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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Moment de
recueillement.
Vous pouvez vous asseoir. Affaires courantes. Déclarations
ministérielles. Dépôt de documents.
Avis de la Commission de la fonction publique
sur deux règlements au Conseil du
trésor
Conformément aux dispositions de l'article 30 de la Loi sur la
fonction publique, je dépose copie de l'avis de la Commission de la
fonction publique sur deux règlements au Conseil du trésor.
M. le leader, au nom du ministre de l'Éducation.
Rapports annuels de l'Ordre des
arpenteurs-géomètres
et de la Corporation professionnelle des
médecins
M. Charron: Au nom de mon collègue, M. le
Président, je voudrais déposer le rapport annuel 1980-1981 de
l'Ordre des arpenteurs-géomètres du Québec et le rapport
annuel 1980-1981 de la Corporation professionnelle des médecins du
Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Rapports
déposés.
M. le ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement
M. Léger: M. le Président, il me fait plaisir de
déposer le rapport annuel 1980-1981 du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Rapport
déposé.
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Rapport annuel de l'Office du crédit agricole
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport
pour l'exercice financier se terminant le 31 mars 1981 de l'Office du
crédit agricole du Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Rapport
déposé.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Questions orales des députés.
M. le député de Jean-Talon.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Position du congrès
du Parti québécois
et prospectus d'émissions
d'obligations du Québec
M. Rivest: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Finances. Nous avons pris connaissance du télégramme
que le ministre des Finances a adressé en fin de soirée, hier, au
premier ministre affirmant sa croyance à l'accession du Québec
à la souveraineté par la voix exprimée par le premier
ministre, à savoir que cela devait se faire par une majorité des
électeurs québécois; de plus, qu'il devait y avoir
dépôt d'une offre d'association.
Est-ce que l'on doit interpréter le sens du
télégramme du ministre des Finances comme l'expression de sa
volonté de se dissocier des conclusions du congrès du Parti
québécois?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, le député de
Jean-Talon propose des choses qui ne sont pas toutes opposées. Il est
utile que je relise la lettre que j'ai fait parvenir, hier, au premier ministre
et que j'ai rendue publique: "M. le premier ministre, compte tenu de
l'ambiguïté que certaines de mes positions antérieures ont
pu entraîner dans l'opinion publique, je tiens à vous dire que
j'accepte volontiers d'appuyer les deux conditions fondamentales que vous avez
posées quant au cheminement vers la souveraineté,
c'est-à-dire la nécessité d'offrir une forme d'association
avec le Canada et, d'autre part, quelle que soit la forme que prendra la
consultation des Québécois sur leur avenir, que la
majorité d'entre eux soient d'accord pour que la souveraineté
puisse être assurée. "Vous êtes, M. le premier ministre,
depuis longtemps et pour longtemps encore celui qui représente, articule
et oriente les espoirs des Québécois. Je tiens donc à
vous
assurer de ma profonde conviction que vous devez rester à la
tête du parti."
Je laisse maintenant au député de Jean-Talon les
exégèses qu'il voudra tirer de ma lettre.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: Je regrette que le ministre des Finances hésite
devant l'Assemblée nationale, contrairement au chef du gouvernement,
à affirmer publiquement qu'il se dissocie des conclusions du Parti
québécois. J'inviterais le ministre des Finances à
réfléchir sur la réponse que le premier ministre a fournie
lundi dernier au chef de l'Opposition, à savoir que le moment de
réflexion que le premier ministre s'accordait correspondait
essentiellement - le premier ministre me corrigera si j'interprète mal
ses propos - à sa difficulté de concilier ses fonctions de chef
de gouvernement et ses fonctions de chef d'un parti qui s'engagerait dans la
voie dictée par le congrès du Parti québécois en ce
qui concerne la souveraineté.
Or, le ministre des Finances a, en tant que ministre des Finances, des
responsabilités également très précises et
très particulières. Il est en outre autorisé par
décret à approuver les prospectus d'émissions
d'obligations du gouvernement. Il est le seul à avoir ce pouvoir et
cette autorité. Or, dans les prospectus d'émissions d'obligations
qui constituent la base contractuelle adressée à la Security
Actions Commission, par exemple, aux États-Unis ou aux commissions des
valeurs mobilières, on décrit, bien sûr, la nature des
émissions d'obligations du Québec.
Une voix: Est-ce que c'est une question additionnelle?
M. Rivest: Oui, un instant. On donne la structure d'organisation
politique du Québec et on ajoute - et c'est la responsabilité du
ministre des Finances - des considérations d'ordre politique qui sont
extrêmement importantes. Le ministre des Finances sait la manière
dont ces textes doivent être rédigés parce qu'il s'agit du
taux d'intérêt, des intérêts vitaux, je pense, des
Québécois et de la crédibilité du Québec sur
les marchés financiers et économiques internationaux.
Or, M. le Président, en 1976...
Des voix: Question.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député, votre question, s'il vous plaît!
M. Rivest: Je demande au ministre des Finances comment il va
assumer la plénitude de ses responsabilités quand, depuis 1976,
on sait le volume des emprunts que le gouvernement du Québec ou
Hydro-Québec et les autres sociétés ont
contractés.
Des voix: Question. C'est un discours. M. Rivest: En 1976...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député, je pense qu'il serait temps que vous posiez votre
question.
M. Rivest: M. le Président, est-ce que, pour les emprunts
passés contractés entre 1976 et aujourd'hui, le ministre des
Finances va corriger les prospectus? Ces prospectus se lisaient comme suit, M.
le Président, et je vais en faire une traduction rapide pour ne pas
impatienter davantage nos collègues: "The state policy of the Parti
québécois", et non du gouvernement, - c'est dans le prospectus -
considérant l'avenir du Québec, de la province de Québec,
est d'atteindre et de réaliser la souveraineté politique du
Québec par des moyens démocratiques tout en maintenant une union,
une association économique et commerciale avec le reste du Canada.
Est-ce que le ministre des Finances doit, en vertu des règlements de la
Commission des valeurs mobilières, prévenir les détenteurs
obligataires du Québec, les créanciers du Québec, du
changement survenu à l'intérieur du Parti québécois
parce que ces emprunts ont été contractés sur la base de
ces prospectus? Deuxièmement, de quelle manière le ministre des
Finances va-t-il rédiger, lui qui semble vouloir se dissocier des
conclusions du parti...
Une voix: Ce n'est pas une question.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. le député.
Une voix: C'est une bonne question. M. Rivest: De quelle
manière va-t-il...
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît'. M.
le député, en terminant votre question.
M. Rivest: Je répète ma question au cas où
le ministre des Finances ne l'aurait pas entendue à cause des bruits.
Est-ce que le ministre des Finances va corriger la rédaction puisque
c'est le Parti québécois et non le gouvernement?
Deuxièmement, pour les emprunts à venir, de quelle manière
va-t-il - et lui seul a l'autorité pour le faire -rédiger ce
texte? Comment va-t-il concilier ses opinions, celles-là mêmes du
premier ministre et du gouvernement et celles du Parti québécois,
et quelles seront les conséquences économiques et
financières pour les Québécois des résultats du
congrès du Parti québécois?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: Tout cela est un peu bizantin, M. le
Président. Oui, tout à fait. Là, je comprends...
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Parizeau: ... fort bien que le député de
Jean-Talon n'a absolument pas regardé la proposition 17 du
congrès. Il a voulu se transformer en exégète du
congrès, mais il n'a même pas lu les textes si je comprends bien.
Il n'y a rien, dans la proposition 17, puisqu'il se réfère
à ce qui a été adopté au congrès du Parti
québécois, qui contredit ce qui peut apparaître dans le
prospectus. C'est une résolution votée par le congrès.
Elle indique, au sujet de l'association: "s'il le juge à propos",
parlant clairement du gouvernement. Le gouvernement, clairement, dit: Oui, il
le juge à propos. Donc, la souveraineté-association telle que
décrite dans les prospectus est parfaitement correcte, le demeure et le
demeurera.
Quant à ma façon de remplir mes responsabilités
à l'égard de ces prospectus, il est évident que les
prospectus n'ont jamais reflété autre chose que le point de vue
et la politique du gouvernement.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Jean-Talon, sans préambule.
M. Rivest: Je prends volontiers la parole du ministre des
Finances, mais si la différence n'est pas à ce point
substantielle, comment explique-t-il que le premier ministre menace de
démissionner sur la résolution 17?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Je ne pense pas que le premier ministre soit jamais
intervenu quant à la formule 17, ou enfin, la proposition 17. Le premier
ministre a indiqué, ce que je crois être éminemment
raisonnable à cet égard, que manifestement le congrès ne
met pas suffisamment l'accent sur l'association et son contenu. À cet
égard, je pense que pour ce qui a trait à mes positions
personnelles là-dessus, la lettre que j'ai envoyée hier devrait
satisfaire les scrupules, un peu curieux d'ailleurs, du député de
Jean-Talon. À moins vraiment que le député de Jean-Talon
veuille passer au Parti québécois et veuille absolument savoir
dans quoi il s'embarque. Cela, je le souhaite vivement, mais je n'ai pas
l'impression que ce soit pour demain. (10 h 30)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Jean-Talon.
M. Rivest: Que le ministre des Finances se rassure, le
député de Jean-Talon n'a pas l'intention de passer au Parti
québécois. Je répète ma question: En regard de la
dette obligataire du Québec, en regard des emprunts futurs et en regard,
surtout, des conséquences économiques et financières que
cela peut avoir - on ne met pas cela dans les prospectus pour le simple plaisir
- est-ce que le ministre...
M. Charron: M. le Président, question de règlement.
C'est exactement la même question que tout à l'heure, on ne peut
pas l'appeler question additionnelle.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député, votre question.
M. Rivest: Est-ce que je peux répéter, M. le leader
du gouvernement...
M. Charron: Non.
M. Rivest: ... par votre bienveillance, que c'est en regard de la
question que j'ai posée sur le prospectus? C'est important pour
l'intérêt économique des Québécois.
D'après ce que je crois comprendre - le ministre des Finances me
corrigera - il indiquerait à cette Chambre, par la nature de ses
réponses, que la résolution adoptée par le Parti
québécois ne change substantiellement rien de ce qui est
écrit ici,, dans le prospectus, alors qu'il demande l'avis du premier
ministre.
Peut-être devrais-je poser ma question au premier ministre et lui
demander si, à son avis, le congrès du Parti
québécois change radicalement ce qui est ici inscrit dans le
prospectus des emprunts du gouvernement sous la signature et l'approbation du
ministre des Finances en vertu d'un décret ministériel. Je pose
cette question au premier ministre.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
Une voix: On va en avoir, une réponse, là.
M. Lévesque (Taillon): Ce qui m'importe, au point de vue
de la crédibilité du gouvernement et de la
crédibilité, bien sûr, du ministre des Finances dans
l'exercice de ses fonctions, c'est quand même d'abord et avant tout -
cela a été le début de la réponse du ministre des
Finances - la lettre que j'ai reçue de lui hier. Je ne vois pas pourquoi
on ferait des exégèses à n'en plus finir, parce que chaque
parti peut avoir ses problèmes d'ajustement. Je ne pense pas que
ce soit à l'Opposition de régler les nôtres, pas
plus qu'on prétendra régler ceux que vous avez.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Gatineau.
M. Gratton: Question principale, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Question principale.
La responsabilité du premier ministre
M. Gratton: J'aimerais poser ma question au premier ministre,
laquelle pourra peut-être alimenter la réflexion qu'il poursuit
présentement. Selon ses déclarations des derniers jours, il
songerait à démissionner de son poste de président du
Parti québécois et, peut-être, à partir de
là, comme premier ministre, parce qu'il est profondément
indigné par deux décisions prises par les
délégués au congrès péquiste de fin de
semaine.
Premièrement, celle d'exclure toute offre d'association au reste
du Canada et, deuxièmement, surtout, celle de considérer une
simple majorité des sièges aux prochaines élections comme
suffisante pour déclencher le processus d'accession à
l'indépendance. Pourtant, le premier ministre a lui-même souscrit
à chacune de ces deux idées dans le passé et, notamment,
entre autres occasions, en octobre 1971, alors qu'il déclarait au
journaliste Robert McKenzie, du Toronto Star: "Si vous avez la majorité
au Parlement, vous êtes le gouvernement. Voilà la tradition
parlementaire britannique démocratique et c'est ce que nous appliquerons
le jour où nous formerons le gouvernement élu pour appliquer un
programme que chacun connaît." À ce moment, le programme que
chacun connaissait c'était l'indépendance.
Deuxièmement, M. le Président, au lendemain du dernier
conseil général en novembre dernier, le premier ministre a
répété plusieurs fois que l'association n'était pas
un élément essentiel dans son option, allant même
jusqu'à dire que le trait d'union entre les mots "souveraineté"
et "association", il n'y avait jamais tenu.
Ma question est la suivante, M. le Président. Compte tenu de ses
déclarations et des propos incendiaires et même à certains
égards grossiers que le premier ministre a lui-même tenus depuis
le 5 novembre dernier, ne considère-t-il pas que, si ces deux
décisions qui soulèvent maintenant son indignation sont
imputables, comme il l'a lui-même affirmé, à la
manipulation des délégués par ce qu'il a qualifié
d'agents provocateurs, il est lui-même le principal agent provocateur
dans cette affaire?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'aurais le
goût de ne pas répondre au député parce qu'il est
évident qu'on essaie de nous rentrer dans toutes sortes de plomberies
invraisemblables, mais je lui rappellerai simplement ceci. On a un parti
politique qui a toujours considéré que les idées
étaient importantes, mais que les idées à l'état
pur, cela n'existe pas dans le monde. Il y en a d'autres qui considèrent
que les idées cela n'a pas d'importance, qu'il y a seulement les
intérêts qui comptent. Ce parti qui est venu au monde en 1968,
c'est sûr, au début, pendant quelques années sur certains
points, il a cherché sa pensée. C'est sûr. Il y a une
certaine tradition britannique qu'on examinait aussi, mais il est venu,
à un moment donné, une sorte de décision qui s'est
manifestée pour la première fois clairement aux élections
de 1973. Aux élections de 1973, on disait bien qu'une victoire
parlementaire amorcerait un processus, mais que ce processus ne pouvait se
réaliser sans l'approbation d'une majorité populaire.
À ce moment, c'était sous la forme qu'un projet
constitutionnel serait soumis à l'ensemble de la population; si ce
n'était pas approuvé, bien, forcément, cela n'irait pas
plus loin. Depuis, notre pensée comme parti n'a jamais
dévié là-dessus. Il faut - quant à moi, la mienne
ne dévie pas non plus - une majorité populaire. Pour ce qui est
du trait d'union, etc., le député ne me rentrera pas dans la
plomberie parce que ça, c'est vraiment une chose sur laquelle la
réflexion se fait de ce côté-ci, elle ne se fait pas de
l'autre, Dieu sait.
M. Gratton: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Le premier ministre nous dit que la pensée du
parti n'a jamais dévié depuis 1973. C'est de son propre aveu et
tout le monde peut réaliser que la pensée du parti a
dévié en fin de semaine dernière puisque le premier
ministre lui-même s'interroge sur l'opportunité de rester comme
président du parti.
Ma deuxième question additionnelle, M. le Président, je la
pose très candidement au premier ministre.
Des voix: Ah! Ah!
M. Gratton: Je suis sûr qu'il va me répondre tout
aussi candidement, M. le Président. Dans la plomberie dont il parle,
est-ce que, finalement, la vraie raison de cette crise de conscience du
premier ministre n'est pas plutôt les nombreux scandales qui ont
été dénoncés...
Des voix: Ah!
M. Gratton: ...depuis quelques semaines, l'affaiblissement sans
précédent de la position du Québec à la suite des
négociations constitutionnelles, notamment la perte du droit de veto, la
situation catastrophique sur le plan financier au Québec? Bref, M. le
Président, est-ce que ce n'est pas tout simplement un constat
d'échec lamentable après cinq ans de gouvernement qui
amène le premier ministre à songer à
démissionner?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je pense
que la question mérite une seule et simple réponse: II est
évident que jour après jour l'Opposition exploite de son mieux
-c'est de bonne guerre - les difficultés que traverse actuellement la
société québécoise.
Des voix: Voyons donc!
M. Lévesque (Taillon): C'est sûr, c'est
sûr.
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
S'il vous plaît, à l'ordre! M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): C'est, évidemment, un des
soucis que quiconque est un peu responsable dans le poste que j'occupe en ce
moment ne peut pas éviter d'avoir. Tout cela fait partie,
évidemment, du contexte dans lequel on se débat, c'est sûr.
C'est tout ce que je peux dire pour l'instant.
Le Président: Question principale, M. le
député de Beauce-Sud.
Le boycottage des conférences
fédérales-provinciales sur l'agriculture
M. Mathieu: Oui. Merci, M. le Président.
M. le Président, tandis que les agriculteurs se demandent s'il
est possible de vivre de l'agriculture dans la conjoncture économique
actuelle, le ministre, lui, boycotte les forums privilégiés
où se dessinent les grandes stratégies agricoles pour les
années à venir. Fidèle à la consigne
séparatiste, le ministre de l'Agriculture refuse de participer à
plusieurs colloques, conférences ou retire ses fonctionnaires de divers
comités. Exemple: il y avait un comité de formé,
Québec-Canada, pour le problème du gel des pommiers. Le 9
novembre, le ministre a retiré ses fonctionnaires. Symposium des plantes
fourragères: Québec absent. Je ne les énumérerai
pas tous.
M. le Président, il y a une conférence qui s'est
terminée hier à Ottawa: Le défi des années
quatre-vingt, une stratégie agro-alimentaire pour le Canada. Cette
conférence avait pour but d'établir les perspectives agricoles
des dix ou quinze années à venir. Elle faisait suite à un
document soumis depuis le mois de juillet.
On sait que les dépenses fédérales en agriculture,
au Québec, sont très importantes.
Une voix: II a sauvé un voyage en avion.
M. Mathieu: Dépenses fédérales en
agriculture, 247 500 000 $; stabilisation des revenus comprenant les produits
laitiers, 153 000 000 $; production et commercialisation, 35 000 000 $ et j'en
passe, pour arriver finalement à un chiffre global d'environ 476 000 000
$, sans compter les prêts par la Société du crédit
agricole. Pendant que se partage l'assiette au beurre...
Le Président: Question, s'il vous plaît.
M. Mathieu: ... le Québec est absent. Cela inquiète
les agriculteurs du Québec, notamment les producteurs de lait. (10 h
40)
La question que je pose au ministre est celle-ci: Premièrement,
après la publication du document Le défi des années
quatre-vingt, par le ministre de l'Agriculture du Canada, en juillet 1981,
est-il exact que le ministre de l'Agriculture a refusé, à la
demande de M. Wheelan, ministre fédéral de l'Agriculture, de
rencontrer, à plusieurs reprises, le ministre fédéral de
l'Agriculture?
Deuxièmement, ne croit-il pas qu'en boycottant ainsi les
conférences fédérales-provinciales, il agit au
détriment des agriculteurs du Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, j'ai remarqué que le
député de Beauce-Sud a eu des renseignements sur la
conférence fédérale-provinciale qui a eu lieu cette
semaine, mais il n'a pas mentionné la partie la plus intéressante
qui était essentiellement le dévoilement de statistiques du
gouvernement fédéral. Elles disent que pour l'année 1982,
selon les prévisions du gouvernement fédéral, les revenus
nets des agriculteurs canadiens passeraient de 4 800 000 000 $ à 3 400
000 000 $, une diminution de 15%.
Dans le même document, le gouvernement fédéral dit:
Alors que les revenus des agriculteurs canadiens baisseront de 15%, ceux des
agriculteurs québécois augmenteront de 15%. J'ai trouvé
les chiffres du député de Beauce-Sud un peu forts. Je lui ferai
remarquer que la seule différence qu'il y a entre les politiques de
l'ensemble du Canada et celles du Québec -c'est peut-être une des
raisons, j'imagine, peut-être pas la seule, mais une des bonnes raisons -
c'est que les politiques du Québec sont différentes de celles du
reste du Canada, de sorte qu'il y a une différence aussi grande que
ça dans les augmentations de revenus. Ce n'est pas la seule raison,
c'est une des raison. Le document dont vous parlez, M. le Président -
justement, un journaliste m'a demandé ce que j'en pensais, j'ai dit: Pas
beaucoup. En anglais "Not much". Il a dit: Vous pensez la même chose que
les agriculteurs. Il avait demandé l'opinion des agriculteurs. Le
député de Beauce-Sud ne semble pas l'avoir demandée -c'est
un document qui a été publié pour le début des
années quatre-vingt, qui est un ensemble de banalités où
il n'y a aucune perspective d'indiquée, aucune direction concrète
d'indiquée. Quant aux perspectives de rencontre avec M. Wheelan, j'ai
offert, au cours de l'automne, à peu près cinq dates
différentes de rencontre avec M. Wheelan mais - et je ne le blâme
pas, parce que je sais quelles peuvent être ses activités - il
n'était pas libre à aucune des dates que je lui ai
proposées. À cette conférence, on donnait les
données statistiques qu'on peut prendre dans les publications;
d'ailleurs, vous avez des publications, vous pouvez les lire, je peux les lire
aussi.
Concernant la politique des grains de provende, le gouvernement
fédéral a refusé la position du Québec. Cette
position est connue puisque nous l'avons énoncée. Le ministre de
l'Agriculture du Québec, avec l'Union des producteurs agricoles, la
Coopérative fédérée du Québec et
l'Association des meuniers québécois a énoncé la
politique du gouvernement concernant les grains de provende. Le gouvernement
libéral, à Ottawa, n'a pas voulu accéder aux demandes du
monde agricole dans l'ensemble du Québec. Aller répéter la
même chose à une conférence
fédérale-provinciale... Je pense que c'est une position connue de
tous comme étant équitable pour les grains de provende au
Canada.
Des voix: Bravo!
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Si je comprends bien, M. le Président, le
ministre agit déjà comme si le Québec était
séparé. Il a aqi de la même manière.
Une voix: Très bien!
M. Mathieu: Est-ce qu'il pense ainsi agir dans
l'intérêt des producteurs laitiers quand on sait que le
Québec produit 52% du lait du Canada et représente 26% de lapopulation du Canada?
Le Président: M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, si ce que le
député de Beauce-Sud dit est vrai, ce doit être bon. S'il
dit que je me comporte déjà comme si j'étais dans un
Québec séparé, ça donne les résultats qu'on
vient de voir. Le fédéral prévoit 15% d'augmentation du
revenu des agriculteurs au Québec; cela voudrait dire que c'est une
bonne attitude.
Je dois dire que je ne peux pas agir comme dans un Québec
séparé, c'est faux, mais il y a des conférences qui ne
sont pas utiles. Il y a un ensemble de rencontres, au fond, qui ne sont pas
véritablement utiles. Dans les rencontres utiles - le premier ministre
l'a mentionné - savoir les rencontres à caractère
économique où il sera nécessaire d'être
représenté, nous irons. Par exemple, lundi, je suis allé
à la conférence concernant, pour l'année 1982, le plan
d'allocation des quotas dans les poissons parce que ça avait une
implication directe sur les pêcheurs québécois. Mais quand
il s'agit de remettre un document qui est public depuis des mois et d'avoir des
statistiques qui sont publiées dans des revues, je vais vous dire bien
franchement, je pense que j'ai épargné de l'argent à la
province.
Le Président: Question principale, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. À l'ordre, s'il vous
plaît!
Des voix: On veut Hermann! On veut Hermann!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député.
Le problème du chômage
M. Scowen: Ma question s'adresse au ministre d'État au
Développement économique. Lundi, je lui ai posé une
question concernant le problème très grave dans le domaine de
l'emploi au Québec et il n'y a pas répondu. Depuis ce temps, on a
reçu plusieurs appels de gens qui ont insisté pour qu'on pose
à nouveau la question. Dans sa réplique, le ministre demandait un
délai de quelques mois pour améliorer sa politique
économique et pour éclaircir ses idées. Il a
insulté à peu près tout le monde, il a blâmé
les autres, mais il n'a pas répondu.
Ce matin, je veux reposer la question très clairement et
très sobrement. Qu'est-ce que le ministre a l'intention de faire, dans
l'immédiat, pour tenter de régler ce problème alors qu'on
a vu, depuis un an, la création de 180 000 emplois dans les autres
provinces du Canada et une perte de 67 000 emplois au Québec.
Le Président: M. le ministre.
M. Landry: La question du député de
Notre-Dame-de-Grâce est posée en termes plus sobres que lorsqu'il
a posé l'autre question et je vais essayer de répondre en termes
plus sobres. J'ai été vraiment indigné dans ma
réponse, l'autre jour, et je l'ai laissé voir peut-être
d'une manière intempestive. Ce matin, mon indignation est la même
et je vais essayer de la laisser voir d'une façon plus
articulée.
Premièrement, lorsque les taux d'intérêt
étaient compatibles avec un développement économique
acceptable, nous avons mis en place un réseau de politiques
économiques au cours de notre premier mandat, qui a donné des
résultats que le Québec n'avait jamais connus en termes de
création nette d'emplois...
Des voix: ...
M. Landry: Est-ce que j'ai, M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Landry: Est-ce que j'aurais, par hasard, interrompu le
député lorsqu'il posait sa question?
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Landry: Est-ce que mes collègues, de ce
côté-ci de la Chambre, auraient nui au député de
Notre-Dame-de-Grâce dans son expression?
Une voix: Non.
M. Landry: Ne penseriez-vous pas normal, M. le Président,
que nos amis d'en face fassent de même pendant que je réponds?
Des voix: ... Une voix: Oui.
M. Landry: Je continue ma réponse en disant que ce
réseau de politiques énonomiques passait par la concertation de
tous les agents, syndicats, patrons, gouvernement. Il a débouché
sur un énoncé de politique économique qui a fait que le
Québec a été la seule province du Canada, incluant le
gouvernement canadien, à avoir une politique économique claire
qui s'est traduite par le programme de textile, vêtement, chaussure,
bonneterie, meuble, qui a littéralement sauvé cette industrie
alors que les fédéraux s'apprêtent de nouveau à
l'assassiner - nous sommes d'accord, les gens d'en face et moi-même sur
ce sujet - le programme de rééquipement et de relance des
pâtes et papiers alors que notre industrie se repliait de 3% de sa valeur
de marché, par année, depuis quelques années, les
programmes agricoles dont je ne parlerai pas puisque mon collègue de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation les a si bien
illustrés et qui ont fait de l'agriculture et de l'agro-alimentaire le
fer de lance du développement économique. L'opération
solidarité économique...
Le Président: S'il vous plaît! M. le leader de
l'Opposition, sur une question de règlement. (10 h 50)
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, le
député de Notre-Dame-de-Grâce a posé une question
et, en conformité avec notre règlement, s'est efforcé
qu'elle soit très courte et précise. Le député de
Notre-Dame-de-Grâce a demandé au ministre ce qu'il allait faire
désormais à la suite des chiffres que le député a
avancés relativement à la perte de 67 000 emplois au cours de
l'année par le Québec. Le ministre ne répond pas à
cette question, M. le Président. Il est en train de faire une
conférence sur les quatre années précédentes du
mandat du gouvernement. Ce n'est pas du tout la question posée par le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Si on veut avoir une
période des questions où on va réellement respecter le
règlement, sa lettre et son esprit, il faudra arrêter ce genre de
réponse qui pourrait faire l'objet d'une conférence à la
chambre de commerce et cela pourrait être intéressant. Mais,
présentement, il y a une question précise du député
au ministre.
Le Président: Sur la question de règlement, M. le
leader de l'Opposition, j'ai déjà dit et je répète
que je n'ai à interpréter ni le sens des questions ni le sens des
réponses...
Une voix: La longueur.
Le Président: Sauf que le règlement dit,
effectivement, que les questions doivent être brèves et
précises et les réponses également. M. le ministre.
M. Landry: M. le Président, le député de
Bonaventure est un vieux parlementaire et joue de toutes les astuces, mais
c'est en
même temps, de notoriété publigue, un homme d'une
relative sagesse. Il ne peut pas ne pas savoir que, lorsqu'il est question d'un
désastre économique - je l'ai admis sur un ton
élevé il y a quelques jours et je l'admets sur un ton
modéré aujourd'hui - qui n'a pas d'équivalent depuis la
crise de 1929, il est faux qu'un ministre responsable puisse y répondre
en cinq sec, trois phrases et deux coups de cuillère à pot. Ce
n'est pas vrai, c'est à l'encontre du bon sens. Je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce veut avoir une réponse
et s'il veut l'avoir, qu'il me laisse l'élaborer. On n'est pas en train
de discuter de l'emplacement d'une sous-station d'Hydro-Québec...
M. Scowen: Question de règlement.
Le Président: Question de règlement, M. le
député.
M. Scowen: Je suis aussi conscient que le ministre de l'histoire
économigue des quatre dernières années au Québec.
Si je ne suis pas d'accord, je suis quand même conscient, mais cela ne
m'intéresse pas ce matin. La question que j'ai posée concernait
l'avenir.
Le Président: M. le ministre.
M. Landry: Que cela n'intéresse pas le
député de Notre-Dame-de-Grâce, c'est une chose, que cela
ait intéressé l'électorat du Québec au point de
nous ramener ici avec 80 sièges et près de 50% des voix en est
une autre.
Je fais donc le lien avec toutes ces politiques qui ont
été mises en place et qui, à un taux
d'intérêt...
M. Scowen: M. le Président...
Le Président: M. le député, sur une question
de règlement?
M. Scowen: Oui.
Le Président: M. le député.
M. Scowen: Considérant que le ministre ne veut pas
répondre, je retire la question.
Une voix: II n'y a plus de question, M. le Président.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! En
ce qui me concerne, c'est peut-être un précédent. Je sais
qu'on peut proposer un amendement et, par une motion, le retirer avec un
débat. Est-ce qu'on peut retirer une question qui a été
posée? Je m'interroge encore. La question ayant été
posée, je pense qu'elle... À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre! À l'ordre!
La question ayant été posée, je demanderais au
ministre d'y répondre brièvement.
M. Landry: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
devrait savoir que les paroles, une fois qu'elles sont échappées,
ne sont plus rattrapables. Je le comprends, par ailleurs, étant
donné la superficialité de sa question. Si j'avais moi-même
été dans l'Opposition et que j'en avais posé une pareille,
je l'aurais rapidement retirée, c'est bien entendu.
Brièvement, puisque vous m'avez invité à la
brièveté, M. le Président, je ne reviendrai pas sur les
politiques mises en place et qui performaient d'une façon
extraordinaire. Je vais réaffirmer avec force que l'unique cause de la
catastrophe économique que nous vivons présentement est la
politique suicidaire...
Des voix: Le fédéral! Des voix: Le PQ!
M. Landry: Vous voyez, M. le Président, comme ces
gens...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Des
deux côtés de la Chambre, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre, en concluant.
M. Landry: Je réitère donc, en conclusion, et je
suis prêt à une question avec débat là-dessus,
à un débat du vendredi ou du samedi, si vous le voulez...
Une voix: Du dimanche!
M. Landry: ... que ce qui assassine la PME
québécoise présentement, c'est une politique suicidaire et
irresponsable pratiquée par la Banque du Canada, et son gouverneur en
particulier, dont on vient d'augmenter le salaire à près de 100
000 $ par année, alors qu'il trouve que le salaire minimum est trop
élevé.
J'ai dit à la blague, avant que cette Assemblée ne
commence, que si notre Assemblée nationale en avait le pouvoir, je
ferais motion pour qu'on retire l'Ordre du Canada à M. Bouey, ordre
qu'on lui a donné il y a une quinzaine de jours. C'est vraiment de
l'indécence politique et économique.
Des voix: Oh!
M. Landry: Et je signale à tous les chômeurs
victimes de la catastrophe que celui qui est le principal artisan de leur
malheur...
Des voix: Le fédéral! Des voix: Le PQ!
M. Landry: M. le Président, encore une fois!
M. Charron: M. le Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! En
concluant, M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Landry: Je signale aux chômeurs victimes de la
catastrophe...
Une voix: La catastrophe péquistel Des voix: Le PQ!
M. Landry: ... que celui qui est l'artisan...
Des voix: Le PQ!
M. Charron: M. le Président, je vous en prie, cela fait
trois fois que vous les rappelez à l'ordre. Il ne reste qu'une phrase au
ministre d'État au Développement économique à
prononcer. Si cela ne les intéresse pas, cela intéresse
sûrement les citoyens du Québec qui nous écoutent.
M. Levesque (Bonaventure): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vous avez
entendu comme nous que le ministre refuse de répondre aux questions.
Des voix: Oh!
M. Levesque (Bonaventure): Le député a dû
retirer sa question, c'est clair: Le ministre ne peut pas répondre.
C'est une catastrophe et le gouvernement du Parti québécois est
responsable de la catastrophe.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le leader de l'Opposition, j'estime qu'en
vertu de notre règlement on peut, par une motion de retrait, retirer un
amendement, mais notre règlement est silencieux sur le retrait d'une
question. La question ayant été posée, elle mérite
une réponse et je demande instamment au ministre de conclure. M. le
ministre.
M. Landry: M. le Président, la conclusion se complique
à mesure que les interruptions d'en face fusent et je suis obligé
d'ajouter une phrase pour dire que le député de Bonaventure
connaît beaucoup mieux les procédures parlementaires que les
mécanismes économiques, sa dernière phrase en est la
preuve.
Je reviens donc à ma conclusion...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: Oui?
M. Levesque (Bonaventure): ...sur une question de
privilège. J'ai été mis en cause directement et je
demanderais au ministre d'État au Développement économique
de bien vouloir comparer son expérience dans le domaine des affaires
avec celle de celui qui vous parle.
Des voix: Ah! Ah! Ah! Bravo! Le Président: M. le
ministre.
M. Landry: J'aurais presque souscrit aux applaudissements de
l'Opposition car je pense que le métier de vendeur d'automobiles, qui
est un métier éminemment respectable dans notre civilisation,
méritait une bonne salve d'applaudissements et le député
de Bonaventure l'a eue, mais il ne me fera pas croire qu'assurer un service
tertiaire, si respectable soit-il, donne une expérience dans le
développement industriel.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre: À l'ordre!
Question principale, M. le député de Matapédia. (11
heures)
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
M. Levesque (Bonaventure): Question de privilège.
M. Landry: Question de règlement, d'abord.
Le Président: M. le ministre, sur une question de
règlement.
M. Landry: Vous avez statué...
M. Gratton: Question de règlement, M. le Président,
vous m'avez reconnu.
Le Président: M. le ministre et, par la suite... M. le
député de Gatineau, sur une question de règlement.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Je vous demanderais de
faire remarquer au ministre que ça fait déjà quinze
minutes qu'il parle sur sa dernière phrase.
M. Bédard: Question de règlement.
Le Président: M. le ministre, sur une question de
règlement.
M. Landry: M. le Président, vous aviez bien statué
que le député ne pouvait pas retirer sa question. Il avait droit
à ma réponse. J'ai essayé, péniblement je l'admets,
de la donner. J'ai été interrompu une quinzaine de fois. Quand ce
n'était pas par des horions ou des hurlements, c'était par des
questions de règlement. Je termine, en disant, encore une fois, M. le
Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Saint-Louis.
M. Blank: M. le Président, vous avez déjà
rendu une décision. Vous devez appeler une question principale du
député de Matapédia.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
pense que ni l'intervention du député de Gatineau ni celle du
ministre n'étaient des questions de règlement. M. le
député de Matapédia.
M. Marquis: M. le Président, pour aller dans la même
veine, ma question s'adresse au ministre d'État au Développement
économique. La question sera courte et je laisse au ministre le soin de
répondre correctement et dans les meilleurs délais.
Programme fédéral d'aide aux
régions
II y a quelques semaines, le ministre d'État
délégué aux petites entreprises et au tourisme, M. Charles
Lapointe, déclarait à Matane, lors d'un colloque sur le tourisme,
que d'ici trois à six mois le gouvernement fédéral
s'engagera résolument dans des fonds d'aide directe aux régions
hors des ententes Canada-Québec. Cela devrait être confirmé
prochainement par le ministre de l'Expansion économique
régionale, celui qu'on appelle chez nous le Père Noël pas de
sac, M. De Bané. Puis-je connaître, de la part du ministre
d'État au Développement économique, quelles seront les
conséquences...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Marquis: Je l'ai déjà rencontré dans un
débat de trois heures.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député.
M. Marquis: M. le Président, est-ce que je pourrais savoir
de la part du ministre d'État au Développement économique
quelles seraient les conséquences d'un tel geste sur les
priorités québécoises en matière de
développement économique?
Le Président: Brièvement, M. le ministre, en vous
indiquant qu'il reste deux minutes à la période des
questions.
M. Landry: D'abord, je dois dire que le ministre
fédéral a bien mal commencé son affaire parce qu'à
peu près au moment où il disait cela, j'ai ici la coupure des
journaux: 63 000 PME partent en guerre contre le budget fédéral.
Il aurait dû commencer par faire un budget qui, comme le dit le
communiqué des PME, n'aurait pas étouffé le Québec
de toutes les manières possibles et imaqinables. Écoûtez
bien cela, ce n'est pas le congrès du Parti québécois ni
quelque autre de nos instances. M. Pierre Clément -j'espère que
le député de Bonaventure nous écoute - porte-parole du
Québec de la Fédération canadienne des entreprises
indépendantes dit que le gouvernement fédéral est en train
d'étouffer le Québec -des mots plus forts que ceux que j'emploie
-de toutes les manières possibles et imaginables.
Cela couvre tout le terrain. Ce que dit le député de
Matapédia va dans la même veine. Hélas! pour des raisons
partisanes qui, dans certains cas, jouxtent le fanatisme, le gouvernement du
Canada a décidé, en passant par-dessus la tête du
gouvernement du Québec et de ses instances légitimes,
d'intervenir directement dans le développement des régions sans
nous consulter. J'ai même reçu - je le communique à la
Chambre et je vais déposer la lettre - une lettre de M. De Bané
qu'il a appelée d'un certain qualificatif du temps des fêtes
m'interdisant - M. le Président, écoutez cela, nos amis d'en face
aussi -d'annoncer un projet de développement au Québec si je
n'avais pas eu son accord et si je ne l'avais pas consulté, sans quoi le
fédéral ne financerait plus. C'est là que nous en
sommes.
Des voix: Oh! Scandale!
M. Landry: M. le Président, si les fédéraux
ont réussi en agissant indirectement à assassiner
l'économie québécoise, qu'est-ce que cela va être
quand ils vont agir directement?
Le Président: Fin de la période des questions.
M. le ministre de la Justice, en complément de réponse
à une question du député de Portneuf.
M. le ministre.
Résultat de l'enquête de la SQ à
la radiotélévision des débats
M. Bédard: M. le Président, plusieurs fois au cours
des dernières semaines, il a été question en cette Chambre
et en dehors de cette Chambre d'allégations d'utilisation de
matériel de radiotélédiffusion des débats de
l'Assemblée nationale. C'est ce que certains ont, entre autres,
appelé le dossier de la
pornographie. De fait, ce dossier comporte quatre volets, à
savoir disparition supposée d'équipement de
télédiffusion des débats, enregistrement de commerciaux
privés à l'Assemblée nationale, entrave à la
justice, enregistrement de films pornographiques à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, le fait que l'intégrité même
de l'Assemblée nationale ait été mise en cause m'oblige
à être plus explicite que d'ordinaire et je pense que tous mes
collègues de l'Assemblée nationale en conviendront. Une
enquête a été menée par la Sûreté du
Québec sur les différentes allégations. Le résultat
de cette enquête a été communiqué à un
substitut du Procureur général le 7 décembre. Celui-ci a
analysé tous les faits recueillis, tous les témoignages et a
produit son rapport le 8 décembre. Je suis donc en mesure maintenant de
transmettre à la Chambre les résultats de cette enquête
comme je m'étais engagé à le faire. D'abord, je dois
indiquer que toutes les allégations véhiculées à
l'égard de ces faits ont été soigneusement
vérifiées de même que tout élément pertinent
porté à la connaissance des enquêteurs en cours de route.
À cette fin, notamment, environ 75 personnes ont été
interrogées afin de vérifier les faits et d'obtenir la
corroboration de leurs dires.
Les résultats sont donc les suivants: Premièrement,
à l'égard des allégations de disparition
d'équipement de la télédiffusion des débats,
après de nombreuses vérifications, il appert que
l'équipement manquant ne serait constitué que de cassettes, soit
318, 186 audios et 132 vidéos, et non des 1 200 dont il avait
été question. Il faut comprendre qu'il est de la nature
même de ce service de fournir à plusieurs organismes, et plus
particulièrement la radio et la télévision, des cassettes
reproduisant les débats de l'Assemblée nationale. D'autre part,
aucun système efficace de contrôle n'a été
instauré avant la mi-août 1980, soit près de deux ans
après le commencement de ses activités. Or, si l'on
considère que 23 100 cassettes ont été achetées
depuis le début des activités, il faut convenir que la
disparition de 1,3% de ces cassettes constitue presque un tour de force dans de
telles conditions puisque certaines, comme on le sait très bien, se
brisent, d'autres s'usent ou se perdent. En conclusion, l'enquête
policière ne révèle aucune infraction criminelle
décelée à ce chapitre. (11 h 10)
Deuxièmement, en ce qui a trait à l'enregistrement des
commerciaux privés, l'enquête a mis en lumière trois
montages commerciaux, deux en septembre 1979 et un le 10 août 1980 et ce,
effectués principalement par un employé d'Auvinic. La même
enquête a toutefois révélé qu'en aucun temps le
tournage de ces mêmes films n'avait eu lieu à l'Assemblée
ou avec de l'équipement de l'Assemblée nationale. Donc, la seule
opération a consisté à se servir de certains appareils
situés à l'Assemblée nationale en apportant tout le
matériel nécessaire afin de ne faire que le montage. Or - et
c'est très important - à l'époque des deux premiers
tournages, les appareils n'appartenaient pas à l'Assemblée
nationale, mais à la compagnie Auvinic. Il n'existait aucune clause
d'exclusivité quant à la location de ces appareils par la
compagnie Auvinic à l'Assemblée nationale. Puisque cette
opération n'a pas empêché quelque opération que ce
soit à l'Assemblée nationale, tout en ne prenant rien qui
appartenait à l'Assemblée nationale, telle une cassette, aucune
infraction n'a pu alors être commise. Ceci est encore plus frappant lors
du troisième et dernier montage du 10 août 1980 puisque cette date
se situe dans la période de flottement entre la fin du contrat de
services, à savoir le 6 août 1980, et la décision de
l'Assemblée nationale, le 19 août 1980, d'exercer son option
d'achat sur ledit équipement.
De plus, M. Rheault, directeur de la télédiffusion des
débats de l'Assemblée nationale, et M. J. Besner,
vice-président d'Auvinic, avaient alors autorisé l'utilisation
des appareils situés à l'Assemblée nationale pour
effectuer le montage commercial. En conséquence, aucune infraction
criminelle n'a été décelée à ce
chapitre.
Troisièmement, le 6 novembre, M. André Lavoie, directeur
des médias, signait une directive interdisant aux employés de,
parler aux enquêteurs sans son autorisation et ce fait a
été soulevé ici, à l'Assemblée nationale,
par le député de Portneuf. Cette directive provenait d'une
demande du directeur du personnel, M. Mario Trudel, de voir à s'assurer
que, malgré les enquêtes en cours, le déroulement normal
des travaux soit maintenu de la part des employés dans leurs
différentes affectations. Il semble donc évident que
l'efficacité était le seul but de cette directive et qu'en aucun
temps l'intention d'André Lavoie n'était d'entraver le cours de
la justice. Aucune infraction criminelle ne peut donc être reconnue
à ce titre et on comprendra beaucoup mieux plus tard.
Quatrièmement, la question de l'enregistrement de films
pornographiques à l'Assemblée nationale. Toutes les
allégations de tournage ou de production reposaient dans cette affaire
sur les dires de deux individus qui ont, d'ailleurs, déclaré ne
pas avoir été témoins des événements qu'ils
prétendaient dénoncer. À tout événement,
environ 75 personnes ont été interrogées dans cette
affaire et toutes les vérifications ont été faites.
Il ressort clairement ceci. Dans un premier temps, l'enquête
révèle qu'à trois
occasions identifiées il y aurait eu visionnement en cercle
très restreint, entre employés de la télédiffusion
des débats, de cassettes prétendument érotiques,
préenregistrées et apportées de l'extérieur, sur un
appareil loué à l'Assemblée nationale par la compagnie
Auvinic dans le cadre de son contrat de services. Ces cassettes ne provenaient
donc en aucune façon de l'Assemblée nationale.
Un premier visionnement d'une cassette eut lieu en août ou
septembre 1978, soit avant même l'entrée en vigueur du contrat de
location, le 3 octobre 1978, entre Auvinic et l'Assemblée nationale. Une
duplication du film apporté de l'extérieur fut effectuée
à cette occasion. Un second visionnement s'est déroulé
entre octobre 1978 et septembre 1979. Il s'agissait d'une cassette
américaine apportée de l'extérieur qui n'a pas
été doublée et qui fut retournée à la
personne qu'il l'avait prêtée; trois employés
étaient présents. Enfin, un troisième vidéo a
été visionné par deux personnes durant la même
période. Encore là, il s'agissait d'un vidéo
apporté de l'extérieur et aucune duplication n'a
été faite.
Bien que je ne cautionne en aucune façon une telle conduite, je
dois souligner que le visionnement en privé de films ou de cassettes,
fussent-ils même érotiques ou obscènes, ne constitue pas
une infraction criminelle aux termes du Code criminel du Canada. Mon rôle
n'étant pas de porter un jugement moral, mais bien d'administrer le Code
criminel du Canada, je dois me limiter à cette évaluation et
conclure à cet égard qu'il n'y a pas eu d'infraction criminelle
à ce chapitre.
Enfin, concernant le point qui m'apparaît le plus important, parce
qu'il a jeté le discrédit sur l'Assemblée nationale et les
personnes qui l'entourent, je suis en mesure de dire que l'enquête
révèle clairement que les allégations de fabrication, de
production, de tournage de films ou de vidéos pornographiques à
l'Assemblée nationale avec ou sans du matériel ou du personnel de
l'Assemblée nationale sont sans aucun fondement. En termes clairs, il
n'y a jamais eu de tels faits et toutes les allégations qui ont
été colportées dans cette affaire sont fausses. Toutes les
insinuations qui ont été véhiculées à cet
égard sont conséquemment non seulement injustifiées, mais
encore, pourrais-je dire, irresponsables et préjudiciables. Aucune
accusation n'a donc à être portée dans cette affaire.
En terminant, je souhaiterais donc, en toute honnêteté et
équité, que cette mise au point recueille une diffusion aussi
large que les insinuations diffamantes ont connue dans cette affaire. Non
seulement est-il indispensable que des réputations soient
rétablies, mais il est encore impératif que
l'intégrité et la dignité des institutions comme
l'Assemblée nationale, qui ont été
éclaboussées, soient restaurées dans l'opinion publique.
Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je remercie le ministre
de la Justice et Procureur général de la réponse qu'il
nous fournit ce matin. La question que j'avais posée portait sur
différents éléments relatifs à l'enquête
menée par la Sûreté du Québec. Cette question
portait sur plusieurs volets dont a fait état le ministre de la Justice
ce matin. Elle portait, dans un premier temps, sur l'écoute
électronique illégale entre fonctionnaires. À ce chapitre,
le ministre de la Justice aurait pu confirmer ce matin que des poursuites ont
été entreprises; d'ailleurs, elle met en cause un
ex-fonctionnaire de l'Assemblée nationale et un employé
travaillant actuellement à l'Assemblée nationale qui auront
à comparaître à la Cour des sessions de la paix demain.
Le deuxième volet de l'enquête portait sur le rapport du
Vérificateur général, lequel indiquait la disparition de
1200 cassettes. Je prends acte de la réponse du ministre, ce matin,
à savoir que 318 cassettes seulement auraient manqué et que le
contrôle s'est véritablement installé à compter du
mois d'août 1980. La conclusion du ministre, somme toute, c'est qu'il
manque seulement 1,3% des cassettes qui ont été utilisées
à l'Assemblée.
Le ministre nous informe qu'il n'y a eu aucune disparition
d'équipement à l'Assemblée, contrairement aux informations
que plusieurs personnes ont eu l'occasion de recevoir et de transmettre
à la Sûreté du Québec. Le ministre nous indique
qu'effectivement, des commerciaux privés auraient été
peut-être pas produits, mais montés. On pourra revenir
là-dessus. Je dois dire que si le ministre de la Justice avait fait une
déclaration ministérielle, ce matin, on aurait pu voir le texte,
mais on pourra se référer au journal des Débats.
M. Bédard: M. le Président, question de
privilège.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre, sur une question de privilège.
M. Bédard: Pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
lorsque le député mentionne que j'aurais pu faire une
déclaration ministérielle, si je n'en ai pas fait, vous le savez,
c'est qu'il n'y a jamais eu de déclaration ministérielle faite
par un ministre de la Justice concernant un dossier. Des réponses
doivent être apportées à des questions, et c'est ce que
j'ai fait ce matin.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: D'accord. De toute façon, on pourra lire
le journal des Débats demain et revenir ultérieurement sur
d'autres questions. Ce que je retiens essentiellement de la réponse du
ministre - si ce n'est pas le cas, il pourra me corriger - c'est qu'il y aurait
eu le montage de commerciaux privés à l'Assemblée
nationale, mais à une période où les équipements
n'appartenaient pas à l'Assemblée nationale.
Films pornographiques, maintenant. Le ministre de la Justice et
Procureur général confirme qu'il y aurait eu, à trois
reprises, le visionnement en privé, et par un groupe restreint, de films
pornographiques. Dans un cas - je voudrais qu'il soit un peu plus clair
là-dessus - il y aurait eu une duplication. Est-ce à dire qu'il y
aurait eu une reproduction d'un film pornographique produit à
l'extérieur, visionné ici et reproduit ici même, avec des
équipements qui nous appartiennent ou qui, possiblement, ne nous
appartenaient pas, selon la date où cette duplication aurait
été faite? Je demanderais au ministre de la Justice d'être
plus clair à cet égard. (11 h 20)
Pour le moment, la question principale que je voudrais poser au ministre
de la Justice est la suivante. Le Procureur général du
Québec peut-il m'informer si, dans le cadre de l'enquête de la
Sûreté du Québec, cette dernière a eu l'occasion et
la possibilité de visionner les 300 cassettes qui auraient
été saisies par la Gendarmerie royale du Canada à la
mi-novembre 1981, durant la période où la Sûreté du
Québec menait une enquête sur ces sujets.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: M. le Président, lorsqu'il y a eu - j'ai
d'ailleurs répondu en Chambre -une telle saisie de cassettes par la
Gendarmerie royale, ce qui a été évoqué par le
député de Portneuf, j'avais indiqué que les cassettes qui
ont fait l'objet de la saisie n'avaient aucun rapport avec l'enquête qui
se poursuivait. D'ailleurs, la Sûreté du Québec est
entrée en communication avec la GRC et absolument aucun
élément concernant ces cassettes ne peut, de quelque façon
que ce soit, être relié au sujet dont nous parlons ce matin.
Pour ce qui est de la duplication, M. le Président, contrairement
à ce que dit le député de Portneuf, j'ai été
très clair dans la déclaration, il y en a eu une. L'enquête
démontre que la duplication d'une cassette, dans de telles
circonstances, ne peut faire l'objet d'une plainte criminelle. Cette
duplication a été faite en un seul exemplaire et simplement pour
fins personnelles alors que c'est l'élément distribution qui,
à un moment donné, peut faire l'objet d'une plainte
criminelle.
Une voix: Avec l'équipement de l'Assemblée
nationale.
M. Bédard: M. le Président, je l'ai très
bien mentionné dans ma déclaration et j'inviterais le
député de Portneuf à bien la lire avant de s'aventurer,
par des questions, à vouloir mettre en doute quoi que ce soit. À
ce moment-là, je n'aurai pas la même attitude étant
donné les responsabilités que j'ai à remplir; tout le
monde le comprendra. Comme je l'ai dit, la duplication dont on parle a
été faite avant même que le matériel soit la
propriété de l'Assemblée nationale.
Le Président: Motions non annoncées.
Complément de réponse. M. le ministre.
Le Marathon international de Montréal
M. Lessard: Je m'excuse, M. le Président. Je voudrais
déposer, à la suite d'une question du député de
Marguerite-Bourgeoys, les états financiers, vérifiés par
la firme Viau, Rouleau, Brosseau et Associés, du comité
organisateur du Marathon international de Montréal pour l'année
1980. En ce qui concerne les états financiers de l'année 1981,
l'année financière du Marathon international de Montréal
se terminant le 31 décembre, eh bien, vous conviendrez que je ne peux
les avoir, mais aussitôt que je les aurai, il me fera plaisir de les
déposer.
J'ajoute ceci. Je ne suis aucunement le ministre de tutelle du Marathon
international de Montréal. Le Marathon international de Montréal
est un organisme sans but lucratif dans ses structures.
Des voix: Ah!
M. Lessard: Je répète que le Marathon international
de Montréal est un organisme sans but lucratif dans ses structures.
C'est un organisme à qui nous accordons une subvention de 300 000 $ sur
un budget total de 1 000 0000 $, comme nous subventionnons des centaines
d'organismes au Québec. Merci, M. le Président.
Une voix: C'est un drame.
Le Président: Document déposé. Motions non
annoncées. Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre. M. le leader.
Avis à la Chambre
M. Charron: M. le Président, j'ai des
avis un peu spéciaux à donner à l'Assemblée.
Je demanderais donc, avant que les députés disparaissent pour
aller aux différentes commissions qui seront appelées à
siéger, qu'on soit, pour un instant, attentif. L'organisation de la
journée est un peu compliquée, aujourd'hui.
Selon l'entente intervenue lorsque nous avons essayé ensemble,
l'Opposition et nous-mêmes, de planifier une journée qui ferait
l'affaire de tous et qui nous permettrait d'avancer dans notre menu, nous en
sommes arrivés à cet ordre des travaux.
D'abord, ce matin, il y aura, dès la reprise des affaires du
jour, une dernière réplique de l'Opposition sur le projet de loi
concernant les caisses d'entraide économique qui est à
l'étude depuis hier. Ce sera l'intervention du député qui
a demandé l'ajournement du débat. Il y aura la réplique du
ministre des Finances et nous procéderons ensuite, c'est-à-dire
vers midi ou midi 15, à un vote enregistré sur ce projet de loi.
Je dis donc à tous ceux qui s'éloigneront de l'Assemblée
tout à l'heure de s'attendre à être rappelés dans
quelques minutes. Le mieux serait tout simplement de rester ici.
La deuxième étape serait, après le vote, que nous
entamions l'étude du projet de loi 32. J'ai proposé que nous
fassions au moins l'intervention en deuxième lecture du ministre des
Finances et, si l'Opposition choisit de s'y greffer immédiatement, libre
à elle, sinon nous suspendrions immédiatement les travaux pour
permettre à des réunions de caucus de se tenir à l'heure
du lunch. Lorsque nous reviendrons à 15 heures, où que nous en
soyons rendus sur le projet de loi no 32, nous le laisserons en plan
jusqu'à demain matin et nous consacrerons les huit heures de la
journée qui restent, selon le règlement, à l'étude
du budget supplémentaire.
Dans une consultation avec l'Opposition, qui nous a manifesté ses
sujets d'intérêt, et dans une planification de la présence
à tour de rôle des titulaires de ministères sur lesquels
l'Opposition veut inscrire un débat dans le cadre de la discussion du
budget supplémentaire, cela nous amène à ce programme
approximatif, M. le Président.
Dès 15 heures, lorsque nous reviendrons et que l'Assemblée
se transformera en commission plénière comme il se doit pour
étudier le budget supplémentaire, nous consacrerons la
première demi-heure au ministère des Affaires culturelles. De 15
h 30 à 16 h 30, encore une fois approximativement, le ministère
de l'Agriculture. De 16 h 30 jusqu'à 17 heures, votre ministère
de l'Assemblée nationale, M. le Président. À 17 heures, le
ministère des Communications. De 17 h 30 à 18 heures et de 20
heures à 20 h 30, donc en deux tranches d'une demi-heure, le
ministère de l'Éducation. À 20 h 30 c'est le ministre des
Finances qui répondra aux questions concernant le ministère des
Affaires sociales, notre collègue des Affaires sociales étant
à ce moment-là en commission parlementaire. À 21 heures,
c'est le ministère de l'Industrie et du Commerce. À 21 h 45, le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. A 22 h 30, celui
des Transports et à 23 heures, pour terminer notre journée, le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre jusqu'à minuit.
Lorsqu'à minuit nous serons arrivés à terme dans
l'étude du budget supplémentaire, nous l'adopterons comme le
prévoit le règlement et nous ajournerons nos travaux
jusqu'à demain matin 10 heures. Quand nous reviendrons à 10
heures demain matin, lorsque je donnerai les avis, j'indiquerai tout simplement
à la Chambre que nous achevons l'étude du projet de loi 32 et que
nous étudions également le projet de loi 22 en deuxième
lecture. Nous devrions terminer avant 18 heures vendredi soir le projet de loi
22 qui est au nom de Mme la ministre de la Fonction publique. Quand je dis vers
18 heures, c'est que dès 20 heures, sur ce projet de loi explicitement,
nous aurons des invités en commission parlementaire qui nous donneront
leur opinion avant que nous procédions à l'étude article
par article de ce projet de loi.
Je ne peux indiquer à ce moment-ci encore si l'Assemblée
siégera vendredi soir jusqu'à minuit, comme le permet le
règlement, ou si nous aurons plutôt trois commissions
parlementaires et que l'Assemblée ajournera ses travaux à 18
heures. Je ne suis pas suffisamment certain du menu que j'avance pour pouvoir
tout de suite permettre aux députés de planifier leur
départ pour leur circonscription respective. Dès que je le saurai
je l'indiquerai à l'Assemblée.
Sur ces avis, M. le Président, je dois aussi indiquer
qu'après consultation je crois être en mesure d'obtenir un
consentement, puisque c'est sur la proposition même de l'Opposition et
que de notre côté nous n'avons pas d'objection, il y aura ce matin
trois commissions parlementaires pendant que la Chambre siégera,
c'est-à-dire celle des engagements financiers que j'ai
déjà annoncée depuis quinze jours et qui se réunira
à la salle 91; à la salle 81-A, ce sont nos abonnés de
l'énergie et ressources qui continueront leur intéressante
discussion et, au salon rouge, la commission des affaires sociales poursuivra
les auditions sur le projet de loi 27. (11 h 30)
Je fais donc une double motion pour qu'il y ait consentement à ce
que trois commissions siègent en même temps, plutôt que deux
comme le prescrit le règlement; deuxièmement, que ce soit ces
trois commissions que je viens de mentionner, aux lieux et heures que j'ai
indiqués, qui se
réunissent.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La motion est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Vote enregistré.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vote
enregistré.
Recours à l'article 34
M. Lalonde: M. le Président, avant de passer à ce
vote...
Le Vice-Président (M. Jolivet): En vertu de l'article
34.
M. Lalonde: ... je n'ai pas voulu interrompre le leader, mais, en
vertu de l'article 34, est-ce qu'il peut nous faire part d'une décision
sur la politique ou la proposition du ministère de l'Éducation
quant à la restructuration scolaire? Est-ce que ce sera
déposé à l'Assemblée avant la fin de la semaine
prochaine ou si c'est remis à l'an prochain?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: Autant que je sache - je peux me réserver de
revérifier auprès de mon collègue - comme il s'agit d'un
morceau important et qu'il n'est pas encore à l'étude au Conseil
des ministres, je serais le tout premier surpris qu'il soit
déposé sous quelque forme que ce soit à l'Assemblée
avant notre ajournement de la semaine prochaine.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Verdun, en vertu de l'article 34.
M. Caron: Ma question s'adresse au leader; c'est au sujet de la
Communauté urbaine de Montréal. Le leader pourrait-il nous dire,
d'ici à la semaine prochaine, s'il y aura un projet de loi qui sera
déposé à ce sujet pour étude au cours du mois de
janvier ou de février?
M. Marcoux: Dans le temps des fêtes!
M. Charron: Peut-être. Je dois dire peut-être parce
que nous avons entamé la discussion, au Conseil des ministres, sur un
mémoire venant de notre collègue des Affaires municipales. Nous
l'avons réinscrit à l'ordre du jour de la réunion de la
semaine prochaine et, si nous arrivons au consensus espéré et
s'il est possible de le rédiger sous forme de loi, nous le
déposerons avant l'ajournement, mais je ne peux présumer de la
décision du Conseil des ministres de la semaine prochaine. Je peux juste
vous confirmer que c'est actuellement sur la table du Conseil des ministres.
Cela l'a été hier et ce le sera la semaine prochaine.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Laurier, en vertu de l'article 34.
M. Sirros: Oui, M. le Président. J'aimerais demander au
leader s'il a eu le temps de considérer la demande que je lui ai faite
hier et dont il a pris avis, concernant le rapport Landry.
M. Charron: J'ai eu le temps de la considérer, mais je
n'ai pas eu le temps de parler à mon collègue des Affaires
sociales qui est le premier intéressé, mais une personne
très importante de mon cabinet me souffle à l'instant que le
document en question sera déposé à la table de la
commission parlementaire aujourd'hui.
M. Sirros: Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vote
enregistré.
Qu'on appelle les députés!
(Suspension de la séance à 11 h 32)
(Reprise de la séance à 11 h 40)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît! Qu'on puisse procéder rapidement. Le but - s'il vous
plaît - du vote est d'accepter les deux motions, à savoir qu'en
même temps que la Chambre siège il y ait trois commissions
parlementaires et qu'elles siègent au salon rouge, à la salle
81-A et à la salle 91-A. Je vais les nommer: affaires sociales, salon
rouge; énergie et ressources, 81-A; engagements financiers, 91-A. Que
ceux et celles qui sont pour veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Charron, Mme Marois, MM.
Bédard, Parizeau, Morin (Sauvé), Bérubé, Landry,
Lazure, Mme LeBlanc-Bantey, MM. Lessard, Marcoux, Biron, Godin, Rancourt,
Léger, Clair, Richard, Chevrette, Bertrand, Duhaime, Tardif,
Fréchette, Baril (Arthabaska), M. Ouellette, Mme Lachapelle, MM.
Vaugeois, Gagnon, Guay, Dussault, de Belleval, Martel, Mme Juneau, MM. Fallu,
Grégoire, Bordeleau, Leduc, Marquis, Charbonneau, Beauséjour,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Perron, Blais, Blouin,
Gauthier, Gravel, Laplante, Brassard, Brouillet, Rochefort, Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), LeMay, Champagne, Rodrigue, Payne,
Paré, Tremblay, LeBlanc, Lafrenière, Lachance, Ryan, Levesque
(Bonaventure), O'Gallagher, Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Lalonde,
Mailloux,
Vaillancourt (Orford), Bélanger, Bourbeau, Blank, Caron, Mathieu,
Assad, Vallières, Lincoln, Paradis, Scowen, Picotte, Paré,
Gratton, Fortier, Bissonnet, Polak, Maciocia, Cusano, Dubois, Sirros,
Saintonge, Johnson (Vaudreuil-Soulanges), French, Mme Dougherty, MM. Kehoe,
Houde, Middlemiss, Hains.
Le Secrétaire: Pour: 95
Contre: 0
Abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Vous pouvez
donc procéder, M. le leader, aux affaires du jour.
M. Charron: Je vous prierais de rappeler le projet de loi 40, M.
le Président, c'est-à-dire l'article 3) du feuilleton.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Peut-être un instant
pour permettre aux gens de se rendre aux commissions parlementaires.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): ...puis-je poser une question à
mon vis-à-vis? Lorsqu'il a parlé des crédits
supplémentaires, il a donné un certain ordre des travaux. Nous
remarquons qu'il ne couvre que la période de sept heures sur les huit
prévues par le règlement. Le ministre a retenu sans doute nos
suggestions quant au temps à accorder à chaque ministère,
mais si nous avons laissé une heure, c'était au cas où il
y aurait des ministériels qui auraient quelques questions à
poser. C'est pourquoi nous n'avions pas utilisé cette heure-là;
mais si on s'en tient à sept heures, nous insisterons pour que le
dialogue se fasse entre le gouvernement et l'Opposition d'une façon
assez stricte.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: Oui, cette banque de temps, si je peux m'exprimer
ainsi, permettra sans doute durant l'échange à des
députés ministériels de glisser des questions
d'information également. Elle sera équitablement répartie,
j'imagine, selon le désir des députés ministériels
sur l'espace de temps, mais aussi une utilisation que notre règlement
nous force à prévoir de cette autre heure qui reste,
c'est-à-dire les remarques préliminaires qui seront très
brèves - on m'en assure - du ministre des Finances avant de passer aux
Affaires culturelles de même que le droit de conclure qui est prescrit
dans notre règlement peut- être pour cinq ou dix minutes.
Je profite aussi de l'occasion pour corriger une indication que je
donnais à l'Assemblée tout à l'heure. Il n'y aura pas de
vote comme tel à la fin de la journée d'aujourd'hui du fait que
le discours sur le budget est toujours en suspens. Donc, à ce
moment-là, nous ferons tout jusqu'à l'étape finale du vote
en attendant que le débat sur le discours sur le budget soit
terminé. À ce moment-là, nous adopterons les deux en
même temps.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
Projet de loi no 40
Deuxième lecture (suite)
Reprise du débat sur la motion de M. Parizeau proposant que le
projet de loi no 40, Loi sur les sociétés d'entraide
économique et modifiant diverses dispositions législatives soit
maintenant lu la deuxième fois. La parole est au chef de
l'Opposition.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Le projet de loi no 40 est sûrement l'un des plus
importants que nous soyons appelés à étudier au cours de
la présente session. Il met en cause l'avenir d'une institution qui a
connu, au cours des 20 dernières années, un développement
phénoménal, qui a été victime, un moment
donné, de son propres succès et qui a connu, au cours de cette
année, des difficultés financières qui ont compromis son
existence même. C'est d'autant plus dommage d'enregistrer ce fait que
c'est par milliers que l'on compte les entreprises, surtout petites et
moyennes, et surtout dans les régions où l'accès au
capital est plus limité, à qui ce mouvement a rendu des services
énormes, de même qu'à nos concitoyens. On estime à
des milliers et des milliers le nombre d'emplois qui ont pu être
créés ou maintenus qrâce aux prêts faits à des
entreprises de toutes sortes par les caisses d'entraide économique. Au
moment où les caisses connaissent des difficultés, je pense qu'il
convient de signaler en tout premier lieu le rôle extrêmement
positif qu'elles ont joué dans le développement économique
régional au cours des 20 dernières années.
Nous avons fortement souligné de ce côté-ci de la
Chambre la responsabilité très lourde qui incombe au gouvernement
dans le déroulement des événements qui ont conduit
à la crise des derniers mois. Les caisses d'entraide économique
se sont trouvées aux prises avec des problèmes de
liquidité extraordinairement aigus surtout le printemps dernier.
À ce moment, quand nous interrogions le ministre des Finances en
Chambre, il nous parlait en termes très feutrés, en termes
voilés qui évitaient pudiquement de toucher au coeur du
problème. Je le comprends, il était nouveau dans ses fonctions de
ministre des Institutions financières et Coopératives à
l'époque, il ne voulait pas jeter le blâme sur ses
prédécesseurs immédiats mais le gouvernement avait quand
même été en fonction pendant les cinq années
précédentes. Le ministre avait eu, je crois, trois
prédécesseurs dans l'équipe ministérielle qui est
encore au pouvoir. Il y avait eu M. Joron, il y avait eu Mme Lise Payette et il
y avait eu aussi celui qui est actuellement ministre des Affaires sociales. Ces
trois ministres ont sans doute eu sur leur pupitre, pendant toutes ces
années, des rapports de la Commission des valeurs mobilières qui
signalaient des carences de structure dans les caisses d'entraide
économique et qui recommandaient, de manière urgente, d'instituer
des réformes qui auraient permis d'éviter la crise du printemps
dernier. Évidemment, le ministre ne pouvait pas faire allusion à
toutes ces choses parce qu'on sait que le gouvernement a tout
intérêt à garder ses divisions pour les réunions du
cabinet comme on vient de le voir encore ces jours-ci, mais nous, de
l'Opposition, avons le devoir et le droit strict de signaler que le
gouvernement a péché par incurie, par inaction, par paresse dans
un dossier qui commandait son attention la plus immédiate.
Dans le rapport que la Commission des valeurs mobilières avait
soumis au gouvernement, je me rappelle qu'on insistait en particulier sur le
mode artificiel de financement des caisses d'entraide économique, sur la
manière dont on prélevait à l'avance les cotisations des
sociétaires pour en imputer une bonne partie aux revenus ou aux
bénéfices de l'année. De cette manière, on pouvait
déclarer des intérêts plus élevés sur les
épargnes des sociétaires sans que ce soit des revenus
réels. C'étaient, en somme, des revenus anticipés, mais
qu'on engageait tout de suite dans des déboursés
immédiats. (11 h 50)
On avait parlé également de la manière dont se
faisait le recrutement des sociétaires et des épargnants. C'est
un recrutement qui se faisait à coups de pression; je ne dis pas
à coups de tordage de bras, mais sous la pression de vendeurs dont la
Commission des valeurs mobilières avait malheureusement constaté
qu'ils n'étaient pas toujours qualifiés pour exercer ces
fonctions. C'est étonnant qu'on ait laissé en circulation pendant
des années - je ne sais pas - au moins entre 200 et 300
représentants permanents, je pense, qui ne répondaient pas
toujours aux normes de compétence qu'on était en droit d'exiger
d'eux. Je pense qu'il faut adresser un reproche sévère au
gouvernement pour l'incurie dont il a fait preuve dans ce dossier.
J'ai écouté le ministre des Finances avec beaucoup
d'attention, hier soir, quand il a présenté le projet de loi no
40 et, ensuite, le projet de loi no 38. J'ai été
étonné de constater que nulle part dans son exposé il n'a
présenté un état de la situation des caisses d'entraide
économique. Nous marchons, de ce côté-ci de la Chambre et
de l'autre, à coups d'expressions voilées, de langage entendu,
mais jamais on n'a déposé à la Chambre une documentation
qui aurait permis de se faire une idée nette de la situation
véritable du mouvement des caisses d'entraide économique au
moment où le gouvernement propose d'engager des fonds publics
considérables dans le renchaussement de ces institutions qu'on avait
laissé glisser dans des habitudes pas toujours conformes aux saines
normes de gestion des institutions financières.
Par exemple, quelle est la situation financière de la
Fédération des caisses d'entraide économique? Les
prêts de celle-ci sont assez faciles à vérifier, ses
placements sont assez faciles à vérifier. C'est beaucoup moins
considérable que pour l'ensemble des caisses affiliées. Quelles
sont ses dépenses, quelles sont ses sources de revenus, quelles sont ses
possibilités de financement au cours des années à venir?
On n'a absolument rien là-dessus. Le gros point d'interrogation, c'est
évidemment la situation financière de chaque caisse et, en
particulier, la valeur des placements qui ont été faits par les
caisses parce que c'est là qu'est l'origine de tout le
problème.
Cela fait six mois que le gouvernement patauge dans le dossier des
caisses d'entraide économique, de manière très directe, le
ministre des Finances les a prises sous son parrainage immédiat.
Aujourd'hui, quand nous nous interrogeons là-dessus, nous n'avons aucune
espèce de documentation ou d'information fiable qui nous permettrait de
savoir sur quelle base nous allons tantôt donner notre consentement aux
mesures que le ministre propose dans le projet de loi no 40, en
particulier.
Par exemple, quelle est la nature des placements qui ont
été faits par les caisses d'entraide économique? Est-ce
que ces placements ont été faits, comme le soulignait hier soir
le député de Charlevoix, dans le secteur de l'hôtellerie,
dans le secteur de la restauration, dans le secteur du commerce de
détail, dans le secteur de la construction d'édifices à
bureaux, dans le secteur de l'industrie du textile, de l'industrie de la
chaussure? Dans quels secteurs exactement? Est-ce que c'est vrai que tous les
prêts des caisses d'entraide ont servi à des fins industrielles et
commerciales? Je suis convaincu qu'il y a une bonne partie des placements des
caisses d'entraide qui sont aussi des placements
hypothécaires assez ordinaires.
En tout cas, nous ne le savons pas. Nous n'avons pas obtenu de la part
du ministre les renseignements qui nous permettraient de nous faire une
idée sérieuse des données sur lesquelles nous serons
appelés à prendre des décisions. On a parlé
beaucoup de retrait de fonds au cours de la période du printemps. Tout
cela a été arrêté avec la divulgation du plan Dugal
au cours de l'été. Quelle a été l'ampleur des
retraits de fonds? Quel a été l'effet de ces retraits de fonds
sur la situation liquide de chaque caisse et du mouvement dans son ensemble?
Quelles conséquences ont découlé, pour les
sociétaires et pour certains qui en ont un besoin aigu, du gel des
sorties de fonds décrété par la nouvelle direction du
mouvement des caisses d'entraide l'été dernier? Nous ne le savons
pas.
De ce point de vue, le ministre nous a laissés dans une situation
d'incertitude, dans une situation d'imprécision qui contraste avec le
caractère très précis du langage qu'il nous a tenu en ce
qui concerne les mesures qu'il envisage et sa conception générale
du rôle des caisses d'entraide. Si le ministre pouvait compléter
son exposé... Je ne prétends pas qu'il puisse le faire dans
l'exposé de conclusion qu'il présentera tantôt. Je pense
qu'en prévision du travail qui devra s'accomplir en commission
parlementaire, il serait normal qu'on présente à chaque
député intéressé une documentation pertinente.
Surtout, j'imagine que les dirigeants du mouvement des caisses d'entraide
devraient être capables de nous présenter, en préparation
de ces discussions, des informations détaillées qui nous
permettraient de nous faire une idée plus juste de la
responsabilité qu'on nous demande de prendre dans ce dossier.
Au sujet de la solution Dugal que le gouvernement endosse en
présentant le projet de loi no 40, notre porte-parole attitré
dans ce dossier, le député de Westmount, a laissé entendre
hier que nous ne ferions pas d'objection. Nous voulons que ce mouvement
survive. Nous voulons surtout qu'il reprenne cette voie très dynamique
qu'il a suivie pendant de nombreuses années. Par conséquent, nous
sommes prêts à collaborer a la mise en oeuvre des solutions qui
auront été jugées raisonnables. Le plan Dugal, dans
l'ensemble, est une solution que les sociétaires doivent avoir la chance
d'accepter s'ils la jugent bonne, au sens de leurs intérêts et
dans le sens de la mission qui a été confiée aux caisses
d'entraide économique.
Je voudrais seulement souligner quelques éléments du plan
Dugal qui méritent d'être signalés, ne serait-ce que pour
montrer que l'on introduit des changements très importants et qu'on ne
doit pas le faire à la légère. Je suis sûr que le
ministre a dû y penser longuement, mais quand même, je vais les
souligner parce que, ensuite, je voudrais parler des solutions possibles sur
lesquelles nous sommes très en quête de renseignements à
l'heure actuelle.
La formule mise de l'avant par les dirigeants actuels des caisses
comporte d'abord l'abandon de la formule coopérative. Le
président du Mouvement Desjardins le disait très clairement, dans
une conférence de presse qu'il donnait la semaine dernière. Il
disait: "Par le projet de loi no 40, le gouvernement privilégie dans les
circonstances la formule capitaliste au détriment de la formule
coopérative." Je pense que c'est évident - le ministre
lui-même en convient - cela se passe de démonstration. Mais ce qui
est plus difficile à admettre, c'est qu'on a laissé une
institution fonctionner pendant des années sous l'enseigne de la formule
coopérative. On l'a laissée utiliser toute la popularité
de cette formule, toute la confiance qu'elle crée dans l'esprit de la
population, et que, soudain, parce qu'on s'est trouvé aux prises avec
des problèmes qu'on avait mal prévus, on décide, sous
l'impulsion d'une équipe nouvelle, de passer, du jour au lendemain, de
la formule coopérative à la formule capitaliste.
J'ai lu, à ce sujet, les exposés qu'ont
présentés M. Dugal et ses collègues a des
assemblées d'information tenues à travers le Québec au
cours des derniers mois, et je suis franchement étonné de
l'espèce de légèreté avec laquelle on abandonne la
formule coopérative purement et simplement. J'ai essayé de
trouver, dans les exposés que j'ai lus, des passages qui
témoigneraient d'une certaine compréhension pour la formule
coopérative, et je vous dis franchement que je n'en ai pratiquement pas
trouvé, pas plus d'ailleurs que je n'en ai trouvé dans la
présentation qu'a faite hier le ministre des Finances. Personnellement,
je regrette profondément qu'on ait investi tant d'énergie et de
capitaux dans le développement d'un grand mouvement à
caractère coopératif et qu'aujourd'hui on se fasse dire, sur le
ton d'un chirurgien qui vous annonce que vous devez vous faire enlever un de
vos organes principaux, sinon le coeur, qu'on va procéder à un
changement que tout le monde accepte. Je pense que cela comporte des
leçons.
Le ministre, hier, nous disait qu'il tire bien des enseignements de ce
qui s'est passé depuis quelques mois. Je pense que pour les dirigeants
de nos institutions coopératives, cette expérience comporte une
leçon très importante. On ne saurait trop insister sur
l'importance capitale de la dimension éducation dans le travail des
caisses populaires et de toutes les autres entreprises coopératives. Il
y a bien des organismes, malheureusement, qui se servent de l'étiquette
coopérative et qui, souvent, n'en
ont pas compris l'esprit et les exigences. (12 heures)
Je ne prétends pas - nous le verrons tantôt, j'y reviendrai
à propos du Mouvement Desjardins - qu'il était absolument
nécessaire d'éviter ce dénouement. Peut-être ne
peut-il point être évité à l'heure actuelle et
j'évite de porter un jugement catégorique. Je soulève
cependant cette question en exprimant des regrets très profonds.
Deuxièmement, la formule mise de l'avant par l'équipe
Dugal comporte le gel des épargnes des sociétaires. D'abord,
depuis l'été dernier, personne ne peut retirer de capital social
des caisses d'entraide. Je pense surtout à ceux qui ont investi leurs
épargnes dans le mouvement des caisses d'entraide parce qu'on leur avait
garanti de manière presque automatique un rendement de 10%, 11% ou
12%.
Avec le plan Dugal, il y a au moins une partie du capital social qui
devra être transformée en capital-actions sans aucune perspective
à court terme de récupération, sinon sous la forme des
allégements fiscaux que le gouvernement va consentir pour l'année
1981 et l'année suivante. À part cela, ils risquent de se trouver
avec cette partie des épargnes qu'ils ont investies dans le mouvement
des caisses d'entraide Gros-Jean comme devant. Ils devront se dire: Nous avons
peut-être fait une erreur à ce moment-là. Il n'y a aucune
garantie de récupération de ces sommes.
Deuxièmement, pour les parties qui seront transformées en
dépôts à terme, on ne sait pas quelle sorte de
dépôts à terme ce sera. Est-ce que ce seront des
dépôts de six mois, d'un an, de deux ans ou de trois ans? Quel
sera le rendement sur ces dépôts? On n'a aucune indication. Tout
cela va fonctionner en tenant compte évidemment des possibilités,
des ressources du mouvement, de ses capacités de gestion, etc.
Il y a un gel de l'épargne des sociétaires au moins
partiel qui est un précédent assez grave, surtout dans le secteur
coopératif. Je me demande, avec mes collègues qui sont intervenus
sur cette question, si le gouvernement ne devrait pas envisager la
possibilité pour ceux qui sont vraiment dans une situation où ils
ont besoin de recouvrer leur mise, au moment où on procédera
à un inventaire - quand on va faire le plan de transformation, il va
falloir arriver avec un inventaire complet de tout; supposez, par exemple,
qu'on établisse la valeur des avoirs d'une caisse à 75% de la
valeur originelle - si on donnait au moins la possibilité aux
détenteurs de capital-social de pouvoir se retirer dans ces
conditions-là, de pouvoir, s'ils ont des raisons sérieuses, au
jugement par exemple de la Commission de crédit ou du Conseil de
surveillance ou du conseil d'administration, se retirer. Si on leur ouvrait au
moins cette possibilité, il me semble que ce serait une solution plus
humaine, plus compréhensive et, surtout, plus conforme à l'esprit
coopératif.
Je sais que, d'autre part, il faut qu'une décision collective
soit prise. Je pense que c'est l'ancien ministre des Transports, le
député de Charlevoix, qui rappelait hier: "j'ai l'honneur depuis
de nombreuses, années d'être chargé de la liquidation d'une
coopérative. J'ai appris dès le début de cette liquidation
que l'élément qui vient en tout dernier lieu, quand on veut
rembourser, c'est, évidemment, le capital social." Dans les
coopératives ordinaires, la grosse différence, c'est que le
capital social a infiniment moins d'importance qu'il en avait dans les caisses
d'entraide économique. Cela a été une des grandes erreurs
des caisses d'entraide de recruter une proportion très forte de leurs
capitaux sous la forme de capital social, sans qu'on fasse comprendre aux
sociétaires qu'on recrutait les implications exactes de cette
politique.
En conséquence de ces erreurs d'aiguillage qui ont
été faites pendant de nombreuses années et
tolérées par le gouvernement, je pense que le ministre a
l'obligation d'examiner la possibilité, par tous les moyens, de donner
satisfaction aux sociétaires qui pourraient avoir des raisons
sérieuses de désirer recouvrer leur capital social pour faire
face à d'autres obligations qu'ils peuvent avoir.
La troisième caractéristique du plan Dugal - je pense que
nous regrettons tous cela profondément - c'est que le mouvement des
caisses d'entraide économique, à toutes fins utiles, tombe sous
le contrôle direct du ministre des Finances. Le ministre l'a
souligné lui-même hier, l'ampleur des contrôles que comporte
le projet de loi no 40 est extraordinaire. À court terme - c'est
très fort, évidemment - le mouvement a tellement besoin de l'aide
du ministre des Finances, il est obligé de se soumettre à tous
ses diktats, à toutes les conditions qu'il voudra imposer. Si
c'était seulement à court terme, je pense que nous serions
prêts à faire une grosse partie du chemin avec lui.
Quand je regarde les perspectives d'avenir, les pouvoirs que s'attribue
le ministre en matière d'inspection, d'imposition de ceci ou de cela, de
ratification d'à peu près toutes les choses importantes que
pourront décider les caisses d'entraide à l'avenir, j'ai des
inquiétudes et je pense que c'est un prix très lourd à
porter, surtout pour une institution qui a été fondée dans
un esprit et sous la formule coopérative. Je pense que cette
dépendance excessive dans laquelle elle se trouvera à l'avenir,
par rapport au ministre des Finances, est sûrement un dénouement
qui doit nous inspirer de sérieuses inquiétudes.
Je signale enfin les chances d'avenir. Nous allons souhaiter qu'elles
soient les
meilleures possible, mais cela va demander énormément de
travail. Le facteur clé, dans la réussite d'une institution
financière, est évidemment la confiance que cette institution est
capable d'engendrer dans l'esprit des citoyens.
J'en viens à un autre aspect. Le ministre nous disait hier...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le chef de
l'Opposition, j'aurais besoin d'un consentement pour vous permettre de terminer
car votre temps est écoulé. S'il y a consentement, je n'ai pas
d'objection.
M. Parizeau: Consentement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): II y a consentement.
Allez, M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: On n'était pas sûr qu'il était
même requis, étant donné les arrangements qui ont
été faits. Mais cela n'est pas grave, comme il est
accordé, je l'apprécie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je n'étais pas au
courant.
M. Ryan: Je pense que nous avons tous à coeur le bien de
cette institution et nous poursuivons, par conséquent, le débat
dans le même esprit constructif dans lequel il s'est
déroulé jusqu'à maintenant.
Le ministre nous disait hier qu'il est tout intéressé
à favoriser une liberté de choix aussi grande que possible pour
les sociétaires qui auront une décision très importante
à prendre au début de l'année 1982, mais je me demande
sincèrement s'il a pris tous les moyens pour que cette liberté de
choix soit réelle et véritable. Ceci m'amène à
parler de la possibilité de l'implication du Mouvement des caisses
populaires Desjardins dans la recherche d'une solution.
Je voudrais tout d'abord préciser qu'il y a bien des malentendus
qui circulent là-dessus. J'entends encore des gens dire aujourd'hui: On
intéresserait bien le Mouvement des caisses populaires Desjardins aux
caisses d'entraide économique, mais ce sont des institutions
conservatrices qui ne connaissent rien dans le prêt industriel et
commercial, qui se bornent à pratiquer une politique de bas de laine,
une politique de prêt conservateur, des prêts sur l'habitation qui
sont assurés de procurer des revenus intéressants aux caisses,
qui ne comportent pratiquement aucun risque de perte ou de dilution au cours
des années, etc. On entend tous ces bobards à propos des caisses
populaires comme s'ils s'appliquaient encore à la situation
d'aujourd'hui.
J'avais accès, ces temps derniers, à des renseignements
qui montrent qu'on est bien loin, actuellement, de la situation qui existait
autrefois. J'ai moi-même été dirigeant de caisse populaire
pendant de nombreuses années. Quand j'étais dirigeant de la
caisse Saint-Louis-de-France à Montréal, nous commencions,
à ce moment-là, à intéresser les caisses au
prêt industriel et commercial et tout ce qui était
envisagé, si mes souvenirs sont bons, c'était la
possibilité, pour une caisse locale, de consacrer une petite partie de
son avoir propre à des investissements dans des institutions nouvelles
qu'était, à ce moment-là, à créer le
Mouvement Desjardins autant dans le domaine financier que dans celui de
l'assurance ou du prêt à l'entreprise, etc. Depuis ce temps, il
s'est fait un progrès énorme.
Je constate que l'encours des caisses populaires dans le domaine du
prêt industriel et commercial dépasse aujourd'hui 1 000 000 000 $,
c'est-à-dire que les caisses populaires ont autant d'argent investi dans
le domaine industriel et commercial, à l'heure actuelle, que tout ce qui
a pu être investi jusqu'à maintenant par le mouvement des caisses
d'entraide économique. Ce rôle n'implique pas seulement les
grandes institutions du Mouvement Desjardins, il implique, au contraire, toutes
les fédérations. J'ai des renseignements ici. La
Fédération du centre du Québec a investi 102 000 000 $
avec ses caisses, évidemment. (12 h 10)
Une chose intéressante à noter, c'est que c'est la caisse
individuelle qui fait le gros des prêts dans ce secteur. C'est elle qui
fait tous les prêts dans le secteur du prêt personnel et du
prêt à l'habitation sur hypothèque et même dans le
secteur industriel et commercial. Je regarde la Fédération du
centre du Québec, c'est la Mauricie, 99 000 000 $ prêtés
à des entreprises commerciales et industrielles par les caisses
individuelles; 2 800 000 $ par la fédération, pour un total de
102 000 000 $. Dans la région de Québec où nous sommes,
272 000 000 $ en tout. Dans la région de Montréal, 204 000 000 $.
La péninsule et les îles, 33 000 000 $. Estrie, 39 000 000 $. Le
Bas-Saint-Laurent, 39 000 000 $.
Saguenay-Lac-Saint-Jean, 24 000 000 $.
Richelieu-Yamaska, 67 000 000 $. La-naudière-Joliette, 46 000 000
$.
Les caisses d'économie, c'est un mouvement qui a
été affilié aux caisses populaires ces dernières
années. Ce sont des caisses qui regroupent surtout des travailleurs qui
ont bâti des caisses sur les lieux du travail, comme vous le savez sans
doute, M. le Président. Cela fait un total, seulement pour les caisses
individuelles et les fédérations, de 851 000 000 $.
Si vous ajoutez, en plus, les prêts qui sont faits, toujours dans
le domaine industriel
et commercial par La Sauvegarde, par l'Assurance-Vie Desjardins, par la
Fiducie du Québec, par le Crédit industriel Desjardins, par la
Société d'investissement Desjardins, il y en a pour 260 000 000
$. Cela fait en tout au-delà de 1 100 000 000 $ au 31 décembre
1980. Comme nous sommes tout près du 31 décembre 1981, j'ose
croire que ce chiffre aura augmenté probablement de 10% au cours de
l'année, ce qui devrait donner au-delà de 1 200 000 000 $, comme
nous le disions tantôt.
Un autre point très intéressant, c'est la présence
de nombreux professionnels du prêt industriel et commercial dans le
Mouvement Desjardins. Je pense que nous serions tous d'accord pour convenir
qu'une des grandes faiblesses des caisses d'entraide économique au cours
des dernières années, a été l'absence de personnel
qualifié pour procéder aux évaluations qui étaient
nécessaires. Avant le consentement en vue d'un prêt, il faut
procéder à une évaluation très sérieuse de
la valeur d'une entreprise, de ses chances de développement, des
possibilités de succès, des plans de promotion que mettent en
oeuvre ses dirigeants, etc. Dans le Mouvement Desjardins, on comptait, en
janvier 1981, à titre d'employés permanents, 77 analystes
financiers spécialisés au crédit industriel et commercial.
En outre, 27% de toutes les caisses populaires du Québec étaient
accréditées comme prêteurs en vertu de la loi
fédérale sur les prêts aux petites entreprises en date de
mai 1981.
Tout ceci pour conclure, encore une fois, M. le Président, que le
Mouvement des caisses populaires Desjardins dispose d'un équipement
extraordinaire dont les éléments essentiels doivent être
portés à la connaissance de ceux qui auront à prendre des
décisions du côté des caisses d'entraide économique.
Je le dis sans aucune pensée d'impérialisme, je tiens à
signaler très clairement que, dans mon esprit et dans celui de mes
collègues, la décision revient exclusivement aux
sociétaires des caisses d'entraide économique et que le
rôle du gouvernement et de ceux qui s'intéressent à ce
dossier, y compris évidemment les responsables du Mouvement Desjardins,
c'est de faciliter la décision la plus rationnelle et la plus
responsable de la part des sociétaires.
Ce qui me frappe à propos du Mouvement Desjardins, c'est la
manière assez déroutante dont semblent avoir été
conduites les conversations avec les responsables du Mouvement Desjardins au
cours des derniers mois. Ceci implique autant le gouvernement que les
dirigeants des caisses d'entraide économique. Je lisais, dans les
journaux d'avant-hier ou d'hier, le compte rendu d'un discours de M. Dugal
devant la Chambre de commerce de Montréal. Je comprends l'impatience
qu'il a pu éprouver en apprenant peut-être certaines petites
nouvelles. Il y a toujours des choses qui se passent au niveau local et qui
peuvent, à un moment donné, susciter des réactions
d'impatience chez quelqu'un. Je l'entendais parler du Mouvement des caisses
populaires avec une espèce de désinvolture que j'ai
trouvée excessive. Je ne pense pas que ce soit le type de langage qu'on
attende d'un homme qui a dans ses mains l'avenir d'un mouvement
réunissant des épargnes d'une valeur de plus de 1 000 000 000 $
en provenance de milliers de citoyens du Québec.
Ce que j'ai pu apprendre, par une conférence de presse que
donnait ces temps derniers le président du Mouvement Desjardins, M.
Blais, c'est que, dès l'été dernier, le Mouvement
Desjardins a soumis au ministre des Finances une proposition qui eût
consisté essentiellement à réaliser ou à poursuivre
les objectifs suivants: d'abord, faire en sorte que les membres des caisses
d'entraide économique ne perdent pas les économies
confiées à ces institutions. Je crois que c'est un objectif
auquel nous souscrivons tous. Deuxièmement, faire en sorte que tout
déficit, toute perte identifiable encourue par ces institutions soit
garantie par le gouvernement. Évidemment, ce n'était pas
chèque en blanc que les caisses populaires demandaient au gouvernement.
Je pense que la manière dont c'est formulé ici pourrait laisser
entendre qu'ils veulent un blanc-seing à vie de la part du
gouvernement.
Je pense que ce qui était signifié, c'était une
garantie de responsabilité du gouvernement pour les pertes
vérifiables jusqu'au moment de la mise en commun des avoirs et
peut-être pour une période, une durée limitée qui
aurait servi à assurer la transition. Encore là, c'est assez
normal que ceux qui ont été responsables des erreurs
passées en assument le coût et, dans ce cas-ci, il s'aqit, au
premier chef, évidemment, des responsables du mouvement des caisses et
des sociétaires et aussi du gouvernement. On demandait ensuite que
l'intégration au Mouvement des caisses populaires Desjardins se fasse
par étapes, et ceci dans le but de permettre de mesurer la situation
exacte de chaque caisse. On demandait que les membres des caisses populaires,
ceux qui recevraient les sociétaires des caisses d'entraide, ne soient
pas pénalisés financièrement, et enfin, que l'accord
majoritaire des sociétaires des caisses d'entraide soit assuré
avant qu'on procède de cette manière.
Tout ceci n'a pas semblé aboutir jusqu'à octobre dernier,
le 15 octobre dernier. Le Mouvement des caisses populaires et d'économie
Desjardins présente au ministère des Institutions
financières et Coopératives une nouvelle proposition
inspirée des mêmes objectifs qui avaient été
proposés
au cours de l'été, mais comportant des précisions
nombreuses quant au rôle respectif que pourrait jouer, dans une solution
comme celle-là, le Mouvement Desjardins, le gouvernement et les
responsables des caisses d'entraide économique. J'aimerais que le
ministre, dans sa réponse tantôt, nous dise ce qu'il est advenu de
cette proposition qui avait été faite par le Mouvement Desjardins
en date du 15 octobre dernier. Je crois comprendre - et là-dessus le
ministre me corrigera si je fais erreur - que l'élément
clé de la solution proposée par le Mouvement Desjardins
était énoncé sous le titre "rôle du gouvernement".
On demandait au gouvernement de faire en sorte que puisse être
facilitée la prise en charge par le Mouvement Desjardins de la gestion
et du contrôle de la Fédération des caisses d'entraide en
tant que telle.
Je comprends que cela puisse poser un problème pour ceux qui
assurent actuellement la direction du mouvement des caisses d'entraide et
surtout de la fédération, mais je vois mal comment une solution
d'ensemble pourrait être envisagée si on ne règle pas le
problème de la fédération. Le ministre pourra trouver
refuge dans une apparence de solution alternative qui consisterait à
dire aux sociétaires de chaque caisse d'entraide: Si vous voulez, vous
pouvez présenter une motion, en fabriquer une vous-mêmes en vertu
de laquelle vous souhaiteriez vous intégrer plutôt à une
caisse populaire ou à la Fédération des caisses populaires
régionales de votre région. Mais je pense que c'est plus que cela
qu'il faut envisager. Le ministre nous a dit qu'il avait eu des conversations
avec les responsables du mouvement des caisses encore ces temps derniers. Je
suis très intéressé à ce qu'il nous dise
clairement, avant que nous nous prononcions sur le projet de loi, où en
sont ces conversations et quel genre de formule pourrait être
proposée comme solution alternative raisonnable.
À l'intention de ceux que cette question intéresse, en
particulier des milliers de sociétaires, des caisses d'entraide ou du
Mouvement des caisses Desjardins, je voudrais souligner que, selon les dires de
M. Raymond Blais, le président du Mouvement Desjardins, de la grande
confédération qui réunit toutes les institutions du
Mouvement Desjardins, 26 caisses d'entraide auraient adressé au
Mouvement Desjardins des demandes de négociations et des
résolutions en ce sens. Il ajoute ceci: "sans aucune démarche de
notre part." Je pense qu'en tout il y a 75 caisses d'entraide
économique. S'il y en a 26 qui ont pris l'initiative de s'adresser au
Mouvement Desjardins pour lui demander des propositions ou des informations
quant à des possibilités d'intégration, je pense que c'est
extrêmment significatif.
M. Blais rendait publique une note qui a été
rédigée par le président de la Caisse d'épargne et
d'entraide économique de Québec, que connaît sans doute le
député de Charlesbourg, qui vient d'arriver à
côté du ministre des Finances. Voici une caisse qui fonctionnait
bien. Voici une caisse qui n'était pas affiliée, à ma
connaissance, à la Fédération des caisses d'entraide
économique, mais qui fonctionnait suivant les mêmes principes, les
mêmes objectifs généraux et les mêmes
méthodes. Les dirigeants de cette caisse, devant la situation qui
semblait s'aggraver l'été dernier dans l'ensemble du mouvement,
ont pris l'initiative d'ouvrir des pourparlers avec le Mouvement
Desjardins.
Finalement, ils en sont venus à une entente. La Caisse
d'épargne et d'entraide économique de Québec est devenue
une caisse populaire ou elle est en train de le devenir. Au bout de la ligne,
je pense qu'elle se spécialisera peut-être un peu plus que
d'autres institutions dans les prêts industriels et commerciaux mais elle
offrira ou elle offre peut-être déjà - je n'ai pas tous les
détails - les services qu'offre une caisse populaire.
Je tiens ici à citer brièvement ce qu'a dit Me Andre
Cossette, notaire et président de cette caisse: "Tout d'abord,
écrit-il à M. Ouellet, président de la
fédération de Québec des caisses populaires Desjardins, je
veux souligner très particulièrement l'accueil courtois et
même empressé qu'a reçu notre institution lorsqu'elle s'est
adressée au Mouvement Desjardins à la suite de la situation de
panique qui a été créée au mois de juin 1981. Des
personnes fort qualifiées furent chargées de l'examen de notre
dossier, l'ont étudié et ont imaginé avec notre concours
plusieurs hypothèses de solution sans qu'il nous soit demandé en
retour quelque engagement que ce soit, ni même de
rémunération. Je veux bien croire que notre caisse avait
peut-être une situation privilégiée, en ce sens qu'elle
avait un portefeuille d'hypothèques exemplaire, qu'elle s'était
donné des règles d'éthique et que l'ensemble de ses
activités reflétait davantage un caractère nettement
coopératif, mais rien n'obligeait les caisses populaires à nous
accueillir comme vous l'avez fait, sinon les fortes convictions que vous avez,
eu égard aux responsabilités sociales économiques et
démocratiques que vous assumez comme président de la
fédération. "Qu'il me soit aussi permis de relever le fait que
vos représentants ont toujours fait abstraction de la situation
défavorable dans laquelle notre caisse se trouvait, sauf dans les cas
où c'était nécessaire pour des fins d'analyse et de
perspective, qu'ils ne l'ont jamais exploitée, qu'elle n'a pas
été évoquée autrement que pour en arriver à
une situation acceptable pour les parties en cause. Il n'est pas
éloigné de la vérité de
dire que dans le monde ordinaire des affaires, le plus fort profite de
la situation du plus faible et, bien souvent, tend à exploiter à
la limite la position défavorable du plus faible. Tel n'a pas
été le cas dans nos négociations. Il faut bien
reconnaître en cela une attitude et un comportement spécial du
monde coopératif. Personnellement, je suis persuadé que c'est
cette ambiance coopérative, qu'il faut sauvegarder, qui constituera
toujours la marque distinctive du Mouvement Desjardins."
En d'autres mots - et ceci est très important, M. le
Président - si les caisses d'épargne et de crédit devaient
se comporter en affaires comme les autres institutions financières,
elles ne rempliraient plus leur mission et ne pourraient plus se justifier
d'avoir un statut spécial.
Dans ce grand contexte, je pense que le ministre avait une
responsabilité tout à fait spéciale en ce qui touche
l'exploration d'une possibilité de solution avec le Mouvement
Desjardins. Or, qu'est-ce que nous dit le président du Mouvement
Desjardins? Dans une conférence de presse qu'il donnait ces jours
derniers il dit ceci: "Notre proposition d'octobre dernier a obtenu un accord
de principe du ministre, lequel par la suite nous a
référés aux cadres supérieurs du ministère
pour en discuter les modalités concrètes d'application. Cette
rencontre a effectivement eut lieu mais n'a pas donné lieu, selon nous,
aux résultats escomptés. Jusqu'à maintenant, dans les
pourparlers que nous avons eus, nous sommes demeurés sous l'impression
que l'on voyait le Mouvement Desjardins assumer la plus grande part de
responsabilité dans le dénouement de la question épineuse
des caisses d'entraide. D'une part, nous n'avons pas vraiment senti
l'affirmation ferme d'une volonté politique de régler ce dossier
avec nous et, d'autre part, il nous a été impossible - à
eux autres aussi, pas seulement à nous - d'obtenir les informations
nécessaires qui nous auraient permis d'apprécier la situation
financière actuelle des caisses d'entraide."
Je pense que c'est important; ce sont des considérations
très importantes auxquelles le gouvernement doit apporter une
réponse satisfaisante s'il veut que nous adoptions ce projet de loi en
toute confiance.
Je voudrais terminer par une dernière considération. Le
ministre a laissé entendre, dans ses propos de conclusion, hier, qu'une
guillotine de contrôles de toutes sortes va tomber sur les institutions
financières, en particulier les institutions qui se spécialisent
dans le prêt aux individus et aux entreprises, les institutions qui
accueillent les épargnes des citoyens du Québec à des fins
de prêt et de placement.
Le ministre trouvera, de notre côté, une oreille attentive
et accueillante dans toute la mesure où il nous présentera des
réformes qui seront raisonnables et compatibles avec la nature de nos
institutions. Je souhaite que le ministre ne vienne pas nous proposer comme
modèle, pour les caisses populaires, la Loi sur les banques du Canada.
Je pense que la Loi sur les banques du Canada a été conçue
en fonction d'un régime oligopolistique, un régime qui comporte
seulement une dizaine de banques sur lesquelles, par conséquent, vu le
pouvoir immense qui leur est dévolu par la loi, il importe d'exercer des
contrôles minutieux qui, d'ailleurs, n'ont pas toujours été
exercés sur certaines parties de l'activité des banques.
Je dis au ministre qu'il doit éviter de penser à la
législation future en ce qui touche les caisses populaires Desjardins en
s'inspirant de l'exemple que nous discutons aujourd'hui parce que, à ce
moment-là, je pense qu'il ferait fausse route. S'il veut moderniser la
législation coopérative en ce qui touche en particulier les
caisses populaires, je voudrais qu'il le fasse en tenant compte de
l'expérience de ces institutions et de la très grande mesure de
discipline qu'elles se sont donnée elles-mêmes au cours des
années et qu'elles sont capables de se donner encore. Je ne voudrais pas
qu'on aboutisse à un régime bureaucratisé à
l'extrême où, encore une fois, la présence des inspecteurs
du gouvernement serait toujours requise et où on écraserait les
institutions sous le poids d'un contrôle infiniment lourd.
Je le dis avec d'autant plus de conviction que nous sommes en train
d'étudier d'autres projets de loi qui vont dans le même sens,
c'est-à-dire dans le sens de cette philosophie réglementariste
qui est, hélas, trop caractéristique du gouvernement actuel. On
discute actuellement du projet de loi no 27 qui vise une véritable mise
en tutelle des institutions hospitalières et des établissements
de services sociaux. On a le projet de loi no 16 qui comporte une
véritable mise en tutelle d'Hydro-Québec, à notre point de
vue. Je ne voudrais pas que, dans le domaine des institutions
financières, sous prétexte qu'un mouvement a connu des
difficultés auxquelles il fallait apporter des solutions, on vienne
essayer d'encarcaner d'une manière excessive d'autres mouvements, en
particulier le Mouvement des caisses populaires Desjardins dont la clé
du succès a été, jusqu'à maintenant, la très
grande liberté, la très grande mesure de responsabilité
laissée aux sociétaires, aux dirigeants locaux, régionaux
et nationaux.
J'invite le ministre des Finances à aborder ce volet de sa
responsabilité avec une infinie circonspection au cours des mois
à venir et je le préviens tout de suite que les méthodes
assez brutales, assez autoritaires qui ont pu être justifiées dans
le traitement du cas qui s'est présenté ces
derniers mois seraient complètement contre-indiquées dans
le cas d'institutions qui ont même réussi à passer à
travers une période comme celle que nous venons de vivre d'une
manière infiniment plus méritoire et plus louable que le
gouvernement et le ministre des Finances eux-mêmes.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Finances, votre droit de réplique.
M. Jacques Parizeau (réplique)
M. Parizeau: M. le Président, avant d'exercer ce droit de
réplique, je voudrais faire une petite mise au point qui, je pense,
s'applique aussi bien à nous, de notre côté, qu'à
nos amis d'en face et qu'à vous, M. le Président. Dans ce
débat, je ne suis pas le ministre des Finances; je suis le ministre des
Institutions financières. J'imagine que c'est une étiquette qui
me colle à la peau depuis tellement longtemps... Mais c'est comme
ministre des Institutions financières que je présente ce projet
de loi.
M. le Président, je remercie le chef de l'Opposition comme,
d'ailleurs, quelques-uns de ses collègues, pour les interventions qu'ils
ont faites depuis hier soir parce que je pense que ces interventions
révèlent, à bien des égards, cette espèce de
sens des responsabilités que nous cherchons tous à exercer dans
la situation présente. (12 h 30)
Ce qui s'est produit avec les caisses d'entraide est une chose qui s'est
produite dans d'autres pays, en d'autres endroits, et a toujours
été difficile, parce que cela n'est pas facile. Une crise de
confiance à l'égard d'organismes de dépôt n'est
jamais facile. Quand cette crise de confiance apparaît, il est important
de chercher à rétablir à la fois la viabilité
financière de l'institution en question et, pour autant qu'il est
possible, petit à petit et graduellement, le climat de confiance qui
s'appliquait à cette institution, mais qui, comme tout
phénomène de confiance, peut s'exporter, se diffuser un peu
partout à l'égard d'autres institutions de
dépôt.
C'est donc quelque chose de sérieux. Dans ce sens, je veux bien -
c'est de bonne guerre - qu'on remonte quelques années en arrière,
plus ou moins, pour dire: Voici ce qui aurait dû être fait et qui
ne l'a pas été. Je comprends que les gens de l'Opposition auront
tendance à mettre l'accent plutôt sur les quatre dernières
années et que moi, j'aurai plutôt tendance à mettre
l'accent sur les quatorze dernières années. Tout cela est de
bonne guerre, mais cela ne règle rien.
Nous avons donc essentiellement à chercher des solutions, je dis
bien des solutions qui soient, autant que faire se peut, susceptibles de
rétablir la situation financière, d'assurer une fonction
très utile comme nous avons tous eu l'occasion de le souligner et,
troisièmement, de rétablir la confiance. Bien sûr, cela ne
se fait pas par des déclarations tonitruantes. Le chef de l'Opposition
me disait que j'ai utilisé dans le débat du printemps, à
cet égard, des termes feutrés. Je continue d'utiliser des termes
feutrés. La confiance, par définition, est quelque chose de
feutré et, encore une fois, ce n'est pas par des déclarations
tonitruantes - et Dieu sait si, parfois, on aurait le goût d'en faire -
qu'on peut rétablir le climat nécessaire.
Il y a cependant un certain nombre de choses qui me semblent
découler soit de l'intervention du chef de l'Opposition, soit de
certaines autres interventions qui ont été faites jusqu'à
maintenant. Il faudrait bien saisir que, depuis que je suis entré en
fonction, j'ai demandé des enquêtes d'ordre financier, très
précises, non seulement sur les caisses d'entraide dont nous parlons,
mais sur plusieurs autres types d'institutions de dépôt au
Québec. Cela me paraîtrait inconcevable que, pour se tracer le
cheminement à venir, non seulement dans ce cas-ci, mais dans les autres
cas auxquels faisait allusion le chef de l'Opposition, on n'ait pas une base
extrêmement précise sur le plan financier de la performance des
mouvements et de chaque institution financière. C'est la base
évidente de travail. Comment ne pas être trop laxiste ou trop dur?
C'est d'abord de savoir précisément dans quelle situation
financière on se situe et quelles sont les perspectives. C'est toujours
là-dessus que cela est basé. Cela, maintenant, nous l'avons. Cela
a pris plusieurs mois, forcément, inévitablement, mais, enfin,
maintenant, c'est en main. Je pense que le chef de l'Opposition avait tout
à fait raison de le dire, peut-être pas dans un droit de
réplique qui doit s'exercer en quelques minutes, mais peut-être
à l'occasion de la commission à laquelle nous allons
siéger. Il y a, je pense, une série de renseignements
élémentaires d'ordre financier qu'au moins la commission doit
avoir. Je me chargerai de communiquer, à cet égard, passablement
de renseignements qui, je pense, seront utiles.
Ceci étant dit, et simplement à titre d'introduction, je
voudrais dire quelques mots sur le projet de loi lui-même appuyant, ainsi
que je l'ai dit hier, donnant l'assise juridique du plan Dugal et faire
quelques commentaires sur l'état de nos tractations avec le Mouvement
Desjardins des caisses populaires.
Il est clair que le plan Dugal amène l'abandon de la formule
coopérative pour une transformation en société à
capital-actions. C'est un virage, c'est plus un virage qu'un abandon. Pour des
raisons d'ordre financier, il faut qu'un capital permanent apparaisse
dans le plan Dugal, un capital qui ait plus de permanence que celui que
l'on trouve habituellement dans des coopératives d'épargne et de
crédit. Seulement, on voit bien, par le comité de surveillance,
par le conseil de crédit, par le rapport entre les nouvelles
sociétés d'entraide et leurs nouvelles fédérations,
que l'on garde un bon nombre de caractéristiques de l'ancien
système. Et je pense que c'est normal, pour les raisons d'ailleurs que
donnait le chef de l'Opposition. Les gens ont pris l'habitude de travailler
dans ce genre de structure et, dans la mesure où on peut maintenir ce
cadre qu'ils connaissent bien, mais que, d'autre part, on constate qu'il faut
prendre un virage, il faut essayer de marier les deux. C'est un peu le sens de
plusieurs des dispositions du projet de loi que nous avons devant nous.
Il n'est pas tout à fait, il n'est sûrement plus la
coopérative telle qu'on l'a connue, mais ce n'est pas du tout la
société par actions de type courant. C'est une des raisons pour
lesquelles la loi est assez longue et pour lesquelles, d'ailleurs, elle a des
caractéristiques qui lui sont propres.
D'autre part, il est vrai que ce texte de loi prévoit une forme
de gel des épargnes. Remarquons bien que le gel des épargnes est
prévu dans nos lois déjà. Comment est-ce que le gel des
épargnes dans les caisses d'entraide a pu être établi
jusqu'à maintenant? Pas par une loi qui l'imposait
spécifiquement, pas, contrairement à ce que certains ont
pensé, par des sortes d'instructions qui viendraient du
ministère, mais en vertu de l'article 31 des coopératives
d'épargne et de crédit. C'est en vertu de cet article 31, qui
existe depuis fort longtemps, à ma connaissance depuis sept ou huit ans
dans la législation, que, caisse d'entraide par caisse d'entraide, le
gel a pu être établi.
Le législateur avait prévu cela à l'époque.
Je comprends qu'on peut dire que le législateur a été
très négligent depuis bien des années dans notre
système, mais, au moins, il avait prévu cette possibilité
et Dieu sait si elle aura été utile dans les mois que nous avons
connus.
Maintenant, la nouvelle loi, dans un certain sens, arrange,
réarrange, si l'on peut dire, ce gel des épargnes en disant: Nous
allons établir une partie des parts sociales en capital-actions autour
du cadre. D'autre part, le reste sera transformé en dépôts
à terme. En dépôts à terme qui auront quelles
caractéristiques? Celles d'être appariés à la nature
des engagements. C'est la seule chose prudente à faire.
Le problème des caisses d'entraide, accentué par un bon
nombre de choses dont parlait le chef de l'Opposition, c'est le problème
de toute institution financière. C'est le plus vieux problème
qu'il y a dans le système des institutions de dépôts
partout dans le monde. Il est imprudent d'emprunter à court terme pour
prêter à long terme. C'est la plus vieille règle, celle
d'éviter, comme on dit en anglais, "to borrow short to lend long". C'est
connu comme Barrabas dans la Passion.
Il est clair que, si vous ramassez du dépôt à
demande... Parce que, lorsqu'on parle des parts sociales des
coopératives, il ne faut pas se faire d'illusions. Dans un certain
nombre de cas, cela peut être remboursable à demande. C'est de
l'argent qui peut être demandé en tout temps.
Donc, on obtient de l'argent à demande et on commence à
l'investir dans des prêts d'un an. Passe encore. Deux ans, trois ans,
quatre ans. Alors qu'en tout temps, ces gens-là, si les taux
d'intérêt augmentent sur le marché, s'il y a des
possibilités d'investissement plus acceptables, plus payantes, peuvent
retirer leur argent. Mais c'est un problème qui est vieux comme le
monde. Encore une fois, dans tous les pays, on a connu cela. Donc, on
restructure, à l'occasion de ce projet de loi, on dit: une partie va
être en capital permanent et l'autre partie, en dépôts, qui,
pendant un certain temps en tout cas, seront appariés puisqu'il faut,
pour rembourser ces dépôts, que le remboursement des prêts
vienne.
Il ne faut pas en faire une question de principe, M. le
Président. C'est simplement une question de réagir prudemment et
correctement, je pense, à une situation de fait devant laquelle nous
sommes placés. Il est évident que, pour des raisons humanitaires,
comme le disait tout à l'heure le chef de l'Opposition, il faut
probablement permettre à un certain nombre de membres de trouver une
certaine souplesse de remboursement accéléré.
Déjà, par l'article 34 de la loi, on prévoit un
créneau. Oh! on me dira: II n'est pas large, le créneau. J'en
suis conscient, à cet effet. Je sais, d'autre part, que la
Fédération des caisses d'entraide cherche aussi certains
aménagements pour des cas un peu criants, je pense à des
personnes très âgées, par exemple, dont le REER est
là, dont le REER est à l'heure actuelle dans une caisse
d'entraide. (12 h 40)
Certes, le problème est bien compris. Je pense effectivement
qu'il faut quelques portes qui ne pourront pas, compte tenu des circonstances
réelles, être très grandes mais, au moins, pour des raisons
humanitaires élémentaires, peuvent s'appliquer.
On me dit que ces caisses d'entraide, conformément au plan Dugal
et à la loi qui nous est présentée, tombent sous la coupe
du ministre - j'insiste à nouveau - non pas des Finances, mais des
Institutions financières et Coopératives. Oui et non, il y a deux
éléments de contrôle dans la loi. Il y en a qui sont
transitoires, et je rappelle ici que
par, sa nature même, c'est une loi transitoire. C'est la raison
pour laquelle on prévoit qu'au bout d'une certaine période de
temps le ministre doit retourner faire rapport à la commission des
institutions financières de l'Assemblée nationale parce que,
normalement, à ce moment-là, on aura une loi plus
générale - que nous n'avons pas encore au Québec - des
compagnies de fiducie et de prêts. Normalement, ces dispositions
transitoires devraient alors être enlevées et les
sociétés dont nous parlons devraient rentrer dans un cadre plus
général.
Il y a donc des dispositions qui sont transitoires et qui correspondent
essentiellement à la situation de fait de ces institutions,
actuellement, qui ont besoin d'être à la fois surveillées
et contrôlées, mais en faisant très attention de prendre le
virage avec elles. On ne peut pas leur imposer des choses. En somme, on ne peut
pas leur imposer, au point de départ, leur point d'arrivée. C'est
la raison pour laquelle un certain nombre de contrôles s'expliquent.
Il y en a d'autres qui ont des caractéristiques non seulement
plus permanentes, mais d'application beaucoup plus générale. De
celles-là, je dirai quelques mots quand je reviendrai à la fin,
tout à l'heure, dans quelques minutes, en parlant justement des
perspectives d'avenir qu'ouvrait le chef de l'Opposition tout à
l'heure.
Passons maintenant à la question du plan du Mouvement Desjardins
à l'égard des caisses d'entraide, de leurs propositions. Je pense
que le chef de l'Opposition a tout à fait raison de soulever le
rôle grandissant des caisses populaires dans le domaine du crédit
industriel et commercial. C'est vrai que, depuis quelques années, il y a
eu là une ouverture très intéressante. Mon
problème, cependant, est le suivant. D'abord, c'est loin d'être
généralisé dans tout le Québec également; il
y a des endroits où les caisses populaires font du bon travail sur le
plan du crédit industriel et commercial, dans d'autres, moins, parce que
c'est un mouvement qui fonctionne seulement depuis quelques années, il
est encore inégalement efficace selon les régions. D'autre part,
il porte sur des montants qui sont importants, mais qui ne sont pas à ce
point plus importants que le rôle massif que les caisses d'entraide ont
aussi joué jusqu'ici.
Tout en reconnaissant que la priorité principale - on s'entend
tous là-dessus - est la protection de l'épargne, je pense
néanmoins que ce rôle des caisses d'entraide, dans le domaine du
crédit industriel et commercial en région doit être, autant
qu'il est possible, sauvegardé et marié, bien sûr,
ajusté à celui, croissant, que jouent les caisses populaires.
Il est clair que le Mouvement Desjardins a demandé au
gouvernement des garanties; cela se comprend. Ce ne sont pas des garanties qui
représentent un chèque en blanc. Il est évident que je ne
peux pas simplement dire: Faites-moi un rapport tous les trois mois des pertes
que vous aurez subies et passez à la caisse. Il n'y a pas un
gouvernement responsable qui réagirait de cette façon. Il y a
donc à définir les formes de la qarantie qui, normalement, ne
devraient pas représenter pour le gouvernement - à supposer que
le Mouvement Desjardins prenne toutes les caisses d'entraide - on en
conviendra, je pense, un montant supérieur à celui que
présentent les avantages fiscaux donnés aux
sociétés d'entraide. Un des guides pour moi depuis le
début de ces discussions, c'est de dire, pour ne pas favoriser
financièrement une formule aux dépens de l'autre, qu'elles
doivent coûter des montants à peu près de même ordre.
Là-dessus, je n'en disconviens pas.
La meilleure des façons, encore une fois, d'éviter de
favoriser clairement un groupe plutôt que l'autre sur le plan financier,
c'est de dire: Du point de vue du gouvernement, voici à peu près
ce que nous sommes prêts à mettre sur la table pour toute formule.
Je signale déjà que le montant dont nous parlons,
c'est-à-dire quelque chose qui est autour de 90 000 000 $, est un effort
sur le plan financier dans un chaos fiscal de l'autre qui est assez
inédit, M. le Président. Il n'y a pas beaucoup de gouvernements
qui ont fait des choses comme ça à l'égard d'institutions
de dépôts. Je suis très conscient, surtout dans le contexte
budgétaire extrêmement serré dans lequel nous sommes, en
mettant des sommes pareilles sur la table ou en discutant de sommes pareilles,
de faire quelque chose d'assez inédit au Canada. Ce n'est pas
très fréquemment qu'on pose des gestes de cet ordre. Il faut donc
ajuster une proposition du Mouvement Desjardins, une proposition venant de lui,
correspondant à plusieurs des principes qu'il a expliqués dans
ses plans et qu'on voit apparaître d'ailleurs dans le communiqué
de presse de M. Blais et, d'autre part, certaines exigences en termes de
garanties du gouvernement qui ne veut pas s'embarquer dans n'importe quoi, qui
dit qu'il faut quand même que ce soit limité à un certain
montant et, d'autre part, le maintien, en autant qu'il est possible, d'une
fonction de prêt industriel et commercial dans les caisses d'entraide
absorbées par le Mouvement Desjardins, mais qui peut se marier avec ses
autres activités.
Il s'est passé, je le reconnais, au cours des derniers jours, de
curieux incidents. Le lendemain d'une rencontre que j'avais avec M. Blais, ici
à Québec, il avait prévu une conférence de presse.
Il a sorti des documents dont le chef de l'Opposition a cité certains
extraits. J'aurais peut-être voulu, cependant, que le chef de
l'Opposition lise aussi des extraits de ma lettre à lui,
que j'ai rendue publique ce soir-là, et qui était
très explicite, elle aussi. Justement parce que nous nous étions
vus la veille, après le communiqué dont faisait état le
chef de l'Opposition, M. Blais a cependant annoncé: Vous savez, nous
gardons les portes ouvertes pour des négociations avec le gouvernement.
J'ai dit la même chose. Ce qui est un peu paradoxal, c'est que mardi
matin dernier, quelques heures après cet incident, les deux
équipes se retrouvaient en conclave dans un de mes bureaux. Il n'y a pas
eu de fumée blanche à la fin de la journée, mais à
la fin de la journée on pouvait rapporter progrès
considérablement. C'est ça. Si je comprends bien, les deux
équipes se retrouvent à nouveau samedi.
M. Ryan: Les caisses d'entraide et le Mouvement Desjardins?
M. Parizeau: Non.
M. Ryan: Le gouvernement...
M. Parizeau: Je parle d'une réunion entre le Mouvement
Desjardins et le gouvernement, parce qu'il est évident qu'il faut
d'abord définir les choses dont je parlais tout à l'heure, la
nature des garanties. C'est la démarche essentielle qui doit être
faite entre le gouvernement et le Mouvement Desjardins pour que le gouvernement
sache exactement dans quoi il s'embarque. Qu'il y ait besoin de tractations
entre les deux mouvements, ensuite, cela va de soi. J'ai bon espoir, de la
façon dont cela se déroule à l'heure actuelle, qu'autour
de Noël, peu avant Noël, normalement, cela devrait être
fixé, mais je réitère - et c'est ce que j'ai dit -
qu'encore une fois, je crois qu'il nous faut appuyer juridiquement le plan
Dugal lui donner une assise juridique, ce que nous faisons avec le projet de
loi. Il nous faut d'autre part, en tout sens de responsabilité et de
bonne foi avec le Mouvement Desjardins, être en mesure d'en arriver
à une proposition alternative et alternative qui ne marquerait pas sur
le plan financier que le gouvernement est prêt à mettre
énormément d'argent d'un côté et à peu
près pas d'argent de l'autre. Si le gouvernement réagissait comme
cela, on pourrait dire: II est irresponsable, mais c'est justement ce qu'on
veut éviter.
Je termine, M. le Président, en disant quelques mots sur les
perspectives d'avenir de la réglementation et des lois s'appliquant aux
institutions financières d'une façon générale au
Québec. Il faut faire très attention, M. le Président,
quand on regarde ce qui s'est développé historiquement chez nous,
de ne pas considérer qu'il y avait des lois fédérales
très astreignantes, très précises, impliquant de nombreux
contrôles et - là, je vais faire bondir mes amis d'en face - qu'on
devait refuser, parce que c'était fédéral et outaouais,
alors que nous, au nom de la québécitude, on peut se passer de
tout cela.
Il faut bien comprendre qu'une bonne partie des lois et des
règlements qui s'appliquent à Ottawa, aux banques, aux compagnies
d'assurances, à des institutions de dépôts ou de
prêts sont des règles qui découlent de la sagesse
financière universelle. Elle ne sont pas outaouaises en principe. On
retrouve cela à peu près partout dans les gouvernements qui ont
décidé d'avoir une protection convenable des épargnants
dans les institutions de dépôts. (12 h 50)
II faut faire attention ici de distinguer deux choses: ces règles
élémentaires qui relèvent encore une fois de la prudence
et de la sagesse financière universelle de contrôle d'actions dont
parlait le chef de l'Opposition, de bureaucratie galopante, je rappelle, par
exemple, que les contrôles du gouvernement fédéral à
l'égard des compagnies d'assurances continuent d'être
assurés par une petite équipe d'actuaires au bureau du
surintendant, équipe minuscule, mais remarquablement
renseignée.
Il y a une chose. On peut accuser les bureaucraties de galoper partout,
mais pas chez le Surintendant fédéral des assurances. Cela a
commencé comme un petite équipe, cela reste une petite
équipe, mais qui fout la crainte de Dieu, si je peux m'exprimer ainsi,
dans tout le milieu financier. Le personnel de l'inspecteur
général des banques à Ottawa, je ne sais pas s'il
dépasse dix" personnes. La dernière fois que je l'ai
consulté - j'admets que cela fait plusieurs années - il n'y avait
pas dix personnes là-dedans, mais le poste était remarquablement
respecté.
Il ne s'agit pas de multiplier les contrôles tatillons.
L'important, cependant, c'est que ce qu'on a appris de pays en pays sur les
règles de prudence élémentaires à l'égard
des institutions de dépôts, qu'elles soient coopératives ou
qu'elles soient de nature capitaliste, soit graduellement introduit chez nous
davantage qu'il ne l'a été, en reconnaissant les
différences qu'il y a entre une coopérative et une
société capitaliste, je n'en disconviens pas. Je plaide, M. le
Président, essentiellement, ici, pour que bien des gens qui sont
passés avant nous dans beaucoup d'autres systèmes et qui ont
constaté les mêmes problèmes et en sont arrivés
à des solutions d'application qénérale, nous les
retrouvions dans nos propres législations. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion de
deuxième lecture est-elle acceptée?
M. Chevrette: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Adoption de ce projet de loi.
M. Chevrette: Je demande la suspension des travaux jusqu'à
15 heures.
Oui, il faut faire une motion, M. Parizeau, pour
déférer...
Renvoi à la commission des institutions
financières et coopératives
M. Parizeau: C'est moi qui vais faire la motion. Je propose que
ce projet de loi soit déféré à la commission des
institutions financières et coopératives.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion est
acceptée?
M. Chevrette: Adopté. Suspension de nos travaux
jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 53)
(Reprise de la séance à 15 h 15)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Veuillez vous asseoir.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, avant que je ne fasse motion
pour appeler l'article 1 et vous inviter à quitter votre fauteuil pour
en prendre un autre, je voudrais immédiatement indiquer qu'il y aura une
modification dans le cadre du débat que nous aurons sur le budget
supplémentaire. En effet, 30 minutes avaient été
demandées par l'Opposition pour l'étude des crédits de
l'Assemblée nationale, mais l'Opposition a décidé de
retirer cette demande pour que ces 30 minutes soient allouées au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, ce
qui fait donc un total de 90 minutes pour ce ministère. Ces
crédits seront étudiés immédiatement après
ceux du ministère des Affaires culturelles. C'est la seule modification
au programme aujourd'hui.
Je voudrais aussi indiquer, M. le Président - vous aurez
peut-être à le faire tout à l'heure - que dans ce temps ne
sont pas comprises l'intervention qu'aura à faire le ministre des
Finances au début, quinze minutes, et la réplique à
laquelle a droit l'Opposition, c'est-à-dire quinze minutes.
Sur ce, conformément à l'article 129 du règlement
et à l'article 1 du feuilleton d'aujourd'hui, M. le Président, je
ferai motion pour que vous quittiez immédiatement votre fauteuil pour
former la commission plénière de l'Assemblée
nationale.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Avant de vous accorder
cette possibilité, M. le whip adjoint de l'Opposition a quelque chose
à déclarer.
M. Picotte: Pour confirmer l'entente au sujet du ministère
de l'Agriculture, je tiens à préciser de plus que, sur ces 90
minutes, 30 minutes seront consacrées aux pêcheries.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bertrand: Effectivement, M. le Président, je suis en
mesure de corroborer les dires du député de Maskinongé. 30
minutes seront spécifiquement allouées au secteur des
pêcheries.
Étude des crédits
supplémentaires
Le Vice-Président (M. Jolivet): La motion pour transformer
cette Assemblée en commission plénière pour l'étude
des crédits est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Commission plénière
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Cette
Assemblée se transforme donc en commission plénière.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des Finances,
vous avez la parole.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, au moment où nous
nous préparons à examiner les crédits
supplémentaires pour l'année financière se terminant le 31
mars 1982, je voudrais faire précéder la discussion
détaillée de ces crédits de certaines remarques d'ordre
général, en particulier pour ce qui a trait à une
caractéristique, je pense importante de ces crédits cette
année, c'est-à-dire la place considérable qu'occupent les
modifications apportées au service de la dette, en particulier les taux
d'intérêt, et aux conséquences d'une inflation un peu plus
rapide que prévue.
En fait, comme j'ai eu l'occasion de le dire d'ailleurs à
l'occasion du mini-budget d'il y a quelques jours, ces deux facteurs
représentent presque la moitié de tous les crédits qui
sont actuellement demandés. On les voit apparaître sans doute au
ministère des Finances, mais on les voit aussi dispersés dans
d'autres ministères, si bien qu'il faut considérer que l'impact
majeur que l'on trouve dans ces crédits supplémentaires, c'est,
d'abord et avant tout, les dépenses
d'intérêt et, secondairement, mais facteur important aussi,
l'accélération de l'inflation.
J'aimerais donc profiter de cette occasion, si on peut s'exprimer ainsi,
pour discuter justement à la fois des taux d'intérêt et de
l'inflation, de la façon dont cette flambée s'est produite depuis
quelgue temps, des conséquences que cela a, bien sûr, sur les
budgets des gouvernements, mais, d'autre part aussi, sur l'économie
d'une façon plus générale.
En fait, si on peut s'exprimer ainsi, l'histoire commence à la
fin de 1979 alors que le gouvernement des États-Unis se rend compte
qu'il est en face d'un taux d'inflation très élevé qui va
atteindre, sur une base annuelle, au début de 1980, presque 15%. Et l'on
décide donc, au États-Unis, à ce moment, comme jamais on
ne l'avait fait dans le passé, de chercher, en restreignant l'expansion
de la masse financière et en faisant augmenter les taux
d'intérêt, de ralentir l'économie et, dans ces conditions,
d'amener une chute dans le taux d'inflation. (15 h 20)
II va donc y avoir, dans un premier temps, de la fin 1979 jusqu'au
milieu de 1980, des taux très élevés aux
États-Unis, une chute au cours de l'été, une augmentation
à nouveau jusqu'au début de 1981, une sorte d'effort
délibéré de ralentir l'inflation en se servant de la
politique monétaire et de très hauts taux d'intérêt.
On verra à ce moment-là apparaître des taux
d'intérêt comme jamais on n'en avait vu dans l'histoire
contemporaine des États-Unis.
On ne peut pas dire que l'expérience a été, aux
États-Unis, totalement décevante. Mais on se rend compte
très bien au début de 1981, ici, au moment où nous
préparons nos budgets. Il y a une sorte de flottement aux
États-Unis où on se rend compte qu'il semble y avoir une sorte de
résistance du taux d'inflation à baisser en bas de 10%. Et,
après une pause, les autorités monétaires
américaines vont décider à nouveau d'augmenter les taux
d'intérêt très fortement dans le deuxième trimestre
de 1981. Bien sûr, à force d'augmenter les taux
d'intérêt de cette façon, l'économie
américaine va commencer à glisser et c'est ainsi qu'à
l'heure actuelle elle se trouve en situation de récession.
Au Canada on peut dire que jusqu'à l'été dernier on
a suivi à peu près ce qui se passait aux États-Unis. Sur
le plan des taux d'intérêt on a évoqué à ce
moment-là l'image de la chaloupe canadienne et du bateau
américain qui montent et baissent avec la marée. Il n'y a pas
à proprement parler de politique canadienne particulièrement
originale, d'autant plus que les possibilités au Canada de lutter,
d'atteindre les mêmes résultats sur le plan de l'inflation qu'aux
États-Unis sont beaucoup plus faibles dans la mesure même
où, il faut s'en souvenir, les ajustements au prix du pétrole,
aux conditions internationales du prix du pétrole sinon au prix
lui-même, sont déjà passés aux États-Unis,
qui les ont derrière eux, alors que nous, au cours de cette
époque, l'entente entre Ottawa et Edmonton n'est toujours pas
signée.
On sait donc que les ajustements majeurs dans le prix du pétrole
vont venir et que dans ces conditions le Canada risque d'avoir pendant quelques
années un taux d'inflation beaucoup plus élevé que le taux
américain. Mais, quoi qu'il en soit, sur le plan de la politique
monétaire, le Canada suit les États-Unis à peu près
jusqu'à l'été 1981. Et là, il se passe quelque
chose de tout à fait différent en ce sens que le taux de change
du dollar canadien se met à baisser, à dégringoler, en
fait, et, on s'en souvient, va toucher 0.80 $, à un moment donné,
c'est-à-dire le deuxième plus bas taux de l'histoire.
À ce moment, il y avait deux possibilités, ou bien
établir une forme partielle de contrôle des changes, non pas le
contrôle des changes généralisé, mais, par exemple,
des formes de contrôle des changes applicables aux mouvements de
capitaux, et on sent très bien gu'à Ottawa il y a eu une sorte de
tentation à cet égard pendant quelques jours... Finalement, on
est revenu à la méthode beaucoup plus classique qui consiste
à avoir des taux d'intérêt plus élevés encore
qu'aux États-Unis de façon à être certain d'attirer
des capitaux américains. C'est ainsi qu'en juillet, août,
septembre, une partie d'octobre, les autorités monétaires
canadiennes vont placer les taux d'intérêt, aussi bien à
court terme qu'à long terme, beaucoup plus haut que les taux
américains. On verra des écarts de 4%, de 5% apparaître,
qu'on n'avait jamais vus, dans le passé, jamais.
Effectivement, cela a redressé le taux de change du dollar
canadien, c'est indiscutable, mais ces taux d'intérêt beaucoup
plus élevés qu'aux États-Unis, les plus
élevés, en fait, de tout le monde industriel, ont provoqué
un effet déplorable sur l'économie canadienne, un effet qu'on
appelle souvent l'effet de pare-brise, c'est-à-dire qu'on compare la
politique monétaire un peu à un frein. On descend le frein un peu
et il ne se passe rien - effectivement, l'économie se développait
brillamment au Canada en avril, mai et juin - on pousse le frein encore un peu
plus bas, il ne se passe toujours rien, et un bon jour, on frappe le plancher
avec le frein et on passe par le pare-brise. C'est exactement ce qui est
arrivé à l'économie canadienne qui a subi un choc à
la baisse, en septembre, extraordinairement dur partout au Canada. Ici, on peut
faire autant de politique
partisane qu'on voudra, mais le taux de change a augmenté de 1,2%
ou 1,3% dans toutes les régions canadiennes le même mois. Jamais
on n'avait vu celai
En fait, à Ottawa, on a évogué, à un moment
donné, la perspective d'une sorte d'erreur de calcul, mais les chiffres
d'octobre l'ont confirmé et les chiffres de novembre aussi. Il est clair
qu'à vouloir pratiguer cette politique de taux d'intérêt
très élevés, on a pris le risque de casser
l'économie. Et nous en subissons tous, à l'heure actuelle, les
conséquences. D'abord, ces taux d'intérêt, il faut les
payer; que ce soit le consommateur, le propriétaire d'une maison ou les
gouvernements, tout le monde y passe. Des taux d'intérêts comme
ceux que nous avons connus ont un effet de déstabilisation sur tous les
budgets, que ce soient des particuliers, des gouvernements ou des
entreprises.
D'autre part, ce coup qu'on a donné à l'économie
trouve les gouvernements extrêmement mal placés pour
réagir. Normalement, ils devraient réagir très fortement
pour essayer de donner un coup de main à l'économie, encore que
c'est toujours un peu bizarre de voir les gouvernements chercher à
donner un coup de main à l'économie pendant que l'autorité
monétaire fait exprès pour qu'elle tombe. Même quand on
demande au gouvernement, à l'heure actuelle, de faire quelque chose; si
l'autorité monétaire veut démolir l'économie et
prend les moyens nécessaires non seulement pour la ralentir, mais pour
la casser littéralement, faire quelque chose contre vos propres
autorités monétaires, les gouvernements sont assez mal
placés pour réagir. D'abord, le gouvernement
fédéral veut réduire son déficit et il le fait de
deux façons: d'abord, en augmentant les impôts, parce que,
même son entente avec Edmonton lui rapporte davantage de dollars sur le
pétrole, mais ça ne suffit pas, alors, le budget
fédéral augmente les impôts au net et, d'autre part,
réduction annoncée des transferts aux provinces, de façon
que le déficit fédéral tombe et soit envoyé au
gouvernement des provinces et, singulièrement, comme j'ai eu l'occasion
de le démontrer dans cette Chambre, au gouvernement du
Québec.
Le gouvernement du Québec, lui, est placé devant l'impact
indiscutable de ces taux d'intérêt considérables et de
l'accélération de l'inflation qui s'est produite, ainsi que je
l'ai dit tout à l'heure, et, d'autre part, devant la perspective de
revenus qui, dans le secteur privé, ne vont pas augmenter aussi
rapidement qu'ils le devraient, à cause de ce qui s'est produit, et
puis, d'autre part, d'une chute absolue dans les transferts du gouvernement
fédéral au Québec qui représentent le quart de tous
nos revenus. Dans ces conditions, le gouvernement fédéral s'est
placé dans la situation de ne pas pouvoir réagir beaucoup dans la
situation économique actuelle. Le gouvernement de Québec est
placé dans cette situation, pour une part à cause de l'impact des
dépenses accrues et pour une part parce que le gouvernement
fédéral coupe une partie de nos revenus.
Cela n'est pas une situation particulièrement
réjouissante. Je pense que la première tâche sur laquelle
on doit essayer de s'associer, c'est d'amener les autorités
monétaires canadiennes à reconsidérer jusqu'à un
certain point, peut-être pas totalement -c'est toujours des questions de
dosage ça -cette espèce de symbolisme qu'ils ont fait du taux de
change. On ne peut tout de même pas créer le chômage qu'on a
créé depuis trois mois uniquement pour éviter de perdre ou
de gagner deux points sur le taux de change. Il y en a qui disent: Oui, mais
enfin, quand le taux de chanqe baisse cela accélère l'inflation.
Je veux bien. Mais pas dans des proportions qui sont saisissantes. Il faut une
baisse de 3% sur le taux de change pour ajouter 1% sur le taux d'inflation.
Pour faire monter le dollar canadien de 0,81 $ à 0,84 $,
c'est-à-dire éviter de 1% la hausse de l'inflation, on ne fait
pas perdre leur emploi à travers le Canada à des centaines de
milliers de gens. Il y a là une sorte de perspective qu'il faut
graduellement changer parce qu'il est clair qu'à l'heure actuelle ce qui
gêne le plus le développement de l'économie canadienne et
l'économie du Québec, c'est d'abord et avant tout la politique du
taux d'intérêt. C'est très net par rapport à tous
les autres facteurs.
C'est dans ce sens, M. le Président, que l'on trouvera dans les
crédits supplémentaires qui sont devant nous, d'une part, la
traduction de certains des phénomènes dont je viens de parler et,
d'autre part, évidemment, les ajustements que nous faisons chaque
automne dans les prévisions de dépenses de chacun des
ministères, soit parce que certains programmes coûtent plus cher
que prévu, soit parce qu'il y a eu des réorientations dans les
programmes ou les intentions du gouvernement. Je termine ces observations
à peu près à l'intérieur de l'enveloppe de temps
que l'on m'avait allouée. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges. (15 h 30)
M. Daniel Johnson
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le Président.
Je serai bref parce que nous avons hâte de ce côté-ci
d'entrer dans le vif du sujet et les détails des programmes des
différents ministères qui sont touchés par ces
crédits supplémentaires. J'aurais peut-être des
commentaires à trois volets. D'abord,
quant à la nature des besoins qu'on constate dans les
crédits supplémentaires que le ministre explique
évidemment en grande partie, en majeure partie, par les taux
d'intérêt plus élevés que prévu par les temps
qui courent, et sur la période qui est couverte par le budget courant
d'une part et d'autre part, évidemment, par les effets de l'inflation et
donc de l'indexation dans certains cas dans les conventions collectives, les
modes de rémunération à travers la fonction publique et
les répercussions que doit supporter l'État sur l'augmentation de
coûts lors de l'achat de biens et services qui sont nécessaires
à l'administration des services du gouvernement.
Je réitérerais, quant à nous, qu'évidemment,
l'influence des taux d'intérêt plus élevés n'en est
que plus marquée dans un contexte où le niveau des emprunts du
gouvernement est élevé. Je réitérerais,
évidemment, à ce moment-là, la nécessité
très réelle pour le gouvernement de continuer à rechercher
- et nous tenterons de l'appuyer chaque fois que ce sera possible une
façon de réduire le niveau des emprunts du gouvernement du
Québec.
Quant à l'inflation, évidemment, et je l'ai
évoqué, c'est surtout au niveau de l'impact dans les conventions
collectives des formules qui reflètent les différences du taux
d'inflation d'un trimestre à l'autre qui sont les plus importantes
à retenir. Dans cet esprit, encore une fois, je pense qu'il s'impose
à la raison que la façon dont ont été
négociées et réglées les conventions collectives
préréfendaires demeurent quand même, encore une fois,
directement coupables de l'obligation dans laquelle se trouve le ministre des
Finances de se représenter devant la Chambre à la suite de son
discours sur le budget supplémentaire de novembre.
Deuxième ordre de commentaires quant au rôle du
gouvernement fédéral que le ministre évoque, très
certainement à l'égard des taux d'intérêt, d'une
part, a-t-il raison en grande partie, quoique nous ne puissions pas imaginer
indéfiniment nous sentir absolument coupés de la
réalité nord-américaine dont évidemment nous
connaissons également les soubresauts. Par ailleurs, au niveau de la
décision fédérale telle qu'annoncée de
réduire ses paiements de transfert aux provinces, on peut
prétendre que c'est là une tentative - comme le prétend le
gouvernement - de déstabiliser notamment les finances de la province de
Québec, mais on peut également retenir dans cet effort que fait
le gouvernement fédéral depuis quelques années ou quelques
mois, de toute façon, pour redresser, comme l'ont fait d'autres
provinces du Canada, le niveau de ses dépenses, de redresser cet
emballement qu'ont connu les dépenses publiques fédérales
- il n'y a aucun doute dans l'esprit de personne - qu'il a été
lui aussi à ce niveau coupable en alimentant l'inflation, coupable du
climat économique que nous connaissons maintenant. Il a pris la
décision de réduire ses dépenses. Qu'on vienne nous dire
aujourd'hui que c'est simplement un transfert de déficit vers les
provinces plutôt que d'y voir une occasion, salutaire sans doute, de se
discipliner à essayer, dans les gouvernements qui sont
bénéficiaires de transferts du fédéral, de
réduire les dépenses là aussi, c'est également,
à mon sens, un point de vue qu'on doit faire valoir, une occasion
d'autodiscipline et de meilleure gestion qu'on doit saisir au passage.
Évidemment, cela n'arrange rien de blâmer les autres. On
peut reconnaître la situation difficile dans laquelle des
décisions qui viennent d'ailleurs peuvent nous mettre mais, encore
là, on n'a rien réglé si on ne fait que s'en plaindre. Je
pense qu'il faut saisir ces occasions pour se discipliner nous-mêmes.
Troisièmement - nous pourrons peut-être entrer de cette
façon dans le vif du sujet, certainement à l'égard des
Affaires culturelles en tout premier lieu - ce que nous tenterons de
vérifier par les questions que nous poserons cet après-midi et en
soirée, c'est quels sont les usages de fonds publics que le gouvernement
a retenus comme prioritaires par rapport à ce que les
Québécois souhaiteraient. C'est-à-dire quels sont les
autres usages auxquels les fonds publics auraient pu être
employés. Quelles sont les véritables priorités... Je veux
bien comprendre qu'on accepte que les taux d'intérêt
élevés et l'inflation sont responsables d'une grande partie du
déficit accru du gouvernement, mais on m'expliquera comment un budqet de
fonctionnement de la Commission d'étude sur le cinéma et
l'audiovisuel, 235 000 $, a quelque chose à voir avec
l'intérêt et l'inflation. Comment 675 000 $ de programmes de
communication relatifs à la révision constitutionnelle sont
attribuables à l'intérêt et l'inflation. Comment 800 000 $
de révision de la programmation budgétaire afférente au
projet de l'ACDI, relation et coopération internationales aux Affaires
intergouvernementales, cela peut être relié aux taux
d'intérêt et à l'inflation. Et j'en passe de meilleures.
Mes collègues, qui ont le mandat de demander certains
éclaircissements à vos collègues de différents
ministères, feront ressortir, dans de nombreux cas, que les
dépenses additionnelles de l'État, que les programmes de
dépenses du gouvernement du Québec, que la croissance de ces
dépenses n'ont absolument rien à voir avec les taux
d'intérêt élevés et avec le rythme d'inflation que
nous connaissons. Pour l'instant, cela conclut mes remarques
d'introduction.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: Est-ce que je pourrais demander l'autorisation au
député de Vaudreuil-Soulanges de souligner un renseignement que
j'ai oublié d'indiguer tout à l'heure? Ce n'est pas du tout une
réponse à ce qu'il vient de dire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, je vous en prie.
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le ministre.
M. Parizeau: Je pense que, dans les débats que nous avons
à l'éqard des crédits qui sont devant nous et d'autres
débats, d'ailleurs, qui y sont reliés, il serait utile de savoir
ceci, qu'on vient de me communiquer. Il y a eu, dans les journaux et dans
certaines interventions, je pense, ici aussi, un certain nombre de
références à la cote de crédit du gouvernement du
Québec depuis guelgues semaines. Il y a eu des propos assez alarmistes
à ce sujet.
Je pense qu'il est peut-être de l'intérêt de la
Chambre de savoir que mon sous-ministre vient de me confirmer que Standard and
Poor's nous a confirmé ce matin la cote AA.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bravo! C'est une
réaction de notre part, M. le Président. Vous constaterez, je
pense, que les responsables de la mission du développement
économigue et la plupart de nos collègues, de toute façon,
dans ce débat sur les finances publiques, n'ont pas tenté
d'alarmer la population. Il y a eu effectivement, dans certains médias,
quelques reportages qui ont fait grand état de choses qui étaient
coutumières. Les révisions de cote sont effectivement des
activités de ces maisons de crédit ou de cote de crédit
qui sont dans le cours normal de leurs affaires. Ce qui était
exceptionnel, c'était un budget en plein automne. Évidemment,
cela appelait une visite, elle aussi assez rare, assez exceptionnelle de la
part de Moody's et Standard and Poor's.
Dans ce sens, nous nous réjouissons, évidemment, que la
cote de crédit du Québec soit maintenue. Nous constatons avec la
population que c'est à cause de la hausse de taxes considérable
que le ministre des Finances nous a annoncée le 17 novembre. Je vous
remercie.
Affaires culturelles
Le Président (M. Rancourt): Donc, nous allons commencer
l'étude des crédits par ceux du ministère des Affaires
culturelles.
M. le ministre.
M. Richard: M. le Président, juste un moment, s'il vous
plaît, pour permettre aux fonctionnaires d'entrer à
l'Assemblée.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Richard: Oui, M. le Président, nous sommes prêts.
Je voudrais tout simplement vous indiquer que le budget supplémentaire
réclamé pour le ministère des Affaires culturelles se
chiffre par environ 1 700 000 $, soit plus précisément 1 494 000
$ au programme des bibliothègues municipales et 235 000 $ pour la
Commission d'étude sur le cinéma. (15 h 40)
Comme M. le député de Vaudreuil-Soulanges a posé
une question, tout à l'heure, au ministre des Finances en ce qui a trait
au montant de 235 000 $ pour la Commission d'étude sur le cinéma,
je voudrais apporter la réponse immédiatement en lui rappelant
que mon prédécesseur aux Affaires culturelles, appuyé en
cela par le Conseil des ministres, avait créé cette Commission
d'étude sur le cinéma. Je voudrais également rappeler que
l'industrie mondiale du cinéma est en crise, que le Québec,
malheureusement, n'échappe pas à cette crise et que, même
au Québec, se posent des problèmes particuliers en ce qui a trait
au développement de l'industrie cinématographique. C'est pour
essayer de parvenir à des solutions concrètes que cette
commission a été mise sur pied, qu'elle est au travail, qu'elle a
même déjà entrepris, il y a quelques jours, des audiences
publiques. Cette commission semble très bien fonctionner jusqu'à
maintenant. Il fallait donc qu'un budget soit prévu pour le
fonctionnement de cette commission. C'est un budget extrêmement modeste -
je me demande même s'il ne s'agit pas d'une première - qui se
chiffre par 250 000 $. Si on réclame, pour cette année, 235 000
$, c'est que, déjà, un montant d'environ 15 000 $ avait
été dépensé dans le cadre du budget
précédent. Il reste donc une somme de 235 000 $. J'ai
déjà en main une lettre du président de la Commission
d'étude sur le cinéma, M. Fournier, qui m'assure - je n'en suis
pas peu fier - que le budget de la commission serait respecté en
même temps que le délai qui lui a été accordé
pour remplir son mandat. Voilà ce que j'avais à dire, M. le
Président, en réponse à la question qui a
été posée par M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. M. le ministre, je
regarde le programme 1, élément 2, un montant de 1 474 000 $
concernant le programme d'aide au fonctionnement des
bibliothèques municipales principalement. Est-ce que c'est bien
cela?
M. Richard: C'est exact, M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: À quoi cette augmentation est-elle due?
Est-ce dû aux prévisions?
M. Richard: M. le député de Laprairie, le programme
de construction des bibliothèques municipales a connu un tel
succès que nous sommes, en quelque sorte, victimes du succès de
ce programme qui est apparu assez attrayant pour un très grand nombre de
municipalités. C'est ainsi que, victimes du succès de ce
programme qui avait été amorcé par mes
prédécesseurs, il nous faut maintenant combler ce manque à
gagner de 1 500 000 $ environ pour donner suite aux engagements que nous avons
à l'égard des municipalités.
M. Saintonge: Est-ce que ce nouvel engagement vous permettra de
verser aux municipalités, dans un délai plus bref, les montants
qui leur sont dûs actuellement? Je pense que le ministère a
envoyé à plusieurs municipalités des lettres d'intention
mentionnant que les montants qui devraient être versés
actuellement sont retardés, dans certains cas, jusqu'au 1er avril
prochain, sommes que les municipalités devaient entrer dans le budget de
cette année.
M. Richard: Cela n'est pas anormal. Nous versons les subventions
aux municipalités dans des délais normaux compte tenu des
lenteurs administratives absolument inévitables et compte tenu qu'il
faut passer par le Conseil du trésor.
M. Saintonge: C'est normal que les versements dûs aux
bibliothèques municipales soient retardés jusqu'au début
d'avril prochain? Dans certains cas, semble-t-il, du moins en partie - je ne
dirais pas en totalité - M. le ministre, je pense qu'une bonne partie
des montants des subventions qui devaient revenir aux municipalités sont
retardés jusqu'en avril prochain, c'est-à-dire pour le prochain
budget du gouvernement.
M. Richard: Sur 12 500 000 $ affectés à ce
programme de construction des bibliothèques municipales, il y a une
somme d'environ 1 500 000 $ qui sera versée un peu plus tard et les
municipalités ont été prévenues en
conséquence.
M. Saintonge: D'accord. Maintenant, j'aurais une question
supplémentaire. Cela ne concerne pas un programme affecté, mais
les conseils régionaux de la culture de même qu'un grand nombre
d'intervenants culturels à travers le Québec se plaignent que le
ministère accuse actuellement un retard exceptionnel quant aux
versements des subventions aux organismes culturels pour l'exercice financier
1981-1982. Les deux tiers de l'exercice sont pratiquement
complétés. Jusqu'à maintenant, il semblerait que, dans
beaucoup de cas, des lettres d'intention ont été transmises et
que seuls les organismes qui font l'objet d'engagements triennaux auraient
reçu une première tranche de leur subvention. Maintenant, en
l'absence des ressources financières promises par le ministère,
ces organismes n'ont d'autre choix actuellement que de retarder la
réalisation de certains projets, de retenir des salaires, de faire des
mises à pied ou encore de faire des emprunts à des taux
d'intérêt assez élevés. Ces situations ont
été dénoncées publiquement dans les journaux ou
dans des publications et m'ont même été transmises
personnellement lors d'une visite que je faisais récemment à
travers le Québec dans les différents conseils régionaux
de la culture et en visitant certains intervenants.
Dans tous ces cas-là, il semble que ces situations
empêchent les orqanismes culturels de planifier correctement leur action
et dans certains cas mettent même leur existence en péril. Est-ce
que le ministre pourrait assurer les organismes culturels en question que les
subventions promises par le ministère seront versées incessamment
et qu'ils ne seront pas les victimes de la gestion financière du
gouvernement actuel?
M. Richard: M. le Président, je peux assurer M. le
député de Laprairie que les subventions seront versées
dans des délais qu'on dit normaux. Vous savez, la coutume a toujours
voulu que le ministère verse les subventions aux différents
organismes en deux tranches, parfois même en trois tranches. Je reconnais
toutefois avec M. le député de Laprairie qu'il y a des lenteurs
qu'on me dit normales, mais que je voudrais bien, quant à moi, corriqer,
parce que cela me paraît un peu lent comme mécanisme à
certains moments. Non seulement cela me paraît un peu lent, cela me
paraît nuire au bon fonctionnement de certains organismes qui comptent
absolument sur ces subventions.
Déjà, j'ai mis en branle certaines dispositions pour faire
en sorte qu'à l'avenir les subventions soient versées plus
rapidement aux organismes. Je voudrais quand même rappeler au
député de Laprairie que c'est le CT de normalisation qui doit
être accepté par le Conseil du trésor qui ralentit le plus
souvent le fonctionnement.
M. Saintonge: D'accord, M. le ministre, je comprends que c'est le
CT, mais ce que je voudrais quand même vous souligner, c'est que,
d'après les représentations que certains
organismes ont faites, c'est un retard quand même assez
exceptionnel, pour cette année du moins. L'autre fait, étant
donné que ces organismes doivent, pour fonctionner, aller emprunter
à des banques à des taux qui sont assez élevés, la
question qu'on se pose très souvent est de savoir si le ministre
acceptera de prendre l'engagement de couvrir les frais d'emprunt en question de
telle sorte que ces organismes culturels qui ont des montants... Il faut quand
même comprendre que le budget total affecté aux Affaires
culturelles est très minime, je comprends que vous êtes aux prises
avec cela et que vous le déplorez autant qu'on peut le déplorer,
mais les ressources qui sont affectées à chacun des organismes
culturels sont très minimes. Si les versements de subventions retardent
tellement qu'ils sont obligés d'emprunter, le montant effectif
affecté au développement culturel est d'autant diminué si
ces organismes doivent payer des emprunts.
M. Richard: Vous avez raison, sauf que les organismes qui sont
habitués à recevoir des subventions du ministère des
Affaires culturelles et qui vivent de ces subventions savent
généralement que ces subventions sont versées en deux
tranches. Il y a eu un retard cette année, mais ce retard a
été rattrappé en totalité la semaine
dernière.
M. Saintonge: Je vérifierai, c'est tout à fait
récent.
M. Richard: Mais, M. le député de Laprairie, j'ai
déjà demandé aux principaux fonctionnaires du
ministère de faire en sorte d'accélérer les
procédures de versement des subventions.
M. Saintonge: Maintenant, M. le ministre, j'aimerais passer
à un autre sujet, celui des conseils régionaux de la culture. Je
sais que le ministère a entrepris avec les conseils régionaux il
y a quelques mois une réflexion avec un comité bipartite sur le
sens du développement culturel régional, sur le rôle
respectif de ces conseils régionaux, notamment les implications de la
régionalisation des services du ministère. Ma question est
celle-ci: Dans quel sens s'orientent les travaux du comité bipartite
concernant les objets de discussion, principalement dans les cas suivants: la
création des directions régionales et le statut des conseils
régionaux de la culture? Il y a également un autre point
important, les critères de répartition des crédits entre
les diverses régions. Toujours au niveau de la répartition des
crédits, qu'est-ce que le ministère entend faire au niveau de la
reconnaissance de la région des Laurentides et de la région de
Lanaudière comme régions autonomes et indépendantes, avec
plein budget de fonctionnement pour chacune de ces régions?
M. Richard: M. le député de Laprairie, une
rencontre est prévue pour mercredi prochain, justement, avec les
conseils régionaux de la culture pour leur faire part des
décisions qui ont été prises en rapport avec la
régionalisation du ministère des Affaires culturelles.
M. Saintonge: Est-ce que le ministère a guand même
l'intention de donner suite à ce que vous aviez annoncé aux
conseils régionaux? Votre prédécesseur avait
déjà annoncé, au niveau de la région des
Laurentides et de la région de Lanaudière, une possibilité
d'être reconnues comme régions autonomes, c'est-à-dire avec
plein budget; actuellement, ces deux régions fonctionnent avec un
demi-budget. Je pense que votre prédécesseur s'était
engagé éventuellement à donner un plein budget à
ces régions.
M. Richard: M. le député de Laprairie, je suis
très content que vous me posiez la question parce que je devais, le 8
novembre dernier, aller annoncer aux conseils régionaux de
Lanaudière et des Laurentides qu'on les reconnaîtrait comme
conseils régionaux de plein droit. Je n'ai pas eu l'occasion d'y aller
parce que j'ai dû annuler ce voyage que je devais faire à
Saint-Jérôme pour l'annoncer. Vous me fournissez une occasion de
l'annoncer sauf, bien entendu, que je tiens quand même compte des
recommandations qui me sont faites par la table de concertation des conseils
réqionaux de la culture en ce qui a trait aux subventions qui doivent
être accordées à l'un et à l'autre des conseils
régionaux de la culture pour la répartition de l'enveloppe
budgétaire globale allouée aux conseils régionaux de la
culture.
Quand je dis que ces régions seront reconnues de plein droit,
c'est toujours en tenant compte de la recommandation de la table de
concertation des conseils régionaux de la culture en ce qui a trait
à la répartition de l'enveloppe budgétaire.
M. Saintonge: La table de concertation comprend maintenant huit
conseils seulement?
M. Richard: Oui, je pense que c'est la grande difficulté
qui se pose présentement. Ce n'est pas toujours facile de travailler et
d'élaborer des politiques en concertation avec les conseils
régionaux de la culture parce qu'il y a trois conseils régionaux
de la culture sur onze qui ne participent pas à la table de
concertation. Il y a le conseil régional de l'Estrie, celui du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et celui de l'Outaouais. Je crois
savoir que l'Outaouais songe à se joindre bientôt à
la table de concertation. Cela pose des problèmes que vous pouvez
concevoir assez facilement parce que quand je dois annoncer une politique aux
conseils régionaux de la culture, normalement, il va sans dire que j'ai
intérêt à l'annoncer à ceux avec qui on
définit et élabore ces politiques, c'est-à-dire avec la
table de concertation, mais on risque que ceux qui ne participent pas à
cette table s'en plaignent.
M. Saintonge: D'accord, mais si on parle des régions de
Lanaudière et des Laurentides - je reviens à ces deux cas -est-ce
que je dois comprendre que votre décision se prend uniquement du point
de vue administratif, alors qu'au point de vue financier les principales
récriminations de ces conseils étaient qu'on fonctionnait avec un
demi-budget seulement au lieu d'un plein budget? Je comprends que la table de
concertation des conseils de la culture a un mot important à dire, mais
est-ce que le ministre endosse l'énoncé de politique
antérieur fait par son prédécesseur, à savoir que
le budget était donné pour la première année, mais
que pour les années subséquentes ce serait un plein budget?
M. Richard: M. le député de Laprairie, j'ai une
proposition qui a été soumise par la table de concertation, donc,
une proposition à laquelle ont été associés les
deux conseils régionaux de la culture auxquels vous faites
référence. Je tiendrai évidemment compte de cette
proposition.
M. Saintonge: J'imagine que les conseils régionaux seront
mis au courant de ces propositions.
M. Richard: Oui, bien sûr.
M. Saintonge: Est-ce qu'on peut compter que vous pourrez en
déposer une copie à l'Assemblée nationale pour qu'on en
soit également informé?
M. Richard: Sans la moindre hésitation, quand j'aurai
rencontré les conseils régionaux de la culture, mercredi
prochain.
M. Saintonge: D'accord. Maintenant, au niveau des conseils
régionaux toujours, en juin dernier, lors de l'étude des
crédits, vous vous étiez engagé, ni plus ni moins,
à déposer pour la fin de l'année un projet de loi sur les
conseils régionaux de la culture. Vous avez fait allusion à cela
lors de l'étude des crédits. Qu'advient-il de ce projet ou de
votre intention à ce sujet? Est-ce que vous avez l'intention de
déposer un projet de loi concernant l'avenir des conseils de culture,
dans le sens de l'orientation à donner, avec une structure au niveau des
conseils régionaux, ou si vous voulez fonctionner de la même
façon qu'antérieurement par un décret?
M. Richard: M. le Président, pas dans l'immédiat.
Ce que j'ai plutôt l'intention de faire dans l'immédiat, c'est de
faire une tournée de consultation de tout le Québec sur la
régionalisation du ministère des Affaires culturelles. Les
conseils régionaux de la culture sont des organismes jeunes dont le
développement est inégal, dont l'action aussi n'est pas toujours
la même. Je trouve important de laisser bouillonner tout ce qu'il y a au
sein des conseils de la culture un certain temps avant d'aboutir, le cas
échéant, à un projet de loi, parce qu'il y a, bien
sûr, dans certains endroits, des problèmes de
représentativité; dans d'autres, il n'y a pas de problème
de représentativité. Il y a certains conseils régionaux de
la culture qui sont d'un dynamisme vraiment remarquable et qui méritent
d'être encouragés. D'autres n'ont pas encore pris l'élan,
en tout cas, qu'on souhaiterait qu'ils prennent.
M. Saintonge: J'ai pu constater moi-même, M. le
Président, effectivement, par une tournée que j'ai faite durant
l'été et le début de l'automne, que ce que vous venez de
dire est vrai. Quand vous me parlez d'une tournée de consultation
à travers le Québec, cela va supposer des coûts de
déplacement et d'autres coûts supplémentaires au niveau du
ministère. Est-ce qu'il n'y aurait pas plutôt l'occasion de
convoquer une commission parlementaire à cette fin où nous
pourrions participer à une consultation des différents conseils
régionaux?
M. Richard: M. le Président, je pense que, lorsqu'une
démocratie ne peut plus se payer le luxe de permettre à ses
représentants à l'Assemblée nationale et aux ministres
d'aller consulter les citoyens dans les régions, je trouverais cela
extrêmement malheureux et je pense que vous en conviendrez. C'est
précisément ce qu'il y a de moins coûteux. Je serais
disposé à faire le calcul des coûts, la comparaison des
coûts entre une commission parlementaire et le coût d'un voyage,
dut-il se faire en avion, d'un ministre dans une région, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Oui, M. le ministre, mais, quand même, je
peux vous dire que j'ai rencontré certains conseils régionaux qui
souhaitent ardemment une consultation dans le genre de celle que vous venez de
donner ou simplement une consultation par un comité.
M. Richard: M. le député de Laprairie, vous qui
avez donné des conférences de
presse pour dire que vous vouliez faire une tournée de tout le
Québec, voilà que vous refuseriez le même privilège
au ministre des Affaires culturelles?
M. Saintonge: Ce n'est pas mon intention.
M. Richard: Votre tournée a dû comporter des
coûts, M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Sûrement, mais on n'a pas volé
seulement dans les avions du gouvernement. Ce que je veux mentionner, et je
suis d'accord avec vous, c'est la possibilité d'une consultation qui
peut se faire en région; elle peut se faire aussi par une commission
plénière où les conseils de culture pourraient venir
témoigner.
M. Richard: Vous comprendrez bien, M. le député de
Laprairie, que ce que souhaitent d'abord les citoyens du Québec et les
intervenants culturels, c'est que le ministre se déplace et aille
rencontrer les gens sur place. C'est ce que j'ai l'intention de faire dans une
tournée de tout le Québec.
M. Saintonge: D'accord.
M. Richard: Ce sera à peu près ma deuxième
parce que j'ai à peu près déjà, ne vous en
déplaise, fait le tour du Québec.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, je voudrais rassurer les
membres de l'Opposition. Cela n'est pas une question plantée ou des
sujets plantés, parce que le ministre n'était absolument pas au
courant de mon désir de faire une intervention à ce moment-ci. Je
voudrais revenir à la question des bibliothèques. En milieu
rural, en tout cas, c'est le cas de ma circonscription, nous avons le service
offert par l'intermédiaire des bibliothèques centrales de
prêts et c'est un service qui est extrêmement
apprécié de la part de la population au fur et à mesure
que ça se développe. Sur les 34 municipalités de mon
comté, seulement une municipalité reçoit les subventions
directement et les autres, c'est-à-dire seulement 6 sur 34,
reçoivent des volumes, de l'aide par l'intermédiaire de la
bibliothèque centrale de prêts, région de Québec. Le
problème, M. le Président, c'est que présentement il y a
de nombreuses autres municipalités qui aimeraient se prévaloir
des possibilités d'accès à la lecture. Des demandes ont
été faites. Dans certains cas, cela remonte aussi loin qu'il y a
deux ans. J'aimerais savoir du ministre si dans les crédits de 1 474 000
$ dont il est question ici, il y en a qui sont prévus pour accorder des
subventions additionnelles aux bibliothèques centrales de
prêts.
M. Richard: Ce budget supplémentaire qui est
réclamé n'est pas pour des bibliothèques centrales de
prêts, mais plutôt pour la construction des bibliothèques.
C'est dans le programme de construction des bibliothèques
municipales.
En ce qui a trait à la question que vous avez posée, le
programme de développement des bibliothèques centrales de
prêts va se poursuivre à un rythme un peu plus lent compte tenu
des disponibilités budgétaires, mais il va se poursuivre. Je
voudrais vous apporter des chiffres à cet égard en vous rappelant
qu'il y a trois ou quatre ans nous étions les derniers au Canada en ce
qui a trait au nombre de bibliothèques au Québec, les tout
derniers. On n'avait pas à se glorifier de cette situation. Pour
préciser, je voudrais vous dire que de I960 à 1976,
c'est-à-dire en seize ans, l'État québécois avait
investi 22 000 000 $ dans des programmes de construction de
bibliothèques, ce qui était évidemment très peu. De
1976 à 1981, donc, en cinq ans, ce sont 49 000 000 $ qui ont
été investis dans un programme de construction de
bibliothèques, ce qui nous a permis de rattraper un certain retard, mais
il reste encore des choses à faire et le retard n'est pas
rattrapé au complet par rapport à l'ensemble du Canada.
Une des difficultés, M. le député de Rellechasse,
c'est que les municipalités dans les provinces voisines et notamment en
Ontario sont davantage disposées à investir dans le
développement culturel en particulier dans les bibliothèques.
Ainsi, en Ontario, dans les années 1979 ou 1980, je crois, les
municipalités ontariennes versaient aux bibliothèques municipales
100 000 000 $ et le gouvernement ontarien, 22 000 000 $, donc, 122 000 000 $
qui étaient injectés -parce que déjà ces chiffres
sont dépassés -par le gouvernement ontarien et les
municipalités, mais 100 000 000 $ par les municipalités, ce qui
est extrêmement important. Au Québec, en 1981-1982, l'État
québécois a investi 16 000 000 $ et les municipalités, 29
000 000 $ uniquement dans les programmes de fonctionnement des
bibliothèques. Je ne parle pas de construction, c'est uniquement pour le
fonctionnement des bibliothèques. L'Ontario, donc, 122 000 000 $ et le
Québec, 45 000 000 $. Vous voyez un peu la différence et quel
retard il nous reste encore à combler, mais ce retard ne saurait
être comblé qu'avec la collaboration des municipalités.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'aurais une question qui concerne la Commission
des biens culturels. Dans son neuvième rapport déposé
à l'Assemblée nationale il y a quelques jours, la commission
formule l'importante recommandation de faire le point après dix ans
d'application de la Loi sur les biens culturels. C'est en vue de
préciser l'action future de tous les agents engagés dans la
conservation et l'utilisation de biens culturels. Un peu dans le même
sens, si on se souvient, lors de l'étude des crédits en juin
dernier, le député de Jean-Talon, M. Jean-Claude Rivest,
suggérait la tenue d'une commission parlementaire sur ce sujet, à
laquelle seraient invités les groupes intéressés. Le
ministre, à ce moment-là, semblait d'accord avec cette suggestion
de l'Opposition. Aujourd'hui, je reprends cette idée mise de l'avant par
M. Rivest pour demander au ministre s'il est toujours d'accord avec cette
suggestion de l'Opposition qui va un peu dans le même sens que la
recommandation de la Commission des biens culturels. Si son intention est
à cet effet, dans quel délai compte-t-il y donner suite? Est-ce
que ce serait au cours de la prochaine session? Il faut se rendre compte aussi
que, récemment, on mentionnait quand même le Conseil de la culture
de l'Est du Québec, qui déclarait que la Loi sur les biens
culturels est inopérante, inefficace et que les fonctionnaires sont
incapables de la faire respecter quand ils ne transgressent pas eux-mêmes
cette loi.
À ce moment-là, on a fait état d'un dossier noir et
blanc qui a été remis au ministre et on a rapporté qu'il
n'y avait pas eu d'agir depuis cet été. Il y a 18 monuments
historiques classés ou reconnus qui sont actuellement en état de
détérioration assez avancée. Quelle est l'intention du
ministère à cet égard?
M. Richard: Nous avons en préparation un projet de
modifications à la Loi sur les biens culturels d'une part. Donc,
à ce moment-là, forcément, la commission des affaires
culturelles sera convoquée pour étudier ce projet. D'autre part,
j'ai un énoncé de politique en ce qui a trait au parc immobilier
du ministère qui est prêt à toutes fins utiles. Je devrais
normalement être en mesure de le rendre public dans les prochaines
semaines, c'est-à-dire au cours du mois de janvier, je l'espère,
et, au plus tard, au cours du mois de février.
M. Saintonge: Merci, M. le ministre. Compte tenu du temps
à notre disposition, je pense que je vais laisser la parole à mes
confrères.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que vous voulez dire
que nous sommes prêts à adopter le programme I? Donc, programme 1,
adopté?
M. Bertrand: Adopté. Programme 2.
M. Richard: La culture cède la place à
l'agriculture.
Le Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint.
Agriculture, Pêcheries et Alimentation
M. Bertrand: Oui, VI. le Président. Je remercie le
ministre des Affaires culturelles et son équipe. Nous allons maintenant
prendre les 90 minutes à venir pour le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation en rappelant que 60
minutes seront consacrées plus spécifiquement à
l'Agriculture et 30 minutes aux Pêcheries.
J'inviterais donc le ministre de l'Aqriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation et son équipe de fonctionnaires à se joindre
à nous.
M. Bissonnet: M. le Président, est-ce que c'est le
ministère des Communications après le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation?
Le Président (M. Rancourt): Oui, nous passerons par la
suite aux Communications. Donc, nous sommes prêts pour le début
des crédits supplémentaires du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, M. le ministre.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): Si on me le permet, j'ai
discuté de cette question avec mon collègue, le
député de Beauce-Sud; si le ministre n'a pas d'objection et si
vous, en particulier, M. le Président, et spécialement vous, vous
n'y voyez pas d'objection, nous pourrions commencer par la demi-heure
consacrée aux Pêcheries.
M. Garon: Le seul petit problème, c'est que j'avais
demandé aux gens qui doivent venir avec moi concernant les
Pêcheries, d'être ici. J'avais anticipé qu'on commencerait
par l'Agriculture et de prendre les Pêcheries par après. Je n'ai
pas objection à accommoder le député de Bonaventure,
leader de l'Opposition...
M. Levesque (Bonaventure): Bon, les voilà:
M. Garon: Non, M. Pelletier n'est plus aux Pêcheries.
M. Levesque (Bonaventure): II est changé.
Une voix: II connaît cela tout de même.
M. Garon: S'il y avait des questions pour lesquelles je n'aurais
pas les réponses immédiatement, je pourrais peut-être
à ce moment-là les réserver pour y répondre un peu
plus tard.
M. Levesque (Bonaventure): Je n'ai pas l'intention d'être
très technique. J'aurai d'autres occasions d'avoir des réponses
dans certains domaines. N'ayant qu'une demi-heure, je suis obligé de
procéder assez rapidement sur deux ou trois sujets que je voudrais
aborder assez brièvement mais pour avoir la réponse la plus
objective possible de la part du ministre.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre, vous avez le
droit de parole, si vous voulez débuter.
M. Garon: Je laisserais immédiatement la parole au
député de Bonaventure, puisqu'il n'y a pas de crédits
supplémentaires dans le secteur des pêches, et je pense bien qu'il
veut surtout poser des questions d'information, c'est ce que j'ai compris
d'après son propos.
Le Président (M. Rancourt): Donc, M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): La première question que je
veux poser au ministre - et il n'en sera pas surpris - c'est: comment progresse
le projet de réouverture des chantiers maritimes de Paspébiac?
(16 h 101
M. Garon: Concernant le chantier maritime de Paspébiac,
j'ai déjà dit antérieurement où on en était.
Je pense que c'est au printemps que j'ai dit qu'on avait loué la
bâtisse à Paspébiac. Il y avait un groupe qui
s'intéressait à la construction maritime. Maintenant, tous les
contrats sont donnés selon des soumissions pour la construction des
bateaux. À ce moment-là, selon que le groupe concerné
obtiendra des contrats ou non pour la construction de bateaux... À moins
qu'on construire des bateaux en dehors des contrats donnés pour la
construction de bateaux de pêche par le ministère des
Pêcheries du Québec...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, pour
rafraîchir la mémoire du ministre, puis-je lui rappeler une visite
dont il nous a favorisés dans le comté de
Bonaventure quelques semaines avant les élections
générales du mois d'avril, dont le ministre doit se souvenir
d'une façon assez agréable, après tout. J'ai ici devant
moi un communiqué provenant du cabinet du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Si on me le permet, encore une fois, pour
rafraîchir la mémoire du ministre, voici ce que disait ce
communiqué émis par son cabinet. Source, Simon Bégin,
643-2325. C'est bien le numéro de téléphone du ministre.
"Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec, M. Jean Garon, a annoncé aujourd'hui, à
Bonaventure, la réouverture prochaine du chantier maritime de
Paspébiac." Le communiqué continue avec tous les détails
de location, etc., et se termine avec cette phrase où on reconnaît
le ministre dans son optimisme proverbial: "Le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation se réjouit que cet édifice
du gouvernement du Québec retrouve sa vocation de construction navale.
Il espère que la reprise des activités au chantier maritime de
Paspébiac permettra de fournir de meilleurs services aux pêcheurs
de la région, de réactiver l'économie de Paspébiac
et de stimuler le programme de renouvellement de la flotte de pêche du
Québec."
M. le Président, avec un tel communiqué de presse, avec
une telle annonce, probablement que le ministre est venu nous voir avec les
moyens les plus modernes de communication pour nous annoncer cette bonne
nouvelle. J'étais dans mon comté, à Paspébiac,
où je demeure, et j'ai en vain regardé s'il y avait la moindre
activité autour de cet édifice qui appartient au qouvernement.
Les chantiers maritimes de Paspébiac ont été mis en place
au début des années soixante et il y a là tout
l'équipement, la bâtisse, mais tout est entouré d'un grand
silence "garonien", pour employer un nouveau mot du lexique des
pêches.
M. Garon: Je viens de dire que nous avons fait ce qui
relève du gouvernement, c'est-à-dire que nous avons mis le
chantier à la disposition d'un promoteur, qui s'appelle Chaleur 2000
Inc. Il y avait des actionnaires et ce promoteur a loué le chantier. Ce
qui est arrivé par la suite - vous me forcez à entrer dans les
détails - c'est qu'il y a eu des divisions entre les actionnaires, ce
que je ne pouvais pas prévoir puisque je leur avais fait des conditions
acceptables. Je peux vous dire qu'on n'avait pas loué le chantier
très cher à l'entreprise pour qu'elle puisse faire de la
construction navale. Si, par la suite, les actionnaires ne parviennent pas
à s'entendre entre eux et abandonnent leur projet, ce n'est pas la faute
du
gouvernement, ce n'est pas la faute du ministère. Nous avons fait
tout ce qui pouvait être requis de la part du gouvernement, mais l'autre
part appartenait aux promoteurs eux-mêmes.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre dit...
M. Garon: Cela arrive souvent au ministère que je fais des
propositions à des gens qui ont un projet qui a du bon sens. Je fais une
proposition et c'est à eux à le mettre en marche ensuite. Mais,
une fois qu'ils ont eu l'offre du gouvernement, s'ils décident, pour
différentes raisons, de ne pas faire fonctionner leur projet...
M. Levesque (Bonaventure): Mais le ministre n'aurait-il pas
été plus prudent, avant de faire ce voyage pour venir nous
annoncer la réouverture des chantiers maritimes, d'attendre que quelque
chose de concret se passe? Avez-vous présentement reçu..
M. Garon: On avait loué le chantier.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, avez-vous reçu...
M. Garon: On avait loué le chantier à l'entreprise
pour la construction navale.
M. Levesque (Bonaventure): Vous l'avez loué.
M. Garon: C'était déjà pas mal.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez loué le chantier.
C'est parfait.
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, est-ce que vous avez
été payé? Est-ce qu'il a payé son loyer? Est-ce que
la compagnie a payé son loyer?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: Non, mais il est arrivé des divisions au sein
des actionnaires et on me dit que leur projet n'a pas fonctionné et ils
ont évacué les lieux.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'ils sont entrés dans
les lieux? Au mois de juin, vous me disiez qu'ils ne pouvaient pas.
M. Garon: Ils étaient en location. On leur a loué.
Ils ont signé un bail de location avec le ministère.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vous avez dit
vous-même...
M. Garon: Ils avaient quatre mois pour aménager les
lieux.
M. Levesque (Bonaventure): Oui. Vous avez dit vous-même, au
mois de juin...
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): ...lorsqu'on vous a interrogé
là-dessus, le 16 juin 1981, qu'ils ne pouvaient pas s'installer avant
que certaines personnes d'un autre ministère évacuent les lieux.
Or, vous prétendiez, à ce moment-là, que cela prendrait un
mois et demi pour le faire. Or, au mois de juillet, au mois d'août, au
mois de septembre, au mois d'octobre, au mois de novembre et
présentement, est-ce qu'il y a eu occupation des lieux, installation de
cette compaqnie qu'évoque le ministre présentement?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: Nous avons rempli les engagements que nous avions pris.
Nous avons loué le chantier à l'entreprise. Nous avions dit,
à ce moment-là, qu'il y aurait un autre ministère qui
devait évacuer les lieux, le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, et il a évacué les lieux un mois et demi plus
tard, tel que convenu. Ensuite, le locataire était en droit d'occuper
les lieux pour faire son chantier de construction navale. Maintenant, il n'a
pas mis à exécution son projet. Qu'est-ce que vous voulez que je
fasse?
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre sait s'il y a
eu réellement un bail qui a été signé?
M. Garon: II y a eu un bail qui a été
siqné.
M. Levesque (Bonaventure): Ne pense-t-il pas qu'à ce
moment-là, il y a des obligations qui ont été
contractées de part et d'autre?
M. Garon: II y a des obligations qui ont été
contractées et le ministère a rempli ses obligations.
M. Levesque (Bonaventure): Et est-ce qu'il a l'intention de voir
à ce que l'autre partie au contrat respecte ses obligations?
M. Garon: II a l'intention de voir à ce que l'autre partie
au contrat respecte ses obligations.
M. Levesque (Bonaventure): De quelle façon?
M. Garon: Maintenant, comme il ne remplit pas ses obligations, il
a été mis en demeure d'évacuer les lieux pour que nous
reprenions la possession du chantier qu'il était en mesure
d'occuper.
M. Levesque (Bonaventure): Évacuer les lieux, mais, s'ils
n'étaient pas là, comment font-ils pour évacuer les
lieux?
M. Garon: Comme locataire, il avait loué. Alors, il
était le locataire de la bâtisse.
M. Levesque (Bonaventure): Ah! M. le Président, à
quand la prochaine annonce par le ministre de la réouverture des
chantiers maritimes de Paspébiac?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: Vous savez...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre... Pardon?
M. Garon: ...c'est un chantier maritime qui est fermé
depuis longtemps, depuis 1968. Nous l'avons offert et à pas très
cher, vous savez. Je peux vous dire que c'était seulement quelques
centaines de dollars par mois, la location pour l'entreprise, pour le chantier
maritime. Si vous tenez compte des investissements qu'il y a là et de la
valeur du chantier, c'était vraiment un prix nominal. Alors, si...
M. Levesque (Bonaventure): Vous aviez dit que c'était 6000
$ par année.
M. Garon: C'est cela. C'est ce que j'avais dit, quelques
centaines de dollars par mois. Alors, c'est un prix nominal pour le type
d'équipement qu'il y a là. Maintenant, je ne peux pas...
M. Levesque (Bonaventure): J'avais demandé au ministre
s'il avait, vis-à-vis de ces promoteurs-là, fait une certaine
enquête pour connaître la valeur de ces personnes. Le ministre m'a
dit: Oui, on a fait des enquêtes là-dessus.
M. Garon: Les gens ont fait...
M. Levesque (Bonaventure): Et j'ai posé la question
suivante au ministre, au mois de juin. J'ai dit: Avez-vous reçu un
dépôt, quelque chose, des cautionnements, des garanties? La
réponse de M. Garon: On a fait une enquête approfondie sur les
promoteurs, une enquête de crédit, de solvabilité. J'ai
posé la question suivante: Est-ce que le ministre aurait objection
à me procurer le résultat de ces enquêtes, etc.?
Est-ce que le ministre peut me promettre qu'il va aller voir
lui-même le genre d'enquêtes qui ont été faites? La
réponse est oui. Je lui posais la question: Est-ce qu'il voudra m'en
faire rapport? Le ministre a dit oui. Je lui ai demandé dans quel
délai. Il m'a dit: Dans quelques jours. C'est le ministre qui m'a dit
cela. Je n'ai jamais entendu parler du ministre après ça. (16 h
20)
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: Je vous l'ai dit, je peux mettre des noms au bout si
vous voulez. Il y a des actionnaires d'une entreprise. Les actionnaires ne
s'entendent pas entre eux et le principal actionnaire qui est un M. Ferguson -
si vous voulez des noms - décide de se retirer du projet et de ne plus
fonctionner. C'était l'homme clé dans toute l'entreprise. Que
voulez-vous que je fasse?
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ce que je
demande au ministre c'est que, premièrement, il ne vienne pas nous
assommer avec des communiqués de presse, des annonces et, lorsqu'il
viendra, qu'il vienne donc avec quelque chose de concret et de vrai, qu'il
n'attende pas la veille d'une élection pour venir nous annoncer encore
un autre chantier maritime.
Deuxièmement, je ne voudrais pas qu'il fasse comme son
collègue le ministre d'État au Développement social qui
est venu dans le même comté avec les mêmes moyens modernes
de communication, avec une pelle...
M. Garon: Je n'avais pas de pelle.
M. Levesque (Bonaventure): ... pour lever la première
pelletée de terre...
M. Garon: J'aurais pu avoir une clé.
M. Levesque (Bonaventure): ... de l'agrandissement de
l'hôpital de Maria pour personnes qui ont besoin de soins
prolongés. J'ai trouvé cela curieux en 1978 ou 1979 lorsque le
ministre est arrivé avec sa pelle parce que c'était la seule
pelle qu'on voyait à l'horizon. Il n'y avait pas d'autre grue, ni
d'autre pelle ni d'autre entrepreneur, il n'y avait même pas eu de
demande de soumissions, les plans n'étaient même pas
terminés et on faisait la levée de la première
pelletée de terre. Évidemment, on n'a jamais entendu parler de
cela depuis. Il n'y a jamais eu une autre pelletée de terre depuis ce
temps-là, M. le Président, et on est rendu bientôt en 1982.
Cela va faire trois ans. Il ne faudrait pas faire cela non plus, mais il y a
une chose que le ministre peut faire. Ce chantier maritime a fonctionné,
a fait travailler des ouvriers, a produit d'excellents bateaux, des bateaux
d'acier, il y avait une très bonne main-d'oeuvre et
c'était exploité dans le temps par une succursale de Marine
Industrie qui est indirectement la propriété du gouvernement par
le truchement de la Société générale de
financement.
La seule raison pour laquelle le chantier maritime de Paspébiac a
fermé ses portes, je me la rappelle fort bien, c'est lorsque la SGF et
Marine ont demandé au gouvernement une garantie sur le déficit
qu'elles prévoyaient à cause d'un ralentissement dans l'industrie
de la pêche. Je pense qu'elles demandaient 1 $ l'heure de garantie sur le
salaire des ouvriers. Le gouvernement du temps, qui était un autre
gouvernement que le mien ou que le vôtre, a refusé et, à
partir de ce moment-là, la SGF et Marine ont décidé de
partir. Personne n'est revenu depuis. Le ministre est très près
des chantiers maritimes de par la situation géographique de son
comté. Je ne veux pas lui enlever ce qui lui appartient de droit, je ne
veux rien enlever au comté de Lévis pour l'apporter dans
Bonaventure, je n'ai jamais fait cela, mais je n'aime pas non plus qu'on vienne
dans Bonaventure chercher des choses pour les apporter dans un autre
comté. C'est une autre histoire. Le ministre, de par son appartenance au
gouvernement, de son poste dans le cabinet des ministres, est très
près de la SGF, il est très près de Marine Industrie. De
par son comté, il est près de l'autre grand chantier maritime.
Donc, c'est un homme qui n'est pas loin de ce milieu-là et je lui
demande de porter une attention particulière à ce
problème-là. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: C'est difficile sans promoteur. Je suis persuadé
que le député de Bonaventure, qui a été au
gouvernement de 1970 à 1976 et dans le Conseil des ministres, aurait
aimé que le chantier de Paspébiac ouvre de 1970 à 1976. Je
suis convaincu qu'il a fait des efforts pour qu'il ouvre mais ça prend
des promoteurs pour faire fonctionner le chantier. Comme vous dites, dans mon
comté...
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, M. le Président, je
vois les bonnes intentions du ministre, mais il ne faudrait pas...
M. Garon: ... j'ai trois chantiers maritimes, j'en ai un
très gros qui est Davie Brothers, qui est maintenant Dome. Il y en a un
autre plus petit et il y en a un autre encore un peu plus petit. C'est un
propriétaire unique qui fait de la construction lui-même. Je
connais un peu le secteur des chantiers maritimes mais, cela prend à la
base des promoteurs et c'est plus facile actuellement, parce que nous
finançons la construction de nombreux bateaux au Québec: 19 en
1977; 24 en 1978; 35 en 1980; 39 en 1981. Il y a de la construction de bateaux,
il y a des soumissions demandées pour la construction de bateaux. Le
projet avait été accepté pour Paspébiac, avec
location de la bâtisse, à un prix peu élevé, pour
aider les gens qui démarrent. Quand on parle de 1 $ l'heure, ce n'est
peut-être pas exactement cela, mais à un coût aussi bas pour
la location du chantier avec tout ce qu'il y a dedans, c'était
pratiquement un coût nominal.
S'il y a eu une division entre les propriétaires, l'entreprise
était cependant sérieuse, il y avait des gens connaissants
là-dedans; les fonctionnaires m'ont dit que le principal actionnaire
était quelqu'un qui connaissait le domaine. Mais il y a eu une division
entre les actionnaires de sorte que l'entreprise qui devait fonctionner n'a
jamais fonctionné.
M. Levesque (Bonaventure): Maintenant, si on me le permet, il
faudrait que j'aie la chance de poser au moins deux ou trois questions dans le
peu de temps qu'on a laissé à ma disposition.
À quelques mètres de là, se trouve un autre
édifice gouvernemental: l'usine de transformation des produits de la
pêche. C'est un dossier très chaud, si on peut employer ce mot,
dans la région. Il a réchauffé plus
particulièrement au cours de la dernière campagne
électorale et même avant la dernière campagne
électorale. Même dans cette Chambre - j'ai le journal des
Débats - j'ai des promesses du gouvernement que l'usine de
transformation allait ouvrir ses portes dans les quelques mois qui suivaient
l'annonce faite ici, en Chambre. C'était il y a deux ans. Les termes
employés ne laissent aucun doute. Si on veut que je fasse les citations,
elles sont toutes là, elles sont consignées au journal des
Débats. Le gouvernement annonçait la réouverture l'adjoint
parlementaire au ministre de l'Industrie et du Commerce qui, à ce
moment-là, était le ministre responsable des pêches - le
gouvernement promettait la réouverture de l'usine de transformation du
poisson. La transformation du poisson se fait depuis 1766, cela fait
au-delà de 200 ans que cela se fait à Paspébiac.
Coïncidence: depuis que le Parti québécois est là,
ça ne fonctionne plus. Coïncidence! Mais cela devrait marcher.
J'ai ici des coupures de journaux qui parlent des promesses: "L'usine de
poisson de Paspébiac repart à neuf". Il ne s'est rien
passé. "Mesures prochaines en vue de rouvrir l'usine de
Paspébiac". Rien. "L'usine de Paspébiac rouvrira d'ici
l'été", dit le député des Îles. Rien.
"L'usine de transformation de Paspébiac ne rouvrira pas avant le
printemps
1981, après les élections." Rien. "Deux obstacles à
la réouverture de l'usine de poisson à Paspébiac."
Là, on trouve des obstacles. Qu'est-ce qui se passe? C'est une usine qui
est installée...
M. Garon: Spécialisée.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui appartient au gouvernement,
qui appartient au ministère, qui est entourée d'installations
portuaires. Des millions et des millions ont été investis dans
tout ce grand parc industriel de Paspébiac. Nous avons une main-d'oeuvre
spécialisée et, encore là, le gouvernement, durant la
dernière campagne, c'était beau de voir cela, M. le
Président votre candidat, pas vous, M. le Président, son
candidat, se promenait devant les caméras de télévision
avec un industriel qui était tout prêt à commencer le
lendemain des élections. Il se promenait avec son industriel, à
part cela, vous savez!
Présentement, on peut rire, mais les gens de chez nous ne rient
plus, ils savent qu'on est au mois de décembre 1981 et que rien ne
s'annonce encore pour le printemps de 1982. Je le demande au ministre bien
sérieusement. D'ailleurs, je ne suis pas le seul à le
réclamer, ici, même la CSN est entrée dans le jeu parce
que, après tout, le syndicat de la CSN à Paspébiac est
réellement extrêmement inquiet. Si le ministre est
intéressé et n'a pas reçu ce dépliant, je peux lui
dire que la CSN n'est pas tendre pour le qouvernement ni pour le ministre. S'il
veut lire cela, il verra les revendications des gens de Paspébiac, des
travailleurs de l'usine qui est fermée maintenant depuis bientôt
trois ans: 1979, 1980, 1981, trois saisons complètes. M. le
Président, je demande au ministre bien brièvement... J'avais dit,
au ministre au mois de juin: Mettez donc sur pied, je sais que ce n'est pas
facile, mais mettez sur pied une équipe de travail qui n'aura que
ça comme fonction, comme objectif, comme mission. Après cela,
vous arriverez avec une réponse. Soit qu'on continue de penser que
ça va ouvrir, et de l'ouvrir, ou bien dites-nous la
vérité. (16 h 30)
M. Garon: M. le Président, on a un fonctionnaire dont
c'est à peu près la principale activité d'essayer de
trouver une vocation pour l'usine de Paspébiac, qui est en région
à part ça. Le problème, c'est que l'usine a
été bâtie pour traiter le sébaste. Or, pendant des
années, les bateaux ont dilapidé totalement les fonds de
sébaste autour de la Gaspésie. Aujourd'hui, il n'y a plus de
sébaste. Les quotas sont à peu près inexistants dans le
sébaste. Je peux vous dire qu'alors que les stocks sont en train de se
reconstituer, j'ai appris, lundi - j'ai fait des représentations dans le
sens contraire - que le qouvernement fédéral accepterait, alors
que les stocks recommencent à se reconstituer et qu'il pourrait y avoir
éventuellement un approvisionnement - c'est ce que j'ai appris dans le
plan de gestion des pêches 1982 - que les bateaux de plus de 100 pieds de
la Nouvelle-Écosse entrent de nouveau dans le golfe pour prendre le peu
de sébaste qui pourrait y être revenu.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre sait, depuis deux ou trois
ans qu'il annonce la réouverture de l'usine, que ce n'était pas
avec du sébaste qu'on pensait la faire marcher. Dans le cas des
Français, de la conserverie tout près de Montréal et de la
coopérative de Carleton, ce n'était pas du sébaste.
C'étaient des produits plus raffinés, plus sophistiqués.
Lorsqu'on parlait des autres industriels qui se promenaient avant les
élections, ce n'était pas le sébaste. Qu'est-ce que tout
ce monde voulait faire? Il y avait bien du monde intéressé.
M. Garon: II y avait des gens qui avaient des projets, mais c'est
une immense usine qui a été faite pour traiter des
quantités considérables de sébaste. Des millions et des
millions de livres. Aujourd'hui les stocks ont été
épuisés et il s'agit d'une immense usine...
M. Levesque (Bonaventure): Une usine peut se convertir, voyons
donc!
M. Garon: II n'y a personne, voyez-vous, qui fait la file
à la porte pour occuper l'usine. Quand il y en a eu des promoteurs, on
leur a mis des conditions très faciles pour s'implanter, mais les gens
disaient: On regarde ça, on est intéressé. Mais, à
un moment donné, ils ont peur parce que c'est un peu un
éléphant blanc. C'est une immense usine. Ils regardent le projet.
On en a amené plusieurs là pour voir l'usine et à la
dernière minute ils disaient: Je vais repenser à ça.
À un moment donné, ils ne reviennent plus.
M. Levesque (Bonaventure): Vous avez eu des offres, même
des provinces maritimes, même d'Antigonish. Regardez dans vos dossiers,
le ministre n'a pas la volonté politique. On le voit, il n'est pas au
courant.
M. Garon: Ce ne sont pas des offres. Ce sont des approches. Ce
sont des gens qui viennent...
M. Levesque (Bonaventure): Ce ne sont pas des offres, ce sont des
approches, voyons donc!
M. Garon: Non. Je vous l'ai dit. Il y a des gens qui viennent et
qui nous disent: Vous avez une bâtisse là. Est-ce qu'elle est
à louer? On dit: Oui, elle est à louer et pas
cher à par cela. Elle est à vendre si vous aimez mieux.
Mais les gens disent: Oui, et comment ça marcherait? On leur demande
quel est leur projet et on parle de cela avec eux. Est-ce qu'on peut les aider?
Après cela, ils repartent et ils ne reviennent plus, même si on a
essayé de les rappeler: Bon, on va repenser à ça, et ils
n'embarquent pas. C'est parce que...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre peut
m'assurer...
M. Garon: C'est une usine qui est placée dans le fond
d'une baie. Le coût de l'énergie aujourd'hui est très
élevé. Il y a des gens qui se posent des questions.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le ministre peut m'assurer
qu'il va demander un rapport le plus tôt possible sur la situation, qu'il
va envoyer des gens sur les lieux et qu'il va faire une concertation avec les
gens qui pourraient être intéressés, qui sont
intéressés? J'ai demandé d'avoir une équipe de
travail spéciale ...
M. Garon: Des gens intéressés...
M. Levesque (Bonaventure): II nous reste deux minutes. Je pense
que ce serait complètement perdu de commencer à parler comme
ça. Je demande au ministre, à ce moment-ci, de manifester une
volonté politique de régler cette question, au moins s'il a la
volonté, s'il a l'intérêt.
M. Garon: J'ai la volonté, mais je n'ai pas les
promoteurs.
M. Levesque (Bonaventure): Mais, au moins, la volonté;
cela s'exprime comment? Lorsque j'ai...
M. Garon: C'est aider à des promoteurs qui veulent partir
l'entreprise dans cette bâtisse-là. On est prêt à
cela, excepté qu'on n'a pas de promoteurs qui veulent le faire.
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque l'usine des Robin a
brûlé en 1964, les Robin ont décidé de ne pas
reconstruire, mais d'investir ailleurs, dans des centres commerciaux. Je
n'avais pas de promoteur, mais j'avais une vraie volonté politique de
régler cela. C'est pour cela que nous avons construit l'usine et nous
avons trouvé des promoteurs. Cela a duré combien de temps? Cela a
duré de 1965 à 1979. Cela fait quatorze ans. On a eu au moins
quatorze ans de travail pour les 125 à 200 personnes qui travaillaient
autour de l'usine et dans l'usine. Mon Dieu! Essayez d'avoir de l'imagination.
Vous avez une usine. Vous êtes sur la mer. Vous n'êtes pas dans la
forêt. Vous êtes sur la mer, vous avez les meilleures installations
portuaires de la région. Essayez d'utiliser de l'imagination, mais
d'abord une volonté politique de régler cela. Merci.
Je voudrais maintenant, M. le Président, avant de terminer -
parce que je vois que mon collègue de l'Agriculture s'impatiente un peu,
malgré qu'il ait une patience angélique - je voudrais, à
ce moment-ci, M. le Président, laissant...
M. Garon: Pas du tout, il vous regarde bouche bée.
M. Levesque (Bonaventure): ...ces questions ponctuelles... En
qénéral, dans le domaine des pêches, j'ai l'impression
cette année que, malgré que le volume puisse être
intéressant, les difficultés des pêcheurs et des
producteurs sont presque sans précédent présentement et je
veux attirer l'attention du ministre. Probablement que d'autres l'ont fait.
Probablement qu'il en est conscient, mais, étant également
ministre de l'Agriculture - et ce n'est pas un ministère pour laisser
quelqu'un, je pense bien, à ne rien faire, à ne pas avoir de
problèmes - je voudrais que les problèmes des pêcheries
retiennent autant son attention que tous les autres problèmes auxquels
il a à faire face.
Pourquoi je dis cela? Ce n'est pas parce que... Cela ne me vient pas
tout seul. D'abord, le ministre a suivi un peu les instructions qui semblent
venir du Conseil du trésor, qui semblent venir du ministre des Finances
et il est embarqué, lui aussi, dans toute cette taxation indirecte.
Lorsque l'on voit les frais additionnels qui sont tombés sur le dos des
pêcheurs cette année, on s'aperçoit que le ministère
des Pêcheries n'a pas été épargné. On a eu
l'augmentation dans les frais de glace. On a eu l'augmentation dans les frais
de bouette. On a eu l'augmentation dans les assurances de bateaux. Cela n'a
jamais arrêté, de sorte qu'on n'est pas surpris de voir à
l'automne, au mois d'octobre 1981, on voit tout à coup: "Garon est
contesté dans les pêches." On voit: "Des hauturiers veulent
qu'Ottawa reprenne le contrôle des pêcheries." Une pétition,
M. le Président...
M. Garon: Oui.
M. Levesque (Bonaventure): "Excédés, dit le
journal, - c'est dans le Soleil du 19 octobre, M. le Président - par les
hausses des coûts des services gouvernementaux du Québec, les
capitaines de bateaux de pêche en haute mer de la Gaspésie songent
à se regrouper en association et envisagent de demander au
fédéral de reprendre la juridiction complète de la
pêche." Imaginez-vous où on est rendu! Il faut que ces
gens-là soient réellement à bout de nerfs et convaincus
qu'ils sont abandonnés par le gouvernement du Québec.
Je ne sais pas si le ministre est conscient de ce qui se passe, mais,
personnellement, je n'ai jamais vu une situation aussi douloureuse pour un
ministre des pêches que celle que nous connaissons présentement.
Dire qu'au mois de janvier 1981 - il faut que je rie un peu, à ce
moment-là, malgré que la situation soit loin d'être
drôle - "Garon regrette de n'avoir pas mis la main sur les pêches
maritimes un an plus tôt." M. le Président, c'est en janvier. La
réponse, il l'a eue. Il vient de la recevoir, des pétitions qui
demandent au ministre soit d'avoir un autre ministère... Si le ministre,
probablement, avait seulement le ministère des Pêcheries,
peut-être que ce serait différent. Je ne veux pas l'accuser
personnellement de quoi que ce soit, mais, présentement, ou bien il
n'est pas capable de s'occuper des trois, l'agriculture, les pêcheries et
l'alimentation ou, s'il s'en occupe, il s'en occupe mal. (16 h 40)
M. Garon: Vous savez, quand j'ai eu à m'occuper des
pêcheries, je ne les ai pas eues sous bénéfice
d'inventaire. Je les ai eues parce qu'on voulait décentraliser les
pêcheries et mettre les opérations du ministère dans le
territoire. Suite à ça, à Québec, un grand nombre
de fonctionnaires ont quitté parce qu'ils ne voulaient pas
déménager sur le territoire. Quand j'ai eu à m'occuper des
pêcheries, il y avait 80 postes vacants sur 300 au ministère. Le
sous-ministre retournait à l'université, le directeur de la
protection était malade, le poste de directeur des services aux usagers
était vacant, le poste de directeur de la recherche était vacant,
il y avait un architecte naval; j'avais un service à peu près
défait avec des postes vacants un peu partout. Je pouvais peser sur dix
boutons mais il n'y avait pas de lumière. Pourquoi? Parce que le monde
était parti, les gens ne voulaient pas aller en Gaspésie. La
première chose que j'ai faite, ç'a été de
reconstituer le ministère en région. Je comprend bien les gens
qui disent: Ce n'est pas décentralisé et tout ça. Je peux
vous dire qu'aujourd'hui, sur 300 postes, il y en a 255 en région, il y
en a 55 à Québec, là-dessus, 35 en recherche.
M. Levesque (Bonaventure): Comment est-ce qu'il y en avait en
région avant?
M. Garon: On a déplacé tout ce qu'il y avait
à déplacer en région et il reste peu de postes à
Québec. Maintenant...
M. Levesque (Bonaventure): Voyons, voyons.
M. Garon: Attendez un peu, laissez-moi finir.
M. Levesque (Bonaventure): Le ministre sait fort bien que la
grande partie des effectifs était en réqion avant. Voyons
donc.
M. Garon: M. le Président, c'est rare que le
député de Bonaventure perd son calme. Je vais vous dire ceci. On
a réorganisé le secteur, et je peux vous dire que j'ai bien vu
les déclarations faites par un employé d'un CLSC au nom des
hauturiers et j'ai reçu une pétition. Maintenant, ils pensaient
que les qens allaient à Ottawa. Là-dedans, je voyais, par
exemple, certains noms. Il y en a un parmi les signataires qui venait d'avoir
une offre - pour la construction d'un bateau. Il venait d'avoir une subvention
de 210 000 $, plus un prêt de 351 000 $ sans intérêt sur
lequel nous, nous payons 22% d'intérêt par année. S'il y a
mieux à Ottawa pour les pêches, je vais vous dire une chose,
qu'ils aillent donc emprunter à Ottawa, chercher leur subvention
à Ottawa; ils n'auront pas une "tôle". S'il y a des gens qui sont
malades dans le coin, je pense qu'ils ont raison d'aller au CLSC, c'est la
place pour se faire soiqner, mais si c'est là qu'ils veulent avoir les
subventions... Il n'y a pas un gouvernement au Canada actuellement qui
maintient des prêts sans intérêt pour la construction de
bateaux, pas un seul.
M. Levesque (Bonaventure): C'est comme ça au
Québec, cela a toujours été comme ça.
M. Garon: Oui, mais les taux n'étaient pas à 22%
dans le temps des libéraux. Quand le taux était à 3%,
à 4% ou à 5%, des prêts sans intérêt, ce
n'était pas compliqué, mais quand c'est à 20% et à
22%! Je peux vous dire une chose, quand un pêcheur a actuellement un
prêt de 200 000 % ou 300 000 % sans intérêt, cela veut dire
que ça nous coûte 40 000 $ à 60 000 $ de subventions
d'intérêt. On lui a demandé de payer la moitié de sa
prime d'assurance - cela a été une directive du Conseil du
trésor - il peut peut-être payer une prime de 6000 $. On lui en
subventionne la moitié, 3000 $. Les 3000 $, il peut entrer ça
dans ses dépenses d'impôt de sorte qu'il va peut-être, avec
l'autre montant de 3000 $, en payer véritablement de sa poche entre 1500
$ et 2000 $. Le reste...
M. Levesque (Bonaventure): Ils n'en payaient pas avant.
M. Garon: Oui, et vous allez remarquer une chose si on parle de
fonds publics. Quand les assurances étaient payées
entièrement par le gouvernement du Québec, le taux du
gouvernement fédéral était 2,25%. Depuis qu'on dit que le
pêcheur va en payer la moitié, drôle de hasard, le
gouvernement fédéral a baissé son taux à 1,72%.
Est-ce
que le gouvernement fédéral nous volait? Le taux a
baissé de 2,25% à 1,72%. On paie 50%, c'était la condition
que le Conseil du trésor nous demandait pour maintenir des prêts
sans intérêt pour la construction des bateaux. Alors, j'ai
pensé et je pense encore que le choix de payer la moitié de la
prime qui peut entrer dans les dépenses déductibles d'impôt
pour garder des prêts sans intérêt, c'est plus avantageux.
Or, c'est ce que nous avons fait.
Concernant la bouette, le prix de la bouette n'a pas vraiment
augmenté. Ce qui a augmenté, ce sont les frais d'entreposage dans
les entrepôts frigorifiques des entreprises, et le prix de la glace. Mais
le prix de la glace est encore bien plus bas que dans les provinces
maritimes.
Au fond, c'est vrai que c'est une année difficile dans les
pêches. Quand j'étais à la conférence
fédérale-provinciale, lundi dernier, un des ministres mentionnait
les difficultés des entreprises dans sa province. Je l'écoutais
parler, c'étaient presque toutes des entreprises en faillite. Il
s'agissait de grandes entreprises, pas de petites, avec des capitalisations de
plusieurs dizaines de millions. J'étais estomaqué de voir les
chiffres que je voyais là. Tout le secteur des pêches est
actuellement en difficulté au Canada pour la raison très simple
que le gouvernement fédéral a maintenu le dollar canadien
artificiellement haut avec des taux d'intérêt
élevés.
La principale raison pour laquelle c'est difficile pour les entreprises
au Canada, c'est parce que le dollar canadien est élevé alors que
les monnaies européennes sur les marchés du poisson ont
été dépréciées. Ces monnaies étant
dépréciées par rapport à la nôtre, ça
veut dire que, pour le même prix de vente en Europe, ou un prix
inférieur en Europe, on obtient, en termes de dollars canadiens, un
montant beaucoup plus faible qu'auparavant. Cela, c'est la politique
monétaire du gouvernement fédéral. Avec l'argent qui est
là-bas, on a décoré le gouverneur de la Bangue du Canada
de l'Ordre du mérite du Canada il y a deux semaines, pour faire des taux
à 20% et maintenir un dollar canadien haut, qui a mis tout le secteur
des pêches en difficulté.
M. Levesque (Bonaventure): Nous aurons peut-être le temps
de revenir là-dessus à une autre occasion, M. le
Président, vu que le temps est expiré, mais j'aurais cependant
aimé pouvoir dire au ministre que les exportations de poisson se font
également aux États-Unis, et cela en grande quantité.
À ce moment-là, le taux dont il parle, je pense, est encore
favorable au Canada pour les exportations.
M. Garon: Oui, mais le dollar américain est resté
intéressant dans une certaine proportion par rapport au dollar canadien,
ce qui est avantageux, lorsqu'on vend aux États-Unis. Mais, par rapport
à l'Europe, où la monnaie a été
dévaluée par rapport au dollar canadien, c'est moins payant. D'un
autre côté, depuis la zone de 200 milles, les Américains
sont beaucoup moins importateurs de poisson qu'auparavant, puisqu'ils
importaient 75% du poisson qu'ils consommaient et que, maintenant, c'est
seulement à 60%. Pourquoi? Parce que la zone de 200 milles, maintenant,
ils l'ont eux aussi. Ils importent moins de poisson qu'auparavant et les prix
payés sur le marché de Boston, entre autres, ont
été meilleurs pour le poisson venant de l'Islande, du Danemark ou
de la Norvège que pour le poisson venant de l'Est du Canada ou du
Québec.
Dans le secteur des pêches, je peux vous dire qu'avec le
dépôt de la Loi -j'espère que j'aurai toute la
collaboration de l'Opposition pour adopter cette loi avant Noël - sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments, le Québec aura
l'occasion de prendre le leadership, d'être le premier au Canada dans la
modernisation du secteur des pêches au point de vue du contrôle de
la qualité. C'est une loi extrêmement importante.
M. Levesque (Bonaventure): Nous aurons l'occasion, la semaine
prochaine...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministrel M. le
ministre!
M. Garon: Je finis avec cette phrase. Même les gens
d'Ottawa m'ont dit: M. Garon, avec l'expérience que vous avez eue en
agriculture au point de vue du contrôle de la qualité, le
Québec, parce que les pêches et l'agriculture sont ensemble,
pourra aider les autres provinces par ses connaissances technigues au point de
vue du contrôle de la qualité pour améliorer les
pêches dans le reste du Canada également.
M. Levesque (Bonaventure): Nous aurons l'occasion, la semaine
prochaine, lors de l'étude du projet de loi, de poser des questions
pertinentes là-dessus. Le ministre pourra peut-être arrêter
de chanter trop tôt. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Nous allons
tâcher, mes collègues et moi...
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Un instant, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Garon: Comme il s'agit d'un budget supplémentaire, il
me semble que la coutume, c'est que le ministre responsable du budget du
ministère impliqué donne un certain nombre d'explications
concernant le budget supplémentaire.
Le Président (M. Jolivet): Excusez! Comme j'ai pris la
relève, je pensais que cela avait été fait au
début.
M. Garon: Non, on a parlé des pêches. Dans le cas
des pêcheries, comme il n'y avait pas de budqet supplémentaire, je
n'ai pas voulu parler le premier. J'ai demandé au député
de Bonaventure de prendre la parole le premier.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Allez-y!
M. Garon: Mais, dans le domaine agricole, il y a un budqet
supplémentaire et j'aimerais pouvoir donner des explications.
Le Président (M. Jolivet): Allez-y, M. le ministre!
M. Garon: Pourriez-vous me dire quelle est la répartition
du temps?
Le Président (M. Jolivet): Nous avions jusqu'à 17 h
40; il reste près de 50 minutes actuellement pour le
député de Beauce-Sud et vous-même.
M. Garon: Bon! Je suppose que je n'ai pas le droit de parler
pendant les 50 minutes.
Le Président (M. Jolivet): C'est une bonne
supposition.
M. Mathieu: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Une question de règlement, avant que nous
commencions.
Le Président (M. Jolivet): Oui, allez-y!
M. Mathieu: Si je comprends bien, les 50 minutes qui restent,
c'est chacun moitié-moitié.
Le Président (M. Jolivet): Non, ça peut être
plus pour vous et moins pour le ministre, selon les questions et les
réponses. Mais une chose est certaine, c'est que je me fie sur le
juqement des deux pour que vous puissiez utiliser à bon escient les 50
minutes qui vont sont allouées. (16 h 50)
M. Mathieu: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): Vous avez parlé du ministre qui a
le droit de parole ainsi que du député de Beauce-Sud. Nous,
qu'est-ce qu'on fait là-dedans?
Le Président (M. Jolivet): Vous avez le droit de parole.
Ce que j'ai voulu dire, c'est que, d'une façon ou d'une autre...
Une voix: C'est un aqriculteur.
Le Président (M. Jolivet): ...les députés en
cette Chambre ont tous le droit de parole puisque nous sommes en commission
plénière. Cependant, je me fie - j'en suis assuré -
à l'ensemble des gens pour bien comprendre, comme on l'avait dit, ce
matin, au moment où le représentant de l'Opposition a
demandé au leader du gouvernement de bien tenir compte qu'il y avait une
répartition du temps, qui donnait aux députés
ministériels la valeur, dans l'ensemble, d'une heure.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: ... j'aimerais cependant vous souligner que, ce
matin, selon une entente avec le leader du gouvernement, il a été
question, qu'après avoir fait les remarques préliminaires que le
ministre devait faire, l'Opposition allait poser toutes les questions
nécessaires et que la répartition du temps serait, en bonne
partie, accordée à l'Opposition puisque, pour l'étude de
nos crédits, c'est de cette façon que cela fonctionne. On ne
voudrait pas commencer à jouer un petit jeu, a savoir qu'on boycotte le
droit de parole de l'Opposition, etc. On posera des questions et
j'espère que cela sera respecté tel que mentionné ce
matin. Cela a été entendu ce matin avec le leader.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
Une voix: Oui.
M. Picotte: Si vous voulez changer les ententes en cours de
route...
Une voix: Non.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
II y a juste une chose que je voudrais bien situer. C'est de ne pas
prendre tout le temps pour des questions de règlement, sinon vous
n'aurez pas... Ce que j'ai dit, c'est qu'il est évident que je me fie
à l'ensemble des gens ici présents. Comme j'en faisais mention
tout à l'heure, ce que le leader a
dit, ce matin, c'est qu'il y avait une répartition de
façon que l'Opposition puisse poser toutes ses questions. Ce qui
n'empêche pas les députés ministériels de poser
aussi des questions en sachant qu'il y a une heure de disponible pour les
députés ministériels qui veulent poser des questions. M.
le ministre.
M. Garon: M. le député de Maskinongé
soulève trop de questions de règlement. Je vais l'inviter
à notre congrès. Il pourrait se joindre aux autres.
M. Picotte: Ne trouvez-vous pas que c'est assez compliqué?
Il y a assez de manipulateurs comme cela chez vous.
M. Garon: Au micro du centre... M. le Président, c'est
simplement une note explicative, au début, très brève pour
indiquer que le budget supplémentaire qu'on a sous les yeux indique 9
625 000 $, mais qu'en réalité le budget additionnel était
plus élevé parce qu'il y a eu des recours au fonds de
suppléance ou encore un mandat spécial. En réalité,
il s'agit d'un montant de 22 705 000 $ puisqu'il y a eu également 11 242
200 $ sous forme de mandat spécial pour payer des remboursements
d'intérêt aux agriculteurs pour le 1er novembre, alors que le
budget supplémentaire arrivait au cours du mois de novembre. On est donc
allé par mandat spécial au cours du mois d'octobre pour l'obtenir
auprès du Conseil des ministres. Donc, c'est un montant additionnel au
budget de 11 242 200 $. Il y a aussi un autre montant - on est allé au
fonds de suppléance - pour 1 544 500 $ pour des remboursements de
traitement pour certains travaux qui ont été faits par des
fonctionnaires ou des gens qui ont été embauchés dans le
cadre des opérations du ministère.
En réalité, le montant additionnel est de 22 705 500 $,
mais ce qui apparaît ici, c'est 9 625 000 $ qui se répartissent
entre le financement agricole pour un montant additionnel, en plus du mandat
spécial de 11 242 200 $, de 291 800 $, et un montant pour les assurances
agricoles de 4 500 000 $... Les assurances agricoles sont pour
l'assurance-stabilisation, principalement, et les trois quarts de ce montant
sont allés pour le porc parce que le nombre d'assurés dans le
porc d'engraissement a été plus considérable que ce qu'on
avait anticipé puisqu'il y a eu 790 producteurs assurés
représentant 1 300 000 porcs. Pour la gestion du territoire agricole, il
y a un crédit additionnel de 5 125 000 S, puisqu'il s'agit de
remboursements des taxes à 70% sur les terres des agriculteurs qui
exploitent leur terre et parce que les zones permanentes
négociées avec les municipalités l'ont été
à un rythme plus rapide que prévu, de sorte que le montant que
nous avions prévu, lorsque nous avons préparé le budget au
cours de l'automne 1980, n'était pas suffisant. Puisque les
négociations avec les municipalités vont beaucoup plus rapidement
qu'anticipé, cela nous prend un montant de 5 125 000 % pour faire le
remboursement de taxes aux agriculteurs dans une proportion de 70%,
plutôt que 40% comme auparavant, une fois que la terre est rendue dans la
zone agricole.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Le
député de Bonaventure, mon collègue, a terminé en
disant que les pêches étaient abandonnées par le
gouvernement du Québec. Je dois, sans redondance, commencer mon
exposé avec les mêmes arquments: l'agriculture a été
abandonnée par le gouvernement du Québec. D'abord, le ministre
nous avait dit, le 12 novembre dernier, selon le journal des Débats:
"Après avoir connu le budget supplémentaire, j'ai l'impression
qu'après avoir vu le budget, ils vont avoir un peu le souffle
coupé." En effet, nous avons le souffle coupé. On s'attendait
à quelque chose de plus respectable, eu égard à
l'état lamentable et désastreux de l'économie de
l'agriculture.
M. le Président, je vais commencer par une brève citation
du journal La Presse. Vous allez me dire que ce sont de vieilles rengaines. Le
jeudi 10 décembre 1981, je crois que c'est ce matin, page C-4: "80% des
producteurs de porc menacés de faillite. Pas moins de 80% des 7000
producteurs de porc du Québec devraient déclarer faillite
immédiatement si les banques exiqeaient le respect du remboursement des
emprunts qu'elles leur ont consentis." C'était une citation du
vice-président de l'Union des producteurs agricoles.
Je cite un autre article brièvement, dans le Coopérateur
agricole, novembre 1981. C'est l'article du mois présent: "Entre nous,
producteurs, les temps sont durs. Nous n'apprendrons rien à nos lecteurs
en soulignant que notre économie agricole accuse depuis
déjà plusieurs mois, des signes évidents de faiblesse. En
un mot, les temps sont durs. Le nombre de faillites aurait été
plus important si le gouvernement fédéral n'était pas venu
dernièrement à la rescousse des producteurs de porc, en vertu de
sa politique de stabilisation des prix des produits agricoles. Nous attendons
et nous espérons toujours que notre gouvernement provincial ajoutera du
baume sur la plaie en acceptant lui aussi de soutenir financièrement une
production aussi importante pour notre économie agricole que celle du
porc."
Or, M. le Président, vous avez été
témoin qu'au cours des dernières sessions de mai et de
juin, de même qu'à la session présente, j'ai dû
intervenir à plusieurs reprises pour demander de l'aide en faveur des
producteurs de porc. Qu'est-ce que le ministre a dit? Le 11 juillet 1981, le
Soleil: " L'industrie du porc a passé la crise avec succès
(Garon). 1. Enfin, M. Garon a rappelé, chiffres à l'appui, que le
secteur de la production porcine est un des plus largement subventionnés
de l'agriculture québécoise et que les producteurs de porc du
Québec étaient ceux dont les revenus sont les mieux
protégés au Canada."
M. le Président, je trouve ça indécent, je trouve
ça outrageant de dire de telles choses à l'endroit des
producteurs de porc qui n'en finissent plus de cette crise éternelle
dans laquelle ils ont été empêtrés un peu
malgré eux, dans laquelle le ministre les a lancés en leur
offrant, en leur faisant miroiter les avantaqes de l'autosuffisance, qu'il
fallait augmenter la production, qu'il fallait avoir recours à des
prêts de 150 000 $, 200 000 $, 300 000 $ et aujourd'hui, ça fait
seulement deux ou trois ans, tout le monde est sur le bord de la faillite.
Vous savez à quel point le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation était acclamé il y a
quelques mois dans les milieux agricoles. Il leur racontait des histoires,
ça riait, mais maintenant les cultivateurs s'aperçoivent que ce
dont on a besoin à la tête du ministère, ce n'est pas
tellement un comédien, mais un bon administrateur.
Je dois maintenant poser quelques questions bien précises et je
vais les formuler l'une après l'autre pour ne pas perdre de temps. Le
ministre pourra me répondre dans le même ordre. C'est
également pour donner le bénéfice, donner l'avantage
à mes collègues qui veulent également intervenir dans le
domaine de l'agriculture cet après-midi. (17 heures)
La question que je lui pose est la suivante: Devant cette crise de
l'industrie porcine qui n'en finit plus, le gouvernement fédéral
- ne venez pas me dire que ça dépend du fédéral, ce
n'est pas le fédéral qui a incité les producteurs à
se lancer là-dedans - a fait sa part. Au mois de mai dernier, je posais
des questions au ministre, je lui demandais entre autres: Allez-vous venir en
aide aux producteurs? Il me disait: J'attends de voir ce que le
fédéral va faire. Le fédéral a sorti 8,96 $ d'aide
directe aux producteurs par tête de porc. Finalement, la semaine
suivante, il a dit: Oui, le fédéral a sorti son aide, mais je ne
connais pas les modalités d'application. Une fois que tout cela a
été connu, le ministre nous est arrivé avec - excusez
l'expression - des "patch" qui n'étaient pas suffisantes pour la
grandeur du trou.
La crise a continué de perdurer et s'est empirée. Nous
sommes le 10 décembre, un grand nombre de producteurs ont fait faillite,
un plus grand nombre encore ont liquidé, pour éviter les
tracasseries de la Loi sur la faillite, et sont partis en laissant tout leur
butin dans l'aventure. Ceux qui ont pu rester, selon un article de la Presse de
ce matin, à 80%, sont menacés de faillite. Le ministre semble se
contenter de regarder passer le train, bien placidement. Il est
nécessaire que le ministre s'engage concrètement, qu'il vienne en
aide directement aux producteurs qui sont en péril non pas dans deux ou
trois ans, mais immédiatement. Si on croit à la production
animale au Québec, il ne suffit pas seulement de lancer des projets,
d'embarquer des qens dans une aventure, il s'agit également, une fois
que le bébé est au monde, de le nourrir. On ne peut pas
abandonner un enfant à qui on a donné naissance.
Donc, je lui pose la question suivante: Y a-t-il une aide, quelque chose
de direct, de concret? Qu'il ne m'arrive pas avec un mini-sommet, des
études, un livre rouqe, arc-en-ciel et de toutes les couleurs! Y a-t-il
une aide concrète, quelque chose de palpable, de bénéfique
pour les producteures agricoles? Deuxièmement, s'il y a des producteurs
qui désirent passer l'intégration à titre de producteurs
indépendants, est-ce qu'il y a une possibilité pour eux d'avoir
les crédits nécessaires et de bénéficier de
l'assurance-stabilisation?
M. Garon: Et vous allez me reprocher, après cela, de
prêter de l'arqent!
M. Mathieu: Troisièmement, l'intégration. Le
ministre nous parlait de l'intégration. Ce n'était pas
drôle, les grosses méchantes multinationales qui venaient ici...
Par ailleurs, lorsqu'on faisait des prêts agricoles, on disait souvent:
On vous prête, mais pour deux ans, on met comme condition que vous soyez
intégré; cela va être plus commode, vous allez avoir moins
de risques à cause de la maladie et de tout cela, vous allez prendre de
l'expérience et, après, vous rachèterez vos parts.
Au sujet de l'intégration, est-ce qu'il est question que
l'assurance-stabilisation soit étendue aux éleveurs de porc
intégrés, qu'ils soient du secteur coopératif ou du
secteur indépendant, naisseurs ou finisseurs? Je limite, pour le moment,
mes questions au domaine de l'industrie porcine; j'en aurai quelques autres
tout à l'heure, dans d'autres secteurs de l'économie. J'attends
donc avec impatience les savantes et brillantes réponses que voudra sans
doute me faire l'honorable ministre, n'est-ce pas, M. le ministre?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Garon: J'ai rencontré un grand nombre de producteurs de
porc avec qui j'ai discuté lorsque je suis allé au congrès
de l'Union des producteurs agricoles aujourd'hui. Je peux vous dire que c'est
une discussion que j'ai aimée parce que j'ai appris des
éléments dans cette discussion. Voici comment je vois la
situation, à ce moment-ci: II y a une assurance-stabilisation qui
s'applique aux producteurs de porcelets et l'immense majorité des
producteurs est assurée. Le régime existe déjà
depuis 1978, mais ils sont surtout assurés depuis deux ans, soit quand
la crise du porc est arrivée. Avant ça, il y en avait à
peu près 500 assurés, mais, maintenant, il y a plus de 1500
assurés.
Nous avons établi un régime d'assurance-stabilisation pour
le porc dès le mois d'avril et il y avait eu une condition de
posée. Si vous voulez avoir les chiffres exacts, je peux vous les donner
immédiatement. Lorsque nous avons établi les régimes en
1978, il y a eu 256 producteurs qui se sont assurés avec 15 849 truies;
en 1979, 774 avec 72 315 truies; en 1980, 1499 avec 163 582 truies et, en
1981-1982, 1667 producteurs avec 183 286 truies. Vous voyez que, lorsque nous
avons établi le régime, en période où cela allait
bien, peu de gens se sont assurés, mais, depuis deux ans, l'immense
majorité de producteurs est assurée.
Nous avons versé des montants aussi pour faire des paiements
d'avance. Au neuvième mois, lorsqu'on voit que la production va
nécessiter des paiements, on fait des paiements d'avance et,
après cela, on complète après la fin de l'année.
Donc, en 1980, dans le porcelet, pour les éleveurs de porcelet, nous
avons versé 7 553 528 $, soit 112 $ par truie et, en 1980, 7 397 178 $,
soit 45,22 $ par truie. Là-dedans, il y avait des montants qui avaient
été payés comme avance, de sorte qu'au cours des deux
dernières années, dans le porcelet, pour les éleveurs de
porcelet, il y a eu des paiements d'assurance-stabilisation de près de
15 000 000 $, soit 14 950 706 $.
Je vous ferai remarquer qu'il s'agit d'une production qui n'a pas
été vraiment couverte par le régime fédéral.
Je pense qu'il y a eu 1 $ de versé par truie l'an dernier, 1 $ par le
gouvernement fédéral, alors que nous versions 112 $ par truie en
1980. Je pense que le député de Beauce-Sud - je ne le vois pas
prendre de notes -devrait prendre des notes pour ne pas me reposer la
même question parce que, là, c'est 112 fois plus que le
gouvernement fédéral...
M. Mathieu: Cela vous fatigue! Il est heureux que je n'aie pas
pris de notes!
M. Garon: ... en 1980. 1 $ par porcelet, j'ai dit 1 % par truie,
par le gouvernement fédéral en 1980 alors que, nous, cela faisait
112 $ par truie. Il y a 16 à 17 naissances par truie, c'est ce qu'on
prévoit dans les régimes modèles
d'assurance-stabilisation. Ce qui veut dire, à ce moment, que le
fédéral payait 17 $ par truie - c'est un peu moins moche - cela
me fait un paquet de chiffres que je dois retenir, habituellement, je ne me
trompe pas dans mes chiffres, mais c'est 17 $ en moyenne par truie alors qu'au
Québec on payait 112 $. C'est une production qui n'était pas
couverte par le gouvernement fédéral et que nous assurons depuis
deux ans, pas depuis deux ans, mais depuis 1978, cela fait quatre années
de production. La plupart des producteurs sont assurés depuis deux
ans.
Au niveau du porc d'engraissement, la décision du Conseil des
ministres qui a été annoncée au début de
l'année 1981 a été qu'il pourrait y avoir un réqime
d'assurance-stabilisation dans le porc d'engraissement à condition qu'il
y ait un plan conjoint dans le porc. Évidemment, quand on disait qu'un
plan conjoint dans le porc, c'est la décision du gouvernement, du
Conseil des ministres, cela voulait dire que le gouvernement souhaitait qu'il y
ait un plan conjoint. Nous avons d'ailleurs essayé de l'établir
par arrêté en conseil auparavant, mais, cette fois, si les
producteurs veulent se donner un plan conjoint, nous sommes d'accord pour
établir un régime d'assurance-stabilisation dans le porc.
À la suite du vote sur le plan conjoint au mois de mars 1981,
quinze jours plus tard, nous adoptions un régime
d'assurance-stabilisation pour les producteurs indépendants de porc
d'engraissement. Je peux vous dire qu'à la réunion
spéciale du Conseil des ministres tenue pour adopter ce régime,
parce que c'est à peu près la seule décision qu'il y avait
à l'ordre du jour au Conseil des ministres cette
journée-là, cela avait été un engagement et on
savait qu'il y avait des difficultés dans le porc pour couvrir la
situation immédiatement, à la suite de l'établissement
d'un plan conjoint. (17 h 10)
II y a eu cet été la grève des postes, il y a eu
des délais pour s'assurer, et on a accordé un délai
supplémentaire le 15 septembre. Aujourd'hui, il y a 790 producteurs de
porc qui sont couverts par le régime des porcs d'engraissement et
environ 1 300 000 porcs. C'est évident que même pour ceux qui sont
assurés, il y a des difficultés actuellement, et c'est dans ces
cas-là que le régime paie. Au cours du mois de janvier - c'est ce
que j'ai dit aux producteurs - qui sera le neuvième mois du
régime, nous pourrons déterminer s'il y aura un paiement,
- pardon! c'est le dixième mois du régime, cela commence le 1er
avril - s'il doit y avoir une avance pour les éleveurs assurés
qui sont dans l'élevage du porc d'engraissement. À ce
moment-là, s'il y a une avance, il pourrait y avoir une avance au cours
du mois de janvier. Il semble, d'après les données qu'on a
actuellement qu'il y ait de bonnes chances pour qu'il y ait une avance au cours
du mois de janvier. Il s'agit ici de la production indépendante de porc
d'engraissement.
Il y a aussi des productions intégrées. Il y a deux types
d'intégration... Il y a plusieurs types d'intégration, mais
disons, en gros, qu'on peut les classer sous forme d'intégration
privée et d'intégration coopérative, si on peut appeler
intégration la formule utilisée dans le système
coopératif. J'ai demandé aux avocats du ministère de
regarder cette question-là puisque des coopératives locales se
sont regroupées dans une formule qu'elles appellent Cobec où des
producteurs, selon un certain régime qui est une forme de
péréquation, ont établi une forme de stabilisation entre
les coopératives pour les producteurs. Il y en a qui disent que
l'intégration privée et la formule coopérative, il n'y a
pas de différence entre les deux. Il y en a d'autres qui disent qu'il y
a une différence. Je fais actuellement étudier cela par les
avocats du ministère depuis un bon bout de temps, d'ailleurs, parce que
c'est une question apparemment très complexe, pour voir s'il y a une
différence entre les deux. S'il y a une différence entre les
deux, nous allons regarder s'il y a une possibilité d'assurer la
production sous la formule particulière du système
coopératif. S'il n'y a pas de différence entre les deux, il ne
pourra pas y avoir d'assurance, parce que la décision du Conseil des
ministres était de ne pas assurer les productions
intégrées. Pourquoi? Parce que dans les productions
intégrées, dans des périodes où les prix sont plus
bas, c'est l'intégrateur, normalement, qui assume les pertes, de la
même façon que c'est lui qui assume les gains dans les
périodes où il y a un profit.
Maintenant, il y a une difficulté au point de vue du plan
conjoint et là, le député de Beauce-Sud peut jouer un
rôle. La principale difficulté du plan conjoint, je l'ai dit aux
gens dans le domaine du porc est que quand le gouvernement disait que la
condition pour établir un régime d'assurance-stabilisation
était d'avoir un plan conjoint, il ne voulait pas dire: On te demande de
voter un plan conjoint et de ne pas le faire marcher. Il voulait dire un plan
conjoint qui marche. Maintenant, notre plan conjoint n'a véritablement
jamais fonctionné. Une des difficultés, c'est que ceux qui sont
dans l'intégration ne favorisent pas le fonctionnement du plan conjoint.
J'ai dit aux producteurs aujourd'hui que je souhaitais qu'ils fassent au moins
le règlement de cotisation. Il serait normal, si un plan conjoint est
voté, que le règlement de cotisation, qui n'est pas un
rèqlement compliqué - je comprends que la mise en marche
complète d'un plan conjoint peut prendre un certain temps, cela peut
prendre un certain nombre de mois, en tout cas - au moins indique que les gens
sont dans le plan conjoint et qu'il y a un certain nombre de
données.
Actuellement, le plan ne peut fonctionner d'aucune façon. Je vais
vous dire bien franchement qu'ils m'ont dit que les abattoirs ne voulaient pas
percevoir la cotisation, qu'il y avait des directives qui étaient
données. Ils ont dit: Vous comprendrez, M. le ministre, que les gens qui
sont dans l'intégration interdisent formellement la cotisation pour le
plan conjoint aux abattoirs auxquels ils livrent des porcs. Si c'est cela, la
situation, j'espère avoir la collaboration du député de
Beauce-Sud, j'espère avoir la collaboration du Parti libéral et
de tous les députés impliqués s'il faut faire des
modifications à la loi. Car lorsqu'un rèqlement légalement
adopté, approuvé par la Régie des marchés agricoles
est par la suite torpillé, alors que c'est une réglementation
légale et légitime, il faudra peut-être amender les lois
pour permettre que cette cotisation soit exécutoire en vertu des
pouvoirs légaux. Je peux vous dire que je vais faire étudier
cette question et là, peut-être que certains masques tomberont
puisqu'à ce moment-là nous faciliterons la perception des primes
pour ceux qui ont voulu établir un plan. En tout cas, cette question va
être à l'étude parce qu'il semble qu'il y a de grandes
difficultés. C'est ce que j'ai appris du débat de ce matin, parce
que pour un gouvernement responsable... Et vous seriez le premier à le
dire, comme vous dites actuellement: II y a beaucoup de production parce que
vous avez prêté; vous n'auriez pas dû prêter.
Il y a des entrepreneurs indépendants, il y a des gens qui
viennent faire des emprunts et ce n'est pas à moi à
déterminer si lui va l'avoir ou si lui ne l'aura pas. Si un projet est
rentable, a un critère de rentabilité suffisant pour justifier le
prêt, l'Office du crédit aqricole, la société
fédérale de crédit agricole, les institutions
financières prêtent à l'agriculteur. Ce n'est pas à
moi à déterminer tous ceux qui vont avoir des prêts quand
le projet est correct.
Maintenant, avant de créer des incitatifs dans le domaine du porc
- et l'assurance-stabilisation est une forme d'incitatif - il faudrait
peut-être établir des volumes de production ou établir
jusqu'où va aller l'assurance-stabilisation. C'est ça, je pense,
qu'il faut regarder et, pour ça, ça
prend l'établissement d'un plan conjoint. Les producteurs ont
voté démocratiquement l'établissement du plan conjoint au
cours du mois de mars. Maintenant, il faut que ce soit mis en oeuvre. J'ai
l'intention de travailler avec les producteurs de porc pour qu'ils
réussissent à mettre en oeuvre leur plan conjoint. En même
temps, le gouvernement a fait son choix en disant que la production qui
pourrait être stabilisée, c'est la production indépendante.
La production intégrée ne sera pas stabilisée. J'ai
demandé à l'Union des producteurs agricoles, dans son ensemble:
Pourriez-vous me dire si vous faites une recommandation selon laquelle nous
devrions assurer, stabiliser l'intégration de la même façon
que la production indépendante? Je n'ai pas eu de réponse. Je lui
demande à plusieurs reprises: Pourriez-vous me dire, par écrit -
je le dis et, quand je le dis à la télévision, je pense
bien qu'il y a plusieurs gens qui m'écoutent -souhaitez-vous que le
gouvernement assure, par son assurance-stabilisation, l'intégration de
la même façon que la production indépendante? Je n'ai pas
eu de réponse là-dessus.
Je me rappelle que, dans des conversations, même les
députés de l'Opposition me disaient - pas vous en particulier
parce que vous êtes un peu nouveau là-dedans - Vous ne devriez pas
assurer l'intégration. C'est là-dessus que le gouvernement a pris
une décision.
Évidemment, si, à un moment donné, dans son
ensemble, l'Union des producteurs agricoles dit: À l'avenir, changement
de position, nous ne défendons plus nécessairement la ferme
familiale, mais nous défendons l'intégration, même si cette
intégration se fait avec de grandes corporations ou avec de grandes
meuneries, nous sommes d'accord pour qu'il y ait un financement du prolongement
de ces meuneries dans des fermes intégrées. Là, je dirai:
C'est une nouvelle position de l'Union des producteurs agricoles et on va
l'étudier. Je n'ai jamais eu, jusqu'ici, de demandes dans ce
sens-là. J'ai dit: Si vous voulez qu'on le fasse, dites-nous-le. Jamais
je n'ai eu de réponse dans ce sens-là. Je dois dire, à ce
moment-là, que je considère qu'assurer des productions
indépendantes, cela entre dans la philosophie du monde agricole et du
gouvernement du Québec.
Maintenant, il y a d'autres problèmes au point de vue de
l'organisation du plan conjoint et il va peut-être falloir prendre des
moyens pour qu'au point de vue légal, si ces possibilités ne sont
pas là, cela se fasse.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: Merci, M. le Président. Je ne voulais pas
intervenir dans le dossier du porc, mais, à la suite des propos du
ministre, je pense bien que ce serait intéressant d'aller un peu plus
loin au sujet des plans conjoints.
Je pense que le ministre doit comprendre qu'un plan conjoint strictement
provincial... Je ne suis pas contre les plans conjoints. D'ailleurs, j'ai
déjà dit, M. le ministre, que j'étais contre les plans
conjoints forcés, je ne suis absolument pas contre les plans conjoints
qui sont votés d'une façon démocratique. Je pense
qu'après voir parlé à plusieurs producteurs de porc, ils
sont bien au fait qu'un plan conjoint strictement provincial ne règle
pas leurs problèmes. Cela prend aussi un plan conjoint national et avec
une forme de contingentement. Parce que je me dis que Québec seul, avec
un plan conjoint, par exemple, ne réglera pas ces problèmes, je
ne le pense pas, en tout cas, à moins que le ministre n'ait une nouvelle
formule à proposer à ce niveau.
M. Garon: On ne peut pas avoir un plan conjoint national si on
n'a pas un plan conjoint qui marche au niveau provincial.
M. Dubois: Je comprends, mais si seulement le Québec avait
un plan conjoint provincial, il faudrait que les autres provinces l'aient aussi
et qu'il y ait une entente nationale.
M. Garon: L'Ontario en a un. Les principaux producteurs des
provinces productrices ont un plan conjoint.
M. Dubois: Je pense que c'est le voeu de la plupart des
producteurs de porc d'avoir un plan conjoint national, à la suite d'un
plan conjoint provincial, c'est sûr. J'espère que ça va se
concrétiser dans les faits. Je sais que j'ai été
visé, il n'y a pas tellement longtemps, par le ministre qui disait que
j'étais contre les plans conjoints. Je pense que c'est à mon
collègue de Beauce-Sud, lors de la question avec débat du
vendredi, que vous avez fait un petit commentaire à ce sujet.
M. Garon: Oui. (17 h 20)
M. Dubois: Vous pouvez être sûr d'une chose. Vous
n'avez qu'à relever le journal des Débats des années
passées et vous allez voir que je n'ai jamais indiqué être
contre les plans conjoints, mais contre les plans conjoints forcés comme
celui que vous avez décrété, il y a deux ou trois ans, au
Conseil des ministres, au sujet du porc. Je ne suis pas contre les plans
conjoints. Je pense que le voeu des producteurs doit être respecté
et, pour ma part, j'entends bien le respecter.
Je n'avais pas l'intention de parler du porc, mais des pommes, d'un
petit peu de
pommes, non pas pour faire de la compote, mais... Mon collègue a
fait état de problèmes dans le domaine du porc, mais il y a aussi
d'autres secteurs d'activité où il y a des difficultés;
par exemple, les pomiculteurs sont en difficulté. Je pense que le
ministre est bien au fait et le sous-ministre également. Il y a eu
beaucoup de représentations de la part de la Fédération
des producteurs de pommes. Il n'y a jamais eu de promesse par le ministre
qu'une certaine forme d'aide serait donnée aux producteurs de
pommes.
Le ministre a indiqué que l'Office du crédit agricole
serait prêt à fournir une aide. Mais quelle forme d'aide
serait-ce? Un prêt avec intérêt ou un prêt sans
intérêt? Un dégrèvement d'intérêt ou
pas de dégrèvement d'intérêt? J'aimerais
connaître la position du ministre là-dessus parce que rien de
formel n'a été indiqué nulle part. Quel genre d'aide, via
l'Office du crédit agricole, le ministre va-t-il apporter aux
pomiculteurs? Est-ce que le ministre peut répondre à cette
première question? J'en aurai d'autres après.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Disons d'abord que l'assurance-récolte devrait
payer aux producteurs de pommes environ 2 000 000 $ de prestations cette
année. Cela, c'est pour l'assurance-récolte, ce n'est pas pour le
gel des pommiers, c'est plutôt pour le gel des bourgeons au moment de la
nouaison, je pense, au printemps. Les pommiers ont gelé au cours du mois
de février, l'inventaire est fait et nous en sommes très heureux.
Cela a quand même coûté au-delà de 150 000 $ pour
faire cet inventaire, et c'était un bon investissement. Tous ceux qui
parlaient dans le domaine des pommes parlaient un peu par intuition, ils
n'avaient pas vraiment de données sur les vergers
québécois. Aujourd'hui, on a des données. On sait, par
exemple, que la diversification des vergers est beaucoup plus grande que le
disaient tous ceux qui en parlaient. Je peux vous dire que tous les experts
dans le domaine des pommes étaient moins experts qu'ils le
prétendaient puisque -je ne les blâme pas - ils n'avaient pas
véritablement de données. La diversification est beaucoup plus
grande.
De sorte que, à cause de l'absence de données, on aurait
pu faire des incitatifs en renouvelant les vergers à la suite du gel, ce
qui aurait été une erreur pour l'industrie pomicole. 15% des
pommiers ont été détruits en 1981 il y en a un certain
nombre dont la destruction peut se produire au cours de l'hiver puisqu'ils
étaient trop faibles l'an passé; cela peut arriver. Ainsi, le
nombre de 15% peut devenir plus élevé.
Nous aurons une rencontre, un colloque ou une conférence
socio-économique sur l'industrie de la pomme au cours du mois de janvier
pour déterminer quelle devrait être l'orientation de l'industrie
pomicole. Notre aide, dans la perspective de renouveler ces vergers
détruits et d'aider les producteurs, serait sous deux formes. Je l'ai
répété, ce matin, lors du congrès de l'Union des
producteurs agricoles: Une forme d'aide à la plantation des pommiers,
les nouveaux pommiers qui remplaceront les pommiers détruits, une aide
pour planter ces pommiers. Deuxièmement, comme ces pommiers, pendant un
certain temps, ne produiront pas, il faut supporter financièrement le
fait qu'on a des pommiers qui ont été plantés, mais qui ne
produiront pas, dépendamment qu'il s'agisse de pommiers nains, de
pommiers semi-nains ou de pommiers robustes, avant de cinq à neuf ans.
Les axes d'aide du gouvernement du Québec seront faits autour de ces
deux éléments.
Le gouvernement fédéral...
M. Dubois: Je comprends qu'à long terme, la politique sera
établie bientôt, mais à court terme?
M. Garon: À court terme, nous avons rencontré la
Fédération des producteurs de pommes et nous leur avons
expliqué les différentes possibilités de financement
qu'ils avaient à l'Office du crédit aqricole sous leurs
différentes formes. Nous les avons rencontrés avant la saison de
récolte puisqu'on nous disait que certains producteurs auraient de la
difficulté à faire leur récolte parce qu'ils manquaient de
financement, et nous avons discuté avec eux des différentes
formes de crédit à la production disponibles à l'Office du
crédit agricole.
Maintenant, au point de vue de l'aide du gouvernement
fédéral, l'un des aspects c'est qu'il y a un manque à
gagner. Comme les pommiers sont détruits et que ces pommiers pouvaient
produire pendant encore plusieurs années, pendant ces années, il
n'y aura pas de revenu pour ces producteurs de pommes puisgue les pommiers
qu'ils auront plantés vont demander un certain nombre d'années
avant de donner du rendement.
Le gouvernement fédéral est familier avec cette forme
d'aide, puisque c'est la forme d'aide qu'il a appliquée dans l'Ouest,
par exemple, lorsqu'il y a eu des désastres dans le domaine des
céréales. Même chose lors des sécheresses ou encore
dans le domaine des productions particulières, comme celle des poires -
je me rappelle d'une année où d'autres types de production comme
cela ont été affectés dans d'autres provinces. Le
fédéral devrait intervenir, mais il n'est pas
équipé comme nous pour intervenir au niveau de la plantation des
verqers; c'est pour cela qu'on a fait des enquêtes. On a les instruments
pour le faire, alors que le fédéral ne les a pas.
On a les instruments. Cela a pris de grosses équipes. Quand je
parle de 150 000 % ou 160 000 $ pour faire des enquêtes, au point de vue
de l'inventaire des vergers, cela prend du personnel, mais on est
équipé pour faire ce genre de travail.
M. Dubois: M. le Président.
M. Garon: Au point de vue de l'aide pour la plantation, on va
avoir l'aide...
M. Dubois: Je voudrais m'excuser auprès du ministre...
M. Garon: ...et aussi au niveau du crédit. Maintenant, au
niveau du manque à gagner...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: ...c'est une forme d'aide avec laquelle le
fédéral...
Le Président (M. Boucher): Question de
règlement.
M. Garon: ...est familier et cela devrait être sa
participation.
M. Dubois: II reste seulement quinze minutes. Je m'excuse
auprès du ministre.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Huntingdon.
M. Dubois: Étant donné qu'il reste à peu
près quinze minutes pour la période des questions, j'ai
parlé de programmes ou d'aide à court terme. Je ne parle pas des
productions et du manque à gagner pour les années qui s'en
viennent, peut-être dix ans. Présentement, il y a des pomiculteurs
qui sont vraiment presque au bord de la faillite. Vous avez déjà
eu des interventions de l'Office du crédit agricole à l'effet de
consentir des prêts sans intérêt ou à court terme, je
pense. Cela s'est fait au niveau des producteurs de porc, l'an passé ou
il y a deux ans. Dans des cas où les pomiculteurs seraient en grande
difficulté, à court terme, pour pouvoir vivre jusqu'à l'an
prochain, c'est dans ce sens-là que je vous demande si, par l'Office du
crédit agricole, vous aurez des formes d'aide sans intérêt
comme cela a déjà été fait pour les producteurs de
porc, je crois, l'an passé, où environ 30% des producteurs de
porc ont pu se prévaloir de cette forme d'aide. Est-ce qu'il y a une
formule que vous pensez adopter pour les producteurs de pommes qui sont en
difficulté présentement et qui ont à vivre jusqu'à
l'an prochain, jusqu'à la prochaine récolte? Vous savez
très bien que, dans le comté de Huntingdon, la récolte
devrait être entre 8%, 12% et 15% de ce qu'elle était l'an
passé. Il y a donc des gens qui sont vraiment sur le bord de la
faillite. Si on leur met encore sur le dos des taux d'intérêt
bancaires, ils ne pourront pas passer à travers. C'est pour cela que je
vous demandais si vous avez l'intention de présenter une forme d'aide
à court terme, en dehors du problème du gel des pommiers, etc.
C'est ce que je vous demande actuellement et c'est ce qui intéresserait
particulièrement les pomiculteurs qui sont au bord de la faillite. Il
faut les sauver, à court terme, je pense.
M. Garon: Mais là, je pense vous avoir répondu.
M. Dubois: Vous avez répondu à long terme. Je
parle...
M. Garon: Non, ce n'est pas à long terme. Quand je dis que
notre aide va être axée sur la plantation des pommiers, les
plantations ne se feront pas avant le printemps. Quand on parle d'aide à
la plantation, vous savez que cela peut coûter plusieurs milliers de
dollars l'acre pour la plantation des vergers. J'ai les chiffres, selon qu'il
s'agit de pommiers robustes, nains ou semi-nains. Il s'agit de montants
importants.
M. Dubois: Oui, mais cela est à long terme. Planter des
pommiers, c'est à long terme.
M. Garon: Laissez-moi finir. J'ai parlé aussi du
crédit agricole. Ceux qui avaient des problèmes au point de vue
des récoltes à l'automne, je leur ai dit: Vous pouvez allez au
crédit agricole; on a parlé à la fédération
et elle a dit que c'était d'accord. Il y en a qui sont allés au
crédit agricole. Maintenant, pour le manque à gagner, ce dont
vous parlez, c'est justement du manque à gagner.
M. Dubois: De cette année.
M. Garon: Oui. J'ai dit que c'est la forme d'aide,
habituellement, que fait le gouvernement fédéral, lorsqu'il y a
un désastre. J'ai dit que cette aide devait être la part du
gouvernement fédéral, tandis que la nôtre va être
pour la plantation des pommiers et le financement des vergers.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le
député, une dernière question.
M. Dubois: M. le ministre, vous vous en êtes sauvé
souvent en disant: C'est bien de valeur, mais il y a seulement quelque 2% des
pomiculteurs qui sont assurés. Il y a environ 2% des pomiculteurs...
M. Garon: C'est une autre affaire, l'assurance.
M. Dubois: Bon! II y avait 2% des pomiculteurs ou 1,5% des
pomiculteurs qui se sont assurés librement. Il y en a qui sont
forcés de s'assurer, c'est sûr, ceux qui ont des prêts
spécifiquement pour les vergers, ils sont forcés de s'assurer.
Mais, librement, je pense qu'il y a de 1,5% à 2% des pomiculteurs qui
sont assurés. Ce qui veut dire que le régime
d'assurance-récolte pour les pomiculteurs, tout comme pour les
horticulteurs, il va falloir le revoir parce qu'il n'est pas achetable.
Personne n'en veut. Je ne sais pas si le ministre a l'intention d'arriver avec
une nouvelle loi qui touche les régimes d'assurance-récolte
particulièrement pour les pomiculteurs et les horticulteurs. Vous savez
très bien que les pomiculteurs ne veulent pas acheter le régime
de l'assurance-récolte qui existe actuellement. Puisqu'il y en a 1,5% ou
2% qui l'achètent, ça veut dire qu'il n'est pas rentable. (17 h
30)
M. Garon: Ce n'est pas exact.
M. Dubois: C'est un fait et on le constate.
M. Garon: Ce n'est pas exact. Il y a à peu près 25%
de la production qui est assurée et il y a de 112 producteurs qui sont
assurés sur 1108.
M. Dubois: J'ai dit forcés.
M. Garon: Mais c'est évident que ceux qui sont
assurés sont principalement des producteurs commerciaux. Les 1108
vergers qu'on a inventoriés, ce sont tous les vergers qui ont plus de 25
pommiers.
M. Dubois: Librement...
M. Garon: Laissez-moi finir. Ceux qui ont 25 pommiers, c'est
évident gu'ils ne s'assurent pas, et il y en a qui ont 50 pommiers et
qui ne s'assurent pas parce que ce n'est pas leur production principale. Mais
les 112 qui sont assurés ce sont des producteurs qui ont des centaines
ou des milliers de pommiers. C'est la véritable production puisgue,
à 112 producteurs sur 1108, on assure 25% de la production. Pourquoi?
C'est parce que ce sont les producteurs professionnels qui sont assurés
principalement. Quand vous dites gu'ils ne sont pas assurés, ce n'est
pas vrai. On va payer 2 000 000 $ de prestations aux assurés; il faut
qu'il y ait des assurés pour que l'on paie 2 000 000 $.
M. Dubois: M. le ministre, vous savez très bien que ceux
qui s'assurent librement -je ne parle pas de ceux qui sont forcés via
l'Office du crédit agricole, c'est un fait -ceux qui ne sont pas
forcés de s'assurer c'est environ 1,5% à 2% des producteurs.
Je parle de ceux qui s'assurent librement. D'ailleurs je pense que les
chiffres sont sortis publiquement. Dans ce sens-là, ça veut dire
que l'assurance-récolte ne répond pas à l'aspiration des
pomiculteurs s'il n'y en a que 2% qui librement vont dire: J'achète une
police d'assurance. D'ailleurs j'ai rencontré tellement de producteurs
qui m'ont dit: Cela ne sert à rien de l'acheter, on ne peut pas aller
chercher plus que le montant de la prime si on n'a pas une base d'à peu
près 80% d'une production réelle. Ceux qui ont subi la
grêle deux ans de suite, par exemple, ne s'assurent pas, ça ne
vaut pas la peine. Il y a tellement de cas comme ça. Le ministre est au
courant parce que je pense qu'il y a eu beaucoup de revendications de la part
de la fédération d'apporter des changements au régime de
l'assurance-récolte dans la pomme, et la même chose existe chez
les producteurs horticoles. Je pense que le ministre est au courant de cela.
Les horticulteurs ne veulent pas s'assurer...
M. Garon: Un instant! J'ai une seule représentation au
point de vue de l'assurance des pommiers, et ce n'est pas de changer le
régime. C'est la seule représentation. C'est de ne pas tenir
compte dans les rendements des assurés de l'année
désastreuse parce qu'ils disent: Cela va faire baisser notre moyenne de
rendement. La représentation que j'ai eue au sujet du régime de
la part de la Fédération des producteurs de pommes, c'est de ne
pas tenir compte de cette année dans l'assurance pour que lorsque des
paiements sont faits par le gouvernement ou la Régie de
l'assurance-récolte, on ne baisse pas le rendement des pommiers en
incluant cette année désastreuse dans ce rendement.
M. Dubois: II est là le problème aussi. C'est le
problème qui est identifié, mais il faut un changement.
M. Garon: Quand vous dites: C'est un mauvais régime, il ne
fonctionne pas et il n'y a personne dedans, ce n'est pas exact. Quand vous me
dites: J'ai un paquet de dossiers, de représentations pour chanqer
l'assurance, ce n'est pas exact.
M. Dubois: Quand il y a 2% des pomiculteurs qui s'assurent
librement, M. le ministre...
M. Garon: II y en a 25%.
M. Dubois: ... les autres sont forcés de s'assurer et vous
le savez. Vous ne voulez pas l'avouer mais vous êtes très au
courant de cela. Il y en a 2% qui s'assurent librement.
M. Garon: Quand je vous dis qu'il y a 112 producteurs
d'assurés qui couvrent 25%
de la production de pomme...
M. Dubois: S'il y en a 100 qui sont forcés de le faire,
voyons donc!
M. Garon: Que voulez-vous, c'est la réalité, ce
sont les faits.
M. Dubois: Des faits, oui! Faites un reportage... Allez-y.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, étant
donné qu'il reste à peine...
Le Président (M. Boucher): Sept minutes.
M. Vaillancourt (Orford): ... sept à huit minutes, je vais
essayer de faire un préambule très court. J'ai été
fort déçu, en voyant le budget supplémentaire, de ne voir
aucun article qui accordait un budget pour le programme Sol-Plus. Le programme
Sol-Plus a été épuisé le 28 juillet dernier, c'est
donc dire que l'enveloppe budgétaire qui est accordée à
cet article ne suffit pas pour les besoins des agriculteurs.
Je pense que le ministre devrait faire des représentations
auprès du ministre des Finances pour faire augmenter son enveloppe
budgétaire afin de permettre à tous les agriculteurs du
Québec d'améliorer le rendement de leur ferme.
Lorsqu'on voit le ministre distribuer des livres comme ceux-ci
concernant les perspectives de développement du secteur agricole, de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation pour les années
1980, je pense que le budget ne répond pas tellement à ces
aspirations, étant donné qu'il n'est pas suffisant pour permettre
aux agriculteurs d'améliorer leur ferme et d'augmenter leur
production.
J'ai été fort déçu et je pense que les
agriculteurs ont été aussi fort déçus de voir que
les engagements qui ont été pris au cours de l'année 1981
seront réalisés à même le budget 1982-1983...
J'aimerais demander au ministre s'il est possible de me donner les
déboursés concernant le budget du drainage souterrain et des
travaux mécanisés en 1980-1981 et les engagements à
même le budget 1981-1982. Est-ce que le ministre est en mesure de me
fournir ces renseignements?
M. Garon: Ce serait plutôt possible au moment de
l'étude des crédits du ministère, le printemps prochain.
En cours d'année, il y a des paiements, des virements qui se font. On
aura des données véritablement complètes là-dessus
à la fin de l'exercice financier, mais je peux vous dire que, quand on
dit qu'il y a eu beaucoup moins de travaux que l'an dernier, il y en a eu un
peu moins, mais ce n'est pas exact de dire qu'il y en a eu beaucoup moins.
Ne parlons pas de budget, de ceci ou de cela, parlons des travaux
effectivement réalisés et subventionnés par le
ministère. Il y en a eu pour environ 19 000 000 $ en 1980, pour le
drainage souterrain, et il y en a eu pour environ 17 000 000 $ en 1981.
Maintenant, on en avait autorisé pour plus de 19 000 000 $, mais il y
avait des entrepreneurs qui étaient tellement chargés de contrats
que, dans la période de deux mois qu'ils avaient pour les accomplir, ils
n'ont pas pu le faire. Quand vous me demandez si je n'aurais pas dû
revenir avec des allocations supplémentaires, après des
consultations avec plusieurs personnes dans le secteur, on m'a dit: Vous seriez
mieux de ne pas le faire parce que cela va créer plus de
problèmes que cela va en résoudre, si on veut rouvrir le
programme à l'automne.
C'est un peu pour cela - je le dis davance - qu'on est en train de
travailler sur une mécanique qui va faire que ceux qui veulent faire des
travaux mécanisés, qui veulent faire du drainage souterrain vont
pouvoir le demander à l'avance car nous allons pouvoir accepter les
projets à l'avance, possiblement même au cours de l'hiver, et nous
allons pouvoir répartir l'enveloppe dans les différentes
régions, de sorte que, quand les travaux vont commencer, tous les gens
vont savoir d'avance où ils en sont.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que, tout à l'heure, le
ministre n'a pas très bien compris ma question. Je lui ai demandé
s'il pouvait me donner les déboursés des travaux
exécutés en 1980, sur le budget 1980-1981. Je pense bien que les
déboursés sont compilés, étant donné que
c'est l'année précédente et non l'année 1981.
En même temps, j'aimerais qu'on me dise quels ont
été les engagements sur le budget de 1981-1982 pour des travaux
exécutés en 1980.
M. Garon: Les travaux de drainage...
M. Vaillancourt (Orford): Ce qu'il m'intéresserait de
savoir concerne l'enveloppe budgétaire des travaux
mécanisés. Quel a été le montant
déboursé sur le budget 1980-1981 et enqagé sur le budget
1981-1982? Le ministre n'a pas la réponse?
M. Garon: Je n'ai pas les chiffres avec moi, à ce point de
vue.
M. Vaillancourt (Orford): Si le ministre n'a pas ces chiffres,
est-ce qu'il pourrait me les faire parvenir?
M. Garon: Ouais! Pourquoi n'inscrivez-vous pas une question au
feuilleton? Je vous répondrai par écrit.
M. Vaillancourt (Orford): Disons que ça
prend un peu de temps. Si je pose ces guestions, c'est parce que j'ai
été fort déçu de voir qu'il n'y avait rien dans le
budget supplémentaire et c'est pour faire prendre conscience au ministre
que, l'an prochain, étant donné qu'il est encore temps d'ajouter
au budget 1982-1983, il serait important de le faire tout de suite pour
permettre de payer tous les engagements qui ont été faits au
cours de l'année 1981, pour qu'il n'y ait pas des sommes à
débourser en 1983-1984. Étant donné que les montants sont
engagés une année d'avance... Je ne connais pas le pourcentage.
Est-ce 25%, 30% ou 50%? Le ministre devrait demander au ministère des
Finances de lui accorder un budget supplémentaire ou lui demander
d'augmenter son budget de 1982-1983 pour permettre aux agriculteurs de faire
beaucoup plus de travaux mécanisés et de drainage agricole. Un
autre suggestion que j'aimerais faire aussi, c'est qu'on a été
très désavantagé cette année dans certaines
réqions parce que l'enveloppe budgétaire qui a été
donnée au ministère de l'Aqriculture n'a pas été
divisée dans les douze régions équitablement. Les
régions où les travaux se font le plus de bonne heure ont
mangé tout le budget... (17 h 40)
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): ... et les régions les plus
éloignées ont été privées de travaux
mécanisés au cours de l'année 1981 étant
donné que les travaux se sont terminés le 28 juillet dernier.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Orford, il est 17 h 40; nous devions arrêter, étant donné
l'entente qu'il y a eu, pour permettre l'étude des crédits du
ministère des Communications.
M. Vaillancourt (Orford): C'est parce que le ministre est trop
long dans ses réponses, c'est pour cette raison. Cela ne m'a pas permis
d'avoir des réponses concernant...
Le Président (M. Boucher): Je pense qu'on a
été long dans les questions et les réponses de la
même façon. Est-ce que les crédits du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sont
adoptés?
M. Mathieu: J'aurais une conclusion.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, il est 17 h 40
et l'entente dit que ce serait terminé.
M. Mathieu: II n'y a pas de conclusion? Le Président (M.
Boucher): Je regrette.
M. Vaillancourt (Orford): J'aimerais avoir une réponse du
ministre. Est-ce qu'il va répondre à mes questions par
écrit étant donné qu'il n'a pas le temps de
répondre ici à l'Assemblée nationale?
M. Garon: II y a plusieurs moyens de répondre. Vous
inscrivez une question au feuilleton et moi je vous réponds par
écrit. C'est la règle. Pourquoi n'inscrivez-vous pas une question
au feuilleton? Je vais vous répondre. Non seulement ça, ma
réponse va être inscrite au feuilleton.
M. Vaillancourt (Orford): Les questions sont posées.
Le Président (M. Boucher): D'accord. Les crédits
supplémentaires du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Une voix: Bâillon.
Communications
Le Président (M. Boucher): Nous passons aux
Communications. M. le ministre des Communications, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: On va donner le temps à nos amis de
l'Agriculture de se remettre de leur long débat d'une heure et
demie.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, M. le
ministre des Communications.
M. Bertrand: M. le Président, je ne ferai pas de
préambule. Je voudrais simplement me réjouir de revoir celui qui
au nom de l'Opposition assume la responsabilité du dossier des
communications, le député de Jeanne-Mance, et, par contre,
souligner gu'en son absence le député de Westmount, à la
commission parlementaire qui a étudié au début du mois de
septembre la proposition de loi contenue dans le rapport Paré sur
l'accès à l'information gouvernementale et la protection des
renseignements personnels, a fait un travail assez formidable et fort positif.
Je tiens à l'en remercier, d'ailleurs. Je ne doute pas que le
député de Jeanne-Mance va prendre la relève maintenant et
s'intéresser lui aussi très activement à ce dossier.
M. Bissonnet: C'est M. le député de Westmount qui
m'a remplacé durant le temps que j'étais absent pour cause de
maladie. Toute la population du Québec a pu le constater
également. Je tiens à assurer que
nous, du côté des communications, pour l'Opposition, nous
travaillons en équipe dans ce dossier et nous essayons de nous partager
les travaux.
J'aurai trois ou quatre questions très précises, M. le
ministre, à titre d'information pour nous, d'une part, et pour la
population également. Premièrement, en ce qui a trait à
Radio-Québec, j'ai remarqué une émission
télédiffusée à L'Événement, il y a
à peu près un mois et demi. Le président de
Radio-Québec y déclarait qu'il y avait un surplus
d'employés, qu'il y avait trop d'employés à
Radio-Québec. Du côté de votre ministère, je ne sais
pas si vous avez pris connaissance de la conversation du président de
Radio-Québec. Je lui ai demandé s'il pouvait m'en transmettre une
copie. En fait, je suis convaincu qu'il avait un texte lors de cette
émission de télévision. Je lui en ai parlé et il
m'a dit qu'il était impossible pour lui de me le transmettre, mais je
sais qu'on le verra l'année prochaine à l'étude des
crédits et nous allons le confronter avec ses déclarations.
Au sujet du projet de téléjournal à
Radio-Québec, M. le ministre, les membres du conseil d'administration de
Radio-Québec ont adopté au début d'octobre un plan de
développement triennal pour les années 1982-1985, à la
demande du gouvernement et de votre ministère, et ils ont établi
un ordre de priorités au nombre desquelles figure au quatrième
rang, M. le ministre, l'intégration à la programmation d'un
journal télévisé d'une demi-heure quotidienne au
coût approximatif de 4 100 000 $ pour la première année.
À la lumière du contexte général
d'austérité qui entraîne d'importantes coupures dans des
secteurs prioritaires tels que l'éducation et les affaires sociales,
à la lumière des restrictions sévères auxquelles a
été soumis le budget de Radio-Québec, ce qui a pour effet
d'amputer sérieusement la programmation du réseau
québécois, le ministre veut-il remettre en question la pertinence
et surtout l'urgence pour le gouvernement du Québec de s'engager dans
une telle aventure? Deuxième question, le ministre pourrait-il, avant de
s'engaqer dans un tel projet, faire connaître publiquement sa
proposition, programmes et chiffres à l'appui?
M. Bertrand: Je remercie le député de Jeanne-Mance
de me poser cette question, parce que je pense qu'il est effectivement temps
que j'indique à l'ensemble de la population un peu quelles orientations
j'entends retenir pour le développement de Radio-Québec au cours
des prochaines années et en particulier pour le prochain exercice
financier 1982-1983.
Tout d'abord, je veux indiquer que le député de
Jeanne-Mance a tout à fait raison de dire que nous traversons une
période d'austérité budgétaire qui nous commande de
faire des choix qui ne sont pas toujours faciles, surtout pour une
société de radiotélévision qui est en plein
développement et qui a vraiment besoin d'argent pour faire en sorte
qu'au moment où elle est en train de prendre son envol, elle ne se mette
pas à piquer du nez faute de revenus qui lui permettraient, justement,
de poursuivre ses projets et d'aller de l'avant surtout avec cette politique de
régionalisation que le député connaît. Je voudrais
indiquer que nous avons, au ministère des Communications, pris la
décision d'aider Radio-Québec de trois façons
différentes pour la prochaine année financière 1982-1983.
La première, c'est d'absorber à l'intérieur du
ministère des Communications toute la compression budgétaire qui
nous est imposée pour la prochaine année financière et
d'en exempter Radio-Québec. En d'autres mots, j'ai décidé
de placer en tête de liste de mes priorités le
développement de Radio-Québec, la poursuite de la politique de
régionalisation, et si j'avais demandé à
Radio-Québec d'absorber sa part de compressions budgétaires pour
la prochaine année, c'est un montant d'environ 1 700 000 $ qui aurait
dû être absorbé en compressions budgétaires par
Radio-Québec. Or, nous avons décidé au ministère de
prendre ce montant de 1 700 000 $ et de l'absorber dans les autres services du
ministère des Communications, ce qui fait que Radio-Québec se
voit donc accorder une certaine marge de manoeuvre de 1 700 000 $ qui autrement
n'aurait pas existé, première chose.
Deuxième chose - je l'ai déjà annoncé
publiquement - j'ai l'intention de présenter au Conseil des ministres
une proposition de modification à la loi constituant la
Société de radio-télévision du Québec pour
permettre à Radio-Québec d'aller chercher des revenus autonomes.
C'est-à-dire qu'en plus des crédits qui sont alloués par
l'Assemblée nationale à chaque année, Radio-Québec
pourrait aller chercher des revenus, mais là, on peut imaginer plusieurs
possibilités. Il y a évidemment la possibilité des
souscriptions populaires - c'est pratiqué par le réseau PBS aux
États-Unis, entre autres - on peut imaginer la création d'une
fondation et on peut aussi, bien sûr, penser à la commandite de
prestige. Ce n'est pas d'ailleurs très nouveau à
Radio-Québec. Je donne l'exemple des films de la série Image par
image où la société Alcan accepte de participer à
cette programmation dans un contexte où, à mon avis, la mission
éducative de Radio-Québec est tout à fait
respectée: 7 secondes de publicité au début du film, 7
secondes à la fin et un long métrage toujours d'excellente
gualité, enfin pour ceux qui suivent les émissions de
Radio-Québec. Je crois que ce type de commandite peut être
accepté dans
le mandat de cette télévision éducative. C'est un
deuxième geste concret que j'entends poser. (17 h 50)
Le troisième, c'est de faire en sorte que lorsque les
priorités gouvernementales seront débattues pour la prochaine
année budgétaire, la seule priorité que j'achemine
à ce qu'on appelle chez nous, vous le savez, le comité des
priorités, s'il existe véritablement une marge de manoeuvre
quelconque pour du développement nouveau l'an prochain, ce soit de
l'argent qui puisse être affecté à la poursuite du
développement de Radio-Québec.
Ce sont donc trois exemples très concrets pour tenter justement
de manifester à la Société de
radio-télévision du Québec mon intention très
réelle de lui permettre de poursuivre son développement. Donc,
pour en arriver maintenant à votre question très précise
sur le bulletin d'information, j'indique que - comme vous l'avez
souligné vous-même - le conseil d'administration de
Radio-Québec a retenu six priorités pour la prochaine
année budgétaire. Le bulletin d'information quotidien vient au
quatrième rang. Il est précédé par,
premièrement, les 800 000 $ qui vont à l'implantation et à
l'exploitation d'antennes; deuxièmement, par l'injection d'un budget de
2 000 000 $ pour accroître la production régionale;
troisièmement, par un budget de 900 000 $ pour la mise sur pied de trois
centres de mise en ondes qui permettraient justement aux régions de se
décrocher du réseau national et de diffuser uniquement dans leur
région. Je n'ai pas besoin de vous dire que l'ensemble de ces demandes,
incluant le bulletin d'information, incluant la série Passe-Partout et
incluant aussi les stations réémettrices au Témiscamingue
et dans la région de l'Outaouais, tout ça fait un montant, en
développement nouveau, de 7 200 000 $. Au moment où on se parle,
on n'a absolument aucune qarantie, ni vous ni moi, qu'il y a de l'argent
disponible pour du développement nouveau. Je peux donc
immédiatement vous annoncer que s'il y a une mince marge de manoeuvre
qui peut être dégagée, elle ira d'abord et avant tout
à la poursuite de la politique de régionalisation avant de servir
à l'intégration d'un bulletin d'information guotidien à
Radio-Québec. C'est une intention que j'ai déjà
exprimée publiquement dans mes rencontres avec les comités
régionaux de Radio-Québec, en faisant la traversée du
Québec depuis quelques mois.
M. Bissonnet: Nous sommes d'accord aussi pour que vous
développiez davantage ce que vous avez mentionné pour la
régionalisation. Lors de la commission parlementaire sur l'étude
des crédits au mois de juin dernier, nous, de l'Opposition, avions
discuté avec vous de l'apport du gouvernement pour faciliter la
pénétration des quotidiens dans les régions
éloignées. C'est un problème très difficile pour
les quotidiens de desservir les populations des réqions
éloignées au Québec. Concrètement, à
l'intérieur de ce ministère, est-ce que vous avez
étudié ce problème pour tenter de solutionner cet
état de fait? On a eu vent qu'un projet serait implanté au cours
de l'année 1982 concernant une commission d'étude visant à
élaborer une politique de pénétration des quotidiens dans
les régions éloignées du Québec.
M. Bertrand: Une commission d'étude, M. le
député de Jeanne-Mance? Non.
M. Bissonnet: C'est ce dont on a eu vent; nous, on voudrait plus
que cela.
M. Bertrand: Ce que je peux vous dire, par contre, c'est
qu'effectivement, nous avons préparé, au cours des
dernières semaines, des derniers mois, ce qu'on pourrait appeler un
projet d'expérience pilote dans les régions
éloignées du Québec, pour tenter d'évaluer un
certain nombre de phénomènes comme, par exemple, l'impact
qu'aurait sur le taux de lecture de ces populations qui vivent en réqion
éloignée le raccourcissement des délais de livraison des
quotidiens ou la baisse du coût que les gens doivent payer pour un
quotidien.
Je crois que c'est mon collègue, le député de
Duplessis, qui me racontait que -je ne sais pas si c'était le Journal de
Québec ou un autre; je le dis comme ça, de mémoire -
à Fermont, dans les villes minières, on payait jusqu'à
1,15 % pour avoir le quotidien. Je n'ai pas besoin de vous dire que, dans
certaines régions, on ne l'a que le lendemain et à un prix
très élevé.
Je dois vous dire aussi que j'ai consulté des
députés sur cette question. Ils ont fait apparaître un
certain nombre d'éléments dont nous devrions tenir compte si nous
décidions d'aller de l'avant avec cette expérience pilote. Ces
éléments d'information qu'ils nous ont apportés m'ont
amené à demander aux qens du ministère des Communications
de revoir le projet et de tenter d'incorporer ces différentes
informations qui nous ont été transmises pour améliorer le
projet, si jamais nous décidons d'aller de l'avant avec ce projet.
Ce que je voudrais que le député de Jeanne-Mance sache,
c'est ceci: J'ai, jusqu'à un certain point, une réserve avant de
décider d'aller vraiment de l'avant avec cette expérience pilote.
Pourquoi? Bien sûr, c'est toujours très agréable de savoir
qu'on peut, par une expérience pilote, mesurer s'il y a un impact ou pas
sur le taux de lecture de ces populations quand on diminue le prix de vente,
quand on raccourcit les délais de livraison, etc. Mais il faut savoir
une chose. C'est que, si l'expérience est concluante,
qu'est-ce que cela veut dire? Est-ce que cela veut dire que le
gouvernement introduit un proqramme de subventions aux distributeurs, un
programme de subventions directes à l'acheteur ou un programme qui
viendrait modifier les lois normales du marché? Donc, dans ce contexte
d'austérité budgétaire que nous traversons, je ne vous
cacherai pas que je me demande sérieusement si nous allons aller de
l'avant avec l'expérience pilote si, au bout de la ligne, nous avons
fait naître des espoirs que nous ne serions pas capables de respecter
parce que, justement, nous n'aurions pas les réponses qui s'imposeraient
dans les circonstances ou l'argent nécessaire pour y donner suite.
Vous allez me dire que ce n'est pas un montant énorme qui est
impliqué dans cette expérience pilote. C'est environ 100 000 $.
Cela étant dit, si c'est dans une expérience qui apporte des
conclusions positives, mais auxquelles nous ne pouvons pas donner suite faute
d'argent ou parce qu'il y aurait une forme d'intervention dans les lois
normales du marché - il y a vraiment là des questions qu'on doit
se poser très sérieusement - je me dis que peut-être ces
100 000 $ seraient mieux utilisés à d'autres fins qu'à
cette fin particulière.
Là-dessus, je serai prêt à recevoir, quant à
moi, les observations de mes collègues de l'Opposition.
M. Bissonnet: Le député de Westmount a une question
additionnelle.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Westmount.
M. French: Justement, lorsque le ministre et moi-même
avions vécu une expérience heureuse en commission parlementaire,
il y a trois mois, son sous-ministre a partagé un certain nombre
d'idées avec la presse nationale au sujet du rôle du gouvernement
dans le marché de la presse quotidienne. Je pense que, dans la
réponse que le ministre vient de donner, j'ai pu déceler une
attitude de scepticisme ou d'interrogation au moins sur le rôle du
gouvernement dans ce marché-là; je voudrais lui donner l'occasion
maintenant de clarifier l'attitude du qouvernement du Québec sur toute
cette série de questions qui découlent de l'enquête de la
commission Kent et d'autres commissions d'enquête sur la presse.
M. Bertrand: Je voudrais indiquer au député de
Westmount qu'effectivement, et vous l'avez noté au cours des dix ou
douze dernières années, il y a eu des réactions chaque
fois qu'il y a eu des problèmes qui se sont manifestés dans le
domaine de l'information et que les gouvernements, par la voie de commissions
parlementaires par la voie de groupes d'étude, ont affiché leur
intérêt. Je me rappelle par exemple que l'ancien
député de Saint-Jean, M. Veilleux, avait participé
à un qroupe d'étude. Il y a eu aussi des projets de
législation. Il y en a un qui avait été amorcé vers
la fin de 1975 environ, sous le gouvernement libéral, et un autre sous
notre gouvernement, à l'époque où M. O'Neill était
ministre des
Communications. Vous vous le rappellerez sans doute, c'était un
projet très global où on touchait à tout dans le domaine
de l'information. Il avait été très mal accueilli à
l'époque. On se rappellera la réaction. C'est qu'à chaque
fois que l'État a voulu intervenir dans le domaine de l'information,
même avec la meilleure foi du monde, il y a eu manifestation d'une forme
de sensibilité qui existe dans le milieu de l'information, d'une
espèce de scepticisme aussi, face à toute intervention de
l'État. (18 heures)
Je vous avoue que moi-même, avant de me risquer dans des projets
de cet ordre, je prends en considération ces différents facteurs.
Je ne vous cacherai pas cependant qu'à la suite du dépôt du
rapport de la commission Kent, il y a un élément qui me trotte
dans l'esprit et qui est celui de l'affirmation de la compétence du
Québec en matière de presse écrite. J'ai bien
indiqué là-dessus, un peu en réponse à ce rapport
de la commission Kent, que l'analyse qui était faite, au nom du
Québec en tout cas, était très partielle et fragmentaire,
puisque, si on veut étudier le phénomène de la
concentration des entreprises de presse, il ne-faut pas seulement tenir compte
des quotidiens, mais il faut aussi tenir compte de la presse hebdomadaire, de
la radio, de la télévision, en d'autres mots des
possibilités de contrôle vertical et donc, dans ce contexte, il
faut assumer ici chez nous nos responsabilités dans ce secteur.
Pour l'instant, je ne suis pas en mesure d'indiquer si oui ou non le
qouvernement décidera de poser un geste précis pour donner suite,
en partie, aux recommandations contenues dans le rapport Kent, mais je peux
indiquer immédiatement au député de Westmount que si
jamais il y avait un qeste posé du côté du gouvernement, ce
ne serait pas du même' type que ce projet qui avait été
soumis à l'attention du public il y a quelques années; par
contre, ce serait peut-être un projet de nature à affirmer la
compétence du Québec en cette matière.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, étant
donné que nous avons dépassé l'heure de la suspension, y
a-t-il consentement pour poursuivre?
M. Bertrand: Oui, il y a consentement, M. le
Président.
M. Bissonnet: II y a un consentement
jusgu'à 18 h 10 au maximum.
M. Bertrand: Pas de problème.
Le Président (M. Boucher): 18 h 10, d'accord.
M. le député de Westmount.
M. French: Je voudrais tout simplement recommander au ministre,
face à ses revendications de droits et de pouvoirs - je ne prendrai
jamais position là-dessus, je ne suis pas avocat constitutionnel, je ne
parle pas pour mon parti dans ce contexte - la même attitude que celle
qu'il a adoptée face au projet pilote précédent,
c'est-à-dire que s'il n'a pas l'intention d'utiliser de quelque
façon que ce soit ces pouvoirs, qu'il ne les revendique pas parce que
cela va créer le même genre d'inquiétudes et de
problèmes. Lorsqu'il y aura une cause, lorsqu'il y aura un acte tangible
et concret qui affecterait, d'une façon très directe, le champ de
juridiction en question, ce sera le temps de se chicaner sur la juridiction.
Mais en attendant, le ministre a déjà trouvé d'autres
champs dans lesquels il veut foncer et ce serait peut-être mieux. Ce
serait peut-être susceptible de développer un peu plus de
consensus ici que ce champ particulier des médias écrits,
quotidiens et hebdomadaires.
M. Bissonnet: Oui, d'accord. Disons que ce sera notre
dernière question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: On a annoncé dernièrement la
création d'un comité ministériel permanent des
communications dont la mission serait de coordonner l'information
gouvernementale au niveau politique. En tant que responsable de l'Opposition en
matière de communications, je surveille cela de façon très
étroite pour qu'il n'y ait pas des choses politiques à
l'intérieur du gouvernement qui se fassent avec les communications de la
politique.
Vous agissez comme ministre à titre de président de ce
comité. Pourriez-vous nous faire connaître les objectifs ou les
priorités dans le domaine de la coordination - comme c'est votre
râle - et de l'information gouvernementale vis-à-vis de ce
comité ministériel?
De plus, reconnaissez-vous que la création d'un tel comité
politique des communications gouvernementales maximise le danger que
l'information gouvernementale prenne la tengente de la propagande? Nous, en
fait, on a constaté que ce comité a été
formé par la voie des journaux. Cela a été annoncé
dans les journaux et on se pose des questions sur ce comité, face
à la propagande politique qui pourrait survenir à la suite de
cela.
M. Bertrand: Pour vous répondre, M. le
député de Jeanne-Mance, d'abord, j'aimerais indiquer que la
création de ce comité ministériel permanent des
communications me tenait à coeur depuis que le premier ministre m'a
demandé d'assumer la responsabilité du ministère des
Communications. Il s'effectuait... Écoutez, je vais résumer
très rapidement.
On a connu, vers la fin des années soixante, une période
de centralisation presque absolue de l'information et de la communication
gouvernementales. C'était l'époque, vous vous en souviendrez, de
l'Office d'information et de publicité du Québec. À ce
moment, c'était la centralisation presque totale. A suivi une
période de décentralisation presque aussi absolue où
chacun des ministères ou chaque orqanisme gouvernemental avait sa
direction des communications et fonctionnait avec ses budgets sans aucune
coordination. Quand nous sommes arrivés au pouvoir, en 1976, nous avons
réalisé qu'il était nécessaire, pour que nous ayons
une politique plus cohérente en matière d'information et de
communication gouvernementales et pour viser aussi à une utilisation
plus rationnelle des ressources humaines, techniques et financières en
matière d'information et de communication, de trouver le moyen de
coordonner tout ça.
Cela a donné lieu, en 1978, à la création de ce
qu'on appelle depuis le conseil des directeurs des communications qui
réunit à peu près 35 directeurs et directrices des
communications qui sont des représentants et des ministères et
d'organismes gouvernementaux relevant de ces ministères. C'est un
travail qui a donné des résultats intéressants, mais,
quand je suis arrivé au ministère, j'ai constaté qu'il y
avait un chaînon manquant et que c'était la coordination au niveau
politique.
Là-dessus, M. le député de Jeanne-Mance, je vais
vous le dire en toute franchise, moi, dans le domaine des communications, je ne
me mettrai pas sur la défensive. Je pense que la mission d'informer les
citoyens, c'est un devoir d'état et que les élus doivent assumer
cette responsabilité. Bien sûr, nous sommes appuyés par des
équipes de fonctionnaires. Nous ne devons pas nous cacher ou nous
dissimuler derrière des équipes de fonctionnaires pour faire
faire le travail de coordination qui doit être fait par les élus.
Ce sont les fonctionnaires eux-mêmes, les directeurs des communications
qui nous l'ont dit, il nous manque cette espèce de portrait
général qui nous permettrait de savoir ceci: Nous, notre travail,
à partir de quelles grandes orientations, de quelles qrandes
priorités et de quels grands objectifs devons-nous l'effectuer? Le
conseil de directeurs des
communications - qui est formé de fonctionnaires - à un
moment donné, a fait sentir aux élus qu'il y avait quelque part
une responsabilité qui n'était pas assumée. Cette
responsabilité, elle est essentiellement politique.
Je pense qu'il y a une qrosse différence, d'ailleurs, entre
assumer la responsabilité politique et faire de l'information partisane,
ce que le député pourrait appeler de la propagande partisane, et
là-dessus je suis bien d'accord avec lui. Mais exercer une
responsabilité politique, c'est-à-dire être capable de
dégager de grandes orientations, de grandes priorités et de
grands objectifs en termes de communications et d'information, cela
m'apparaît devoir être une responsabilité qui est prise en
charge par les hommes et les femmes politiques et on ne doit pas se
dérober. On doit assumer nos responsabilités dans ce domaine et
nous allons le faire en toute transparence. Je peux indiquer au
député de Jeanne-Mance que ce comité ministériel
permanent des communications qui a tenu jusqu'à maintenant deux
réunions - il tiendra sa prochaine réunion jeudi prochain, si ma
mémoire est bonne - va effectivement faire ce travail, mais on ne
s'occupera pas de prendre la place de ceux qui ont l'expertise et la
connaissance en matière de stratégies, si vous voulez,
d'interventions du côté de l'information et de la communication
gouvernementales. On ne va pas de substituer à ces gens. On ne va pas
faire leur travail à leur place, mais on va faire le travail que nous
devons faire et qu'ils ne peuvent pas faire à notre place. Je crois que
c'était un des éléments qui manquaient et qui, à
mon avis, va nous permettre - et c'est ce qui est important - d'utiliser de
façon beaucoup plus rationnelle les ressources humaines, techniques et
financières, ce qui pourrait vouloir dire en fin de compte
peut-être dépenser moins d'argent, mais avoir le sentiment qu'on
le dépense sur la base d'orientations, de priorités et
d'objectifs sur lesquels on s'est entendus. Je vous donnerai un exemple, quant
à moi, en tout cas, de campagnes qui, à l'occasion,
m'apparaissent arriver de je ne sais pas où et qui n'ont pas de
justifications véritables quant à moi. (18 h 10)
Durant tout l'été, je me suis promené -je pense que
je l'ai raconté au député de Westmount - un peu comme vous
à travers le Québec et je voyais partout ces panneaux
publicitaires où c'était écrit "Venez jouer dehors".
C'était la fameuse campagne de Venez jouer dehors, à une
période de l'année où, à mon avis, vous n'avez pas
besoin d'une campagne de publicité pour dire aux jeunes: Venez jouer
dehors. Durant l'été, je pense que le problème des
parents, c'est plutôt de leur demander de rentrer se coucher. Dans un tel
contexte, je pense qu'il y a une utilisation plus rationnelle des médias
qui doit être faite et c'est le rôle, à mon avis, des
élus d'assumer leur responsabilité au niveau de la
définition des orientations et des priorités.
Le Président (M. Rancourt): Messieurs, est-ce que...
M. Bissonnet: Juste une petite question pour terminer. Je suis
content de la réponse du ministre et j'en prends acte. Au sujet du
projet de loi d'accessibilité à l'information gouvernementale,
est-ce qu'on peut compter qu'il sera présenté à la
prochaine session? En fait, lorsqu'on s'est rencontré en commission
parlementaire, vous aviez acquiescé à ce que ce projet de loi
soit absolument présenté à cette session-ci mais, ce n'est
actuellement pas le cas. Je vous demande, M. le ministre, si on peut compter
que le gouvernement, grâce à votre ministère et au Conseil
des ministres, soumettra à la prochaine session ce projet de loi qui est
très important pour tous les Québécois.
M. Bertrand: M. le député de Jeanne-Mance,
là-dessus, je sais que je peux compter sur l'appui de l'Opposition. Cet
appui m'a été d'ailleurs très utile en commission
parlementaire lorsque le député de Westmount a travaillé
avec nous à écouter les représentations des
différents organismes. Je peux vous dire où cela en est.
Effectivement, on a vécu l'automne qu'on a connu avec les reports de
début de session et, disons-le franchement comment ça se passe,
la loi 16 a eu ses étapes et la loi 39 aussi, mais laissons ça de
côté. Je dois vous dire que...
M. French: C'est faible comme excuse.
M. Bertrand: ... tout le dossier a été
étudié très en profondeur. Nous avons consacré plus
de quatre séances et probablement quelque chose comme autour de douze ou
quinze heures sinon plus, à notre travail au niveau du comité
ministériel permanent du développement culturel, le CMPDC. La
proposition que je fais a donc franchi cette étape. La prochaine
étape, c'est le Conseil des ministres. Je souhaiterais que cela puisse
se faire avant la période des fêtes, mais je n'en ai pas la
certitude, puisqu'il reste à peu près deux ou trois
séances du Conseil des ministres. De toute façon, il sera
impossible de l'adopter avant Noël à cause du calendrier que vous
connaissez, mais il est très clair que le débat là-dessus
sera fait à la reprise des travaux en 1982.
Je peux vous dire que le travail que nous avons fait jusqu'à
maintenant est un travail que j'ai hautement apprécié, surtout au
niveau du comité ministériel permanent
du développement culturel où nous avons, je crois, fait un
certain nombre d'arbitrages entre différentes hypothèses à
tous les niveaux. Il nous reste maintenant à nous rendre devant le
Conseil des ministres pour prendre la décision finale. J'espère
être en mesure, quelgue part en 1982, quand les travaux reprendront,
d'annoncer le dépôt en première lecture de ce projet de loi
sur l'accès à l'information gouvernementale et la protection des
renseignements personnels.
M. Bissonnet: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Les crédits
supplémentaires du ministère des
Communications sont-ils adoptés?
Une voix: Adopté.
M. Bissonnet: Vous proposez la suspension...
M. Bertrand: Jusqu'à 20 heures.
Le Président (M. Boucher): La commission
plénière suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 14)
(Reprise de la séance à 20 h 15)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission plénière de l'Assemblée nationale
reprend ses travaux sur l'étude des crédits
supplémentaires.
Affaires sociales
Passons à l'étude des crédits des Affaires
sociales. M. le ministre des Finances, pour le ministre des Affaires sociales,
est-ce que vous avez un message?
M. Parizeau: Non, M. le Président, je n'ai pas de
commentaires préliminaires à faire. Je pense qu'on pourrait
passer tout de suite aux questions de l'Opposition.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Comme dirait le
ministre des Affaires sociales, on a des problèmes d'arrimage. Je
m'excuse parce que j'ai été appelée à la course.
Apparemment, notre ministre de l'Éducation est dans les airs quelque
part. Je voudrais vous demander...
M. Parizeau: M. le Président, sur une question de
privilège. Il est dans les airs, mais on sait où.
Mme Lavoie-Roux: ... cela ne se voulait pas méchant du
tout, M. le ministre. Je vais poser la première question, même si
c'était peut-être la dernière par ordre de priorité,
pas nécessairement la dernière par ordre de priorité. Au
programme 20 de l'office de garde, je vois qu'il y a une augmentation de 2 500
000 $. Est-ce qu'on pourrait me dire à quelles fins, parce que le budqet
avait été gelé, à la présentation du budget,
au mois de mai? Il y avait eu une augmentation d'à peu près 500
000 $ qui allait à l'administration de l'office de garde. Est-ce que
quelqu'un peut me dire à quoi vont servir ces 2 500 000 $?
M. Parizeau: II s'agit, M. le Président, d'une
révision globale de l'enveloppe, compte tenu à la fois des
charges des garderies existantes et des besoins qui sont exprimés,
c'est-à-dire qu'on prend l'enveloppe budqétaire telle qu'elle
avait été exprimée dans les crédits
qénéraux du printemps et on y ajoute 2 500 000 $. Alors, il n'y a
pas de poste spécifique auquel c'est affecté. On considère
simplement que, pour faire fonctionner les garderies, c'est cela que ça
va prendre de plus.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on peut me dire si c'est causé
par l'augmentation du nombre de places en qarderie, par des prévisions
de compensation pour les locations des qarderies? Il ne s'agit
évidemment pas d'une correction ou d'une augmentation des barèmes
prévus!
M. Parizeau: Non, il s'agit essentiellement de ceci. Il semble
que tout à fait à la fin de l'année 1980-1981, dans les
dernières semaines, on a ouvert beaucoup plus de places qu'il
n'était prévu et que les ajustements n'ont pas été
faits dans le budqet de 1981-1982 quant au coût pour une année
entière de toutes ces places qui ont été ouvertes dans les
dernières semaines de 1981.
Mme Lavoie-Roux: En fait, il n'y a pas de développement
par rapport à l'année budgétaire 1981-1982. C'est une
reconduction annualisée pour l'année 1981-1982.
M. Parizeau: C'est de la traduction mécanique. On avait
prévu 21 451 places et, en fait, il y en aura 23 670. C'est un
ajustement mécanique pour tenir compte de cette augmentation, j'allais
dire naturelle, des places disponibles.
Mme Lavoie-Roux: Au programme 6... Je m'excuse auprès du
ministre, M. le Président, si je vais d'un programme à l'autre.
Comme je vous ai dit tout à l'heure je suis venue assez rapidement. Au
moment de l'étude des crédits le printemps dernier, il
y avait eu une légère baisse des crédits
prévus pour les organismes bénévoles, qui était de
3,2%. À ce moment-là le ministre nous avait dit qu'il avait
reconduit pour six mois le budget de l'année précédente
et, comme il était devenu le nouveau titulaire des Affaires sociales, il
s'apprêtait à faire une réévaluation entre-temps. Il
nous avait dit qu'on reviendrait possiblement avec de nouveaux crédits
pour au moins conserver le statu quo par rapport à l'année
antérieure 1980-1981. (20 h 20)
M. Parizeau: Effectivement, M. le Président, nous avons
réduit... C'est un des programmes avec lesquels nous avons eu le plus de
difficultés dans le passé en ce sens qu'une partie - je ne veux
pas exagérer la portée de ce que je vais dire - de ce qui a
été transféré comme soutien aux organismes
bénévoles s'est finalement retrouvée dans des frais
d'administration qui ne correspondaient pas toujours aux intentions de fournir
dans le champ aux organismes bénévoles l'argent que l'on voulait.
Il y a eu des augmentations assez spectaculaires à ce poste dans les
deux ou trois années passées. Cela n'est pas toujours allé
vraiment là où le gouvernement voulait que ça aille; il y
a donc eu une sorte de réorientation et de reprise en main de ces sommes
et de leur orientation.
Même si, en pratique, cela a voulu dire, en 1981-1982, dans les
crédits du printemps, une réduction d'ailleurs
légère des montants, même si l'accent a été
placé sur davantage de services directs à la population,
jusgu'à maintenant, on a l'impression que cette espèce de serrage
de vis, à l'égard de l'appui administratif, pour dégager
davantage d'argent à l'égard du public n'a pas trop mal
réussi, mais, advenant - ce qui n'est pas encore le cas, cependant - que
la demande pour du service au public soit plus forte, des augmentations
pourraient venir au fonds de suppléance d'ici la fin de l'année.
Il s'agit d'une différence dans le dosage.
Je me souviens qu'il y a trois ans une bonne partie de l'augmentation
qui avait été votée ici pour des services de soutien aux
organismes bénévoles s'est retrouvée finalement pas du
tout là où on voulait que ce soit et davantage dans les services
permanents de l'administration. C'est un peu le virage qui a été
préparé. J'en conviens, la députée de L'Acadie a
parfaitement raison, cela représente une réduction
légère en termes de dollars courants, mais c'est aussi une
réorientation que nous suivons d'assez près. Encore une fois, si,
d'ici à la fin de l'année, on avait besoin d'un peu d'avantages
pour assurer le soutien aux organismes bénévoles que nous croyons
utiles, à ce moment-là, ils pourraient venir en fonds de
suppléance.
Mme Lavoie-Roux: Je suis d'accord avec le ministre des Finances.
Il faut, non seulement dans ce domaine, mais dans les autres domaines aussi,
s'assurer que l'argent donné se traduise par des services directs
à la population. Maintenant, est-ce que le ministre des Finances est
bien certain qu'on a en main les outils administratifs de telle sorte que la
réduction qu'on a faite - je ne veux quand même pas la dramatiser,
c'est de l'ordre de 3,2%, ce qui, d'un autre côté, n'impliquait
pas non plus d'indexation alors...
M. Parizeau: C'est important.
Mme Lavoie-Roux: ... ça commence à être assez
important - ce soit appliqué là où vous souhaitiez que
cela s'applique? Est-ce que vous avez les instruments administratifs pour
vraiment vous assurer de ceci?
M. Parizeau: Dans l'ensemble, on en a l'impression. Dans le
particulier, pas nécessairement. À cet égard, il est
évident que le budget de 1982-1983, là aussi, va porter une
certaine réorientation. Je veux dire que quand il s'agit d'organismes
bénévoles, c'est très difficile de
généraliser. Le virage qu'il était utile de faire, je
crois, a été pris. Il n'a pas été pris, disons,
également et de façon aussi judicieuse partout. Mais comme
disaient les vieux Grecs: Le mouvement se démontre en marchant. Il faut
apprendre.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, tous les crédits
supplémentaires qui ont été accordés, que ce soit
dans les centres d'hébergement... On va commencer par les centres
hospitaliers de courte durée. Est-ce que c'est simplement dû
à une habitude presque annuelle et qui, je pense, n'est pas le propre du
gouvernement actuel, de faire certains réajustements compte tenu des
clientèles, s'il y a là-dedans des femmes qui doivent être
affectées à du développement ou si c'est simplement pour
finir l'année, comme on dit, compte tenu des clientèles qui ont
été servies? Par exemple, vous avez dans les hôpitaux de
courte durée 35 000 000 $. Là c'est décortiqué
selon les services ou les programmes. Vous retrouvez, dans les soins
prolongés, 7 230 000 $.
M. Parizeau: M. le Président, non, je pense que là
il est assez facile de voir ce que l'on fait par ces crédits
supplémentaires. D'abord, sur les 35 900 000 $ dont nous parlons,
presque 14 000 000 $ sont dus à des ajustements dus eux-mêmes aux
coûts des conventions collectives de travail pour 1980-1981 et pour les
années antérieures. Je ne sais pas si j'ose commenter ce
phénomène, mais une des raisons pour lesquelles nous devons
auqmenter les évaluations du coût des conventions collectives, ce
sont les congés de maternité.
Mme Lavoie-Roux: J'allais vous poser la question.
M. Parizeau: Tout à coup, dans les hôpitaux, le taux
de natalité a augmenté presque au triple du taux que l'on
retrouve dans la population. Cela s'explique, bien sûr, par l'âge
des femmes que l'on retrouve employées par les hôpitaux. Cela
s'explique de bien des façons. Je ne veux pas dire que le gouvernement
soit mécontent de constater qu'effectivement, les clauses de
congés de maternité coûtent plus cher que nous ne pensions
qu'elles coûteraient et ont changé, sans doute temporairement, des
habitudes du personnel féminin du secteur public. Remarquez que je suis
étonné moi-même que, finalement, un peu plus d'argent pour
les congés de maternité payés et des congés sans
solde pour deux ans, mais avec l'assurance de l'emploi au bout, aient
provoqué un nombre de naissances plus grand qu'on ne le pensait. Tant
mieux!
Mme Lavoie-Roux: II faudrait que vous alliez voir vos
statistiques démographiques à l'autre bout.
M. Parizeau: Oui, mais enfin, tant mieux! J'allais dire qu'au
moment où nous avons négocié tout cela, je n'en attendais
pas tant, mais, dans la mesure où les conventions collectives peuvent
parfois avoir un impact sur la fertilité du peuple
québécois, c'est au moins un avantage majeur des conventions
collectives. Ce n'est pas le seul, mais je dois exprimer ma surprise à
cet égard. Effectivement, cela a eu passablement plus d'impact. Je cesse
de faire de l'ironie là-dessus. On sait très bien que cela ne se
poursuivra pas indéfiniment dans l'avenir, mais, effectivement, l'impact
sur le nombre de naissances dans le personnel hospitalier a été
beaucoup plus élevé que celui que, dans comment dire? - nos
rêves les plus exubérants, on aurait imaginé.
Mme Lavoie-Roux: Sauf que vous avez signé vos conventions,
ces choses-là ont été terminées en 1980.
M. Parizeau: Au début de 1980.
Mme Lavoie-Roux: Au début de 1980 et là, ce sont
des rajustements pour les conventions collectives 1980-1981. Cela a
été rapide.
M. Parizeau: Eh bien, ça prend le temps que ça
prend! Je dois dire que l'effet de surprise au gouvernement, la rapidité
de l'impact nous a énormément surpris. La deuxième cause,
pour 18 600 000 $... Ce dont nous venons de discuter, c'est 13 000 000 $, 14
000 000 $, à toutes fins utiles, et la seconde cause, c'est 18 600 000
$; il s'agit essentiellement des contributions...
Mme Lavoie-Roux: Ah! du RREGOP.
M. Parizeau: ... additionnelles au RREGOP.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. (20 h 30)
M. Parizeau: Là, c'est un ajustement mécanique. Je
ne peux pas ne pas signaler à cet égard que cela m'embête
toujours un peu de voir les fonds de retraite ajuster leur contribution
à certains moments assez longtemps avant que les conventions collectives
soient signées. Nous avons régulièrement, comme on le
remarquera, un certain nombre de surprises de ce genre depuis quelques
années.
Mme Lavoie-Roux: Alors, finalement, il n'y a pas vraiment de
développement. Ce sont tout simplement des choses qui étaient
prévues mais non calculées à ce moment-là.
M. Parizeau: Je n'ai pas fini. Il y a des choses comme...
Mme Lavoie-Roux: Bien, cela vous en fait déjà pas
loin...
M. Parizeau: ... l'indexation du coût des combustibles.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais ce n'est pas beaucoup ça.
M. Parizeau: C'est peu de choses, c'est 200 000 $ mais c'est un
ajustement mécanique. D'ailleurs, cela confirme ce que la
députée de L'Acadie vient de le dire. Là, c'est un
ajustement mécanique en fonction de ce qu'on avait dit que devrait
être l'indexation du coût des combustibles. Le transport
ambulancier, bien sûr, cela correspond aux ententes qui ont
été négociées. Il y a eu une négociation
avec les établissements privés pour un montant encore assez
faible par rapport à tout le reste. Je pense que, comme programme
nouveau dont on doit tenir compte ici, il y a le centre de coordination des
urgences à Montréal. Cela, il y en a pour 900 000 $ mais c'est le
résultat d'une politique très précise du ministère
des Affaires sociales quant à la coordination des urgences dans
Montréal. Cela correspond vraiment à une politique du
ministère, ce n'est pas un ajustement mécanique, c'est quelque
chose qui vaut la peine.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais justement, à ce sujet,
demander au ministre s'il a évalué le coût de la mise sur
pied de cette centrale de coordination pour les urgences. À
ce moment-ci, je vois qu'il y a 900 000 $ ou près de 1 000 000 $
d'impliqués. Est-ce qu'avant de bâtir la maison qui est - le
ministre en conviendra - assez complexe on a estimé, au moins dans des
limites assez précises, le coût de cette opération?
M. Parizeau: II semble que, sur une base annuelle, ce service
pourrait coûter autour de 4 000 000 $ par année.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'étonne un peu. Pourquoi ai-je
posé la question au ministre? C'est que je me suis informée du
coût de ce service à des gens qui ont la responsabilité de
le coordonner et de le mettre sur pied et on ne pouvait même pas me
fournir une estimation. Alors, cela m'a un peu inquiétée. Vous
comprendrez, comme je le disais tout à l'heure, que c'est un
édifice respectable et qu'on soit un peu... Je ne sais pas dans quelle
mesure le chiffre de 4 000 000 $ qu'on vient de me donner est précis. Il
ne semble pas que, de l'autre côté, on ait vraiment une
idée très précise - du moins, on n'a pas voulu m'en donner
- du coût de cette centrale ou de cette coordination des services
d'urgence. Je pense que c'est important.
M. Parizeau: M. le Président, c'est la raison pour
laquelle, comme j'ai reçu, de ma gauche et de ma droite, deux chiffres
différents, j'ai plutôt signalé le chiffre dans le registre
supérieur, étant d'un naturel conservateur.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce domaine-là.
M. Parizeau: Conservateur dans le sens d'aller plutôt vers
le plus haut que vers le plus bas.
Mme Lavoie-Roux: Pour ne pas avoir de déception à
votre prochain budget.
M. Parizeau: Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Du côté des soins prolongés,
les 7 000 000 $, est-ce dû à l'alourdissement de la
clientèle, à une plus grande clientèle?
M. Parizeau: M. le Président, nous avons, au titre des
soins prolongés, une augmentation des dépenses prévues de
7 200 000 $. Enfin, ce n'est pas pour les mêmes raisons, ce n'est pas le
taux de natalité qui affecte le résultat. Ce montant se
décompose comme suit: des ajustements de convention collective de
travail pour 2 200 000 $; les contributions additionnelles au RREGOP, 3 600 000
$; l'indexation du coût des combustibles, 110 000 $ et les
négociations avec les établissements privés, 1 200 000
$.
En fait, l'essentiel de cette somme vient des causes que je viens
d'indiquer. Il s'agit d'ajustements mécaniques...
Mme Lavoie-Roux: Un peu identiques.
M. Parizeau: ... liés dans ce cas-là
essentiellement à l'augmentation du coût de la vie au-delà
de ce qui avait été prévu.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre des Affaires
sociales, lorsqu'il s'est adressé à l'Association des
hôpitaux du Québec il y a environ trois semaines, si ma
mémoire est bonne, avait annoncé qu'on allouerait 16 000 000 $
supplémentaires pour le respect des conventions collectives. Je pense
que ça coïncide avec les 16 000 000 $ dans un cas et les 13 000 000
$, plus les 2 000 000 $, je pense qu'on arrive à peu près
à 16 000 000 $. Est-ce que c'est de ces 16 000 000 $ que le ministre des
Affaires sociales a parlé ou s'il s'agit d'un autre montant de 16 000
000 $ à venir?
M. Parizeau: M. le Président, ce sera un peu difficile de
répondre, puisque je ne sais pas exactement à quelle
déclaration de mon collègue on fait allusion. Effectivement, si
on tient compte du coût des conventions collectives de travail de
1980-1981 et des années antérieures pour les services de courte
durée dans les hôpitaux et pour les soins prolongés, cela
fait effectivement 16 200 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: Là, je ne peux pas dire, par rapport à
la déclaration de mon collègue, si c'est une coïncidence ou
si c'est bien de cela dont il voulait parler. Mais cela fait à peu
près 16 200 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Je peux poser la question au ministre d'une
autre façon. N'y-a-t-il pas un autre montant de 16 000 000 $ dans ses
poches dont il va disposer cette année?
M. Parizeau: À cette époque de l'année et
dans les circonstances présentes, je puis assurer Mme la
député de L'Acadie qu'il n'y a pas 16 000 000 $ qui se trouvent
en l'air quelque part.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, je vais reposer ma question pour la
nième fois au ministre des Finances; il va s'en souvenir. Vous m'aviez
assurée, à maintes reprises, que c'était entendu que vous
assumeriez les obligations découlant des conventions collectives. Je
réalise qu'on ajoute un montant de 16 000 000 $ pour les
arrérages de 1980-1981 ou même antérieurs à
cela.
Mais l'Association des hôpitaux du Québec -c'est public -
dans un document qu'elle a rendu public au mois d'octobre, si ma mémoire
est bonne - oui, c'est le 9 - dit que les obligations découlant des
conventions collectives sont de l'ordre de 90 000 000 $. Les 16 000 000 $ vont
en combler une partie, mais est-ce qu'on peut m'expliquer comment il se fait
qu'on ne puisse pas s'entendre sur l'évaluation des frais
découlant de ces conventions collectives?
M. Parizeau: Pour une raison, M. le Président, que je
pense pouvoir non pas seulement expliquer, mais réexpliquer. Nous avons
eu déjà, Mme la députée de L'Acadie et
moi-même, plusieurs échanges à ce sujet. Une convention
collective, c'est une liste de prix ou de salaires, comme on voudra, ou de
conditions de travail. Mais ce n'est pas, sauf dans le cas de la convention
collective des enseignants, un jugement porté ou des clauses
astreignantes sur le plan des effectifs. Dire que le gouvernement respectera
les conventions collectives, cela ne veut, en aucun cas, dire que le
gouvernement respectera des effectifs qui ne sont pas protégés
par la convention collective. Ils le sont pour les enseignants. La seule
convention collective que nous ayons, à ma connaissance, dans le secteur
public ou parapublic, qui prévoit à la fois des taux, des
conditions de rémunération et des effectifs, c'est la convention
collective des enseignants qui dit que la tâche de travail sera, pour
chaque enseignant, de tel type. Partout ailleurs, on dit qu'il y aura des taux
de salaires payés, qu'il y aura des congés de maternité
payés, qu'il y aura des primes d'éloignement payées, mais
nulle part on ne dit à combien. J'admets, cependant, que dans le cas des
établissements hospitaliers, on reconnaît, comment dire? des
clauses de protection pour éviter ce qu'on pourrait appeler une
surcharge de travail dans certains départements. Ce à quoi le
gouvernement s'est engagé, à l'égard des hôpitaux,
c'est à payer les taux, les avantages sociaux, et à respecter les
clauses dont je viens de parler. Cela, il l'a fait. Il l'a tellement fait, M.
le Président, que chaque fois que l'on me dit, à l'occasion des
compressions budgétaires que tout le monde connaît: Vous ne
respectez pas les conventions collectives, je réponds: II y a un
mécanisme clair quand le gouvernement, comme tout employeur d'ailleurs,
ne respecte pas les clauses de convention collective, c'est de faire des
griefs. Là-dessus, et je pose la question, M. le Président,
où sont-ils ces griefs? Si vraiment l'on considère que le
gouvernement ne respecte pas sa signature, ça devrait se voir. Or,
ça ne se voit pas. Je me souviens d'une époque, il y a trois ans,
quatre ans, cinq ans, où il y avait deux fois, trois fois, quatre fois
plus de griefs qu'il n'y en a à l'heure actuelle. (20 h 40)
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: Oui. La clause de la convention collective de 1976 a
créé bien plus de griefs sur le plan des applications, à
cet égard, que celle que nous avons signée.
Mme Lavoie-Roux: Je ne mettrai pas cela en doute du tout et,
même s'il y en avait eu dix fois plus, le résultat concret, c'est
que, dans les centres hospitaliers, et je pense que c'est aussi la même
chose dans d'autres types d'établissement, mais prenons les centres
hospitaliers, parce qu'eux ont rendu leurs chiffres publics, vous n'avez pas de
griefs parce qu'ils respectent, au niveau de l'établissement, les
conventions collectives. Mais cela devient partie du déficit de
l'institution, si vous, vous ne les reconnaissez pas comme des obliqations
découlant des conventions collectives. Vous les respectez totalement,
selon votre compréhension à vous et l'estimation que vous en
faites, mais dans les établissements, on ne semble pas faire le
même calcul. Si bien qu'en fin de compte, à toutes fins utiles, on
restera, dans le cas présent - si les 90 000 000 $ sont bien
évalués, on a enlevé 16 000 000 $ - avec 74 000 000 $ de
déficit causé, selon l'interprétation des
établissements, par un manque à gagner à cause des
obligations découlant des conventions collectives.
Il semble y avoir une ambiguïté qui n'est pas entre le
ministre des Finances et la députée de L'Acadie, mais entre le
ministre des Finances et le ministère des Affaires sociales.
M. Parizeau: Mais je comprends au contraire que le Conseil du
trésor et le ministère des Affaires sociales se sont entendus
pour reconnaître qu'il y a, à cet égard, 36 000 000 $ qui
doivent être reconnus. Cela ne rejoint pas le montant ...
Mme Lavoie-Roux: De 74 000 000 $.
M. Parizeau: Mais bien sûr. Je reconnais aussi que, dans
n'importe quel établissement, on aime mieux avoir plus de personnel que
moins, que les compressions sont toujours désagréables, mais
enfin, il faut qu'elles se fassent et, dans ce sens, ça ne
m'étonne pas qu'il y ait des débats de cet ordre.
Que le gouvernement, par le Conseil du trésor, par le
ministère des Affaires sociales, reconnaisse 36 000 000 % et que les
hôpitaux demandent 74 000 000 $, mais nous avons cela tous les jours.
N'importe quel gouvernement au pouvoir sait très bien, quand il discute
avec des réseaux, que la demande sera toujours plus forte que
l'offre.
À un moment donné, il faut trancher. Il est évident
qu'au moment où ces conventions collectives s'appliquent et où,
d'autre part, des compressions budgétaires doivent s'appliquer aussi, on
va arriver à des écarts comme ceux-là, mais je peux
simplement assurer la députée de L'Acadie, à cet
égard, que cela a été retourné,
vérifié, décortiqué autant que faire se peut.
Je voudrais aller plus loin encore. La grande tentation dans nos
réseaux, lorsqu'on ne s'entend pas tout à fait avec le
gouvernement sur le sens des compressions budgétaires, c'est de se dire:
Puisqu'on ne s'entend pas avec le gouvernement, il y a une solution, c'est
d'accepter les crédits que l'Assemblée nationale nous vote et,
pour ce sur quoi on ne s'entend pas, d'aller emprunter à la banque.
C'est arrivé très souvent dans le passé, très
très souvent dans un passé très très long et cela
ne peut pas durer. Il faut maintenant faire en sorte que, dans les
réseaux, et je ne parle pas ici seulement des Affaires sociales,
d'ailleurs, je parle des réseaux dans leur ensemble, il y ait une
adéquation beaucoup plus précise entre les emprunts bancaires,
d'une part, et les montants votés par l'Assemblée nationale,
d'autre part. Et cela vient. C'est long, c'est compliqué, parce que cela
représente des changements d'habitudes, de coutumes qui ne sont pas
faciles. Là, je dois dire que le ministère des Finances
intervient beaucoup plus directement dans ces transactions. On ne peut pas
imaginer un instant que l'Assemblée nationale vote des crédits
qui n'auraient guère de signification parce qu'on pourrait trouver
à la banque les montants additionnels. On transformerait notre
rôle ici, de part et d'autre, en une sorte de farce où 900
établissements d'affaires sociales, 250 commissions scolaires diraient:
Que l'Assemblée nationale nous vote les montants que nous voulons; nous
pouvons, d'autre part, aller emprunter à la banque les montants que nous
pensons qu'il nous manque.
Il y a un resserrement qui est en train de se produire depuis
déjà plusieurs mois. Vous voyez à quel point on arrive
à des choses aberrantes.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: Des centaines et des centaines d'institutions
s'adresseraient à huit banques et les huit banques viendraient voir le
ministre des Finances en disant: Remboursez-nous.
Il y a un resserrement qui est en train de se faire à
l'égard de ces marges de crédit qui sont générales
dans le réseau et qui, évidemment, font mal parce que quand on a
l'habitude d'aller chercher de l'argent par marge bancaire, au-delà des
crédits votés par la Législature, et que, tout à
coup, ça commence à se refermer, là, on recourt à
l'opinion publique pour dire: Les conventions collectives, ça ne nous
coûte pas 36 000 000 $, ça nous en coûte 74 000 000 $. On
voudrait avoir de l'argent de plus. Tout cela relève de la nature
humaine, c'est parfaitement compréhensible mais, néanmoins,
ça doit être corrigé.
Mme Lavoie-Roux: Mais...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, Mme la
députée de L'Acadie, je dois vous interrompre pour souligner
qu'il y a une entente qui détermine une période de 30 minutes
pour l'étude des crédits des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le whip en chef du
gouvernement, sur une question de règlement.
M. Chevrette: ... on va permettre à Mme la
députée de L'Acadie de poser sa question puisque le ministre du
Loisir arrivera à l'instant. Cela permettrait son déplacement de
la commission parlementaire des engagements financiers.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je dois quitter, il faut que j'aille à
une autre commission; mon collègue pourra continuer.
À tout événement, ce que je veux dire au ministre
c'est que, présentement, les établissements fonctionnent par
autorisation ou lettres d'emprunt aux banques. Je pense que le ministre est
bien plus au courant que moi qu'il y aura à la fin de l'année un
déficit global, pour le réseau hospitalier, de l'ordre de 400 000
000 $. Je pense que cela a été confirmé par le ministre
des Affaires sociales lui-même. Ceci ne se résorbera pas. Vous
avez beau serrer la vis, M. le ministre, les établissements continuent
d'emprunter, les gens attendent leur paie, il faut qu'ils soient payés,
etc.
Théoriquement, tout ce que vous me dites, cela peut être
très bien mais qu'en est-il dans la pratique? Vous leur avez d'abord
imposé un plan de redressement depuis cinq ans, vous leur avez
imposé des coupures budgétaires, cette année, et ont-ils
fait les bons efforts ou pas suffisamment? Ce n'est pas à moi de juger.
Le Québec se retrouve avec un déficit d'au moins 400 000 000 $
à la fin de l'année; est-ce que ce sont des déficits que
vous allez arrêter? Sans cela, le ballon va grossir.
Je n'aurai pas d'autres questions. J'aimerais cependant demander au
ministre -je le lui avais demandé la dernière fois qu'on a
parlé de crédits en commission plénière -
s'il y aurait possibilité d'avoir, pour l'année 1980-1981,
une liste des établissements avec les déficits accumulés
à ce jour. Vous ne les avez peut-être pas à ce jour, mais
les plus récents.
M. Parizeau: Commençons par la fin. On me dit que, pour
1980-1981, cela ne pose pas de difficultés particulières; on
pourra donc fournir à la députée de L'Acadie cette liste.
Le problème que la députée de L'Acadie soulève est
important: les compressions budgétaires. Nous sommes toujours un peu
latins. On en a parlé longuement, on en a parlé beaucoup, et
elles commencent maintenant, depuis quelque temps, à mordre
effectivement. (20 h 50)
Ces compressions budgétaires devraient nous amener à la
correction de la situation dont la députée de L'Acadie parlait.
Il faut être cependant très conscient que c'est vraiment depuis
cinq ou six semaines que les correctifs sont en train d'être mis en place
concrètement. Je dois à cet égard rendre hommage à
mon collègue des Affaires sociales qui, dans une situation
extraordinairement difficile que tout le monde connaît, avec le genre de
protestations qu'il peut y avoir un peu partout dans certains secteurs...
Mme Lavoie-Roux: Un grand nombre sont fondées, M. le
ministre. Je m'excuse de vous interrompre.
M. Parizeau: Je reviendrai pendant 30 secondes là-dessus.
Néanmoins, ces compressions sont en train de se faire. Elles se font
avec ordre, avec une certaine sérénité sur le plan des
techniques, mais elles doivent se faire, pour corriger la situation
actuelle.
J'entendais la députée de L'Acadie parler de coupures ou
de compressions qui provoquent des réactions dont un grand nombre sont
fondées. Entendons-nous bien sur une chose. Il y a beaucoup
d'hôpitaux au Québec - prenons le cas spécifique des
hôpitaux - qui sont depuis des années très bien
administrés à l'intérieur d'effectifs et de conditions
générales d'administration qui sont tout à fait conformes
aux normes que l'on connaît habituellement en Amérique du Nord. Il
y en a aussi un certain nombre qui ne le sont pas. Il y a un certain nombre
d'hôpitaux - et je pense ici en particulier aux villes de Montréal
et de Québec - qui sont de très grande taille, qui, quand on les
compare à des hôpitaux de même taille qui, ailleurs en
Amérique du Nord, jouent le même rôle dans de grandes
agglomérations urbaines, fonctionnent ici au Québec dans des
conditions que, pudiquement, dans le langage technocratique, on appelle
l'excédent de ressources. L'excédent de ressources, cela veut
dire essentiellement une chose, c'est qu'ils fonctionnent avec bien plus de
personnel qu'ils ne devraient en avoir.
Je ne sais plus exactement, parce que ce n'est pas mon champ d'action,
où nous en sommes, mais je me souviens fort bien qu'il y a deux ans, par
exemple, quatorze hôpitaux au Québec étaient responsables
de 60% de tous les déficits de tous les hôpitaux au Québec.
Or, il y en a au-delà de 250. C'est-à-dire qu'il faut
établir des règles, des compressions qui établissent une
distinction entre l'hôpital bien géré, l'hôpital qui
l'est moins, celui qui utilise les ressources qu'il doit utiliser, celui qui a
trop de ressources. C'est toute la tâche des compressions à
l'heure actuelle. Je suis parfaitement d'accord avec la députée
de L'Acadie que l'on ne peut pas laisser les emprunts bancaires monter comme
ils ont monté depuis quelque temps, qu'il faut corriqer cela; il faut le
corriger de façon sélective, il faut le corriger avec
énergie et, à tous égards, c'est ce que mon
collègue des Affaires sociales cherche à faire à l'heure
actuelle.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, voulez-vous me permettre
de finir?
Le Président (M. Desbiens): Mme
Lavoie-Roux.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais remercier le ministre des Finances,
mais je voudrais quand même reprendre juste un petit bout qu'il a dit. Il
a dit: II y a des hôpitaux, parce qu'il a pris l'exemple des
hôpitaux qui, au Québec, fonctionnent très bien et selon
les normes raisonnables de l'ensemble de l'Amérique du Nord, enfin, ce
qu'on considère des normes raisonnables. Mais je lui ferai remarquer
que, même ces hôpitaux, les hôpitaux qu'on dit très
"performants", dans le langage, dans le jargon, à qui on impose des
coupures budgétaires vont se retrouver avec des déficits. Je
voudrais juste demander au ministre de bien examiner dans tous les cas si les
coupures qu'on impose à ces hôpitaux ou établissements bien
"performants", n'ont pas un inconvénient sérieux sur la
clientèle qu'on sert dans ces établissements de santé. Je
vous remercie, M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je remercie la
députée de L'Acadie de sa suggestion. Je pense qu'effectivement
c'est comme ça que nous procédons, mais, dans la mesure où
elle doit périodiquement nous rappeler à des examens de
conscience, je lui en sais gré.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie les participants.
Les crédits du ministère des Affaires sociales sont
adoptés. Nous allons
maintenant procéder à l'étude des crédits du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Scowen: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sur une question de règlement.
M. Scowen: Quant à moi, M. le Président, il y avait
entente qu'après l'étude des crédits des Finances, il y
aurait l'étude des crédits de l'Industrie et du Commerce. Je
pense que c'était entendu entre les deux partis que cela aurait lieu
à 21 heures. On est ici et on aimerait adopter ou discuter ces
crédits.
Le Président (M. Desbiens): M. le whip en chef du
gouvernement, sur la question de règlement.
M. Chevrette: Effectivement, le député de
Notre-Dame-de-Grâce a raison par rapport au premier horaire
annoncé. Il a entièrement raison. On a eu deux problèmes.
Un ministre devrait arriver vers 21 heures, c'est celui de l'Éducation,
et puis le ministre Biron est en route vers Québec en automobile. Il
devrait arriver ici vers 21 h 20 ou 21 h 25. On s'excuse, mais c'est
ça.
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): On pourrait peut-être
ajouter que...
M. Chevrette: II n'a pas pu prendre l'avion.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Tout ce que je veux vous dire, M. le Président,
c'est que l'entente qui a été faite entre les deux partis
politiques, c'est que le ministre de l'Industrie et du Commerce serait ici
à 21 heures.
M. Chevrette: C'est vrai.
M. Scowen: Je pense que cela a été conclu il y a
seulement quelques heures, cette convention. On est ici. On veut discuter comme
convenu les crédits de l'Industrie et du Commerce.
M. Chevrette: L'entente a eu lieu hier, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, mais dans certains
ministères, les déplacements, vous savez comment cela peut
arriver. Aujourd'hui, en plus de cela, vous savez qu'il y a présentement
de la neige sur la route et que c'est plus lent que prévu en
automobile.
Mais en guise de contestation, vous pourriez faire comme ce matin,
retirer votre guestion.
M. Scowen: M. le Président, M. le Président:
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est une entente qui est intervenue entre les
partis, mais qui ne lie aucunement les travaux de cette Assemblée.
À la suite des modifications qui ont été apportées
dans le processus...
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): ...et à la durée
des travaux précédents, je crois qu'on devrait passer
immédiatement à l'étude des crédits du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. M. le ministre
du Loisir, de la Chasse...
M. Scowen: M. le Président, s'il vous plaît!
Question de règlement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, sur une question de règlement.
M. Scowen: Oui, je veux simplement vous dire, M le
Président, que c'est évident que le gouvernement est en train de
se moquer de nous. On avait convenu que les crédits de l'Industrie et du
Commerce seraient étudiés à 21 heures et maintenant ils
disent que le ministre est pris dans une voiture quelque part. Le ministre
savait très bien avant qu'il y avait un accord, une entente entre les
deux partis pour qu'il soit ici à 21 heures. Je demande...
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaîtl M. le whip en chef du gouvernement.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je le
répète, quand bien même je vous dirais trois fois que
l'entente n'a pas changé, cela ne changera rien. Ce que je veux vous
dire, c'est qu'on a essayé depuis 19 h 30, au moment où on a...
Pour le Dr Camille Laurin, ministre de l'Éducation, c'est l'avion qui
n'a pas décollé à temps; pour le ministre de l'Industrie
et du Commerce, on le sait depuis 19 h 30 et on a essayé de remodeler
l'agenda. Je comprends que vous pouvez être insulté, mais j'ai
travaillé très honnêtement avec le whip adjoint et on a
essayé de réagencer l'horaire pour qu'au moins la soirée
se déroule sans qu'il y ait de vide au sein de notre Assemblée.
Si vous prenez
autant de temps à discuter du fait qu'on n'a pas
été correct, vous allez devenir incorrect par rapport à
ceux qui sont ici.
Loisir, Chasse et Pêche
Le Président (M. Desbiens): L'étude des
crédits du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. M. le ministre, avez-vous des commentaires
généraux?
M. Lessard: M. le Président, mes commentaires...
J'aimerais peut-être y aller plutôt par questions, parce que... Je
pourrais donner l'explication, en tout cas, concernant la gestion des
ressources fauniques, les 285 000 $. Ces 285 000 $ se divisent en deux parties,
soit d'abord une somme de 110 000 $ qui provient du fait que le
ministère des Transports s'est départi de deux avions Beaver qui
servaient en exclusivité au ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche pour la protection de la faune. À ce moment-là,
le ministère a dû avoir recours à l'entreprise
privée sans pour autant augmenter nécessairement ses services. En
conséquence, il a dû absorber un coût de remplacement de 100
000 $ que le ministère des Transports s'est déclaré
prêt à lui virer, mais comme il ne peut y avoir de virement entre
deux ministères, nous utilisons le budqet supplémentaire pour
obtenir ces 110 000 $ et, en même temps, le ministère des
Transports a gelé à l'intérieur de son budget la
même somme, soit 110 000 $. (21 heures)
En ce qui concerne les 175 000 $, il s'agit de deux opérations,
soit ce qu'on a appelé Bécassine 1 et Bécassine 2,
c'est-à-dire que le ministère a la responsabilité de
surveiller la pêche illégale du saumon. La péché au
saumon est illégale lorsgue le saumon est pêche avec l'aide de
filets maillants. Nous avions réussi à obtenir une entente avec
Maria; malheureusement, nous n'avons pas réussi à obtenir une
entente avec Restigouche. Ceci nous a amenés à des
opérations qui ont exigé du temps supplémentaire pour 63
200 $; des frais de déplacement et de séjour pour 30 800 $; des
locations de bateaux et moteurs pour 53 300 $; du matériel et autres
frais pour 27 700 $. Voilà pour les 285 000 $. Si on a des questions sur
ça, je suis prêt à y répondre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je remercie le ministre de
ses explications, mais je pense bien que vous conviendrez avec moi que, dans
l'espace de 45 minutes, on n'aura pas le temps de regarder toute la ventilation
des budgets qu'il vient de mentionner. On voudrait tout simplement s'attaquer
à deux problèmes particuliers et je prendrai peut-être
environ quinze minutes au début, même pas les quinze minutes en
entier, pour questionner le ministre sur ce que j'appelle le problème
des ZEC. Aussi, je céderai un certain temps à mon collègue
de Laprairie concernant le côté des loisirs.
J'aimerais rappeler au ministre - et je pense que c'est important qu'on
le fasse -une déclaration du 22 décembre 1977 qu'il
reconnaîtra sans doute et il doit être heureux de ne pas avoir la
paternité de cette déclaration. Le député de
Saint-Maurice disait ceci: "Depuis 1883, des privilèges exclusifs de
chasse et de pêche ont été accordés et maintenus
à des groupes d'individus de notre société ou encore
à des étrangers, privant le plus grand nombre du libre
accès à tout territoire du Québec." M. le
Président, il y a quelques caucus.
Le Président (M. Desbiens): S'il vous plaît! Je
demanderais à tous les membres qui sont présents à
l'assemblée de laisser les intervenants faire leur travail.
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: C'était, à ce moment-là, le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Le
député de Saint-Maurice disait: "Je vous annonce aujourd'hui la
fin d'une situation anachronique et unique en Amérique du Nord. Cette
décision répond aux objectifs que notre parti s'était
fixés. Québécois, tel que promis, nous vous remettons ces
nouveaux territoires." C'était l'opération ZEC
décrétée le 22 décembre 1977, ici même, en
cette Assemblée nationale, par une déclaration
ministérielle.
Mon collègue de Portneuf avait, à ce moment-là,
avec beaucoup d'acuité et avec beaucoup d'à-propos,
mentionné que c'était une politique hâtive,
évidemment. C'était une politique improvisée de toute
part. D'ailleurs, depuis ce temps, je dois rappeler au ministre que les
nombreux chroniqueurs de chasse et de pêche ont tout simplement
répété, en des termes quasi semblables, ce que mon
collègue de Portneuf et ce que moi-même aussi avions
critiqué. J'avais fait une conférence de presse, j'avais
justement dénoncé les ZEC dans leur application et leur
façon de procéder, en mentionnant moi aussi que c'était
une politique hâtive. Nous en sommes rendus - et je prendrai quelques
minutes pour rafraîchir encore la mémoire du ministre - surtout
depuis un an... N'allons pas trop loin en arrière parce que le
cinquième anniversaire des ZEC va se fêter bientôt, le
député de Saint-Maurice, ce grand fossoyeur de la faune
québécoise, avait annoncé cette opération.
De nombreuses personnes se posent des questions. D'abord, il y a eu les
ZEC en période de crise financière, tout le monde
sait que... Je lis tout simplement des titres de journaux pour
démontrer jusgu'à quel point tout le monde fait
l'unanimité là-dessus: Ultimatum au ministre Lessard concernant
les déficits des ZEC, des ZAC. À la réunion pour mettre
carte sur table sur les ZEC, entre autres dans la Mauricie, Jean-Paul
Arsenault, un chroniqueur de chasse et pêche, a mentionné qu'il
n'y avait pas un président qui était présent, mais c'est
quand même assez révélateur. Les présidents des ZEC
ne se sont même pas rendus aux discussions pour tâcher
d'améliorer la situation parce qu'eux autres sentaient que
c'était une situation qui était de plus en plus pourrie,
intenable et qui menait absolument à rien. Il y a eu aussi un titre "Une
pêche à l'argent pour l'autofinancement des ZEC". C'est une
partie.
Dernièrement, M. André Croteau, de Québec Chasse et
Pêche, parlait de retour aux clubs privés. Lorsque le ministre est
entré en fonction dans ce ministère, il s'est rendu compte du
marasme - évidemment, je ne lui demande pas de faire une
déclaration à cet effet, je comprends qu'il doit protéger
son collègue de Saint-Maurice - et jusqu'à quel point la
situation était intenable et alarmante dans les ZEC du Québec. Il
a alors essayé d'établir un soi-disant changement de
politique.
Depuis ce temps, sans trop savoir de quel côté s'orienter,
on regarde les coupures de presse et c'est révélateur.
André Croteau disait: "Retour aux clubs privés", et il disait que
l'autofinancement des ZEC était une dangereuse aberration. On
annonçait des changements à prévoir: "Les ZEC
édition 1982 ressembleraient aux ex-clubs privés." Là, on
posait des questions. Il y avait même - le ministre me corrigera - dans
le Journal de Montréal du 29 novembre 1981, un article de Guy
Pagé où on disait: "Une carte à 200 $." Il y a quelque
temps, ça devait être gratuit, c'était
l'accessibilité en forêt, ça revenait aux
Québécois, les Québécois étaient assez
grands pour protéger leur faune. On s'est rendu compte qu'il y a plus ou
moins de protection, les administrateurs de ZEC n'ont pas suffisamment d'argent
pour protéger la faune, et c'est un va-et-vient.
Le ministre a eu des exemples, je lui en ai rapporté
moi-même alors que j'occupais la fonction de critique. D'ailleurs, il en
connaît plus que moi à ce sujet, il pourrait me
révéler certaines choses, j'en suis certain. On se demande:
Est-ce que ça va coûter 200 $, cette soi-disant opération
ZEC ou si ce sera accessible à tous les Québécois,
à bon prix, évidemment? Cela appartient aux
Québécois, c'est une richesse naturelle; donc, il faut que le
commun des mortels s'y rende assez facilement. Mais on en est rendu à se
poser des questions à savoir si ça va coûter 200 $ ou 300
$. Encore: "Les ZEC, un retour aux clubs privés". Tout le monde est
unanime. On se pose des questions à savoir, en 1982, que seront les
ZEC.
Avant de céder la parole au ministre, j'aimerais citer un passage
d'un article: "Le ministre Lucien Lessard désire un retour vers le bon
sens en ce qui a trait aux ZEC. Improvisées lorsque Me Duhaime
était titulaire du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche en 1978, ces zones d'exploitation contrôlée
répondaient surtout à des promesses de tribune." Dans tout ce qui
est dit, évidemment, il y a peut-être des choses qui sont
exagérées. Pour montrer jusqu'à quel point c'est confus,
personne ne sait exactement comment ça va se passer et de quelle
façon ça fonctionne. Même les gens qui administrent ces ZEC
n'assistent pas aux réunions et ne savent pas exactement comment
ça va se dérouler.
Pour rassurer le public québécois, ces chasseurs, ces
sportifs de la chasse et de la pêche, j'aimerais que le ministre brosse
un tableau de ce que seront les ZEC le printemps prochain. Est-ce que ce seront
des clubs privés, de petits ou de gros clubs privés? Est-ce que
ce sera la même formule? Combien cela va-t-il coûter aux citoyens?
Quels changements majeurs seront effectués? Tout cela pourra
éclairer la lanterne de tout le monde.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Lessard: Merci. D'abord, M. le Président, je tiens
à remercier...
M. Assad: Excusez-moi, M. le ministre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Papineau.
M. Assad: Avant que le ministre ne brosse un tableau, est-ce que
vous pourriez me donner juste deux minutes?
M. Lessard: Je brosserai un tableau plus large.
Le Président (M. Rancourt): D'accord, M. le
député de Papineau.
M. Assad: Dans la région de l'Outaouais, j'ai eu
l'occasion de rencontrer plusieurs associations de chasse et de pêche.
Évidemment, sans exagérer, il n'y en avait pas un dans le groupe
qui était en accord avec les ZEC, loin de là. Pourtant, vous
dites que vous êtes toujours en consultation avec la population. Je me
demande quelles démarches votre ministère a faites pour consulter
ces différentes associations de chasse et de pêche. Je suis
certain qu'elles ont des points et des lacunes à soulever, surtout dans
les ZEC.
(21 h 10)
Je ne pense pas exagérer en disant que si vous aviez pris le
temps de consulter les différentes associations de chasse et
pêche... Cela me ferait plaisir et je pourrais vous donner les noms des
gens qui font partie de ces associations. Ils ont une pléiade de
plaintes portées contre les ZEC. D'année en année, ils me
font des rapports disant que la situation empire et ils voient... Tantôt,
vous avez fait allusion à l'autofinancement des ZEC, mais on voit les
prix augmenter d'année en année. Vous avez
préconisé, cette année, quoi, 15 $ pour une journée
sur une ZEC, pour votre carte? De toute façon, on sait que cela augmente
pour autofinancer les ZEC.
J'aimerais que le ministre nous dise que guelque chose va se passer et
dans un avenir rapproché, car on entend toutes sortes d'histoires,
à savoir que les ZEC sont une faillite monumentale. Ce n'est pas
nécessaire que vous preniez notre parole, mais si vous prenez le temps
de consulter les différentes associations, je pense qu'il y aura des
surprises, qu'elles vous réservent des surprises. La parole est à
vous, M. le ministre.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, je remercie les
députés de l'Opposition d'avoir soulevé le problème
des zones d'exploitation contrôlée. Je vais d'abord
répondre concernant le fait que le député de
Maskinongé...
Une voix: ...
M. Lessard: C'est cela. Un très beau poisson. Le
député de Maskinongé parlait, en ce qui concerne la
déclaration de mon prédécesseur en 1977, d'une politique
hâtive concernant la libération de ce qu'on a appelé les
clubs privés. Je suis quand même surpris de voir que le
député de Maskinongé parle de politique hâtive. Je
n'ai pas besoin de vous rappeler, M. le Président, que les
Québécois et les Québécoises avaient voté,
depuis près de 20 ans, soit depuis 1960, pour des partis politiques qui
proposaient d'année en année l'abolition des clubs privés.
J'ai déjà été libéral - on a toujours le
droit de faire des péchés mortels, M. le Président, pour
autant qu'on s'en confesse - en 1960 j'étais libéral et je
participais...
M. Picotte: II peut bien avoir de la misère à s'en
remonter.
M. Lessard: ... à la campagne électorale.
J'étais, à l'âge de 20 ans, un orateur du Parti
libéral. L'un des thèmes les plus souvent utilisés,
c'était: Enfin, l'abolition des clubs privés. C'était donc
en 1960. Il y a eu six ans de gouvernement libéral et les clubs
privés n'ont pas disparu. De 1966 à 1970, quatre ans d'Union
Nationale, après l'enqagement pris par l'Union Nationale, sous Gabriel
Loubier en particulier, les clubs privés n'avaient pas encore disparu.
Puis Mme Claire Kirkland-Casgrain s'était engagée, en 1970,
à abolir, sur une période de quatre ans, tous les clubs
privés et de remettre son territoire à la population du
Québec. En 1976, pas encore d'abolition des clubs privés. Les
clubs privés existaient encore. Le Parti québécois
s'était engagé par contre à remettre à l'ensemble
des citoyens des territoires qui étaient les plus accessibles. On sait,
M. le Président, que 99% des territoires les plus accessibles au
Québec étaient contrôlés par 26 000 membres de clubs
privés.
M. Duhaime, mon prédécesseur, a non seulement eu le
courage de réaliser une politique qu'aucun gouvernement antérieur
n'avait réalisée, c'étaient des promesses
électorales, des engagements électoraux: lui, il a eu le courage
d'abolir les clubs privés, malgré les pressions intensives qui
venaient de toutes parts. Il est certain qu'il y a toujours plus de gens qui se
battent pour maintenir un système qui les avantage que de gens qui
profitent du système qui est aboli, mais qui, en fait, ne sont pas
prêts à se battre aussi fortement que ceux qui perdent des
privilèges. Ceux qui reçoivent des privilèges sont moins
encouragés à se battre que ceux qui en perdent.
C'est certain que M. Duhaime, malgré les pressions intenses
qu'aucun qouvernement antérieur n'avait réussi à casser...
C'était quand même fort, c'était à peu près
comme la loi sur le zonage agricole, les spéculateurs s'opposaient
à la loi sur le zonage agricole et le Parti québécois a
réussi à casser cela. M. Duhaime a donc réussi à
casser cela, et casser cela ça voulait dire quoi? Cela voulait dire -
parce que nous, nous avons confiance aux Québécois - remettre aux
citoyens québécois la gestion de leur territoire. Pas
créer une immense structure étatigue contrôlée par
des fonctionnaires et des bureaucrates? Non, pour dire aux citoyens du
Québec: Vous étiez contre les clubs privés, vous vouliez
avoir l'accessibilité du territoire? D'accord, on va vous remettre ce
territoire-là.
C'est ainsi que se sont constituées 55 zones d'exploitation
contrôlées constituées de citoyens qui se sont
regroupés pour gérer ces territoires. D'ailleurs, M. le
Président, ce n'était quand même pas les premières
ZEC qui étaient constituées au Québec. Il y avait eu une
exception en 1965, à Forestville, où j'étais enseignant.
Il y avait ce qu'on appelait le Forestville Fishing Club - parce que les clubs
privés ne parlaient pas français - qui appartenait à
l'Anglo Canadian Pulp.
On s'est battu et on a réussi justement à libérer
et à obtenir ce territoire. Après l'accès au pouvoir de
l'Union Nationale, c'est Gabriel Loubier qui nous a cédé le
territoire et qui nous a dit: Vous voulez avoir le territoire, vous allez le
gérer, formez-vous en association de chasse et pêche. Et on s'est
formé en association de chasse et pêche. En fait, la
première ZEC au Québec a été constituée
justement à Forestville et c'est un peu sur cette image que se sont
formés par la suite des groupements pour gérer des
territoires.
Maintenant, est-ce qu'on pouvait avoir la perfection dès le
début? Si on avait tout le temps la perfection, on n'aurait plus besoin
de gouvernement, ça irait bien. Je n'aurais plus besoin d'être
à mon ministère. Non, je pense bien que l'important, d'abord
c'est du courage. Deuxièmement, il fallait faire l'expérience
d'une formule. Il y en a qui ont dit: Oui, mais il aurait fallu libérer
des parties de territoire, des régions. Je sais bien que sur la
Côte-Nord il n'y avait pas tellement de clubs privés,
c'est-à-dire que la pression n'était pas aussi forte que, par
exemple, dans la zone de Laurentides-Lanaudière où
littéralement plus aucun citoyen ordinaire qui n'avait le droit d'avoir
accès à des ressources. C'était tout couvert de clubs
privés dans certaines régions du Québec.
Certains disent: Vous auriez dû libérer, comme Claire
Kirkland-Casgrain l'avait fait, des parties de territoire et ensuite
présenter un échéancier sur deux ans et sur trois ans. On
ne pouvait pas faire ça. Il fallait justement abolir le principe, parce
que figurez-vous que si on avait dit, par exemple, dans la région du
Lac-Saint-Jean: Dans trois ans les clubs privés seront abolis, il n'y
aurait plus eu beaucoup de poissons dans les lacs, les clubs privés en
auraient profité.
Donc, quand on applique un principe comme ça, il faut le faire
"at large". C'est certain que le premier système a été
basé essentiellement d'abord sur l'accessibilité et
l'universalité de la carte, qui permettait justement à quelqu'un
qui était membre d'une ZEC d'avoir accès à l'ensemble des
ZEC. À ma connaissance, et c'est cela justement la fonction du
perfectionnement, c'est certain que c'est à la suite
d'expériences qu'on peut corriger des systèmes, après
aussi avoir écouté la population; ceci a amené justement
cette accessibilité universelle. Quand je me battais contre les clubs
privés, je ne me battais pas contre le principe que des citoyens
gèrent un territoire; je me battais contre le fait que c'étaient
des clubs privés fermés, c'est-à-dire qu'à
l'exception de quelques amis, personne ne pouvait y entrer. C'est ce qu'il
fallait casser.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Question de règlement, mais bien amicalement.
Maintenant qu'il a brossé ce tableau et qu'il a démontré
le courage du député de Saint-Maurice d'avoir enterré la
faune québécoise, tout le monde le sait. Je voudrais demander au
ministre, bien précisément, et pour renseigner la population,
à partir du printemps qui s'en vient, quel est l'avenir des ZEC? On a
droit à trois quart d'heure et il y a déjà douze minutes
que le ministre parle et il n'a rien dit.
M. Lessard: Vous avez fait votre préambule, je vais faire
le mien.
M. Picotte: Je lui dis cela bien amicalement.
M. Lessard: J'arrive à votre question.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Lessard: Je pense qu'il est important de montrer
l'évolution pour savoir où on va en arriver prochainement. Je
pense que c'est important.
M. Picotte: L'évolution, il y en a plein les journaux.
M. Lessard: Le problème de l'universalité de la
carte. Par exemple, le fait que quelqu'un qui est membre d'une ZEC avait
accès à l'ensemble des ZEC avait comme conséquence
négative deux choses: d'abord, les gens achetaient leur carte de membre
non pas d'une ZEC où ils devaient nécessairement aller, d'une ZEC
dont ils voulaient profiter, ils achetaient leur carte de membre de n'importe
quelle ZEC parce qu'ils avaient accès à toutes les ZEC, de telle
façon qu'il y a eu des zones d'exploitation contrôlées
particulièrement autour du secteur de Montréal, à cause du
Salon du camping et d'activités assez importantes au début du
printemps, qui faisaient une pression intensive auprès des individus et
vendaient massivement des cartes de membre. Comme, pour ces gens-là,
qu'ils achètent leur carte de membre d'une ZEC ou de l'autre, ça
n'avait aucune conséquence, vous aviez donc un certain nombre de ZEC
qui, à cause d'une commercialisation, si vous voulez, vendaient
énormément de cartes de membre alors que d'autres ZEC, qui
étaient dans les régions périphériques, ne
pouvaient pas faire la même chose. C'était donc une des
premières conséquences négatives.
Une deuxième conséquence négative est que les ZEC,
bien souvent, sans avoir obtenu
les ressources, à cause du fait que les gens achetaient une carte
de membre de cette ZEC, devaient recevoir gratuitement les membres de toutes
les autres ZEC, de telle façon qu'il n'y avait pas véritablement
de sentiment d'appartenance aux ZEC, d'appartenance au territoire. Sans le
sentiment d'appartenance, vous ne pouvez pas véritablement amener des
qens à s'intéresser à leur territoire. C'est donc
pourquoi, l'an dernier, j'ai corrigé un certain nombre de choses. J'ai
indiqué que, maintenant, l'universalité était un peu
diminuée, dans le sens suivant: lorsque vous preniez une carte d'une ZEC
pour aller dans une autre ZEC, vous deviez payer un droit de passage et un
tarif journalier, pour permettre que ces gens soient intéressés
à acheter leur carte de membre de la ZEC où ils vont aller
pêcher. Mais il y avait toujours la carte de membre obligatoire,
c'est-à-dire que quelqu'un, par exemple, qui voulait aller pêcher
une fois dans l'année, le 24 juin ou le 1er juillet, je ne sais pas,
était obligé de payer sa carte de membre de 50 $, ce qui me
paraissait quand même assez élevé.
Qu'est-ce qui va arriver l'an prochain? À la suite de cette
évolution et de ces corrections de parcours, après avoir
pensé qu'une des conséquences néqatives était aussi
le fait que c'était le gouvernement qui fixait le prix de la carte de
membre - cela a été confirmé par plusieurs chroniqueurs -
nous avons constaté que les membres n'étaient pas
intéressés à participer à leurs assemblées
générales, parce qu'une des raisons qui amènent les
membres à participer aux assemblées générales est
bien souvent la fixation du prix de la carte de membre. Comme c'était
fixé par le gouvernement, vous aviez à peu près 10% des
membres qui participaient aux assemblées générales des
ZEC.
J'ai déposé et soumis aux ZEC un document de discussion.
Il sera discuté dans l'ensemble des régions, région par
région, et on va me faire un certain nombre de commentaires. Par la
suite, à partir de ces commentaires, je vais préparer un cahier
qui va être discuté lors d'un congrès des ZEC qui aura lieu
au cours du mois de janvier ou février. La proposition que je leur fais,
c'est d'abord l'autofinancement en ce qui concerne l'administration. En ce qui
concerne les immobilisations sur l'aménagement, ça on peut
l'envisager pour autant que c'est de l'aménagement de la faune. Le
gouvernement est prêt encore à participer sur l'aménagement
de la faune. En ce qui concerne le fonctionnement, j'indique aux ZEC, tel que
l'avait d'ailleurs indiqué mon prédécesseur, que les trois
années - et même c'est quatre ans parce que j'ai prolongé
d'une année - les quatre années où le gouvernement
finançait l'administration comme expérience sont
terminées.
Maintenant il appartient aux ZEC de s'autofinancer en ce qui concerne
leur administration.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie.
M. Lessard: Un instant.
Le Président (M. Rancourt): Vous n'avez pas
terminé?
M. Lessard: Non, je n'ai pas terminé. C'est en ce qui
concerne leur administration. Maintenant, est-ce que ça veut dire que
ça va coûter 200 $ ou 500 $ comme certains chroniqueurs le disent
ou est-ce que, encore une fois, cela veut dire que c'est un retour aux clubs
privés? Je vais commencer par la dernière question. Il y a
certains chroniqueurs qui voudraient tellement prouver que M. Duhaime a eu tort
et que dans le fond le système privé c'est encore le meilleur
système qu'ils cherchent toujours un moyen pour utiliser les mêmes
termes: Retour aux clubs privés. J'ai dit tout à l'heure que ce
qui distinguait fondamentalement le club privé d'une ZEC, c'est que le
club privé est un territoire réservé à quelques
individus, à quelques privilégiés alors qu'une ZEC est un
territoire qui est ouvert à tout le monde pour autant que vous payez
votre carte. Donc, ce n'est pas un retour aux clubs privés, M. le
Président, les ZEC continuent d'être des territoires publics.
Mais l'inquiétude qu'on a, c'est: Est-ce que ça va
être des prix de 200 $ ou 500 $? M. le Président...
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, vous savez qu'il y a trois
autres députés qui veulent poser des questions. J'ai vraiment
l'impression que le ministre est en train de manger le temps et que
peut-être il a peur de se faire poser des questions par les trois
députés qui sont ici. Je pense qu'on a assez parlé de ZEC
et qu'on va parler d'autre chose qui intéresse la population.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Sainte-Anne, je crois que M. le ministre répondait aux questions de M.
le député de Maskinongé.
M. Picotte: Le problème, c'est que le ministre s'est mis
à parler des ZEC et à répondre à mes questions
uniquement depuis les deux dernières minutes des dix-sept où il a
eu la parole. On va le laisser errer.
Continuez d'errer.
M. Lessard: Vous avez parlé combien de minutes, vous?
Quinze?
M. Picotte: J'ai parlé neuf minutes pour savoir ce qu'on
ne saura pas encore une fois.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Lessard: La question suivante...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Lessard: Le député de Maskinongé a raison
de poser la question. La question suivante, M. le Président, c'est:
Est-ce que ça va coûter 200 $ ou 500 $? M. le Président, je
sais de quoi je parle, je suis capable d'en parler parce que j'ai
géré une ZEC; je sais ce que c'est. J'ai les deux pieds sur terre
sur ça.
M. Polak: Nous autres aussi.
M. Lessard: M. le Président, c'est que moi j'ai
géré une association de chasse et pêche pendant quelques
années. L'important -et il faut avoir confiance en la population -c'est
qu'il appartiendra aux membres, selon le projet que je leur ai soumis, de fixer
eux-mêmes leurs tarifs. Admettons la possibilité qu'un conseil
d'administration, avec des besoins d'investissement de tel montant, soumette
aux membres un tarif de 200 $. Il est certain que les membres vont être
présents à l'assemblée générale. C'est une
des premières améliorations du système. Mais les membres
ne sont pas obligés d'accepter 200 $. Les membres peuvent bien dire: On
regrette, mais tel investissement on ne le fera pas ou tel investissement on va
le faire de façon bénévole. Ce sont les membres qui vont
fixer eux-mêmes leurs tarifs. Je présume que les membres ne sont
pas intéressés à payer 150 $, 200 $. (21 h 30)
De plus, il y a un autre contrôle à l'intérieur du
système que je propose. Si, par exemple, certaines ZEC en arrivaient
à fixer des tarifs tellement élevés que les gens ne soient
plus capables de payer leur carte de membre, à ce moment, il n'est pas
sûr que la ZEC va pouvoir se maintenir, puisqu'il y a une norme que
j'indique pour maintenir une ZEC, à savoir deux membres par
kilomètre carré. Si donc les prix deviennent tellement
astronomiques - et cela, j'ai confiance aux citoyens - de telle façon
que les citoyens ne soient plus capables de prendre leur carte de membre, M. le
Président, les membres ne prendront plus leur carte de membre. Alors, si
cela devient une zone d'exploitation contrôlée où il n'y a
pas deux membres par kilomètre carré, le gouvernement du
Québec pourra enlever ce territoire et le rendre à nouveau
public, mais je suis convaincu, en terminant, M. le Président, que de la
façon, que j'ai vu fonctionner une association de chasse et de
pêche, les membres vont se déterminer, se définir des
tarifs qui correspondent à leurs besoins, qui correspondent, à un
moment donné, à leur richesse individuelle ou collective. C'est
dans ce sens M. le Président, que je dis que les ZEC vont
véritablement devenir une coopérative de gestion des ressources
alieutiques et cinégétiques, et cela pour le meilleur
intérêt de l'ensemble des citoyens.
M. Picotte: M. le Président, je demande...
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Laprairie...
M. Picotte: Oui, mon collègue de Laprairie.
M. Saintonge: M. le ministre, lors de l'étude des
crédits antérieurs au budget supplémentaire, j'avais
posé une question concernant l'allocation ou le transfert de fonds qui a
été effectué pour les fêtes nationales, ou un
montant de 3 325 000 $, transfert de fonds effectué par le
ministère au comité organisateur. Ce comité organisateur
devait rendre compte de son administration en déposant un rapport,
suivant ce que le ministre nous avait mentionné. Le contrôle
était effectué a posteriori. En recevant le rapport, le ministre
pouvait contrôler ce qui advenait. Le 11 juin, lors de l'étude des
crédits, M. le ministre, on faisait allusion à certaines plaintes
qui avaient pu être effectuées concernant des
irrégularités qui auraient pu se commettre pour la région
de Montréal au comité organisateur relativement aux fêtes
nationales. Le ministre nous répondait à ce moment-là
comme suit: "Ne me demandez pas de discuter du projet à venir, -
c'est-à-dire des fêtes de 1981 - je ne le sais pas, je n'ai pas
reçu de rapport."
Je ne voudrais pas dire que le ministre nous a menti, mais je dois quand
même reconnaître que le ministre n'a peut-être pas
donné toute la vérité à ce moment, parce qu'on
était le 11 juin. Le ministre a quand même reconnu lors d'une
commission parlementaire subséquente, en date du 30 octobre 1981, qu'il
avait bien reçu un rapport du Comité organisateur de la
fête nationale du Québec en date du 5 juin 1981, rapport qui
faisait état d'un déficit anticipé de 506 988 $. Dans ce
rapport préliminaire adressé au ministre avec un mémoire,
il était pourtant fait allusion à ce qui suit: Le conseil
d'administration de la fête nationale
se retrouve à cette date avec une décision fort
délicate à prendre et il ressent le besoin de consulter le
ministre responsable avant de la prendre. Effectivement, la question
soulevée était le déficit anticipé que je viens de
mentionner, de 506 988 $.
Ma question, M. le ministre, est la suivante: Comment expliquez-vous que
vous refusiez d'intervenir le 11 juin devant un déficit anticipé
de 506 988 $, alors que vous étiez au courant, en date du 5 ou du 6 juin
au plus tard? Le 11 juin, vous nous mentionnez ne pas avoir reçu de
rapport, ne rien avoir reçu qui vous permettait d'intervenir dans le
dossier. Que je sache, à ce moment-là - je n'ai pas
terminé, M. le ministre - vous avez quand même reconnu que vous
étiez le ministre responsable devant l'Assemblée nationale de la
dépense de ce montant de 3 325 000 $. Je constate aujourd'hui qu'au
niveau du budget supplémentaire, au programme 4, élément
2, il y a quand même un montant de 175 000 $ de prévu et on fait
allusion aux subventions au Comité organisateur de la fête
nationale du Québec Inc.
M. Lessard: M. le Président, j'ai un peu envie de dire que
je trouve l'intervention du député de Sainte-Anne tout à
l'heure, un peu scandaleuse lorsqu'il m'a indiqué que...
M. Polak: M. le Président, question de règlement!
Mes interventions ne sont jamais scandaleuses.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Lessard: ...lorsque, M. le Président...
M. Polak: J'aime bien que le ministre se serve d'un langage
parlementaire. Je sais qu'il est capable de le faire de temps en temps.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaîtî
M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, l'intervention du
député de Sainte-Anne m'apparaissait un peu scandaleuse tout
à l'heure lorsqu'il disait que cela faisait déjà assez
longtemps qu'on parlait des zones d'exploitation contrôlée, alors
que cela ne faisait que quelques minutes, soit à peu près 20 ou
25 minutes, qu'on parlait des zones d'exploitation contrôlée,
alors que cela touche des centaines de milliers de chasseurs, de
pêcheurs, de Québécois et de Québécoises. La
question que le député de Laprairie vient de me poser est une
question sur laquelle j'ai répondu à la commission des
engagements financiers, cet après-midi, et à laquelle j'ai
répondu à la commission des engagements financiers, il y a un
mois, le 30 octobre. Cela fait plus, je pense, de 15 heures que je suis
à la commission des engagements financiers pour répondre...
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lessard: ... aux questions des députés de
l'Opposition.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît, M. le
ministre!
M. Saintonge: M. le Président, ma question porte sur un
point bien précis. Je lui demande un rapport concernant des
déclarations faites dans un rapport qu'il avait en main et il a
mentionné qu'il n'avait pas de rapport. Je ne lui demande pas ce qu'il
nous a dit en commission parlementaire, je lui repose la question ici parce que
je n'étais pas satisfait de la réponse.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, s'il n'était pas
satisfait de la réponse, la population du Québec va probablement
être satisfaite de la réponse et va très bien
comprendre.
J'ai eu l'occasion à plusieurs reprises d'essayer d'expliquer
ceci au député de Laprairie, mais il ne comprend pas. Il est
exact qu'à l'occasion de la discussion des crédits, le 11 juin,
les députés libéraux m'ont posé essentiellement
deux questions. Ils m'ont d'abord posé la question suivante, avec une
joie rayonnante dans les yeux...
M. Saintonge: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lessard: ... à savoir si les chars allégoriques
étaient vendus.
Le Président (M. Rancourt): Question de
règlement.
M. Saintonge: Question de règlement. Je ne veux pas une
réponse sur les chars. On a posé combien de questions? Vous
dites: Deux. Il y en a eu plus de deux, on ne fait pas le détail. Donnez
une réponse à la question que je vous ai posée.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Chevrette: Vous n'imposerez tout de même pas les
réponses.
M. Saintonge: Qui est dans...
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Picotte: Est-ce que c'est possible que le ministre
réponde en cinq minutes aux questions?
M. Lessard: Mêlez-vous des ZEC et après ça,
nous autres, on...
M. Picotte: On peut se mêler des scandales aussi, vous
êtes remplis de scandales, pas seulement dans les ZEC.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
M. Picotte: Vous n'êtes même pas capable de
répondre comme du monde. Si vous ne pouvez pas répondre, donnez
donc votre place à un autre.
M. Chevrette: M. le Président, j'aimerais ça que le
ministre contribue à dégonfler leur troisième
balloune.
M. Lessard: Alors, M. le Président, voici la question qui
a été posée: Est-ce que les chars allégoriques sont
vendus? On sait qu'à ce moment-là...
M. Saintonge: Non, M. le Président, question de
règlement.
M. Lessard: Un instant! Je vais répondre sur son rapport.
Je vais répondre parce qu'il m'accuse de ne pas avoir donné tous
les faits à l'occasion de cette commission parlementaire. Je pense que
j'ai le droit de répondre à ces questions. J'ai répondu
aux questions qui m'ont été posées par les libéraux
à ce moment-là. Donc, on me pose la question: Est-ce que les
chars allégoriques... avec joie, parce que la rumeur circulait selon
laquelle les chars allégoriques n'étaient pas vendus.
M. Saintonge: M. le Président, j'insiste, question de
règlement.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
Question de règlement.
M. Saintonge: M. le Président, j'ai posé une
question relativement au fait qu'en commission parlementaire, au mois de juin,
j'ai posé au ministre des questions précises sur un montant
d'argent qui était dépensé, sur des allégations
relativement à des faits précis, et le ministre nous a
répondu qu'il n'avait pas de rapport en main là-dessus. Je ne
parle pas des chars allégoriques, je parle d'un rapport financier. Ma
question est la suivante: Est-ce que, oui ou non, vous aviez à ce
moment-là le rapport du 5 juin en main et pourquoi vous n'avez-pas
répondu comme il faut? Pourquoi avez-vous caché ce rapport?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Lessard: M. le Président, lorsque j'ai répondu,
avec joie d'ailleurs parce que j'étais bien heureux, en fait, ça
faisait au moins une situation financière...
M. Saintonge: Ramenez-le à l'ordre!
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Lessard: ... - parce que lorsque j'ai reçu le rapport,
le 5 juin, cela m'avait inquiété - moins difficile. Lorsque j'ai
répondu que les chars allégoriques étaient vendus, on
aurait dit que les libéraux étaient déçus parce
qu'ils auraient voulu faire un scandale du fait que les chars
allégoriques n'étaient pas vendus. Ils auraient
véritablement voulu briser la fête nationale.
Deuxième question qu'ils m'ont posée, concernant le
comité de Maisonneuve. J'ai reçu une pétition de 1500
personnes me demandant justement de mettre en tutelle le comité
régional de Montréal, à quelques jours justement de la
fête nationale. Je leur ai dit que mon...
M. Saintonge: Une enquête publique.
M. Lessard: ... chef de cabinet avait vérifié les
faits, avait discuté avec les personnes concernées et que je
n'avais aucune raison, à quelques jours des fêtes, de suspendre le
Comité organisateur de la fête nationale. Le député
disait tout à l'heure que je n'avais pas répondu à toutes
leurs questions. Je regrette, si on m'avait posé une question, à
savoir si j'avais reçu un rapport selon lequel on prévoit des
déficits, etc., j'aurais pu répondre. Ce n'est quand même
pas le ministre qui va préparer les questions à la place de
l'Opposition. (21 h 40)
II est exact que, le 5 juin, j'ai reçu un rapport du
Comité organisateur de la fête nationale, rapport qui m'avait
fortement inquiété. Je dis bien qu'il s'agissait du 5 juin, soit
19 jours avant la fête nationale. Le 5 juin, dans ce rapport tel qu'on
l'a lu, le Comité organisateur de la fête nationale me demandait
une directive. On parle d'une décision politique; certainement, c'est
une décision politique, je suis un homme politique. On me demandait si,
étant donné le déficit prévu de 500 000 $, on
devait mettre fin à un certain nombre d'activités. Je les ai
rencontrés et j'ai discuté avec eux.
Il y avait essentiellement deux activités importantes sur
lesquelles on pouvait envisager de faire des coupures. C'était d'abord
la fête du vieux port, un budget estimé à 350 000 $ dont
175 000 $ étaient prévus comme revenus à la suite,
justement,
de la diffusion qui devait être faite par Radio-Canada. Or,
Radio-Canada était en grève; on ne pouvait pas le prévoir,
je pense bien que ça ne se prévoit pas. Donc, ces 175 000 $
représentaient un manque de revenu et entraient dans le déficit
dont on me parlait. On m'a dit: C'est un manque à gagner. On me disait:
Si la grève de Radio-Canada est réglée, ça va
être autant d'argent de moins.
J'ai dit, à ce moment-là: Quelles sont les sommes...
Figurez-vous que nous sommes le 5 juin. La fête du vieux port avait lieu,
je pense, le soir du 23, et 250 000 personnes y ont assisté; ça
ne se prépare pas deux jours à l'avance. Je leur ai dit: Combien
d'argent avez-vous d'engagé pour la fête du vieux port? On m'a
dit: 270 000 $. Si Lucien Lessard, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche décide de mettre fin à cet immense spectacle, il est
exact qu'il épargne 80 000 $, mais il est dans l'obligation de payer 270
000 $ pour des engagements de contrats.
Est-ce que les citoyens et les citoyennes du Québec auraient
accepté que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, en
date du 5 juin, décide, alors qu'il y avait déjà 290 000 $
d'investis, de mettre fin à cette grande fête populaire? Si je
l'avais fait, le scandale aurait été d'autant plus grand que non
seulement la fête du vieux port n'aurait pas eu lieu, mais on aurait
dépensé, pour une fête qui n'a pas eu lieu, 280 000 $. J'ai
pris la décision de dire: En ce qui concerne la fête du vieux
port, on continue, il reste 80 000 $ à investir, on va les investir pour
permettre... Il y a une autre question qu'on m'a posée...
Le Président (M. Rancourt): Je m'excuse, le temps est
écoulé pour l'étude du budget du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Lessard: Ah! cela m'aurait permis de dégonfler une
autre balloune, M. le Président.
Des voix: Ah oui!
Le Président (M. Rancourt): Je m'excuse, les 45 minutes
allouées... Je m'excuse.
M. Picotte: Passons à autre chose... D'accord, M. le
ministre. Bonsoir, bonne nuit, amusez-vous bien.
Une voix: Joyeux Noël.
Le Président (M. Rancourt): Nous allons passer à
l'Éducation.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que je pourrais vous
souligner un point? Selon une entente avec le whip du gouvernement,
étant donné que le ministre de l'Éducation est en retard,
évidemment, il vient d'arriver...
M. Laurin: À 20 h 30, j'arrivais. Je vous ai entendu.
M. Picotte: Cela fait combien de temps?
M. Laurin: Une heure et demie. Cela fait longtemps en tout
cas.
M. Picotte: Cela fait une heure et demie que vous êtes
arrivé? Alors, le whip m'a conté des menteries.
Des voix: Ah! M. Laurin: Non.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Picotte: Entendez-vous! Il y a des menteurs ou vous
étiez...
M. Laurin: Le temps m'a paru long sans vous voir.
M. Picotte: De toute façon, M. le Président, je
voulais tout simplement vous souligner ceci.
Le Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
M. Picotte: Notre horaire a été chambardé
face à tous ces dérangements, et je dois dire que c'est bien
malheureux. Mais comme on avait des choses de prévues de ce
côté-ci et que notre représentant en matière
d'industrie, de commerce et de tourisme a dû quitter, on annule tout
simplement l'étude des crédits du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. On va passer immédiatement au
ministère de l'Éducation. Remarquez bien que ce n'est pas de
gaieté de coeur, M. le Président. C'est parce que l'horaire n'a
pas été respecté.
M. Laurin: Moi, il faut que je m'en retourne ce soir.
Le Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais remercier le
whip adjoint de l'Opposition pour sa collaboration.
Effectivement, nous avons appris que le représentant de
l'Opposition devait partir pour des raisons majeures. À ce sujet, nous
avons indiqué au ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme que
l'heure prévue
normalement pour ce ministère... On se reprendra. On en parlera
à une autre occasion. Nous allons donc passer à
l'Éducation et il nous restera, ensuite, le ministère du Travail,
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Picotte: On regardera cela au fur et à mesure.
M. Bertrand: II y a 60 minutes consacrées, M. le
Président, au ministère de l'Éducation.
Le Président (M. Rancourt): Avant de commencer, j'aimerais
faire remarquer que, dans le brouhaha de la fin, on a omis de dire que les
crédits du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
ont été adoptés.
M. Bertrand: Adopté.
Éducation
Le Président (M. Rancourt): Adopté. M. le ministre
de l'Éducation.
M. Laurin: Je pense que ce qui est inscrit au livre des
crédits parle de soi et je préférerais répondre aux
questions qui me seront adressées afin d'apporter tous les
éclairages ou éclaircissements nécessaires.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Westmount.
M. French: Je remercie le ministre d'être prêt
à répondre aux questions. De ma part au moins, je voudrais lui
souligner que je vais adopter une attitude très objective ce soir et que
je vais poser des questions avec un minimum de détails préalables
parce qu'on parle de dossiers qui ont déjà fait partie de
l'actualité et sur lesquels on a échangé
déjà. Cela dit, j'espère avoir des réponses aussi
précises et aussi concrètes que possible.
Une voix: ...
M. French: Oui, comme d'habitude. Nous pouvons achever aussi
efficacement que possible le programme.
Je voudrais commencer avec le cas du Collège Dawson, et je ne
répéterai pas l'histoire. Le développement le plus
récent, je crois, c'est que le ministre s'est prononcé en faveur
du site de la maison mère de la Congrégation des soeurs de
Notre-Dame et il a dit, à ce moment-là, qu'il ferait une
recommandation en ce sens à ses collègues au Conseil du
trésor. Ma question est, évidemment, la suivante: Quand peut-on
attendre une décision dans le dossier et, s'il y a d'autres options en
train d'être considérées dans le moment, quelles sont ces
options?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Laurin: En fait, la demande a été
acheminée au Conseil du trésor, elle a été
discutée au Conseil du trésor en ma présence. Comme il y
avait une dépense considérable dans l'option que je recommande,
qui est celle de la maison mère de la Congrégation Notre-Dame, le
Conseil du trésor, étant donné la très haute
dépense impliquée, a tenté de regarder d'autres options,
par exemple une option qui consisterait à localiser le cégep dans
un autre endroit, particulièrement au cégep
André-Laurendeau, ce qui, théoriquement, coûterait beaucoup
moins cher. Par contre, cela causerait des difficultés
considérables du fait qu'il faudrait relocaliser dans la partie ouest de
Montréal une clientèle qui, pour la majeure partie, réside
dans le centre de Montréal et ça consisterait aussi à
priver une population francophone de l'ouest de la ville de son
cégep.
Évidemment, il y a pour moi à cette solution des
objections d'ordre culturel aussi bien que pédagogique. Finalement, la
décision qui a été prise au Conseil du trésor, qui
a pour mission uniquement d'examiner l'aspect technique et l'aspect financier,
c'est de transmettre les deux options au Conseil des ministres en demandant au
Conseil des ministres en somme de choisir entre les deux options.
Cette demande sera étudiée incessamment, très
bientôt, par le Conseil des ministres. Comme je l'ai déjà
dit, je défendrai personnellement l'option de la maison mère de
la Congrégation Notre-Dame et j'espère pouvoir réussir
à convaincre mes collègues que c'est la meilleure option,
malgré son coût élevé.
M. French: Je voudrais souligner au ministre dans ce dossier,
afin de l'aider dans ses discussions, qu'il y a au moins deux aspects dans le
dossier qui sont extrêmement importants à cause du choix en
question. C'est d'abord le fait qu'un engagement d'une somme d'à peu
près 25 000 000 $ a déjà été pris
auprès du collège, donc une bonne proportion du coût
afférent à la maison mère. Deuxièmement, le choix
d'André-Laurendeau impliquerait à mon sens un transfert des
coûts réels de l'État du Québec aux
étudiants, les étudiants actuels d'André-Laurendeau ainsi
que les étudiants actuels de Dawson. Cela peut avoir un certain attrait,
un attrait superficiel, pour un ministre membre d'un quelconque Conseil du
trésor, avec toutes les pressions qu'il subit; par contre, en
réalité, on transfère le coût directement sur le dos
des étudiants en question, ceux d'André-Laurendeau et ceux du
collège Dawson.
Attendez-vous bientôt la décision, M. le
ministre? Je voudrais que vous me le disiez.
M. Laurin: Comme vous le savez, nous sommes actuellement dans une
période sessionnelle extrêmement active. Le Conseil des ministres
a été saisi de plusieurs projets de loi qui ont requis une
attention immédiate ainsi que, bien souvent, des projets de
réglementation ancillaire qu'appelle même l'adoption des projets
de loi, ainsi que quelques autres problèmes à incidence politique
qui ont requis son attention. Donc, jusqu'ici, le Conseil des ministres n'a pas
été capable d'accorder toute son attention à ce
problème, mais j'imagine qu'une fois la frénésie
sessionnelle terminée ou quasi terminée, il sera possible au
Conseil des ministres de s'attaquer à ce sujet avec toute l'attention
qu'il mérite. Donc, ce devrait être bientôt.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Westmount.
M. French: Deuxième dossier, le dossier de
l'Université du Québec à Montréal. Sans grand
préalable, nous connaissons tous la situation qui risque, une
deuxième fois, d'entraîner des implications telles que le
contingentement des admissions et d'autres choses avec lesquelles tous ceux qui
s'y intéressent sont pas mal familiers. Je sais que des pourparlers
intensifs ont lieu, je me demande si le ministre est en mesure de faire le
point sur la situation actuelle.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Laurin: Oui, M. le Président, les officiers
supérieurs du ministère de l'Éducation ont
déjà eu un bon nombre de conversations aussi bien avec les
autorités de l'Université du Québec, du siège
social, qu'avec des représentants de l'UQAM. Nous avons demandé
à l'Université du Québec et à l'UQAM de nous faire
parvenir un plan d'équilibre et de redressement pour les trois
prochaines années. Nous nous sommes entretenus avec elles des bases sur
lesquelles ces plans devraient être présentés et on a
déjà, à cette occasion, débrouillé
passablement les données, les dimensions du problème. On nous a
promis de nous présenter ces plans d'équilibre et de redressement
au début de janvier. Dès que nous les aurons, nous les
analyserons avec le plus de célérité possible. Je pense
être en mesure de faire alors une proposition au siège social de
l'Université du Québec et à l'UQAM, par voie
d'implication, qui satisfera - je ne sais pas encore jusqu'à quel point
-sûrement certaines des demandes de l'Université du Québec
et qui permettra, je l'espère - je pourrais dire que j'en suis presque
certain - d'éviter les mesures draconiennes dont il a été
question au cours des dernières semaines.
Donc, je pense bien être en mesure d'assurer et
l'Université du Québec et l'UQAM que leur mission sera
préservée, que l'Université du Québec à
Montréal pourra continuer son développement et satisfaire les
besoins de sa clientèle.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Westmount.
M. French: Quels seront les éléments de l'offre?
Est-ce que cela implique un fonds de dépannage et un ajustement de la
formule?
M. Laurin: Oui, cela impliquerait une allocation
supplémentaire.
M. French: De combien?
M. Laurin: C'est le montant qu'il reste...
M. French: C'est ce qui est en cause.
M. Laurin: ... maintenant à déterminer, mais comme
je l'ai déjà indiqué ici, en Chambre, d'après nos
estimations provisoires, ce serait entre 2 000 000 $ et 3 000 000 $.
M. French: Donc, la somme dont il avait été
question?
M. Laurin: Oui.
M. French: Maintenant, une autre université qui vient se
greffer immédiatement au cas de l'UQAM, c'est évidemment
l'Université Concordia dont la mission est sensiblement pareille, dont
l'efficacité, en termes de coût par étudiant, est
extrêmement bonne, la meilleure de toutes les institutions universitaires
québécoises, dont les restrictions, au point de vue
budgétaire, depuis quatre ou cinq ans, sont probablement plus
serrées que dans n'importe quelle autre institution
québécoise. Je pense qu'il faut demander au ministre s'il peut
préciser, dans le contexte de son intérêt actuel et
nécessaire à l'UQAM, ce qu'il prévoit faire pour
Concordia, qui se trouve à quelques semaines de la même situation.
Est-ce qu'on doit prendre au sérieux le plan de redressement et la
nécessité de résorption des déficits, etc.?
M. Laurin: M. le Président, je reconnais la bonne gestion
effectuée à l'Université Concordia. Je reconnais aussi la
nature ainsi que l'intensité des problèmes qui affectent cette
université. Je signale cependant que la base de calcul des subventions
versées à l'Université Concordia a été
élevée deux fois
au cours de l'année dernière. Je reconnais cependant que,
malgré cette hausse successive, les problèmes n'ont pas encore
été résolus à la satisfaction de
l'université. Nous suivons, pour cette université, le même
processus. Nous avons demandé également un plan
d'équilibre, un plan de redressement qui doit nous être
présenté à peu près à la même
époque. Nous avons déjà une bonne idée des
problèmes qui confrontent, des problèmes de croissance qui
confrontent cette université. Selon la nature des conclusions que nous
révélera l'analyse, s'il est nécessaire là aussi de
verser une subvention d'appoint, nous le ferons. Pour la même raison
d'ailleurs que pour l'UQAM, parce que nous reconnaissons le caractère
différent de l'Université Concordia, au sens de l'accession aux
études universitaires de clientèles qui normalement trouvent
difficilement accès aux universités traditionnelles, en
l'occurrence McGill.
Pour reconnaître cette caractéristique aussi bien que ce
bénéfice à la communauté, nous sommes prêts,
à la suite de notre analyse, à apporter, si nécessaire,
l'aide appropriée.
M. French: Vous avez maintenant le plan de redressement. C'est
à l'étude. Est-ce que c'est...
M. Laurin: Oui. M. French: Mais...
M. Laurin: Nous ne l'avons pas encore actuellement, mais
très prochainement.
M. French: ...vous l'attendez?
M. Laurin: Oui, très prochainement.
M. French: D'accord.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Westmount.
M. French: Est-ce que vous prévoyez entrer en
négociation avec l'Université Concordia dans un avenir plus ou
moins proche?
M. Laurin: Oui, comme je vous le soulignais tout à
l'heure, M. le Président, les négociations devant conduire
à des résultats commenceront dès que nous aurons en main
les plans et que nous les aurons analysés. Les décisions ne
tarderont pas, elles seront prises dans les plus brefs délais par la
suite.
M. French: M. le Président, pour le bénéfice
du ministre - je pense qu'il le sait, mais cela vaut peut-être la peine
de le souligner - il y a un problème de moral extrêmement
sérieux à Concordia, entre autres, par rapport à l'UQAM.
Le personnel enseignant et non enseignant n'aura pas les mêmes hausses de
salaire que les universités syndiquées et cela, combiné
avec le fait qu'il y a de la frustration quant à la situation et une
certaine incertitude - il faut le dire -face au ministère et au
ministre. Je pense que c'est important que le ministre fasse les
démarches nécessaires pour encourager ce qui a été
jusqu'ici - je pense qu'il est d'accord avec moi - un effort de gestion qui est
pas mal extraordinaire.
M. Laurin: C'est une dimension qui nous est connue et nous en
tiendrons compte.
M. French: Le dossier de l'Université de Sherbrooke, un
autre dossier qui n'est pas pareil aux deux autres, une université
régionale qui ne fait pas partie du réseau de l'UQ, qui porte un
fardeau de dettes extrêmement élevé. Encore une fois, un
problème d'incertitude, peut-être pour d'autres raisons. Je ne
voudrais pas développer ma question plus que cela, mais demander au
ministre quelles sont ses pensées sur cette institution qui est
peut-être la troisième des trois vulnérables dans le
moment. (22 heures)
M. Laurin: Je dirais, M. le Président, qu'elle est la plus
vulnérable de toutes...
M. French: D'accord.
M. Laurin: ...même si les journaux en parlent moins.
M. French: Oui.
M. Laurin: Elle est la plus vulnérable, parce qu'elle a
été créée avant les universités, entre
guillemets, "populaires" dont nous venons de parler. Elle a été
conçue sur le modèle des universités traditionnelles.
C'est une université qui compte des facultés ou des
départements qui ressemblent à ceux des universités
traditionnelles. Je pense, par exemple, à la faculté de
médecine. C'est une université qui s'est bâtie à une
époque où nous vivions en période d'affluence, de
croissance rapide des revenus, une université qui a dispersé ses
campus sur un espace assez grand et dont, par exemple, les normes actuellement,
en ce qui concerne les locaux, dépassent de 40% les normes actuellement
reconnues au ministère.
Pour toutes ces raisons, dispersion des pavillons, création de
facultés ou de départements dont le coût de fonctionnement
est très élevé, dettes considérables qui exigent
donc des paiements d'intérêt très élevés dans
la période que nous connaissons, pourcentage d'étudiants
inférieur par département ou faculté à celui
que
connaissent les universités des grands centres urbains, pour
toutes ces raisons le coût per capita est donc plus élevé
à Sherbrooke, actuellement, que partout ailleurs au Québec, ce
qui amène le gouvernement, le ministère de l'Éducation
à lui verser des subventions per capita sensiblement plus
élevées que celles qu'il verse aux autres universités.
Pourtant, cette université doit continuer son
développement, doit continuer à dispenser un enseignement de
qualité. C'est là sa responsabilité. Elle connaît
donc des difficultés plus considérables que les autres. Nous lui
avons quand même demandé à elle aussi un plan
d'équilibre et un plan de redressement, tout en reconnaissant à
l'avance que la tâche sera plus ardue qu'ailleurs. Mais, nous voulions
cependant que l'université ne se dérobât point à son
devoir d'ajustement aux conditions actuelles d'austérité et
qu'elle fît un effort plus marqué de rigueur et d'examen rationnel
de toutes ses opérations. C'est ce qu'elle est en train de faire
actuellement.
L'effort est plus considérable qu'ailleurs, je viens de le dire.
Le gouvernement, le ministère sont prêts à
reconnaître cette situation particulière.
Il n'est pas question, évidemment, de faire disparaître
l'Université de Sherbrooke en raison de ses difficultés. Il n'est
pas question non plus de priver la région, une des plus importantes au
Québec, des ressources dont elle a besoin en matière
d'enseignement supérieur. Mais il reste cependant qu'il faut faire
l'impossible non pas pour uniformiser ou standardiser, mais pour se rapprocher
des normes de financement, des normes budgétaires établies pour
le financement des universités.
Je sais que l'université, actuellement, accomplit cet effort avec
courage et avec ingéniosité et avec efficience aussi. Nous sommes
en discussion avec l'Université de Sherbrooke. Nous aurons bientôt
en main, là aussi, ce plan d'équilibre et de redressement. Je
soupçonne et je reconnais d'ailleurs que le ministère devra faire
un effort marqué pour maintenir la qualité des services
dispensés par tous les départements et facultés. Mais si
l'université fait de son côté son possible et fait tous les
efforts nécessaires, le ministère fera les siens
également.
Le Président (M. Rancourt): Une autre question, M. le
député de Westmount?
M. French: Deux autres questions.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Westmount.
M. French: Dans le contexte de Sherbrooke, est-ce qu'on parle
d'une chirurgie sur l'institution?
M. Laurin: Non.
M. French: On ne parle pas de fermeture de programmes
majeurs?
M. Laurin: II faut s'entendre sur ce qu'on peut appeler programme
majeur. On peut qualifier, nuancer. Je ne voudrais pas m'engager ce soir
à définir ce qu'est un programme majeur. Si j'ai bien compris la
question du député, il s'inquiétait de la disparition
éventuelle d'un gros morceau de l'université, comme un
département, une faculté. En ce sens, non, il n'est pas question
de fermeture de département ou de faculté.
M. French: M. le Président, le ministre achève une
série de quatre ateliers de consultation universitaire qui ont
été vivement discutés, qui ont amené certaines
déceptions quant à certains participants, y compris
peut-être le ministre. Je voudrais encore une fois, dans un esprit
extrêmement objectif, avec tout ce que je suis capable de montrer en ce
sens, lui poser la question suivante. Il l'a souvent mentionné,
c'était son pari qu'il n'y aurait pas de loi nécessaire sur les
universités et que ce serait possible de faire la consultation avec les
intervenants du milieu. Il y a eu une certaine hésitation quant à
certains participants. Est-ce qu'il a changé d'avis sur une loi sur les
universités? Quelle est sa réaction au déroulement des
séances des ateliers de consultation jusqu'ici?
M. Laurin: Les ateliers ne sont pas terminés, donc je ne
peux pas encore avoir changé d'avis sur l'opinion que j'émettais
au début des ateliers. Je ne pense pas que le retrait des professeurs du
dernier atelier soit suffisant pour m'amener à changer d'avis. D'autant
plus que les professeurs ont quand même fait entendre une voix
très forte, et lors du premier atelier et lors du deuxième
atelier, avant de se retirer. Donc, malgré ce retrait, je me crois bien
informé des vues et opinions des associations de professeurs
d'universités. Je suis, bien sûr, resté sur mon
appétit. J'aurais préféré en entendre davantage de
la part des associations de professeurs, surtout sur les aménagements
internes, par exemple, sur la modulation des tâches entre enseignement et
recherche, sur les relations entre départements et autorités,
soit académiques ou administratives, de l'université. Je pense
que nous aurions tous, public et gouvernement, bénéficié
de ces échanges. Même s'ils n'ont pas eu lieu, même s'ils
n'ont pas été aussi fouillés que je l'aurais
souhaité, je ne crois pas, cependant, qu'il faille en conclure qu'une
loi sur les universités serait nécessaire. Je tenterai par
d'autres moyens d'obtenir les renseignements ou les avis ou opinions que
j'aurais aimé avoir à l'occasion des ateliers. D'autant plus
que les associations de professeurs ont elles-mêmes annoncé
qu'elles tiendraient leurs propres ateliers. Je ne sais pas si elles
m'inviteront, mais je suis sûr en tout cas que ces ateliers seront
productifs, que ces sujets, ces thèmes sur lesquels j'aurais aimé
échanger avec eux seront à l'ordre du jour, qu'ils donneront
lieu, sûrement, à une pléthore d'avis, opinions,
recommandations. Je sais aussi que je peux compter... (22 h 10)
J'ai déjà en ma possession, d'ailleurs, les
résultats de certains colloques qui ont été tenus à
l'intérieur des universités sur la mission éducative,
l'enseignement, la recherche, le rayonnement interne et externe des
professeurs. Donc, même si les renseignements, les avis obtenus sont
insuffisants, je dois dire malgré tout que notre connaissance du
problème a augmenté, car nous avons maintenant plus de
renseignements que nous n'en avions il y a quelques mois et, avec les autres
sources de renseignements dont je viens de parler, j'espère être
en mesure, peu de temps après le début de 1982, de proposer aux
universités une nouvelle formule de financement et de nouveaux modes
d'aménagement interne et de concertation à l'intérieur du
réseau.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Viau.
M. Cusano: M. le Président, j'ai appris cette semaine
qu'il se faisait dans certaines écoles du Québec la distribution
d'un document intitulé: Jeunes, égaux et responsables. Je crois
que c'est un document de la Commission des droits de la personne. Il n'y a pas
très longtemps, on a vu une autre distribution dans les écoles.
C'était le document Minute, Ottawa! On sait que les commissions
scolaires ont le pouvoir décisionnel d'autoriser ou de ne pas autoriser
la distribution de documents aux élèves dans leurs écoles.
Pourtant, il semble que certains ministères contournent les commissions
scolaires en envoyant de la documentation directement aux professeurs. Ma
question est la suivante: Y a-t-il, au ministère de l'Éducation,
une espèce de tamisage des documents qui sont envoyés aux
écoles par les différents ministères?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Laurin: En réalité, aucun document ne devrait
être distribué dans les écoles sans l'autorisation du
ministre de l'Éducation. Dans le cas que vous avez soulevé au
tout début, cette autorisation n'a pas été obtenue et, si
elle avait été demandée, évidemment, le document
aurait été analysé. De toute façon, cette
autorisation n'a pas été obtenue et j'ai déploré
moi-même qu'elle ne fût pas obtenue, qu'on n'ait pas cherché
à l'obtenir. Cet incident a fait l'objet de conversations entre mon
collègue des Affaires intergouvernementales et moi-même et il a
concouru dans mon jugement qu'une autorisation aurait dû être
obtenue. On apprend par expérience et je pense que cet incident nous
permettra d'élaborer de meilleures méthodes de consultation entre
les divers ministères et le ministère de l'Éducation, afin
de prévenir toute répétition de ce genre.
M. Cusano: Si je comprends bien...
M. Laurin: Quant au deuxième document, là, la
situation est bien différente. Comme vous l'avez dit, c'est un document
préparé conjointement par la Commission des droits de la personne
et le ministère de l'Éducation, mais dont l'origine revient
à la Commission des droits de la personne. Je suis très heureux,
en tant que ministre, d'avoir participé à cette campagne de
diffusion et d'implantation car je crois que la question des droits de la
personne doit s'appliquer à toutes les catégories de citoyens,
aux étudiants y compris.
M. Cusano: Ce n'est pas le contenu du document que je mets en
question présentement.
M. Laurin: Pour compléter ma réponse, je sais que
certaines commissions scolaires n'ont pas accepté de participer à
la diffusion de ces documents et nous avons respecté leurs opinions.
Celles qui se sont refusées à participer à cette campagne
de diffusion ont droit à leurs opinions, malgré que je ne les
partage pas, mais leurs décisions ont été
respectées. Par exemple, à Montréal, cette campagne n'a
lieu que dans les commissions scolaires autres que celle qui a refusé sa
permission.
M. Cusano: Alors, vous pouvez nous assurer qu'il n'y aura pas de
documents envoyés directement aux professeurs.
M. Laurin: Non.
M. Cusano: Vous ne pouvez pas nous l'assurer?
M. Laurin: Non, non. Je dis: II n'y en aura pas.
M. Cusano: II n'y en aura pas. Avez-vous l'intention de...
M. Laurin: Dans l'avenir, on devra se conformer aux règles
actuelles.
M. Cusano: Les règles actuelles. Existe-t-il une politique
chez vous sur ce qui entre
dans une école, sur ce qui est envoyé dans une
école?
M. Laurin: Comme je le disais, les règles actuelles qui
ont été élaborées à la suite
d'expériences et de discussions seront mieux suivies à l'avenir,
seront respectées d'une façon plus intégrale. Cette
politique est très simple, dans le fond, c'est qu'aucun document ne doit
circuler à l'intérieur des écoles sans l'autorisation
préalable du ministère de l'Éducation avec, bien
sûr, le consentement des commissions scolaires.
M. Cusano: Sur les écoles privées, M. le
Président, la semaine dernière j'ai reçu les
représentations de ce qu'on appelle le groupe des onze, les
écoles spécialisées en enfance inadaptée. Ils ont
mentionné qu'au moment où ils me rencontraient ils n'avaient pas
encore reçu les subventions qui leur sont dues par votre
ministère. Est-ce le cas? Si c'est le cas, quand vont-ils recevoir leurs
subventions?
M. Laurin: Incessamment, M. le Président, parce qu'il y a
quelques jours à peine, trois jours, je crois, le Conseil du
trésor s'est rendu à ma demande et versera une somme
additionnelle de 1 200 000 $ à ces onze institutions privées pour
leur permettre de subvenir normalement à l'accroissement de leurs
dépenses de fonctionnement conformément à la promesse que
j'avais faite lors de la discussion des crédits en mai dernier.
M. Cusano: Ce qui prouve qu'ils avaient raison.
M. Laurin: Ce qui prouve que le ministre a pris au sérieux
la promesse qu'il leur avait faite et les demandes qu'elles avaient faites au
ministre.
M. Cusano: J'espère que vous allez être aussi
sérieux dans l'éducation des adultes, M. le ministre. Depuis les
coupures budgétaires à l'éducation des adultes, on apprend
par des moyens un peu indirects qu'il y aura une baisse d'usagers d'environ 50%
comparativement à l'année dernière. Y a-t-il eu un
comité de sous-ministres ou de personnes mandatées par vous pour
faire le tour de la province pour faire ces constatations depuis le mois de
septembre?
M. Laurin: Nous le faisons constamment. Nous sommes en contacts
constants et étroits avec tous les organismes, soit commissions
scolaires, collèges ou universités, qui dispensent des cours en
éducation des adultes, en éducation populaire ou en
éducation permanente. Nous nous tenons donc constamment informés
sur la situation. Je ne suis pas en mesure à l'heure actuelle de
confirmer la statistique de 50% dont vous faites état parce que les
résultats ne sont pas encore tous connus. Ce que je sais, cependant,
c'est que les compressions que nous avons connues avec les correctifs
administratifs que nous avons proposés aux commissions scolaires, aux
collèges et aux universités ont amené des modifications
assez importantes à plusieurs égards, soit dans le nombre de
cours offerts, soit dans la nature des options qui sont offertes, soit dans la
localisation ou relocalisation où ces cours sont dispensés, soit
dans la répartition des frais de gestion par rapport aux frais
proprement "académiques". Ce réaménagement qui est en
train de s'effectuer a produit des résultats qui nous parviennent d'une
façon régulière et que nous tentons d'analyser au fur et
à mesure qu'ils nous parviennent, mais nous ne sommes pas encore en
mesure de tirer des conclusions finales. Par ailleurs, je puis vous dire que
nous attendons avec intérêt et impatience les résultats de
la commission d'étude sur l'éducation des adultes. Nous attendons
ces recommandations pour pouvoir enfin élaborer une politique
cohérente, globale, sur l'éducation des adultes. À ce
moment, il sera justifié, je crois, de faire les efforts financiers
qu'appelle la réalisation d'une telle politique.
M. Cusano: M. le ministre, ma question - je comprends qu'il y a
une commission qui fait une étude - était plus précise.
Est-il vrai qu'il y a des gens de votre ministère qui ont
été mandatés pour faire l'état de la situation de
l'éducation des adultes à travers la province?
M. Laurin: Effectivement, le sous-ministre adjoint responsable
des réseaux, M. André Beaudoin, a été directement
mandaté pour suivre de très près la situation, effectuer
les analyses nécessaires à la suite soit d'informations qu'il
reçoit ou de rencontres qu'il a avec divers groupes et de me faire
parvenir le résultat de ces analyses au fur et à mesure qu'elles
se font.
M. Cusano: II va vous remettre un rapport. J'espère que ce
rapport sera déposé, sinon disponible pour les membres de
l'Opposition.
M. Laurin: Comme je viens de vous le dire, je suis
personnellement très intéressé à l'évolution
de la situation, puisque j'étais ministre d'État au
Développement culturel lorsque cette commission d'étude a
été constituée.
M. Cusano: Ce n'est pas de la commission d'étude que je
parle, M. le Président, c'est du groupe qui a été
mandaté pour aller voir la situation.
M. Laurin: Je le mentionne simplement pour vous signaler que je
partage on ne peut plus votre intérêt pour l'éducation des
adultes et l'éducation permanente. Je souhaite autant que vous
l'accélération des efforts que notre gouvernement peut faire en
ce domaine.
M. Cusano: Une dernière question, M. le Président.
On a entendu parler d'un chiffre qui touche les 3743. C'est un chiffre qui se
réfère au nombre de professeurs en disponibilité. Je
suppose que ce chiffre est en date du 1er octobre, lorsque les statistiques
nous parviennent. Pouvez-vous nous dire présentement combien il y a de
professeurs en disponibilité dans l'ensemble du domaine de
l'éducation?
M. Laurin: Selon les derniers chiffres qui ont été
portés à mon attention il y a une dizaine de jours, le nombre
total des enseignants en disponibilité s'élevait aux alentours de
2000, 2200 ou 2500. Je pense qu'on peut dire qu'une bonne partie, près
de 60% de ces enseignants, sont au travail actuellement, 65%, surtout pour
effectuer des travaux de suppléance ou un très grand nombre
d'autres travaux qui bénéficient directement aux
étudiants, qu'il s'agisse de l'implantation de programmes, qu'il
s'agisse d'animation, qu'il s'agisse de commandites effectuées par le
ministère de l'Éducation pour des projets d'innovation
pédagogique, qu'il s'agisse d'encadrement, d'activités
parascolaires. On peut donc dire que, malgré les mises en
disponibilité, les enseignants continuent de dispenser des services, en
grande majorité en tout cas, qui bénéficient directement
aux étudiants.
M. Cusano: M. le Président, si on prend un chiffre comme
2200 professeurs en disponibilité et si on nous dit qu'environ 60% font
de la suppléance, cela voudrait dire qu'il y aurait un minimum de 1200
absences par jour dans le système.
M. Laurin: 1000...
M. Cusano: 1200 absences par jour ou même plus. Si tous ces
professeurs font de la suppléance, à 60%, cela veut dire...
M. Laurin: Évidemment...
M. Cusano: ... qu'il y a 1200 ou même 1300 absences par
jour. C'est un taux un peu élevé.
M. Laurin: Je ne veux pas m'engager dans une discussion de
l'absentéisme au niveau des écoles, mais je rappelle quand
même qu'il y a près de 67 000 professeurs dans le réseau et
je ne crois pas que ce pourcentage soit tellement exagéré,
surtout si l'on tient compte de certaines raisons d'absence, qu'il s'agisse de
cours de perfectionnement, qu'il s'agisse d'absences pour maternité,
qu'il s'agisse de congés sabbatiques parfois, qu'il s'agisse de maladie
pure et simple. Je ne crois donc pas que le phénomène soit
à ce point catastrophique qu'il mérite des qualificatifs trop
négatifs.
M. Cusano: M. le Président, acceptons le fait qu'une
portion de ces gens sont impliqués dans la suppléance ou la
préparation de cours, il y a pourtant une autre tranche de 40% qui sont
quasiment à ne rien faire. En même temps, vous savez que la
dernière entente collective permet un boni pour un professeur qui
dépasse le nombre d'élèves dans sa classe. Vous avez dans
plusieurs écoles la situation où vous payez un boni à un
professeur qui a un surplus d'élèves dans sa classe et, en
même temps, vous avez le professeur qui est dans la salle de repos et qui
est payé à ne rien faire. Où ces chiffres se
situeraient-ils exactement?
M. Laurin: En fait, je vous ai donné le chiffre de 65%.
C'est un chiffre très provisoire. En réalité, j'attends
une autre occasion. Quand seront compilés tous les résultats,
région par région, que nous les aurons additionnés, c'est
seulement à ce moment que je pourrai vous donner véritablement
les résultats définitifs.
M. Cusano: À quel moment allez-vous nous donner cette
information précise?
M. Laurin: II faut quand même que...
M. Cusano: On ne peut pas attendre au mois de juin 1982.
M. Laurin: Non, mais il reste que nous devons compter sur la
collaboration d'une multitude d'intervenants pour avoir ces chiffres. Qu'il
s'agisse des commissions scolaires, qu'il s'agisse des syndicats d'enseignants
aussi, c'est une situation quand même cumulative, en ce sens que les
événements et la conjoncture amènent des fluctuations dans
ces chiffres. Quand même, je suis de très près la
situation, je m'en suis même entretenu à quelques reprises avec
les chefs syndicaux et je me suis assuré leur collaboration. Il reste
qu'un problème demeure quant à l'affectation possible de ces
enseignants en disponibilité. Actuellement, nous devons respecter les
conventions collectives et, à l'intérieur des conventions
collectives, il y a des contraintes que nous devons respecter et qui sont tout
à fait normales.
On ne peut pas demander à un professeur spécialisé,
par exemple, dans l'enseignement de la biologie d'accepter un
mandat qui l'éloignerait trop de son champ. Nous ne pouvons pas
demander non plus à un professeur en disponibilité de
dépasser la limite des 50 kilomètres, comme vous le savez. Ces
contraintes à l'intérieur des conventions collectives doivent
donc être respectées. Ma rencontre avec les chefs syndicaux avait
justement pour but de demander qu'au-delà de la lettre des conventions
collectives, des accords puissent s'effectuer avec les commissions scolaires ou
avec d'autres intervenants dans le champ social, par exemple, ou des
intervenants gouvernementaux, pour qu'on puisse trouver des tâches que
pourraient effectuer les enseignants de façon utile, soit au
bénéfice direct des élèves ou pour la mission
éducative.
M. Cusano: Une dernière question, M. le Président,
de ma part. L'entente syndicale, l'entente collective que vous avez
signée expire en décembre 1982?
M. Laurin: En décembre 1982.
M. Cusano: J'aimerais avoir une estimation pour donner la chance
à mes collègues de poser des questions, combien de professeurs
pensez-vous avoir en disponibilité au mois de septembre prochain?
M. Laurin: Au mois de septembre?
M. Cusano: Au mois de septembre 1982.
M. Laurin: II faut tenir compte de la décroissance
naturelle de la clientèle étudiante, qui est habituellement
fixée à 3%. Il faut faire une règle de trois,
évidemment, une multiplication. Je pense que le nombre de mises en
disponibilité est destiné à s'accroître, puisque,
dans les mises en disponibilité, il faut compter également les
surplus des années précédentes. Il y a une accumulation
progressive.
M. Cusano: M. le ministre, j'aimerais seulement avoir un nombre,
je connais les mécanismes, seulement une approximation.
M. Laurin: Voyez-vous, au mois de mai, plusieurs disaient que
nous aurions 5000 ou 6000 mises en disponibilité. Finalement, à
la fin d'octobre, au début de novembre, il y en avait 2300 et c'est
maintenant rendu à 2200. Je pense que le même
phénomène va jouer au cours de l'année prochaine et on
devrait probablement avoir une augmentation dans les mêmes proportions
que celles que nous avons connues en 1981 par rapport à 1980. (22 h
30)
M. Cusano: J'aimerais seulement avoir un chiffre, M. le ministre.
Il me semble que, dans votre ministère...
M. Laurin: Je pense que vous pouvez faire le calcul aussi bien
que moi.
M. Cusano: ...on a certainement envisagé... Il va vous en
rester quasiment 2000 d'ici le mois de juin et vous allez en ajouter un
autre...
M. Laurin: Non, ce n'est pas sûr, parce qu'il y a
l'attrition naturelle. Il y a les changements de vocation, des gens qui
quittent le domaine de l'enseignement pour aller faire autre chose.
M. Cusano: J'ai la réponse, M. le Président. Je
passe à...
Le Président (M. Rancourt): Mme la députée
de Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Merci. Je n'ai qu'une question, M. le ministre,
mais c'est une question assez importante. Cela porte sur les services des
conseillers en orientation. À cause des coupures budgétaires de
cette année, les commissions scolaires ont aboli 60 postes de
conseillers en orientation. Les commissions scolaires sont très
conscientes de la gravité de leur décision. Cependant, lorsgue
80% de leur budget est consacré aux dépenses obligatoires, elles
ont très peu de marge de manoeuvre. Il a donc été
nécessaire de couper dans les domaines essentiels et
spécifiquement dans le domaine des conseillers en orientation. C'est un
domaine où nous sommes déjà un peu dans un état de
sous-développement par rapport à l'Ontario et aux
États-Unis. Je crois qu'aux États-Unis, par exemple, - ce sont
des chiffres de la corporation - il y a un conseiller d'orientation par 300
élèves et, en Ontario, il y a un conseiller par 365
élèves. Au Québec, avant les coupures, c'était un
conseiller par 1000 élèves.
Dans le contexte social actuel, où les problèmes sociaux
augmentent tous les jours, les problèmes de délinquance, les
problèmes de chômage et aussi les problèmes de la carence
entre le milieu scolaire et le milieu de travail, qui s'élargit tous les
jours, à cause de tous ces problèmes, je crois que la
pénurie des conseillers en orientation est un problème assez
grave et j'aimerais vous demander quelles sont vos intentions afin
d'améliorer la situation.
M. Laurin: M. le Président, je partage entièrement
les appréhensions, les préoccupations et les souhaits de la
députée de Jacques-Cartier et, ne serait-ce que par la profession
que j'occupais antérieurement, je ne peux que la comprendre et partager
ses sentiments. Il reste cependant que la situation varie d'une commission
scolaire à l'autre en ce sens que les enveloppes budqétaires que
nous consentons aux
commissions scolaires, comme la députée le sait, sont
basées sur de grands chiffres, de grands ensembles, des ratios que nous
dictent les conventions collectives et qu'à même cette enveloppe,
les commissions scolaires possèdent quand même une marqe de
manoeuvre qu'elles utilisent différemment selon les régions. Bien
sûr, on peut dire que la marge de manoeuvre n'est pas très grande,
mais il y a quand même une marge de manoeuvre et il revient aux
commissions scolaires de répartir ce qui reste de la subvention
après que les traitements prévus aux conventions collectives ont
été payés de la façon qui convient le mieux
à l'analyse que font les commissaires. On sait que les décisions
des commissaires varient d'une région à l'autre. Certains
préféreront garder intouchée la structure administrative.
D'autres préféreront plutôt sacrifier une partie du
personnel appartenant à la catégorie des professionnels non
enseignants. D'autres préféreront toucher aux services, qu'il
s'agisse des bibliothèques ou des cafétérias. Et sur ce
point nous n'avons pas le pouvoir d'infléchir d'une façon
significative les décisions des commissions scolaires. Donc, il y a une
marge de manoeuvre qui appartient aux commissions scolaires en vertu de
l'autonomie et de la marge de manoeuvre à laquelle elles tiennent
beaucoup.
Il reste cependant que je ne récuse pas les statistiques
générales que vient de nous citer la députée de
Jacques-Cartier. S'il est vrai que notre ratio conseiller en
orientation-élève est beaucoup plus élevé au
Québec qu'ailleurs, je pense que c'est là nous indiquer qu'il
faudrait faire un effort spécial, mais les moyens que nous avons
à notre disposition sont quand même limités. Le premier est
une augmentation des enveloppes budgétaires, en essayant de
protéger la partie du budget qui toucherait les conseillers en
orientation, comme nous allons peut-être le faire et comme nous le
faisons en partie déjà pour l'intégration des enfants
handicapés. L'autre moyen, c'est de faire pression sur les commissions
scolaires pour qu'elles privilégient dans leurs décisions ce
choix que vous venez d'indiquer. Il resterait peut-être une autre
solution, c'est-à-dire tenter d'en arriver à une politique mieux
concertée avec le réseau des affaires sociales, pour qu'on puisse
avoir recours davantage aux services qui sont présents dans ce
réseau en vertu d'ententes, qui sont d'ailleurs à l'étude
actuellement entre le ministère de l'Education et le ministère
des Affaires sociales, et qu'on prévoie une meilleure utilisation du
personnel.
Mme Dougherty: M. le ministre, je sais très bien, vous
parlez d'une marge de manoeuvre. Cela n'existe pas maintenant dans les
commissions scolaires. Ce n'est pas parce que les conseillers en orientation,
ont moins de priorité pour les commissions scolaires... parce qu'on a
coupé presque chaque catéqorie de professionnel. Les
bibliothécaires, les psychologues, tous les domaines les plus
vulnérables ont été touchés par les coupures
budgétaires. Je crois que les budgets transférables, la
transférabilité, c'est une bonne idée, lorsque les fonds
sont suffisants. Mais, quand les fonds ne suffisent pas, la
transférabilité ne vaut rien. On peut parler de l'autonomie, mais
qu'est-ce que c'est l'autonomie, quand on n'a pas de décision à
prendre? Je crois qu'il y a certaines catégories de professionnels qui
doivent être protégées par des normes garanties du point de
vue budgétaire. On parle, par exemple, de l'importance des
bibliothèques. Même les commissions scolaires qui, depuis des
années, avaient des bibliothécaires ont décidé de
couper les services. On a des bibliothèques, on a des livres, mais pas
d'humains pour donner des services. Je crois que, pour être
honnête, il faut examiner la situation, parce que les coûts sociaux
de ne pas faire, de ne pas aider les jeunes... on risque gros. Le coût
social de l'enfant en centre d'accueil est de plus de 30 000 $ par
année; c'est le coût d'un conseiller en orientation pour 1000
enfants et je crois que c'est une situation très grave. Il faut examiner
la situation, pas uniquement au point de vue des coûts, c'est important,
mais des coûts sociaux. (22 h 401
M. Laurin: Si on n'avait pas de marge de manoeuvre dans les
commissions scolaires, la situation de chacune ne serait pas aussi
différente ou variable. Donc, je continue à penser qu'il y a une
marge de manoeuvre. Mais est-elle suffisante pour régler le
problème très réel que vous soulevez? Je suis d'accord
avec vous pour dire que non. Il faut donc penser à d'autres types de
solutions, en tenant compte quand même des moyens que nous avons. Encore
une fois, nous n'avons pas le choix, il faut d'abord payer les traitements
prévus aux conventions collectives, d'une part et, d'autre part, on ne
peut pas augmenter d'une façon trop marquée le déficit de
la société québécoise.
Il faut donc trouver des solutions qui vont nous permettre de
régler, du moins à moyen terme, le problème que vous
soulevez en utilisant les moyens à notre disposition. Peut-être
sera-t-il possible, parmi ces ressources ou ces moyens, d'identifier des moyens
financiers, mais je pense qu'il faudra utiliser aussi d'autres moyens. Je suis
très sensible au plaidoyer que vous faites et soyez sûre qu'il
fera l'objet d'un examen attentif au ministère, afin que, dans la limite
des contraintes qui sont les nôtres actuellement, on puisse quand
même progresser dans l'examen et la correction des problèmes que
vous soulevez.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Henri.
M. Hains: M. le ministre, les directeurs d'école se
plaignent actuellement de l'étalement de la rétroactivité
qui leur a été consentie et qui leur est due depuis le 1er
juillet dernier. L'augmentation est de l'ordre de 13,5%, je crois. Mais voici,
m'a-t-on dit, le mode étrange de ce remboursement. En effet, ces 13,5%
seraient donnés en deux phases: on donnera 10,5%, du 1er juillet 1981 au
1er juillet 1982 et les 3% ne seraient en vigueur que pour la période du
1er avril au 30 juin 1982.
Je pense qu'on doit s'avouer que c'est vraiment une première dans
ce domaine. Les principaux et les directeurs d'école, se trouvent
drôlement lésés financièrement, mais surtout
profondément offensés par l'attitude du gouvernement à
leur égard. N'étant point syndiqués, mais membres d'une
association qui est quand même plus qu'honorable, ils n'ont aucun recours
contre ces décisions qui ne respectent pas tellement leur statut
professionnel. Je vous demande s'il y a une explication plausible à
cette situation, quant à la rétroactivité pour les
directeurs d'écoles.
M. Laurin: Vous devinez bien que ce problème a fait
l'objet de discussions répétées et intenses entre le
ministère et les directeurs d'écoles. Jusqu'ici, il n'a pas
été possible de parvenir à une entente, mais il reste
cependant que le mode de répartition de cette augmentation dont vous
venez de parler, même si elle s'effectue par étapes, aboutira au
résultat que l'augmentation versée aux directeurs d'école
correspondra quand même au taux de 13,5% par année qui a fait
l'objet de notre engagement auprès d'eux, engagement qu'ils ont
accepté.
Évidemment, nous pourrons continuer nos discussions quant aux
modalités et j'espère que nous pourrons parvenir à un
accord, mais il reste que la marge de différence n'est pas au fond si
énorme qu'on veut bien parfois le souligner. Nous sommes prêts, de
notre côté, à essayer d'envisager d'autres
modalités, mais il faudra que le résultat soit le même,
c'est-à-dire un montant total d'augmentation pour les directeurs
d'écoles de 13,5%, avec les autres aménagements dont vous n'avez
pas parlé, mais qui correspondent quand même en grande partie aux
demandes qu'ils nous ont faites, particulièrement pour respecter ce
caractère professionnel, hautement professionnel, dont vous avez
parlé.
M. Hains: Encore à propos des directeurs
d'école...
Le Président (M. Boucher): Je regrette, M. le
député.
M. Hains: Juste une petite dernière.
Le Président (M. Boucher): Une petite dernière.
M. Hains: Malgré que j'en aurais d'autres, mais je vais me
limiter.
Le Président (M. Boucher): Allez-y.
M. Hains: À propos des directeurs d'école, vous
savez sans doute, M. le ministre, que plusieurs professeurs, parmi les plus
hauts gradés, ont un salaire plus fort que certains directeurs
d'école. On se demande si c'est vraiment logique et si on se permettait
ici, en Chambre, d'avoir un député qui serait mieux payé
qu'un ministre. Je vous demande ce qui peut justifier cette anomalie dans le
domaine de l'éducation. Est-ce qu'on pense y remédier un jour
d'une faqon ou d'une autre?
M. Laurin: C'est là évidemment un autre
problème dont nous avons longuement discuté avec les directeurs
d'école. En ce qui concerne la rémunération des directeurs
d'école, encore une fois, il ne faudrait pas cacher que nous nous sommes
entendus sur la plupart des points. Les directeurs d'école ont
accepté qu'à l'intérieur de cette augmentation
générale de 13,5%, le plus fort taux d'augmentation aille aux
directeurs d'école qui étaient les moins bien payés et que
les directeurs d'école les mieux rémunérés n'aient
qu'une augmentation plus minime, c'est-à-dire inférieure à
celle de 13,5%. Dans le cas que vous soulevez maintenant, il faut quand
même tenir compte de la tradition et de l'histoire, d'une part, et de
l'impossibilité de dépasser des échelons une fois qu'on a
atteint le maximum d'autre part. Il faut peut-être tenir compte
également du fait qu'un professionnel joue quand même un
rôle extrêmement important, lui aussi, au sein d'une école.
On ne peut pas comparer, pour l'évaluer au mérite, une fonction
ou l'autre. Par exemple, je pourrais vous dire qu'un député ou un
ministre sont moins bien payés que plusieurs autres personnes qui, en
apparence, ne remplissent pas des fonctions aussi astreignantes.
Il faut tenir compte, comme je viens de vous le dire, de ce qui a
précédé, de l'histoire, de la tradition et de certaines
contraintes aussi qu'il serait trop long d'énumérer, mais nous
tentons, malgré tout -je l'ai dit à plusieurs reprises à
la Fédération des directeurs d'école - de conserver
l'écart qui convient entre les administrés et les
administrateurs.
M. Hains: Est-ce qu'on peut vous demander, M. le ministre, quand
nous allons avoir des nouvelles précises sur le projet de
restructuration scolaire?
M. Laurin: Nous y travaillons intensément. Je pense bien
que nous pourrons compléter notre premier projet d'ici à la fin
de l'année. Il devra ensuite être soumis à la
considération du comité permanent du développement
culturel, et ensuite, au Conseil des ministres. Selon l'accueil qu'il recevra,
il sera rendu public plus ou moins rapidement.
M. Hains: Le dépôt lui-même du livre blanc,
est-ce que c'est pour bientôt?
Le Président (M. Boucher): M. le député, je
regrette, vous avez terminé.
M. Laurin: D'ici à quelques mois.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les crédits
supplémentaires du ministère de l'Éducation seront
adoptés?
Une voix: Adopté.
Travail, Main-d'Oeuvre et Sécurité du
revenu
Le Président (M. Boucher): Adopté. Nous allons
passer maintenant à l'étude des crédits
supplémentaires du ministère du Travail.
M. l'adjoint parlementaire au ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, est-ce que vous avez des
commentaires préliminaires?
M. Dean: Non, M. le Président. Je pense que le budget
supplémentaire est assez simple et clair. J'inviterais le
député de Sainte-Anne à poser les questions qu'il voudra
bien poser. (22 h 50)
Le Président (M. Boucher): Si vous voulez poser vos
questions.
M. Polak: M. le Président, j'espère que le dernier,
comme le bon vin, ou les deux derniers, comme le bon vin, sont toujours les
meilleurs. Je dois d'abord vous dire qu'en l'absence du ministre du Travail qui
a pris un repos, qui semble malade, je sais que c'est l'adjoint au ministre qui
est ici pour répondre aux questions. Ce n'est pas mon intention de tirer
avantage du fait que la personne qui est ici et qui, je le sais, est
très capable, n'a peut-être pas encore l'expérience du
ministre. Ma question n'est pas difficile, mais il y a tout de même
quelques points que je voudrais soulever avant d'avoir la réponse de
l'adjoint du ministre.
À la page 179, c'est le programme 7, c'est-à-dire l'aide
financière à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. On voit sur cette page qu'il y a des
crédits à adopter de 10 577 600 $. Je dois vous expliquer qu'au
mois de juin 1981, il y a à peine quatre ou cinq mois, les
prévisions budqétaires étaient estimées à un
montant de 13 450 000 $ et on voit, dans l'espace de quatre ou cinq mois, une
augmentation de 78,6%. Je pense que, dans l'étude des programmes de tous
les ministères, c'est le chiffre le plus élevé au point de
vue de l'augmentation en pourcentage.
J'aimerais avoir la ventilation par catégories en ce qui concerne
ces crédits supplémentaires de 10 000 000 $. Où vont-ils?
Est-ce que c'est pour des fins administratives, parce que tout le monde sait
que la Commission de la santé et de la sécurité du travail
est très souvent vue comme un appareil lourd sur le plan administratif,
avec énormément de fonctionnaires, ou est-ce qu'une partie de ce
montant sera payée directement comme prestations aux victimes? Est-ce
que l'adjoint au ministre pourrait donner la ventilation de ce montant de 10
000 000 $?
M. Dean: Avec plaisir. M. le Président, sur les remarques
préliminaires du député de Sainte-Anne, même si je
remplace le ministre, je dois dire que je suis très bien entouré
et qu'on est équipé pour répondre en détail
à toutes les questions qu'il voudra bien poser.
Pour commencer, concernant la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, il faut d'abord comprendre que la Commission
de la santé et de la sécurité du travail est en phase
d'implantation. La législation de base a été
adoptée il y a à peu près un an et demi et le
développement de la commission n'est pas encore terminé.
Je peux cependant vous dire que 6 500 000 $ sur les 10 500 000 $ sont
des frais strictement d'implantation, en vertu de l'article 335 de la Loi sur
la santé et la sécurité du travail. Le gouvernement
s'engage à assumer les frais d'implantation et le montant de 6 500 000 $
est ce qu'il reste de ce que le gouvernement doit à la commission pour
acquitter ses frais d'implantation dans l'année 1980,
c'est-à-dire que ce sont des frais d'implantation qui se terminent le 31
décembre 1980. Avec pièces justificatives et tout cela, on
rembourse la dernière tranche, c'est-à-dire que ce montant ne se
répétera pas l'année prochaine, c'est un montant une fois
pour toutes.
Les 4 000 000 $ qui restent sont ventilés à peu
près comme ceci: 2 256 000 $ pour le service d'inspection - je vais
revenir là-dessus - 750 000 $ pour la recherche en santé et
sécurité du travail et 1 000 000 $ de plus pour la formation et
l'information en santé et sécurité du travail.
Pour donner davantage d'informations, pour ce qui est de l'inspection,
l'inspection de sécurité dans l'industrie de la construction
appartenait auparavant à l'Office de la construction. Tout
récemment, on a transféré
à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail d'anciens inspecteurs de l'Office de la
construction. On a donc créé trente postes additionnels au
coût de 500 000 $. Il y a un ajustement de la masse salariale en fonction
des taux réels de salaire, principalement à la suite du transfert
des 46 employés de l'Office de la construction, qui représente 1
398 000 $ et un ajustement aux dépenses de fonctionnement pour les
loyers, la formation, la Baie-James, etc., de 350 000 $.
Pour ce qui est de la recherche, comme j'ai dit tantôt, c'est
l'Institut de la recherche sur la santé et la sécurité du
travail, qui est en devenir, et les 750 000 $ représentent les frais
additionnels de ce centre de recherche.
Finalement, pour voir à subventionner la formation et
l'information sur la santé et la sécurité du travail, en
vertu de l'article 205 de la loi, au début de l'année, le budqet
prévoyait un montant pour l'année. Or, le montant demandé
pour subventions a été dépassé. On y prévoit
1 000 000 $ de plus mais surtout pour les associations sectorielles paritaires,
pour la formation des secouristes, des représentants à la
prévention et pour les cours de sécurité dans la
construction.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, quand l'adjoint du
ministre du Travail explique que, de cette somme additionnelle de 10 000 000 $,
il y avait 6 500 000 * qui étaient pour des frais d'implantation,
comment se fait-il que, dans le mois de juin, il y a cinq ou six mois, on
n'avait pas prévu ce montant dans le budget? Comment se fait-il que
ça prend des crédits supplémentaires? On aurait dû
savoir à ce moment-là que ça prenait 6 500 000 $.
M. Dean: C'est parce que les dernières négociations
pour déterminer le montant exact des frais d'implantation étaient
toujours en cours et ne se sont terminées que le 31 décembre
1980. En fait, elles ne se sont terminées qu'il y a à peu
près deux mois.
M. Polak: On voit tout de même une augmentation de 78,6%.
Maintenant que j'ai reçu la réponse en ce qui concerne la
ventilation, je note, un peu à mon regret, que, dans ce montant
additionnel de 10 500 000 $, il n'y a aueun montant pour des paiements
additionnels ou pour quelque chose qui va directement aux victimes. Tout est
sur le plan des organisations, de l'implantation du service d'inspection, de la
recherche, de la formation, de l'information. D'ailleurs, j'ai encore
reçu un paquet gros comme ça de brochures, par exemple sur les
droits connexes, etc. Je suis tout à fait en faveur du travail de cette
commission mais, vu les coupures budgétaires et les temps très
difficiles qu'on vit, a-t-on pris toutes les mesures pour passer tous ces
programmes et ces services de formation et d'information avec le strict minimum
de frais? Existait-il des directives dans les ministères, de la part du
président du Conseil du trésor, pour dire: On ne veut plus que
vous déboursiez tel et tel montant, il faut couper là-dedans? Le
service est important, il faut donner l'essentiel, mais non pas le tralala et
le luxe dans le service.
M. Dean: Premièrement, pour la question des prestations,
il faut que le député de Sainte-Anne se rappelle que la
Commission de la santé et de la sécurité du travail,
à compter d'aujourd'hui, s'autofinance à même les
contributions de la partie patronale. Le budqet des prestations est
financé à même les primes, les cotisations payées
par les employeurs. Le gouvernement encourt un certain nombre d'engagements
directs en fonction de la loi et ces postes-ci sont du nombre; il y a la
formation et l'information en santé et sécurité. (23
heures)
Dans le domaine de la santé et de la sécurité du
travail, il y a un énorme travail de formation et d'information à
faire auprès des travailleurs, afin qu'ils connaissent leurs droits en
vertu de cette nouvelle loi qui représente une refonte complète.
La loi a créé des associations paritaires sectorielles,
patronales et syndicales, ou employeurs et travailleurs, pour voir à la
formation et à l'éducation. Il faut former les inspecteurs, il
faut former les représentants à la prévention qui sont
crées en vertu de la loi, et l'information est un préalable
nécessaire à la véritable mise en place de cette loi. (23
heures)
M. Polak: Dans cette somme additionnelle de 10 500 000 $, est-ce
qu'il y a des frais sur le plan purement administratif, je veux dire, par
exemple, changement de bureau, de fonctionnaires? J'ai entendu dire que les
bureaux du président et du vice-président - je ne les ai pas
encore visités - sont vraiment d'un luxe fantastique. Je ne sais pas si
c'est vrai. Si c'est vrai, est-ce que, dans cette somme, de tels frais sont
inclus ou est-ce que cela relève directement des fonds perçus par
la cotisation de la part des employeurs?
M. Dean: Les frais d'administration en règle
générale sont prévus au poste des cotisations des
employeurs.
M. Polak: Cela ne relève pas de ces 10 000 000 $.
M. Dean: Non. Le budqet supplémentaire, c'est strictement
de l'inspection, des postes additionnels crées suite au transport des
inspecteurs de la
construction, la mise en place graduelle de l'institut de recherche en
santé et sécurité du travail, qui est une fonction du
gouvernement en vertu de la loi, et la formation et l'information qui sont
aussi une fonction du gouvernement en vertu de la loi.
M. Polak: Maintenant, un autre sujet, ayant terminé cette
rubrique du programme no 7, il y a presque trois mois, le 5 du mois de
septembre, je me rappelle qu'on a été ici durant cinq jours
à une commission spécialement convoquée par le ministre du
Travail pour entendre des mémoires sur le fameux droit de grève
et les services essentiels dans les secteurs public et parapublic. Sans doute
que l'adjoint au ministre se rappelle très bien cet
événement, ces cinq jours, parce qu'il était là
tout le temps, comme moi d'ailleurs aussi et à ce moment-là on a
reçu pendant cinq jours les mémoires, les témoins qui sont
venus.
D'abord, ceux qui sont dans le public, parce qu'il y en a qui nous
regardent maintenant, ne sont peut-être pas au courant - c'est bon de se
le rappeler - que la position des syndicats était que toute tentative de
changer le statu quo, y inclus la fameuse liste syndicale, serait
considérée comme une restriction du droit de grève, donc
inacceptable. Il y a même des syndicats qui ont déclaré que
n'importe quelle initiative même pour réduire ce droit de
grève de quelque manière que ce soit, y inclus de toucher
à cette liste syndicale, aurait la même conséquence que
l'abolition de ce droit de grève, c'est-à-dire le désordre
social. Cela a été mentionné carrément par quelques
témoins.
Du côté patronal, la grande majorité voudrait
retenir le droit de grève, mais réduire ce droit dans son
exercice pour ne pas toucher aux droits essentiels auxquels la population a
droit dans certains cas exceptionnels. La plupart de ces mémoires du
côté patronal avaient suggéré de remplacer, par
exemple, la liste syndicale par un organisme indépendant, permanent, et
avec des dents.
On a eu aussi, à ce moment-là, des mémoires de la
part des usagers ou de la part de personnes qui ont vécu soit comme
victimes ou tierces parties pendant une grève ou qui ont vécu la
période d'anxiété qui précède une
grève. Je me rappelle, par exemple, le témoignage de M. Brunet,
et du Dr Jutras qui n'ont pas parlé du tout comme démagogues,
mais qui ont bien décrit le facteur anxiété qui ne peut
être mesuré par les statistiques ou les chiffres.
Le ministre, évidemment, à ce moment-là, à
la fin il dit: On respecte le droit de grève, mais on respecte
également le droit de la population aux services essentiels.
Évidemment, il y a un conflit entre ces deux principes parce que tout le
monde sait - cela a été dit pendant les enquêtes - qu'une
grève, pour être efficace, doit faire mal. On ne peut pas avoir
une grève douce, autrement la grève n'est pas efficace, n'aura
pas de résultat.
Donc, cette commission a siégé pendant cinq jours durant
le mois de septembre, si je me rappelle bien, et vu qu'en 1982, bientôt,
on commence encore des négociations dans les secteurs public et
parapublic, est-ce que l'adjoint du ministre pourrait nous informer si un
projet de loi est en préparation, si des discussions ont eu lieu au
ministère avec les fonctionnaires ou peut-être parmi les
ministres; à quel stade en est-on? Parce que, vraiment, je pense qu'on a
le droit de critiquer le ministère - je ne critique pas le ministre
adjoint - pour le fait qu'après trois mois, on n'a pas encore vu un
projet de loi. Si un tel projet est en préparation, j'aimerais savoir
quelle sera la teneur d'un tel projet? Est-ce qu'on va réduire
carrément le droit de grève? Est-ce qu'on va le défendre
dans certains secteurs, par exemple les hôpitaux psychiatriques, les
hôpitaux pour malades chroniques, les hôpitaux pour soins
intensifs, les hôpitaux pour enfants? Enfin, il y a des catégories
qui méritent une attention toute spéciale. Ou est-ce qu'on ne
touche pas à ça? Est-ce qu'on va toucher à la liste
syndicale? Quelles sont les intentions? Parce que je pense que la population
s'inquiète. On craint que, si rien n'est présenté, on va
entamer la nouvelle ronde de négociations sans avoir une solution
à ce problème très grave.
M. Dean: M. le Président, à la fin de la commission
parlementaire, le gouvernement a exprimé son espoir de présenter
le projet de loi avant les fêtes, afin que la population et l'Opposition
puissent l'étudier et l'adopter au tout début de la reprise,
après la reprise de la session. Malheureusement, il y a eu une
série de maladies, le ministre lui-même a été
victime. La personne qui était affectée particulièrement
à ce dossier a eu une maladie subite qui l'a immobilisée pendant
quelques semaines. Cependant, le travail d'étude s'est effectué
régulièrement et nous pensons pouvoir présenter un
mémoire au Conseil des ministres la semaine prochaine pour fixer, par
décision du Conseil des ministres, les principes de base des
modifications au Code du travail dans le domaine des services essentiels.
Malheureusement, on ne peut pas présenter le projet de loi avant
les fêtes. Mais nous espérons pouvoir, dans la période
après le jour de l'An, avant la reprise de la session, une fois que les
principes de base seront fixés - un projet de loi est en
préparation -nous espérons pouvoir donner, tant au parti de
l'Opposition qu'aux partenaires du secteur patronal, syndical etc., des
idées précises de
nos intentions, de façon que leur réflexion sur les
mérites du projet de loi puissent s'effectuer. Il va être
déposé au tout début de la reprise de la session et une
commission parlementaire brève, disons de moins de 51 mémoires
des groupes directement impliqués, sera tenue. L'Opposition aura
l'occasion d'éplucher en détail le projet de loi, mais
l'intention, c'est de l'adopter très rapidement, après la
reprise. Il est vrai que les négociations se font en 1982, sauf que le
processus de négociation démarre au milieu de l'année.
Nous espérons pouvoir adopter la loi au tout début de la
reprise.
M. Polak: Maintenant, M. le Président, je suis content
d'entendre dire, de la part de l'adjoint au ministre, qu'un tel projet sera
déposé. J'ai une suggestion à faire. Quand on va en
commission pour étudier ça, au lieu de recevoir les
mémoires le matin même où les témoins arrivent, on
devrait reprendre un peu l'idée qu'on avait eu en septembre et qui
était très bonne. Pendant l'été, on a reçu
les mémoires, on a eu l'occasion et la possibilité de les
étudier, de sorte qu'on s'est présenté en connaissance de
cause. Tandis que, par exemple, à la commission qui a lieu maintenant
sur le problème des médecins, on entend tout le monde se plaindre
du fait qu'on arrive le matin, et il y a dix ou quinze mémoires qui sont
sur le bureau. Les témoins arrivent et ça ne facilite pas le
travail. Donc, j'espère qu'une note sera prise à ma suggestion
pour qu'au moment où les mémoires entrent, on en ait une copie,
pour qu'on puisse se préparer quelques jours, une semaine avant, pour
poser des questions intelligentes. (23 h 10)
Maintenant, M. le Président, je ne sais pas combien il reste de
temps dans notre bloc...
Le Président (M. Jolivet): Cela dépend de vous pour
le moment, vous avez encore 10 ou 15 minutes.
M. Polak: Je sais que le député à ma droite
voudrait poser une question.
Le Président (M. Jolivet): II n'y a pas de
problème, cela fait partie de la banque.
M. Vallières: Très bien. Alors, M. le
Président, j'aimerais qu'on m'indique si... Je sais que les inspecteurs
de mines ont été transférés à un autre
service et je me demande si c'est au ministère du Travail que la
responsabilité incombe, compte tenu qu'on parle d'hygiène, de
salubrité au travail.
M. Dean: M. le Président, j'oublie le comté
du...
Le Président (M. Jolivet): Richmond.
M. Dean: ... Richmond. Oui, M. le Président, les
inspecteurs de mines sont transférés à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail.
M. Vallières: Est-ce qu'une partie du budget
supplémentaire qui est demandé là est affectée
à ces travailleurs?
M. Dean: Non. Ils sont couverts par le budget de l'année,
le budqet régulier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député,
d'autres questions?
M. Polak: Non, je n'ai pas d'autres questions pour le moment.
Le Président (M. Jolivet): S'il n'y a pas d'autres
questions, nous adopterions donc l'ensemble des programmes du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Donc,
adopté.
Nous allons donc faire les rapports qui s'imposent.
(Suspension de la séance à 23 h 12)
(Reprise de la séance à 23 h 14)
M. Rancourt (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de vous
faire rapport que la commission plénière dont le mandat
était d'étudier tous les crédits supplémentaires
pour l'année 1981-1982 n'a pas fini de délibérer et vous
demande la permission de siéger à nouveau.
Le Président: Or, M. le leader adjoint, quand
siéqera-t-elle?
M. Bertrand: Prochaine séance, M. le Président;
mais sur ce, je voudrais s'il vous plaît par simple prudence, vous
demander de suspendre, si vous le voulez bien, notre séance pendant
quelques minutes, pour que nous puissions aviser exactement de la
procédure à suivre en pareille circonstance, étant
donné que nous sommes dans un contexte assez particulier, où nous
avons à toutes fins utiles, conformément à l'article 131,
fait rapport sur l'étude des crédits du budget
supplémentaire, mais il y a tout de même un discours sur le budget
qui est en cours et je préférerais, M. le Président,
plutôt que de se tromper sur la procédure à suivre, que
nous suspendions, pendant quelques minutes, quittes à revenir ensuite
pour préciser, pour l'ensemble de nos concitoyens, surtout nos
collègues de l'Assemblée nationale, la procédure à
suivre.
Le Président: M. le leader adjoint, je suis disposé
à suspendre quelques minutes,
même si la présidence pense et est convaincue que la
procédure qui a été suivie est celle qui devait être
suivie en vertu de notre règlement, je suspends tout de même, pour
plus de précaution, la séance pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 15)
(Reprise de la séance à 23 h 45)
M. Bertrand: Alors, M. le Président, je pense que ces
quelques minutes de suspension nous auront permis d'apprendre beaucoup de
choses sur un précédent qui, effectivement, nous oblige à
regarder notre règlement de plus près et comme vous avez
reçu rapport du vice-président à l'effet que nous n'avions
pas complété l'étude des crédits
supplémentaires sur la base des huit heures normalement prévues
par le règlement, que vous recevriez un rapport final lors d'une
prochaine séance. Et dans ces conditions, M. le Président, tout
ce que je peux vous demander, c'est que nous suspendions nos travaux et que
nous ajournions notre débat à demain, 10 heures.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adoptél
Le Président: Les travaux de l'Assemblée sont
ajournés à demain, 10 heures.
(Ein de la séance à 23 h 46)