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(Quatorze heures dix-sept minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Veuillez prendre vos places.
Aux affaires courantes, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Au dépôt de documents, M. le ministre des Affaires
sociales.
Rapport annuel du ministère des Affaires
sociales
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il me fait plaisir,
conformément aux dispositions de la loi du ministère, de
déposer le rapport annuel pour l'année 1981-1982 du
ministère des Affaires sociales.
Le Président: Rapport déposé. Au
dépôt de pétitions, Mme la députée de
Johnson.
Pétition dénonçant
la politique fédérale
en matière d'agriculture
Mme Juneau: M. le Président, au nom des producteurs du
comté de Johnson, je voudrais déposer une pétition qui a
commencé à être signée au début du mois de
mars. À l'époque c'était le rapport Gilson et aujourd'hui
c'est devenu un projet de loi. Mes producteurs m'ont demandé de
déposer quand même la pétition qui se lit comme suit:
"Nous, les producteurs du comté de Johnson, dénonçons la
politique du gouvernement fédéral en matière
d'agriculture. Le rapport Gilson détruit l'équilibre de la
concurrence entre les producteurs de l'Ouest et ceux de l'Est et nous nous y
opposons." La pétition comprend 812 signatures, M. le
Président.
Le Président: Pétition déposée. Au
rapport de commissions élues, Mme la députée de
Maisonneuve.
Étude du projet de loi no 6
Mme Harel: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission élue permanente de
l'habitation et de la protection du consommateur qui a siégé le
18 mai 1983 aux fins d'étudier, article par article, le projet de loi no
6, Loi modifiant la Loi sur l'économie de l'énergie dans le
bâtiment. Le projet de loi a été adopté sans
amendement.
Le Président: Rapport déposé.
Il n'y a pas de dépôt de rapports du greffier en loi sur
les projets de loi privés.
À la présentation de projets de loi au nom du
gouvernement, M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article a), du feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi no 17 Première lecture
Le Président: M. le ministre du Travail propose la
première lecture du projet de loi no 17, Loi modifiant le Code du
travail et diverses dispositions législatives.
M. le ministre du Travail.
M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: M. le Président, ce projet de loi a
pour objet de modifier plusieurs dispositions du Code du travail concernant le
droit d'association, l'accréditation, les conventions collectives, le
règlement des différends et des griefs et les mesures
antibriseurs de grève.
En premier lieu, il élargit la protection du droit d'association
en prévoyant que les représailles et les mesures discriminatoires
prises contre un salarié à cause de l'exercice par celui-ci d'un
droit qui résulte du Code du travail constitueront des pratiques
déloyales pour lesquelles l'employeur pourra être poursuivi et le
salarié être indemnisé. Il précise, de plus, qu'un
commissaire du travail pourra ordonner le paiement d'intérêts sur
une indemnité due par l'employeur et qu'une ordonnance de
réintégration d'un salarié sera exécutoire
malgré appel.
Ce projet de loi consacre la règle du premier dépôt
lors d'une requête en accréditation visant des salariés non
syndiqués. Cette règle a pour effet de rendre irrecevable toute
requête en accréditation subséquente. Il établit en
contrepartie que le caractère de domination d'une association de
salariés requérante pourra être soulevé en tout
temps. Il permet l'accréditation sur simple majorité lorsque
plusieurs associations sont requérantes et qu'elles représentent
la majorité absolue des salariés en cause. Il prévoit de
façon expresse qui sont les personnes intéressées dans ces
débats et précise diverses règles applicables à
l'accréditation tout en empêchant qu'un désaccord sur les
personnes visées par une
accréditation retarde la négociation. Il assouplit enfin
les règles applicables au commissaire du travail.
Ce projet de loi précise que les renseignements recueillis par un
conciliateur dans l'exercice de ses fonctions sont confidentiels et ne peuvent
être divulgués devant une cour de justice. Il vise à
accélérer l'arbitrage de différends et de griefs en
remplaçant le conseil ou le tribunal d'arbitrage, lesquels peuvent
être tripartites, par un arbitre unique. Cet arbitre pourra, si les
parties le désirent, être assisté d'assesseurs syndical et
patronal. Ce projet de loi précise aussi les pouvoirs de cet arbitre et
les règles relatives aux griefs et au déroulement de l'arbitrage.
Il prévoit qu'il pourra y avoir arbitrage d'une première
convention collective dès que, selon l'arbitre, il apparaîtra
improbable que les parties puissent en venir à la conclusion d'une
convention dans un délai raisonnable.
Ce projet de loi précise la durée d'une sentence arbitrale
et supprime les restrictions relatives à l'exécution et à
la rétroactivité d'une telle sentence applicable à une
corporation municipale. Il resserre également les dispositions
antibriseurs de grève en interdisant, notamment, à un employeur,
l'utilisation dans son établissement des services d'une personne morale
pour remplir les fonctions d'un salarié en grève.
Finalement, M. le Président, ce projet de loi modifie diverses
dispositions législatives à des fins de concordance et, par la
même occasion, apporte une modification à la Loi sur les normes du
travail afin d'assouplir les règles applicables au calcul de
l'indemnité afférente au congé annuel qu'accumule une
salariée pendant un congé de maternité.
Le Président: La première lecture de ce projet de
loi est-elle adoptée?
M. Paradis: M. le Président. Le Président:
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Avec votre permission, M. le Président, comme
c'est la coutume, j'ai une question pour le ministre du Travail, à
savoir si la tenue de la commission parlementaire peut avoir lieu avant la
deuxième lecture. C'est le moment...
Le Président: Votre question, je vous en prie.
M. Paradis: ...pour adresser la question. Est-ce que le ministre
du Travail, étant donné que les amendements qu'il annonce
aujourd'hui au Code du travail concernent les travailleurs, les employeurs et
l'économie générale du Québec, serait prêt
à entendre les parties intéressées à se faire
entendre avant la deuxième lecture, c'est-à-dire avant que les
parlementaires ne se prononcent sur le principe même des
modifications?
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, nous sommes effectivement
disposés à envisager une telle hypothèse, mais, quant
à savoir si ce serait avant la deuxième lecture ou après
la deuxième lecture, pour l'instant, notre décision n'est pas
encore arrêtée. On pourra aviser et on pourra peut-être se
consulter.
Le Président: J'imagine, M. le leader parlementaire, que
vous vouliez dire avant ou après la première lecture et non pas
la deuxième, ce qui compliquerait les choses.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lalonde: Je voudrais avoir une précision
là-dessus. Je me suis laissé dire que la deuxième lecture
de ce projet de loi serait proposée la semaine prochaine. Non? Pas le
projet de loi no 17.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Lalonde: À ce moment-là, on pourra
réviser.
M. Bertrand: La semaine prochaine, ce seront les projets de loi
concernant les grains, l'aménagement et l'urbanisme...
Une voix: La retraite.
M. Bertrand: ...et la retraite anticipée.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: Oui, M. le Président. J'aurais besoin du
consentement de l'Opposition pour présenter en première lecture,
à ce moment-ci, un projet de loi qui est en appendice au feuilleton
d'aujourd'hui, inscrit au nom du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation. C'est la Loi assurant la reprise des activités de
Madelipêche Inc. J'ai donc besoin d'obtenir le
consentement de l'Opposition.
Le Président: Y a-t-il consentement au dépôt?
M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vous me
permettrez quelques mots relativement au consentement qu'on nous demande
présentement. Le leader du gouvernement nous demande de consentir
à l'étude en première lecture du projet de loi
relativement à Madelipêche Inc. Le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation m'avait fait part, au cours de la
matinée, de ce projet de loi et il nous demandait d'apporter une
certaine collaboration pour l'adoption plus rapide du projet de loi. D'autres
collègues du ministre m'ont également fait des
représentations. Il y a quelques minutes, le ministre m'a remis
l'avant-projet ou le texte lui-même, je ne sais pas, du projet de loi
dont il demande présentement l'étude en première lecture.
Nos collègues, évidemment, n'ont pas pris connaissance de ce
projet de loi. Je ne vois pas, cependant, d'objection à ce que le public
puisse être informé de la teneur de ce projet de loi quitte, par
la suite, à l'étudier en temps utile, lorsque les étapes
ultérieures pourraient être appelées.
Je tiens cependant à répondre à une autre demande
de consentement qui accompagnait celle-là, c'est-à-dire de faire
l'étude de la deuxième et de la troisième lecture durant
la présente séance. Malgré que nous soyons très
conscients de l'importance pour les travailleurs d'usine et pour les
pêcheurs de reprendre leurs fonctions le plus rapidement possible, la
première lecture que nous en avons faite nous a frappés, car ce
genre de projet de loi touche certains principes qui font que ce serait dans
l'intérêt des intéressés de pouvoir en prendre
connaissance. Autrement dit, pas seulement les parlementaires, mais le public
en général, les administrateurs et les actionnaires de
Madelipêche, les travailleurs et les pêcheurs, les institutions
financières, le Mouvement Desjardins, la Banque Nationale et même
le Barreau du Québec - à cause de certaines implications que ce
projet de loi contient - les députés, évidemment, et le
public en général.
Dans les circonstances, M. le Président, justement afin de
permettre à tous les intéressés d'être au courant
dès aujourd'hui des intentions du gouvernement, nous allons consentir
à la première lecture du projet de loi, mais à moins que
le gouvernement ne veuille précipiter les choses par une motion
d'urgence et de suspension des règles, nous n'avons pas l'intention de
donner de consentement additionnel, espérant cependant que le
dépôt du projet de loi provoquera des rencontres au niveau
fédéral-provincial et à d'autres niveaux afin qu'au cours
de la fin de semaine on puisse en arriver à une solution qui serait bien
préférable à la présentation d'un tel projet de
loi. (14 h 30)
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je ne voudrais pas engager
un débat sur l'intervention du député de Bonaventure, mais
comme, effectivement, nous avons demandé un consentement pour le
dépôt en première lecture - consentement que vous donnez,
si j'ai bien compris, pour la première lecture -je voudrais indiquer
aussi que quant à nous, du côté ministériel, nous
espérions obtenir aussi un consentement de l'Opposition pour que le
projet de loi puisse être adopté aujourd'hui même,
c'est-à-dire que nous procédions à la deuxième et
à la troisième lecture du projet de loi no 23 qui permet la
reprise des activités de Madelipêche Inc.
Il faut être conscient d'une chose, c'est que tout retard à
adopter cette loi retarde, évidemment, la reprise...
Une voix: ...
M. Bertrand: Non, vous avez parlé de cela. Vous avez
parlé des gens qui sont en cause et qui doivent prendre connaissance du
projet de loi. Mais, M. le Président...
Une voix: ...première lecture.
Le Président: J'ai écouté soigneusement le
chef de l'Opposition, qui s'en est tenu à la limite, mais tout à
fait en deça d'un plaidoyer sur le fond du projet de loi. J'aimerais
que, de votre côté, vous fassiez de même.
M. Bertrand: Boni Je n'insisterai pas plus, M. le
Président, mais je veux tout de même, puisque le chef de
l'Opposition a fait état des raisons pour lesquelles sa formation
politique ne considère pas approprié que nous procédions
aujourd'hui à l'adoption du projet de loi et, donc, à la
deuxième et à la troisième lecture, dire que de
côté-ci nous souhaitions ce consentement dans un esprit
très spécifique qui était de permettre que les
activités reprennent dès ce soir. Il y a déjà un
bateau qui est prêt à partir. Dans ce contexte, évidemment,
que l'adoption de la loi aurait facilité la reprise des
activités. Cela dit, si ce consentement ne peut pas être obtenu,
bien sûr que nous ne pouvons pas procéder et, dans ce contexte,
nous étudierons le projet de loi la semaine prochaine.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Président: M. le chef de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Je veux simplement ajouter un mot
à ce projet, étant donné les remarques du leader
parlementaire du gouvernement. J'ai pensé, en termes très sobres,
de rappeler au gouvernement que la voie que nous avions suggérée
était celle de la prudence et de la responsabilité. Si le
gouvernement n'est pas d'accord, qu'il présente une motion de suspension
des règles et qu'il prenne ses responsabilités.
Projet de loi no 23 Première lecture
Le Président: Donc, avec le consentement de la Chambre, le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose la
première lecture du projet de loi no 23, Loi assurant la reprise des
activités de Madelipêche Inc. M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le projet de loi no 23 vise
à assurer la reprise des activités de la compagnie
Madelipêche Inc., aux Îles-de-la-Madeleine. Il pourvoit à
l'administration provisoire de la compagnie et autorise le ministre des
Finances et le gouvernement à faire les avances et à donner les
garanties requises, le cas échéant, pour permettre la
réalisation de ces objets.
Le Président: Est-ce que la première lecture de ce
projet de loi est adoptée? La première lecture est
adoptée.
Le Secrétaire adjoint: La première lecture de ce
projet de loi.
Le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance ou séance subséquente.
Il n'y a pas de présentation de projet de loi au nom des
députés, nous passons donc à la période de
questions. M. le député de Laporte.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Proposition d'Air Canada en vue de la relance de
Quebecair
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre des Transports. Le ministre des Transports peut-il nous dire si le
gouvernement du Québec entend faire connaître sous peu sa
réaction face à l'offre d'Air Canada de participer dans une
proportion de 50% à la relance de Quebecair, entre autres, en injectant
une somme de 12 500 000 $ de la compagnie?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, en réponse à la
question du député de Laporte, je peux indiquer
déjà à ce moment qu'effectivement, en janvier et
février dernier, la partie québécoise avait fait
connaître sa proposition à la partie fédérale quant
à une restructuration financière et opérationnelle de
Quebecair. Le 15 et le 29 avril dernier, Air Canada a déposé une
contre-proposition à l'offre qui avait été faite par le
gouvernement du Québec. Je signale cependant que cette
contre-proposition ne comportait aucune précision, aucun détail,
aucun engagement quant au réaménagement des routes
aériennes à l'intérieur de l'espace aérien
québécois.
Face à cela, j'ai fait préparer, à mon
ministère, une analyse détaillée de la contre-proposition
d'Air Canada et j'espère être en mesure d'acheminer des
recommandations définitives au Conseil des ministres quant à la
position à adopter de façon définitive dans ce dossier. Je
peux d'ores et déjà indiquer au député de Laporte
qu'à certains égards la contreproposition d'Air Canada ne peut
être considérée que comme une base de négociation et
non pas comme une position définitive de la part d'Air Canada.
D'ailleurs, je peux indiquer au député de Laporte que j'ai eu
l'occasion de m'entretenir au téléphone, hier et aujourd'hui,
avec M. Pierre Jeanniot, vice-président aux affaires
générales de Quebecair, et je pense que je puis dire, sans
l'engager lui-même, qu'il considère effectivement que la
contre-proposition d'Air Canada n'est pas définitive, qu'elle est
préliminaire.
La seule chose que je puis regretter à ce moment-ci, c'est
qu'après maintenant près de six mois de négociation, nous
ne soyons pas encore en mesure d'avoir vraiment la position définitive
d'Air Canada et du gouvernement fédéral. Effectivement, pour
répondre de manière encore plus précise à la
question du député de Laporte: oui, j'ai l'intention d'être
en mesure de répondre soit de façon définitive par un oui
ou par un non, soit encore plus vraisemblablement par une nouvelle
contre-proposition au gouvernement du Canada et à Air Canada.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, selon le journal La Presse
d'hier, je crois, on rapporte que le ministre des Transports aurait
accusé Air Canada de mauvaise foi à l'égard d'une question
de vol nolisé ou quelque chose du genre. Est-ce que le ministre des
Transports pourrait confirmer cette affirmation qu'il aurait faite à la
Presse? En quoi cette accusation peut-elle
faciliter un règlement des négociations avec Air
Canada?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, tantôt, j'ai
mentionné M. Pierre Jeanniot, vice-président aux affaires
générales de Quebecair; il n'est pas à Quebecair, mais
à Air Canada.
En ce qui concerne ce qui est rapporté aujourd'hui par le journal
La Presse, d'abord, je ne tiens pas à blâmer le journaliste en
question; je crois que c'était la première fois ou l'une des
toutes premières fois qu'il traitait du dossier. Malheureusement, une
bonne demi-douzaine d'erreurs étaient contenues dans cet article. Ce que
j'ai indiqué hier et ce que je peux indiquer encore aujourd'hui, c'est
qu'en matière de gestion de l'espace aérien, il nous semble que
la position du gouvernement du Canada et la position d'Air Canada sont des
positions extrêmement dures et fermées. S'il s'agit de parler de
mauvaise foi dans le sens de la malhonnêteté d'Air Canada ou d'une
hypocrisie, je n'ai jamais prononcé ces mots-là, M. le
Président. Mais les faits, cependant, sont éloquents par
eux-mêmes. Les faits sont éloquents par eux-mêmes. Je ne
fais que confirmer ce qui a déjà circulé dans les
médias.
Actuellement, vous connaissez la difficulté qu'avait,
jusqu'à ce midi, Quebecair, relativement à la location d'un DC-8
d'Air Canada, ce qui aurait pour effet de faire mourir le permis de nolisement
international long-courrier de Quebecair. C'est également vrai que, dans
la proposition que nous avons sur la table présentement, Air Canada
n'accepte pas qu'aucun Boeing 737 fasse partie de la flotte de Quebecair. Ce
qui a eu pour conséquence qu'au cours de la dernière
année, au cours des douze derniers mois, les transporteurs suivants ont
pu prendre, en quelque sorte, le marché naturel de Quebecair: Air
Florida, sur le sud de la Floride; Air Ontario, qui est entrée au
Québec, à Montréal, à la suite de l'octroi d'un
permis de la Commission canadienne des transports; First Air, qui est
entrée sur l'Abitibi. J'indique également Pacific Western
Airlines qui, actuellement, nolise des Boeing 737 à partir d'Edmonton
pour desservir le marché des grossistes de Montréal. On veut
empêcher Quebecair de continuer à faire fonctionner même un
seul Boeing 737. On était très réticent, semble-t-il, chez
Air Canada...
Le Président: M. le ministre, en conclusion, s'il vous
plaît!
M. Clair: ...à louer un DC-8, ce qui avait pour effet
d'amener Worldways, une autre compagnie de Toronto, à venir prendre le
marché de Montréal. M. le Président, je pense que le
journaliste a pu tirer des conclusions lui-même quant à l'attitude
d'Air Canada.
En terminant, je suis heureux d'annoncer au député de
Laporte, en ce qui concerne la location éventuelle d'un DC-8,
qu'après avoir discuté ce matin même avec M. Pierre
Jeanniot, d'Air Canada, ce dernier a convenu que sa société a
changé d'attitude et j'en suis très heureux. À la suite
des pressions, tant de Quebecair que des grossistes, elle a convenu de faire
une offre de location d'un DC-8, au cours des prochains jours, à
Quebecair. (14 h 40)
Le Président: Votre réponse, M. le ministre,
était beaucoup trop longue par rapport aux règles qui
régissent la période des questions.
En complémentaire, M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, M. le ministre vient de
faire état, je crois, des rumeurs qui circulaient dans les journaux au
sujet d'une offre de contrat entre Quebecair et la compagnie Sol-Vac. Le
ministre sait-il que l'acharnement de Quebecair à vouloir effectuer des
vols nolisés à tout prix et à n'importe quel prix a
été la cause première de ses déboires financiers,
Quebecair ayant acheté dans ce but, au prix de 75 000 000 $, des avions
qui n'étaient pas rentables sur son réseau de base et dont elle
n'avait pas besoin? Le ministre peut-il nous assurer qu'à l'égard
de ce présumé contrat alléchant avec le grossiste Sol-Vac,
une jeune compagnie, il a fait toutes les vérifications afin de garantir
à Quebecair, premièrement, qu'il existe un marché de 20
000 000 $ par année pour des vols nolisés vers l'Europe, la
Floride et les Antilles? Deuxièmement, que le grossiste Sol-Vac, dont le
chiffre d'affaires ne dépasserait pas 10 000 000 $ par année, a
et aura les moyens de payer à Quebecair 20 000 000 $ par année
pendant dix ans, même si le marché des vols nolisés
s'effondre? C'est arrivé à plusieurs reprises par le
passé. Et, finalement - dernier volet de ma question, M. le
Président...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bourbeau: ...au cas où Sol-Vac connaîtrait le
même sort dans l'avenir que celui qu'ont connu des géants de cette
industrie, comme Sunflight ou Skylark, par exemple, que Quebecair et tous les
Québécois ne resteront pas collés avec les dettes?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, une chose
que le député de Laporte ne comprend pas depuis longtemps,
c'est qu'il faut distinguer la gestion de Quebecair de la gestion de l'espace
aérien et du marché du transport aérien au Québec.
Quand il parle d'un acharnement de Quebecair à développer des
vols nolisés, je lui dirai que ce n'est pas un acharnement de Quebecair
à développer le marché du vol nolisé, mais que
c'est cependant un acharnement des grossistes de la région de
Montréal auprès de Quebecair afin que Quebecair conserve dans sa
flotte des appareils qui puissent lui permettre de continuer à offrir
des services de vols nolisés.
Cela est tellement vrai, M. le Président, que j'en donne deux
exemples. Vous savez que Quebecair possède encore quatre Boeing 737 dont
trois sont loués pour deux ans. Il fallait, au cours des quinze derniers
jours, décider si le quatrième Boeing 737 volerait ou ne volerait
pas. J'étais extrêmement réticent, compte tenu des
expériences antérieures, à ce que Quebecair maintienne un
quatrième et dernier Boeing 737 dans sa flotte, tant pour son
réseau que pour les vols nolisés.
J'ai eu énormément de pressions de la part des
organisateurs de voyages qui me disaient simplement: M. le ministre, si
Quebecair ne peut pas offrir un Boeing 737, nous allons devoir aller chercher
des avions chez Eastern Provincial Airways à Halifax et chez Pacific
Western Airlines à Edmonton et en Alberta. Je me suis laissé
convaincre qu'effectivement il pouvait y avoir des possibilités. En
moins de dix jours, Quebecair a, pour l'hiver prochain, sur des vols de fin de
semaine, rempli complètement son avion puisqu'il y a sur la table,
prêtes à être signées, cinq offres de grossistes
différents pour occuper l'avion en question.
En ce qui concerne donc cette éventualité, c'est
évident que si ce n'est pas un transporteur québécois -
qui ne peut pas être Air Canada dans les circonstances - qui offre les
possibilités de nolisement pour les organisateurs de voyages, pour les
grossistes, ce sera des avions et des équipages qui viendront
d'ailleurs, des emplois qui seront créés en Ontario, en Alberta
et en Nouvelle-Écosse.
En ce qui concerne les vérifications pour la
sécurité financière, soit de minimiser les risques, tout
ce que je peux indiquer là-dessus c'est à peu près ce que
M. Alain Dubuc de la Presse indiquait. L'avantage de la proposition de Sol-Vac,
c'est que la plupart des risques financiers sont à la charge du
grossiste et non pas de Quebecair. Dans ce sens-là, effectivement,
l'intérêt du contrat proposé, qui ne serait pas
nécessairement un contrat de dix ans mais qui pourrait s'étendre
jusqu'à une période de dix ans, c'est que les risques financiers
sont minimaux pour Quebecair.
En ce qui concerne la capacité de Sol-Vac de payer 20 000 000 $
par année, ce n'est pas comme cela que la question se pose. La question
est de savoir si Sol-Vac peut effectivement avoir des revenus de ses passagers
pour 20 000 000 $. Ce n'est pas la question de la capacité
financière de l'entreprise comme telle.
Au cas où Sol-Vac connaîtrait le même sort que
d'autres, je pense de ce point de vue que le député a une bien
drôle d'attitude à l'égard de tout ce qui est
québécois dans le domaine du transport aérien et qu'il ne
vise qu'à le réduire. Tout ce que le député essaie
de faire c'est de diminuer tous ceux qui ont essayé de développer
des choses dans le transport aérien. Je pense qu'il devrait lire ce que
M. Bourassa lui disait hier dans les journaux: Ce n'est pas à cause de
la conjoncture qu'on doit laisser la fierté et les intérêts
du Québec au vestiaire. Le député de Laporte devrait
peut-être réfléchir là-dessus.
Le Président: Question principale, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Ma question s'adresse au ministre de
l'Agriculture.
Une voix: II n'est pas encore là.
Le Président: On appelle le ministre de l'Agriculture.
Des voix: Le voici.
Le dossier Sodispro
M. Scowen: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation et concerne le dossier Sodispro.
Avant-hier, j'ai eu l'occasion de poser une série de questions au
ministre auxquelles il n'a effectivement pas répondu ou très peu.
Il a même suggéré que nous ne devrions pas poser ce genre
de questions concernant Sodispro en Chambre. Cependant, nous avons l'intention
de continuer, car la vérité doit ressortir du rapport annuel de
nos sociétés d'État. Deuxièmement, il y a au moins
une trentaine de PME québécoises qui sont mal prises à
cause de la fermeture de l'entreprise Sodispro.
La première question que j'aimerais poser au ministre est la
suivante. À la page 10 du rapport annuel de SOQUIA de 1981-1982, il est
clairement indiqué que la compagnie SOQUIA détient 33,4% des
actions de Sodispro. Cependant, dans une lettre que le ministre a
envoyée aux créanciers, au mois d'avril, il est dit qu'au mois de
septembre 1980 la part de SOQUIA dans Sodispro est passée de 33,3%
à 43,8%. Je cite sa lettre: "Une nouvelle convention d'actionnaires est
alors signée à ce moment
afin de donner effet à cette répartition et une
représentation proportionnelle au conseil d'administration de Sodispro
qui est alors élargie à sept membres." SOQUIA avait trois des
sept membres. Il y a donc une lettre aux créanciers dans laquelle le
ministre dit clairement que depuis septembre 1980, la part de SOQUIA dans
Sodispro est de 43,8%. Le rapport annuel, signé par le président
de la compagnie au mois de septembre 1982, deux ans après,
déclare qu'il n'y a que 33% des actions. Le ministre peut-il nous dire
qui dit vrai?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: J'ai déjà répondu que le transfert
à 50% des actions s'est fait le 23 avril 1982. À la suite d'une
autorisation du gouvernement du Québec, qui remontait au 24 mars 1982,
par le décret 694-82, on autorisait SOQUIA à s'associer à
part égale avec CCF dans Sodispro Technologie Ltée pour autant
que les deux parties conviennent d'une nouvelle convention d'actionnaires. Le
23 avril 1982, il y a eu vente par CCF à SOQUIA de 15 000 actions
ordinaires pour le prix de 1 $ faisant en sorte que chacune des parties
détienne 50% des actions. Le 31 mars 1982, puisque le rapport annuel
reflète la situation au 31 mars 1982, SOQUIA ne détenait pas 50%
des actions.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, en complémentaire.
M. Scowen: M. le Président, j'espère que vous
comprenez, comme tout le monde, que le ministre n'a pas répondu à
la question.
Le Président: Sans commentaire, M. le
député. (14 h 50)
M. Scowen: II s'agissait d'une déclaration de 1980. Je
pose donc une question additionnelle. J'ai bien peur que le ministre soit en
train de perdre un peu de crédibilité dans ce dossier. Le
ministre peut-il expliquer les événements subséquents?
L'entente, par laquelle les parts de SOQUIA dans Sodispro sont passées
à 50%, est survenue entre le 20 janvier et le 23 avril, d'après
la déclaration du ministre lui-même. La fin de l'exercice
financier est, bien sûr, le 31 mars. Donc le ministre a dit qu'en
principe il n'avait pas l'obligation de parler dans son rapport de l'affaire du
23 avril. Cependant, M. le Président, le rapport sur SOQUIA, par le
Vérificateur général, a été signé le
16 juillet, trois mois plus tard; le rapport de la compagnie a
été signé par le président, M. Marier, le 15
septembre, cinq mois plus tard.
Comment se fait-il que, dans le rapport annuel signé par le
Vérificateur général le 16 juillet, et dans le rapport
signé par le président en septembre, il n'y a aucune note des
événements subséquents touchant, premièrement
l'augmentation des parts de SOQUIA, et deuxièmement touchant la
faillite, la prise de possession de cette compagnie par la Banque Nationale,
laquelle a eu lieu le 28 juin, trois semaines avant la date du rapport du
Vérificateur général et trois mois avant la date de la
signature du président? M. le Président, on prétend que
c'est en contradiction avec toutes les règles normales de
comptabilité obligatoires. En effet, le rapport annuel de SOQUIA est
faux.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, c'est assez simple.
J'espère que le député fait une distinction entre une
prise de possession et une faillite. Il y a une distinction entre les deux. Une
prise de possession par la banque, c'est une prise de possession par la banque;
à ce moment-là, la banque a les actifs et on sait plus tard ce
qui va se passer. Mais, à ce moment-là, il n'y a pas une faillite
effective. Il y a une prise de possession par la banque, c'est la banque qui
est en charge de l'entreprise. On saura plus tard, lorsqu'il y aura
éventuellement une vente des actifs, pour un prix qui peut
dépasser la créance de la banque, ce qui va se passer exactement.
Mais tout ce qu'il y a, au 28 juin 1982, c'est une prise de possession des
actifs par la banque.
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Dernière question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut continuer son cours de droit des
faillites et nous expliquer davantage la différence entre une prise de
possession et une faillite, en tenant compte de la déclaration qu'il a
faite aux créanciers par écrit? Il a dit que, le 28 juin, la
prise de possession signifiait que Sodispro n'avait plus aucun actif, que c'est
devenu la propriété de la Banque Nationale - je cite encore
-"...pour ces deux actionnaires, pour SOQUIA, la perte immédiate est de
3 300 000 $." Le 28 juin, M. le Président, il y avait une perte de 3 300
000 $. Trois semaines après, il n'en est fait aucunement mention dans le
rapport du Vérificateur général. Et trois mois
après, il n'en est fait aucunement mention dans le rapport du
président de la compagnie. C'est un non-sens et j'aimerais que le
ministre essaie, une dernière fois, de l'expliquer.
Le Président: M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Oui, M. le Président. C'est assez simple
à expliquer. Vous présumez d'une situation qui pourra sans doute
se produire, mais qui ne s'est pas encore produite. Quand il y a prise de
possession, il n'y a pas nécessairement faillite, parce que les
créanciers qui espèrent récupérer le maximum de la
vente des actifs ne veulent pas déclarer faillite justement pour ne pas
que la liquidation se fasse immédiatement, alors qu'ils pourraient
obtenir de bien petits montants pour leur créance. Après la prise
de possession par la banque, au fond, tous les gens souhaitent qu'il y ait un
nouveau projet avec de nouveaux intervenants pour que ceux-ci paient le plus
cher possible les actifs existants. C'est au moment de la vente de ces actifs
qu'on saura exactement quel montant a été perdu ou quel montant a
été réalisé, mais pas avant.
M. Ryan: Question principale, M. le Président.
Le Président: Question principale, M. le
député d'Argenteuil.
Ponction sur les surplus des commissions
scolaires
M. Ryan: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Éducation...
M. Houde: Est-ce qu'il est encore ministre?
Des voix: Ah!
M. Ryan: ...dont nous sommes heureux de saluer le retour en cette
Chambre, cette semaine, après nous être inquiété de
son absence.
Des voix: Albert, qu'est-ce que tu fais là?
M. Ryan: M. le Président, dans les règles
budgétaires qu'il a préparées pour les commissions
scolaires, pour l'exercice 1983-1984, le ministère de l'Éducation
annonce aux commissions scolaires qu'il effectuera, à même les
surplus accumulés par celles-ci, une ponction de quelque 40 000 000 $
pour l'année 1983-1984. Cette ponction a étonné tout le
monde. D'abord, elle contredit de front la règle des budgets
fermés qui est instituée maintenant depuis deux ou trois ans. On
a commencé à la justifier en invoquant des surplus de subventions
qui auraient été versés aux commissions scolaires au titre
des budgets de suppléance, des budgets pour les mises en
disponibilité d'enseignants en surplus. Cette explication ne tient pas
parce que, dans un grand nombre de commissions scolaires, il n'y a jamais eu de
telles mesures, il n'y a pas eu d'enseignants qui ont été mis en
surplus; par conséquent, on n'aurait pas pu utiliser ces enseignants
pour réduire les budgets de suppléance. Ensuite, on a
invoqué d'autres raisons qui ne tiennent pas davantage, sinon pour
expliquer que le gouvernement veut faire payer aux commissions scolaires une
partie des nouveaux engagements qu'il a contractés à la suite des
négociations des derniers mois.
Il en résulte, à la fin, que la ponction qu'on effectue
sur les commissions scolaires est très inégale d'une commission
scolaire à l'autre, qu'elle repose sur des critères hautement
arbitraires, inégaux et injustes, de telle sorte que des commissions
scolaires qui ont taxé leurs contribuables, qui ont
réalisé des surplus se trouvent obligées de rembourser au
ministère, sous forme d'ajustement non récurrent, comme on
l'appelle, des sommes très élevées, tandis que d'autres,
qui auraient été imprévoyantes et qui n'ont pas de
surplus, qui n'auraient pas taxé fortement - ce sont des questions qui
sont un peu complexes pour le député de Bourassa, je comprends
qu'il s'impatiente -au même niveau que, d'autres se trouveront
exemptées de cette récupération.
Je demande au ministre de l'Éducation, d'abord: Est-il conscient
des conséquences très mauvaises que cette politique aura sur la
gestion des commissions scolaires dans l'avenir? Se rend-il compte de l'effet
de désincitation et de démotivation qui en résultera?
Deuxièmement, est-il prêt à s'asseoir à table avec
les commissions scolaires afin de réexaminer cette méthode de
financement des engagements du ministère de l'Éducation?
Troisièmement, dans l'hypothèse où il a absolument besoin
d'argent, est-il prêt à rechercher avec les commissions scolaires
une formule plus équitable, moins arbitraire et plus objective?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: M. le Président, nous avons longuement
discuté de cette question, lors de la discussion des crédits du
ministère de l'Éducation. Cela ne me fait rien d'y revenir durant
quelques instants. Je pense qu'il faut d'abord se rappeler que, depuis
1980-1981, les commissions scolaires bénéficient d'un budget
fermé, contrairement aux habitudes des années
précédentes. Ce qui a nécessité ce changement de
méthode, c'est précisément la nécessité
d'éviter certains inconvénients du genre de ceux qu'on avait
connus dans les années précédentes où le
gouvernement a été obligé d'honorer, deux ou trois ans
après, des dépenses beaucoup plus fortes que ce qui avait
été prévu au budget.
Comme dans toute nouvelle méthode, il peut arriver qu'il prenne
deux ou trois ans avant qu'on puisse arriver exactement à l'objectif que
l'on s'était donné, c'est-à-dire un financement des
commissions scolaires qui corresponde le plus exactement possible aux besoins
des clientèles.
De cette façon, nous nous sommes aperçus, par exemple,
aussi bien en 1981-1982 qu'en 1982-1983, que les allocations qui avaient
été consenties aux commissions scolaires ne correspondaient pas
tout à fait exactement aux besoins de la clientèle. C'est la
raison pour laquelle les commissions scolaires ont connu, en 1981-1982, de
même qu'en 1982-1983, un excédent, qui augmente d'ailleurs avec
les années. C'est la raison pour laquelle, dans un souci d'ajustement
encore plus adéquat, et qui est dû d'ailleurs au fait que le
gouvernement finance maintenant à près de 95% les besoins des
commissions scolaires, nous avons jugé bon de procéder à
un ajustement ponctuel non récurrent de 40 000 000 $ pour l'année
en cours, selon une formule qui était incluse dans une proposition que
nous avons faite aux commissions scolaires à la fin de janvier.
Cette proposition a été soumise, comme il se doit,
à la consultation des commissions scolaires. Nous avons discuté
d'un certain mode de calcul de ce prélèvement, par commission
scolaire, en fonction de divers paramètres. Nous sommes en train de
recevoir des commentaires, dont certains évidemment, pas toujours,
positifs, mais nous sommes en train d'examiner ces diverses réponses et
ce n'est qu'en tenant compte, comme le député d'Argenteuil le
souhaite, des diverses représentations qu'ils nous ont faites qu'en
conjonction avec le Conseil du trésor, nous en arriverons à
l'établissement d'une formule qui nous permettra de prélever ces
40 000 000 $ qui, d'ailleurs, devraient servir, comme le souhaitait le
président de la Fédération des commissions scolaires
à l'époque, à une meilleure relocalisation et
résorption des personnels et à un traitement meilleur des
enseignants. (15 heures)
Le Président: Question complémentaire, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Le ministre reconnaît-il qu'il est injuste qu'une
commission scolaire qui a fait un surplus léger - le surplus, dans
l'ensemble, c'est environ 1% du budget total des commissions scolaires; il n'y
a rien de scandaleux là-dedans - soit taxée, par
conséquent, par cette mesure, et qu'une autre qui aurait fait un
déficit parce qu'elle aurait été moins prévoyante,
soit exemptée de cette mesure? Reconnaît-il que c'est une
situation injuste et inégale qu'il faudrait essayer de réviser
dans la formule définitive? Deuxièmement, est-il prêt
à examiner loyalement cette formule définitive avec les
intéressées, c'est-à-dire les commissions scolaires
elles-mêmes? Il a parlé de discuter avec le Conseil du
trésor. On imagine qu'il doit le faire, mais est-il prêt à
discuter ouvertement avec les commissions scolaires des changements à
faire à la formule qui a été annoncée?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: Les règles budgétaires finales tiendront
compte, évidemment, des représentations qui nous sont parvenues
lors de la période de consultation. Une des suggestions du
député d'Argenteuil constitue, en effet, un paramètre
important. Il ne s'agit pas de pénaliser les commissions scolaires qui
ont eu une bonne gestion. Il ne s'agit pas de demander des sacrifices indus
à des commissions scolaires, par exemple, qui auraient connu des
difficultés particulières en raison de leur situation. Donc,
l'adoption de nos règles finales tiendra compte de toutes les
représentations qu'elles nous ont faites et de celles que
véhicule le député d'Argenteuil.
Une voix: Quand?
M. Laurin: Au cours des prochaines semaines.
Le Président: Question principale, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Ma question...
Le Président: Je m'excuse, M. le député. Il
y avait une question complémentaire de Mme la députée de
Jacques-Cartier.
Mme Dougherty: Question complémentaire au ministre de
l'Éducation. N'est-il pas vrai que les montants que le gouvernement veut
prélever - 40 000 000 $ - représentent, dans la plupart des cas,
les taxes foncières locales payées par les citoyens dans chaque
commission scolaire pour des besoins hors normes?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Laurin: Non, M. le Président. Le montant des taxes
scolaires prélevées par les commissions scolaires dépasse
de loin les 40 000 000 $ dont il est ici question. Il est bien entendu que,
dans ce prélèvement ponctuel ou cet ajustement non
récurrent, il n'est pas du tout question d'aller toucher le produit de
la taxe scolaire auquel les commissions scolaires ont parfaitement droit.
Le Président: Question principale, M. le
député de Gouin.
Projet de centre bancaire international à
Montréal
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse au ministre des Finances et porte sur le projet visant à doter
Montréal d'un centre bancaire international. Comme on le sait, ce projet
est piloté par le Comité de promotion économique de
Montréal, le COPEM, qui réunit à la fois le Board of Trade
et la chambre de commerce. Ce projet a reçu des appuis unanimes de
l'ensemble des agents économiques et des agents politiques de
l'agglomération de Montréal. Il vise à développer
et à accentuer la vocation internationale de Montréal et comporte
de nombreuses retombées économiques pour l'ensemble de
l'agglomération.
Déjà, en 1982-1983, à l'occasion de son discours
sur le budget, le ministre des Finances du Québec avait indiqué
son accord de principe pour ce projet. Cette année, il a non seulement
réitéré son accord de principe, mais il a indiqué
quels étaient les concessions et les avantages qu'il était
prêt à faire ou à donner aux institutions
financières qui seraient intéressées à participer
au projet de centre bancaire international. Toutefois, le Québec
n'étant pas un pays indépendant, M. le Président, nous
avons besoin de l'accord du gouvernement fédéral pour qu'un tel
projet voie le jour et nous avons...
Des voix: Ah!
M. Rochefort: Êtes-vous contre l'accord du gouvernement
fédéral?
Une voix: Nous sommes contre...
M. Rochefort: Merci. M. le Président, nous avons donc
besoin de l'accord du gouvernement fédéral et nous avons aussi
besoin que le gouvernement fédéral consente les mêmes
avantages aux entreprises qui voudraient s'associer à ce projet.
Récemment, c'est-à-dire samedi dernier, les journaux de fin de
semaine nous indiquaient, par les décorations de deux
députés, celui de Verchères et celui de Rosemont - deux
députés du Québec qui représentent des
Québécois à Ottawa - que le gouvernement
fédéral avait décidé de laisser tomber le projet et
de ne pas accorder les avantages que le gouvernement du Québec
était prêt à accorder aux entreprises qui auraient pu
s'impliquer dans ce projet. Je voudrais savoir de la part du ministre des
Finances quelles sont ses intentions vis-à-vis du projet de centre
bancaire international de Montréal compte tenu de cette décision
du gouvernement fédéral.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, effectivement, ce projet de
centre bancaire international à Montréal est d'un
intérêt considérable. Il permettrait de se servir mieux
qu'on a pu le faire jusqu'à maintenant des ressources techniques et
humaines dans le domaine des transactions internationales qui ont toujours
été très importantes à Montréal et qui
pourraient le devenir davantage. C'est une formule qui a été
utilisée dans d'autres pays, en particulier, aux États-Unis.
Depuis quelque temps, on voit des formules analogues apparaître avec des
résultats remarquables sur le plan de la concentration dans certaines
villes américaines de transactions internationales qui, autrement,
auraient été ailleurs.
Le gouvernement du Québec a suggéré que toute taxe
et contribution d'employeur sur ce type de transactions serait enlevée,
de notre côté en tout cas, dès que le gouvernement
fédéral aurait accepté le projet.
Dans l'intervalle, d'autres villes ont démandé que les
mêmes démarches soient entreprises à leur égard. Je
comprends, par exemple, que Toronto et peut-être une couple de villes de
l'Ouest du Canada ont fait des démarches en ce sens auprès du
gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral n'a
pas encore manifesté, à ma connaissance, ses intentions à
l'égard de Toronto ou des villes de l'Ouest, mais des
députés libéraux fédéraux, élus par
nous à Ottawa, nous ont manifesté la semaine dernière
qu'ils étaient contre et qu'ils véhiculaient la décision
du gouvernement fédéral d'être contre pour ce qui a trait
à Montréal.
Comme l'un de ces deux députés s'est manifesté
à nouveau hier, dans les journaux, pour indiquer que la porte qu'il
fermait la semaine dernière pourrait être entrouverte aujourd'hui,
je pense que je n'ai pas d'autre solution au point où j'en suis que
d'écrire à mon homologue fédéral, le ministre des
Finances, pour lui demander quelle est sa position à ce sujet. Il
faudrait tout de même que ces députés
fédéraux, à Ottawa, que nous élisons là-bas
et qui, depuis quelque temps, tiennent à ce point à être
les messagers des mauvaises nouvelles, puissent confirmer quel pouvoir exact
ils ont dans ce gouvernement fédéral. J'écrirai donc
à Ottawa, à mon collègue des Finances et je serai en
mesure de communiquer assez bientôt la réponse d'Ottawa à
l'égard de ce projet qui, encore une fois, pour Montréal, a une
importance considérable. Merci, M. le Président.
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Question
complémentaire, cette fois au ministre, président du
Comité de développement économique. Puisque le ministre
des Finances avait accepté d'accorder des concessions fiscales
importantes à ce projet, j'imagine que le ministre, président du
Comité de développement économique avait vu de nombreuses
retombées économiques pour la grande région de
Montréal. J'aimerais que le ministre, président du Comité
de développement économique, nous indique quelles sont ces
retombées qu'il avait estimées pour Montréal puisqu'il
semble que ce soit cela qui pose un doute dans l'esprit des gens d'Ottawa par
rapport au projet pour lequel nous travaillons très fort.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, les capitaux sont
extraordinairement mobiles dans le monde. Quand on parle en particulier
d'argent à court terme, il est évident que beaucoup de
transactions peuvent se produire ou se développer à peu
près n'importe où. Les technologies modernes ont fait que l'on
peut transférer en quelques instants des sommes énormes, des
milliards de dollars d'un endroit à l'autre. Il est donc important de
savoir où et comment ces transactions se feront et à quel
endroit. Certains lieux dans le monde ont réussi à
développer à la fois une expertise et un volume de transactions
énormes. Qu'on pense, à cet égard, à Hong Kong ou
à Singapour ou alors aux masses énormes d'argent tout à
fait nouveau qui ont transité par New York depuis deux ans. On parle de
dizaines de milliards de dollars.
Dans ce sens, Montréal peut devenir un centre important dans le
monde de transactions internationales de capitaux qui transitent, qui,
essentiellement, passent par Montréal et en ressortent. Nous ne parlons
pas ici d'investissements physiques dans des usines, etc. Cela est autre chose.
Nous parlons essentiellement de capitaux qui transitent par une place où
ils sont empruntés et reprêtés ou réorientés.
Si nous pouvons obtenir cela à Montréal, nous allons faire de la
place de Montréal - le groupe de Montréalais qui a poussé
sur ce projet - une place financière très importante. Il s'agit
maintenant de savoir dans quelle mesure le gouvernement fédéral
est disposé à appuyer le projet. Merci, M. le Président.
(15 h 10)
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que le ministre des
Finances n'est pas plus inquiet de constater que, parmi les institutions
financières étrangères qui se sont installées au
Canada depuis plusieurs années, 90% d'entre elles ne se sont pas
installées au Québec? Il n'y a pas de centre bancaire
international à Toronto, Calgary ou ailleurs, ni même à
Montréal, on le déplore. Mais est-ce que le ministre n'est pas
plutôt inquiet de voir que le fardeau fiscal québécois est
la première raison pour laquelle les gens ne s'installent pas ici?
Le Président: C'est étirer un peu la notion de la
question complémentaire, M. le député. M. le ministre des
Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je rappellerai à cet
égard à notre collègue de Vaudreuil-Soulanges que le taux
d'impôt sur les profits des grandes corporations est au Québec le
plus bas de toutes les provinces canadiennes, et par une bonne marge. Bien
sûr, nous avons une contribution d'employeur qui n'existe pas dans
d'autres provinces. Bien sûr, nous avons une taxe sur le capital qui,
soit dit en passant, est assez élevée dans pas mal de provinces.
Il reste que, dans l'état actuel des choses, nous avons le plus bas taux
d'impôt sur les profits des grandes corporations de toutes les provinces
canadiennes.
Nous sommes ici en face d'un mouvement, effectivement, d'un grand nombre
de banques étrangères qui ont été s'implanter,
dès qu'elles ont pu avoir leur charte - c'est assez récent -
qu'on appelle de l'annexe B, en vertu de la nouvelle loi des banques, ces
banques étrangères qui avaient à s'installer au Canada se
sont surtout installées à Toronto. Il y a des exceptions, bien
sûr: il y en a pas mal qui se sont installées à
Montréal; je pense à pas mal de banques françaises, par
exemple. Dans l'ensemble, il est vrai qu'elles se sont plutôt
installées à Toronto. Pourquoi? Pour une raison que nous
connaissons tous. Depuis 20 ans, Toronto est devenue la capitale
financière du Canada.
À l'heure actuelle, vous avez un certain nombre de gens à
Montréal, banquiers, financiers de tous ordres qui disent: On voudrait
redonner à Montréal l'importance financière qu'elle avait
il y a 25, 30 ou 40 ans. Le gouvernement du Québec dit: Allez-y, nous
allons vous appuyer totalement pour que vous soyez capables de réaliser
votre objectif. Nous voulons simplement savoir s'il est exact, maintenant, que
le gouvernement fédéral dit: Non, nous vous refusons les
instruments que vous demandez; Toronto est depuis un quart de siècle la
capitale financière du Canada et c'est très bien comme ça.
Merci, M. le Président.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Dupré: Question de directive, M. le
Président.
Le Président: Une question de directive? M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Comment peut-il y avoir une question
complémentaire à une question qui était déjà
irrecevable?
Le Président: M. le député, la question
n'était pas irrecevable. Elle pouvait être
considérée comme une question principale, à laquelle il
peut donc y avoir une question complémentaire. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre fait valoir que le
fardeau fiscal des entreprises au Québec serait le plus bas au Canada.
Étant donné qu'il a lui-même évoqué le fait
qu'un centre financier attire des spécialistes, des experts de toutes
sortes, donc des gens hautement qualifiés, est-ce que le fardeau fiscal
des particuliers au Québec n'a pas quelque chose à voir avec
cela?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: D'abord, M. le Président, j'inviterais le
député de Vaudreuil-Soulanges à exercer un peu plus de
rigueur. Je n'ai pas dit que le fardeau fiscal était le plus bas au
Canada. J'ai dit: L'impôt sur les profits est le plus bas au Canada. J'ai
fait allusion, parce que je savais très bien que ça viendrait,
qu'il y a des contributions d'employeur au Québec, qu'il y a une taxe
sur le capital, c'est pour cela que j'en ai fait état. Le
député de Vaudreuil-Soulanges me met des mots dans la bouche que
je n'ai jamais prononcés.
Deuxièmement, quant à l'impôt sur les particuliers,
il est vrai que nous avons, au Québec, un impôt sur les
particuliers assez progressif, oui. Nous avons des taxes de vente, au
Québec, très inférieures à celles de l'Ontario
quant au fardeau que cela représente. Ah! oui. Il y a, au Québec,
des taxes foncières, fiscales et municipales passablement plus faibles
qu'en Ontario. Il y a, bien sûr, en Ontario, des maisons qui ont une
très grande valeur mais qui, à l'achat, coûtent très
cher, beaucoup plus cher qu'à Montréal, lorsqu'on voit, par
exemple, des relevés comme celui de l'UBS, l'Union des banques suisses,
auxquels faisait allusion, je pense, hier ou avant-hier, le premier ministre.
Quant au coût réel de l'existence dans diverses grandes capitales
ou grandes villes du monde, on voyait que Montréal, à cet
égard, se situait à peu près au niveau de celui de Toronto
et parmi les villes un peu partout dans le monde où il coûte le
moins cher de vivre. Alors, à cet égard, puisque nous parlons non
pas des querelles paroissiales souvent soulevées entre le Québec
et l'Ontario, mais de gens qui se déplacent partout dans le monde et qui
savent fort bien que, dans la plupart des villes du monde, le coût de la
vie, incluant les impôts, est plus élevé qu'à
Montréal, Montréal est fort bien placée et à peu
près de la même façon que Toronto, M. le
Président.
Le Président: Question principale, M. le
député de Brome-Missisquoi.
Hausses de salaire résultant de sentences
arbitrales
M. Paradis: M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre du Travail. Elle touche encore - il se souviendra
de la question d'avant-hier - les augmentations de salaire qui, à la
suite de sentences arbitrales, ont été accordées à
certains policiers, à certains corps de police. Ces augmentations
variaient de 20% à 37% à l'époque. J'avais demandé
- et je cite le journal des Débats - au ministre du Travail: "Le
ministre est-il intervenu politiquement dans le système d'arbitrage pour
passer un message aux arbitres?" Le ministre m'a répondu - et je cite
encore le journal des Débats: "Jamais et en aucune circonstance celui
qui vous parle n'est intervenu dans le système des arbitres, pour
utiliser l'expression du député de Brome-Missisquoi..."
M. le Président, je repose la question au ministre du Travail:
Est-ce qu'il a fait savoir au corps des arbitres, pris comme entité - et
je veux ajouter un petit élément, les arbitres pris
individuellement - est-ce que vous leur avez passé un message? Est-ce
que vous leur avez fait savoir que cela devenait exorbitant? Oui ou non?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, je ne sais pas
précisément où se situe le député de
Brome-Missisquoi par rapport à la question qu'il me pose. Il y a deux
aspects possibles à la question que pose le député de
Brome-Missisquoi. C'est le motif pour lequel je lui ai dit que je ne sais pas
très précisément auquel il fait référence.
Il m'a demandé -c'était mardi, je pense - si j'étais
personnellement intervenu dans le système d'arbitres, m'a-t-il dit, ou
dans le système d'arbitrage. Et, à cet égard, je lui ai
répondu non. Je réitère aujourd'hui que c'est non. En
aucune espèce de façon, ni officiellement, ni officieusement je
ne suis intervenu auprès du conseil des arbitres. Je ne suis en aucune
espèce de façon intervenu dans le sens que le suggère le
député de Brome-Missisquoi. Il me demande maintenant si j'ai,
à des individus, à des arbitres, passé
un message de même nature. M. le Président, je lui dis: Non
plus, ni dans un cas ni dans l'autre. Je terminerai en disant ceci: Si le
député de Brome-Missisquoi a quelque chose de plus précis
à me signaler, je serai très heureux d'essayer d'éclaircir
la situation avec lui.
Le Président: En complémentaire. Une
dernière question complémentaire, M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Vous vous rappellerez également de ma
deuxième question; je vais l'élargir, la préciser. Est-ce
qu'on vous a demandé de le faire?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, il a
été question, à un moment donné, d'évaluer
un certain nombre de situations et de circonstances à propos de la
politique des prix administrés du gouvernement. À
l'intérieur de ces discussions, il a également été
fait mention de façon très précise, du dossier dont parle
le député de Brome-Missisquoi. Toujours à
l'intérieur de ces discussions, quelqu'un s'est informé à
un moment donné si la possibilité existait d'intervenir dans le
sens que le suggère encore une fois le député de
Brome-Missisquoi. Lorsque la question m'a été posée, j'ai
dit: Non, ce n'est pas possible d'intervenir et personne, à ma
connaissance, n'est effectivement intervenu. (15 h 20)
M. Paradis: Une dernière question complémentaire,
M. le Président.
Le Président: Une toute dernière, M. le
député, la période des questions tire à sa fin.
M. Paradis: Le ministre a certainement la réponse. Qui
vous a mentionné les choses dont vous venez de nous entretenir?
Le Président: M. le ministre du Travail. M.
Fréchette: M. le Président... Des voix: Des rouges? Le
Président: À l'ordre!
M. Fréchette: J'ai répondu expressément au
député de Brome-Missisquoi, aux deux questions précises
qu'il m'a posées et je ne me sens en aucune espèce de
façon obligé de lui donner des noms de façon
précise comme il le demande.
Des voix: Ah oui!
Le Président: La période des questions est
terminée.
Aux motions non annoncées, M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bertrand: Le ministre de l'Agriculture aurait un
complément de réponse à donner.
Le Président: Un complément de réponse de la
part du ministre de l'Agriculture.
Le dossier Sodispro (suite)
M. Garon: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
s'est référé à ma lettre aux créanciers. En
septembre 1980 je disais que SOQUIA avait 43,8% des actions. Il faudrait que le
député de Notre-Dame-de-Grâce apprenne à lire les
lettres. Voici ce que je dis dans la lettre: "Les mises de fonds de CCF et
SOQUIA s'effectuent sous forme de prêts partiellement convertibles en
actions ordinaires, ce qui en théorie permet de hausser comme suit leur
part relative de Sodispro." Théoriquement il aurait pu y avoir 43,8%
s'il y avait eu conversion des prêts en actions, mais comme il n'y a
jamais eu conversion avant le 23 avril 1982, SOQUIA est restée à
33 1/3% jusqu'à ce que la conversion se fasse au mois d'avril 1982.
C'est pour cela que je dis que le député de
Notre-Dame-de-Grâce lit mal les choses. Quand il parle d'une perte de 3
300 000 $, on pense qu'il y aura une perte de 3 300 000 $, mais on ne peut pas
la liquider, la rendre effective factuellement dans des bilans tant que la
liquidation n'est pas faite. Théoriquement, encore là, la vente
des actifs pourrait rapporter un certain montant qui permettrait de
récupérer une partie des 3 300 000 $, sauf qu'on ne pense pas que
cela se produira. On ne peut pas écrire cela dans les bilans tant que ce
n'est pas réalisé. Merci.
Le Président: Aux motions non annoncées, M. le
leader parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: Je m'excuse, mais le ministre des Finances aurait
aussi un complément de réponse à donner.
Le Président: En complément de réponse, M.
le ministre des Finances.
La taxe sur les carburants à l'aéroport
de Mirabel
M. Parizeau: Rapidement, M. le Président, le
député d'Argenteuil me posait une question il y a quelques jours
au sujet d'une lettre que me faisait parvenir le ministre fédéral
des Finances demandant d'enlever la taxe provinciale sur les
carburants utilisés à l'aéroport de Mirabel.
J'avais dit au député d'Argenteuil que je lui donnerais
une réponse cette semaine mais nous nous rendons compte que la question
soulevée par le ministre fédéral des Finances est
très complexe sur plusieurs plans.
D'abord, il semble qu'il y ait une ribambelle de poursuites devant les
tribunaux à l'égard de l'aptitude d'un gouvernement provincial
à lever ce genre de taxes. Deuxièmement, dans d'autres provinces
canadiennes les taxes à cet égard sont encore plus
élevées que les nôtres. Troisièmement, des
consortiums semblent être sur le point de s'installer entre transporteurs
étrangers pour éviter non seulement les taxes provinciales mais
les taxes fédérales.
Étant donné la complexité de la chose, je
demanderais simplement au député d'Argenteuil et à
l'Opposition de m'excuser si je prends une semaine de plus pour examiner la
question.
Le Président: Aux motions non annoncées, M. le
ministre des Travaux publics et du Revenu.
Semaine nationale de l'architecture M. Alain
Marcoux
M. Marcoux: Je demanderais le consentement de la Chambre pour
faire une motion non annoncée pour souligner la semaine nationale de
l'architecture qui se déroulera du 21 au 28 mai.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement?
Une voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement. M. le ministre.
M. Marcoux: En fait, ce matin le premier ministre, M.
Lévesque, avait le plaisir de lancer au Grand Théâtre de
Québec la semaine nationale de l'architecture qui se déroulera du
21 au 28 mai. Il s'agit d'une heureuse première. C'est la
première fois, en effet, que l'Ordre des architectes ouvre aussi
largement les portes pour l'exercice de la profession et nous invite tous et
toutes à porter un regard attentif sur le Québec bâti et le
Québec à bâtir.
La liste des événements dont ont largement fait
écho les médias, qui se tiendront pendant l'Archifête,
autant à Québec qu'à Montréal, nous facilitera
d'ailleurs cet accès à notre acquis architectural et à cet
examen que nous devons faire de l'avenir que nous nous préparons en ce
domaine essentiel de notre vie collective. Même si, lorsqu'on parle de
domaine essentiel de vie collective, souvent, ce mot est galvaudé,
lorsqu'on sait que l'architecture rejoint à la fois l'utilitaire et la
beauté, en ce sens, on pense pouvoir parler d'un domaine essentiel de
notre vie collective.
En effet, durant cette semaine, les enfants, les adultes, les
spécialistes, les néophytes, ceux qui s'intéressent
déjà au phénomène de l'architecture, comme ceux qui
n'ont jamais porté attention à ce phénomène, la
population en général et l'ensemble des pouvoirs publics, les
architectes d'ici et les architectes d'ailleurs, parce que des manifestations
internationales se dérouleront et des invités internationaux nous
visiteront durant cette semaine pour nous parler de l'architecture, en fait,
l'ensemble de notre société pourra être sensibilisée
au phénomène de l'architecture. Tout ce beau monde, en fait, est
convié à l'Archifête. C'est beaucoup de monde mais, pour
une première, c'est légitimement ambitieux.
Les organisateurs de l'Archifête nous disent que l'architecture se
vit collectivement et qu'elle exprime, au-delà du génie
technique, l'âme d'un peuple. En fait, il vaudrait peut-être mieux
dire qu'elle exprime les états d'âme d'un peuple selon
l'évolution de ce peuple. Cette façon de voir l'architecture est
fort généreuse puisqu'elle invite la contribution de tous et
qu'elle ouvre les portes aux non-spécialistes. Je crois qu'il nous faut
féliciter l'Ordre des architectes qui, il y a deux ans
déjà, à son congrès annuel, décidait
d'accentuer davantage son rôle social et son rôle éducatif,
au-delà de son rôle strictement corporatif et, en ce sens,
bâtissait le programme d'une semaine de l'architecture qui nous
sensibilisera tous, jeunes et moins jeunes, au phénomène de
l'architecture dans notre société.
Ce matin d'ailleurs, les architectes ont profité de l'occasion
pour déposer un document au premier ministre, document qui s'intitule:
Vers une politique de l'architecture, qui pose différentes questions au
gouvernement et qui sollicite la contribution du gouvernement pour
améliorer l'attitude de notre société face à
l'architecture.
Je voudrais également souligner la participation d'une dizaine de
ministères puisque le gouvernement contribue pour environ 200 000 $
à la mise en oeuvre de cette semaine. Ce qui est étonnant, c'est
qu'on découvre, en y regardant plus profondément, que
l'architecture rejoint l'Éducation; c'est pourquoi l'Éducation
s'est impliquée dans cette semaine. Elle rejoint les Affaires
culturelles, puisqu'elle rejoint le patrimoine; on n'a qu'à penser aux
édifices de l'Assemblée nationale. Elle rejoint le
ministère de l'Habitation, quand on regarde
la structure des domiciles québécois, on peut y voir
l'historique de notre société. Elle touche la qualité de
l'environnement. Elle touche l'animation; le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche a contribué à l'animation sociale,
à l'animation culturelle, à l'animation des loisirs de cette
semaine. Le ministère des Affaires intergouvemementales a aussi
contribué parce que plusieurs invités internationaux dans le
domaine de l'architecture participeront au congrès canadien de
l'architecture, la semaine prochaine, à Montréal. Le
ministère des Communications a assuré la publicité de
cette semaine et, évidemment, le ministère des Travaux publics,
au premier chef, comme principal ministère impliqué, avec
l'Habitation, dans le bâti québécois, s'est joint
concrètement et généreusement au niveau financier.
Je voudrais à nouveau remercier les organisateurs de cette
semaine qui implique de 150 à 250 bénévoles depuis
déjà quelques mois et durant la semaine qui vient. Je voudrais
également remercier tous les médias qui ont largement fait
écho à cette semaine et qui en ont tracé le programme.
Entre autres, ce matin, il y avait un cahier spécial dans le Devoir sur
l'importance de l'architecture dans notre société et l'importance
de l'architecture au Québec en particulier, ce qui permet de souligner
que la semaine prochaine aura lieu, dans le cadre de cette semaine,
l'inauguration du Palais des congrès de Montréal qui est l'une
des principales réalisations architecturales des dernières
années du gouvernement du Québec et de l'ensemble de notre
société.
Je ne veux pas être plus long, je veux simplement inviter cette
Assemblée à reconnaître le phénomène de
l'architecture, à appuyer cette initiative et à proclamer la
semaine du 21 au 28 mai semaine nationale de l'architecture. (15 h 30)
Le Président: Avant de céder la parole au
député d'Outremont, puis-je vous faire remarquer que j'ai
dénombré, pendant l'allocution du ministre des Travaux publics,
dix caucus différents ou conversations bilatérales en cours, sur
le parquet de la Chambre, ce qui, vous vous en doutez bien, crée un
bruit de fond qui fait que les personnes qui peuvent être
intéressées à écouter l'orateur ne peuvent le faire
en toute quiétude. S'il y a des gens qui veulent faire des caucus, il y
a amplement d'espace, à l'Assemblée nationale, à
l'extérieur de la Chambre.
M. le député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, il me fait plaisir, au nom de
ma formation politique, de m'associer à cette motion du...
Une voix: ...un caucus en avant.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Une voix: II y a de la place dehors.
M. Fortier: M. le Président, il faudrait commencer par
donner l'exemple.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: M. le député, que voulez-vous?
Quand un député indépendant veut s'adresser à la
présidence, il faut bien...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Une voix: II n'y a personne qui lui parle.
Le Président: Je vous en prie.
M. Fortier: Je comprends que vous voulez être condescendant
pour un député indépendant, mais quand même.
Au nom de ma formation politique, il me fait plaisir de m'associer
à cette motion du ministre des Travaux publics. J'imagine que c'est en
tant que ministre des Travaux publics qu'il a présenté cette
motion pour souligner cette semaine de l'architecture.
Nous savons tous le rôle que l'Ordre des architectes et les
architectes ont joué dans le passé. Vous permettrez, M. le
Président, à un ingénieur, qui fait partie d'un ordre
frère des architectes, qui collabore continuellement avec ces gens qui
exercent une profession qui complète la nôtre en tous points.
Il faudrait souligner - je crois que c'est le moment de le dire - que
les architectes du Québec ont rendu de très grands services
à la communauté québécoise. À ma
connaissance, il n'y en a pas en cette Assemblée et je ne sais pas s'il
y en a eu dans le passé, mais les architectes ont joué un
rôle social très important. Il faut féliciter l'Ordre des
architectes d'avoir su organiser cette semaine, comme l'a si bien
démontré le ministre, pour attirer l'attention du public sur
l'importance de l'architecture au Québec.
Je voudrais souligner que, dans une très grande mesure, le
gouvernement du Québec -je crois qu'il l'a fait jusqu'à
maintenant -s'est donné comme principe de toujours embaucher des
architectes québécois lorsqu'il s'agit de réaliser de
grands travaux pour le gouvernement du Québec.
J'ose espérer qu'une telle semaine organisée par l'Ordre
des architectes permettra de convaincre tous les gouvernements: municipal,
fédéral et provincial, d'engager des architectes
québécois lorsqu'il s'agit de réaliser des grandes oeuvres
ici même, au Québec. Je vous remercie.
Le Président: La motion du ministre des Travaux
publics...
M. Tardif: M. le Président.
Le Président: M. le ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
M. Guy Tardif
M. Tardif: À titre de ministre de l'Habitation et de la
Protection du consommateur, j'aurai l'honneur d'inaugurer demain, à
Montréal, cette semaine de l'architecture dans la région de
Montréal. J'apporterai donc, non pas la flamme olympique, de
Québec à Montréal, mais bien cette proclamation qui sera
adoptée unanimement par cette Assemblée.
Je pense qu'il est important de souligner que, pendant un certain temps,
la construction, j'allais dire, institutionnelle des hôpitaux, des
écoles, des palais de justice, est celle qui a retenu une bonne partie
des talents de nos architectes et ingénieurs qu'évoquait le
député d'Outremont.
Cependant, M. le Président, on constate que l'effort
récent dans le domaine de la construction domiciliaire,
particulièrement dans le cadre de Corvée-habitation, a
amené une collaboration intime entre architectes et entrepreneurs pour
rénover, pour repenser la formule de l'habitat, ce qui commence à
donner des résultats fort heureux.
M. le Président, je convie donc la population du Québec et
de la région de Montréal en particulier, à se manifester
dans le cadre de cette Archifête qui sera, dès demain matin,
l'occasion de l'annonce, d'une part d'un concours d'architecture, d'autre part
du vernissage d'une oeuvre d'architecture choisie et, troisièmement du
lancement d'une publication du ministère de l'Habitation et de la
Protection du consommateur.
Je me joins de tout coeur à cette motion de mon collègue
des Travaux publics et, encore une fois, demain se fera l'inauguration dans la
région de Montréal.
Le Président: M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fabien Bélanger
M. Bélanger: C'est avec énormément de
plaisir que je me joins au gouvernement et à mon collègue
d'Outremont pour souligner la semaine de l'architecture au Québec. C'est
évident que le Québec est très riche en architecture. Je
me contenterai de brosser un petit tableau surtout en architecture
domiciliaire. On peut retrouver, ici au Québec, de l'architecture
normande. On peut retrouver très facilement de l'architecture
française, de l'architecture victorienne. Ce qui me déçoit
le plus, c'est qu'actuellement les coûts tellement élevés
dans le domaine de la construction nous empêchent, à toutes fins
utiles, de tenir compte de l'architecture losqu'on veut faire un
développement domiciliaire. Le ministre a beau nous parler de
Corvée-habitation, même avec Corvée-habitation on ne peut
pas consacrer, malheureusement, des sommes énormes pour agencer
l'architecture tel qu'on devrait le faire ou tel qu'on le faisait tout au moins
autrefois.
De toute façon, ceci étant dit, je m'associe volontier
à cette motion. Je souhaite bonne chance et je félicite ceux qui
ont pris l'initiative d'instituer une semaine de l'architecture au
Québec. Merci.
Le Président: La motion du ministre des Travaux publics
est-elle adoptée?
M. Lalonde: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bertrand: S'il y avait consentement - M. le Président,
et je pense qu'il y a consentement, le ministre du Travail et le
député de Brome-Missisquoi en ont discuté -il pourrait y
avoir un complément de réponse à une question qui a
été posée plus tôt.
Le Président: II y a consentement. M. le ministre du
Travail.
Complément de réponse au sujet
des
hausses de salaire résultant de
sentences arbitrales
M. Fréchette: II s'agit d'une question que le
député de Brome-Missisquoi m'a posée à propos d'une
éventuelle et hypothétique intervention ou bien auprès de
la conférence des arbitres ou bien auprès d'arbitres individuels.
Ce que je voudrais préciser, c'est strictement ceci: À un moment
donné, il y a eu, au Conseil des ministres, une discussion à
propos de la politique des prix administrés du gouvernement. À
l'occasion de cette même discussion, la question que soulève le
député de Brome-Missisquoi a également été
amorcée, strictement, par ailleurs, sous l'angle suivant: des
collègues au Conseil des ministres se sont informés, à
savoir si, juridiquement ou autrement, il était impossible d'intervenir
dans le sens, encore une fois, que soulève le député de
Brome-Missisquoi. La réponse de celui qui vous parle, la réponse
d'autres membres du Conseil des ministres a été strictement non,
cela n'est pas possible. La discussion s'est terminée comme cela. Je ne
sais pas si cela clarifie la situation, mais c'est le détail que je
voulais ajouter.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi, pas de question?
M. Paradis: Je remercie le ministre de la clarification, pour le
moment.
Le Président: Nous devons donc procéder à
l'enregistrement des noms sur un vote. Qu'on appelle donc les
députés. (15 h 39 - 15 h 43)
Mise aux voix de la motion proposant
que l'Assemblée dénonce la
politique
sucrière du gouvernement
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre! Les députés sont priés de prendre leur
place. Je mets donc aux voix la motion de M. Dubois en vertu de l'article
91...
Une voix: Le député de Huntingdon.
Le Président: ...en effet, M. le député de
Huntingdon, dès que je l'aurai trouvée. Ah! voilà: "Que
cette Assemblée dénonce la politique sucrière du
gouvernement péquiste, plus particulièrement en matière
d'immobilisation et de commercialisation." Que ceux et celles qui sont pour
cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure),
Lalonde, Bourbeau, Ciaccia, Mme Lavoie-Roux, MM. Ryan, Vaillancourt (Orford),
Mme Bacon, MM. Marx, Bélanger, Vallières, Mathieu, Blank, Polak,
Mme Dougherty, MM. Fortier, Rivest, Pagé, Johnson (Vaudreuil-Soulanges),
Lincoln, Cusano, Dubois, Sirros, Saintonge, Dauphin, French, Doyon, Houde,
Middlemiss, Leduc (Saint-Laurent).
Le Président: Que celles et ceux qui sont contre veuillent
bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bertrand, Jolivet, Mme Marois,
MM. Laurin, Johnson (Anjou), Bérubé, Lazure, Gendron, Godin,
Biron, Marcoux, Ouellette, Mme LeBlanc-Bantey, MM. Martel, Léonard,
Tardif, Marois, Clair, Brassard, Duhaime, Chevrette, Rancourt, Leduc (Fabre),
Gauthier, de Bellefeuille, Mme Lachapelle, MM. Vaillancourt (Jonquière),
Dean, Rodrigue, Gagnon, Vaugeois, Desbiens, Mme Juneau, MM. Fallu, Rochefort,
Laplante, Baril (Arthabaska), Marquis, Charbonneau, Boucher, Mme Harel, MM.
Beauséjour, Lévesque (Kamouraska-Témiscouata)...
Des voix: Bravo!
Le Secrétaire adjoint: ...Perron, Blais, Blouin,
Dupré, Lachance, Gravel, Lavigne, Brouillet, LeMay, Beaumier,
Paré, Tremblay, LeBlanc, Bisaillon.
Des voix: Bravo!
M. Bisaillon: M. le Président...
Le Président: Un instant!
Le Secrétaire: Pour: 30
Contre: 57
Abstentions: 0
Le Président: La motion est rejetée. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, pour la deuxième
fois, je voudrais invoquer l'article 110 de notre règlement qui se lit
comme suit: "Pendant que le vote est pris, aucun député ne peut
adresser la parole..." Il me semble que les commentaires qu'on entend pendant
qu'un vote se prend, les applaudissements, détruisent la qualité
des votes et qu'on devrait appeler l'article 110 du règlement. C'est
déjà la deuxième fois que j'en parle.
Le Président: M. le député de Sainte-Marie,
je suis très heureux que cela vienne de vous et que vous souleviez cette
question. Effectivement, il serait beaucoup plus à propos pour la
dignité de cette Chambre que les votes se déroulent dans l'ordre.
Un vote dans cette Chambre n'est pas une manifestation humoristique.
M. le leader parlementaire du gouvernement, aux avis à la
Chambre.
Avis à la Chambre
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais donner avis que
mardi prochain, le 24 mai, de 10 heures à 12 h 30 au Salon rouge, la
commission de l'énergie et des ressources poursuit ses travaux et pourra
peut-être les terminer aussi. Et à la salle 81-A, la commission
des affaires culturelles se réunit pour entendre des personnes
relativement au projet de loi no 3, la Loi sur les archives.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Bertrand: C'est un avis.
M. Lalonde: C'est un avis, M. le Président.
Le Président: Je m'excuse, c'est un avis, vous avez tout
à fait raison. Aux motions, M. le leader parlementaire.
M. Bertrand: Aux motions, d'abord à la salle 91-A, la
commission de l'industrie, du commerce et du tourisme siégera de 16
heures à 18 heures pour l'étude de ses crédits. Au salon
rouge, la commission de
l'énergie et des ressources poursuit ses travaux de 16 heures
à 18 heures et de 20 heures à 22 heures. S'il y a consentement
pour une troisième commission, à la salle 81-A, la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation poursuit l'étude
de ses crédits, toujours de 16 heures à 18 heures et de 20 heures
à 22 heures.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lalonde: ...comme par le passé, nous consentirons
à ce qu'il y ait une troisième commission pour permettre à
la commission de l'énergie et des ressources de poursuivre ses travaux.
Maintenant, j'aimerais que, dans la motion, ou enfin peut-être pas dans
la motion, on ne recommence pas les travaux de la commission de
l'énergie et des ressources jusqu'à ce qu'ici, on ait
abordé les affaires du jour. Est-ce que c'est correct? Vous
comprenez?
M. Bertrand: On se comprend.
Le Président: Est-ce que la motion est adoptée?
M. Lalonde: Bien, je ne sais pas là... M. Bertrand:
Adopté. M. Lalonde: Adopté.
Question avec débat
Le Président: Adopté. On me signale que la question
avec débat de demain, de consentement mutuel, si j'ai bien compris, aura
lieu de 9 heures à 11 heures plutôt qu'aux heures habituelles.
Est-ce que c'est exact? (15 h 50)
M. Lalonde: Oui, M. le Président. À la demande du
ministre qui a des occupations ministérielles dans la région de
Montréal à l'heure du lunch, nous avons bien consenti à
commencer un peu plus tôt et à terminer un peu plus tôt la
question avec débat.
Le Président: Donc la question aura lieu entre 9 heures et
11 heures demain. Quant à la question avec débat de la semaine
prochaine, j'ai le choix, puisqu'il m'appartient de choisir, entre deux
questions avec débat qui sont au feuilleton dont l'une qui
apparaît en appendice. D'ordinaire, les... Oui, M. le leader
parlementaire de l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président, je vous invite, comme c'est
l'usage, depuis cinq ans que cette question avec débat existe, que vous
reconnaissiez ou que vous déterminiez que la prochaine question avec
débat, celle du 27 mai, soit celle que vous demande un membre de
l'Opposition, c'est-à-dire la commission permanente du travail pour une
question avec débat du député de Viau au ministre du
Travail sur le sujet suivant: L'administration de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail.
Si vous m'indiquez que vous avez un problème à accepter
mon invitation, j'aimerais avoir le loisir de vous faire valoir des arguments
additionnels.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bertrand: Avant que nous ne poursuivions, je voudrais d'abord
vous adresser une demande de directive. Je voudrais savoir de votre part, M. le
Président, s'il est régulier, s'il est normal en d'autres mots
est-ce que nous respectons le règlement et le fonctionnement de cette
Assemblée nationale lorsqu'une motion qui est en appendice au feuilleton
est appelée, que ce soit par le leader parlementaire du gouvernement ou
par le leader de l'Opposition? En l'occurrence, je voudrais faire état
du fait que la question avec débat dont parle le député de
Marguerite-Bourgeoys est en appendice au feuilleton.
Je crois me rappeler que la semaine dernière, M. le
Président, à mots couverts probablement - peut-être pas
à mots couverts, mais aucune décision n'a été
rendue là-dessus - vous aviez fait état du fait qu'une motion ou
une question avec débat en appendice au feuilleton, normalement,
régulièrement, ne devrait pas être appelée et que
seules celles qui sont au feuilleton, non pas en appendice au feuilleton,
peuvent être appelées. Ma première demande est pour savoir
si oui ou non une question avec débat qui est en appendice au feuilleton
peut être appelée par quelque leader que ce soit.
M. Lalonde: Sur cette question, M. le Président.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lalonde: J'ai remarqué les questions que vous vous
étiez posées, je pense, la semaine dernière. J'ai fait une
petite enquête, je me suis enquis de l'usage, et depuis que la question
avec débat existe, depuis à peu près cinq à six
ans, on me dit que c'est l'usage que la question avec débat qui est
indiquée pour plus de huit jours plus tard... Nous sommes le jeudi 19
mai et nous parlons de la question avec débat qui aura lieu ici, au
salon bleu, le 27 mai; pas celle de demain, celle-là est au feuilleton
depuis
longtemps. On m'assure que depuis que cette question avec débat
existe, c'est l'usage pour l'Opposition de faire paraître en appendice
-parce que c'est la première occasion que nous avons de l'imprimer au
feuilleton - d'en faire la demande le mercredi pour le feuilleton du jeudi et
que cet usage a été établi tout d'abord et respecté
par vos prédécesseurs, par l'ensemble de l'Assemblée, de
plein consentement. Je suis prêt d'avance à m'amender si vous
m'indiquez que ce serait plus régulier que la question que nous vous
invitons à déterminer soit au feuilleton au moment où vous
nous faites cette demande, conformément au paragraphe 6 de l'article
174a qui dit: "Avant l'appel des affaires du jour de la séance du jeudi
- nous sommes un jeudi - le président annonce la question avec
débat qui sera appelée le vendredi de la semaine suivante." Il
est bien évident que cette question avec débat ne demeurera pas
en appendice indéfiniment. Dès mardi prochain, elle se
retrouvera, suivant les règles, dans le feuilleton et elle sera tout
à fait régulière au moment où elle sera
débattue vendredi en huit, comme on dit.
Si vous préfériez qu'elle soit déjà au
feuilleton au moment où on en discute le jeudi, huit jours auparavant,
fort bien. À ce moment-là, ce serait un changement d'usage et
cela nous forcerait à la choisir un peu plus tôt, ce qui n'est pas
nécessairement un inconvénient, mais nous aimons choisir le sujet
de la question le plus rapproché possible de la date où il sera
débattu pour qu'il ait un caractère d'actualité plus
grand.
Je ne pense pas que le fait que la question soit en appendice
aujourd'hui soit une raison valable pour que vous déclariez
irrégulière ma demande de reconnaître la question avec
débat du député de Viau pour vendredi prochain.
Le Président: Là-dessus, M. le leader parlementaire
de l'Opposition, j'ai de très sérieux doutes quant à la
conformité avec le règlement de voir une question apparaissant en
appendice, à moins qu'il y ait consentement, faire l'objet d'un appel
comme celui que vous souhaitez.
J'en veux par analogie et à titre d'exemple ce qui s'est produit
cet après-midi où, au moment de faire l'étude en
première lecture d'un projet de loi du ministre de l'Agriculture, le
projet de loi no 23, qui était en appendice, le leader parlementaire du
gouvernement a dû, comme le règlement le lui impose, recourir au
consentement de la Chambre pour que, de l'appendice où il se trouvait,
il se trouve, par la magie du consentement de la Chambre, au feuilleton, sans
devoir attendre les 24 heures habituelles.
Il en est de même de toutes les motions et de tous les projets de
loi qui apparaissent en appendice au feuilleton. Dès lors que le
gouvernement ou qui que ce soit d'autre voudrait qu'ils soient
déposés avant le délai prescrit de 24 heures, il faut
automatiquement qu'il ait recours au consentement de la Chambre.
Dans le cas qui nous préoccupe jusqu'à maintenant, la
chose n'a pas été évoquée. On me dit - je n'ai pas
vérifié - qu'il est arrivé par le passé - je ne
sais pas quand et je ne sais pas jusqu'à quand, mais depuis les cinq ans
qu'existe la question avec débat - que l'Opposition ou les Oppositions -
parce qu'il fut un temps où la question avec débat se partageait
entre le Parti libéral et l'Union Nationale, à l'époque
où il y avait deux partis d'Opposition - avaient donc en appendice au
feuilleton un certain nombre d'avis de questions qui apparaissaient. Il pouvait
y en avoir plus d'une. Comme personne ne contestait à ce moment que la
question avec débat qui serait appelée pour le vendredi suivant
en soit une appartenant à un des deux partis d'Opposition, et comme je
crois comprendre qu'il y avait, par ailleurs, une entente et que jamais le
président n'a été amené à trancher entre des
questions avec débat venant du Parti libéral ou de l'Union
Nationale, l'Assemblée fonctionnait, en quelque sorte, par une
espèce de consentement tacite qui a créé un usage, il est
vrai, de voir cet avis de question avec débat apparaître en
appendice au feuilleton.
Il n'en demeure pas moins que tout usage ne peut aller à
l'encontre de la lettre du règlement et que, normalement, aux affaires
du jour ou aux affaires courantes, nous suivons ce que le feuilleton nous
indique. À cet égard, l'appendice du feuilleton n'est pas
considéré comme faisant partie des affaires courantes ou des
affaires du jour. Il indique des choses à venir.
M. le leader parlementaire de l'Opposition. (16 heures)
M. Lalonde: M. le Président, avant que vous ne rendiez
votre décision, j'aimerais d'abord, si la présidence
détermine que c'est une question avec débat d'un
député ministériel qui doit être choisie, qu'elle ne
le fasse pas par le biais de l'application d'un règlement qui n'a jamais
été appliqué jusqu'à maintenant.
Deuxièmement, je voulais simplement souligner très
respectueusement l'exemple que vient d'utiliser le président, à
savoir qu'un projet de loi qui est en appendice ne peut être soumis
à l'étude le jour où il paraît en appendice sans le
consentement. J'attire votre attention sur le fait que la disposition de
l'article 174, sixième paragraphe, est tout à fait
exceptionnelle. C'est à peu près le seul cas où la
Chambre, où le président donne un avis de huit jours de ce qui
sera étudié ou soumis à l'étude d'une commission
parlementaire qui a lieu
ici. On ne demande pas à l'Assemblée de prendre
connaissance ou de travailler, d'étudier ou de discuter cette question
maintenant, elle est en appendice. Cela prendrait le consentement si on voulait
le faire aujourd'hui, et même pour demain. Demain, il n'y a pas de
feuilleton, étant donné que ce n'est pas une journée de
séance de l'Assemblée. Le prochain feuilleton sera celui de la
prochaine journée de travail de l'Assemblée, mardi prochain.
Personne ne prétend qu'en vous indiquant quelle sera la
commission convoquée, la commission permanente du travail, vendredi,
dans huit jours, cette question sera encore en appendice. À ce
moment-là, au moment où la Chambre sera appelée à
en prendre connaissance et à faire ce débat, elle sera au
feuilleton et non pas en appendice. Je fais appel à votre sens de la
justice pour, tout d'abord, bien distinguer entre l'exemple que vous venez de
mentionner, qui s'est passé aujourd'hui, justement, alors que le leader
du gouvernement a demandé le consentement, a dû obtenir le
consentement pour étudier en première lecture aujourd'hui un
projet de loi qui était en appendice aujourd'hui...
Ce que je vous suggère, c'est de faire étudier le 27 mai,
dans huit jours, une question avec débat qui sera au feuilleton le 27
mai, dans huit jours, mais qui paraît en appendice pour que je puisse me
conformer à l'article 174a, c'est-à-dire vous suggérer de
respecter l'article 6, soit, avant l'appel des affaires du jour de la
séance du jeudi, annoncer la question avec débat. Il faut bien
qu'elle soit quelque part, mais il n'est pas nécessaire qu'elle soit au
feuilleton parce qu'on ne demande pas à l'Assemblée de
l'étudier maintenant.
Le Président: Là-dessus, je serais porté
à vous faire remarquer qu'au moment des affaires courantes, selon
l'ordonnance qui est prévue dans le feuilleton et en se
référant aux articles du règlement qui sont pertinents,
l'Assemblée ne connaît pas ce dont elle n'a pas été
saisie. En d'autres mots, même s'il est vrai que ce ne sera que dans huit
jours, il est vrai aussi que le projet de loi déposé aujourd'hui
en première lecture ne sera pas étudié aujourd'hui, mais
la semaine prochaine, à une autre date. L'Assemblée ne peut pas,
en bonne logique, déterminer aujourd'hui ce qu'elle étudiera
vendredi prochain lorsqu'elle ne connaît pas officiellement le sujet dont
on voudrait la saisir. Pour le connaître, il serait plus régulier
que l'avis de question avec débat paraisse au feuilleton et non pas en
appendice.
Cela étant dit, loin de moi l'idée de vouloir, par cette
technique de procédure ou ce qui pourrait être une anomalie,
éviter de trancher la question plus fondamentale qui m'est posée
et qui doit faire de nouveau l'objet d'une plaidoirie, d'après ce que
j'ai cru comprendre. Vous m'avez dit, M. le leader parlementaire du
gouvernement, que, dans un premier temps, vous vouliez me parler de cela;
j'imagine donc qu'il y a un deuxième temps, puisque vous me parliez d'un
premier temps. Je suis encore tout à fait disposé à vous
écouter, de part et d'autre, en vous rappelant que je ne puis faire de
miracle et que le règlement est rédigé dans un
français très clair. Peut-être y aurait-il lieu de
l'amender, mais le fait est que pour l'instant les articles sont ainsi. Il y a
une décision de mon prédécesseur qui énonce, en
quelque sorte, les paramètres de l'application de cet article et,
forcément, je dois agir à l'intérieur de ceux-ci. Je ne
peux pas d'office refaire le règlement ou le modifier. Là-dessus,
je suis bien disposé à vous écouter, M. le leader
parlementaire du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, pour reprendre, d'ailleurs,
l'expression que vous avez employée, à savoir que notre
règlement était écrit en bon français et qu'il
disait ce qu'il avait à dire, cet article a peut-être besoin
d'être lu pour le bénéfice des gens qui nous
écoutent et qui se demandent probablement pourquoi on a ce genre de
plaidoirie autour de la question avec débat. Il est bien dit, à
l'article 174a: "Un député peut inscrire au feuilleton un avis de
question avec débat signifiant qu'il désire interroger un
ministre qu'il désigne sur une affaire d'intérêt
général qui relève de sa compétence
administrative." Donc, cet article commence par les mots "un
député". Je vous fais valoir, M. le Président - nous
l'avons déjà dit - qu'un député, ce peut être
un membre de la majorité ministérielle, ce peut être un
membre de l'Opposition officielle ou des Oppositions, quand il y en a
plusieurs, et que tous, de quelque côté de la Chambre qu'ils
soient, ont les mêmes droits.
Dans ce contexte, il est également important de savoir que les
députés de l'Opposition, à d'autres moments,
bénéficient d'un certain nombre de privilèges qui leur
sont reconnus par les usages, les traditions, la coutume, par exemple, la
période des questions. Là-dessus, loin de moi la volonté
ou quelque sentiment que ce soit de vouloir changer ce qui est maintenant
devenu courant, c'est-à-dire que, dans le fond, à
l'Assemblée nationale du Québec, à cause de ce qu'on peut
appeler l'équilibre qui doit normalement exister entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif, l'Opposition peut avoir droit,
à la période des questions, à plus de questions que les
membres de la majorité ministérielle. Cependant, il y a toujours
eu - cela a varié d'une époque à l'autre - tout de
même, cette reconnaissance du principe qu'une question pouvait
être
posée par un député ministériel.
Je veux faire valoir aussi à cet égard que si,
effectivement, un député ministériel recourait à la
question avec débat pour permettre à un ministre de faire la
promotion de ses politiques, ce qu'on appelle, à la période des
questions, une question plantée, c'est-à-dire organisée et
arrangée d'avance, cela ne se fait plus maintenant, cela ne se pratique
plus, mais si c'était cela, on pourrait avoir des réserves.
Quand on lit ce qui est inscrit au feuilleton au nom de deux
députés ministériels, le député d'Arthabaska
et celui de Gaspé, on se rend compte que ce sont des sujets qui peuvent
être soulevés, évoqués par des députés
de l'Opposition, puisqu'on parle du plan de réorganisation du secteur
coopératif des pêches maritimes ou des impacts sur les
orientations de l'agriculture au Québec pour les années
quatre-vingt, des documents tels Nourrir le Québec et Le virage
technologique, surtout en rapport avec les décisions qui ont
été prises à la suite du rapport Gilson. Dans ce contexte,
M. le Président, vous admettrez que ce sont deux sujets qui sont tout
à fait pertinents pour des questions avec débat. De plus, la
question avec débat permet - le mot le dit bien - un débat,
c'est-à-dire que le ministre est appelé à répondre
à des questions qui lui viennent non seulement des députés
de l'Opposition, mais aussi des députés ministériels. Il
serait inimaginable que les questions ne viennent que d'un seul
côté. (16 h 10)
Le leader de l'Opposition s'imagine que je suis en train de lui donner
des arguments pour plaider sa cause tout à l'heure. On ne plaide pas la
cause, M. le Président, du gouvernement ou de l'Opposition; on plaide la
cause des députés et de tous les députés. Dans ce
contexte, il m'apparaît tout à fait normal que nous puissions
effectivement permettre que tous les députés puissent inscrire au
feuilleton des questions avec débat et faire en sorte que ces questions
puissent être débattues. Dans le cas du parti ministériel,
de façon exceptionnelle, comme votre prédécesseur l'a dit;
mais le règlement étant ce qu'il est, je pense qu'effectivement
le président peut, avec sagesse et jugement, évaluer à
quel moment il considère que cette question avec débat inscrite
au nom d'un député ministériel peut être
appelée. D'autant plus que l'article 174a au paragraphe 6 est
très explicite.
Je le lis: "Avant l'appel des affaires du jour, de la séance du
jeudi, le président annonce la question avec débat qui sera
appelée le vendredi de la semaine suivante et la commission qui en sera
saisie; cette annonce équivaut à une convocation de cette
commission." Donc, le président a la responsabilité d'annoncer la
question avec débat qui sera appelée. En d'autres mots, ni le
leader de l'Opposition, ni le leader du gouvernement n'ont, à ce point
de vue, de privilège particulier, de pouvoir particulier. Le seul
pouvoir que nous avons, c'est dans la mesure où le président
hésite entre trois ou quatre questions avec débat qui sont
inscrites au feuilleton, de se retourner ou vers le leader de l'Opposition ou
vers le leader du gouvernement pour lui dire... comme c'est à votre tour
d'avoir la question avec débat laquelle me proposez-vous de soumettre
à l'étude vendredi prochain?
Dans ce contexte, le président, effectivement, assume, remplit
ses responsabilités. Je sais que l'Opposition va faire valoir que
lorsque cette décision avait été prise d'introduire une
question avec débat, c'était à l'époque où
il y avait des travaux ici à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire la Chambre siégeait. Il y avait une période
de questions le vendredi matin et, effectivement, l'Opposition profitait de
cette période de questions, mais même cette période de
questions du vendredi matin, à l'époque, n'empêchait pas un
député ministériel de poser une question. Effectivement,
je suis convaincu que dans le passé, à l'époque où
il y avait cette période de questions du vendredi matin, des
députés ministériels posaient, à l'occasion,
exceptionnellement, un certain nombre de questions à des ministres. Par
analogie, dès lors que nous avons décidé d'un commun
accord de faire en sorte que la séance du vendredi à
l'Assemblée nationale disparaisse et soit remplacée par une
question avec débat, il m'apparaissait normal que, par analogie aussi,
on traite la question avec débat de la même façon qu'on
traitait la période de questions.
Je termine avec un dernier argument. On va sans doute évoquer, de
l'autre côté aussi, la réforme parlementaire. Le sens
même de la réforme parlementaire, c'est de faire en sorte, et
c'est un des grands objectifs poursuivis - Dieu sait que vous y travaillez
efficacement, M. le Président, depuis que vous assumez vos nouvelles
responsabilités - qu'il y ait indépendance du législatif
par rapport au pouvoir exécutif. Or, très souvent dans les
réunions que nous avons eues en sous-commission de l'Assemblée
nationale ou à la commission de l'Assemblée nationale, sur la
réforme parlementaire, nous avons bien dit que la séparation des
pouvoirs exécutif et législatif devait nous amener tôt ou
tard à faire en sorte que tous les députés, du
côté ministériel comme du côté de
l'Opposition, puissent avoir des droits équivalents lorsqu'il s'agit de
s'adresser au pouvoir exécutif.
C'est tellement vrai qu'entre autres choses, nous vous avons soumis
comme hypothèse que la question avec débat, dans la mesure
où c'est un député ministériel qui l'a inscrite
à son nom ou même quand c'est
un député de l'Opposition, puisse maintenant prendre une
forme nouvelle, un peu comme les commissions que nous vouions créer,
c'est-à-dire que le ministre comparaisse à la barre et donc, que
nous puissions ici, à l'Assemblée nationale reproduire d'une
certaine façon ce que nous avions convenu d'adopter lorsque vous avez
vous-même, comme président de l'Assemblée nationale,
présenté et défendu vos crédits ici en Chambre.
Vous n'étiez pas assis sur les banquettes ministérielles. Vous
étiez assis à un endroit particulier, comme le fut d'ailleurs le
Directeur général des élections. Tout cela pour bien
marquer la différence entre le pouvoir exécutif et le pouvoir
législatif. Donc, je plaide que, dans le cadre même de la
réforme parlementaire, effectivement, il va de soi qu'une question avec
débat doit pouvoir être posée aussi par un
député ministériel. Dans ce sens, je pense que le leader
de l'Opposition serait bienvenu de faire avancer la réforme
parlementaire dès lors qu'aujourd'hui même nous pourrions prendre
une décision qui ferait en sorte que nous marquerions cette distinction
qui doit être faite entre le pouvoir exécutif et le pouvoir
législatif.
Voilà, M. le Président, pour l'essentiel, les quelques
propos que je voulais tenir relativement à cette question avec
débat.
M. Lalonde: Rien de nouveau, M. le Président, de la part
du leader du gouvernement. Essentiellement, il plaide le droit d'un
député, quelle que soit son appartenance à un parti ou
à un autre, de poser une question à un ministre un vendredi, de
temps à autre - en fait, tous les vendredis - lors de la question avec
débat. C'est, semble-t-il, une inspiration de faire la promotion des
droits des membres de l'Assemblée nationale. Je veux bien la promotion
des droits des membres de l'Assemblée nationale, mais il ne faut quand
même pas faire d'angélisme. Qui veut faire l'ange fait ce que vous
savez. Je ne l'adresse pas au leader du gouvernement, mais il reste qu'il
faudrait que la question avec débat ne ressemble pas à un conseil
national lors d'un "renérendum" où tout le monde s'écrase
et encense le "boss". Si c'est cela, le Parlement, je n'en suis pas.
Tout en respectant votre décision qui confirme celle de votre
prédécesseur, rendue en novembre 1982, il est très
important que vous preniez en considération les remarques suivantes. La
décision de votre prédécesseur reposait en bonne partie
sur une prémisse qui, après vérification, me semble pour
le moins discutable. On me permettra de citer un extrait de cette
décision, extrait que le leader du gouvernement lui-même a
cité il y a quelques semaines. Je ne pense pas que ce soit la
décision mot pour mot, mais c'est ce qu'on retrouve au
procès-verbal, et je cite: "On sait - et tous les participants à
la commission permanente de l'Assemblée nationale de novembre 1977
l'entendaient ainsi - que la période des questions et, par
conséquent, la question avec débat ne sont pas la
propriété exclusive de l'Opposition." Je pense que c'est,
essentiellement, ce que votre prédécesseur a décidé
et le rapprochement qu'il a fait entre la question avec débat et la
période des questions. On sait qu'à la période des
questions, un député ministériel, de temps à autre
- enfin, régulièrement, la quatrième question appartient,
je pense, par tradition, une tradition qu'on a établie récemment
et avec laquelle je ne suis pas parfaitement d'accord, mais elle est là
- peut poser une question, à peu près tous les jours. Par une
gymnastique intellectuelle que je suis difficilement, votre
prédécesseur a dit: Puisque, essentiellement, un
député ministériel a droit à une question
régulièrement, chaque jour, on va donner aussi aux
députés ministériels, exceptionnellement - parce que c'est
quand même assez exceptionnel, c'est peut-être une question par
jour que les députés ministériels ont, parfois quand il y
en a dix, ils en trouvent deux - le droit de soulever une question avec
débat. (16 h 20)
II est vrai qu'en novembre 1977 - et si on retourne à cette date,
c'est à ce moment-là que la question avec débat a
été concoctée, a été inventée pour
remplacer la séance de l'Assemblée nationale du vendredi matin -
ce sujet a été discuté à la commission de
l'Assemblée nationale, mais, je vous le soumets respectueusement, les
participants à cette commission ne s'entendaient pas tous, contrairement
à ce que votre prédécesseur semblait croire. À
preuve, voici ce que déclarait M. Jean-Noël Lavoie qui était
alors leader de l'Opposition officielle: "Je voudrais connaître la
répartition d'avance. C'est bien simple, parce que je ne veux pas qu'il
y ait de question avec débat de plantée le vendredi pour que le
ministre se pète les bretelles pour toute la fin de semaine." Est-ce
assez clair? Est-ce assez clair que le leader de l'Opposition officielle,
à ce moment-là, n'était pas d'accord qu'il y ait une
question avec débat présentée par un député
ministériel.
Une voix: II faut dire qu'il avait raison.
M. Lalonde: Parce qu'on invoque l'unanimité des
participants.
Une voix: Oui.
M. Lalonde: Je vous dis que les participants n'étaient pas
unanimes et je vous cite des exemples. Il terminait: "Cela -la question avec
débat - appartient à l'Opposition." On ne peut pas être
plus clair.
Donc, si on invoque l'unanimité des participants, on a fait une
petite erreur.
Au cours de la même séance, voici ce que déclarait
M. Bisaillon, député de Sainte-Marie, qui était, je pense,
un des participants à l'origine de cette idée; il était
alors membre du Parti québécois, donc un député
ministériel: "Ne pourrait-on pas s'entendre pour dire qu'effectivement,
d'ici à l'application du règlement sessionnel, cela pourrait
s'appliquer uniquement aux partis d'Opposition, mais se laisser la
possibilité d'en rediscuter par la suite." On sait que cette question
avec débat a d'abord fait partie, comme toutes les réformes, d'un
règlement sessionnel, c'est-à-dire qui était en vigueur
seulement pour la session au cours de laquelle il était adopté
à titre d'essai. M. Bisaillon, député de Sainte-Marie,
disait: On laissera cela aux partis d'Opposition et on en rediscutera. Mais il
ne semble pas qu'on en ait rediscuté. Cela a été
rediscuté en 1978; pour cette session, cela a été
laissé de côté.
Effectivement, cette question a été rediscutée
quelques mois plus tard, soit en février 1978, et il avait
été convenu que pour toute la session de 1978 la
répartition des questions avec débat serait analogue à
celle des motions du mercredi. Je vous cite M. Bellemare, député
de l'Union Nationale; je pense qu'il était leader ou peut-être
chef intérimaire, mais enfin, il était un des membres importants
de cette formation politique d'alors: "Va-t-il y avoir une alternance
raisonnable entre le parti de l'Opposition officielle et nous, de l'Union
Nationale? C'est très important." La répartition dont on parlait,
ce n'était pas entre les députés ministériels ou de
l'Opposition, c'était entre les partis de l'Opposition, et vous avez
mentionné cela tout à l'heure, M. le Président.
Le président, M. Richard, disait: "II y aura une alternance
équitable." M. Bellemare: "Une alternance équitable, c'est quoi?
Une à une?" M. Lavoie, le leader de l'Opposition officielle: "Comme pour
la motion du mercredi." Alors, si on parle encore d'unanimité en 1978,
je ne la vois pas. M. Lavoie, le leader de l'Opposition officielle a fait
l'analogie entre la motion du mercredi -j'y reviendrai tout à l'heure -
et la question avec débat. Le président, M. Richard: "Ce sera
exactement, finalement, l'application de la même règle que pour
les motions du mercredi."
Est-ce que vous avez vu des motions du mercredi faites par des
députés ministériels, M. le Président? Je vous
invite à regarder l'article 91 qui, justement, crée cette motion
du mercredi, en fait, qui est la base de la motion du mercredi, en droit
parlementaire. Cela se lit comme suit: "Un député peut
présenter une motion de fond relative à des affaires
d'intérêt public qui ne peut être discutée qu'au
cours de deux séances consécutives du mercredi, le vote
étant pris à la fin du débat." Comme pour l'article 174a,
on ne dit pas un député de l'Opposition, on dit un
député. Ce n'est pas exclusif à l'Opposition, mais
l'usage, la tradition - et on ne pose même plus de questions
là-dessus - veulent que ce soit un député de l'Opposition
qui, le mercredi, fasse une motion qui est débattue deux mercredis de
suite, comme on l'a vu et comme on le voit régulièrement.
Je continue l'article 91: "Le proposeur et le représentant du
gouvernement..." Donc, pour la motion du mercredi, le proposeur pourrait
être un député ministériel, parce que le
représentant du gouvernement est nécessairement un ministre. Un
gouvernement, c'est l'ensemble des ministres, non pas l'ensemble du parti
ministériel. Le représentant du gouvernement, ce n'est pas un
député ministériel, c'est nécessairement un
ministre, et il a un droit de parole de 20 minutes, etc. Les autres
députés ont un droit de parole de 10 minutes.
Donc, strictement parlant en vertu de l'article 91, un
député ministériel pourrait faire une motion du mercredi.
Jamais, de mémoire - ça fait seulement dix ans que je suis ici -
on ne m'a rapporté qu'il y en ait eu, du moins, dont je puisse me
souvenir. M. Richard, votre prédécesseur, a dit: "Ce sera
exactement, finalement, l'application de la même règle que pour
les motions du mercredi." Cela, c'est extrêmement important. C'est
là que la règle a été établie. M. Burns a
dit: "Je pense qu'avec les partis d'Opposition le consensus tournait autour du
fait que ce serait à peu près les mêmes règles que
pour le mercredi." On ne peut pas dire que c'est un accord absolu parce qu'il
dit "à peu près les mêmes règles que pour le
mercredi", mais il réfère aux règles du mercredi.
M. Bellemare qui, lui, se préoccupait davantage - c'est ça
qui était la question -de la répartition entre l'Opposition
officielle et l'Union Nationale, reprend: "Alors, deux vendredis pour
l'Opposition officielle et un pour nous autres." M. Burns dit: "Deux vendredis
à l'Opposition officielle et un à vous autres." Si on applique la
règle de la motion du mercredi pour la répartition entre les
partis d'Opposition, je pense qu'on est bien fondé de la citer aussi
dans la répartition entre les députés ministériels
et les députés de l'Opposition. La règle vaut aussi.
M. Richard, le président d'alors, avait continué: "Je
tiens à le dire: et occasionnellement aux autres députés
qui ne sont pas membres d'un parti politique reconnu." On voulait prendre soin
des députés indépendants, et c'est tout à fait dans
l'ordre des choses. Trois ans plus tard, soit en mars 1981, le règlement
sessionnel, je pense qu'il a été sessionnel deux sessions de
suite, c'est-à-dire en 1977-1978 et 1979-1980 et, en fait, par la
suite, ce règlement sessionnel devenait permanent. Â remarquer
que, pendant toute cette période, il ne fut pas, comme tel,
rediscuté de la question avec débat, sauf pour reconduire de
façon unanime le règlement sessionnel en 1979 et en 1980. Il
avait été reconduit chaque année, sans discussion. La
répartition des questions avec débat continuait à se faire
sur la base de l'entente de 1978, quand il y avait deux partis formant
l'Opposition.
En mars 1981, les intervenants étaient tous d'accord pour
reconnaître qu'après trois ans il était temps que le
règlement sessionnel, tel qu'appliqué et
expérimenté, devienne permanent. Donc, je pense que nous sommes
liés par cette tradition, ces règles qui ont été
appliquées à ce moment-là. Dans l'esprit des participants,
il n'était certainement pas question que des questions avec débat
puissent être accordées aux députés
ministériels, surtout quand on prend connaissance de l'extrait suivant
de l'intervention d'un porte-parole de l'Union Nationale, M. Fontaine: "Nous
sommes d'avis qu'il y a lieu de maintenir ces séances d'information et
d'interrogation qui ont lieu le vendredi matin. Pour les membres de
l'Opposition, ces questions avec débat constituent une occasion
d'interpeller un ministre sur une question spécifique pendant plusieurs
heures."
Le seul élément nouveau ou différent depuis le mois
de mars 1981 est le fait qu'il n'y ait plus qu'un seul parti d'opposition. Mais
à remarquer que le partie formant l'Opposition comprend 43 membres et
que, dans le Parlement qui nous a précédé, l'Opposition
officielle comprenait 26 membres au début, après ça
quelques autres, après un certain nombre d'élections partielles -
on verra d'ailleurs le même phénomène bientôt -mais
il reste que nous avons, dans l'Opposition, au moins 43 membres pour les
quelques semaines qui viennent.
Pour toutes ces raisons, je dis respectueusement que l'accord unanime
intervenu en mars 1981 pour rendre permanent le règlement sessionnel
doit continuer et prévaloir sur la lettre du paragraphe 4 de l'article
174a et ne saurait d'aucune façon permettre aujourd'hui une application
différente de celle qui a précédé cet accord
unanime, à moins, bien sûr, qu'une nouvelle entente n'intervienne.
(16 h 30)
J'ai demandé au leader du gouvernement de consentir à ce
que la question avec débat du 27 mai, parce qu'il s'agit de
celle-là et c'est la dernière avant l'automne prochain, avant la
prochaine session, pour vous éviter ce fardeau, M. le Président,
de prendre une décision sur un texte qui semble contredire la tradition,
etc. Il me l'a refusée. Je ne sais pas s'il voulait m'inspirer le
comportement que je devrai avoir dans les semaines à venir en me
refusant sa collaboration, mais je trouve déplorable qu'alors que nous
entamons la fin de la session bientôt, au mois de juin, où les
travaux de la Chambre sont plus difficiles à organiser, et au moment
où vous-même avez dit, M. le Président, en cette Chambre le
28 avril 1983 - on vient de m'apporter... Je n'étais pas ici,
c'était, je crois, lors de l'étude de vos crédits, sauf
erreur - en parlant de la question avec débat, à la page 715: "Au
surplus, je souligne qu'une question qui est posée comme si elle ne l'a
pas été formellement en cette Chambre à ma connaissance,
c'est aussi le rôle des députés indépendants en ce
qui a trait aux questions avec débat - on ne parlait même pas des
députés ministériels - autant de choses à
régler mais qui pourront peut-être faire davantage l'objet de nos
débats en sous-commission de l'Assemblée nationale."
M. le Président, j'aurais préféré ne pas
prendre une demi-heure de votre temps, du temps de cette Chambre - et
d'ailleurs mon devoir m'appelle à une autre commission qui attend que
nous nous y rendions - en obtenant l'accord du leader parlementaire du
gouvernement. Je comprends son problème. Il y a des
députés qui veulent avoir une question avec débat et il a
fait son boulot, il a fallu qu'il fasse son tour de piste ici cet
après-midi pour montrer à ses députés qu'il les
protège. Je vois que le whip en arrière de lui surveille ce qu'il
va dire et je pense que c'est plutôt le whip qui voudrait parler que le
leader du gouvernement. C'est tout à fait normal, mais oui, le whip
adjoint aussi aimerait bien avoir sa petite question avec débat mais
n'oublions pas, et là je cite ce que le leader du gouvernement a dit
lui-même, qu'au cours du débat qui suit la question le vendredi
après-midi et qui dure à peu près trois heures, et je cite
le leader du gouvernement: "Des questions peuvent être posées et
sont posées qui viennent des députés
ministériels."
Je dirais que si on faisait le calcul des interventions sous forme de
questions ou autrement, les députés ministériels, dans les
questions avec débat, auraient une performance au moins en nombre et en
temps aussi importante que lors de la période des questions parce qu'il
y a une certaine alternance qu'on ne voit pas lors de la période des
questions. Cela fait un petit bout de temps que je n'ai pas fait de question
avec débat, j'en ai fait plusieurs depuis cinq ans et le seul
problème des députés ministériels c'est que, sauf
erreur, il y a cependant toujours une place pour une exception, on assiste
alors à un exercice d'encensoir absolument indécent.
Une voix: ...
M. Lalonde: Bien oui, les députés
ministériels qui posent des questions aux ministres pendant la question
avec débat, à ce moment-là, c'est l'encensoir, c'est le
pétage de bretelles. Imaginez-vous ce que cela aurait l'air s'il
fallait... D'ailleurs où s'assoirait-il le député
ministériel? Il viendrait s'asseoir à mon banc?
Une voix: En face.
M. Lalonde: II viendrait s'asseoir en face?
Une voix: Oui, oui.
M. Lalonde: II viendrait se maquiller en député de
l'Opposition? Ils n'ont pas le talent, M. le Président. Cela se
développe. Ils sont habitués de s'accroupir devant le chef,
imaginez-vous un ministre devant eux, ça les fait frémir.
C'est vrai que la question avec débat, la période des
questions, la motion du mercredi, malgré le fait que ce n'est pas
inscrit directement dans le livre, à l'article 91 pour la motion du
mercredi, c'est vrai que c'est un privilège reconnu, par les usages et
la tradition, à l'Opposition. Si nous voulons conserver un Parlement qui
vaut ce nom et qui ne ressemble pas à ce qu'on voit malheureusement dans
beaucoup d'autres Parlements à parti unique, ne faisons pas
l'érosion des quelques privilèges qui restent aux partis de
l'Opposition, conservons-les. C'est pour cela que je me permets d'insister. Je
ne peux pas le faire au nom de la collaboration que le leader parlementaire du
gouvernement m'a refusée, mais au nom de la collaboration qui sera
nécessaire, de part et d'autre, pour que cette réforme
parlementaire qui est amorcée et dont nous voulons tous faire un
succès, je vous demande, M. le Président, quoique la
décision de votre prédécesseur soit là... Vous avez
le droit de la changer, vous avez le droit de la suspendre, vous avez le droit
de la modifier. À la lumière de ce que je vous ai dit, elle
semble fondée sur des prémisses erronées, à savoir
l'unanimité des participants. Je vous demande donc d'accorder à
l'Opposition, pour le 27 mai, la question avec débat que je vous ai
invité à reconnaître. Merci, M. le Président.
Le Président: Je dois vous dire, tout d'abord, que je
regrette infiniment que l'on cherche à faire trancher par le
président de l'Assemblée nationale une question comme
celle-là. Il est extrêmement délicat pour le
président de l'Assemblée nationale de devoir faire un tel partage
qui, au fond, relève davantage de la négociation entre les partis
politiques, d'une entente entre les deux leaders ou d'une clarification du
texte du règlement. Ce texte, effectivement, quand on
l'interprète à la lettre, est très clair. Tout
député a droit... Il est vrai que, comme pour la question du
mercredi après-midi, l'usage a voulu que ce soit quelque peu
différent, compte tenu du rôle privilégié que joue
l'Opposition en ce qui a trait au contrôle des politiques et des
dépenses du gouvernement.
Cela étant, je veux bien qu'on se réfère au
consentement ou à l'absence de consentement de 1977, je n'y étais
pas personnellement. Je me dois de lire le règlement comme il se
présente. Comme il se présente, je ne peux que confirmer ce que
mon prédécesseur a rendu comme décision, en l'occurrence,
que tout député a droit... Si on veut modifier la chose, si on
veut clarifier la chose, je souligne en passant qu'on a déjà eu
l'occasion de le faire. Le règlement a été sessionnel
avant de devenir permanent. S'il y avait ambiguïté dans l'article,
il y aurait peut-être eu lieu de le corriger au moment où le
règlement était sessionnel et avant qu'il ne devienne
permanent.
Qu'à cela ne tienne, mon prédécesseur a
estimé qu'il s'agissait d'un droit qu'un député
ministériel pouvait utiliser de manière tout à fait
exceptionnelle et on demande au président de décider quelle sera
l'exception qui viendra confirmer la règle. Je n'aime pas du tout que
l'on en réfère au président de l'Assemblée pour
rendre ce genre de décision qui, à mon avis, relève
davantage d'une décision qui, par certains côtés, est
à caractère politique. Selon la décision qu'il rend, d'un
côté de la Chambre, si la décision est favorable à
l'Opposition - j'ai été député assez longtemps pour
savoir comment cela fonctionne - les députés ministériels
vont dire: Ça y est, il est vendu à l'Opposition, il est à
la solde de l'Opposition ou il exagère dans ce sens. De l'autre
côté, si je dis qu'effectivement c'est un droit des
ministériels et qu'ils l'exerceront vendredi en huit, l'Opposition va
dire: Voilà, le président n'est pas impartial, le
président a retrouvé l'étiquette sous laquelle il a
été élu.
Ce qui ressort de tout cela, c'est que, quelle que soit la
décision, le président de l'Assemblée nationale, quel
qu'il soit, moi ou un autre, en sort perdant quant au prestige de la
présidence et quant à l'institution elle-même. En cela, je
vous avoue que je trouve extrêmement désagréable qu'on en
réfère à moi pour rendre ce genre de décision.
Lorsque le leader parlementaire de l'Opposition parlait de la question
avec débat en citant le passage d'une de mes déclarations lors de
l'étude des crédits de l'Assemblée, je ne me
référais pas à la question de savoir si, oui ou non, une
question avec débat serait accordée aux ministériels. Cela
est déjà réglé. Mon prédécesseur a
rendu une décision là-dessus. Une bonne partie de la plaidoirie
du leader parlementaire de l'Opposition, pour
intéressante qu'elle était, était faite sur le
fond, elle a effectivement été faite au moment où mon
prédécesseur a rendu sa décision. Pour ma part, je suis
lié par le texte; je suis lié par la décision. (16 h
40)
J'ai indiqué, lors de l'étude des crédits, que
l'étude de la réforme parlementaire nous permettrait de nous
pencher sur un certain nombre de questions - c'est ce que nous faisons à
l'heure actuelle - responsabilités gouvernementales, commissions
parlementaires, etc., et que la notion même de la question avec
débat, telle qu'elle existe, allait être évoquée;
elle l'a été brièvement et sommairement à quelques
reprises. Doit-elle être maintenue ainsi? Doit-elle être
modifiée? C'est dans ce sens-là que l'on doit lire et
interpréter les déclarations que j'ai faites et non en
inférer que je me référais, à ce moment-là,
à la question qui nous confronte aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, je trouve néanmoins heureuse la
référence que le leader parlementaire de l'Opposition a faite,
à ce passage du journal des Débats, de la déclaration que
j'ai faite lors de l'étude des crédits. Effectivement, je pense
que nous sommes sur le point d'en arriver à une entente - je
l'espère - à la fin de mai, au plus tard au début de juin,
sur une réforme parlementaire en profondeur qui m'apparaît bien
plus importante que de savoir si, oui ou non, vendredi en huit, ce sera un
député ministériel ou un député de
l'Opposition qui aura la question avec débat. En ce sens, s'il y a lieu
de corriger le texte du règlement -puisqu'il faut bien le dire, pour
l'information de nos visiteurs et de nos auditeurs, l'entente sur la
réforme parlementaire, le parachèvement des travaux
déjà en cours, cela débouchera sur la refonte de notre
règlement - s'il y a des choses qui ne sont pas claires et qui devraient
être clarifiées, s'il y a des ambiguïtés par
lesquelles on semble accorder des droits à tout le monde alors qu'en
pratique on les nie à un bon nombre de députés, il
faudrait peut-être, à un moment donné, avoir un
règlement qui dit les choses telles qu'elles sont et non pas un
règlement qui prétend avoir une situation égalitaire
quand, dans les faits, elle ne l'est pas.
Dans ce sens-là, je préférerais de beaucoup que
l'on termine les travaux de la sous-commission parlementaire sur la
réforme, que nous fassions rapport à la commission de
l'Assemblée nationale et qu'ayant réussi à en arriver
à un accord sur une réforme en profondeur, comme je le souhaite
et comme nous le souhaitons tous, la refonte du règlement puisse aller
de l'avant à l'été et qu'à l'automne, nous soyons
confrontés à un texte réglementaire qui dit ce qu'il a
à dire, si c'est cela qu'il veut dire, ou qu'il dise le contraire, si
c'est le contraire qu'il veut dire.
C'est pourquoi je vous dis tout de suite que si le règlement est
toujours le même à l'automne, en d'autres mots, s'il n'y a pas eu
de changement de règlement, la première question avec
débat, à l'automne, au retour, sera, conformément à
la décision de mon prédécesseur, accordée à
un député ministériel. D'ici là, nous avons du pain
sur la planche, nous avons des travaux à faire. S'il y a lieu de
corriger les choses, c'est le temps ou jamais.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que je comprends que
votre décision pour le vendredi 27 mai sera celle que je vous ai
invité à reconnaître? Maintenant, j'avoue que l'annonce que
vous venez de faire pour l'automne est une incitation très
sérieuse à travailler très fort pour qu'on en vienne
à une entente sur des textes très clairs.
Le Président: Elle se voulait, M. le leader parlementaire,
une incitation à ce que nous en arrivions à un accord sur la
réforme parlementaire et, par conséquent, sur la rédaction
et la refonte de notre règlement à tous égards.
En conséquence, effectivement, la question avec débat de
vendredi en huit sera celle inscrite au nom du député de Viau au
ministre du Travail, sur l'administration de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail.
M. Baril (Arthabaska): M. le Président.
Le Président: M. le député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): Vu que cette question avec débat
n'était pas inscrite au feuilleton, est-ce qu'on a besoin du
consentement de la Chambre?
Le Président: J'ai indiqué tantôt qu'il
existe là-dessus une certaine ambiguïté, que la chose n'est
pas à ce point claire qu'il faille absolument s'en rapporter au
consentement requis lorsqu'il s'agit d'une motion ou lorsqu'il s'agit d'un
projet de loi, parce que, effectivement, il y a ce délai qui faitque, comme l'a dit le leader parlementaire de l'Opposition, ce qui est en
appendice aujourd'hui viendra au feuilleton bien avant que la question soit
étudiée. Encore là, il y a une ambiguïté
à clarifier. Je préférerais, pour éviter toute
ambiguïté, que, dorénavant, les avis de question avec
débat apparaissent au feuilleton et non pas en appendice au feuilleton,
mais pas au point de dire que la question qui apparaît en appendice
aujourd'hui est irrégulière parce que, effectivement, il y a un
usage et il y a ambiguïté sur la question.
M. Lalonde: M. le Président, nous nous conformerons
à votre directive, à l'avenir, ce qui sera quand même dans
un avenir plus éloigné puisqu'il n'y aura pas de question avec
débat au mois de juin. Je vous remercie de votre décision.
Avis de mini-débat
Le Président: Nous passons donc aux affaires du jour. M.
le leader parlementaire m'apporte une lettre qui se lit ainsi: "À la
séance d'aujourd'hui, j'ai posé au ministre de l'Éducation
une question portant sur les surplus accumulés des commissions
scolaires. Puisque je ne suis pas satisfait de la réponse donnée,
je désire me prévaloir des dispositions de l'article 174 du
règlement. Veuillez agréer, M. le Président, l'expression
de mes sentiments les meilleurs." C'est signé de la
députée de Jacques-Cartier, Mme Dougherty. Il y a donc
mini-débat à 22 heures ce soir.
Prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié
les
projets de loi nos 112 et 113
Ce sur quoi, nous reprenons donc les affaires du jour et la prise en
considération du rapport de la commission permanente de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation qui a étudié... M. le
leader parlementaire du gouvernement, est-ce qu'il s'agit bien, à ce
moment-ci, dans votre esprit, de prendre en considération le rapport de
la commission permanente? Donc, la parole sera au ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Bertrand: Adopté.
Le Président: Le rapport est adopté?
Adopté.
Reprise du débat sur le discours sur le budget
et la motion de censure
Nous passons donc à la reprise du débat sur la motion de
M. Parizeau proposant que l'Assemblée approuve la politique
budgétaire du gouvernement et sur la motion de censure du
député de Vaudreuil-Soulanges. La parole est au
député de Trois-Rivières.
M. Denis Vaugeois
M. Vaugeois: M. le Président, j'ai bien pensé que
mon tour n'arriverait jamais. Encore que le débat que nous venons
d'avoir n'était pas sans intérêt. Je crois qu'un des
résultats les plus concrets, c'est finalement que l'Opposition, la
présidence, et sans doute le leader de la majorité, ont
réalisé à quel point il pouvait maintenant être
urgent, non seulement de clarifier certaines choses dans le règlement
actuel, mais également, de franchir la dernière étape qui
nous sépare de la réforme parlementaire, de la réforme de
cette institution. Cela me permettra, d'ailleurs, de commencer mon intervention
par une référence à cette question de la réforme
parlementaire.
Depuis que je siège ici comme député, depuis sept
ans ou presque, à chaque année nous héritons d'un budget,
d'une proposition du gouvernement. Soit dit en passant, depuis l'an dernier, le
document est un peu plus mince parce que, autrefois, on avait dans le
même document également les dépenses, alors que maintenant
nous avons droit à deux exercices, l'un qui nous indique d'où
viendra l'argent et l'autre qui nous indique où ira l'argent.
À ce moment-ci, nous avons à discuter de la façon
dont le gouvernement entend aller chercher son argent compte tenu des
dépenses qu'il a déjà annoncées. Le ministre des
Finances, qui est chargé de cette activité, nous indique au
début qu'il n'a pas l'intention d'augmenter les impôts et les
taxes payées par les particuliers au-delà de ce qu'ils sont
présentement. Bien au contraire, nous dit le ministre des Finances,
quand la reprise de l'économie sera sérieusement amorcée,
c'est à les réduire qu'il faudra songer. D'autre part, je n'ai
pas l'intention, poursuit M. Parizeau, le ministre des Finances, de laisser le
déficit s'emballer. Il conclut qu'il annoncera une série de
mesures destinées à la fois à augmenter les
investissements des entreprises, à faciliter leur financement et
à favoriser leur développement technologique. Mon
évaluation, c'est que le discours sur le budget répond à
ce que le ministre des Finances nous annonçait. Il n'y aura pas de
hausse de taxes ou d'impôts. Le déficit lui-même est
maintenu à son niveau que nous connaissions, ce qui est une performance
assez exceptionnelle dans la conjoncture actuelle. Par ailleurs, pour favoriser
l'emploi, pour favoriser les investissements, le ministre des Finances fait
à nouveau preuve de beaucoup d'intelligence, de beaucoup
d'imagination.
À ce moment-ci, normalement, les députés, selon
qu'ils sont d'un côté ou de l'autre de la Chambre,
s'apprêtent à approuver ou à désapprouver le budget.
Donc, de mon côté de la Chambre, dans ce discours aujourd'hui,
normalement, je dirai des choses qui vont dans le sens d'une approbation au
budget déposé. Le député qui me suivra, le
député de Westmount, apparemment, lui, trouvera à redire
du budget. Lorsque nous nous trouverons en face de la motion de censure qui
prétend que ce budget ne favorise pas la création d'emplois, que
ce budget ne favorise pas les investissements, que ce budget met les taxes et
les impôts à un niveau inacceptable et que ce budget ne contribue
pas à la santé
des finances publiques, ils voteront pour cette motion de censure. Quant
à moi, M. le Président - n'en doutez pas - je voterai contre
cette motion de censure. (16 h 50)
Si nous étions dans le contexte de la réforme
parlementaire, on pourrait s'attendre à avoir un mécanisme
nouveau qui nous permettrait d'être un peu moins simplistes que,
traditionnellement, nous sommes obligés de l'être dans ce
Parlement, c'est-à-dire hériter d'une proposition de budget, en
discuter pendant 25 heures dans cette Chambre, en discuter pendant 200 ou 250
heures en commission parlementaire avec, comme résultat, de ne pas y
changer une seule ligne, de ne pas déplacer une virgule. Cela fait
beaucoup de discussions pour de bien minces résultats. Au fond, le but
de l'exercice est, pour l'Opposition, d'émouvoir l'opinion publique et
d'essayer de laisser planer des doutes sur la capacité de gestion d'un
gouvernement.
Mais dans un contexte de réforme parlementaire, on pourrait
s'attendre que des députés aient l'occasion, avant que le
gouvernement ne dépose son budget, de discuter des finances publiques,
des impôts, des droits de succession, des taxes et des dépenses
publiques en dehors de l'analyse et de la surveillance des dépenses
publiques dont nous héritons ou qui sont annoncées. Nous avons
prévu, dans notre réforme parlementaire - qui tarde à
venir, mais qui, apparemment, finira par venir - une commission des finances.
À côté de la commission des finances, il y aura des
commissions de contrôle, une commission de contrôle des organismes
autonomes, une commission de contrôle qui étudiera le rapport du
Vérificateur général, une commission des comptes publics
ou commission des engagements financiers, peut-être les deux, mais il y
aura une commission des finances qui se réunira un certain nombre de
fois dans l'année. Cette commission des finances devrait normalement
permettre à des députés - assez librement,
espérons-le - de parler de finances publiques, de parler de revenus de
l'État, de parler de mesures possibles et d'entrevoir les effets des
mesures possibles.
Mais cet exercice, dans le contexte actuel, n'est pas possible. Il n'y a
pas de commission des finances qui précède le dépôt
du budget. Il n'y a donc pas, dans le contexte actuel, d'occasion pour les
parlementaires de commenter certaines mesures. Lorsque nous héritons du
budget, les jeux sont faits, les positions sont connues et les lignes de parti
nous obligent à certaines positions, encore qu'un parlementaire peut
toujours prendre des risques, peut toujours exercer - et espérons que
c'est le genre de chose qu'on devrait faire le plus souvent -une certaine marge
ou une certaine liberté.
Mais c'est plus facile - il faut en convenir -avant la proposition du
gouvernement, avant la décision du gouvernement.
J'ai déjà pris un certain nombre de risques, dans ma vie
de parlementaire. J'aurais eu envie, d'ailleurs, de signaler au leader de
l'Opposition aujourd'hui que cela ne se passe pas tout à fait comme il
le dit et qu'il y a des parlementaires qui prennent des risques.
Évidemment, il y a un prix à payer pour la liberté dont on
fait usage. J'ai expérimenté cela, mais cela ne m'a pas fait
changer d'idée sur ma façon d'apprécier la liberté.
Au contraire. Aujourd'hui, j'entends l'exercer un peu après avoir dit ce
que je pense, de façon générale, du budget, après
avoir dit que je considère que le ministre des Finances nous livre ce
qu'il annonce, après avoir apprécié, comme tous les
Québécois, ce gel des impôts et des taxes, après
avoir apprécié cet équilibre budgétaire auquel le
gouvernement fédéral, par exemple, ne nous habitue pas et qui
m'inquiète, parce que je suis encore un contribuable canadien. Cela
m'inquiète de voir qu'au-delà des dettes scolaires, des dettes
municipales et des dettes qui découlent de l'exercice de ce
gouvernement, il y a une dette fédérale qui dépasse tout
ce que nous sommes capables d'imaginer et qui nous fait jouer dans des chiffres
absolument effarants. Cela me plaît d'avoir un ministre des Finances
à Québec qui y va de façon plus raisonnable. Donc, sur
l'essentiel, je trouve que, dans la conjoncture actuelle, le budget que nous
propose le ministre des Finances est un budget - je le répète -
plein d'imagination, extrêmement intéressant à plusieurs
égards et, en plus, je pense, à valeur pédagogique, ce qui
est bien dans le style du ministre des Finances avec lequel j'ai eu grand
plaisir à travailler jadis. Il fait, au niveau du Parlement, ce qu'il
faisait avec nous au Conseil du trésor ou ailleurs, c'est-à-dire
qu'il nous donne l'occasion d'approfondir, de questionner et de commenter.
C'est cette habitude qu'il m'a donnée, en quelque sorte, que je
veux utiliser aujourd'hui, en reprenant quelques passages du discours sur le
budget et en les commentant, avec peut-être quelques réserves ou
quelques souhaits, ne disons pas pour l'année qui vient, mais pour les
années qui viennent. Je m'arrêterai aux pages 13, 14 et 15 du
budget. À la page 13, par exemple, vous avez des passages qui concernent
les investissements privés; j'en dirai quelques mots. À la page
14, on nous parle de construction résidentielle; je serai un peu plus
long sur cette question. À la page suivante, on nous parle de politique
de l'électricité; je règle la question tout de suite.
Ce que le gouvernement fait et entend faire permettra, semble-t-il -
nous l'espérons vivement - un investissement majeur, l'un
des plus gros qui se soit fait dans l'histoire du Québec, en face
de Trois-Rivières, à Bécancour. Compte tenu de notre taux
de chômage, compte tenu des aspirations bien légitimes des jeunes
au travail, compte tenu de la situation qui prévaut dans notre
région, c'est un investissement - je parle de Pechiney - absolument
essentiel. Il est rendu possible, comme l'a expliqué le ministre des
Finances, par une politique de l'électricité sur laquelle je ne
reviens pas, mais j'incite les gens, surtout les gens de ma région,
à revoir le discours sur le budget sous cet angle.
À la page 16, le ministre nous entretient du virage
technologique. J'en parlerai et j'y ajouterai une dimension. Je terminerai en
faisant une référence rapide à d'autres sortes de
problèmes qui, à mon avis, gênent notre économie.
C'est un type de problème avec lequel le député de
Westmount est assez familier puisque, tous les deux, nous coprésidons
une commission d'étude sur la réglementation. Je crois qu'il se
trouve là des obstacles à une santé économique
meilleure pour nous. On a notre part de responsabilité dans les malheurs
qui nous touchent.
Donc, les investissements privés. Le ministre des Finances nous
rappelle que nous avons terminé la période des investissements
publics majeurs dans certains secteurs traditionnels, comme les hôpitaux,
les écoles, les universités, certains secteurs de voirie, etc.,
et qu'il faudra se tourner vers d'autres secteurs. Dans le discours sur le
budget, on trouve à nouveau - parce que ce n'est pas la première
fois que cela vient - une préoccupation d'intervention majeure dans le
domaine de la qualité de l'eau. Malheureusement, au Québec, nous
avons des ressources considérables du côté de l'eau et nous
les avons souillées; nous les avons contaminées. Le moment est
venu - il n'est jamais trop tard en cette matière - semble-t-il, pour
les actions majeures qui ne seront pas possibles seulement par l'intention du
gouvernement. Ce sera possible dans la mesure où les pouvoirs locaux,
les municipalités, seront également préoccupés de
cette question.
J'ai trouvé, dans le discours sur le budget, une
préoccupation importante de la part du gouvernement de favoriser
l'investissement privé et d'établir des règles qui sont,
à mon avis, incitatrices pour l'entreprise privée. Le
gouvernement fait sa part, mais je pense que nous aurons, dans nos
mentalités, à faire notre part. Je rejoindrai, d'ailleurs,
d'autres personnes en pensant que nos mentalités actuelles ne favorisent
guère plus l'entreprise privée et l'initiative privée en
matière économique. C'est à ce point, d'ailleurs, qu'il
est rentré dans nos mentalités quasiment de dénoncer,
sinon parfois d'insulter celui qui détient un peu de capital et qui ose
le risquer dans l'investissement. Il est devenu un peu à la mode de
décrier le propriétaire, le patron, l'employeur, l'entrepreneur,
celui-là même qui créera des emplois et duquel on attend la
création d'emplois.
Je crois que, raisonnablement, nous devrons réviser
là-dessus un certain nombre de nos idées. Autrement,
j'accepterai, alors qu'actuellement je ne l'accepte pas, que des gens de mon
comté me disent: D'accord, Denis, j'ai de l'expérience; d'accord,
je l'admets, j'ai quelques économies; d'accord, j'ai également
quelques idées, j'ai identifié un secteur où je pourrais
être à nouveau actif avec une entreprise qui, je crois, ferait de
bonnes affaires et créerait des emplois, mais je suis tanné. Je
suis tanné de l'affrontement, je suis tanné des discussions, je
suis tanné des revendications et j'ai décidé, pour les
quelques années qui me restaient à vivre, d'avoir la paix, de me
retirer avec mon petit capital et de profiter des dernières
années.
Évidemment, je les ai vus, ces gens, commencer à s'ennuyer
également parce que c'étaient des gens actifs, c'étaient
des gens agressifs en affaires, mais ils ont vécu une période
difficile et ils ont décidé de jeter la serviette et de prendre
des vacances indéfinies. (17 heures)
Je crois que ce problème est assez grave pour qu'on l'identifie
et qu'on se rende compte que nous avons besoin de tous ces gens qui ont de
l'expérience, d'un côté comme de l'autre, pour ensemble
réapprendre à créer des entreprises, à les faire
fructifier et à les rendre compétitives. Je reviendrai sur cette
question en conclusion parce que c'est un point qui me tient passablement
à coeur.
Je me permettrai, à ce moment-ci, d'identifier un secteur qui est
bien familier au ministre des Finances et qui, à mon avis, dans
l'avenir, pourrait faire l'objet de préoccupations additionnelles de la
part d'un gouvernement à Québec. C'est le secteur
d'équipements culturels au sens large. Nous avons beaucoup investi dans
le secteur traditionnel de l'éducation et, à mon avis, il nous
reste à investir dans un secteur plus novateur, plus dynamique,
d'ailleurs, plus accessible aux gens. J'aurai aussi l'occasion de revenir
là-dessus.
Concrètement, après ce plan de développement des
bibliothèques publiques qui vont bien actuellement, il nous faudra un
plan de développement des musées, des centres d'éducation
populaire, d'éducation permanente. Nous sommes en train de nous faire
humilier par l'Ontario comme ce n'est pas permis. Je soulignerai aux gens de
cette Chambre et à ceux qui nous écoutent que l'Ontario compte
probablement, actuellement, quelque 450 musées. Ce ne sont pas des
gens
arriérés en Ontario. Parmi ces 450 musées, un seul,
le Royal Ontario Museum, va constituer à lui seul une superficie plus
grande que tous les musées du Québec réunis.
J'inviterai les gens du Québec qui douteraient un peu de la
dynamique possible d'un musée à profiter des vacances
d'été -je ne demande rien au gouvernement ontarien pour la
publicité - pour conduire leurs enfants au musée de la science,
au Science Center. Ils en reviendront émerveillés, ce sera pour
les jeunes le choc, le moment peut-être le plus important de leur
jeunesse et ce sera peut-être à l'origine d'une carrière
scientifique. On apprend en une journée ou en deux journées de
visite ce qu'on met beaucoup de temps à apprendre sur les bancs de
l'école. Je pense que nous tardons trop, au Québec, à
découvrir toutes les possibilités de ce réseau
d'institutions d'éducation populaire et permanente pour le monde
ordinaire qui n'est pas à l'école et pour ceux qui ne sont pas
toujours à l'école, bien que d'âge scolaire.
Le discours sur le budget nous amène à considérer
la construction résidentielle. Là, j'ai plus de choses à
dire encore. Ce que nous propose le gouvernement est évidemment
intéressant. D'autres ont déjà souligné tous les
mérites de Corvée-habitation. Là, on est obligé
d'admettre qu'on a beaucoup à faire. On nous propose des subventions
pour quiconque acquerra une maison neuve. Cela, c'est ce que décide de
faire le gouvernement. Que vont faire les municipalités? Je me
permettrai de rappeler que les municipalités ne devront pas se tromper
en autorisant les maisons neuves.
Il existe au Québec, actuellement, à peu près 350
000 lots viabilisés, des lots équipés de services pour
lesquels la collectivité, nous tous avons fait des sacrifices
considérables d'infrastructures municipales qui coûtent
extrêmement cher. Dans mon comté, nous les avons comptés,
c'est 220 $ le pied linéaire. Cela va vite à 220 $ le pied
linéaire. Vous imaginez combien de pieds linéaires peuvent
représenter 350 000 lots viabilisés. J'ai découvert, en
fouillant un peu dans certains papiers du gouvernement, qu'il existait
actuellement 644 580 lots à usage familial isolé admissibles au
programme Corvée-habitation. Là-dessus, il y en a 71 000
déjà viabilisés. En plus, 384 900 lots pour usage familial
autre qu'isolé seraient également admissibiles au programme et,
de ce nombre, 54 000 sont déjà viabilisés.
Cela veut dire quelque chose comme 1 000 000 de lots prêts
à construire et, là-dessus, 350 000 où les services sont
rendus. L'invitation est assez claire à ceux qui distribueront ces
subventions de favoriser une localisation au bon endroit. Au-delà des
taux d'intérêt qui ont fait mal ces dernières
années, ces derniers mois en particulier, il y a une taxe
foncière qui, elle, n'a pas l'air d'être en descente actuellement.
Nous sommes à la veille d'avoir des gens obligés de se
départir de leur maison non pas à cause des taux
d'intérêt, mais à cause des taux de taxes. Même dans
des municipalités aussi riches que Westmount, d'ailleurs, je sais que le
député est souvent revenu à la charge là-dessus,
même là, le taux de la taxe et le niveau de l'évaluation
commencent à faire peur.
D'où vient le problème municipal? D'où vient ce
problème de fiscalité municipale? M. le Président, tout
lot viabilisé, tout lot vacant, tout édifice démoli, tout
jeu de spéculation foncière sur des lots vacants en territoire
urbanisé et viabilisé, signifie, pour chacun des
propriétaires, une petite hausse du compte de taxe. Il n'y a pas de
mystère là-dedans. Notre reponsabilité, à ce
niveau-ci comme au municipal, c'est maintenant de mettre un frein à
l'étalement urbain et de provoquer une certaine densification du
territoire. À cet égard, le ministre des Finances a un passage
d'ailleurs que personne n'a semblé aimer dans l'Opposition mais qui,
malheureusement, est bien vrai. À la page 20 du budget, il indique
l'effet qu'a eu la taxe sur l'essence. Elle n'est pas populaire la taxe sur
l'essence, cela est bien évident, mais les effets qu'indique le ministre
des Finances dans son discours, sont bien vrais. Entre autres, j'ai fait
compter dans ma région seulement, la région 04, ce qu'ont
coûté en 1980 les accidents d'automobiles: 20 000 000 $. Le
coût de la distance de l'étalement urbain, nous ne l'avons jamais
calculé, nous ne voulons pas connaître ces chiffres.
J'invite les gens qui sont inquiets des hausses de taxes, qui sont
inquiets de la dégradation de nos villes, qui sont inquiets de la
détérioration du tissu urbain, à prendre connaissance de
ce que j'ai fait dans ce domaine. Un petit livre que j'ai publié ici
avec les services de l'Assemblée nationale, à la suite d'un
colloque sur la question. Cela s'appelle: Les défis de
l'aménagement. Je vais faire comme Camil Samson faisait autrefois et
dire: On peut m'écrire au Parlement du Québec et me demander cet
ouvrage. Je ne refuse d'ailleurs pas non plus d'aller parler aux gens qui
veulent discuter de cette question. Pour moi, c'est un des gouffres financiers
dans lesquels les Québécois laissent partir de l'argent dans des
réseaux d'égout qui ne servent à rien d'autre, finalement,
qu'à ramasser notre argent et à diminuer nos capacités
financières des choix qui seraient beaucoup plus judicieux.
J'invite les gens à parcourir quelques-unes des pages de ce
document. Je n'insisterai pas mais je vais vous donner un exemple: Transport
scolaire. Il y a 20 ans,
un enfant sur cinq allait à l'école en autobus scolaire.
Aujourd'hui, un enfant sur cinq peut aller à l'école à
pied. Facture: 275 000 000 $. Conséquences: Écoles inaccessibles.
Ces écoles dans lesquelles on a mis tellement d'argent et tellement
d'espoir, plus souvent fermées qu'ouvertes et bien peu accessibles.
La construction souffre au Québec de bien des facteurs, mais
entre autres, récemment, de ces 10% d'augmentation pour les travailleurs
de la construction. Le gouvernement n'avait pas tellement le choix, mais c'est
quand même un peu gênant, quand on connaît déjà
les pressions qu'exerce le règlement de la construction avec lequel nous
avons tous un peu de difficultés à vivre, je pense bien, et
surtout ceux qui ne travaillent pas dans la construction mais qui voudraient y
travailler. On peut comprendre que ce règlement a été
nécessaire mais il reste qu'aujourd'hui nous savons tous que la
conjoncture et un certain nombre de facteurs ont fait qu'un très grand
nombre de travailleurs de la construction ne peuvent plus y travailler ou quand
ils y travaillent, ils y travaillent sans carte de compétence, et sans
déclaration officielle de leurs revenus, ils y travaillent au noir. Il y
a des sommes considérables qui passent en économies
parallèles, ce qui est gênant.
Un Code du bâtiment qui est absolument irréaliste à
mon avis quand il s'agit de l'appliquer à la restauration et au
recyclage des bâtiments anciens, ce qui fait que dans nos villes des
bâtiments sont vides. Souvent on les démolira pour profiter des
amortissements déjà réalisés et si on les laisse
debout, on est en face d'un Code du bâtiment qui est inapplicable au
recyclage de ces bâtiments.
Les Américains nous donnent l'exemple actuellement de mesures
beaucoup plus réalistes. Ceux qui en douteraient peuvent aller faire un
petit tour pas très loin. Ils pourraient aller en Californie où
ils verraient des choses remarquables. Ils peuvent aller en
Nouvelle-Angleterre, à Boston, à Salem, à Portsmouth,
Newburyport, Portland, et ils verront des cas de revitalisation de villes et
des cas d'intervention sur du bâtiment au bon endroit mais qu'ici, par
une succession de facteurs, on ne peut plus récupérer, on ne peut
plus utiliser.
Pour relancer vraiment la construction, il ne faudrait pas penser
qu'à la construction neuve, loin du monde. Il faudra penser aux
constructions neuves là où sont les services et au recyclage de
ce dont nous avons hérité. À cet égard, il faut
reprendre des vieilles discussions sur les banques de terrains parce que nos
lois actuelles favorisent la spéculation sur les meilleurs terrains et
font que l'entrepreneur qui, malgré toute la conjoncture, décide
encore de construire, est incité à aller chercher le terrain le
plus loin possible, celui qui coûte le moins cher, celui qui n'est pas
viabilisé et qu'on viabilisera, qu'on équipera d'égouts,
d'aqueduc, de rues, de trottoirs, de services en commun pour répondre
à ces demandes alors qu'il y a des centaines de milliers de terrains qui
sont prêts pour la construction et qu'on a tendance à ignorer.
Il y aurait encore beaucoup de choses à dire là-dessus,
mais je pense que j'ai accroché les grelots sur ce qui me paraissait le
plus important, pour moi et, je crois, pour beaucoup de gens maintenant. Pour
ceux qui veulent approfondir la question, j'ai donné quelques
références.
Il y a le virage technologique qui a fait l'objet d'une intervention
extrêmement intéressante de la part du ministre des Finances. Il
rappelle, dans un passage, l'intention du gouvernement, qui est plus qu'une
intention, qui est en train de devenir une réalisation, d'équiper
nos écoles de micro-ordinateurs. Je serai conséquent avec ce que
j'ai dit précédemment: c'est important et intéressant
comme mesure. Mais comme nos écoles sont peu accessibles, hélas!
comme nos écoles sont plus souvent fermées qu'ouvertes, si on
veut vraiment réaliser les objectifs poursuivis, sachant en plus que
l'apprentissage du rnicro-ordinateur ne s'enseigne pas comme d'autres
matières, cela suppose qu'on pratique, qu'on s'essaie longtemps, selon
ses loisirs, selon ses intérêts - je l'ai dit au caucus, mais il
n'est pas interdit, je crois, de répéter publiquement ce qu'on
dit dans un caucus - je souhaiterais qu'on garde un petit pourcentage des
sommes identifiées pour installer des microordinateurs dans nos
écoles qui seront fermées tout l'été - elles seront
fermées en fin de semaine, elles seront fermées le soir et
pendant les vacances de Noël - pour en garder quelques-unes ouvertes les
fins de semaine, l'été, ouvertes quand les gens ont du temps de
libre, etc. Je pense aux bibliothèques publiques, je pense aux rares
musées que nous avons mais qui existent, je pense à des centres
communautaires, etc., où les gens font fonction d'être disponibles
quand l'école est fermée, où les jeunes peuvent se rendre
à l'aide du transport en commun quand ils ne s'y rendront pas
carrément à pied. Compte tenu des objectifs visés, je
crois qu'on ferait un bon coup.
Parallèlement au virage technologique -je vais terminer
là-dessus, M. le Président, il me reste bien encore cinq minutes
- je voudrais parler de ce qui devient à la mode actuellement, le virage
idéologique. Je reviens à mes premiers propos. J'ai
signalé, au début de mon intervention, que bien des gens,
aujourd'hui, renonçaient à investir, renonçaient à
se compliquer l'existence et à créer des emplois. Il y a des gens
qui sont à la recherche d'un emploi mais je me demande s'ils ne
pourraient pas être eux-
mêmes créateurs d'emplois. Il faudrait, quand on fait des
programmes de soutien à la création d'emplois - nous en avons
plusieurs et de très bons et je sais que le ministre concerné est
réceptif à cette idée - qu'on ait un programme de
création d'emplois pour les travailleurs autonomes. Il y a des gens qui
sont capables de créer leur propre emploi, mais qui ne s'y retrouvent
pas nécessairement dans la panoplie des programmes actuels.
Une autre idée à la mode est de faire en sorte que ceux
qui trouvent des emplois dans une entreprise se sentent davantage
concernés par la vie de l'entreprise, par la santé de
l'entreprise. Les gens de mon comté, les gens de la Canron ont compris
une chose récemment, c'est que quand on fabrique des tuyaux, on n'est
pas les seuls au monde à fabriquer des tuyaux. Ceux qui achètent
des tuyaux veulent de bons tuyaux et pas plus chers qu'ailleurs. Si on fait des
tuyaux un peu moins bons et un peu plus chers, on ne les vendra pas et on les
vend plus. Cela veut donc dire que sur une liste de paie d'entreprise, il doit
se trouver des gens qui ont accepté, en échange du salaire qu'ils
reçoivent, de produire quelque chose de qualité. C'est dans la
tradition des Québécois. La tradition était de produire de
la qualité, d'être productif et inventif en plus. Cette tradition
existe encore, mais il y a des facteurs qui ont fait que cela jouait moins
fort. Je pense que cela va devoir redevenir à la mode, cela devra
redevenir quelque chose qui joue très fort, d'autant plus que souvent,
cette productivité s'exerçait dans des conditions
misérables de travail.
Quand on pense au travail de nos pères, de nos oncles et de nos
tantes qui, parfois, étaient sur le marché du travail, mais moins
souvent pour elles, car c'était moins répandu à
l'époque, on se rappelle que ces gens ont travaillé dans des
conditions difficiles. Les syndicats en particulier et les gouvernements,
beaucoup de gens et les entrepreneurs ont réalisé qu'il convenait
d'améliorer les conditions de travail. Mais en même temps qu'on a
amélioré les conditions de travail, curieusement, la
productivité est tombée. Les travailleurs de la Canron ont
appelé cela les plaies d'Égypte. Ils reconnaissent aujourd'hui
que l'entreprise est presque fermée, qu'ils ont gardé et
protégé les plaies d'Égypte. Ils ont cessé
d'être compétitifs. Ils ont cessé d'être capables de
faire face à la concurrence des marchés étrangers.
Le ministre des Finances nous invite à viser l'exportation. On ne
réussira jamais à vendre aux autres ce que nous-mêmes
n'achetons plus. Très souvent, en face d'un produit, on
préfère le produit étranger parce qu'il est moins cher,
parce qu'on le trouve meilleur et parce qu'on le trouve plus beau. Il va
falloir que nos produits se caractérisent par un prix compétitif,
une qualité supérieure et une beauté. Les gens ont
commencé à être sensibles à la beauté,
à l'esthétique. Nous avons au Québec des milliers de
personnes capables de marquer nos produits de qualités additionnelles
qui s'appellent la beauté, l'esthétique, un beau design.
Tous ces facteurs doivent se trouver réunis si on veut repartir.
C'est bien sûr que la reprise économique est à la merci
d'une conjoncture internationale. Je suis d'accord avec cela. J'en suis
conscient. Mais je pense qu'on a un petit effort à faire. On a une
petite marge dont on est responsable.
Vous le savez, vous, M. le Président, mais il y a des auditeurs
qui ne le savent peut-être pas encore, les députés,
à Québec, ont la possibilité de produire, quelques fois
par année, un petit dépliant qui n'est rien comparativement
à ce que font les députés d'Ottawa. Mais, tout de
même, nous glissons nos idées dans ces dépliants, nous y
évoquons certaines réalisations. L'Opposition critique le
gouvernement à l'occasion. Je me suis permis deux pages, dans mon
dernier dépliant, sur des thèmes que je vais esquisser: l'un,
c'est créer son emploi et l'autre, c'est la réglementation. Je
vais terminer là-dessus.
Créer son emploi. Je me permets d'en lire quelques extraits. "Le
problème de l'emploi est certainement au premier rang des
préoccupations des hommes politiques. À plusieurs égards,
notre comportement est cependant paradoxal et parfois contradictoire à
l'endroit de la création d'emplois. Un nombre considérable de
personnes compétentes sont à la recherche d'un emploi. Nos
écoles, nos collèges, nos universités forment des milliers
de gens et les préparent à occuper un emploi. En même
temps, et dans bien des milieux, on entretient un curieux mépris pour
les propriétaires, les patrons, les entrepreneurs, ceux-là
mêmes qui sont susceptibles de nous offrir des emplois. N'est-il pas le
temps d'admettre que la situation de l'emploi ne pourra vraiment
s'améliorer que le jour où nous valoriserons l'esprit
d'entreprise? Les gouvernements font beaucoup d'efforts pour aider les gens
à se trouver un emploi, mais que fait-on tous ensemble pour stimuler
vraiment la création d'emplois? Ne faut-il pas souhaiter une
évolution rapide de nos mentalités qui passerait par
l'encouragement et le soutien à créer son emploi, ou mieux,
à créer des emplois? Quelle valeur accordons-nous au travail bien
fait, à la productivité, à la qualité et au
rendement? Combien d'usines, combien d'entreprises sont tombées parce
que ces notions étaient disparues? On est toujours un peu responsable,
collectivement ou individuellement, de ces malheurs. Qu'est-ce qui encourage et
qu'est-ce qui décourage l'esprit d'entreprise? Qui a envie actuellement
de lancer une entreprise? Qu'est-ce qui peut l'encourager et qu'est-ce
qui peut le décourager? Soyons francs. Sachons voir la
réalité bien en face. À mon avis, le temps des
revendications est révolu. Il faut apprendre à retrousser ses
manches, combattre les obstacles, dénoncer la passivité et les
privilèges d'une minorité et, à cet égard, notre
gouvernement a été courageux, à mon avis, ces derniers
mois, regarder avec confiance et détermination vers l'avenir, un avenir
que personne d'autre n'est chargé de construire à notre place
comme individu ou comme peuple."
Je comprends, M. le Président, que vous me faites signe que mon
temps s'écoule. Je terminerai sur une dernière remarque et je me
doute que le collègue qui va me suivre, le député de
Westmount, y fera également allusion. Nous investissons tous les deux,
avec d'autres parlementaires de cette Chambre, beaucoup de temps qui ne
paraît pas à étudier le contrôle, par les hommes
politiques, de la réglementation. Nous avons hérité, au
Québec, d'habitudes réglementaires, de réglementations qui
sont extrêmement lourdes et qui sont également un facteur de
ralentissement, à mon avis, ou de pression, en tout cas, sur nos
entreprises. Il y a des règlements nécessaires. Il y a des
règlements extrêmement importants. Mais tous ces règlements
échappent au contrôle des élus. Nous préparons, M.
le Président, pour très bientôt, un rapport qui devrait
permettre aux élus québécois de commencer à
contrôler cette réglementation et peut-être bien à
amorcer un processus de déréglementation pour faire en sorte que
l'État intervienne quand il le faut, que l'État protège
les individus quand il le faut, mais avec une réglementation
compréhensible et aussi légère que possible. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Westmount.
M. Richard D. French
M. French: Jamais, depuis plus d'un quart de siècle, la
politique québécoise n'a semblé si dépourvue, si
pauvre, si inadéquate aux yeux déçus de la population que
cette politique est censée servir. Nos partis politiques sont
enlisés, emprisonnés dans un débat désuet, un
débat qui est en effet déjà abandonné par leurs
électeurs. Les Québécois sont aux prises avec des
défis tout à fait différents.
Cette mutation de l'opinion publique, les sondages en démontrent
les symptômes sans avoir réussi à faire toute la
lumière sur la dynamique sous-jacente. Mais les symptômes sont
clairs. Ils se manifestent par un gonflement du nombre des indécis quant
à l'intention de vote, à un tel point que cette catégorie
est la plus importante jamais enregistrée dans l'histoire des sondages
au Québec. Il y a donc une clientèle insatisfaite que ni l'un ni
l'autre des partis politiques n'a réussi à attirer. La coalition
électorale qui va livrer le pouvoir au prochain tour de scrutin reste
à bâtir.
Une formation politique comme celle du gouvernement, qui s'affiche comme
vouée à la libération nationale n'est rien si elle n'est
pas moralement immaculée. Dès ses débuts, le Parti
québécois a bien joué le jeu. Or, depuis, le PQ,
"conscience de la nation", s'est muré en gouvernement moralisateur pour
ensuite tomber dans les rangs des vulgaires partis politiques usés,
épuisés par le pouvoir. Le PQ, un parti politique conventionnel,
c'est un phénomène de première importance dans notre
paysage politique.
Un peu de la même façon, les idées que le Parti
québécois a érigées en projet national ont
dégénéré en simples éléments d'un
programme politique et, dans ce cas, si la familiarité n'engendre pas
nécessairement le mépris, elle tue sûrement la
prétention.
Enfin, le style politique et les discours péquistes prennent une
allure de plus en plus anachronique. Il est évident que le rite
incantatoire de battre le tambour ethnolinguistique pour inciter la tribu
à venir danser autour du feu sacré n'exerce plus tout à
fait la même fascination qu'au milieu des années soixante-dix. En
outre, les Québécois qui souhaitent massivement une meilleure
collaboration entre les deux ordres de gouvernement sont désormais
immunisés contre les doses massives de démolition verbale du
fédéral administrées par le gouvernement actuel.
Le Parti libéral, pour sa part, s'est défini depuis le
milieu des années soixante-dix comme l'antithèse du Parti
québécois, comme son "envers de médaille" au plan
politique. Comment se fait-il que l'Opposition ne recueille pas aujourd'hui
l'appui d'une clientèle électorale si carrément
désabusée du Parti québécois? C'est parce que le
rejet de la politique péquiste et de la mentalité politique des
années soixante-dix est devenu, pendant les années quatre-vingt,
un prérequis nécessaire, mais non pas suffisant pour attirer
l'appui de ceux et celles qui vont déterminer le résultat de la
prochaine élection. La question dite nationale, la question
référendaire, telle que rédigée par les
péquistes, et tout le contentieux qui l'accompagne sont devenus des
préoccupations secondaires. Elles ne peuvent que nuire à une
formation politique. Elles ne lui permettent plus d'attirer une
clientèle additionnelle. La question dite nationale est devenue un jeu
de solde négatif.
Si nos deux formations politiques ne réflètent pas le
changement de nos préoccupations fondamentales, on ne peut pas compter
davantage sur l'industrie de la parole, les journalistes et les intellectuels.
Ils sont normalement à l'origine du diagnostic
original. Mais, ici, au Québec, c'est aujourd'hui à prix
fort qu'il faut payer le pesant conformisme des "définisseurs" de notre
spécificité. Ils semblent bien incapables de s'arracher aux
mirages sur lesquels ils ont fondé leur unanimité.
La confusion de l'industrie de la parole devant l'effritement des
principes du parti au pouvoir témoigne aujourd'hui de la force de ce
monopole exercé sur la vie intellectuelle au Québec. À
quelques exceptions près, nos intellectuels les plus créateurs et
articulés sont pris de vertige devant la rentabilité
dramatiquement diminuée de leurs investissements intellectuels dans la
problématique politique des années soixante-dix. Il est à
noter, M. le Président, que le ressourcement intellectuel dont le
Québec a désespérément besoin tarde à
arriver s'il faut compter uniquement sur l'industrie de la parole. La crise
économique risque d'étouffer toute une nouvelle
génération de journalistes et de professeurs et ce manque de
relève fait mal, car ceux et celles déjà en poste dans ces
professions ont majoritairement entre 28 et 40 ans. Ils constituent donc, de
toutes les cohortes d'âges au Québec, les cohortes les plus
acquises à une seule idéologie. Heureusement, il y a bon espoir
que cette même crise provoquera dans d'autres milieux l'analyse qui
s'impose.
Le nationalisme fera sans doute toujours partie du décor
politique au Québec. Cela a toujours été ainsi. Ce sera
probablement toujours ainsi. Il pourra rebondir dans l'avenir sous une forme ou
une autre. Cependant, les gagnants et les perdants de la forme de nationalisme
véhiculée par le parti au pouvoir sont maintenant aujourd'hui
beaucoup trop facilement identifiables pour permettre à cette
espèce de survivre. La politique des années quatre-vingt devra se
définir dans une problématique postnationaliste. Les questions
clés de cette problématique n'ont pas encore été
exposées ou décelées par les sondages, ni
réellement confrontées par les formations politiques
québécoises.
Entre-temps, les Québécois ont dépassé leurs
propres élus dans leur analyse de la situation. Aux prises avec la vie
quotidienne, les Québécois se sont rendu compte que la
perspective politique qui anime leurs élus étant vétuste,
les solutions qui leur sont offertes en guise de solutions sont
également désuètes.
En résumé, cette photographie de la conjoncture politique,
nous avons aujourd'hui au Québec deux partis politiques enlisés
dans un débat tout à fait dépassé, des
intellectuels moroses, angoissés, complètement
égarés dans le sillage d'une opinion publique qui évolue
sans leadership et sans point de repère. L'urgence, c'est celle d'un
débat de fond sur le réalignement qui se prépare, un
débat mené par ceux et celles qui n'ont pu se faire entendre face
à la chorale péquiste des années soixante-dix et par ceux
et celles, trop jeunes à l'époque, qui risquent maintenant de
faire les frais de l'unanimité intellectuelle d'alors.
Le projet de société du gouvernement actuel se meurt de la
crise de légitimité vécue par la classe dominante qui l'a
parrainée. Si l'agenda politique semble toujours orienté un peu
autour de ce projet, la population a, depuis quelque temps, abandonné le
jeu. Quelles seront les nouvelles règles du jeu? Un nouveau projet de
société reste à définir. Admettons, au
départ, que le Parti québécois a changé la
politique de façon permanente, a changé certaines règles
d'action politique de façon permanente; jamais plus devrait-il
être possible d'offrir aux Québécois partisanerie et
personnalité en l'absence d'un programme. Mais la logique de ce nouveau
projet de société fait qu'il sera économique plutôt
que constitutionnel, économique plutôt qu'ethnolinguistique. (17 h
30)
Les instruments de ce projet de société seront d'abord et
avant tout privés plutôt que publics. Voilà le point
d'accrochage qui est à l'origine du blocus des intellectuels. En fait,
on glisse rapidement aux stéréotypes: "société
japonisée," qu'on nous dit, "reaganisme à la
québécoise". Quelle horreur! "Québec municipalisé",
"société comptable". Peu habituée à soutenir la
menace qui pèse sur son hégémonie intellectuelle, c'est
dans la caricature que l'industrie de la parole prend refuge avec un
mépris digne de leur privilège de sécurité
d'emploi.
Que le chômeur, que le cégépien face au
marché du travail ou le vieillard à la recherche d'un lit pour
des soins prolongés ne puissent se permettre le luxe d'un tel
mépris, c'est vrai, mais ce n'est pas tout. Ce qui, peut-être de
façon subconsciente, effraie davantage l'industrie de la parole, c'est
la crainte que les Québécois ne trouvent dans la vision d'une
société concurrentielle, productive, un idéal aussi
séduisant que le projet de société véhiculé
par la classe dominante pendant la dernière quinzaine d'années,
dont le Parti québécois est l'expression politique la plus
récente.
Après tout, je veux le souligner, l'excellence est une forme
d'affirmation de soi qui est tout aussi valable que la
spécificité socioculturelle. Le PQ et ses
prédécesseurs au pouvoir ont épuisé la
capacité des moyens publics à défendre directement les
intérêts des Québécois. La crise des finances
publiques n'est que la manifestation la plus banale de cette
réalité. Plus important parce que plus subtil est
l'épuisement de la voie législative et réglementaire comme
véhicule de l'identité d'un peuple.
Ce n'est pas en francisant les entreprises de moins de 50 personnes
qu'on
réglera quelque chose au Québec. La Loi sur le
cinéma, c'est la dernière d'une espèce en danger, d'une
espèce qui ne survivra pas. De la même façon, la
revendication de juridictions, de pouvoirs additionnels, face au gouvernement
fédéral, qui était en quelque sorte la marque de commerce
de la politique québécoise depuis la révolution
tranquille, risque fort de dévier vers des formes d'expression de
volonté collective mieux adaptées aux besoins des années
quatre-vingt, espérons-le.
Le défi nationaliste s'inspire d'un désir d'inculquer
à l'État les réflexes défensifs partagés par
une élite influente, articulée et militante. Cette tendance se
heurte aujourd'hui aux limites pratiques de sa propre logique et, n'en
déplaise à l'industrie de la parole, ses limites sont beaucoup
plus économiques et sociales que référendaires de nature.
Dans cet exercice de "victimisation" que pratique constamment l'industrie de la
parole, on nous dit que tous nos malheurs découlent
inévitablement du non au référendum. C'est une
espèce d'excuse, d'explication pour les problèmes qui ne tient
aucunement debout devant les faits.
Le défi postnationaliste, le défi d'aujourd'hui, le
défi des années quatre-vingt s'inspire d'une volonté de
nourrir à l'extérieur de l'État, à
l'extérieur du secteur public, les réflexes d'initiative
individuelle dont le député de Trois-Rivières a
parlé tantôt, les réflexes d'initiative individuelle d'une
nouvelle élite d'intervenants privés. D'ici à la fin du
siècle, la défense des intérêts des
Québécois passera par des moyens privés pour chercher
à bâtir une économie capable de survivre dans un
environnement qu'encore une fois le député de
Trois-Rivières a évoqué, un environnement de concurrence
sans précédent dans notre histoire.
La classe au pouvoir est incapable d'accepter toutes les ramifications
de cette constatation. Sur le plan idéologique, la nouvelle
réalité est incompatible avec son projet d'indépendance,
sinon avec son engagement à la social-démocratie dont la
fragilité est maintenant manifeste. Sur le plan analytique, cette
interprétation indûment conjoncturelle plutôt que
structurelle de la crise économique empêche la classe dominante de
voir clair. Dans la mesure où les stéréotypes
méprisants se multiplient, c'est d'ores et déjà la
dignité de l'alternative qu'il faut défendre contre l'industrie
de la parole, contre les clercs de la classe au pouvoir, tout en regrettant que
le débat public au Québec n'ait pas atteint, en matière
économique, le niveau de sophistication qu'il a atteint en
matière constitutionnelle.
La caractéristique principale du Québec des années
quatre-vingt, c'est la faiblesse de la croissance économique. La
croissance économique a été le moteur invisible de la
révolution tranquille. Elle a été la grande oubliée
du projet de société des années soixante-dix. Sa
disparition est à la source de la crise actuelle et de la mutation de
l'opinion publique qui en découle. Les Japonais ont une maxime qui
résume parfaitement le tendon d'Achille du Parti québécois
au pouvoir. Les Japonais disent: "L'argent n'a pas d'oreilles, mais il entend.
L'argent n'a pas de jambes, mais il court". Au Québec, l'argent a
entendu, il a couru et nous pouvons maintenant en voir toutes les
conséquences partout autour de nous.
Attention, par exemple, M. le Président; qui se dit
préoccupé de la croissance économique ne dit pas qu'il se
trouve inévitablement face à un simple choix entre deux voies
idéologiques, soit l'étatisation progressive des moyens de
production, d'une part, ou le laisser-faire impitoyable axé sur le
Darwinisme social, d'autre part. Ces choix idéologiques ne sont
généralement rien d'autre que des raccourcis simplificateurs. Il
s'agit, par exemple, de reconnaître qu'aucune société ne
pourrait s'épanouir sans un surplus économique disponible pour la
redistribution. Il s'agit également de reconnaître que les
ressources financières et humaines nécessaires pour
rétablir la croissance n'existent plus dans le secteur public
québécois. Ce n'est qu'à travers les décisions
d'une multitude d'agents économiques privés à
Québec, à New York, à Toronto, à Paris ou ailleurs,
et par l'initiative de centaines de milliers de Québécois au
travail que la croissance sera restaurée et soutenue.
Trois volets additionnels tournent autour de la question de la
croissance économique et ils sont intimement liés à cette
question: le déclin des moyens publics, le déséquilibre
socio-démographique et la désindustrialisation. Je vais les
prendre l'un après l'autre. Le déclin des moyens publics, un
déclin aussi qualitatif que quantitatif, offre la meilleure illustration
de la nécessité impérative de passer le relais aux moyens
privés et décentralisés de développement. (17 h
40)
L'espace public est saturé au Québec. Les
Québécois ne se préoccupent plus du rôle d'un
gouvernement par rapport à un autre, mais bien du rôle du
gouvernement tout court. Non seulement y a-t-il crise dans les finances
publiques, mais le rapport bénéfice-coût de chaque
responsabilité gouvernementale additionnelle diminue sans cesse. Nous en
sommes à une phase de rendement décroissant, sinon de rendement
négatif. Dans une certaine mesure, la révolution tranquille se
trouve ainsi victime de son propre succès. Elle a fait naître une
classe dominante d'employés publics. Une minorité militante de
cette classe a, depuis, fait la preuve qu'une exploitation
corporatiste de la poursuite de l'équité sociale est au
moins aussi dangereuse qu'une exploitation capitaliste de la poursuite de
l'efficacité économique.
À force d'essayer de faire trop, l'État devient de moins
en moins disponible pour ceux qui en ont réellement besoin. Le
réflexe défensif de recours au pouvoir public pour avancer ses
intérêts existe encore au sein de chaque groupe de pression
organisé -professionnel, syndical, féministe, patronal,
environnemental, nommez-en - sauf que la capacité de répondre
n'est plus là.
Le déséquilibre sociodémographique, On fait face,
M. le Président, à un changement total dans la politique sociale
pour les années quatre-vingt. La politique sociale des années
soixante et soixante-dix visait la redistribution de la richesse parmi les
classes de citoyens. La politique sociale des années quatre-vingt visera
l'égalité des fardeaux et l'égalité des chances
parmi les générations de citoyens et je m'explique: ce changement
fondamental devra se poursuivre dans le contexte particulièrement
difficile d'une contraction de l'espace budgétaire de l'État dans
l'économie.
Le déséquilibre sociodémographique se dessine comme
étant un des principaux défis à relever d'ici à la
fin du siècle et ceci à deux niveaux. De façon
immédiate, il y a la crise des jeunes de moins de 25 ans, c'est la crise
d'une génération aux horizons bouchés. À plus long
terme, c'est la crise de sécurité de la génération
des 28 à 40 ans qu'il faut prévoir.
L'impasse que présente le marché du travail pour les
jeunes d'aujourd'hui, avec un taux de chômage qui frise les 30%, a
été largement discuté. Il ne faut pas que cette
génération sans débouchés devienne une
génération perdue. Politiquement, ces jeunes constituent une
bombe à retardement, une bombe qui éclatera sous forme d'une
radicalisation politique, soit de droite, soit de gauche, à moins que
ceux-ci ne trouvent l'occasion d'exercer leurs talents et de pourvoir
convenablement à leur avenir.
Par contre, les prétendus enfants gâtés de la
révolution tranquille présentent quant à eux un tout autre
problème, celui de prévoir une sécurité de revenu
pour cette génération née entre 1940 et 1955. Ce qui est
critique, c'est que, lorsque cette génération aura atteint
l'âge de la retraite, si elle parvient à survivre avec les moyens
qui seront disponibles dans les régimes de retraite, puisqu'ils sont
tellement plus nombreux que la génération qui les suit, ils
risquent de déplacer le centre de gravité démographique de
la société de telle façon que les régimes de
retraite ne parviendront pas ou plus à se financer, la
société perdant ainsi son équilibre.
À cause de l'évolution aussi implacable qu'insidieuse des
variables démographiques et financières impliquées, ce
problème, encore difficilement perceptible, aujourd'hui, exige
néanmoins qu'on s'y arrête dans les plus brefs délais.
Seule la croissance économique pourrait servir de dissolvant aux
conflits sociaux les plus sérieux découlant du
déséquilibre sociodémographique.
Finalement, la désindustrialisation du Québec. Ce n'est
qu'un cas d'espèce des changements économiques subis
également par la Pennsylvanie, l'Ontario, l'Ohio, le Michigan - on peut
en nommer encore, bref, tout le coeur industriel traditionnel du nord-est du
continent. L'essentiel du problème est le même: manque
d'investissements et vieillissement des équipements productifs,
coût de main-d'oeuvre trop élevé, incapacité de
commercialiser les innovations technologiques, concurrence
étrangère. Sauf que par sa politique économique non
conformiste, ses politiques de relations du travail, ses politiques
linguistiques, ses politiques fiscales, ses politiques d'étatisation, le
gouvernement du Québec a fait en sorte que ses citoyens écopent
plus que leur part du fardeau de la crise. Sans changement à ses
politiques, le Québec aura moins que sa part des bienfaits de la reprise
économique.
La crise au Québec est conjoncturelle, bien sûr, mais elle
est surtout structurelle. La crise est venue comme une épidémie
tuer une foule d'entreprises déjà malades. Il ne faut pas
s'attendre à leur résurrection. La relance ne ressuscitera pas
les entreprises en faillite, elle ne ramènera pas les entreprises
déménagées à Toronto, elle ne rajeunira pas les
usines trop vieilles. Les colloques, la concertation ne feront pas revenir au
Québec les capitaux que les Québécois ont investis depuis
six ans en Floride, à New York, en Alberta et en Ontario. Voilà
le point capital. Hormis une hausse significative des investissements
privés au Québec, le taux de chômage normal, typique,
risque d'être ici de 2% ou 3% plus élevé qu'il ne
l'était avant la crise. Voilà la conséquence permanente de
la désindustrialisation au Québec.
Le gouvernement du Québec, à l'instar de bien d'autres
gouvernements, prône un virage technologique. Tant mieux, sur le plan des
principes, au moins, mais la vraie difficulté n'est pas là. Avant
de prendre un virage, quel qu'il soit, il faut d'abord commencer par partir,
par avancer pour accumuler un certain "momentum", par démontrer qu'on
est en mesure d'aller quelque part. Le problème n'est pas de savoir
où aller, mais plutôt de savoir comment partir,
c'est-à-dire comment raviver l'investissement, la création
d'emplois et la croissance économique.
Quant aux entreprises de haute technologie, M. le Président, les
prétentions du gouvernement sont très intéressantes, mais
pas très originales, puisque celles-ci
sont convoitées par tous les pays industrialisés. Nous
n'avons jamais réellement adopté, au Québec, une
stratégie de développement économique fondée sur
l'entrepreneurship. M. Pierre Lortie, président de la Bourse de
Montréal, a souligné récemment qu'une telle
stratégie doit viser un seul objectif - je cite - "créer des
conditions propices pour faciliter et favoriser l'acte entrepreneurial." Si
j'avais plus de temps, M. le Président, je pourrais nommer les
conditions nécessaires. Il s'agit, d'après M. Lortie - je cite -
"de l'établissement d'un climat de confiance favorable à la prise
de risques ainsi - c'est critique pour nos amis d'en face - que la valorisation
sociale du succès entrepreneurial."
En terminant, M. le Président, voilà une esquisse de la
problématique politique des années quatre-vingt: croissance
économique, déclin des moyens publics, déséquilibre
sociodémographique désindustria-lisation.
La mentalité politique qui naît aujourd'hui parmi les
Québécois sans sage-femme politique ou intellectuelle exigera des
réponses à cet ensemble fort complexe de questions
interreliées. La coalition politique qui livrera le pouvoir au prochain
tour de scrutin se bâtira autour d'un programme s'adressant à ces
préoccupations. Si la logique du programme politique à
définir est économique, ce dernier sera beaucoup plus qu'une
série de mesures visant les finances publiques, la fiscalité, les
PME, les corporations, les sociétés d'État, etc. Non, M.
le Président, ce sera le dessin d'un véritable projet de
société qui devra être interprété à
l'intérieur des champs majeurs de responsabilité publique,
éducation, affaires sociales, affaires intergouvernementales, etc.
Par nécessité, un tel programme exigera le
déploiement de moyens d'action qui ont été
négligés au Québec depuis plusieurs années: les
moyens privés, les moyens décentralisés. C'est par
là que passera inévitablement la ligne majeure de défense
des intérêts des Québécois. C'est donc, entre
autres, à ceux et celles qui brillaient par leur absence du débat
depuis quelques années que les Québécois font appel
présentement: les entrepreneurs, les cadres et les dirigeants de
compagnies, les étudiants en sciences administratives, en génie
et en informatique, les gérants, les consultants, les chercheurs
industriels et les professionnels du secteur privé. C'est à eux
d'exercer le droit de parole. C'est à eux d'articuler une
contre-conscience à celle qui ne domine plus, de réveiller une
contre-conscience trop longtemps endormie. C'est en eux que réside
l'espoir de ce Québec rétréci, normalisé,
nivelé, étouffé et affaibli par les fruits d'une
mentalité politique dépassée.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Boucher: M. le Président, compte tenu de l'heure, je
demanderais, au nom du ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional, le
député d'Abitibi-Ouest, la suspension du débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de suspension est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Boucher: Je fais motion pour que nous suspendions nos travaux
jusqu'à 20 heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de suspension est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Nos
travaux sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 52)
(Reprise de la séance à 20 h 03)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! Veuillez prendre place. M. le leader adjoint.
M. Boucher: M. le Président, je vous demanderais de
rappeler l'article 2) de notre feuilleton d'aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Reprise du débat
sur la motion - s'il vous plaît! - du ministre des Finances proposant que
l'Assemblée nationale approuve la politique budgétaire du
gouvernement et sur la motion de censure suivante: - de M. le
député de Vaudreuil-Soulanges - Que cette Assemblée
blâme sévèrement le gouvernement d'avoir
présenté un budget qui ne contient aucune mesure significative
propre à relancer la création d'emplois et les investissements et
qui maintient les taxes et les impôts à des niveaux inacceptables
sans être en mesure de rétablir la santé des finances
publiques. À l'ajournement, à la suspension de nos travaux, la
parole était au ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional,
président du Comité de l'aménagement. M. le ministre.
M. François Gendron
M. Gendron: M. le Président, en ces temps de printemps et
de relance, les
préoccupations de la grande majorité de nos concitoyens se
tournent vers des projets susceptibles de les aider à mieux faire face
à la situation actuelle et envisager un meilleur devenir collectif. Le
gouvernement du Québec étant conscient de ces attentes, le
Conseil des ministres a arrêté, en principe, lors de sa
dernière séance spéciale au Mont-Sainte-Anne, les grandes
lignes d'un plan d'action économique à plusieurs volets, qui vise
non seulement à combattre le chômage à court terme, mais
également à amorcer une relance durable de notre économie.
Concrètement, le gouvernement a alors annoncé qu'il injecterait
près de 700 000 000 $ dans l'économie, dont 450 000 000 $
consacrés à des investissements publics et 250 000 000 $
ajoutés aux crédits budgétaires. C'est
précisément dans la foulée de ce plan d'action que
s'inscrit le budget dévoilé la semaine dernière par le
ministre des Finances, M. Parizeau.
Son discours était résolument orienté vers la
relance de l'économie québécoise, tant par le soutien au
développement du secteur privé que par l'augmentation de certains
investissements publics. Mon collègue avait alors identifié,
à cette occasion, quatre secteurs sur lesquels nous devrions nous
concentrer, à savoir le secteur des transports, le secteur de
l'épuration des eaux, les investissements d'Hydro-Québec et les
ententes auxiliaires Canada-Québec.
Étant donné que j'assume la responsabilité
ministérielle de ces ententes depuis avril 1982, j'aimerais profiter du
présent débat pour traiter ce sujet avec un peu plus de
profondeur et le situer dans sa juste perspective.
Il est important d'abord de préciser que notre gouvernement a
cherché, particulièrement au cours des dernières
années, à trouver différentes façons de travailler
en collaboration et en concertation avec le gouvernement fédéral
afin d'identifier des projets de développement qui puissent
bénéficier d'un soutien financier conjoint. L'une des formules
qui a produit de bons résultats à cet égard est celle de
l'entente-cadre Canada-Québec, signée le 15 mars 1974, et
à laquelle sont venues se greffer par la suite des ententes auxiliaires
touchant différents secteurs d'activité, tels que les
infrastructures industrielles, le développement forestier, le
développement agricole, le développement des transports, le
développement touristique, etc.
L'entente-cadre d'une durée de dix ans doit se terminer le 31
mars 1984. Elle prévoyait l'affectation de crédits de l'ordre de
1 700 000 000 $ provenant des deux paliers de gouvernement, soit 1 000 000 000
$ du gouvernement fédéral et 700 000 000 $ du gouvernement du
Québec. Parmi les ententes auxiliaires découlant de
l'entente-cadre, certaines sont terminées et les fonds ont
été entièrement dépensés. Je sais qu'on
n'est pas nombreux en Chambre. Je sais que souvent on a l'occasion dans des
débats comme ceux-là de s'adresser beaucoup plus à la
population du Québec, mais si on avait plus de participation de nos amis
d'en face, j'aimerais leur rappeler que pour un gouvernement qui n'est pas
capable de s'entendre avec le palier fédéral, il est
peut-être bon de rappeler qu'on a signé des ententes pour 1 700
000 000 $ et que tous les fonds dans l'entente-cadre et la plupart des fonds
dans les ententes sectorielles ont été entièrement
dépensés.
Rappelez-vous qu'il n'y a pas plus qu'une semaine ou deux, entre autres
dans l'Est du Québec, on disait qu'on procédait comme cela en
parachutant des fonds publics un peu partout dans le paysage ou sur le
territoire, parce qu'il n'y avait pas moyen de s'entendre et que c'était
pour éviter les chicanes avec un gouvernement irresponsable qui n'aurait
pas le souci, selon les dires de nos amis d'en face et également de nos
collègues fédéraux, qui n'aurait pas cette
responsabilité de tout mettre en oeuvre pour maximiser les
retombées économiques dans l'ensemble du Québec à
l'intérieur d'un cadre qui avait été défini et qui
s'appelait celui de l'entente-cadre.
Depuis quelque temps déjà, le gouvernement du
Québec a entrepris des démarches auprès du gouvernement
fédéral afin que les crédits prévus soient
entièrement liquidés d'ici l'échéance de
l'entente-cadre. On parle depuis longtemps de ce qu'on appelle les soldes
résiduels. En effet, M. le Président, il est important de vous
rappeler qu'on a commencé cette activité le 2 avril 1982 pour ce
qui est de la liquidation des soldes. Il faut se rappeler également que
M. Trudeau avait annoncé une grande réorganisation administrative
des ministères fédéraux à vocation
économique. On est passé du MEER, qui était le
ministère de l'Expansion économique régionale au MEIR, le
MEIR, le ministère de l'Expansion industrielle et régionale -
toute une réforme! - et là, ce n'étaient pas des farces!
Avec le MEIR, dorénavant, tous les ministères
fédéraux ont la magnanime responsabilité de s'occuper de
préoccupations à caractère plus économique,
à caractère beaucoup plus relié aux réalités
du développement régional. Par la même occasion, M. Trudeau
avait annoncé à l'ensemble des collègues des provinces:
Soyez assurés, messieurs, je vous donne l'assurance que les plans
budgétaires de l'ensemble des provinces canadiennes ne seront pas
affectés et, ainsi, les montants prévus aux ententes seront
entièrement dépensés. Je tiens à vous rappeler - je
l'ai dit tantôt - qu'on a commencé l'opération pour
liquider les soldes le 2 avril 1982.
Après ce que vous savez, des
chambardements, des nouvelles responsabilités et voyant que nous
n'avions toujours pas de réponse aux lettres que nous avions
expédiées à partir du mois d'avril, on a rappliqué
vers le milieu de l'été, toujours 1982, pour rappeler à
nouveau au gouvernement fédéral que M. Trudeau nous avait bien
promis qu'il n'était pas question de perdre des sommes. Ces envois
avaient été expédiés à M. Herb Gray, qui a
été remplacé par M. Lumley, qui a été
remplacé par M. Johnston et je vous fais grâce de tous les autres
détails. Tout cela pour vous dire qu'on a rappliqué en septembre
1982. On trouvait que les réponses n'entraient pas souvent et on
était fermement résolu à tout mettre en oeuvre pour que
ces sommes servent. (20 h 10)
II est important également de mentionner que le
fédéral procède, depuis peu de temps, d'une façon
différente de la nôtre - c'est son droit le plus strict - pour ce
qui est de la gestion des ententes, puisque les ministres sectoriels sont
à présent chargés de l'administration et de la
négociation des ententes auxiliaires relevant de leur juridiction, alors
qu'au Québec, aucun transfert de cette nature n'a été
effectué au gouvernement du Québec parce que nous sommes toujours
convaincus qu'il est important d'avoir un seul porteur de ballon. Cela s'adonne
que, pour ce qui est des ententes, tant l'entente-cadre que les ententes
auxiliaires, c'est celui qui vous parle qui a la responsabilité des
ententes, en collaboration avec une structure bien connue dans l'ensemble du
Québec qui s'appelle l'Office de planification et de
développement.
Bien sûr, au-delà d'une simple question de fonctionnement
interne propre à chaque gouvernement, ceci me semble indiquer quand
même - c'est important d'être attentif peut-être
là-dessus - une différence fondamentale dans la conception
même du développement régional. Cela reviendra constamment
parce qu'on a toujours prétendu, au Québec, que nous
étions les plus habilités à avoir une compréhension
la plus exacte possible par rapport aux réalités
régionales. C'est dans ce sens que nous voulions nous donner des
mécanismes qui nous permettent, comme gouvernement, de répondre,
avec assez de souplesse, à ces particularités de l'ensemble des
régions du Québec. À Ottawa, cette responsabilité
est désormais partagée entre divers ministères à
vocation économique et, au Québec, elle est assumée par un
seul répondant politique, comme je l'ai mentionné tantôt,
et c'est le ministre délégué à l'Aménagement
et au Développement régional du Québec.
Dernièrement, lors d'une rencontre entre les ministres des
Finances des deux gouvernements, M. Lalonde avait assuré M. Parizeau que
le fédéral traiterait en priorité et de façon
à satisfaire le Québec toute proposition qu'on lui soumettrait
pour le réaménagement de ce que j'ai appelé tantôt
les soldes résiduels des diverses ententes, tout autant que ce qui
pourrait rester à l'entente-cadre que les soldes non engagés des
ententes auxiliaires. J'ai donc fait parvenir ces états, le 24 mars
dernier - on est rendu en 1983 - aux cinq ministres fédéraux
concernés, M. Pépin, M. Lumley, M. Whelan, M. Roberts et M.
LeBlanc. Au fédéral, je l'ai bien mentionné, il faut
procéder individuellement. De même, j'ai informé M.
Johnston, qui est le chapeau responsable, au fédéral, de ces
démarches.
Il est important de voir, en quelques lignes, les projets qu'on a
réclamés du gouvernement fédéral, toujours des
projets reliés aux priorités du Québec, aux
particularités du Québec. Dans le domaine des infrastructures
industrielles, on a envoyé une liste d'épiceries qui parlait
à peu près des choses suivantes. Le solde des trois volets de
cette entente avait été estimé à 29 300 000 $. Le
Québec propose et a proposé - puisqu'on n'a pas de
réponse, c'est encore d'actualité - que ce montant soit
engagé dans la réalisation des projets suivants: revitalisation
des zones industrielles désuètes de Montréal - c'est
important, c'est fondamental - construction d'entrepôts pour la boette et
la glace, au niveau des pêches; modernisation des entreprises de
transformation des produits de la pêche; construction d'une usine
d'épuration des eaux à Mercier; implantation de centres
régionaux d'entreposage et de conservation de fruits et légumes;
implantation de centres régionaux de grains, etc., y compris, bien
sûr, les infrastructures requises pour la papeterie de Matane, ainsi de
suite.
À cette liste de projets, et comme moyen additionnel de s'assurer
que les sommes affectées seraient utilisées en totalité,
le Québec a demandé que la fin de cette entente soit
reportée au 31 mars 1986. Pour ce qui est des ententes sectorielles,
pour ce qui est du développement touristique entre autres, on estime
qu'il reste actuellement un solde de 3 000 000 000 $... pardon, de 3 000 000 $;
ce serait trop beau d'avoir un solde de 3 000 000 000 $, mais c'est un solde de
3 000 000 $ pour ce qui est du développement touristique. Le
Québec a proposé d'affecter cette somme à des
investissements comme le Mont Sainte-Anne, le Manoir Richelieu ou encore le
quai et l'aéroport d'Anticosti. Ce sont seulement des exemples que je
donne.
Pour ce qui est de la Société Inter-Port de Québec,
lors de rencontres entre fonctionnaires des deux paliers de gouvernement, les
représentants du gouvernement du Québec ont proposé de
prolonger jusqu'au 31 mars 1986 la durée de la présente entente
dont le solde, au 31
mars 1984, était évalué à 5 300 000 $. Cette
proposition est toujours sur la table et nous attendons la réponse.
Pour ce qui est de l'entente sectorielle sur le parc industriel de
Mirabel, PICA, le gouvernement du Québec prie M. Lemelin de
reconsidérer sa décision parce que dans ce cas-là on a eu
une réponse de M. Lemelin qui a dit: Je ne veux pas disposer du fonds
résiduel prévu à PICA pour autre chose que ce qui a
été prévu, alors qu'on lui a plutôt demandé
de transférer ces sommes à l'entente sur les infrastructures
industrielles parce que c'est un secteur important, vital. Cela a toujours
été. Il y a toujours eu des dispositions, M. le Président,
à l'intérieur des ententes - on appelle cela un addendum - qui
permettent effectivement de leur apporter un correctif pour ajouter quelque
chose de plus ponctuel, un plus grand requis, quelque chose de plus
adapté qui répond fondamentalement à nos besoins.
Nous avons également fait parvenir une proposition à M.
Roberts, touchant l'entente sur le développement forestier. Celle-ci
disposera au 31 mars 1984 d'un solde évalué à 2 600 000 $,
que nous ne voudrions pas perdre. On a demandé que ces sommes soient
affectées au programme de protection contre les incendies et contre les
insectes.
Nous nous sommes également adressés à M.
Roméo LeBlanc, ministre des Travaux publics, au sujet de l'entente sur
l'assainissement des eaux de la région de Montréal. Cette
dernière entente devait prendre fin le 31 mars dernier et elle disposait
alors d'un solde de 1 800 000 $. Le Québec a proposé que ce
montant, apparaissant au volet II de l'entente, Travaux d'assainissement des
eaux relevant des municipalités de la région de Montréal,
soit transféré au volet I qui s'intitule, Travaux reliés
au programme de la Communauté urbaine de Montréal, pour que cela
reste dans la région pour laquelle cela avait été
prévu et que nous ne perdions pas ces sommes.
Enfin, le ministre des Transports, M. Pépin, a également
reçu des demandes du Québec concernant l'entente auxiliaire sur
le développement des transports. Celle-ci disposera, au 31 mars 1984,
d'un solde que nous évaluons à ce moment-ci à 70 000 000
$. Le Québec a déjà fait connaître ses propositions
concernant la construction de routes considérées comme axes
routiers prioritaires, soit la 117, qui relie le reste du Québec
à l'Abitibi-Té-miscamingue, la 132 et la 138. J'en profite
également, M. le Président, pour ouvrir une petite
parenthèse à l'intention de mes concitoyens de
l'Abitibi-Témiscamingue pour leur dire qu'encore là, on avait la
préoccupation d'affecter des sommes additionnelles à la 117 parce
que c'est une route capitale qui relie l'ensemble des ressources de
l'Abitibi-Témiscamingue au reste du Québec.
Je tiens également à rappeler que nous avons
été le premier et le seul gouvernement qui a eu un peu de
considération pour ce coin, en réservant une somme d'à peu
près 155 000 000 $, prévus et dépensés, pour la
construction d'une route convenable mise à la disposition de l'ensemble
des citoyens de l'Abitibi-Témiscamingue et permettant également
la distribution de produits et de matières premières. Tout le
monde sait qu'on produit énormément de bois de sciage qu'on a
exporté pendant trop longtemps ailleurs. C'était important
d'avoir une route convenable pour les citoyens et on a essayé de le
faire. Je tiens à rappeler que c'était la première fois
qu'un gouvernement, au Québec, décidait de relier une fois pour
toutes l'Abitibi-Témiscamingue au reste du Québec par un
tronçon convenable, "circulable". Nous avons commencé et nous
voulons terminer; c'est pourquoi j'ai demandé à M. Pépin
d'ajouter certaines sommes d'argent pour parfaire ces travaux.
J'ai également adressé une lettre à M. Donald
Johnston, qui est mon homologue au fédéral, ministre
d'État au Développement économique, qui agit comme
coordonnateur de toutes les activités des ministères
fédéraux au Québec. Je l'ai informé des
démarches faites auprès de ses collègues sectoriels et je
lui ai demandé de faire en sorte qu'elles se concluent à la
satisfaction du Québec.
M. Johnston m'a laissé savoir, le 13 avril dernier, qu'il
acceptait en principe d'épuiser le plus possible les fonds disponibles,
mais à la condition toutefois que les ententes auxiliaires soient
modifiées d'un accord commun, ce sur quoi je suis parfaitement d'accord,
et que toute nouvelle proposition n'entraîne pas de
déboursés totaux supérieurs à ce qui est
actuellement prévu dans chacune des ententes. Je suis encore
complètement en accord avec cela. Il a ajouté ce qui suit: -
c'est important parce que même s'il n'en avait pas parlé dans sa
lettre, tous mes collègues l'avaient constaté depuis plusieurs
mois - qu'elle assure une meilleure visibilité ou une visibilité
adéquate du gouvernement fédéral. (20 h 20)
Là, on arrive à ce que j'ai appelé non pas
tellement un plan de développement ou un plan d'intervention
économique, mais vraiment un plan de communication et un plan de
marketing, un plan d'image publique, comme cela a été fait
récemment dans l'est du Québec. Sans se préoccuper de nos
priorités, sans se préoccuper des besoins spécifiques du
Québec, ils sont allés parachuter dans l'est du Québec des
projets étalés certains sur trois ans, certains sur quatre ans,
d'autres sur quinze ans, selon un article du Devoir que j'ai cité ici
même en
réponse à une question posée en Chambre, en
prétextant qu'il n'y avait pas d'autre choix parce qu'on est un
gouvernement avec qui il n'y a pas moyen de s'entendre, même si nous
avons signé des ententes pour 1 400 000 000 $.
À l'heure actuelle, nous commençons à recevoir des
réponses sur ce que je viens de mentionner: la liquidation des soldes.
Les réponses commencent à rentrer. Je pensais que dans le cadre
du débat sur le budget c'était important de dire à nos
amis d'en face, de dire à la population du Québec -c'est beaucoup
plus important - que, contrairement à ce qui est véhiculé
un peu partout, il était requis que nous fassions aussi, comme
gouvernement, tous les efforts pour nous inscrire le plus rapidement possible
dans la relance de l'emploi et dans la relance de l'économie. Nous
croyons, comme M. Parizeau l'a mentionné dans son discours sur le
budget, que la liquidation des soldes, de l'argent prévu à cet
effet était un moyen très approprié pour que cet effort
puisse, dans les meilleurs délais, donner des résultats
convenables.
Voilà où nous en sommes dans les démarches visant
à récupérer, au profit des citoyens du Québec, les
fonds prévus dans les différentes ententes. Je l'ai dit
tantôt, comme le ministre des Finances le mentionnait dans son discours
sur le budget, la semaine dernière, les nouveaux projets
présentés au fédéral remplacent ceux qui
étaient périmés et cette liste s'inspire des mêmes
objectifs. Ces projets, M. Parizeau le disait dans son discours, sont d'une
grande importance tant au plan local, dans certains cas, au plan
régional, dans d'autres, qu'au plan national. On ne peut que souhaiter
que le gouvernement fédéral accepte de se joindre à nous
pour épuiser toutes les sommes disponibles dans le cadre des ententes
auxiliaires, tel qu'entendu.
Nous, le gouvernement du Québec, sommes, par ailleurs, tout
disposés à négocier sérieusement avec le
gouvernement canadien pour renouveler, à son expiration, l'entente-cadre
ou en conclure une nouvelle. Le gouvernement du Québec estime, en effet
- celui qui vous parle également - que le gouvernement
fédéral doit participer au plan de relance dont j'ai fait
état tantôt, mais d'une façon cohérente,
ordonnée, balisée, à l'intérieur de
mécanismes connus, publics, où on saura exactement quelle est la
participation du gouvernement d'Ottawa à l'intérieur d'un cadre
défini pour qu'on puisse respecter un peu plus nos priorités de
développement.
Malheureusement, je pense que le fédéral démontre
actuellement que sa préoccupation est beaucoup plus une
préoccupation de visibilité, beaucoup plus une question de "flag"
qu'une question fondamentale de s'associer avec nous dans nos objectifs, dans
nos priorités, dans ce qui nous est demandé par l'ensemble des
régions du Québec, soit de tenir compte de leurs priorités
régionales et de leurs besoins. Si ce n'était pas seulement une
question de visibilité, M. le Président, comment pourrais-je
expliquer cette opération absolument systématique à
laquelle se livrent nos députés fédéraux, ceux
qu'on a déjà appelés nos silencieux qui, habituellement,
ne disent pas un mot? Ils ont hérité d'une grande mission.
Dorénavant, ils seront des facteurs qui vont pouvoir distribuer les
chèques fédéraux. On vient d'adopter une directive au
Conseil du trésor fédéral où ils auront la
possibilité de se déguiser en facteur. Ils vont au moins se
rendre un peu utiles, être capables de distribuer quelque chose, faire la
distribution de certains chèques à la suite de la
rétention de projets, mais pour lesquels l'ensemble des citoyens et des
citoyennes du Québec continuent à payer, puisqu'il y a toujours
la moitié de notre coffre à outils qui est de l'autre
côté et il y a toujours nos impôts qui doivent nous revenir.
Nous, on voudrait que cela nous revienne à l'intérieur de
programmes, à l'intérieur de transferts fédéraux au
Québec, mais balisés à l'intérieur d'ententes, si
c'est la voie qu'on doit choisir ou, de toute autre forme, et pour autant qu'on
puisse respecter un peu plus nos particularités.
Cette démarche a sûrement quelque chose d'irrégulier
et d'un peu indécent et elle mérite d'être
dénoncée malgré tout l'attrait que peut avoir pour des
populations régionales en difficulté, pour des populations
régionales qui sortent à peine d'une crise, une espèce de
manne de capitaux fédéraux. Si les gouvernements d'Ottawa et de
Québec ont réussi à dépenser conjointement
près de 2 000 000 000 $ en dix ans grâce à une
entente-cadre, c'est parce qu'on est encore capable de la renouveler, de la
répéter. Je pense que cela doit être dit, que cela doit
être mentionné et c'est dans ce sens que je voudrais continuer
cette participation des deux paliers de gouvernement.
Par ailleurs, le budget de M. Parizeau contient plusieurs mesures. Je
voudrais en parler durant quelques minutes en terminant, parce que je voudrais
signaler quelques points du budget de M. Parizeau qui ont une signification
particulière en Abitibi-Témiscamingue et qui vont sûrement
être bienvenus. En premier lieu, je suis certain que M. Parizeau a fait
bien des heureux dans ma région en annonçant, la semaine
dernière, que le gouvernement y dépenserait 33 000 000 $, dont 25
000 000 $ cette année, pour des travaux de voirie, parce qu'on est une
région particulièrement négligée pendant longtemps.
On ne peut pas prendre 25 ans de retard uniquement depuis une période de
cinq ou six ans. Les 25 000 000 $ d'aide à l'amélioration du
réseau municipal vont sûrement aider les 54
municipalités de mon comté, puisque je suis un de ceux qui en ont
le plus dans tout le Québec, 54, M. le député. Le budget,
je vais le révéler à mes commettants. Je vais le dire
d'abord dans mon milieu, mais, pour l'instant, cela pourrait faire des jaloux,
c'est trop frais. On va l'annoncer dans mon coin, mais je peux vous dire que
mon collègue des Transports a reconnu, effectivement, les besoins
très grands que j'avais dans le comté d'Abitibi-Ouest et ceux de
toute la population.
Je vous disais, cher ami de l'Abitibi-Témiscamingue, que cela va
avoir une portée réelle et importante, et également, tout
le budget pour améliorer ce qu'on appelle les chemins de service ou les
sorties de village asphaltées. Il y a également une autre mesure,
très rapidement, c'est celle de faire disparaître l'abolition de
la taxe de vente sur le matériel roulant servant à la production
et utilisé à des fins d'exploitation minière et
forestière. Tout le monde sait que l'Abitibi-Témiscamingue est
une région minière et forestière importante.
Éliminer la taxe de vente sur le matériel roulant constitue
encore un apport significatif et qui ne peut être négligé.
Il y a également les 5 000 000 $ consacrés à
l'accélération du programme de reboisement,
particulièrement pour l'agrandissement des pépinières, qui
va être intéressant. Il y a également les 5 000 000 $
supplémentaires aussi consacrés à la promotion touristique
qui peut affecter la région.
Enfin, je ne veux pas être très long et je sais que le
temps passe rapidement, je veux tout simplement vous rappeler que
l'Abitibi-Témiscamingue est toujours une région qui a su faire
preuve de dynamisme et qui a su se prendre en main pour développer son
économie de base à même ses vocations fondamentales qui
sont toujours les mêmes: forêt, agriculture, mines. Je pense que
les diverses mesures annoncées par M. Parizeau dans le budget, dans le
seul but de renforcer et de stimuler les activités et les
investissements dans le secteur privé, alliées, bien sûr,
à cette multitude de programmes d'emplois qu'on a essayé
d'adapter le mieux possible à l'ensemble des régions du
Québec, tout cela devrait se traduire par une revitalisation
accélérée de l'économie régionale et c'est
ce que je souhaite.
Je voudrais seulement dire, en terminant, que j'ai eu l'occasion, pas
plus tard que lundi soir dernier et mardi, de participer pendant une
journée complète et une soirée au sommet économique
régional de la région Mauricie-Bois-Francs et Drummond. J'ai
été enchanté d'y constater un dynamisme absolument
extraordinaire et la volonté de ces gens, après s'être
concertés dans la préparation de ce sommet, de tout mettre en
oeuvre pour que dorénavant nous parlions beaucoup plus de confiance, de
relance, de revitalité québécoise. Je pense que nous en
sommes capables. Alors, pour toutes les raisons que j'ai
énumérées, pour plusieurs autres dont je n'ai pu faire
mention parce qu'on n'a pas des heures et des heures, je crois que le budget de
mon collègue, le ministre des Finances, M. Parizeau, place
résolument le Québec tout entier sur la voie de la relance
économique. C'est ce que nous devions faire et c'est ce qui a
été fait. En conséquence, j'appuierai le budget de M.
Parizeau. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Avant de vous donner la
parole, M. le député de Richmond, j'aimerais mentionner à
cette Assemblée - je n'ai pas voulu, M. le ministre, vous interrompre -
qu'il y a une coutume ici, qu'on retrouve plus particulièrement à
l'article 99.6, qui veut qu'on ne désigne pas un député
par son nom. Vous avez désigné souventefois le ministre des
Finances par son nom, ce qui n'est pas réglementaire. Donc, M. le
député de Richmond. (20 h 30)
M. Gendron: M. le Président, je voudrais faire amende
honorable. Vous avez tout à fait raison. Je pensais qu'avec la foule que
nous avions ici ce soir, ce n'était pas un impair. Je m'excuse d'avoir
commis cet impair.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président.
Indépendamment de la façon dont nous interpellons le ministre des
Finances, tous nos concitoyens du Québec le connaissent bien maintenant.
J'écoutais cet après-midi et, plus particulièrement, il y
a quelques minutes celui qui m'a précédé et assez
curieusement - je pense bien que les gens qui nous écoutent ont dû
le constater - nous n'avons certainement pas la même façon de
lire, d'analyser et de comprendre le budget que nous a présenté
le ministre des Finances.
Contrairement à celui qui m'a précédé, je
dois vous dire ma grande déception face à la très grande
carence, au grand nombre de mesures que l'on ne retrouve pas dans ce budget. Il
aurait été important pour la relance de l'économie des
régions d'y trouver des solutions véritables aux problèmes
qui sont exprimés tous les jours, comme vous le savez, dans nos bureaux
de comté et dans les médias d'information de notre région.
Contrairement à mes collègues ministériels du Parti
québécois de l'Estrie, qui qualifient le budget
d'intéressant, alors que d'autres le qualifient de coup de main à
l'Estrie, je
prétends que ce budget vient consacrer le statu quo en Estrie. Il
vient dire à nos chômeurs qu'ils devront demeurer en chômage
et à nos bénéficiaires de l'aide sociale qu'ils devront
continuer de recevoir l'aide sociale.
Ce budget aurait dû, afin de venir en aide à une
région comme l'Estrie - vous le savez vous-même, M. le
Président - tout au moins prévoir une diminution
appréciable, pour ne pas dire la disparition complète, de la taxe
ascenseur sur l'essence. Tout le monde le sait, dans une région comme la
nôtre, il est très important, pour la compétitivité
de nos entreprises et également pour nos contribuables, de payer
l'essence à un prix qui soit plus acceptable. Je regardais les chiffres
récemment au niveau des régions et je constatais que, dans la
seule région de l'Estrie, au cours de 1982-1983, le gouvernement est
venu puiser 45 000 000 $ dans les poches des contribuables du Québec.
J'imagine qu'au cours de l'année que nous vivrons, 1983-1984, ces 45 000
000 $ pourraient très bien devenir 50 000 000 $. J'aimerais qu'on
m'indique comment ces 50 000 000 $ qu'on ira chercher dans la poche de nos
contribuables estriens, comment ce siphonnage de fonds auquel s'adonne le
ministre des Finances permettront de relancer l'économie de l'Estrie.
Cela permettra-t-il à nos contribuables en Estrie de dépenser
davantage chez nous? Il est évident que si ces 50 000 000 $ vont dans la
poche du ministre des Finances, ces 50 000 000 $ sont disparus de la
région et ne pourront être réinvestis localement dans les
diverses entreprises de chez nous.
Il est aussi évident que, pour les gens qui seraient
désireux de venir investir chez nous, en Estrie, compte tenu que c'est
une région qui est loin des grands centres, cela devient une
région moins intéressante du fait, comme je l'expliquais tout
à l'heure, que nous devions payer davantage pour le transport de nos
marchandises.
Pour ramener cela à une dimension un peu plus comparable, un peu
plus compréhensible pour nos concitoyens, la consommation moyenne
d'essence par contribuable, par personne, au Québec, est de l'ordre de
1136 litres par année. Cela veut dire que, pour chacune des personnes de
l'Estrie, il y a un minimum de 227 $ à 250 $ que M. Parizeau vient
chercher, les empêchant ainsi de les investir dans d'autres secteurs, 40%
de taxe sur chaque litre d'essence que l'on prend à la pompe.
Je pense qu'il ne serait pas juste et pas honnête de vous dire que
je suis satisfait de cette mesure que l'on revoit dans le budget et qui vient
confirmer que le ministre des Finances continuera d'égorger petit
à petit les régions du Québec.
Évidemment, il y a les solutions qu'envisagent les
députés ministériels de l'Estrie. Il y en a une que j'ai
retenue particulièrement et qui nous vient du ministre actuel du Travail
et député de Sherbrooke, qui nous dit: La solution à nos
problèmes en Estrie, c'est l'indépendance du Québec. Le
ministre semble maintenant être prêt à mettre sa tête
sur la bûche afin de défendre cette option. Mais souhaitons que
ces gens qui privilégient cette option pour relancer l'économie
au Québec aient le courage de faire très rapidement le geste
projeté et de soumettre à la population leur option, afin qu'une
fois pour toutes, la population tranche la question. Si des têtes doivent
tomber, elles tomberont.
Je dois vous dire que lors de la dernière campagne
électorale, les députés du Parti québécois
en Estrie nous avaient annoncé la création de 5000 nouveaux
emplois par année. Je me demande en quoi ce budget que nous avons devant
nous fera en sorte que nous allons créer même le dixième de
ces emplois permanents qui nous avaient été promis par la
députation péquiste en Estrie. Je pense que nous sommes en droit
d'exiger des résultats concrets face à des engagements
précis de cet ordre qui ont été faits à notre
population.
J'aurais aimé aussi retrouver une mesure dans le discours sur le
budget qui aurait aidé particulièrement les régions
frontalières en Estrie, que vous connaissez bien. Pourquoi les villes
frontalières de Beebe, Rock-Island, Stanstead doivent-elles être
traitées à part? Pourquoi applique-t-on dans l'Outaouais des
mesures qui ne s'appliquent pas intégralement en Estrie? J'aimerais
qu'on tente de nous l'expliquer. Le ministre des Finances se pétait
littéralement les bretelles quand il a annoncé cette mesure que
l'on retrouve au budget, mais je veux indiquer à la population que pour
une consommation d'essence régulière, ce que nous a
annoncé le ministre des Finances, l'autre soir, lors de son discours sur
le budget, c'est-à-dire 20% du montant de la taxe perçue sur le
litre d'essence, ça veut dire, par rapport aux 0,03 $ qui étaient
déjà accordés aux détaillants des villes
frontalières, tenez-vous bien, une augmentation de seize
centièmes de cent le litre. Il faudrait que nous nous
réjouissions de cela? C'est un ajustement qui est ridicule, c'est un
ajustement que le ministre des Finances aurait dû avoir honte de
présenter dans son discours sur le budget tellement c'est ridicule.
Je comprends les détaillants d'essence de notre région,
dans les villes frontalières, qui se plaignent et qui vont continuer de
se plaindre afin de faire modifier le point de vue du ministre du Revenu et du
ministre des Finances. Quand on songe, par exemple, que certains
détaillants de nos villes frontalières ont vu leur chiffre
d'affaires diminuer de 75%, est-ce à dire que nous
devons, en tant que députés d'une région durement
affectée par le chômage, accepter que des stations-service ferment
leurs portes à court terme? Je pense qu'il est de notre devoir
d'indiquer au ministre des Finances qu'il ne livre pas la marchandise dans son
discours sur le budget à ce point de vue.
Plusieurs des intervenants nous ont aussi parlé de
Corvée-habitation. Je pense même, M. le Président, sans
vouloir vous impliquer, que vous avez parlé avec beaucoup
d'éloges, à la suite du discours sur le budget, de ces 2000 $ que
pourront toucher les gens dorénavant, avec le programme
Corvée-habitation pour la construction d'une maison neuve. Ce qu'on
oublie de dire, de l'autre côté de cette Chambre, c'est que ce
même gouvernement, il y a à peine quelques jours, introduisait,
par le biais d'un décret, une augmentation de salaire des
employés de la construction, chose à laquelle nous nous sommes
opposés avec vigueur pendant toute une soirée lors d'un
débat dirigé par le député de
Mégantic-Compton, qui a fait son boulot afin d'éviter que le
gouvernement ne fasse une autre erreur. Mais non! on a poussé cette
augmentation de salaire de 10% dans la construction, ce qui représente,
pour la construction d'une maison neuve, de 2000 $ à 3000 $
additionnels. (20 h 40)
La mesure que nous a annoncée le ministre des Finances vient tout
simplement annuler l'effet négatif qu'avait eu la semaine
précédente le décret que ce même gouvernement a
passé et qui porte d'ailleurs le coût horaire pour un menuisier
imaginez-vous donc! - à près de 20 $ l'heure. Imaginez ces gens
qui sont chez eux actuellement et qui pensent faire des réparations cet
été ou ces gens qui envisagent de construire une maison et qui
s'imaginent que s'ils prennent un ouvrier pendant une semaine de quarante
heures, ils devront payer 800 $ en salaire pour ce seul ouvrier. C'est
absolument impensable. Je me dois de dénoncer cette mesure, M. le
Président, et vous indiquer que le ministre des Finances aurait
dû, s'il voulait vraiment apporter ces 2000 $ aux contribuables, donner
4000 $ ou 5000 $. Et là on aurait pu constater un écart de 2000 $
à 3000 $. Mais on ne semble pas, de l'autre côté de la
Chambre, s'apercevoir de ses erreurs et au moment où la construction
aurait eu tant besoin de cet élan - nous le reconnaissons de ce
côté-ci de la Chambre que la construction aurait besoin d'un
sérieux coup de main - le gouvernement actuel manque
littéralement son coup en donnant d'un côté aux
contribuables et en retirant de l'autre côté. Que les personnes
soient retraitées, cultivateurs, travailleurs, chômeurs ou
à l'aide sociale, je pense que la mesure qui a été
passée en cette Chambre par voie de décret est tout simplement
catastrophique pour le secteur de la construction. Tout ce que nous a
apporté le ministre des Finances dans son budget n'est rien d'autre
qu'une mesure de compensation pour cette maladresse qui a été
commise quelques jours avant le budget.
Regardons de plus près, si vous le voulez bien, cette fameuse
taxe sur l'essence. Je veux y revenir parce qu'elle a quand même un
impact considérable dans les régions et dans des comtés
comme le mien. J'ai fait une petite comparaison avec d'autres provinces. J'ai
vite constaté d'abord que nous avons encore au Québec l'essence
la plus chère dans le pays. Au Québec, entre autres, nous payons
9% de taxe provinciale au départ alors que l'Ontario, par exemple, paie
7% de taxe de vente sur l'essence. L'Alberta, aucune taxe de vente sur
l'essence.
Quant à la taxe sur les carburants, 40% du prix de vente au
détail ici au Québec par rapport à 20% du prix au
détail en Ontario et par rapport à aucune taxe sur le carburant
en Alberta. Si, au moins, on avait éliminé une partie de cette
taxe, on aurait pu dire que le ministre des Finances faisait un effort pour
aider nos contribuables. Mais non, aucune mesure dans le budget à cet
effet.
Le ministre des Finances nous dit également dans son budget au
sujet d'une autre taxe, celle de 9%, qu'il la maintient, qu'il la confirme. Du
même souffle il nous parle de la demande d'électricité qui
a chuté, qu'il y a des surplus énormes prévus pour 1990.
Je me posais la question et plusieurs de mes électeurs se la posent
aussi: Quand nous sommes devenus propriétaires, en tant que
Québécois, d'Hydro-Québec, est-ce que l'engagement de ceux
qui ont nationalisé n'était pas de fournir
l'électricité au plus bas coût possible aux contribuables
du Québec? Par exemple, est-ce que dans le budget on n'aurait pas pu
retrouver l'abolition de 9% de la taxe de vente sur les comptes
d'électricité ou encore une diminution de la tarification? Est-ce
que ces mesures n'auraient pas été justement incitatrices, compte
tenu qu'on aurait payé moins cher pour notre électricité,
inciter davantage de gens à procéder à la conversion de
leur système de chauffage et à s'installer à
l'électricité?
Demandez aux chômeurs, demandez aux assistés sociaux, aux
journaliers, à nos jeunes ménages, à ceux qui,
quotidiennement, se rendent à leur travail avec une boite à
lunch, s'ils n'auraient pas été satisfaits d'une mesure visant
à enlever par exemple ces 9% de taxe sur notre compte
d'électricité. Imaginez le propriétaire de sa boutique qui
s'impose lui-même une taxe sur son compte au moment où,
semble-t-il, il y a des surplus d'électricité qu'on veut mettre
à la disposition d'autres personnes à prix réduit.
En quoi le budget que le ministre des Finances nous a
présenté va-t-il venir modifier la situation que nous connaissons
en Estrie? En quoi cela va-t-il améliorer le sort de nos chômeurs,
de nos assistés sociaux?
Au moment où le taux de chômage, en avril, au Québec
était de 14,4% par rapport à 12,5% dans l'ensemble du Canada, au
moment où le nombre de chômeurs au Québec, en avril,
était de 432 000, au moment où le chômage chez nos jeunes
de 15 à 24 ans était de l'ordre de 23,1% en avril, en Estrie,
plus particulièrement, dans notre région, on comptait 15,3% de
chômage. Dans les Bois-Francs, on comptait 17,6% de chômage.
D'autres régions comme celles de Québec, Montréal,
l'Outaouais ou la Côte-Nord font maintenant mieux que nous. En Estrie, 15
500 assistés sociaux; dans les Bois-Francs, 32 000. C'est ça, le
vrai portrait de la performance du Parti québécois.
Ce budget est la confirmation du maintien de nos chômeurs en
chômage et des assistés à l'aide sociale. La vraie
performance de ce gouvernement est cette situation quasi catastrophique que
l'on retrouve dans les régions en termes de chômage et en termes
d'aide sociale. Il faut dire, cependant, que ce gouvernement a un certain
talent dans les performances dites artistiques. J'aurai l'occasion de traiter
de quelques cas d'économie possible dans ce gouvernement.
J'ai eu l'occasion, récemment, de dénoncer, entre autres,
dans notre propre région, ce qu'on a qualifié de feux artistiques
à Sherbrooke, ce qui a aussi été dénoncé par
la très grande majorité de la population...
M. Polak: Avec les rats?
M. Vallières: Avec les rats. Des rats dans une automobile
que l'on met en feu sous prétexte de faire un spectacle dit artistique
avec des gens qui paradent autour de l'automobile, avec des banderoles.
Évidemment, le ministre des Affaires culturelles du Québec, qui
subventionne ce genre d'événement, refuse de s'impliquer dans le
dossier, refuse même de s'enquérir sur cet
événement, refuse de réprimander les gens qui sont
à la base de cet événement. Pendant ce temps, la
population constate la dilapidation des fonds publics. Que font les
députés ministériels de la région? Que disent-ils?
Une députée de l'Estrie a dit que c'était là une
niaiserie. À part qualifier cet événement de niaiserie,
qu'a-t-on fait de plus? Quelles sont les représentations qu'on a faites?
Comment a-t-on dénoncé l'événement? Qu'a-t-on fait
pour modifier ce genre de situation? Rien, c'est la voix de la soumission.
Pourtant, j'ai pris le temps d'aller en commission parlementaire pour demander
au ministre des Affaires culturelles de s'impliquer afin, tout au moins,
d'éviter, dans l'avenir, que les fonds publics soient
dépensés dans de pareilles activités, des activités
inqualifiables.
Si le temps me le permettait, je vous parlerais d'autres petites folies
péquistes qu'on retrouve non seulement dans nos régions, mais
dans certains bureaux gouvernementaux comme, par exemple, la parution de
calendriers de luxe au ministère des Communications, calendriers qui ont
d'ailleurs été dénoncés avec virulence par
plusieurs. Je pourrais également vous parler de messages qui sont
lancés presque quotidiennement de l'autre côté de la
Chambre, par les gens d'en face, demandant à nos concitoyens de se
serrer la ceinture car les temps sont durs. Pourtant, on refuse, du
côté gouvernemental, de mettre fin à des abus de la sorte.
(20 h 50)
Je me serais attendu également, M. le Président, dans le
discours sur le budget, à certaines annonces dans le domaine agricole,
compte tenu des problèmes que nous vivons dans ce secteur. Après
les promesses ronflantes auxquelles nous avons été
habitués par ce gouvernement, en particulier dans le secteur de
l'environnement agricole, après les demandes
répétées des producteurs dans les régions, le
gouvernement et le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation - le ministre des Finances l'a confirmé dans son discours
sur le budget -n'ont rien prévu pour aider les gens qui ont des
problèmes. Dans certaines productions, comme le porc, il y a des
problèmes d'entreposage des fumiers, soit liquide ou solide. Pourtant,
il y avait eu des promesses, des engagements formels de faits par le Parti
québécois à ce sujet.
Le 25 mars 1981 - il faut dire que c'était proche des
élections, vous êtes plus forts sur les promesses quand on est
proche des élections - M. Garon et M. Léger, deux gros canons,
disaient à Victoriaville: "Une aide financière directe couvrira
40% des coûts de construction de l'équipement jusqu'à
concurrence de 3000 $." On disait vouloir prévenir la pollution des
cours d'eau créée par les productions animales.
Évidemment, cette promesse est demeurée lettre morte,
irréalisée. Rien, dans le discours sur le budget à ce
sujet. Les deux mêmes ministres, en octobre 1980, nous parlaient de
normes plus flexibles au ministère de l'Environnement, de
possibilités de subventions. En mars 1981, dans le Soleil, M. Parizeau
nous a indiqué que l'Union des producteurs agricoles ne respectait pas
les engagements qu'il avait pris afin d'aider les producteurs agricoles. Je
pourrais continuer à vous citer des promesses comme l'une qu'on rapporte
dans Le producteur agricole, de mai 1981, des promesses politiques non tenues
par
le gouvernement du Parti québécois.
Où en sommes-nous rendus dans ce dossier? Nous en sommes
là où l'Union des producteurs agricoles recommande aux
producteurs de défier la loi, de ne pas se soumettre aux
règlements prescrits par le ministère de l'Environnement. On est
en train de faire de nos agriculteurs des illégaux. Pendant ce temps, le
ministre des Finances se pète les bretelles et oublie les engagements
qui ont été pris par son gouvernement dans ce secteur
particulier.
Je faisais une étude des crédits récemment. On
assiste à une diminution des crédits au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, dans le secteur de la
recherche et du développement. Expliquez-moi comment un gouvernement qui
croit en l'avenir de l'agriculture décide de diminuer ses crédits
budgétaires dans le domaine de la recherche et du développement.
C'est compromettre l'avenir même de l'agriculture. C'est compromettre le
développement même de tout ce secteur au Québec, quand on
pense que ces crédits doivent permettre de développer les
marchés et visent en particulier à promouvoir le
développement du secteur agro-alimentaire, à développer
les marchés intérieur et extérieur et à assurer des
prix équitables aux producteurs et des produits de qualité aux
consommateurs. Mais non, on a assisté à une diminution de 2 000
000 $ dans ce programme, au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je me serais attendu que le ministre des
Finances rétablisse l'équilibre.
Récemment, j'ai eu l'occasion de participer à un
débat avec le ministre des Transports, où je l'invitais à
investir davantage dans le domaine de la voirie rurale, et où je
blâmais le gouvernement de ne pas avoir pris toutes les mesures requises
afin d'assurer le développement de ce secteur. Mais le ministre des
Finances l'aura reconnu dans son budget. Je vais vous lire, M. le
Président - c'est la première fois que quelqu'un en fait l'aveu,
au moins le ministre des Finances a eu le courage de le dire - à la page
17, ce qui suit: "Par rapport au transport en commun, la voirie
régionale et rurale - ce n'est pas le député de Richmond
qui parle, c'est le ministre des Finances -n'a pas
bénéficié, au cours des dernières années -
on aurait dû ajouter "du gouvernement du Parti québécois -
d'un appui aussi soutenu. Je reconnais que l'imposition de la surtaxe sur
l'essence ne s'est pas traduite par une amélioration substantielle du
réseau des régions rurales ou éloignées." C'est
tout un aveu. Cela fait deux ans que j'essaie de faire dire cela au ministre
des Transports et je n'ai pas réussi. Tout à coup, on le retrouve
dans le discours sur le budget. Je veux vous démontrer, à l'aide
de quelques tableaux que j'ai préparés, quelle sorte
d'évolution du budget de la voirie nous a présentée ce
gouvernement depuis son accession au pouvoir. Vous avez ici, M. le
Président, l'importance relative qui est accordée à
l'amélioration et à la construction du réseau routier par
rapport au budget global de la province. Ce sont des chiffres qui parlent. En
1976-1977, 5,1% du budget de la province étaient consacrés
à la construction du réseau routier. En 1983-1984, sans le
gouvernement du Parti québécois, 1,6%. On doit cependant dire
qu'avec l'ajout de 25 000 000 $ dans le budget du ministre des Finances, cela
devient 1,7%. Très forte amélioration qui permet de constater que
c'est exactement le tiers de ce qui était accordé lors du
gouvernement du Parti libéral.
Ce sont des chiffres qui parlent. 5,1% du budget global de la province
pour la construction du réseau routier sous le gouvernement
libéral; 1,7% sous le gouvernement du Parti québécois.
Mais, me direz-vous, vous étiez, vous autres, les libéraux, des
gouvernements d'autoroutes. J'ai donc pensé enlever le budget de
construction des autoroutes de notre temps et je l'ai également
enlevé, pour les besoins de la comparaison, sous le gouvernement actuel.
J'ai dit: Je vais enlever le budget des autoroutes sous le gouvernement
libéral. La proportion du budget qui était à ce moment
consacrée à la construction du réseau routier par rapport
au budget global, c'est 3%. Cela pour les routes régionales, les routes
locales et les routes principales. J'ai pris la même comparaison en
1983-1984, j'ai enlevé les autoroutes également du budget du
ministre des Transports. Ce que je retrouve, c'est 1,1% et si j'ajoute les 25
000 000 $ du ministre des Finances, c'est 1,2% du budget de la province qui est
maintenant alloué à la construction du réseau routier
autre que le réseau d'autoroutes. C'est cela le vrai portrait, la vraie
évolution du budget de la voirie: 3% en 1976-1977 du budget global par
rapport à 1,2% du budget de la province en 1983-1984.
Cela indique à la population l'effort que ce gouvernement consent
et l'importance qu'il accorde à l'amélioration du réseau
routier. J'ai également, pour les besoins de la cause,
préparé un autre petit tableau. En 1976-1977, dernier budget d'un
gouvernement libéral, 498 000 000 $ de budget à la voirie. En
1983-1984, gouvernement du Parti québécois, j'ai ajouté
les 25 000 000 $ dont on parlait tantôt qui sont prévus dans le
nouveau budget, et j'ai 425 000 000 $ environ. Ces chiffres ne sont pas
véritablement comparables à moins, si on veut comparer avec
1976-1977, que l'on dégraisse, si vous voulez, ces 425 000 000 $ de
l'inflation qui, selon l'indice de la Banque du Canada, en a mangé
171,55%. Cela veut dire que ces 425 000 000 $ en dollars 1976,
pour les comparer aux 500 000 000 $ de 1976-1977, cette année,
c'est 248 500 000 $. C'est ce que le gouvernement du Parti
québécois, en dollars 1976, consacre à
l'amélioration du réseau routier. C'est très
décevant et les gens qui m'entendent, indépendamment de ce que
diront les gens d'en face, les gens de la campagne qui m'entendent vont dire:
Que c'est donc vrai! Eux autres, ils circulent sur les routes et ils ne
circulent pas en limousine du gouvernement. C'est avec leur propre
véhicule. Ils les sentent, les trous, quand ils les frappent. Ils se
rendent compte que ce que je dis est vrai.
On investissait auparavant davantage sur leurs réseaux qu'on
n'investit actuellement sous le gouvernement du Parti québécois.
C'est vous dire l'importance relative que ce gouvernement accorde à la
conservation de notre réseau routier, à son amélioration.
Vous m'indiquez, M. le Président, qu'il ne me reste qu'une minute... (21
heures)
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui.
M. Vallières: ...sur une demi-heure? C'est incroyable.
J'aurais eu beaucoup d'autres choses à vous dire. J'aurais aimé
vous parler de la route 116, entre autres, dans le comté de Richmond.
Beaucoup en entendent parler. L'histoire n'est pas encore terminée.
J'aurais voulu également vous faire part de certaines promesses du Parti
québécois qu'il n'a pas tenues dans le domaine de notre
réseau routier.
En terminant, laissez-moi au moins vous dire quelques mots sur cette
enveloppe de 25 000 000 $ qui a été ajoutée dans le
réseau routier municipal afin de venir en aide aux municipalités.
Je reconnais, personnellement, que c'est un effort louable fait par le
gouvernement. C'est une demande que l'Opposition a faite à plusieurs
reprises au gouvernement, mais je veux vous indiquer, en terminant, ce que le
ministre des Transports me répondait quand je lui disais qu'il devrait
investir davantage pour subventionner les municipalités. Cela se
produisait le 4 juin 1982 lors d'un débat avec le ministre. Il me disait
ce qui suit: "Le député veut une enveloppe discrétionnaire
très généreuse pour endormir ses municipalités. Le
député de Richmond, les problèmes qu'il vit, il les a
créés. Son gouvernement l'a endormi pendant six ans avec de
petites enveloppes à distribuer aux municipalités." Il m'a dit
enfin: "Le député avait son "candy", la petite enveloppe aux
municipalités." Est-ce pour cette raison que le ministre des Finances -
parce que cela semble être la perception de son gouvernement - a
introduit cette enveloppe budgétaire? Nous disons que les
municipalités devaient avoir cette enveloppe, compte tenu du retard qui
a été créé par ce gouvernement à venir en
aide aux municipalités. Et je souhaite que cette enveloppe de 25 000 000
$ soit augmentée l'an prochain, mais que les 25 000 000 $ que le
ministre des Finances nous a annoncés les autres 25 000 000 $ pour la
construction du réseau - deviennent l'an prochain 300 000 000 $ ou 400
000 000 $. Ce serait là un effort réel de rattrapage pour ce
retard que vous avez vous-même créé. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Gaspé.
M. Henri LeMay
M. LeMay: Merci, M. le Président. Le 10 mai dernier, nous
avions le plaisir d'entendre le député de l'Assomption, ministre
des Finances, nous faire la lecture de son budget. Il y a des choses que je ne
peux comprendre. Le lendemain de la lecture de son budget et même le
surlendemain, nous avions droit dans les journaux à tous les
éloges possibles venant de la majorité des journaux qui nous sont
accessibles. Les ministériels étaient très satisfaits du
budget déposé par M. Parizeau et depuis le 10 mai, nous entendons
les discours des députés de l'Opposition, lesquels se disent
très mécontents. Il n'y a rien dans le discours de M. Parizeau
qui fait leur affaire. Pourtant, tous les journalistes sont d'accord pour dire
qu'il y a des points extrêmement positifs, qui ne permettent
peut-être pas une relance extraordinaire, mais au moins, c'est un
début, une lueur au bout du tunnel.
J'aimerais regarder certains points qui touchent en particulier le
comté de Gaspé et les régions, en général.
Car le présent budget que M. le député de L'Assomption et
ministre des Finances nous a présenté en est un qui est
axé, en grande partie, sur les régions et sur le
développement régional. Nous voyons que 150 000 000 $ seront
dépensés pour le transport en commun - bien sûr, cela ne
touche pas les régions en particulier - et la construction de
traversiers - cela touche les régions et, en particulier, les
régions de l'Est qui possèdent des traversiers - et enfin, la
voirie rurale; cette voirie rurale qui, malheureusement, a été un
peu oubliée avec, d'ailleurs, la voirie municipale qui a
également été oubliée ces dernières
années, pour pallier au plus pressant, c'est-à-dire corriger le
plus possible les erreurs qui avaient été faites sous le
gouvernement précédent en ne dotant pas les capitales ou les
grandes villes de réseaux routiers permettant une circulation normale
pour une population aussi dense.
Le gouvernement dépensera également 25 000 000 $ pour
relier les villages du Québec et également pour le réseau
routier numéroté. Ces 25 000 000 $ seront
également dépensés en partie dans les
régions, que ce soit en Abitibi, on l'a signalé, le ministre de
l'Abitibi-Ouest l'a dit tout à l'heure; les cinq comtés des
régions de l'Est qui auront certainement la grosse part, la part du lion
dans ces 25 000 000 $, et aussi les citoyens, en particulier les citoyens de
Gaspé, qui n'ont pas été gâtés depuis
peut-être une dizaine ou une quinzaine d'années, du
côté routier.
On sait que, pour nous, en région, un système routier
adéquat est un moyen de communication normale. Nous ne pouvons pas
sortir d'un village sans faire plusieurs kilomètres sur une route et
souvent nous ne pouvons pas avoir de communication avec d'autres villages par
d'autres moyens que la route. Alors, il est important, il est
nécessaire, primordial que nous ayons un système routier qui soit
vraiment adéquat.
De plus, et c'est une chose qui intéressera
énormément les 28 municipalités du comté de
Gaspé, il y aura 25 000 000 $ d'ajoutés aux subventions pour la
voirie municipale. On sait, dans les municipalités de 1200, de 1500 et
de 2000 habitants, comment il est difficile d'avoir des routes adéquates
à l'intérieur d'une municipalité. Bien sûr, nous
avons déjà un taux de chômage, un taux de bien-être
social qui est élevé. Nous avons peu de travail et, quand nous en
avons, c'est souvent du travail saisonnier, que ce soit dans le domaine de la
pêche, dans le domaine de la voirie ou autres. Alors, il est important
pour nous, pour les municipalités, de ne pas taxer de façon
exagérée ces contribuables et, en ne les taxant pas plus qu'ils
ne peuvent payer, les municipalités se rendent compte qu'elles ont des
routes qui sont désuètes.
Hier, avant-hier, il y a des municipalités du comté de
Gaspé qui ont reçu des lettres de leur député, leur
demandant quels étaient réellement leurs besoins, leur demandant
d'évaluer ces besoins, leur demandant ce qu'elles étaient
prêtes à mettre dans leurs routes municipales. J'attends des
réponses et j'espère que ces municipalités ne seront pas
déçues; j'en suis même convaincu. Le budget qui a
été déposé le 10 mai dernier, les sommes qui seront
versées dans les municipalités ne le seront pas dans six mois ou
dans huit mois, mais il faudra absolument qu'au 31 août, ces sommes
soient dépensées.
Je fais un appel à tous les conseils municipaux, à tous
les élus municipaux, je leur demande de répondre à la
lettre que je leur ai envoyée afin que les travaux qui sont
nécessaires à l'amélioration de leur système
routier puissent commencer le plus tôt possible.
M. le député de Richmond disait tout à l'heure que
le député de L'Assomption, ministre des Finances, avait
complètement oublié l'agriculture. On peut voir dans le budget,
et M. Garon l'a annoncé la semaine dernière, que 50 000 000 $
seront investis sur trois ans dans un programme d'expansion des cultures
céréalières. 50 000 000 $, c'est de l'argent. C'est bien
sûr, du temps des libéraux, avant 1976, qu'ils ne pouvaient pas
investir: il n'y avait pas d'agriculture au Québec ou à peu
près pas. Le député de Richmond disait: Les agriculteurs
et les éleveurs de porc ont des gros problèmes avec le purin. Ils
ne pouvaient pas avoir de problème avant 1976: le gouvernement ne
s'était jamais occupé d'agriculture.
Actuellement, au Québec, seulement pour le porc, on produit 160%
de notre consommation. On a un produit, du côté porcin, d'une
qualité parmi les meilleures au monde.
Dans le domaine des pêches, il en est de même. En 1974, on
avait 8 000 000 $ de budget aux pêches. Cette année, on a une
augmentation encore de 2 000 000 $, ce qui porte le budget des pêches
à 30 000 000 $. On n'aura jamais vu cela au Québec. Avant 1976,
on ne s'occupait pas des pêches. On s'en était occupé sous
le gouvernement de l'Union Nationale de M. Duplessis et du temps du Dr Pouliot,
un des premiers ministres des Pêches d'ailleurs et un des ministres qui
ont été des plus efficaces de l'administration Duplessis. En
1976, à la sortie des libéraux, il y avait eu trois bateaux non
pas construits, mais réparés. Depuis 1976, on a construit 148
nouveaux bateaux. C'est sûr qu'on a des problèmes dans le domaine
des pêches, c'est parce qu'on s'en occupe. Quand on ne s'occupe pas de
quelqu'un ou de quelque chose, les problèmes ne surviennent pas. Il en
est de même dans le domaine de l'agriculture. (21 h 10)
Dans le domaine de la création d'emplois, 235 000 000 $ seront
affectés pour créer de l'emploi au Québec, pour essayer
d'aider 60 000 personnes à trouver des emplois. On dit: C'est un
cataplasme, c'est un pansement sur une jambe de bois, parce que ce sont des
emplois temporaires. Mais combien de personnes au Québec, au pire moment
de la crise et même actuellement, seraient prêtes à accepter
un travail pour 15, 20, 25 ou 30 semaines par année? On pourra aider
tous ces individus, en particulier les jeunes qui sortent des
universités avec de beaux diplômes et qui ne se trouvent pas
d'emploi. Il y a aussi ces 150 000 000 $ que le premier ministre
annonçait il y a un mois pour aider à la création
d'emplois, pour venir en aide spécialement à cette jeunesse. On a
fait plus que cela, on a installé dans chaque bureau de
Travail-Québec un comptoir uniquement pour les jeunes, où ils
peuvent consulter des jeunes qui travaillent pour des jeunes. On dira qu'on n'a
rien fait encore.
Le programme Corvée-habitation, dans
certains endroits, cela a été bon et, dans d'autres
endroits, cela a été moins bon, je suis d'accord, mais, afin de
promouvoir davantage la relance, on a réduit le taux
d'intérêt à 9,5%. Plus que cela, le fédéral
refuse de continuer son programme, parce qu'il dit n'avoir plus d'argent, et
retire les 3000 $ qu'il donnait. Nous, on arrive avec 2000 $ et, si la
municipalité où l'individu construit sa maison ajoute 1000 $, on
ajoute une autre somme de 1000 $, ce qui lui fait 4000 $, en plus du programme
Corvée-habitation. Jamais un gouvernement n'a essayé de
promouvoir la construction comme nous l'avons fait et comme nous le
faisons.
De plus, 5 000 000 $ supplémentaires seront consacrés
à la promotion touristique. M. Biron annoncera cette semaine ou la
semaine prochaine la bonification du crédit touristique. On sait que le
programme était désuet, qu'il ne répondait plus tout
à fait aux aspirations et aux demandes de ceux qui s'intéressent
au tourisme. On l'a modifié. Parlant de tourisme, je ne voudrais pas
passer sous silence ce que le premier ministre disait, lors de son discours
inaugural: "Bientôt, la venue des grands voiliers commémorant le
450e anniversaire de la découverte de la Nouvelle-France par
Jacques-Cartier constituera une chance exceptionnelle. En raison du
caractère mondial de l'événement, on lui accordera tout
l'appui logistique et financier nécessaire. La venue des grands voiliers
en 1984 sera probablement l'événement touristique du
siècle. Jamais, de 1900 à l'an 2000, aura-ton vu un
événement comme celui-là! Jamais on ne pourra constater de
visu comment l'industrie touristique peut être rentable pour un pays,
pour une province comme la nôtre."
Mais où les grandes fêtes se passeront-elles? Deux endroits
primordiaux: Québec, bien sûr, la capitale, mais il ne faudra pas
oublier Gaspé. Oui, M. le Président, c'est à Gaspé
que la croix de Jacques Cartier a été plantée. C'est
à Gaspé qu'on a parlé français pour la
première fois en Amérique du Nord, le 24 juillet 1534, et c'est
à Gaspé également que les grands voiliers viendront,
qu'auront lieu les quatre manifestations de voiliers. C'est à
Gaspé également que Jacques Cartier a planté la
première croix, ce qui a été vraiment le premier fait du
christianisme en Amérique du Nord. Gaspé, c'est plus qu'une
capitale des pêches; c'est un peu le berceau du fait français et
du christianisme en Amérique du Nord. Jacques Cartier pour nous,
à Gaspé, c'est plus qu'un souvenir, c'est un symbole.
Les hommes de cette époque dont l'histoire nous a gardé le
souvenir, grâce à leurs exploits, étaient courageux,
audacieux, dotés d'un sens de l'innovation et d'un appétit de
faire du neuf. On croirait lire des lignes du programme du Parti
québécois, M. le Président. Ils étaient à la
fine pointe des changements sociaux, techniques, économiques et
culturels dans lesquels ils recherchaient la clef du mieux-être pour
eux-mêmes et pour leur société. C'était Jacques
Cartier. C'est pourquoi, M. le Président, le 9 juillet 1984, on verra
l'arrivée du Challenge Labatt Canada à Rivière-au-Renard;
le 10, l'arrivée à Gaspé du Challenge Canada; le 12, la
course de ce Challenge, départ de Gaspé, tour de l'île
Bonaventure, fête également à Percé. Parlant de
Percé, je peux vous apprendre quelque chose que vous ignorez
peut-être. Tout à l'heure, je disais que le comté de
Gaspé pouvait être le berceau du christianisme en Amérique
du Nord, mais, de plus, en 1759, quand Mgr de Laval a pris possession de son
diocèse, du premier diocèse catholique en Amérique du
Nord, c'est à Percé qu'il l'a fait.
Pour continuer, vers la mi-juin, nous aurons le rassemblement des grands
voiliers dans la baie de Gaspé. On peut voir déjà tout un
comité constitué actuellement et la documentation est disponible
pour tous ceux qui sont intéressés. On attend à
Gaspé des dizaines et des dizaines de milliers de touristes. Certains
disent 300 000, d'autres 400 000. Ensuite nous aurons, en juillet 1984, le
championnat canadien du catamaran dans la baie de Gaspé.
On parle très souvent des fêtes 1534-1984 à
Québec, mais il ne faudrait pas oublier qu'il y a la Corporation des
fêtes 1534-1984 à Gaspé et que cette corporation, qui
travaille souvent bénévolement, est à mettre sur pied des
comités qui verront à accueillir le touriste en Gaspésie
en 1984. C'est pourquoi, à l'intérieur du budget, on retrouve des
sommes énormes pour avoir des routes qui soient accessibles, des
facilités pour les touristes. C'est pourquoi on bonifie le crédit
touristique.
Soyez convaincu, M. le Président, que le 24 juillet 1984, 450 ans
après la venue de Jacques Cartier, 450 ans après
l'établissement du fait français en Amérique, nous serons
en mesure, comme Jacques Cartier l'a fait en 1534, d'envisager l'avenir avec
optimisme et confiance parce que ce sera la relance de l'économie
touristique.
En terminant, M. le Président, je voudrais profiter de l'occasion
qui m'est donnée pour féliciter et remercier toute la Corporation
des fêtes 1534-1984 qui travaille à Gaspé. Je voudrais
profiter de l'occasion pour demander à la Corporation de Québec
1534-1984 de voir à ce qu'à Gaspé on souligne de
façon grandiose ces fêtes et de ne pas oublier que
financièrement on a droit aussi à la part du gâteau,
à la part des sommes qui seront versées pour l'organisation de
ces fêtes. (21 h 20)
Je vous lis, en terminant, un tout petit texte de M. Gilles Brillant,
président de la Corporation des fêtes 1534-1984, qui vous
montre le dynamisme de ces gens qui travaillent actuellement pour faire
de Gaspé une capitale touristique en 1984. "Motivées par leurs
racines historiques et par une volonté commune de commémorer le
450e anniversaire du voyage de Jacques Cartier, les communautés de
Saint-Malo, de Gaspé et de Québec se sont réunies pour
préparer une grande fête internationale de la mer: Québec
1534-1984. Cette fête, qui se déroulera dans le cadre de la
programmation du Festival Jacques Cartier 1984, sera grandiose."
Déjà depuis plusieurs années cette fête existe, ce
festival Jacques Cartier existe à Gaspé. "Cette fête se
voudra une nouvelle lecture de l'histoire humaine de Gaspé à
travers ce qu'on est aujourd'hui. Des séquences historiques
entrecoupées de chants et de danses nous feront revivre la
légende de Jacques Cartier et nous permettront de nous raconter au reste
du pays qu'est le Québec." Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Anne, vous avez la parole.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
remercier mes collègues des deux côtés qui sont venus ici
ce soir - il est presque 21 h 30 - pour m'écouter. J'ai l'intention de
prendre ma demi-heure pour parler sur le budget du ministre des Finances. En
fin de semaine, à Montréal, dans mon comté, on m'a dit:
Maximilien, explique-nous donc de quoi il s'agit dans ce budget-là en
termes simples parce qu'on ne comprend pas. Est-ce un bon budget? Est-ce un
mauvais budget? Qu'est-ce qu'il y a là-dedans?
Je vais donc essayer de l'expliquer de la manière la plus simple
possible. L'autre ministre, le président du Conseil du trésor
-mon monde veut savoir - son nom; c'est le ministre Bérubé; je
sais, M. le Président, que je n'ai pas le droit d'appeler le ministre
par son nom, mais mon monde veut savoir de qui on parle - a demandé des
crédits, cela veut dire des sommes d'argent, pour lui permettre
d'administrer les différents programmes du gouvernement, au montant
total de 24 300 000 000 $. Le ministre des Finances est venu devant nous, il y
a une semaine ou dix jours, disant: Je vais obtenir des revenus de 21 300 000
000 $ pour l'année 1983-1984, ce qui me laisse un déficit de 3
200 000 000 $.
Les gens de mon comté m'ont demandé: Mais qu'est-ce qu'il
y a là-dedans pour nous, les individus? J'ai répondu: Pour vous
autres, il n'y a rien dans ce budget, rien du tout. Je cite le discours du
ministre des Finances, page 19. C'est le ministre des Finances qui parle: "Je
n'ai, cependant, pas l'intention d'augmenter ce soir le fardeau fiscal des
contribuables." Nous avons dit: Merci beaucoup, M. le ministre des Finances. Il
nous annonce qu'il n'augmente pas les taxes, mais il oublie de dire que, depuis
un an et demi, il a augmenté les taxes d'une manière tellement
grave et sérieuse que nous sommes les citoyens les plus taxés de
tout le Canada et même des États-Unis, si on se compare à
l'ensemble nord-américain.
C'est bien beau de dire: Je ne vous augmente pas. Il faudrait qu'il nous
dise plutôt: Vous êtes rendus à un niveau où vous
êtes vraiment les plus taxés de tous. C'est toujours le ministre
des Finances qui parle; ce n'est pas moi qui invente tout cela, je cite le
discours sur le budget, page 20: La taxe de vente, j'ai été
obligé de l'augmenter l'année dernière de 8% à 9%.
J'annonce ce soir qu'elle ne sera pas réduite. Encore une fois, j'ai
dit: Merci beaucoup, M. le ministre des Finances. Il nous dit: Je vous ai
augmenté l'année dernière de 8% à 9% et, ce soir,
je ne réduis pas cette taxe. Ce sont là les bonnes nouvelles pour
les individus.
La fameuse taxe ascenseur sur l'essence a été
augmentée de 20% à 40% pour faire de notre essence la plus
chère en Amérique du Nord. Qu'est-ce qu'il nous dit, à la
page 20 de son discours? Il nous dit: "La taxe sur les carburants sera
maintenue au niveau actuel de 40% du prix de détail." Encore une fois,
il dit: Je ne vous augmente pas; vous restez au même prix. Mais, M. le
Président, nous sommes déjà les citoyens les plus
taxés du Canada et même en Amérique du Nord en ce qui
concerne la taxe sur l'essence. Qu'est-ce qu'il nous dit? Soyez contents, M. le
citoyen et Mme la citoyenne, vous restez au même prix; je ne vous
augmente pas.
Il nous annonce, tout de même, quelques changements pour les
individus. Il annonce une taxe de 2 $ sur les vidéocassettes vierges.
Ceux qui achètent des vidéocassettes vierges doivent maintenant
payer une taxe additionnelle de 2 $ qui n'existait pas auparavant. Ensuite, il
annonce l'abolition de la taxe de vente sur quelques produits. Ce sont des
produits qui ne sont vraiment pas de grande importance. Quand on regarde la
liste qui apparaissait dans le discours sur le budget, il s'agit de quelques
produits comme les serviettes hygiéniques. On n'a rien contre cela,
évidemment, mais, pour le reste, il n'y a aucun produit important qui a
été mentionné.
En ce qui concerne les impôts, tout le monde sait, M. le
Président, qu'au Québec nous sommes les citoyens du Canada les
plus taxés. M. Parizeau est au courant. Qu'est-ce qu'il nous annonce?
À la page 21 de son discours, il dit: "J'ai l'intention de
déposer, l'automne prochain - cela veut dire en septembre ou en octobre
1983 - un livre blanc sur la fiscalité des particuliers." Il dit: Nous
allons étudier l'écart entre l'Ontario, le Québec et les
provinces de l'Ouest. Mais, M.
le Président, on n'a pas besoin d'étudier cela. Vous
n'avez qu'à rencontrer un excitoyen du Québec qui vit en Ontario
et qui peut dire combien cela coûte vivre là-bas, ce qu'il paie en
impôt, ce qu'il paie pour toutes sortes d'autres charges fiscales, pour
savoir qu'il y a un écart énorme. On n'a pas besoin de livre
blanc pour étudier cela; on le sait déjà.
M. le Président, je sais que vous représentez un
comté rural, mais, tout de même, vous lisez aussi les grands
journaux. Vous savez ce qui se passe. Par exemple, Air Canada, CP, CNR, toutes
ces grandes compagnies paient déjà une prime à leurs
employés pour qu'ils travaillent au Québec parce qu'elles savent
très bien que, s'ils travaillent, même à un niveau
supérieur, en Ontario, par exemple, ils paient beaucoup moins
d'impôt. Pour garder ces gens dans la province de Québec, pour
qu'ils travaillent à Montréal ou dans les grands centres de la
province de Québec, on leur paie une prime. On n'a pas besoin d'un livre
blanc de M. Parizeau pour étudier cet écart. Cet écart
existe; on le sait.
Le ministre des Finances - je cite encore, aux pages 21 et 22 du
discours sur le budget - dit: L'indexation des exemptions personnelles sera
réduite, à partir du 1er janvier, de 7,5% à 5%. Je ne
pense pas que le taux d'inflation, au 1er janvier 1984, sera à 5%. Tout
le monde sait qu'il sera plus élevé. Ce sera peut-être - on
l'espère - 7%, 8% ou 9%, mais jamais 5%. On le réduit à
5%. Cela veut dire qu'on perd 2% ou 3%.
Le ministre des Finances nous annonce des programmes pour stimuler
l'économie. Il y a ce qu'on appelle le programme des régimes
d'épargne-actions. C'est un programme pour quelqu'un qui a un revenu
important. Il économise de l'argent et, à la fin de
l'année, il peut prendre une partie de son revenu - jusqu'à
présent, c'était un maximum de 15 000 $ - pour l'investir dans
l'achat d'actions de grandes compagnies qui ont leur siège social dans
la province de Québec. Cela a bien été, sauf que ce qui
est arrivé, c'est que ce sont seulement les grandes compagnies, comme
Bell Canada, Gaz Métropolitain, la Banque Royale du Canada, Domtar,
etc., qui ont bénéficié de ces investissements. (21 h
30)
Le ministre des Finances a une toute nouvelle idée. Il dit: Je
veux maintenant que ces sommes, ces épargnes des Québécois
et des Québécoises soient investies dans de plus petites
compagnies, les PME du Québec. On appelle cela des compagnies en voie de
développement, des compagnies qui ont un actif entre 2 000 000 $ et 25
000 000 $. Ce qu'on nous annonce, c'est que quelqu'un qui achète des
actions dans de telles compagnies aura une déduction de 150% de la
valeur de son argent investi. Cela veut dire que si, moi, j'ai
épargné de l'argent, qu'il me reste 10 000 $ et que je les ai
investis dans une telle compagnie, je pourrais réclamer une
déduction d'impôt de 150%; cela veut dire que, pour mes 10 000 $,
je pourrais réclamer 15 000 $ de déduction. Évidemment,
c'est une formule extrêmement intéressante et j'accepte le
principe. Sauf que le problème, c'est de savoir si ceux qui ont
épargné de l'argent vont investir dans de telles compagnies, dans
de petites compagnies, dans ce qu'on appelle les PME québécoises
de chez nous, parce que, tout de même, il y a une différence entre
investir dans la Banque Royale du Canada, dans Domtar, dans Gaz
métropolitain et dans une PME.
En fin de semaine, il y avait des articles dans les journaux sur les
PME. On se demande comment les PME vont résoudre le problème
d'obtenir des emprunts de banques, car les banques ont toutes sortes
d'exigences. Elles demandent toutes sortes de garanties qu'elles ne demandent
pas aux grandes compagnies. Donc, le danger dans cette formule, c'est que
l'individu n'investira pas dans des compagnies telles que les PME, ayant peur
de peut-être perdre son investissement. Qu'est-ce qui arrive dans le cas
d'une faillite? On investit dans une PME qui vraiment est une compagnie
contrôlée par une famille. On a peut-être peur de mettre son
argent là-dedans. L'idée est bonne, sauf que je pense qu'il faut
vraiment raffiner la méthode et donner de la sécurité
à ceux qui investissent, pour protéger leurs investissements.
M. le Président, je ne voudrais pas entrer dans tous les
détails de cette formule d'investissement où l'argent à
investir varie selon l'ampleur de la PME. J'arrive à la conclusion, du
point de vue de ces investissements dans les PME, que le vrai
bénéficiaire de ce nouveau plan d'investissement annoncé
par le ministre des Finances, ce sera le courtier qui se spécialise dans
les émissions publiques. Quand on voit, encore dans le discours sur le
budget, que le ministre des Finances s'engage à ce que le gouvernement
paie la moitié des frais de courtage jusqu'à un montant de 10 000
$ pour ces PME pour se lancer dans le marché public, à ce qu'il y
ait d'autres subventions du gouvernement avancées à ces PME
où des individus investissent, surtout quand je vois que le programme
sera administré par la SDI, je me dis que le seul qui va faire de
l'argent avec cela, c'est M. Paul Biron.
Savez-vous, c'est un intermédiaire qui se spécialise
à aller chercher de l'argent chez les contribuables ou à obtenir
du gouvernement des subventions et c'est exactement son domaine. On va dire: M.
Biron, vous êtes un intermédiaire. Vous connaissez bien la SDI.
Nous, on a besoin
d'investir. Voulez-vous nous aider et nous expliquer tout cela, nous
dire comment obtenir une émission publique dans le marché, etc?
Je pense que les gens comme lui et les courtiers, les intermédiaires, ce
sont certainement eux qui vont en bénéficier, mais je me demande
si cela va stimuler l'économie du Québec.
Le ministre des Finances parle aussi de l'électricité. Je
cite la page 15 du discours sur le budget où il dit qu'il y aura "un
changement radical de la tarification de l'électricité". Ensuite,
il annonce que, d'ici 1990, il y aura un rabais sur les tarifs
d'électricité de 50% du prix de base pour les compagnies qui vont
investir dans de nouveaux projets dans la province de Québec. Il dit
qu'il y aura "d'ici 1990 - c'est le ministre des Finances qui parle - des
surplus énormes d'électricité qui, ou bien seront
utilisés par de nouveaux projets ou bien seront perdus." Il utilise cet
argument pour dire: Voici, on va donner, pour les investisseurs, pour les
projets économiques de la province de Québec, des rabais allant
jusqu'à 50% du tarif d'électricité.
M. le Président, je ne trouve nulle part dans le secteur de
l'électricité un article ou une ligne qui dise: Et pour vous, M.
le Québécois, Mme la Québécoise, parce que nous
avons un article chez nous qui s'appelle l'électricité, qui
appartient à tout le monde, à tous les citoyens et citoyennes du
Québec, on va vous donner un rabais; parce que, d'ici 1990, nous aurons
une énorme réserve, un surplus - je cite le mot exact du ministre
des Finances - on va faire quelque chose pour vous. Pour vous, madame, et vous,
monsieur, on va réduire le tarif. On va donner un tarif domiciliaire
spécial à ceux qui résident ici.
C'est un peu comme la production de la Lada en Russie. C'est bien connu
que les Russes vendent la Lada partout dans le monde. On en vend même
ici, au Québec. J'ai rencontré un chauffeur de taxi qui conduit
une Lada russe, mais en Russie, il n'y a pas un Russe qui peut acheter une
Lada. C'est impossible, parce que la Lada est pour l'exportation, pour faire de
l'argent à l'extérieur. Nous n'avons pas la Lada. Nous avons
l'électricité, et l'électricité, on va l'exporter,
on va la donner à rabais aux Américains, à ceux qui
investissent, mais on ne fait rien avec notre Lada, notre
électricité, pour les citoyens du Québec. Je pense qu'on
aurait dû le faire, parce qu'on a de l'électricité en
abondance jusqu'en 1990. Il dit: On en a trop. Comment se fait-il que
l'année dernière, Hydro-Québec a augmenté ses
tarifs de 16,3%? Cette année, Hydro-Québec est venue
déposer son rapport. Elle a fait un profit net de 800 000 000 $ en 1982.
Que dit-elle dans son rapport annuel? Nous demandons maintenant une autre
augmentation de 7,3%. Comprenez-vous cela?
Je n'y comprends rien. Les gens de mon comté disent: Ils prennent
la formule de la Lada. Laissez donc quelques Lada chez nous au lieu d'exporter
toute la production ailleurs.
On parle de programmes de création d'emplois. Je cite toujours le
discours sur le budget du ministre des Finances, à la page 19: "II y a
une somme disponible de 235 000 000 $ affectée aux programmes qui
s'appellent de création d'emplois." On a vu ces programmes. On les a
étudiés. Je travaille à la commission des engagements
financiers. On analyse chaque mois les subventions données à un
programme qui s'appelle Chantier-Québec. Il n'y a pas un emploi
permanent créé par ce progrmame. C'est un programme où on
donne de l'emploi aux bénéficiaires de l'aide sociale pour 20
semaines, jamais 21 ou 22 semaines. Savez-vous pourquoi? Parce qu'après
20 semaines ils sont qualifiés pour l'assurance-chômage à
Ottawa. On leur donne un emploi pendant 20 semaines et on les envoie vite
à Ottawa. Le ministre et président du Conseil du trésor,
M. Bérubé, l'a dit carrément devant nous à la
commission: Ce programme prend 20 semaines et je me fous de ce qui arrive
après 20 semaines. Je lui ai dit: Vous savez, M. le ministre, il y a des
bénéficiaires de l'aide sociale qui sont fiers. Ils ont le
goût de travailler après 20 semaines. Ils veulent continuer
pendant quatre autres semaines pour terminer le programme. Il ne veut rien
savoir. Après 20 semaines, Ottawa paie.
M. Pagé: La politique du bon débarras.
M. Polak: Exactement, M. le Président, comme notre whip le
dit, c'est la politique du bon débarras. Selon nous, c'est une politique
scandaleuse.
Ensuite, le ministre des Finances parle de quelques programmes dont
bénéficieront seulement quelques individus. Je peux vous assurer
qu'il n'y a pas un individu dans le comté de Sainte-Anne qui
bénéficie de ces programmes. Je vais les mentionner rapidement.
Les salariés résidents québécois qui vont
travailler à l'étranger, je n'ai rien contre cela. C'est une
bonne idée. Je sais qu'il y a des Canadiens, des Québécois
qui travaillent en Algérie et au Maroc à de grands projets. Il y
en a justement. Parfait! Mais tout de même, il faut réaliser que
ce n'est pas toute la population; ce sont quelques individus seulement.
On parle d'augmenter l'exemption d'impôt sur le revenu...
excusez-moi, les droits successoraux. Dans le comté de Sainte-Anne, il
n'y a pas de successions. On n'a pas de biens pendant la vie. On n'a pas de
biens après la vie, non plus. Mais, à tout
événement, pour ceux qui ont des biens, on augmente la
déduction. Je n'ai rien contre cela. On peut maintenant payer à
une
fondation, en anticipation de son décès, ses droits
successoraux. C'est intéressant. Je n'ai rien contre cela, mais je dois
vous dire que ce n'est pas ce qui va sauver la situation économique de
la province de Québec.
Tout revient à une remarque faite par le ministre des Finances,
à la page 13 de son discours. Savez-vous ce qu'il a dit? Je le cite,
à la page 13: "Le problème - c'est le ministre des Finances qui
parle - en est un de confiance... Il est essentiel que le niveau des
investissements privés soit accru rapidement." C'est là où
il a mis vraiment le doigt sur l'essence du problème, la confiance. La
population n'a pas confiance dans le régime du Parti
québécois, indépendamment de la mesure qu'on annonce. Une
petite mesure ici, une petite mesure là, cela ne crée pas la
confiance. (21 h 40)
On a parlé cette semaine de ce fameux cas de Bell Helicopter. Je
vais vous expliquer ce qui est arrivé. Cela s'est déroulé
vite pendant la période des questions. J'ai vérifié avec
des députés du gouvernement fédéral à
Ottawa, seulement pour connaître exactement l'histoire dans ses
détails et je vous le dis, il y a une compagnie qui s'appelle Bell
Helicopter, aux États-Unis, laquelle pense internationalement, pense
argent et a peur de la non-confiance. Elle ne veut pas avoir de
problèmes politiques, de l'instabilité. Elle veut avoir la
stabilité pour que là où son argent est investi il
profite. Cette compagnie voudrait investir dans une usine à Bromont,
chez nous, ou à Lachute. Cette usine créerait presque 500
emplois. Cette compagnie du Texas est venue à Ottawa évidemment
pour parler de subvention avec le gouvernement fédéral. Elle a
négocié avec lui, elle a négocié avec le
provincial. La journée où ils sont venus à Ottawa,
c'était justement au lendemain de la déclaration ici de notre
premier ministre. J'étais ici quand le premier ministre a parlé
et tous les péquistes autour, avec les larmes aux yeux:
Souveraineté! S'il vous plaît! Nous sommes prêts à la
bataille. Je me rappelle qu'il a parlé de souveraineté, il
disait: Nous, finalement, on se libérera une fois pour toutes. Chaque
fois qu'il disait cela, toute la gang était débout avec les
larmes aux yeux. Les Américains ne sont pas fous, ils ont
écouté cela, ils ont lu les journaux; ils ont vu que la prochaine
élection sera une élection référendaire; encore une
fois, on reviendra avec le même slogan: Indépendance, fini avec le
Canada une fois pour toutes!
Cela, c'est vous autres; vous y croyez. Les Américains ont
écouté cela. Tout de suite, les Américains du Texas ont
décidé -ils ne sont pas fous, ils ont dit: ce qu'il y a
là, nous ne voulons pas cela - ils ont décidé ne pas
investir dans la province de Québec, à Bromont ou à
Lachute. Ils iront en Ontario. C'est cela la vraie histoire. Et le
vice-président...
M. Paré: M. le Président.
Le Président: M. le député, je vous en
prie.
M. Paré: Je voudrais savoir en vertu de l'article 100 si
M. le député accepterait que je lui pose une question à la
fin de son intervention.
M. Polak: M. le Président, à condition que j'aie
mes 30 minutes, je répondrai à n'importe quelle question de
n'importe qui de votre côté.
Le Président: Souhaitez-vous y répondre maintenant
ou à la fin de votre intervention?
M. Polak: À la fin, M. le Président.
Le Président: À la fin, fort bien.
M. Polak: II veut essayer de me mêler dans mes cartes. Je
répondrai après. Je n'oublie pas.
Le Président: Très bien.
M. Polak: M. le Président, n'oublions pas que le
vice-président de l'Assemblée - il était tout à
l'heure devant vous, il était ici; il a pris votre place tout à
l'heure; quand j'ai commencé à parler, c'était lui le
président - il a écrit une lettre à son
député fédéral pour lui demander d'intervenir pour
que l'usine Bell Helicopter vienne chez nous. Je lui ai dit: M. le
vice-président, M. le député de Saint-François, M.
Rancourt, vous auriez dû écrire au premier ministre, M.
Lévesque, et lui demander de lâcher cette option souverainiste,
d'accepter une fois pour toutes la décision rendue par la population en
1980. Alors vous auriez eu Bell Helicopter. Autrement vous ne l'aurez
jamais.
Des voix: Bravo!
M. Polak: M. le Président, j'ai appris,
dernièrement, dans les journaux que Montréal subira un nouvel
exode de sièges sociaux -c'était le 16 avril 1983 - vers Toronto.
Allez vérifier, je vous donnerai quelques noms de compagnies et vous
vérifierez. Ces compagnies ne sont même pas mentionnées:
Hercules Canada est en voie de partir pour Toronto. Canada Starch part de
Montréal pour Toronto. Une autre division de la Banque Royale du
Canada... Vous êtes au courant de cela, c'était dans les journaux;
une division de Computer...
Une voix: C'est fédéral.
M. Polak: Non, c'est une compagnie de chez nous, une compagnie
québécoise, canadienne, qui avait son siège social
à Montréal, qui va à Toronto parce qu'il est impossible
d'engager du personnel spécialisé qui gagne de gros salaires pour
travailler justement dans cette division, à cause de l'écart des
impôts, à cause des problèmes que leurs enfants auront pour
fréquenter les écoles où ils auront leur enseignement en
anglais, à cause de toute votre chicane, à cause de votre
idée et de votre obsession souverainiste, indépendantiste et
séparatiste. Ils s'en vont et avec eux s'en vont de nombreux emplois.
Ces gens n'achèteront plus de maison, plus de pain, plus de souliers,
plus d'automobiles, plus rien au Québec. N'oubliez jamais cela.
M. le Président, I want to give you an example to finish off in
English. I have a son, Mr. President, who is a young lawyer, who started in my
office last week. He went to a PSBGM school and in seventh grade, he was in
what we call "immersion totale". He was one year in French and, after that, it
was 40% in French and 60% in English. His French and his English are as good as
M. le premier ministre Lévesque's. I can guarantee you that he is
bilingual.
Do you know what happened? He is a lawyer, he wrote his exams in French,
he passed his tests, he has finished and he got a call, saying: You have to
write an exam, of the Office de la langue française. He called l'Office
de la langue française last week, he spoke to the officer in French for
half an hour, en français. He said: When can I come? They said: You are
going in the computer, we will give you the date for the exam, you will be
there. He spoke French as well as the man and he said to me: You know, dad, I
think I am a second-class citizen. I went to all the schools in the Province of
Québec, I have a diploma from high school. I have a bilingual
certificate. I am bilingual and you force me, because of an unhappy state of
affairs, I went in English to a high school. It was in the western part of the
City of Montréal, I went to an English high school. I now have to pass a
test at the Office de la langue française. He is not the only one, and a
lot of his friends say: You know, I am getting sick and tired, I am going to
get out. I do not want to be treated as a second-class citizen, I have the same
rights as anybody else, I do not want to stay.
Mr. President, this is sad because we are losing the best ones. It is
not one or two or three that are leaving. The Minister of Immigration and
Cultural Minorities said the other day: If you cannot stand the smell of us,
get out of here. Imagine! This is the man who is supposed to protect the
minorities, and that is what he said. Now, we have come to the point where
those people say: I do not want to stay, I have no confidence, I want to get
out.
There was an article, in the Gazette, saying: "One in five Anglophones
ready to quit from Québec." When you look at the younger people, it is
not one in five, it is 34%, one in three of the younger people. Ask him. I told
the Minister or Immigration: Go off with me on a weekend. Anybody. I see here
the assistant whip, the lady who is the assistant whip of the Parti
québécois; come with me over the weekend, we will go and walk in
a shopping center in the west end of Montreal. Ask any kid you see between the
ages of 18 and 22: Where are you going, what are you doing? He will tell you: I
am not staying here, I am leaving this province, I do not feel at home, I am a
second-class citizen in my own country, I am sorry, I am going to take off. It
is unfortunate, but it is true.
Here is another article in the Gazette: "Why one couple is moving to
Toronto" Here it is, the whole story. Do you know what it says? "Moving day
will be a painful event for Jennifer's mother, Mrs. Humes I have eleven
children, says Mrs. Humes. Seven had already left Québec. As far as I am
concerned, René Lévesque is just breaking up families."
Mr. President, I know you are bilingual, I have even heard it said that
one of the reasons you were elected is because you are bilingual, but I will
tell you this - and you understand what I say in English - it is sad that in a
family of eleven children, seven have left the Province of Québec only
because of the regime that we are living under. Because they no longer feel at
home, they feel as second-class citizens, they feel ill-treated, they feel
unwanted, they feel unaccepted and they say: I want to get out.
Mr. Gordon Fehr vice-president of the Montreal Board of Trade
recommends... The Minister of Immigration said here the other day: We will do
our best to take the sting out of Bill 101. We will have a parliamentary
commission in the fall. Two days later, he said: If you do not like the smell,
get out of here. Get the hell out of here, he even sait. Mr Fehr the
vice-president of the Montreal Board of Trade suggested: Abolish the language
test and recognize high school leaving certificates as evidence of competence
in French. That is the case of my son. I think it is a shame that my son is
going to be put through a test like that. I think Oswald Parent, ex-minister in
the Government, was obliged to pass a similar test. Can you believe it? We have
hundreds of cases like that and those kids do not like it, they do not like you
for it, they dislike you for it and they are right when they say: We feel we
are treated as
second-class citizens. (21 h 50)
He says: Convert l'Office de la langue française from a
monitoring agency into an assistance agency. I agree with that. Help people to
obtain knowledge of the other language, help the anglophones to learn French,
fine, but not a monitoring agency. We are like a patient, the non
French-speaking ones, with all the apparatus around the arms. They are testing
every day, they want to hear the pulse: How are you doing? And, at the end, if
it does not go well, they send in "la Commission de surveillance" which
stimulates conflict by its very nature. That is what the vice-president of the
Montreal Board of Trade said, a very serious man, a good
Québécois like you, Mr. President, like me, some positive
suggestions. But do you people ever listen? I wonder.
Mr. President, I cite from an article by - now he has become an
editorialist -George Springate. He was here, he was a Member of the Assembly. I
am not saying that I always agreed with him, but he said something. He talks
about Mr. Godin, the Minister of Immigration. I cite Mr. Springate, he has not
been cited as of yet, so I will cite him. Last minute, I will finish with Mr.
Springate: For months and months we have heard Godin talk about reform of the
errors and abuses of Bill 101, but he continues to stall. Now, he wants a
parliamentary committee to examine this in the fall. Of course, while he delays
the system, his language police and zealots who work for the régie are
out hounding doctors, nurses, store-owners and anybody else who dares use the
English language.
Remember, the hand he gives you in friendship is the same one he uses to
stick in the knife. Mr. President, it may not be very pleasant to say things
like that or cite things like that, but we have come to the point where we
should point them out.
M. le Président, dans mon comté, 75% de ceux qui y
demeurent sont des francophones. Ils m'ont dit: Maximilien, parle donc de cela,
parle un peu plus en anglais à l'Assemblée nationale, parce qu'on
pense que nos concitoyens de langue anglaise méritent cela. C'est le
temps parce que, nous autres, les francophones, nous sommes
écoeurés de cela. Merci beaucoup, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Shefford avait
une question à poser, en vertu des dispositions de l'article 100, au
député de Sainte-Anne.
M. Paré: Merci, M. le Président. J'ai entendu mon
collègue le député de Sainte-Anne, parler tantôt du
dossier Bell Helicopter comme d'un dossier qu'il connaissait bien. Il a dit que
la compagnie avait déclaré qu'elle ne voulait plus rien savoir du
Québec à la suite de la déclaration sur la
souveraineté du premier ministre, lors du discours inaugural, discours
qui a été effectivement grandement utilisé, comme le
disait le député de Sainte-Anne, par certains fonctionnaires
d'Ottawa, mais spécialement par des fonctionnaires de Toronto pour
essayer de faire peur aux gens de Bell Helicopter en grossissant les faits.
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Paré: Oui, j'en viens à ma question à
double volet, si vous me le permettez, M. le Président. Étant
donné que M. le député de Sainte-Anne dit qu'il
connaît bien le dossier, j'aimerais qu'il me dise, s'il connaît si
bien le dossier, quelles sont les rencontres qui ont eu lieu entre les
représentants de Bell Helicopter, du Texas, et ceux de Bromont depuis le
discours inaugural, ici même, au Québec, et les rencontres qui ont
eu lieu entre les représentants de Bell Helicopter et les ministres
d'ici, à Québec.
En deuxième volet, j'aimerais que le député de
Sainte-Anne me dise s'il sait que l'obstacle majeur qui empêche Bell
Helicopter de s'établir à Bromont n'est pas le débat entre
Québec et Ottawa. Effectivement, le choix ne se fait pas entre
Québec et Toronto, mais entre la compagnie Bell et une autre compagnie
qui pourrait être favorisée par le gouvernement
fédéral.
J'aimerais que le député de Sainte-Anne réponde
à ces deux questions, s'il connaît le dossier aussi bien qu'il le
dit.
Le Président: M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, j'ai deux beaux-frères
et une belle-mère qui demeurent aux États-Unis, au Texas,
justement. Ils m'ont parlé de l'affaire de Bell Helicopter. Ils m'ont
dit: Qu'est-ce qui se passe chez vous? Qu'est-ce qu'ils ont, ces
Québécois, ils sont rendus fous? Ils sont dans un beau pays, le
Canada, un grand pays qui s'étend d'un océan à l'autre et
ils veulent se séparer? Ils m'ont parlé de cela. Il y en a un qui
connaît un des gérants de Bell Helicopter. Il m'en a parlé.
II a parlé avec le gérant de Bell Helicopter qui a dit: S'ils
recommencent encore cette affaire-là, s'ils n'acceptent pas le verdict
donné en 1980, on ne veut rien savoir, on peut aller en Ontario. Il y a
d'autres provinces qui veulent nous avoir, qui sont prêtes à nous
donner des subventions aussi élevées que celles de la province de
Québec. Je ne sais pas quel montant le Québec veut donner en
comparaison avec l'Ontario, mais je peux vous dire une chose: Les
Américains du Texas ne veulent qu'une
chose, la sécurité dans un pays uni,
fédéral, accepté, comme les États-Unis.
Des voix: Bravo!
M. Paré: M. le Président...
Le Président: M. le député de Shefford, une
question en vertu des dispositions de l'article 100 peut être
acceptée, à la rigueur, mais deux, cela devient un débat,
ce qui est interdit par le règlement.
M. le leader parlementaire adjoint du gouvernement.
M. Boucher: M. le Président, compte tenu de l'heure, je
demanderais l'ajournement du débat au nom du ministre des Affaires
sociales et député de Johnson.
Une voix: Le député d'Anjou.
M. Boucher: Le député d'Anjou, M. Johnson.
Le Président: Le député d'Anjou. Cette
motion est-elle adoptée?
M. Pagé: Adopté. Le Président:
Adopté.
Mini-débat
Ponction sur les surplus des commissions
scolaires
Nous passons donc, en vertu de notre règlement et en vertu de
l'avis qui a été donné cet après-midi, à un
débat restreint de dix minutes demandé par Mme la
députée de Jacques-Cartier, qui a droit à cinq minutes.
Ensuite, le ministre de l'Éducation aura droit, lui aussi, à cinq
minutes.
Mme la députée de Jacques-Cartier.
Mme Joan Dougherty
Mme Dougherty: Merci, M. le Président. La question que
nous avons posée cet après-midi traite de l'intention du ministre
de l'Éducation de récupérer 40 000 000 $ des surplus
accumulés par les commissions scolaires afin de payer pour les
engagements pris par le gouvernement comme résultat de la
médiation du conflit avec les enseignants. En effet, le ministre gruge
dans les surplus afin de respecter des engagements auprès des
enseignants qu'il se trouve dans l'impossibilité d'honorer. L'action du
gouvernement entraînera pour certaines commissions scolaires une perte de
50 $ par élève.
M. le Président, je déplore cette décision. Je la
trouve tout à fait inacceptable, arbitraire et illégale. Elle ne
respecte pas les règles du jeu définies par le ministère
de l'Éducation, soumises à la consultation et, finalement,
arrêtées par le gouvernement du Québec. Ces règles
du jeu ont établi un système de budget fermé et
transférable.
La gestion des budgets est soumise à une réglementation
détaillée laissant peu de place à l'initiative et
l'innovation. La seule source de revenus discrétionnaire vient de la
taxe locale maintenant plafonnée à 6% des coûts de
fonctionnement par la loi no 57. Ces fonds permettent une planification saine
à long terme et la réalisation des projets importants
décidés localement ou permettent de faire face à des
imprévus. L'effet de l'action du gouvernement est de réduire
cette marge de manoeuvre dans une proportion de 25%.
À l'étude des crédits, le ministre a
expliqué que les surplus résultent de la largesse du
gouvernement; donc un ajustement est justifié. Je ne suis pas d'accord.
Les surplus résultent plutôt de la bonne gestion. Ils proviennent,
en grande partie, de la taxe locale prélevée chez les
contribuables pour des besoins locaux. Ces fonds permettent aux commissions
scolaires d'agir comme de vrais gouvernements locaux responsables de la
qualité des services aux élèves. C'est un véritable
hold-up, M. le Président, et ce qui est pire, c'est que l'ajustement du
ministre est effectivement rétroactif dans le contexte d'un budget
fermé. Le plus aberrant, c'est que le contribuable paiera en double. Une
partie du surplus incluant déjà une première taxation,
cette dernière compression entraîne inévitablement une
deuxième taxation. En même temps, les contribuables des
commissions scolaires en déficit seront exemptés. Une telle
pratique du gouvernement aura des répercussions négatives sur la
gestion des commissions scolaires puisqu'elles seront incitées à
fonctionner avec des déficits.
Quand le ministre s'autorise à piller les fonds de roulement des
commissions scolaires en décrétant que les règles
anciennes et les pratiques consacrées n'ont plus de
réalité parce qu'il en a décidé ainsi, il gouverne
par l'arbitraire. Il mène la guerre contre les gouvernements locaux. Je
demande que le ministre reconsidère son action. Merci, M. le
Président.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation. (22
heures)
M. Camille Laurin
M. Laurin: M. le Président, j'ai déjà
entendu ce discours à la commission parlementaire de l'éducation.
Je croyais entendre quelque chose de nouveau, mais,
malheureusement la députée de Jacques-Cartier n'apporte
aucun élément neuf au débat. Nous avons dit, à
l'époque de la commission parlementaire, en juin 1982, que les
commissions scolaires se trouvent à avoir accumulé un surplus de
120 000 000 $ et, seulement pour l'exercice 1981-1982, un surplus de 64 000 000
$, ce qui prouve, encore une fois, que les allocations versées aux
commissions scolaires en vertu de nos règles budgétaires sont
généreuses puisqu'elles engendrent un excédent des revenus
sur les dépenses. Incidemment, j'aimerais rappeler qu'avant que nous
instaurions ce système de l'enveloppe fermée, il arrivait souvent
que les commissions scolaires dépensaient beaucoup plus que ce qui leur
était alloué au titre des allocations du gouvernement et,
à ce moment-là, pourtant, le gouvernement est obligé de
payer, comme chacun se le rappelle. Maintenant que les commissions scolaires,
grâce au nouveau système de l'enveloppe fermée, voient leur
situation améliorée, je ne vois pas pourquoi on s'opposerait
tellement à ce qu'on rende plus adéquate la formule de
l'enveloppe fermée pour qu'elle atteigne l'objectif qui a toujours
été celui que nous avons préconisé,
c'est-à-dire l'octroi d'une enveloppe budgétaire qui correspond
le plus exactement possible aux besoins de la clientèle. Cela peut
prendre deux ou trois ans avant que nous atteignions cet objectif, mais nous
sommes en bonne voie de l'atteindre.
Pour le moment, on peut se demander à quoi est dû ce
surplus. Il peut être dû à certaines causes, dont celles
qu'a mentionnées la députée de Jacques-Cartier.
Peut-être y a-t-il là un surplus de taxation locale.
Peut-être y a-t-il là le résultat d'une gestion
serrée, mais, de toute façon, il y a sûrement là le
résultat d'un surfinancement, d'une allocation à ce point
généreuse qu'elle dépasse les besoins. Donc, il est
parfaitement justifié d'aller ajuster davantage, par un ajustement
négatif, non récurrent, par une ponction, les allocations
versées aux commissions scolaires de façon que nous atteignions
notre objectif. On aurait pu procéder autrement. On aurait pu simplement
dire: Nous allons diminuer de 40 000 000 $ les allocations de base, mais,
à ce moment-là, je pense que cela aurait pu amener certaines
injustices, certains écarts et certaines compressions sauvages du genre
de celles qu'on a vues dans certaines commissions scolaires. Nous avons
préféré plutôt cette méthode beaucoup plus
souple d'un ajustement négatif non récurrent, une ponction qui ne
se produira qu'une fois. Ce montant de 40 000 000 $ n'est même pas
équivalent aux 64,8% de surplus de l'exercice 1981-1982. Le but de cet
ajustement négatif est non seulement, encore une fois, de rendre plus
adéquate la contribution du gouvernement par rapport aux dépenses
réelles des commissions scolaires, mais également d'inciter ou
d'amener les commissions scolaires à contribuer, comme le gouvernement
l'a fait, comme les enseignants l'ont fait, lors de la discussion de
l'hypothèse Désilets, à améliorer le cadre
financier qui est le nôtre pour le règlement d'une convention
collective que chacun voulait améliorer et, en particulier, le
président de la Fédération des commissions scolaires. Tous
ces 40 000 000 $ resteront dans le secteur primaire-secondaire. Ils n'iront pas
dans d'autres ministères. Ils serviront, d'une part, au paiement de
l'amélioration apportée par l'hypothèse Désilets et
il servira également aux mesures de relocalisation et de
résorption qui font partie aussi de l'hypothèse Désilets.
Je pense donc que l'attitude du gouvernement est tout à fait
justifiée, tout à fait juste. Les commissions scolaires, ainsi
que leurs états financiers le montrent, se trouvent quand même
dans une situation très favorable puisque même avec cette ponction
non récurrente de 40 000 000 $, elles sont encore en situation de
surplus où les revenus dépassent les dépenses. Il me
semble donc qu'il n'y aura pas là de quoi s'y opposer et que la formule
qui a été choisie par le gouvernement est tout à fait
conforme à l'objectif que nous nous sommes fixé de procurer aux
commissions scolaires toutes les ressources dont elles ont besoin pour assurer
la meilleure gestion possible des services éducatifs pour les enfants du
Québec, les élèves du Québec.
Le Président: Ce qui met fin au débat restreint
demandé par Mme la députée de Jacques-Cartier. M. le
leader palementaire adjoint du gouvernement.
M. Boucher: M. le Président, je ferais motion pour que
nous ajournions nos travaux à mardi, le 24 mai prochain, à 14
heures.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: L'Assemblée nationale ajourne donc
ses travaux à mardi prochain, 14 heures.
(Fin de la séance à 22 h 05)