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(Dix heures douze minutes)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Taux d'intérêt de
Corvée-habitation abaissé à 11, 5%
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, à la suite des
nombreuses représentations qui nous ont été faites de
même qu'aux multiples questions qui ont été posées
aussi bien dans cette Chambre qu'en dehors, il me fait plaisir d'annoncer
qu'à compter du 1er janvier 1983, le taux d'intérêt
hypothécaire prévu dans le cadre du programme de relance de la
construction domiciliaire de Corvée-habitation sera abaissé
à 11, 5% garanti pour trois ans.
D'autres améliorations sont également apportées
à ce programme, mais on me permettra avant d'en faire état de
rappeler brièvement les circonstances qui nous ont amenés
à lancer cette grande corvée nationale, les quelques
étapes franchies pour y parvenir et les résultats obtenus
à ce jour. On se souviendra que, devant la gravité de la
situation économique provoquée par les taux
d'intérêt exorbitants, le gouvernement du Québec
décida au printemps de convier les principaux intervenants
économiques de la société québécoise
à une rencontre au sommet afin de trouver ensemble des solutions aux
problèmes intensément vécus par la société
québécoise, mais largement imposés de
l'extérieur.
Parmi les consensus résultant de ce sommet
socio-économique, il y a lieu de rappeler, outre les demandes de tous
les participants adressées à Ottawa en faveur d'une baisse des
taux d'intérêt, la décision de notre côté de
tout mettre en oeuvre d'abord pour sauver les emplois qui pouvaient
l'être en aidant les PME à passer à travers la crise, puis
pour créer le plus rapidement possible et au meilleur coût le
maximum d'emplois. La construction domiciliaire étant de l'avis de tous
le secteur d'activité économique le plus apte à avoir un
effet d'entraînement rapide sur le reste de l'économie,
l'idée fut alors lancée de mettre en chantier 50 000 logements.
C'est ainsi que naquit le projet d'organiser ce qu'il convient d'appeler la
plus grande corvée québécoise jamais entreprise en faisant
appel aux contributions les plus diverses et les plus nombreuses possible.
L'opération fut menée rondement. C'est relativement rapidement,
compte tenu de la concertation qui a présidé à toute cette
opération que furent franchies les étapes du budget du
trésor, du cabinet et de la législation, grâce au concours,
d'ailleurs, de cette Chambre et des ententes avec les divers partenaires et
finalement, l'entrée en vigueur du taux privilégié de
corvée qui, au moment de son lancement était de 13, 5% garanti
pour trois ans avec un effet rétroactif au 25 mai, date du discours sur
le budget.
M. le Président, le bilan de cette première phase, au
moment où nous nous parlons et malgré une conjoncture
économique qui fait que la reprise générale tarde à
se manifester nous permet, du moins dans le domaine de la construction, de
parler de relance. En effet, alors que les prévisions de mise en
chantier pour 1982, avant corvée, s'élevaient à peine
à 12 000 unités de logement, l'on peut raisonnablement
évaluer qu'elles se situent maintenant aux alentours de 22 000
logements. Cela veut dire qu'en termes pécuniaires, à ce jour,
c'est près de 500 000 000 $ qui ont été injectés
dans l'économie québécoise à la suite de
l'introduction de Corvée-habitation ainsi qu'à l'ensemble des
initiatives tant publiques que privées que cette corvée a
stimulées. D'autre part, cela veut dire également qu'en termes de
création d'emplois, environ 20 000 personnes ont quitté les rangs
de l'assurance-chômage et de l'aide sociale pour reprendre le
travail.
Des voix: Bravo!
M. Tardif: À ce propos, M. le Président, les
partenaires de Corvée-habitation se plaisent à croire que leur
effort n'a pas été inutile et qu'ils ne sont pas étrangers
à la baisse d'un point du pourcentage du taux de chômage au
Québec au cours du mois de novembre, alors que ce taux augmentait
partout ailleurs. Cependant, l'économie était tombée si
bas, l'activité était à ce point paralysée, qu'il
nous faudra continuer au cours de 1983 la lente remontée. À cette
fin, après avoir pris l'avis des partenaires du conseil d'administration
de Corvée-habitation, le gouvernement a décidé, compte
tenu de la baisse des taux d'intérêt hypothécaire au cours
des derniers mois, de modifier, à ce moment-ci, les conditions du
programme Corvée-habitation pour la première moitié
de 1983, la prudence la plus élémentaire nous recommandant
d'annoncer en temps et lieu les règles qui s'appliqueront pour les
derniers six mois de 1983.
Ainsi donc, pour la période allant du 1er janvier au 15 juillet
1983, date du début des vacances de la construction, les conditions de
Corvée-habitation seront les suivantes: 1° le taux de
Corvée-habitation est abaissé, comme je l'ai dit tantôt,
à 11, 5% garanti pour trois ans; 2° la limite maximale de 60 000 $
du logement est maintenue, mais en excluant, cette fois, le coût du
terrain et des infrastructures. Toutefois, afin de ne pas provoquer
l'inflation, le montant maximum de l'hypothèque qui peut être
subventionné est limité, Qlui, à 55 000 $;
3° dans le cas des condominiums, la taille maximale est portée de 4
à 8 étages; 4° dans le but de reconnaître l'effort
consenti par les travailleurs de la construction à la relance de
l'économie, ceux-ci bénéficieront de l'équivalent
d'un rabais additionnel d'intérêt de 1/2% pour trois ans; 5°
nous introduisons une clause permettant à un acheteur de s'inscrire dans
Corvée-habitation, d'emprunter sur le marché lorsque les taux
sont plus bas que ceux de Corvée-habitation, tout en ayant la garantie
qu'en cas de remontée des taux, il ne paiera pas plus que le taux de
Corvée-habitation qui lui a été« garanti;
(10 h 20) 6° il va de soi que les autres conditions
d'admissibilité au programme demeurent, notamment en ce qui concerne
l'exigence de maisons érigées par des travailleurs et des
employeurs de la construction et celles de maisons devant être couvertes,
protégées par un certificat de garantie de maisons neuves.
Notre but, en offrant de telles conditions pour les six premiers mois de
1983, particulièrement un taux d'intérêt de 11, 5% garanti
pour trois ans, est de permettre, au cours de cette période, l'atteinte
des objectifs suivants: d'abord, l'injection de 1 000 000 000 $ dans
l'économie québécoise; deuxièmement, la
réalisation de 20 000 logements au cours de cette période et,
troisièmement, la création de 40 000 emplois.
Avant de conclure, vous me permettrez, M. le Président,
d'annoncer également la parution, aujourd'hui même, d'une brochure
qui s'avérera un outil très précieux, sinon indispensable,
pour toutes les personnes concernées par cette corvée. Il s'agit
du guide des matériaux québécois, et j'aurai le plaisir
d'en déposer un exemplaire dans cette Chambre, aujourd'hui
même.
Je termine là-dessus, non sans remercier tous nos partenaires et
particulièrement les travailleurs et les entrepreneurs de la
construction. Alors que le pessimisme était de mise, ils n'ont pas
hésité à s'associer au gouvernement pour relever le
défi. Et, non pas uniquement sur le plan moral, mais
financièrement puisqu'ils ont consenti à contribuer en
fournissant 0, 125 $ l'heure, c'est-à-dire 1 $ par jour, et ce, pendant
quatre ans, pour une somme totale de 50 000 000 $ chacun.
Merci aussi aux représentants des caisses populaires et des
autres institutions financières participantes. Également, aux
municipalités et aux ordres professionnels. Je m'en voudrais de ne pas
souligner la collaboration des membres du conseil d'administration de
Corvée-habitation ainsi que celle de son président, M. Claude
Legault, qui, depuis le premier jour de leur nomination, ont mis toutes leurs
énergies, leur volonté à la bonne marche de ce
programme.
Il me faut aussi mentionner la collaboration de presque tous les
médias d'information qui ont diffusé gratuitement une bonne
partie de nos placards publicitaires. Merci enfin aux milliers de
Québécois et de Québécoises qui ont
décidé de faire leur part pour la relance de l'économie,
en décidant de se faire bâtir en ces temps pas
particulièrement faciles.
Puissent leur détermination et leur confiance dans notre
capacité de nous en sortir collectivement inspirer nos concitoyens
à les imiter, non seulement pour la phase II de
Corvée-habitation, mais aussi et surtout pour édifier un projet
de société bien québécoise où l'approche
consensuelle l'emportera sur l'approche conflictuelle.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: Merci, M. le Président. Je vous
avouerai qu'il est toujours agréable, pour l'Opposition, d'avoir
finalement le dessus sur le gouvernement. On se souviendra qu'à
plusieurs reprises, par voie de communiqués, de
télégrammes, de questions à l'Assemblée nationale,
j'avais demandé qu'on abaisse justement ce taux d'intérêt.
J'avais demandé 10% dans l'intérêt des jeunes couples. On
l'abaisse à 11, 5%. C'est mieux que rien.
J'aurais un seul reproche à faire. C'est qu'on a trop
tardé à abaisser le taux d'intérêt. On sait que
l'automne est très propice à la vente de maisons. Les jeunes
couples magasinent l'automne et achètent leur propriété
pour l'occuper au printemps. C'est dommage qu'on ne l'ait pas fait il y a deux
mois, on aurait certainement mis en
chantier, au Québec, 5000 unités de logement de plus. Mais
vaut mieux tard que jamais, me direz-vous. Nous sommes heureux de voir que,
finalement, Corvée-habitation a abaissé son taux à 11,
5%.
Je voudrais, au nom de ma formation politique, remercier les
travailleurs, remercier les entrepreneurs, les institutions prêteuses qui
ont adhéré au programme, les municipalités qui se sont
prêtées en très grande majorité... Je voudrais aussi
remercier, à mon tour, le conseil d'administration et M. Legault pour le
travail qu'il fait en lui souhaitant un joyeux Noël et aussi de continuer
à oeuvrer au sein de Corvée-habitation et de tenter d'être
à l'écoute, peut-être même plus rapidement, si j'ai
un reproche à faire, qu'il ne l'a fait cette fois-ci. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Habitation et de la Protection du consommateur.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, je remercie le
député de Mégantic-Compton pour l'accueil qu'il a
réservé à cette déclaration ministérielle.
Je voudrais tout simplement lui dire que je ne suis pas du tout certain que
l'Association provinciale des constructeurs d'habitations, dont il fut jadis un
membre et à laquelle il n'appartient plus, serait tout à fait
d'accord que si les taux avaient été abaissés au cours du
mois de novembre cela aurait été souhaitable, puisqu'il
semblerait que la capacité de produire à ce moment-là
était à un niveau optimal en ce qui les concerne de sorte que,
sauf pour cette divergence d'opinion avec le député, je souhaite
que cette opération de Corvée-habitation pour l'An II soit en
effet couronnée d'un succès encore plus éclatant que la
première phase. Donc, bonne chance à tous ceux qui s'en
prévaudront, aux entrepreneurs de la construction et à nos
partenaires de tous les milieux. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
Moyens d'action pour porter
assistance aux détaillants
d'essence du Québec
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, la paralysie presque totale
du réseau de distribution d'essence qu'a connue le Québec au
printemps dernier a été l'occasion d'une prise de conscience de
l'ampleur des problèmes que traverse présentement le commerce au
détail de carburant au Québec comme partout ailleurs en
Amérique.
Les revendications qui ont fait l'objet des mémoires
présentés par chacune des associations de détaillants qui,
soit dit en passant représentent quelque 30% des détaillants, ont
été évaluées lors d'une dizaine de rencontres entre
les représentants de ces deux associations et le personnel de mon
ministère. Ces rencontres nous ont permis de mieux cerner l'essentiel
des demandes des détaillants et de convenir de certains
éléments de solution.
J'ai moi-même rencontré les deux associations à la
fin de novembre pour faire le tour de la question. Vous me permettrez, M. le
Président, de faire le point sur les deux éléments de
revendications que les associations de détaillants ont jugés
prioritaires.
La première en importance de ces revendications visait à
obtenir du gouvernement un moratoire sur l'émission des permis
d'exploitation de débits d'essence de type libre-service.
L'évolution de la structure du réseau québécois de
distribution de carburant contribue en effet de façon significative,
à la précarité de la situation d'un bon nombre de
détaillants d'essence.
Ainsi, depuis quelques années, l'expansion constante de la part
de marché des libres-services alliée à une baisse
significative de la demande globale en carburant ont réduit d'autant les
profits que les stations-service pouvaient tirer de la vente des
carburants.
D'autre part, au cours de la même période, les
stations-service ont dû faire face à une diminution notable de
l'achalandage aux postes de service d'entretien automobile.
Compte tenu des perspectives d'évolution à la baisse de la
demande de carburant, il est bien évident qu'une certaine diminution du
nombre d'établissements oeuvrant dans le secteur de la vente au
détail s'imposait et pourrait même continuer de s'imposer pour
quelques années encore.
Cette rationalisation nécessaire du nombre de débits doit
toutefois se faire dans les meilleures conditions possible et ne pas mettre en
péril la place qu'occupent les détaillants indépendants ou
encore réduire l'accessibilité des Québécois au
service d'entretien automobile.
C'est dans cet esprit que nous avons recherché, avec les
associations des détaillants, une solution qui puisse nous permettre
d'exercer un certain contrôle sur l'implantation de nouveaux
débits d'essence tout en permettant le jeu d'une saine concurrence au
niveau de ce type de commerce au détail.
Puisque notre Loi sur le commerce des produits pétroliers ne nous
permet pas de refuser l'émission de permis d'exploitation pour d'autres
considérations que des questions de sécurité du public,
étant donné également le caractère très
régional de la situation des
détaillants, les deux associations ont accepté que notre
intervention se concrétise sous la forme d'une sensibilisation des
élus municipaux aux différents problèmes que traverse
présentement le secteur et d'une incitation aux municipalités qui
pourraient le souhaiter, à encadrer l'émission des permis du
commerce au détail des carburants si la situation l'exigeait sur leur
territoire respectif.
À cet égard, mon collègue des Affaires municipales
et moi-même comptons adresser, dans les jours qui viennent, à
chacune des municipalités du Québec, un document de
sensibilisation sur la situation difficile que traverse présentement le
commerce au détail des carburants pour les inciter à tenir compte
de la situation des détaillants sur le territoire avant de permettre la
construction de nouveaux libres-services ou de nouvelles stations. (10 h
30)
J'ouvre ici une parenthèse pour informer mes collègues de
l'Assemblée nationale que j'ai récemment fait parvenir une lettre
à M. Jean Chrétien, ministre fédéral de
l'Énergie, des Mines et des Ressources, pour m'enquérir de la
politique de marketing poursuivie par Petro-Canada. En effet, depuis le
printemps dernier, cette compagnie a été responsable, à
elle seule, du tiers des implantations de nouveaux libres-services au
Québec. L'acquisition récente du réseau de BP par la
société fédérale n'a rien pour rassurer les
distributeurs indépendants du Québec à ce niveau.
La deuxième revendication fondamentale des détaillants
visait à obtenir du gouvernement qu'il impose aux compagnies
pétrolières un bail type au niveau des ententes contractuelles
régissant les rapports commerciaux des détaillants avec ces
compagnies. Un groupe de travail, formé de représentants de mon
ministère, du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme et de chacune des associations des détaillants, chargé
d'analyser ce dossier a conclu que l'imposition d'un bail type par une tierce
partie ne constituait finalement pas l'approche la plus souhaitable dans les
circonstances. S'inspirant donc des expériences ontariennes et
albertaines, ce groupe de travail a préféré mettre de
l'avant certaines clauses types dont il a dit souhaiter l'adoption par les
parties en cause, mais sur une base volontaire.
Soucieux d'assurer une normalisation des relations d'affaires entre les
compagnies pétrolières et les détaillants, j'entends
transmettre sous peu les propositions de ce groupe de travail à
l'Association pétrolière du Québec en incitant chacune des
compagnies membres à respecter l'esprit de ces lignes directrices dans
les ententes contractuelles. Les compagnies pétrolières
approchées jusqu'ici se sont déclarées disposées
à appliquer la majorité de ces clauses identifiées qui
concernent notamment la durée des baux, la procédure de
renouvellement, les engagements mutuels, la procédure de
règlement des litiges, les heures d'affaires, etc. Le gouvernement
suivra de près cette question. Il désire s'assurer que les
compagnies pétrolières accorderont aux détaillants
québécois des conditions comparables à celles qui sont
consenties ailleurs au Canada.
Voilà donc deux moyens d'action que le gouvernement vient
d'adopter afin de porter assistance aux détaillants d'essence du
Québec qui font face à une situation délicate. Il s'agit
là d'interventions souhaitées par l'Association des services de
l'automobile Inc. et par la Fédération des garagistes et
détaillants d'essence du Québec, tel qu'exprimé lors des
nombreuses rencontres tant avec moi-même qu'avec des hauts fonctionnaires
de mon ministère. Je tiens d'ailleurs à remercier les
représentants de ces associations pour la collaboration apportée
à nos travaux et pour leur réel désir de trouver une
solution qui soit conforme à la réalité du secteur. Je
vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Ce n'est réellement pas un cadeau que fait le
ministre de l'Énergie et des Ressources aux détaillants d'essence
du Québec à l'approche des fêtes, surtout du fait qu'il ait
mis sept ou huit mois pour accoucher d'une déclaration
ministérielle où il nous fait part qu'il va envoyer deux lettres.
En fait, on parle de trois lettres parce qu'il y en a bien une qu'il s'est
empressé d'envoyer au ministre fédéral de
l'Énergie, M. Jean Chrétien, parce que, lorsqu'il s'agit
d'essayer d'impliquer le fédéral de quelque façon, on
réagit très rapidement de l'autre côté. Mais,
après huit mois, il nous annonce, dans une déclaration
ministérielle, qu'il va communiquer un dossier aux municipalités
pour les inciter à prendre bien soin de la réglementation du
nombre des stations de libre-service.
Dans un deuxième temps, il nous annonce qu'il écrira
également aux sociétés pétrolières pour leur
suggérer d'inclure dans leurs baux avec les détaillants des
clauses types que ces sociétés auraient soi-disant accepté
d'y inclure. Cela reste à voir, M. le Président. Assez
curieusement, pas un mot sur la surtaxe de 40% imposée par ce
gouvernement et qui est le fondement même du problème des
détaillants d'essence au Québec. Pas un seul mot de ce qui est la
cause, non seulement de la baisse de la
demande pour l'essence au Québec, mais aussi la cause de la
baisse de la demande pour les services d'entretien d'automobile qui a vu un
très grand nombre de stations-service fermer leurs portes au cours de la
dernière année.
Je rappelle au ministre, lequel n'est pas bien sûr le ministre des
Finances, que le ministre des Finances nous a toujours parlé d'une taxe
temporaire dans le cas de cette deuxième hausse de 20% qu'on a
imposée dans le deuxième budget de l'année 1981, le 17
novembre. Peut-être bien que le ministre pourrait faire des
représentations quant à rendre efficace cet aspect temporaire de
la surtaxe.
Pas un mot non plus du problème particulier dans les
régions frontalières. Au tout début, on a bien
accepté de détaxer dans les premiers 30 kilomètres de
certaines régions frontalières. Cependant, au fur et à
mesure qu'en cours de route, on ajuste le prix au détail de l'essence au
Québec, à partir du prix moyen pour l'ensemble de la province,
l'écart entre le prix de vente au Québec et celui de l'Ontario,
particulièrement, s'accroît de mois en mois, à un point tel
que, alors qu'immédiatement après la détaxation, on avait
rétabli l'équilibre entre l'Ontario et le Québec,
notamment dans l'Outaouais, aujourd'hui, on se retrouve à nouveau avec
une différence de 0, 06 $ ou 0, 07 $ le gallon. Ce qui fait que non
seulement les gens vont s'acheter de l'essence ailleurs, mais qu'il en
résulte également une évasion fiscale puisque les gens en
profitent pour faire des achats d'autres biens, d'autres services dans la
province voisine.
Pas un mot non plus dans la déclaration ministérielle des
revendications des détaillants d'essence par rapport à la
commission que le gouvernement provincial verse aux sociétés
pétrolières pour la perception des taxes provinciales, alors que
ce sont les détaillants qui sont confrontés au problème de
faire réellement la perception.
Pas un mot non plus dans la déclaration ministérielle du
problème du fonds de roulement qui a fait l'objet de revendications
également des associations de même que des détaillants
eux-mêmes.
Le ministre se devait forcément de faire une déclaration
ministérielle; il l'avait promise le printemps dernier. Nous aurions
souhaité quant à nous que dans sa déclaration
ministérielle il nous dise quelque chose. Malheureusement, ce n'est pas
le cas. Nous faire l'annonce qu'il enverra deux lettres, je suis sûr que
ce ne sera pas de nature à réconforter trop trop les
détaillants d'essence à cette période-ci de
l'année.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: Je voudrais d'abord saluer mon nouveau critique en
matière d'énergie et lui dire que, s'il prend bien le temps de
lire cette déclaration ministérielle et bien peser chacun des
mots... L'Opposition se plaint souvent que notre gouvernement
légifère trop et réglemente trop. Si j'avais
déposé ce matin un projet de loi qui aurait pu impliquer
l'imposition d'un bail type aux compagnies pétrolières... c'est
ce qui nous a été demandé au départ. J'ai
refusé de le faire et je n'en ai pas fait non plus la recommandation au
Conseil des ministres pour une raison très simple: c'est qu'au fur et
à mesure que nos discussions se sont faites tant avec les deux
associations qu'avec les compagnies pétrolières, de part et
d'autre nous nous sommes rendu compte que la meilleure façon de
travailler était de retenir l'approche de clause type.
Cette déclaration ministérielle est très claire. Je
ne voudrais pas la relire, mais nous entendons suivre la situation et
l'évolution de la situation de très près. Je dis: Nous ne
légiférerons pas nécessairement, mais peut-être si
c'est nécessaire. Pour ce qui est des municipalités, j'ai
souligné dans la déclaration que je viens de faire que le
problème ne se retrouvait pas et ne se vivait pas de la même
façon partout. Cela varie énormément d'une région
à l'autre. Il faut bien comprendre qu'il y a à peu près
7000 points de vente au Québec, où de l'essence est
distribuée. Il est bien entendu que ce qui se produit sur ce
marché, qui est en train de rétrécir, il se fait un
tassement, et il y en a nécessairement qui vont devoir
disparaître, c'est évident. Ce dont il faut nous assurer, c'est
que l'équilibre qui existe actuellement entre les détaillants
indépendants et les distributeurs qui sont directement liés avec
les compagnies pétrolières, que cet équilibre va
être maintenu. (10 h 40)
C'est tout le sens des revendications des deux associations. Je dirais
essentiellement aussi que le député, dans son commentaire, a
oublié qu'au printemps dernier, nous avons bonifié le fonds de
roulement de l'ensemble des détaillants en améliorant la part des
taxes qui est accordée à chaque distributeur, ce qu'on appelle
dans le jargon, l'allocation quant à l'évaporation de l'essence
en réservoir, et cela a été très bien accueilli et
très bien reçu, je m'en souviens.
J'ajouterais un dernier point, si vous me le permettez. Le
député de Gatineau semble constater, il est sûrement
à le faire, qu'il y a une diminution de la consommation de produits
pétroliers au Québec et au Québec seulement. Je vous dirai
que la croissance globale ou la consommation globale d'énergie sous
toutes ses formes est
en décroissance chez nous, en Ontario, au Canada et sur ce
continent. On retrouve exactement le même phénomène dans
l'hydroélectricité, soit une baisse de la consommation. Dans le
secteur des carburants et des huiles à moteur, c'est exactement la
même chose. Les niveaux de taxation peuvent avoir un effet - je l'admets
- mais de là à relier le fait qu'un niveau de taxation peut
empêcher les consommateurs de consommer au point que l'a souligné
le député dans sa réplique, cela devient un peu
ridicule.
Enfin, j'aurais peut-être dû l'indiquer dans la
déclaration que j'ai faite tout à l'heure, sur la question non
pas d'une commission, mais d'un arrangement administratif qui existe entre les
compagnies et le ministère du Revenu quant au paiement de la taxe de
vente, j'indique tout de suite que ce dossier est actuellement entre les mains
de mon collègue, le ministre du Revenu, et j'espère qu'une
solution acceptable pourra être trouvée de façon que les
détaillants d'essence trouvent eux aussi leur satisfaction. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Dépôt de
documents. M. le ministre des Communautés culturelles et de
l'Immigration.
Rapport de la Commission de surveillance de la langue
française
M. Godin: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport d'activité de la Commission de surveillance de
la langue française pour la période se terminant en mars
1982.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Document
déposé.
M. le leader adjoint du gouvernement, au nom du ministre des Affaires
culturelles.
Rapport de la consultation du ministre des Affaires
culturelles
M. Fréchette: M. le Président, au nom du ministre
des Affaires culturelles, je dépose le rapport de la consultation du
ministre des Affaires culturelles.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Document
déposé.
M. le ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur.
Guide des matériaux
québécois
dans le domaine de la construction
domiciliaire
M. Tardif: M. le Président, je voudrais déposer,
comme je l'ai annoncé tantôt dans ma déclaration
ministérielle, deux exemplaires du Guide des matériaux
québécois dans le domaine de la construction domiciliaire.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Document
déposé.
Dépôt de rapports des commissions élues. M. le
député de Terrebonne. Pardon. M. le député de
Rousseau.
Auditions et étude du projet de loi no
85
M. Blouin: Merci, M. le Président. Qu'il me soit permis,
conformément aux dispositions de notre règlement et au nom du
député de Terrebonne, de déposer le rapport de la
commission élue permanente des institutions financières et
coopératives qui a siégé les 7, 8, 14 et 15
décembre 1982 aux fins d'entendre des groupes et d'étudier
article par article le projet de loi no 85, Loi sur les valeurs
mobilières. Le projet de loi a été adopté, tel
qu'amendé.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la
députée de Dorion.
Étude du projet de loi no 97
Mme Lachapelle: M. le Président, je désire,
conformément aux dispositions de notre règlement, déposer
le rapport de la commission élue permanente de la justice qui a
siégé le mercredi 15 décembre 1982 aux fins
d'étudier article par article le projet de loi no 97, Loi sur les
cessions de biens en stock. Le projet de loi a été adopté
tel qu'amendé.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Rapport
déposé.
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Questions orales des députés. M. le député
de Nelligan.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Menaces de démission au Commerce
extérieur?
M. Lincoln: M. le Président, le ministre du... Oui, il est
là.
Une voix: Attendez, il arrive.
Le Président: M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: C'est le ministre de la gérance de la
décroissance extérieure.
Des voix: Ah! Ah!
M. Lincoln: M. le ministre du Commerce extérieur,
pourriez-vous confirmer ou infirmer qu'au sein de votre nouveau
ministère, il se trouve maintenant des demandes de démission ou
des instances de démission de certaines personnes importantes?
Le Président: M. le ministre.
M. Landry: D'abord, une petite réponse au
préambule. Malheureusement, à cause de la crise, il n'est pas
nécessaire de gérer la décroissance extérieure.
Hélas! elle s'organise toute seule! Quant à la question de fond,
je n'ai vraiment jamais entendu parler de rien de tel. Si le
député veut me donner quelques précisions, je lui
répondrai mieux.
M. Paradis: Des précisions.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, est-ce que vous pouvez nous donner
l'assurance aujourd'hui qu'au sein de votre ministère, du fait
même que vous avez nommé un chef de cabinet qui n'a pas l'air de
s'entendre avec certains personnages importants de votre ministère, il
n'y a pas un peu de zizanie et des menaces de démission très
prochaine dans votre ministère? Est-ce que vous pouvez nous dire que ce
n'est pas exact?
Le Président: M. le ministre.
M. Landry: Encore une fois, je n'ai jamais entendu parler de
cela. Je pense que jusqu'à ce jour, les ministres de tous les
gouvernements démocratiques sont libres de choisir leur chef de cabinet.
Si jamais ce choix rendait quelqu'un malheureux et qu'il se sentait plus
efficace ailleurs, j'imagine qu'il m'en préviendrait. Jusqu'à ce
jour, rien de tel n'est arrivé.
Le Président: Question principale, M. le
député de Maskinongé.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton:... le député de Maskinongé, le
député de Huntingdon après lui, le député de
Berthier après lui et moi-même avions des questions à poser
au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Est-ce
que le leader pourrait nous dire s'il sera ici avant la fin de la
période des question?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Une voix:... dans les patates.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bertrand: On me dit, à moins qu'il n'apparaisse...
Une voix: On s'en apercevrait...
M. Bertrand: Oui. On me dit qu'il est sur la Côte-Nord et
qu'il rencontre aujourd'hui des gens dans le secteur des pêcheries.
Le Président: Alors, M. le député de
Saint-Louis, sur une question principale.
L'intérêt réclamé par le
ministère du Revenu
M. Blank: M. le Président, j'ai une question pour le
ministre du Revenu. J'ai attiré son attention, il y a une semaine ou dix
jours, sur les taux d'intérêt un peu usuraires que le ministre
facture aux contribuables québécois, c'est-à-dire 19% et
24%, alors que le fédéral, le 1er janvier, facturait seulement
12%. Il y a un autre phénomène qui a attiré mon attention.
Il paraît qu'un bon nombre de citoyens sont obligés de payer des
intérêts entre le moment où ils ont envoyé leur
rapport d'impôt et leur cotisation payable par chèque et le moment
où le ministre encaisse celui-ci. Autrement dit, le ministre du Revenu
ne tiendrait plus compte de la date où la lettre a été
estampillée, mais bien de celle où le chèque a
été encaissé, et ce pour un chèque certifié
ou non. C'est donc dire que cela entraîne quelquefois entre deux, trois,
quatre semaines, un mois ou six semaines de délai, et c'est le citoyen
qui doit payer de l'intérêt, nonobstant le fait qu'il a
envoyé son chèque un mois d'avance. Est-ce que le ministre est au
courant de cette procédure? Si cela est vrai, est-ce que cela ne
ressemble pas un peu au fait qu'on a fouillé dans les rapports
d'impôt de sept ou huit ans et cela ne serait-il pas une autre tactique
du ministère du Revenu pour ramasser un peu d'argent de tous les
contribuables du Québec?
Le Président: M. le ministre.
M. Marcoux: Je veux dire qu'il y a quelques semaines
déjà, j'avais été sensibilisé à cette
question. Une mesure est déjà prise et l'autre sera prise
bientôt pour corriger cette situation. La première mesure qui a
été prise et qui est en vigueur depuis le 1er novembre 1982,
c'est le système d'encaissement bancaire et on peut dire que
déjà, pour le premier mois, 20% des
encaissements ont été faits au ministère de la part
des mandataires ou des employeurs par ce système d'encaissement bancaire
qui permet de comptabiliser l'encaissement la journée même et
d'éviter les problèmes que vous indiquez. Quant à ceux qui
paient par la poste, je peux vous assurer que, dans quelques jours, quelques
semaines à peine, on tiendra compte des délais administratifs aux
fins d'encaissement pour ne pas pénaliser le contribuable, le mandataire
ou l'employeur à cause de délais de courrier et de délais
d'encaissement. Le ministère assumera donc les délais de courrier
et les délais d'encaissement qui sont de sa responsabilité.
Le Président: M. le député de Saint-Louis,
une question additionnelle.
M. Blank: Est-ce que le ministre est au courant que même
dans l'encaissement des chèques à la banque il y a une
période d'environ trois semaines sur laquelle le ministre facture de
l'intérêt? C'est un député de cette Chambre qui a
attiré mon attention sur son propre cas.
Le Président: M. le ministre.
M. Marcoux: Je peux vous assurer qu'on est en train de prendre
les dispositions pour corriger ce type de situation auquel j'avais
déjà été sensibilisé.
Le Président: Question principale... Question
additionnelle. (10 h 50)
M. Blank: Est-ce qu'il y a beaucoup de cas en suspens devant la
Cour provinciale où on a fait des oppositions au sujet de ces
problèmes de taux d'intérêt facturé durant cette
période. Est-ce que le ministre va donner raison à ces
contribuables et leur remettre leur argent puisqu'ils ont déjà
trop payé d'intérêt?
Le Président: M. le ministre.
M. Marcoux: Disons que je ne peux pas répondre aujourd'hui
à cette partie de la question. Cela n'avait pas été
soulevé. Je n'ai pas eu l'occasion de réfléchir sur cette
question. Ce que je peux vous dire, c'est qu'on a pris les mesures, toutefois,
pour corriger ce type de problème pour l'avenir.
M. Blank: Est-ce que le ministre a l'intention de diminuer les
taux d'intérêt de 19% et 24% à 12% au moins, comme au
fédéral?
Le Président: M. le ministre.
M. Marcoux: Comme j'ai déjà eu l'occasion de
l'indiquer à cette Chambre, j'ai demandé qu'on établisse
de nouveaux critères pour déterminer le taux
d'intérêt qui devrait être exigé au ministère
du Revenu. J'espère bien pouvoir annoncer, dans les prochaines semaines,
un nouveau mode de calcul du nouveau taux d'intérêt et ainsi,
possiblement, une baisse de ce taux.
Je dois dire que la semaine dernière, lorsqu'il en a
été question ici en cette Chambre, le taux d'intérêt
personnel, dans certaines caisses que j'avais eu l'occasion de visiter,
était à 17%, intérêt composé, ce qui signifie
environ 18%, 18, 50% annuellement, alors que le taux d'intérêt du
ministère était à 19%. Je crois que l'écart entre
le taux d'intérêt personnel, le taux d'intérêt
payé par les citoyens qui empruntent ou qui ont une dette, si l'on tient
compte de l'intérêt composé qui ne s'applique pas
actuellement au ministère du Revenu, est sensiblement juste.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président: Question principale ou additionnelle, M. le
leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Principale, M. le Président.
Le Président: Principale. M. le leader de
l'Opposition.
Le projet Archipel
M. Lalonde: Elle est adressée au ministre de
l'Environnement. Elle fait suite à la question que Mme la
députée de Chomedey a posée hier sur le projet
Archipel.
Il y a un aspect du projet Archipel qui intéresse de très
près les citoyens de mon comté, le comté de
Marguerite-Bourgeoys. C'est le sort des rapides de Lachine. Je voudrais
demander au nouveau ministre de l'Environnement... Tout d'abord, je dois dire,
contrairement à mon habitude, que je lui ai donné avis, il y a
quelques jours, l'ayant rencontré par hasard, de l'intérêt
que je portais à cette question. Je lui ai dit que nous aurions
éventuellement des questions à lui poser.
Est-ce que le nouveau ministre de l'Environnement peut prendre
l'engagement, devant le déroulement du projet Archipel -apparemment, il
va y avoir des développements bientôt - prendre l'engagement,
comme ministre de l'Environnement, de protéger intégralement - je
répète le mot "intégralement" - les rapides de Lachine
comme site naturel et aussi site historique remarquable?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: Naturellement, le ministère de
l'Environnement est intimement
lié au dossier Archipel, même s'il n'en est pas pour autant
le maître d'oeuvre.
À ce jour, le ministère de l'Environnement a joué
son rôle de protecteur et a effectué un certain nombre
d'études pour s'assurer que la mise en place de ce projet ne fera pas en
sorte que l'environnement, dans la région de Montréal, soit
menacé sous quelque forme que ce soit.
Il y a, à ma connaissance, je pense, quinze ou seize
hypothèses qui ont été étudiées jusqu'ici,
quant à l'aménagement de ce projet. Certaines de ces
hypothèses menaçaient effectivement de déranger, de
façon importante, les rapides de Lachine. Aux dernières
nouvelles, l'hypothèse qui pourrait être retenue serait beaucoup
moins dommageable aux rapides de Lachine, mais je peux assurer le
député que, de toute façon, le ministère de
l'Environnement va jouer son rôle à fond et va faire en sorte que
la solution finale protège, non seulement l'aspect historique de ces
rapides, mais aussi le rôle qu'ils jouent dans l'assainissement naturel
des eaux à cette hauteur du Saint-Laurent.
Le Président: Question additionnelle, M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: Je voudrais simplement obtenir une précision.
Quand le ministre dit qu'il va faire en sorte que le projet protège le
rôle que les rapides jouent, on a vu des hypothèses où le
débit des rapides était réduit de X% et cela allait ainsi
jusqu'à même 50% ou 80%. Pour protéger intégralement
les rapides de Lachine, pour qu'ils restent des rapides, jusqu'à quel
pourcentage de réduction du débit le ministre de l'Environnement
est-il prêt à aller?
Le Président: M. le ministre.
M. Ouellette: II est vrai, M. le Président, que parmi les
hypothèses il y en avait une qui disait qu'on réduirait
jusqu'à 90% les débits des rapides, ne laissant circuler que 10%
des eaux. Une autre parlait de 50%-50%.
Maintenant, quant à la question qu'il me pose, à savoir
jusqu'où le ministre de l'Environnement peut aller dans la
réduction des quantités d'eau à passer dans ce canal, il
faudra demander, et c'est déjà fait d'ailleurs, une étude
d'impact et c'est à la suite de cette étude que le ministre de
l'Environnement pourra prendre une décision dans le sens de la question
du député.
Le Président: Question principale, M. le
député de Richmond. Additionnelle? M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'aimerais poser une
question au ministre de l'Aménagement en ce qui concerne les coûts
jusqu'à maintenant du projet Archipel, des études qui ont
été commandées à ce jour, ainsi que le coût
des structures en place, par exemple, le secrétariat. Est-ce que le
ministre de l'Aménagement pourrait nous dire, à ce jour, ce que
le projet Archipel a coûté en études et en mise en place de
structures; par exemple, le secrétariat pour lequel vous avez
engagé des employés?
Le Président: M. le ministre de l'Aménagement.
M. Rocheleau: Et, M. le Président, les ministères
engagés: le ministère de l'Énergie et des Ressources, le
ministère de l'Environnement et même Hydro-Québec,
où on est allé chercher des sommes un peu partout.
Le Président: M. le ministre de l'Aménagement.
M. Gendron: M. le Président, mes collègues de la
Chambre vont admettre avec moi qu'il s'agit d'une question qui ressemble aux
questions qu'on a lors de la discussion des crédits parlementaires parce
qu'elle embrasse passablement d'éléments. Il me fait plaisir
quand même de donner les renseignements que je possède cet
avant-midi. Dans l'ensemble, depuis que nous travaillons sur le projet
Archipel, il faut dissocier les études qui, de toute façon,
étaient requises par certains ministères sectoriels dans la
préparation même de leurs travaux et celles qui sont
spécifiquement exigées par ceux qui ont la responsabilité
de diriger, ce qui est requis pour prendre une décision de
faisabilité dans le cadre du projet Archipel.
Dans ce sens-là, au moment où nous nous parlons - je le
dis avec quand même certaines réserves, parce que j'aimerais mieux
avoir la possibilité de le vérifier concrètement - depuis
le tout début, c'est à peu près 6 500 000 $ ou 7 000 000 $
par année que le projet Archipel coûte au complet, y compris les
études sectorielles qui sont menées par le MLCP, l'Environnement,
Hydro-Québec de même que ce qui sera toujours nécessaire au
gouvernement du Québec par rapport à une bonification
éventuelle des rives et l'amélioration de la qualité de
l'eau, parce que si jamais on ne pouvait pas réaliser le projet Archipel
tel que conçu - et j'espère qu'il en sera tout autrement - ces
études seront toujours ultimement requises et nécessaires pour
l'ensemble des ministères sectoriels.
Si le député de Hull veut avoir des chiffres plus
précis, où toute la ventilation sera faite entre ce qu'on appelle
le budget de fonctionnement, le budget des études sectorielles et la
part d'Hydro-Québec, je
pense que les engagements financiers sont la place pour le demander ou
je pourrai répondre à une question qui pourrait paraître au
feuilleton à ce sujet et donner tous les détails. Il n'y a aucune
espèce de gêne ou de raison pour ne pas communiquer ces
renseignements. Ils sont du domaine public.
Le Président: Question principale, M. le
député de Richmond.
Protection contre les innondations à
Richmond
M. Vallières: M. le Président, ma question
s'adresse au ministre de l'Environnement. Le 25 février, votre
prédécesseur annonçait à Richmond, à la
suite des pressions exercées par le milieu, la participation
financière du gouvernement du Québec à une première
phase de travaux visant à éviter les innondations
occasionnées par la rivière Saint-François dans la ville
de Richmond. Cette étape n'ayant pas été franchie, parce
qu'elle n'apportait pas suffisamment de protection quant aux risques à
venir de nouvelles innondations, le ministre peut-il nous indiquer si le
gouvernement du Québec est prêt à libérer les
crédits nécessaires pour réaliser les travaux
prévus aux deux phases du projet qui assureraient une protection pour
une période d'au moins 100 ans aux citoyens de Richmond et quand
s'attend-il à libérer les crédits requis.
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: Oui. M. le Président, j'ai eu l'occasion il
y a environ un mois de rencontrer la direction régionale de Sherbrooke,
rencontre au cours de laquelle nous avons justement discuté de ce
problème que soulève le député de Richmond. Je
pense, d'ailleurs, avoir eu l'occasion de répondre à une telle
question lors d'une assemblée publique à Sherbrooke où le
député était présent. (11 heures)
De mémoire, parce que je n'ai pas revérifié ce
dossier très récemment, il m'apparaît que la
municipalité a refusé le programme qui avait été
offert par mon prédécesseur et par le ministère de
l'Environnement à l'époque, et mon prédécesseur
avait fait alors une contre-proposition qui requérait bien sûr des
études additionnelles et avait mandaté à cet égard
la direction régionale de l'Estrie pour que le ministère et la
municipalité en viennent à un accord sur la méthode de
remplacement visant justement à protéger la municipalité
sur une base de 100 ans plutôt que de 20 ans.
Les discussions sont toujours en cours entre la municipalité et
le ministère et je ne prévois pas de difficulté
d'ajustement, mais dans la mesure où cet accord interviendra de
façon qu'on puisse réaliser des travaux qui porteront sur une
période beaucoup plus longue en termes de protection que celle qui avait
d'abord été proposée.
Le Président: Question additionnelle.
M. Vallières: M. le Président, pour
rafraîchir la mémoire du ministre, quand il s'est
présenté à Sherbrooke le 15 octobre, il avait
été très direct et il nous avait indiqué qu'en
décembre il serait en mesure d'annoncer que les crédits requis et
que les deux parties du protocole d'entente dont il est question avec la ville
de Richmond, pourraient faire l'objet d'une signature. Vous aviez
répondu de façon très précise, M. le ministre: Oui,
en décembre nous devrions signer un protocole portant sur les deux
phases.
Compte tenu de ce que le premier ministre a déjà
lui-même mentionné durant la campagne électorale, qu'il
était fatigué des études des experts patentés dans
ce dossier, compte tenu des déclarations faites par l'ex-ministre de
l'Environnement et compte tenu de la vôtre du mois d'octobre, est-ce
qu'on doit s'attendre que vous continuiez indéfiniment à
étudier ce dossier ou si vous préféreriez qu'une bonne
partie de la ville de Richmond vienne occuper votre bureau pour que le
lendemain, ou deux jours plus tard, vous puissiez annoncer les crédits
requis?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: D'abord, à ma propre décharge, je
ferai remarquer au député que le mois de décembre n'est
pas terminé et que le blocage ne vient pas de la décision que
doit rendre le ministre de l'Environnement mais qu'une entente doit intervenir
au niveau des fonctionnaires de mon ministère et de la
municipalité comme telle. Aussitôt que cette entente sera conclue,
il me fera plaisir d'obtenir les crédits nécessaires pour
réaliser ces travaux.
Je ne vois pas pourquoi on s'inquiéterait de cela puisque aussi
bien mon prédécesseur que moi-même avons fait preuve d'une
grande ouverture d'esprit là-dedans. Nous connaissons la situation qui
prévaut à Richmond le printemps et nous sommes prêts
à intervenir pour régler la situation, mais encore faut-il le
faire de façon que cela ait une portée suffisamment longue et
qu'on ne fasse pas des travaux qui, finalement, s'avéreraient inutiles
ou inaptes à régler le problème sur une courte
portée plutôt qu'à long terme.
Le Président: M. le député de
Richmond, question additionnelle.
M. Vallières: Est-ce que j'ai compris, d'après les
propos du ministre, que les études prévoyant des travaux à
être effectués sur deux phases seraient terminés et que
tout ce qui lui manquerait c'est l'approbation des autorités municipales
de la ville de Richmond pour procéder à la signature du
protocole? Si c'est ça, venez demain matin et on en discutera à
Richmond.
Le Président: M. le ministre.
M. Ouellette: C'est exactement ce que sont en train de faire mes
fonctionnaires, M. le député.
Le Président: Question principale, M. le
député de Charlevoix.
La tragédie de la baie de Tadoussac
M. Mailloux: M. le Président, j'adresse ma question
à celui qui voudra bien y répondre. Elle concerne la
tragédie dont on a entendu parler dans l'estuaire du Saguenay.
Je voudrais demander probablement au titulaire du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche si, premièrement, l'Auberge de jeunesse de
Tadoussac reçoit une subvention gouvernementale. Si oui, comment peut-on
penser qu'une activité, comme celle qui a été
décrite par les médias d'information, ait pu être
organisée avec les suites qu'on connaît, jetant le
discrédit sur le Québec, de la part de plusieurs pays
européens.
Ayant déjà moi-même navigué, quand on
connaît l'estuaire du Saguenay avec les courants et les remous qui s'y
trouvent ainsi que la buée en automne qui s'élève à
plusieurs dizaines de pieds dans les airs, ne permettant à aucun
hélicoptère, avion ou autre de retracer des personnes, comment
une telle chose a-t-elle pu se produire?
Est-ce que le gouvernement du Québec a demandé certaines
informations à savoir pourquoi la Sûreté du Québec
et, là-bas, les gens de la Société des traversiers n'ont
pas reçu certaines demandes? Est-ce que le ministre voudrait
éclairer la Chambre?
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Chevrette: Tout d'abord, en ce qui regarde les subventions, il
y a déjà eu des subventions accordées à l'auberge
en question, comme il y en a eu à l'ensemble du réseau. Il y a
cependant une orientation qui est prise, soit de décroître
graduellement les subventions pour en arriver à un autofinancement.
Deuxièmement, j'ai personnellement demandé un rapport sur
la situation puisque j'ai eu énormément de plaintes de gens, de
la population de Tadoussac en particulier, lors des audiences publiques sur le
fjord du Saguenay comme tel. Lors de mon passage à Tadoussac, la
population en général s'est plainte du comportement des
organisateurs, des gens qui ont la responsabilité de cette auberge. J'ai
également demandé à mes services de vérifier le
type de plaintes puisqu'on sait pertinemment qu'il y a quand même une
forme d'autonomie qui existe au niveau de la gestion de ces auberges.
J'ai aussi demandé une vérification à mes services
au niveau de l'utilisation des endroits publics. Les dunes de Tadoussac et la
plage étaient utilisées par ce groupe; on s'est plaint à
plusieurs reprises d'actes de vandalisme, etc., et j'ai fait faire une
vérification par mes services. Quant à la tragédie
elle-même, l'enquête du coroner nous dévoilera les
résultats.
Le Président: Question additionnelle.
M. Mailloux: Pour l'ensemble des auberges de jeunesse qui
pourraient être subventionnées par le gouvernement, serait-il
possible qu'à celle-là au moins il soit donné un ordre que
toute équipée semblable ou en forêt - on en a vu d'autres
où des gens se sont perdus en forêt et la Sûreté du
Québec et d'autres sauveteurs n'ont pu les retracer avant un certain
temps - nécessitera une autorisation?
Le Président: M. le ministre.
M. Chevrette: Vous avez sans doute raison, mais on ne peut
qu'émettre des directives tout au plus parce qu'on sait pertinemment que
l'organisation spontanée de visites en forêt, de randonnées
pédestres, cela entre dans le cadre de leurs activités normales.
Je peux bien conditionner ses subventions, si subventions il reste à
recevoir pour les années ultérieures, à certaines formes
de directives précises en les enjoignant, par exemple, d'aviser la
Sûreté qu'ils prennent telle direction, si c'est de ce genre de
directives dont vous parlez; on peut fort bien émettre ce genre de
directives, mais, entre vous et moi, ils demeurent libres de circuler, surtout
sur les terres publiques.
Le Président: Question principale, M. le
député de Papineau.
La politique d'achat du gouvernement
M. Assad: Ma question s'adresse au ministre des Travaux publics,
responsable des politiques d'achat. À la suite de plaintes et de
représentations, M. le ministre, êtes-vous convaincu que votre
politique d'achat est suffisamment cohérente pour qu'aucune entreprise
employant des travailleurs québécois ne soit victime de
discrimination
quant à cette politique? Je veux que vous compreniez bien. Il y a
eu des plaintes et des représentations à savoir que votre
politique d'achat est très ambiguë.
Le Président: M. le ministre des Travaux publics.
M. Marcoux: Je vais essayer de répondre à une
partie de la question, laissant peut-être l'essentiel à mon
collègue du ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Vous savez que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
est responsable de la commission permanente interministérielle des
achats, donc responsable de l'établissement de la politique d'achat.
Nous, au ministère des Travaux publics, nous sommes responsables de
l'application de cette politique pour le secteur des approvisionnements
gouvernementaux et non pour tout le secteur de l'éducation ou des
affaires sociales.
Comme votre question est très générale, je peux
vous dire que jusqu'à maintenant, de mémoire, je n'ai pas eu,
personnellement en tout cas, de plainte indiquant que notre politique d'achat
pouvait être discriminatoire par rapport à certains types de
travailleurs, comme vous l'indiquez, ou de résidents
québécois. Si vous voulez me faire part de plaintes dont on vous
aurait informé, il me fera plaisir de les étudier et d'apporter
des corrections s'il y a lieu. Le service général des achats est
responsable de l'application de la politique d'achat pour environ 300 000 000 $
d'achats gouvernementaux par année.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Papineau.
M. Assad: Au sujet du palais de justice de Montréal, si je
comprends bien vous avez été mis au courant par votre
sous-ministre avec qui j'ai eu l'occasion de converser - n'y a-t-il pas eu une
plainte de discrimination, dont vous seriez au courant, parce que la politique
d'achat est ambiguë?
Le Président: M. le ministre. (11 h 10)
M. Marcoux: Faisant allusion à ce dossier que je connais
très bien, c'est le dossier de Trane, York et Carrier. En fait, de
façon traditionnelle, les plans et devis pour l'achat d'appareils de
climatisation, de compresseurs, etc., ont toujours favorisé dans le
passé, concrètement, la compagnie Trane. La compagnie York a fait
des représentations auprès du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme et auprès de mon ministère pour faire en
sorte que, dans la préparation des plans et devis, on permette une plus
grande concurrence entre l'ensemble des compagnies fabriquant des appareils de
climatisation, des compresseurs, etc. Parce qu'il va falloir investir plusieurs
millions de dollars - environ 8 000 000 $ - pour une meilleure isolation et la
réfection de la climatisation au palais de justice de Montréal -
même si c'est un édifice très récemment construit,
il y a à peine une dizaine d'années, si ma mémoire est
bonne - nous avons demandé aux professionnels responsables de la
fabrication des plans et devis de faire en sorte que leurs plans et devis ne
privilégient pas automatiquement un type d'appareil, mais qu'ils
permettent une plus grande concurrence.
Encore plus récemment, il y a une évolution récente
dans le dossier; il est fort possible que le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu qui était
responsable des normes jusqu'à maintenant -c'est à présent
le ministre de l'Habitation qui est responsable des normes d'inspection
-modifie les critères qui permettent encore là d'accroître
la concurrence et certainement de faire en sorte que nous trouvions à
répondre à nos besoins à bien meilleur coût. Il est
évident que, lorsqu'on modifie ce marché et qu'on veut favoriser
la concurrence, il y a des gens qui se sentent inquiets par rapport à ce
qui arrive. Mais je peux vous assurer que nous prenons tous les moyens pour
faire en sorte de définir le type d'appareil dont nous avons
véritablement besoin et en même temps pour faire en sorte qu'il y
ait une plus grande concurrence dans ce secteur.
Le Président: M. le député de Papineau,
question additionnelle.
M. Assad: Dans le cas que vous avez cité, M. le ministre,
les plaintes n'étaient-elles pas que vous avez plus ou moins fait une
redéfinition des règles du jeu concernant votre politique d'achat
à un article en particulier dans cette politique d'achat? La plainte
n'était-elle pas que vous avez changé les règles du
jeu?
Le Président: M. le ministre.
M. Marcoux: Non. La politique d'achat n'a pas été
changée, sauf que ce que j'ai demandé à tous les
professionnels chargés de projets qui doivent surveiller la mise en
oeuvre de projets de construction au gouvernement, c'est de faire en sorte que
l'esprit de cette politique d'achat soit vraiment appliqué, de faire en
sorte que les professionnels, architectes ou ingénieurs, chargés
de préparer des plans et devis, ne fassent pas des plans et devis qui
indiquent automatiquement le nom d'un fournisseur et de faire en sorte que la
fabrication des plans et devis favorise une plus grande concurrence; ce qui va
permettre dans ce cas, indirectement, de faire en sorte qu'une
entreprise établie au Québec, ayant des employés au
Québec, mais qui ne fabrique pas nécessairement au Québec
le type d'appareil dont on parle - puisque aucune de ces compagnies, que ce
soit Carrier, Trane ou York, ne fabrique ce type d'appareil au Québec,
mais York a des usines au Québec -de faire en sorte que les entreprises
soient toutes sur le même pied et puissent vraiment concurrencer. Je peux
vous assurer que c'est l'objectif que nous visons. En ce sens, c'est vrai que
j'ai demandé aux chargés de projets de faire en sorte que la
préparation des plans et devis n'élimine pas automatiquement un
type d'entreprise ou d'appareil et qu'elle favorise une plus grande
concurrence.
Le Président: Question principale, M. le
député de Vachon.
M. Payne: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Fleet en lice: 600 boîtes de camions postaux
à construire
Le Président: M. le député de Vachon et, par
la suite, M. le député de Saint-Laurent.
M. Payne: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Elle s'enchaîne
aussi avec la question du député de Papineau au sujet de la
politique d'achat du gouvernement fédéral. Il y a quelques
semaines, la société de la couronne Canada Post a
présenté des appels d'offres pour la construction de 600
boîtes de camions pour son service et une entreprise
québécoise de réputation internationale, la carrosserie et
boîtes de camions Fleet de Vachon a soumissionné pour ce contrat
de 5 000 000 $. Non seulement cette compagnie a l'expertise requise et une
réputation hors pair unique au Canada, mais nous savons qu'aujourd'hui
même, le gouvernement fédéral se prépare à
accorder, comme il a fait depuis quinze ans, ce contrat aux États-Unis.
Ma question est la suivante: Quelles pressions le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme est-il prêt à faire pour que le Canada
exerce toutes les possibilités pour octroyer ce contrat de 600
boîtes de camions et créer au Québec 200 nouveaux
emplois?
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: C'est exact que la compagnie Fleet depuis un an ou deux
produit un nouveau produit c'est-à-dire un produit en aluminimum pour
faire des boîtes de camions, c'est un marché à forte
croissance. Même, la compagnie Fleet a obtenu dernièrement de
General Bakeries une commande assez importante. Maintenant, elle soumissionne
sur une commande possible du gouvernement fédéral jusqu'à
600 camions postaux, mais cela va peut-être surprendre nos amis d'en face
du Parti libéral, pour une fois le ministère de l'Industrie et du
Commerce du fédéral a voulu collaborer avec le gouvernement du
Québec...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le ministre.
M. Biron: Dans nos discussions avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce fédéral nous avons réussi
à faire reporter la date des soumissions afin de permettre à la
compagnie Fleet de vraiment rentrer sa soumission complète. C'est vrai
qu'elle est en concurrence avec deux autres entreprises, américaines
celles-là, Grumman et Wayne. Nous espérons pouvoir obtenir une
grande partie de ces camions postaux. Il faut quand même réaliser
que la date de livraison qui était originalement à la fin de
décembre a été reportée à la fin de mars
1983. Maintenant, on essaie de la reporter à un peu plus tard pour
permettre à la compagnie Fleet de pouvoir véritablement fournir
la plus grande quantité possible de ces camions. À tout
événement, la décision ne sera prise que la semaine
prochaine. La décision finale doit se prendre le 21 décembre. On
espère qu'à travers Approvisionnement-Canada et la
Société des postes, il y aura une recommandation favorable pour
soit la totalité ou au moins une partie importante de cette commande de
camions qui pourrait créer environ 75 emplois additionnels pendant
quelques mois à Longueuil.
Le Président: M. le député de Vachon,
question additionnelle, sans préambule, s'il vous plaît.
M. Payne: Brièvement. Est-ce que le gouvernement est
prêt à tout faire pour mobiliser ses services de prêts, ses
services financiers, et ses services techniques pour vraiment décrocher
ces 200 emplois pour le Québec et pour Vachon?
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: La réponse, c'est oui, bien sûr,
puisqu'à la demande même du député de Vachon qui
s'est occupé du dossier Fleet depuis un an et demi, le gouvernement du
Québec a pu aider grâce au programme PME-innovation, grâce
à des programmes aussi de la Société de
développement industriel du Québec, grâce au programme
PECEC, nous avons réussi à maintenir cette entreprise qui a eu
à subir un incendie il y a environ un an et demi ou deux ans. Nous
assurons le député de Vachon qu'avec sa
collaboration, bien sûr, nous continuerons à travailler
pour obtenir le maximum de contrats pour cette entreprise.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Tenant compte de la réponse du ministre quant
à sa coopération avec le gouvernement fédéral,
n'apparaît-il pas que la question du député de Vachon
était complètement sans fondement, qu'il n'était pas au
courant de vos démarches et des démarches du gouvernement
fédéral quant à l'octroi de ces contrats?
Le Président: M. le ministre.
M. Biron: Au contraire, le député de Vachon a suivi
le dossier de très près. De jour en jour...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Biron:... on peut suivre le dossier et discuter avec le
gouvernement fédéral. Dans le fond, le seul point qu'il est
important de souligner ce matin, c'est qu'on espère avoir la même
collaboration de la Société des postes et
d'Approvisionnement-Canada qu'on a pu avoir du ministère de l'Industrie
et du Commerce fédéral.
Le Président: Question principale... Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Simplement, pour vous rappeler que dans la
réforme de notre règlement sur lequel nous travaillons
actuellement, il ne faudrait pas oublier de faire un petit amendement aux
dispositions qui concernent la période des questions pour la pause
commerciale du PQ.
Le Président: M. le député de Vachon, sur
une question de privilège.
M. Payne: Question de règlement.
Le Président: De règlement ou de privilège?
De règlement?
M. Payne: Oui, je sais, c'est une question de règlement.
C'est le règlement de cette Chambre que chaque député a le
droit de poser les questions qui conviennent, particulièrement en ce qui
concerne l'économie du Québec et nos jobs.
Le Président: Question principale, M. le
député de Saint-Laurent, c'est enfin votre tour.
Les CA, les CGA et les RIA
M. Leduc (Saint-Laurent): Ma question s'adresse au ministre
responsable des corporations professionnelles. Nous avons actuellement au
Québec trois corporations professionnelles de comptables. Nous avons les
CA, 9000 membres; nous avons les CGA, 3000 membres; les RIA, 2000 membres. Nous
avons également dans les universités et les maisons
d'enseignement collégial environ 3000 étudiants. Donc 17 000
Québécois sont préoccupés par ce problème.
(11 h 20)
Nous savons également qu'il existe un contentieux au
Québec entre ces comptables quant au champ d'exercice ou au champ de
compétence de chacune de ces corporations. Or, ma première
question est la suivante: Le ministre entend-il, après dix ans - parce
que cela fait dix ans que cela perdure - liquider ce litige, parce que
apparemment il aurait mentionné qu'il était temps que cela se
fasse et - deuxième question - la proposition des CA lui semble-t-elle
raisonnable ou acceptable?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: M. le Président, c'est un problème,
effectivement, qui existe depuis plusieurs années. Les comptables
agréés ont rendu de grands services à la population et les
CGA aussi. Mais il y a un problème de juridiction, en ce sens que les
comptables généraux agréés visent à exercer
la comptabilité publique ou la vérification publique, ce qu'ils
ne font pas actuellement, puisque les créneaux qu'ils ont trouvés
pour leurs activités se situent plutôt dans le sens des
opérations financières de vérification interne qu'ils
mènent à l'intérieur de compagnies, de
municipalités ou de bureaux gouvernementaux. Depuis longtemps, les CGA
visent à étendre leur domaine d'activité pour qu'ils
puissent couvrir la comptabilité publique ou la vérification
publique. Par ailleurs, les comptables agréés qui occupent ce
champ depuis des temps immémoriaux ne veulent pas consentir à ce
que les CGA occupent ce terrain en utilisant plusieurs argumentations sur
lesquelles il ne m'appartient pas de revenir. Ce problème a fait l'objet
d'études depuis plusieurs années, a même fait l'objet d'une
commission parlementaire au cours de laquelle on a discuté, il n'y a pas
tellement longtemps, une proposition de l'Office des professions qui tendait
à établir un nouvel organisme de vérification des permis
pour la vérification publique, permis qui auraient pu être obtenus
aussi bien par les CGA, par les RIA que par les comptables
agréés. À l'examen de cette proposition, il est apparu
qu'elle n'était pas la plus opportune ou qu'elle comportait
plusieurs inconvénients et, finalement, elle n'a pas
été retenue, ce qui nous ramène, un peu comme on le dit
parfois, au "square one", c'est-à-dire qu'il faut recommencer les
discussions.
Nous travaillons actuellement à une nouvelle définition
des diverses opérations que mènent aussi bien les comptables que
les comptables agréés, c'est-à-dire les activités
que nous connaissons et dont, en particulier, un essai de précision du
concept de vérification publique. Avec ces nouvelles définitions,
nous tentons actuellement d'approcher les diverses corporations en vue...
Le Président: En concluant, M. le ministre.
Des voix: Ah! Ah!
M. Laurin:... d'en arriver à une entente. Mais comme vous
le comprenez, M. le Président, même si nous voulions être
brefs, en l'occurrence, il reste que le problème est très
complexe. Ce problème complexe a fait l'objet de plusieurs contestations
dans le passé. Il faut tenter d'en arriver à une solution en
respectant le plus possible les allégeances et les desiderata de chacune
des professions. C'est à ce travail de Pénélope que nous
sommes actuellement appelés.
Le Président: Question principale, M. le
député de Saint-Henri.
La connaissance de l'anglais chez les fonctionnaires
de Montréal
M. Hains: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration. L'Office de la
langue française exige que la ville de Montréal ne tienne
aucunement compte de la connaissance de l'anglais dans l'embauche des
libraires, des travailleurs sociaux et des préposés au
stationnement. Les autorités municipales, par la voix du
président de l'exécutif, demandent à l'Office de la langue
française que soit renversée cette décision en affirmant
que la non-connaissance de l'anglais nuit énormément au bon
fonctionnement de ces fonctionnaires publics. Je demande à M. le
ministre s'il est prêt à accéder à cette demande de
la ville de Montréal et à renverser lui aussi cette directive par
trop radicale.
Le Président: M. le ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
M. Godin: M. le Président, la politique officielle du
gouvernement à cet égard, c'est que les citoyens du
Québec, en tant qu'individus, puissent recevoir les services publics
dans leur langue là où et quand c'est possible et quand le nombre
le justifie. Donc, je m'informerai effectivement auprès de l'office sur
les rapports qu'il a eus avec la ville de Montréal pour voir à ce
que, à l'avenir, les employés de la ville de Montréal qui
ont affaire à des citoyens d'une autre langue, et pas seulement de
langue anglaise, puissent recevoir les services dans cette langue.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: M. le Président, j'ai eu des plaintes de gens
dans mon comté...
Le Président:... s'il vous plaît, question
additionnelle.
M. Marx: N'est-il pas vrai que... M. Lalonde:... que j'ai
eu...
M. Marx:... l'Office de la langue française demande
à certaines compagnies québécoises de correspondre avec
des compagnies de Vancouver ou des États-Unis en français?
N'est-il pas stupide de faire de telles demandes?
Le Président: M. le ministre.
M. Godin: M. le Président, je pense que le
député de D'Arcy McGee est mal informé. Il est vrai que
des entreprises du Québec écrivent en français et en
anglais à leurs fournisseurs de l'extérieur, dans certains cas,
pour leur demander s'ils ont déjà en main une documentation en
français, et cette documentation, dans plusieurs cas, existe chez les
fournisseurs nord-américains ou européens. Donc, il peut arriver,
effectivement, qu'une entreprise le fasse de son propre chef, mais il n'a
jamais été de l'intention de l'office de forcer - M. le
député, je vous le répète - les entreprises du
Québec à correspondre en français avec leurs fournisseurs
autres que ceux du Québec.
Le Président: Dernière question principale, M. le
député de Louis-Hébert.
Beauport et l'autoroute 40
M. Doyon: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Transports. L'autoroute 40, qui permet maintenant d'accéder
au pont de l'île d'Orléans a été ouverte hier ou
avant-hier, d'après les renseignements que j'ai. Il y a eu deux
campagnes électorales qui ont été faites sur des sorties
supplémentaires au boulevard des Chutes, ce qui aurait permis
d'accéder à la ville de Beauport plus facilement. L'ancien
ministre des Transports, M. de Belleval, qui
a maintenant démissionné, et le ministre des Affaires
culturelles ont promis ces choses. Je voudrais savoir si, du fait qu'on
démissionne de l'Assemblée nationale, les promesses n'existent
plus et si le ministre des Transports est prêt à reprendre les
promesses qui ont été faites par l'ancien ministre des
Transports, M. de Belleval, et s'il donnera suite au désir de la
population de Beauport de pouvoir se servir d'une autoroute qu'ils ont
payée avec leurs taxes, comme tout le monde.
Une voix: Très bien.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: Je suis content que le député de
Louis-Hébert pose la question parce qu'il permet, justement, en posant
sa question, de souligner que l'autoroute a été ouverte au cours
des derniers jours ou le sera prochainement, si elle ne l'a pas
été. Les travaux sont terminés en tout cas, et je suis
content que le député souligne que les travaux sont faits, qu'une
partie de l'engagement qui avait été pris par mes
prédécesseurs est tenue. En ce qui concerne les sorties
additionnelles vers Beauport, c'est simplement que j'avais le choix, compte
tenu des disponibilités budgétaires, de retarder la construction
de l'autoroute 40 et de construire en même temps des échangeurs ou
de procéder étape par étape: de faire d'abord l'autouroute
pour faciliter la liaison avec l'Est du Québec, vers la rive nord et
l'île d'Orléans et, éventuellement, au fur et à
mesure des disponibilités budgétaires, s'il y a lieu,
d'aménager des sorties additionnelles. Il nous a semblé que, dans
les circonstances, vu le budget disponible, il fallait d'abord tenir une bonne
partie de l'engagement quant à la construction de l'emprise de
l'autoroute comme telle. Éventuellement, lorsque les
disponibilités budgétaires seront là et lorsque, aussi,
dans l'ensemble des priorités du ministère des Transports, on
considérera que ces sorties sont nécessaires, à ce moment,
on envisagera de les réaliser.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, cet aménagement futur de
sorties additionnelles, du fait que l'autoroute est déjà
contruite, impliquera sûrement des coûts supplémentaires.
J'aimerais savoir si le ministre des Transports peut informer cette Chambre des
coûts qui seront impliqués du fait qu'on ne construit pas au bon
moment les choses qui devraient être faites, quelle est la
différence du coût qui sera impliqué et nous indiquer quel
échéancier il prévoit appliquer et dans combien de temps
les citoyens de Beauport et de cette région pourront compter sur ces
sorties et ces entrées.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, c'est une chose dont je me suis
préoccupé à ce moment quant à savoir si le fait de
retarder la construction de l'échangeur en cause entraînerait des
coûts additionnels. Les montants additionnels seraient vraiment minimes
dans les circonstances par rapport à l'ampleur du projet. Quant à
l'échéancier de réalisation de ces échangeurs, je
ne peux le préciser, parce que, encore une fois, cela fait partie de
l'ensemble des priorités du ministère des Transports du
Québec, en matière de construction routière et
autoroutière. On établit chaque année, en fonction des
disponibilités financières, un ordre de priorités. C'est
à ce moment-là qu'on peut préciser des
échéanciers de réalisation. (11 h 30)
Le Président: Dernière question additionnelle, sans
préambule. M. le député de Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, pour éviter des
accidents, comme on vient de dire que la section de la route est ouverte et que
je viens de la parcourir, comme elle n'est pas dégagée, il serait
peut-être préférable de dire qu'elle n'est pas encore
ouverte à la circulation.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: Je sais qu'elle devrait ouvrir incessamment. Le
député, dans sa question, je pense, avait laissé entendre
qu'elle était déjà ouverte. Je sais que les travaux sont
terminés. Je ne blâme pas le député, mais je me
souvenais simplement que c'était pour ces jours-ci et je pensais que
c'était déjà fait.
Le Président: Fin de la période de questions. On
m'informe que le ministre de l'Environnement aurait un complément de
réponse à donner à une question de M. le
député d'Orford.
M. le ministre.
M. Ouellette: Merci, M. le Président. La question du
député d'Orford portait sur un certain nombre
d'éléments. Je vais vous prier d'être un peu
généreux dans le temps, puisque la réponse risque
d'être assez longue.
L'assainissement des eaux des rivières Magog et
Saint-François
La question portait d'abord sur l'assainissement des eaux de la ville de
Magog, de l'usine Domtex et du lac Magog. Elle portait aussi sur le traitement
des eaux usées de la ville de Rock-Forest, qu'on retrouve d'ailleurs
dans deux bassins de rivières, soit la rivière Magog et la
rivière Saint-François.
Le 23 septembre dernier, cinq associations m'ont adressé une
lettre me demandant de faire en sorte que ce dossier, portant sur Magog entre
autres, soit accéléré. Le jour même, le
ministère et les associations se sont rencontrés. Le
ministère en a profité pour exposer un nouveau projet qui visait
à éviter de devoir contourner le lac Magog, avec un intercepteur,
et plutôt d'installer une usine de traitement des eaux qui traiterait
à la fois les eaux de la ville de Magog et celles de la compagnie
Domtex. Cette proposition visait à mettre le tout en marche autour de
septembre 1984.
À la suite de cette rencontre, le regroupement en question s'est
dit favorable au projet. Il l'a endossé entièrement. Le 1er
décembre dernier, d'ailleurs, et la ville et la compagnie Domtex ont
rencontré des gens du ministère de l'Environnement et ont convenu
de ceci:
Premièrement, terminer les études préliminaires
pour le traitement des eaux usées de Magog et Domtex,
simultanément, pour février 1983, et commencer la construction
à l'été 1983 et la terminer vers l'automne 1984. Je pense
que ceci répond assez entièrement à la première
question du député.
Il y a eu un retard, bien sûr, dans ce dossier, mais il est
dû au fait qu'on a dû changer de projet et obtenir l'accord
à la fois de la compagnie, de la municipalité et du
ministère nécessairement.
En ce qui a trait à l'usine d'épuration de Rock-Forest,
les travaux d'épuration portent sur deux bassins, comme je l'indiquais
tout à l'heure, celui de la rivière Magog et celui de la
rivière Saint-François. Ils doivent être traités
séparément. La municipalité a signé un protocole
avec le ministère, en octobre 1980, pour un montant de 1 430 000 $ pour
le bassin de la rivière Magog seulement. La municipalité a
entrepris les travaux d'interception de Magog-Nord et les délais ont
été respectés, soit le 31 juillet 1981. Entre-temps, a
été créée la Société
québécoise d'assainissement des eaux, et la municipalité a
décidé de négocier avec cette société pour
la réalisation des prochains travaux. La signature de l'entente a eu
lieu le 12 novembre 1981. Cette entente prévoyait la fin des travaux
pour le 31 octobre 1982. Ces travaux se sont terminés dans les
délais prévus... Enfin, je devrais plutôt dire qu'il y a eu
un délai de deux mois que l'on peut attribuer justement à cette
nouvelle entente avec la société. On prévoit maintenant la
fin de la construction de l'édifice, abritant l'usine de traitement,
pour février 1983, et les aménagements extérieurs pour le
printemps 1983. Tout cela se sera réalisé à
l'intérieur des coûts prévus en 1980, soit 1 430 000 $.
En ce qui regarde l'autre partie de la ville de Rock-Forest, celle qui
se retrouve sur le bassin de la rivière Saint-François, les
documents sont actuellement au Conseil du trésor et nous
étudions, au ministère de l'Environnement, la possibilité
d'une entente intermunicipale devant regrouper les villes de Sherbrooke,
Fleurimont, Lennoxville, Ascot-Corner et Rock-Forest, le tout à
l'intérieur d'un montant de 4 245 000 $.
Le Président: Merci. Question additionnelle. M. le
député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que le ministre pourrait nous
dire quand l'ensemble du projet sera terminé? En quelle
année?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: Pour ce qui est du bassin de la rivière
Saint-François, je ne peux pas, à ce stade-ci, prévoir
quelque date que ce soit, puisque cela implique des négociations entre
plusieurs municipalités, possiblement, éventuellement, la
Société québécoise d'assainissement des eaux. Je
pense qu'il serait utopique d'avancer une date précise tant que ces
étapes n'auront pas été réalisées.
Le Président: Motions non annoncées. M. le premier
ministre.
Nomination des membres de la Commission d'accès
à l'information
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Oui, M. le Président. On se
souviendra que, il y a quelque temps, quelques mois à peine, la loi 65,
la Loi sur l'accès à l'information et de protection des
renseignements de nature privée, a été adoptée
à l'unanimité ici à l'Assemblée nationale, une loi
extrêmement contraignante pour les administrations publiques,
extrêmement utile, je crois, pour l'ensemble des citoyens, mais
extrêmement contraignante pour les administrations publiques à peu
près sans exception, avec laquelle il nous faudra tous apprendre
à vivre pour une meilleure santé, je crois, des
administrations.
Or, la loi 65 prévoit que soit instituée une Commission
d'accès à l'information
composée de trois membres. Après les consultations
usuelles avec l'Opposition, j'ai l'honneur, M. le Président, de proposer
ce bloc, si j'ose dire, de trois nominations qui seraient les suivantes.
D'abord, je propose que M. Marcel Pépin soit nommé membre et
président de la Commission d'accès à l'information pour un
mandat de cinq ans à compter d'aujourd'hui, 16 décembre 1982; que
son salaire annuel soit celui correspondant au maximum de l'échelle
salariale des administrateurs classe I du corps d'emploi des cadres
supérieurs de la fonction publique; qu'il bénéficie d'une
allocation annuelle pour ses dépenses de fonction de 1500 $ sur
présentation de pièces justificatives, ce montant pouvant
être ajusté par le gouvernement selon la politique applicable aux
dirigeants des organismes gouvernementaux; que M. Pépin soit
indemnisé de ses dépenses de voyage selon les conditions
applicables aux présidents, vice-présidents et membres des
organismes gouvernementaux; qu'il jouisse des mêmes régimes
collectifs d'assurance, de retraite et de vacances que les sous-ministres du
gouvernement et que M. Marcel Pépin, à l'expiration de son mandat
de cinq ans, si le mandat n'est pas renouvelé, reçoive une
allocation de départ égale à six mois de salaire.
Comme on le sait, M. Pépin, qui agira effectivement à
compter d'aujourd'hui enfin, d'ici quelques jours - comme président de
la commission, est un journaliste de carrière qui s'est illustré
dans le métier. Après avoir travaillé quelque temps,
quelques années, au Droit d'Ottawa et à la Presse de
Montréal, depuis cinq ans, je crois, il est éditorialiste en chef
au Soleil et, dans ce métier, il vient de se mériter le grand
prix du journalisme de 1982. Alors, nous sommes très heureux que M.
Pépin, qui d'ailleurs faisait partie de la commission Paré, comme
on l'a appelée, c'est-à-dire la commission dont le rapport a fini
par donner comme résultat la loi 65, ait accepté.
De même que la deuxième nomination que je dois proposer,
qui est celle de Mme Caroline Pestiau, économiste très
cotée, très éminente, qui elle aussi avait accepté
de faire partie de la commission Paré, c'est-à-dire à
l'origine de la loi 65.
Cette nomination donc, est celle-ci: Je propose que Mme Caroline Pestiau
soit nommée membre de la Commission d'accès à
l'information pour un mandat de cinq ans, dans son cas, à compter du 1er
mai 1983; que son salaire annuel soit celui correspondant à 80% du
maximum de l'échelle salariale des administrateurs classe I du corps
d'emploi des cadres supérieurs de la fonction publique; qu'elle soit
indemnisée de ses dépenses de voyage selon les conditions
applicables aux présidents, vice-présidents et membres des
organismes gouvernementaux; que les régimes collectifs d'assurance et de
retraite des sous-ministres du gouvernement lui soient applicables; qu'elle ait
droit à 20 jours de vacances annuelles et qu'à l'expiration de
son mandat de cinq ans, si le mandat n'est pas renouvelé, Mme Pestiau
reçoive une allocation de départ égale à trois mois
de salaire.
Enfin, troisième nomination, celle d'une avocate qui est
elle-même membre de la fonction publique et sera donc en congé
sans solde. Il s'agit de Mme Thérèse Giroux qui, après
avoir travaillé, entre autres, comme doyen à l'Université
du Québec à Montréal, a été rattachée
à la Commission des droits de la personne de 1977 à 1979 et qui
est devenue, en 1979, poste qu'elle va quitter, membre du bureau de
révision à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. (11 h 40)
Troisième élément de cette proposition, je propose
que Mme Thérèse Giroux soit nommée membre de la Commission
d'accès à l'information pour un mandat de cinq ans à
compter du 16 décembre 1982, donc, aujourd'hui, dans son cas; que son
salaire annuel soit celui correspondant à 70% du maximum de
l'échelle salariale des administrateurs, classe I du corps d'emploi des
cadres supérieurs de la fonction publique; les mêmes conditions
que les autres en ce qui concerne les dépenses de voyage, les
régimes collectifs d'assurance et de retraite. Dans son cas,
également, qu'elle ait droit à 20 jours de vacances annuelles et
que Mme Giroux, en congé sans solde de la fonction publique du
Québec, puisse être réintégrée dans la
fonction publique à la fin de son mandat.
Que Mme Giroux reçoive également une allocation de
séjour et de déplacement de 600 $ par mois jusqu'à son
déménagement effectif dans la région de Québec ou
jusqu'au 1er juillet 1983 au plus tard et qu'elle soit remboursée pour
ses frais de déménagement selon la politique applicable aux
cadres du gouvernement.
Trois nominations qui, après consultation avec l'Opposition,
combleraient les trois postes prévus à la Commission
d'accès à l'information de la loi 65.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous avons en
effet été consultés à la suite de l'adoption de la
loi 65 sur l'accès à l'information et nous avons, comme vous
pouvez bien vous en douter, concouru au choix qui, finalement, vient
d'être annoncé par le premier ministre.
Nous sommes particulièrement heureux
de souligner la compétence des personnes en question. Nous sommes
très heureux de voir que le gouvernement et l'Assemblée
nationale, dans son ensemble, procèdent à la formation d'une
commission où l'on retrouvera deux femmes sur un total de trois
membres.
Nous soupçonnons le travail extraordinaire qui attend ces
personnes, surtout, je dirais, un travail délicat quant aux arbitrages
que l'on peut prévoir. Je suis sûr que ces commissaires agiront
avec la plus grande objectivité et dans l'intérêt
public.
Je formule le voeu que le gouvernement procédera avec diligence
à la mise en oeuvre de cette loi car jusqu'à maintenant, nous
avons eu droit, de la part du ministre des Communications, à de
l'autocritique qui serait plutôt du genre d'autofélicitation. Je
vois que le ministre n'est pas tellement préoccupé par la mise en
garde que je veux lui faire, mais je veux simplement lui rappeler l'importance
de procéder avec diligence à la mise en oeuvre de cette loi.
M. le Président, il s'agit d'une loi d'accès à
l'information. Sans vouloir faire preuve de mesquinerie, mais, au contraire,
pour répondre à des demandes normales d'information, j'aimerais
bien que, dans sa réplique, le premier ministre puisse être plus
explicite lorsqu'il parle du salaire que nous voterons, que de nous dire qu'il
s'agit de l'échelon le plus haut de la catégorie d'administrateur
I ou de 80% de la classe, etc. Finalement, pour quelqu'un qui nous
écoute, voici un mauvais exemple à donner quant à
l'accès à l'information du public.
Cela dit, avec la plus grande objectivité reliée à
un souci de faire que cette loi veuille dire quelque chose, je concours encore
une fois, au nom de notre formation politique, à la nomination de ces
trois commissaires dont nous reconnaissons la compétence a priori. Nous
espérons qu'ils pourront agir avec la plus grande liberté et en
même temps, la plus grande objectivité et, finalement, que le
gouvernement, avant de conclure à un succès de son
opération, fasse en sorte que la loi ne demeure pas simplement livresque
mais qu'elle soit réellement traduite dans la mise en oeuvre la plus
diligente possible.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le premier
ministre.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Dans l'ensemble, je me joins aux
sentiments très élevés que vient d'exprimer le chef de
l'Opposition. Pour ce qui est de la diligence dans la mise en oeuvre de cette
loi, forcément, ça commence par ces nominations, pour encadrer le
travail et le plus vite possible; c'est extrêmement complexe. Comme je
l'ai dit, c'est extrêmement exigeant aussi; ce sera très
astreignant mais aussi très sain pour les administrations publiques et
très utile aux citoyens. C'était demandé depuis longtemps.
La commission a fait un travail extraordinaire. L'essentiel de son rapport se
retrouve d'ailleurs dans la loi 65.
Pour ce qui est de la diligence, les trois commissaires nous pousseront
sûrement dans le dos pour que, morceau par morceau, si vous voulez,
chapitre par chapitre, article par article, à mesure qu'on le pourra,
cela puisse être mis en vigueur.
Pour ce qui est de la transparence en ce qui concerne les salaires, je
vais donner ces trois salaires, je ne les ai pas au centième
près, parce qu'on n'a pas vérifié ce matin, mais j'ai une
idée exacte d'où cela se situe. J'espère que le Bureau de
l'Assemblée nationale pourra se pencher là-dessus à la
suite de l'adoption de la loi 90 et de la réforme de l'institution, le
bureau bipartite ou bipartisan qui sera là pour remplacer la commission
de régie interne. Je le dis, je trouve toujours cela un peu gênant
- et il y a quelque chose d'odieux aussi, on a déjà eu l'occasion
de le dire - qu'un certain nombre de gens, dont les responsabilités, en
général, sont extrêmement importantes - c'est pour cela
qu'ils sont nommés directement par l'Assemblée nationale - soient
exposés à une espèce de petite démagogie qui court
toujours facilement dans le paysage alors que d'autres, au salaire
équivalent ou même souvent des gens qui sont mieux payés,
mais dont la nomination n'est pas astreinte à ce genre de
procédure, ont toute la paix et la sérénité de ne
pas voir mentionner à tout bout de champ sur la place publique ce qu'ils
peuvent gagner dans la vie et qu'ils méritent de toute façon.
Cela étant dit, dans le cas de M. Pépin, son salaire
annuel correspond au maximum de l'échelle salariale des administrateurs
de classe I pendant les cinq ans de son mandat. C'est le groupe dont l'effet
d'entraînement, s'il y en a un, régira son propre traitement; cela
veut dire à peu près 68 000 $ par année. Cela, c'est pour
le président. Pour ce qui est de Mme Pestiau, membre de la commission,
son traitement serait à 80% de ce maximum de l'échelle salariale
des administrateurs de classe I; cela représente environ 55 000 $, plus
quelques centaines de dollars peut-être, mais c'est là que
ça se situe. Enfin, pour Me Thérèse Giroux, c'est 70% du
même ensemble, ce serait 48 000 $ par année.
Cela étant dit, je voudrais, moi aussi, me joindre très
simplement aux sentiments qu'a exprimés le chef de l'Opposition. Cette
loi entrera en vigueur le plus vite possible, de façon rationnelle et de
façon à être efficace, afin qu'on apprenne à vivre
avec
ses exigences partout où elles devront s'appliquer. Vous savez,
à partir du cas extrême de la Suède, vers 1700, où
ce genre de loi... Il n'y a même pas eu besoin de loi, apparemment,
c'était dans les moeurs Scandinaves de l'époque, depuis 1700,
environ, il y a un accès complet à tout ce qui est de
l'information publique, en passant par un certain nombre de pays
européens, un certain nombre d'États américains, certains
coins au Canada aussi, mais très peu, jusqu'ici. Québec est
à peu près à l'avant-garde. Je crois qu'on peut être
fier que l'Assemblée nationale - c'était unanime - ait
adopté cette loi. On en sera d'autant plus fier qu'elle sera bien
appliquée et qu'on s'y pliera.
Des voix: Le vote!
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci. Compte tenu qu'il
faut les deux tiers de cette Assemblée pour adopter cette
résolution, je demande qu'on appelle les députés. (11 h 45
- 11 h 55)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît! On vous demande de reprendre vos places. À l'ordre,
s'il vous plaît! Je tiens à vous rappeler que nous avons trois
résolutions, trois motions à adopter. Vous ne me demanderez pas
de les lire au complet, vous m'en dispenserez, j'espère. Il y a d'abord
la motion du premier ministre.
Que ceux et celles qui sont pour veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Bertrand, Mme Marois, MM. Bédard, Laurin, Johnson (Anjou),
Bérubé, Landry, Lazure, Gendron, Mme LeBlanc-Bantey, MM.
Ouellette, Marcoux, Biron, Godin, Rancourt, Paquette, Chevrette, Duhaime,
Brassard, Fréchette, Clair, Marois, Tardif, Léonard, Martel,
Leduc (Fabre), Proulx, Léger, de Bellefeuille, Mme Lachapelle, MM. Guay,
Dean, Rodrigue, Dussault, Vaugeois, Desbiens, Mme Juneau, MM. Fallu, Rochefort,
Baril (Arthabaska), Marquis, Charbonneau, Mme Harel, MM. Beauséjour,
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Champagne, Perron, Blais,
Blouin, Gauthier, Lachance, Gravel, LeMay, Payne, Beaumier, Tremblay, LeBlanc,
Lafrenière, Paré, Dupré, Levesque (Bonaventure), Lalonde,
Bourbeau, Scowen, Mme Lavoie-Roux, MM. Mailloux, Ryan, Vaillancourt (Orford),
Mme Bacon, MM. Marx, O'Gallagher, Blank, Caron, Mathieu, Assad,
Vallières, Bissonnet, Lincoln, Paradis, Johnson (Vaudreuil-Soulanges),
Picotte, Pagé, Gratton, Fortier, Rocheleau, Maciocia, Cusano, Dubois,
Sirros, Saintonge, French, Doyon, Kehoe, Houde, Middlemiss, Hains, Leduc
(Saint-Laurent), Bisaillon.
Le Secrétaire: Pour: 99
Contre: 0
Abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Jolivet): Motion adoptée.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Je voudrais faire motion, M. le Président -
mais avant, j'ai besoin d'un consentement - pour faire siéger trois
commissions. Je voudrais demander au leader de l'Opposition s'il me donne ce
consentement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Oui, M. le Président. Dans un esprit de
collaboration pour que les travaux de cette Chambre se déroulent de la
façon la plus efficace possible, étant donné, d'ailleurs
que la Chambre ne siégera pas longtemps - si je comprends bien, il y a
quelques prises en considération - nous allons y consentir.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Travaux des commissions
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais faire motion
pour que de 12 heures à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de
20 heures à 24 heures, à la salle 81-A, la commission des
affaires municipales étudie des projets de loi privés et les
projets de loi 92 et 103; qu'à la salle 91-A la commission de la justice
étudie elle aussi des projets de loi privés ainsi que les projets
de loi 101 et 86; que cet après-midi, de 15 heures à 18 heures et
ce soir, de 20 heures à 24 heures au salon rouge la commission de
l'Assemblée nationale poursuive l'étude des projets de loi 110 et
90.
Le Président: Ces motions seront-elles
adoptées?
Des voix: Adopté.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Addendum au document sessionnel 665
M. Ryan: M. le Président...
Le Président: M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan:... le leader serait-il prêt à
déposer un document complémentaire en
relation avec le document qui a été déposé
hier sur le document sessionnel 665, je pense?
Le Président: M. le leader du gouvernement. (12
heures)
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Effectivement, le
député d'Argenteuil - je crois qu'il en a été
informé ou qu'il nous en a informés, parce que je sais qu'il a
beaucoup vérifié lui-même tous ces documents - me demande
à ce moment-ci -et je le fais avec le consentement de nos
collègues - d'ajouter un addendum au document sessionnel no 665, qui a
été déposé hier par le ministre
délégué à la Réforme administrative et
président du Conseil du trésor. Je voudrais qu'il soit
consigné au procès-verbal que ce document a été
déposé hier avec le document sessionnel no 665.
Le Président: Y a-t-il consentement? M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Nous consentons à ce dépôt parce que
c'est un addendum qui est de nature à améliorer les conditions
qui sont faites aux travailleurs du secteur de l'éducation. Cela ne
change en rien l'attitude que nous avons prise, évidemment, sur la loi
105. C'est une amélioration qui est de nature à être
très appréciable au cours des prochains mois.
Le Président: M. le député de Laporte.
Question de privilège
Déclarations au sujet de
Québecair
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, à la suite d'une
accusation portée par le ministre des Transports hier à mon
endroit, je vous ai donné avis que je voulais soulever une question de
privilège à ce moment-ci, ce matin. Nous nous sommes
rencontrés et vous m'avez indiqué que le règlement,
semble-t-il, ne me permettrait pas de le faire, puisque j'étais
présent en cette Chambre lorsque l'événement s'est
déroulé et que, semble-t-il, j'en avais déjà
parlé. Je me demandais, M. le Président, étant
donné qu'il y a beaucoup de consentements qui sont donnés
présentement, s'il n'y aurait pas moyen d'avoir un consentement pour que
je puisse apporter un complément de réponse à ce que j'ai
dit hier.
Le Président: Y a-t-il consentement?
Des voix: Oui.
Le Président: Consentement. M. le député de
Laporte, brièvement, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Lors de la
période des questions d'hier, le ministre des Transports a
prétendu que certaines révélations que j'aurais pu faire
concernant des engagements contractés par M. Alfred Hamel auraient
provoqué une action en justice au montant de 7 000 000 $ contre la
compagnie Québecair ou son président, M. Alfred Hamel. Le
ministre des Transports m'a accusé d'être responsable de cela et
il a mentionné qu'il y avait là une question de moralité.
Vous me permettrez, M. le Président, de rappeler les faits suivants: Le
10 août 1979, M. Hamel faisait une offre d'achat pour toutes les actions
de Québecair, ladite offre étant acceptée par M. Webster
au nom de la compagnie. Le 29 août 1979, avait lieu la signature des
contrats et, à cette occasion, la compagnie venderesse, la famille
Webster, consentit à prêter à Québecair une somme
d'au-delà de 8 000 000 $ dont les remboursements de capital devaient se
prolonger sur une période de quinze ans, avec des taux
d'intérêt variant de 6% à 8%. Il fut stipulé audit
contrat que M. Alfred Hamel devait conserver le contrôle de la compagnie
et que, si ce contrôle lui échappait en raison d'une vente ou d'un
transfert d'actions à d'autres parties, les créanciers auraient
le droit d'exiger le remboursement immédiat du solde non payé en
capital, ainsi que des intérêts. Le 20 novembre 1980, M. Hamel
transféra une partie de ses actions à d'autres coactionnaires en
avisant ses créanciers par lettre pour leur demander de réduire
la clause à 12%. Les créanciers refusèrent. Le 22 juillet
1981, à l'occasion de l'intervention du gouvernement du Québec
dans le dossier, M. Hamel et ses coactionnaires cédèrent toutes
leurs actions dans Québecair à une nouvelle société
de gestion qui, à partir de ce moment, contrôla 93% de
Québecair.
Le 30 septembre 1981, M. Alfred Hamel écrivit à M.
Webster, son créancier, et l'informa de la vente des actions de
Québecair par lui-même et ses coactionnaires à la nouvelle
société de gestion, ainsi que de l'investissement de 15 000 000 $
du gouvernement dans Québecair, en stipulant que les actions du
gouvernement pouvaient être converties en actions ordinaires qui
donneraient au gouvernement du Québec 83% du contrôle des actions
ordinaires. Finalement, le 14 octobre 1981, deux semaines après avoir
reçu la lettre de M. Alfred Hamel, les créanciers firent parvenir
à Québecair une demande formelle de remboursement du capital et
des intérêts en invoquant le changement de contrôle dans la
compagnie Québecair.
Environ deux mois plus tard, soit le 11 décembre 1981, je me suis
levé en cette
Chambre et j'ai interrogé le ministre des Transports relativement
à l'investissement gouvernemental dans Québecair. Cette question
était la première que j'aie jamais posée en cette Chambre
sur ce sujet. Dans les quelques jours qui suivirent, j'ai eu l'occasion de
poser d'autres questions au ministre des Transports. Le 19 mars 1982, avait
lieu en cette Chambre une question avec débat sur le même sujet
et, le 30 mars 1982, une action en justice était intentée par les
créanciers, lesquels invoquaient la déchéance du terme et
exigeaient le remboursement immédiat du capital et des
intérêts.
Des faits qui précèdent, il ressort ce qui suit:
premièrement, la raison principale invoquée par les
créanciers pour exiger le remboursement de la créance est le fait
que M. Alfred Hamel aurait transféré une partie de ses actions
dans Québecair à d'autres sociétés ou compagnies
qu'il ne contrôle pas et que Québecair ne serait plus
contrôlée par M. Alfred Hamel, mais par la compagnie de gestion
dans laquelle le gouvernement a investi de l'argent. Deuxièmement, M.
Alfred Hamel est le premier responsable de ce qui arrive à
Québecair puisque c'est lui-même qui a avisé ses propres
créanciers du changement de contrôle de Québecair et de
l'investissement de 15 000 000 $ du gouvernement du Québec dans
Québecair, dans sa lettre du 30 septembre 1981. Troisièmement, M.
Webster, présumément actionnaire principal des créanciers,
était également, au 30 mars 1982, membre du conseil
d'administration de Québecair, tel qu'en fait foi un affidavit en date
du 4 juin 1982. Cela démontre qu'on pouvait difficilement cacher quoi
que ce soit aux créanciers de Québecair, puisque M. Webster
était en même temps administrateur de Québecair et
actionnaire important de ses créanciers.
De toute cette histoire, il ressort que M. Alfred Hamel,
Québecair et le gouvernement du Québec ont fait preuve d'un
amateurisme consommé dans ce dossier. En effet, les différents
actionnaires ont posé des gestes qui paraissent incohérents et
bien difficiles à expliquer sur le plan de la logique. En effet,
premièrement, on a signé des conventions que l'on semble n'avoir
ni comprises, ni respectées. Deuxièmement, on a
transféré le contrôle de Québecair à une
société de gestion sans se préoccuper des
conséquences sur le financement à long terme, tel que ci-haut
mentionné. Troisièmement, on a payé une prime de 300 000 $
à M. Alfred Hamel, je cite la convention: "pour permettre à
Québecair de continuer à bénéficier des avantages
reliés à ces prêts. " Ce qui n'a pas empêché
M. Hamel de livrer à ses créanciers, par sa lettre du 30
septembre 1981, toutes les informations susceptibles de leur permettre
d'invoquer la clause de déchéance du terme contenue dans ledit
contrat.
Pendant ce temps, ici même à l'Assemblée nationale,
le ministre des Transports nous apprenait que cette prime de 300 000 $, je cite
le ministre, "a été largement récupérée en
bénéfices pour la compagnie Québecair, par la
présence de M. Alfred Hamel comme actionnaire majoritaire de
Québecair. " Finalement, le ministre des Transports nous livrait
l'argument ultime et décisif, en concluant: "Sur le plan de la
défense des intérêts québécois, disait le
ministre, sans égard aux questions d'argent, sur le plan du patriotisme,
l'attitude de M. Alfred Hamel vaut passablement plus cher que celle du
député de Laporte. "
M. le Président, le ministre des Transports m'a
blâmé d'avoir porté ce dossier devant l'opinion publique et
d'avoir ainsi réveillé un chat qui, semble-t-il, ne dormait pas
du tout, puisqu'il siégeait à la fois au conseil d'administration
de Québecair et à celui de ses créanciers.
En conclusion, je crois qu'il est évident que je ne suis en
aucune façon responsable de l'action qui a été
intentée par M. Webster à Québecair, tel que l'a
indiqué le ministre des Transports en cette Chambre. Je laisse à
la population le soin de porter les jugements qui s'imposent. Je demande au
ministre des Transports de bien vouloir retirer les accusations qu'il a
portées à mon endroit.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Puisqu'une demande est
faite au ministre des Transports, je lui donne la parole. M. le ministre.
M. Michel Clair
M. Clair: Comme je l'ai indiqué hier, c'est simplement une
question d'opinion. En ce qui concerne les documents auxquels s'est
référé le député de Laporte, même si,
encore une fois, à mon avis, ces documents sont dans certains cas... En
ce qui concerne l'action qui a été intentée en Cour
supérieure, c'est du domaine absolument public, mais, pour rendre
justice à tout le monde, au député de Laporte, au
président de Québecair, M. Alfred Hamel, ainsi qu'à celui
qui vous parle, j'aimerais déposer les documents auxquels le
député de Laporte a fait référence. On sera
à même de constater qu'il y a eu effectivement une lettre
adressée par M. Alfred Hamel le 30 septembre 1981 à M. Webster et
dans laquelle il lui donnait un certain nombre d'informations.
On verra aussi que la lettre du 14 octobre 1981 - chacun pourra la lire
et l'interpréter quant à savoir s'il s'agissait ou non d'une mise
en demeure de la part de la
famille Webster à M. Hamel - traite de différents autres
sujets qui n'ont pas directement affaire au dossier de Québecair, mais
davantage aux relations entre M. Hamel et M. Webster. Je pense que cela peut
être intéressant de les déposer. On verra qu'elle est
datée du 14 octobre 1981. Je dépose également un
accusé de réception, signé par M. Alfred Hamel,
daté du 22 octobre 1981.
Ont suivi plusieurs rencontres et discussions, entre le groupe Webster
et le groupe Québecair et en particulier M. Alfred Hamel, qui se sont
poursuivies jusqu'en mars. On verra effectivement, comme le
député l'a souligné, dans le déroulement des
événements, que c'est le 19 mars 1982 que la question avec
débat a eu lieu. On verra que l'action du groupe Webster a
été signifiée le 2 avril 1982. Chacun portera son jugement
quant à savoir s'il y a eu une relation de cause à effet entre ce
qui s'est passé ici et l'action qui a été
intentée.
Encore une fois, je le dis, je dépose ces documents pour rendre
justice à tout le monde. Chacun verra à les interpréter
comme il l'entend. Quant à moi, je considère que cela demeure une
question d'opinion et que chacun peut, quand on regarde le déroulement
des événements, porter le jugement que chacun voudra bien. Je
dépose ces documents, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Documents
déposés.
Nous sommes rendus aux affaires du jour.
M. le leader du gouvernement. (12 h 10)
Travaux des commissions (suite)
M. Bertrand: Avant, M. le Président, je voudrais demander
le consentement pour modifier une motion que j'ai faite relativement aux
commissions parlementaires. On me dit que, à cause évidemment de
l'étude des projets de loi privés à la commission des
affaires municipales, il y a beaucoup de maires et de conseillers municipaux
qui se sont déplacés pour venir défendre certains projets
de loi qui les concernent. Dans ce contexte-là, je ferais motion que
dès maintenant, au lieu de siéger à la salle 81-A, cette
commission des affaires municipales puisse siéger au salon rouge et la
commission de l'Assemblée nationale, qui étudie les projets de
loi 110 et 90, se réunirait à la salle 81-A, cet
après-midi et ce soir.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la motion est
adoptée. Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Oui, M. le Président, la motion est
adoptée et le fait que le maire de LaSalle, dans mon comté, soit
un de ceux qui étaient invités au salon rouge compte
sûrement dans ma décision.
M. Bertrand: Conflit d'intérêts, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Donc, adopté. Nous
allons aux affaires du jour.
M. Bertrand: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: II y a un consentement qui a été
demandé, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Marie, est-ce que vous êtes d'accord?
M. Bisaillon: M. le Président, étant donné
que je ne suis pas en conflit d'intérêts et que le maire de
Montréal n'est pas là, je vais quand même donner mon
consentement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Ce consentement
étant adopté, M. le leader, sur les affaires du jour.
M. Bertrand: M. le Président, je vais laisser à mon
collègue, le député de Sherbrooke et leader parlementaire
adjoint, le soin de s'occuper maintenant de l'organisation des travaux
parlementaires. Je voudrais indiquer, en fait, pour que les collègues
qui ont été invités puissent s'y rendre
immédiatement, qu'il y a, à la salle 103, assermentation
officielle des trois commissaires de la Commission de l'accès à
l'information que nous avons nommés à l'unanimité tout
à l'heure.
Recours à l'article 34
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint. En
vertu de l'article 34, je m'excuse, M. le député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, j'ai eu les confirmations du
leader, il y a quelque temps, qu'il y aurait une commission parlementaire au
mois de février pour entendre tous les intervenants dans le domaine de
l'énergie. D'ailleurs, le ministre m'avait dit, il y a quelques jours,
qu'il pourrait peut-être faire une déclaration
ministérielle mais il vient de me dire ce matin, qu'il n'a pas eu le
temps de la préparer et qu'il n'y en aurait pas. Ce que je voudrais
obtenir du leader c'est s'il
pourrait le confirmer aujourd'hui ou demain et qu'il annonce
officiellement cette commission parlementaire pour permettre aux intervenants
de se préparer puisque le but de la commission est d'étudier tout
le dossier de l'énergie et il faudrait bien qu'il y ait une confirmation
officielle pour permettre a tous ces agents de se préparer pour pouvoir
intervenir en connaissance de cause.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint.
M. Fréchette: M. le Président, je prends avis de la
question posée par le député d'Outremont. Il manifeste le
désir de savoir ou aujourd'hui ou demain. Alors, je peux l'informer
qu'effectivement, avant demain soir, il aura une réponse précise
à la question précise qu'il pose.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Aux affaires du jour, M.
le leader adjoint.
M. Fréchette: L'article 5) du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi no 89 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): L'article 5) est la
troisième lecture du projet de loi no 89, Loi sur le ministère du
Commerce extérieur. La parole est au ministre. M. le ministre.
M. Bernard Landry
M. Landry: M. le Président, en guise d'introduction
à cette première intervention de troisième lecture, je
voudrais raconter -et vous verrez que ce n'est pas sans intérêt -
ce que j'ai fait hier soir vers 17 heures. J'ai été invité
par le conseil d'administration du Groupement québécois des
entreprises qui, comme chacun le sait, est une espèce de coalition des
PME les plus dynamiques - il n'y a pas de très grandes entreprises
là-dedans, il y en a des moyennes et des petites - qui ont mis sur pied
un réseau serré d'entraide mutuelle technique, financière
et dans tous les domaines. Quoi qu'il en soit, ces gens m'ont demandé
d'aller les rencontrer. C'est d'ailleurs ce que je fais, à toutes fins
utiles, depuis un mois au rythme de quelques fois par semaine: rencontrer des
chefs de PME puisque c'est surtout pour eux que le ministère du Commerce
extérieur a été créé et qu'il
travaillera.
Or, il est arrivé ceci d'extrêmement intéressant. Il
y avait une vingtaine de chefs d'entreprises autour de la table, hommes et
femmes. Ils se sont tous levés pour se présenter l'un
après l'autre, comme cela se fait dans ce genre de rencontres. Or, il y
en a 15 sur 20 qui, en déclinant leur nom, qualités et nom de
l'entreprise, ont ajouté avec beaucoup de fierté: J'exporte. 15
sur 20. J'ai été extrêmement impressionné par cette
chose. Les statistiques me l'avaient déjà dit. Il y a eu
triplement des exportations du Québec au cours des cinq dernières
années et il faut bien que des gens se lèvent et disent:
J'exporte. Il faut reconnaître cependant que le Groupement
québécois d'entreprises regroupe des PME d'élite et que
son conseil d'administration est une élite des élites.
Malgré tout, on se rend bien compte que chez les plus performants de nos
chefs d'entreprises, hommes et femmes, la notion d'exportation a fait son
chemin non pas seulement en théorie et en pratique.
Je rapporte une deuxième anecdote de cette rencontre. Un des
chefs d'entreprises présent, en plus d'avoir dit "j'exporte", a
relaté aux autres qu'en pleine crise son chiffre d'affaires est
passé de 1 000 000 $ par année à 2 000 000 $ au cours de
la présente année, à cause d'une simple percée sur
le marché des États-Unis d'Amérique. Alors que tout le
monde se replie, alors que tout le monde est victime, lui, il embauche, il est
en croissance. Ce n'est pas une petite croissance de 2% ou de 3%, c'est une
croissance de 100%. C'est extrêmement éclairant sur
l'opportunité pour les parlementaires d'avoir débattu de cette
loi en commission aussi bien qu'à l'Assemblée et, pour le
gouvernement, de mettre sur pied le ministère du Commerce
extérieur.
Cela ne s'est pas produit par hasard, ni sur un coup de tête.
C'est un long cheminement dont, au moins, l'opinion publique
intéressée a pu prendre conscience au cours des dernières
années. Nous avons commencé à parler intensément de
commerce extérieur et à en discuter sérieusement à
l'occasion du premier énoncé de politique économique du
gouvernement que j'avais eu l'honneur de piloter au Conseil des ministres et
dans la population, qui s'appelait Bâtir le Québec 1.
Déjà, nous mettions l'accent sur l'activité du
commerce extérieur de deux manières: premièrement, en
proposant - ce qui fut fait avec grand succès - la création de
l'Office québécois du commerce extérieur, l'OQCE, qui est
une conséquence directe de Bâtir le Québec 1, et
également en mettant sur pied une agence spécialisée dans
le financement des exportations, la SDI-Exportations. Cette section de la SDI -
la SDI, comme vous le savez, finance l'ensemble des PME dans l'ensemble de
leurs activités - s'adresse à ceux qui exportent des biens et des
services.
Donc, ce n'est pas une démarche intempestive, mais une
démarche cohérente que le gouvernement a décidé de
compléter
après consultation, après réflexion, en en faisant
l'annonce dans la deuxième tranche de Bâtir le Québec, Le
virage technologique, où, là, nous avons carrément
préconisé - et c'est ce dont nous nous acquittons aujourd'hui -
que le gouvernement nomme un ministre du Commerce extérieur.
Tout ceci nous a conduits, dans une démarche parfaitement
cohérente, d'abord, à débattre de commerce
extérieur, à convier cette Assemblée. J'ai
souligné, à l'occasion du débat en deuxième
lecture, que c'est la première fois que l'Assemblée nationale du
Québec, systématiquement, pendant un certain nombre d'heures,
évoque une question aussi vitale. La meilleure preuve que la
démarche n'est pas intempestive et qu'elle est cohérente, c'est
que, contrairement à certaines autres démarches gouvernementales,
ce qui est normal, celle-là a provoqué l'unanimité dans la
société québécoise. Vous vous souvenez des
réactions qui ont suivi immédiatement le remaniement des divers
milieux d'affaires qui, dans un concert unanime, qui, encore une fois, n'est
pas courant, approuvaient totalement ce que le gouvernement avait fait.
Nous avons aussi remarqué, en commission parlementaire et au
cours du débat de deuxième lecture, une unanimité sur
l'objectif et sur le fond de la question dans cette Assemblée.
L'Opposition nous a fait, sans nul doute, des remarques pertinentes à
toutes les étapes du débat, mais, à aucun moment, elle n'a
contesté la nécessité pour le gouvernement d'instaurer
cette fonction de ministre du Commerce extérieur et de consacrer
à cette activité hautement prioritaire les moyens qui
conviennent. (12 h 20)
Ayant constaté cette unanimité, cette cohérence
historique récente, il est maintenant bon, comme le dit notre
règlement, que nous parlions du contenu même de ce projet de loi.
Le coeur du contenu du projet de loi se divise en deux: le mandat du nouveau
ministère et les moyens dont il va disposer. Je dis tout de suite, parce
qu'il y a eu certains flottements, certaines imprécisions l'Opposition a
essayé d'entrer des coins dans la politique gouvernementale, ce qui est
son rôle, remarquez - que ce ministère ne saurait exister sans
avoir comme objectif premier la coordination de l'action des diverses agences
de l'État et de ses divers ministères. Le ministère du
Commerce extérieur est un ministère sectoriel,
spécialisé dans l'action économique, en
général, à l'étranger. Cependant, il est aussi ce
qu'on appelle un ministère horizontal. Il n'est pas sérieux de se
scandaliser que tel ou tel de mes collègues, que ce soit le premier
ministre ou n'importe quel autre, lorsqu'il va à l'étranger,
cherche aussi, en plus de toutes ses autres tâches et fonctions, à
faire la promotion de l'exportation de nos biens et de nos services.
Si on veut pousser l'image plus loin, les députés de
l'Opposition - ils sont d'accord là-dessus - eux-mêmes qui ne sont
pas du gouvernement, quand ils font des déplacements à
l'étranger, ils ont le rôle, et j'espère qu'ils vont
l'accepter de bonne grâce et avec enthousiasme, eux aussi, de promouvoir
les intérêts économiques du Québec, les
intérêts de notre commerce, les intérêts des
investissements qui peuvent venir de l'étranger dans notre espace
économique. Tout ce brassage un peu tactique, un peu tacticien qui a
tendance à présenter l'activité du commerce
extérieur comme un monopole réservé au ministre du
Commerce extérieur - s'il y a un ministre du Commerce extérieur,
il n'y a que lui qui parle de ça -n'importe qui ayant un peu de bon sens
se rend compte que c'est de la foutaise. Le ministère du Commerce
extérieur coordonne une vaste activité gouvernementale. Je n'ai
pas l'intention d'engager dans ce ministère des spécialistes des
deux par quatre comme il y en a au ministère de l'Énergie et des
Ressources ou des spécialistes des pâtes et papiers ou des
spécialistes de la viande de porc ou de la viande de poulet qui se
trouvent au ministère de l'Agriculture.
Ce qu'il faut que ce nouveau ministère fasse, c'est coordonner
dans leur dimension extérieure les prolongements de toutes ces
activités spécialisées des différents
ministères qui organisent la production, qui organisent l'offre à
l'interne. Je pense que cela ne devrait plus faire partie du débat. Je
ne veux pas employer de mots trop durs, mais cela pourrait, comme cela l'a
été récemment, être considéré comme
insignifiant et non pas pertinent à cette grande mobilisation de tout
l'appareil gouvernemental et de toute l'économie
québécoise pour la promotion et la vente de nos biens et de nos
services.
Je vais faire une parenthèse qui me paraît aussi
importante. Là aussi, il y a eu certains flottements, souvent tactiques
et stratégiques, de l'Opposition - encore une fois, c'est normal - au
sujet d'un autre type de coopération nécessaire qui est la
coopération avec le gouvernement du Canada. Il y a un niveau de
gouvernement fédéral. Tout le monde sait que le présent
gouvernement et ceux qui le composent ne sont pas d'accord que cette situation
soit durable. Nous déplorons que le Québec soit politiquement
dominé, ne soit pas souverain. C'est entendu. Il n'est peut-être
même pas très utile de rappeler cette réalité
élémentaire, mais il est utile d'en rappeler une autre qui est
qu'en dépit de nos efforts, nous n'avons pas gagné le
référendum. Nous devons donc vivre avec toutes les
difficultés que cela implique comme gouvernement provincial. Cela nous
coûte cher, cela coûte
cher à l'économie, cela coûte cher à chaque
homme et à chaque femme du Québec que sa nation soit encore
dominée dans un système de minoritaires. Cela coûte cher
à tout le monde que le Québec, comme l'a dit la Cour
suprême, n'ait pas de statut particulier, qu'il n'ait pas plus de
pouvoirs que l'Île-du-Prince-Édouard,
l'Île-du-Prince-Édouard, province du Canada, où il y a
moins de monde que dans l'île de Laval dont j'ai l'honneur d'être
un représentant. Cette île, pour laquelle j'ai toute l'estime
qu'il faut avoir pour les îles lointaines, a autant de pouvoirs
politiques que le Québec. Je pense que ce n'est pas normal.
Cela dit, en attendant, puisque le gouvernement du Canada, à
même nos taxes, a des services à l'exportation, il y a la
Société pour l'expansion des exportations, il y a des consuls du
Canada dans à peu près toutes les villes importantes sur la
planète plus de vastes ambassades, ambassades, d'ailleurs, dont les
Québécois et les Québécoises ont
intérêt à aller vérifier le luxe. À Los
Angeles, par exemple, un consul du Canada habite une maison qui, à sa
face même et à son prix aussi, vaut plus de 1 000 000 $. C'est une
puissante opération.
Donc, puisque les fédéraux sont là-dedans, qu'ils
ont rendu certains services indéniables à des exportateurs
québécois, il est bon de dire dès le départ, et
j'en parlais hier encore avec mon collègue, M. Charles Lapointe, du
gouvernement du Canada, qu'en dépit des contentieux politiques profonds
qui nous divisent - et ils sont là et nous ne les avons pas fait
naître, ils étaient là du temps d'Honoré Mercier -
nous avons, pour tout ce qui touche le commerce extérieur,
intérêt à coordonner au mieux nos opérations. En
d'autres termes, un ministre fédéral, un élu
québécois à Ottawa, en dépit de certaines trahisons
- c'est le mot qu'il faut employer; d'ailleurs, c'est le député
de Notre-Dame-de-Grâce qui l'avait employé le premier - sur les
profonds contentieux qui nous divisent, ces gens ont le devoir autant que moi
de promouvoir l'exportation de biens et de services du Québec.
Ils ont le devoir autant que moi de considérer que le taux de
chômage considérable qui nous afflige sera en partie réduit
par nos ventes à l'étranger et, de ce point de vue, je
réitère, comme je l'ai dit publiquement à plusieurs
reprises et comme certains collègues fédéraux me l'ont dit
en privé, j'espère qu'ils le diront en public, que l'action que
nous mettons sur pied aujourd'hui sera conçue de manière à
fournir un supplément à ce que les fédéraux font
déjà. Et l'objectif de moyen terme que je me fixe, et cette loi
que nous discutons m'en donne les moyens, c'est que tout exportateur
québécois de biens et de services puisse se dire, d'ici deux ans:
À cause de l'effort systématique et organisé de mon
gouvernement provincial, je suis dans une meilleure position que n'importe quel
exportateur de Halifax à Vancouver en dehors du Québec. C'est
déjà le cas, je vous donne l'exemple concret de nos firmes de
génie-conseil dont vous connaissez l'importance et dont vous savez que
trois d'entre elles se classent parmi les dix plus grandes du monde. Au moment
où on parle, à cause d'une politique du gouvernement du
Québec, les personnels à l'étranger de ces firmes de
génie-conseil, sur le plan fiscal, ont le meilleur statut au Canada. Un
concurrent de Toronto qui a des personnels à l'étranger n'est pas
dans la même situation favorable que les personnels à
l'étranger de nos grandes firmes de génie-conseil.
Essayons d'extrapoler cet exemple et vous verrez quelle sera globalement
notre stratégie au cours des prochaines années. Le premier
ministre a dit que l'exportation et le commerce extérieur étaient
une priorité absolue du gouvernement. Nos agents économiques, nos
chefs de PME sont en mesure de constater que cette priorité absolue se
sera traduite, dans un certain nombre de mois et d'années, par le fait
que leur statut sera le meilleur de tout l'ensemble canadien dès qu'il
s'agit de leurs travaux à l'étranger.
Ceci couvre l'aspect horizontal, si je puis dire, de la vocation du
nouveau ministère telle que préconisée par la loi. Parlons
maintenant de l'aspect un peu plus spécialisé des choses. (12 h
30)
Ce ministère, en plus d'être horizontal, est un
ministère sectoriel et son mandat se résume en quatre points,
clairement exprimés dans le texte qui est devant nous.
Premièrement, il est responsable de la coopération
économique et commerciale et -je cite - il doit coordonner les
activités économiques et commerciales des ministères et
des entreprises publiques à l'extérieur du Québec,
organiser et gérer les programmes de coopération
économique. Pourquoi le ministère a-t-il un mandat aussi vaste?
Parce que le commerce comme tel, qui est la partie la plus visible en termes de
résultats de notre activité économique internationale,
n'en est qu'un des aspects. On ne peut pas débarquer à
brûle-pourpoint dans un pays étranger et dire: Bon! On a de bons
produits fabriqués à Notre-Dame-du-Lac ou à
Pohénégamook, et ce matin on commence à vendre. Il faut
que cela soit inclus dans une coopération économique plus vaste,
plus structurée et plus articulée.
Il faut qu'avec les divers pays où nous allons faire du commerce,
surtout si ce sont des pays du tiers monde, nous ayons des relations qui
dépassent le commerce et qui impliquent une coopération à
l'équipement de ces pays, qui impliquent une coopération pour la
formation de leur personnel, de leur main-
d'oeuvre. Encore une fois, ce n'est pas parce qu'on est dans le commerce
international qu'on a droit d'être cyniques. Le commerce international,
pour une nation civilisée et développée, ce n'est pas
d'exploiter les économies les plus faibles, c'est de contribuer au
développement harmonieux de ces pays qui, contrairement au genre de
problèmes qu'on a, nous, en sont généralement à se
demander s'ils auront assez de calories chaque jour pour maintenir leurs
citoyens en vie.
Il n'y a pas très longtemps, je recevais au nom du gouvernement
un gouvernant d'un de ces pays du tiers monde auxquels je viens de faire
allusion. Nous circulions à Montréal dans une automobile et je
lui parlais de la crise qui est le sujet de conversation de tout le monde sur
ce continent. Et il regardait par les fenêtres, les glaces de la voiture.
Il regardait Montréal, le midi, avec les gens sur les trottoirs qui
entraient et sortaient des magasins avec des colis sous le bras. Il m'a dit: M.
le ministre, je ne vois pas de crise ici. Si vous veniez chez nous, vous
sauriez ce que c'est que de connaître des difficultés
économiques et de ne pas être capable de nourrir sa
population.
Cette parenthèse s'applique surtout aux pays en voie de
développement, aux pays qui n'ont pas atteint notre niveau, mais elle
s'applique aussi aux économies développées avec lesquelles
nous voulons faire des affaires, mais plus que des affaires, également
instaurer une coopération profonde. Et le meilleur exemple dans ce
domaine - ce n'est pas le seul - est la coopération
franco-québécoise qui a été, au départ - et
c'était normal - largement culturelle, largement romantique aussi, mais
qui est à blâmer pour cela? Jean Lesage est allé ouvrir
notre délégation. D'ailleurs, il est allé la rouvrir d'une
certaine manière, parce qu'à la fin du siècle dernier,
avant que le Canada n'ait un ambassadeur en France, le Québec avait un
délégué général du Québec qui
s'appelait M. Fabre. Il a été là pendant trois mois. Les
fédéraux l'ont engagé et c'est lui qui est devenu le
premier représentant du Canada. Donc, le Québec avait
été représenté avant.
Nul ne conteste que c'était plus facile de faire de la culture
que des affaires avec les Français, sauf qu'après ce fort courant
d'amitié, de relations culturelles et de relations politiques est
né un puissant courant commercial, d'affaires et d'investissements. Cela
illustre bien que le mercantilisme pur n'est pas la meilleure voie pour
instaurer un courant commercial et de coopération. Et aujourd'hui,
l'économie du Québec, et les PME en particulier, récoltent
au centuple les efforts de coopération culturelle, technologique et
économique avec la République française.
On donne souvent l'exemple du parc industriel de Granby dont
pratiquement, M. le Président, vous le savez, la moitié des
firmes sont le fruit de cette coopération, soit des firmes
françaises installées au Québec et qui viennent ici pour
utiliser notre périmètre comme tête de pont pour le
continent nord-américain - mais ils deviennent des exportateurs
québécois, ce faisant - soit aussi, comme nous le voyons dans
l'évolution remarquable du dossier Pechiney, la possibilité plus
que prochaine que les Français investissent au Québec dans une
aluminerie, Pechiney Ugine Kuhlman, le plus gros montant jamais investi dans
une activité industrielle au Québec, le plus gros montant d'un
seul coup, au-delà de 500 000 000 $, plutôt proche de 1 000 000
000 $ et aussi le plus gros montant jamais investi par l'économie
française en dehors de la France. Alors, les observateurs superficiels
qui avaient reproché à M. Lesage qu'on ait une
délégation à Paris et d'autres qui nous ont
reproché que, sur les murs de cette délégation, il y ait
quelques tableaux d'accrochés, c'étaient d'ailleurs des tableaux
qui ne coûtaient pas cher, on s'en souvient, devraient un peu rougir de
leurs attaques mesquines pour n'avoir pas compris que ces dépenses de
relations à l'étranger sont minimes eu égard aux
retombées qu'elles nous apportent.
Quand des milliers de travailleurs entreront dans cette aluminerie dont
j'ai parlé, quand, ce matin, à Granby ou dans d'autres villes du
Québec, des centaines et des centaines d'hommes et de femmes sont
allés travailler dans ces usines qui sont le fruit de notre
coopération économique, ils auront compris qu'il n'est pas
luxueux mais impérieux pour le Québec d'être présent
à l'étranger. Tout cela, pour situer dans le contexte plus vaste
de la coopération économique l'activité du commerce
extérieur.
Cependant, pour être de bons commerçants à
l'étranger, l'action interne le travail intérieur est
pratiquement aussi important. Je m'en suis ouvert à plusieurs reprises,
je ne conçois pas que mon rôle, qui peut m'amener 100 à 150
jours par année en dehors du Québec, se borne à une
activité externe. Je prends l'engagement - et la loi le dit bien en
parlant de faciliter l'accès des biens et des services produits au
Québec aux marchés extérieurs - que mon rôle
consiste aussi à être présent à Rouyn-Noranda et
auprès des scieries du Témiscamingue aussi bien qu'au
Saguenay-Lac-Saint-Jean ou en Gaspésie pour être un animateur de
cette mentalité exportatrice qui a vu le jour chez nous
sponténament et qui ne demande maintenant qu'à être
encouragée, qu'à être exacerbée. On parle de 1500
PME qui exportent présentement. Il est sûr, et les chiffres le
disent, que 3000 pourraient le faire; le double. Avec cet instrument que nous
demandons à l'Assemblée nationale de
nous donner, je ne cloute pas que, d'ici 12, 15 ou 18 mois, le nombre
des entreprises exportatrices aura été multiplié, je
l'espère, par deux et les volumes par des facteurs plus importants
encore.
Je terminerai, M. le Président, en parlant d'une façon
beaucoup plus concrète des outils du ministère. Dans une question
dont je n'ai pas encore tout à fait compris le sens, le
député de Nelligan parlait de personnages importants de mon
ministère qui voulaient le quitter, bien, je vous dirais que mon
principal problème, ce n'est pas que des gens veuillent quitter, c'est
que je n'ai pas de place pour tous ceux qui veulent y venir. Les curriculum
vitae s'empilent sur mon bureau, tellement il est vrai que les jeunes
Québécois et Québécoises sont fascinés, sont
passionnés par le commerce extérieur. Comme nous en avions pris
l'engagement formel, nous n'allons pas, même dans ce contexte,
créer un monstre bureaucratique. Il n'en est pas question. Nous allons
mieux coordonner ce que nous avons et rendre plus facile le travail des hommes
et des femmes qui font partie de nos équipes du commerce
extérieur. Tout cela se fera avec 153 personnes, dont 86 étaient
déjà à l'Office québécois du commerce
extérieur et 37 personnes au ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme ou au ministère des Affaires
intergouvernementales. Il y en aura aussi une trentaine de nouveaux qui, pour
l'essentiel, viennent de certains autres ministères et de la fonction
publique. Donc, pas de monstre bureaucratique, mais avec les moyens que nous
avons, mieux coordonnés, mieux motivés, dirigés par un
ministre à temps plein, une augmentation de l'action et une augmentation
de la productivité.
Les budgets consacrés à cette fin, pour la seule partie
ministérielle, sont entre 10 000 000 $ et 11 000 000 $. J'assure cette
Chambre que le gouvernement fera tout pour les augmenter. Quand on parle de
priorité absolue, on doit pouvoir mettre l'argent où est la
priorité, plus, évidemment, l'effort de la SDI-Exportations qui,
elle, dispose pour son travail d'exportation seulement, d'environ 13 500 000 $
qui se divisent comme suit: formation et aide aux consortiums, 5 00 000 $;
garantie de prêts, 4 000 000 $; prise en charge, 3 500 000 $;
crédits de prospection, 1 000 000 $, dans un poste un peu plus
général. À l'extrabudgétaire, crédits de
prospection, 17 000 000 $. (12 h 40)
Voilà donc nos moyens en personnel, nos moyens en argent. Il
s'agit, maintenant que cette Assemblée s'apprête à
créer le ministère, de faire en sorte, et je compte sur
l'Opposition pour me poser des questions car je sais que mon critique officiel,
dont la question n'était peut-être pas des plus lumineuses, ce
matin, saura en trouver de meilleures, de façon que ces moyens, qui
viennent de l'argent des taxes, des contribuables, soient employés au
mieux. Nous allons, nous-mêmes, nous demander des comptes. L'Opposition
va nous demander des comptes. Les chefs de petites et moyennes entreprises de
même que ceux des grandes firmes de génie-conseil vont nous
demander des comptes.
Notre coopération et nos consultations des derniers mois et des
dernières semaines me font croire que l'aspect du commerce
extérieur deviendra un modèle des relations qui doivent
s'établir entre un gouvernement et ses agents économiques.
J'ai eu l'honneur, dans des fonctions antérieures, d'organiser et
de présider la plupart des 18 rencontres de concertation
économique, les grands sommets et les sommets sectoriels pour, toujours
d'une façon générale, instaurer ce climat de
coopération et de concertation. Maintenant, je considère que mon
défi est d'instaurer un tel climat, mais d'une manière vraiment
exemplaire, dans un secteur spécialisé.
Mes anciennes fonctions avaient fait de moi un généraliste
des questions économiques. Je l'ai fait pendant six ans, avec beaucoup
d'enthousiasme, de joie et de contentement. Ce que la loi va me demander
maintenant, c'est de devenir, avec mes équipes, spécialisé
dans un aspect fondamental de l'activité économique, le commerce
extérieur.
Je n'ai pas la prétention d'être maintenant ce
spécialiste. Mais je suis sûr qu'avec les instruments qui sont
à notre disposition, je devrais être dans une bonne position pour
tenter de le devenir. Mais, comme on ne parle pas d'une activité surtout
gouvernementale, on parle d'une activité privée, mon voeu le plus
profond est que nos entreprises, les petites et les moyennes en particulier,
deviennent, elles, dans le vaste marché qui est le nôtre, qui
couvre presque la planète maintenant, de redoutables concurrentes. Que
tous les marchés du monde sachent que l'offensive
québécoise en matière de vente de biens et de services est
une chose coordonnée, organisée, fiable. Que nos clients, dans le
monde entier, soient fiers d'acheter nos produits et que notre vente, dans des
volumes de plus en plus considérables de ces biens et de ces services,
atteigne le résultat ultime que nous recherchons, c'est-à-dire
qu'à l'intérieur du Québec, plus d'hommes et de femmes
entrent dans les usines chaque matin et gagnent leur vie, non seulement dans
notre marché intérieur, mais dans tous les marchés du
monde.
Le Président suppléant (M. Paré): La parole
est maintenant au député de Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: M. le Président, une fois encore, afin qu'il
n'y ait aucun malentendu, de ce côté-ci de la Chambre, le Parti
libéral est tout à fait en faveur du principe du commerce
extérieur. On n'a qu'à se réjouir ici. Si le Québec
fait des percées dans le marché du commerce extérieur, si
les exportations québécoises augmentent l'année prochaine,
l'année d'après et durant le mandat du ministre du Commerce
extérieur, on s'en réjouira les premiers. On ne va pas aller
chercher la puce et demander au ministre si le commerce extérieur est un
secteur clé de l'économie ou non parce que nous réalisons
tout à fait que le commerce extérieur est une partie tout
à fait fondamentale du commerce en général et de
l'économie du Québec. Nous nous réjouissons avec le
ministre si, parmi 1500 PME québécoises, une grande
majorité d'entre elles, petit à petit, sous l'égide du
ministère, s'intéressent de plus en plus au commerce
extérieur. Il parle de 15 entreprises sur 20 qu'il a rencontrées
récemment et qui lui ont dit qu'elles faisaient de l'exportation de plus
en plus. Nous aussi on trouve cela une ouverture très valable. Si de
plus en plus de PME s'occupent d'exportation, de commerce extérieur,
nous sommes tout à fait d'accord et nous nous en réjouissons.
Il faut aussi dire au ministre, et le souligner, parce qu'il a
posé la question, que nous, du côté libéral, sommes
tout à fait d'accord et qu'on prend toutes les mesures et les moyens que
nous avons pour faire en sorte que le commerce prospère au
Québec. Je pourrais moi aussi donner un petit exemple. En ce moment,
j'ai mis une compagnie de l'Ontario, une PME de l'Ontario en contact avec des
milieux de la Communauté urbaine de Montréal pour qu'elle vienne
s'implanter au Québec, qu'elle tranfère ses effectifs, son usine,
de l'Ontario au Québec. Il y a des pourparlers en cours. Il y a eu des
lettres qui se sont échangées. Ces gens sont très
intéressés à venir ici dans un des parcs industriels de
l'agglomération montréalaise pour transférer la seule
usine qu'ils ont au Canada, de près de Toronto, en Ontario, à
Montréal.
Ceci pour dire que nous n'avons qu'à nous réjouir si
l'économie du Québec s'améliore parce que nous souffrons
tous si l'économie souffre et nous profitons tous si l'économie
est prospère. Donc, il n'y a pas de discussion du tout sur le principe
du commerce extérieur, sur le principe de la prospérité du
Québec, que nous recherchons tous. C'est sur les éléments,
sur la façon dont nous allons faire un Québec plus
prospère que nous nous départageons.
Par exemple, dans son discours le ministre - et je trouve cela
malheureux - n'a pas pu s'empêcher de faire des considérations sur
les conflits provinciaux-fédéraux en parlant de la Maison du
Canada à Los Angeles qui a coûté 1 000 000 $. Se
contredisant, quelques minutes plus tard, il nous disait qu'il ne faut pas
s'attacher aux peintures de la Maison du Québec à Paris; qu'il ne
faut pas s'attacher à de pareilles petites puces. Pourtant,
lui-même présentait l'argument que la Maison du Canada à
Los Angeles a coûté 1 000 000 $. Peut-être faudrait-il se
demander combien vaut aujourd'hui la Maison du Québec à Paris?
Est-ce que, concernant ces peintures qui avaient coûté 18 000 $ et
qu'on a fait transporter par avion avec la femme du
délégué, ce n'était pas aussi chercher la puce que
de rapporter cela, de la même façon qu'on cherche à trouver
des puces dans la valeur de la maison du Canada à Los Angeles? Il
faudrait aussi savoir quelle est la rentabilité, la stature du consulat
canadien à Los Angeles. Peut-être qu'on verrait, et je suis
certain que les chiffres l'appuieraient, que la délégation
canadienne à Los Angeles est responsable des exportations d'une
conséquence telle que cela se justifie. Je ne connais pas les chiffres
exacts mais je suis prêt à les regarder et je suis presque certain
que cela excédera les exportations que nous faisons dans toute la
délégation du Québec en France.
Le fait même est que le Canada est le plus gros exportateur, le
plus gros agent commercial des États-Unis. Il faut bien qu'il
s'équipe en conséquence. En même temps, il faudrait aussi
souligner que dans la délégation de Los Angeles... Cela est
intéressant parce que cela a été rapporté par mon
collègue de Mont-Royal à la suite d'une intervention qui avait
été faite par un député du côté
ministériel. On s'est enquis là parce qu'on nous a dit que dans
toutes les délégations du Canada aux États-Unis, ce sont
tous des Ontariens, qu'on aurait pu même les appeler des
délégations de l'Ontario. Quand on est allé
vérifier à Los Angeles, on a vu que sur les cinq premiers cadres,
il y en avait trois du Québec et aucun de l'Ontario. Sur les quinze
membres du personnel, il y en avait sept qui venaient du Québec. On
pourrait dire: Est-ce qu'ils sont moins Québécois que nous les
Québécois d'ici ou les Québécois de l'autre
côté?
Je suis sûr qu'ils se sentent tout à fait
Québécois. Je suis sûr qu'ils essaieront de faire
l'impossible pour faire en sorte que le Québec retrouve les
investissements des États-Unis, retrouve du commerce des
États-Unis, de la région de Los Angeles. Je pense qu'il faut
mettre de côté... Nous avons demandé au ministre, nous
avons même suggéré un amendement en commission
parlementaire, demandant de faire en sorte qu'il y ait une collaboration tout
à fait franche entre le gouvernement du Québec et le gouvernement
du Canada, notre
interlocuteur économique principal. (12 h 50)
Le ministre dit: Oui, j'ai rencontré hier mon ami, on aura une
coopération. Mais, en même temps, il parle de trahison, il compare
le Québec à l'Île-du-Prince-Édouard. Il parle de
trahison et il met cela sur le bonnet de mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce. Quoi que le député de
Notre-Dame-de-Grâce ait dit, il a donné des précisions
à ce sujet en Chambre, expliquant qu'il ne voulait pas dire exactement
la même chose que le ministre voulait lui faire dire.
De toute façon, parler de trahison en même temps qu'on
demande de la coopération, dire en même temps que le Québec
est arrivé à une puissance égale au sein du Canada que
l'Île-du-Prince-Édouard, il faudrait se demander à ce
moment-là: Comment est-ce arrivé? On peut dire: Bon, cela nous a
été prouvé en Cour suprême l'autre jour qu'on n'a
pas de droits légaux au sein du Canada au point de vue de veto. En
même temps, on pourrait vous retourner la balle et vous dire: En 1971 le
gouvernement libéral a en fait exercé un droit factuel de veto.
C'est pourquoi la conférence de Victoria en 1971 a échoué.
On pourrait aussi vous dire que s'il n'y avait pas eu de droit de veto,
pourquoi avez-vous signé cette entente avec sept autres provinces le 16
avril 1981, trois jours après votre élection? Pourquoi avez-vous
signé cette entente qui, en fait, nous mettait au même niveau que
les sept autres provinces canadiennes avec qui vous avez signé
l'entente, incluant l'île-du-Prince-Édouard? C'est vous qui vous
êtes mis dans cette position parce que nous, de notre côté,
nous avons toujours travaillé sur le principe que le Québec avait
un droit de veto politique effectif, factuel, qui s'est prouvé dans les
faits. Si on peut dire, demain matin, que le Québec s'est comparé
légalement à l'île-du-Prince-Édouard, c'est
peut-être un fait légal, mais il faut aussi vous rappeler que,
dans la Charte des droits et libertés de la personne, le changement de
la constitution, on avait offert au Québec d'installer un droit de veto.
Le fédéral a encore fait une offre, il est prêt à
considérer un veto pour le Québec.
Je pense qu'il faut quitter cette question de conflits
fédéraux et provinciaux. Il faut, au contraire, se pencher sur la
collaboration totale entre ces agents économiques si importants. Il est
impossible pour nous de parler de commerce extérieur tant que nous
serons une partie intégrante du Canada et, en même temps, parler
de trahison pour dire qu'on est équivalent à
l'Île-du-Prince-Édouard; c'est une farce. Le fait est que, sans
cette coopération intrinsèque, les choses ne fonctionneront
jamais. Le ministre a dit: Les conflits entre le Québec et le Canada ont
toujours existé, ce n'est pas nous qui les avons fait naître.
C'est vrai, mais vous les avez fait accroître, parce que vous
êtes le premier gouvernement provincial dans l'histoire du Canada qui a
été instauré avec le dessein même de
déséquilibrer la fédération canadienne en vous
désagrégeant, en vous séparant du Canada. Les autres
avaient des conflits, c'est sûr...
M. Landry: M. le Président, en vertu de l'article 100 - je
m'excuse auprès du député - je lui demande la permission
de lui poser une brève question.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que le
député accepte?
M. Lincoln: Le ministre pourra poser des questions à la
fin de mon intervention. Je ne l'ai pas interrompu, je ne vois pas pourquoi je
répondrais à ses questions maintenant.
Le Vice-Président (M. Jolivet): J'aimerais rappeler que
nous suspendrons à 13 heures et que le député de Nelligan
reviendra à 15 heures.
M. Lincoln: Tout à l'heure, il pourra poser les questions
qu'il voudra, une, dix ou vingt questions s'il le veut. Cela ne me tracasse pas
du tout, ses questions.
Pour revenir à ce que je disais, ce n'est pas le Québec
libéral d'antan, ce n'est pas le Québec de l'Union nationale
d'antan qui ont fait naître ou qui ont provoqué les conflits. Les
conflits étaient là, c'est sûr, il y a toujours eu des
conflits provinciaux-fédéraux, mais ces conflits ont
sûrement été accrus par un gouvernement dont le dessein
ultime, dont le dessein principal, selon les paroles même du ministre
dans son fameux document "Ottawa-Crash", dont il a admis l'existence, et toute
son action comme ministre était, selon ses paroles, en vue de
l'indépendance et de la souveraineté du Québec. Est-ce
qu'à ce moment, les conflits ne s'accroîtraient pas, si on disait
demain matin au gouvernement central: On va faire tout notre possible pour
déstabiliser les relations provinciales-fédérales on va
faire un programme "Ottawa-Crash", notre dessein principal, c'est de nous
retirer de cette fédération.
En même temps on dit: Ce n'est pas nous qui avons fait
naître les conflits. Nous sommes d'accord, mais vous les avez
certainement exacerbés, vous les avez certainement
exagérés, vous les avez certainement fait croître. Par
exemple, il parlait des sommets. Cela aussi est un petit peu un exemple de ces
sommets qu'on a eus: un sommet à Montréal pour donner une
nouvelle vie économique à Montréal, faire revenir les
investissements, donner un grand départ au nouveau Montréal de
demain, qui a
perdu tellement de sociétés. À ce sommet, le
principal agent, le principal interlocuteur économique, le plus gros
employeur dans la région de Montréal, celui qui possède
des sociétés du genre d'Air Canada et du Canadien National
n'était pas invité, même pas comme observateur, pour dire
son mot dans l'affaire. Après cela on nous dit: À ce moment, il
faudrait une collaboration.
Là nous allons quitter la question du commerce extérieur
et revenir à la loi 89, qui est en fait le sujet de cette
troisième lecture. La loi 89 va instaurer le ministère du
Commerce extérieur. Je vais citer quelques passages des
déclarations faites de part et d'autre au sein de la commission
parlementaire. Notre point fondamental, c'était ceci: Nous sommes tout
à fait d'accord avec le principe du commerce extérieur. Là
où nous nous posons des questions fondamentales, c'est quelle est la
meilleure façon de faire cela? Est-ce que cela devrait être un
ministère tout à fait séparé? Est-ce que cela
devrait être comme dans le moment un ministre
délégué au Commerce extérieur sous l'égide
du ministre des Affaires intergouvernementales? Est-ce que cela devrait
être un ministère tout court?
Nous avons posé ce principe au début de la commission
parlementaire. Nous avons deux choix. Il y a deux choix. Ou bien on dit qu'on
va régler les conflits de trois lois, de trois ministères,
surtout celui des Affaires intergouvernementales, pour les éliminer au
départ. On parle de ces conflits au départ. Ou bien, comme
suggère le ministre, on se dit qu'il y a des conflits possibles, on peut
voir que cela pourrait se produire, mais on va faire du rodage et si cela ne
marche pas, entre-temps on va régler cela par le truchement du Conseil
exécutif. Si cela continue de ne pas marcher, on va régler cela
par des mesures législatives dans la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales qui est aussi sujette à
révision.
Nous disions en commission parlementaire: Mais c'est là vraiment
le noeud du problème. On a beau dire: II n'y a rien qui va se passer, il
n'y aura aucun conflit, le fait brutal, c'est que d'après les pouvoirs
législatifs que conserve le ministre des Affaires intergouvernementales,
il y a des contradictions flagrantes entre les pouvoirs du ministre du Commerce
extérieur, d'une part, et d'autre part, à l'article 7 de la Loi
sur le Commerce extérieur, il y a des conflits avec les articles 10, 11,
14, 15 et 35. Quant à l'article 8, on peut parler encore des articles
10, 11, 14 et 35 de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales. Plus tard, nous disions: C'est vraiment notre objection.
Le noeud de cette loi est que les articles 7, 8 et 9 cadrent avec l'article 10
qui met votre ministère sous l'égide des Affaires
intergouvernementales. C'est pourquoi on avait dit au début: Si vous
avez des pouvoirs sans avoir les pouvoirs, pour quelle raison n'avez-vous pas
un ministère délégué au Commerce extérieur
comme cela s'est fait jusqu'à maintenant, sous l'égide des
Affaires intergouvernementales? Cela aurait fait gagner beaucoup de temps
à nous tous ici. Si vous pensez qu'un ministère du Commerce
extérieur séparé soit une meilleure formule, pourquoi ne
pas avoir persuadé le ministre des Affaires intergouvernementales, par
le Conseil exécutif, de présenter des amendements à sa loi
maintenant plutôt que dans six mois? On a dit: Dans six mois, ce sera
peut-être trop tard. Tous les conflits seront terminés. Il
faudrait essayer de voir quels pouvoirs le ministre des Affaires
intergouvernementales acceptera de réduire. C'est là le point
fondamental, je pense, de notre position quant à l'article 8. (13
heures)
Plus tard, nous disions: Si le ministre des Affaires
intergouvernementales coordonne toutes les activités, en même
temps le ministre du Commerce extérieur coordonne lui aussi. Ce qu'on
veut dire, c'est qu'il coordonne sous la direction d'un autre, parce que l'un,
le ministre des Affaires intergouvernementales, chapeaute l'autre. Si l'autre
coordonne toutes les activités et que le ministre du commerce
extérieur coordonne certaines activités, il est obligé de
coordonner ses activités spécifiques sous les activités
plus globales du ministère des Affaires intergouvernementales.
Autrement, il faut amender la Loi des Affaires intergouvernementales et c'est
le point que nous avons essayé de prouver depuis que nous sommes ici
aujourd'hui. Comment voulez-vous avoir deux lois tout à fait
contradictoires, l'une qui dit que le ministre coordonne toutes les
activités, l'autre qui dit que le ministre coordonne certaines
activités? C'est pourquoi on a voulu éviter toute
ambiguïté en disant: C'est sous la direction, sous l'égide,
ce que vous voulez, du ministère des Affaires intergouvernementales. Il
serait intéressant de citer quelques paroles du ministre à la
commission parlementaire: "Ce que j'ai dit au député de
Jean-Talon, je le redis parce que je pense que c'est la réalité.
Si, à l'usage, au rodage, ce que je ne crois pas, les amendements
devenaient nécessaires, comme le ministère des Affaires
intergouvernementales est en train de réviser sa loi, qu'il vous la
soumettra au complet et qu'elle reviendra devant l'Assemblée nationale,
vous pourrez faire une discussion monumentale sur la question. Vous aurez la
chance de mieux faire cette discussion quand nous aurons vécu huit ou
dix mois sous le régime qu'on vous propose parce que là, vous ne
serez pas dans la théorie, comme vous l'êtes présentement,
et comme on l'est un
peu aussi, je l'admets, mais dans la pratique de ce qu'on aura
vécu. "
C'est là qu'est le noeud du problème. Nous avons voulu
souligner que nous voulons... Pardon?
Le Vice-Président (M. Jolivet): C'est simplement pour vous
dire, M. le député, que, comme il est 13 heures, je suspends les
travaux jusqu'à 15 heures. Vous aurez le droit de continuer votre
intervention et M. le ministre, tel que convenu et selon votre demande, pourra
poser sa question à la fin de votre intervention, s'il le désire
toujours.
Suspension de nos travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 03)
(Reprise de la séance à 15 h 05)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! Veuillez prendre place. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, c'est la suite de la
discussion sur l'article 5 du feuilleton. Le député de Nelligan
avait le droit de parole.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord. Donc, reprise
du débat sur la troisième lecture du projet de loi no 89, Loi sur
le ministère du Commerce extérieur. La parole était au
député de Nelligan. M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, quand nous avons interrompu
le débat, je citais quelques extraits, qui me semblent très
pertinents, des débats qui ont eu lieu en commission parlementaire sur
la loi du commerce extérieur.
Je vais continuer, dans ce sens, à citer quelques extraits qui,
il me semble, vont au coeur même du problème. En fait, toute notre
discussion démontrait que nous sommes pour le principe du commerce
extérieur. C'est vrai. Nous sommes pour le principe de tout ce qui
contribuera à l'amélioration du commerce extérieur pour le
Québec. Cela aussi est très vrai. Comment le faire? C'est
là que nous avons des divergences d'opinions. Nous avons souligné
au ministre que la situation actuelle, où on crée un
ministère du Commerce extérieur avec des pouvoirs qui sont en
conflit et en contradiction avec ceux d'autres ministères, surtout le
ministère des Affaires intergouvernementales, dont ce ministère
dépend, sans, en même temps, modifier en aucune façon la
Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales,
entraînerait des situations de conflit et de contradiction certaines ou
presque certaines. C'était la base fondamentale de notre argumentation
en commission parlementaire.
Je continue à citer un extrait de ce que disait mon
collègue, le député de Jean-Talon, en ce sens: M. le
Président, je vois votre étonnement. Sans modifier de quelque
manière que ce soit la Loi sur le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme et la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales... Je pose vraiment une question de sens commun. N'y
a-t-il pas danger - danger, dans ce cas, est vraiment un euphémisme -
que, quelque part dans l'appareillage gouvernemental, il y ait des personnes
qui fassent les mêmes choses, puisque leur loi constitutive, y compris la
loi que nous étudions présentement, va faire obligation à
plusieurs ministres de plusieurs ministères de faire les mêmes
choses? Et le ministre délégué au Commerce
extérieur de répondre: "Le député - c'est le
député de Jean-Talon - est au coeur du problème. "
Lui-même admet que cette question posée par le
député de Jean-Talon est le coeur du problème. "Ces
questions ne sont pas théoriques. Ces questions ne sont tellement pas
théoriques qu'il est possible que l'Assemblée soit saisie de
changements à d'autres lois, dont celle sur le ministère des
Affaires intergouvernementales et, éventuellement, celle sur le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. " Donc,
l'objection - de mon collègue de Jean-Talon - est une objection de bon
sens. Comme dit le député, il a raison. "
Donc, ce ne sont pas des chimères, ce ne sont pas des
loups-garous que nous inventons. C'est la reconnaissance même du ministre
délégué au Commerce extérieur, celui qui sera
ministre du Commerce extérieur si la loi est adoptée, qu'il y a
ce problème ou qu'il y a un problème potentiel et qu'il y aurait
peut-être raison de changer les lois, dont celle sur le ministère
des Affaires intergouvernementales et celle sur le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Je voudrais aller encore plus loin en citant encore une fois le
ministre: "L'aspect affaires intergouvernementales maintenant, je l'ai
évoqué parce que le ministère des Affaires
intergouvernementales est en train de préparer une révision de sa
loi, une loi qui quand même date et il est passé de l'eau sous les
ponts depuis qu'elle a été adoptée par l'Assemblée.
Il se peut, si à l'usage nous nous rendons compte qu'il y a des
interfaces malcommodes entre la loi sur les Affaires intergouvernementales et
celle-ci - c'est-à-dire la nouvelle loi sur le commerce extérieur
- que nous modifiions la Loi sur les Affaires intergouvernementales. Je ne suis
même pas sûr qu'on aura à faire cela. Pourquoi n'en suis-je
pas sûr? Parce que le ministère des Affaires
intergouvernementales, qui est responsable de la politique extérieure du
Québec dans sa totalité, c'est le
généraliste des affaires étrangères. Il
reste responsable de l'ensemble de la politique extérieure du
Québec. Donc, d'une façon générale et au nom de la
cohérence également de la politique économique, personne
ne nie cela. " (15 h 10)
Le ministre accepte que le ministère des Affaires
intergouvernementales soit responsable, en gros, de la politique
extérieure du Québec et qu'au sein de cette politique
extérieure, naturellement, entrent les questions économiques.
Mais nous, nous disons deux choses. Premièrement, s'il y a
possibilité de contradictions, de conflits et de problèmes, et le
ministre a admis lui-même que c'était possible, s'il y a
possibilité que cela arrive plus tard, pourquoi ne pas avoir
amendé la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales
et, en une mesure moins importante peut-être, celle sur le
ministère de l'Industrie et du Commerce, où il n'y a pas de
contradictions aussi flagrantes, mais surtout celle sur le ministère des
Affaires intergouvernementales, dont dépend la loi sur le
ministère du Commerce extérieur. Pourquoi ne pas l'avoir fait
maintenant, pourquoi ne pas l'avoir fait avant de poser le geste de la
création d'une loi pour le ministre du Commerce extérieur?
En fait, le deuxième argument est encore plus important: c'est
que si, de l'avis même du ministre, la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales est en prévision d'une révision
générale, est-ce qu'il n'aurait pas été beaucoup
plus sage, beaucoup plus prudent pour le gouvernement, afin d'éviter des
conflits possibles, d'avoir fait cette révision d'abord et, ensuite,
d'avoir créé la Loi sur le ministère du Commerce
extérieur?
Est-ce que le commerce extérieur du Québec aurait
été désavantagé de quelque façon que ce soit
si la situation actuelle, où nous avons un ministre
délégué au Commerce extérieur, continuait de la
même façon pour un mois, deux mois, trois mois ou six mois en
attendant que la révision générale, que la révision
complète de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales se fasse d'abord?
Il me semble qu'en toute logique, qu'en tout sens commun, surtout si
nous pensions -et nous pensons, et le ministre est d'accord qu'il y a
possibilité de conflit de juridiction, il aurait été plus
sage de prévenir plutôt que de guérir, d'attendre la
révision fondamentale de la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales et, ensuite, d'introduire la Loi sur le ministère
du Commerce extérieur.
Il est évident que nous mettons maintenant la charrue devant les
boeufs et que nous disons: Nous laisserons la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales comme elle est, malgré qu'elle soit su-
jette à révision dans un proche avenir. Nous travaillerons
ensemble et je suis sûr qu'il n'y aura pas de problèmes, mais s'il
y a des problèmes après un rodage, pour citer le mot du ministre,
à ce moment-là, on prendra soin de cela et on fera les
amendements nécessaires. Il me semble que c'est une logique
inversée que de dire: On va essayer la chose et, si ça ne
fonctionne pas, on fera ce qui aurait dû être fait d'abord. Nous,
nous disons que c'est une situation qui présente des conflits possibles,
des contradictions possibles. Il faut la changer, il faut à tout prix
amender la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales et la
Loi sur le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Le
premier ministre aurait dû présenter trois projets: les
amendements à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales, les amendements à la Loi sur le ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et, en même temps, la Loi sur
le ministère du Commerce extérieur.
En fait, on pourrait dire qu'il n'y aura jamais de conflits, on pourrait
dire qu'il n'y aura jamais de problèmes entre nous, mais les
problèmes, ce n'est pas nous qui les avons inventés. Si on se
réfère à ce qui s'est passé pendant
l'été de cette année-ci, les conflits ont
été étalés dans tous les journaux du Québec,
dans tous les journaux principaux et tous les journaux accessoires du
Québec. Il y a eu des histoires de conflits. On pourrait citer de
nombreux articles; ils sont multiples les articles où on a dit que, du
côté du ministère des Affaires intergouvernementales, le
ministre voyait la chose d'une façon tout à fait
différente; sa perception des choses était qu'il entendait
s'ingérer dans les questions économiques d'une façon
très directe. Il a fait plusieurs déclarations et je vais en
citer quelques-unes. Il disait: "Les affaires économiques, ce n'est pas
l'affaire d'un seul homme. " Il disait qu'il allait continuer à
s'ingérer, à s'impliquer dans la question.
Là, il faudrait revenir encore une fois, pour quelques minutes,
à la commission parlementaire sur la question. Le ministre
délégué au Commerce extérieur nous a dit ceci en
parlant de son collègue des Affaires intergouvernementales dont il
louait les services au Québec dans le domaine du commerce
extérieur. Il disait à mon collègue de Jean-Talon: "Je le
redis ici et je pense que, de ce point de vue, le député de
Jean-Talon a rejoint mes propos à plusieurs reprises quand il a
parlé des efforts de mon collègue des Affaires
intergouvernementales en matière de commerce extérieur. Il est
maintenant, lui, le ministre des Affaires intergouvernementales, soulagé
de cela par une équipe de spécialistes qui, pour l'essentiel des
86 postes au ministère du Commerce extérieur, est d'un milieu
naturel
beaucoup plus orienté sur les questions économiques que ne
le sont les Affaires intergouvernementales. " Or, le ministre des Affaires
intergouvernementales ne le voit pas tout à fait du même oeil
parce que l'autre jour, quand nous l'avons questionné en Chambre au
sujet du périple qu'il devait faire en Floride et qu'il n'a pas fait
à cause de la question du veto du Québec en Cour suprême,
je lui ai demandé: Est-ce que vous allez renoncer à la question
économique? il m'a expliqué que son domaine incluait les
questions économiques et, il a dit: Donc, je n'ai pas à renoncer
à quoi que ce soit.
Notre perception, c'est ceci. Vu ce qui s'est déjà
passé, vu les tiraillements qui ont eu lieu au sein même de ces
ministères pour que chacun garde son autorité propre, pour que
chacun garde ses prérogatives, il y a là situation de conflit,
compte tenu surtout du fait qu'on n'a changé aucunement les pouvoirs du
ministre des Affaires intergouvernementales dans sa loi.
Le fait est que cette question de conflit entre les ministères,
en plus d'avoir donné lieu à des articles de journaux, a
été le sujet d'éditoriaux dans le Devoir, le 15 septembre
et le 19 octobre 1981. Je cite Lise Bissonnette qui disait, le 15 septembre: La
meilleure solution pour éviter ce genre de bataille eut
été de faire de M. Landry un ministre
délégué au Commerce extérieur rattaché aux
Affaires intergouvernementales. Elle parle de la guerre larvée que M.
Morin entreprend pour couper l'herbe sous le pied de M. Landry qui
s'intéresse naturellement aux délégations du Québec
à l'étranger... du gaspillage d'énergie qui retarde de
mois en mois la formulation d'une véritable politique extérieure
pour le Québec. Le fait est que nous n'avons pas inventé ces
conflits, qui ont existé. Les journalistes ne les ont pas
inventés. Il y a des textes, il y a des citations de chacun de ces
ministres.
Si on prend l'exemple le plus flagrant, il y a quelques jours, une
semaine ou deux après la commission parlementaire, nous avons eu quelque
chose de bien amusant. Tout d'un coup, on apprend que le ministre des Affaires
intergouvernementales, alors même que se crée le ministre
délégué au Commerce extérieur dont la vocation
intrinsèque est le commerce extérieur, s'en va en Floride et en
Géorgie pour faire du commerce extérieur et pour parler de
questions économiques surtout. On peut dire qu'il allait parler de
culture, on peut dire qu'il allait rencontrer la colonie
québécoise de la Floride, mais, en fait, le but principal de
cette mission était certainement de nature économique, de nature
commerciale. (15 h 20)
En fait, M. Morin allait, au début, rencontrer le gouverneur
Graham de la Floride avec un des vice-présidents de
Bombarbier pour la vente d'un système de trains de banlieue, un
projet qui, dans l'ensemble, s'élèverait à quelque chose
comme 4 000 000 000 $ si Bombarbier obtenait ce contrat. Le ministre allait
voir, tout d'abord, le gouverneur Graham avec le vice-président de
Bombardier, certainement pour une question de commerce extérieur. Si ce
n'est pas cela, le commerce extérieur, je ne sais pas ce que c'est. Il
allait à une conférence économique et commerciale pour y
rencontrer, sous la présidence du vice-président des
États-Unis, M. Bush, les premiers ministres des Caraïbes avec qui
on veut entretenir des relations de commerce extérieur agrandies et
améliorées. Il y rencontrait le président du Panama et des
présidents d'Amérique centrale. Il allait à cette
réunion, encore une fois, de nature économique et commerciale. Il
allait, en plus, dans deux villes des États-Unis. Il allait à
Miami parler des investissements des États-Unis au Québec et
à Orlando parler à des membres du World Trade Council. Il s'en
allait en Géorgie rencontrer le gouverneur sortant ainsi que le nouveau
gouverneur de la Géorgie. Il allait là en compagnie des
délégués commerciaux du Québec à Atlanta.
C'était, à toutes fins utiles et dans les faits, une
tournée de commerce extérieur. Et alors, qui y va? C'est le
ministre des Affaires intergouvernementales.
On pourra nous dire: II avait étudié cette question depuis
bien longtemps, c'est lui qui avait été invité.
C'était à lui d'y aller, mais il me semble que si cela concernait
vraiment le commerce extérieur du Québec, c'était
l'occasion idéale pour notre nouveau ministre du Commerce
extérieur d'aller rencontrer ces gens en Floride, d'aller faire la
prospection pour Bombardier en compagnie du vice-président de
Bombardier, d'aller rencontrer le gouverneur de la Floride, le gouverneur de la
Géorgie, les premiers ministres des Caraïbes, le président
du Panama et le vice-président Bush, à la place du ministre des
Affaires intergouvernementales. Même si on dit: C'était au
ministre des Affaires intergouvernementales d'y aller, parce que l'invitation
lui a été faite et parce qu'on a discuté de questions
autres que l'économie et le commerce, il ne peut pas y aller à
cause de la question du droit de veto du Québec devant la Cour
suprême. Que fait-on? C'est là qu'il faut tirer toute cette
affaire au clair.
Selon le journal Le Soleil, le cabinet du ministre des Affaires
intergouvernementales aurait invité tout d'abord le ministre
délégué au Commerce extérieur à le
remplacer. Selon le journal Le Soleil, le ministre aurait décliné
l'offre pour la raison qu'il manquait de contenu. M. Landry, indique-t-on
laconiquement au cabinet du ministre Morin, a tout simplement
décliné l'offre qui lui
était faite, estimant que le "voyage" manquait de contenu. On ne
sait pas si c'est cela vraiment que le cabinet du ministre Landry a dit ou n'a
pas dit. On a questionné le ministre des Affaires intergouvernementales,
parce que la nouvelle sortait de son cabinet, pour demander une confirmation
qu'il ne nous a pas donnée en Chambre; il a évité la
question. Il n'a certainement pas donné une réponse exacte
à cette chose, il a évité d'y répondre. Nous ne
savions pas.
La Presse du mercredi 8 décembre revient sur toute l'affaire et
se demande encore une fois comment il se fait que, de tous les ministres qui
auraient dû représenter le Québec pour les questions
commerciales et économiques... Qui devait représenter le
Québec? Non pas le ministre délégué au Commerce
extérieur, non pas le ministre de l'Industrie et du Commerce, mais le
ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles; c'est lui qui
va vendre des trains Bombardier en Floride. Quand nous avons remis la chose en
question, la Presse, qui s'était intéressée au dossier, a
demandé aux deux ministres ce qui s'était passé vraiment.
Leur avait-on offert d'aller là-bas à la place du ministre des
Affaires intergouvernementales?
Le cabinet du ministre délégué au Commerce
extérieur, si on peut croire les articles des journaux - peut-être
que le ministre fera la lumière là-dessus - disait: M. Landry
avait déjà accepté de témoigner dans un
procès opposant le journal Finances à l'ancien président
de la Commission des valeurs mobilières. Il devait demeurer à la
disposition de la cour lundi, mardi et mercredi de cette semaine. C'est
pourquoi il n'y est pas allé. Il y a d'abord le Soleil qui cite
exactement les paroles d'un officier du cabinet du ministre des Affaires
intergouvernementales, selon lesquelles M. Landry aurait dit ou son cabinet
aurait dit: Le projet manque de contenu, cela ne m'intéresse pas. La
Presse, qui contacte le cabinet du ministre délégué au
Commerce extérieur, donne une autre raison: M. le ministre était
retenu pour témoigner en cour. Or, on sait très bien que la Loi
sur la Législature prévoit que, durant une période de
session du Parlement, aucun député, aucun ministre n'est tenu de
rester là pour témoigner à une cour de justice et qu'il
peut très bien s'excuser. Il peut très bien...
M. Landry: Question de privilège, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
privilège. M. le ministre.
M. Landry: Je veux bien laisser charrier le député
sur n'importe quoi, sauf qu'il ne connaît pas du tout le Règlement
de l'Assemblée nationale ni la Loi sur la Législature, car, ni
pour lui ni pour moi, il n'y a quelque immunité que ce soit dans une
procédure pénale. Lisez votre règlement, monsieur.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, mes informations me disent
qu'il y a des immunités. On verra cela plus tard.
M. Landry: Question de privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
privilège, M. le ministre.
M. Landry: Le député insinue que je me suis
absenté de cette Chambre alors que, par des immunités, j'aurais
pu éviter de m'absenter. Or, s'il connaissait la Loi sur la
Législature, et je lui demande de la faire venir par un page et de la
lire devant les caméras, s'il le veut, il verrait qu'il n'y a aucune
immunité pour un parlementaire. Les parlementaires doivent respecter le
pouvoir judiciaire. Les seules immunités que nous avons sont, pendant la
session, dans des causes civiles. Il s'agissait d'une affaire mue devant les
assises.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, je suis disposé... Si
je me trompe, je dirai que je me suis trompé. Les informations que j'ai
eues disent que vous aviez une immunité. Mais, enfin, si vous n'aviez
pas l'immunité, à ce moment-là, je retire mes paroles et,
si je me suis trompé, je me suis trompé, c'est tout.
Mais le fait est... Oui, oui, je sais que vous ne vous trompez jamais.
Le fait brut est que, même si vous n'aviez pas pu y aller... D'abord il
faudrait savoir si votre cabinet a dit que vous n'y alliez pas parce qu'il y
avait manque de contenu ou si votre cabinet a dit... Parce qu'il y a deux
versions contradictoires. Pour ajouter à la chose, même si vous ne
pouviez pas y aller, vous, le ministre délégué au Commerce
extérieur, il me semble très étrange que, même sans
immunité, si vous aviez demandé à la cour de vous laisser
aller, pour une question primordiale pour le Québec, pour aller en
Floride, je trouve très étonnant qu'on n'aurait pas pu remettre
le procès pour trois jours ou vous donner la permission.
M. Landry: Question de privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
privilège. M. le ministre délégué au Commerce
extérieur.
M. Landry: Terrain dangereux! Parce que, à la demande du
ministère public, dont j'étais le témoin, un juge, qui
s'occupe des râles, a refusé une telle demande. D'après
moi, il a bien fait, car...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement, M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gratton: Je pense que le ministre déroge à nos
règles. Il ne s'agit plus d'une question de règlement. Le
député de Nelligan lui pose des questions auxquelles il peut
répondre lorsqu'il exercera son droit de réplique à la fin
du débat. Il me semble que ce serait là le moment opportun pour
apporter toutes les précisions que le ministre voudra apporter et non
pas au cours de l'exercice du droit de parole du député de
Nelligan.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre, sur une
question de...
M. Landry: M. le Président, je diverge d'avis avec le
leader adjoint de l'Opposition officielle. C'est vraiment sur une question
juridique, une question de texte. Je pense que nul, dans cette Chambre, n'a le
droit d'insinuer qu'un membre de la Chambre n'était pas à son
siège alors qu'il aurait dû ou pu y être. J'ai
déjà expliqué, dans un premier temps, qu'il attaquait mon
privilège par incompétence en disant que nous avions des
immunités. Nous n'en avons pas. Il a retiré ses paroles. Bien. Il
continue à s'embourber dans des questions juridiques qu'il ne
connaît pas en disant qu'un juge peut évidemment remettre un
procès. Cela est exact. Cela se fait beaucoup plus facilement au
civil...
M. Gratton: Question de règlement. C'est justement
là son...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement. Je vérifie à l'article 99, je crois,
neuvièmement. "Il est interdit à un député qui a la
parole d'imputer des motifs indignes à un député ou de
refuser d'accepter sa parole. " (15 h 30)
M. Gratton: Je souligne que ce que le député de
Nelligan a dit, c'est que le ministre lui a indiqué qu'en fait il a fait
une demande au juge. Alors, il nous dira cela dans son droit de réplique
et non pas dans une question de privilège qui n'en est pas une.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre, il est
évident que vous avez aussi un droit de réplique que vous pourrez
utiliser pour faire connaître votre réponse au
député de Nelligan. Vous avez eu droit à une question de
privilège, ce qui est tout à fait normal. Maintenant, vous
pourrez, pour les autres questions, utiliser votre droit de réplique un
peu plus tard.
M. Landry: M. le Président, en toute
déférence, j'ai soulevé une première question de
privilège sur une première erreur juridique commise par le
député. Il a fort galamment retiré ses paroles pour
commencer immédiatement à faire une deuxième erreur.
À ce moment-là, j'ai soulevé une deuxième question
de privilège. Au moment où je l'exprimais, M. le
Président, le leader de l'Opposition, comme c'est son droit, a
soulevé une question de règlement. Alors, tout ce que je vous
demande, maintenant que vous avez entendu la question de règlement,
c'est de me laisser continuer ma question de privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous avez eu droit, M. le
ministre, à une question de privilège qui en était une.
Par la suite, le député de Nelligan...
M. Landry:... deuxième erreur...
Le Vice-Président (M. Rancourt): II y a aussi une
possibilité pour vous, si c'est une divergence d'opinions, de l'exprimer
dans votre réplique. Maintenant, je prierais le député de
Nelligan, en considérant ce que je viens de vous lire, le paragraphe 9
de l'article 99, de bien vouloir s'en tenir à son allocution, s'il vous
plaît.
M. Lincoln: Écoutez, M. le Président, je m'en tiens
à mon allocution. J'ai fait une déclaration et le ministre m'a
dit que j'interprétais mal la Loi sur la Législature. J'ai dit:
Bon, je me suis trompé. Ce n'est pas la première fois qu'il
m'arrive de me tromper, je vais me tromper bien des fois encore. Je ne suis
certainement pas inconscient du fait que je me trompe beaucoup dans la vie. Je
suis bien prêt à l'accepter, il n'y a pas de problème
à cela. J'ai dit: Bon, je retire mes paroles. Après cela, j'ai
dit: Pourquoi n'avez-vous pas demandé au juge de vous excuser, comme
cela se passe? Là, il est intervenu sur une question de privilège
pour me dire qu'il l'avait demandé au juge et que le juge avait
refusé. Il n'y avait pas de façon pour moi de savoir, avant de le
demander, si le juge avait refusé. Il aurait très bien pu parler
de cela dans sa réplique où il aura vingt minutes. Je suis
sûr qu'il va suivre cette idée, de toute façon. Alors, je
ne vois pas pourquoi cela ferait partie de mon allocution. Maintenant, il donne
l'explication qu'il a demandée au juge et que le juge a refusée.
Je
dis: Bon, très bien, on verra.
Cependant, même s'il ne pouvait pas y aller... Le ministre du
Commerce extérieur est retenu comme témoin en cour, il ne peut
pas s'absenter. Mais j'ai remarqué que pendant les trois jours le
ministre a pu aller à un programme de télévision pour
raconter comment le commerce extérieur au Québec est quelque
chose de fantastique.
M. Landry: Question de privilège.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
privilège, M. le ministre du Commerce extérieur.
M. Landry: Encore une fois, le député, pour des
raisons que j'ignore, dans un débat de troisième lecture qui
porte sur le commerce extérieur, essaie, pour la troisième fois
de suite, après s'être trompé grossièrement sur le
plan juridique les deux premières fois, d'insinuer que j'aurais pu
être en cette Chambre à un moment où je ne pouvais pas y
être. Quand j'ai dit que j'ai été retenu devant les
tribunaux comme témoin, en faisant mon devoir de citoyen sans aucune
immunité, le député aurait dû comprendre que les
cours ne siègent pas après les heures de travail et que
l'émission de télévision à laquelle il fait
allusion a lieu le soir. Tout le Québec le sait, c'est celle de Pierre
Nadeau à Radio-Québec.
M. Gratton: C'est une question de privilège cela? Il y a
toujours bien une limite!
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! Je
crois, M. le député de Nelligan, que je vous ai lu le paragraphe
9 de l'article 99, où on dit... "refuser d'accepter sa parole".
M. Lincoln: Le ministre a vingt minutes pour raconter tout son
boniment. Je n'ai jamais dit qu'il ne pouvait pas être Chambre, de toute
façon. Tout ce que j'ai suggéré, c'est qu'il devait
peut-être être en Floride. C'est cela que j'ai dit. Je n'ai pas dit
"pas en Chambre", j'ai dit "peut-être en Floride". Mais il m'a
expliqué qu'il ne pouvait pas être en Floride. À ce
moment-là, s'il ne pouvait pas être en Floride, pourquoi est-ce
que son collègue qui siège en avant de lui, qui s'occupe de
l'industrie, du commerce et du tourisme, n'était pas en Floride?
Peut-être que lui aussi va me dire: Je ne pouvais pas y aller. On ne nous
a même pas demandé d'y aller, répond le porte-parole de M.
Biron. Alors, c'est cela la grande...
M. Biron: M. le Président, une question de
privilège.
M. Lincoln: Mais oui, une question de privilège!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Question de privilège.
M. Biron: II faudrait peut-être que le député
de Nelligan soit honnête pour une fois au moins dans sa vie, s'il a
été malhonnête jusqu'à maintenant, et qu'il lise
l'article au complet. C'est dit aussi que mon porte-parole a répondu que
j'avais un agenda...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le ministre, je vais lire l'article et
après ça, si vous, vous êtes malhonnête, vous le
direz. Je ne suis pas malhonnête, moi, j'ai lu ce que j'ai vu; je vais
vous le lire mot à mot et, ensuite, vous viendrez me dire si j'ai dit ce
que je n'ai pas lu. Je vais le lire: "Enfin, chez Rodrigue Biron, on dit ne
rien savoir de cette information voulant que les experts du ministère du
Commerce, de l'Industrie et du Tourisme aient conclu que cette tournée
aux États-Unis ne comporte pas assez d'éléments
substantiels et concrets pour y envoyer le ministre. On ne nous a même
pas demandé d'y aller, répond un porte-parole de M. Biron. "
C'est ça que le journal dit, alors si vous voulez me dire que le journal
dit autre chose que cela, montrez-moi l'article.
Une voix: Qui est malhonnête, là? M. Biron:
M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Biron:... j'affirme de mon siège que mes gens ont dit
que mon agenda était chargé et que je ne pouvais...
M. Gratton: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement, M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gratton: Je ne sais pas si, de ce côté-là,
on veut absolument empêcher le député de Nelligan de
terminer son intervention, mais le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme s'est levé sur une question de privilège qui, encore une
fois, n'en était pas une. S'il a quelque chose à reprocher
à un journaliste, ce n'est pas durant l'exercice du droit de parole de
mon collègue qu'il doit le faire.
Une voix: C'est vrai!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Que le ministre aille dire à Pierre Vincent de
la Presse qu'il est malhonnête, ne venez pas dire que je suis
malhonnête parce que je lis textuellement ce qui est dans le journal. Je
ne peux pas savoir ce que les gens de votre ministère disent à M.
Vincent, je n'étais pas là à ce moment. Si le journaliste
ne dit pas tout, allez tirer vos affaires au clair avec le journaliste et lui
dire qu'il est malhonnête. Pour ma part, je ne suis pas malhonnête
parce que je lis exactement ce qu'il dit. Si votre agenda était
très chargé, dites-le. Si c'est expliqué comme ça,
d'accord, mais dire: On ne nous a même pas demandé d'y aller...
Est-ce qu'on vous a demandé d'y aller ou non? C'est ça la
question, pas si votre agenda était chargé.
J'ai envie de savoir si le ministre des Affaires intergouvernementales
vous a téléphoné pour vous demander d'aller en Floride et
que vous n'avez pas pu y aller. C'est ça la question. Ce qu'on veut
souligner, c'est que dans cette histoire d'Affaires intergouvernementales,
Commerce extérieur, Industrie et Commerce, c'est une bataille de coqs.
C'est ça qu'on veut dire et, avec les contradictions qui se trouvent
dans ces lois à présent, ça continuera d'être une
bataille de coqs tant qu'on n'aura pas réglé la question en
changeant ces lois de la façon dont cela aurait dû être fait
avant le coup et non après. Ce n'est pas nous qui inventons ces
choses.
Si les journalistes ne parlent pas assez, allez les voir, faites des
corrections. Je ne sais pas combien de fois les journalistes ont écrit
à propos de cette affaire. Pendant l'été, il y a eu
plusieurs articles et ça continue avec le périple de la Floride.
Si le ministre des Affaires intergouvernementales et le ministre du Commerce
extérieur ne pouvaient y aller, au moins, vous, M. le ministre de
l'Industrie et du Commerce, vous auriez dû y aller, il me semble.
Nous sommes arrivés au point où nous avons
suggéré je ne sais combien d'amendements. Je sais que le ministre
a dit: Tous vos amendements sont farfelus. Tous les amendements que nous avons
suggérés, nous de l'Opposition, c'était pour faire de la
petite opposition, c'était farfelu. Le sens de nos amendements
était de dire: Puisque vous n'avez pas été d'accord pour
changer la loi des Affaires intergouvernementales et, dans une certaine mesure,
la loi du ministère de l'Industrie et du Commerce... Excusez-moi.
Avant de présenter la Loi sur le Commerce extérieur, on a
présenté des amendements pour être sûrs qu'une
collaboration, qu'une concertation se fasse à la base avant que des
décisions soient prises qui mettraient en conflit tous ces
ministères. Tous nos amendements ont été refusés
sans exception, sauf un qui était tout à fait de concordance,
tout à fait technique. Rien sur le fond. Tous nos amendements ont
été refusés, tous les arguments que mes collègues
et moi avons essayé de souligner ont été rejetés
parce qu'on nous dit: Tout marchera, on fera du rodage et ensuite, si ça
ne marche pas, on changera ces lois.
Nous disons que c'est inacceptable. Si c'est comme ça, gardez le
ministre délégué au Commerce extérieur comme il est
maintenant. Les PME du Québec ne souffriront pas. Les grosses
entreprises multinationales, qui se débrouillaient très bien sans
eux jusqu'à présent et qui représentent 60% ou 70% des
exportations du Québec, se débrouilleront tout aussi facilement
sans cela. Qu'il soit ministre délégué au Commerce
extérieur pour trois mois, quatre mois, cinq mois ou six mois en
attendant que ces révisions soient faites, personne n'en souffrira au
Québec, rien ne changera. (15 h 40)
Le ministre a dit dans son discours, ce matin, qu'il pensait que la
question que j'avais posée ce matin était un peu farfelue - j'ai
oublié le mot exact - et que peut-être à l'avenir on aurait
des questions plus substantielles. Je promets au ministre qu'on aura des
questions et qu'on va suivre cela de bien près. La question qui se
posait ce matin n'était pas une question farfelue, c'était une
question très importante parce qu'on est en train de créer en ce
moment même un nouveau ministère dans une situation possible de
conflit entre des ministères. On verra à l'avenir si c'est
prouvé ou pas - mais nos informations, que nous pensons très
sûres, sont qu'au sein du ministère, il existe déjà
des tiraillements entre les gens principaux de son cabinet. Nos informations
sont que peut-être deux personnes sont en instance de démission et
qu'il y aurait peut-être d'autres démissions, qu'une se ferait
peut-être dans un avenir immédiat et que d'autres sont à
l'étape de la réflexion. Ce sont les informations que nous avons.
C'est notre rôle, comme Opposition, de vérifier si c'est correct.
Le ministre nous a dit: Non. Il n'a pas entendu parler de tout cela, cela
n'existe pas. Nous sommes prêts à prendre cela comme de l'argent
comptant jusqu'à preuve du contraire. On va voir ce qui va se passer
dans l'avenir.
S'il y a une situation au sein du ministère, s'il y a de la
zizanie dans le cabinet du ministre, c'est notre rôle de le souligner et
on va y revenir avec des questions comme cela même si le ministre ne
pense pas que ce soit important. Nous pensons, nous, que c'est important. On
crée un ministère avec des fonds publics et il est de notre
devoir de poser de pareilles questions. Nous en aurons d'autres plus tard.
Je ne voulais pas aborder cette
question dans le débat parce que je pense qu'elle se situe en
dehors du débat. Je veux cependant profiter des minutes qu'il me reste
pour faire une correction. Tout à l'heure, le ministre a dit: À
Los Angeles, on a acheté la maison du consul pour 1 000 000 $. Nos
services de recherche ont fait une vérification et cette maison du
consulat canadien à Los Angeles a été achetée, il y
a cinq ans de cela, pour moins de 250 000 $. Une toute petite erreur.
Aujourd'hui, apparemment, la maison vaut 2 000 000 $. C'est peut-être la
valeur dont il parle. C'est intéressant.
J'ai aussi dit au ministre que si on voulait comparer les choses, s'il
parlait de la délégation de Paris et allait dire: N'allez pas
chercher les peintures sur les murs, je lui répliquais en lui disant: Si
vous cherchez des puces dans l'affaire du consulat canadien à Los
Angeles, on peut aller vérifier l'ensemble des choses et voir ce que
cela représente par rapport au commerce extérieur que
génère cette délégation et vous allez voir qu'elle
fait beaucoup plus d'exportations que ne le fait le Québec tout entier
en France avec, en gros, nos 73 personnes de la délégation du
Québec.
En fait, j'ai vérifié les chiffres. Le commerce total du
Canada avec la Californie s'établit en chiffres canadiens à
quelque chose comme 7 500 000 000 $. Seulement pour la délégation
de Los Angeles, qui s'occupe de la Californie du sud, le chiffre des
exportations est de 2 500 000 000 $ par an. Pendant ce temps, on a vendu en
France, et c'est quelque chose qu'il faut admettre, c'est un très beau
chiffre, on n'en discute pas, l'année dernière, en 1981, 263 000
000 $ d'exportations; l'année précédente, ce fut un
chiffre record de 339 000 000 $. C'est pour vous dire que, là, on prend
des exemples. On dit que cela a coûté 1 000 000 $ alors que cela a
coûté 250 000 $, en fait, moins de 250 000 $. C'est un consulat
qui a certainement un personnel moindre que la délégation du
Québec à Paris, parce qu'il y a moins de 50 personnes, et on y
vend pour quelque chose comme 2 500 000 000 $ en exportations alors que nous,
en France, avec une délégation de 73 personnes en tout, on a eu
un chiffre d'affaires, l'année dernière, de 263 000 000 $.
Ce que je veux dire, c'est que si on commence à comparer ces
choses, il faudra comparer la rentabilité de nos
délégations à l'étranger. Il faudrait aussi cesser
ces querelles de clocher et se dire que c'est un fait: la
délégation du Québec en Californie...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Nelligan, si vous voulez bien conclure.
M. Fréchette: M. le Président, je ne voudrais pas
être désagréable envers le député de
Nelligan, je présume qu'il arrive à la conclusion de son
intervention puisque les informations que j'ai sont qu'effectivement son temps
serait écoulé.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je viens d'aviser le
député de Nelligan qu'il devait conclure. M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Tout ce que je voulais dire, c'est que je trouve
malheureux que cette question de querelles de clocher soit arrivée dans
une chose qui est fondamentale, la coopération entre le gouvernement
fédéral, notre agent, notre interlocuteur principal dans le
domaine du commerce extérieur, et la province de Québec.
J'espère que ces comparaisons, on va les oublier, surtout quand elles
sont fausses.
Deuxièmement, je voudrais dire au ministre que, faute d'avoir
changé quoi que ce soit à sa loi, faute de n'avoir accepté
aucun de nos amendements, faute d'avoir présenté en même
temps des amendements à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales et à la Loi sur le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, nous, du Parti libéral, quoique
nous soyons à 100% pour le principe du commerce extérieur, nous
ne pouvons endosser cette loi comme elle se lit maintenant.
M. Landry: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Landry: J'ai dit tantôt au député que
j'avais une question à lui poser.
Le Vice-Président (M. Rancourt): En vertu de l'article
100?
M. Landry: Oui, c'est cela.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord. Vous acceptez,
M. le député de Nelligan?
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: J'ai entendu le député ce matin verser
des larmes de crocodile sur le droit de veto du Québec, sur les
querelles avec Ottawa. La question que je voudrais lui poser, c'est qu'il y a
eu une motion, le 2 octobre 1981, du premier ministre du Québec, qui
disait notamment: "Que cette Assemblée s'oppose à tout geste qui
pourrait porter atteinte à ses droits et affecter ses pouvoirs sans son
consentement. " Il n'y a que neuf députés en cette Chambre qui
ont voté contre la motion dont le député de Nelligan. Je
voudrais savoir comment il concilie les larmes de crocodile de ce matin et le
vote
négatif qu'il a donné à la face de tout le
Québec le 2 octobre 1981.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: La réponse au ministre est très simple.
Quand j'ai voté contre cette motion, c'était que ma perception
des intérêts du Québec est tout à fait
différente de celle du ministre, parce que je pensais que c'était
une hypocrisie de confier à un gouvernement qui est là pour
séparer le Québec du Canada d'aller négocier quelque chose
qui rendrait le Canada plus fort. C'est pourquoi j'ai voté contre. Parce
que je ne me fiais pas aux interlocuteurs que nous avions, qui allaient
là pour saper les droits du Québec à l'intérieur du
Canada. C'est pourquoi j'ai voté contre et je voterais contre encore une
fois pour les mêmes raisons. En fait, vos actions là-bas, au
Canada, en rejetant le droit de veto et en ne signant pas l'accord que vous
auriez pu avoir atteint ont prouvé tout ce qu'on pensait. Je suis bien
fier de mon vote.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Landry: Une autre petite question sur le même article,
sur la cohérence de ce qu'il vient de dire puisque c'est la suite de ses
propos.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
L'article 100 permet une question que vous avez utilisée. Le
député a accepté de répondre à la question.
La parole est à M. le député de Lotbinière, bien
sûr, le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, j'ai écouté avec
énormément de patience, pendant une heure de temps, le discours
du député de Nelligan, croyant en tout cas qu'il aurait au moins
une ou deux idées auxquelles je pourrais répondre. Je dois dire
qu'on a entendu une heure de temps du memérage. Jamais ici, depuis que
je suis à l'Assemblée nationale, je n'ai entendu un discours
aussi incolore, insipide, complètement incompétent. Il n'a pas du
tout parlé du commerce extérieur, sauf pour faire état de
memérage à gauche et à droite. Il aurait fallu qu'il soit
plus constructif que cela.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Biron: Je voudrais faire comprendre, à la fois au
député de Nelligan et aux députés d'en face, que du
développement économique, cela ne se fait pas par petites parties
isolées les unes des autres. Le développement économique
se fait avec une vision et un plan d'ensemble. C'est ce que le gouvernement du
Québec a fait en publiant d'abord Bâtir le Québec, il y a
quelques années, et ensuite Le virage technologique, pour bien faire
comprendre, à la fois à la population du Québec et
à la fois aux chefs d'entreprises québécois que le
gouvernement du Québec était prêt à travailler avec
les chefs d'entreprises et avec la population québécoise dans un
plan d'ensemble cohérent en vue de créer le maximum d'emplois et
d'aider au maximum les entreprises québécoises. C'est dans ce
sens que le premier ministre du Québec et que le Conseil des ministres
ont décidé de créer un ministère du Commerce
extérieur et que le premier ministre a décidé de nommer
mon collègue, le député de Laval-des-Rapides, au poste de
ministre du Commerce extérieur. (15 h 50)
Je dois dire que nous avons absolument besoin, d'abord, au
Québec, sur le plan intérieur, de parler avec nos chefs
d'entreprises, de les informer sur ce qu'est le commerce extérieur,
l'exportation, de leur donner le goût de le faire pour ceux et celles qui
ne le font pas et d'apporter l'aide financière et le matériel
nécessaires de la part du gouvernement du Québec. C'est, d'une
part, sur le plan intérieur. Sur le plan extérieur, il faut que
les entreprises québécoises soient représentées sur
les marchés internationaux. C'est malheureux que le gouvernement
canadien qui, jusqu'à maintenant, est toujours le gouvernement de toutes
les provinces canadiennes, ne fasse pas son travail de ce côté
pour bien représenter les entreprises québécoises. C'est
dans ce sens qu'un gouvernement responsable comme l'actuel gouvernement du
Québec est obligé de nommer des gens et de faire en sorte que des
Québécois et des Québécoises parcourent le monde
pour bien représenter les entreprises québécoises et leur
permettre de conquérir des marchés. Ce sera aussi une partie du
travail de mon collègue, le ministre du Commerce extérieur.
M. le Président, on ne peut pas faire de commerce
extérieur tout seul, pas plus que du commerce intérieur, des
investissements ou du développement économique. Il faut vraiment
- comme je le disais tout à l'heure - avoir une vision ou un plan
d'ensemble. Dans ce sens, c'est ce que, chacun de nous, nous voulons faire.
Bien sûr, de temps à autre, nos collègues, nos amis d'en
face pourront dire: II y a certains petits conflits apparents. La seule
façon de ne jamais avoir de conflits, c'est de ne faire absolument rien,
un peu comme à l'époque des libéraux de 1970 à 1976
où il n'y avait pas beaucoup de conflits parce que rien ne se faisait.
Bien sûr, si on veut faire quelque
chose, bien sûr, si on veut aider des entreprises, de temps
à autre, ce sera le premier ministre, de temps à autre, ce sera
le ministre du Revenu et, de temps à autre, ce sera le ministre du
Commerce extérieur, le ministre des Affaires intergouvernementales, le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ou le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Nommez-les. Tous ces gens, tous ces
ministres et tous ces députés de ce côté-ci de la
Chambre vont faire l'impossible pour aider les entreprises
québécoises et leur donner l'élan, le stimulus
nécessaire pour conquérir de nouveaux marchés. Pendant ce
temps, à l'intérieur, nous allons essayer, en même temps
que mon collègue du Commerce extérieur va coordonner l'action du
gouvernement du Québec et des entreprises dans le domaine du commerce
extérieur, nous allons essayer, dis-je, d'améliorer nos
entreprises, d'améliorer la gestion de nos entreprises.
D'ailleurs, au cours de cette année et depuis une couple
d'années, nous avons mis en marche, particulièrement depuis un
an, beaucoup de programmes qui visent à aider les entreprises et
à les rendre un peu plus fortes. Bien sûr, il est difficile pour
des entreprises qui sont faibles et qui ne sont pas dynamiques de
conquérir des marchés extérieurs. Il est difficile pour
elles de sortir à l'extérieur du Québec. Depuis un an,
nous avons voulu faire en sorte de renforcer nos entreprises. Le plan d'aide au
fonds de roulement, le financement du fonds de roulement des entreprises a
aidé, jusqu'à maintenant, environ 200 entreprises à
être un peu plus fortes et un peu plus dynamiques. Ce sont des
entreprises qui vont pouvoir se permettre, ensuite, de faire du commerce
extérieur.
Nous avons aussi d'autres programmes comme l'aide à la gestion
des entreprises, en particulier le programme Uni-PME, en relation avec les
universités. Les entreprises québécoises qui
étaient peut-être un peu faibles au point de vue de la gestion,
nous avons voulu leur donner une chance d'engager justement des
diplômés d'universités à l'intérieur de
l'entreprise manufacturière québécoise pour avoir une
gestion plus efficace, une gestion qui répondait mieux aux besoins des
années quatre-vingt et, bientôt, des années quatre-vingt
dix. Dans ce sens, nous avons voulu avoir un programme qu'on appelle Uni-PME
qui fait en sorte de relier l'université à l'entreprise.
Nous avons évalué aussi qu'à l'intérieur des
entreprises québécoises il y a des faiblesses de marketing; non
seulement le marketing dans le commerce extérieur, mais aussi le
marketing dans le commerce intérieur. On dit qu'il y a environ 33% des
entreprises québécoises de moins de 200 employés qui ont
des catalogues, qui ont des plans et devis de leurs produits. Ce qu'on a fait,
justement, c'est mettre en marche depuis un an un programme qu'on appelle
gestion marketing qui aide ces petites et moyennes entreprises
québécoises à avoir une stratégie de marketing,
d'abord sur le marché intérieur, bien sûr, pour leur
permettre ensuite d'atteindre le marché extérieur. Ce ne sont
certainement pas des conflits entre différents ministres. Au contraire.
On se complète les uns les autres dans ce sens en faisant en sorte que
nos entreprises soient les plus fortes et les plus dynamiques possible pour,
ensuite, leur permettre de conquérir des marchés à
l'extérieur grâce au nouveau ministre du Commerce
extérieur.
Nous avons aussi mis en marche au cours des dernières
années des programmes d'innovation, particulièrement dans le
secteur de la chaussure, du meuble et du vêtement. Depuis quelques
années de nombreuses entreprises québécoises dans le
domaine de ces secteurs traditionnels qu'on appelle les secteurs mous, qui ne
vendaient jamais à l'extérieur du Québec, peuvent
maintenant se permettre d'aller à l'extérieur du Québec
vendre des produits fabriqués au Québec par des hommes et des
femmes de chez nous. Dans ce sens, je pense qu'il y a un effort énorme
qui a été fait au cours des dernières années, et on
doit absolument continuer dans la même direction si nous voulons
véritablement mieux servir les intérêts de la
collectivité québécoise.
La même chose vis-à-vis de la réorganisation des
programmes ou la réorientation des programmes de la SDI. On a voulu
faire en sorte que la SDI aide au financement des entreprises lorsque les
entreprises privées et les banques à charte ne pouvaient le
faire. Nous avons voulu faire en sorte d'aider l'investissement et de stimuler
l'investissement à la fois des entreprises avec un fort contenu
technologique, donc, des entreprises de pointe qui pouvaient conquérir
des marchés extérieurs, mais aussi des entreprises existantes ou
celles qui sont le plus dynamiques, celles qui sont le plus innovatrices au
Québec, et les aider à faire davantage afin justement de produire
plus et de produire des marchandises de qualité supérieure pour
être prêts à concurrencer partout dans le monde. Il y a un
programme que nous avons mis en marche dernièrement pour le tertiaire
moteur, pour aider des entreprises du tertiaire moteur, des
génies-conseils, des entreprises dans les domaines de pointe, dans le
logiciel en particulier, à sortir du Québec, à aller
encore plus qu'elles ne le faisaient autrefois partout dans le monde et
à se préoccuper davantage de spécifier, dans leurs plans
et devis, des produits manufacturés au Québec.
Pour cela, il faut que le gouvernement
du Québec s'implique, non pas en faisant tout le travail pour les
entreprises, ce n'est pas le rôle du gouvernement du Québec de
prendre 100% des risques. Le rôle du gouvernement, c'est d'aider les
entreprises là où elles ne peuvent aller ou là où
elles ne veulent aller parce que c'est trop risqué. Le rôle du
gouvernement du Québec, c'est de donner l'appui technique et financier
nécessaire à ces entreprises. Dans ce sens, mon collègue,
le ministre délégué au Commerce extérieur, avec son
nouveau ministère, va pouvoir donner l'appui technique nécessaire
afin que les entreprises se sentent à l'aise sur les marchés
étrangers, afin que les entreprises se sentent aidées et
appuyées par un gouvernement qui est le leur et qui a comme
priorité non pas d'aider les entreprises de l'Ontario ou de l'Ouest
canadien, mais d'aider d'abord et avant tout les entreprises du Québec
pour des travailleurs et des travailleuses du Québec.
C'est cela, la priorité. C'est cela, le travail particulier de
mon collègue, le ministre délégué au Commerce
extérieur. Donc, priorité aux entreprises du Québec,
priorité à ceux et celles qui veulent faire travailler des gens
du Québec, priorité à améliorer la gestion de nos
entreprises, gestion intérieure comme gestion extérieure,
priorité à la qualité des produits manufacturés par
des gens de chez nous. J'appelle cela de la cohérence. J'appelle cela du
gros bon sens, de la logique dans notre démarche pour aider les
entreprises manufacturières québécoises et les entreprises
dans le domaine du tertiaire moteur à faire une étape en avant.
Le marché mondial est à la portée des gens du
Québec. Ces entreprises, ces gens du Québec ont justement besoin
d'être aimés, ont besoin d'être appuyés. Ces
entreprises ont besoin d'être comprises par des gens comme eux.
Les services que, dorénavant, le ministre
délégué au Commerce extérieur pourra donner aux
entreprises, c'est quelque chose d'essentiel et d'important.
Particulièrement au cours des dernières semaines, j'ai
vécu quelques expériences avec des gens qui sont en train de
développer des projets dans des pays de langue française. Ces
projets ont besoin, bien sûr, d'être conçus, on a besoin
d'en faire les plans et devis, on a besoin aussi de construire les
édifices, l'équipement, les manufactures, les industries
nécessaires, mais on a besoin aussi de montrer aux gens de là-bas
comment se servir de la technologie que nous, maintenant, nous
contrôlons. On appelle cela des "projets clé en main". Dans
plusieurs domaines d'activité économique
québécoise, nous avons les connaissances techniques
nécessaires pour faire un excellent travail. La responsabilité du
ministre délégué au Commerce extérieur sera
justement d'accompagner les entreprises du Québec qui voudront
conquérir ces nouveaux marchés.
Je vous dis, en terminant, que l'avenir appartient bien sûr
à ceux qui travaillent, qui cherchent, qui inventent, mais l'avenir
appartient aussi à ceux qui analysent, qui étudient, qui
connaissent bien les marchés et qui s'arrangent pour y occuper toute
leur place. Dans ce sens, le ministère du Commerce extérieur du
gouvernement du Québec aidera les entreprises québécoises
et les travailleurs et les travailleuses de chez nous à connaître
leur marché et à occuper toute la place qui est due au
Québec.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, savez-vous ce qui est le plus
fâchant de ce gouvernement et de ses ministres? C'est qu'ils disent une
chose et la réalité est complètement l'inverse. C'est cela
qui est fâchant. Si on pouvait au moins avoir un débat...
Oui, corrigez donc ma grammaire, j'aimerais que vous parliez l'anglais
et l'italien aussi bien que je parle le français. Parlons donc sur le
fond. Si on était capable de faire un débat sur le fond, sur une
différence d'opinions, mais ce n'est pas du tout ce que ce gouvernement
fait, pas du tout ce que ses ministres font. Ils vous jettent des mensonges en
public sur la table et ils espèrent que la population prendra cela pour
des vérités. (16 heures)
Le ministre du Commerce extérieur dit qu'il faut avoir de la
cohérence dans notre approche. En voulez-vous de la cohérence?
Dans la Loi sur le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
le ministre lui-même, le ministère a le pouvoir de favoriser, par
tous les moyens et mesures qu'il juge adéquats, l'avancement et le
développement de l'industrie, du commerce et du tourisme au
Québec. C'est toute l'industrie, non seulement intérieure, mais
intérieure et extérieure. En plus de cela, il peut
suggérer des mesures pratiques pour la vente et l'utilisation, etc., du
commerce extérieur. Les pouvoirs pour encourager le commerce
extérieur résident déjà dans le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Ce que nous disons, c'est que c'est contradictoire parfois et cela peut
aller à l'inverse des objectifs que de créer ce ministère
du Commerce extérieur sans amender la Loi sur le ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Il va y avoir des conflits, des
chevauchements. C'est le contraire qui va se produire. Nous
l'avons vu. Le ministre ne nous a pas expliqué pourquoi il n'est
pas allé en Floride pour s'occuper d'une vente de 4 000 000 000 $
à la compagnie
Bombardier. Ce n'était pas assez important. On a envoyé le
ministre de la langue pour s'occuper de cela. C'est ça l'attention qu'il
porte au commerce extérieur? Aujourd'hui, il vient nous dire d'essayer
de faire une liste de toutes les mesures qu'il prend pour encourager le
commerce extérieur!
M. le Président, je vous dis que ce sont des faussetés que
nous entendons ici. Il parle du marketing. On a des plans pour le marketing,
dit le ministre du Commerce extérieur. Si vous avez des plans pour le
marketing, pourquoi ne répondez-vous pas aux demandes de SIOBEC? SIDBEC
vous a dit: II n'y a pas de marketing dans notre société
d'État. Cela fait deux ans qu'elle vous le dit. C'est une des raisons
pour lesquelles on ne peut pas vendre nos produits sur le marché
international, et c'est ça le commerce extérieur, c'est ça
la responsabilité même que le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme avait. SIDBEC ne peut pas vendre nos produits. On
essait de faire croire à la population qu'on a implanté des
programmes de marketing, de gestion de marketing. La réalité est
que le ministère ne le fait même pas pour ses propres
sociétés d'État. Quand le ministre parlait de la
Société de développement industriel, je ne pense pas qu'il
avait lu l'éditorial du Devoir, qui se pose des questions sur les
critères des subventions de la Société de
développement industriel. On a donné des subventions à un
club de fer à cheval, à des clubs de pétanque. Quels sont
les critères?
Est-ce que vous aidez vraiment l'entreprise? On veut aider l'entreprise
québécoise. Comment expliquez-vous le départ de toutes les
sociétés, des compagnies? Comment expliquez-vous la perte de 219
000 emplois? C'est plus que dans tout le reste du Canada. Vous êtes des
hypocrites. C'est la seule façon de l'expliquer. Dites donc la
vérité. Donnez-nous des plans concrets pour nous dire comment
vous allez récupérer ces pertes d'emplois. Donnez-nous des plans
concrets pour nous dire comment vous allez vraiment aider l'entreprise
québécoise. Ce n'est pas en créant de nombreux
ministères et en alourdissant la machine gouvernementale. Ce n'est pas
ainsi que vous allez le faire. Vous êtes un gouvernement d'images et
d'illusions. Vous essayez de faire croire des faussetés à la
population.
Encore une fois, il faut attaquer le gouvernement fédéral,
naturellement, cela fait partie de la politique du ministère. Mais quand
on parle d'aider les entreprises du Québec au plan international,
comment expliquer que le gérant du marketing de la compagnie CVRD du
Brésil est allé à Ottawa se plaindre du prix que SIDBEC
vendait ses boulettes, un prix déprimé, sur le marché
européen. Il s'est plaint. Il voulait, il cherchait une entente. C'est
la seule façon dont on peut interpréter l'intervention de cette
personne qui faisait partie d'une délégation gouvernementale du
Brésil, à Ottawa. Au lieu de se lever ici en Chambre et de faire
de fausses accusations contre tout le monde, de traiter les gens de
malhonnêtes, etc., pourquoi le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme ne s'occupe-t-il pas de ses affaires? Pourquoi ne coopère-t-il
pas avec Ottawa pour régler ce problème? On a un déficit
de 150 000 000 $ à SIDBEC. On pourrait le réduire. On pourrait
faire quelque chose pour SIDBEC avec la coopération du marketing, avec
la coopération du fédéral, avec la coopération de
tout le monde, non pas en faisant des déclarations fausses comme le fait
le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
M. le Président, il y a des contradictions flagrantes dans ce que
ce gouvernement essaie de faire par ce projet de loi. On a déjà
une machinerie gouvernementale trop lourde. On veut ajouter à cette
machinerie en créant un autre ministère. On croit qu'en
créant un autre ministère, cela va automatiquement créer
du commerce extérieur. Bien, M. le Président, je crois que,
spécialement en commission parlementaire, nous avons fait des
propositions d'amendement, des recommandations pour apporter un peu de
cohérence dans cette loi. Parce qu'il n'en existe pas maintenant. Il y a
de l'incohérence entre la loi qu'on nous propose d'adopter aujourd'hui,
la Loi sur le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et la
Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales. Il y a des
contradictions, des dédoublements et on en a vu les résultats. Un
ministre dit: J'étais trop occupé, je ne pouvais pas aller en
Floride. Le premier ministre, qui devait y aller, n'a pas invité le
troisième. C'est une vraie zizanie! C'est incroyable de dire qu'on va
administrer un gouvernement de cette façon!
Entre-temps, M. le Président, les investissements ne viennent pas
au Québec. On perd les emplois. Les sociétés qui sont
déjà ici quittent le Québec pour des raisons de politique
du gouvernement du Québec. Et, M. le Président, on essaie de
justifier cette loi. Quand on entend les déclarations... Le
député de Shefford s'est levé en Chambre pour faire des
accusations contre le consulat canadien en Californie et il a dit que 80% des
employés de ce consulat... Et je le cite à l'Assemblée
nationale. Il dit: "J'ai été à même de constater que
la très grande majorité, plus de 80%, des gens qu'on retrouvait
là sont des gens de l'Ontario, d'où
la nécessité pour le Québec d'être
présent parce que, dès qu'on parle de consulat canadien, on
ferait mieux de parler de consulat ontarien. "
M. le Président, c'était complètement faux. On a
obtenu des renseignements et, sur les cinq hauts fonctionnaires au consulat
canadien à Los Angeles, trois viennent du Québec, un vient de
l'Alberta et l'autre de Vancouver. Il n'y a personne de l'Ontario. Le ministre
délégué au Commerce extérieur est encore une fois
complice de ces faussetés en essayant de faire croire que le consulat
canadien a dépensé 1 000 000 $ pour l'immeuble qu'il occupe
quand, en effet, c'est 250 000 $.
M. le Président, je vais vous dire ceci. S'il faut dire des
faussetés pour justifier un projet de loi, c'est un mauvais projet de
loi. S'il faut que vous justifiiez ce projet de loi en disant des mensonges, en
racontant des faussetés, je dis qu'on ne se joindra pas à ces
manoeuvres, on n'approuvera pas cela. On va s'opposer aux mesures qui sont
proposées par ce gouvernement qui vont rendre moins efficace une
machinerie gouvernementale déjà trop lourde. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre
délégué au Commerce extérieur dans votre droit de
réplique.
M. Bernard Landry (réplique)
M. Landry: M. le Président, je ne voudrais pas abuser du
temps de la Chambre et je veux brièvement conclure ce débat en
disant, d'abord, au député de Nelligan qu'il nous a beaucoup fait
rire dans cette affaire.
Une voix: Ou pleurer.
M. Landry: En particulier lorsqu'à une de mes questions,
où je lui demande pourquoi il a voté contre la résolution
proposée par le premier ministre, le 2 octobre 1981, pour s'opposer au
coup de force d'Ottawa, il dit: C'était parce que c'était une
hypocrisie. Alors, pourquoi tous les autres de votre parti, moins neuf, ont-ils
voté pour? Est-ce que cela veut dire que la majorité des gens de
votre parti votent pour une hypocrisie et que vous, le pur et le dur et le
sage, avec huit autres, vous votez contre? Cela veut dire qu'il y aurait huit
honnêtes hommes chez vous, plus vous, et les autres; dites-le à la
population, ils se rangent du côté de l'hypocrisie. Alors, si vous
êtes aussi crédible sur l'ensemble de votre discours que vous
l'étiez sur cette seule et unique sottise accessoire, j'espère
que le président et ceux qui vous ont écouté se sont fait
une idée. (16 h 10)
Vous avez perdu longuement votre salive à essayer de
démontrer que si on créait un ministre du Commerce
extérieur, il serait le seul à pouvoir parler de commerce
extérieur à l'étranger. C'est monstrueux comme
affirmation. Pour vous donner quelques exemples, n'importe qui - même qui
ne connaît rien au commerce extérieur - a bien dû
s'apercevoir que ces propos ne tenaient pas debout.
Par exemple, hier, j'ai conversé avec le ministre des Finances du
Pakistan pour conclure avec ce pays une entente pour la phase I d'un projet
dont la phase II porterait des dépenses de 250 000 000 $ dans un projet
minier, mais dont la phase I, avec un consortium québécois, en
comporte 8 000 000 $. Imaginez-vous, ayant écouté tout ce qu'a
dit le député de Nelligan, si, pendant que le ministre du
Pakistan me disait qu'il était en train d'accepter mon offre, je lui
avais dit: Qui êtes-vous, monsieur, vous? Vous êtes ministre des
Finances? Je ne parle pas de contrat avec vous. Vous n'êtes pas ministre
du Commerce extérieur, je ne parle pas de contrat.
La même chose si, quand M. Trudeau, qui n'est pas ministre du
Commerce extérieur du Canada, il est premier ministre, est allé
parler de vente du réacteur CANDU au Mexique, le président du
Mexique lui avait dit: Je ne peux pas discuter cela avec vous, vous
n'êtes pas ministre du Commerce extérieur. Si un
député de l'Opposition s'était levé à
Ottawa, disons Joe Clark, avait fait comme le député de Nelligan
et appliqué le même raisonnement pour dire: M. le
Président, j'interdis au premier ministre du Canada d'aller vendre des
CANDU, il n'est pas ministre du Commerce extérieur, quelle farce! Tout
le monde aurait tellement rigolé qu'on en entendrait encore les
éclats. Je trouve qu'on a été bien bons d'écouter,
sans le déranger par nos rires sonores, les sottises qu'a
débitées, pendant un trop long nombre de minutes, le
député de Nelligan.
Cependant, il y a des choses intéressantes qui se retrouvaient
dans le discours du député de Nelligan. Savez-vous lesquelles?
C'est quand il citait les propos du député de Jean-Talon à
la commission parlementaire. C'est un hommage que je dois rendre au
député de Jean-Talon, qui a participé sérieusement
à ce débat, de nous avoir fait, sur le fonctionnement du nouveau
ministère, d'excellentes suggestions que je me suis engagé
d'ailleurs à approfondir et à mettre en pratique dans la mesure
où elles seront compatibles - et plusieurs l'étaient -avec les
objectifs généraux que nous poursuivons.
Je dois dire aussi, en concluant ce débat, qu'il y a une chose
assez attristante. J'espère que la communauté d'affaires prendra
acte, que les gens des PME que j'ai rencontrés au cours des derniers
mois, tous ceux qui ont accueilli avec joie, dans la communauté
d'affaires, la création du
ministère du Commerce extérieur prendront acte que le
Parti libéral, qui les défend du bout des lèvres, en nous
racontant de vieilles sornettes d'extrême droite, quand c'est le temps de
livrer la marchandise, c'est-à-dire de voter pour une mesure que les
hommes d'affaires appuient unanimement, se prépare à voter
contre. J'espère que j'ai mal compris; que dans les minutes qui lui
restent il modifiera son avis et qu'une voix raisonnable se fera entendre dans
ses rangs.
De toute manière, comme nous l'avons abondamment illustré
dans ce débat, nous demandons à cette Assemblée de
s'apprêter à poser un geste fondamental, porteur d'avenir, porteur
d'espoir, en particulier dans une période économique aussi
tourmentée. Je prends l'engagement, personnellement, avec les
équipes qui m'entourent, que dès que cette Chambre aura fait
naître le ministère du Commerce extérieur, il se mettra
immédiatement, profondément et résolument au service des
exportateurs qui exportent déjà et qui portent la bannière
commerciale québécoise dans tous les pays du monde. Au service
également de ceux et celles qui nous écoutent, qui voudraient
accéder à cette activité d'exportation et qui ont compris
que là était l'avenir, que là était la voie du
développement de leurs firmes, de la création d'emploi et du
développement économique en général. Je voudrais
dire aussi aux autres ministères et organismes du gouvernement, des
secteurs public et parapublic, comme nous l'avons répété
dans ce débat, que ce ministère est aussi un ministère
horizontal et qu'il est à leur service pour seconder leur effort de
vente sur les marchés extérieurs. Je pense en particulier
à Hydro-Québec International, au Bureau de transport
métropolitain de Montréal dans son activité internationale
et à tous ces organismes privés, publics ou coopératifs
qui ont commencé cette grande mobilisation du commerce
extérieur.
Je voudrais dire aussi dans quel esprit nous allons le faire. Puisque le
nouveau ministère sera constamment en contact avec des vendeurs, mais
aussi avec des acheteurs étrangers, il devra être empreint d'un
esprit de souplesse, de mobilité, de simplicité qui colle
à la réalité de ceux et celles qui sont ses clients. Nous
allons nous astreindre, du haut en bas de la pyramide de ce ministère,
à une mentalité qui se rapproche de ceux au service duquel nous
avons l'intention de nous placer, c'est-à-dire la prise de
décision rapide, qu'il s'agisse d'attribuer une subvention ou qu'il
s'agisse de décider d'une mission à l'étranger, d'un
voyage, d'un déplacement comme l'ont fait de façon admirable les
fonctionnaires de l'Office québécois du commerce
extérieur, que nous avons créé il y a quelques
années. Nous n'avons pas l'intention de ménager ni nos
énergies, ni nos heures. De nombreux témoignages et des
vérifications personnelles m'ont démontré qu'il n'y a pas
une telle notion de temps supplémentaire chez les gens du commerce
extérieur. Tous nos agents, qu'ils soient à l'étranger ou
qu'ils soient à nos quartiers généraux situés
à Montréal, se comportent comme des gens épris
au-delà de tout du désir de vendre des biens et services du
Québec ailleurs, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, quelles
que soient les différences de fuseau horaire, quels que soient les
sacrifices personnels que ça peut leur demander.
Enfin, je voudrais inviter, en terminant, tous ceux qui ne sont pas
directement reliés à cette activité de vente à
l'étranger, mais qui ont à coeur le développement
économique, à bien se souvenir que chaque fois qu'un bateau
chargé à ras bord de produits québécois quitte le
port de Montréal ou de Trois-Rivières ou de Bécancour ou
de Québec ou de Sept-Îles ou de Grande-Baie il fait entrer dans
son sillage des emplois par dizaines de milliers. Cette activité, qui
n'est qu'en apparence une activité externe, est la meilleure garantie
qu'à l'interne les Québécois d'aujourd'hui, et ceux de
demain surtout, ces jeunes qui se préparent dans les écoles et
dans les universités à s'intégrer dans le circuit
productif, cette activité du commerce extérieur et ce sillage des
bateaux qui quittent nos ports, c'est la voie royale par laquelle viendra et se
consolidera la prospérité.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la
troisième lecture du projet de loi no 89, Loi sur le ministère du
Commerce extérieur, est adoptée?
M. Gratton: Adopté sur division.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté sur
division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, je vous demande
d'appeler l'article 11 des affaires du jour.
Projet de loi no 104 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la
troisième lecture du projet de loi no 104, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives, est
adoptée?
M. Gratton: Sur division.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté sur
division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: On va procéder lentement, M. le
Président, pour être bien sûr que les écritures se
font, au fur et à mesure que les articles sont appelées. Article
7, s'il vous plaît!
Projet de loi no 88 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la
troisième lecture du projet de loi no 88, Loi modifiant la Loi sur les
autoroutes et d'autres dispositions législatives, est
adoptée?
M. Gratton: Sur division.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté sur
division.
M. le leader adjoint.
M. Fréchette: Article 9, M. le Président.
Projet de loi no 96 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la
troisième lecture du projet de loi no 96, Loi sur l'intégration
de l'administration du système électoral, est adoptée?
M. Gratton: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, j'aurais besoin du
consentement de mon collègue, le leader adjoint de l'Opposition, pour
que nous puissions prendre en considération le rapport de la commission
permanente des institutions financières et coopératives qui a
procédé à l'étude du projet de loi no 85, Loi sur
les valeurs mobilières.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 85
Le Vice-Président (M. Jolivet): Y a-t-il consentement?
Consentement. Prise en considération du rapport de la commission
permanente des institutions financières et coopératives sur le
projet de loi no 85, Loi sur les valeurs mobilières. Est-ce que le
rapport est adopté? (16 h 20)
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Fréchette: Si j'avais le même consentement, nous
pourrions procéder à l'adoption de la troisième lecture du
même projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a
consentement? Il y a consentement. Troisième lecture du projet de loi no
85, Loi sur les valeurs mobilières. Est-ce que cette troisième
lecture est adptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
le projet de loi no 97
M. Fréchette: Je sollicite également le
consentement de l'Opposition pour la prise en considération du rapport
de la commission de la justice pour l'adoption de la loi no 97, Loi sur les
cessions de biens en stock.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a
consentement? Il y a consentement. Prise en considération du rapport de
la commission de la justice pour le projet de loi no 97, Loi sur les cessions
des biens en stock. Est-ce que le rapport est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint.
M. Fréchette: Je présume que j'aurai aussi le
même consentement pour l'adoption de la motion de troisième
lecture.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Y a-t-il consentement?
Est-ce que la troisième lecture du projet de loi no 97, Loi sur les
cessions des biens en stock est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: Article 4.
Projet de loi no 79 Révocation de la
troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que la
troisième lecture du projet de loi no 79, Loi modifiant la Loi sur la
curatelle publique est adoptée?
M. Fréchette: M. le Président, s'il vous
plaît!
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oui, M. le leader
adjoint.
M. Fréchette: II s'agit d'une loi pour laquelle il y
aurait lieu de procéder à un amendement. Je pense que la
députée de L'Acadie a été saisie de la nature de
l'amendement et les informations que je possède sont qu'il n'y aurait
pas d'objection pour que nous procédions à la révocation
de l'ordre de troisième lecture, que nous fassions les écritures
qui s'imposent et que l'amendement soit adopté. Je ne sais pas si j'ai
correctement saisi la nature de l'entente qui est intervenue.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gratton: Le leader adjoint du gouvernement a parfaitement
raison. Ma collègue de L'Acadie m'a informé qu'elle était
tout à fait d'accord pour qu'on procède de la façon
indiquée.
Commission plénière
Le Vice-Président (M. Jolivet): II y a révocation
de troisième lecture. Nous retournons en commission
plénière. Nous présentons l'amendement qui va se lire
comme suit:
Compte tenu de ce qui précède, il y aurait lieu d'ajouter
au projet de loi no 79 un article qui modifierait l'article 5 ci-haut
mentionné de la façon suivante: "Les livres et comptes du
curateur public sont vérifiés chaque année et chaque fois
que le décrète le gouvernement par le Vérificateur
général; ce dernier peut toutefois désigner un autre
vérificateur des livres et comptes du curateur relatifs aux biens
administrés par celui-ci; "le rapport du Vérificateur
général et celui du vérificateur désigné, le
cas échéant, accompagnent le rapport annuel du curateur public;
"les honoraires de tout vérificateur désigné par le
Vérificateur général sont payés à même
les revenus du curateur public. "
Cet amendement est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Est-ce que
le rapport avec l'amendement est adopté?
Des voix: Adopté.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Il y a
consentement pour qu'on puisse procéder à la troisième
lecture?
Une voix: II y a consentement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture du projet de loi no 79, Loi modifiant la Loi sur la curatelle publique
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: Sur la loi 94, qui est la Loi relative
à l'inspecteur général des institutions
financières, est-ce que je dois comprendre qu'il y a consentement
également pour l'adoption de la troisième lecture du projet de
loi?
Projet de loi no 94 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Un instant. Est-ce que la
troisième lecture du projet de loi no 94, Loi sur l'inspecteur
général des institutions financières et modifiant diverses
dispositions législatives, est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: On m'avait indiqué à un moment
donné au cours de la matinée que j'aurais en main le rapport de
la commission de la justice qui a siégé sur le projet de loi no
101 pour fins de dépôt, mais je ne l'ai pas eu effectivement.
Est-ce que les collègues de l'Opposition seraient disposés
à ce qu'on suspende les travaux pour 15 ou 20 minutes? Nous pourrions,
à ce moment, être en possession du rapport pour terminer les
travaux quant à cette loi 101.
Des voix: D'accord.
Le Vice-Président (M. Jolivet): 15, 20 minutes ou moins
que cela? On est aussi bien de dire suspension à loisir et on pourra
revenir dans cinq minutes, si on a cinq minutes. Suspension à loisir et
on fera sonner les cloches.
(Suspension de la séance à 16 h 25)
(Reprise de la séance à 16 h 55)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre! M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, tel que
convenu avant la suspension, je vous prierais de reconnaître le
député de Limoilou pour le rapport sur la loi 101.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Limoilou.
Dépôt du rapport de la commission qui a
étudié le projet de loi no 101
M. Gravel: M. le Président, au nom de ma collègue,
la députée de Johnson, qu'il me soit permis, conformément
aux dispositions de notre règlement, de déposer le rapport de la
commission élue permanente de la justice qui a siégé les
13, 15 et 16 décembre 1982 aux fins d'étudier article par article
le projet de loi no 101, Loi modifiant diverses dispositions
législatives. Le projet de loi a été adopté avec
des amendements.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le rapport est
déposé. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, je fais motion pour
qu'il soit maintenant adopté, avec le consentement.
Prise en considération du rapport
Le Vice-Président (M. Jolivet): Y a-t-il consentement pour
la prise en considération? Il y a consentement. Donc, prise en
considération du rapport de la commission permanente de la justice qui a
étudié la loi no 101, Loi modifiant diverses dispositions
législatives, avec les amendements qui ont été inclus. Ce
rapport est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: J'apprécierais, M. le
Président, un autre consentement pour adopter la motion de
troisième lecture du même projet de loi.
Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Consentement
accordé. La troisième lecture du projet de loi no 101, Loi
modifiant diverses dispositions législatives, est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: Et finalement, M. le Président,
toujours avec le consentement de mon collègue de l'Opposition, je fais
motion pour l'adoption de la troisième lecture du projet de loi no 93,
Loi sur l'abolition de l'âge de la retraite obligatoire dans les
régimes de retraite des secteurs public et parapublic et modifiant
diverses dispositions législatives concernant ces régimes de
retraite.
Projet de loi no 93 Troisième lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): La troisième
lecture du projet de loi no 93, Loi sur l'abolition de l'âge de la
retraite obligatoire dans les régimes de retraite des secteurs public et
parapublic et modifiant diverses dispositions législatives concernant
ces régimes de retraite, est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Fréchette: M. le Président, cela complète
le programme ou le menu du jour. Je voudrais, avant de faire une motion
d'ajournement, remercier mon vis-à-vis, le leader adjoint de
l'Opposition, pour la collaboration de tous les instants qu'il m'a
accordée au cours de la journée. Sur ce, je ferai motion pour que
nous ajournions nos travaux à demain, 17 décembre, à 10
heures.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Ajournement
de nos travaux à demain, 10 heures.
(Fin de la séance à 16 h 58)