ne crois pas qu 'elle soit reconnue comme une personne qui a envie de donner
raison au gouvernement à n'importe quel prix. Je crois que Mme
Bonenfant, depuis qu'elle occupe le poste que l'on sait, a mérité
une place d'honneur quant à la liberté de parole et d'esprit
qu'elle a toujours tenu à afficher depuis le moment où elle
occupe le poste. Mme Bonenfant dit donc: Du côté des affaires
sociales, cela va bien. Parmi les dossiers bien engagés, elle mentionne
celui des garderies. Avec la création de l'Office des services de garde,
on a fait, pour la première fois, un pas dans le sens de la
planification.
Tout en se disant heureux de reconnaître le principe d'une
subvention directe aux garderies, le conseil est toutefois d'avis que la
subvention proposée de $2 par jour est trop faible. Elle continue: "II
est évident que personne n'a dit que le projet de loi était
parfait et qu'il répondait à l'ensemble de tous les besoins."
Mais Mme Bonenfant admet elle-même que c'est un effort de planification
qui est méritoire et c'est ce à quoi visait le gouvernement.
M. le Président c'est drôle, j'aime cela, quand je
dis "Mme le Président", je trouve que cela indique qu'il y a un
changement de situation, alors, je m'excuse, mais il aurait été
inimaginable de dire, il y a dix ans: "Mme le Président" M. le
Président...
M. Ouellette: ...
Mme LeBlanc-Bantey: M. le député de Beauce-Sud,
pardon, de Beauce-Nord.
Je viens de commettre un impair encore plus grave.
M. le Président, c'est donc dans cette diversité qu'est le
mérite de ce projet de loi. Quoi qu'en disent ses détracteurs,
tout ce qu'on a dû entendre aujourd'hui, et malgré qu'il y ait
sans doute des lacunes que nous sommes prêts à reconnaître,
c'est un projet de loi qui a suffisamment de souplesse pour répondre
à beaucoup de besoins ponctuels, autant aux besoins des femmes qui
travaillent comme aux besoins des femmes qui sentent le besoin, de temps
à autre, de se payer une demi-journée de vacances pour se
relaxer, même si elles travaillent au foyer.
Bien sûr, l'Opposition officielle, dans les critiques qu'elle a
apportées, a parlé de structures, d'office de garde, d'autres ont
parlé de la disparition des garderies privées, etc., mais la
vraie raison du refus de l'Opposition officielle de reconnaître le
mérite qu'a le ministre des Affaires sociales de nous soumettre un tel
projet de loi, ce refus, il est politique. L'Opposition officielle sait fort
bien, elle a dû faire des sondages là-dessus, que ce n'est pas
encore très populaire de parler d'offrir des services de garde ou aux
femmes au travail ou aux femmes au foyer. Elle a dû l'entendre, j'allais
dire c'est mal nos amis d'en face, des expressions du genre: Une
femme qui travaille, elle a les moyens de se payer une garderie. Si elle veut
travailler, qu'elle travaille, mais qu'elle se débrouille avec ses
problèmes, ou d'autres types de réflexion. On n'est pas pour
commencer à payer des après-midi de congé aux femmes qui
sont à la maison. Elles ont si peu de chose à faire, elles
peuvent se détendre.
On a entendu ces remarques, je les entends régulièrement.
Ils savent bien, nos amis d'en face, que la mentalité au Québec
n'est pas encore toute prête, la mentalité n'est pas encore faite
de laisser à la femme du Québec le droit de s'aérer de
temps à autre de son foyer, le droit de choisir autre chose, le droit de
s'impliquer dans un travail, le droit de participer socialement à
l'amélioration de la société.
Le député de Mégantic-Compton, à cet
égard, a été peut-être le plus honnête quand
il a dit: Arrêtez de bousculer toutes les traditions. Il faut nous
laisser le temps de changer petit à petit. C'est un peu le sens de ce
qu'il a dit. Les traditions, il y a quarante ans ou il y a trente ans ou il y a
vingt ans, n'étaient pas les mêmes que celles d'aujourd'hui, les
traditions aussi ont évolué. Il y a quarante ans, il y a vingt
ans, les femmes pensaient que, pour être reconnues sur le plan social, il
fallait d'abord et avant tout faire des enfants; c'est dans ce contexte que ma
mère a eu vingt enfants. Je rends hommage à ma mère
aujourd'hui d'avoir eu le courage de faire vingt enfants, sauf que moi, sa
fille, je ne pense pas qu'aujourd'hui les femmes ont le goût ni
même les possibilités de mettre au monde vingt enfants et de les
élever dans le contexte d'aujourd'hui.
Une Voix: Etes-vous la dernière?
Mme Leblanc-Bantey: Je suis la treizième, pour ceux que
ça intéresse. Les traditions ont changé. Aujoud'hui, moi,
la fille de la femme qui a eu vingt enfants, je travaille. J'ai un
bébé et je n'en aurai pas vingt. J'arrive même
difficilement, avec seulement un enfant, à concilier le travail en
politique et le travail à la maison pour prendre soin de ce même
bébé. Les traditions et le mentalités veulent que, si
j'arrive en retard à une réunion, je serais presque
gênée de dire: Je m'excuse, j'arrive en retard parce que le
bébé a la grippe. Je sais fort bien que, si je ne me le fais pas
répondre, c'est souvent ce qu'on va penser: C'est ce que ça
donne, des femmes en politique; ça arrive en retard parce que ça
a des bébés et ça n'a pas le temps de s'en occuper;
ça ne fait pas son travail comme ça devrait le faire!
Ce projet de loi, justement vise à permettre aux femmes qui
veulent aller sur le marché du travail, qui veulent contribuer, pas
nécessairement parce qu'elles le veulent, aux projets de la
société, mais parce qu'elles n'ont pas le choix
financièrement de le faire sans que ça devienne un cauchemar,
sans qu'elles aient à assumer, jour après jour, deux emplois,
celui du travail et celui de la maison. Même si ce projet de loi n'est
pas parfait, je trouve indécent que l'Opposition officielle ne
reconnaisse pas le mérite que le gouvernement a d'entreprendre cette
démarche qui était nécessaire depuis très longtemps
et qui a été très longtemps revendiquée.
Je le répète, l'attitude de nos amis d'en face, c'est de
l'hypocrisie; ils ont peur de se faire accuser d'avoir aidé le
gouvernement à dépenser de l'argent dans des garderies alors que,
comme le député de Mégantic-Compton le disait, il y a des
foyers, il y a ceci et cela. Promettez-nous que vous allez faire ça et
on va vous faire confiance.
Il y aura toujours mille et une priorités pour un gouvernement.
Si le gouvernement ne décide pas lui-même de permettre à la
femme d'aujourd'hui de s'épanouir dans une société qui est
aussi la sienne, de lui donner les moyens de le faire... Il y aura toujours
d'autres priorités. Si le gouvernement ne décide pas que c'est
une priorité, ça n'en sera jamais une. C'est évident qu'on
est conscient qu'on a besoin de HLM pour les personnes âgées et
qu'on a besoin d'autres choses, mais, à un moment donné, il faut
faire des choix. Je crois qu'il était grand temps que le gouvernement du
Québec fasse aussi des choix, non seulement pour les femmes du
Québec, mais aussi pour les hommes parce que les enfants on a
tendance à l'oublier n'appartiennent pas seulement aux femmes du
Québec, ils appartiennent aussi aux hommes et à la
société en général.
Je répète que l'attitude de nos amis d'en face, c'est de
l'hypocrisie. Ils sont d'ailleurs très conscients, malgré les
lacunes qu'il pourrait y avoir dans ce projet de loi, qu'au-delà des
termes et de la réglementation, ce projet de loi est efficace. Ils
savent que, d'ici peu de temps, les Québécoises sauront
l'utiliser à son maximum. Ils savent aussi que ce projet de loi
répond aux besoins et aux droits de la femme d'aujourd'hui de participer
à la vie sociale non seulement sur une base de travail régulier,
mais aussi aux activités culturelles, aux activités sociales, ce
qui permet aussi à la femme qui veut vivre sa maternité de
trouver peut-être des sources d'épanouissement
complémentaires ailleurs. (17 h 20)
M. le Président, j'ajouterai que la libération de la
femme, indépendamment du terme un peu péjoratif qu'on en a fait,
pour le gouvernement du Parti québécois, ce n'est pas seulement
un slogan. La vraie libération des femmes, nous voulons la rendre
possible par des gestes concrets, par des gestes réels. Ce projet de loi
indique donc qu'au-delà des attitudes et des comportements
traditionnels, il est possible de s'adapter aux mentalités de la vie
moderne.
Parmi les mentalités de la vie moderne, n'en déplaise
à ceux qui pourraient y voir des menaces, il y a celle de plus en plus
incrustée de la femme qui, tout en acceptant ce rôle de la
maternité, veut tout aussi façonner le genre de
société dans laquelle devront vivre ses enfants. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Robert-Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. My remarks will
not be very long. However, I would like to make some points concerning the
principles in this bill. The minister spoke this morning much for and about the
principles contained in his bill 77 on day-care centers.
The principles enumerated by the minister appear, at face value, to be
very lofty and noble ideals which you will permit me to enumerate. The minister
said that the philosophy motivting his bill is an attempt to serve women and
children of this province. Firstly, help for the women: the women at home, the
women at work and the women at play. Secondly, to insure the right of children
to quality service.
The other principles enumerated by the minister were, firstly, parental
participation in the financing and management of the day-care centers;
secondly, liberty of choice, freedom of choice. Imagine! Coming from this
government, it sounds rather strange. Freedom of choice of either family
day-care centers, cooperative day-care centers, day-care centers at schools, at
the municipality or even short or the "haltes-garderies". Thirdly, access to
service; that is, financial contributions on the part of the government to the
individual or to the day-care centers themselves.
Mr President, we of the Opposition have no quarrel with these very noble
principles. If this bill reflected these very noble principles, we would
endorse it immediately. However, after studying this bill and listening to the
minister this morning, I find that the real motives and principles this bill
serves are mostly of a political and bureaucratic nature. Why do I find them
political and bureaucratic? Because the direct results of the enactment of this
law will result in two things: a) will result in the creation of "l'Office des
services de garde à l'enfance". That is the number one principle of this
bill. The second result and principle of this bill is a much publicized budget
or give away of $22 500 000 to the public, which does more to serve the
government or the Parti québécois than it gives tangible money in
the pockets of the underprivileged of this province.
The office created by this bill in fact, it is all of chapter 3
will contain 17 members of which 13 and the president will be named by
the government. The four others will be public servants named by the
ministère des Affaires sociales, the ministère de l'Education,
the
ministère des Affaires municipales and the ministère de la
Condition féminine. The president and his staff will be on a permanent
basis and the members of the office will be paid a daily rate plus expenses.
The responsibilities of this office, that is regulation, inspection,
verification are all spelled out in this bill and those responsibilities are so
vast that we can be assured that an inordinate percentage of the budget
allocated to this worthy cause will be sacrificed to bureaucracie.
Mr President, the structure itself will consume an unnecessary large
amount of the budget which should be paid of allocated to the public and the
public that is justifiably in need of this aid. This government has at the
moment and in the past much too great a tendency to capitulate to the
bureaucrats instead of finding other means within society in general and within
its institutions to regulate, control, verify or inspect services offered to
the public. Why is it always necessary to create more and more bureaucratic
machinery, entirely unnecessary that gobble so much of the tax dollar? Why is
it always necessary to have a job creation program tacked on to every bill that
comes before this Assembly, job creation in the public sector?
But back to the principles. Mr President, I would like to raise two
principles, not principles in the bill itself but principles that shine by
their very absence. Firstly, why has private enterprise been completely
eradicated from any place in this bill? Why has there been such a presumption
of poor service on the part of private enterprise while it was private
enterprise itself that was the founder of day-care centers in this province.
They are the ones that set the tone and the regulations that are being imitated
today. Secondly, the other principle that shines by its very absence in this
bill; whatever happened to individual responsibility on the part of those
offering services to the public or providing services to the public such as
day-care centers to the public and whatever happened to parental responsibility
on he part of those seeking services? The policy of this governement has been
constant in this regard, that is a presumption that private enterprise has no
morals and that individuals are unable to exercice their rights and
responsibilities. The principle of "la collectivité" that knows what is
best for the individual is the motto of this government.
The public, I think, is becoming more and more aware of the great
fallacy of this motto. We have just been through strikes in the public sector
where all rights have been given to the "collectivité" but none of the
responsibilities... When we put our faith in individual rights, we know that
individuals can be made responsible. Strikes in the public sector, no matter
what laws were passed by this government recently or by the previous
government, regarding censure of those groups of syndicated workers who have
broken the law, they were never held responsible, because it is impossible to
hold "la collectivité" responsible. (17 h 30)
In the case of day-care centers and in the case of any kind of service
provided to the public, private entreprise and profit motivation add some
competition. In that way, private day-care centers, even private schools
provide better service to the public in the long-run, more efficient service
and better quality.
As in the case of our professions, Mr President, which have been
regulated, inspected and policed by the professionnal associations themselves
without cost to the public, they have been carrying out this responsibility
since their very formation, over one hundred years ago in some case. Why is it
not possible to institute an association of day-care centers for those
operating in that field, as in the case of any profession? This association
would, at their own cost, carry out the very same duties of regulation,
inspection and policing, if necessary, of day-care centers, including the
private ones which, I repeat, Mr President, will add some competition to the
field, resulting in better and more efficient service to the public.
For these reasons, Mr President, I will have to agree with the deputy
from L'Acadie that the false principle of this bill is not worthy of our
support. The false principle of this bill is one that creates bureaucracy at
the cost of the taxpayer. Thank you very much.
Le Vice-Président: M. le député de
Sherbrooke.
M. Gédard Gosselin
M. Gosselin: M. le Président, il me fait plaisir
d'intervenir sur le projet de loi no 57 pour dire jusqu'à quel
point...
Une Voix: 77.
M. Gosselin: 77, je m'excuse, on discutait hier du projet de loi
no 57. Je voudrais dire comment la démarche que le gouvernement
entreprend actuellement est importante. C'est la reconnaissance d'un besoin de
plus en plus pressant au sein de notre collectivité dans
l'évolution de notre société, au cours des
dernières décennies notamment, du fait que les conditions ont
changé, alors qu'il y a quelques années, 80% des femmes
étaient de dociles mères au foyer. On avait des familles
nombreuses au Québec. Mme LeBlanc-Bantey a parlé d'une famille de
plus de vingt enfants. Je pense que c'est aussi un élément de
fierté que de dire que les familles québécoises d'antan
ont formé la génération d'aujourd'hui. Ce n'est pas une
honte de dire que les temps ont changé et que les nouvelles
générations vivent des problèmes différents. Par le
fait que 40% des femmes sont maintenant sur le marché du travail, cela
nous oblige à la reconnaissance d'un facteur de réalité
concret qui fait que les problèmes de garde se vivent tout autrement,
méritent d'être reconnus et de faire l'objet de politiques
gouvernementales cohérentes.
II était plus que temps qu'on s'attache à
reconnaître et qu'on identifie clairement dans une loi les divers
services de garde qui font partie des besoins que les citoyens vivent depuis
quelques années et qui méritent d'être promus et
financés. Depuis le plan Bacon, les politiques étaient tellement
déficientes qu'il fallait agir. Nous avons agi. En dedans de quelques
décennies se sont créées au Québec des garderies,
d'abord des garderies privées qui ont une tradition beaucoup plus
ancienne, mais depuis une décennie, particulièrement, des groupes
volontaires, souvent, ont fondé dans les quartiers, dans les villages,
dans les villes, des garderies financées par les ressources d'occasion
qui se présentaient et, depuis quelques années à peine, on
a connu une expansion très considérable des services de garde
notamment par les garderies à but non lucratif. C'est dire tout le
besoin qui est là et toute la pression qui existe pour que ces services
soient encore étendus et reconnus par l'Etat.
C'est dans cette démarche que le gouvernement du Québec,
par le rapport du comité interministériel sur les services de
garde en octobre 1978, rendait public tout un ensemble de perspectives et
ouvrait une discussion franche dans la population du Québec quant
à l'instauration d'une véritable politique de garde. Pour la
première fois, on reconnaissait vraiment qu'il y avait une
variété de besoins selon les régions, selon les situations
des femmes, des mères de famille, et qu'il fallait reconnaître non
pas un modèle, mais plusieurs. C'est ainsi que le rapport du
comité interministériel parlait abondamment de la
nécessité des haltes-garderies et de la nécessité
aussi de reconnaître, particulièrement dans des régions
désavantagées, les services de garde en milieu familial.
Or, ce que le projet de loi actuel vient faire, c'est identifier
vraiment les divers types de services de garde déjà
utilisés par la population et que, comme gouvernement responsable, nous
décidons de promouvoir et d'harmoniser dans une véritable
politique des services de garde. Cette loi était attendue et elle
correspond à des besoins maintes fois exprimés. Qu'est-ce que le
gouvernement reconnaît maintenant par la loi 77? Il reconnaît la
nécessité d'une loi-cadre créant un office et
reconnaissant les divers types de services devant exister, les garderies
à but non lucratif, les haltes-garderies, les jardins d'enfants, les
services de garde en milieu familial qui correspondent à la panoplie des
utilisations et des services déjà démarrés dans de
nombreux endroits. Le gouvernement affirme clairement aussi la reconnaissance
des garderies privées.
Il n'est pas inutile de rappeler encore une fois que depuis 1974, le
développement des garderies privées était, à toutes
fins utiles, figé au Québec. Je considère que c'est
là un des progrès importants du projet de loi 77 qui n'a pas
été sans controverses et sans discussions viriles que la
reconnaissance pleine et entière du développement des garderies
privées. Toutes ces formes de garde reconnues dans la loi devront
correspondre à des critères de qualité et devront associer
les parents. (17 h 40)
Ce que le projet de loi confirme aussi, c'est la reconnaissance des
parents comme premiers agents d'éducation, comme premiers intervenants
quant à l'organisation de ces services, quant à la supervision et
quant au contrôle. Cela doit être marqué par rapport aux
diverses formules qui sont postulées.
Je voudrais reprendre un autre élément du discours du
ministre, quand il a parlé, au niveau des principes, du droit de la
femme au travail on sait que 40% des femmes québécoises
qui ont un enfant de moins de cinq ans actuellement sont sur le marché
du travail mais aussi du droit aux loisirs. Je pense que ce sont
là les deux principes qui doivent nous inspirer dans l'examen de ce
projet de loi et je voudrais revenir un peu sur ces deux droits, notamment sur
le droit aux loisirs. Le fait que des femmes québécoises
décident d'aller sur le marché du travail, de mener une vie
professionnelle, d'avoir des enfants et d'être aidées, pour ce
faire, au niveau des facilités normales qu'une société
civilisée doit offrir, c'est un fait de civilisation. Cela fait partie
des progrès d'une société évoluée. L'Etat a
encore bien des devoirs à remplir pour permettre aux femmes ce plein
accès au marché du travail.
L'affirmation de ce droit, par ailleurs, ne devrait pas nous aveugler;
il nous faut reconnaître que, toujours et de tout temps, les femmes sont
aussi des mères et souvent des éducatrices au foyer, n'ayant pas
accès au marché du travail ou préférant dans le
temps qui correspond à l'éducation des enfants jusqu'à
l'âge de dix, douze ans à peu près, être des
mères à temps plein, sept jours par semaine. Cela correspond
à la réalité de la majorité des
Québécoises actuellement. Je pense qu'un projet de loi comme
celui-ci sur les services de garde doit considérer ce groupe de femmes
québécoises. La panoplie des services offerts par la loi aux
haltes-garderies, aux garderies de plein jour, aux jardins d'enfants et aux
services de garde en milieu familial fournit aux femmes qui sont au travail des
services de garde de qualité et en quantité, mais aussi on
reconnaît nouvellement le droit des mères de famille, des
éducatrices au foyer d'avoir accès aux mêmes types de
services.
Je voudrais vous citer ici, M. le Président, une lettre que j'ai
reçue en fin de semaine d'un groupe de femmes de Sherbrooke parce que
j'ai eu l'occasion de distribuer en quantité, tant au regroupement des
garderies privées qu'au regroupement des garderies sans but lucratif,
qu'à quelques garderies d'entraide qui fonctionnent déjà
à Sherbrooke le projet de loi no 77 pour le soumettre à leur
examen et leur demander de faire valoir leur point de vue, leurs
premières réactions sur ce projet de loi déposé
jeudi dernier.
J'ai ici une lettre de témoignage quant à ce que
j'affirmais tout à l'heure, le droit aux loisirs des femmes
éducatrices au foyer, que je voudrais vous lire. Elle m'est
adressée. "M. le député, nous aimerions que vous
transmettiez au ministre des Affaires sociales, au ministre de l'Education et
au ministre d'Etat à la Condition féminine ce qui suit: Nous
avons été heureuses cette semaine d'apprendre le
dépôt de la Loi sur les garderies. Nous vou-
Ions attirer votre attention sur une contradiction. Comment la femme
à la maison peut-elle se prévaloir du droit aux études,
aux loisirs, à la participation, si elle ne peut compter sur un service
de garde adapté à ses heures irrégulières et
accessible à son budget? Chez nous, à Sherbrooke, les femmes
croient à leur mini-halte-garderie. C'est une garderie non officielle,
qui existe depuis six ans, qui a été fondée dans le
quartier par l'entraide que les mères, que les femmes se sont
donnée pour faire l'alternance des heures de garde tous les
après-midi de la semaine et qui permettait de libérer l'une et
l'autre au moins une ou deux après-midi par semaine. C'est parti sans
financement aucun du gouvernement ou de personne d'autre. Il y a six ans, nous
avions fait des démarches afin de nous officialiser, mais nous avions
trouvé les règlements et les normes trop bureaucratiques et,
effectivement, les modèles de financement qui étaient
apportés à ce moment n'étaient pas dans le sens de la
reconnaissance de ce type de haltes-garderies, qui sont, pour les
éducatrices au foyer, dans les quartiers populaires. "Nous
espérons que nous rencontrerons moins de bureaucratie dans l'application
de cette loi. Notre halte-garderie est gérée par nous, les
parents usagers, ce qui nous permet un fonctionnement simple et efficace. Nous
ne sommes des concurrents d'aucune autre garderie privée ou sans but
lucratif qui existe pour des femmes au travail et nous ne répondons pas
aux mêmes besoins qu'elles. Notre halte-garderie a cependant permis
à des femmes au foyer de suivre des cours, de s'impliquer dans la vie de
leur quartier, de participer à un loisir, d'aller sans inquiétude
à un rendez-vous, de prendre quelques heures pour elles-mêmes afin
de s'aérer, tout cela pour se sentir bien dans leur peau et pour avoir
le droit de participer socialement, comme toutes les autres femmes, et de
pouvoir se libérer au moins quelques heures dans les sept jours à
temps plein qui correspondent aux tâches des ménagères au
foyer. "Il est important que l'Etat s'occupe de ces femmes au foyer qu'on
oublie trop facilement. Nous pensons qu'une journée de garde gratuite
par semaine serait, de la part du gouvernement, un début pour une
meilleure santé mentale de toutes les femmes québécoises.
Nous croyons que nous avons une expérience pertinente et nous voulons
être consultées sur les types de mini-haltes-garderies comme la
nôtre qui pourraient se multiplier et répondre ainsi aux besoins
d'un grand nombre de mères au foyer. "Nous n'avons pas
déposé de mémoire lors de l'avant-projet de loi, mais nous
aimerions être consultées dans les étapes futures
d'élaboration des formules de financement qui pourraient être
présentées, dans l'espoir que le pas en avant de cette loi sera
aussi un pas franchi dans le sens des garanties de développement pour
les mini-garderies." C'est signé par Ginette Noël-Duhaime,
Marie-Christine Champoux et Cécile Vachon. Elles sont du comité
responsable de la halte-garderie les Mille-Pattes.
Je pense que ce témoignage méritait d'être
évoqué parce que plusieurs Québécois ont
l'impression que le gouvernement n'a pas assez pas seulement le
nôtre, les autres gouvernements qui nous ont
précédés aussi porté attention aux
ménagères, aux femmes au foyer, et c'est vrai. C'est vrai, c'est
le groupe de citoyens abandonnés au Québec. Je voudrais que le
projet de loi no 77 consacre la reconnaissance des droits de ces
femmes-là et de toutes les femmes, quant au droit au travail et au droit
aux loisirs. Cela m'amène à certaines recommandations pour
l'avenir quant au rôle que l'Office des services de garde aura à
remplir.
L'Office des services de garde devrait se préoccuper, à un
même degré et en y mettant même une certaine
priorité, d'atteindre, de rejoindre et d'offrir des services aux femmes
à la maison pour les libérer, tout autant que les femmes au
travail. Cela peut vouloir dire mettre sur pied dans les quartiers, dans les
grands centres urbains, des mini-haltes-garderies comme celle qui existe
à Sherbrooke et dont je citais le témoignage tout à
l'heure, dans les villages, le samedi après-midi, pendant qu'on fait du
magasinage ou les jours de semaine. Je pense que cet objectif est vraiment une
priorité.
Evidemment, le projet de loi ne parle pas de cela, le projet de loi
étale les diverses formules que comportera le développement des
services de garde. Je dis, comme député ministériel
soucieux que notre politique rejoigne toutes les femmes, que c'est un objectif
qui est à réaliser et dont devrait se préoccuper l'office
dès le départ. (17 h 50)
On a aussi parlé de bureaucratie. Je ne suis pas très
ferré en anglais, mais j'ai quand même remarqué certaines
expressions du député de Robert Baldwin tout à l'heure qui
parlait de "bureaucracy", de bureaucratie. Nous sommes tous, tant que nous
sommes, du gouvernement et des oppositions contre la bureaucratie excessive.
Moi, le premier. Je ne vous cacherai pas que le premier examen du projet de loi
no 77 m'a fait me poser beaucoup de questions. Oui! Il a donné lieu
à de bons échanges entre...
Une Voix: II a eu de bonnes réponses.
M. Gosselin: ... les députés ministériels et
il donnera lieu à de bons échanges en commission parlementaire
tout à l'heure. Je trouve personnellement que et je pense que ce
point de vue est partagé par la majorité des élus
la bureaucratie se fait de plus en plus envahissante dans le quotidien, dans la
vie de tout le monde, quand on regarde la réglementation. Au nom du
progrès, on en arrive, à un moment donné, à des
régimes enrégimentés, réglés dans tous les
secteurs.
Je constate que les Oppositions m'applaudissent; il y a aussi des
applaudissements du côté ministériel. Nous sommes tous
d'accord là-dessus, il ne doit pas y avoir de grande bureaucratie
envahissante qui s'étend indéfiniment et sans cran
d'arrêt dans tous les domaines. A cet égard, les
réserves que je pouvais avoir quant à l'expression de la
volonté gouvernementale d'agir dans le domaine des services de garde
étaient: Qu'est-ce qu'on va mettre en place? Est-ce que ce sera une
grosse bureaucratie dont on n'aura pas le contrôle?
Je n'ai pas toutes les réponses; je me pose encore des questions.
Je me dis: II va falloir y travailler pour pas mal plus loin que seulement les
services de garde et l'office qu'on a mis au monde; il va falloir y travailler
par rapport à l'ensemble des sociétés d'Etat et à
l'ensemble des régies et des offices qu'on a mis au monde et qu'on met
au monde.
Cela tient à la question de tout le contrôle qu'on a sur la
bureaucratie. Ce que je veux juste dire là-dessus, c'est que je
recommande, en tout cas que je veux exprimer comme député que,
dans le domaine des services à l'enfance, on n'aille pas trop loin, de
grâce, dans les réglementations de tous ordres. Je lisais le
projet de loi et j'aurai des points à soulever à
l'intérieur de la discussion article par article. Je pense que dans le
domaine des services de garde, il faut être souple. Je pense que les
parents sont les meilleurs garants à travers l'implication qui leur est
assurée par le projet de loi, du contrôle effectif de la
qualité des soins. Il ne faut pas trop entrer dans tous les
détails, il ne faut pas exiger trop par rapport à la
délivrance de quelque permis que ce soit pour la halte-garderie de chez
nous qui va tenter de s'officialiser demain matin et qui, pour les quelques
aménagements qu'il y aura à faire dans les locaux,
défoncer un mur ou peinturer, devra obtenir un permis de l'office. Je
trouverais cela exagéré.
Je trouve que ce projet de loi va être un test, à savoir de
réussir vraiment à avoir une loi bien dosée, qui
établit une structure utile et importante et qui, à la fois,
respecte l'humain et ne réglemente pas tout ou, en tout cas, accorde une
grande marge de manoeuvre aux premiers usagers, aux premiers responsables qui
sont les parents.
J'aurais eu beaucoup de choses à dire, évidemment, mais je
veux encore une fois rappeler l'importance de ce projet de loi, insister sur le
fait qu'un des premiers mandats que l'office devrait avoir à coeur de
réaliser c'est d'atteindre toutes les femmes québécoises
qui ont des enfants de moins de cinq ans et de consacrer une partie importante
de ses priorités aux femmes au foyer.
Je voudrais ajouter un autre élément. Actuellement, il y a
une très grande disproportion de ressources dans l'affectation des
sommes pour les services de garde, selon les régions. Montréal,
par exemple, avec 56% de toute la population du Québec, occupe 79% des
places de garde financées au Québec. Cela veut dire que dans les
régions comme la Gaspésie, l'Abitibi, le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
la Côte-Nord, la Beauce, les ressources sont loin d'être
équivalentes aux besoins. Je pense qu'un autre des mandats de l'office
devrait être d'établir une forme de plan de développement
des services de garde dans toutes les régions du Québec
correspondant aux populations qui sont là, de façon à
permettre une équité plus véritable dans le
développement des services de garde pour toute la population du
Québec. Je vous remercie beaucoup.
Le Vice-Président: M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Compte tenu de l'heure, est-ce qu'on pourrait
demander l'ajournement du débat?
Mme Lavoie-Roux: La suspension.
Le Vice-Président: La suspension du débat. Y a-t-il
consentement, vu l'heure, pour que les travaux de l'Assemblée soient
suspendus jusqu'à 20 heures? Je vous donnerai la parole à 20
heures, M. le député de Beauce-Sud. Les travaux de
l'Assemblée sont suspendus jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 17 h 56
Reprise de la séance à 20 h 3
Le Vice-Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Veuillez vous asseoir.
Je pense que tout le monde aura compris.
M. le député de Beauce-Sud, à vous la parole.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
faire quelques remarques brèves sur ce sujet qui m'intéresse
beaucoup. Je voudrais, avant de l'oublier, en profiter pour féliciter et
remercier, au nom de la population, les personnes, organismes et
fédérations qui oeuvrent dans le domaine des garderies tant dans
mon comté de Beauce-Sud qu'au niveau de la province de Québec. Je
crois que ces gens rendent un important service à la collectivité
et, dans bien des cas, ils ont fait oeuvre de pionniers. Ils se sont
débrouillés pour établir des garderies, pour rendre des
services à la population avec des moyens quelquefois très
modestes, mais qui rendent des services non pas modestes, mais de très
grands services.
M. le Président, à la lecture du projet de loi, il y a une
chose qui m'a un peu étonné, mais je crois savoir, puisque
certaines rumeurs circulent, qu'il pourrait y avoir des modifications. Alors,
je ne vais pas faire une étude très profonde. Je voudrais
seulement signaler le fait, d'après les articles 4, 5 et 6, qu'un permis
ne pourrait pas être émis à un organisme à but
lucratif ou à une personne pour son compte personnel. En effet à
l'article 4, on dit ceci: "Un permis de service de garde en garderie ne peut
être délivré qu'à une association
coopérative, une corporation sans but lucratif je saute une
partie de l'article une corporation municipale ou à une
commission scolaire". Maintenant, à
l'article 6, au deuxième alinéa, on laisse un peu la porte
ouverte à une corporation à but lucratif. Ceci dépendrait
du ministre: Si le ministre est d'avis que l'intérêt public
l'exige.
Je me demande pourquoi tant restreindre l'octroi de permis aux groupes
à but lucratif. D'abord, la preuve est faite que, pour que le groupe
à but lucratif se maintienne, il faut qu'il donne un bon service.
Ensuite, il coûte beaucoup moins cher à l'Etat. Tout le monde sait
cela. Ensuite, le service sera sûrement plus efficace.
Je ne crois pas ici, dans ce domaine, que le fait de favoriser le
secteur public appelons cela comme ça quoique les
corporations à but non lucratif ne fassent pas légalement partie
du secteur public mais, à tout événement, le fait de
soustraire les permis au secteur privé, à des corporations
à but lucratif, je crois que c'est un acharnement inutile de l'Etat
contre des personnes qui peuvent donner un excellent service en ce domaine qui
a l'avantage de coûter beaucoup moins cher à l'Etat.
D'après les statistiques je n'ai pas les chiffres exacts
je crois que depuis 1974, le nombre de permis détenus par des
organismes a but lucratif a baissé d'au-delà de cent. Je n'ai pas
le nombre précis mais je crois savoir cela. Evidemment, c'est un choix
de l'Etat; c'est un choix du gouvernement. Je ne dis pas que le gouvernement
n'a pas le droit de faire ces choix; c'est bien sûr, le gouvernement a le
droit, mais il me semble que c'est un acharnement inutile à rencontre de
l'entreprise privée. Quand j'ai vu qu'on créait encore un
office... Vous savez que je suis un peu allergique à la création
des offices, à la création des régies.
Cette semaine, je pense qu'on a eu quatre ou cinq projets de loi dans
lesquels on créait une régie. Cinq ou six? On a eu celui
d'aujourd'hui, le projet de loi 77, le projet de loi 75 sur les grains, le
projet de loi 78, Loi sur la sécurité dans les sports, Loi sur la
représentation électorale quoiqu'il y avait déjà
une commission qui n'avait pas tout à fait les mêmes pouvoirs et
qui n'était pas permanente. Je trouve déplorable de gonfler ainsi
la bureaucratie. Je trouve que ce n'est pas dans l'intérêt du
public. Le gouvernement a choisi de privilégier ce système au
détriment du secteur privé. On ne me fera pas croire que c'est
parce que cela coûte moins cher. On ne me fera pas croire que c'est parce
que cela va donner un meilleur service. Mais, si on y songe pendant quelques
instants, on veut développer les petites et les moyennes
entreprises.
Je connais les propriétaires de petites corporations qui
exploitent des garderies à but lucratif. Ces gens, d'abord, donnent un
très bon service. Ensuite, le salaire, disons, qui leur reste à
la fin de l'année, une fois que les impôts sont payés, est,
dans bien des cas, inférieur à celui qu'ils recevraient s'ils
étaient salariés d'une garderie comme celles que l'on veut
instaurer. Si on veut en avoir, si on veut que notre réseau public vive,
il ne faut pas oublier que cela nous prend des contribuables et cela ne nous
prend pas seulement des individus aux crochets de la société, M.
le Président. Quand je vois cette floraison de régies, de
commissions, automatiquement je me sens allergique à cela. (20 h 10)
On parle beaucoup du miracle beauceron, M. le Président. On en a
parlé pendant la campagne électorale. Le candidat du Parti
québécois dans Prévost disait qu'il voulait faire de
Prévost la Beauce des Laurentides. Le député de Hull,
ministre des Travaux publics, dit qu'elle veut faire de l'Outaouais une
nouvelle Beauce. M. le Président, je n'ai rien contre. Au contraire,
cela m'honore grandement, mais si on veut s'arroger le dynamisme des
Beaucerons, je vous dirai une chose, M. le Président: Les Beaucerons,
s'ils ont eu ce dynamisme, c'est parce qu'ils n'avaient pas de régies et
de commissions et de tout ce que vous voudrez, de patentes semblables qui
amènent seulement de la tracasserie et des paperasses, des formules
à remplir. Vous savez, dans toutes les petites et moyennes entreprises,
c'est rendu, M. le Président, que cela prend une employée
normalement on engage une secrétaire seulement pour remplir les
formules du gouvernement.
Evidemment, pas vous, M. le Président, mais le gouvernement est
bien content qu'ainsi se créent des emplois. Je comprend. Je crois que
ce sont des tracasseries inutiles dans bien des cas. Il pourrait y avoir des
contrôles d'autres manières qui soulageraient et qui
n'enlèveraient pas aux promoteurs l'ambition qu'ils ont de créer
de nouvelles entreprises.
Je ne veux pas trop discourir là-dessus, mais je veux vous dire
qu'à mon sens, la constitution d'un office dans le cas présent ne
constitue pas une réponse aux besoins des promoteurs et des exploitants
de garderies. Ils ont besoin de matériel et de personnel, de meilleurs
locaux, de meilleurs équipements. On constate que dans les garderies les
gens sont peu payés, que ce soit à but lucratif ou à but
non lucratif. Pour la durée des heures de travail qu'ils sont
obligés de mettre là-dedans, les gens qui y travaillent sont peu
payés. Cela amène une instabilité.
Au lieu d'investir de l'argent dans la création d'un office, on
devrait prendre les mêmes sommes et les investir dans de meilleurs
services aux usagers des garderies.
En conclusion, je ne crois pas, à mon humble avis, que, dans le
moment, la création d'un office soit justifié. Je dis cependant
oui avec plaisir à l'aide et au développement des garderies
existantes et à la création de nouvelles gaderies.
J'espère, comme la rumeur en a circulé, que le ministre voudra
bien changer les articles 4, 6 et 95 afin que cette loi permette d'avoir des
corporations à but lucratif qui puissent exploiter des garderies. Je
vous dis que, dans mon comté, ce serait un gand besoin. J'espère
que tout ceci se fera dans le but d'adopter une politique familiale plus
globale à l'intérieur de notre société. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président: Merci. M. le député de
Sauvé et ministre de l'Education.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, de façon
très succincte, je voudrais dire tout l'intérêt que
présente ce projet de loi pour l'éducation, et en particulier
pour les commissions scolaires, lesquelles se voient habilitées,
à certaines conditions, à ouvrir des garderies pour leur
personnel et à organiser également ce qu'on appelle la garde des
enfants en milieu scolaire.
Mon collègue, le ministre des Affaires sociales, ayant
expliqué par le menu le contenu de ce projet de loi, je puis me
permettre de n'insister que sur les aspects qui intéressent les
commissions scolaires. Le projet de loi permet enfin de répondre
à des besoins très réels et croissants dans notre milieu.
De plus en plus on l'a rappelé à maintes reprises dans
cette Assemblée les conjoints travaillent. Je pourrais, à
cet égard, souligner le fait que, dans le monde de l'enseignement, par
exemple, très nombreux sont les enseignants dont le conjoint est lui
aussi dans l'enseignement. De fait, un sondage récent a permis
d'établir que la moitié des enseignants ont un conjoint qui
enseigne également. C'est dire que nous sommes témoins d'une
évolution sociale extrêmement rapide et, que celle-ci plaise ou
non, je pense que nous devons répondre à ce nouveau besoin
social.
Deux sortes de dispositions intéressent les commissions scolaires
dans le projet de loi. En premier lieu, il y a la garde en milieu scolaire.
Cette garde est organisée par les commissions scolaires dans chaque
école et elle est destinée aux élèves, à
l'heure du midi par exemple, ou encore le soir, après la classe, quand
les enfants ne peuvent rentrer chez eux, les parents étant encore au
travail. Cela existe déjà, on le sait, dans certains secteurs de
l'enseignement et notamment dans quelques écoles. Mais il était
temps que les commissions scolaires organisent ce type de garde de façon
beaucoup plus répandue que ce n'est le cas à l'heure
actuelle.
De même, il convenait de permettre aux commissions scolaires
d'organiser des garderies proprement dites à l'intention des enfants de
leur personnel et compléter les groupes en accueillant les enfants du
voisinage. Toutefois, ces garderies sont avant tout destinées aux
enfants du personnel de l'école, qu'il s'agisse du personnel enseignant,
du personnel de soutien ou des professionnels non enseignants. Désirant
répondre à ce besoin, le ministère des Affaires sociales
avait pensé faire une obligation aux commissions scolaires d'organiser
cette garde d'âge scolaire ainsi que les garderies dont j'ai parlé
il y a un instant.
Mais les commissions scolaires, si elles sont favorables à leur
propre intervention dans ce domaine, n'entendaient pas être
forcées d'organiser ces garderies. Elles sont venues le dire en
commission parlementaire et le gouvernement, sensible à leurs arguments
et notamment à ceux du Conseil scolaire de l'île de
Montréal, a décidé d'en rendre la création
facultative.
Les commissions scolaires, je crois, ont ac- cueilli avec grande
satisfaction la décision du gouvernement et elles vont pouvoir se
prévaloir de cette nouvelle possibilité, d'autant plus
qu'elles-mêmes et les parents sont admissibles à toutes les
subventions que mon collègue, le ministre des Affaires sociales, a
mentionnées dans son exposé de ce matin. Pour ce qui est de la
garde en milieu scolaire, vous savez que, cette année, une somme de $700
000 a été distribuée dans les écoles de toutes les
régions et que, l'an prochain, on a prévu un montant de $1 700
000 pour aider à équiper les garderies, les commissions
scolaires.
Pour ce qui est de ces garderies, j'entends les garderies en milieu
scolaire, s'appliquera le même régime que pour les autres
garderies, c'est-à-dire que les parents seront admissibles aux
subventions, selon leurs moyens, comme les autres. De plus, le ministère
des Affaires sociales a prévu des subventions de démarrage qui
sont d'un maximum de $30 000, de même que des subventions à
l'équipement.
Je voudrais inviter très vivement les commissions scolaires
à se prévaloir des possibilités qui leur sont offertes par
ce projet de loi. C'est un régime fort avantageux et, je désire
inviter également les parents, qui auront un rôle à jouer
dans ces garderies comme dans toutes les autres et les comités
d'école à s'intéresser de très près à
l'organisation de ces garderies et de la garde en milieu scolaire. Je vous
remercie, M. le Président. (20 h 20)
M. Le Moignan: M. le Président...
Le Vice-Président: M. le député de
Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Après la très brillante, très
éloquente et non moins pertinente intervention de mon brillant
collègue de Mégantic-Compton...
Des Voix: Wow!
M. Le Moignan: ... je devrais, M. Le Moignan, me terrer dans ma
tanière et aller poursuivre ma méditation, mais j'éprouve
tout de même certains petits scrupules et très brièvement,
je voudrais aborder quelques points qui n'ont peut-être pas
été soulignés aujourd'hui au cours des différentes
interventions. J'ai bien écouté le ministre ce matin et il nous a
dit qu'il était prêt à ouvrir même si un
certain journal parle d'entrebâillement ou d'entrouvrir une porte
et qu'il était prêt aussi à modifier l'article 6, si ma
mémoire est bonne. Je veux bien faire confiance aux intentions du
ministre et je voudrais que cela se traduise en gestes concrets et que dans les
amendements qu'il va apporter, qu'il vienne répondre à nos
différentes interrogations. Le ministre a mentionné une certaine
politique du type Steinberg, MacDonald, je crois, quand il a mentionné
les garderies à but lucratif. D'un certain côté, le
ministre semble ouvrir la porte aux garderies à but lucratif et d'un
autre côté, on a l'impression qu'il semble vouloir en
empêcher la prolifération.
Depuis 1974, il n'y a pas tellement eu de prolifération dans le
domaine parce qu'il n'y a pas eu un seul nouveau permis qui fut donné
depuis cette époque. En 1974, je crois qu'il y avait 225 garderies
privées. Aujourd'hui, nous n'en comptons que 125. J'aurai l'occasion d'y
revenir un peu plus loin quand j'aborderai certaines statistiques qui ont
été déposées aujourd'hui même. Je ne
comprends pas du tout les inquiétudes du ministre quand il fait des
comparaisons avec les garderies du Québec et celles de l'Ontario et des
Etats-Unis. Il y a peut-être eu des abus dans ce système, mais je
ne crois pas qu'au Québec, on ait dépassé les bornes
permises.
Je crois qu'au Québec on a très bien respecté les
normes et, s'il y a eu des expériences malheureuses ailleurs, ceci ne
doit pas constituer un argument de poids pour empêcher l'ouverture de
nouvelles garderies, ici dans la province de Québec. Les garderies
actuelles sont pleines à déborder, nos garderies
débordent, en somme, regorgent de marmaille. Il y a tellement de
demandes que dans les coins surtout les plus éloignés, il y a un
besoin urgent d'ouvrir des garderies; dans la région du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, il y en a actuellement très
peu.
Le ministre nous a donné des chiffres. J'ai présentement
les documents officiels du ministère. Je ne sais pas du tout je
n'ai pas noté les chiffres du ministre ce matin si cela concorde,
mais après compilation, il y aurait actuellement au Québec 433
garderies qui sont exploitées avec des permis. De ce nombre, il y en
aurait 308 sans but lucratif, des garderies communautaires, comme on peut les
appeler également. Il y a 125 garderies qui sont à but
lucratif.
Si on regarde en termes de pourcentage, il y a 29% de garderies
privées, c'est-à-dire de garderies à but lucratif. C'est
peut-être une des raisons pour lesquelles, au conseil d'administration,
il semblerait tout à fait normal qu'il ait au moins un
représentant qui irait défendre leurs droits à l'office
puisque, pour 29% de la population, il me semble qu'il n'y ait personne de
prévu, alors que, pour les autres garderies populaires, il y aurait au
moins un ou deux représentants. Or cette dernière
catégorie de garderies n'ont qu'environ 25% ou 26% de la
clientèle.
M. le Président, c'est en regardant ces chiffres... On
connaît le rôle joué par les garderies privées,
celles qui donnent un excellent service. On sait que présentement les
foyers de vieillards, les hôpitaux, les garderies, tout ce qui est
privé est une économie d'argent pour l'Etat. Le ministre est
très conscient lui-même de cela. J'aimerais que le ministre, tout
à l'heure, dans sa réplique, nous clarifie ce qu'il entend par
des garderies à but lucratif et des garderies à but non lucratif.
Il me semble que cela n'est pas tellement clair parce qu'une garderie
privée n'est pas nécessairement un organisme où on peut
accumuler des millions de dollars. On sait ce que cela peut coûter
aujourd'hui, quand on connaît les difficultés qu'elles ont
à surmonter. Je crois que dans les amendements apportés au projet
de loi, étant donné que les parents ont le droit de choisir,
qu'une famille a le droit de choisir le service de garde qui lui convient et
que, d'un autre côté, un enfant a le droit de recevoir aussi les
services dans la garderie que les parents ont choisie pour lui... A ce moment,
si on considère ces choses-là, on s'aperçoit, en fin de
compte, que, sur 433 garderies, il y en a tout de même 125 à but
lucratif qui représentent presque 30% de la clientèle. De ce
nombre, 51 garderies sont membres de l'Association des propriétaires de
garderie du Québec.
On sait qu'il y a 18 700 places dans les garderies au Québec
actuellement et que, dans les garderies privées, il y a de la place pour
4625 enfants. Autrement dit, en chiffres plus précis, c'est environ 27%
de la clientèle qui vont dans les garderies privées.
Je demanderais au ministre, quand on discutera des articles 4 ou 5...
Quand on parle d'associations coopératives, de corporations sans but
lucratif, de corporations municipales, qu'on ajoute et qu'on insère
aussi, à ce moment-là, les corporations à but lucratif,
les corporations privées.
M. le Président, c'étaient les quelques remarques que je
voulais ajouter à la suite de celles du député de
Mégantic-Compton. Je vous remercie.
Le Président: Merci, M. le député de
Gaspé. M. le ministre des Affaires sociales.
M. Denis Lazure
M. Lazure: M. le Président, je veux d'abord remercier tous
mes collègues de cette Assemblée qui sont intervenus dans ce
débat, particulièrement mon collègue de l'Education et
aussi les collègues du parti ministériel qui ont proposé
de façon très constructive certains ajustements, certains
amendements au projet de loi. Quant aux collègues des partis de
l'Opposition, je note surtout que le député de
Mégantic-Compton s'est trouvé embarrassé parce que son
discours, de toute évidence, avait été
préparé il y a quelque temps; il a eu du mal à tenir
compte de mon propre discours cet après-midi qui apportait des
amendements au projet de loi, plus particulièrement un amendement. Je
vais tout de suite m'attaquer à ce grand malentendu qui a
été maintenu en bonne partie par mon ami, le député
de Mégantic-Compton.
M. Grenier: II n'y a pas de questions de privilège ou de
règlement à ce moment-ci. Une directive pour commencer.
M. Lazure: II n'est pas mon ami?
Le Président: Je note avec satisfaction, M. le
député de Mégantic-Compton, que vous êtes sûr
et certain qu'il n'y a pas matière à question de
privilège, ni de règlement et que vous demandez une directive.
Puis-je vous suggérer d'attendre la fin de l'intervention de M. le
ministre des Affaires sociales. Après quoi, je serai disposé
à répondre à votre demande de directive. (20 h 30)
M. Lazure: M. le Président, de façon plus
sérieuse, si vous voulez, l'article 6, dans le projet de loi tel qu'il a
été déposé je le répète une
troisième fois sera aboli lorsque nous étudierons ce
projet de loi article par article, de façon que les permis qui seront
émis aux garderies à but lucratif se joignent à la
série des organismes qui sont contenus à l'article 4 du projet de
loi. A l'article 4 du projet de loi, on énumère une série
d'organismes qui peuvent recevoir un permis de garderie. Nous ajouterons
ce sera le cinquième type d'organismes, à la page 5 du projet de
loi personnes ou organismes à but lucratif, que ce soit pour la
garderie à proprement parler ou encore pour le jardin d'enfants.
Je répète cependant que, dans les règlements, nous
prévoirons une disposition pour empêcher que des
propriétaires de garderies privées à but lucratif se
développent au Québec des chaînes de garderies, comme nous
en avons vu aux Etats-Unis et en Ontario depuis quelques années. Dans
ces chaînes de garderies, on s'est rendu compte que très souvent
l'objectif du profit était tellement fort que le soin ou la garde des
enfants, en souffrait, que ce soit par la mauvaise qualité des aliments,
de la nourriture, que ce soit par la diminution du nombre d'employés
dans ces garderies.
Par le fait même, M. le Président, j'escompte bien que mon
collègue de Mégantic-Compton votera en faveur du principe de ce
projet de loi puisque la seule réticence qu'il avait se raccrochait
à cette disposition un peu particulière que nous avions
présentée dans le projet initial. Je le remercie à
l'avance de son appui.
M. le Président, il ne s'agit pas d'un projet de loi qui est
parfait, loin de là. Nous avons pris la précaution de
présenter au cours de l'été un avant-projet de loi. Nous
avons rencontré plusieurs groupes, plusieurs individus. L'avant-projet
de loi a été modifié et même ce texte final,
officiel du projet de loi va être modifié encore au cours de la
discussion article par article. Je pense que ce gouvernement-ci fait preuve
et je regrette que le député de Saint-Laurent, ah! il est
ici; il n'est pas à son siège, mais il est ici le
gouvernement actuel fait preuve, M. le Président, d'une ouverture
d'esprit, d'une souplesse par rapport aux différentes sortes de services
de garde que nous voulons mettre à la disposition de la population.
Je rappelle au député de Saint-Laurent que c'est à
l'époque où il était ministre des Affaires sociales qu'une
directive interne, au ministère, a interdit l'émission de permis
à des garderies à but lucratif, en 1974. Tout à
coup...
M. Forget: Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. Lazure: Non. Après, si vous voulez.
Le Président: Si je comprends bien, M. le
député de Saint-Laurent, après l'intervention de M. le
ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, le député de
Saint-Laurent a connu son chemin de Damas. Il a été soudain
éclairé. Nous, ce qui nous concerne, ce n'est pas un dogme. Le
gouvernement du Parti québécois n'est pas accroché de
façon rigide à une théorie ou à un dogme. Il nous a
paru de plus en plus clair qu'une large portion de la population voulait
pouvoir choisir le type de garderie où le parent ou les parents
enverraient leur enfant. C'est pourquoi nous renversons, en somme, une
directive du député de Saint-Laurent, alors qu'il était
ministre des Affaires sociales, et une directive qui a eu pour effet de
créer une certaine mentalité qui a voulu et qui veut encore
et ce n'est pas nous qui avons inventé cette mentalité
que la garderie à but lucratif est par définition quelque
chose à éviter à tout prix. Nous récoltons un peu
les mauvais fruits d'une telle politique, M. le Président.
La deuxième remarque porte sur l'intervention de la
députée de L'Acadie. La députée de L'Acadie a fait
valoir qu'en ce qui touche la garde en milieu familial, pour la première
fois, le gouvernement va fournir aux parents qui placent leur jeune enfant en
garde familiale le même type de subvention que si le parent
plaçait l'enfant en garderie. C'est une des grandes innovations de ce
projet de loi.
La députée de L'Acadie a fait valoir l'argument que la
somme de $6 que la personne qui fait de la garde familiale va recevoir
constitue une certaine injustice vis-à-vis des parents nourriciers, les
parents de familles d'accueil qui ne reçoivent que $4.85 pour de
très jeunes enfants, les enfants de moins de cinq ans. Il y a un
léger problème. Il faut d'abord dire que parmi les milliers
d'enfants qui sont en famille d'accueil, seulement 8%, c'est-à-dire 1000
enfants environ ont moins de cinq ans. Par conséquent, pour tous les
autres enfants qui sont placés en foyer nourricier, en famille
d'accueil, leurs parents nourriciers reçoivent, non pas $4.85, mais
$5.85 et plus, selon l'âge de l'enfant.
De plus, pour l'enfant en foyer nourricier, les parents nourriciers
reçoivent 365 jours par année l'allocation quotidienne de $4.85
ou $5.85, ce qui fait que pour un enfant de moins de cinq ans, les parents
nourriciers reçoivent un total de $1800 par année, alors que dans
le cas d'une garde familiale, vous avez 240, 250 jours de garde par
année, le total est estimé à environ $1450 par
année. Depuis plusieurs années, des milliers d'enfants sont
placés en garde familiale. Nous n'inventons pas la garde familiale. Ce
que nous inventons, c'est d'offrir aux parents, en leur donnant la même
subvention que s'ils plaçaient l'enfant en garderie, c'est d'offrir aux
parents un choix dans le type de soins de garde. Depuis tout le temps que
durent les services de garde en milieu familial, jamais ce type de garde n'a
nui au recrutement de parents nourriciers.
Je pense que le problème qui, en apparence, peut avoir un certain
fondement, quand on l'analyse de près, je ne crois pas que ce montant de
$6, qui est versé sous forme de subvention maximale aux personnes qui
font de la garde en milieu familial, entre en concurrence déloyale avec
les allocations aux foyers nourriciers.
Le dernier point que je veux traiter est le plus important. Les
porte-parole du Parti libéral, aussi bien que ceux du parti de l'Union
Nationale ont
protesté contre la création d'un office des services de
garde. A tel point que le député de L'Acadie, le porte-parole du
Parti libéral nous a annoncé qu'elle allait voter contre le
principe de ce projet de loi tout simplement parce que ce projet de loi
prévoit la formation d'un office, et sous prétexte que cet office
deviendra une machine bureaucratique trop centralisée,
déshumanisée. Sa solution de rechange, la députée
de L'Acadie, c'est de dire: Développez plutôt à
l'intérieur du ministère, à l'intérieur du service
des garderies, développez des effectifs plus nombreux s'il le faut, et
à ce moment, vous n'avez pas besoin de développer une structure.
(20 h 40)
Je m'étonne que les partis de l'Opposition se réfugient
derrière un prétexte aussi mince. Depuis quand un office, une
régie ou une commission est-il plus bureaucratique, si tel est le cas,
qu'un ministère? Depuis quand un office des services de garde, qui
embauchera de 20 à 25 personnes, dont une douzaine sont
déjà des employés du ministère qui seront
transférés, depuis quand un organisme avec un budget aussi
restreint devient-il plus bureaucratique, plus déshumanisant qu'un
ministère qui a au moins 4000 employés à son service?
Je pense qu'on a exagéré et qu'on se sert de ce
prétexte de la création de l'office pour émettre une
opposition qui est mal expliquée par la députée de
L'Acadie. Ce projet de loi, en créant l'office, assure une
représentation régionale. Toutes les régions du
Québec, obligatoirement, seront représentées dans cet
office des services de garde. Les parents, de façon majoritaire, vont
constituer les 13 membres votants de cet office. Depuis quand un petit
organisme avec 20 ou 25 employés, dirigé par un groupe
majoritaire de parents venant de toutes les régions du Québec,
deviendra-t-il plus bureaucratique qu'un ministère de 4000
employés?
Je pense qu'on est à court d'arguments de l'autre
côté de la Chambre. Je répète que 27 des 29 groupes
qui nous ont présenté des mémoires en commission
parlementaire ont approuvé la création de l'office. Je
répète que le Conseil du statut de la femme a approuvé la
création de l'office. Le député de Saint-Laurent
prétend que rien n'a été changé depuis 1976, que
tout ce que le nouveau gouvernement a fait, c'est à toutes fins utiles
indexer les dépenses dans les services de garde et qu'il n'y a vraiment
rien là! Pour l'information du député de Saint-Laurent,
alors qu'il était ministre des Affaires sociales, on comptait moins de
10 000 places en garderie. A ce moment-là, seulement 28% des places en
garderie étaient subventionnées par les fonds du gouvernement.
Actuellement, nous comptons 16 500 places en garderie et plus de 50%
c'est ça l'important des places sont actuellement
subventionnées par les fonds de l'Etat. Cette espèce de mythe
qu'on a voulu créer d'un office qui allait devenir un monstre, qui
allait enrégimenter tous les jeunes enfants de moins de 5 ans dans le
Québec, cette espèce de mythe, je pense qu'il est facilement
démasquable.
Si nous avons cru bon créer l'office, c'est
précisément parce qu'il faut qu'il y ait un petit groupe à
l'intérieur de ce gouvernement dont l'unique préoccupation est de
susciter la création de places en services de garde le plus rapidement
possible pour pouvoir rattraper le temps perdu par les gouvernements
précédents.
Je conclus, M. le Président. Ce projet de loi, nous allons
continuer de l'améliorer au cours de la discussion en deuxième
lecture, article par article; ce projet de loi a quand même la valeur
fondamentale de consacrer une fois pour toutes ce qu'aucun gouvernement n'a
voulu faire dans le passé, de consacrer le droit au travail pour la
femme, le droit aux loisirs pour la femme, droits qui restent théoriques
et tout à fait futiles s'ils ne sont pas accompagnés par la mise
sur pied de services de garde.
Deuxièmement, ce projet de loi consacre le droit du jeune enfant
à un service de garde de qualité. Nous offrons pour la
première fois un choix multiple aux parents: cinq sortes de services de
garde seront accessibles aux parents.
Ce projet de loi est caractérisé par une grande souplesse,
une grande ouverture d'esprit, ce qui est tout à fait contraire à
l'état d'esprit qui existait sous l'ancien gouvernement où on a
fait une religion de la garderie avec conseil d'administration
contrôlé majoritairement par des parents et sans but lucratif.
Nous ouvrons aux commissions scolaires, nous ouvrons aux municipalités,
nous ouvrons aux garderies à but lucratif. C'est un symptôme de la
transparence de ce gouvernement, M. le Président.
Je veux conclure en rendant hommage aux fonctionnaires du
ministère qui, depuis quelques années, travaillent avec le
gouvernement, avec le ministre, pour préparer ce projet de loi. Je veux
rendre hommage aussi à toutes les travailleuses des garderies parce que,
dans 99,5% des garderies du Québec, il n'y a pas de travailleurs.
J'ajouterai, sans fausse modestie, que, lorsque j'ai eu l'occasion de mettre
sur pied, même si ce n'était pas permis par le ministère
des Affaires sociales à l'époque, une garderie à
l'hôpital Rivière-des-Prairies, je me suis empressé de
recruter un moniteur pour que les jeunes enfants à la garderie de
l'hôpital Rivière-des-Prairies soient exposés aux avantages
pédagogiques émanant du sexe masculin et du sexe féminim.
Merci.
Le Président: Merci, M. le ministre des Affaires
sociales.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Lazure: Non, non.
M. Forget: Oui, le ministre m'avait permis de lui poser une
question.
M. Lazure: Non, je m'excuse. On a mal compris mon geste, mon
intervention. Quand j'ai dit après, cela voulait dire après la
session.
M. Forget: C'est très courageux de la part du ministre, M.
le Président. On le reconnaît bien là.
Une Voix: Vous n'impressionnez pas beaucoup vos
collègues.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Je demande maintenant si la motion de deuxième lecture du projet
de loi no 77, Loi sur les services de garde à l'enfance, sera
adopté?
Des Voix: Adopté sur division.
Une Voix: A l'unanimité.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président: Adopté sur division, M. le ministre
des Affaires sociales.
M. Lazure: Non, non, non.
M. Bertrand: M. le Président, nous demandons...
Des Voix: Vote, vote!
Une Voix: Nous voulons connaître les visages de ce
monde-là.
M. Bertrand: M. le Président, vous entendez la demande
générale du côté ministériel pour avoir un
vote enregistré.
Une Voix: On veut savoir qui est contre.
Le Président: Qu'on appelle les... M. le leader adjoint du
gouvernement, exprimez-vous.
M. Bertrand: M. le Président, simplement pour permettre au
règlement de suivre son cours, nous demandons un vote enregistré,
mais nous demandons aussi que ce vote soit reporté à la
séance de demain, après les affaires courantes.
Le Président: En conséquence, le vote sur la motion
de deuxième lecture du projet de loi no 77 aura lieu demain, 7
décembre, au moment de l'enregistrement des noms sur les votes en
suspens.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Si vous me le permettiez, je pense que le
député de Mégantic-Compton aurait aimé dire un mot
relativement à ce projet de loi.
M. Grenier: Je m'excuse, M. le Président, j'ai eu une
rencontre avec le leader adjoint, mais j'ai choisi de faire mon intervention au
moment de la troisième lecture, puisqu'il y aura un vote qui se fera
après l'étude article par article. Je dois informer le ministre
que ce qu'il nous a donné relativement aux articles 4 et 5 va
certainement modifier plus que sensiblement notre attitude.
Une Voix: Bravo!
M. Lamontagne: M. le Président, j'apprécierais que
mon collègue de Saint-Laurent ait le même privilège qui
vient d'être accordé au député de
Mégantic-Compton. Cela ne se joue pas à deux, ça se joue
avec tout le monde. Je pense que c'est du "fair play" parce qu'il aurait
l'occasion de dire quelque chose au ministre.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je demanderais...
M. Lamontagne: M. le Président, en vertu de quel principe
ou de quel droit le leader adjoint donne-t-il des privilèges seul? (20 h
50)
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, gardez votre bonne humeur. M. le député de
Roberval, vous aussi. Le député de Saint-Laurent a
demandé, conformément au règlement, s'il pouvait formuler
une question à M. le ministre des Affaires sociales, lequel,
conformément au règlement, a dit qu'il pourrait poser une
question, mais, si j'ai bien entendu, après la session. Le
député de Mégantic-Compton ne s'est pas levé pour
invoquer les mêmes dispositions du règlement. Il a tout simplement
fait un commentaire. Il fallait bien que je l'entende. Je comprends bien que,
normalement, il n'aurait pas dû se lever pour faire ce commentaire qui ne
devait pas être fait à ce moment-ci, mais il a été
fait.
M. Lamontagne: Une directive, M. le Président.
M. Forget: M. le Président, je pourrais invoquer l'article
96.
Le Président: M. le député de Roberval,
puis-je donner la parole à M. le député de
Saint-Laurent?
M. Lamontagne: Oui. Le Président: Merci.
M. Forget: Merci, M. le Président. Si je comprends bien
votre allusion à ma demande de question qui a été
refusée par le ministre, je pourrais cependant corriger certains faits
en vertu de l'article 96.
Le Président: M. le député de Saint-Laurent,
conformément à la tradition de tolérance de cette
Assemblée, même si vous êtes un peu tardif pour invoquer
l'article 96, je vous autorise à le faire.
M. Forget: Merci. M. le Président, le ministre a, dans ses
remarques, voulu créer l'impression d'une ouverture d'esprit absolument
louable de la part de son gouvernement relativement aux établissements
privés. Il a dressé entre cette attitude d'ouverture d'esprit et
celle qui a été adoptée par
le gouvernement précédent un contraste qui est contraire
aux faits. Je pense qu'il devrait admettre que, même s'il a
prétendu continuer une politique établie par son
prédécesseur, il demeure que, pendant la période du
gouvernement actuel, depuis le début de janvier 1977, on a quand
même assisté à une diminution considérable du nombre
de garderies privées à but lucratif. On m'informait aujourd'hui
que de 235 qu'elles étaient à la fin de 1976, elles ne sont plus
que 125 aujourd'hui. Cette diminution fait un très grand contraste avec
la très grande réputation d'ouverture d'esprit dont a voulu se
vanter le ministre. Cette réduction n'est pas due à l'action
autonome des établissements en question, mais à une
stratégie de la part des fonctionnaires du ministère qui auraient
harcelé les garderies privées durant toute cette période
présumément à l'invitation du ministre, de manière
à les amener à abandonner leur permis.
Des Voix: Ah!
M. Forget: C'était une correction...
M. Lazure: M. le Président...
M. Bertrand: M. le Président, pour maintenir...
Des Voix: II n'a pas posé de question.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: ... un excellent climat dans cette Chambre, je fais
amende honorable auprès du député de Roberval si j'ai
peut-être fait un écart au règlement en ouvrant une porte
au député de Mégantic-Compton. Je pense que maintenant,
nous venons de faire un à un.
M. Lamontagne: Je suis satisfait de la largesse du
président.
Le Président: Je vous rends grâce, M. le
député de Roberval.
M. Bertrand: Continuons notre excellente collaboration qui nous a
quand même permis de savoir que l'Union Nationale voterait pour le projet
de loi en deuxième lecture. J'appellerai, sur ce, M. le
Président, l'article 23 du feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 76
Deuxième
lecture
Le Président: J'appelle maintenant le projet de loi no 76,
Loi modifiant la Loi sur les allocations familiales concernant les enfants
handicapés. M. le député de Marguerite-Bourgeoys, puis-je
vous demander de ne pas abuser de la complaisance de la présidence?
Je vous cède la parole sur cette motion de deuxième
lecture, M. le ministre des Affaires sociales.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Merci, M. le Président. Selon la formule
consacrée, le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de
loi 76 et il en recommande l'étude par cette Assemblée.
Ce projet de loi, M. le Président, devrait recevoir
l'adhésion des partis de l'Opposition. Ce projet de loi, qui amende la
loi actuelle sur les allocations familiales, a pour simple et unique objectif
d'allouer dorénavant, à partir du 1er janvier 1980, une somme de
$60 par mois, une allocation familiale supplémentaire de $60 par mois
à tous les parents qui gardent à domicile un enfant
handicapé.
M. le Président, c'est avec beaucoup de fierté que je me
fais le porte-parole du gouvernement du Parti québécois pour
présenter ce projet de loi. A titre de psychiatre d'enfants, j'ai eu
l'occasion, durant plusieurs années de pratique, de voir des familles,
des parents qui désiraient garder à domicile leur enfant
handicapé mental ou handicapé physique et qui, très
souvent, à cause de contraintes financières, de revenus
insuffisants, se voyaient obligés de placer un tel enfant soit dans une
institution, soit dans un foyer nourricier.
M. le Président, je n'ai pas besoin d'insister auprès de
cette Chambre pour faire valoir que le climat par excellence, le milieu par
excellence où un enfant handicapé ou non handicapé doit
grandir, c'est dans le climat familial. Parfois, nos amis de l'Opposition nous
reprochent de ne pas avoir de politique familiale. Il y a plusieurs
façons d'avoir une politique familiale. Une façon qui est
très facile, c'est d'en parler beaucoup. Une autre façon, c'est
de procéder par des gestes concrets qui viennent en aide à la
famille. Le maintien de l'intégrité, le maintien de
l'unité d'une famille, en incluant l'enfant handicapé
plutôt que la brisure d'une famille en plaçant l'enfant
handicapé dans une institution, c'est un geste bien concret qui vient
aider la famille, et qui s'ajoute à toute une série de mesures
que le présent gouvernement a adoptées depuis trois ans.
Par exemple, le présent gouvernement dépense, cette
année, $47 millions pour l'aide à domicile, principalement pour
le maintien à domicile des personnes âgées et des personnes
handicapées. Encore une fois, ce montant est considérablement
plus élevé que ce que le gouvernement libéral
dépensait en 1976, c'est-à-dire $23 millions. De plus, la loi
dont nous avons parlé tout à l'heure, le projet de loi sur les
services de garde à l'enfance prévoit aussi qu'une famille qui
fait de la garde en milieu familial ou une garderie qui accepte un enfant
handicapé se voit octroyer une subvention spéciale de
manière à ce que le plus grand nombre d'enfants handicapés
possible soient intégrés à des garderies
régulières et, par conséquent, cela aide à
maintenir l'enfant handicapé à domicile.
Pourquoi donner cette allocation familiale supplémentaire de $60?
M. le Président, il est bien évident que, pour ceux qui
connaissent le moindrement les problèmes qui entourent la garde à
domicile d'un enfant gravement handicapé, plu-
sieurs dépenses additionnelles sont encourues par les parents.
Par exemple, il est plus difficile d'obtenir les services d'une gardienne
occasionnelle lorsqu'une famille a un enfant gravement handicapé
à domicile. Il y a aussi des médicaments qui sont parfois
très coûteux pour certains types de handicaps. Il y a aussi des
appareils spéciaux que plusieurs enfants handicapés physiques
doivent porter et qui doivent être renouvelés. Enfin, plusieurs
dépenses, que ce soit l'ameublement, l'aménagement de la maison,
le renouvellement des vêtements, sont beaucoup plus élevées
quand il s'agit d'un enfant gravement handicapé qui, souvent, n'est pas
complètement maître de son propre comportement et qui demande une
surveillance particulière. (21 heures)
M. le Président, cette allocation familiale supplémentaire
de $60 par mois, qui était réclamée depuis plusieurs
années par bon nombre de parents, sera distribuée à 16 000
familles au Québec à partir du 1er janvier 1980; elle sera
ajoutée au chèque régulier d'allocations familiales du
Québec. Qu'il soit bien clair, M. le Président, qu'il ne s'agit
pas là de prendre de l'argent dans le trésor québeccois
pour avantager ces familles aux dépens de certains services qui ont
besoin d'être développés, certains services aux
handicapés physiques et mentaux qui coûtent cette année au
gouvernement, aux contribuables, plus de $200 millions. L'augmentation des
crédits pour les services aux personnes handicapées va continuer.
Nous avons, par la loi no 9, prévu plusieurs dispositions qui
améliorent le sort des personnes handicapées au Québec,
qu'il s'agisse de transport, qu'il s'agisse d'accès à des
immeubles publics ou qu'il s'agisse, comme cette mesure le veut, de subventions
financières particulières.
En conclusion, j'espère que les partis de l'Opposition vont se
joindre au gouvernement pour adopter rapidement cette mesure. C'est une mesure
qui se veut un encouragement aux parents qui gardent à domicile,
malgré beaucoup de difficultés financières ou
psychologiques, un enfant handicapé. Favoriser le maintien à
domicile de l'enfant handicapé jusqu'à 18 ans veut aussi dire
que, dans certains cas, les parents voudront ramener de l'institution ou
ramener du foyer nourricier un enfant handicapé qui était
déjà en placement depuis quelques années.
M. le Président, voilà une autre mesure du gouvernement du
Parti québécois qui manifeste notre intérêt
prioritaire pour le sort des personnes défavorisées dans notre
société et, plus particulièrement, pour les personnes
handicapées. Merci.
Le Vice-Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il nous fait plaisir,
à titre d'Opposition officielle, de concourir à l'adoption la
plus rapide possible de ce projet de loi. Je ne donnerai pas les détails
que le ministre a déjà lus, mais il reste quand même que le
rôle de l'Opposition est d'être le porte-parole des personnes qui
ne sont pas à l'Assemblée nationale et qui représentent
une partie importante de la population.
Je voudrais prendre ces quelques minutes non pas pour discuter du
contenu du projet de loi qui est très simple, mais pour faire part de
représentations qui nous sont parvenues de la part de l'Association du
Québec pour les déficients mentaux. Ils mentionnent plusieurs
inquiétudes. Ils ont même, je pense, envoyé une lettre au
premier ministre disant leur désaccord au sujet de ce projet de loi.
Ceci ne veut pas dire que je pense qu'il ne faille pas procéder avec ce
projet de loi, au contraire, et je dirai pourquoi, mais il reste quand
même que ceci est une excellente occasion de montrer que même si
des efforts sont faits en l'occurrence, ce sont certainement des efforts
qui sont faits d'une façon positives pour les handicapés
il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. La question principale
que l'Association du Québec pour les déficients mentaux se posait
était la crainte que l'argent qui était rendu disponible aux fins
d'augmenter les allocations familiales ne pourrait pas être
appliqué à d'autres fins qu'ils jugeaient davantage prioritaires.
Dans cette lettre qu'ils ont même adressée au premier ministre,
ils expriment des inquiétudes très sérieuses quant
à la qualité ou aux ressources en services qui sont
présentement mises à leur disposition. Le ministre nous a
rassurés et je pense que c'était probablement son intention quand
il a ajouté à la fin: Ceci ne veut pas dire que nous couperons
ailleurs pour accorder les allocations familiales. Il a répondu à
cette inquiétude du groupe.
Je voudrais quand même faire connaître à
l'Assemblée nationale les représentations de ces groupes qui
constituent une partie importante de la population que l'on considère
comme étant des personnes handicapées. Ils disent: "Si on examine
la situation des familles qui gardent un enfant handicapé, on
découvre rapidement que leurs besoins sont, de prime abord, en termes de
services dont la plupart sont fort peu développés ou
inexistants". Les familles ont besoin de services de support essentiels au
maintien à domicile je pense que cette augmentation de
l'allocation familiale pourra, au moins en partie, répondre à
cette inquiétude Des besoins demeurent quant aux soins à
domicile, de l'intervention, de la stimulation précoce, des services
spécialisés, de l'accessibilité aux services
génériques, de programmes d'éducation
intégrée, de programmes de loisirs intégrés.
D'ailleurs, le dernier mémoire de cette association portait surtout sur
les besoins dans le domaine de l'éducation où on trouvait que les
programmes n'étaient pas à point et que peut-être on
n'avait pas eu le temps d'y accorder toute l'attention nécessaire.
M. le Président, ce que je veux dire, c'est que même si la
loi 9 a été adoptée depuis, si je ne m'abuse, au moins un
an et demi, on réalise fort bien que l'office qui, pourtant ne
ménage pas ses efforts, sent que les ressources sont limitées.
On
avait eu cette expression d'opinion par la présidente de
l'office, le printemps dernier, à l'étude des crédits.
Elle souhaitait que les choses puissent avancer plus rapidement et que des
ressources plus considérables soient mises à la disposition des
personnes handicapées pour justement combler ces besoins et ces carences
dont l'association pour les déficients mentaux fait état.
Ils se sont inquiétés aussi, et je peux les comprendre
dans une certaine mesure, parce que cette disposition risque que leurs enfants
soient une fois de plus catégorisés. On les comprend, ils sont
très sensibles à ceci. Dans le projet de loi, on dit qu'il faudra
définir l'expression "enfant handicapé"; cela ne leur semblait
pas, non plus, quelque chose de souhaitable compte tenu qu'un enfant n'est pas
nécessairement handicapé d'une façon permanente et qu'il
peut, dans certains cas, ne plus répondre aux critères de cette
catégorie. On se retrouve devant un dilemme, à savoir: Est-ce que
ces lois, finalement, ne catégorisent pas un peu trop les enfants et
n'hypothèquent pas, jusqu'à un certain point, leur avenir?
M. le Président, ce sont des remarques d'ordre
général qui sont souvent soulevées au cours des
débats et même de débats que nous avons eus au moment de
l'adoption de la loi 9. Je voulais simplement utiliser cette occasion, puisque
ces représentations ont été faites par l'association
à propos de ce projet de loi, pour les faire connaître au public
et rappeler au ministre que, pour autant que l'Opposition officielle est
touchée, il peut employer toutes les ressources que l'Etat peut mettre
à leur disposition, au service des personnes handicapées, qu'ils
soient des enfants ou des adultes; il a notre entier appui
là-dessus.
Je me contenterai uniquement, M. le Président, de dire, comme je
l'ai annoncé au départ, que nous sommes d'accord. Les familles
des enfants handicapés ont affaire à des problèmes
particuliers qui exigent souvent des ressources supplémentaires. Je
pense que le projet de loi répond à ceci, du moins en partie; en
tout cas, il améliore la situation telle qu'elle existe
présentement. Nous sommes un peu perplexes, par contre, de savoir que
c'est une régie qui va déterminer qui seront les enfants
appartenant à cette catégorie d'enfants handicapés pouvant
se prévaloir des dispositions de ce projet de loi. (21 h 10)
N'y aurait-il pas lieu mais on pourra en discuter au moment de
l'étude article par article que nous sommes prêts à faire
ce soir, comme je l'ai dit tout à l'heure que cette
définition soit incluse dans le projet de loi plutôt que de la
laisser un peu plus vague et peut-être moins bien définie et plus
sujette à des modifications si c'est une régie qui doit
intervenir pour établir la définition des handicapés. Ce
sera, en fait, la seule remarque de fond sur laquelle peut-être le
ministre nous apportera des réponses tout à l'heure, au moment de
l'étude article par article. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, très brièvement
puisque ce projet de loi qui est présenté par le ministre
aujourd'hui et qu'on a devant nous ce soir ne fera pas, bien sûr, l'objet
de nombreux griefs, puisqu'il correspond à un souhait qui a
été exprimé. Je ne pense pas être le seul à
prétendre qu'on avait besoin de ce projet de loi, puisque le Parti
libéral l'a dit également, comme on l'avait dit et comme le Parti
québécois le reconnaît. Ce n'est pas un projet de loi
à grand capital politique et je pense qu'on aurait mauvaise grâce
à dire que seule l'Union Nationale requérait l'adoption de cette
loi.
J'avais déploré, lors de l'étude de la loi 13, que
l'on subventionne l'adoption d'enfants handicapés, tandis que les
parents qui gardaient leurs propres enfants handicapés n'avaient aucune
aide financière venant de l'extérieur. Le ministre a dû
avouer la lacune et voilà que nous retrouvons maintenant devant nous ce
projet de loi.
On ne s'opposera pas, bien sûr, aux $60 qui se donnent
mensuellement pour aider les parents qui sont dans le besoin. J'aimerais
cependant que le ministre nous dise tout à l'heure, dans sa
réplique, un peu ce qu'il entend comme définition d'un handicap
d'enfant. Cela manque; je pense que le ministre pourra nous donner un peu plus
d'éclaircissements sur ce qu'est un handicap d'enfant, un handicap
permanent ou un handicap passager, comme il s'en trouve.
J'aimerais également qu'il nous dise cette question avait
été soulevée, je pense, au moment de l'étude de la
loi 13 si la Loi sur les services de garde à l'enfance, que nous
allons voter en deuxième lecture demain, ouvrira assez largement les
portes de ces garderies pour permettre l'entrée de ces enfants
handicapés dans les garderies. Je vois que le député de
Sherbrooke est auprès du ministre. Nous avons vécu, dans la
région de l'Estrie, d'une façon particulière, le
problème des malades chroniques dans les hôpitaux de la
région de Sherbrooke. Problème qui n'est pas encore
réglé, à savoir si on devrait localiser ces malades dans
un seul hôpital ou les répartir également dans les quatre
centres hospitaliers de la ville de Sherbrooke. On arrive là avec une
sorte de malades que pas beaucoup de gens veulent avoir dans leur institution.
On me rapporte, je ne l'ai pas vécu personnellement, que du
côté des garderies, cela pourrait être le même
problème, à savoir que des enfants handicapés ont des
difficultés à trouver asile, soit de façon permanente,
sauf dans les familles d'accueil, ou soit de façon occasionnelle.
J'ai ici une requête qui me vient d'un groupe de parents d'enfants
handicapés, l'Association de parents d'enfants handicapés de
Saint-Hyacinthe que mon collègue le député de
Saint-Hyacinthe, M. Cordeau qui est ici, m'a transmise parce qu'on ne voulait
pas intervenir deux députés pour accélérer le
débat. Il m'a demandé de porter à l'attention du ministre
cette requête de parents qui aimeraient que, dans ces haltes-garderies,
les parents d'enfants handicapés puissent trouver place pour
leurs enfants, pour permettre aux mères de famille, comme on l'a
dit cet après-midi c'était décrit par certains
autres députés à l'occasion, un parent, d'y loger
son enfant pendant quelques jours, sur semaine ou quelques heures au moins
pendant une journée.
J'aimerais que le ministre, dans sa réplique, nous dise s'il a
l'intention d'ouvrir ces garderies aux handicapés ou s'il a un autre
objectif pour venir en aide aux parents d'enfants handicapés pour
répondre à la requête de ces signataires qui viennent de
Saint-Hyacinthe et répondre aussi aux besoins qui se font de plus en
plus pressants dans notre communauté.
Je pense que ce projet de loi arrive à point et je suis
prêt, comme on me l'a signalé, à ce qu'on passe
immédiatement à son adoption sans passer par la commission
parlementaire. Je vous remercie, M. le Président.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Mme la Présidente, très rapidement, je
vais commercer par répondre au dernier commentaire soulevé par le
député de Mégantic-Compton. Malgré que la
députée de L'Acadie nous reproche parfois de tenir trop de
conférences de presse pour annoncer les politiques concernant les
services de garde, je vois qu'il y a encore certaines politiques qui sont mal
connues. Depuis au-delà d'un an, il est non seulement possible
d'admettre un enfant handicapé dans une garderie, mais nous incitons les
garderies à admettre jusqu'à 20% du nombre total d'enfants dans
une garderie, que 20% des places soient réservées aux enfants
handicapés. A ce moment-là, nous payons une subvention
additionnelle de $2500 par année pour chaque enfant handicapé; ce
qui veut dire qu'une garderie de trente enfants qui se conformerait à
cet encouragement et qui remplirait ce besoin qui existe, recevrait, pour cinq
ou six enfants handicapés, environ $14 000 ou $15 000, ce qui
permettrait à la garderie d'engager une personne additionnelle et
d'offrir un service vraiment intégré à l'ensemble des
enfants du quartier.
Deuxièmement, la députée de L'Acadie a fait
état, tantôt, de certaines réserves que l'Association du
Québec des déficients mentaux a exprimées vis-à-vis
de ce projet de loi croyant ou craignant que ces sommes d'argent, ces $11
millions par année que cette nouvelle politique va coûter aux
contribuables, soient enlevées au service à l'adresse des enfants
handicapés. J'ai bien dit tantôt, dans mon allocation, qu'il
n'était pas du tout question de réduire, de quelque façon
que ce soit, les crédits déjà prévus pour les
services aux enfants handicapés. Je pense qu'il faut dissiper une
espèce de confusion. Parfois, les parents d'enfants handicapés
surtout, dans certaines régions, s'imaginent qu'il s'agit simplement de
voter quelques millions de dollars pour que, du jour au lendemain, on ait les
services spécialisés dans toutes les régions du
Québec. Dieu sait pourtant que ce n'est pas possible et ce n'est pas
strictement une question d'argent. Même si on avait tous les
crédits voulus, il est extrêmement difficile de trouver des
enseignants spécialisés ou d'autres professionnels
spécialisés pour se rendre dans certaines régions du
Québec comme la Côte-Nord, la Gaspésie et l'Abitibi. Par
conséquent, je peux rassurer non seulement la députée de
L'Acadie mais aussi l'Association du Québec pour Ia déficients
mentaux que cette allocation de $60 par mois pour les parents qui gardent un
enfant handicapé ne va diminuer en rien la croissance de nos
crédits vis-à-vis des services aux enfants handicapés.
Finalement, on dit avec une certaine hésitation: Cette allocation
devra quand même être rattachée à une certaine
définition de ce qu'est un enfant handicapé. Bien sûr, et
cela va catégoriser les enfants. Que je sache, les gens ne protestent
pas parce qu'un accidenté du travail veut avoir sa prestation, sa
réclamation, sa compensation comme il se doit; les gens ne protestent
pas parce qu'il est catégorisé pour un certain temps
"accidenté du travail". Je pense qu'il ne faut quand même pas
exagérer les inconvénients d'une appellation comme
celle-là. Qu'on le veuille ou non, l'enfant qui est gravement
handicapé mentalement ou physiquement, tout le monde dans son entourage
s'en rend compte.
La définition va tenir compte je l'ai dit à
plusieurs reprises de la gravité du handicap physique ou mental,
handicap moteur, handicap de la vue, de l'ouïe et handicap du
développement mental, déficient mental grave ou moyen. Il ne
s'agit pas d'inclure les déficients mentaux légers qui sont
intégrés dans les écoles du voisinage. Finalement, la
procédure sera très simple. La Régie des rentes va
accepter le certificat de tout médecin habilité par la
Corporation des médecins qui attestera que l'enfant de moins de 18 ans
souffre de handicap grave avec une certaine description, évidemment, de
ce handicap. (20 h 20)
La Régie des rentes a la réputation d'être un
organisme non pas bureaucratisé à outrance mais un organisme qui
donne un excellent service. Je remercie en passant les autorités de la
Régie des rentes qui ont accepté avec bienveillance de nous
fournir ce service. Les formulaires à l'adresse des parents des enfants
handicapés seront disponibles à tous les bureaux de la
Régie des rentes, à tous les bureaux de l'aide sociale, à
tous les CLSC, les Centres locaux de services communautaires, à tous les
hôpitaux. Il y aura une diffusion très large de ces formulaires
qui seront le plus simples possible.
En terminant, je veux remercier les deux partis d'Opposition pour
l'appui qu'ils apportent à ce projet de loi. Merci.
La Vice-Présidente: Est-ce que cette motion de M. le
ministre des Affaires sociales proposant que soit maintenant lu la
deuxième fois le projet de loi no 76...
M. Bertrand: Mme la Présidente, question de
règlement.
M. Lavoie: La présidente est debout. M. Bertrand: Mme la
Présidente...
La Vice-Présidente: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bertrand: ... si le député de Laval veut garder
son calme...
La Vice-Présidente: M. le leader, voulez-vous vous
adresser à moi, s'il vous plaît.
M. Bertrand: Oui. Mme la Présidente, si le
député de Laval veut garder son calme, si je me lève,
c'est pour protéger les droits de la députée de L'Acadie
qui aimerait poser une question au ministre des Affaires sociales, qui serait
prêt à y répondre. Mme la Présidente, loin de moi de
vouloir vous empêcher de jouer votre rôle; je voulais simplement
qu'avant que vous appeliez le vote, Mme la députée de L'Acadie
puisse poser sa question.
La Vice-Présidente: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, si vous me le
permettez, il y a juste une confusion qui semble exister. Je pense que
l'inquiétude des parents des déficients mentaux n'était
pas nécessairement que ceci diminuerait l'argent qui serait
utilisé pour des fins de services, mais que peut-être un montant
supplémentaire d'argent qui ne serait pas versé pour des
allocations familiales pourrait être utilisé pour le
développement plus rapide de services. Je pense que vous avez
répondu à cela. C'est quand même, je pense, la
signification de ce que les parents disaient.
J'aimerais demander au ministre pourquoi il trouve difficile que la
définition soit dans la loi même, puisque, quand même, vous
en avez donné un certain nombre, que ce soient des déficients
profonds, que ce soient des déficients moyens, que ce soit le cas des
enfants qui souffrent d'un handicap auditif ou d'un handicap moteur
sérieux. Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen d'énumérer
cette liste qui permettrait, je pense, beaucoup moins de contestation puisque
ce serait dans la loi?
Voici l'autre question que je voudrais poser au ministre: Quel sera le
droit d'appel? Est-ce que ce sera la Commission des affaires sociales si un
parent n'est pas accepté et juge que son enfant devrait être
accepté et être admissible à ces allocations
supplémentaires?
M. Lazure: Mme la Présidente, il y aura une
procédure d'appel, justement, à la Commission des affaires
sociales. Deuxièmement, nous avions envisagé à l'origine
d'inclure dans le projet de loi les définitions des différents
types de handicaps mais cela nous a paru assez complexe et aussi un peu trop
rigide comme formule. Il est plus facile évidemment d'amender des
règlements que d'amender un projet de loi.
Je vous donne comme exemple certains handicaps comme ceux de la vue ou
de l'ouïe. Certains de ces handicaps peuvent être mesurés de
façon assez précise par des pourcentages; dans le cas des
problèmes de surdité, en mesurant les décibels et, dans le
cas des problèmes de la vue, en mesurant la dioptrie. Ces
définitions qui sont acceptées par le monde scientifique, de
façon générale en ce qui touche la vue et l'ouïe, en
tout cas, sont quand même assez complexes mais ne portent pas à
contestation. Nous avons pensé qu'il était trop compliqué
d'inclure cela dans un projet de loi et que cela nous liait les mains.
Il faut quand même se rendre compte qu'il n'y a pas beaucoup de
provinces au Canada ou d'Etats aux Etats-Unis qui ont ce genre d'allocations
familiales additionnelles pour les enfants handicapés à domicile.
Nous avons essayé de trouver des comparaisons ou des modèles dans
d'autres endroits et il est extrêmement difficile d'en trouver. Nous
pensons qu'il sera plus facile, au bout d'un an ou de deux ans, de modifier le
règlement quant aux définitions que de se figer de façon
un peu trop rigide dans un projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, une dernière
remarque. Je voudrais simplement rappeler au ministre que, dans le cas de la
loi 101, on a, à l'intérieur de la loi et peut-être
que le ministre de l'Education pourra le confirmer établi des
catégories d'enfants qui souffraient de troubles d'apprentissage
sérieux. Enfin, si le ministre croit que c'est plus sage... Mais je
pense que ce serait préférable que ce soit dans la loi. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Cette motion de M. le ministre des
Affaires sociales proposant que soit maintenant lu la deuxième fois le
projet de loi no 76, Loi modifiant la Loi sur les allocations familiales
concernant les enfants handicapés, est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: Mme la Présidente, il y a de ces jours
où la vie parlementaire a quelque chose d'enthousiasmant et je voudrais
remercier immédiatement mes collègues de l'Opposition d'acepter
que nous puissions immédiatement procéder à la
troisième lecture de ce projet de loi.
La Vice-Présidente: Allez-vous me faire une motion pour la
commission parlementaire?
M. Bertrand: Merci, Mme la Présidente. C'est quelque chose
qui manquait à mon expérience parlementaire. Je fais motion pour
que nous puissions immédiatement procéder aux écritures en
commission plénière relativement à l'étude article
par article du projet de loi.
Une Voix: M. Blondin n'est pas là.
M. Bertrand: M. Blondin n'est pas là? Est-il
nécessaire que M. Blondin soit là? lis ont assez
d'expérience, je pense, pour compenser pour l'absence de M. Blondin.
La Vice-Présidente: Y aurait-il consentement à ce
que nous passions aux écritures quant à ce projet de loi?
Des Voix: Consentement. M. Lavoie: Que se passe-t-il?
Commission plénière
La Vice-Présidente: Rapport de la commission
plénière.
Des Voix: Adopté.
M. Lavoie: II vient de perdre sa "job".
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Adopté. Troisième
lecture? Adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: C'est réglé, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Oui.
M. Bertrand: Bon!
La Vice-Présidente: Vous appelez un autre...
M. Bertrand: Merci beaucoup. Mme la Présidente, j'appelle,
pour terminer la journée, le projet de loi inscrit au nom des Affaires
municipales à l'article 18 du feuilleton d'aujourd'hui.
Des Voix: Adopté.
Projet de loi no 74 Deuxième lecture
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
municipales propose maintenant que le projet de loi no 74, Loi modifiant le
Code municipal et la Loi sur les cités et villes concernant les ententes
intermunicipales, soit maintenant lu pour la deuxième fois.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Guay Tardif
M. Tardif: Mme la Présidente, le projet de loi 74 que nous
avons devant nous est un projet de loi-cadre visant à permettre à
deux ou plusieurs municipalités de s'associer entre elles pour conclure
des ententes visant à la mise en commun de services intéressant
leurs populations respectives.
L'accroissement de la population urbaine, de même que
l'évolution des mentalités mettent les municipalités dans
l'obligation d'offrir à leur population une gamme de services de plus en
plus nombreux et de plus en plus élaborés. Cependant, bien des
municipalités, à cause d'une trop faible population, d'un manque
de ressources financières ou techniques ou encore à cause d'un
certain isolement géographique, sont bien souvent incapables d'offrir
tous ces services. Ce n'est pas leur faire injure de dire cela puisque
très peu de citoyens savent que, sur les 1600 municipalités que
nous avons au Québec, au-delà de 800, soit plus de 50%, ont moins
de 1000 âmes de population. (21 h 30)
Evidemment, ceci implique qu'il est à peu près impensable
pour la plupart d'entre elles de se doter de tous les services dont elles
pourraient avoir besoin, alors qu'elles pourraient très bien s'associer
avec une autre pour se donner ces services.
Mme la Présidente, le projet de loi no 74 vise justement à
permettre ce genre d'entente, de mise en commun de services, permettant soit
d'offrir un plus grand nombre de services, soit encore d'offrir des services de
meilleure qualité et à meilleur coût. En principe, ce
projet de loi devrait permettre de mettre en commun certains investissements de
base et ainsi diminuer la responsabilité financière de chacune
des municipalités contractantes. Ce projet de loi devrait
également permettre d'atteindre un niveau de services supérieur
grâce à un niveau d'investissement que les municipalités ne
pourraient pas se permettre individuellement. Cela pourrait, dans d'autres cas,
dans le cas d'une municipalité qui se sera déjà
dotée, par exemple, d'une infrastructure, d'une aréna, lui
permettre d'atteindre plus rapidement un niveau d'utilisation suffisant pour
rentabiliser des équipements qu'elle trouve parfois trop onéreux
une fois qu'elle en a fait l'acquisition. Ce projet de loi permet
évidemment de minimiser les coûts unitaires des services
grâce à un niveau de production plus élevé qui peut,
à la limite, impliquer des économies d'échelle.
On me dira qu'il existe déjà sur le territoire
québécois une série d'ententes liant le monde municipal et
c'est vrai. Il en existe des centaines, Mme la Présidente. Par exemple,
en matière de protection contre les incendies, on compte
présentement au Québec 190 services d'incendie communs desservant
448 municipalités. De plus, environ 300 municipalités sont
impliquées, d'une façon ou d'une autre, dans un réseau
d'aqueduc commun. Par ailleurs, s'il existe présentement très peu
d'ententes dans le domaine de la gestion des déchets solides, de
même que dans le domaine de l'épuration, les programmes
annoncés par mon collègue, le ministre de l'Environnement, et les
amendements que nous avons apportés l'année dernière au
Code municipal et à la Loi des cités et villes permettant aux
municipalités de s'entendre pour la gestion commune d'un dépotoir
ou d'un endroit de disposition des déchets, peuvent laisser
présager des demandes de plus en plus nombreuses pour ces
fins-là.
En 1977, Mme la Présidente, ces ententes représentaient,
pour les municipalités pourvoyeuses de services, une somme d'environ $40
millions, ce qui peut sembler très modeste eu égard à
l'ensemble du budget des municipalités. Cependant, quand on
considère que dans le domaine, notamment, de la fourniture de l'eau qui
accapare 40% de ces sommes parce qu'on fournit l'eau selon le volume
consommé, soit encore parce qu'une ou des municipalités parties
à une entente doivent assumer une part du service de la dette, ceci
implique qu'environ 70% des $40 millions sont consacrés à des
ententes liées à la fourniture de l'eau.
Je tiens à souligner également que de telles ententes
n'existent pas que dans les petites municipalités rurales que j'ai
décrites tantôt. On sait, par exemple, que dans les milieux
très urbanisés comme le territoire de la Communauté
urbaine de Montréal, la ville de Montréal fournit l'eau à
toutes les villes à l'est du boulevard Décarie par le biais
d'ententes et ce, même si la ville de Montréal et les autres font
partie d'une entité supramunicipale qu'on appelle la communauté
urbaine.
Donc, l'appartenance à un organisme communautaire ne dispense pas
ou n'empêche pas des municipalités de s'unir entre elles pour des
fins semblables et on en a un exemple, encore une fois, en milieu très
urbanisé comme l'Île-de-Montréal.
On me dira: Mais s'il existe un aussi grand nombre d'ententes
présentement, pourquoi apporter une loi-cadre visant à
régir ces ententes? Evidemment, Mme la Présidente, si on apporte
une loi, c'est qu'il y a des problèmes. Ces problèmes viennent,
non pas tellement lorsqu'il s'agit d'ententes de services, mais lorsqu'il
s'agit de faire des investissements et problèmes que, de tout temps, le
législateur a réglés d'une façon qui était
celle des projets de loi privés. Encore au cours de cette session, au
mois de juin dernier, l'Assemblée nationale a approuvé le projet
de loi 257 et je lis: Loi constituant la régie d'exploitation de la
centrale de traitement d'eau Chambly, Marieville, Richelieu. Donc, la
constitution d'une régie intermunicipale permettant à ces trois
villes de s'unir pour répondre à ce besoin. J'ai
présentement des demandes d'autres municipalités pour les
mêmes fins. Certaines ont presque atteint le seuil je dirais
de préparation d'un projet de loi alors que d'autres sont
vraiment à l'état de problème aigu et de
négociation entre les municipalités.
J'ai, par exemple, en ce moment, à mon bureau, le dossier de la
municipalité de Sainte-Julie et celui de Varennes. Sainte-Julie,
municipalité dans le comté de Chambly alors que Varennes est dans
le comté de Verchères, Sainte-Julie achète
présentement son eau potable de Varennes. Sainte-Julie ne possède
pas d'usine de filtration. Varennes en possède une dont la
capacité est à peu près appropriée à ses
besoins, municipalité qui a à peu près 8000 habitants
mais, par ailleurs, un parc industriel important. Sainte-Julie a 13 000 habi-
tants, plus ou moins, mais elle est strictement résidentielle. La ville
de Varennes, avec son usine de filtration, fournit présentement l'eau
à Sainte-Julie. Dans les deux cas, on a manqué d'eau au cours des
dernières années. A deux reprises, le ministère des
Affaires municipales a dû venir en aide pour augmenter les
capacités de l'usine de Varennes, le raccord, la construction d'un
réservoir et même la construction d'un lien entre ce réseau
et celui de ce qu'on appelle l'AIBR, c'est-à-dire l'Aqueduc
intermunicipal du Bas-Richelieu.
Le problème d'agrandissement de l'usine se pose
présentement. On comprendra certainement que la ville de Varennes ne
veuille pas grever son pouvoir d'emprunt pour agrandir son usine aux seules
fins de desservir la population de Sainte-Julie même si, de son
côté, elle risque aussi de se trouver, à plus ou moins
brève échéance, devant des besoins causés non pas
tellement par l'expansion de son secteur résidentiel mais bien de son
secteur industriel. Quant à Sainte-Julie, elle ne peut pas participer
financièrement à l'agrandissement de l'usine; elle ne le veut pas
si elle ne peut pas obtenir des garanties d'approvisionnement et de gestion des
équipements. Si elle participe aux coûts d'immobilisation et de
fonctionnement, elle veut évidemment avoir son mot à dire. (21 h
40)
Je pourrais citer des cas identiques dans la région de
Québec, les municipalités de Saint-Nicolas, Charny,
Bernières. Pour revenir dans la région de Montréal, les
cas, dont me parlera sans doute mon collègue, de Mascouche, Terrebonne,
La Chesnaye qui sont dans la même situation. Sur la rive sud le cas de
Longueuil, Saint-Hubert, Saint-Lambert, Boucherville et Saint-Bruno. Encore sur
la rive sud, Beloeil, McMasterville, Mont-Saint-Hilaire, Otterburn-Park, ainsi
de suite.
On a même un nouveau type de problème. Mme la
Présidente, je voudrais profiter de l'occasion pour informer
immédiatement cette Chambre que je compte apporter un papillon au projet
de loi no 74 lors de l'étude article par article pour permettre aux
municipalités de conclure un type d'entente parce qu'à l'heure
actuelle, la loi 74, c'est une loi-cadre pour permettre aux
municipalités de conclure des ententes sur des sujets de leur
compétence. Or, Mme la Présidente, je vais devoir apporter un
papillon, du consentement évidemment de cette Chambre, pour permettre
aux municipalités de conclure des ententes sur un domaine qui n'est pas
encore de leur compétence à strictement parler, mais qui pose un
problème. C'est celui je pense que le député de
Laval sera peut-être sensible à cela des inondations, de la
protection contre les inondations en période de crue au printemps
lorsque deux ou plusieurs municipalités veulent s'unir pour construire
un barrage, une digue.
Il est bien évident que, sans s'en aller dans la construction de
polders comme en Hollande, il serait tout à fait inutile qu'une
municipalité, je pense entre autres à Sainte-Marthe-sur-le-Lac,
fassent un barrage sur le bord du lac des Deux Montagnes pour se
protéger contre les inondations si Pointe-
Calumet, à côté, et l'autre ne collaborent pas,
parce qu'on aurait un beau barrage juste sur la ligne des eaux devant la
municipalité et il y aurait des infiltrations d'ailleurs. Je pense que
non seulement c'est un domaine qui peut se prêter à ce type
d'entente dans cette loi-cadre, mais encore faudrait-il que les
municipalités aient cette compétence de bâtir de telles
digues.
Mme la Présidente, c'est mon intention, la demande m'ayant
été faite, de prévoir de tels cas dans cette loi 74. Je
pourrais, je l'ai mentionné, multiplier les exemples; ce n'est pas mon
intention, mais s'il y a des ententes qui pouvaient se conclure, quelles sont
les difficultés qui se présentaient? Ces difficultés sont
diverses. Il n'y avait pas tellement de problèmes s'il s'agissait
strictement d'une prestation de service ou d'une délégation de
compétence. Mais dès qu'il s'agissait de bâtir, de faire
des dépenses capitales, il fallait que les deux ou trois ou quatre
municipalités contractantes, comme il n'y avait pas...
Il y avait bien des comités intermunicipaux, mais comme ces
comités n'avaient pas de personnalité juridique distincte des
municipalités dont ils émanaient, ces comités
intermunicipaux ne pouvaient pas acheter, acquérir, vendre, engager du
personnel. Chaque geste devait être entériné par chacune
des municipalités. Il fallait des choses aussi aberrantes que quatre
résolutions de quatre conseils différents pour approuver
l'embauche d'un gérant. Quatre résolutions de quatre conseils
pour acheter la tonne et demie de chlore que cela prenait pour chlorer l'eau,
etc. Il est bien évident, Mme la Présidente, que cela n'avait pas
d'allure, outre les questions de budgets. Lorsqu'une municipalité avait
atteint, par exemple, sa cote d'à peu près 10%, 12%
d'endettement, elle n'était pas intéressée à
s'endetter pour fournir de l'eau aux autres. A ce moment, les problèmes
traînaient.
Le projet de loi no 74 vise à résoudre ces
problèmes et, entre autres, on a retenu comme solution les
éléments suivants. Premièrement, Mme la Présidente,
c'est que ces ententes sont libres et volontaires, exception faite des
ordonnances qui auraient pu être rendues par, entre autres, les SPE, les
Services de protection de l'environnement. Deuxièmement, elles ne
s'appliquent qu'au cas où un organisme supramunicipal ne remplit pas
déjà cette fonction. Par exemple, les communautés
urbaines, les conseils de comté, etc. Troisièmement, elle sera,
cette régie, c'est la troisième possibilité la
prestation de services, on l'a vue, la délégation aussi
une régie intermunicipale unifonctionnelle, c'est-à-dire pour des
fins précises. Il ne s'agit pas d'une corporation tous azimuts.
Mme la Présidente, il est bien important de le souligner, ne
siégeront à cette régie que les élus des
municipalités membres; donc, pas de non-élus sur cet organisme.
Sa responsabilité unique permet aux citoyens de faire la relation
immédiate entre le rôle qu'elle accomplit et les dépenses,
etc. Cette loi-cadre, avec le papillon que j'apporterai, est quand même
assez souple pour permettre une très grande diversité d'ententes.
Elle favorise une identification claire de la part de chaque
municipalité en termes de tarifs d'emprunts et de coûts, et
surtout elle prévoit la signature de protocoles d'entente permettant des
ajustements ou des mécanismes d'évolution, de transition ou
encore de terminaison d'ententes entre les municipalités
contractantes.
Je pense que l'aspect carrément novateur de ce projet, c'est
celui de la création des régies intermunicipales. Cette formule
vient faciliter juridiquement les choses; elle vient éviter une
série de "bills" privés. Elle ne veut pas inciter à la
création d'organismes intermunicipaux; c'est toujours une
décision locale. Elle n'oblige pas les centaines d'ententes existantes
à se mouler dans la nouvelle loi. Cela reste volontaire. Elle veut,
encore une fois, faciliter aux municipalités l'exercice de leurs
compétences.
Des Voix: Bravo!
M. Tardif: Je comprends l'enthousiasme de mes collègues
face à ce projet de loi qui vise à résoudre tous les
problèmes dans leur comté, mais on me permettra une demi-minute
encore pour dire qu'il s'agit de perfectionner le Code municipal et la Loi des
cités et villes, de façon que les municipalités du
Québec, tout en conservant leur autonomie, leur souveraineté,
puissent conclure entre elles, avec leurs voisines, des ententes en toute
association libre et volontaire.
Une Voix: D'égal à égal.
M. Tardif: Et d'égal à égal, voilà!
Ententes qui sont non seulement nécessaires eu égard aux
circonstances, mais même, tout simplement, mutuellement
intéressantes au sens plein du terme.
Des Voix: Bravo! Bravo!
La Vice-Présidente: M. le député de
Laval.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Mme la Présidente, je dois féliciter le
ministre. Vraiment, il se surpasse, il est d'une sympathie communicante
lorsqu'il présente des projets de loi d'administration courante,
lorsqu'il agit vraiment en bon père de famille pour les
municipalités, lorsqu'il ne bouleverse pas trop, lorsqu'il ne chambarde
pas trop. J'imagine que ce projet de loi a fait l'objet de consultations avec
les municipalités, tout va bien. Je ne sais pas, cette Chambre, ce soir
est unanime à l'applaudir. Ce sera réciproque d'un
côté ou de l'autre, parce que nous serons d'accord avec lui pour
l'adoption d'un projet de loi d'administration courante.
Lorsqu'il dit qu'il veut innover tout cela, je lui donne son
mérite. C'est un projet de loi qui bonifie, qui simplifie, qui
améliore le processus qui existait déjà, autant dans le
dans le Code municipal que dans la Loi des cités et villes pour
permettre cela existait déjà depuis plusieurs
années aux municipalités régis par le Code
municipal ou aux cités et villes régies par la Loi des
cités et villes de mettre en commun leurs ressources pour procurer aux
citoyens à meilleur compte, au meilleur coût possible des services
que ces contribuables sont en droit d'exiger. Cela existait dans l'article 412a
du Code municipal et l'article 468 de la Loi des cités et villes pour
permettre aux municipalités l'exécution de travaux communs,
à l'avantage commun d'une ou de plusieurs municipalités, ou pour
l'organisation et l'administration de services (incendie, police ou autres) ou
pour l'exercice de toute autre fonction qu'elles estiment, ces
municipalités, avantageux d'exercer en commun. Ce qu'il y a de vraiment
nouveau et ce pourquoi je félicite le ministre, c'est l'institution de
régies intermunicipales. (21 h 50)
Mme la Présidente, vous allez trouver surprenant que j'appuie la
formation de cette régie, mais nous croyons que la tendance actuelle,
accélérée peut-être par le gouvernement d'en face,
fait qu'il y a actuellement une prolifération de régies, de
bureaux, de commissions, d'offices, etc., d'organismes paragouvernementaux. En
somme, comme le disait mon collègue de Beauce-Sud, on est rendu
j'ai bien aimé son expression à de l'obésité
dans la machine gouvernementale. Le ministre doit être
félicité en l'occurrence parce qu'il a simplifié cette
régie. Il l'a dit tout à l'heure, c'est une régie toute
simple, formée uniquement d'élus des conseils municipaux, qui
n'alourdit pas la dépense parce que ces élus municipaux, les
conseillers municipaux ou les maires qui feront partie de cette régie
intermunicipale n'occasionneront pas de dépenses additionnelles parce
que c'est prévu dans la loi qu'ils n'auront pas de
rémunération additionnelle. C'est bon parce que cela va valoriser
en même temps certains échevins municipaux. Souvent, on le sait,
dans les municipalités, c'est le maire qui est en évidence, alors
que là, certains échevins municipaux qui ont l'expérience,
les qualifications et tout pourront être actifs dans ces régies
intermunicipales, ils pourront apporter une contribution valable à leurs
concitoyens; au lieu de rester dans un rôle effacé de conseillers
municipaux, ils pourront être actifs dans ces régies.
Ce seront des régies simples, qui n'auront pas des budgets
énormes. Je m'attends que le secrétaire de la régie, en
général, sera le gérant ou le
secrétaire-trésorier de la municipalité. C'est bien.
D'ailleurs, ce mécanisme existait, mais il n'était pas
clarifié, simplifié comme cela se trouve dans la loi actuelle.
Mon collègue de Robert Baldwin me disait justement que des ententes
existent à cet effet qui sont tout à fait
bénéfiques entre Dollard-des-Ormeaux et Pierrefonds. J'ai connu
ces ententes il y a plusieurs années, avant la création de la
ville de Laval. Cela existait, mais c'était plus laborieux
qu'actuellement, entre les municipalités pour les services de
déversement des eaux usées ou pour l'aqueduc. Une
municipalité faisait une usine de filtration et desservait les autres.
Chomedey desservait Laval-des-Rapides ou Sainte-Dorothée.
Nécessairement, la municipalité qui était près
d'une rivière, où les eaux les moins polluées possible
pouvaient se diriger, devait recevoir les canalisations de deux ou trois villes
voisines qui n'avaient pas accès à ces rives. Cela existait, mais
cela a évolué. Il y avait des ententes, mais c'était
toujours plus laborieux.
Aujourd'hui, avec cette régie intermunicipale, cela va simplifier
les choses. C'est peut-être la première fois que je vois le
gouvernement d'en face s'améliorer. Je ne sais pas si c'est à la
suite du résultat des dernières élections partielles, mais
c'est la première fois que je vois qu'il simplifie l'administration
publique. C'est la première fois et je l'en félicite! Les
leçons vous servent. D'ailleurs, le premier ministre l'a dit
après les élections partielles: C'est très dur, cette
leçon, et je crois que cela va nous permettre de faire le point et de
nous améliorer. C'est déjà un premier pas, cette loi
où on simplifie l'administration publique. D'ailleurs, je suis le
premier à en féliciter le gouvernement.
Un autre point où on simplifie l'administration publique, ce sont
les anciennes ententes qu'il y avait entre les municipalités qui
devaient recevoir les approbations autant du ministre que de la Commission
municipale. Je félicite le ministre d'éliminer cette approbation
pour la création d'une régie et l'approbation de ces ententes.
J'ai confiance au ministre pour qu'il élimine dans ce cas-là la
Commission municipale et qu'on laisse au ministre le droit de
décréter l'existence de telle régie.
J'ai fini...
Une Voix: II a fini de féliciter.
M. Lavoie: Mme la Présidente, en ce qui concerne les
fleurs, c'est terminé. Le pot va suivre.
Une Voix: Trop, c'est trop!
M. Lavoie: En commission, j'aurai des questions, nous aurons des
questions à poser au ministre sur des droits très élargis
qu'il accorde il pourra nous l'expliquer sur le droit
d'expropriation d'une telle régie jusqu'à une étendue de
50 kilomètres. Mais c'est un point assez contradictoire dans ce projet
de loi, un principe très contradictoire. Je pose d'ailleurs,
ça devient pratiquement un principe un point où il est
reconnu que les municipalités, lorsqu'elles veulent s'aventurer dans des
dépenses importantes, doivent soumettre à leurs contribuables,
à leurs électeurs, cet emprunt par le processus du
référendum. En vertu de ce projet de loi, on met de
côté le référendum, totalement. On l'élimine.
Il y a un principe ou un mécanisme assez bizarre dans ce projet de loi,
que si une municipalité dans le régime actuel, avant
l'adoption de ce projet de loi voulait se bâtir un aréna de
$2 millions; elle doit soumettre le règlement d'emprunt à ses
contribuables sous la forme d'un référendum, alors que dans le
mécanisme prévu dans le projet de loi qu'on étudie
actuellement, elle peut s'entendre avec la municipalité voisine pour
bâtir la même aréna. Les deux
conseils municipaux, des deux villes concernées, n'auraient plus
à soumettre aux électeurs l'approbation de la dépense.
Il est prévu dans le projet de loi que la régie, pour
exécuter des travaux en commun, peut faire un règlement
décrétant ces travaux, les soumettre aux deux conseils ou trois
conseils municipaux concernés qui approuvent, tout simplement, le
règlement et la dépense; là, le secrétaire de la
régie doit aviser dans les journaux ou avertir les contribuables, et les
contribuables, pour se plaindre n'ont qu'à adresser leur opposition au
ministre et à la Commission municipale, qui décident et peuvent
approuver cette dépense importante, sans aucun recours
référendaire des contribuables.
Là où le ministre, à l'occasion, est
inconséquent, c'est qu'aujourd'hui même il a émis un
communiqué sur le projet de loi no 57, où il pose une douzaine de
questions au Parti libéral parce que M. le ministre n'accepte pas que
l'Opposition endosse aveuglément ou humblement, ou religieusement, son
projet de loi no 57. Le ministre vous savez, l'Opposition est de trop et
on devrait accepter le projet de loi 57 sur la fiscalité municipale
est offusqué.
M. Tardif: Mme la Présidente, je m'excuse. Est-ce que le
député de Laval nous dit qu'il est prêt à
répondre aux douze questions qui sont là par un oui ou par un
non?
M. Lavoie: Mme la Présidente, je reviens à
l'exercice du ministre, aujourd'hui, un exercice de secondaire II qu'il nous a
envoyé, qui veut que l'on réponde oui ou non à douze
questions, où je disais que, dans le projet de loi qu'on étudie
actuellement, on élimine le droit des citoyens de s'opposer à un
emprunt par la voie d'un référendum. (22 heures)
Justement, dans le document qu'il nous envoie je ne sais pas si
c'est à la troisième ou à la quatrième question, je
cite le ministre dans son communiqué de presse il y a un grand
principe où il dit qu'une des questions qu'il nous pose sur la loi 57...
Je lis le communiqué de presse du ministre: "Le Parti libéral
est-il pour le fait que les citoyens puissent se prononcer sur les
dépenses inadmissibles des commissions scolaires par le moyen d'un
référendum? Les municipalités, elles, doivent aller en
référendum par un mécanisme obligatoire prévu par
la loi lorsqu'elles font des règlements d'emprunt et des
règlements de zonage, et c'est là une des parties les plus
dynamiques de la vie démocratique locale." "Les plus dynamiques de la
vie démocratique locale" et par la loi 74 qu'il nous présente
actuellement, les villes peuvent faire une petite entente avec les voisins,
faire des dépenses pour quelque fin que ce soit, services, travaux,
etc., engager les municipalités à des dépenses importantes
en contournant le recours et le droit des citoyens de s'occuper par le
mécanisme du référendum que le ministre qualifie de
mécanisme le plus dynamique de notre vie démocratique.
Mme la Présidente, je vous dis que, dans son ensemble, le projet
de loi est valable. Nous allons voter pour le principe de ce projet de loi. Le
ministre aura à répondre à nos questions. Nous
collaborerons avec lui pour améliorer son projet de loi. Encore une
chose qui me plaît, Mme la Présidente, c'est que ce projet de loi
nous donne l'exemple que lorsque des communautés, des populations
voisines peuvent mettre en commun leurs ressources sans perdre leurs
juridictions, confiant à un autre organisme d'autre compétences
au meilleur service de leurs concitoyens, des grands territoires, des grands
services, les ressources... Je me ressens, je me retrouve, Mme la
Présidente et cela me fait plaisir, avec un projet de loi de cette
sorte, je me retrouve très confortable dans notre Canada, Mme la
Présidente.
Des Voix: Ah!
La Vice-Présidente: M. le député de
Saint-Hyacinthe. A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Mme la Présidente, le calme étant
revenu, il me fait plaisir d'apporter ma collaboration à l'étude
de ce projet de loi no 74, Loi modifiant le Code municipal et la Loi sur les
cités et villes concernant les ententes intermunicipales. Je me souviens
encore qu'au mois de juin dernier, nous avons dû étudier un projet
de loi qui avait été présenté par les
municipalités de Chambly et Marieville concernant une entente. Nous
avions dû, étant donné que c'était à la fin
de la session, étudier ce projet de loi dans un après-midi,
première et deuxième lectures, commission parlementaire, et
revenir ici à l'Assemblée pour la troisième lecture. Je
crois que nous avions créé un précédent avec un
projet de loi semblable à l'Assemblée nationale. A ce moment, le
ministre avait constaté cetta anomalie et avait promis d'apporter des
amendements au Code municipale et à la Loi des cités et villes.
Je crois que le projet de loi qu'il nous présente actuellement vient
corriger cette lacune en accordant aux corporations municipales et aux
cités et villes le pouvoir de faire des ententes entre elles et, si
besoin est, de créer une régie afin de mieux administrer leurs
affaires communes et de répondre aux besoins de leurs citoyens.
Tantôt, le député de Laval mentionnait que l'Union
des municipalités avait probablement été consultée.
Probablement qu'elle a été consultée, mais, cet
après-midi, il y en avait à l'Union des municipalités qui
n'étaient pas informés. Nous avons dû leur envoyer le
projet de loi, car ils ne l'avaient pas.
Mme la Présidente, cette mise au point faite, j'aimerais poser
une question au ministre en ce qui regarde le papillon qu'il va nous
présenter en commission parlementaire concernant les ententes sur des
sujets qui ne relèvent pas directement de la compétence des
municipalités. Il nous a don-
né comme exemple les Inondations qui touchent un certain
territoire. J'aimerais demander au ministre si des municipalités, qui
érigent un mur de soutènement pour protéger leur
territoire, vont pouvoir avoir recours à l'aide gouvernementale
concernant les eaux, car je crois que maintenant cette direction relève
du ministère de l'Environnement.
Voilà, Mme la Présidente, les quelques commentaires que je
voulais faire. En ce qui nous regarde, nous de l'Union Nationale, nous appuyons
ce projet de loi.
M. Fallu: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le député de
Terrebonne.
M. Elie Fallu
M. Fallu: ... en attendant la réplique du ministre,
j'aimerais ajouter un petit mot...
Des Voix: Ouvre ton micro. On ne comprend pas.
M. Fallu: ... très bref et rappeler à tous mes
collègues que, depuis le 8 mars 1979, à l'article a), figure
toujours en mon nom un projet de loi concernant la municipalité de la
paroisse de Saint-Louis-de-Terrebonne. Depuis lors, n'importe quel jour, le
leader aurait pu affirmer en cette Chambre; Le projet est conforme à
l'avis, les avis sont suffisants en nombre et le projet a été
déposé avant l'ouverture de la session. C'est la troisième
fois, Mme la Présidente, qu'il m'arrive de déposer de tels
projets de loi et d'avoir à les retirer. Je dois remercier le ministre
parce que, chaque fois, par le biais d'amendements à la Loi des
cités et villes et au Code municipal, on vient répondre à
la demande d'une ou l'autre de ces municipalités. Ce fut le cas,
notamment, d'une façon assez célèbre, des lois nos 54 et
55 qui nous ont permis de construire des CLSC par le biais de nos
municipalités. Saint-Louis-de-Terrebonne notamment l'a fait,
Sainte-Thérèse s'apprête à le faire; le bail a
été signé il y a à peine une quinzaine de jours.
Aujourd'hui, on vient répondre à l'une de ces demandes que les
députés ont à transporter ici en cette Assemblée
régulièrement.
Mme la Présidente, je veux vous assurer: Je ne donne pas avis que
je retire du feuilleton l'article a). Je préfère, en
l'occurrence, en souvenir de ce projet de loi no 74 que nous allons adopter
d'ici quelques jours, pour garder mémoire au feuilleton que nous avons
fait une bonne action ensemble pour le bien de nos municipalités, le
laisser mourir au feuilleton jusqu'à la fin de la session.
Une Voix: Très bien.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Mme la Présidente, très très
très brièvement, je peux en assurer le leader. Je ne suivrai pas,
évidemment, l'espèce de voie dans laquelle m'a presque
invité, c'est le cas de le dire, le député de Laval
concernant le projet de loi no 57. Je pense qu'on aura l'occasion d'en parler
et de demander des réponses, ses réponses à lui et les
réponses des autres membres de l'Opposition, en commission parlementaire
et en troisième lecture. Il nous expliquera pourquoi il a voté
contre une loi qui procurait à la ville de Laval $9 300 000, par
exemple. Il nous expliquera cela.
M. Lavoie: Est-ce que le ministre pourrait me permettre une
question?
M. Tardif: Volontiers! (22 h 10)
M. Lavoie: Ecoutez! Vous promettez à tout le monde. Vous
promettez à Laval $9 300 000. J'ai parlé au maire, cet
après-midi. Si vous voulez me donner un chèque tout de suite de
$8 millions, on va l'accepter. On va régler l'affaire. La ville de Laval
m'a dit qu'avec la réforme fiscale, non seulement elle gagne $9 300 000
mais il lui manque près de $10 millions.
M. Tardif: Mme la Présidente...
M. Lamontagne: Mme la Présidente, le ministre a l'occasion
d'économiser $1 300 000...
La Vice-Présidente: A l'ordre, s'il vous plaît! Je
ne dirai pas que vous avez fait de fausses représentations, M. le
député de Laval. A l'ordre, M. le député de
Saint-Louis! M. le député! M. le député de
Joliette-Montcalm, s'il vous plaît! M. le député de Laval
avait demandé à poser une question mais M. le
député de Roberval se levait et je ne sais pas pour quelle raison
vous vous leviez. Est-ce que c'était une question de règlement ou
si vous aviez demandé la parole ou bien si vous aviez pensé le
faire. M. le ministre des Affaires municipales, si nous parvenons à
rétablir un peu d'ordre...
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Tardif: Je comprends que nos travaux peuvent se terminer
incessamment. Je n'irai pas dans cette voie. Mais, Mme la Présidente, il
reste un fait que si j'avais $8 millions, $9 millions ou $10 millions à
donner, ce n'est pas au député de Laval que je donnerais ce
montant, même s'il a déjà été maire de cette
municipalité, c'est, évidemment, aux autorités actuelles
et, je l'espère, à la population de Laval parce que je veux
surtout que cela n'aille pas uniquement dans les coffres de la
municipalité mais aussi dans les goussets des contribuables.
Le député de Laval a, par ailleurs, posé une
question fort intéressante concernant les référendums dans
le milieu municipal suite à ces ques-
tions de régie. Je pense que sa suggestion doit être
examinée soigneusement. La raison pour laquelle cela n'a pas
été mis comme tel dedans, sans être totalement exclu comme
il a pu le penser, c'est que, d'une part, cette procédure décrite
à l'article 412 ressemble en tout point à la procédure
d'annexion. Lorsqu'il y a une requête en fusion, que deux
municipalités veulent se fusionner ou l'une annexer le territoire d'une
autre, une procédure similaire est suivie, les bans sont publiés
si on peut parler ainsi le ministre des Affaires municipales
demande à la commission de faire enquête, elle entend les parties.
Dès lors qu'elle a fait enquête, celle-ci peut faire rapport au
ministre pour qu'il soumette un projet d'arrêté en conseil ou,
encore, elle peut demander aux villes concernées de tenir une
consultation populaire. Donc, ce n'est pas totalement exclu; par similitude, le
même processus est prévu. On pourra l'indiquer plus
clairement.
Deuxièmement, bon nombre de ces cas sont des cas d'aqueduc, qui
bien souvent, font suite à une ordonnance des SPE. Or, quand il y a une
ordonnance des Services de protection de l'environnement, il n'y a pas de
consultation dans ce cas. On doit faire tel geste pour se procurer de
l'eau.
Troisièmement, Mme la Présidente, cela semblait moins
requis parce que si on se met à trois pour faire une aréna, on
n'aurait peut-être plus besoin d'emprunter. On pourra peut-être
payer surtout avec la réforme fiscale, avec les recettes courantes. Le
député de Laval a posé une question: Pourquoi le pouvoir
d'exproprier à 50 kilomètres? C'est une raison bien simple, Mme
la Présidente, c'est qu'il y a des municipalités au Québec
même si on regarde du haut du ciel et qu'il y a beaucoup de lacs
dont la prise d'eau est très loin. C'est la raison pour laquelle
il peut sembler requis de permettre à une ou des municipalités
d'exproprier très loin pour aller chercher leur eau et l'amener.
Le député de Saint-Hyacinthe, par ailleurs, a posé
une question concernant les inondations je l'ai suivi au moniteur d'en
arrière demandant si cette loi allait prévoir des
subventions pour aider dans les cas d'inondations. Non, ce n'est pas une loi de
subsides, Mme la Présidente. C'est une loi-cadre permettant à
deux ou plusieurs municipalités de s'entendre et si des programmes
d'aide à la prévention des inondations sont prévus par le
ministère des Ressources naturelles, elles pourront utiliser ces sommes
ensemble conjointement. Ce n'est pas une loi qui crée comme tel un
programme d'aide à cela.
Mme la Présidente, je termine ces quelques remarques. S'il y
avait d'autres questions, cela me fera plaisir, lors de l'étude article
par article, de répondre aux membres de cette Chambre que je remercie de
leur collaboration pour cette amélioration de notre droit municipal au
Québec. Merci.
M. Cordeau: Mme la Présidente, en vertu de... 76.
La Vice-Présidente: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Peut-être que vous n'avez pas entendu
correctement ma question. Lors de mon intervention, vous n'avez pas entendu
correctement ma question. Je ne demandais pas si dans cette loi il y avait un
programme de financement pour de tels travaux. C'était si les
municipalités faisaient de tels travaux est-ce qu'elles pourraient avoir
recours à des services gouvernementaux pour obtenir des subventions?
La Vice-Présidente: M. le ministre.
M. Tardif: Mme la Présidente, j'ai dit que j'avais saisi
une partie de la question du député sur le moniteur
derrière. Sa question revient à peu près au même.
C'est que si les municipalités sont habilitées, de par cette loi,
de conclure des ententes pour se protéger contre les inondations par des
endiguements et cette loi va leur permettre d'exercer cette compétence
parce que présentement ce n'est pas clair si elles ont ce pouvoir. On
leur donne le pouvoir, mais cela ne donne pas automatiquement des subventions.
S'il y a des programmes au ministère des Ressources naturelles pour
aider et de fait il y a des programmes soit aux Ressources naturelles, soit
à l'Environnement, pour permettre dans certains cas une aide allant
jusqu'à 90% du coût de ces murs de protection contre les
inondations. A quoi sert-il d'avoir des programmes gouvernementaux pour se
protéger de telles choses si on n'a pas les pouvoirs voulus pour faire
les digues? Voilà.
La Vice-Présidente: Cette motion du ministre des Affaires
municipales proposant que soit maintenant lu la deuxième fois le projet
de loi no 74, Loi modifiant le Code municipal et la Loi sur les cités et
villes concernant les ententes intermunicipales est-elle adoptée?
M. Lamontagne: Adopté. M. Brochu: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Je voudrais proposer que ce projet de loi soit
déféré à la commission parlementaire des affaires
municipales.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Charron: Avant de proposer l'ajournement de l'Assemblée
jusqu'à demain matin, dix heures, comme convenu, m'en tenant toujours au
menu
indiqué à chaque journée je n'ai pas
l'intention de prolonger la journée de travail je voudrais donner
un aperçu de la journée de demain.
La commission des affaires municipales qui vient d'être
mandatée de ce projet de loi sera appelée à se
réunir dès demain, après la période des questions,
pour en faire l'étude article par article. De même que la
commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières qui devra recevoir plusieurs représentants
intéressés à certains projets de loi privés dont
cette Assemblée a déjà été saisie.
En Chambre, pendant que ces deux commissions se réuniront, si
besoin est jusqu'à minuit demain soir, demain matin après la
période des questions, ce sera la reprise de la question avec
débat qui n'a pas eu lieu la semaine dernière pour les raisons
que tout le monde connaît, entre 11 heures et 13 heures. A quinze heures,
lorsque la Chambre reprendra ses travaux après l'ajournement du
déjeuner, ce sera la fin du débat sur le budget
supplémentaire. Le règlement de l'Assemblée fixe à
huit heures le temps limite de débat sur le budget
supplémentaire. Je crois qu'il y a une heure et demie ou une heure trois
quarts à peu près de passée actuellement, ce qui fait que
cinq heures et demie de débat "peuvent" avoir lieu; ce n'est pas
obligatoire.
J'indique tout de suite, pour les députés qui seraient
intéressés à connaître l'horaire, que demain, par
exemple, si, à 18 heures, à l'unanimité de cette
Assemblée, on était d'avis qu'en prolongeant d'une demi-heure ou
d'une heure on pouvait mettre fin au débat sur le budget
supplémentaire et l'adopter, personne du côté du parti
ministériel ne s'y opposerait. Si, par contre, on décide de se
prévaloir de tout le droit que prévoit le règlement,
personne ne s'y opposera, bien sûr. Alors on suspendra jusqu'à 20
heures et on reprendra en soirée le débat sur le budget
supplémentaire. Mais il n'y a rien d'autre sur le menu pour demain, Mme
la Présidente.
Je vous propose donc d'ajourner la Chambre jusqu'à 10 heures
demain matin.
M. Brochu: Mme la Présidente, juste un moment, s'il vous
plaît.
La Vice-Présidente: M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Nos travaux vont quand même passablement bon
train. Pour permettre aux députés de planifier pour la semaine
prochaine, est-ce que le leader du gouvernement serait en mesure de nous dire,
avec ce qui s'est passé cette semaine comme travail, si lundi il y aura
convocation ou non de l'Assemblée nationale ou seulement des
commissions?
M. Charron: Mme la Présidente, je ne suis pas tout
à fait seul à décider en cette matière. Lundi,
à mon avis, il y aurait réunion de la commission des affaires
municipales, comme convenu, puisque des citoyens sont convoqués, sur le
projet de loi no 57; réunion de la commission des affaires sociales sur
le projet de loi concernant les garderies, qui a été
adopté ce soir, et, si possible, réunion de la commission de
l'industrie et du commerce sur la Société générale
de financement, puisqu'il semble rester quelques heures de travail à
faire.
J'attends la réponse de l'Opposition officielle qu'on m'a promise
pour demain matin. Si l'Opposition accepte cette troisième commission
lundi, il n'y aurait pas d'Assemblée nationale. Sinon peu-être
devrons-nous convoquer l'Assemblée quand même lundi
après-midi. Je m'engage à fournir la réponse claire, nette
et définitive, demain matin au moment des avis à la Chambre,
après la période des questions.
M. Brochu: C'est parfait.
La Vice-Présidente: Cette motion d'ajournement des travaux
de cette Assemblée est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Cette Assemblée
ajourne ses travaux à demain, 10 heures.
Fin de la séance à 22 h 23