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(Dix heures seize minutes)
Le Président: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents. M. le ministre de l'Education.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport annuel du Conseil supérieur de
l'éducation
M. Morin (Sauvé): Permettez-moi, M. le Président,
de déposer le rapport annuel du Conseil supérieur de
l'éducation pour l'année 1978-1979. Ce rapport est
intitulé "L'Etat et les besoins de l'éducation".
Le Président: Merci. Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Dubuc.
Etude du projet de loi no 78
M. Desbiens: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente du loisir, de
la chasse et de la pêche, qui a siégé le 18 décembre
1979 aux fins d'étudier article par article le projet de loi no 78, Loi
sur la sécurité dans les sports, et l'a adopté avec des
amendements.
Le Président: Merci. Rapport déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Le projet de loi qui apparaît à
l'article 1) du feuilleton, M. le Président, s'il vous plaît!
Projet de loi no 85 Première lecture
Le Président: M. le ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières propose la
première lecture du projet de loi no 85, Loi modifiant la Loi sur la
Société de développement coopératif.
M. le ministre.
M. Guy Joron
M. Joron: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
de modifier la Loi sur la Société de développement
coopératif afin de permettre, d'une part, à cette
société d'acquérir des actions d'une corporation dont les
objets sont d'acquérir des biens-fonds, de les gérer ou de les
mettre en valeur en vue de les vendre ou de les louer à des entreprises
coopératives et, d'autre part, consentir des avances à une telle
corporation.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période des questions orales.
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Négociations avec les enseignants
M. Lalonde: M. le Président, on sort à peine
aujourd'hui d'une grève très dure que le gouvernement a
laissé traîner pendant plusieurs semaines avant d'intervenir et
voilà qu'une menace, très sombre aussi, se met à planer
sur la rentrée scolaire de janvier 1980. Le ministre de l'Education sait
que les négociations ne sont pas terminées en ce qui concerne les
enseignants. Plusieurs votes ont été pris rejetant les offres du
gouvernement en vertu de la loi 62 et des menaces de grève existent,
sont très réelles pour le début de l'année 1980 qui
ne se passera pas, espérons-le, comme l'année 1979,
c'est-à-dire paralysée par des grèves un peu partout.
Est-ce que le ministre pourrait faire le point sur la situation, rassurer la
population, si possible, non seulement avec des discours, mais avec des faits,
et expliquer comment il s'attend que la rentrée scolaire se fasse de
façon normale, compte-tenu du fait que les négociations,
d'après ce qu'on dit, seraient suspendues d'ici 24 heures? (10 h 20)
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, on comprendra
qu'en pareille matière, je ne puisse donner des garanties absolues.
Cependant, puisque le député de Marguerite-Bourgeoys veut des
faits et non pas seulement des paroles, je puis lui appren-
dre ainsi qu'à cette Chambre que les négociations ont
été bon train au niveau des enseignants des commissions
scolaires, en particulier. Elles ont progressé au cours des derniers
jours au point qu'hier soir, aux dernières nouvelles que j'en ai eues,
on paraphait trois ou quatre chapitres de la convention collective. Il semble
que ce soit la première fois que les parties négocient vraiment
dans le secteur de l'enseignement. En arrivera-ton à signer rapidement
et avant l'échéance de la mi-janvier l'ensemble des conventions
collectives? En arrivera-t-on en particulier à régler les deux
chapitres les plus difficiles, c'est-à-dire la sécurité
d'emploi et la tâche? C'est une question dont je ne connais pas la
réponse. Toutefois, je puis assurer le député et les
membres de cette Chambre que le gouvernement et le ministère de
l'Education en particulier, de même que les comités dits
patronaux, font l'impossible à l'heure actuelle pour en arriver à
une solution négociée. Je voudrais reconnaître publiquement
le travail remarquable qu'effectue en ce moment, dans cette perspective et avec
ces objectifs, M. Lucien Bouchard.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, il semble à la
réponse du ministre, que les deux points les plus importants et les plus
cruciaux, c'est-à-dire, la tâche et la sécurité
d'emploi, ne font pas partie des quatre chapitres paraphés qu'il
nousannonçait avec beaucoup de satisfaction. Il semble aussi que les
enseignants des collèges n'aient pas fait l'objet de sa réponse.
Est-ce que le ministre pourrait maintenant, après nous avoir
annoncé quelques bonnes nouvelles, nous donner le reflet juste de la
réalité et nous dire, à l'impossible auquel le
gouvernement se livre, ce qu'il fait de concret pour éviter que 1980
commence comme 1979 s'est terminé, c'est-à-dire, dans le
marasme.
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, en ce qui
concerne les collèges, vous savez que les offres que nous avions faites
ont été acceptées aux tables de négociation par les
représentants de la fédération nationale des enseignants
du Québec, laquelle fédération est affiliée
à la CSN.
Du côté de la FEQ, Fédération des enseignants
du Québec, qui est rattachée à la CEQ, je pense qu'on peut
dire qu'on n'a jamais vraiment négocié. Alors que dans un cas il
y a des traditions de négociation, dans l'autre, on peut parler d'une
tradition de non-négociation. Cette année n'a pas
été tellement différente à cet égard des
négociations dont on a fait l'expérience dans le
passé.
Nous nous étions donc mis d'accord avec la
Fédération nationale des enseignants du Québec, laquelle
évidemment est allée faire confirmer l'acceptation de nos offres
par ses membres dans les divers CEGEP. Le vote a été le suivant:
21 CEGEP en faveur, 18 CEGEP contre; cependant au niveau des votes, il y a eu
une légère majorité de 148 voix, si ma mémoire est
bonne, contre les offres gouvernementales sur un total de quelque 4000 voix
lequel représentait à peu près la moitié des
enseignants qui avaient le droit de vote, de sorte que c'est l'impasse. Une
majorité de collèges en faveur, une légère
majorité d'enseignants contre. Depuis lors, nous avons offert de
rencontrer la FNEQ pour revoir certaines clauses qui n'étaient pas
satisfaisantes du point de vue de la rédaction, et nous demeurons
disponibles pour discuter de ces questions.
En ce qui concerne la sécurité d'emploi, le gouvernement a
fait savoir, il y a déjà quelque temps, qu'il était
prêt à en discuter les modalités comme, par exemple, la
question de savoir si l'on doit calculer les 50 kilomètres à vol
d'oiseau ou d'hélicoptère ou bien par la route. Nous avons fait
savoir que nous étions prêts, bien sûr, à calculer
cette distance par la route. Il y a donc là des possibilités de
discussion et nous essayons, dans toute la mesure du possible, de donner
satisfaction. Toutefois, pourrons-nous, par exemple, répondre à
une autre exigence se situant celle-là, aux niveaux primaire et
secondaire, qui voudrait qu'on n'exige plus de certificat du médecin,
par exemple, ou d'attestation pour les absences de moins de trois jours? Je ne
pense pas que le gouvernement puisse consentir quoi que ce soit au sujet d'une
question comme celle-là. Nous avons déjà un
problème très coûteux d'absences du lundi et du vendredi
chez les enseignants, les "longues fins de semaine". Si, par hasard, il n'y
avait plus d'explication à donner pour les absences de plus de trois
jours, le coût actuel, qui est de l'ordre de $48 millions, je crois,
pourrait augmenter encore énormément et, naturellement, le
gouvernement hésite beaucoup à s'engager dans cette voie, comme
on le comprendra.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, les réponses du
ministre sont très longues, mais, au-delà des certificats
médicaux et du kilométrage par la route, est-ce que le ministre a
des choses importantes à nous dire? Par exemple, l'impossible qu'il a
promis que le gouvernement ferait pour éviter la grève, qu'est-ce
que cela veut dire? Est-ce que le gouvernement est prêt, pour assurer la
rentrée de janvier dans l'ordre, à considérer une loi
spéciale, comme c'est maintenant l'habitude de l'autre
côté, ou bien s'il va attendre la fermeture de nos écoles
et de nos CEGEP pendant plusieurs semaines avant d'intervenir en janvier ou en
février?
Le Président: M. le ministre de l'Education.
M. Morin (Sauvé): M. le Président, nous avons la
conviction qu'il est possible, pour la première fois, de négocier
vraiment une convention collective dans le domaine de l'éducation. C'est
ma conviction. Nous y travaillons très ferme. En ce moment, nous
négocions tous les jours, quand ce n'est pas de nuit. Nous allons
continuer, dans l'espoir de réussir.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Citation de M. Ryan dans un dépliant
M. Gratton: M. le Président, il y a deux semaines, le
premier ministre prenait avis d'une question que je lui posais pour
connaître les mesures qu'il entendait prendre pour rétablir les
faits auprès de milliers de citoyens qui ont été
trompés par au moins cinq députés péquistes qui ont
colporté, dans des bulletins publiés et distribués par
l'Assemblée nationale, un texte tronqué et mensonger.
On sait que, dans un éditorial qu'il signait le 23 septembre
1967, le chef de l'Opposition officielle avait fait valoir que le
fédéralisme est la seule voie valable pour le Québec et
que cette partie de son éditorial a été triturée de
façon à lui faire dire qu'au contraire c'est la
souveraineté-association qui est la seule voie. Tous ont reconnu que la
diffusion de ce texte par le député de Jonquière et
vice-président de l'Assemblée nationale, par le
député de Saint-Jean et ex-whip en chef du Parti
québécois, par le député de Crémazie et
ministre des Affaires municipales aussi bien que par le député de
Hull et ministre des Travaux publics, le député de
Rivière-du-Loup et peut-être bien une trentaine d'autres
députés a non seulement porté atteinte à la
crédibilité du chef de l'Opposition, mais a surtout nettement
induit en erreur des milliers de citoyens québécois.
J'aimerais donc poser les questions suivantes au premier ministre. J'ai
pris la peine de les écrire pour qu'elles soient bien claires.
Premièrement, le premier ministre trouve-t-il normal que, malgré
les nombreuses occasions que nous leur avons fournies depuis maintenant six
semaines que nous parlons de cette affaire à l'Assemblée
nationale, aucun des cinq députés que j'ai nommés n'ait
daigné se rétracter, sauf le député de
Jonquière, qui a admis avoir été le premier à
copier ce texte ici, j'ajouterai qu'on l'a copié, mais on l'a
aussi édité quelque peu pour lui faire dire ce qu'on voulait bien
qu'il dise pour avoir copié ce texte à partir d'une lettre
ouverte d'un lecteur publiée dans le Montréal-Matin du 31
août 1979?
Deuxièmement, le premier ministre sait-il que le lecteur qui a
signé cette lettre, M. Gérard Tassé, de Gatineau,
même si le député de Jonquière a pris bien soin de
spécifier qu'il ne le connaissait pas, est quand même bien connu
dans les milieux péquistes de l'Outaouais pour être un ex-membre
de l'exécutif du Parti québécois dans le comté de
Papineau, un membre actuel de l'exécutif du Conseil des hommes
d'affaires québécois de l'Outaouais, cette officine du Parti
québécois, dont le président à vie, Emmanuel
Marcotte, est membre de l'exécutif national du Parti
québécois? (10 h 30)
Troisièmement, le premier ministre sait-il que ce même
Gérard Tassé, conseiller officieux du député de
Hull, organisateur du député de Papineau et collaborateur assidu
aux pages consacrées à l'opinion du lecteur dans tous les
journaux du Québec, n'en est pas à sa première
expérience dans le domaine des faux documents? Je pourrai fournir, de
façon confidentielle, au premier ministre des détails
là-dessus s'il le désire.
J'en viens à ma question, M. le Président. Compte tenu de
tout cela et du fait qu'il a maintenant eu six semaines d'avis pour
vérifier les faits, le premier ministre pourrait-il ce matin nous dire
quels gestes concrets, quelles mesures concrètes il entend prendre pour
s'assurer que les députés responsables feront des
rétractations en bonne et due forme auprès des milliers de
citoyens qui ont été induits en erreur?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je ne vois vraiment pas, M. le
Président, ce qui justifiait les applaudissements dans ce cas, parce que
le discours que vous avez permis au député était une
combinaison, était truffé aussi bien d'insinuations et je
vous jure que si on s'y mettait à propos de certains poteaux
libéraux dans tous les coins, on pourrait avoir du plaisir toute la
journée que de mesquinerie, en passant, pour un homme
particulièrement respectable qui est un homme d'affaires bien connu et
membre de l'exécutif national, président local du Parti
québécois, M. Marcotte de Hull. Je regrette que le
député se sente obligé d'assaisonner son propos de ce
genre d'intervention, à mon avis, de bas étage.
En ce qui concerne l'article du chef libéral, tout là-bas,
quand il évoluait encore, quand il était au Devoir, en 1967, le
travail a été fait par quelqu'un dont nous ne sommes pas
responsables, pas plus parce que ce serait lourd à porter
que les libéraux ne sont responsables de tous les calomniateurs qui se
promènent régulièrement en leur nom. Je dois dire que ce
qui est arrivé est regrettable, que nous l'avons regretté et, en
ce qui concerne les députés ils l'ont dit
c'était une erreur de bonne foi, ce repiquage d'un texte dans la colonne
des lecteurs. Je dis à mon tour que c'est regrettable. C'est la
sixième ou septième fois que le député
évoque ce malheureux incident; je répète de nouveau que
nous le regrettons. Quant à moi, cela devrait suffire pour cette
année parce que cela va avoir fini, bientôt, de se substituer
à autre chose que l'on entend depuis longtemps, en attendant, en effet,
que les Québécois et ses propres collègues puissent avoir
le même avantage que le premier ministre Davis et puissent évaluer
les nouveaux textes du député d'Argenteuil qu'on attend avec
impatience; le vieux texte de 1967, il me semble, aura fait assez de millage
pour cette année.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Gatineau,
dernière question.
M. Gratton: Je regrette beaucoup que le premier ministre essaie
de faire bifurquer la question. Je voudrais lui demander tout simplement
s'il
est conscient qu'en refusant de prendre ses responsabilités ce
matin, en refusant de faire en sorte qu'il y ait des rétractations en
bonne et due forme qui soient faites, il se rend complice lui aussi d'une
fraude intellectuelle monumentale.
Le Président: Bon. M. le député de... A
l'ordre, s'il vous plaît!... M. le député de Gatineau, j'ai
toléré, ce matin, un très long préambule pour une
question qui a été posée à de multiples reprises.
Encore une fois, je vous signale que j'ai toléré un très
long préambule. Je vous ai déjà signalé que
j'étais loin d'être certain que cette question répondait
aux normes édictées pas l'article 165 de notre règlement
à l'occasion d'une question supplémentaire que je tolère
encore, mais je vous demande de ne pas être vous-même
intolérant à l'égard du règlement.
M. Gratton: M. le Président, je pensais être tout
à fait respectueux du règlement en demandant au premier ministre
de faire en sorte que ses députés cessent de tronquer les textes
et se rétractent lorsqu'ils l'ont fait.
M. le Président, tout simplement, est-ce que je peux finir ma
question, peut-être? Je voudrais simplement demander au premier ministre
si nous devrons, de ce côté-ci de la Chambre, présenter une
motion privilégiée d'ici la fin de cette session ou si nous
devrons intenter des poursuites devant les tribunaux pour qu'il prenne ses
responsabilités et fasse en sorte qu'il y ait des rétractations
en bonne et due forme.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, pour une
dernière fois, quant à moi, je répondrai au
député en disant que l'incident regrettable qui a
été commis au départ par quelqu'un qui prendra ses
responsabilités si on veut prendre des recours en face... ce texte
tronqué qui a été employé de bonne foi par un
certain nombre de députés, pour la sixième ou
septième fois, je dis que je le regrette. Si cela devait continuer, on
pourra peut-être commencer à éplucher avec la même
consistance que le député, certains des propos, par exemple, non
pas d'un citoyen qui a ses responsabilités à prendre, mais qui
est un simple citoyen, mais de gens, comme le député d'Argenteuil
qui, le jour même de la parution du livre blanc du gouvernement,
s'arrangeait, en anglais seulement, pour en fausser systématiquement le
sens, et publiquement.
M. Ryan: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: J'ai déjà réfuté, dans cette
Chambre, les propos qui viennent d'être tenus par le premier ministre et
je n'entends pas répéter ce matin... Je les ai
réfutés ici en bonne et due forme. Je profite de l'occasion pour
dire que, tantôt, il y avait une autre insinuation mensongère dans
ce qu'il a dit à propos de ma rencontre d'hier avec M. Davis.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, question
additionnelle.
M. Ryan: Laisse-le aller. Il va embarquer.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je regrette
parce qu'il s'agissait d'une question de privilège de ne
pas avoir avec moi le texte dans lequel le député d'Argenteuil
trompait sciemment, mais en anglais seulement, la population.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, mettant de
côté pour un instant ces échanges qui s'éloignent,
jusqu'à un certain point, de la question principale et qui comportent de
la part du premier ministre un manque de retenue évident, on me
permettra, M. le Président, de poser la question additionnelle suivante
au premier ministre. Le premier ministre, étant un journaliste, sait
fort bien que lorsqu'un journal se trompe, il y a...
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, est-ce
qu'il y a un discours sur une deuxième question
supplémentaire?
Une Voix: Ah! Il est nerveux. M. Ryan: A l'ordre! A
l'ordre!
Le Président: M. le leader parlementaire, s'il vous
plaît!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je posais ma
question additionnelle avec la plus grande sérénité qui
contraste, évidemment, avec l'humeur du premier ministre. M. le
Président, je demande ceci au premier ministre, qui est un journaliste
de carrière et qui sait ce qui arrive lorsqu'il y a une erreur,
même de bonne foi, comme il le prétend. Le premier ministre, ne
croit-il pas qu'à l'occasion du prochain envoi sans adresse de chacun de
ses ministres et députés qui ont ainsi tronqué la
vérité, de bonne foi, comme l'a dit le premier ministre et je
suis prêt à accepter sa parole, il devrait demander à
chacun de ses ministres et à chacun de ses députés,
dès le prochain envoi sans adresse ce serait un minimum de
réparer au moins partiellement le tort ainsi fait et de s'engager
collectivement et individuellement à faire paraître dans ces
envois une correction adéquate au moins à ce qui s'est
passé?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je vais
prendre avis de la question en examinant la
possibilité, dans un texte qu'on pourrait faire circuler, de
mettre non seulement peut-être la rectification que demande le
député de Bonaventure parce que, après tout, si
cela ne suffit pas après six fois ici en Chambre, peut-être que ce
serait utile mais en même temps d'illustrer, par une bonne
série de citations, ce que représente la consistance de la
pensée libérale et de son chef actuel.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
Politique d'achat de produits
québécois
M. Goulet: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Industrie et du Commerce. Il est bien connu que ce
gouvernement, dès son arrivée au pouvoir, et cela à grand
renfort de publicité très bien orchestrée, a
affirmé à plusieurs reprises qu'il voulait faire de sa politique
d'achat chez nous, d'achat de produits québécois, la pierre
d'assise de sa fameuse politique de développement économique.
C'était, à ce moment-là, supposément, la
découverte du siècle. Or, j'ai été fortement
surpris de lire, et cela à l'instar de mes collègues en cette
Chambre, les affirmations du ministre de l'Industrie et du Commerce, à
savoir que la politique d'achat du gouvernement n'avait pas, jusqu'ici,
donné les résultats escomptés. (10 h 40)
Dans un premier temps, M. le Président, je voudrais demander au
ministre dans quel secteur d'activité précisément la
politique d'achat du gouvernement a été un échec et, dans
la mesure du possible, si le ministre peut nous identifier les causes ou les
vraies raisons de cet échec.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Duhaime: M. le Président, je pense que ce n'est pas une
grande surprise d'admettre tout simplement une réalité. J'ai eu
l'occasion de répondre à une question en conférence de
presse l'autre jour et j'ai dit tout simplement que mon évaluation du
dossier était que je n'étais pas satisfait des retombées
quant à la politique d'achat et que j'avais l'intention d'y apporter des
resserrements.
Vous me demandez quelles en sont les raisons. Je vais en donner
seulement une pour l'instant. Pour tout le réseau des affaires sociales,
par exemple, et le réseau de l'éducation, la politique d'achat du
gouvernement n'est pas contraignante, elle est faite sur une base incitative et
elle donne, à notre point de vue, de faibles résultats, quoique
je n'aie pas en main ce matin les chiffres à l'appui pour pouvoir
illustrer mon dire. Ce que j'ai l'intention de faire c'est ce que nous
étudions actuellement au ministère comme possibilité
c'est de recommander au gouvernement d'étendre la contrainte de
la politique d'achat non seulement au réseau des affaires sociales, mais
au réseau de l'éducation. Ces deux réseaux achètent
pour plusieurs centaines de millions, sinon des mil- liards de dollars par
année, et je pense qu'il y aurait lieu, M. le Président, de se
servir d'abord, avant de laisser des biens et des services être
acheminés au Québec à partir d'ailleurs alors que nos
entreprises pourraient très certainement fournir les mêmes biens
et les mêmes services à des prix concurrentiels.
M. Goulet: Question supplémentaire, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Le ministre de l'Industrie et du Commerce a
déclaré également qu'il pourrait probablement il
vient de le dire songer à modifier la politique d'achat du
gouvernement de manière à rendre celle-ci obligatoire pour les
commissions scolaires et les corporations municipales. Cette déclaration
a été secondée par son collègue, le parrain de la
politique d'achat, M. Bernard Landry. Il semble d'accord avec la position de M.
Duhaime et, je le cite: "II y a deux ans, on avait invité les
réseaux du gouvernement, les commissions scolaires et les
municipalités, à l'utiliser. Or, il semble qu'on ne s'est pas
rendu à notre invitation; il faudrait peut-être penser à
d'autres moyens qu'une simple invitation." Fin de la citation.
M. le Président, j'aimerais savoir du ministre d'Etat au
Développement économique... Il n'est pas ici, je continuerai de
m'adresser à son collègue de l'Industrie et du Commerce,
j'aimerais que le ministre nous apporte des précisions sur ce qu'il
entend par l'application de règles coercitives dans ce domaine,
particulièrement dans le domaine de notre activité
économique, et également au niveau il arrive des
commissions scolaires et des municipalités quant à obliger ces
deux organismes à pratiquer cette politique d'achat. Je termine ma
question en demandant, dans un deuxième volet, au ministre ce qui suit:
II sait fort bien que ces deux organismes sont des gouvernements locaux et
j'aimerais savoir s'il a discuté de cette suggestion avec ces deux
paliers de gouvernement et quelle a été leur réaction?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Duhaime: M. le Président, il est exact qu'il a
été évoqué, lors de cette conférence de
presse, la possibilité, je dis bien, que la politique d'achat pourrait
éventuellement atteindre le réseau des affaires municipales et
des affaires scolaires. Mais, entre évoquer une telle chose et la faire,
je pense qu'il y a encore passablement d'échanges à avoir. Ce que
nous avions essentiellement en tête, ce sont les cas où des
programmes sont subventionnés à 90% ou à 100% à
l'endroit d'une corporation scolaire ou d'une corporation municipale. Il nous
apparaît logique que le gouvernement puisse exiger que sa politique
d'achat soit respectée. Maintenant, il faut bien lire ces propos
à la lumière des dispositions de la loi 57 quant à la
réforme de
la fiscalité municipale qui, d'une part, accordant son autonomie
aux municipalités, enlève d'autant la marge de manoeuvre
discrétionnaire et arbitraire que le gouvernement avait
traditionnellement à l'endroit des municipalités. Je pourrais en
dire autant au sujet des corporations scolaires.
Bref, M. le Président, nous pourrons agir rapidement, je pense,
dans les réseaux qui sont du ressort du gouvernement,
c'est-à-dire, l'éducation et les affaires sociales et dès
les premières semaines de 1980, j'ai l'intention de m'atteler à
ce travail en collaboration, bien sûr, avec mon collègue, le
ministre d'Etat au Développement économique, afin de faire de
nouvelles propositions au gouvernement.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Si vous me permettez, M. le Président, si j'ai
bien compris le ministre, il aimerait ou il entend obliger les commissions
scolaires et les municipalités à se prévaloir de cette
politique d'achat chez nous lorsqu'il s'agit de budgets subventionnés.
Je veux savoir, concernant l'autonomie des municipalités et aussi des
commissions scolaires, même s'il ne leur en reste pas beaucoup depuis que
ce gouvernement est là, s'il entend également obliger ces deux
organismes pour ce qui est des autres achats qui ne sont pas
subventionnés concernant tout le budget de ces municipalités, en
autant, bien sûr, que c'est possible, en autant que les produits sont
disponibles chez nous.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Duhaime: Bien sûr, M. le Président, que nous
allons inciter très fortement les corporations municipales et les
commissions scolaires aussi bien locales que régionales à suivre
les grandes lignes de la politique d'achat. Je pense également que ces
corps constitués sont des organismes autonomes et cela reste d'abord et
avant tout leur décision à l'intérieur de leur marge
budgétaire.
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: ... c'est un fait que le gouvernement en
début de mandat avait fait de la politique d'achat une pièce
extrêmement importante, sinon l'essentiel, de sa politique
économique. Il l'a annoncé avec des fanfares et des trompettes.
Je voudrais lui demander: Est-ce que cela ne vaudrait pas un rapport qui
pourrait être soumis à cette Chambre, un rapport sur l'application
de cette politique? Cela fait trois ans qu'on en a parlé. Il n'y a
jamais eu un rapport de fait sur ce qui se passe en ce qui concerne la
politique d'achat. Est-ce que cela ne serait, pas le temps que le gouvernement
dépose de l'information sur ce sujet?
Le Président: M. le ministre d'Etat au
Développement économique.
M. Landry: Je pense qu'on a déjà répondu il
y a longtemps au député d'Outremont sur cette question. Il n'est
pas sans savoir qu'à Genève, lors de la dernière ronde de
négociations, le Tokyo Round, les achats des gouvernements
étaient compris dans l'appareil général de
désarmement protectionniste. Le gouvernement du Canada sans trop de
consultation est entré, comme c'était son droit et son devoir de
le faire, dans cette négociation. Avant de publier quelque rapport
détaillé le député d'Outremont a raison
qu'un rapport de portée générale donnant les
résultats, qui sont bons en gros, concernant la politique des achats
pourrait être utile pour tout le monde avant de donner un rapport
détaillé, il faudrait absolument que toutes les retombées
du Tokyo Round soient analysées. Nous ne voulons pas, d'aucune
manière, mettre le gouvernement du Canada d'une façon abusive
dans l'embarras plus qu'il ne le faut. Quand c'est le temps de le mettre dans
l'embarras pour des raisons de fond, on le fait et vous nous reprochez de le
faire trop souvent. Quand il s'agit des intérêts commerciaux
à discuter avec les autres peuples, que nous aurons peut-être
nous-mêmes à discuter directement avant longtemps, nous ne voulons
pas transgresser par avance les règles du GATT. Quant à un
rapport général, mes collègues de l'Industrie et du
Commerce de même que des Approvisionnements pourront très bien
considérer d'en produire un à cette Chambre au cours de 1980.
Le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
Signalisation sur le transport de matières
dangereuses
M. Shaw: Mr President, I would like to address this question to
the minister of Transport. With the unfortunate accident in Mississauga,
Canadians are becoming very aware of the implicite dangers in transporting
dangerous materials. While that accident took place on a train, we know that as
much or perhaps more dangerous materials are being transported in trucks,
especially in the province of Québec. This danger is implicit and even
greater when it involves tunnels, such as the Ville-Marie tunnel in
Montréal and the Louis-Hip-polyte-Lafontaine tunnel. Now in the interest
of safety, disregarding the fact that the Supreme Court judgment says that all
regulations must be both in English and French, in the interest of safety,
would the minister tell the House, how soon he is going to remove the
unilingual sign prohibiting the transport of dangerous material through
tunnels? (10 h 50)
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: M. le Président, la question que me pose
le député de Pointe-Claire ne touche pas vraiment au domaine du
transport comme tel. Je croyais que, ce matin, il voulait me poser une question
sur la mise en application du nouveau plan de transport de la région de
Montréal qui devrait l'intéresser au plus haut point.
D'après ce
que je peux voir, il est plus intéressé à
l'arrêt-stop ou aux choses semblables ce matin.
M. Shaw: Question de règlement, M. le
Président.
M. de Belleval: Quoi qu'il en soit, c'est le ministre d'Etat au
Développement culturel qui est responsable de l'application de la
politique linguistique du gouvernement. Or, je lui demande de répondre
à cette question, s'il vous plaît.
Le Président: M. le ministre d'Etat...
M. Shaw: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: I asked a very simple question about a policy of the
Ministry of Transports. He is responsible for the signs on the highways of this
province and he is already digressing. Is he afraid to answer a simple question
concerning highway safety and the transport of dangerous materials?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: M. le Président, je pense que le
député de Pointe-Claire...
M. Shaw: M. le Président, chaque fois que je pose une
question sur la sécurité un aspect très valable
dans cette province on me dit que même si ce n'est pas comme cela
en Ontario, il ne faut pas qu'on respecte les demandes de
sécurité ici, au Québec.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: M. le Président, le député
de Pointe-Claire me pose une question sur l'application de la politique
linguistique du gouvernement, sur l'application de la Charte de la langue
française en ce qui concerne l'affichage sur les autoroutes. Comme tel,
je suis responsable de l'affichage, mais la langue de l'affichage
découle de l'application de la loi 101. C'est le ministre d'Etat au
Développement culturel qui est responsable de l'application de la loi
101. Il me semble que c'est simple, M. le Président.
Une Voix: M. le Président. Le Président: M. le
député de Terrebonne.
Métro de la région nord de
Montréal
M. Fallu: Ma question s'adresse au ministre des Transports, mais
cette fois sur le plan de l'équipement du transport des voyageurs dans
la région de Montréal.
La question n'est pas plantée, parce que le piquet s'en vient...
C'est très beau un petit milliard de dollars dans la région de
Montréal, sauf que ma question va porter surtout sur un de ces aspects.
On a des métros, on a les trains de banlieue, on a également des
métros de banlieue. Je remarque que, dans son plan d'équipement,
le métro de banlieue prévu pour la région nord, qu'on
appelait habituellement le TRRAMM ou le REM, Montréal-Mirabel, devra
s'arrêter à Laval, c'est-à-dire qu'il n'y aura que deux
stations, Concorde et Vimont. J'aimerais savoir de la part du ministre
parce que chez nous, c'est une déception assez considérable
pourquoi ce métro va-t-il s'arrêter à Vimont et non
pas monter pour le moins jusqu'à Rosemère ou
Sainte-Thérèse.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: C'est une très bonne question, M. le
Président. Elle va intéresser d'autant plus nos amis d'en face
qui nous parlent toujours du fédéralisme rentable et qui, dans
cette question particulière, pourront faire des pressions importantes au
cours des jours prochains vis-à-vis de leurs amis du Parti
libéral fédéral, avec le vieux chef qui a
décidé de revenir d'ailleurs, qu'ils connaissent bien, ils
pourront peut-être obtenir de ce Parti libéral
fédéral des engagements quant à l'avenir de
l'aéroport de Mirabel. Ce point est relié directement à la
question que pose le député de Terrebonne, en ce qui concerne la
prolongation possible du métro régional qui se rendra à
Laval, mais qui pourra être prolongé jusqu'à Mirabel
conformément aux plans qui ont été d'ailleurs
établis par le ministère des Transports, mais qui
dépendent pour leur réalisation économique de la
décision du gouvernement fédéral quant à l'avenir
de l'aéroport de Mirabel.
Dans ce dossier, comme dans ceux de l'usine d'eau lourde de Laprade, de
la Place Guy-Favreau, du centre des données fiscales de
Jonquière, de la rénovation des ports et des quais du
Québec, des gros dossiers comme des petits...
La semaine passée, j'étais à Montmagny et on avait
aussi ce problème: Le gouvernement fédéral se traîne
les pieds pour réparer, par exemple, les quais, les
débarcadères de l'Ile-aux-Grues et de Montmagny. Des petits
dossiers et des gros dossiers. On est les otages du gouvernement
fédéral dans ce domaine du fédéralisme non
rentable. Le cas de Mirabel est le plus gros. Je ne vois pas pourquoi
l'Opposition rit. C'est un des dossiers les plus importants pour l'avenir
économique de Montréal. Depuis dix ans que ce dossier est en
panne à cause de l'incompétence de vos propres amis du
fédéral!
Le Président: M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: Question additionnelle, s'il vous plaît. Etant
donné, si je comprends bien, que ce n'est pas pour demain la veille,
est-ce que le gouvernement du Québec pourrait, seul, faire au moins une
petite part là-dedans? Je vais préciser laquelle. Il arrive que
les petites gens chez nous ont reçu des avis de réserve pour
l'emprise du métro. Est-ce qu'on pourrait entre-temps, nous
seuls au Québec, pour le moins acheter ces terrains pour que les
gens ne restent pas mal pris avec ces avis de réserve sur le dos pendant
plusieurs années?
Deuxième question. Puisqu'il y aura une station à Vimont,
il faudra donc que le grand satellite de Sainte-Thérèse,
c'est-à-dire 60 000 personnes c'est, en fait, un satellite plus
qu'une banlieue se rabatte sur le métro de Vimont. Est-ce qu'on
pourrait alors établir au moins deux des quatre voies prévues de
l'autoroute 19 jusqu'à la 440 pour avoir une meilleure liaison
routière avec la station Vimont?
M. Blank: Commencez par les deux bouts. Le Président: M.
le ministre des Transports.
M. de Belleval: J'aime mieux faire débloquer des travaux
par tous les bouts possibles que d'être bouché par vous savez
quoi, M. le député de Saint-Louis! Mais, M. le Président,
revenons à nos moutons, revenons à un sujet important que le
député de Saint-Louis a interrompu par ses blagues habituelles.
Pour ma part, j'ai confiance qu'un jour le dossier de Mirabel
débloquera; s'il ne débloque pas grâce au gouvernement
fédéral, il débloquera quand nous aurons toutes les
compétences en matière de transport, ce qui ne saurait tarder.
Nous avons obtenu que la municipalité de Sainte-Thérèse
conserve, réserve des terrains pour l'emplacement de la future gare du
transport régional qui desservira un jour Sainte-Thérèse
et éventuellement Mirabel.
Je suis disposé, comme ministre des Transports, à faire
l'acquisition de ce terrain, plutôt que de simplement le réserver,
de façon justement à démontrer notre confiance dans
l'avenir de cette région et dans l'avenir du développement
aéroportuaire de Montréal. C'est, d'ailleurs, ce que nous avons
fait cette semaine, quand nous avons annoncé le plan d'équipement
de transport de la région de Montréal. Malgré les
promesses répétées du gouvernement fédéral
d'aider le gouvernement du Québec à rénover les trains de
banlieue, nous avons quand même décidé d'agir, parce que,
si on attend après le Père Noël fédéral, on
n'obtiendra jamais rien et les Québécois demeurent des otages des
circonférences fédérales-provinciales!
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Pardon?
Le Président: Est-ce qu'il s'agit d'une question
additionnelle?
M. Cordeau: Non, d'une question principale, mais très
importante.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Dernièrement, nous apprenions...
M. Lavoie: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: M. le député de Laval.
M. Lavoie: La question principale a été
posée par un député ministériel sur un sujet, le
transport en commun, qui concerne la région nord de Montréal, qui
concerne sans aucun doute le député de Terrebonne, mais qui
concerne également les comtés de Laval, Fabre et Mille-Iles. Je
crois qu'il serait tout à fait normal qu'on ait au moins une petite
question additionnelle sur le sujet étant donné que le ministre
n'a même pas répondu au député de Terrebonne.
M. de Belleval: Question de privilège, M. le
Président. (11 heures)
Le Président: M. le ministre des Transports. M. le
député de Laval, si vous n'avez pas d'objection, je comprends
qu'il ne reste que quatre minutes pour la période de questions. Ce
matin, l'Union Nationale n'a eu droit qu'à une très brève
question. Or, le député de Saint-Hyacinthe, que je vois rarement
insister autant pour obtenir une question, m'indique qu'il a une question
très importante à formuler. Alors, je pense... Mais il y a
déjà eu des questions qui ont été posées en
rapport avec ce sujet.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président...
M. de Belleval: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: Je m'excuse, mais le député de
Terrebonne avait posé une question à double volet et j'ai
oublié de répondre à la deuxième partie de la
question du député de Terrebonne. C'est mon privilège de
répondre aux questions, j'espère, quand vous posez des
questions?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Pour me
conformer... M. le député de Marguerite-Bourgeoys, s'il vous
plaît! Pour me conformer à la règle que j'applique
normalement et pour permettre au député de Saint-Hyacinthe
d'avoir sa question, vous reviendrez avec un complément de
réponse tout à l'heure.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
Indexation des prestations d'aide sociale
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Dernièrement,
nous apprenions que la Commission des accidents du travail, soit la CAT,
indexera au 1er janvier de 9% les prestations que reçoivent actuellement
les accidentés du travail. Ce matin, je veux
me faire l'interprète de tous les bénéficiaires du
bien-être social qui, eux aussi, ont à faire face à
l'inflation, au coût de plus en plus élevé de la nourriture
et également du chauffage.
Je voudrais demander au ministre des Affaires sociales si le
gouvernement a pris la décision d'indexer les prestations du
bien-être social au 1er janvier prochain et, si oui, a-t-il l'intention
de suivre l'exemple de la CAT et d'indexer l'aide sociale à 9%?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: M. le Président, je serais très heureux
de pouvoir annoncer ce matin que le gouvernement a pris la décision
d'indexer l'aide sociale. Cependant, je dois dire au député de
Saint-Hyacinthe que c'est à l'ordre du jour de la réunion du
Conseil des ministres d'aujourd'hui, laquelle doit commencer à 13 heures
ce midi. Je serai évidemment des plus heureux, dans l'hypothèse
où le Conseil des ministres déciderait aujourd'hui d'indexer
cette aide sociale, de pouvoir donner un complément de réponse
demain au député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... étant donné que cette question
intéresse au plus haut point une bonne partie de la population du
Québec, je vous demande s'il serait possible au ministre des Affaires
sociales de faire connaître à cette Chambre, dès que la
décision sera prise, votre complément de réponse,
aujourd'hui même, avant de faire votre conférence de presse.
Une Voix: II est temps qu'on parte en vacances!
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Le député de Saint-Hyacinthe devient un
peu acerbe. Ecoutez, M. le Président, pour répondre bien
clairement à cette question, je suis prêt à informer cette
Chambre aussitôt que la décision du Conseil des ministres aura
été prise.
Le Président: M. le ministre des Transports, si vous
voulez apporter un complément de réponse?
Métro de la région nord de
Montréal (suite)
M. de Belleval: Oui, M. le Président. Vous aurez
noté que, tout à l'heure, le député de Laval
protestait parce qu'il n'avait pu poser lui-même une question
supplémentaire, compte tenu de l'intérêt qu'il porte
à ce dossier du transport en commun de la région de
Montréal et compte tenu que son propre comté est affecté
par ces problè- mes. Je remarque cependant que ce n'est pas lui qui, ce
matin, pose des questions sur ce dossier, mais le député de
Terrebonne.
Tantôt, pendant que j'étais en train de répondre, il
essayait de ridiculiser les réponses que je donnais. Pour
compléter la réponse au député de Terrebonne en ce
qui concerne la possibilité d'améliorer les liaisons entre
Sainte-Thérèse et Laval en particulier, et le reste de la
région de Montréal, il va sans dire que, dans le cours de
l'élaboration des plans quinquennaux du ministère des Transports,
cette question particulière, qui ne relève pas comme telle du
dossier du transport en commun de la région métropolitaine de
Montréal, pourra être étudiée et des
améliorations seront apportées dès le printemps prochain
par l'ouverture d'un nouveau pont dans l'axe de l'autoroute 19 entre
Bois-des-Filion et la municipalité de Laval.
Le Président: M. le député de Laval.
M. Lavoie: Question additionnelle, M. le Président. Nous
avons eu l'occasion de poser plusieurs questions au prédécesseur
du ministre actuel des Transports, le député de Saguenay, depuis
trois ans, près de trois ans et demi sur cette question. Le ministre est
sans doute au courant que les plans étaient faits et que les terrains
étaient déjà réservés avant le 15 novembre
1976. Les plans étaient tracés. Les terrains étaient
réservés. Il y avait des réserves comme l'a
mentionné le député de Terrebonne. Cela fait trois ans et
demi qu'on vous demande quand les travaux vont commencer. Le ministre
pourrait-il prendre un engagement devant cette Chambre d'arrêter de
tourner en rond depuis trois ans et demi et de nous dire quand les travaux vont
commencer sur ces multitudes de projets qui sont lancés en l'air
à quelques mois d'élections générales?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: M. le Président, le député
de Laval ne s'embarrasse pas de contradictions. D'une part, il vient de me
reprocher, dans la fin de sa question, de prendre une décision sur ces
dossiers qui étaient en marche depuis six ans et, d'un autre
côté, il me reproche le fait qu'il a fallu six ans pour
élaborer les dossiers. Je pense qu'il faudrait qu'il se fasse une
idée. A-t-on trop tardé ou si on agit trop vite maintenant? Je
tiens à dire, M. le Président, qu'en ce qui nous concerne, il
n'est pas question d'élections générales à court
terme, malgré les faux espoirs du député de Laval.
Le Président: Fin de la période des questions. A
l'ordre, s'il vous plaît! Motion non annoncée.
M. de Belleval: Puis-je terminer ma réponse?
Le Président: Excusez-moi. M. le ministre des
Transports.
M. de Belleval: L'Opposition pose des questions et au lieu
d'écouter calmement les réponses
elle "s'esbaudit" comme un poulailler, M. le Président. Le plan
que j'ai annoncé avant-hier, effectivement, à Montréal
prévoit une réalisation des travaux sur une période de
cinq à sept ans, M. le Président.
Le Président: Motion non annoncée. A l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le député de Johnson.
Démission de M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: M. le Président, l'article 33 de la Loi de
la Législature stipule qu'un député élu peut, de
vive voix, démissionner de son siège dans l'Assemblée
nationale. C'est aujourd'hui la voie que j'ai choisie et comme doyen, je vais
laisser un document officiel et me servir de la devise de l'Ordre des notaires:
Verba volant, scripta manent, les paroles s'envolent, mais les écrits
demeurent. Je sollicite donc un consentement unanime pour la dernière
fois. C'est avec beaucoup de regret et d'émotion qu'après plus de
trente ans, je me vois forcé, à cause des circonstances que vous
connaissez tous, de démissionner officiellement comme
député de l'Union Nationale pour la circonscription, le
siège électoral de Johnson.
En tout premier lieu, M. le Président, hommage et vive
reconnaissance à mon épouse, Blanche, qui a toujours
été ma meilleure collaboratrice durant ces longues années
d'absence de mon foyer, et l'assurance de mon indéfectible attachement.
A mes électeurs de Champlain et particulièrement ceux de Johnson,
mes sincères remerciements de m'avoir fait ce que je suis et permis de
jouer un rôle important au sein de la politique provinciale depuis
1944.
A vous, M. le Président et à vos deux excellents
collaborateurs, vice-présidents, merci pour certaines circonstances,
aimablement tolérées, d'hypothéquer nos règlements
de la Chambre. A l'honorable premier ministre qui subit présentement les
affres des dépressions normales et exigeantes de la rançon de la
gloire, mes voeux de courage et de grande fidélité pour la
défense des droits autonomistes de tous les Québécois. A
l'honorable chef de l'Opposition, de la santé et aussi le grand respect
du parlementarisme tel qu'il en fait preuve depuis son arrivée dans
cette Chambre pour faire valoir véritablement notre option
fédéraliste.
A mon parti de l'Union Nationale, que je ne quitte pas, la prudence dans
les alliances projetées. Notre fondateur, l'honorable Maurice Duplessis,
avait toujours dit et répété que l'Union Nationale
était et devait toujours rester un parti strictement provincial avec des
amis et non pas des maîtres à Ottawa.
A tous mes collègues de cette Chambre, un merci des mieux sentis
pour l'amitié et la générosité de sentiment si
souvent manifestées qui me permettent aujourd'hui de quitter cette
enceinte avec beaucoup de sérénité, sans rancune et sans
vengeance contre qui que ce soit.
Au personnel de l'Assemblée nationale, un bien bon souvenir pour
les nombreux services rendus très discrètement.
Aux media d'information, quels qu'ils soient, et tout
particulièrement pour certains journalistes amis, nos mercis les
meilleurs.
A mon personnel de soutien, le mot le plus sincère et le plus
court: merci pour l'immense travail accompli.
M. Duplessis disait souvent: Entre le passé où sont
nos souvenirs et l'avenir où sont nos espoirs, il y a le présent
où sont nos devoirs. Ce serait peut-être pour moi un
impérieux devoir de rester, mais je crois nécessaire de retourner
à mon foyer.
J'ai donné le meilleur de moi-même pour servir ma province,
mon comté, mon parti et particulièrement le peuple
québécois. Je suis heureux, M. le Président, de vous dire
combien je suis fier de ma carrière. Aux jeunes qui anticipent de faire
de la politique, je leur dis: Bienvenue! Vous verrez là un sentiment
très noble qui vous grandira dans l'opinion publique. Napoléon
1er disait un jour: II y a dans des combats certaines défaites, certains
reculs qui sont de grandes victoires.
Je sollicite donc de la part de l'honorable premier ministre
l'émission du décret de convocation des électeurs en vue
d'une élection partielle dans le plus bref délai possible, afin
de ne pas laisser mon comté orphelin.
Adieu! Au revoir! Mission accomplie!
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale. M.
Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, la décision du
député de Johnson, aujourd'hui, fait en sorte que nous
participons, nous les membres de cette Assemblée nationale, à
tourner une page d'histoire dans les annales parlementaires du Québec.
Le député de Johnson, à mon point de vue, était
devenu un symbole pour nous, à l'Assemblée nationale, et pour
nous, de l'Union Nationale en particulier.
Je regrette personnellement cette décision du
député de Johnson, quoique je la comprenne. Je l'ai connu, bien
sûr, avant que je ne sois en politique, mais surtout depuis que je suis
en politique, en cette Assemblée, alors que nous, les membres de cette
Assemblée, et même les citoyens du Québec, par la
télédiffusion des débats, l'avons connu comme un
parlementaire fougueux, spectaculaire, mais un excellent parlementaire et un
excellent législateur. Je me souviens en particulier lorsque l'une des
premières fois que je discutais avec lui des règlements de
l'Assemblée nationale et de tout ce qui s'y passait, il m'a dit, et il
nous a dit à plusieurs reprises qu'il avait appris ses règlements
à l'école de Duplessis, lorsqu'il est arrivé comme jeune
député. M. Duplessis lui avait dit: Maurice, tu vas acheter un
crayon, un papier, un cahier brouillon et tu vas noter tous les passages du
règlement, les articles du règlement et les décisions.
C'est de cette façon qu'il a appris le règlement. Il nous a
demandé à nous, en tout cas de l'apprendre le mieux
possible.
II a été le whip de son parti, ministre de l'Industrie et
du Commerce, ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre au sein du cabinet de
M. Johnson. Avant, il avait été ministre d'Etat au sein du
cabinet de M. Sauvé.
M. le Président, la décision du député de
Johnson nous touche aujourd'hui. Elle nous déçoit, bien
sûr. Nous aurions aimé le garder avec nous, mais je vous rappelle
que, déjà, en 1970, après 26 ans de services au nom de son
Québec, de son Assemblée nationale ou de son Assemblée
législative, à l'époque, ou de ses concitoyens, il avait
dû remettre sa démission à son premier ministre d'alors, M.
Bertrand, pour raisons de santé. En 1974, l'Union Nationale a fait appel
à ses services dans des moments très difficiles pour notre parti.
On se souvient tous de la campagne électorale, d'août 1974 dans
Johnson, alors que, sous le fameux slogan "II faut battre les rouges", Maurice
Bellemare a été réélu député de
l'Union Nationale. A ma demande aussi, en 1976, M. le Président, il a
accepté de servir encore son parti, sa province, même si, à
l'époque, il m'avait dit que sa santé était
déjà chancelante. Aujourd'hui, je comprends, bien sûr, ses
raisons.
Tout le long de ces années au cours desquelles on a pu travailler
ensemble bien sûr, à quelques reprises, nous n'avons pas eu
les mêmes opinions ou les mêmes perceptions des problèmes,
mais je pense que toujours ou presque toujours on a réussi à se
comprendre. Je veux le remercier bien sincèrement, au nom de l'Union
Nationale, pour les services qu'il a rendus à sa province, à son
parti. Je veux remercier aussi d'une façon toute particulière Mme
Bellemare qui a dû se sacrifier pour laisser son homme se dévouer
pour ses concitoyens, ceux de son comté, ceux de sa province et ceux de
l'Union Nationale. Je souhaite au député de Johnson, ou à
l'ex-député de Johnson maintenant, un repos bien
mérité.
Le Président: M. le premier ministre. M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
assurer dès le début le député de Johnson que je
prends avis de son opinion pour les semaines ou les mois qui viennent et aussi
de l'opinion de Napoléon 1er. Je ne sais pas s'il y avait un lien entre
le comté de Johnson et Napoléon 1er, mais, en tout cas, on va
évaluer cela le mieux possible, tout en n'oubliant Das, non plus, le
conseil de La Fontaine "Rien ne sert de courir, il faut partir à point".
Là-dessus, très cordialement, je tiens, comme tout le monde, j'en
suis sûr à saluer avec une certaine mélancolie on ne
peut pas s'en empêcher le député de Johnson, notre
doyen qui, jusqu'à la fin de son dernier mandat il en a
donné la preuve sans arrêt a été un homme
attachant à qui on ne peut pas garder rancune non plus, même si on
a eu des accrochages à l'occasion. Il y a tellement de bonhomie
derrière le côté soupe au lait de M. Bellemare qu'on ne
peut lui tenir rigueur de rien.
Mais je voudrais surtout rendre hommage à une chose qui m'avait
frappé dès le début, quand je suis arrivé ici pour
la première fois, c'est l'acharnement au travail qu'il a, je pense, sans
cesse démontré. C'est un des aspects de sa personnalité
que j'ai connu quand j'étais responsable du domaine minier au temps de
M. Lesage et qu'on avait à refaire, vers 1964 ou 1965, à la fois
la Loi des mines et la Loi sur les droits miniers qui, ni l'une ni l'autre
n'étaient un cadeau, c'étaient des lois extraordinairement
techniques, avec accumulation d'articles très compliqués. Je me
souviens que le député de Champlain, au nom de son parti,
à peu près sans support, sans intendance, avait suivi, article
par article, chaque phase de ce projet de loi et c'est lui qui, plus que
n'importe qui, nous avait talonnés systématiquement d'un bout
à l'autre de ce travail. Cela m'avait impressionné et cela
m'impressionne encore comme certaines choses qu'a faites, le long du chemin, le
député de Champlain, le député de Johnson. Les
vieilles habitudes reviennent!
Nous savons qu'il y a des circonstances, dont le député a
dit sur un ton sibyllin que nous les connaissons tous, qui ont pu contribuer
à son départ, ce départ que sa forme splendide rend
presque prématuré. Le chef de l'Union Nationale n'a pas tellement
éclairci le mystère de son côté sur ces
circonstances. On aurait aimé en savoir davantage. M. Bellemare
préfère partir avec son secret. Il doit en réserver la
primeur aux lecteurs de ses mémoires, un de ces jours. Ce sera
sûrement un ouvrage réfléchi et intéressant, si
l'auteur garde le sens des mots dont il vient de faire preuve en nous disant de
continuer à défendre fermement les droits autonomistes du
Québec de ça, je peux l'assurer et même davantage
alors qu'il s'est contenté c'est cela le sens des mots
sans plus, de recommander à l'Opposition officielle de faire
valoir l'option fédéraliste que nous connaîtrons, nous
aussi, d'ailleurs, quand elle aura reçu l'endossement final du premier
ministre de l'Ontario et d'autres, sans doute, pendant le temps des
Fêtes. Je comprends, dans les circonstances, que le député
de Johnson se soit retenu pudiquement de parler même d'autonomie en ce
qui concerne les libéraux. (11 h 20)
Bref, au moment de ce départ du député de Johnson,
qui, j'en suis sûr, partira d'ici avec des amis, c'est sûr, et pas
des maîtres à Québec, je suis heureux de lui souhaiter
ainsi qu'à son épouse, toute sa famille, Joyeux Noël, par
anticipation, mais à peine, et pour l'année qui vient et beaucoup
d'autres années, la bonne santé, beaucoup de succès,
beaucoup de bonheur, et de réussir dans toutes les entreprises
privées où il pourra encore employer sa vitalité
proverbiale.
Le Président: M. le chef de l'Opposition. M. Claude
Ryan
M. Ryan: M. le Président, mon collègue le
député de Bonaventure voudrait sans doute ajouter son
témoignage au sujet de l'apport extraordinaire
de M. Bellemare à la vie parlementaire du Québec, mais je
m'en voudrais de ne pas signaler, en ce qui me touche, que j'ai suivi depuis de
très nombreuses années la carrière politique de celui qui
prend aujourd'hui sa retraite et que j'ai toujours considéré que
sa carrière avait été l'une des plus pittoresques, des
plus sympathiques et des plus fructueuses de notre histoire politique. Je me
souviens qu'au temps où l'Union Nationale avait été
appelée pour la dernière fois à former un gouvernement, M.
Bellemare, grâce à ses qualités de coeur extraordinaires,
avait réussi à concilier un double mandat. Si mes souvenirs sont
exacts, M. Johnson l'avait nommé en même temps ministre du Travail
et ministre de l'Industrie et du Commerce.
En tout cas, il a excellé dans les deux secteurs au sein d'un
gouvernement qui avait été un peu comme le gouvernement actuel
élu à sa propre surprise et qui avait dû, par
conséquent, prendre des décisions dont il ne pouvait pas mesurer
toutes les implications.
C'est surtout comme parlementaire que nous retiendrons le souvenir de M.
Bellemare. Il a été un parlementaire extraordinaire, j'ai pu le
mesurer moi-même dans cette Chambre. Il prenait des libertés que
vous n'auriez jamais permises à des novices, M. le Président,
mais il les prenait des fois avec assez de liberté par rapport à
la lettre des règlements qu'il connaissait très bien, mais je
pense que vous compreniez et nous vous approuvions de tout coeur en cela
qu'il ne s'éloignait jamais de l'esprit véritable de
l'institution parlementaire.
Je pense qu'il était dans cette Chambre un grand
représentant de l'esprit du parlementarisme et, chaque fois je
l'ai remarqué avec plaisir que des accrocs étaient faits
à l'esprit de l'institution, il était toujours là pour
défendre l'institution. Quand lui-même faisait des accrocs au
règlement, nous savions que l'esprit n'était jamais
menacé. M. Bellemare a donné, dans notre histoire politique
récente, l'exemple d'un homme qui est arrivé à force de
travail, d'efforts personnels, d'étude, de lectures, à occuper
une place très importante dans la vie politique, sans qu'il ait pu
bénéficier dans son temps, peut-être, de tous les avantages
qui sont donnés à la jeune génération
aujourd'hui.
J'espère que cette tradition de celui qui part de peu de choses,
sinon des valeurs fondamentales solides, et qui peut faire une grande
contribution aux affaires communes, continuera longtemps dans notre
société. J'appréciais au temps où j'étais
moi-même journaliste la solide documentation sur laquelle s'appuyaient
toujours les interventions du député de Champlain, et je pense
qu'en cela, bien avant l'époque où nous disposons de moyens
documentaires extrêmement élaborés, il a donné un
exemple aux parlementaires qui seront appelés à le suivre.
Je voudrais souligner aussi, ayant eu M. Bellemare comme adversaire,
surtout au premier stade de ma vie parlementaire, que j'ai trouvé en lui
un adversaire franc et sincère dont j'admirais surtout la
fidélité à son propre idéal et à sa propre
tradition. Au temps où son ancien chef était décrié
de manière générale dans l'opinion publique et surtout par
les commentateurs dont j'étais, M. Bellemare je pense à
l'exemple de son ancien chef, Daniel Johnson a toujours gardé une
grande fidélité à l'image de celui sous lequel il avait
servi et cela, je l'ai bien apprécié. Je ne partageais pas son
opinion à plusieurs égards, mais j'appréciais la
fidélité et la loyauté de celui qui, ayant servi sous ce
chef, continuait à le défendre une fois qu'il n'était plus
là.
M. Bellemare, nous l'avons vu par sa déclaration de ce matin, a
réalisé de manière impeccable dans sa propre
expérience ce double idéal qui caractérise la
véritable option des Québécois d'orientation
fédéraliste, c'est-à-dire qu'il a été
d'abord un Québécois à 100%... Je ne sais pas si le
ministre d'Etat au Développement culturel le rangerait parmi ceux qui
souffrent de dérèglements psychoaffectifs, mais il a
trouvé, à travers des manifestations de santé mentale
plutôt éclatantes, au cours de toute sa carrière, le moyen
d'être un Québécois à 100% personne ne l'a
jamais soupçonné d'aller chercher ses ordres ou ses directives
à Ottawa ou ailleurs mais, en même temps, de demeurer
profondément attaché au pays canadien, ce qui ne l'a pas
empêché de s'épanouir et de fournir une contribution
remarquable à la vie publique. Je veux assurer le député
démissionnaire, étant donné l'honneur qu'il m'a fait de me
confier, en somme, le mandat de continuer à défendre l'option
fédéraliste dans cette Chambre, que je continuerai à le
faire en (n'enorgueillissant de l'appui moral qu'il a semblé vouloir me
donner à cette fin.
A M. Bellemare, j'offre mes voeux à la fois profondément
sincères et émus de santé, de bonheur et de rayonnement
continu dans la vie privée vers laquelle il retourne, mais qui
n'empêchera pas qu'on se souvienne longtemps de la place exceptionnelle
qu'il a occupée dans la vie politique chez nous.
Aux électeurs de Johnson, je souhaite qu'on leur donne le plus
tôt possible la chance d'élire un nouveau député. Je
souhaite, en particulier, que cette chance leur soit donnée avant
l'échéance référendaire. L'esprit de notre nouvelle
loi 9 prescrit même si la lettre ne doit pas s'appliquer tout de
suite qu'un comté doit demeurer privé le moins longtemps
possible de représentation dans cette Chambre. J'ose, par
conséquent, souhaiter que les électeurs de Johnson aient la
chance, dans les plus brefs délais, d'être de nouveau
représentés dans cette Chambre.
Quant au député démissionnaire, il m'a fait
l'honneur de me rappeler à plusieurs reprises que lors de
l'élection complémentaire qui a permis son élection dans
Johnson, je lui avais accordé, au temps où j'étais
journaliste, un modeste appui dont il m'a toujours été
reconnaissant. Je voudrais lui dire, comme tout le monde sait qu'il est un
homme de coeur, que, s'il veut nous payer une partie de cette dette lors de la
campagne qui viendra dans Johnson, il sera le bienvenu dans nos rangs.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, il est, bien sûr, en
politique des choses par-dessus lesquelles nous devons passer et je pense que
les deux ou trois dernières semaines que nous avons vécues
ensemble dans l'Union Nationale avec le député de Johnson ne
doivent pas ternir les quatorze années que nous avons vécues dans
ce même parti.
M. Bellemare, puisque vous nous permettez de l'appeler par son nom
aujourd'hui, j'ai eu l'occasion de le connaître en 1966 et j'ai vite
découvert que c'était un homme qui connaissait l'organisation
d'un parti politique et qui savait, jusque dans le bout des ongles, ce
qu'étaient les tactiques politiques.
M. Bellemare a été également mon maître pour
ce qui est des règlements ici en Chambre. Il a été mon
professeur pour ce qui est des règlements ici en Chambre et il m'a
appris aussi, il m'a prêché l'apostolat de la présence en
Chambre, et aux commissions parlementaires. M. Bellemare, même si on le
reconnaissait dans la liste des députés comme un "brakeman",
était quand même un homme qui savait manier l'humour d'une
façon assez remarquable pendant les années qu'il a passées
ici. Même si on dit que c'est un champ qui doit appartenir aux
intellectuels, il savait manier l'humour d'une façon assez
particulière.
A l'occasion des campagnes électorales, sou-ventefois, il
participait au choix des candidats et il nous revint un soir, après
avoir été couvrir une convention, et nous dit: On a
découvert dans le comté de Frontenac, alors que personne ne
savait qui était pour être candidat, un beau grand jeune homme.
Tout le monde a appris après que c'était Marc Bergeron, de
Thetford, un homme de cinq pieds et quelque chose. Il savait entretenir la
Chambre. C'était la personne qui savait se soumettre aux exigences du
premier ministre du temps, M. Johnson, alors que, souventefois, il faut bien
l'avouer, à l'occasion, on manquait de projets de loi. Je me rappellerai
longtemps, comme jeune député sur le fauteuil qui est
occupé par l'actuel député de Frontenac, qu'il nous avait
entretenus pendant deux heures du bateau Marie-Carole qui s'était
échoué en haute mer depuis au moins "100 ans". Il avait pu
entretenir la Chambre pendant au moins deux heures sur la beauté du
bateau Marie-Carole que pas beaucoup de gens de notre génération
avaient connu. (11 h 30)
M. Bellemare a également été pour moi un homme qui
m'a marqué à l'esprit de parti. A l'adoption du projet de loi no
63, cela a été une période extrêmement difficile
pour moi dans cette Chambre. Il m'avait dit: Mon jeune Grenier, tu vas
apprendre que la politique du parti c'est plus important que la politique
personnelle d'un homme. Je devais me rallier, bien sûr, à cette
difficulté que nous vivions temporairement. A l'occasion du projet de
loi no 25, alors que j'étais un enseignant nouvellement arrivé en
Chambre et que nous forcions, par une loi, les enseignants à rentrer au
travail, c'est encore lui qui m'avait appris que la politique, même si on
est un professeur, demande qu'on néglige son métier, car la
politique du député a priorité sur la fonction du
professeur.
Il m'a appris aussi, lors de la campagne de 1969, alors que
j'étais un supporter de M. Cardinal, avec l'actuel ministre du Travail,
M. Johnson, nous nous étions promenés en province et,
passablement déçus, en revenant comme c'est le
résultat d'un congrès, il faut bien l'accepter c'est
encore lui qui m'avait dit: Un homme qui se révolte peut être
populaire une journée, mais c'est le précipice qui l'attend le
lendemain.
Bien sûr, ce fut une école rude, une école
difficile, mais j'ai eu aussi des moments fort agréables de
négociation alors que nous avons dû négocier pendant les
années soixante-quinze aors que j'avais été
élu président du parti la même journée qu'il avait
été élu chef par intérim M. Bellemare et
moi, le ralliement avec l'ancien ministre libéral M. Choquette et M.
Roy, le ralliement de ces forces, semblait-il à ce moment-là, qui
était susceptible de nous aider, le ralliement ensuite du Parti
créditiste du Québec et, enfin, ce congrès de
Montréal qui était une espèce de nouvelle fondation de
notre formation politique.
Je voudrais aussi dire combien je l'ai apprécié, là
où j'ai vécu une vie plus intense avec le député de
Johnson, à son élection de 1974 alors que nous revenions du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et que nous avions appris par les ondes la
démission du député Boutin. C'est à ce
moment-là qu'il avait trouvé, sur le chemin du retour, les
thèmes. On voulait engager des faiseurs d'image, parce que tous les
partis politiques veulent des faiseurs d'image au moment d'une élection.
M. Bellemare avait trouvé ses deux thèmes. Il disait à ce
moment-là: "L'accusé Boutin" et "II faut battre les rouges". Pour
cela, on n'a pas besoin de "fai-seux" d'image pour gagner nos élections;
les deux thèmes de la campagne étaient trouvés. J'ai
découvert que c'était un homme qui, comme il se plaisait à
le dire, avait fait son cours à l'université du trottoir et qui
comprenait facilement le pouls de la population. Aux côtés du
député de Johnson, M. Bellemare, pendant tant d'années et
de façon passablement intime, j'ai appris beaucoup, ce qui me permet
aujourd'hui d'être, je pense, un actif au moins égal à la
force que je peux donner à mon parti. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre du Travail. M. Pierre-Marc
Johnson
M. Johnson: M. le Président, très
brièvement, je voudrais dire à celui qu'on a appelé ou que
la presse a appelé le lion, tantôt le renard et sûrement
évidemment notre doyen, je voudrais dire à M. Bellemare,
simplement, que je salue celui qui a été uni par un long lien
d'affection à ma famille. Même au nom de ma famille, dans la
mesure où il a représenté l'ancien comté de Bagot,
qui s'appel-
le maintenant le comté de Johnson, je veux saluer le doyen de
cette Assemblée que j'ai toujours respecté par
l'expérience qu'il nous traduisait même si, à l'occasion,
il a pu se servir de cette expérience pour montrer que
l'expérience elle-même du Parlement permet parfois de faire
détour au règlement.
Je voudrais de plus saluer l'ancien ministre du Travail à qui je
voudrais dire que j'ai eu l'impression, surtout depuis quelques mois, de vivre
des choses qu'il a déjà vécues. En terminant, puisqu'il a
décidé de retourner dans ses terres, je souhaite qu'il conserve
cette qualité fondamentale d'être un bleu, ce qui est une
qualité, mais aussi que si jamais cette qualité devait être
diluée, le discernement dont il a fait preuve dans ce parlement
l'amène évidemment à ne pas accepter les invitations que
les rouges lui font.
La Vice-Présidente: M. le député de
Pointe-Claire.
M. William Shaw
M. Shaw: Madam President, it is always with sadness that we see a
man of quality and of commitment leave this House and his career to retire or
to go into private business.
It was very sad when Mr Raymond Garneau left this House. It was very sad
when Mr Robert Burns left this House. And now, the dean of this House, the dean
of the parliamentarians of this House, the man who literally has taught me what
this system is all about, the député de Johnson, Mr Maurice
Bellemare, is leaving.
I have known Mr Bellemare for ten years, especially well for the last
four years. I feel that he knows sincerely that I have always deeply respected
him and his commitment to his French Canadian community and to Canada as a
whole. Mr Bellemare has not been understood by English-speaking Quebecers. Mr
Bellemare perhaps represents what is one of the basic problems we have in this
country and that is that a man can be deeply committed to his language and his
culture and the survival of this language and this culture within a country,
deeply committed to the autonomy of areas of responsibility of a province
within the nation of Canada, and still be respectful of the people and its
institutions. I felt this deeply from the very moment that I met Mr Bellemare;
I feel it today and it is with sadness that I see him leaving our House.
For this reason, I felt, Mr President, that a few words of English
should be made representing the respect that we all feel for this commitment.
And I hope that now he can spend some time with his wife Blanche, he can enjoy
watching our "chicanes" from the outside, on television, and he can begin to
realize some privacy and some pleasure in his home.
M. le Président, j'ai eu l'honneur de connaître M. le
député de Johnson et c'est avec tristesse que j'appuie la motion
de sa démission. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de Saint-Maurice.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, bien brièvement, je
voudrais saluer en notre doyen un de mes concitoyens de Saint-Jean-des-Piles et
je pense que c'est reconnaître que c'est un soldat, c'est un guerrier
panaché qui s'en va, c'est un baroudeur de tous les instants, avec sa
façon et sa manière que plusieurs, encore aujourd'hui,
évoquent avec nostalgie. Il a siégé ici, à
l'Assemblée nationale, pendant 33 ans, tantôt comme
député dans l'Opposition, avec le gouvernement, tantôt
leader du gouvernement en Chambre, ministre à plusieurs reprises et, en
particulier, au ministère de l'Industrie et du Commerce, il a
été maire de son village. Il ne pourra jamais dire qu'il a
été maire de sa ville, cependant.
Je voudrais saluer un collègue qui met fin à une longue et
exemplaire carrière publique. Je crois que, désormais, vous aurez
droit à la tranquillité, au calme et, très certainement
que vous retiendrez le conseil de l'honorable premier ministre et
écrirez sans aucun doute vos mémoires. Peut-être aussi
profiterez-vous des heures de loisir pour vous livrer à un de vos sports
favoris, la pêche, la chasse; je pense que vous l'avez bien
mérité.
Je voudrais, au nom de tous les gens de mon village, vous transmettre
l'invitation que nous serons très heureux de vous accueillir dans nos
montagnes près de la rivière Saint-Maurice, dans un endroit que
vous aimez et que vous connaissez pour y avoir vécu longuement,
jusqu'à présent, avec toute votre famille. (11 h 40)
M. Jean-François Bertrand
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président: M. le député de Vanier.
M. Bertrand: ... en tant que député "pee wee" de
cette Assemblée nationale, pour reprendre une expression qui
était devenue chère au député de Johnson, je
voudrais dire à notre vétéran ou, pour prendre une
expression toujours utilisée dans le langage du hockey, notre "old
timer" de l'Assemblée nationale, à quel point tout de même,
quand on est un jeune député, je pense qu'on retire de
l'expérience vécue du député de Johnson des
enseignements et des enrichissements pour ce qui est de nos propres
expériences de jeune génération. Je voudrais lui dire que,
indépendamment de ces frictions que nous avons pu avoir à
l'occasion, je pense qu'un peu comme dans un match de football, le
député de Westmount sait de quoi je parle où,
très souvent, vous devez parce que la politique est comme cela
avoir des contacts fréquents qui sont durs, il est important aussi que
ces gens-là sachent se donner la main quand il s'agit de se relever tous
ensemble et quand il s'agit surtout de voir au-delà des lignes de parti,
au-delà des orientations personnelles, l'amitié et l'attachement
qu'on doit se porter entre collègues qui, dans le fond, veulent tous
travailler ensemble à servir le bien commun.
Je voudrais dire au député de Johnson, à l'instar
de mon collègue, le député d'Anjou, que, moi aussi, je
reconnais chez lui une qualité. Il a toujours été un vrai
bleu durant toute sa vie et je pense que, de ce côté aussi, il y
en a qui sont demeurés profondément des bleus, parce que j'ai
toujours défini un bleu, quant à moi, comme un être
profondément attaché à sa patrie, le Québec. Je
pense que tous les bleus ont gardé cette définition, quelle que
soit la formation politique à laquelle ils appartiennent
aujourd'hui.
Je ne sais pas comment le député de Johnson fera pour
trouver du repos en dehors de la politique. J'avais tellement l'impression
qu'il y trouvait du plaisir que, pour lui, cela en était devenu presque
une occasion de se reposer fréquemment de certaines maladies qui le
clouaient sur des lits d'hôpital. J'espère tout de même
qu'il trouvera cette sérénité qui lui permettra
d'écrire des mémoires dans lesquels nous retrouverons
évidemment toute la vérité, seulement la
vérité, rien que la vérité. J'étais un peu
inquiet, en me levant tout à l'heure. Connaissant le
député de Johnson et connaissant sa tendance très facile
à revenir à ses péchés passés, à
savoir la politique, je me demandais si, finalement, ce n'était pas une
façon aujourd'hui de déguiser une sortie pour revenir encore plus
fort un jour, mais j'ai compris qu'il ne reviendrait pas quand je ne l'ai pas
entendu prononcer, comme l'avait fait le chef de l'Opposition à une
certaine époque, le mot "irrévocable". Puisqu'il n'a pas dit que
sa décision était irrévocable, je pense que c'est
effectivement une décision qui est finale. M. le Président, je
voudrais, en terminant, simplement remercier le député de Johnson
d'avoir été associé à ma famille personnelle et le
remercier, au nom de ma famille, pour tout ce qu'il a fait et simplement lui
dire tout l'attachement que nous continuerons de lui porter
éternellement.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ce n'est pas
facile de trouver les mots appropriés, malgré tous les efforts
que nous faisons de part et d'autre depuis déjà plusieurs minutes
pour transmettre les sentiments véritables et profonds qui nous animent
tous dans un moment comme celui-ci. Et je dis bien "à un moment comme
celui-ci", parce que je pense bien que nous n'avons pas vécu, du moins
ceux qui sont dans cette enceinte, des moments comme celui-ci où nous
avons à rendre hommage à un collègue qui nous a
précédés tous ici et qui a consacré plus de 30 ans
de sa vie aux travaux de cette Assemblée, aux travaux d'un
député, aux travaux d'un serviteur de l'Etat.
Non, ce n'est pas sans émotion non plus que nous assistons
à ce départ, surtout d'un homme qui a tant donné à
sa province, qui a tant donné à son parti, un homme qui a
donné aussi autre chose, comme le soulignait le premier ministre,
l'exemple d'un acharnement au travail, l'exemple de la discipline, l'exemple de
la loyauté, l'exemple de la fidélité. Ce sont là
des qualités que l'on se plaît quelquefois à attribuer un
peu à gauche et à droite, mais jamais peut-on les attribuer avec
autant de justesse qu'à celui à qui on les dirige
aujourd'hui.
M. le Président, vous savez que dans la vie parlementaire, on
essaie toujours d'avoir un langage correct. Les gens qui sont un peu plus
intellectuels essaient d'utiliser le verbe le plus pur, le terme le plus juste.
Maurice Bellemare, quelquefois, n'a pas toujours le mot exact du Larousse ou du
Petit Robert, mais il est souvent mieux compris que bien d'autres. Personne ne
comprend pas Maurice Bellemare. Cela est important. A un moment donné,
on dit: Bellemare, c'est peut-être un peu dépassé, c'est un
peu folkorique, c'est un symbole comme dirait quelqu'un. Je dirais: C'est
l'âme québécoise, c'est peut-être le gars le plus
près de l'âme québécoise parce que c'est le gars,
lorsqu'il nous parle, qu'on comprend.
Une Voix: C'est vrai.
M. Levesque (Bonaventure): Maurice Bellemare, c'est l'esprit de
travail. C'est aussi la magnanimité. J'ai vécu sa
magnanimité. Je n'ai pas envie de prolonger en rappelant toutes les
anecdotes, mais je n'oublierai jamais lorsque, en 1966, nous avons
été déplacés momentanément du pouvoir et que
l'Union Nationale arrivait au lendemain de l'élection du 5 juin. Cela
faisait quelques années que, avec le premier ministre d'aujourd'hui qui
était ministre des Richesses naturelles, M. Bona Arsenault qui
était ministre des Terres et Forêts et notre premier ministre, M.
Jean Lesage, nous essayions de réaliser quelque chose d'important dans
le comté de Bonaventure: l'établissement d'une usine importante
à New Richmond. L'inauguration avait lieu le 17 juin 1966. Le plus gros
investissement de l'Est du Québec, etc.. Maurice Bellemare était
celui appelé à me succéder comme ministre de l'Industrie
et du Commerce. J'avais demandé à M. Lesage: N'y aurait-il pas
moyen de remettre les pouvoirs le 17 au soir? M. Lesage m'avait dit: Non, le
sens du devoir... Alors, ce fut le 16. Je parlais de Maurice Bellemare et de sa
magnanimité. M. Johnson était dans le coup. Ni M. Johnson ni M.
Bellemare, qui avaient été invités à
l'inauguration, n'ont accepté l'invitation. Maurice a envoyé un
petit télégramme et Daniel Johnson également, mais Maurice
a ajouté un coup de téléphone au tout début de la
cérémonie et il a dit: "On ne voulait pas t'enlever cela". C'est
la magnanimité de Maurice Bellemare.
C'est la même chose que je retrouvais l'année suivante,
après avoir été quatre ans ministre tuteur de l'Expo.
Maurice Bellemare est devenu ministre tuteur de l'Expo. Quatre années,
de 1962 à 1966, pour la préparer et, ensuite, nous autres dehors.
Maurice et Daniel Johnson, les deux, lorsque l'Expo a été
inaugurée, ont dit: Tu vas être là, Gérard; c'est ta
place. Cela est encore de la magnanimité. Je veux la souligner
aujourd'hui.
Une Voix: Ce n'est pas comme aujourd'hui. (11 h 50)
M. Levesque (Bonaventure): Evidemment, je ne veux pas
refléter cela sur aujourd'hui. On aura d'autres occasions. On a
déjà eu récemment des occasions de le voir.
M. le Président, je voudrais, avant de terminer, simplement dire
que Maurice Bellemare, je le connais depuis bien des années. Je me
rappelle quand je suis arrivé ici, j'étais encore de ce
côté-ci. J'y suis venu trois fois. Je me rappelle qu'il
était assis à peu près où le député
de Rosemont l'est. C'était le whip du parti. A la veille de Noël,
on pense aux chants de Noël et cela me fait penser que dans ce temps, il
était alto un petit peu. Il avait peut-être été
soprano avant que j'arrive, mais cela, c'était avant d'être
ténor. Il a été ténor de l'autre côté,
parce qu'au moment où il était alto, il y en avait toute une
série de ténors en avant, les Duplessis, les Paul Sauvé,
les Onésime Gagnon, les Antoine Rivard ils étaient tous
là les Laurent Barré, les Antonio Elie et tout le monde.
Cela avait l'air pas mal pesant quand je suis arrivé ici.
Maurice était assis à l'arrière. Il était
alto. Mais, à un moment donné, il est venu en avant et là,
il était leader du gouvernement, il était ministre de l'Industrie
et du Commerce, il était ministre du Travail et il était
ténor. Mais, quelques années après, en 1974, il
était soliste. Il était bon comme soliste. Il y en a qui ont
pensé faire une nouvelle chorale. Maurice, évidemment, avec les
années, sa voix a mué. Il est devenu une basse dont les accents
quelquefois sont remplis de nostalgie, mais une basse dont les échos
resteront longtemps dans cette Assemblée qui ne sera jamais pareille
sans Maurice Bellemare.
M. le Président, je voudrais, en terminant, assurer encore une
fois ce Maurice Bellemare, de notre plus grand respect, de notre admiration
véritable même si, lorsqu'en me tournant vers lui, je me rappelle
qu'il avait des mots comme "battre les rouges". Maurice permettra sans doute
à un rouge un rouge depuis longtemps à part cela de
lui rendre cet hommage mais, en même temps, de lui rappeler, parce que
cela va arriver bientôt, qu'il va être assis devant son bureau sans
feuilleton, simplement devant une feuille blanche, peut-être sous un ciel
gris, broyant, je ne l'espère pas, du noir, possiblement ayant les
bleus. Permettrait-il à un rouge de lui suggérer une petite
teinte de ce rouge qui lui ferait peut-être voir la vie en rose.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, le meilleur moyen de rendre
hommage au parlementarisme je crois que je touche une corde sensible de
l'ex-député de Johnson c'est de faire de cette
Assemblée une assemblée productive et respectable. Il comprend
donc, ayant vécu ce que je vis, que mon souhait est qu'on se remette au
travail rapidement, puisque nous sommes en période de fin de
session.
Je veux quand même, en ajoutant à ce que mon collaborateur,
le leader de l'Opposition officielle, vient d'offrir. Je voudrais exprimer, au
nom de tous les collègues que je peux sentir autour de moi, à
l'ex-député de Johnson mes meilleurs souhaits.
Quand je suis arrivé ici, M. le Président je vais
évoquer seulement un souvenir; j'ai moins d'années que le
député de Bonaventure je me suis imposé une
règle de tutoyer ceux qui me tutoyaient et de vouvoyer ceux qui me
vouvoyaient, même s'il y a un écart d'âge assez sensible
avec certains des parlementaires, cela dans le but d'avoir un statut
d'égalité avec tout le monde. Un des cas les plus difficiles qui
m'aient été donnés, c'est quand, en 1974, le comté
de Johnson nous a envoyé celui qui nous quitte aujourd'hui. Là,
je sentais disproportionnée ma règle dans les circonstances face
au doyen, mais j'ai quand même tenu bon, M. le Président, et je
pense que cela a non seulement porté fruit dans un sens, mais cela nous
a conduits à une relation que la petite équipe de l'Opposition,
dans la mer rouge de l'époque, nous permettait de développer
jusqu'au plan d'avoir une amitié. C'est à un ami que je souhaite
maintenant une très heureuse retraite. Bonne chance, Maurice, merci.
M. le Président
Le Président: M. Maurice Bellemare, je dois d'abord
prendre acte de votre démission que vous m'avez signifiée en
vertu de deux articles de la Loi de la Législature. Vous avez
utilisé les deux articles, c'est-à-dire l'article 33 et l'article
35 pour démissionner oralement et par écrit. Vous m'avez
déjà fait valoir à plusieurs reprises que, dans un
collège électoral, un doyen avait des privilèges. C'est
notre conviction à tous que, comme doyen, vous avez eu des
privilèges et je dirais même certaines attentions
particulières. Parce que vous êtes le doyen, je voudrais, au nom
de tous mes collègues de l'Assemblée nationale, créer un
précédent et vous accorder une dernière attention
particulière.
En effet, si vous avez réussi à faire installer une statue
pour l'homme que vous avez tant admiré, il me semble que cela vous vaut
bien une médaille. J'ai donc le plaisir de vous remettre, au nom de vos
collègues et en mon nom personnel, la médaille d'argent de
l'Assemblée nationale, l'argent qui symbolise sensiblement vos noces
d'argent comme parlementaire. Des deux côtés de la
médaille, vous retrouverez les symboles de deux institutions pour
lesquelles vous avez toujours eu la plus haute considération; à
l'endroit, le parlement du Québec et, au revers, la présidence de
cette Assemblée personnifiée par son premier président, M.
Panet.
Peut-être, M. Bellemare, auriez-vous préféré
être le premier décoré d'une légion d'honneur
québécoise. Malheureusement, la légion d'honneur est
toujours au feuilleton. Peut-être avez-vous reçu au cours de votre
carrière politique une
médaille comme celle-ci, mais, comme vous disiez si souvent et si
bien: "Trop fort ne casse pas." De toute façon, M. Bellemare, je vous
prie d'accepter ce témoignage que les membres de cette Assemblée
veulent rendre à ce doyen qui, pour s'enlever toute tentation d'un
retour possible au Parlement, a démissionné doublement en vertu
de deux articles de la Loi de la Législature.
M. Maurice Bellemare, pour une dernière fois. (12 heures)
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Je n'ai pas besoin de vous dire l'émotion
profonde que je ressens devant ce témoignage éloquent que vous
venez tous de me rendre.
A vous, M. le Président, le premier, merci du plus profond de mon
coeur de cette marque inestimable du respect que j'ai toujours porté au
parlementarisme et à cet esprit qui doit nous guider dans cette Chambre
comme de véritables et de bons législateurs.
A l'honorable premier ministre, qui a voulu être un peu
pointilleux, je rappellerai un souvenir très émouvant. Il
siégeait à la place où est assis le député
de Maskinongé, parce qu'il y avait eu une rupture de ban avec son parti
dans le temps. Je m'étais levé sur un point un peu particulier
pour le molester très sévèrement. A un moment
donné, j'ai dû dépasser un peu les bornes, il prend son
livre et il dit: "Que le diable vous emporte" et il prend la porte et se
sauve.
J'ai réussi au moins une fois dans ma vie à faire sortir
le premier ministre de la Chambre. Il est revenu à des sentiments plus
nobles, plus gracieux, je pense, parce qu'il m'a voué une amitié
très sincère, malgré qu'il n'aimait pas que je l'appelle
le "PQuiou", mais d'autres aussi. Dans le temps, c'était un peu au
début.
Au député de Lotbinière, qui a eu
l'amabilité de me faire des voeux, merci. Cela ne réglera
peut-être pas tous les enjambages, en tous les cas, une chose certaine,
c'est que l'expression de ses bons sentiments ennoblit le poste qu'il occupe
temporairement.
Au chef du Parti libéral, le député d'Argenteuil,
je dirai qu'il a contribué à ma victoire dans Johnson, parce
qu'après avoir écrit cet éditorial fameux du 26 août
1974, nous l'avons fait publier à grand renfort de publicité,
nous en avons sorti, je pense, 10 000 copies, et avec l'en-tête "II faut
battre les rouges, d'après M. Ryan". Cela a fait un effet
extraordinaire.
Une Voix: Est-ce que cela peut servir encore? Une Voix:L'avez-vous encore?
M. Bellemare: Oui, je l'ai encore. Je vais le publier dans mon
livre. D'ailleurs, je promets un chapitre particulier à certains d'entre
vous. Il y aura dans mon livre un chapitre spécial pour l'Union
Nationale, c'est bien entendu, dans lequel je vais raconter bien des
péripéties, particulièrement en ce qui regarde la caisse
électorale. On avait des gens, dans le temps, qui nous disaient qu'on
était riche à millions, qu'on avait déposé cela en
Suisse. C'était archifaux.
J'ai vécu intensément avec M. Duplessis, parce qu'il a
été mon maître, mon promoteur, mais j'ai vécu
intensément avec M. Johnson, encore plus proche, parce que
c'était mon frère. Je n'ai pas besoin de vous dire que quand M.
Johnson a été exposé dans cette Chambre, j'en ai
réellement pleuré d'amertume de voir disparaître un si
grand homme, qui nous aurait fait énormément de bien.
Je ne veux pas faire de politique ce matin, parce que mon rôle est
terminé irrévocablement, comme dirait si bien le chef de
l'Opposition, mais je pense que, dans le livre que je suis en train
d'écrire, il va y avoir des choses qui vont intéresser
énormément tous les parlementaires, car il y a une foule
considérable d'anecdotes qui n'ont jamais été
contées du temps de M. Duplessis, du temps de M. Johnson, du temps de M.
Bertrand et du temps de M. Sauvé qui vont être relatées,
à part de mes propres expériences.
Je pense remercier le député de Mégantic-Compton,
mon ancien whip, qui a été un peu bavard sur certaines choses qui
se sont passées entre nous, et qui reste un homme que j'admire,
même s'il nous a livré un combat foudroyant au bill no 63. J'ai
été obligé de l'attacher par la patte en arrière
pour le garder dans le parti, parce qu'à ce moment, on en avait perdu
deux, M. Jérôme Proulx et le député de
Rouyn-Noranda, M. Flamand. Dans la nuit, à 2 heures du matin, le
député de Mégantic-Compton était quasiment sur le
bord de s'en aller lui aussi. Je l'ai pris dans le coin...
M. Marx: Vous lui avez fait un mauvais parti.
M. Bellemare: Je lui ai dit: "Take it or leave it!" Prends-le ou
va-t'en! Il m'a regardé et il n'avait pas l'air heureux de cela. D'un
autre côté, sa loyauté et sa fidélité au
parti, dans l'alignement que j'ai connu, a été
véritablement caractéristique.
Je veux dire aussi merci à l'honorable député
d'Anjou. J'ai aimé son père comme un frère, j'ai fait son
élection partielle, je l'ai gagnée et je me souviens des longues
nuits qu'il m'a fait passer. C'était un siroteux! C'était un
homme qui ne prenait presque pas d'alcool, mais il en prenait un petit peu dans
un grand verre. Pour vider ce grand verre, cela prenait des heures, ça
allait jusqu'à 4 heures ou 5 heures du matin. Il me disait: Maurice, on
l'a! On va l'avoir, tu vas voir! Et il l'a eu, on l'a eu!
Quand M. Levesque est arrivé ici, dans cette Chambre, l'honorable
leader parlementaire de l'Opposition officielle, M. Duplessis m'a dit quelque
chose que j'ai retenu et que j'ai cité dans mon livre, d'ailleurs:
Méfie-toi du député de Bonaventure, c'est un
enjôleur! L'honorable député de Bonaventure était un
enjôleur. Vous avez vu aujourd'hui encore comme il ne s'est pas beaucoup
amélioré!
Merci au député de Vanier. Je l'ai moi-même
rencontré ce matin avant la séance pour que je puisse partir en
paix avec lui et avec tous les autres, mais que je puisse partir en paix. Cela
a
peut-être été celui, mon vis-à-vis, sur
lequel j'ai peut-être un peu plus pesé sur le "piton". Il
comprendra que dans le déroulement des séances, il est
déjà arrivé des incidents malheureux, mais en tous les
cas...
Le député de Bonaventure m'a dit de voter... pas de voter,
mais d'avoir une allégeance un peu libérale pour devenir rose et
éviter le bleu. Le bleu, ça ne m'intéresse pas. L'Union
Nationale m'intéresse comme parti provincial, comme parti strictement
provincial, mais le bleu ne m'intéresse pas. Je ne dis pas que le
rouge... Je n'ai pas blasphémé contre les libéraux, mais
pour ne pas blasphémer, j'avais employé un slogan qui a fait bien
du bien et a creusé des sillons.
Le leader parlementaire du gouvernement a été très
heureux dans ses phrases et je le remercie. Je l'ai connu quand il est
arrivé. Oh! M. le Président, quel fringuant! Quel homme
épouvantable! C'était une espèce de boumerang! Dieu
sait... Je vous inviterais à relire certains discours qu'il a faits dans
cette Chambre dans le journal des Débats. Il a déjà
abimé un ministre du Travail assez que j'ai été
obligé de me lever, après son intervention, pour lui dire:
Ecoutez, mon cher député, soyez plus parlementaire,
ménagez vos expressions. Vous êtes un jeune "pee wee", vous
êtes en train de nous prouver que vous manquez de limite. Le
député, après, est venu me voir pour me dire: Tu penses
que je suis allé un peu trop loin? Je lui ai répondu: Pas
seulement un peu trop loin, trop loin! Il s'est bien amendé depuis ce
temps. C'est un exemple pour les jeunes. Vous voyez aujourd'hui un leader qui
n'a pas trente ans, qui est le leader d'un gouvernement, qui a des
difficultés inouies mais qui, de par sa formation et son travail, fait
que les séances se poursuivent selon le rôle parlementaire et qui
donne un exemple frappant de ce que peut devenir un jeune. Honneur et gloire
à vous! Je pense que vous méritez qu'on vous le dise, ce
matin.
Je souhaite, en terminant, n'avoir oublié personne. Quant
à l'honorable député de Pointe-Claire, je n'ai pas besoin
de vous dire combien je l'estime, c'est mon dentiste! C'est toujours avec un
oeil serein, sans peur ni reproche, que j'entre dans son immense cabinet de
travail... comme dentiste.
M. le Président, je vous remercie de l'insigne honneur que tous
m'ont fait, par votre voix, en me gratifiant de ce souvenir
irremplaçable. C'est une carrière qui se termine, c'est une page
de l'histoire qui se tourne, comme le disait le député de
Lotbinière, c'est la fin d'une époque, mais je le fais avec
beaucoup de sérénité, je quitte cette Assemblée en
remerciant encore du plus profond de mon coeur tous mes collègues qui
m'ont permis d'être ce que je suis. Adieu, au revoir et, comme je l'ai
dit dans mon discours, mission accomplie! (12 h 10)
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
L'enregistrement des noms sur les votes en suspens; il n'y a pas de vote
en suspens aujourd'hui. A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le leader parlementaire du gouvernement, honneur et gloire à
vous aux affaires du jour.
Avis à la Chambre
M. Lalonde: ... le temps des honneurs, est-ce que je peux poser
une question en vertu de l'article 34?
M. Charron: Bien sûr.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: On nous a avisés que c'était
l'intention du gouvernement de faire siéger la commission parlementaire
de l'éducation sur le projet de loi no 71 cet après-midi.
Peut-être ignore-t-il que le ministre de l'Education, ainsi que les
représentants de l'Opposition, siègent à la commission
municipale pour adopter les articles dans le projet de loi no 57 qui
intéressent le monde de l'éducation. Est-ce qu'il pourrait nous
donner la chance de terminer l'adoption de ces articles avant de nous
déplacer pour aller à la commission de l'éducation?
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je dois vous dire très
franchement et honnêtement que mon programme de la journée subit
de très profondes modifications. Je m'attendais que le projet de loi no
17 on me dit qu'une quarantaine d'articles demeurent à être
adoptés aurait pu être terminé; maintenant, je dois
y renoncer pour ce moment-ci et plutôt prévoir qu'ils vont se
réunir cet après-midi. Je proposerais plutôt,
immédiatement, si vous le permettez, M. le Président je
viens de faire une brève consultation en vue d'établir un
programme cohérent où certaines demandes de travail pourraient
être incluses comme celle que vient de formuler le député,
pour aujourd'hui, que la Chambre suspende ses travaux jusqu'à 14 heures;
autrement dit, qu'on aille au lunch immédiatement et qu'on accepte de
prendre l'heure qui nous resterait pour l'ajouter à la séance de
cet après-midi. Dès 14 heures, lorsque nous nous réunirons
ici, nous serons en mesure d'indiquer les commissions parlementaires à
venir et le menu du jour qu'il va me falloir recuisiner avec celui que j'ai
appelé mon collaborateur, le député de Richmond, tout
à l'heure.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Cela veut dire que les demandes en vertu de
l'article 34, on pourra les faire à 14 heures?
M. Charron: Vous êtes peut-être mieux de les faire
tout de suite si cela doit avoir un effet sur l'organisation des travaux.
M. Raynauld: Très bien. Merci, M. le Président. Il
s'agit de la commission parlementaire sur la SGF et Pétromont. On sait
qu'en vertu de la loi de la SGF, il doit y avoir un débat sur une
directive
qui a été donnée. Ce débat, je ne sais plus
s'il pourra avoir lieu, mais c'est un débat qui est nécessaire.
Je voudrais savoir si, dans le programme que prépare le leader du
gouvernement, ce débat est prévu et si on aura un temps
raisonnable pour le faire puisque, si c'est un débat sur une directive
qui a été donnée, il me semble qu'il faudrait
prévoir une période de temps convenable.
M. Charron: M. le Président, je vais répondre d'une
manière affirmative au député d'Outremont. La commission
de l'industrie et du commerce doit, de toute façon, d'ici l'ajournement
de la session, se réunir à nouveau pour étudier article
par article le projet de loi sur SIDBEC. Nous profiterons probablement du fait
qu'elle est réunie pour lui demander, dans un second mandat, de mettre
fin à la séance c'est-à-dire ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce avait demandé
ce que j'avais accepté, parce que cela me semblait légitime comme
demande. Les autorités de la SGF ayant été entendues dans
une précédente séance, le député demandait
quelques minutes, me disant même: une séance seulement, pour faire
le point entre députés, par la suite, sur le mandat en question.
Ce qui fait que, dans ce sens, on pourra donner un mandat double à la
commission de l'industrie et du commerce lorsqu'elle se réunira.
Le Président: M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, en vertu de l'article 34, je
voudrais demander au leader du gouvernement s'il a l'intention d'apporter le
projet de loi privé inscrit à l'article h) de notre feuilleton,
parce que ce projet de loi est d'une extrême importance puisqu'il touche
des investissements de l'ordre de $300 millions. J'aimerais que les membres de
cette Chambre soient sensibilisés à ce sujet.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: D'accord, je vérifie cette question pendant
l'heure du lunch. Je pourrai ensuite fournir la réponse au
député.
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: En vertu de l'article 34, je rappelle au leader au
gouvernement que, la semaine dernière, je lui posais une question au
sujet des questions posées au feuilleton auxquelles on tarde à
répondre. Certaines de ces questions s'adressaient au ministre de
l'Agriculture et n'étaient pas trop longues à répondre,
une dizaine de lignes. Malheureusement, cela fait déjà deux mois
et on n'a pas de réponse. Comme la session va se terminer bientôt,
j'aimerais savoir si on a l'intention de donner des réponses avant la
fin de la session ou s'il faudra revenir après les Fêtes avec les
mêmes sujets.
M. Charron: Je prends avis de la question, M. le
Président. Je vérifierai. Oui, quoi?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, je vais donner plusieurs
réponses demain, mais je vous ferai remarquer qu'il y a des questions au
feuilleton qui ont des pages de longueur. On demande des détails sur des
procédures.
M. Picotte: Dix lignes.
M. Garon: Non, ce n'est pas dix lignes. Regardez, ce sont des
pages de longueur. La plupart ont été posées à la
fin de novembre, le 27 novembre, et il y aura des réponses
données demain qui sont en train d'être dactylographiées.
Je les ai vues hier.
M. Charron: Pourrais-je proposer, M. le Président, la
suspension jusqu'à 14 heures?
Le Président: La motion sera-t-elle adoptée? Une
Voix: Adopté.
Le Président: Adopté. L'Assemblée suspend
ses travaux jusqu'à 14 heures.
Suspension de la séance à 12 h 22
Reprise de la séance à 14 h 8
La Vice-Présidente: A l'ordre, mesdames et messieurs!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Conformément à l'engagement que j'ai
pris lors de la suspension des travaux, je voudrais donner maintenant
l'indication suivante. Cet après-midi, l'Assemblée s'adonnera
successivement à la prise en considération du rapport sur le
projet de loi 74, à la deuxième lecture du projet de loi 65 et du
projet de loi 68, au nom du ministre du Revenu, ainsi qu'à leur adoption
en commission plénière, par la suite, à la deuxième
lecture du projet de loi 66 qui est à mon nom, ainsi que la commission
plénière, et la commission plénière du projet de
loi 72 sur l'énergie et les ressources.
Je m'en tiens donc au programme tel qu'annoncé hier et que
connaissait déjà l'Opposition. Ce qui est modifié, c'est
le travail des commissions parlementaires que j'avais annoncées
hier.
Cet après-midi, je voudrais faire motion pour que siègent
immédiatement, et jusqu'à 18 heures, la commission des affaires
municipales sur le projet de loi 57, la commission du travail et de la
main-d'oeuvre sur le projet de loi 17.
Je fais motion également pour que, ce soir, de 20 heures à
24 heures ou plutôt, je devrais en donner avis, puisque la Chambre
ne siégera pas ce soir siègent trois commissions
parlementai-
res, soit cette des affaires municipales, comme toujours, celle de
l'éducation, pour le projet de loi 71, à la salle 81-A, et celle
de l'agriculture, pour les projets de loi 75 et 54, qui ont été
déférés hier à la salle 91-A. (14 h 10)
Le menu que j'ai indiqué pour l'Assemblée, après
consultation auprès de l'Opposition, me permet de croire très
légitimement, à cause du caractère peu contesté de
ces lois, que nous pouvons achever ce travail vers 18 heures, ce qui me
permettra de convoquer trois commissions parlementaires et de donner un souffle
à l'Assemblée, après les séances qu'elle vient de
connaître.
Je donne tout de suite avis que, demain matin, de dix heures à
treize heures, trois commissions parlementaires se réuniront, soit, au
salon rouge, celle des affaires municipales, pour le projet de loi 57, à
la salle 81-A, la commission de l'éducation pour le projet de loi 71 et
à la salle 91-A, la commission de la justice sur les projets de loi 48
et 52 qui lui ont été déférés vendredi
dernier. La Chambre ne se réunira qu'à quinze heures, au moment
où auront lieu les déclarations ministérielles attendues
et la période de questions, demain après-midi.
De même, je dois indiquer, Mme la Présidente, qu'un
consentement a été accordé par l'Opposition à ce
que la commission de l'industrie et du commerce entame à tout le moins
cet après-midi son travail sur le double mandat qui est le sien, de
mettre un point final à sa discussion sur le nouveau mandat de la SGF et
l'étude article par article du projet de loi de SIDBEC. Je consens, en
échange du consentement que j'ai reçu, dans un échange de
bons procédés, que cette commission n'entame son travail que
lorsque nous aurons disposé des lois fiscales ici, puisque le
député d'Outremont est le porte-parole de son parti en cette
matière et qu'il est aussi le représentant à la
commission. Je donne avis que, dès que les lois fiscales seront
terminées cela ne devrait pas tarder, puisque ce seront les
premières à être appelées tout à l'heure
la commission de l'industrie et du commerce se réunira à
la salle 91 pour faire son travail, comme je viens de l'indiquer.
Je vous prierais donc, Mme la Présidente j'ai perdu mes
numéros du feuilleton d'appeler d'abord la prise en
considération..
La Vice-Présidente: D'abord la motion, M. le leader.
M. Charron: Ah oui! De mettre aux voix mes motions, je m'excuse,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: La motion, la partie de l'intervention
du leader parlementaire du gouvernement qui considère les séances
de commissions parlementaires est-elle adoptée?
M. Lalonde: Excusez-moi, Mme la Présidente. J'aurais
seulement une question. On a déjà entamé l'étude
article par article du projet de loi 71.
Dans l'hypothèse où les quatre heures de ce soir
suffiraient pour l'adoption de tous ces articles, le leader changerait-il ses
avis pour ce qui concerne les commissions parlementaires de demain matin, 10
heures?
M. Charron: Volontiers, si j'en avais l'assurance, Mme la
Présidente.
M. Lalonde: Je ne peux pas en donner l'assurance, mais on a quand
même plusieurs articles d'adoptés et j'imagine qu'après
quatre heures, on aurait... Enfin, dans l'hypothèse où ce serait
fait.
M. Charron: Non, si c'était fini ce soir, je ne vois pas
ce que je pourrais faire d'autre demain matin. Il n'y aurait que deux
commissions à ce moment-là qui se réuniraient plutôt
que trois. Tant mieux, cela donnera à d'autres personnes le temps de
prendre leur souffle.
La Vice-Présidente: La motion est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Motion adoptée.
M. Charron: Je vous prierais, Mme la Présidente, d'appeler
la prise en considération du rapport...
M. Marchand: En vertu de l'article 34, je voudrais demander au
leader parlementaire si la commission des engagements financiers siégera
en janvier. Si je pose la question aujourd'hui, c'est peut-être pour vous
donner le temps, d'ici jeudi ou vendredi, de consulter et de nous donner la
réponse voulue.
M. Charron: Mme la Présidente, la tradition, chacun le
sait, veut que cette commission se réunisse le dernier jeudi, à
tout le moins dans la dernière semaine du mois. J'ai appris, il y a
quelques heures, je pense que c'est hier, que, précisément en ce
moment, le ministre responsable n'est pas disponible. Il faudrait donc
s'attendre que ce soit plutôt dans la première semaine de
février, mais j'en donnerai l'indication avant l'ajournement de
l'Assemblée.
La Vice-Présidente: M. le député de Richmond
et leader de l'Union Nationale.
M. Brochu: Mme la Présidente, une question concernant le
dépôt d'un projet de loi qui a été fait tout
dernièrement, le projet de loi 85, concernant la Loi modifiant la Loi
sur la société de développement coopératif. Est-ce
l'intention du gouvernement de l'appeler avant la fin de la session, en
deuxième et troisième lecture pour lui faire franchir les
étapes de l'adoption, quitte à avoir le consentement unanime?
M. Charron: Si j'avais l'assurance que ce projet de loi ne
mettait pas en péril d'autres lois déjà avancées,
du fait que les députés décideraient de leur accorder du
temps, bien volontiers; mais j'ai mis toutes les réserves d'abord
à terminer le programme déjà entamé depuis
plusieurs semaines avant de nous lancer dans une autre loi. Je ne
l'écarte pas. Je pose simplement cette condition.
M. Shaw: Mme la Présidente, relativement à 34, vous
savez qu'avec le dépôt des projets de loi 17 et 71, avec les
règlements, vous avez le consentement unanime pour que les
procédures puissent être complétées avant la fin de
la session. Est-ce que vous n'avez pas eu une conversation avec le leader pour
que mon consentement soit accordé?
M. Charron: Je sais, mais je ne croyais pas avoir encore atteint
ce point. Je n'écarte pas le plaisir que j'aurai à discuter avec
le député de Pointe-Claire, mais je crois que je ne suis pas
encore rendu à cette période réjouissante.
M. Levesque (Bonaventure): Mon collègue d'Outremont me
fait remarquer qu'il est possible que le projet de loi 71, et cela,
d'après les indications... Oui?
M. Charron: Après la SGF.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, demain matin.
M. Charron: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on pourrait s'entendre pour
cela d'ici la fin de l'après-midi, parce que...
M. Charron: Si j'avais l'assurance de mon excellent ami, de mon
collaborateur c'est le député de l'Opposition qui
siège à la commission de l'éducation, je pense qu'il le
dit lui-même, il doit parler en connaissance de cause qu'advenant
qu'à minuit ce soir, ils n'ont pas terminé le projet de loi 71,
mais que celui-ci, pour permettre à son collègue d'avoir ce qu'il
veut, acceptait de prolonger quelque peu donc le projet de loi 71 serait
terminé ce soir je donnerais avis que la commission de
l'industrie et commerce se réunisse demain matin, à la place de
celle de l'éducation que j'ai annoncée tout à l'heure.
La Vice-Présidente: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Merci, madame. Je ne sais pas si...
Evidemment, on prend des courts-circuits de temps en temps, en fin de session.
Est-ce qu'on ne pourrait pas, conditionnellement à cette
éventualité, l'annoncer tout simplement? Autrement dit, si la
salle est libre demain matin, la commission de l'industrie et du commerce
pourrait siéger.
La Vice-Présidente: Un avis conditionnel, M. le
leader?
M. Charron: D'accord, un avis conditionnel. Je modifie donc
l'avis que j'ai donné tout à l'heure. Je m'attends que le projet
de loi 71 soit terminé ce soir, en lisant entre les lignes de ce que
vient de dire le député de Bonaventure. Je donne donc avis que
demain, plutôt que la commission de l'éducation que j'ai
indiquée tout à l'heure sur le projet de loi 71, ce soit la
commission de l'industrie et du commerce sur le nouveau mandat de la
Société générale de financement.
La Vice-Présidente: Est-ce que vous disiez que, si,
à ce moment-là, 71 n'était pas terminé, ce serait
71?
M. Charron: Non, il va être terminé, madame; il va
être terminé.
M. Levesque (Bonaventure): On pourrait faire les annonces
immédiatement pour 71.
La Vice-Présidente: Bon! Alors, M. le leader...
M. Charron: Les collègues, membres de la commission de
l'industrie et du commerce, ne sont pas pour rester en "stand-by" ici
jusqu'à minuit pour voir si 71 finit ou ne finit pas. Ils vont faire
ça?
M. Levesque (Bonaventure): Ils vont téléphoner.
M. Charron: Ils vont téléphoner et vous voulez que
moi, à minuit ce soir, je téléphone à tout le monde
aussi pour le leur dire? Cela ne me tente pas beaucoup.
Une Voix: Cela n'a pas de bon sens.
M. Charron: Soyons pratiques. On essaie de rendre service.
M. Brochu: Mme la Présidente, ce serait plus clair
d'établir les positions de façon définitive pour savoir
à quoi s'en tenir. Si j'ai compris le sens de l'intervention du
député de Marguerite-Bourgeoys et les propos du leader du
gouvernement, c'était l'intention arrêtée de l'Opposition
officielle, je pense, de mettre fin aux travaux ce soir.
M. Levesque (Bonaventure): La seule réserve que j'avais
concernait justement le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Brochu: En ce qui nous concerne, Mme la Présidente, je
suis prêt à ce qu'on fasse le nécessaire pour terminer ce
soir, de sorte qu'on puisse enclencher demain matin la commission sur la
SGF.
M. Charron: Je maintiens l'avis que c'est la commission de
l'industrie et du commerce qui se
réunit demain, madame, parce que j'ai confiance en la bonne
volonté de tout le monde.
La Vice-Présidente: Alors, M. le...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant...
La Vice-Présidente: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... Mme la Présidente, si vous
le permettez! Le leader du gouvernement a mentionné la
pétrochimie, je crois, ou la SGF, mais je pense bien que ce sera l'une
ou l'autre, parce que, si SIDBEC n'était pas terminée, on
pourrait continuer sur SIDBEC. C'est la même commission, d'ailleurs.
M. Charron: Ah oui! d'accord.
La Vice-Présidente: M. le leader parlementaire du
gouvernement, vous appeliez la prise en considération d'un rapport. Il
s'agit de quelle commission, s'il vous plaît!
M. Charron: Du rapport de la commission sur le projet de loi no
74, madame, les affaires municipales.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 74
La Vice-Présidente: Prise en considération du
rapport de la commission permanente des affaires municipales qui a
étudié le projet de loi no 74, Loi modifiant le Code municipal et
la Loi sur les cités et villes concernant les ententes intermunicipales.
Alors, il y avait un amendement de M. le député de Laval?
M. Tardif: Mme la Présidente, j'aurais aussi... La
Vice-Présidente: M. le ministre.
M. Tardif: ... deux ou trois petits amendements techniques.
Peut-être pourrais-je laisser le député de Laval nous
présenter son amendement. Moi, j'ajouterai ceux que je désire
apporter et qui seront purement de forme. (14 h 20)
La Vice-Présidente: II y aurait des amendements de M. le
ministre des Affaires municipales, mais des amendements de forme seulement.
M. le député de Laval, sur votre motion d'amendement.
M. Lavoie: Mme la Présidente, lorsque la commission des
affaires municipales a siégé pour étudier article par
article le projet de loi no 74, Loi modifiant le Code municipal et la Loi des
cités et villes concernant les ententes intermunicipales, le ministre
responsable du projet de loi a apporté un amendement se lisant comme
suit: "L'article 413 de la Loi des cités et villes est modifié
par l'addition, à la fin, du paragraphe suivant: 32, "Pour ordonner des
travaux d'endiguement dans le but de protéger en tout ou en partie la
municipalité contre les inondations, permettant aux municipalités
de faire des ententes entre elles pour bâtir de tels travaux et en somme,
protéger le territoire de ces municipalités contre les
inondations".
Je crois que cet amendement est bien fondé et procurera aux
municipalités un outil additionnel pour s'entendre entre elles et avec
les municipalités voisines pour ériger de tels travaux. Par
contre, j'ai eu des représentations pour une ville du comté de
Deux-Montagnes entre autres, je crois que c'est la ville de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac, qui avait un projet de loi privé en
préparation. Il avait d'ailleurs été soumis ici aux
légistes, mais la Chambre n'a pas encore été saisie de ce
projet de loi. Je ne sais pas si on le sera à la reprise de la session,
mais tout ce que je demande au ministre, c'est si l'amendement qu'il apporte
met fin à des procédures judiciaires. Je ne pense pas que ce soit
le rôle du... Dans le cas de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, la
municipalité a procédé à certaines expropriations
et certains travaux possiblement, dans le but de faire des digues.
C'est très bien, mais il faut que la municipalité ait ses
droits. Il y a un citoyen de cette municipalité qui a pris des
procédures légales à la Cour supérieure contestant
le droit à la municipalité d'exproprier et de faire ces travaux,
ce droit n'étant pas prévu dans la Loi des cités et
villes. Je voudrais avoir l'assurance aujourd'hui que l'amendement que le
ministre apporte à la Loi des cités et villes ne met pas fin ou
ne s'ingère pas dans les procédures, dans les instances
judiciaires en cour parce que ce ne serait pas sain, je crois, pour le
Parlement de voter des lois avec un effet rétroactif et que le
législatif s'ingère dans le judiciaire. Il faut que ces
procès se déroulent normalement, que les tribunaux se prononcent,
que les villes, comme Sainte-Marthe entre autres, aient ce droit à
l'avenir, maintenant, comme d'autres municipalités. Laval, entre autres,
pourrait le faire même si elle n'en a pas besoin, parce que l'île
Jésus ne forme qu'un territoire, et je crois que c'est très bien
que les municipalités puissent avoir ce pouvoir. La seule réserve
que j'ai à la suite de l'amendement proposé par le ministre,
c'est que je ne voudrais pas que cet amendement ait un effet rétroactif
et puisse permettre une ingérence du législatif dans le
judiciaire. C'est la raison pour laquelle j'ai proposé un amendement au
rapport qui se lit comme suit: Que cette disposition l'amendement du
ministre qui donne justement ces pouvoirs aux municipalités, et j'ajoute
n'affecte pas les causes pendantes à la date d'entrée en
vigueur de la présente loi. J'aimerais avoir cette assurance du ministre
des Affaires municipales. C'est le but de mon amendement.
La Vice-Présidente: Sur la motion d'amendement, M. le
ministre.
M. Tardif: Mme la Présidente, je voudrais rassurer
immédiatement le député de Laval et les
autres membres de cette Chambre et dire que l'article 13 de la loi,
telle qu'elle a été adoptée en deuxième lecture et
lors de l'étude article par article, dit bien que cette loi entre en
vigueur le jour de sa sanction, ce qui implique qu'il n'y a aucun effet
rétroactif à cette loi. C'est vrai, Mme la Présidente, que
j'ai déclaré en commission parlementaire et en deuxième
lecture, sur le principe de cette loi, qu'elle visait à nous
éviter, dans toute la mesure du possible, d'avoir à sanctionner
des projets de loi privés, de faire en sorte, dis-je, qu'une loi-cadre
vienne permettre aux municipalités de signer entre elles des ententes
pour les fins de leur compétence en matière de protection,
d'endiguement contre les inondations. Le but très net et très
clair, c'est de permettre à des municipalités de s'entendre.
Deuxièmement, Mme la Présidente, de s'entendre dans un
nouveau cadre légal à partir de l'entrée en vigueur de la
loi, aujourd'hui, si elle est sanctionnée aujourd'hui, ou demain, si
elle l'est demain, ou le 1er janvier si elle l'est à cette date. Donc,
aucun effet rétroactif. Si bien que, tout en comprenant le sens de la
question du député de Laval et tout en connaissant d'ailleurs le
dossier puisqu'en effet, c'est vrai qu'une des municipalités dans cette
région du lac des Deux Montagnes a fait une requête pour un bill
privé justement pour essayer de régler par le biais d'une loi
spéciale son problème, je dis: Nous n'allons pas
rétroactivement régler les problèmes de cette nature.
Nous allons tout simplement permettre, à l'avenir, qu'une
loi-cadre existe pour permettre des ententes et laisser les tribunaux s'occuper
de tout cas de contentieux qui pourrait exister entre deux municipalités
ou entre des citoyens et municipalités avant l'entrée en vigueur
de cete loi. De l'avis de nos légistes à qui j'ai soumis le
problème justement à la suite de l'amendement du
député de Laval que j'avais eu il y a quelques jours
déjà, ceux-ci sont unanimes à dire: Si la loi 74 avait
comporté un article déclaratoire à savoir que cette loi
avait effet rétroactivement ou qu'elle aurait dû, dans le cas
d'une loi existante, interpréter de telle manière depuis telle
date, ceci aurait pu avoir pour effet de venir interférer avec le
processus judiciaire.
Ce n'est aucunement le cas ici. On prévoit pour l'avenir que les
causes pendantes suivent leur cours normal et de ce point de vue, on m'assure
que sans ajouter un iota au projet de loi no 74, l'objectif visé par le
député de Laval est atteint.
Mme la Présidente, à mon tour on me permettra d'apporter
trois courts amendements purement de forme, qui sont beaucoup plus des
problèmes de...
La Vice-Présidente: Si vous le permettez, nous pourrions
peut-être voter sur la motion d'amendement immédiatement et voir
ensuite. Cette motion du député de Laval...
M. Lavoie: Si le ministre m'assure que ses légistes lui
donnent l'assurance que ce projet de loi n'a aucun effet rétroactif, que
les tribunaux vident la question, qu'ils rendent le jugement suivant leur
compétence et que les municipalités, à partir de
l'adoption de la présente loi, auront le pouvoir seules d'ériger
des digues pour protéger les citoyens contre les inondations ou autres,
ou de signer des ententes avec leurs voisines, je suis d'accord. Avec cette
assurance du ministre, je retire ma motion d'amendement. (14 h 30)
La Vice-Présidente: II y a retrait.
M. le ministre.
M. Tardif: Mme la Présidente, je remercie le
député de Laval.
La Vice-Présidente: M. le ministre, s'il vous plaît!
Je me dois de demander si nous avons le consentement unanime à la
présentation des amendements de M. le ministre.
M. Lavoie: Ecoutez, nous allons offrir notre collaboration au
ministre, mais, avant de donner notre consentement, je voudrais bien qu'on
prenne connaissance des amendements.
La Vice-Présidente: M. le ministre, allez-y donc!
M. Tardif: Mme la Présidente, je propose une modification
à l'article O qui vise à corriger une erreur purement technique,
attendu que la section devrait être numérotée, en chiffres
romains, XVIA au lieu de XVIIA. Donc, il y a un I, en chiffres romains, de
trop. La section devrait être numérotée... Je pourrais le
faire formellement comme cela devrait être. "Que l'article O du projet de
loi 74 adopté par la commission soit modifié de façon
à remplacer les mots "section XVIIA" par les mots "section XVIA".
D'accord?
M. Lavoie: Vous approuvez en vrac, Mme la Présidente.
M. Tardif: La deuxième, Mme la Présidente, consiste
à modifier le rapport de la commission permanente des affaires
municipales qui a étudié article par article le projet de loi 74,
dans le sens suivant: "Que l'article 492ay du Code municipal,
édicté par l'article 1 du projet de loi et adopté avec
modifications par la commission, soit de nouveau modifié par le
remplacement, dans la première ligne, de "25, 26 et 27" par les chiffres
"22 à 27, 85 et 86.
Dans cet amendement, Mme la Présidente, qui est apporté
à l'article 1, je demande il y a substantiellement la même
chose à l'article 3 que le rapport de la commission permanente
des affaires municipales qui a étudié article par article le
projet de loi 74 soit modifié pour dire que l'article 468.50 de la Loi
des cités et villes édicté par l'article 3 du projet de
loi et adopté après remplacement par la commission soit
modifié par le remplacement, au début du paragraphe 3 des
articles 25, 26 et 27 par 22 à 27, 85 et 86; enfin.
Mme la Présidente, que l'article 10 du projet de loi 74 soit
modifié par le remplacement, dans l'avant-dernière ligne de
l'article 36 proposé, du mot "évaluation" par le mot
"évacuation".
On parlait, Mme la Présidente, de l'évaluation des eaux
usées, c'est une coquille; on aurait dû pouvoir lire
l'évacuation.
La Vice-Présidente: Consentement à la
présentation des motions d'amendement.
M. Lavoie: Nous allons donner notre consentement, mais il
faudrait considérer que c'est une procédure un peu exceptionnelle
qu'on fait actuellement. Vous savez, notre règlement dit bien que, si on
a des amendements à apporter au rapport, il faut que cela se fasse la
journée où le rapport est déposé. J'assure le
ministre de notre consentement, du moins au nom de l'Opposition officielle.
C'est là justement je dois le souligner le danger
d'adopter de la législation à la vapeur et de la
législation bâclée à la fin d'une session.
On a l'expérience actuellement, Mme la Présidente, du
projet de loi 74 qui a treize articles seulement. Vous voyez, on est
obligé de demander le consentement de la Chambre pour amender le
rapport, parce que cela a peut-être été adopté un
peu à la vapeur en commission, les numéros ne sont pas les bons,
la concordance n'est pas bonne, ainsi que les sous-paragraphes.
Je me demande ce qui va arriver avec un projet de loi que la commission
des affaires municipales étudie présentement, le projet de loi no
57 sur la fiscalité municipale, où il y a au-delà de 540
articles et où, jusqu'à maintenant, nous sommes rendus,
j'imagine, à près de 150 amendements. Le projet de loi, je vous
garantis que celui qui peut le comprendre au moment où je vous parle,
qu'on lui dise honneur et gloire, parce que c'est quasiment impossible de s'y
retrouver. Vous savez, lorsqu'un projet de loi très technique fait
référence à deux articles antérieurs et trois
articles postérieurs et que les deux articles antérieurs et les
trois articles postérieurs ont déjà subi des amendements
en cours de route, je souhaite bonne chance au ministre, à tous les
légistes et au secrétariat des commissions qui devront, lorsque
nous aurons terminé l'étude de ce projet de loi en commission,
des 500 articles avec au-delà de 150 amendements, des articles suspendus
et des articles renumérotés, en saisir la Chambre peut-être
demain, à l'étape du rapport et de la troisième lecture.
C'est un projet de loi qui affecte tous les citoyens au Québec, toutes
les commissions scolaires et toutes les municipalités, cela va
être du propre. Je souhaite bonne chance à tout le monde. Je donne
mon consentement en ce qui concerne le projet de loi 74.
La Vice-Présidente: Consentement à ce que les
amendements soient proposés. Seront-ils adoptés? Adopté.
Le rapport sera-t-il adopté? Adopté.
M. Charron: Troisième lecture?
M. Lavoie: Consentement.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Consentement à ce que la
troisième lecture soit faite immédiatement. La proposition de
troisième lecture du projet de loi sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. Charron: Mme la Présidente, j'invite nos
collègues de Crémazie et de Laval à reprendre l'important
travail duquel nous les avons retirés pour quelques minutes.
M. Lavoie: Notre loge, avec billet de saison, est
réservée.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler... Je regrette, madame, je
n'ai plus mon feuilleton. Ce sont les projets de loi au nom du ministre du
Revenu. Je n'ai pas le numéro au feuilleton.
Projet de loi no 65 Deuxième lecture
La Vice-Présidente: Les projets de loi 65 et 68, je les
retrouve, M. le leader. M. le ministre du Revenu propose que soit maintenant lu
la deuxième fois le projet de loi no 65, Loi modifiant la Loi concernant
la taxe sur les carburants.
M. le ministre.
M. Michel Clair
M. Clair: Mme la Présidente, le projet de loi no 65, dont
je propose aujourd'hui l'adoption en deuxième lecture apporte certains
amendements à la Loi concernant la taxe sur les carburants.
Malgré la nature brûlante de ce sujet, qui est en grande partie
responsable du déclenchement d'élections générales
au Canada, vous pourrez constater que la modestie, malgré leur
utilité, de ces amendements, ne devrait pas entraîner le
Québec dans des élections générales.
Cette loi, entrée en vigueur en juillet 1973, réglemente
l'utilisation du mazout non taxable ou taxable à taux réduit. La
pratique nous a démontré qu'il subsistait dans la loi certaines
lacunes et certaines imprécisions que le présent projet de loi
entend corriger.
Le projet de loi no 65 a donc pour premier but d'éclaircir la loi
existante, d'abord par des définitions. Comme vous le savez, le
problème principal auquel ont à faire face les administrateurs
d'une taxe sur les carburants est celui de la similitude entre le mazout
taxé servant au moteur diesel et le mazout non taxé
utilisé comme huile à chauffage. La coloration de celui-ci n'a
pas mis fin aux fraudes qui, dans le passé, ont coûté des
millions de dollars aux contribuables québécois, parce que les
tribunaux avaient tendance à définir le mazout coloré
comme du mazout contenant un pourcentage précis de colorant, tel
qu'établi par règlement. La nouvelle définition que je
propose
prévoira donc, pour éviter le mélange des mazouts,
puisque la manutention des deux sortes de mazouts doit être
séparée, qu'il suffit d'une quantité quelconque de
colorant pour faire du mazout du mazout coloré au sens de la loi.
La définition d'un poste d'essence a elle aussi été
corrigée, afin d'en exclure des postes en vrac qui stockent et vendent
aussi bien du mazout coloré que des carburants imposables, ce qui est
interdit aux stations-service. (14 h 40)
Enfin, l'article 5 de la loi a été modifié afin de
le rendre plus précis. Plutôt que de prévoir le
remboursement de la taxe sur l'essence qui a servi disait l'ancien texte
au fonctionnement de machinerie agricole employée exclusivement
pour des travaux d'agriculture, on rembourserait, si le projet de loi est
adopté, la taxe sur l'essence qui a servi au fonctionnement de machine
agricole, mais seulement pendant que cette machinerie était
employée pour des travaux d'agriculture. C'est donc dire que
l'agriculteur pourra utiliser une de ces machines seulement de temps à
autre à des fins agricoles et bénéficier, pendant le temps
précis où elle sert à ces fins, du remboursement de la
taxe sur le carburant. C'est donc un élément de souplesse qu'on
introduit.
D'autre part, des difficultés d'application dues à la
complexité de la technologie et certains problèmes pouvant se
poser dans des cas d'éloignement ou d'isolation m'ont amené
à proposer un pouvoir réglementaire d'exempter certains
carburants dans des circonstances bien spécifiques; par exemple,
lorsqu'il est techniquement impossible d'éviter une infraction. Si, par
exemple, un tracteur diesel alimenté en mazout coloré par un
agriculteur est vendu à un entrepreneur, il peut être
techniquement impossible de le vider complètement et l'entrepreneur
ainsi commettrait une infraction pendant un certain temps.
D'autre part, suivant en cela à l'expérience des
années écoulées depuis 1973, le projet de loi no 65
apporte diverses précisions sur le stockage, la possession et la
manutention du mazout coloré. Il décrit, de façon plus
détaillée et précise, les infractions découlant de
la loi, leurs conséquences pour le propriétaire et le locataire
d'un véhicule automobile. Il crée une échelle de peine qui
baisse la première peine minimale, alors que les peines minimales
suivantes sont augmentées pour les récidivistes. De plus, des
modifications sont apportées aux règles de preuve afin de rendre
la procédure moins coûteuse.
Enfin, l'article 53 de la loi est amendé afin d'étendre
aux vendeurs en gros la compensation pour les pertes par évaporation
accordée actuellement aux vendeurs au détail seulement. On
comprendra tous, Mme la Présidente, qu'il s'agit ici d'un
élément de discrimination que nous voulons faire
disparaître à l'égard des vendeurs en gros.
Je terminerai, Mme la Présidente, en soulignant que cette loi a
pour but d'assouplir l'administration de la Loi concernant la taxe sur les
carburants, d'en faciliter l'interprétation par ceux qui ont droit
à l'exemption ou au taux réduit de taxe et, enfin, de
contrôler de façon plus efficace l'usage illégal du mazout.
A l'occasion de ce projet de loi, je voudrais une fois de plus
réaffirmer que le domaine de la taxe sur les carburants est
traditionnellement réservé aux provinces, étroitement
lié à leur pouvoir exclusif en matière de voirie et de
transport routier. Le Québec occupe ce champ de taxation depuis 1924
ce n'est pas d'hier et nous ne cesserons pas de nous
élever contre tout envahissement par le pouvoir fédéral de
ce champ de taxation. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député
d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: Mme la Présidente, je voudrais d'abord saluer
le nouveau ministre du Revenu, qui a l'occasion, pour la première fois,
de présenter un projet de loi à cette Assemblée. Je
constate avec lui que le projet de loi est modeste, et comme c'est
lui-même qui a voulu faire un rapport entre la modestie de son projet de
loi et la sienne, je dirai que cette modestie contraste avec celle de son
prédécesseur.
En effet, il s'agit d'un projet de loi d'ordre administratif et je suis
bien d'accord avec lui qu'il n'y a pas lieu de craindre de grands tremblements
ni de changements importants sur la scène politique avec ce projet de
loi.
Il faudrait essayer de le comprendre, peut-être. Très
brièvement, il me semble que, pour comprendre la portée de ce
projet de loi, il faut savoir deux choses. La première c'est que la loi
actuelle permet à certains utilisateurs d'essence de se faire rembourser
la taxe de vente que nous payons sur l'essence, taxe de vente qui était
et qui est de $0.19 le gallon, ou de $0.042 le litre d'essence. Il s'agit
essentiellement, parmi ces utilisateurs qui peuvent se faire rembourser leur
taxe de vente, des agriculteurs, des pêcheurs, lorsqu'ils exercent leur
métier. Donc, parce que certaines catégories d'utilisateurs
peuvent se faire rembourser la taxe de vente, on est obligé de
prévoir un traitement spécial et de voir à ce que ce
remboursement ne soit versé que pour les fins pour lesquelles elle a
été accordée.
Il faut savoir, en deuxième lieu, qu'en ce qui concerne le mazout
pour les moteurs diesel, il existe une exemption au paiement de cette
même taxe. Il ne s'agit pas d'un remboursement, mais d'une exemption. On
voit tout de suite qu'à ce moment-là les difficultés
administratives doivent être beaucoup plus considérables en ce
deuxième cas que dans le premier puisque, dans le premier cas, comme on
se fait rembourser, il faut fournir un papier à l'administration
indiquant les objets et les raisons pour lesquelles la demande de remboursement
est faite. Dans le cas de l'exemption, les mêmes utilisateurs,
essentiellement les agriculteurs et les pêcheurs, n'ont pas à
payer la taxe au départ. Donc, ils sont exemptés de cette
même taxe.
Mais cette taxe sur le mazout n'est pas identique non plus à la
taxe sur l'essence. Celle-ci est une taxe de $0.055 le litre, par
conséquent, il y a encore une différence de ce côté
et parce qu'on a adopté la méthode de l'exemption,
évidemment, cela donne lieu assez facilement à des abus puisqu'on
peut invoquer toutes sortes de raisons plus ou moins admissibles et, bien
souvent, le vendeur à qui cette exemption est demandée ne peut
pas savoir exactement si elle est admissible ou non aux termes de la loi. Par
conséquent, je pense qu'il y a des problèmes administratifs qui
se posent avec l'application de ces règles ou de ces privilèges
fiscaux que l'on donne à certaines catégories d'utilisateurs,
comme les agriculteurs et les pêcheurs, et qu'on a à revenir
périodiquement et proposer des amendements qui viennent préciser
et, à mon avis, circonscrire l'utilisation de ces articles d'exception
au paiement de la taxe de vente sur le carburant.
Le ministre a dit qu'il s'agissait essentiellement d'apporter de la
souplesse et peut-être, à ce moment, d'élargir
l'applicabilité de ces exemptions, de ces ristournes de taxe, en
particulier, pour les administrateurs. Je ne suis pas sûr du tout que ce
soit propre à favoriser davantage les agriculteurs ou les
pêcheurs, je n'en suis pas sûr, dans le sens que, dans la loi
actuelle, il s'agit d'une machinerie bien identifiée, qu'on appelle une
machinerie agricole. Sur cette machinerie agricole, on dit: II n'y a pas de
paiement, en tout cas, il n'y a pas de taxe sur l'essence qui est
imposée. Maintenant, on dit: C'est lorsque cette machinerie va servir
à des fins agricoles qu'on exemptera l'utilisateur du paiement de la
taxe. Encore une fois, j'ai l'impression que cela vient circonscrire
l'accessibilité à ce privilège fiscal plutôt que de
l'élargir.
Je voudrais mentionner un deuxième point en ce qui concerne ce
projet de loi, qui est tout aussi technique que le premier, mais que le
ministre n'a pas mentionné du tout. Il s'agit d'un changement assez
important qui est apporté au régime des infractions et des
amendes. Lorsqu'on viendra étudier le projet de loi article par article,
Mme la Présidente, j'ai l'intention de soulever des questions assez
nombreuses sur cet aspect du changement, sur cet aspect des amendements au
projet de loi parce que, suivant l'interprétation que j'ai pu en faire,
cette modification introduit une présomption de culpabilité de
personnes qui peuvent être absolument ignorantes de l'utilisation
présumément erronée et illégale des
privilèges fiscaux qui sont prévus dans le projet de loi. Il y a
une présomption de culpabilité qui est non seulement incompatible
à toutes nos lois et à notre régime juridique, mais qui
représente également, potentiellement, des injustices très
sérieuses. (14 h 50)
Lorsque quelqu'un ignore, même s'il est propriétaire d'un
véhicule, l'utilisation qu'on fait de son véhicule, s'il s'agit
même et cela va plus loin d'un locataire qui utilise un
véhicule et qui peut le faire utiliser par un conducteur, il peut
ignorer l'utilisation exacte à laquelle est placé ce
véhicule, le propriétaire, en vertu des amendements qui sont
proposés, et le locataire lui-même, sont présumés
coupables, sont présumés être au courant de ce qui se
passe. Cet aspect des amendements méritera un examen assez attentif au
cours de l'étude article par article.
Mme la Présidente, nous n'avons pas l'intention de faire une
opposition de principe à ce projet de loi. Par conséquent, je
veux déclarer dès maintenant, au nom de ma formation politique,
que nous voterons en faveur de ce projet de loi, sous réserve de
l'étude que nous ferons article par article, un peu plus tard. Merci,
Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez,
pendant quelques minutes seulement, de dire quelques mots sur ce projet de loi.
D'abord, nous sommes d'accord avec ce projet de loi, pour une raison bien
simple. Il s'agit simplement de corriger certains points administratifs qui
apportent certains embêtements, non pas au gouvernement, mais souvent
à ceux qui en sont affectés; comme le disait le
député d'Outremont, l'application est souvent pas trop facile,
mais c'est toujours celui qui est impliqué, même de loin, qui
semble souffrir. Celui qui fait sa réclamation, s'il ne peut pas bien
faire sa preuve, est obligé d'attendre après ses remboursements,
de même qu'à l'inverse. S'il s'agit d'exemptions, le jeu est
peut-être différent. Il y a un point, qui a été
soulevé par le député d'Outremont, que je voulais appuyer.
C'est que la preuve retombe encore sur celui qui sera pris en possession des
essences qu'on présume qu'il n'aurait pas le droit d'avoir, sans
déterminer d'avance s'il en fait lui-même l'utilisation. Ce sont
des choses que nous pourrions discuter tout à l'heure en commission
parlementaire, pour éviter de m'étendre sur le sujet.
Nous voulons appuyer ce projet de loi pour faire en sorte que ceux qui
sont affectés, le petit, celui qui a droit à des remboursements,
voient leurs remboursements accélérés et ne soient pas
pénalisés et, à l'inverse, on ne voudrait pas que ceux qui
ont droit à des exemptions soit pénalisés. Si ce projet de
loi a pour effet de soulager ces gens-là, nous sommes totalement
d'accord et c'est la façon dont je comprends ce texte de loi
là.
Mme la Présidente, sans faire de filibuster, comme l'a fait le
ministre en déposant ce projet de loi, je vais conclure
immédiatement et nous aurons la discussion en commission
parlementaire.
La Vice-Présidente: M. le ministre.
M. Michel Clair
M. Clair: Mme la Présidente, je voudrais simplement
relever un point au niveau de ma réplique pour ce qui concerne les
présomptions dont ont fait état mes deux collègues. Je
pense qu'on sera
à même d'y répondre au niveau de l'étude en
commission plénière. Je voudrais simplement corriger une fausse
impression qu'a pu laisser le député d'Outremont qui,
m'interprétant, si j'ai bien compris, disait que j'avais seulement dit,
somme toute, que ce projet de loi n'apportait que de la souplesse. Loin de moi
cette affirmation-là. Il y a des éléments de souplesse qui
sont apportés. C'est le cas, notamment, au niveau du mazout pour les
agriculteurs et pour les pêcheurs. Il y a des cas où,
effectivement, on limite davantage, on circonscrit davantage le
privilège qui est conféré par ce projet de loi. Par
exemple, au niveau du mazout coloré, autrefois, les tribunaux ont
interprété qu'il fallait une quantité précise de
coloration dans le mazout pour que, techniquement, il y ait infraction.
Maintenant, on dira une quantité quelconque. C'est bien sûr que la
souplesse qu'on apporte, c'est en faveur du ministère du Revenu et non
pas en faveur de l'utilisateur ou du fraudeur.
Cependant, en ce qui concerne les pêcheurs et les agriculteurs, la
machinerie agricole visée demeure exactement la même. Auparavant,
cette machinerie devait servir exclusivement à des fins agricoles.
Dorénavant, il suffira que cette machinerie-là serve, au moment
où elle utilise le mazout en question, à des fins agricoles.
Prenons, par exemple, le cas d'un agriculteur qui irait louer un tracteur chez
un concessionnaire Massey-Fergu-son de son village, lequel tracteur,
habituellement, sert à des fins commerciales. C'est à
l'époque des semences. Le fermier a besoin d'un tracteur. Il va le
louer. Sous l'empire de la loi telle qu'elle existe actuellement, il pourrait
se retrouver responsable d'une infraction parce que ce tracteur-là ne
servirait pas exclusivement à des fins agricoles. Maintenant, à
compter du moment où le tracteur de ferme va travailler effectivement
à des fins agricoles, il va pouvoir bénéficier du
privilège en cause. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Cette motion de M. le ministre du
Revenu proposant la deuxième lecture du projet de loi 65, Loi sur les
carburants, est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Madame, avant de proposer que ce projet de loi soit
déféré en commission plénière ici
même, tout à l'heure, puisqu'il y en a un autre à l'ordre
du jour, peut-être pourrions-nous faire dans les deux cas la
deuxième lecture tout de suite, et procéder à un projet
après l'autre ensuite en commission plénière? Je
proposerais d'appeler le projet de loi 68, madame.
Projet de loi no 68 Deuxième lecture
La Vice-Présidente: M. le ministre du Revenu propose que
soit maintenant lu la deuxième fois le projet de loi no 68, Loi
modifiant de nouveau la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail et la Loi concernant la taxe sur les carburants. M. le ministre
du Revenu.
M. Michel Clair
M. Clair: Mme la Présidente, le projet de loi no 68 a pour
principal objet d'exempter de la taxe de vente les aéronefs
exploités en vertu d'un permis de service aérien commercial
délivré dans le cadre de la Loi sur l'aéronautique, leurs
pièces composantes, ainsi que les pièces qui servent à
l'entretien ou à la réparation de tout aéronef, et
également d'uniformiser le taux de la taxe sur le carburant d'aviation
à $0.013 le litre de $0.007 le litre qu'il est présentement.
L'imposition d'une taxe de vente de 8% sur les aéronefs et leurs
pièces a eu un impact certain sur l'industrie aéronautique du
Québec et sur l'activité des transporteurs aériens
québécois.
Comme le disait le ministre des Transports le 21 novembre dernier, en
réponse à une question du député de Rouyn-Noranda,
le gouvernement a étudié le problème et il est aujourd'hui
en mesure d'y apporter une solution conforme aux voeux de l'Association des
transporteurs aériens du Québec. C'est face aux transporteurs
ontariens que nos transporteurs québécois subissaient la plus
grande déficience concurrentielle. En effet, les transporteurs
aériens qui ne paient, pour la plupart, aucune taxe de vente peuvent
opérer exclusivement au Québec, mais éviter de payer la
taxe sur l'équipement utilisé.
De ce fait, des entreprises de l'extérieur peuvent
exécuter des travaux au Québec pendant de brèves
périodes avec un avantage concurrentiel par rapport aux entreprises
québécoises, puisqu'elles n'ont pas, dans le prix de leurs
services, à récupérer de taxes, contrairement aux
entreprises du Québec qui doivent payer la taxe lors de l'achat de leurs
aéronefs. Cette situation touche particulièrement les petites et
moyennes entreprises qui fournissent des services aériens de toute
nature. De plus, la taxe imposée sur les pièces composantes des
aéronefs, ainsi que sur les pièces utilisées à leur
entretien ou à leur réparation incitent de façon
marquée les propriétaires d'aéronefs du Québec
à faire faire l'entretien et la réparation de leurs appareils
à l'extérieur du Québec, là où ils ne seront
assujettis à aucune taxe de vente.
C'est ainsi que de grands transporteurs aériens
québécois font faire l'entretien de leurs appareils les plus
importants dans des endroits aussi surprenants qu'en Israël. J'ai la
conviction que l'exemption de taxe que prévoit ce projet de loi aura des
effets bénéfiques sur l'industrie aéronautique du
Québec et aidera grandement les entreprises de transport aérien
de chez nous et, en particulier, les petites et moyennes entreprises. (15
heures)
Je précise, Mme la Présidente, que cette exemption vise la
vente et la location d'aéronefs exploités en vertu d'un permis
d'exploitation du service aérien commercial, délivré en
vertu de la Loi sur l'aéronautique du Canada. Ces permis
couvrent les activités suivantes: le transport des personnes ou
des marchandises, l'affrètement, les aéroclubs, l'épandage
et la dispersion de produits, la construction, la surveillance aérienne,
l'inspection, la reconnaissance, la publicité et la photographie
aériennes, l'entraînement au vol, y compris les excursions, les
démonstrations d'acrobatie aérienne et le saut en parachute.
Comme vous pouvez le constater, un grand nombre d'aéronefs seront
sujets à cette exemption. Seuls les aéronefs utilisés
à des fins personnelles demeureront imposables. Les pièces
composantes des aéronefs exploités en vertu d'un permis
décrit, tel que je viens de le faire, seront également
exemptées. Enfin, toutes les pièces nécessaires à
l'entretien ou à la réparation d'un aéronef, de quelque
type qu'il soit, seront aussi exemptées de la taxe de vente. Cette
mesure est un encouragement important au développement de l'industrie de
l'aéronautique au Québec.
Evidemment, ces nouvelles dispositions d'exemption se traduiront par une
perte de revenu pour le Québec. Le ministère des Finances a
établi le manque à gagner à environ $1 500 000 à
l'égard des ventes d'aéronefs et à environ $10 millions en
ce qui concerne la vente de pièces composantes, pour la première
année de cette exemption. C'est pour combler une partie de ce manque
à gagner qu'il a aussi été décidé par le
gouvernement de porter la taxe sur l'essence servant à la propulsion des
aéronefs à un taux unique de $0.013 le litre. En effet, le taux
était fixé à $0.007 le litre depuis 1968, lorsque le
carburant sert à effectuer des essais de moteur ou à la
propulsion d'un aéronef pour fins commerciales ou d'affaires en
général, alors que le carburant servant à la propulsion
d'un avion de plaisance est taxé, lui, à $0.042 le litre. Le
contrôle, vous le devinez, Mme la Présidente, était quasi
impossible à effectuer.
J'ai jugé utile, dans les circonstances, l'imposition d'un taux
unique. Cette mesure plaira sans doute aux propriétaires d'avions de
plaisance qui bénéficient ainsi d'une réduction de leurs
taxes qui, nous l'espérons, perdront cette tendance qu'ils ont
aujourd'hui à acheter le carburant hors du Québec, là
où il est moins taxé.
J'ajouterai enfin à ce sujet que l'Ontario a, en avril dernier,
doublé le taux de la taxe sur le carburant d'aviation en le faisant
passer de $0.0066 le litre à $0.0132 le litre. L'augmentation
prévue dans ce projet de loi-ci rapportera environ $6 500 000 pour la
première année de sa mise en vigueur selon les calculs du
ministère des Finances. D'autre part, j'ai distribué, quelques
minutes avant mon discours de deuxième lecture, des amendements qui
s'ajoutent au projet de loi no 68 tel que déposé en
première lecture. J'en ai remis un exemplaire au député
d'Outremont de même qu'à mon collègue le
député de Brome-Missisquoi. Ces amendements concernent trois
sujets. Je passerai rapidement sur ces amendements dont le but est de clarifier
certaines dispositions contenues dans nos lois, notamment, dans la Loi de
l'impôt sur la vente en détail.
C'est ainsi que nous voulons y modifier la définition de "bien
mobilier" afin d'inclure expressément le service d'éclairage et
la définition de droit incorporel afin qu'aucun doute ne subsiste sur la
légalité de l'assujettissement des services de
téléphone et d'éclairage à la taxe de vente en
détail. D'autre part, les définitions de "prix de vente" et de
"prix d'achat", qui sont les notions sur lesquelles est calculée la taxe
de vente au détail, seraient aussi amendées afin d'en exclure, de
façon définitive, les frais de finance et d'intérêt.
Leur inclusion, en effet, créait dans un premier temps des
difficultés d'application et entraînait une discrimination face
aux consommateurs, souvent les moins riches, qui font appel au service de
financement de leur vendeur, parce qu'ils ne détiennent pas de carte de
crédit.
Enfin, dans plusieurs lois, sera insérée une disposition
relative à la rétroaction des règlements, si cela est
nécessaire, au 1er janvier de l'année durant laquelle ils sont
adoptés. En effet, la plupart des lois ou règlements
découlant d'un discours sur le budget sont sanctionnés ou
adoptés après que des mesures qui y sont contenues eurent pris
effet.
Cela a été, notamment, le cas lors du discours sur le
budget de 1976, alors que l'entrée en vigueur des règlements
découlant d'une loi a été postérieure, de sorte
qu'on s'est trouvé face à un vide juridique qui a
bénéficié à des réclamants. On en profite
pour corriger cette anomalie dans nos lois. Ces modifications auront, en outre,
l'avantage d'uniformiser le pouvoir réglementaire de toutes les lois
relatives aux taxes à la consommation.
Pour terminer, Mme la Présidente, j'aimerais de nouveau insister
sur l'impact qu'aura ce projet de loi sur notre industrie aéronautique
et sur nos transporteurs aériens qui pourront, beaucoup mieux qu'avant,
faire face à la concurrence des provinces voisines. L'économie du
Québec, en général, s'en ressentira, nous
l'espérons, parce que les propriétaires d'aéronefs
répareront et entretiendront leurs appareils au Québec. Ils
achèteront les pièces dont ils ont besoin au Québec et
cela représente des sommes considérables pour chaque appareil
chaque année. L'achat d'un appareil sera rentabilisé plus vite
pour les petits transporteurs, les écoles de pilotage vivront plus
facilement, des emplois pourront être créés. C'est pour
cela, Mme la Présidente, que je propose l'adoption en deuxième
lecture du projet de loi. Merci.
La Vice-Présidente: M. le député
d'Outremont.
M. André Raynauld
M. Raynauld: Merci, Mme la Présidente. Nous allons
également voter en faveur de l'adoption du projet de loi no 68 en
deuxième lecture. En effet, ce projet de loi propose en premier lieu
d'exempter de la taxe de vente de 8% les avions commerciaux, de même que
la vente des pièces de rechange. Cette exemption sur les achats d'avions
ne devrait surprendre personne parce qu'on ap-
prend assez tôt en économique que, lorsqu'on essaie
d'imposer des choses ou des personnes qui sont très mobiles, le paiement
de la taxe n'est pas effectif, le paiement de la taxe est toujours soit
reporté à plus tard, soit reporté surtout sur d'autres. Je
pense qu'il n'y a pas de pièce d'équipement plus mobile
aujourd'hui que les avions qui se promènent.
On peut bien dire, comme je l'ai vu, je crois, dans une publication
gouvernementale ou dans une déclaration l'autre jour d'un ministre: Les
avions qui passent dans "notre" ciel. C'est vrai que c'était notre ciel,
mais, en ce qui concerne le paiement des taxes provinciales, je pense que les
avions, qui justement peuvent aller outre-frontières et qui le font de
façon professionnelle, sont vite exemptés d'impôts qui
peuvent être plus élevés dans une juridiction que dans une
autre puisqu'il est évidemment facile au propriétaire de se
déplacer.
Le ministre a fait allusion tout à l'heure au fait qu'on pouvait
faire réparer des avions dans des pays aussi lointains qu'Israël.
C'est justement la réaction qu'on aurait attendue d'un contribuable
lorsqu'il a l'option, justement à cause de l'équipement qu'il a,
de choisir, il a donc le choix des pays ou des endroits où il va faire
réparer ses avions et, évidemment, il va choisir l'endroit
où les impôts sont le moins élevés.
Le ministre a mentionné qu'en ce qui concerne les achats
d'avions, cette exemption de la taxe de vente de 8% allait entraîner une
perte de $1 500 000 en taxes pour le trésor québécois.
C'est une perte très minime et peut-être plus faible que j'aurais
pensé, étant donné que, simplement dans le cas de
Québecair, qui achète un avion, un 737, on me dit que cela
coûte de $14 millions à $15 millions, et cela fait
déjà, à 8%, $1 200 000. Cette exemption n'est donc pas
négligeable en ce qui concerne encore une fois les achats de
pièces et d'avions en tant que tels.
Il est exact également que cet abaissement de la taxe de vente
est fait pour simplement rendre le poids de cette taxe égal à
celui, par exemple, de l'Ontario. Si je comprends bien, en Ontario, il n'y a
pas de taxe de vente sur les achats d'avions et, à ce moment, cela
introduisait immédiatement une distorsion considérable de 8% en
réalité qui défavorisait le Québec. (15 h 10)
Encore une fois, je ne suis pas surpris que, dans le cas des avions,
à ce moment, on aille les faire réparer ailleurs pour
éviter justement le paiement de taxes de vente. Je suis même un
peu surpris, en réalité, que si ce phénomène
existait depuis un certain temps, on ait autant tardé à s'ajuster
à la situation de nos concurrents les plus immédiats.
En ce qui concerne la taxe sur l'essence, il s'agit, au contraire, d'une
augmentation de taxe dont l'effet sera négatif sur les mêmes
sociétés, mais dont la justification vient, là aussi, du
fait que, essentiellement, en Ontario, on a une taxe qui est à peu
près de $0.013 le litre. Par conséquent, on dit: Le Québec
va s'ajuster là aussi à la situation qui existe en Ontario, mais
si ce n'était pas de ce cas, je pense qu'il aurait fallu certainement
reconnaître qu'il s'agit là d'une augmentation
considérable. D'après les informations que j'ai, par exemple,
pour une société comme Québecair, cette augmentation de
85% dans le taux de la taxe sur l'essence représente un paiement de $218
000 environ par année de sorte qu'on pourra, pour une
société comme celle-là, assez rapidement payer beaucoup
plus cher en frais d'exploitation que l'économie qu'elle fait à
l'achat soit des avions, soit des appareils, soit des pièces de
rechange.
Quoi qu'il en soit, je suppose aussi que cette augmentation sur la taxe
de l'essence est conforme à l'évolution récente de ces
dernières années. Alors que le prix de l'essence augmente
considérablement partout dans le monde et pour tous les usagers, je
suppose qu'il était raisonnable de penser que les sociétés
aériennes devaient, elles aussi, contribuer à une augmentation
des frais d'essence et, par conséquent, accepter également de
faire face à des hausses dans les taxes de vente sur ce produit.
En ce qui concerne les amendements, comme le ministre l'a dit tout
à l'heure, il s'agit d'amendements essentiellement techniques là
aussi, pour répondre à des problèmes
d'interprétation souvent juridique, souvent aussi d'ordre purement
administratif. Je me permettrai d'y revenir lors de l'étude article par
article, mais de ne pas en parler davantage au cours de ce débat de
deuxième lecture. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Armand Russell
M. Russell: Mme la Présidente, très bref
commentaire sur ce projet de loi qui est aussi technique que l'autre peut
l'être. Je sais qu'il s'agit de deux principes en particulier, l'un c'est
d'imposer une taxe et l'autre est de l'enlever.
Evidemment, on a un domaine bien particulier en ce qui concerne
l'aviation au Québec. Il est évident que c'est un domaine qu'on
devrait peut-être s'appliquer à étudier un peu plus afin
qu'on donne ici, au Québec, à ceux-là qui utilisent ce
moyen de transport, un peu plus de services et une plus grande
possibilité à ceux qui sont dans le domaine, à donner des
services. En Ontario, on a pris les devants et surtout aux Etats-Unis. Ceux qui
ont de petits avions de voyage, ceux qui s'en servent pour le commerce et
d'autres pour le plaisir, auront beaucoup plus de facilité
d'atterrissage un peu partout et des places beaucoup plus convenables. Ce qui
arrive assez souvent, avec de petits avions, c'est que le propriétaire a
souvent des troubles, qui peuvent se produire en voyageant avec ses avions, et
il est souvent paralysé au sol parce qu'il ne peut pas avoir le service
de réparation dans certains petits aéroports. On sait qu'au
Québec, ce n'est pas tellement développé encore. Tout ce
qu'on peut faire pour aider à le dévelop-
per, j'en suis. Je pense que le gouvernement devrait cependant
l'accélérer un peu plus.
Enlever la taxe, comme on veut le faire, sur les pièces
d'automobile et sur l'utilisation de ce système de réparation,
cela va aider la situation, c'est certainement un pas en avant, c'est un
départ et j'invite le ministre à en discuter avec ses
collègues pour voir s'il pourrait en faire plus.
En ce qui concerne la légalisation de la taxe, si je comprends
bien, ce sera uniformisé avec l'Ontario. Encore là, il y a
certaines personnes qui peuvent abuser s'il y a un décalage de taxation,
une différence entre les deux provinces ou les provinces voisines, on
peut en prendre un certain avantage, mais c'est un avantage très
limité, pour les petits usagers d'avion. Pour les gros transporteurs,
oui, il pourrait y avoir un avantage marqué; par contre, je suis
d'accord qu'on uniformise ces taxes qu'on veut imposer sur l'essence. J'aurai
d'autres remarques à faire en commission parlementaire. Pour ne pas
prolonger le débat, je conclurai immédiatement en disant au
ministre que même s'il s'agit de taxes, nous allons l'appuyer dans cette
lutte pour l'amélioration des conditions actuelles.
La Vice-Présidente: M. le ministre du Revenu.
M. Michel Clair
M. Clair: Mme la Présidente, très rapidement
puisque nous aurons l'occasion de discuter des deux projets de loi article par
article. Le député d'Outremont a souligné le
caractère très mobile des avions. C'est une vérité
de La Palice, effectivement: Qu'est-ce qui peut être plus mobile qu'un
avion? C'est justement à cause de la mobilité de ces avions qu'il
était important que le Québec s'ajuste par rapport à la
réalité qui l'entoure. Maintenant, le député
d'Outremont a semblé vouloir blâmer un peu le gouvernement de ne
pas avoir agi assez rapidement. Tantôt, j'aurai l'occasion de lui
préciser qu'on s'ajuste avec un peu de retard, il est vrai, mais
ça ne fait quand même pas vingt ans que la situation est telle
quelle dans les autres Etats qui entourent le Québec.
Le député de Brome-Missisquoi a minimisé
l'importance de cette exemption qui couvrira dorénavant l'ensemble des
avions destinés à des fins commerciales. Je voudrais simplement
lui dire que l'Association québécoise des transporteurs
aériens a fait savoir publiquement son intérêt pour cete
exemption et les effets considérables que pourra avoir cette exemption
sur le développement de l'aéronautique au Québec et des
transporteurs aériens, petites et moyennes entreprises authentiquement
québécoises.
En ce qui concerne les autres amendements portant sur la notion de prix
d'achat et d'autres amendements techniques, j'aurai l'occasion d'y revenir au
moment de l'étude en commission plénière. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Cette motion du ministre du Revenu
proposant la deuxième lecture du projet de loi no 68, Loi modifiant de
nouveau la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et la Loi
concernant la taxe sur les carburants, est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
La Vice-Présidente: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Je propose que vous quittiez maintenant le fauteuil
et que l'Assemblée soit transformée en commission
plénière pour l'étude article par article de ces deux
projets de loi.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. (15 h 20)
Projet de loi no 65
Commission plénière
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! La commission du revenu se réunit pour
étudier, article par article, le projet de loi no 65 en premier
lieu Loi modifiant la Loi concernant la taxe sur les carburants.
J'appelle donc l'article 1 du projet de loi.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, j'ignore si le
député insiste pour avoir des exposés assez longs sur
chacun des articles. En ce qui concerne l'article 1 du projet de loi, ce sont
d'abord et avant tout des définitions qui sont modifiées. Je
pense que la principale modification, c'est celle qu'on retrouve au
sous-paragraphe 1 d), la définition du mot "coloration", où on
parle de l'addition au mazout d'une quantité quelconque de produits
naturels ou chimiques fournis par le ministre aux fins de colorer le mazout,
alors qu'auparavant, c'était une quantité précise
définie par règlement. Je crois que c'est la principale
modification. Quant aux autres définitions, il y a également un
mazout coloré qui est redéfini en concordance avec coloration,
poste d'essence qui, comme je l'ai dit, est modifié. La modification n'a
pour but que de préciser la portée de la loi à
l'égard de certains établissements communément connus dans
l'industrie pétrolière comme postes en vrac ou
dépôts.
M. Raynauld: Oui, M. le Président. Je voudrais simplement
exprimer une surprise ici en ce qui concerne les amendements 1d et 1h. Je
voudrais savoir pour quelle raison on a cru nécessaire
d'ajouter que les quantités de produits naturels et chimiques
devaient être fournis par le ministre. Je ne sais pas si le ministre va
faire cela souvent, mais il me semblait que c'était plus
élégant auparavant, puisque le ministre était
mentionné, mais il était mentionné dans les
règlements. Je voudrais savoir quelle est la portée de ce
changement. On aurait très bien pu conserver l'essentiel de l'amendement
qui est proposé, de modifier la quantité quelconque de produits
naturels et chimiques, mais on aurait pu dire, comme c'était le cas
auparavant, "en conformité de l'article 18", qui, lui, se rapportait
à un règlement. A ce moment-là, en vertu du
règlement 18-3), on prévoyait justement que ces colorations
probablement je ne sais pas quelles couleurs vous proposez
seraient fournies par le ministre.
M. Clair: Sur ce sujet, M. le Président, dans un premier
temps, je dois dire que le ministre fournissait déjà la
coloration et l'expression "fournis par le ministre", je pense qu'elle se
retrouvait justement dans le règlement qu'on veut remplacer. C'est dans
le but d'être plus précis. C'est simplement que les tribunaux ont
interprété restrictive-ment l'application de la loi et s'il n'y
avait pas dans le mazout le pourcentage précis de coloration, on
considérait que l'infraction n'était pas commise. On a eu des
interprétations de cette nature devant les tribunaux. Pour contrer cette
tendance et pour faire atteindre à la loi le but qu'elle vise
réellement, on a apporté cette modification et on a
ramené, au niveau du texte de loi, certaines choses qui se trouvaient
auparavant dans le règlement.
M. Raynauld: Si je comprends, vous supprimez le règlement
qui était relié à cela. Je voudrais bien distinguer la
quantité de colorant qui est l'essentiel de l'amendement et l'expression
"fournis par le ministre" dans le projet de loi. Je trouve que cela manque un
petit peu d'élégance.
M. Clair: C'est pour des fins de preuve que c'est inclus dans la
loi. C'est plus facile d'en faire la preuve. Je souligne au
député d'Outremont que l'article actuel 18.3 du règlement
en cause se lit comme suit: "La coloration du mazout se fait par l'addition au
mazout d'un colorant comprenant un agent traceur fourni par le ministre." On
retrouvait l'expression dans le règlement. Cette addition se fait dans
les proportions suivantes et c'est dans le but de remplacer toutes ces
proportions qu'on parlera, dorénavant, toujours d'un colorant fourni par
le ministre, mais on en parlera au niveau de la loi. Il ne s'agira plus d'une
quantité déterminée précisément par
règlement, mais d'une quantité quelconque. Si, au point de vue de
l'élégance, mes collègues trouvent que c'est peu
élégant, je pense que ce n'est quand même pas contredire
l'esprit actuel de la loi que d'indiquer les mots "fournis par le ministre".
C'était dans un règlement. D'habitude, d'ailleurs, nos amis d'en
face nous reprochent plutôt le contraire, soit de mettre beaucoup trop de
choses dans les règlements et de ne pas en mettre assez dans la loi.
M. Raynauld: M. le Président, pour ne pas
éterniser, je voudrais savoir, de façon précise, qu'est-ce
que cela changerait si on n'avait pas dans la loi, à l'heure actuelle,
les mots "fournis par le ministre"? Qu'est-ce que cela changerait? Est-ce que
c'est l'expression "fournis par le ministre" qui a été mal
interprétée ou si c'est la quantité du colorant? Je pense
que c'est la quantité. Cela n'a rien à voir avec "fournis par le
ministre". Qu'est-ce que cela changerait si on enlevait les mots "fournis par
le ministre"?
M. Clair: Je pense que le prévenu pourrait être
moins bien protégé vu qu'il s'agit d'un colorant précis,
soit un colorant fourni par le ministre.
M. Raynauld: Le colorant est fourni par le ministre.
M. Clair: Oui, il l'était déjà et il va
continuer à l'être.
M. Raynauld: C'est vous qui allez fournir du colorant?
M. Clair: Oui, c'est déjà le cas. Je vous le dis.
M. Raynauld: Ah oui!
M. Clair: Je vous lis l'ancien règlement 18.3: "La
coloration du mazout se fait par l'addition au mazout d'un colorant comprenant
un agent traceur fourni par le ministre." On fournit.
M. Raynauld: Je sais...
M. Clair: Je pourrai organiser une visite guidée.
M. Raynauld: Maintenant, est-ce que vous pourriez répondre
à la question que j'ai posée? Qu'est-ce que cela changerait au
point de vue juridique si cela n'était pas fourni par le ministre, si
c'était: "L'addition au mazout d'une quantité quelconque de
produits naturels ou chimiques aux fins de colorer le mazout"?
M. Clair: Je pense que cela pourrait changer assez de choses
parce que c'est un colorant précis qui doit se retrouver dans le mazout,
sans cela le prévenu pourrait avoir des problèmes...
C'est beaucoup plus facile pour le prévenu de dire: Regardez le
colorant que j'ai; c'est celui qui est fourni par le ministre, que de dire:
C'est un colorant qui est censé être conforme aux prescriptions
établies par règlement par le ministre. Je pense que si on
établit clairement dans la loi que c'est le colorant fourni par le
ministre, c'est à l'avantage du prévenu.
M. Russell: On voit qu'il y a plusieurs personnes dans le
passé qui se sont déguisées en ministre et qui ont fourni
du colorant ou qui ont fait du mazout coloré. Ce n'est pas là
l'expérience vécue actuellement?
M. Clair: Je ne suis pas sûr de comprendre la question du
député.
M. Russell: Le ministre dit que dans le passé ou dans la
réglementation présente, l'expression "fourni par le ministre"
existe. Ma question est celle-ci: L'expérience vécue est qu'il y
a plusieurs personnes en province qui se sont déguisées en
ministre, qui en ont fourni du colorant aussi et qui ont commis des infractions
à la loi. La preuve est difficile à déterminer à
moins qu'elles peuvent faire la preuve qu'elles ont acheté du colorant
du ministre.
M. Clair: Pour répondre à la question du
député de Brome-Missisquoi, il ne semble pas qu'il y ait des
précédents quand du colorant de mazout est mis dans du mazout non
coloré et que ce colorant proviendrait d'autres sources. Ce qui se
passe, c'est du mélange de mazout coloré et de mazout non
coloré. Encore une fois, dans la mesure où un contribuable
mélangeait deux sortes de mazout, il ne se retrouvait plus avec la
quantité précise telle que définie par règlement,
ce qui pouvait créer une ambiguïté et entraîner les
tribunaux, vu qu'il n'y avait pas la proportion précise de colorant en
question, de faire une interprétation trop large de ce qui en
était, du privilège. C'est la raison pour laquelle, maintenant,
on va continuer à parler toujours d'un colorant fourni par le ministre,
mais il suffira qu'une quantité quelconque de colorant s'y retrouve.
M. Russell: Si je comprends bien, le ministre nous dit qu'on a
réussi à trouver un colorant qui ne peut pas être
acheté si on peut s'exprimer ainsi sur le marché
autre comparable à celui que le ministre fournit actuellement. (15 h
30)
M. Clair: On me dit qu'on est en mesure, par des tests,
d'identifier sans doute important, même sans aucun doute, chimiquement et
techniquement, qu'il s'agit d'un colorant fourni par le ministre, d'où
l'avantage pour le prévenu de parler dans la loi d'un colorant fourni
par le ministre. Par exemple, si jamais quelqu'un s'avisait d'aller mettre du
colorant pour vous jouer un tour chez vous, dans votre réservoir
à essence, techniquement, il ne s'agirait peut-être pas d'une
infraction, vu que le colorant n'aurait pas été fourni par le
ministre. Je pense que c'est à l'avantage du contribuable; c'est un
colorant unique dont il s'agit qui est fourni par le ministre.
M. Russell: Je suis bien d'accord si on a découvert un
colorant unique que personne ne peut acheter sur le marché et qu'on
utilise pour ces fins. Je suis convaincu qu'au point de vue des laboratoires,
on peut déterminer quel colorant est utilisé par le ministre,
assez facilement, je pense. Si on ne peut pas se le procurer sur le
marché, de là vient l'embêtement. Les colorants sont
fabriqués soit au Canada, soit à l'extérieur, aux
Etats-Unis ou ailleurs. On peut les acheter et on peut rapprocher, au point de
vue chimique dans les la- boratoires, les colorants, pour pouvoir
déterminer un colorant qui est assez exact. De toute façon, on ne
s'obstinera pas là-dessus. Je suis satisfait si le ministre est
satisfait. Disons qu'on va attendre et, s'il prend des gens à violer la
loi, la justice suivra son cours.
M. Clair: Je suis heureux que ma satisfaction entraîne la
vôtre.
M. Russell: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: J'ai demandé tout à l'heure si le
règlement demeurait. Est-ce que la définition du colorant va
paraître dans un règlement? A I heure actuelle, l'article 18 n'est
pas amendé.
M. Clair: La nature du colorant, c'est un colorant qui est unique
et dont la recette, si vous voulez, est secrète. Il n'est pas question
de mettre cela dans le règlement. Cela n'y a jamais été et
cela n'y sera pas davantage.
M. Raynauld: M. le Président...
M. Clair: Le règlement va être amendé en
conséquence dans la nouvelle loi. L'article 18, à ma
connaissance, n'est pas aboli et c'est l'article 18 qui prévoit
l'introduction d'un pouvoir réglementaire.
M. Raynauld: Et il n'est pas aboli; par conséquent, cela
va être encore fait par règlement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Clair: II va toujours y avoir une quantité
déterminée par règlement de colorant, mais, aux fins de la
preuve, une quantité quelconque va être suffisante pour faire la
preuve. C'est cela. M. le Président, pour rassurer le
député d'Outremont, il n'y aura pas des quantités
variables. Le ministère ne fournira pas une quantité
indéterminée de colorant pour qu'on ait toutes sortes de couleurs
de mazout sur le marché. Il va toujours y avoir des prescriptions quant
à l'usage normal du colorant, une quantité précise. Mais,
aux fins de la preuve pour la commission d'une infraction, une quantité
quelconque de colorant sera suffisante pour que l'infraction soit
consommée.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 1 sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
1 adopté. Article 2, adopté?
M. Clair: L'article 2, M. le Président, concerne les
remboursements de taxe sur l'essence pour les agriculteurs et les
pêcheurs. Comme je l'ai dit tantôt, l'ancien texte de l'article 5
se lisait comme suit: "Toute personne a droit au remboursement lorsque
l'essence a servi au fonctionnement de machinerie agricole employée
exclusivement pour des travaux d'agriculture, à l'exception d'un
véhicule de promenade ou d'un camion, pourvu que l'occupation principale
de l'usager soit l'agriculture." Ce qu'on change, c'est ceci et le nouveau
texte de loi s'appliquera par concordance pour les pêcheurs: "Lorsque
l'essence a servi au fonctionnement de machinerie agricole, à
l'exception d'un véhicule de promenade ou d'un camion, mais seulement
pendant que cette machinerie était employée pour des travaux
d'agriculture et pourvu que l'occupation principale de l'usager soit
l'agriculture." C'est l'explication que je donnais tantôt au
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, c'est à propos de cet
article, je pense, que le ministre a dit qu'on introduisait de la souplesse.
J'avais compris, à ce moment, que c'était avantageux pour
l'agriculteur. Il me paraît, a priori, que ce n'est pas évident.
En effet, il pouvait y avoir de la machinerie qui était employée
exclusivement pour des travaux d'agriculture par nature, mais qui pouvait
être employée à autre chose en fait. A ce moment, ce sera
interdit; on n'aura pas le droit d'obtenir ce remboursement.
Par ailleurs, cela peut élargir un peu l'accessibilité
à ce remboursement, s'il s'agissait d'exemples comme celui que le
ministre a donné tout à l'heure de location d'une pièce
d'équipement qui, d'habitude, peut être utilisée à
d'autres fins.
Je trouve que cela va dans les deux sens. Maintenant, j'ai l'impression
que cet article va soulever des problèmes d'application probablement
autant, sinon plus, que ce qui existait auparavant. Quand est-ce qu'on va
être capable de déterminer que cette machine est utilisée
pour des travaux d'agriculture? Je vous le demande, quand est-ce qu'on va
être capable de savoir cela? Avant cela, c'était peut-être
restrictif, mais on disait: Cette machine, on la définit comme une
machine agricole. Pour cette machine, l'utilisateur a droit à un
remboursement. Là, on va dire: Ce n'est pas la machine, l'utilisateur
reste ce que c'était, c'est-à-dire qu'il faut que l'utilisateur
ait pour occupation principale l'agriculture ou la pêche, mais là
on prend une machine et, cette machine, ce n'est pas sûr, c'est quand
elle va servir. C'est quasiment un procès d'intention qu'on va faire, On
va dire: Quand cela va servir pour l'agriculture, je comprends qu'il s'agit
d'un remboursement et que, par conséquent, il va falloir que
l'utilisateur fournisse des pièces justificatives je comprends
cela mais une pièce justificative, cela ne comprend quand
même pas le nombre d'heures, avec un inspecteur qui va venir voir sur la
terre si le gars a bien fait cela pour des fins agricoles ou s'il ne s'est pas
servi de ce tracteur pour couper le gazon de son jardin.
J'ai l'impression qu'on entre dans des subtilités qui vont nous
amener dans un an ou deux à revenir avec un autre projet de loi en
disant: Vous savez, il y a eu des difficultés d'interprétation.
Je l'avais déjà d'ailleurs fait, à propos d'un autre
article, il y a deux ans, et c'est exactement ce qui s'est produit.
M. Clair: M. le Président, pour répondre au
député d'Outremont.
Le Président: M. le ministre.
M. Clair: Si le député veut porter attention, parce
que je pensais qu'il allait être distrait, de la machinerie agricole, on
pourrait dire, pour simplifier les choses, qu'il y en a deux types: il y a de
la machinerie qui ne peut servir qu'à des fins autres que l'agriculture,
je prends l'exemple d'une moissonneuse-batteuse motorisée. C'est
évident qu'une moissonneuse-batteuse n'ira jamais travailler sur un
chantier de construction. Qu'on garde l'ancien texte ou le nouveau texte pour
une andaineuse, pour une moissonneuse-batteuse ou tout autre appareil mu par un
moteur qui ne peut servir à cause de sa nature qu'à des fins
d'agriculture, le député aurait raison, ce ne serait pas utile
d'apporter des amendements à ce projet de loi.
Mais si on prend le tracteur de ferme, qui demeure quand même
le député en est sûrement conscient le
principal instrument de travail en matière agricole dans l'agriculture,
un tracteur de ferme peut avoir deux vocations. Le même tracteur de ferme
peut servir à ouvrir des cours en hiver, à faire du
déneigement dans des rangs, il peut servir sur des chantiers de
construction à l'occasion. De sorte, si on conservait l'ancienne
interprétation, il fallait que, de fait, ce tracteur serve exclusivement
à des fins agricoles. La nouvelle interprétation permettra plus
de souplesse. Je vous donne un exemple bien pratique. Moi, mon père
c'est un producteur agricole. J'ai un de mes oncles qui est entrepreneur en
construction. Effectivement, il a des tracteurs de ferme qui pourraient
éventuellement servir sur la ferme. Si ce tracteur de ferme travaillait
sur un chantier de construction sous l'empire de la loi actuelle, il se
retrouvait à faire des travaux de ferme, et, à mon avis, le texte
de l'article 5.9 faisait que le remboursement ne pouvait être
demandé.
Maintenant, par le texte, pendant que cette machinerie est
employée pour des travaux d'agriculture, elle peut
bénéficier du remboursement. Je ne nie pas le fait qu'il y aura
toujours des problèmes d'application, d'exemption comme celle-là,
mais que le député ne vienne pas me dire qu'on introduit un
élément de confusion qui serait au désavantage des
agriculteurs. 15 h 40)
C'est faux, c'est un élément de souplesse qui va permettre
à des gens de bonne foi... Il ne faut pas présumer que tout le
monde est fraudeur. Moi, j'ai confiance que les gens vont pouvoir effectivement
se prévaloir de cette demande de remboursement, sur la base d'une
location d'un trac-
teur pendant qu'un autre tracteur est en panne, par exemple. Ce sont des
choses qui se produisent régulièrement sur une ferme; un
tracteur, ça se brise; un tracteur, ça se loue. Le locateur du
tracteur, dans une municipalité X, Y, Z, ne loue pas
nécessairement des tracteurs pour des fins strictement agricoles. Le
tracteur en question peut tantôt servir à ouvrir des cours, comme
je l'ai dit, il peut servir à de la petite construction, à
entretenir des chemins d'hiver, etc.
Le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Sur ce point précis, parce qu'on a des cas
pratiques qui nous sont soumis, qu'est-ce qui arrive à un agriculteur
qui prend son tracteur de ferme, une bonne matinée, pour aller souffler
la cour de huit propriétaires dans un village?
M. Clair: Techniquement, le cultivateur, le producteur agricole
qui aurait une rame de cours à entretenir en hiver, normalement, il n'a
pas droit au remboursement de la taxe sur l'essence pendant le temps où
le tracteur est en train d'ouvrir des cours. Techniquement, c'est vrai.
L'exemption est accordée pendant que la machinerie travaille le
texte le dit pendant que cette machinerie est employée pour des
fins d'agriculture. On est bien conscient des problèmes que cela peut
entraîner, mais on ne peut pas avoir un régime de remboursement
pour une fin particulière sans que, à un moment donné, il
se pose un certain nombre de problèmes pratiques.
On a le choix: Ou bien on ne donne pas de remboursement, ou bien on en
donne un et on fait face à des problèmes pratiques comme
ceux-là qui sont susceptibles de se présenter.
M. Goulet: Qui va faire le partage? Qui va décider du
partage?
M. Clair: Effectivement je me souviens de la ferme chez
nous c'est le producteur agricole lui-même qui présente sa
demande de remboursement d'essence et c'est lui qui détermine la
proportion d'essence qui a servi pour de la machinerie employée pour des
travaux d'agriculture. S'il fait de fausses déclarations, il se
retrouvera dans la même situation que si vous et moi faisons une fausse
déclaration en vertu d'une autre loi fiscale. Le premier à
déterminer ce pourcentage d'essence utilisé à des fins
agricoles, pour la machinerie employée pour des travaux d'agriculture,
c'est le réclamant lui-même.
M. Raynauld: Je suppose qu'il y avait déjà des
problèmes considérables, c'est pour cela que vous changez la loi.
Quels étaient les problèmes considérables qui
étaient posés.?
M. Clair: Je peux reprendre l'explication que je donnais au
député, c'est dans le but d'assouplir la loi pour de la
machinerie qui peut servir à des fins autres que l'agriculture. Les
problèmes qu'on avait, c'est qu'on pouvait se retrouver face à un
tracteur loué, lequel ne sert pas exclusivement à des fins
agricoles, mais qui est en tran de se retrouver à faire des travaux
agricoles et qui, techniquement, ne donnait pas droit au remboursement de la
taxe sur le carburant. C'est pour régler ce problème.
M. Raynauld: II me paraît évident qu'on ouvre la
porte, c'est une grande invitation au système D. Vous citiez
vous-même, M. le ministre, le cas de votre oncle qui est dans la
construction et qui a des tracteurs. Cela va être facile pour
l'agriculteur de réclamer des remboursements de taxe en très
grande quantité, en très grand volume. Je veux bien qu'on ne
suppose pas au départ que tous les gens sont des fraudeurs, je l'ai
déjà dit d'ailleurs à quelques reprises, mais il me
paraît que cet amendement va ouvrir la porte à des
difficultés d'application considérables. Je me demande si c'est
justifié, compte tenu du problème qui existe déjà.
A l'heure actuelle, un agriculteur qui a un tracteur, qui n'en a qu'un, par
exemple, j'ai l'impression qu'il est admissible. Il est sur une ferme et il a
un tracteur. Je suis convaincu qu'à l'heure actuelle, il se fait
rembourser sa taxe. Même avec l'expression...
M. Clair: Non pas, M. le Président...
J'arrête...
M. Raynauld: Les tracteurs ne sont pas admis à l'heure
actuelle.
M. Clair: J'arrête le député d'Outremont tout
de suite parce que si le tracteur ne servait pas, qu'il y ait un, deux ou trois
tracteurs, l'ancienne loi disait et je la relis pour le
bénéfice du député "Lorsque l'essence a
servi au fonctionnement de machinerie agricole employée exclusivement
pour des travaux d'agriculture." Le nouveau texte dit: "Pendant que cette
machinerie est employée pour des travaux d'agriculture". Je pense que le
député d'Outremont vient de découvrir la nature exacte de
cette exemption qui a toujours causé un problème. J'ai grandi
dans un milieu rural et, effectivement, à chaque année, il y
avait un des producteurs agricoles, dans le rang, qui avait un problème
à un moment donné, parce qu'il ne s'entendait pas avec le
ministère pour dire quelle était la proportion de l'essence qui
avait servi effectivement à de la machinerie agricole employée
exclusivement pour des travaux d'agriculture.
On va continuer à avoir un certain nombre de problèmes
pratiques, des problèmes de contrôle, c'est évident. Mais
c'est une amélioration par rapport à ce qui existe à
l'heure actuelle.
M. Raynauld: M. le Président, si j'insiste un peu, c'est
parce que ce n'est pas la première fois que je découvre
l'amendement. Il y a deux ans, on a eu un débat d'une
demi-journée avec votre prédécesseur, justement sur ces
exemptions, sur ces ristournes données pour l'agriculture. Les
problèmes qui étaient posés à ce moment
étaient de même nature que ceux d'aujourd'hui.
Je suis d'accord avec le ministre qu'il y a toujours des
problèmes administratifs mais j'avoue que je trouve que là on
crée des problèmes plutôt que les résoudre. En tout
cas, je ne veux pas insister...
M. Clair: Loin de nous la prétention de dire que cet
amendement va régler à tout jamais le sort des remboursements de
taxe sur les carburants pour les agriculteurs. Mais je continue à
affirmer qu'il s'agit là d'une amélioration du régime pour
les producteurs agricoles et les pêcheurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Shefford.
M. Verreault: M. le Président, si j'ai compris
l'explication du ministre, est-ce que cela voudrait dire que si, moi, je
possède un tracteur et que j'effectue des travaux agricoles pour des
voisins, je peux bénéficier également d'un rabais, d'un
remboursement?
M. Clair: Pourvu que votre occupation principale soit
l'agriculture, parce qu'il y a deux critères.
M. Verreault: Ah bon!
M. Clair: Dans la loi, il y a le critère de machinerie qui
sert pour des travaux d'agriculture, mais il y a toujours celui de l'occupation
principale de l'usager qui faut qu'elle demeure l'agriculture.
M. Verreault: Mais, à un moment donné, n'y
aurait-il pas avantage d'expliciter davantage ces deux paragraphes, en disant
que l'utilité exclusive à l'agriculture par des membres d'une
association agricole...
M. Clair: Pardon? Je ne comprends pas. M. Raynauld: Un membre de
l'UPA.
M. Verreault: Un membre de l'UPA, un membre d'une association
agricole bénéficierait d'une exemption de taxe.
M. Clair: Est-ce que vous connaissez le critère pour avoir
une carte de membre de l'Union des producteurs agricoles?
M. Verreault: Bien, j'imagine que quand tu es cultivateur, tu en
es membre.
M. Clair: Je ne suis pas certain qu'on puisse forcer quelqu'un
je le dis sous toute réserve à être membre de
l'UPA, dans un premier temps. D'autre part, le critère, c'est $1000 de
revenus agricoles par année. Troisièmement, si on ne veut pas
tomber dans la confusion que nous reproche déjà le
député d'Outremont, on va conserver le critère de
l'occupation principale de l'usager, qui est l'agriculture.
M. Verreault: Mais, ce que je voulais dire par là...
M. Clair: Je vais vous dire bien honnêtement que si on en
venait au critère de $1000, ayant grandi moi-même dans un milieu
agricole, vous ne me ferez pas...
M. Verreault: Ce que je veux dire par là, M. le
Président...
M. Clair:... déconsidérer qui que ce soit, mais
là non plus, vous ne me ferez pas de dessin sur la facilité, dans
certains cas, d'obtenir une telle carte. Je pense que le critère est
raisonnable; c'est l'occupation principale de l'usager, qui est l'agriculture.
C'est un critère qui est déjà connu et si on ne veut pas
chambarder des choses inutilement, je pense qu'il est mieux de le
conserver.
M. Verreault: En terminant, M. le Président, si j'ai
mentionné tout à l'heure le fait qu'une personne pourrait
bénéficier d'un remboursement si elle était membre d'une
association agricole, c'est qu'on dit qu'au Québec il y a environ 40 000
membres de l'UPA et que, dans les circonstances, si quelqu'un veut faire des
travaux agricoles, c'est un agriculteur au sens propre et,
à ce moment-là, on pourrait généraliser et
éviter d'avoir des exemptions ou des exceptions à la
règle. Ce serait plus facile. Si j'ai un tracteur sans être
membre, mon utilisation du tracteur ne sera pas exclusivement à
l'agriculture; elle pourrait être pour autre chose que l'agriculture, en
règle générale, parce que je ne suis pas un agriculteur.
L'agriculteur qui a un tracteur, évidemment, pourrait être exempt
automatiquement; cela éviterait toutes les complications. (15 h 50)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je tente de m'expliquer un
peu les amendements et, si je comprends bien, cela veut dire que, si je suis
agriculteur, je peux louer de l'équipement de mon voisin qui n'est pas
un agriculteur, faire mon travail ou faire faire mon travail et faire comme
agriculteur ma réclamation pour le remboursement de l'impôt qui a
été payé sur l'essence qui a été
utilisée dans cet équipement lorsqu'il a travaillé sur ma
ferme.
M. Clair: C'est cela. Exactement.
M. Goulet: M. le Président, seulement une petite question
là-dessus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: Merci. Un médecin, par exemple, est producteur
agricole au même titre que son voisin; même nombre d'acres à
cultiver, même nombre de têtes de bétail et ainsi de suite.
Si je comprends bien, si ce n'est pas son ocupation principale, il n'a pas
droit à ce remboursement même si les deux tracteurs servent
exactement aux mêmes travaux de la ferme pour le même nombre
d'acres à cultiver et ainsi de suite.
M. Clair: Non. A cet égard, le critère était
et demeure que l'occupation principale de l'usager soit l'agriculture. C'est
identique, d'ailleurs je le souligne à ce qui existe
déjà.
M. Goulet: Non, non. Je comprends que c'est identique à ce
qui existe déjà. Quelle différence y a-t-il, par exemple,
entre un agriculteur qui ne fait que cela, qui va cultiver, par exemple, 100 ou
125 acres de terre et son voisin, par exemple, qui est médecin ou
journalier ou qui travaille à un chantier maritime, mais a la même
terre et fait ses travaux le soir, quelque chose comme cela? Pourquoi, s'il
fait exactement les mêmes travaux dans les mêmes conditions,
n'aurait-il pas droit à ce remboursement?
M. Clair: L'esprit de ce remboursement de la taxe sur les
carburants a toujours été d'accorder, pour employer l'expression
du député d'Outremont, un privilège fiscal aux producteurs
agricoles véritables. Dans la mesure où l'occupation principale
d'un individu n'est pas l'agriculture...
M. Goulet: Oui.
M. Clair: ... on transformerait la vocation, le but poursuivi par
le législateur et par le gouvernement par ce remboursement. Si le
député de Bellechasse me le permet, on pourrait peut-être,
effectivement, un bon jour, en venir à d'autres conclusions, à
d'autres critères ou à des critères plus précis
pour définir ce qu'est l'occupation principale de l'usager. On pourrait
mettre un montant d'argent. On pourrait se servir de la carte de l'UPA. On
pourrait dire la déclaration d'impôt. Mais il nous apparaît
que, dans la connaissance actuelle et dans l'interprétation actuelle de
la loi, il est avantageux de maintenir, jusqu'à nouvel ordre, la notion
que l'occupation principale de l'usager soit l'agriculture, qu'on a voulu viser
par ce remboursement. Malheureusement pour le député qui serait
intéressé à voir des "gentlemen farmers"
bénéficier de cela, ce n'est pas le cas pour l'instant.
M. Goulet: M. le Président...
M. Clair: L'occupation principale doit être
l'agriculture.
M. Goulet: ... très brièvement, il n'est pas
question d'un "gentleman farmer" ou d'une personne qui va à sa ferme en
fin de semaine pour cultiver. Je vais vous donner des exemples précis
que nous avons dans cette Chambre. Le député de
Kamouraska-Témiscouata, par exemple, est un agriculteur assez important
à Kamouraska. Vu qu'il se présente comme député et
qu'il va siéger à l'Assemblée nationale, il est
obligé d'embaucher des gens pour le remplacer sur sa ferme. Cela veut
dire que cette année et tout au long de son mandat il n'a pas droit
à ce remboursement. Je ne vois pas... Il était agriculteur avant.
Des exemples comme cela, on doit en avoir combien au Québec, je ne le
sais pas, mais pourquoi cette discrimination? Il y a une différence
entre quelqu'un qui fait ce genre de travail et... Je donne l'exemple du
député de Kamouraska-Témiscouata. Je donne l'exemple du
député de Plessisville...
M. Clair: La question qui va se poser dans le cas des personnes
que vous nommez va toujours se rapporter au critère qui est
établi dans la loi qui est appliquée depuis un bon bout de temps
et qui continue de l'être. Si vous me le permettez, puisque vous me posez
une question...
M. Goulet: Le ministre de l'Industrie et du Commerce est un
"gentleman farmer", mais pas les autres.
M. Clair: J'essaie de vous donner une réponse au meilleur
de ma connaissance. Je vous dis que le critère était que
l'occupation principale soit l'agriculture et cela demeure ce
critère-là. Je ne rendrai pas de décision sur
l'interprétation dans des cas particuliers. D'ailleurs, vous savez fort
bien que le ministre du Revenu ne peut faire état des revenus de qui que
ce soit. Je ne commencerai pas à vous rendre des avis juridiques sur la
situation de tel ou tel cas particulier. Je vous affirme que, dans la loi, il y
avait un critère. Il demeure. Le remboursement de la taxe sur le
carburant vaut pour la machinerie qui est employée pour des travaux
d'agriculture et pourvu que l'occupation principale de l'usager de cette
machinerie soit l'agriculture.
M. Goulet: II y a quand même une discrimination.
M. Clair: On me dit que le critère de l'occupation
principale de l'usager existe depuis 1924, soit bien avant que...
M. Goulet: Ecoutez! Si on sent, M le Président, le besoin
de modifier les lois ou d'en changer, c'est justement parce que ces lois sont
désuètes. Ce n'est pas parce qu'elles sont là depuis 1924.
En 1924, cela veut dire qu'elles ont été mises là dans le
temps des libéraux. Ecoutez! Cela a peut-être besoin d'être
changé?
Une Voix: Ce n'est pas une raison pour... M. Clair: Selon...
M. Goulet: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est que
je ne vois pas la différence. Lorsqu'on parle de l'usage principal
si vous me le permettez soit l'agriculture, je ne vois pas la
différence. Peut-être que l'usage principal de l'outil comme tel,
si on prend un exemple du tracteur voué à l'agriculture, cela
serait correct. Mais que le tracteur soit la propriété d'un
agriculteur ou la propriété d'un député qui, avant
d'être ici, avait une terre et dont la profession principale était
la culture, je ne vois pas la différence. C'est là que je ne vois
pas la différence.
M. Clair: Le but du remboursement, dans un premier temps,
l'exemption ou le remboursement je devrais plutôt dire
remboursement ici ne s'applique pas à une machinerie en
particulier, il s'appliquait à l'agriculteur pour une machinerie
précise, la machinerie qui sert à des fins agricoles. Il n'a
jamais été dans l'esprit de cette loi d'exempter ou de remboursr
qui que ce soit d'autre que celui qui est un véritable agriculteur, soit
celui dont l'occupation principale est l'agriculture.
M. Goulet: Que faites-vous des compagnies? Il y en a de plus en
plus dans nos régions, des agriculteurs en compagnies. Qu'est-ce qu'on
fait? Est-ce qu'ils entrent là-dedans? Est-ce que les trois ou les
quatre propriétaires doivent être des agriculteurs à temps
plein? C'est la même chose?
M. Clair: Je pense que, dans ce cas-là... Juste un
instant, s'il vous plaît! M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Clair: La personne et l'usager peuvent effectivement inclure
une personne morale aux mêmes conditions qu'une personne physique,
c'est-à-dire pendant que cette machinerie est employée pour des
travaux d'agriculture et pourvu que l'occupation principale de l'usager soit
l'agriculture.
M. Goulet: Est-ce que l'usager est synonyme de
propriétaire? Oui? Cela veut dire la même chose dans votre texte
de loi?
M. Clair: Non, l'usager n'est pas la même chose que le
propriétaire, d'après moi. Attendez un peu que je relise.
M. Goulet: Je ne comprends plus rien dans votre affaire.
M. Clair: Dans le cas d'un tracteur loué, l'usager n'est
pas propriétaire du tracteur, mais, pendant qu'il utilise le tracteur
pour des fins agricoles, il peut bénéficier... Je n'ai jamais vu
de tracteur loué, essence comprise. Le locataire fournit l'essence. Dans
la mesure où l'usager peut être un locataire, effectivement, il
n'est pas nécessaire qu'il soit propriétaire.
Une Voix: C'est le cultivateur qui fait la
réclamation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Je ne parle pas de celui-là. La question
qu'on a à l'esprit, c'est la suivante. Un propriétaire comme moi
et comme un autre pas moi, parce que je n'en ai pas, mais ce pourrait
être moi je suis propriétaire d'une terre. Je suis
député, je fais cultiver ma terre par quelqu'un pour un an
d'avance, ce type-là, c'est un usager. Son occupation principale, c'est
l'agriculture. Il exécute des travaux de ferme. Est-ce qu'il a droit au
remboursement, oui ou non? C'est moi le propriétaire. Le
député de Kamouraska-Témiscouata doit se faire rembourser
sa taxe sur l'essence?
M. Clair: Oui, toujours selon les mêmes critères qui
sont prévus dans l'article 5.
M. Raynauld: C'est cela. A ce moment-là, ce ne sont plus
les vrais agriculteurs et ils ont droit au remboursement. (16 heures)
M. Clair: II s'agit de déterminer si l'occupation
principale de ces personnes est l'agriculture. Comme je l'ai dit au
député tantôt, il s'agit de questions de fait. Je ne
m'engagerai absolument pas en commission plénière de vous dire:
Dans tel ou tel cas, cela va donner telle ou telle interprétation. C'est
pas possible, vous comprenez cela.
M. Raynauld: Je comprends cela mais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 2 sera adopté? M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Est-ce que l'occupation principale va selon le
salaire? Qu'est-ce qui détermine l'occupation principale?
M. Clair: L'occupation principale est une notion qui peut
être composée de divers éléments, de temps, de
revenus, d'occupation. Mon sous-ministre me souligne que si on avait voulu
parler de principale source de revenus, on aurait parlé de principale
source de revenus. On parle ici de principale occupation. L'occupation, c'est
une question de temps, de fait, à savoir à quoi tu t'occupes le
plus dans ta vie de tous les jours.
M. Russell: M. le Président, simplement un cas
hypothétique pour ne mentionner personne, mais je connais des cas
semblables. Je me pose des questions. Où obtiennent-ils leur
remboursement et de quelle façon? Je connais des fermes qui sont
contrôlées par des sociétés assez grandes qui
détiennent plus de 50% des actions. Il y a un copropriétaire.
Qu'arrive-t-il dans ce cas, parce que la société, ce n'est pas
son revenu principal; ce doit être la société qui fait la
réclamation évidemment. Cela se produit actuellement chez nous
dans mon comté. J'en ai vu quelques-unes.
M. Clair: II peut se produire des cas, sous l'empire de la loi
telle qu'elle est actuellement, de gens qui pourraient obtenir des
remboursements et qui, dans une interprétation restrictive de la
volonté du législateur, ne devraient pas y avoir droit. A ce
moment-là, si on voulait bloquer complètement cette porte, il
faudrait en venir à remplacer le critère de l'occupation
principale par un test de revenus. On pourrait, alors par exemple, frapper
très durement les agriculteurs qui frisent la soixantaine ou qui
dépassent les 65 ans et qui
peuvent, au niveau d'un producteur agricole qui dépasse 65 ans,
se retrouver avec des revenus de pension supérieurs à leurs
revenus d'agriculture et pourtant être considérés par tous
et chacun d'entre nous comme étant véritablement des producteurs
agricoles. Alors, on préfère garder cette interprétation
qui peut, à l'occasion, laisser passer des gens qu'on aimerait mieux ne
pas laisser passer, mais vaut mieux, à mon humble avis, conserver ce
critère qui est beaucoup plus respectueux de la réalité de
l'agriculture et des pêcheries que tout autre critère qu'on
pourrait avancer avec la connaissance qu'on a actuellement.
M. Goulet: M. le Président, le ministre a répondu
à une question en disant que la rémunération, le salaire
de l'individu n'entrait pas en ligne de compte. Vous avez dit cela tout
à l'heure?
M. Clair: Oui, au niveau de l'occupation principale de
l'usager.
M. Goulet: Pourquoi, sur la formule de demande de remboursement
de la taxe de carburant, il y a une nouvelle question qui se lit à peu
près comme suit: Avez-vous un autre emploi et si oui, quelle en est la
rémunération? Pourquoi poser une telle question si cela n'a rien
à faire là?
M. Clair: Pour préciser d'abord ce que j'ai
réellement dit au début, j'ai dit que la notion à mon avis
je ne vous donne pas l'interprétation de la direction de la
législation ou du directeur du contentieux, je donne la mienne de
l'occupation principale peut inclure différents critères comme
l'occupation effective du temps, c'est une question de temps; cela peut
être une question de revenus éventuellement. Le
député fait état d'une formule de demande de remboursement
que je n'ai pas vue. S'il voulait me l'envoyer, on pourrait la regarder et lui
dire pourquoi cette question se retrouve là-dessus.
M. Goulet: Je n'ai pas la formule devant moi, mais est-ce que sur
cette formule il y aura une nouvelle question qui va être à peu
près comme ceci ou est-ce qu'elle est déjà
imprimée: Avez-vous un autre emploi et si oui, quelle en est la
rémunération? Il n'y a pas de formule qui a une question comme
celle-là dessus?
M. Clair: Pour vous donner une idée de la quantité
de papiers qui peuvent circuler au ministère du Revenu... Ce n'est pas
pour excuser les gens, mais simplement pour vous mettre au fait. Une des
premières questions que j'ai posée, c'était: Quelle est la
quantité de papiers qu'on pouvait brasser? On m'a dit que, par exemple,
au niveau des rapports d'impôt et de l'ensemble des formules, cela
pouvait ressembler à 90 vannes de papier. Qu'il y ait une formule qu'on
ne connaisse pas par coeur... Si le député a la prétention
que le ministre du Revenu devrait connaître par coeur l'ensemble des
formules du ministère du Revenu, j'aime autant démissionner tout
de suite devant lui.
M. Goulet: Naturellement, ma question s'adresse au ministre parce
que c'est lui qui est le porte-parole, mais il doit y avoir six ou sept
conseillers autour de lui. Est-ce qu'il n'y en a pas un qui peut me dire si
c'est vrai que cette question est sur une formule actuellement?
M. Clair: Comme parlementaire, je dois prendre votre parole. Vous
m'affirmez que vous avez une formule de demande de remboursement de la taxe sur
les carburants pour laquelle il y a une question concernant la
rémunération de l'individu. Moi je vous dis que c'est un
critère qui peut être un critère d'appréciation pour
connaître si l'occupation de l'usager est véritablement
l'agriculture.
M. Goulet: M. le Président...
M. Clair: Si vous voulez que je fasse faire la
vérification, M. le député, je vais le demander.
Faites-moi simplement apporter par un messager votre formule et je vais la
faire vérifier.
M. Goulet: M. le Président...
M. Clair: Pour voir si elle est bel et bien en circulation
actuellement.
M. Goulet: M. le Président, je sais qu'en commission
plénière, il n'y a pas de question de privilège. Je n'ai
pas dit que j'avais en ma possession une formule. J'ai dit: Est-ce qu'il existe
une formule sur laquelle il y a une question qui est exactement celle que j'ai
mentionnée? Est-ce que cela existe, oui ou non? Je n'ai pas dit que
j'avais une formule en main. J'ai demandé s'il y avait une question qui
se lisait comme suit: Avez-vous un autre emploi et, si oui, quelle en est la
rémunération? Puis, le ministre m'a dit: Cela ne rentre pas en
ligne de compte.
M. Clair: On m'indique qu'une telle question aussi loin que l'on
puisse se souvenir, n'apparaîtrait pas sur cette formule. Mais j'ajoute
que si elle apparaissait, ce n'est pas grave parce que ce n'est pas là
le critère. Le critère, ce n'est pas un test de revenu. C'est un
test d'occupation principale et, tout au plus, les revenus d'un individu
peuvent être un critère important d'appréciation quant
à savoir quelle est l'occupation principale de l'usager. Si le
député veut que je m'engage à vérifier la chose et
à lui en reparler, il me fera plaisir de lire la formule de demande de
remboursement de taxe sur le carburant.
Le Président (M. Vaillancout, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, juste pour continuer
là-dessus. Je pense qu'effectivement ce serait une information utile,
vous pourriez peut-être la faire distribuer cette demande, c'est un
document public, ce n'est pas une affaire secrète.
M. Clair: Oui, il n'y a pas de secret là-dedans.
M. Raynauld: II n'y a pas de secret là-dedans, alors, je
ne vois pas pourquoi vous seriez gêné de dire que vous pourriez la
déposer, la distribuer aux membres dans le plus bref délai.
M. Clair: Etant donné, M. le Président, que mon
ministère se trouve à environ dix kilomètres d'ici, je ne
pourrai avoir cela cet après-midi à l'heure qu'il est. Je prends
l'engagement de remettre en main propre aux députés de
Brome-Missisquoi, de Bellechasse, de Shefford et d'Outremont une formule de
demande de remboursement de la taxe sur le carburant, mais je tiens à
les prévenir que je vais surveiller l'utilisation qu'ils vont en
faire.
M. Raynauld: M. le Président, une dernière
question. Est-ce qu'on pourrait savoir quel est à peu près le
montant annuel des remboursements au titre de cet article 2?
M. Clair: Je m'excuse.
M. Raynauld: Quel est le montant annuel de remboursement qui est
fait au titre de cet article 2, remboursement de la taxe sur le carburant?
M. Clair: Ce serait, sous toute réserve, de l'ordre
d'environ $5 millions par année.
M. Raynauld: $5 millions par année.
M. Clair: Sous toute réserve.
M. Raynauld: Vous vérifierez aussi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 2 sera-t-il adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
2, adopté. Article 3.
M. Clair: L'article 3, M. le Président, je pense qu'on
pourrait l'adopter rapidement puisqu'il s'agit simplement de reprendre les
mêmes notions pour le mazout exempté que celles qu'on vient tout
juste d'adopter pour le remboursement. C'est la même chose.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
3, adopté? Adopté. Article 4.
M. Clair: A l'article 4, l'article 19.1 de la Loi concernant la
taxe sur les carburants proposé par l'article 4 du présent projet
de loi est de droit nouveau. Cet article crée une prohibition expresse
et nécessaire au maintien du système d'interdiction de l'usage de
mazout coloré dans un véhicule automobile, sauf si ce mazout est
utilisé à l'alimentation d'un moteur de locomotive ou à
certaines autres fins spécifiques visées à l'article 9,
soit le moteur d'un bateau commercial ou de pêche et de la machinerie
agricole. Est-ce que c'est adopté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
4, adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 5.
M. Clair: L'article 5, M. le Président, c'est un article
qui permet simplement à un poste d'essence de pouvoir avoir en stock du
mazout coloré pour se chauffer.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté? Adopté. Article 6, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 7, adopté?
M. Raynauld: Article 7...
M. Clair: Précise seulement des infractions.
M. Raynauld: J'ai noté qu'il s'agit d'avoir un
système un peu plus complexe pour les amendes, c'est cela? (16 h 10)
M. Clair: II s'agit de spécifier davantage certaines
infractions.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
7 adopté. Article 8, adopté? M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai soulevé en
deuxième lecture le cas de l'article 45 qui est modifié. On me
dit que l'article 45.1 en particulier est un paragraphe qui suppose que des
gens sont coupables même en état d'ignorance des actes qui sont
posés et cela se rapporte principalement au deuxième paragraphe
de l'article 45.1 que je vous lis: "La preuve que l'infraction a
été commise par une personne qui est à l'emploi du
propriétaire ou locataire du véhicule automobile ou du moteur
propulsif est une preuve concluante que l'infraction a eu lieu avec
l'autorisation ou sous la direction de ce propriétaire ou locataire."
Par conséquent, simplement parce qu'il y a eu une infraction avec un
certain véhicule, il est automatique, à ce moment, que celui qui
est coupable, c'est le propriétaire ou le locataire de ce
véhicule.
On me dit que, sur un plan juridique, c'est une grande première
et que c'est inacceptable. Je pourrais même dire également qu'on
fait allusion, dans les conseils juridiques que nous avons reçus,
à une expression dont je ne connais pas exactement la portée
parce que je ne suis pas un avocat, mais on me parle d'une présomption
juris et de jure qui est absolument inacceptable. Cela vient d'un juriste qui a
examiné ce paragraphe. A première vue, il semble bien que ce soit
le cas. Je
pense que cela vaudrait la peine que le ministre réexamine ce
paragraphe.
M. Clair: Premièrement, ce que je voudrais dire au
député d'Outremont, c'est que, si cet éminent juriste de
sa formation politique est le même que celui qui a conseillé au
gouvernement en 1971 d'adopter l'article 134 de la Loi de la Commission de
contrôle des permis d'alcool, il retrouvera là un article qui
prévoit des dispositions quasiment identiques. Ce n'est donc pas une
première. Au niveau de la Loi de la Commission de contrôle des
permis d'alcool, l'article 134 crée une telle présomption juris
tantum et non juris et de jure, c'est-à-dire que c'est une
présomption qu'on peut renverser; ce n'est pas une présomption
irréfragable, ce n'est pas une présomption à l'encontre de
laquelle personne ne peut aller. Il y a une présomption et il y en a une
autre dans un cas que je vous cite très précisément,
l'article 134 de la Loi de la Commission de contrôle des permis d'alcool
adoptée en 1971; c'était bien le gouvernement libéral
à l'époque.
M. Raynauld: M. le Président... M. Clair: Je ne dis pas
cela pour...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Clair: Si vous me le permettez.
M. Raynauld: M. le Président, question de
règlement.
M. Goulet: Ce n'est pas une référence; en 1924,
Taschereau et, en 1971, Bourassa. Ce ne sont pas des
références.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, laissez le ministre répondre à la question; je
vous reconnaîtrai par la suite.
M. Raynauld: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur une
question de règlement.
M. Raynauld: Je pense que le ministre pourrait se dispenser
d'appeler les conseillers juridiques des membres du Parti libéral ou du
Parti québécois ou de quelque parti que ce soit. Je parle ici de
conseillers juridiques qui exercent la profession de droit et qui sont des
avocats; ce ne sont pas des députés. J'aimerais que vous
respectiez l'intégrité des gens qui peuvent nous conseiller,
nous, députés.
M. Clair: Je respecte parfaitement cela, sauf que je voulais
simplement taquiner le député d'Outremont; il n'a pas tellement
le sens de l'humour, j'ai l'impression. J'avais une belle occasion de lui dire,
au sujet de ce qu'il nous reprochait dans cet article, qu'il y avait
déjà d'autres dispositions législatives qui étaient
absolument identiques qui avaient été adoptées par le
gouvernement précédent. Je n'en fais pas le reproche; c'est
simplement que la situation vécue dans le milieu requiert l'instauration
de présomption de cette nature, si on ne veut pas se retrouver
finalement devant une situation totalement inacceptable où on peut soit
faire condamner des gens qui ne sont pas les vrais responsables, soit encore
être déboutés constamment devant les tribunaux et ne pas
obtenir l'application véritable de la loi.
M. Raynauld: M. le Président, je m'opposerai à
l'adoption de cet article 8 et je m'y opposerai avec la conviction profonde
qu'on doit faire passer les droits des gens avant la facilité de
l'administration à condamner des présumés coupables. Si
c'est ce que le gouvernement veut faire, se donner encore plus de
facilité justement pour condamner les gens qui peuvent ne pas
l'être, coupables, avec des présomptions préalables, c'est
sa responsabilité, mais je ne m'y associerai pas.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 8... M. le ministre?
M. Clair: Non, allez-y, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: Dans le même sens que le député
d'Outremont, même si la Régie des alcools a une loi qui lui permet
d'agir de cette façon, je trouve que c'est un peu dur, à moins
que le ministre du Revenu ne me prouve que c'est réellement
nécessaire et qu'on retrouve ce pouvoir dans d'autres lois, à
moins que pour faire respecter la loi il ait nécessairement besoin de
cet article, je pense que c'est aller trop loin. Si quelqu'un se fait prendre
avec mon camion et qu'il commet une infraction au sens de la loi, je suis
automatiquement responsable ou coupable; je trouve que c'est aller un peu
loin.
M. Clair: Je répète simplement que c'est faux
d'affirmer que la présomption est automatique, que la personne est
automatiquement coupable. C'est faux, ce n'est pas ce que dit le texte de loi.
D'autre part, s'il est exact que le contribuable a droit au
bénéfice du doute, il a une possibilité de s'en sortir,
c'est tout aussi vrai que le contribuable québécois est en droit
de s'attendre que les sommes qui sont dues au Trésor
québécois le sont. Si vous payez vos impôts et votre taxe
sur le carburant, vous êtes tout autant en droit de vous attendre que
votre voisin les paie. Dans ce sens, la présomption ne crée pas
une culpabilité automatique, elle crée une présomption,
effectivement, mais n'entraînant pas culpabilité automatique
puisqu'on dit "une preuve documentaire ou circonstanciée du paiement de
la taxe" peut effectivement être plaidée à rencontre d'une
accusation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 8 sera adopté?
M. Russell: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur
division, l'article 8 est adopté. Article 9.
M. Russell: Sur division, oui. M. Clair: L'article 9.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Sera-t-il adopté?
M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 10?
Une Voix: Adopté.
Projet de loi no 68
Commission plénière
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Nous allons maintenant examiner, article par article, le projet
de loi no 68, Loi modifiant de nouveau la Loi concernant l'impôt sur la
vente en détail et la loi concernant la taxe sur les carburants.
J'appelle donc l'article 1.
M. Clair: M. le Président, si vous me le permettez, je
vais vous remettre une copie d'un document que j'ai remis à mes deux
collègues, le député de Brome-Missisquoi et le
député d'Outremont, concernant des amendements apportés
à ce projet de loi. Je vous en remets une copie et je crois qu'il serait
avantageux de travailler avec cette copie. Est-ce que mes collègues de
l'Opposition ont leur copie entre les mains? Oui.
M. Raynauld: Le projet d'amendement est un projet qui incorpore
les changements qui avaient d'abord été proposés au projet
de loi no 68 ou si ce sont des amendements additionnels?
M. Clair: La copie que vous avez entre les mains devient presque,
à toutes fins utiles, le projet de loi, vu qu'il n'y a que l'article 2
du projet de loi actuel qui demeure à l'article 2. Si on veut, on peut
procéder plus formellement. Premièrement, M. le Président,
est-ce qu'on adopte le titre du projet de loi au début ou à la
fin?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A la
fin.
M. Clair: A la fin, bon. Ce que je propose, c'est de modifier le
projet de loi en remplaçant l'article 1 par les articles suivants.
Est-ce que mes collègues m'ont retrouvé sur le document?
M. Raynauld: Oui.
M. Clair: Est-ce que vous me dispensez de la lecture de tout
l'article 1? Est-ce que je peux l'expliquer immédiatement? (16 h 20)
Dans un premier temps, le nouvel article 1 dit ceci:
L'article 2 de la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail (Lois refondues du Québec, chapitre 11) est
modifié: a) par le remplacement du paragraphe 3° par le suivant:
3° bien mobilier signifie tout bien qui n'est pas un immeuble
d'après les lois du Québec et comprend le gaz,
l'électricité, le service de téléphone et le
service d'éclairage.
Sur ce point, c'est simplement s'assurer que les taxes de vente qui ont
été perçues depuis belle lurette sur les services de gaz,
d'électricité, de téléphone et d'éclairage
ont bel et bien été perçues légalement, puisqu'un
doute a surgi dans l'esprit de nos juristes et, plutôt que de courir le
risque que le gouvernement du Québec fasse face à des
réclamations de taxes perçues illégalement, se chiffrant
à des centaines de millions de dollars, vous comprendrez qu'il y a lieu
simplement de préciser cette définition dans le but d'inclure ce
qui, croyait-on, y était inclus, mais ne l'était peut-être
pas tout aussi nettement qu'on aurait voulu qu'il le soit.
M. Raynauld: M. le Président, j'ai lu l'article original,
le gaz et l'électricité sont mentionnés.
M. Clair: Oui, le gaz et l'électricité
étaient déjà mentionnés. C'est au niveau du service
de téléphone et d'éclairage qu'il y avait une
difficulté, et plus particulièrement le service
d'éclairage.
M. Raynauld: Alors, l'électricité et le service
d'éclairage, ce n'est pas la même chose. La taxe de vente ne
s'applique pas au service, cela s'applique...
M. Clair: On me dit que l'électricité est un bien
mobilier et qui est taxable. Mais le service d'éclairage, service qui
découle du service d'électricité, pouvait faire l'objet de
certains doutes. C'est pour cela qu'on inclut maintenant que bien mobilier
signifie, en plus du gaz, de l'électricité et du service de
téléphone, le service d'éclairage.
M. Raynauld: D'accord, cela va.
M. Clair: Cela a toujours été taxé, mais
c'est un doute qui aurait pu surgir. Cela va? Adopté. b) par le
remplacement du paragraphe 7° par le suivant:
Prix de vente ou prix d'achat signifie le prix en argent et aussi la
valeur de services rendus, la valeur réelle de l'objet
échangé et toute considération ou prestation
acceptée par le vendeur comme prix de l'objet du contrat de vente. Ceci
inclut tous les frais d'installation de l'objet vendu, tous frais de service,
de douane, d'accise et de transport, même si aucune mention distincte
n'en
est faite sur la facture ou dans les livres du vendeur."
C'est ici qu'on exclut maintenant de la notion de prix de vente ou prix
d'achat, qui est le critère, la base si on veut, l'assiette de la taxe
de vente de 8%, on exclut de cette définition les frais
d'intérêts et les frais de finance. Autrement dit, on ne paiera
plus la taxe de vente sur les frais d'intérêt et les frais de
finance, ce qui est une excellente nouvelle pour l'ensemble des consommateurs
québécois.
M. Raynauld: Bon!
M. Clair: Egalement pour les mandataires qui
représentaient le gouvernement, le ministère du Revenu.
Adopté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît! Pour les fins du journal des Débats, je
comprends que l'article 1 que nous retrouvons dans le projet de loi no 68 est
remplacé intégralement par l'amendement que vous nous proposez
dans le document que vous nous avez soumis...
M. Clair: Effectivement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... et
qui n'a pas été lu.
M. Clair: Je l'ai lu au fur et à mesure... Je
pourrais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Parce
que, pour les fins du journal des Débats, j'aimerais...
M. Clair: Vous aimeriez que je le lise au complet?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, le
nouvel article 1.
M. Clair: Est-ce que je pourrais le faire une fois qu'on aura
fini d'étudier chacun des paragraphes?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
M. Clair: Alors, on en est à l'article 11. L'article 3 de
cette loi est modifié par la suppression du deuxième
alinéa du paragraphe 6. C'est de la concordance, du fait que, plus loin,
on va retoucher à l'article concerné. Article 12: "L'article 17
de cette loi, modifié par l'article 1 du chapitre 30 des lois de 1978,
etc., est de nouveau modifié par le remplacement du paragraphe d) par le
suivant: "Aux créances, droits d'action, annuités, primes
d'assurance, de même qu'aux droits incorporels à l'exception du
service de téléphone et du service d'éclairage."
C'est de la concordance. C'est ici qu'existait la contradiction qui
pouvait mettre en cause la sûreté de la taxe perçue au
point de vue du service de téléphone et du service
d'éclairage, cette concordance avec ce dont on a discuté
précédemment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Clair: Cela va? M. Raynauld: Cela va.
M. Clair: Au paragraphe b), on retrouve presque mot à mot
l'ancien article 1 du projet de loi. C'est l'abolition de la taxe de vente sur
les aéronefs. On ajoute cependant un mot. On ne parle plus seulement
d'un permis d'exploitation d'un service aérien commercial
délivré à l'acquéreur, mais également au
locataire de l'aéronef. On dit "ou au locataire de cet aéronef".
Si vous comparez les deux textes, c'est exactement la même chose que
l'ancien texte, sauf qu'on ajoute après le mot "acquéreur", les
mots "ou au locataire".
M. Raynauld: C'est également de la concordance avec un
article existant qui se rapporte à la location, je pense, et c'est le
même régime qui va s'appliquer.
M. Clair: C'est cela, oui. Le mot "vente" inclut la location. Le
mot "vente" inclut la location, mais le mot "acquéreur" n'inclut pas le
locataire. C'est pour cette raison qu'on l'ajoute. Cela va?
M. Raynauld: Cela va.
M. Clair: 1 3: L'article 31 de cette loi est modifié par
le remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "Les
règlements adoptés en vertu de la présente loi entrent en
vigueur à la date de leur publication à la Gazette officielle du
Québec ou à une date ultérieure qui y est fixée.
Ils peuvent aussi, une fois publiés et s'ils en disposent ainsi,
s'appliquer à une date antérieure à leur publication, mais
non antérieure à l'année en cours." Est-ce assez clair ou
désirez-vous une explication là-dessus?
M. Raynauld: Pourrait-on indiquer le changement?
M. Clair: Auparavant, cette disposition ne s'appliquait
qu'à certaines dispositions bien précises de la Loi de
l'impôt sur la vente en détail. Maintenant, elle va s'appliquer
à l'ensemble de la loi, dans ce cas-ci en particulier.
M. Raynauld: D'accord. Cela va.
M. Clair: M. le Président, vous me demandez de relire au
complet?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, M.
le ministre...
M. Clair: Ce n'est pas nécessaire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
étant donné que vous l'avez fait par petites bribes...
M. Clair: Cela va? D'accord?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
toutes les parties faisant le tout. Le nouvel article 1 présenté
par le ministre sera-t-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 2.
M. Clair: L'article 2, M. le Président, c'est l'article 2
du projet de loi 68. Dans ce cas-ci, ce sont les chiffres que j'ai
mentionnés tantôt concernant la fixation à $0.013 le litre
de la taxe sur le carburant servant à effectuer des essais de moteurs
d'aéronefs ou servant à la propulsion d'un aéronef, ce qui
fait que les avions de plaisance, par exemple, se trouvent à
bénéficier d'une réduction de la taxe tandis que les
avions destinés à des fins commerciales connaissent une
augmentation de $0.007 à $0.013.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 2, adopté. Je pense qu'il y a un amendement
après l'article 2. M. le ministre.
M. Clair: Effectivement. Après l'article 2, je propose
d'insérer les articles suivants: l'article 2 1. Je vais lire au complet
l'article 3 que je propose, M. le Président. 2 1: "L'article 56 de cette
loi est remplacé par le suivant: 56. Les règlements
adoptés en vertu de la présente loi entrent en vigueur le jour de
leur publication à la Gazette officielle du Québec ou à
une date ultérieure qui y est fixée. Ils peuvent aussi, une fois
publiés et s'ils en disposent ainsi, s'appliquer à une date
antérieure à leur publication, mais non antérieure
à l'année en cours." "2 2 La Loi concernant l'impôt sur le
tabac, Lois refondues du Québec, chapitre I-2, est modifiée par
le remplacement de l'article 20 par le suivant: 20. Les règlements
adoptés en vertu de la présente loi entrent en vigueur à
la date de leur publication à la Gazette officielle du Québec ou
à une date ultérieure qui y est fixée. Ils peuvent aussi,
une fois publiés et s'ils en disposent ainsi, s'appliquer à une
date antérieure à leur publication, mais non antérieure
à l'année en cours. (16 h 30)
Cependant, les règlements adoptés en vertu du
sous-paragraphe a) du paragraphe 3 de l'article 19 entrent en vigueur lors de
leur adoption et n'ont pas à être publiés à la
Gazette officielle du Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article...
M. Clair: Je m'excuse, M. le Président. Je vais
interrompre la lecture, parce que je viens de me poser une question. L'article
2.3: L'article 5 de la Loi des licences, Lois refondues du Québec,
chapitre L3, modifiées par l'article 4 du chapitre 34 des lois de 1978,
est de nouveau modifié par l'addition à la fin de l'alinéa
suivant: Les règlements adoptés en vertu de la présente
loi entrent en vigueur à la date de leur publication à la Gazette
officielle du Québec ou à une date ultérieure qui y est
fixée. Ils peuvent aussi, une fois publiés et s'ils en disposent
ainsi, s'appliquer à une date antérieure à leur
publication, mais non antérieure à l'année en cours.
L'article 2.4 maintenant, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Clair: C'est vous qui l'avez voulu. L'article 12 de la loi
concernant la taxe sur les repas et l'hôtellerie, lois refondues du
Québec, chapitre T3, modifiées par l'article 4 du chapitre 33 des
lois de 1978, est de nouveau modifié par le remplacement du dernier
alinéa par le suivant: Les règlements adoptés en vertu de
la présente loi entrent en vigueur à la date de leur publication
à la Gazette officielle du Québec ou à une date
ultérieure qui y est fixée. Ils peuvent aussi, une fois
publiés et s'ils en disposent ainsi, s'appliquer à une date
antérieure à leur publication, mais non antérieure
à l'année en cours.
L'article 2.5: L'article 12 de la Loi concernant la taxe sur les
télécommunications, lois refondues du Québec, chapitre T4,
est modifié par le remplacement du deuxième alinéa par le
suivant: Les règlements adoptés en vertu de la présente
loi entrent en vigueur à la date de leur publication à la Gazette
officielle du Québec ou à une date ultérieure qui y est
fixée. Ils peuvent aussi, une fois publiés et s'ils en disposent
ainsi, s'appliquer à une date antérieure à leur
publication, mais non antérieure à l'année en cours.
En résumé, M. le Président, il s'agit d'uniformiser
les dispositions législatives régissant la
rétroactivité des règlements en matière de taxe
à la consommation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article 2.1 sera adopté?
Une Voix: Adopté.
M. Raynauld: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: J'aimerais que le ministre explique la nature
il y en a quatre ou cinq qui sont identiques du problème au
juste. Je n'ai pas compris.
M. Clair: Je vais donner un exemple pratique au
député d'Outremont et je le donne parce que c'est un exemple
vécu. C'est ce cas-là qui nous a amenés à corriger
la situation.
En mai 1976, par exemple, le ministre des Finances de l'époque,
l'honorable Raymond Gar-
neau, a modifié le régime des mandataires qui avaient
droit à une indemnité ou à une commission de 2% quand ils
perçoivent la taxe de vente ou la taxe sur les repas ou
l'hôtellerie. Jusqu'à mai 1976, les mandataires avaient droit
à 2% sans maximum. Le ministre des Finances annonce, en mai 1976, que
dorénavant il allait y avoir un plafond de $1000 de $500 dans un
autre cas à ces 2%. La loi, si ma mémoire est
fidèle, découlant de ce budget est entrée en vigueur le
1er juillet 1976. Mais la réglementation en découlant, elle,
n'est entrée en vigueur qu'en octobre ou novembre 1976, faisant en sorte
que la date de la publication du règlement un mandataire
s'est tourné vers le gouvernement et a dit: La loi peut avoir un effet
rétroactif en quelque sorte, mais le règlement, lui, il n'y a
rien dans la loi qui dit qu'il peut être rétroactif. En
conséquence, du 1er juillet 1976 au 1er novembre 1976, je vous
réclame la somme de $5600 représentant mes 2% sans maximum.
Ce mandataire a effectivement eu gain de cause. Ce qu'on veut faire, on
veut corriger cette situation et s'assurer que d'autres gouvernements, y
compris le nôtre, ne se retrouveront pas dans des difficultés
semblables. Je pense que c'est respecter l'esprit des lois en matière
budgétaire, en matière fiscale et que c'est simplement
uniformiser. On profite de ce problème pratique auquel le
ministère est confronté pour régler de la façon la
plus étendue possible ce problème et éviter qu'on ne
connaisse d'autres difficultés dans l'avenir. Est-ce que cela
répond à la question du député?
M. Raynauld: Je vous remercie.
M. Russell: Cela donne une explication, mais cela ne
répond pas tout à fait à notre inquiétude. Cela
peut donner des avantages au ministre de s'assurer que la personne de qui il a
perçu injustement des impôts ne peut pas retourner les chercher.
Dans le cas que le ministre vient d'exposer, le gouvernement avait perçu
des impôts injustement.
M. Clair: Ce n'était pas des impôts. Il s'agissait
d'une commission.
M. Russell: C'était un dû, si vous voulez. Mais
là, cela l'empêche d'aller percevoir ces dus.
M. Clair: Pour ceux qui ont obtenu des jugements en cour ou pour
les causes pendantes, ce sera respecté et le gouvernement paiera. Le
député comprendra que, si, par exemple, le soir du discours sur
le budget, le ministre des Finances annonce qu'à compter de minuit ce
jour-là la taxe sur les cigarettes augmente, on sait tous qu'elle va
effectivement augmenter à compter du jour où il prononce son
discours, par exemple, ou à compter d'une date x, y, z. Si le
règlement qui découle de cette loi qui permet l'application ne
peut pas être rétroactif à la même date où la
loi est entrée en vigueur, c'est une situation baroque.
C'est simplement aligner le pouvoir réglementaire en
matière de taxe à la consommation sur la façon usuelle de
procéder en matière de lois fiscales, plus spécifiquement
en matière de consommation.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député d'Outremont.
M. Raynauld: Avant de passer à l'adoption, je voudrais
simplement noter qu'il y a une coquille de dactylographie. Je suppose que cela
est corrigé automatiquement.
M. Clair: J'espère que vous nous la signalez; cela peut
être très utile.
M. Raynauld: C'est à l'article 3 du projet d'amendement,
alinéa 2.2 qui modifie la Loi concernant l'impôt sur le tabac. A
la page suivante on voit, "non antérieur à l'année en
cours", au premier paragraphe, troisième ligne; antérieur prend
un "e".
M. Clair: M. le Président, vous avez fait la
correction?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
Nous en prenons acte. Alors, ce nouvel article 2.1 sera-t-il adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Est-ce que le nouvel article 2.2 sera adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 2.3?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 2.4?
M. Clair: Adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 2.5?
M. Clair: Adopté.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. J'appelle maintenant le nouvel article 3.
M. Clair: M. le Président, je propose de remplacer
l'article 3 du projet de loi par le suivant, l'article 3.1: "le paragraphe b)
de l'article 1.2 et l'article 2 ont effet à compter du 1er janvier
1980." L'article 3.2: "Le paragraphe a) de l'article 1,
l'article 1.1, le paragraphe a) de l'article 1.2, l'article 1.3, ainsi
que les articles 2.1 à 2.5 sont déclaratoires sauf pour les
causes pendantes au 28 novembre 1979, soit la date dépôt de la loi
en première lecture."
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article 3 tel que lu par le ministre sera adopté?
M. Clair: Ni plus ni moins, cela signifie qu'en ce qui concerne
la notion de prix d'achat cela entre en vigueur au 1er janvier.
M. Raynauld: C'est la suppression de la taxe de vente.
M. Clair: En ce qui concerne la notion de prix d'achat, les
exemptions de taxe et la taxe sur l'essence toutes le nouvelles
dispositions de nature un peu budgétaire vont entrer en vigueur au 1er
janvier 1980, tandis que celles qui visent à couvrir des
problèmes qui apportent des corrections, on dit que c'est
déclaratoire et que cela entre en vigueur le jour du dépôt
du projet de loi. (16 h 40)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le nouvel article 3 sera adopté?
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, on peut peut-être
l'adopter maintenant. J'aurais deux problèmes à soulever d'ordre
un peu plus général. M. le Président, je suggère
d'adopter l'article...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
nouvel article 3 adopté?
M. Clair: Le nouvel article est adopté?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. Raynauld: J'ai deux remarques à faire si vous me le
permettez. D'abord, la première, ce sont...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Avant,
l'article 4, parce qu'il y a l'article 4 du projet de loi qui doit être
adopté également.
M. Clair: II n'y en a plus, M. le Président, je pense
qu'on a fini de... Oui, il reste l'article d'entrée en vigueur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
4.
M. Clair: Effectivement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
4.
M. Clair: II reste l'article 4, l'entrée en vigueur, si on
veut qu'elle soit un jour en vigueur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 4 sera adopté?
M. Raynauld: Adopté. M. Clair: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, M. le Président, je voudrais exprimer
d'abord ma surprise...
M. Clair: M. le Président, je m'excuse auprès de
mon collègue. Simplement pour vous dire qu'on a oublié d'amender
le titre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
n'était pas un oubli.
M. Clair: Non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce
n'était pas un oubli, M. le ministre. On peut le faire
immédiatement.
M. Clair: Je propose que le titre du projet de loi no 68 soit
remplacé par le suivant: Loi modifiant de nouveau la Loi concernant
l'impôt sur la vente en détail et modifiant d'autres dispositions
législatives. C'est beaucoup mieux comme cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'amendement au titre de la loi tel que proposé par le ministre sera
adopté?
M. Raynauld: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je vous remercie. Je
voudrais simplement exprimer ma surprise sur la procédure qui a
été suivie pour le projet de loi no 68. Je pense que cela va
être la première fois qu'on adopte un projet de loi qui, en fait,
est un projet de loi qui a des incidences fiscales, où somme toute on
diminue, on réduit une taxe de vente. On enlève en fait une taxe
de vente sur une catégorie de produits et que cela se fasse,
premièrement, par le ministre du Revenu et non pas par le ministre des
Finances, que cela se fasse en dehors d'un budget qui est
présenté, plutôt qu'à l'intérieur ou à
l'occasion d'un discours sur le budget, c'est une surprise. Je ne sais pas si
sur le plan parlementaire cela soulève des difficultés
particulières, mais je trouve que c'est un peu inattendu. D'habitude,
ces propositions viennent après que le discours du budget a justement
annoncé ce genre de mesure et on a des projets de loi qui appliquent ces
choses. Cela me surprend qu'on ait présenté cela dans ce
cadre-là.
La deuxième chose que je voudrais dire, elle est liée, je
pense, à la première. Je regrette que les
amendements nous aient été apportés juste au
début de la discussion et compte tenu du fait qu'on est passé
à la commission plénière immédiatement après
la deuxième lecture, on n'a pas eu l'occasion d'examiner ces amendements
en détail et je trouve que ce ne serait pas un précédent
à suivre pour l'avenir. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci.
M. le ministre.
M. Clair: Sans prendre le temps de la Chambre, je voudrais
simplement dire au député d'Outremont que mon collègue le
ministre des Finances était parfaitement d'accord avec le contenu de ce
projet de loi. C'est une décision du gouvernement. Ce projet de loi,
comme tous les projets de loi, a reçu l'approbation du gouvernement
avant d'être déposé à l'Assemblée nationale
ici par le ministre du Revenu et cela m'étonne que dans des cas
où on annonce des exemptions de taxes, des assouplissements, le
député d'Outremont désire qu'on soit très formel.
Je pense que dans la mesure où la nouvelle est bonne, je ne pense pas
qu'il y ait lieu d'être trop formel là-dessus. D'autre part, en ce
qui concerne les amendements que j'ai déposés au début de
la commission, je le regrette un peu, moi le premier. J'ai cependant, pour
être exact, distribué, remis aux leaders des deux partis
politiques en Chambre ici, vendredi dernier, je leur ai fait expédier,
le résumé concernant la substance des amendements à
être apportés et, dans un cas, j'ai bien informé mes deux
collègues qu'il me paraissait délicat de les prévenir de
la nature précise des amendements vu que, par exemple, dans le cas de la
modification, l'exclusion des frais de finance, des frais de crédit, des
frais d'intérêt dans la notion de prix d'achat, j'aurais pu me
faire reprocher d'avoir prévenu qui que ce soit avant le
dépôt officiel de ces amendements.
Enfin, on me souligne également que si on avait su qu'en devait
apporter ces amendements au moment de l'impression du projet de loi no 68, je
tiens à rassurer mes deux collègues, qu'on y aurait effectivement
inclus cela. Ce n'est pas plus agréable pour eux que pour moi de
travailler avec des papillons. Dans un cas, il est survenu un doute, dans un
autre cas, il est survenu un jugement, dans un autre cas, on corrige une
situation qui vient juste de remonter à la surface.
En terminant, M. le Président, je voudrais quand même,
malgré cette petite pointe du député d'Outremont, le
remercier et remercier le député de Brome-Missisquoi et le
député de Bellechasse pour l'excellente collaboration qu'ils
m'ont offerte lors de la défense de mes deux premiers projets de loi. Je
les remercie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci.
La commission a maintenant rempli le mandat qui lui avait
été confié.
Mme la Présidente, j'ai le plaisir de vous faire rapport que la
commission plénière a étudié le projet de loi no 65
et l'a adopté sans amendement et que cette même commission a
également étudié le projet de loi no 68 et l'a
adopté avec amendements, dont le titre.
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission
plénière en ce qui regarde le projet de loi no 65 est-il
adopté?
M. Russell: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division.
Puisqu'il y a eu amendement au titre du projet de loi no 68, je me dois
de vous demander... Le titre du projet de loi était Loi modifiant de
nouveau la Loi concernant l'impôt sur la vente en détail et la Loi
concernant la taxe sur les carburants.
Il devient Loi modifiant de nouveau la Loi concernant l'impôt sur
la vente en détail et modifiant d'autres dispositions
législatives. Cette Assemblée est-elle d'accord sur...
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Le rapport de la
commission plénière, en ce qui concerne le projet de loi no 68,
est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader
parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Mme la Présidente, je vais simplement
attendre le retour du leader parlementaire de l'Opposition officielle, ce qui
ne saurait tarder.
Je disais que j'attendais simplement que le leader parlementaire de
l'Opposition officielle puisse se voir remettre un document. Avant de
procéder à l'article suivant de notre menu d'aujourd'hui, il y
aurait un certain nombre d'informations très importantes à
fournir à nos collègues, à ce moment-ci.
Premièrement, tel qu'entendu plus tôt durant la
journée, maintenant, étant donné que ces deux projets de
loi du ministre du Revenu sont étudiés, la commission
parlementaire permanente de l'industrie et du commerce peut se réunir
à la salle 91-A pour étudier le projet de loi no 73 sur SIDBEC.
J'indique immédiatement que le mandat de la commission, cet
après-midi, n'est pas d'étudier la directive 02 relativement
à la Société générale de financement. Ce
travail se fera plutôt demain, de 10 heures à 13 heures, à
la salle 91-A. (16 h 50)
A la salle 91-A, demain, il devait y avoir étude du projet de loi
no 71, à la commission de l'éducation; comme ce projet de loi
sera terminé dans son étude en commission parlementaire
dès ce soir, demain matin la commission parlementaire de l'industrie et
du commerce pourrait siéger sur le dossier de la Société
générale de financement, à moins que nous n'apprenions de
très mauvaises nouvelles.
M. Raynauld: Mme la Présidente, je voudrais apporter une
précision. Ce qui avait été convenu, c'était que
nous commencions à examiner le projet de loi relatif à SIDBEC cet
après-midi et que, demain matin c'est la suite des travaux de la
même commission de l'industrie et du commerce. Mais je ne voudrais pas
laisser cette Assemblée sous l'impression qu'entre 17 h 55 et 18 heures,
nous devions adopter le projet de loi sur SIDBEC; on ne s'est jamais
engagé à cela. On pourrait très bien continuer demain
matin et, à la suite, adopter l'étude de la directive relative
à la SGF. Je pense que c'est ce dont on avait convenu.
La Vice-Présidente: Clarifications, M. le leader
parlementaire.
M. Bertrand: Sans doute, le député d'Outremont
a-t-il mal compris ce que j'ai dit. Ce que j'ai dit, c'est ceci: La commission
parlementaire se réunit d'abord aujourd'hui pour étudier le
projet de loi no 73, d'accord? Quand, évidemment, elle aura
terminé son travail sur le projet de loi no 73, elle entreprendra
immédiatement l'étude de celui sur la SGF. C'était
simplement pour indiquer que demain matin, entre 10 heures et 13 heures,
plutôt que de voir siéger la commission de l'éducation qui
aura terminé son travail, si le temps avait manqué ce soir
à la commission pour étudier la directive 02, elle poursuivra
demain matin à la salle 91-A l'étude de la directive 02 de la
SGF. D'accord?
M. Raynauld: Cela va, d'accord.
M. Bertrand: Bien. C'était la première information,
Mme la Présidente. La deuxième information, c'est simplement de
la concordance. Demain matin, la commission de la justice, qui doit
étudier les projets de loi nos 48 et 52, les étudiera à la
salle 81-A au lieu de la salle 91-A qui, elle, recevra la commission
parlementaire permanente de l'industrie et du commerce.
Rapport du greffier en loi sur les projets de loi
privés
Projet de loi no 252
A ce moment-ci, si j'obtenais le consentement unanime de nos
collègues de l'Assemblée nationale, nous pourrions revenir
à un point de notre ordre du jour, à savoir aux affaires
courantes, pour procéder immédiatement au dépôt d'un
projet de loi privé inscrit au nom du député de
Huntingdon, le projet de loi no 252. J'ai simplement reçu un rapport du
greffier en loi sur les projets de loi qui dit que le projet est conforme
à l'avis et que l'avis est suffisant en nombre. Le projet a
été déposé au secrétariat, il s'agirait
simplement d'obtenir le consentement pour faire le dépôt de ce
projet immédiatement.
La Vice-Présidente: Consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Tout d'abord, Mme la
Présidente, il faudrait recevoir le rapport.
M. Bertrand: Oui.
La Vice-Présidente: Consentement?
M. Levesque (Bonaventure): II n'y a pas de dérogation.
M. Bertrand: Non, dans l'avis que je viens de lire, il n'y a pas
de dérogation.
La Vice-Présidente: Consentement.
M. Levesque (Bonaventure): Après le jour d'ouverture de la
session.
M. Bertrand: Ah oui? Oui, effectivement, après le jour
d'ouverture de la session. Alors, il faudrait obtenir une dérogation aux
règles habituelles.
M. Levesque (Bonaventure): Motion agréée. La
Vice-Présidente: Adopté.
M. Bertrand: Encore une fois, Mme la Présidente, s'il y
avait consentement de la part de mes collègues, à ce moment-ci,
on pourrait déposer le rapport de la commission parlementaire qui a
étudié le projet de loi no 17.
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, s'il vous plaît, je
pense qu'il faudrait d'abord procéder, si on me le permet ou si c'est
l'intention du gouvernement de permettre de le faire, au dépôt du
projet de loi no 252, Mme la Présidente.
Première lecture
La Vice-Présidente: II s'agirait du dépôt
d'un projet de loi privé. M. Levesque de Bonaventure, au nom de M.
Dubois, député de Huntingdon, propose la première lecture
du projet de loi no 252, Loi concernant certains immeubles du cadastre de la
paroisse de Saint-Jean-Chrysostome, division d'enregistrement de
Châteauguay. La première lecture sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
La Vice-Présidente: Deuxième lecture...
Renvoi à la commission de la justice
M. Bertrand: Mme la Présidente, je fais motion pour que ce
projet de loi no 252 soit déféré à la commission
parlementaire permanente de la justice.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. La
Vice-Présidente: Adopté.
Rapport de commission élue Projet de loi no
17
M. Bertrand: Bien, si j'avais encore une fois, le consentement de
mes collègues, nous pourrions aussi à ce moment-ci déposer
le rapport de la commission parlementaire permanente qui a étudié
le projet de loi no 17. Relativement à ce projet de loi, Mme la
Présidente, normalement, nous aurions jusqu'à 22 heures, ce soir,
pour la présentation des amendements; mais il y a eu entente,
semble-t-il, pour que nous ayons jusqu'à demain matin, 11 heures, pour
un dépôt d'amendement si telle était la volonté des
collègues de l'Assemblée.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement à
ce que le rapport soit déposé?
Des Voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement.
M. Perron: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le député de
Duplessis.
M. Perron: ... qu'il me soit permis, conformément aux
dispositions de notre règlement, de déposer le rapport de la
commission élue permanente du travail et de la main-d'oeuvre qui a
siégé les 13, 14, 17, 18 et 19 décembre 1979, aux fins
d'étudier article par article le projet de loi no 17, Loi sur la
santé et la sécurité du travail, et l'a adopté avec
des amendements.
La Vice-Présidente: Le rapport est déposé et
les amendements peuvent parvenir au bureau du secrétaire
général jusqu'à 11 heures, demain matin. Consentement
unanime de cette Assemblée.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Mme la Présidente, nous n'étudierons
pas, cet après-midi, tel que nous l'avions annoncé
précédemment, le projet de loi no 66, en deuxième lecture,
parce que le leader parlementaire du gouvernement a été
rappelé au Conseil des ministres. Mais si c'était possible, nous
pourrions immédiatement, avec le consentement de nos collègues,
procéder à l'adoption, en troisième lecture, des deux
projets de loi que nous venons d'étudier, inscrits au nom du ministre du
Revenu, à savoir les projets de loi nos 65 et 68; après quoi,
nous procéderions, en commission plénière, à
l'étude du projet de loi no 72; ce qui supposerait qu'il y aurait un
avis de révocation d'un ordre de la Chambre donné un peu plus
tôt durant la journée.
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, pour la
troisième lecture, nous attendions tout simplement une formalité.
Mon collègue vient de partir; on pourrait peut-être le faire au
cours de la séance, si je puis avoir ses commentaires là-dessus.
Mais je pense qu'on devrait procéder à la motion pour que vous
quittiez le fauteuil, Mme la Présidente, je le regrette.
La Vice-Présidente: Alors, cette motion de
révocation, M. le leader?
Projet de loi no 72 Retrait du renvoi à la
commission élue
M. Bertrand: Donc, il y aura probablement possibilité de
s'entendre peut-être pour que vers la fin de la séance nous
procédions à l'étude, en troisième lecture, des
deux projets de loi inscrits au nom du ministre du Revenu. Pour l'instant, nos
travaux seraient d'abord de révoquer un ordre qui a été
donné un peu plus tôt pour faire siéger la commission
parlementaire permanente de l'énergie sur l'étude article par
article du projet de loi no 72; nous le ferions plutôt en commission
plénière.
Je fais donc motion d'abord pour révoquer un ordre de la
Chambre.
La Vice-Présidente: Cette motion de révocation de
renvoi en commission parlementaire est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Commission plénière
M. Bertrand: Je fais maintenant motion pour que vous quittiez
votre fauteuil et que nous nous transformions en commission
plénière pour étudier le projet de loi no 72.
La Vice-Présidente: Motion adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Cette Assemblée s'est
transformée en commission plénière pour étudier le
projet de loi no 72, Loi sur le ministère de l'Energie et des
Ressources. Je ferai remarquer à M. le ministre que les consultations
peuvent se faire ici, au salon bleu, si nécessaire.
Je regrette, M. le député, en commission
plénière... Malheureusement, je me dois de faire observer le
règlement.
M. le député de Mont-Royal. (17 heures)
M. Ciaccia: Le ministre peut et nous, on ne peut pas.
La Présidente (Mme Cuerrier): A moins que vous n'ayez des
commentaires généraux, l'article 1 du projet de loi 72 sera-t-il
adopté?
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, juste avant de commencer
l'étude article par article, je voudrais faire un très bref
commentaire préliminaire, une remarque préliminaire au sujet de
la façon dont nous procédons maintenant. C'est regrettable qu'un
projet de loi de ce genre, qui est un projet de loi assez important et qui
contient des dispositions qu'on pourrait et qu'on devrait discuter à
fond soit présenté à la fin de la session où,
nécessairement, à cause de la contrainte du temps, par le fait
que nous ne voulons pas bloquer d'autres projets de loi importants, nous sommes
vraiment limités dans les discussions du projet de loi article par
article. On aurait beaucoup préféré que le projet de loi
soit présenté plus tôt dans la session. Cela nous aurait
vraiment permis de l'étudier à fond, d'apporter des commentaires,
beaucoup d'amendements et de suggestions nécessaires qui auraient
vraiment, à notre avis, bonifié pleinement ce projet de loi. Nous
nous voyons maintenant placés dans une situation où nous sommes
un peu limités. Nous allons faire notre possible pour en
compléter l'étude le plus tôt possible.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Richmond.
M. Brochu: Merci, Mme la Présidente. Je n'ai pas
l'intention de reprendre le débat qu'on a tenu en deuxième
lecture sur le projet de loi 72. Cependant, j'aimerais revenir sur un point qui
n'a pas été abordé, je pense, par le ministre lors de sa
réplique à la suite des interrogations que j'avais
manifestées lors de l'exposé que j'avais fait au nom de l'Union
Nationale sur la deuxième lecture de ce projet de loi. Il s'agit, en
particulier, du mandat que devrait avoir la compagnie SOQUIP pour
négocier les approvisionnements en pétrole sur les marchés
étrangers. J'avais soumis le problème au ministre en lui
indiquant la situation, à savoir qu'actuellement c'est le Canada, comme
on le sait, qui a ce pouvoir. On sait que, dans le contexte où
Pétro-Canada a un avenir incertain, les provinces peuvent, si elles le
désirent, demander un mandat au gouvernement fédéral pour
que leurs sociétés, le cas échéant SOQUIP au
Québec, puissent jouer le rôle de négociateurs au niveau
des approvisionnements, ce qui était, semble-t-il, souhaité par
le président de SOQUIP, M. Cloutier.
Le ministre a été vague dans sa réponse
là-dessus, préférant emprunter une autre avenue
plutôt que de répondre directement. C'est pourquoi j'aimerais
revenir sur cette simple question au point de départ et demander au
ministre si c'est l'intention du gouvernement du Québec, dans un souci
de prévoir, justement et j'aimerais que le ministre mette de
côté la question politique à ce moment de demander
le fameux mandat pour que SOQUIP puisse, le cas échéant, si
besoin en est, jouer le rôle de négociateur dans les
approvisionnements de pétrole pour le Québec.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre de l'Energie
et des Ressources.
M. Bérubé: Je pense que le député de
Richmond pose une question à laquelle la réponse est assez
évidente. Le gouvernement n'a pas à demander de mandat au
gouvernement fédéral. Je crois avoir répondu à
cette question du député de Richmond. La société
SOQUIP peut acheter du pétrole n'importe quand sur les marchés
mondiaux, à ma connaissance. Elle peut donc s'engager dans une
négociation avec non pas un pays, mais une entreprise
étrangère pouvant lui vendre du pétrole. Elle peut acheter
du pétrole sur le marché de Rotterdam. Elle peut acheter du
pétrole où elle veut dans le monde.
Nous n'avons, à cet égard, aucun mandat à demander
de la part du gouvernement fédéral, de la même façon
que n'importe quelle société d'Etat au Québec, ou
société privée, achète des produits de
l'étranger sans demander l'autorisation du gouvernement
fédéral. Ce qui préoccupe le député de
Richmond, c'est que, advenant une situation d'urgence, SOQUIP peut-elle se voir
confier le mandat? La réponse est non. Seul le gouvernement
fédéral, en vertu de la Loi C-42 qui vient, invoquant
l'intérêt national il y a maintenant deux ans, de s'approprier
totalement ce champ de juridiction, y compris même la distribution
intérieure au Québec des produits pétroliers. Ce qui fait
que dans ces conditions, c'est une loi fédérale avec des
organismes fédéraux qui gère, en cas de pénurie,
l'approvisionnement en pétrole au Québec. La demande des premiers
ministres des provinces au gouvernement fédéral, à
l'époque, avant l'élection du gouvernement conservateur,
était qu'il y ait modification, amendement à la loi
fédérale de manière à ce que les provinces,
désirant s'occuper de l'approvisionnement en pétrole ou en
énergie de leurs concitoyens, puissent le faire.
Mais présentement le gouvernement du Québec ne peut pas
signer d'entente internationale pour sécuriser les
Québécois en leur garantissant un approvisionnement. Ce n'est que
le gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral
n'a jamais interdit, dans le cadre, par exemple, de l'entente qu'il a conclue
avec le Mexique, à des sociétés canadiennes, quelles
qu'elles soient, que ce soit Pétro-Canada ou autres, d'aller acheter du
pétrole au Mexique.
En d'autres termes, rien n'empêche une société
d'Etat de pouvoir acheter du pétrole. Cependant, le problème
n'est pas là. Le problème, c'est lorsque vous avez ce
pétrole en main, qui vous a peut-être coûté plus cher
que du pétrole acheté sur le marché régulier, et
que vous voulez forcer les compagnies pétrolières
québécoises à accepter ce pétrole, de
manière à ce qu'il puisse être
raffiné. Qui va devoir payer le coût supplémentaire
du pétrole? C'est une question qu'il faut se poser. En réponse,
il faut amener une loi à cette Assemblée nationale qui
conférerait au gouvernement le pouvoir de contrôler les
approvisionnements pétroliers en période de crise. Mais comme le
gouvernement fédéral a déjà adopté une telle
loi, il y a deux ans, contre la volonté des provinces, dans ces
conditions, le gouvernement du Québec est totalement soumis à la
loi fédérale. La raison pour laquelle nous ne pouvons pas
exproprier la société Asbestos je m'excuse de devoir le
signaler c'est parce que le juge pense qu'il' est possible que cette loi
du Québec soit en conflit avec les pouvoirs du fédéral. A
cause de cette opinion du juge, sans qu'il ait même l'assurance
légale que la loi est inconstitutionnelle..
M. Ciaccia: Mme la Présidente.
M. Bérubé:... le juge peut interdire au
gouvernement du Québec c'est ce qu'il fait
l'expropriation. Il faut bien se rendre compte que le gouvernement du
Québec n'a pas ces pouvoirs d'intervention sur le plan politique, en
vertu même de la constitution. Lorsque vous soulevez une question, il
faut la soulever au niveau politique, c'est-à-dire qu'il faut amener les
Québécois à ce choix: Est-ce que vous voulez que ce soit
le gouvernement du Québec qui se...
M. Ciaccia: Mme la Présidente.
M. Bérubé: ... préoccupe de telle et telle
question...
M. Ciaccia: Question de règlement.
M. Bérubé: ... ou le gouvernement d'Ottawa?
M. Ciaccia: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Bérubé: C'est cette décision-là
que prennent les Québécois qui va permettre, à ce
moment-là, au gouvernement du Québec...
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre, j'ai ici une
question de règlement de la part de M. le député de
Mont-Royal.
M. le député.
M. Ciaccia: Je n'ai pas voulu interrompre la question de mon
collègue, ni la réponse du ministre, mais je crois que nous
sommes assez limités dans le temps pour étudier le projet de loi
article par article. Nous ne sommes pas en période de questions. Alors,
pourrais-je suggérer bien respectueusement à mon collègue,
s'il veut poser des questions à ce sujet au ministre de l'Energie et des
Ressources, d'attendre demain à la période de questions et qu'on
procède à l'étude article par article du projet de loi
afin qu'on puisse la terminer le plus tôt possible?
La Présidente (Mme Cuerrier): Nous en étions aux
commentaires généraux. M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Mme la Présidente, sur cette question de
règlement, j'aimerais quand même vous rappeler les traditions et
l'esprit de notre règlement en ce qui concerne, comme vous venez de
l'indiquer d'ailleurs à juste titre, nos traditions. Avant de commencer
l'étude de l'article 1, on peut quand même faire certains
commentaires généraux ou poser certaines questions. La question
que j'ai soulevée faisait suite aux interrogations que j'avais
soulevées lors de mon discours de deuxième lecture. Je pense que
cela fait partie du cadre premier de nos discussions. C'est pour éviter
d'avoir à revenir article par article. Là-dessus, on pourra
peut-être même procéder plus rapidement par la suite. Je
voulais avoir l'éclaircissement de ce point-là. Je ne pense pas
que cela aille à l'encontre de nos règlements. (17 h 10)
La Présidente (Mme Cuerrier): Rapidement, M. le
député, si vous avez d'autres questions, ou si M. le ministre
voulait compléter.
M. Brochu: Non, il y a seulement une précision que
j'aimerais avoir de la part du ministre. Je n'ai pas l'intention de
m'éterniser sur cette chose; on aura l'occasion d'y revenir. Je voulais
avoir un éclairage supplémentaire quand même. Comment se
fait-il qu'actuellement la société PEMEX, qui est la
société des pétroles mexicains, dise clairement à
SOQUIP dans le moment, et non pas dans un état d'urgence: Allez chercher
le mandat du gouvernement fédéral pour qu'on puisse
négocier directement avec vous et on est prêt à le faire.
Je comprends qu'au niveau des entreprises privées, le gouvernement du
Québec peut aller s'approvisionner n'importe où: il peut aller
à Rotterdam sur le marché "spot" et on sait quel prix il va le
payer, mais lorsqu'on parle, par exemple, du marché mexicain
c'est le ministre qui y a fait allusion ce n'est pas dans le contexte
d'une crise, c'est dans le contexte de la tournée d'exploration que M.
Cloutier a faite.
La société PEMEX, des pétroles mexicains, lui a
bien dit: Allez chercher un mandat de votre gouvernement fédéral
et on est prêt à négocier avec vous pour vous
approvisionner. Là-dessus, est-ce qu'il n'est pas exact que vous n'avez
pas besoin d'attendre une situation de crise mais que, si vous avez le mandat,
le cas échéant, vous pourriez l'utiliser?
M. Bérubé: Pourquoi voulez-vous acheter du
pétrole?
M. Brochu: Si vous avez des besoins.
M. Bérubé: Est-ce que nous manquons
présentement de pétrole livré à nos
raffineries?
M. Brochu: C'est toute l'autre enveloppe. Ce que j'ai
souligné dans mon discours, c'est que le
gouvernement a la responsabilité de prévoir. Ce n'est pas
son rôle d'être l'approvisionneur au point de départ
actuellement. Cela pourrait le devenir, si la situation se compliquait. C'est
justement dans cet esprit dea prévision que le mandat ne doit pas
être demandé, à mon humble avis, lorsque l'état de
crise arrive, si vous avez des chambardements politiques internationaux de
sorte que les approvisionnements sont coupés ou d'autres situations.
M. Bérubé: A ce moment-là, c'est lorsque et
s'il y a crise. Je pense bien, pour autant que les approvisionnements sont
concernés... D'ailleurs, vous avez déjà vu tout
récemment, à la conférence de l'OPEP qui se tient
présentement au Vénézuéla, qu'il y a surproduction
de pétrole dans le monde présentement. Le problème actuel
auquel font face les pays producteurs de pétrole, c'est de trop produire
par rapport aux besoins. Ce n'est donc pas un problème d'aller sur le
marché mondial et d'acheter du pétrole. N'importe qui peut aller
sur le marché mondial acheter du pétrole.
Ce qui vous préoccupe, c'est advenant une pénurie de
pétrole, si SOQUIP peut se faire donner le mandat, le gouvernement
fédéral, qui est responsable de la gestion d'une pénurie,
va prendre les décisions à ce moment-là. Le gouvernement
fédéral pourrait très bien, par exemple, s'adresser au
gouvernement du Québec et dire: Nous serions intéressés
à faire acheter 100 millions de barils ou 100 000 barils de
pétrole; est-ce que la société SOQUIP est prête
à aller acheter du pétrole? La réponse est
évidemment oui.
Mais il reste que, présentement, même si nous demandions un
mandat pour aller acheter du pétrole, le gouvernement ne nous donnera
pas un mandat général pour couvrir une période de crise.
En période de crise, le gouvernement fédéral, qui est
responsable de la gestion, prendra les décisions qui s'imposeront. Il y
a une confusion absolument incroyable, à mon avis, entre deux niveaux de
gouvernement, ce qui traduit d'ailleurs une des difficultés que nous
avons à expliquer la souveraineté-association aux
Québécois.
Tous les Québécois sont convaincus que le Québec
est souverain et peut prendre toutes les décisions. Dans ces conditions,
quand vous leur expliquez qu'il ne peut pas, que c'est le gouvernement
fédéral qui prend cette décision, que vous êtes
soumis dans ce domaine à une juridiction d'un gouvernement
supérieur, là, il faut choisir. Ou on accepte le
fédéralisme, ou on rejette le fédéralisme.
Nous rejetons le fédéralisme actuel. Nous disons: II faut
que le peuple québécois soit en mesure de prendre les
décisions qui affectent son développement, son bien-être,
sa sécurité, son développement économique, sa
culture, sa langue. Il faut que ce soit le peuple québécois qui
décide et non pas une majorité anglophone. C'est le principe que
défent le Parti québécois.
Par contre, un fédéraliste va dire: Non, je trouve normal
que ce soit le gouvernement fédéral qui assure notre
développement. Nous préférons que ce soit le gouvernement
fédéral qui prenne telle décision. Dans le domaine du
pétrole, c'est le gouvernement fédéral qui prend la
décision en cas de crise. Vous n'avez pas le choix de contester le
système constitutionnel actuel ou de l'accepter, mais vous ne pouvez pas
jouer sur les deux tableaux, vous ne pouvez pas faire croire aux
Québécois qu'ils ont ces pouvoirs et, d'un autre
côté, demander les mêmes pouvoirs en même temps parce
que, là, les Québécois, ne comprendront plus rien. Je ne
comprends pas du tout votre objection.
M. Brochu: Je vais poser ma question autrement. Je veux
être bien sûr d'avoir compris la réponse du ministre et je
pense que cela pourrait être un éclairage dans la discussion
actuelle. Est-ce que le ministre est en train de nous dire qu'il n'y a aucune
possibilité actuellement, dans le cadre des lois
fédérales, que le Québec, demande pour SOQUIP un
quelconque mandat pour que la compagnie puisse jouer le rôle au niveau
des approvisionnements. Est-ce cela que le ministre veut nous dire?
M. Bérubé: Non. Il pourrait, par exemple, y avoir
une décision gouvernementale à savoir que SOQUIP achète du
pétrole sur les marchés internationaux et devienne... J'ignore
même si, constitutiorinellement, nous pourrions faire cela parce que je
ne sais pas si nous pouvons forcer des compagnies au Québec à
acheter du pétrole venant de SOQUIP. M. le député de
Richmond, je ne le sais pas actuellement et mon conseiller juridique est
à côté, mais je ne veux pas lui demander un avis juridique
trop rapide. Je ne pense pas que le gouvernement du Québec puisse
présentement forcer des entreprises privées au Québec du
pétrole international que leur livrerait SOQUIP. Je ne pense pas que
cela puisse se faire, parce que ce serait l'équivalent pour le
gouvernement du Québec de contrôler le commerce extérieur
des Québécois puisqu'on obligerait des compagnies à
acheter du pétrole dont la décision d'achat aurait
été prise par le gouvernement du Québec.
Or, le gouvernement du Québec n'a pas juridiction dans le domaine
du commerce extérieur. Donc, je pense que ce serait inconstitutionnel.
Je pense, a priori, et dès qu'on fouille... Par exemple, on veut
exproprier une société qui a des actifs au Québec et un
juge immédiatement dit: Attention, étant donné qu'il
s'agit d'une compagnie à charte fédérale et elles sont
presque toutes à charte fédérale il est possible
que vous ayez stérélisé cette compagnie, donc,
peut-être est-ce inconstitutionnel. Ou encore on pourrait dire: Comme
cette compagnie exporte 95% de sa production, en l'expropriant, vous agissez
sur le commerce extérieur et il est possible que ce soit
inconstitutionnel.
Tout prétexte est bon pour dire que c'est inconstutitionnel,
parce que les pouvoirs des provinces sont très limités. C'est le
gouvernement fédéral qui a tous les pouvoirs. Il suffit, par
exemple, dans le cas de l'uranium, que le gouver-
nement fédéral dise, au début de la loi, que
l'uranium est une matière d'intérêt national pour
qu'automatiquement les provinces perdent juridiction sur cette matière.
C'est ce qui a fait que le gouvernement fédéral, année
après année, a grugé de plus en plus les pouvoirs des
provinces à ce point qu'une province ne peut pratiquement plus faire de
lois dans le domaine économique, dans le domaine de son commerce et
même dans le secteur des communications sans que cette province soit en
conflit avec le gouvernement supérieur. Les provinces canadiennes
l'acceptent parce qu'elles voient dans le gouvernement fédéral
leur gouvernement qu'elles contrôlent, puisqu'elles sont majoritairement
anglophones et que ce gouvernement est majoritairement anglophone avec des
fonctionnaires essentiellement anglophones et la langue de travail d'Ottawa est
essentiellement l'anglais. Les autres provinces acceptent cela, sauf dans
certains secteurs où les provinces aimeraient peut-être plus
d'autonomie, mais le Québec n'accepte pas cela parce que le
Québec se reconnaît comme un peuple francophone avec ses propres
institutions, avec sa propre façon de voir, sa propre façon de
penser et que chaque fois que le peuple québécois fait face
à une situation difficile, il se tourne vers cette Assemblée
nationale et non vers le gouvernement fédéral pour la solution
à ses problèmes.
Le Québécois vit dans une espèce d'immense
quiproquo où il a l'impression que c'est son gouvernement qui est
à Québec, mais il a oublié les trois-quarts des pouvoirs
à Ottawa. Je pense qu'il est plus honnête de dire carrément
aux Québécois: Voici la réalité du
fédéralisme. Nous ne pouvons faire ceci, nous ne pouvons faire
cela. N'essayez pas de nous faire croire que nous pouvons le faire, on ne peut
pas le faire. Maintenant, si vous voulez que nous le fassions, que le peuple
québécois mandate son gouvernement. C'est le sens du
référendum.
M. Brochu: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le leader parlementaire
adjoint.
M. Bertrand: Mme la Présidente, c'est simplement sur une
question de règlement. A ce moment-ci, je voudrais proposer à nos
collègues de la commission plénière de suspendre les
travaux, étant donné que ce matin, le ministre des Affaires
sociales s'était engagé à donner une réponse
à une question qui avait été formulée par le
député de Saint-Hyacinthe et je pense aussi que cela
répondrait à des intérêts manifestés par le
député de Mont-Royal relativement aux allocations de
bien-être social et qu'il y aurait possibilité qu'il le fasse
à ce moment-ci. Le ministre ne peut venir à l'Assemblée
nationale que pour cinq brèves minutes, il doit retourner
immédiatement au Conseil des ministres, mais comme il s'était
engagé à faire une déclaration devant l'Assemblée
nationale avant d'aller devant les media d'information pour respecter nos
collègues de l'Assemblée nationale, nous pourrions, très
simplement, Mme la Présidente, suspendre les travaux de la commission
plénière, faire rapport et revenir immédiatement en
commission dans cinq minutes, le temps de permettre au ministre de faire sa
déclaration et sans doute aux députés de Mont-Royal et de
Saint-Hyacinthe de poser une brève question relativement à la
déclaration du ministre. (17 h 20)
La Présidente (Mme Cuerrier): II serait question de faire
rapport que la commission n'a pas terminé ses travaux; ce que je fais
immédiatement.
Des Voix: Consentement.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le Président, je
vous fais rapport que la commission plénière n'a pas
terminé l'étude du projet de loi no 72 et demande la permission
de siéger de nouveau.
Le Vice-Président: Quand siégera-t-elle? M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: Même séance, M. le
Président.
Le Vice-Président: Même séance. M. le
ministre des Affaires sociales avec le consentement.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Indexation des prestations d'aide sociale
(suite)
M. Lazure: le Président, il s'agit en fait d'un
complément de réponse à une question posée par le
député de Saint-Hyacinthe, ce matin, question qui visait à
savoir si le gouvernement allait indexer oui ou non les prestations d'aide
sociale à partir de janvier.
On sait que le gouvernement a annoncé récemment que les
prestations pour ceux qui reçoivent des rentes à
l'intérieur du Régime des rentes du Québec étaient
indexées à partir de janvier de 9%, même chose pour les
allocations familiales du Québec. Je suis très heureux
d'annoncer, au nom du gouvernement, que le Conseil des ministres vient tout
juste de décider, cet après-midi, d'affecter une somme de $92
millions permettant l'indexation des prestations d'aide sociale de 9%. Ce
chiffre de $92 millions peut paraître élevé, mais je pense
que quand on regarde les revenus que cela représente pour chaque famille
de bénéficiaires de l'aide sociale, il n'y a pas lieu de parler
d'extravagance. Exemple, une famille, un parent avec un enfant, même avec
cette indexation de 9%, recevra au 1er janvier $301 par mois seulement. Une
famille de deux adultes et de deux enfants, avec cette indexation, recevra $549
par mois.
M. le Président, je vais tout de suite faire de la
prévention. Je vais essayer de faire comprendre à certaines
personnes qui pourraient trouver cette somme de $92 millions affectée
aux bénéficiaires d'aide sociale trop élevée, et
rappeler que les
300 000 fonctionnaires de l'Etat, employés des hôpitaux,
des centres d'accueil, des CLSC et personnel des écoles se sont vus
assurés par les offres gouvernementales d'une protection du pouvoir
d'achat pendant trois ans. Il est simplement équitable, juste, que nos
270 000 familles, ménages qui doivent vivre de l'aide sociale, pour
toutes sortes de raisons, certains et certaines parce qu'ils sont invalides,
d'autres parque qu'ils ne peuvent pas trouver d'emploi, il est juste, dis-je,
que ces 500 000 personnes parmi les plus défavorisées de notre
société se voient assurées, pour l'année prochaine,
d'une protection complète de leur pouvoir d'achat. C'est pourquoi le
gouvernement a décidé d'indexer, à partir du 1er janvier,
de 9% toutes les prestations d'aide sociale.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe, très brièvement.
M. Cordeau: Oui, merci, M. le Président.
Tout d'abord, je tiens à remercier le ministre d'avoir bien voulu
annoncer à cette Chambre, tel qu'il l'avait promis, ce matin, en
primeur, la décision du gouvernement concernant l'aide à ceux qui
reçoivent les prestations d'aide sociale. Bien sûr que ce montant
peut paraître très fort, mais on connaît les
difficultés auxquelles ont à faire face ceux qui
bénéficient de cette aide, ce n'est de leur faute, souvent ce
sont des gens qui veulent travailler, mais ils n'en ont pas l'occasion, ils ne
peuvent se trouver d'emploi. Je crois que cette décision vient à
son heure. C'est un précédent pour un ministre d'annoncer
à l'Assemblée nationale de telle mesure. Je félicite M. le
ministre d'avoir pris cette décision et de l'annoncer ici à
l'Assemblée nationale, parce qu'habituellement ces nouvelles, on les
apprend par les journaux au lieu d'être informés en premier lieu
à l'Assemblée nationale.
Je dois souligner ce fait, car c'est peut-être une primeur
aujourd'hui d'annoncer à l'Assemblée nationale de telles
politiques. Je crois que c'est ici que ces nouvelles devraient être
annoncées en premier lieu. Je vous remercie.
M. Lazure: Pour conclure, M. le Président, je veux
remercier le député de Saint-Hyacinthe et sa formation politique
pour leurs commentaires favorables. En terminant, je trouve que c'est l'endroit
normal pour annoncer ce genre de nouvelle importante. Je veux aussi m'adresser
plus spécialement aux bénéficiaires de l'aide sociale en
espérant que ce geste normal d'un gouvernement qui se soucie des plus
défavorisés les aide à passer de meilleures Fêtes.
Merci.
Le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Gosselin: M. le Président, est-ce que je pourrais poser
une question au ministre des Affaires sociales sur le même sujet?
Une Voix: Non.
Une Voix: Consentement.
M. Gosselin: C'est pertinent au sujet.
Le Vice-Président: II n'y a pas de consentement. M. le
député de Sherbrooke, il ne faudrait pas reprendre ici la
période des questions. Il n'y a pas de consentement.
M. Gosselin: D'accord, je reviendrai à la période
des questions, au début de la prochaine session.
Le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: En remerciant mes collègues pour leur
excellente collaboration et le ministre pour s'être déplacé
et être venu nous annoncer cette bonne nouvelle, je voudrais maintenant
faire motion pour que vous quittiez de nouveau votre fauteuil et que nous nous
retransformions en commission plénière pour terminer
l'étude du projet de loi inscrit au nom du ministre de l'Energie et des
Ressources.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Motion adoptée.
Projet de loi no 72
Commission plénière (suite)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Nous continuons à étudier article par article le projet de
loi no 72, conformément au mandat que vient de nous redonner
l'Assemblée nationale. Qui avait la parole au moment de la
suspension?
M. Brochu: C'est moi qui avais la parole à ce
moment-là, M. le Président, si ma mémoire est bonne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
vous qui aviez la parole? Je vous la redonne.
M. Brochu: C'est simplement pour vous dire que la discussion
qu'on a entreprise est quand même beaucoup plus large que les quelques
questions que j'ai posées et qu'on aura peut-être l'occasion de
revenir sur ces points. En ce qui me concerne, je serais prêt
immédiatement à passer à l'étude article par
article du projet de loi.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... dans la ligne des remarques préliminaires,
puisqu'on a semblé ouvrir un peu la porte à certaines remarques,
comme l'a dit mon collègue, en posant certaines questions maintenant et
en vidant certains problèmes, on pourrait éliminer des
discussions à venir sur certains articles du projet de loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une façon de procéder, effectivement. Comme les membres le
désireront. On peut l'étudier article par article ou faire une
discussion générale qui débloque certains points.
M. Ciaccia: M. le Président, merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne peux laisser passer sans commentaire
quelques-unes des affirmations du ministre. Nous sommes ici pour discuter du
projet de loi article par article. Mais, quand le ministre nous dit que les
autres provinces acceptent tout le pouvoir du fédéral parce que
ce sont des provinces anglophones, j'aurais espéré qu'on
évite de parler de langue et de race dans un projet de loi sur la
création d'un ministère de l'Energie. Je voudrais vous corriger.
Les autres provinces, elles aussi, ont des revendications à faire pour
ou contre le fédéral. Ce n'est pas la majorité anglophone
contre la province de Québec. Vous donnez une fausse impression de la
situation. (17 h 30)
Quand on parle vous dites que vous voulez avoir tous les pouvoirs
ici dans le domaine de l'énergie, supposons que vous auriez
maintenant tout le pouvoir de vous approvisionner, que faites-vous des 60% du
pétrole qui pourrait augmenter, 60% du pétrole au Québec
qui vient de l'Alberta? Cela n'entre pas du tout dans les remarques parce que
vous ne l'avez pas mentionné, comme étant un fait, étant
une des réalités que nous vivons, un des avantages. Nous n'avons
pas le problème de la sécurité d'approvisionnement que
d'autres pays ont, même les Etats-Unis, et quand vous parlez de la
juridiction du Québec, je vais porter une situation à votre
attention dont, je suis certain, vous êtes déjà au courant;
cela concerne le maintien des approvisionnements. Vous semblez critiquer le
fait que le fédéral a tellement de pouvoirs, mais il nous assure,
et jusqu'à maintenant dans les crises internationales nous a
assuré l'approvisionnement, nous n'avons pas eu cette pénurie,
nous l'avons eu à des prix très avantageux. Vous savez ce que le
prix international est aujourd'hui. Mais je vais vous apporter quelque chose
qui semble être dans la juridiction de la province et je vais vous
demander ce que vous faites comme ministère de l'Energie.
Il y a un lock-out et une grève dans les raffineries de l'Est.
Cela peut affecter le maintien des approvisionnements à Petrofina, cela
affecte 286 travailleurs; en tout, cela peut affecter environ 1300
travailleurs. Cela peut affecter la raffinerie
Shell qui produit 120 000 barils par jour. A titre de ministre de
l'Energie, qui devez être responsable, comme vous voulez avoir de l'aide
dans votre projet de loi pour le maintien des approvisionnements, pouvez-vous
assurera la population qu'il n'y aura pas de pénurie à la suite
des conflits de travail qui sont présentement en cours dans les
raffineries et quelles mesures allez-vous prendre pour nous assurer que la
distribution va se faire, que la production va être maintenue s'il y a
une extension du conflit de travail?
Vendredi, c'est la dernière journée que nous
siégeons et s'il y a des mesures à prendre, c'est dans votre
juridiction, de la même façon que vous avez pris des mesures un
peu tardives dans l'affaire d'Hydro-Québec. Vous auriez pu les prendre
il y a deux ou trois semaines; vous avez attendu que la situation devienne
très difficile pour toute la population. Est-ce qu'on peut vous demander
quelles mesures vous entendez prendre si le conflit de travail persiste et
allez-vous agir avant l'ajournement de la Chambre et pouvez-vous assurer
à la population qu'il n'y aura pas, en effet parce que vous avez
fait une déclaration il y a presque un mois, je pense, qu'il n'y aurait
pas de pénurie de pétrole et d'huile à chauffage
spécialement est-ce que vous pouvez nous assurer encore
aujourd'hui que, cet hiver, la population du Québec va avoir
suffisamment de produits pétroliers et suffisamment d'huile à
chauffage, spécialement dans la région de Montréal?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: Alors, deux questions. La
première question, c'est: Que faisons-nous au Québec de cette
sécurité qui nous vient d'Alberta sous forme de 60% de nos
approvisionnements en pétrole? Je me demande si le député
de Mont-Royal a vu, mais je suis convaincu qu'il les a vus, les chiffres de
l'Office national de l'énergie concernant le pétrole de l'Alberta
qui sera disponible pour exportation au Québec dans les années
qui viennent. Est-ce qu'il a regardé l'accroissement de la demande en
pétrole pour l'ensemble du Canada, la capacité de production en
pétrole pour l'ensemble du Canada, tel que le prévoit l'Office
national de l'énergie dans son dernier rapport de 1978 et qui montre
très clairement que, dès 1983, il faut réduire de
façon très significative les livraisons de pétrole sur le
marché de Montréal et qu'en fait, d'ici 1985 à 1990, le
Québec doit prendre son pétrole presque exclusivement à
80% ou 90% sur les marchés internationaux. En d'autres termes,
l'existence du pétrole en Alberta n'est pas une garantie que vous en
ayez.
D'ailleurs, lors de la conférence des ministres provinciaux de
l'Energie, il a été souligné très clairement par
l'Alberta que cette province ne pourrait pas, advenant une pénurie,
fournir l'ensemble du Canada. Ce ne serait pas physiquement possible et il
faudrait absolument trouver des moyens tels que le stockage pour
prévenir une
pénurie potentielle au cas, par exemple, d'un cataclysme
international.
Donc, première observation, première réponse,
l'abondance de pétrole, c'est quelque chose de très temporaire.
Vous savez, par exemple, qu'avant 1974, nous prenions notre pétrole
entièrement sur les marchés mondiaux. Donc, depuis cinq ans, nous
prenons une partie de notre pétrole, la moitié à 60%, sur
le marché canadien, mais, d'ici 1985, à nouveau, nous serons
essentiellement sur le marché international.
En d'autres termes, nous n'aurons profité du pétrole
canadien que pendant une période de temps très restreinte. Est-ce
que cet avantage dont nous avons bénéficié mérite
que l'on sacrifie les droits des Québécois, leurs instruments de
développement? Devrait-on s'en remettre à Ottawa pour assurer le
développement du Québec simplement parce que, pendant une dizaine
d'annés, nous avons profité de pétrole albertain?
Je dis non, M. le Président. Je pense que jamais un Allemand qui,
pourtant, n'a pas de pétrole chez lui, n'accepterait de sacrifier sa
souveraineté. Les Allemands préfèrent acheter leur
pétrole sur les marchés arabes. Les Français font la
même chose et je dois constater qu'il n'y a pas de pénurie de
pétrole en Europe.
Il y a des surplus de production de pétrole présentement
dans le monde. Il va y avoir le développement de la mer du Nord à
partir de 1982. Déjà, les premiers puits ont commencé
à produire. Ils seront en pleine production en 1982. Il y aura
également une augmentation importante de la production mexicaine. On
sait peut-être l'attachement que manifeste le Mexique pour un pays comme
le Québec, qui est un pays latin aussi, où nous avons à
partager une culture latine assez différente de la culture anglo-saxonne
et qui nous rapproche quand même visiblement.
En d'autres termes, le gouvernement du Québec peut assez
facilement, dans un Etat souverain, s'organiser pour négocier, comme le
font les pays arabes, comme le font les pays européens, de pays à
pays des livraisons. Cela peut vouloir dire, par exemple, de négocier
avec l'Alberta en payant le prix réel, normal. Cela peut vouloir dire
d'acheter du gaz naturel de l'Alberta, comme cela peut vouloir dire d'exporter
des surplus électriques aux Etats-Unis à des prix
extrêmement intéressants ou, sinon aux Etats-Unis, possiblement
dans les Maritimes.
Lorsque nous proposons la souveraineté-association, nous
respectons les échanges économiques normaux. Nous n'essayons pas
d'obtenir des faveurs, parce que ce que nous savons, c'est que personne ne fait
de faveur à personne et que, pendant une période très
courte, vous pouvez peut-être amener quelqu'un à partager dans une
période de crise, mais l'on sait qu'à long terme, les relations
entre les hommes sont basées sur des échanges économiques
normaux et que, comme ce sont ces échanges économiques normaux
qui prévalent à l'intérieur même du Québec,
on ne voit pas pourquoi ils ne devraient pas prévaloir à
l'intérieur du Canada.
On ne voit pas pourquoi on ne doit pas favoriser un système
politique différent. Je ne suis pas prêt à vendre le
Québec pour quelques subventions qui auront rapporté au total
à peu près $3 milliards au Québec sur une période
de six ans: $3 milliards en six ans, c'est négligeable, parce que si
nous avions en même temps à décider de mettre notre
électricité au service du reste du Canada et accepter d'augmenter
nos factures d'électricité de 25%, 30%, 40%, de manière
que le coût moyen de l'électricité au Canada soit constant,
savez-vous combien cela aurait coûté au Québec? Aussi cher
que les subventions qu'on a eues en pétrole.
En d'autres termes, nous avons dit aux Alber-tains: Vous partagez votre
pétrole, mais nous ne partageons pas notre électricité.
Cela peut faire un temps, mais cela ne fait pas longtemps, ce qui fait que le
jour où, en toute logique, et je ne contredis pas la logique du
député de Mont-Royal, il peut très bien la poursuivre, sa
logique nous amènerait à partager nos richesses naturelles.
D'ailleurs, son chef l'a souligné, la cohérence de sa position
politique concernant l'énergie l'amènerait lui aussi à
partager les ressources hydroélectriques du Québec. Les
ressources hydroélectriques du Québec vont durer 100, 200 ou 300
ans. (17 h 40)
Cela veut dire que si on avait un prix moyen pour le kilowatt au Canada,
au Québec nous paierions notre électricité beaucoup plus
cher de manière à subventionner les autres provinces qui, elles,
ont de l'électricité qui leur coûte très cher. Dans
ces conditions, je ne vois absolument pas pourquoi on accepterait de sacrifier
de l'énergie électrique qui va durer des centaines
d'années pour avoir du pétrole pendant dix ans.
M. Ciaccia: M. le Président.
M. Bérubé: C'est la première partie.
Maintenant, que peut-on faire en cas de pénurie? Je dois vous signaler
que le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, qui m'indiquait ce matin les
démarches en cours dans ce conflit, m'indiquait qu'il y avait les
ressources de son ministère qui se tenaient prêtes à tout
moment pour intervenir. C'est un problème de relations de travail. C'est
bien évident que dans les relations de travail actuelles, à un
moment donné, la population peut souffrir des inconvénients. On
l'a vu dans le cas de la grève d'Hydro-Québec. Tant et aussi
longtemps que nous avons estimé que les pannes étaient
réparées à un rythme raisonnable et qu'il pouvait y avoir
certes des inconvénients d'un certain nombre d'heures de manque
d'électricité, mais que, d'une façon
générale, les Québécois étaient
approvisionnés en électricité, il n'y avait donc pas de
situation dramatique, nous ne sommes pas intervenus. Lorsqu'il y a eu une
situation dramatique, nous sommes intervenus.
Je pense que ce qu'il est important de se dire dans un cas comme
celui-là, c'est que les gouvernements n'interviennent pas dans les
conflits syndicaux d'une façon normale. En pratique, il
faut faire appel à la bonne foi non seulement des syndicats, mais
également de l'entreprise. Il faut que l'entreprise se pose
sérieusement la question de sa responsabilité vis-à-vis de
l'approvisionnement en pétrole des citoyens québécois.
Pour l'instant, on ne peut pas dire qu'on va manquer de pétrole puisque
les rapports que nous obtenons et qui sont publics d'ailleurs, puisque les
journalistes obtiennent les mêmes rapports, indiquent que le rythme de
raffinage est suffisamment rapide actuellement pour qu'il n'y ait pas de
problème de pénurie. Il ne semble pas y avoir eu de
réduction dans la capacité de raffinage de pétrole au
Québec.
Donc, il ne semble pas que les grèves aient un impact. Est-ce que
les grèves pourront avoir un impact? Posons l'hypothèse d'un bris
majeur dans une usine et qu'il faille faire rentrer les travailleurs. Je pense
que c'est au syndicat et à l'entreprise à faire preuve de
suffisamment de générosité pour prendre en
considération le bien-être des citoyens. Une
société, c'est basé sur une entente entre les citoyens.
Lorsque des citoyens ne veulent pas respecter ce consensus, cette entente, il
n'y a pas de société qui puisse survivre. Ce n'est pas le
gouvernement du Québec, quel qu'il soit, qui va changer cela. Si les
Québécois veulent l'éclatement de leur
société, ils vont avoir l'éclatement de leur
société. Si les Québécois pensent qu'au-delà
de leur intérêt personnel, l'intérêt de la
majorité doit prévaloir et qu'on est parfois prêt à
faire certains sacrifices au nom de l'intérêt collectif, dans ces
conditions, M. le Président, cette société devient viable.
Ce que nous proposons aux Québécois, c'est exactement cela. C'est
peut-être accepter que l'intérêt du peuple
québécois passe avant un certain égoïsme de classe,
un certain égoïsme de groupement d'intérêts, soit les
uns soit les autres.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je ne veux pas étendre le débat. Nous
avons déjà fait un débat sur certains aspects de la
politique énergétique, mais il y a certains chiffres que je dois
corriger. Je ne peux pas laisser passer certaines affirmations que le ministre
de l'Energie et des Ressources vient de faire. Quand il a dit que nous avons eu
seulement $3 milliards de bénéfices en six ans, c'est absolument
faux. Les chiffres sont de $5 200 000 000 pour le pétrole. Si on ajoute
les bénéfices sur le gaz naturel de 1974 à 1979, c'est $6
milliards.
Deuxième point, quand il cite le rapport de 1978 pour l'Office
national de l'énergie, il omet totalement d'autres choses:
premièrement, les découvertes nouvelles, la
récupération de certains pétroles bruts maintenant, mais,
plus important, il omet totalement les rapports et les développements
des sables bitumineux. Il nous dit que dans dix ans, nous n'aurons plus de
pétrole au Canada. C'est absolument faux, M. le Président.
D'après les chiffres de l'Office national de l'énergie,
nous en aurions encore non seulement dans dix ans, mais les prévisions
démontrent qu'avec le développement des sables bitumineux le
Canada pourrait arriver à l'autosuffisance en 1995. Alors, essayer de
créer une image totalement fausse des ressources
énergétiques canadiennes qui nous appartiennent, je crois que
c'est irresponsable de la part du ministre et que c'est seulement pour servir
ses fins politiques, son idéologie politique. S'il veut citer des
chiffres de l'Office national de l'énergie, qu'il les cite tous. S'il
veut citer ces chiffres, qu'il cite aussi les objectifs du gouvernement actuel
d'en arriver à l'autosuffisance pour 1990 et s'il veut se
référer à la conférence qui a eu lieu à
Québec sur l'économie de l'énergie, qu'il cite aussi les
rapports qui ont été produits à cette conférence
par M. Fraser par exemple, le président du Canadian Petroleum
Association, qui a démontré que pour l'année 1995,
d'après ses données il pourrait même y avoir un surplus
d'énergie au Canada. Alors, je ne pense pas qu'on devrait essayer de
vendre notre salade, comme le fait le ministre avec des représentations
qui ne sont pas exactes.
Quant à la question des raffineries de l'Est, il est vrai que les
Québécois doivent prendre conscience du genre de
société dans laquelle ils veulent vivre. Ils ne veulent pas avoir
une escalade des conflits au point où toute la population va en souffrir
mais le gouvernement a le devoir de s'assurer que les services essentiels
soient maintenus. Je suggère au gouvernement que c'est
préférable de prévenir que de guérir parce qu'on
voit ce qui s'est produit avec la grève d'Hydro. Il ne faudrait pas
attendre que le désastre arrive. Je pense que, comme ministre de
l'Energie, vous avez une responsabilité dans ce domaine pour nous
assurer que les services essentiels soient maintenus. Je compte, parmi les
services essentiels, l'électricité et l'approvisionnement d'un
produit comme le mazout au Québec. C'est pour cette raison que je vous
ai posé la question quant au conflit de travail dans les raffineries de
l'Est.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que je puis appeler l'article 1 ?
M. Bérubé: Oui, M. le Président. M.
Ciaccia: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 1 est adopté?
M. Bérubé: Adopté. M. Ciaccia:
Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 2?
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté, M. le député de Mont-Royal?
M. Ciaccia: Ces articles-ci sont ceux qui étaient soit
dans la loi des terres et forêts, ou dans la loi des richesses
naturelles. Ils sont maintenant inclus ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Mais il
faut que je les fasse adopter un par un.
M. Ciaccia: Je comprends.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 2 est adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 3 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 4 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 5 est-il adopté?
M. Ciaccia: Oui, l'article 5 est adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 6 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 7 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 8 est-il adopté? M. le ministre.
M. Bérubé: Excusez-moi, j'ai mal lu. Je regardais
un amendement mais on continue; c'est un peu plus loin.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 8 est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. L'article 9 est-il adopté?
M. Ciaccia: A l'article 9, il y a seulement une modification
mineure quant aux personnes qui peuvent donner les copies conformes. Vous avez
ajouté le personnel du ministère. Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
9 adopté. Article 10?
M. Ciaccia: Article 10, adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 11?
Dans l'article 11, le ministre a étendu les délais
à six mois.
M. Bérubé: Oui, M. le Président. En fait,
c'est compte tenu de l'expérience du passé qui démontre
clairement que les rapports annuels des ministères sont presque toujours
déposés dans les six mois, mais très souvent ne respectent
pas la lettre de la loi actuelle. On a essayé de se fixer un objectif
plus réaliste de manière qu'on puisse continuer, suivant la
tradition, à les déposer le plus rapidement possible, mais, en
même temps, ne pas, chaque fois, délibérément,
presque violer la loi.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
11 adopté?
M. Ciaccia: Article 11, adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Article 12?
M. Ciaccia: A l'article 12...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... j'aurais préféré
procéder alinéa par alinéa.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Article
12, paragraphe 1, adopté? Paragraphe 2?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Adopté, alinéa 2.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Alinéa 2 adopté. Alinéa 3? (17 h 50)
M. Ciaccia: M. le Président, le changement que le ministre
fait à l'alinéa 3, c'est que dans la loi existante, le ministre a
le pouvoir d'élaborer des programmes pour la mise en valeur,
l'exploitation et la transformation au Québec avec l'autorisation du
gouvernement et en collaboration avec d'autres ministères. Par
l'alinéa 3 tel qu'il est rédigé maintenant, le ministre se
donne ce pouvoir sans demander, sans avoir l'autorisation du gouvernement et
sans référence à la collaboration avec d'autres
ministères. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer pourquoi il a
enlevé cet aspect de l'article où il devait agir avec
l'autorisation du gouvernement?
M. Bérubé: M. le Président, je suis en train
de regarder les anciennes lois.
M. Ciaccia: Les pouvoirs énumérés à
l'alinéa 3 sont assez larges. Vous dites: "L'élaboration et
l'exécution de plans et programmes pour la mise en valeur,
l'exploitation et la transformation au Québec des ressources
forestières, hydrauliques, minérales et
énergétiques." Cela veut dire que vous pouvez faire des
dépenses, des programmes, des mises en application qui sont assez
larges. Il devrait y avoir au moins une contrainte que c'est le gouvernement
qui l'autorise.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'au
moins une raison, c'est qu'il s'agit ici de donner les fonctions du ministre,
les mandats du ministre. Ce dont parle le député de Mont-Royal,
c'est plutôt à propos de conditions de l'exercice du mandat. C'est
bien évident que le ministre des Terres et Forêts ou le ministre
des Richesses naturelles ne peut pas dépenser des crédits de
l'Assemblée nationale, sans qu'il y ait une série d'approbations,
que ce soient des approbations du Conseil des ministres, du Conseil du
trésor et toutes les politiques gouvernementales où il n'y a pas
explicitement dans la loi une responsabilité simple du ministre, par
exemple, dans l'émission de baux, de titres de propriété,
le ministre se voit confier certaine latitude en vertu de règlements
adoptés par le Conseil des ministres. Dans ces conditions, le ministre
reçoit certains pouvoirs.
C'est bien évident que le fait de dire que les fonctions du
ministre comprennent l'élaboration, l'exécution de plans de
programme pour la mise en valeur, l'exploitation et la transformation au
Québec des ressources forestières, hydrauliques, minérales
et énergétiques, ne veut pas dire pour autant que le ministre
n'est pas soumis aux contrôles gouvernementaux, aux contrôles
légaux que l'Assemblée nationale peut choisir d'imposer.
Il n'y a pas vraiment de raison, si ce n'est que c'est
évident.
M. Ciaccia: M. le Président, je pourrais suivre le
raisonnement du ministre si l'article 12 parlait seulement des fonctions du
ministre. Le ministre nous dit qu'on parle des fonctions et c'est dans ses
fonctions tous les actes qu'il a stipulés au paragraphe 3.
Mais l'article 12 parle des fonctions et pouvoirs du ministre. Alors par
implication ici on donne le pouvoir au ministre d'exécuter les plans et
les programmes dans tous ces domaines, sans au moins un genre de restriction
qu'il doit obtenir l'approbation. On sait qu'en effet il y a un certain budget
qui est accordé, qui est voté par l'Assemblée nationale,
mais il y a aussi des budgets supplémentaires. Il me semble que ce
serait moins ambigu, ce serait une restriction qui serait plus claire si on
disait, comme la loi actuelle le dit, il y a une raison pourquoi la loi
actuelle a ces mots, "avec l'autorisation et en collaboration". On peut dire
que c'est un voeu pieux mais au moins c'est une restriction. Cela donne des
directives au ministre quant à la façon dont il doit se
dégager de ses fonctions. L'article 3 est exhaustif.
M. Bérubé: En vertu du même principe, M. le
député de Mont-Royal, on pourrait dire que les fonctions et
pouvoirs du ministre comprennent la gestion et l'octroi des droits de
propriétés d'usage. Voulez-vous dire que je n'ai pas besoin de
l'approbation du gouvernement pour réaliser le paragraphe? Si je prends
chacune des fonctions déjà prévues dans les paragraphes,
on se rend bien compte qu'il n'y a pas de différence entre
l'établissement de laboratoires de recherche... Prenons, par exemple
l'article 2. "La gestion et l'octroi des droits de propriété et
d'usage des terres du domaine public, sous réserve des pouvoirs qui
peuvent être confiés à un autre ministre dans la mesure
prévue par une loi ou un décret du gouvernement..." Est-ce que
cela veut dire que je peux administrer les terres publiques sans que cela soit
dans le cadre de politiques gouvernementales?
M. Ciaccia: Dans le cadre général de la politique
gouvernementale, mais vous n'avez pas besoin d'y retourner pour vous faire
autoriser par le cabinet, par le lieutenant-gouverneur en conseil. La
réponse à votre première question est: Oui. D'après
l'article 1, vous avez la gestion et l'octroi des droits de
propriété et d'usage de ces ressources. C'est votre
ministère qui a ce pouvoir. Naturellement, vous faites partie du
gouvernement et, en général, vous allez agir de concert je
l'espère avec vos collègues, mais il y a certains
pouvoirs, certains droits qui vont au-delà de vos fonctions normales.
Quand vous spécifiez, dans le paragraphe 3, tous les pouvoirs et
fonctions inclus, je pense que cela va un peu loin et je pense que la
restriction d'avoir l'autorisation du gouvernement, c'est le moins qu'on puisse
demander.
M. Bérubé: II me semble qu'il y a maldonne. Je
pense qu'on ne parle pas la même langue, sans blague. Il s'agit ici de
dire quelles sont les fonctions du ministre, les fonctions et pouvoirs du
ministre.
M. Ciaccia: Si vous ne parlez que des fonctions en enlevant le
mot "pouvoirs" au début de l'article 12, je vais retirer mes
commentaires et on va adopter l'article 3 tel qu'il est.
M. Bérubé: II est bien évident que parmi les
pouvoirs du ministre, c'est de voir à l'exécution des plans et
programmes mis en valeur pour l'exploitation, la transformation au
Québec des richesses naturelles. Imaginons qu'il faille soumettre au
Conseil des ministres toute décision à être prise par le
ministre, en invoquant un article comme celui que vous suggérez, qu'il
faudrait que tout plan, tout programme ayant trait à la mise en valeur
soit soumis au Conseil des ministres. Cela voudrait dire que le Conseil des
ministres devrait vérifier chacune des décisions du ministre et,
évidemment, on engorgerait très rapidement le Conseil des
ministres.
M. Ciaccia: Alors, divisez votre article 3, l'élaboration
de plans. Vous pouvez faire des plans, mais quand cela vient à
l'exécution...
M. Bérubé: C'est la même chose...
M. Ciaccia: ... parce que vous pourriez faire un plan qui
impliquerait pas mal de conséquences au plan financier. On dit qu'avant
de l'exécuter, ce plan, vous devez avoir l'autorisation du gouvernement.
Pouvez-vous expliquer pourquoi, dans la loi actuelle, on a cette restriction?
Est-ce que cela ne veut rien dire, d'après vous?
M. Bérubé: Comme on nous le dit à
côté, c'est une vieille loi et ce n'est pas qu'on est
obligé de traîner un vieil article dans une loi qui est
modernisée. Vous n'avez pas d'équivalent. Prenons votre logique,
au paragraphe 4, vous allez avoir l'établissement de laboratoires de
recherche minéralogique, métallurgique, hydraulique,
forestière et énergétique. Vous allez mettre
également: Sous réserve d'approbation du gouvernement. La
construction...
M. Ciaccia: Non, je ne le mettrai pas parce que c'est quelque
chose qui est vraiment dans les fonctions normales de votre ministère.
Mais ici, vous allez plus loin. Ici, l'article 3 vous donne des pouvoirs qui
vont au-delà, qui sont plus larges, qui peuvent impliquer des sommes
considérables. (78 heures)
M. Bérubé: Pas sans l'autorisation du gouvernement.
Le député de Bonaventure, qui est assis à vos
côtés, par exemple, pourra témoigner qu'il n'est pas
possible pour un ministre de dépenser des sommes sans que ces sommes
soient dans le cadre d'un programme déjà approuvé.
D'abord, il faut que les sommes aient été prévues à
l'Assemblée nationale, d'une part. D'autre part, il faut soumettre les
demandes appropriées au Conseil du trésor, qui doit à
nouveau les approuver. Et lorsque les dépenses envisagées par le
ministre ne cadrent pas avec des programmes autorisés, elles doivent
faire l'objet d'une approbation directe par le Conseil des ministres. En
d'autres termes, il y a des étapes de contrôle à
l'intérieur d'un gouvernement. Mais le sens qu'on pourrait donner, par
exemple, à votre intervention, advenant un plan d'aménagement,
pour la forêt du nord-ouest, d'une unité de gestion, c'est qu'il
faudrait, à votre avis, que ce plan soit soumis au Conseil des
ministres. Je devrais, à ce moment, submerger littéralement le
Conseil des ministres chaque fois qu'un administrateur en région
prépare un plan d'aménagement qui n'est même pas soumis
à mon attention, les trois quarts du temps, puisque ce sont des
décisions internes au ministère.
En d'autres termes, si je n'ai plus le pouvoir d'élaborer un plan
de gestion d'une forêt, mon administrateur régional, qui a cette
tâche de préparer un plan de gestion, devra nécessairement
le soumettre au ministre, qui devra le soumettre au Conseil des ministres. Si
on veut un contrôle du Conseil des ministres sur l'élaboration,
sur l'exécution de plans et programmes pour la mise en valeur, par
exemple, des richesses forestières, cela veut dire qu'il n'y a plus
aucun fonctionnaire en région qui est en mesure de planifier sa gestion
quotidienne et la gestion des coupes.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre, M. le
député de Mont-Royal.
M. Chevrette: Mme la Présidente, est-ce qu'on pourrait
demander aux deux Oppositions, d'un commun accord, de dépasser le temps
prévu, parce que le leader du gouvernement a annoncé qu'on ne
siégeait pas ce soir? Théoriquement, on devait terminer à
18 heures. D'un commun accord, est-ce qu'on peut terminer ce projet de loi?
La Présidente (Mme Cuerrier): Est-ce qu'il y a
consentement?
Une Voix: Oui.
M. Brochu: Mme la Présidente, je serais prêt
à donner mon consentement, mais sous réserve quand même.
J'aimerais savoir si l'Opposition officielle a beaucoup d'amendements ou de
discussions sur le projet de loi. En ce qui me concerne, j'ai des engagements,
j'aimerais savoir un peu jusqu'à quelle heure cela peut nous amener.
M. Ciaccia: Non, nous n'avons pas tellement d'amendements.
M. Brochu: D'accord.
La Présidente (Mme Cuerrier): II y a consentement à
la poursuite des travaux. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Nous ne ferons pas un débat acharné
là-dessus. Pour répondre au ministre, l'autorisation que je
demandais, ce n'était pas pour élaborer les programmes,
c'était pour l'exécution de ces programmes. Cela n'affectait pas
l'administration de votre ministère; cela affectait seulement la
question de la mise en application...
La Présidente (Mme Cuerrier): Article 12.3. Oh! Pardon. Je
pensais que vous aviez terminé, M. le député.
M. Ciaccia: ... de l'exploitation et de tous les autres sujets
qui sont inclus dans l'article 3, excepté l'élaboration des
programmes. Si vous insistez, c'est une suggestion que nous vous faisons. C'est
quelque chose que nous aurions préféré avoir inclus,
maintenu, de la même façon que la loi se trouve
présentement. La seule raison que vous nous donnez, c'est que c'est une
vieille loi. Ce n'est pas vraiment une raison en soi qui est assez valable. Si
vous nous aviez donné une autre raison de substance sur le fond... Nous
sommes limités dans le temps. J'ai fait cette remarque au début.
Nous aurions préféré que ce projet de loi soit introduit
plus tôt dans la session, parce que nous aurions pu faire d'autres
commentaires. C'est une suggestion que je fais. Si le ministre ne veut pas
l'accepter...
M. Bérubé: Mme la Présidente, je
pense...
La Présidente (Mme Cuerrier): Article 12.3,
adopté?
M. Bérubé: Je préférerais ne pas
l'accepter pour la raison très simple que, présentement, cet
article n'existe pas dans la Loi des Richesses naturelles. Il existe, et vous y
faites mention, dans la Loi des terres et forêts, mais il n'est pas
appliqué, en ce sens que tout programme mis sur pied par
l'administration, qui n'a pas d'incidences budgétaires autres que celles
prévues dans les programmes approuvés par l'Assemblée
nationale ou approuvés par le Conseil des ministres,
présentement, n'est pas soumis au Conseil des ministres.
Présentement, on ne peut pas parler d'une application stricte de cet
article. Il n'a jamais été appliqué, d'ailleurs.
M. Ciaccia: Dans la Loi des richesses naturelles, il existe, avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil, alors cela se trouve dans
la Loi des terres et forêts, mais cela se trouve aussi dans la Loi des
richesses naturelles.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 12,
troisièmement adopté.
M. Ciaccia: Troisièmement, adopté sur division.
La Présidente (Mme Cuerrier): Sur division,
adopté.
Article 12, quatrièmement, adopté?
M. Ciaccia: Un instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le libellé, dans quatrièmement, ne se
réfère pas à des laboratoires dans l'entreprise
privée. Référence X est faite dans la loi actuelle, non
seulement aux laboratoires que le gouvernement pourrait instaurer, mais aussi
à la stimulation et à l'encouragement de laboratoires dans
l'entreprise privée. Nous aurions une suggestion à faire au
ministre, qu'on se réfère non seulement aux activités du
gouvernement, mais qu'on se réfère aussi aux laboratoires
privés, qu'on donne une stimulation. La façon dont vous l'avez
ici: l'établissement de laboratoires de recherche minéralogique,
métallurgique, hydraulique forestière et
énergétique, cela peut être interprété, vous
pouvez l'interpréter et vous gardez la discrétion. Vous pouvez
dire que les laboratoires sont pour les seules fins du gouvernement. Alors, on
pourrait ajouter, à la fin: "et ce pour les laboratoires privés
et gouvernementaux".
M. Bérubé: L'amendement...
M. Ciaccia: A quatrièmement.
M. Bérubé: ... se lirait...
M. Ciaccia: Et ce pour...
M. Bérubé: ... "Et ce pour l'établissement
de laboratoires de recherche minéralogique, métallurgique,
hydraulique, forestière et énergétique. "
M. Ciaccia: "Et ce, pour les laboratoires privés et
gouvernementaux."
M. Bérubé: Vous voulez dire que vous voulez
donner...
M. Ciaccia: Actuellement on voudrait dire...
M. Bérubé: Vous voulez donner au ministre le
pouvoir de créer des laboratoires privés dans ces domaines, sans
même l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil?
M. Giasson: Des laboratoires privés, Mme la
Présidente, il pourrait y avoir des plans ou des programmes de
stimulation vers le développement de laboratoires privés.
M. Bérubé: Est-ce que la Loi de l'administration
financière ne permet pas à n'importe quel ministère
d'accorder des subventions?
M. Giasson: II peut confier des mandats de recherche pratique
à des organismes qui ne sont pas nécessairement des organismes
reliés directement au gouvernement. Ecoutez, présentement, il se
fait certainement de la recherche au plan énergétique. On parle
d'énergie nouvelle, d'énergie douce. Sans doute qu'au
Québec, même si ce n'est pas le ministère de l'Energie qui
conduit ces recherches ou ces développements, le ministère a
dû confier, soit à Hydro-Québec, soit à des centres
de recherche ou à quelques organismes, que sais-je, des programmes,
c'est-à-dire un mandat pour travailler sur des programmes de recherche
et de développement d'énergie nouvelle.
M. Bérubé: C'est pour cela, qu'au paragraphe trois,
lorsqu'on parle de l'exécution de plans, de programmes, pour la mise en
valeur, l'exploitation et la transformation, évidemment, cela suppose
que le ministère peut donner des contrats de recherche pour le
développement de nouveaux procédés, de techniques
d'abattage ou, encore, dans le domaine de l'entomologie, et le paragraphe 3 de
l'article prévoit déjà ce pouvoir au ministre. Mais,
à l'article 4, il s'agit de donner un pouvoir de plus au ministre: soit
celui de créer des laboratoires. Je doute que le ministre puisse
créer des laboratoires à caractère privé. Il peut
subventionner...
M. Giasson: Stimuler, mais ne pas créer.
M. Bérubé: Oui, en vertu de la Loi de
l'administration financière et dans le cadre d'un budget approuvé
par l'Assemblée nationale, certes, le ministre peut subventionner un
laboratoire privé.
M. Giasson: Seulement cela.
M. Ciaccia: Alors, vous pourriez inclure dans l'article quatre
"l'établissement et la stimulation",
l'obligation du ministre de stimuler la création de ces
laboratoires.
M. Bérubé: Est-ce que cela tient bien à
coeur à l'Opposition? Dans ce cas-là, je suis prêt à
faire analyser votre amendement par les conseillers juridiques du gouvernement
pour être sûr que cela veut dire quelque chose et que c'est
significatif. (18 h 10)
La Présidente (Mme Cuerrier): Est-ce que je comprends
qu'il faut suspendre le quatrièmement de l'article 12 ou si cet
amendement...
M. Ciaccia: Non, Mme la Présidente, on ne veut pas
suspendre l'article.
La Présidente (Mme Cuerrier): Alors, nous pourrions
peut-être voter sur l'amendement. M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Ce qu'on peut faire, Mme la
Présidente, c'est que le ministre offre de faire étudier cet
amendement et, si mon collègue désire qu'il en soit ainsi, nous
pourrions adopter l'article, faire rapport, mais, rendu à la
troisième lecture, la garder pour demain. Si le ministre est d'accord,
on fait simplement une motion pour les écritures pour retourner en
commission et on revient. Cela dure une minute ou trente secondes de plus. Si
les conseillers du ministre ont de bonnes raisons de ne pas encourager cet
amendement, on n'en parlera plus.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 12,
quatrièmement, adopté.
M. Giasson: Quatrièmement, Mme la Présidente, dans
l'ancienne loi, il y avait une définition des fonctions
attribuées au laboratoire. Je crois que cela n'apparaît plus.
M. Bérubé: Cela a été
simplifié.
M. Giasson: Serait-ce qu'il y aurait possibilité d'avoir
des fonctions plus étendues que celles qu'avaient traditionnellement
lesdits laboratoires?
M. Bérubé: J'ai la Loi sur le ministère des
Terres et Forêts devant moi, mais je n'ai pas la Loi sur le
ministère des Richesses naturelles, et comme...
M. Giasson: C'étaient surtout des laboratoires sur la
recherche minéralogique et métallurgique dans l'ancienne Loi du
ministère des Richesses naturelles. Du côté des Terres et
Forêts, je ne crois pas qu'il y ait de mention de tels laboratoires.
M. Bérubé: On va continuer et quand nous
aurons...
La Présidente (Mme Cuerrier): ... cinquièmement.
Sixièmement, adopté?
M. Giasson: Adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Cinquièmement,
adopté. Sixièmement?
M. Giasson: Sixièmement, on a modifié quelque peu
le contenu de la Loi sur le ministère des Terres et Forêts qui
mentionnait, en plus du nouveau libellé, la surveillance de
l'utilisation des richesses forestières. Mais je crois que
l'aménagement, la conservation et l'amélioration peuvent
comprendre, de façon génétique, la surveillance de
l'utilisation.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté? M. Ciaccia:
Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté.
Septièmement.
M. Giasson: Septièmement, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Cela va. Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté.
Huitièmement.
M. Bérubé: A huitièmement, Mme la
Présidente, j'aurais un amendement pour rendre cela un peu plus complet.
Nous dirions...
La Présidente (Mme Cuerrier): A l'article 12,
huitièmement, vous aviez un amendement.
M. Bérubé: Mme la Présidente, le nouvel
article se lirait ainsi: "L'établissement et la gérance de la
cartographie et des réseaux géodésiques officiels du
Québec et l'intégration des arpentages et de la cartographie
effectués par le gouvernement du Québec." En effet, depuis
déjà plusieurs années, au gouvernement, on se rend compte
qu'il existe un certain gaspillage des fonds publics dans la mesure où
plusieurs ministères s'engagent dans ces travaux de cartographie et de
levées géodésiques, d'établissements de
repères géodésiques qui ne sont pas faits suivant certains
standards qui permettraient à d'autres ministères,
éventuellement, de pouvoir les réutiliser, ce qui fait que
l'information géodésique est d'une qualité médiocre
et, à la longue, finit par coûter cher à la
collectivité.
Il apparaît donc important, à la lumière d'ailleurs
d'un programme de cartographie auquel nous travaillons présentement,
d'insister sur la gérance des réseaux géodésiques
officiels et l'intégration des arpentages et de la cartographie
effectués pour le gouvernement du Québec de manière que
l'information, par exemple lors de travaux géodésiques
applicables à la construction d'une route, soit sous une forme
éventuellement
réutilisable par un autre usager qui voudrait utiliser
l'information géodésique de base à d'autres fins alors
que, présentement, très fréquemment,
l'établissement de repères géodésiques n'est faite
qu'aux fins précises du projet en question et que l'information est sous
une forme qui est parfois impossible à utiliser d'une autre
façon.
Le Conseil du trésor, depuis plusieurs années en fait, je
dois le dire, travaillait à l'élaboration d'une politique un peu
plus standardisée de cartographie de manière à minimiser
les coûts de cartographie à l'Etat. A la suite de cette
préoccupation du Conseil du trésor, le ministère des
Terres et Forêts a repris l'analyse et on s'en vient assez rapidement au
Québec vers une politique un peu intégrée en
cartographie.
M. Giasson: Mais, si je comprends bien, Mme la Présidente,
cela ne suppose pas que, dorénavant, ces pouvoirs seront
réservés exclusivement au ministère de l'Energie et des
Ressources. Ce que je veux dire par là, si, dans l'avenir, le
ministère des Transports, entres autres, qui doit assumer la
construction et le développement du réseau routier, a besoin d'un
relevé géodésique, est-ce qu'il ne pourra plus continuer
d'être meneur de jeu dans cette partie de l'exécution? Il devra
donc nécessairement procéder par le nouveau ministère de
l'Energie et des Ressources ou est-ce tout simplement un mandat
d'uniformisation qu'aurant le nouveau ministère vis-à-vis de tous
les autres ministères?
M. Bérubé: L'article, tel qu'il se lirait, dirait
que les pouvoirs du ministre comprennent l'intégration des arpentages et
de la cartographie effectués pour le gouvernement du Québec. En
d'autres termes, le ministère des Terres et Forêts devrait
ou le ministère de l'Energie et des Ressources maintenant voir
à l'établissement de standards...
La Présidente (Mme Cuerrier): La motion d'amendement vise
à remplacer le paragraphe 8 de l'article 12 par un nouveau paragraphe 8
qui se lirait: "L'établissement de l'assurance de la cartographie et des
réseaux géodésiques du Québec et
l'intégration des arpentages et de la cartographie effectués par
le gouvernement du Québec". Cet amendement sera-t-il adopté?
M. Giasson: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. Paragraphe 9
adopté?
M. Giasson: Adopté.
M. Bérubé: Mme la Présidente, est-ce que
nous pourrions revenir maintenant aux questions qui étaient
posées concernant les laboratoires de recherche que le
député de Montmagny-L'Islet avait soulevées, parce que
j'ai maintenant devant moi le texte de la loi. On peut peut-être
poursuivre?
M. Giasson: Pour quel alinéa?
M. Bérubé: L'alinéa no 4 parlant de
l'établissement de laboratoires de recherche.
M. Giasson: Laboratoires, d'accord, qu'on retrouvait dans la Loi
des Richesses naturelles, et je ne suis pas certain qu'on retrouverait cela
dans la Loi des Terres et Forêts. C'est le pouvoir d'établir des
laboratoires.
,M. Bérubé: Pas dans la Loi des Terres et
Forêts vous avez raison.
M. Giasson: Uniquement dans la Loi des Richesses naturelles.
La Présidente (Mme Cuerrier): Cela va? Le paragraphe 9
étant adopté, le paragraphe 10 de l'article 12 est-il
adopté? Paragraphe 10?
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre peut nous expliquer pourquoi
c'est un pouvoir du ministre et pas un pouvoir du gouvernement? Par exemple, au
début de ce projet de loi, vous dites: "Le gouvernement nomme un
sous-ministre". Ce n'est pas le ministre qui nomme le sous-ministre. (18 h
20)
II y a une distinction faite entre les pouvoirs du ministre dans le
projet de loi et les pouvoirs du gouvernement. Est-ce que vous pouvez nous
expliquer pourquoi cela doit être le ministre qui a comme pouvoir la
définition, le maintien et le respect de l'intégrité
territoriale du Québec? Est-ce que le ministre tient à nous
expliquer ce que cela veut dire et nous donner une explication de cet
article?
M. Bérubé: Vous voulez une explication de
l'article?
M. Ciaccia: Une explication de l'article. M.
Bérubé: Ah! Excusez-moi.
M. Giasson: Qu'est-ce que vous entendez plutôt par la
définition de l'intégrité territoriale?
M. Bérubé: Je pense que l'Opposition se souviendra
qu'elle avait elle-même mis sur pied une commission la commission
dite Dorion laquelle s'est engagée dans une longue
réflexion sur l'intégrité territoriale au Québec et
d'ailleurs, en début de mandat, je devais déposer à
l'Assemblée nationale même ce rapport de la commission Dorion.
A la suite de ce rapport, le gouvernement libéral de
l'époque, en 1971, devait créer un service de
l'intégrité territoriale qui est présentement
intégré au ministère des Terres et Forêts et qui,
depuis ce temps, s'occupe des problèmes de frontières du
Québec. Par exemple, depuis quelques mois déjà, nous
sommes en négociation avec le . gouvernement de l'Ontario pour tenter
de
clarifier la frontière entre l'Ontario et le Québec dans
la région des Mille-Iles. C'est à ce service de
l'intégrité territoriale que l'on réfère, de la
même façon que le problème de l'extension des juridictions
territoriales du Québec dans les eaux côtiè-res, par
exemple, est un problème qui relève de ce service de
l'intégrité territoriale. Comme il s'agissait d'une
préoccupation qui n'existait pas au moment de la préparation de
l'ancienne Loi sur le ministère des Terres et Forêts, la seule
chose que nous faisons dans cet article, c'est que nous inscrivons dans la loi
la volonté manifestée par le gouvernement libéral, en
1971, de confier au ministre des Terres et Forêts le soin de
défendre l'intégrité territoriale du Québec.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 10,
adopté.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi c'est
le ministre et ce n'est pas une fonction du gouvernement de définir...
Vous ne voulez pas vous attribuer à vous tout seul le pouvoir de
définir l'intégrité territoriale du Québec, et
même d'obtenir le maintien et le respect, il me semble?
M. Giasson: Le respect, cela irait bien dans les pouvoirs et les
fonctions du ministre, mais je crois que la définition, cela serait plus
logique de retrouver cela entre les mains de l'Etat.
M. Bérubé: Je pense que je suis d'accord avec votre
position là-dessus. Effectivement, la définition de
l'intégrité territoriale par un ministre m'apparaît un peu
préjuger de son pouvoir.
M. Giasson: C'est abusif un peu.
M. Bérubé: Légèrement. On pourrait
amender le paragraphe en question en ayant les mots "la définition".
M. Giasson: C'est cela.
La Présidente (Mme Cuerrier): Est-ce que l'amendement
serait adopté?
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Voulez-vous me rappeler qui
a fait l'amendement, s'il vous plaît?
M. Giasson: Le ministre a parrainé l'amendement à
la suggestion de l'Opposition officielle.
La Présidente (Mme Cuerrier): Paragraphe 10, article 12,
adopté tel qu'amendé?
M. Bérubé: Adopté.
M. Giasson: Un instant, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): Un instant. M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: C'est qu'on fait une modification dans la
définition de la fonction accordée au ministre. C'est que dans
l'ancienne loi...
M. Bérubé: On fait l'article 11.
M. Giasson: On est à l'article 11? C'est
adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 11 est
adopté. L'article 12?
M. Ciaccia: L'article 12, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre peut-il nous expliquer pourquoi il a
enlevé, dans l'ancienne loi, les mots "où il est
économiquement possible de les aménager"? Il se donne le pouvoir
d'accélérer l'expansion d'Hydro-Québec, sans
référence du tout au développement économique de
ces projets. Nous préférions maintenir la loi, telle qu'elle
l'est.
M. Bérubé: Aucune objection, Mme la
Présidente.
M. Ciaccia: On proposerait un amendement: d'ajouter à la
fin du paragraphe 12 "Partout où il est économiquement possible
de les aménager.
M. Bérubé: Mme la Présidente, je voudrais
saisir la substantifique moëlle de cet amendement. Posons
l'hypothèse que nous aurions une rivière aménageable
à un coût de $0.04 le kilowatt et que nous aurions la
possibilité de construire une centrale nucléaire à $0.03
le kilowatt. La décision économique, c'est de construire une
centrale nucléaire, si les seuls critères doivent être des
critères économiques. Je devrais considérer, à.ce
moment-là, que cette rivière, n'étant pas
économiquement aménageable, étant donné qu'elle
coûte plus cher que le nucléaire, je devrais donc ne favoriser que
le nucléaire, tant et aussi longtemps que le nucléaire est bon
marché. En d'autres termes, ne doit-il y avoir que des
considérations économiques dans la décision?
M. Ciaccia: Mme la Présidente, cet article va plus loin
que cela. Je vais vous en donner un autre exemple: le projet Archipel, le
projet des rapides Lachine. S'il ne peut pas se développer d'une
façon économique, on ne voudrait pas que le gouvernement
décide de le développer pour d'autres raisons, politiques ou
autres.
M. Bérubé: L'expérience que vous avez avec
la Baie James vous rend prudent.
M. Ciaccia: Non, la Baie James est très
économique.
M. Giasson: C'est très économique, la Baie James.
Plus économique que d'autres développements hydrauliques qu'on va
faire.
M. Bérubé: Mais dois-je vous souligner que si on
s'était engagé dans la construction de MBR...
M. Ciaccia: On ne dit pas "économiquement"
nécessairement par rapport à d'autres... C'est
"économiquement" sur ce projet et si les taux
d'électricité permettent le développement dans votre
tarification, même si une autre forme peut être moins chère
cela ne veut pas dire que l'exemple que vous nous avez donné n'est pas
nécessairement économique. Cela peut être économique
pour le développement de l'Hydro, pour la tarification et le montant que
vous ne pouvez pas recevoir par les tarifs.
M. Bérubé: La problématique est exactement
la même, Mme la Présidente. Lorsqu'on dit "où il est
économiquement possible de les aménager", c'est une
évidence en soi. Lorsque le gouvernement libéral, sous M.
Bourassa, s'est engagé dans le développement de la Baie James, on
parlait de la Baie James. Mais à cette époque, on parlait de
Nottaway, Broadback, Rupert. Il s'est avéré que Nottaway,
Broadback, Rupert coûtaient plus cher et coûtent toujours plus cher
que le nucléaire. Cependant, à l'époque, on pouvait parler
d'une décision tout à fait discutable. Le gouvernement,
néanmoins, a demandé à Hydro-Québec de s'engager
dans le projet Nottaway-Broadback-Rupert. Ce n'est qu'après avoir
complété les études, qu'Hydro-Québec a pu
découvrir un autre projet qui est La Grande, meilleur marché que
le projet Nottaway-Broadback-Rupert et finalement, produire de
l'électricité à un coût moindre que ce qui
était prévisible.
Donc, il n'y a pas eu que des critères économiques qui ont
amené l'ancien gouvernement à prendre la décision d'aller
à la Baie James. Il y a eu des critères politiques. De la
même façon et prenons le projet Archipel. Nous n'avons pas les
études. On ne peut donc pas parler d'un projet réalisable et nous
ne sommes pas prêts à faire des annonces quant à ce projet.
Posons l'hypothèse, cependant, que le projet Archipel soit 10% plus cher
qu'un projet comparable dans le Nord. Il n'est pas du tout impossible qu'un
gouvernement, quel qu'il soit, se dise: Pourquoi attendre cinq ans de plus pour
s'engager dans ce projet et ne pas le faire tout de suite? Ce qui va permettre
de stimuler, par exemple, la construction dans la région de
Montréal. Posons l'hypothèse. Dans ces conditions, même si
le projet Archipel s'avérait légèrement plus
coûteux, donc suivant les termes, non-économique, parce que la
définition d'économique, c'est toujours: Est-ce que la production
d'électricité est concurrentielle? Or, il ne fait aucun doute
qu'il y a plus que des critères économiques dans une prise de
décision comme celle-là. (18 h 30)
Ce que l'Opposition a à l'esprit, c'est qu ils disent qu'il ne
faut pas que cela coûte les yeux de la tête. Il ne s'agirait pas de
produire de l'électricité qui nous coûterait $500 du
kilowatt, mais là, c'est tellement évident que...
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, si le
ministre me le permet, nous avons voulu coopérer, comme nous l'avons
fait jusqu'à maintenant, mais nous nous apercevons qu'il est
déjà 18 h 30 et, dans les circonstances, n'y aurait-il pas lieu
que vous fassiez rapport tout en assurant le gouvernement que demain, nous
pourrions procéder avec la plus grande diligence possible. Je pense que
les discussions qui ont lieu présentement sont trop importantes pour que
nous essayions de terminer d'une façon qui ne tienne pas
réellement compte de l'intérêt public.
M. Bérubé: Vous pouvez faire rapport.
La Présidente (Mme Cuerrier): Si on fait rapport, il
faudrait demander à monsieur de quitter le salon bleu.
M. le Président, je vous fais rapport que la commission
plénière qui étudie présentement le projet de loi
no 72 article par article n'a pas fini ses travaux et qu'elle vous demande la
permission de siéger à nouveau.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Quand siégera-t-elle? La prochaine séance?
M. Chevrette: Avec le consentement...
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
le whip du gouvernement.
M. Chevrette: Avec le consentement de l'Opposition, est-ce que
vous pourriez appeler la troisième lecture du projet de loi no 65?
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Projet de loi no 65 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière)
:
Or, j'appelle donc la troisième lecture du projet de loi no 65,
Loi modifiant la Loi concernant la taxe sur les carburants. Est-ce que cette
motion en troisième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Sur division.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Alors, adopté sur division.
M. Chevrette: M. le Président, toujours avec le même
consentement, est-ce qu'on pourrait appeler la troisième lecture du
projet de loi no 68?
Projet de loi no 68 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle donc la troisième lecture du projet de loi no 68, Loi
modifiant de nouveau la Loi
concernant l'impôt sur la vente en détail et modifiant
d'autres dispositions législatives. Est-ce que cette motion de
troisième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Alors, motion adoptée.
M. Chevrette: M. le Président, tout en rappelant qu'il y a
des...
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Je ne sais pas si le leader par
intérim du gouvernement serait d'accord pour que nous passions à
l'article 42 et que nous puissions le faire disparaître du feuilleton.
Hier, il y avait eu une demande pour que nous adoptions en troisième
lecture le projet de loi no 70; j'avais, à ce moment, indiqué
qu'il serait préférable d'attendre une autre journée. Nous
serions disposés à l'adopter sans débat en
troisième lecture.
M. Chevrette: Donc, M. le Président, avec le consentement
de l'Opposition, qu'on appelle la troisième lecture du projet de loi no
70.
Projet de loi no 70
Troisième
lecture
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Merci, je prends acte du consentement et j'appelle donc en troisième
lecture le projet de loi no 70, Loi modifiant la Loi sur les valeurs
mobilières concernant le contrat de concession et de franchisage. Est-ce
que cette motion en troisième lecture sera adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): C'est bien l'article 42 et non pas la
loi no 42?
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 42, le projet de loi no 70.
M. Chevrette: C'est la loi no 70.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est bien cela, M....
M. Levesque (Bonaventure): C'est la loi no 70, c'est bien
cela.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
C'est ce qu'on a fait. Alors, adopté. M. le whip du
gouvernement.
M. Chevrette: M. le Président, en rappelant qu'il y a
trois commissions qui siègent demain matin et que ce soir, les
commissions siègent également, je propose l'ajournement des
travaux à 15 heures demain.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Est-ce que cette motion sera adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de l'Assemblée sont ajournés jusqu'à demain, 15
heures.
Fin de la séance à 18 h 35