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(Quinze heures vingt-trois minutes)
Le Secrétaire général: Un moment de
recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Démission de M. Claude Vaillancourt comme
président de l'Assemblée
J'ai l'honneur d'informer l'Assemblée que j'ai reçu la
lettre suivante: "Québec, le 23 mars 1983. "M. René Blondin,
Secrétaire général, "Assemblée nationale,
"Hôtel du Parlement, pièce 191. "Monsieur le Secrétaire
général, "La présente est pour vous informer de ma
décision de démissionner comme président de
l'Assemblée nationale du Québec. "Je voudrais remercier tous les
membres de l'Assemblée pour le témoignage unanime de confiance
qu'ils m'ont manifesté à deux reprises. Ce fut un très
grand honneur d'occuper un poste aussi important et fondamental dans notre
système démocratique et soyez assuré que je n'ai
ménagé aucun effort afin d'être quotidiennement digne de
cette confiance. "Je voudrais remercier de façon toute
particulière les chefs des formations politiques de même que leurs
leaders et whips avec lesquels j'ai eu le plaisir de travailler à de
multiples reprises et qui ont facilité grandement ma tâche. "Je
désire, M. le Secrétaire général, vous exprimer
toute ma gratitude de même qu'à tous les employés de
l'Assemblée pour la collaboration constante, fidèle et
dévouée que vous m'avez accordée depuis plus de deux ans.
"Qu'il me soit permis, en terminant, d'adresser mes remerciements les plus
sincères à MM. Jean-Pierre Jolivet et Réal Rancourt,
vice-présidents de l'Assemblée nationale, pour le
dévouement et la compétence qu'ils m'ont démontrés
dans l'exercice de leurs fonctions. "Veuillez agréer, M. le
Secrétaire général, l'expression de mes sentiments les
meilleurs. "Signé: Claude Vaillancourt."
Je déclare donc la charge de président vacante.
M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
l'honneur d'informer l'Assemblée que l'honorable lieutenant-gouverneur
l'autorise à élire un président. J'ai aussi...
Question de règlement sur une
affirmation que le premier ministre
aurait trompé la Chambre
M. Lalonde: Je m'excuse d'interrompre le premier ministre, M. le
Président, je soulève une question de règlement. De toute
évidence les propos du premier ministre ne s'adressaient pas aux
préoccupations que je voudrais soulever. Je connais l'existence de
l'article 11 du règlement qui dit qu'aussi longtemps qu'un nouveau
président n'est pas élu, l'Assemblée n'expédie
aucune affaire. Soyez rassuré, je ne demanderai pas à cette
Assemblée d'expédier quoi que ce soit, mais ma question de
règlement touche l'honneur et l'intégrité de
l'Assemblée nationale des Québécois qui ont
été mis en cause par des accusations fort graves portées
contre le premier ministre depuis quelques jours, à savoir...
M. Bertrand: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: ...que le premier ministre aurait trompé
l'Assemblée nationale en février 1979.
M. Bertrand: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Secrétaire général: M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais indiquer que
l'article 11 du règlement auquel vient de faire référence
le leader de l'Opposition, mérite d'être lu: "Si la charge de
président devient vacante, le secrétaire en informe
l'Assemblée et celle-ci n'expédie aucune affaire avant d'avoir
élu un nouveau président."
De plus, la loi 90, que nous avons adoptée à
l'unanimité, prévoit, à l'article 22, ce qui suit: "Si la
charge de président devient vacante, le Secrétaire
général en informe l'Assemblée qui ne peut expédier
aucune affaire avant d'avoir élu un président." Je vous fais donc
valoir, M. le Secrétaire général - et président,
dans les circonstances; lorsqu'un président a annoncé sa
démission, le Secrétaire général, d'office, assume
les responsabilités de la présidence -que l'article 22 du
règlement est aussi très explicite: "À la séance
d'ouverture d'une session, les députés occupent leur siège
et, si
cela est nécessaire, ils élisent d'abord le
président et les vice-présidents puis ils prennent connaissance
de l'allocution d'ouverture du lieutenant-gouverneur et du message inaugural
prononcé, au nom du gouvernement, par le premier ministre."
Me référant donc, M. le Secrétaire
général, à l'article 11 du règlement, à
l'article 22 de la Loi sur l'Assemblée nationale du Québec et
à l'article 22 du règlement, je demande que nous
procédions à ce moment-ci au choix du président de
l'Assemblée nationale.
Le Secrétaire général: M. le leader de
l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Secrétaire général, sur la
question de règlement soulevée par le leader du gouvernement. Je
ne sache pas que la Loi sur l'Assemblée nationale ni le règlement
prévoient que tous les articles et toutes les dispositions du
règlement sont suspendus jusqu'à ce qu'un nouveau
président soit élu. Si vous voulez, je peux vous
référer à ce qui s'est passé le 22 novembre 1973 et
le jeudi 6 novembre 1980 alors que, avant de procéder au vote, des
questions de règlement ont été soulevées. Comme il
s'agit actuellement de l'intégrité et de l'honneur de
l'Assemblée nationale, mis en cause par des accusations très
graves portées contre le premier ministre et qui touchent même, M.
le Secrétaire général...
Le Secrétaire général: Je regrette, mais ce
n'est pas une question de règlement. Ce pourrait, à la rigueur,
être une question de privilège qui pourra être
soulevée en temps et lieu, mais ce n'est certainement pas le moment,
alors que la session n'est pas encore ouverte, de soulever une question de
privilège. La question de règlement devrait référer
à quelque chose qui se passe à l'Assemblée et je ne crois
pas qu'il y ait lieu de soulever une question de règlement à ce
moment-ci.
D'ailleurs, le Secrétaire général ne préside
pas l'Assemblée. Il ne préside pas la Chambre, mais une
réunion de députés qui sont rassemblés pour
élire un président. Donc, il ne peut pas y avoir quoi que ce soit
de fait à part l'élection du président.
M. Lalonde: Je m'excuse d'insister, mais je voudrais faire appel
au consentement de l'Assemblée pour permettre au premier ministre de
nous communiquer les engagements que nous recherchons, à savoir de
prendre toutes les dispositions nécessaires pour faire la lumière
sur cette question très grave.
Le Secrétaire général: Je regrette, ce n'est
pas le temps ni le lieu. Ce n'est pas le moment de faire cette mise au point.
Le temps viendra lors d'une autre séance. Il y a des décisions de
rendues depuis plusieurs années décrétant qu'à la
séance d'ouverture, il n'est jamais permis de soulever des questions de
privilège ou de demander quoi que ce soit avant l'élection du
président. (15 h 30)
M. Lalonde: Avant que les députés
ministériels et le leader du gouvernement soient appelés à
exprimer leur consentement ou leur décision - ce que je les invite
à faire - j'aimerais - il est important que vous le sachiez, M. le
Secrétaire général - vous informer que notre formation
politique n'acceptera pas...
Des voix: À l'ordre!
M. Lalonde: ...compte tenu du refus du gouvernement...
Des voix: À l'ordrel
M. Lalonde: M. le Secrétaire, j'ai une information
à vous communiquer.
M. Bertrand: Question de règlement.
M. Lalonde: J'ai une information à vous communiquer, M. le
Secrétaire...
M. Bertrand: M. le Secrétaire général...
M. Lalonde: ...et je pense avoir la parole pour le faire.
M. Bertrand: ...question de règlement. M. Lalonde:
M. le Secrétaire général...
Le Secrétaire général: Non. À
l'ordre! À l'ordre!
M. Bertrand: M. le Secrétaire général, le
député de Marguerite-Bourgeoys et leader de l'Opposition,
s'adressant à moi tout à l'heure, disait: Si nous obtenions le
consentement, nous pourrions peut-être entendre le premier ministre
relativement à certains éclaircissements que nous voudrions
obtenir. Je veux dire au leader de l'Opposition que, bien sûr, le premier
ministre, le gouvernement sont conscients que viendra un temps, prévu
d'ailleurs par le règlement dans le cadre normal du déroulement
des travaux, où les députés de l'Opposition ou du
côté ministériel pourront se prévaloir de certains
articles, que ce soit pour des questions de privilège ou même sans
questions de privilège, pour une période de questions normale
afin d'obtenir les éclaircissements que les gens souhaitent.
Là-dessus, il est bien évident que nous ne nous déroberons
pas à ces questions qui seront posées et nous allons donner les
réponses qu'il faut donner; cela est tout à fait clair
et évident. Mais ce que nous souhaitons et tout ce que nous
souhaitons et ce que nous demandons, c'est ceci. C'est en vertu de la stricte
application du règlement que j'indique au leader de l'Opposition que,
quant à moi, je considère qu'il est simplement normal que nous
procédions, comme le règlement le prévoit, au choix du
président et que par la suite, comme le prévoit l'article 22 du
règlement, nous fassions en sorte que le lieutenant-gouverneur puisse
venir s'adresser aux membres de l'Assemblée nationale et que le premier
ministre prononce son discours inaugural. Par la suite, à compter de
demain, il y aura la période de questions, les articles sont là,
on les connaît, ces articles relatifs aux questions de privilège;
l'article 80 ou tout autre article peut être utilisé pour mettre
en cause les opinions, les attitudes, les comportements de quelque membre de
l'Assemblée nationale.
Dans ce contexte, je pense qu'il conviendrait que nous
procédions, dans le respect du règlement, dans les formes
prévues, en respectant les traditions et coutumes de l'Assemblée
nationale et que, tout en respectant, bien sûr, la volonté de
l'Opposition, nous fassions ces choses correctement, dans l'ordre,
c'est-à-dire au moment où le règlement prévoit que
ces choses peuvent être faites.
M. Lalonde: M. le Secrétaire général qui
présidez cette réunion, j'aimerais que vous m'accordiez la
même latitude pour m'exprimer que le leader du gouvernement a eue. Je ne
l'ai pas interrompu. C'est de mon devoir de vous informer que notre formation
politique, compte tenu de la gravité des accusations portées
contre le premier ministre... Le leader du gouvernement ne semble pas se rendre
compte jusqu'à quel point l'honneur et l'intégrité de
l'Assemblée nationale ont été mis en cause. Nous
n'accepterons pas de nous associer à aucun des travaux prévus au
feuilleton d'aujourd'hui à cause, justement, du caractère
très sérieux des accusations qui ont été
portées, à moins d'avoir un engagement du premier ministre de
prendre des dispositions claires, définitives pour que toute la
lumière soit faite et que tous les témoins entourant cette
affaire soient entendus.
M. Lévesque (Taillon): Si on me le permet, en
réponse aux propos de l'Opposition, j'ai cru pendant quelques minutes -
je le crois encore - que ce n'est ni le lieu ni le moment comme cela, à
la sauvette, de faire quelque mise au point que ce soit et qui s'impose. Pas
aujourd'hui, dans ce climat d'ouverture qui a ses règles et ses
traditions. L'attitude qui s'est développée depuis quelques
minutes peut, dès le départ, gâter un peu ce qui est quand
même un moment crucial dans la vie parlementaire, la nomination d'un
président. Mais j'ajoute aussitôt que, pas plus tard que demain,
j'aurai un très grand plaisir à situer en long, en large et en
profondeur aussi cette "affaire" dont je maintiens très simplement,
premièrement, qu'on cherche, ça et là, à la grossir
en la faussant grossièrement et, deuxièmement, que je n'ai,
à ce sujet ni à aucun autre sujet, que je sache, jamais induit la
Chambre en erreur. Un point c'est tout.
Je m'engage dès maintenant, si c'est la commission parlementaire
qui paraît la plus indiquée, en mon nom comme au nom du
gouvernement, dans les plus brefs délais, que tous les gens qui sont
intéressés, à commencer par votre serviteur, puissent
aller à cette commission et faire la lumière.
M. Lalonde: M. le Secrétaire général, la
pertinence des propos de votre serviteur vient d'être prouvée par
les propos du premier ministre. Si vous le permettez, comme vous avez permis au
premier ministre d'expliquer cette question de la commission parlementaire,
j'aimerais m'assurer, avant que nous procédions, au nom de l'Opposition,
que le mandat de cette commission parlementaire sera le plus large possible,
que cette commission parlementaire sera télévisée et que
tous les témoins que nous, de l'Opposition, voudrons convoquer le
seront.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que la
réponse du premier ministre était à ce point explicite que
même la réplique du leader de l'Opposition n'était pas
nécessaire. Dans les circonstances, pouvons-nous procéder, M. le
Secrétaire général?
M. Levesque (Bonaventure): M. le
Secrétaire général, je dois dire que le premier
ministre, puisqu'il a parlé d'une commission parlementaire, se doit,
à ce moment-ci, d'assurer à cette Chambre et à l'opinion
publique que cette commission parlementaire sera tenue avec un mandat
très précis, mais suffisamment large pour permettre à tous
les membres de la commission de s'enquérir de tous les faits, souvent
troublants, autour de cette affaire; deuxièmement, que...
Des voix: À l'ordre! À l'ordre! Le
Secrétaire général: À l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): ...nous pourrons avoir ou entendre les
témoins suggérés, d'une part, par le gouvernement et,
d'autre part, par l'Opposition et que cette commission se tiendra dans les
meilleurs délais.
Le Secrétaire général: M. le premier
ministre.
M. Lévesque (Taillon): II me semble, M. le
Président, que c'est exactement ce que j'ai dit sans prétendre
définir un mandat: tous les gens intéressés de quelque
coin qu'ils soient, pourvu qu'ils aient un lien avec cette affaire. Et si le
chef de l'Opposition veut même remonter au temps où ils formaient
le gouvernement et où se sont produits, à cause de certains
comportements, les événements de la Baie-James, on ira aussi,
s'il le faut.
Des voix: Bravo! Bravo! Très bien!
M. Bertrand: Et dans les meilleurs délais!
M. Lévesque (Taillon): J'ajoute simplement ceci: le mandat
le plus large possible, défini convenablement tout de même; les
témoins qui ont quelque rapport pourront être convoqués
aussi longtemps qu'on le voudra et cela, dans les meilleurs délais. Et
là-dessus, non plus, je ne mens pas à la Chambre.
M. Bertrand: Voilà! Bravo!
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je dois,
d'abord, dire au premier ministre que nous sommes fiers des travaux entrepris
contre la volonté du PQ, mais avec la volonté du Parti
libéral à la Baie-James. (15 h 40)
M. Bertrand: M. le Secrétaire général, cela
suffit, quand même! C'est épouvantable, disgracieux!
Le Secrétaire général: À l'ordre!
À l'ordre! Comme ce n'est pas le temps de tenir ce débat ici, je
demande au premier ministre de faire sa proposition, s'il en a une à
faire.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je
m'excuse.
Le Secrétaire général: À l'ordre!
À l'ordre!
M. Levesque (Bonaventure): Je demanderais simplement le droit
d'avoir une précision. Je comprends que le premier ministre a fait signe
que oui. Alors, je pense bien que je peux poser une question. Est-ce que le
premier ministre est d'accord à ce moment pour rassurer l'opinion
publique? Le premier ministre est lui-même conscient de la gravité
des accusations portées.
M. Bertrand: M. le Secrétaire général, tout
de même!
M. Levesque (Bonaventure): Je peux poser la question?
Le Secrétaire général: Non. Ce débat
a déjà trop duré. Vous poserez la question demain.
M. Levesque (Bonaventure): Très rapidement. Est-ce que le
premier ministre peut assurer cette Chambre que cette commission parlementaire
aura lieu avant le congé pascal, aura lieu, autrement dit, dès la
semaine prochaine et, si c'est possible, avant la semaine prochaine? Le premier
ministre peut-il nous donner cette assurance?
M. Levesque (Taillon): Je vais répondre affirmativement
parce que j'aurais aimé que cette commission suive immédiatement
le titre invraisemblable, complètement injustifié qu'un journal
s'est permis de faire là-dessus.
Des voix: Bravo!
Le Secrétaire général: À l'ordre! M.
le premier ministre.
Élection de M. Richard Guay à la
présidence de l'Assemblée
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Je répète que j'ai
l'honneur d'informer l'Assemblée que l'honorable lieutenant-gouverneur
l'autorise à élire un président. J'ai l'honneur aussi de
proposer en conséquence que M. Richard Guay, député de la
circonscription électorale de Taschereau, soit élu
président de l'Assemblée et prenne place au fauteuil en cette
qualité.
Le Secrétaire général: M. le chef de
l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je
désire informer cette Chambre - j'espère, M. le Secrétaire
général, que vous êtes un peu moins nerveux à ce
moment-ci -que nous avons été dûment consultés au
sujet de l'élection d'un nouveau président. Le premier ministre,
qui avait eu dans le passé certains oublis ou certains défauts de
mémoire - cela lui arrive quelquefois - cette fois-ci, a consulté
l'Opposition. Vendredi matin, le premier ministre me rejoignait pour me
suggérer non pas cinq ou six noms mais un seul, celui du
député de Taschereau.
Nous sommes heureux d'accepter la proposition de l'honorable premier
ministre, et nos meilleurs voeux accompagnent évidemment le nouveau
président.
Je tiens cependant à remercier immédiatement l'ancien
président, le député de Jonquière, de la
façon dont il a dirigé les travaux de cette Chambre. Nos
meilleurs voeux l'accompagnent quant à son avenir.
La responsabilité d'un président de l'Assemblée
nationale, dois-je le rappeler, est très exigeante. Je souhaite au
nouveau président d'avoir toutes les lumières nécessaires
et les inspirations qui s'imposent pour rendre cette justice qu'on attend du
président de l'Assemblée nationale.
Le président de l'Assemblée nationale est le
défenseur des droits des parlementaires et il est également le
défenseur de la liberté d'expression. Je n'ai pas à lui
rappeler l'importance qui est la sienne dans cette fonction importante de
donner toutes les occasions possibles, particulièrement à
l'Opposition, de faire valoir ses droits. On saura évidemment que, dans
notre système démocratique, les moyens mis à la
disposition des membres de l'Opposition sont forcément limités.
On a bien confiance que la présidence - et lorsque je parle de la
présidence j'inclus évidemment la vice-présidence - doit
être très jalouse des droits des parlementaires,
particulièrement ceux de l'Opposition.
M. le Président, il faut absolument permettre à cette
Assemblée de fonctionner et d'être réellement le chien de
garde des actes posés par l'administration. Il est extrêmement
important de permettre - et c'est la responsabilité du président
- les débats les plus entiers, les plus complets, en respectant toujours
évidemment - comme me l'indiquent ceux qui sont un peu inquiets de cette
liberté - les règles du jeu, les règles
traditionnelles.
M. le Secrétaire général, je veux assurer le
nouveau président de notre collaboration. À l'occasion, nous
devrons lui rappeler, s'il ne s'en rappelle pas lui-même, certaines
dispositions de notre règlement. Je sais qu'il nous écoutera avec
beaucoup de compréhension et qu'il permettra justement à tous
ceux qui ont à plaider une cause ou l'autre d'avoir l'occasion de le
faire, toujours respectueux que nous sommes des droits démocratiques et
de l'importance de l'institution.
Je pense que nous avons prouvé dans le passé, et nous
continuerons de le faire, notre respect de l'institution qui s'appelle
l'Assemblée nationale. Nous l'avons fait encore aujourd'hui et nous
continuerons de le faire, malgré, les quolibets, malgré surtout,
les propos de ceux qui sont loin de l'esprit qui doit présider à
cette Assemblée nationale, et aux débats démocratiques qui
doivent s'y dérouler.
M. le Secrétaire général, encore une fois, je
termine en concourant à la proposition du premier ministre et en
formulant à nouveau nos meilleurs voeux à l'endroit du nouveau
président, le député de Taschereau.
M. Lévesque (Taillon): M. le...
M. Bisaillon: M. le Secrétaire général.
Le Secrétaire général: M. le
député de Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: Je m'excuse auprès du premier ministre.
Des voix: Ah!
M. Bisaillon: M. le Secrétaire général, je
ne vous surprendrai sûrement pas en vous annonçant que je n'ai pas
eu le privilège d'être consulté par le premier
ministre.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bisaillon: Malheureusement, M. le Secrétaire
général, je n'ai même pas eu le privilège, qu'on
m'avait pourtant promis, d'être au moins informé un peu
avant...
Une voix: ...
M. Bisaillon: Non, ce n'est pas le premier ministre. C'est le
leader du gouvernement qui s'était engagé...
M. Bertrand: M. le Secrétaire général.
M. Bisaillon: ...à m'informer au moins une heure avant la
séance.
Des voix: Ah!
M. Bisaillon: M. le Secrétaire général, je
sais que le leader du gouvernement va me dire que je n'avais qu'à
être au caucus des députés ministériels ce
matin.
M. Bertrand: Non, non, non. Des voix: Ah! Ah!Ah!
Le Secrétaire général: M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Secrétaire général, la
raison en est très simple. Je voudrais simplement dire au
député de Sainte-Marie que, tant et aussi longtemps que nous
n'avions pas la réponse de l'Opposition, à savoir s'il y avait
consentement ou non, je ne pouvais pas en informer le député de
Sainte-Marie. (15 h 50)
Des voix: Ah!
M. Bisaillon: M. le Secrétaire
général...
Le Secrétaire général: M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: ...faute avouée est déjà
à
moitié pardonnée.
Je voudrais souligner qu'aujourd'hui, dans les galeries, nous avons
également un ancien député indépendant,
l'ex-député de Rouyn-Noranda. Je ne sais pas si, à
l'époque, le député de Rouyn-Noranda était aussi
consulté lorsqu'il siégeait comme député
indépendant. Quoi qu'il en soit, M. le Secrétaire
général, comme il est préférable en cette Chambre
que les décisions, surtout de l'ordre de celle qu'on s'apprête
à prendre, soient prises de façon unanime, je voudrais dire ou
annoncer que je vais évidemment, moi aussi, concourir à la motion
du premier ministre, que je suis fort heureux de cette nomination du
député de Taschereau, que je lui rappelle dès maintenant,
avant même qu'il prenne son siège, qu'en cette Chambre, s'il y a
des groupes structurés, il y a aussi des parlementaires qui sont
indépendants et que...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Bisaillon: M. le Secrétaire général, je
trouve qu'on rit trop vite. On ne peut jamais prédire le lendemain.
M. le Secrétaire général, il y a aussi, en cette
Chambre, des députés qui ne se situent ni d'un côté
ni de l'autre et il me semble que si la présidence doit protéger
les droits de l'Opposition, elle doit aussi protéger, au départ,
les droits des parlementaires dont je fais partie.
Le chef de l'Opposition a mentionné également les
facilités très minces, finalement, qu'ont les
députés de l'Opposition pour faire valoir leurs dossiers et pour
jouer leur rôle de critiques du gouvernement. Je voudrais aussi souligner
au nouveau président qu'on s'apprête à élire, avant
même, encore une fois, qu'il prenne son siège, que c'est le lot de
l'ensemble des parlementaires et que, dans le travail qu'il entreprend, il
faudrait peut-être qu'il songe aussi à améliorer les outils
de travail des parlementaires comme parlementaires, peu importe leur
appartenance ou leur non-appartenance aux formations politiques qui
siègent à l'Assemblée nationale.
Je suis donc fier de concourir à cette décision et je
voudrais aussi souligner non seulement le travail qu'a accompli le
député de Jonquière dans le rôle qu'il a tenu
à la présidence, mais aussi dans le soutien qu'il a
apporté à tous les parlementaires, chaque fois qu'ils avaient
besoin de ses conseils.
Le Secrétaire général: Est-ce que cette
motion du premier ministre, appuyée...
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): Je n'ajouterai pas grand-chose,
seulement que je suis très heureux, nous sommes très heureux, de
ce côté-ci, de voir cette unanimité. C'est très rare
en cette Chambre. C'est une des occasions où c'est le plus
indiqué. Je constate, entre autres choses, que l'Opposition
libérale doit vraiment avoir beaucoup de considération pour le
député de Taschereau puisque l'incident qu'elle avait à
créer, elle l'a fait avant qu'il soit obligé de traiter la
question.
Nous aussi, je n'ai pas besoin de le dire, reconnaissons les
capacités et la compétence du député de Taschereau
qui, je crois, est digne d'entrer dans cette lignée de remarquables
présidents que nous avons eus depuis quelques années; ce qui
n'exclut absolument pas, puisque nous les connaissons bien, mieux que nos amis
d'en face, la reconnaissance que nous avons en nos deux vice-présidents
- il s'agit toujours d'une présidence collective - qui, entre autres
moments, il y a quelques semaines, ont dû tenir le fort en l'absence du
président démissionnaire.
Je n'ajouterai rien aux propos extrêmement bien sentis du
député de Bonaventure sur toute l'importance du poste et des
contraintes qui l'accompagnent ni, non plus, aux sages conseils du
député de Sainte-Marie. Je dirai simplement que, finalement, nous
remettons notre sort, en ce qui concerne notre liberté d'expression,
dans le cadre du règlement, au député de Taschereau avec
beaucoup de confiance. Merci bien.
Le Secrétaire général: Cette motion du
premier ministre, appuyée par le chef de l'Opposition et le
député de Sainte-Marie, sera-t-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire général: J'ai donc l'honneur
de proclamer que M. Richard Guay, député de la circonscription
électorale de Taschereau, est élu président de
l'Assemblée à l'unanimité.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo! Un discours!
M. Richard Guay
Le Président: Par réflexe, j'allais commencer par
M. le Président... je ne pourrai plus, désormais.
M. le premier ministre, M. le chef de l'Opposition, chers
collègues, la nature des choses fait que cette Assemblée est
rarement unanime; je mesure donc la dimension du vote que vous venez de prendre
en me confiant la tâche de présider nos travaux et, par le fait
même, de diriger l'administration de notre Parlement. Je suis tout
particulièrement reconnaissant à M. le premier ministre à
qui il incombait de proposer le nom d'un d'entre nous pour
assumer la fonction qui est désormais la mienne. Je sais
gré tout autant au chef de l'Opposition qui a bien voulu appuyer cette
motion. Par l'entremise des chefs de nos deux formations politiques et sans
oublier le député de Sainte-Marie, c'est tout naturellement
à vous toutes et à vous tous que je désire exprimer ma
reconnaissance pour la confiance que vous me manifestez aujourd'hui. Je ne puis
m'empêcher de penser, en un tel moment, aux électeurs et aux
électrices de la circonscription de Taschereau à qui je dois
d'être ici en cette Assemblée. L'honneur qui m'échoit en ce
jour leur appartient tout autant à eux, sinon d'autant plus encore
à eux qu'à moi. J'ai toujours éprouvé beaucoup de
fierté à représenter ici les vieux quartiers du
centre-ville de notre capitale, Québec, là même où,
il y a 375 ans cette année, commençait la grande aventure de
notre peuple en ce continent.
Je veux dire aux citoyens de Taschereau que les nouvelles fonctions que
vous me confiez ne m'empêcheront nullement de demeurer d'abord et avant
tout député de Taschereau, au service des gens des quartiers
Saint-Sauveur, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Roch, Notre-Dame-des-Victoires,
Notre-Dame-de-la-Garde et du Vieux-Québec, tout autour de ce parlement
dans lequel nous siégeons.
Ce Parlement quant à lui est en pleine mutation. Doté
d'une nouvelle loi adoptée en décembre dernier, il fonctionnera
d'ici peu sous l'autorité d'un bureau formé de
représentants des partis autorisés. J'anticipe le plaisir de
travailler avec ce bureau dont l'existence vient confirmer
l'indépendance du pouvoir législatif. J'ai eu le plaisir de
participer jusqu'à ce jour aux travaux de la sous-commission de
l'Assemblée nationale sur les réformes parlementaires ainsi
qu'à ceux de la commission parlementaire spéciale sur le
contrôle parlementaire de la législation
déléguée.
Je compte mettre à profit la volonté déjà
exprimée de toutes et de tous en cette Assemblée afin que nous
puissions mener à terme cette importante réforme qui devra
permettre au Parlement de mieux exercer encore sa double fonction de
législateur et de vérificateur des faits et gestes du pouvoir
exécutif.
Je m'en voudrais, en terminant, de ne pas saluer toutes les personnes
qui, par leur travail quotidien, permettent à cette Assemblée de
fonctionner, mais je désire également rendre hommage à mon
tour à mon prédécesseur, le député de
Jonquière, qui, avec le concours précieux des
députés de Laviolette et de Saint-François, a
dirigé nos travaux ces dernières années avec
l'impartialité qui lui a valu l'estime de tous les membres de
l'Assemblée nationale.
Sur ce, mesdames et messieurs, je vais suspendre à loisir puisque
nous attendons l'arrivée de l'honorable lieutenant-gouverneur.
(Suspension de la séance à 15 h 59)
(Reprise de la séance à 16 h 06)
Le Président: Veuillez prendre vos places.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Veuillez vous lever pour l'entrée de Son Excellence le
lieutenant-gouverneur.
Allocution d'ouverture Le
lieutenant-gouverneur
Le lieutenant-gouverneur: Mesdames et messieurs de
l'Assemblée nationale, il y a moins de deux semaines, je mettais fin
à la troisième session de la trente-deuxième
Législature. J'ouvre aujourd'hui la quatrième. On ne saurait
mieux mettre en évidence le fait qu'au cours des dernières
années le travail de l'Assemblée nationale et de ses commissions
est devenu permanent et s'étend maintenant tout au long de
l'année. Il est bien révolu le temps où votre
Assemblée ne siégeait que quelques mois l'an et où les
parlementaires pouvaient se permettre de cumuler à la fois leurs devoirs
de législateurs et d'autres fonctions rémunératrices.
Être député, c'est maintenant un travail à temps
plein. C'est également un travail des plus exigeants, surtout en ces
années difficiles où l'on se tourne de plus en plus
fréquemment vers l'Assemblée nationale pour dégager les
consensus sociaux, arbitrer les conflits et fixer les priorités
sociales. Car, avec la télédiffusion de vos travaux, votre
Assemblée et ses commissions sont devenues un forum de discussion
exceptionnel qui, par la magie de la communication électronique, permet
à l'ensemble de notre société de participer aux grands
débats publics.
Ceci m'amène à souligner que 1983 a été
désignée comme l'Année internationale des communications.
Le Québec ne doit pas manquer ce rendez-vous. En effet, le monde encore
largement inexploré des communications, c'est le monde de demain.
Secteur de pointe de la nouvelle technologie, faisant appel aussi bien à
l'imagination qu'au savoir scientifique, porteur de développement
économique autant que de transformations sociales, le domaine des
communications est l'un des objectifs prioritaires du virage technologique que
doit prendre le Québec. Je souhaite que tous vos compatriotes en soient
bien conscients et qu'ils sachent trouver les moyens de s'adapter à ces
réalités nouvelles.
Vous venez, il y a quelques minutes à peine, de vous choisir un
nouveau président. Vous l'avez fait à l'unanimité comme
c'est
la coutume. Je félicite le député de Taschereau que
vous avez choisi et je lui souhaite de présider vos travaux avec sagesse
et impartialité, comme j'espère que vous accepterez sa
présidence avec le respect qu'exigent aussi bien le règlement que
la bonne marche de vos travaux. (16 h 10)
Car il est essentiel au bien-être de la nation que votre
Assemblée accomplisse sa tâche éminente de manière
digne et exemplaire. C'est mon voeu le plus cher qu'il en soit ainsi tout au
cours de cette nouvelle session.
Le Président: Veuillez vous asseoir. M. le premier
ministre.
Message inaugural M. René
Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, il suffit,
je crois, d'avoir l'oeil et l'esprit ouverts pour voir qu'aujourd'hui nous
sommes clairement au début d'un temps nouveau, au sens plein de
l'expression. La chanson qui est si souvent annonciatrice l'affirmait
déjà, à sa façon, il y a quelques années,
mais la crise n'avait pas encore dessillé les yeux. C'est toujours
après coup, d'ailleurs, que les poètes finissent par avoir
raison. Maintenant, en tout cas, le doute n'est plus guère possible.
Pourquoi les sociétés sont-elles si évidemment
désemparées en ce moment? Parce qu'on se trouve de moins en moins
amarré au monde d'hier, dans une dérive où on pressent
aussi que ce sera encore autre chose quand on aboutira au monde de demain.
C'est un de ces moments dans la vie, la vie des sociétés
comme celle des personnes, où tout peut sembler à la fois
possible et impossible. En fin de compte, ce sera, comme cela l'est toujours,
une question de choix, une question d'audace et une question de
vitalité.
Comme l'économiste brésilien Celso Furtado
l'écrivait le mois dernier dans un des grands journaux du monde, le
Monde diplomatique: "C'est dans des moments comme celui-ci - où
l'histoire ne semble pas avoir un but - que les options effectives s'ouvrent
aux peuples et aux hommes. Car ce sont des moments où le poids du
passé pèse moins sur l'avenir."
La crise, que tous considéraient encore récemment comme un
simple accident de conjoncture, comporte en effet des dimensions structurelles
importantes, et ses effets, par conséquent, paraissent devoir être
plus graves, durer plus longtemps et aller plus loin qu'on ne l'avait
prévu. Que nous assistions ou non à cette "mutation" profonde de
la société qu'on évoque souvent, il nous faut donc au
minimum parler de changement avec un grand "C" et procéder à une
révision substantielle de nos concepts, de nos habitudes et de nos
comportements individuels et collectifs. C'est pourquoi l'Assemblée
nationale sera appelée d'abord et avant tout, au cours de cette session,
à parler changements, à agir changements aussi, et le
gouvernement souhaite que l'ensemble de la population participe comme jamais
à ce débat parce que l'avenir du Québec repose sur notre
aptitude à définir les orientations nécessaires, à
les assurer et à en conserver la maîtrise, de façon
à nous donner une position concurrentielle dans ce qu'il est convenu
maintenant d'appeler le monde de l'après-crise et que les
prévisionnistes - je voyais cela encore aujourd'hui; espérons
qu'ils ont enfin raison -prétendent maintenant apercevoir clairement
à l'horizon.
Quoi qu'il en soit, le changement est déjà là,
partout, irrésistible. Il touche et il appartient à tout le
monde. Pour ce qui est de l'ensemble, c'est au premier chef l'affaire de
l'État. Celui-ci doit en effet prendre les devants dans cette
indispensable adaptation. Pour cela, il lui faut réévaluer ses
rôles, ses modes de fonctionnement, toutes ses manières de faire
en fonction des besoins nouveaux. Pour cela, il faut également centrer
les actions de l'État plus que jamais sur l'essentiel, sur les
priorités - un mot dont on abuse parfois - dans le sens le plus concret
du terme.
Cette "machine" administrative que nous avons construite à la
faveur d'un contexte de prospérité et aussi parce qu'il nous
fallait d'abord effectuer un rattrapage par rapport aux autres
sociétés industrialisées, il ne fait pas de doute que
cette machine doit poursuivre et amplifier sa cure d'amaigrissement qui est en
cours. Ainsi, le gouvernement proposera, au cours de la session qui commence,
la disparition de deux ministères: soit celui de la Fonction publique et
celui des Travaux publics et de l'Approvisionnement. Le premier sera
remplacé par un organisme conseil auprès des ministères et
organismes, et le second, Travaux publics et Approvisionnement, sera
transformé en une société publique chargée
d'administrer les actifs immobiliers du gouvernement. Tout en permettant
d'atteindre les objectifs d'efficacité et de rendement, ces
transformations auront pour effet de réorienter des énergies vers
des préoccupations qui correspondent à des exigences
nouvelles.
Des organismes sont également destinés à
disparaître, d'autres à être fusionnés. C'est le cas
par exemple du Conseil de planification et de développement du
Québec, le CPDQ, et de la Société de développement
de la Baie-James, qui seront abolis prochainement.
Enfin, comme on le sait, l'application
des lois électorales et de celles sur le financement des partis
politiques relève désormais d'un seul organisme. D'autres gestes
du même ordre sont étudiés en ce moment et seront
décidés dans les mois qui viennent.
Par ailleurs, certaines réformes en préparation
impliqueront un réaménagement des responsabilités
gouvernementales et un assouplissement du rôle de l'État. Ainsi,
le projet de loi sur la restructuration scolaire qui sera déposé
à l'Assemblée nationale avant l'ajournement d'été
aura pour effet de recentrer le ministère de l'Éducation sur sa
propre mission en le délestant d'une foule de fonctions de
suppléance qu'il a assumées jusqu'ici et que peuvent
désormais exercer mieux que lui les instances
décentralisées et les communautés de base.
L'État doit également manifester une plus grande
faculté d'adaptation aux défis nouveaux et introduire plus de
souplesse dans son fonctionnement, notamment en responsabilisant davantage ses
employés, à quelque niveau que ce soit.
Une commission parlementaire spéciale, instituée à
l'automne de 1981, a clairement fait ressortir la nécessité de ce
type de transformation et les travaux, les recherches et les consultations qui
ont été menées depuis lors ont abouti à des
conclusions analogues. Le gouvernement proposera donc des modifications
importantes à la Loi sur la Fonction publique, prévoyant entre
autres une large délégation de pouvoirs détenus jusqu'ici
par les organismes centraux en même temps qu'on réduira la
réglementation en matière de gestion des ressources humaines.
Afin de compléter cet effort pour améliorer la
qualité de l'administration publique, nous comptons pouvoir enfin
soumettre à l'étude des parlementaires une loi spécifique
qui définira de façon précise les fonctions et les
pouvoirs du Vérificateur général. (16 h 20)
Ainsi dégraissé, si j'ose dire, et poussé
systématiquement vers de meilleures performances, l'État doit
également se rappeler, et comme jamais, qu'il est là d'abord et
avant tout pour servir les gens, à commencer par les plus humbles et les
plus démunis. L'inventaire effectué depuis quelques mois par le
ministre délégué aux Relations avec les citoyens nous a
permis de constater - c'est le moins que je puisse dire - qu'il reste beaucoup
à faire si on veut réaliser ce rapprochement essentiel de
serviteurs à servis, ce rapprochement essentiel entre l'appareil
administratif et la population. C'est pourquoi tous les ministères et
organismes devront préparer concrètement, d'ici l'automne, un
plan précis d'amélioration de la qualité de leurs
services. Partout, cette responsabilité relèvera
dorénavant du sous-ministre en titre ou du dirigeant d'organisme, ou
d'un adjoint immédiat. Le programme d'identification des fonctionnaires
sera renforcé et le ministère des Communications organisera de
son côté des tables de concertation afin de permettre aux
fonctionnaires oeuvrant en région de mieux jouer leur rôle et
surtout d'éviter aux individus des démarches inutiles.
Le ministère du Revenu proposera pour sa part des mesures
précises visant à améliorer les recours des contribuables,
ceux en particulier qui ont avec le ministère des différends dont
il faut au plus tôt simplifier et accélérer le
règlement.
De plus, à la suite des travaux de la commission parlementaire
sur la législation déléguée et pour répondre
aux plaintes nombreuses que suscite un manque général
d'information sur ces textes réglementaires, le ministre de la Justice
déposera à l'automne un projet de loi fixant un cadre juridique
unique et clair au processus d'élaboration et d'adoption des
règlements, en ce qui touche notamment leur entrée en vigueur et
la publicité qu'on doit leur faire.
Enfin, le projet de loi modifiant le Code de procédure civile,
qui, lui, sera déposé au printemps, comportera diverses
dispositions qui s'inscrivent dans cette démarche d'humanisation des
comportements administratifs.
On ne peut parler sérieusement de transformation des rôles
et des modes de fonctionnement de l'État sans faire
référence à la régionalisation et à la
décentralisation. Nous entendons poursuivre dans cette voie. Les
régions sont en effet bien mieux placées que l'appareil central
du gouvernement pour gérer efficacement certaines activités et
aussi pour mettre en oeuvre une foule de projets.
C'est ainsi que, à l'instar du ministère de
l'Éducation, que j'évoquais il y a quelques instants, le
ministère des Affaires culturelles régionalisera quant à
lui son organisation à partir du 1er avril, dans le but de faire jouer
davantage à l'État sa mission propre de promotion de la culture
et de laisser à d'autres le soin de la gérer.
D'autre part, le gouvernement a décidé de convoquer le
monde municipal à des assises sur toute cette question de la
décentralisation. Il ne s'agit pas à cet égard de
brûler les étapes. Mais tout en respectant la volonté des
élus municipaux et le rythme auquel ils pourraient éventuellement
accepter de nouvelles responsabilités, il y a certes lieu de leur
conférer, dans certains secteurs d'activité, des pouvoirs
largement accrus sur des services ou des équipements qui sont
présentement administrés par le gouvernement.
Là comme ailleurs, là comme devant la plupart des
défis que nous avons à relever, il s'agit tout bonnement - pour
employer l'expression à la mode - de se concerter,
c'est-à-dire de s'entendre pour agir ensemble, de bonne foi,
à partir des faits et en répartissant la tâche de
façon que chacun puisse s'il le veut, s'il en a les moyens, y mettre du
sien.
Au fond, c'est un exercice qui est vieux comme le monde, qui vient des
corvées de nos ancêtres et qui se pratique encore aujourd'hui sans
qu'on emploie des mots savants. C'est un exercice qui est vieux comme le monde,
mais que le contexte actuel nous commande de réapprendre d'urgence et en
l'adaptant à toute la complexité des problèmes
socio-économiques auxquels il faut bien faire face. Nous avons fait ces
dernières années un bout de chemin dans ce sens. Il y a eu des
résultats concrets. Il n'est pas question de laisser tomber. À
court terme, nous miserons donc sur cet ensemble substantiel de
conférences régionales d'une part, et d'autre part de tables de
travail sectorielles touchant plus directement les secteurs de
l'économie qui sont d'ailleurs en train de s'organiser. Dans certains
cas l'organisation, la préparation est très avancée.
Sur un autre plan - un plan d'ensemble - ainsi que je l'ai
annoncé au sortir de la réunion spéciale du Conseil des
ministres il y a dix jours, j'ai invité des représentants du
monde patronal et des organisations syndicales du secteur privé à
une rencontre de travail à huis clos, destinée à discuter
d'abord du plan d'action rendu public à cette occasion - il y a une
dizaine de jours - et à faire aussi le tour des grandes questions de
l'heure et ce, avant que les paramètres du budget ne soient fixés
de façon définitive. C'est bien sûr un essai, si j'ose
dire, une sorte de rendez-vous pilote, dont j'espère vivement qu'il sera
à la fois productif et satisfaisant pour tous les
intéressés. Si tel est le cas, le gouvernement est disposé
à poursuivre l'expérience suivant un calendrier qui restera
à fixer entre nous.
Je parlais des grandes questions de l'heure. Ces grandes questions de
l'heure, c'est évidemment sur le plan économique qu'elles se
posent avec l'insistance la plus obsédante, et que là encore
elles commandent le changement dans les priorités, dans les attitudes,
dans les comportements. Ce virage, le gouvernement est déterminé
à s'y engager à fond. Les orientations très
concrètes que nous avons définies et que je vais décrire
sont toutes dirigées vers deux objectifs fondamentaux: la croissance de
l'emploi et la croissance des investissements, la deuxième fournissant
de toute évidence un support essentiel à la première.
On sait trop, hélas! que depuis le fatidique mois de septembre
1981, il y a un an et demi, le nombre des chômeurs est passé de
300 000 à 430 000, l'économie s'étant alors
effondrée sous la pression soutenue des taux d'intérêt les
plus élevés du monde occidental. Malgré tout, le
Québec qui comptait à ce moment-là, fin 1981, 36% des
chômeurs canadiens n'en compte aujourd'hui que 29%. Sauf erreur, c'est le
meilleur taux comparatif qu'on ait jamais enregistré, ce qui ne console
personne mais qui, enfin peut-être, permet d'y voir, au moins pour une
part, le résultat des mesures qu'on a prises ici sans tarder, à
la suite du refus du fédéral - on s'en souviendra - de soutenir
les entreprises en février 1982.
Quoi qu'il en soit, l'ampleur de la crise nous aura donné - je
dirais même nous aura surtout donné - une dramatique
démonstration de la fragilité de notre économie. Des
centaines de petites et moyennes entreprises ont littéralement
craqué dans la tempête. Plusieurs autres se sont vu
ébranlées au point d'avoir à retarder indéfiniment
tout projet d'expansion et de modernisation. Cela maintient à nouveau
-sans pourtant oublier le moyen terme auquel je reviendrai tout à
l'heure - jusqu'à nouvel ordre, l'obligation de parer au plus
pressé.
D'abord, pour continuer de faire face aux urgences, le programme
spécial d'aide aux PME en difficulté sera prolongé.
Après avoir contribué à protéger plus de 25 000
emplois manufacturiers en 1982, ce programme permettra à quelques
centaines d'autres entreprises de continuer leurs activités de
production jusqu'à ce que la reprise de la demande qui, semble-t-il,
pourrait s'amorcer très bientôt, les remette pour de bon sur le
chemin de la croissance.
Je voudrais répéter ici également la
déclaration du ministre des Finances précisant qu'il n'y aura pas
cette année de nouvelle taxe sur la masse salariale des entreprises. Et
on va faire tous les efforts possibles, au contraire, pour atténuer le
poids de la fiscalité. À cet égard, lorsque le Parti
québécois a été porté au pouvoir, je me
permets de le rappeler, le fardeau fiscal des Québécois
était globalement supérieur de près de 15% à celui
des Ontariens. Cette situation, d'ailleurs, je m'empresse de l'ajouter,
n'était pas nouvelle puisque, il n'est pas inutile de le rappeler, elle
datait des années soixante. De 1977 à 1980, nous avions pourtant
réussi à réduire l'écart de 15% à environ
7%. L'an dernier, la crise économique, les coupures
fédérales et la volonté que nous avions, que nous devions
avoir, de maintenir le déficit dans des limites acceptables ont
reporté cet écart à 14%. L'un des tout premiers objectifs
du gouvernement est de le réduire à nouveau dès que les
conditions le permettront, puisque, en particulier, notre position
concurrentielle sur les marchés dépend très largement de
ce facteur. (16 h 30)
Nous entendons de plus adopter, au cours de cette session, des mesures
en vue
de consolider et de renforcer la structure financière de nos
entreprises dont la vulnérabilité, dans presque tous les cas,
provient essentiellement du niveau d'endettement disproportionné par
rapport aux mises de fonds des actionnaires. Il s'agira très
concrètement d'inciter nos concitoyens et toute la population qui le
peut à investir davantage de ce côté.
Ces mesures iront de l'incitation fiscale à un accès plus
facile au marché boursier sans oublier des initiatives qu'il faut
étudier très sérieusement et dont on espère que,
dans l'ordre, elles puissent se multiplier, comme ce projet d'un fonds de
solidarité qui a été mis au point par la FTQ. Sans
négliger, non plus, dans la même veine, ces formules de
participation des travailleurs à la propriété des
entreprises qui reviennent de plus en plus souvent dans l'actualité.
On constate, en effet, qu'une foule d'esprits, naguère
imperméables ou réfractaires à ce genre de formule, y
voient aujourd'hui une avenue prometteuse tant pour le travailleur que pour le
dirigeant d'entreprise. Le gouvernement croit, pour sa. part, que tous les
espoirs sont permis dans ce domaine à condition de ne rien forcer, bien
sûr, de ne pas créer de carcans inutiles, et d'attendre
évidemment que l'accord soit réellement voulu et solide entre les
parties.
Nous entendons donc offrir tout l'appui nécessaire au
développement de telles expériences de participation. Plus
précisément, une équipe légère sera mise sur
pied qui agira comme structure d'accueil et fournira toute l'expertise
financière et technique qui est disponible au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Une autre série de mesures, qui s'inscrivent à
l'intérieur d'orientations permanentes mais qui visent aussi dans
l'immédiat à réduire les effets de la crise, seront mises
en oeuvre dès cette année.
La première de ces mesures, le partage de l'emploi, pourrait,
sans exiger de gros déboursés, augmenter rapidement les
possibilités d'embauche tout en répondant aux aspirations de
nombreux travailleurs et travailleuses. En effet, le travail à mi-temps
n'est plus associé automatiquement au "cheap labour", comme on disait
couramment. Beaucoup de gens souhaitent, pour diverses raisons, ce genre
d'accommodement: étudiants de tous âges, couples ayant choisi de
se consacrer davantage à leurs enfants, personnes âgées,
etc. Or, au Québec, 11% seulement de la main-d'oeuvre active travaille
à temps partiel contre 15% chez nos voisins ontariens.
Confrontés à la perspective d'un niveau
élevé de chômage qui risque de subsister assez longtemps,
nous ne devons pas hésiter à recourir à cette formule
novatrice qui permet aux travailleurs et aux employeurs de choisir, sans
contrainte, de partager des tâches et des responsabilités avec
ceux que la situation a réduits à l'inactivité. Le
Comité ministériel permanent du développement social aura
le mandat, par conséquent, de mettre au point un plan d'action qui
rendra ce partage de l'emploi accessible à tous ceux et celles qui
veulent en profiter. Les conditions de travail, les avantages sociaux, devront
être équivalents à ceux des travailleurs à temps
plein, et les salaires, proportionnels aux heures travaillées.
Par ailleurs, il est souvent pénible, pour des personnes qui ont
pris de l'âge, de mener une vie de travail à temps plein jusqu'au
moment traditionnel de la retraite, alors qu'en même temps, des dizaines
de milliers de jeunes sans emploi se retrouvent dans le désarroi le plus
complet. Nous entendons donc ouvrir la porte également à la
retraite anticipée à partir de 60 ans, en modifiant les lois
pertinentes et surtout, certains règlements du Régime de rentes
du Québec. De même, une pleine rente d'invalidité sera
assurée de 60 à 64 ans aux travailleurs qui, usés par la
tâche, ne sont plus en mesure d'accomplir leurs fonctions
habituelles.
Ces deux mesures - partage de l'emploi et retraite anticipée -
devraient permettre de dégager un nombre considérable d'emplois
qu'il est toutefois, pour des raisons évidentes, impossible de chiffrer
à l'avance. Elles faisaient d'ailleurs partie - ces deux mesures - du
plan d'action général que nous rendions public récemment,
tout axé lui aussi sur l'emploi et l'investissement, et dont j'ai
déjà évoqué d'autres éléments. Je
rappelle brièvement que ce plan vise aussi à devancer et
accélérer sans délai des investissements publics pour un
total de 450 000 000 $ dans les équipements de distribution
électrique, l'assainissement des eaux, le transport en commun et les
chantiers navals. Ces investissements auront des incidences sur la plupart des
régions du Québec.
D'autre part, dans le secteur vital de l'agro-alimentaire, un nouveau
programme triennal continuera à nous rapprocher - on l'a fait
très rapidement depuis quelques années - de l'objectif
d'autosuffisance agricole. Il s'agira, cette fois, d'investissements de 60 000
000 $, amenant la création de plus de 2000 emplois, qui
démarreront cette année en vue d'intensifier le
développement de la production céréaiière et
l'amélioration des fourrages.
En ce qui concerne les pêches maritimes, en revanche, nous
revenons de plus loin. Pour pouvoir profiter pleinement de la nouvelle zone des
200 milles, il nous faut restructurer littéralement notre industrie, en
mettant comme jamais - c'est la seule chose qui peut permettre de s'installer
et de rester sur les marchés - l'accent sur la qualité de nos
produits. À cet égard, l'achat par des intérêts
québécois, avec l'aide de SOQUIA, d'un deuxième crevettier
et surtout la mise
en place de plusieurs usines répondant aux nouvelles normes de
salubrité sont un gage de développement pour l'avenir même
si la conjoncture immédiate, forcément, reste difficile.
Je rappelle également que le plan d'action comporte des mesures
comme cette réduction temporaire de tarifs pour les projets industriels
à forte consommation d'électricité qui nous permet
déjà d'escompter plus de 2 000 000 000 $ d'investissements
nouveaux, dont 750 000 000 $ sont déjà en marche sur la
Côte-Nord, à Baie-Comeau.
Puis, enfin, on a prévu des crédits additionnels de 250
000 000 $ qui auront dans certains cas un effet multiplicateur important, tout
en servant essentiellement à une création directe d'emplois que
la conjoncture explique et justifie.
Si vous voulez, maintenant, nous allons nous tourner vers le proche
avenir et ses exigences les plus impératives, c'est-à-dire vers
des gestes dont le rendement n'est pas nécessairement immédiat,
mais qui n'en sont pas moins absolument indispensables. D'ailleurs, il n'est
pas du tout exclu que, si on les pose, ces gestes, et qu'on les pousse avec
assez de vigueur, ils puissent avoir des retombées bien plus rapides
qu'on ne s'y attendrait au départ.
J'évoquerai surtout ces deux piliers essentiels sur lesquels,
pour le Québec comme pour toutes les autres sociétés
industrielles, repose désormais - et je crois qu'il n'est pas excessif
de dire cela - tout l'avenir économique, à savoir: la meilleure
occupation possible des marchés, à l'interne comme à
l'extérieur, et une recherche inlassable d'excellence scientifique et
technologique.
C'est parce qu'elle est d'une telle urgence que cette double
préoccupation occupe une place centrale dans le programme que nous nous
sommes fixé pour les douze prochains mois. (lé h 40)
Commençons d'abord par une vérité de La Palice:
pour augmenter la production et l'emploi, il faut d'abord augmenter nos ventes.
Le Québec écoule en effet 40% de sa production totale à
l'extérieur de ses frontières. C'est cette considération,
jointe à l'âpreté de la concurrence en contexte de crise,
qui a déterminé la création du ministère du
Commerce extérieur. Celui-ci a donc un rôle considérable
à jouer dans la relance économique et nous lui donnerons les
outils nécessaires pour le remplir. Bien qu'il soit opérationnel,
comme on dit, depuis moins de trois mois, ce ministère a
déjà commencé à faire ses preuves par sa
rapidité et sa disponibilité auprès de nos entreprises qui
sont déjà ou potentiellement exportatrices.
L'appui à ces entreprises est appelé à
s'intensifier encore substantiellement cette année. Le programme d'aide
à l'exportation connu sous le nom d'Apex "F" - un nom plutôt
barbare mais derrière lequel se cache pas mal d'efficience -
bénéficiera d'importants crédits. Nous comptons par
ailleurs développer l'offre par la formation de consortiums, par la
création d'un réseau d'agents manufacturiers et par un appui
à la formation de cercles québécois d'exportation de
façon que l'idée soit sans cesse dans le paysage et qu'on
l'absorbe définitivement.
Le Québec sera aussi en mesure de participer au financement des
activités internationales de ses firmes de biens et services. Dans les
pays du tiers monde en particulier, nos exportateurs seront mieux armés
pour affronter leurs concurrents -parce qu'il y a un côté jungle
dans ce qui se passe en ce moment, je pense que tout le monde le sait, du
côté des échanges internationaux - et seront aussi mieux
armés pour contribuer au développement économique de ces
nations.
Là-dessus, je m'empresse de le dire, le gouvernement n'a pas
l'intention de se substituer aux entreprises; il veut simplement donner tout
l'appui possible aux gens qui font leur effort. Et il y aura également
un support accru à l'extérieur. Nous développerons des
formules de vente de nos produits sur les marchés étrangers qui
complèteront le travail des représentations officielles du
Québec qui sont déjà en place, comme de celles qui
viendront s'y ajouter.
Un des segments les plus prometteurs de notre commerce international,
c'est celui des exportations énergétiques, auquel nous entendons
au cours de cette session ouvrir de nouvelles perspectives d'expansion.
On proposera un projet de loi sur ce point. Des modifications seront
ainsi apportées à la Loi sur l'Hydro-Québec et à
celle qu'on appelle la Loi sur l'exportation de l'énergie
électrique, afin de mieux refléter l'importance majeure que
prendra dorénavant la mise en marché de notre
électricité.
Cette orientation nouvelle est rendue nécessaire par le fait que,
pour la première fois de son histoire, la capacité de production
d'Hydro-Québec dépasse largement la demande de ses marchés
traditionnels et que cela promet de durer encore un bon nombre d'années.
La prospection de nouveaux marchés est déjà
sérieusement amorcée puisque, au cours des derniers mois,
HydroQuébec a signé des ententes de fourniture de courant avec le
Nouveau-Brunswick, l'Ontario et l'État de New York. Et, il y a à
peine deux jours, chacun le sait, de nouvelles ententes extrêmement
importantes et encore plus prometteuses sont intervenues avec les États
de la Nouvelle-Angleterre.
Ces nouvelles perspectives énergétiques seront d'ailleurs
l'objet, dans les jours qui
viennent, d'un examen approfondi à la commission permanente de
l'énergie et des ressources, où l'on se penchera notamment sur
l'utilisation de l'électricité à des fins de
développement industriel.
Cela dit, si 40% de notre marché est ainsi de par le monde, 60%
de ce que nous fabriquons doit être consommé ici même au
Québec. Le gouvernement entend, par conséquent, renforcer et
élargir l'accès des produits québécois à ce
marché intérieur. Tout en évitant les écueils
protectionnistes et en persistant dans nos efforts de pénétration
à l'étranger, il faut bien se rendre compte que nous sommes loin
d'occuper toute la place que devraient nous assurer notre propre consommation
et notre propre activité de production. Ces efforts pour occuper au
maximum notre marché s'articuleront autour de quatre
éléments.
Premièrement, par une application rigoureuse de notre politique
d'achat, des mesures spécifiques seront mises en place afin de maximiser
les retombées économiques de nos programmes de dépenses
publiques. Ce sera particulièrement le cas pour les projets
d'accélération du programme d'épuration des eaux et de
l'air aussi, pour les achats effectués en vue de l'implantation rapide
d'ordinateurs dans les écoles, pour les montants consacrés par
Hydro-Québec à la modernisation de son réseau de
distribution, ainsi que les investissements prévus dans le secteur du
transport en commun.
En second lieu, nous verrons à canaliser vers les entreprises
québécoises de biens d'équipements le plus possible de
retombées des grands projets d'investissements privés qui sont en
voie ou sur le point d'être réalisés. C'est le Bureau des
grands projets qui se chargera d'arrimer acheteurs et fournisseurs afin de
donner à nos entreprises l'occasion d'obtenir leur part dans ces grands
projets privés: aluminerie, modernisation ou construction d'usines de
pâtes et papiers, pipeline, etc.
Troisième cible de cette offensive interne: les produits de
consommation courante. Les grands réseaux de distribution, et
particulièrement les grands magasins à succursales, seront
invités, par l'intermédiaire du ministère de l'Industrie,
du Commerce et du Tourisme, à mieux faire connaître aux
entreprises québécoises les produits qu'ils achètent
à l'étranger. Là-dessus, inutile d'ajouter qu'une
vigilance accrue des consommateurs que nous sommes tous aiderait grandement
à établir une meilleure adéquation entre la demande de
produits et nos propres possibilités d'en fournir sans cesse
davantage.
Enfin, quatrièmement, la grande entreprise industrielle
déjà établie au Québec sera invitée, elle
aussi, à augmenter substantiellement la part de nos PME dans ses
contrats de sous-traitance. Un premier événement bientôt
regroupera notamment les multinationales du transport: General Motors;
Bombardier et Kenworth. Ce salon spécialisé de sous-traitance
permettra à des dizaines de PME et probablement à bien davantage
de mieux connaître les besoins concrets de ces très gros
acheteurs.
Ce n'est pas s'éloigner du sujet que de souligner que le tourisme
est, lui aussi, un secteur interne où le volume du marché
dépend, en définitive, de l'efficacité du marketing comme
on dit, et de la qualité du produit.
Nos campagnes publicitaires de l'an dernier ont sans doute eu un impact
significatif - en tout cas y ont contribué -puisque le Québec,
croyez-le ou non, a été une des seules destinations touristiques
canadiennes à ne pas subir les effets de la crise économique
quant au nombre de visiteurs du dehors. Or, bientôt, la venue des grands
voiliers commémorant le 450e anniversaire de la découverte de la
Nouvelle-France par Jacques Cartier constituera une chance exceptionnelle pour
nous. En raison du caractère mondial de l'événement, on
lui accordera, bien sûr, tout l'appui logistique et financier
nécessaire. La région de Québec y trouvera l'occasion de
s'affirmer, et peut-être pour de bon, comme une étape majeure sur
les grands circuits touristiques internationaux.
D'autre part, afin de mieux développer notre produit touristique,
la Loi du crédit touristique sera modifiée, substantiellement
élargie en fait, pour couvrir non seulement l'aide financière
à l'hébergement, mais également ces activités et
ces événements qui, sur le plan régional surtout, ont
acquis et ont mérité leur permanence.
Dans bien des cas, il s'agit d'activités artistiques qui attirent
beaucoup de monde dans beaucoup de régions de plus en plus, y compris
beaucoup de touristes et auxquels un programme particulier viendra
bientôt s'intéresser. N'oublions pas, d'ailleurs, que la
consommation culturelle, si on peut se permettre l'expression, occupe une place
très importante dans l'économie. En raison de sa
"différence" et du dynamisme de ses créateurs, le Québec
produit bien davantage déjà et importe moins dans ce domaine que
le reste du Canada. Pour maintenir et pour accentuer cet avantage, on
augmentera donc les stimulants qui s'adressent aux industries culturelles et on
injectera en particulier des sommes importantes dans le développement du
cinéma, car tout cet ensemble, c'est un secteur qui peut, souvent
à meilleur compte, créer autant sinon plus d'emplois que
n'importe quel autre. (16 h 50)
Revenons maintenant à ce second pilier essentiel du
développement, l'excellence scientifique et technologique.
L'action doit s'y concentrer d'abord sur
ces secteurs qu'on dit couramment "porteurs d'avenir", parce qu'ils sont
tout simplement susceptibles de connaître une croissance
supérieure à la moyenne. De ceux-ci, sans exclure d'autres
efforts pour augmenter nos potentiels, le gouvernement entend donner la plus
immédiate priorité à l'informatique et aux
biotechnologies. Et il verra en même temps à orienter ce virage de
façon à stimuler la formation des jeunes qui auront bientôt
à s'employer dans ces domaines proprement révolutionnaires.
Avec l'étroite collaboration de plusieurs ministères, on
verra, dans les plus brefs délais, à répondre aux besoins
les plus pressants en matière d'informatisation pour 1983, soit la
bureautique et l'introduction de l'ordinateur comme outil d'enseignement. Plus
de 40 000 mini-ordinateurs seront implantés dans les écoles d'ici
cinq ans, dont 7000 en 1983-1984. Ce plan contribuera du même coup au
développement de l'industrie québécoise de l'informatique
dans la fabrication de matériel, qu'on appelle en anglais le "hardware",
et aussi dans la mise au point de logiciels. Tout en préparant les
jeunes à maîtriser l'avenir, ce programme aura donc des
retombées économiques non négligeables. Une table de
concertation sectorielle sera également mise sur pied avec les milieux
concernés pour planifier le développement de ce secteur
stratégique.
Dans les biotechnologies, d'autre part, on est en marche depuis octobre
dernier. La SGF a déjà assuré un premier investissement
dans ce domaine par une nouvelle filiale du nom de Biomega. L'implantation de
ce plan triennal publié en octobre dernier sera fortement
accélérée en 1983. Les équipes de recherche
existantes seront dotées de moyens accrus et un nouveau programme de
bourses de maîtrise et de doctorat sera disponible dès septembre
prochain. De plus, parallèlement aux démarches visant à
regrouper dans une nouvelle entreprise la majorité des chercheurs de la
compagnie Ayerst, dont on a beaucoup entendu parler depuis quelque temps, une
autre société de recherche sera chargée d'identifier les
découvertes les plus susceptibles d'être
commercialisées.
De façon à assurer la cohérence de ses actions
gouvernementales dans des domaines aussi prioritaires, le gouvernement
soumettra, dès ce printemps, à l'Assemblée nationale, une
loi-cadre sur la recherche scientifique et la technologie. Cette loi
définira les rôles respectifs des divers outils gouvernementaux,
précisera le mandat de coordination du ministre
délégué à la Science et à la Technologie et
renforcera largement ses moyens d'action.
Diverses mesures viendront également stimuler les efforts en
matière de recherche industrielle et une enveloppe "science et
technologie" assez substantielle, dès le départ, sera
spécifiquement prévue aux livres des crédits, au budget
des dépenses. Enfin, deux initiatives importantes seront entreprises
dans les mois qui viennent. Un centre de diffusion des technologies des
productions automatisées sera inauguré en collaboration avec le
secteur privé. Plus d'une dizaine de millions de dollars seront
engagés également dans l'industrie de la fabrication de
matériel de transport en commun, pour faire avancer la technologie du
métro sur rails, qui présente des perspectives qui peuvent nous
être très utiles chez nous, dans des cas qu'on connaît bien,
mais qui présente des perspectives très intéressantes de
vente à l'étranger et, par conséquent, aussi de
sous-traitance pour les entreprises québécoises.
Dans le domaine énergétique aussi, de nouvelles
technologies seront encouragées vigoureusement, en particulier dans le
secteur du méthanol, où les travaux doivent débuter
très bientôt, et dans le secteur de l'hydrogène liquide
où le Québec, sauf erreur, est parmi les quelques rares endroits
au monde où la recherche est à la pointe.
Du côté des communications, les principaux agents de
l'industrie étudieront incessamment avec le gouvernement des mesures
concrètes pour réaliser, là aussi, ce virage
technologique. Avant la fin de 1983, le gouvernement adoptera une politique
nationale des communications à partir des principaux engagements qui
seront contractés lors du sommet des communications qui est prévu
pour octobre prochain. Cette politique, conçue pour les cinq prochaines
années, nous engagera au coeur de la mutation informatique, notamment en
matières de câblodistribution, de
télécommunications, de télématique et de logiciels.
Le gouvernement s'associera aux entreprises pour identifier des
créneaux, pour orienter les efforts de recherche et de
développement, pour utiliser au maximum la politique d'achat et le
marché public, et favoriser l'exportation des produits et services
québécois qui auront été retenus.
Et tout cela, qui donne un peu le vertige, n'est qu'un aperçu de
ce qui sera forcément une véritable révolution. Le nouvel
environnement économique qui en sortira commencera déjà
à exiger, sur le plan des ressources humaines, des adaptations radicales
et des changements rapides dans le domaine de l'éducation.
Pour ce qui a trait à la formation professionnelle des jeunes,
une longue consultation a permis de dégager des orientations nouvelles.
Ainsi, on visera à renforcer la formation générale de
base, qui est peut-être plus essentielle que jamais aujourd'hui, dans ce
monde d'hyper-spécialisation, et on visera à y intégrer
aussi les nouvelles technologies. Ces choix fondamentaux exigent une
révision de la
carte des options professionnelles, une modernisation de nos
équipements scolaires, des stages en entreprise pour les maîtres
comme pour les élèves et une concertation plus étroite que
jamais, la plus étroite possible, entre le monde scolaire et le monde du
travail. Le gouvernement entend procéder à cette mise en place
dès la prochaine année scolaire.
Au niveau collégial, cet effort se traduira en outre par la
création de centres spécialisés qui s'adonneront à
la recherche appliquée et travailleront de concert avec les
entreprises.
Pour donner suite au rapport de la commission Jean, la formation
professionnelle des adultes connaîtra également des
réformes qui viseront, en particulier, à donner aux femmes de
meilleures chances d'en profiter. Au nombre des impacts les plus spectaculaires
et les plus prévisibles à court terme de la mutation actuelle, il
faut envisager, en effet, des bouleversements sans précédent de
la structure et du niveau des emplois. Tous les observateurs s'entendent pour
dire que le secteur des services sera, en fait, est déjà le plus
touché et plus vite que tous les autres. Dans les bureaux, par exemple,
les banques, le commerce, une foule d'emplois vont être
éliminés, de nouveaux types d'emplois apparaîtront et
d'autres subiront des changements substantiels.
La main-d'oeuvre féminine sera donc la première et la plus
profondément atteinte puisqu'elle constitue plus de 80% des
employés de ce secteur. Jouissant de peu de protection, souvent
même d'aucune sécurité d'emploi, elle est
particulièrement vulnérable à de tels changements. Aussi,
l'accès à des programmes de formation, de perfectionnement et de
recyclage adaptés à leur situation est-il une question cruciale
pour les femmes. Il va falloir veiller rigoureusement à ce qu'elles ne
fassent pas, à elles seules, les frais d'un virage technologique
débridé qui risquerait de les marginaliser d'une façon
quasi irréversible. (17 heures)
Par ailleurs, ce même virage technologique offre à
l'école des possibilités inédites dont nous devons tirer
avantage tout de suite. Dès les prochaines semaines débutera donc
la réalisation d'un virage scolaire, cette fois, qui intégrera la
formation des enseignants, la production et l'achat de logiciels, l'acquisition
des microordinateurs, que j'ai déjà mentionnée, et le
développement absolument indispensable de programmes de formation dans
les semaines qui viennent.
En terminant ces propos sur l'économie, celle qu'il faut nous
donner pour demain comme celle qu'il faut relancer aujourd'hui, je voudrais
simplement souligner que tous les efforts d'un gouvernement ne pourront jamais,
à eux seuls, contrer les effets de la crise ni réduire de
façon instantanée le niveau du chômage. La relance, c'est
l'affaire de tous. De tous les secteurs comme de tous les citoyens qui ont la
capacité et les moyens et qui doivent y ajouter le goût d'y
participer. Si nous n'avons pas appris cela de la crise, nous n'avons rien
appris.
De tout ce que j'ai évoqué jusqu'ici se dégage une
énorme implication: c'est qu'il va falloir aussi changer comme
société. Tout en préservant en nous ces qualités
qui nous ont permis de survivre, d'abord, puis de nous affirmer de plus en plus
comme une nation moderne, une société moderne, il nous faut
modifier certains comportements, bien sûr, et même ajuster nos
façons de penser et de faire aux défis de l'avenir.
Il nous faudra notamment réapprendre à faire des choix. Je
dis bien réapprendre parce que nos parents, les
générations qui nous ont précédés, ont bien
connu cette nécessité. Mais comme nous avons vécu plus de
20 ans sans avoir vraiment, ou plutôt en ayant l'illusion de ne plus
avoir à y penser, cette notion ancienne va devoir nous redevenir
familière.
Par exemple, c'est une des responsabilités premières de
l'État que d'assurer à l'ensemble des citoyens la
répartition la plus équitable possible des ressources et des
services dont nous disposons. Or, il est clair que l'évolution de la
société tout autant que la crise et ses effets nous forcent
à remettre en question certains mécanismes de partage et à
définir un nouveau mode de distribution plus conforme aux
réalités nouvelles et surtout mieux centré sur les vrais
besoins.
Ainsi, le taux de chômage que connaît le Québec
actuellement nous oblige à accorder une priorité évidente
à ces jeunes de moins de 30 ans qui n'ont pour vivre qu'une
dérisoire prestation d'aide sociale. Le gouvernement a
déjà annoncé un plan d'action destiné à
venir en aide surtout aux moins de 25 ans. C'est ainsi que certains pourront
retourner aux études ou se requalifier au plan professionnel; d'autres
se verront faciliter l'accès aux divers programmes d'emploi existants,
d'autres enfin auront l'occasion, s'ils le veulent, de passer quelque temps au
service de leur milieu de vie tout en bénéficant le cas
échéant d'une allocation additionnelle. Plusieurs dizaines de
milliers de jeunes verront ainsi leurs conditions de vie et leurs chances
améliorées substantiellement dans beaucoup de cas, nous
l'espérons, et du moins quelque peu dans tous les cas.
Restent tous ceux et celles qui ont entre 25 et 30 ans, et qui n'ont
pour vivre que $144 par mois. Cela a été conçu à
une époque où, compte tenu de la situation économique, il
fallait inciter au maximum les
jeunes bénéficiaires de l'aide sociale à retourner
le plus vite possible sur le marché du travail, mais le système
devient inéquitable quand l'offre d'emploi ne répond qu'aussi
faiblement qu'elle le fait en ce moment à la demande. C'est pourquoi le
gouvernement entend modifier ce régime de manière à
permettre à ces personnes d'améliorer quelque peu leur situation
personnelle. Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu annoncera le mois prochain les correctifs qui seront
apportés.
Est-il besoin d'ajouter, d'autre part, qu'il y a encore des aspects
cruellement mesquins à la situation qui est faite à trop de
personnes âgées?
Dans le cadre de cette importante réforme du Régime de
rentes que j'évoquais à propos de la retraite à 60 ans, le
gouvernement proposera de hausser la rente mensuelle des conjoints survivants
âgés de 55 à 64 ans, une mesure qui devrait toucher environ
40 000 personnes dont 95% sont des femmes. Dans la même foulée, on
fera disparaître la clause franchement discriminatoire qui entraîne
la cessation de la rente en cas de remariage.
Par ailleurs, un document de consultation relatif à la
revalorisation d'ensemble du régime des rentes de même qu'à
son financement sera soumis sous peu aux principaux groupes que la question
doit intéresser. Ce document proposera également une
réforme des régimes supplémentaires de rentes, notamment
en vue de les rendre enfin transférables.
Et sur un autre sujet qui concerne également les personnes
âgées, il nous faut songer à des rajustements de
manière à rejoindre ceux et celles, dans tous les secteurs, qui
en ont le plus besoin. C'est pourquoi le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur proposera des modifications importantes au programme
LOGIRENTE d'allocation logement qui est présentement ouvert aux seules
personnes de plus de 65 ans.
Ces mesures dont je viens de parler, il faut bien comprendre cependant
qu'elles ne pourront augmenter les charges financières de l'État
- elles ont été conçues de façon à ne pas le
faire, ce qui n'enlève rien de leur utilité, Dieu sait - ni
remettre en question la priorité fondamentale accordée à
la relance économique. Elles nécessiteront également des
remises en question, tout au moins partielles, des mécanismes de
fonctionnement de divers programmes dont le caractère essentiel ou dont
l'efficacité réelle est devenue moins évidente que par le
passé.
Ces derniers temps, on a abondamment parlé aussi de la notion des
droits acquis, dont certains font encore un absolu, et on s'est
interrogé sur la préséance de certains droits sur
d'autres. On a de plus cherché à concilier les notions de droit
et de devoir des citoyens.
Ce débat est loin d'être terminé - le sera-t-il
jamais? - mais il nous faudra au minimum convenir qu'il y a peu de place
actuellement pour les absolus auxquels d'aucuns voudraient encore se
raccrocher. L'on a vu à quel point un exercice abusif de certains droits
peut conduire à brimer d'autres droits qui sont tout aussi
essentiels.
Il est quand même une chose sur laquelle tous s'entendent ces
années-ci, c'est la priorité qu'il nous faut accorder à ce
droit au travail dont la crise a rendu l'exercice impossible pour une multitude
d'entre nous. J'ai expliqué plus tôt quels types d'actions et de
mesures seront privilégiés par le gouvernement pour
réaliser l'objectif, que nous ne pouvons pas ne pas partager, de faire
de ce droit au travail une réalité vécue, le plus vite
possible, par tous nos concitoyens. Et c'est dans ce contexte qu'il faudra, en
particulier, replacer constamment certaines législations dont
l'Assemblée nationale sera saisie dans les mois qui viennent.
Le Code du travail, pour sa part, n'est plus adapté au contexte
dans lequel nous vivons et a besoin d'être amendé, et probablement
même refondu. Dans un premier temps, c'est-à-dire avant
l'été, en consultation avec les parties concernées, le
ministre du Travail présentera les modifications les plus pressantes.
Pour le reste, le gouvernement entend procéder avec prudence et avec
réalisme de façon que le résultat final - parce qu'il
s'agit de quelque chose de très important, de très central -soit
le fruit du consensus le plus large possible.
Par ailleurs, le gouvernement employeur et les employés du
secteur public doivent à l'évidence mettre au point, en
matière de négociations de conventions collectives, de nouvelles
règles du jeu qui reposent sur des bases plus solides et plus
transparentes. La société québécoise, on l'a dit
moult fois, mais il faut que ce soit la dernière fois qu'on ait à
le dire, ne peut plus se permettre ces affrontements à
répétition, stériles, coûteux et qui, en
définitive, n'apportent vraiment rien à personne. L'histoire des
négociations du secteur public depuis plus de quinze ans le
démontre surabondamment. Pour sortir de ce cercle vicieux, le
gouvernement entend proposer, dans les meilleurs délais, la mise sur
pied d'un groupe d'enquête, parlementaire ou autre, doté de moyens
adéquats et qui, dans un laps de temps raisonnable, rencontrera tous les
intéressés et formulera les recommandations susceptibles de
renouveler le régime de négociation dans le secteur public. (17 h
10)
En matière de réparation des lésions
professionnelles, nous proposerons, d'autre part, en accord avec les
partenaires dans ce domaine, de mettre à jour les modes d'indemnisation
de manière à le rendre compatibles avec les autres régimes
publics qui sont en vigueur.
S'il est par ailleurs un coin de la société où les
droits et devoirs des uns et des autres sont difficiles à établir
de façon étanche, c'est bien celui de la protection de la
jeunesse. Le volumineux rapport de la commmission parlementaire qui a
été chargée d'étudier l'application de la loi
actuelle démontre, de façon éloquente, à la fois la
complexité et le caractère délicat des choix qu'on doit
faire en ces matières. Il est clair néanmoins qu'en cours
d'année, le gouvernement aura à tenir compte concrètement
des plus évidentes de ces constatations.
De plus, le ministre de la Justice poursuivra bien sûr cette
tâche monumentale qu'est la réforme de notre Code civil. Les
travaux qui seront complétés au cours de cette session porteront
essentiellement sur les chapitres concernant les personnes, les biens et
successions.
Quant à la refonte de la Loi sur les coroners, depuis longtemps
attendue, on m'assure qu'elle sera complétée au cours de la
présente année.
La cellule familiale, de son côté, n'a cessé
d'évoluer rapidement depuis une décennie. La notion même de
famille recouvre maintenant une très grande variété de
situations dont certaines sont nettement dramatiques. Conscient de ces
réalités nouvelles de plus en plus complexes et difficiles
à cerner elles aussi, le gouvernement soumettra dans les mois qui
viennent aux familles québécoises, pour consultation, un projet
de politique de la famille qui proposera des orientations sur tout un
éventail de préoccupations, entre autres, les services à
la famille, l'aide financière, la fiscalité, le congé
parental et le logement. Une attention particulière sera accordée
aux familles monoparentales dont la situation est souvent si difficile sur tous
les plans en même temps.
Modification également de la réalité scolaire. Le
débat qu'a suscité la parution du livre blanc sur la
restructuration a fait ressortir, même si tous ne s'entendent pas sur les
modalités, la nécessité d'impliquer bien davantage les
parents dans la détermination des choix et dans l'administration de la
chose scolaire. Aussi, le projet de loi, qui sera présenté d'ici
l'ajournement d'été, contiendra des mesures destinées
à répondre à ce désir de plus en plus insistant un
peu partout des parents.
Le ministre de l'Éducation annoncera par ailleurs d'ici quelques
jours les amendements substantiels qu'il apportera à son projet initial
de façon à tenir compte des résultats de la consultation
entreprise depuis l'automne dernier.
Dans la même veine, bénéficiant là-aussi de
consultations qui, elles, se sont étendues sur deux ans, le gouvernement
adoptera le règlement sur le régime pédagogique du
collégial. Ce règlement, en effet, contiendra un assouplissement
de plusieurs dispositions actuelles et un renforcement des
responsabilités locales en matière d'organisation des
études.
Dans cette responsabilité des services éducatifs, qui
après tout leur sont destinés, les étudiants aussi doivent
être partie prenante, cela tombe sous le sens. Par conséquent, le
règlement sur les études collégiales affirmera et
dégagera les droits et les responsabilités des
élèves. Mais il faut aller plus loin et faire en sorte
qu'étudiants et étudiantes puissent s'associer et s'organiser
pour mieux faire entendre leur voix dans les établissements
d'enseignement, comme aussi, dans la société en
général. C'est pourquoi le gouvernement prendra les dispositions
nécessaires pour établir des conditions de reconnaissance des
associations étudiantes et aussi des conditions de perception des
cotisations de leurs membres et de gestion des services appelés à
leur appartenir.
Enfin, si brièvement que ce soit, il faut aussi parler de
changement sur le plan strictement politique.
Notons d'abord que nos institutions existantes sont pour ainsi dire en
pleine cure de rajeunissement, de même que leur mode de fonctionnement.
La nouvelle loi de l'Assemblée nationale, surtout lorsqu'on aura
complété les divers éléments de réforme qui
sont censés en découler, ce qu'évoquait notre nouveau
président dès son entrée en fonction, devrait permettre
aux parlementaires de mieux jouer ici même et de valoriser aussi sur tous
les plans le rôle essentiel que l'électorat leur a
confié.
Maintenant, il faut aller plus loin de façon à garantir
aux citoyens que la volonté qu'ils expriment au moment d'une
élection sera respectée désormais de façon plus
rigoureuse, lorsqu'il s'agira de déterminer la composition même de
l'Assemblée nationale. Nous avons déjà, de ce
côté-ci de la Chambre, endossé le principe de cette
réforme du mode de scrutin. Il s'agit maintenant de s'entendre sur la
meilleure façon de la mettre en pratique. Comme les avis demeurent
hautement partagés - alors que c'est là un sujet où le
consensus est particulièrement souhaitable - et aussi pour que les
citoyens eux-mêmes, qui sont les vrais détenteurs du pouvoir,
aient l'occasion et le temps d'en discuter, la question sera soumise à
une commission parlementaire spéciale dont le mandat sera de
procéder, bien sûr, à une évaluation du mode de
scrutin actuel et d'étudier les diverses
formules qui pourraient servir à le modifier ou à le
remplacer.
D'autre part, nous venons tout récemment, à la demande
expresse des premiers intéressés, de prendre part à la
conférence constitutionnelle qui s'est tenue à Ottawa sur les
droits des autochtones.
La participation des nations amérindiennes et inuites du
Québec s'est faite à la fois à partir des sièges
réservés aux associations qui les représentent au niveau
pancanadien et aussi à la faveur de la place considérable qu'ils
ont obtenue à l'intérieur de la délégation
québécoise. Ainsi, les autochtones du Québec pouvaient -
ils ont su le faire en toute liberté, fièrement et dignement -
concrétiser leur double appartenance au Québec et à leur
propre nationalité.
Au nom du gouvernement, j'ai pris l'engagement solennel que, dans la
mesure évidemment où ils continueront de le vouloir ainsi, nous
allions nous associer jusqu'au bout au processus qui vient de s'engager dans
tout le Canada pour définir leurs droits, sans pourtant que cela puisse
être interprété de quelque façon que ce soit comme
une acceptation par le Québec du "Canada Bill" dans l'état
où il est présentement. Les engagements écrits que nous
prendrons, le cas échéant, nous les prendrons avec les seuls
autochtones du Québec.
Quant au dialogue que nous avons entrepris avec eux de notre
côté, il va se poursuivre et même s'accélérer
en vue de déterminer le plus clairement, le plus formellement possible
les droits qu'ont ici, au Québec, les descendants des premiers habitants
de ce pays. Comme on sait, ils nous ont fait part, par l'intermédiaire
de leur coalition, de leurs besoins fondamentaux tels qu'ils les voient dans
les domaines politique, économique, culturel et administratif et nous
leur avons déjà soumis nos propres réactions.
Je n'entrerai pas dans le détail aujourd'hui. D'ailleurs, il leur
sera fourni l'occasion, s'ils le désirent, de se faire entendre
directement par les membres de l'Assemblée nationale par
l'intermédiaire d'une commission convoquée spécialement
à cette fin. Déjà, nous pouvons déduire de nos
rencontres avec eux, de leurs déclarations publiques et de notre propre
expérience de peuple minoritaire qui cherche depuis toujours à se
faire reconnaître son droit au développement de son
identité propre, qu'ils entendent exercer au maximum le droit de
gouverner leurs communautés de la façon la plus autonome
possible; qu'ils veulent, grâce à des institutions qui soient bien
à eux, assurer leur épanouissement dans la continuité de
leurs traditions, la sauvegarde et le développement de leur
identité, et parer au danger d'assimilation insidieuse qui les menace
constamment; naturellement, qu'ils requièrent aussi une assise
économique sur laquelle ils pourront compter pour sortir de leur
état de dépendance chronique et asseoir une certaine
autosuffisance. (17 h 20)
Le Québec est ouvert à tout cela. L'entente de la
Baie-James est là pour le prouver. Dans la mesure où nous
pourrons conclure avec eux d'autres ententes et les concrétiser dans des
lois, des ententes qui ne pourront pas être modifiées sans leur
consentement, nous parviendrons à leur assurer un statut qui aura,
à la fois, la sécurité et la flexibilité
qu'appelle, de toute évidence, l'évolution historique. Ce
changement qu'appelle l'évolution, et dont il a été
question tout au long de ce discours, apparaît plus que jamais
nécessaire, finalement, en ce qui concerne le régime
politique.
Notre parti et le gouvernement qui en est issu ont toujours
été inspirés, et continuent de l'être, par la
conviction que c'est en accroissant le plus possible le champ de la
responsabilité collective des Québécois et leur marge de
contrôle sur leurs destinées qu'il nous sera possible d'atteindre
plus de maturité et plus de justice.
Et puis la crise est venue, depuis deux ans, jeter une lumière
crue, extrêmement crue, sur les entraves à notre croissance qui
nous sont indûment imposées de l'extérieur -on en a
même des exemples dans les journaux d'aujourd'hui et c'est semaine
après semaine, c'est courant - sur ces entraves, donc, à notre
croissance qui nous sont indûment imposées de l'extérieur,
en même temps que sur les aberrations, il faut bien l'admettre, qui
minent notre société au-dedans.
C'est donc moins en fonction du passé qu'en pensant à
l'avenir qu'il nous faut miser sur le vrai changement constitutionnel qui,
seul, peut nous permettre d'entrer pour de bon dans la grande foule, sans cesse
croissante en nombre, des nations libres et modernes. Nos inquiétudes
courantes ne doivent pas masquer le regard qu'il nous faut porter sur ce qui
nous attend à moyen terme. On ne peut rien bâtir de solide ni
durable si l'on n'est pas maître de son destin dans
l'interdépendance qui s'est développée dans le monde mais,
d'abord et avant tout, maître des décisions qui nous concernent
directement.
On a souvent eu peur du changement. Combien de gens ont
été payés pour propager cette peur du changement parce
qu'il était porteur d'insécurité, d'inconnu et de risque.
Pourtant, la crise actuelle nous démontre de façon
particulièrement éloquente que seuls ceux qui prennent
résolument partie pour le changement vont pouvoir en sortir en bon
état, en tout cas sûrement en meilleur état que
d'autres.
La sécurité est une notion extrêmement
relative par les temps qui courent. En tout cas, ce n'est pas en faisant
du sur-place que nous allons tirer notre épingle du jeu. C'est en allant
de l'avant, en surmontant nos vieilles peurs et en apprenant mieux que jamais
à avoir confiance en nous-mêmes. Voilà, en tout cas, le ton
que nous emploierons de notre mieux lors du prochain rendez-vous
électoral au coeur duquel je réaffirme notre intention de placer
la question nationale.
Je remercie du fond du coeur l'Opposition - c'est la deuxième
unanimité aujourd'hui - pour ses applaudissements chaleureux. Je crois y
percevoir quelque chose de sous-entendu mais il ne faudrait pas oublier qu'on a
déjà vu de ces confiances terriblement
prématurées.
Ce que nous dirons de la question nationale, c'est que la voie de la
lucidité et du réalisme passe par l'indépendance, que
c'est elle, pour nous, comme pour tant d'autres peuples, le moteur et le garant
du progrès individuel et collectif.
Nous dirons que nous sommes dans un monde en rapide, profonde et
même brutale mutation, où les fondements de l'économie
traditionnelle sont remis en cause, où la révolution technique et
scientifique est porteuse d'autant de promesses que de périls. Comment
imaginer que les vieilles structures politiques et constitutionnelles puissent
être adaptées à de pareils changements, répondre aux
questions dramatiques qui sont posées à chacun comme à
tous? Est-ce de ce régime qu'on peut attendre le salut financier,
technologique, intellectuel et social? C'est au contraire l'obstacle permanent,
la porte bien verrouillée et qu'on cherche encore à verrouiller
davantage pour fermer l'avenir. Il faut faire sauter ce verrou pour que le
Québec, et sa jeunesse surtout, puisse enfin prendre son avenir à
pleine main, se le donner en le bâtissant.
Bref, cela garde toute son importance, mais il ne s'agit plus seulement
de fidélité aux origines, d'affirmation d'identité,
d'affranchissement national, mais au moins autant de prises en main, de vraie
sécurité, et d'utilisation maximale des ressources. Il s'agit de
concilier enfin les besoins de sécurité et de
prospérité avec les aspirations à la liberté,
à la dignité et à la pleine maîtrise de notre
devenir.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Maskinongé. M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je propose
l'ajournement du débat.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Institution de la commission de l'Assemblée
nationale
M. Bertrand: M. le Président, j'aurais trois motions
à présenter à l'Assemblée nationale. D'abord,
conformément aux articles 22 et 136 du règlement, je propose que
la commission de l'Assemblée nationale soit instituée et que MM.
Baril, Bertrand, Bordeleau, Brassard, de Bellefeuille, Fréchette,
Jolivet, Marquis, Rancourt, Guay, Blank, Gratton, Lalonde, Mailloux,
Pagé, Picotte ainsi que Mme Lachapelle en soient les membres.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
M. Lalonde: M. le Président, si je comprends bien, les
députés de Saint-Louis, de Gatineau et de Charlevoix sont les
trois députés désignés par le leader parlementaire
de l'Opposition dont on a communiqué les noms. La motion est
adoptée.
Le Président: La motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: ...pour que tout soit très clair, je voudrais
indiquer qu'il s'agit de M. Baril, député d'Arthabaska. (17 h
30)
La deuxième motion, j'en ai discuté avec le leader de
l'Opposition, et nous avons convenu de part et d'autre qu'il y aurait
nécessité de consulter nos whips respectifs pour être en
mesure de former les commissions parlementaires. Cela se fera donc lors de la
première séance de la commission de l'Assemblée nationale
qui pourra survenir la semaine prochaine.
Commission de l'énergie et des
ressources
Comme il y a demain une commission parlementaire qui doit entreprendre
ses travaux, la commission de l'énergie et des ressources, je propose,
avec le consentement de nos collègues de l'Assemblée nationale
-j'inclus le député de Sainte-Marie - que, compte tenu du fait
que cette commission parlementaire de l'énergie et des ressources va se
réunir demain, le 24 mars, à compter de 10 heures pour
étudier les effets de la politique énergétique sur le
développement
économique, et compte tenu, aussi, comme je viens de l'indiquer,
qu'il sera impossible à la commission de l'Assemblée nationale de
se réunir avant le début des auditions de cette commission
parlementaire, je propose donc, dans les circonstances, que les membres et
intervenants de la commission de l'énergie et des ressources qui avaient
été nommés lors de la dernière session soient
reconduits. Ces membres, pour information, sont MM. Bordeleau, Duhaime,
Grégoire, Lavigne, Leblanc, Perron, Rodrigue, Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), cette fois,
Desbiens, Dussault, Tremblay, Ciaccia, Fortier, Kehoe, Middlemiss, Leduc
(Saint-Laurent), Mathieu, Scowen, Vallières et Bisaillon. Que, pour
présider les travaux de cette commission parlementaire, M. le
Président, le député de Bourassa, M. Laplante, soit
président de la commission de l'énergie et des ressources pour
ces auditions.
Le Président: Cette motion nécessite le
consentement de l'Opposition officielle. Est-ce que ce consentement est
accordé?
M. Lalonde: Nous sommes très intéressés aux
travaux de cette commission et nous allons consentir non seulement à ce
que ce soit présenté, mais qu'elle soit formée
maintenant.
Le Président: II en est de même pour le
député de Sainte-Marie, je présume? Merci, M. le
député de Sainte-Marie. M. le député d'Outremont,
brièvement.
M. Fortier: Je voulais seulement demander, maintenant que la
motion est faite, si c'était possible, de remplacer le nom du
député de Beauce-Sud, M. Mathieu, par celui du
député de Chomedey, et le nom du député de Richmond
par celui du député de Jacques-Cartier.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, nous pouvons le faire
séance tenante. De toute façon, à la commission
parlementaire, lorsque le président définit devant les membres le
mandat de la commission, il peut effectivement y avoir des changements
apportés à ce moment-là, mais nous prenons bonne note des
propos du député relativement aux modifications de son
côté.
M. le Président, je veux indiquer du même coup que demain
la commission parlementaire se réunira, dans un premier temps, de 10
heures à 12 h 30, que durant la période de la réplique du
chef de l'Opposition officielle, comme le veut la coutume, tous les
parlementaires, normalement, se retrouveront ici à l'Assemblée
nationale. Donc, la commission ne siégera pas durant
l'après-midi, mais elle reprendra ses travaux demain soir de 20 heures
à 22 heures.
Je terminerai, M. le Président, en présentant une
dernière motion...
Le Président: La motion que l'on vient de présenter
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Cela, on le dira demain. Je propose enfin, M. le
Président, aux fins de la prise en considération du message
inaugural, à la suite de la motion d'ajournement du débat
présentée par le chef de l'Opposition, que l'Assemblée
ajourne ses travaux à demain, jeudi 24 mars, 14 heures.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Avant d'ajourner nos travaux, est-ce que le leader du
gouvernement pourrait nous indiquer de quelle façon et quand la
commission parlementaire annoncée par le premier ministre cet
après-midi pourra étudier le cas du règlement hors cour du
saccage de la Baie-James? Quand, d'abord, sera-t-elle formée? Quand
pourra-t-elle commencer ses travaux?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, le premier ministre, tout
à l'heure, a fait état de ses intentions quant à ce sujet
qu'a évoqué le leader de l'Opposition. Je peux indiquer, à
titre de leader parlementaire, que nous aurons une rencontre ce soir et que
nous pourrons, probablement dès demain, définir exactement le
mandat de cette commission, ainsi que les différentes modalités,
à savoir le temps qui sera imparti pour les travaux de cette commission
ainsi que la date qui sera retenue.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Les travaux de l'Assemblée sont ajournés à demain
14 heures, tout en vous rappelant que le lieutenant-gouverneur nous attend dans
le salon rouge.
(Fin de la séance à 17 h 35)
Membres de l'Assemblée nationale du
Québec
PRÉSIDENT: M. Richard Guay VICE-PRÉSIDENTS: M.
Jean-Pierre Jolivet M. Réal Rancourt
Affiliation
Nom, prénoms
politique
Profession
ou métier
District électoral
Assad, Mark PLQ Administrateur Papineau
Bacon, Lise PLQ Administratrice Chomedey
Baril, Gilles PQ Chroniqueur sportif
Rouyn-Noranda-Témiscamingue
Baril, Jacques PQ Agriculteur Arthabaska
Beaumier, Yves PQ Administrateur Nicolet
Beauséjour, Jacques PQ Éducateur Iberville
Bédard, Marc-André PQ Avocat Chicoutimi
Bélanger, Fabien PLQ Administrateur Mégantic-Compton
Bertrand, Jean-François PQ Professeur Vanier
Bérubé, Yves PQ Ingénieur Matane
Biron, Rodrigue PQ Industrie) Lotbinière
Bisaillon, Guy Ind Conseiller technique Sainte-Marie
Bissonnet, Michel PLQ Avocat Jeanne-Mance
Blais, Yves PQ Administrateur Terrebonne
Blank, Harry PLQ Avocat Saint-Louis
Blouin, René PQ Éducateur Rousseau
Bordeleau, Jean-Paul PQ Technicien Abitibi-Est
Boucher, Jules PQ Directeur Rivière-du-Loup
Bourbeau, André PLQ Notaire Laporte
Brassard, Jacques PQ Professeur Lac-Saint-Jean
Brouillet, Raymond PQ Professeur Chauveau
Caron, Lucien PLQ Administrateur Verdun
Champagne, Jean-Paul PQ Professeur Mille-Îles
Charbonneau, Jean-Pierre PQ Journaliste Verchères
Chevrette, Guy PQ Secrétaire général Joliette
Ciaccia, John PLQ Avocat Mont-Royal
Clair, Michel PQ Avocat Drummond
Cusano, William PLQ Administrateur scolaire Viau
Dauphin, Claude PLQ Avocat Marquette de Bellefeuille, Pierre PQ
Journaliste Deux-Montagnes
Dean, Robert PQ Syndicaliste Prévost
Desbiens, Hubert PQ Enseignant Dubuc
Dougherty, Joan PLQ Administratrice scolaire Jacques-Cartier
Doyon, Réjean PLQ Avocat Louis-Hébert
Dubois, Claude PLQ Commerçant Huntingdon
Duhaime, Yves PQ Avocat Saint-Maurice
Dupré, Maurice PQ Administrateur Saint-Hyacinthe
Dussault, Roland PQ Enseignant Châteauguay
Fallu, Élie PQ Professeur Groulx
Fortier, Pierre-C. PLQ Ingénieur et administrateur Outremont
Fréchette, Raynald PQ Avocat Sherbrooke
French, Richard PLQ Professeur d'université Westmount
Gagnon, Marcel PQ Aviculteur Champlain
Garon, Jean PQ Économiste et avocat Lévis
Gauthier, Michel PQ Administrateur Roberval
Gendron, François PQ Éducateur Abitibi-Ouest
Godin, Gérald PQ Journaliste Mercier
Gratton, Michel PLQ Ingénieur Gatineau
Gravel, Raymond PQ Moniteur en réadaptation Limoilou
Grégoire, Gilles PQ Homme d'affaires Frontenac
Guay, Richard PQ Avocat Taschereau
Hains, Roma PLQ Professeur Saint-Henri
Harel, Louise PQ Avocate et sociologue Maisonneuve
Houde, Albert PLQ Administrateur Berthier
Johnson, Daniel PLQ Avocat Vaudreuil-Soulanges
Johnson, Pierre-Marc PQ Médecin Anjou
Jolivet, Jean-Pierre PQ Agent syndical Laviolette
Juneau, Carmen PQ Mère de famille Johnson
Kehoe, John J. PLQ Avocat Chapleau
Lachance, Claude PQ Administrateur scolaire Bellechasse
Lachapelle, Huguette PQ Mère de famille Dorion
Membres de l'Assemblée nationale
(suite)
Affiliation
Nom, prénoms politique
Profession ou
métier
District électoral
Lafrenière, Marcel PQ Agent d'affaires Ungava
Lalonde, Fernand PLQ Avocat Marguerite-Bourgeoys
Landry, Bernard PQ Avocat Laval-des-Rapides
Laplante, Patrice PQ Commissaire administrateur Bourassa
Laurin, Camille PQ Médecin Bourget
Lavigne, Laurent PQ Enseignant Beauharnois
Lavoie-Roux, Thérèse PLQ Administratrice scolaire
L'Acadie
Lazure, Denis PQ Médecin-administrateur Bertrand
LeBlanc-Bantey, Denise PQ Journaliste Îles-de-la-Madeleine
LeBlanc, Jacques PQ Administrateur Montmagny-L'Islet
Leduc, Germain PLQ Notaire Saint-Laurent
Leduc, Michel PQ Professeur Fabre
Léger, Marcel PQ Administrateur Lafontaine
LeMay, Henri PQ Administrateur scolaire Gaspé
Léonard, Jacques PQ Comptable agréé Labelle
Levesque, Gérard D. PLQ Avocat et administrateur Bonaventure
Lévesque, Léonard PQ Cultivateur
Kamouraska-Témiscouata
Levesque, René PQ Journaliste Taillon
Lincoln, Clifford PLQ Courtier d'assurances Nelligan
Maciocia, Cosmo PLQ Courtier d'assurances Viger
Mailloux, Raymond PLQ Homme d'affaires Charlevoix
Marcoux, Alain PQ Administrateur scolaire Rimouski
Marois, Pauline PQ Administratrice La Peltrie
Marois, Pierre PQ Avocat Marie-Victorin
Marquis, Léonard PQ Administrateur Matapédia
Martel, Maurice PQ Pharmacien Richelieu
Marx, Herbert PLQ Avocat D'Arcy McGee
Mathieu, Hermann PLQ Notaire Beauce-Sud
Middlemiss, Robert PLQ Ingénieur Pontiac
Morin, Jacques-Yvan PQ Professeur Sauvé
O'Gallagher, John PLQ Ingénieur civil Robert Baldwin
Ouellette, Adrien PQ Professeur Beauce-Nord
Pagé, Michel PLQ Avocat Portneuf
Paquette, Gilbert PQ Directeur pédagogique Rosemont
Paradis, Pierre-J. PLQ Avocat Brome-Missisquoi
Paré, Roger PQ Administrateur Shefford
Parizeau, Jacques PQ Économiste L'Assomption
Payne, David PQ Enseignant Vachon
Perron, Denis PQ Opérateur Duplessis
Picotte, Yvon PLQ Principal d'école Maskinongé
Polak, Maximilien PLQ Avocat Sainte-Anne
Proulx, Jérôme PQ Professeur Saint-Jean
Rancourt, Réal PQ Agriculteur Saint-François
Richard, Clément PQ Avocat Montmorency
Rivest, Jean-Claude PLQ Avocat Jean-Talon
Rochefort, Jacques PQ Administrateur Gouin
Rocheleau, Gilles PLQ Homme d'affaires Hull
Rodrigue, Jean-Guy PQ Ingénieur Vimont
Ryan, Claude PLQ Journaliste Argenteuil
Saintonge, Jean-Pierre PLQ Avocat Laprairie
Scowen, Reed PLQ Administrateur Notre-Dame-de-Grâce
Sirros, Christos PLQ Administrateur Laurier
Tardif, Guy PQ Professeur Crémazie
Tremblay, Luc PQ Économiste Chambly
Vaillancourt, Claude PQ Avocat Jonquière
Vaillancourt, Georges PLQ Administrateur Orford
Vallières, Yvon PLQ Professeur Richmond
Vaugeois, Denis PQ Historien et éditeur Trois-Rivières
PQ - Parti québécois
PLQ - Parti libéral du Québec
Ind - Indépendant
Sièges vacants: Charlesbourg
Saguenay Saint-Jacques 23 mars 1983