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(Quinze heures sept minutes)
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! Un moment
de recueillement. Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes. Déclarations ministérielles. M. le
premier ministre.
Question posée à la population lors du
référendum
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, depuis sa
naissance, il y a plus de 370 ans, le peuple québécois n'a jamais
eu l'occasion de se prononcer démocratiquement sur son avenir. C'est
donc avec une fierté qui m'apparaît légitime qu'au nom du
gouvernement je soumets aujourd'hui à nos compatriotes le projet d'une
question qui leur permettra, le printemps prochain, de franchir une
étape décisive, une étape qui a la logique et la noblesse
de toute accession à la maturité nationale, accompagnée du
réalisme et du sens de l'autre qu'exige également le contexte
où l'histoire nous a placés.
En bref, ce que le gouvernement propose aux Québécois et
aux Québécoises, c'est de devenir pleinement responsables de leur
collectivité, au moyen d'une nouvelle entente basée sur
l'égalité fondamentale de chacun des partenaires en vue
d'atteindre le double objectif suivant: Donner au Québec le pouvoir
exclusif de faire ses lois et d'employer ses impôts, ainsi que le droit
de participer à la communauté des nations et, en même
temps, maintenir avec le Canada les liens étroits et mutuellement
avantageux d'une association économique et d'une union monétaire.
(15 h 10)
Dès le début d'une action politique qui rassemblait
quelques centaines de personnes, il y a douze ans, ces lignes de force nous
semblaient déjà clairement commandées par
l'évolution de plus en plus divergente de la société
québécoise et du régime constitutionnel dans lequel elle a
vécu depuis au-delà d'un siècle maintenant. Le
Québec tendait, en effet, au rythme accéléré qui
fut celui de la "révolution tranquille", à assumer ou au moins
à réclamer l'augmentation de ses pouvoirs afin de devenir
progressivement maître chez lui. Le régime fédéral,
de son côté, réagissait à cette pression montante en
durcissant sa résistance au changement, et même en accentuant ce
penchant insatiable de toutes les institutions politiques pour l'accroissement
de leur emprise.
Or, depuis ce temps-là, tous les propos et toutes les
propositions qui se sont succédé, dans le but réel ou
apparent de résoudre cette contradiction, tout cela n'a fait que
l'empirer. Le dernier en date de ces mirages qui proclamait, on s'en souvient,
que le temps d'agir était arrivé, s'est dissipé à
son tour dans les bourrasques de la campagne fédérale de mai
dernier. Ainsi, l'unanimité est-elle en train de se faire, à tout
le moins, sur le caractère inacceptable d'un statu quo qui entrave sans
cesse davantage les exigences du développement et de la
sécurité même du Québec. Qu'on pense à
l'impossibilité où nous sommes, et que le tribunal suprême
vient de reconfirmer, de nous doter, si nous le voulons, sans aller
jusqu'à certains excès que nous connaissons de l'autre
côté de l'Outaouais, quand même d'un milieu essentiellement
aussi français que l'Ontario est anglais. Qu'on pense aux embûches
qu'une compagnie contrôlée du dehors peut multiplier contre
l'exercice des pouvoirs indiscutables que nous avons sur l'exploitation des
richesses naturelles ou encore, au danger toujours présent que nos
champs traditionnels de taxation soient envahis, sous prétexte de crise,
par un gouvernement central en mal d'argent pour couvrir ses déficits.
Qu'on pense surtout à la baisse constante de notre poids relatif et,
partant de nos moyens de pression, dans l'ensemble canadien. Alors qu'au
début, le nombre nous permettait de compter sur plus d'un tiers des
députés fédéraux, nous n'en aurions même plus
le quart dans 20 ans.
C'est pourquoi il est devenu nécessaire, sans pour autant briser
les liens économiques et la promesse qu'ils renferment d'un partnership
mieux équilibré, de récupérer la totalité de
nos pouvoirs politiques avant qu'il ne soit trop tard. Non seulement le
fédéralisme s'est-il refusé jusqu'à présent
à toute réforme satisfaisante, mais il est désormais
très clair, quant à nous, qu'il n'est tout simplement pas dans sa
nature de s'y prêter.
Quels que soient les mobiles qui les animent vraiment, l'illusionnisme
conscient ou l'illusion sincère, ceux qui prétendent encore
aujourd'hui "renouveler" ce régime exclusivement entre politiciens, en
discutant d'avance avec d'éventuels vis-à-vis (que d'autres
auront d'ailleurs le temps de remplacer!) l'acceptabilité de
propositions que les citoyens reverraient ensuite noyées dans des
promesses électorales, ceux-là nous prépareraient
fatalement la même déception.
Mais, s'il fallait que ce nouveau refrain de la vieille sirène
qui n'a jamais chanté au fond que la peur du changement contribue
à torpiller l'occasion historique qui se présente, la
déception risquerait, cette fois, d'être dangereusement profonde
et difficile à surmonter. Et l'occasion pourrait bien ne pas repasser de
sitôt. Car si nous sommes aujourd'hui, actifs ou sympathisants, des
centaines de milliers à l'avoir préparée avec une
ténacité sans cesse renouvelée, doublée d'une
conviction que chacune des étapes n'a fait que tremper davantage, nulle
part au monde un tel effort ne saurait être perpétuellement
renouvelable. D'autant plus qu'au point où nous sommes rendus, non
seulement l'urgence de décider est-elle toujours plus évidente,
mais l'objectif qui est proposé, ainsi que la démarche pour y
parvenir nous semblent plus étroitement que jamais accordés
à nos chances les meilleures, sinon les seules,
de bâtir nous-mêmes notre avenir au lieu de le subir.
Pour ce qui est de l'objectif auquel on a consacré tant de
ferveur et un entrain qui a survécu à bien des épreuves,
il est demeuré depuis le début essentiellement le même.
Quoi de plus normal ou de plus justifiable, puisque ce remplacement du
système fédéral par une formule communautaire est
précisément dans le sens d'une évolution qui se
généralise chez les nations modernes? Dans tous les coins du
monde, en effet, on voit se multiplier les associations d'Etats souverains qui
unissent leurs efforts sur le plan économique tout en gardant
l'essentiel de leur autonomie politique. Les nouveaux
fédéralismes se font de plus en plus rares alors que les
regroupements d'Etat surgissent un peu partout.
Si notre projet, donc, est demeuré essentiellement fidèle
à lui-même, et de mieux en mieux confirmé par
l'expérience des autres, en revanche notre démarche, elle, a
dû mûrir et se préciser en cours de route.
Ce qui l'a surtout marquée, c'est la conscience que nous ne
pouvions pas éviter de prendre de cette règle fondamentale entre
toutes: Quelles que soient les étapes nécessaires, aucun
changement politique d'importance ne peut s'accomplir démocratiquement
s'il n'est pas souhaité, voulu et éventuellement
déclenché puis réalisé, non pas simplement avec
mais par une majorité de citoyens; autrement dit, par la claire et ferme
expression de la volonté du peuple.
Dès le début, nous le savions, bien sûr, mais nous
avons mis quelque temps à le reconnaître en noir sur blanc. Cette
reconnaissance, qui se traduisit en 1974 par une première esquisse de la
consultation référendaire, nous en avions fait en 1976 un
engagement précis et central du gouvernement que les électeurs
nous ont permis de former. Cet engagement, comme les autres que nous avons
également tâché de ne pas négliger, nous allons le
tenir le printemps qui vient après avoir rempli les conditions requises
pour lui conférer toute la légitimité et tout le
sérieux nécessaires.
Les conditions d'un débat national éclairé
étant maintenant réunies, et en dépit du
remue-ménage imprévisible qui s'est produit à Ottawa mais
qui se terminera le 18 février, le moment est donc arrivé,
conformément à la promesse que nous avions faites, de rendre
public avant l'ajournement de la Chambre le projet de question que nous avons
préparé.
Nous croyons qu'il est limpide et franc et qu'on l'a
dépouillé de tout déguisement. Ce qui nous a
obligés on nous dira le contraire si on croit le contraire
justement pour le rendre le plus franc, le plus explicite possible,
malgré tous nos efforts pour être concis, à en allonger
quelque peu la formulation. Il nous a semblé en effet qu'une description
brève mais concrète de l'objectif valait bien quelques lignes de
plus.
Ce texte n'a donc rien qui puisse normalement surprendre, si ce n'est
peut-être qu'on y trouve un engagement clair et net pour la suite,
engagement dont l'opportunité je dirais même la
nécessité nous est vite apparue devant des insistances
légitimes qui se multiplient depuis quelque temps. Nous le prenons
aujourd'hui, cet engagement, d'autant plus spontanément que jamais nous
n'avons eu l'intention de demander un chèque en blanc à nos
concitoyens.
C'est aux Québécoises et aux Québécois qu'il
revient de décider de leur avenir, et ils doivent pouvoir approuver
chacune des étapes majeures de leur cheminement constitutionnel. Aussi,
il doit être clair que, même après que le gouvernement aura
reçu un mandat de négocier une nouvelle entente avec le Canada,
aucun changement de statut politique ne sera effectué sans que la
population québécoise ait eu l'occasion de l'approuver
spécifiquement par la même voie démocratique du
référendum. (15 h 20)
II s'agit donc d'une question explicite, qui demande le mandat de
négocier non pas n'importe quoi, mais au contraire une entente bien
précise dont les éléments essentiels se retrouvent dans le
corps même de la question ainsi que les garanties démocratiques
que je viens d'évoquer.
Comme nous l'avions promis, dès le départ, on pourra
répondre à cette question par un oui ou par un non. Et, ainsi que
le prévoit la Loi de la consultation populaire, elle sera
imprimée sur les bulletins de vote en français et en anglais
la traduction anglaise est disponible déjà et
lorsqu'il y a lieu, en langue amérindienne ou inuit.
Si l'Assemblée nationale l'approuve au cours du débat
prévu pour la rentrée parlementaire, elle se lirait comme suit:
"Le gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d'en
arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée
sur le principe de l'égalité des peuples; cette entente
permettrait au Québec d'acquérir le pouvoir exclusif de faire ses
lois, de percevoir ses impôts et d'établir ses relations
extérieures, ce qui est la souveraineté et, en même
temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant
l'utilisation de la même monnaie; tout changement de statut politique
résultant de ces négociations sera soumis à la population
par référendum; en conséquence, accordez-vous au
gouvernement du Québec le mandat de négocier l'entente
proposée entre le Québec et le Canada?"
En répondant, oui, à cette question, les citoyens du
Québec auront l'occasion de faire un pas décisif vers la prise en
charge de leur avenir. Ce sera un grand pas en avant comme l'est toujours
nécessairement tout ce qui va dans le sens de la responsabilité
et de la liberté.
Le Président: Avant de vous céder la parole, M. le
chef de l'Opposition officielle, je voudrais signaler aux gens dans les
galeries qu'il est strictement interdit de manifester son improbation ou son
approbation. Je vous demande donc de vous abstenir de toute marque
d'improbation ou d'approbation.
M. le chef de l'Opposition officielle, vous avez maintenant la
parole.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, nous voici parvenus au terme
d'un long détour. Nous espérions nous trouver aujourd'hui dans
une clarté complète, on nous l'avait laissé entrevoir. Je
regrette de l'avoir signalé dès le début de mes remarques
que la confusion demeure à peu près totale.
Si le gouvernement avait voulu vraiment agir dans la limpidité et
la franchise dont a parlé le premier ministre, la question serait venue
d'elle-même, il n'aurait pas été besoin de l'entourer d'un
préambule compliqué et long, elle se serait formulée comme
suit: Premièrement, êtes-vous pour ou contre l'indépendance
politique du Québec et, deuxièmement, si vous êtes pour
l'indépendance politique du Québec, êtes-vous pour ou
contre l'association économique que préconise le gouvernement et
le parti ministériel?
Cela aurait été clair pour tout le monde. Ceux qui
étaient favorables à l'indépendance l'auraient dit.
Ensuite, ils auraient ajouté s'ils étaient favorables ou non
à l'association économique. Ceux qui sont contre
l'indépendance l'auraient dit. On aurait su clairement à quoi
s'en tenir. Mais, évidemment, le gouvernement a
préféré continuer à chercher sa voie dans les
sentiers louvoyants qui le caractérisent si bien dans un grand nombre de
ses démarches.
Si l'on voulait faire une description complète de
l'itinéraire tortueux suivi par le gouvernement depuis trois ans, au
sujet de son option constitutionnelle, on pourrait constituer un dossier de
centaines de pages comportant les déclarations les plus
échevelées, les plus contradictoires et les plus confuses, en
provenance de tel ou tel ministre et du premier ministre lui-même. Mais
ce serait un exercice beaucoup trop long pour le temps dont nous disposons.
Je voudrais simplement me borner à vous dire que, dans l'attente
de la révélation qu'on vient de nous faire, je m'étais
donné la peine de résumer les attentes que nous nourrissions
légitimement à la suite des précisions que nous avait
apportées, au cours des derniers mois, le gouvernement lui-même
quant à la nature de la question qui ferait l'objet du
référendum. Je m'appuie, pour vous donner ces
caractéristiques, sur des sources sûres, officielles et aussi
fiables qu'elles peuvent l'être quand elles émanent de l'autre
côté de la Chambre. Il y avait d'abord une déclaration du
premier ministre à cette Assemblée le 10 octobre 1978. Il y eut
ensuite c'est curieux comme les propos du premier ministre sont souvent
générateurs de confusion; il faut toujours les faire suivre de
précisions la lettre du premier ministre aux militants de son
parti, vers la fin du mois d'octobre 1978, dans laquelle il disait des choses
très intéressantes qu'on retrouve très peu, d'ailleurs,
dans le message d'aujourd'hui. Ensuite, une déclaration du premier
ministre à cette Chambre, le 21 juin dernier, et, finalement, le livre
blanc du gouverne- ment qui nous a été communiqué le 1er
novembre.
A la lumière de ces documents, nous attendions ceci: d'abord, une
question claire et précise, deuxièmement, une question portant,
quant à sa substance, sur le projet péquiste de
souveraineté-association; troisièmement, une question portant
à la fois sur l'objectif du gouvernement, c'est-à-dire la
souveraineté-association, et, sur le moyen de l'atteindre,
c'est-à-dire la négociation qu'on nous proposait. Nous attendions
également une question formulée de manière telle que de la
réponse affirmative souhaitée par le gouvernement il se
dégagerait éventuellement deux éléments. Encore une
fois, je fais l'exégèse la plus fidèle et la plus
incontestable des propos qui ont été tenus par nos
vis-à-vis à différentes occasions. On demanderait,
d'abord, par la question, l'approbation du peuple à l'option
péquiste de la souveraineté-association et un mandat de la
réaliser.
Je cite seulement une brève déclaration du premier
ministre et cela vaut la peine de la citer parce que c'est trop
éloquent. Dans une conférence de presse qu'il donnait tout de
suite après le dépôt du livre blanc dans cette Chambre, le
1er novembre dernier, le premier ministre disait, entre autres, ceci. On
l'interrogeait sur le mandat de négociation et il ajoutait la
précision suivante que je vais donner en anglais; je donnerai la
traduction ensuite: "It is a mandate to negotiate on something which we would
be, in a sense, not just allowed, but may I put it this way, ordered by a
majority of Québec citizens to realize."
Il s'agirait d'un mandat de négocier au sujet de quelque chose
qui nous aurait été, dans un certain sens, non seulement permis
mais, je dirais même, ordonné par une majorité des citoyens
québécois de réaliser. On nous laissait entrevoir, par
conséquent, une question qui permettrait de déboucher sur des
conclusions comme celle-ci.
Nous savions, par ailleurs, que les deux volets de l'option
présentée par le gouvernement n'ont jamais été
situés sur le même pied par le gouvernement lui-même. Le
premier ministre nous a dit, à maintes reprises, que le premier volet,
celui de la souveraineté, de l'indépendance, n'était pas
négociable, qu'il était primordial, essentiel, fondamental. Ce
qui était négociable, c'étaient deux choses: la
manière de donner suite à un mandat de faire la
souveraineté et, deuxièmement, la négociation de
l'association économique souhaitée.
Si nous examinons la question qu'on nous a soumise aujourd'hui, à
la lumière de ces critères, d'abord ce n'est pas une question
claire et précise, M. le Président; elle est tellement peu claire
qu'il faut la faire précéder d'un long préambule d'une
dizaine de lignes, préambule qui prétend résumer l'option
gouvernementale mais qui la résume d'une façon tellement
squelettique qu'on en laisse tomber des éléments très
importants. On nous parle de rapatrier nos pouvoirs fiscaux, nos pouvoirs
législatifs, c'est très bien. On ne dit pas aux citoyens que cela
comporte aussi une citoyenneté et un passeport distinct, que cela
comporte des forces armées complètement séparées,
que cela comporte une politique étrangère complète-
ment séparée. On ne le dit pas dans le préambule,
on ne le dit pas dans ce fameux préambule. (15 h 30)
Deuxième point, une question portant, quant à sa
substance, sur le projet péquiste de souveraineté-association
je lis la question, c'est sur la question que les gens vont voter
finalement: "En conséquence, accordez-vous au gouvernement du
Québec le mandat de négocier l'entente proposée entre le
Québec et le Canada?". Si le gouvernement avait voulu être limpide
et franc, voici ce qu'il aurait dit et là, je me situe dans sa
propre optique pour un moment, qui n'est pas la mienne franchement:
Premièrement, approuvez-vous le projet de
souveraineté-association que veut réaliser ce gouvernement?
Deuxièmement, si vous l'approuvez, nous donnez-vous mandat d'aller le
négocier? Ce n'est pas cela qu'on a.
On dit: Accordez-vous au gouvernement du Québec le mandat de
négocier? On vous promettait une question portant à la fois sur
l'objectif et sur le moyen. L'objectif saute, on le relègue au
préambule et, finalement, la question porte uniquement sur le moyen.
C'est une vraie fraude, je le dis sans aucune espèce
d'hésitation.
M. le Président, on nous demande de donner au gouvernement un
mandat de négocier. Je fais seulement quelques brèves remarques
là-dessus parce que cela fera l'objet de débats prolongés
dans les mois à venir. Le peuple ne peut pas donner au gouvernement le
mandat de négocier une proposition sur laquelle on ne lui a même
pas demandé de se prononcer. C'est là le camouflage; c'est
là l'esquive qu'il faut dénoncer clairement. On vous dit:
Donnez-nous un mandat d'aller négocier une chose sur laquelle nous ne
vous demandons pas votre opinion; réservez-vous, prenez votre temps. On
confond l'objectif avec le moyen ou, plus précisément, on noie
l'objectif dans le moyen. C'est bien typique de la mentalité de certains
disciples de Mazarin et des grands diplomates de la vieille école,
Talleyrand et les autres qu'on trouve de l'autre côté.
Deuxièmement, M. le Président, comment peut-on
sérieusement envisager de donner un mandat de négocier à
un gouvernement qui s'est montré, jusqu'à maintenant, aussi
louvoyant, aussi hypocrite, aussi peu enclin à mettre ses
véritables intentions sur la table?
Des Voix: Oh!
M. Ryan: Troisièmement, comment prendre au sérieux un
gouvernement qui vient demander un simple mandat de négocier une
proposition extrêmement complexe et confuse, alors qu'il sera à
quelques mois à peine de l'expiration de son mandat de gouvernement?
Si le gouvernement avait été sérieux et de bonne
foi, il aurait, dès le début de son mandat de gouvernement,
sollicité un mandat de négocier ses propositions
constitutionnelles avec les autres gouvernements du pays, il aurait tout au
moins cherché à établir des contacts sérieux et de
bonne foi en vue d'en vérifier l'acceptabilité. On veut nous
embarquer dans un tunnel qui n'a absolument pas de clarté, qui est
rempli d'obscurité.
Le projet pose des problèmes concrets sur lesquels je veux
attirer tout de suite votre attention, M. le Président. Dans la Loi du
référendum, on nous dit clairement: l'article qui traite
de la question, c'est l'article 20 "Le bulletin de vote est un papier
imprimé sur lequel est inscrite en français et en anglais la
question posée aux électeurs. Le bulletin contient
également un espace spécialement et exclusivement
réservé à la marque par laquelle le votant exprime son
choix. " II n'est pas question de préambule, de texte d'introduction
à la question. C'est la question qu'on est censé poser sur le
bulletin de vote, M. le Président.
Je maintiens que si on donnait suite au projet comme il a
été conçu, il en découlerait une grave injustice
pour les partisans de l'opinion contraire, parce que le gouvernement, en plus
d'avoir accès à la brochure comportant un espace égal pour
les deux camps aurait l'avantage exclusif, unique sur le bulletin de vote.
C'est absolument inconcevable. Cela pose un problème de
légalité très sérieux au sujet duquel, je crois que
le gouvernement devrait le plus tôt possible former le fameux conseil du
référendum qui est prévu dans la loi.
Dès qu'on déclenche l'appareil, il faut que ce conseil
soit formé pour qu'on ait la chance de lui soumettre des
problèmes sérieux qui peuvent découler des méthodes
employées par le gouvernement. Un deuxième
référendum. Là, on est rendu, c'est formidable... Le
ministre des Finances, dont on a remarqué qu'il est piutôt
tiède aujourd'hui, qu'il n'est pas d'un enthousiasme débordant,
nous a dit au lendemain du dernier congrès général du
Parti québécois: II n'est pas question d'un deuxième
référendum. Cela va être une élection. On se garde
le choix du moyen. Il faut garder des cartes dans nos poches. Le premier
ministre lui-même, récemment sur la rive sud il
était acculé au pied du mur, il ne savait plus quoi dire, on ne
lui avait pas donné de réponse à cette question-là
déclarait: Ce sera une deuxième élection.
Aujourd'hui, c'est rendu à un deuxième référendum.
Qu'est-ce que ce sera dans deux ou trois mois, M. le Président?
Qu'est-ce que ce sera dans six mois avec le genre d'évolution qu'ils ont
connue de l'autre côté? On le saura quand ils auront fini de
gouverner, quand le peuple aura décidé de les remplacer par un
autre gouvernement.
Je conclus, M. le Président, très brièvement. C'est
une question celle qu'on nous soumet aujourd'hui qui a
été influencée beaucoup plus par les sondages que par le
souci de soumettre aux électeurs des intentions réelles,
véritables du gouvernement. C'est une question qui passe à
côté de l'essentiel, qui noie l'objectif dans le moyen. C'est une
question qui cherche à camoufler ce que le gouvernement veut
véritablement faire, mais qui ne saurait réussir à nous
faire oublier sa volonté véritable dont le premier ministre nous
a dit tellement souvent qu'elle n'a aucunement changé depuis dix
ans.
Nous le savons tous. Nous aurions aimé qu'il le dise franchement
dans la question et non pas seulement dans des explications. C'est une question
qui est le reflet fidèle de l'opportunisme et de la confusion
intellectuelle dans lesquels a rapidement sombré ce gouvernement. Nous
avons écouté le premier ministre avec patience et
intérêt, aussi avec respect, mais nous devons dire dès
aujourd'hui qu'il nous est impossible d'accepter la question comme on nous la
propose et à plus forte raison, si elle devait nous être
imposée par la majorité à l'issu du débat qui aura
lieu je ne sais pas quand. Nous dirons non au projet fondamental qu'elle essaie
de camoufler parce qu'il est toujours le même. Nous disons bien
simplement: Vous nous demandez ce que nous en pensons, nous vous disons en deux
mots: Non, merci. No, thanks, we do not want it.
M. le Président, notre opinion à nous de l'Opposition
officielle, c'est de chercher loyalement, par la voie de la négociation
véritable, le renouvellement du régime fédéral de
gouvernement dans lequel le Québec a déjà pu
s'épanouir très librement et dans lequel il pourra
s'épanouir encore plus librement à l'avenir, tout en participant
aux avantages et au défi d'un pays vaste qui nous appartient dans son
entier et dont il ne dépend que de nous d'y occuper une place encore
plus grande à l'avenir. Nous soumettrons la manière dont nous
concevons le renouvellement du fédéralisme à nos
concitoyens dès le début de la prochaine année. Les
membres de notre parti auront l'occasion de débattre de notre projet et,
ensuite, d'en discuter officiellement à l'occasion d'un congrès
que nous tiendrons au tout début de mars. Plus tard, au cours de la
campagne électorale qui suivra ou qui remplacera le
référendum nous ne le savons pas encore nous
soumettrons ce projet à la population en toute franchise et en toute
limpidité.
Mais en attendant, aucune astuce du gouvernement, aucune ruse, aucune
habileté dans la formulation de la question référendaire
ne saurait nous détourner ni détourner nos concitoyens de nos
véritables préférences, de notre option profonde qui ne va
pas dans le sens de celle du gouvernement, mais dans le sens encore une fois
d'un renouvellement loyal du fédéralisme canadien pour le plus
grand épanouissement du Québec.
Mr Chairman, I want to say just a few words in English. We have examined
the question submitted by the government with great respect and interest. Our
conclusion is that question falls far short of meeting the expectations which
had been nourished by the government themselves in their statements of the past
few months. The question goes beyond the true meaning of the option of the
government. It centers upon the means which is proposed by the government, that
is to say the negotiation of a new understanding with the rest of Canada. It
has no clear explicit reference to the fundamental objectives of the government
which is sovereign-association, that is to say political independence or
seperation on one hand, and economic association, if possible, on the other
hand. (15 h 40)
For many reasons which I have expanded at length, I think we cannot
accept this kind of question and I do hope that, in the light of the debate
which will take place in the weeks to come and in this House, in February or
March, the government will be enlightened enough to change the phrasing which
is proposed today.
Le Président: M. le chef de l'Union Nationale, vous avez
maintenant la parole.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, cet instant tant attendu de
toute la population du Québec est maintenant arrivé. Nous
connaissons la première version de cette fameuse question qui sera
posée aux Québécois et aux Québécoises lors
du référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec. Mes
tout premiers mots, M. le Président, seront dans le sens de la
continuité que l'Union Nationale a toujours manifestée et seront
aussi dits avec le ton élevé, raisonnable et de gros bon sens que
j'entends conserver tout le long de la campagne référendaire et
que je souhaite voir adopter par l'ensemble des hommes politiques d'un bord ou
l'autre de la barricade.
Tout d'abord, si les Québécois ont une décision
importante à prendre à l'occasion d'un référendum
sur l'avenir constitutionnel du Québec, c'est parce qu'il y a des
problèmes énormes qui se sont accumulés au cours du
dernier siècle à cause de la constitution qui est nôtre
depuis 1867, constitution dont l'interprétation et l'application ont
évolué dans une direction de centralisation à Ottawa,
alors qu'elles auraient dû plutôt évoluer vers une plus
grande régionalisation et une reconnaissance égale des deux
peuples fondateurs de notre pays. Dans ce sens, qu'il me soit permis ici de
citer un de mes illustres prédécesseurs, l'honorable Daniel
Johnson qui disait dans son livre "Egalité ou indépendance":
"Dans un pays où coexistent deux communautés nationales,
inégales en nombre, l'instrument nécessaire de
l'égalité juridique, c'est la constitution. Celle que nous avons
présentement est absolument incapable de jouer ce rôle; elle ne
colle plus à la réalité sociologique du pays. Elle a
été faite pour un Canada qui était encore une colonie;
elle est devenue un facteur de division et un obstacle au progrès du
Canada. Elle a perdu le respect non seulement de la population, mais des
gouvernements eux-mêmes qui s'ingénient sans cesse à
trouver de nouveaux moyens de la contourner ou de la violer."
C'est encore aujourd'hui, je pense, une demande pressante de changer, de
renouveler cette constitution. Au cours des dernières années,
j'ai particulièrement insisté et demandé constamment que
le gouvernement du Québec s'élève au-dessus de toute
partisanerie politique et conçoive un projet collectif des
Québécois qui répondrait à l'attente fortement
majoritaire non pas d'un petit groupe
d'indépendantistes, mais bien de la grande majorité de la
Collectivité québécoise. J'aurais aimé et je
désire encore que ce référendum serve d'une façon
positive au déblocage des négociations constitutionnelles et
débouche sur un changement majeur de notre constitution et de nos
attitudes à l'intérieur du Canada. J'ai dit, à plusieurs
reprises, que nous combattrons avec vigueur et énergie toute question
qui amènerait le Québec vers l'indépendance politique, la
séparation du reste du Canada ou la souveraineté-association
telle que décrite dans le programme du Parti québécois ou
dans le livre blanc sur la souveraineté-association. J'ai dit que je
dirais non à toute question qui ne préserverait pas le cadre
fédéral canadien.
L'Union Nationale a aussi dit à plusieurs reprises que nous
dirions oui à une nouvelle constitution canadienne, que nous dirions oui
à l'égalité à l'intérieur d'un régime
fédéral canadien. Comme la grande majorité de nos
concitoyens québécois, nous tenons à conserver le Canada
comme notre pays et nous tenons aussi à apporter des changements
très importants à la constitution canadienne.
Le référendum aurait pu et peut encore nous permettre, si
nous voulons le "départisaner", si nous voulons laisser de
côté l'esprit partisan, de déboucher sur une
véritable négociation à l'intérieur du Canada pour
renouveler notre cadre fédéral.
Maintenant, M. le Président, analysons brièvement cette
question qui nous est présentée, en notant au passage
qu'après dix ans ou presque dans l'Opposition et trois ans au pouvoir le
Parti québécois a finalement pu nous faire connaître
aujourd'hui la question qu'il posera à la population du Québec. A
première vue, que devons-nous penser d'une telle question sur l'objectif
de l'égalité des deux peuples fondateurs de notre pays? Question,
s'il en est une, qui pourrait, si ce n'était le livre blanc ou la
position du Parti québécois, fort bien avoir une réponse
positive. Je ne crois pas, M. le Président, que nous puissions, à
ce moment précis, donner un vote de confiance au Parti
québécois pour réaliser le contenu de son livre blanc.
D'ailleurs, le mandat que j'ai reçu des militants de mon parti c'est de
dire non à l'indépendance du Québec et non à une
question de confiance envers le Parti québécois afin qu'il puisse
réaliser l'indépendance ou la souveraineté politique du
Québec.
Ici, je voudrais encore une fois vous citer Daniel Johnson, extrait
intitulé "Ceux qui ont peur du séparatisme": "Certains hommes
politiques de l'une ou l'autre langue multiplient les discours et parfois les
injures pour faire échec au séparatisme. Je ne crois pas que ce
soit la bonne méthode. La violence verbale me paraît tout aussi
injustifiable et tout aussi inefficace que les autres formes de violence. A mon
sens, on n'empêchera pas la dislocation du Canada par des croisades et
des réquisitoires. L'arme qu'il faut utiliser c'est celle de la
compréhension et de la justice. Pourquoi certains prônent-ils
l'indépendance totale du Qué- bec? C'est parce qu'ils en ont
assez des quémandages, des compromis boiteux. C'est parce qu'ils ont
perdu l'espoir d'être chez eux partout au Canada. C'est parce qu'ils
veulent sortir de leur état de minorité, de leur situation de
dépendance". Je continue de citer Johnson: "Toutefois, aujourd'hui comme
hier, le séparatisme ne me paraît pas nécessairement pour
l'instant la seule solution. Les séparatistes sérieux sont les
premiers à reconnaître que le Québec ne saurait, de toute
façon, vivre isolé et que l'indépendance ne ferait
aucunement disparaître la nécessité d'une collaboration
harmonieuse avec le reste du pays et du continent. Ils disent ceci: Faisons
d'abord l'indépendance et il deviendra alors beaucoup plus facile
d'établir dans l'égalité les conditions de cette
coopération. L'argument est de poids. Toutefois je préfère
pour ma part, avant de me résoudre à l'ultime recours du
séparatisme, tenter tout ce qui peut encore être tenté pour
que la nation canadienne-française puisse se sentir chez elle comme dans
une véritable patrie dans la totalité du Canada ".
M. le Président, est-ce que nous avons tout essayé
honnêtement, est-ce que nous avons tout tenté honnêtement,
comme le disait Johnson, pour renouveler la constitution canadienne? Je ne le
crois pas. L'Union Nationale, elle, il y a déjà deux ans, faisait
paraître sa position constitutionnelle sur L'Union Nationale et le Canada
de demain et, dans deux courts paragraphes, je vous résume un peu ce que
nous préconisions. Nous disions: "Nous croyons dans la pertinence d'un
cadre fédératif pour les Québécois comme moyen pour
eux d'atteindre à leur plein épanouissement individuel et
collectif et réaffirmons donc notre préférence au maintien
du Québec à l'intérieur du Canada et ce, dans le cadre
d'une conception fortement décentralisée du
fédéralisme." Un peu plus loin, nous disions: "Nous
préconisons que l'on redéfinisse la structure politique
canadienne à partir du principe que le maintien d'un lien
fédératif, d'un gouvernement fédéral repose sur
l'existence et le respect intégral de l'autonomie des Etats membres dans
leur champ de juridiction".
M. le Président, le premier ministre, dans sa déclaration
ministérielle, juste avant de nous dire la question, bien sûr,
veut faire bouger le Canada anglais, Ottawa et les autres provinces. Il nous
dit aussi: Si l'Assemblée nationale l'approuve au cours du débat
prévu pour la rentrée parlementaire, elle se lirait comme suit:
J'ai donc l'impression que le premier ministre est réceptif à
certaines suggestions d'amendements à la question afin possiblement d'en
faire un projet collectif de la collectivité québécoise.
Moi personnellement et l'Union Nationale, pour partager jusqu'à un
certain point la même volonté de changement qui anime le Parti
québécois et la grande majorité des citoyens du
Québec, nous ne partageons pas la nature et la portée de ce
changement, spécialement sur le statut politique futur du Québec.
(15 h 50)
Parce que nous n'avons aucune garantie de la part du Parti
québécois, que nous pourrons pré-
server le cadre fédéral canadien. Nous devrons donc faire
en sorte d'essayer d'amender cette résolution pour l'améliorer,
pour en faire un projet collectif du Québec, sinon, nous serons
forcés de ne pas appuyer cette question telle que proposée par le
Parti québécois.
Le Président: Merci, M. le chef de l'Union Nationale.
M. le député de Pointe-Claire, aux termes de notre
règlement, spécialement au deuxième paragraphe de
l'article 179, il faut un consentement unanime.
Il y a un consentement unanime, M. le député de
Pointe-Claire, vous avez la parole.
M. William Shaw
M. Shaw: Merci, M. le Président. Je vais d'abord remercier
le chef du Parti libéral qui a, aujourd'hui, exprimé quelques
mots en anglais pour les 20% de la population de la province de Québec
qui ne sont pas francophones.
Cela étant dit, je veux dire quelques mots pour ces mêmes
citoyens québécois qui sont aussi importants au point de vue de
la communauté québécoise que les 80%, à mon avis,
qui sont francophones.
Mr President, it has been almost a tradition over the past ten years to
progressively deny that one fifth of the population of this province speak a
language other than French. In the expression that is envisaged by the question
today, we see the kind of frustration that the Parti québécois,
through its leader, is expressing. It is a kind of frustration that says that
we will always be a minority, we will always be underrepresented in the
National Assembly, in the institutions of this province and in its functions.
Yet, we feel strongly that in this North America, and in this Canada that we
know together, that the key to a successful coexistence is the fact that we,
anglophones, as a minority in Québec, should feel comfortable in
Québec, as you, francophones, in Canada should feel comfortable in
Canada.
Mr President, I think that the key to the question is the fact that the
minister of Intergovernmental Affairs who made such a large fuss about
comparing the style of the question with that of the British referendum, the
British referendum that asked a clear question: Are you in favour of joining
the common market? I have described this as a hard question and I have
suggested to the government that if they were truly honest with the people of
the province of Québec, they would have asked the question: Do you give
the government of Québec a mandate to realize sovereignty-association?
That would have been an honest question. That would have been the question that
the people of this province would have recognized as an honest question. But,
on the other hand, Madam President, this is more like the plebiscite that was
used by de Gaulle in 1965, that really did not attempt to get a mandate from
the people to judge something, but rather a mandate for the people to give a
power to the government to act oh their behalf, almost like a blank cheque. But
as Mr de Gaulle found in 1965, this government will also see that a plebiscite,
such as the one that is being presented to the people of this province at this
time, will be rejected. Because a plebiscite is always measured, not in the
wording of the question, but in the quality of the government that has been
party to presenting this question.
Madam President, I am pleased that finally this question has been
presented to the people of this province and I assure you they were aware of
its content, not word for word, but in style, because they are aware of the way
that this government has been functioning over the past three years and the
polls are telling the story. But the real poll will be the day that this
referendum is a question on a ballot in our polls in the province of
Québec, so that the people can finally speak and show that their
preference is truly that of being Canadian. Thank you, Mr President.
Le Président: Thank you. M. le premier ministre.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je ne
m'attendais pas, surtout de la part du député d'Argenteuil
non merci, no thanks qu'il y ait une adhésion immédiate
aujourd'hui, alors je n'ai pas été tellement surpris. Je le
remercie tout de même, de même que le chef de l'Union Nationale et
le député de Pointe-Claire, d'avoir tâché, comme
j'ai essayé de le faire moi aussi, de garder dans l'ensemble l'ouverture
c'est en quelque sorte l'ouverture officielle, je pense bien qu'on est
tous d'accord de ce débat au niveau où il devrait
s'établir, de le ramener peut-être au niveau où il devrait
s'établir parce que, au-delà de la parti-sanerie automatique,
cela s'adresse quand même à tous les Québécois, peu
importe leur couleur partisane. Cela devrait rester aussi, si on peut on
ne peut pas toujours au-delà des piqûres d'épingle
et des attaques parfois intempérantes dont la Chambre donne
quotidiennement quasiment la tentation.
Qu'on soit pour ou contre le projet que nous proposons, cela va
nécessairement être un moment solennel pour l'ensemble de nos
concitoyens; pour la première fois de sa vie, notre peuple va pouvoir
opter librement. On a bien commencé aujourd'hui, si on me permet de le
dire, et il me semble que cela mérite d'être traité avec un
minimum de respect et... j'allais dire d'objectivité, mais je ne suis
pas aussi sûr de cela. Je vais même résister à la
tentation que me donneraient les exégèses dont la rapidité
excuse peut-être la présomption, mais cela faisait un peu penser
à la corde dans la maison du pendu, à un certain moment, si on me
permet de le dire, parce que le chef de l'Opposition a examiné
longuement ce qu'il appelle le louvoiement de notre démarche et les
côtés tortueux qu'il prétend trouver encore dans la
question que nous proposons, lui qui,
pour la sixième ou septième fois, avec tous les loisirs
que lui laisse l'Opposition, a retardé... Une Voix: Les
partielles!
M. Lévesque (Taillon): C'est vrai que les partielles
pouvaient être très contraignantes, je le comprends, mais quand
même, cela laisse un peu plus de loisirs je pense que nos amis
d'en face s'en rendent compte que les responsabilités du
gouvernement et pourtant, pour la sixième, septième ou
huitième fois, je ne le sais pas, pour des raisons qu'on peut admettre,
mais qui sont difficiles à comprendre, on retarde encore le premier
paragraphe officiel d'un texte qui, pour l'instant, se promène entre
Toronto et Winnipeg pour les approbations préalables.
Le contenu a déçu le chef de l'Opposition parce qu'on
aurait dû évoquer l'indépendance, la séparation,
c'est-à-dire les mots que les sondages, justement, ont permis à
nos adversaires d'identifier comme ceux qui, peut-être, ont l'effet le
plus négatif et même le plus terrifiant chez les gens qui n'ont
pas eu la chance de suivre, surtout ceux qui n'ont pas eu la chance de se
politiser beaucoup dans notre société. Nous on nous le
permettra continuerons d'employer notre langage, la souveraineté,
d'abord, et il nous semble qu'en l'explicitant, si on veut, cela contient
l'essentiel de l'indépendance. Le mot n'a jamais fait peur à
personne de ce côté-ci, en tout cas, c'est-à-dire la
maîtrise d'un destin national et le droit d'administrer les affaires
intérieures d'un peuple, mais il y a aussi l'association que
néglige toujours le député d'Argenteuil, l'association qui
est la formule d'interdépendance du monde d'aujourd'hui et qui implique
des limites qui sont consenties librement à l'autonomie totale ou
à la souveraineté afin de maintenir la réalité,
quoi, qui est inscrite sur la carte et qui est inscrite aussi dans
l'économie.
La longueur de la question et le préambule, dit-il, ont
dérangé le chef de l'Opposition, le député de
Pointe-Claire aussi nous l'a reproché un peu en disant que
c'était plus long que le préambule, qui est quand même du
droit britannique, du référendum de 1975. Même si la
question était beaucoup plus courte en fait, deux ou trois lignes
il y avait un préambule suivi d'un point. Donc, rien n'interdit
cela. Nous ce n'est même pas un préambule. Je reprends ce que
disait le chef de l'Opposition. Il trouvait que ce n'était pas assez
explicite. Pourtant, on est un peu gêné que ce soit aussi long,
mais il y a trois éléments dans cette question et trois
éléments qui nous semblaient, nous, pour être clairs et
francs et ne rien déguiser, ne pas pouvoir être absents de cette
question pour l'étayer. Ces trois éléments, c'est le
principe. Le principe, c'est une entente fondée sur
l'égalité des peuples; qui peut s'opposer à cela? (16
heures)
Le deuxième, c'est le projet qui est la souveraineté et
l'association. On l'a toujours dit, il est là. Le chef de l'Opposition
trouve que c'est long et, en même temps, il trouve qu'il devrait y avoir
là-dedans la défense, les bureaux de poste, la cana- lisation du
Saint-Laurent, etc. L'essentiel de la souveraineté d'un peuple s'appelle
le droit de faire ses lois; à partir de là, on a le droit
d'établir nos bureaux de poste. Cela s'appelle le droit de percevoir et
d'utiliser ses impôts et, à partir de là, si on veut
maintenir le 22e Régiment autrement qu'en chômage, on a le droit
de le faire et on en a les moyens aussi.
Le troisième élément essentiel, c'est, je crois, la
démarche, c'est-à-dire la démarche démocratique
et le député de Laval n'arrivera pas à me provoquer
aujourd'hui qu'il nous paraît absolument indispensable de faire
ratifier, au moment où ce sera final comme pourparlers, quelque
résultat que ce soit, mais qui impliquerait un changement de statut
politique, c'est-à-dire autre chose qu'une province c'est
ça que signifie statut politique par l'ensemble des citoyens qui
ont le droit de prendre les décisions finales.
Maintenant, avant de terminer, je dirai simplement ceci: II y a une
facilité dans laquelle tombent très souvent certains de nos
adversaires de confondre le souci démocratique fondamental qui a
toujours animé notre parti avec la peur. La peur, c'est pourtant la
spécialité, trop souvent de nos amis d'en face; c'est un de leurs
outils préférés. Nous, ce à quoi nous cédons
par l'engagement de ratification en toute circonstance que nous prenons dans le
troisième élément de cette question, c'est tout simplement
au respect des citoyens et à leur droit indiscutable de donner, eux, en
dernier ressort, leur approbation ou leur ratification à tout changement
de statut politique du Québec.
C'est un mandat qui implique, donc, un rapport et une consultation avant
qu'on puisse plonger. Il me semble que ce n'est pas difficile à
comprendre. Nous avons vécu ici, dans cette Chambre, tout
récemment, les résultats catastrophiques souvent de ce que c'est
qu'un mandat avec lequel on part, un mandat de négocier justement, et
dont on refuse de faire reconfirmer la validité quand viennent les
moments décisifs. Je crois fermement que cet engagement était
nécessaire, qu'il était indiqué.
De la même façon, je le répète, à
l'inverse, nous sommes convaincus que l'éternelle dernière chance
que véhicule le Parti libéral provincial, que cherche encore
l'Union Nationale, va demeurer encore une fois factice; qu'elle va se
développer exclusivement entre politiciens qui ne consultent jamais
personne dans l'ensemble de la population; qu'elle va se développer sans
recourir au peuple, sans lui permettre d'exprimer d'abord sa volonté et,
que, par conséquent je suis obligé de le dire aussi
brutalement que je le pense elle est tarée au départ, dans
une société civilisée et démocratique.
What we are trying to do, Mr member from Pointe-Claire and I
would like all our fellow-citizens in Québec to know it is to get
out of a bind which, we think, everyone should be conscious of. I think the
rest of Canada has suffered from the continuous pressure coming out of
Québec, which has become contagious also. But for less deep-seated,
deep-rooted reasons
than what happened in the evolution in Québec, it has more and
more shaken the federal structure of Canada, which everybody says I
think everybody agrees on that is obsolete.
What we are trying to do, basically, is to develop, with the
Québec people but without hostility to anyone, a project which we are
deeply convinced we can agree or disagree is something which
would bring together in a new partnership, instead of the rather poisonous
atmosphere which is developing after 20, 25, 30 years, how many useless
efforts, sometimes artificial efforts, to try and revamp an old fabric which
has obviously had its time.
We think this new project, this new partnership, which has had twelve
years to develop, which has cut up in enthusiasm new generations by the tens of
thousands in Québec and, I think, is interesting and not "antipathique",
as we say in French, to the rest of the Canadian population, is the way to the
future. Anyway, what we think is that it is based on the only healthy notion
between indentified and different societies, which is basic equality of people
and of peoples, which is the rule of the civilized world. Parce que cela, c'est
fondamental; le principe, c'est l'égalité entre les peuples. Et
ce projet collectif que nous proposons qui s'appuie sur cette
égalité fondamentale, il n'est conciliable avec aucun
rafistolage, à notre avis l'expérience l'a prouvé
et on espère qu'elle a fini de le prouver avec aucun rafistolage
du système fédéral. Chercher ces rafistolages avec toute
la sincérité qu'on voudra, c'est vraiment chercher la quadrature
du cercle. Il y en a toujours un dans ce régime-là qui est plus
égal que l'autre. Ce qui arrive de plus en plus, c'est que celui qui est
plus égal que l'autre, il l'est de plus en plus chez nous aussi, et
c'est un danger pour l'avenir.
M. Johnson écrivait, à juste titre: Est-ce qu'on a tout
essayé? Mais c'était il y a pas mal d'années
déjà. Je me souviens d'un député d'Argenteuil qui
était alors directeur du Devoir je l'ai déjà
cité et je ne tronque pas son texte et qui disait dès
1967, si j'ai bonne mémoire, il y a douze ans: II nous reste trois ou
quatre ans, peut-être cinq au plus, pour faire les changements
substantiels, même fondamentaux qui s'imposent. Je cite de
mémoire. C'était la conclusion d'un article qui, à mon
humble avis, indiquait à ce moment-là une orientation beaucoup
plus enracinée de Québécois que celle que, hélas,
la carrière lui a fait adopter. De toute façon, vous pouvez
recommencer, messieurs, la tapisserie de Pénélope, toujours
reprise, jamais finie qui n'entretient même plus l'intérêt
des citoyens, sauf à certains moments des élections, mais je
souhaite quant à moi et nous souhaitons ici de tout coeur
que l'ensemble de nos concitoyens aient fini de s'y laisser prendre, à
cette reprise perpétuelle de la tapisserie de Pénélope et
j'ai confiance que l'on en aura la preuve éloquente au printemps qui
vient.
Des Voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Dépôt de documents. M. le
ministre de l'Education. A l'ordre, s'il vous plaît!
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Rapport d'activité du Conseil supérieur
de l'éducation
M. Morin (Sauvé): M. le Président, permettez-moi de
déposer le rapport d'activité du Conseil supérieur de
l'éducation pour l'année 1978/79.
Rapport de l'Ordre des infirmières et
infirmiers du Québec
Je voudrais également déposer, cette fois à titre
de ministre responsable de l'application des lois professionnelles, le rapport
de l'Ordre des infirmières et infirmiers du Québec pour la
même année.
Le Président: Rapport déposé. Merci, M. le
ministre de l'Education.
M. le ministre de l'Energie et des Ressources.
Rapport de la Direction générale de
l'énergie
M. Bérubé: II me fait plaisir, M. le
Président, de déposer le rapport annuel de la Direction
générale de l'énergie intitulé "Energie
Québec" pour l'année 1978/79.
Le Président: Merci. Rapport déposé. M. le
ministre du Revenu.
Rapport du ministère du Revenu
M. Clair: M. le Président, je dépose le rapport
annuel du ministère du Revenu pour l'année 1978/79.
Le Président: Merci. Rapport déposé. M. le
ministre des Consommateurs, Coopératives et Institutions
financières.
Rapport du Surintendant des assurances
M. Joron: M. le Président, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel du Surintendant des assurances pour
l'année 1978.
Le Président: Merci. Rapport déposé. M. le
ministre de l'Agriculture.
Rapport de la Régie de
l'assurance-récolte
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport
annuel de la Régie de l'assurance-récolte du Québec pour
l'année 1978/79.
Le Président: Merci. Rapport déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues. M. le
député de Champlain.
Etude du projet de loi no 75
M. Gagnon: Conformément aux dispositions de notre
règlement, qu'il me soit permis de déposer le rapport de la
commission élue permanente de l'agriculture et de l'alimentation qui a
siégé le 19 décembre 1979 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi no 75, Loi sur les grains, et l'a
adopté avec des amendements. (16 h 10)
Une Voix: Très bien.
Le Président: Merci. Rapport déposé.
M. le député de Kamouraska-Témiscouata.
Etude du projet de loi no 59
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Merci, M. le
Président. Qu'il me soit permis, conformément aux dispositions de
notre règlement, de déposer le rapport de la commission
élue permanente de l'agriculture et de l'alimentation qui a
siégé le 19 décembre 1979 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi no 59, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance-récolte et la Loi sur l'assurance-stabilisation des revenus
agricoles, et l'a adopté avec amendements.
Le Président: Merci. Rapport déposé. M. le
député de Mercier.
Etude du projet de loi no 52
M. Godin: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de la justice
qui a siégé le 20 décembre courant aux fins
d'étudier article par article le projet de loi no 52, Loi modifiant la
Loi des constituts ou du régime de tenure, et l'a adopté avec des
amendements. Merci.
Le Président: Merci, M. le député de
Mercier. Rapport déposé. M. le député de Dubuc.
Etude du projet de loi no 71
M. Desbiens: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'éducation qui a siégé les 12 et 19 décembre 1979
aux fins d'étudier article par article le projet de loi no 71, Loi
modifiant de nouveau la Loi sur l'instruction publique, et l'a adopté
avec des amendements.
Le Président: Merci, M. le député. Rapport
déposé.
M. le député de Viau.
Etude du projet de loi no 73
M. Lefebvre: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'industrie, du commerce et du tourisme qui a siégé les 19 et 20
décembre 1979 aux fins d'étudier article par article le projet de
loi no 73, Loi modifiant la Loi sur l'établissement de SIDBEC d'un
complexe sidérurgique intégré, et l'a adopté avec
amendements.
Le Président: Merci. Rapport déposé. Nous en
sommes maintenant au dépôt de rapports du greffier en loi sur les
projets de loi Drivés.
M. Charron: M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: J'aurais, à ce moment-ci, à la fin des
cinq rapports de commissions élues qui viennent d'être
déposés, un consentement à demander. Tout le monde sait
à quelle période, à quelques heures de l'ajournement de la
session, nous sommes. Je voudrais proposer que les députés
intéressés, les formations politiques intéressées
à présenter des amendements sur n'importe lequel de ces cinq
rapports avant la prise en considération, consentent à ce qu'on
se donne le délai de 20 heures ce soir pour les faire connaître au
bureau du greffier.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement? M.
Levesque (Bonaventure): Oui.
Une Voix: Consentement.
Le Président: Alors, il y a consentement unanime pour le
délai concernant les amendements aux rapports.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement. M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, l'article i) du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi no 86
Première lecture
Le Président: M. le ministre de I Energie et des
Ressources propose la première lecture du projet de loi no 86, Loi sur
le fonds forestier.
M. le ministre.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, le
présent projet de loi a pour objet la création d'un fonds
spécial
appelé fonds forestier. Ce fonds et les revenus qu'il produira
seront affectés au financement des travaux en vue de maintenir,
d'améliorer et d'accroître la production de matières
ligneuses de terres publiques à vocation forestière afin
d'assurer la permanence des approvisionnements. Le fonds forestier sera
constitué des montants votés annuellement à cette fin par
la Législature et des montants perçus par le ministre de
l'Energie et des Ressources des bénéficiaires de droits de
coupe.
Le Président: Merci, M. le ministre de l'Energie et des
Ressources. Est-ce que cette motion de première lecture sera
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Je veux simplement bien comprendre la
signification de ce qui vient de se passer, c'est-à-dire la proposition
du ministre de l'Energie et des Ressources afin que cette Chambre adopte en
première lecture ce projet de loi qui a rapport à un fonds
forestier.
Je veux savoir de la part du ministre, vu nos règlements,
c'est-à-dire que nous ne pouvons pas adopter ce projet de loi avant le
congé de Noël, il s'agit d'un ajournement qui a pour but de nous
retrouver pour discuter de la question dont nous venons de prendre
connaissance... Est-ce l'intention du gouvernement de faire autre chose au
cours de la présente session? Autrement, je ne comprends pas la
signification du geste qui vient d'être posé.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: La réponse est oui, M. le Président.
Une session qui est ajournée et qui comporte dans son programme, au
moment de la reprise, le débat sur la question, bien sûr, n'est
pas obligée d'être limitée à ce débat. Il est
privilégié s'il est au feuilleton. Tant qu'il n'est pas au
feuilleton, la Chambre peut se réunir pour procéder à
d'autres lois. La réponse est on ne peut plus positive à la
question du leader de l'Opposition officielle.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le gouvernement a
l'intention, dans le feuilleton de demain, d'indiquer en avis la motion qui
sera nécessaire en vertu des dispositions de la loi 92?
M. Charron: Non, M. le Président.
M. Levesque (Bonaventure): Pourquoi pas?
M. Charron: Parce que le gouvernement peut avoir le besoin de
procéder à de la législation avant d'entamer ce
débat.
M. Levesque (Bonaventure): Cela n'empêche pas, M. le
Président, vu qu'il s'agit là, quand on parle de la question,
d'une motion privilégiée. Alors, si le gouvernement a l'intention
de commencer par cette motion, il peut le faire si elle est déjà
au feuilleton. Alors, pourquoi le gouvernement ne prend-il pas la
précaution, immédiatement, dès demain matin, d'avoir cette
question au feuilleton en avis ou est-ce qu'on a l'intention de trafiquer un
peu la question, contrairement à ce que le premier ministre nous a
dit?
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je veux bien
reconnaître que je fais face à un vieux renard, mais il
reconnaîtra quand même que je ne suis pas né de la
dernière pluie non plus et qu'en conséquence la précaution
qu'il m'invite à prendre, si jamais nous voulions débuter par la
question, il serait éminemment opportun qu'elle soit au feuilleton
dès demain pour être la première à être
appelée en vertu de son caractère privilégié, mais
si jamais je ne voulais pas commencer par la question, je m'en mordrais les
pouces de l'avoir inscrite au feuilleton.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'insiste
parce que c'est important.
Le Président: Je comprends.
M. Levesque (Bonaventure): Le gouvernement aurait le choix,
lorsqu'il reviendra, lorsque nous nous retrouverons ici en février ou en
mars, dès la première journée, tandis qu'il n'aura pas le
choix il se prive de ce choix si on ne retrouve pas la question
en avis demain matin. On pourra conclure, à ce moment-là, que le
gouvernement n'attache pas l'importance à cette question qu'il veut nous
faire croire.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, vous savez très bien
et vous pouvez vous-même comprendre combien, à ce point, il est en
dehors du règlement actuellement. Je regrette, mais le caractère
d'une motion privilégiée... Lisez les dispositions à
l'article 24 du règlement. Le caractère d'une motion
privilégiée fait que je n'aurais pas le choix
précisément. Ayant été en avis à ce
moment-ci avant l'ajournement, non seulement le jour franc, mais des jours
s'étant écoulés entre les deux, lors de la convocation, je
serais obligé de faire cette reprise. De toute façon, que ce soit
dans un sens ou dans l'autre, je crois que j'ai une "liberté de
manoeuvre", entre guillemets, que j'explique très franchement à
l'Assemblée: à ce moment-ci, demain ou au moment de
l'ajournement, j'ajournerai à une date précise. Je la proposerai
à l'Assemblée, cette motion sera ratifiée par
l'Assemblée, je l'espère, et, à ce moment-là, je ne
peux pas décider d'ici à
cette reprise si c'est par une loi, comme celles importantes que nous
avons encore à déposer à ce moment-ci, ou peut-être
par la question que nous débuterons.
M. Levesque (Bonaventure): ... de règlement.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition...
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas l'intention de prolonger
plus de 30 secondes mon intervention.
Le Président: J'allais vous signaler que cela aurait pu
être, à la rigueur, une question en vertu des dispositions de
l'article 34 de notre règlement, mais au moment d'un vote de
première lecture, je trouve que ce n'est pas tout à fait le
moment.
M. Ryan: M. le Président. Le Président:
Oui.
M. Ryan: J'aimerais vous signaler que vous transigez maintenant
avec le doyen de l'Assemblée nationale.
Le Président: Je ne le sais que trop, M. le chef de
l'Opposition, et je n'utiliserai pas un terme qui serait antiparlementaire qui
a été utilisé hier par l'ex-député de
Johnson.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je vois que
vous avez immédiatement répondu aux commentaires du chef de
l'Opposition. Avant de revenir à la question de règlement, on me
permettra tout simplement de vous rappeler M. le Président, que j'ai
pris note des paroles que vous avez eues à l'endroit de M. Bellemare
hier et j'ai vu que pour un doyen, apparemment, vous aviez des attentions
particulières et que vous donniez certains privilèges. (16 h
20)
Le Président: A leur départ, M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'ai pas
l'intention de partir dans un avenir prévisible. Je voulais simplement
dans cette question de règlement m'opposer, au moins inscrire ma
dissidence quant à l'interprétation que vient de donner le leader
parlementaire du gouvernement de sa liberté vis-à-vis d'une
motion privilégiée qui est au feuilleton. Je ne crois pas que
cela prive le gouvernement de pouvoir choisir entre la motion
privilégiée ou une autre. C'est pourquoi j'insiste et, si le
gouvernement veut être cohérent, consistant et logique et s'il
veut garder sa pleine liberté, à moins qu'il n'ait des comptes
à régler avec le ministre des Finances, certaines consultations
à faire avec le ministre des Finances, le premier ministre et le
ministre des Affaires intergouvernementales, je pense qu'on devrait voir la
question demain matin en avis.
Le Président: Puis-je me permettre de remettre au vote la
motion de première lecture de la loi présentée par M. le
ministre de l'Energie et des Ressources? Est-ce qu'elle sera adoptée?
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Avec plaisir, M. le Président. Une loi
importante qui apparaît à l'article j) du feuilleton.
Projet de loi no 83 Première lecture
Le Président: M. le ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi no 83, Loi pour favoriser la
perception des pensions alimentaires.
M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le projet de loi no 83, Loi pour favoriser la perception des
pensions alimentaires. Ce projet de loi propose diverses modifications au Code
de procédure civile, au Code civil et à la Loi sur l'aide
sociale. Les modifications au Code de procédure civile ont pour objet
l'établissement de mesures visant à favoriser la perception des
pensions alimentaires. Ainsi, on établit une procédure de
perception par le protonotaire de la Cour supérieure des pensions
alimentaires accordées par jugement. On prévoit également
que les saisies-arrêts de traitements, salaires ou gages demeurent
tenantes non seulement pour les arrérages, mais aussi pour les
versements à venir de la pension, et ce durant un an.
Le projet de loi prévoit aussi que le tribunal peut ordonner
à toute personne de fournir au créancier d'une pension
alimentaire accordée par jugement des renseignements sur le lieu de
résidence ou de travail de son débiteur. Il prévoit en
outre, malgré toute autre loi contraire, la saisissa-bilité
jusqu'à concurrence de 50% des pensions, prestations, traitements,
soldes ou salaires du débiteur d'une pension alimentaire. Les
modifications au Code civil fixent la prescription des arrérages de
pensions alimentaires à trois ans, tout en permettant au débiteur
d'invoquer des changements survenus dans sa condition ou celle de son
créancier depuis son jugement. Enfin, la Loi sur l'aide sociale est
modifiée afin d'assouplir l'exercice de la subrogation en faveur du
ministre des Affaires sociales.
Le Président: Merci. Est-ce que cette motion de
première lecture sera adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
M. Levesque (Bonaventure): Un commentaire, M. le
Président, et la même question.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: C'est cela, M. le Président, prochaine
séance ou séance subséquente. Article k), s'il vous
plaît, M. le Président.
Projet de loi no 79 Première lecture
Le Président: M. le ministre de l'Education propose la
première lecture du projet de loi no 79, Loi modifiant la Loi sur le
notariat.
M. le ministre de l'Education.
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, qu'il me soit
permis de présenter à cette Chambre ce projet de loi qui a pour
objet de permettre dorénavant à un aspirant à l'exercice
de la profession de notaire de se présenter aux examens de l'Ordre des
notaires du Québec sans égard au nombre d'échecs qu'il a
pu subir à un tel examen antérieurement.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée? M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le Président, je dois vous dire très
brièvement que les trois notaires qui siègent du
côté du Parti libéral n'ont pas eu besoin d'un tel projet
de loi.
Le Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: C'est peut-être parce que ces trois notaires,
M. le Président, sont dans l'Ordre des notaires qu'il est aussi
difficile d'y accéder maintenant.
L'article m) du feuilleton, M. le Président.
Projet de loi no 87 Première lecture
Le Président: M. le ministre de l'Energie et des
Ressources propose la première lecture du projet de loi no 87, Loi
modifiant la Loi sur la municipalisation de l'électricité et la
Loi de l'élec-trification rurale.
M. le ministre de l'Energie et des Ressources.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: M. le Président, on a pu observer
l'enthousiasme de nos collègues de l'Union Nationale.
Ce projet de loi a pour objet d'assurer aux abonnés du
système d'électricité d'une corporation municipale ou
d'une coopérative d'électricité des coûts non
supérieurs à ceux qui sont établis par Hydro-Québec
pour une catégorie équivalente de ces usagers
d'électricité.
Le Président: Est-ce que cette motion de première
lecture sera adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Période de questions orales.
M. le chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Interprétation du jugement sur la loi
101
M. Ryan: M. le Président, le jour où a
été publié le jugement de la Cour suprême regardant
la loi 101, le premier ministre, ainsi que le ministre d'Etat au
Développement culturel et le ministre de la Justice ont cherché
à accréditer une interprétation du jugement qui donnait
à celui-ci une extension très large, voire même une
application plus que probable aux actes officiels des corporations municipales
et des corporations scolaires.
Comme vous le savez, M. le Président, l'article 133 contient les
dispositions garantissant le libre usage du français et de l'anglais
à l'Assemblée nationale et dans les procédures
immédiatement reliées au travail de l'Assemble nationale, dans
les lois et dans les procédures judiciaires. L'autre jour, on nous a
proposé une interprétation du jugement de la Cour suprême
qui allait beaucoup plus loin que cela, qui embrassait les règlements
des commissions scolaires et des corporations municipales. Autant au stade du
débat de deuxième lecture qu'au stade de l'étude article
par article du projet de loi, nous de ce côté-ci, nous nous sommes
opposés à cette interprétation soutenant qu'elle ne
contenait aucune justification dans le texte du jugement de la Cour
suprême.
A cette occasion, j'ai demandé au ministre de la Justice s'il
avait des opinions juridiques sur lesquelles il pouvait fonder son
interprétation du
jugement. Je l'ai mis en garde contre toute interprétation
prématurée pouvant être inspirée par le débit
légitimement éprouvé par le gouvernement le jour
même de la publication du jugement.
Je voudrais demander au premier ministre ou au ministre de la Justice,
indifféremment, si depuis ce temps déjà plusieurs
jours se sont écoulés le gouvernement a pu se procurer des
opinions juridiques écrites dont nous pourrions avoir connaissance et,
deuxièmement, s'il a pris ou envisage de prendre dans un avenir
prévisible des mesures visant à donner suite concrètement
à l'interprétation qui était proposée l'autre jour
par le ministre de la Justice et le ministre d'Etat au Développement
culturel, ainsi que le premier ministre.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je vais
être très bref et passer l'essentiel de la réponse au
ministre de la Justice, pour la bonne et simple raison que depuis une
journée ou deux je n'ai pas pu reprendre la suite de ce dossier et que
ce n'est pas non plus la spécialité pour laquelle je suis
particulièrement reconnu. Je sais une chose tout de même, et cela
était visible à l'oeil nu en particulier pendant l'étude
article par article en commission. Il était assez normal que, quelques
heures à peine après la publication du jugement, il n'y ait pas
eu d'opinion écrite, mais elle était là en chair et en os,
cette opinion, sous la forme d'un sous-ministre, de sous-ministres adjoints et
plusieurs juristes parmi les plus reconnus, je crois, de tout l'appareil public
du Québec. C'est d'eux qu'il s'agissait. On ne sait pas encore je
le ferai remarquer au chef de l'Opposition très bien qui
étaient les deux ou trois je ne me souviens pas si c'était
deux ou trois, et je cite entre guillemets "juristes reconnus" qui
avaient donné des opinions minimalistes au député
d'Argenteuil par rapport à ce que lui appelait l'opinion maximaliste
dont on avait été nourri. Mais, au moins, la nôtre
était identifiée là; la sienne, je ne sais pas encore
d'où elle provenait.
Pour ce qui est du coeur de la question sur la réflexion
additionnelle, je demanderais au ministre de la Justice s'il a quoi que ce soit
à répondre.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, contrairement à
ce que le chef de l'Opposition essaie de laisser croire, que le gouvernement
aurait essayé de dramatiser la portée du jugement de la Cour
suprême, je tiens à lui dire que ce n'est pas le cas. (16 h
30)
Au contraire, nous avons exprimé à ce moment-là,
lors du débat, l'opinion qui était partagée unanimement
par les principaux légistes du gouvernement, opinion qui se confirme, et
il reste clair qu'au point de vue juridique, le jugement rendu par la Cour
suprême jeudi dernier couvre toute l'étendue de ce qui est compris
sous le terme "lé- gislation déléguée" du
gouvernement. Cela comprend je le redis, il ne s'agit pas de dramatiser,
je fais état de l'opinion unanime des légistes du
ministère et du gouvernement tout ce qui se fait dans une
municipalité ou une commission scolaire par voie de règlement et
qui est de la nature je voudrais que le chef de l'Opposition soit
attentif d'une législation déléguée. C'est
au niveau de ce dernier aspect que les implications du jugement de la Cour
suprême se doivent d'être approfondies; c'est pourquoi j'ai
demandé, cet aspect précis, que les juristes du gouvernement
travaillent à parfaire l'opinion afin d'essayer de déterminer, si
c'est possible, quels sont les règlements municipaux qui sont de la
nature d'une législation déléguée et quels sont les
règlements municipaux qui ne sont pas de la nature d'une
législation déléguée.
Lorsque nous aurons ces précisions, qui méritent un
approfondissement du point de vue juridique, nous serons en mesure de faire
parvenir ou d'informer les municipalités sur la portée du
jugement de la Cour suprême dans ses moindres détails.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: D'abord, le début de la réponse du
ministre de la Justice est de nature à induire cette Chambre en erreur.
Quant aux propos qu'a tenus le ministre d'Etat au Développement
culturel, je voudrais citer ces propos pour qu'il n'y ait pas de malentendu
entre nous. Il disait lors du débat en deuxième lecture: "II
pourra donc se trouver, comme mon collègue de Saint-Jacques le faisait
remarquer tout à l'heure, qu'une municipalité, qu'une commission
scolaire, qu'une institution de santé, bien qu'exclusivementfrancophone,
doive se plier à cette obligation statutaire, en payer le prix et en
porter le poids alors que leurs homologues de l'Ontario pourront continuer
à n'utiliser que l'anglais. Dans les statuts comme possiblement dans les
faits, c'est la bilinguisation intégrale, absolue et méthodique
du Québec."
M. le Président, j'en viens à la question que je veux
poser au ministre de la Justice. L'autre jour, il m'a invité, si je
pouvais me procurer des opinions juridiques de mon côté, à
le faire et à les lui communiquer. Je voudrais lui faire rapport
aujourd'hui d'un certain nombre d'opinions juridiques qui commencent à
circuler. Il y en avait une dans le Devoir de ce matin sous la signature de Me
Gérald Beaudoin, spécialiste des questions constitutionnelles. Au
terme de son analyse du jugement de la Cour suprême, M. Beaudoin conclut:
"Pour plusieurs motifs, on est fondé à conclure que la
réglementation des municipalités et commissions scolaires n'est
pas englobée par la décision de la Cour suprême. Si un
doute subsistait dans certains esprits, il serait plus indiqué de saisir
les tribunaux de la question et d'obtenir un avis de la Cour suprême en
s'adressant d'abord à la Cour d'appel comme le prévoit la
législation du Québec." L'autre soir ou l'autre matin, sur les
ondes de Radio-Canada, le professeur Gilles Ré-
millard, professeur de droit constitutionnel à
l'Université Laval, émettait une opinion qui allait dans le
même sens. C'est facile de se la procurer en communiquant avec
Radio-Canada. Je pense que c'est au canal privé de
télévision à Québec que le professeur
Rémillard exprimait une opinion voulant que la réglementation des
commissions scolaires et des municipalités ne soit pas comprise dans ce
jugement de la Cour suprême.
J'ai sollicité, vous pouvez le soupçonner, M. le
Président, une opinion juridique de notre nouveau collègue de
D'Arcy McGee, le professeur Herbert Marx, que j'ai également ici. J'en
communiquerai tantôt la teneur au ministre, s'il est
intéressé, de même qu'à nos amis de la presse.
Finalement, j'ai reçu une autre opinion qui émane aussi d'une
personne qui est considérée comme une grande autorité en
matières juridique et constitutionnelle, un juriste éminent qui a
plaidé très souvent devant la Cour suprême, Me Roger
Thibodeau de Québec. M. Thibodeau dit ceci: "M. Ryan, j'ai pris
connaissance du jugement de la Cour suprême du Canada etc. Il semblerait
que le ministre et le Dr Camille Laurin et d'autres cherchent à
créer ce ne sera pas long, je pense que c'est important que vous
soyez informés ...
M. Levesque (Bonaventure): Vous ne voulez pas le savoir,
là?
Une Voix: C'est important!
M. Lavoie: Est-ce que le ministre est au courant?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ryan: M. le Président, le premier ministre devrait
être le premier à comprendre qu'on a besoin d'un préambule
pour poser une question.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, si j'avais
suivi ce n'est pas une question de privilège mais de
précision des faits les conseils du député
d'Argenteuil, j'en aurais eu pour trois pages, depuis les bureaux de poste en
passant par les quais de Gaspé et Valcartier, voyons!
M. Ryan: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le chef
de l'Opposition, je comprends que notre règlement dit qu'au
préambule court, n'utiliser que les mots qui sont nécessaires
pour comprendre la question; d'autre part, je vous signale que notre
règlement dit qu'on ne peut pas demander d'avis juridique. Je ne
voudrais pas qu'on s'étende indûment sur des avis juridiques.
M. Ryan: M. le Président, j'ai été
dérangé par mon voisin, je n'ai pas compris la directive jusqu'au
bout. Je ne voudrais pas que vous pensiez que je fais montre
d'indiscipline.
Je cite seulement les trois premiers paragraphes de cette lettre et,
ensuite, je vais poser ma question au ministre: J'ai pris connaissance du
jugement; il semblerait que le ministre et le Dr Camille Laurin, et d'autres,
cherchent à créer une certaine confusion sur la portée
réelle de cette décision de la Cour suprême en
prétendant que ce ne sont pas seulement les quelques articles
attaqués de la loi 101 qui ont été déclarés
inconstitutionnels, mais également les décisions des conseils
municipaux et des commissions scolaires, ainsi de suite.
Je n'hésite pas à vous dire qu'une telle
interprétation est erronée, que la validité des actes ou
décisions des conseils municipaux ou des corporations scolaires ne
faisaient pas partie de la question spécifique sur laquelle et la Cour
supérieure et la Cour d'appel, et la Cour suprême, furent
appelées à se prononcer. Et on continue. Je vous fais grâce
du reste.
Je demande au ministre deux choses: Premièrement, est-ce que le
conseil que lui donne le professeur Beaudoin offre un quelconque
intérêt pour lui? Est-ce que des opinions émanant d'autres
sources que les sources gouvernementales internes pourraient être de
nature à l'aider dans sa démarche qui consiste à
interpréter l'arrêt de la Cour suprême de la manière
la plus utile à l'ensemble des citoyens et des corps publics du
Québec?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, mes collègues du
côté ministériel qu'a mentionnés le chef de
l'Opposition ont exprimé une réalité qui peut se produire
si les règlements municipaux sont de la nature d'une législation
déléguée. C'est la distinction que j'ai faite tout
à l'heure. Le chef de l'Opposition se réfère et
même à deux reprises à une opinion en particulier,
celle de M. Gérald Beaudoin; il en a cité une partie. Il aurait
dû avoir l'honnêteté intellectuelle de citer aussi un autre
paragraphe qui colore l'importance de cette, non pas opinion, mais l'importance
de cette réaction et qui se lit comme suit, c'est M. Beaudoin qui parle:
II s'agit, de ma part, d'une réaction pas d'une opinion
très préliminaire à une importante question
soulevée à l'Assemblée nationale qui gagnerait à
être fouillée davantage et résolue en toute
sérénité.
M. le Président... je vous ai laissé parler, on dirait que
vous ne voulez pas savoir ce qui en est.
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
ministre de la Justice.
M. Bédard: Le chef de l'Opposition conviendra que je l'ai
laissé s'exprimer autant qu'il a voulu le faire; je lui demanderais
d'avoir un peu d'attention s'il veut vraiment se faire une idée en
dehors de toute partisanerie politique.
Je dis que lorsque le chef de l'Opposition se fonde, d'une façon
spéciale, sur l'opinion ou la réaction juridique de Me Beaudoin,
il préfère une réaction très préliminaire
et c'est ce que dit Me Beaudoin à une opinion juridique
ferme de la part des principaux légistes du gouvernement. Je pense
qu'à ce moment-là il succombe à la tenta-
tion de vouloir minimiser la portée du jugement de la Cour
suprême pour je ne sais quel motif. En ce qui nous regarde, M. le
Président, je peux en assurer le chef de l'Opposition... (16 h 40)
M. Ryan: M. le Président, question de privilège.
Question de privilège, M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: J'ai cité quatre opinions qui forment en tout une
quarantaine de pages. Le côté gouvernemental voulait
m'empêcher de citer les quelques rares paragraphes que j'ai cités.
Je mets les opinions intégrales à la disposition du ministre de
la Justice. Je n'ai aucun intérêt à cacher quelque article
que ce soit qui est contenu dans ces textes. Je lui demande de faire de
même avec les opinions qu'il aura.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre,
s'il vous plaît! Gardons le ton élevé que nous avons eu
toute la journée.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, le gouvernement n'a
aucun intérêt à cacher quoi que ce soit. Il n'a aucun
intérêt à vouloir maximiser la portée du jugement de
la Cour suprême, de la même façon qu'il ne doit pas avoir ou
succomber à la tentation à laquelle succombe le chef de
l'Opposition de vouloir minimiser outre mesure les conséquences du
jugement de la Cour suprême. Nous n'avons absolument rien à
cacher, M. le Président, et je ne pense pas que le chef de l'Opposition
puisse se permettre de dire cela, surtout qu'il a omis et je pense que
cela s'est fait devant nous quand même de mentionner un paragraphe
important qui colore l'opinion à laquelle il se réfère,
l'opinion de Me Beaudoin qui dit que c'est une réaction très
préliminaire.
M. le Président, je l'ai dit tout à l'heure, nous n'avons
pas, comme gouvernement et, je pense, comme Québécois,
intérêt à maximiser la portée du jugement de la Cour
suprême. Nous n'avons pas, non plus, je pense, intérêt
à en minimiser la portée. Il faut avoir le réalisme
d'essayer le plus objectivement possible d'en saisir la portée. Ce que
je dis au chef de l'Opposition et ce ne sont pas des réactions
préliminaires qui vont faire changer d'idée les légistes
du ministère de la Justice c'est que l'opinion des principaux
légistes du gouvernement est unanime à conclure que le jugement
de la Cour suprême s'applique non seulement aux lois, mais à toute
la législation déléguée et que, de ce fait, les
règlements municipaux qui sont de la nature d'une législation
déléguée ne peuvent faire autrement qu'être
touchés par ce jugement, mais que les règlements municipaux qui
pourraient ne pas être de la nature d'une législation
déléguée pourraient ne pas être touchés.
C'est pour cette raison qu'en toute responsabilité j'ai
demandé au ministère de la Justice de fouiller d'une façon
tout à fait spéciale ce point pour être en mesure de nous
dire le plus précisément possible quels sont les
règlements municipaux qui sont de la nature d'une législation
déléguée et quels sont les règlements municipaux
qui ne sont pas de la nature d'une législation
déléguée de manière à pouvoir donner
l'information appropriée et la plus correcte possible à toutes
les municipalités du Québec. Je pense que c'est une attitude
responsable et non pas succomber à la tentation soit de maximiser la
portée du jugement de la Cour suprême, soit de minimiser la
portée du jugement de cette cour, tentation à laquelle semble
céder rapidement et je ne sais pour quel motif le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: Une question additionnelle... Le Président:
M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: ... très brève. Je note que le ministre
n'a pas mis en cause les propos que j'ai cités du ministre d'Etat au
Développement culturel. C'est là que toute cette affaire a
commencé. Je lui demande deux choses.
M. Bédard: Question de privilège! Je voudrais qu'on
soit...
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: ... juste envers les collègues. Vous
pensez seulement à la question que vous posez; vous ne semblez pas
vouloir penser un peu et réfléchir sur la réponse qu'on
donne. Ce que j'ai dit tout à l'heure mot à mot, c'est que mes
collègues avaient évoqué une probabilité qui
pourrait se produire si les règlements municipaux étaient de la
nature d'une législation déléguée. Dans ce sens, je
ne crois pas que mes collègues auxquels vous vous référez
aient exagéré. Il y a des nuances à faire et j'essaie de
les expliquer des nuances juridiques le mieux possible au chef de
l'Opposition et j'espère que cela pourra l'inviter à la
prudence.
M. Ryan: M. le Président...
Le Président: M. le chef de l'Opposition,
brièvement, s'il vous plaît!
M. Ryan: Oui. Je répète ma question de base: Est-ce
que le ministre aujourd'hui, a quelque opinion écrite sur laquelle il
s'appuie et dont il pourrait saisir cette Chambre.
Deuxièmement, est-il prêt à prendre l'engagement,
dès qu'il aura reçu une opinion écrite en bonne et due
forme de ses légistes je la lui souhaite unanime, à part
cela, ce sera difficile de la déposer en cette Chambre pour que
nous en ayons tous connaissance? Est-ce qu'il est intéressé
à éclairer son jugement également à l'aide
d'opinions juridiques que nous pouvons lui offrir?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, tout de suite
après le débat que nous avons eu concernant ce projet de loi
nécessaire à cause du jugement de la Cour suprême, j'ai dit
au chef de l'Opposition il doit se le rappeler que j'étais
très intéressé à recevoir toute opinion juridique
qu'il voudrait me faire parvenir de manière que l'analyse la plus
minutieuse possible en soit faite. Je viens de dire que j'ai demandé aux
légistes du ministère de la Justice, aux légistes
gouvernementaux d'approfondir un point particulier que je crois avoir
expliqué le mieux possible au chef de l'Opposition. Une fois que ce
point sera approfondi au niveau juridique, il est évident c'est
avec grand plaisir et c'est ce que je me proposais de faire que je
demanderai une opinion juridique écrite puisque nous en avions
déjà une unanime, mais non écrite. Lorsque cette opinion
sera entre mes mains, c'est avec plaisir que je la déposerai parce que,
je le dis encore une fois, s'il faut prendre garde à la tentation de
maximiser la portée du jugement de la Cour suprême, il faut aussi
prendre garde de succomber à la tentation de minimiser la portée
du jugement de la Cour suprême. C'est dans ce sens-là que j'invite
le chef de l'Opposition à plus de prudence au point de vue
juridique.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: M. le Président, le ministre de la Justice
serait-il prêt à accepter, comme le prévoit la
législation du Québec et comme l'a également
mentionné le professeur Beaudoin, d'obtenir un avis de la Cour
suprême du Canada en s'adressant d'abord à la Cour d'appel?
Deuxièmement, est-ce que le ministre n'a pas l'intention d'avoir une
opinion plus éclairée et écrite avant de donner des
directives aux municipalités et aux commissions scolaires avant qu'elles
modifient leurs règlements?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je viens justement de
dire, pour qui écoutait, que c'est dans ce sens-là que
s'exercent, à l'heure actuelle, ma discrétion et la prudence dont
je veux faire preuve, à savoir que l'étude la plus minutieuse
possible soit faite sur la portée du jugement de la Cour suprême,
que nous ayons une opinion écrite en ce sens. Il me fera plaisir de la
porter à l'attention des membres de l'Assemblée nationale et
même d'envisager la possibilité de demander une opinion à
la Cour d'appel afin que l'ensemble de la situation soit la plus claire
possible pour l'ensemble des contribuables québécois. Il me
semble que c'est la manière responsable de fonctionner.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
Elections dans le comté de Johnson
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse à l'honorable premier ministre. Hier, le premier ministre n'a
pas répondu très clairement au voeu exprimé par le
député démissionnaire de Johnson lorsque ce dernier lui
suggérait de provoquer le plus tôt possible des élections
partielles dans le comté de Johnson. M. le Président, nous
rappelant le principe dont avait fait état le premier ministre au
lendemain de la démission du député de
Notre-Dame-de-Grâce, M. Bryce Mackasey, et les mêmes principes
qu'il a eu l'occasion d'évoquer par la suite, mais en les
nuançant grandement, le premier ministre pourrait-il assurer cette
Chambre qu'il prendra les mesures nécessaires dans l'immédiat
afin de permettre à la population de Johnson d'être
représentée ici à l'Assemblée nationale dès
notre retour? Cela, évidemment, non seulement dans l'optique de
l'administration générale, mais également dans l'optique
qu'il y a un référendum important qui s'annonce pour le printemps
prochain. Le premier ministre est-il d'avis que le comté de Johnson
mériterait d'avoir le plus tôt possible, pour toutes ces raisons
et pour les principes qu'il a déjà évoqués, un
représentant à l'Assemblée nationale pour le comté
de Johnson? (16 h 50)
Le premier ministre pourra peut-être je termine, M. le
Président, je vois qu'il y a un petit peu d'impatience invoquer
les conditions climatiques; mais je m'imagine que les gens de Johnson n'auront
pas plus d'objections que tous les citoyens canadiens de l'Atlantique au
Pacifique à se déranger le 18 février. Je pense bien que
les gens de Johnson feraient bien ce sacrifice pour avoir un
représentant à l'Assemblée nationale le plus tôt
possible.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, c'est un
dangereux argument qu'essayait de réfuter tout de suite d'avance, en le
voyant venir je ne l'emploierai même pas le
député de Bonaventure, parce que j'ai remarqué quelques
réactions j'en ai lu dans les journaux, j'en ai entendu à
la télévision sur l'humeur qui se généralise
chez justement les électeurs canadiens à propos des
élections du 18 février. Je dirai simplement ceci: On n'a pas eu
le temps d'examiner le sujet de façon précise; on ne sait pas
même s'il n'y aura pas d'autres incidents de parcours avec les tentations
fédérales. Tout ce que je peux dire, c'est qu'on vient de passer
la loi no 9 qui ne sera peut-être pas en vigueur mais dont on doit
respecter l'esprit en attendant que la lettre s'applique et à
l'intérieur des délais qui sont prévus dans la loi no 9,
le député de Johnson je ne peux pas fixer de date en ce
moment sera représenté.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre. Tout à l'heure, dans sa réponse, il a
parlé de sérénité et de sérieux dans la
discussion de cette question qui a été déposée
aujourd'hui, lui qui sait tout le monde le sait d'ailleurs qu'il
y a un débat politique en cours. Ma question sera celle-ci: Est-ce que
le premier ministre va faire en sorte que ce deuxième débat ne
commencera pas avant les élections du 18 février?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Le député veut dire
le débat sur la question?
M. Russell: Sur la question, oui.
M. Lévesque (Taillon): Je peux donner cette assurance tout
de suite au député. Fort probablement, on pourra fixer la date du
débat au moment de l'ajournement ou tout de suite après. Le
leader parlementaire le fera probablement au nom du gouvernement.
Le Président: M. le député de Laval.
Registre et liste permanente des
électeurs
M. Lavoie: J'aurais une question à l'adresse du ministre
de la Justice. Je ne sais pas s'il...
Des Voix: II est là.
M. Lavoie: Merci. M. le Président, ma question aurait pu
faire l'objet d'une question en vertu de l'article 34 mais, par contre, un des
volets de ma question ne serait peut-être pas recevable. Le 4 octobre
dernier, j'écrivais personnellement au ministre de la Justice
relativement au projet de loi no 3 sur le registre des électeurs, projet
de loi qui est toujours au feuilleton. Dans cette lettre, je posais
différentes questions au ministre, à savoir, si le mandat du
Conseil des ministres, arrêté en conseil de mai 1978, a
été rescindé pour mettre fin à la confection du
registre des électeurs tel que conçu par le directeur
général des élections. Premier volet.
D'ailleurs, cette lettre que je lui ai fait parvenir le 4 octobre 1979,
je n'en ai pas encore eu d'accusé de réception et encore moins de
réponse.
Deuxième volet: Depuis l'ajournement de la session du mois de
juin, le gouvernement ou le directeur général des
élections ont-ils exploré une autre formule de liste permanente
sans indicateur informatique?
Troisième volet: Les informations données et programmes
informatiques à caractère confidentiel, qui ont été
transmis par la Régie d'assurance-maladie au directeur
général des élections, qui étaient sous la garde
des agents de sécurité, ont-ils été
retournés à la RAMQ d'où ils émanaient?
Quatrième volet: J'avais un paragraphe spécial dans la
lettre pour ce volet. Nous tenons également à ce que le
gouvernement nous fournisse un bilan complet et détaillé des
travaux effectués à ce jour concernant la mise en place d'un
registre des électeurs ainsi que le total de toutes les dépenses
entraînées à ce titre. Les informations à cet effet
nous laissent croire qu'elles seraient de l'ordre de $4 millions; il faudrait
bien que l'Assemblée nationale soit mise au courant d'un bilan à
jour de ces travaux. Voilà les quatre volets de ma question.
M. Charron: M. le Président, avant que le ministre de la
Justice...
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: ... intervienne pour une partie, au moins, de la
réponse, c'est à lui de le faire, mais pour l'ensemble de la
question, je crois que vous avez remarqué en l'entendant qu'il s'agit
exactement de questions qui doivent aller au feuilleton et recevoir des
réponses au moment de la reprise après l'ajournement.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je n'ai pas fait
d'accusé de réception pour la bonne et simple raison qu'à
la suite de la lettre que m'avait fait parvenir le député de
Laval, j'ai fait parvenir ces demandes de renseignements au directeur
général des élections. Ce dernier m'a donné des
renseignements. Maintenant, j'ai ajouté aussi, lors d'une rencontre avec
le directeur général des élections, d'autres questions que
je me posais de manière à pouvoir être en mesure de prendre
la meilleure décision possible concernant les suites à donner
à la loi 3. Lorsque l'ensemble de la situation ou que l'ensemble de
l'étude de la situation sera faite, je me propose, M. le
Président, d'en faire état sous tous ces aspects, pour que tous
les membres de la commission parlementaire ou tous les députés de
l'Assemblée nationale soient mieux placés aux fins
d'évaluer quelles sont les suites normales ou les plus
appropriées à donner au projet de loi no 3 qui a
été déposé. Maintenant, le député
sait très bien que depuis le début des travaux de cette session,
nous avons passé beaucoup de temps sur le projet de loi no 9, le projet
de loi no 10 et une fois que j'aurai l'ensemble des informations dont je crois
avoir besoin pour prendre une décision définitive concernant la
loi 3, à laquelle se réfère le député de
Laval, j'en informerai le député de Laval.
Le Président: Une très brève, oui.
M. Lavoie: Une très brève. Je crois qu'il aurait
été normal que le ministre, qui a reçu des bribes de
réponse de la part du directeur général des
élections, ne croit-il pas que même ces renseignements partiels,
notamment, en ce qui concerne une exploration pour une autre manière de
faire une liste électorale sans indicateur informatique,
auraient pu être fournis sinon au député de Laval,
au moins à la Chambre. Il y a également le bilan, cela fait trois
mois que j'ai demandé un bilan des travaux effectués, les travaux
préliminaires. Dernière question, quelles sont les intentions du
gouvernement en ce qui concerne le projet de loi no 3 sur le registre des
électeurs.
Le Président: M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président, j'ai dit au
député de Laval tout à l'heure que les intentions du
gouvernement concernant le projet de loi no 3 étaient
conditionnées non seulement par les questions qu'a posées
valablement le député de Laval, mais également par
d'autres interrogations que nous nous posons sur l'ensemble du projet, les
coûts que cela pourrait représenter, jusqu'à quel point
cela peut constituer la garantie d'une meilleure liste électorale
permanente par rapport au système que nous avons présentement.
Une fois que j'aurai l'ensemble de ces renseignements, je me propose justement,
au niveau de la commission parlementaire, peut-être de faire en sorte de
donner toutes les informations nécessaires pour que nous puissions
prendre la décision la plus appropriée.
Maintenant, sur les questions précises qui étaient
contenues dans la lettre du député de Laval, s'il
préfère avoir peut-être une réponse à sa
lettre ou les réponses aux informations qu'il demande, même si
c'est partiel, je me ferai un devoir de lui faire parvenir.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Union
Nationale.
Indemnisation des accidentés du travail
M. Brochu: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre du Travail. On a été informé récemment
qu'il y avait quand même plusieurs cas d'accidentés du travail qui
ne seraient pas indemnisés et ce, depuis plusieurs mois par la
Commission des accidents du travail. On indique, les articles de journaux
parlent d'au-delà de 2000 cas. On indiquait qu'il y avait dans certains
cas jusqu'à 18 mois de délai pour les paiements. Cela a
été corrigé, cependant. La Commission des accidents du
travail aurait reconnu elle-même que cela pouvait varier entre six et
huit mois, les attentes de paiement. On se propose d'apporter évidemment
certains correctifs. Compte tenu des implications pour ces personnes
concernées, quels sont les correctifs que le ministère du Travail
par la Commission des accidents du travail entend amener dans ces cas? A-t-on
réduit ou peut-on réduire sensiblement dans les prochains jours
ce nombre effarant de cas qui sont en attente? (17 heures)
M. Johnson: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
M. Johnson: ... j'ai pris connaissance de cet article. C'est une
situation qui ne remonte pas à quelques jours; c'est une situation qui
dure depuis, quant à moi, beaucoup trop longtemps à la Commission
des accidents du travail. J'ai eu l'occasion d'en aviser, d'ailleurs, le
président, le juge Sauvé, qui a tenté par tous le moyens
de réduire ces délais particulièrement du
côté de la révision avec un certain succès. Les
choses sont en train de s'amorcer d'une façon un peu plus
acceptable.
Ceci dit, malgré les efforts qui étaient faits par la
commission et les commissaires pour accélérer le processus de la
révision des dossiers, alors que les citoyens pouvaient attendre
jusqu'à six et huit mois, est intervenue la fameuse grève
perlée et, par la suite, la grève générale dans ce
secteur. Ceci a eu pour effet, alors qu'on était en train d'apporter des
correctifs à cela, de continuer de maintenir des délais du
même ordre que ceux qui existaient avant. J'ai bon espoir qu'à
compter du début de l'année on aura normalisé la situation
et je me scandalise tout autant que le député du fait que des
citoyens ont dû être pénalisés, quelle qu'en soit la
raison, pendant tant de mois avant d'obtenir justice.
La Vice-Présidente: M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Une courte additionnelle. Est-ce que je dois
comprendre des propos du ministre que le juge Sauvé l'a assuré
que, dans les deux premières semaines de janvier, on pourrait être
certain que ces 2000 cas en attente pourront complètement être
réglés et avoir des réponses définitives?
M. Johnson: Avant d'affirmer qu'il s'agit effectivement de 2000
cas en attente dans le contexte qui a été décrit par le
leader parlementaire de l'Union Nationale, je dirai simplement que, sur cette
question des délais sur l'ensemble des dossiers et surtout sur les
questions de révision des dossiers à la Commission des accidents
du travail, des mesures sont déjà prises depuis quelques mois
pour accélérer le processus. Je ne peux pas dire qu'au 15 janvier
on pourra garantir aux personnes que la révision se fait en trois jours.
S'il y a une révision, habituellement, c'est parce que le dossier est
complexe, qu'il faut rapailler des choses, revoir des expertises interroger les
personnes, etc. C'est toujours un peu plus long que le dossier en
première instance. Je peux l'assurer que, compte tenu, d'une part, du
fait que la Commission des accidents du travail avait déjà
commencé à prendre des mesures pour réduire les
délais de révision et, deuxièmement, du fait qu'il n'y a
plus de moyens de pression du type grève perlée ou autre qui
soient présents, à compter donc de l'année 1980, les
délais devraient être réglés ou enfin
amenuisés de façon considérable.
Le Président: M. le député de
Gaspé.
Réaménagement des pêcheries
maritimes
M. Le Moignan: M. le Président, j'avais posé au
premier ministre, au cours de la semaine, des questions concernant les
pêches maritimes et je vois que le ministre de l'Industrie et du Commerce
est en Chambre. On m'avait promis de répondre à certaines
questions d'ici à l'ajournement. Maintenant, je pourrais peut-être
donner avis au ministre et il pourrait peut-être me répondre
demain matin.
Je voudrais savoir si l'autonomie des pêches maritimes va
être maintenue. Je veux dire ceci, c'est que les Pêcheurs unis du
Québec ont adressé une lettre au ministère de l'Industrie
et du Commerce, demandant que la DGPM demeure une entité distincte et
que ce soit rattaché à l'Agriculture et à l'Alimentation
comme la chose est fortement possible. Je voudrais que le ministre me
réponde demain matin. Egalement, dans le cadre de la
décentralisation, il se fait actuellement des travaux dans l'ancienne
Ecole normale de Gaspé où on doit loger des bureaux temporaires.
Il y a des travaux qui s'effectuent aussi à Grande-Rivière.
J'aimerais que le ministre me dise de quel ordre, quels sont ces travaux, leur
nature. L'ancien ministre avait promis un édifice de presque $6 millions
à Gaspé dont la construction devait commencer au printemps de
1980. Est-ce que tous ces projets tiennent encore?
En dernier ressort, le ministre pourrait peut-être nous indiquer
si le député des Iles-de-la-Madeleine va s'occuper de jardins ou
encore si elle va continuer d'accompagner ses poissons, même si cela va
à l'Agriculture et à l'Alimentation. Personnellement, je verrais
très bien ce n'est pas moi qui fais les nominations du
côté gouvernemental le député des
Iles-de-la-Madeleine travailler avec le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je crois que cela résume
l'essentiel des questions sans entrer dans toute la question des fonctionnaires
qui, plus tard, vont se rattacher à ces édifices et à ces
aménagements.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Duhaime: Sur le premier volet de la question, je peux
déclarer maintenant et très clairement que l'autonomie de la
Direction générale des pêches va être maintenue; je
pense que c'est clair. Quant au deuxième, je vais prendre avis non pas
au nom du premier ministre, mais au nom de notre collègue le ministre
des Travaux publics, puisque ces questions de construction et
d'aménagement d'édifices à bureaux relèvent du
ministère des Travaux publics, de même en ce qui concerne une
déclaration qu'aurait faite mon prédécesseur à ce
ministère concernant un projet à Gaspé. Je pense bien que
Mme la ministre des Travaux publics apportera une réponse à cette
question. J'en prends avis à son nom.
Pour ce qui est de ma collègue de Iles-de-la-Madeleine, qui est
adjointe parlementaire au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Touris- me, je puis donner l'assurance au député de Gaspé
que, même si la loi 66 reçoit son application, je ne crains pas du
tout qu'elle reste dans l'ombre du ministre de l'Agriculture.
Le Président: M. le député de Pointe-Claire.
Services sociaux Ville-Marie
M. Shaw: A very short question to the minister of Social Affairs.
It has been brought to everyone's attention that Ville-Marie social services
will be having new appointments to its board of directors. Ville-Marie social
services has, by tradition, been a service required, established to meet the
needs of English-speaking community in the region of Montréal, region
6A. It has also been brought to our attention that the two new appointments to
the board are none anglophone. Can the minister explain what the purpose of
this change of policy is?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: J'ai lu ce matin, dans la chronique des "gossip
column" de la Gazette... Effectivement, le Centre de services sociaux
Ville-Marie aurait dit à un journaliste qu'il y avait un changement de
politique. Premièrement, il n'y a pas de changement de politique. Avant
même la nomination de ces deux personnes, il y avait déjà
deux autres individus de langue française, des francophones, au conseil
d'administration du Centre de services sociaux de Ville-Marie, qui avaient
été désignés dans le passé.
Deuxième correction. Les deux personnes, dont le journal fait
mention, sont Mme Mireille Caron et Mme Irène Ranti-Paquette. La
deuxième de ces personnes n'est pas une francophone. Ce n'est pas parce
que Mme Ranti est mariée à un M. Paquette qu'elle devient
francophone. Elle n'est ni anglophone ni francophone, c'est une femme qui a
été proposée par une association, celle-là
anglophone, ce que le journal la Gazette ne dit pas ce matin, proposée
par The Association of Relatives and Friends of the Mentally III, pour
l'information du député de Pointe-Claire.
Ce genre d'information, ce genre de mémérage un peu
"gossiping" est tout à fait malvenu. Il me paraît normal que, sur
deux nominations que le gouvernement doit faire pour la représentation
des groupes socio-économiques il y en ait une qui soit de langue
française au moins sur les deux, d'autant plus que le personnel des
centres de services sociaux, y compris Ville-Marie, doit posséder des
connaissances d'usage de la langue française. Il est tout à fait
normal qu'au conseil d'administration d'une telle organisation il y ait
quelques personnes de langue française parmi une majorité
anglophone.
Le Président: M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Dans le même sens, avez-vous un plan pour
incorporer des anglophones dans les
conseils d'administration du Montréal métropolitain?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Lazure: Nous évaluons à leur mérite les
candidatures qui nous sont proposées par les groupes
socio-économiques. Dans le cas de Mme Caron, ce n'est pas parce qu'elle
a été proposée par la Société
Saint-Jean-Baptiste que ce n'est pas une femme de mérite, c'est une
femme qui a participé à la mise sur pied de la clinique
communautaire de Pointe Saint-Chartes, à la mise sur pied d'une garderie
à Pointe Saint-Charles et Verdun, à la mise sur pied de la
clinique juridique de Pointe-Saint-Charles et Verdun. (17 h 10)
Ce que nous prenons en considération, c'est plutôt la
représentativité de la personne, son implantation dans le milieu
et la compétence qu'elle peut apporter à un conseil
d'administration.
Le Président: Fin de la période de questions.
Motions non annoncées.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Aux affaires du jour, M. le leader parlementaire du gouvernement.
Avis à la Chambre
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... en vertu de l'article 34, le leader m'avait dit
qu'il était possible que le ministre de la Justice dépose, avant
l'ajournement, le projet de loi sur le droit de la famille. Comme il ne reste
que demain, je crois, avant l'ajournement de Noël et que beaucoup de gens
s'intéressent à cette réforme, est-ce qu'il pourrait nous
aviser s'il a l'intention de le faire demain?
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Moi aussi je me suis interrogé de ne pas la
retrouver dans celles que le gouvernement déposait aujourd'hui. Tout ce
qui est du côté du Conseil des ministres en tant que
décision politique, cela fait déjà un bon moment que c'est
fait; la rédaction au niveau du comité de législation
n'était pas terminée; je ne sais pas si un miracle nous
permettrait... Mme la ministre d'Etat pourrait peut-être
répondre.
Mme Payette: M. le Président, c'est pour apporter un
complément de réponse que je vais pouvoir prendre la parole comme
ministre d'Etat à la Condition féminine. C'est la première
fois depuis la nomination, comme quoi cela n'intéresse pas grand
monde.
De toute façon, il s'agit d'une difficulté que rencontrent
les légistes actuellement pour prévoir les mesures transitoires
qui sont nécessaires avant la présentation des amendements au
Code civil, au chapitre II.
Le Président: Aux affaires du jour.
M. Charron: M. le Président, je vais d'abord...
M. Lavoie: M. le Président, je m'excuse...
M. Charron: Allez-y.
Le Président: M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je voudrais demander au leader parlementaire du
gouvernement s'il a pris en considération je n'en doute pas
la demande que je lui avais faite ou la possibilité que je lui
avais présentée il y a quelques jours relativement au projet de
loi no 57. Encore aujourd'hui, je prends connaissance de
représentations, de mémoires, de correspondance qui nous a
été adressée par des organismes aussi importants que
l'Union des producteurs agricoles, l'UPA, les maires de plusieurs
municipalités, sans compter les centaines de commissions scolaires,
l'Association des mines de métaux du Québec, ainsi de suite.
Voici la proposition que j'avais faite au ministre. S'il y avait
possibilité, sans retarder l'application du projet de loi no 57 pour le
1er janvier prochain, ce qui est la demande des municipalités du
Québec, de l'Union des municipalités, de l'Union des conseils de
comté, vous êtes assuré de notre collaboration dans ce
sens; vous savez que nous siégeons depuis au-delà de 50 heures en
commission, sur ce projet de loi. Je crois que ce projet de loi fera sans doute
partie du Guinness Book of Records grâce à la correction de
mon collègue de gauche dans un sens, si nous considérons
qu'à ce moment-ci, sur les 540 articles du projet de loi, il y a au
moins 200 amendements d'apportés, il y a encore 40 articles en suspens,
à la demande autant du gouvernement que de l'Opposition, toute
l'importance technique, l'implication de ce projet de loi à
l'échelle du Québec, toutes les municipalités, les
commissions scolaires, tous les individus, toutes les corporations du
Québec, je me sens difficilement capable de prendre la
responsabilité, dans les quelques heures qui nous restent, d'adopter
d'une manière sérieuse ce projet de loi qui est une masse
législative.
Si le gouvernement veut en prendre seul la responsabilité, libre
à lui de le faire, mais il y a des implications graves,
sérieuses. Je ne vous demande pas de tenir des commissions
parlementaires; mais s'il n'y a pas péril en la demeure, tout en
permettant son application pour le 1er janvier, cela nous permettrait quand
même d'approfondir les représentations écrites qu'on a
reçues depuis ces derniers jours. On pourrait, dès la reprise de
la
session au mois de février, l'adopter avec son application
rétroactive au mois de janvier 1980.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, comme je m'y étais
engagé, prise en considération avec mon collègue des
Affaires municipales cela se terminait d'ailleurs à l'instant
j'en ai parlé dès mardi, je crois. Le député
avait évoqué cette possibilité parce qu'à ce
moment-là il est vrai que malgré le travail assidu que chacun y
donnait, la masse que constitue cette loi était loin d'être
traversée. J'ai de meilleures nouvelles, je pense, à ce
moment-ci, puisqu'il resterait en tout et partout une cinquantaine d'articles
sur les 588 à étudier, ce qui rend donc possible la mission
à laquelle s'attaquent les députés depuis
déjà presque deux semaines.
Les raisons qui nous font non seulement hésiter, mais très
franchement refuser la proposition du député si j'ai bien
compris encore, je pense qu'il vient de la répéter
d'attendre à la reprise des travaux pour donner et ajouter cette fois un
caractère rétroactif au 1er janvier à cette loi, c'est
ceci au 1er janvier 1980, il faut bien se comprendre. Les
municipalités, depuis le budget ce n'est pas depuis que la loi a
été déposée le 12 avril, je pense, ainsi que
les commissions scolaires se sont préparées à cette
éventualité, ce qui fait que, par exemple le
député en a été témoin plusieurs des
municipalités du Québec c'est le cas de Montréal et
de Québec, entre autres ont modifié leur budget, le
limitant à huit mois, n'ayant pas de budget qui entre en vigueur le 1er
janvier 1980, lisant dans l'avenir ce que le budget leur annonçait
très clairement pour le 1er janvier 1980. Il faut bien remarquer
qu'elles ne l'ont pas choisi d'elles-mêmes, cette date. Le budget disait:
1er janvier 1980. Elles se sont ajustées en conséquence. Les
commissions scolaires aussi n'ont relevé qu'une moitié de un pour
cent je ne sais trop, je ne veux pas entrer dans les détails
ce qui a fait, M. le Président, qu'elles s'attendent à
dépendre financièrement, totalement, de ce qui leur sera remis
totalement, parce que les dépenses admissibles comme on les
appelle leur viendront de Québec à compter du 1er janvier 1980.
Ce serait pour elles, même si la loi n'était adoptée avec
un caractère rétroactif, une période de vide ou sans
budget, sans autorisation de percevoir.
J'ajoute un dernier élément qu'au-delà de la
discussion que j'avais déjà eue avec le ministre, il me rajoutait
à l'instant. C'est que la taxe de vente aussi, en vertu du budget, la
quote-part des municipalités, par une décision du budget
adopté par cette Assemblée, ne s'applique plus à compter
du 31 décembre. En conséquence, avec toute l'appréciation
que j'ai pour le travail du député de Laval et des autres membres
de la commission sur ce sujet, je crois qu'il faut bien comprendre qu'à
50 articles du but et j'admets ce que le député dit
le gouvernement prendra ses responsabilités, mais je crois qu'il faut
donner le dernier coup dans les prochaines heures pour faire de cette loi une
loi adoptée avant le 31 décembre. Je pense que tout le monde s'y
attend. Personne ne s'opposera à ce qu'elle entre en vigueur le 1er
janvier 1980.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Projet de loi no 205 Première lecture
M. Charron: M. le Président, j'aurais besoin d'un
consentement vous allez me dire que cela commence de
l'Assemblée pour déposer deux projets de loi privés
je dis bien déposer deux projets de loi privés avec les
notes explicatives du greffier. Si j'ai ce consentement... Le greffier
m'informe qu'il a examiné le projet de loi 205 modifiant la charte de la
cité de Verdun. La dérogation à solliciter est celle de
lui permettre d'être déposé sans qu'aucun avis n'ait
été publié dans les journaux. J'imagine qu'avant qu'on
l'appelle en Chambre, les autorités municipales de Verdun veilleront
à ce que ces avis soient publiés. Je propose, M. le
Président, qu'on accepte le rapport du greffier et que cette
dérogation soit permise.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je suis
prêt à concourir, mais je compte que le gouvernement n'appellera
pas le projet de loi tant que les avis n'auront pas été
dûment publiés.
M. Charron: II ne sera pas appelé. J'en donne
l'engagement, M. le Président.
Le Président: La motion de première lecture
sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Charron: Si cet honneur m'était permis, M. le
Président cet honneur et cette gloire, comme le disait
l'ex-député de Johnson pour-rais-je, au nom du
député de Verdun, proposer la première lecture du projet
de loi modifiant la charte de la cité de Verdun?
Une Voix: Vous ne pouvez pas.
M. Charron: Ah! Je n'ai pas cet honneur. Ce sera le
député de Marguerite-Bourgeoys, M. le Président. (17 h
20)
Projet de loi no 251
Première lecture
Je crois que le député de Saint-Louis se portera
volontaire pour son collègue de Saint-Laurent. Je lis les notes du
rapport du greffier en loi: "Le projet de loi no 251, Loi concernant la
ville
de Saint-Laurent. Le projet est conforme à l'avis et l'avis est
suffisant en nombre. Il a toutefois été déposé
après l'ouverture de la session au secrétariat." Je propose que
cette dérogation soit permise, M. le Président.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
Le Président: La motion est adoptée?
Adopté.
M. Charron: Le député de Saint-Louis.
Le Président: M. le député de Saint-Louis,
au nom de M. le député de Saint-Laurent, en propose la
première lecture. Est-ce que cette première lecture sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Renvoi à la commission parlementaire des
affaires municipales, M. le Président.
Le Président: Dans les deux cas? M. Charron: Dans
les deux cas.
Le Président: Est-ce que la motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Avis à la Chambre (suite)
M. Charron: Je voudrais faire motion, M. le Président,
pour que, immédiatement, puisque celle-ci, comme on vient de le savoir,
a beaucoup de travail, la commission des affaires municipales se
réunisse à la salle 81-A, jusqu'à 18 heures ou, alors,
peut-être voudrait-elle convenir de commencer plutôt à 19 h
30? Les commissions parlementaires, plutôt que de les convoquer pour une
demi-heure, est-ce qu'on peut leur proposer de commencer une demi-heure plus
tôt? Non? D'accord. Que cette commission se réunisse
immédiatement à la salle 81-A et que la commission de la justice
se réunisse à la salle 91-A afin de terminer le travail
déjà entamé sur le projet de loi no 57, dans un cas, et
sur le projet de loi no 48, dans l'autre, et aussi d'entendre, en fin de
séance, des représentants sur des projets de loi privés.
Dans le cas des affaires municipales, ce sont les projets de loi suivants: 244,
280, 218 et 230. Dans le cas de la justice, ce sont les projets de loi
suivants: 252, 238 et 190. Je maintiens le projet de loi no 190 à
l'ordre du jour parce qu'il faudrait, à ce moment-là, faire
connaître les objections.
Le Président: Est-ce que cette motion sera
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Président: Adopté. La commission des affaires
municipales et la commission de la justice peuvent siéger
immédiatement.
La Vice-Présidente: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente...
M. Charron: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ... si le leader parlementaire me le
permet il y a des doutes, ici à la table centrale sur nos intentions
quant au projet de loi sur la ville de Verdun. Nous nous sommes entendus sur le
fait que le projet de loi ne serait pas appelé en commission avant que
les avis paraissent. Mais cela n'empêchait pas que nous puissions adopter
la première lecture.
M. Charron: Ecoutez! C'est la décision de la Chambre.
Seigneur! Si vous permettez d'abord, Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Alors, les deux premières
lectures sont adoptées.
M. Charron: ... je vais avoir besoin d'un...
La Vice-Présidente: Les deux projets de loi sont
déférés à la commission...
Questions inscrites au feuilleton
M. Charron: Oui, c'est fait, Mme la Présidente. Ah! Mon
Dieu! Je vais me débarrasser de cela et je vais avoir de la place. Les
questions au feuilleton, Mme la Présidente. Je voudrais donner un
certain nombre de réponses. A la question no 2 de M. Caron la
réponse vient de M. Léger; je réponds en son nom. A la
question no 9 de M. Picotte, la réponse vient de M. Garon; je fais
motion pour que cette réponse soit transformée en
dépôt de document.
Une Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Charron: Je dépose le document au nom de M. Garon.
La Vice-Présidente: Document déposé.
M. Charron: C'est le même scénario pour la question
no 10. Je fais motion pour déposer ce document au nom de M. Garon.
La Vice-Présidente: La motion est-elle adoptée?
Une Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Charron: Je dépose le document.
La Vice-Présidente: Document déposé.
M. Charron: C'est la même motion pour la question no
11.
Une Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: La motion est adoptée.
M. Charron: C'est la même motion pour la question no
12.
Une Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Motion adoptée.
M. Charron: C'est la même motion pour la question no
13.
Une Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Motion adoptée.
M. Charron: A la question no 14 qui venait de M. Rivest, la
réponse vient de M. Garon encore; je fais motion pour qu'elle soit
transformée en dépôt de document.
Une Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: La motion est adoptée. M.
Charron: Je dépose le document. Une Voix: Document reçu.
La Vice-Présidente: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Charron: Oui, madame.
La Vice-Présidente: Pour chacun des documents qui sont
déposés maintenant, avez-vous fait la motion chaque fois pour que
cela devienne un dépôt de document?
M. Charron: Sauf le premier.
La Vice-Présidente: Alors, c'est clair.
M. Charron: No 16, M. Russell. Réponse: M. Garon. Motion
pour la transformer en dépôt de document.
La Vice-Présidente: Motion adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Charron: Document déposé. Question no 19, de M.
Russell. Réponse de M. Garon. Je fais la même motion pour
dépôt de document.
La Vice-Présidente: Motion adoptée? Des Voix:
Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Le document est
déposé.
M. Charron: Question no 21, de M. Brassard. La réponse
vient de M. Garon. Je fais motion pour le dépôt de document.
La Vice-Présidente: Cette motion est-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Le document est
déposé.
M. Charron: J'indique tout de suite qu'il se peut que j'en aie
d'autres au début de la séance de la soirée,
d'après les informations de cet après-midi. Ceci fait, madame, le
menu dans l'ordre: D'abord, la prise en considération du projet de loi
78 et sa troisième lecture. Je pense que tout le monde est prêt.
Ce sera ensuite l'article 4 du feuilleton, la troisième lecture du
projet de loi 55. Ce sera ensuite l'article 3 du feuilleton, ensuite l'article
18...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, Mme la Présidente.
Pour le deuxième, qui est le projet de loi no 55, on me dit que la
commission de la justice est en train de siéger présentement.
M. Charron: Oui, mais j'avais oublié votre
problème. Je n'en avais pas puisque c'est le député de
Mercier qui présente les amendements. Gardons-le.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'il est là, le
député de Mercier?
M. Charron: Oui. Alors, est-ce qu'il y a quelqu'un chez vous qui
va être capable d'accepter l'amendement?
M. Levesque (Bonaventure): Notre député a une
intervention à faire.
M. Charron: Alors, gardons-le pour un petit peu plus tard.
L'article 18 viendra ensuite et l'article 20. Si on fait tout cela avant 18
heures... Commençons tout de suite.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on a le programme pour ce
soir?
M. Charron: Je vais vous le communiquer... M. Levesque
(Bonaventure): A 18 heures?
M. Charron: Oui, aux alentours de 18 heures. Si ça peut
juste partir... Article 19 du feuilleton, madame, s'il vous plaît.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 78
La Vice-Présidente: II s'agit, à l'article 19 du
feuilleton d'aujourd'hui, de la prise en considération du rapport de la
commission permanente des loisirs, de la chasse et de la pêche sur le
projet de loi 78, Loi sur la sécurité dans les sports. Le rapport
sera-t-il adopté? Il y a des amendements? Alors, s'il vous
plaît.
M. le ministre.
M. Lessard: Mme la Présidente, je voudrais dire quelques
mots pour d'abord expliquer les quatre amendements qui ont été
présentés et, en même temps, je voudrais résumer mes
propos, à l'intérieur de la présentation du rapport, pour
éviter de devoir faire un discours à l'occasion de la
troisième lecture. Je voudrais d'abord remercier de façon
particulière les membres de la commission parlementaire. J'avais
indiqué en deuxième lecture que j'allais être
réceptif à des amendements ou à des améliorations
possibles en vue de bonifier le projet de loi. Je pense que, grâce
à la sérénité de la discussion lors de cette
commission parlementaire, grâce à la collaboration du
député de Jean-Talon, du député de Westmount en
particulier, du député de Gaspé de même que du
député de Dubuc, nous avons certainement pu améliorer le
projet de loi et, en même temps, faire en sorte qu'il corresponde aux
objectifs que j'avais précisés à l'occasion de la
deuxième lecture. Je suis très heureux de la façon que
cette commission du loisir, de la chasse et de la pêche a
fonctionné parce que je trouve que cela augure très bien pour
l'avenir, pour le ministère puisque nous avons eu une excellente
collaboration. (17 h 30)
Donc, Mme la Présidente, il y a quatre amendements, soit d'abord
un amendement à l'article 28 où, en fait, nous avons voulu
remplacer ou limiter, dis-je, l'article 28 tel que rédigé
auparavant puisqu'on voulait étendre l'application des règlements
de la fédération à toutes les personnes. Avec le
consentement des députés, je voudrais lire l'amendement,
puisqu'il y a eu une erreur d'impression et l'amendement devrait être
corrigé. Je pense que le député de Westmount qui est au
courant de la discussion va certainement, à un moment donné,
accepter l'amendement qui se lit comme suit: La régie peut
étendre l'application d'un règlement de sécurité
d'une fédération d'organismes sportifs à un organisme
sportif non affilié. Je lis: Formé pour l'organisation ou la
pratique d'un même sport. Mme la Présidente, à la suite
d'un oubli ou d'une erreur d'impression, on n'avait pas indiqué ou
inscrit après, organisme sportif, "non affilié".
La Vice-Présidente: Est-ce que l'amendement pour remplacer
formé par "non affilié"... Non.
M. Lessard: C'est-à-dire de placer après les mots
"à un organisme sportif" les mots "non affilié" ce qui a
été oublié dans le texte. En voyant le texte, Mme la
Présidente, vous allez certainement voir que c'est très clair. Je
pense que le député de Westmount accepte cet amendement puisqu'il
y a eu discussion. Je voudrais m'expli-quer sur cet amendement puisqu'il est
venu à la suite des revendications justement du député de
Westmount qui me soulignait qu'il y avait danger dans l'ancien article
d'élargir considérablement les objectifs du projet de loi. Le
député de Westmount m'a convaincu. Cet amendement, tout en
assurant la sécurité dans les sports, nous permet d'éviter
que la Régie de la sécurité aille toucher, par exemple,
à des personnes qui pourraient faire du sport, par exemple, du ski de
fond. Comme responsable de ce projet de loi, j'ai indiqué, en
deuxième lecture, que nous avions l'intention d'asseoir les assises de
la Régie de la sécurité d'abord sur les
fédérations sportives et nous reconnaissions comme interlocuteurs
privilégiés les fédérations sportives.
C'est pourquoi nous soutenons et nous les soutiendrons
financièrement compte tenu du mandat que nous leur confions, soit de
régir le développement et la pratique de leur activité
sportive. Nous voulons, par l'article 28, que la régie soit au
même diapason que le ministère. C'est pourquoi la régie ne
pourra étendre l'application que des règlements de
sécurité des fédérations, que les règlements
qui seront faits par les fédérations.
En ce qui concerne l'extension de l'application des règlements de
sécurité, elle portera sur les organismes sportifs non
affiliés, donc, des associations, ligues ou clubs formés en
personnes morales et non pas comme l'indiquait le projet de loi
antérieur, sur toute personne. Non pas le simple citoyen que nous
voulons rejoindre par des campagnes d'information et de prévention
beaucoup plus que par un réseau d'inspecteurs qui pourraient aller
jusqu'à intervenir, par exemple, dans une partie de hockey amicale
jouée sur la patinoire d'une école d'une commission scolaire.
Cet amendement, Mme la Présidente, a reçu l'assentiment de
l'Opposition qui craignait à juste titre qu'on intervienne dans les
petites parties de ballon panier, par exemple, autour du panier fixé
à la porte du garage du député de Westmount.
En ce qui concerne l'article 31, c'est exact que le député
de Jean-Talon me demandait si j'avais reçu un télégramme
des municipalités m'indiquant qu'elles me proposaient un amendement
à cet article. Il est exact que lorsque j'ai répondu au
député, je n'avais pas été informé de ce
télégramme. Le ministre des Affaires municipales avait
reçu le télégramme, il m'en a parlé, j'ai
vérifié à la suite de l'intervention du
député de Jean-Talon et j'ai
accepté de modifier l'article 31 dans le sens indiqué par
l'Union des municipalités et par le député de
Jean-Talon.
Pour bien préciser, je voudrais maintenant lire ce que
deviendrait l'article 31 puisque nous avons ajouté "ou de ses
mandataires" pour faire suite à la demande des municipalités du
Québec et à l'intervention du député de
Jean-Talon.
L'amendement serait celui-ci, que vous avez: On remplacerait les mots
"ou scolaire". En fait, je lis l'article au complet. "Une personne, à
l'exception d'une corporation municipale ou scolaire ou d'un organisme
gouvernemental qui exploite un centre sportif, doit détenir un permis
d'exploitation délivré par la régie aux conditions et sur
paiement des droits prescrits par la loi et ses règlements."
Or, l'Union des municipalités m'a indiqué qu'il pouvait
arriver qu'une certaine municipalité confie à des organismes sans
but lucratif la gestion ou l'exploitation d'un centre récréatif.
Comme nous avions justement fait une exception en ce qui concerne la
nécessité d'obtention d'un permis pour les corporations
municipales ou scolaires, nous devons donc indirectement ou directement le
préciser dans le projet de loi, le faire pour les mandataires des
municipalités.
Donc l'article avec les amendements devrait se lire comme suit: "Une
personne, à l'exception d'une corporation municipale ou de ses
mandataires ou une corporation scolaire qui exploite un centre sportif, doit
détenir un permis d'exploitation délivré par la
régie aux conditions et sur paiement des droits prescrits par les lois
et règlements." Je pense que cela correspond exactement aux demandes de
l'Opposition et aux demandes des municipalités.
En ce qui concerne l'article 40, nous avons eu, je pense, une excellente
discussion avec le député de Westmount qui, on le
reconnaît, est un connaisseur dans le secteur du sport puisque il a
été un grand botteur pour les Alouettes. Le député
de Westmount m'avait convaincu, parce que moi aussi j'avais les mêmes
inquiétudes. Alors, l'article 40 se lisait comme suit: Le présent
chapitre s'applique à une manifestation sportive des catégories
suivantes, lors de laquelle un concurrent peut recevoir une bourse ou une
rémunération supérieure au montant fixé par
règlement du gouvernement.
Or, le député de Westmount m'a indiqué que si le
lieutenant-gouverneur en conseil fixait $150 comme montant minimum, tous les
combats qui pourraient se livrer et où la rémunération ou
la bourse serait inférieure à $150 ne seraient donc pas couverts
par le projet de loi. C'était exact et ceci aussi me créait des
inquiétudes. J'ai vérifié avec les commissions
athlétiques et il est exact, tel qu'on l'interprétait,
qu'aussitôt qu'un lutteur ou un bGxeur reçoit une
rémunération, il est considéré comme professionnel.
Tel que je l'avais suggéré, je laisse tomber ou on retire les
mots suivants et l'article avec l'amendement se lirait comme suit: "Le
présent chapitre s'applique à une manifestation sportive des
catégories suivantes: les sports de combat, les courses de
véhicules motorisés, la natation, les sports nautiques et le
ski." Ce qui veut dire qu'on laisse tomber les mots qui suivent et qui seraient
ceux-ci "lors de laquelle un concurrent peut recevoir une bourse ou une
rémunération supérieure au montant fixé par le
règlement du gouvernement." C'est donc un règlement de moins que
nous aurons à faire.
En ce qui concerne aussi l'article 54, sixièmement, comme il
s'agit d'une concordance puisqu'on permettait au gouvernement de fixer le
montant supérieur ou le montant minimal, il n'y a donc pas lieu de
maintenir cet article 54, sixième paragraphe. (17 h 40)
Enfin, le député de Jean-Talon me demandait si, par
exemple, la nécessité de faire passer des examens médicaux
à des participants allait au-delà de la Charte des droits et
libertés de la personne. J'ai donc demandé un avis à M.
René Hurtubise, président de la Commission des droits de la
personne et je suis prêt, Mme la Présidente, à
déposer cet avis.
Je voudrais préciser que, naturellement, nous n'avons pas
l'intention d'obliger tous les sportifs à se soumettre à un
examen médical. La régie et les fédérations
pourront, là où elles le jugeront nécessaire, prendre des
dispositions pour que certains services soient offerts à
l'athlète. On pourrait, par exemple, envisager la présence d'un
soigneur ou d'un entraîneur compétent et reconnu pour la tenue
d'une partie de football "peewee". C'est ce qu'on appelle "contenir des
dispositions sur le contrôle de l'état de santé des
participants".
Toutefois, dans les sports où des examens médicaux
seraient justifiés compte tenu du caractère dangereux du sport
on pense à la boxe, par exemple on peut,
parallèlement, nous dit la Commission des droits de la personne par
l'intermédiaire de M. Hurtubise, le faire dans le cadre des limites
prescrites par cette justification. Je vais déposer, Mme la
Présidente, si vous me le permettez, la note de M. René Hurtubise
que j'ai reçue en date du 20 décembre.
Voilà, Mme la Présidente, ce que j'avais à dire sur
l'ensemble des articles. Je pense que l'Opposition n'aura pas d'objection
à accepter ces articles puisque cela a été fait en
collaboration. Encore une fois, je souligne que cette commission parlementaire
a permis, je pense, de bonifier le projet de loi et de faire en sorte qu'il
corresponde aux volontés du législateur.
Même si c'est à la fin de la session et que nous sommes en
date du 20 décembre, je suis extrêmement fier de présenter
ce projet de loi et de le faire adopter en troisième lecture. Il s'agit
l'Opposition en conviendra d'une première en
Amérique du Nord et peut-être ailleurs aussi. C'est la
première fois qu'un gouvernement en Amérique du Nord
établit des normes de sécurité particulières pour
le sport amateur, pour la jeunesse québécoise, pour les
bénévoles aussi qui travaillent ardûment dans ce secteur.
C'est bon pour la jeunesse québécoise, c'est bon pour l'ensemble
de la population du Québec. Ce projet
de loi, en ce qui concerne la sécurité dans les sports, en
ce qui concerne l'éducation qui devra être faite, touche un
Québécois sur deux.
Je souligne que cela nous avait été demandé dans un
document qui nous a été présenté il y a quelques
semaines par la jeunesse québécoise. Justement, à la suite
des colloques régionaux qui ont eu lieu dans le cadre de l'Année
internationale de l'enfant, cette jeunesse québécoise avait
déposé le document bleu qui s'intitulait L'Année
internationale de l'enfant et après? Une des recommandations de cette
jeunesse québécoise était justement d'essayer d'abolir la
violence dans les sports. Leur question "et après?", nous y
répondons aujourd'hui parce que, dans ce projet de loi, nous essayons de
répondre à leurs préoccupations. Je pense que cela
bénéficiera au sport dans l'ensemble du Québec et à
tous les Québécois.
Mme la Présidente, j'en profite à la fin de mon
intervention pour souhaiter à tous les Québécois
d'heureuses Fêtes, ainsi qu'à toutes les
Québécoises. A tous les jeunes Québécois et jeunes
Québécoises qui font du loisir, qui font du sport, un excellent
Noël et une bonne année 1980, d'autant plus que l'année 1980
sera, pour la jeunesse québécoise, extrêmement importante
puisque nous aurons les Olympiques à Moscou. Nous espérons,
justement, que plusieurs athlètes, Québécois et
Québécoises, pourront se rendre aux jeux de Moscou et
représenter l'ensemble des Québécois et, en même
temps, qu'ils s'interrogent très sérieusement sur la question et
y répondent de façon positive pour l'ensemble des
Québécois.
La Vice-Présidente: M. le député de
Westmount.
M. Springate: Mme la Présidente, la question n'est pas de
savoir comment les jeunes vont voter lors du référendum, mais de
savoir si le projet de loi, en réalité, va porter sur la
sécurité des sports. Nous, de notre côté, comme le
ministre et ses adjoints, et les différents membres de la commission,
nous avons travaillé ensemble, je crois, pour une des rares fois en
cette Assemblée nationale pour essayer de trouver un moyen de donner
à nos jeunes une vraie sécurité dans les sports.
Nous croyons, avec les amendements que nous avons proposés et qui
ont été acceptés par le ministre et ses adjoints, que par
le projet de loi no 78, à cette époque, nous avons trouvé
un moyen, une avenue, un boulevard, si vous voulez, pour essayer au moins de
donner à nos jeunes cette sécurité.
Le projet de loi donne l'occasion à une régie qui sera
formée, non seulement de trouver un moyen pour la sécurité
mais aussi des moyens d'offrir une éducation à nos jeunes dans
les sports. C'est vrai ce que le ministre dit, c'est la première de ce
genre en Amérique du Nord, on doit l'en féliciter. Le projet de
loi, avec les amendements, correspond maintenant aux besoins, aux désirs
et aux objectifs du ministre et aussi des anciens gouvernements, soit l'Union
Nationale, qui a formé, en 1978, le premier service de loisirs de la
jeunesse pour nos jeunes et aussi, de notre côté, lorsqu'on
était le gouvernement, avec les différents ministres du
sport.
Madam Speaker, like the minister, I would just like to wish to the youth
of Québec the best of luck in Lake Placid in February, in the Winter
Olympics, the best of luck in Moscow; may they go well, represent our province
well, may they go well under the flag of Canada, representing Canada as they
will. I would just like to wish them the best of Christmas, the best of the New
Year. Important decisions are to be made and may they be made in the right,
correct and sporting way. Thank you, Madam Speaker.
La Vice-Présidente: M. le député de
Gaspé.
M. Le Moignan: Madam Speaker, I think I will speak in French. Je
voudrais, Mme la Présidente, apporter un très bref commentaire
à ce stade de l'adoption en troisième lecture du projet de loi 78
nous donnant la sécurité dans les sports. C'est avec beaucoup de
joie et de plaisir que nous avons souscrit à ce projet de loi. Il
répond à un réel besoin surtout quand on songe, par
exemple, à la violence dans certains sports, comme on l'a
mentionné, la violence dans le hockey. Le projet de loi est là
aussi pour neutraliser dans certains cas certains comportements qui peuvent
s'avérer dangereux.
Je voudrais mentionner un aspect qui est celui de la régie qui
aura un rôle très positif, capital à jouer à la
suite de ce projet de loi, parce que la régie se devra d'informer les
citoyens. La régie aura un véritable rôle à jouer en
matière d'éducation, en matière de sécurité.
Aussi, la régie pourra, par la publicité, par l'information,
contribuer à prévenir certains abus dont le consommateur
québécois est trop souvent victime.
Je veux donc m'unir, Mme la Présidente, au ministre et au
porte-parole de l'Opposition libérale pour offrir à tous les
jeunes sportifs, à tous les jeunes Québécois, à
tous ceux qui vont défendre nos couleurs à l'étranger au
cours de l'année 1980 un joyeux Noël, une bonne et heureuse
année et tous nos meilleurs voeux de succès, et à vous
aussi, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Les amendements proposés par le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche au moment de la prise en
considération du rapport sur la loi 78, aux articles 28, 31 et 40,
à l'article 44, paragraphe 6, sont-ils adoptés? (17 h 50)
Une Voix: 54.
La Vice-Présidente: 54. L'article 54, paragraphe 6,
sont-ils adoptés?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Le rapport est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Troisième lecture
M. Charron: Je proposerais la troisième lecture de ce
projet de loi, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement à ce que
la troisième lecture...
Une Voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. M. le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche propose que soit maintenant lu la
troisième fois le projet de loi no 78, Loi sur la sécurité
dans les sports.
Cette troisième lecture sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Charron: Mme la Présidente, quand les joyeux Noël
se mettent à fuser, cela sent la fin de session.
Je vous prierais d'appeler l'article 3 du feuilleton, Mme la
Présidente.
Projet de loi no 51
Troisième lecture
(suite)
La Vice-Présidente: II s'agit de la reprise du
débat sur la motion du ministre des Affaires culturelles qui est aussi
ministre des Communications proposant que le projet de loi no 51, Loi sur le
développement des entreprises québécoises dans le domaine
du livre soit lu la troisième fois.
M. le leader parlementaire du gouvernement et ministre
délégué aux Affaires parlementaires, c'est vous qui aviez
la parole au moment de la suspension.
M. Charron: Oui. On s'en souviendra, j'avais demandé cet
ajournement pour permettre la réplique du ministre à certains
propos pas du tout séditieux qu'avait tenus le député de
Jean-Talon sur cette question. Je voudrais que ce soit le ministre.
La Vice-Présidente: M. le ministre, votre
réplique.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: Merci, Mme la Présidente. On me donne
quelques minutes, Mme la Présidente. Cela me suffira pour rassurer
officiellement le député de Jean-Talon face aux questions qu'il a
posées le 27 novembre dernier. Il s'interrogeait à ce
moment-là sur les consultations qui avaient été faites
avec les municipalités. Je le rassure, bien sûr. Les
municipalités ont non seulement été consultées,
mais elles appuient notre démarche.
Je pourrais faire état aujourd'hui d'un certain nombre de
télégrammes en provenance du milieu municipal comme du milieu
professionnel des bibliothécaires. Il n'en reste pas moins que le
député a raison de signaler que dans un cas, au moins, on s'est
inquiété d'une condition posée quant aux
approvisionnements. Mais tout cela reste facultatif et subordonné
à l'acceptation de nos programmes et de nos subventions.
Je signale que, à cet égard, le projet de loi prend tout
son sens avec les programmes que nous aurons en 1980, programmes de promotion
du livre et de la lecture. J'aurai l'occasion, au début de 1980, d'en
faire état. Donc, je réserve ces annonces pour un peu plus tard.
Nous aurons, je pense, un plan de développement des bibliothèques
publiques en particulier qui devrait séduire plusieurs
municipalités.
Le député de Jean-Talon s'inquiétait
également de certains propos tenus par l'Association des
bibliothécaires. Ces questions-là ont été
réglées avec les associations professionnelles. Aujourd'hui, je
pourrais, encore une fois faire état d'appuis très encourageants
qui viennent de ce milieu qui attendait, comme tous les gens dans le domaine du
livre, cette loi depuis des années.
Le député de Jean-Talon nous a indiqué que sa
formation politique nous appuierait malgré certaines réserves qui
ont été, pour la plupart, aplanies au moment de nos travaux en
commission parlementaire. J'en profite pour remercier les collègues
ministériels de leur appui en commission parlementaire, de leur
collaboration. Cela fait plus d'un an qu'on travaille sur ce projet de loi. Je
remercie également l'Opposition. Je pense que nos travaux en commission
parlementaire ont profité des lumières de tous et chacun.
Aujourd'hui, on se retrouve en face d'une loi d'un projet de loi pour
quelques minutes encore qui reçoit beaucoup d'encouragement, qui
soulève beaucoup d'espoir dans le milieu du livre en
général. Je remercie les autres.
La Vice-Présidente: La motion de troisième lecture
du projet de loi no 51 est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader.
M. Charron: L'article 18 du feuilleton, Mme la Présidente,
s'il vous plaît!
La Vice-Présidente: Prise en considération du
rapport de la commission permanente des affaires sociales sur le projet de loi
no 77, Loi sur les services de garde à l'enfance. Le rapport sera-t-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
M. Charron: Mme la Présidente, il y avait des amendements
d'annoncés.
La Vice-Présidente: Alors, ces amendements, s'il vous
plaîti
M. Charron: Je regrette, Mme la Présidente. Je les
garderai pour la reprise de la séance. Je vous prierais plutôt
d'appeler l'article 4 du feuilleton. Je retire cet appel que je vous avais
lancé, Mme la Présidente.
Projet de loi no 55
La Vice-Présidente: II y aurait aussi des amendements, je
pense. Cela va? A l'article 4 du. feuilleton d'aujourd'hui, il s'agit de la
motion du ministre de la Justice proposant que soit maintenant lu la
troisième fois le projet de loi 55, Loi sur les permis d'alcool.
M. Charron: Madame, en vertu de l'article 125, je voudrais
proposer que, pour un instant, cette Assemblée revienne en commission
plénière. Le député de Mercier, qui a piloté
ce projet de loi, aurait un amendement à proposer que connaît
déjà l'Opposition, d'ailleurs.
Révocation de la troisième
lecture
La Vice-Présidente: Alors, la motion de révocation
de la troisième lecture est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Commission
plénière, adoptée?
Des Voix: Adopté. La Vice-Présidente:
Adopté. M. Forget: Mme la Présidente... La
Vice-Présidente: Oui.
M. Forget: ... je peux peut-être faire immédiatement
des remarques relativement à cet amendement à moins que l'adjoint
du ministre ne tienne à faire des remarques à ce moment-ci.
L'amendement qui est apporté par le gouvernement à ce
stade-ci...
La Vice-Présidente: M. le député, je vais
descendre du fauteuil si la motion est adoptée.
Commission plénière
M. Forget: Mme la Présidente, je ferai mes remarques en
troisième lecture; cela va peut-être accélérer les
choses si on me permet de faire des commentaires sur l'amendement à ce
moment-là.
M. Charron: On accueillerait l'amendement sans discussion?
M. Forget: Oui.
M. Charron: Très bien.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'amendement est
adopté.
M. Godin: Est-ce que je peux lire l'amendement, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Cuerrier): Ce serait plus pratique, en
effet.
M. Godin: Si on veut l'adopter, il me semble qu'il devrait
d'abord être lu.
La Présidente (Mme Cuerrier): Nous y allons pour les
écritures, si je comprends bien.
M. Godin: D'accord. Modification au projet de loi 55 sur les
permis d'alcool: supprimer le paragraphe 11 de l'article 86 et ajouter à
l'article 86 l'alinéa suivant: "La régie doit révoquer ou
suspendre un permis si un détenteur de permis de brasserie, de taverne
ou de bar a été reconnu coupable d'une infraction pour avoir
employé un mineur ou lui avoir permis de présenter un spectacle
ou d'y participer dans une pièce ou sur une terrasse de son
établissement où des boissons alcooliques peuvent être
vendues". Merci.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'amendement est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission
plénière est adopté?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Troisième lecture
M. Charron: Je propose la troisième lecture de ce projet
de loi.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement à
la troisième lecture?
M. Forget: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le député de
Saint-Laurent en troisième lecture du projet de loi 55.
M. Forget: Mme la Présidente, étant donné
qu'il est dix-huit heures moins deux minutes, je propose que nous suspendions
nos travaux jusqu'à vingt heures.
M. Charron: D'accord.
La Vice-Présidente: Bon. M. le leader parlementaire du
gouvernement, aviez-vous des avis? Rien?
M. Charron: Non, madame. Tout marche sur des roulettes!
La Vice-Présidente: II est dix-huit heures. Cette
Assemblée suspend ses travaux jusqu'à vingt heures.
Suspension de la séance à 17 h 58
Reprise de la séance à 20 h 13
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez vous asseoir!
M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Juste avant la
suspension de nos travaux à 18 heures, l'adjoint parlementaire du
ministre de la Justice a déposé et a même introduit des
amendements, un amendement en particulier sur lequel l'Opposition officielle
avait insisté de façon répétée à la
fois lors de nos interventions en deuxième lecture et, également,
des travaux en commission parlementaire lors de l'étude article par
article.
Même si on se trouve là à discuter de la Loi sur les
permis d'alcool, il s'agit d'une disposition qui, sur le plan social, a
l'importance la plus grande qu'il soit possible d'imaginer dans le cadre d'une
telle loi. En effet, la disposition que le gouvernement a finalement
accepté d'introduire oblige ce qui sera maintenant la Régie des
permis d'alcool de retirer un permis à un détenteur de permis
d'alcool, qu'il s'agisse d'une brasserie, d'un bar ou d'une taverne, qui aurait
été coupable d'avoir transgressé la loi en ayant à
son emploi des mineurs, c'est-à-dire des jeunes filles ou même des
jeunes hommes, mais, en pratique, ce sont des jeunes filles de moins de 18 ans,
non pas comme clients, bien sûr, mais comme employés. On parle
dans ce cas-ci du problème de serveuses topless et de danseuses qui se
retrouvent dans ces établissements et dont un nombre
considérable, d'après des rapports qui nous sont parvenus de
différentes sources, sont des jeunes filles de moins de 18 ans.
Il s'agit dans la totalité de ces cas de jeunes filles qui ont
fui le domicile parental pour toutes sortes de raisons que des parents peuvent
facilement imaginer. C'est un phénomène qui est assez connu, ces
fugues d'adolescents qui, dénués de toute ressource, de tout
appui, sont tentés de céder à la tentation
considérable que représentent les salaires assez
phénoménaux que ces adolescents peuvent retirer de ces
activités. On parle de quelques centaines de dollars par semaine dans
leur cas, ce qui, pour ces jeunes filles, évidemment, apparaît
comme une fortune. Depuis environ deux ou trois ans, la presse, à
quelques occasions, s'est faite l'écho de tragédies c'est
le mot approprié c'est-à-dire d'assassinats de ces jeunes
filles que l'on retrouvait dans des fonds de cour et dans l'arrière de
bars ou dans des terrains vagues et dont on pouvait retracer qu'elles avaient
été à l'emploi de bars, de tavernes, comme danseuses ou
comme serveuses topless.
Ces jeunes filles ne faisaient pas que se livrer à la danse ou
servir des boissons alcooliques, elles étaient entraînées
inévitablement dans des réseaux criminels, des réseaux de
prostitution, mais aussi des réseaux de distribution de drogues. Quand
elles se rendaient compte du pétrin dans lequel elles s'étaient
mises par leur volonté, peut-on dire, mais aussi par
l'inexpérience et la naïveté qui est propre à cet
âge, elles découvraient rapidement qu'il était impossible
de se sortir de cette situation, et on faisait dans ce milieu des exemples
propices à impressionner les autres, celles qui restaient.
Des rapports de presse, encore une fois, comme je l'ai indiqué,
ont démontré qu'il y a probablement au moment où nous nous
parlons plusieurs centaines de ces jeunes filles qui sont virtuellement
prisonnières d'une situation dont elles voudraient s'échapper.
Nous avons pu établir, à l'aide d'un dossier qui nous fut
transmis gracieusement par Me André Ruffo-Mondor, qui a entrepris d'agir
auprès du Comité de protection de la jeunesse, en particulier, au
nom d'un certain nombre de ces jeunes filles, un dossier assez complet et
remarquablement complet, devrais-je dire. Ce dossier démontre que les
lois existantes, qui sont nombreuses pourtant, les lois qui sont
violées, sont malgré tout impuissantes pour corriger ce
problème. Il s'agit de lois diverses, y compris la loi relative à
la fréquentation obligatoire des écoles jusqu'à la Loi de
protection de la jeunesse, et la Loi actuelle des permis d'alcool, mais,
effectivement, les pénalités qu'il est possible d'imposer aux
tenanciers de ces établissements qui emploient des mineurs, ce sont des
amendes. Or, ces amendes sont dérisoires par leur montant eu
égard aux profits considérables que permet ce genre
d'activité, ce genre de spectacles assez douteux.
Dans les circonstances, les conclusions auxquelles nous en sommes venus,
à la fois Me Mondor, qui a fait ses études fort fouillées,
et nous-mêmes, indépendamment, à la suite de
réflexions et de contacts avec d'autres personnes, nous amènent
à la conclusion que l'approche pénale, l'approche qui reposait
essentiellement sur l'imposition d'amendes n'était pas du tout la voie
appropriée. Il faut absolument obtenir que le législateur impose
à la Régie des permis d'alcool de retirer ces permis, sans faire
de distinction, sans considération que c'est la première offense,
etc.
Les détenteurs de permis d'alcool je pense qu'il faut,
à ce moment-ci, s'adresser à eux à partir de la
sanction de cette loi, une sanction qui va venir aujourd'hui ou demain, s'ils
sont condamnés pour avoir employé des mineurs de moins de 18 ans,
automatiquement, ils perdront leur permis. C'est une pénalité
qu'ils ne peuvent pas ignorer et c'est la raison pour laquelle nous avons
tellement insisté à différentes étapes pour que ce
soit une exigence absolue de la loi. (20 h 20)
Quant aux autres dispositions de cette loi sur les permis d'alcool, il
n'y a pas de quoi ébranler les assises de la société, au
point même où on peut se demander pourquoi le législateur,
le gouvernement s'est donné la peine de faire toute une refonte de
l'ensemble de la législation relative aux permis d'alcool. On nous
annonce pour plus tard des modifications de substance, de fond quant à
l'ensemble du droit pénal québécois et, bien sûr,
dans la Loi des permis d'alcool, il y a tout un chapitre, toute une partie qui
est consacrée à l'imposition d'amendes pour des infractions
diverses à la Loi des permis d'alcool. Ce qui est remarquable, c'est
qu'on n'ait pas profité de l'occasion pour abolir cette espèce de
spécialisation dans l'administration de la justice,
spécialisation qui a été dénoncée il y a
deux ans déjà par la commission présidée par M.
Saulnier relativement à l'organisation des forces policières, ce
qui fait en sorte qu'aujourd'hui et c'est un fait que la plupart des
gens ignorent, que j'ignorais moi-même jusqu'à ce que j'aie
consulté ce rapport les policiers municipaux et provinciaux
ordinaires ont une interdiction d'administrer la Loi des permis d'alcool, ils
ne peuvent pas s'assurer que cette loi soit respectée, il leur faut une
permission spéciale du Procureur général pour l'appliquer.
C'est là une spécialisation des fonctions policières qui
est héritée d'un lointain passé, mais qui bloque
effectivement l'administration convenable des lois relatives à la
façon dont fonctionnent les détenteurs de permis d'alcool.
Il me semble que tant qu'à avoir fait cette réforme, on
aurait dû attendre au moins d'avoir, sur le plan de la réforme du
droit pénal québécois, des éléments de
solution pour supprimer ces barrières artificielles qui gênent
l'action de la police et qui font que les lois que nous adoptons ici, dans ces
domaines, ne sont pas véritablement efficaces. Donc, de ce
côté, il me semble que c'est faire beaucoup de bruit pour rien,
cette réforme, parce qu'un élément essentiel est absent et
il se fait d'ailleurs dangereusement attendre puisque cette situation a
déjà été dénoncée depuis deux ans de
façon fort systématique par cette commission d'enquête.
D'autre part, nous allons assister à un nouveau baptême,
à une nouvelle désignation d'un organisme existant. La Commission
de contrôle des permis d'alcool devient la Régie des permis
d'alcool. Pourquoi? Nous avons été incapables de l'apprendre de
la bouche de l'adjoint parlementaire. C'est une régie qui ne
régit rien puisque, contrairement à la Régie des rentes ou
à la Régie de l'assurance-maladie, elle n'a pas de tâches
proprement administratives. Elle est, effectivement, un tribunal qui accorde ou
retire les permis de vente d'alcool. Pourquoi avoir insisté tellement
pour l'appeler une régie? C'est une logique qui nous échappe,
mais qui nous démontre qu'il y a un large élément de
cosmétique dans la refonte de cette loi beaucoup plus qu'un
élément substantiel.
C'est un phénomène qu'il faut regretter, d'autant plus
qu'on est allé dans la constitution de cette régie, dans la
direction opposée au bon sens. Au lieu de s'assurer de renforcer les
éléments d'indépendance des futurs régisseurs face
au gouvernement, au contraire, on a abrégé leur mandat et on les
a rendus encore plus dépendants de l'autorité politique. Ce n'est
pas la direction dans laquelle il faut aller et je déplore que le
gouvernement, peut-être pour faire des mutations, pour changer, pour se
donner la permission de virer tous ceux qui sont actuellement membres de la
Commission de contrôle des permis d'alcool, se paie le luxe d'un
changement de titre qui n'améliore en rien la substance des choses.
Il y a, dans cette loi, des modifications de fond relativement aux
critères qui seront appliqués par la Régie des permis
d'alcool dans l'attribution des permis. Il y a un développement que nous
voulons signaler de façon approbative puisque nous croyons qu'il s'agit
là d'une évolution qui est normale et souhaitable; c'est le
suivant: la future Régie des permis d'alcool abandonne largement le
rôle que jouait l'ancienne Commission de contrôle et qui consistait
à substituer son propre jugement commercial au jugement de ceux qui
désirent obtenir un permis d'exploitation de vente de produits
alcooliques. Autrement dit, on demandait à quelqu'un, au moment de faire
sa demande, de prouver sa solvabilité et de prouver qu'il était
utile d'avoir un bar de plus, une taverne de plus, une brasserie ou un permis
d'épicerie de plus. Ces critères sont abandonnés et il
semble, quoique le langage soit malheureusement encore obscur, que
désormais la Régie des permis d'alcool accordera des permis
d'alcool sur demande, en donnant toutefois à ceux qui auraient des
raisons de s'y opposer l'occasion de le faire si ceux qui s'y opposent
démontrent qu'il est contraire à l'intérêt public
d'accorder de tels permis.
Donc, en quelque sorte, le fardeau de la preuve retombe désormais
sur les épaules des opposants, alors que dans le passé, dans une
très large mesure et même exclusivement, il appartenait aux
requérants de démontrer qu'il était utile de disposer d'un
permis d'alcool. Je pense que c'est plus normal parce que le véritable
problème dans les permis d'alcool ne se pose pas au moment de
l'attribution du permis, mais il se pose en cours de route. Si un permis est
exploité de façon irresponsable au mépris des lois, de
manière à créer un chahut ou une nuisance publique, c'est
à ce moment-là qu'il faut intervenir, mais il est bien difficile
de présumer d'avance, devant un requérant particulier, qu'il
administrera mal son établissement. Donc, ce déplacement, ce
changement des critères d'attribution est une chose qu'il faut
favoriser, mais nous aurions souhaité que ce soit plus clairement
exprimé dans la loi de manière à éviter les
hésitations et le cafouillis que vont nécessairement
entraîner, avec un langage un peu obscur, les modifications dans les
textes, tant et aussi longtemps qu'une nouvelle pratique ne sera pas
entrée dans les moeurs.
M. le Président, il y a, malgré tout, une
difficulté dans les nouveaux critères parce qu'à celui que
je viens de mentionner, à savoir que ce ne soit pas contre
l'intérêt public d'attribuer un
permis, on ajoute le critère de tranquillité publique. Ce
critère de tranquillité publique intervient de façon
acceptable lorsqu'il s'agit d'évaluer la façon dont un
détenteur de permis administre son établissement, à savoir
est-ce que c'est une cause de troubles, une nuisance publique il y a du
chahut, il y a du bruit, etc., ou est-ce que c'est un repère
où on retrouve des activités illégales d'un genre ou d'un
autre? C'est un critère approprié, mais le critère de
tranquillité publique va également être appliqué par
la régie au moment de l'attribution initiale du permis et, dans cette
mesure, la Régie des permis d'alcool va substituer son jugement au
jugement des autorités municipales. C'est pratiquement faire de la
Régie des permis d'alcool une autorité gouvernementale qui fait
du zonage, en quelque sorte, qui peut déterminer que tel emplacement
dans une municipalité est approprié ou non, alors que la
municipalité en question a déjà pu pourvoir par ses
propres règles de zonage municipal à ces questions. La
régie n'interviendrait même pas de façon supplétive,
mais pourrait intervenir dans tous les cas. Je pense qu'il s'agit là
d'une intrusion abusive du pouvoir d'un organisme provincial dans la
détermination du zonage municipal et il me semble qu'il était
utile de le souligner à ce moment-ci.
M. le Président, je ne m'étendrai pas plus longuement sur
les multiples dispositions que l'on retrouve dans le projet de loi.
Je désire simplement mentionner qu'il y a dans ce projet de loi
et l'Opposition a concouru à ce sujet une certaine
libéralisation quant aux heures d'ouverture qui ne fait qu'accorder la
loi aux moeurs du jour. Relativement aux permis d'épicerie, cependant,
il va demeurer une anomalie puisqu'il n'y a pas une concordance automatique
entre les heures d'ouverture des épiceries et les heures auxquelles il
est permis de vendre de la bière et du vin dans les épiceries.
C'est dans le fond, une disposition qui est inadministrable, il faudrait bien
en convenir d'avance au moment de légiférer, parce qu'il est bien
sûr que la zone grise va être considérable. Il reste qu'on
aurait pu facilement accorder les deux textes de loi et faire dépendre
les heures de vente dans les épiceries de la Loi des
établissements industriels et commerciaux qui détermine les
heures d'ouverture des épiceries. Mais enfin, le gouvernement n'a pas
choisi cette route-là. Il me semblait utile de le signaler.
Il y a, du côté des permis de spectacle et de danse, des
innovations dans ce projet de loi puisqu'il n'y a plus de permis qui comporte
automatiquement la permission de tenir des spectacles. C'est un permis, en
quelque sorte, à l'intérieur du permis. La situation qui pourra
en résulter est la suivante: Un établissement peut demander un
permis d'alcool à un moment donné sans mentionner les spectacles,
etc., et donc ne recevoir aucune opposition. Ultérieurement, une demande
pour produire des spectacles dans cet établissement peut être
faite et il se pourrait que ceux qui se seraient opposés à la
demande initiale de permis ne soient pas au courant de ce nouveau
développement, ne se présentent pas donc devant la régie,
et que ce permis soit accordé je pense ici, par exemple, aux
objections que pourraient entretenir des autorités municipales ou des
groupes de citoyens et que, finalement, on se rende compte que
l'émission du permis à elle seule n'est qu'une étape
on ferait aussi un peu d'étapisme dans un processus
d'obtention d'un permis à deux étages, en quelque sorte. (20 h
30)
M. le Président, je conclus immédiatement. Il s'agit, en
d'autres termes, dans cette révision de la loi, d'une
demi-réforme qui manque de rigueur. Il y a certains concepts nouveaux
qui sont imprécis, mal définis et qui vont donner quelques
difficultés. Malgré tout, il y a des éléments
valables. On apporte, dans l'administration de la loi, spécialement au
moment du transfert de permis, au moment du changement de propriétaire
d'un établissement détenteur de permis, certaines
améliorations et certaines simplifications. Je pense qu'au moins
là-dessus, sur le plan strictement technique, il y a quelques
améliorations fort valables dont il me fait plaisir, pour ne pas
être entièrement négatif, de féliciter non seulement
le gouvernement et le ministre responsable, mais également l'adjoint
parlementaire du ministre de la Justice, le député de Mercier
qui, je dois le dire, a employé dans la défense et l'étude
de ce projet de loi des talents et des aptitudes remarquables à assumer
de plus grandes responsabilités.
Le Vice-Président: M. l'adjoint parlementaire au ministre
de la Justice.
M. Godin: Merci, M. le Président. Je dois d'abord
remercier les Oppositions et en particulier l'Opposition officielle...
Excusez-moi, est-ce que...
Mme Lavoie-Roux: Je voulais seulement dire quelques mots.
M. Godin: D'accord, allez-y.
Le Vice-Président: D'acord. Mme la députée
de L'Acadie.
M. Godin: M. le Président, par courtoisie à la
veille de Noël, je cède mon droit de parole à madame.
Le Vice-Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse de l'erreur.
Je sais que le député de Mercier est en bonne progression vers un
ministère, mais quand il s'est levé, j'ai oublié que
c'était lui qui était le porte-parole du ministre de la Justice
au moment de l'étude de ce projet de loi.
Mon intervention sera très courte, M. le Président. Si je
veux dire quelques mots, c'est vraiment parce que je crois qu'il est
accordé à la Chambre
ce soir une occasion toute particulière de sensibiliser la
population en général au problème qui a été
signalé par le député de Saint-Laurent, à savoir
l'exploitation des femmes en général mais, dans le cas qui nous
préoccupe, davantage des jeunes filles et des mineures dans les bars ou
différents endroits publics.
Comme le signalait le député de Saint-Laurent, le
représentant du ministre de la Justice à cette commission
parlementaire s'est montré réceptif à un amendement qui a
été présenté par le député de
Saint-Laurent à savoir que soit révocable le permis des
détenteurs qui engagent, pour ces fins, des mineurs. Il s'agit d'un
problème extrêmement grave et les statistiques publiques de la CUM
relèvent environ 300 cas dans l'espace d'un an et demi. Evidemment, il
s'agit des cas qui ont été référés, des cas
qui ont été identifiés, mais combien plus nombreux sont
ceux dont on n'entend pas parler et ceux sur lesquels le public et
particulièrement ceux qui fréquentent ces endroits se taisent et
ne font pas de représentations quant à ce type d'activité
ou d'exploitation des jeunes filles dans ces milieux ou ces
établissements.
Je pense qu'il est important que la population soit sensibilisée
à ceci, d'abord, au niveau de la prévention. Je pense qu'il est
étonnant que des gens assistent à ces spectacles où se
trouvent des mineures qui font parfois jusqu'à quatre ou cinq spectacles
par soirée. Comme le faisait remarquer un juge lors d'une cause qui a eu
lieu, je pense, en Abitibi ou dans le Nord de Montréal, on comprend mal
qu'un chef d'établissement ou encore d'honnêtes parents qui
assistent à ces spectacles ne s'inquiètent pas ou puissent
revenir et voir que des enfants sont exploités dans ce sens, alors
qu'ils ne permettraient pas ou seraient probablement horrifiés de penser
que leurs propres enfants pourraient être l'objet de cette forme
d'exploitation.
Je pense que le fait que maintenant cette disposition sera dans la loi
va certainement être un avertissement extrêmement
sévère pour les propriétaires de ces
établissements. Encore fau-dra-t-il que le gouvernement en fasse une
large publicité, en fasse une large information. Il ne faut pas oublier,
M. le Président, qu'il existe déjà plusieurs lois qui
devraient normalement protéger ces mineures contre l'exploitation dont
elles sont victimes. Et pourtant, l'avocat Mondor, du contentieux de la Loi sur
la protection de la jeunesse, faisait remarquer: Comment se fait-il qu'aucune
plainte ne soit venue à l'égard de ces mineures à la suite
de l'adoption de la Loi sur la protection de la jeunesse, la loi 24? Il y a
également la Charte des droits et libertés de la personne qui
prévoit, à l'article 39, que les enfants doivent être
protégés, que leur intégrité doit être
protégée et, encore une fois, jamais on n'a fait appel à
la Commission des droits de la personne pour venir à la défense
ou, enfin, pour porter des plaintes contre les propriétaires
d'établissements qui engagent des mineures à ces fins.
M. le Président, je pense que cette information est
extrêmement importante du point de vue du public, du point de vue de la
sensibilisation de tous les citoyens à ce type de problèmes sur
lesquels on semble fermer les yeux trop facilement. C'est venu, somme toute,
aux oreilles des membres de l'Assemblée nationale à travers
quelques nouvelles, ici et là, dans les journaux, mais très peu
de cas ont été soulevés d'une façon très
ouverte et à l'occasion de plaintes portées contre les
propriétaires des établissements. Il ne s'agit pas ici, M. le
Président, d'établir une forme de censure sur le type de
spectacle qui peut se donner à l'intérieur des bars ou des autres
établissements, mais vraiment qu'on devienne conscient qu'un nombre trop
important de mineures s'adonnent à cette activité. Ne serait-ce
qu'une mineure il faudrait quand même y songer, mais il s'agit d'un bien
plus grand nombre de jeunes filles que cela. Je pense qu'il est
extrêmement important que la population en soit saisie et surtout se
rende compte des responsabilités qu'elle doit assumer à
l'éoard de ces jeunes.
M. le Président, ceci m'amène à parler surtout des
jeunes mais également de l'exploitation que l'on fait des femmes en
général dans ce genre de spectacles. J'aurais aimé, par
exemple, que le ministre d'Etat à la Condition féminine, qui, me
dit-on, a un droit de regard sur à peu près tous les projets de
loi qui viennent à l'étude à l'Assemblée nationale,
ait pu prévoir cet amendement que l'Opposition officielle a fait parce
que cela me semble devoir être une préoccupation fondamentale de
ceux qui se préoccupent de la discrimination et de l'exploitation qui
est trop souvent faite des femmes dans notre société.
J'ajouterais simplement un autre mot quant au sexisme qui existe
présentement dans les tavernes, et le gouvernement aurait pu trouver
à cette occasion-ci une raison fort valable, compte tenu des nombreux
discours que l'on nous tient sur la condition féminine, pour enlever ce
critère de discrimination qui existe présentement dans ces
débits de boisson. Il ne faudrait pas croire qu'à ce moment on
aurait innové puisque déjà, dans de nombreux pays, ce type
de discrimination à l'égard des femmes n'existe pas. Je comprends
que, pour l'avenir, on ne permettra plus cette forme de discrimination, mais
elle existe déjà depuis très longtemps et dans de nombreux
établissements; un amendement du député de Saint-Laurent a
été présenté à cet égard, mais il n'a
pas été retenu, quant à ce qui existe
présentement.
Je pense qu'à l'égard de ce problème de
l'exploitation des mineurs, à la fin de cette Année
internationale de l'enfant, il faut se réjouir qu'au moins cet
amendement ait été retenu dans le projet de loi. Je voudrais
vraiment que tous ceux qui ont des contacts avec les jeunes, que ce soit de par
leurs fonctions professionnelles, que ce soit dans leur vie quotidienne ou que
ce soit à l'occasion de la fréquentation de ces
établissements, bars et autres, soient sensibilisés et
travaillent avec toute l'énergie possible à la prévention
et aussi à la correction des situations déplorables qui existent
et qui continueront d'exister, même en
dépit de cet amendement. Comme je le disais tout à
l'heure, il y a déjà de nombreuses lois qui auraient dû
permettre que cet état de choses ne se développe pas. Mais
pourtant la situation est celle qui existe présentement. (20 h 40)
Je me permets de faire un appel à tous les membres de cette
Assemblée, mais également à toute la population pour qu'en
cette fin d'année, au moins, nous travaillions, et dans les jours et les
années à venir, à corriger cette situation qui n'est pas
digne d'une société qui dit vouloir respecter à part
entière tous les membres qui la composent. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Maisonneuve.
M. Georges Lalande
M. Lalande: M. le Président, j'aurais également
quelques mots à ajouter sur ce projet de loi no 55 intitulé Loi
sur les permis d'alcool. Une première constatation s'impose dès
la lecture des premiers chapitres. Le ministre a choisi, dans ce projet de loi,
de ne traiter que de l'aspect curatif du problème, problème
lié à la consommation d'alcool. Avec ce projet de loi, le
ministre avait pourtant une excellente occasion, qu'il a d'ailleurs mise de
côté, de présenter une loi-cadre susceptible de traiter
aussi bien de l'aspect préventif que de l'aspect curatif du
problème de la moralité publique qui, de plus en plus, touche les
jeunes. Il s'imposait au ministre de la Justice, je crois, de s'interroger
fondamentalement sur les motifs et les raisons du contrôle des
alcools.
Pourquoi la société restreint-elle l'usage de l'alcool
à certains groupes d'âge et pourquoi en contrôle-t-elle la
consommation à d'autres? Notre droit pénal fait une distinction
entre le droit criminel et le droit pénal proprement dit, entre ce qu'on
appelle malum in se, ou les actes criminels graves, et le malum prohibitum, qui
sont des actes criminels, des actes qu'on prohibe, non parce qu'ils sont
mauvais en soi, mais parce qu'ils risquent d'engendrer des dérangements
sociaux, s'ils ne sont pas contrôlés. Le contrôle des
alcools fait-il partie du droit prohibitif pénal ou du droit criminel ?
Il me semble que si l'Etat intervient dans le contrôle des alcools, c'est
au nom des bonnes moeurs et de l'ordre public, cela impliquant que notre droit
introduit une distinction entre les adultes et les mineurs dans
l'appréciation de la moralité publique.
En tout cas, l'Etat ne doit sûrement pas intervenir au seul nom de
la tranquillité publique, expression nouvelle et un peu nébuleuse
que nous introduit ce projet de loi. En effet, par tranquillité
publique, le ministre veut-il se situer au niveau du zonage municipal? Dans tel
cas, il est pleine juridiction municipale. Peut-être, par contre, par
tranquillité publique, veut-il se prémunir contre le tapage
éventuel qui pourrait résulter de l'ouverture d'une taverne dans
telle rue. Là encore, comment pourrait-il le savoir avant que la taverne
fonction- ne? Le ministre devrait plutôt en rester à cette
expression d'ordre public et de bonnes moeurs qui, au moins, a l'avantage
d'être considérablement substanciée par une jurisprudence
abondante.
Je suis de ceux qui croient en l'établissement d'une distinction
entre la moralité applicable aux adultes et celle applicable aux
mineurs. Je suis de ceux qui croient que le gouvernement doit intervenir le
moins possible quand le citoyen est adulte, mais, quand il s'agit des jeunes,
des mineurs, l'Etat doit, à l'instar de la famille, intervenir avec
vigueur pour établir des cadres de comportement. Dans le projet de loi
no 55, le ministre ne fait pas telle distinction et ce projet n'offre aucun
guide de protection véritable aux mineurs. Bien sûr, d'autres
lois, comme la Loi sur les jeunes délinquants, la Loi sur la protection
de la jeunesse, le Code criminel, etc., assurent une certaine protection aux
jeunes, mais de nouveau, dans ce projet de loi, aucune protection additionnelle
véritable n'est apportée. Pourtant, le député de
Saint-Laurent, avec beaucoup de clarté tout à l'heure, nous a
démontré hors de tout doute que les jeunes, spécialement
les jeunes filles, sont très mal protégés par les lois
actuelles tant au niveau de leur santé physique qu'au niveau de leur
santé morale.
Aux articles 119 et suivants du projet de loi, on accentue les sanctions
aux jeunes, mais on ne prévoit rien de véritablement coercitif
aux employeurs fautifs, aux exploiteurs qui, pourtant, sont les seuls
véritables responsables de ce commerce honteux des jeunes danseuses
mineures. La seule vraie sanction pour ces jeunes, comme l'a souligné
mon collègue de Saint-Laurent, c'est la révocation
immédiate et automatique de leur permis d'exploitation, les amendes
n'ayant aucun réel pouvoir de dissuasion sur ce type d'individu.
Je suis très heureux de constater que le ministre ait consenti
à modifier son projet de loi en rendant justement cette
révocation mandatoire.
M. le Président, encore une fois, dans la présentation de
ce projet de loi péquiste, nous assistons à ce qui semble
être la marque de commerce de ce parti, nous assistons à une
inflation de paroles et de termes nouveaux. Tranquillité publique, je
l'ai mentionné tout à l'heure. On nous annonce maintenant que
l'actuelle commission sera remplacée par une régie. Pourquoi? Le
ministre ne nous dit rien de sérieux à ce sujet. Pourquoi une
appellation nouvelle? Cette fois-ci, comme on l'a fait avec le changement de la
Cour du bien-être social en un Tribunal de la jeunesse, on retombe dans
cette manie des changements de nom. L'expérience nous prouve pourtant
qu'il est dangereux de camoufler ainsi la réalité en donnant
l'impression de faire quelque chose quand, en fait, on ne fait que jouer avec
les mots.
Le ministre, candidement peut-être l'est-il beaucoup moins
qu'on pense a cru qu'en changeant le nom de la Cour du bien-être
social en Tribunal de la jeunesse, il allait régler le problème
des jeunes devant la justice. Il avait un manque de ressources, un manque de
maisons spécialisées pour les jeunes, le ministre a changé
le nom de la cour et il manque toujours de maisons pour rece-
voir les jeunes. A cette occasion, le ministre démontrait ainsi
le manque de confiance flagrant qu'il a dans le système judiciaire. Il a
dit: Déjudi-ciarisons, enlevons le contrôle de la conduite des
jeunes au juge et donnons-la plutôt à un fonctionnaire. Le
ministre a préféré placer le sort des jeunes entre les
mains d'un directeur de la protection de la jeunesse, évidemment,
personnage très rassurant pour les jeunes, plutôt qu'entre les
mains d'un juge. De plus, on a fait intervenir un ministère additionnel
pour compliquer davantage la situation.
Le bilan de tout cela, à l'heure actuelle, c'est qu'il y a un
engorgement désastreux au bureau du fameux directeur de la protection de
la jeunesse, il y a une démobilisation inquiétante des corps
policiers qui n'ont plus la confiance du gouvernement, et le gouvernement a
pratiquement doublé l'effectif pour rien. Finalement, le ministre a
participé, avec bien d'autres, à éroder davantage le
pouvoir judiciaire. Dans tout cela, il manque toujours de maisons
spécialisées pour les jeunes, on n'a pas réglé le
problème.
M. le Président, avec le projet de loi no 55, on entre encore
dans le même cercle vicieux. On veut changer la commission en
régie, les commissaires en régisseurs. Pourquoi? Le ministre ne
le sait pas; en tout cas, il ne l'explique pas. Je comprends que, à ce
moment-ci, il n'ait pas encore réussi à saisir les effets
secondaires du projet de loi qu'il nous présente aujourd'hui. Cependant,
compte tenu qu'il a tout de même donné suite aux suggestions de
l'Opposition d'être plus rigoureux quant à la révocation
automatique des permis de ceux qui emploient des mineurs dans leur
établissement, je suis favorable au projet de loi parce que, tout de
même, il règle une partie du problème, mais je
déplore aussi que ce projet de loi ne touche cependant qu'à
l'aspect curatif du problème. Merci.
Le Vice-Président: M. le député de Mercier
et adjoint parlementaire au ministre de la Justice.
M. Godin: M. le Président, que tout le monde se rassure,
je ne parlerai pas pendant toute l'heure qui me sera impartie en fonction de
notre règlement.
Mme Lavoie-Roux: On aimerait cela!
Le Vice-Président: Vingt minutes, M. le
député.
M. Gérald Godin
M. Godin: Je tiens à situer le projet de loi dans la
perspective qui est bien la sienne, et non pas une autre. La perspective qui
était la sienne est très nette et très claire, il
s'agissait de moderniser une loi qui, de par sa composition même, dans le
passé, ralentissait l'émission de certains permis, ce qui avait
des effets négatifs sur une partie importante du petit commerce au
Québec. (20 h 50)
En modifiant cette loi, nous avons réduit cela à une
personne qui pourra, sur mandat des régisseurs, émettre les
permis et assurer, par conséquent, que le transfert d'un permis ou la
délivrance d'un nouveau permis se fasse rapidement. Ceci
répondait à des demandes répétées des
consommateurs, à des demandes répétées des citoyens
que nous avons pu recevoir dans nos comtés.
De plus, cette loi est venue après de longues consultations avec
le milieu, les hôteliers, les ta-verniers, les propriétaires de
brasseries et, également, de travailleurs sociaux qui ont attiré
l'attention du gouvernement sur le problème fondamental qui a
été évoqué par la députée de
L'Acadie, aussi bien que par le député de Saint-Laurent, la
question des mineurs.
Je commencerai, M. le Président, par les aspects moins importants
des critiques qui ont été faites par l'Opposition, entre autres
sur la tranquillité publique. La proposition de l'Opposition à
cet égard était de confier aux municipalités le soin de
voir à ce que cette tranquillité soit assurée. Le
député de Maisonneuve a fait état du fait qu'on ne saurait
pas d'avance si une brasserie, un bar ou une taverne seraient bruyants et que,
par conséquent, on ne pourrait intervenir qu'a posteriori. Or, je pense
que, comme il n'a pas assité aux séances de la commission
parlementaire sur cette question, il a manqué certains arguments de ses
collègues, aussi bien que ceux du gouvernement. Nous croyons que
près d'un hôpital, par exemple, il est absolument invraisemblable
qu'on aille implanter une taverne, une brasserie ou un bar. Par
conséquent, il n'est pas nécessaire d'attendre que le bar soit
implanté pour savoir que cela ne tient pas debout.
Il nous est apparu, en plus, qu'il ne fallait pas laisser aux
municipalités le soin de régir la question et l'attribution des
permis. Les expériences des comités de citoyens du
Vjeux-Québec comme du Vieux-Montréal, du
Vieux-Trois-Rivières et de certaines parties de nos villes plus
anciennes montrent que souvent les citoyens n'avaient de recours, n'avaient de
garantie que la commission. Toute tentative d'abolir cette espèce de
cour d'appel que constitue la commission aurait été très
mal reçue par les citoyens de ces vieux quartiers de nos villes plus
anciennes. Si on s'en tient aux municipalités, très souvent leur
intérêt va à l'encontre de l'intérêt de la
majorité des citoyens et je pense que, leur premier intérêt
étant de percevoir plus de taxes, seule une régie qui coiffe
l'ensemble du Québec peut vraiment permettre aux citoyens de
protéger leur propre tranquillité dans un quartier donné,
dans un arrondissement, historique ou autre, donné.
Venons-en à la question des mineurs. L'Opposition, à cet
égard, proposait l'établissement d'une carte d'identité.
Elle proposait l'émission d'une carte d'identité par la police.
Elle proposait, par conséquent, la mise en place d'un régime qui
frôlait la violation des droits de la personne humaine. Nous avons
préféré nous en tenir, M. le Président, à un
aspect élémentaire qui est celui qu'une entreprise reliée
au commerce de l'alcool,
si elle risque de perdre son permis, prendra les mesures
nécessaires elle-même pour ne pas engager un mineur. Par
conséquent, après avoir pris connaissance aussi bien des
remarques de l'Opposition que des documents que nous avions en main et de
l'opinion exprimée par certains travailleurs sociaux, par certaines
personnes mêlées à ce problème je pense,
entre autres, aux policiers de l'aide à la jeunesse qui nous ont
également, indirectement, saisis des problèmes qu'ils avaient
observés face à cet ensemble de problèmes, face
à cette situation, il nous a semblé après mûre
réflexion, que le meilleur moyen d'empêcher que des mineurs se
donnent en spectacle dans des endroits où on consomme des boissons
alcooliques, la meilleure punition était d'enlever le permis à la
personne qui avait permis qu'un tel spectacle soit présenté.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'Opposition... M. Godin:
Pardon?
Mme Lavoie-Roux: ... qui a proposé la
révocation.
M. Godin: Nous avons eu des discussions avec un certain nombre de
personnes, Mme la députée.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'amendement que nous avons fait.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Godin: Alors, la députée de L'Acadie revendique
la maternité de cet amendement et le député de
Saint-Laurent en revendique la paternité de son côté.
Est-ce que c'est sexiste de dire paternité dans le cas d'un
député et maternité dans le cas de l'autre? Je ne le pense
pas. De toute façon, la proposition de l'Opposition était
coercitive et appelait, je dirais, le recours à la police a priori dans
cette situation. Il nous a semblé plus sage de garder une partie de sa
suggestion et de pénaliser plutôt le détenteur du permis en
le privant de son permis, en le privant de son gagne-pain, s'il permettait que
des spectacles soient présentés par des mineurs. Après
consultation du milieu il ne s'agissait pas seulement de consulter les
personnes intéressées à la question des mineurs, mais
également les hôteliers, les propriétaires de tavernes et
de brasseries, les propriétaires de bars il nous a semblé
que la manière la plus efficace d'intervenir était de priver de
son gagne-pain je le répète la personne qui avait
autorisé un tel spectacle.
Après toutes ces réflexions, discussions et débats
en commission parlementaire aussi bien qu'en cette Assemblée, nous en
sommes arrivés à une manière efficace, rapide et
précise de protéger les mineurs, ce qui, je pense, était
l'objectif poursuivi par l'ensemble des parties, aussi bien par l'Opposition
que par le gouvernement.
Donc, c'est avec je le dis en toute modestie une certaine
fierté que j'ai parrainé ce projet de loi, M. le
Président. Je me rends compte qu'il en est à son terme. Sa
troisième lecture sera bientôt chose du passé et ce projet
de loi, le premier présenté par un adjoint parlementaire depuis
que nous sommes au pouvoir, a fait son petit bonhomme de chemin et
aboutira.
Je veux remercier, en terminant, les Oppositions, qui ont fait leur
part, qui ont éclairé le débat, qui ont permis
c'est leur tâche d'améliorer ce projet de loi. En plus, je
voudrais remercier les gens du ministère de la Justice, qui ont
été d'un grand secours à la commission parlementaire qui a
étudié ce projet de loi.
Je voudrais souhaiter, en terminant, M. le Président, qu'à
l'avenir nos adjoints parlementaires de chacun des ministères puissent
avoir la même occasion que celle que le ministre de la Justice m'a
lui-même donnée, c'est-à-dire de travailler avec leurs
collègues du Parlement, leurs collègues ministériels,
aussi bien que leurs collègues de l'Opposition, à parrainer un
projet de loi. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que la motion de
troisième lecture du projet de loi no 55, Loi sur les permis d'alcool,
sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 18 du feuilleton, s'il vous plaît!
Prise en considération du rapport de la
commission ayant étudié le
projet
de loi no 77
Le Vice-Président: J'appelle donc la prise en
considération du rapport de la commission permanente des affaires
sociales pour le projet de loi no 77, Loi sur les services de garde à
l'enfance.
Des Voix: Adopté.
Une Voix: II y a des amendements.
Le Vice-Président: M. le ministre.
M. Lazure: Adopté avec l'amendement.
Le Vice-Président: Est-ce que les amendements seront
adoptés ou l'amendement sera adopté?
M. Lazure: Si vous me le permettez, M. le Président, je
vais lire l'amendement sans discours, promis. L'article 98 du projet de loi 77
est remplacé par le suivant: Le conseil d'une municipalité,
quelle que soit la loi qui la régit, peut, par règlement,
malgré toute réglementation de zonage
et aux conditions qu'il impose, permettre l'octroi de permis pour
l'utilisation de terrains ou la construction, la modification ou l'occupation
de bâtiments à des fins de service de garde en garderie au sens de
la Loi sur les services de garde à l'enfance. Aucun règlement
municipal adopté en vertu d'une loi générale ou
spéciale ne peut avoir pour effet d'empêcher, premièrement,
l'instauration ou le maintien d'un service de garde en milieu familial pour le
seul motif qu'il s'agit d'un service de garde en milieu familial ou,
deuxièmement, le maintien d'un service de garde en garderie fourni par
une personne qui détient un permis permettant d'exploiter un centre
d'accueil appartenant à la classe de centre de garderie
délivré par le ministre des Affaires sociales avant la date du
dépôt du projet de loi.
Finalement, Mme la Présidente, le deuxième alinéa
prévaut sur toute loi générale ou spéciale et sur
tout règlement municipal adopté en vertu de la loi
générale ou spéciale. Merci. (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je veux simplement
dire que nous sommes d'accord avec l'amendement du ministre, puisque c'est
à notre demande que cette disposition du projet de loi a
été modifiée avec l'amendement que le ministre vient
d'apporter.
La Vice-Présidente: Les amendements seront-ils
adoptés?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Le rapport est-il adopté.
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Troisième lecture, madame.
La Vice-Présidente: Le rapport est maintenant
adopté. Est-ce qu'il y a consentement à ce que nous fassions
immédiatement la troisième lecture?
Des Voix: Adopté.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Troisième lecture du projet de
loi no 77.
Mme Lavoie-Roux: Adopté sur division. La
Vice-Présidente: Adopté sur division.
M. Charron: Madame, je vous prierais d'appeler maintenant
l'article 20 du feuilleton, s'il vous plaît.
Prise en considération
du rapport de la commission
ayant étudié le projet de loi no
17
La Vice-Présidente: M. le ministre d'Etat au
Développement social... Il s'agit de la prise en considération du
rapport de la commission permanente du travail et de la main-d'oeuvre pour le
projet de loi 17, Loi sur la santé et la sécurité du
travail. Est-ce que le rapport sera adopté?
Des Voix: Adopté. La Vice-Présidente:
Adopté.
Troisième lecture
M. Charron: Troisième lecture, madame, s'il vous
plaît?
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a consentement à
la troisième lecture?
Des Voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. Troisième lecture
du projet de loi 17 adoptée?
M. Charron: Non, madame.
La Vice-Présidente: M. le ministre d'Etat au
Développement social.
M. Pierre Marois
M. Marois: Mme la Présidente, sans abuser du temps de
cette Chambre, étant donné quand même l'importance de cette
réforme concernant tout le fameux dossier dont on a tant parlé
depuis tellement d'années sur la santé et la
sécurité des hommes et des femmes qui sont au travail au
Québec, on me permettra certainement de prendre quelques minutes
à la fin, en ce qui nous concerne, de trois années d'un travail
extrêmement intensif à la fois de recherche, de réflexion,
mais aussi d'une consultation, une des plus larges qui a été
menée je crois que c'est normal sur des réformes de
cette importance.
Je m'en voudrais, en commençant mes quelques remarques, de ne pas
redire à nouveau, comme je l'ai fait antérieurement, à
quel point il nous faut tous remercier tous les artisans de cette
réforme extrêmement importante. Quand je dis tous les artisans,
bien sûr, je pense au premier chef, aux députés de la
majorité parlementaire, de la majorité gouvernementale, à
tous ceux qui ont été autant de coparrains ou de copilotes avec
moi du projet de loi 17. Je le leur ai dit, mais je tiens à le leur
signaler à nouveau, je pense qu'il n'y a aucun ministre qui
réussirait à mener à terme, à bon port, une
réforme de cette importance s'il n'avait pas l'appui, la collaboration
absolument remarquables que j'ai pu avoir de toute une batterie de
députés de l'aile parlementaire.
Je tiens à le dire également, comme j'ai eu l'occasion de
le signaler parce que je crois que c'est honnête, que c'est juste
et que cela correspond aux faits parmi ces artisans, j'inclus aussi un
certain nombre de députés de l'Opposition, notamment le
député de Portneuf et le député de Charlevoix. Je
pense, tout au long de nos travaux et encore tout récemment en
commission parlementaire, au moment où on examinait le projet de loi
article par article, qu'ils ont fait preuve non seulement d'une très
grande sérénité mais de beaucoup d'honnête, d'une
très grande ouverture d'esprit. Ils nous ont soumis des amendements dont
certains ont été retenus et d'autres ne l'ont pas
été. On a eu l'occasion d'en discuter très franchement
entre nous tout au long de ces travaux et je tiens à les remercier de
leur coopération. Bien sûr, on a eu droit aussi je le dis
comme je le pense et comme cela s'est passé, sans m'y attarder plus
longuement à quelques envolées oratoires du
député de Saint-Laurent, mais ce sont des choses qui arrivent,
c'est comme des accidents de parcours, qui ne nous ont pas
empêchés ensemble de mener quand même à bon port ce
projet de loi.
Parmi les artisans, je m'en voudrais de ne pas signaler le nombre
passablement remarquable de divers groupes intéressés, que ce
soit du monde patronal, que ce soit du monde des représentants des
hommes et des femmes qui sont au travail, des différents corps
professionnels qui sont impliqués par ce projet de loi, qui nous ont
soumis plus d'une centaine sur une période de trois ans
tous et chacun, leur point de vue, leurs remarques, leurs suggestions pour
faire en sorte qu'on améliore au maximum le projet de loi qui est
maintenant devant nous.
Le résultat, bien sûr, c'est le projet de loi qui est
là maintenant qui a été encore amendé, auquel on a
ensemble apporté un certain nombre d'amendements lors de nos travaux en
commission parlementaire pour essayer d'en faire ensemble le meilleur
instrument possible dans l'état actuel de l'évolution du
Québec pour et là je reprends l'expression qu'utilisait
tout récemment un journaliste parce que je crois qu'elle traduit
tellement bien ce qui est le coeur même du projet de loi tailler
dans le vif d'un bilan désastreux, aussi bien sur le plan social et
économique, un bilan désastreux des accidents de travail et des
maladies professionnelles. Bien sûr, on a voulu tenir compte au maximum
des divers points de vue qui sont exprimés de la façon la plus
honnête possible, mais forcément aussi un gouvernement doit
trancher et c'est ce que nous avons fait.
Je m'en voudrais également de ne pas rappeler encore une fois
l'objectif ultime qu'on poursuit par la présente réforme et qui
est de viser à éliminer les causes mêmes d'accidents et de
maladies professionnelles. Pour y arriver, nous misons d'abord sur la
participation des hommes et des femmes qui sont au travail, de leurs
représentants dans la mesure où ils sont organisés. Nous
misons sur la participation des employeurs, de leurs représentants et,
bien sur, aussi sur la participa- tion et la responsabilité du
gouvernement et de l'Etat. Pour arriver à cela, il fallait et
c'est ce que fait enfin le projet de loi no 17 reconnaître aux
travailleurs et aux travailleuses du Québec des droits qui ne leur ont
jamais été reconnus par le passé. Il y a le droit
notamment, qui est du domaine des droits naturels, des droits fondamentaux, de
cesser ou même d'arrêter ou même de refuser de faire un
travail quand vraiment c'est dangereux pour la vie ou la santé ou la
sécurité de cet homme ou de cette femme au travail, ou de
plusieurs personnes qui vivraient en même temps le problème ou
susceptibles de causer un problème du genre à d'autres compagnons
ou compagnes de travail. Il y a le droit d'être déplacé ou
même d'être retiré préventivement avec le droit de
revenir ultérieurement au travail, ce qui suppose toute une politique de
réadaptation, ce qui suppose aussi qu'on s'attaque encore une fois
à dépister les causes avant que les drames arrivent parce que,
dans ce domaine, il y a des drames qui sont non seulement des tragédies,
mais qui sont des dégâts irréparables parce qu'après
tout on parle d'humains. Il y a le droit d'être informé sur
l'état réel de la situation quand on est au travail, le droit de
participer au choix du médecin qui est responsable de la santé,
de redonner aussi aux médecins dans le domaine du travail leur pleine
liberté d'action, de casser cette chaîne de relations et de
dépendance qui tient dans certains cas, au fait d'être
salarié dans une entreprise.
Il faut s'assurer aussi que, dans l'exercice de ces droits, les hommes
et les femmes au travail soient protégés le plus pleinement, de
la façon la plus responsable, sans tolérer pour autant des abus.
Ils ont aussi le droit d'être représentés de leur
côté à tous les niveaux, en partant du niveau même de
l'entreprise ou de l'établissement, pour ne résumer que
quelques-uns des morceaux ou des droits nouveaux, mais qui auraient tellement
dû être reconnus depuis tellement longtemps.
C'est un très gros défi que propose cette réforme.
Encore une fois, comme j'ai déjà eu l'occasion de le mentionner,
je tiens à nouveau à le resignaler, c'est un gros défi,
mais en même temps un défi qui implique qu'on arrête ces
distinctions absolument et complètement artificielles entre ce qu'on
appelle le social et l'économique. Qu'on ouvre une perspective de
développement intégré et qu'on amorce en quelque sorte
ensemble, sans se prendre pour d'autres, mais en se prenant au moins pour tout
ce qu'on est et pleinement, qu'on amorce ensemble la lutte qui soit la plus
sérieuse possible à une chose qui est inacceptable, encore une
fois, aussi bien sur le plan social ou humain. Quand on sait qu'il y a plus de
200 hommes et femmes au travail qui y laissent leur vie par année! On
est une société irresponsable si on n'accepte pas ensemble de
faire l'effort maximal, sans se prendre pour d'autres, encore une fois, en
faisant tout ce qui est humainement possible pour arriver à corriger
cela à la source.
Deuxièmement, une chose qui est inacceptable aussi sur le plan
économique, quand on sait et mes chiffres encore une fois sont
conservateurs
et mes chiffres encore une fois n'ont jamais été
contestés par qui que ce soit parce qu'on sait que c'est la
réalité, qu'au bas mot l'ensemble des entreprises, donc,
l'ensemble des citoyens finalement se paient des coûts économiques
directs et indirects de plus de $2 500 000 000 par année des
conséquences des accidents et des maladies professionnelles. Cette
lutte, il faut que nous la menions ensemble, les divers agents
économiques Et c'est possible de le réaliser, comme cela a
été possible de le faire dans d'autres sociétés.
(21 h 10)
Je voudrais prendre à témoin deux témoignages
d'appui qui nous sont arrivés dans les plus récentes heures pour
montrer que c'est possible d'y arriver, que ce soit du côté des
travailleurs et de leurs représentants ou que ce soit du
côté du monde patronal. D'abord, on a reçu tout
récemment un appui de ce qui s'appelle le groupe ou le comité des
travailleurs des industries lourdes de l'Est de Montréal. C'est un
groupe qui comprend à la fois des travailleurs et des travailleuses qui
sont syndiqués, mais également des gens qui ne le sont pas, des
non-syndiqués. Ils nous témoignent un appui à cette
réforme et une volonté de s'y impliquer, d'y être
associés et d'y participer pleinement, en nous faisant un certain nombre
de remarques, de mises en garde et de commentaires. Je pense que je me dois de
le dire pour être très très honnête et très
complet quant à leur témoignage d'appui.
Egalement, pour certains qui essaient de présenter cela comme des
espèces de visions de fin du monde, de changements absolument
impossibles, un témoignage d'appui nous est arrivé tout
récemment. Je l'ai vu il y a quelques heures à peine; il est
tombé sur ma table et il provient, cette fois, du côté des
employeurs. Je voudrais citer quelques extraits de la lettre: "M. le ministre,
les objets de la présente lettre sont, d'une part, de
réitérer notre appui au projet de loi no 17, Loi sur la
santé et la sécurité du travail, et, d'autre part, de
suggérer quelques modifications visant à améliorer les
modes d'implantation de certaines de ses composantes."
Effectivement, la lettre fait état d'un certain nombre de
suggestions concernant des obligations qui sont faites à l'employeur,
concernant les fonctions du comité de santé et de
sécurité, concernant le représentant à la
prévention. Mais, également, la lettre se termine en rendant un
témoignage de leur inquiétude. C'est leur expression: "nous
sommes très inquiets de l'accélération de ces
dépenses". Et, parlant de ces dépenses de façon explicite,
ils font allusion à cette courbe croissante extrêmement rapide des
coûts directs et indirects, des conséquences économiques,
en d'autres termes, des accidents de travail et des maladies professionnelles.
"Nous estimons qu'il y a lieu d'appliquer la réforme proposée de
façon progressive, en comblant d'abord les vides et en exploitant
l'expérience acquise à chaque étape pour garantir que le
pas suivant sera réellement un progrès. Et de cette façon
les objectifs visés seront rencontrés sans bousculer les rapports
entre les parties en assurant un meilleur contrôle des coûts
sociaux de cette démarche". Et c'est signé par M. Stanley F.
English, qui est le vice-président et directeur général du
service juridique d'une compagnie qui s'appelle Steinberg. Je pense bien que le
vice-président de Steinberg me permettra cette boutade d'indiquer
qu'encore là, là-dessus, cela prouve que "Steinberg est de notre
côté". J'ai bien dit là-dessus.
En terminant, je pense que, encore une fois, c'est un bien gros
défi. En adoptant ce projet de loi, je me permets de nous inviter,
chacun et chacune d'entre nous, chacun des agents socio-économiques
et je peux dire que, de son côté, le gouvernement va faire
tout ce qui est humainement possible aussi ensemble à partager
pleinement la responsabilité de cet effort collectif qu'il faut faire,
avec un instrument, un outil qui, sans être et sans prétendre
être la perfection absolue... Il n'y a jamais de perfection absolue et on
peut toujours améliorer les choses. Au fond, c'est un appel à la
responsabilité, à la maturité et aussi à l'action.
On a toutes les chances de réaliser, si on s'en donne la peine, ce que
d'autres ont fait avant nous.
Vous savez qu'il arrive des fois, plus souvent qu'autrement dans la vie
d'un humain qui a cette chance, si on peut appeler cela comme cela, d'assumer
des responsabilités gouvernementales ou ministérielles, de
piloter avec d'autres, en collaboration avec d'autres des réformes dont,
je pense, en toute légitimité on peut dire qu'on en est
très fier.
Je ne vous cacherai pas que je suis très fier d'avoir eu cette
chance de piloter une réforme comme celle-là. Je crois qu'on peut
tous ensemble, comme Assemblée nationale, partager cette fierté
de laisser ce morceau de réforme extrêmement important aux hommes
et aux femmes québécois qui sont au travail. Je vous invite
à voter cette loi à l'unanimité, c'est encore possible,
non pas, même si on est à la veille de Noël, comme un cadeau
de Noël, mais comme la reconnaissance d'une chose qui était due
depuis tellement longtemps aux hommes et aux femmes québécois au
travail. Merci.
La Vice-Présidente: M. le député de
Portneuf. M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, Mme la Présidente. Nous sommes
pleinement conscients que nous ne pouvions demeurer insensibles au fait qu'au
Québec on doive vivre, depuis plusieurs années, avec une
situation qui est malheureuse à plusieurs égards, une situation
qu'on peut décrire très sommairement par les statistiques
très malheureuses que nous avons au chapitre de la santé et de la
sécurité des travailleurs avec, comme le ministre l'a
évoqué encore ce soir à juste titre, 200 travailleurs qui
y laissent leur vie, avec des milliers de dossiers d'accidents de travail, de
jours-homme perdus, de blessures graves et d'atteinte à
l'inté-
grité physique des travailleurs. Nous sommes pleinement
conscients de tous ces faits, pleinement conscients aussi que le gouvernement
se devait d'adopter des mesures, qu'il se devait même d'en arriver
à une approche législative nouvelle à l'égard de ce
qui existait déjà en matière de lois et de
règlements. Nous sommes pleinement conscients de tout cela, et c'est
ainsi que l'Opposition officielle de l'Assemblée nationale, mon parti,
ma formation politique, s'est associée de très près
à l'évolution du débat, l'évolution des
procédures sur le dossier de la santé et de la
sécurité du travailleur, de la santé et de la
sécurité au travail.
Nous avons scruté à la loupe le livre blanc sur la
santé. On l'a lu et relu, on l'a analysé, on a tenté
d'interpréter les tableaux, on a tenté d'interpréter les
orientations qui semblaient se dégager du livre blanc. Le 20 juin 1979
nous avons, comme tous les autres, pris connaissance du projet de loi qui a
été déposé, projet de loi qui différait
notamment des intentions exprimées dans le livre blanc. Autant nous
étions conscients, autant nous voulions nous y associer, autant nous
nous y sommes associés, autant, par contre, à l'étude du
projet de loi no 17 dans sa première version en commission
parlementaire, lorsqu'on a entendu les parties, les groupes, quelque 63 ou 64
intervenants, plus de 70 mémoires déposés... Autant nous
étions conscients que nous devions collaborer, nous associer
étroitement à toute démarche visant à intervenir de
façon législative, autant, par contre, nous avons eu l'occasion
d'exprimer des réserves fondamentales à l'égard des moyens
ou du moyen que se donnait le législateur, le gouvernement par le
libellé de son projet de loi pour en arriver à atteindre
l'objectif qui était établi, objectif tout à fait louable,
légitime, justifié, qui est de viser l'élimination des
causes d'accidents de travail et des maladies professionnelles.
Le livre blanc nous conviait à un programme global dont le but
ultime était l'élimination des accidents. Le projet de loi no 17
nous conviait cependant à une réforme de structures, purement et
simplement. Dès le début des travaux de la commission, on y a
souscrit par notre participation qui, je pense, a été utile
à plusieurs égards, participation en commission parlementaire qui
s'est faite sous le dénominateur commun d'un débat sans
partisanerie, où véritablement les échanges ont
porté sur l'objet de la discussion, c'est-à-dire la santé
et la sécurité au travail, les moyens pour y parvenir, les moyens
pour bonifier le projet de loi, etc. Dès le début de ces travaux,
nous avons eu l'occasion d'indiquer au ministre, à la commission
parlementaire et aux intervenants nos objections à l'égard du
projet de loi en souhaitant que ce débat en commission eût pu
impliquer chez le gouvernement des modifications au chapitre de ses
orientations, eût pu apporter des modifications fondamentales dans le
projet de loi, et ce sur quelques points que je me permettrai, Mme la
Présidente, de vous expliquer assez sommairement. (21 h 20)
Nous avons insisté sur un premier élément,
c'était de soutenir à peu près ceci devant le ministre:
Plutôt que, par la loi 17, obliger la nouvelle Commission de la
santé et de la sécurité du travail à embrasser tout
le secteur du travail et de la main-d'oeuvre, les entreprises
manufacturières, les entreprises minières, même les
entreprises industrielles et commerciales, les manufactures, etc., nous avons
insisté sur l'obligation que le gouvernement aurait et aurait encore,
selon nous, d'intervenir dans des secteurs prioritaires, d'intervenir là
où nous apparaît, selon les statistiques, selon les informations
compilées par différents agents, entre autres et notamment par
celui qui est peut-être le plus impliqué dans ce dossier, la
Commission des accidents du travail, la prochaine Commission de la santé
et de la sécurité, l'obligation d'intervenir prioritairement dans
ces secteurs avec des programmes de santé bien définis, bien
particuliers auxdits secteurs, et aussi avec des objectifs bien définis,
avec des délais, encore une fois, et un échéancier bien
défini. Premier élément, première distinction
fondamentale ou de fond entre l'approche du gouvernement et la nôtre.
Le deuxième élément a été de demander
au gouvernement de reconnaître les services de santé existants. On
a eu ceux qui ont assisté à cette commission s'en
souviendront un échange non seulement assez intéressant,
mais profitable, je pense, lors de la comparution des associations
d'infirmières du Québec, qui s'occupaient de santé
industrielle, qui oeuvraient dans le milieu de l'industrie. C'est, je pense, un
des premiers moments où, de façon unanime, autour de la table, on
a été conscient que le législateur se devait d'introduire
une reconnaissance des services de santé existants.
Le gouvernement a dit: Oui, mais partiellement. Encore une fois,
l'approche du gouvernement et la nôtre sont distinctes en ce que,
à nous, il nous apparaît que le gouvernement aurait dû
reconnaître légalement les entreprises du Québec qui ont
déjà déployé des efforts dans le domaine de la
santé et de la sécurité et les assurer du maintien de
leurs services existants.
Dans la loi, je vous disais tout à l'heure qu'on avait introduit
un élément de cette notion, c'est quand même assez partiel,
pour le moins qu'on puisse dire. Avec le projet de loi no 17, une fois qu'il
sera adopté probablement ce soir ou demain une entreprise
qui oeuvre au Québec et qui a déjà des services de
santé devra se présenter devant la Commission de la santé
et de la sécurité du travail pour demander une confirmation, un
genre de permis à l'égard des services existants, pour que la
Commission de la santé les reconnaisse. On a d'ailleurs
présenté des amendements à ce chapitre.
Quant à nous, nous demeurons profondément convaincus qu'il
y a un danger imminent qui guette l'application de ce projet de loi, et que ce
soit un nivellement vers la base. Autant il est vrai et je pense que les
statistiques le démontrent, malheureusement que certaines
entreprises du Qué-
bec, certains employeurs, certains cadres de certaines de ces
entreprises ont été non seulement négligents, mais, dans
certains cas, se sont adonnés à des attitudes tout à fait
irresponsables, injustifiées, des gestes qui ne sont presque pas
qualifiables, qui ont entraîné des maladies, des accidents qui ont
pu amener éventuellement le décès de plusieurs
travailleurs du Québec, autant on a cette situation qui peut être
visible, palpable, comte tenu des statistiques on peut voir où il
y a des problèmes autant il faut reconnaître qu'il y a
certaines entreprises, au Québec, où il y a eu beaucoup d'efforts
déployés, des entreprises qui ont accepté, qui
étaient conscientes que la santé, la sécurité et
les efforts pour la sécurité, c'était payant, car nous
soutenons que c'est payant... C'est payant, dans une entreprise, quand il y a
moins d'accidents, c'est payant, dans une entreprise, quand les travailleurs
ont à évoluer dans un milieu environnemental qui est plus
vivable. Il y a de ces entreprises qui ont déployé des efforts,
qui se sont donné des objectifs particuliers à leur
catégorie d'entreprise ou dans le secteur industriel dans lequel elles
évoluent et qui ont atteint ces objectifs.
Compte tenu que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail devra adopter et mettre en branle un
programme global de santé, un programme universel, avec des normes qui
risquent d'être universelles elles aussi à l'égard des
catégories d'entreprises, nous craignons que cela entraîne un
nivellement vers la base.
Nous croyons et nous craignons, encore une fois, que certaines
entreprises du Québec qui avaient réussi des objectifs palpables
se disent: Quant à nous, purement et simplement, à l'avenir, nous
respecterons les normes, les règlements édictés et les
mesures édictées par la Commission de santé et de
sécurité. C'est le deuxième élément qui nous
distinguait de l'approche gouvernementale, du premier élément qui
était d'obliger la commission à intervenir sur une base
prioritaire et que ce soit dans la loi avec la définition des secteurs
prioritaires à identifier dans la loi. Une fois qu'on eût
constaté que le législateur, que le gouvernement ne voulait pas
donner suite à notre demande et on l'a constaté lors du
dépôt du projet de loi réimprimé dès
le début des travaux de la commission parlementaire, lors de
l'étude du projet de loi article par article, on a quand même
donné avis au gouvernement et au ministre d'Etat au Développement
social des intentions que nous avions, du côté de l'Opposition, en
termes de modifications à apporter au projet de loi.
C'est ainsi que les avis d'amendements possibles à déposer
et notre position réflétaient à peu près les
éléments suivants. La Commission de santé et de
sécurité aura un boulot fantastique. Elle a beaucoup de pouvoirs.
C'est un véritable empire dans le monde du travail, dans le monde de la
santé et de la sécurité au Québec, qui est
créé par la loi 17. On demandait, tout au moins, qu'un organisme
à côté de la commission, un organisme consultatif, puisse
être mis sur pied parce que le cheminement auquel on assistera avec la
loi 17, c'est que la Commission de santé et de sécurité
aura des pouvoirs. Elle les exercera. Elle adoptera des règlements,
lesquels seront éventuellement soumis au lieutenant-gouverneur en
conseil pour approbation.
Ce que j'ai demandé au nom de l'Opposition officielle, c'est que
le gouvernement accepte de créer un comité qui, à
côté de la Commission de santé et de
sécurité, d'abord un comité qui aurait pu être
formé d'agents du milieu, donc, un représentant des employeurs,
un représentant du monde des employés, un ou des
représentants de différents secteurs industriels,
différents spécialistes soit en hygiène industrielle, en
médecine du travail ou en médecine industrielle... Sur ce
comité, je souhaitais qu'il y ait des représentants élus
de l'Assemblée nationale parce que, trop souvent, on déplore le
fait que des sociétés d'Etat, des commissions comme la Commission
de santé et de sécurité aient un pouvoir
réglementaire sans que l'appareil législatif puisse intervenir.
Cette commission aurait eu comme pouvoirs, tout d'abord de scruter les
règlements, les programmes de santé, les actions et les
directives dans le monde de la santé au travail adoptés par la
commission, d'émettre des avis à cet égard, de rendre
publics ces avis et ainsi, de créer une pression sur le gouvernement, le
ministre responsable ultimement qui sera appelé à ratifier par
voie réglementaire les décisions de la commission.
Ce comité consultatif, un peu comme c'est le cas pour le
comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, un peu comme c'est
le cas du comité mixte qui est à côté de l'OCQ, de
l'Office de la construction du Québec, qui est formé de
façon paritaire et qui est habilité à émettre des
avis sur les décisions de l'OCQ, ce comité, dis-je, aurait pu
avoir, notamment, comme pouvoirs de convoquer la commission à certains
moments pour lui demander des comptes sur la façon dont elle a atteint
ou n'a pas atteint les objectifs fixés, les objectifs prioritaires que
la commission s'était donnés ou peut se donner en vertu du projet
de loi. Il aurait pu obliger la commission à comparaître à
l'égard de la possibilité ou du droit pour elle d'édicter
telle norme par rapport à telle autre, possibilité pour ce
comité consultatif de convoquer des experts à comparaître
et des invités à venir se prononcer sur le bien-fondé ou
non de la commission lorsqu'elle adoptera un règlement et certaines
normes, encore une fois. Le gouvernement a répondu non à nos avis
d'amendement.
Vous comprendrez, Mme la Présidente, qu'autant nous nous sommes
vus dans l'obligation... Je dis bien dans l'obligation, parce que lorsque nous
avons voté contre le projet de loi en deuxième lecture, certains
ont fait des gorges chaudes, pas ici à l'Assemblée parce que le
débat est quand même demeuré serein, mais certains ailleurs
ont fait des gorges chaudes en disant que l'Opposition officielle était
contre le principe même et l'objectif du projet de loi.
Mme la Présidente, nous avons voté contre le projet de loi
en deuxième lecture parce qu'il nous apparaît que l'approche
donnée, les moyens pour
parvenir à l'ultime objectif qui est d'en arriver à
l'élimination des causes d'accidents de travail et de maladies
industrielles, les moyens que le gouvernement se donne par le projet de loi 17,
par la réforme de structures qu'il crée et qu'il met sur pied, on
n'a aucune garantie, mais aucune, que dans un, deux ou trois ans, on pourra
avoir moins d'accidents de travail et qu'il y aura moins de maladies
industrielles au Québec. (21 h 30)
C'est une distinction de fond. On l'a fait valoir en commission
parlementaire, on l'a réitérée lors de l'étude du
projet de loi article par article; nous avons présenté des
amendements à cet égard. Mon collègue, le
député de Saint-Laurent, en raison de son expérience et de
ses années passées dans le monde de la santé, a
présenté des amendements, entre autres, en ce qui concerne les
départements de santé communautaire qui ont, encore une fois,
beaucoup de responsabilités dans ce projet de loi. Quant à nous,
nous croyons que notre structure de services de santé, entre autres, les
départements de santé communautaire, n'a pas, d'une part, le
personnel, les effectifs dans les meilleurs délais, et que cela n'est
pas inhérent à leurs fonctions de s'occuper de contrôler
sur le terrain, dans le champ, la santé, les maladies industrielles et
les accidents de travail, et voir à l'application des normes, etc.
Nous avons présenté plusieurs amendements. Quelques-uns
ont été retenus. Nous avons manifesté nos intentions en
présentant des avis d'amendements au ministre à l'égard de
certains autres sujets. En général, cela a été une
fin de non-recevoir à ce que nous voulions et à ce qu'on a
demandé.
Pour ces motifs, Mme la Présidente, encore une fois, autant nous
sommes conscients qu'il faut intervenir, autant nous sommes conscients qu'on a
l'obligation d'intervenir et qu'on ne peut rester insensibles à ce qui
se passe dans le moment dans le domaine de la santé et de la
sécurité au travail. S'il y a des mesures auxquelles nous avons
souscrit, parce qu'on y a souscrit... Quand le ministre nous parlait tout
à l'heure de la contribution autour de la table, je pense que le plus
bel exemple de tout cela, ce sont les échanges et les débats
qu'on a eus, entre autres, sur le droit de refus, le droit pour le travailleur
de refuser de se livrer ou d'exercer un travail qui peut être dangereux
pour lui ou qui peut présenter quelques dangers pour son
intégrité physique. On a souscrit à tout cela. Le retrait
préventif, nous y avons souscrit. Nous avons souscrit au comité
paritaire, à l'existence de comités paritaires avec certains
pouvoirs et des pouvoirs accrus, des pouvoirs assez importants. On a souscrit
à tout cela jusque dans une certaine mesure évidemment parce
qu'on a eu un débat que je ne voudrais pas reprendre ici, le ministre et
moi-même, sur la question des pouvoirs des comités paritaires.
Comme résultat de tout cela, un livre blanc a été
déposé auquel, je crois, tout le monde a souscrit. Un projet de
loi a été déposé en première lecture. On a
eu un échange, un débat sérieux, un débat qui s'est
prolongé avec tous les intervenants du milieu, le monde des affaires, le
monde patronal, le monde syndical, d'autres intervenants spécialistes ou
groupes intéressés. Les échanges ont été
sereins, fructueux et je pense que la contribution a été utile de
tous les côtés de la Chambre à cet égard.
Mais compte tenu de la distinction fondamentale, de l'approche tout
à fait fondamentale entre celle que privilégie le gouvernement et
celle que nous aurions privilégiée, si nous avions formé
le gouvernement, nous nous sommes vus dans l'obligation de voter contre le
projet de loi en deuxième lecture. Compte tenu également des
amendements qu'on a proposés où on se disait que même si le
gouvernement n'a pas écrit le texte de loi comme on aurait voulu qu'il
soit écrit ou encore comme on l'aurait écrit ou comme on aurait
pu l'écrire si on avait été le gouvernement, on a quand
même présenté des amendements et déposé
auprès du ministre des intentions de modifications.
Compte tenu que cela n'aurait pas été accepté de la
part de la commission, nous nous verrons, Mme la Présidente, dans
l'obligation de voter contre le projet de loi en troisième lecture
demain. Mais encore une fois, je tiens à vous dire, en terminant,
même si notre position à l'égard du projet de loi, c'est de
dire au gouvernement: Non, nous n'acceptons pas votre projet de loi, ce n'est
pas sur la foi de l'objectif de la réforme, mais c'est bien sur la
façon dont la réforme est engagée et le principal motif,
Mme la Présidente, c'est qu'on croit humblement, compte tenu des
pouvoirs exorbitants de l'empire qui est créé à la
commission de santé et de sécurité l'avenir pourra
nous prouver le contraire qu'à ce moment-ci il est impossible
pour la commission d'en arriver à atteindre cet objectif compte tenu de
la réforme de structures strictement et uniquement qui est
énoncée dans le projet de loi.
Mme la Présidente, c'est notre position à l'égard
du projet de loi. Il sera voté demain et je tiens quand même
à souhaiter la meilleure chance possible à tous ces
mécanismes, même si on a des doutes et des réserves
sérieuses à l'égard de ces mécanismes et des
dispositions du projet de loi no 17. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, Mme la Présidente. Nous sommes rendus
à la dernière étape d'un projet de loi fort important qui
a nécessité une somme de travail, pour le moins qu'on puisse
dire, gigantesque.
Je pense que, lorsqu'on s'attarde à voir ce qui a pu être
réalisé dans cette démarche, on ne peut que rendre hommage
à ceux qui ont effectué cette approche, au ministre, tout
d'abord, qui s'est attaqué à cette réforme qui
n'était quand même pas facile au point de départ,
étant donné l'ampleur du domaine auquel il s'est attardé.
On ne peut que rendre hommage également aux députés
qui ont été ses collaborateurs tout au long de ces travaux
et on sait que ces gens ont parcouru la province, sont allés sur place
dans les industries pour voir ce qui se faisait sur les chantiers, pour faire
de visu les expertises nécessaires et rencontrer, le cas
échéant, les personnes susceptibles de leur fournir des
renseignements pertinents pour ces études. Il y a également toute
une batterie de hauts fonctionnaires qui ont travaillé en étroite
collaboration avec le ministre et son équipe de députés
ministériels. Je pense qu'on ne peut que souligner le sérieux de
l'approche qui a été choisie à ce moment-là.
Que l'on soit d'accord ou non sur les moyens employés par le
gouvernement ou qu'on soit d'accord ou non avec la présentation du
projet de loi, il faut souligner l'effort sérieux qui a
été fait tout au long du cheminement de ce projet de loi en ce
qui concerne la santé et la sécurité au travail et toutes
les modifications en profondeur que l'on a apportées.
En cours de route également, au niveau de la commission en
particulier, il y a quand même eu d'autres correctifs qui ont
été apportés par rapport au projet de loi initial. On se
rappellera qu'il y avait eu d'abord un avant-projet, si on réfère
un peu à ce qui s'est passé, qui a permis un petit peu à
tout le monde de donner son opinion. Il y a eu une commission parlementaire
à laquelle j'ai eu l'occasion de travailler et qui a duré presque
tout le mois de septembre et où on a entendu environ 70 groupes qui se
sont présentés pour faire valoir leur point de vue
là-dessus, leurs revendications, leurs suggestions, leurs commentaires.
Par la suite, il y a eu réimpression du projet de loi qui est maintenant
devant nous qui a été, lui aussi, modifié lors de la
commission parlementaire qui l'a étudié article par article
après qu'il eût été discuté et adopté
par l'Assemblée nationale en deuxième lecture.
On ne peut donc, je pense, que souligner le sérieux qui a
été apporté à cette démarche. En ce qui
concerne les grands objectifs d'ailleurs, j'ai eu l'occasion de
l'indiquer clairement au nom de l'Union Nationale nous ne pouvons que
souscrire à la volonté de cerner ce problème qui est un
problème majeur au niveau du travail au Québec, soit celui des
trop nombreux accidents de travail que nous avons à déplorer
chaque jour, chaque semaine et chaque année. Là-dessus, je pense
qu'il était nécessaire qu'il y ait une action qui soit
posée, une action qui n'est pas parfaite en soi aucune loi n'est
parfaite en soi mais, au moins, on veut s'attarder au problème et
voir les correctifs qu'on peut apporter avec les moyens qu'on a. Je pense que,
sur les objectifs, on a clairement montré nos couleurs en indiquant
qu'il était nécessaire qu'on pose des gestes au Québec et,
dans ce sens, qu'on soit d'accord avec le ministre et avec l'équipe qui
se sont penchés sur cette question. On doit reconnaître le
bien-fondé du travail qui a été effectué. On verra
à l'usage ce que cela va donner.
Nous avons exprimé à différentes occasions
certaines réserves sur la loi, sur les moyens. Sur la question des
objectifs, on est entièrement d'accord mais, sur les moyens, on en a
discuté également et certains membres du caucus restent un peu
sceptiques, ont certaines réserves quant aux moyens que le ministre
prend pour atteindre ces objectifs sur lesquels, je pense, nous sommes tous
d'accord. Plusieurs groupes sont venus en commission parlementaire pour
ne pas dire l'ensemble des groupes à 90% ou 95% et ont
souligné également leur accord de principe sur les objectifs
comme tels. Donc, on maintient en quelque sorte les réserves qu'on avait
au point de départ là-dessus malgré qu'il y a eu des
améliorations intéressantes apportées lors de la
commission parlementaire. Je pense qu'on doive étant donné
la situation dire simplement ceci: On verra à l'usage si les
craintes qu'on a exprimées étaient vraiment fondées et, si
on s'aperçoit, à ce moment-là, que nos craintes
n'étaient pas fondées et que le ministre avait raison dans la
démarche qu'il fait actuellement, nous saurons le reconnaître en
temps et lieu et publiquement. Je pense que c'était notre rôle en
tant qu'analystes de ce projet de loi de poser les réserves qui nous
apparaissaient évidentes, de poser les questions qui nous apparaissaient
importantes, de faire les mises en garde qu'on a faites, de demander
également dans certains cas cela a été en
particulier le cas concernant la silicose et l'amiantose au ministre de
faire l'approche nécessaire dans ce domaine. Cela n'a pas
été inclus dans le projet de loi. Je comprends que cela peut
être fait à côté. Le ministre m'a d'ailleurs
indiqué clairement son intention de passer à l'action très
bientôt dans ce domaine pour reformuler ces textes de loi et corriger les
erreurs qu'il peut y avoir pour stabiliser les situations et rendre justice aux
travailleurs qui sont actuellement aux prises avec les applications de cette
loi comme les vieux accidentés de travail également. (21 h
40)
C'est un autre secteur qui, je comprends, était peut-être
difficilement touchable et pour les inclure dans ce projet de loi, je suis
content de voir que le ministre m'a indiqué que c'était son
intention. J'espère que cela s'avérera une réalité
bientôt de passer à l'action et de corriger ces choses. Donc, Mme
la Présidente, je ne veux pas prendre le temps davantage de la Chambre
à ce stade-ci. Je pense que j'ai exprimé clairement mes couleurs
au ministre dans ce sens et je lui dis simplement qu'on garde les mêmes
réserves à ce stade-ci. Maintenant, à l'usage on saura
reconnaître, le cas échéant, si cela doit s'avérer
des mesures raisonnables dans les moyens que le ministre prend et que cela
donne des résultats efficaces. On pourra le reconnaître à
ce moment et en rendre hommage au ministre.
La Vice-Présidente: M. le député de
Frontenac.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: Mme la Présidente, quelques minutes
bien simplement. Je voudrais mentionner
au moins un point dans le projet de loi no 17 sur lequel je voudrais
féliciter le ministre et rappeler un amendement majeur dans cette loi. A
l'article 287 du projet de loi no 17, Mme la Présidente, on a
corrigé une grave anomalie qui existait déjà dans la loi
52 qui traite des travailleurs de l'amiante, en enlevant de l'ancienne loi 52
ce qui forçait le travailleur de l'amiante à avoir le fardeau de
la preuve lorsqu'il s'agissait de démontrer un cas d'amiantose. En
effet, l'ancienne loi disait ceci: "Le travailleur atteint d'une
incapacité permanente résultant de la silicose ou de l'amian-
tose, établie médicalement par diagnostic positif a droit" et
alors il fallait un diagnostic positif, c'est-à-dire, hors de tout doute
et c'est comme cela que c'était interprété. On voyait des
anomalies comme, par exemple, une clinique médicale déclarait un
travailleur de l'amiante amiantosé à 20% et une autre clinique
médicale déclarait non amiantosé et alors le fardeau de la
preuve retombait sur l'ouvrier. Il lui fallait avoir un diagnostic
médical positif et il n'avait pas droit au bénéfice du
doute. En enlevant ce mot de l'ancienne loi et en donnant à l'ouvrier le
bénéfice du doute, on a corrigé une grave anomalie. Je
crois, Mme la Présidente, que c'était à noter aujourd'hui.
En effet, on sait que depuis longtemps les travailleurs de l'amiante ont eu des
difficultés. Ils ont été exposés à leur
travail dans des conditions difficiles, dans la poussière d'amiante.
Aujourd'hui, fort heureusement, la situation s'est améliorée. Par
la loi 17, on corrige une anomalie et également, je dois citer, je dois
dire qu'avec la création de la clinique médicale à
Thetford, dans le cadre de l'hôpital de Thetford-Mines,
spécialisée dans les maladies d'amiantose, on aura fait un gros
pas en avant pour les travailleurs de l'amiante. Jamais il n'y avait eu,
malgré le nombre de maladies industrielles qu'il y avait dans le secteur
de l'amiante, une clinique médicale spécialisée dans le
domaine de l'amiantose. Aujourd'hui, cette clinique est en marche. On est en
train de la monter. Déjà les fonds ont été
votés au Conseil du trésor pour partir cette clinique. Donc, avec
la clinique médicale, avec l'amélioration des conditions de
travail qui s'est produite depuis trois ans dans les mines, avec les
amendements à la loi comme celui que je viens de mentionner aujourd'hui,
la situation va s'améliorer et je tenais à le souligner ce soir.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le ministre d'Etat au
Développement social.
M. Pierre Marois
M. Marois: Mme la Présidente, très rapidement, en
terminant, je voudrais encore une fois remercier infiniment tous ceux, toutes
celles qui par leurs rapports auront permis aujourd'hui de mener à
terme, jusqu'à l'étape de la troisième lecture, à
l'adoption de la loi, cette réforme. Deuxièmement, je voudrais
simplement rappeler que, bien sûr, je pense que tout le monde le
comprend, il n'est pas possible d'appliquer, de mettre en vigueur une
réforme de cette importance en même temps, comme un seul morceau,
en une seule étape. Forcément, il devra y avoir une certaine
gradation. Forcément aussi, il faudra que des priorités soient
déterminées en tenant compte d'abord des secteurs industriels et
économiques où les taux d'accidents et de maladies sont les plus
élevés, les coins qui sont les plus graves.
Deuxièmement, quant à la crainte qui est à nouveau
évoquée ce soir d'un nivellement par le bas, en particulier, dans
le domaine des services de santé, je voudrais redire, vous savez, que
pour plus de 90% des hommes et des femmes au travail, je ne vois pas pourquoi
on peut craindre un nivellement par le bas, parce qu'il n'y en a pas de bas. Il
n'y en a pas de service de santé présentement. Je ne vois pas ce
qu'on nivelle par le bas quand il n'y a rien. Enfin, pour la première
fois, en y allant graduellement, c'est vrai qu'on part, dans certains coins, de
rien. Il va falloir bâtir les morceaux ensemble et cela ne peut pas
être fait autrement que, forcément, par étapes.
A ce moment, des hommes et des femmes qui n'ont rien présentement
vont pouvoir enfin commencer à bénéficier de services de
santé qu'ils n'avaient même pas auparavant. Quant à ceux
qui ont des choses valables déjà faites présentement, le
projet de loi permet la reconnaissance des services de santé qui
existent.
En terminant, comme souvent la nuit porte conseil, j'invite encore une
fois quant à nous, comme je l'ai dit en terminant nos travaux en
commission parlementaire, notre lit est fait, on est prêt à se
coucher dedans les députés de l'Opposition je peux
comprendre certains déchirements de certains députés de
l'Opposition à réfléchir et à demain encore
une fois à l'occasion d'un vote enregistré.
Je pense que les hommes et les femmes, les Québécois et
les Québécoises au travail seraient très fiers de voir une
Assemblée nationale du Québec leur donner à
l'unanimité une loi qui leur reconnaît enfin des droits qu'ils
attendent depuis tellement d'années. Merci.
La Vice-Présidente: Cette motion de troisième
lecture de M. le ministre d'Etat au Développement social, concernant le
projet de loi no 17, Loi sur la santé et la sécurité du
travail, sera-t-elle adoptée?
Des Voix: Vote enregistré.
M. Charron: Vote enregistré que nous reportons
après la période de questions demain matin.
La Vice-Présidente: Le vote sur la troisième
lecture de ce projet de loi sera pris au moment de l'enregistrement des voix
sur les votes en suspens, à la fin des affaires courantes, demain.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Mme la Présidente, je vous prierais
d'appeler... Bon, je n'ai pas le feuilleton... la prise en considération
du projet de loi no 75.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 75
La Vice-Présidente: Je vais trouver cela, M. le leader.
Voilà.
Il s'agit de la prise en considération du rapport de la
commission permanente de l'agriculture et de l'alimentation concernant le
projet de loi no 75, Loi sur les grains.
M. le ministre de l'Agriculture.
M. Charron: II n'y a eu aucun amendement déposé.
Oui, ah bon! C'est vrai!
La Vice-Présidente: Sur ce rapport, vous avez un
amendement, M. le ministre de l'Agriculture.
M. Garon: Oui, Mme la Présidente, un amendement à
l'article 11 pour faire sauter le deuxième paragraphe qui...
La Vice-Présidente: M. le ministre, j'aimerais savoir si
cet amendement a été déposé dans les délais
prévus?
Sinon, il faudra demander le consentement après la lecture de
votre amendement; je demanderai s'il y a consentement à ce que cet
amendement soit déposé.
M. le ministre.
M. Garon: C'est-à-dire que je fais sauter un paragraphe,
c'est difficile pour moi de le lire.
La Vice-Présidente: S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Garon: Alors le paragraphe que nous faisons sauter disait: "Un
régisseur autre que le président peut néanmoins être
actionnaire minoritaire d'une entreprise visée dans le premier
alinéa si elle est une corporation dont les actions se transigent en
bourse. '
Cela adoucissait la portée du premier paragraphe. Comme tous les
gens de la commission semblaient souhaiter qu'on garde seulement le premier
paragraphe, nous ne voyons pas d'objection étant donné que cela
va faire une règle générale qui est prévue dans le
premier paragraphe.
La Vice-Présidente: Puisqu'il semble qu'il y avait
déjà consensus, j'imagine qu'il y a consentement au
dépôt de l'amendement.
M. le député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Oui, Mme la Présidente, très
brièvement, je voudrais remercier le ministre d'avoir accepté,
d'avoir répondu de façon favorable à la demande que nous
avions formulée la nuit dernière, parce qu'il nous paraissait
qu'il n'était pas valable d'apporter des précisions à
l'endroit d'un actionnaire minoritaire d'une compagnie publique et de ne pas
traiter sur la même base un actionnaire minoritaire d'une compagnie
privée qui pourrait être éligible à la fonction de
régisseur.
Donc, je remercie le ministre de l'Agriculture d'avoir compris le
bien-fondé de notre demande.
La Vice-Présidente: Cet amendement est adopté.
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Est-ce que le rapport
est adopté?
Des Voix: Adopté
La Vioe-Présidente: Adopté. Le rapport concernant
le projet de loi no 75.
M. Charron: Je proposerais que vous sollicitiez le consentement
pour procéder à la troisième lecture
immédiatement.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Consentement? Il y a consentement. M.
le ministre de l'Agriculture propose que le projet de loi no 75, Loi sur les
grains, soit maintenant lu la troisième fois. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Des Voix: Adopté. (21 h 50)
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, Mme la Présidente.
Le ministre de l'Agriculture avait indiqué qu'il voulait intervenir. Je
ne sais pas si on l'a bâillonné!
M. Charron: Vous avez sans doute mal compris!
La Vice-Présidente: Troisième lecture,
adopté.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 59
M. Charron: L'Assemblée a été saisie cet
après-midi d'un rapport de la commission de l'agriculture qui avait
également étudié le projet de loi no 59 concernant la
fusion de deux régies que connaissait le Québec
préalablement. Je voudrais solliciter le consentement pour que nous
puissions à ce moment-ci prendre en considération ce rapport.
La Vioe-Présidente: Consentement?
Des Voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission permanente
de l'agriculture et de l'alimentation concernant le projet de loi no 59, Loi
modifiant la Loi sur l'assurance-récolte et la Loi sur
l'assurance-stabilisation des revenus agricoles, se-ra-t-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Troisième lecture.
M. Charron: Puis-je proposer la troisième lecture,
madame?
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement pour la
troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. Troisième
lecture, adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Opposition...
M. Levesque (Bonaventure): ... le ministre...
La Vice-Présidente: ... vous y tenez absolument?
M. Levesque (Bonaventure): Je pense que le ministre a
été frustré dans ses droits ce soir à deux
reprises.
La Vice-Présidente: Troisième lecture... M.
Garon: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Vous avez réussi, nous n'en
sommes pas sortis, M. le leader!
M. Garon: ... comme la population du Québec aime mieux
avoir de l'action que du "parlotage", on va passer au vote
immédiatement.
La Vice-Présidente: La troisième lecture du projet
de loi no 59 est adoptée.
M. Charron: Puisque nous en sommes à disposer des mesures
agricoles, paraît à l'article 5 une autre mesure à
l'étape de la troisième lecture, madame. Je vous prierais de
l'appeler immédiatement, s'il vous plaît!
Projet de loi no 43 Troisième lecture
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Agriculture
propose que le projet de loi no 43, Loi modifiant la Loi du ministère de
l'Agriculture, soit maintenant lu la troisième fois. Cette motion
est-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. M. Brochu: Sur
division.
La Vice-Présidente: Sur division? Adopté sur
division.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: De même, aujourd'hui a été
déposé le rapport de la commission de l'éducation qui, sur
un consentement, a même prolongé son travail au-delà de
minuit hier...
M. Lalonde: Deux heures.
M. Charron: ... de deux heures pour terminer l'étude
article par article du projet de loi no 71. Je voudrais solliciter le
consentement pour que nous puissions prendre en considération dès
maintenant ce rapport, madame.
La Vice-Présidente: Consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Prise en considération du rapport de
de la commission ayant étudié le
projet de loi no 71
La Vice-Présidente: II s'agit de la prise en
considération du rapport de la commission permanente de
l'éducation sur le projet de loi no 71, Loi modifiant de nouveau la Loi
de l'instruction publique. M. le ministre de l'Education? Le rapport est-il
adopté? Le rapport est adopté.
M. Charron: Je proposerais la troisième lecture de ce
projet de loi, madame.
La Vice-Présidente: Consentement? M. Levesque
(Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: La motion de troisième lecture
est-elle adoptée?
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Mme la Présidente, j'aimerais
réellement conserver...
La Vice-Présidente: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... le rythme d'adoption des projets de loi, mais je
pense que nous ferions même injure au ministre et au gouvernement si nous
laissions adopter cette troisième lecture sans dire quelques mots. Il
s'agit d'un projet de loi important et qui est hypothéqué au
départ par le refus des enseignants, représentés par la
CEQ, d'en endosser les principales dispositions, à savoir le projet
éducatif et le conseil d'orientation.
Nous appuyons ce projet de loi en deuxième lecture et nous allons
l'appuyer en troisième lecture, mais l'étude des articles nous a
révélé certaines faiblesses de la loi. Le ministre a
démontré une certaine tendance à la
généralité dans la proposition qu'il nous a faite. Ainsi,
le projet éducatif, qui est au coeur de la loi, reste à l'alpha
de l'alphabet politique. On cherche en vain la rigueur indispensable au
succès d'une telle entre-
prise. J'espère que la loi no 71 n'est pas de la
littérature, comme plusieurs l'ont qualifiée et comme certains
indices nous le laissent croire.
Par exemple, une des dispositions de ce projet de loi concerne la
consultation d'un comité quant à la fermeture ou au maintien des
écoles. Or, il nous est apparu que la solution se situe beaucoup plus au
niveau des ressources que le ministère pourrait fournir aux commissions
scolaires qu'à la consultation. D'accord pour la consultation, le
comité des parents, par exemple, d'accord, c'est indispensable. Mais, si
on n'en reste qu'à la consultation, on risque de créer beaucoup
plus de frustrations que de solutions.
Les énergies auraient sans doute dû être
consacrées davantage au succès du comité d'école
qu'à la création d'autres comités, d'autres
éléments de la structure qui devient de plus en plus lourde. La
création d'un conseil d'orientation peut et on en est très
conscient créer l'embouteillage des interventions. Nous avons le
comité d'école, le comité des parents, le conseil
d'orientation. Le ministre ne semble pas s'être inquiété
outre mesure du fonctionnement de cette structure qui devient très
lourde. Certains loustics se sont même demandé: Y aura-t-il assez
de parents pour toute cette structure complexe?
Mme la Présidente, quand on n'est pas rassuré par les
initiatives du ministère ou du gouvernement, quand on n'est pas
rassuré en ce qui concerne le fonctionnement de toute cette structure,
on a des doutes, des réserves. Voilà recueil du projet de loi no
71, Mme la Présidente, la structurite enferrée dans l'abstraction
et l'irréalisme. Là-dessus, le ministre n'a fait aucune
contribution. Au contraire, il a été incapable d'assurer à
cette loi une garantie de succès ancrée dans le concret et la
rigueur. Ainsi, par exemple, dans la définition du projet
éducatif, qui est quand même au coeur du projet de loi, le
ministre n'a pu offrir que des voeux pieux. Malgré le caractère
littéraire de cette loi, toutefois, malgré l'absence d'appui,
malgré le refus même de la CEQ de participer au conseil
d'orientation et à son produit privilégié qu'est le projet
éducatif, malgré les réserves sérieuses que nous
avons, nous du Parti libéral, à l'égard des chances de
succès de ces structures multiples, nous allons tenter de donner une
chance de réussite en votant en faveur du projet de loi en
troisième lecture.
Notre appui est un vote de confiance aux parents, c'est un vote de
confiance aux cadres, c'est un vote de confiance aux commissaires des
commissions scolaires, que le gouvernement a littéralement
écrasées dans le projet de loi no 57 qui fait
littéralement disparaître les commissions scolaires comme
gouvernements autonomes locaux. Notre appui est un vote de confiance aux
directeurs et responsables des écoles, et peut-être surtout
car c'est là que se situe le problème notre vote est un
appui aux enseignants dont dépend le succès de la loi.
Nous espérons, M. le Président, que l'appui de
l'Opposition officielle à ce projet de loi, qui, d'autre part, est
tellement vulnérable, servira à son succès car ce que nous
souhaitons, c'est que ce projet de loi ait réellement un succès,
c'est-à-dire que dans l'école, à travers le Québec,
on retrouve le produit de l'initiative du milieu que le projet éducatif
se veut être.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Education. (22
heures)
M. Jacques-Yvan Morin
M. Morin (Sauvé): M. le Président, l'espoir du
gouvernement, comme d'ailleurs de tous ceux qui ont à coeur le
progrès de l'enseignement au Québec, c'est que ce projet de loi
permette à chaque école de se donner un projet éducatif,
un caractère propre qui corresponde à celui du milieu qu'elle
dessert.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a soutenu qu'il aurait
suffi de s'en tenir aux organismes existants, lesquels sont certes importants.
Prenons par exemple, le comité d'école, où se retrouvent
les parents. Prenons également une institution qui existe dans la
plupart des écoles, qui est le conseil de l'école,
constitué par les enseignants, ou d'autres organismes à l'oeuvre
dans les écoles, sans oublier les commissions scolaires
elles-mêmes. Chacun de ces organismes travaille de son côté,
les parents du leur, les enseignants, bien sûr, au sein de
l'école, les administrateurs dans leur bureau, de même que les
commissions scolaires. A mon avis, la meilleure façon de s'assurer que
l'école corresponde vraiment aux besoins de son milieu, la meilleure
façon de s'assurer la qualité de l'enseignement dans nos
écoles, c'est de faire en sorte que tous les intervenants, ceux qu'on
appelle quelquefois les grands agents de l'éducation, enseignants,
parents, commissaires, administrateurs, cadres et les élèves
eux-mêmes, que tous travaillent ensemble, se donnent un lieu de rencontre
où ils puissent se retrouver pour parler de leur école, de la
façon dont la vie quotidienne pourrait être organisée dans
l'école, des orientations de l'enseignement de ce qu'on appelle en gros
un projet éducatif.
M. le Président, le comité d'école, de son
côté, le conseil des enseignants de l'autre, les administrateurs
du leur, tout cela ne donne pas vraiment la vie à l'école. C'est
pourquoi nous avons voulu que soit créé le conseil d'orientation
de l'école, où se retrouveront des représentants de chacun
de ces groupes en vue de se concerter sur ce que l'école devrait
être par rapport au milieu où elle vit.
En second lieu, le député de Marguerite-Bourgeoys nous
fait le reproche d'avoir donné une définition à son avis
trop large ou trop vague du projet éducatif. Naturellement, M. le
Président, dans une loi, on ne saurait décrire les 3000 projets
éducatifs de nos écoles, car il y a un peu plus de 3000
écoles au Québec et chacune va se donner un projet
éducatif. La définition générale qu'on peut en
donner, forcément, ne peut être exacte et nous dire quel sera le
projet éducatif de chaque
école. Ce qu'il fallait faire, c'était nous donner un
cadre, un organe qui permette aux parents, aux enseignants, aux
administrateurs, au directeur de l'école, aux commissaires de se
retrouver pour définir le projet éducatif de l'école, ses
orientations.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a déploré
avec raison que la Centrale des enseignants du Québec n'ait pas cru bon
de nous apporter sa contribution à la rédaction de ce projet de
loi. Effectivement, depuis plusieurs mois, depuis avril dernier, nous avons eu
recours à un comité mixte où se retrouvaient des
représentants de tous les intervenants dans le secteur de
l'éducation et nous avons constitué également un conseil
consultatif qui nous a rendu de très importants services, où l'on
retrouvait de nouveau des représentants de tout le monde de
l'éducation. Malheureusement, la CEQ, invitée au mois d'avril,
nous a fait savoir, quatre mois plus tard, en septembre, qu'elle estimait ne
pas être en mesure de participer à nos travaux.
Au dernier moment, elle est venue nous demander de convoquer la
commission parlementaire pour l'entendre, ce qui eut été
souverainement injuste pour tous ceux qui avaient travaillé
d'arrache-pied, pendant des mois à l'élaboration de ce projet de
loi. Cependant, il va de soi que je recevrai avec plaisir toutes les
considérations que la CEQ voudrait faire valoir au sujet du projet de
loi. Nous avons l'intention, de toute façon, d'avoir recours à
nouveau à la consultation de tous les secteurs de l'enseignement au
moment où nous passerons à la mise en oeuvre de la loi.
M. le Président, les buts que nous nous étions
fixés dans le plan d'action ont maintenant été atteints
dans une large mesure. L'objectif majeur, vous le savez, c'est
l'amélioration de la qualité de l'enseignement dans nos
écoles. Pour cela, nous avons commencé par réviser les
programmes et nous avons mis à la disposition des enseignants des moyens
de perfectionnement plus importants qu'auparavant; ce sont là des moyens
d'ordre pédagogique. Il fallait cependant faire un pas de plus, aller
plus loin, agir par le moyen non moins important qu'est le rapprochement de
tous ceux qui travaillent dans l'école et que l'école doit
servir, les élèves et leurs parents.
En juin dernier, nous avions modifié la loi une première
fois en vue de permettre à un représentant des parents de
siéger au sein de la commission scolaire parmi les commissaires. Il y
eut diverses réactions, pas toutes favorables, à ce
moment-là, de la part des commissions scolaires. Il y eut même de
l'hostilité à l'égard du projet de loi, et pourtant,
quelques mois plus tard, aujourd'hui, c'est la satisfaction
générale. La présence des parents au sein des commissions
scolaires est saluée partout comme constituant un progrès pour
l'école.
Eh bien! je suis persuadé que les deux nouveaux moyens que nous
mettons à la disposition des parents et des autres agents de
l'éducation notamment la consultation obligatoire des
comités d'école et de parents au sujet d'un certain nombre de
questions qui les intéressant particulièrement, de même que
cette autre innovation encore plus importante qui est la constitution du
conseil d'orientation dans l'école, qui complètent l'arsenal de
la participation et de la concertation vont permettre à tous les
agents de l'éducation de faire un bond en avant en vue d'une meilleure
qualité de l'enseignement donné dans nos écoles. Ce second
projet de loi portant sur la participation et la concertation vient en quelque
sorte compléter l'arsenal des moyens que nous avons voulu mettre
à la disposition des grands agents de l'éducation.
Il faut dire que ce projet de loi comportait non seulement le conseil
d'orientation, qui est la pièce maîtresse du projet, mais
également c'est non moins important une meilleure
définition des responsabilités des commissions scolaires.
Celles-ci nous l'avaient demandé déjà au moment de la
conférence Québec-commissions scolaires de janvier dernier, il y
a maintenant près d'un an. Nous avons, grâce à un
comité mixte, procédé à de longues et fructueuses
consultations qui nous ont amené à mieux définir les
responsabilités des commissions scolaires et, ajoutons-le, à
allonger la liste des responsabilités dévolues aux
commissaires.
J'estime que ce projet de loi, par ces deux mesures principales
meilleure définition des responsabilités des commissaires,
création du conseil d'orientation en vue du projet éducatif de
l'école est à la fois l'aboutissement de longs mois de
consultation et l'occasion d'un nouveau départ dans le domaine de
l'enseignement. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que la troisième lecture
du projet de loi no 71, Loi modifiant de nouveau la Loi de l'instruction
publique, sera adoptée? (22 h 10)
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Puis-je procéder à ce que j'avais
indiqué sur le menu? Non, pas tout de suite?
M. Levesque (Bonaventure): Quel est le numéro 13 de votre
menu?
M. Charron: Le numéro 13 de mon menu: Madame, je sollicite
le consentement... Voici votre homme, d'accord? Je reviens au numéro 11
de mon menu. Je sollicite le consentement pour qu'un rapport qui a
été déposé au cours de cette séance, qui
venait de l'industrie et du commerce, qui concernait la société
SIDBEC puisse être, à ce moment-ci, pris en considération.
Est-ce que j'ai le consentement, M. le Président?
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Le Vice-Président: Est-ce que je pourrais savoir, M. le
leader, quel est le numéro sur mon menu?
M. Charron: II n'y en a pas parce que c'est un rapport
entré ce matin, M. le Président.
Prise en considération de la commission ayant
étudié le projet de loi no 73
Le Vice-Président: J'appelle donc la prise en
considération du rapport de la loi portant le numéro 73, Loi
modifiant la Loi sur l'établissement par SIDBEC d'un complexe
sidérurgique intégré. Est-ce que ce rapport sera
adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Rapport adopté. M. le leader du
gouvernement.
Troisième lecture
M. Charron: Puis-je proposer la troisième lecture de ce
projet de loi, M. le Président?
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président, sauf que
le député de Notre-Dame-de-Grâce voudrait faire quelques
observations assez brèves. Peut-être que le leader parlementaire
du gouvernement préférerait que le ministre soit
présent.
M. Charron: En effet. Celui-ci m'avait assuré qu'il n'y
aurait pas d'intervention en troisième lecture. Une toute petite?
Allez-y, je verrai ce que vous allez dire et, au besoin, j'exercerai le droit
de réplique.
Le Vice-Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Merci, M. le Président. Je suis persuadé
que vous n'aurez pas besoin d'une réplique; je veux simplement souligner
un aspect positif de notre étude article par article. Le ministre a
accepté d'accorder le droit aux parlementaires, lors de la commission de
l'industrie, du commerce et du tourisme, d'examiner les plans d'investissement
qui sont donnés par directives du gouvernement à SIDBEC. C'est un
élément qui a été ajouté à la Loi de
la Société générale de financement il y a un an et
qui avait pour but d'essayer de rendre plus clairs et plus visibles les
engagements des sociétés d'Etat. Je pense que le ministre,
faisant suite à cette décision prise il y a un an, a
accepté que cela se fasse dès aujourd'hui dans le cas de SIDBEC,
et je le remercie au nom de mes collègues pour ce changement majeur.
Nous sommes obligés, malgré ce changement, de voter contre, pour
toutes les raisons que nous avons soulevées en deuxième lecture.
Nous croyons que ce n'est pas le moment d'investir des fonds additionnels dans
SIDBEC avant que la nouvelle équipe ait fait ses preuves et avant
qu'elle ait l'occasion de s'installer comme il le faut et de réorganiser
l'administration et le personnel. Je veux souligner que, malgré le fait
que nous allons voter contre, nous voulons remercier le ministre de ce
deuxième aspect qu'il a accepté d'adopter cet après-midi.
Je vous remercie.
Le Vice-Président: Merci beaucoup.
M. Goulet: M. le Président, très brièvement,
également, au nom de ma formation.
Le Vice-Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Vous vous souvenez, M. le Président, que, lors
du débat de deuxième lecture, j'avais personnellement
formulé une réticence concernant ce projet de loi, à
savoir que les directives qui seront émises par le gouvernement,
directives concernant les investissements futurs de SIDBEC, ainsi que les
documents pertinents devraient faire l'objet d'une étude en commission
parlementaire, ce à quoi l'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce a répondu favorablement en matinée. Tenant compte de ce
changement d'attitude dans ce projet de loi de la part du ministre, notre
formation politique votera en faveur de ce projet de loi en troisième
lecture.
Le Vice-Président: Merci.
M. le leader du gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, je suis satisfait des mots
que vient de tenir l'Opposition à l'égard de ce projet de loi. Il
semble effectivement que le processus que nous ayons suivi a eu pour effet,
sinon de satisfaire à 100%, ce qui m'apparaît dans plusieurs cas
invraisemblables, mais au moins d'améliorer l'attitude et de faire
à peu près que ce projet de loi soit le souhait unanime de
l'Assemblée nationale. En conséquence, j'en propose la
troisième lecture. (22 h 15)
Le Vice-Président: Est-ce que la motion de
troisième lecture du projet de loi no 73, Loi modifiant la Loi sur
l'établissement par SIDBEC d'un complexe sidérurgique
intégré sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne voudrais
pas que les dernières paroles du ministre portent à confusion;
lorsqu'il parle d'unanimité, il doit parler de son propre parti. Quant
à nous, ce sera sur division que nous acceptons le projet de loi.
Le Vice-Président: Adopté sur division?
Adopté sur division.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Je voudrais proposer finalement pour le dernier
rapport qui a été déposé au cours de la
séance, celui qui concernait le projet de loi no 52, M. le
Président, le consentement pour que nous le prenions en
considération immédiatement.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement pour la prise en
considération de la troisième lecture.
Prise en considération du rapport
de la commission ayant étudié
le projet de loi no 52
Le Vice-Président: J'appelle donc la prise en
considération du rapport de la justice pour le projet de loi no 52, Loi
modifiant la Loi des cons-tituts ou du régime de tenure. Est-ce que ce
rapport sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Puisqu'il y a
consentement pour la troisième lecture, est-ce que cette motion de
troisième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je voudrais inviter mes
collègues à sauter...
M. Levesque (Bonaventure): Si je peux suggérer, à
ce moment-ci, votre numéro 19.
M. Charron: Oui, c'est cela que je voulais faire.
M. Levesque (Bonaventure): D'accord.
M. Charron: Je vais finir ma phrase. Sauter à mon no 19,
le projet qui a été remis je crois que vous n'en avez pas
de copie, M. le Président. Quelle ingratitude j'ai à votre
égard!
Le Vice-Président: Je vais essayer de me
débrouiller, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Je m'en excuse. J'ai demandé qu'on vous en
fasse parvenir une copie, M. le Président. Je pense que ce sera fait.
C'est que j'ai indiqué à l'Opposition voilà! Vous
remarquerez à mon article 19, M. le Président...
Le Vice-Président: Qui est maintenant le mien.
M. Charron: Qui est maintenant le vôtre, qu'il s'agit de la
deuxième lecture des bills privés qui ont été
étudiés à la commission des consommateurs,
coopératives et institutions financières le 7 décembre
dernier, qui ont été adoptés par la commission et qu'il
faudrait maintenant adopter en deuxième lecture. On les retrouve entre
les articles 21 et 26 du feuilleton d'aujourd'hui. Je vous prierais de les
appeler un à la suite de l'autre.
Projet de loi no 213
Deuxième
lecture
Le Vice-Président: J'appelle donc la deuxième
lecture du projet de loi no 213, Loi concernant la compagnie Centre de
rénovation de La Tuque Inc. Est-ce que cette motion de deuxième
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Est-ce qu'il y a
consentement pour la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Evidemment.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de
troisième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 217
Deuxième
lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant la
deuxième lecture du projet de loi no 217, Loi modifiant la Loi
constituant en corporation le monastère des Augustines
Hospitalières de Lévis. Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Second reading of this bill.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture? Etant donné le consentement, je demande
maintenant si la motion de troisième lecture de ce même projet de
loi sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 219 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant la
deuxième lecture du projet de loi no 219, Loi concernant les Augustines
de la miséricorde de Jésus du monastère de Roberval,
région Saguenay-Lac-Saint-Jean. Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Est-ce qu'il y a
consentement pour la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: J'appelle donc la troisième
lecture de ce même projet de loi. Est-ce qu'il sera adopté?
Des Voix: Adopté.
Projet de loi no 233 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Maintenant, la
deuxième lecture du projet de loi no 233, Loi concernant le Club de golf
de Montmagny Inc. Est-ce que cette motion de deuxième lecture sera
adoptée? Adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture? Il y a consentement? Est-ce que la motion de
troisième lecture dudit projet de loi sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Projet de loi no 236 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté. J'appelle maintenant la
deuxième lecture du projet de loi no 236, Loi sur la fusion de Magasin
Co-op de Sainte-Hé-nédine et Société
coopérative agricole Etchemin. Est-ce que cette motion de
deuxième lecture sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Le Vice-Président: Vu le consentement, est-ce que la
motion de troisième lecture de ce même projet de loi sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. (22 h 20)
Projet de loi no 241
Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle enfin, en motion de
deuxième lecture, le projet de loi no 241, Loi modifiant la Loi
constituant en corporation les Soeurs de Saint-Joseph de Saint-Hyacinthe.
Est-ce que cette motion de deuxième lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le greffier m'excusera si je vais
vite un peu. Est-ce qu'il y a consentement pour la troisième
lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Le consentement étant
accordé, j'appelle maintenant la troisième lecture dudit projet
de loi. Est-ce qu'elle sera adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, puis-je proposer ce qui
paraît à l'article 22 de mon feuilleton.
Projet de loi no 192 Deuxième lecture
Le Vice-Président: J'appelle donc en deuxième
lecture le projet de loi no 192. Je n'ai pas le titre, malheureusement, exact
de la loi. L'article 17 au feuilleton, dans le vrai feuilleton, Loi concernant
la Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec. Est-ce que cette motion de deuxième lecture
sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Charron: Est-ce qu'on peut appeler la troisième
lecture?
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement à
la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Un instant il faudrait aller en
commission.
Commission plénière
M. Charron: Excusez-moi, l'envolée, M. le
Président. Je propose que symboliquement vous quittiez le fauteuil et
que cette Assemblée se transforme en commission plénière
pour l'étude article par article.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion sera adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Motion
adoptée.
M. Charron: Pour ne pas vous obliger, est-ce que les articles
sont adoptés?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que le rapport de la commission est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'il y a consentement à la troisième lecture?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que le projet en
troisième lecture sera adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Le député de Vanier étant
présent, à nos risques et périls, je sais que les...
Une Voix: Ne prends pas de chance.
M. Charron: Je sais que l'Opposition a des questions concernant
le projet de loi no 189, ce qui nécessistera peut-être un discours
bref, rapide, concis et limité au sujet en question, de la part de mon
collègue, en deuxième lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Pas ce soir.
M. Charron: Pas ce soir? Il n'y a pas consentement pour que nous
en fassions la deuxième lecture, on va le garder entre
parenthèses, M. le Président.
Nous en sommes...
M. Levesque (Bonaventure): Je suggérerais cependant, si le
député de Vanier veut faire progresser le moindrement le dossier,
qu'il rencontre ses vis-à-vis au cours de la soirée afin de voir
si les explications seraient suffisantes pour justifier à cette
Assemblée l'adoption de ce projet de loi.
M. Charron: Entre-temps donc, parce que je pense qu'il va
s'acquitter de cette tâche immédiatement, je proposerais que vous
appeliez l'article 18 du feuilleton artificiel que je vous ai
présenté, c'est-à-dire l'article 6 du feuilleton de
l'Assemblée.
Projet de loi no 72 Commission
plénière
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle donc le projet de loi no 72, Loi sur le ministère de l'Energie
et des Ressources qui retourne en commission plénière. Est-ce
cela M. le leader du gouvernement?
Est-ce qu'il s'agit d'une motion de votre part?
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'elle est adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Motion
adoptée.
A l'ordre!
Il s'agit d'étudier article par article, en commission
plénière, le projet de loi no 72, Loi sur le ministère de
l'Energie et des Ressources. Nous en étions rendus à l'article 12
dudit projet de loi, alinéa 12. Est-ce que cet alinéa sera
adopté?
M. Ciaccia: Un instant!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Puis-je demander au ministre s'il a apporté un
amendement à l'article 10, tel que nous lui avions
suggéré? Je crois qu'il l'avait accepté.
M. Bérubé: Oui, je pense qu'il a
été...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour le
mot "définition"?
M. Bérubé: Oui, pour le retrait du mot
"définition".
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II a
été rayé. Adopté.
M. Ciaccia: II a été rayé, très bien.
Au paragraphe 12 de l'article 12, nous avions suggéré au ministre
d'ajouter à la fin de ce paragraphe les mots "où il est
économiquement possible de les
aménager pour les rendre conformes à la loi actuelle". Il
s'agit de l'accélération de l'expansion d'Hydro-Québec,
mais de façon que ce soit économiquement possible.
M. Bérubé: Ce qui est dangereux, dans les mots
"économiquement possible", c'est qu'il faut bien se rendre compte
qu'Hydro-Québec charge à ses clients essentiellement ce qu'il en
coûte pour produire de l'électricité; le coût moyen,
par exemple, de l'électricité au Québec doit être de
l'ordre de $0.015 ou $0.016 le kilowatt et ce qu'Hydro-Québec charge
à ses clients, c'est essentiellement ce coût.
Il va de soi qu'au fur et à mesure qu'on développe de
nouvelles sources hydroélectriques, on constate que les coûts sont
plus élevés. La Baie James coûte déjà $0.027
le kilowatt.
On aurait pu se demander pourquoi ne pas développer, par exemple,
le complexe Nottaway-Broadback-Rupert tel que proposé par l'ancien
premier ministre du Québec, M. Bourassa? HydroQuébec a choisi de
ne pas le faire, même si le gouvernement voulait qu'on développe
ce complexe, parce qu'elle a constaté que le coût du
développement de ce complexe était plus élevé que
celui de la rivière La Grande et on a donc décidé de
développer plutôt la rivière La Grande.
Alors, qu'est-ce que vous entendez par "économiquement
acceptable"? Dans le monde de l'économie, cela veut simplement dire
qu'il n'existe pas de concurrents ayant des coûts de production plus
élevés que ceux-là. Or, comme le client
québécois paie essentiellement ce qu'il en coûte, comme
l'électricité n'est pas un produit exportable, on voit mal
comment on va définir ce qui est économiquement possible. (22 h
30)
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais répondre au ministre,
M. le Président?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je pense que l'exemple que le ministre nous a
donné, M. le Président, de Notta-way, Broadback et Rupert, cela
confirme l'amendement que nous voulons faire. Vous avez dit que le gouvernement
libéral de M. Bourassa, à ce moment-là, voulait
procéder avec NBR et, finalement, il a procédé avec le
projet de La Grande. A ce moment-là, l'amendement que je vous
suggère était dans la loi. Je pourrais vous dire, aujourd'hui,
qu'Hydro-Québec a peut-être pu signaler au gouvernement qu'il y
avait une obligation de développer où c'est économiquement
possible et que, dans les circonstances, le projet de La Grande était
conforme au mandat et au pouvoir du ministre. Peut-être que, si ces mots
n'avaient pas été dans la loi, le ministre aurait pu insister
auprès d'Hydro-Québec et dire: Vous allez procéder avec
NBR, parce que, moi, j'ai le pouvoir. Vous voulez vous donner le pouvoir
d'accélérer l'expansion d'Hydro-Québec sans aucune
contrainte.
Quand vous mentionnez que c'est un produit qui n'est pas concurrentiel,
je ne vous demande pas d'ajouter les mots "où c'est le plus
économiquement possible". Autrement dit, il peut y avoir une autre
façon de développer, une autre forme d'énergie qui serait
plus économique. Ce n'est pas cela que je vous demande. Je ne vous
demande pas de choisir le projet qui est le plus économique ou qui va
coûter le moins cher parce qu'il y a d'autres aspects qu'on doit prendre
en considération; le nucléaire, il peut y avoir la question de la
sécurité, il peut y avoir la question d'achat au Québec,
etc., mais, au moins, il faut que ce soit économiquement possible. Je
pense que c'est assez large, cela a permis le développement de la Baie
James, cela a causé certaines contraintes, pour Hydro-Québec et
le gouvernement, pour réexaminer le projet et, à la fin,
procéder avec le complexe La Grande, qui répondait au mandat que
le ministre avait à ce moment-là.
J'avais soulevé comme exemple le projet Archipel des rapides de
Lachine. Il faudrait qu'on démontre que ce projet est
économiquement possible avant de procéder, et je ne voudrais pas
que le ministre ait le pouvoir de dicter à HydroQuébec, de lui
dire: Malgré vos études qui démontrent que ce n'est pas
économiquement possible d'ici cinq ans ou dix ans, je veux que vous
procédiez quand même. Je crois que c'est une contrainte qui est
raisonnable, que c'est un mandat qui peut être évalué par
Hydro-Québec, qui peut être évalué par ceux qui en
sont responsables et qui n'enlève vraiment pas de pouvoirs au ministre,
mais il faut au moins avoir cette contrainte. Les mots qui se trouvent dans la
loi actuelle n'ont pas empêché le développement de la Baie
James.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Bérubé: M. le Président, je pense qu'on
se comprend, mais c'est simplement que les mots que veut introduire le
député de Mont-Royal n'ont pas de justification. Lorsqu'on se
réfère à la Loi d'Hydro-Québec, on voit que la
société a pour objet de fournir l'énergie aux
municipalités, aux entreprises industrielles ou commerciales et aux
citoyens de cette province aux taux les plus bas compatibles avec une saine
administration financière. Hydro-Québec doit fournir
l'électricité au plus bas coût possible, c'est
déjà dans la loi.
Le ministre ne peut donc pas forcer HydroQuébec... Nous avons
ajouté, je dois dire... C'est l'ancienne loi, cela a été
changé, elle a été amendée...
M. Ciaccia: Rassurez-vous, j'ai la loi ici. Quel article de la
loi, M. le ministre?
M. Bérubé: C'est l'article 22. Il a
été amendé pour indiquer que, également,
Hydro-Québec devait se conformer aux politiques
énergétiques du gouvernement. Donc, il y a deux critères.
Voici ce qui est capital, ici.
Lorsqu'on lit soigneusement l'article 12, paragraphe 12, on dit que le
ministre a pour fonction d'accélérer l'expansion
d'Hydro-Québec en lui assurant l'exploitation des forces hydrauliques
disponibles. Ce que cela veut dire, c'est que le ministre de l'Energie et des
Ressources doit fournir les ressources hydrauliques nécessaires pour
permettre l'expansion d'Hydro-Québec.
En d'autres termes, c'est mon devoir et le devoir de tout ministre qui
va me suivre d'assurer l'expansion d'Hydro-Québec et même
d'accélérer cette expansion en lui garantissant que les sources
hydrauliques disponibles seront mises à la disposition
d'Hydro-Québec, mais subséquem- ment, une fois que le ministre a
mis les sources hydrauliques... En d'autres termes, le ministre ne pourrait pas
retenir des sources hydrauliques à moins que, pour des raisons
environnementales, donc, des raisons autres que celles dictées par le
mandat du ministre... Je pense, par exemple, au ministre de l'Environnement ou
au ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui pourrait vouloir
protéger certaines rivières à saumon, par exemple, contre
l'implantation de barrages hydrauliques.
Dans ces conditions, c'est bien évident que, comme ministre
responsable de l'Energie et des Ressources, je devrais mettre ces sources
hydrauliques à la disposition d'Hydro-Québec, mais parce qu'il y
a d'autres contraintes, nous pourrions, comme gouvernement, ne pas mettre ces
sources à la disposition d'Hydro-Québec. En d'autres termes, je
ne dois pas me substituer au texte de loi qui s'applique déjà
à Hydro-Québec.
M. Ciaccia: Le pouvoir que vous vous donnez au paragraphe 12, ce
n'est pas seulement de mettre à la disposition d'Hydro-Québec des
sources hydrauliques disponibles. Vous vous donnez le droit
d'accélérer l'expansion d'Hydro-Québec. Vous vous donnez
le pouvoir d'accélérer l'expansion. Vous n'avez pas seulement
à répondre aux besoins d'Hydro-Québec quand elle va avoir
besoin de ces sources hydrauliques et de les mettre à leur
disposition.
Vous vous donnez le pouvoir d'accélérer l'expansion. Quand
vous m'avez cité la Loi d'Hydro-Québec, à savoir qu'elle
doit fournir l'électricité au taux le plus bas compatible avec
une saine administration, c'est une protection c'est vrai au
consommateur, mais vous avez ajouté dans un amendement: "et
conformément à la politique énergétique du
gouvernement."
Si vous prenez cet aspect, cette addition, ce changement ou cet
amendement à la Loi d'Hydro-Québec et le lisez avec les pouvoirs
que vous vous donnez dans le projet de loi 72, il vous pourrait arriver de dire
à Hydro-Québec: Je veux que vous construisiez tel ou tel projet,
parce que c'est conforme à la politique énergétique du
gouvernement. Ce n'est pas nécessaire que ce soit économiquement
possible. Le gouvernement pourrait avoir d'autres raisons politiques. Il peut
avoir une série d'autres motifs. Je ne suis pas ici pour essayer de
prévoir toutes les possibilités.
M. Bérubé: ... On ne peut pas...
M. Ciaccia: Non, mais je veux prévoir. Je veux mettre une
contrainte parce qu'à la fin, c'est le consommateur...
M. Bérubé: Nous avons rayé cette contrainte
de la Loi d'Hydro-Québec, justement parce qu'elle était
inadmissible. Ce que le député de Mont-Royal est en train de
dire, c'est que si, pour construire une centrale hydroélectrique sur de
petites rivières au Québec, il en coûtait 25% plus cher que
l'énergie nucléaire, eh bien, comme ministre, je pourrais
très bien dire que c'est la politique du gouvernement d'aménager
d'abord les pouvoirs hydroélectriques et de dire aux citoyens que le
gouvernement choisit la voie de l'hydroélectricité plutôt
que la voie du nucléaire, et notre électricité va nous
coûter 5%, 10% ou 25% plus cher de cette façon. C'est un choix
politique. Or, vous voulez que, dans la loi, un gouvernement n'ait pas le droit
de faire ce choix et c'est ce qui m'apparaît inadmissible.
M. Ciaccia: Non, M. le Président, ce n'est pas ce que je
demande au ministre. Je vous ai donné un exemple. Je n'ai pas dit le
plus économiquement possible. Si mon amendement disait que vous pourriez
accélérer le processus seulement par les moyens les plus
économiques possible, à ce moment-là, si c'est moins
coûteux d'aller au nucléaire, vous serez contraints d'aller au
nucléaire. Mais ce n'est pas ce que je vous dis. Je vous ai même
donné l'exemple que c'est possible que le nucléaire puisse
coûter moins cher, mais que vous décidiez d'aller vers
l'hydroélectrique pour d'autres raisons maximisées. Mais il faut
que cela soit économiquement possible. Le ministre comprend-il la
différence entre économiquement possible et le plus
économiquement possible. (22 h 40)
M. Bérubé: Je pense que le député de
Mont-Royal n'est pas capable de définir ce qui est économiquement
possible. Qu'est-ce qu'il appelle économiquement possible?
M. Ciaccia: Je vais vous le dire. Je vais vous donner un exemple.
Il va y avoir un coût marginal de cet Hydro. Il faut que le coût
qu'Hydro-Québec va pouvoir récupérer de ses projets puisse
être passé aux consommateurs en conformité avec son mandat.
Je vous donne l'exemple du projet Archipel. Supposons qu'Hydro vient vous dire:
Ecoutez! Ce projet aux rapides de Lachine n'est pas économiquement
possible parce que c'est un projet qui produit plus d'électricité
l'été, quand on n'en a pas besoin, que l'hiver. Ils vous font une
étude. Ecoutez! Je ne suis pas un économiste, je ne veux pas vous
faire l'étude d'avance, mais il faut avoir cette contrainte. Je ne veux
pas donner au ministre le pouvoir de dire à Hydro-Québec
malgré qu'Hydro-Québec vous dise: Ecoutez! M. le ministre, ce
n'est pas économiquement possible de réaliser ce projet :
J'ai le pouvoir, au paragraphe 10, de vous dire de procéder quand
même. C'est juste
cette contrainte-là. Ecoutez! A la longue, la question
d'économiquement possible, c'est vraiment Hydro-Québec qui va la
déterminer. J'ai assez confiance pour lui laisser ce pouvoir-là.
Mais je ne veux pas donner au ministre le pouvoir de se substituer et de forcer
Hydro-Québec à procéder à des projets dont elle ne
veut pas.
M. Bérubé: Ce n'est pas...
M. Ciaccia: Elle existe, M. le Président...
M. Bérubé: ... le sens de l'article.
M. Ciaccia: Mais oui.
M. Bérubé: L'article dit tout simplement que le
ministre doit... Lisons-le parce que...
M. Ciaccia: Oui, on va le lire ensemble tout haut.
M. Bérubé: ... à un moment donné, les
mots en français ont un sens.
M. Ciaccia: On va le lire tout haut.
M. Bérubé: "Les fonctions et pouvoirs du ministre
comprennent l'accélération de l'expansion d'Hydro-Québec
en lui assurant notamment l'exploitation des forces hydrauliques disponibles."
Cela veut dire, en français... Je m'excuse, mais c'est d'ailleurs un des
problèmes. En vertu de la loi no 101 il faudrait maintenant que j'aille
voir également le texte anglais pour être sûr qu'il dit bien
la même chose en anglais et en français puisque, quand nous votons
une loi...
M. Ciaccia: Je ne vous demande pas de le traduire. On va
l'étudier en français.
M. Bérubé: Je suppose que le texte français
au Québec a un sens légal. Cela veut dire que je dois assurer des
ressources hydrauliques disponibles à Hydro-Québec pour lui
permettre de prendre de l'expansion. C'est tout ce que cela veut dire.
M. Ciaccia: Voulez-vous expliquer, M. le ministre, pourquoi la
loi actuelle se lit comme suit et c'est en français aussi, je ne vous la
lis pas en anglais, je vous la lis en français: "...
d'accélérer l'expansion d'Hydro-Québec et lui assurer
l'exploitation de toutes forces hydrauliques non concédées
partout où il est économiquement possible de les
aménager."
M. Bérubé: Oui.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez nous expliquer
pourquoi...
M. Bérubé: Certainement.
M. Ciaccia: ... vous avez enlevé...
M. Bérubé: C'est très facile. M. Ciaccia:
... cette contrainte... M. Bérubé: C'est très
facile. M. Ciaccia: ... dans la loi?
M. Bérubé: Parce que, suivant cet
article-là, lorsque vous avez un ensemble de rivières
aménageables, l'une au coût de $1 milliard ou, supposons, $2000 le
kilowatt, une autre au coût de $2500 le kilowatt et une autre au
coût de $3000 le kilowatt, et vous les mettez par ordre croissant de
coût au kilowatt, la rivière qui est économiquement
exploitable, c'est celle qui coûte le moins cher. Par définition,
parce qu'il n'y a pas d'autres critères économiques. Le
critère économique, c'est toujours celui du coût le plus
faible.
Comme l'ancienne loi d'Hydro-Québec n'avait comme seul
critère que la rentabilité économique, Hydro-Québec
était obligée de toujours produire l'électricité au
plus bas coût, la Loi d'Hydro-Québec a été
amendée. A ce moment-là, on peut comprendre que quand
Hydro-Québec était obligée de toujours fournir
l'électricité aux Québécois au plus bas coût,
on pouvait certainement dire au ministre des Richesses naturelles: Vous ne
fournirez les rivières que dans la mesure où le coût
d'aménagement est le plus bas. Il y avait une cohérence entre les
deux lois.
Mais la loi a été amendée à
Hydro-Québec. Maintenant, la Loi d'Hydro-Québec dit: II n'y a pas
seulement la notion de coût le plus bas, mais il y a également la
notion de politique énergétique gouvernementale. Dans ces
conditions, la cohérence interne de nos lois exige qu'on enlève
cette mention, cette référence au paragraphe 12, pour être
logique. En d'autres termes, ce que nous disons, c'est qu'il est possible de
trouver deux rivières qui ne coûtent pas le même montant
pour être aménagées. Il est possible que le gouvernement
dise: Vous allez aménager la plus coûteuse pour des raisons
d'aménagement du territoire, pour des raisons de protection de
l'environnement, pour des raisons de proximité des lieux habités,
pour quantité de raisons qui n'ont rien à voir avec le plus bas
coût d'aménagement. C'est cela qui est capital. Il faut constater
que la Loi d'Hydro-Québec a été amendée. Je pense
que c'est de là que vient la confusion.
M. Ciaccia: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député.
M. Ciaccia: Je n'accepte pas les explications du ministre. On
pourrait argumenter toute la nuit. Je ne pense pas que cela nous avancerait.
Nous sommes convaincus que cet amendement est nécessaire. Je pourrais en
faire un amendement formel ou accepter l'article sur division et
procéder à un autre paragraphe.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 12 sera adopté?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté sur division. Non l'article 12, mais l'alinéa 12 de
l'article 12. L'alinéa 13 sera-t-il adopté?
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre peut nous expliquer, parce que
le libellé du paragraphe 13 est pas mal général,
jusqu'où peut aller le ministre avec cet article? Que voulez-vous dire
par le maintien des approvisionnements en énergie?
M. Bérubé: On dit que les fonctions du ministre
sont de garantir aux Québécois leur approvisionnement en
énergie, donc adopter les politiques nécessaires pour que les
Québécois aient l'énergie suffisante pour leurs
besoins.
M. Giasson: L'énergie sous toutes ses formes.
M. Bérubé: L'énergie sous toutes ses formes.
Cela pourrait être, par exemple...
M. Ciaccia: Cela veut dire que quand il y avait des pannes
d'électricité, ce n'était pas de référer le
problème au ministre du Travail, c'était à vous de fournir
l'approvisionnement en énergie; c'était votre
responsabilité. Dorénavant, quand il va y avoir un conflit de
travail, on va pouvoir regarder l'article 13 et vous dire: M. le ministre, ce
n'est pas la responsabilité du ministre du Travail, il va administrer le
Code du travail; vous devez maintenir l'approvisionnement en énergie,
faites les lois spéciales, prenez les mesures nécessaires pour
vous assurer qu'il n'y ait pas de pannes d'électricité. Est-ce
que c'est cela que vous voulez dire?
M. Bérubé: Cela veut dire essentiellement cela. Je
pense que c'est correct de l'interpréter de cette façon.
D'ailleurs, l'Opposition n'a pas manqué de l'interpréter de cette
façon lorsque, me posant des questions à la période de
questions, on disait: Qu'est-ce que vous entendez faire pour régler les
problèmes de pannes présentement au Québec,
résultant de la grève?
M. Ciaccia: Vous n'avez pas agi de cette façon. La seule
chose que vous avez faite, vous avez fait une liste des pannes, où elles
en étaient et le premier ministre qui vous donnait la parole, nous
référait à vous, ou bien vous-même le
référiez au ministre du Travail pour nous dire ce qui devait se
faire, ce qui arriverait à la question des pannes. Ce n'est pas vous qui
avez pris la responsabilité.
M. Bérubé: C'est inexact. Dans la mesure où,
d'une part, nous avons maintenu continuellement les contacts avec le syndicat
de manière que les pannes puissent être réparées. Ce
que j'ai pu répondre à l'Assemblée nationale,
c'était qu'il y avait plus de lenteur que d'habitude dans la
répa- ration, mais je pense qu'il est tout de même important de
souligner que le nombre de pannes que je rapportais chaque matin à
l'Assemblée nationale n'était pas très
éloigné du nombre moyen de pannes que l'on observe au
Québec. En d'autres termes, s'il y avait une augmentation significative
des pannes au Québec, cela se serait traduit pas une augmentation du
nombre des pannes. Ce qu'il faut souligner, M. le Président, c'est que
cinq régions sur neuf au Québec n'ont jamais eu aucune panne
inhabituelle à rapporter. En d'autres termes, il y a des pannes, c'est
bien évident comme partout au Québec, sauf qu'elles
étaient réparées dans les limites normales de temps. On a
observé deux régions du Québec où, je pense, il
faut reconnaître que le syndicat n'a pas toujours fait l'effort qu'il
aurait dû faire pour réparer à la bonne vitesse. Je pense
que c'est un fait que c'est le rôle du ministre d'élaborer des
politiques de manière que les Québécois puissent avoir un
approvisionnement en énergie.
Je dois souligner, cependant, que ce n'est qu'avec le Parti
québécois que le gouvernement s'est doté d'une politique
énergétique. Il n'y a jamais eu de politique
énergétique au Québec alors que vous avez
été au pouvoir pendant des années. Vous n'avez jamais fait
votre travail. (22 h 50)
M. Ciaccia: M. le Président, on allait bien. On va s'en
tenir aux termes du projet de loi. Vous venez de dire, c'est la
responsabilité du ministre d'élaborer les politiques. Ce n'est
pas cela que vous dites dans 13. Ce n'est pas l'élaboration de
politiques. Vous donnez la responsabilité, le pouvoir et la
responsabilité de maintenir les approvisionnements en énergie.
Est-ce que cela inclut les approvisionnements en pétrole? Est-ce que
cela inclut tout l'approvisionnement? Toutes les formes d'énergie.
M. Bérubé: Cela inclut tout, sous réserve
évidemment des contraites constitutionnelles que l'on connaît, en
ce sens qu'un gouvernement du Québec n'a pas de juridiction sur son
commerce extérieur. Un gouvernement du Québec, en période
de crise, dans la mesure où c'est le gouvernement fédéral
qui a adopté une loi qui décrète à ce moment les
sources énergétiques comme le pétrole et
l'électricité des substances d'intérêt national et,
à ce moment, s'adjuge toute responsabilité, il va bien de soi que
cette responsabilité du ministre est là dans la mesure où
il n'y a pas une responsabilité d'un gouvernement à Ottawa qui
décide de la chapeauter et de la rendre nulle et non avenue. Cela veut
tout simplement dire que d'une façon générale, c'est le
rôle du, ministre d'élaborer des politiques, d'élaborer des
mesures de manière qu'il y ait un approvisionnement en
pétrole.
M. Ciaccia: Dans tous les cas, cela veut dire... Vous prenez, je
crois, une responsabilité. Vous ne spécifiez pas, vous n'incluez
pas de restriction dans ce cas. On ne fera pas un débat politique sur le
fédéralisme. On est en train d'examiner le projet
de loi article par article pour voir le genre de pouvoirs, le genre de
fonctions que vous assumez. Je crois que le libellé de cet article est
pas mal général, est pas mal étendu.
M. Bérubé: Faites un amendement. Il n'y a pas
d'amendement devant nous, il y a simplement des commentaires
généraux.
Je n'ai pas d'objection, si vous voulez le rédiger d'une autre
façon.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'article 13 sera adopté?
M. Giasson: Adopté. M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Paragraphe 14, adopté?
M. Ciaccia: Un instant. Le paragraphe 14, c'est
déjà inclus dans la Loi sur le commerce des produits
pétroliers, excepté que le paragraphe 14 semble étendre
cela à tous les produits énergétiques.
Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Paragraphe 15.
M. Giasson: II s'agit d'un pouvoir qu'on retrouvait dans
l'ancienne Loi du ministère des Terres et Forêts, je crois.
M. Bérubé: Oui. M. Giasson:
Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. Paragraphe 16.
M. Ciaccia: C'est l'addition de la question
énergétique. Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. Ciaccia: M. le Président, avant de procéder au
prochain article, dans tout le projet de loi, on ne voit pas de
référence à une des fonctions qui, je crois, devrait
être une fonction importante pour le ministre, c'est le domaine de la
conservation de l'énergie. Peut-être que cela a été
une omission. On voudrait vous suggérer que vous ajoutiez au projet de
loi un autre paragraphe qui serait le paragraphe 17 de l'article 12.
Il y a deux sujets auxquels vous devriez référer. Je ne
crois pas qu'une Loi sur le ministère de l'Energie, spécialement
dans le contexte actuel, devrait manquer de référence
premièrement à la conservation, puis au développement et
l'utilisation de nouvelles sources énergétiques.
Je pourrais vous suggérer un paragraphe 17 qui se lirait comme
suit: "L'élaboration de recom- mandations, sur la conservation de
l'énergie ainsi que sur le développement et l'utilisation de
nouvelles sources énergétiques." Au moins, on aurait une
loi...
M. Bérubé: II y a une partie, je pense, qui est
redondante par rapport au paragraphe 3. Le paragraphe 3 parle de
l'élaboration de l'exécution de plans et programmes pour la mise
en valeur, l'exploitation et la transformation au Québec des ressources
énergétiques. En d'autres termes, les énergies nouvelles
sont déjà incluses là-dedans. Cependant la partie de la
conservation me paraît effectivement un point intéressant.
M. Ciaccia: Non, M. le Président. Puis-je faire remarquer
au ministre que l'article 3 peut se référer seulement aux sources
énergétiques traditionnelles? On voudrait que vous
déployiez certains efforts vers de nouvelles sources
énergétiques?
M. Bérubé: C'est votre amendement. M. Ciaccia:
Oui.
M. Giasson: Peut-être que l'amendement proposé par
le député de Mont-Royal pourrait se lire comme suit. On va le
transcrire: L'élaboration de plans de conservation de l'énergie
au Québec ou de programmes de conservation de l'énergie au
Québec. C'est parce que lorsque vous vous référez à
l'article 3, il n'est pas question d'un plan de conservation.
M. Bérubé: Oui, là-dessus, vous avez raison.
La partie de la conservation ne paraît pas à l'alinéa 3. Ce
qui paraît à l'alinéa 3, ce serait, par exemple, le
développement de nouvelles sources énergétiques; à
titre d'exemple, la matière ligneuse à des fins de production de
méthanol ou de vapeur ou de la tourbe. On pourrait parler de
l'élaboration d'un plan de programmes pour la mise en valeur,
l'exploitation et la transformation au Québec des ressources
énergétiques dont la tourbe, le bois, enfin, toutes les
ressources énergétiques inimaginables. Vous avez parfaitement
raison de dire qu'on ne met pas l'accent sur la conservation de
l'énergie, ce qui paraît certainement un point capital
aujourd'hui, je suis d'accord avec vous, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que l'amendement du député de Mont-Royal est adopté?
M. Ciaccia: Voulez-vous le relire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
L'amendement propose d'ajouter l'alinéa 17 qui se lirait comme suit: Les
fonctions et pouvoirs du ministre comprennent c'est dans l'introduction
de l'article 12, paragraphe 17 l'élaboration de programmes ou
d'un programme?
M. Giasson: D'un programme de conservation de
l'énergie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): D'un
programme de conservation de l'énergie.
M. Giasson: Ce pourrait être au pluriel aussi. M.
Ciaccia: Au pluriel.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Excusez-moi. A l'élaboration de programmes de conservation de
l'énergie.
M. Bérubé: Pour des raisons de cohérence,
est-ce que le député de Mont-Royal aurait objection, au lieu de
le numéroter l'article 17, de l'insérer entre les articles 13 et
14 dans la mesure où on parle du maintien des approvisionnements en
énergie, immédiatement après, on parlerait de
l'élaboration de programmes.
M. Ciaccia: Aucune objection. M. Giasson: Très
bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'amendement en question deviendrait, s'il était adopté, le
paragraphe 14 et les paragraphes 14,15 et 16 deviendraient respectivement 15,
16 et 17. Est-ce que tous ces amendements, que vous faites vôtres, j'en
suis sûr, M. le député de Mont-Royal, seront
adoptés?
M. Bérubé: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
M. Ciaccia: Pas de division.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'appelle donc l'article 13. Est-ce que l'article 13 sera adopté?
M. Ciaccia: Un instant, M. le Président.
M. Giasson: Est-ce que, traditionnellement, de par la Loi du
ministère des Terres et Forêts, ce pouvoir d'émission de
lettres patentes par le ministre lui-même existait? C'était le
lieutenant-gouverneur en conseil, sans doute, qui avait ce pouvoir.
M. Ciaccia: Dans la Loi du ministère des Terres et
Forêts, il n'y a pas de référence à
l'émission par le ministre de lettres patentes. Cela doit être de
la façon habituelle que les lettres patentes sont émises,
c'est-à-dire les lois générales par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. Bérubé: On me dit que c'est pour aller dans le
sens d'un amendement tout récent à la Loi des institutions
financières qui a également introduit la même clause, de
manière à faire en sorte que ce ne soit plus le procureur
général, le lieutenant-gouverneur, qui doive approuver les
lettres patentes. Etant donné le très grand nombre de ces lettres
patentes et le petit nombre de lieutenants-gouverneurs, il s'ensuit un retard
de près de deux mois dans l'émission desdites lettres patentes.
Ceci fait que, d'une façon générale, je ne vous le cache
pas, moi-même, je ne les vois pas, ces lettres patentes. Je ne vois que
très peu de cas, des cas exceptionnels, qui dérogent à la
réglementation générale du gouvernement concernant
l'émission des lettres patentes. (23 heures)
Elles sont en général décidées par
l'administration, signées par je ne sais quel sous-ministre ou haut
fonctionnaire qui a la délégation de signature et,
subséquemment, elles doivent être contresignées par le
lieutenant-gouverneur. Ce délai de signature représente deux mois
de retard. Or, on me dit que c'est uniquement pour tenter
d'accélérer la procédure administrative. Comme les
citoyens en général se plaignent qu'au gouvernement, c'est lent,
je ne peux que souscrire à cet amendement.
M. Giasson: M. le Président, il y a une
réalité qu'on vit au Québec. Le ministre déclare
qu'il ne se produit pas d'occasion où il lui est donné de signer
des recommandations d'émission de lettres patentes ou de signer les
documents même que constituent les lettres patentes.
M. Bérubé: Oui.
M. Giasson: Cependant, le ministre de l'Agriculture
possède les pouvoirs et, effectivement, signe des lettres patentes
si je fais erreur, le ministre me corrigera lorsqu'il s'agit de
concessions de terres, propriétés du ministère de
l'Agriculture, c'est-à-dire des terres qui avaient été
concédées en vertu d'un billet de location. Lorsque le
détenteur du billet de location répond à toutes les
conditions d'admissibilité à l'obtention de lettres patentes,
c'est le ministère de l'Agriculture qui met l'appareil en marche. Il
doit, je le concède, obtenir la signature du lieutenant-gouverneur. Il
faut que les documents passent au ministère de la Justice pour les
enregistrements.
M. Bérubé: En fait, le but de cette
rédaction, c'est purement d'enlever l'étape de la signature par
le lieutenant-gouverneur et l'apposition du grand sceau du Québec,
SOT.
M. Giasson: Je me demande si j'ai bien compris. Ce serait une
concordance avec des changements qui ont été apportés
à la Loi du ministère des Consommateurs, Coopératives et
Institutions financières?
M. Bérubé: On me dit qu'un tel amendement est
proposé pour les lettres patentes de compagnies.
M. Giasson: De compagnies? M. Bérubé:
Oui.
M. Giasson: Mais là, il s'agit de lettres patentes de
concessions de terres.
M. Bérubé: Oui, là il s'agit de concessions
de terres.
M. Giasson: Etes-vous informé si le ministère de
l'Agriculture va apporter les mêmes modifications pour maintenir la
concordance de sa loi avec celle que vous proposez ici?
M. Bérubé: II faudrait lui suggérer,
étant donné qu'il est dans cette salle.
M. Giasson: Je pense que le ministre de l'Agriculture ne serait
pas tellement d'accord. Il tient aux prérogatives qui sont celles du
ministère de l'Agriculture. M. le ministre, pourrait-on avoir vos
commentaires là-dessus?
M. Garon: M. le Président, je suis un peu
étonné d'apprendre que cela prend deux mois au
lieutenant-gouverneur pour signer. Il a à peu près juste cela
à faire. Il me semble qu'il pourrait signer... Il n'a pas beaucoup
d'ouvrage à part cela. Cela m'étonne que cela prenne tant de
temps que cela.
M. Bérubé: II n'y a pas seulement le
lieutenant-gouverneur. Il faut, par la suite, que le Procureur
général, avec le grand sceau... Cela m'a l'air d'une
opération assez complexe. On me dit qu'il faut deux mois de
procédures administratives supplémentaires.
M. Ciaccia: C'est heureux que vous ayez corrigé un peu
l'impression que le ministre de l'Agriculture avait laissée, à
savoir que c'était totalement la faute du lieutenant-gouverneur. Il
applique des procédures administratives de tout...
M. Giasson: Non...
M. Garon: Non, le ministre a dit, une fois que les
procédures administratives étaient terminées, seulement
pour aller les faire signer et faire apposer l'estampe, que cela prenait deux
mois. C'est épouvantable.
M. Giasson: Mme la Présidente, j'ai suivi dans le
passé, au ministère de l'Agriculture, le cheminement
d'émission de lettres patentes et les documents n'ont pas
été deux mois chez le lieutenant-gouverneur. Ils se sont
arrêtés dans des bureaux au ministère. Après, la
transmission ce n'était pourtant pas la poste royale de Sa
Majesté de ces documents de l'Agriculture au ministère,
pour des raisons que j'ignore, a mis parfois jusqu'à quinze jours pour
ce faire. Le ministère de l'Agriculture nous disait que les documents
étaient partis chez le lieutenant-gouverneur. On faisait la
vérification là-bas et les documents n'étaient pas encore
entrés chez le lieutenant-gouverneur. On nous disait que cela se faisait
par messager. Donc, ce n'était pas la poste royale qui retardait la
livraison du courrier. Ce sont les expériences que j'ai vécues au
moment où des gens réclamaient avec urgence l'émission de
lettres patentes.
M. Bérubé: Parfaitement d'accord avec vous. Je ne
veux pas m'engager dans une longue discussion sur les lenteurs de
l'administration à émettre des lettres patentes. Ce qu'il faut
reconnaître, c'est qu'en général cela n'a été
perçu par aucun gouvernement depuis l'époque de la colonisation
comme étant un geste administratif qui méritait d'y consacrer
beaucoup d'effort humain. Ce qui veut dire que le personnel chargé de
l'émission de lettres patentes est un personnel réduit au minimum
et il en résulte, forcément, énormément de lenteur.
Alors, la conséquence, c'est que vous avez des piles de dossiers actifs
et, d'une façon générale, même lorsqu'on veut
débloquer un dossier, il faut simplement changer la priorité et
demander que l'on passe le dossier avant les autres. Ce qui veut dire pour le
citoyen des attentes très longues.
J'ai, par exemple, eu à un moment donné à m'occuper
du cas d'un agriculteur dans la région de Port-Cartier qui attendait
depuis 14 ans l'émission de ses lettres patentes. Nous avons
réglé dans une journée en demandant au
lieutenant-gouverneur de bien vouloir rester à son bureau ce
soir-là. La personne est arrivée au bureau vers 8 heures le matin
et à 19 h 30, le soir, nous lui avions obtenu ses lettres patentes
après 14 ans. Nous avions estimé qu'une attente de 14 ans
auprès de l'administration justifiait un effort particulier mais,
effectivement, la procédure pour l'émission de lettres patentes
est d'une aberration absolument totale. Je pense que l'objectif de cet
amendement est justement de la simplifier légèrement.
La Présidente (Mme Cuerrier): Est-ce que cet amendement
est adopté?
Des Voix: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 14
est-il adopté?
M. Giasson: Un instant, Mme la Présidente.
M. Garon: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): Oui, M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: Tantôt, le député de
Montmagny-L'Islet a laissé une impression que les messagers
étaient lents. Je peux vous dire qu'on a des messagers au
ministère de l'Agriculture qui sont des gens très
dévoués, très rapides et, s'il y a une catégorie de
fonctionnaires dévoués au ministère de l'Agriculture, ce
sont les messagers qui travaillent vraiment fort.
M. Giasson: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 13 est-il
adopté M. le ministre?
M. Giasson: ... loin de moi l'idée de prétendre que
les messagers du ministère de l'Agriculture sont lents. C'est une
imagination du ministre de l'Agriculture. D'ailleurs, je n'ai pas porté
d'accusations contre les messagers, M. le ministre.
La Présidente (Mme Cuerrier): D'ailleurs, je venais de
dire au ministre de l'Agriculture que l'article 13 était
déjà adopté, M. le député de
Montmagny-L'Islet. L'article 14 sera-t-il adopté?
M. Giasson: Mais le ministre est revenu sur le contenu de
l'article 13 après son adoption.
Des Voix: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 14 est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 15
est-il adopté?
Des Voix: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 16
est-il adopté?
M. Ciaccia: Un instant, Mme la Présidente.
Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 16 est
adopté. L'article 17 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 18
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 18 est
adopté. L'article 19 est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 20
est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 21
est-il adopté?
M. Ciaccia: Un instant, je vais faire seulement un bref
commentaire à l'article 21. Je crois que j'en avais fait mention en
deuxième lecture. Nous nous opposons au principe d'amender la Loi
d'Hydro-Québec par l'insertion d'un article dans ce projet de loi-ci.
Nous allons adopter l'article 21 sur division, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 21 sera
adopté sur division.
M. Ciaccia: Sur division et les mêmes commentaires
s'appliquent à l'article 22.
M. Bérubé: J'ai effectivement deux oreilles mais je
n'ai malheureusement qu'un cerveau. Il faudrait que je consulte quelques
instants le conseiller juridique pour avoir les implications de certains
articles dans la loi par rapport à un amendement que l'on voudrait
peut-être proposer. Vous me permettez, Mme la Présidente, de
suspendre deux secondes?
M. Giasson: Aviez-vous déclaré la suspension?
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre ma dit qu'il
a besoin d'une consultation de quelques secondes. Nous suspendons pour trois
minutes.
Suspension à 23 h 10
Reprise à 23 h 11
M. Bérubé: Mme la Présidente, j'aimerais
obtenir le consentement de l'Opposition et des membres du gouvernement pour
revenir à l'article 20. Nous aimerions introduire un amendement
ultérieurement. Cela suppose que nous modifions un paragraphe de
l'article 20.
La Présidente (Mme Cuerrier): Y a-t-il consentement?
Une Voix: Oui.
La Présidente (Mme Cuerrier): Retour à l'article
20.
M. Bérubé: Le paragraphe 12 de l'article 20 qui se
lisait: "L'article 32 de la Loi sur HydroQuébec LRQ ch. 5 modifié
par 1978 C-41 ", serait purement et simplement rayé,
éliminé, retiré.
Les autres paragraphes seraient renumérotés en
conséquence, c'est-à-dire que 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39 seraient
renumérotés comme étant maintenant 12 à 38.
La Présidente (Mme Cuerrier): La motion d'amendement pour
retrancher le paragraphe 12 de l'article 20 sera-t-il adopté?
La renumérotation...
M. Giasson: Quels sont les motifs?
M. Ciaccia: Pourquoi avez-vous enlevé l'article 32.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. Bérubé: C'est que la Loi d'Hydro-Québec
que je devrais avoir sous les yeux dit à l'article 32: "Le ministre des
Richesses naturelles ou le ministre des Terres et Forêts, suivant chacun
sa compétence respective, peut avec l'autorisation du
lieutenant-gouverneur en conseil mettre à la disposition de la
société, pour fins d'exploitation aux conditions qu'il fixe, tout
immeuble ou force hydraulique faisant partie du domaine public requis pour les
fins de la société."
Or, en créant le ministère de l'Environnement, nous avons
confié à ce ministère la direction générale
des eaux qui était responsable de l'émission des baux, lettres
patentes sur les lots de grève ou lots en eau profonde et par
conséquent lorsque Hydro-Québec demande à construire un
barrage sur des lots de grève ou des lots en eau profonde,
Hydro-Québec doit obtenir un bail pour occuper ce terrain, elle doit
l'occuper, elle doit l'obtenir désormais du ministre de l'Environnement.
Aussi, l'article 32 devrait maintenant se lire: "Le ministre de l'Energie et
des Ressources et/ou le ministre de l'Environnement, suivant chacun sa
compétence respective", de manière que cette opération
d'émission de titres de propriété puisse se faire
tantôt par l'ancien ministre des Terres et Forêts qui est
maintenant le ministre de l'Energie et des Ressources pour les terres et
tantôt par le ministre de l'Environnement, lorsqu'il s'agit de lots de
grève ou lots en eau profonde.
M. Ciaccia: Oui, mais ce que l'article 20 visait, de la
façon dont je le comprenais, c'était que dans toutes les lois
où on référait anciennement au ministre des Terres et
Forêts, au ministre des Richesses naturelles, maintenant on va
référer au ministre de l'Energie et des Ressources. Cela
n'empêchait pas... Ce n'est pas le ministre des Richesses naturelles ou
le ministre des Terres et Forêts, c'est le ministre de l'Energie et des
Ressources. Cela ne change pas la loi ou l'obligation qu'imposait la Loi sur la
qualité de l'environnement.
M. Giasson: Cela n'inclut pas, cependant, le ministre de
l'Environnement, c'est la dimension qui manque.
M. Bérubé: Le député de
Montmagny-L'Islet a, je pense, très bien répondu; je n'ai pas
besoin d'aller plus loin. Les fonctions du ministre des Richesses naturelles se
sont divisées en deux, une partie étant assumée par le
ministre de l'Energie et des Ressources, mais l'autre partie étant
assumée par le ministre de l'Environnement. Il est donc important, je
pense c'est une remarque que nous faisait le ministre de l'Environnement
avec justesse pour cette raison.
La Présidente (Mme Cuerrier): Le paragraphe 12 de
l'article 20 est biffé et le paragraphe 13 devient 12, ainsi de suite
jusqu'à l'article 39 qui devient 38. Cet amendement est-il
adopté?
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 20,
tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 21
était déjà adopté. Article 22?
M. Ciaccia: Sur division.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté sur division.
Article 23?
M. Bérubé: II y a un amendement.
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre de l'Energie
et des Ressources.
M. Bérubé: L'article 23 serait
renuméroté 24. Je pense que, sur le plan de la procédure,
ce n'est peut-être pas tout à fait exact. En fait, l'article 23 se
lirait maintenant ainsi...
La Présidente (Mme Cuerrier): C'est un nouvel article
23.
M. Bérubé: C'est ça.
La Présidente (Mme Cuerrier): Cette motion d'amendement,
M. le ministre?
M. Bérubé: "L'article 32 de ladite loi est
modifié par le suivant: "32. Le ministre de l'Energie et des Ressources
ou le ministre de l'Environnement, suivant chacun sa compétence
respective, peut, avec l'autorisation du gouvernement, mettre à la
disposition de la commission, pour fins d'exploitation aux conditions qu'il
fixe, tout immeuble ou force hydraulique faisant partie du domaine public
requis pour les fins de la commission."
La Présidente (Mme Cuerrier): Ce nouvel article 23 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 23
renuméroté 24, est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Article 24
renuméroté 25?
M. Giasson: Mme la Présidente, est-ce qu'effectivement la
Loi sur la protection des arbres incluait le domaine public, les arbres du
domaine public ou si ce n'était pas limité au domaine
privé?
M. Bérubé: II semblerait que ce n'est pas
clair.
M. Giasson: Vous comprendrez que, si la Loi sur la protection des
arbres s'appliquait vraiment au domaine public, ça supposait qu'on ne
pouvait plus faire aucune exploitation forestière; il fallait
protéger les arbres.
M. Bérubé: On va vous lire l'article précis
de la Loi sur la protection des arbres, une loi d'ailleurs tombée en
désuétude, qui n'a jamais été utilisée nulle
part, sauf que mon collègue de l'Environnement veut la conserver,
l'ayant découverte sur le tard, avant que nous ayons eu le temps de la
faire disparaître.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 24
renuméroté 25?
M. Giasson: Nous attendons la réponse.
La Présidente (Mme Cuerrier): Vous attendez la lecture de
l'article.
M. Giasson: Parce que nous voudrions savoir de quelle
façon la Loi sur la protection des arbres s'appliquait dans le champ des
forêts publiques ou du domaine public.
La Présidente (Mme Cuerrier): Est-ce que nous pourrions
vous faire la suggestion de suspendre cet article?
M. Bérubé: Elle est difficile à trouver.
M. Giasson: Je pense comprendre, Mme la Présidente, que
ça prenait l'autorisation du ministère des Terres et Forêts
et que, dorénavant, ça prendra l'autorisation du ministre de
l'Environnement.
M. Bérubé: C'est ça.
M. Giasson: D'accord, ce n'était pas ce que je croyais au
départ.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 24
renuméroté 25?
M. Bérubé: En fait, c'est exactement ça.
C'est que quiconque coupait un arbre sans l'autorisation du ministre et, dans
ce cas, c'était le ministre des Terres et Forêts à
l'époque...
M. Giasson: Adopté.
M. Bérubé: C'est adopté?
La Présidente (Mme Cuerrier): C'est adopté.
L'article 25 renuméroté 26?
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. Article 26
renuméroté 27?
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. Article 27
renuméroté 28?
M. Ciaccia: Adopté. (23 h 20)
La Présidente (Mme Cuerrier): Article 28
renuméroté 29?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. Article 29
renuméroté 30?
M. Ciaccia: Adopté. M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. Article 30
renuméroté 31 ?
M. Ciaccia: Adopté. M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. Article 31
renuméroté 32?
M. Ciaccia: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté.
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Je me prépare
à faire rapport.
Le Président (M. Laberge): Mme la Présidente, j'ai
l'honneur de vous faire rapport que la commission plénière a
étudié le projet de loi no 72, Loi sur le ministère de
l'Energie et des Ressources, et qu'elle l'a adopté avec des
amendements.
La Vice-Présidente: Le rapport sera-t-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Le rapport sur le
projet de loi no 72 est adopté.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Mme la Présidente, nous pourrions
procéder à la troisième lecture de ce projet de loi.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Energie et des
Ressources propose que soit maintenant lu la troisième fois le projet de
loi no 72, Loi sur le ministère de l'Energie et des Ressources. Cette
motion de troisième lecture sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. La
Vice-Présidente: Adopté.
M. Bertrand: Mme la Présidente, si mon collègue, le
leader de l'Opposition, était d'accord, nous pourrions revenir à
un des points que nous avions laissé en suspens tout à l'heure,
à savoir l'étude du projet de loi no attendez que je
retrouve ...
La Vice-Présidente: Pas le no 57 tout de suite, M. le
leader.
M. Bertrand: Le no 189.
La Vice-Présidente: Le no 189.
M. Bertrand: En deuxième lecture.
La Vice-Présidente: II s'agit d'une troisième
lecture, n'est-ce pas?
M. Bertrand: Une deuxième lecture.
La Vice-Présidente: Une deuxième lecture?
M. Bertrand: Oui.
Projet de loi no 189 Deuxième lecture
La Vice-Présidente: Un moment. M. le député
de Vanier propose que soit maintenant lu la deuxième fois le projet de
loi no 189, Loi sur la Fédération des magasins Co-op. Cette
motion de deuxième lecture sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Je vois que le député de
Vanier a fait son travail.
M. Bertrand: Avec la très bonne collaboration du
député de Huntingdon et du député de
Montmagny-L'Islet, cela a très bien marché.
Commission plénière
Mme la Présidente, pour la forme, il faudrait maintenant que vous
quittiez votre fauteuil. Je fais motion pour que vous quittiez votre fauteuil
afin que nous puissions nous transformer en commission plénière
pour étudier ce projet de loi.
Une Voix: Vous êtes-vous échangé un golf avec
le député de Montmagny-L'Islet contre un magasin Co-op?
La Présidente (Mme Cuerrier): La motion sera-t-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. La Présidente
(Mme Cuerrier): Adopté. M. Bertrand: Les
écritures.
La Présidente (Mme Cuerrier): Les écritures. Y
aurait-il des amendements en commission plénière?
M. Bertrand: Aucun.
La Présidente (Mme Cuerrier): Le rapport de la commission
plénière est-il adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Adopté. Troisième
lecture? Adopté?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté. La
Vice-Présidente: Adopté.
M. Bertrand: Merci, Mme la Présidente. Il ne nous reste,
à moins que je ne me trompe, qu'un projet de loi, le projet de loi no 66
inscrit au nom du leader parlementaire du gouvernement qui n'est pas là,
mais qui devrait être là dans la seconde. On pourrait
peut-être, Mme la Présidente, suspendre deux minutes en attendant
que le leader soit de retour pour étudier son projet de loi en
deuxième lecture.
Une Voix: Et le projet de loi no 72?
M. Bertrand: Attendez un peu. La troisième lecture du
projet de loi no 72? C'est fait.
La Vice-Présidente: Alors...
M. Bertrand: II reste le projet de loi no 66, Mme la
Présidente. On peut suspendre deux minutes, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Suspension pour deux minutes.
D'accord, M. le leader, nous vous attendions.
M. Charron: Je vous propose d'appeler le projet de loi qui
apparaît...
La Vice-Présidente: II s'agit du projet de loi no 66,
n'est-ce pas?
M. Charron:... à l'article 9, Mme la
Présidente.
Projet de loi no 66
Deuxième lecture
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
parlementaires et leader du gouvernement
propose que soit maintenant lu pour la deuxième fois le projet de
loi no 66, Loi concernant certains ministères.
M. le ministre des Affaires parlementaires.
M. Claude Charron
M. Charron: Mme la Présidente, il semble que c'est
à moi qu'incombe l'honneur...
Une Voix: Honneur et gloire.
M. Charron: Honneur et gloire. J'espère que cela ne me
restera pas trop longtemps. Il semble que c'est à moi qu'incombe
l'honneur de présenter le dernier projet de loi en deuxième
lecture ce soir, mais de toute la session.
Une Voix: Non.
M. Charron: Non? En avez-vous d'autres d'urgence?
M. Levesque (Bonaventure): Non, je pense que le ministre doit
nous présenter demain le projet de loi no 85, Loi sur la
Société de développement coopératif.
M. Charron: C'est vrai, vous avez raison. Alors, je retire
mes...
Une Voix: Et un autre.
M. Levesque (Bonaventure): Honneur et gloire à vous!
M. Charron: Honneur et gloire au ministre des Consommateurs,
Coopératives et Institutions financières. J'avais voulu garder ce
projet de loi pour la fin, non pas parce qu'il est le summum des lois
présentées au cours de cette session, mais parce que je voulais
que tous mes collègues aient l'occasion de présenter leur
loi.
En fait, le projet de loi no 66 est à la fois bien minime et
important. Je dis bien minime parce qu'il est une ratification d'une
décision importante que le premier ministre a prise lors du remaniement
ministériel du 21 septembre dernier quant aux familles de sujets dont
chacun des ministres devait s'occuper. Il est minime en ce sens qu'il est une
ratification. Il est important parce qu'il laisse entrevoir ce que
j'appellerais des lois constitutives de chacun de ces regroupements faits qui
devraient normalement apparaître au feuilleton, au cours de la session de
1980 et qui permettront, à cette occasion, aux députés de
l'Assemblée de mesurer, comme nous venons de le faire pour le
ministère de l'Energie et des Ressources, les pouvoirs du ministre, le
mandat du ministre, les partenaires du ministre dans l'exercice d'une
responsabilité. Il est important sur le plan public, toutefois, que
dès cette session-ci et brièvement comme j'entends le faire, nous
proposions que ces regroupements qui ont été faits au moment du
remaniement, par arrêté en conseil ce que le premier
ministre pouvait décider de faire soient ratifiés par
l'Assemblée nationale.
Il y en a trois, Mme la Présidente, et je m'attarderai davantage
sur deux d'entre eux, étant de loin moins expert dans le dernier sujet.
Comme j'ai été partie liée à deux des
transformations qui sont énoncées, je veux prendre cinq minutes
pour annoncer pourquoi ces transformations se font.
En 1976, le premier ministre m'a confié la responsabilité
du Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports. Je n'y
suis plus depuis le 21 septembre. Je dis, en une phrase je résume
en une phrase tout le plaisir que j'ai eu à y travailler. J'ai
déjà dit, en partant, devant mes fonctionnaires et devant
certains des partenaires dans le monde du loisir que s'il y avait un domaine
par où je souhaiterais à un collègue d'entrer dans le
gouvernement, c'est bien celui que je quittais à cette époque. Il
n'y a pas de danger dans le domaine du loisir de perdre le contact avec la
population. (23 h 30)
Bien au contraire, vous êtes dans un domaine je le dis avec
tout le respect que je leur dois; ils comprendront pourquoi je les appelle
comme cela vous êtes avec le petit monde, le monde ordinaire et
à part cela, vous êtes avec le monde qui vous parle parce qu'il a
envie d'avoir du plaisir. Ils sont volontaires dans un domaine ou dans l'autre
et tout ce qu'ils vous demandent, ce n'est pas d'être l'homme qui
détermine tout mais celui qui vous demande de donner un coup de main
à faire ce qu'ils font. J'ai été très heureux dans
ce secteur; j'ai trouvé cela plus pénible pendant le temps
où j'ai cumulé les deux fonctions, mais je tenais à faire
cette époque de cumul des deux fonctions parce que j'avais pris un
engagement.
J'avais pris un engagement avec eux par une déclaration
ministérielle faite ici le 11 mars 1977, où j'avais
proposé à l'Assemblée les répliques de
l'Opposition avaient endossé ma démarche une
démarche en trois mouvements, d'abord faire nos propositions, ce qui
s'appelait le livre vert, consulter le monde, ce qui était
l'étape essentielle à faire, et pondre un livre blanc ou annoncer
un livre blanc par la suite qui serait le réajustement des propositions
par rapport à ce que le monde nous a dit. Quand j'ai été
nommé leader du gouvernement dans des circonstances pénibles dont
tout le monde se rappelle, c'est moi-même qui ai demandé au
premier ministre de me laisser terminer le cycle que j'avais
annoncé.
J'ai donc à peu près tenu parole. En septembre ou octobre
1977, j'ai fait mes propositions au monde du loisir. C'était le livre
vert qui s'appelait "Prendre notre temps." Après avoir laissé
porter le document, l'avoir diffusé à toutes les
municipalités, tous les groupes possibles que je connaissais dans le
territoire du Québec, de janvier à avril 1978, pendant quatre
mois, j'ai visité les 18 régions du loisir du Québec, 65
municipalités, j'ai tenu des audiences publiques, j'ai reçu 25
000 pages de mémoires je ne dis pas cela pour me plaindre parce
que j'ai adoré cela j'ai été de Gaspé
à Hull, de Rouyn-Noranda et, vraiment, le monde qui se dévoue
dans tous les coins du Qué-
bec à organiser des affaires est venu nous dire ce qu'il en
pensait. C'a été le "fun", ç'a été "ben le
fun". C'a été le "fun", mais en même temps c'était
très chargé parce que j'ai reçu des demandes
contradictoires. Vous ne pouvez pas ouvrir une consultation en pensant que tout
le monde va vous demander la même chose. Cela ne vaudrait pas la peine de
la faire. Je faisais remarquer aux gens dans la salle où j'étais
des fois, c'était à dix minutes de distance que ce
qu'un venait de me demander, c'était complètement contradictoire
avec l'autre. Je disais: J'espère que vous concevez que quand
j'énoncerai la politique par la suite, ça va être lui ou
ça va être vous, mais ça ne pourra pas être les deux.
Tout le monde disait: On a embarqué dans la démarche parce qu'on
veut qu'une politique nationale en découle; on saura ce qu'il en
retourne.
Ceci fait, j'ai mis quelques mois cette fois, dans les
circonstances, je cumule des fonctions; cela a été plus long que
prévu pour aboutir à un document que j'ai
déposé quelques jours avant le remaniement et qui s'appelle la
politique nationale du loisir, le livre blanc sur le loisir du Québec
qui a été bien accueilli partout. C'était presque
incroyable. Bien accueilli par l'Opposition aussi, puisque j'ai fait des
émissions de télévision où les responsables de
l'Opposition étaient là. Bref, ce n'est pas de cela dont je veux
parler; ce n'est pas de l'accueil ou du succès politique de ce document,
il est encore à faire. On a commencé aujourd'hui, par la
Régie des sports, à appliquer une de ces mesures; le reste
s'appliquera avec le temps, peu importe pour ce soir.
Je veux simplement attirer l'attention sur une conclusion qui est dans
ce livre et dont le projet de loi 66 est l'expression politique. J'étais
je m'en suis aperçu tout le long de mon mandat... Je vais
reprendre un exemple que j'avais à cette époque. Le
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports est un peu
comme la Pologne, entre l'Allemagne et la Russie. Dès qu'il y a une
guerre, c'est sur nous que cela passe. J'ai vécu une époque
où, entre le ministère des Affaires culturelles et le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche le nom
même évoque le loisir, tourisme, chasse, pêche le
Haut-Commissariat existait un peu comme un embryon en continuel conflit de
juridiction avec l'un ou l'autre.
Le loisir culturel, à quel moment cela relève-t-il du
Haut-Commissariat? A quel moment cela relève des Affaires culturelles? A
quel moment une chorale, par exemple on en a entendu une ici même
à l'Assemblée est un organisme de loisir et à quel
moment c'est une troupe de production qui peut relever du ministère des
Affaires culturelles? C'est tellement détaillé. Et de l'autre
côté c'était pire, c'est cela que ce projet de loi a
surtout visé. Avec les Affaires culturelles, nous avons partagé
les dossiers d'une manière, je crois, satisfaisante pour le milieu du
loisir c'est le premier objectif mais davantage pour les
fonctionnaires et la fonction publique en général pour savoir ce
qui relève de quoi et ce qui relève de qui.
Mais avec le Tourisme, la Chasse et la Pêche,
l'établissement d'une frontière était impensable, parce
que les deux, totalement, concrètement, Haut-Commissariat et Tourisme,
Chasse et Pêche, oeuvraient dans le même domaine. Ce qui m'a
amené, dans la consultation que j'évoquais tantôt
c'est pour cela que je l'évoquais à recevoir des
témoignages de citoyens, quand je me présentais la fraise quelque
part dans une des régions du Québec, qui me disaient: Tout ce
qu'on veut, c'est que vous, le gouvernement du Québec, fassiez le
ménage dans vos juridictions. On est tanné de se faire promener
du Haut-Commissariat au Tourisme, Chasse et Pêche. Qu'est-ce qui
relève de qui? Les parcs, sont-ce des parcs de chasse et de pêche
ou des parcs de récréation? S'il y a un coin qui est
réservé au camping, c'est du loisir, c'est du Haut-Commissariat?
A l'autre coin, il y a des animaux de préservés, c'est de la
faune. Cela relève du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, avec
deux équipes de fonctionnaires sur le même terrain? Cette
invraisemblance que mes prédécesseurs avaient déjà
reconnue puisque, quand je suis arrivé au poste du Haut-Commissariat, il
y avait sur la table abandonné par l'ancien gouvernement sortant et
sorti un projet de loi qui s'appelait la création du ministère du
tourisme, des loisirs et des parcs, qui était donc déjà la
reconnaissance qu'il fallait fusionner ces secteurs. J'en ai fait la
proposition dans le livre vert, cela a été unanimement retenu par
les gens consultés. Ce qui fait que dans le livre blanc nous avons
annoncé que le secteur de la chasse et de la pêche qui est
à proprement parler du loisir et qui oeuvre sur le même terrain,
de même que toute la politique du loisir, se retrouverait dans le
même ministère, ce que propose le projet de loi no 66 ce soir,
Loisir, Chasse et Pêche.
Autrement dit, ce que j'ai découvert dans plusieurs
conférences interprovinciales à cette époque, c'est que la
plupart de mes homologues des autres provinces ont quelque part dans leur titre
le mot "recreation", "Minister of Recreation of Ontario". Nous ne l'avons pas
ce mot ici au Québec, mais il serait peut-être opportun de dire
que Loisir, Chasse et Pêche couvre le secteur de la
récréation, du loisir, de la détente des citoyens, qu'il
était important d'y donner une place, un site. Je n'entrerai pas dans le
cadre de ce qui serait une loi constitutive, j'interviendrai à ce
moment, pour sûr, mais c'est devenu une préoccupation majeure des
citoyens et des municipalités du Québec.
Donc, ce que le premier ministre a fait et ce que le projet de loi no 66
demande de reconnaître, c'est que le secteur de la chasse, de la
pêche et du loisir devienne une famille regroupée. Eventuellement,
nous aurons un projet de loi qui constituera ce ministère,
définira les pouvoirs du ministre et ses obligations à
l'égard du milieu.
Par définition aussi, ce que j'ai découvert dans la
consultation, c'est que le secteur du tourisme est maintenant bien davantage
une industrie. Le gouvernement du Québec a organisé le 1er
novembre 1978 un mini-sommet du tourisme à
Sherbrooke. L'importance des investissements dans ce secteur et le
crédit touristique qui existe depuis le mois de juin dernier expliquent
et justifient, à mon avis, que le tourisme soit désormais
rattaché au secteur industriel, donc au ministère de l'Industrie
et du Commerce. (23 h 40)
La nouvelle appellation du ministère proposée, dans la loi
66 est davantage reconnue maintenant. Loisir, Chasse et Pêche constituent
une famille; le Tourisme est avec l'Industrie et le Commerce parce que
prioritairement sa vocation économique est reconnue.
Finalement, la troisième modification que ce projet de loi
énonce a trait à l'alimentation qui, pour le monde entier,
devient autant que l'énergie, sinon plus, à l'orée de l'an
2000, un sujet de préoccupation. Même s'il n'a pas les aspects
catastrophiques, bien sûr, au Québec qu'il peut avoir dans
certaines autres contrées du monde, il justifie à tout le moins
qu'ici aussi, dans l'intérêt des citoyens du Québec, le
secteur de l'alimentation en général soit regroupé dans la
même entité politique et sous la même juridiction que
l'agriculture. Nous proposons donc, dans ce projet de loi no 66 que le
ministère de l'Agriculture, à cause de son énorme
rôle dans le secteur de l'industrie agro-alimentaire maintenant, porte le
nom d'Agriculture et d'Alimentation. Et à cause de ce que les
pêcheries signifient désormais non seulement comme
activités dans le domaine agro-alimentaire, mais aussi comme
préoccupations dans l'ensemble du secteur de l'alimentation, que ce nom
figure dans l'appellation du ministère.
En conséquence, de cette décision, lors de la commission
plénière sur ce projet de loi, je proposerai qu'à tous les
endroits où nous voyons Agriculture et Alimentation l'appellation soit
transformée, comme le premier ministre l'a mentionné en
réponse à un souhait émis par le député de
Bonaventure, en Agriculture Pêcheries et Alimentation. Encore une fois,
les lois constitutives de chacun de ces ministères demeurent à
venir, mais je demande à l'Assemblée de ratifier cette
décision politique et administrative prise en vertu des lois actuelles
en acceptant le projet de loi no 66.
La Vice-Présidente: Cette motion de deuxième
lecture...
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Mme le Président...
M. Bisaillon: Mme la Présidente! M. Gérard D.
Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, oui, M. le
député de Sainte-Marie. Je voudrais simplement, et dans un temps
évidemment relativement court vu l'heure avancée...
Une Voix: On n'est pas pressé.
M. Levesque (Bonaventure): Je sais qu'on n'est pas pressé,
le ministre de l'Agriculture l'a bien démontré au cours des
dernières heures. Je voudrais à ce moment-ci, cependant,
éviter, comme je l'ai mentionné, de prolonger les débats.
Les cinq minutes que je vais prendre seront, je l'espère, moins longues
que celles du leader parlementaire du gouvernement. Je voudrais, cependant,
manifester mon appréciation pour le travail qu'a fait le ministre alors
qu'il avait la responsabilité du Haut-Commissariat. Je voudrais en
même temps, peut-être, toucher brièvement ces trois
modifications qui donnent suite au remaniement ministériel du 21
septembre dernier.
Il s'agit, évidemment, d'une sorte de loi de concordance
plutôt qu'autre chose. Le ministre lui-même l'a admis bien
candidement en disant que nous aurons droit à une présentation de
lois plus substantielles, de projets de loi constitutifs de ministères.
Comme nous en avons eu dans le domaine de l'énergie et des ressources,
nous devrions en avoir dans le cas de ces trois ministères. C'est
à ce moment-là que nous aurons l'occasion d'intervenir davantage
sur le fond.
Qu'il me soit permis cependant, Mme la Présidente, de rappeler
que des modifications, quant au nom des ministères et à des
transferts d'un ministère à l'autre, ça se fait depuis
toujours. C'est curieux qu'à mesure que les gouvernements changent, on a
de nouvelles approches quant à des regroupements. J'ai vécu
ça pendant plusieurs années, sous plusieurs gouvernements, et on
a chaque fois trouvé la solution pour éviter, entre autres, des
chevauchements; des chevauchements, ça n'existe pas seulement entre le
fédéral et le provincial, des chevauchements, ça existe
bien clairement dans notre propre juridiction; on a des chevauchements,
quelquefois assez dramatiques, entre les Communications et les Affaires
culturelles. Où se retrouvait le cinéma, par exemple. On en a eu,
même dans ces domaines-ci, la chasse et la pêche, eh bien, la
chasse et la pêche sont parties de plusieurs ministères dans les
années avant 1960 et, en 1960, quand je suis arrivé à la
tête du ministère de la Chasse et des Pêcheries, la chasse
et la pêche se trouvaient là avec les pêcheries
commerciales; c'était très logique et très
cohérent, parce qu'on avait les biologistes qui s'occupaient
évidemment des poissons, qu'ils soient d'eau douce ou d'eau
salée, ça se retrouvait dans le même ministère, donc
une belle cohérence au point de vue biologique, etc.
Au bout de deux ans, on a trouvé que c'était mieux que la
chasse et la pêche se retrouve avec le nouveau ministère du
Tourisme. Le tourisme, au moment du changement, se trouvait à
l'Industrie et au Commerce. Aujourd'hui on veut refaire le même chemin,
mais simplement que le Tourisme aura voix au chapitre, c'est-à-dire au
titre. Dans ce temps-là, Industrie et Commerce couvraient, cachaient
presque le tourisme; aujourd'hui, on prend le Tourisme et on le retourne
où il était il y a 15 ou 17 ans.
C'est un peu ça les changements de gouvernements, chacun a son
approche.
Mme la Présidente, les pêcheries avaient leur
ministère Chasse et Pêcheries. Evidemment, j'y suis
peut-être pour quelque chose, mais je ne pouvais pas me mettre dans
l'idée que je ne serais plus ministre des Pêcheries lorsque, en
1962, j'ai été muté au ministère de l'Industrie et
du Commerce, il a fallu que j'amène les Pêcheries avec moi; alors,
c'est comme ça que les pêcheries se sont retrouvées au
ministère de l'Industrie et du Commerce, et j'avais d'excellentes
raisons. Il fallait que les Pêcheries se retrouvent dans un
ministère qui s'occupe réellement de l'industrie, du commerce, de
la commercialisation, on avait toutes les raisons du monde de les amener
à l'Industrie et au Commerce.
Aujourd'hui, on retrouve peut-être que l'alimentation prend le
dessus et, au moment où on pense à l'agriculture et à ses
préoccupations vis-à-vis de l'alimentation, on pense que ce
serait peut-être une bonne chose que les Pêcheries arrivent au
ministère de l'Agriculture. D'ailleurs, j'en avais fait la proposition
moi-même dans les dernières années du dernier régime
libéral et je croyais que ce serait une excellente idée que les
Pêcheries puissent s'épanouir à l'intérieur du
ministère de l'Agriculture. Mais, encore là, on n'est pas au bout
de nos peines, parce que, lorsque les Pêcheries vont arriver à
l'Agriculture, elles vont arriver dans un gros ministère un gros
ministre et qu'est-ce qui va arriver aux Pêcheries? Est-ce que le
ministre de l'Agriculture et le ministère de l'Agriculture vont
réellement donner aux Pêcheries la place qu'il lui faut et vont
tenir compte des nouvelles conditions qui sont faites aux Pêcheries?
Est-ce que le ministre des Pêcheries va se recycler pour devenir
quelqu'un qui non seulement a le goût des Pêcheries, mais qui va
faire en sorte que ce soit presque une seconde nature pour lui que les
Pêcheries. C'est un défi pour le ministre de l'Agriculture, parce
qu'autrement les Pêcheries vont peut-être encore chercher ailleurs,
et ce serait dommage. (23 h 50)
Je voudrais à ce moment-ci, en toute justice, même s'il est
absent ce soir, remercier le premier ministre d'avoir retenu ma suggestion
d'ajouter, dans le nom du ministère, le mot Pêcheries. Le ministre
de l'Agriculture, au moins tous les jours, ne pourra jamais se défaire
de l'idée des pêcheries parce qu'il va l'avoir dans son titre de
ministre et de ministère. Chaque fois qu'on va parler du ministre de
l'Agriculture, il va falloir parler du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Alors, il ne pourra pas oublier les
pêcheries. Il va être collé avec cela et j'en suis
très fier.
Je veux donc, encore une fois, manifester mon appréciation
vis-à-vis du premier ministre pour la façon, très rapide
d'ailleurs, avec laquelle il a accepté cette suggestion que j'ai faite
dans l'esprit de ce qui nous préoccupe, particulièrement nous,
des comtés maritimes, soit les comtés les plus près de ces
préoccupations. J'ai pensé, évidemment, aux
Iles-de-la-Madeleine en premier, au point de vue production, au point de vue
pêcherires, au comté de Gaspé, au comté de
Duplessis, évidemment au comté de Bonaventure, sans oublier le
comté de Matane et d'autres comtés qui disent qu'ils sont des
comtés de pêcheries.
Mme LeBlanc-Bantey: D'Arcy McGee.
M. Levesque (Bonaventure): Pardon, madame?
Mme LeBlanc-Bantey: D'Arcy McGee.
M. Levesque (Bonaventure): D'Arcy McGee, il va avoir de la
difficulté à passer le test. Mme la Présidente, je...
Une Voix: C'est un comté de poissons. M. Levesque
(Bonaventure): Pardon? Une Voix: Un comté de...
M. Levesque (Bonaventure): Je vois que nous arrivons à la
fin de nos travaux et je vois que l'heure de minuit doit sonner, mais je
voudrais cependant, Mme la Présidente, alors que le ministre et leader
parlementaire du gouvernement a insisté avec beaucoup de justesse sur
l'importance des loisirs, alors qu'il a effleuré en même temps la
question du tourisme, insister moi-même sur l'importance qui doit
être également donnée au tourisme. Le tourisme garde son
nom au moins dans l'appellation du ministère qui sera le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Je voudrais
cependant, on le comprendra bien, insister sur ce nouveau ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. J'ai eu l'occasion en
cette Chambre de rappeler la nouvelle importance du secteur des pêches.
Il faut bien admettre que, jusqu'à aujourd'hui, la production totale du
Québec vis-à-vis de l'ensemble des pêcheries canadiennes,
c'est encore une fraction qui peut paraître pas tellement importante.
Mais, avec l'extension de la zone de pêche de 200 milles, avec les bonnes
intentions manifestées par le gouvernement quant au plan quinquennal, au
budget dont on parle, mais qu'on ne voit pas encore, avec les promesses faites
à Gaspé lors du sommet économique faisant de Gaspé
la capitale des pêches toutes ces promesses le ministre
actuel aura à voir à ce que ces choses deviennent
réalité peut-être qu'il n'aura pas le temps de les
réaliser à lancer au moins les choses dans la bonne
direction. Quant à nous, si les circonstances font que nous devions
reprendre ceite situation et avoir une responsabilité plus directe, on
aura au moins un commencement qu'on devra au ministre de l'Agriculture, le
premier ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je
souhaite bonne chance au ministre, mais il y a là, je pense, quelque
chose où il devra manifester un intérêt réel et
véritable. Peut-être que, dans l'ensemble du Québec, cela a
une importance relative lorsque l'on pense à l'agriculture, par exemple.
Mais sur le plan régional, lorsque je pense à l'Est
du Québec, cela a une importance primordiale, première. Je
formule aujourd'hui le voeu que le ministre, dès qu'il sera ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, accorde une importance
primordiale au secteur des pêches et particulièrement dans
l'intérêt de l'Est du Québec.
Toutefois, il y va de l'intérêt de tout le Québec
parce que, comme le mentionnait très justement le leader parlementaire
du gouvernement, le secteur de l'alimentation est de plus en plus important
dans tout le contexte international et les pêcheries sont une source
importante d'alimentation. Je n'ai pas à rappeler l'importance
alimentaire, l'importance au point de vue protéines du poisson, etc., le
ministre, dès qu'il va voir toutes les pêcheries arriver chez lui
va sûrement se recycler très rapidement et je suis convaincu qu'il
va trouver fort intéressant le domaine des pêcheries. J'ai eu
moi-même l'occasion de m'y intéresser de très près
et je suis sûr que le ministre trouvera là un intérêt
nouveau et ce sera en même temps un nouveau défi.
Nous allons adopter très rapidement, Mme la Présidente, ce
projet de loi no 66. Nous allons même donner notre consentement pour que
nous puissions procéder à toutes les étapes le plus
tôt possible.
La Vice-Présidente: M. le député de
Gaspé. M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Mme la Présidente, je brûle
d'impatience, à l'instar de mon collègue de Bonaventure, de voter
ce projet de loi mais je m'en voudrais de ne pas ajouter quelques mots parce
que le nouveau ministre qui, dans quelques heures ou dans quelques jours, va
hériter des pêcheries maritimes était présent
à Gaspé, je crois, le 30 avril 1978, si ma mémoire est
bonne. De toute façon, on ne fera pas de débat sur la
question.
La députée des Iles-de-la-Madeleine s'en souvient; le
député de Bonaventure était là. Il faisait beau
à Gaspé le 30 avril 1978, un beau clair de lune, une
atmosphère de fête parce que, à la suite d'un mini-sommet
de deux jours, le premier ministre s'est rendu sur place en compagnie du
ministre de l'Industrie et du Commerce et d'autres ministres pour annoncer la
grande nouvelle, nouvelle qui a pris beaucoup de monde par surprise:
Gaspé, capitale des pêcheries. A Québec, le même
soir, 30 avril 1978, il y avait quelques centaines de fonctionnaires qui
regardaient la télévision, qui avaient hâte de recevoir des
nouvelles de Gaspé parce qu'il se jouait là-bas de grandes
décisions. Tout à coup, ces fonctionnaires qui sont
installés à Québec, qui vivent, qui sont heureux, qui
rendent d'immenses services, apprennent que Gaspé devient à
l'instant même la capitale des pêcheries et qu'il faudra
déménager tout ce beau monde, tous les laboratoires, etc., vers
ce qu'ils ont appelé dans le temps cette Sibérie du
Québec.
Je n'en veux pas aux fonctionnaires. Il y a eu un choc. I! y a eu
beaucoup de surprise parce que j'ai demandé à un très haut
fonctionnaire, proba- blement au ministre de l'Industrie et du Commerce de
l'époque: Quand vous allez annoncer ce soir vos grandes nouvelles qui
dépassent nos espérances le ministre ne voulait pas trop
parler j'imagine qu'il n'y aura pas de commotion, qu'il n'y aura pas de
choc, qu'il n'y aura pas de surprise à Québec. Est-ce que vos
fonctionnaires ont été psychologiquement préparés?
Le fonctionnaire ou le ministre ma mémoire à minuit est un
petit peu défaillante; je ne veux compromettre personne m'a dit:
Hélas! il n'y en a pas un seul qui est au courant; ils vont l'apprendre
aux nouvelles ce soir. Je veux simplement prévenir le futur ou le
nouveau ministre que ce n'est pas étonnant s'il y a eu un peu de
tiraillement pendant des mois et des mois. Je comprends ces fonctionnaires. Je
les ai très bien compris. S'ils avaient été
consultés, si on avait préparé le terrain, à ce
moment-là, je crois que la réaction aurait été
moins grande. Si le ministre constate en cours de route qu'il y a de nombreux
retards, c'est peut-être dû à ce flottement où les
fonctionnaires ont tenté par tous les moyens je crois qu'il y en
a déjà une quarantaine de se ranger du côté
du ministère de l'Agriculture. (minuit)
A ce moment, le ministre a probablement déjà pris des
contacts avec une partie des fonctionnaires qui sont à son
ministère, je n'ai pas le nombre exact. Quand j'ai demandé au
premier ministre, cette semaine, je crois que c'était le 18
décembre, mardi, en parlant du ministère de l'Agriculture et de
l'Alimentation, si on ajouterait les pêcheries maritimes, je ne savais
pas qu'il y avait un amendement qui était déposé
déjà depuis le 17, que j'ai reçu après mon
intervention ici en Chambre.
Alors, je suis très heureux de dire que le nouveau ministre qui,
déjà, je crois, s'est impliqué dans des dossiers assez
lourds, des dossiers qui traînaient peut-être depuis longtemps,
s'il a eu le courage de les envisager et en dépit des votes de
l'Opposition on ne parle pas de vote dans le moment il a eu le
courage de foncer du côté des pêches. Il y a un gros
défi à relever, parce qu'on a toujours eu l'impression que dans
le passé, Industrie et Commerce qui commande des centaines et des
centaines de millions, en termes de budget, quand on intercale là-dedans
les pêches maritimes, cela ne représente tout de même pas
une grosse proportion. C'est pour cela que mon collègue de Bonaventure a
demandé au ministre de s'impliquer je sais qu'il va le faire
c'est très important, il y a tout de même 6000
pêcheurs, il y a tous ceux qui vivent de la transformation, tous ceux qui
sont concernés par l'industrie des pêches maritimes.
Je crois qu'à ce moment, le fait de transférer à
l'Agriculture et l'Alimentation les pêcheries comme telles, le ministre
va s'apercevoir que la décentralisation qui était promise pour
1980 s'explique par les causes mentionnées au début de mon
intervention et je sais qu'actuellement, j'ai posé la question au
ministre de l'Industrie et du Commerce aujourd'hui, qu'il se fait des travaux
à Gaspé, qu'il s'en fait aux Iles-de-la-Madeleine, qu'à
Grande-Rivière, pour la deuxième ou troisième fois, la
grange des Robin est en place et là on va la déplacer de
50 pieds encore une fois. Cela représente de l'argent, je ne connais pas
les causes profondes. On va la placer près du cap où les vagues
sont très fortes. J'espère qu'on ne veut pas en faire un mur de
protection à cause de l'autre édifice qui est tout près
aussi des vagues, mais ce sont des problèmes que le ministre devra
envisager.
Maintenant, je sais que nul ne peut contenter tout le monde et son
père, comme le disait La Fontaine, Gaspé a été
choisie, on a dit que Gaspé deviendrait la capitale des pêches. Je
sais très bien qu'il y a des endroits comme Newport,
Grande-Rivière, Rivière-aux-Renards, les Iles-de-la-Madeleine, la
Côte-Nord où il y a des centres importants, mais on a fait
déjà un partage, Gaspé aura telle et telle chose,
Grande-Rivière a déjà une école des
pêcheries, un institut de recherche et à Grande-Rivière on
a ajouté là une spécialité qui s'appelle, par
exemple, les équipements, les engins marins. Cela ne satisfait
peut-être pas Grande-Rivière qu'elle n'ait pas tous les
laboratoires de recherche. Mais à côté de tout cela, on a
des parcs industriels le ministre va visiter ces choses cela
commande tout de même une cinquantaine de millions de dollars et les
parcs industriels, il ne faudrait pas que cela devienne des
éléphants blancs, parce qu'il y a beaucoup de commerçants,
de transformateurs de poisson qui sont situés des fois à deux,
trois, quatre ou cinq milles des parcs industriels. S'ils sont obligés
de se déménager, d'aller dans les parcs, j'ai bien l'impression
que le gouvernement devra leur aider. Il y a d'autres problèmes
actuellement, c'est qu'il y a d'autres gens actifs, entrepreneurs qui
voudraient s'occuper du commerce du poisson et aller aussi trouver un coin,
petit ou assez grand, dans ces parcs industriels de pêche.
Le ministre aura aussi à s'occuper des havres de pêche. Ne
mêlons pas les juridictions fédérale et provinciale, cela
concerne aussi les provinces, parce que quand on parle de havre de pêche,
il y a des endroits où il ne s'agit pas de construire tout un havre mais
des petits murs de protection des fois. Le ministre aura à
réviser la question, le nombre, les quotas, les permis de pêche.
Le ministre va s'apercevoir que la pêche côtière trouve un
regain de vie depuis peut-être les deux ou trois dernières
années en Gaspésie.
Quand on a parlé, il y a quelque temps, de la qualité du
poisson, le ministre a dû constater que dans l'alimentation le petit
pêcheur côtier, qui part le matin pour ne rentrer que vers 10
heures ou 11 heures ou à 14 heures l'après-midi, rapporte du
poisson encore vivant. C'est de la bonne morue, de la perche, etc. Il y a
énormément de problèmes. J'attire l'attention du ministre
là-dessus non pas pour l'empêcher de dormir ce soir, mais pour
que, quand il relira le journal des Débats, il se dise: C'est vrai, cela
va venir avec le temps; petit à petit, on va envisager toutes ces
choses.
La reconstruction des chantiers maritimes est commencée à
Gaspé. Très bien, mais nous sommes en retard. Il y a beaucoup de
pêcheurs qui, à cause d'incendies, ont perdu trois ou quatre beaux
bateaux qui étaient rendus à terme l'an dernier. Dommage! Ce fut
une très belle expérience. Ce n'était pas le gouvernement
qui était responsable de l'incendie, mais ce sont des maux de tête
et des problèmes urgents. Je ne veux pas intervenir beaucoup plus
longtemps, j'attire simplement l'attention du ministre sur ces points.
Il y a quelque temps, il y a déjà trois ou quatre mois,
dans une entrevue que j'accordais à l'hebdomadaire Le Havre de Chandler,
on m'a posé des questions et je leur ai répondu à ce
moment-là que je verrais très bien les pêcheries maritimes
au ministère de l'Agriculture. Ils m'ont demandé pourquoi. J'ai
dit: Parce qu'il y a des transformations qui s'en viennent. Je leur ai dit: Le
ministre est vaillant, le ministre s'occupe de ses dossiers. Je leur ai dit
cela et, si le ministre en doute je vais lui apporter la coupure du journal. Je
ne veux pas le flatter. C'est pour cela que je lui ai dit tout à l'heure
que des pêcheries, il va en faire quelque chose de bien parce qu'il va
s'impliquer. Il ne bouge pas dans le moment, je le comprends et je ne veux pas
qu'il bouge. J'aime mieux qu'il me le dise tout à l'heure.
Si le ministre combine tous ses efforts pour l'agriculture, pour
l'alimentation, pour la bonne qualité du poisson, pour un encouragement
aux pêcheurs à produire plus, encore et davantage, cela va
créer des emplois, cela va remettre le Québec sur la carte des
protéines, sur la carte des bons produits, sur la carte des poissons de
lac ou des Maritimes. Il y a énormément de travail qui attend le
ministre. D'ailleurs, quand il aura pris connaissance du plan quinquennal, une
belle petite brique de 250 pages, et des $125 millions ou des $150 millions qui
sont impliqués là-dedans, avec le temps, le ministre pourra faire
une bonne répartition de ces sommes d'argent, il pourra songer... Quand
je parle de la Gaspésie, évidemment, j'inclus les
Iles-de-la-Madeleine, j'inclus la Côte-Nord, j'inclus tous les endroits
où la pêche commerciale se pratique à un degré ou
à un autre.
Je ne veux pas parler des autres ministères, Mme la
Présidente; cela a déjà été
évoqué tout à l'heure. Je suis bien d'accord avec les
objectifs que sous-tend le projet de loi no 66, à savoir qu'on fusionne
les Loisirs, la Chasse et la Pêche et l'Industrie, le Commerce et le
Tourisme et qu'on vienne compléter avec l'Agriculture, l'Alimentation et
les pêcheries maritimes. Je crois qu'une fois ces choses rodées,
installées, et l'expérience étant faite, si cela
s'avère un succès, ce sera tout de même à l'honneur
de ceux qui essaient d'améliorer nos lois et qui veulent travailler en
même temps au développement de ce Québec que nous aimons
tous. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Mme la députée des
Iles-de-la-Madeleine et adjointe parlementaire à l'Industrie et au
Commerce.
Mme Denise LeBlanc-Bantey
Mme LeBlanc-Bantey: Merci, Mme la Présidente. Je pense ne
surprendre personne dans
cette Chambre. Je m'excuse, mais je ne m'excuserai pas de l'heure
tardive. Je ne surprendrai donc personne dans cette Chambre si j'interviens sur
ce projet de loi et surtout si je focalise, si vous me permettez l'expression,
mon intervention sur le transfert des pêches comme on vient d'en
parler...
Une Voix: II vaut mieux vocaliser.
Mme LeBlanc-Bantey: Focaliser, mettre le focus! ... au
ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Tous mes
collègues, autant de ce côté-ci de la Chambre que de
l'autre côté, admettront qu'il y a une espèce de
continuité dans mon insistance. (0 h 10)
Je dirai donc, Mme la Présidente, que si on en arrive à
discuter ici de l'encadrement ministériel qui conviendrait mieux aux
pêches maritimes, c'est qu'on réalise la place qu'elles sont en
train d'occuper dans l'économie des régions maritimes et aussi
dans la stratégie agro-alimentaire du Québec, comme d'autres
l'ont souligné.
Si les pêches, en effet, représentaient ce qu'elles
étaient avant 1976, c'est-à-dire le menu fretin du gouvernement,
je pense bien qu'on ne s'embarrasserait pas d'essayer de leur trouver une niche
ministérielle. C'est parce qu'on a sorti les pêches maritimes de
leur petitesse, c'est parce qu'on a confiance à leur perspective
d'avenir qu'on cherche maintenant à les loger à une enseigne qui,
on l'espère, respectera fidèlement leur identité et
favorisera la poursuite de l'élan qu'on leur a donné depuis
1976.
Nous allons cependant vous me permettrez de le dire très
franchement exercer une vigilance. Encore là, mes
collègues, comme ceux de Bonaventure et de Gaspé, admettront que
ce n'est pas parce qu'on change les pêches maritimes de marmite, qu'elles
vont être automatiquement soignées aux petits oignons. En tout
cas, le ministre pourra nous le dire tout à l'heure.
Si on poussait la méfiance à l'extrême, on pourrait
même dire qu'il ne faudrait pas que les pêches, après avoir
fait la tournée des forges, se retrouvent encore non ferrées.
Bien sûr, il y a des complémentarités évidentes
entre les pêches maritimes et l'agriculture. Bien sûr, le transfert
des pêches à l'agriculture va permettre d'organiser ce dont on
sent le besoin depuis fort longtemps dans le domaine, un véritable
service de mise en marché des produits marins québécois,
ce qui est à la fois, comme je l'ai dit tout à l'heure, un besoin
criant et une lacune flagrante de l'industrie de la pêche.
Bien sûr, nous pourrons intégrer et nous avons vu,
très récemment, que là aussi, c'était urgent, de
façon beaucoup plus efficace les services d'inspection du poisson. Bien
sûr, il serait aussi plus facile de développer conjointement les
pêches et l'agriculture dans l'application d'une politique
agro-alimentaire pour le Québec. Mais même en alignant toutes les
similitudes entre le milieu agricole et le milieu des pêches, le ministre
me faisait remarquer tout à l'heure qu'il y avait toujours eu une forme
de mariage entre l'agriculture et les pêches, parce qu'on pêchait
le poisson anciennement, il n'y a pas si longtemps, et on se servait du poisson
comme engrais pour la terre agricole, mais malgré toutes ces
similitudes, on ne pourra pas soustraire la particularité des
pêches.
On aura beau faire tous les rapprochements qu'on voudra, tout le monde
admettra qu'on ne pêche pas comme on laboure et il y aura, malgré
tout, toujours des sacrées différences entre un chalut et une
charrue, entre la bouette et les engrais chimiques, entre un chalutier et un
tracteur, et entre un pêcheur et un agriculteur.
Or, ce caractère particulier des pêches qui se
répète aussi bien dans la nature de ses activités que dans
l'excentricité côtière où les pêches maritimes
se pratiquent, il doit être reconnu et valorisé dans le
ministère qui l'abrite. Déjà, en acceptant de mettre les
pêches à l'enseigne évidente du ministère en disant
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
c'est une démarche qui nous permet d'avoir confiance quand on pense
à l'importance qu'on veut bien leur donner, mais on attend des preuves
pour être bien sûr qu'on a raison de penser comme ça.
Il serait inconcevable, par exemple, que les services de la direction
générale des pêches maritimes soient absorbés, et je
pense que ça n'est pas l'intention du ministre, on en a discuté
plusieurs fois, pour ne pas dire avalés par ceux du ministère de
l'Agriculture. Il faut éviter, de la même façon qu'on a
essayé d'éviter l'assimilation des Québécois, il
faut donc éviter l'assimilation des pèches maritimes par le
ministère majoritaire.
Il est absolument essentiel que les pêches maritimes, tout en
s'associant à l'environnement fonctionnel du ministère de
l'Agriculture et de l'Alimentation, conservent leur personnalité et
fasse aussi valoir leurs traits distinctifs. J'ai la conviction et je le dis
très franchement, que le titulaire actuel, du ministère, le
premier je vais lui faire un compliment, il a reçu plein de
compliments ce soir il est certainement le premier véritable
ministre de l'Agriculture que le Québec ait connu depuis un certain
nombre d'années. J'ai la conviction que le ministre de l'Agriculture
saura comprendre que l'industrie de la pêche désire vivement
reprendre l'identité qu'elle a perdue depuis presque vingt ans.
Il y a vingt ans, les pêcheries suivaient les ministres,
semble-t-il. Dans le moment, cela va être les adjoints qui vont suivre
les pêcheries. C'est pourquoi j'indique tout de suite mes balises au
ministre, pour qu'il sache à qui il a affaire.
On a tendance, Mme la Présidente, à mettre sur le dos des
structures administratives, tous les maux des pêches maritimes. Bien
sûr, le député de Bonaventure l'a admis tout à
l'heure; quand le gouvernement, en 1963, a aboli le département des
pêcheries comme il s'appelait à l'époque pour
en faire une simple direction générale du ministère de
l'Industrie et du Commerce, parce que M. le député de Bonaventure
ne pouvait pas se détacher des pêches, par ce geste, il a
contri-
bué à marginaliser davantage les artisans de la
pêche, par rapport aux autres groupes socio-politiques du Québec.
Les artisans de la pêche, comme groupe socio-politique et
socio-économique, ont alors perdu une bonne part de leurs moyens de
représentation auprès du gouvernement, ce qui, encore une fois, a
accentué leur isolement.
Mais cette aliénation des pêches, si elle était due
en partie à leur anonymat dans le ministère, elle était
aussi il faut bien le dire attribuable à l'abandon des
pêches, des priorités gouvernementales de cette époque. Je
suis la première à admettre que l'encadrement des pêches,
au ministère de l'Industrie et du Commerce, n'est pas adéquat,
mais il ne faut pas tenir pour acquis que le transfert au ministère de
l'Agriculture et de l'Alimentation résoudra à lui seul les
difficultés qu'ont connues les pêches maritimes, sous le parapluie
un mot à la mode du MIC.
Une bonne part des déboires que nous avons rencontrés dans
la réalisation de la décentralisation est imputable à la
dilution de l'autorité des pêches au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Et là-dessus, je veux rappeler au
député de Gaspé que même s'il y a eu des lenteurs,
j'ai été la première à les reconnaître.
Dès le printemps prochain, il y aura installé à
Gaspé, toute la direction du service aux usagers, autrement dit, ce qui
concerne les prêts, les subventions pour les bateaux, etc. Je ne
relèverai pas tout ce qu'il a dit parce qu'en fait, j'ai eu de la
misère à faire le lien avec le sujet à l'ordre du jour. Je
voudrais le rassurer sur l'avenir de la décentralisation. Il y a des
gestes qui sont posés. La machine est bien embrayée, et je pense
qu'avec le coup de pouce que le ministre va pouvoir y ajouter, il aura tous ses
fonctionnaires en Gaspésie, dans peu de temps.
Quand je parlais de vigilance, Mme la Présidente, je faisais
principalement allusion aux modalités de transfert des pêches
maritimes à l'agriculture. Il faudra définir, après que le
projet de loi sera adopté, dans quelles conditions s'effectuera ce
déménagement. Il faudra ajuster les structures de
complémentarité entre les pêches et l'agriculture. Il
faudra mettre en place un environnement ministériel qui assurera aux
pêches maritimes un développement plus harmonieux, plus vigoureux,
plus innovateur.
Il faudra aussi en profiter pour repenser l'ensemble de notre attitude
face aux pêches et évaluer, à partir des efforts sans
précédent qu'a consentis le présent gouvernement dans ce
secteur, si notre attitude correspond à l'importance que les
pêcheries vont inévitablement prendre à l'avenir, pour
l'ensemble des nations côtières du monde.
Mme la Présidente, c'est précisément en pensant
à l'avenir que l'on doit encadrer convenablement les pêches
maritimes. D'autres l'ont souligné avant moi, on n'a pas encore
commencé vraiment à bénéficier de l'ouverture sur
la zone de 200 milles. Il faudra donc continuer à se défendre
énergiquement pour faire respecter la juridiction du Québec sur
ses pêcheries. Là-dessus, je pense qu'on peut faire confiance au
ministre de l'Agriculture.
Il faudra aussi se soucier davantage de sauvegarder
l'intégrité du territoire québécois, notamment dans
les eaux nordiques du Québec, comme la baie d'Ungava, la baie d'Hudson,
où le gouvernement canadien détient la totalité des
pouvoirs, même si le Québec possède un rivage de plus de
2000 milles de côtes. (0 h 20)
Une Voix: C'est honteux.
Une Voix: C'est effrayant.
Mme LeBlanc-Bantey: Nous devrons aussi, Mme la Présidente,
définir une politique québécoise de l'agro-alimentaire
à l'intérieur de laquelle les pêches maritimes seront une
composante à part entière.
Nous devrons aussi livrer un combat permanent pour le
développement économique des régions maritimes. Nous
serons aussi appelés à participer aux commissions internationales
par lesquelles les pays côtiers géreront les ressources marines
avec une interdépendance de plus en plus soudée. C'est donc
à tout cela, Mme la Présidente je m'excuse, si je suis un
peu longue qu'il faut penser en logeant les pêches maritimes
à un ministère.
Pour faire cela, il faut défaire des préjugés bien
enracinés selon lesquels les pêcheries sont cantonnées dans
l'excentricité géographique où ses artisans sont
obligés de travailler. Les pêches ont un horizon beaucoup plus
large et cette évidence doit guider notre démarche dans la
réaffectation ministérielle qui est prévue au projet de
loi.
En terminant, Mme la Présidente, je dirai que, si j'endosse ce
projet de loi, c'est que j'ai confiance que les modalités de transfert
qui sont en cours d'élaboration respecteront l'autonomie des
pêches dans ses structures et dans son fonctionnement. Je suis
également confiante, puisqu'il y a tellement eu de changements depuis
quinze ans et qu'il risque bien d'en avoir d'autres encore, que, dans quelques
années, lorsque les pêches auront atteint l'envergure que nous
voulons leur donner, que le geste que nous nous préparons à poser
aujourd'hui apparaîtra comme une étape vers une autonomie plus
large et plus gaillarde des pêches maritimes, qui corresponde en
définitive vraiment à l'attente des travailleurs de la mer et des
populations côtières. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Pour faire suite à Mme
l'adjointe parlementaire aux Pêcheries, M. le ministre de l'Agriculture
et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: Mme la Présidente, j'ai remarqué, dans
les discours des différents intervenants, d'un côté,
l'Opposition qui disait qu'elle avait une grande confiance et la
députée des Iles-de-la-Madeleine, qui était
méfiante.
Je vous dirai que j'ai été content d'entendre les deux
types d'exposés. Je pense que, quand on parle d'un ministère qui
va regrouper l'agriculture, les pêcheries et l'alimentation, en fait, on
tend à remettre ensemble tout le secteur agro-alimentaire. Je pense que
c'est une bonne chose. Je comprends maintenant en même temps les gens qui
viennent du secteur des pêches d'avoir une certaine crainte à
être englobés dans un ministère de l'Agriculture qui compte
déjà presque 4200 fonctionnaires et qui a 84 bureaux locaux, 12
bureaux régionaux. Ils se disent: Est-ce qu'on sera perdu dans tout
cela?
Je voudrais immédiatement, dès le départ, dire que
c'est évident qu'au niveau de la production, de tout ce qui regarde la
production de pêches et tout ce qui entoure la production, la recherche
sur la biomasse, les termes que j'ai commencé à lire depuis
quelques semaines, cela doit former un ensemble.
Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture, qui est
orienté en fonction des marchés et qui le sera encore davantage
en devenant le ministère également de l'alimentation, peut offrir
des services aux pêcheries qu'on peut retrouver dans un ministère
qui touche à l'ensemble des produits alimentaires. Je pense que le
mariage entre les deux peut être heureux.
Je pense également que les pêcheurs devraient toujours
être vigilants, quel que soit le gouvernement, pour que le gouvernement
s'occupe d'eux. Vous direz que c'est avec un peu d'émotion, parce que
j'ai connu je ne ferai pas comme le député de Beauce-Sud
mon arbre généalogique mais je vous dirai que le seul
grand-père que j'ai connu était un Gaspésien, cultivateur,
pêcheur et occasionnellement bûcheron je ne veux pas dire
que je veux mettre la main sur les Terres et Forêts. C'était un
pêcheur en Gaspésie, qui était également cultivateur
et quelquefois l'hiver il allait faire du bois. C'est le genre
d'activités qu'on retrouve beaucoup en Gaspésie, des gens qui
font un peu des deux ou des trois. Il a passé sa vie dans un endroit
où je suis allé souvent dans toute ma jeunesse, pendant au moins
une trentaine d'années, la côte entre Coin-du-Banc et
Cannes-de-Roches, en allant vers Percé. J'ai été
élevé en entendant parler à la fois d'agriculture et de
pêcheries. Je suis persuadé qu'on va trouver autant de plaisir
à parler avec les pêcheurs qu'avec les cultivateurs.
Je pense que tous les gens qui s'occupent de production alimentaire,
qu'ils soient cultivateurs ou pêcheurs, ont des tempéraments qui
se ressemblent beaucoup plus qu'on pense. Ce sont habituellement des gens
individualistes, entreprenants, ratoureurs dans leurs discours avec les
gouvernements et qui réfléchissent longtemps avant de poser des
actes. Je voudrais dire, pour leur donner plus de confiance, que j'ai
été content que le mot "pêcheries" entre dans le nom du
ministère. C'est pour cela que nous avions convenu, la
députée des Iles-de-la-Madeleine et moi, que ce serait sur sa
proposition que le nom de "pêcheries" entrerait dans le nom du
ministère. Comme elle n'est pas dans l'Opposition et qu'elle n'a pas
l'occasion de poser des questions là-dessus, puisqu'on en avait
déjà parlé, évidemment, le "scoop" a
été un peu volé par l'Opposition, mais je peux dire qu'on
en parlait depuis un bon bout de temps.
J'aimerais dire également que dans la décentralisation qui
doit se faire le plus rapidement possible, j'ai l'intention d'avoir mon bureau
moi-même à Gaspé. Je suis persuadé que l'adjointe
parlementaire aux Pêcheries aimera y aller également le plus
régulièrement possible pour rencontrer les gens qui voudront
parler de leurs problèmes.
Pour ce qui est de s'appeler également ministère de
l'Alimentation, je pense que c'est une chose nécessaire, parce que de
plus en plus de pays dans le monde ont regroupé l'Agriculture et
l'Alimentation. L'Alimentation, parce qu'on ne peut pas parler uniquement de
production pour la production, il faut parler en fonction des marchés,
des besoins des marchés. Produire pour produire peut nous conduire
à des culs-de-sac, comme on l'a vu parfois quand les gouvernements
encourageaient les productions sans s'occuper de la mise en marché et
sans s'occuper des besoins des marchés. Cela a souvent mis les
producteurs eux-mêmes en péril.
Je pense que la principale préoccupation, c'est de s'interroger
sur les besoins des consommateurs, sur ce qu'ils veulent, sur ce qu'est la
meilleure alimentation pour eux. En essayant de répondre à ces
besoins, il y a une plus grande sécurité pour le consommateur,
une plus grande sécurité pour le transformateur de produits
agricoles et piscicoles en produits transformés pour le consommateur et
surtout une plus grande sécurité pour le producteur. (0 h 30)
Je pense que cette dimension est une dimension essentielle au
développement du ministère de l'Agriculture. Remarquons bien que
le ministère de l'Agriculture ne deviendra pas dans les jours... ce
qu'il est devenu au cours du mois de septembre, d'un coup sec, le
ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation. Depuis quelque temps
déjà, il le devenait de plus en plus en s'occupant de plus en
plus de la transformation des produits agricoles en produits alimentaires et,
en devenant le ministère de l'Alimentation également, il pourra
s'occuper d'une façon plus définitive de la production, de la
transformation et de la distribution au sens alimentaire.
D'ailleurs, dans cette perspective, le gouvernement du Québec a
déjà pris, au cours du mois d'août dernier, la
décision que la maîtrise-d'oeuvre en matière d'exportation
agro-alimentaire serait assumée par le ministère de l'Agriculture
et de l'Alimentation qui aurait également, éventuellement, quatre
attachés agro-alimentaires répartis dans les différents
pays du monde, c'est-à-dire un en Asie, un au Japon pour couvrir l'Asie,
un aux Etats-Unis pour le marché américain, un en Europe, sans
doute à Bruxelles, pour la communauté européenne et un
autre en Angleterre, avec les pays africains, pour surveiller, travailler au
sein des maisons du Québec à l'étranger, à la
promotion des produits agro-alimentaires.
Toutes ces transformations vont évidemment
se faire graduellement dans le cadre de protocoles d'entente avec les
ministères concernés pour éviter des conflits de
juridiction qui sont ce qu'il y a de plus paralysant dans le gouvernement. Le
leader du gouvernement, tout à l'heure, le député de
Saint-Jacques, parlait des conflits de ministères qu'il voyait entre
Loisir, Chasse et Pêche, Tourisme, etc. Je peux vous dire qu'une bonne
partie du temps d'un ministre de l'Agriculture passe à protéger
ces gens qui sont concernés par des empiétements ou des mesures
qui peuvent être adoptées par d'autres ministères, qui
peuvent toucher son ministère. Parfois, ça peut être des
gens qui veulent reboiser des terres agricoles qu'éventuellement, il
faudrait redéfricher. Parfois, ça peut être l'Environnement
qui peut avoir ses contraintes, qui sont souhaitables, qui sont
nécessaires, mais tout ça peut être fait le plus
humainement possible.
C'est évident, quand on parle de l'Environnement, c'est parce que
l'environnement devra être protégé de plus en plus, parce
que les hommes sont quatre milliards de population aujourd'hui et, dans 20 ans,
ils vont être à peu près six milliards et demi. Dans 20
ans, ce n'est pas long, ça. Quand on pense à il y a 20 ans,
ça n'a pas augmenté autant que ça. Mais, passer de quatre
milliards à six milliards et demi, ce qu'on va connaître dans les
20 prochaines années, au point de vue changement dans la vie en
société, à cause de l'accroissement de la population,
ça va être extraordinaire. Je ne dis pas extraordinaire dans le
sens que ce sera pour le mieux. Il va y avoir une foule de problèmes
à régler. Qu'on pense à six milliards et demi de
population, au lieu de quatre milliards, dans 20 ans, qu'est-ce que ça
signifiera en termes de problèmes d'énergie, de problèmes
d'environnement et de problèmes agro-alimentaires, problèmes
d'alimentation? Moi, je me rappelle il y a 20 ans ou 25 ans, j'étais
jeune étudiant. On lisait des articles où on nous disait: Ce
n'est pas grave, même si on empiète sur les terres. La mer est une
ressource inépuisable. Mais là, on se rend compte qu'on a
déjà commencé à l'épuiser. Il y a quelques
années, on disait qu'il y avait tant de livres de morue. A un moment
donné, la quantité de morues est tombée à quelques
livres seulement. Pourquoi? parce qu'on a surexploité, oui, la ressource
maritime.
Qu'on pense à quel point, quand la population aura
augmenté de 50% d'ici 20 ans, Mme la Présidente, quelle pression
on va créer, tant sur les terres agricoles que sur les ressources
maritimes. On n'a pas idée à quel point les hommes, les peuples,
les pays vont devoir avoir des politiques pour exploiter d'une façon
rationnelle, pour s'ingénier à protéger ces ressources qui
vont devenir de plus en plus importantes.
Je pense que la principale responsabilité du ministère de
l'Agriculture, de l'Alimentation et des Pêcheries sera cette
responsabilité, parce qu'il n'y a pas de plus belle
responsabilité, je pense, pour les hommes et les femmes qui travaillent
dans ce secteur, que la responsabilité de nourrir ces concitoyens. Je
pense que les producteurs agricoles et les pêcheurs sont conscients qu'en
exerçant leur profession d'agriculteur et de pêcheur, ils exercent
le plus beau métier au monde.
La principale satisfaction du ministre de l'Agriculture, de
l'Alimentation et les Pêcheries, quand il est fatigué du bureau,
c'est de retourner dans le champ pour rencontrer les agriculteurs et, au fond,
aujourd'hui, j'aurai une plus grande clientèle avec 6000 ou 7000
personnes de plus, qui sont les pêcheurs, pour aller les rencontrer et
parler de leurs problèmes et essayer de faire quelque chose pour leur
aider. Je vous remercie.
M. Giasson: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Julien Giasson
M. Giasson: ... je voudrais également faire quelques
commentaires sur la loi 66, concernant le réaménagement des
différents ministères. Comme ceux qui m'ont
précédé au cours de ces débats, je souscris
volontiers au réaménagement que nous faisons du côté
du ministère de l'Agriculture, en lui apportant la dimension des
pêcheries et en reconnaissant également, dans le triple titre du
ministère, le terme "Alimentation" puisque, effectivement, depuis
plusieurs années déjà au Québec, le secteur de
l'alimentation a pris une importance exceptionnelle. D'abord, les conditions de
vie s'étant améliorées de façon certaine et dans un
laps de temps assez rapide, il a fallu être en mesure de répondre
à des exigences nouvelles des consommateurs. Il a fallu également
commencer à répondre à des besoins qui pouvaient venir je
ne dirai pas de pays voisins, mais de provinces voisines, et les producteurs
agricoles du Québec en général, surtout depuis la
dernière guerre, ont fait des efforts inouïs, des efforts auxquels
on n'avait jamais assisté auparavant, pour se lancer dans une production
beaucoup plus intensive.
Ces producteurs agricoles sont également devenus d'excellents
gestionnaires pour la plupart. Ils se sont adaptés assez rapidement aux
exigences d'un monde en évolution. Or, le réaménagement du
ministère de l'Agriculture auquel on apporte tout le secteur des
pêcheries, avec une politique nouvelle au ministère par laquelle
on veut mettre un accent encore plus marqué sur la question de
l'alimentation, va faire en sorte que le ministère de l'Agriculture, qui
avait déjà son importance traditionnelle, accroisse de
façon considérable cette importance et devienne un des
ministères les plus importants que nous ayons au Québec.
Je remarque également qu'on a modifié les structures
touchant le ministère du Tourisme au Québec, qu'on a
rattaché le tourisme au ministère de l'Industrie et du Commerce.
J'ai plus de réserve sur cette décision. Pourquoi, Mme la
Présidente? Parce qu'il me paraît que l'importance qu'a le
tourisme au Québec, lorsqu'on tient compte du volume d'argent qu'il
génère, aurait pu, à mon
sens, former un ministère en lui-même. Nous avons dans le
tourisme au Québec une activité qui s'est
développée assez rapidement à cause de conditions
particulières, ceci fait que le Québec devient un centre
d'intérêt. A l'intérieur de l'ensemble canadien, le
Québec représente quelque chose de particulier et cela a
contribué au développement assez rapide du secteur touristique,
et il y a encore du développement à faire de ce
côté, ce n'est pas terminé. Nous sentons que le tourisme,
en dépit d'une importance réelle, va continuer de se
développer et va générer encore plus de revenus que ce
qu'il a pu rapporter à la province. Dans ce sens-là, je crois que
les besoins de ce ministère, les nécessités qu'il y a
également de développer davantage, de la recherche qu'il faut
faire, de l'invention même qu'on devrait apporter en matière de
développement et d'attrait touristique au Québec auraient
nécessité qu'on en fasse un ministère à part
entière et il n'était pas nécessaire, je crois,
au-delà des quelques économies que cela va permettre, de le
greffer au ministère de l'Industrie et du Commerce. (0 h 40)
C'étaient là, Mme la Présidente, les quelques
commentaires que je voulais faire avant que nous passions à une autre
étape du projet de loi. Merci.
La Vice-Présidente: Cette motion de M. le ministre des
Affaires parlementaires et leader du gouvernement proposant que soit maintenant
lue la deuxième fois le projet de loi no 66, Loi concernant certains
ministères est-elle adoptée?
Des Voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
La Vice-Présidente: On me dit, M. le leader parlementaire,
que vous avez suggéré que nous allions en commission
plénière.
M. Charron: Exactement, madame. J'en fais motion.
La Vice-Présidente: Consentement à la motion?
Motion adoptée. Adopté.
Commission plénière
La Présidente (Mme Cuerrier): Cette Assemblée s'est
constituée en commission plénière pour l'étude
article par article du projet de loi 66, Loi concernant certains
ministères. L'article 1 du projet de loi sera-t-il adopté?
M. Charron: II y a un amendement, madame, à l'article 1,
que tout le monde devine, c'est d'ajouter, "des pêcheries" entre les mots
"de l'agriculture et de l'alimentation".
M. Giasson: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'amendement est
adopté. L'article 1 est-il adopté tel qu'amendé?
M. Charron: Adopté.
M. Giasson: Oui, adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. Article
2.
M. Charron: A l'article 2, il y a un amendement semblable, au
même endroit. Ajouter les mots "des pêcheries", à la fois
à la première ligne de l'article 1 et à la
dernière.
M. Giasson: Adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'amendement est adopté.
L'article 2 se lirait: "Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, désigné dans la présente loi sous le nom
de ministre, est chargé de l'administration du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation." C'est cela?
M. Charron: C'est cela.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 2 est-il
adopté tel qu'amendé?
M. Giasson: Adopté, madame.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 2 est
adopté. Article 3.
M. Charron: A l'article 3, paragraphe 7: Le sous-ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries, de l'Alimentation...
M. Giasson: Concordance. M. Charron: Concordance. M.
Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Quel paragraphe, M. le
leader?
M. Charron: Paragraphe 7 dans l'article 3.
La Présidente (Mme Cuerrier): Le gouvernement nomme un
sous-ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Article 3 adopté, tel qu'amendé.
M. Charron: C'est exact. M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté tel
qu'amendé. Article 4?
M. Giasson: II est adopté, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 4 est
adopté. Voulez-vous me permettre pour la bonne compréhension, je
vois deux fois l'article 3. J'en ai déjà fait adopter un, mais
s'il y en a un deuxième, je voudrais bien qu'on puisse
vérifier.
M. Charron: Vous avez bien raison.
La Présidente (Mme Cuerrier): Est-ce que cela voudra dire
qu'il faudra renuméroter?
M. Charron: Oui, il faudra renuméroter, madame; vous avez
raison.
M. Giasson: Trois va devenir quatre.
M. Charron: Est-ce qu'on s'entend pour les changer tous par la
suite?
M. Giasson: Si une motion est requise...
M. Charron: On le fera à la fin, si vous voulez.
Continuons plutôt avec les chiffres actuels pour ne pas se tromper.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 3 est
adopté.
M. Charron: Oui.
La Présidente (Mme Cuerrier): A l'article 3, il y a une
motion pour amender tous les numéros d'articles.
M. Giasson: Mme la Présidente, je pense qu'on pourrait
peut-être respecter la motion ou la suggestion que vient de faire le
leader parlementaire. On pourrait continuer de travailler avec la
numérotation telle qu'elle est faite, comportant une erreur et à
la toute fin...
M. Charron: ... décalage par la suite.
M. Giasson: ... on reviendra pour modifier la
numérotation.
La Présidente (Mme Cuerrier): Article 3. Adopté.
L'autre article 3 est adopté, ce serait ça, avec
l'amendement...
M. Charron: C'est ça.
La Présidente (Mme Cuerrier):... tel qu'amendé.
L'article 4 est adopté. Il l'était déjà. L'article
5 est-il adopté?
M. Giasson: II y a une concordance.
Le Présidente (Mme Cuerrier): Vous avez un amendement,
j'imagine?
M. Giasson: Non, adopté, ça ne touche pas le
ministère de l'Agriculture.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 5, adopté.
L'article 6.
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article
7.
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 8.
Adopté?
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article
9.
Une Voix: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article
10.
M. Giasson: Abrogé, adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Adopté. L'article 11,
adopté? Adopté. L'article 12.
M. Giasson: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): L'article 13. Adopté?
Adopté. L'article 14.
M. Giasson: Adopté.
M. Le Moignan: II y a un amendement.
M. Charron: Je propose de remplacer l'article 14, tel qu'il
figure dans le texte initial de la loi... non, il y a vraiment quelque chose
qui ne marche pas, madame, parce que vous allez regarder jusqu'au bas de la
page, il y a 12, 13, 14, 15, 16, 17, 12, 13, on recommence. Je ne sais pas quel
moineau a fait cette numérotation.
M. Le Moignan: A la page 6, vous avez un autre article 14.
M. Charron: On est toujours à l'article 11 qui
modifie...
Une Voix: Une loi.
M. Charron:... une loi qui comporte 12, 13,14, 15, 16, 17,
d'accord, je comprends. Je m'excuse, c'est moi le moineau qui n'avait pas
compris.
M. Giasson: Cela se comprend, après les rondes
infernales.
M. Charron: Continuons. Je n'ai pas d'amendement aux articles 14,
15, 16, 17.
Le Président (M. Laberge): Alors, les articles 14, 15, 16,
17, adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Tout ceci, évidemment,
incluant les articles 12 et 13, sont à l'intérieur de l'article
11 d'une loi, bien entendu. L'article 11 est-il adopté? Adopté.
L'article 12.
M. Giasson: L'article 12 est adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 13
modifie l'article 1 de ladite loi, d'une loi nommée
antérieurement, est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté. M. Giasson:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 13, adopté.
L'article 14.
M. Charron: L'article 14, M. le Président, c'est là
que j'ai un amendement. Je crois que les députés pourront, en
suivant le texte devant eux, comprendre la modification que j'apporte. Ce sera
un tout nouvel article 14 qui se lirait comme suit: "L'article 2 de ladite loi
est modifié, premièrement, par le remplacement des paragraphes a)
et b), par le suivant: a), de favoriser le développement du loisir, du
sport et de la pêche; b), d'établir un programme d'aide aux Inuit
pour leurs activités de chasse et de pêche; deuxièmement,
par la supres-sion des paragraphes c), d) et e)."
M. Le Moignan: Pour les Inuit, adopté.
M. Charron: Cela a été une décision du
conseil, après consultation auprès du bureau du premier ministre
chargé des relations avec les Amérindiens que plusieurs d'entre
eux souhaitaient que ce ministère soit mandaté pour créer
ce genre de programme d'aide. Notez qu'il n'existe pas, mais maintenant, en
vertu de la loi, il pourra désormais exister. Ce serait parmi les
mandats du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Giasson: M. le Président, je ne sais pas si j'ai bien
compris le leader du gouvernement, au paragraphe a), est-ce que vous enlevez
les mots, "de la chasse"? (0 h 50)
M. Charron: II n'y a pas raison de l'enlever. Je le laisse tel
quel.
M. Giasson: Dans la lecture tout à l'heure...
M. Charron: J'ai passé par-dessus, oui. Je le laisse
là.
M. Giasson: D'accord.
M. Charron: J'ajoute simplement un paragraphe b) qui est
d'établir un programme d'aide aux Inuit pour leurs activités de
chasse et de pêche.
M. Giasson: Amendement adopté, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Le nouvel article 14 est-il
adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 15
est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
16est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 17.
M. Charron: A l'article 17, M. le Président, il y a un
amendement de concordance, à la ligne qui débute par
dixièmement, des pêcheries.
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): C'est juste cela. C'est juste
la concordance, en ajoutant "des pêcheries" à dixièmement.
On peut le faire avant, ici. L'amendement est-il adopté?
M. Charron: C'est de la concordance, toujours.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 17 amendé
sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Avec amendement.
Le Président (M. Laberge): L'article 18 est-il
adopté?
M. Charron: A 18, M. le Président... M. Giasson:
Des pêcheries.
Le Président (M. Laberge): Des pêcheries, deux
fois.
M. Charron: Des pêcheries, deux fois dans le paragraphe qui
débute par 9°.
Le Président (M. Laberge): Je vais vous relire ce
neuvièmement de façon à ce que ce soit très clair:
"Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
est dirigé par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. "
Ces amendements sont-ils adoptés?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 18
amendé est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 19.
M. Charron: Amendement de concordance, M. le
Président.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): "Des pêcheries". Toujours
précédé d'une virgule. L'amendement est-il adopté?
Adopté.
L'article 19 amendé est-il adopté? Adopté. Article
20.
M. Charron: A l'article 20, M. le Président, dans le
premier paragraphe, il y a aussi des amendements de concordance à faire
à trois endroits.
Le Président (M. Laberge): Aux trois endroits,
après ministre de l'Agriculture, après ministère de
l'Agriculture et après sous-ministre de l'Agriculture, ajouter virgule,
des pêcheries.
M. Charron: Les députés noteront que nous
toucherons également la Loi sur les abeilles. On la garde. On la
modifie.
Le Président (M. Laberge): Ces trois amendements au
premier paragraphe de l'article 20 sont-ils...
M. Charron: Etiez-vous toujours à l'article 20? Le
Président (M. Laberge): A l'article 20. M. Charron: Sur le
premier paragraphe?
Le Président (M. Laberge): Sur le premier paragraphe. Ce
sont trois amendements au premier paragraphe de l'article 20 ajoutant les mots
"des pêcheries" après le mot "agriculture " à chaque
occasion sont-ils adoptés?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Maintenant, je
vous laisse aller.
M. Charron: Avant d'adopter, les députés
remarqueront que ce qui semble mineur touche quand même un certain nombre
de lois où, par concordance, il va falloir faire la correction des
appellations des ministères. Imaginez-vous qu'on a trouvé une
trente-troisième loi, qui devrait figurer à la toute fin de
l'article 20. Je propose cet amendement, M. le Président. Que les
articles 24, 25, 74 et 84 de la Loi sur les Terres et Forêts
(L.R.Q.C.T.-9).
Le Président (M. Laberge): C'est déjà dans
le projet de loi. C'était déjà à l'article 32.
M. Charron: C'est une autre qui doit être intercalée
quelque part, parce que j'en ai trente-trois.
Le Président (M. Laberge): Je vous fais remarquer aussi
que dans le texte du projet de loi, il y a deux fois l'article 27. Et c'est
deux fois le même texte. Il faut en rayer un. La Loi favorisant le
crédit agricole à long terme par les institutions privées
1978, chapitre 50, est inscrite deux fois.
M. Charron: Pouvez-vous prendre un instant, M. le
Président, pour les relire au complet, du premier au dernier, pour qu'on
puisse les...
Le Président (M. Laberge): On va faire la lecture.
M. Charron: La Loi sur les abeilles.
Le Président (M. Laberge): ... sont notamment ainsi
modifiées, la Loi sur les abeilles je laisse faire les
références deuxièmement, la Loi sur les abus
préjudiciables à l'agriculture, troisièmement, la Loi sur
l'acquisition de certaines terres pour fins de colonisation,
quatrièmement, la Loi favorisant l'aménagement et la
modernisation d'usines laitières régionales,
cinquièmement, la Loi sur l'assurance-récole, sixièmement,
la Loi sur l'assurance-stabilisation des revenus agricoles,
septièmement, la Loi sur les cercles agricoles, huitièmement, la
Loi sur le crédit agricole...
M. Charron: C'est là qu'est mon nouveau. Une Voix:
Le commerce du pain.
M. Charron: C'est cela, la Loi sur le commerce du pain, le
nouveau huitièmement, (LRQ, c.C-32).
Le Président (M. Laberge): Le nouveau huitièmement,
la Loi sur le commerce du pain (LRQ,c.C-32). Cet amendement est-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
Une Voix: On doit renuméroter.
Le Président (M. Laberge): II y a une motion de
renumérotation. Je continue à lire: la Loi sur le crédit
agricole, l'ancien no 8, neuvièmement, la Loi sur l'Ecole de laiterie et
les écoles moyennes d'agriculture, dizièmement, la Loi sur le
mérite agricole, onzièmement, la Loi sur la mise en marché
des produits agricoles, douzièmement, la Loi sur la mise en valeur des
exploitations agricoles, treizièmement, la Loi sur les producteurs
agricoles, quatorzièmement, la Loi sur les produits agricoles et les
aliments, quinzièmement, la Loi sur les produits laitiers et leurs
succédanés, seizièmement, la Loi sur la protection des
plantes, dix-septièmement, la Loi sur la protection sanitaire des
animaux, dix-huitièmement, la Loi sur la Société
québécoise d'initiatives agro-alimentaires,
dix-neuvièmement, la Loi sur les sociétés agricoles et
laitières, vingtièmement, la Loi sur les sociétés
d'agriculture, vingt et unièmement, la Loi sur les
sociétés d'horticulture, vingt-deuxième- ment, la Loi sur
les sociétés de fabrication de beurre et de fromage,
vingt-troisièmement, la Loi
sur les syndicats d'élevage, vingt-quatrièmement, la Loi
sur les terres de colonisation, vingt-cin-quièmement, la Loi sur la
protection du territoire agricole, vingt-sixièmement, la Loi sur
l'assurance-prêts agricoles et forestiers, vingt-septièmement, la
Loi favorisant le crédit agricole à long terme par les
institutions privées on biffe évidemment le suivant qui
est la répétition vingt-huitièmement, l'article 21
de la Loi favorisant un crédit spécial pour les producteurs
agricoles au cours de périodes critiques, vingt-neuvièmement,
l'article 11 de la Loi sur l'établissement d'une manufacture de sucre de
betterave à Saint-Hilaire, trentièmement, l'article 21 de la Loi
sur l'évaluation foncière, trente et unièmement, l'article
134 de la Loi sur mines, trente-deuxièmement, les articles 24, 25, 74 et
84 de la Loi sur les terres et forêts.
Avez-vous remarqué qu'il y a véritablement un
trente-troisièmement? C'est-à-dire que c'est la
renumérotation.
Une Voix: C'est cela, c'est bien la renumérotation.
Le Président (M. Laberge); Cela va. Il y aurait une motion
à faire pour renuméroter les anciens articles 8 à 32 en 9
à 33. Est-ce que cette motion de renumérotation est
acceptée?
M. Charron: Accepté.
M. Giasson: M. le Président, quel a été le
motif qui a fait qu'on a ajouté un huitièmement, la Loi sur le
commerce du pain, plutôt que de l'inscrire en tout dernier? On aurait pu
en faire un trente-troisième.
M. Charron: J'imagine, M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Elles sont par ordre
alphabétique.
M. Charron: je n'ai pas observé que ce sont
des lois qui ont été successivement adoptées. Je dis
peut-être cela à travers mon chapeau. Si on regarde les dates
d'adoption des projets de loi... Evidemment, elles ne sont pas indiquées
partout. Ah! Elles sont par ordre alphabétique, me fait-on remarquer.
Bien oui! regardons cela. Voilà!
M. Giasson: J'ai ma réponse.
Le Président (M. Laberge): L'article 20 du projet de loi
amendé est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec amendement.
Article 21. (1 heure)
M. Charron: A l'article 21, j'ai aussi deux amendements.
Plutôt que de débuter par la phrase qui est là dans la Loi
sur le crédit aux pêcheries maritimes, cela débuterait par
"dans la Loi sur le commerce du pain, dans la Loi sur le crédit aux
pêcheries maritimes". Enfin, on ajouterait là aussi notre 8e
paragraphe tout à l'heure.
Le Président (M. Laberge): Dans le nouvel article 21
ajouté au texte qui est là présentement, au début,
on ajoute les mots "dans la Loi sur le commerce du pain, lois refondues du
Québec, chapitre C-32 on continue avec le texte actuel
dans la loi, etc.."
M. Charron: C'est cela. Jusqu'à la dernière ligne,
où il y a l'amendement de concordance, "Agriculture, Pêcheries et
Alimentation.
Le Président (M. Laberge): Après le mot
"Agriculture", ajouter une virgule, les mots "des pêcheries", et
continuer avec ce qui est dans le cahier, "et de l'alimentation". Est-ce que
ces deux amendements sont adoptés? Adopté. L'article 21 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 22?
M. Charron: C'est un amendement de concordance.
Le Président (M. Laberge): Concordance aussi. A la
quatrième ligne, ajouter le mot, après "agriculture", "des
pêcheries". Adopté?
M. Le Moignan: Adopté. M. Charron: Article 23?
Le Président (M. Laberge): A l'article 23 aussi, à
la troisième ligne, "des pêcheries". Les deux amendements sont
adoptés. Les articles 22 et 23, tous les deux modifiés, seront
adoptés.
M. Le Moignan: Oui, adopté.
Le Président (M. Laberge): A l'article 24, il y a aussi la
même chose.
M. Charron: Même chose, concordance.
Le Président (M. Laberge): "des pêcheries", ajouter
après le mot "agriculture", à la troisième ligne. Cet
amendement est-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 24 tel
qu'amendé est adopté. L'article 25 sera-t-il adopté?
M. Charron: Concordance également avec "pêcheries"
en haut, à la première ligne. Evidemment, la date d'entrée
en vigueur du projet de loi sera demain, elle sera sanctionnée demain,
le 21.
M. Le Moignan: Aujourd'hui.
M. Charron: Aujourd'hui, le 21 décembre 1979.
Le Président (M. Laberge): L'amendement à l'article
25 est adopté, et l'article 25 amendé est adopté.
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): A l'article 26, je n'ai pas
d'amendement jusqu'à maintenant. L'article 26 sera-t-il
adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): On va lui mettre une virgule.
Article 27?
M. Giasson: Aucun amendement, adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 27 est adopté.
L'article 28 est-il adopté?
M. Charron: II y a un amendement à l'article 28, c'est le
dernier que j'ai, mais c'est le plus substantiel. Le nouvel article 28 se
lirait comme suit encore une fois, j'invite les députés
à suivre le texte "Dans les articles 21, 24 à 26, 28,29,
53, 59 et 61 de la Loi sur les Sociétés des alcools et
voici l'amendement et dans les articles 115, 146 et 147 de la Loi sur la
Commission de contrôle des permis d'alcool (LRQ, chapitre C-33) on
reprend le texte du projet de loi initial ainsi que dans un
règlement, une directive ou tout autre document édicté en
vertu de ces articles, les mots "ministre des Finances" sont remplacés
par les mots "ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme". J'ajoute
aussi... peut-être qu'on devrait disposer de ce premier amendement.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que l'amendement qui est
inclus dans le premier alinéa, qui dit ceci: "et dans les articles 115,
146 et 147 de la Loi sur la Commission de contrôle des permis d'alcool
(Lois refondues du Québec, chapitre C-33)" est adopté?
M. Giasson: C'est adopté. Est-ce le rattachement de la
Société des alcools au ministère de l'Industrie et du
Commerce qui oblige ce changement?
Le Président (M. Laberge): Un deuxième
alinéa à l'article 28 maintenant, M. le ministre?
M. Charron: Le deuxième alinéa, M. le
Président, se lirait comme suit. On fait encore référence
à la même loi que je viens d'insérer. Je le cite lentement.
"Dans l'article 146 de la Loi sur la Commission de contrôle des permis
d'alcool, remplacé par l'article 141 de la Loi sur les permis d'alcool"
il s'agit de la loi 55 que nous avons adoptée ce soir
"(1979, chapitre.." je ne sais pas lequel aura la loi 55 "...),
ainsi que dans un document délivré en vertu de cet article, les
mots "ministre des Finances" sont remplacés par les mots "ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme."
M. Giasson: C'est tout à fait logique.
M. Charron: C'est très logique. Notez que je n'aurais pas
pu faire cet amendement si la loi 55 n'avait pas été
adoptée.
M. Giasson: Si elle n'avait pas été adoptée,
exactement.
Le Président (M. Laberge): Le deuxième
alinéa de l'article 28 est-il adopté?
M. Giasson: Adopté. M. Le Moignan:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Donc, l'article 28
amendé sera-t-il adopté?
M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec deux
amendements.
L'article 29, rien de spécial? L'article 29 sera-t-il
adopté?
M. Le Moignan: Adopté. Une Voix: Adopté. M.
Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
30sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 31
sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 32
sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
33sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
34sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
35sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
36sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté. M. Giasson: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 37
sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 38
sera-t-il adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Charron: Je voudrais proposer, M. le Président, que
tous les articles, à partir du no 3 qui arrivait pour la deuxième
fois et ce, jusqu'à la fin, soient décalés d'un
chiffre?
Le Président (M. Laberge): Vous faites une motion de
renumérotation... J'ai une motion de renumérotation à
compter de l'article 3 du projet de loi, pour qu'il soit décalé
d'un chiffre.
Une Voix: C'est bien...
Le Président (M. Laberge): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Le Moignan: Adopté.
M. Charron: Faites le rapport, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le Président, j'ai
l'honneur...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Le Président (M. Laberge): ... de vous faire rapport que
le projet de loi no 66, Loi concernant certains ministères, a
été étudié en commission plénière et
a été adopté avec des amendements.
Le Vice-Président: Merci! Est-ce que ce rapport sera
adopté?
M. Le Moignan: Adopté.
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président: Rapport adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Cela va faire pour aujourd'hui, je crois bien, M. le
Président. Je vais vous...
Une Voix: ... en troisième lecture.
M. Charron: Ah bien oui! tiens, troisième lecture, M. le
Président, excusez-moi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Je prends acte du consentement pour la
troisième lecture et je demande si la troisième lecture du projet
de loi no 66, Loi concernant certains ministères, sera
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président?
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Je voudrais sim-plment dire deux mots
en troisième lecture. Je voudrais marquer mon appréciation pour
tous ceux qui ont participé à ce débat en deuxième
lecture et en commission, mais surtout en ce qui concerne les pêcheries,
les votes de confiance et de méfiance, mais qui semblaient tous
être unanimes quant à l'intérêt que devra manifester
le nouveau ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
pour les pêcheries maritimes. Alors, simplement un voeu que nous
puissions ensemble réaliser cet objectif, je pense bien, que nous
partageons tous quant à l'avenir des pêcheries.
Je voudrais en terminant, tout en souhaitant bonne chance au ministre,
remercier mon collègue, le député de Montmagny-L'Islet,
qui s'est très bien acquitté de sa tâche, tant au cours de
la deuxième lecture de ce projet de loi qu'au cours de son étude
article par article. (1 h 10)
M. le Président, encore une fois je dis au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, bonne chance.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Claude Charron
M. Charron: En conclusion de ce projet de loi, je veux vous dire
que je suis heureux, à un autre titre que le député de
Bonaventure. Je comprends le sien, il y a dans ce projet de loi la conclusion,
au moins en partie, de 34 mois de travail que j'ai fait au Haut-Commissariat,
j'ai eu beaucoup de plaisir à le faire, je l'ai dit tout à
l'heure, mais qui se trouve désormais consacré pour les
Québécois dans ce projet de loi.
Le Vice-Président: Même si l'ordre est quelque peu
inversé, M. le député de Gaspé.
M. Michel Le Moignan
M. Le Moignan: Je voudrais me remercier d'avoir participé
et en même temps endosser les remarques en offrant mes voeux au nouveau
ministre et en félicitant le leader du gouvernement pour ces 34 mois de
travail. Je pense que j'ai droit aussi à mes propres remerciements.
Le Vice-Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: Je voudrais dire tout d'abord, M. le Président,
que le transfert n'est pas fait automatiquement. C'est écrit dans la
loi: "selon que le détermine le gouvernement". Il reste les
arrêtés en conseil... Vous ne l'avez pas modifié... Je
voudrais remercier les gens des bonnes paroles qu'ils ont eues, le
député de Bonaventure, le député de Gaspé
également, et la députée et adjointe parlementaire aux
Pêcheries, la députée des Iles-de-la-Madeleine. Je sais
bien que je vais avoir à les rencontrer tous les trois, mais plus
souvent la députée des Iles-de-la-Madeleine parce que...
Egalement le député de Bonaventure et le
député de Gaspé. J'ai remarqué que le chef du Parti
libéral n'était pas là ce soir encore quand on a
parlé... D'habitude quand on parle d'agriculture, il n'est pas
là. Pas là quand on parle de pêcheries et pas là
quand on parle d'alimentation... Mais ce soir je vais vous dire une chose:
comme c'est le député de Bonaventure qui avait pris sa place, je
ne l'ai pas regretté.
Je dois dire en terminant, parce qu'il est déjà tard, il
est 1 h 15 du matin, si on était dans des pêcheries, il serait
quasiment le temps de se lever pour aller commencer la pêche, au
printemps. Je voudrais remercier tout le monde de leur collaboration et je suis
persuadé qu'ils auront dans les premières semaines un peu
d'indulgence. Je ne demande pas aux pêcheurs d'en avoir, mais
peut-être aux députés. Merci.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, j'ai une
question de privilège, évidemment, suivie d'une question que je
veux poser au ministre.
Ma question de privilège, vous l'avez deviné, c'est
simplement pour protester vigoureusement et avec la dernière
énergie contre les propos que vient de tenir le ministre de
l'Agriculture, qui sera, je l'espère bien, bientôt ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, sur le rôle du
chef de l'Opposition quant à ce qui concerne les pêcheries. Je
veux simplement lui rappeler qu'il saura, lorsqu'il arrivera dans le territoire
des Pêcheries, que le chef de l'Opposition l'y a déjà
précédé et qu'il a fait les villages, qu'il a
visité... il a fait tout le travail que devra faire bientôt le
ministre. Il a déjà tout fait ça, il a rencontré
les employés des usines de pêcheries, il a visité les
usines, il a déjà tout un programme qui se prépare
justement le programme du Parti libéral il a donc un
intérêt qui précède de beaucoup celui que devra
manifester le nouveau ministre.
Maintenant, la question que je veux poser au ministre c'est qu'il m'a
inquiété un peu lorsqu'il a dit: Je ne le sais pas, la loi
prévoit que je deviendrai ministre des Pêcheries seulement lorsque
la loi sera proclamée, au moins quant à cette section qui
intéresse les pêcheries. Je ne voudrais pas que cela soit
envoyé aux calendes grecques. Est-ce qu'on va rester entre deux eaux
entre le ministre de l'Industrie, présentement, et le futur ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation? Les pêcheries,
il ne faudrait pas en faire une balle qu'on s'envoie. Il va falloir qu'elle
atterrisse. Alors, quand?
M. Charron: Je crois que c'est une excellente question pour la
période que nous avons, de toute façon, ce matin.
M. Levesque (Bonaventure): II est prêt à me
répondre.
Le Vice-Président: Ce que j'allais dire c'est que le
règlement est le même à cette heure-ci qu'à deux
heures de l'après-midi.
M. Levesque (Bonaventure): ... dans quelques jours ou quelques
semaines. Pardon?
Le Vice-Président: Alors, M. le
député...
M. Levesque (Bonaventure): Un instant, M. le
député. J'en fais une question de règlement. M. le
Président, je crois que nous ne pouvons pas adopter le projet de loi
sans au moins avoir une indication du moment où il sera efficace. Qu'on
ne nous renvoie pas au premier ministre. Le ministre ou le leader parlementaire
pourrait nous dire quelles sont les intentions du gouvernement. C'est
élémentaire. Il y a des gens qui attendent cela partout dans
notre région. Est-ce que cela va être bientôt?
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je peux répondre que
la discussion a eu lieu encore hier au moment où on discutait de cette
loi que nous sommes sur le point de conclure au Conseil des ministres et comme
aucun article n'était formellement inscrit, tout le monde a convenu que,
dans les prochaines semaines, ce qu'évoquait le ministre de
l'Agriculture tout à l'heure, y compris aussi parce que je l'ai
entendu au cours du débat la question de l'établissement
physique à l'intérieur de... Je crois qu'il y a un couvent
quelconque, si je me rappelle la discussion qu'il y a eue au Conseil des
ministres hier, un couvent des Ursulines à Gaspé qui serait un
site éventuel pour cela. Tout cela a été
évoqué hier au Conseil des ministres, pour se terminer
finalement, parce que chacun sait qu'il y avait d'autres sujets sur la table
hier, pour se dire que dans les toutes prochaines semaines, une fois la session
terminée, au début de l'année 1980, le Conseil des
ministres étudiera la question en profondeur et prendra la
décision.
M. Bérubé: M. le Président, vous avez
été, tantôt très généreux
vis-à-vis du député de Bonaventure en lui permettant de
dire...
Le Vice-Président: Mais une fois n'est pas coutume, M. le
ministre de l'Energie.
M. Bérubé: Oui, mais j'imagine que vu cette grande
générosité, je voudrais confirmer une
déclaration du député de Bonaventure effectivement.
Le chef du Parti libéral a fait une tournée de tous les
pêcheurs, de toutes les petites usines de pêche et ce qu'on m'a dit
c'est qu'il n'avait pas l'air de connaître grand chose.
Le Vice-Président: S'il vous plaît, M. le leader de
l'Opposition officielle...
M. Levesque (Bonaventure): Ce ne sera pas long, M. le
Président, je veux dire simplement au ministre que justement le chef de
l'Opposition est bien conscient qu'il avait besoin...
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce que la motion de troisième lecture du projet de loi no 66, Loi
concernant certains ministères serait adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Dernier avis à l'Assemblée. Demain
matin, après la période de questions ce matin plutôt
il reste le projet de loi no 85, Société de
développement coopératif. Il nous faudra prendre en
considération le rapport qui sera disponible, me dit-on, dans quelques
minutes, sur le projet de loi no 48 que nos collègues ont fini
d'étudier en commission de la justice et éventuellement faire la
troisième lecture, s'il y a consentement. De même, prendre en
considération le rapport de nos collègues à la commission
des affaires municipales, le projet de loi no 57 et en faire la
troisième lecture. Par la suite, je crois que l'Assemblée pourra
ajourner ses travaux jusqu'à une date que j'indiquerai demain en
1980.
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): N'y aurait-il pas lieu,
également, de penser que nous devrions disposer des projets de loi de
nature privée dont l'étude est en train de se faire ou si c'est
terminé.
M. Charron: J'ai déjà le rapport entre les mains,
oui demain. C'est au menu.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je dois comprendre
également que nous aurons droit à une déclaration
ministérielle du ministre des Finances, demain?
M. Charron: Oui, M. le Président, sans grande surprise. Il
s'agit de la déclaration traditionnelle d'harmonisation des lois
fiscales comme s'y prête la plupart du temps le gouvernement. Elle sera
disponible à l'Opposition à 9 heures demain matin, comme le
règlement nous le prescrit.
Le Vice-Président: A l'ordre, s'il vous plaît!
Est-ce que vous faites une motion d'ajournement des travaux de
l'Assemblée, M. le leader?
M. Charron: Jusqu'à 10 heures, M. le Président.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion serait
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté, M. le
Président.
Le Vice-Président: Les travaux de l'Assemblée sont
ajournés jusqu'à ce matin 10 heures.