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(Dix heures dix-huit minutes)
La Vice-Présidente: À l'ordre, mesdames et
messieurs!
Un moment de recueillement, s'il vous plaît.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre des Affaires sociales.
Indexation des barèmes d'aide sociale M. Denis
Lazure
M. Lazure: Mme la Présidente, afin de maintenir le pouvoir
d'achat d'un groupe de la population du Québec qui figure parmi les plus
démunis de notre société, il me fait plaisir d'annoncer
que !e gouvernement du Québec a décidé d'indexer les
barèmes d'aide sociale d'un pourcentage égal à
l'augmentation de l'indice du coût de la vie, c'est-à-dire
9,9%.
Cette augmentation, en vigueur le 1er janvier 1981,
bénéficiera à 290,000 ménages, soit 550,000
personnes qui touchent actuellement des prestations d'aide sociale.
Je désire également profiter de cette occasion pour
signaler les efforts du gouvernement du Québec afin d'encourager le
retour au travail des prestataires de l'aide sociale. Soucieux d'aider les
défavorisés du marché du travail, mon ministère a
consenti une diminution de son budget de l'ordre de $20,000,000 afin d'aider au
lancement du programme PIJE, programme d'intégration des jeunes à
l'emploi, dès l'automne 1979.
Ce programme vise essentiellement à aider les jeunes de moins de
trente ans à se trouver un travail, à acquérir des
expériences devant les aider à s'intégrer au marché
des emplois. Ce programme a donné des résultats concrets en
freinant, en diminuant l'arrivée du nombre de jeunes aux listes d'aide
sociale. Le ministère des Affaires sociales a aussi récemment
collaboré à la mise sur pied et au fonctionnement du programme de
retour au travail, le programme PRET, qui est dédié à 90%
à la création d'emplois pour les bénéficiaires de
l'aide sociale. Il en va de même pour le programme d'aide au travail,
PAT, qui offre des programmes de réadaptation au travail pour les gens
qui généralement n'ont pas eu d'emploi depuis au-delà d'un
an.
La collaboration qui existe entre les ministères du gouvernement
dans le but d'encourager sous diverses formes le retour au travail des
prestataires d'aide sociale est digne de mention. Ainsi, tous les programmes
que j'ai énumérés tantôt fonctionnent grâce au
travail concerté du ministère des Affaires sociales et du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Cette étroite
collaboration est illustrée par le fait que 200
bénéficiaires de l'aide sociale ont été
embauchés par nos deux ministères afin d'oeuvrer comme agents
d'aide sociale ou comme agents de main-d'oeuvre. Le dernier exemple du genre
d'initiative que nous prenons est le projet pilote de
réintégration des familles monoparentales particulièrement
dans la région de Montréal. Mme la Présidente, ces efforts
représentent des investissements de $80,000,000. Je dois signaler
toutefois que 50% des bénéficiaires de l'aide sociale, à
cause de handicap ou de maladie, sont inaptes au travail. En conclusion,
malgré une décision récente du gouvernement
fédéral qui modifie le règlement de
l'assurance-chômage et qui a comme conséquence d'entraîner
plus de personnes sur les listes de l'aide sociale, le gouvernement du
Québec multiplie ses efforts non seulement pour permettre aux plus
démunis de la société de faire face à la hausse du
coût de la vie, mais aussi et surtout pour leur donner les chances
d'avoir accès au travail.
La Vice-Présidente: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, s'il faut se
réjouir que le gouvernement indexe les barèmes de l'aide sociale,
il n'en est pas moins surprenant qu'on prenne l'occasion d'une
déclaration ministérielle pour annoncer ce qui est prévu
dans nos lois et règlements, soit que les barèmes de l'aide
sociale, comme d'ailleurs les rentes du Québec ou les allocations
familiales, doivent être indexés annuellement. Ceci est d'autant
plus surprenant qu'à ma connaissance jamais ceci ne s'est fait, mais,
évidemment, tous les moyens pour la publicité gouvernementale
demeurent bons. Il s'agit d'une disposition qui est automatique, quoique le
taux d'indexation n'est pas toujours automatique.
Des voix: Ah!
Mme Lavoie-Roux: Pour vous donner la preuve, Mme la
Présidente, que ce n'est pas toujours automatique, quand on additionne
les besoins spéciaux et les besoins qénéraux qui sont
accordés aux bénéficiaires de l'aide sociale et qu'on fait
le calcul de ce qui a été accordé durant les trois
dernières années par le gouvernement qui est devant nous, le taux
qu'il a accordé, le taux qui combine les besoins ordinaires et les
besoins spéciaux, a augmenté de 6,9% en moyenne chaque
année, alors que le coût de la vie a augmenté de 8,7%. Il
se peut cette année qu'avec l'indexation, on en vienne à un
meilleur équilibre.
Je vous ferai remarquer en passant, puisque le gouvernement a
décidé de faire de cette déclaration un instrument
politique, que, dans les années de l'administration
précédente, de 1971 à 1976, les prestations avaient
augmenté de 13,5% par année, alors que l'indice des prix avait
augmenté de 6,9% en moyenne, par année.
Je pense que le gouvernement est un peu malvenu d'essayer, en cette
dernière journée de la session, de faire grand état de ce
cadeau, de ce supposé cadeau de Noël.
À part cela, nous aurions souhaité, peut-être
avec cette augmentation de 9,9%... Ceci ne tiendra même pas compte
de la hausse du coût de la vie de cette année. Déjà,
les prévisions sont en fonction d'une augmentation d'au moins 10,5% pour
l'année 1980-1981.
Si vous regardez simplement le titre des journaux de ce matin, on
prévoit un saut, dans le coût des aliments, de 17,3% pour cette
année. Et comme on sait que les revenus des bénéficiaires
de l'aide sociale sont tellement limités, que la grande partie de leurs
dépenses va pour les aliments, je pense que la Noël des
bénéficiaires de l'aide sociale ne sera pas aussi
réjouissante que le gouvernement tente de le faire croire.
Mme la Présidente, le ministre a aussi fait état des
projets d'emplois pour les bénéficiaires de l'aide sociale. Je
pense qu'on doit se réjouir de toute tentative dans le but de
réintégrer des bénéficiaires de l'aide sociale sur
le marché du travail. Mais, là encore, il faut bien regarder
comment ceci se traduit dans les faits. Le ministre fait allusion au programme
PIJE. Je peux vous dire qu'au 31 août dernier, après neuf mois et
demi du programme PIJE, alors que $25,000,000 avaient été
engagés dans ces programmes, un communiqué du ministère du
Travail faisait état de 6367 emplois, mais sans spécifier s'il
s'agissait d'emplois permanents, d'emplois temporaires ou à temps
partiel.
Le résultat de ces 6000 emplois était, lorsqu'on examinait
les livres de OSE, que 1081 emplois uniquement étaient à temps
plein et que, dans les autres cas, il s'agissait d'emplois qualifiés de
personnes-année temporaires. Ce qu'il faut rappeler, Mme la
Présidente, c'est qu'au mois d'octobre, il existait toujours 129,000
chômeurs chez les jeunes entre 16 et 24 ans et que l'écart de
chômage chez les jeunes continue de s'agrandir entre le Québec et
l'Ontario et entre le Québec et la moyenne nationale.
Je n'aurais qu'un souhait à faire en terminant, c'est que le
gouvernement eût examiné avec plus de sérieux les besoins
des bénéficiaires de l'aide sociale. Je sais qu'on a eu la
période de septembre ou d'août à novembre pendant laquelle
on a essayé de les disqualifier d'une certaine façon dans
l'opinion publique en disant qu'on ferait la course aux fraudeurs, qu'on avait
envoyé des lettres aux femmes qui devaient se prévaloir de la Loi
sur les pensions alimentaires en leur disant: Si vous ne faites pas les efforts
nécessaires pour obtenir les pensions alimentaires, votre aide sociale
sera coupée. J'aurais souhaité que le gouvernement examine le
problème dans son ensemble et que, même au cours de l'automne, il
convoque une commission parlementaire pour qu'on ait la possibilité
d'examiner vraiment sous tous leurs aspects les problèmes des
bénéficiaires de l'aide sociale et tenter de leur permettre
d'avoir des conditions de vie plus décentes et ne pas les maintenir
année après année bien en deçà du seuil de
la pauvreté. Le gouvernement qui est devant nous n'a pas rempli ses
obligations à cet égard, il n'a pas indexé au coût
de la vie, sur les quatre années de son mandat, les prestations d'aide
sociale. Merci, Mme la Présidente.
Une voix: Bravo!
La Vice-Présidente: M. le député de
Nicolet-Yamaska et leader de l'Union Nationale.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: Mme la Présidente, nous venons, à
l'instant même, de recevoir une copie de la déclaration du
ministre des Affaires sociales, contrairement à l'habitude que nous
avons adoptée en cette Chambre par le passé. Nous recevions au
moins une heure à l'avance les déclarations
ministérielles. Je comprends qu'il y a probablement eu une erreur
administrative à son bureau, mais il est un fait que le Parti
libéral, lui, a reçu une heure à l'avance la
déclaration du ministre et que nous, nous venons de la recevoir. Vous
comprendrez que nos commentaires seront peut-être un peu moins
élaborés. Cependant, j'aimerais quand même émettre
quelques opinions concernant la déclaration ministérielle et
l'augmentation de 9.9% que le ministre nous annonce aujourd'hui. Bien
sûr, il faut essayer de favoriser de plus en plus l'augmentation des
prestations d'aide sociale pour ceux qui sont les vrais
bénéficiaires d'aide sociale. L'augmentation que nous annonce
aujourd'hui le ministre n'est qu'une partie, sans doute, du retard à
rattraper de ce côté, surtout quand on connaît les
augmentations faramineuses du coût de la vie. (10 h 30)
Encore hier soir, à la Chambre des communes d'Ottawa, il y a eu
un débat d'urgence concernant ce problème de l'augmentation du
coût de la vie et de l'augmentation également du taux
d'intérêt. Les familles qui reçoivent de l'aide sociale,
qui bénéficient de cette aide gouvernementale, vivent, surtout
à cette période-ci de l'année où, comme tout le
monde, elles ont sans doute des achats des Fêtes à faire, une
situation financière très difficile et très
précaire et il n'est que normal qu'aujourd'hui le gouvernement
décide enfin de leur accorder une augmentation, bien que ce ne soit
qu'une partie du retard à rattraper.
Le ministre a profité de sa déclaration
ministérielle pour reprendre, encore une fois, les nombreux programmes
que le gouvernement a mis en place pour essayer de réintégrer
soit les jeunes, soit les travailleurs au travail; je pense que ce sont
là des programmes importants également. On a eu l'occasion,
à différentes reprises, lors du débat sur le message
inaugural, et plus particulièrement, en ce qui concerne notre formation
politique, le député de Bellechasse et moi-même, de
même que le chef intérimaire de l'Union Nationale, d'intervenir
pour indiquer au gouvernement que les emplois qu'on nous disait avoir
créés pour les jeunes, ce n'était que pure invention
parfois puisque, bien souvent, les emplois qu'on nous disait avoir
créés n'étaient que des emplois à temps partiel et
parfois même très partiel, de quelques semaines, ce qui
n'était même pas suffisant, parfois, pour faire
bénéficier les jeunes ou les personnes concernées de
l'assurance-chômage.
Je suis bien prêt à admettre que le gouvernement a fait des
efforts de ce côté, mais je pense que ces efforts ne sont pas
suffisants et il doit s'efforcer, plutôt que de créer des emplois
temporaires, de créer des emplois permanents. Ce serait important. On
voit bien que de la théorie à la pratique il y a une grande marge
et cette marge, le gouvernement devra la franchir.
Il est étonnant également de constater, dans cette
déclaration ministérielle, que le
gouvernement nous dit qu'il y a 50% des bénéficiaires de
l'aide sociale qui ne peuvent obtenir un emploi en raison de maladie ou d'un
handicap. C'est donc dire, si on fait la contrepartie, qu'il y a 50% des
personnes qui bénéficient de l'aide sociale qui sont aptes au
travail. C'est un problème sérieux et c'est un problème
auquel le gouvernement devra s'attaquer dans les quelques mois de pouvoir qui
lui restent à vivre et je lui recommande d'intensifier ses programmes de
ce côté.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Denis Lazure
M. Lazure: Mme la Présidente, deux remarques. La
première porte sur les programmes d'emploi. Si j'ai cru bon d'y revenir
ce matin, c'est qu'il y a quand même une bonne partie de la population
qui n'est pas encore suffisamment renseignée sur l'existence de ces
programmes d'emploi. Quand je dis une partie de la population, cela inclut une
partie des employeurs. Je me permets, au nom du gouvernement, de faire appel
aux employeurs pour qu'ils fassent un acte de patience et de foi aussi envers
les bénéficiaires de l'aide sociale.
Nous avons dans notre société une quantité de
préjugés tels que, souvent, l'employeur n'ose pas profiter d'un
programme gouvernemental qui est économiquement intéressant pour
lui, si la condition qui y est mise, c'est d'employer, d'engager, d'embaucher
un bénéficiaire de l'aide sociale.
Je voudrais que les employeurs comprennent qu'il est souvent difficile
de s'adapter, durant les premières semaines ou les premiers mois d'un
emploi, pour un bénéficiaire de l'aide sociale ou n'importe qui
qui ne travaille pas depuis quelques années. Mais l'expérience de
recul que nous avons depuis quelques années, Mme la Présidente,
démontre que les bénéficiaires de l'aide sociale ont un
pourcentage d'assiduité ou, si vous voulez, n'ont pas plus
d'absentéisme que les autres, au contraire. Si le patron veut bien, une
fois pour toutes, mettre de côté les préjugés que
nous avons tous malheureusement vis-à-vis de l'assisté social,
à ce moment-là, je pense que nous pourrions non seulement
rehausser la dignité du bénéficiaire de l'aide sociale,
mais aussi faire une affaire économiquement rentable.
Deuxième remarque, Mme la Présidente, je suis un peu
déçu du ton, surtout au début de son intervention, de la
députée de L'Acadie. Elle a commencé son intervention en
prétendant que le gouvernement voulait faire du capital politique par
une déclaration ministérielle. Mme la Présidente, ces 10%
d'augmentation versés le 1er janvier touchent au-delà de 500,000
personnes. Dans cette Chambre nous avons souvent des questions qui peuvent
toucher 50, 500 ou 5000 personnes. Rarement a-t-on des questions qui touchent
500,000 personnes. Je pense qu'il était d'une importance capitale pour
les 500,000 bénéficiaires de l'aide sociale de savoir... Et je
connais des députés du Parti libéral qui avaient bien
hâte et qui m'ont même incité à faire une
déclaration ministérielle. Je ne donnerai pas de noms.
En conclusion, si je peux...
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lazure: ... avoir un minimum de paix pour terminer, il me
semble qu'il y avait une certaine mesquinerie dans ce commentaire, une
mesquinerie qu'on connaît chez le chef du Parti libéral, mais que
je ne connaissais pas chez la députée de L'Acadie et je le
regrette.
La Vice-Présidente: Dépôt de documents.
Rapport sur les élections tenues en
1980
Le rapport des résultats officiels du scrutin, rapport du
directeur général des élections du Québec pour les
élections de 1980. Le rapport est déposé.
M. le premier ministre.
Communiqués émanant de la visite
du premier ministre en Belgique
et en France
M. Lévesque (Taillon): Très brièvement, Mme
la Présidente, à la suite du voyage que mes deux collègues
des Affaires intergouvernementales et du Développement économique
et votre serviteur viennent d'accomplir en Belgique et en France, je voudrais
déposer les trois communiqués qui ont émané
à la suite de ces rencontres qu'on a eues là-bas,
c'est-à-dire un communiqué conjoint d'abord de la
délégation de la communauté française de Belgique
et de notre délégation, le communiqué conjoint sous forme
de déclaration commune et de perspectives de coopération
émis conjointement par notre délégation et
l'exécutif nouveau de la région Québec-Wallonie en
Belgique, et, finalement, le communiqué conjoint que M. Raymond Barre,
premier ministre français, a émis le 16 décembre à
la suite de nos rencontres conjointement avec votre serviteur.
La Vice-Présidente: Documents déposés.
Mme la ministre d'État à la Condition féminine et
ministre d'État au Développement social.
Rapport annuel du Conseil du statut de la
femme
Mme Payette: Mme la Présidente, je voudrais déposer
le rapport annuel du Conseil du statut de la femme pour 1977-1978 et
1978-1979.
La Vice-Présidente: Le rapport est déposé.
M. le ministre de la Justice.
Décret concernant un renvoi à la Cour
d'appel
M. Bédard: Mme la Présidente, je voudrais
déposer le décret du gouvernement du Québec concernant un
renvoi à la Cour d'appel.
La Vice-Présidente: Déposé.
Le ministre des Affaires municipales.
Rapport annuel du ministère des Affaires
municipales
M. Charron: Au nom du ministre des Affaires municipales, si vous
me le permettez...
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: ... je voudrais déposer le rapport annuel de
ce ministère pour l'année 1979-1980.
La Vice-Présidente: Rapport déposé. M. le
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Rapport de l'Office du crédit agricole sur le
crédit forestier
M. Bérubé: Mme la Présidente, j'aimerais
déposer le rapport de l'Office du crédit agricole du
Québec concernant l'administration de la Loi sur le crédit
forestier pour l'année 1979-1980.
La Vice-Présidente: Rapport déposé. Mme la
ministre des Travaux publics. (10 h 40)
Rapport du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement
Mme Ouellette: Mme la Présidente, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement pour l'année 1979-1980.
Rapport financier de la SOI
Également le rapport des états financiers de la
Société de développement immobilier du
Québec, exercice financier se terminant au 31. mars 1980.
La Vice-Présidente: M. le ministre du Revenu.
M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Rapport du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche
M. Lessard: Mme la Présidente, j'ai le plaisir de
déposer le rapport annuel du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche pour l'année 1979-1980.
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Environnement.
Rapport du Comité consultatif sur
l'environnement de la Baie James et
rapport annuel du Conseil consultatif
de l'environnement
M. Léger: Mme la Présidente, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel du Comité consultatif sur
l'environnement de la Baie James pour l'année 1978-1979, ainsi que le
rapport annuel du Conseil consultatif de l'environnement pour l'année
1979-1980.
La Vice-Présidente: Les rapports sont
déposés.
M. le ministre des Finances.
Comptes publics 1979-1980
M. Parizeau: Mme la Présidente, conformément
à l'article 72, chapitre 17 des lois de 1970, j'ai l'honneur de
déposer un état des comptes publics pour l'année
financière 1979-1980.
La Vice-Présidente: Document déposé. M. le
ministre de l'Éducation.
Rapport de la Commission consultative de
l'enseignement privé
M. Laurin: Mme la Présidente, j'ai le plaisir de
déposer le dixième rapport annuel de la Commission consultative
de l'enseignement privé.
La Vice-Présidente: Rapport déposé. M. le
ministre des Affaires sociales.
Subventions à la maison Saint-Jacques
M. Lazure: Mme la Présidente, conformément à
un engagement pris hier en Chambre, je dépose un document qui
démontre bien que, depuis quelques années, les subventions
à la maison Saint-Jacques sont passés de $110,000 à
$220,000.
Une voix: Sans commentaire.
La Vice-Présidente: Document déposé. M. le
ministre des Transports.
Subvention à l'amélioration des routes
municipales
M. de Belleval: Oui, Mme la Présidente, je dépose,
conformément à l'engagement que j'avais pris auprès du
député de Gatineau, les montants des subventions accordées
par le ministère des Transports pour l'aide a l'amélioration du
réseau routier municipal pour la période 1970-1980, de même
que la ventilation des crédits pour ce même programme d'aide
à l'amélioration du réseau municipal pour ce qui concerne
le présent exercice, le budget original et le budget
supplémentaire.
La Vice-Présidente: Ce document est déposé.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
Pétition des employés du Centre
d'insémination artificielle
M. Cordeau: Au nom des employés du Centre
d'insémination artificielle du Québec situé à
Saint-Hyacinthe, qu'il me soit permis de déposer la pétition
suivante: "Nous soussignés mandatons le Syndicat des fonctionnaires
provinciaux du Québec à faire tout en son pouvoir afin que
advenant la cession de l'unité administrative connue sous le nom de
Centre d'insémination artificielle du Québec à une
entité juridique autre que le gouvernement, nous puissions, tout en
conservant nos emplois au sein de l'organisme ainsi créé,
continuer à être assujettis aux dispositions de la Loi de la
fonction publique."
La Vice-Présidente: La pétition est
déposée.
M. Fontaine: Question de privilège, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Vous avez sans doute remarqué, Mme la
Présidente, que la plupart des députés se sont
esclaffés lorsqu'on a fait ce dépôt de document. Quand on
parle d'agriculture dans cette Chambre, tout le monde rit sauf l'Union
Nationale.
Des voix: Oh!
La Vice-Présidente: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! S'il vous plaît! Malgré les protestations,
pouvons-nous entendre maintenant le dépôt des rapports des
commissions élues?
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: II y a le dépôt de rapports de
commissions élues, Mme la Présidente, d'abord du
député de Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Mme la
Présidente, qu'il me soit permis, conformément aux
dispositions...
La Vice-Présidente: M. le député de
Kamouraska-Témiscouata.
Étude du projet de loi no 18
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Mme la
Présidente, qu'il me soit permis, conformément aux dispositions
de notre règlement, de déposer le rapport de la commission
élue permanente des transports qui a siégé le 18
décembre 1980 aux fins d'étudier article par article le projet de
loi no 18, Loi sur la fusion du Bureau des véhicules automobiles et de
la Régie de l'assurance automobile du Québec, et l'a
adopté tel qu'amendé.
La Vice-Présidente: Rapport déposé. M. le
député de Frontenac.
Étude du projet de loi no 6
M. Grégoire: Mme la Présidente, qu'il me soit
permis, conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'énergie et des ressources qui a siégé le 18
décembre 1980 aux fins d'étudier article par article le projet de
loi no 6, Loi modifiant la Loi sur le crédit forestier, et l'a
adopté sans amendement.
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission est
déposé.
M. le député de Frontenac, vous avez un autre rapport.
Étude du projet de loi no 2
M. Grégoire: Mme la Présidente, en rappel, qu'il me
soit permis de déposer, conformément aux dispositions de notre
règlement, le rapport de la commission élue permanente de
l'énergie et des ressources qui a siégé le 18
décembre 1980 aux fins d'étudier article par article le projet de
loi no 2, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'initiatives pétrolières, et l'a
adopté tel qu'amendé.
La Vice-Présidente: Rapport déposé. M. le
député de Beauharnois.
Étude du projet de loi no 252
M. Lavigne: Mme la Présidente, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières qui a
siégé le 18 décembre 1980 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi privé no 252, Loi concernant
Services Financiers B.A. Limitée, et l'a adopté tel
qu'amendé.
La Vice-Présidente: Ce rapport sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le
député de Rosemont.
Étude du projet de loi no 5
M. Paquette: Mme la Présidente, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente des
consommateurs, coopératives et institutions financières qui a
siégé les 16 et 18 décembre 1980 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi no 5, Loi modifiant la Loi sur les
compagnies et la Loi sur les déclarations des compagnies et
sociétés, et l'a adopté tel qu'amendé.
La Vice-Présidente: Le rapport est
déposé.
Étude du projet de loi no 89
M. Paquette: Mme la Présidente, j'aimerais, au nom de la
députée des Îles-de-la-Madeleine, conformément aux
dispositions de notre règlement, déposer le rapport de la
commission élue permanente de la justice, qui a siégé les
10, 11, 12, 15, 16, 17 et 18 décembre 1980 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi 89, Loi instituant un nouveau Code civil
et portant réforme du droit de la famille, lequel a été
adopté avec des amendements.
La Vice-Présidente: Le rapport est
déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Dépôt de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Questions orales des députés.
M. le chef de l'Opposition officielle.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Les entretiens du premier ministre en France et en
Belgique
M. Ryan: Mme la Présidente, avec les nouvelles que nous
avons depuis quelques jours au
sujet de la détérioration de la situation
économique, on serait porté à interroger le premier
ministre ce matin sur les projets de son gouvernement dans ce domaine. Par
exemple, le prix de l'huile à chauffage a continué de monter. On
annonce qu'il a monté de 27% depuis un an. Le prix des aliments a
maintenant augmenté de 15,3%. C'est comme cela sur un peu toute la
ligne. On aimerait bien savoir ce que le gouvernement envisage de faire.
Mais il arrive que c'est la dernière journée de la
présente session. Le premier ministre revient de voyage. Il est
allé accomplir des devoirs importants pour le Québec à
l'étranger. C'est la seule occasion que nous avons de l'interroger au
sujet de ce voyage. Vous m'excuserez de n'avoir pas le temps d'aborder les
autres questions. Nous allons parler du voyage que le premier ministre vient de
faire, même si des communiqués ont été
déposés ce matin - je n'ai pas eu le temps d'en prendre
connaissance avant de poser mes questions, mais on va faire pour le mieux - je
suis sûr que le premier ministre sera heureux d'informer la population
des développements qui ont pu se produire à l'occasion de ce
voyage.
Le premier volet de ma question serait le suivant: Les entretiens que le
premier ministre a eus, en France en particulier, ont certainement permis
d'enregistrer des développements significatifs en matière
politique, en matière économique, en matière culturelle et
en matière scientifique aussi. Nous nous intéressons, dans
l'immédiat, de plus près à l'aspect politique. Il y a deux
questions que je voudrais adresser au premier ministre à ce sujet. (10 h
50)
D'abord, en ce qui touche la présence internationale du
Québec, quels sont les développements qui ressortent des
entretiens du chef du gouvernement, avec les autorités françaises
en particulier? Est-ce qu'il y a du nouveau? Je voyais une déclaration
du ministre des Affaires intergouvernementales, qui disait que l'attitude de la
France au sujet de la conférence de Dakar représentait une
espèce de voie nouvelle. On disait qu'on passait dans le domaine de
l'action plutôt que de s'en tenir à des déclarations. Il
reste que c'est un geste très négatif, qui ne fait pas avancer
beaucoup la présence positive du Québec à
l'étranger. Est-ce qu'il y a des développements de ce
côté-là?
Et, deuxièmement, on a cru comprendre, à distance
évidemment, que le premier ministre de France, M. Barre, aurait
donné son aval, au moins indirect ou implicite, à la position du
gouvernement du Québec dans le litige constitutionnel qui a cours
actuellement au Canada. J'aimerais savoir si c'est ainsi que le premier
ministre a compris les propos de M. Barre.
Je crois que le premier ministre ajoutait, à un moment
donné, dans une conversation qu'il avait avec des journalistes, que
cette déclaration était un pas et que si le projet de M. Trudeau
devait se rendre jusqu'à Londres, il y aurait d'autres
développements possibles. Il a employé l'expression suivante, que
je n'ai pas très bien comprise: "II y a des trucs qui vont frapper
l'éventail très rapidement." Est-ce que cela voulait dire des
trucs qui pourraient être mis en oeuvre par les autorités
françaises ou si cela regardait strictement les initiatives canadiennes?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je dois
d'abord indiquer au chef de l'Opposition que, sauf erreur, j'ai
déposé - comme, je crois, il est normal parce que ce sont des
documents publics qui sont le résumé d'une mission qui avait
quand même son importance, le chef de l'Opposition l'a souliqné -
les trois communiqués, mais ils avaient déjà, pour
l'essentiel, paru dans les journaux. Je laisse de côté, pour les
mêmes raisons que le chef de l'Opposition, la partie de son
préambule qui déplorait les hausses du coût de la vie, que
ce soit l'huile à chauffage, que ce soient les aliments ou quoi que ce
soit, parce que, hélas, je pense que le chef de l'Opposition le sait, la
plupart des grands pouvoirs en ce qui concerne le domaine général
du coût de la vie appartiennent, pour autant qu'il y en ait, à
Ottawa et on sait l'impuissance totale que le gouvernement
fédéral a confessée ces jours derniers.
Maintenant, pour revenir aux questions précises du chef de
l'Opposition, pour ce qui est de la présence internationale du
Québec, je crois qu'on a ajouté une dimension, cette fois-ci,
très simplement et très spontanément, en ce qui concerne
les prolongements de cette affaire de Dakar, comme on dit, c'est-à-dire
qu'à la compréhension et à l'appui de la France à
ce sujet s'est ajoutée la même dimension en ce qui concerne la
communauté francophone de Belgique. Je me permets de lire les quelques
lignes très brèves du communiqué conjoint qu'on avait
émis à Bruxelles avec M. Hansenn, le président de
l'exécutif de la communauté française, et ses
collègues: "Les deux parties ont échangé leur point de vue
sur l'avenir de la francophonie internationale. Elles estiment que la
présence du Québec et de la communauté française de
Belgigue - entre parenthèses, qui était, de toute façon,
prévue si Dakar avait eu lieu - est indispensable à
l'équilibre et au développement des relations francophones
internationales. Dans cet esprit, elles ont décidé de coordonner
leur action dans les différentes organisations internationales en vue de
rendre plus efficace la coopération culturelle multilatérale." Ce
qui signifie qu'aussi bien en Belgique maintenant qu'en France, ce qui
était déjà connu, non seulement il y a une présence
internationale reconnue mieux que jamais du Québec, mais il y a
également ce trio, maintenant, des trois principales communautés
francophones en ce qui concerne toute perspective éventuelle - je
demeure toujours sur le plan international -d'organisation politique, si on
veut, de la francophonie. Aussi bien en France qu'en Belgique maintenant et,
bien sûr, qu'au Québec, il y a ce lien qui, je crois, est une
réponse en soi à la question du chef de l'Opposition sur la
présence internationale du Québec qui non seulement est reconnue,
mais comprise et nos problèmes sont également compris.
Cela inclut également, mais de façon implicite - je crois
que je reprends le terme même du chef de l'Opposition - notre
problème courant au point de vue constitutionnel, c'est-à-dire ce
coup de force fédéral qui a amené implicitement M. Barre
à donner une opinion dont il a dit que c'était peut-être un
peu plus que de
la non-indifférence, mais cela se comprend parce qu'il s'agit
toujours d'un fondement qui est celui de la langue française, de la
culture française que nous partageons avec nos interlocuteurs
européens. Ce que M. Barre a dit, très simplement - je paraphrase
peut-être parce que je n'ai pas le mot à mot - au cours d'une
conférence de presse, c'est ceci: La France continue d'être
puissamment intéressée à ce que l'identité
québécoise soit affirmée le plus possible et, de toute
façon, qu'elle ne soit pas menacée. Il n'est pas allé plus
loin, mais il a dit cela, ce qui signifie, entre les lignes, très
nettement que, si on demande à un Parlement étranger, anglophone
totalement, à Westminster, entre autres choses, dans un chambardement
unilatéral de la constitution du Canada, d'enlever des droits qui
concernent, au Québec, l'enseignement et la langue française, il
ne peut pas y avoir d'indifférence chez les gens qui comprennent ce qui
se passe.
Quant à l'histoire à propos des trucs qui peuvent frapper
l'éventail, cela n'avait rien à voir du tout avec les positions
du gouvernement français. Je pense que tout le monde connaît
-enfin, je ne veux pas la citer ici, dans cette Chambre - l'expression
très familière de la langue anglaise qui parle de certaines
choses qui peuvent frapper l'éventail quand certaines autres choses se
produisent. Autrement dit, cela pourrait créer, tout le monde le sait,
des retombées extrêmement graves et beaucoup plus de division que
jamais si le coup de force fédéral devait éventuellement
passer. C'est tout ce que cela signifiait, rien de plus.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Dans une entrevue que le premier ministre donnait au
journal Le Monde, le 15 ou le 13 décembre - je ne sais pas trop, mais
l'entrevue a été reproduite dans le Devoir; il faudrait monter ce
microphone un peu, M. le Président, il n'attrape pas très bien la
voix de ceux qui sont grands...
M. Lavoie: Des grands hommes.
M. Ryan: ... au début de sa visite en France, il laissait
entendre que la politique - je ne sais pas si c'est la politique de son parti
ou de son gouvernement - pourrait évoluer vers une ligne de conduite en
vertu de laquelle on ne voudrait plus d'association monétaire, par
exemple, avec le reste du Canada, dans l'hypothèse où le projet
constitutionnel du Parti québécois serait appelé à
se réaliser un jour.
J'aurais une question bien simple à poser au premier ministre
à ce sujet-là. Quand il parlait de ces questions, qu'il
reconnaissait implicitement, dans la même entrevue, que
l'indépendance reste l'objectif ultime, est-ce qu'il parlait en sa
qualité de chef du gouvernement québécois ou en sa
qualité de chef d'un parti politique particulier?
Deuxièmement, toujours dans cette entrevue, le premier ministre a
dit, à un moment donné -ce qui nous ramène les pieds sur
terre au Canada, je pense que c'est important; il parlait au nom de son
gouvernement, je présume - ce qui suit: "Nous ne sommes pas contre le
rapatriement de la constitution en tant que tel, etc." Nous avons appris,
pendant que le premier ministre était absent, qu'il aurait eu des
entretiens juste avant de partir avec certains de ses homologues des autres
provinces et qu'au cours de ces entretiens, on aurait commencé à
examiner la possibilité de propositions de compromis en vertu desquelles
l'objectif du rapatriement, accompagné d'une formule d'amendement
acceptable, pourrait être considéré comme une
manière possible de sortir du bourbier dans lequel tout le pays est
présentement enlisé. Est-ce que je pourrais demander au premier
ministre de nous fournir des réponses sur ces deux questions?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Oui, M. le Président. Je
soulignerai simplement, pour mémoire et peut-être aussi pour une
information qui situerait mieux l'entrevue avec le journal Le Monde, avec M. de
la Grange, son correspondant, parce que cela a paru le 15 décembre -
cela arrive souvent dans ces contextes de voyages internationaux -mais cela
avait été fait le 6 décembre, au moment même
où M. de la Grange est venu me retrouver au conseil national de notre
parti. En fait, c'était décalé d'une semaine.
Cela étant dit, c'est vrai, on a, entre autres choses,
parlé de réflexions qui viennent après coup, comme c'est
normal, de cette hypothèse d'association monétaire qui - je crois
que le chef de l'Opposition le sait aussi bien que moi - était une des
parties les plus discutées de l'hypothèse de travail que nous
avions, au référendum, proposée à nos concitoyens
et, comme tout le monde, quand on pense à une perspective possible de
l'avenir, on réfléchit de nouveau et c'est une des parties qui
appelle des réflexions additionnelles. (11 heures)
Pour ce qui est de la souveraineté politique, qui demeure,
à condition qu'il ne soit jamais question d'en parler autrement que sur
la base d'un processus démocratique, le premier point de notre programme
politique, il n'y a pas de cachette là-dedans. On a bien dit,
après le référendum, que de bonne foi - Dieu sait qu'on
l'a fait pendant tout l'été, ce sont d'autres qui ont
manqué de bonne foi - on essaierait d'arriver, au moins pendant cette
étape des douze ou treize sujets qui ont été mis sur la
table au mois de juin, à une réforme au moins convenable, si
possible, à une meilleure perspective dans le régime
fédéral, conformément aux engagements qu'on a pris, qui
sont d'ailleurs noir sur blanc, également dans notre programme. Tant et
aussi longtemps qu'on doit vivre, - il n'y a pas d'absolu dans un régime
politique - sous un régime fédéral, qu'on ait au moins le
meilleur régime fédéral possible et le plus conforme aux
intérêts et aux aspirations du Québec. Il n'y a pas la
moindre cachette de ce côté-là.
C'est évident que ça implique une attitude qui est celle
d'un parti; nous sommes membres de ce parti, nous avons nos convictions. Cela
ne nous empêche pas, pas plus qu'en 1976, de faire le travail au niveau
provincial, le mieux possible. C'est à nos concitoyens de juger.
Je ferais remarquer au chef de l'Opposition qu'il donne lui-même
souvent l'exemple, d'une façon quelquefois plus malheureuse que ce qui
nous arrive ici, de la difficulté qu'on a parfois, à
séparer les questions d'intérêt public des questions
partisanes.
Pour ce qui est du rapatriement en tant que tel - c'est le dernier volet
de la question du député d'Argenteuil - c'est vrai qu'on a eu des
entretiens téléphoniques immédiatement avant ce voyage, je
ne peux pas situer le jour, avec les cinq autres premiers ministres provinciaux
qui, officiellement, s'opposent au coup de force fédéral. On a
évoqué cette possibilité qui, d'ailleurs, je crois, a
déjà été évoquée par le chef de
l'Opposition libérale lui-même. Cette possibilité, pour
réduire, les dégâts - c'est tout ce que cela voudrait dire
- serait de trouver, peut-être, une façon d'aboutir au
rapatriement simple. Personne n'est contre le rapatriement en soi.
Je rappelle tout de même que pour sortir d'un mauvais coup, d'un
pétrin absolument inqualifiable dans lequel le gouvernement
fédéral et en particulier, le premier ministre
fédéral, plonge les provinces et le Québec, très
spécialement, ça voudrait dire l'obligation d'un compromis par
rapport aux positions qu'on a toujours maintenues, je pense, de part et
d'autre, quels que soient les partis au pouvoir, qui était que le
rapatriement devait venir au moins partiellement comme un couronnement d'un
certain renouvellement du fédéralisme. Il est possible que ce
soit discuté concrètement au moment où je rencontrerai mes
homologues au sujet de ce compromis, probablement au début de
février. À cause du déraillement des
échéanciers depuis quelque temps, ce serait remis au début
de février et précédé, en janvier, D'une rencontre
des ministres responsables des Affaires intergouvernementales.
C'est à ce moment-là qu'on verra clairement où on
en est.
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le chef de l'Opposition officielle.
M. Ryan: Merci, M. le Président.
Je suis très heureux du ton général que le premier
ministre a emprunté pour traiter de cette question ce matin, je le
trouve plus constructif que d'habitude. Je voudrais lui demander s'il serait
prêt à prendre l'engagement devant cette Chambre, ce matin - nous
n'aurons pas l'occasion de nous retrouver d'ici plusieurs semaines et
peut-être même plusieurs mois - au nom de son gouvernement , de
rechercher honnêtement un compromis dans la voie de ce qu'il vient
d'évoquer lui-même, c'est-à-dire rapatriement de la
constitution, accompagné d'une formule d'amendement acceptable au
Québec, c'est-à-dire vraisembablement dans la ligne de la formule
de Vancouver.
Si le premier ministre était prêt à dire ça
publiquement, ce matin, et clairement, je pense que ça pourrait
représenter une étape assez intéressante dans la recherche
d'une solution qui permettrait à tout le monde d'avancer. J'ajoute ceci,
pour précision, je pense que la position que j'ai tenue moi-même
sur ces questions est bien connue depuis de nombreuses semaines, j'avais
déjà, lors du débat sur la motion, insisté
auprès du premier ministre et du gouvernement, pour qu'on regarde, dans
une ligne positive, et je voudrais assurer cette Chambre et nos concitoyens, ce
matin, que si le gouvernement veut prendre un certain leadership de ce
côté, mon parti sera très heureux de le seconder. Le
Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, s'il y a
une chose dont je vais me méfier, à tout jamais maintenant, c'est
de quelque engagement d'accord ou d'unanimité que ce soit qui nous
viendrait d'en face. Cela étant dit, je regrette de décevoir
temporairement au moins le chef de l'Opposition, parce que je crois que l'heure
du compromis - et Dieu sait, lors du recul, en toute décence, ça
appartient plutôt à la maison mère du Parti libéral
qui se trouve à Ottawa - s'il y a quelque compromis qui doive être
discuté du côté des provinces, on verra en temps et
lieu.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
SHQ, dossier Grande Passe
M. Lalonde: M. le Président, je m'excuse de ramener le
premier ministre des Champs-Élysées à la rue Ontario, mais
pendant son voyage des éléments nouveaux se sont ajoutés
au dossier qu'il est convenu d'appeler le dossier de la Grande Passe.
En effet, pendant son absence, il a été établi par
le témoignage du ministre de l'Habitation que M. Jean-Roch Boivin, chef
de cabinet du premier ministre, est celui qui a réellement engagé
M. Luc Cyr, avec la complaisance du ministre responsable de la SHQ. Il a
été établi que M. Yvan Guérin, l'agent officiel du
premier ministre dans son propre comté en 1976, a réellement
obtenu un contrat -le premier ministre se posait des questions - par la voie de
sa maison, Charbonneau, Brisson & Guérin. C'est le président
de la SHQ qui l'a affirmé, il y a une semaine, en commission
parlementaire. Le président de la SHQ a reconnu qu'il n'avait jamais
contrôlé réellement les agissements de M. Cyr à la
direction générale des réparations majeures. En plus, M.
Cyr, qui est, comme on le sait, "collecteur" de la campagne du oui
auprès des entrepreneurs qui avaient eu des contrats de la SHQ, a
donné plus de $400,000 de contrats sans soumissions à des membres
de sa famille.
Enfin, la vraie grande passe, M. le Président, c'est l'octroi
d'un contrat sans soumissions à Transit - la compagnie de M. Cyr et de
M. Guérin - de $600,000 pour le recyclage de l'édifice de la rue
Ontario, malgré l'interdiction que le Conseil du trésor avait
exprimée dans un avis déposé par le ministre il y a deux
jours, à savoir que ce travail ne devait pas être confié au
coordonnateur ni à Transit.
Le Président: Question, s'il vous plaît, M. le
député.
M. Lalonde: Ce contrat a été signé - oui, je
termine - par la Société de logement centre-ville
Montréal, l'organisme sans but lucratif, M. Renaud Gendron,
président, M. Pierre Therrien, témoin, mais on sait qu'il est
secrétaire de cet organisme. Je ne sais pas si on reconnaît des
supporteurs de différents comtés parmi ces noms, il ne semble pas
y avoir de crise d'hystérie comme celle d'avant-hier. Donc, ce contrat a
été
donné par personne interposée...
Le Président: Question, s'il vous plaît!
M. Lalonde: ... malgré l'interdiction du
Conseil du trésor. On sait que c'est un fouillis
épouvantable, il y a eu $400,000 d'enfouis dans ce...
Des voix: Question. Question.
M. Lalonde: M. le Président, la question est
évidente. Devant l'étalage d'un scandale de patronage aussi
évident, qu'est-ce que le ministre a à nous annoncer, quelles
dispositions le premier ministre va-t-il prendre à l'égard tout
d'abord de son chef de cabinet, M. Jean-Roch Boivin, et du ministre
délégué à l'Habitation qui a laissé faire
tout ça en faisant preuve d'une irresponsabilité pitoyable.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je dois
dire d'abord que je suis heureux que le député de
Marguerite-Bourgeoys s'occupe un tout petit peu ce matin de quelqu'un d'autre,
parce que depuis des semaines il a tâché de harasser
littéralement, il a harcelé d'une façon totalement injuste
notre collègue, aujourd'hui ministre délégué
à l'Habitation, et cela aura du moins fini par prouver, d'une
façon éclatante, qu'on ne pouvait pas toucher à un cheveu
de sa tête et ça, j'en suis très heureux, (11 h 10)
J'avais l'intention de dire, puisque le député de
Marguerite-Bourgeoys a tenu à me mettre au courant des
événements que j'avais pu ignorer depuis sept ou huit jours, je
vais également, si on me le permet, faire un survol peut-être plus
rapide que les méandres dans lesquels s'est perdu le
député, je vais simplement dire, cet inqualifiable gâchis
ou ce fouillis épouvantable, pour employer les termes mêmes du
député, cela nous avait été laissé, comme
chacun sait, par les excellents amis entrepreneurs et autres de
l'ex-gouvernement libéral dont le député de
Marguerite-Bourgeoys lui-même faisait éminemment partie.
Une voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon): Tout cela nous a conduit à
une urgence de réparations majeures dont le ministre des Affaires
municipales, à l'épogue, avait fait état publiquement.
À la demande expresse du président de la Société
d'habitation du Québec, M. Couture, il a fallu avoir recours à
une procédure spéciale et à des gens de l'extérieur
de la SHQ, parce qu'on ne pouvait pas - c'était le président
lui-même de la SHQ - se fier aux équipes intérieures,
celles-là même qui avaient toléré et
accompagné béatement une véritable catastrophe
immobilière qui était également un beau gâchis de
fonds publics qui se chiffrait par je ne sais combien de millions.
C'est alors que le nom de M. Cyr, un entrepreneur de vingt ans
d'expérience et spécialisé, ce qui ne court pas les rues,
en rénovation et en réparation, a été
suggéré en effet, n'a pas été imposé, mais
il a été suggéré, et c'est vrai que la suggestion
est venue de mon bureau, mais je refuserai, tant qu'il n'y aura pas plus que
les ballounes du député de Marguerite-Bourgeoys, de fabriquer
quelque bouc émissaire que ce soit. C'est vrai que c'est venu de mon
bureau. C'était quelqu'un qu'on connaissait. C'est venu, cette
suggestion, à ma connaissance, je l'ai déjà dit en
Chambre, et avec mon accord, après d'ailleurs l'avoir "testé" sur
4 des dossiers, 4 des 42 gâchis complets qu'on nous avait laissés
en héritage, après l'avoir "testé" sur ces 4 dossiers,
c'est la Société d'habitation du Québec qui a
engagé cet entrepreneur.
Pour ce qui est du travail, je terminerai en disant ceci, mais en le
rappelant, c'est important, le dossier des réparations, il est clos.
Cela a été accompli. Non le dossier des réparations, du
travail à faire est clos. Cela s'est fait d'une façon dont on
doit se féliciter et, quant à nous, dont on se félicite.
Cela s'est terminé avec plus de $2,000,000 d'économie par rapport
aux estimations initiales.
Le reste, c'est la pêche au salissage du député de
Marguerite-Bourgeoys, qui n'a pas donné de très grands
résultats jusqu'ici. Peut-être aurait-on pu en savoir davantage -
le député a lui même évoqué la commission
parlementaire de la semaine dernière - avoir le tableau de façon
beaucoup plus fouillée, plus éclairée si le
député de Marguerite-Bourgeoys lui-même, par son absence,
me dit-on, n'avait pas réduit à quelques heures seulement une
commission parlementaire qui avait été offerte à
l'Opposition et tout spécialement au député de
Marguerite-Bourgeoys et qui normalement devait durer toute la journée.
Ce que j'ai trouvé encore plus curieux en revenant, c'est d'apprendre
que, vers 23 h 55, on avait refusé tout prolongement et que ce n'est pas
de notre côté que le prolongement avait été
refusé, sauf erreur. C'est curieux. Mais quoi qu'il en soit, chaque fois
que dans ce dossier une question précise appelant une réponse
précise a été posée, mon collègue
aujourd'hui ministre délégué à l'Habitation a
fourni toutes les réponses dont il pouvait disposer ou qu'il pouvait
aller chercher et dès qu'une allégation qui pouvait sembler
exiger qu'on fasse enquête, comme c'est arrivé ces jours derniers,
dès qu'une allégation de ce genre est apparue, on a agi
immédiatement et on continuera de le faire. On n'a rien à cacher,
ni personne à camoufler dans ce dossier-là. Le cas
échéant, on fera de nouveau ce que le ministre de la Justice a
très simplement expliqué hier à propos d'une telle
allégation.
Donc, jusqu'à preuve du contraire ou s'il y a d'autres questions
précises du député de Marguerite-Bourgeoys... Ah oui!
j'oubliais. Pour ce qui concerne M. Guérin, de Charbonneau,
Guérin et Associés, comme je l'avais dit en Chambre, j'ai
demandé qu'on fasse des vérifications. Cela a l'air que le
député de Marguerite-Bourgeoys, grâce à la
commission parlementaire, en a obtenu déjà des
éléments. Je n'ai pas eu le loisir de vérifier depuis mon
retour. Je pense que c'est complété. Je pourrai déposer,
quand j'aurai eu le temps de vérifier, les résultats de cette
vérification ici, si on me le permet, si j'ai le consentement, avant la
fin de la journée ou avant l'ajournement.
Cela dit, tout ce qui demeure, à mon humble avis, jusqu'à
preuve du contraire, c'est la balloune que l'Opposition libérale
tâche, depuis
des semaines, de gonfler sans arrêt et qui se dégonfle
à mesure. Quand on songe à la curieuse expérience
immobilière de certains de nos amis d'en face, y compris tout ce qu'on a
caché de l'enquête Gilbert qui touchait justement cet ensemble de
dossiers et d'autres choses assez sensationnelles - et c'est de la justice
immanente que ces quelques semaines de préoccupations insistantes du
député de Marguerite-Bourgeoys -que cela a fait émerger et
qu'on est en train d'examiner, je conseillerais très fortement à
nos amis d'en face de ne pas jouer aux saintes nitouches.
Des voix: Ah! Bravo!
Le Président: Question additionnelle sans
préambule, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, si vous ne me permettez pas
de préambule, je vais plutôt soulever une question de
privilège. Le premier ministre a terminé sa réponse en
faisant une menace, du chantage non voilé à l'égard
d'à peu près tout le monde ici en Chambre. C'est tout à
fait indigne d'un premier ministre. Nos privilèges sont menacés,
M. le Président, par l'attitude du premier ministre. S'il a des
révélations à faire, qu'il se lève et qu'il les
fasse ouvertement.
Une voix: Toi, tu ne... pas. Des Voix: Ah! Ah!
M. Lalonde: Deuxième question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le député.
M. Lalonde: Naturellement, le premier ministre arrive d'un grand
voyage. Il ne sait pas que les chiffres sur lesquels il se fonde pour dire
qu'il y a eu une épargne de $2,000,000 sont fondés, sont
basés sur...
Le Président: Ce n'est pas une question de
privilège. Je vous demande de poser une question additionnelle, s'il
vous plaît.
M. Lalonde: Choisissons, M. le Président, pour ne froisser
aucune susceptibilité. Question de règlement, si vous voulez.
C'est sur 40% des dossiers seulement que...
M. Tardif: Question de règlement, M. le
Président:
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Habitation.
M. Tardif: J'ai distribué à la commission
parlementaire... Mais, évidemment, le député de
Marguerite-Bourgeoys étant intéressé uniquement à
faire du salissage, mes réponses, il ne les écoute pas, les
documents que je distribue, il ne les lit pas. Il veut salir et non pas faire
la lumière. M. le Président, j'ai distribué en commission
parlementaire un document du vérificateur interne de la
Société d'habitation...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: ...des travaux entièrement terminés.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! M. le député.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais vous demander,
s'il vous plaît, de faire publier le plus tôt possible la
transcription des débats de cette commission parlementaire parce que le
président de la SHQ a dit lui-même que c'était fondé
sur 40% des dossiers seulement, des dossiers fermés. Naturellement, on
n'a pas la transcription, mais, de toute façon, M. le Président,
j'ai posé des questions. Je m'aperçois que le premier ministre
approuve tout ce qui a été fait, le patronage de son chef de
cabinet et l'irresponsabilité du ministre. C'est ce qu'il fait. Je lui
pose la question, à savoir s'il se rend bien compte de la
responsabilité qu'il a vis-à-vis de l'intégrité de
son administration. Je veux lui demander aussi quelle réponse il a
à donner à la question précise que je lui ai posée,
à savoir comment il se fait que son ami, son homme de confiance, Luc
Cyr, et son ancien agent officiel, M. Yvan Guérin, par la voie de
Transit, ont obtenu le contrat de $600,000 sans soumissions par le biais d'un
organisme sans but lucratif, alors que le Conseil du trésor
lui-même, dans une décision déposée par le ministre,
datée du 8 mai 1979, interdisait de confier ce travail au mandataire
coordonnateur et à Transit.
M. Tardif: Interdisait à qui?
M. Lalonde: À la SHQ qui prêtait l'argent!
Des voix: Ah!
Le Président: Question.
M. Lalonde: C'est cela, M. le Président:
Des voix: Ah!
M. Lalonde: Le premier ministre se rend-il compte que c'est avec
l'argent du public que cela a été financé? Le
président du Conseil du trésor est-il sérieux quand il dit
qu'il n'interdisait pas, à ce moment-là, à la SHQ de
financer des travaux faits par Transit, alors qu'il interdisait à la SHQ
de faire... (11 h 20)
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: Je souhaiterais vivement que le député
de Marguerite-Bourgeoys, quand il cite ainsi un CT du Conseil du trésor,
le cite au texte. Ce qu'il fait dire au CT, c'est-à-dire à ce
papier du Conseil du trésor, n'est pas ce qu'il dit.
Ce qui est indiqué dans ce CT, c'est que le Conseil du
trésor demandait que des travaux de rénovation, comme ceux dont
il est fait question par le député de Marguerite-Bourgeoys, ne
soient pas inclus dans le contrat de surveillance de Transit parce que,
manifestement, ce n'était pas de la surveillance. Et
deuxièmement, le Conseil du trésor demandait à la SHQ,
pour des travaux comme ceux-là, d'utiliser les procédures
habituelles du gouvernement.
Que le député de Marguerite-Bourgeoys, qui
vient justement de nous citer ce texte, le cite correctement. Ce n'est
pas du tout cela qui a été dit, puisque, en définitive, le
contrat de rénovation qui a été donné à
Transit, l'a été par un organisme sans but lucratif et non pas
par la SHQ.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Je pense qu'il appartient au premier ministre, à qui on a
posé des questions, d'avoir la possibilité d'y
répondre.
M. Lalonde: Je m'excuse, M. le Président, mais on m'a
interrompu. Qui payait, M. le Président? C'est la SHQ. C'est la
même chose. Est-ce que ce ne sont pas des fonds publics, de la même
façon, que les travaux soient faits par la SHQ ou que l'on passe par des
amis politiques, pour donner le contrat à l'ami du premier ministre, M.
Cyr?
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, je voudrais
corriger les faits et répondre partiellement à la question. Ce
que le député de Marguerite-Bourgeoys ne dit pas - c'est selon sa
méthode de salissage - c'est qu'entre-temps, l'immeuble est passé
de la propriété de la Société d'habitation du
Québec à un organisme sans but lucratif privé, par bail
emphytéotique, pour 35 ans, ce qui est tout à fait normal pour
les organismes sans but lucratif. L'immeuble a changé de
propriétaire qui, lui, a décidé de le confier à
Transit construction. Et c'est ce qu'omet de dire le député de
Marguerite-Bourgeoys.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tardif: Et deuxièmement, la Société
d'habitation du Québec, là-dedans, a été un
prêteur hypothécaire. C'est un prêt qui a été
consenti à l'organisme. Ce n'est pas la même chose, M. le
Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Bellechasse. Question principale.
M. Lalonde: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Question de règlement. J'ai posé une
question au premier ministre et il n'a pas répondu. Il a fait
répondre d'autres ministres. On sait que le ministre de l'habitation est
absolument irresponsable dans ce dossier-là.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, très
rapidement. Je pense que la seule question que m'ait posée le
député de Marguerite-Bourgeoys, au-delà de cette
espèce de plomberie à laquelle, je l'avoue, je ne comprenais rien
jusqu'à ce que...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): ... le président du Conseil
du trésor rectifie les choses. Sur l'ensemble du tableau, je n'ai rien
à ajouter à ce que je disais tout à l'heure. Le
député de Marguerite-Bourgeoys a cru voir du chantage, des
menaces, dans la conclusion de mes propos.
Ce qui est malheureux - pour l'instant je ne peux pas aller plus loin -
cela ressemble un peu à ce que le chef de l'Opposition a
déjà dit, dans un contexte différent, la vieille eau dans
un... la même eau dans un vieux pot. À force de brasser cette
vieille eau dont on a hérité dans ce vieux pot assez
nauséabond que nous ont laissé nos amis d'en face, on
découvre des choses qu'on n'imaginait pas et qui peuvent devenir
très intéressantes pour donner tout le tableau de toutes ces
histoires. C'est tout ce que j'ai à ajouter.
Le Président: Question principale. M. le
député de Bellechasse.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Samson: La question est encore en "transit".
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
Régie de l'assurance automobile et application
du Code de la route
M. Goulet: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Transports responsable de la Régie de
l'assurance automobile du Québec.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Bellechasse.
M. Goulet: Je veux savoir du ministre des Transports s'il ne
croît pas que les privilèges des membres de l'Assemblée
nationale ont été bafoués et, par le fait même, ceux
des citoyens qui nous élisent, par l'attribution de contrats par la
régie concernant entre autres, le nouveau Code de la route, alors que le
projet de loi no 4 sur le Code de la route n'a pas encore été
étudié par l'Assemblée nationale. Il est loin de
l'être et n'a pas, par le fait même, été voté
en cette Chambre et la régie n'est pas encore mandatée pour
s'occuper de l'application du Code de la route, parce que le projet de loi no
18 n'est pas encore adopté en cette Assemblée nationale.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: Je m'excuse, M. le Président, il y avait
des rumeurs dans la salle au moment où le député de
Bellechasse a parlé d'un contrat et je n'ai pas bien compris de quel
contrat il s'agissait exactement. Veut-il répéter cette partie de
sa question, s'il vous plaît?
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je parlais, M. le Président, d'un contrat qui
aurait été donné par la Régie de l'assurance
automobile du Québec concernant, entre autres, le nouveau Code de la
route, alors que ce code n'a pas été voté à
l'Assemblée
nationale et alors que la régie n'est pas mandatée pour
s'occuper de l'application du Code de la route. Elle doit s'occuper, au moment
où on se parle, exclusivement de l'assurance automobile au titre des
dommages corporels.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: Évidemment, le député de
Bellechasse ne me donne aucun détail. Il parle d'un contrat qui aurait
été accordé par la régie sur le nouveau code de la
sécurité routière. S'il voulait me donner des
détails supplémentaires... Quoi qu'il en soit, je
vérifierai auprès de la régie si, effectivement, un tel
contrat a été donné. Par ailleurs, je dois mentionner au
député de Bellechasse que, depuis sa fondation, la Régie
de l'assurance automobile s'intéresse directement au dossier de la
sécurité routière, a financé des campagnes de
publicité et d'information sur la conduite préventive, etc.
Alors, dans ce sens-là, il n'y a rien d'extraordinaire à ce que
la régie s'intéresse à la question. Mais, encore une fois,
M. le Président, en ce qui concerne l'attribution d'un contrat en
particulier sur un projet de loi qui n'aurait pas encore été
voté en cette Assemblée, je vais m'informer et je lui donnerai
une réponse dans les meilleurs délais.
Le Président: M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, j'aimerais que le ministre
confirme ou infirme à cette Chambre que, comme je le disais, avant
même que l'Assemblée nationale ait été saisie du
projet de loi no 18 et du projet de loi no 4, la régie aurait
accordé un contrat de production d'un document audio-visuel à la
compagnie Tecknimage de Longueuil, document déjà terminé
et dont la Régie de l'assurance automobile possède
déjà une des copies. J'aimerais savoir, M. le Président,
que penser de cette initiative qui a pour but d'expliquer une loi qui ne sera
peut-être jamais adoptée et si elle l'est, elle sera
sûrement modifiée en profondeur. Je pense, M. le Président
- et je vous demande ce que vous en pensez -que cette initiative bafoue les
membres de l'Assemblée nationale et qu'il faut dénoncer cette
façon de procéder, ce genre d'administration qui fait preuve d'un
excès de témérité.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: Je remercie le député de
Bellechasse qui, après avoir été à la pêche
dans sa première question, vient de me fournir, enfin, les
éléments précis qui me permettent maintenant de
répondre à sa question.
Le dossier qu'a préparé le service des communications de
la Régie de l'assurance automobile l'a été à ma
demande. Comme le député le sait, depuis le mois d'octobre, je
suis le ministre responsable de la régie. J'ai donc demandé
à la régie de préparer un document audio-visuel, et pour
l'aider à préparer ce document audio-visuel, je suppose que la
société a fait appel à l'entreprise dont il vient de
mentionner le nom. Le but de ce document n'est pas de faire de la
publicité, de la propagande ou de l'information sur le futur code de la
sécurité routière, au contraire, c'est de préparer
un document sur la problématique ou faire le portrait, autrement dit, du
dossier actuel du Québec en matière de tragédies de la
route, document audio-visuel que j'ai l'intention de présenter aux
députés de cette Assemblée à l'occasion, justement,
de l'étude article par article du projet de loi sur la
sécurité routière. Il ne s'agit donc pas du tout d'un
document de publicité sur le futur Code de la sécurité
routière, mais plutôt sur le bilan actuel du Québec en
matière de tragédies de la route, document qui nous permettra, je
pense, à tous de mieux comprendre le contexte dans lequel se situe la
présentation de ce projet de loi.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Bellechasse.
M. Goulet: J'aimerais savoir en vertu de quel pouvoir la
Régie de l'assurance automobile du Québec, qui est
mandatée exclusivement pour administrer l'assurance automobile au
Québec et non pas pour faire la promotion du nouveau Code de la route, a
autorisé une dépense pour la production d'un document qui, dans
sa dernière partie, explique les avantages du nouveau Code de la route
qui n'est même pas voté. Cette Régie de l'assurance
automobile n'est pas mandatée, au moment où on se parle, pour
administrer ce nouveau Code de la route. Ce document est déjà
rendu à la Régie de l'assurance automobile; ce document, d'une
durée de 30 minutes, a déjà été
livré.
Ma question est celle-ci: Si le projet de loi no 4 n'est pas
adopté ou est modifié en profondeur, qu'est-ce qu'on fera avec ce
document et pourquoi avoir fait de telles dépenses?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. de Belleval: Je le répète, le document en
question n'est pas un document qui porte sur le Code de la
sécurité routière. Comme le député le
mentionne judicieusement, ce code n'a pas encore été
adopté. Cependant, je le répète, la Régie de
l'assurance automobile, depuis sa fondation, s'occupe d'information en
matière de sécurité routière; elle a d'ailleurs
engagé des dépenses considérables, plusieurs centaines de
milliers de dollars, dans des campagnes de publicité, dans des campagnes
d'information pour inciter les Québécois à
améliorer leur comportement au volant et améliorer notre bilan en
matière de sécurité routière.
Maintenant, depuis que je suis le ministre responsable de la
régie, j'ai utilisé les services des communications de la
Régie de l'assurance automobile, comme j'en ai parfaitement le droit,
comme ministre responsable de cette régie, justement dans le cadre de
nos actions en matière de sécurité routière et, en
particulier, nous avons commandé une présentation audiovisuelle,
au coût d'environ $3500, dont les coûts seront d'ailleurs
assumés par le ministère des Transports et non pas par la
Régie de l'assurance automobile, mais à la préparation de
laquelle la régie a participé comme elle en a le mandat
actuellement dans le cadre de ses responsabilités,
responsabilités qu'elle exerce d'ailleurs depuis plusieurs mois pour des
sommes beaucoup plus considérables. Dans le cas dont je viens de parler,
effectivement, les simples coûts assumés par la
régie sont le coût du personnel affecté à la
production de cet audio-visuel en collaboration avec les propres services du
ministère des Transports.
Le Présidents Normalement, la
période des questions devrait être terminée, mais
étant donné que l'Union Nationale n'a eu qu'une minute à
sa disposition mercredi, je vous permets, M. le député de
Nicolet-Yamaska, une courte question principale, sans additionnelle, et une
brève réponse.
Problèmes posés par le purin
M. Fontaine: Merci, M. le Président. Ma question
s'adressera au ministre de l'Agriculture. On n'a pas tellement l'occasion de
poser des questions sur l'agriculture en cette Chambre, et je voudrais profiter
de la dernière journée que nous avons à notre disposition
pour adresser une question au ministre de l'Agriculture. Elle porte sur les
déclarations faites par l'UPA dernièrement concernant le fait
qu'il en coûterait $300,000,000 au Québec pour permettre aux
agriculteurs du Québec d'avoir les infrastructures nécessaires et
les équipements spécialisés pour garder le purin sur leur
ferme.
Je voudrais demander au ministre de l'Agriculture s'il a fait une
estimation de cette demande de l'UPA qui serait d'environ $300,000,000; est-ce
qu'il a des études là-dessus à son ministère;
est-ce qu'il est prêt à les déposer; est-ce qu'il va se
rendre à la demande de l'UPA qui demande de subventionner cette somme
à 75%? Est-ce que le ministre de l'Agriculture va également faire
en sorte d'étudier l'autre problème, qui est peut-être plus
important, soit celui de la disposition du purin, va faire en sorte d'avoir les
études nécessaires pour qu'on puisse utiliser le purin une fois
qu'il est sur les lieux? Le problème, c'est plutôt la
capacité du sol d'absorber le purin, parce qu'il y en a trop, et surtout
dans les régions de la rivière Yamaska et de la rivière
l'Achigan.
Ce sont mes questions, M. le Président.
Le Président: Très brièvement, M. le
ministre de l'Agriculture.
M. Garon: M. le Président, comme je l'ai dit au
congrès de l'UPA, au début du mois de décembre, nous
sommes à terminer, avec le ministère de l'Environnement, des
représentants de l'Union des producteurs agricoles et le
ministère de l'Agriculture - on travaille ensemble depuis plusieurs mois
- un règlement sur des exploitations animales concernant
l'environnement. Quand le règlement sera terminé, on ne peut pas
savoir quels sont exactement les coûts... Donc, tant que ce
règlement ne sera pas complètement terminé, ça
dépend des normes prévues dans le règlement, soit qu'elles
soient plus ou moins sévères concernant
l'étanchéité et le contrôle des fumiers.
Il y a déjà des dispositions qui ont été
prises puisque le ministre de l'Environnement a annoncé
récemment, concernant les études d'impact, quand il s'agira
d'élevage concentré de plus de 6600 porcs - en termes
d'unités animales, ça équivaut à 6600 porcs par
année, c'est-à-dire 3000 porcs en élevage au même
endroit - il sera nécessaire d'avoir des études d'impact.
Notre problème, dans l'élevage, ce sont surtout les
concentrations. Concernant l'élevage du boeuf, les vaches
laitières, c'est une tout autre question. À ce moment-là,
il faut évaluer les coûts, une fois que le règlement sera
terminé. Le règlement s'établit. Il y a une collaboration
complète actuellement entre le ministère de l'Environnement, le
ministère de l'Agriculture et les représentants des producteurs
agricoles. Après ça, il faudra déterminer, selon les types
d'équipement, selon le nombre d'équipements déjà en
place pour les types d'élevaqe, s'il faudra procéder par
inclusion dans les coûts de production, ce qui est déjà le
cas dans le domaine du porc, les citernes, tout ça est
déjà inclus dans les coûts de production, dans l'assurance
stabilisation pour les producteurs de porcelets.
Éventuellement, il va peut-être y avoir une stabilisation
des revenus pour les producteurs de porc d'engraissement, de finition et,
à ce moment-là, on pourrait aussi l'inclure dans le coût de
production.
Maintenant, quand il s'agit du boeuf, tous les parcs d'engraissement que
nous subventionnons pour les commencer à zéro, parce qu'on a
seulement 5000 têtes de capacité en 1976 dans les parcs
d'engraissement du Québec, le respect des normes d'environnement est
inclus dans le projet et il y a une subvention concernant ces
équipements. Quand il s'agit d'élevage du boeuf au Québec,
comme tout est à bâtir à partir de zéro, en 1976, on
tient compte de tout ce problème dans les normes.
Le problème existe essentiellement pour la question des vaches
laitières et ceux qui s'occupent de l'élevage des veaux; cette
question va être mise au point avec le règlement et ensuite, on
pourra déterminer ce qui sera fait, mais il y aura sûrement
quelque chose de fait.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées.
M. le leader du gouvernement.
Sous-commission sur la télédiffusion des
débats des commissions parlementaires
M. Charron: Oui, M. le Président, conformément
à une consultation menée hier auprès des partis
d'opposition et à la suite du rapport de notre comité consultatif
sur la télédiffusion des débats qui vous a
été remis après sa réunion d'hier matin, je crois,
le comité consultatif - c'est-à-dire les collègues de tous
les partis qui sont membres du comité consultatif de la
télédiffusion des débats - en est venu unanimement
à la suggestion de proposer à cette Assemblée de former
une sous-commission de l'Assemblée nationale qui serait mandatée,
durant les semaines de janvier et février, à étudier la
question de la télédiffusion des débats en commission
parlementaire.
Cette idée de confier à une sous-commission le soin de
faire le tour, le pour et le contre de cette question et toutes ses
modalités, m'amène ce matin, après consultation, non
seulement à proposer que l'Assemblée réponde favorablement
à cette demande de nos collègues, mais même à former
cette sous-commission par cette motion
non annoncée. Je propose donc, M. le Président, que la
commission de l'Assemblée nationale forme une sous-commission dont le
mandat sera d'explorer les possibilités, avantages, inconvénients
et modalités de la retransmission télédiffusée des
commissions parlementaires en général et que MM. - les noms
viennent après consultations, M. le Président - Paquette,
Brassard, Chevrette, du côté du parti ministériel et, je
crois savoir, du côté de l'Opposition officielle, selon ce que m'a
indiqué le député de Bonaventure, MM. Forget et
Lamontagne, et du côté de l'Union Nationale, M. Goulet, soient
membres de cette sous-commission. (11 h 40)
Le Président: Est-ce que cette motion du leader sera
adoptée? Y a-t-il consentement tout d'abord?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ... oui, nous sommes d'accord.
Je voudrais simplement poser une question au leader parlementaire du
gouvernement. Je voudrais bien comprendre ce qu'il veut dire par commissions en
général, les mots "en général".
M. Charron: Je ne le sais pas, M. le Président. Je suis
moi-même resté surpris quand j'ai vu ça dans le texte. Je
crois, à moins que je ne me trompe, que c'est le texte même de la
résolution votée au Comité consultatif, hier. Il faudrait
donc le demander à nos collègues qui sont membres de ce
comité. J'ai voulu m'en tenir au texte même pour ne pas
élargir ni rétrécir le mandat sur lequel les membres du
comité se sont entendus. On peut bien enlever les mots "en
général" aussi.
Le Président: Pour répondre à la question
pertinente du leader de l'Opposition officielle, effectivement les mots "en
général" étaient dans le procès-verbal du
Comité consultatif. C'est la présidence elle-même qui a cru
bon d'ajouter ces mots. Je n'aurais cependant aucune objection à ce
qu'ils soient enlevés.
M. Charron: On peut bien les enlever, ça n'a aucun
rapport. On les enlève.
Le Président: M. le leader de l'Union Nationale.
M. Fontaine: De notre côté, nous sommes d'accord
avec cette suggestion, puisqu'elle vient à la fois du
représentant du Parti libéral et de nous-mêmes qui l'avons
faite lors de la réunion d'hier. Je pense qu'il est important qu'on
puisse enfin réglementer toute la question de la
télédiffusion des débats et surtout en commissions
parlementaires, parce qu'on a eu des problèmes avec cela il y a quelques
semaines et je pense qu'il serait important qu'on puisse les régler le
plus rapidement possible.
Le Président: Est-ce que cette motion amendée du
leader du gouvernement sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Avant de donner les avis à la Chambre, M. le
Président, à moins qu'il n'y ait des questions en vertu de
l'article 34... Oui?
M. Lavoie: M. le Président... Le Président:
M. le député de Laval.
Recours à l'article 34
M. Lavoie: Si le leader du gouvernement se rappelle bien, hier,
on lui posait une question afin de savoir s'il y aura une commission
parlementaire qui pourrait étudier et entendre les mémoires
durant l'intersession, de tous les groupes intéressés dans la
future Loi sur le cinéma, la loi no 20. Le ministre me demandait, hier,
si on avait eu des demandes. Effectivement, je crois que plusieurs
députés ont eu des communications, hier, à savoir que
plusieurs individus, groupes professionnels et autres, sont
intéressés à ce marché du cinéma. Ces
derniers seraient fortement intéressés à venir participer
à son élaboration, à donner leur point de vue avant
d'adopter cette loi en deuxième lecture, à la reprise de la
session.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, pour le moment je vais
réitérer ma position d'hier. Je vais expliquer pourquoi au
député de Laval. Il y a déjà eu une consultation
assez exhaustive auprès du milieu du cinéma dans toutes ses
ramifications et le projet de loi n'a retenu que ce qui avait fait l'objet d'un
consensus accepté par l'ensemble du milieu. Ce qui ne faisait pas
l'objet d'un consensus n'est pas dans le projet de loi. C'est exactement pour
ça que je me demande pourquoi, maintenant qu'on a établi un
consensus là-dessus, on referait une commission parlementaire sur les
consensus déjà obtenus.
Je ne ferme pas la porte encore. Je vais en parler avec mon
collègue dans le courant de la journée. Quand je donnerai les
avis, ce soir, lors de l'ajournement, pour un certain nombre de commissions qui
continueront, je donnerai une réponse plus formelle. Mais c'est la
raison pour laquelle j'ai cette position de principe au départ. Je me
dis que le projet de loi est précisément fait de consensus, je ne
vois pas pourquoi on risquerait de les briser à nouveau et de les
déchirer, alors qu'il y a eu une consultation et un effort de fait dans
ce domaine.
Je donnerai la réponse finale au député de Laval,
au moment des avis à la Chambre, ce soir.
Sous-commission sur la télédiffusion
(suite)
Le Président: À ce stade-ci, excusez-moi M. le
leader de l'Opposition officielle, MM. les leaders parlementaires, la
présidence se pose une question qui, je présume, est pertinente.
Dans la motion non annoncée que l'Assemblée a adoptée, il
est écrit que "la commission de l'Assemblée nationale forme une
sous-commission", alors que
je pense qu'il devrait être écrit: "que cette
Assemblée forme une sous-commission de l'Assemblée nationale",
puisque cette procédure de ce matin était pour empêcher la
commission de l'Assemblée nationale de siéger.
Une voix: Vous avez raison.
Une voix: D'accord.
Y a-t-il consentement pour que la motion soit de nouveau amendée
pour qu'y apparaissent les mots: Que cette Assemblée forme une
sous-commission, cette commission ayant été maintenant
formée.
M. Levesque (Bonaventure): Mais avec l'entente suivante: Que la
sous-commission fasse rapport à la commission et non pas à
l'Assemblée nationale.
Le Président: D'accord. Enregistrement des noms sur les
votes?
M. le député de Verdun.
Recours à l'article 34 (suite)
M. Garon: En vertu de l'article 34, au leader du gouvernement. Je
lui ai demandé mercredi s'il y aurait une commission parlementaire qui
siégerait pour entendre les mémoires sur la structure de la
Communauté urbaine de Montréal. Le leader a-t-il une
réponse?
M. Charron: Pour le moment, c'est non, M. le Président,
mais il est bien entendu que lors de la reprise des travaux réguliers de
la session, cette question reviendra sur le tapis, probablement dans le cadre
d'une commission parlementaire, mais pas au cours de l'intersession.
Le Président: Merci. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aurais une question à poser en vertu de
l'article 34 au leader du gouvernement. Le 18 novembre, j'adressais au leader
du gouvernement une demande d'information à propos de la convocation de
la commission parlementaire sur le droit de grève dans les secteurs
public et parapublic. Le leader me répondait à ce
moment-là: "II devient toutefois prévisible qu'au cours de
l'hiver, avant que l'Assemblée ne reprenne ses travaux après
l'ajournement des Fêtes, cette commission soit convoquée. Je
donnerai les dates au cours du mois de décembre." Si le leader veut
donner les dates au cours du mois de décembre, ce serait pas mal le
temps aujourd'hui qu'il nous les donne.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, j'indiquerai la date de
réunion de la commission du travail et de la main-d'oeuvre sur ce sujet
lors des avis à la Chambre, avant de nous quitter dans
l'allégresse ce soir.
M. Fontaine: M. le Président, le leader pourrait faire la
même chose dans le cas de la sous-commission de l'Assemblée
nationale concernant les sociétés d'État.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Oui, M. le Président.
Le Président: Enregistrement des noms...
M. Lavoie: M. le Président, étant donné que
c'est sans doute possiblement la dernière période de questions et
également de renseignements sur les travaux de l'Assemblée, ma
question s'adresse au leader, mais concerne particulièrement le ministre
responsable de la Réforme électorale. Je pense que le ministre va
se rappeler qu'au printemps, en commission parlementaire, il s'était
engagé à tenir assurément cet automne 1980 un colloque
universitaire élargi et parlementaire sur le mode de scrutin de la
proportionnelle. À la suite de cet engagement du ministre d'État
à la Réforme électorale, le leader parlementaire
prévoit-il durant l'intersession la tenue d'un colloque ou d'une
commission parlementaire sur le mode de scrutin, tel que s'était
engagé à le faire le ministre de la Justice?
M. Charron: Non, M. le Président.
Le Président: Avant de...
M. Scowen: Article 34, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux simplement savoir si le rapport annuel de la
Société d'habitation du Québec pour l'exercice financier
1979-1980 sera rendu public aujourd'hui.
M. Charron: Le rapport de...
M. Scowen: Le rapport annuel de la Société
d'habitation du Québec.
M. Charron: Non. M. le Président, j'ai
déposé tous les documents - c'est pour cela qu'il y en a eu un
certain nombre ce matin d'ailleurs -que j'avais à mon bureau.
M. Scowen: C'est un an en retard. Il y a un retard d'un an.
M. Charron: Écoutez, il y a une réunion de la
commission des affaires municipales ce matin sur le projet de loi no 13 article
par article qui concerne cette société. Le député
aura une bien meilleure réponse en la posant au ministre qu'à moi
à ce moment-ci.
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'ai posé, il y a deux jours, une question au
ministre de la Justice concernant la possibilité d'une création
de police parallèle. Le ministre de la Justice m'avait dit: Je n'ai pas
de réponse à vous donner pour l'instant. Je vais prendre les
informations et je vous fournirai la réponse un peu plus tard. Je sais
que le ministre a une réponse à donner, mais je pense qu'il a
oublié ce matin de demander de fournir un complément de
réponse. Je demanderais le consentement des membres de
l'Assemblée, si le
ministre veut bien donner cette réponse-là. Le
Président: Y a-t-il consentement? Une voix: Oui.
Le Président: II y a consentement. M. le ministre de la
Justice.
M. Bédard: C'est une assez longue réponse, M. le
Président, à la suite de la question posée par le
député de Nicolet-Yamaska concernant les polices
parallèles.
M. Fontaine: M. le Président, peut-être qu'on
pourrait s'entendre. Si le ministre a une réponse écrite, il
pourrait peut-être faire tout simplement un dépôt de
document.
M. Bédard: Le député de Nicolet-Yamaska me
permettra de réaménager, parce que c'étaient des notes qui
n'étaient pas pensées en fonction d'être
déposées, mais cela me fera plaisir de réaménager
de telle façon qu'elles soient déposées.
Le Président: Au cours de la séance. Une voix:
Au cours de la journée.
Le Président: D'accord. (11 h 50)
Notes sur les incidences du partage
des compétences législatives sur
le
projet de loi no 89
M. Bédard: Puisqu'on m'en donne l'occasion, je
voudrais
R/1924 obtenir le consentement pour déposer des notes sur les
incidences du partage des compétences législatives sur le projet
de loi 89 qui m'ont été fournies par la direction
générale des affaires législatives du ministère de
la Justice de même qu'une opinion juridique également fournie par
les mêmes services concernant la question de savoir quel était le
pouvoir de l'Assemblée nationale de discuter et d'adopter le projet de
loi 89. Je ferais ce dépôt à la suite d'un souhait qui
avait été exprimé par l'Opposition et que nous avons
accepté hier soir en commission parlementaire.
Le Président: Y a-t-il consentement au dépôt
de ce document?
Des voix: Oui.
Le Président: Consentement. Enregistrement des noms sur
les votes en suspens.
Décision du président sur le proposeur
d'un projet de loi
Avant les avis à la Chambre, hier, le député de
Saint-Laurent a attiré l'attention de l'Assemblée et de la
présidence sur le fait inusité que le projet de loi no 22
était présenté conjointement par deux ministres, soit le
ministre de la Justice et le ministre des Affaires sociales.
Comme président de cette Assemblée, je dois d'abord
constater que l'avis au feuilleton ainsi que la première page concernant
le projet de loi no 22 indiquent bien qu'il y a deux proposeurs. Cependant, je
dois également constater que, devant cette Assemblée, hier, c'est
le ministre des Affaires sociales qui a effectivement présenté le
projet de loi no 22 en en proposant la première lecture. Pour les fins
de nos travaux et de l'application des dispositions de notre règlement,
je ne reconnaîtrai donc que le nom du ministre des Affaires sociales
comme proposeur du projet de loi no 22.
En fait, après avoir examiné l'usage parlementaire et
l'économie générale de notre règlement, j'en suis
venu à la conclusion qu'un projet de loi ne pouvait être
présenté et proposé que par un seul député.
Cet usage a été constant à cette Assemblée comme il
l'a été à la Chambre des communes, après
vérification à Ottawa. En outre, l'économie
générale de notre règlement ne nous permet pas d'imaginer
qu'un projet de loi puisse être présenté par plus d'un
député. Si cela pouvait se faire, certaines dispositions de notre
règlement ne seraient pas rédigées comme elles le sont
actuellement. En effet, notre règlement aurait alors apporté des
précisions en ce qui concerne le droit de parole, le droit de
réplique, la durée du droit de parole, la répartition de
ce droit de parole, l'ordre de priorité dans ce droit de parole
lorsqu'il y aurait plus d'un proposeur lors de la présentation d'un
projet de loi.
Je comprends très bien la situation qui s'est
présentée dans le cas du projet de loi no 22. Le ministre des
Affaires sociales et le ministre de la Justice sont responsables de
l'application de différentes parties de la Loi sur la protection de la
jeunesse. En ce cas, chacun voudrait s'unir à l'autre pour
présenter collégialement un projet qui relève de leur
juridiction commune.
Malheureusement, le parlementarisme impose des contraintes et parfois
même, M. le ministre de la Justice, des frustrations.
Je me dois donc de répéter que l'Assemblée
nationale a pu constater hier que ce projet de loi a été
effectivement proposé par un seul ministre - ce qui est normal - et en
conséquence, je dois prier le secrétaire général et
les autres officiers concernés de rendre conforme à cette
réalité, dans la mesure du possible, la présentation
matérielle du projet de loi no 22 en vue des étapes
subséquentes qu'il aura à franchir.
M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, je voudrais calmer
votre conscience. Lorsque vous évoquiez que cela pouvait occasionner des
frustrations, ne le croyez en aucune façon, M. le Président,
puisque ce projet de loi a fait l'objet d'un consensus après de longues
discussions entre le ministre de la Justice et le ministre des Affaires
sociales. Le leader du gouvernement a peut-être quelque chose à
ajouter?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: S'il faut trouver un parrain entre un parrain de la
Justice ou un parrain des Affaires sociales, je préfère la
marraine du Développement social, M. le Président, et je
proposerais qu'on inscrive le nom de Mme Payette
comme étant la marraine de ce projet de loi.
Le Président: Je pense, M. le leader, que cela prend un
motion qui serait adoptée par cette Assemblée. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien, M. le
Président, il y a eu un député qui a
présenté le projet de loi en première lecture et il y aura
un autre député qui va présenter le projet en
deuxième lecture?
Le Président: Ce que je comprends de la motion du leader,
c'est qu'il faudrait, pour que cette motion soit adoptée, que cette
Assemblée consente que Mme la ministre responsable du
Développement social parraine le projet de loi et ce, à compter
de la première lecture.
M. Levesque (Bonaventure): Ah, bon! Alors, il y a une
révocation dans les écritures, M. le Président?
M. Charron: C'est une motion omnibus que je me trouvais à
faire.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, très omnibus.
M. Charron: Je propose que le projet de loi soit rappelé.
Je propose que les noms de MM. Lazure et Bédard, qui figurent sur la
première page du projet de loi, soient remplacés par le nom de
Mme Lise Payette.
Et je propose, au nom de Mme Payette, la première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Est-ce que cette motion omnibus à
quatre volets sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Avis à la Chambre.
M. Levesque (Bonaventure): II y aura probablement correction au
procès-verbal, parce que je vois que le secrétaire
général est en train de se poser des questions. Mais enfin...
Avis à la Chambre
M. Charron: M. le Président, dans les avis à la
Chambre, je voudrais d'abord très brièvement -et je voudrais que
ce soit senti - remercier les collègues qui, dans les commissions
parlementaires, au cours des derniers jours, ont fait que la totalité ou
presque du projet législatif pour cette partie de la session sera
atteint grâce à la collaboration de tous dans ces commissions.
À plusieurs endroits, on a accepté, par consentement unanime, de
prolonger les heures de travaux des commissions afin d'atteindre cet
objectif.
Si nous avons reçu un aussi grand nombre de rapports ce matin, ce
qui nous permettra d'en disposer aujourd'hui et de faire que ces lois entrent
en vigueur aux dates où elles doivent entrer en vigueur selon le texte
même de ces lois, je dois remercier l'ensemble des collègues, et
en particulier ceux de l'Opposition.
Il reste quand même deux commissions qui ont un travail à
accomplir ce matin, peut-être même une partie de
l'après-midi. On verra. Je propose donc qu'on permette aux
collègues de la commission de l'énergie et des ressources,
déjà fort avancée sur le projet de loi no 9, d'achever
leur travail lors d'une réunion au salon rouge et que les
collègues de la commission des affaires municipales se réunissent
à la salle 81-A afin de faire l'étude article par article du
projet de loi no 13 qui leur a déjà été
déféré.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Donc, ces commissions
peuvent siéger dès maintenant.
M. Charron: Je vous remercie, M. le Président.
Quant aux travaux de la Chambre aujourd'hui, on comprendra bien que je
n'ai pas une très longue indication à donner... La commission des
affaires municipales siège à la salle 81-A et la commission de
l'énergie et des ressources au salon rouge.
Il s'agit de faire, autant que possible, le nettoyage du feuilleton,
c'est-à-dire que là où l'étude a été
menée par les députés, on puisse permettre à ces
projets de devenir des lois dans la journée d'aujourd'hui.
Je débuterais, si mes collègues de l'Opposition veulent
bien me suivre, par la page 4 du feuilleton d'aujourd'hui en proposant que les
projets de loi privés qui ont été adoptés, soit par
la commission des affaires municipales, soit par la commission des
consommateurs, soient adoptés en deuxième lecture.
Je vous prierais donc, M. le Président, d'appeler dans l'ordre
les projets de loi apparaissant de l'article 12 jusqu'à l'article 25 du
feuilleton.
Projet de loi no 202 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Article 12. Deuxième lecture du
projet de loi no 202, Loi modifiant la Loi constituant la Corporation des
officiers municipaux agréés du Québec.
Est-ce que cette deuxième lecture est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Une voix: Troisième lecture.
M. Charron: Je vous prierais, puisque la porte semble ouverte,
que la troisième lecture soit également proposée
après chaque deuxième lecture, M. le Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la troisième
lecture du projet de loi 202 est adoptée? Des voix:
Adopté.
Projet de loi no 206 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Deuxième lecture
du projet de loi no 206, Loi concernant la ville de LeMoyne. Est-ce que cette
deuxième lecture est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Sur le même consentement, la
troisième lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 212 Deuxième lecture
Article 14. Deuxième lecture du projet de loi no 212, Loi
modifiant la charte de la cité de LaSalle. Est-ce que cette
deuxième lecture est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la troisième lecture
de ce projet de loi 212 est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 219 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 219,
Loi modifiant les pouvoirs de la cité de
Drummondville. Est-ce que cette deuxième lecture est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: La troisième lecture sur le
même consentement?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 220 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 220, Loi concernant la ville
de Black Lake. Est-ce que cette deuxième lecture est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire-adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la troisième lecture
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. (12 heures)
Projet de loi no 229 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 229, Loi concernant la ville
de Schefferville. Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: La troisième lecture est-elle
également adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 256 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 256, Loi concernant la ville
d'Acton Vale. Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: La troisième lecture est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 210 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 210, Loi sur la fusion de
Québec-Lait Inc. et de Agropur, Coopérative agro-alimentaire.
Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. La troisième
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 213 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 213, Loi concernant la
Société d'assurance des Caisses Populaires et la
Sécurité, Compagnie d'Assurances Générales du
Canada. Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: Un instant. M. le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières.
M. Johnson: M. le Président, concernant le projet de loi
no 213, maintenant que nous sommes passés à la deuxième
lecture, j'aimerais qu'on puisse faire les écritures. De consentement
avec mes collègues de l'Opposition et, à la suite d'une entente
intervenue en commission parlementaire, il y aurait un papillon qui consiste en
un amendement dont je fais lecture pour les fins du débat et qui est
déjà entre les mains du secrétaire et des collègues
de l'Opposition: Retrancher aux deuxième, troisième et
quatrième lignes du troisième alinéa du préambule
les mots "qu'elle conserve son lien de dépendance avec la
Confédération des Caisses Populaires et d'Économie
Desjardins du Québec et en conséquence", de façon que le
texte se lise désormais comme suit: "Qu'il est dans
l'intérêt de la Société et nécessaire
à la bonne administration de ses affaires qu'elle soit une compagnie
à capital-actions dont les actions sont détenues par les
fédérations membres de la Confédération et par
leurs caisses affiliées ainsi que par la Fédération de
Montréal des Caisses Desjardins et certaines de ses caisses populaires
affiliées."
Deuxièmement, retrancher aux première, deuxième et
troisième lignes de l'article 3 les mots "conserve son lien de
dépendance avec la Confédération des Caisses Populaires et
d'Économie Desjardins du Québec mais", de façon que le
texte se lise désormais comme suit: "3. La Société
d'assurance des Caisses Populaires devient une compagnie à
capital-actions qui, ainsi transformée, est ci-après
désignée la Société."
Est-ce que l'amendement sera adopté, M. le Président?
Le Vice-Président: D'abord, il faudrait avoir le
consentement de l'Assemblée pour retourner en commission
plénière. Ce consentement est-il accordé?
Une voix: Accordé.
Le Vice-Président: Deuxièmement, cet amendement
est-il accepté?
Des voix: Accepté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Accepté. Le rapport de la
commission plénière aussi, par le fait même, est
accepté. Les deuxième et troisième lectures, tel que
présenté avec l'amendement, sont adoptées.
Une voix: La troisième lecture est-elle
adoptée?
Projet de loi no 225 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Oui, la troisième lecture est
adoptée.
Deuxième lecture du projet de loi no 225, Loi concernant les
Coopérants, Compagnie Mutuelle d'Assurance-Vie. Est-ce que cette
deuxième lecture est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la troisième lecture
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 246 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 246, Loi modifiant la charte
de l'Association provinciale des instituteurs protestants de Québec.
Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: La troisième lecture est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Projet de loi no 265 Deuxième lecture
Deuxième lecture du projet de loi no 265, Loi concernant
Société générale S.A. (Canada) Inc. Cette
deuxième lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: La troisième lecture est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Deuxième lecture du projet de loi no 235, Loi concernant la
création de deux nouvelles municipalités dans le comté de
Rivière-du-Loup. Cette deuxième lecture est-elle
adoptée?
Une voix: Un instant.
Le Vice-Président: Un instant.
M. le ministre des Affaires municipales.
M. Léonard: M. le Président, il y a quand
même eu une modification au titre de cette loi.
Une voix: Oui.
M. Léonard: Je voudrais qu'on vérifie...
Une voix: Ah oui.
M. Léonard: ...parce que ce n'est plus le même
titre.
Le Vice-Président: Est-ce qu'on pourrait me fournir le
nouveau titre?
M. Léonard: Est-ce qu'on peut le suspendre pour retrouver
le libellé exact du nouveau titre?
M. Charron: Est-ce qu'il a été adopté en
commission?
M. Léonard: Le projet de loi a été
adopté. M. Charron: Non, mais le titre?
M. Léonard: Le titre a aussi été
adopté en commission.
M. Lavoie: Oui.
M. Léonard: II n'est pas...
M. Charron: Cela devrait être dans le rapport
normalement.
M. Léonard: ...sorti sous ce titre-là.
Une voix: Le rapport.
Le Vice-Président: Un instant.
Une voix: Non, il n'est pas là.
Le Vice-Président: Nous allons vérifier. Nous
allons passer à l'autre projet de loi et nous suspendons
celui-là.
M. Charron: D'accord, on suspend celui-là.
Projet de loi no 237 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Deuxième lecture du projet de
loi no 237, Loi modifiant de nouveau la Charte de la Ville de Montréal.
Cette deuxième lecture est-elle adoptée?
Une voix: La deuxième, adopté. Le
Vice-Président: Adopté.
Le secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
M. Léonard: ...amendement à apporter cet
après-midi.
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Un instant. Le projet de loi no 237
n'est pas...
Une voix: La deuxième...
Le Vice-Président: La deuxième lecture peut
être adoptée?
M. Léonard: Cela va.
Le Vice-Président: Quant à la troisième...
M. le député de Laval.
M. Lavoie: Pour obtenir la troisième lecture au cours de
la même séance, il faudrait un consentement unanime de cette
Chambre. Il a été question, en commission parlementaire, que le
ministre apporterait des amendements étant donné que nous avions
beaucoup de réserves sur cette question, sur deux articles, je crois, du
projet de loi accordant des pouvoirs très étendus à la
ville de Montréal, dont certains ne sont pas parus dans les avis
publiés dans les journaux.
Je conseillerais fortement au ministre de consulter l'Opposition, de
nous soumettre ses amendements avant la troisième lecture; autrement,
nous nous verrons dans l'obligation de ne pas accorder notre vote de
troisième lecture et même notre consentement à la
considération de ce vote de troisième lecture.
Le Vice-Président: M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Léonard: Les fonctionnaires du ministère sont en
consultation avec la ville de Montréal justement pour restreindre la
portée de ces articles; dans cette optique, nous avons dit que nous
reviendrions ici, à l'Assemblée nationale, en commission
plénière, pour discuter d'amendements qui restreindraient la
portée des deux articles en question. Je veux bien faire les
consultations auxquelles on m'invite.
Le Vice-Président: M. le leader.
M. Charron: À la suite de l'échange qui vient
d'avoir lieu, la deuxième lecture de ce projet de loi est
adoptée, mais elle devra, pour le moment, rester inscrite au feuilleton.
Il y aura des consultations auxquelles on vient de faire allusion et nous
procéderons à la troisième lecture, s'il y a lieu, avant
la fin de la journée.
M. Levesque (Bonaventure): ... les projets de loi nos 235 et
237?
Le Vice-Président: Oui, 235. Dans le cas du projet de loi
no 237, nous avons le nouveau titre. Donc, on tient pour acquis que la
deuxième... Résumons-nous. Dans le cas du projet de loi no 237,
la deuxième lecture est adoptée; quant à la
troisième, on reviendra en cours de jour.
Projet de loi no 235 Deuxième lecture
Pour ce qui est du projet de loi no 235, le nouveau titre se lit ainsi:
Loi concernant la municipalité de la paroisse de Saint-Antonin. Cette
deuxième lecture sera-t-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président: La troisième lecture est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Merci, M. le Président. Nous revenons à
la page 4 du feuilleton, s'il vous plaît. Je vous prierais
d'appeler...
M. Fontaine: M. le Président...
M. Charron: Oui, allez-y pendant que je cherche.
Le Vice-Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: Avant de revenir à cela, il y a un projet de
loi privé, le projet de loi no 222, Loi concernant certains lots de la
partie révisée du cadastre officiel du canton de York, division
d'enregistrement de Gaspé. M. le chef de l'Union Nationale m'indique que
ce serait un projet de loi très facilement adoptable aujourd'hui. Je ne
sais pas si le leader du gouvernement ne pourrait pas prévoir, dans son
programme, l'adoption de ce projet de loi. On serait même d'accord pour
donner notre consentement pour qu'il y ait trois commissions parlementaires qui
siègent en même temps.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: J'aimerais mieux inviter le chef de l'Union Nationale
à mener de son titre une consultation auprès des deux autres
partis et auprès du ministre de la Justice. Je n'aurais pas d'objection
à le proposer à la Chambre si vraiment cette consultation
préalable a lieu au cours de la journée. D'accord?
Le Vice-Président: Donc, il y aurait consentement pour
que, sur le projet de loi no 222, il y ait des consultations et on verra, en
cours de journée, si on doit l'appeler.
M. le leader du gouvernement.
M. Levesque (Bonaventure): Pour les consultations,
consentement.
M. Charron: Pour les consultations, oui.
M. le Président, je vais vous proposer maintenant d'appeler
l'article 10 du feuilleton, s'il vous plaît.
Prise en considération du rapport de
la commission qui a étudié
le projet de loi 12
Le Vice-Président: Prise en considération du
rapport de la commission permanente des affaires municipales qui a
étudié le projet de loi no 12, Loi modifiant certaines
dispositions législatives concernant les municipalités. Le
ministre des Affaires municipales a-t-il quelque chose à ajouter?
M. Léonard: Non.
Le Vice-Président: Non. Est-ce que cette prise en
considération est adoptée? M. le député de
Laval.
M. Lavoie: II n'y a pas eu d'amendements soumis à
l'étape du rapport, M. le Président? Agréé.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader.
M. Charron: Puis-je proposer la troisième lecture de ce
projet de loi, M. le Président?
M. Lavoie: Ah!
M. Levesque (Bonaventure): Plus tard.
M. Charron: Plus tard dans la journée, très
bien.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
(12 h 10)
M. Charron: II n'y a pas d'amendement à annoncer à
l'étape de la prise en considération pour les projets de loi du
ministre du Revenu, qui apparaissent à l'article 9, et au projet de loi
du ministre de l'Énergie et des Ressources qui apparaissent à
l'article 11. Le ministre du Revenu est ici, alors je vous prierais d'appeler
l'article 9, s'il vous plaît.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
les
projets de loi nos 7 et 8
Le Vice-Présidents Prise en considération du
rapport de la commission permanente du revenu qui a étudié le
projet de loi no 7, Loi modifiant la Loi sur le remboursement d'impôts
fonciers et le projet de loi no 8, Loi modifiant la Loi sur le
supplément au revenu de travail.
M. le ministre.
M. Clair: M. le Président, je veux simplement proposer
l'adoption du rapport puisqu'en commission parlementaire, aucun amendement n'a
été proposé et queles deux projets de loi ont
été adoptés à l'unanimité pour tous les
articles.
Le Vice-Président: Est-ce que cette prise en
considération est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: M. le leader.
M. Charron: Puis-je proposer, M. le Président, la
troisième lecture de ces deux projets de loi 7 et 8 puisqu'ils ont
été étudiés de la façon que le ministre
vient de l'indiquer?
Le Vice-Président: 7 et 8, les deux projets? Est-ce que le
rapport de la commission plénière est adopté?
Des voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Étant donné qu'il y a
consentement, on passe directement à la troisième lecture? Donc,
est-ce que la troisième lecture des projets de loi 7 et 8 est
adoptée? Adopté.
M. Charron: En revenant à la page 3 du feuilleton, M. le
Président, je vous prierais d'appeler l'article 3 du feuilleton
d'aujourd'hui.
Projet de loi no 17 Troisième lecture
Le Vice-Président: Troisième lecture du projet de
loi no 17, Loi modifiant la Loi sur la Société de
développement immobilier du Québec.
Mme la ministre.
Mme Ouellette: Je veux simplement proposer l'adoption de ce
projet de loi modifiant la Loi de SODEVIQ; deux amendements ont
été proposés à la commission et ont
été adoptés par les partis d'opposition. Je les remercie
de leur collaboration.
Le Vice-Président: Est-ce que cette troisième
lecture sera adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): En conséquence,
adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader. C'est
adopté.
M. Charron: C'est adopté, je vous remercie.
Maintenant, M. le Président, ce sera le premier... Alors, je vais
proposer l'article 2, M. le Président.
Projet de loi no 11 Troisième lecture
Le Vice-Président: L'article 2. Troisième lecture
du projet de loi no 11, Loi modifiant la Loi sur la commission des affaires
sociales et la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
Est-ce que cette troisième lecture sera adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté? M. le leader, est-ce
qu'il y a eu des amendements?
M. Charron: À la troisième lecture?
Le Vice-Président: Avant la troisième lecture?
M. Charron: Je m'excuse, c'est parce qu'il y a quatre personnes
qui me parlent à la fois.
M. Levesque (Bonaventure): Aux affaires sociales.
Le Vice-Président: Sur le projet de loi no 11, aux
affaires sociales, la question est de savoir s'il y a eu, en commission, des
amendements apportés.
M. Charron: En commission, non. M. Levesque (Bonaventure):
Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: M. le Président, ce matin, la commission des
consommateurs nous a remis un rapport sur le projet de loi no 5 et sur le
projet de loi no 232. Je crois qu'il a été accepté lors de
l'étude des bills privés tout à l'heure. Non, il ne
l'était pas, puisque le rapport a été fait ce matin.
Alors, je solliciterais d'abord le consentement pour que nous puissions
prendre en considération immédiatement ce rapport, même
s'il a été déposé au cours de la même
séance.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Charron: Sur le projet de loi no 5.
Le Vice-Président: C'est cela. Est-ce qu'il y a
consentement pour qu'on prenne en considération le rapport sur le projet
de loi no 5?
Dex voix: Consentement.
Le Vice-Président: Consentement.
M. Charron: Très bien, M. le Président, je vous
remercie. Lors de cette prise en considération, le ministre a des
amendements... Pas au projet de loi no 5, c'est sur l'autre?
M. Johnson: C'est réglé...
M. Charron: Tout est réglé.
Le Vice-Président: Tout est réglé.
M. Charron: Félicitations! Alors, prise en
considération, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le ministre.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié le
projet de loi no 5
M. Johnson: M. le Président, je pense qu'on peut
s'abstenir de discours à ce stade-ci. Cela a été
intéressant de part et d'autre, je pense, je suggérerais
l'adoption de la loi no 5, nouvelle loi des compagnies, partie 1-A, en
troisième lecture.
Le Vice-Président: Donc, le rapport est adopté.
M. le leader du gouvernement, est-ce qu'on fait la troisième
lecture?
M. Charron: J'en propose la troisième lecture, M. le
Président.
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture?
M. Chevrette: Consentement.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Adopté. Donc, le projet de loi
no 5, Loi modifiant la Loi sur les compagnies et la Loi sur les
déclarations des compagnies et sociétés, est adopté
en troisième lecture.
Projet de loi no 252 Deuxième lecture
M. Charron: De même, M. le Président, ce matin le
député de Beauharnois a déposé le rapport de la
commission des consommateurs, coopératives et institutions
financières qui concerne le projet de loi privé 252 concernant
Services financiers B.A. Ltée. Je proposerais la deuxième lecture
de ce projet de loi.
Le Vice-Président: Est-ce que la deuxième lecture
du projet de loi privé no 252, Loi concernant Services financiers B.A.
Ltée est adopté en deuxième lecture?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. Charron: Je propose la troisième lecture.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Est-ce qu'il y a consentement pour la
troisième lecture?
M. Johnson: Certainement.
Le Vice-Président: Donc la troisième lecture est
aussi adoptée.
M. Johnson: Adopté.
Le Vice-Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: On conviendra que je sois un peu embarrassé
parce que les autres lois sont des lois du ministre de l'Energie et des
Ressources, et nos collègues sont encore à l'oeuvre sur une
dernière de ces lois.
Une voix: On pourrait passer 26 et 27.
M. Charron: Projet de loi 192, deuxième lecture.
Le Vice-Président: Le projet de loi 192.
M. Charron: Est-ce qu'il y aurait consentement à ce...
Le Vice-Président: Juste un instant! Nous pourrions
d'abord adopter la deuxième lecture et en regard de l'amendement qui
semble vouloir venir ensuite...
M. Charron: Aller en commission plénière.
Le Vice-Président: Donc, c'est l'article 27. C'est
ça, M. le leader?
M. Charron: Oui.
Projet de loi no 192 Deuxième lecture
Le Vice-Président: Est-ce que la deuxième lecture
du projet de loi no 192, Loi modifiant la Loi concernant la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec, est adoptée.
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le secrétaire adjoint: Deuxième lecture du projet
de loi.
Le Vice-Président: Étant donné que ce projet
de loi 192 a été étudié article par article en
commission élue après la première lecture et qu'il s'agit
d'un projet de loi public au nom d'un député, je pense qu'il
devrait subir l'étape de l'étude en commission article par
article après la
deuxième lecture.
Vu que des amendements ont été soumis et adoptés en
commission après la première lecture, que le rapport a
été adopté, il faudrait solliciter le consentement pour
faire des écritures au procès-verbal à savoir que le
projet de loi a été déféré en commission
plénière après la deuxième lecture pour qu'on
puisse y apporter les amendements. Est-ce qu'il y a consentement pour qu'on
revienne en commission plénière pour apporter les
amendements?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président: D'accord. M. le ministre.
Commission plénière
M. Johnson: D'abord, je remercie mes collègues pour le
consentement. J'ai eu l'occasion de les consulter et à la suite d'une
discussion que nous avons eue en commission parlementaire et des
décisions que nous avons prises hier quant à la loi no 5 sur la
responsabilité des administrateurs, pour des fins de cohérence
juridiques, je fais lecture d'une modification apportée au projet de
loi, qui serait la suivante: "Modifier l'article 39.3 de la Loi concernant la
Confédération des caisses populaires et d'économie
Desjardins du Québec, édicté par l'article 28 du projet:
premièrement, par le remplacement à la troisième ligne des
mots "des sommes non" par les mots "des sommes en cause non encore".
Deuxièmement, par l'addition de l'alinéa suivant: "Le droit
d'action découlant de l'alinéa précédent se
prescrit par deux ans à compter de la date de la déclaration de
l'intérêt."
Le Vice-Président: Merci. M. Lalonde: M. le
Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Seulement quelques mots pour remercier le ministre.
C'est à la suite d'une discussion que nous avions eue en commission
parlementaire. Il semble que l'amendement satisfasse les demandes que nous
avions faites.
Le Vice-Président: Au niveau de la commission
plénière cet amendement est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Est-ce que le rapport de
la commission plénière est aussi adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président: Est-ce que nous passons de consentement
à la troisième lecture du projet de loi?
Une voix: Oui.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Cette troisième lecture est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: En troisième lecture, le projet
de loi no 192, Loi modifiant la Loi concernant la Confédération
des caisses populaires et d'économie Desjardins du Québec, est
adopté.
M. le leader.
M. Charron: Je vous prierais d'appeler maintenant l'article 4 du
feuilleton, M. le Président.
Le Vice-Président: Deuxième lecture du projet de
loi no 4, Code de la sécurité routière. M. le ministre des
Transports.
(12 h 20)
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: Merci, M. le Président. J'ai le plaisir,
ce matin, de proposer la deuxième lecture du projet de loi sur la
sécurité routière, un projet de loi que je voudrais, je
pense, dédier à mes deux prédécesseurs au
ministère des Transports, le député de Saguenay qui, il y
a quelques mois, présentait un avant-projet, qui s'appelait à ce
moment-là "Avant-projet de loi portant refonte du Code de la route", et
aussi à mon collègue, le député de Charlevoix,
l'ancien ministre des Transports qui lui aussi, lorsqu'il a été
ministre des Transports, a eu une part importante dans une réforme
préliminaire du Code de la route.
Ce projet de loi compte presque 600 articles. C'est donc dire qu'il est
important sur le plan de l'épaisseur du volume, si on veut, du texte,
mais son importance, c'est d'abord, bien sûr, ce phénomène
social auquel il s'intéresse, qu'il tente de régir, le
phénomène automobile. En l'espace de quelques années,
notre société est devenue une société
motorisée où les véhicules automobiles, après avoir
été brièvement le fait de la propriété de
quelques individus fortunés, sont devenus un moyen universel de
transport où toutes les familles, tous les individus possèdent
souvent un véhicule automobile, conduisent en tout cas un
véhicule automobile et sont par conséquent détenteurs d'un
permis de conduire.
L'automobile a, à toutes fins pratiques,
révolutionné notre mode de vie. Elle a aussi, pour le meilleur ou
pour le pire, modifié considérablement le mode d'urbanisation de
toutes les sociétés occidentales. Elle a constitué aussi,
pour des millions d'individus, un moyen d'évasion, un moyen
d'affirmation personnelle, mais en même temps, pour des milliers de
familles, une occasion de tragédie souvent épouvantable.
Au Québec en particulier, on sait que l'automobile - c'est le cas
d'ailleurs dans toutes les sociétés industrielles - est la
principale cause de mortalité et de blessures graves qui affectent la
société et, en particulier, les classes jeunes de nos
sociétés.
Au Québec aussi ce mal, que l'on retrouve partout ailleurs, on le
retrouve avec encore plus d'acuité que dans les sociétés
voisines en particulier. De tous les pays du monde industrialisé, nous
sommes dans le peloton de queue en matière de sécurité
routière. Ici même
au Canada, du point de vue des morts, en chiffres absolus, nous avons le
bilan le plus désastreux, nous dépassons même en ce
domaine, en chiffres absolus, la province d'Ontario, notre province voisine
qui, pourtant, compte une population plus importante et compte presque
1,000,000 de véhicules de plus qu'au Québec.
Au fil des années, la plupart de nos sociétés,
singulièrement au Québec, se sont accoutumées à ce
phénomène et on a tenu pour acquis que les mortalités, les
morts et les blessures graves constituaient une espèce de
fatalité, un accompagnement nécessaire de la civilisation
nouvelle qu'apporte l'automobile.
Au contraire,dans d'autres sociétés, depuis plusieurs
années, on s'est attaqué à ce phénomène. On
a laissé de côté cette espèce de fatalisme. On a
refusé de croire qu'il y avait un bilan acceptable en matière de
tragédies routières et on a pris des mesures
considérables, draconiennes pour réduire ce qui est perçu,
à toutes fins utiles, par les dirigeants de ces sociétés,
et maintenant par les citoyens de ces sociétés, non pas comme une
fatalité, mais comme un fléau contre lequel on peut agir et qu'on
peut réduire de façon considérable.
Au Québec, nous avons connu le phénomène automobile
un peu plus tardivement que les sociétés qui nous entourent.
Notre population aussi était beaucoup plus jeune que les pays, les
États ou les provinces qui sont nos voisins ou nos voisines. Notre
adaptation au phénomène a dû se faire plus rapidement et
nous n'avions pas les instruments d'éducation, d'apprentissage graduel
dont ont souvent bénéficié nos autres partenaires sur ce
continent. Le phénomène est arrivé plus rapidement, plus
brusquement et nous étions moins bien préparés que
d'autres à y faire face. Ce contexte historique explique en bonne partie
les difficultés d'adaptation que nous avons connues et, je pense, le
bilan plus désastreux que nous connaissons encore par rapport à
ces autres sociétés. Je refuse, pour ma part, de voir dans ce
bilan désastreux que nous connaissons une espèce d'atavisme, une
fatalité qui serait liée au caractère latin, par exemple,
des Québécois et à une espèce de comportement
congénital qu'ils ne seraient pas capables de corriger. Je me refuse
à dire, au fond, que nous sommes destinés à rester dans le
peloton de queue en Amérique du Nord à cause de facteurs contre
lesquels nous ne pourrions rien. Je pense qu'au contraire, en matière de
sécurité routière comme en d'autres matières, nous
pourrons, si nous y mettons vraiment les énergies nécessaires,
rejoindre le peloton de tête, c'est-à-dire être au premier
rang des provinces et des États américains en matière de
prévention des tragédies de la route.
Effectivement, pour arriver à changer ce bilan, il nous faut
poser un certain nombre de gestes. Ces gestes ont été
posés graduellement, comme je viens de le mentionner, par mes
prédécesseurs, le député de Saguenay et le
député de Charlevoix. C'est, par exemple, le député
de Charlevoix qui a introduit et qui a fait accepter par le gouvernement de
l'époque une mesure tout à fait essentielle sur laquelle je
reviendrai un peu plus tard, le port obligatoire de la ceinture de
sécurité. Comme il l'expliquait lui-même hier, grâce
à l'imposition de cette mesure, des centaines de Québécois
ont eu la vie sauve dans les mois qui ont suivi immédiatement
l'introduction de cette mesure en 1976, et des milliers d'autres ont pu ainsi
échapper à des blessures graves.
Par la suite, parmi les ministres qui se sont succédé, mon
collègue, le député de Saguenay, a introduit des
réformes au sein du Bureau des véhicules automobiles
particulièrement en ce qui concerne l'administration des cours de
conduite automobile et des tests d'aptitude qui ont été
renouvelés, res ont pu aussi échapper à des blessures
graves. Ces examens maintenant sont considérés parmi les
meilleurs qui s'administrent par des bureaux semblables ailleurs au Canada ou
en Amérique du Nord. Nous avons aussi entrepris des campagnes de
motivation, particulièrement auprès de la jeunesse, dans les
écoles primaires, dans les écoles secondaires et même au
niveau des collèges d'enseignement général et
professionnel. Des campagnes de publicité auprès de la population
en général ont aussi été entreprises. (12 h 30)
Le présent gouvernement a mis sur pied un organisme
extrêmement important, qui existe dans beaucoup d'autres pays,
d'ailleurs, un Conseil interministériel de la sécurité
routière qui est chargé de préparer un plan d'ensemble
pour établir une stratégie pour contrer les tragédies de
la route, instruire la population des dangers de l'automobile, la motiver pour
adopter des comportements valables, propres à éviter les
tragédies routières.
Ce comité regroupe tous les ministères
intéressés directement en matière de prévention des
tragédies de la route: le ministère de la Justice, le
ministère de l'Éducation, le ministère des Affaires
sociales et, évidemment, aussi le ministère des Affaires
municipales et celui des Transports.
Cette mesure importante nous avait été
suggérée par des experts internationaux et, ici-même, par
des experts québécois qui prétendaient, à juste
titre, que si on ne met pas ensemble tous les intervenants en matière de
sécurité routière et si on ne les coordonne pas au plus
haut niveau, c'est-à-dire même au niveau ministériel, si on
ne met pas derrière cette stratégie une volonté
gouvernementale, une volonté ministérielle, il est
extrêmement difficile, ensuite, de faire en sorte que les corps
policiers, les moyens d'enseignement, tous les autres intervenants que l'on
retrouve au sein du ministère des Transports, par exemple, aient l'appui
nécessaire pour vraiment intervenir vigoureusement auprès de la
population.
Nous avons donc mis sur pied ce comité. Déjà, je
pense, on en voit les résultats par les premiers éléments
de cette stratégie qui s'élabore devant nous. Bien sûr, une
des pièces maîtresses de cette stratégie, c'est la
rénovation de notre ancien Code de la route, que nous appellerons
maintenant le code de la sécurité routière, pour marquer
véritablement que cet ensemble de règlements et de lois qui
gouvernent l'obtention des permis de conduire, qui gouvernent les règles
que doit suivre l'automobiliste, pour montrer véritablement que ces
règles ont un objectif précis, à savoir la
sécurité routière, la prévention des
tragédies routières.
Autour de quels éléments s'élabore cette
stratégie telle qu'on la retrouve au sein du code que nous
étudions aujourd'hui en deuxième
lecture? Tout d'abord, nous partons d'une constatation qui a
été faite dans tous les pays, à travers de multiples
études qui s'échelonnent sur une période
considérable d'années, au moins 20 et 30 ans, en particulier du
côté des pays Scandinaves, qui ont beaucoup d'avance dans ce
domaine sur les pays américains, sur des expériences aussi qui
ont été faites également aux États-Unis, dans les
provinces voisines, comme l'Ontario, et ici-même au Québec.
Et ces constatations que l'on retrouve dans tous ces pays, à
travers toutes ces études, quelles sont-elles? Tout d'abord que les deux
causes principales sont évidemment l'excès de vitesse, la vitesse
excessive, et l'alcoolisme, l'intoxication au volant. Ce sont les deux causes
directes les plus importantes d'accidents.
Par contre, la cause la plus générale, la plus
éloignée, au-delà de ces causes matérielles
très directes, l'excès de vitesse et l'intoxication, c'est
l'attitude fondamentale des individus derrière le volant, leur
motivation, leur comportement individuel, leur attitude vis-à-vis de la
conduite automobile, vis-à-vis du phénomène de la conduite
automobile. On ne peut vraiment obtenir de ce point de vue des résultats
valables en matière de prévention des tragédies de la
route si ces mentalités, ces attitudes, cette espèce de culture
générale d'une société face au
phénomène automobile, si cette culture fondamentale, si ces
attitudes, si ces mentalités, les motivations, si ces choses ne sont pas
changées.
Donc, d'abord et avant tout, si on veut améliorer notre bilan, il
nous faut changer nos propres attitudes, notre mentalité
vis-à-vis de l'automobile et, en particulier, commencer à
considérer l'automobile comme un instrument dangereux, extrêmement
dangereux. Il faut aussi considérer qu'il ne suffit pas d'être
soi-même un bon conducteur pour éviter les tragédies, mais
que les autres conducteurs constituent effectivement un danger véritable
et qu'il nous faut donc, par un mode approprié de conduite qu'on appelle
la conduite préventive, prévenir justement des accidents, des
manoeuvres qui ne proviendront pas nécessairement de notre propre
comportement, mais du comportement de l'ensemble de la circulation sur une
route à un moment donné. Donc, adopter des méthodes de
conduite dites préventives en matière de conduite automobile.
Évidemment, pour réussir à changer ces
mentalités et ces attitudes, il nous faudra donc travailler autant sur
le caractère éducatif dans cette stratégie que sur le
caractère répressif des méthodes ou des moyens que nous
voulons mettre de l'avant. De ce point de vue, le Code de la
sécurité routière que je présente aujourd'hui
touche particulièrement à ces aspects qui veulent changer les
motivations et les attitudes des Québécois vis-à-vis de la
conduite automobile.
Par exemple, nous avons inscrit dans le code un principe fondamental.
C'est que le piéton et le cycliste, par exemple, doivent avoir, en
toutes circonstances, la priorité sur l'automobiliste. II va sans dire
qu'il faut inculquer aux Québécois cette attitude fondamentale,
à savoir que le piéton ou le cycliste doit avoir la
priorité sur la route, que, face au cycliste et face au piéton,
on doit avoir un comportement non seulement courtois, ce qui n'est pas le cas
actuellement, on le sait, mais un comportement extrêmement prudent, et
utiliser un surcroît de prudence quand un automobiliste doit doubler ou
croiser un cycliste ou doit côtoyer ou croiser des piétons. C'est
simplement cette attitude fondamentale que nous devons avoir que nous avons
inscrite dans le Code de la sécurité routière.
Nous avons aussi voulu faire en sorte que des mesures soient prises pour
augmenter la compétence des Québécois au volant et leur
connaissance des mécanismes fondamentaux, des principes fondamentaux en
matière de conduite automobile.
Particulièrement aussi chez les jeunes, puisque c'est à
partir, je pense, des jeunes générations qui sont plus
maléables sur le plan éducatif qu'il nous faut bâtir,
à long terme, cette stratégie, nous avons inscrit dans le code
des mesures particulières à cet égard. Je voudrais en
donner un seul exemple. Nous obligerons tous les jeunes qui veulent conduire,
qui veulent utiliser un cyclomoteur, un des instruments de transport qui se
répand le plus actuellement auprès des jeunes
générations - c'est d'ailleurs, avec la motocyclette,
l'instrument de transport le plus dangereux qui soit actuellement, celui qui
cause le plus de mortalités et de blessures graves, compte tenu du
nombre d'individus qui l'utilisent et du kilométrage qu'ils font - nous
avons voulu obliger les jeunes qui utilisent ces cyclomoteurs à suivre
obligatoirement un cours de conduite préventive qui sera dispensé
dans les écoles secondaires du Québec de la même
façon, par exemple, que pour obtenir un permis de chasse, il faut suivre
un cours déterminant l'aptitude au maniement des armes à feu. (12
h 40)
Par l'obligation de suivre ce cours, nous rejoindrons rapidement
l'ensemble des jeunes du Québec et ils auront, dès l'âge de
14 ans, 15 ans et 16 ans, une instruction appropriée sur le
phénomène de la conduite automobile, sur les principes
fondamentaux de la sécurité routière, sur les principes
fondamentaux de la conduite préventive. Nous espérons justement
que, par cette éducation des jeunes, nous aurons, à long terme,
des résultats positifs.
Bien sûr, nous devrons aussi agir sur le plan de la
répression; par exemple, comme je viens de le dire, la vitesse excessive
est la cause immédiate la plus grande des tragédies
routières. Je sais que, là-dessus, on a des opinions diverses
dans la population, des attitudes et des mentalités diverses. J'ai
participé, depuis plusieurs semaines, à de nombreuses lignes
ouvertes, à des collogues, à des rencontres et très
souvent on me dira: Ce n'est pas la vitesse qui est dangereuse, c'est
l'habileté même du conducteur. Certains conducteurs, à 80
ou 90 milles à l'heure, ne sont pas plus dangereux que d'autres mauvais
conducteurs à 30 ou 50 milles à l'heure.
Mais, là encore, il ne faut pas considérer la conduite
automobile comme un phénomène individuel, comme quelque chose
qu'on peut approcher du point de vue d'un individu en particulier, de ses
aptitudes en particulier, mais il faut le considérer comme un
phénomène social, comme quelque chose qui s'attache au grand
nombre. Si on prend justement ce point de vue, qui est le seul point de vue
possible en la matière, toutes les études démontrent
qu'avec la vitesse, pour l'ensemble de la population, y
compris même les conducteurs expérimentés, les gens
qui ont une vision parfaite et qui ont des réflexes au-dessus de la
moyenne, plus la vitesse augmente, évidemment, plus l'acuité
visuelle diminue, plus le temps de réponse des réflexes devient
critique et, évidemment, plus le risque d'accident et de
mortalité augmente.
C'est ce qui explique aussi que, dans beaucoup de pays, on a
réduit, d'une façon draconienne, la vitesse sur les autoroutes et
même sur les routes principales. On l'a fait parfois pour des raisons
d'économie d'énergie, mais on l'a fait aussi pour des raisons de
sécurité routière. On sait qu'il y a une
corrélation parfaite entre la vitesse maximale permise sur une route et
le taux d'accident sur cette même route. Plus cette vitesse est
raisonnable, évidemment, meilleur est le bilan en matière de
tragédies routières sur cette route. On l'a vu aux
États-Unis quand la vitesse sur les autoroutes a été
réduite de 70 milles à 60 milles et ensuite à 50 milles
à l'heure. On a vu, sur les autoroutes où cette mesure a
été mise en application, une réduction draconienne du
bilan des tragédies routières.
C'est ce qui explique donc que, dans le projet de loi, nous augmentons
considérablement les amendes pour la vitesse excessive et que nous
allons adopter un système graduel d'amendes en cette matière,
pénalisant davantage les excès les plus graves en la
matière. À vrai dire, l'amende actuelle, qui était de $20
en cette matière, sera portée, au maximum, jusqu'à $215
pour un individu qui ferait, par exemple, 150 kilomètres/heure sur une
autoroute où une vitesse de 100 kilomètres/heure est permise. Par
contre, évidemment, pour les dépassements qui sont légers
par rapport aux vitesses permises, eh bien, l'amende sera en proportion, pas
aussi forte, mais autour de $25 ou $30. Pour bien marquer que le
phénomène de la vitesse est un phénomène causal,
directement en proportion de l'importance des accidents. Nous avons voulu
introduire dans le système d'amendes ce gradualisme entre $25 et $30
pour un dépassement léger par rapport à un
dépassement excessif, très excessif qui peut valoir au
contrevenant une amende qui va jusqu'à $215.
L'autre cause directe la plus importante, l'alcoolisme au volant.
Là encore, il nous faut indiquer dans le code, dans l'ensemble du projet
que nous présentons, les mesures que nous voulons mettre en vigueur pour
contrer ce phénomène. C'est ainsi que nous demanderons la
proclamation des articles du Code criminel qui permettront aux policiers
québécois d'administrer des tests d'alcool au moyen d'appareils,
appelés alcootests, de façon préventive, ce qui n'est pas
possible au Québec, alors que c'est une pratique
généralisée dans le reste de l'Amérique du
Nord.
Nous pourrons même obliger quelqu'un qui souffre d'alcoolisme
chronique à suivre une cure de désintoxication s'il veut
continuer à bénéficier d'un permis de conduire. En effet,
à quoi sert-il de donner une amende à un alcoolique ou même
de l'emprisonner pendant quelques jours, si on lui laisse son permis de
conduire? Cet individu, alcoolique de façon chronique, de toute
évidence, est un récidiviste. Il faut aller à l'origine
même du mal et l'obliger à suivre une cure de
désintoxication. Là encore, ce sont des moyens qui existent dans
tous les pays industriels d'Europe ou ici même en Amérique du
Nord, dans les autres provinces, les États américains. C'est une
mesure qui n'existait pas au Québec. Nous entendons la mettre de
l'avant.
Toutes les autres offenses qui touchent directement à la
sécurité, par exemple, le dépassement interdit d'un
autobus scolaire, le louvoiement sur une route, le dépassement dans les
courbes, etc., toutes ces mesures seront sanctionnées aussi d'une
façon plus sévère.
Nous savons, M. le Président, que malgré tous les efforts
que nous pourrons faire, à court terme, pour changer, comme je viens de
le dire, la mentalité même de nos concitoyens face au
phénomène de la conduite automobile.
Nous savons aussi que même si nous augmentons de façon
énergique les amendes, même si nous augmentons de façon
considérable aussi la surveillance policière... parce qu'on me
dira avec justesse: À quoi sert de changer le code, d'imposer de
nouvelles amendes, d'être plus sévère, si, effectivement,
ce code n'est pas mis en force par une surveillance policière plus
grande? C'est ce que nous avons bien sûr l'intention de faire, ce que
nous avons d'ailleurs déjà commencé à faire. J'ai
eu souventes fois l'occasion d'indiquer que, par exemple, en 1979, les
contraventions de la Sûreté du Québec, pour vitesse
excessive, avaient augmenté de 45% et que nous aurions des augmentations
probablement semblables en 1980 par rapport à 1979. Il est
évident, je pense, que nous avons augmenté la surveillance
policière durant les dernières années sur les routes et
les autoroutes du Québec. Nous avons d'ailleurs l'intention de
réunir bientôt toutes les forces policières, non seulement
la Sûreté du Québec mais aussi les forces municipales qui
ont un rôle extrêmement important à jouer dans le domaine;
d'autant plus que la grande majorité des accidents surviennent en milieu
'urbain et non pas en milieu interurbain, malgré les impressions qu'on
pourrait avoir de ce côté. Par conséquent, le rôle
des sûretés municipales est encore plus important que celui de la
Sûreté du Québec en cette matière.
Malgré que ce soit non seulement notre intention mais que ce soit
déjà le cas, malgré ce fait d'une augmentation de la
surveillance policière, donc d'une plus grande
sévérité dans l'application des mesures actuelles et des
mesures à venir qui sont prévues au code, nous savons qu'il
surviendra quand même des accidents durant les prochaines semaines,
durant les prochains mois, que des Québécois continueront
d'être tués ou d'être blessés gravement. (12 h
50)
Pourtant, M. le Président, il existe une mesure qui ne
coûte à peu près rien, qui est disponible pour tous, qui,
elle, peut réduire d'une façon draconienne, d'une façon
extraordinaire, le nombre de morts et le nombre de blessés graves sur
nos routes, nombre, comme je viens de le dire, qui, en soi, ne peut être
réduit de façon aussi considérable qu'on le voudrait par
les autres mesures dont je viens de parler. Évidemment, cette mesure
préventive par excellence, c'est le port de la ceinture de
sécurité. Je voudrais prendre les quelques minutes qui me restent
pour parler de cette mesure en particulier, d'autant plus que nous allons tous
nous disperser dans nos foyers et un peu partout à travers le
Québec. Des citoyens, à l'occasion des Fêtes, prendront la
route en plus grand nombre que d'habitude et
c'est à eux que je veux m'adresser particulièrement en
leur disant qu'ils ont leur vie et leur santé entre leurs mains, s'ils
veulent bien, durant les prochains jours s'astreindre, si c'est le cas, parce
qu'ils n'en ont pas l'habitude, à utiliser la ceinture de
sécurité qui est à leur portée.
C'est universellement la mesure, comme je viens de le dire, la plus
efficace. Ce n'est pas la surveillance policière, ce n'est pas une
application plus rigide du Code de la sécurité routière,
ce n'est pas l'augmentation des amendes. Les mesures à plus long terme
que sont l'éducation des jeunes et de nos concitoyens en
général, par définition, comme je viens de le dire,
puisqu'il s'agit de changements graduels des mentalités, ces changements
et les actions en cette matière ne peuvent donner des résultats
qu'à plus long terme. Mais, à très court terme, durant les
prochains jours et les prochaines semaines, si nous voulions tous, comme
société, augmenter considérablement le taux du port de la
ceinture de sécurité, nous verrions le taux non pas des
accidents, mais le taux des mortalités et le taux des blessures graves
qui résultent de ces accidents, à toutes fins pratiques, qui
surviendront, comme nous le savons, de toute façon, c'est cette mesure
qui pourrait sauver des vies irremplaçables et des santés
irremplaçables.
Je sais là-dessus que - je m'en suis rendu compte durant les
dernières semaines, les derniers mois - à toutes fins pratiques,
nous avons failli à la tâche comme gouvernement. Je ne veux pas
dire simplement le gouvernement actuel, mais l'ensemble des dirigeants
politiques qui se sont succédé au Québec depuis de
nombreuses années. Je pense qu'il faut admettre que nous avons failli
à la tâche, de ce côté, d'expliquer clairement aux
Québécois pourquoi cette mesure était si importante et
quels en étaient véritablement les avantages. Je pense que ce ne
sont pas, là encore, par des amendes ou par de simples campagnes de
publicité comme celles que nous avons connues depuis cinq ou six ans en
cette matière que nous allons réussir à convaincre les
Québécois du bien-fondé de cette mesure. Il nous faudra
aller plus loin. Il nous faudra inventer de nouveaux moyens de communication de
ce côté-là. Il nous faudra surtout le faire avec constance
au fur et à mesure, au fil des jours. Il nous faudra expliquer
clairement aux Québécois pourquoi cette mesure est si importante,
une mesure qui coûte si peu et qui rapporte tant.
Là-dessus, je voudrais tout simplement rappeler aux
Québécois que cette mesure est en vigueur au Québec depuis
1976. Elle a été introduite, comme je l'ai dit tout à
l'heure, par notre collègue de Charlevoix, l'ancien ministre des
Transports à l'époque, sous le gouvernement
précédent. Le gouvernement du Québec, lorsqu'il a
imposé cette obligation du port de la ceinture de
sécurité, suivait à ce moment-là l'exemple
d'à peu près tous les pays européens où le port de
cette ceinture est obligatoire. C'est le cas de la Grande-Bretagne. C'est le
cas de la France. C'est le cas de la Belgique. C'est le cas de l'Allemagne.
C'est le cas de tous les pays Scandinaves. Tous ces pays ont
considéré que le port obligatoire de la ceinture de
sécurité devait être mis en vigueur et je vous ferai
remarquer qu'il s'agit tous de pays parfaitement démocratiques et
pourtant très divers les uns par rapport aux autres. Ici même au
Canada, la province voisine, l'Ontario nous avait précédés
aussi en cette matière. En Ontario, avant même que le
député de Charlevoix réussisse à faire adopter
cette mesure, l'Ontario l'avait adoptée. D'autres provinces comme la
Colombie-Britannique, par exemple, l'ont aussi adoptée.
Je dis aux Québécois qui nous écoutent que toutes
ces provinces et tous ces pays ne peuvent se tromper en même temps, ne
peuvent avoir voulu imposer le port de la ceinture de sécurité si
tous ces gouvernements n'étaient pas convaincus du bien-fondé de
cette mesure. Je pense qu'il doit y avoir, vis-à-vis de ces exemples,
une espèce de réflexe de sagesse populaire et de gros bon sens
qui doit nous amener à penser à avoir comme préjugé
que, effectivement, tous ces pays ont considéré qu'il s'agissait
d'une mesure absolument essentielle. D'ailleurs, là-dessus, les
décisions de tous ces pays et de toutes ces provinces en cette
matière ont été basées, au fil des années,
sur de nombreuses études qui ont démontré hors de tout
doute qu'effectivement, dans 99,9% des cas, si je puis dire, la ceinture de
sécurité avait pour effet de sauver des vies ou de réduire
considérablement la gravité des accidents ou des blessures.
En particulier, je voudrais citer une seule étude, une
étude qui a été faite en Suède, qui touchait 28,000
accidents de la route. On a étudié ces 28,000 accidents à
partir d'un même modèle de véhicule automobile pour
être certain que les résultats étaient valables sur
l'ensemble des 28,000 cas qu'on étudiait. Tous les véhicules en
question étaient équipés de ce que nous appelons la
ceinture abdominale avec le baudrier transversal, le système que l'on
connaît le plus fréquemment ici même au Québec. Dans
les accidents survenus jusqu'à 60 milles à l'heure inclusivement,
on n'a constaté aucun décès chez les porteurs de la
ceinture de sécurité sur les 28,000 cas étudiés.
Pour toutes les vitesses inférieures à 60 milles à
l'heure, aucun décès. Par contre, chez les personnes qui ne
portaient pas la ceinture de sécurité des centaines avaient
succombé et, en particulier, même à des vitesses aussi
basses que 20 milles à l'heure.
Évidemment, l'étude suédoise que je cite est la
plus connue, mais d'autres études semblables ont été
faites aux États-Unis et en Ontario en particulier qui donnent toutes
les mêmes résultats. On cite des cas où on croit que la
ceinture de sécurité aurait été, au contraire, une
cause de mortalité ou de blessures graves. Mais, comme je viens de le
dire, cette impression, ce préjugé n'est pas supporté par
la réalité, par les études. En fait, c'est dans des cas
infinitésimaux qu'on pourrait, au contraire, juger qu'une mort ou qu'une
blessure grave a été causée du fait du port de la ceinture
de sécurité.
La réalité, c'est que, dans 99,9% des cas, la ceinture de
sécurité sauve la vie et réduit de façon
considérable la gravité des blessures. De plus, tous ces pays
accordent une importance tellement grande à cette matière qu'ils
ont prévu des amendes fort sévères si le port de la
ceinture n'est pas observé. Ces amendes vont jusqu'à $100 en
Colombie-Britannique et on retrouve des niveaux semblables en France et dans
les pays Scandinaves. La moyenne des amendes est autour de $40. Ici-même
au Québec, compte tenu du travail qu'il nous faut faire en cette
matière pour motiver la population de ce côté, le
présent Code
de la sécurité routière ne prévoit pas des
amendes au-delà de $25 pour une offense normale. Mais je pense que le
fait que nous imposions une telle amende reflète bien l'importance que
nous accordons à cette mesure, point de vue que nous partageons avec
tant de provinces, ici-même au Canada, et avec d'autres pays ailleurs
dans le monde. (13 heures)
D'ailleurs, les études ont démontré que, chaque
fois que des pays ont introduit cette mesure du port obligatoire de la ceinture
de sécurité, dans les mois qui ont suivi, le nombre de morts et
l'importance des blessures graves ont aussi diminué
considérablement. C'est l'expérience qu'on a faite au
Québec quand, en 1976, le précédent gouvernement avait
introduit cette mesure.
Quoi qu'il en soit, M. le Président, je suis conscient, le
gouvernement est conscient, qu'il nous faudra, de ce côté, aller
convaincre les Québécois et mettre sur pied des programmes
d'information et de motivation beaucoup plus importants que ce que nous avons
fait jusqu'à présent parce que, pour ma part, je suis convaincu
que ce n'est pas avec la répression ou tout simplement des exhortations
creuses que nous allons obtenir des résultats, mais en faisant en sorte
que les gens comprennent véritablement le mécanisme qui se
déclenche quand un accident se produit et quelles sont les forces qui
sont en cause. Est-ce qu'on sait, par exemple, qu'un individu qui pèse
150 ou 200 livres, au moment d'un accident, au moment d'un impact à
environ 50 km/h., en l'espace de quelques centièmes de secondes, est
projeté à une vitesse considérable et dégage une
énergie cynétique considérable qui fait passer ce poids
d'environ 150 ou 200 livres à, par exemple, 4000 ou 10,000 livres?
Est-ce qu'on a vu quelqu'un être capable de retenir avec ses bras un
poids de 4000 ou 10,000 livres? Imaginez-vous ce qui arrive justement à
un corps qui est projeté avec une force aussi considérable
à des vitesses pourtant très basses de 25, 30 ou 40 milles
à l'heure et ce qui arrive à un individu qui est projeté
sur son voisin de banquette, par exemple, ou sur une partie du
véhicule?
Le Vice-Président: M. le ministre, je devrai suspendre les
travaux jusqu'à 15 heures puisqu'il est maintenant 13 heures.
M. de Belleval: Je pourrais solliciter le consentement de la
Chambre pour terminer mon discours. J'en aurais pour cinq ou dix minutes
à peine et nous pourrions, à ce moment-là, reprendre
ensemble à 15 heures.
Une voix: Consentement.
Le Vice-Président: Le consentement est accordé, M.
le ministre.
M. de Belleval: Merci beaucoup. Ce sont ces aspects des
phénomènes qui se passent lors d'un accident qu'il nous faudra
faire comprendre aux Québécois. Nous avons l'intention de faire
faire des films, des projections audio-visuelles, et d'utiliser des
dépliants de toutes sortes pour leur faire comprendre les
mécanismes fondamentaux qui se déclenchent lors d'un accident et
l'utilité véritable du port de la ceinture de
sécurité quand, malheureusement, ces accidents se produisent.
Je sais aussi qu'on me dira, dans certains milieux: "Écoutez, M.
le ministre, nous sommes convaincus qu'effectivement la ceinture de
sécurité est une bonne mesure; vous avez raison, tous ces pays
n'ont pas pu se tromper en même temps, toutes ces provinces du Canada
n'ont pas pu se tromper en même temps, toutes ces études qui ont
été faites sont valables, nous vous croyons, c'est raisonnable.
Effectivement, le port de la ceinture de sécurité est une bonne
chose, mais nous devrions laisser la décision de porter ou non la
ceinture au libre arbitre des individus; c'est une atteinte aux droits et
libertés de la personne que de les obliger à porter cette
ceinture." Eh bien, ce raisonnement n'a pas été accepté
par tous ces pays démocratiques dont je viens de parler. Il n'a
d'ailleurs pas été accepté ici même, au
Québec - il n'a pas été accepté par l'ancien
gouvernement - dans beaucoup de domaines qui touchent à la
sécurité des individus alors qu'on oblige effectivement les gens,
les citoyens à subir des mesures de prévention. Ils sont
obligés de s'y soumettre, ils n'ont pas le choix, parce que le
législateur a pensé que le bien commun devait l'emporter sur le
libre arbitre dans cette matière.
Est-ce qu'on peut invoquer le libre arbitre, par exemple, pour ces
jeunes enfants, au nombre d'environ 50 ou 60 par année, parfois des
jeunes bébés au sortir même de la pouponnière de
l'hôpital, qui sont tués? On en a eu des exemples malheureusement
il y a quelques jours ici même au Québec, les journaux nous ont
rapporté ces faits. Est-ce que ces enfants ont le choix de mourir parce
que, par exemple, on ne leur a pas fourni une ceinture de
sécurité ou un siège de sécurité
approuvé selon les normes canadiennes? Est-ce qu'eux aussi ont le libre
arbitre de mourir écrasés, par exemple, entre le corps de leur
mère et le tableau de bord? Parce que leur mère, au lieu de les
attacher solidement ou de les faire voyager sur la banquette arrière,
sur un siège approuvé, les a fait voyager sur la banquette avant,
assis sur ce qu'on appelle le siège du mort, mais qu'on devrait
plutôt appeler le siège de la morte puisque, règle
générale, dans notre société encore mâle et
chauvine, ce sont les hommes qui conduisent et qui sont mieux
protégés que le passager de droite, qui est souvent leur conjoint
féminin.
Ces mères, qui occupent le siège de droite, à
l'avant, qui voyagent avec un enfant dans leurs bras, cela fait que, tous les
ans, c'est une soixantaine d'enfants qui décèdent, des enfants
qui n'ont pas choisi de mourir. Est-ce que pour eux aussi on va invoquer le
libre arbitre pour interdire cette mesure dont je viens de parler et qui existe
dans tant de pays démocratiques? Est-ce qu'on peut parler de libre
arbitre quand, au cours d'un accident, souvent, quelqu'un meurt parce qu'il a
été projeté sur son voisin de banquette, la personne d'en
arrière sur la personne d'en avant ou les passagers d'en avant les uns
sur les autres? C'est ce qui se produit souvent lors d'un accident. Tout
l'intérieur de la voiture est bousculé, les occupants qui ne sont
pas attachés sont projetés les uns sur les autres. Qui a le libre
arbitre? Celui qui est attaché ou celui qui ne l'est pas? Celui qui ne
l'est pas pouvant être responsable de la mort de celui qui
l'est? Effectivement, invoquer le libre arbitre de ce côté
ne repose sur aucun principe fondamental et et ce raisonnement n'a
été accepté par aucun des grands pays démocratiques
dont je parle, pas plus l'Ontario que la France, la Grande-Bretagne,
l'Allemagne ou la Suède.
Je pense que là-dessus, nous aurons, durant les prochains mois,
à approfondir notre réflexion, mais je veux terminer ce discours
par l'exhortation suivante, M. le Président. Comme je viens de le dire,
la période des Fêtes est une période
particulièrement propice, malheureusement, ça devrait être
une période de réjouissances mais, au contraire, dans beaucoup de
familles, ça risque d'être une occasion de tragédie.
Je demande aux Québécois, qui ne sont pas encore
convaincus de notre capacité d'améliorer notre bilan en
matière de tragédie de la route, d'essayer de prendre conscience,
durant les prochains jours, de l'ampleur du phénomène, d'assumer
eux-mêmes leurs propres responsabilités de ce côté,
de se dire qu'eux-mêmes peuvent être la cause d'un accident grave,
de considérer leur voiture, pendant les prochains jours, pour ce qu'elle
est, c'est-à-dire un instrument extrêmement dangereux, d'adopter
aussi cette mesure qui ne leur cause qu'un désagrément passager,
qui disparaîtra d'ailleurs bien vite avec l'habitude, de prendre cette
habitude de porter leur ceinture de sécurité durant les prochains
jours.
Au nom de toutes les familles qui ont connu des tragédies qui
sont souvent parmi les plus graves qui affectent les familles
québécoises actuellement, puisque ça touche des
pères de famille, des mères de famille, des jeunes enfants, c'est
à toutes ces familles qui ont connu ces tragédies que je voudrais
dédier ce projet de loi. Il n'est pas présenté pour la
gloire, l'illustration d'un ministre ou d'un gouvernement, il est d'abord
présenté comme une mesure dédiée essentiellement
aux jeunes Québécois, aux pères de famille et aux
mères de famille du Québec.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Merci, M. le ministre. Nous supendons
nos travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 10)
(Reprise de la séance à 15 h 8)
La Vice-Présidente: À l'ordre, s'il vous
plaît!
Veuillez vous asseoir.
C'est maintenant la reprise du débat sur le Code de
sécurité...
M. Bertrand: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: ... si vous me permettez, avant que nous ne
poursuivions le débat sur la motion de deuxième lecture
présentée par le ministre des Transport, avec le consentement de
nos collègues de l'Assemblée nationale, des demandes ont
été faites afin de déposer certains rapports annuels,
entre autres celui de la Société d'habitation du Québec
pour l'année 1979. Cela avait été demandé en
commission parlementaire et nous pourrions, à ce moment-ci, Mme la
Présidente, déposer ces rapports, si vous me le permettez.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement?
M. Bertrand: Ça va?
La Vice-Présidente: Oui, consentement.
Rapport annuel de la SHQ et rapport annuel du
ministère du Revenu
M. Bertrand: Je dépose le rapport de la
Société d'habitation du Québec pour l'année 1979,
ainsi que le rapport annuel 1979-1980 du ministère du Revenu.
La Vice-Présidente: Les rapports sont
déposés.
M. Chevrette: Très bonne intervention.
La Vice-Présidente: Au nom des ministres responsables,
bien sûr, M. le ministre du Revenu.
M. Bertrand: C'est ça. Dans un cas, le ministre
d'État à l'Aménagement et délégué
à l'Habitation et, dans l'autre cas, le ministre du Revenu.
Projet de loi no 4 Deuxième lecture
(suite)
La Vice-Présidente: M. le député de
Gatineau, pour la poursuite du débat en deuxième lecture quant au
Code de sécurité routière.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, Mme la Présidente. C'est en quelque
sorte avec un peu de regret que nous abordons l'étude en deuxième
lecture de ce projet de loi no 4, à ce moment-ci de nos travaux. Le
ministre l'a souligné ce matin, il s'agit d'une réforme
importante, réforme du Code de la route qui avait été
adopté en 1924, je pense, et qui mérite sûrement
d'être révisé, d'être modernisé.
Quant à nous, nous aurions souhaité que cette discussion
en deuxième lecture puisse permettre à tous nos collègues,
de quelque côté de la Chambre qu'ils soient, d'intervenir,
puisqu'on sait fort bien que les dispositions de ce nouveau code, qu'on
appellera maintenant Code de la sécurité routière,
touchent à l'ensemble des citoyens du Québec et de façon
très directe.
Le prédécesseur du ministre actuel des Transports avait
préparé un avant-projet qui avait lui-même
été précédé de deux avant-projets sous
l'ancien gouvernement, c'est-à-dire avant 1976. L'avant- projet du
ministre et député de Saguenay a fait l'objet d'une commission
parlementaire où quelque quarante organismes ou individus sont venus
fournir leurs lumières sur les dispositions de l'avant-projet. Nous
retrouvons aujourd'hui le résultat de cette consultation qui, dans les
grandes lignes, a tenté de respecter les représentations
reçues lors de la commission parlementaire, à quelques exceptions
près.
Je dis, Mme la Présidente, que nous aurions
préféré qu'on n'attende pas, du côté du
gouvernement, à la toute dernière journée, à la
veille de l'ajournement des Fêtes pour faire ce débat de
deuxième lecture, non pas que nous ne sommes pas conscients que nous
aurons amplement le temps de discuter des quelque 568 articles que contient le
code, lors d'une commission parlementaire dont on n'a pas encore annoncé
la date, mais qui probablement se tiendra fin janvier, début de
février.
On sait cependant que les travaux des commissions ne sont pas
télévisés. Par le fait même, les citoyens n'ont pas
l'occasion ou la chance d'être informés de façon aussi
directe. J'espère aussi que les media d'information seront plus
présents lors de l'étude article par article de ce nouveau Code
de la sécurité routière qu'ils ne l'avaient
été, lors de l'étude de l'avant-projet, moment où
j'avais justement déploré le fait que les media d'information
n'avaient pas été des plus assidus. J'en profite pour lancer
à tous ceux qui s'intéressent au Code de la route, à la
sécurité routière, à tout ce qui entoure la
propriété et l'opération des véhicules automobiles,
une invitation à nous faire parvenir des représentations, tant au
ministre qu'aux députés d'Opposition, parce que, sûrement,
une réforme aussi fondamentale ne vient pas à tous les ans,
à toutes les sessions.
Bien sûr, ce que nous adopterons en commission parlementaire au
cours des prochains mois pourra possiblement régir notre conduite pour
bien des années à venir. Je pense donc qu'il serait souhaitable
que tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin
particulièrement à la sécurité routière nous
fassent les représentations appropriées de façon que
l'étude article par article de ce projet de loi nous donne le meilleur
code de la route, le meilleur code de la sécurité routière
possible.
Inutile de vous dire, Mme la Présidente, qu'on ne peut pas parler
de ce projet de loi sans faire la relation avec le projet de loi no 18 que nous
avons étudié en deuxième lecture et en commission
parlementaire hier. En effet, le résultat de l'adoption du projet de loi
no 18 sera de confier à la Régie de l'assurance automobile
l'application de ce nouveau Code de la sécurité routière.
Je ne reprendrai pas les arguments que j'ai invoqués hier à
l'encontre de l'adoption de ce projet de loi no 18 qui vise à fusionner
le Bureau des véhicules automobiles avec la Régie de l'assurance
automobile du Québec. Je dirai simplement, Mme la Présidente,
que, contrairement au projet de loi no 18, l'Opposition officielle appuiera la
motion de deuxième lecture de ce projet de loi no 4, Code de la
sécurité routière, parce qu'à notre avis le
principe est bon, le principe est sain et l'Assemblée nationale doit
l'adopter.
Quant au titre de ce projet de loi, Code de la sécurité
routière, le ministre nous disait ce matin qu'il se trouve à
symboliser l'objectif que doit rechercher ce code de la route. Mais, Mme la
Présidente, j'aimerais faire valoir que quel que soit le code dont nous
disposions - quel que soit son nom, bien entendu - cela ne changera rien,
à toutes fins utiles, rien à nos habitudes et, donc, cela ne
changera rien à notre record lamentable au point de vue des accidents si
on ne trouve pas moyen de le faire appliquer, de mieux le faire respecter que
ce qu'on a pu faire jusqu'à maintenant avec le Code de la route dont
nous disposons présentement. En effet, Mme la Présidente, le Code
de la route défend la conduite en état d'ivresse et c'est
d'ailleurs reconnu que là est la cause principale de la grande
majorité des accidents de la route au Québec. Donc, le code
actuel le défend, mais les résultats sont là pour
démontrer qu'on n'applique pas le code de façon convenable. De la
même façon, Mme la Présidente, toutes les dispositions du
code actuel de la route, si elles étaient appliquées de
façon rigoureuse, bien sûr, mais également de façon
plus intelligente, il y a de fortes chances que les statistiques d'accident,
les mortalités et les blessures qui en découlent seraient
beaucoup plus acceptables qu'elles ne l'ont été au cours des
dernières 25 années, si on avait pris la peine, si on avait pris
les moyens de bien appliquer les dispositions du code actuel.
Et ce qu'il y a de formidable ou ce qu'il y a d'assez surprenant, Mme la
Présidente, et ce qui vient appuyer nos dires de ce point de vue
là, c'est qu'on constate qu'à l'extérieur du
Québec, particulièrement dans la province voisine de l'Ontario,
aussi bien qu'aux États-Unis, surtout dans le Maine, le Vermont, les
États qui entourent le Québec, les statistiques démontrent
que les Québécois qui conduisent leur voiture dans ces provinces
ou dans ces États ont un meilleur record de conduite que celui qu'ils
ont lorsqu'ils reviennent au Québec.
Et cela prouve justement que la grande faille, ici au Québec,
dans l'application du Code de la route, c'est justement la trop grande
liberté, le manque de rigueur qu'on emploie à faire appliquer les
articles de la loi, les règlements qui en découlent. Comment
expliquer autrement que des Québécois, ces mêmes
Québécois qui ont les records canadiens quant au nombre de
blessés, quant au nombre de personnes tuées dans des accidents de
la route, ici même au Québec, se comportent comme d'excellents
conducteurs lorsqu'ils voyagent à l'extérieur?
Nous avons fait valoir hier, lors de l'étude du projet de loi no
18, que l'ensemble des intervenants, l'ensemble de l'expertise en
matière de sécurité routière est unanime à
dire que, pour réussir dans le domaine de la sécurité
routière, il doit d'abord y avoir une volonté politique de
réussir, volonté politique qui a déjà existé
et qui, au cours des dernières années, a existé à
des degrés variés, différents, selon les gouvernements,
selon les titulaires du ministère des Transports et selon, bien entendu,
les politiques des gouvernements en place.
(15 h 20)
Ici, je voudrais rendre un hommage tout particulier à mon
collègue de Charlevoix qui a été ministre des Transports
dans le gouvernement libéral antérieur. Je le fais avec d'autant
plus d'aise, Mme la Présidente, que je suis un de ceux qui, au sein de
l'équipe ministérielle d'alors, était plutôt
réfractaire à la mesure que le député de Charlevoix
a réussi à faire adopter en cette Assemblée nationale
quant au port obligatoire de la ceinture de sécurité et
également quant à la réduction des vitesses sur nos
routes. J'étais un de ceux qui croyaient aux rengaines qu'on nous sert
assez facilement, à savoir que la ceinture de sécurité,
à toutes fins utiles, n'a presque pas de
résultats sur le nombre d'accidents et qu'en fait cela vient,
à l'occasion, aggraver les blessures et les conséquences des
accidents de la route.
Or, c'est grâce au député de Charlevoix que combien
d'autres députés de cette Chambre et moi-même avons
dû nous rendre à l'évidence qu'effectivement le port
obligatoire de la ceinture de sécurité donne des résultats
et des résultats concrets. Je suis sûr que si le
député de Charlevoix intervient tantôt - je le souhaite -
il pourra faire la démonstration, comme il l'a d'ailleurs fait hier,
qu'au cours des années, surtout au lendemain de l'adoption de cette
mesure par l'Assemblée nationale, nous avons diminué de quelque
500 ou 600 le nombre de personnes tuées sur nos routes. Nous avons
diminué de plusieurs milliers le nombre de personnes blessées sur
nos routes dans des accidents de la route.
Je souhaite, comme le ministre l'a fait ce matin, que nous nous
archarnerons tous à faire comprendre à la population qu'il s'agit
là non pas d'une brimade à la liberté des conducteurs
d'automobiles, mais bien d'une mesure de sécurité qui sert non
seulement les individus qui l'utilisent, mais qui sert également les
intérêts de la collectivité.
Je disais donc, Mme la Présidente, que la plupart des experts
sont unanimes à dire qu'il faut une volonté politique. Mais il
faut également se doter des structures nécessaires. Or je crains
que ni l'adoption de ce Code de la sécurité routière et
surtout pas l'adoption du projet de loi no 18 sur la fusion du BVA et de la
Régie de l'assurance automobile ne vienne régler grand-chose. En
effet, la gestion de la sécurité routière, tous
s'accordent à dire qu'elle doit être assurée par un
organisme spécialisé, c'est-à-dire un organisme qui ne
fait que cela et que cet organisme doit relever de la plus haute instance
décisionnelle. Malheureusement, le gouvernement a choisi de donner
à l'assurance automobile une régie qui devrait normalement ne
s'occuper que de l'assurance automobile et il a choisi de lui confier, à
toutes fins utiles, la gestion de la sécurité
routière.
Quant à nous, il s'agit là d'une erreur de parcours que
soit le gouvernement actuel ou gouvernement qui lui succédera devra
éventuellement corriger. De toute façon, quant à nous, le
Code de la sécurité routière que nous adopterons
aujourd'hui en deuxième lecture devra nécessairement faire
l'objet d'une meilleure application, plus rigoureuse, et il ne constitue
sûrement pas une solution en soi. Le gouvernement devra faire beaucoup
plus pour en arriver à ce que le Code, la politique de
sécurité routière donne les résultats
escomptés.
Je reviens à l'avant-projet du prédécesseur du
ministre actuel des Transports. Je constate avec plaisir que plusieurs des
dispositions qui avaient fait l'objet de débats assez vifs lors de la
commission parlementaire d'il y a un an ont été retirées
du projet de loi que nous étudions aujourd'hui. C'est le cas, par
exemple, de la notion qui était inscrite dans l'avant-projet et qui
aurait permis, comme c'est le cas dans certaines provinces canadiennes, de
faire un virage à droite sur un feu rouge. Étant moi-même
originaire de l'Outaouais, vous comprendrez que j'étais probablement
plus enclin que bien d'autres à accepter cette mesure puisque nous, de
l'Outaouais, la vivons chaque fois que nous traversons la frontière de
l'Ontario. J'ai cependant dû me rendre à l'évidence, comme
ce fut le cas il y a quelques années au sujet du port de la ceinture de
sécurité, qu'effectivement, au Québec, on n'est pas
prêt à instituer cette mesure. La population, les automobilistes
ne sont pas mûrs pour une telle mesure. D'ailleurs, ce ne sont pas
seulement les Québécois qui ne sont pas mûrs, ce sont
également les Américains, s'il faut en croire une étude
effectuée par un organisme américain dont le New York Times du 11
décembre faisait état, et qui conclut que cette mesure du virage
à droite sur un feu rouge augmente de près de 20% le nombre des
accidents qui surviennent aux intersections dans les rues des centres urbains,
Mme la Présidente. Je dis donc au ministre que nous l'appuierons pour ne
pas introduire cette notion du virage à droite sur feu rouge.
Le dépassement à droite prévu dans l'avant-projet.
À mon avis, c'est justement là la preuve la plus éclatante
du manque d'éducation des automobilistes au Québec. Il faut se
promener sur n'importe quelle autoroute au Québec pour voir ces
centaines d'automobilistes qui collent à gauche, Mme la
Présidente, qui ne savent même pas que la voie de gauche est
réservée au dépassement seulement et non pas à la
promenade. Ailleurs, on a réussi à le faire comprendre aux
automobilistes. Il y a quelques autoroutes au Québec où on a des
panneaux qui indiquent: N'employez la gauche que pour dépasser.
Malheureusement, il n'y en a pas assez. Pourtant, il ne s'agit pas d'une mesure
qui coûterait énormément d'argent au gouvernement, mais,
surtout, il s'agit d'éduquer. L'éducation, pour la conduite
automobile comme dans n'importe quel autre domaine, est beaucoup plus facile
à faire au niveau des jeunes, donc, à l'école, qu'elle ne
l'est auprès de gens de notre âge, Mme la Présidente, qui,
souvent, avons contracté de mauvaises habitudes dont il nous est parfois
très difficile de nous débarrasser.
Parmi les mesures qu'on a éliminées dans le projet de loi
par rapport à l'avant-projet, il y a aussi la possibilité pour
les autobus de circuler à 10 km/h plus rapidement que les voitures de
promenade sur les autoroutes. Je pense que le ministre a été sage
de retirer cette disposition. Je dirai même que le ministre a
été sage aussi de ne pas suivre son prédécesseur
sur le remplacement des panneaux Stop par des panneaux Arrêt. Je pense
que c'est minime comme considération, Mme la Présidente. Cela ne
faisait même pas partie du Code de la route. Le ministre fait preuve de
sagesse de n'emboîtant pas le pas à son collègue de
Saguenay.
J'ai remarqué également que l'annonce ou
l'hypothèse qu'avait émise le ministre des Transports d'augmenter
l'amende pour le non-respect du port obligatoire de la ceinture de
sécurité à $100 n'a pas été retenue. Une des
grandes raisons pour laquelle le port de la ceinture de sécurité
ne donne plus aujourd'hui les résultats qu'on a connus en 1977, c'est
justement que les gens ne la portent plus, et la raison pour laquelle les gens
ne la portent plus, Mme la Présidente, c'est tout simplement que la
police ne fait pas respecter cette mesure.
J'en ai vécu moi-même l'expérience. Il s'agissait de
devoir payer une fois une amende
qui était de $12 pour que ça nous rappelle, pendant
plusieurs mois par la suite, de boucler la ceinture. Mais, Mme la
Présidente, si seulement à peine 20% des Québécois
portent maintenant la ceinture, et ce, malgré les campagnes de
publicité qui ont coûté énormément cher au
gouvernement, c'est que les citoyens savent, surtout lorsqu'ils voient les
policiers eux-mêmes qui ne s'attachent pas, que les policiers ne leur
donneront pas de contravention. Ils vont donc allègrement, alors qu'il
s'agit simplement d'une habitude à prendre et une très bonne
habitude à part ça.
Je dis au ministre: plutôt que d'augmenter l'amende qui pourrait
peut-être motiver les policiers a émettre encore moins de
contraventions parce que plus l'amende sera forte plus la tentation, la
tendance sera, pour les policiers, d'être moins sévères,
laissons plutôt les amendes plus basses dans ce domaine-là, mais
exigeons de nos forces policières de les faire respecter de façon
catégorique. (15 h 30)
La mesure qui retirera à toute personne qui conduit en
état d'ébriété son permis plutôt que de le
suspendre, nous l'accueillerons favorablement, en vertu du fait, comme je l'ai
dit tantôt, qu'il s'agit là de la pire cause d'accident grave au
Québec. La notion de donner la priorité aux piétons et aux
cyclistes existe partout ailleurs au Canada, sauf au Québec. Il
était temps qu'on agisse de ce côté-là et j'en
félicite le ministre.
Vous ne m'en voudrez sûrement pas, Mme la Présidente, ni le
ministre, de faire remarquer que toutes les dispositions de ce code ne sont pas
de même nature, ne sont pas des dispositions que nous accueillons aussi
facilement. Il en est ainsi de l'obligation que l'avant-projet faisait et que
le projet de loi no 4 que nous étudions aujourd'hui fait encore aux
médecins et aux optométristes de rapporter, de faire rapport non
pas au BVA mais a la régie, j'imagine, du nom et de l'adresse de toute
personne qui souffre d'une maladie qui serait incluse dans un code
médical quelconque. L'Ordre des médecins et l'Ordre des
optométristes avaient fait valoir avec vigueur, lors de la commission
parlementaire, qu'on vient, par cette mesure, brimer le lien confidentiel qui
doit exister entre les professionnels de la santé et leurs patients.
C'est le député de Charlevoix qui me le faisait remarquer,
combien connaissons-nous d'accidents qui sont causés par des personnes
à cause de leur état de santé? En fait, je n'en connais
pas. Je n'ai jamais eu connaissance personnellement d'un tel cas. J'ai eu
connaissance, bien entendu, de milliers d'accidents causés par des
personnes qui conduisent en état d'ébriété, mais
pas des personnes qui sont affectées par une maladie quelconque... Bien
sûr, une personne qui souffre de maladie grave est d'ailleurs la
première à se limiter elle-même dans la liberté de
conduire son automobile. Mais forcer un médecin ou un
optométriste - je conçois que, dans l'avant-projet, on imposait
même une peine d'amende pour le non-respect de cette clause; on a fait
disparaître l'amende, mais quand même, obliger les médecins
et les optométristes à dénoncer des individus à
l'occasion d'une consultation qui se doit privilégiée,
confidentielle, Mme la Présidente, il s'agit là d'un recours et
d'une disposition que nous n'acceptons pas. Nous le ferons valoir en commission
parlementaire, d'autant plus facilement que nous serons appuyés, le
ministre le sait sûrement, par la Corporation professionnelle des
médecins et celle des optométristes.
Nous constatons également que, comme dans l'avant-projet, le Code
de la sécurité routière que nous étudions donne des
pouvoirs réglementaires beaucoup trop grands au gouvernement et à
la régie. Je cite à titre d'exemple ce qu'on appellera maintenant
le système de points d'inaptitude et qui s'appelle présentement
le système de points de démérite.
Le projet de loi, la loi, le Code de la route, jusqu'à
maintenant, faisait état des dispositions de ce système. On
retrouvera maintenant le système de points d'inaptitude dans un
règlement du gouvernement, c'est-à-dire que les
députés de l'Assemblée nationale, les représentants
élus par la population n'auront à toutes fins pratiques plus rien
à dire dans l'énoncé, dans la formulation de ce
système de points d'inaptitude qui prendra encore plus d'importance dans
le contexte nouveau, puisqu'on parle même d'aller, au niveau de la
Régie de l'assurance automobile, jusqu'à pénaliser en
demandant des surprimes pour l'assurance automobile à ceux qui
perdraient de ces points d'inaptitude et à faire
bénéficier ceux qui auraient une meilleure conduite de taux
réduits.
Je dis donc que, si on donne encore plus d'importance à ce
système de points d'inaptitude, on devrait conserver l'ensemble du
système à l'intérieur de la loi, c'est-à-dire le
soumettre à l'étude des parlementaires plutôt que de le
reléguer tout simplement à un règlement.
Mme la Présidente, je terminerai en disant et en
répétant que, quel que soit le code qu'on se donne, quelles que
soient les pièces législatives, la réglementation qu'on
puisse adopter ici à l'Assemblée nationale, elle ne sera efficace
que dans la mesure où le gouvernement aura une véritable
volonté politique de la faire appliquer et où le gouvernement
prendra tous les moyens pour mieux informer, mieux éduquer les
conducteurs d'automobiles et d'autres véhicules au Québec.
J'aimerais rappeler un passage d'un éditorial signé par
Jean-Guy Dubuc, dans la Presse de lundi 15 décembre. "Avant d'avoir le
droit d'imposer un code, le législateur doit se préoccuper du
degré de responsabilité de ceux qui seront soumis au code et de
ceux qui le mettront en application. Il ne suffit même pas de
connaître la loi, ce qui est déjà une exigence très
grande que bien peu de citoyens, automobilistes ou autres remplissent; il faut
de plus en connaître les fondements, les bases ou même la
philosophie. Il faut lui donner un cadre qui permette une participation
intelligente à cette loi. Il faut donc, même dans le projet de
loi, prévoir une forme d'éducation à la loi." Il faut
s'assurer qu'elle sera concrètement et efficacement respectée par
un appareil policier adéquat. Il faut préparer une espèce
de formation permanente au Code de la route, avec une préoccupation
d'adaptation de toutes les parties concernées et il faut surtout
établir clairement les objectifs poursuivis car si la loi n'est pas
intelligente, les plus intelligents ne pourront pas la suivre.
Là-dessus, Mme la Présidente, je dis:
Amen, puisque si, depuis 1955, au moins 36,000 Québécois
ont été tués, si au cours de ces 25 années plus de
930,000 personnes ont été blessées dans des accidents de
la route, quand on pense qu'il y a 1600 à 2000 personnes annuellement et
ce, depuis 25 ans, qui sont tuées dans des accidents de la route, il est
plus que temps qu'on passe des paroles aux actes. Il est plus que temps que le
gouvernement prenne le boeuf ou le taureau par les cornes, comme le disait le
ministre ce matin. Il est plus que temps surtout qu'on cesse de
légiférer à la pièce. D'un côté, un
fusionnement d'une direction générale avec une régie, de
l'autre côté, un code avec un titre ronflant: Code de la
sécurité routière. Il s'agit pour le Québec de se
doter d'une politique nationale de la sécurité
routière.
Je rappellerai au ministre les propos que tenait M. Robert De Coster,
l'ex-président de la Régie de l'assurance automobile, lors de
cette commission parlementaire. Il disait que l'insuccès chronique du
Québec en matière de prévention routière ne
s'explique pas autrement que par l'absence d'une politique nationale et d'une
structure intégrée susceptible de définir et de surveiller
toutes les étapes de son application. Si nous insistons sur
l'élaboration d'une politique nationale, c'est qu'elle nous
apparaît comme étant la seule approche cohérente capable de
produire des résultats valables.
Mme la Présidente, dans la mesure où le ministre voudra
s'engager dans cette voie, il pourra compter sur l'Opposition officielle, sur
notre collaboration la plus entière et c'est pourquoi, entre autres
choses, nonobstant notre vote négatif vis-à-vis du projet de loi
no 18 qui viendra en troisième lecture tantôt, nous voterons
à l'appui de cette motion de deuxième lecture du projet de loi no
4 concernant le Code de la sécurité routière. (15 h
40)
La Vice-Présidente: M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, Mme la Présidente.
L'intérêt que suscite le projet de loi sur le Code de la
sécurité routière ne surprend guère parce qu'il
touche tous les Québécois de façon directe. Il ne peut en
être autrement, car ne sommes-nous pas en train de modifier certaines
règles, certaines habitudes régissant l'automobile, les
automobilistes et également les piétons? Comme l'actuel Code de
la route remonte aux années vingt, il était plus que temps que
nos législateurs québécois s'emploient à l'adapter
aux exigences de nos temps modernes. Bien que plusieurs lois et
règlements soient venus s'y greffer dans le but d'encadrer
l'envahissement du parc automobile, le manque
d'homogénéité dans nos lois entraînait
l'inefficacité administrative et rendait même difficile pour le
citoyen québécois la compréhension des lois et
règlements éparpillés à droite et à gauche
dans notre système.
Donc, une réforme du Code de la route s'imposait non seulement
dans le but d'harmoniser la réglementation et les lois existantes, mais
aussi dans un nouvel esprit et de nouvelles orientations que l'on veut donner
à un nouveau Code de la route. Déjà, en donnant le nom de
Code de la sécurité routière, on met l'accent sur la
grande préoccupation de l'heure, faire en sorte que le
Québécois change son comportement à l'égard de la
sécurité routière.
C'est un long processus que de vouloir changer le comportement des
Québécois face à la sécurité
routière, processus difficile et très long. Nous savons tous que
le Québec compte un trop grand nombre de pertes de vie et de mutilations
causées par les accidents de la route.
Quand on pense que plus de 50,000 décès et plus de
1,000,000 de blessés depuis les années vingt sont attribuables
à nos routes, il n'y a pas de quoi se réjouir, je pense.
L'automobile est devenue l'instrument le plus meurtrier qui existe
actuellement. Mais il semble que certains citoyens n'en sont pas encore
conscients, madame, et c'est bien ce qui est le pire.
Pourtant il suffit d'un accident d'autobus pour conscientiser la
population, pour soulever l'épouvante collective comme on l'a vu
l'année dernière et l'année d'avant, pour demander des
normes plus sévères à l'endroit des transporteurs publics
et, dans les faits, on sait que c'est le moyen de transport le plus
sécuritaire sur nos routes. Les statistiques sont là pour le
prouver. Entre-temps, on dénombre peu de levées de boucliers pour
dénoncer l'hécatombe causée par l'automobile.
Toutefois, il ne faudrait pas penser que ce n'est qu'un
phénomène propre au Québec. Nos amis les Français
ont un résultat tout aussi désastreux. Depuis 1950, on sait
qu'au-delà de 400,000 Français sont morts dans des accidents de
la route. Ce chiffre est supérieur au nombre de décès dans
la population civile, supérieur à celui de ceux qui sont
décédés lors de la deuxième guerre mondiale. Il y a
eu 20 fois plus de blessés dont une bonne part a été
constituée de jeunes qui sont restés infirmes pour la vie
entière ou pour une très grande partie de leur vie. Et c'est ce
qui est le plus malheureux, Mme la Présidente.
On pourrait croire que cet état de fait est dû, en grande
partie, à notre tempérament latin, diront certains. Mais en
regardant chez nos voisins du Sud, les Américains, on constate le
même phénomène. C'est un phénomène
nord-américain et même on peut dire quasi mondial.
En effet, la route a déjà tué plus de 2,000,000
d'Américains, soit plus du double de tous les Américains morts
à la guerre depuis le début de leur histoire. Si on prend
l'ensemble des pays industrialisés, on constate que plus de la
moitié des jeunes hommes qui meurent entre 15 et 25 ans meurent d'un
accident de la route. Et les gens semblent laisser passer cela sans mot
dire.
On sait depuis fort longtemps - et les études le
démontrent très clairement, il y a eu unanimité
là-dedans - que les causes d'accidents sont humaines dans la grande
majorité des cas avant d'être techniques ou dues à
l'environnement. Il importe donc que le nouveau Code de la route que l'on
s'apprête à adopter reflète l'importance que l'on doit
accorder à la sécurité routière.
Je suis parfaitement conscient qu'il n'y a pas de loi qui a les dents
assez longues pour qu'elle soit appliquée parfaitement, comme il n'y a
pas encore de loi parfaite. Cependant, les résultats qu'obtiendra ce
nouveau code dépendront essentiellement de ce que les citoyens
eux-mêmes seront conscients de leurs responsabilités et du
rôle qu'ils ont d'abord à jouer dans la
société. L'idéal, bien sûr, serait d'en arriver
à une situation où les citoyens n'auraient pas besoin d'un
policier à côté d'eux pour respecter la loi. Il ne faut
quand même pas rêver en couleur, Mme la Présidente.
Cependant, on doit s'assurer d'une application de plus en plus
sévère dans les faits pour que les grands principes
énoncés dans un Code de la sécurité routière
ne restent pas lettre morte. Peu de gens sont actuellement conscients que nos
attitudes et gestes de tous les jours sont une conséquence directe de la
place prépondérante de l'automobile dans notre vie. Par le
passé, la principale préoccupation des urbanistes était de
résoudre les problèmes soulevés par la présence des
automobiles dans nos villes. Il s'est donc produit des investissements publics
massifs pour répondre aux besoins de l'automobile et cette situation
affecte dangereusement notre qualité de vie et entraîne des
coûts sociaux très considérables. Heureusement, plusieurs
s'organisent pour sensibiliser l'opinion publique au tournant décisif
que la population doit faire dans l'intérêt de la
collectivité tout entière.
Personne ne peut nier l'importance des transports dans notre
société moderne. Par contre, il y a sûrement place à
une utilisation plus rationnelle et plus modérée. Nous avons
délaissé les transports collectifs pour le transport individuel,
suivant le courant, bien sûr, nord-américain de l'"American way of
life". On se déplace seul en automobile, entraînant une masse de
plusieurs milliers de livres et brûlant nos ressources
énergétiques non renouvelables.
La crise énergétique aura peut-être
été profitable en ce sens. Qu'elle incite les gens à se
tourner vers le transport collectif, cela va, mais le nouveau Code de la route
se doit de contribuer à décongestionner nos villes et de faire de
l'automobile une utilisation plus rationnelle. Actuellement, le gouvernement,
par l'entremise de la Régie de l'assurance automobile du Québec,
fait campagne pour démontrer qu'un accident, ça coûte
très cher. Il est indiscutable que la perte d'une vie, la mutilation,
l'infirmité entraîne des coûts et ce n'est pas seulement en
termes financiers qu'on peut calculer ces désavantages et ces
coûts. Un coût peut être une vie humaine gâchée
ou sacrifiée à cause de la vitesse, surtout à cause de la
boisson, et pour bien d'autres raisons. C'est un coût social que toute
une population assume et, en particulier, les proches de la victime.
J'ai parlé des coûts sociaux que représente un
accident d'auto, mais il y a aussi les transports qui entraînent des
coûts sociaux exorbitants. Le silence et la beauté de ce qu'on
appelle maintenant l'environnement détruit par les moteurs, les
équilibres écologiques rompus définitivement, l'espace
vital saccagé, sont des coûts qu'un individu ou qu'un
système fait subir à son entourage. Lorsqu'un individu se
déplace seul dans son automobile pour se rendre au travail, par exemple,
au lieu de prendre le transport en commun, ou lorsque le gouvernement favorise
la construction de routes et d'autoroutes au lieu d'investir dans le transport
en commun, on fait subir des coûts à notre environnement.
Il y a parfois des politiques à ce niveau qui ont pour effet de
se poser des questions sérieuses. Je vous donne un exemple. Justement,
à la suite de la bonne volonté du ministère, nous avons
créé tout près, à Lebourgneuf, un stationnement
avec service d'autobus rapide dit kangourou pour atteindre le centre-ville de
Québec afin de décongestionner les abords du parlement. Mais, Mme
la Présidente, en même temps, on subventionne les stationnements
pour à peu près tous les fonctionnaires, y compris
peut-être les députés. Vous comprenez qu'un fonctionaire ou
un usager, au lieu de laisser son automobile - je vous donne cela en exemple -
à Lebourgneuf pour venir ici en autobus, quand il paie $12 par mois pour
avoir son automobile à la chaleur comme cela se passe ici aujourd'hui,
n'est pas favorable à laisser son automobile là-bas, mais
plutôt à venir au centre-ville avec son automobile.
On voulait bien faire en instaurant ce système, mais on a
oublié, de l'autre côté, de faire le nécessaire au
niveau administratif, de façon à inciter les gens à se
prévaloir de ce nouveau service. C'est un exemple parmi tant d'autres.
(15 h 50)
Parmi les coûts sociaux qu'entraînent les transports,
mentionnons, par exemple, l'épuisement de nos richesses non
renouvelables. Avec près de 6% de la population mondiale, les
États-Unis consomment 33% des ressources énergétiques du
monde dont le tiers est absorbé directement par les transports. Pour
être produite, pour rouler et pour être réduite en
ferraille, on sait qu'une automobile requiert la mise en oeuvre d'environ
100,000 kilowatts/heures. Au niveau de l'espace vital, les statistiques
démontrent que dans les grandes villes américaines l'espace
nécessaire pour faire circuler, stationner, vendre, réparer ou
entretenir les automobiles représente environ entre 40% et 60% de la
surface du sol. Quant à la population, les transports sont responsables
de 60% de la pollution atmosphérique globale.
Saviez-vous qu'une automobile qui parcourt, par exemple, 15,000
kilomètres par année consomme autant d'oxygène que 30
adultes respirant durant la même période? C'est tout à fait
aberrant de le constater. Enfin, ce n'est qu'une partie des coûts sociaux
que la collectivité assume inconsciemment. Personne ne conteste
l'utilité des transports, c'est un secteur indispensable pour notre
développement, pour la localisation des activités
socio-économiques, pour l'ensemble de la vie socio-économique et
culturelle de notre société. Il faut tout de même que
l'utilisation qu'on en fait tienne compte des conséquences sur la
qualité de vie de toute la population.
Connaissant une partie des coûts que doit supporter la
société à l'égard de nos modes de transport, il
importe d'établir un cadre à nos pratiques d'utilisation du
système routier et des véhicules eux-mêmes et c'est ce que
nous faisons par ce projet de loi no 4. Dans l'ensemble, un code de la route,
ou, si on préfère, le Code de la sécurité
routière, comme on appelle celui-ci, se doit d'abord et avant tout
d'être préventif. Certains diront que le nouveau code qu'on nous
propose se montre, à bien des égards, coercitif et même
répressif comme, par exemple, le cours de conduite obligatoire pour
certaines catégories de conducteurs, priorité aux piétons,
obligation d'attacher sa ceinture de sécurité, obligation de
porter un casque protecteur pour les
motocyclistes, mais peut-on qualifier ces mesures de coercitives
lorsqu'elles ont pour objet, pour effet direct de prévenir des
conséquences plus graves? Ne doit-or) pas plutôt adopter des
mesures répressives pour protéger la population contre des
conducteurs dangereux comme les individus en état
d'ébriété quand on sait que la plus grande cause
d'accidents provient justement de l'abus qu'on fait de la boisson, l'abus
d'alcool?
Comme les individus qui prennent nos routes pour des circuits de formule
1, comme les individus qui font du slalom dans la circulation dense de nos
routes, etc., ce sont là toutes des raisons qui militent en faveur de
l'adoption de ce nouveau Code sur la sécurité routière.
Peut-on être contre des mesures répressives lorsqu'elles ont pour
effet d'essayer d'éliminer les causes principales des accidents sur nos
routes? En ce sens, nos policiers ne seront plus considérés comme
des agents de répression, comme plusieurs les appellent aujourd'hui,
mais ils seront plutôt considérés comme des agents de
prévention. Je pense que c'est d'abord et avant tout leur
rôle.
C'est pourquoi, si un gouvernement veut adopter un code qui aura comme
principal objectif de favoriser le maximum de sécurité pour les
utilisateurs de notre réseau routier, il se doit d'opter à la
fois pour des mesures préventives, coercitives et répressives qui
auront pour conséquences d'inciter fortement les usagers à une
plus grande prudence sur nos routes. De toute façon, les mesures qu'on
considère répressives le deviendront dans la mesure où les
gens n'auront pas respecté les mesures préventives contenues dans
le nouveau Code de la route. Reste à savoir si le Code de la
sécurité routière, tel que proposé par l'honorable
ministre des Transports, correspond à la nouvelle orientation qu'on veut
donner à ce nouveau code. Force est de constater qu'on nous
présente un code qui, par sa nouvelle appellation, présage une
réelle orientation en ce sens, mais qui se révèle, dans
les faits, être un code teinté de modération. De prime
abord, on retient que les amendes ont été fortement
haussées, ce qui, à mon avis, ne peut avoir d'impact réel
que dans la mesure où le contrevenant aura été
effectivement arrêté. En d'autres mots, on peut hausser les
amendes tant qu'on veut, il n'en demeure pas moins que si le nombre de
policiers ou si la surveillance n'est pas accrue sur nos routes, je doute
fortement que cela incitera les usagers à porter un plus grand respect
à nos lois établies.
De plus, je me demande, madame, si la peur de perdre des points de
démérite, donc éventuellement son permis de conduire dans
le cas de récidive, n'a pas plus d'impact sur un conducteur, en
particulier si celui-ci est fortuné, que le fait de payer une amende,
aussi forte soit-elle. La suspension du permis de conduire va inciter les gens
à réfléchir davantage que les amendes payées.
On remarque que le ballon lancé cet été, à
savoir qu'on imposerait une amende de $100 pour ceux qui ne porteraient pas la
ceinture de sécurité, s'est déglonflé de
moitié. Il est vrai que cette annonce, on s'en souviendra, avait
soulevé un tollé de protestations qui, à mon avis,
était justifié. Il vaut beaucoup mieux faire appliquer la loi
existante d'une façon plus rigoureuse que de hausser les amendes
à des taux démesurés.
En rédigeant son nouveau code sur la sécurité
routière, le ministre des Transports a tenu compte des vives
réactions qu'a suscitées l'avant-projet de loi sur le Code de la
route. En effet, on se rappellera que le projet de loi ne comprend pas les
éléments controversés de l'avant-projet de loi. Ainsi, par
exemple, on a abandonné l'idée de permettre de tourner à
droite au feu rouge. On ne retient pas non plus la possibilité de
permettre aux autobus de rouler à 110 ou à 115 km/h sur les
autoroutes, de même qu'on y interdit le dépassement à
droite. Ce sont des choses qui, par suite des protestations qui ont
été soulevées, ont été abandonnées,
qu'on ne retrouve plus dans ce projet de loi.
Donc, c'est un projet de loi qui ne contient pas de grandes innovations
qui iraient à l'encontre de nos moeurs québécoises. Par
contre, la section II du chapitre XI me semble être une sorte de
violation du secret professionnel et j'aimerais dire quelques mots
là-dessus.
Je trouve, par exemple, extrêmement dangereux d'obliger un
médecin à dénoncer un patient qui semble inapte à
conduire un véhicule. Je veux bien croire que cette obligation va dans
le sens d'une plus grande sécurité sur nos routes, mais en
obligeant un médecin à divulgueur les secrets de son patient, on
pourrait, à juste titre, obliger un avocat à divulguer les
secrets de son client, sous prétexte que cet individu peut
représenter un danger pour la société. On s'embarque dans
quelque chose d'extrêmement dangereux, un précédent.
Même si on a enlevé les amendes pour les médecins qui ne
feraient pas un tel rapport, on place quand même les médecins et
les optométristes dans une drôle de situation, entre l'obligation
faite par la loi et le secret professionnel. La confiance que son patient a
envers lui en prendra pour son rhume.
Je ne voudrais pas être méchant, bien sûr, mais je ne
peux m'empêcher de souligner le fait qu'un certain article du Code de la
sécurité routière, cette éventuelle loi, dit:
"Malgré l'article 9 de la Charte des droits et libertés de la
personne un médecin doit faire rapport à la régie du nom
et de l'adresse de tout patient de seize ans ou plus qu'il juge inapte sur le
plan médical à conduire un véhicule routier", etc.
Ecoutez, s'il fallait que les médecins commencent à faire
des rapports chaque fois que quelqu'un est inapte à faire quelque chose,
il y a même des gens dans cette Chambre qui ne pourraient pas
siéger. Lorsque je vais voir un médecin, c'est pour me faire
traiter personnellement. Je ne voudrais pas que tout le quartier et même
que l'ensemble de la population soit au courant de mes bobos. Je pense que le
secret professionnel des médecins... Il y a une confiance qui existe,
des Québécois envers leurs médecins, et je ne voudrais pas
qu'on les force, par le biais d'une loi, à divulguer des secrets
professionnels, et je ne voudrais pas qu'un jour ou l'autre on en arrive
à la même conclusion quand il s'agit des avocats ou d'autres
professions. (16 heures)
Déjà le premier ministre, on se le rappellera, lors de son
discours inaugural, nous mentionnait qu'il avait l'intention de modifier la
Charte des droits et libertés de la personne pour permettre ce qu'il
appelait la discrimination positive en faveur des femmes. Encore, dans cet
article, le législateur va à l'encontre de cet article 9 de la
Charte des droits et libertés de la
personne.
Monsieur, madame - monsieur et demi, madame et demi, juste au moment
où vous changiez - j'aimerais bien savoir du gouvernement à quoi
sert cette Charte des droits et libertés si, au moment d'écrire
des lois comme celle-ci, on y inclut des articles qui permettent de passer
outre à une charte aussi fondamentale que celle des droits et
libertés de la personne.
Ceci étant dit, M. le Président, pour revenir à
l'obligation des médecins de faire rapport à la régie de
tout patient inapte à conduire un véhicule, je crois qu'il serait
opportun de faire une différence entre un conducteur de véhicule
privé et un conducteur de véhicule public. On pourrait d'abord
commencer par le conducteur de véhicule public. Je pense que pour tout
véhicule public, l'imposition doit être faite de façon
à protéger la vie des gens qui ne connaissent pas le conducteur
du véhicule public. L'État doit donc s'assurer que ce conducteur
est en pleine possession de ses moyens. De toute façon, ce conducteur
subit déjà habituellement un examen médical avant d'entrer
en fonction, et les grosses compagnies, les gros transporteurs publics suivent
de près, de ce côté-là, le dossier médical de
leurs conducteurs, de leurs chauffeurs.
Mais pour un simple véhicule de promenade, on sait que la cause
première des accidents de la route provient du fait que les
facultés de ces conducteurs sont affaiblies par l'alcool. C'est la
première cause des accidents de la route. Est-ce qu'on devra obliger,
par exemple, les propriétaires d'une brasserie ou d'un bar à
dénoncer à la police tout individu qui part de son
établissement avec .20 d'alcool dans le sang, si on le fait pour les
médecins? La responsabilité de l'hôtelier vaut autant que
la responsabilité du médecin. Cet individu est inapte à
conduire un véhicule et c'est apparent, bien souvent. Lorsque
j'étais étudiant, j'ai travaillé longtemps dans un
hôtel et je peux vous dire que, bien souvent, on n'a pas besoin
d'être médecin pour constater que des gens avaient de la
difficulté à sortir de l'hôtel et qu'ils sautaient dans
leur véhicule. Si on oblige le médecin à divulguer
à la police, au ministère des Transports l'inhabileté d'un
conducteur, est-ce qu'on devra faire la même chose pour un
propriétaire d'hôtel qui s'aperçoit, en toute conscience,
qu'un client sortant de son bar ne peut avoir accès à la route
parce que ce sera un danger public et que ce type est un réel danger
pour la population?
M. le Président, vous comme moi, je pense que vous n'êtes
pas intéressé à voir votre état de santé
étalé et discuté sur la place publique. Lorsque nous
étudierons ce projet de loi article par article, nous proposerons
certainement certaines modifications.
Dans un autre ordre d'idées, on se réjouit, et avec
raison, que le nouveau code donne priorité aux piétons, et admet
que ces mêmes piétons ont et auront une part de
responsabilité vis-à-vis de la circulation routière. On va
mettre de l'ordre là-dedans et c'est tant mieux. Cependant, je vois
certaines difficultés quant à son application, notamment
lorsqu'un piéton aura commis une infraction, il sera obligé de
s'identifier. Donc, cela implique que cet individu devra avoir une pièce
d'identité pour que le policier rédige la contravention
correctement. Est-ce qu'on peut considérer que cette innovation est un
premier pas vers une carte d'identité obligatoire pour tous, carte
d'identité émise par le gouvernement? De même, à
partir de quel âge un piéton aura-t-il le privilège de
recevoir une contravention? On ne le dit pas dans le projet de loi. Par
exemple, est-ce qu'un enfant de douze ans pourra recevoir une contravention et
devra payer l'amende? J'aimerais que le ministre nous renseigne
là-dessus lors de sa réplique, parce que, M. le Président,
pour conduire un véhicule automobile, il faut être
détenteur d'un permis, mais on sait qu'au Québec il n'existe pas
de carte d'identité obligatoire, carte d'identité qui serait la
même pour tout le monde. On ne semble pas l'avoir prévu dans ce
code-là et, si on veut en venir à une carte d'identité
obligatoire pour tous, il faudra le dire de façon claire, nette et
précise.
On pourrait soulever plusieurs points, bien sûr, mais je crois
que, justement, lors de l'étude article par article - il y en a tout
près de 600 dans ce projet de loi - on aura l'occasion d'avoir les
réponses aux nombreuses questions qu'on se pose sur différentes
dimensions de ce projet de loi.
Quant au principe que sous-entend ce projet de loi, on ne peut
évidemment pas, M. le Président, voter contre le fait de vouloir
adapter de manière globale le Code de la route aux exigences de notre
temps. On ne peut voter contre un projet de loi qui fait un effort en faveur de
la sécurité routière et de la prévention sur nos
routes, même si, sur certaines modalités, nous ne sommes pas tout
à fait d'accord. Comme je vous le disais auparavant, c'est un code qui
se veut modéré quant aux innovations et sévère
quant aux amendes. De toute façon, ces amendes s'adressent à ceux
qui contreviennent aux règlements. Mais, dans l'ensemble, par son
contenu ce projet de loi ne soulèvera pas de protestations. De toute
façon, la position actuelle du gouvernement ne l'incitait pas à
présenter un projet de loi qui aurait eu pour effet de se mettre
à dos une partie importante de la population. On comprend fort bien
pourquoi ce projet de loi est plus modéré que l'avant-projet.
En terminant, je dirai simplement que le gouvernement a fait preuve de
témérité en inscrivant dans le projet de loi sur le Code
de la sécurité routière que c'est la régie qui aura
la totalité des pouvoirs en ce domaine, et ce avant même que le
projet de loi 18 n'ait été adopté. Vous savez
déjà, M. le Président, que notre formation politique est
contre ce principe de donner tout le contrôle concernant l'automobile
à une régie. Nous l'avons fait savoir à qui de droit hier
même dans cette Chambre.
Je regrette également que ce projet de loi qui, lors de son
application, touchera à peu près à tous les citoyens du
Québec, soit présenté à la toute fin d'une session,
à la dernière journée d'une session et que l'ensemble des
députés de cette Chambre soient limités dans leurs
interventions, ce qui ne peut permettre à d'autres d'intervenir et ainsi
proposer, suggérer des améliorations et étudier encore
plus en profondeur ce projet de loi qui, on le sait, est très
volumineux.
Quant à moi, considérant que ce projet de loi propose
beaucoup plus de positif que de négatif, conscient des efforts louables
consentis pour améliorer la sécurité routière,
je
recommande à mes collègues d'en appuyer le principe et je
serai moi-même pour ce principe, M. le Président.
Le Vice-Président: M. le député de
Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. Mailloux: M. le Président, ce n'était pas mon
intention d'intervenir dans ce débat, mais, par solidarité envers
mes collègues, envers le ministre des Transports qui présente ce
projet de loi, et après avoir vécu de semblables moments quand
j'étais titulaire du ministère, je ne crois pas qu'il soit sage
de ma part de m'abstenir de quelques commentaires à l'appui de la mesure
qui est présentée.
M. le Président, chaque fois que, comme titulaire des Transports,
j'avais à prendre connaissance par les media d'information, le lundi
matin, de toutes les tragédies routières que nous
déplorions en cee temps-là, je me sentais, comme titulaire de ce
ministère, un peu responsable. Je pense que celui qui occupe aujourd'hui
la charge, quand il lit les journaux le lundi matin, se demande, comme moi:
Où est ma responsabilité? Comment se fait-il que des
tragédies qui ne devraient pas survenir arrivent à chaque
semaine; on a une suite continue. (16 h 10)
M. le Président, je ne voudrais pas revenir sur ce qui a
été dit par mon collègue de Gatineau, de même que
par le député qui vient de me précéder. Je voudrais
par contre, comme préambule, me servir d'un document qui avait
été présenté à la commission parlementaire
des transports sur la réforme du Code de la route, il y a quelques mois,
par la Régie de l'assurance automobile. En lisant quelques passages, on
retrouve bien quand même l'ensemble du problème auquel nous
faisons face au Québec. Cela nous donne un peu la problématique
que nous avons à rencontrer.
Dans un des premiers préambules, la régie signalait avec
justesse - et tous mes collègues de cette Chambre se rappelleront, dans
les mois qui ont précédé, combien d'énergie on a
dépensé afin de protéger, comme il se doit d'ailleurs,
l'ensemble des travailleurs québécois sur les chantiers de
construction. La régie faisait mention des choses suivantes, elle disait
ceci: "Lorsqu'on considère en comparaison les efforts consentis et les
sommes d'argent consacrées à juste titre pour lutter contre les
accidents du travail et les maladies industrielles qui ont causé la mort
de 203 travailleurs en 1978, on doit se rendre à l'évidence qu'il
n'y a pas de commune mesure entre la gravité des risques encourus par
les usagers de la route et les mesures prises pour les protéger."
Je pense que le ministre, le titulaire actuel est bien conscient que si
l'État québécois s'est permis de mettre autant d'efforts
pour protéger la vie de tous nos concitoyens qui sont au travail - ce
que nous acceptons tous - d'un bilan dont nous avons parlé depuis 48
heures aussi tragique que celui que connaît le Québec, je pense
que ce ne sont pas quelques centaines de fonctionnaires supplémentaires
et ce ne sont pas quelques millions supplémentaires qu'il nous faudra
économiser si l'on veut que cesse ce triste record que tous et chacun de
nous déplorons.
M. le Président, la régie mentionnait également, au
moment où on a imposé l'obligation de porter la ceinture de
sécurité qui est ignorée par 60% des automobilistes
québécois, selon elle: "Cela démontre à notre avis
qu'il ne suffit d'adopter une loi pour régler un problème. Toute
mesure doit s'intégrer dans une démarche globale visant à
préparer le climat dans lequel elle s'appliquera, à commencer par
un sondage visant à mesurer la réceptivité de la
population. Il s'agit ensuite de mener au besoin de vastes campagnes
d'information et, subséquemment, de veiller à une application
vraiment rigoureuse. On ne peut espérer - je continue de citer la
régie - une augmentation spectaculaire du nombre d'automobilistes qui
respectent le port de la ceinture au sein d'une collectivité si le
citoyen et le policier ne sont d'abord pas convaincus de son
utilité."
La régie disait ensuite: "Le gouvernement, en adoptant le
système de points de démérite, croyait aussi donner aux
responsables un excellent outil de compilation et de suivi du dossier des
conducteurs délinquants. Nous souhaitons, pour notre part, utiliser ce
moyen pour ajuster la contribution d'assurance en fonction du risque que
certains automobilistes fautifs représentent. Or, il nous a
été impossible de le faire étant donné le manque de
rigueur de ce système. Encore là, nous croyons que
l'indifférence de certains corps policiers, face au bilan routier
québécois, assortie à de sérieux problèmes
dans la gestion de cette mesure contribuent à neutraliser les effets
bénéfiques que pourrait avoir le système de points de
démérite s'il était vraiment fonctionnel." Et l'on disait
dans un paragraphe suivant - et je pense que c'est une chose qui est
acceptée par tous - que l'attitude des conducteurs face à
l'utilisation d'un véhicule donné, attitude face à la
conduite automobile et leur comportement sur la route sont à l'origine
de près de 80% des accidents d'automobile.
M. le Président, en conclusion, la régie disait à
peu près ceci: "C'est pourquoi il nous apparaît
prématuré de consacrer un service gouvernemental dans un
rôle de gestionnaire de la sécurité routière du
Québec. Si tel était le cas, nous aurions souhaité au
préalable que se tienne -et j'insiste - une réflexion de fond sur
l'ensemble de la problématique à partir d'une pensée
novatrice, avant que ne soit arrêtée une décision qui
enferme la gestion dans le statu quo, en quelque sorte. L'insuccès
chronique du Québec en matière de prévention
routière ne s'explique pas autrement que par l'absence d'une politique
nationale."
M. le Président, après les tentatives que nous avons
faites de réduire le triste bilan que nous connaissons, je ne
blâme pas le ministre actuel, devant le phénomène qui se
poursuit, que nous regrettons tous, de tâcher, en améliorant le
Code de la route par le Code de la sécurité routière et
même par le biais d'une mesure présentée
préalablement, le projet de loi 18, de confier à une régie
qui me semble assez sensibilisée au phénomène de ce triste
record, étant donné que c'est elle qui doit payer les pots
cassés chaque fois qu'il y a accident.
Le gouvernement aurait encore le temps d'inviter l'ensemble des
Québécois, quoi qu'il en coûte pour le faire, à une
prise de conscience
vraiment nationale. Je n'ai pas de conseil à donner, comme
conducteur, aux Québécois. Nous sommes tous dans le même
bain. Mais quelles que soient les lois les plus sensées, les plus
réfléchies que nous voudrons proposer - et je souhaite le
meilleur succès possible au Code de la sécurité
routière qui est présenté - nous n'aurons jamais les
résultats escomptés si chaque citoyen ne prend pas sur lui non
pas d'être un policier ou un surveillant, mais d'être conscient de
l'importance du projet qui est soumis. La régie disait elle-même
que, chaque fois qu'on présente un code de sécurité, cela
apparaît aux yeux d'un trop grand nombre dans le public que c'est encore
une loi mineure qu'on pourra violer au besoin, avec l'impuissance que l'on
reconnaît dans toutes les mesures de surveillance qui sont mises en
place. M. le Président, tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas une
prise de conscience nationale, on se retrouvera, année après
année, avec les records que nous avons connus.
On parle souvent des jeunes qui, dans ce triste bilan, sont les premiers
visés. Je suis effaré de constater , lorsque je regarde les
statistiques annuelles que produit le Bureau des véhicules automobiles,
que 55% et plus des accidents sont le fait de conducteurs possédant une
expérience de sept à vingt-cinq années. Ce ne sont pas de
très jeunes conducteurs, ceux-là. 55% de tous les accidents. On
pourrait penser que le conducteur d'ambulance, que le conducteur de poids
lourd, que le conducteur de cyclomoteur ou autre sont des gens qui doivent
conduire très vite sur les routes. Quand on constate que le
véhicule de promenade est responsable de 75,4% des accidents, il y a de
sérieuses questions à se poser à ce moment-là, car
ce sont des véhicules qui, normalement, sont faits pour
l'agrément de la famille ou pour aller au travail qui sont
impliqués, principalement en période estivale, pour près
de 80% des cas.
Aussi aberrant que cela puisse paraître - je pense que c'est le
ministre qui disait cela ce matin - ce n'est pas dans les liaisons inter
régionales, ce n'est pas sur les grands réseaux routiers qu'on
rencontre le plus grand nombre d'accidents et d'accidentés. Dans une
publication, je retraçais - cela ne varie pas tellement - que 42,5% des
accidents sont dans des zones où la vitesse permise est de moins de 30
milles à l'heure. Ceci revient à dire que, quand on parlait de
ceux pour qui la ceinture de sécurité était le plus
efficace, cela visait principalement ceux-là qui, de la maison vers leur
travail, ont une courte distance à parcourir, mais où il y a
tellement d'intersections qu'ils sont sujets à des points noirs qu'on
rencontre sur la route.
Une autre statistique démontre que, sur les autoroutes, qui
absorbent à peu près 75% ou 80% de l'ensemble du trafic du
Québec, il n'y a que 3,1% d'accidents. Alors, c'est sur des routes
secondaires ou sur les routes dont je viens de parler. 16 h 20)
M. le Président, je retraçais tantôt, à
l'intérieur d'un discours que j'avais déjà prononcé
en Chambre - je ne vous le répéterai pas, loin de là -
quelques statistiques qui démontraient ce qui est encore la
vérité aujourd'hui dans des provinces canadiennes et dans
certains États et sur lesquelles nous avons basé nos
expériences. Quant au pourcentage d'accidents que l'on rencontre au
Canada dans des climats qui sont semblables d'une province à l'autre,
entre 1964 et 1974, pour 10,000 véhicules, on a eu un taux de
mortalité qui variait, au Canada, de 7,3% à 6,4%, alors qu'en
Suède, dans des conditions analogues, ce taux variait de 6,4% à
3,4%, et aux États-Unis, de 5,4% à 3,7%. Au Québec, dans
le même laps de temps, nous avons enregistré un taux de
près de 10%, dans les provinces canadiennes, un taux de près de
10%. Record mondial, triste record, mais mondial.
Quant à la surveillance policière dont plusieurs font
état, je n'ai jamais été prêt à blâmer
les corps policiers parce qu'ils agissent, j'imagine, selon les ordres qui leur
sont donnés et selon la philosophie qui les anime comme comportement
humain, chacun d'entre eux. Je sais que plusieurs d'entre eux n'aiment pas
faire de la surveillance routière; c'est bien connu de ceux qui sont
près du dossier des transports. On notait, quant à la
surveillance routière également au Canada, que pour 100,000
habitants, les corps policiers du Canada donnaient 1105 contraventions dans le
même laps de temps dont je parlais tantôt, alors que dans la
province de la Colombie-Britannique, la province qui en donnait davantage, on
donnait 1807 infractions, en Saskatchewan 1481, et au Québec où
le laisser-aller semblait de rigueur, 853 dans le temps. Je prends la parole du
ministre qui me disait qu'il y a eu un encouragement de ce
côté-là avec près de 40% d'infractions
supplémentaires, non pas que je veuille pénaliser mes concitoyens
plus que le ministre des Transports ne le fait, mais cela dénote quand
même que s'il y a eu une augmentation des contraventions données,
c'est que la surveillance s'est accrue. Je pense qu'il est nécessaire
qu'elle s'accroisse davantage quand on constate que, même là, nous
sommes encore loin des résultats heureux qu'ont connus la Saskatchewan
et la Colombie-Britannique.
Comme taux de décès sur la même scène
mondiale, alors que notre taux de décès et d'accidents sur les
routes au Canada augmentait de 55% avec la poussée automobile des
années dont je parlais, nous enregistrions au Québec une
augmentation de 94%, alors qu'en Saskatchewan, l'augmentation se situait au
même taux que la Suède à 26%. C'est donc dire, M. le
Président, que des provinces, des États, avec le concours de la
population, ont fait comprendre à cette population l'importance des
mesures à mettre en place pour que chacun se sente protégé
sur le circuit routier de ces États ou de ces provinces. Je pense que le
public a quand même compris que ce n'était pas pour favoriser une
mesure gouvernementale ou pour faire plaisir à un ministre des
Transports, que chaque citoyen, s'il voulait protéger les êtres
qui lui sont les plus chers, se devait de s'intégrer aux mesures qui
étaient avancées, et plutôt que les contester, tâcher
d'en regarder, évidemment, le bien-fondé.
M. le Président, je voudrais traiter de deux sujets dont j'ai
été responsable, en 1975, quand j'ai fait accepter par cette
Chambre la loi no 13, après de multiples tergiversations. Je dois
confesser que l'expérience que nous avons tentée, à ce
moment-là, par la loi no 13 fut l'expérience
précédente de quantités de pays dont parlait le ministre,
ce matin. Je croyais, comme le ministre le disait, que si tant de pays -
même si on voulait faire dire ce qu'on veut aux statistiques -
autant les pays qu'a mentionnés le ministre ce matin que les pays
derrière le rideau de fer, avaient réussi, après quelques
années, à obtenir des résultats aussi positifs, pays
industrialisés, le citoyen québécois était
suffisamment éclairé pour faire son profit de l'expérience
que d'autres ont connue. C'est dans cet esprit que nous avons
présenté la mesure, non pas en espérant des miracles, mais
nous avons senti quand même, à ce moment-là, principalement
chez les plus jeunes, une réceptivité qui a été
très favorable dans les premiers mois, et n'eût été
d'un laisser-aller du public et d'autres intervenants, je pense que les
résultats auraient continué.
J'ai mentionné hier les résultats radicaux obtenus par les
États-unis au moment où les limites de vitesse ont
été baissées. Je pense que le Québec a obtenu des
résultats aussi favorables. Quelques-uns de mes collègues et
moi-même, qui sommes allés aux États-Unis en automobile -
j'y suis moi-même allé deux fois, j'ai fait près de 5000
milles - dès l'instant où on traverse la frontière
américaine, avec une limite de vitesse maximale de 55 milles à
l'heure, on peut dire qu'on se sent relaxé. Si, par hasard -
malgré que, lors de mon dernier voyage, je n'aie pas vu un seul accident
durant 5000 milles - il y a l'impact de deux véhicules, il y a une forte
chance que le freinage soit suffisant pour éviter des blessures graves
aux gens qui sont à l'intérieur de ces véhicules. C'est
pour cela que, dans les premiers mois, il y a eu également des
résultats favorables. Une collision à 55 milles à l'heure
et une collision à 80 milles à l'heure n'a pas les mêmes
effets, d'aucune façon. Cela ne mène pas à la même
tragédie.
Au sujet de cette loi sur la limite de vitesse, quand on dépasse
un Américain, même à 2 milles à l'heure au-dessus de
la limite, on est regardé presque comme un criminel; il se demande
où on va et pourquoi on dépasse la limite de 55 milles à
l'heure. Je pense qu'on est encore loin de cela au Québec. Chacun
s'enorgueillit presque, quel que soit le véhicule qu'il conduit, de
dépasser et de prendre la tête de file.
En terminant, je voudrais dire deux mots d'une mesure qui a
été largement contestée, la ceinture de
sécurité. Il est vrai que, quand nous avons imposé la loi
no 13, j'étais probablement celui qui se sentait le plus visé par
tous sévices supplémentaires ou tout accident
supplémentaire qu'aurait pu subir un de mes concitoyens du
Québec. Je me demandais si, lors de certains accidents, on ne me
reprocherait pas amèrement d'avoir brimé les droits individuels
de chaque citoyen, de ne pas leur avoir laissé la liberté
d'action. Il m'est arrivé une fois, en entrant dans un édifice
public, d'aider un invalide dans une chaise roulante à y entrer.
À un moment donné, il m'a reconnu et m'a dit: Je vous tiens, M.
le ministre des Transports, responsable de mon état physique. J'ai bien
compris qu'il voulait parler d'un accident d'automobile alors
qu'attaché, il avait été retenu et il était devenu
invalide. Mais, au même moment, pour me consoler, son épouse qui
l'accompagnait me faisait signe en arrière en voulant dire: II est
blessé, mais il aurait été blessé plus gravement de
toute façon.
Quand on a imposé la ceinture de sécurité, j'ai eu
environ 1500 lettres de protestations qui avaient d'ailleurs été
sollicitées, dans le temps, on se le rappellera, par un propagandiste
d'un poste de radio de Montréal, un M. Dupuis. J'avais essayé de
donner la réponse qui s'imposait à ces gens, c'est-à-dire
que je ne pensais pas posséder la vérité absolue, mais que
l'expérience de tous les pays, nous voulions la tenter.
Je voudrais attirer l'attention du grand public qui écoute
à la télévision. Il est possible qu'une personne qui n'est
pas attachée, lors d'un accident donné, puisse se sauver alors
qu'attachée elle pourrait être retenue, mais dans toute les
expériences qu'ont connues tous les pays où la ceinture de
sécurité est obligatoire, dans deux sortes d'accidents en
particulier - je termine, cela ne sera pas long, M. le Président - quand
il y a immersion d'un véhicule et quand il y a un incendie qui se
déclare, l'ensemble des statistiques de tous les pays
révèle que possiblement 0,5% - c'est ce que le ministre donnait
ce matin - des personnes pourraient être retenues et avoir des blessures
ou décéder dans de tels accidents. Mais, quand on regarde les
statistiques et qu'on va plus loin, dans les mêmes accidents, par
immersion ou par incendie, tous les pays déclarent que 20% des gens ont
pu s'en sortir parce qu'ils étaient conscients, retenus à leurs
sièges. Autrement, s'ils ne sont pas attachés, ce n'est pas la
première collision, c'est la seconde collision, où le corps
humain est projeté dans le véhicule, qui fait que la personne qui
n'a pas attaché sa ceinture ne peut sortir du véhicule parce
qu'elle n'est plus consciente.
M. le Président, pour un témoignage malheureux que j'ai
regretté, à ce moment-là, j'ai quand même eu des
centaines et des centaines de témoignages de gens, très jeunes,
qui, circulant parfois à des vitesses inimaginables, et ont
été sauvés, protégés. Que le ministre des
Transports aille consulter plusieurs des grands spécialistes de la
région de Québec, au Collège des médecins, et il
verra que les blessures à la tête et à la cage thoracique
ont diminué considérablement.
M. le Président, en terminant, tout ce que je pourrais dire
à l'appui du projet de loi, c'est que si l'ensemble des citoyens
québécois, constatant le tragique bilan qui est le nôtre
sur les routes, veulent se donner la main, appuyer les corps policiers et
appuyer, si imparfaite qu'elle soit, la mesure qui est proposée, on
pourra espérer que le Québec se situe au même niveau que
d'autres collectivités pas plus civilisées que la
nôtre.
Mais il n'appartiendra pas seulement au corps policier et à des
politiciens, il appartiendra à chacun des 5,000,000 de
Québécois qui possède un permis de conduire de faire en
sorte que ce soit son comportement qui fasse que ce triste bilan, nous n'en
parlions plus dans un avenir prochain. Merci.
Le Vice-Président: Merci, M. le député. M.
le ministre des Transports.
M. Denis de Belleval (réplique)
M. de Belleval: M. le Président, les témoignages
que je viens d'entendre me réconfortent grandement et me laissent croire
qu'il y aura possibilité, effectivement, durant les prochains mois, pour
le gouvernement de faire en sorte, d'une façon encore plus vigoureuse
que tout ce qu'il a été possible de faire dans le passé,
que
notre bilan en matière de tragédies routières cesse
d'être ce qu'il est actuellement.
Je veux remercier en particulier pour son témoignage le
député de Charlevoix, l'ancien ministre des Transports qui a
été à la source d'une des mesures les plus progressistes
qui aient été adoptées au Québec en la
matière, le port obligatoire de la ceinture de sécurité.
Je pense que le témoignage d'un homme comme lui, qui n'a plus, de toute
évidence, d'ambition personnelle sur le plan politique, qui n'a donc que
des ambitions pour le bien-être de ses concitoyens -sans aucune
arrière pensée - est plus important que celui de n'importe qui
dans cette Chambre.
Je veux remercier aussi pour son témoignage le critique de
l'Opposition officielle, le député de Gatineau, et aussi le
député de Bellechasse, critique de l'Union Nationale, pour
l'appui qu'ils ont apporté au principe même du projet de loi.
Leurs interventions ont été très fouillées et d'une
haute tenue. Ils confirment aussi ce que j'ai dit à la fin de mon
intervention de ce matin, à savoir que le but de ce projet de loi n'est
pas d'illustrer un ministre ou d'illustrer un gouvernement, mais tout
simplement, en dehors de toute considération partisane, de constituer la
base, le point de départ de ce que les intervenants ont appelé de
leurs voeux, soit une politique vraiment nationale en matière de
sécurité routière.
Effectivement, c'est ce qu'il nous faut. Il nous faut faire en sorte que
tous ensemble, tous les Québécois, comme vient de le dire le
député de Charlevoix, se sentent directement
intéressés à la chose, se sentent directement responsables
du bilan général. Ce n'est pas l'action des policiers comme
telle, ce n'est pas l'action d'un gouvernement, de quelque homme politique,
d'un ministre, d'une Régie de l'assurance automobile, de quelque corps
constitué que ce soit qui, finalement, nous amènera à un
meilleur bilan en matière de tragédies de la route. C'est
vraiment la conscience de chacun des 5,000,000 de détenteurs de permis
de conduire qui sont eux-mêmes les auteurs de cette politique, ceux qui
appliquent cette politique ou ces objectifs nationaux, cette conscience
qu'auront chacun de ces 5,000,000 de Québécois qui fera que,
finalement, nous serons à la tête de tous les pays, en
matière de sécurité routière, plutôt
qu'être à la queue comme c'est le cas maintenant.
Là-dessus je suis un peu d'accord aussi avec le
député de Gatineau et celui de Bellechasse qui disaient
déplorer le fait qu'on soit en train d'étudier cette question
à la fin de la session, que tous les députés n'ont
peut-être pas nécessairement l'occasion ou la chance, compte tenu
de l'horaire de fin de session, de prendre la parole là-dessus. Je pense
quand même que l'occasion n'est pas mauvaise non plus. Comme je l'ai dit
aussi tout à l'heure, à la veille même des Fêtes, au
moment où un grand nombre de Québécois nous
écoutent actuellement à la télévision, ils pourront
donc, à l'occasion des rencontres, échanger entre eux des
réflexions sur cette question.
On parlait tantôt d'une politique nationale, du fait qu'il fallait
non pas transformer les Québécois en policiers des autres
Québécois, mais, au contraire, que chacun ait une conscience de
ses propres responsabilités en cette matière. Sans être
justement des policiers les uns par rapport aux autres et sans vouloir
minimiser bien sûr le rôle des policiers qui est extrêmement
important dans la matière - j'y reviendrai bientôt - sans
être des tuteurs les uns par rapport aux autres, est-ce que justement on
ne ferait pas tous oeuvre utile quand on est convaincu de l'importance d'un bon
comportement? Le député de Charlevoix disait: Quand on
dépasse une voiture aux États-Unis à quelques milles
au-delà de la vitesse permise, l'autre conducteur vous regarde d'un
drôle d'air. Sans aller jusqu'à être des policiers les uns
pour les autres, est-ce qu'on ne pourrait pas, tous et chacun d'entre nous, qui
sommes convaincus d'un certain nombre de vérités premières
en cette matière, les faire partager à l'occasion des Fêtes
à nos parents, à nos fils, à nos filles, à nos
amis, en leur communiquant nos propres convictions en cette matière? Je
pense que si nous devenons - tous ceux en tout cas qui sont convaincus d'agir
en cette matière - des communicateurs sur un plan personnel, dans notre
milieu de travail, dans nos familles, nous aurons fait un pas pour
établir cette véritable politique nationale que tous appellent de
tous leurs voeux en matière de prévention des tragédies de
la route.
Là-dessus je dois dire que je suis un peu
désappointé des réactions de certains milieux à la
suite du dépôt du nouveau Code de la sécurité
routière, il y a maintenant quand même plusieurs jours. Certes,
les éditorialistes ont bien accueilli le nouveau code. J'ai lu à
peu près tous les articles de tous les quotidiens et tous, sans
exception, approuvent les initiatives, les mesures en général qui
sont contenues dans le nouveau Code de la sécurité
routière. On a vu aussi aujourd'hui ici que tous les
députés de cette Chambre, en tout cas les porte-parole de
l'Opposition comme ceux du gouvernement, sont favorables à ces mesures,
mais de la part de tous les groupements qui, normalement, s'occupent de
sécurité routière, la Ligue de la sécurité
routière, les Clubs automobile, les compagnies d'assurance
privées, tous les mouvements qui, normalement, se sont
intéressés au fil des mois à ces questions, on n'a eu
à peu près aucune réaction. D'une certaine façon je
déplore ça parce que, justement, nos concitoyens seront
éveillés à ces questions et appuieront les mesures qu'on
met de l'avant pour autant que non seulement des hommes politiques leur
prêcheront d'une certaine façon, tenteront de les convaincre de la
justesse de ces mesures, mais qu'aussi les corps constitués, les corps
intermédiaires, les organismes spécialisés en ces
matières, les compagnies d'assurance, etc., eux-mêmes aussi
pousseront à la roue, feront des déclarations,
présenteront des mémoires, attireront l'attention de la
population sur la justesse des mesures proposées. Je fais appel à
tous ces groupements pour que, durant les prochains jours ou les prochaines
semaines, ils se manifestent et appuient non pas le gouvernement, non pas le
ministre des Transports, mais les mesures contenues dans le Code de la
sécurité routière et qui sont appuyées par tous les
parlementaires de cette Assemblée nationale.
Je voudrais cependant terminer cette réplique, en rappelant de
toute façon que nous aurons l'occasion, à la fin de janvier, au
début de février, de nous réunir de nouveau.
Là-dessus, je remercie aussi le député de Gatineau
d'avoir
attiré l'attention des gens de la presse, de l'opinion publique
en général sur l'éventualité de ces débats
et sur l'importance qu'à ce moment-là, même si n'aurons pas
la télévision... Peut-être que nous pourrions l'avoir, il y
a un comité qui étudie la télédiffusion des
débats en commission, peut-être qu'on pourrait faire une
expérience à l'occasion de cette commission qui n'est pas
politique, qui ne traite pas d'une question partisane et sur laquelle il y a un
large accord. Peut-être qu'on pourrait avoir une expérience de la
télédiffusion d'une commission parlementaire, celle qui traitera
de cette question au mois de février. En tout cas, je remercie le
député de Gatineau d'avoir attiré l'attention des media
pour faire en sorte qu'ils soient présents, soit par la
télévision ou autrement, pour renseigner la population sur le
contenu particulier de chacune des mesures du Code de la sécurité
routière qui seront discutées à l'occasion de cette
commission parlementaire.
Sur quelques points particuliers qui ont été
soulevés par les députés d'Opposition, en particulier la
question de la révélation du dossier médical, je voudrais
simplement, sinon une correction, du moins apporter une précision. Dans
le Code de la route actuel, il existe déjà une disposition qui
oblige un médecin à révéler à
l'autorité constituée les cas de mauvaise santé
médicale ou de déficience physique qui constituent un
empêchement à conduire une voiture. L'article actuel du Code de la
route dit: "Tout médecin doit faire rapport au directeur médical
du bureau à Québec du nom et de l'adresse de tout patient de 16
ans ou plus qu'il juge inapte sur le plan médical à conduire un
véhicule automobile." C'est la disposition actuelle du Code de la
route.
Ce que nous avons fait dans le nouveau code, c'est reprendre
essentiellement cette disposition en la modernisant sur le plan du
libellé et en la précisant en disant que, pour faire rapport, le
médecin établit son jugement à partir du guide
médical qui est prévu, ce qui, au fond, l'aide plutôt que
lui nuit en la matière.
Nous n'imposons pas une nouvelle disposition, nous reprenons la
disposition actuelle et, effectivement, la nouvelle disposition est beaucoup
moins contraignante que celle qui avait été proposée
cependant dans l'avant-projet de loi. Je pense que là aussi, comme sur
les autres aspects, nous avons voulu adopter une position
modérée, une position réaliste et tenir compte des
propositions qui nous sont faites. J'ose espérer que la disposition
actuelle sera acceptable au corps médical. Quoi qu'il en soit, nous en
discuterons lors de l'étude du projet de loi article par article, mais,
j'insiste là-dessus, il ne s'agit pas d'une nouvelle disposition dans
son principe même, c'est une disposition qui existe actuellement.
Il va sans dire qu'il est vrai que toutes ces mesures nouvelles n'auront
de résultat que si elles sont appliquées. Là-dessus, je
dois dire que l'évolution des mentalités à
l'intérieur même des corps policiers nous laisse croire que nous
faisons des progrès aussi de ce côté. Par exemple, ce sont
les corps policiers eux-mêmes, par la voie de leurs représentants,
qui ont demandé à être inclus dans la disposition sur
l'obligation de porter la ceinture de sécurité. Ce sont les corps
policiers qui ont dit: Astreignez-nous, dans votre projet de loi, à
cette obligation dont nous sommes exclus actuellement par la loi no 13. Et si
les corps policiers eux-mêmes ont demandé qu'on les oblige
à porter la ceinture de sécurité comme tous les autres
citoyens, c'est parce que, durant les dernières années, depuis
1976, ils ont compris combien c'était important de porter la ceinture de
sécurité. Leur propre mentalité a évolué.
Ils étaient contre en 1976. Ce sont eux maintenant qui nous demandent de
les inclure. C'est donc signe qu'il y a eu une évolution de ce
côté. Effectivement, la Sûreté du Québec, les
corps municipaux, policiers aussi, ont procédé depuis quelques
mois, quelques années à l'implantation de cours de
sensibilisation auprès des policiers à l'importance de cette
partie de leur responsabilité qui est l'observance du Code de la
sécurité routière. Je pense donc que, de ce
côté, la motivation des forces policières est beaucoup plus
grande et c'est ce qui explique, en partie en tout cas, que, comme je l'ai
indiqué tout à l'heure, les infractions au Code de la route sont
en augmentation de 45% en 1979 par rapport à 1978, et du même
ordre en 1980 par rapport à 1979. Les corps policiers comprennent
maintenant que l'observance du Code de la route constitue une partie importante
de leurs fonctions.
Mais il ne faut pas non plus, de ce côté, se leurrer.
Toutes les expériences mondiales le démontrent aussi; ce n'est
pas simplement par des mesures répressives qu'on obtiendra des
résultats fulgurants, et ce n'est pas principalement par des mesures
répressives. Je ne veux pas être mal interprété. Je
ne veux pas dire qu'il ne faut pas que le code soit appliqué. Au
contraire. Si nous augmentons, entre autres, les amendes, c'est parce que nous
pensons que ces mesures sont importantes et que l'importance que nous attachons
à ces mesures doit être reflétée par le niveau des
amendes, et que ces amendes, d'ailleurs, doivent être infligées
sans pitié, d'une certaine façon. On pense surtout, entre autres,
aux pires offenses, à la conduite en état
d'ébriété qui est un quasi-crime. Je suis certain qu'il y
a bien des Québécois qui ont été victimes de
tragédies eux-mêmes ou dans leurs familles causées par des
jeunes ou des plus vieux écervelés qui avaient pris un coup de
trop. Ils savent de quoi je veux parler. On se sent révolté
à la suite du récit d'un accident, qu'un de nos commettants, par
exemple, nous fait, causé d'une façon absolument bête par
un geste irresponsable de quelqu'un qui n'a pas su s'arrêter lors d'un
"party" de bureau ou d'une rencontre sociale quelconque et qui a
décimé trois, quatre ou cinq personnes d'un coup, comme ça
arrive malheureusement encore trop souvent. Donc, il faut être
impitoyable du côté de la mise en application de la loi, surtout
sur ces cas qui sont absolument inexcusables. C'est ce que prévoit le
projet de loi.
Ceci étant dit - et je veux terminer là-dessus - les
véritables résultats probants à long terme, nous les
aurons parce que tous et chacun d'entre nous seront convaincus qu'il s'agit
d'un phénomène vraiment social, d'un phénomène
vraiment national, que les objectifs dans cette matière doivent
être nationaux, doivent être partagés par l'ensemble de la
société québécoise, et que tous ceux qui ont des
responsabilités - et au premier chef, bien sûr, les
parlementaires, nous avons un large consensus en cette matière -
doivent être tous prêts à se mettre au blanc
auprès de leurs concitoyens pour les convaincre de la justesse de ces
mesures et pour les amener à s'en faire eux-mêmes les
propagandistes, après s'en être eux-mêmes convaincus,
auprès de leurs parents, auprès de leurs amis. (16 h 50)
C'est vrai que, comme ministre des Transports, quand on lit les bilans
à la suite d'une fin de semaine, on se sent responsable personnellement
de ce qui est arrivé sur la route. On se dit: Est-ce que, comme ministre
des Transports, je n'aurais pas pu faire quelque chose, ou le gouvernement,
pour éviter cette tragédie, éviter cet accident en
particulier? Est-ce que vraiment on a mis tout en oeuvre, est-ce qu'on a eu
tout le courage nécessaire aussi pour mettre de l'avant de nouvelles
politiques, même parfois impopulaires, mais dont le résultat
aurait été que tel ou tel individu aurait eu la vie sauve?
Je demande des rapports au bureau , aux services responsables du
ministère pour faire l'autopsie - excusez l'expression - de certains
accidents. Je me suis rendu compte, à la suite de ces rapports, que
presque toujours, dans 80% ou 90% des cas, la faute est malheureusement
d'origine humaine. Parfois aussi, c'est un défaut dans la construction
de la route, une courbe mal formulée, un défaut dans la
signalisation routière. Là-dessus, je dois dire
qu'immédiatement je donne les ordres pour que les défauts qui
sont de notre responsabilité soient corrigés, parfois à
des coûts énormes. Qu'on pense ici-même, dans la
région de Québec, aux travaux que nous avons fait sur le
boulevard de la Capitale en installant une bande de sécurité
centrale avec un grillage pour éliminer l'éblouissement des
phares. Nous avons fait cela au cours de l'été, à la suite
de tragédies qui s'étaient produites à cet endroit durant
les dernières années. Cela a coûté environ
$5,000,000, simplement cette bande, sur une couple de kilomètres, dans
la partie la plus dangereuse de l'autoroute de la Capitale.
Le ministère des Transports ne veut pas lésiner sur
l'utilisation des crédits. La priorité dans l'utilisation des
crédits va souvent non pas pour la construction d'une nouvelle route,
mais pour la réparation d'une route existante pour éliminer un
point noir, pour éliminer une mauvaise signalisation. Mais,
malgré ces efforts, malgré l'augmentation de la surveillance
policière, on sait que 80% ou 90% des accidents sont causés par
l'attitude même du conducteur, par sa propre imprudence.
Finalement, il faut être tous conscients que l'enfer, en
matière de sécurité routière, ce n'est pas l'autre,
comme le disait Jean-Paul Sartre dans un autre domaine. L'enfer, ce ne sont pas
les autres en matière de sécurité routière.
L'enfer, c'est nous-mêmes; l'ennemi en matière de
sécurité routière, c'est nous. C'est notre propre
attitude, notre propre comportement. Je pense que, si nous nous
pénétrons de cette conviction, nous aurons fait effectivement un
grand pas dans l'établissement de cette politique nationale que nous
cherchons tous à mettre de l'avant. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président: Merci, M. le ministre.
Est-ce que la deuxième lecture du projet de loi no 4, Code de la
sécurité routière est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Deuxième lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président: M. le ministre de la Fonction
publique.
M. Gendron: Est-ce que je pourrais obtenir le consentement de
l'Opposition pour déposer le rapport de la commission de
l'énergie et des ressources sur la loi no 9?
M. de Belleval: La motion de renvoi n'a pas été
faite. Est-ce que je peux la faire, M. le Président?
Le Vice-Président: Oui, M. le ministre.
Renvoi à la commission des transports
M. de Belleval: Je m'excuse auprès du ministre de la
Fonction publique. Je propose que le projet de loi no 4, Code de la
sécurité routière, soit déféré
à la commission des transports.
Le Vice-Président: Est-ce que cette motion de renvoi est
adoptée?
Des Voix: Adopté.
Le Vice-Président: Adopté.
M. le ministre de la Fonction publique.
M. Gendron: Est-ce que je peux avoir le consentement de
l'Opposition pour que le rapport de la commission permanente de
l'énergie et des ressources concernant le projet de loi no 9...
Une voix: D'accord.
M. Gendron: ...soit déposé par le
député de Frontenac?
Le Vice-Président: M. le député de
Frontenac.
Étude du projet de loi no 9
M. Grégoire: M. le Président, qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement, de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'énergie et des ressources qui a siégé les 17, 18 et 19
décembre 1980 aux fins d'étudier article par article le projet de
loi no 9, Loi sur l'économie de l'énergie dans le bâtiment,
et l'a adopté tel qu'amendé.
Le Vice-Président: Merci. Rapport
déposé.
M. Gendron: Est-ce que je peux également solliciter le
consentement de l'Opposition pour que le rapport de la commission élue
permanente des affaires municipales concernant le projet de loi no 13, soit
déposé par le député d'Arthabaska?
Le Vice-Président: Consentement accordé. M. le
député d'Arthabaska.
Étude du projet de loi no 13
M. Baril: Qu'il me soit permis, conformément aux
dispositions de notre règlement, de déposer le rapport de la
commission élue permanente des affaires municipales qui a
siégé le 19 décembre 1980 aux fins d'étudier
article par article le projet de loi no 13, Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec, lequel a été
adopté avec un amendement.
Des voix: Très bien.
Le Vice-Président: Merci, rapport déposé. M.
le ministre de la Fonction publique.
M. Gendron: M. le Président, à ce moment-ci, est-ce
qu'il y aurait lieu de demander la suspension de la Chambre pour quelques
minutes afin de réaménager l'horaire du feuilleton pour savoir
quel sera l'ordre de nos travaux qui suivront?
Le Vice-Président: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas d'objection d'ailleurs
à la demande formulée par le ministre, mais je vois que le
ministre de l'Énergie et des Ressources est ici et je vois que mes
collègues qui s'occupent particulièrement de ce domaine sont
également ici. Nous pourrions procéder, avec consentement,
à la prise en considération du projet de loi no 9.
Le Vice-Président: Le no 9?
Une voix: Le projet de loi no 9.
M. Gendron: Effectivement, c'est le projet de loi no 9.
Le Vice-Président: Un instant, M. le leader de
l'Opposition. Concernant le projet de loi no 9, il y a, semble-t-il, un
amendement qui vient d'être apporté. Alors, on ne pourrait pas
l'adopter tout de suite.
M. Levesque (Bonaventure): Mais je pense que le ministre ne
prendra pas de temps à en prendre connaissance et notre porte-parole
pourrait peut-être immédiatement entamer le débat, quitte
à le suspendre s'il y a lieu.
M. Gendron: M. le Président, on pourrait convenir avec
l'Opposition de prendre une minute ou deux uniquement pour analyser
l'amendement et, dès la reprise, commencer par la prise en
considération.
M. Levesque (Bonaventure): Non, mais il est au courant.
M. Gendron: Oui?
Des voix: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre est au courant.
Une voix: C'est exact.
Le Vice-Président: Donc, M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources, y a-t-il... Nous allons suspendre deux
minutes simplement pour permettre au ministre de l'Énergie et des
Ressources de prendre connaissance de l'amendement.
(Suspension de la séance à 16 h 58)
(Reprise de la séance à 17 h 3)
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Mme la Présidente, je vous prierais d'appeler
l'article 11 du feuilleton, s'il vous plaît.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 1
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission permanente
de l'énergie et des ressources, qui a étudié le projet de
loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'exploration minière, est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Charron: Puis-je proposer la troisième lecture de ce
projet?
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement pour la
troisième lecture? Consentement. J'appellerai donc la troisième
lecture du projet de loi no 1, Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'exploration
minière.
M. le ministre.
M. Bérubé: Je répondrai.
La Vice-Présidente: II utilisera son droit de
réplique seulement. M. le député de Rouyn-Noranda.
M. Camil Samson
M. Samson: Mme la Présidente, je ferai quelques
brèves remarques. Le projet de loi no 1, à la suite de sa
discussion, apporte des changements dans la constitution de la
Société québécoise d'exploration minière.
Dorénavant, la société pourra faire de l'exploitation et
de la transformation de substances minérales. Ce sont donc des
changements, à mon sens, majeurs; dans une région comme celle que
je représente, le Nord-Ouest québécois, la région
de l'Abitibi-Témiscamingue qui est une région minière,
cela prend évidemment une allure très importante, le fait que
cette société entre dans ces possibilités nouvelles
d'exploitation et de transformation.
Évidemment, il y a le problème que nous avions
souligné; il a été souvent souligné et il est
encore souligné. Les compagnies juniors, les prospecteurs ont de la
difficulté à se faire inscrire en Bourse parce que la Commission
des
valeurs mobilières ne leur donne pas cette chance et plusieurs
sont obligés d'aller à Vancouver. Ce projet de loi, une fois
adopté, par les pouvoirs que la société aura de s'associer
à toute personne ou groupe de personnes, pourra venir en aide
partiellement - ce n'est pas totalement satisfaisant mais, en tout cas,
partiellement - aux compagnies juniors et aux prospecteurs qui, sur le
territoire, ne pourraient pas autrement aller chercher le financement
nécessaire à leur exploration, exploitation ou transformation,
s'il y a lieu.
Également, la transformation qui sera permise par ce projet de
loi no 1 amènera probablement la possibilité de la construction
d'une usine d'affinage d'or dans la région du Nord-Ouest
québécois, dès qu'il y aura une possibilité d'un
volume de 200,000 onces d'or par année, c'est-à-dire lorsque
SOQUEM pourra exploiter encore trois ou quatre mines nouvelles, elle en
exploite deux maintenant dans la région. Ce sont là des
possibilités qu'on nous a fait voir et qui nous plaisent.
Bien sûr, Mme la Présidente, avec le pouvoir d'association,
ça pourrait se faire aussi en association avec l'entreprise
privée, j'espère que ça pourra se faire avec l'entreprise
privée, pour autant que ce sera possible, l'entreprise privée
étant présente sur le territoire. J'émets le voeu
aujourd'hui que cette entreprise privée puisse être, dans la
mesure du possible, québécoise. J'espère également
que lorsque SOQUEM en arrivera à de la transformation, donc de
l'usinage, ce qui amène toujours des possibilités de
problèmes d'environnement, de pollution, elle aura toute la
compréhension du ministre de l'Environnement, compte tenu qu'elle fera
son possible pour ne pas polluer l'environnement.
Cela fera un peu contraste avec ce qu'on connaît
présentement de la part du ministre de l'Environnement vis-à-vis
de l'entreprise privée. En effet, le 10 décembre dernier, la
société privée Noranda investissait $35,000,000 pour une
usine nouvelle de production d'oxygène, dont la principale
activité sera d'améliorer le système pour enlever la
pollution. Je signale que dans ces $35,000,000 d'investissements privés,
il n'y a pas de subvention gouvernementale et, trois jours après, le
ministre de l'Environnement qui est passé les voir à Noranda, au
lieu de les encourager, au lieu de les féliciter, est allé leur
dire qu'ils devront en faire encore plus. Je pense qu'il aurait pu au moins
reconnaître l'effort qui a été fait et j'espère que
la société SOQUEM n'aura pas à faire face à ce
genre de choses. Je trouve ça disgracieux et ça décourage
l'entreprise.
Donc, quand SOQUEM aura une usine de transformation, si celle-ci est
susceptible d'avoir des conséquences sur l'environnement, toujours en
tenant compte du fait qu'on est d'accord avec la protection de l'environnement
au maximum, on espère qu'il y aura compréhension pour ne pas que
ce genre de choses se produise. Je n'irai pas plus loin, je ne veux pas faire
de débat inutile là-dessus, Mme la Présidente, mais c'est
la seule occasion que j'ai, avant la fin de la session, de suggérer ceci
concernant l'industrie minière. Qu'on le veuille ou non, qu'on aime
ça ou pas, évidemment, quand il y a une fonderie ou une usine de
transformation, comme partout ailleurs quand il y a des usines, il y a des
possibilités de pollution et on veut les éliminer au maximum.
Quand il y a des efforts faits, reconnaissons-les et encourageons-les.
Dans ce sens, j'espère que SOQUEM ne connaîtra pas ces
problèmes et si elle les connaît, Mme la Présidente, je me
ferai un devoir, tout autant que je signale le cas présent, de le porter
à l'attention du ministre de l'Énergie et des Ressources qui fait
beaucoup d'efforts pour le développement minier. (17 h 10)
En terminant mon intervention, je voudrais souligner, Mme la
Présidente - j'espère que le ministre aura au moins 30 secondes
pour m'écouter - que, quoi qu'on ait pu dire à travers tous les
débats, j'apprécie les efforts que le ministre fait pour le
développement minier de cette région du Nord-Ouest, comme des
autres régions du Québec dans le secteur minier, des mines de
métaux comme dans les autres secteurs. Tout ce qui pourrait être
fait recevra sûrement l'attention de notre population et nous sommes
d'accord à voter la troisième lecture de ce projet de loi.
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Énergie et
des Ressources.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, Mme la Présidente. Le
député de Rouyn-Noranda a certainement raison de souligner la
contribution assez remarquable de la société SOQUEM au
développement minéral du Québec. Si on se rappelait - et
je pense que c'est le moment approprié d'y revenir en troisième
lecture - ce qui existait dans les années soixante au moment où
aucun Québécois francophone, ou à peu près,
n'oeuvrait dans le domaine minéral, il y avait le groupe Beauchemin,
essentiellement, l'époque où notre développement
minéral était contrôlé de l'étranger, c'est
à ce moment-là, dans les années 1964-1965, qu'on
décidait de créer la société SOQUEM. Il n'y avait
pas de géologues québécois, nos universités n'en
formaient pas et, par conséquent, tout nous était nouveau. Il
aura fallu presque quinze ans pour faire aujourd'hui de la
société SOQUEM un fleuron de l'industrie minière qui a
quatre mines, du zinc, du niobium, du sel bientôt, de l'or, qui projette
d'en ouvrir encore une demi-douzaine d'autres d'ici les deux prochaines
années et qui est en train de devenir effectivement un des plus beaux
succès de l'effort québécois, du génie
québécois. Ceci démontre en fait que, lorsque les
Québécois veulent s'en donner la peine, lorsqu'ils n'ont pas peur
d'affronter les défis, ils sont assez extraordinaires.
C'est la pépinière où ont été
formés pratiquement tous nos géologues au Québec. C'est
ça qu'il est intéressant de constater, que les grands noms
maintenant québécois de la géologie qui travaillent pour
toutes les sociétés multinationales autant au Québec que
dans l'Ouest du Canada que dans le monde, ont été très
souvent formés à SOQUEM, en y travaillant pendant de nombreuses
années. J'ai plusieurs de mes fonctionnaires qui font un travail
remarquable à mon ministère et qui ont été
formés à SOQUEM.
Il était donc temps d'y aller, compte tenu du succès de
cette entreprise et compte tenu du
fait qu'elle avait grossi. Je pense que c'est l'élément
important, lorsque vous avez quatre mines, lorsque vous avez des projets
d'investissement, lorsque vous doublez par exemple la capacité de la
région de Saint-Honoré pour la production de niobium, quand vous
avez un paquet de projets comme ce que la compagnie a sur les bras, que vous
faites maintenant des profits de près de $23,000,0000 à
$25,000,000 probablement de profits cette année, lorsqu'on se retrouve
avec une société aussi rentable, aussi prospère,
évidemment, il est peut-être temps de transformer un peu cette
société et de la mettre sur un pied de comparaison avec le
secteur privé avec lequel elle est en concurrence.
C'est pour cette raison qu'autrefois on lui permettait d'explorer, mais
on disait: Vous ne pourrez pas exploiter seule. Maintenant on pense que si la
société a pris tous les risques, si la société a
effectivement investi de l'argent au moment où personne ne voulait aller
sur le territoire en question et qu'elle a trouvé une mine, on dit:
C'est un peu gênant d'aller lui retirer ce qu'elle a réussi
à trouver, parce que c'est quand on trouve qu'on fait de l'argent, ce
n'est pas quand on cherche. Par conséquent, il était donc
important de modifier la loi et de permettre à SOQUEM d'exploiter ses
mines seule quand elle les a découvertes seule.
Il fallait étoffer aussi le conseil. Avec seulement quatre
membres au conseil d'administration de l'extérieur, il est difficile -
et je vois d'ailleurs le député de Montmagny-l'Islet, qui, j'en
suis convaincu, va être d'accord avec moi - de réussir à
trouver quelqu'un qui s'y connaisse dans le domaine banquier, dans le domaine
minier, dans le domaine génie-conseil, un peu dans tous les secteurs, il
est assez difficile de trouver en quatre personnes tous les talents qu'on
voudrait réunir au conseil d'administration.
On s'est donc permis de grossir un peu le conseil d'administration, de
le porter de sept à onze membres au maximum d'ailleurs, de
manière à pouvoir avoir un éventail un peu plus grand de
compétences; non pas que les compétences que l'on retrouve au
conseil d'administration sont inadéquates présentement, au
contraire, on a qu'à regarder le succès des années
passées et je pense que c'est tout le contraire, mais je pense que
maintenant l'entreprise grossit et il va peut-être falloir commencer
à avoir une expertise un peu plus variée. Il va falloir aussi
avoir plus de représentation régionale. Le député
de Rouyn-Noranda a souligné l'effort que SOQUEM a mis dans les
dernières années; c'est vrai, depuis quatre ans, elle a mis
l'accent sur le Nord-Ouest et je pense que c'était approprié.
Nous aurons un effort encore important et il n'a encore rien vu, parce qu'au
cours des quatre, cinq, ou six prochaines années où nous aurons
encore le développement minéral entre nos mains, j'ai bien
l'intention de m'assurer qu'il y ait des retombées considérables
dans la région de Rouyn-Noranda et dans la région du
Nord-Ouest.
Il est aussi important d'avoir une représentation
régionale. Il est difficile de représenter toutes les
régions, si vous avez seulement quatre membres que vous pouvez nommer.
Mon intention, en accroissant le nombre de membres au conseil d'administration,
c'est de pouvoir nommer des gens du Nord-Ouest qui vont apporter un son de
cloche régional, de s'assurer que la société est vraiment
consciente de ce qui se passe dans la région, des possibilités
intéressantes de développement; donc avoir un conseil
d'administration qui compte plus de membres, avec des compétences plus
diversifiées, mais également dans toutes les régions du
Québec qui pourraient y être représentées.
Finalement - je termine là-dessus - parce que la
société prend ses distances vis-à-vis du gouvernement,
c'est normal. Elle fait maintenant tellement d'argent que le gouvernement
n'aura plus tellement à investir pour qu'elle s'engage dans
l'exploration. La compagnie va pouvoir financer tout son effort d'exploration
à même ses profits. Dans ces conditions-là,
évidemment, la société aura peut-être moins souvent
à venir au gouvernement pour demander ce qu'elle doit faire et on risque
de découvrir, dans quelques années, que cette
société ne répond peut-être plus, à ce
moment-là, à l'attente des citoyens du Québec, de
l'Assemblée nationale et du gouvernement.
Il était donc important d'introduire dans cette loi un pouvoir de
directives du gouvernement qui n'existait pas, qui permettra toujours au
gouvernement maintenant de donner des objectifs, des directives quant aux
objectifs et aux orientations de la société. Ce sont là
des changements majeurs, mais je pense que surtout, ce qu'il faut souligner,
c'est l'extraordinaire succès de la société,
l'extraordinaire qualité de ses dirigeants et, en même temps,
l'extraordinaire audace de celui qui créa la Société
québécoise d'exploration minière, M. René
Lévesque.
La Vice-Présidente: La motion du ministre de
l'Énergie et des Ressources proposant que soit maintenant lu la
troisième fois le projet de loi no 1, Loi modifiant la loi sur la
Société québécoise d'exploration minière,
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 2
M. Charron: Oui, Mme la Présidente, nous devrions
poursuivre l'étude des projets de loi au nom du ministre de
l'Énergie et des Ressources. Ce matin, le député de
Frontenac a déposé le rapport de la commission sur le projet de
loi no 2 qui concerne la Société québécoise
d'initiatives pétrolières. Je voudrais solliciter le consentement
pour que nous puissions prendre en considération ce rapport.
La Vice-Présidente: Consentement. Le rapport sera-t-il
adopté?
M. Charron: Le projet de loi no 2, SOQUIP. Madame, je propose la
prise en considération de ce rapport.
La Vice-Présidente: Adopté? Des voix:
Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. M. le leader, le
rapport est adopté.
M. Charron: Adopté. Puis-je proposer la troisième
lecture du projet de loi?
La Vice-Présidente: Consentement à la
troisième lecture?
Des voix: Consentement.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Consentement. Troisième lecture
du projet de loi no 2, Loi modifiant la Loi sur la Société
québécoise d'initiatives pétrolières. M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, Mme la Présidente. Le projet de loi qui
est devant nous pour la troisième lecture, Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières, n'est pas le même projet de loi que celui qui
nous a été présenté par le gouvernement en
première et en deuxième lecture. (17 h 20)
Le projet de loi original avait deux éléments qui ont
été amendés par le projet de loi qui est devant nous en
troisième lecture. Premièrement, il y avait la question du mandat
de SOQUIP. Le gouvernement proposait de donner le mandat à SOQUIP, non
seulement de négocier et de conclure des contrats ou ententes pour
l'achat d'hydrocarbures, mais il allait encore beaucoup plus loin. Il voulait
lui donner le droit d'importer, de transporter, de faire raffiner, de
commercialiser et de vendre des hydrocarbures. Avec ce mandat, elle pouvait
acheter des bateaux. Elle pouvait acheter des postes d'essence. Elle pouvait
faire une série de transactions qui n'étaient pas vraiment
prévues dans la loi existante.
Le deuxième aspect du projet de loi était qu'on demandait
d'augmenter la capitalisation de $100,000,000 à $220,000,000. On
cherchait un autre $120,000,000. Les questions que nous avons posées
étaient les suivantes: Premièrement, pourquoi ce mandat
élargi? Quelles sont les intentions du gouvernement? Le gouvernement
a-t-il vraiment l'intention d'acheter des raffineries, des bateaux et des
postes d'essence, de se lancer complètement dans ce domaine? Le
gouvernement n'a pas pu nous répondre. Il n'avait pas de renseignement
à nous donner. Deuxièmement, nous avons demandé pourquoi
les $120,000,000. Il me semble, Mme la Présidente, que, quand on demande
à cette Assemblée d'autoriser la dépense de $120,000,000,
le gouvernement devrait être en mesure de donner des renseignements,
d'expliciter pourquoi cette somme d'argent est requise. Ni sur la question du
mandat ni sur la somme demandée de $120,000,000, le gouvernement n'a pu
nous donner des renseignements adéquats. L'objection que nous avions, il
faut le signaler, Mme la Présidente, c'est que ce n'est pas un genre de
projet de loi qu'on peut présenter à la fin, non seulement
à la fin d'une session, mais à la fin du mandat d'un
gouvernement. Tel que proposé originalement, ce projet de loi pouvait
engager la société pour une autre période de cinq ans. Il
pourrait lier le prochain gouvernement pour une autre période de cinq
ans et ce n'était pas le temps de le faire. Cela aurait pu être un
projet de loi qui aurait pu être présenté au début
du mandat de ce gouvernement ou durant son mandat, mais pas à la fin
d'une session et à la fin de son mandat.
Mme la Présidente, nous nous sommes opposés et nous avons
voté contre en deuxième lecture. Inutile de vous rappeler, Mme la
Présidente, la lutte farouche que nous avons menée contre ce
projet de loi. Premièrement, on nous imposait toujours le débat
de nuit à l'Assemblée nationale. Je me souviens que le premier
discours que j'ai fait en deuxième lecture a commencé à 23
h 45. Nous avons fait une motion de report pour suggérer au gouvernement
parce qu'il n'y avait pas d'urgence - de reporter l'étude du projet de
loi à une période de trois mois, pour nous permettre d'obtenir
des renseignements. Pour agir comme une Opposition officielle responsable, nous
ne pouvions pas permettre l'adoption à la vapeur de ce projet de loi
sans obtenir les renseignements adéquats. Je me souviens, Mme la
Présidente, des reproches que nous a lancés le gouvernement,
spécialement envers le whip de l'Opposition officielle. Nous avions
préparé toute notre documentation et, durant la nuit,
jusqu'à 4 h 30 du matin, nous avons fait un débat et mené
une lutte contre l'inflexibilité du gouvernement, contre la
manière que le gouvernement avait d'aborder ce projet de loi.
C'était une opposition vigilante, une opposition qui était
fondée sur des raisons très valables et que le gouvernement ne
voulait pas écouter. Ce qui s'est produit, Mme la Présidente,
c'est que les règles, naturellement, de fin de session nous ont
obligés... Nous sommes allés en commission parlementaire et,
encore là, nous avons demandé des renseignements. Nous avons
exigé, demandé au gouvernement: Dites-nous pourquoi vous voulez
un mandat élargi? Pourquoi voulez-vous donner ces objectifs et ces
pouvoirs à SOQUIP et pourquoi exigez-vous $120,000,000? Encore une fois,
en commission parlementaire, on n'a pas pu obtenir de renseignement.
Mme la Présidente, nous sommes partis du principe que, quand on
donne de l'argent à une société d'État, elle sera
dépensée. Il faut être prudent dans l'allocation de fonds
publics. Qu'avons-nous fait? Nous aurions pu bloquer, empêcher l'adoption
du projet de loi no 2. En fin de session, c'est une règle qui existe
que, si nous n'adoptons pas le projet de loi article par article en commission
parlementaire, le gouvernement ne peut pas obtenir son adoption en
troisième lecture. Nous aurions pu faire cela, mais, Mme la
Présidente, nous sommes une Opposition responsable. Nous ne sommes pas
ici seulement pour bloquer les projets de loi du gouvernement, même si
nous ne sommes pas d'accord. Nous avons fait le travail du gouvernement. Nous
avons exigé de rencontrer les représentants de SOQUIP. Ce
n'était pas notre intention de mettre la clé à la porte de
SOQUIP. Ce n'était pas notre intention de ne pas lui confier un autre
mandat. Mais nous voulions savoir quel mandat on devait lui confier et quelle
somme serait nécessaire.
Nous avons donc examiné le bilan de SOQUIP. Nous avons vu qu'il
restait de l'argent. Nous avons regardé les projets de SOQUIP, les
projets qu'elle avait en vue pour les deux ou trois prochaines années et
nous en sommes venus à la conclusion que nous pouvions,
premièrement,
accroître le mandat de SOQUIP pour lui donner le droit de
négocier des contrats pour l'achat et la revente d'hydrocarbures. Les
conditions ont changé depuis 1969, quand SOQUIP a été
instituée. Et c'est possible qu'il y ait des pénuries. Nous ne
voulions pas lier les mains de SOQUIP pour qu'elle n'ait pas le droit de tenter
de négocier des contrats pour l'achat d'hydrocarbures. C'est dans
l'intérêt de toute la population que SOQUIP ait ce droit, mais en
limitant ce mandat au droit de faire ces ententes et ne pas aller, à
moins que nous ayons des projets spécifiques, plus loin que cela.
Première constatation et première recommandation que nous
avons faite au gouvernement: nous sommes prêts à accepter une
extension du mandat pour donner le droit à SOQUIP d'acheter et de
revendre des hydrocarbures.
Deuxième constatation, Mme la Présidente: nous avons vu
que SOQUIP, pour poursuivre ses objectifs, avait besoin de plus de fonds, mais
pas $120,000,000. Après l'examen que nous avons fait, nous avons
suggéré un chiffre et nous avons autorisé, nous avons
consenti que le gouvernement autorise $65,000,000 et non $120,000,000. Nous
avons épargné effectivement la différence aux
contribuables, à la province de Québec. Je pense même que
le ministre des Finances va être très fier de nous, parce que nous
avons fait son ouvrage et nous avons fait l'ouvrage que le ministre de
l'Énergie et des Ressources aurait dû faire pour lui, en
réduisant les montants dont il aura besoin de $55,000,000.
Inutile de vous dire, Mme la Présidente, que dans la situation
économique actuelle, dans la position économique du gouvernement
du Québec, économiser $55,000,000, je pense que c'est quelque
chose dont on doit être fier pour les contribuables. C'est quelque chose
qu'on a fait pour un gouvernement qui ne s'est pas montré responsable
dans ce dossier.
Ce sont les deux suggestions que nous avons faites. Le projet de loi, la
version en troisième lecture du projet de loi contient ces deux
amendements. Il accroît le mandat tel que nous l'avons
suggéré et il limite les fonds additionnels à
$65,000,000.
Mme la Présidente, quelles conclusions pouvons-nous tirer du
déroulement des travaux sur le projet de loi no 2? Premièrement,
on a vu que le gouvernement était très large dans son
administration et dans sa planification. Il vient ici en cette Chambre nous
demander $120,000,000 quand il n'en a pas besoin. Il refuse de nous donner des
renseignements. Il a fallu qu'on mène une lutte farouche pour obtenir
des renseignements pour nous permettre d'étudier le projet de loi.
Nous sommes heureux d'avoir apporté ces amendements dans
l'intérêt de toute la population. Nous voyons la mauvaise
administration des fonds des contribuables par ce gouvernement. On peut
comprendre pourquoi le déficit en est arrivé là, si c'est
le comportement du gouvernement dans tous ses autres actes administratifs et
dans tous ses autres projets de loi quand il demande des fonds et quand il
dépense de l'argent sans analyser et sans restreindre vraiment ses
actions.
Mme la Présidente, je pense qu'on peut tirer la conclusion
suivante de ce projet de loi. Le déroulement des travaux parlementaires
sur la loi no 2 est un exemple modèle d'une bonne Opposition et d'un
mauvais gouvernement. Merci.
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Énergie et
des Ressources. (17 h 30)
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, Mme la Présidente. J'ai eu
beaucoup de plaisir à écouter l'intervention, passablement
amusante - je dois le dire - du député de Mont-Royal. Cependant,
je dois témoigner d'une chose: c'est que nous avons effectivement
essayé ensemble, il faut le reconnaître, de trouver un compromis
qui soit acceptable à la fois par l'Opposition pour un certain nombre de
raisons qui nous sont apparues essentielles. C'est pour cela que j'étais
prêt à faire des compromis. Pourquoi? Parce que je n'étais
pas prêt à sacrifier la sécurité d'approvisionnement
en pétrole des Québécois sur la base de deux ou trois
courtes discussions. Il s'agissait donc de trouver des amendements qui nous
permettent d'atteindre l'objectif et qui, en même temps, ont permis au
député de Mont-Royal de faire l'excellent discours qu'il vient de
prononcer sur notre dos.
Des voix: Ah!
M. Bérubé: Mais, Mme la Présidente, disons
que je prends le tout avec un grain de sel et que je n'abuserai pas,
étant donné que c'est mon droit de réplique et que
l'Opposition n'aura pas la chance de revenir. Ce serait, je pense, injuste.
Essentiellement, pourquoi ce projet de loi? C'est simple. D'abord,
SOQUIP, c'est notre Petrocan à nous les Québécois, parce
que Petrocan a été fondée cinq ans après SOQUIP,
c'est-à-dire que cinq ans avant la création de Petrocan,
déjà les Québécois étaient conscients qu'ils
devraient s'occuper de leur approvisionnement pétrolier et qu'ils
devraient s'occuper de ce qui représente 75% de notre consommation en
énergie au Québec, cinq ans avant Petrocan. Il se produit la
situation suivante en ce moment, c'est que nous avons une superbe peinture en
rose que nous peint le ministre fédéral de l'Énergie, des
Mines et des Ressources, à savoir qu'il n'y a pas de problème.
Nous avons du pétrole en quantité importante et nous n'avons pas
besoin de nous préoccuper. Il y a un an, on a eu un peu de
difficulté à passer l'hiver et on a eu pas mal de
difficulté aussi à passer l'hiver d'avant. Tout le monde nous
dit, dans le monde, qu'on manque de pétrole, sauf que nous sommes
censés en avoir en quantité impressionnante. Effectivement, j'ai
passé quelques chiffres confidentiels à l'Opposition
libérale qui, pour la première fois, a découvert que les
chiffres qu'Ottawa lui fournissait n'étaient peut-être pas
toujours des chiffres très précis. Elle s'est rendu compte qu'en
1983 on n'aurait pas de la misère, mais beaucoup de misère. On
s'aperçoit effectivement que la situation n'est pas aussi rose qu'on
entend...
M. Ciaccia: Mme la Présidente, je pourrais me lever sur
une question de privilège pour contester les affirmations du
ministre.
Une voix: Vous pourriez, mais vous ne le faites pas.
M. Ciaccia: C'est absolument faux ce qu'il vient de dire. Il
vient de nous prêter des propos que nous n'avons pas tenus et que nous
n'avons pas acceptés.
Une voix: Heureusement que vous ne vous levez pas.
M. Ciaccia: Les déclarations du ministre sont fausses, Mme
la Présidente.
M. Bérubé: Nous avons donc fourni un certain nombre
de chiffres qui nous démontrent qu'effectivement il ne faut pas
s'affoler, mais il faut se rendre compte que l'approvisionnement qui nous vient
de l'Alberta tend à décroître très rapidement,
décroît depuis 1979, et on pourra se chicaner sur la date,
à savoir si c'est en 1983, tel que prédit par l'Alberta, si c'est
en 1985, tel que prédit par Ottawa; enfin quelle que soit la date,
très bientôt nous allons avoir des problèmes à nous
approvisionner en pétrole en provenance de l'Alberta.
C'est pour cette raison qu'il nous faut aller sur le marché
international, mais nous le faisons dans une conjoncture qui est difficile.
Tout récemment, il y avait des guerres en Iran et en Irak, et on a
découvert subitement qu'effectivement le monde entier pourrait manquer
de pétrole. Quand on dit manquer de pétrole, cela ne veut pas
dire pas de pétrole, mais cela peut vouloir dire 5% de moins qu'on en a
présentement.
Cela peut vouloir dire être obligé de restreindre notre
consommation pour répondre à l'incapacité de production
mondiale. Cela peut vouloir dire aussi aller sur le marché mondial et
acheter du pétrole. Or, notre société d'État
n'avait pas le droit d'aller acheter du pétrole à
l'étranger alors qu'il y a des pays qui sont venus en tournée au
Québec et qui aimeraient, dans le cadre d'échanges techniques,
d'échanges de technologie, utiliser les connaissances
d'Hydro-Québec, acheter de la technologie d'Hydro-Québec, de nos
sociétés d'État, par exemple, et, en échange, nous
fournir du pétrole. À ce moment-là, SOQUIP est un
instrument très puissant et qui pourrait nous aider à
réaliser de tels achats. C'est le but de l'amendement, enfin, le but de
l'article de loi qui a été amendé, qui nous permet
maintenant d'aller sur les marchés internationaux acheter du
pétrole, le faire raffiner, l'importer et le revendre de manière
à approvisionner nos distributeurs et nos raffineries. C'est le premier
élément.
Ce rôle est évidemment d'autant plus important que SOQUIP
s'implique présentement avec un groupe de partenaires qui sont les
raffineries de Montréal pour construire une superraffinerie de
pétrole lourd à Montréal. Ce sont les huiles lourdes
résiduelles qui vont être en quantité de plus en plus
grande au Québec parce que nous sommes obligés maintenant
d'acheter des pétroles d'un peu moins bonne qualité, du Mexique
et du Venezuela, et qu'on aura ce résidu dont on ne saura pas quoi faire
et qu'il nous faut transformer. Donc, SOQUIP s'impliquant dans ce projet avec
ses partenaires, il devenait intéressant d'utiliser un pouvoir que la
loi donne maintenant à SOQUIP, de faire en sorte que SOQUIP s'occupe de
nous acheter du pétrole sur le marché international et puisse
effectivement régler ou du moins s'efforcer de régler ce
problème, mais non pas seul, Pétro'-Canada est également
dans le secteur, nos compagnies privées, nos multinationales,
évidemment, sont également dans le domaine, mais cela fait un
intervenant de plus et cela nous donne une chance.
Il fallait également augmenter le budget de SOQUIP; là, je
remercie beaucoup l'Opposition parce qu'elle nous a dit: Nous venons
d'épargner au ministre des Finances, M. Parizeau, des sommes
importantes. En effet, le projet de loi proposait qu'en 1981, on obtienne
$14,300,000; avec l'amendement, sur lequel nous nous sommes mis d'accord avec
les libéraux, maintenant, nous allons avoir $15,000,000. Donc, au lieu
de $14,300,000 en 1981, nous aurons $15,000,000. En 1982, nous devions avoir,
dans le projet de loi actuel, $14,300,000 et nous aurons $15,000,000. Donc,
très grosse économie. En fait, avec l'amendement sur lequel on
s'est mis d'accord, on en a plus que ce qu'on demandait.
En 1983, nous aurons $20,000,000 alors que nous demandions $19,300,000.
Vous allez me dire: Qu'est-ce qui se passe? Où est l'économie? En
1984, effectivement, l'Opposition libérale a demandé de ne pas
s'engager tout de suite. Comme le député de Mont-Royal vient de
dire que c'est le ministre des Finances qui fera l'économie en 1984,
cela veut donc dire qu'il est convaincu qu'on sera élu en 1984, ce dont
je suis également convaincu. C'est pour cette raison qu'un amendement
qui ne garantit l'approvisionnement de SOQUIP en argent nécessaire que
jusqu'en 1983 et qu'à partir de 1984, on nous oblige à revenir
avec un autre projet de loi, effectivement, à ce moment-là,
étant donné que, dans l'esprit de l'Opposition, nous serons
encore au pouvoir, cela ne pose aucun problème.
Mme la Présidente, dans ces conditions, effectivement, c'est un
projet qui répond à l'attente libérale, qui répond
également aux besoins du Québec et, en ce sens-là, je
pense que c'est satisfaisant. Merci, Mme la Présidente.
M. Ciaccia: Mme la Présidente, selon l'article 96.
La Vice-Présidente: Selon l'article 96. Je pensais que
vous alliez vous lever sur l'affirmation du ministre, M. le
député. Je comprends que vous puissiez avoir des opinions
divergentes.
M. Ciaccia: Non, mes opinions, je vais les garder pour moi.
La Vice-Présidente: En vertu de l'article 96, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le ministre a laissé entendre que nous avions
augmenté les sommes que SOQUIP pourrait dépenser. Le ministre a
omis de dire que nous avons réduit la somme globale. Il y avait un autre
article, le 9.2, où le gouvernement voulait donner à SOQUIP
$32,000,000 immédiatement. Ces $32,000,000, nous les avons
réduits à $15,000,000. Effectivement, nous avons
réduit les sommes disponibles à SOQUIP, nous ne les avons
pas augmentées.
M. Bérubé: Mme la Présidente, je suis
d'accord avec le député de Mont-Royal...
La Vice-Présidente: Sur un discours que vous avez
déjà prononcé, M. le ministre.
M. Bérubé: ... effectivement, j'ai omis de parler
de cet article par pur oubli.
Des voix: Oh, oh, oh!
M. Bérubé: Par un pur oubli. Il a été
effectivement coupé en deux, compte tenu qu'au lieu de parler d'un
budget de cinq ans, on parle d'un budget de trois ans.
Une voix: Un oubli de $15,000,000!
La Vice-Présidente: Cette motion de M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources, proposant que soit maintenant lu la
troisième fois le projet de loi, Loi modifiant la Loi sur la
Société québécoise d'iniatives
pétrolières, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Troisième
lecture du projet de loi no 2, adopté.
M. le leader parlementaire, je regrette, vous devrez changer de
siège. Vous allez sans doute appeler...
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 6
M. Bertrand: Oui, Mme la Présidente, vous ne vous trompez
pas, je demanderais maintenant la prise en considération du projet de
loi no 6 inscrit au nom du ministre de l'Énergie et des Ressources.
La Vice-Présidente: Le rapport concernant le projet de loi
no 6, Loi modifiant la Loi sur le crédit forestier, sera-t-il
adopté?
M. Ciaccia: Mme la Présidente, j'ai fait un amendement
à la suite de ce rapport.
La Vice-Présidente: Bon, d'accord. Vous accordez votre
consentement à ce que nous prenions ce rapport en considération.
Avez-vous l'intention de parler sur le rapport comme tel?
M. Ciaccia: Oui, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Un instant.
La Vice-Présidente: Un instant.
M. Bertrand: Ce n'est pas la bonne loi. On est au projet de loi
no 6.
La Vice-Présidente: Le rapport concernant le projet de loi
no 6 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Bertrand: Mme la Présidente, si nous avions le
consentement, nous pourrions immédiatement procéder à la
troisième lecture du projet de loi.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement à ce
qu'il soit procédé à la troisième lecture
immédiatement?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Consentement. La troisième
lecture est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 9
M. Bertrand: Merci, Mme la Présidente. Maintenant, je vous
demanderais la prise en considération du projet de loi no 9, toujours
inscrit au nom du ministre de l'Énergie et des Ressources.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement à la
prise en considération du rapport sur la loi 9? Consentement. (17 h
40)
M. Ciaccia: ...amendement, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: Prise en considération du
rapport. Vous avez un amendement, M. le député?
Motion d'amendement M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Oui, Mme la Présidente. J'ai
suggéré un amendement, je veux faire une motion pour amender
l'article 27. "Que l'article 27 soit amendé en ajoutant, dans la
première ligne, après le mot "date", ce qui suit:
"ultérieure au 1er juillet 1981."
L'article 27 du projet de loi qui nous a été
présenté prescrit que la présente loi entrera en vigueur
à la date qui sera fixée par proclamation du gouvernement. Notre
motion stipule que ce projet de loi soit adopté ultérieurement au
1er juillet 1981 pour les raisons suivantes. Nous croyons qu'il y a plusieurs
aspects du projet de loi qui peuvent avoir des conséquences juridiques
assez importantes pour l'industrie de la construction. Le projet de loi nous a
été présenté, encore une fois, à la fin de
la session, nous n'avons pas eu le temps de l'étudier en entier. En
commission parlementaire, sauf pour un vendredi après-midi, on ne s'est
jamais rencontré le jour, c'était toujours la nuit, tard la nuit,
toujours après d'autres travaux. Nous l'avons signalé au
gouvernement, nous avons dit: Écoutez,
on commence à 20 heures, on finit à minuit, on commence
à 10 heures, on finit à toutes les heures, nous n'avons pas le
temps d'apporter tous les amendements nécessaires.
Nous avons signalé au gouvernement plusieurs aspects du projet de
loi qui pourraient amener des difficultés à l'industrie de la
construction. Le but de mettre en vigueur le projet de loi au 1er juillet 1981
va donner l'occasion au gouvernement de réviser plusieurs aspects de ce
projet de loi. Cela va lui donner l'occasion de consulter les gens du milieu
qu'il aurait dû consulter. C'est vrai que le ministre va nous dire que,
quant aux règlements, il a consulté certains organismes, mais le
ministre n'a pas consulté les personnes intéressées au
projet de loi lui-même, sur les clauses qui y sont contenues, sur les
effets de ce projet de loi. L'adoption de ce projet de loi pourrait causer
d'autres obstacles à l'industrie de la construction, des obstacles qui
existent déjà. Je pense que notre approche est assez positive,
nous avons été positif à la commission parlementaire, nous
avons porté à l'attention du gouvernement plusieurs aspects du
projet de loi et nous avons fait accepter plusieurs amendements aussi.
Malheureusement, le temps nous manque et plutôt que de le bloquer
totalement comme nous aurions pu le faire, si nous avions voulu agir d'une
façon négative, nous suggérons d'agir d'une façon
positive. Nous disons au gouvernement: Vous voulez le projet de loi, c'est
votre responsabilité, mais remettez-le jusqu'au 1er juillet 1981 ou
ultérieurement au 1er juillet 1981 et cela va vous permettre de le
réviser, de consulter les gens du milieu afin que ce ne soit pas un
projet de loi improvisé, mais qu'il soit plus complet et qu'il contienne
des clauses applicables et qui ne produiront pas des effets très
sérieux dans l'industrie de la construction et pour ceux qui sont
impliqués.
Pour ces raisons, Mme la Présidente, nous suggérons
l'amendement à l'article 27.
La Vice-Présidente: Sur la motion d'amendement, M. le
député de Frontenac.
Motion adoptée
M. Grégoire: Nous allons accepter l'amendement
proposé par l'Opposition officielle.
La Vice-Présidente: Cette motion d'amendement de M. le
député de Mont-Royal se lit comme suit: "Que l'article 27 soit
amendé en ajoutant, dans la première ligne, après le mot
"date", ce qui suit: "ultérieure au 1er juillet 1981". Cet amendement
sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Le rapport sera-t-il
adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Bertrand: Troisième lecture, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente: Consentement pour la troisième
lecture?
M. Ciaccia: Mme la Présidente, je ne veux pas
répéter...
Des voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Est-ce qu'il y a d'abord consentement
à la troisième lecture?
M. Ciaccia: Consentement, oui.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Consentement à la
troisième lecture. M. le député de Mont-Royal, je vais
d'abord l'appeler, si vous voulez bien. Il s'agit du projet de loi 9, Loi sur
l'économie de l'énergie dans le bâtiment. À ce
moment-ci, nous considérons la troisième lecture.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Le projet de loi no 9 est intitulé Loi sur
l'économie de l'énergie dans le bâtiment. C'est seulement
un titre, ce n'est pas le contenu du projet de loi. Il aurait dû
être intitulé loi pour la protection contre certains contracteurs
et pour donner l'exception à certains bâtiments qui ne seront pas
assujettis au projet de loi. Ce n'est pas vraiment une loi sur
l'économie de l'énergie. Il y a tellement d'exceptions que
ça devient presque impossible de définir qui va être
assujetti ou qui ne le sera pas. Une personne peut l'être, mais les
règlements peuvent dire qu'elle ne le sera pas. C'est vraiment quelque
chose de presque impossible, d'essayer de définir les obligations qui
découlent de ce projet de loi. Nous l'avons signalé au ministre,
il y a des articles, dans ce projet de loi, qui créent de nouvelles
obligations, des obligations tellement onéreuses que je suis
persuadé, Mme la Présidente, que le gouvernement n'a pas
examiné, n'a pas analysé à fond les conséquences
des articles dans ce projet de loi.
C'est arrivé à un tel point que nous avons
suggéré au gouvernement de faire un rapport spécial
à l'Assemblée nationale et de convoquer à nouveau la
commission parlementaire pour entendre les parties intéressées et
pour permettre aussi aux légistes de réviser certains aspects de
la loi et de faire une analyse sur les conséquences possibles.
Durant les travaux de la commission parlementaire, je ne sais pas si
vous allez croire ça, des représentants d'autres
ministères sont venus avec des petits amendements parce que ce projet de
loi affecte d'autres ministères. Ils ont dit au ministre: Voici les
conséquences de l'amendement. Ils lui ont suggéré
d'amender ce projet de loi. Vous pouvez voir à quel point le projet de
loi est improvisé, à quel point il peut avoir des
conséquence sur une industrie qui a été assez
affectée par certains événements, qui a assez d'obstacles
dans le moment. Ce matin, en commission parlementaire, nous avons dit:
Écoutez, si vous ne voulez pas accepter notre motion de faire un rapport
spécial à l'Assemblée nationale, vous allez prendre vos
responsabilités parce qu'on ne peut pas continuer de façon
rationnelle l'étude article par article du projet de loi. On n'a
plus de temps et les conséquences de certains aspects sont assez
négatives et assez sérieuses.
Pour ces raisons, nous sommes en faveur, nous avons voté en
faveur, en deuxième lecture, des principes d'économie de
l'énergie, mais ce n'est pas ce qui existe dans le projet de loi, je
vous l'assure. Malgré les représentations, malgré les
protestations du ministre, ce n'est pas le projet de loi qu'il nous a promis et
qu'il s'est engagé à déposer à l'Assemblée
nationale, dans le livre blanc sur l'énergie. Dans le livre blanc sur
l'énergie, il s'est engagé à réviser le Code du
bâtiment, ce n'est pas ce qu'il fait. Il accepte que certaines personnes
soient assujetties à l'économie de l'énergie, et certaines
autres, pas.
Ça démontre une incohérence de la part du
gouvernement. On vient juste d'adopter un projet de loi no 2 concernant SOQUIP
et on vient de parler des approvisionnements et de la pénurie. Quelle
importance attache ce gouvernement à la conservation de
l'énergie? Ce sont des contradictions qu'on voit constamment. Si le
projet de loi avait été rédigé de façon
cohérente, s'il avait été rédigé de
façon rationnelle, s'il imposait l'obligation d'économiser
l'énergie vraiment à tous les Québécois, d'une
façon qu'on puisse connaître les obligations en lisant le projet
de loi, très bien. Si c'était clair, on pourrait être en
mesure de l'adopter.
Mais il y a un article ici - il pourrait ne pas y avoir d'autres
articles dans le projet de loi, seulement l'article 16 - qui donne un pouvoir
de réglementation totale au gouvernement. Il peut tout faire,
d'après les termes de l'article 16. Pour ces raisons, nous allons voter
contre en troisième lecture, mais nous sommes à la disposition du
gouvernement - parce que cette loi ne viendra pas en vigueur avant le 1er
juillet prochain - pour continuer l'étude du projet de loi, s'il veut
reconvoquer la commission parlementaire, et nous allons lui dire, comme nous
l'avons dit dans le projet de loi no 2, les changements qui devront être
faits afin que ce projet de loi, comme le projet de loi 2, réponde aux
besoins de la population et soit un projet de loi rationnel et cohérent.
Merci, Mme la Présidente. (17 h 50)
La Vice-Présidente: M. le ministre de l'Énergie et
des Ressources.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Mme la Présidente, il s'agit, en
effet, d'un projet de loi qui surprend, parce qu'on n'est pas habitué
à des lois conçues pour être souples, humaines, proches des
citoyens. Par conséquent, quand on en découvre une, on
s'interroge. C'est le sens de l'intervention du député de
Mont-Royal.
Une voix: Cela fait quatre ans qu'ils nous disent cela.
M. Bérubé: II nous dit, cette loi n'a pas le bon
titre, Loi sur l'économie de l'énergie dans le bâtiment. Il
a raison. Je l'ai d'ailleurs proposé en commission, mais, finalement, on
a décidé de ne pas l'accepter. Nous aurions pu changer le titre
et l'appeler loi humaine sur l'économie de l'énergie dans le
bâtiment, et, effectivement, nous aurions eu un titre adéquat pour
représenter cette loi.
J'ai présenté à l'Assemblée nationale, aux
partis d'Opposition, tous nos règlements complets qui circulent
d'ailleurs dans tout le Québec auprès de 32 associations, de
manière à pouvoir savoir la réaction de l'Ordre des
ingénieurs, des architectes, des constructeurs, des entrepreneurs de
toutes sortes et, à partir de cette espèce d'enquête,
savez-vous ce qu'il en est ressorti? Tout le monde a dit: II est temps.
Excellent! Si nous avions pris ces règlements concernant l'isolation des
bâtiments et nous avions fait comme cela se fait toujours dans
pratiquement toutes nos lois ayant trait à la construction, nous aurions
dit: Cela s'applique à tout le monde, pas d'exception, comme cela se
fait toujours.
Là, évidemment, vous perdez la flexibilité.
Très fréquemment, je pense que quand une loi est bonne à
95%, elle est parfaite. C'est lorsqu'on veut avoir une loi qui est bonne
à 99%, le dernier pourcent, il est terriblement difficile. Il faut
introduire, prévoir tous les cas, imaginer toutes les situations qu'on
va découvrir effectivement dans la réalité quotidienne et,
les prévoyant, avoir un article. On a d'immenses lois qui
prévoient absolument tout. C'est un plaisir pour les avocats
évidemment. Cela coûte les yeux de la tête. Il nous faut
engager des centaines de milliers d'inspecteurs et, là, l'Opposition
nous dit: Mais, c'est la bureaucratie, c'est la police partout. Voilà
que nous introduisons une loi sur l'économie d'énergie. Nous
disons: Les entrepreneurs qui construisent des bâtiments, des maisons
pour les citoyens du Québec, qui offrent des services professionnels,
des avocats, des ingénieurs, c'est normal que ces gens-là soient
assujettis à la loi. On ne peut pas les excuser d'avoir construit un
bâtiment aujourd'hui qui perde sa chaleur par tous les orifices, par la
cheminée, par la ventilation, à travers les murs, par les
fenêtres, dans le sous-sol, cela n'a aucune bon sens, il n'y a plus
personne aujourd'hui qui est prêt à jeter son argent par les
fenêtres, cela coûte trop cher l'énergie.
Donc, un professionnel de la construction, un entrepreneur, un
architecte, un ingénieur, tous sont obligés de respecter la loi.
Parfait. Mais on dit: Le Québécois qui décide de
construire sa maison lui-même, qui connaît un peu la menuiserie et
veut s'amuser - il y en a beaucoup qui font cela au Québec, enfin
beaucoup! il y en a un certain nombre - il ne connaît pas toutes les lois
du Québec. C'est possible qu'il ne respecte pas... Au lieu d'avoir un
once et trois quarts d'isolation à tel endroit, il aura peut-être
un once et demi. C'est possible. Ce n'est pas grave. C'est sa maison et il
paiera pour cela. On dit: Exception! Il pourra déroger au
règlement. Il ne sera pas tenu de respecter la loi, parce que c'est la
maison qu'il construit lui-même. Il se débrouillera avec ses
ennuis. C'est son problème et il l'a choisi. De toute façon,
comme c'est sa maison et que, dans le fond, il va lire des livres et il va
essayer de se renseigner et comme il est fier de ce qu'il fait de ses mains, il
va certainement faire attention. Est-ce nécessaire d'être
derrière lui avec un policier, un surveillant, trois ou quatre gendarmes
pour être sûr qu'il a la bonne épaisseur d'isolation dans
les murs? C'est bien évident que non. C'est donc une exception.
Là, surprise! une loi qui ne s'appliquera pas à
tout le monde. Le Québécois qui construit sa maison
lui-même ne sera pas obligé d'aller étudier le cahier des
normes pour être sûr que tout est respecté. Cela les
surprend. Cela ne me surprend pas. C'est pour cela que j'ai dit une loi
humaine. De la même façon, les normes, les règlements
disent qu'il faudra que les fenêtres n'aient pas plus qu'une certaine
grandeur, mais il y a de nos Québécois qui se font construire une
maison et qui veulent avoir de grandes baies vitrées, dans tout le
salon. Ils pourront dire à leur constructeur: Par la présente, je
t'autorise à avoir de grandes fenêtres quand tu la construis. Et
voilà une loi humaine, c'est-à-dire qu'on n'essaie pas de taper
sur la tête de tout le monde. Quand on parle d'essayer de contrôler
la bureaucratie - merci, M. le Président - cela veut dire en même
temps d'adopter des lois qui sont de cette façon-là. On ne peut
pas comparer des lois sur la sécurité des bâtiments avec
des lois portant sur l'isolation des bâtiments. Ce n'est pas la
même chose. On ne peut pas jouer avec la sécurité, mais,
dans le cas de l'isolation, c'est bien sûr qu'il faut être plus
souple. C'est le sens de cette loi. Non seulement cela, mais pour
également minimiser le travail de nos inspecteurs, nous faisons
confiance aux constructeurs, nous faisons confiance aux architectes, nous
faisons confiance aux ingénieurs et nous disons: Fournissez-nous une
attestation signée de votre main comme quoi vous avez respecté la
loi et cela va éliminer énormément de travail de
contrôle. Voilà une loi qui respecte les citoyens. Voilà
une excellente loi sur l'isolation des bâtiments, M. le
Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président: Merci, M. le ministre. Cette
troisième lecture, proposée par le ministre de l'Énergie
et des Ressources, du projet de loi no 9, Loi sur l'économie de
l'énergie dans le bâtiment, est-elle adoptée?
Des voix: Adopté sur division.
Le Vice-Président: Adopté sur division. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, maintenant, nous pourrions
faire la troisième lecture du projet de loi no 12 inscrit au nom du
ministre des Affaires municipales. Pardon! On a une entente. Pour que le
député de Gatineau puisse respecter ses horaires, on pourrait
immédiatement, avec le consentement de tous les collègues,
procéder à l'étude du projet de loi no 18. Il s'agit de la
prise en considération du rapport.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 18
Le Vice-Président: Oui. C'est cela. D'abord, la prise en
considération du rapport. Y a-t-il consentement?
M. Bertrand: Oui, cela prend un consentement.
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président: Consentement pour la prise en
considération du rapport?
M. Fontaine: Consentement pour quoi, M. le Président?
Le Vice-Président: Pour l'adoption du rapport du projet de
loi no 18.
M. Bertrand: Le député de Bellechasse semble
d'accord.
Le Vice-Président: Adopté? Des voix:
Adopté.
Le Vice-Président: Adopté. Nous pourrions
maintenant aller en troisième lecture.
M. Bertrand: Oui, M. le Président.
Troisième lecture
Le Vice-Président: Projet de loi no 18, Loi sur la fusion
du Bureau des véhicules automobiles et de la Régie de l'assurance
automobile du Québec. Nous sommes donc en troisième lecture, M.
le ministre des Transports, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. le député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président. J'aimerais réitérer ici que l'Opposition
officielle votera contre l'adoption de ce projet de loi no 18 en
troisième lecture essentiellement pour les raisons qu'on a
invoquées hier en deuxième lecture, à savoir que les
objectifs visés par ce projet de loi, soit de confier à la
Régie de l'assurance automobile toutes les activités
d'immatriculation, d'émission des permis de conduire qu'effectue
présentement le Bureau des véhicules automobiles ne viendront en
rien régler le problème d'inefficacité dans ce
domaine.
Je réitère également, M. le Président, que
si on veut réellement faire de la sécurité routière
un objectif prioritaire du gouvernement, ce n'est pas en confiant la gestion
presque complète à une régie d'État qu'on
parviendra à atteindre cet objectif. Ce sont les raisons principales, M.
le Président, et la raison principale qui nous fait voter contre cette
proposition, c'est surtout qu'on éloigne du citoyen, de l'ensemble des
citoyens québécois qui ont recours présentement aux
services du Bureau des véhicules automobiles, l'administration des
deniers publics consacrés à cette activité de la
responsabilité ministérielle en la confiant à une
régie autonome. (18 heures)
En terminant, M. le Président, je ferai remarquer au ministre
qu'hier soir, en commission parlementaire, il nous avait indiqué des
erreurs d'impression sur le formulaire IME pour le renouvellement de
l'immatriculation. J'avais allégué des chiffres ici en Chambre en
deuxième lecture. Le ministre, après vérification, nous a
informés hier soir qu'il s'agissait de 450,000 formules et si je ne
m'abuse, il avait indiqué hier à la commission qu'aucune de ces
formules erronées n'avait été expédiée aux
propriétaires d'automobile. Or, aujourd'hui - je ne sais si le
ministre en a été informé - je suis informé
qu'en fait il y a 200,000 de ces formules erronés qui ont
été expédiées à des propriétaires. Il
s'agit essentiellement de formules de renouvellement qu'on a postées
à des propriétaires d'automobile pour des automobiles dont ils ne
sont plus propriétaires. Selon les renseignements dont je dispose cet
après-midi, il y en a 200,000 qui ont effectivement été
mises à la poste et qui devront nécessairement être
remplacées avec les inconvénients que cela créera pour les
200,000 propriétaires qui les recevront. J'attire l'attention du
ministre là-dessus en lui disant que je lui souhaite bonne chance en
transférant la responsabilité au Bureau des véhicules
automobiles, mais que, quant à nous, nous ne croyons pas que cela
constituera une solution aux problèmes très graves qu'on
connaît présentement au BVA.
Le Vice-Président: Merci, M. le député. M.
le député de Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Très brièvement avant d'adopter ce
projet de loi en troisième lecture. Vous savez que l'Union Nationale a
été contre ce projet de loi en deuxième lecture, et a
également consenti à adopter certains articles, mais d'autres
articles ont été adoptés sur division, c'est-à-dire
que nous avons voté contre, tout simplement parce que nous ne croyons
pas que cette fusion va améliorer beaucoup de choses. La Régie de
l'assurance automobile sera, à partir de l'adoption de ce projet de loi,
juge et partie, parce qu'en plus de gérer les assurances, chose pour
laquelle elle avait été créée, elle pourra
s'occuper de l'émission des plaques, de l'administration de la
sécurité routière. Nous pensons que ce sera une
véritable perte de contrôle par le gouvernement, par ses membres
et par l'Assemblée nationale. L'administration et la
responsabilité seront dorénavant
déléguées.
Si nous étions contre, c'est d'abord et avant tout parce que nous
sommes certains que ce projet de loi est à la base d'une cachette au
niveau des coûts véritables de l'assurance automobile au
Québec. Ne voulant pas augmenter les coûts de cette assurance
avant les prochaines élections, nous sommes convaincus que le
gouvernement a trouvé ce petit truc de façon qu'il puisse s'en
sortir par la suite en disant à peu près ceci: Nous n'avons pas
augmenté les primes. Si cela coûte plus cher, c'est parce que
dorénavant nous nous occupons de l'émission des permis, nous nous
occupons de l'administration du Code de la route et ainsi de suite.
Bien sûr, vous le savez, vous connaissez mieux que moi les
règlements de cette Chambre, il s'agissait d'un simple refus au
consentement et nous bloquions ce projet de loi. Quand même, nous sommes
conscients d'avoir fait notre travail, de l'avoir fait objectivement. Nous
savons également que le gouvernement est majoritaire, et, même si
nous nous servions de ce privilège aujourd'hui, dans 15 ou 20 jours,
soit environ le 15 ou le 20 janvier, selon notre règlement, le
gouvernement pourrait demander de revenir dans cette Chambre et, de par son
autorité, de par sa majorité, faire en sorte que ce projet de loi
soit adopté. Nous voulions éviter des dépenses
supplémentaires au Québec, à la province, parce que ce
déficit de $9,000,000,000 qu'on connaît est déjà
assez grand, on ne veut pas ajouter d'autres frais. Nous aurions pu tout
simplement dire au gouvernement: Nous refusons cela. Cela aurait
été partie remise en janvier. Nous sommes vraiment conscients
d'avoir fait notre travail, d'avoir sensibilisé la population de
façon qu'elle sache, de manière non équivoque, que le
coût réel de la prime de l'assurance automobile au Québec
est d'au-delà de $125 comparativement à $85. Comme le dit le
ministre, nous avons voulu sensibiliser la population en lui disant: Le
gouvernement, de par sa majorité, fait adopter ce projet de loi, mais
à partir d'aujourd'hui, vous ne saurez plus combien coûte votre
prime d'assurance automobile au Québec, parce que ce sera une
espèce de "melting pot" au niveau de la fusion du Bureau des
véhicules automobiles et de la Régie de l'assurance automobile du
Québec.
M. le Président, bien sûr, nous voterons contre ce projet
de loi en troisième lecture. Le gouvernement portera l'odieux de son
geste.
Le Vice-Président: Merci, M. le député. M.
le ministre des Transports.
M. Denis de Belleval
M. de Belleval: Merci, M. le Président. Même si
l'Opposition a des objections à l'adoption de ce projet de loi et
même si vous m'en voyez désolé, je veux quand même la
remercier pour sa collaboration en permettant l'adoption de ce projet
immédiatement. Effectivement, c'est la responsabilité
gouvernementale de porter un jugement en pareille matière et, comme je
l'ai expliqué hier, nous pensons, au contraire de ce que pense
l'Opposition, que ce projet amènera une plus grande efficacité
administrative et que nous pourrons faire les mêmes choses que nous
faisons actuellement avec moins de ressources, tant financières
qu'humaines.
Dans ce sens-là, je pense que c'est un objectif valable, c'est
l'objectif que nous poursuivons depuis quatre ans et que nous avons
réussi largement à atteindre puisque nous sommes le premier
gouvernement, dans l'histoire du Québec, qui ait réussi à
maintenir la fonction publique au même niveau que lors de son
arrivée au pouvoir. Je pense que c'est un résultat assez
exceptionnel et que l'Opposition aura bonne grâce à
reconnaître. C'est le même genre d'objectifs que nous poursuivons
en fusionnant le Bureau des véhicules automobiles et la Régie de
l'assurance automobile. On veut faire le même travail avec moins de
ressources et augmenter la productivité de la fonction publique.
Deuxièmement, comme nous l'avons dit, on veut permettre une meilleure
coordination entre des agents qui travaillent dans le même domaine, tant
dans le domaine de la sécurité routière comme telle que
dans l'administration d'un régime qui a fait ses preuves et qui a permis
aux Québécois de connaître non seulement une
stabilité en matière de financement, mais qui, compte tenu de
l'inflation qui a joué au fil de ces années, a permis, à
toutes fins pratiques, une réduction d'environ 40% du coût du
régime pour, disons, cette partie de notre population qui contribue
directement au régime. Il faut bien voir qu'en vertu du mode de
financement actuel de la Régie de l'assurance
automobile, tout le monde est assuré, tous les
Québécois sont assurés, y compris ceux qui n'ont pas de
permis de conduire et qui ne sont pas propriétaires de véhicules
automobiles. Il y a des gens, des piétons qui n'ont rien à payer
pour l'assurance automobile parce qu'ils n'ont pas de permis de conduire, parce
qu'ils n'ont pas de véhicule et qui sont assurés. Certains ne
paient qu'environ $19 par année parce qu'ils n'ont qu'un permis de
conduire et ne possèdent pas de voiture. D'autres qui ont une automobile
paient $85. Comme on le sait, ces tarifs, entre autres, ces $85, ont
été maintenus au même niveau depuis quatre ans.
Je pense que là-dessus, les faits parlent par eux-mêmes. On
aura beau chercher toutes les statistiques qu'on voudra et introduire toutes
sortes de faux raisonnements, je pense que le citoyen, lui, sait que chaque
année, depuis quatre ans, quand il veut payer son assurance automobile,
il paie $85 et rien d'autre.
Donc, nous avons raison de dire que le régime a fait ses preuves,
qu'il continuera d'en être ainsi à la suite de la fusion et qu'en
particulier, au niveau des coûts, comme je l'ai indiqué à
l'Opposition hier, des articles de la loi prévoient une
comptabilité séparée pour l'aspect assurance automobile et
pour l'immatriculation ou le renouvellement des permis de conduire. Comme j'en
ai aussi assuré le député de Bellechasse, sur la facture
que chaque citoyen doit acquitter chaque année pour son renouvellement
d'immatriculation, nous continuerons - nous en prenons l'engagement - à
indiquer les coûts afférents soit à l'immatriculation, soit
aux frais d'administration, soit à l'assurance automobile pour les
dommages corporels.
M. le Président, je pense que nous avons donné toutes les
garanties de transparence en matière de financement, en même temps
que des garanties sur le plan de l'efficacité administrative. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président: Merci, M. le ministre. Est-ce que cette
motion de troisième lecture du projet de loi no 18 proposée par
le ministre des Transports, Loi sur la fusion du Bureau des véhicules
automobiles et de la Régie de l'assurance automobile du Québec,
est adoptée?
Des voix: Adopté sur division. Le
Vice-Président: Sur division. Une voix: Sur division.
Le Vice-Président: M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, nous pourrions maintenant
procéder à la troisième lecture du projet de loi no 12
inscrit au nom du ministre des Affaires municipales. (18 h 10)
Projet de loi no 12 Troisième lecture
Le Vice-Président: Le projet de loi no 12, Loi modifiant
certaines dispositions législatives concernant les municipalités,
est proposé en troisième lecture par le ministre des Affaires
municipales.
M. le député de Laval.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: Je pense qu'il est de mon devoir et de nos
responsabilités d'y revenir. Même si ce n'est pas coutume de faire
un discours de fond en troisième lecture sur un projet de loi, je sens
cette obligation à cause de l'importance de ce projet de loi qui touche
la fiscalité municipale et à cause des modifications à
d'autres lois, comme le Code municipal, la Loi des cités et villes, la
Communauté urbaine de Québec, la Communauté urbaine de
Montréal. En somme, c'est un projet de loi qui concerne et affecte tous
les citoyens du Québec, non seulement les propriétaires, mais
également les locataires, parce qu'on sait que dans tout paiement de
loyer, il y a une somme d'environ 20% du loyer mensuel qui va pour le paiement
des taxes municipales et scolaires des citoyens.
Il est devenu une tradition, c'est du moins la deuxième
année - sans doute à cause de l'importance de ce domaine des
affaires municipales - que nous terminons pratiquement la session par une loi
sur l'administration et la fiscalité municipales. À peu
près jour pour jour, l'année dernière, nous adoptions la
loi 57 de mémoire un peu triste, en ce qui me concerne. On se rappellera
les conditions de travail dans lesquelles nous avons vécu au mois de
décembre 1979, lorsque la commission permanente des affaires municipales
a dû travailler pratiquement une dizaine de jours ou quinze jours avec
des horaires impossibles pour étudier les 590 articles que contenait la
loi 57. On se rappellera qu'au début, ce projet de loi contenait environ
540 articles; au moins la moitié de ces articles, au moins 250 de ces
articles ont été amendés, modifiés, abrogés
en cours de route et on sait dans quelles conditions de travail nous avons
dû adopter à la vapeur, dans la bousculade générale
de fin de session, un projet de loi de l'importance du projet de loi no 57 sur
la fiscalité municipale.
Cette année, il y a une légère amélioration,
toute proportion gardée; c'est vrai que nous avons un nouveau ministre
des Affaires municipales. Lorsque ce projet de loi, qui porte le no 12, a
été déposé cette année, il y a
peut-être une vingtaine de jours, il contenait 57 articles. On sait que
nous avons eu des auditions, en commission parlementaire, vendredi dernier,
lundi, après les funérailles de l'honorable Jean Lesage; hier,
nous avons siégé - c'est bon qu'on se le rappelle, M. le ministre
- d'une façon continue de 15 h 30 à 23 heures sans suspendre pour
l'heure du repas, tout en nous permettant d'étudier un projet de loi
concernant la ville de Montréal, qui a pris à peu près une
heure, et celui de la municipalité de Saint-Antonin, dans
Rivière-du-Loup.
J'ai pris la peine, cette année, de faire le calcul du nombre
d'articles du projet de loi maintenant que nous sommes rendus à la
troisième lecture. Je parie que le ministre ne le sait même pas
parce que la nouvelle numérotation n'a pas été faite
encore, on le sait. Mais j'ai pris la peine de la faire, ce qui avait
été impossible l'année dernière. Vous comprendrez
qu'il y avait eu 300 articles amendés. Je me rappelle d'avoir
posé la question en troisième lecture et toute la Chambre
était ignorante du nombre d'articles que contenait la loi 57
l'année dernière. Il y a une légère
amélioration cette année; j'annonce au ministre que son projet de
loi a 82 articles, soit 25 articles nouveaux. On sait que la grande
majorité des 57 articles originaux a été amendée ou
modifiée en cours de route, et c'est bon que la population sache dans
quelles conditions nous travaillons, comment les projets de loi sont
présentés à la dernière minute, sur des sujets
aussi vitaux que l'administration des affaires municipales, ce qui touche le
fardeau des taxes municipales de tous les citoyens du Québec,
propriétaires comme locataires.
La loi 12 contient plusieurs volets, dont une partie technique
concernant les systèmes d'évaluation foncière et le calcul
des taxes foncières pour les compagnies d'électricité,
Hydro-Québec, Bell Canada, etc. Je ne m'attarderai pas à cette
partie de la loi.
Il y a une autre section qui concerne un amendement important à
la loi 125 de l'aménagement du territoire et qui a été
étudiée surtout par le député de Huntingdon, de
l'Opposition, qui se penche d'une manière particulière sur les
municipalités locales. Cette partie touche la compétence des MRC,
qu'on appelle des municipalités régionales de comté.
Une autre section traite de l'étalement du paiement des taxes en
plusieurs versements. M. le Président, tout en souhaitant cet
étalement en deux, trois ou quatre paiements. Je crois que le ministre a
fait une erreur. Il y a eu une campagne d'information, d'encouragement
auprès des municpalités, je pense que les municipalités,
autant urbaines que locales, sont sensibilisées a ce problème.
Elles sont plus près des citoyens que nous dans leurs sphères
d'activités. Elles étaient assez grandes et matures pour qu'on
leur laisse le soin, dans le respect de leur autonomie municipale, de
décider de quelle façon elles entendaient percevoir leurs comptes
de taxes, ce que nous considérons comme une administration du quotidien.
C'est de la simple administration courante et l'État, le
ministère des Affaires municipales, n'avait donc pas à
s'ingérer dans ce domaine par un pouvoir de réglementation. Je
crois que cette section aurait dû être laissée strictement
à la discrétion des municipalités, des élus locaux,
qui sont actuellement déjà fortement sensibilisés à
cette question.
Vous allez vous rendre compte que ça va créer
énormément de difficultés, de coûts additionnels aux
municipalités. Je pense que vous n'atteignez même pas votre
objectif, parce que ça va profiter dans bien des cas aux grandes
sociétés commerciales, industrielles ou autres qui avaient
l'argent, normalement, au début de l'année, pour payer leurs
taxes, qui représentent peut-être 25% ou 30% des ressources
municipales. Elles vont profiter maintenant de votre étalement et vont
attendre pour payer au mois de juillet l'autre partie du compte de taxes.
Une autre section assez importante du projet de loi, M. le
Président, est la surtaxe sur les terrains vacants sur le territoire de
la CUM, la Communauté urbaine de Montréal. Il est vrai que
ça affecte uniquement les 29 municipalités de la
Communauté urbaine de Montréal, de Sainte-Anne-de-Bellevue, de
l'île Perrot, jusqu'à Rivière-des-Prairies et
Pointe-aux-Trembles.
Je crois que le ministre est allé beaucoup trop loin. Il y a un
abus de pouvoir de la part de l'État dans cette loi qui crée une
injustice criante, M. le Président, qui démolit même les
objectifs de cette disposition. Je pense que, pour l'information des citoyens
du Québec, il est bon qu'on l'explique brièvement. La situation
actuelle de la taxation des terrains vacants à Montréal est la
suivante: les autorités de la Communauté urbaine de
Montréal ont le droit de charger une surtaxe de 50% sur les terrains
vacants desservis, où il y a des services municipaux d'égouts et
d'aqueduc, c'est-à-dire qui sont exploitables, où on peut
bâtir. Je crois que c'est normal, car ça encourage les
propriétaires, au lieu de s'asseoir et d'attendre que les prix
augmentent, cela les force à bâtir plus rapidement sur leurs
terrains, du fait qu'il y a des services. (18 h 20)
Dans le projet de loi actuel, écoutez-moi bien, M. le
Président, on augmente cette surtaxe sur les terrains desservis de 50%
à 100%. Nous, de l'Opposition, nous avons même accepté
cette augmentation à 100% de la surtaxe où les services existent.
Ces terrains-là seront construits plus vite, procureront du logement,
des commerces, de l'industrie et apporteront des revenus additionnels aux
municipalités. Mais là où le ministre va trop loin et
crée un abus de pouvoir, M. le Président, c'est que le projet de
loi prévoit une surtaxe également possible de 100% sur les
terrains vacants qui n'ont pas de services d'égouts et d'aqueduc. Je
vous dis que c'est une injustice criante.
C'est vrai que le ministre va dire: C'est permissible, seulement les
municipalités ne sont pas obligées de le faire. D'accord, mais
quand un droit existe, quand un pouvoir de taxation existe, on sait que les
municipalités en général s'en servent. On va me dire
également que c'est uniquement sur le territoire de la CUM. C'est vrai,
mais on sait, d'expérience, que dès qu'un pouvoir est
accordé à une communauté urbaine comme Montréal, il
arrive d'autres municipalités de la Communauté urbaine de
Québec et d'autres municipalités au Québec qui demandent
les mêmes pouvoirs. D'ailleurs, cela a été discuté
et le ministre m'a dit que c'était même un voeu du comité
Québec-municipalités.
M. le Président, je crois que c'est une injustice parce que ces
propriétaires-là n'ont aucune compétence. Si, au moins,
ils pouvaient forcer les municipalités à avoir les services pour
pouvoir bâtir, mais on sait qu'ils n'ont aucun pouvoir et que ce pouvoir
est totalement discrétionnaire aux municipalités d'ouvrir un
territoire. Souvent, cela ne peut pas se faire avant cinq, dix ou quinze ans,
lorsque la municipalité doit installer des collecteurs d'égouts,
d'aqueduc, etc. Mais qu'est-ce qui va arriver? Les petits ou les moyens
propriétaires de ces terrains-là ne pourront plus les conserver.
Au bout de trois ans, quatre ans, cinq ans, lorsque la municipalité leur
répondra: Écoutez, on ne peut pas vous donner les services avant
cinq ans, dix ans ou quinze ans, avec une surtaxe possible de 100%, ça
veut dire le double...
Je vous donne un exemple: il y a des terrains de 20 arpents qui se
trouvent dans ville d'Anjou, dans Rivière-des-Prairies, dans
Saint-Laurent, qui portent une évaluation - j'ai vérifié
auprès des maires qui sont venus en commission
parlementaire - de $20,000 l'arpent, ce qui fait $400,000
d'évaluation pour 20 arpents. Le système actuel, du fait qu'ils
n'ont pas les services, le taux de taxe dans les municipalités de la
Communauté urbaine de Montréal, est d'environ $3 des $100
d'évaluation, ce qui fait $12,000 de taxes par année, en plus de
la taxe scolaire, pour des terrains non productifs, qui sont vacants et sur
lesquels le propriétaire ne peut pas bâtir à cause de
l'absence des services municipaux.
La loi actuelle permet une surtaxe de 100% qui peut atteindre, dans ce
cas-là, au lieu de $12,000 par année de taxes, $24,000 par
année de taxes. J'ai posé la question au ministre: Est-ce qu'il
est dans l'intention ou dans la philosophie de ce gouvernement de permettre
à l'État, soit au gouvernement local, de devenir
propriétaire à peu de frais de tous les terrains vacants des
régions urbanisées? C'est un bon moyen, les gens ne paieront plus
de taxes. Ils ne pourront plus payer de taxes et la municipalité prendra
possession de ces terrains. Si je me rappelle bien, le ministre ne m'a pas
répondu là-dessus, à savoir si c'est vraiment dans la
mentalité du gouvernement actuel. Il aura l'occasion tout à
l'heure, dans son droit de réplique, de me répondre, si ce n'est
pas une arrière-pensée de ce gouvernement-là de s'emparer
pour rien ou de permettre aux municipalités, à l'État de
s'emparer des terrains vacants.
Une autre solution peut survenir. Les grosses sociétés
multinationales ou autres qui ont les reins solides vont pouvoir payer les
taxes, ces surtaxes, pendant cinq ans, dix ans, quinze ans, si vous voulez;
elles vont s'ajouter au coût d'achat ou à la valeur du terrain et
quand ils pourront les développer, dans cinq ans, dix ans ou quinze ans,
qu'est-ce qui va arriver? Ils vont ajouter les frais des taxes payées
sur leur coût d'acquisition et ils vont refiler ça aux
constructeurs dans le coût de la vente des terrains et ce sera le
consommateur, l'acheteur de la maison qui paiera, en fin de compte, ces abus de
taxes. Personne ne fait la charité et, au bout du compte, c'est encore
le consommateur qui absorbera le coût des maisons qui va encore
augmenter.
Un autre but de la loi, avec une surtaxe sur les terrains vacants, est
d'encourager, d'accélérer l'exploitation et la construction de
ces terrains-là; il est fort possible que vous atteingnez exactement
l'effet contraire, parce que certaines municipalités vont dire: On a un
espace de 300 arpents, pourquoi aller investir $10,000,000 d'infrastructure
d'égouts et d'aqueduc, d'éclairage? Cela nous rapporte une
fortune en payant avec la surtaxe de 100%. On n'a pas de frais de police, de
déneigement, d'enlèvement de la neige, de protection du citoyen
et cela nous rapporte à tour de bras, sans qu'on ait à investir.
On peut dire également: Ils ne nous exploiteront pas. Ils vont se tanner
et ils vont nous les remettre gratuitement.
C'est la législation qu'on a devant nous actuellement. C'est la
raison pour laquelle on a proposé des amendements accordant 100% sur les
terrains desservis, d'accord, mais n'accordant pas cette surtaxe de 100%; et
vous avez refusé. On a essayé un autre amendement dans le but de
diminuer à 25% cette surtaxe des terrains non desservis. Vous avez tout
rejeté. Je crois que c'est important que la population... On va faire un
tort énorme à l'économie de la construction et au
marché immobilier, pour commencer, dans la Communauté urbaine de
Montréal et cela s'étendra ailleurs.
Je voudrais souligner à l'UPA, également, à l'Union
des producteurs agricoles et aux jardiniers du Québec, que cette loi,
cette mesure, cette surtaxe peut les affecter. Je pense qu'ils sont en droit
d'avoir ces renseignements, M. le Président. Je me suis informé;
j'ai appelé moi-même, aujourd'hui, à la Commission du
contrôle des terres agricoles. II y a 6% du territoire de
Montréal, de la Communauté urbaine qui est zoné, qui est
protégé en vertu de la Loi du zonage agricole, dans
Île-Bizard, dans Pierrefonds, dans Sainte-Anne-de-Bellevue, et il est
possible qu'il y ait des demandes pour l'inclusion dans la zone agricole de
certains terrains dans Rivière-des-Prairies et Saint-Laurent.
Il est vrai que la surtaxe de 100% n'affecte pas immédiatement le
producteur agricole. Il est protégé par la loi 57 sur une limite
d'évaluation de $375 l'hectare et de $2 du $100 d'évaluation. Il
est protégé ainsi actuellement. Mais ce qui peut fort bien
arriver, surtout dans la Communauté urbaine de Montréal, si ces
pouvoirs sont étendus ailleurs, que ces terres qui sont
protégées pour des fins agricoles dans Montréal -on sait
que toute l'île Bizard est comme cela -éventuellement soient
exclues de la zone agricole. Dans certains cas, où il y a plus
d'urbanisation alentour, elles peuvent être exclues, à la demande
de la municipalité, et hors du contrôle du cultivateur. On le
sait. Et la belle affaire! En ce qui a trait à la loi 57 - c'est
explicité davantage dans la loi 12 - savez-vous ce qui arrive, M. le
Président, lorsqu'une terre agricole sort de la zone
protégée? Le cultivateur est obligé, dans ce cas, de
rembourser dix ans en arrière le régime fiscal normal d'un
propriétaire qui n'est pas cultivateur. On sait qu'il est obligé
de rembourser les subventions, mais 10%. Le cultivateur qui a un cas comme tout
à l'heure, qui a 20 arpents dans la Communauté urbaine de
Montréal peut aller jusqu'à $24,000 de taxes par année, il
n'est pas obligé de les payer dans le moment. Il est
protégé à $2 du $100.
Mais dans cinq ou sept ans, sa terre sort du plan de zonage agricole et
il est obligé de rembourser cinq ou six fois $24,000. Qu'est-ce qui va
rester? Vous pensez qu'il va vendre sa terre? C'est aberrant, des lois de la
sorte. Si cela commence à la Communauté urbaine de
Montréal, cela va s'étendre ailleurs au Québec.
M. le Président, un autre point important du projet de loi, la
raison d'être de ce projet de loi, surtout, cette année, ce sont
les crédits d'impôt. On a appelé cela des crédits
d'impôt. Savez-vous pourquoi? Parce qu'on veut donner l'impression
à la population que c'est un cadeau du gouvernement. Cela arrive, des
crédits d'impôt, des soulagements d'impôt, lorsqu'on paie
notre impôt, une certaine mesure... Là, c'est le crédit
d'impôt. Mais pensez-vous que c'est payé par le gouvernement du
Québec? Non, M. le Président. On a fait un calcul; les
propriétaires de maisons unifamiliales, duplex et triplex vont avoir un
crédit, et on va en parler du crédit d'impôt, de cette
mesure-pompier, cette mesure-cataplasme pour venir corriger des imperfections
et des erreurs qu'il y avait dans la loi 57, l'année dernière,
lorsqu'on a voulu coller l'évaluation au
marché immobilier. On sait que cela a amené des
augmentations d'évaluation, vous le savez comme moi, dans certains coins
de la région de Montréal, de 25%, 30% ou 35% d'un coup sec de ces
maisons unifamiliales. Dans la région de Québec, ici, des
augmentations de 25%, 30% et 40% de l'évaluation foncière
à cause des dispositions de la loi 57, de l'année
dernière, la loi sur la fiscalité municipale. (18 h 30)
On appelle cela des crédits d'impôt, mais cela va
être payé dans les municipalités par les
commerçants. Cela va être payé par les industriels et les
propriétaires de maisons d'habitation qui ont plus de trois logements.
C'est un transfert de ressources, on va soulager - je vais vous dire
jusqu'à combien - ces propriétaires de maisons unifamiliales,
mais le crédit n'est pas par Québec, le crédit vient
d'augmentations de taxes des commerçants, de la taxe d'affaires, des
taxes foncières sur les commerces, l'industrie et les conciergeries et
les maisons de quatre logements et plus. C'est cela. Mais ce gouvernement veut
laisser entendre que c'est encore un cadeau qu'il fait. Il n'y a aucun cadeau
dans cela, de la part du gouvernement actuel. Je dis que c'est une mesure de
cataplasme très temporaire. D'ailleurs, on accorde un crédit de
10% cette année, 5% l'année prochaine et c'est terminé
après 1982.
On se rappelle le tapage ou le battage publicitaire, l'an passé,
sur la fiscalité municipale. Est-ce qu'on en a entendu parler, M. le
Président, de la fiscalité municipale? Je ne sais pas combien on
a dépensé pour la publicité. À partir de l'adoption
de la loi, en janvier, février, mars et avril, la fiscalité
municipale c'était la bouée de sauvetage de toutes les
municipalités du Québec, de tous les contribuables du
Québec. C'est vrai que c'était avant le 20 mai, c'était
important de leurrer la population, de lui laisser croire que ce gouvernement
diminuait l'impôt ou les charges fiscales des contribuables. Cela touche
toute la population du Québec, c'était important. Vous ne trouvez
pas, M. le Président, qu'on en entend moins parler de la
fiscalité municipale, depuis le 20 mai? Actuellement, on n'en entend
plus parler beaucoup, mais par contre, ce qu'on voit dans à peu
près tous les journaux, autant dans le Soleil à Québec que
dans les autres journaux à Montréal, c'est qu'il y a une
augmentation de taxes à peu près générale dans ces
régions. À Longueuil, Saint-Léonard, un peu partout dans
le Québec.
Qu'est-ce que cela amène ce crédit foncier, entre autres,
pour les maisons unifamiliales à Montréal, alors qu'il y a une
augmentation d'évaluation moyenne de toutes les propriétés
de la Communauté urbaine de Montréal, une augmentation
d'évaluation moyenne de 27,5%. Le crédit fiscal ramène les
augmentations de taxes, dans la région de Montréal, à 10%.
Le ministre va me dire: Ce n'est pas beaucoup, c'est juste une indexation
normale. Je vous dis qu'on n'est plus capable d'indexer les charges locales,
les taxes municipales. On est rendu à un point où non seulement
cela ne doit pas être indexé au coût de la vie, qui est
à peu près à 10%, on est rendu à un point où
non seulement ils doivent rester stationnaires, mais il va falloir qu'un
gouvernement, une fois pour toutes, se penche pour considérer le fardeau
local du contribuable municipal.
Je vais vous donner des chiffres. Le ministre va me dire que c'est
seulement 10% d'augmentation. C'est trop. À Québec, M. le
Président, on siège ici à Québec, augmentation de
la propriété unifamiliale, dans le Soleil du vendredi 5
décembre, des gens qui sont représentés par des
députés qui siègent en face de nous. Je me demande s'ils
se sont penchés sur cette question. On n'en a pas vu beaucoup, on a vu
peut-être le député de Taschereau qui est venu en
commission permanente des affaires municipales pour étudier la
fiscalité municipale. Il y en a beaucoup d'autres ici de la
région de Québec qu'on n'a pas vus. Je me demande s'ils se
rendent compte vraiment de l'augmentation des taxes municipales dans la
région de Québec. Je vais vous donner des chiffres pour les
maisons unifamiliales. Quartier Saint-Jean-Baptiste, même avec le
crédit d'impôt de 10%, 29% d'augmentation de taxes municipales.
Saint-Sauveur-Ouest, même avec le crédit d'impôt fiscal, 36%
d'augmentation de taxes, en 1981, un an après l'adoption de la fameuse
Loi sur la fiscalité municipale qui devait soulager tout le monde.
Limoilou, est et ouest, 20% d'augmentation de taxes. Les Saules, 22%
d'augmentation de taxes municipales cette année. Duberger, 31%
d'augmentation de taxes municipales, un an après la grande
réforme de la fiscalité municipale. Charlesbourg-Ouest, 22%. Et
je ne les ai pas toutes nommées. Cela, c'est après l'adoption de
la grande mesure sur la fiscalité municipale.
Le ministre nous a produit un document démontrant que ça a
été formidable, la fiscalité municipale. L'augmentation
des dépenses des villes a été de $509,000,000 cette
année, augmentation des frais d'opération de toutes les
municipalités du Québec, mais il y a eu augmentation de taxes,
uniquement, de $35,900,000. Le ministre nous dit: C'est grâce à la
fiscalité municipale. Je dis au ministre: C'est un demi, un quart, un
dixième de la vraie vérité. Ce n'est pas à cause de
la fiscalité municipale, si ça s'est produit.
Je vais dire au ministre - et il le sait aussi bien que moi -
d'où vient que les municipalités ont $500,000,000 de plus de
frais d'opération, même si elles n'ont que $36,000,000
d'augmentation de taxes. C'est facile.
Les municipalités ont bénéficié, en 1980, de
$130,000,000 comme ajustement des derniers paiements de la taxe de vente,
hôtellerie et repas qui leur revenaient en 1979. On sait qu'il y a
toujours un montant qui reste en arrière. Elles ont retiré, cette
année, $130,000,000 pour la dernière fois, c'est fini; cette taxe
de vente est restée à M. Parizeau. Je reviendrai là-dessus
tout à l'heure. Cela a été comblé par quoi? Par un
autre élément qui n'a rien coûté au gouvernement:
$106,000,000 pour les taxes sur les réseaux de compagnies de
distribution d'électricité, de gaz, de
télécommunication et de téléphone. Même si
les chiffres qu'on nous avait donnés l'année dernière
étaient de $76,000,000 -j'espère que ça n'a pas
été volontaire - on se rend compte, cette année, que ces
taxes ont été données aux municipalités, pas par le
gouvernement du Québec, elles proviennent surtout d'Hydro-Québec,
de Bell Canada et des autres compagnies de gaz, etc. $106,000,000, c'est
intéressant.
J'ai communiqué avec Hydro-Québec, avec
Bell Canada. Hydro-Québec a payé en taxes municipales, en
1979, $20,400,000, mais, en 1980, à cause de la fiscalité
municipale, Hydro-Québec payait, au lieu de $20,000,000, $60,000,000 de
taxes municipales. En 1981, Hydro-Québec prévoit payer
$70,000,000 de taxes municipales. En 1982, on ne le sait pas, on est dans les
ténèbres parce qu'une taxe d'affaires sera imposée
à Montréal et elle n'a pas encore été
établie. Je vous donne des chiffres. Bell Canada a eu une augmentation
de taxes, à cause de la fiscalité municipale, de $20,000,000 et
elle prévoit, en 1981, une augmentation de 13%.
Qui, pensez-vous, a payé ces $106,000,000 si ce n'est pas le
contribuable québécois? Que fait Bell Canada, Hydro-Québec
ou Gaz métropolitain lorsqu'il y a une augmentation de taxes de cette
importance? Elles vont devant les régies, comme l'a fait
Hydro-Québec, il y a quelques années, alors qu'elle a
augmenté, au cours des dernières années, de 70% les tarifs
d'électricité au Québec. Il n'y a pas longtemps, Bell
Canada est allée à une régie fédérale
à cause de son augmentation de taxes municipales - une des raisons - de
$20,000,000, en vertu de la Loi sur la fiscalité municipale, pour
obtenir une augmentation de son tarif. Gaz métropolitain, il y a
quelques mois, est allé devant la régie pour augmenter... Cela
veut dire que les $106,000,000 qui ont été fournis aux
municipalités sont encore payés par le même contribuable
québécois non pas sous forme de taxe municipale, mais dans son
compte d'Hydro-Québec, de Bell téléphone et de Gaz. (18 h
40)
M. le Président, on commence à avoir des
éléments. Cela a pris du temps. On avait des réserves,
l'année dernière. Vous savez que nos doutes se sont
confirmés. Devant ce résultat d'un an, le ministre va nous dire:
C'est vrai que le gouvernement paie, en "en-lieu" de taxes et en paiements de
transfert, un peu au-delà de $200,000,000. D'accord? Il est vrai que le
gouvernement, dans la grande réforme, dans le grand bouleversement, a
augmenté sa participation dans l'éducation aux niveaux
élémentaire et secondaire - je ne les ai pas encore, je voudrais
bien les avoir ces éléments - d'après mes recherches,
c'est entre $300,000,000 et $400,000,000 qui ont été un fardeau
accru. Mais il ne faut pas oublier, M. le Président, qu'il n'a pas fait
de cadeau à personne, ce gouvernement-là. Il a gardé pour
lui la taxe de vente et d'hôtellerie sur les repas qui représente,
en 1981, $480,000,000 qui appartenaient aux municipalités mais qu'elles
n'ont plus. $480,000,000. D'autres subventions, que les municipalités
avaient auparavant, de $72,000,000, des subventions per capita ont
été abolies, et d'autres subventions conditionnelles ou
inconditionnelles, de l'ordre d'environ $60,000,000, les municipalités
les ont perdues.
Le ministre, tout à l'heure, vous allez voir, dans sa
réplique, va encore citer un document de M. Garneau, en 1975, disant: II
n'y a plus moyen de partager. Il ne s'est rien fait avant, sous le gouvernement
antérieur. Mais, M. le Président, je dis - et tout le monde le
sait d'ailleurs - que c'est un gouvernement libéral, dans les
années 1963-1964, qui a donné aux municipalités 25% des 8%
de taxe de vente, qui était un revenu progressif, qui augmentait suivant
l'inflation et suivant la capacité d'achat du contribuable
québécois. C'est le gouvernement antérieur qui a
donné également aux municipalités de 10,000 âmes et
plus les subventions per capita.
M. le Président, comment relier le fardeau fiscal des taxes
municipales de Québec, de Montréal et d'un peu partout au
Québec à la politique d'accès à la
propriété qu'a proposée le gouvernement actuel, il y a
quelques mois, dans le discours du budget? Je vous dis que c'est impossible,
que ça contredit cette politique d'accès à la
propriété lorsque le fardeau des taxes municipales est aussi
élevé. Je vais vous donner quelques exemples. Je connais un peu
le milieu, M. le Président, dans la ville de Laval et ailleurs, on sait
aujourd'hui que pour acheter une propriété neuve, c'est difficile
de payer moins que $40,000. C'est le strict minimum. Savez-vous quel est le
fardeau des taxes municipale, scolaire? $0.25. Le coût des
infrastructures, vous avez les améliorations locales d'égout,
d'aqueduc, pavage, trottoirs - ça, je l'ai calculé sur un terrain
de 40 pieds - la taxe d'eau, de $100 ou $120 par année. Savez-vous que
ça coûte, à l'acheteur d'une maison neuve de $40,000,
au-delà de $2000 de charges locales - j'ai calculé $2002, environ
- $175 par mois uniquement de taxes avant de faire face aux hypothèques,
avec les taux d'intérêt qu'on connaît. Comment voulez-vous
que les citoyens, nos concitoyens du Québec puissent avoir accès
à la propriété? Ils vont rester locataires. Même
pour les locataires, les loyers vont augmenter avec ces taxes, ne vous en
faites pas.
J'ai pris un autre exemple: une maison de $50,000, un petit peu plus
haut. Savez-vous que le fardeau, pour une maison neuve, sur un terrain de 50
pieds est d'environ $2600 de taxes locales, plus que $200 par mois uniquement
en taxes avant de payer le chauffage et l'hypothèque. J'ai
demandé ce matin à l'ex-ministre des Affaires municipales et
ministre délégué à l'Habitation, en commission,
quels sont ces programmes pour permettre aux citoyens du Québec
d'être propriétaires de leur maison. Il a dit qu'il n'y a rien
d'établi, que ce sera peut-être annoncé dans le prochain
budget. Mais si un gouvernement ne se penche par sur le fardeau des taxes
locales, ne pensez pas à l'accès à la
propriété.
M. le Président, je termine en disant que cette fameuse
réforme non seulement n'a pas bénéficié aux
citoyens du Québec, elle n'a même pas
bénéficié aux municipalités du Québec, elle
n'a même pas bénéficié au ministère des
Affaires municipales, ni aux unions des municipalités, nni aux unions
des conseils de comté. Je les invite à l'avenir à
être plus vigilants. Cette affaire-là, savez-vous d'où elle
origine? C'est du grand Parizeau. Excusez l'expression, cette réforme
vient du grand ministre des Finances.
D'ailleurs, tout a été concocté, tout a
été fait au ministère des Finances. Les Affaires
municipales n'ont rien vu; les municipalités, pas beaucoup. Le citoyen
n'était pas présent au comité
Québec-municipalités. Cela a été fantastique.
D'ailleurs, on le sait, toutes les simulations l'année dernière
provenaient imprimées sur de la documentation et des cahiers qui
originaient du ministère des Finances. Cette réforme a
avantagé, je dirais, les finances du ministère des Finances et
non pas les municipalités. Un exemple, un seul exemple tellement
évident, M. le Président, j'ai pris les
statistiques du revenu de la taxe de vente et des repas, il y a quelques
années, entre 1973 et 1977. Ces taxes de vente et des repas ont
augmenté, annuellement, entre 1973 et 1977, d'environ 15%, 14%, 15%,
16%, une indexation naturelle suivant la capacité des gens, qui allaient
plus au restaurant d'année en année, et qui faisaient plus
d'achats.
C'est vrai, je vais être honnête, il y a eu un petit
ajustement. Le ministre des Finances l'a reconnu lorsqu'on a
étudié les crédits. Cette année, il y a seulement
5%, parce qu'il y a eu des modifications, parce qu'on a enlevé la taxe
de vente sur les meubles et les vêtements, je crois. Mais il nous l'a
dit. Regardez le journal des Débats. Il a dit: C'est une année
exceptionnelle. Cela va reprendre le rythme normal de l'indexation de 15%. Les
municipalités avaient 25% de cette taxe. On leur a enlevé cela
pour leur laisser uniquement le champ de taxation immobilier foncier qui
n'augmente pas, l'évaluation neuve dans les muncipalités augmente
de beaucoup moins que 5% par année. Le ministre va me dire: Non, cela
augmente bien plus que cela. Je sais que cela augmente bien plus que cela,
avec, cette année, des poussées inflationnistes de 30% ou 40% sur
l'évaluation. Mais il est évident que le contribuable ne peut pas
assumer seul ces 30% ou 40% d'augmentation inflationniste de
l'évaluation. La preuve, c'est que vous apportez le crédit
d'impôt pour réduire à 15% ou 20% l'augmentation de
taxes.
M. le Président, on a pris aux municipalités une taxe qui
augmentait de 15% par année pour la garder au ministère des
Finances. On a laissé aux municipalités uniquement l'impôt
foncier immobilier neuf qui représente peut-être 2% ou 3%
d'augmentation par année. On l'a, la preuve, cela fait un an que cela
existe et les taxes se sont remises à augmenter déjà dans
les villes. La réforme n'a rien apporté aux municipalités
et encore moins aux contribuables du Québec. Je vous le garantis, M. le
Président. J'ai demandé au ministre des tableaux, des documents.
Actuellement, nous sommes en possession d'à peu près 80% ou 85%
des éléments de cette réforme. Le ministre m'a dit que,
plus tard au début de l'année, il nous fournirait les derniers
éléments qui nous manquent. J'ai hâte de les avoir, mais,
par contre, je déclare ici que cette réforme, je vous le
garantis, n'a rien apporté. La preuve en est les augmentations de taxes
un peu généralisées actuellement que nous connaissons dans
les municipalités du Québec.
Je parlais du ministre des Finances. Justement, le tableau que le
nouveau ministre des Affaires municipales m'a fourni m'a sauté aux yeux.
Lorsqu'il nous dit que les dépenses totales de toutes les
municipalités du Québec, en 1980, ont été de
$3,226,000,000, c'est un montant assez important, si on le compare au budget du
Québec qui est d'environ $17,000,000,000. L'administration municipale a
coûté cette année $3,226,000,000. Cela comprend
l'administration des villes de Québec, Montréal, Longueuil, Laval
et Sherbrooke, $3,200,000,000 cette année pour administrer les 1500
municipalités du Québec. Tout cela. Ne trouvez-vous pas cela
cocasse, M. le Président, c'est à peu près à 5%
près le déficit du gouvernement du Québec cette
année? (18 h 50)
Cela montre aux Québécois quelle est l'importance du
déficit du gouvernement péquiste, du gouvernement que nous avons
actuellement, un déficit qui représente à 5% près
tout le coût de l'administration des 1500 municipalités du
Québec. D'ailleurs, - je l'ai déjà souligné -
seulement l'intérêt, pas au taux courant, mais à 14%,
représente au-delà de $1,000,000 par jour d'intérêt
pour ce déficit, avant de commencer à payer le capital. Je pense
que ce qui reste, M. le Président, du mythe de bon gouvernement, ce
fameux mythe de bon gouvernement, il commence à fondre pas mal avant
l'arrivée du printemps.
Je dis donc que cette mesure - et je l'ai établi - a
été une mesure pompier. Ce crédit d'impôt est une
mesure cataplasme qui ne règle pas grand-chose. Il va peut-être
falloir se pencher pour changer complètement le prochain gouvernement
qui aura la responsabilité de la chose publique. C'est peut-être
dépassé. Ce n'est plus la formule possiblement d'avoir ce vieux
système d'impôt foncier sur l'évaluation sur le terrain, la
pierre, la brique et tout. Ce n'est peut-être plus la formule. Il y a
d'autres formules qui existent pour empêcher ces augmentations soudaines
des évaluations.
Je suis optimiste et je crois que, d'ici deux ou trois ans, il y aura
encore une poussée de la valeur des propriétés
unifamiliales, bifamiliales et autres pour qu'on rejoigne peut-être la
valeur canadienne, car nous sommes encore beaucoup plus bas, pour les
mêmes catégories de maisons qu'à Toronto, que dans l'Ouest
canadien, qu'à Vancouver. Il y aura encore, avant quelques
années... Je suis optimiste dans le sens que les
propriétés vont augmenter de valeur, mais cela amènera
encore quoi? Des augmentations d'évaluation? Je pense bien que ce
gouvernement ne sera plus là à ce moment-là et qu'il y
aura une formule moins cataplasme que des crédits d'impôt pour un
an à 10% et deux ans à 5%.
Je suis au courant que, dans d'autres pays, au lieu d'évaluer le
fonds, l'immobilier, on établit chaque logement à une valeur
locative. On dit: Telle maison représente une valeur locative de $4800
par année, $400 par mois et, d'année en année, on peut
l'indexer peut-être au coût de la vie à 7% ou 8%. C'est
beaucoup plus juste et équitable que le vieux système
dépassé de l'évaluation foncière. Il y a d'autres
formules. Je ne dis pas que je vous l'apporte immédiatement, mais il va
falloir qu'un prochain gouvernement prenne à fond le dossier de la
taxation et de l'administration des municipalités.
L'an dernier, M. le Président, à la grande
déception, au grand dam de l'ex-ministre des Affaires municipales,
l'Opposition avait voté contre la loi no 57 parce qu'il y avait trop
d'incertitudes et trop de questions auxquelles on n'avait pas de
réponse, même si, grâce à une certaine
publicité et de bonnes relations publiques, la plupart des media du
Québec nous disaient l'an dernier que c'était une grande
réforme. Je pense que la déception est grande et nous avions
raison, l'an dernier, d'avertir le gouvernement que son projet de loi
était rempli d'imperfections. Cette année, nous voterons sur
division, sans demander de vote enregistré parce que si le principal qui
est la loi no 57 est boiteux, l'accessoire qu'on amène actuellement est
également boiteux. Il va falloir que dès demain... J'inviterais
le ministre - c'est un nouveau ministre - à se pencher pour faire la
réforme de
la réforme de la fiscalité municipale.
La vérité a ses droits. Il y a eu un peu trop de
publicité l'an dernier. On sait pourquoi, mais je pense que le
gouvernement a leurré la population. L'ex-ministre des Affaires
municipales est là. Je l'inviterais, s'il le veut, à participer
au débat, à venir contredire ce que j'ai avancé sur le
fiasco de sa réforme de la fiscalité municipale. D'ailleurs, on
le sait, c'est un son de cloche général de l'Union des conseils
de comté, l'Union des municipalités, toutes les villes sont
insatisfaites de la réforme de la fiscalité municipale. Ce sera,
je l'espère, une responsabilité prioritaire d'un prochain
gouvernement de se pencher sur cette question, de ne pas regarder uniquement
les sources de revenus des municipalités urbaines ou rurales, mais il va
falloir, une fois pour toutes, qu'on se penche sur la capacité de payer
du contribuable local.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Il serait
peut-être bon, à ce stade-ci, de rappeler qu'actuellement nous
sommes à étudier, en troisième lecture, le projet de loi
no 12, Loi modifiant certaines dispositions législatives concernant les
municipalités. Je ne vais pas être très long, je ne veux
pas répéter mon discours de deuxième lecture; par contre,
je voudrais ajouter quelques commentaires après l'étude article
par article de ce projet de loi en commission.
Premièrement, comme l'an passé, ce projet de loi nous a
été présenté à la toute fin de la session
et, lors de sa présentation par le ministre, il nous avait dit qu'il y
avait eu consultation avec l'Union des municipalités et l'Union des
conseils de comté sur les amendements à apporter à ce
projet de loi.
En commission parlementaire, avant d'étudier ce projet de loi
article par article, nous avons entendu les mémoires
présentés par ces différents corps représentant les
municipalités et le résultat de l'étude de ce dossier a
été d'apporter 25 amendements aux 57 articles proposés et
25 nouveaux articles. C'est peut-être à l'avantage du ministre qui
s'est montré d'une ouverture d'esprit très grande en acceptant
plusieurs, mais pas toutes les suggestions de l'Union des municipalités
ou de l'Union des conseils de comté, car ces organismes avaient encore
beaucoup de suggestions et d'amendements à apporter à la loi
principale, soit la loi 57, et à la loi 125 concernant
l'aménagement.
J'inviterais le ministre à consulter le comité conjoint
qui est formé afin d'apporter d'autres amendements, car le projet de loi
tel que présenté amènera les municipalités à
présenter d'autres amendements. Par contre, si ces consultations
étaient faites au début de l'année, nous pourrions
peut-être étudier l'an prochain le projet de loi un peu plus
tôt durant le mois de décembre.
Un autre point que je voudrais souligner ici, c'est celui concernant les
surtaxes, c'est-à-dire les crédits d'impôt pour les
citoyens. II est bon de rappeler l'article 2 que le ministre a lu lors de la
présentation qui est ainsi constitué: "Les municipalités
qui imposent une taxe d'affaires au taux maximum permis par la loi pourront
accorder, au cours des exercices financiers 1981 et 1982, un crédit aux
contribuables débiteurs." C'est bien clair, c'est explicite que les
citoyens ne recevront des crédits d'impôt que dans les
municipalités où les conseils municipaux auront facturé
une taxe d'affaires au taux maximal. (19 heures)
En commission parlementaire, le ministre s'est rendu à notre
demande à l'effet de modifier l'article 6 de ce projet de loi concernant
l'article 189 de la Loi sur l'aménagement du territoire en
délimitant encore davantage les pouvoirs des MRC. C'est le paragraphe 2
qui a été amendé; il se lisait comme suit:
"Exécution des travaux de construction et exploitation d'aqueduc,
d'égouts et d'usine de traitement d'eau." Ce paragraphe a
été retiré et a été amendé;
maintenant, il se lit comme suit: "Perception du droit sur les mutations
immobilières", les deux autres paragraphes demeurant intacts. Je crois
que le ministre, par le fait même, a répondu à
l'appréhension de plusieurs municipalités qui craignaient un peu
l'intrusion des MRC dans certains pouvoirs qu'elles possédaient
déjà. De toute façon, étant donné que les
MRC n'entreront pas en vigueur avant quelques années, d'autres
clarifications pourront être apportées en temps et lieu.
Tout au long de ce projet de loi, nous avons déploré le
fait que la Loi sur l'évaluation foncière est constituée
de telle façon que ce sont les propriétaires de maisons
unifamiliales, duplex ou triplex qui ont à supporter en grande partie le
fardeau des augmentations de taxes. Bien sûr que le crédit qui
leur est accordé cette année dans les municipalités
où la taxe d'affaires sera imposée au maximum, va soulager un peu
ces contribuables. Par contre, je crois qu'il serait peut-être à
propos de réviser la Loi sur l'évaluation foncière afin
que les petits propriétaires ou les propriétaires de maisons
unifamiliales n'aient pas à chaque année à supporter cette
augmentation de taxes.
Également, un petit point que je voudrais peut-être
souligner aux citoyens, c'est que, l'an prochain, ils pourront payer leur
compte de taxes en deux versements, un au début de l'année et
l'autre au 1er juillet. Par contre, il est un point qui est très
important, étant donné le taux d'intérêt que les
municipalités doivent facturer sur les comptes impayés, qui
pourrait être de 16% à 18%, selon les municipalités, c'est
que le citoyen qui ne paiera pas son premier compte de taxes dans les
délais requis devra payer également les intérêts sur
le compte qui sera payable au mois de juillet. C'est la réponse qu'on
nous a donnée en commission, à la suite de nos questions.
Tantôt, le ministre pourra rectifier ou confirmer cette affirmation.
C'est très important que les citoyens, lorsqu'ils recevront leur premier
compte, s'ils ne veulent pas payer des intérêts, l'acquittent dans
les délais requis, car autrement les intérêts vont
être facturés sur le compte total payable durant l'année.
C'est très important pour tous les citoyens de connaître ce
détail.
En ce qui regarde les surtaxes sur les terrains non desservis, j'ai
trouvé qu'on accordait aux municipalités un pouvoir beaucoup trop
libéral, car ces municipalités auront le pouvoir de
taxer les terrains vacants non desservis d'une surtaxe allant
jusqu'à 100%. Je crois que c'est un pouvoir très large
accordé aux municipalités et qu'il pourra y avoir des abus dans
certains cas, car les citoyens qui auront à payer ces taxes n'auront
aucun recours pour obliger les muncipalités à desservir leurs
terrains afin qu'ils puissent les vendre.
Voilà les quelques remarques que je voulais apporter à la
suite de l'étude que nous avons faite de ce projet de loi en commission
parlementaire. Je vous remercie.
La Vice-Présidente: M. le ministre du Revenu et
député de Drummond.
M. Michel Clair
M. Clair: Mme la Présidente, à la suite de
l'intervention du député de Laval, il y aurait sûrement
lieu de faire une très longue intervention pour relever un bon nombre de
demi-vérités qu'il a dites en cette Chambre. Cependant, je ne
voudrais pas prendre beaucoup de temps, simplement deux minutes, pour rappeler
qu'après la démonstration que mon collègue, le ministre
des Affaires municipales, a faite la semaine dernière,
c'est-à-dire qu'en 1980, l'augmentation de taxes municipales n'avait
été, de façon générale à travers le
Québec, que de 1%, ce 1% ne tenait pas compte du remboursement
d'impôt foncier, lequel s'est appliqué cette année à
600,000 ménages québécois qui se sont partagé
$60,000,000 pour un remboursement d'impôt foncier moyen de $115. Dans les
chiffres que citait le ministre des Affaires municipales, le remboursement
d'impôt foncier n'entrait pas en ligne de compte.
Je voudrais également ajouter que le programme d'allocation au
logement pour les personnes âgées qui, lui aussi, tient compte du
niveau de taxes payé par les personnes âgées, aura permis
de venir en aide à 25,000 personnes âgées au Québec
pour $8,000,000 environ. Cela fait donc $80,000,000 de plus de réduction
de taxes pour les contribuables fonciers du Québec, si vous voulez,
$70,000,000 de diminution des impôts fonciers. Voilà un exemple de
ce que le député de Laval n'avait pas mentionné. Je vous
remercie.
La Vice-Présidente: M. le ministre d'État. M.
Guy Tardif
M. Tardif: Mme la Présidente, je n'avais pas non plus
l'intention d'intervenir dans ce dossier. Cependant, le député de
Laval m'ayant interpellé alors que j'entrais dans cette Chambre, je
voudrais tout simplement lui dire ceci. Lorsqu'il déclare de
façon tout à fait gratuite que la réforme de la
fiscalité municipale est un fiasco, j'aimerais qu'il explique comment il
se fait que les dépenses des municipalités, cette année,
ont augmenté de $505,000,000 pour l'ensemble du Québec,
c'est-à-dire une augmentation de 18%, et que les revenus de perception
locale ont augmenté de $35,000,000, soit 1%. Si une personne, une
entité, une corporation augmente ses dépenses de $505,000,000 et
que ses revenus n'augmentent que de 35%, il faut donc que quelqu'un ait
payé la différence. Ce quelqu'un, c'est, en très grande
partie, le gouvernement, avec la réforme de la fiscalité. Je
pense que c'est important de le souligner.
Nonobstant les sparages du député de Laval en cette
Chambre, les citoyens, maintenant, ont les moyens d'être informés
puisque la Loi sur la fiscalité municipale prévoit que le maire
doit faire un discours sur le budget dans les quatre semaines qui
précèdent sa présentation, lequel discours doit être
distribué à chaque porte de la municipalité ou être
publié dans un journal circulant dans la municipalité. Or, ces
renseignements quant au budget et quant aux états financiers auront
permis de se rendre compte qu'à Laval, cette année, il y avait un
surplus de $5,300,000, si ma mémoire est bonne.
Mme la Présidente, je veux bien croire que c'est vrai que le
Parti libéral, parti auquel appartient le député de Laval,
avait déclaré, par son ministre des Finances, en 1976, qu'il ne
pouvait pas faire de réforme de la fiscalité, qu'il n'en avait
pas les moyens. Nous l'avons réalisé parce qu'il nous semblait
important, justement, de consentir des revenus additionnels aux
municipalités du Québec, ce qui a été fait. Ce qui
est important, maintenant, c'est que les citoyens, qui ont aussi le moyen
d'être informés de la façon que j'ai indiquée,
puissent contrôler les dépenses des citoyens.
Je n'avais pas autre chose à dire, Mme la Présidente,
sinon de répondre à cette intervention intempestive du
député de Laval que j'inviterais, d'ailleurs, à relire
l'histoire de la fiscalité municipale à travers les discours sur
le budget des ministres des Finances. Il y verra que, au cours d'une
année moyenne, les municipalités apprenaient ce qu'il y avait en
réserve pour elles le soir du discours sur le budget, alors qu'elles
recevaient $25,000,000 ou $30,000,000; au cours d'une bonne année,
peut-être $40,000,000 du ministre des Finances. Mais, $400,000,000 d'une
claque venant du gouvernement, elles n'avaient jamais eu cela de toute
l'histoire du monde municipal québécois, n'en déplaise au
député de Laval.
M. Lavoie: Mme la Présidente, l'article 96 dit ceci: "Le
député qui prend la parole pour donner des explications sur le
discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé, à moins que
celui qui le prononce ne consente à être interrompu. Les
explications doivent être brèves et ne doivent apporter aucun
élément nouveau..." (19 h 10)
Très brièvement, le ministre a mal saisi mon intervention.
Lorsqu'il soulève qu'il est vrai que les municipalités ont
augmenté leurs dépenses de l'ordre de $500,000,000 cette
année, mais qu'il y a eu une augmentation de taxes locales de
$36,000,000, où est la différence? Je l'avais dit avant qu'il
entre dans cette Chambre. Je lui donne deux éléments importants
qui représentent près de $250,000,000 déjà, soit
les $130,000,000 que les municipalités ont retiré en 1980, la
dernière fois, comme ajustement à des taxes de vente qui leur
étaient dues en 1979 et que vous leur avez enlevées et
$106,000,000 de taxes sur les réseaux que vous avez refilées
à Hydro-Québec, à Bell Canada et aux compagnies de gaz qui
ont augmenté leurs tarifs en proportion. Le consommateur ne le paie plus
sur son compte de
taxes, mais dans ses tarifs d'électricité, de
téléphone et de gaz.
M. Chevrette: ...
La Vice-Présidente: M. le député!
M. Lavoie: Mme la Présidente, est-ce que vous allez
permettre au député de Joliette-Montcalm d'agir comme il le fait
actuellement, crier à tue-tête, alors qu'il n'est même pas
à son siège?
La Vice-Présidente: M. le député de Laval,
j'allais vous rappeler qu'il fallait simplement dire la façon dont le
ministre interprétait vos paroles et ramener le discours à ce que
vous aviez dit. Vous avez terminé, M. le député?
M. le ministre des Affaires municipales exercera-t-il son droit de... M.
le député de Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: Mme la Présidente, juste quelques mots sur la
loi 12 Je pense que la loi 12 vient améliorer la loi 57, ce qui est tout
à fait normal après un an de fonctionnement, ce qui est bien, et
aussi la loi 105 parce que c'est dans la loi 105 que l'ex-ministre des Affaires
municipales disait qu'il faut que le maire, quatre semaines avant le
dépôt de son budget, explique...
Je n'ai pas l'intention d'être long, parce que je pense qu'il y a
eu un entente des deux bords de la Chambre. On est sur la fin de la session.
Mais il faut admettre, Mme la Présidente, qu'on aurait dû
présenter la loi 12 plus de bonne heure à l'automne, au lieu de
commencer à siéger très tard. On a travaillé 40
jours dans onze mois. Il faut le dire. Nous étions prêts à
venir ici. Je veux bien suivre les règles du jeu, mais il faut dire
à la population qu'on n'a travaillé que 40 jours dans onze mois,
Mme la Présidente. Moi, j'étais prêt, en tant que
député et maire, à venir discuter en commission
parlementaire pour essayer de l'améliorer. On sait que ce n'est pas
facile de l'améliorer, mais on était prêt et on l'a fait.
Je pense qu'on a collaboré avec le nouveau des Affaires municipales et
cela a été bien agréable de travailler. Même, un
soir, on s'est exempté de souper. On n'en est pas plus mal. C'est pour
cela que si on était venu avant pour travailler et essayer de trouver
des solutions...
Parler après le député de Laval n'est pas chose
facile, parce que je pense qu'il a fait un très bel exposé. Mais
ce n'est pas le gouvernement du Québec qui paie toute la note, Mme la
Présidente. Il faut le dire. On l'a dit l'an passé. C'est vrai
que c'était une année de référendum et qu'il y
avait eu beaucoup de publicité, comme si cela faisait quasiment des
miracles.
Mme la Présidente, les $106,000,000 qui viennent du gaz et
d'Hydro-Québec, c'est vrai que c'est le contribuable qui paie cela.
Qu'on le dise donc. Si on veut être honnête, on est d'accord, mais
dites-le que c'est le petit contribuable. Ce matin, j'entendais le ministre des
Affaires sociales dire: On augmente de 9,9%. C'est vrai qu'il doit augmenter.
Il aurait dû faire mieux que cela, parce que, dans trois ans, on a
augmenté d'environ 72%, les tarifs d'Hydro-Québec. Si on divise
par trois, c'est de l'argent. Cela veut dire que le ministre des Affaires
sociales aurait dû augmenter plus que cela, ce matin. Je ne veux pas, Mme
la Présidente, comme j'ai dit...
La Vice-Présidente: M. le député, je ne vous
rappellerai pas que nous sommes en troisième lecture sur une loi
municipale, n'est-ce pas?
M. Caron: Mme la Présidente, on n'a même pas quorum.
J'accepte cela, parce que ce sont les règles du jeu à la fin de
la session. Mais, justement, j'arrivais à dire que, dans la loi 12, le
ministre des Affaires municipales a accepté un amendement pour la ville
de Verdun et je l'en remercie. Je voulais dire cela, Mme la Présidente.
Le ministre a compris qu'actuellement, à Verdun, on a des
problèmes et il m'aide. Il fait 50% du chemin. J'aurais aimé
qu'il fasse 100%, qu'il me donne une subvention, comme il donne à
Québec et comme il donne à la ville de Montréal. Parce que
quand Montréal arrive, on se met tout de suite à genoux devant la
ville de Montréal, mais la ville de Verdun et d'autres
municipalités, qui sont sur le territoire de l'île, on devrait
être traité sur le même pied d'égalité. Il n'a
pas pu le faire, mais enfin, il a fait 50% du chemin et je l'en remercie.
Les gens de Verdun auront la chance, cette année, en 1981, s'ils
veulent démolir des hangars, avec l'article 52-2 de la loi 12, d'avoir
jusqu'à concurrence de $3000. J'ai évité de venir sur un
bill privé. Cela a des avantages, des fois, d'avoir un double mandat, on
sauve $6000 ou $7000, parce que vous savez que pour venir à un bill
privé ici, cela coûte de l'argent. Les avocats qui viennent ici ne
travaillent pas pour rien, c'est normal. Cela prouve que quand on me dit qu'un
double mandat cela n'a pas sa place. Là ça l'a sa place.
Je voulais dire, Mme la Présidente, que j'ai 50%, mais les autres
50% seront payés par les contribuables de Verdun. Ce n'est pas un cadeau
du gouvernement. Il faudrait bien s'entendre que le ministre a fait 50%, mais
les autres 50% seront payés par les contribuables de Verdun. Il faut
aussi bien spécifier que les 10% et les 5% que les municipalités
vont donner en escompte -c'est cela, c'est un escompte - c'est bon cette
année, mais l'an prochain, c'est 5%. Après que nous arrive-t-il?
Péréquation. Je l'ai dit dans mon exposé de
deuxième lecture, c'est vrai que Verdun a été
avantagée plus que d'autres municipalités, mais après
trois ans, que nous arrivera-t-il? Je pense qu'on aurait dû s'asseoir et
penser - ce sera probalement un autre gouvernement qui aura à prendre
ces responsabilités - parce que trois ans, c'est vite passé, on
est à la deuxième année et l'an prochain, ce sera 5%.
Comme mon collègue de Laval le disait et mon savant collègue de
Saint-Hyacinthe aussi, 5% l'an prochain, l'augmentation des évaluations,
je pense que cela va continuer, c'est un cercle vicieux. Cela va continuer.
Qu'arrivera-t-il?
C'est là-dessus que je suis déçu qu'on ne se soit
pas rencontré avant, qu'on nous ait présenté un projet de
loi avec un paquet d'amendements, une machine à amendements, une
imprimerie, qui nous arrivaient à la dernière minute et qui
étaient extrêmement techniques, même des fois, les
légistes du gouvernement se cherchaient. Tout cela pour vous dire que
j'espère qu'on va revenir
le plus vite possible en 1981 pour trouver une solution afin de soulager
le petit propriétaire.
Il y a une chose aussi, en terminant, que je déplore, c'est que
nous autres, le député de Jean-Talon qui est responsable du
secteur de Québec, il est seul, on en a discuté et on a
dialogué ensemble énormément, mais où je suis
déçu, c'est que je n'en ai pas vu beaucoup venir à la
commission parlementaire ou ici en Chambre se lever et dire: On va aider les
propriétaires du Québec.
Moi, je n'en ai pas vu, je trouve cela regrettable. Mais dans tout cela,
on a travaillé 40 jours en 11 mois, je trouve cela très
déplorable. Je pense que les municipalités au Québec,
c'est beaucoup. S'il y a des gens qui sont près de la population, ce
sont les maires et les conseillers. Par exemple, deux fois par année, on
leur envoie un compte de taxes et là cela fait mal, parce qu'on va
fouiller dans leurs poches. Le gouvernement du Québec n'a pas de
problème, ils enlèvent cela continuellement de leur salaire et
cela ne paraît pas et on n'a pas un mot à dire. Mais les
municipalités, par exemple, comme je le disais il y a quelque temps:
avec l'évaluation, le ministre passe le "bucket" et c'est vrai, on passe
le "bucket". (19 h 20)
Mme la Présidente, je ne veux pas retarder les travaux de cette
Chambre parce qu'il y a eu des ententes et on doit les respecter, on les a
toujours respectées, les gens de l'Opposition, mais j'espère que
le nouveau ministre des Affaires municipales, dès le mois de janvier, se
penchera là-dessus parce que, Mme la Présidente, un an, c'est
vite passé et il faut penser tout de suite au budget de 1982. Je vous
remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le ministre des Affaires
municipales, votre réplique.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: Mme la Présidente, ça me fait
plaisir d'être arrivé au terme de ce débat sur la loi 12 et
ça me fait aussi honneur d'avoir présenté ce projet de loi
parce que, s'il fallait en croire le député de Laval, le
gouvernement n'aurait dû rien faire, si je comprends bien. De toutes les
mesures qu'il y avait là-dedans, il y avait des choses sur lesquelles il
avait beaucoup à dire et à critiquer, mais je pense qu'il fallait
légiférer. Il était normal qu'on le fasse après un
an de rodage d'un certain nombre de lois importantes, au gouvernement du
Québec, comme la loi 57, la loi 74 sur les ententes intermunicipales, la
loi 105 sur la démocratie municipale et la loi 125 sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Je vous rappellerai simplement que le projet de loi a été
adopté à l'unanimité en deuxième lecture, que les
municipalités ont été consultées de diverses
façons, mais surtout par l'intermédiaire du comité
conjoint sur la fiscalité, Québec-municipalités, et que
nous avons tenté le plus possible de nous en tenir au consensus qui
avait été dégagé au cours de ces discussions et de
ces consultations. C'est ainsi, par exemple, que nous avons restreint la
portée de l'article 189, comme je l'ai expliqué dans le
débat de deuxième lecture, au sens qu'il avait au moment
où nous avons adopté la loi 125 avec toutes les corrections que
nous avons apportées. Je pense que c'était important. Nous avons
toujours dit que l'article 189 avait une portée précise. Nous
avons nommé précisément les pouvoirs qu'il visait.
On a aussi mentionné l'étalement des comptes de taxes. Je
rappellerai une chose, c'est que, dans les faits, le compte de taxes
était payé en deux versements auparavant puisqu'il y avait la
fiscalité, l'impôt foncier scolaire et l'impôt foncier
municipal. Le compte de taxes parvenait au citoyen en deux versements. C'est ce
que nous avons reconnu dans les règlements que nous avons émis.
On avait demandé que ce soit étalé deux tiers, un tiers.
Pour certaines difficultés techniques, nous nous en sommes tenus
à demander aux municipalités un minimum, c'est-à-dire que
le compte de taxes qui porte sur l'impôt foncier soit réparti
également lorsqu'il y avait deux paiements: 50% dans le premier compte,
50% dans le deuxième compte. En plus, sur le premier compte de taxes, on
pouvait ajouter toutes les taxes de services. De même, la taxe d'affaires
sur la valeur locative était payable en un seul versement au
début de l'année, de sorte que ça répond
substantiellement à la demande du comité conjoint sur la
fiscalité, soit que les municipalités reçoivent leur taxe
ainsi: deux tiers au début de l'année, un tiers vers le milieu de
l'année.
Le projet de loi comporte toute une série de mesures. Je voudrais
cependant en souligner une qui a fait discuter beaucoup ou parler, en
particulier, le député de Laval. C'est la proposition sur le
crédit d'impôt foncier. M. le député dit que, au
fond, il n'y a pas de crédit d'impôt. Il y en a un, mais qui est
interne à la municipalité. C'est une possibilité pour la
municipalité de taxer ou de donner plutôt un crédit
d'impôt aux propriétaires de résidences unifamiliales, de
duplex ou de triplex. Parce qu'il s'est produit un phénomène. Le
phénomène qui s'est produit, c'est que la valeur portée au
rôle d'évaluation a augmenté substantiellement et, dans
certains cas, très substantiellement, alors qu'elle est restée
stable pour les terrains vacants, notamment, sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, que les propriétés
commerciales et industrielles n'ont pas connu ou ont connu une hausse
très légère au rôle d'évaluation. Au fond, la
question qui s'est posée, au niveau du comité conjoint sur la
fiscalité, c'est qu'il y avait des problèmes qui se posaient dans
la confection du rôle d'évaluation, dans l'évaluation
même des propriétés, et des problèmes dont on
n'avait pas encore réussi à cerner la solution. De sorte qu'on
les a corrigés par la mesure que nous avons proposée à
l'Assemblée nationale qui est un crédit d'impôt que les
municipalités peuvent appliquer. Elles ont un crédit qu'elles
peuvent moduler selon les circonstances, selon leurs besoins. Quant à
moi, je pense que c'est une mesure de souplesse qui n'est pas injuste pour
personne et qui va corriger une situation qui peut amener des abus
présentement.
Une autre mesure dont on a critiqué les effets, à mon
sens, trop fortement et beaucoup trop, c'est celle de la surtaxe sur les
terrains vagues. On a dit qu'on admettait une surtaxe sur les terrains vagues
desservis, mais beaucoup moins une surtaxe sur les terrains vagues non
desservis. Je rappellerai que c'est là encore une façon de
corriger le déplacement du fardeau fiscal qu'on doit
considérer avec le crédit d'impôt foncier que pourront
utiliser les municipalités. C'est aussi une mesure très efficace
pour corriger ce déplacement fiscal.
Je dois dire, étant donné que cette surtaxe s'applique au
territoire de la Communauté urbaine de Montréal, que ce n'est pas
un fardeau nouveau. Il faut se rappeler qu'il y avait une surtaxe sur tous les
immeubles de $100,000 et plus, il y a un an ou un peu plus d'un an. Maintenant,
au fond, les municipalités ont senti le besoin de l'imposer ou de
pouvoir l'imposer, le cas échéant. Je rappelle toujours que c'est
une proposition du comité conjoint sur la fiscalité, proposition
que le comité conjoint sur la fiscalité
Québec-municipalités voulait étendre ou proposer
d'étendre à l'ensemble du Québec. Nous l'avons
réduite et restreinte au territoire de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je dois rappeler que cette surtaxe s'applique sur les terrains vagues,
c'est-à-dire des terrains où il n'y a aucune construction qui
dépasse 10% de la valeur même du terrain, et que des terrains
vagues desservis ont normalement plus de valeur qu'un terrain vague non
desservi, compte tenu des services qui sont apportés. En
conséquence, le poids de la surtaxe n'est quand même pas si
élevé qu'on pourrait le penser.
Je dirais aussi que sur l'île de Montréal où on doit
viser à une certaine densité de l'habitation, de l'utilisation du
territoire pour des fins industrielles et commerciales, il me semble qu'on
devrait pouvoir imposer une telle taxe parce que, de toute façon, il y a
des services proches, en tout cas, pas très loin, sans que les
municipalités puissent être accusées de mauvaise foi. On
est dans un terrain urbain, dans un territoire qui est urbain.
On pourra mentionner que l'île Bizard n'est pas un territoire
urbain; c'est un territoire zoné agricole, protégé par la
Loi sur la protection du territoire agricole et qui, en conséquence,
n'est pas assujetti à cette surtaxe. Il est important de mentionner que
cette surtaxe ne s'applique pas au territoire protégé par la Loi
sur la protection du territoire agricole. En conséquence, on voit mal
pourquoi on craindrait tant les effets de cette surtaxe.
Enfin, je vais rappeler un élément très important.
C'est le caractère permissif de cette surtaxe. Les municipalités
vont pouvoir juger si elles doivent appliquer cette surtaxe ou non selon leur
territoire, selon l'utilisation de leur sol. En conséquence, ce sont
elles-mêmes qui vont pouvoir, encore une fois, moduler son application.
(19 h 30)
Sur la réforme fiscale en général, je ne reviendrai
pas sur ce que j'ai dit dans le discours de deuxième lecture, mais je
rappellerai une chose. D'après les statistiques que nous avons à
l'heure actuelle, qui portent sur les budgets de quelque 1400
municipalités, le fardeau foncier cette année, en le comparant au
fardeau foncier antérieur scolaire et municipal, a augmenté de
1%. La masse des impôts fonciers a augmenté de 1%, alors que la
masse des dépenses dans les municipalités a augmenté de
18%.
Il est peut-être trop tôt pour tirer toutes les conclusions
de la réforme de la fiscalité municipale parce qu'en fait nous ne
sommes pas encore rendus à la fin de l'année fiscale en cours. Il
faut quand même attendre au 31 décembre avant de dresser des
états financiers, avant de les compiler. Donc, c'est à ce moment
que nous pourrons tirer des conclusions définitives. Il reste,
cependant, qu'en analysant les masses budgétaires, comme je viens de le
faire, il y a quand même des indications qui peuvent nous laisser croire
qu'il y a eu un transfert net fiscal important en faveur des
municipalités.
Je m'arrête à ce point. Je voudrais dire, en réponse
au député de Verdun, qu'après les deux ans nous verrons.
Il y a probablement encore des choses qui resteront à corriger, bien
sûr, mais les rôles, en particulier sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, pourront être
rajustés sur une période de deux ans et peut-être
qu'à ce moment-là on y verra plus clair. Je pense qu'on y verra
plus clair de toute façon. Mais je dirai au député de
Laval que nous avons encore de l'imagination. Qu'il ne craigne pas. Au moment
où nous serons là, nous trouverons toutes les solutions qu'il
faudra.
En terminant, je dirai ceci: Le projet de loi no 12 donne plus de
souplesse, plus de flexibilité aux élus municipaux - c'est ce que
nous visons -et corrige certaines défaillances techniques qui se sont
révélées au cours de l'année. Vous me permettrez,
en terminant, de souhaiter aux élus municipaux, aux maires, aux
conseillers, aux fonctionnaires municipaux et aux employés municipaux un
joyeux Noël et une bonne année. Merci.
M. Caron: Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le député de Verdun,
voulez-vous que je fasse adopter la troisième lecture d'abord?
Vous invoquez l'article 93 sans doute?
M. Caron: Oui, l'article 93, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député, prenez
garde! Il faut que vous ayez des choses à corriger.
M. Caron: Mme la Présidente, je voudrais avoir une
directive de votre part. Le ministre, dans son intervention, m'a remis un
chèque de $221,900 tout à l'heure, mais il doit environ
$3,200,000 à Verdun. J'aurais aimé qu'il nous dise dans son
intervention de troisième lecture quand les...
La Vice-Présidente: M. le député de Verdun,
vous savez fort bien - vous connaissez le règlement - que vous n'avez
pas le droit de faire indirectement ce que vous ne pouvez pas faire
directement.
Cette motion du ministre des Affaires municipales proposant la
troisième lecture du projet de loi no 12, Loi modifiant certaines
dispositions législatives concernant les municipalités, est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Sur division.
La Vice-Présidente: Adopté sur division.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand; La troisième lecture est-elle faite, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: Troisième lecture du projet de
loi no 12 adoptée.
M. Lavoie: Sur division.
La Vice-Présidente: Sur division, bien sûr.
M. Bertrand: Très bien. Mme la Présidente, nous
pourrions maintenant effectuer la troisième lecture du projet de loi no
237 sur la ville de Montréal.
Une voix: II y a un amendement.
M. Bertrand: II y a un amendement, Mme la Présidente, sur
le projet de loi no 237, je crois. On a un amendement?
Une voix: Oui.
La Vice-Présidente: M. le député, nous
aurons une difficulté technique si vous avez un amendement. Il faudra
faire une motion...
M. Bertrand: De révocation? De rappel... La
Vice-Présidente: C'est cela.
M. Bertrand: ...en commission plénière? Pardon?
M. Lavoie: Non, ce n'est pas cela.
M. Bertrand: Envoyez-nous cela, M. le député de
Laval!
La Vice-Présidente: S'il vous plaît, M. le
député!
M. Lavoie: Formation de la commission plénière.
M. Bertrand: C'est cela! Faites-nous votre petite "stepette" et
on va faire tout ce que vous dites. Mme la Présidente, il faudrait
revenir en commission plénière pour recevoir l'amendement
présenté par le ministre des Affaires municipales sur le projet
de loi no 237.
La Vice-Présidente: J'aurai besoin d'un consentement
à cette motion de révocation de l'ordre de troisième
lecture pour le projet de loi no 237, Loi modifiant de nouveau la Charte de la
ville de Montréal.
Une voix: Révocation de la troisième lecture.
La Vice-Présidente: La motion de révocation de
l'ordre de la troisième lecture est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Je laisse quelques secondes pour
répondre.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): Si on se réfère au
projet de loi no 237, Loi modifiant de nouveau la charte de la ville de
Montréal, je pense que ce projet de loi a subi l'étape de la
deuxième lecture, mais après, il n'y a pas eu l'étape de
la commission plénière.
La Vice-Présidente: C'est cela.
M. Lavoie: En vertu de l'article 125.
La Vice-Présidente: Sur la question de règlement,
M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je crois que le leader du gouvernement n'a qu'à
faire une motion.
Article 125:Avant le vote de troisième lecture, celui qui a
présenté un projet de loi peut proposer, par une motion non
annoncée, qu'il soit renvoyé en commission plénière
pour y proposer l'amendement qu'il indique. Formation de la commission
plénière. Ce n'est pas une révocation. En tout cas...
M. Levesque (Bonaventure): Ce n'est pas une
révocation.
M. Lavoie: Formation de la commission plénière.
M. Chevrette: Je propose la formation. M. Bertrand: Mme la
Présidente...
La Vice-Présidente: Oui, M. le leader adjoint du
gouvernement.
Projet de loi no 237 Commission
plénière
M. Bertrand: Effectivement, rappelons-nous que, ce matin, que
nous avions adopté en deuxième lecture le projet de loi no 237 et
que, parce que nous attendions un amendement qui pourrait venir durant
l'après-midi, nous avions décidé de suspendre les
procédures entamées à ce moment-là pour aller
jusqu'à la prise en considération et la troisième lecture,
ce qui avait été fait pour d'autres projets. À ce
moment-ci, effectivement, il s'agirait de recevoir l'amendement du ministre en
faisant simplement motion pour que nous siégions en commission
plénière. Je pense que, de consentement, on pourrait très
bien le faire en permettant au ministre de le faire de son siège.
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente...
La Vice-Présidente: M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ... dans un voeu et dans une
illustration d'excellente collaboration, nous allons accepter la formation de
la commission plénière.
La Vice-Présidente: La motion de formation de la
commission plénière est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
M. Léonard: Est-ce que je peux le proposer, Mme la
Présidente?
La Vice-Présidente: II y a consentement. L'amendement.
M. Léonard: Est-ce que je le propose?
La Vice-Présidente: Nous sommes en commission
plénière.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, ou bien on
est en commission plénière ou bien on ne l'est pas. Si on l'est,
vous n'êtes plus là.
La Vice-Présidente: Cette motion pour que je quitte le
siège afin que cette Assemblée se forme en commission
plénière est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté.
La Présidente (Mme Cuerrier): Cette Assemblée est
formée en commission plénière pour étudier un
amendement au projet de loi no 237, Loi modifiant de nouveau la charte de la
ville de Montréal.
M. le ministre.
M. Léonard: C'est un amendement...
La Présidente (Mme Cuerrier): M. le ministre, voulez-vous
nous lire l'amendement, s'il vous plaît?
M. Léonard: Oui.
La Présidente (Mme Cuerrier): Les copies sont
déjà entre les mains des membres de la commission. M. le
ministre.
M. Léonard: C'est à l'article 23. L'article 964c de
la charte de la ville de Montréal édicté par l'article 23
du projet de loi no 237 tel qu'imprimé est remplacé par le
suivant: 964c. La ville est autorisée à demander la constitution
de corporations sans but lucratif destinées à acquérir,
rénover, restaurer, construire, vendre, louer ou administrer des
immeubles résidentiels, industriels et commerciaux et à accorder
des subventions à la construction, la restauration, la démolition
et la relocalisation de ces immeubles.
À l'article 24.1, l'article 964e de cette charte,
édicté par l'article 45 du chapitre des lois de 1980, est
modifié par l'insertion, après le premier alinéa, de
l'alinéa suivant: (19 h 40)
Les corporations visées à l'article 964c ne peuvent
rénover, restaurer ou construire des immeubles industriels ou
commerciaux qu'à l'intérieur du territoire délimité
dans les lettres patentes les constituant.
M. Lavoie: ... qu'un seul amendement, il y a deux
éléments dans l'amendement.
M. Léonard: Oui, j'ai donné deux dossiers au
greffier.
M. Lavoie: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Le premier c'est l'article
964c. Est-ce que cet amendement à l'article 23 sera adopté?
M. Léonard: Adopté. M. Lavoie:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 24.1 qui doit être introduit dans le projet de loi
no 237. L'article 24.1 se lit:" L'article 964e de cette charte,
édicté par l'article 45 du chapitre (insérer le
numéro de chapitre du projet de loi no 200) des lois de 1980, est
modifié par l'insertion après le premier alinéa de
l'alinéa suivant: "Les corporations visées à l'article
964c ne peuvent rénover, restaurer ou construire des immeubles
industriels ou commerciaux qu'à l'intérieur du territoire
délimité dans les lettres patentes les constituant." Est-ce que
cet article 24.1 sera adopté?
M. Léonard: Adopté. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que le projet de loi no
237 avec les deux amendements que nous venons de discuter sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec nouveaux
amendements. Je vais faire rapport.
Mme la Présidente, la commission plénière a
adopté deux amendements au projet de loi 237 et vous fait rapport.
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission
plénière concernant le projet de loi no 237 tel qu'amendé
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté? Adopté. M. le
leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Je vous demanderais maintenant, Mme la
Présidente, s'il vous plaît, d'appeler la troisième lecture
de ce projet de loi.
Troisième lecture
La Vice-Présidente: Y a-t-il consentement à la
présentation de la troisième lecture du projet de loi no 237 de
la ville de Montréal?
Une voix: Consentement.
La Vice-Présidente: Consentement. La troisième
lecture du projet de loi no 237, Loi modifiant de nouveau la Charte de la ville
de Montréal, sera-t-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: La troisième lecture est
adoptée.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Mme la Présidente, je solliciterais la
suspension de la Chambre pour cinq minutes, s'il vous plaît, afin de
mettre fin aux travaux de la session comme convenu.
La Vice-Présidente: Les travaux de cette Assemblée
sont suspendus...
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, un instant,
s'il vous plaît! C'est une motion débattable.
Mme la Présidente, je sais qu'à ce moment-ci ce n'est pas
le temps d'avoir des débats très longs, il faut apporter une
collaboration positive, mais je ne peux faire autrement qu'indiquer ma surprise
à cette procédure utilisée par le leader parlementaire du
gouvernement. Pardon? Non, non, pas un peu plus tard. À ce moment-ci il
y a une motion de suspension à laquelle je veux brièvement
participer.
La Vice-Présidente: Je voulais simplement vous
rappeler...
M. Levesque (Bonaventure): Vous pouvez me rappeler, Mme la
Présidente...
Une voix: Assis-toi.
M. Levesque (Bonaventure): Oh, pardon.
La Vice-Présidente: ... M. le leader... Nous sommes un peu
mêlés à ce moment-ci. Je voulais simplement vous rappeler
que nous n'en sommes pas à 20 heures encore et que s'il y avait une
motion de suspension à ce moment-ci ce serait régulier, je le
croirais. Je ne vous empêcherai pas, remarquez bien, M. le leader de
l'Opposition, d'intervenir là-dessus si vous avez l'intention de le
faire.
M. Levesque (Bonaventure): Mme la Présidente, si vous
n'aviez pas l'intention de m'arrêter de parler, je me demande pourquoi
vous vous êtes levée à ce moment-là.
La Vice-Présidente: Non, je voulais simplement vous le
faire remarquer, c'est tout, une petite mise au point.
M. Levesque (Bonaventure): Ceci étant dit, en tout respect
pour la présidence, Mme la Présidente, je voudrais simplement
manifester ma surprise à l'endroit du leader parlementaire du
gouvernement qui demande la suspension à ce moment-ci. Ou bien il a
quelque chose d'intéressant à nous annoncer dans cinq minutes, ou
bien il est complètement perdu et il ne sait pas comment continuer la
séance. Mais je vais manifester un esprit positif en disant au leader
parlementaire du gouvernement que c'est la deuxième fois que cela nous
arrive. Vers 5 heures cet après-midi, vers 17 heures, pour employer un
mot cher aux Français, j'avais offert ma collaboration au ministre de la
Fonction publique et le whip en chef du gouvernement a souscrit à cette
offre positive de la part de l'Opposition officielle, mais, à ce
moment-là, il y a eu une suspension et encore une fois une autre
suspension. Ceci m'inquiète, Mme la Présidente, vis-à-vis
de la planification du gouvernement, mais, encore une fois, nous sommes
à la disposition de l'Assemblée et nous allons collaborer une
autre fois.
Une voix: Demande-lui donc à quelle date il part en
vacances!
La Vice-Présidente: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Mme la Présidente, j'imagine que j'ai un droit
de réplique.
La Vice-Présidente: Puisque je l'ai accordé.
M. Charron: C'est parce que je ne veux pas laisser passer cela.
Si je demande cinq minutes de suspension, c'est qu'il reste deux projets de loi
à ce moment-ci et que, sur ces deux projets de loi, les secondes en sont
encore toutes chaudes. Le leader de l'Opposition vient de me formuler des
représentations au nom de l'Opposition pour me donner le temps de...
Quant à moi, ma planification est simple - quand il reste deux projets
de loi, je peux même les changer l'un pour l'autre, si vous voulez -
c'est de vous proposer la prise en considération du projet de loi no 13,
mais il me semble que vous venez de dire qu'il y a un de vos
députés qui a été vexé au cours du
débat et que cela cause des problèmes. Je voudrais vous proposer
la prise en considération du projet de loi no 89. J'ai attendu tout
l'après-midi pour savoir votre opinion finale là-dessus. Ce n'est
pas ma planification, c'est en fonction de votre position que je suis
obligé de demander...
Une voix: C'est cela.
M. Charron: ... une interruption de cinq minutes afin de faire
rapport à mes deux collègues visés des derniers
états d'âme de l'Opposition officielle sur l'un et l'autre de ces
dossiers. Autrement, quant à nous, on est prêt à
fonctionner, si c'est cela que vous souhaitez.
M. Levesque (Bonaventure): Pour répliquer à nouveau
à l'honorable leader parlementaire du gouvernement, je veux le rassurer.
Les deux collègues du leader parlementaire du gouvernement sont au fait,
sont bien renseignés sur les intentions de l'Opposition officielle et
même de notre opposition chérie à côté, et je
ne vois pas pourquoi, à ce moment-ci, on demande une suspension de cinq
minutes. Mais, si le leader parlementaire du gouvernement est dans une
situation d'incertitude, qualité que nous avons toujours voulu accepter
pour un gouvernement qui a été dans cet état d'esprit
depuis 1976, voilà, Mme la Présidente, nous acceptons la
suspension.
La Vice-Présidente: Les travaux de cette Assemblée
sont suspendus pour environ cinq minutes.
(Suspension de la séance à 19 h 49)
(Reprise de la séance à 19 h 59)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, il reste deux projets de loi
que le gouvernement souhaiterait voir adopter. Pour ce faire, il me faut
solliciter le consentement de l'Assemblée, puisque les rapports de ces
deux projets de loi ont été déposés, non ce matin,
mais cet après-midi, en cours de séance, du fait que certains de
nos collègues ont voulu prendre ce temps pour étudier article par
article.
Je voudrais solliciter le consentement pour que nous prenions en
considération le rapport de la commission des affaires municipales sur
le projet de loi no 13 concernant la Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec.
Le Président: Y a-t-il consentement?
Des voix: Non.
Le Président: II n'y a pas de consentement.
M. Charron: Je regrette, M. le Président. Je voudrais
maintenant solliciter le consentement pour que nous puissions prendre en
considération le rapport de la commission permanente de la justice qui a
étudié le projet de loi no 89.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Oui, M. le Président.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 89
Le Présidents II y a consentement. Est-ce que la prise en
considération du rapport de la loi 89, Loi instituant un nouveau Code
civil et portant réforme du droit de la famille sera adoptée?
M. Bédard: M. le Président.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: Seulement un mot pour déposer quelques
amendements, qui ne sont pas des amendements à la loi - j'en ai
d'ailleurs informé l'Opposition - mais des correctifs qui doivent
être apportés au rapport qui a été
déposé et qui rendait compte de nos travaux.
Le Président: D'accord.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, c'est un honneur et un
privilège pour tous ceux qui, comme moi, des deux côtés de
cette Chambre, ont participé aux travaux de la commission parlementaire
de la justice, pendant les six derniers jours, dans le cadre de cette
commission parlementaire, à l'élaboration de dispositions
nouvelles portant sur le droit de la famille. Il s'agit du droit de la famille
et du Code civil qui, comme on le sait, est une des institutions
maîtresses de cette société à laquelle nous
appartenons.
Ce projet de loi qui a été débattu longuement et
qui est présenté comme instituant un nouveau Code civil
n'institue pas véritablement un nouveau Code civil dans son ensemble,
mais comporte une nouvelle rédaction de toute cette partie du Code civil
qui traite du droit de la famille, c'est-à-dire de la filiation, du
mariage, des régimes matrimoniaux, de l'adoption, etc., tous des
chapitres qui ont un impact quotidien et très important sur la vie de
millions de nos concitoyens.
Si nous pouvons nous sentir privilégiés de participer
comme parlementaires à l'étude de dispositions si importantes, je
pense qu'il est de mise que les hommes et les femmes politiques qui font cette
contribution soient malgré tout modestes, parce que essentiellement,
ceux ou celles qui rédigent un nouveau Code civil, c'est l'ensemble de
la société, l'ensemble de nos citoyens et de nos concitoyennes.
Ce que nous faisons dans la rédaction d'un nouveau Code civil, ce n'est
qu'enregistrer l'état d'évolution de la société.
Comme législateurs, c'est, en plus de cela, nous limiter à mettre
le point final sur un travail que d'autres ont entrepris bien avant nous.
Le travail de rédaction d'un nouveau Code civil, c'est le travail
d'une génération de juristes, d'une génération de
personnes qui ont consacré à réfléchir aux
problèmes de la famille, aux problèmes de la
société, des efforts nombreux et soutenus. Nous devons saluer
à nouveau, à ce moment, ceux qui ont travaillé bien avant
nous au sein de l'Office de révision du Code civil, qui, pendant vingt
ans, ont travaillé à l'élaboration de ce projet; en tout
premier lieu, saluer Me Crépeau qui, à ce moment, a une occasion
de se réjouir de voir enfin le travail auquel il a présidé
pendant des années s'approcher de son dénouement.
Je voudrais remercier tous ceux qui, au sein de cette commission de
révision du Code civil, pendant des années, et aussi au sein de
nombreux organismes, ont exprimé des points de vue à l'adresse du
gouvernement et de l'Assemblée Nationale et qui, en ce faisant, ont
immensément contribué à nous éclairer et à
nous orienter dans nos travaux.
Mme la Présidente, quand on parle de la famille et du droit de la
famille, on parle de la relation entre les sexes, on parle du rôle
relatif de l'homme et de la femme dans la société, je pense qu'il
n'y a pas de sujet plus controversé à notre époque, ni de
lieux plus importants pour l'évolution de la société. Je
puis dire que ce projet auquel nous avons collaboré et qui a
été présenté par le ministre de la Justice est un
projet valable qui va dans la bonne direction, en particulier - je
n'élaborerai pas là-dessus - d'une plus grande
égalité entre les conjoints. Je pense que c'est une
évolution que tous souhaitent dans la société actuelle et
à laquelle il était temps que nos lois donnent une
consécration officielle.
Sur d'autres sujets sur lesquels, très brièvement, ma
collègue de L'Acadie va nous dire quelques mots, il subsiste, je crois
que c'est normal, d'honnêtes différences d'opinions sur des
modalités, mais je m'empresse de le dire, non pas sur des choses
essentielles et fondamentales.
Cela dit, je dois cependant, à ce moment-ci de nos travaux,
indiquer quelle est l'attitude de
notre formation politique. Mes collègues qui ont participé
au débat de deuxième lecture, au début de décembre,
les 4 et 5 décembre, donc, il y a très peu de jours, ont
indiqué que nous aborderions ces travaux avec un esprit d'ouverture et
de collaboration, que nous croyions, autant que n'importe qui du
côté gouvernemental, à la nécessité et
à l'importance de cette réforme.
Cependant, six jours de travail, au rythme de dix heures par jour, d'un
travail qui s'est poursuivi jusqu'à minuit et qui a porté sur
quelque 300 articles du Code civil, qui s'est terminé seulement à
23 h 45, hier soir, nous laisse dans une situation où, malheureusement,
nous ne pouvons pas affirmer, avec toute la certitude nécessaire, que le
travail que nous avons fait est impeccable, qu'il est au-dessus de tout
soupçon, de toute erreur et que nous pouvons assurer nos
collègues, l'immense majorité de nos collègues dans cette
Assemblée, que des retouches même significatives sur des
modalités importantes d'application ne seraient pas encore
nécessaires.
Réalisant qu'un travail qui s'est déroulé pendant
une vingtaine d'années, qui a impliqué des centaines de
personnes, a pour l'instant trouvé son esquisse de conclusion, par la
collaboration de seulement cinq ou six personnes, au plus, qui sont les seules
au Québec, actuellement, à savoir ce qu'il y a dans ce projet de
réforme du Code civil et qui seraient physiquement incapables
aujourd'hui de donner même une copie à leurs collègues de
l'Assemblée Nationale du texte qu'on nous propose pour
considération et adoption.
À plus forte raison, Mme la Présidente, serait-il
impossible de fournir à nos concitoyens un texte complet et une
description exacte de tout ce que nous avons fait, il serait, à plus
forte raison, impossible de notre part, de donner l'assurance que ceci est un
travail parfait qui a bénéficié du recul nécessaire
pour une entreprise de cette envergure. (20 h 10)
Dans les circonstances, Mme la Présidente, je pense qu'avant de
passer à l'étape finale de l'approbation, de la sanction et de la
promulgation de la loi, avant de créer des droits et des obligations
nouveaux aux citoyens de cette province, nous avons le devoir de ne rien
négliger, afin de jeter un dernier regard le plus rigoureux possible et
de prendre les avis et les consultations qui s'imposent dans ces circonstances.
C'est pourquoi il me semble qu'il est nécessaire que deux conditions
soient remplies, qu'avant que nous procédions à la
troisième lecture de ce projet de loi, il s'écoule un minimum
d'une soixantaine de jours. Deux mois, ce n'est pas la fin du monde quand on
compare l'échelle de temps dont il est question lorsqu'on met en jeu le
Code civil, un Code civil que nous avons depuis 114 ans et sur lequel des gens
travaillent depuis plus de 20 ans. Deux mois, ce n'est rien. C'est une
poussière relativement à ces durées. Deux mois sont
cependant suffisants pour faire des consultations, pour examiner ce texte d'un
oeil critique avec un peu plus de recul et de repos que nous n'en avons
disposé dans la dernière semaine. Ceci permettrait - c'est
là, je pense, une autre condition essentielle - que ce texte soit
réimprimé avec la centaine de modifications qu'il a subies en
commission parlementaire et qu'il vient encore de subir à la
dernière minute des mains du ministre de la Justice. Ces
dernières modifications sont des modifications de style et de
concordance, mais elles sont néanmoins essentielles pour constater si
oui ou non le projet est complet, rigoureusement étudié et
adopté de façon à ne pas créer des problèmes
plutôt que de les résoudre pour ceux qui ont à recourir au
Code civil.
Alors, Mme la Présidente, c'est pour que se réalisent ces
deux conditions: la réimpression du projet de loi que, j'espère,
le ministre ou le leader du gouvernement acceptera d'effectuer et sa diffusion
parmi tous ceux qu'un tel projet de loi intéresse - et ils sont nombreux
- et l'octroi d'un délai de 60 jours de manière que, prenant
connaissance du projet dans son état quasi final, on puisse vraiment
nous faire part de difficultés qui ne peuvent peut-être
qu'être des difficultés mineures, mais néanmoins
peut-être significatives pour son efficacité. Au retour des
vacances de Noël, l'Assemblée nationale pourra procéder
à ces corrections, s'il y en a qui s'imposent, et à l'adoption du
texte dans son état final.
Un dernier point, Mme la Présidente. Nous pouvons affirmer sans
nous tromper que l'effet de ce délai de deux mois est négligeable
quant à la portée pratique de ce projet. Pourquoi? Pour une
raison qu'il serait long de décrire dans tous ses détails, mais
qui tient au fait que ce projet de loi ne peut pas être promulgué,
qu'il ne peut pas entrer en vigueur sauf quant à des dispositions en
minorité dans le projet de loi et secondaires quant à leur
importance, à moins que d'autres projets de loi ne soient
également présentés, ce qui n'est pas le cas,
discutés et adoptés par l'Assemblée nationale. Ce qui est
le plus important parmi ces autres projets de loi qu'il est nécessaire
d'examiner, d'adopter et de proclamer en même temps que ce nouveau Code
civil, c'est un certain nombre de modifications, un nombre d'ailleurs
impressionnant de modifications, qui seront nécessaires dans le Code de
procédure civile.
En effet, quand on crée un droit au sein du Code civil, il est
nécessaire de dire, dans le Code de procédure civile, comment se
prévaloir de ce droit. Ne donnons qu'un exemple: dans le domaine de la
résidence familiale, étant donné le principe
d'égalité des conjoints, s'il y a un différend, si les
époux ne peuvent pas s'entendre, le nouveau Code civil invite les
parties à s'adresser au tribunal pour trancher ce différend et
afin qu'une décision puisse enfin être prise sur le lieu ou le
changement de lieu de la résidence familiale. C'est inévitable,
puisque nous avons l'égalité des époux, nous n'avons pas
la suprématie de l'un sur l'autre. Il faut donc trancher. Cela
n'affectera pas nécessairement des milliers de personnes, mais quand le
problème se posera il faudra au même moment savoir comment le
résoudre.
La solution à ce problème du comment, on la trouvera dans
le Code de procédure civile. Or, celui-ci demandera à être
modifié puisqu'il ne permet pas maintenant de régler ces
problèmes, sauf par la présentation d'une action ordinaire en
Cour supérieure, une mesure qui, évidemment, est
disproportionnée, beaucoup trop complexe et beaucoup trop lourde pour
rendre réels, en pratique, les droits que créerait ce nouveau
Code civil. D'où la nécessité d'une approbation au
même moment et d'où, donc, l'impossibilité, même si
l'on votait en troisième lecture ce soir
même ce projet de loi, de le rendre efficace pour les citoyens
avant de nombreux mois, avant le temps qui sera nécessaire pour
connaître les projets gouvernementaux dans le domaine de la
procédure civile, avant que cette Assemblée nationale les
étudie, les approuve et que le gouvernement les mette finalement en
vigueur.
Donc, Mme la Présidente, il n'y a aucun coût pour notre
société, pour le Québec à ce retard. Au contraire,
il y a de grands avantages: l'avantage de faire un travail qui soit
véritablement mieux fait. Au moins, le droit civil, qui affecte les
individus et non pas des sociétés, des institutions ou des
compagnies, ne doit pas sombrer dans les mêmes difficultés et les
mêmes défauts d'application que d'autres lois que cette
Assemblée nationale a souvent adoptées, que nous avons dû
corriger à une session, après les avoir adoptées trop vite
à une session précédente.
Mme la Présidente, je pense que ces motifs et ces explications
sont clairs. Je veux terminer en disant ceci: Pour ce qui est de moi-même
et de mes collègues, de l'Opposition officielle, nous prenons un
engagement solennel que la réforme du droit civil et la réforme
du droit de la famille, en particulier, seront, dans toute circonstance,
poursuivies avec vigueur et avec désintéressement et sans autre
souci que d'accorder le droit à l'état réel de la
société dans laquelle nous vivons. Je pense que ceux qui veulent
vérifier la sincérité de cet engagement pourront le faire
sans difficulté en lisant les comptes rendus de nos travaux en
commission parlementaire, qui vont amplement leur démontrer que l'esprit
que nous avons apporté dans l'étude du projet de loi ne le
cède en rien, quant à la volonté de réforme ou
à la volonté de moderniser nos institutions juridiques, à
celui dont a pu faire preuve quelque autre membre de cette Assemblée
nationale.
Ceci étant dit, Mme la Présidente, il me fait plaisir
d'accepter ce rapport de la commission parlementaire de la justice, en
soulignant, encore une fois, la raison pour laquelle nous refuserons notre
consentement pour aller au-delà de l'acceptation de ce rapport. Je vous
remercie.
La Vice-Présidente: Le rapport...
M. Bédard: Mme la Présidente, est-ce qu'il y a
d'autres intervenants?
La Vice-Présidente: Le rapport de la commission
plénière sera-t-il adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Je crois comprendre que le ministre de la
Justice attendait de voir s'il y avait d'autres intervenants afin de donner la
réplique.
M. Bédard: C'est cela. Je préfère attendre
les interventions.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je veux,
évidemment, endosser une grande partie ou la totalité, je dirais,
des propos de mon collègue de Saint-Laurent. Pour ma part, je veux
indiquer combien cette expérience de travail en commission parlementaire
sur la révision du Code civil touchant particulièrement le droit
de la famille a été une expérience extrêmement
enrichissante à laquelle j'ai tenté, d'apporter une contribution
qui, j'en suis certaine, est fort modeste compte tenu des technicités et
de l'envergure du Code civil. J'ai tenté, quand même, d'y apporter
cette préoccupation qui est la mienne depuis que je suis à
l'Assemblée nationale et même avant. Cette préoccupation,
je le sais, touche toutes les femmes du Québec, à savoir dans
quelle mesure cette réforme du Code civil améliorerait leurs
conditions de vie dans le mariage et à l'intérieur de la
famille.
Comme le soulignait mon collègue de Saint-Laurent, sur l'ensemble
du projet de loi, nous croyons qu'il s'agit là d'un pas en avant
très considérable dans cette marche vers l'égalité
pour les femmes dont on a parlé en deuxième lecture. Nous avons
travaillé, comme il a été souligné tout à
l'heure, durant des heures très longues sur des textes de loi
très complexes, extrêmement précis aussi, et nous avions
très peu de temps. Nous aurions souhaité, évidemment, ne
pas être obligés de travailler avec autant de
célérité que nous l'avons fait, qui ne nous a pas
empêchés, en dépit de tout, d'apporter la plus grande
collaboration possible, dénuée de toute partisanerie. J'avais
d'ailleurs dit en deuxième lecture que c'était un sujet important
et que, compte tenu de son objectif, c'est-à-dire la révision
d'un Code civil qui touche les relations qui existent entre les individus dans
une société, il était important, à ce
moment-là, de le faire uniquement avec l'idée de produire un
résultat qui améliore les conditions des individus et les
relations qui existent entre eux.
Cependant, il reste que, hier soir, quand nous avons terminé
cette étude article par article, des points d'interrogation
sérieux demeuraient encore à notre esprit. Je pense que, de part
et d'autre, les gens ont été très réceptifs aux
suggestions, qu'elles viennent de l'Opposition ou qu'elles viennent du
gouvernement. Mais, faute peut-être de temps et peut-être
même de moyens techniques - à ce moment-ci, je ne veux d'aucune
façon laisser entendre que les experts qui accompagnaient le ministre
n'étaient pas d'excellente qualité, je pense qu'on leur a rendu
témoignage hier soir - mais la pression qui était sur nous
à cause du peu de temps qui nous était alloué nous a
empêchés, je pense, de trouver des solutions adéquates
à certains problèmes précis.
Le manque de temps ne me permet pas de toucher à plusieurs de ces
points. Je voudrais simplement souligner, par exemple, la question de la
protection de la résidence familiale qui, on le sait, a d'importantes
répercussions non seulement pour l'autre conjoint, mais
particulièrement pour les enfants. Tout au long du projet, de part et
d'autre, les membres de la commission avaient vraiment ce souci fondamental de
protéger le plus possible les intérêts des enfants. C'est
dans ce sens, d'ailleurs, que des améliorations importantes ont
été apportées touchant l'adoption, la filiation, de telle
sorte que tous les enfants soient vraiment sur un pied d'égalité
quant à leur statut. Mais nous voulions également nous assurer
qu'ils soient sur un pied d'égalité quant aux possibilités
pour les conjoints séparés à la suite d'un divorce ou
d'une séparation de corps d'avoir
les mêmes avantages.
D'une part, il nous est apparu que, dans le cas de la protection de la
résidence familiale, nous ne sommes pas arrivés, je pense,
à une formulation satisfaisante et qui assure une
étanchéité, si je puis dire, à cette protection,
à plus forte raison, quand il s'est agi de la protection des enfants
issus des unions de fait. Je tiens à dire ici que nous nous sommes
entendus sur le principe fondamental - d'ailleurs, nous l'avions fait en
deuxième lecture - de ne pas étendre les effets juridiques du
mariage aux unions de fait, pour des raisons sur lesquelles je ne veux pas
revenir ici, mais ça a été dit plusieurs fois en cette
Chambre ou en commission. Par contre, nous avions le souci que ces enfants,
qu'ils soient issus d'une union de fait ou qu'ils soient issus du mariage,
soient protégés de la même façon. À ce
moment-là, je ne pense pas que ce soit de la mauvaise volonté de
la part du gouvernement, mais on n'a pas semblé trouver les
mécanismes ou les moyens d'intégrer au Code civil cette
protection que nous souhaitions pour eux.
Un autre point sur lequel nous n'avons peut-être pas pu nous
entendre, c'est la question de l'âge du mariage. Nous aurions
souhaité, compte tenu de l'importance très grande qu'a le mariage
à nos yeux, de la nécessité de la plus grande
maturité possible que les conjoints doivent avoir quand ils
décident de se marier, compte tenu surtout des statistiques et, je
dirais davantage, de l'observation générale qui est faite dans
tous les milieux quant aux grands risques des mariages en trop bas âge,
nous aurions souhaité souhaité que l'âge de 18 ans soit
retenu comme condition pour contracter mariage. C'était d'ailleurs, je
pense, une recommandation du Conseil du statut de la femme et de plusieurs
organismes. Sur ce point-là, non plus, nous n'avons pu nous
entendre.
Il y a également des points qui, pour moi, restent mal couverts.
Par exemple, la notion du calcul de l'accroissement de l'actif qui doit
intervenir au moment d'un divorce ou d'une séparation est restée
un concept peut-être pas suffisamment clarifié et qui, à
mon point de vue, ne protégera peut-être suffisamment, je devrais
dire le conjoint et non pas les femmes, mais on sait que ce sont les femmes,
dans l'état actuel des choses, qui sont le plus souvent frappées
dans ces circonstances, compte tenu des conditions actuelles de vie. Ceci ne
nous a pas paru satisfaisant, encore une fois, non pas par manque de bonne
volonté de la part du gouvernement, mais parce que je crois que nous
n'avions pas le temps ou les mécanismes nécessaires pour trouver
la meilleure solution possible. Il y a d'autres notions, d'autres concepts,
telle celle de pension alimentaire, que nous aurions souhaité voir, dans
le cas des divorces, être remplacée par un terme qui corresponde
mieux à la réalité ou à cette autonomie qu'on a
établie comme un principe qui doit être respecté chez les
conjoints qui divorcent. Enfin, ce sont plusieurs points sur lesquels, je
pense, si nous ne sommes pas arrivés à de meilleurs
résultats, c'est que nous avons, d'une part, manqué de temps et,
d'autre part, nous n'avons pas, je pense, réussi à trouver
à ce moment-ci les termes justes.
En conclusion, Mme la Présidente, je voudrais dire que je
souscris en totalité, avec une grande conviction, à la
proposition qui avait été faite dès hier soir en
commission parlementaire par mon collègue de Saint-Laurent. De toute
façon, il y a des délais qui s'imposent d'eux-mêmes, ne
serait-ce que la révision des règles de procédure du Code
civil, la concordance à faire ou l'adaptation à certaines lois
statutaires, par exemple, dans le cas de l'adoption. Il nous semble très
important que nous profitions d'un délai raisonnable pour permettre aux
gens de réagir à ce premier projet, c'est-à-dire à
ce projet révisé suite à l'étude de la commission
parlementaire, les gens qui sont particulièrement touchés, qu'il
s'agisse des associations de femmes, qui ont été
particulièrement actives à l'égard de la révision
du Code civil touchant le droit de la famille, ou des institutions comme le
Barreau ou les autres professionnels qui devront travailler avec ce Code civil.
Ces personnes pourraient encore apporter des améliorations. Je
soupçonne que le ministre lui-même pourrait en apporter dans ces
60 jours, je pense, qui avaient été suggérés par le
député de Saint-Laurent, ce qui ne retardera d'aucune
façon l'adoption du de la partie du Code civil touchant le droit de la
famille.
En mon nom personnel, et dans le sens d'appuyer mon collègue de
Saint-Laurent, pour le Parti libéral du Québec, s'il devait y
avoir le moindre doute dans l'esprit de la population, la révision et la
mise en application d'un nouveau Code civil est une priorité. Mais on ne
doit pas le faire à n'importe quel prix en sautant - ce ne serait pas
juste de dire en sautant des étapes -en écourtant des
étapes qui, si elles n'étaient pas écourtées, je
pense, donneraient un produit final beaucoup plus satisfaisant et
véritablement dans l'intérêt de tous les individus qui
devront vivre cette réforme ou ce nouveau Code civil. Merci, Mme la
Présidente.
M. Fontaine: Mme la Présidente.
La Vice-Présidente: M. le député de
Nicolet-Yamaska. (20 h 30)
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: J'aimerais dire quelques mots à ce stade-ci
même si je n'ai pas pu suivre comme je l'aurais voulu toutes les
séances de la commission parlementaire de la justice parce que j'avais,
à cause de mes obligations de leader parlementaire, à être
en Chambre assez souvent et également, à cause de mes autres
obligations au sein de ma formation politique, j'ai été
obligé de m'absenter plus souvent qu'autrement de la commission
parlementaire de la justice. Cependant, j'ai pu participer au débat en
deuxième lecture et j'ai pu également participer à
certaines séances fort intéressantes de cette commission.
Je voudrais dire au départ que ma formation politique est, bien
sûr, en grande partie favorable à l'ensemble du projet de loi no
89 qui est présenté par le ministre de la Justice et qui
découle d'un travail considérable qui a été
effectué depuis plusieurs années. Cependant, j'ai eu à
faire des remarques sur certains aspects en disant au ministre que parfois il
n'allait pas assez loin sur certaines questions et d'autres fois qu'il allait
trop loin. Je pourrais donner des exemples de cas où le ministre,
à mon avis, ne prenait pas
suffisamment le taureau par les cornes et n'allait pas suffisamment de
l'avant avec des réformes fondamentales. Par exemple, sur la
déclaration de résidence familiale, j'ai proposé en
commission parlementaire qu'on établisse une présomption de
résidence familiale, ce qui, à mon avis, éviterait de
nombreux problèmes aux couples qui, avec le projet de loi tel que
proposé, se verraient plutôt obligés de faire une
déclaration de résidence familiale, ce qui peut
nécessairement amener des problèmes de discorde au sein de la
famille.
Sur d'autres questions, par exemple concernant le nom, nous avons
certaines réserves quant au libre choix qui est laissé aux
parents de pouvoir choisir à la fois ou le nom de la mère ou le
nom du père ou les deux en même temps. Je pense que, de ce
côté-là, ça peut amener certains
problèmes.
Nous avons surtout eu des réserves en ce qui concerne la question
du divorce. C'est bien sûr que le ministre, par un amendement qu'il a
proposé en commission parlementaire, nous propose une forme de divorce
par consentement et nous avons eu, à l'occasion de ce débat,
à faire des remarques et nous avons dit qu'en ce qui nous concernait,
nous n'étions pas prêts immédiatement à accepter
cette forme de solution, du moins celle proposée par le ministre de la
Justice, parce qu'on pense qu'elle n'est pas assez étanche pour
permettre à tous les couples de bien constater, avant d'obtenir un
divorce irrévocable, que le lien matrimonial est bel et bien rompu.
De ce côté-là, je pense que plusieurs groupements de
citoyens ont eu à faire des remarques et je voudrais prendre à
témoin, à ce moment-ci, M. Jean-Pierre Proulx qui, dans le Devoir
du vendredi 19 décembre, aujourd'hui, écrivait un article qui, je
pense, peut très bien résumer à la fois ma pensée,
celle de ma formation politique et celle bien sûr de plusieurs personnes
qui ont à vivre chaque jour avec ces problèmes-là. Je me
permettrai de lire certains passages de cet article qui pourront sans doute
donner un éclairage sur tout le dossier. Il disait, concernant le
divorce: "Aujourd'hui, l'Assemblée nationale se dit prête à
ce qu'un juge accepte de dissoudre ce mariage si des accords sur des
conséquences de la rupture lui paraissent raisonnables. Mais peut-on
vraiment présumer sans plus et sans autre formalité du
sérieux et surtout du caractère irréversible de la
décision que les époux voudraient voir trancher par le juge? Dans
la majorité des cas, cette présomption sera sans doute
fondée. Si, en effet, un homme et une femme en arrivent à
régler les modalités d'un divorce, c'est sans doute qu'ils
avaient de bonnes raisons de le faire. Mais peut-on prendre pour acquis que
c'est toujours le cas? Le projet de loi que l'on s'apprête à voter
ne répond pas à cette question et c'est précisément
en cela qu'il n'arrive pas à montrer avec suffisamment de clarté
la valeur qu'il accorde au mariage. Si, en effet, on en reconnaît la
valeur, la loi doit tout faire ce qu'il est raisonnable de faire. Les couples
d'aujourd'hui vivent sans conteste de façon plus consciente des
difficultés inhérentes à la vie à deux. Chacun, et
avec raison, est plus conscient que jadis que le mariage ne peut signifier
l'annihilation de la personne. Il est non moins vrai cependant que, d'une
façon globale, la société dans laquelle on vit valorise le
provisoire et le court terme. Tout cela n'est pas sans constituer un
défi nouveau pour les époux face à leur mariage qui, par
essence, est une promesse où on a misé sur le long terme. Aussi,
il n'est pas surprenant qu'il soit difficile aujourd'hui de surmonter les
inévitables crises que vivent les hommes et les femmes.
Et il continuait, un peu plus loin: "Cependant, lorsqu'on discute de ces
questions, en séance de nuit, l'esprit est moins alerte pour inventer
des solutions originales et l'on se contente fatalement de voeux pieux en des
matières aussi graves pour la société. Cette façon
de procéder est inacceptable." Il parlait de la commission des services
juridiques. "La commission suggérait en effet, dans son mémoire,
que les couples déposent devant le tribunal un avis de rupture, suivi
d'un délai de réflexion d'une durée de six mois, ce
délai se voulant avant tout un temps minimum pour vraiment constater la
rupture, car, disait la commission, ce qui est important, c'est de s'assurer
que cette rupture que les parties veulent soit sanctionnée, constitue
une véritable rupture. Durant cette période de réflexion,
un service facultatif de conciliation serait mis à la disposition des
parties. Je pense que ce sont là des éléments de
réforme qu'il faudrait absolument examiner. Voilà des
recommandations fort sages dont le législateur aurait pu faire son
profit. Il est bien probable que dans sa précipitation à vouloir
voter cette loi avant l'ajournement, il ne sera pas possible d'y faire
droit."
Chacun sait, cependant, que le chapitre de la loi portant sur le divorce
ne pourra entrer en vigueur tant qu'un amendement constitutionnel n'aura pas
été adopté. Alors, les réserves que nous avons,
bien sûr, concernant le divorce, à mon avis, ne pourraient entrer
en vigueur avant cinq ou peut-être même dix ans. C'est pour cela
que nous aurions quand même été prêts à
accepter d'adopter le projet de loi qu'on nous présente aujourd'hui pour
le rapport et la troisième lecture, puisque la réforme
fondamentale sur laquelle nous avons des objections n'entrerait en vigueur que
quelques années après.
Je voudrais simplement vous livrer la conclusion de M. Proulx. "On
pourra très certainement profiter de ce délai pour
réfléchir encore, car si le projet de loi que l'on
s'apprête à adopter constitue indéniablement un
progrès, il faut, sans contredit, l'améliorer encore."
Mme la Présidente, en conclusion, je voudrais vous dire,
personnellement, de même, je pense que les autres membres de ma formation
politique, que nous aurions été prêts à accepter ce
projet de loi, mais le fait de ne pas l'adopter n'est pas un drame non plus. Je
pense qu'il ne faudrait pas exagérer, du côté du
gouvernement, le fait de ne pas le voter. Je pense qu'un délai d'une
couple de mois pourrait permettre, entre autres, au gouvernement de
présenter des modifications à apporter au Code de
procédure civile qui serait un projet de loi de concordance avec le
projet de loi no 89. On pourrait, à ce moment, ayant pu prendre
connaissance des retombées dans la population du projet de loi no 89,
revenir d'ici une couple de mois, en troisième lecture, faire des
amendements, s'il y a lieu, après avoir pu prendre connaissance de
toutes les opinions de la population et adopter ce projet de
loi pour en faire un véritable Code civil qui doit,
nécessairement, à mon avis, être adopté avec le
consensus de tous les membres de l'Assemblée nationale et, en même
temps, proposer des amendements au Code de procédure civile, afin que
tout cela soit fait dans un tout le plus complet possible. Merci.
La Vice-Présidente: Mme le ministre d'État au
développement social et à la Condition féminine.
Mme Lise Payette
Mme Payette: Mme la Présidente, je devais avoir eu ce
matin, une sorte de prémonition puisque c'est en noir que je me
présente à l'Assemblée nationale. J'ai le sentiment de
porter le deuil des droits des femmes. (20 h 40)
Je suis venue en politique, venant du monde du spectacle. J'avais le
sentiment très net d'entrer dans un monde beaucoup plus sérieux.
Je voudrais, ce soir, rassurer mes anciens collègues et amis et leur
dire qu'on fait ce travail bien plus sérieusement dans mon ancien
métier qu'ici. Parce que si on veut voir un spectacle mal fait, il faut
avoir assisté à la commission parlementaire qui s'est
terminée hier soir à 23 h 30, et qui a duré pendant six
jours. Il n'y a pas eu de séance de nuit, contrairement à ce qui
a été dit. J'ai été présente pendant presque
toute la durée des travaux.
M. Bédard: Oui, c'est vrai et je vais en parler
tantôt.
Mme Payette: Mme la Présidente, je suis dans une
drôle de situation. Si j'avais été assise à la
table, on m'aurait reprochée de mettre mon collègue, le ministre
de la Justice, en tutelle; puisque je suis restée à
l'arrière de la salle, on m'a accusée de ne pas participer aux
débats. J'ai été présente à cette commission
parlementaire et j'ai vu les efforts qui ont été faits pour
arriver à une sorte d'unanimité. Je dois dire, madame, que
l'Opposition m'a donné l'impression d'être sincère en cours
de route. Suis-je assez naïve pour y croire encore? J'avais cru les
discours de deuxième lecture, j'avais cru Mme la députée
de L'Acadie me priant de situer ce débat au-dessus de la partisanerie.
Cela a presque été vrai; en tout cas, cela en avait l'allure
pendant les six jours qu'ont duré les travaux, et puis tout s'est
effondré dans les deux dernières heures. C'est à ce moment
que les masques sont tombés, comme cela se produit au
théâtre; quand on a fini la comédie, on va se
démaquiller. C'est dans ces deux heures que nous avons appris la
vérité.
Cela a d'abord été, madame, pour des raisons
constitutionnelles. On a marchandé les droits des femmes du
Québec disant que parce qu'il faudra négocier avec Ottawa,
peut-être fallait-il mettre de côté complètement le
projet de loi no 89. On a tenté de nous faire croire qu'il n'y avait au
Québec aucun pouvoir concernant les droits de la famille. On a
même dit qu'il valait mieux arrêter tout cela et attendre de voir
ce qu'il serait possible de négocier avec Ottawa alors que nous avons
déjà des pouvoirs que nous pouvons exercer maintenant; pas dans
deux mois ou dans trois mois, presque dans quelques jours, si on le voulait
vraiment. Mais cela n'a pas duré tellement longtemps. Tout de suite
après, on a engagé la discussion sur d'autres sujets. On a voulu
dire encore une fois qu'on avait fait des efforts, que ce travail
s'était fait dans le calme, presque dans l'amitié à
certains moments.
Après mes quatre années d'expérience, madame,
j'appelle cela de l'hypocrisie. On nous a joué la comédie en nous
faisant croire que nous allions pouvoir, tous ensemble, au-dessus de la
partisanerie... Mme la députée de L'Acadie se souviendra que je
lui avais dit que j'étais prête à passer l'éponge
sur l'incident des Yvette où elle a traîné volontairement
les femmes du Québec dans la partisanerie, j'étais prête
à passer l'éponge pour qu'on arrive à faire ces travaux
correctement...
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, question de
privilège.
La Vice-Présidente: Sur une question de privilège,
Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je n'étais pas ici...
Mme Payette: Est-ce le privilège des femmes du
Québec, madame, que vous invoquez?
Une voix: C'est une question de privilège, un vrai
privilège.
M. Ryan: ... parler pour elle, il y en a d'autres qui ont du bon
sens.
Une voix: II y en a, des vrais privilèges.
Mme Lavoie-Roux: Mme la Présidente, je trouve
extrêmement arrogant, de la part de la ministre d'État à la
condition féminine, de dire qu'elle veut passer l'éponge sur les
Yvette alors que c'est elle qui a provoqué l'incident; et ce sont ses
propres erreurs et sa conception extrêmement limitée de voir les
femmes.
La Vice-Présidente: II ne faudrait pas qu'une question de
privilège prenne l'allure d'une intervention.
Mme la députée.
Des voix: Oh! Oh! Oh!
Mme Payette: Mme la Présidente, ce n'est pas moi qui
étais sur la scène du Forum le jour des Yvette. Le
député de Saint-Laurent a de nouveau, dans une intervention toute
récente, affiché le mépris du Parti libéral pour
les femmes du Québec en disant que pendant que nous travaillons, les
femmes, semble-t-il, sont incapables de se renseigner; elles ne savent pas ce
que nous avons fait pendant ces six jours. Cela ressemble beaucoup à la
déclaration du chef de l'Opposition au sujet du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
justement. Il y a 270,000 femmes regroupées dans des associations au
Québec qui nous ont envoyé, depuis des jours, des
télégrammes nous demandant d'adopter ce projet de loi avant la
fin de nos travaux, d'ici quelques minutes. Ces femmes-là enverraient
des télégrammes demandant qu'on adopte un projet de loi sans
savoir ce qu'il a dedans? C'est du mépris
pour les femmes du Québec.
Le député de Saint-Laurent, Mme la Présidente, a eu
l'audace de dire que nous allions profiter de nos vacances de Noël pour
réfléchir à la réforme du Code civil et du droit de
la famille, alors que cela fait 114 ans qu'on attend, que cela fait 23 ans que
des hommes y travaillent sans jamais aboutir à rien. Cela leur ressemble
beaucoup. Il a osé dire que, pendant nos vacances de Noël, nous
allions y réfléchir, alors que ce projet de loi concerne
justement des gens qui n'auront pas nécessairement des vacances de
Noël. Je viens du monde du spectacle. Vous souvenez-vous, Mme la
Présidente, d'une chanson qui disait: On se marie tôt à
vingt ans et on n'attend pas les années pour faire trois ou quatre
enfants qui vous occupent vos journées? Faut-il pleurer, faut-il en
rire, madame? Je pense que la question est posée. Effectivement, les
femmes du Québec, quand elles vous regardent aller, auraient toutes les
raisons de pleurer.
La Vice-Présidente: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Mme la Présidente, comme on dit en anglais "that
is hard act to follow". Je ne suis pas acteur même s'il y a des
caméras ici. J'aimerais premièrement rappeler aux
députés que c'est l'Office de révision du Code civil qui a
commencé ce travail. J'aimerais féliciter d'une façon bien
spéciale le professeur Paul-André Crépeau, de la
faculté de droit à McGill. Il faut aussi remercier le professeur
Crépeau, qui est vraiment le père de notre nouveau Code
civil.
J'aimerais aussi remercier le ministre de la Justice pour son excellent
travail. Je pense qu'il a eu notre coopération. Il a été
très gentil avec nous. Je pense qu'il faut aussi remercier ses
conseillers juridiques, surtout Me Marie-José Longtin et les professeurs
Alain Bisson et Marcel Guy qui ont fait un travail exceptionnel lors des
travaux de notre commission. Ils ont travaillé très dur. Je ne
sais pas comment ils ont vraiment fait le travail, étant donné
que nous avons quitté à minuit, et ils sont revenus le lendemain
avec des amendements, des modifications, des changements, etc.
Finalement, j'aimerais remercier aussi notre porte-parole principal, le
député de Saint-Laurent qui a proposé beaucoup de
modifications, beaucoup de changements dans l'intérêt des
Québécois et dans l'intérêt d'un meilleur Code
civil.
C'est un travail que nous avons fait au-dessus de la partisanerie. Cela
a déjà été dit. Le député de
Nicolet-Yamaska l'a souligné aussi, mais la partisanerie est
commencée il y a quelques minutes quand le ministre d'État
à la Condition féminine a commencé à parler.
Le ministre d'État à la Condition féminine n'a pas
participé aux travaux de la commission permanente de la justice; c'est
là qu'on a fait le travail. On n'a pas fait le travail ici en Chambre en
première, en deuxième ou en troisième lecture. Le travail
sur le droit de la famille a été fait en commission
parlementaire. Elle était là au fond du salon rouge. Elle n'a pas
participé aux travaux. On l'a invitée à venir s'asseoir
à la table avec nous et à participer aux travaux, parce qu'elle a
un grand intérêt dans le droit civil. Elle l'a invitée.
Elle n'a pas voulu. De toute façon, elle n'est pas venue travailler avec
nous autres à la table où on a fait le travail. Elle était
au fond du salon rouge. Elle a fait des murmures. Je n'ai pas entendu ce
qu'elle a dit. Elle était un peu sarcastique de temps à autre,
mais elle n'a rien fait. Où a-t-elle parlé? Elle a parlé
dans cette Chambre. Pourquoi? Parce que c'est une actrice. Une actrice parle
quand il y a des caméras. (20 h 50)
On a des caméras en deuxième lecture, on a des
caméras en troisième lecture. Le ministre d'État à
la Condition féminine a parlé en deuxième et en
troisième lecture. En commission parlementaire où il n'y a pas de
caméra, souvent il n'y a pas de journalistes, elle n'a pas parlé,
elle n'a pas dit un mot. Maintenant, elle vient ici "flasher" une certaine
partisanerie. Je pense qu'elle est vraiment hors contexte. Je trouve cela
blessant quand elle a dit: On a marchandé les droits des femmes. Je
pense que c'est elle qui a marchandé les droits des femmes dans son
discours de troisième lecture. Je pense que tout le monde dans cette
Chambre sait ce qu'il a à faire en ce qui concerne le droit de la
famille. Elle - comme on dit en bon français - a voulu "flasher" devant
les caméras deux fois. Elle n'était jamais là quand
c'était le temps de travailler, quand c'était le temps de faire
des modifications, quand on travaillait de 10 heures du matin à
minuit.
Il va de soi que mettre le Code civil à jour est un travail
important, un travail d'une importance capitale. Ce n'est pas quelque chose
qu'on a commencé le 2 décembre, c'est quelque chose qu'on a
commencé au Québec il y a plus de vingt ans. Cela n'a pas
été commencé par un gouvernement péquiste, ni par
un gouvernement libéral, mais sous le gouvernement de l'Union Nationale.
Je vois que le député de Nicolet-Yamaska est d'accord. Le code
n'appartient pas à une formation politique. C'est un code qui appartient
aux Québécois. On a déjà fait beaucoup
d'amendements depuis les années soixante au Code civil. On a
adopté d'autres lois pour mettre les femmes sur un pied
d'égalité avec les hommes, par exemple, la Charte des droits et
libertés de la personne qui a été adoptée sous un
gouvernement libéral, mais j'ajoute tout de suite que l'Opposition de
l'époque, le Parti québécois, était d'accord qu'on
adopte une charte des droits et libertés de la personne.
Durant nos travaux en commission parlementaire, on a fait beaucoup de
modifications. On a étudié plus de 300 articles. Je vous assure
que ce n'est pas facile. Même moi qui ai une formation juridique, qui ai
étudié le droit civil il y a peut-être quinze ans
maintenant, j'ai beaucoup oublié et j'ai beaucoup appris, dans cette
commission parlementaire, en travaillant avec le ministre de la Justice, mes
collègues et les experts du ministère. Aujourd'hui, on ne se
souvient même pas des modifications qu'on a faites, parce qu'on n'a pas
une copie intégrale du projet de loi. C'est un projet de loi qui est
très difficile à manier. C'est un projet de loi qui est
très technique. Comme on a travaillé souvent jusqu'à
minuit, je pense que c'est difficile de dire qu'on a corrigé tout ce
qu'il aurait fallu corriger.
Le député de Nicolet-Yamaska a déjà lu
l'éditorial de Jean-Pierre Proulx, dans le Devoir d'aujourd'hui, que
j'ai voulu mentionner aussi. Comme l'éditorialiste l'a dit, quand on
travaille jusqu'à minuit chaque soir, on risque de ne pas faire un
travail sérieux.
Il serait bon de voir le projet de loi imprimé, de voir le projet
de loi en totalité et d'avoir une certaine période de
réflexion, comme cela a été suggéré, de
soixante jours pour revoir le projet de loi. Il pourrait être revu par
des conseillers juridiques du ministère de la Justice pour qu'on puisse
faire des modifications, des changements, le cas échéant. C'est
un secret de polichinelle que le Parti libéral du Québec est
prêt à voter l'adoption de ce projet de loi, une fois qu'on l'aura
revu dans sa façon finie, après que toutes les modifications
auront été ajoutées, et en revenant, soit au mois de
janvier, soit au mois de février, ce serait possible de l'adopter.
Merci.
La Vice-Présidente: Les amendements... M. Ryan:
Juste une minute, madame.
La Vice-Présidente: M. le chef de l'Opposition
officielle.
M. Claude Ryan
M. Ryan: J'ai entendu tantôt des imputations de motifs
à l'endroit de l'Opposition officielle pour l'attitude qu'elle a prise
à ce stade-ci de l'examen du projet de loi. Je voudrais vous assurer que
mes collègues qui ont représenté notre parti à la
commission chargée du projet de loi l'ont fait avec beaucoup de
conscience professionnelle. Le compte rendu des débats de la commission,
quand on l'aura, montrera qu'ils ont apporté une contribution
très importante. S'ils sont arrivés, en conscience, à la
conclusion qu'il fallait un délai de réflexion et de
perfectionnement de quelques semaines pour s'assurer que cette oeuvre aura la
qualité requise pour pouvoir durer longtemps, je pense qu'ils
méritent le respect de leurs collègues du côté du
gouvernement.
Commencer à traiter les gens de toutes sortes de qualificatifs
à ce stade très tardif d'une session, c'est un exercice qui peut
procéder d'une certaine impatience ou d'une certaine fatigue, mais je
veux vous assurer que ce n'est pas du tout le sentiment dans lequel nous en
sommes arrivés à notre conclusion de ce côté. Je
peux vous assurer aussi, Mme la Présidente, que la conclusion a
été arrêtée après mûres
délibérations, après de nombreuses consultations entre les
intéressés qui nous avaient représentés à la
commission et les responsables du parti dans cette Chambre. Par
conséquent, je vous assure de notre entière bonne foi. Je veux
vous dire que plus on voudra nous amener à changer d'opinion par des
tactiques comme celles que j'observe parfois, malheureusement trop souvent, de
l'autre côté de la Chambre, plus on va réussir à
nous raidir dans notre position, parce que des hommes libres ne se rendent
jamais à du chantage et à des accusations comme celles que nous
avons entendues.
La Vice-Présidente: M. le ministre de la
Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: Mme la Présidente, nous venons de
compléter l'étude article par article du projet de loi no 89.
Comme on l'a dit avant moi, je pense qu'on peut affirmer que cette
démarche a été caractérisée par le
sérieux de la réflexion des parlementaires de tous les partis et
leur désir d'apporter une contribution positive et constructive à
l'ensemble du projet de loi et ce, pour le mieux-être de l'ensemble de la
population du Québec.
J'avais dit - et je le répète - que c'est avec beaucoup
d'humilité que nous devions entreprendre l'étude de ce projet de
loi qui, effectivement, touche les fibres les plus sensibles des
Québécois et des Québécoises. J'avais ajouté
qu'il ne fallait pas penser ou s'imaginer, malgré l'importance du projet
de loi, que nous étions capables de fixer dans le ciment des
règles pour les cent prochaines années, mais qu'il nous fallait
faire l'effort intellectuel nécessaire et donner toute la contribution
en termes de travail et d'énergie pour en arriver à une
amélioration très significative, remarquable, je pense, du droit
en ce qui a trait au domaine de la famille.
J'avais également dit, lors du discours de deuxième
lecture, que j'avais besoin de la collaboration constante et continue de tous
les membres de cette Assemblée si nous voulions voir ce projet de loi
adopté avant la fin de nos travaux parlementaires. Je tiens à
souligner l'apport qui a été donné par tous les membres de
la commission parlementaire, d'une façon particulière par le
député de Saint-Laurent. J'aurais aimé, cependant, que
cette collaboration continue jusqu'au bout et que nous soyons en mesure
d'adopter ce projet de loi que nous n'adopterons pas d'ici la fin de nos
travaux parlementaires pour des raisons, à mon sens, purement
techniques. J'y reviendrai tout à l'heure. (21 heures)
Je sais également que Mme la députée de L'Acadie a
aussi collaboré. Elle fait des suggestions pour améliorer le
projet de loi. Mais je pense que j'ai assisté ce soir à ce que je
ne voulais pas, à une injustice vraiment inacceptable, quand j'ai
entendu les membres de l'Opposition affirmer que Mme Payette, la ministre
d'État au Développement social, n'avait pas participé
à l'élaboration de ce projet de loi. On a laissé entendre
cela, étant donné qu'elle n'avait pas assisté aux travaux
de la commission parlementaire. C'est très injuste, et je tiens à
le dire, parce que s'il y a une personne sur la collaboration de laquelle j'ai
pu compter, pas seulement durant six jours, mais durant des mois, pour
l'élaboration de ce projet de loi, c'est bien Mme la ministre
d'État au Développement social.
À maintes reprises, au niveau du Conseil des ministres, Mme la
ministre d'État au Développement social a apporté une
contribution qui était nécessaire pour l'avancement de
l'égalité, une fois pour toutes, des femmes du Québec. Je
tiens à la remercier. Le député de D'Arcy McGee se permet
de dire que l'intervention de Mme la ministre d'État au
Développement social était plus théâtrale qu'autre
chose. S'il est homme d'honneur, j'espère qu'il
aura à coeur de retirer ses paroles parce que c'est non
conforme...
Une voix: C'est un compliment!
M. Bédard: ...à la réalité.
Une voix: N'aggravez pas votre cas.
M. Bédard: N'aggravez pas votre cas. Le
député de D'Arcy McGee s'est permis de dire -là-dessus, il
avait raison - que le Code civil n'est pas la propriété du
gouvernement; c'est la propriété de la population du
Québec. En cela, je suis d'accord. Mais, avec votre refus de donner
votre consentement ce soir, vous vous conduisez comme si le Code civil
était la propriété du Parti libéral et que vous
aviez le droit d'en priver la population. Même si vous donniez votre
consentement, je sais que tout le Code civil ne pourrait pas être mis en
application, mais je sais, par exemple - j'y reviendrai tout à l'heure -
que plusieurs mesures importantes pourraient être rapidement mises en
application. En refusant de donner ce consentement, je trouve justement que
vous faites ce que vous essayez de reprocher aux autres, et vous vous conduisez
comme si vous étiez les propriétaires du Code civil du
Québec.
Je voudrais également, Mme la Présidente, souligner le
travail de tous les parlementaires; il a été très efficace
et il a pu être très efficace grâce à la contribution
hautement professionnelle et au dévouement sans faille des
légistes chargés de ce dossier, notamment Me Marcel Guy, Me
Marie-Josée Longtin et Me Alain Bisson. Je pense que leurs efforts ont
été une suite remarquable aux travaux qui avaient
été faits par l'Office de révision du Code civil que nous
avons eu l'occasion de féliciter lors du discours de deuxième
lecture.
Enfin, si nous avons un Code civil, je pense que c'est parce que nous
avons pu compter sur la collaboration d'une trentaine de groupes et
d'organismes qui se sont associés à cette révision en
faisant état de commentaires et de suggestions lors des
différentes étapes de cette démarche
législative.
Évidemment, toutes les propositions n'ont pu être retenues,
mais cet éclairage constructif de la part de tous les organismes qui ont
voulu déposer devant la commission parlementaire ou acheminer à
nouveau des mémoires au ministère de la Justice, toutes ces
propositions nous ont permis de prendre, nous l'espérons, les
orientations les plus susceptibles de répondre aux attentes et aux
besoins de la population.
M. le Président, nous avons voulu faire oeuvre de
cohérence dans l'établissement des règles qui
prévalent à l'organisation de la famille. C'est un
véritable code de la famille au sein du Code civil que nous avons
été appelés à élaborer. Plus essentiel
encore, le travail en commission nous aura permis de parfaire les
mécanismes qui assurent la concrétisation des deux grands
principes qui sous-tendent cette législation, soit
l'égalité des personnes qui forment le couple et la
liberté dont elles doivent jouir dans le choix de l'organisation de leur
union.
L'application de ces principes - on l'a mentionné tout à
l'heure - doit favoriser l'épanouissement de la famille en misant sur la
responsabilité accrue et partagée de chacun. Pour faciliter cette
prise en charge du couple par lui-même, le législateur a choisi
d'abattre les embûches tant sociales que juridiques plutôt que de
réglementer le détail de l'organisation intime des gens et de la
famille. Cette latitude, je pense, qui repose essentiellement sur la confiance
en l'individu n'en comporte pas moins des obligations que la loi doit
prévoir notamment en faveur de l'enfant ou en faveur du membre du couple
qui doit bénéficier d'appuis juridiques pour l'affirmation ferme
et entière de son égalité et de sa liberté.
En toute finalité, Mme la Présidente, il nous
apparaît que c'est dans le respect mutuel des aspirations
légitimes de chacun que la famille trouvera aujourd'hui sa
véritable expression et sa véritable stabilité aussi. En
effet, les individus qui composent la famille sentent toujours le besoin,
à divers degrés, de jouir d'une autonomie et d'une liberté
individuellement et de former une famille dynamique et ouverte au monde
extérieur. C'est dans cette optique que se situent les dispositions du
projet de loi 89.
Tous les parlementaires - j'ai eu l'occasion de le dire - parce qu'ils
représentent la population, étaient conscients que le droit de la
famille, plus que tout autre, posait un énorme défi au
législateur. Ceci précisément parce que tout ce domaine
transcende le droit. Mais je pense qu'il est clair que le travail que nous
avons eu à faire, une réforme du code de la famille, est une
législation extrêmement importante. Mais je ne crois pas qu'on
doive prendre comme prétexte l'importance du projet de loi - par des
moyens procéduriers ou autrement - pour essayer d'en retarder
l'application parce que le Code civil, on le sait, ses dimensions humaines,
affectives et sociales obligeaient un examen qu'une vision uniquement technique
ou la tentation de vouloir tout régir aurait risqué de fausser.
Tous au niveau de la commission parlementaire se sont donc accordés pour
tracer un cadre souple qui corresponde aux besoins contemporains et qui
reflète vraiment la société d'aujourd'hui.
Nous nous sommes donc appliqués à trouver ensemble les
formules les plus actuelles - pas figées dans le ciment - susceptibles
de promouvoir les valeurs authentiques de la famille. Que ce soit donc en
créant du droit nouveau ou en faisant disparaître du Code civil de
1866 des dispositions qui ne convenaient plus au contexte d'aujourd'hui, les
législateurs se sont appliqués à matérialiser les
principes d'égalité des conjoints et de liberté dans
l'organisation de leur vie familiale. (21 h 20)
La direction morale et matérielle de la famille devient donc la
responsabilité conjointe des époux sur la base d'une
complète égalité. C'est, autrement dit - et c'est ce que
nous avons accepté et je ne vois pas pourquoi on en retarde l'adoption -
parce que ce projet de loi représente, entre autres, la fin de la
prééminence juridique d'un époux sur un autre dans la
direction de la famille. C'est dans cette perspective que la législation
reconnaît également - c'est ce qui est contenu dans le projet de
loi et je ne vois pas pourquoi on en retarde l'adoption - la
nécessité de considérer une compensation en raison de
l'apport en biens ou en services à l'enrichissement du patrimoine du
conjoint, enrichissement apporté
par le travail, les biens de la femme au foyer et de la femme au
travail. L'établissement et la protection de la résidence
familiale est une autre notion nouvelle qui, encore là, consacre
l'égalité des droits des époux et respecte l'objectif
d'assurer la direction conjointe de la famille.
J'écoutais la députée de L'Acadie dire que ce
n'était peut-être pas encore satisfaisant, suffisamment
satisfaisant, quoique, sauf un article, l'Opposition se soit quand même
déclarée d'accord avec l'ensemble des articles concernant la
résidence familiale. Je pense qu'eux comme nous, nous aimerions toujours
essayer d'en venir à ce qu'on pourrait appeler la situation parfaite,
mais la perfection, je ne crois pas... La population ne réclame pas la
perfection. Elle réclame surtout la bonne volonté et je pense que
c'est ce dont nous avons fait preuve tout au cours de l'étude de ce
projet de loi.
Quand le député de Saint-Laurent dit qu'il voudrait
retarder, qu'il veut effectivement retarder l'adoption de ce projet de loi pour
avoir la certitude de l'impeccabilité, la certitude de la perfection, je
pense que c'est tout simplement un faux-fuyant. Je le dis comme je le pense
parce que je crois que la population ne demande pas la perfection à ses
législateurs, mais elle demande la bonne volonté et, s'il y a un
geste de bonne volonté qui aurait pu être fait et qui peut encore
être fait - je l'espère encore - par l'Opposition libérale
ce soir, c'est bien de donner son consentement pour que nous adoptions ce
projet de loi en troisième lecture.
La députée de L'Acadie a mentionné, concernant
l'âge du mariage, que nous ne nous étions peut-être pas
entendus complètement. Nous avons quand même fixé
l'âge du mariage à 18 ans tel qu'on nous le demandait. La seule
nuance que nous avons apportée - et nous croyons que c'était
nécessaire quand il s'agit d'une période de transition où
il faut y mettre quand même de la prudence - c'est que nous avons cru
qu'il y avait nécessité qu'une dispense d'âge puisse
être accordée par le tribunal entre 16 et 18 ans, parce qu'il peut
y avoir des situations humaines qui existent, que le législateur ne
peut, du revers de la main, s'empêcher de considérer, et j'en ai
énoncé plusieurs à l'occasion de la commission. Je ne
reprendrai pas ces exemples pour ne pas être trop long.
La députée de L'Acadie a dit que nous n'avions
peut-être pas trouvé les termes justes pour remplacer la notion
d'aliments dans le Code civil. Bon! Il faut quand même conclure que
l'Opposition non plus n'a pas trouvé de notion juste ou de concept
très précis pour remplacer la notion d'aliments qui, dans notre
Code civil, est une notion très précise, pas seulement dans notre
Code civil, mais dans le code de toutes les provinces du Canada et
également en France où on parle d'aliments, parce que ceci
représente un concept très précis. Il s'agit, avec
l'adoption de ce Code civil, de trouver le moyen de donner à cette
notion d'aliments une signification beaucoup plus large que celle qu'elle avait
auparavant.
Quand j'entends l'Opposition dire qu'on a travaillé très
tard, c'est exact. C'était en fin de session, c'est exact. Mais ce n'est
pas parce qu'on est en fin de session qu'il va falloir s'arrêter de
travailler. Je me rappelle très bien de fins de session où j'ai
dû siéger, alors que nous étions six dans l'Opposition,
jusqu'à 5 ou 6 heures le matin. Durant les travaux de cette commission,
nous avons terminé autour de minuit. Je pense qu'il est normal
qu'à un moment donné nous fournissions des efforts
supplémentaires de réflexion et d'énergie, non pas pour
nous, mais pour le mieux-être de la population du Québec.
On oublie de dire que ce projet de loi n'a pas été
déposé au début de cette session, ce projet de loi est
déposé depuis neuf mois. Ce projet de loi a été
soumis à l'attention de l'Opposition et à l'attention de tous les
organismes depuis neuf mois; les organismes, eux, le savent. Ils ont
regardé ce projet de loi et c'est ce qui les amène, sachant que
nous avons pu y faire certains amendements, mais non pas des amendements qui
impliquent des changements de direction, à nous demander dans des
télégrammes, au moment même où on se parle, de
procéder à l'adoption de ce projet de loi parce qu'il
représente une amélioration majeure pour l'ensemble de la
société québécoise. Je pense que Mme la ministre
d'État au développement social avait raison tout à l'heure
de dire qu'affirmer, comme on l'a fait, qu'il y a seulement cinq ou six
personnes qui sont au courant du projet de loi, c'est vraiment adopter une
attitude un peu méprisante envers tous ces groupes qui savent
très bien ce dont ils parlent lorsqu'ils demandent aux
députés de l'Assemblée nationale de ne pas s'embourber
dans des questions de procédure et d'adopter ce projet de loi
rapidement.
Certaines dispositions vétustes du Code civil actuel sont
appelées à disparaître avec l'adoption du projet de loi no
89. Ainsi, -cette présomption légale qui établissait qu'en
cas de mort commune le mâle survivait à la femme privant ainsi la
succession de la femme de ses droits, cette présomption disparaît
pour être remplacée par une théorie plus respectueuse de
l'égalité des personnes. Le nouveau code réaffirme le
principe... Cela peut être rapidement mis en application. Au nom de quel
principe peut-on retarder ce projet de loi alors qu'on peut corriger des
situations rapidement? Pas toutes les situations, mais on peut en corriger
très rapidement, des situations d'injustice envers les femmes du
Québec.
Le nouveau code réaffirme le principe déjà
adopté en 1977 par un amendement au Code civil concernant
l'autorité parentale qui a remplacé la notion d'autorité
paternelle. La femme pourra également exiger à l'avenir l'emploi
de son nom propre sur la base légale que consacre le Code civil.
Je crois qu'il est très important de mentionner qu'une autre
source de discrimination est éliminée par l'abrogation de
l'article 768 du Code civil qui limitait le droit des concubins de se faire des
donations, les restreignant seulement aux aliments. Désormais, dans le
respect de cette liberté d'organisation dont les individus doivent
jouir, ils pourront se procurer les avantages réciproques que peuvent se
consentir toutes personnes entre elles dans la société.
Une voix: Mais quand? Mme Payette: Quand?
M. Bédard: Nous pourrions le faire rapidement. Je ne vois
pas pourquoi on le retarde. Je l'énonce et je veux essayer de ne pas
être partisan.
Mme Payette: Quand?
M. Bédard: Je reconnais la collaboration que m'ont
donnée les députés de l'Opposition et tous les
parlementaires de cette Chambre au cours de l'étude en commission
parlementaire, mais je ne suis pas capable de comprendre ce geste de
dernière minute qui, à mon sens, prive des citoyens ou des
citoyennes de droits qu'ils pourraient avoir rapidement et qui constituaient
des injustices auparavant. (21 h 20)
Mme la Présidente, un point important que je voudrais souligner,
c'est que cet objectif de respect de la personne se matérialise aussi,
dans le Code que nous avons adopté, à l'endroit de l'enfant qui,
désormais, ne pourra faire l'objet d'aucune discrimination en raison des
circonstances de sa naissance. Quelle que soit la nature de sa filiation,
légitime, naturelle ou adoptive, toute distinction est abolie et les
mêmes droits lui sont accordés, qu'il s'agisse des droits
alimentaires, successoraux ou autres.
Mme Payette: Quand? Des voix: Quand?
M. Bédard: Pourquoi retarder ces droits que nous pouvons
donner dès maintenant, d'égalité entre les enfants dans la
société québécoise par rapport aux injustices que
créait le fait qu'il y avait des enfants légitimes et des enfants
illégitimes?
Je sais qu'il y a des dispositions qui ne peuvent entrer en vigueur
maintenant, soit pour des problèmes constitutionnels, soit parce qu'il y
a des amendements au Code de procédure qui sont nécessaires. J'en
conviens avec l'Opposition, mais il y a des dispositions très
importantes qui peuvent être mises en vigueur maintenant et qui
pourraient corriger des injustices qui existent depuis trop longtemps. Au nom
de quel droit l'Opposition se permet-elle de retarder, ne serait-ce que de deux
mois, la possibilité pour ces citoyens - je pense aux enfants, entre
autres - de jouir de l'égalité? Vous aurez beau invoquer, comme
vous l'avez fait, certaines notions de prudence, la recherche de
l'impeccabilité, la recherche de la perfection, je ne crois pas - je
vous le dis parce que je le pense et que j'en suis convaincu - que ça
motive ce manque de collaboration dont vous faites preuve en n'accordant pas
votre consentement, ce soir, pour l'adoption de ce projet de loi.
Mme la Présidente, s'il reste des éléments, dans ce
nouveau code, qui peuvent paraître favoriser un membre de la famille,
c'est précisément à l'endroit de l'enfant car il importe
que son bien-être prime lorsque des choix doivent s'exercer ou qu'un
intérêt doit être prépondérant parmi
d'autres.
Mme la Présidente, je pourrais continuer encore longtemps cette
revue des dispositions du projet de loi no 89 dont chacune s'inspire du respect
des principes d'égalité et de liberté des individus. Mais
une autre dimension doit aussi nous préoccuper, celle de doter
rapidement les citoyens du Québec de ce nouveau Code de la famille.
Ai-je besoin de rappeler les interventions d'un très grand nombre
d'organismes qui ont sollicité une démarche rapide de la part des
législateurs? Je pense au Conseil du statut de la femme qui nous presse
de réaliser sans retard la réforme. Je pense au Barreau du
Québec, qui s'y connaît quand même un peu en termes de
difficultés juridiques, qui souhaite une adoption rapide. Je pense
à l'Association des centres de services sociaux qui en demande
l'adoption au cours de la présente session. Je pense au front commun,
dont nous avons reçu un télégramme hier, recouvrant des
organismes représentant plus de 70,000 femmes, qui demande aussi d'agir
avec célérité. Ils savent très bien que le projet
n'est pas parfait. Ce n'est pas cela qu'ils nous ont demandé. Ils savent
très bien qu'on ne peut pas donner suite à toutes les
réclamations qui sont faites par les organismes parce que certaines
peuvent être contradictoires, mais conscients et convaincus que c'est une
amélioration majeure par rapport à ce qui existe maintenant, ils
réclament, ce qui est normal, l'adoption rapide de ce projet de loi.
Encore aujourd'hui, par le biais d'un télégramme
adressé à la députée de L'Acadie -elle n'en a pas
fait mention tout à l'heure -adressé également au
député de Marguerite-Bourgeoys, dont j'ai reçu copie,
l'AFEAS, qui représente quand même beaucoup de femmes au
Québec, une des associations les plus dynamiques de femmes au niveau de
l'ensemble du Québec, dont j'ai eu d'ailleurs l'occasion de rencontrer
les principales représentantes, l'AFEAS, presse l'Opposition,
c'était dans son télégramme, de renoncer au délai
avant de procéder à la troisième lecture, afin que le
projet de loi soit adopté avant l'ajournement.
Mme la Présidente, la célérité à
laquelle tous les groupes nous convient ne nous a pas empêchés de
faire un travail extrêmement sérieux à toutes les
étapes de l'étude de ce projet de loi. Je réitère
la collaboration que j'ai eue de l'autre côté de la Chambre. Mais
je trouve vraiment injustifié et inacceptable ce refus de collaboration
de dernière minute qui a quand même des conséquences.
Le député de D'Arcy McGee qui est devant moi a dit tout
à l'heure: On peut retarder le projet de loi, il n'y a pas de coût
à cela, cela ne coûtera rien à personne. Je pense que c'est
le député de Saint-Laurent. Je ne suis pas d'accord avec lui. Si
le fait de retarder peut permettre de voir si les concordances ont
été bien faites, si on peut corriger quelques erreurs qui ont pu
se glisser en cours de route, soit, mais je pense qu'au contraire l'adoption
retardée de ce projet de loi par la décision de l'Opposition
représente un coût. En effet, l'égalité
complète des droits et obligations des conjoints entre eux ne sera pas
acquise en termes de statut. Cela, on pourrait le faire dès demain.
Il en est de même du choix et de la protection tant attendue de la
résidence familiale. La députée de L'Acadie disait tout
à l'heure: On n'a pas trouvé la notion juste, on n'a pas
trouvé le terme exact. Il me semble qu'au-delà du terme exact, ce
serait bien mieux de trouver la vraie solution, si on veut la protéger
cette résidence familiale et de donner le consentement à
l'adoption de ce projet de loi, parce que c'est clair que c'est une
amélioration extrêmement importante par rapport à ce qui
existe jusqu'à
maintenant.
Un des coûts du retard du projet de loi - je terminerai
là-dessus - c'est que les conjoints ne pourront se prévaloir des
dispositions simplifiant le changement de leur régime matrimonial, alors
que les conjoints de fait ne pourront pas conclure des ententes assurant leur
protection et celle de leurs enfants, le cas échéant.
Également, les enfants naturels continueront d'avoir un statut
inférieur à celui des enfants dit légitimes.
Mme Payette: Le cadeau de Noël du Parti libéral aux
enfants.
M. Bédard: Ce sont des coûts importants, du point de
vue social.
Je ne pense pas que ce soit le plus beau des cadeaux de Noël qu'on
peut faire aux enfants du Québec que de leur dire - c'est cela que vous
leur dites en refusant le consentement - mes chers petits enfants, nous savons
qu'il y a des injustices faites par la société, mais nous
voudrions, même si nous vous aimons bien, que cette injustice continue
encore deux et trois mois.
Je pense que l'Opposition n'est pas sérieuse lorsqu'elle adopte
un tel raisonnement. Tous ces éléments positifs sont beaucoup
plus importants pour la société que les améliorations
qu'on pourrait y faire dans le mois ou les deux mois qui viennent.
La Vice-Présidente: M. le ministre, vous allez devoir
conclure.
M. Bédard: Je termine là-dessus, Mme la
Présidente, ce n'est pas une loi qui fait que c'est dans le ciment,
qu'on ne pourra pas l'amender durant les 100 ans à venir. Le
député de Nicolet-Yamaska parlait tout à l'heure d'un
éditorial qui disait que c'est une loi améliorée. C'est
clair, toute loi qui est adoptée n'a qu'une mission, celle d'être
améliorée en fonction de l'avenir, en fonction des contingences
sociales, mais ce n'est pas une raison, par exemple, pour ne pas l'adopter.
Mme la Présidente, nous avons travaillé très
fort...
Mme Payette: Dépêchez-vous de rentrer chez vous, vos
femmes et vos enfants vous attendent.
M. Bédard: ...pas seulement dans les six jours qu'a
duré la commission, mais cela fait depuis des mois, depuis neuf mois que
le projet de loi est à la connaissance de tous les parlementaires. Je
peux dire que, personnellement, avec mes collègues, le ministre
d'État au développement social, c'est des dizaines et des
dizaines de réunions que nous avons faites, c'est un travail inlassable
qui a été fait par les légiste pour en arriver à ce
projet de loi et je ne peux concevoir et je ne peux me convaincre que le retard
qui est demandé par l'Opposition est motivé autrement que par,
à mon sens, une partisanerie de bien mauvais goût à
l'endroit de la population du Québec. Merci, Mme la Présidente.
(21 h 30)
La Vice-Présidente: Les amendements proposés par M.
le ministre de la Justice au projet de loi no 89 sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
La Vice-Présidente: Adopté. Le rapport de la
commission sera-t-il adopté? Le rapport est adopté.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Charron: Mme la Présidente, à ce moment-ci,
n'étant pas sourd aux arguments que je viens d'entendre lors de la prise
en considération du rapport, avant de solliciter le consentement pour
une troisième lecture, si j'ai bien compris les propos, malheureusement,
semble-t-il, irrévocables du député de Saint-Laurent, au
vu et au su de tous, est-ce que je pourrais formuler ce qui
m'apparaîtrait un compromis qui, tout en répondant aux objectifs
de l'un et de l'autre, risquerait de faire avancer ce dossier dans
l'intérêt de tout le monde? Si les parlementaires acceptaient ce
soir de terminer un travail qui a été - je pense que plusieurs
qui sont intervenus lors de la prise en considération du rapport l'ont
souligné et c'est vrai, M. le Président - ceux qui étaient
membres de la commission comme ceux qui ont suivi les travaux, ceux à
qui ils faisaient rapport à des différents caucus respectifs,
acceptaient de terminer le travail fort bien mené depuis quelques jours,
dans un esprit remarquable, à la hauteur du sujet dont nous discutions
dans l'intérêt de tout le monde; si ces parlementaires acceptaient
d'adopter en troisième lecture ce soir ce projet de loi et, autrement
dit, se mettaient eux-mêmes en position de présenter à la
population du Québec un produit fini, bien fait, comme quand nous
travaillons bien, nous sommes capables de bien faire les choses, en dehors des
querelles partisanes qui n'ont pas marqué ce débat du
début jusqu'à la fin; si nous étions capables de terminer
ce débat dans une adoption unanime - je le souhaite - puisque tout le
monde a signalé qu'il s'agit d'une amélioration par rapport au
sujet actuel, le gouvernement serait prêt à ce que le projet
adopté par l'Assemblée ne soit proclamé en tout ou en
partie qu'après un laps de temps raisonnable, pour que la prise de
connaissance de cette décision de notre Assemblée ne prenne
personne par surprise.
Je dis publiquement que dans les discussions qui ont entouré ce
débat, tout au cours de la journée, nous avons offert à
l'Opposition officielle de proclamer - c'est contre notre gré, je vous
dirais; comme le disait le ministre de la Justice: Plusieurs des
réformes dans ce projet devraient déjà être lois,
devraient le devenir dès demain -en compromis, qu'aucun de ces articles
ne soit mis en vigueur avant le 28 février prochain, c'est-à-dire
un laps de temps d'au-delà de deux mois, jusqu'au 28 février
prochain, pour que toutes les retombées négatives, s'il en est,
qui ne sont nullement annoncées, parce que, au contraire, mes
collègues l'ont signalé... J'inviterais quiconque a reçu
des représentations au cours des derniers jours pour nous dire: De
grâce, n'adoptez pas ce projet de loi, de les déposer devant la
Chambre, je crois que nous avons tous reçu le contraire.
Mais si - c'est le sens du compromis - la prophétie triste qu'on
fait que les parlementaires auraient mal fait leur travail et que les
citoyens
avisés nous signaleraient nos erreurs au cours des prochains
mois, nous l'acceptons, M. le Président. Mais finissons notre travail.
Ce que je propose: Finissons ce travail que nous avons bien fait, que les
citoyens et citoyennes du Québec demandent, soumettons-le à leur
analyse, soumettons-le à leur opinion et si, dans deux mois, nous nous
sommes fait dire que nous nous sommes trompés quelque part, nous ne
proclamerons pas la loi. Mais si, entre-temps, au contraire, ne font que
s'ajouter les demandes de citoyens et de citoyennes qui souhaitent que cette
loi soit proclamée, alors nous pourrions le faire à compter du 28
février, ce que le gouvernement s'engage à faire, M. le
Président, si nous avons cette troisième lecture ce soir, c'est
qu'aucun article de ce projet de loi ne soit proclamé avant le 28
février. C'est avec cet engagement de notre part que je me permets de
solliciter le consentement unanime de l'Assemblée pour que nous
puissions procéder à la troisième lecture du projet de
loi.
Le Président: Y a-t-il consentement?
M. Levesque (Bonaventure): Consentement à quoi, M. le
Président?
Le Président: Pour la troisième lecture. M.
Levesque (Bonaventure): Pardon?
Le Président: Y a-t-il consentement unanime pour la
présentation du projet de loi no 89 en troisième lecture?
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je demande la
suspension pour quelques instants.
Le Président: Cette motion de suspension sera-t-elle
adoptée?
Une voix: Adopté. Le Président:
Adopté. (Suspension de la séance à 21 h 36)
(Reprise de la séance à 22 h 05)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je n'ai rien à ajouter
pour le moment, sauf de rappeler que ce sont nos collègues qui ont
proposé une suspension à la suite de la proposition que j'avais
faite au nom du gouvernement. J'aimerais entendre leur réponse
maintenant, si vous me le permettez.
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ces quelques
minutes de réflexion et de consultation nous ont amenés à
une suggestion que j'ai communiquée il y a quelques instants au leader
parlementaire du gouvernement et au premier ministre. À ce moment-ci, je
pense qu'ils sont bien renseignés sur nos intentions.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Bien, M. le Président. Je transmets avec
plaisir à l'Assemblée l'information qui nous a été
communiquée, que nos collègues du Parti libéral
accepteraient de procéder ce soir à l'achèvement de notre
travail, c'est-à-dire la troisième lecture de ce projet de loi,
si le gouvernement prenait l'engagement que j'évoquais de ne mettre en
vigueur aucun article de cette nouvelle loi avant une date quelconque
permettant un délai raisonnable pour la prise de connaissance de ce
projet de loi. Puisqu'après consultation du calendrier il devrait
normalement y avoir, le mercredi 1er avril 1981, réunion du Conseil des
ministres, un certain nombre d'articles du code adopté ce soir seraient
mis en vigueur à compter du lendemain, 2 avril 1981.
En présence du premier ministre et devant le chef de
l'Opposition, je pense que l'engagement que je prends au nom du gouvernement et
devant cette Assemblée en particulier peut difficilement être plus
engageant et solennel, que celui de dire que la loi que nous serons fiers
d'adopter ce soir, avec la participation de toute l'Assemblée, ne sera
proclamée en tout ou en partie, donc, mise en vigueur, qu'à
compter du 2 avril 1981, ce qui donnera à tous les citoyens et à
toutes les citoyennes qui, en vertu de cette loi, connaissent de nouveaux
droits, bien sûr, mais aussi pour certains et certaines d'entre elles, de
nouvelles responsabilités, le temps adéquat de les
connaître, de les mesurer et de s'y ajuster.
À la lumière de cet énoncé, je propose que
la parole soit remise à l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): ... l'Opposition officielle est
d'accord. Il faudrait que nous entendions le gouvernement proposer un
amendement au dernier article du projet de loi afin que ceci soit bien inscrit
dans notre législation.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Pourrais-je proposer, pour ne pas retarder nos
travaux puisque nous arrivons à la fin du délai légitime
de notre Assemblée, le 19 décembre, et qu'il ne reste que
quelques heures à peine, que nous puissions entamer le débat en
troisième lecture en m'engageant à fournir cet amendement au
cours du débat de troisième lecture, c'est-à-dire à
le rédiger d'ici quelques instants et à en fournir le texte aux
Oppositions?
Troisième lecture
Le Président: Merci. La présidence, constatant
qu'il y a consentement unanime, appelle maintenant la troisième lecture
du projet de loi no 89, Loi instituant un nouveau Code civil et portant
réforme du droit de la famille.
M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, je serai très
bref. Je voudrais remercier quand même l'ensemble des membres de cette
Assemblée d'avoir accepté au moins un compromis. Je pense que
c'était un des services importants qu'on pouvait rendre à la
réforme elle-même que de l'adopter ce soir, que la population
sache que nous sommes d'accord. Nous prendrons le délai de compromis
pour informer valablement la population de manière que celle-ci puisse
connaître au moins l'essentiel des articles mis en vigueur. Je ne serai
pas plus long, M. le Président, et je pense que c'est un heureux geste
de solidarité à la veille des Fêtes pour le
mieux-être de la population québécoise. Merci. (22 h
10)
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, c'est avec plaisir que nous
acceptons cette ouverture qui a été faite par le gouvernement.
J'aurais trouvé le ministre de la Justice plus élégant
s'il avait retiré les accusations de partisanerie et d'hypocrisie qui
ont été portées plus tôt dans le débat
à l'endroit de certains membres de l'Opposition. Oui, partisanerie. Vous
l'avez dit, M. le ministre. Le gouvernement vient d'avoir la preuve une fois de
plus que, quand il veut faire montre d'un sain esprit de bonne composition, il
peut trouver la réciproque du côté de l'Opposition
officielle. Nous n'avons jamais peur de réexaminer nos positions. Quand
on nous présente des propositions qui ont de l'allure, du
réalisme, on est prêt à faire les pas qui s'imposent.
Là, nous disposerons de part et d'autre, quels que soient les
événements des mois à venir, d'un délai de trois
mois, si j'ai bien compris, de trois mois et quelques jours. Je pense que nous
aurons le temps d'ici là de vérifier de notre côté
la portée exacte de tous les amendements qui ont été
insérés dans le projet de loi, d'entendre les
représentations qui pourraient venir de la part de milieux qui ont des
choses sérieuses à dire et le gouvernement sera en mesure de
proclamer cette loi au moment où elle sera le plus apte à bien
servir les intérêts des citoyens.
Je voudrais, avant de terminer, souligner l'excellent travail qui a
été accompli par le ministre de la Justice. On ne l'a pas fait
jusqu'à maintenant parce que le climat ne s'y prêtait pas
beaucoup, mais, dans l'ensemble, je pense que le ministre de la Justice a
situé le débat à un niveau très
élevé, à un niveau de responsabilité qui lui vaut
les éloges de ce côté-ci de la Chambre. Tout à
l'heure, cela avait commencé à glisser un peu. L'orateur qui
l'avait précédé avait glissé davantage. On n'en
reparlera pas parce qu'on était presque dans les bas-fonds à ce
moment-là, les bas fonds de l'imputation de mauvais motifs à
d'autres qui ont le malheur de ne pas penser comme vous - quel crime! - en
démocratie nationaliste à la manière de nos amis d'en
face. Mais je vous dis que nous sommes très heureux de ce qui arrive.
Nous allons collaborer volontiers et j'espère que cette période
nous permettra d'apporter les derniers raffinements, s'il y a lieu, que peut
requérir le projet de loi.
Le Président: M. le député de Nicolet-
Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, quelques mots pour dire que
je suis également heureux d'avoir contribué, avec les
collègues du caucus de l'Union Nationale - parce qu'on a
travaillé également à ce débat - à
l'élaboration d'une nouvelle partie de notre Code civil qui se faisait
attendre depuis longtemps. Il y a là-dedans des innovations qui, je
pense, sont quand même remarquables et qui ont su recueillir
l'assentiment de toute l'Assemblée nationale. Je pense que c'est ainsi
que doit être adopté un Code civil puisque le Code civil est la
loi de base de tout citoyen du Québec. Je pense que c'est avec un
consentement unanime qu'on se doit d'adopter cette loi.
Je voudrais profiter de l'occasion pour inviter tous les citoyens et les
citoyennes du Québec et tous les groupements quels qu'ils soient,
féministes ou pas, à tirer profit du délai que nous leur
accordons ce soir pour prendre connaissance de ce projet de loi, bien le
regarder et faire parvenir soit au ministre de la Justice, à
l'Opposition officielle, à l'Union Nationale ou à chacun des
membres de l'Assemblée nationale, s'ils le veulent, des commentaires sur
ce projet de loi. Je suis assuré que le ministre de la Justice, avec
l'ouverture d'esprit qu'il a manifestée depuis le début de
l'étude de ce projet de loi, saura sans doute tenir compte des remarques
que la population pourra lui faire d'ici la proclamation du projet de loi. Je
suis assuré également que de notre côté, si nous
avons des remarques, des commentaires ou des propositions d'amendements au
projet de loi, nous les ferons parvenir au ministre de la Justice dès
que possible. Je pense que le ministre de la Justice pourrait d'ores et
déjà nous assurer qu'il regardera ces modifications ou ces
demandes avec toute l'attention qu'on doit leur donner et il pourrait
certainement, lors de la réouverture de la session à une date
qu'on annoncera tout à l'heure, voir à apporter des amendements
ou des modifications s'il y a lieu.
M. le Président, j'ai été heureux, encore une fois,
de travailler à la préparation de cette nouvelle partie de notre
Code civil et je suis entièrement satisfait du travail qui a
été fait des deux côtés de la Chambre.
Le Président: Merci.
M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, je pense que le délai
à l'expiration duquel ce projet pourra devenir en vigueur est un
délai qui ne doit pas être perdu. J'aimerais, à ce
moment-ci, rappeler un certain nombre de choses qui doivent être faites
afin que ce délai de réflexion puisse être utilisé
le mieux possible. Il y a d'abord, pour le ministre de la Justice, une
obligation morale, je pense, qui existe de veiller à ce que la version
finale de ce projet de loi, de cette loi soit imprimée le plus tôt
possible, de manière que nos concitoyens n'apprennent pas seulement par
la voie des manchettes et par les conférences de presse qu'ils ont un
nouveau Code civil, mais qu'ils puissent le lire avant le mois d'avril. Je
pense que c'est une très haute priorité, au niveau du
secrétariat de l'Assemblée nationale, au niveau de l'imprimeur du
gouvernement et au niveau du ministre de la Justice, d'en assurer la diffusion.
On sait quels sont les délais que l'on doit parfois observer entre
l'adoption d'un projet de loi et sa disponibilité dans un état
final.
Il y a également, je pense, M. le Président, pour aider
à la bonne intelligence de ceux qui prendront connaissance du projet de
loi, une exhortation que je dois faire à votre endroit relativement
à l'impression et à la diffusion du compte rendu des travaux de
la commission parlementaire qui, cette fois-ci particulièrement, sont
non seulement utiles, mais je dirais même indispensables à une
bonne intelligence du projet de loi. Je dois souligner qu'il y a eu des
difficultés dans la transcription des débats. Encore aujourd'hui,
il nous est impossible de consulter le texte des débats qui ont eu lieu
en commission parlementaire.
Une voix: C'est la réalité.
M. Forget: Je voudrais attirer votre attention sur le fait que,
pour des débats qui ont eu lieu, par exemple, en juin dernier en
commission parlementaire, il a fallu attendre à la fin de septembre
avant que le texte soit disponible au public. Des journalistes même s'en
sont plaints et ils ont attiré l'attention, en septembre et encore plus
récemment, sur l'impossibilité pratique dans laquelle ils sont de
faire leur travail d'informer le public de certaines mesures
législatives d'intérêt public. Je crois, M. le
Président, que vous prendrez en bonne part mon exhortation pour qu'au
moins, étant donné ce délai tout à fait
spécial dans l'adoption et la mise en vigueur d'une loi, on fasse une
diligence particulière et qu'on mette peut-être de
côté certaines vacances, de manière que, dès le
début de janvier, on puisse avoir à la fois le texte de la loi et
le texte des débats en commission parlementaire, qui constituent un
commentaire détaillé des motifs qui ont amené le
législateur à adopter un texte qui, finalement, diffère
des recommandations de l'Office de révision du Code civil et qui retient
ou qui écarte, selon le cas, un certain nombre de recommandations qui
ont été faites par un grand nombre de groupes. Je pense que ce
sont là deux instruments de travail dont beaucoup de gens auront besoin
et qu'ils devraient avoir en leur possession. Si ceci est fait, je pense que
nous pourrons nous satisfaire de ce délai et que cette loi n'en sera que
meilleure, que ce chapitre nouveau du Code civil n'en sera que meilleur et plus
approprié. (22 h 20)
Je dois remarquer que le gouvernement se crée un
intéressant rendez-vous pour le début d'avril, parce que, rendu
au 2 avril, le temps de la rhétorique sera terminé. Il faudra
vivre avec les déclarations qu'on a faites à savoir que ce projet
de loi peut d'ores et déjà assurer l'équivalent d'une
révolution sociale dans le droit de la famille. On verra qu'on sera
beaucoup plus modeste le 2 avril, beaucoup plus modeste, si même il ne
faut pas remettre la main à la pâte. Il faut parfois, en politique
comme ailleurs, M. le Président, comment dire, donner à quelqu'un
qui le veut ardemment la corde qui lui est nécessaire pour se pendre.
C'est peut-être cela qu'on vient de faire, je n'en sais rien. Cela n'est
point impossible. Mais ce que l'on constatera, de toute façon, c'est que
l'immense majorité des dispositions qui sont contenues dans le projet de
loi que nous venons d'adopter avec ce sursis sera inapplicable le 2 avril et
ceci, on pourra le constater. Ce ne sera plus, à ce moment, une question
d'opinion; ce sera une question de constatation.
C'est pourquoi, M. le Président, je pense que, effectivement, le
gouvernement a obtenu ce qu'il voulait, il a obtenu son symbole, ce symbole de
la raison d'être d'une session qui n'a pas donné grand-chose
d'autre depuis le début de novembre. Peut-être lui fallait-il ce
symbole. S'il y tenait tant, ma foi, nous n'avions peut-être pas
tellement de raison de le refuser, parce que, encore une fois, nous verrons, au
début d'avril -et cette date va approcher très rapidement - que
le temps de la réalité est arrivé. Qui sait? La
réalité au 1er avril sera encore peut-être plus
différente qu'on ne le soupçonne à ce moment-ci.
Merci.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Très brièvement, M. le
Président, j'ai promis une rédaction d'amendement qui tiendrait
compte de ce compromis qui vient d'intervenir. Je suis allé le
présenter au député de Saint-Laurent qui m'a semblé
accueillir la rédaction que je me prépare à l'instant
à proposer. Je ne sais pas si je dois faire motion pour qu'on revienne
pour un instant... Oui?
Révocation de l'ordre de troisième
lecture
Le Président: Voici, conformément à
l'article 125, il faudrait révoquer l'ordre de troisième lecture,
aller en commission plénière, faire l'amendement et revenir. Mais
je pense que tout cela, humblement, pourrait se faire par consentement
unanime.
M. Charron: Très bien.
Nouvelle rédaction
Alors, M. le Président, le dernier article du projet de loi se
lit tel quel, avant l'amendement que je propose: "La présente loi
entrera en vigueur aux dates fixées par proclamation du gouvernement."
Toutefois, on dit qu'il n'y aura aucune proclamation tant et aussi longtemps
que l'arrangement constitutionnel nécessaire ne sera pas intervenu. Cela
nous importe peu dans le sujet d'aujourd'hui. Je proposerais que l'on dise
ceci: "La présente loi entrera en vigueur aux dates fixées par
proclamations - avec un "s" puisqu'il peut être proclamé en tout
ou en partie - du gouvernement ultérieures au 1er avril 1981."
Le Président: Du consentement unanime de
l'Assemblée l'ordre de troisième lecture est
révoqué. Le projet de loi no 89 est retourné en commission
plénière.
Est-ce que le rapport de la commission plénière sera
adopté?
Des voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Président: Adopté. Est-ce que la motion de
troisième lecture sera adoptée?
M. Charron: Avec amendements.
Le Président: Avec amendements. Est-ce que la motion de
troisième lecture sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Une voix: Avec amendements.
Le Président: Adopté tel qu'amendé en
commission plénière.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Merci, M. le Président.
En tout dernier lieu, est-ce que je pourrais solliciter le consentement
pour que nous puissions considérer le rapport de la commission des
affaires municipales sur le projet de loi no 13?
M. Levesque (Bonaventure): La commission municipale...
M. Charron: Sur le projet de loi no 13.
M. Levesque (Bonaventure): II me semble que cela a
déjà été refusé.
M. Charron: C'est parce que j'essayais une autre fois.
M. Levesque (Bonaventure): J'étais sûr que le leader
du gouvernement essaierait encore. Mais c'est la même réponse.
L'Opposition est très vigilante, M. le Président.
Une voix: On ne peut pas prendre une suspension de cinq
minutes?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Charron: M. le Président, je n'ai plus rien d'autre
à proposer dans cette partie de la session. Je crois qu'après que
les différents représentants de partis, à commencer par le
premier ministre, auront eu l'occasion de mettre fin officiellement à
ces travaux, j'aurai la malheureuse tâche d'indiquer des travaux de
commissions parlementaires au cours de la période d'ajournement, ce que
je m'apprête à faire dans quelques minutes, de même que
d'indiquer la date de retour de cette Assemblée.
Je vous prierais de reconnaître le premier ministre, M. le
Président.
Le Président: Le premier ministre m'a informé qu'il
avait promis, au cours de la période de questions de ce matin, de
déposer un document. S'il y avait consentement, il pourrait
déposer le document.
M. le premier ministre.
Vérifications faites à propos
d'un
M. Guérin mentionné dans le
débat
sur la SHQ
M. Lévesque (Taillon): Je vais très simplement
déposer un document parce que je voudrais tenir les engagements que j'ai
pris ce matin, ici, en Chambre, à propos de M. Guérin...
Une voix: Sans commentaire.
M. Lévesque (Taillon): Non, sans commentaire... dont le
nom a été mentionné au cours du débat sur la
Société d'habitation du Québec. En deux exemplaires, je
dépose le résultat des vérifications faites.
Le Président: Document déposé. M. le premier
ministre.
Bilan des travaux accomplis et voeux à
l'occasion des Fêtes
M. René Levesque
M. Lévesque (Taillon): Cela dit, M. le Président,
très rapidement, parce qu'on a un peu dépassé l'heure
prévue - mais on n'a pas dépassé les heures autant qu'il
nous est déjà arrivé - je voudrais simplement souligner
qu'on a le droit de se féliciter du travail accompli si on tient compte
du fait qu'il a fallu 25 heures pour le débat sur le discours inaugural,
ce qui était un renouvellement de la longueur des débats, plus
tout le temps qu'il a fallu pour la Motion - avec un "M" majuscule - sur
laquelle je n'insisterai pas davantage. II arrive quand même qu'en 20
jours de travail effectif on a adopté, tous ensemble, à peu
près autant de projets de loi. Je crois qu'il n'était pas tout
à fait justifié de la part du député de
Saint-Laurent de dire qu'on n'a pas fait grand-chose. En effet, si je passe de
l'économique, avec SOQUIP, SOQUEM, la SGF, le crédit forestier
aussi, au social, avec la pièce plus que majeure, historique, qu'on
vient d'adopter, avec les délais sur lesquels on a fini par s'entendre
pour la mise en vigueur, plus quelques autres projets de loi importants, qu'en
trois semaines on ait réussi à adopter autant de projets de loi
qu'il y a eu de jours de travail effectifs au point de vue législatif,
c'est déjà beaucoup; c'est même plus que beaucoup, c'est
assez extraordinaire dans tous les secteurs: social, économique,
administratif, aussi.
Je rappellerais ce que j'ai vérifié cet après-midi
par pur hasard. Je lisais le Financial Post de cette semaine et, tout à
coup, j'ai vu un petit article qui disait: Ce n'est pas possible, la paralysie
qui existe à Ottawa. Après tout, on a deux Parlements, le
système que nous avons a deux niveaux. Depuis la rentrée
d'automne, croyez-le ou non, ils ont adopté deux petits morceaux de
législation mineurs, sauf erreur. Tout le reste est paralysé,
complètement figé dans la machine. Cela nous permet quand
même, je pense, de dire que le Parlement du Québec - on a tous le
droit d'être fiers, ce n'est pas partisan - fonctionne autrement plus
efficacement. Des lois aussi importantes que la loi sur le droit du public
à l'information gouvernementale, qui a eu sa première lecture en
juillet, sont paralysées dans ce ciment invraisemblable. C'est
évident qu'ils vont ajourner pour Noël et les Fêtes et que
probablement, nous, avec la commission qu'on a établie là-dessus
- plus tard, évidemment - on aura peut-être une loi avant
même que, au niveau
pancanadien, on réussisse à obtenir des résultats.
C'est la même chose pour la Loi des tribunaux qui ne présente
absolument aucun problème; elle est paralysée dans cette
espèce d'inertie totale qui caractérise l'autre niveau, comme on
dit en anglais, l'autre endroit parlementaire.
Tout ça pour dire simplement ceci: On a le droit quand
même, je crois, sans aucune partisanerie, parce qu'après tout il
s'agit du Parlement du Québec, de se féliciter du travail
accompli et en particulier, je crois, de se féliciter également
du fait qu'en dernière heure, sur un projet de loi, le projet de loi 89,
qui représente quand même le premier résultat concret d'un
quart de siècle sinon davantage de révision de notre Code civil,
on aboutit. Je pense que, pour des centaines de milliers de nos concitoyens et
de nos concitoyennes, ça va avoir un effet qui sera non partisan, que
tout le monde pourra partager, qu'on ait fini par arriver à un
consentement unanime. (22 h 30)
Je regrette simplement que le député de Bonaventure,
leader de l'Opposition officielle, ait absolument refusé jusqu'à
la dernière minute, pour toutes sortes de raisons qui sont
peut-être liées à un débat qui s'est
éternisé inutilement pendant des semaines, au nom de son caucus
et de l'Opposition officielle, d'adopter la loi no 13 qui apportait quelques
ajustements concernant la Société d'habitation du Québec
qu'une multitude de propriétaires, surtout des petits
propriétaires, attendaient avec impatience. Il s'agissait surtout, dans
ces amendements, de faciliter la mise en application d'un programme de
rénovation de logements, de résidences, d'habitations, oui, qui
je crois, est attendu depuis longtemps, on le sait. On va peut-être
trouver - je ne sais pas, j'espère qu'on nous le pardonnera - certains
ajustements administratifs pour permettre de le mettre en vigueur. Mais cela
aurait été plus simple si on l'avait adopté. Je sais qu'il
y a eu des incidents, comme ça arrive parfois dans le stress des
dernières minutes d'une session, qui compliquent les choses, mais c'est
quand même regrettable. Pour le reste, Je crois qu'on peut se
féliciter de l'ensemble des réalisations de ce début de la
session, de cette première partie de la session.
Avant d'ajourner, avec à peine trois semaines de travail
législatif effectif, je crois que l'Assemblée nationale peut se
féliciter de ce qu'elle a fait. On se retrouvera à la date qui
peut toujours être éventuellement avancée, comme on le
sait, que proposera dans quelques instants le leader parlementaire.
En attendant, je crois qu'on l'a tous mérité, de part et
d'autre de la Chambre, on peut se souhaiter Joyeux Noël à tous les
parlementaires, bonne et heureuse année. 1981 va être une
année où il faut faire une exception; bonne et heureuse
année à tous, sauf sur un plan où on ne peut pas le
souhaiter à l'Opposition officielle et plus nos perceptions se raffinent
et se précisent, plus j'ai l'impression que ça ne servirait
à rien de le lui souhaiter, ça n'arrivera pas.
En même temps que nos voeux à vous, M. le Président,
j'en fais à vos collègues de la présidence, à notre
ex-président de l'Assemblée nationale, le secrétaire
général, qui, en si peu de temps, a fait un si beau travail et
à tous ceux qui travaillent avec lui, ses adjoints et tous les autres,
à tout le personnel de l'Assemblée nationale, à tout le
personnel du journal des Débats aussi, même si le
député de Saint-Laurent n'est pas capable de suivre exactement la
transcription, il y a des problèmes de ce temps-là, et à
toute l'équipe de télévision des débats qui nous a
accompagnés patiemment tout le long du chemin, à nos amis de la
Tribune de la presse, in absentia, qui nous regardent probablement quelque part
entre ici et les climats plus favorables qu'ils vont chercher en attendant
qu'on revienne. À tous, joyeux Noël et nos meilleurs souhaits. Cela
comprend le personnel de la Chambre, les pages, bien sûr, tout le monde.
S'il vous plaît, M. le ministre de l'Éducation! À tous, nos
meilleurs voeux!
Bien sûr, grâce à vous, M. le Président, on
aura le plaisir, dans quelques instants, de peut-être pouvoir le faire
plus près les uns des autres, ce qui nous arrive très rarement
avant la fin de l'année, avant Noël, à cette
réception que, paraît-il, vous nous offrez à une heure qui
est encore à peu près convenable. Après quoi, ce sera
relâche. Je souhaite à tous de profiter de cette relâche
pour refaire des forces - on en a tous besoin - dont on aura tous, très
évidemment, besoin dans l'année qui vient. À partir de
là, comme je ne suis pas prophète, on verra ce qui se passera.
Joyeux Noël et bonne année!
Le Président: M. le chef de l'Opposition officielle.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de prendre la
parole à cette heure tardive pour participer à la fin de nos
travaux sur une note cordiale. Je constate que, malgré certains
accidents de parcours, cette partie de notre session prend fin sur une note de
cordialité et de compromis honnête. Nous avons fait la preuve
encore ce soir que, quand la bonne volonté est présente,
par-delà des imputations de motifs qu'on entend trop souvent, il y a
toujours moyen de trouver des solutions parfaitement honorables et applicables.
C'est l'esprit dans lequel je suis entré dans cette institution. Je
pense que, chaque fois que cela fonctionne, cela donne lieu à des
résultats satisfaisants, même si personne n'y trouve pleinement
son compte.
À mesure que j'observe notre institution, je constate qu'elle
est, à un rythme qui varie suivant les sessions, le théâtre
de certains incidents déplaisants, comme celui que vous déploriez
l'autre jour à la période des questions. Je pense que
l'institution contient tout ce qu'il faut de balises pour contenir ces
écarts de tempérament et d'humeur, ou même de langage ou de
conduite, à l'intérieur de bornes qui peuvent très
rapidement conduire à des redressements convenables. On l'a vu encore
cette semaine: au lendemain d'une session, très dure et même
l'après-midi même, on reprend les travaux comme si de rien
n'était. Je pense que c'est très bon.
Il y a une chose que nous constatons aussi, c'est que notre
régime, même s'il contient des règles
éprouvées par l'expérience des générations,
peut prêter flanc à toutes sortes d'abus. Nous l'avons
constaté autant de la part du gouvernement que de notre part à
nous, la tentation d'abuser d'une certaine force est
toujours là, pour l'Opposition dans les rares moments où
les règlements lui confèrent un certain avantage, pour le
gouvernement de façon habituelle, mais nous constatons de part et
d'autre - je pense que nous l'avons vécu ce soir -qu'il y a un devoir de
retenue qui s'impose, d'un côté comme de l'autre, pour que le
système fonctionne dans l'esprit qui est nécessaire pour bien
servir les intérêts de nos concitoyens. Nous avons terminé
cette partie de session dans cet esprit, et je m'en réjouis. J'allais
faire une hérésie, j'allais dire: J'espère que nous
pourrons continuer longtemps dans cet esprit. J'espère que non!
J'espère qu'il y aura au moins un changement de côté dans
cette Chambre, de manière que nous puissions injecter cet esprit dans
nos travaux de façon encore plus substantielle.
Au moment où nous terminons la session, il y a un certain
intérêt à faire la revue de ce qui s'est passé au
cours de l'année. Je relisais ce matin, M. le premier ministre, les
propos que vous teniez en une occasion semblable, en décembre 1979. Vous
nous aviez annoncé que le grand événement de
l'année 1980 serait le référendum sur l'avenir politique
du Québec. Je constate que cette fois-ci vous n'en avez pas
parlé. Je l'évoque très brièvement. Cela reste un
événement historique, même si le résultat n'a pas
été ce que prévoyait le gouvernement.
M. Lévesque (Taillon): Le prochain.
M. Ryan: Je l'évoque très brièvement pour
dire qu'au cours de cette année le peuple du Québec a fait un
choix très important en faveur du maintien du lien fédéral
canadien, tout en impliquant aussi - je pense que nous sommes d'accord
là-dessus des deux côtés de la Chambre - que le
système fédéral que nous avons doit subir certaines
modifications. La réforme a été engagée peu
après la tenue du référendum, mais pas dans un sens et pas
suivant des modalités que nous aurions souhaitées d'un
côté ou de l'autre de la Chambre. Je pense que nous avons un
devoir envers nos concitoyens. Si nous les avons invités à se
prononcer de manière aussi solennelle, à l'occasion d'un
référendum, sur leur avenir, il nous incombe de faire tout ce qui
est humainement possible pour donner suite, de manière créatrice
et positive, à la volonté qu'ils ont exprimée le 20 mai
dernier. Je veux renouveler l'engagement de mon parti, dans cette perspective,
à travailler le plus loyalement possible, avec le plus d'ouverture
d'esprit possible, en s'affranchissant à certains moments de certaines
doctrines reçues, de certaines conventions qui ont malheureusement
été considérées comme des dogmes de manière
trop facile, à chercher des sentiers nouveaux afin de sortir des
impasses.
J'invite le gouvernement, aussi longtemps qu'il sera au pouvoir,
à adopter cette attitude qui consiste, tout en cherchant la
fidélité à la tradition, à savoir dépasser
les traditions ou les habitudes reçues, les habitudes de langage et de
pensée même, pour entrer dans des perspectives nouvelles. Je pense
que cela nous mettra sur un meilleur pied pour que le Québec reprenne le
leadership qu'il a malheureusement perdu dans ces questions au cours des
dernières années.
Nous sentons, évidemment, ici, à la Chambre, un climat de
fin de mandat. J'énonce une évidence, je n'ai même pas
besoin de la démontrer: il existe un climat de fin de mandat à
plusieurs égards. Le bilan législatif de la présente
session est plus mince qu'à l'ordinaire. On sent plus
d'hésitation chez le gouvernement autant à l'intérieur de
la Chambre qu'à l'extérieur. Cela se comprend aussi. Je ne veux
pas accabler le gouvernement à ce sujet, mais je veux simplement lui
rappeler que, dans les conditions qui ont été
créées par la tenue du référendum et par les onze
élections partielles remportées par l'Opposition officielle, son
autorité, à mesure que le mandat s'étire, revêt un
caractère de plus en plus artificiel. Il faudra liquider cette
ambiguïté le plus tôt possible par le recours au peuple, qui
est le grand moyen de dissiper les ambiguïtés dans une
société démocratique. (22 h 40)
Avant de terminer, M. le Président, je voudrais adresser les
remerciements d'usage à tous ceux qui font en sorte que ce Parlement
puisse fonctionner de manière démocratique et efficace. D'abord
à vous-même, qui avez assumé votre charge dans des
conditions un peu spéciales, qui l'exercez avec beaucoup de
bonté, avec une humilité de bon aloi, que j'apprécie
beaucoup, parce que j'ai toujours dit que, dans la politique, c'était
très important d'avoir de l'humilité, même si on ne
pratique pas toujours ce qu'on dit. J'apprécie beaucoup cette attitude
chez vous, M. le Président, je pense que c'est l'attitude qui convient
à un président. Des hésitations, vous en avez vous aussi,
et vous n'hésitez pas à vous retirer cinq minutes quand vous
n'êtes pas sûr; nous suivons votre exemple de ce
côté-là. Je vous félicite de l'esprit dans lequel
vous avez entrepris d'exercer votre fonction, ça nous plaît de ce
côté-ci, nous sommes disposés à collaborer avec
vous.
J'adresse des remerciements aussi à vos deux collaborateurs, les
deux vice-présidents, M. le secrétaire général de
la Chambre et ses collaborateurs immédiats, les pages, tout le personnel
du journal des Débats, le personnel du restaurant, le personnel
d'entretien. À propos du personnel d'entretien, je pense qu'il comprend
beaucoup de membres qui sont des amis spéciaux de l'Opposition, parce
qu'ils sont habitués à nous voir très tard dans les
corridors; on s'attarde là et on a beaucoup de plaisir à causer
avec eux. Je les salue de manière toute spéciale. Je salue le
personnel de la bibliothèque de l'Assemblée nationale, le
personnel de protection qui veille sur notre sécurité, sur notre
bonne conduite; il n'y a pas moyen de se cacher facilement dans ce
parlement-là. Il y a du personnel d'entretien, des messagers en
abondance: c'est très bien, nous l'apprécions, ça nous
permet d'évoluer à l'aise.
Je voudrais adresser au premier ministre et aux membres du gouvernement
mes voeux de bonne santé physique, morale et mentale jusqu'à la
fin de leur mandat. Ils ont de bons psychiatres à leur service, mais
ça va prendre beaucoup de courage, beaucoup de force, beaucoup de
soutien pour se rendre jusqu'au bout de cette terrible épreuve qu'ils
doivent vivre et qu'ils acceptent d'ailleurs avec une spontanéité
que nous admirons chez eux.
Aux membres de l'équipe gouvernementale...
M. Levesque (Bonaventure): Tu n'es pas là-dedans, toi.
M. Ryan: ...au leader gouvernement en particulier... Le leader du
gouvernement, M. le Président, est un peu plus rude depuis quelques
jours qu'à l'ordinaire. Il nous envoie cela un peu durement. Nous
l'acceptons avec humilité.
Des voix: Ah! Ah!
M. Ryan: Mais on n'insiste pas. Aux membres du parti
ministériel, toute ma sympathie pour le silence que l'orthodoxie
officielle vous oblige à conserver souvent. Mes voeux de liberté
d'expression plus grande en 1981. La vraie manière de retrouver cette
liberté, c'est d'aller passer quelque temps dans l'Opposition. Je
sympathise en particulier avec le whip et je lui souhaite en 1981 une
coordination plus étroite avec les principaux responsables du
gouvernement pour que tout malentendu susceptible de nuire à l'image
d'unité du gouvernement et du Parti québécois soit
évité à l'avenir. Au personnel de recherche qui nous
assiste dans notre travail, de même qu'au personnel politique que nous
oublions trop souvent - je pense que nous, les hommes politiques, sommes
prêts à multiplier nos remerciements dans toutes les directions,
mais nous sommes enclins à oublier les collaborateurs qui sont
peut-être les éléments les plus précieux du travail
que nous accomplissons, c'est-à-dire notre personnel politique et notre
personnel de recherche - je voudrais adresser mes remerciements cordiaux,
surtout à ceux qui travaillent au service de mon parti. Je sais que les
autres partis le feront en ce qui les touche. À nos amis de l'Union
Nationale, mes voeux de fructueuse année, mes félicitations pour
avoir évité un gros péril en 1980 et je vous souhaite de
vous trouver un chef à la hauteur de vos aspirations et de votre
magnifique passé. Si jamais ce sauveur ne se présentait pas, il y
a d'autres avenues qui sont possibles en politique et rappelez-vous qu'il y a
un grand parti qui a déjà fait preuve de beaucoup d'ouverture
à l'endroit de celui qui vous parle.
M. le Président, je voudrais adresser mes remerciements à
mes collègues de l'Opposition officielle. Mes collègues de
l'Opposition officielle ont été magnifiques cette fois-ci. Je
pense que tout le monde s'est rendu compte de la cohésion magnifique qui
caractérise de plus en plus l'Opposition officielle. Nous avons
travaillé dans un climat de détente cette fois-ci, d'harmonie et
de collaboration qui explique en bonne partie le bilan relativement
satisfaisant de la présente session.
En terminant, pour vrai - il est dommage que Mme la
vice-présidente ne soit pas là pour regarder l'heure, mais on va
continuer quand même - je voudrais d'abord adresser des remerciements et
des voeux chaleureux aux milliers de nos concitoyens qui se consacrent, de
manière bénévole et entièrement gratuite, à
l'activité politique au sein de l'un ou l'autre de nos partis.
M. Levesque (Bonaventure): Très bien.
M. Ryan: Cela fait bien longtemps que le premier ministre n'a pas
applaudi à une chose que j'ai dite. Franchement, je connais une
promotion qui m'honore et qui m'émeut.
Je voudrais adresser à ces personnes qui se dévouent
l'hommage de l'admiration, je pense, de tous les parlementaires. C'est vraiment
eux, par leur travail désintéressé, par leurs contacts
quotidiens, par cet engagement qui leur coûte beaucoup en énergie
et souvent en argent, qui permettent à des partis politiques d'envoyer
des équipes dans cette Chambre pour que l'une assume les
responsabilités du gouvernement et les autres, les
responsabilités de l'Opposition. Ils sont vraiment l'épine
dorsale de la démocratie dans notre société et je souhaite
qu'en 1981 ils soient de plus en plus nombreux nos concitoyens qui accepteront
de s'engager activement au service de l'un ou l'autre parti politique et en
particulier de celui que j'ai l'honneur de diriger.
À nos concitoyens du Québec, je souhaite un joyeux
Noël, une bonne et heureuse année. Je leur souhaite en particulier
la prospérité, une certaine sécurité
économique et sociale contre cette espèce de pieuvre de
l'inflation qui envahit leur vie par tous les secteurs et qui rend de plus en
plus difficile, pour le citoyen à revenu moyen, la tâche de
nourrir sa famille, de vaquer à ses besoins et de faire face à
ses obligations. J'espère que, des deux côtés de la
Chambre, nous trouverons des moyens en 1980 d'alléger le fardeau de
l'inflation qui pressure de manière tellement écrasante nos
concitoyens et dont la responsabilité incombe autant au gouvernement
québécois qu'au gouvernement fédéral, à mon
humble point de vue.
Je souhaite également qu'en 1981 nous puissions progresser dans
l'harmonie, la collaboration et le respect mutuel dans la recherche de
solutions durables aux problèmes constitutionnels du Canada.
J'espère que nous pourrons aborder ces problèmes dans l'esprit
constructif qui est absolument nécessaire pour y trouver des solutions
et je veux assurer tous nos concitoyens que le Parti libéral continuera,
en conformité avec son programme, à chercher des des solutions
qui visent à faire un Québec fort à l'intérieur
d'un Canada également fort et d'un Canada uni aussi.
Je termine, M. le Président - nos amis d'en face auront tout le
temps voulu pour faire de la petite politique, comme ils aiment en faire
souvent - en adressant un voeu au gouvernement. À la lumière des
enseignements qu'il doit tirer comme nous des onze élections partielles
qu'a remportées l'Opposition et du référendum, je souhaite
que le gouvernement trouve, le plus tôt possible, la force
nécessaire, le courage requis pour se présenter devant le peuple
afin que nous ayons, le plus tôt possible, un gouvernement capable de
parler et d'agir vraiment au nom de la majorité réelle des
citoyens du Québec. Si le gouvernement veut être dispensé
de l'engagement qu'il prendra tantôt de nous convoquer pour une certaine
date, il pourra compter sur notre entière compréhension dans
cette entreprise. (22 h 50)
Le Président: M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Serge Fontaine
M. Fontaine: M. le Président, je voudrais profiter de
l'occasion - on a, je pense, tout le loisir possible pour parler à ce
moment-ci; il n'y a pas de limite de temps, on a tout le temps qu'il faut -
pour vous dire, premièrement, que M.
le chef de l'Union Nationale m'a délégué tous ses
pouvoirs parce qu'il est parti pour la lointaine Gaspésie. Je vais,
à sa place, offrir mes meilleurs voeux à tous les parlementaires
de l'Assemblée nationale.
Vous savez, une formation politique comme la nôtre, un tiers parti
à l'Assemblée nationale est souvent pris entre deux feux. On se
fait accuser une fois d'appuyer le gouvernement, l'autre fois d'appuyer le
parti de l'Opposition officielle. On s'est même fait accuser, à
certains moments, d'avoir des textes écrits par d'autres formations
politiques. Je voudrais simplement vous dire ce soir que, pour une fois, ce
n'est sûrement pas le Parti québécois qui avait
écrit le texte que M. Le Moignan m'a laissé avant de partir. Le
chef du Parti libéral parlait d'un climat de fin de session. M. Le
Moignan, dans son texte, disait: "Nous sommes témoins des derniers
soubresauts d'un régime politique à quelques mois à peine
d'une élection générale." Ce n'est sûrement pas le
gouvernement qui a écrit cela, également de l'inflation: "Encore
une fois, nous constatons que le gouvernement péquiste demeure
indifférent à la détérioration de notre situation
économique, particulièrement au niveau du chômage, surtout
chez les plus jeunes. Alors que l'inflation grimpe à 11,2% et que le
taux désaisonnalisé du chômage au Québec
était de 10,3% en novembre, le gouvernement péquiste ne
présente aucune mesure législative ou budgétaire pour
aider les citoyens à faire face à cette triste
réalité économique."
M. le Président, c'est la position d'une formation politique qui
est un tiers parti de se faire accuser, de temps à autre, d'être
obligée de voter soit avec un parti, soit avec l'autre. C'est notre
situation et nous sommes bien obligés de l'accepter. Je dois, cependant,
dire qu'il faudrait quand même constater tout le travail qui a
été effectué par les députés de l'Union
Nationale depuis le début de cette session. Je sais que le gouvernement
du Parti québécois, qui a déjà vécu une
situation semblable alors qu'il était dans l'Opposition avec six
députés, a sans doute compris combien d'heures de travail nous
avons dû fournir pour faire en sorte d'assumer nos responsabilités
parlementaires. Je pense que toutes les formations politiques seront d'accord
pour dire que nous avons fait pour le mieux dans les circonstances.
Je voudrais également dire que, personnellement, j'ai beaucoup
apprécié la rencontre presque journalière que j'ai eue
avec le leader du gouvernement et le leader de l'Opposition officielle. J'ai
appris beaucoup -même s'il y en a un qui est plus jeune que l'autre, je
le dirai quand même - de ces deux vieux loups de la politique
provinciale. Je pense que c'est une expérience qui est fort
intéressante et je souhaite à tout autre parlementaire de pouvoir
en vivre autant.
En terminant, M. le Président, je voudrais remercier de leur
travail tout le personnel de l'Assemblée nationale, peut-être plus
particulièrement ceux qui ont à nous servir ici, sur le parquet
de la Chambre, les secrétaires, les pages qui font souvent des
commissions qu'on pourrait faire nous-mêmes et qu'on ne fait pas
peut-être par paresse. Je voudrais souhaiter à tous et à
toutes, au président, à tout le personnel qui nous entoure un
joyeux Noël et une bonne année.
Le Président: M. le leader du gouvernement. M. Claude
Charron
M. Charron: M. le Président, je ne veux pas allonger cette
session et retarder indûment ce à quoi vous nous conviez, sauf que
j'ai toujours, dans ces circonstances, le mauvais rôle de rappeler que,
même si nous nous quittons, ce n'est qu'un au revoir et que, même
entre-temps, avant que cette Assemblée se retrouve, certains de nos
collègues, par groupes, selon leur choix personnel de participer
à des commissions parlementaires, seront appelés à
travailler.
En premier lieu, j'adresse des voeux très sincères
à tous et à chacun. Mais, si je peux ajouter à cette
espèce de survol qu'a fait le chef de l'Opposition - je ne veux pas
entrer dans les détails; ce n'est surtout pas le temps de le faire - la
révélation de 1980 en ce qui me concerne, c'est peut-être
la manière dont le chef de l'Opposition s'y est pris pour faire son
survol, cette manière pseudo-rationnelle, quand même, de faire son
analyse très proprement partisane des événements. Je dois
dire qu'en ce qui nous concerne - et je dois dire que c'est partagé par
certains - l'événement marquant de cette session depuis que nous
y sommes, c'est de voir le chef de l'Opposition, que je connaissais, comme tant
de milliers d'autres Québécois, comme éditorialiste,
l'homme à trois colonnes de tous les matins, dans les sentiers battus
depuis qu'il est ici. Je ['écoutais ce soir, dans son vocabulaire choisi
auquel nous nous sommes habitués, nous lancer l'invitation de ne pas y
retomber; je ne sais plus les mots, au moment où ils revenaient une fois
de plus dans son vocabulaire. Seigneur, il me semble, M. le Président,
que s'il y a quelqu'un qui ne devrait pas faire de reproche a personne de
retomber dans les sentiers battus, c'est bien celui qui nous le disait! Parce
que même si à certaines occasions on va virer haut, on fait
beaucoup d'ellipses, beaucoup de huit et de six, lorsqu'on atterrit, comme, par
exemple, sur la motion que nous avons discutée au cours de cette
session, Seigneur qu'on retombe donc vite dans les sentiers battus de la
partisanerie libérale. À cet égard - je ne suis pas
familier avec eux, mais je ne suis quand même pas sourd - on dit que le
chef de l'Opposition est dans ses propres rangs une source de déception.
C'est peut-être parce qu'il est trop souvent dans les sentiers
battus.
Calendrier des commissions permanentes
Peu importe, 1981 lui donnera peut-être l'occasion d'en sortir.
C'est ce que je lui souhaite, de même qu'à tous ceux, à
côté de lui, qui ont tendance à l'y ramener trop
facilement. Pour mesurer cette capacité de sortir des sentiers battus,
il y aura, à compter du mardi 3 février, réunion de la
commission des transports qui étudiera, article par article, te projet
de loi no 4, Code de la sécurité routière, au salon rouge.
À compter du 27 janvier, au salon rouge, donc, les 27, 28 et 29,
auditions publiques de la commission de la présidence du conseil et de
la constitution sur le projet de résolution du gouvernement
fédéral concernant la constitution du Canada.
Si ce n'est déjà fait - je crois que ça l'est
- je ferai parvenir la liste des 17 organismes qu'il reste à
entendre a ce jour, en tout cas, annoncés à cette commission. Je
rappelle que, le 12 février, la commission des corporations
professionnelles se réunira afin d'entendre les organismes
représentant les comptables agréés et les CGA, les RIA
relativement au problème de qualification des actes exclusifs de ces
corporations professionnelles.
À compter du 27 janvier, à 10 heures, à la salle
81-A, la commission du travail et de la main-d'oeuvre se réunira pour
passer en revue le décret de la construction. La même commission
se réunira à la salle 81-A également les 24, 25 et 26
février afin de remplir le mandat qui lui incombe à partir d'un
ordre de la Chambre concernant l'examen du droit de grève dans les
secteurs public et parapublic. Je rappelle que les 24, 25, 26 février,
au salon rouge, c'est la commission de l'énergie et des ressources sur
le plan d'équipement d'Hydro-Québec. J'en avais
déjà donné avis. (23 heures)
Le 10 février, à la salle 91, commission de la
présidence du conseil pour que le directeur général du
financement des partis politiques réponde aux questions des membres de
la commission et qu'on effectue ensuite l'étude article par article du
projet de loi no 99 qui lui a été déféré. Le
11 février, à la même salle 91, commission de la justice
sur les projets de loi privés qui lui ont été
déférés. Le 12 février, à la même
salle 91, commission des affaires municipales sur les projets de loi
privés qui lui ont été déférés.
La salle 91 accueillera, les 29 et 30 janvier, la commission des
engagements financiers pour faire son travail mensuel. Le 22 janvier - c'est la
toute première à se réunir - la sous-commission de
l'Assemblée nationale, qui a été formée ce matin
par motion, se réunira M. le Président, à votre appel,
à la salle 91 pour étudier le mandat qui lui a été
fixé ce matin et, le 3 février, à la même salle 91,
c'est la sous-commission portant sur les sociétés d'État
qui sera appelée à se réunir.
J'ai passé peut-être rapidement, il est bien entendu que
toutes ces dates seront communiquées par écrit aux
différents partis d'Opposition. Cela me permettait, à tout le
moins, d'indiquer à ceux qui les ont prises en note qu'à compter
du 22 janvier et jusqu'au 26 février il n'est pas un jour
régulier prévu par notre règlement où il n'y a pas
une sinon deux commissions parlementaires qui seront à l'oeuvre. Donc,
dire, à part les vacances normales du temps des Fêtes, que les
députés partent sans appel pendant plusieurs mois serait,
à proprement parler, avec le calendrier que je viens d'énoncer,
une fausseté.
Je veux donc indiquer que ces mandats de commissions étant
nécessaires pour la poursuite des travaux de l'Assemblée
nationale et comme la reprise des travaux de l'Assemblée nationale
nécessite un certain nombre de rapports émanant de ces
commissions, il ne me reste plus qu'à souhaiter à tous et
à chacun le meilleur repos possible à l'occasion des Fêtes
et à proposer l'ajournement de la Chambre au mardi 10 mars 1981,
à 14 heures.
Le Président: Avant de faire adopter la motion, j'aimerais
aviser les membres de l'Assemblée qu'il y aura sanction de projets de
loi par le lieutenant-gouverneur à la salle 103-A. Je voudrais
également inviter les membres de cette Assemblée à venir
à une réception que la présidence offre au salon rouge
immédiatement après. Comme tous les bons voeux et tous les
remerciements - il est toujours difficile de parler le dernier, vous savez -
ont été faits par ceux qui m'ont précédé, la
présidence voudrait, tout simplement, joindre sa voix à celles
qui l'ont précédée pour offrir à l'ensemble des
parlementaires, à l'ensemble du personnel de l'Assemblée
nationale, peu importent les fonctions qu'ils occupent et, par votre entremise,
à toute la population québécoise ses meilleurs voeux
à l'occasion des Fêtes.
Je voudrais également remercier le personnel de
l'Assemblée nationale, plus particulièrement M. le
secrétaire général, ses adjoints et aussi quelqu'un qu'on
est porté à oublier, Me Dominique Lapointe, qui est conseiller
parlementaire et qui conseille très sagement le président, enfin
toutes ces personnes qui ont contribué à conseiller de
façon dévouée, fidèle et loyale la
présidence de l'Assemblée nationale dans cette première
partie de la session pour le nouveau président.
Merci beaucoup de votre collaboration, tout le monde.
Est-ce que cette motion sera adoptée?
M. le leader de l'Opposition officielle. Excusez-moi.
M. Gérard-D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Je ne voudrais pas, à ce
moment-ci, laisser passer vos paroles et vos bons voeux sans y correspondre
jusqu'à un certain point, et je ne pourrais pas, non plus, laisser
passer les paroles du leader parlementaire du gouvernement sans avoir au moins
une réaction, si modeste soit-elle.
Le Président: M. le leader, je voudrais avoir la promesse
qu'il n'y aura pas de débat.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je n'ai pas vu
votre connaissance du règlement, à vous rappeler qu'une motion de
suspension ou d'ajournement de la Chambre permet au moins au leader
parlementaire de l'Opposition de participer à cette motion.
M. Charron: Avec droit de réplique!
M. Levesque (Bonaventure): Avec un droit de réplique.
Mais, comme j'ai constaté que le leader parlementaire du gouvernement
avait, de fait, exercé son droit de réplique avant que j'aie pu
exercer mon droit de parole, à ce moment-ci, M. le Président, je
me sens bien à l'aise.
Je pourrais parler aussi longuement, évidemment, que le
règlement me le permet, mais je serai très bref. Tout d'abord, M.
le Président, je voudrais dire à votre endroit que vous avez,
depuis, je pense, un mois que vous exercez vos fonctions, fait preuve d'une
prudence qui vous honore, Vous avez fait preuve également d'une
connaissance du règlement qui sera approfondie à mesure que les
choses se produiront, enfin si vous avez l'occasion,
évidemment, de continuer à exercer cette charge
très honorable et qui nous permet de continuer d'exercer ce rôle
dans le contexte d'une démocratie véritable.
Cela ne m'a pas surpris, M. le Président, d'entendre le leader
parlementaire du gouvernement faire preuve... Ceci, je le dis avec beaucoup de
réserve, particulièrement au moment où je suis en train ou
à la veille de lui formuler mes meilleurs voeux d'un joyeux Noël et
d'une bonne année. Mais, en dépit de cela, je suis obligé
de le remarquer. J'allais employer le mot "mesquinerie"; M. le
Président, je ne l'emploierai pas. Enfin, essayez de m'inspirer un autre
mot pour qualifier ce que le leader du gouvernement a eu à l'endroit de
mon chef, le député d'Argenteuil, dont on connaît le sens
du devoir, dont on connaît également, chez nous au moins, ce souci
de rechercher dans l'étude de chacun des projets de loi qui nous sont
soumis par le gouvernement le sens véritable qui doit être
trouvé et cela, dans l'intérêt des citoyens du
Québec. Cela, je le dis au nom de tous mes collègues du Parti
libéral du Québec parce que je l'ai vécu, non pas comme le
député de Louis-Hébert, le ministre des Affaires
intergouvernementales, qui rigole présentement. Mais a-t-il
lui-même apporté le moindre souci à la législation
que nous avons présentement? Où est-il, le député
de Louis-Hébert? Il s'intéresse beaucoup plus à la
législation française, suisse ou belge qu'à la
législation québécoise. Qu'on se lève, qu'on
demande le quorum, mais on ne m'empêchera pas de dire, M. le
Président, ce que je pense. Je veux dire en particulier, à ce
moment-ci, ce que je pense du chef du Parti libéral du Québec,
celui qui sera bientôt le chef du gouvernement du Québec. Je dois
dire que lui remplit son rôle pleinement comme chef de l'Opposition,
comme chef du Parti libéral du Québec et il prépare
présentement les voies à ce qui sera le meilleur gouvernement que
le Québec aura connu, M. le Président.
M. le Président, je voudrais m'associer au leader parlementaire
du gouvernement, cependant, pour formuler mes meilleurs voeux à
l'endroit de tous ceux qui nous aident à remplir notre rôle au
cours de l'année et ce rôle n'est pas toujours facile, M. le
Président. Nous en avons eu encore des exemples tout récemment.
Récemment, c'est quelques heures, peut-être quelques minutes,
quelques secondes. M. le Président, je ne veux pas répéter
ce que le chef du parti a dit, mais je veux me joindre à ce qu'il a dit
au sujet de toutes les collaborations qui nous sont si précieuses.
Je voudrais, en terminant, M. le Président, rendre un hommage
particulier à tous les téléspectateurs et
téléspectatrices. Vous pensez qu'ils ne vous regardent pas, vous?
Je suis d'accord avec vous. Ils ne vous regardent plus depuis longtemps, mais
je veux cependant m'excuser auprès des téléspectateurs et
téléspectatrices des longueurs dont on les accable souvent d'un
côté comme de l'autre de la Chambre. J'espère que le
ministre délégué à l'Habitation ne nous fera pas
grief des longueurs. Les longueurs, à ce moment-là, ce sont
d'autres sortes de longueurs. Je vous parle des autres longueurs, M. le
Président, qui sont celles dont nous sommes tous collectivement
responsables. (21 h 10)
Je voudrais, à ce moment-ci, leur demander de nous pardonner,
à la veille de Noël, et assurer tous les gens qui nous regardent
que nous ferons l'impossible, d'un côté comme de l'autre de la
Chambre, pour abréger un peu les débats.
M. le Président, je recherchais l'unanimité. Je vois que
les ministres, qui sont très longs dans leurs réponses, qui ne
parviennent jamais à donner une réponse brève, claire et
précise, tel que le gouvernement l'indique, sont repentants à la
veille de Noël, dans cette période de l'avent. Je crois qu'il y a
là une volonté, mais bien tardive, dans cette cinquième
année de ce gouvernement, alors que ce gouvernement, non seulement n'a
plus la confiance de la population, mais est en train d'utiliser une
cinquième année pour venir continuer, malgré la
volonté bien exprimée du peuple du Québec, de vouloir
imposer quelque chose qui ne correspond pas aux aspirations légitimes de
la population.
Ceci étant dit, M. le Président, je formule à tous
mes meilleurs voeux de joyeux Noël et de bonne année. Même si
je dois vous dire, pour qu'on comprenne très bien, qu'il n'y a qu'un,
deux, trois, quatre, cinq, huit députés de l'autre
côté, à ce moment-ci, je voudrais que ces huit transmettent
à leurs collègues nos meilleurs voeux de joyeux Noël et de
bonne année.
M. le Président, je voudrais vous remercier de l'invitation que
vous nous avez transmise il y a quelques instants; ceux qui restent voudront
bien y correspondre. Joyeux Noël et bonne année!
Le Président: Est-ce que la motion d'ajournement sera
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Les travaux de
l'Assemblée sont ajournés au 10 mars à 14 heures.
(Fin de la séance à 23 h 12)