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(Quatorze heures sept minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons nous recueillir quelques instants. Veuillez prendre vos places.
Présentation officielle de M. Gaétan
Boucher
J'ai le grand plaisir de présenter à cette
Assemblée un jeune Québécois qui, par lui-même, avec
la force de la volonté et de la ténacité, s'est acquis une
réputation internationale. Il s'agit de M. Gaétan Boucher.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. Boucher est accompagné de ses
parents, M. et Mme Cyranus Boucher, et de son amie, Mme Karin Fliege. Il est
aussi accompagné de membres de la délégation canadienne
aux Jeux olympiques de Sarajevo: Mlle Sylvie Daigle, M. Mario Gosselin, Mlle
Nathalie Grenier, MM. Benoît Lamarche, Jean Pichette, Jacques Thibault et
Daniel Turcotte.
En quelques semaines, grâce à ses succès aux Jeux
olympiques de Sarajevo, où il a gagné deux médailles d'or
et une d'argent, puis en Norvège, où il a gagné le
championnat du monde de patinage de vitesse sprint, M. Boucher s'est rapidement
illustré dans un monde qui était peu connu de la population
québécoise.
Gaétan Boucher est devenu un nom prononcé avec
fierté et admiration par ses compatriotes. Pourtant, il y a à
peine quelques semaines, peu d'entre nous en cette Assemblée comme dans
tout le Québec le connaissaient. Ainsi passe la gloire du monde.
Mais avant que nous le connaissions tous, Gaétan Boucher a
dû se fixer un défi dont la seule taille aurait fait frémir
de moins hardis que lui. Il a dû, pour l'atteindre, s'astreindre à
une discipline implacable et même s'imposer l'exil, tant il ne trouvait
pas ici les installations nécessaires pour développer ce talent
exceptionnel qu'il a en patinage de vitesse. En ce sens, il se situe dans la
lignée de toutes celles et de tous ceux qui, depuis 450 ans, ont permis
à notre peuple de naître, d'exister et de savoir regarder sans
complexe au-delà de nos frontières.
Tant qu'il y aura des Gaétan Boucher chez nous, il se trouvera
des gens pour nous rappeler que le succès ne vient qu'avec l'excellence,
la gloire avec l'effort et que l'avenir est fait de persévérance.
Puissions- nous tous tirer des leçons de son exemple, puisse-t-il
continuer à nous inspirer ainsi! M. le premier ministre.
Motion de félicitations
M. René Lévesque
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai bien
l'honneur d'enchaîner sur vos propos pour solliciter l'appui de nos
collègues - pour une fois, j'en suis sûr, un appui unanime -afin
que cette Assemblée adresse ses félicitations les plus
sincères, les plus chaleureuses, après tant d'autres qu'il a
reçues, à M. Gaétan Boucher à la suite de ce
championnat mondial de Trondheim qu'il a ajouté à son inoubliable
performance olympique.
Il est ainsi devenu, lui qui n'avait pas cessé de
s'entraîner et de se perfectionner depuis la médaille d'argent de
Lake Placid -deuxième, ce n'était pas assez - et pour longtemps,
je pense, un modèle hors pair de cette ténacité qui,
lorsqu'elle rencontre des dons exceptionnels, peut conduire jusqu'à
l'excellence et même jusqu'au pinacle dans n'importe quel domaine
d'activités.
Je suis sûr que c'est un exemple - on me le disait tout à
l'heure à une réception que vous offriez, M. le Président
- qui a sûrement contribué à inspirer les autres membres de
l'équipe de patinage de vitesse qui, ensemble, nous ont si brillamment
représentés, tous et toutes, à Sarajevo et dans les autres
compétitions internationales -je répète un peu vos propos,
mais je pense qu'ils valent la peine d'être répétés:
les Thibault, les Daigle, les Grenier, les Lamarche, les Turcotte, les
Gosselin, pour ne nommer que ceux-là. J'ai aussi rencontré tout
à l'heure une toute jeune championne de 12 ans qui est de Sherbrooke et
qui est déjà championne dans sa catégorie, ce qui donne
l'impression que la relève, ce n'est pas cela qui manque.
À tous ceux-là et à toutes celles-là, sans
compter d'inombrables jeunes qui sont moins connus mais qui le deviendront
à leur tour, parce qu'il faut toujours que s'alimente ce genre
d'excellence, l'exemple de Gaétan Boucher va les stimuler comme jamais.
Je pense qu'il était indiqué que l'Assemblée nationale ait
l'occasion de dire à M. Boucher, au nom de tous les concitoyens
québécois que nous représentons, à quel point tout
le monde a partagé de loin ses victoires et à quel point nous en
avons été fiers, au point même de vivre ici en ce moment un
de ces moments de parfaite unanimité qui
sont aussi rares, chacun le sait, que la pluie dans le
désert.
Inutile d'ajouter que nous associons d'emblée à ces
félicitations ses parents parce que nous savons qu'ils en
méritent une large part, et nous saluons chaleureusement la future Mme
Gaétan Boucher qui, on l'espère, contribuera avant longtemps
à l'excellence renouvelée de notre équipe
québécoise de patinage de vitesse.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, c'est avec
plaisir et avec fierté que nous allons nous associer à la motion
que vient de présenter le premier ministre. Ce dernier n'a pas eu tort
de prévoir l'unanimité la plus entière dans un
événement comme celui que nous soulignons ensemble
aujourd'hui.
Nous nous rappellerons avec plaisir, M. le Président, que
Gaétan Boucher a commencé tout près d'ici, à
l'ombre du parlement. Né à Charlesbourg, ses premières
armes à Sainte-Foy et maintenant à Saint-Hubert, tout le monde
voudrait dire qu'il est né dans son patelin mais je suis convaincu que
tout le monde a adopté Gaétan Boucher aujourd'hui, tellement
cette gloire bien méritée rejaillit sur l'ensemble du
Québec et l'ensemble du Canada.
On ne peut trouver tous les mots non seulement parce que tout a
été dit mais parce que le vocabulaire semble insuffisant pour
exprimer notre fierté et notre joie. C'est Gaétan Boucher qui a,
en quelque sorte, relevé le défi de l'excellence. On parle
d'excellence, je pense que nous sommes d'accord pour que ce terme incarne
véritablement tous les Québécois, l'avenir de nos jeunes.
C'est l'excellence qui revient toujours à la surface. Voici un exemple
de quelqu'un qui a relevé ce défi de l'excellence. Il avait
beaucoup de talent, j'en suis convaincu, mais, à ce talent, il a
ajouté le travail, la discipline, la détermination et la
persévérance. C'est un exemple pour nos jeunes et non seulement
dans la discipline où il excelle, mais dans toutes les disciplines et
dans tous les domaines, que ce soit dans le domaine culturel, dans le domaine
sportif, oui, mais également dans le domaine économique et
même dans le domaine politique, M. le Président. Ce n'est pas
parce que nous voulons nous attribuer, comme hommes politiques, le moindre des
succès remportés par Gaétan Boucher. On sait plutôt
les difficultés qu'il a dû affronter, souvent dans la solitude,
avec ces quelques-uns qui croient au sport amateur. Depuis 1975 jusqu'à
aujourd'hui en particulier, il a eu beaucoup de mérite, mérite
personnel, et il mérite de beaucoup de ceux qui l'ont appuyé.
Je voudrais associer ses parents, comme l'a fait le premier ministre, sa
famille, sa fiancée et également tous ceux qui sont ici, de
l'équipe, et tous ceux qui ont participé, au cours de la
préparation de cette carrière, à aider Gaétan
Boucher.
M. le Président, je suis convaincu que M. Gaétan Boucher
acceptera nos plus sincères félicitations au nom de toute
l'équipe du Parti libéral, notre formation politique, de
l'ensemble d'ailleurs des députés, et qu'il continuera
d'être un ambassadeur, un ambassadeur du Québec, un ambassadeur du
Canada, et quelqu'un dont nous sommes fiers, qui va réellement continuer
d'incarner les valeurs qu'il a défendues, les valeurs mêmes
d'ordre familial. Je tiens, encore une fois, à le féliciter et
à lui dire: Bravo et bon succès!
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je suis très heureux
moi aussi et très fier de m'associer à cette motion pour
souligner l'exploit unique de Gaétan Boucher dans les annales du sport
olympique au Québec. Depuis le triomphe de Gaétan Boucher
à Sarajevo, nul sportif amateur n'a été autant
célébré chez nous. Les différents
témoignages dont il a été l'objet depuis le 10
février nous prouvent que les Québécois savent
reconnaître l'importance de l'excellence sportive même s'il est
vrai que ce grand athlète a souvent été seul et que ses
exploits ont passé longtemps inaperçus.
Aujourd'hui, il faut rendre hommage à un Québécois
qui ne doit rien à personne et qui, pourtant, dans tous ses propos
jusqu'à maintenant, a rendu un hommage vibrant à ces
bénévoles du patinage de vitesse qui, acharnés comme lui,
ont travaillé dans l'ombre et ont permis, dans la modeste mesure de
chacun, que ses exploits deviennent possibles. Eux aussi méritent une
part de ce triomphe et nous les saluons bien haut.
À cause des victoires olympiques de Gaétan Boucher, les
choses ne seront plus jamais les mêmes dans le sport amateur chez nous.
Les Québécois l'auront compris, sinon ils le comprendront
bientôt. L'excellence sportive n'est plus une cause à plaider,
mais un droit que nous reconnaissons et affirmons énergiquement. (14 h
20)
La politique québécoise pour le développement de
l'excellence sportive, rendue publique il y a quelques semaines, vise justement
à former d'autres Gaétan Boucher, à donner à nos
jeunes Québécois et
Québécoises, qui aspirent eux aussi à la plus haute
marche du podium, l'encadrement supplémentaire nécessaire afin
d'y parvenir.
Je reconnais que nos projets sont ambitieux, mais je demeure convaincu,
M. le Président, que nous avons au Québec tout le potentiel
athlétique nécessaire pour les réaliser. La
détermination est sûrement l'une des grandes qualités du
peuple québécois. L'excellence sportive a son prix, et
Gaétan Boucher nous a prouvé qu'il vaut la peine de le payer.
M. le Président, la politique de l'élite sportive
prévoit que nous pourrons honorer un athlète d'un prix annuel de
l'excellence sportive. Je vous dis que le premier récipiendaire sera
Gaétan Boucher. Merci.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, rendre un hommage
particulier à Gaétan Boucher, c'est devenu quelque chose
d'extrêment difficile depuis les Jeux de Sarajevo tellement tous les
qualificatifs ont été employés. C'est d'abord, comme le
dit le chef du Parti libéral, à Charlesbourg - il n'y a pas de
doute là-dessus, M. le Président - son lieu de naissance, que
Gaétan remporta pour la première fois des médailles d'or.
Sur le plan international, qu'il suffise de mentionner Innsbruck, en 1976, Lake
Placid, en 1980, de même que les nombreuses compétitions
internationales où Gaétan fit rayonner le nom du Canada.
Sarajevo a permis à Gaétan d'inscrire plusieurs
premières canadiennes: une première médaille d'or en
patinage de vitesse, une première médaille d'or olympique depuis
1976, où Kathy Kreiner avait remporté le slalom à
Innsbruck, une triple médaille olympique aux mêmes jeux,
éclipsant ainsi le record de Nancy Green aux jeux de Grenoble en
1978.
Mais que de sacrifices, que d'abnégation cette réussite a
exigés tant au niveau de sa vie d'adolescent qu'au niveau de sa vie de
jeune adulte.
Aujourd'hui, tous les Québécois, tous les Canadiens
ressentent une immense fierté à la suite de vos exploits, mais
ces succès n'appartiennent qu'à l'athlète ainsi qu'au
groupuscule d'appuis obtenus au cours des années, et surtout à
ses parents. Vous êtes non seulement un exemple de courage, de
détermination et d'excellence pour tous les jeunes, mais aussi un
exemple pour toute la collectivité canadienne et mondiale, qui tire
comme leçon de votre expérience qu'avec du caractère, du
travail, de la ténacité, les plus hauts sommets peuvent
être atteints.
À monsieur et à madame Boucher, je dis que les parents du
Canada entier aimeraient aujourd'hui avoir un fils comme Gaétan. Mais
j'imagine aussi que tous les Gaétan en herbe auront besoin du support
constant de parents tels que vous. À Gaétan, aux parents et aux
supporteurs, félicitations.
Le Président: M. le député de Vachon. M.
David Payne
M. Payne: M. le Président, il serait surprenant si le
député de Gaétan Boucher ne tenait pas à accueillir
notre héros national aujourd'hui à l'Assemblée nationale,
exprimer sa fierté, partagée par 6 000 000 de
Québécois et 60 000 gens de Saint-Hubert. Chez nous dans
Saint-Hubert, nous avons été parmi les premiers à
manifester notre confiance, il y a déjà quelques années,
dans le talent exceptionnel de notre cher Gaétan. Bien avant ses
succès à Sarajevo et plus récemment son championnat du
monde du patinage de vitesse, les gens de Vachon connaissaient Gaétan et
ses capacités. Nous avons exprimé notre confiance et notre
fierté vis-à-vis de l'un des nôtres en donnant même
son nom au complexe sportif qui s'appelle maintenant le complexe sportif
Gaétan Boucher, il y a de cela déjà 18 mois.
D'ailleurs, j'ai eu le plaisir d'inviter Gaétan à
s'associer avec les gens de Saint-Hubert lors de la réalisation de ce
projet impressionnant de 4 000 000 $, alors que nous participions ensemble
à un "patinthon" dans le cadre de la campagne de financement populaire:
quelque chose construit par les gens de Saint-Hubert avec une grande
collaboration et une participation financière de la part du gouvernement
du Québec. C'est peut-être le plus grand mérite de
Gaétan d'apporter à nos jeunes un message de confiance. Par son
exemple de ténacité et de courage, Gaétan dit à
tous les jeunes du Québec: "Lâchez pas".
I would also like to say very briefly to Gaétan and to all his
friends in the English community here and abroad, in other countries, how proud
we are today to speak in your name and to celebrate the fame that you brought
to Québec.
(S'exprime en allemand).
J'aimerais leur souhaiter tout ce qu'il y a de mieux pour l'avenir avec
Gaétan, le grand Québécois, notre héros national
et, comme député, je vous salue, M. le Président, pour que
la prochaine médaille vienne aussi au Québec, apportée par
Gaétan et ses collègues québécois.
Le Président: M. le député de
Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Il est curieux de voir
les députés de
l'Assemblée nationale se disputer l'honneur d'être le plus
près ou d'avoir le plus d'association possible avec M. Gaétan
Boucher. Je dirai qu'aujourd'hui, Gaétan Boucher appartient à
tout le monde. En tant que représentant de la circonscription de
Louis-Hébert, je suis prêt - et je suis sûr que la
population de Sainte-Foy l'est aussi -à le partager avec tout le monde,
parce que c'est à Sainte-Foy que M. Gaétan Boucher a
commencé à patiner et il l'a fait pour la plus grande gloire du
Québec et du Canada.
Sait-on jusqu'à quel point, pour obtenir une médaille
d'or, on a besoin de nerfs d'acier, de volonté de fer? L'or ne vient
qu'après. Cet or que tout le monde désire, pour lequel tout
le monde se bat, est extrêmement difficile à obtenir et il faut la
ténacité, la persévérance, l'humilité et la
volonté d'un Gaétan Boucher pour réussir. Il a
été entouré de personnes extrêmement capables qui
l'ont aidé, qui l'ont soutenu et qui vont continuer de lui accorder leur
appui. Cette fierté que nous retrouvons, que nous avons tous aujourd'hui
à partager avec M. Gaétan Boucher durant ces quelques minutes
nous vient des efforts innombrables qu'il a faits pendant nombre
d'années en solitaire, un peu partout sur les anneaux de glace.
J'espère que les engagements qui ont été pris en
d'autres moments, à savoir qu'il y aurait construction d'anneaux de
glace artificiels, entre autres dans le comté de Louis-Hébert
où une subvention de 1 125 000 $ a été promise, ne
resteront pas lettre morte et que nous pourrons ainsi contribuer à la
formation d'autres Gaétan Boucher, parce que c'est nécessaire de
fournir aux athlètes des équipements essentiels pour qu'ils
puissent atteindre le maximum de leurs capacités.
Pour comprendre jusqu'à quel point M. Gaétan Boucher est
devenu populaire, samedi soir dernier, dans une soirée dans mon
comté, l'orchestre, M. le Président, jouait la Valse des
patineurs. Mon voisin me disait: C'est la valse Gaétan Boucher.
Le Président: La motion de M. le premier ministre est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Vous voyez la chaleur de notre accueil,
à laquelle nous avons ajouté la chaleur d'un air climatisé
défaillant.
Cela étant, nous passons aux affaires courantes.
Avant de commencer celles-ci, pour éviter tout "quiproquo" nous
allons avoir, au cours de la période des affaires courantes, un vote
reporté par appel nominal en vertu des nouvelles dispositions de notre
règlement. Je voulais simplement faire part à la Chambre de
l'article 83, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté. "Tout vote
reporté à une séance subséquente - ce qui est le
cas - a lieu à la période des affaires courantes. Cinq minutes
avant la fin de la période des questions, l'annonce de l'appel nominal
est fait dans tous les locaux de l'Assemblée."
En d'autres mots, cinq minutes avant la période prévue
pour la fin de la période des questions, compte tenu du moment où
elle débutera, le sergent d'armes sonnera les cloches. Je lui ai
demandé de les sonner de nouveau une minute avant, de sorte que nous ne
soyons pas enlisés, comme c'était le cas auparavant. C'est le
sens de la nouvelle disposition, dans l'appel des députés, qui,
comme, vous le savez, retarde indûment les travaux de l'Assemblée
nationale. (14 h 30)
La lettre de démission du député
de Sauvé
Avant d'arriver aux affaires courantes, j'aimerais aussi répondre
à un rappel au règlement qui a été fait par le
leader de l'Opposition, la semaine dernière, concernant la
possibilité d'une irrégularité entachant la
démission du député de Sauvé, M. Jacques-Yvan
Morin. J'aimerais simplement mentionner, sans m'engager sur le fond, que les
avis que j'ai reçus ne sont pas catégoriques quant à
l'interprétation du deuxième aliéna de l'article 16 de la
Loi sur l'Assemblée nationale, c'est-à-dire cet aliéna qui
prévoit qu'une démission par écrit doit être
contresignée par deux autres députés et adressée au
président ou au secrétaire général de
l'Assemblée nationale. Puisqu'il y a vice de forme, j'ai reçu de
M. Jacques-Yvan Morin, la lettre suivante, datée du 15 mars. "M. le
Président, en conformité de la Loi sur l'Assemblée
nationale, permettez-moi de vous communiquer les signatures des deux
collègues députés destinées à
compléter la lettre de démission que je vous ai fait parvenir le
5 mars, laquelle prenait effet le jour même. "Je vous prie
d'agréer, M. le Président, l'expression de mes sentiments les
plus distingués." C'est signé de Jacques-Yvan Morin et
contresigné par le député de Verchères, M.
Jean-Pierre Charbonneau, et le député de Deux-Montagnes, M.
Pierre de Bellefeuille.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, je vous remercie de nous
avoir communiqué cette nouvelle. Semble-t-il donc que les exigences de
la loi ont été comblées sinon rétroactivement tout
au moins à compter de
la date du 15 mars. Mais on sait que le député de
Sauvé avait démissionné ou avait semblé vouloir
démissionner le 5 mars, soit dix jours plus tôt. Peut-être,
à un moment ultérieur, pourriez-vous nous dire si le
député de Sauvé est demeuré député de
Sauvé entre le 5 et le 10 mars, s'il a eu droit ou s'il aura droit
à la rémunération de député et de membre du
Conseil des ministres, laquelle, on le sait, est de 110% plus
élevée que celle d'un simple député? Enfin,
pourriez-vous nous dire si c'est dans la pratique courante des choses - je ne
suis pas avocat, je n'en sais rien - de faire signer des documents juridiques
dix jours après qu'ils auraient dû l'être?
Le Président: Je me permets de vous rappeler que c'est
.90% et non pas 110% la rémunération dont vous parlez. De toute
façon, le député de Sauvé a
démissionné comme membre du Conseil des ministres à un
moment que j'ignore, comme président de l'Assemblée, puisque je
n'ai pas à me soucier de cette partie de son départ. Il m'a fait
parvenir une lettre en date du 5, qu'il complète aujourd'hui pour la
rendre conforme à la loi. Je vois mal que l'Assemblée
continuerait à rémunérer le député de
Sauvé alors que dans son esprit il a démissionné le 5 mars
et qu'il a effectivement omis une formalité. Sans porter de jugement sur
l'importance de ladite formalité, cela me paraît évident
qu'on doit considérer que le député de Sauvé a bel
et bien démissionné le 5 mars.
Une voix: Merci beaucoup.
Le Président: Cela étant, à la
présentation des projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler les articles d) et f) du feuilleton.
Projet de loi 63
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme présente la Loi sur la Société de
développement des coopératives. M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, ce projet de loi pourvoit
à la constitution et à l'organisation de la Société
de développement des coopératives, destinée à
remplacer l'actuelle Société de développement
coopératif. Cette société aura pour objet de favoriser la
création et le développement d'entreprises coopératives.
À cette fin, la société pourra administrer les programmes
d'aide financière et tout autre programme d'aide établis par le
gouvernement. Le projet de loi prévoit les diverses formes d'aide
financière que la société pourra accorder. Il
précise que la société devra, dans l'octroi d'une aide
financière, viser à assurer aux entreprises coopératives
une saine capitalisation.
Ce projet de loi précise les rapports entre la
société et le gouvernement en prévoyant notamment la
nomination par le gouvernement des membres du conseil d'administration et
l'approbation par le gouvernement des effectifs et de la
rémunération du personnel de la société. Le projet
de loi accorde au ministre responsable de l'application de la loi le pouvoir de
donner à la société les directives portant sur ses
objectifs et son orientation. Ces directives devront être soumises au
gouvernement pour approbation et, si elles sont ainsi approuvées, elles
lieront la société. Ce projet de loi prévoit enfin que le
ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme est responsable de
l'application de cette loi.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi présenté par M. le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme?
Des voix: Adopté. Le Président: Adopté.
Projet de loi 66
M. le ministre de l'Énergie et des Ressources présente
à l'Assemblée le projet de loi 66, Loi modifiant la Loi sur la
Société de récupération, d'exploitation et de
développement forestiers du Québec. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
d'augmenter de 66 250 000 $ le fonds social autorisé de REXFOR.
L'augmentation du fonds social vise à accorder à REXFOR les
ressources financières requises pour la réalisation de ses
projets de développement de l'industrie forestière.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je ne connais pas exactement
le numéro de l'article du règlement, mais je l'ai lu hier, pour
pouvoir demander au leader si, compte tenu de l'importance de cette
augmentation du capital de REXFOR, nous aurons
l'occasion d'entendre les personnes concernées en commission
parlementaire avant la discussion de principe à l'Assemblée
nationale.
Le Président: Avant de permettre au leader de
répondre, puis-je obtenir de l'Assemblée son accord quant
à la présentation du projet de loi? L'Assemblée
accepte-t-elle de se saisir du projet de loi 66? Adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Bédard: Pour ce qui est de la question du
député, j'en discuterai avec le ministre de l'Énergie et
des Ressources et j'essaierai de lui apporter une réponse le plus
rapidement possible.
Le Président: Au dépôt de documents, M. le
leader du gouvernement.
Rapport concernant le Tribunal de
l'expropriation
M. Bédard: Au nom du ministre de la Justice, je voudrais
déposer le rapport annuel 1982-1983 concernant le tribunal de
l'expropriation.
Le Président: Document déposé. M. le
ministre des Communautés culturelles et de l'Immigration.
Rapport annuel de l'OLF
M. Godin: M. le Président, qu'il me soit permis de vous
soumettre le rapport annuel de l'Office de la langue française pour
l'année 1982-1983.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Rapport annuel du MLCP
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais déposer
le rapport annuel 1982-1983 du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
du Travail.
Rapport de l'OCQ
M. Fréchette: M. le Président, je dépose le
rapport d'activités 1981 de l'Office de la construction de
Québec.
Le Président: Rapport déposé. Au
dépôt de rapports des commissions, M. le vice-président de
la commission des...
Une voix: M. le Président. Le Président:
Oui.
M. Bourbeau: Un appel au règlement, M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Au dépôt de documents. En vertu de
l'article 34, les députés peuvent poser des questions au
président sur une question de procédure.
Le Président: Oui.
M. Bourbeau: M. le Président, je voudrais également
attirer votre attention sur l'article 171, qui dit que la procédure de
l'Assemblée nationale est régie par la loi et sur l'article 58
qui dit qu'au début d'une session le président dépose la
liste des documents dont la loi prescrit le dépôt à
l'Assemblée.
M. le Président, j'ai ici devant moi le procès-verbal de
la première séance de la présente session où il est
dit, à la page 56, que le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme doit déposer à chaque session le rapport annuel des
activités de la compagnie SIDBEC. J'ai ici, M. le Président - je
vais vous faire grâce de la lecture - la loi sur SIDBEC qui dit que la
société doit déposer son rapport annuel chaque
année et que le ministre doit le déposer à
l'Assemblée nationale.
Je voudrais vous faire part qu'à trois reprises au cours des
derniers mois, soit le 16 novembre 1983 et les 19 et 21 décembre 1983,
je me suis levé en cette Chambre pour demander deux fois au leader du
gouvernement et une fois au ministre pourquoi le rapport annuel de la
Société SIDBEC n'avait pas été déposé
pour l'année 1982. Vous comprendrez que l'année 1982 est
déjà assez éloignée.
Nous avons vérifié avec le Secrétariat
général des commissions et, à notre stupéfaction,
non seulement le rapport annuel de SIDBEC pour l'année 1982 n'a-t-il pas
été déposé mais il n'y a pas eu non plus
dépôt du rapport annuel de l'année 1981 ni de celui de
1980, de sorte qu'il n'y a aucun rapport annuel de SIDBEC qui a
été déposé depuis l'année 1979, le dernier
rapport ayant été déposé le 3 juin 1980.
La question que je voudrais vous poser est la suivante: Étant
donné mes affectations de critique de l'Opposition en matière
d'industrie et commerce, j'ai mission d'étudier ce dossier. Je voudrais
savoir quels sont les recours qu'a un député pour obliger
le gouvernement à déposer, selon la loi, le rapport annuel
d'une société comme SIDBÈC? Deuxièmement, qu'est-ce
que le ministre attend et qu'est-ce qu'il a à cacher pour ne pas
déposer le rapport de SIDBEC?
Le Président: Vous conviendrez avec moi que la
deuxième partie de votre question ne relève pas de ma
compétence. Quant à la première partie, je prends en
délibéré la question que vous me posez quant à
savoir quels sont les moyens qui sont à votre disposition pour obliger
une telle disposition à s'appliquer. (14 h 40)
Ce qui nous mène donc au dépôt de rapports de
commission. M. le vice-président de la commission des institutions.
Élection du président et du
vice-président de la commission
des institutions
M. Rivest: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des institutions qui a
siégé le jeudi 15 mars 1984, aux fins d'élire son
président et son vice-président - tous deux excellents - en
exécution de l'article 131 de nos règles de procédure.
Le Président: Rapport déposé. M. le
président de la commission du budget et de l'administration.
Élection du président et du
vice-président de la commission du budget et de l'administration
M. Lachance: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a également siégé le 15 mars 1984, aux fins d'élire
son président et son vice-président, en exécution de
l'article 131 de nos règles de procédure.
Le Président: Rapport déposé. Mme la
présidente de la commission des affaires sociales.
Élection de la présidente et du
vice-président de la commission
des affaires sociales
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé le jeudi 15 mars 1984, aux fins d'élire sa
présidente et son vice-président, en exécution de
l'article 131 de nos règles de procédure.
Le Président: Rapport déposé. Mme la
présidente de la commission de l'économie et du travail.
Élection de la présidente et du
vice-président de la commission
de l'économie et du travail
Mme Harel: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'économie et du travail qui a siégé le
jeudi 15 mars 1984, aux fins d'élire sa présidente et son
vice-président, en exécution de l'article 131 de nos
règles de procédure.
Le Président: Rapport déposé.
M. le président de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation.
Élection du président et du
vice-président de la commission
de l'agriculture, des pêcheries
et de l'alimentation
M. Mathieu: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer le rapport de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation qui a siégé le jeudi 15 mars
1984, aux fins d'élire son président et son
vice-président, en exécution de l'article 131 de nos
règles de procédure.
Le Président: Rapport déposé. M. le
président de la commission de l'aménagement et des
équipements.
Élection du président et de la
vice-présidente de la commission
de l'aménagement et des
équipements
M. Fallu: M. le Président, permettez-moi de déposer
le rapport de la commission de l'aménagement et des équipements
qui a siégé le jeudi 15 mars 1984, aux fins d'élire son
président et sa vice-présidente, en exécution de l'article
131 de nos règles de procédure.
Le Président: Rapport déposé. M. le
président de la commission de l'éducation.
Élection du président et du
vice-président de la commission
de l'éducation
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation, qui
d'ailleurs devrait s'appeler la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre, qui a siégé le jeudi 15 mars 1984 aux fins
d'élire son président et son vice-président, le
député d'Argenteuil, en exécution de l'article 131 de nos
règles de procédure.
Le Président: Rapport déposé. M. le
président de la commission de la culture.
Élection du président et du
vice-président de la commission
de la culture
M. French: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de la culture qui a
siégé le jeudi 15 mars 1984, aux fins d'élire son
président et son vice-président en exécution de l'article
131 de nos règles de procédure.
Questions et réponses orales
Le Président: Rapport déposé. Au
dépôt de pétitions, il n'y en a pas. Ce qui nous
amène à la période des questions des
députés. M. le leader du gouvernement.
M. Gratton: Rappel au règlement, M. le
Président.
Le Président: Rappel au règlement, M. le leader de
l'Opposition.
M. Gratton: En vertu de l'article 80 -on pourrait peut-être
le relire ensemble - "le ministre à qui une question est posée
peut y répondre à l'issue de la période de questions ou au
cours d'une séance subséquente. Si le ministre décide d'y
répondre au cours d'une séance subséquente, il doit en
aviser par écrit le président, au moins une heure avant la
période des affaires courantes de cette séance, etc."
M. le Président, le fait que vous ne m'indiquiez pas dès
le début de la période des questions qu'un ministre vous a
avisé de son intention d'apporter des réponses à des
questions posées la semaine dernière, j'aimerais vous adresser
une demande de directives, M. le Président. Compte tenu du fait que des
collègues ont posé des questions au premier ministre la semaine
dernière sur le dossier de la SHQ et que celui-ci en a pris avis,
c'est-à-dire a décidé de nous fournir les réponses
plus tard, sans devoir poser une question à chaque période de
questions au premier ministre, comment pourrais-je m'assurer qu'on aura les
réponses aux questions dont le premier ministre a pris avis la semaine
dernière?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, j'inviterais tout
simplement le leader de l'Opposition à relire l'article qu'il vient de
mentionner puisqu'il est spécifié très clairement que le
ministre qui veut répondre, y compris le premier ministre, ou qui
s'attend de répondre à une question donne l'avis
nécessaire à la présidence une heure avant. Si vous n'avez
par reçu un tel avis, M. le Président, c'est que le premier
ministre... Non, contrairement à ce que j'entends comme remarques, cela
ne veut pas dire qu'il n'y a pas de réponse mais que le premier ministre
n'entend pas répondre aujourd'hui, à cette période-ci, aux
questions qui ont été posées. La période de
questions, M. le Président, doit continuer comme cela va de soi.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, je n'ai pas d'objection, sauf
que ce que le leader du gouvernement nous invite à faire est de revenir
à chaque période de questions et de poser des questions au
premier ministre.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, avant de
commencer un débat, l'article est très clair, le ministre qui
entend répondre à une période de questions donnée
doit donner un préavis d'une heure. N'en n'ayant pas reçu, je
n'ai pas à porter de jugement là-dessus. Tout ministre qui a pris
une question en délibéré peut y répondre à
une séance ultérieure sans qu'on détermine
nécessairement à quelle séance ultérieure.
Début de la période de questions des
députés. M. le député de Nelligan.
L'orientation des délégations du
Québec à l'extérieur
M. Lincoln: M. le Président, j'aurais une question pour le
ministre des Relations internationales et ministre du Commerce
extérieur. Selon un communiqué de la Presse canadienne, paru dans
le Soleil du 13 mars 1984, soit la semaine dernière, le ministre
québécois des Relations internationales et du Commerce
extérieur estimerait que le Québec n'a plus de raisons
économiques pour rester dans la Confédération canadienne.
Comme le ministre faisait cette déclaration à titre de ministre
des Relations internationales et du Commerce extérieur et non comme
membre du Parti québécois -cela prend encore plus d'importance,
parce que, depuis, le ministre a annoncé officiellement qu'il sera
candidat au trône du chef. Je voudrais lui poser une question à
deux volets. Est-ce que cet énoncé à Alma reflète
vos objectifs comme nouveau ministre des Relations internationales du
Québec? Comptez-vous agir en conséquence dans la direction de
votre ministère? Puisque vous n'avez pas répondu très
clairement à la question l'autre jour, dans l'entrevue récente
avec la Presse canadienne, avez-vous l'intention de réorganiser et
d'orienter le travail et les efforts du côté diplomatique des
délégations extérieures du Québec pour promouvoir
cet objectif?
Le Président: M. le ministre des Relations internationales
et du Commerce extérieur.
M. Landry: Cet objectif, M. le Président, n'est ni un
objectif partisan, ni même un objectif gouvernemental. C'est un objectif
qui s'adresse à l'ensemble de l'économie et surtout aux
entreprises. Le Canada a été fondé sur une théorie
qui était peut-être valable à l'époque, qu'on
appelait la "National Policy", conçue du temps de John A. Macdonald et
qui consistait à élever une muraille de Chine autour du Canada
et, par conséquent, du Québec, avec des tarifs douaniers
extrêmement élevés qui empêchaient le commerce
naturel nord-sud, avec New York et Boston, en particulier.
Cette stratégie était destinée à servir
l'impérialisme britannique et le mot était moins critiquable
à l'époque qu'il ne l'est aujourd'hui. Je ne veux donc pas
ressasser les cendres des morts. Cependant, depuis le Tokyo Round, en
particulier, alors que les droits de douane ont fondu entre le Canada, le
Québec et les États-Unis comme de la neige au soleil, se
retourner vers cette stratégie antique serait suicidaire pour notre
économie. Cette analyse n'est nullement partisane; le gouvernement du
Québec favorise les échanges économiques les plus
naturels: 65% des biens et services que nous vendons à l'étranger
sont vendus aux États-Unis d'Amérique; nous recherchons la
diversification mais nous collons à la réalité des
choses.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, ma question au ministre
était très simple. On ne voulait pas parler de John A. Macdonald;
on parlait d'une déclaration qu'il a faite à Aima, que, pour des
raisons économiques, il n'y a plus de raisons pour que le Québec
soit rattaché à la Confédération canadienne. Je
vous demande si vous allez poursuivre cet objectif de vous détacher de
la Confédération canadienne durant votre stage comme ministre des
Relations internationales. Est-ce que vous allez orienter le travail des
délégations extérieures pour poursuivre cet objectif?
Telle était ma question et non celle à laquelle vous avez
répondu.
Le Président: M. le ministre des Relations
internationales.
M. Landry: Je conçois que les aspects économiques
de la Confédération canadienne soient nuisibles au Québec.
Je le sais; les meilleurs économistes et les analystes, même ceux
de votre côté, commencent à s'en rendre compte. Cependant,
comme nous faisons partie de la Confédération canadienne, que
nous respectons les lois, l'esprit et la lettre de ces lois et que nous
réglons nos différends soit par les tribunaux soit par le vote
populaire, nous allons tenir compte de la loi fondamentale du pays; cependant,
tout ce que cette loi permet pour que l'économie fonctionne
efficacement, c'est-à-dire commerce avec le monde entier, sera
vigoureusement encouragé par le gouvernement du Québec. (14 h
50)
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Nelligan.
Une voix: On n'applaudit que d'un côté.
M. Lincoln: Comme d'habitude, on esquive la question principale.
Ce que je vous demande, M. le ministre, c'est ce que vous proposez pour
l'échéance référendaire qui va s'annoncer sur le
débat souverainiste. Proposez-vous une zone de libre échange?
Proposez-vous une union douanière? Proposez-vous un marché commun
avec le Canada, une union monétaire, une union économique?
Parlez-vous, encore une fois, du dollar canadien ou de la monnaie
québécoise, le fameux écu PQ? Ne pouvez-vous pas nous
répondre spécifiquement, à savoir ce que vous feriez
advenant une élection, ce que vous proposerez aux
Québécois par rapport à l'indépendance?
Le Président: Je vais laisser le ministre répondre
à la question, mais j'attire votre attention sur le fait qu'il ne
m'apparaît pas qu'il s'agisse là d'une question
complémentaire, mais plutôt d'une question principale puisqu'elle
ne se rapportait pas du tout à la question principale. M. le ministre
des Relations internationales.
M. Landry: Effectivement, M. le Président, je vous
remercie. Je doute de la régularité d'une telle question fleuve
avec toutes les hypothèses qu'elle comprend. Pour faire gagner du temps
à la Chambre, je pense que personne de ce côté-ci ne m'en
voudra si, comme membre du Comité des relations internationales du Parti
québécois, j'invite le député à venir
à notre congrès où toutes ces questions seront abondamment
débattues.
Le Président: Question principale, M. le
député de Viau... Peut-on laisser au député de Viau
le soin de poser sa question?
L'écoute électronique
M. Cusano: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Charlevoix...
M. Cusano: ...le 20 février 1984, à l'occasion du
témoignage du président du Syndicat des fonctionnaires du
Québec, M. Harguindeguy, devant la commission
parlementaire du travail, nous avons appris qu'il existe à la
Commission de la santé et de la sécurité du travail une
écoute électronique relativement aux appels
téléphoniques entre les bénéficiaires et les
fonctionnaires. Dans les jours qui ont suivi, nous avons également
appris qu'une pratique semblable existait à la Régie de
l'assurance automobile du Québec.
Est-ce que - ma question, M. le Président, s'adresse au premier
ministre -celui-ci peut nous dire si cette pratique existe ailleurs dans
l'appareil gouvernemental, que ce soit dans un ministère ou dans une
société d'État?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, au sens
propre de l'expression - parce que c'est bien beau de jouer sur les mots
-l'écoute électronique, je crois pouvoir dire de mon siège
que cela n'existe nulle part au gouvernement. Pour ce qui est des deux
questions spécifiques auxquelles faisait allusion de nouveau le
député, je pense que sa question s'adresse normalement au
ministre du Travail, M. le Président.
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Cusano: M. le Président, question
complémentaire.
Le Président: Je m'excuse. M. le député de
Viau.
M. Cusano: Le ministre du Travail pourra répondre à
ma question complémentaire, mais je l'adresse encore au premier
ministre. Si, selon les dires et les déclarations du ministre du
Travail, il n'y a rien de répréhensible dans une telle pratique
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, est-ce que le premier ministre pourrait nous expliquer comment il se
fait que le lendemain de la déclaration de M. Harguindeguy on ait
cessé une telle pratique à la Régie de l'assurance
automobile du Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, peu importe
les insinuations, déjà quelque peu éculées
d'ailleurs, du député, parce que cela a été
abondamment traité au point de disparaître de la circulation,
parce que cela ne méritait pas d'y rester, quelles que soient, dis-je,
les insinuations du député, je préférerais
écouter les réponses factuelles du ministre du Travail, si on le
permet.
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, je vais faire
miennes les observations que vous avez faites la semaine dernière
lorsqu'on abordait un dossier qui était devant une instance judiciaire.
Il y a dans ce cas-ci également -vous le savez sans doute, M. le
Président -une instance judiciaire qui a été saisie de la
question dont on est en train de discuter. Il y a cependant un certain nombre
de choses qu'il faut replacer dans leur vrai contexte. Le premier ministre
vient de signaler, en réponse à une question du
député de Viau, que lorsqu'on référait à
l'écoute électronique proprement dite - et si on voulait aussi
faire allusion à la définition qu'on retrouve au code
pénal ou au Code criminel canadien - il n'y a pas, me semble-t-il,
à partir de tout ce qui a été dit en commission
parlementaire, l'ombre d'un soupçon qu'il y ait ce qu'on appelle,
à proprement parler, de l'écoute électronique au sens
légal du terme. Si l'on veut aller plus avant dans le dossier, je suis
tout à fait disposé à le faire. Ce dont on a parlé
de façon plus stricte et plus précise, c'est d'une ligne de
formation qui existe au service financier de la Commission de la santé
et de la sécurité du travail et dont on a discuté de
l'implantation avec les syndicats concernés.
En dernière instance, je vous signalerai que le président
du Syndicat des fonctionnaires dont on parle a lui aussi fait état d'un
avis juridique que son syndicat a requis de ses conseillers juridiques.
L'information qui nous a été transmise - sans par ailleurs jamais
déposer l'avis juridique écrit - par le même
président, c'est qu'effectivement, les conseillers juridiques du
syndicat en venaient à la conclusion qu'il n'y avait aucune
espèce de possibilité d'associer cette pratique dont on parlait
à quelque écoute électronique que ce soit, et je pourrais
continuer ainsi pendant toute la période des questions.
Le Président: Question complémentaire, M. le leader
de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, pourrait-on demander au
premier ministre qu'il nous réponde dans des mots que le monde ordinaire
va comprendre? Est-ce qu'à la Régie de l'assurance automobile ou
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, il y a des gens qui écoutent au téléphone des
conversations téléphoniques de citoyens, dans ce cas ou dans
d'autres cas?
Des voix: ...
Le Président: M. le premier ministre. Pour ce qui est de
la Régie de l'assurance automobile, je...
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre!
À
l'ordre! Je vous rappelle effectivement qu'il existe un litige devant
les tribunaux civils à cet effet et qu'on s'approche très
dangereusement du coeur même du litige. Il est absolument interdit en
Chambre de parler du coeur du litige.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Oui, M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je suis sûr que vous ne voulez pas
inférer par là que le gouvernement n'a qu'à prendre une
poursuite devant les tribunaux pour nous empêcher de traiter de ces
questions. Je vais poser ma question, je la reformule, M. le
Président.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: II y a un rappel au règlement, M. le
député.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président!
M. Gratton: À la Commission de la santé et de la
sécurité du travail...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre, M. le député! II y a un rappel au règlement de la
part du leader du gouvernement.
M. Bédard: Sauvez-vous vous-mêmes, cela va
être assez.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, le leader de
l'Opposition devrait quand même être respectueux du
règlement qui dit... Oui, un article très spécifique,
l'article 82 réfère effectivement à des situations
où il y a des sub judice, et où des sujets dont on traite ici en
cette Chambre peuvent faire l'objet de contestation devant les tribunaux, que
ce soit au civil ou au criminel. Si notre règlement y fait allusion
d'une façon tout à fait particulière dans un article,
c'est parce que c'est très important, non seulement pour les membres de
l'Assemblée nationale, mais très important pour les personnes qui
ont à répondre à des accusations, ou encore qui ont
à répondre à des contestations qui sont devant les
tribunaux. En fonction du respect des droits et libertés de ces
personnes, qui peuvent avoir à répondre à des
contestations devant les tribunaux, j'invite le leader de l'Opposition à
être un peu plus respectueux, sinon de la lettre, du moins de l'esprit du
règlement.
Le Président: M. le député de Saint-Louis,
sur la question de règlement.
M. Blank: M. le Président, vous avez
déjà...
Une voix: ...
(15 heures)
M. Blank: Oui, je vais vous expliquer le règlement. Il
semble que des gens ont besoin d'explications. Le président a
déjà expliqué la différence entre une poursuite
pénale et une poursuite civile. La raison pour laquelle on est plus
strict dans les poursuites pénales est qu'il est possible que le
procès se passe devant un jury. Un jury et non pas un juge. Quant aux
poursuites civiles, cela se passe presque à 100% devant un juge qui
peut, lui, décider de la preuve présentée devant lui. La
preuve faite de l'extérieur ne l'intéresse pas, lui. Il a le
droit de lire les journaux durant un procès tandis qu'un jury n'a pas le
droit. C'est complètement différent. Donc, il ne doit s'appliquer
que dans les causes civiles.
Une voix: C'est cela.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Sur la question de règlement, le
député de Saint-Louis fait allusion à une décision
que vous avez rendue concernant le sub judice. Mais l'interprétation
qu'il en fait montre manifestement qu'il n'a pas compris et qu'il n'a pas
entièrement lu l'opinion que vous avez donnée, M. le
Président, puisque votre opinion - je peux m'y référer -
indiquait qu'il y a une interdiction formelle de parler d'une affaire qui est
sub judice en ce qui a trait à une affaire pénale. Dans le cas
d'une affaire civile, on peut s'y référer en termes
généraux mais on ne peut entrer dans les faits de la cause. Or,
actuellement, M. le Président, on est effectivement en train d'entrer
résolument dans les faits de la cause.
Le Président: J'attire votre attention sur l'article 35,
paragraphe 3. "Le député qui a la parole ne peut parler d'une
affaire qui est devant les tribunaux ou un organisme quasi judiciaire, ou qui
fait l'objet d'une enquête, si les paroles prononcées peuvent
porter préjudice à qui que ce soit". Encore une fois,
effectivement, il y a la distinction que le député de Saint-Louis
a établie et que j'ai déjà établie avec raison
entre les poursuites pénales et les poursuites civiles. Dans les cas de
poursuites pénales, on ne peut s'y référer, point. Dans
les cas de poursuites civiles, on peut toujours s'y référer d'une
manière générale mais lorsqu'on approche le coeur
même du sujet et lorsque, en particulier, les remarques que l'on peut
faire pourraient être de nature, justement, à porter
préjudice à qui que ce soit, on s'apprête dangereusement,
au fur et à mesure qu'on s'approche du coeur du litige, à aller
à l'encontre d'un article du règlement. Cela étant...
M. Doyon: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Ma question s'adresse au ministre des Communications.
J'aimerais savoir de sa part, à titre de ministre responsable de
l'équipement téléphonique au gouvernement, quelles sont
les procédures qui sont prises pour éviter qu'il y ait eu ou
qu'il y ait dorénavant ce genre d'écoute, qu'on appelle
"écoute électronique"? Comme ministre responsable de
l'équipement téléphonique, pourrait-il nous indiquer quel
genre de procédure il prend à cette fin?
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Bertrand: M. le Président, les responsabilités
du ministère des
Communications, en ce qui a trait à la fourniture
d'équipement téléphonique, se résument à
faire en sorte que les fonctionnaires qui oeuvrent au sein du gouvernement
puissent avoir ces appareils absolument indispensables si on veut que les
citoyens puissent communiquer avec l'ensemble des fonctionnaires du
gouvernement et les fonctionnaires avec les citoyens du Québec, point
à la ligne. Les allusions que peut faire le député de
Louis-Hébert lui appartiennent. Quant à nous, au ministère
des Communications, on fait notre travail et il s'arrête là.
M. Doyon: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Louis-Hébert, en complémentaire.
M. Doyon: Est-ce que le ministre des Communications est en train
de dire que d'aucune façon son ministère n'exerce de
contrôle sur le type d'appareils qui sont installés dans les
bureaux des fonctionnaires ou dans les organismes gouvernementaux et qu'ils
peuvent faire telle ou telle chose. Est-ce cela que le ministre des
Communications est en train de nous dire? Et c'est sa conception de la
responsabilité ministérielle.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! M. le
ministre des Communications.
M. Bertrand: M. le Président, comme il n'y a aucune
écoute électronique qui se pratique au gouvernement du
Québec, comme il n'y a aucune forme d'écoute électronique
qui se pratique dans quelque ministère ou organisme gouvernemental que
ce soit, évidemment, pas besoin de vous dire que c'est loin de faire
partie des préoccupations du ministère des Communications de
s'occuper d'un problème qui n'existe pas, mais plutôt de s'occuper
ou de faire en sorte que les fonctionnaires aient en main les outils requis
pour que nous donnions toute l'information aux citoyens, point à la
ligne.
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Est-ce qu'on peut demander à quelqu'un de
l'autre côté, qui voudra bien répondre, si la
réponse que vient de donner le ministre des Communications signifie que
personne n'écoute sur les lignes téléphoniques du
gouvernement, notamment à la commission...
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens serait très
malheureux si, aujourd'hui, un ministre se levait ici pour dire que, quand un
citoyen appelle un fonctionnaire au gouvernement du Québec, le
fonctionnaire ne répond pas.
M. le Président, je vous annonce officiellement que, si le
député de Gatineau ne le savait pas, les fonctionnaires
répondent, quand les citoyens appellent.
Le Président: Question principale, M. le
député d'Argenteuil.
Le projet de Bell Helicopter à Mirabel
M. Ryan: Ma question se rattache au projet de Bell Helicopter
à Mirabel et s'adresse au premier ministre. La Commission de protection
du territoire agricole du Québec vient de rendre une décision qui
refuse de soustraire aux contraintes du zonage agricole environ la
moitié du terrain que la compagnie Bell Helicopter veut acquérir
afin d'implanter à Mirabel une usine de fabrication
d'hélicoptères d'une valeur de 500 000 000 $, projet auquel le
gouvernement du Québec va d'ailleurs verser une contribution de plus de
100 000 000 $.
Étant donné que la décision de la Commission de
protection du territoire agricole menace de remettre en question le choix du
site et, deuxièmement, étant donné que le choix du site en
question a été l'objet d'un choix libre et
délibéré de la part de la compagnie en question;
étant donné que des
dépenses considérables ont déjà
été engagées par la compagnie Bell et les autorités
publiques pour préparer les lieux en vue de l'aménagement
projeté; étant donné que les principaux milieux
intéressés, en particulier, l'UPA de la région des
Laurentides et les autorités municipales de Mirabel ont
déjà donné leur accord pour que ce terrain soit soustrait
aux contraintes du zonage agricole; étant donné qu'il y a un
échéancier très serré que le premier ministre
connaît sans doute, et qui prévoyait la levée de la
première pelletée de terre et le début des travaux
d'aménagement du terrain dès la fonte des neiges; étant
donné que le bureau du premier ministre s'est déjà
intéressé à un problème semblable qui était
survenu à Lachute à propos du projet de Great Lakes Carbon et que
le premier ministre était intervenu d'une manière qui a
donné d'excellents résultats...
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Ryan: ...je voudrais demander au premier ministre aujourd'hui,
tout d'abord, s'il est prêt à donner à cette Chambre
l'assurance qu'il va s'intéresser personnellement au problème
dans les plus brefs délais et, deuxièmement, qu'il sera
prêt à recommander, au besoin, que le gouvernement invoque
l'article 96 de la Loi sur la protection du territoire agricole pour soustraire
au besoin cette décision à la Commission de protection du
territoire agricole et la confier au cabinet.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je n'ai pas de difficulté
à répondre positivement à la première partie de la
question du député d'Argenteuil, qui me demande si je vais
m'intéresser, comme mes collègues du Conseil des ministres,
personnellement à cette question. Bien sûr, il s'agit d'un des
gros projets de technologie avancée qui démarrent actuellement au
Québec. Tout récemment, on signait les accords définitifs
qui vont déclencher la construction de Pechiney dans le centre du
Québec. Je pense que, très bientôt, on aura de bonnes
nouvelles dans le même sens du côté du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, exceptionnellement impressionnantes aussi. Je pense
que Bell Helicopter se situe évidemment dans le cadre de cette relance
économique et surtout dans le domaine industriel. C'est évident
qu'on va s'y intéresser et de façon que cela
réussisse.
Le député d'Argenteuil accepterait-il -c'est normal, je
n'ai pas eu la chance de consulter ce dossier - que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, parce que c'est quand
même lui qui est le ministre de tutelle, si on veut, de la Commission de
protection du territoire agricole, donne la version qu'il peut fournir à
la Chambre de cette décision de la commission? Moi, je ne suis pas au
courant du dossier en ce moment.
M. Ryan: Je suis satisfait de la réponse du premier
ministre pour l'instant, si le premier ministre veut donner l'assurance qu'il
va consulter tous ses collègues - et ils sont nombreux -
intéressés dans ce dossier. Je mentionne, en particulier, le
ministre de l'Industrie et du Commerce...
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Ryan: ...le ministre du Revenu, M. Dean, qui siège avec
moi...
Le Président: M. le député d'Argenteuil, je
veux bien faire preuve de l'interprétation la plus large et la plus
libérale possible du règlement mais, décidément,
vous le violez, à ce moment-ci.
M. le ministre de l'Agriculture...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: La question du député d'Argenteuil
était claire, il a demandé au premier ministre s'il
s'intéressait personnellement à la question et s'il y verrait. Le
premier ministre a répondu oui et le député s'est dit
satisfait, je ne vois pas ce que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation viendrait faire là-dedans.
Le Président: M. le leader du gouvernement. (15 h 10)
M. Bédard: Sur la question de règlement, M. le
Président, je veux bien croire que l'Opposition a le choix de ses
questions, mais on a quand même le choix de ceux et celles qui doivent y
répondre. Ce ne sera pas l'Opposition qui, à partir de
maintenant, nous dira qui, de ce côté-ci de la Chambre, doit
répondre aux questions.
Or, le premier ministre a répondu à une des facettes de la
question posée par le député d'Argenteuil. Il a
indiqué que le ministre de l'Agriculture aurait peut-être quelque
chose à ajouter. Je vous demanderais de reconnaître le ministre de
l'Agriculture.
Le Président: M. le leader du gouvernement, vous savez que
nous avons comme politique que lorsque quelqu'un veut répondre à
une question il y répond, mais il ne peut pas y avoir deux
réponses aussi
longues l'une que l'autre à la même question. Par ailleurs
il y a des députés que je vois se lever pour soulever une
question complémentaire, je présume, et qui pourront
peut-être permettre au ministre de l'Agriculture de répondre
à la question le cas échéant.
Je vois le député de Groulx en particulier qui est
debout.
M. Fallu: Question complémentaire au ministre de
l'Agriculture. Peut-on avoir en cette Chambre, de la part du ministre de
l'Agriculture, un certain nombre de précisions sur le dossier. Il a
été annoncé en fin de semaine que la Commission de
protection du territoire agricole ne semblait pas céder à
l'ensemble de la demande de Bell Helicopter. Notamment, est-ce que la demande
qui est adressée à la commission a trait strictement à
l'implantation de l'usine ou au développement d'un immense parc
industriel sur du territoire exproprié à de réels
propriétaires agricoles?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, je pense bien qu'il n'y a pas
beaucoup de problèmes dans ce dossier puisque ce qui a été
refusé par la commission ce sont deux grands stationnements à
l'avant de l'usine sur des terres agricoles alors que si les stationnements
étaient placés à l'arrière de l'usine ils ne
seraient pas placés sur des terres agricoles. Si on veut le voir, j'ai
une très bonne photographie agricole ici qui démontre que la
partie arrière a été acceptée par la commission
parce qu'elle ne dérange pas les terres agricoles. Si les stationnements
étaient à l'arrière de l'usine plutôt qu'en avant...
Il est préférable de faire des stationnements sur des terres non
agricoles que sur des terres agricoles.
J'espère que le député d'Argenteuil, qui n'a pas
défendu beaucoup les cultivateurs de Mirabel là-dessus, sera au
moins d'accord qu'il est mieux de mettre de l'asphalte ailleurs que sur les
terres agricoles, M. le Président.
Le Président: Question principale, M. le
député de Mille-Îles.
Les demandes d'aide technique et financière des
PME
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président, de
nombreuses petites et moyennes entreprises dynamiques et des gens d'affaires
pleins d'initiative demandent souvent de l'aide technique et financière
dans nos bureaux de comté et les bureaux régionaux du
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. Je pense à
deux éléments du plan de relance: les prêts garantis pour
un montant protégé de 2 000 000 000 $, ce qui créera de
l'emploi, et les bourses d'affaires de 25 000 $ pour les étudiants.
Je voudrais demander au ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme ce qu'il entend faire pour répondre adéquatement et
rapidement aux nombreuses demandes d'aide technique et financière et aux
demandes d'information sur les nombreux programmes de son ministère.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: M. le Président, l'an dernier j'avais fait une
tournée tout à fait particulière pour rencontrer des chefs
d'entreprise pour m'enquérir de ce qui était plus pressant pour
eux concernant certains programmes du gouvernement du Québec. C'est ce
qui a d'ailleurs amené certains programmes dans le plan de relance.
Deuxièmement, ces gens nous avaient demandé d'avoir du
personnel additionnel au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme en région pour les aider à remplir la paperasse
nécessaire aux deux niveaux de gouvernement.
J'ai le plaisir d'annoncer que nous avons obtenu 92 postes additionnels
pour répondre aux besoins des chefs d'entreprise. Il est
intéressant de noter que 55 d'entre eux sont des professionnels, des
conseillers en développement industriel qui nous viennent du
système de l'éducation. Des professeurs mis en
disponibilité ont postulé - il y en a tout près de 500 -
pour ces 55 postes de conseillers en développement industriel, et nous
en avons choisi 55, par des concours, qui, depuis hier, sont au service du
MICT. Il y a un programme de formation de huit semaines, après quoi ces
conseillers en développement industriel pourront répondre
très efficacement aux demandes des chefs d'entreprise du
Québec.
M. Champagne (Mille-Îles): M. le Président...
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Mille-Îles.
M. Champagne (Mille-Îles): Je voudrais savoir de la part du
ministre comment la décentralisation et la régionalisation des
services de son ministère feront en sorte que les petites et moyennes
entreprises et les gens d'affaires auront des services accrus dans chacun des
bureaux régionaux.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme.
M. Biron: Je note que le personnel
additionnel du MICT, en région, comptait 68 personnes. Il compte
maintenant près de 168 personnes. Nous croyons, surtout avec les
nouveaux venus, qu'ils acceptent un nouveau défi. Dans le fond, c'est
une nouvelle carrière pour eux, c'est une perspective d'avenir
différente. Ce qui est intéressant, c'est qu'on a pu
récupérer des gens qui étaient mis en
disponibilité, qui manquaient de défis autrefois et qui,
maintenant, sont prêts à aider au développement
économique du Québec en répondant, présents,
à la demande des chefs de PME québécoises.
Le Président: Question principale, Mme la
députée de Jonquière.
Bureau de l'agriculture déménagé
de Jonquière à Chicoutimi
Mme Saint-Amand: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Tout
d'abord, j'aimerais mentionner que des protestations s'élèvent de
toutes parts dans la circonscription de Jonquière que je
représente en cette Chambre à la suite de la rumeur du
déménagement à Chicoutimi du bureau de l'agriculture,
actuellement situé à Jonquière.
Des voix: Ah!
Le Président: À l'ordre!
Mme Saint-Amand: Lors du passage du ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation à Chicoutimi, la semaine
dernière, ce dernier a confirmé, en effet, le
déménagement du bureau de l'agriculture, qui est situé
à Jonquière depuis 45 ans, en direction de Chicoutimi,
circonscription de l'ex-ministre de la Justice et de l'actuel leader
parlementaire. Le ministre pourrait-il nous informer des raisons qui ont
motivé ce déménagement?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Certainement, M. le Président. À
Chicoutimi, il y a 410 cultivateurs qui font affaires avec le bureau de
Chicoutimi. Il y en a entre 220 à 245 au bureau de Jonquière. Au
bureau de Chicoutimi, il y avait dix ou onze employés. À
Jonquière, il y en avait trois: un agronome, un technicien et un agent
de bureau. Avec le déménagement à Chicoutimi, dans le
même bureau, il y aura 117 cultivateurs sur 220 ou 245 qui n'auront plus
besoin de faire d'interurbains. Donc, il y aura un service plus
concentré dans le même bureau et ce sera plus efficace.
Je dois dire, M. le Président, que c'est une décision...
J'ai demandé au nouveau leader du gouvernement s'il voulait avoir le
crédit de l'affaire, mais je dois vous dire, entre vous et moi, M. le
Président, que la décision a été prise avant les
élections partielles alors qu'on ne savait même pas que M.
Vaillancourt démissionnerait. C'est simplement au plan de
l'efficacité administrative qu'il y a une concentration des bureaux,
comme cela se fait dans d'autres régions, pour faire en sorte que dans
nos bureaux on offre des services plus diversifiés à une
clientèle. Aujourd'hui, il y a des autoroutes, il y a des moyens. Il y a
45 ans, c'est en voiture à cheval qu'on allait au bureau de
Jonquière. Maintenant, on y va par l'autoroute.
Des voix: Oh!
Le Président: Mme la députée de
Jonquière.
Mme Saint-Amand: II y a 45 ans, il y avait également des
voitures dans la circonscription de Jonquière.
Question additionnelle, M. le Président. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a-t-il reçu une
recommandation à l'effet de relocaliser le bureau fusionné
à l'intérieur des limites mêmes de la circonscription
électorale de Jonquière, c'est-à-dire le mail 170 qu'on
appelle actuellement Place du commerce?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: II y a eu une étude, M. le Président.
Quand la première proposition m'a été soumise des
fonctionnaires de fusionner les deux bureaux, j'ai demandé s'il
n'était pas mieux de localiser le bureau à un endroit
intermédiaire entre le bureau de Chicoutimi et le bureau de
Jonquière. Une étude très sophistiquée faite par
les fonctionnaires a démontré qu'un meilleur service aux
agriculteurs serait fourni par le bureau de Chicoutimi. C'est pour cela que le
bureau est à Chicoutimi. Je suis persuadé que les cultivateurs
vont être heureux, ce qui va faire qu'aux prochaines élections ils
voteront pour le Parti québécois.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Mme Saint-Amand: Question additionnelle, M. le
Président.
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre! Mme la
députée de Jonquière, question complémentaire.
Mme Saint-Amand: J'aimerais d'abord savoir quelle connaissance
des lieux le ministre a, ensuite quelles consultations il a faites
auprès des agriculteurs touchés par ce
déménagement, avant de prendre la décision?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, je peux vous dire que, quand on
fait des regroupements de bureaux et que c'est avantageux pour les
agriculteurs, il n'y a pas de raison que des gens soient mécontents. Le
seul mécontentement qui a été exprimé
jusqu'à maintenant... Je dois vous dire une chose: après la
conférence de presse que j'ai donnée à Chicoutimi,
vendredi matin, des gens de la ville étaient là et ont dit: C'est
plutôt une question d'honneur pour nous de ne pas perdre un bureau, mais
on comprend les raisons administratives du ministre. Alors, cela a
été fait uniquement au plan administratif. Le bureau est vraiment
plus efficace à Chicoutimi. Comme, au cours de cette année,
d'autres bureaux seront fusionnés. Dans ce contexte, quand on va
jusqu'à compter les appels téléphoniques avec interurbain
ou sans interurbain, c'est évident qu'on prend l'opinion des gens pour
savoir ce qui va le mieux faire leur affaire. Dans le cas présent, ce
sera mieux à cet endroit qu'ailleurs.
M. Picotte: Dernière question additionnelle. (15 h 20)
Le Président: Question complémentaire, M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: Mise à part la consultation partisane entre le
ministre et son collègue, le leader parlementaire, quels sont les
organismes du milieu qui ont été consultés pour faire ce
déménagement?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, actuellement, on est en train
de faire une révision de la localisation de plusieurs bureaux au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation par
rapport à leurs clientèles. Depuis 45 ans, on a
évolué, les villes ont grandi. La preuve, au bureau de
Jonquière, il y avait seulement un agronome, un technicien et un agent
de bureau. Le gouvernement actuel favorise une agriculture diversifiée
alors qu'autrefois on ne favorisait qu'une seule production, on n'avait qu'un
seul service dans un bureau et qu'aujourd'hui, on en a plusieurs. La
philosophie du ministère actuellement, c'est d'offrir des services
diversifiés dans un même bureau aux agriculteurs, comme ils le
souhaitent et, non seulement cela, on consulte régulièrement
l'Union des producteurs agricoles pour savoir comment on doit
réaménager ces bureaux. Elle me demande de regrouper dans un
même bureau la Régie des assurances agricoles, l'Office du
crédit agricole et le ministère. C'est ce qu'on est en train de
faire. On ne fera pas cela dans des petits bureaux avec deux ou trois personnes
par bureau. Il faudra avoir des bureaux où on va tout réunir,
tout regrouper, et c'est ce qu'on fait actuellement. D'ailleurs, les plus
grandes protestations ne viennent pas des agriculteurs actuellement, elles
viennent essentiellement des gens de la ville qui ont perdu un bureau et, comme
il y a grande rivalité entre Jonquière et Chicoutimi et que c'est
connu depuis quasiment Adam et Ève, je peux vous dire que c'est
plutôt une question d'orgueil d'avoir perdu un bureau au profit de
Chicoutimi sans trop se préoccuper des cultivateurs. Je peux vous dire
que les cultivateurs seront très heureux d'être desservis par
Chicoutimi.
Le Président: Un instant! Un instant'. Un instant! Les
deux leaders se lèvent au même moment. Sur un rappel au
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, j'ai présumé
que le député de Chicoutimi ne se levait pas pour poser une
question additionnelle. Je veux simplement souligner que personne n'a
posé de question. J'ai l'impression qu'il veut nous donner quand
même une réponse.
Le Président: M. le leader du gouvernement, vous vous
levez...
M. Bédard: Le leader de l'Opposition présume tout
et prévoit tout aujourd'hui, non seulement les questions, mais les
réponses. M. le Président, le député de
Maskinongé a fait allusion à une consultation partisane
concernant ce dossier. Or, il n'y a pas eu de consultation.
Le Président: M. le leader du gouvernement, la question
était posée au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation. Il a eu amplement le temps de répondre et tout le
loisir de dire ce qu'il y avait à dire sur le dossier.
M. le député de Hull, question principale.
Les municipalités régionales de
comté de l'Outaouais
M. Rocheleau: M. le Président, je vous remercie. Ma
question concerne le découpage
des municipalités régionales de comté de
l'Outaouais. Je la pose au premier ministre du Québec. Elle comprend
trois volets. Premièrement, je veux savoir, M. le premier ministre, si
vous êtes d'accord avec les énoncés et les affirmations du
vice-président national du Parti québécois, M. Sylvain
Simard, lorsqu'il décrit le découpage de l'Outaouais comme
étant du banditisme de grand chemin. C'est signé Sylvain
Simard.
Une voix: II n'a pas dit cela? Il est membre du Parti
québécois.
M. Rocheleau: Comme deuxième volet, M. le
Président, le premier ministre, face à ce problème
créé en Outaouais par son ex-ministre des Affaires municipales,
M. Léonard, avec le "rapetissage" de l'Outaouais
québécois, a créé une commission d'enquête
ayant à sa tête M. Robidas, M. Mattera, ainsi que le
président de la Commission de transport de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Étant donné que M. Antoine
Grégoire a maintenant comme nouveau patron le nouveau ministre des
Transports, ex-ministre des Affaires municipales, j'aimerais savoir si M.
Grégoire aura toute latitude dans le rapport et les recommandations
qu'il aura à faire concernant les énoncés sans pour autant
que les priorités de l'Outaouais en ce qui concerne le transport ne
soient touchées d'une façon particulière par le nouveau
ministre des Transports.
Comme troisième question, M. le Président - elle est
très courte - dans le but de créer à nouveau
l'unité du Parti québécois dans l'Outaouais, une question
a été débattue et adoptée à
l'unanimité pour recommander que la commission Gendron qui doit
être entendue le 5 et le 7 avril soit reportée à plus tard
tant et aussi longtemps...
Le Président: M. le député, puis-je vous
suggérer de revenir en question complémentaire? Normalement, vous
devriez avoir le temps sur cette troisième, parce que, sans cela,
ça fait une question-fleuve où les téléspectateurs
et les députés ont de la misère à se retrouver?
M. Rocheleau: Si le premier ministre veut répondre
à mes deux premières questions, je pourrai revenir en
complémentaire, parce que c'est un complément à la
réponse qu'il pourrait me donner.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, la
première partie de la question, c'était à propos de
certains propos qui ont pu être prononcés par le
vice-président de notre parti, M. Simard, qui, on le sait, est un
citoyen résidant dans la région de l'Outaouais. Chacun peut avoir
son opinion sur ses propos. Disons qu'il s'est peut-être inspiré,
et il est loin d'arriver à autant de couleur que le député
de Hull, d'un certain style dont le député de Hull est devenu un
grand spécialiste. Oui, cela a l'air que cela déteint un peu dans
la région. Pour ce qui est de M. Grégoire, je pense que le
député de Hull devrait quasiment retirer sa question, parce que
cela laisse entendre qu'un homme qui, je crois, est d'ailleurs au-delà
de tous les partis, sauf erreur, et qui est aussi respecté que M.
Grégoire dans la région, pourrait être victime de
manipulation, se laisser manipuler par qui que ce soit. Cela me surprendrait
beaucoup et cela me surprendrait encore davantage qu'il oublie les
intérêts de l'Outaouais pour lesquels il a été
nommé à cette commission.
Le Président: M. le député de Hull, en
complémentaire.
M. Rocheleau: Ce n'est pas fort! Une voix: C'est juste
50%,
M. Rocheleau: Je voudrais dire au premier ministre que, s'il veut
appréhender de nouveau par anticipation ce que je peux me poser comme
question, on pourrait y revenir plus tard, M. le premier ministre. La
dernière question, c'est que le Parti québécois
régional de l'Outaouais, à son congrès de fin de semaine,
a demandé de reporter la commission Gendron sur le choix des
régions. Est-ce que le premier ministre peut confirmer ou affirmer
aujourd'hui que la commission Gendron va siéger, tel que prévu,
les 5 et 6 avril prochain ou si, à la demande des militants de son
parti, on va retarder à plus tard cette consultation sur le choix des
régions?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Tout en tenant compte, comme c'est
normal dans une même formation politique, des voeux qui peuvent
être exprimés par des militants qui sont nos collègues dans
l'action politique, le gouvernement prend ses décisions lui-même.
La question devrait plutôt être adressée au ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional.
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Aménagement et au Développement régional.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais tout simplement
informer cette Chambre que, effectivement, j'ai eu l'occasion de communiquer
avec les porte-parole du Parti québécois pour la question
qui est soulevée par le député de Hull. Ce n'est
pas aussi simple qu'il l'évoque. Je ne pense pas que ce soit le moment
de reprendre tout le contexte de ce débat, mais je voudrais tout
simplement informer cette Chambre que le document, Le choix des régions,
bien sûr, était une question importante, qui est la nouvelle
définition des régions de concertation. Par contre, il traitait
d'une multitude d'autres sujets. Il m'apparaîtrait non équitable
pour la région de l'Outaouais, qui fait partie du Québec, de ne
pas être traitée au même titre que les autres régions
du Québec qui ont eu l'occasion de s'exprimer sur tous les autres
éléments du document Le choix des régions. Je voudrais
juste en évoquer quelques-uns comme la question...
Le Président: Un rappel au règlement, M. le
député de Hull. M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, j'ai tout simplement
demandé au premier ministre s'il confirmait la présence du
ministre en Outaouais les 5...
Le Président: M. le député! M. le
député! En conclusion, M. le ministre.
M. Gendron: La réponse est très claire.
Jusqu'à nouvel ordre, les audiences qui sont prévues à
Hull auront lieu aux dates indiquées. Par contre, je tiens à
informer le député de Hull qui, souvent, n'est pas toujours au
courant de ce qui se passe dans son comté, qu'il y a d'autres
intervenants qui ont réclamé effectivement que les audiences se
tiennent aux dates prévues, pour les mêmes motifs que j'ai
évoqués tantôt. L'Outaouais fait partie du Québec et
a le droit de s'exprimer sur les autres questions fondamentales qui
débordaient la question de découpage. Maintenant, lors des
audiences, on aura l'honnêteté de dire aux intervenants le choix
qu'on leur a offert d'ailleurs, d'aller devant la commission et qu'ils
s'entendent s'ils veulent faire porter leur point de vue davantage sur les
questions de découpage que sur la problématique
générale du document Le choix des régions. Dans ce sens,
jusqu'à nouvel ordre, les audiences auront lieu tel que prévu.
(15 h 30)
Le Président: Fin de la période de questions. Cela
nous mène aux votes reportés. Nous en avons un à prendre,
comme vous le savez, sur la motion de censure.
Visite d'une délégation du
groupe
socialiste de l'Assemblée nationale
française
Avant de ce faire, on me signale la présence dans les tribunes -
je le fais à mon tour - d'une délégation parlementaire du
groupe socialiste de l'Assemblée nationale française.
Mise aux voix de la motion de censure du chef de
l'Opposition
Je mets maintenant aux voix la motion de censure de M. Levesque
(Bonaventure) proposée le 15 mars 1984: "Que cette Assemblée
blâme sévèrement le gouvernement péquiste pour son
incapacité manifeste à faire face aux besoins économiques
et sociaux pressants de la population du Québec."
Si les députés veulent bien prendre leur place. Que celles
et ceux qui sont favorables à cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Gratton
(Gatineau), O'Gallagher (Robert Baldwin), Ciaccia (Mont-Royal), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. Mailloux (Charlevoix), Ryan (Argenteuil), Vaillancourt
(Orford), Mme Bacon (Chomedey), M. Marx (D'Arcy McGee), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), MM. Middlemiss (Pontiac), Assad (Papineau), Mathieu
(Beauce-Sud), Caron (Verdun), Blank (Saint-Louis), Hains (Saint-Henri), Polak
(Sainte-Anne), Saintonge (Laprairie), Rocheleau (Hull), Fortier (Outremont),
Rivest (Jean-Talon), Côté (Charlesbourg), Paradis
(Brome-Missisquoi), Bourbeau (Laporte), Lincoln (Nelligan), Cusano (Viau),
Doyon (Louis-Hébert), Sirros (Laurier), Maciocia (Viger), Picotte
(Maskinongé), French (Westmount), Dauphin (Marquette), Kehoe (Chapleau),
Houde (Berthier), Leduc (Saint-Laurent), Maltais (Saguenay), Mmes
Bélanger (Mégantic-Compton), Saint-Amand (Jonquière), et
M. Bisaillon (Sainte-Marie).
Le Président: Que ceux et celles qui s'opposent à
la motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Bédard (Chicoutimi), Jolivet (Laviolette), Clair (Drummond), Parizeau
(L'Assomption), Laurin (Bourget), Johnson (Anjou), Landry (Laval-des-Rapides),
Bérubé (Matane), Lazure (Bertrand), Gendron (Abitibi-Ouest),
Godin (Mercier), Biron (Lotbinière), Mme Le Blanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), MM. Martel (Richelieu), Bordeleau (Abitibi-Est),
Tardif (Crémazie), Garon (Lévis), Léonard (Labelle),
Fréchette (Sherbrooke), Bertrand (Vanier), Brassard (Lac-Saint-Jean),
Duhaime (Saint-Maurice), Chevrette (Joliette), Richard (Montmorency), Paquette
(Rosemont), Rancourt (Saint-François), Léger (Lafontaine), Proulx
(Saint-Jean), Gauthier (Roberval), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme
Lachapelle (Dorion), MM. Blouin (Rousseau), Boucher (Rivière-du-
Loup), Rodrigue (Vimont), Gagnon (Champlain), Beaumier (Nicolet),
Dussault (Châteauguay), Desbiens (Dubuc), Mme Juneau (Johnson), MM. Fallu
(Groulx), Perron (Duplessis), Rochefort (Gouin), Baril (Arthabaska), Laplante
(Bourassa), Charbonneau (Verchères), Champagne (Mille-Îles),
Lavigne (Beauharnois), Biais (Ter-rebonne), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Dupré (Saint-Hyacinthe), La-chance
(Bellechasse), Gravel (Limoilou), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Brouillet
(Chauveau), Beauséjour (Iberville), Payne (Vachon), Paré
(Shefford), Tremblay (Chambly), Le Blanc (Montmagny-L'Islet), Lafrenière
(Ungava), et Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue).
Le Secrétaire: Pour: 40 Contre: 62.
Le Président: La motion est rejetée. Aux motions
sans préavis. M. le député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: M. le Président, je demanderais le
consentement pour présenter une motion sans préavis pour signaler
la fête des Irlandais.
Le Président: Y a-t-il consentement? Pour la forme, cette
motion se lirait: "Que cette Assemblée offre ses meilleurs voeux
à l'occasion de la fête de la Saint-Patrick à toute la
population d'origine irlandaise et qu'elle reconnaisse la contribution de cette
communauté au développement du Québec et du Canada." Y
a-t-il consentement à la présentation de la motion ou à la
discussion de la motion? Il y a consentement. M. le député de
Robert Baldwin..
Hommage aux Irlandais à l'occasion de la
Saint-Patrick
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Mr. President, the
year 1984 marks two very important milestones in the history of the
Québec Irish.
Le Président: Je m'excuse, M. le député, de
devoir vous arrêter. L'Assemblée est en
délibération. Ceux qui veulent délibérer
parallèlement, peuvent-ils le faire à l'extérieur? M. le
député.
M. O'Gallagher: Thank you, Mr. President. As I was saying, 1984
marks two very important milestones in the history of the Québec Irish.
The first milestone happened last Sunday when United Irish Societies held their
160th Saint. Patrick's Day parade. This parade in which all of the people of
Montreal participate is recognized as being the oldest Saint. Patrick's parade
in all of America and perhaps the second largest after the city of New York. My
sincere congratulations to United Irish Societies of Montreal for this
important contribution to Montreal's history and for their efforts on behalf of
Irish heritage.
The second important milestone that was marked this weekend was the
celebration of the 150th anniversary of the Saint. Patrick Society of Montreal.
Mr. President, 150 years of constant social and cultural support of their
community also deserve our appreciation. A sad note, however. These two happy
events were very much saddened by the sudden death of Henry McKeown,
vice-president of the United Irish Society. Henry McKeown, who was a personal
friend and a neighbour, died while preparing the ceremonies, Sunday evening. I
wish to extend on behalf of the National Assembly of Québec our sincere
condolences to his wife Audrey and to his family.
M. le Président, avant de présenter ma motion, je voudrais
aussi signaler que nous aurons l'occasion, encore cet été, de
nous rappeler la contribution des immigrants irlandais lors de l'arrivée
des grands voiliers. This event will remind a very many of us of the thousands
of Irish immigrants who were landed from ships in sickness and poverty on the
shores of Grosse Île in the Gulf of the Saint. Lawrence.
M. le Président, je voudrais lire la motion: "Que cette
Assemblée offre ses meilleurs voeux, à l'occasion de la
fête de saint Patrick, à toute la population qui est d'origine
irlandaise et pour reconnaître la contribution de cette communauté
au développement du Québec et du Canada". Merci M, le
Président.
Le Président: M. le ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
M. Gérald Godin
M. Godin: M. le Président, au nom des membres de ce
côté-ci de la Chambre, c'est un honneur et un plaisir que de
joindre ma voix et celle de tous mes collègues à la motion
présentée par le député O'Gallagher. Je tiens
à souligner aussi que la communauté irlandaise a apporté
au Québec une contribution exceptionnelle. Cette communauté a vu
ses membres réussir dans "all walks of life", comme on dit en anglais,
et, particulièrement, dans le domaine politique. Je pense que c'est la
communauté culturelle au Québec qui a fourni le plus de membres
à ce Parlement, et, encore aujourd'hui, des deux côtés de
la Chambre, des descendants d'Irlandais et d'Irlandaises sont présents
et actifs. (15 h 40)
II y a une citation d'un écrivain irlandais, Samuel Johnson, qui
dit: "The Irish
are a fair people; they never speak well of one another". Je pense que,
n'étant pas irlandais, je peux me permettre de dire du bien des
Irlandais et de souhaiter que le projet auquel a fait écho mon
collègue, le député de Robert Baldwin, soit le projet de
Grosse-Île, qui consisterait en une opération conjointe de la
communauté irlandaise et des deux paliers de gouvernement en vue de
faire de cette île un mémorial aux immigrants qui sont venus au
Québec et au Canada, un musée de l'immigration au Québec
et au Canada, musée administré par la communauté
irlandaise du Québec avec l'appui des deux gouvernements, que ce projet
se réalise avant la Saint-Patrick, l'an prochain.
Je joins maintenant mes condoléances à la famille McKeown,
qui était respectée de tous dans la ville de Montréal,
à l'occasion du décès de Eddy McKeown, qui a
été si actif au sein des associations irlandaises du
Québec.
Pour exprimer le bien que je veux dire de la communauté
irlandaise, il y a une coutume irlandaise qui dit de quelqu'un qui a du charme
et du talent: "He has touched the blarney stone", je pense que je peux dire de
tous les Irlandais du Québec que, en ce qui me concerne et pour les
connaître très bien, ils ont tellement de charme et de talent que
je crois, sans crainte de me tromper, que tous et chacun d'entre eux ont pu
toucher ou embrasser cette fameuse "blarney stone", cette pierre de Blarney un
petit village près de Cork, en Irlande, qui leur donne beaucoup de
talent et d'imagination. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président: M. le député de
Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, comme député de
Sainte-Anne et avec plusieurs citoyens d'origine irlandaise - j'espère
que le ministre de la Justice les respecte autant que moi - je voudrais
évidemment appuyer cette résolution.
In the riding of Sainte-Anne, we have the parish of Saint Gabriel and we
have the Parish of Saint Anthony. I was very proud yesterday or rather Sunday
to march in the parade and not as the Minister, who was in the stands with the
Irish coffee all hidden. I was marching in the cold weather along with the
normal, ordinary citizens. Mr. President, I was very disappointed in the
evening. There was the annual dinner and this dinner was attended by everybody
of the Irish community. Hundreds and hundred of people were there. There was a
head table with a representative of the Federal Government, the Ambassador of
Ireland was there the City of Montreal was also represented and there was one
empty seat, one empty chair, the chair for the representative of the Government
of Québec. I think that is a shame. They were not even able to send this
year the MNA for Vachon. I know he is the only one who has not received any
mandate when they formed the commissions, but they could not even give him the
mandate to go to the annual dinner and that was taken...
M. Godin: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: Pour qu'il y ait matière à
privilège, M. le ministre, il faudrait que vous me disiez à quel
privilège vous faites référence.
M. Godin: Le fauteuil dont fait état de
façon...
Le Président: Le fauteuil auquel vous faites allusion
n'est pas une matière à privilège, M. le ministre. Les
questions de privilège doivent se référer à un
privilège très spécifique de la Chambre ou d'un
député de la Chambre.
M. le député de Sainte-Anne,
M. Polak: Mr President, I just want to continue. I was there,
there was an empty chair, I have asked if the Government of Québec was
invited and, yes, they were invited...
Le Président: M. le député de Sainte-Anne,
est-il possible de parler de "luck of the Irish" sans se diviser? M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Mr President, if I could just... Apparently, the
minister is very upset, so is the Irish Community...
Le Président: M. le député, s'il vous
plaît, veuillez vous en tenir aux propos de circonstances.
M. Polak: I quote from the words of the president of the United
Irish Society, Mr D'Arcy Boyle, as follows: "That remarkable quality of the
Irish, a combination of hope, confidence and imagination, enables us to cross
all ethnic barriers and unite all our fellow citizens for at least one day a
year. How wonderful it would be if that unity could prevail the rest of the
year?
Mr President, let us hope for the next year the Government of
Québec will take this empty seat. Thank you very much.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Pierre-Marc Johnson M. Johnson (Anjou): Brièvement,
étant
donné l'absence en cette Chambre, depuis un certain nombre
d'années, de mon ex-collègue, Robert Burns, qui parlait toujours
au nom de la communauté irlandaise, je me permettrai, compte tenu d'une
partie de mes racines, d'évoquer - je vois le député
d'Argenteuil qui a des racines de même nature - la présence
extrêmement importante de la communauté irlandaise au
Québec qui, il faut se le rappeler, s'est répartie sur l'ensemble
de notre territoire au cours des siècles et qui a produit, notamment
à cause du fait que majoritairement ils étaient catholiques, la
première génération de ceux qui, au XIXe siècle,
ont choisi dans bien des cas, à travers l'instruction, de s'assimiler
à la communauté canadienne-française. C'est une chose
qu'on oublie souvent quand on parle du comportement des minorités, du
comportement historique des communautés ethniques au Québec.
Je voudrais dire aussi que I know that the Irish people are extremely
proud people. They have showed it and they show it every year in Montreal by
making one of the most remarkable parades of the Irish Community in North
America. Because they are proud, because they have a sense of community,
because they have a sense of values, because they want to stay together and
progress together, they form for us and for all Quebeckers, I think, an example
and an inspiration.
Je leur dirai, M. le Président, comme ils le disent dans leur
langue, mille voeux, "Erin go bragh".
Le Président: M. le député de Verdun. M.
Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, je voudrais me joindre à
mes collègues moi aussi pour offrir à toute la communauté
irlandaise du Québec et principalement celle du comté de Verdun,
mes meilleurs voeux à l'occasion de la Saint-Patrick qu'ils ont
célébrée en fin de semaine, parce qu'ils
célèbrent cela plusieurs jours, M. le Président.
Le caractère fort et volontaire des Irlandais, leur
disponibilité à servir et à s'engager pour leurs
semblables et surtout leur attachement au Québec en font des citoyens
fort estimés et avec lesquels il fait bon vivre. Je leur souhaite de
rester eux-mêmes et de conserver ce tempérament chaleureux qui est
le leur.
I wish to extend my best wishes, on the Saint Patrick weekend, to the
Irish citizens of my riding Québec, and I am proud to be their
Representative and Member.
Je pense, M. le Président, que nous avons beaucoup à
apprendre des Irlandais parce que depuis une trentaine d'années la ville
de Verdun a eu l'occasion de recevoir la reine et son escorte. C'est
agréable de voir ces gens-là arriver, de les voir retourner et
voir avec quelle amitié ils se tiennent ensemble.
Je pense que des deux côtés de la Chambre on aurait un
exemple à suivre, et même à voir la façon dont la
parade s'est déroulée dimanche beaucoup d'entre nous auraient un
exemple à suivre d'eux. Merci, M. le Président.
Le Président: M. le député de Vachon. M.
David Payne
M. Payne: Je n'avais pas l'intention de prendre la parole, M. le
Président. Mais parce que le député de Sainte-Anne voulait
peut-être signaler l'absence du gouvernement du Québec, je
voudrais rappeler que j'étais présent toute la journée de
dimanche dernier pour représenter le gouvernement du Québec et
particulièrement le ministre de l'Immigration et des Communautés
culturelles. Il m'a fait plaisir de refaire mes connaissances et mes
amitiés avec la communauté irlandaise, venant moi-même
d'une grand-mère du comté de Wicklow en Irlande, et d'être
présent pour le gouvernement du Québec. (15 h 50)
Malheureusement, je ne pouvais pas être là le soir pour la
simple raison que je devais présider la réception officielle en
l'honneur de notre héros national Gaétan Boucher dans le
comté de Saint-Hubert.
J'ai salué d'ailleurs le député de Sainte-Anne cet
après-midi même. Peut-être ne s'en souvient-il pas, mais
j'étais présent sur l'estrade, représentant le
gouvernement.
En passant je dois dire que je vais continuer l'étude que j'avais
commencée il y a trois ans sur l'histoire de Grosse-Île: un
document que j'avais distribué à plusieurs collègues de
l'Assemblée nationale raconte l'arrivée des Irlandais en 1848. Je
suis actuellement au travail avec les United Societies, United Irish, and the
Hibernian Society pour continuer cette même étude en hommage
à la communauté irlandaise. That is the reason why I would like
simply to stand up today to acknowledge and pay homage to my ancestors, the
Irish community of Québec, and say that I will continue my work with
United Societies and the Hibernian Society, particularly with respect to a
study I started on Grosse-Île. Happy Saint Patrick's day to all the Irish
community from ourselves on this side of the House and I am sure we will join
everybody else in Québec as well. Thank you.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, étant donné qu'on
a entendu plusieurs discours sexistes, parce qu'on entend seulement parler ceux
dont le père est Irlandais, au nom de ceux dont la mère est
Irlandaise et qui sont aussi à moitié irlandais que ceux dont
seulement le père est Irlandais, mais dont la mère est
Canadienne-française et Québécoise, j'aimerais dire que je
me sens aussi un peu partie à la fête, parce que, du
côté de ma mère, l'origine était irlandaise. Je dois
dire qu'après avoir étudié l'histoire de l'Irlande, j'ai
remarqué qu'elle ressemble beaucoup à l'histoire des
Québécois. Cela a été essentiellement, pendant 200
ans, tant pour les Irlandais que pour les Québécois, une bataille
pour l'existence comme peuple. Finalement, au début du XXe
siècle, les Irlandais ont pu retrouver leur autonomie en Irlande
malgré toutes les difficultés et les persécutions de
toutes sortes qu'ils ont vécues au cours des années pendant
lesquelles ils ont été dominés par l'Angleterre.
M. le Président, c'est pourquoi, je pense, il n'y a pas une
communauté qui est à même de comprendre autant les
aspirations des Québécois puisque les Québécois, au
fond, aspirent à la même chose que les Irlandais ont obtenue au
début du XXe siècle, la reconnaissance d'une patrie pour leur
peuple où ils vont être reconnus à part entière. Je
suis persuadé que, par-delà les océans, l'Irlande et le
Québec ont beaucoup en commun. Ils ont une histoire commune. Ils ont eu
le privilège d'avoir le record des missionnaires dans le monde comme
Québécois et comme Irlandais puisque, dans les principaux pays du
monde où il y avait des missionnaires catholiques, c'étaient des
missionnaires irlandais ou des missionnaires québécois.
L'histoire de ces deux peuples est une histoire qui a été
beaucoup associée. Il n'est pas surprenant qu'au Québec, un
beaucoup plus grand nombre d'Irlandais et de Québécois se soient
mariés quand, dans le fond, on connaît les difficultés
qu'il y a eu dans le passé pour être associés par le
mariage, puisqu'il fallait être de la même religion; en même
temps peut-être que la lutte pour la survie comme peuple a fait en sorte
qu'on a connu, au Québec, un grand nombre de mariages entre
Québécois et Irlandais. Aujourd'hui, plusieurs d'entre nous qui
ne portons pas un nom irlandais, sommes à 50% de sang irlandais. C'est
pour cela que, quand on me dit parfois que les Irlandais sont des gens
bouillants qui veulent se battre avec amour pour leur patrie, je peux vous dire
que je me reconnais fièrement en eux et je souhaite, pour les
Québécois, la même arrivée que pour l'Irlande au
début du XXe siècle. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Président: La motion du député de Robert
Baldwin est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le député de
Sainte-Marie.
Soutien à la campagne Caravane et
pétitions pour la paix
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, je voudrais solliciter le
consentement des membres de cette Chambre pour présenter une motion sans
préavis qui se lit comme suit: "II est proposé que
l'Assemblée nationale apporte son soutien à la campagne Caravane
et pétitions pour la paix, qui vise à recueillir des milliers de
signatures en vue d'amener le Parlement fédéral à revoir
sa position en matière d'armement nucléaire."
Le Président: Y a-t-il consentement à la discussion
d'une telle motion?
Une voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement. M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, il est rare qu'on ait la
possibilité dans cette Chambre de parler de questions qui se rattachent
à la paix et au désarmement nucléaire. Il est, bien
sûr, plus évident que ces questions doivent, d'abord et avant
tout, se traiter au niveau du Parlement fédéral.
Par ailleurs, il s'agit de causer avec les citoyens du Québec
pour se rendre compte que les préoccupations sont de plus en plus
constantes et soutenues dans la population en regard de toute cette menace
nucléaire qui a cours actuellement et que, plus particulièrement,
les récents essais du missile Cruise, que les groupements pacifistes
canadiens n'ont pu empêcher, ne sont pas susceptibles d'atténuer
les inquiétudes du peuple québécois et du peuple
canadien.
Il faut donc souligner, selon moi, M. le Président, chaque fois
qu'on en a l'occasion, toutes les initiatives susceptibles de nous faire
regarder de plus près cette question du désarmement
nucléaire et de la marche vers la paix. Un certain nombre de groupes se
sont impliqués l'an dernier par une grande marche pour la paix qui a
connu autant de succès au Québec que dans l'ensemble des
provinces canadiennes.
La mission de paix entreprise par le premier ministre canadien
mérite l'appui de chacun et de chacune des citoyens et citoyennes qui se
préoccupent de ces
questions.
De la même façon, M. le Président, le Conseil du
travail du Canada, appuyé dans ce sens par un certain nombre de groupes
syndicaux, de représentants de groupes religieux, de
représentants de groupes de femmes, de représentants de groupes
pacifistes, a lancé cette campagne Caravane et pétitions pour la
paix la semaine dernière. Ce mouvement pancanadien se déroulera
dans tout le Canada. Ici plus particulièrement au Québec,
vendredi dernier, un regroupement de mouvements québécois a
commencé à suivre cette caravane en faisant signer des
pétitions pour la paix.
Je voudrais souligner que ces revendications auxquelles seront
appelés à participer chacun et chacune des citoyens et des
citoyennes se dérouleront jusqu'au 20 octobre l'an prochain environ et
que le texte de la pétition prévoit quatre points que je voudrais
vous mentionner rapidement, M. le Président: premièrement, on va
demander l'abandon des essais des missiles Cruise au Canada et l'arrêt de
la recherche, de la fabrication, des essais et du transport des armes
nucléaires ou de leurs composantes; deuxièmement, on va demander
que le Canada soit désigné comme zone libre d'armement
nucléaire et la participation active du Canada à la
désescalade de la course aux armements; troisièmement, on
demandera que les sommes d'argent actuellement affectées,
gaspillées dans la course aux armements soient affectées à
satisfaire les besoins de l'ensemble de nos citoyens et de nos citoyennes, et
plus particulièrement des plus démunis d'entre nous;
quatrièmement, on va demander - je pense, M. le Président, qu'il
s'agit là d'une expression assez cocasse - un vote libre du Parlement
d'Ottawa sur ces questions. Chaque fois que j'entends parler de vote libre dans
un Parlement - cela s'appliquerait aussi bien au Québec qu'à
Ottawa - cela me fait penser que le seul endroit peut-être où le
vote n'est pas libre dans notre pays, c'est justement dans les institutions qui
sont censées régler et légiférer pour l'ensemble
des citoyens. Quatrièmement, on va donc demander un vote libre sur ces
questions. (16 heures)
II ne serait pas inutile de rappeler que participeront à
l'organisation de ce programme Caravane et pétitions pour la paix des
groupes différents, d'horizons différents, d'idéologie
différente, mais qui vont se regrouper pour les circonstances autour de
cette question importante. La semaine dernière, au lancement pour le
Québec, il y avait la vice-présidente de la Conférence
mondiale des religions pour la paix, un représentant du Conseil du
travail du Canada, de la FTQ, de la CSN, de la
CEQ, des représentants de comités de parents de la
région de Montréal, des représentants de regroupements de
personnes âgées, des représentants de l'Église unie
du Canada, des représentants d'associations d'étudiants
universitaires, l'Union des artistes, le Conseil québécois pour
la paix, des représentants de Green Peace, enfin, M. le
Président, je ne vous ferai pas la liste complète des
participants. On voit que c'est un regroupement qui représente des gens
d'horizons et d'idéologies différents, mais qui se regroupent sur
cette question afin de sensibiliser davantage les citoyens à l'urgence
qu'on appuie sous toute forme possible ce qui se fait à tous les
niveaux.
Dans ce sens, pensons à la mission de paix entreprise par le
premier ministre canadien dans le monde. Cette pétition n'arriverait pas
à un meilleur moment pour épauler son action pour autant,
évidemment, que le gouvernement canadien, le Parlement canadien endosse
chacune des actions et soit cohérent et conséquent avec les
actions entreprises. Je terminerai en rappelant que devant cette Chambre,
au-delà du soutien qu'aujourd'hui nous pouvons apporter comme
parlementaires à cette initiative pancanadienne, il y a un projet de loi
qui devrait permettre aux parlementaires québécois de se
prononcer sur des questions identiques, un projet de loi qui est le projet de
loi 194 que j'ai déposé en novembre et qui est une loi applicable
au Québec seulement, interdisant la production, l'entreposage, le
commerce et l'utilisation d'armes nucléaires.
Si le Parlement voulait, au-delà du soutien qu'il peut apporter
aujourd'hui, voter ce projet de loi, cela pourrait finalement être
davantage concret que l'appui moral que l'on peut fournir aujourd'hui. Cela
permettrait peut-être aussi aujourd'hui au ministre
délégué à la Science et à la Technologie de
s'assurer que le virage technologique sera orienté vers la paix.
Le Président: M. le ministre de la Science et de la
Technologie.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: II y a des moments, la plupart du temps très
rares et très restreints en cette Assemblée nationale, où
on peut s'élever au-delà des lignes de parti sur des questions
vitales qui nous concernent tous et qui concernent l'avenir de tous les
peuples. Au nom de notre groupe parlementaire, j'aimerais m'associer à
la motion du député de Sainte-Marie, qui va exactement dans le
sens des orientations du programme politique de notre formation, qui est le
seul parti politique actuellement à avoir préparé un
chapitre qui s'intitule très justement "La promotion de la paix". Cette
question fait
actuellement l'objet de débats dans les régions du
Québec et au sein d'un certain nombre de comités de notre parti,
parce qu'il est temps que les Québécois et que l'ensemble des
citoyens de la planète se préoccupent de notre avenir collectif
en ce qui concerne la promotion de la paix.
Il me fait plaisir d'appuyer cette caravane et pétitions pour la
paix ainsi que l'objectif qu'elles sous-tendent, soit essentiellement contrer
l'escalade dans le domaine de la production de l'armement nucléaire. Je
pense qu'il est bon de souligner, même si le Canada - puisque ce n'est
pas encore une responsabilité du Québec - n'est très
certainement pas la principale puissance militariste du monde, qu'à
côté des offensives de paix, il a augmenté en trois ans,
ces trois dernières années, son budget de défense de 55%,
y compris le dernier budget fédéral qui a augmenté le
budget de défense de 15%. C'est là le poste de dépenses
à Ottawa qui a augmenté le plus rapidement. Je vous signalerai
qu'on en paie une partie, qu'on paie 25% de ces dépenses
fédérales. Je pense qu'il est important, compte tenu de la
tradition pacifiste du peuple québécois, que nous appuyions cette
caravane et ces pétitions pour la paix.
Sur le plan mondial, l'ensemble des États dépensaient 750
000 000 000 $ en 1982, soit 1 000 000 $ par minute pour les armements. Et je
vous signalerai que c'est exactement le double de ce qu'on dépense dans
le domaine de la santé. C'est probablement l'investissement - on devrait
plutôt parler de "désinvestissement" - le plus coûteux,
à la fois pour les pays producteurs d'armements - parce que plusieurs
études démontrent qu'on peut créer en moyenne deux fois
plus d'emplois pour la paix que d'emplois dans l'industrie de l'armement -mais
en même temps combien coûteux pour les pays du tiers monde qui
utilisent ces armes, contribuant ainsi à accroître la distance ou
le fossé économique qui sépare de plus en plus les pays
développés des pays en voie de développement.
En conclusion, je pense que cette Assemblée nationale,
au-delà des partis politiques, au-delà des options politiques,
doit apporter son soutien le plus concret possible, non seulement en paroles
comme nous le faisons aujourd'hui, mais par des gestes, par les budgets qu'elle
vote, de façon à éviter que la science et la technologie
soient détournées de leurs fins pacifiques et servent au
développement et à l'escalade de l'armement, et à
l'escalade nucléaire en particulier. Je pense que cette Assemblée
nationale doit témoigner son appui à l'ensemble des groupes, des
militants et des militantes qui oeuvrent, non seulement au Québec mais
dans d'autres pays et dans le reste du Canada, à la promotion de la
paix.
Merci, M. le Président.
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir, au nom de notre groupe parlementaire, de m'associer à la motion
du député de Sainte-Marie. Comme citoyenne du monde et
peut-être davantage comme citoyenne de ce pays, il m'apparaît
important, au moment où les grandes puissances sont engagées dans
une course accélérée vers des armements de plus en plus
sophistiqués et dont, le plus souvent, ce sont les nations les plus
pauvres et les individus les plus faibles qui en font les frais... il nous fait
plaisir, dis-je, de nous associer à cette motion en faveur de la
promotion de la paix. Je ne voudrais surtout pas ici m'engager dans un
débat politique sur tous les mouvements pacifistes qui, on le sait,
à maintes occasions sont critiqués dans l'opinion publique. Je
pense qu'il est important, le geste que nous posons aujourd'hui ou du moins que
je veux poser au nom de ma formation politique, de faire appel à chaque
individu afin qu'il se sensibilise aux dangers qui menacent l'ensemble de
l'univers et surtout les générations à venir.
M. le Président, souvent, devant ces problèmes d'armement
et de production d'armes, on fait valoir l'argument de la création
d'emplois. J'aimerais ici simplement rappeler quelques statistiques que j'ai
relevées dans le Devoir du 31 mars 1983. Selon ce journal, 604 000
emplois dans la seule région de Montréal dépendent de la
production militaire. Ce qui n'apparaît pas dans nos quotidiens, c'est le
fait que, dollar pour dollar, l'industrie militaire fait piètre figure
par rapport à la plupart des autres industries. D'après les
données des États-Unis - le Bureau of Labor Statistics - pour 1
000 000 000 $, on crée 76 000 emplois dans l'armement comparativement
à 92 000 dans le secteur du transport, à 100 000 dans la
construction et 132 000 dans le secteur de la santé. Je veux attirer
l'attention ici de tous ceux qui, dans les différents Parlements,
à cause des fonctions qu'ils occupent, doivent prendre des
décisions concernant les priorités qu'ils veulent établir,
et leur demander de se rappeler que, de plus en plus, les destinées de
chacun des citoyens du monde sont intimement reliées et que chacun des
gestes qui sont posés individuellement par un pays ont de plus en plus
de répercussions sur d'autres pays. Dans ce sens-là, on ne peut
se dissocier de tous les mouvements qui, sincèrement et non pas
peut-être comme dans certains cas, pour des fins politiques moins
avouées, poursuivent vraiment le but
du mieux-être ou veulent travailler vraiment au mieux-être
de leurs concitoyens. (16 h 10)
En terminant, je rappellerai simplement que les membres des Parlements,
ceux qui gouvernent les différents pays, ont une responsabilité
première mais que la paix ou la promotion de la paix doit d'abord se
faire par chaque individu, dans la mesure où chacun est conscient, dans
sa vie personnelle, de cette nécessité d'être en paix avec
lui-même, dans sa famille, avec ses voisins, avec sa communauté en
général. Je dirais même que, dans un Parlement comme le
nôtre, où nous sommes très pacifiques, finalement, il nous
arrive même d'avoir des écarts, compte tenu des formations
politiques différentes et des objectifs différents que l'on peut
poursuivre. Je pense que toute paix durable doit d'abord être assise sur
un désir profond et sincère et sur la conviction de chacun des
individus qu'il a un rôle à jouer dans sa vie personnelle et dans
la vie communautaire eu égard à cette promotion de la paix.
M. le Président, encore une fois, nous nous associons à
cette motion et souhaitons, à l'occasion de cette motion, que chacun
s'accorde quelques moments de réflexion et se pose peut-être
quelques questions à savoir quels gestes concrets il peut faire dans le
sens de la promotion de la paix. Merci, M. le Président.
Le Président: La motion de M. le député de
Sainte-Marie est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Avis touchant les travaux des commissions
Le Président: Adopté. Aux avis touchant les travaux
des commissions, M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je voudrais donner un
avis indiquant que, jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22
heures, aujourd'hui, la commission des affaires sociales se réunira
à la salle 80, afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 60, Loi modifiant la Loi sur la
protection de la jeunesse et d'autres dispositions législatives.
Il y a également un avis indiquant que, mercredi, demain matin,
de 10 heures à 13 heures, cette même commission poursuive toujours
l'étude détaillée du projet de loi 60.
Le Président: Je voudrais, pour ma part, donner l'avis
suivant: Que la commission de l'Assemblée nationale se réunira
vers 16 h 30 à la salle 101-B. Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: À ce stade-ci de nos travaux, M. le
Président, j'aimerais faire un rappel au règlement qui
débouchera sur une demande de directive. Il s'agit des règles de
procédure qui touchent les commissions parlementaires qui entendent ou
qui invitent des organismes intéressés à s'exprimer sur un
projet de loi qui est déféré en commission parlementaire,
après la première lecture. On sait que l'article 118a de l'ancien
règlement, donc du code Lavoie, se lisait comme suit: "Lorsqu'un projet
de loi est envoyé à une commission élue après la
première lecture, avis doit être donné par le
secrétaire des commissions dans la Gazette officielle du Québec.
Après cet avis, les personnes ont un délai de trente jours pour
déposer au Secrétariat des commissions 100 exemplaires de leur
mémoire, accompagnés d'un bref résumé. Après
ce délai, le secrétaire des commissions fait parvenir à
chaque membre de la commission un exemplaire des mémoires et des
résumés". Je vous fais grâce de la lecture des dispositions
de l'article 161 de nos nouvelles règles de procédure.
Essentiellement, elles reprennent à peu près les mêmes
points.
Je m'arrête à la lecture de cet article 118a de l'ancien
règlement parce qu'il s'agit d'un rappel ou d'une publication qui a
été publiée dans le journal Le Devoir du 22 février
1984 et qui s'intitule: "Le 16 mars, date limite pour le dépôt des
mémoires sur le projet de loi 58". C'est le projet de loi sur le droit
des biens. On voit qu'il s'agit d'un rappel qui est signé par M.
François Côté, du Secrétariat des commissions,
indiquant que le 16 mars est la date limite pour le dépôt des
mémoires sur le projet de loi 58. Mais - et c'est là l'objet de
ma demande de directive qui portera sur cette partie de la publication - c'est
que dans la même page d'annonce, on retrouve une demande signée
par le ministre de la Justice d'alors, le leader du gouvernement aujourd'hui,
M. Marc-André Bédard, libellé comme suit et je cite: "Tous
ceux qui ne peuvent participer à cette commission parlementaire mais qui
veulent tout de même émettre une opinion peuvent le faire en
écrivant directement au ministre de la Justice à l'adresse
suivante." Là, on a inscrit l'adresse du ministère de la Justice.
"Cette annonce a été retenue et payée par le gouvernement
du Québec, ministère de la Justice, direction des
communications."
La demande que je vous fais, M. le Président, est à
l'effet de savoir si cette pratique est acceptable en vertu soit de nos
anciennes ou de nos nouvelles règles de procédure, car il nous
semble qu'il était clair qu'il fallait que ce soit au Secrétariat
des commissions, et là seulement, que soient acheminés les
mémoires. Justement, quand on pense à la distribution des
mémoires aux membres de l'Assemblée nationale, comment
pourrons-nous nous assurer, nous, de l'Opposition - j'imagine que cela
s'applique aux députés ministériels d'arrière-ban
également - que les mémoires ou les expressions d'opinions qui
auraient pu être communiqués directement au ministre de la Justice
d'alors et à son successeur maintenant seront à la disposition de
l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale?
Donc, M. le Président, j'aimerais que vous statuiez sur cette
question de façon que, premièrement, on reconnaisse si cette
pratique ou cette façon de procéder a été
régulière et, s'il devait arriver que vous décidiez
qu'elle ne l'était pas, qu'on ne recommence plus.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Sur la question de règlement de mon
collègue de l'Opposition, je voudrais dire que ce qui a effectivement
été ajouté au niveau de l'avis réglementaire, ce
qui a effectivement été lu par le leader de l'Opposition
constituait l'initiative d'un fonctionnaire de bonne foi. Personnellement, je
me suis fait un devoir de rappeler à l'instance en question que mon
opinion était que les avis devaient continuer de paraître selon la
forme usuelle. Il est clair que les représentations faites par le leader
de l'Opposition me semblent bien fondées; à ce moment-là,
cela créerait beaucoup de difficulté à l'Opposition pour
savoir quels sont les avis qui ont été acheminés au
ministre plutôt qu'au Secrétariat des commissions. Ce doit
être considéré comme étant une initiative qui ne se
renouvellera pas.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, j'accepte volontiers les
explications de l'ex-ministre de la Justice, mais, dois-je comprendre de votre
silence que vous êtes d'accord avec cette belle unanimité voulant
qu'à l'avenir cette pratique ne devra pas être
utilisée?
Le Président: Mon silence vient du fait que vous ne m'avez
pas encore laissé le temps de parler. Puisque vous voulez
connaître ma perception des choses, je vous dirai qu'en effet, lorsque
j'ai vu cette annonce dans le journal, j'en ai été quelque peu
étonné et j'ai transmis cet étonnement au ministre de la
Justice en lui soulignant que la direction des communications d'un
ministère n'a pas - c'est ce sur quoi nous sommes tous d'accord,
d'après ce que je comprends - à se substituer au
Secrétariat des commissions de l'Assemblée nationale et à
faire paraître soit un avis, soit un rappel concernant les travaux d'une
commission parlementaire ou à indiquer à des personnes, des
groupes ou des organismes qui auraient été susceptibles de
s'intéresser à la commission, une autre voie par laquelle ils
pourraient s'adresser directement au gouvernement. En d'autres mots, je pense
que, de toute évidence, la direction des communications ou la personne
de ce service qui a pris cette initiative l'a fait en méconnaissance de
notre système parlementaire qui veut que, lorsqu'il s'agit d'une
commission parlementaire, donc une institution de l'Assemblée nationale,
qui a à entendre des mémoires, il appartient à
l'Assemblée nationale de publier les avis et c'est à la
commission et au Secrétariat des commissions que doivent parvenir les
mémoires, ce qui n'empêche évidemment pas tout gouvernement
de tenir de son côté, indépendamment de tout cela, des
auditions s'il le veut par la voie d'un ministre ou de hauts fonctionnaires.
Dès lors qu'il s'agit de l'Assemblée nationale, il est bien
évident qu'il faut respecter les dispositions du règlement, ce
d'ailleurs sur quoi nous sommes, de toute évidence, d'accord. (16 h
20)
M. Gratton: M. le Président, je vous remercie de ces
précisions quant à l'avenir. Quant au cas spécifique de
cette invitation que faisait le ministre de la Justice, est-ce qu'il peut nous
dire à ce moment-ci, en vertu de l'article 86 - si on me le permet -s'il
a reçu des mémoires à la suite de cette invitation? Si
oui, dans quel délai les députés de l'Opposition
pourront-ils en prendre connaissance?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vais prendre avis de
la question fort à propos du leader de l'Opposition, m'informer
auprès du ministre de la Justice et essayer de lui fournir la
réponse le plus rapidement possible.
M. Bisaillon: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Sainte-Marie.
Recours à l'article 86
M. Bisaillon: Une question en vertu de l'article 86 qui s'adresse
au leader du gouvernement. Je me référais tantôt, au moment
de la discussion sur la motion sans préavis que j'ai faite, au projet de
loi 194 -projet de loi au nom des députés - qui est inscrit
actuellement au feuilleton. Est-ce que le leader du gouvernement a l'intention
d'innover dans ses nouvelles fonctions en faisant en sorte que les projets de
loi au
nom des députés soient finalement appelés à
la discussion de l'Assemblée nationale un jour? Est-ce qu'il est
prêt, par exemple, à faire une discussion "un, deux, trois", comme
il nous l'a si bien démontré depuis son entrée en
fonction, du projet de loi 194 qui porte, je le répète, sur toute
la question de l'armement nucléaire en ce qui concerne le territoire
québécois?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président ce n'est pas une
question d'innovation mais simplement une question d'ordre dans nos travaux
législatifs. J'ai constaté, comme tous mes collègues,
qu'il y avait effectivement un projet de loi avec le contenu dont parle le
député de Sainte-Marie qui figure à notre feuilleton. Il y
a également de nombreux autres projets de loi. Nous verrons quelle est
la priorité que nous aurons à accorder comme gouvernement.
Je pense que déjà, aujourd'hui, le fait d'avoir consenti
au dépôt de la motion faite par le député de
Sainte-Marie, de nous y être associés, montre très
clairement notre souci de la promotion de la paix.
Le Président: Ce qui nous mène donc aux affaires du
jour.
Il n'y a pas d'affaires prioritaires, de débat d'urgence, de
débat sur les rapports des commissions.
Autres affaires inscrites au feuilleton, M. le ministre des
Finances.
Crédits pour l'année se terminant le 31
mars 1985
M. Parizeau: M. le Président, un message du
lieutenant-gouverneur, signé de sa main.
Le Président: Veuillez vous lever, s'il vous
plaît;
L'honorable lieutenant-gouverneur de la province de Québec
transmet à l'Assemblée nationale les crédits pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1985,
conformément aux dispositions de l'article 54 de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique 1867, et recommande des crédits
à la considération de la Chambre.
M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer en deux copies les crédits pour l'année
1984-1985.
Le Président: Document déposé. M. le leader
du gouvernement.
Projet de loi 67 Adoption
M. Bédard: M. le Président, je sollicite le
consentement de l'Opposition ainsi que du député de Sainte-Marie
afin que le ministre des Finances puisse présenter à cette
Assemblée le projet de loi 67, Loi no 1 sur les crédits
1984-1985. Je sollicite également le consentement afin que l'on puisse
procéder à l'adoption du principe, à l'étude
détaillée en commission, à la prise en
considération du rapport de la commission et à l'adoption du
projet de loi au cours de cette même séance. Autrement dit, la
formule "un, deux, trois" dont parlait tout à l'heure le
député de Sainte-Marie.
Le Président: Y a-t-il ce double consentement de
l'Assemblée? Consentement. M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet d'autoriser le gouvernement à payer sur le fonds consolidé
du revenu une somme de 173 476 683,33 $, représentant un douzième
des crédits du programme Prestations d'aide sociale du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et un quart des
crédits du programme Sécurité du revenu des chasseurs et
piégeurs cris du même ministère. Cette somme apparaît
au budget des dépenses du Québec pour l'année
financière 1984-1985.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 2 du feuilleton.
Le Président: Si vous n'y voyez pas d'objection, on va
quand même adopter le projet de loi. Même s'il y a eu consentement
pour franchir les étapes, encore faut-il effectivement les franchir.
L'Assemblée accepte donc de se saisir de ce projet de loi et accepte
donc, si j'ai bien compris, le consentement de tantôt d'adopter son
principe, de consentir à son étude détaillée en
commission, à la prise en considération du rapport et à
son adoption finale.
Des voix: Consentement.
Le Président: Le projet de loi est adopté.
J'en profite pour signaler qu'il y aura sanction royale, ce soir,
à 20 heures, du projet de loi 64 et, vraisemblablement, de ce projet de
loi également.
M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 2 du feuilleton.
Projet de loi 48
Reprise du débat sur la prise
en considération du rapport
de la commission
Le Président: Reprise du débat sur la prise en
considération du rapport de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation, sur les amendements proposés. Il
s'agit du projet de loi 48. La parole est au leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, j'avais simplement
demandé l'ajournement du débat, mais c'est Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine qui prendra
la parole.
Le Président: La parole est effectivement à Mme la
ministre déléguée à la Condition
féminine.
Mme Denise Le Blanc-Bantey
Mme Le Blanc-Bantey: Merci, M. le Président.
Malheureusement, je n'ai pas eu le temps d'être ici la semaine
dernière, lors du débat et lors du discours de certains membres
de l'Opposition, mais j'ai lu attentivement les remarques que je qualifierai de
passionnées du député de Nelligan. Honnêtement, en
lisant ses remarques, je n'ai pu que conclure, qu'involontairement sans doute,
le député de Nelligan nous demande de suivre l'exemple
légendaire de l'empeur Néron. J'ai l'impression qu'il veut qu'on
turlutte pendant que les technocrates, à Ottawa, démolissent
l'industrie de la pêche que, de peine et de misère, on a
réussi à bâtir au Québec depuis quelques
années; on a commencé tout au moins.
J'ai l'impression, entre autres, que le député de Nelligan
et d'autres députés de l'autre côté nous disent:
Occupez-vous des petits poissons des chenaux et, pendant ce temps, à
Ottawa, on s'occupera des choses de la ligue majeure. Je me permets très
modestement de dire que c'est faire preuve d'une naïveté
inqualifiable et c'est ignorer aussi le dossier des pêches.
Pourquoi le gouvernement du Québec veut-il affirmer son
autorité en matière de gestion et d'administration des
pêches? Pourquoi voulons-nous établir un certain nombre de
pouvoirs dans ce domaine? S'agit-il, comme le prétend, entre autres, le
député de Nelligan, d'une bataille abstraite et stérile?
Je pense qu'il serait peut-être temps qu'on parle de ces choses
concrètement. Parlons, comme le souhaite, entre autres, le chef
ressuscité du Parti libéral, de l'économie.
Puisque le passé est souvent garant de l'avenir, parlons aussi un
peu du passé. Il y a 20 ans, les grands spécialistes à
Ottawa, pour lesquels nos amis d'en face ont tant d'admiration, ont
autorisé des chalutiers hors golfe à exploiter le sébaste
dans nos eaux. Cette exploitation a continué durant dix ans, douze ans,
quinze ans, au point où il y a eu surpêche de cette espèce.
Je ne suis pas la première à le mentionner en cette Chambre, mais
je pense que c'est important de le rappeler. Résultat de tout cela: en
1976, la Gorton Pew a fermé son usine aux Îles-de-la-Madeleine;
les politiques d'Ottawa l'avaient rendue non rentable. Alors, on a mis fin
à l'exploitation du sébaste dans le golfe par les chalutiers de
l'extérieur. On a décidé, après que l'eau eut
été coupée, de fermer le robinet.
Mais 1981 arrive et, à peine la situation un peu
équilibrée, Ottawa ouvre encore le robinet. Cette
année-là, les chalutiers hors golfe ont eu le droit de
pêcher 1500 tonnes de sébaste dans nos eaux. L'année
passée, c'était 5000 tonnes et, cette année, ils auront le
droit de pêcher 10 000 tonnes. Dès 1986, c'est à 15 000
tonnes que ces chalutiers hors golfe auront droit selon -si cela continue - les
diktats d'Ottawa et les prises de sébaste par les chalutiers hors golfe
atteindront 20 000 tonnes en 1988. Voilà une bonne raison, M. le
Président, compte tenu de l'expérience passée que nous
avons vécue, entre autres, aux Îles-de-la-Madeleine qui, à
elle seule, justifierait notre volonté d'exercer notre autorité
en matière de gestion. La vérité, c'est qu'avec la gestion
des spécialistes - comme ceux, encore une fois, que l'on admire tant de
l'autre côté - notre industrie de la pêche risque à
moyen terme de ne plus exister au Québec. (16 h 30)
Pourquoi voulons-nous établir des contrôles dans ce
domaine? L'Opposition se souvient sans doute de la bataille qu'elle a
menée l'an dernier dans le dossier de Madelipêche. Que le
Québec prenne le contrôle de Madelipêche, elle trouvait que
c'était encore une fois ridicule, que c'était un geste
stérile et, grâce à cette complicité plus ou moins
avouée, M. De Bané, a retardé l'émission des permis
à nos chalutiers, ce qui a privé une très grande
majorité de nos travailleurs et de nos travailleuses dans ces usines de
plusieurs semaines de pêche.
Qu'en est-il au juste de la situation aujourd'hui à
Madelipêche, M. le Président? Je pense encore là qu'il
serait bon d'en parler. Lorsque nos administrateurs ont pris le contrôle
de cette usine, par exemple, du côté syndical, il y avait des
centaines de griefs qui traînaient dans le décor depuis plusieurs
années. Aujourd'hui - je répète
encore une fois que ce sont des griefs provenant en grande
majorité de travailleuses - tous ces griefs, sans exception, ont
été réglés. Il y a donc un assainissement en ce qui
concerne les relations du travail.
À Madelipêche, sous l'ancien régime où les
amis de M. De Bané faisaient la pluie et le beau temps, on ne se
souciait guère non plus des besoins du marché. Aujourd'hui, on
fonctionne selon les normes du marché. On a augmenté
l'efficacité. On a maintenu les emplois et on en a créé de
nouveaux.
Le bilan de l'année 1983 n'est pas encore complété
à Madelipêche, mais j'ose dire ceci: En dépit du retard
causé par M. De Bané, en dépit de difficultés de
démarrage, cette société terminera son année
financière d'une façon très honorable. Nos pêcheurs,
nos travailleurs et nos travailleuses ne vivent plus dans
l'insécurité depuis que le gouvernement du Québec en a
pris le contrôle.
Ceci étant dit, M. le Président, le projet de loi 48,
est-ce toujours une vaine bataille constitutionnelle? Quant à moi, je ne
réponds pas. Au contraire, c'est un geste de départ et de
recommencement, tel que je l'avais évoqué à cette Chambre
il y a presque quatre ans lors d'un autre débat concernant le domaine
des pêches maritimes.
On peut même se permettre d'être plus clair. J'ai dit cela,
mais je vais le répéter. Les pêcheurs
québécois sont chez eux dans le golfe. Je sais que la question du
golfe préoccupe beaucoup le député de Nelligan. Même
les provinces maritimes, faut-il le répéter, lors d'une
conférence à Halifax, en 1964, ont accepté un
découpage qui nous donnait une compétence à 60% de la
superficie du golfe. Ce découpage fut approuvé par les
libéraux du temps à Québec, en 1964. Il me semble donc
qu'il n'y a rien d'abstrait, qu'il n'y a rien de séparatiste, comme se
plaisent à le dire les gens d'en face, dans notre volonté
d'assumer nos droits.
Je dois même dire que j'ai constaté que les
révolutionnaires tranquilles des années soixante étaient
beaucoup moins nerveux que les libéraux qui nous font face aujourd'hui
à l'Assemblée nationale.
Il y a quelques instants, je faisais référence à un
discours que j'ai déjà prononcé à cette Chambre au
printemps 1980. Nous avions demandé aux Québécois d'avoir
la volonté et le courage de se prendre en main. Je citerai, en
terminant, deux phrases de ce discours qui, encore une fois, me paraissent tout
aussi pertinentes aujourd'hui qu'elles ne l'étaient à
l'époque. "Au moment de larguer les amarres, M. le Président, il
se trouve naturellement des gens qui sont nerveux, qui ont peur. On peut les
comprendre. Mais il serait désastreux, dans le débat que nous
vivons aujourd'hui, de nous comporter, comme nous le demandent les gens d'en
face, en marins d'eau douce. Les vrais capitaines, les vraies femmes et les
vrais hommes de la mer, ceux que je rencontre quotidiennement, ne craignent pas
ce geste de départ et de recommencement." Je le répète,
ces paroles, encore une fois, s'appliquent parfaitement au projet de loi 48.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. M. le
Président, faut-il rappeler à ceux qui nous écoutent que
nous sommes à prendre en considération le rapport de la
commission qui a étudié le projet de loi 48. Vous vous
rappellerez sans doute que nous avons étudié ce projet de loi
immédiatement avant Noël. Devant l'intransigeance du gouvernement
et, plus particulièrement, devant celle du ministre responsable de ce
dossier, le gouvernement s'est trouvé embarrassé puisque
même le ministre, ne voulant pas collaborer avec ses collègues, a
dû avouer qu'il ne pouvait faire adopter ce projet de loi avant
Noël, d'autant plus, M. le Président, que nous, nous avions
proposé de l'adopter avant Noël à une seule condition, soit
que le ministre accepte d'entendre en commission parlementaire les gens du
milieu, les gens de la Gaspésie, les gens de la Côte-Nord, les
gens qui sont concernés par le problème des pêches. Or le
ministre, qui a toute la vérité, a refusé ces demandes et
nous nous retrouvons ici maintenant, trois mois plus tard, pour recommencer
cette étude du projet de loi. Trois mois plus tard, on se retrouve avec
le même cabinet, dans son ensemble, avec le même parti au pouvoir,
avec le même projet de loi et avec les mêmes arguments
fallacieux.
Je viens d'écouter la ministre à la Condition
féminine et je dois avouer que je préfère de beaucoup le
ton de ses paroles que le ton qu'a adopté le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, mardi dernier, alors que nous avons
recommencé à étudier ce projet de loi et lorsque nous
avons fait recommencer le débat sur la prise en considération du
rapport de la commission. Je me suis posé la question, mais est-ce que
le ministre a compris que nous tous ensemble nous venons d'adopter de nouveaux
règlements pour favoriser une réforme parlementaire? A-t-il
compris que, dorénavant, le public qui, lui, comprend peut-être
plus ou moins toutes les subtilités de cette réforme
parlementaire, s'attend à avoir des discours plus sérieux
à l'Assemblée nationale? De toute évidence, je me suis
dit, en écoutant le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, qu'il n'avait absolument rien
compris, puisqu'il nous a déballé un tas d'arguments, un
tas de bouffonneries, il nous a parlé de radioactivité, il nous a
parlé d'obus dans le lac Saint-Pierre, il nous a parlé de
pollution des Grands Lacs, enfin, il nous a parlé à peu
près de tout excepté des arguments qu'il aurait dû mettre
de l'avant pour tenter de nous convaincre et pour tenter de convaincre la
population du bien-fondé de son projet de loi.
On se retrouve avec le même projet de loi. On se retrouve avec le
même ministre et on se retrouve avec les mêmes arguments
fallacieux. On se retrouve également avec la même façon de
procéder du ministre, avec des arguments ad hominem, c'est-à-dire
pour tenter d'attaquer des individus, qui ne pensent pas comme lui. On sait
tous que c'est un procédé utilisé par ceux qui manquent
d'arguments, qui ne cherchent pas à convaincre la population et qu'en ce
faisant, on essaie de diminuer l'adversaire. Ainsi, le ministre s'en est pris
au député de Nelligan en disant ceci: Mais comment un
député de Montréal peut-il comprendre toute la dynamique
et toute la conjoncture de l'économie de l'industrie du poisson sur la
Côte-Nord et en Gaspésie? Ce procédé est petit et
mesquin. Il nous faut le dénoncer parce que, s'il y a un
député qui est à l'écoute de la population, s'il y
a un député qui est allé sur la Côte-Nord et en
Gaspésie pour entendre ce que les gens de la Gaspésie et de la
Côte-Nord ont à dire, c'est bien le député de
Nelligan. S'il fallait conclure que les députés qui habitent
Montréal ne comprennent rien à la Gaspésie ou à la
Côte-Nord et à toutes les régions du Québec, sachant
qu'il y a cinq ou six ministres qui habitent mon comté d'Outremont, le
ministre de la Justice, le ministre du Commerce extérieur, le ministre
des Affaires sociales, le ministre des Finances, le ministre des Transports et
jusqu'à M. Jacques-Yvan Morin, qui était ministre jusqu'à
récemment, si le quart du cabinet du Parti québécois qui
nous dirige ne comprend rien aux régions, ce n'est certainement pas une
conclusion à laquelle j'aimerais arriver.
Je me demande si le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation comprend le genre d'argument qu'il utilise lorsqu'il essaie de
dire que le député de Nelligan ne sait pas ce dont il parle. De
toute évidence, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation est un embarras pour ses collègues. Il les a
embarrassés avant Noël et il les embarrasse lorsqu'il parle
à l'Assemblée nationale. Il les embarrasse lorsqu'il utilise des
arguments comme celui dont je viens de faire état. Les gens du milieu
comprennent ce que nous faisons. Les gens du milieu savent que le
député de Nelligan, que le député de Bonaventure,
notre chef parlementaire ici, et que nous tous, ce que nous voulons, c'est
discuter du bien-fondé du projet de loi et ce que nous voulons
dénoncer, c'est l'attitude du ministre qui utilise la politique du crois
ou meurs. (16 h 40)
M. le Président, nous savons tous que les façons de faire
du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sont
dénoncées par le public. On n'a, pour s'en convaincre,
qu'à regarder les sondages. Sondage après sondage, le Parti
québécois a sombré et voilà que le dernier sondage
qui est sorti hier nous dit que plus des deux tiers, ou à peu
près, de la population n'acceptent pas cette façon de faire.
Nous savons tous que le ministre essaie de substituer à une
discussion honorable, à des arguments... Au lieu d'apporter des
arguments qui pourraient nous convaincre et convaincre la population du
bien-fondé de ce projet de loi, il essaie d'apporter des arguments
fallacieux que la population rejette. Dans ce remaniement ministériel
qui a vu le ministre des Affaires municipales changer de poste à cause
de la loi 38, le ministre du Revenu changer de poste à cause du projet
de loi 43, le ministre de l'Éducation changer de poste à cause du
projet de loi 40, on peut se poser la question à savoir si le premier
ministre n'aurait pas été mieux avisé de changer le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Mais, de
toute évidence, ce n'est pas nous qui prenons les décisions. Les
décisions du premier ministre nous apporteront - j'en suis sûr -
des sondages qui, à l'avenir, nous convaincront que le Parti
libéral du Québec est celui qui prendra la relève
aussitôt que ce gouvernement aura le courage de déclencher des
élections.
Pourquoi le gouvernement et le ministre tiennent-ils tellement à
convaincre la population sans tenir compte du point de vue de ceux qui sont
concernés? Parce que ceux d'entre nous qui écoutent les gens
concernés par le projet de loi savent tous quels sont les arguments qui
font que plusieurs personnes ont des doutes sur la nécessité
d'adopter ce projet de loi à ce moment-ci. Les gens remettent en
question le double permis qui sera, sans nul doute, une tracasserie
administrative tout à fait inutile. Plusieurs s'insurgent contre la
réglementation excessive par laquelle le ministre tient absolument
à se donner des pouvoirs. Plusieurs ont des doutes énormes sur
les problèmes constitutionnels qui seront soulevés et,
finalement, la population du Québec est fatiguée des chicanes
fédérales-provinciales que veut alimenter le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Face à cette façon de faire du Parti
québécois, nous, du Parti libéral, avons dit et
avons redit les trois objectifs dont j'aimerais faire état
maintenant. Nous avons dit que nous étions solidaires pour
réaffirmer les droits et les devoirs du Québec. Oui, s'il faut
défendre nos droits, nous allons être là pour les
défendre avec tous ceux qui se tiennent debout dans cette enceinte, mais
nous avons dit qu'il était nécessaire d'arrêter les
chicanes fédérales-provinciales quand il s'agit de régler
des problèmes économiques qui apporteront le pain et le beurre
sur la table de ceux qui sont en chômage maintenant. Nous avons dit que
l'intérêt des pêcheurs passait avant ces chicanes et que
nous devions les écouter si nous voulions arriver à des solutions
qui seraient les meilleures pour tout le monde. C'est la raison pour laquelle
je dois me rendre solidaire de l'amendement qui est apporté par mon
collègue de Nelligan qui demande que la promulgation de cette loi soit
reportée à un an, justement pour ne pas permettre que ces
chicanes qui viendront dans l'année mettent en péril
l'économie de la Gaspésie qui est si sévèrement
affectée présentement. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, j'écoutais
parler avant moi le député qui disait que le Parti libéral
du Québec prendra la relève. J'ai peine à croire qu'ils le
pensent vraiment, parce que, actuellement, ce qu'on voit, par son opposition au
projet de loi 48, c'est que l'Opposition libérale s'oppose au
développement économique de la Gaspésie, du Bas-du-Fleuve
et des Îles-de-la-Madeleine. C'est pour cette raison que je vous dis que
j'ai peine à croire que ces personnes pensent qu'elles vont reprendre le
pouvoir, malgré les sondages qui viennent de sortir. Il faut comprendre
pourquoi la population a voté et pourquoi elle a répondu au
dernier sondage. Nous avons vécu, au Québec, la crise
économique que tous les pays ont vécue. Chaque
Québécois et Québécoise a souffert ou a perdu son
emploi. Par contre, ce que ne disent jamais les gens en face de nous, c'est que
c'est le Québec qui s'en est sorti le mieux et que c'est au
Québec que l'on a récupéré le plus d'emplois
perdus.
On nous parle également des problèmes que les
pêcheurs auront avec l'obligation d'avoir un double permis. Par contre,
les gens d'en face oublient de dire pourquoi les pêcheurs, à
partir de 1983, ont été obligés d'avoir ce double permis.
C'est parce que le supposé bon gouvernement d'Ottawa a mis fin à
une entente qui datait de 1922 en vertu de laquelle les pouvoirs de
délivrance des permis étaient délégués aux
provinces. Les gens d'en face ne disent pas cela. C'est nous les fauteurs de
troubles. C'est nous qui mettons les bois dans les roues de tout le monde. Par
contre, ces chers collègues d'en face, qui sont le sosie même du
Parti libéral du Canada, suivent sa ligne de pensée et continuent
à appuyer le Parti libéral du Canada, car celui-ci pense beaucoup
plus au développement économique des autres provinces qu'au
développement économique du Québec.
Il faut voir également pourquoi le Parti libéral du
Québec s'oppose au projet de loi 48. Si on regarde brièvement les
statistiques, on constate ce que le Parti libéral, sous Robert Bourassa
- qui en est redevenu le chef - a fait pendant six années dans le
domaine des pêches. Quand on regarde les graphiques, cela fait un beau
"V"; pas un beau "V" comme cela mais un "V" comme cela. De 1970 à 1976,
pendant que Robert Bourassa était au pouvoir, les pêches ont
chuté d'une façon dramatique. En 1970, on récoltait 1 167
000 tonnes métriques de poisson et, lorsque Robert Bourassa a perdu le
pouvoir en 1976, on récoltait 388 000 tonnes de poisson. En 1977,
lorsque le Parti québécois est arrivé au pouvoir, c'est
là que nous avons pu constater la remontée des pêches au
Québec. En 1982, il s'est récolté au Québec 793 000
tonnes de poisson comparativement à environ 380 000 en 1976.
Vous pouvez donc voir la remontée dans le domaine des
pêches. C'est ce qui inquiète les gens d'en face. Ils ont peur que
nous continuions à favoriser cette progression des pêches au
Québec pour le développement économique de la
Gaspésie et de tout le Bas-du-Fleuve. C'est inquiétant pour les
libéraux. Mais il me semble qu'ils devraient voir d'abord, s'ils sont
aussi québécois qu'ils le disent, les intérêts
économiques que le Québec va retirer dans ce domaine.
Je pourrais vous parler également de ce que le gouvernement du
Québec a dépensé pour doubler les pêches
en-deçà de six ans. Nous avons créé des programmes
adéquats dont les pêcheurs ont pu profiter. Non pas des programmes
pensés ici à Québec et appliqués là-bas. On
nous parle de tournées de consultation, mais les programmes de
rénovation de flottes de pêche, de rénovation d'usines
n'ont pas été faits seulement par le ministre, qui aurait
pensé à cela un bon matin en se levant; ces programmes ont
été faits après avoir consulté les pêcheurs.
On a demandé aux pêcheurs de nous dire quels besoins ils avaient
quelle sorte d'usines ils voulaient. Les pêcheurs se sont formé en
coopératives locales pour gérer leurs usines.
Juste en passant, M. le Président, le programme sur le
développement des pêches du gouvernement du Québec ne fera
pas comme celui du gouvernement fédéral. La semaine
dernière, les pêcheurs du village de
Saint-Maurice, qui avaient été payés par le
gouvernement fédéral pour démolir leur usine parce qu'on
leur avait promis d'en construire une autre, ont appris après sa
démolition, par la voix du ministre des Pêches, M. De Bané,
que le fédéral n'en construirait pas une autre.
Allez voir les pêcheurs au village de Saint-Maurice! Que les
libéraux, s'ils se promènent tant que cela, aillent au village de
Saint-Maurice. Ils constateront la colère que les pêcheurs
éprouvent actuellement pour avoir été payés pour
démolir leur usine tout en leur faisant croire qu'on leur en
construirait une nouvelle, alors que maintenant qu'elle est à terre, on
leur dit: Non, c'est fini, on n'en construira pas d'autre. (16 h 50)
Dans le domaine des pêches, la loi 48 va permettre la culture de
toutes sortes de poissons. Je ne suis pas un spécialiste des
pêches, je suis un député de région et chez nous,
malheureusement, le poisson de qualité ne sillonne pas tellement les
ruisseaux. J'ai quand même pris connaissance du projet de loi, j'ai
écouté les explications du ministre en commission parlementaire
et même le député de Nelligan n'a pu dénoncer ses
propos.
Le ministre disait que cela se passait comme dans le secteur de
l'agriculture. Au début du siècle, les agriculteurs couraient les
animaux; quand ils se sont fatigués de courir, ils ont fait des enclos
et ils les ont engraissés dans des enclos sans avoir à les
courir. Dans le secteur des pêches, c'est exactement ce que nous voulons
faire: au lieu de construire des bateaux et de courir les poissons en haute
mer, puisque les autres pays le font, nous sommes aussi capables
d'établir des genres d'enclos dans les fonds marins pour cultiver une
multitude de crustacés, une multitude de poissons qu'on pourra
élever, comme le ministre le disait la semaine dernière, juste
à la porte de chez nous, ce qui veut dire aller à la pêche
dans la matinée et revenir dîner à la maison. C'est cela,
le développement des pêches, c'est cela que la loi 48 va
permettre. Je reviens là-dessus, mais c'est ce qui fait mal aux
libéraux.
Je déplore vraiment que l'Opposition ait empêché le
gouvernement du Québec d'adopter cette loi avant les fêtes car on
aurait déjà pu mettre en place le processus beaucoup plus
rapidement que nous pourrons le faire maintenant. On persiste à vouloir
empêcher le développement des pêches au Québec en
opposant une obstruction systématique à ce projet de loi. Les
libéraux trouvent toutes sortes d'excuses, toutes sortes d'arguments, je
les entends "mémérer"...
Une voix: Oh! "Mémérer", ce n'est pas beau!
M. Baril (Arthabaska): Je les entends placoter, d'abord, si vous
aimez mieux. Ils s'opposent à mes propos à leur façon.
Malheureusement, cela va prendre plus de temps avant l'adoption de cette loi,
mais la majorité des députés de ce côté-ci de
la Chambre n'ont pas uniquement des intérêts politiques, ils ont
des intérêts politiques et économiques. Nous verrons,
ensemble, à faire voter la loi dans les plus brefs délais,
malgré l'obstruction des libéraux.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, M. le Président. J'étais ici, la
semaine dernière, quand le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation se moquait de nous. Il s'est moqué
du député de Nelligan, du député d'Outremont en
disant: Ce n'est pas vous qui connaissez l'agriculture et la pisciculture. Je
me le rappelle, j'étais ici. À ce moment-là, j'ai
décidé de parler sur ce projet de loi et sur la prise en
considération du rapport. Il s'agit d'un projet de loi négatif,
stérile, un projet de loi de confrontation: encore une fois, la fameuse
guerre avec Ottawa. Ce n'est pas le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui va venir me dire sur quel projet de
loi je peux parler. Je ne suis pas le seul à penser ainsi, il y en a
d'autres de Montréal et même de certains comtés où
on ne vit peut-être pas au jour le jour l'expérience des
pêcheries, mais on peut lire un projet de loi, on peut l'étudier
et se faire une opinion.
J'ai écouté le ministre et je me suis dit: Je vais
intervenir là-dessus, je vais demander la permission à mes
collègues pour intervenir justement afin de donner une petite
leçon au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il devrait être un peu plus poli et un peu plus
respectueux des droits des autres députés.
Le ministre dit qu'on ne connaît rien là-dedans. Quant
à moi, je viens d'un pays qui s'appelle la Hollande où on
connaît les pêcheries. On a des villes entières et des
villages qui ne dépendent que de cela, on connaît les mots
"pisciculture" et "aquaculture", on sait ce que cela veut dire.
Quand le ministre a parlé de créer des conditions
idéales, qu'on a des chances de réussir, que si cela se fait
ailleurs, on peut le faire au Québec; nous sommes d'accord avec cela, ce
sont des moyens pour améliorer le sort des pêcheurs. Quand il a
parlé de développement des piscicultures fermées, etc.,
nous sommes d'accord avec cela. Mais quand il a parlé du saumon, de
l'indépendance et de la souveraineté en
disant que même le poisson va être plus heureux dans un
Québec souverain. M, le Président, cela va un peu trop loin.
J'étais ici quand il a parlé comme cela. Il avait presque les
larmes aux yeux quand il a parlé de la souveraineté et de la
pêche au saumon. Cela ne tient plus debout. C'est une des raisons pour
lesquelles on a le droit de parler, d'intervenir et d'aviser la population de
quoi il s'agit et d'expliquer pourquoi nous nous opposons.
On nous a demandé ce que voulait dire cette fameuse bataille de
juridiction entre le fédéral et le provincial. Pourquoi toujours,
qu'est-ce qu'il y a exactement? Je voudrais essayer de le dire dans une
terminologie que peut-être les profanes peuvent comprendre mieux. Une
étude a été faite par un expert en la matière,
quelqu'un qui est un expert beaucoup plus que le ministre de l'Agriculture, M.
Marcel Daneau. Elle s'intitule Le Québec et ses pêches maritimes.
M. Daneau y analyse les politiques et les programmes. Il y explique à un
moment donné - et même le ministre est d'accord avec cela - que le
gouvernement fédéral a une autorité exclusive sur les
pêcheries des côtes, de la mer et de l'intérieur. En
d'autres termes, il y a un domaine de juridiction fédérale. On le
sait et tout le monde est d'accord avec cela.
Il y a aussi une juridiction concurrentielle de la part de la province
de Québec. Je cite encore l'étude de M. Daneau, quand il dit:
"Les gouvernements provinciaux ont une juridiction exclusive sur les ressources
naturelles de leur territoire ainsi que sur la propriété qui s'y
trouve." Cela a beaucoup de bon sens. Il y a beaucoup d'aspects des
pêcheries qui touchent justement le domaine provincial.
Je suis très content que le ministre de l'Agriculture arrive pour
qu'il puisse écouter. Il va peut-être bénéficier de
quelques paroles de quelqu'un de Montréal pour essayer justement de
résoudre le problème, pour ne pas faire toujours la grande
bataille Ottawa-Québec et être là, lui, le gros
défenseur du Québec. Cela n'avance pas les choses, M. le
Président.
Nous sommes là pour protéger les droits des
Québécois et des Québécoises autant que vous, mais
dans la raison, en cherchant une solution parce qu'on veut coopérer.
C'est cela la différence entre vous et nous.
Le pauvre pêcheur qui est pris dans ces "maudits délits",
parce qu'ils disent cela, ils appellent cela un conflit entre la province et le
fédéral, où est-ce qu'il se trouve? M. Daneau en parle, en
de belles paroles qu'un pêcheur comprend très bien et que le
ministre devrait comprendre, s'il écoute: "Les pêcheurs
s'adressent soit à l'État fédéral, soit à
l'État provincial pour tenter d'influencer ou de faire mettre en place
des programmes qui leur seraient avantageux. Souvent, ils - les pêcheurs
- ne savent pas trop sur quel pied danser, connaissant mal les
responsabilités propres à ces deux ordres étatiques." Je
l'ai expliqué tout à l'heure. Il y a une compétence
fédérale et une compétence provinciale. "Ils - les
pêcheurs -se sentent coincés dans les conflits
fédéraux-provinciaux qui leur échappent
complètement et dont ils craignent de faire les frais."
On ne peut mieux résumer la situation dans laquelle les
pêcheurs se trouvent toujours dans cette bataille juridictionnelle,
constitutionnelle et de confrontation.
Comme je viens de le dire, M. le Président, on a besoin de
coopération. On peut défendre nos droits en coopérant. On
voudrait éviter un dédoublement du travail. Il y a des solutions
à trouver pour éviter un double permis, une double
réglementation, un double service de protection en main et une double
inspection. Quand je dis "double", cela veut dire le même champ
d'activité et de la part du fédéral et de la part du
provincial.
Tout à l'heure, le député d'Outremont a fait
allusion au fait qu'il y a eu des changements de ministres. Nous sommes tous au
courant de cela. Chacun a le droit d'interpréter cela de la
manière qu'il veut. C'est bizarre qu'avant, les ministres qui avaient
les dossiers où il y avait le plus de problèmes, où la
population a réagi de manière très négative, ont
été enlevés de leur ministère et sont ailleurs. On
le sait, le ministre de l'Éducation n'est plus là, parce qu'il y
avait une grande contestation concernant la loi 40. On sait que le ministre du
Revenu, qui était en charge du dossier du pourboire, n'est plus
là, il a un autre dossier. Le ministre des Affaires municipales n'est
plus là, sans doute à cause de la loi 38. Qui est encore
là cependant? Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. (17 heures)
J'ai lu les journaux, je cherchais un commentaire pour savoir pourquoi
il est toujours là. Il y en a qui disent que c'est le poids lourd de
l'équipe, on veut donc le garder, on ne peut pas le déplacer. Je
pense, M. le Président, que c'est très bon pour nous sur le plan
de la politique partisane. On est heureux qu'il soit là parce que, aussi
longtemps qu'il y restera, notre affaire est encore mieux qu'avant. Mais, M. le
Président, si on pense aux intérêts des clients de ce
ministère, les pêcheurs, concernant le projet de loi 48, ils vont
certainement en bénéficier si le ministre n'est plus là,
s'il est changé de ministère comme les autres ministres. C'est
une suggestion qu'on fait d'une manière positive au premier
ministre.
Relativement au projet de loi, je voudrais simplement vous
référer à un article. Nous sommes tout de même
à la
troisième lecture. L'article 36 dit: "Tout inspecteur ou agent
peut, sans mandat, saisir un bien..." Un inspecteur du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation peut entrer et saisir
un bien. Il n'a pas besoin de mandat. Il peut le saisir tout de suite s'il
pense que l'individu en question commet une infraction à la
présente loi ou aux règlements. M. le Président, quand
quelqu'un viole les règlements, on peut donc saisir un bien sans mandat.
Mais où sont les règlements? Les règlements ne sont
même pas promulgués. Les règlements n'existent pas.
L'article 49 énumère douze catégories de ce que le
ministre peut faire par règlement. Il a le pouvoir extraordinaire de
procéder par règlement. On ne connaît pas les
règlements. C'est le député de Nelligan qui a
demandé ces règlements. Il a dit: Produisez donc vos
règlements, on veut les lire, on veut en prendre connaissance. Ils
travaillent encore là-dessus, ce n'est pas connu. Mais le projet de loi
mentionne que si quelqu'un viole un des règlements, en vertu de
l'article 36, un inspecteur peut saisir un bien sans mandat. Cela va loin, M.
le Président. La pénalité existe déjà, celle
de saisir un bien sans mandat quand quelqu'un viole un des règlements
dont on ne connaît pas encore le contenu. C'est contre cela qu'on
proteste quand on dit qu'il s'agit d'un projet de loi stérile,
négatif, punitif et qui est fait dans le seul but, non pas de promouvoir
les intérêts des pêcheurs, mais de faire une bataille,
encore une fois, juridictionnelle.
La semaine dernière, on a parlé de consultations
auprès du milieu. On sait très bien que le milieu n'a pas
été assez consulté. Les représentants du milieu
sont venus la semaine dernière. Les pêcheurs sont venus ici. Une
pétition a été signée par 700 personnes - ce qui
est beaucoup pour la région d'où ils viennent - dans laquelle
elles demandent justement de tenir une commission parlementaire pour se faire
entendre, pour étudier la situation plus en détail. Le
député de Nelligan a demandé de reporter la promulgation
d'une année, d'attendre ou suspendre un an de plus. C'est une motion qui
est très raisonnable. Le ministre devrait écouter et l'accepter.
C'est une suggestion positive. Au lieu de chercher la querelle éternelle
et être le grand défenseur des intérêts du
Québec, il devrait agir différemment. Il devrait dire: Je suis le
défenseur du Québec, comme nous sommes les défenseurs du
même Québec. On va entendre le milieu, on va voir si on peut
améliorer le projet de loi, on va voir si on peut procéder pour
promouvoir l'aquaculture et la pisciculture. Je suis tout à fait
d'accord avec cela, mais pas pour faire encore une bataille, pour dire au
fédéral: Vous donnez un permis, moi, je donne un permis; vous
faites cela, moi je fais cela; vous avez une petite inspection avec un
avion qui est là au-dessus de la flotte, moi je vais en avoir un.
C'est une bataille stérile, comme le député de Nelligan
l'a appelée. C'est enfantin; c'est puéril. Ce n'est pas une
manière de chercher une solution, de trouver une solution pour le
problème qui existe, le vrai problème.
Il y a, M. le Président, dans le projet de loi, quelque chose qui
va dans la bonne direction. Il s'agit d'améliorer le sort des
pêcheurs. Nous sommes d'accord avec cela. Personne n'a critiqué
cela; personne de notre formation politique. Mais on voit la manière
dont on va traiter ceux qui peuvent aller contre les directives du ministre,
parce qu'on donne, dans ce projet de loi, des pouvoirs énormes au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il va
devenir le tsar des pêcheries. On n'a pas assez confiance en lui comme
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
certainement pas comme tsar de l'agriculture et des pêcheries. Il est le
poids lourd au cabinet. Il n'a pas perdu sa place. Je l'admets, il est encore
là. Mais je dois dire aux pêcheurs qu'il y va de leur
intérêt qu'ils lisent le projet de loi. Les pêcheurs ont
entendu les propos du député de Nelligan et ceux du
député d'Outremont. Ils ne veulent plus qu'on se moque de nous et
qu'on nous dise: Vous autres, vous ne connaissez pas cela. Savez-vous qu'il y a
quelques années, M. le Président, nous n'avions pas le droit de
parler sur toutes sortes de sujets, parce que c'était le domaine du
Parti québécois? C'est fini ce temps, cela n'existe plus. On va
parler de vos projets de loi. Si on n'aime pas vos projets de loi, on va les
attaquer, les analyser, les critiquer d'une façon positive afin que la
population le sache. J'en suis très content et très heureux.
J'espère que les pêcheurs diront que les libéraux
participent de façon positive et veulent trouver une solution à
ces querelles éternelles, terminer ces batailles juridictionnelles
où on envoie encore d'autres inspecteurs, d'autres officiers. Parce que
l'autre gouvernement envoie un inspecteur je dois en envoyer un aussi. Nous ne
voulons pas cela, on veut le règlement du conflit dans
l'intérêt des pêcheurs eux-mêmes. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le député... Quel
est son comté? De Montréal.
Une voix: Sainte-Anne.
M. Garon: ...de Sainte-Anne aurait pu lire les jugements du
Conseil privé de Londres qui établit les juridictions dans le
secteur des pêches. Il se serait rendu compte que le tribunal
suprême, en 1920, déclarait -ce n'était pas un tribunal
contrôlé par le gouvernement du Québec - que le
gouvernement fédéral avait juridiction dans le secteur des
pêches, en vertu de la constitution, mais que cela devait être
interprété en fonction des autres juridictions accordées
au gouvernement du Québec, notamment de la responsabilité sur le
droit et la propriété. Ce qui veut dire qu'en 1922, les deux
gouvernements, celui d'Ottawa et celui du Québec, ont eu une entente qui
a duré 61 ans. Essentiellement, l'objet du débat, c'est qu'en
1983 le député actuel libéral fédéral de
Matane a décidé que l'entente qui avait duré pendant 61
ans ne faisait pas son bonheur. Il trouvait qu'elle avait duré trop
longtemps et qu'elle ne pouvait pas fonctionner. Il a décidé de
casser l'entente sans aviser personne, sans aucune négociation.
Aujourd'hui, le parti d'en face, le Parti libéral, c'est la
succursale du Parti libéral fédéral, est sur la même
longueur d'onde. Il dit: Le gouvernement a décidé qu'il n'y avait
plus d'entente. Mettez-vous à genoux. C'est terminé. Vous n'avez
plus rien à dire.
Nous disons: au contraire, on revient à ce qu'étaient les
juridictions avant l'entente de 1922. Les gouvernements antérieurs,
pendant 61 ans, ont été assez sages pour penser que l'entente de
1922 était nécessaire et ils l'ont maintenue en vigueur.
Aujourd'hui, M. le Président, on n'a pas d'entente parce que le
député arrogant de Matane, qui n'a pu s'entendre sur la
papeterie, ni sur aucun dossier en Gaspésie, n'a pas voulu...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Garon: M. le Président, j'aimerais déposer
quelques télégrammes que j'ai reçus qui m'appuient. Je lis
le premier: "Nous de l'Association des capitaines propriétaires de
bateaux de 45 pieds et plus de la Gaspésie, après vous avoir
accordé notre appui par les médias d'information, nous
réaffirmons cet appui par la présente au projet de loi 48 qui
permettrait aux pêcheurs québécois de trouver leur juste
part et de préserver leurs droits à l'intérieur de la
gestion de la ressource du golfe." Signé: Robert Huard,
secrétaire de l'Association des pêcheurs hauturiers.
Des voix: Bravo!
M. Garon: M. le Président, je peux vous lire
également un autre télégramme qui m'est envoyé par
la Société des pêches de Newport, qui regroupe 80% des
approvision- nements dans le territoire de Newport, signé par Jules
Duguay pour la Société des pêches de Newport. "Nous de la
Société des pêches de Newport Inc. appuyons votre projet de
loi 48 et pensons que c'est le seul moyen pour le milieu des pêches du
Québec de recueillir la part qui nous revient dans le golfe,
nécessaire à la rentabilité des pêches du
Québec."
J'en ai aussi reçu un autre de l'Association des pêcheurs
de Sainte-Thérèse, Cap-d'Espoir, signé par M. Edgard
Lelièvre, président. Écoutez bien, M. le Président.
"Lundi le 16 janvier 1984. Il fut proposé par M. Alcide Hautecoeur,
appuyé par M. Lauréat Lelièvre et unanimement
adopté... -ce ne sont pas des assemblées bidons, ce ne sont pas
des pétitions bidons; elles sont adoptées par des
assemblées - ...que l'Association des pêcheurs de
Sainte-Thérèse, Cap-d'Espoir, appuie M. le ministre Garon dans
ses démarches pour que le projet de loi 48 soit adopté."
Proposé par M. Raymond Lelièvre, appuyé par M. Paul
Denis-des-Bois, unanimement adopté que l'Association des pêcheurs
de Sainte-Thérèse, Cap-d'Espoir, appuie M. le ministre Garon dans
ses démarches entreprises auprès des pêcheurs de Newport et
d'ailleurs pour l'implantation de leurs propres usines. Continuez, M. le
ministre, votre travail pour la protection de nos pêcheurs du
Québec et votre aide pour que les pêcheurs se prennent en main.
Félicitations. (17 h 10)
Vous en voulez? Hein! Je lis les télégrammes des
pêcheurs, sauf que ce sont de véritables associations, des vrais
noms. Pas des pétitions qu'on a peur de déposer. Pas des gens
dont on ne connaît pas les noms, mais des gens qui ont des adresses,
comme disait le député d'Argenteuil. Il faut fonctionner avec des
gens qui ont des adresses.
Voyez-vous, on a des gens qui ont des adresses, qui sont reconnus, qui
ont des assemblées. Pas des affaires faites en cachette
commandées par le cabinet de quelqu'un, par un employé de
cabinet. Ces représentations ont été faites.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Agriculture, vous devez conclure, s'il vous plaît.
M. Garon: M. le Président, j'aurai cinq autres minutes
tout à l'heure. Je pourrai continuer avec d'autres
télégrammes.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, député de Joliette.
M. Chevrette: Si j'ai bien compris, c'est qu'en vertu des
nouveaux règlements, le ministre peut se lever autant après
chacun
des intervenants, mais que l'alternance c'est au niveau des dix minutes.
Si ce n'est pas cela la règle, je vais m'asseoir. Je ne veux pas briser
l'alternance.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: En vertu de l'article 246, le ministre peut intervenir
cinq minutes après chacune des interventions de tous les
députés de cette Chambre. Cependant, l'alternance se poursuit en
vertu de notre tradition après chacun des discours et non après
les commentaires que le ministre peut émettre après chacun des
discours.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche m'a demandé la parole. J'ai reconnu le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Chevrette: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Est-ce que vous pourriez me donner l'article du
règlement qui permet cela? Est-ce que cela veut dire - une question de
directive - qu'il va falloir entendre le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation chaque fois pendant cinq minutes et en
plus de cela, entendre les machines à voter de l'autre
côté?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Blouin: Sur cette question de règlement, M. le
Président, je tiens à informer le député de Hull et
ses collègues, que le règlement a sensiblement
amélioré les choses puisque, avant le ministre avait droit
à une réplique de 30 minutes après chacune des
interventions et que cela a été ramené à cinq
minutes.
M. Rocheleau: C'est amélioré.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Question de règlement, M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: On a discuté le même sujet la semaine
dernière quand vous n'étiez pas ici comme président. C'est
vrai que le ministre a le droit de donner une réplique de cinq minutes
pour se défendre, j'imagine, parce que j'ai soulevé des points -
je comprends cela - mais cela ne veut pas dire qu'on va briser l'alternance.
Cela veut dire que la parole est maintenant au député de
Hull.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! En
vertu, bien sûr, de l'article 246, comme on vient de le mentionner, le
ministre peut utiliser un droit de parole de cinq minutes après chacune
des interventions. Je suis d'accord avec vous que le règlement pourrait
être plus clair à ce niveau là, mais à cette
condition et en prenant en considération justement ce manque de
clarté, je vais prendre en considération cette demande et je vais
reconnaître quand même le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche tout simplement parce qu'il s'est adressé au
président. Un député qui veut prendre la parole doit
s'adresser au président et j'ai entendu le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche s'adresser au président.
M. Bourbeau: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Sur une question de
règlement, M. le député de Laprairie.
M. Bourbeau: De Laporte.
Le Vice-Président (M. Rancourt): De Laporte.
M. Bourbeau: Les citoyens de Laporte vous remercient, M. le
Président. Le leader adjoint du gouvernement vient de dire qu'en vertu
de l'ancien règlement, si j'ai bien compris - le leader est
déjà levé, il est censé rester assis pendant qu'on
parle - on devait ou le ministre avait le droit de prendre la parole 30 minutes
après chaque intervention. Cela fait trois ans que je suis ici et je
n'ai jamais vu cela. Est-ce que vous pourriez statuer là-dessus?
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît; M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Ce que le député de Laporte, le
député de Hull et les autres députés devraient
savoir, c'est que lorsque les choses ne sont pas parfaitement claires ou
qu'elles ne sont pas inscrites au règlement de l'Assemblée, c'est
la tradition qui doit s'appliquer et elle est aussi forte que le
règlement écrit. Dans les circonstances, nous devons continuer
d'appliquer la tradition de l'alternance après chacun des discours, ce
qui n'empêche pas ce qui est prévu au règlement 246, au
troisième paragraphe, c'est-à-dire que le ministre de
l'Agriculture puisse faire de brèves remarques d'au plus cinq minutes,
ce qui est un maximum - il était de 30 auparavant, et le nouveau
règlement le ramène à cinq -après chacun des
discours qui, eux, vont en alternance.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Sur la question de
règlement, Mme la députée de Chomedey.
Mme Bacon: Est-ce que le ministre a également l'intention
d'intervenir après l'intervention de ses collègues?
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
Mme Bacon: Cela veut dire qu'il parlerait chaque fois
après l'intervention d'un député de l'Opposition et celle
d'un député ministériel?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la
députée de Chomedey, le règlement dit que le ministre peut
intervenir autant de fois qu'il le veut après chaque intervention. Mais
la coutume veut aussi que le ministre n'intervienne pas après chacune
des interventions. À ce moment-ci, comme j'ai dit que je prenais avis
pour avoir vraiment un éclaircissement sur l'article en question, sans
préjudice pour qui que ce soit, je maintiens que j'accorde la parole au
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Doyon: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Sur une question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Votre décision, si je comprends bien, est
fondée sur le fait que vous avez vu le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche se lever et qu'à ce moment-là, comme pour
tout autre député, vous lui reconnaissez le droit de parole en
vertu de la règle de l'alternance que vous signalez. Je voudrais porter
à votre attention, M. le Président, que si on ne connaît
pas dès maintenant les intentions du ministre - et ma collègue de
Chomedey l'a demandé fort à propos - vous risquez de ne pouvoir
regarder des deux côtés de la Chambre en même temps et de ne
pas reconnaître des personnes qui ne doivent pas nécessairement
être reconnues puisque, ne sachant pas si le ministre de l'Agriculture va
intervenir, personne ne saura quand se lever pour demander le droit de parole.
Je pense que la suggestion de notre collègue de Chomedey est fort
à propos: que le ministre nous fasse savoir dès maintenant s'il a
l'intention de parler après chaque intervention. À ce
moment-là, nous aurons une idée, et vous-même, M. le
Président, cela vous guidera, vous saurez de quel côté
regarder de façon à reconnaître la bonne personne au bon
moment. Autrement, nous serons dans l'incertitude et nous risquerons de nous
lever à propos de tout et de rien. Et vous, M. le Président, cela
vous mettra dans la situation de risquer de faire des erreurs, ce que vous ne
désirez sûrement pas.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint au
gouvernement, sur la même question de règlement.
M. Blouin: M. le Président, je ne veux pas revenir sur les
arguments que j'ai soulevés tout à l'heure. J'avais compris que,
tout en reconnaissant le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
vous preniez avis de la question et que vous rendriez votre décision un
peu plus tard en tenant compte des arguments qui ont été
apportés de part et d'autre. Pour que le débat se déroule
bien, je vous demande maintenant de reconnaître le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Comme je l'ai dit
tantôt, sans préjudice pour personne, il y a ce que dit le
député de Louis-Hébert, à savoir que le
Président ne peut voir de chaque côté de la Chambre, mais
il y a aussi dans l'ancien règlement - il faudrait que je vérifie
le numéro de l'article du nouveau règlement - un article qui
stipule que celui qui demande la parole doit s'adresser au président.
Sans qu'il soit besoin de voir des deux côtés de la Chambre
à la fois, l'oreille peut entendre de quel côté est venue
au départ la demande. J'ai entendu M. le ministre demander au
président, donc à moi-même, l'autorisation de prendre la
parole. Donc, je reconnais son droit de parole, sans préjudice pour qui
que ce soit et sous réserve d'éclaircissements que je donnerai un
peu plus tard. M. le député de Viger.
M. Maciocia: M. le Président, dois-je conclure que vous
avez reconnu le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche avant de
reconnaître notre député de Hull? Je peux vous dire que le
député de Hull s'est levé avant le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche. Alors, je ne sais pas si à ce
moment-là...
Une voix: C'est vrai!
M. Maciocia: ...parce que, selon votre décision...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! J'ai dit que, sans préjudice, nous
éclaircirions l'article 246 pour savoir si, à la suite de la
réplique de cinq minutes qui est accordée au ministre
après chaque intervention en vertu du troisième paragraphe de
l'article 246... Je crois qu'on peut prendre des renseignements, des
éclaircissements pendant l'intervention du ministre, puisque c'est une
intervention de dix minutes. M. le ministre.
(17 h 20)
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. J'ai
écouté passablement d'interventions jusqu'à maintenant sur
la prise en considération du rapport et je vous avoue que je ne
comprends pas qu'on ne passe au plus vite à la troisième lecture.
Je ne comprends vraiment pas, M. le Président. J'ai écouté
les interventions. On parle du ministre, on parle de son attitude mais on ne
parle pas du fond de la loi. On ne parle pas du fond du rapport. On n'est pas
ici pour parler de la taille physique, du style ou de quoi que ce soit d'une
personne. On est là pour juger de la pertinence d'un rapport qui fait
suite à une commission parlementaire et à un débat en
deuxième lecture d'un projet de loi qui fut fortement
contesté.
Cette loi a une importance capitale pour les pêcheurs. Elle a une
importance capitale, en particulier, pour les pisciculteurs
québécois. Que vous le vouliez ou pas, on n'attendra pas de vivre
ce qu'on vit à Terre-Neuve avec des pêcheurs occasionnels non
professionalises au sens strict des règlements du Québec. Va-t-on
attendre que ce soit bordélique, comme on se plaît à le
dire dans certains endroits, ou si on ne passera pas au plus vite à
l'adoption d'un règlement permettant, dans certains cas, de contingenter
par rapport à la ressource elle-même? Est-ce que l'on ne permettra
pas au ministre d'intervenir pour établir des programmes de soutien
à des groupes de pêcheurs qui en ont besoin? Est-ce qu'on ne
permettra pas au ministre de réglementer et faire en sorte que ce soit
de véritables pêcheurs qui aient accès à la
ressource et pas n'importe qui, n'importe quand, qui se promène dans
quelque sens, dans quelque direction que ce soit, sur nos eaux, qui cueille du
poisson au détriment même des pêcheurs dont c'est le
principal revenu? C'est cela que sous-tend la loi.
La loi voudrait aussi permettre, une fois pour toutes, de donner aux
citoyens du Québec un guichet unique en ce qui regarde la pisciculture.
Déjà la loi 9 est adoptée. On sait très bien que
c'est moi, jusqu'à maintenant, comme ministre responsable, qui avait
à distribuer les permis de pisciculture et que, dorénavant,
dès que la loi sera adoptée, ce sera le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation parce que ces groupes
de pisciculteurs ont droit et ont accès au crédit agricole et on
ne voudrait pas qu'ils passent par deux ou trois ministères. On voudrait
qu'il n'y ait qu'un canal unique, un guichet unique. C'est ce que suppose la
loi. Mais qu'avez-vous contre cela? Il faudrait le dire. Qu'y a-t-il de mal
à ce qu'un pisciculteur puisse aller directement au ministère de
l'Agriculture chercher son permis, être conforme aux normes de mise en
marché qui sont édictées par le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation? Il me semble que cela
va de soi. On a voulu enlever un palier de trop pour simplifier la
procédure. Il me semble que ce serait normal que l'on donne ces
pouvoirs, et, au plus vite, permettant ainsi aux pisciculteurs d'avoir gain de
cause et de procéder immédiatement à la commercialisation
de certaines espèces qui ne sont pas commercialisées
présentement.
M. le Président, on parlait de droits acquis tantôt. M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a
parlé d'une ordonnance de 1922. Je pense que le Québec,
règle générale, s'est toujours très bien
acquitté de sa tâche. On n'a qu'à regarder l'autosuffisance
dans laquelle vous nous aviez emmenés en 1976 et celle que nous avons
atteint en 1984. Il me semble que ça va bien. Donnons-nous les outils
pour que cela aille encore mieux. C'est ce que dit la loi.
Quand le ministre veut introduire dans la loi des sanctions, des moyens
de confiscation, je le comprends. On a été obligés de
faire un pacte ensemble l'été dernier pour venir à bout de
contrôler les prises accidentelles à Gaspé. Si on ne donne
pas de pouvoirs réels dans cette loi, on va continuer à avoir des
prises accidentelles. Savez-vous que, dans le saumon, pour votre information,
il se prend plus de poissons en captures accidentelles par des types de
pêcheurs que dans toute la pêche sportive ensemble, en nombre de
poissons. Ce ne sont pas des farces. Vous ne donneriez pas le droit
d'intervenir d'une façon efficace? Je pense que vous manquez le bateau.
Allez voir en Gaspésie les 8 000 000 $, 9 000 000 $, 10 000 000 $ ou 15
000 000 $, si on compte les dépenses indirectes, que cela rapporte aux
Gaspésiens. Si on ne sauve pas certaines espèces, certaines
ressources, il va arriver quoi? Qu'est-ce que cela vous donne de vous obstiner
à ne pas nous donner des pouvoirs réels d'intervention? Qu'est-ce
que cela vous donne de vous obstiner à tenir tête au ministre en
disant: M. Garon, comme vous dites si bien, a le don de nous répondre
avec violence et on va lui montrer qu'on est une Opposition forte. On va
réagir. Sa loi ne passera pas. Ce n'est pas M. Garon que vous
pénalisez. Ce n'est pas le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation que vous pénalisez à ce
moment-là. Ce sont les pêcheurs du Québec.
Tant et aussi longtemps que vous allez vous opposer, niaiser, vous
retardez impunément l'adoption d'un projet de loi, impunément
l'adoption d'une réglementation qui feraient en sorte que nos
pêcheurs sauraient où ils vont, qui ferait en sorte que nos
pêcheurs sauraient quel canal utiliser
pour donner suite à leur dossier, qui ferait en sorte que les
pisciculteurs pourraient avoir accès à un crédit pour
améliorer leur propre pisciculture. Ils pourraient mettre en
marché des produits québécois au moment où on
importe plus de 300 tonnes de poisson de l'extérieur. C'est cela que dit
le projet de loi. On veut se donner les outils pour se développer chez
nous, par nous et pour nous. Cela créera des emplois au Québec.
Arrêtons donc de parler de l'individu, arrêtons donc de parler des
styles. Qui parle le plus de chicanes fédérales-provinciales?
Vous! On veut se donner des outils, chez nous, pour chez nous. Arrêtez
d'en parler!
Je comprends que, dans votre cas, cela fait votre affaire d'en parler,
car chaque fois qu'on parle Québec, il faut que vous y ajoutiez le mot
"Canada". C'est votre droit. Ecoutez, de ce côté-ci, on n'est pas
encore rendus au point de vouloir changer un petit pouvoir pour conserver des
éléments culturels et céder des pouvoirs
économiques. Votre nouveau chef a fait cela. Il a été
recyclé à je ne sais pas quel cours d'auditeurs libres. Mais cela
n'a pas d'allure de réagir de même. Dans notre coin de pays, on
veut se développer pour nous, par nous, avec nos richesses naturelles,
avec nos ressources. De grâce, on n'échangera toujours pas des
bebelles, comme on dit si bien en québécois, pour des pouvoirs
fondamentaux. On a le droit de se développer chez nous. C'est cela qu'on
vous demande.
Qui protégez-vous quand vous vous obstinez à ne pas
adopter le projet de loi? Qui? Pensez-y donc. Qui avez-vous l'intention de
défendre en vous opposant au projet de loi? Qui? Les pêcheurs? Ou
bien vos petits frères de la maison mère. Qui
défendez-vous? Il n'y en a pas un qui se lève si ce n'est pour
dire que le ministre cherche la chicane. Donnez donc les pouvoirs au
Québec. On va permettre à nos pisciculteurs, à nos
pêcheurs de se doter d'outils essentiels pour un développement
important. Et, de grâce, passons au vote, cela presse!
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je pense que le nouveau
règlement donne seulement cinq minutes à celui qui a
présenté le projet de loi. On était bien avec 30 minutes,
car on pouvait voir les différentes facettes du produit.
On se rend compte, actuellement, que l'Opposition n'est pas trop au
courant du dossier. Je vais continuer en disant que, quant à l'article
19 du projet de loi, on dit: "Le ministre peut, de la même
manière, suspendre ou annuler le permis de celui qui refuse de prendre
une mesure prescrite par un inspecteur ou un agent en application de l'article
47."
Quelques députés de l'Opposition ont soulevé cet
article. Ils ont oublié de lire l'article 47. Plusieurs auraient
intérêt à le lire. Et un des points que soulevait le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, c'est que, justement
pour donner satisfaction au ministre responsable de la faune, il fallait
adopter les articles 19 et 47. Et les pisciculteurs, qui veulent voir
développer l'élevage de différentes espèces de
poissons, savent à quel point cet article va être important pour
la protection de la faune.
L'article 47, qu'est-ce qu'il dit, M. le Président? "Tout
inspecteur ou agent peut ordonner l'isolement, la mise en quarantaine, le
traitement ou, avec l'autorisation du ministre, la destruction, dans le
délai qu'il indique, de tout ou partie des produits d'un
établissement piscicole: 1° si ces produits sont atteints d'une
maladie contagieuse ou parasitaire déterminée par
règlement;". Il est normal, M. le Président, que si les poissons
sont atteints d'une maladie contagieuse, on fasse en sorte qu'ils ne se
promènent pas librement dans les rivières; au contraire, on va
les mettre en quarantaine, on va les isoler des autres. C'est le but de cet
article, M. le Président: Protéger la santé des poissons
du territoire maritime. C'est pourquoi il y a un tel article dans le projet de
loi 48.
Maintenant, je comprends que, récemment, le chef du Parti
libéral est allé rencontrer l'UPA: il est allé leur dire
qu'aucun de ses députés n'avait le droit de parler sur
l'agriculture parce que n'étant pas mandatés; le seul qui pouvait
en parler était le député de Maskinongé.
C'était dans le Richelieu agricole du 6 mars dernier, où le chef
du Parti libéral dit: "Quand mes députés parlent, ils
parlent en leur nom; ils ne parlent pas au nom du parti, ils n'ont pas le
mandat de parler au nom du parti." Au cas où ce ne serait pas dans le
Richelieu agricole, c'est dit également dans la Terre de chez nous du
1er mars, où on lit: "Après avoir rappelé que M. Paradis,
député de Brome-Missisquoi, n'était pas autorisé
à engager le parti en cette matière, M. Bourassa a promis que
cette question serait discutée avec les membres du caucus et qu'il
ferait, par la suite, une déclaration sur le sujet." (17 h 30)
Le chef du Parti libéral a dit que ses députés
étaient incapables de parler en matière agricole. Apparemment, il
leur a donné une compensation; il a dit: en matière de
pêche, vous pouvez dire n'importe quoi. Il n'y a pas beaucoup de
comtés en matière de pêche, vous pourrez dire n'importe
quoi.
Mais, en matière agricole, vous ne pourrez pas parler
cependant.
M. le Président, Je dis ceci... Il y a peut-être deux
journaux qui se trompent, peut-être que les commentaires qu'ont faits les
gens de l'UPA après leur rencontre avec M. Bourassa font en sorte qu'ils
ont trompé la presse, mais c'est dit dans deux journaux
différents, M. le Président, et c'est imprimé. J'en ai des
copies et je vais faire en sorte que tous les députés de cette
Chambre en reçoivent également.
Vous direz que, dans le secteur des pêches, on dit: allons-y,
disons n'importe quoi. Sauf que la loi 48 est appuyée par le milieu. Il
a fallu qu'ils aillent retrouver leurs vieux organisateurs, qui vont profiter
du système personnellement - des noms reviendront à la surface
bientôt - mis en place par le gouvernement fédéral pour
essayer de monter une pétition. Oui, le député de Nelligan
s'est fait le champion de la pétition. On va revérifier ce qu'il
y avait dedans.
Je peux vous dire, M. le Président, que les associations de
pêcheurs, les associations municipales, les associations communautaires
appuient le projet de loi 48. Je peux vous dire que la Chambre de commerce de
Sainte-Thérèse de Gaspé, par son président, M.
Lelièvre, m'a fait parvenir un télégramme aussi, en
janvier, me disant: "M. le ministre, extraits des minutes de l'assemblée
générale annuelle de la Chambre de commerce de
Sainte-Thérèse de Gaspé"... pas des affaires bidon, pas
des signatures avec des organisateurs politiques, sans adresse, mais avec des
adresses, M. le Président, comme le disait le député
d'Argenteuil, avec des gens identifiés dans le milieu, avec les leaders
locaux. Alors, il dit quoi? Le télégramme dit ceci...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
ministre, ce n'est pas vous qui allez dire s'il a le droit d'arrêter ou
pas... Non, non, je m'excuse, c'est moi qui détermine s'il doit terminer
ou pas. M. le ministre, il vous reste une minute.
M. Garon: M. le Président, je sais que le Parti
libéral, depuis le début de la session, a décidé de
m'empêcher de parler le plus possible. Sauf que, M. le Président,
les gens avec lesquels je travaille dans les campagnes, dans les milieux
ruraux, savent que je défends les petites gens, les gens qui ont de
petits emplois, qui n'ont pas beaucoup de défenseurs. Il en reste au
moins quelques-uns dans cette Chambre et je suis l'un de ceux-là, M. le
Président.
Des voix: Bravo!
M. Garon: M. le Président, je n'ai pas peur non plus qu'on
fasse appel à qui l'on voudra. On verra dans le territoire maritime, en
cas de doute, les gens font confiance au ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, parce qu'ils disent: il nous a toujours
défendus.
Je vais lire le télégramme. Il dit ceci: "Proposé
par M. Aldège Collin, secondé par M. Francis Lachance et
adopté à l'unanimité, que la Chambre de commerce de
Sainte-Thérèse de Gaspé appuie M. le ministre Garon pour
qu'il continue sa démarche pour que le projet de loi 48 soit
adopté." Minute 84-58 proposée par M. Paul-Denis Desbois,
secondée par M. Laurent Loiselle et unanimement adoptée, que la
Chambre de commerce de Sainte-Thérèse de Gaspé appuie M.
le ministre Garon pour qu'il continue sa démarche auprès des
pêcheurs de Newport, d'ailleurs, pour qu'ils puissent prendre en main,
implanter et gérer leur propre usine. La chambre de commerce est
formée presque entièrement de pêcheurs, de producteurs et
d'employés d'usines de transformation de poisson. Ses membres
apprécient et vous félicitent de votre bon travail, M. le
ministre québécois, félicitations!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre...
M. Garon: Alors, voyez-vous, M. le Président, il y en a
encore des télégrammes.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: M. le Président, il est malheureux qu'il
faille entendre le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, à chaque intervention, tant du côté
ministériel que du côté de l'Opposition, tenter, par
quelques phrases, de justifier son projet de loi qui est absolument
inacceptable. Inacceptable, M. le Président, parce qu'il y a tellement
de trous dans ce projet de loi, tellement d'articles et tellement de
règlements qui vont suivre que nous ne connaissons absolument pas, que
le ministre nous demande aujourd'hui un blanc seing, alors que la population du
Québec, un sur quatre, supporte encore ce gouvernement. On demande aux
trois sur quatre qui ne le supportent plus d'endosser la position du ministre
vis-à-vis du projet de loi 48.
M. le Président, vous me permettrez de faire certaines
comparaisons importantes pour la population du Québec, parce qu'on parle
d'un secteur très important, celui des pêcheries. On parle de
régions qui ont des problèmes très particuliers dans le
domaine des pêcheries. Par qui ces problèmes sont-ils
créés? En grande majorité, par le ministre actuel de
l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. le Président, je regarde d'autres régions. J'ouvre une
parenthèse. Nous de l'Opposition demandions tout simplement qu'une
commission parlementaire siège pour entendre les intervenants du milieu,
siège pour entendre les différentes interventions. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation se lève
occasionnellement pour nous lire un télégramme qu'il a
reçu. Je ne sais pas s'il a dû tordre des bras en fin de semaine
mais il se lève de temps à autre pour nous citer le contenu d'un
télégramme et il nous dit qu'il y a une signature et qu'il y a
une adresse. Mes collègues ont cité énormément
d'associations, de syndicats, de travailleurs, de chambres de commerce qui sont
contre le fait de voir apparaître un projet de loi semblable sans en
connaître le contenu et les règlements qui vont découler de
cette loi.
Quand on est loin de la population, les citoyens du Québec s'en
aperçoivent. Je regarde l'Outaouais québécois où,
dernièrement, en vertu du projet de loi 38... C'est quand même une
loi-matraque, où il y des dispositions arbitraires du ministre et selon
lesquelles le ministre peut trancher, peut décider, peut ordonner
lui-même, de son propre chef, ce qu'il fera. Quand on sait que le premier
ministre n'a pas eu de place dans sa chaise musicale pour transférer
ailleurs le ministre parce qu'il prenait déjà trop de place au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, on
peut se poser de sérieuses questions. Si on n'a pas adopté le
projet de loi 48, avant les fêtes, c'est que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation s'est
"filibusté" lui-même le 22 décembre; il se donnait
pratiquement de grands coups de pied. On le revoit maintenant après
trois mois nous présenter cela de nouveau.
Dans le Droit, le 5 mars dernier - c'est quand même assez
récent - le vice-président national du Parti
québécois, le bras droit de René Lévesque, votre
deuxième chef en importance dans votre formation politique, accusait
l'ex-ministre des Affaires municipales, face au découpage d'une
région importante, l'Outaouais québécois, de banditisme de
grand chemin...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, c'est une question de
règlement en vertu de l'article 39. Permettez-moi de vous
référer à l'article 204, qui demande à tous les
députés qui interviennent sur un sujet de conserver la pertinence
du débat. Or, il n'y a aucune espèce de pertinence entre les
propos que tient actuellement le député et le problème des
pêches et des pêcheurs au Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Hull.
M. Rocheleau: Le leader adjoint va venir me dire cela alors que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, l'autre
jour, nous parlait des obus dans le lac Saint-Pierre! Qu'est-ce que cela vient
faire avec les poissons? Il nous parlait des anguilles qui descendaient du lac
Ontario, des Grands Lacs, qui venaient au Québec et il nous disait que
c'était pollué! Et cela était pertinent au débat?
Je demanderais au leader adjoint de s'occuper de m'écouter dans la
pertinence du débat, parce que je continue, M. le Président.
Quand un vice-président national du parti s'interroge...
M. Blouin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît:
M. le leader adjoint.
M. Blouin: M. le Président, le député de
Hull est en train de parler du découpage de la région de Hull.
Or, il n'y a pas de pêcheries dans la région de Hull. Nous sommes
en train de discuter d'un projet de loi. M. le Président, je vous
demanderais de faire respecter l'article 204 afin que nous parlions des
pêcheries.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Puisque le
président doit trancher, une chose est certaine, M. le leader adjoint du
gouvernement et M. le député de Hull, c'est que le projet de loi
que nous avons devant nous en est un qui parle des pêcheries et qui est
à l'étape de la prise en considération. Or, à
l'étape de la prise en considération, il n'est pas permis de
parler de n'importe quoi. Il est cependant important de parler du projet de
loi. Je pense que le député de Hull se rapprochera de la
pertinence du débat. M. le député de Hull. (17 h 40)
M. Rocheleau: M. le Président, avec tout le respect que je
vous dois, vous allez demander au leader adjoint de me laisser parler, surtout
quand le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
fait des déclarations, à savoir que Bourassa rassure l'UPA...
déclaration fracassante de Pierre Paradis... qu'il nous ramène
cela dans le débat. Allez-vous venir me dire, M. le Président,
que c'est la pertinence du débat? Voyons donc! C'est parce que la
majorité servile de l'autre côté ne veut pas entendre
parler l'Opposition quand on vous brasse un peu les fesses. C'est ce qui
arrive. Quand le député de Rousseau,
le leader adjoint, dit qu'il n'y a pas de pêcheries dans
l'Outaouais, je veux lui dire qu'il y a au-delà d'une centaine de
milliers de lacs dans l'Outaouais où il y a toute sorte de pêche
sportive.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre!
M. Rocheleau: Là, c'est rendu que c'est le ministre qui va
me roter dans la face.
Des voix: Ah! Ah!
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oh, je m'excuse. M. le
député... S'il vous plaît! S'il vous plaît, M. le
député! M. le ministre, vous aurez l'occasion de parler en temps
et lieu. Donc, n'interrompez pas. Quant au député de Hull,
j'espère que votre langage va respecter au moins la bonne tenue de
l'Assemblée nationale du Québec.
M. Rocheleau: M. le Président, cela vient toujours du
même côté, la tenue, mais on a entendu dans la soi-disant
pertinence du débat le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation déblatérer contre le gouvernement
fédéral, déblatérer en nous traitant de petits
frères d'Ottawa. J'aimerais bien entendre là-dessus vos prochains
petits frères ou les grands-frères que vous avez à Ottawa,
vos pénistes, que vous allez appuyer probablement lors de la prochaine
élection fédérale.
Tantôt, on écoutait le ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche, lui qui doit sûrement se faire tordre le bras par le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour
adopter son projet de loi 48, parce qu'on sait que l'Association des
pisciculteurs du Québec est contre le projet de loi 48. Je me pose de
sérieuses questions parce qu'au mois de décembre, on a
adopté le projet de loi 9 sur la conservation de la faune. On discutait
en commission parlementaire, entre autres, des mandats de saisis, des mandats
de perquisition et le ministre nous assurait à ce moment-là que
cela prenait un mandat pour faire une perquisition. On ne pouvait pas aller
dans un bâtiment, dans une maison, dans une roulotte ni même dans
une tente pour aller perquisitionner sans mandat. Ici, dans le projet de loi
48, à l'article 36, on peut lire: "Tout inspecteur ou agent peut, sans
mandat, saisir un bien s'il a des motifs raisonnables..." Il peut saisir un
bien sans mandat. On lit d'autres articles du projet de loi. À l'article
7, il est dit: "Le ministre choisit les concessionnaires selon des
critères et une procédure qu'il détermine". Que lui
détermine. Je trouve que c'est absolument... Et on pourrait lire combien
d'autres articles.
L'article 29, entre autres: "Le ministre peut, pour l'application de la
présente loi et des règlements, et dans les limites
autorisées par le Conseil du trésor, nommer des inspecteurs, des
analystes et des agents et déterminer leur rémunération
ainsi que leurs autres conditions de travail."
Je comprends que du côté ministériel on n'aime pas
cela quand on critique le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. On n'aime pas cela quand on attaque la majorité servile,
parce que tantôt, vous allez être obligés de faire comme
vous avez fait avant les fêtes. Quand le gouvernement, quand le premier
tire la chaîne, toutes les pattes se lèvent de votre bord. Vous
n'avez même pas le courage, vous n'avez même pas la conviction de
ce que vous défendez. Vous êtes obligés de suivre ce qu'il
est ordonné de suivre. C'est pour cette raison, à cause de
projets de loi comme le projet de loi 48, comme la loi 38 et comme bien
d'autres lois, que la population du Québec vous rejette maintenant.
Nous, de l'Opposition officielle, demandions d'avoir une commission
parlementaire qui nous permettrait tout simplement d'entendre les intervenants,
d'entendre tout le monde impliqué. Mais non! Le premier ministre a
pourtant nommé une commission, la commission Robidas dans l'Outaouais,
pour étudier le découpage des municipalités
régionales de comté. Pourquoi le premier ministre n'accepte-t-il
pas de créer une commission parlementaire ou une commission
d'enquête pour étudier les erreurs que son ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation commet actuellement? Je
vous remercie M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous devons, à ce
moment-ci, modifier l'avis touchant les travaux des commissions parlementaires
qui a été adopté cet après-midi. Puisque la
commission des affaires sociales n'a pu se réunir cet après-midi,
elle se réunira donc ce soir à partir de 20 heures, au salon
rouge, afin de procéder à l'étude détaillée
du projet de loi 60, Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse et
d'autres dispositions législatives. Ce sera toujours au salon rouge,
demain, de 10 heures à 13 heures, que cette commission se réunira
également.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci M. le leader
adjoint. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que le leader adjoint du gouvernement a
consulté le leader parlementaire de l'Opposition pour l'aviser d'un tel
changement?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Cette recommandation a été faite par
l'ensemble des membres de la commission parlementaire, puisque
l'exiguïté des lieux empêchait les débats de se tenir.
Tout à l'heure, j'ai tenté de joindre en Chambre le leader de
l'Opposition. J'en ai parlé à quelques membres de l'Opposition
qui m'ont semblé sympathiques à ce nouvel avis. Voilà
pourquoi je crois que nous pouvons l'adopter sans difficulté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): D'une façon ou
d'une autre, je pense que c'est la demande même de la présidente
et du vice-président de la commission, à laquelle j'ai
participé, qu'on puisse déplacer cette commission au salon rouge.
Effectivement, la présidente et le vice-président se trouvent
actuellement à la commission de l'Assemblée nationale où
ils attendent la décision qui devrait être rendue.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le projet de loi 48 est un
projet de loi nouveau au Québec parce que le premier gouvernement qui
s'est véritablement préoccupé de pisciculture et
d'aquaculture est le gouvernement actuel. En tout et pour tout, lorsque nous
avons pris le pouvoir en 1976, il s'élevait, déjà en 1977,
avec une progression sur 1976, 86 000 livres de truites. Mais 86 000 livres de
truites, c'était l'inexistence du Québec dans le domaine
piscicole. Dans l'espace de quelques années, grâce à des
mesures adoptées par le gouvernement actuel, par le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, par des lois, par le
crédit agricole, par un programme de développement des
piscicultures de truites arc-en-ciel, le Québec est passé au
premier rang de l'élevage au Canada. Aujourd'hui, tout le monde
reconnaît - notamment, à une réunion qui a eu lieu à
Saint Andrews, l'an dernier - que le Québec a pris de l'avance. Sous le
gouvernement Bourassa, rien ne s'était fait.
Qu'il n'y ait pas eu de loi de cette nature auparavant, c'est normal, il
n'y avait rien de fait. On ne s'était pas préoccupé des
piscicultures. Mais si on veut vraiment faire le développement de
l'élevage du poisson, des crustacées ou des différentes
espèces marines qui peuvent procurer un gagne-pain à nos
populations, il est nécessaire d'adopter un tel projet de loi.
Évidemment, l'attitude de l'Opposition ne me surprend pas.
L'attitude de l'Opposition a été de mettre des bâtons dans
les roues de tout projet de développement économique. Le
territoire maritime est un territoire qui ne l'a jamais véritablement
préoccupée. C'est pourquoi aujourd'hui les députés
d'ailleurs, loin du territoire maritime, loin de la Côte-Nord, loin de la
Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, loin des
Îles-de-la-Madeleine, ne sont pas préoccupés par les
emplois que peut générer le projet de loi de sorte qu'on peut
s'amuser, à partir de l'extrême ouest du Québec, à
faire des gorges chaudes d'un projet de loi qui n'aura pas les mêmes
impacts surtout dans un secteur où les pluies acides touchent davantage
le territoire. Le Parti libéral aurait beaucoup plus avantage à
se faire valoir d'une autre façon auprès du gouvernement
fédéral qui, par les pluies acides, qui contaminent nos
lacs...
M. Rocheleau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
ministre, il y a une question de règlement du député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais savoir ce que
les pluies acides viennent faire là-dedans, je voudrais que le ministre
s'en tienne à la pertinence du débat.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: Le député de Hull est tellement
inconscient qu'il ne se rend pas compte qu'à la porte de chez lui, dans
le lac Ontario, à cause des produits chimiques, 60% des saumons ont le
cancer.
Une voix: Ah! Ah! Ah!
(17 h 50)
M. Garon: 60% des saumons ont le cancer, d'après une
étude qui a été faite dans le lac Ontario. Ce sont des
poissons qui ont été ensemencés. Dans des rivières
aux États-Unis, où il y a des pluies acides, 60% des poissons -
même pourcentage - sont cancéreux. J'ai vu le député
de Vaudreuil-Soulanges et le député de Laprairie faire des gorges
chaudes; évidemment, cela démontre leur degré
d'inconscience. Mme la députée de Chomedey, qui n'est pas ici
présente, pourrait se faire valoir d'une façon concrète au
lieu de parler d'environnement d'une façon théorique. Les pluies
acides ont pour première conséquence de faire mourir les lacs
où on va faire la pêche commerciale ou la pêche sportive du
poisson. Il y a une relation de cause à effet tellement directe qu'on ne
doit pas être obligé de faire la preuve que les pluies acides sont
dommageables pour nos cours d'eau.
Les députés du Parti libéral font preuve d'un
degré d'inconscience tel qu'ils ne sont même pas conscients que la
pollution
chimique de notre territoire par les pluies acides affecte les
pêches commerciales. Je vous dirai que le gouvernement
fédéral en est rendu à interdire de ramasser les foies de
morue - le foie, comme dans n'importe quel être humain, est le premier
organe qui sert à nettoyer le système - parce qu'ils sont
déjà contaminés. Vous pouvez vous rendre compte à
quel point le problème est crucial.
Je suis étonné de l'attitude de ce parti qui a dit
s'être donné une charte de l'environnement, je suis surpris de
voir un tel nombre de députés inconscients des questions
environnementales dans les eaux du Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Deux-Montagnes.
M. Pierre de Bellefeuille
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Pour
comprendre l'importance de cette loi, le projet de loi 48 sur les pêches,
il faut la situer dans son contexte complet. L'importance de la loi, il faut la
voir en relation avec la situation alimentaire dans le monde; c'est l'enjeu de
cette loi. Il y a, dans le monde, une situation alimentaire extrêmement
difficile et qui le sera de plus en plus, à tel point qu'on peut
prétendre que la prochaine grande crise dans le monde sera, après
la crise de l'énergie dont nous cherchons à nous tirer vaille que
vaille, la crise de l'alimentation.
Il y a déjà des pays en Amérique du Sud, en Afrique
et malheureusement dans d'autres parties du monde aussi, où le
problème de la faim a déjà atteint des proportions
extrêmement graves. Il y a des millions de personnes qui sont
menacées de mourir de faim, par exemple dans le Nord-Est du
Brésil, qui est évidemment une des régions dans le monde
où les pêches peuvent jouer un rôle important. Pour le
Brésil, pour le Québec et pour un grand nombre de pays, en
fonction du problème de l'alimentation dans le monde, il est
extrêmement important, M. le Président, de développer les
pêches, de permettre aux pêches de donner le maximum de leur
rendement, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Les pêches
et l'aquaculture, à l'échelle mondiale, ne donnent qu'une petite
fraction de leur rendement possible. Si on veut que les pays en
général soient capables de faire face à cette crise de
l'alimentation, il faudra développer énormément la
production des pêches et de l'aquaculture. C'est dans ce
contexte-là que le Québec a absolument besoin d'un instrument
comme la loi 48. Comme cela a été signalé par le ministre
et par plusieurs autres intervenants, la loi 48 vient combler un vide juridique
à la suite de l'annulation unilatérale par le gouvernement
fédéral de l'entente de 1922 par laquelle il avait
délégué des responsabilités au gouvernement du
Québec.
C'est bien plus que de combler un vide juridique, c'est de donner au
Québec des instruments pour assurer le développement des
pêches.
Il y a aussi d'autres aspects de la loi: clarifier les
responsabilités, non seulement de l'ensemble du gouvernement du
Québec mais aussi à l'intérieur du gouvernement du
Québec, voir comment se départagent les responsabilités
par rapport à l'environnement, par rapport à la pêche
sportive. La loi permet de bien répartir les responsabilités, de
sorte que chaque ministère sache quels sont ses domaines
d'intervention.
Il y a beaucoup à faire pour augmenter notre production de
poisson et des autres produits aquatiques. Il y a beaucoup de ressources
inutilisées ou mal utilisées. Il y a beaucoup de cas où il
est absolument impérieux d'améliorer la qualité.
J'entendais le ministre parler il y a quelques instants des 60% de poisson
cancéreux. On pourrait parler aussi des anguilles empoisonnées
qui sont rejetées dans d'autres pays justement parce qu'elles sont
chargées de poissons pleins de plomb. Le plomb est un poison
extrêmement dangereux parce que l'organisme ne l'élimine pas, il
s'accumule et cela produit des formes d'empoisonnement extrêmement
graves.
Déjà, cependant, au Québec, nous avons
commencé à agir. La loi 48 est une étape, ce n'est pas la
première loi que nous adoptons dans ce domaine. Nous avons
commencé à agir. L'action du gouvernement a aidé
considérablement, mais il y a aussi l'esprit d'entreprise des
pêcheurs qui se manifeste un peu partout au Québec, en
Gaspésie et dans d'autres régions du Québec. Nous mettons
au point, nous adoptons des méthodes beaucoup plus modernes, beaucoup
plus productives: l'éviscération à bord, le tri à
l'usine dès le déchargement du poisson, le recours à des
cahiers de normes. Tout cela permet d'améliorer et de garantir la
qualité. De cette façon, les pêches au Québec ont
déjà commencé à progresser à pas de
géant.
Ce qu'il faut aussi savoir, M. le Président, c'est que le
Québec a des rivaux, des concurrents. On n'est pas les seuls à
tirer du poisson, par exemple, du golfe. Il y en a d'autres. Il y a les
provinces atlantiques du Canada en particulier qui convoitent ces
richesses-là et qui, d'ailleurs, traditionnellement, ont occupé
une meilleure place que le Québec. Le Québec a été,
pendant longtemps, le parent pauvre dans le golfe du Saint-Laurent, mais il se
réveille. Les pêcheurs du Québec se réveillent.
C'est fini la léthargie. Nous voulons prendre notre place dans le golfe
et dans les autres territoires maritimes.
Ce réveil de nos pêcheurs, évidemment, ennuie,
inquiète nos concurrents. Qu'est-ce
qu'ils ont fait? Qu'est-ce que les provinces atlantiques ont fait? Elles
se sont tournées -ce n'est pas la première fois que cela arrive -
vers le gouvernement fédéral pour qu'il intervienne en leur
faveur et contre le Québec. On nous accuse de faire de la querelle
fédérale-provinciale, de chercher la chicane avec Ottawa. Mais
nous n'avons pas cherché la chicane. Nous réagissons contre une
nouvelle action du fédéral qui tend à la fois à
agir en faveur d'autres provinces que le Québec et à centraliser
des pouvoirs, à ramener des pouvoirs à Ottawa. Ce gouvernement
central n'a pas d'autre remède. C'est le remède qu'il applique
partout. C'est le remède de la centralisation. Il cherche à
étendre ses pouvoirs. Il est bien normal qu'au Québec nous
cherchions à défendre et à conserver nos pouvoirs pour
aider les pêcheurs québécois, pour aider tous ceux qui
vivent de cette industrie, pour protéger et développer le
potentiel futur.
Pour les raisons que j'ai indiquées, il est absolument vital que
le Québec améliore sa capacité de production alimentaire
et c'est un des principaux secteurs où nous pourrons le faire. Ce n'est
pas une question de querelle fédérale-provinciale, M. le
Président. C'est une question de défendre nos
intérêts, de défendre notre patrimoine, de défendre
notre potentiel.
M. le Président, je le dis en toute sincérité, cela
fait sept ans et quelques mois que je siège avec vous en cette Chambre
et que j'observe le député de Lévis. Je vous dis que je
suis très heureux que le député de Lévis soit
là pour défendre les intérêts des pêches et
des pêcheurs québécois. Je pense que la population du
Québec a pu, au cours des années, apprécier la
qualité du travail du député de Lévis, sa
persévérance et son dévouement pour la défense de
nos intérêts dans les secteurs qui lui ont été
confiés.
Je pense que, lorsque des députés de l'Opposition
cherchent à attaquer le député de Lévis, ils
agissent en notre faveur, parce qu'ils donnent d'autres occasions au
député de Lévis de prendre la parole et de faire, de
façon magistrale, la démonstration de sa compétence dans
ces domaines et de sa détermination à protéger les
meilleurs intérêts non seulement des pêcheurs et des
agriculteurs, mais ceux aussi de l'ensemble de la société
québécoise. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Laporte, je vous donnerai la parole après la suspension de 18 heures.
Ce n'est pas concernant cela? Ah! je croyais que vous demandiez la parole. Non.
Il n'y a pas d'autres personnes? Oui, M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je n'ai pas demandé
la parole. Je ne sais pas pourquoi vous voulez me la donner. Mais, si vous
voulez me la donner tout de suite, je vais la prendre cependant.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Comme vous étiez
debout, j'ai cru que vous demandiez la parole. M. le ministre l'a
demandée? Il y a suspension jusqu'à 20 heures. Alors vous
reprendrez là-dessus à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 1)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! Veuillez prendre place. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Merci. Le ministre cède la parole à M.
le député de Berthier.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Sur la reprise du
débat, pour nos téléspectateurs, je mentionne que M. le
député de Berthier reprend le débat sur la prise en
considération du rapport de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation et sur les amendements proposés au
projet de loi 48, Loi sur les pêcheries et l'aquaculture commerciales et
modifiant d'autres dispositions législatives. M. le député
de Berthier.
M. Albert Houde
M. Houde: Merci. Le projet de loi 48, connu sous le titre de Loi
sur les pêcheries et l'aquaculture commerciales, est en voie d'être
adopté sans que le gouvernement ne prenne la peine de s'enquérir
des conséquences néfastes et des préoccupations
sérieuses qu'il engendre auprès des gens du milieu, soit des
pêcheurs côtiers et leurs aides-pêcheurs, la plupart des
associations de pêcheurs et différentes associations ou organismes
qui visent la protection des intérêts des gens qui vivent de la
pêche. Aujourd'hui, plusieurs centaines de ces intervenants font savoir
au gouvernement du Québec et à son ministre Jean Garon,
responsable du projet de loi 48, qu'il est incapable d'adopter une loi et de
l'imposer sans qu'ils ne puissent se faire entendre à l'occasion d'une
commission parlementaire et sans que soient rendus publics les
règlements qui seraient applicables à ce projet de loi
confus.
Déjà, des centaines de pêcheurs,
aides-pêcheurs et le reste dénoncent ce projet de loi 48 qui
oblige le pêcheur à se soumettre à un double régime
de permis créant ainsi un fardeau administratif additionnel que
devra
défrayer autant le pêcheur que le contribuable. En
deuxième lieu, il oblige le pêcheur à respecter une double
réglementation, ce qui entraînera des conflits inévitables
au niveau de l'application des règlements de pêche tout en
affligeant la population des pêcheurs du double service de protection et
d'inspection.
M. le Président, lorsque j'étais employé par une
coopérative de ma paroisse, il y a plusieurs années, nous avions
à classifier des oeufs. Lorsqu'un inspecteur passait derrière
nous pour surveiller notre travail, c'était pénible. Mais lorsque
les pêcheurs auront à faire face à deux inspecteurs,
comment envisagez-vous leur situation? Les pêcheurs vont travailler de
peine et de misère, jour et nuit bien souvent, en ayant toujours
à l'esprit que des inspecteurs de deux paliers de gouvernement peuvent
se présenter. Le gouvernement va obliger le pêcheur et le
contribuable à financer une double administration relativement à
un même secteur d'activités. Or, j'entendais les gens d'en face -
et souvent même, le ministre de l'Agriculture, que nous devons encore
subir et endurer - nous dire qu'il ne faut pas multiplier les
règlements. Cela coûte de l'argent, cela tanne les gens et on peut
s'en passer. Qu'est-ce que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation va faire encore une fois?
Les pêcheurs s'inquiètent de la détérioration
de leurs relations avec les pêcheurs des autres provinces et ils voient
dans le projet de loi 48 une autre occasion de conflit entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement provincial, conflit dont ils feront
à nouveau les frais.
Le gouvernement ne peut ignorer la requête comportant près
de 700 noms de pêcheurs que mon collègue de Nelligan a
présentée la semaine dernière. Vous avez tous pu
constater, comme moi, qu'encore une fois, le ministre doutait de la
requête déposée en cette Chambre et des noms qui
apparaissaient sur la liste. Il voulait les voir, parce qu'il pensait que ce
n'était pas vrai. On n'a pas douté des télégrammes
qu'il nous a lus cet après-midi. Peut-être qu'il va nous en lire
encore ce soir. Je prends la parole du ministre, moi et j'imagine qu'il devrait
prendre la nôtre, qui vaut autant que la sienne.
Le gouvernement ne peut ignorer que cette requête est
endossée par différents organismes du milieu aussi
intéressés que les syndicats de travailleurs d'usine, les
chambres de commerce, les producteurs, etc. Le ministre Garon doit
démontrer à la population qu'il n'a rien à cacher dans ce
projet de loi et répondre franchement aux producteurs, aux
préoccupations des gens du milieu en permettant qu'une commission
parlementaire, que nous avons demandée à maintes reprises, se
tienne et que la réglementation soit rendue publique.
M. le Président, quand vient le temps de traiter du projet de loi
lui-même, M. Garon insiste curieusement beaucoup plus sur l'aspect
constitutionnel que sur l'avancement des pêches. Je veux vous donner
quelques arguments du Parti libéral, l'Opposition qui siège dans
cette Chambre. Je n'ai pas l'intention de reprendre ici en entier le contenu de
nos discours mais d'en rappeler les éléments les plus
importants.
On peut les résumer ainsi. Le dialogue de sourds De
Bané-Garon dans le domaine des pêches est néfaste pour
l'industrie et nous ne voulons pas en être partie. Deuxièmement,
l'intérêt des pêcheurs doit primer et la seule façon
d'y arriver est d'établir une politique d'ensemble à court et
à long terme... Ne soyez pas inquiet, M. le député de
Bourassa, je ne saute pas de lignes. Je sais ce que je dis; je l'ai
écrit et je suis capable de le lire facilement. Ne soyez pas inquiet
pour moi. Tout à l'heure le ministre parlait des députés
urbains; il parlait de mon collègue de Nelligan. Je ne sais pas
d'où vous venez mais il me semble que vous ne venez pas d'un
comté rural.
S'il a là des intérêts, le gouvernement se cache
bien de le démontrer. En effet, rien dans le programme de relance
n'était prévu pour le milieu des pêches. Où est le
ministre? Que pense-t-il des pêcheurs? Pas plus des pêcheurs que
des agriculteurs dans le champ. Les seules solutions du ministre sont des
motions, des déclarations dans les journaux, des projets de loi. On ne
trouve rien pour dynamiser le milieu. L'accent des actions du gouvernement
n'est pas mis sur la pêche, les pêcheurs et leur famille.
Le Parti libéral réitère son option selon laquelle
le Québec doit occuper tout le champ de juridiction qui lui revient. On
ne doit pas aller au-delà et chercher ainsi l'affrontement.
Une voix: T'as raison, Albert.
M. Houde: Nous reconnaissons la juridiction du Québec sur
certains aspects des pêcheries mais le projet de loi semble aller plus
loin. Si le ministre déposait ses règlements, nous verrions plus
clair dans l'intention du gouvernement. Si le projet de loi est contesté
et que le Québec perd, nous perdons notre pouvoir actuel de
négociation. Toujours sur ce plan, l'enjeu dépasse l'aspect des
pêcheries. Des conséquences graves peuvent en découler sur
des points aussi importants que les droits miniers, pétroliers et
autres. (20 h 10)
M. le Président, le ministre a dit ce soir, avant le souper,
qu'il était toujours présent et qu'il n'avait pas peur de se
présenter partout. Mais je ne sais pas où était le
ministre en 1983, au mois de
décembre. Le ministre a été invité au
congrès de l'UPA au Château Frontenac - j'y participais - pour
défendre sa politique et renseigner les cultivateurs, les agriculteurs,
leur parler et peut-être se faire parler aussi. Où était le
ministre? Il ne s'est pas présenté au Château Frontenac.
Pourtant, il y avait beaucoup de personnes qui l'attendaient. La salle
était bien remplie. Il y avait quelques agriculteurs péquistes
qui disaient: II va venir. Il va venir. Cela ne se peut pas qu'il ne vienne
pas. Le ministre n'a jamais eu peur. Mais ils se sont rendus à
l'évidence: le ministre ne s'est pas présenté. Pourquoi ne
s'est-il pas présenté? Cela s'explique aisément. C'est
parce qu'il n'est plus à la hauteur de la situation. Lorsque vient le
temps pour lui de prendre ses responsabilités et d'apporter quelque
chose de sérieux à l'agriculture, M. le ministre n'est pas
là. M. le ministre se promène, mais pas avec les agriculteurs. Il
se promène ailleurs. Et c'est la classe agricole qui en souffre. C'est
pour vous dire que nous, du Parti libéral, allons prendre nos
responsabilités en tant que députés de l'Opposition. Et
aussi, lorsque viendra le temps pour nous de prendre nos responsabilités
de l'autre bord, soyez sûrs d'une chose: nous allons les prendre pour le
bien des agriculteurs du Québec.
M. le Président, en terminant, que...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député, s'il vous plaît! M. le député de
Chambly, une question de règlement en vertu de quel article?
M. Tremblay: La pertinence du débat, M. le
Président, c'est quel article?
Une voix: L'article 204.
M. Tremblay: En vertu de l'article 204, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Berthier, votre temps est écoulé.
Enfin... Trente secondes pour vous, sur le...
M. Houde: Merci, M. le Président. Merci de m'avoir
rappelé. Cela va me permettre de le répéter une
deuxième fois. Tout ceci pour vous dire qu'en tant que
député de l'Opposition, on peut vous assurer d'une chose,
à savoir que nous allons prendre nos responsabilités
auprès des agriculteurs du Québec. Cela regarde, je pense, les
gens de la province de Québec et les pêcheurs de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Tout ceci pour vous dire
que, quand ce sera le temps pour nous de prendre nos responsabilités,
nous allons les prendre. Et c'est pour cette raison que j'endosse l'amendement
de mon collègue de Nelligan pour que le projet de loi soit
reporté d'une année pour qu'on puisse enfin faire entendre les
personnes intéressées et les écouter bien religieusement.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Comme il n'y a aucun autre intervenant, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. Nous avons eu droit tout
à l'heure, avant de prendre le repas, à la réplique de
cinq minutes du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Ce n'est pas que nous nous plaignons de ne pas l'avoir ici ce
soir mais je pense que la situation est suffisamment sérieuse et
importante pour que le ministre nous fasse l'honneur d'entendre les arguments
que nous allons porter à son attention.
Le gouvernement, selon son habitude, est en train de tenter d'imposer
à la population un projet de loi qui n'est pas nécessaire, qui
est nuisible et qui va avoir des conséquences qui dépasseront le
règne de ce gouvernement. Nous allons nous retrouver, nous du Parti
libéral, au pouvoir, à traîner les séquelles d'un
projet de loi totalement nuisible, désastreux et qui est refusé
par les pêcheurs auxquels il s'adresse.
Le ministre prétend que son projet de loi est nécessaire
pour affirmer l'autorité du Québec dans le domaine des
pêcheries. Ce que le ministre est en train de faire, c'est de
procéder, comme c'est l'habitude du gouvernement, par décret en
refusant la négociation avec le partenaire, dans le domaine des
pêcheries, qu'est le gouvernement fédéral. Il fait cela au
détriment même des pêcheurs qui gagnent durement leur vie en
tentant de nourrir la population du Québec et la population d'une partie
du monde, en pratiquant un métier qui est extrêmement difficile et
qui est parfois dangereux. Ce n'est pas la façon technocratique ni la
façon bureaucratique, que le ministre est en train d'imposer dans le
domaine des pêcheries au Québec, qui améliorera la
situation. En quoi, finalement, le fait d'imposer une double juridiction aux
pêcheurs du Québec améliorera-t-il la cause ou la situation
des pêcheries au Québec?
Il est facile de comprendre que, pour sa gloriole personnelle, le
gouvernement, par la bouche de son ministre des Pêcheries, désire
pouvoir agir, comme il le fait habituellement, en empereur, en
décrétant que, dorénavant, ceux qui veulent exercer telle
activité doivent passer par le hache-viande gouvernemental qui s'appelle
la réglementation, qui s'appelle la double inspection, qui s'appelle le
double permis. Tout cela est totalement inutile et pourrait être
évité facilement avec un peu de bonne foi.
On nous reproche de blâmer l'attitude du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, pourtant, c'est
là une grande partie du problème auquel nous avons à faire
face. Si le ministre voulait, d'une façon sérieuse, d'une
façon pondérée, en tenant compte de tous les
éléments et en faisant une consultation valable, s'asseoir
à une table de négociation pour en venir à des
arrangements, à des compromis à la suite de discussions
honnêtes, tout le monde serait gagnant, les pêcheurs les
premiers.
L'attitude du ministre est cousue de fil blanc, il commence par mettre
en doute les pétitions, les télégrammes qui sont
présentés devant cette Assemblée par des gens qui
divergent d'opinion avec lui. Cette technique est usée jusqu'à la
corde. Il pousse l'outrecuidance jusqu'à dire que les gens qui ne sont
pas d'accord avec lui sont tout simplement des organisateurs libéraux et
qu'ainsi tout s'explique, qu'en fait, il a trouvé la clé qui va
lui permettre de comprendre l'opposition des gens qui n'acceptent pas son
projet de loi. C'est enfantin et puéril de raisonner ainsi.
Le ministre doit bien savoir et le gouvernement devrait savoir qu'on n'a
pas besoin d'être organisateur libéral, qu'on n'a pas besoin de
militer dans le Parti libéral du Québec pour s'opposer au projet
de loi 48. De toute façon, M. le Président, les sondages dont
vous avez pu vous-même prendre connaissance sont extrêmement
éloquents. Parmi les personnes sondées, il y a des
pêcheurs, il y a des gens qui gagnent leur vie sur l'océan, sur la
mer, et seulement 26% parmi eux, comme parmi le reste de la population,
appuient le gouvernement.
Il est ridicule de la part du ministre d'affirmer, pour détruire
l'argumentation des gens qui s'opposent à son projet de loi, que ceux
qui ne sont pas d'accord sont simplement des organisateurs libéraux. Il
essaie de remonter la filière et de mettre en doute la bonne foi des
gens qui, avec des arguments sérieux, lui font valoir que son projet de
loi est inopportun, nuisible et mal à propos. Quand la population
s'adresse à un ministre de cette façon, le ministre a un devoir
d'écouter. Nous avons eu, il y a peu longtemps, des élections
dans le comté de Saguenay, où vivent de très nombreux
pêcheurs. Vous n'avez qu'à examiner le résultat des
élections pour vous rendre compte que, là comme ailleurs, la
population a refusé la politique générale du gouvernement,
en particulier la politique qui la touche de plus près, en l'occurrence,
pour ce qui est des pêcheurs dans le comté de Saguenay, la
politique des pêches du gouvernement du Québec. (20 h 20)
Le ministre prend toutes sortes de moyens pour tenter de faire avaler
son projet de loi. Tous les moyens sont bons pour faire accepter par cette
Assemblée un projet de loi qui est refusé par la population.
J'aurais simplement à donner lecture des télégrammes que
j'ai ici en main. J'aurais tout simplement à me référer
aux pétitions qui ont été déposées devant
cette Assemblée et j'en aurais jusqu'à l'ajournement des
débats, ce soir, simplement pour donner une brève lecture des
télégrammes que j'ai en main. Le ministre nous arrive avec un ou
deux télégrammes. Si je lui retournais l'argument, M. le
Président, vous me le reprocheriez, à savoir que les
télégrammes qui arrivent par son intermédiaire sont des
télégrammes bidons qu'il est allé chercher chez des
organisateurs péquistes. Je ne descendrai pas à ce
niveau-là, mais je ne voudrais pas non plus qu'on nous fasse ce genre de
blâme, ce genre de reproche. Le ministre a tenté, par toutes
sortes de moyens, de faire accepter par cette Chambre le projet de loi 48. Il a
tenté de le faire aux petites heures du matin, le 22 décembre. Il
a tenté de le faire au moyen de ce que j'appellerais - je pèse
mes mots - du chantage envers les jeunes agriculteurs. Ce qu'il a
proposé en cette Chambre pour obtenir l'adoption de son projet de loi
48, cela a été que nous l'acceptions pour y retrouver une
disposition qui était absolument nécessaire pour venir en aide
aux jeunes agriculteurs, à la relève agricole. Heureusement, nous
avons refusé de nous plier à ce chantage. Nous avons
refusé d'adopter un projet de loi sous la menace. Nous n'avons pas
accepté que les jeunes agriculteurs, que toute la relève agricole
soit prise en otage pour faire accepter ce projet de loi qui est refusé
presque unanimement dans la population. Mais le ministre n'a pas eu peur
d'utiliser ce moyen et cela me fait craindre le pis, M. le Président. Je
veux vous assurer que nous de ce côté-ci, de l'Opposition, nous
allons faire tout en notre pouvoir pour que le ministre pèse avec
justesse les gestes qu'il va poser. Qu'il ne s'aventure pas dans un domaine
piégé, miné et où les véritables victimes
seront les pêcheurs du Québec. C'est totalement inadmissible que
le ministre nous refuse ce qui me semble aller de soi: une commission
parlementaire qui va permettre aux principaux intéressés,
à ceux qui auront à vivre avec le projet de loi, à ceux
qui auront littéralement à gagner leur vie, en la perdant
parfois, en la risquant en tout cas, avec une réglementation
ministérielle qui est inconnue, avec un projet de loi qui confie au
ministre des pouvoirs exagérés des pouvoirs dont nous ne
connaissons pas les limites, des pouvoirs qui, entre les mains de ce ministre
en particulier, sont dangereux... Nous ne pouvons pas regarder cette situation
d'une façon oisive.
Notre devoir est d'insister pour que le ministre prenne les mesures
nécessaires dès
maintenant. Il a été obligé de plier le 22
décembre, en retirant un article dans un projet de loi pour le faire
adopter dans le bill omnibus, parce qu'il a été obligé de
se rendre compte que, unanimement, cette Chambre refusait cette façon de
faire. Ce que nous demandons, c'est que le ministre qui a commencé
à s'apercevoir qu'il n'avait pas raison dans tous les cas continue en ce
qui concerne le projet de loi 48 et informe dès maintenant cette Chambre
que nous aurons une commission parlementaire où nous de l'Opposition -
je termine, M. le Président - nous pourrons faire valoir notre point de
vue et en même temps être éclairés par le point de
vue des nombreux intéressés, des nombreux intervenants qui
communiquent avec nous de toutes sortes de manières et qui insistent
pour être entendus. Le ministre doit donner une réponse
là-dessus. Il doit accepter que le jeu de la démocratie s'exerce.
Autrement, nous serons dans le doute constant sur le bien-fondé de ce
projet de loi. Le ministre a un devoir, ce soir, c'est d'accepter la commission
parlementaire que nous exigeons. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Champlain.
M. Marcel Gagnon
M. Gagnon: Merci. Nous nous retrouvons encore une fois devant
l'Assemblée nationale à discuter d'un projet de loi qui aurait
dû être adopté beaucoup plus vite, n'eût
été de la mesquinerie de l'Opposition, de la mesquinerie
politique. L'Opposition se gargarise à tout moment en disant que, selon
elle, le gouvernement du Québec ne s'occupe pas assez d'économie.
Chaque fois qu'on a une loi qui parle de développement, une loi qui
parle d'économie, on fait en sorte de retarder les agissements du
gouvernement du Québec qui pourraient permettre à un secteur
aussi vulnérable que le domaine des pêcheries de se
développer, de se diversifier comme on a fait, entre autres, dans le
domaine de l'agriculture. Ce qui est assez drôle dans ce débat,
c'est que finalement, depuis sept ans que je suis à l'Assemblée
nationale, on entende toujours les arguments de la part de l'Opposition.
Lorsque dans une loi, les gens de l'Opposition voient la possibilité
pour les Québécois de se prendre un tant soit peu en main, de se
diriger eux-mêmes, de diriger leur économie, c'est devenu un
scandale pour l'Opposition libérale. Il faudrait avoir des lois pour
rapetisser les Québécois pour leur faire plaisir.
Les arguments qui sont apportés, on les a entendus au mois de
décembre et ils reviennent encore: on dit que le Québec va
imposer un double permis. Pas un seul n'a eu le courage de dire que si le
Québec est obligé d'en arriver là pour faire respecter ses
juridictions, c'est parce que le ministre fédéral, encore une
fois, unilatéralement, a coupé, a rompu des ententes qui
existaient depuis 1922. Pas un seul du côté de l'Opposition n'a
dit clairement aux Québécois qu'il y avait là une entente
qui fonctionnait, qu'on devait respecter, qu'on devait renégocier si on
le voulait, mais qu'on n'avait pas le droit unilatéralement, encore une
fois, de venir couper des ponts et de venir saboter, à toutes fins
utiles, un secteur économique sans doute assez vulnérable et qui
demande à être aidé.
S'il y a double permis, c'est d'abord, c'est surtout et avant tout parce
que le gouvernement fédéral ne respecte pas ses ententes, ne
respecte pas les juridictions du Québec. On a eu le même
débat avec la loi 38. L'Opposition applaudissait devant le fait que le
gouvernement fédéral ne respectait pas les juridictions du
Québec, ne respectait même pas sa propre constitution qu'il a
passée, qu'il a taponnée, qu'il a tripotée
unilatéralement. On est obligé de leur dire: Écoutez, dans
la constitution, les municipalités relèvent du Québec. Et
l'Opposition applaudit à cela. Moi, je prends part à ce genre de
débat et je dois vous dire que, personnellement, cela commence - et pour
plusieurs Québécois aussi, j'en suis persuadé -à
être un peu déprimant de voir les gens d'en face qui ne se sont
jamais, à mon point de vue, posé la question à savoir
pourquoi ils sont ici à l'Assemblée nationale. Si vous voulez
travailler pour le gouvernement fédéral, pour votre maison
mère, pour le Parti libéral fédéral, il faudrait
choisir de vous présenter aux prochaines élections qui s'en
viennent au gouvernement fédéral. Mais ici on est ici.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Gagnon: M. le Président, est-ce que j'ai le droit de
m'exprimer ici à l'Assemblée nationale? Oui.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
M. Gagnon: Alors, si vous voulez les faire taire.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît;
S'il vous plaît!
M. Gagnon: Comme député de la circonscription de
Champlain, de la Mauricie, comme n'importe quel député ici
à l'Assemblée nationale, mon premier devoir est de
défendre les Québécois, de faire respecter les
juridictions du Québec. Ce n'est pas être de méchants
séparatistes que de jouer notre rôle et nous allons le jouer. La
seule bonne nouvelle que j'ai entendue ce soir et depuis
le début de ce débat, c'est le député de
Berthier qui a dit qu'il va prendre ses responsabilités. J'ai
hâte. J'ai bien hâte de voir le Parti libéral du
Québec prendre ses responsabilités et défendre les
Québécois. Si, effectivement, le député de Berthier
a la possibilité de réveiller son caucus et de réveiller
le Parti libéral du Québec pour qu'enfin, les
Québécois sentent que ces gens-là travaillent pour les
Québécois et non pas contre les Québécois, je
pense, M. le député de Berthier, que vous aurez fait un
très bon bout de chemin en politique. (20 h 30)
M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche disait qu'il
ne comprenait pas les libéraux. Je dois vous dire que, personnellement,
je commence à trop les comprendre. Je suis persuadé que la
population du Québec commence à les comprendre
sérieusement aussi. Je suis persuadé qu'un jour ces gens devront
ressentir le devoir de défendre les Québécois, de
défendre les juridictions du Québec. Une loi comme
celle-là, qui permet de développer un secteur vulnérable,
mais un secteur qui est très intéressant et qui pourrait
l'être davantage pour aider à l'économie du Québec,
pour aider des régions qui en ont grandement besoin, je pense que vous
n'avez pas le droit de la retarder. Pour ma part, je sais qu'on l'adoptera;
même s'il faut encore passer des nuits, on l'adoptera. Merci beaucoup, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Il y a des principes
très fondamentaux que nous défendons en nous opposant au projet
de loi 48. Ces principes n'ont rien à faire pour le moment avec la
question de juridiction fédérale-provinciale. Laissons cela de
côté. Si le ministre disait à un individu qui veut avoir un
permis de conduire: Oui, je vais te le donner, quand cela me plaira, de la
façon qui me plaira, aux conditions qui me plairont, que dirait la
population? Si un contribuable se faisait dire par le ministre du Revenu: Tu
vas payer le montant que je vais t'imposer, de la façon que je te le
dirai, aux conditions que je t'imposerai et, si tu t'y opposes, tu n'auras
qu'à présenter tes observations au ministre avant que je ne
prenne ma décision, qu'est-ce que la population dirait?
C'est exactement ce que ce projet de loi fait: il s'applique aux
pêcheurs et non à l'ensemble de la population. N'oublions pas les
principes pour les 25 000 permis, les 25 000 personnes qui les reçoivent
et qui dépendent du ministre de l'Agriculture, qui dépendent du
gouvernement. Avec ce projet de loi, qui est une loi-matraque, on veut donner
une discrétion totale au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, sans établir de critères, sans que celui
qui gagne sa vie de cette activité connaisse les règles du jeu.
C'est ce à quoi nous nous opposons. Oublions pour le moment la question
de juridiction fédérale-provinciale. Tenons-nous en à
l'aspect humain de ceux qui sont affectés par le projet de loi et qui
seront obligés d'être à la merci du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est cela votre
conception d'un gouvernement? C'est ainsi que vous voulez rédiger vos
projets de loi?
Je vais vous donner quelques exemples. On nous a accusés de ne
pas attaquer le fond du projet de loi. Je vais vous lire quelques articles, M.
le Président, pour démontrer l'arbitraire du ministre, pour
démontrer la discrétion et les pouvoirs absolument inacceptables
que ce ministre se donne et pour démontrer les raisons pour lesquelles
nous demandons que le projet de loi soit reporté. Cela n'a pas de bon
sens qu'on accepte ici, à l'Assemblée nationale, une
Assemblée parlementaire démocratique, de donner des pouvoirs de
dictature à un ministre. On veut un ministre des pêcheries, mais
on ne veut pas un tsar des pêcheries. C'est cela le problème. Je
vais vous donner quelques exemples. Le ministre, selon le projet de loi qu'il
désire voir adopter par cette Assemblée, peut octroyer le nombre
de concessions qu'il fixe et déterminer pour chaque concession les
espèces, les quantités de produits qui peuvent être
pêchées. C'est strictement à la discrétion du
ministre; c'est le ministre qui choisit les concessionnaires, selon les
critères qu'il établit lui-même. Vous voyez la
possibilité d'abus, de patronage politique, les problèmes que
cela peut causer à ceux qui, de bonne foi, veulent obtenir des
concessions et qui ne veulent pas nécessairement se plier au bon vouloir
du ministre.
Le concessionnaire est assujetti à toute condition, restriction
ou interdiction que le gouvernement peut fixer par règlement et on
demande au gouvernement... C'est vrai qu'il peut y avoir une
réglementation, mais pourquoi ne déposez-vous pas ici à
l'Assemblée nationale vos règlements avant l'adoption du projet
de loi? Ce n'est pas la première fois qu'un projet de loi donne le droit
au ministre de fixer les règlements, mais dans plusieurs autres projets
de loi, après que nous ayons posé des objections, des ministres -
d'autres ministres, pas celui-ci -ont déposé la
réglementation. Nous l'avons examinée et nous avons
procédé à l'acceptation ou à l'adoption du projet
de loi.
D'autres pouvoirs discrétionnaires du ministre? Je vous en ai
déjà mentionné. Premièrement, on peut interjeter
appel de la décision du ministre sur une question de
droit ou de compétence. C'est évident que le ministre a
compétence dans les pêcheries. Ce n'est pas le ministre du Loisir,
de la Chasse ou de la Pêche, le ministre de l'Industrie, du Commerce et
du Tourisme ou le ministre de l'Éducation qui aura autorité sur
les pêcheries, mais on ne peut pas s'opposer si le ministre prend une
décision sur des faits qu'on n'accepte pas. On ne donne pas ce droit
ici. On donne le droit à tout inspecteur de pénétrer
à toute heure convenable dans les établissements d'un titulaire
de permis et de faire des perquisitions sans mandat. On donne le droit au
ministre d'exproprier et d'acquérir de gré à gré,
de louer à l'exproprié tout bien ou tout droit immobilier
nécessaire à l'exercice de ses fonctions.
M. le Président, j'ai siégé à la commission
parlementaire qui a fait l'étude détaillée du projet de
loi 48. J'ai demandé au ministre: Est-ce que ce pouvoir, c'est pour vous
donner le droit d'exproprier Pêcheurs unis, qui est maintenant connue
comme les Pêcheurs Cartier, pour vous débarrasser de quelqu'un que
vous ne voulez pas avoir? Ces gens-là ont des droits, mais le ministre
ne veut pas les reconnaître. Le ministre ne l'a pas nié. Oui,
c'est pour lui donner ce droit et il veut qu'aujourd'hui on lui donne la
permission. On veut qu'on adopte ce projet de loi. Jamais!
Et pourquoi craint-on tellement les pouvoirs du ministre? Il y a un
article qui a paru le 3 mars 1984: "Les agriculteurs de Mirabel
pénalisés par le ministre Garon." C'est très
intéressant, le pouvoir que le ministre accapare et la façon avec
laquelle il exerce son pouvoir discrétionnaire. On accuse ici le
ministre d'avoir coupé les prêts et subventions parce que les gens
ne s'entendaient pas avec le ministre. Voyons ce que ces agriculteurs
reprochent au "smiling minister". Ceux-ci - et je cite l'article -accusent
Me... C'est un avocat, à part cela. Un avocat devrait savoir que les
libertés individuelles des pêcheurs, on ne peut pas les bafouer
par un projet de loi dont il accapare tous les pouvoirs. Il aurait dû
savoir cela dans son cours de droit et quand il enseignait le droit à
l'université, il a dû défendre les libertés
fondamentales, les libertés individuelles, la discrétion et les
abus du pouvoir. Il a dû savoir cela. Il a dû lire certains textes
là-dessus, mais cela n'a pas l'air de l'avoir beaucoup
impressionné. On dit: Ceux-ci accusent Me Jean Garon d'avoir
ordonné aux fonctionnaires de l'Office du crédit agricole du
Québec de n'octroyer aucun prêt et subvention aux agriculteurs de
Mirabel, ce qui a été confirmé par le ministre Garon
lui-même lors d'une entrevue donnée à l'émission de
Télé-Métropole le 6 janvier, ceci sous prétexte
qu'une action en nullité d'expropriation est devant les tribunaux. Le
ministre décide ce qu'il veut avoir. Il ne s'occupe pas des droits des
individus. Il ne s'occupe pas des droits de la population et il agit d'une
façon discrétionnaire. On continue en disant: On a eu la preuve
ces derniers jours qu'un ancien propriétaire, lequel a acheté et
payé comptant sa ferme et a voulu la revendre à un jeune parent
intéressé à l'agriculture n'a pu le faire, car ce jeune
s'est vu refuser son crédit agricole dû à la
discrétion et aux pouvoirs abusifs du ministre. Je voudrais souligner le
fait que dans le projet de loi 48 que nous avons bloqué au mois de
décembre dernier, il prévoyait des subventions aux jeunes
agriculteurs. Nous avons pu convaincre et obliger le gouvernement à
enlever cette disposition du projet de loi 48 et à l'inclure dans une
autre loi afin que les jeunes agriculteurs puissent obtenir leur subvention,
parce que le ministre avait essayé d'inclure cette clause pour nous
faire avaler un projet de loi inacceptable sous prétexte que cela aurait
affecté les jeunes agriculteurs.
Il est absolument impensable qu'un gouvernement, qu'un ministre nous
demande d'accepter un projet de loi avec de tels pouvoirs
discrétionnaires. C'est un projet de loi qui a fait l'objet des
objections de tellement de gens du milieu. Le ministre demande au
député de Nelligan de déposer la pétition de tous
ceux qui l'ont signée. Après avoir lu des articles comme
celui-ci: "Les agriculteurs de Mirabel sont pénalisés par le
ministre", parce qu'ils ne s'entendent pas avec le ministre, on peut
comprendre, pour la protection de deux qui ont signé la pétition,
qu'on ne veuille pas dévoiler tous ces noms-là. Il faut
empêcher une autre forme d'abus d'influence ou de représailles du
ministre.
On nous dit qu'on est contre les Québécois parce qu'on est
contre le projet de loi 48. Étions-nous contre les travailleurs au
pourboire lors de l'étude du projet de loi sur les pourboires?
C'étaient des Québécois. Étions-nous contre les
citoyens des municipalités lors de l'étude du projet de loi no
38? Eux aussi, ce sont des Québécois. Étions-nous contre
le monde de l'éducation au sujet du projet de loi 40? Eux aussi, ce sont
des Québécois. On dirait que c'est un gouvernement qui a des
intérêts tout à fait à part et pour lui-même,
des intérêts distincts des intérêts des
Québécois. Voilà pourquoi nous avons eu les projets de loi
38, 40 et 43.
On nous accuse de nous opposer au projet de loi 48. Oui, nous nous
sommes opposés aux projets de loi 38, 40, 43 et nous avons fait changer
les ministres. Nous disons ceci au gouvernement: Nous allons nous opposer au
projet de loi 48 jusqu'à ce que vous changiez la loi ou le ministre.
C'est aussi simple que cela. Nous n'accepterons pas cette loi, au nom de ceux
qui sont affectés par les abus du gouvernement et les abus de ce
ministre. Merci M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Beauce-Sud.
M. Hermann Mathieu
M. Mathieu: Merci M. le Président. Nous sommes à
étudier le rapport sur l'étude détaillée du projet
de loi 48, Loi sur les pêcheries et l'aquaculture commerciales et
modifiant d'autres dispositions législatives. Vous me permettrez, M. le
Président, au début de mon propos, de féliciter le
porte-parole de l'Opposition en la matière, le député de
Nelligan, pour l'excellent travail qu'il a fait dans l'étude de ce
projet de loi jusqu'ici, de féliciter également le
député de Bonaventure et chef de l'Opposition pour toute
l'attention qu'il a apportée à l'étude de ce projet de
loi. Je veux souligner aussi toutes les suggestions constructives et tous les
amendements qui ont été apportés par les
représentants de l'Opposition mais qui ont malheureusement
été rejetés arbitrairement, du revers de la main,
probablement par petite partisanerie ou par incompréhension totale de la
part du gouvernement.
Le ministre nous disait, cet après-midi, que les
députés libéraux nuisaient aux intérêts des
pisciculteurs en retardant indûment ce projet de loi. Eh bien, si on veut
savoir si nous nuisons vraiment aux intérêts des pisciculteurs,
demandons le aux pisciculteurs. Est-ce qu'ils veulent de ce projet de loi 48?
Vous me permettrez de citer le journal La Terre de chez nous, du 1er mars 1984,
où l'on peut lire la manchette: "Poissons en procès". Cela
commence bien. Je cite: "Le règlement relatif à la vente de
certains poissons selon la Loi sur la conservation de la faune ne devrait pas
s'appliquer à un produit reconnu agricole en vertu de la Loi sur la mise
en marché des produits agricoles". Il s'agit d'un procès qui a eu
lieu le 20 février dernier à la Malbaie et dont M. Joseph-E.
Beaudet et le magasin Cooprix faisaient l'objet de poursuites de la part du
gouvernement. Pourquoi? Parce que les deux étaient accusés
d'avoir vendu à l'état mort de la truite mouchetée,
contrevenant ainsi à un règlement relatif à la vente de
certains poissons.
Voilà le comble de l'incongruité! Nous avons un ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui a choisi comme
vocation d'augmenter la production de la truite mouchetée au
Québec. Il a organisé des programmes, il a fait investir par des
pisciculteurs des centaines de milliers de dollars, il a fait consentir des
prêts par l'Office du crédit agricole du Québec et une fois
que la truite est prête à mettre sur le marché, un
règlement du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche en interdit la vente. Comme comble de confusion, on n'a jamais rien
vu de semblable!
Qu'est-ce qui préoccupe les pisciculteurs? C'est justement de
voir que le produit dans lequel on leur a fait investir des centaines de
milliers de dollars, lorsque celui-ci arrive à terme, est prêt
à la consommation, ils n'ont pas droit de le vendre. La preuve en est
que le 20 février, M. Joseph-E. Beaudet était poursuivi à
la Malbaie par le gouvernement pour avoir mis sur le marché la truite
mouchetée qu'il avait élevée et pour laquelle il avait eu
des subventions. Il avait un permis de pisciculteur délivré par
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Le procureur de la défense a déposé le texte d'un
arrêté en conseil adopté en 1979 faisant des produits de la
pisciculture destinés à la consommation un produit agricole. M.
Beaudet a souligné qu'il est reconnu producteur agricole selon la loi,
que son entreprise bénéficie de prêts de l'Office du
crédit agricole du Québec, qu'il est membre de l'UPA et du
Syndicat des pisciculteurs. Plus loin, on lit: Le secrétaire du
syndicat, M. Jacques Bonneau, a par la suite expliqué que les
pisciculteurs se sont donnés un plan conjoint, un outil légal qui
permet la mise en marché des produits piscicoles. M. Pierre-Louis Landry
a témoigné, à titre d'expert du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec. Il a
d'abord tracé à l'intention du juge les principales étapes
de développement de l'industrie piscicole; il a aussi fait état
des investissements et des subventions gouvernementales. Finalement, il a
insisté sur le fait qu'il est facile de distinguer la truite
d'élevage de la truite indigène. Donc, le problème des
pisciculteurs est qu'on les a incités à investir; maintenant que
leur produit est prêt à mettre sur le marché, une autre loi
le leur interdit.
Maintenant, que dit le journal La Terre de chez nous, du 15 mars 1984?
Je cite. "Garon freine les pisciculteurs." Ce ne sont pas les méchants
libéraux qui disent cela. Sur quoi se base-t-on? Je cite: "Comment
peut-on reprocher au conducteur d'une automobile de ne pas faire fonctionner
son véhicule si on ne lui permet pas de s'approvisionner en essence.
Cette situation de notre plan conjoint, a écrit le président du
Syndicat des pisciculteurs du Québec au ministre Jean Garon dans une
ultime tentative de sensibiliser le ministre aux difficultés
financières de ce groupe, a fait que les pisciculteurs sont en graves
difficultés financières." Est-ce que le projet de loi 48 vient
remédier à cette situation?
Je cite encore: "Ce que veulent justement les pisciculteurs, c'est qu'on
les autorise à commercialiser leurs produits, en l'occurrence, la truite
mouchetée d'élevage. Et il semble que le ministre Garon est
la
seule roue de l'engrenage qui refuse de tourner pour que les
pisciculteurs puissent actuellement en toute légalité vendre leur
production pour des fins de consommation. Pour que la commercialisation de la
truite mouchetée d'élevage soit légalisée, le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, M. Guy Chevrette, doit
déposer un décret au Conseil des ministres, ce qu'il est
prêt à faire, mais, simultanément, une autre
démarche doit être faite: il faut que le ministre, M. Garon,
dépose également devant le Conseil des ministres un projet de
règlement élaboré en vertu de la loi 49." Plus loin, on
dit: "De l'avis du syndicat, l'adoption de cette loi 48 n'a rien à voir
avec la commercialisation de la truite et, compte tenu de ces faits, une
question se pose: Le ministre Garon se sert-il du Syndicat des pisciculteurs
comme otage pour faire pression sur le Parti libéral pour que soit
adopté rapidement le projet de loi 48 lors de l'ouverture de la
session?" Eh bien, c'est ici le noeud du problème, M. le
Président.
Le ministre avait d'abord - on l'a rappelé tout à l'heure
- inclus l'amendement favorisant l'établissement des jeunes agriculteurs
dans le projet de loi 48, en disant: Si les libéraux, en
décembre, refusent d'adopter le projet de loi 48, ils auront l'odieux de
refuser une aide aux jeunes agriculteurs. Le chef de l'Opposition et les
députés libéraux étaient parvenus à faire
entendre raison au gouvernement et à mettre cet amendement dans le
projet de loi 50, qui était le bill omnibus et qui était la loi
appropriée. Concernant le projet de loi 48, le ministre nous disait: Les
libéraux pénalisent les pisciculteurs en refusant d'adopter
rapidement cette loi. Or, ce n'est pas ce que les pisciculteurs nous donnent
par la voix de leur journal officiel La Terre de chez nous, comme je vais vous
le démontrer.
Quelle est donc la nature de la crise financière qui secoue
l'industrie piscicole? Elle serait de trois ordres, M. le Président. On
peut d'abord l'imputer à un manque de planification dans le
développement de la pisciculture, c'est-à-dire que le ministre a
mis des programmes avec sa baguette magique sans aucune planification et nous
avons aujourd'hui le résultat. Nous avons le résultat: de la
truite mouchetée en abondance que les pisciculteurs ne peuvent mettre en
marché. Or, je soupçonne que le ministre ne règle pas ce
contentieux, mais qu'il veuille plutôt favoriser maintenant le
développement et l'élevage d'une espèce de saumon en
pisciculture, parce qu'il semble que c'est un produit que nous importons en
grande quantité de la Colombie britannique.
La deuxième cause, ce seraient les problèmes de
surproduction reliés en partie au fait que la commercialisation de la
truite mouchetée d'élevage n'est pas légalisée.
Comment peut-on penser faire investir des pisciculteurs dans une
entreprise agricole et, une fois que leurs produits sont prêts à
mettre sur le marché, le leur refuser? C'est absolument
inadmissible.
La troisième raison, c'est une absence de politique à long
terme d'ensemencement des eaux publiques et aussi privées, dans certains
cas. Je citais M. Louis-Philippe Filion, le président de la
Fédération des pisciculteurs du Québec.
Je conclus, M. le Président. Donc, le problème des
pisciculteurs, ce n'est pas le projet de loi 48, mais c'est l'autorisation de
commercialiser leurs produits. Je dis au ministre: De grâce,
réglez ce problème; assoyez-vous avec le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche; il semble qu'il soit prêt à
régler le problème; réglez ce contentieux qui
pénalise fortement les pisciculteurs et cessez de blâmer le Parti
libéral, s'il fait son travail en vous refusant l'adoption du projet de
loi 48. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Jacques Le Blanc
M. Le Blanc: Merci, M. le Président. À la fin du
mois de décembre, nous avions à discuter du projet de loi 48.
Nous avions, à ce moment-là, réglé un sujet dans le
domaine des pêches, la loi 49, relative à la classification d'un
produit qu'on peut produire au Québec, notre industrie de la
pêche. Nous assurions par ce moyen la qualité, mais on assure la
qualité d'un produit que l'on produit et que l'on veut produire en plus
grande quantité et de meilleure façon.
Le projet de loi 48 a pour objet principal de favoriser le
développement des pêcheries et de l'aquaculture commerciales.
Une voix: C'est faux.
M. Le Blanc: Ce développement aura des conséquences
bénéfiques pour tout le Québec. Il affirme d'abord la
volonté du Québec d'assumer sa juridiction complète et
entière sur son territoire immergé, par le moyen
d'émission de permis, sur le fonds marin près de ses rives.
L'exploitation des pêches, l'industrie de la pêche, à cause
de sa dimension saisonnière, entre autres raisons, requiert une
attention toute particulière qui se manifeste dans le projet de loi 48.
Investir dans la modernisation des usines de pêche, la recherche des
marchés, les bateaux, la flotte de pêche, investir dans une
garantie de qualité, investir dans Madelipêche, tous ces
investissements du gouvernement du Québec doivent s'inscrire dans une
politique de développement des pêches, et le projet de loi 48 est
peut-être le premier pas, le plus important, dans cette
voie.
On a fait allusion tantôt, dans ce débat sur le projet de
loi 48, au comportement du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. On l'a même accusé d'être dictateur, on
était rendu peut-être un peu trop loin du vrai domaine des
pêches puisqu'on était rendu à Mirabel avec des refus de
crédit agricole. Je dois dire, pour l'information des gens qui ont
soulevé cette question, que les vrais agriculteurs expropriés de
Mirabel qui contestent les expropriations appuient le ministre Jean Garon dans
sa décision. Il en est de même de Bell Helicopter qui vient de
demander de négocier avec les anciens propriétaires parce que les
titres sont contestés. Ce n'est pas le ministre qui impose sa dictature.
Ce sont les gens qui sont inquiets de ces manoeuvres, de ces procédures
qui se sont développées dans l'expropriation de Mirabel.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
M. Le Blanc: II y a dans tous les investissements qui sont
consentis, je pense, une volonté de la part du gouvernement de
rationaliser cette industrie et cette exploitation des pêches au
Québec. On a traité tantôt de l'aquaculture. Ne pourrait-on
pas, ici au Québec, tout en contribuant à une plus grande
autosuffisance dans le domaine alimentaire, développer ce domaine
d'aquaculture commerciale? Cela aurait comme conséquence tout simplement
de diminuer nos importations et d'augmenter, si possible, la consommation ici
au Québec de poisson de très haute qualité. Et pourquoi ne
pas aller chercher aussi des marchés d'exportation dans ce domaine comme
dans d'autres domaines où on a réussi à le faire? Pour
faire cela, il faut se prendre en main. On travaille à moderniser notre
équipement, notre flotte de pêche. J'ai une preuve assez
évidente dans mon comté, où j'ai une industrie absolument
extraordinaire qui s'appelle les bateaux Lachance. Je suis très fier de
participer de temps à autre au lancement de nouveaux bateaux de
pêche qui sont destinés aux pêcheurs de la
Gaspésie.
Ce sont des emplois pour les Québécois. C'est la
modernisation de notre flotte de pêche et cela contribue à assumer
dans ce domaine aussi la mise en valeur de nos connaissances, de notre
savoir-faire.
C'était quelques mots pour vous dire que le projet de loi 48 est
d'une entière nécessité pour assurer le
développement rationnel des pêcheries au Québec. Dans ce
domaine comme dans d'autres, je pense qu'on doit tout simplement assumer cette
tâche parce que, on l'a prouvé dans le domaine agricole, si l'on
veut contribuer à cette tâche emballante de faire avancer le
Québec, ce n'est pas une tâche qu'on doit confier aux autres.
Nous, Québécois, nous devons l'assumer.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
(21 heures)
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je constate que l'Opposition
fait flèche de tout bois. Même le champion collectionneur de
dictionnaires de Louis-Hébert a décidé de monter sa
monture et de parler d'un problème qu'il ne connaît pas. M. le
Président, on me dit même que le député de
Beauce-Sud a parlé de la truite mouchetée. Je vous dirai qu'en
aucun temps, le ministère de l'Agriculture n'a financé la
production de la truite mouchetée pour la table puisque la
commercialisation en est interdite. Nous avons financé des entreprises,
des étangs de ferme de truite mouchetée pour ceux qui allaient
pêcher sur place, mais, pour la commercialisation, seule la truite
arc-en-ciel est permise.
Un des objectifs du projet de loi 49 et du projet de loi 48 est
justement de permettre le développement de l'élevage de la truite
mouchetée et sa commercialisation. Évidemment, ceux qui arrivent
dans le dossier, qui ne connaissent pas le dossier ou qui le connaissent mal -
et cela peut inclure le président du syndicat, qui n'est pas
lui-même un pisciculteur mais qui devrait l'être - peuvent penser
que le projet de loi 48 n'est pas relié... Je vous invite tout
simplement à lire les articles des spécialistes de la faune - M.
Bellemare du Soleil, M. Pagé - des différents chroniqueurs de la
faune qui vous diront à quel point, pour qu'on permette la
commercialisation de la truite mouchetée au Québec, il va falloir
faire en sorte que sa production soit réglementée, que le
braconnage ne soit pas possible, que la commercialisation en soit
précisée pour faire en sorte que ceux qui auraient le goût
de braconner ne puissent pas mettre en marché la truite mouchetée
qui viendrait de lacs où on aurait tendu des filets. Il faut pour cela
qu'il y ait un contrôle dans un circuit, dans un réseau
fermé d'éleveurs de truite mouchetée.
Je peux bien comprendre ceux qui ne peuvent pas voir le problème.
Qu'est-ce que vous voulez? Les libéraux ont fait en sorte qu'on
élève seulement 80 000 livres de truite pendant qu'ils
étaient au pouvoir. En 1977, c'étaient 86 000 livres de truite.
Pour 86 000 livres de truite, cela ne prend pas un grand lac. Vous savez
qu'aujourd'hui il y a des villégiateurs qui ont des grands lacs et qui
élèvent environ 86 000 livres de truite. La ferme de truites
Saint-Mathieu dans l'Abitibi doit produire à elle seule
seulement une ferme de truites - le double de cela. J'aurai l'occasion
d'inaugurer bientôt la pisciculture des Alleghanys, à
Saint-Philémon de Bellechasse. À elle seule, elle produit plus
que la production totale du gouvernement Bourassa en 1976. Ces gens-là
vont venir dire que le ministre actuel a des leçons à prendre de
l'Opposition! Évidemment, quand on ne fait pas la distinction et qu'on
dit, comme l'a dit tantôt le député de Hull, que la pluie
acide n'a rien à voir avec les pêches et les lacs, il faudrait
peut-être qu'il sache que le poisson, cela vit dans l'eau. Quand il y a
des pluies acides dans les lacs, comme le disent tous les chroniqueurs... Je
suis content de voir que la députée de Chomedey écrit de
belles chartes théoriques, mais elle devrait d'abord commencer à
faire l'éducation de ses collègues pour leur apprendre que les
pluies acides sont dommageables pour les lacs du Québec.
Une voix: Voyons donc!
M. Garon: Voyons! Quand le ministère de la Défense
du Canada tire des obus dans le lac Saint-Pierre, ce n'est pas bon pour la
santé des poissons. Quand des obus éclatent dans le lac...
Des voix: Voyons! Voyons!
M. Garon: ...ou dans les frayères...
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Garon: Le Parti libéral préfère se voiler
la face, parce que autrement il serait obligé d'appuyer le projet de loi
48. Aux prochaines élections...
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Garon: ...je peux vous dire que le projet de loi 48 aura
été appliqué, les règlements auront
été appliqués, d'autres projets de loi auront
été adoptés avant l'ajournement de la session pour
permettre un crédit encore plus grand aux pisciculteurs pour faire la
commercialisation du poisson. Qu'on regarde un peu ce qui se passe sur les
marchés: on va voir de la truite de l'Idaho, de la truite du Danemark.
Ne pensez-vous pas qu'on devrait avoir cela ici? C'est ce que va permettre la
loi 48.
Mais les responsables de la faune, où qu'ils soient, ne
permettront pas un grand développement des piscicultures si d'abord le
ministère responsable de l'élevage du poisson au Québec ne
fait pas en sorte que le poisson indigène soit protégé
à 100% pour qu'on fasse le développement de l'élevage du
poisson au Québec. C'est cela, le but du projet de loi 48.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. En écoutant le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, cela me
rappelait le 22 décembre lorsque nous étions en commission
parlementaire. Le porte-parole officiel de l'Opposition lui a demandé,
à plusieurs reprises: pourquoi le projet de loi 48? Il n'a jamais eu le
courage de nous dire ouvertement ce que tout le monde sait, c'est-à-dire
qu'il s'agit d'une querelle entre lui et le ministre fédéral, M.
De Bané. C'est une querelle sur le dos des pêcheurs. C'est une
querelle qu'ils ne sont pas capables de résoudre à
l'extérieur de l'Assemblée nationale, à l'extérieur
du Parlement, entre hommes adultes, entre gens qui savent parler. La preuve est
là; la même semaine, on avait divers projets de loi. Entre autres,
on avait le projet de loi 38 sur lequel le gouvernement a dû reculer.
Étant donné que le poids du ministre de l'Agriculture n'est pas
le même que celui du ministre des Affaires municipales, vous comprenez la
raison pour laquelle le projet de loi 48 est encore là pour être
adopté et que le projet de loi 38 n'y est plus. Je ne parle pas de
façon métaphorique mais je parle du poids du ministre à
l'intérieur du Conseil des ministres.
On a clairement dit à ce moment-là que le projet de loi 48
se faisait sur le dos des pêcheurs. Pourquoi le double permis? Les
pêcheurs sont les gens les plus démunis, les gens de la
Gaspésie qui ne peuvent même pas venir à Québec pour
défendre leurs intérêts. Quand, tout à l'heure,
j'écoutais le ministre qui nous montrait les télégrammes
qu'il avait reçus pour appuyer son projet de loi, je peux lui montrer
des dizaines de télégrammes que les pêcheurs de la
Gaspésie nous ont envoyés pour nous dire qu'ils étaient
contre ce projet de loi.
Il y a un télégramme qui a été envoyé
à M. René Lévesque, premier ministre: "Après avoir
pris connaissance du projet de loi 48 et de ses implications
considérables pour l'avenir des pêcheurs du Québec, notre
association de pêcheurs demande respecteusement à votre
gouvernement de tenir, dans les meilleurs délais, une commission
parlementaire et d'y inviter tous les divers groupes d'intervenants du milieu
des pêches de la Gaspésie." C'est un télégramme
qu'on a reçu. Jamais le ministre ne s'est rendu à la demande des
pêcheurs et à la demande de l'Opposition qui demandaient une
commission parlementaire relative à ce projet de loi, pour
écouter les gens du milieu, pour écouter les intervenants qui
sont
pénalisés par ce projet de loi. Jamais le ministre n'a
voulu accéder à cette demande parce qu'il disait avoir l'appui
des intervenants, des pêcheurs.
Je continue; c'est M. Jacques Proulx, président
général de l'Union des producteurs agricoles qui envoyait un
télégramme disant: "L'Union des producteurs agricoles et le
Syndicat des pisciculteurs du Québec désirent vous faire part de
leur inquiétude à la suite de l'étude des projets de loi
48 et 49, que l'Assemblée nationale s'apprête à adopter
rapidement. Le projet de loi 48 prévoit entre autres que le gouvernement
peut, par règlement, édicter des normes relatives à la
production, à l'élevage d'un établissement piscicole de
poissons de même que des normes relatives au transport à
l'état vivant de ceux destinés à la consommation." M. le
Président, c'est un autre télégramme.
Un autre télégramme vient des gens des syndicats; c'est un
télégramme signé par Christophe Auger,
vice-président de la CSN et Marcel Chalifoux, vice-président de
la Fédération du commerce Inc. dans lequel ils disent: "Nous
tenons à vous informer que nous nous opposons au projet de loi 48 et
nous vous demandons de reporter le dépôt de ce projet de trois
mois pour que nous puissions nous faire entendre en commission parlementaire
lors de ce dépôt." C'est encore un autre
télégramme.
Un autre télégramme est signé par M. Martin
Castilloux; "Nous exigeons que le projet de loi 48 soit retardé d'au
moins trois mois." Il y a un autre télégramme; l'Association
coopérative des pêcheurs de l'île Ltée: "Nous avons
appris que votre gouvernement s'apprête à adopter le projet de loi
48. D'après les informations que nous avons, cette loi affecte
directement les pêcheurs acadiens du Nouveau-Brunswick et aussi
l'exercice de leur métier." (21 h 10)
M. le Président, tantôt, le ministre nous a lu deux ou
trois télégrammes pour nous dire qu'il avait l'appui des gens du
milieu, qu'il avait l'appui des gens et des pêcheurs de la
Gaspésie. On a reçu encore un autre télégramme. Je
ne le lis pas. Je vous dis seulement qui l'a signé. C'est l'Association
des pêcheurs côtiers de Forillon, l'Association des pêcheurs
côtiers de l'Anse-au-Griffon, l'Association des pêcheurs
côtiers de Saint-Yvon, l'Association des pêcheurs côtiers de
l'Anse-à-Valleau, l'Association Nouvelle Vague, l'Association des
pêcheurs côtiers de Saint-Godefroi, l'Association des
pêcheurs côtiers de Port-Daniel et l'Association des pêcheurs
côtiers de Grande-Rivière. Et je pourrais continuer
indéfiniment.
Ce qu'on a dit encore au ministre à ce moment-là, c'est
d'avoir une commission parlementaire et de déposer les
règlements, parce que cela prenait les règlements. Il fallait
savoir exactement ce qu'il y a dans les règlements de ce projet de loi.
Le ministre n'a jamais voulu les déposer. Jamais. On lui a
demandé à ce moment-là d'écouter au moins et
d'avoir une commission parlementaire pour quelques jours, pour que ces
gens-là puissent au moins se déplacer de la Gaspésie pour
venir à Québec et faire leurs revendications. Ces gens-là
- je le disais tantôt - sont les gens les plus démunis, parce
qu'ils gagnent entre 5000 $, 6000 $ et 7000 $ par année. Aujourd'hui, je
voudrais savoir si le ministre d'en face est capable de vivre avec 5000 $ ou
6000 $ par année. C'est ce même ministre qui se donne, à
l'intérieur du projet de loi 48, des droits et des privilèges
vraiment incroyables dans un pays démocratique, dans un pays de
l'Amérique du Nord. On se croirait quasiment dans un pays socialiste
quand on voit dans le projet de loi que tout inspecteur ou agent prévu
dans ce projet de loi peut entrer et, sans mandat, perquisitionner tout
véhicule, embarcation, bateau de pêche, aéronef ou dans
tout lieu autre qu'une maison d'habitation et ouvrir ou faire ouvrir tout
réceptacle, s'il y a des motifs raisonnables et probables de croire
qu'il s'y trouve des produits aquatiques obtenus ou détenus en
infraction à la présente loi. Le ministre se donne quasiment le
pouvoir de défaire n'importe quoi sans avoir aucun mandat de le faire.
C'est incroyable!
On lui a dit que les pêcheurs de la Gaspésie attendaient de
bonnes nouvelles de la part du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation. On s'attendait qu'à l'intérieur de la
relance économique qui a été présentée par
le premier ministre, il y ait de l'argent pour ces gens-là. Il n'y a
rien dans cette relance, absolument rien. On pourrait même dire et je
suis convaincu que notre porte-parole dans le domaine nous avait très
bien dit qu'il y avait même eu des montants périmés dans ce
ministère pour les pêcheries. Je citerai quasiment en terminant
qu'il y a même eu un député péquiste - et je le
nomme, M. Le May, de Gaspé - qui a aussi déjà émis
le voeu que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation perde la responsabilité des pêcheries. C'est
lui-même, le député de Gaspé, qui avait
formulé ce voeu, que ce ministère perde la responsabilité
des pêcheries, parce que c'est à cause du ministre, et de ce
ministre-là, qui n'a aucun sens des responsabilités. Il n'y a
vraiment aucun bon sens que des gens démunis, qui ne gagnent même
pas 5000 $ par année, fassent les frais des politiques de ce ministre
irresponsable. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté le
député. Il devrait communiquer avec M. Proulx, de l'UPA, parce
que, dès la semaine dernière, jeudi et vendredi, j'ai
rencontré l'Union des producteurs agricoles. M. Proulx me disait qu'il
était d'accord pour qu'on adopte le plus rapidement possible le projet
de loi 48. Ce télégramme a été envoyé au
mois de décembre, mais, ce que n'a pas dit le député,
c'est qu'il y a eu un amendement apporté à la loi 49, parce que
essentiellement...
Une voix: ...
M. Garon: Vérifiez, si vous ne me croyez pas,
auprès de M. Proulx. Quand même, je dis cela publiquement, M.
Proulx m'a dit cela devant à peu près 25 personnes lors de la
réunion tenue à mon bureau. M. Proulx a dit qu'il n'avait aucune
objection à ce qu'on adopte le projet de loi 48. Il avait une objection
sur la loi 49 car il craignait que la loi 49 permette de contrôler la
mise en marché au détriment de la Loi sur la mise en
marché des produits agricoles. Ce n'est pas ce qu'on visait du tout,
mais comme cela pouvait donner plus d'assurance, on a fait l'amendement lors de
l'adoption du projet de loi au mois de décembre dernier.
Lorsqu'il s'agit d'arrêter quelqu'un sans mandat, il faut
être un enfant d'école pour dire que cela prend toujours un
mandat. Si un surveillant de la chasse arrête un braconnier, il n'ira pas
au tribunal voir le juge pour chercher un mandat et revenir ensuite pour
arrêter le braconnier. Si vous êtes sur l'eau et que vous
êtes en train d'arrêter quelqu'un qui est en infraction, vous allez
partir pour chercher un mandat et revenir? Vous devez bien savoir que la
personne sera partie. 11 faut vraiment être enfant pour faire de telles
critiques. Dans un ensemble de lois où il faut pouvoir arrêter les
gens sur le fait, il n'est pas besoin d'avoir de mandat. Mais il s'agit de cas
précis pour lesquels les règlements précisent ce genre
d'infractions.
Quand on me parle des associations -j'ai lu des
télégrammes - cela prouve un peu que le député
n'est pas au courant de ce que représente la réalité dans
le secteur des pêches. Tantôt, je parlais d'un
télégramme de l'Association des pêcheurs hauturiers, qui
est l'association véritablement représentative du secteur des
pêches. On me parle de l'Association des pêcheurs de Forillon,
où vous savez qu'il y a eu une expropriation par le gouvernement
fédéral pour le parc de Forilion, et il n'y a plus beaucoup de
pêcheurs à Forillon. Quand on parle d'associations, trouvez-moi,
par exemple, dans tous vos télégrammes, un endroit où on a
eu des assemblées générales des membres pour faire un
télégramme. Tout ce qu'on a réussi à faire, sur 11
000 pêcheurs, c'est de présenter une pétition de 646 noms
d'organisateurs libéraux dont une bonne partie n'étaient
même pas des pêcheurs, et on n'a jamais voulu déposer la
pétition parce qu'on a eu peur qu'on se rende compte que c'était
une pétition qui n'était pas faite par les pêcheurs. Sur 11
000 pêcheurs et aide-pêcheurs, imaginez-vous, et sur des milliers
d'employés d'usines, on réunit quelques noms et on ne veut qu'on
voie la pétition. Même s'il y a 646 noms, ils ont dit qu'on
n'avait pas le droit de la regarder et qu'on n'avait même pas le droit de
compter les noms et de vérifier si c'étaient des gens du secteur
des pêches. Après cela, on dit... Voyons donc, M. le
Président!
Je vais vous dire une chose. Que le député de Gaspé
dorme en paix parce qu'il sait qu'il y a actuellement un projet d'usine
à Newport. La bâtisse, la cabane de construction est rendue...
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre!
M. Garon: On est actuellement en train de préparer les
documents pour déblayer le terrain et la construction va commencer au
cours du mois d'avril. C'est une construction qui coûtera plus de 10 000
000 $.
Actuellement, aux Îles-de-la-Madeleine, il y a des millions de
dollars qui sont investis. Si vous avez regardé dans un journal de ce
matin, on y disait que la Gaspésie dépasse actuellement les
autres régions du Québec en taux de croissance. Pourquoi? Parce
que, actuellement, il est en train de se faire là-bas toute la
modernisation du secteur des pêches, grâce à la loi qui a
été adoptée par le gouvernement actuel sur la
modernisation du secteur des pêches en décembre 1981 et,
aujourd'hui, parce qu'il faut être modernisé pour le 1er janvier
1985. Ce sont des constructions qui sont en train de se faire sur tout le
territoire maritime. Jamais il n'y a eu autant de constructions sur le
territoire maritime.
Mais que les esthètes de Louis-Hébert, spécialistes
des chevaux, que les esthètes d'Outremont, spécialistes de la vie
en société au "Five O'clock Tea" ne soient pas au courant
exactement de la façon dont cela se passe sur la
Basse-Côte-Nord... Le revenu moyen sur la Basse-Côte-Nord, en 1976,
sous le gouvernement Bourassa, était de 2500 $. Il a quadruplé
sous le gouvernement actuel. Aujourd'hui, la moyenne de revenu sur la
Basse-Côte-Nord est de plus de 10 000 $ par année. Pourquoi? Parce
qu'on s'est occupé de la Basse-Côte-Nord. Même des villages
à 100% anglophones votent à 60% et à 70% pour le Parti
québécois. Voici le résultat d'une politique des
pêches sérieuse.
Les députés de Montréal peuvent bien
faire des discours. Les gens du secteur des pêches en ont vu
d'autres. Ils ont vu, dans le temps, des gens de Montréal qui venaient
prendre une photo de famille qui valait 5 $ mais le cadre, lui, valait 100 $.
Ils ont déjà vu cela des démarcheurs de bazars, des
chanteurs de chansons, des conteurs de rêves. Mais il savent une chose.
Ils savent que c'est le ministre actuel des Pêcheries du Québec
qui fait bâtir les usines, qui a fait une réglementation, que
c'est lui qui fait bâtir les parcs d'hivernement. Ils savent cela. Vous
pouvez faire tous les discours que vous voudrez, mais dans le territoire des
pêches, les gens savent que c'est sous le gouvernement actuel que la
modernisation du secteur des pêches se fait et que c'est sous le
gouvernement actuel qu'il y aura une plus grande prospérité dans
le secteur des pêches. (21 h 20)
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! 3e
m'excuse, M. le député de Saint-Laurent, mais je vais simplement,
pour les besoins de la cause, vous lire deux articles du règlement et
vous demander de les respecter, s'il vous plaît! Le premier est l'article
32, paragraphe 3: "Les députés doivent s'abstenir de tout ce qui
peut nuire à l'expression d'autrui et au bon fonctionnement de
l'Assemblée".
S'il vous plaît, M. le député de
Louis-Hébert: "Aucun député ne peut interrompre celui qui
a la parole, sauf pour faire un rappel au règlement, signaler le
défaut de quorum ou attirer l'attention sur une violation de droit ou de
privilège."
J'aimerais, autant pour le bénéfice des gens de votre
côté que pour celui des gens de l'autre côté, que
l'on puisse terminer cette séance convenablement. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): Merci, M. le Président.
J'écoutais tantôt le ministre insinuer que les
députés urbains ne connaîtraient pas les pêches. Il y
a tout de même une chose: il s'aperçoit que de ce
côté-ci on est mauditement intéressé aux
pêches. Il faut regarder ceux qui sont ici, de ce côté-ci,
il faut regarder le nombre de députés présents
comparativement à ceux de l'autre côté de la Chambre. Cela
ne semble pas tellement vous intéresser, messieurs, de l'autre
côté.
Une voix: C'est vrai, c'est vrai!
M. Leduc (Saint-Laurent): Oui, cela nous intéresse, les
pêches. Regardons ce qui se passe actuellement au Québec dans ce
secteur. Ce sont peut-être de futurs chômeurs, avec ce
gouvernement; ce qu'il fait, c'est créer des chômeurs.
J'ai pris connaissance du projet de loi 48 et des notes explicatives de
ce projet de loi. À première vue, rien de reprehensible, je dois
le dire au ministre, sauf certains articles qui donnent des pouvoirs
discrétionnaires énormes au ministre et qui pourraient être
amplifiés par des règlements à venir. On y retrouve
également des pouvoirs discrétionnaires énormes
accordés aux inspecteurs. Qu'il suffise de lire les articles 35 et 36:
L'article 35 indique que tout inspecteur ou agent peut entrer, et sans mandat,
pour perquisitionner dans tout véhicule, embarcation, bateau de
pêche et aéronef. L'article 36 décrète que tout
inspecteur ou agent peut, sans mandat, saisir un bien s'il a des motifs
raisonnables et probables... On emploie les mots "raisonnables et probables".
On travaille sur des probabilités.
Si on regarde l'article 43, des pouvoirs sont donnés à un
juge de paix. Je ne savais pas qu'un juge de paix pouvait avoir autant de
pouvoirs, autant d'importance. On dit, à l'article 43, que, sur demande
du saisissant -on suppose que c'est le ministre qui saisit -un juge de paix
peut ordonner que la période de rétention du bien saisi soit
prolongée pour un maximum de 90 jours. Ce sont des pouvoirs, à
mon sens, absolument inacceptables pour un juge de paix.
A part ces pouvoirs exorbitants, le projet de loi, à
première vue, semble valable, je le concède également au
ministre. Si on regarde les notes explicatives, au premier paragraphe, on dit:
"Ce projet de loi a pour objet de favoriser le développement des
pêcheries et de l'aquaculture commerciales. Il vise, en outre, à
promouvoir le commerce des produits aquatiques péchés dans les
eaux du domaine public québécois." Bien sûr, le projet de
loi indique également -je pense que c'est avantageux - qui pêche
quoi, où, quand et en quelle quantité. Je pense que ce sont des
normes acceptables. Le projet de loi semble aussi vouloir réglementer
nos ressources provenant des pêches.
Donc, à part ces pouvoirs discrétionnaires exorbitants,
nous pourrions être d'accord avec le gouvernement sur le projet de loi,
si nous avions la juridiction exclusive en matière de pêcheries.
Toute la question est là. Jusqu'à présent, le ministre n'a
pas répondu à la question de la juridiction. Qui va
établir s'il y a juridiction exclusive d'une des deux parties, le
provincial ou le fédéral, ou s'il y a juridiction conjointe, des
deux paliers de gouvernement?
Le ministre a préparé un projet de loi exactement comme si
le Québec était un pays souverain, avec pleine juridiction sur le
domaine des pêcheries. Il ne nous parle nullement de juridiction
conjointe avec le fédéral. Pourtant, si nous regardons
l'article
91, paragraphe 12, nous constatons que le fédéral a le
droit de légiférer en ce qui concerne les pêcheries au
large sur les côtes. On reconnaît, à l'article 92.13, qu'il
y a juridiction conjointe et qu'en vertu de cet article, la province aurait la
propriété du fond, du lit des eaux. C'est, à mon sens, une
juridiction conjointe. Il nous a dit, par ailleurs, en commission
parlementaire, qu'il entend légiférer par le projet de loi 48 sur
toute la baie des Chaleurs et peut-être sur la moitié du golfe. Il
nous dit peut-être; il n'est pas sûr si ce sera sur la
moitié. Par ailleurs, en ce qui concerne la baie des Chaleurs, cela
semble être au complet. II entend légiférer exactement
comme si le fédéral n'avait aucune juridiction, mais
également comme si les provinces de Terre-Neuve, Nouvelle-Ecosse,
Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard n'existaient pas et ne
pouvaient pas également revendiquer les mêmes droits sur le golfe
et sur la baie des Chaleurs.
Je pense qu'au départ, il met des bois dans les roues s'il veut
réaliser la souveraineté-association tantôt. Il ne
reconnaît même pas l'existence des quatre provinces. C'est avec ces
provinces que le ministre entend négocier la
souveraineté-association. Imaginez, M. le Président, si c'est
sérieux. Le PQ devrait peut-être réaliser qu'il pourrait
être plus facile, surtout le ministre, de régler tous ses
problèmes de juridiction et en même temps régler les
problèmes de la pêche, surtout des pêcheurs, en
négociant avec le fédéral plutôt que d'adopter une
loi, le projet de 48, qui va amener une réaction du
fédéral qui va s'adresser aux tribunaux qui pourront, dans un
jugement qui sera rendu éventuellement, clarifier la situation, mais
peut-être au détriment du Québec. Pensons ici au jugement
rendu par la Cour suprême qui a reconnu la juridiction
fédérale quant aux droits miniers sous-marins au large de la
Colombie britannique et le jugement plus récent reconnaissant au
fédéral le droit de propriété sur les ressources
pétrolières sous-marines au large de Terre-Neuve. Ce sont deux
jugements absolument capitaux.
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
aime bien l'affrontement avec le fédéral. Je dirais que c'est un
spécialiste dans l'affrontement avec le fédéral. Il aime
sûrement beaucoup trop cet affrontement. On a l'impression qu'en ce
faisant, il protège beaucoup plus les intérêts du PQ,
à prouver que le fédéralisme ne peut fonctionner, que les
intérêts des Québécois et les intérêts
des pêcheurs.
Le projet de loi 48 est exactement dans la même ligne de
pensée, la même direction que la motion d'octobre 1981, que la
motion Duhaime sur le corridor électrique, que la loi 62 concernant la
Loi constitutionnelle de 1982, que le projet de loi 38 sur le financement des
municipalités. Lois et motions de confrontation; motions et lois de
diversion pour masquer une administration déficitaire. Il suffit de
regarder les chiffres et de constater que le taux de chômage, si on le
vérifie, au Québec, est de 13,5% alors qu'en Ontario, il est de
9,1%. C'est un écart de 4,5%. À mon sens, c'est un écart
absolument inacceptable. Il suffit de regarder la situation de nos jeunes. 40%
de nos jeunes sont sans travail. 40% de nos jeunes sont en chômage. On
est en train de sacrifier cette génération de jeunes. Ce sont,
à mon sens, toutes ces lois et ces motions qui sont des lois et des
motions inutiles, des lois et des motions de confrontation stériles avec
le fédéral, qui ne peuvent que servir les intérêts
d'un gouvernement séparatiste, mais nullement les intérêts
des Québécois.
Je vous demande d'écouter, M. le ministre, non pas le peuple
québécois de qui vous êtes complètement
coupé. Il suffit de le constater par les élections partielles,
par les sondages. Vous obtenez un pourcentage de 26% à comparer à
66% pour nous autres. Écoutez vos propres militants qui vous disent que
les lois comme la loi 111, la loi 38, la loi 43 et le projet de loi 48, ils
n'en veulent plus. Je vous demande d'écouter le président
régional du Parti québécois de la région de
Ville-Marie, M. Bernard Barbera, qui vous dit: "Beaucoup plus que des slogans,
le parti a besoin de se recoller avec le peuple et d'une bonne dose de
réalisme. Si le gouvernement n'est plus capable de convaincre la
majorité de la population du bien-fondé d'un projet de loi, il
n'a pas le droit de décider qu'il va le faire envers, malgré et
contre tous." Ce que vous faites avec votre projet de loi 48, c'est envers,
malgré et contre tous. (21 h 30)
II y aurait sûrement moyen, je pense, d'arriver à une
entente avec le fédéral. Le nouveau ministre des Affaires
municipales est arrivé à une entente. Le nouveau ministre de la
Sécurité du revenu est arrivé à une entente. Je
pense qu'il est temps que vous alliez à Ottawa pour négocier une
entente et que vous retiriez la loi 48. La loi 48 n'a pas plus sa raison
d'être que la loi 38. Vous êtes en train de retirer la loi 38.
Retirez donc la loi 48 également.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté le
discours du député de Montréal et je dois dire...
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Garon: C'est quoi son comté? Le député de
Saint-Laurent? Je peux vous dire que les droits des provinces maritimes, ce
n'est pas à nous à les reconnaître, c'est à
elles-mêmes de reconnaître et d'occuper leurs droits. Ce n'est pas
au gouvernement du Québec de dire aux provinces maritimes de quelle
façon occuper leurs droits. Sauf que j'ai dit à plusieurs
reprises que si les provinces maritimes occupent chacune leurs droits... Deux
de ces provinces ont déjà indiqué que, si la loi 48
était adoptée au Québec, elles aussi adopteraient une loi
au même effet pour pouvoir occuper leurs droits. C'est de cette
façon, sans doute, que le secteur des pêches sera le mieux
défendu dans l'Est du Canada.
Quand chacune des provinces aura décidé d'occuper ses
droits dans le secteur des pêches, à ce moment, il y aura une
table de concertation où on trouvera chacune des provinces maritimes, le
Québec et le gouvernement fédéral, pour déterminer
comment on doit fonctionner dans le secteur des pêches. Bien
sûr, jusqu'à maintenant, ce n'est pas à nous de le faire.
Je vais aller prochainement donner mon opinion à Moncton, parce
que les gens sont intéressés, les gens commencent à
trouver que cela peut être intéressant dans les provinces
maritimes, la loi 48, une loi où les gens vont pouvoir, dans les
provinces maritimes, s'occuper davantage des juridictions dans le secteur des
pêches. Il ne s'agit pas de réglementer les pêches comme
telles, mais l'utilisation des fonds marins. Or, il se prend une grande partie
du poisson avec des agrès de pêche qui sont fixés au sol
sur des fonds marins, sur lesquels le gouvernement du Québec a
juridiction. La juridiction n'est pas la même d'une province à
l'autre. On ne voit pas cela dans la loi 48. Chacune des provinces a des droits
différents. Terre-Neuve est entrée dans la
Confédération en 1949. Elle a des droits différents. La
Nouvelle-Ecosse est entrée dans la Confédération d'une
autre manière. L'Île-du-Prince-Édouard est entrée
dans la Confédération d'une autre manière. Le
Québec, lui, avait déjà des droits antérieurs par
le Traité de Paris. Aujourd'hui, cela fait un ensemble de droits qui
sont de nature différente. Pensez-vous que le gouvernement du
Québec aurait présenté un projet de loi pour occuper un
champ juridictionnel qu'il n'a pas? Le Conseil privé de Londres a rendu
son jugement en 1920, et je remarque que le député n'a pas pris
la peine d'étudier la jurisprudence. C'est très imprudent de ne
pas étudier la jurisprudence, parce qu'on sait que les articles en ont
été interprétés au cours des années et, je
l'ai déjà dit à de nombreuses reprises, c'est à la
suite des décisions des tribunaux supérieurs, notamment, la
décision en 1920 du Conseil privé, qu'il y a eu l'entente de
1922.
Le Parti libéral aime beaucoup dire que le Québec se
comporte de telle et telle façon. Mais est-ce qu'il était contre
l'entente de 1922 qui a été brisée de façon
unilatérale par le gouvernement fédéral libéral?
Est-ce que, pour lui, cela veut dire que, face à cette situation, il ne
défendrait pas les droits du Québec? Cela, M. le
Président, il aura le droit de le faire en votant contre la loi 48,
parce qu'il aura le droit de voter contre la loi 48. Il aura tous les droits
qu'il veut de voter contre la loi 48. Il aura le droit de promettre aux
prochaines élections qu'il abrogera la loi 48, s'il est élu. Les
électeurs auront le choix de voter entre un gouvernement qui occupe les
droits du Québec, qui défend les droits du Québec et un
gouvernement qui refuse de les défendre; entre un gouvernement qui
laissera pénétrer les permis de pêche pour aller
pêcher dans le banc d'Anticosti, ou dans le banc d'Esquiman, au
détriment des pêcheurs du Québec, puisque ces bancs de
pêche sont sur les territoires marins du Québec... Il aura le
droit de dire que les bancs de Sept-Îles sont réservés aux
pêcheurs québécois ou qu'ils ne le sont pas. Le crabe du
golfe sera réservé aux pêcheurs québécois ou
ne sera pas réservé aux pêcheurs québécois.
C'est cela, le droit. C'est cela, M. le Président. Et le Parti
libéral, au lieu d'essayer de faire des personnalités, de dire
que le député de Lévis est gros... Cela ne prend pas une
grosse vue pour voir que le député de Lévis est plus gros
que certains députés dans cette Chambre. C'est peut-être
mieux un député plus gros qu'un député feluet;
c'est moins changeant avec le vent. Quand on est rendu à cette forme
d'argument, c'est parce qu'on n'en a pas beaucoup. Mais je peux vous dire que
dans le secteur des pêches...
Demandez aux gens de Newport qui voient bâtir leur parc
d'hivernement, qui verront bientôt bâtir une usine de 10 000 000 $,
aux gens des Îles-de-la-Madeleine qui voient une dizaine de millions qui
sont investis, aux gens de Rivière-au-Tonnerre qui voient leur usine se
moderniser, aux gens de Blanc-Sablon qui voient leur parc d'hivernement de 3
250 000 $ se bâtir, et bientôt une usine polyvalente, aux gens de
Natashquan qui bientôt verront s'ériger une nouvelle usine
moderne, aux gens de la Basse-Côte-Nord qui verront la modernisation de
leur saline de poisson salé, aux gens de tout le territoire maritime qui
savent actuellement que les industriels de tout le tour de la Gaspésie
et des Îles-de-la-Madeleine sont en train de faire leurs plans de
modernisation pour obtenir un secteur des pêches qui se comparera
avantageusement au secteur des pêches de tous les pays du monde. C'est
cela que nous sommes en train de bâtir, malgré le Parti
libéral.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le
député de Brome-Mississisquoi.
M- Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, on vient d'entendre le
ministre de l'Agriculture défendre malgré tout son projet de loi,
un projet de loi qui, selon lui, a pour objet de favoriser le
développement des pêcheries et de l'aquaculture commerciales au
Québec. On a entendu depuis le début de ce débat des
députés libéraux spécialisés en la
matière dénoncer des pratiques, dénoncer ce projet de loi
qui, à notre avis, va nuire aux pêcheries et à
l'aquaculture québécoises. Dans tout cela, ce qui
m'intéresse davantage, c'est ce qu'on va faire des pêcheurs.
Le ministre prétend qu'il veut le bien des pêcheurs. De ce
côté-ci, on est inquiet. On est inquiet parce qu'à la
lecture du projet de loi lui-même, on se rend compte des pouvoirs que
veut s'accorder le ministre, des pouvoirs qui ne sont pas comparables à
tout ce qu'on peut trouver dans nos lois fédérales ou
provinciales, des pouvoirs qui vont permettre au ministre, ou à un de
ses inspecteurs qui a des motifs raisonnables, de perquisitionner dans le
bateau de pêche, dans le véhicule, dans l'embarcation, dans
l'aéronef du pêcheur, sans mandat. Et le ministre a pris le soin
d'indiquer "sans mandat", surtout pas. Des pouvoirs qui vont permettre au
ministre, ou à son inspecteur qui a des motifs raisonnables de saisir un
bien. Et le ministre ajoute "sans mandat". Est-ce parce qu'on veut le bien des
pêcheurs qu'on veut inclure dans un projet de loi des pouvoirs de
perquisition de la propriété privée, des pouvoirs de
saisie de la propriété privée, sans mandat? Est-ce parce
qu'on aime vraiment les pêcheurs du Québec qu'on veut, comme
ministre, détenir de tels pouvoirs ou qu'on veut que ses agents ou
inspecteurs les détiennent?
J'ai reçu, comme tous les membres de cette Assemblée,
comme beaucoup de citoyens du Québec, au mois de novembre dernier, la
Charte québécoise des droits et libertés de la personne,
qui m'a été adressée par l'ex-ministre de la Justice et
actuel leader du gouvernement, signée par M. René
Lévesque, et qui dit à l'article 6: "Toute personne - et
j'imagine que les pêcheurs sont des personnes dans cette province - a
droit à la jouissance paisible et à la libre disposition de ses
biens, sauf dans la mesure prévue par la loi." Il y a toujours cette
petite phrase péquiste qu'on retrouve dans des documents aussi
importants qu'une charte de droits et libertés: "sauf dans la mesure
prévue par la loi." Sauf dans ce qui est prévu dans la loi du
ministre de l'Agriculture qui veut se donner le pouvoir de perquisitionner et
de saisir sans mandat les pêcheurs du Québec. (21 h 40)
Le ministre dira que telle n'était pas son intention. Vous
retouverez ce genre de pouvoir dans d'autres lois comme dans la loi 116. Le
ministre va sans doute plaider cela. Il dira: je veux respecter les droits des
pêcheurs. S'il veut vraiment respecter les droits des pêcheurs,
s'il veut vraiment qu'une charte, qui n'est pas une loi comme une autre de
laquelle on peut dévier et qui est formulée dans un langage
péquiste, s'il veut vraiment que ces droits-là soient
respectés, j'ai une suggestion pour mon bon ami le ministre de
l'Agriculture. Il n'a qu'à biffer l'article 67 du projet de loi 48 et
peut-être que ces droits fondamentaux des pêcheurs de ne pas
être soumis à des perquisitions et à des saisies sans
mandat seront respectés. Le ministre a pris une double
sécurité; il passe dans le langage "flâseux" de la charte
québécoise et il s'assure que la Charte canadienne des droits et
libertés de la personne ne s'appliquera pas. A l'article 67 de son
projet de loi, il est indiqué ce qui suit: "La présente loi a
effet indépendamment des dispositions des articles 2 et 7 à 15 de
la Loi constitutionnelle de 1982." La Loi consitutionnelle de 1982 c'est la loi
qui contient la Charte canadienne des droits et libertés de la personne;
c'est la charte canadienne qui dit: "Tout citoyen canadien et toute personne
ayant le statut de résident permanent au Canada ont le droit de gagner
leur vie dans toute province." Cela, M. le ministre, inclut les pêcheurs
qui n'ont pas besoin d'être victimes de vos saisies ou de vos
perquisitions, surtout sans mandat comme vous les aimez bien.
L'article 8 de la charte canadienne dit ce qui suit: "Chacun a droit
à la protection contre les fouilles, les perquisitions ou les saisies
abusives." C'est la charte canadienne que le ministre tente, par son projet de
loi, de rendre inapplicable aux pêcheurs du Québec, qui sont aussi
des Canadiens et qui ont droit à la garantie de ces droits fondamentaux,
qui ont droit à la propriété privée sans que le
ministre de l'Agriculture ou un de ses agents fonctionnaires ou inspecteurs les
perquisisionne ou les saisisse sans mandat, comme cela est écrit dans le
projet de loi 48.
Les députés péquistes de l'autre côté
se lèvent - se levaient plutôt parce que là, ils ont les
genoux faibles; il en manque plusieurs - et répétaient des
discours qui leur avaient été distribués en fin de semaine
par le ministre; d'une banquette à l'autre, on le voyait se promener en
perroquet. Je veux inviter ces députés péquistes à
lire le projet de loi - pas à lire les discours que le ministre vous a
distribués pour que vous les lisiez en Chambre - à lire les
articles qui traitent de perquisition sans mandat et de saisie sans mandat, et
de tenter de vous placer dans la peau des pêcheurs du Québec qui
seront les victimes du ministre, les victimes des inspecteurs, les victimes de
la
loi que vous êtes sur le point d'adopter.
Je vais vous demander comme députés péquistes
d'arrière-ban de penser à ce que veulent dire des droits et des
libertés fondamentales, dont le droit à la
propriété privée. Je vais vous demander, lorsque arrivera
le temps de voter, non pas d'avoir en tête le discours que le ministre de
l'Agriculture vous a distribué pour que vous le lisiez, mais d'avoir en
tête les articles de la Charte canadienne des droits et libertés
de la personne. Je vais vous demander également de penser au sens, si
vous voulez lui en donner un, que vous devez donner à cette charte. Le
ministre s'amuse pendant qu'on parle des droits et des libertés des
pêcheurs. Je vais vous demander de penser sérieusement si vous
pouvez adopter, comme député péquiste, d'avant-ban ou
d'arrière-ban, un projet de loi qui permettra au député de
Lévis, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, de nommer des inspecteurs qui pourront perquisitionner et
saisir sans mandat les pêcheurs de votre comté, M. le
député de Gaspé. Je vais vous demander de
réfléchir avant de voter.
Quand le ministre de la Justice m'a adressé cette charte, je me
suis attardé sur le dernier paragraphe de sa missive, parce qu'ils
parlent bien, les péquistes, pour ne pas dire: Ils "perlent" bien, les
péquistes: "Une loi fondamentale, la Charte québécoise des
droits et libertés de la personne. C'est l'énoncé de vos
droits que vous avez en main afin que vous puissiez en prendre connaissance et
les intégrer à votre vie quotidienne, une loi qui a besoin des
Québécois pour vivre. Cette charte, il appartient à chacun
de nous de lui donner vie. En faisant valoir nos droits, en respectant ceux
d'autrui et en dénonçant toute forme de discrimination dont nous
sommes témoins. La promotion des droits et des libertés dans une
société libre et démocratique, c'est l'affaire de tous et
de toutes."
Ce que je souhaite, en conclusion, M. le Président, c'est que
cette promotion des droits et des libertés fondamentales, pour prendre
la défense des pêcheurs contre les pouvoirs de perquisition et de
saisie sans mandat, ce ne soit pas comme d'habitude l'affaire strictement des
députés libéraux de ce côté-ci de la Chambre
qui vont se lever pour protéger ces droits et libertés
fondamentales, pendant que de l'autre côté, on violera ces droits
et libertés fondamentales. Je fais appel à tous mes
collègues de l'Assemblée nationale pour demander au ministre,
soit de retirer ces articles de perquisition et de saisie sans mandat, soit de
retirer l'article qui n'accorde pas la protection de la Charte canadienne des
droits et libertés de la personne aux pêcheurs du Québec.
Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. À entendre les
libéraux parler dans cette Chambre ce soir, en particulier sur le projet
de loi 48 et non sur la motion de report, je puis vous assurer qu'on peut
réaliser que ces gens ne connaissent rien dans le domaine des
pêches, parce que d'abord, ils n'ont jamais réalisé ce que
le gouvernement du Québec a fait depuis 1977 dans ce même domaine.
Effectivement, c'est extraordinaire, comme vient de le dire un membre du Parti
libéral et à titre d'information pour le député de
Saint-Laurent qui a mentionné à peu près n'importe quoi
à l'extérieur de la pêche, je voudrais lui souligner les
chiffres suivants: En ce qui concerne la valeur marchande des produits de la
pêche au Québec, en 1979, les valeurs vendues ont
été de l'ordre de 75 000 000 $ pendant que sous l'ancien
gouvernement, en 1976, ces valeurs étaient de l'ordre de 29 000 000 $.
C'est seulement trois fois plus.
En ce qui a trait aux emplois que mentionnait le député de
Saint-Laurent, seulement dans le domaine des pêches, en 1976, il y a eu
1242 emplois directs dans le domaine des pêches, pendant qu'en 1979, il y
a eu 1800 emplois, ce qui représente plus de 3000 emplois saisonniers.
De plus, en ce qui a trait à la masse salariale payée dans le
domaine des pêches en 1979, c'est-à-dire sous le gouvernement qui
est actuellement en place, un montant de 45 000 000 $ a été
payé en salaires en 1979 pendant qu'en 1976, il était de l'ordre
de 25 000 000 $.
Tout cela pour vous dire que, lorsque le gouvernement du Parti
québécois a été élu, en 1976, il a
réalisé que l'ancien gouvernement en particulier n'avait pas
réagi du tout au niveau de la flotte de pêche. Pour avoir des
prises qui sont normales pour permettre des revenus normaux à des
pêcheurs, qu'ils soient en Basse-Côte-Nord, en
Moyenne-Côte-Nord, en Haute-Côte-Nord, en Gaspésie ou encore
aux Îles-de-la-Madeleine, parce que ce sont surtout ces secteurs de
pêche, il faut d'abord et avant tout que les pêcheurs soient bien
équipés avec une flotte "qui se tienne debout" et qui flotte
justement sur le fleuve Saint-Laurent et, en particulier, dans le golfe.
J'ajoute que, pendant que le gouvernement libéral de M. Bourassa,
en 1976, construisait pour l'ensemble du Québec, c'est-à-dire
pour les cinq secteurs que je viens de mentionner, trois bateaux de
pêche...
Une voix: Trois?
M. Perron: ...trois bateaux de pêche, en 1976; le
gouvernement du Québec, en 1977, en a subventionné 19; en 1978,
24; en 1979, 35; en 1980, 39; en 1981, 17; en 1982, 14; en 1983, 13. Ce...
Une voix: Ouais, cela baisse! Cela baisse!
M. Perron: Oui, exactement. Cela baisse et on va vous parler de
la baisse. La raison fondamentale pour laquelle cela a baissé durant les
trois dernières années, c'est que le gouvernement
fédéral, unilatéralement, a décidé un de ces
quatre matins, comme il l'a fait dans d'autres domaines, d'enlever la
subvention de 35% qui allait à la construction des bateaux pour les
pêcheurs du Québec. Mais on n'a jamais entendu aucune
dénonciation là-dessus de la part des libéraux qui sont en
face de nous en cette Assemblée. (21 h 50)
Parlant des libéraux qui ont dénoncé la loi 48, je
n'ai jamais entendu un libéral dans cette Chambre, pas un seul
libéral, dénoncer l'attitude prise par De Bané, lorsqu'il
a décidé d'enlever les droits que nous avions depuis 1922, ici
même au gouvernement du Québec...
Des voix: M. De Bané. M. De Bané.
M. Perron: ...c'est-à-dire les droits que nous avions
d'administrer les pêches. Lorsque, le 11 juillet, ces droits nous ont
été enlevés, jamais en aucun temps les libéraux ne
se sont levés pour justement contester l'attitude du gouvernement
fédéral par le biais de M. De Bané et protester.
Je poursuis, M. le Président. On parlait tout à l'heure de
chiffres de l'autre côté. En 1976, au total, les prises en tonnes
métriques, au Québec, étaient de l'ordre de 38 000 tonnes
métriques et, en 1983, de 86 000 tonnes métriques.
Une voix: Combien en nature?
M. Perron: Vous ferez vos chiffres vous-mêmes.
Quant à la Côte-Nord, c'est encore dû au fait qu'une
grande majorité de la flotte de pêche a été
renouvelée. En 1976, c'était, sous l'ancien gouvernement
libéral de Bourassa, 3700 tonnes métriques...
Des voix: M. Bourassa. M. Bourassa.
M. Perron: ...pendant qu'en 1983, on est actuellement, seulement
pour la Côte-Nord, à 27 000 tonnes métriques.
Des voix: Bravo!
M. Perron: Comme disait le ministre de l'Agriculture, c'est
seulement neuf fois plus. S'il y a des choses qui ont été faites
par l'ancien gouvernement, je veux bien admettre que les anciens gouvernements,
depuis 1922, ont fonctionné tant bien que mal dans le domaine des
pêches. D'ailleurs, on remarque ce qui s'est passé en particulier
dans le temps de M. Duplessis, avec les entrepôts frigorifiques dans le
secteur des pêches. Seulement M. Duplessis, dans le temps qu'il s'est
occupé des pêches en particulier, en a fait plus que le Parti
libéral de 1970 à 1976. Quant à la motion de report,
compte tenu de l'attitude du gouvernement fédéral en ce qui a
trait au rapatriement unilatéral des droits que nous avions depuis 1922,
compte tenu de l'attitude des libéraux d'en face qui, depuis le 11
juillet 1983, n'ont jamais dit un mot sauf pour déconner contre la loi
48 et contre la loi 49...
Des voix: Oh! M. le Président!
M. Perron: À part de faire ce que je viens de mentionner,
ils ont réussi à faire comprendre à un paquet de
Québécois - je dis bien à un paquet de
Québécois - que dans le domaine des pêches il n'y a qu'un
gouvernement qui a vraiment travaillé pour permettre d'abord que la
flotte puisse se renouveler, pour permettre que nos usines soient
transformées pour avoir une meilleure production et une meilleure
qualité des produits de la pêche, pour permettre aussi aux
pêcheurs d'avoir un meilleur revenu. J'aime beaucoup mieux faire partie
du gouvernement péquiste actuel que de faire partie de ce que nous avons
en face de nous. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
Des voix: Ah!
M. Jean Garon
M. Garon: J'ai entendu avec beaucoup de plaisir le discours du
député de Duplessis.
Une voix: Oh, oui! Est-ce qu'il l'a bien lu?
M. Garon: Le député de Duplessis, lui, est
autorisé à parler au nom de son gouvernement tandis que
tantôt, le député de Brome-Missisquoi parlait, et je vous
ferai remarquer qu'il a été désavoué par son chef.
On voit, dans le journal Le Richelieu agricole, que même si c'est le no 2
du Parti libéral, seulement deux personnes sont autorisées
à faire des déclarations officielles en matière agricole
au nom du Parti libéral. Il s'agit du chef du parti, M. Robert Bourassa,
et du député de Maskinongé, M. Yvon Picotte. Tout
commentaire provenant
des autres membres du Parti libéral doit être
interprété comme étant une déclaration
personnelle.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: Alors, M. le Président, vous avez entendu
plusieurs déclarations personnelles ce soir, mais nous ne savons pas ce
qu'est la politique du Parti libéral. Vous comprendrez que quand le
député de Brome-Missisquoi parle, c'est important, puisque son
chef prend la peine d'aller voir le président de l'UPA pour le rassurer
en lui disant: Cet homme qui défend les libertés, je le crains
tellement que ce qu'il dit, cela ne compte pas pour nous autres.
Des voix: Voyons donc! Des voix:Ah! Ah! Ah!
M. Garon: Voyons donc! Cela a été dit dans deux
journaux différents: dans le Richelieu agricole, à la page 5, le
numéro du 6 mars 1984, et dans le journal La Terre de chez nous -
Échos de la direction; c'est la direction de l'UPA qui dit cela - du 1er
mars 1984.
Une voix: De quelle année?
M. Garon: 1984. Qu'est-ce qu'il dit? À la suite d'une
prise de position récente du député Pierre Paradis, il fut
également question de l'attitude de ce parti vis-à-vis du
syndicalisme agricole et de la formule des plans conjoints.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: Après avoir rappelé que...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, j'ai une
question de règlement et je pense qu'elle semble bien fondée. M.
le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, vous avez deviné que
je veux invoquer la pertinence ou la non-pertinence des propos du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Ce dont il nous parle
touchait nécessairement une question toute autre que celle qui nous
occupe ce soir, c'est-à-dire le domaine des pêcheries, le projet
de loi 48. Je vous demanderais d'inviter le ministre à revenir à
la pertinence du débat.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
très pertinent: quand le chef du Parti libéral se sent
obligé de dénoncer un de ses députés qui
était le no 2 au congrès! Quand il parle dans le secteur des
pêches, je me dis: Est-ce que nous sommes en danger également? Il
n'a pas eu d'autorisation. On ne sait pas s'il a l'imprimatur ou le nihil
obstat, mais on n'a entendu parler de rien.
M. le Président, vous comprendrez que c'est quelque chose de
très important puisque le chef du Parti libéral a
rencontré le président de l'UPA. C'est dans le journal La Terre
de chez nous et dans le Richelieu agricole. Ce ne sont pas des propos à
peu près. Aujourd'hui, dans le secteur des pêches, tout le monde
peut... Il s'agit d'agriculture, de pêcheries et d'alimentation. Quand on
parle d'aquaculture, on est dans l'élevage du poisson, un secteur qui
est à mi-chemin entre l'agriculture et les pêcheries, puisqu'on
élève des poissons. À ce moment-là, vous
comprendrez, M. le Président, qu'il faut des personnes
autorisées. À moins que le chef du Parti libéral dise
ceci: Dans le domaine de l'agriculture, il n'y a que le député de
Maskinongé et lui qui peuvent parler, le reste ne compte pas; mais dans
le secteur des pêches - il ne considère pas cela important - ils
peuvent tous pérorer.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: M. le Président, il faut que le chef du Parti
libéral se branche. Dans le domaine agricole, ils sont tous pas bons.
Aucun d'entre eux ne peut parler. Mais dans le domaine des pêches, ils
peuvent tous dire quelque chose. Il est temps que le Parti libéral se
prononce...
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre!
M. Garon: ...et le chef surtout qui n'est pas en cette
Chambre.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse. À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bédard: C'est le ministre qui a la parole.
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le whip de l'Opposition. À l'ordre! M. le leader du
gouvernement a entièrement raison. Je vous demanderais, en vertu de
l'article 32, de laisser le ministre parler dans des conditions convenables. M.
le ministre.
M. Garon: M. le Président, quand j'étais
jeune...
M. Gratton: Sur la question de
règlement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre. Il n'y a
pas de question de règlement, M. le leader de l'Opposition. Non, il n'y
pas de question de règlement. C'est moi-même qui ai demandé
qu'on permette au ministre de parler dans des conditions convenables. Si c'est
simplement pour répéter ce que j'ai dit, ce n'est pas
nécessaire. M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: C'est précisément pour aller plus loin
et abonder dans le sens du leader du gouvernement. Vous me permettrez de lire
le premier paragraphe de l'article 32 qu'il a cité.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Effectivement, il n'a rien
cité puisque j'étais debout et que j'ai pris sur moi de faire en
sorte que le règlement soit respecté. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, une demande de
directive...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Garon: Voilà ce qui arrive dans un parti quand le chef
n'est pas en Chambre.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, je suis le
règlement et les directives. M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais savoir si le
ministre ne doit pas respecter la pertinence, ce qui éviterait...
L'article 32 est clair: "Les députés doivent observer le
règlement et contribuer au maintien du décorum de
l'Assemblée."
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
M. Gratton: ...et le ministre...
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je
ne pense pas que... S'il vous plaît! M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, la question de
règlement du leader de l'Opposition est vraiment oiseuse; c'est le moins
qu'on puisse dire. Il sait très bien que le ministre, comme n'importe
quel député de cette Assemblée, doit respecter le
règlement. On voit très bien que c'est une tentative de la part
du leader de l'Opposition pour empêcher le ministre de l'Agriculture de
continuer un discours qui fait mal à l'Opposition.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure, le
ministre aura toujours la parole demain à 10 heures.
(Fin de la séance à 22 heures)