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(Dix heures cinq minutes)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! Un instant de réflexion.
Veuillez prendre place. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Tel que nous l'avions* indiqué hier soir, je
vous demande d'appeler l'article 1) du feuilleton.
Projet de loi 61
Reprise du débat sur l'adoption du
principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous en étions
à l'adoption du principe du projet de loi 61, Loi sur les immeubles
industriels municipaux. C'est la reprise du débat qui avait
été ajourné le 3 mai 1984; la parole était au
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge (suite)
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Puisque c'est la
continuation du débat, je voudrais fixer au début... Si je
comprends bien, il me reste 20 minutes pour mon intervention.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Effectivement. Comme
représentant de l'Opposition, vous aviez déjà parlé
pendant 40 minutes, vous pouvez donc utiliser encore 20 minutes.
M. Saintonge: Je vous remercie, M. le Président. Je
tenterai de limiter mes propos mais j'utiliserai le temps requis pour soulever
les points que je veux soulever.
Le projet de loi 61 - pour situer le débat - c'est le nouveau
projet de loi déposé par le ministre des Affaires municipales,
Loi sur les immeubles industriels municipaux, qui remplacera
éventuellement la loi actuelle, Loi sur les fonds industriels. Nous
avions discuté, antérieurement, du projet de loi pour une
période d'environ 40 minutes. J'ai expliqué certains principes du
projet de loi; j'ai discouru sur certains principes et démontré
que l'Opposition, sur l'ensemble du projet de loi, appuyait le gouvernement
parce que ce projet de loi contenait des améliorations importantes, des
améliorations souhaitées par le milieu municipal.
Sans revenir sur tout le sujet, je mentionnerai simplement qu'avec la
nouvelle loi il n'y aura plus de création de fonds industriels mais un
règlement qui fixera le montant que la municipalité peut
dépenser pour l'acquisition d'immeubles à des fins industrielles.
Il s'ensuivra un règlement pour décréter l'acquisition
d'immeubles à des fins industrielles, à l'amiable ou par
expropriation. Ceci améliore grandement la loi
précédente.
Également, un point important que nous avions souligné -
il est important de le rappeler aujourd'hui - c'est qu'en vertu de cette loi,
pour pourvoir aux dépenses occasionnées par l'achat de terrains
industriels ou de terrains et bâtiments industriels, la
municipalité, au lieu de procéder, comme elle le faisait
antérieurement, par voie de règlement d'emprunt, peut maintenant
procéder soit par règlement d'emprunt, soit affecter des fonds de
son fonds général, ou encore imposer une taxe spéciale
prélevée durant l'exercice financier pour l'année
concernée. C'est une modification qui apporte une plus grande souplesse
aux administrations municipales en vue de réaliser les objectifs
visés par le projet de loi et dans ce sens, l'Opposition est d'accord
avec les propositions du gouvernement.
Il y avait un point sur lequel nous avions discuté la semaine
dernière et sur lequel je voudrais revenir brièvement ce matin.
C'est toute la question de l'acquisition antérieure, l'acquisition
à des fins industrielles qui concernait uniquement les terrains. Par le
nouveau projet de loi, on parle d'acquisition d'immeubles à des fins
industrielles. Le mot "immeubles" comprend donc les terrains et les
bâtiments dans certains cas. Le ministre a laissé entrevoir, il y
a environ une dizaine de jours, que cette disposition augmentait largement la
possibilité d'agir du monde municipal et des interventions du conseil
municipal dans le domaine de l'acquisition d'immeubles, c'est-à-dire
qu'on pouvait acquérir à ce moment-là de façon
assez large, non seulement les terrains, mais également les
bâtiments se situant sur ces terrains. J'avais fait remarquer au ministre
que même si le projet de loi permet cette disposition, elle est quand
même très limitative.
Nous retrouvons à l'article 3 du projet de loi les cas où
il est possible pour une municipalité d'acquérir un
bâtiment, c'est-à-dire d'acquérir un immeuble comprenant
terrains et bâtiments. Il y a deux cas de prévus dans la loi. Dans
le premier cas, la municipalité acquérant un terrain avec un
bâtiment devra, avant d'aliéner ou de louer le terrain sur lequel
l'immeuble se trouve,
faire en sorte que l'immeuble soit détruit. L'autre cas a trait
à un bâtiment qui est sur un terrain. Un immeuble qui comprend le
terrain et le bâtiment, à ce moment-là, doit être
cédé à la municipalité à titre gratuit.
Donc, on limite effectivement le pouvoir des municipalités dans ce sens.
J'ai fait cette remarque au ministre. Ce n'est pas nécessairement dans
le sens... J'aimerais qu'on m'explique le pourquoi de cette limitation d'une
part et deuxièmement, je ne voudrais pas quand même qu'on
interprète mes propos comme si on était d'accord du
côté de l'Opposition à ce qu'on étende effectivement
l'acquisition au niveau d'un immeuble comprenant terrain et bâtiment
à tous les cas. Nous avons présentement certains cas où on
nous fait remarquer les dangers d'ouvrir trop grande la possibilité aux
municipalités d'aller acquérir tout immeuble à des fins
industrielles qui comprend un bâtiment. L'exemple auquel je veux faire
allusion, c'est par exemple, la question du projet Cadillac-Fairview à
Montréal où il peut être possible pour la ville de
Montréal d'agir, d'une certaine façon et non limitativement, sans
avoir toute l'autorisation requise. On peut agir d'une façon assez
autonome. Cela pourrait devenir dangereux dans le sens qu'on ne peut pas
exercer un contrôle des gens concernés au niveau municipal, des
contribuables, par exemple, des groupes de pression ou des groupes
intéressés au développement d'une municipalité,
mais dans le cas présent, il m'apparaît essentiel de souligner le
fait que si, effectivement, on veut permettre aux municipalités
d'acquérir dans certains cas un immeuble qui peut comprendre non
seulement un terrain mais également un bâtiment. Il y aurait
possibilité d'élargir sensiblement la portée de l'article
3 pour donner la possibilité à la ville d'acquérir, non
seulement à titre gratuit, mais parfois même en payant un certain
montant, si cela s'avère utile ou souhaitable, à des fins
municipales par exemple ou à des fins qui serviront grandement les
intérêts de la municipalité.
Donc, il pourrait ici y avoir une espèce de proposition dans la
loi, une espèce de possibilité, par exemple avec l'accord du
ministre des Affaires municipales, qu'une telle acquisition puisse être
réalisée. Il n'a pas à l'étendre
complètement à toutes les acquisitions puisqu'il me paraît
que le rôle des municipalités n'est pas celui d'être un
promoteur industriel mais plutôt de le favoriser. Dans certains cas,
avant de pouvoir acquérir tout terrain et tout bâtiment de
façon incontrôlée, il est très bon qu'on puisse voir
dans quel but précis la ville le fait et si cela sert efffectivement les
intérêts de la municipalité et aussi si c'est en accord
avec le désir des contribuables de la municipalité et des
différents groupes intéressés au développement
industriel de cette municipalité.
C'est un sujet qui, je l'espère, pourra être
explicité davantage par le ministre, soit dans sa réplique, ou
encore lorsque nous en discuterons effectivement au moment de l'étude
article par article du projet de loi.
La semaine dernière, j'en étais au fait qu'il fallait
quand même préciser certains termes de la loi. J'avais
mentionné que la loi faisait référence, à certains
moments, à des termes qui semblaient confus. C'est-à-dire,
à l'article 1 par exemple, on dît: "Une corporation municipale
peut, par règlement, fixer le montant qu'elle peut dépenser pour
l'acquisition d'immeubles à des fins industrielles". Plus loin, à
l'article 2, on parle également des termes "immeubles à des fins
industrielles". À l'article 6, nous retrouvons aussi les mêmes
termes: "La municipalité devra, aux conditions qu'elle détermine
et avec l'approbation préalable du ministre de l'Industrie, du Commerce
et du Tourisme, aliéner ou louer à des fins industrielles ou, de
manière subsidiaire, à des fins commerciales, un immeuble qu'elle
a acquis en vertu de la présente loi".
Un peu plus loin, nous retrouvons la même distinction à
l'article 11. On dit, cette fois-ci: "À des fins industrielles ou
commerciales". À l'article 13, on parle d'"usage industriel ou
commercial".
Ce qui m'intéresse vraiment c'est qu'il me semble que, dans les
termes mêmes de la loi, on devrait arriver à définir
exactement le cadre réel dans lequel la municipalité peut agir,
soit de définir les termes exacts de "fins industrielles ou, de
manière subsidiaire, à des fins commerciales". Il y a ici une
imprécision qu'il serait utile, je pense, de définir valablement,
par les dispositions de la loi, ce qu'on entend exactement par ces termes. La
dernière fois, je soulignais le problème que pourrait engendrer
une telle imprécision de la loi: puisqu'une municipalité peut
louer ou aliéner, c'est-à-dire vendre un immeuble à des
fins industrielles ou subsidiairement à des fins commerciales, il
faudrait savoir si, effectivement, la municipalité, lors d'une vente, a
bien agi dans le cadre des critères déterminés par la loi.
Si on ne détermine pas ce que sont les fins subsidiaires, on peut se
retrouver devant un cas où on ne saura pas exactement si, oui ou non, la
municipalité s'est conformée à la loi.
Je comprends que dans certains cas on demande l'approbation du ministre
mais, même après cette approbation, il peut arriver que lorsqu'un
immeuble a été vendu, on puisse questionner, par exemple, du
point de vue pratique, un notaire pour une recherche de titre afin de savoir si
la municipalité a agi à l'intérieur des limites de la loi,
oui ou non. Si la municipalité n'a pas agi à l'intérieur
de ces limites, est-ce que
cela constitue un vice de titre? Au niveau de l'achat d'une
propriété ou de la vente d'un immeuble acquis par une
municipalité à des fins industrielles pour l'aliéner
à une autre personne, cette personne ayant besoin d'un financement,
est-ce qu'il sera facile pour elle de se le procurer si on soulève un
vice de titre potentiel? Si ce point n'est pas soulevé lors de
l'emprunt, il peut l'être lors d'une vente subséquente dudit
immeuble. Un autre acheteur, informé par son notaire, pourrait souligner
le même vice de titre. Il y aurait donc lieu, à mon point de vue,
de spécifier cela afin d'éviter un tel inconvénient.
Une autre façon d'éviter cet obstacle serait que dans la
loi on intègre une disposition stipulant que si un immeuble a
été aliéné, par exemple, à une
municipalité dans le cadre de la présente loi, dans le cadre des
approbations requises par le ministre des Affaires municipales ou le ministre
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, ou même de la Commission
municipale, s'il y a lieu, tel que la loi le spécifie, ceci pourrait
constituer une présomption absolue que l'acquisition a été
faite suivant les termes de la loi de sorte qu'il n'y aurait pas lieu de douter
éventuellement de la validité de cette transaction.
Les mêmes principes pourraient s'appliquer au niveau de la
précision des termes. Qu'est-ce qu'on entend effectivement par les
termes employés? À l'article 13, par exemple, paragraphe 1, on
utilise "à des fins municipales"; à l'article 13, paragraphe 2,
on retrouve "à des fins d'améliorations locales". 0e pense qu'il
y aurait lieu de spécifier exactement ce qu'on entend par "des fins
municipales" ou "des fins d'améliorations locales", d'une certaine
façon puisque, dans un cas, il y a la nécessité d'obtenir
l'approbation du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et du
ministre des Affaires municipales et, dans l'autre cas, il n'y a pas
d'approbation requise. Nous pouvons nous trouver dans une situation
ambiguë où nous allons nous demander si, vraiment, telles choses
sont des améliorations locales. La question des servitudes, par exemple,
qu'on doit fournir sur un terrain, la question de la construction de rues ou de
trottoirs. Donc, à mon point de vue, il me semble qu'il y aurait lieu de
spécifier la définition de ces termes ou de faire
référence à d'autres lois qui les définissent
clairement.
Puisque mon temps avance, je voudrais soulever un autre point ici. Au
niveau de la loi on se rend compte, à l'article 1, qu'on parle d'un
règlement qui fixe le montant que la municipalité peut
dépenser pour l'acquisition d'immeubles à des fins industrielles.
On fixe donc un montant déterminé. À l'article 4, on dit
que "pour pourvoir aux dépenses occasionnées par une acquisition
faite en vertu de la présente loi...", la municipalité peut
décréter un emprunt et on ajoute: "Dès que ce
règlement est approuvé, le montant de la dépense est
soustrait du montant fixé en vertu de l'article 1." Nous avons donc une
espèce de montant maximal jusqu'au total duquel la municipalité
peut acquérir des immeubles à des fins industrielles et nous
disons, en vertu de l'article 4, que le montant de la dépense est
soustrait de ce montant-là. Nous voyons effectivement qu'à
l'article 10 on dit que "les deniers provenant d'une aliénation ou d'une
location - d'un immeuble qui a été acquis à des fins
industrielles antérieurement - doivent être employés
à l'extinction des engagements contractés par la corporation
municipale en vertu de la présente loi. Si ces deniers excèdent
le montant total des engagements, le surplus est porté au fonds
général de la corporation."
On se rend compte qu'il y a une disparition de tout le contexte
antérieur d'un fonds industriel. Un montant est fixé, qui est
diminué au fur et à mesure que les transactions se passent. Quand
l'immeuble est revendu on doit s'assurer que le remboursement des obligations
contractées est fait, et le reste s'en va au fonds
général.
Le problème qui se pose est celui-ci. Je comprends qu'on peut
faire disparaître le fonds industriel comme tel et que ce n'est pas une
nécessité. On se rend compte cependant qu'à l'article 9 de
l'ancienne loi il y avait quand même une disposition qui disait que "les
opérations du fonds industriel doivent faire l'objet d'un compte
spécial de la corporation municipale et figurer sur son rapport
financier annuel dans une section distincte." La question qui se pose, à
mon point de vue, est celle-ci: Pourquoi la disparition d'une espèce de
section distincte dans le rapport financier qui pourrait identifier les
opérations du fonds industriel? C'est-à-dire qu'on pourrait
donner les renseignements aux conseillers municipaux et aux maires, aux
officiers municipaux chargés de l'administration de la
municipalité, aux contribuables qui pourraient venir vérifier la
variation du fonds. (10 h 20)
II m'apparaîtrait important de maintenir dans la nouvelle loi,
à des fins d'information, à tout le moins l'évolution du
fonds, le montant dépensé pour l'acquisition de terrains, ce qui
reste en solde sur le montant autorisé en vertu de l'article 1, et,
effectivement, dans ces immeubles, les aliénations qui sont faites, sur
quel montant, de telle façon qu'on puisse voir la variation du fonds et,
à un moment donné, voir si le fonds est vraiment minime ou s'il a
pu augmenter. Dans ce sens-là, il y a également une disposition
dans le projet de loi. Puisque nous n'avons pas de barème pour
l'établir, il
m'apparaît qu'on maintient une situation antérieure, dans
la loi précédente, qui appelait certains changements
souhaités par des intervenants municipaux, à savoir: Quand le
fonds industriel comme tel est utilisé pour l'acquisition de certains
immeubles, ces immeubles étant revendus ultérieurement, la
municipalité bénéficie d'une marge de crédit
supplémentaire. Est-ce qu'on revient, si on veut, dans un cas où
il y aurait une marge de manoeuvre supplémentaire qui pourrait revenir
dans les mains de la municipalité? En d'autres mots, si le fonds aux
municipalités, pour des fins industrielles, était établi,
disons, à 3 000 000 $ et que la municipalité, au cours des trois,
quatre ou cinq ans, a pu dépenser jusqu'à 4 000 000 $, quand les
terrains acquis sont revendus et que cette somme de 4 000 000 $ qui avait
été autorisée est reprise dans la municipalité,
cela ne crée-t-il pas une marge de manoeuvre supplémentaire? Le
fonds initial, à 5 000 000 $, reprend-il sa marge de manoeuvre ou sa
marge de crédit pour pouvoir acheter d'autres immeubles? Si on veut
dépasser l'excédent, une fois que la dépense est faite, ce
fonds est, dirait-on, brûlé, et si la municipalité veut
aller plus loin, elle devra adopter un autre règlement en vertu de
l'article 1 pour augmenter à nouveau la marge de manoeuvre dont elle
peut bénéficier.
À mon point de vue, ce serait un point important à
spécifier dans ce projet de loi, à savoir si, oui ou non, dans
une telle circonstance, une municipalité peut ni plus ni moins
récupérer une marge de manoeuvre à l'intérieur du
fonds industriel, du montant établi, c'est-à-dire pour
l'acquisition d'immeubles à des fins industrielles en vertu de l'article
1. C'est un point absolument essentiel dans ce sens-là.
M. le Président, je vois que mon temps est presque
terminé. Je répéterai la position de ma formation
politique relativement à ce projet de loi. Nous avons l'intention
d'appuyer le gouvernement dans l'adoption d'un tel projet de loi qui
m'apparaît souhaitable pour les motifs que j'ai énoncés
antérieurement. C'est-à-dire que cela améliore grandement
la situation. Cela facilite la situation pour les élus municipaux. D'une
certaine façon, cela pose moins de contrôle. Il y a certains
contrôles qui sont laissés de côté ou cela permet
également aux municipalités d'agir avec moins de contrainte dans
certains cas pour l'utilisation de l'argent, c'est-à-dire pour la
possibilité d'acquérir les immeubles par différentes
façons du point de vue financier et, également, cela suppose des
dépenses à porter au fonds général. Cela
élimine des dispositions au niveau d'un fonds spécifique avec de
nouvelles approbations. Dans ce sens, cela limite de nouvelles
approbations.
En terminant, sous cette question d'approbation, les approbations utiles
au niveau de la loi, il y a un point essentiel sur lequel j'ai passé un
certain nombre de minutes dans le discours au tout début de mon
intervention, c'est la question de l'approbation de la commission municipale
qui, on se rend compte, dans le nouveau projet de loi, est complètement
laissée de côté alors qu'antérieurement la
commission municipale devait approuver certaines choses. Les dispositions de la
présente loi ne demandant plus l'approbation de la commission municipale
m'apparaissent aller à l'encontre de dispositions mandatoires de la Loi
sur la Commission municipale où il est stipulé que tout
engagement de crédits de la corporation doit avoir l'approbation de la
commission municipale.
Dans un tel cas, du côté de l'Opposition, nous
souhaiterions amplement, nous allons sûrement faire des propositions
d'amendement sans ce sens pour qu'on revienne à exiger l'approbation de
la commission municipale nonobstant le fait que d'un certain côté
on pourrait nous dire que cela va alourdir la question des approbations, cela
alourdit les contrôles administratifs, mais je ferai remarquer au
ministre que dans ce cas l'approbation de la commission municipale qui est
exigée par la loi générique, la création de la
commission municipale, la Loi sur la Commission municipale, cette loi, si on
veut changer les autorisations de la commission municipale qu'on le fasse par
un changement à la loi même de la commission municipale, qu'on
fasse un changement global, qu'on décide si oui ou non les approbations
de la commission municipale sont requises ou sont utiles dans l'ensemble des
interventions des municipalités. Si oui, que cela demeure pour les
entières approbations qui sont nécessaires au niveau du
crédit. Sinon, qu'on les enlève par modification, non pas
à certaines lois ou à certaines lois spécifiques, mais
à la loi précise, générale de la commission
municipale de sorte que nous ayons toujours la même vocation à la
commission municipale au niveau de l'approbation en matière
financière ou qu'il n'y ait plus d'approbation par la commission
municipale.
Un débat de fond devrait porter sur le rôle essentiel de la
commission municipale dans son ensemble en non pas relativement à une
loi précise ou relativement à une circonstance
particulière dans l'approbation des crédits versés aux
municipalités. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Chambly.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: Merci, M. le Président. Je voudrais tout
d'abord remercier le député de Laprairie, critique officiel de
l'Opposition
en matière d'affaires municipales, pour l'appui qu'il vient de
donner au gouvernement relativement au projet de loi 61. Je voudrais le
remercier plus particulièrement pour le ton qu'il utilise pour en faire
la critique. Il en fait une critique positive et c'est tout à son
honneur. Ce n'est pas une habitude que nous avons à l'Assemblée
nationale; nous avons plutôt l'habitude d'entendre l'Opposition parler
contre une loi et voter pour celle-ci. Ici, il tente de la bonifier; c'est
là une attitude très positive de l'Opposition que je souhaiterais
voir plus souvent en cette Chambre. Cela aurait pour effet de rehausser le
niveau des discussions.
Je suis heureux de parler du projet de loi 61, particulièrement
en cette Semaine nationale de l'entreprise. On sait que le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme a décrété cette
semaine, la semaine de l'entreprise et plus particulièrement de la
petite entreprise. C'est normal que je sois heureux de parler de ce projet de
loi puisqu'il me touche de deux façons. La première, en tant
qu'ex-conseiller municipal et député puisque le
développement économique et industriel nous touche très
directement. C'est là l'objectif premier que nous avons dans cette
période difficile de la vie du Québec.
C'est aussi, pour moi, un plaisir parce que - certains le savent
déjà - j'ai passé une bonne partie de ma vie dans le monde
industriel. Je dirais, sans m'en vanter - c'est accidentel - qu'il y a, dans
cette Chambre, très peu de membres de l'Assemblée nationale qui
ont vécu dans le monde industriel; des deux côtés de la
Chambre, il y en a à peine trois ou quatre. Ce n'est pas surprenant; ce
n'est pas attrayant pour un homme d'affaires de venir siéger à
l'Assemblée nationale. C'est plus attrayant au point de vue financier de
rester en affaires et de faire des affaires. Cela permet quand même
à ces gens-là d'avoir du temps à eux, ce qu'un
parlementaire a rarement.
J'ai eu l'occasion durant une bonne partie de ma vie de visiter des
industries, tant au Québec que dans les provinces maritimes et en
Ontario, afin de les solliciter pour vendre des produits. Plusieurs de ces
entreprises sont mes clientes; en général ce sont des PME qui
sont mes clientes, et j'ai eu l'occasion d'en visiter au cours des 15 ou 20
dernières années. (10 h 30)
La loi actuelle, pour toucher plus directement au point qui nous
réunit ce matin, fut une bonne loi et elle a beaucoup servi. Les
municipalités en général, en particulier dans le milieu de
la rive sud de Montréal, ce qu'on appelle maintenant la région de
la Montérégie, se sont dotées depuis 1961 de parcs
industriels. Dans bien des cas, elles ont pu amener de l'industrie ou, en tout
cas, concentrer l'industrie dans les parcs industriels, ce qui a pour effet
premier, au simple niveau de l'aménagement du territoire, de faire en
sorte qu'il y ait un secteur industriel et que les industries ne soient pas
éparpillées dans un territoire où elles ne devraient pas
être. En môme temps, cela permet d'amener des services aux
industries, des services dont elles ont besoin, comme des services
ferroviaires. Par exemple, il y a, dans une des villes du comté de
Chambly, un canal qui est prêt et qui pourrait éventuellement
être utilisé par des industriels pour transporter des
marchandises. Cela permet aux parcs industriels non seulement de regrouper les
industries, mais de se donner des services en commun. Cela permet à la
municipalité ou à la communauté de donner des services qui
sont utiles à toutes les industries.
Je pense qu'il est assez normal après 23 ans qu'on veuille
réviser cette loi et qu'on regarde de quelle façon on pourrait
l'améliorer ou la bonifier afin que ce soit plus facile pour les
municipalités, qui sont les principaux usagers de cette loi, de
l'administrer. Il y avait des restrictions dans la loi, plus
particulièrement l'interdiction absolue que les terrains achetés
ou vendus comportent des édifices. Il pouvait y avoir, par exemple, un
terrain qui était propice à l'industrie ou qui était
même adjacent à un parc industriel. Le parc industriel
étant complet. La municipalité voulait acheter le terrain et ne
pouvait pas le faire parce qu'il y avait une bâtisse dessus, ce qui ne
lui permettait plus de l'acheter. Maintenant, avec la nouvelle loi et compte
tenu de ce que notre collègue de l'Opposition a dit, je pense qu'on
pourra tenir compte en commission parlementaire, lors de la deuxième
lecture, de ses préoccupations au sujet de la possibilité
d'acheter des bâtisses, quoiqu'il y ait certainement des questions
à se poser à ce niveau, à savoir si une
municipalité devrait devenir propriétaire de bâtisses et
éventuellement peut-être les louer. Pour ma part, ma
première réaction comme membre de l'Assemblée nationale
qui vient de l'entreprise privée est de dire: II ne faudrait pas que les
municipalités ou que les gouvernements deviennent des locateurs. Je
pense que l'entreprise privée est capable de faire cela et à
meilleur compte, dans bien des cas, en évitant toutes les complications
que cela comporte quand on dépense des sommes d'argent qui appartiennent
à tout le monde.
Il y avait aussi au niveau du financement des achats de terrains tout un
rituel qui faisait que c'était assez compliqué de construire un
parc industriel. Maintenant, avec cette loi, la municipalité pourra
décider, ayant les sommes suffisantes dans son fonds d'administration
générale, par les taxes qu'elle perçoit, d'acheter un
terrain et d'en faire un terrain industriel. D'abord par
le zonage, j'imagine. Par la suite, en le vendant à des
industriels, elle pourra réaliser cela beaucoup plus rapidement. C'est
important et c'est aussi dans l'esprit de notre gouvernement depuis 1976,
c'est-à-dire que nous voulons faire en sorte de responsabiliser de plus
en plus les élus municipaux, les élus locaux, qui sont
normalement très bien suivis, très bien vérifiés
par leurs commettants. En effet, tout le monde sait qu'au niveau municipal,
c'est un gouvernement qui est près de la population et que les gens sont
beaucoup plus critiques face à lui quant aux dépenses que tout
autre niveau de gouvernement. On dirait que, plus le gouvernement est
éloigné, moins la population s'en préoccupe.
Ce projet de loi vise à donner plus d'autonomie aux
municipalités en leur permettant ces différentes transactions que
j'ai déjà évoquées tout à l'heure. Depuis
1961, il y a une autre loi qui a touché d'une façon importante
l'industrie, l'industrialisation, les parcs industriels. C'est la loi qui
finance les commissariats industriels.
Je voudrais simplement en dire quelques mots ici parce que cela touche
de près cette loi. C'est interconnecté en fait, parce qu'une des
fonctions principales du commissaire industriel, bien souvent - je dis bien une
de ses fonctions principales parce qu'il en a d'autres - est de faire en sorte
de meubler, de remplir le parc industriel d'industries en plus de donner des
services aux autres industries. Par exemple, des services d'aide pour les
subventions ou encore les aider dans l'obtention des prêts à la
banque ou des services de consultation ou tout autre service.
Chez nous, au commissariat industriel de Chambly, Richelieu, Carignan,
on a mis sur pied à un moment donné un service de transport pour
les employés. Cela a été fait par le commissariat
industriel ou par ce qu'on appelle le conseil économique qui regroupe
présentement trois municipalités, celles de Richelieu, Carignan
et Chambly. Avec l'aide du commissariat industriel, on a donné plusieurs
services dont l'établissement d'un système informatisé de
paie pour faire les paies. On sait que pour plusieurs petites entreprises, la
comptabilité et la paperasse sont un véritable casse-tête.
Le commissariat industriel a établi pour elles ce service d'informatique
qui fait qu'à toutes les semaines les paies de leurs employés
sont faites par ordinateur. Le nombre de paies n'est pas assez important pour
qu'elles aient leur propre ordinateur. Il y a plusieurs autres services
semblables qui sont donnés par le commissariat industriel local.
Bien sûr, il y a des problèmes. Présentement,
à ce conseil économique qui est financé non seulement par
le gouvernement du Québec et les municipalités mais aussi par
plusieurs industriels, siègent des personnes intéressées
par le développement économique de la région. Il y a des
difficultés d'adaptation. Il y a toujours des nouveaux élus. On
sait que les changements du début sont toujours pénibles. Il y a
des adaptations à faire. Mais je suis persuadé que les gens du
milieu, autant les élus municipaux de Carignan, de Chambly et de
Richelieu, vont réaliser l'importance de conserver l'outil de
développement économique qu'on s'est donné depuis une
dizaine d'années dans la région. Il ne faut pas détruire
cet outil qu'on s'est finalement donné parce que cela a pris un certain
temps avant que cela devienne efficace. Au début, il y a eu des
lenteurs. Personnellement, j'avais critiqué, à titre de
conseiller municipal, les coûts de cette commission. Mais, depuis, les
modifications qui ont été apportées ont fait que c'est
devenu beaucoup plus efficace. On peut le vérifier facilement. (10 h
40)
En effet, quand on regarde le nombre de pieds carrés
utilisés industriellement dans la région, on note qu'il y a eu,
de 1970 à 1976, comparativement à la période de 1976
à 1984, à peu près la même augmentation de pieds
carrés utilisés par l'industrie. On sait que durant les deux
dernières années, on a dû subir une crise économique
non seulement au Québec, mais au Canada et dans toute l'Amérique
du Nord. Si on a conservé une certaine stabilité, c'est
grâce, non pas uniquement mais en partie, au dynamisme du milieu, bien
sûr, à cet organisme qui sert le développement
économique de la région.
Ce projet de loi vise donc à donner des outils
supplémentaires aux municipalités et, en particulier, bien
sûr, aux conseils économiques ou aux commissariats industriels,
quels qu'ils soient, l'organisme responsable du développement
économique dans la région, dans la municipalité. Il vise
à leur donner des outils d'intervention plus rapides. Comme je le disais
tout à l'heure, par cette loi, on vise à éliminer les
problèmes suscités par l'ancienne loi, mais on doit aussi veiller
à ne pas en créer de nouveaux.
En conclusion, nous allons poursuivre en commission parlementaire
l'étude, article par article, de ce projet de loi en collaboration avec
l'Opposition qui, de toute évidence - ce matin, elle nous en a
donné la preuve - a décidé de poursuivre le travail dans
cet esprit. De notre côté, nous allons aussi offrir notre
participation car nous souhaitons une franche discussion de fond sur le projet
de loi. Nous voulons éviter la politicaillerie dans cette Chambre afin
que les différents projets de loi soient étudiés et
adoptés au mérite. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): On nous a soumis, pour étude, le
projet de loi 61, Loi sur les immeubles industriels municipaux. Cette loi
remplace une autre loi qui existait depuis 1961, la Loi sur les fonds
industriels. On nous a mentionné, de l'autre côté de la
Chambre, que cette loi faisait partie, s'intégrait dans le plan de
relance économique du gouvernement. Je voudrais leur demander, sans
vouloir faire de gorges chaudes, si la loi 38 était aussi dans cette
veine, si la loi 38 a été proposée à la Chambre
dans un but de relance économique.
Comme j'aperçois le ministre des Affaires municipales faire un
signe de tête affirmatif, je voudrais lui demander si la loi 43 - parce
qu'il a été à l'origine de la loi 43 - fait
également partie de la relance économique. Je ne pense pas que
tout le monde soit d'accord sur ce sujet dans la province. Si le ministre pense
que cela fait partie de la relance, il faudrait peut-être qu'il demande
l'avis des Québécois.
Cette loi, tout comme l'ancienne loi, d'ailleurs, a pour but d'aider les
municipalités à créer, entre autres, un parc industriel,
à aider les entreprises, les industries à s'installer et
peut-être également à se développer dans les
municipalités. De ce côté, je pense que la loi est valable;
elle apporte d'ailleurs certaines précisions, certains
compléments à l'ancienne loi sur les fonds industriels. Elle
permet donc aux municipalités d'acquérir, comme auparavant, des
terrains vacants ou des lots vacants pour ensuite les revendre aux entreprises
qui pourront y ériger des bâtisses industrielles et
commerciales.
Par la loi 61 - c'est nouveau par rapport à l'ancienne loi - il
est maintenant permis aux municipalités d'acquérir, en sus des
terrains vacants, des bâtisses érigées sur des terrains. On
craignait auparavant d'acquérir ces immeubles, ces terrains avec
bâtisses parce qu'on prétendait que la Loi sur les fonds
industriels ne permettait pas aux municipalités d'acquérir des
terrains avec bâtisses. À ce moment-là on procédait
quand même par la voie d'un projet de loi privé.
Je pense que c'est une amélioration. Les municipalités
n'auront pas, chaque fois qu'elles voudront acquérir des terrains avec
bâtisses, à se présenter devant le gouvernement avec un
projet de loi privé pour obtenir la permission d'acquérir ces
immeubles.
On peut donc dire que dans l'ensemble ce projet de loi constitue une
amélioration par rapport à l'ancienne loi. Il simplifie donc les
procédures et accélère le processus. Ce projet de loi
enlève également l'obligation, qui existait auparavant, d'adopter
un règlement d'emprunt chaque fois qu'on voulait se prévaloir de
la Loi sur les fonds industriels.
Il fallait prévoir, par un règlement d'emprunt,
l'appropriation de certaines sommes pour ces fins, même si la villepouvait avoir les fonds nécessaires pour ces dites fins.
Il y a certains points de ce projet de loi que je voudrais soulever. Je
pense qu'ils méritent d'être soulignés. On peut
peut-être se poser certaines questions sur certains articles
insérés dans ce projet de loi. D'abord, pourquoi obliger les
municipalités à démolir les bâtisses? Si la
municipalité, à un moment ou à un autre, doit
acquérir un terrain sur lequel se trouve une bâtisse, je ne vois
pas du tout pourquoi on l'obligerait à démolir cette
bâtisse si on avait possiblement un acquéreur pour cet immeuble.
Je pense que ce serait du gaspillage. Je ne vois aucunement la raison d'obliger
les municipalités à démolir. Il est fort possible que la
municipalité a intérêt à acquérir l'immeuble
et à le revendre ensuite à des industriels, à des gens
qui, pour des fins commerciales, ont besoin de bâtisses. Donc, à
mon sens, aucune nécessité; ce serait une perte inutile d'obliger
les municipalités à démolir les constructions
érigées sur les terrains.
Le seul cas où il serait possible de disposer d'un immeuble
bâti, ce serait dans le cas où on l'aurait acquis à titre
gratuit. Ce serait donc impossible de le faire lorsqu'on l'aurait acquis
à titre onéreux.
Si on réfère particulièrement à l'article
11, il y a sûrement intérêt à en modifier les
règles pour permettre à une municipalité qui aurait acquis
des immeubles, des bâtisses, à la suite d'une acquisition par un
droit de préemption ou à la suite d'un défaut de paiement
de taxes... Elle aurait sûrement avantage à ce moment-là
à conserver les bâtisses pour pouvoir les revendre ensuite. Je
pense que cet article devrait être modifié ainsi que les autres
qui pourraient référer à des terrains construits.
Je pense qu'il y a également lieu de souligner un autre point:
Pourquoi enlever, dans l'application de cette loi, l'autorisation de la
commission municipale qui était requise auparavant; cette
dernière, à mon sens, est peut-être l'organisme qui serait
le plus indépendant, le plus impartial, le plus neutre dans ce
cas-là. Il faudrait donc, à mon sens, maintenir l'approbation,
l'autorisation de la commission municipale. On va nous dire qu'on a
déjà l'autorisation requise et qu'il faut obtenir l'autorisation
du ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ainsi que celle des
Affaires municipales. On dira alors pourquoi ajouter une autre autorisation,
soit celle de la commission municipale? Je ne voudrais pas demander au ministre
d'enlever les deux autres autorisations mais je pense qu'il y aurait lieu, vu
que ce sont des cas absolument
spéciaux, de maintenir l'autorisation nécessaire de la
commission municipale qui, je le répète, est sûrement le
seul organisme impartial et neutre. (10 h 50)
Je voudrais également référer aux articles 1, 2 et
3, où on parle d'acquisition pour fins industrielles et également
de bâtiments industriels, alors qu'aux articles 6, 11 et 12 - cela a
été évoqué tantôt par mon collègue -
on parle d'aliéner, ou louer ou utiliser à des fins industrielles
ou de manière subsidiaire à des fins commerciales. Je me pose la
question à savoir où commence et où finit la
définition de "bâtisse" et de terrain "industriel" et
"commercial". Il faudrait à ce moment-là que la loi s'applique
tant à des fins commerciales qu'industrielles. Je pense que la
différence est très ténue. Il faudrait absolument que la
loi soit très spécifique, qu'on insère dans la loi une
définition et que cela inclue tant les bâtisses commerciales
qu'industrielles. Il y a sûrement possibilité de confusion
à cet égard et, comme le mentionnait mon collègue de
Laprairie, pour certains hommes de loi, certains notaires, il y aurait
peut-être ambiguïté, difficulté de garantir par la
suite un titre valable sur un immeuble qui aurait été acquis en
vertu de la Loi sur les immeubles industriels municipaux et qui pourrait
être revendu ensuite à des entreprises ou à des industries.
Il faudrait donc définir, d'une façon très claire, les
mots "industriel" et "commercial". Je pense que le projet de loi devrait
couvrir les deux cas, soit les bâtisses commerciales ou industrielles ou
les deux.
Il y a également l'expropriation lorsqu'il s'agit de
bâtisses. Je voudrais évoquer la question de l'acquisition
à la suite d'une expropriation. Je pense qu'on doit faire une
différence entre une acquisition à l'amiable et une acquisition
à la suite d'une expropriation. Lorsqu'il s'agit d'une vente de
gré à gré, d'une vente à l'amiable - c'est
absolument valable - personne n'a à intervenir. C'est une vente qui se
fait dans le cours normal des choses. La transaction est acceptée par
les deux parties et personne ne saurait s'en plaindre.
Lorsqu'il s'agit d'expropriation pour des fins privées - ici, il
s'agit vraiment d'expropriation pour des fins privées - cela veut donc
dire qu'on enlève un bien, par expropriation, à quelqu'un qui
l'utilise pour des fins privées et que la ville va le revendre à
une entreprise ou à quelqu'un qui va l'utiliser pour ses fins
privées. Que ce soit des fins industrielles ou commerciales, ce sera
définitivement pour ses fins privées. À ce
moment-là, il y a lieu d'être très prudent. Si c'est du
terrain vacant, je ne pense pas qu'on puisse tellement soulever la question
parce qu'il s'agirait peut-être de parc industriel. Mais lorsqu'il
s'agira d'un terrain comportant une bâtisse, je pense qu'il faudra
être très prudent parce qu'on enlèvera, comme je le disais
tantôt, un bien à un individu qui l'utilise pour ses fins
privées pour le faire utiliser éventuellement, à la suite
de l'expropriation, par quelqu'un d'autre pour des fins privées
également. Évidemment, la question serait tout autre s'il
s'agissait d'une expropriation pour des fins publiques, que ce soit pour des
écoles, des hôpitaux, des chemins publics. À ce
moment-là, la fin est complètement différente et on
n'aurait peut-être pas à s'en préoccuper.
Est-ce qu'on peut parler ici de bien collectif? Quand on exproprie,
habituellement c'est pour des fins publiques. Est-ce qu'on peut parler ici de
fins publiques? On va évidemment invoquer le fait que ce sera pour un
développement économique, un développement industriel,
dans le cadre de la relance de l'économie, mais je pense qu'on doit
également tenir compte du droit de propriété. Sans
prétendre que le droit de propriété doit être
respecté à tout prix, que c'est un droit sacré, il y a
tout de même lieu de s'interroger sur l'à-propos de permettre une
expropriation lorsqu'il y a une bâtisse sur un terrain. Lorsqu'on
expropriera quelqu'un, ne sera-t-on pas tenté d'écourter les
négociations avec le propriétaire? Est-ce qu'on ira
jusqu'à la limite des négociations? L'entreprise ne sera-t-elle
pas tentée de s'adresser directement à la municipalité
pour la prier de bien vouloir exproprier puisqu'une entente ne semble pas
possible ou que la demande du propriétaire est vraiment
exagérée, de l'avis de l'industrie ou de l'entreprise qui entend
se servir de ce terrain?
La question qu'il faut se poser, je pense, est la suivante: La
municipalité qui expropriera, avant de procéder à
l'expropriation, exigera-t-elle une offre sérieuse? Est-ce qu'elle
exigera que l'offre faite par l'entreprise qui se propose d'investir soit
sérieuse et je dirais, équitable pour les deux parties? Dans un
tel cas, le gouvernement - c'est la question à se poser -
n'intervient-il pas sans aucun respect pour l'équité dans le jeu
normal de la concurrence en favorisant indûment certains
intérêts privés au détriment d'autres
intérêts privés? Je pense que c'est la question à se
poser et il y aurait lieu, je le répète, d'être très
prudent lorsqu'on exproprie alors qu'il y a une bâtisse sur le
terrain.
Je voudrais soulever également la question relative à
l'article 9. On dit, à cet article: "Malgré l'article 6, une
corporation municipale peut, pendant les cinq ans qui suivent l'acquisition
d'un immeuble en vertu de la présente loi, le louer à toutes
fins, sans approbation, pour une durée qui n'excède pas trois
ans." Or, la question à soulever est: Qu'est-ce qui se produira
après cinq ans? Dans les cinq ans, il est donc possible pour la
municipalité de louer pour
une période n'excédant pas trois ans. Qu'est-ce qui va se
produire si, après la période de cinq ans, l'immeuble n'a pas
fait l'objet d'une vente, d'une aliénation? Est-ce que la
municipalité, puisqu'il n'y aura pas d'acheteur, sera obligée de
le conserver sans pouvoir le louer parce que la loi indique qu'il pourrait y
avoir une location pour une période qui n'excède pas trois ans?
On suppose que possiblement après cinq ans l'immeuble ne sera pas encore
vendu.
Je pense qu'il faudrait modifier cet article de façon
peut-être à permettre à la municipalité de continuer
à pouvoir le louer si elle ne peut pas en disposer, si elle ne peut pas
l'aliéner. C'est un point qui est peut-être important et il
faudrait trouver une solution. Ce serait peut-être celle d'enlever la
limite de cinq ans, si on fait confiance aux municipalités.
Ce sont les quelques points que je voulais soulever. Dans l'ensemble, la
loi est une amélioration par rapport à l'ancienne loi. J'ai
surtout soulevé la question de l'expropriation. Je pense qu'on doit
s'interroger, qu'on doit être très prudent. Les
municipalités, les instances gouvernementales dans leur approbation,
dans leur autorisation devront être très prudentes de façon
qu'on ne puisse pas exproprier un immeuble, un terrain bâti qui sert
à une entreprise, mais qui pourrait peut-être être
exproprié pour servir à une autre entreprise plus importante.
C'est une chose possible.
Est-ce qu'on choisira l'acquéreur possible en disant: Voici, cet
acquéreur va investir 25 000 000 $, 50 000 000 $, va avoir une
entreprise nettement plus importante, nettement plus grande que celle qui
existe actuellement? Est-ce qu'on pourrait - je pense que la loi le permet,
à ce moment - évincer le propriétaire de cet immeuble qui
exerce un commerce, qui exploite une entreprise dans cet immeuble, à la
demande de cet acquéreur possible? Je l'ai dit, on a tendance
actuellement à éroder beaucoup le droit de
propriété. Je pense qu'il y a certaines limites. Il ne faut pas
aller au-delà de ces limites. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires municipales, votre droit de réplique.
M. Alain Marcoux (réplique)
M. Marcoux: Je pense que la Semaine nationale des entreprises
décrétée par le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme pour la première fois cette année
constitue un bon moment, un bon contexte pour parler de cette Loi sur les
immeubles industriels municipaux. Elle est un autre signe de la
préoccupation prioritaire du gouvernement actuellement pour le
développement économique du Québec, qui rejoint la
préoccupation évidente de nos concitoyens des
municipalités. Un dernier sondage rendu public au congrès de
l'Union des municipalités du Québec, effectué
auprès des citoyens des municipalités indiquait comme
deuxième priorité à leurs maires et à leurs
conseillers la lutte contre le chômage. (11 heures)
En ce sens, je ne suis pas du tout étonné de la
très forte participation des municipalités à tous les
programmes de création d'emplois ou d'investissements publics
lancés par le gouvernement avec la collaboration des
municipalités dans les récents mois, comme dans les semaines
actuelles. Je parle du programme de création d'emplois en milieu
municipal qui a été très populaire auprès des
municipalités, du programme PRIME, programme d'initiatives municipales
pour l'emploi qui est maintenant terminé et qui a été un
très grand succès l'an dernier. Puisque la crise s'estompe et
qu'il y a une véritable relance de l'économie du Québec,
dans le cadre du plan de relance annoncé par le premier ministre le 13
novembre 1983, il y avait plusieurs volets qui faisaient appel à la
collaboration des municipalités pour la relance de l'économie du
Québec, particulièrement le programme d'assainissement des eaux
où le gouvernement a augmenté le pourcentage de subvention de 80%
à 90% pour les deux prochaines années, incitant ainsi les
municipalités à investir davantage dans l'assainissement des
eaux.
D'autre part, le gouvernement a modifié des lois pour faciliter
la réalisation rapide de ces investissements par des projets clé
en main qui peuvent être réalisés par la
Société québécoise d'assainissement des eaux. On
voit, à la lecture quotidienne, sinon hebdomadaire des journaux, que le
ministre de l'Environnement signe presque chaque jour des protocoles d'entente
avec différentes municipalités pour réaliser ces travaux
d'assainissement des eaux qui constitueront globalement un investissement sur
une dizaine d'années d'environ 4 500 000 000 $ ou 5 000 000 000 $. Cette
accélération est voulue par le gouvernement et nous voyons
qu'elle est appuyée entièrement par les municipalités.
Puisqu'il est question de relance économique et que, dans cet
esprit, ce projet de loi la rejoint, parlons aussi du programme de
revitalisation des centres-villes que j'ai lancé avec mon
collègue, le ministre délégué à
l'Aménagement et au Développement régional, il y a
quelques semaines. Encore là, il y a une réponse
spontanée, très grande des municipalités du Québec
qui veulent revitaliser leurs centres-villes. On sait qu'avec 57 000 000 $ en
subventions sur trois ans de la part du gouvernement du Québec, cela
entraînera automatiquement environ 225 000 000 $ en investissements
publics et privés pour revitaliser nos centres-villes. Ceci est,
à la fois, un effort d'amélioration de la qualité de la
vie dans les villes du Québec et un effort de relance économique
par les municipalités.
Si les municipalités peuvent participer avec autant
d'enthousiasme à ces projets d'investissements publics majeurs, c'est
que leur situation financière est excellente. La part du service de la
dette consacrée par les municipalités depuis trois ans a
baissé constamment; elle a baissé de 25% à 23%. La part du
budget municipal qui est consacrée au service de la dette diminue. La
part de l'endettement des municipalités par rapport à
l'évaluation globale de la municipalité a considérablement
diminué; elle a diminué de 15% en quatre ans. Le taux
d'endettement des municipalités a diminué de 15% en quatre ans.
Ceci s'est fait en allégeant le fardeau fiscal des municipalités.
Dans le cadre de la réforme de la fiscalité municipale, les
municipalités ne sont pas allées récupérer
entièrement le champ de la taxe foncière scolaire qui leur
était alloué.
Dernière preuve, s'il en fallait une, que la situation
financière des municipalités s'est grandement
améliorée depuis trois ou quatre ans, c'est que les surplus
accumulés de 1979 à 1982 - nous attendons les chiffres
définitifs pour 1983 - sont passés de 150 000 000 $ à 350
000 000 $. Ils ont plus que doublé; les surplus accumulés des
municipalités ont augmenté de 150% en trois ans â peine.
Les municipalités du Québec sont dans une situation
financière très saine; elles peuvent donc participer avec
enthousiasme à ces programmes de relance de l'économie du
Québec, soit dans l'assainissement des eaux, soit dans la revitalisation
des centres-villes.
Encore hier, en compagnie de ma collègue, la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, j'ai eu le plaisir de
lancer le programme des travaux communautaires aux fins municipales qui
permettra au minimum - il est possible que cette enveloppe soit
augmentée - à 3000 bénéficiaires d'aide sociale,
à 3000 jeunes qui, actuellement, reçoivent à peine 150 $
par mois d'aide sociale, de mettre à la disposition des
municipalités leurs ressources humaines.
Il y a une chose qui se passe aujourd'hui, M. le Président, qu'il
est très important de souligner. Quand on regarde les
bénéficiaires d'aide sociale, comparé à ceux d'il y
a une dizaine d'années, cela a complètement changé: il y a
des ingénieurs, il y a des infirmières, il y a des techniciens en
mécanique, il y a des techniciens en électronique, des
techniciens en informatique, des informaticiens. Il y a des gens de tous les
métiers, d'une très grande compétence et qui, à
cause de la conjoncture économique des trois dernières
années, due principalement aux taux élevés
d'intérêt, n'ont pas pu se trouver d'emploi; et il en sera ainsi
fort probablement durant encore plusieurs années à cause de
l'arrivée massive des jeunes sur le marché du travail, du retour
et du maintien massif également des femmes sur le marché du
travail et à cause des changements technologiques.
 cause de ces trois principaux facteurs, on sait que le taux de
chômage va demeurer élevé, mais par contre, il y a un
réservoir important de ressources humaines qu'il faut utiliser et nous
avons dit au gouvernement, dans cette perspective: II faut complètement
changer le régime d'aide sociale pour les jeunes, pour faire en sorte
qu'un jeune qui veut retourner à l'école pour parfaire sa
formation, finir son secondaire IV, son secondaire V, ou un jeune qui veut
faire un stage en milieu de travail durant un an pour acquérir une
expérience qui va faciliter son travail après pour se trouver un
emploi durable, ou un jeune qui veut fournir des services â sa
communauté, puisse voir son revenu d'aide sociale augmenté de 150
$ à 300 $ et qu'un supplément puisse lui être
accordé par une entreprise qui l'engage ou par une
municipalité.
C'est ainsi qu'hier j'ai lancé avec ma collègue, la
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, ce
programme de travaux communautaires pour les municipalités grâce
auquel 3000 jeunes bénéficiaires d'aide sociale pourront offrir
leurs services aux municipalités. Les municipalités pourront
présenter leurs projets d'ici le 31 décembre 1984 et fournir
ainsi une expérience de travail d'au minimum 80 heures par mois à
des jeunes, et cela durant une période de neuf à douze mois.
Je pense qu'il est bien important de se rendre compte que la vie
municipale maintenant ne se réduit plus à planifier le
développement d'un réseau d'aqueduc et égout ou à
planifier la construction ou l'entretien des chemins ou des rues, mais que la
vie municipale maintenant se concrétise dans le domaine du loisir, dans
le domaine de l'aménagement, dans le domaine de la planification, dans
le domaine de la conservation des archives. Dans tous ces secteurs, l'ensemble
des ressources humaines de qualité que nous avons au Québec,
lesquelles doivent, à cause de la conjoncture économique,
être bénéficiaires de l'aide sociale, ce bassin fantastique
de ressources humaines est à la disposition des municipalités. Le
gouvernement est prêt à aider les municipalités
financièrement à profiter de ces ressources pour qu'elles
puissent également acquérir une expérience utile et les
rendre plus facilement récupérables par le marché du
travail dans la perspective où la crise économique s'estompe et
où il y a une reprise de l'emploi au Québec.
Vous me direz: Quels détours pour en arriver à ce projet
de loi'. Je pense que c'est un geste de plus pour faciliter l'implication
économique des municipalités. Ce projet de loi, qui vise à
assouplir la réglementation pour permettre aux municipalités
d'acquérir beaucoup plus facilement des terrains ou des immeubles
pouvant servir par la suite à leur développement industriel, tend
simplement à simplifier le nombre de contraintes auxquelles ont
été assujetties les municipalités depuis 1961 dans ce
secteur lorsqu'elles voulaient développer un parc industriel, acheter
des terrains à des fins de développement industriel et de
développement économique. Là, on diminue
considérablement le nombre d'approbations nécessaires.
Également, on n'exige plus qu'il y ait un fonds séparé
adopté par un règlement d'emprunt, etc., ce qui compliquait
beaucoup l'administration. Les municipalités ont besoin de lois souples
pour épauler leur développement industriel. (11 h 10)
C'est ce qui fait que je me réjouis de l'approbation en
deuxième lecture de ce projet de loi par l'Opposition et de la
collaboration manifeste qu'elle accordera -j'en suis convaincu - comme elle l'a
dit, à son étude article par article en commission parlementaire,
soit la nouvelle commission de l'aménagement et des
équipements.
Je voudrais, quand même, profiter de l'occasion pour indiquer
quelques orientations, puisqu'il y a eu plusieurs questions soulevées
par l'Opposition. Même si l'Opposition s'est dite d'accord avec les
principes de ce projet de loi, un certain nombre de questions ont
été soulevées. Je ne pourrai pas aborder chacun des points
parce que j'avais souvent l'impression d'être non pas à
l'étude en deuxième lecture, mais presque à l'étude
article par article. Je le comprends parce que c'est un projet de loi
très court en termes de rédaction. Il est peut-être plus
difficile de distinguer les grands principes de l'ajustement concret.
Je voudrais, quand même, indiquer immédiatement quelques
orientations à la suite des questions soulevées par l'Opposition.
En ce qui concerne, d'abord, l'approbation, on a mis en doute l'utilité
que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme intervienne
à l'occasion pour approuver les règlements d'emprunt des
municipalités qui désirent acheter des terrains ou des immeubles
industriels. On disait qu'il y a une double approbation qui n'est
peut-être pas nécessaire. Nous avons discuté, au cours de
la révision de cette loi, avec le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme. Les arguments qui avaient convaincu l'ancien ministre
des Affaires municipales, il y a plusieurs années, de maintenir la
double approbation nous ont convaincus également. En fait, lorsqu'un
règlement d'emprunt est présenté à cet effet par
les municipalités, le ministère des Affaires municipales a
l'expertise, la compétence pour déterminer si le règlement
d'emprunt, du point de vue juridique, est correct. Le ministère a
également l'expertise pour déterminer si, au niveau financier, la
municipalité est dans une situation financière qui lui permet de
faire cet investissement.
Or, l'expertise au niveau du rendement économique, au niveau de
la planification des parcs industriels dans leur ensemble au Québec et
de leur taux d'utilisation, comme pour chacun des parcs industriels en
particulier, l'expertise économique au sens large du terme se trouve au
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. La dernière
chose que nous voudrions dans cette période de rationalisation de
l'utilisation de la fonction publique, c'est que le ministère des
Affaires municipales soit obligé de se dédoubler, de se doter de
compétences, d'expertise dans ce secteur pour donner une approbation de
ces règlements d'emprunts qui soit parfaitement correcte. Nous
préférons conserver à ce titre le système actuel
qui fait que nous profitons de l'expertise qui est déjà en place
au ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
En ce sens, il me fera plaisir de citer les propos de l'actuel chef de
l'Opposition, M. Gérard D. Levesque, en juillet 1967, lorsqu'on
étudiait des amendements à la Loi sur les fonds industriels, au
moment de la création de l'Office du crédit industriel. Je crois
que c'est ce qui a précédé la SDI. M. Gérard D.
Levesque, l'ex-ministre de l'Industrie et du Commerce, disait à ce
moment-là: "On a mis en place, au ministère de l'Industrie et du
Commerce, des délégués régionaux. On a mis en place
des conseillers industriels. On a mis en place des experts dans le financement
de l'industrie. On a mis en place des statisticiens de carrière. On a
mis en place un bureau de recherche industrielle, des agents
généraux à l'étranger. Tous ces gens travaillent
pour amener des industries dans la province de Québec et assurer
l'expansion des industries existantes". Il ajoutait: "Partout à travers
la province et ici, à Québec et à Montréal, dans
les bureaux du ministère de l'Industrie et du Commerce, il y a des gens
qui connaissent cela. Il y a des gens qui ont été
préparés pour ce genre de travail et qui peuvent faire
aujourd'hui des rapports sur la rentabilité d'une entreprise, qui
peuvent faire des rapports presque dans tous les domaines de l'industrie
manufacturière de la province de Québec". Dans cet esprit, nous
avons cru bon de maintenir le système actuel sous cet aspect.
Une autre question qui a été soulevée par le
porte-parole de l'Opposition était que nous restreignions assez
considérablement les cas où un immeuble peut être
acheté. La loi
actuelle permet aux municipalités d'acheter seulement des
terrains, elle ne permet pas d'acheter des terrains sur lesquels il y a des
immeubles. Nous envisageons une possibilité, nous disons qu'elles
peuvent acheter un terrain sur lequel il y a un immeuble lorsqu'elles peuvent
l'aliéner immédiatement. C'est obligatoire; en fait, elles n'ont
pas le choix, jusqu'à un certain point, afin de rationaliser
l'utilisation des terrains à des fins industrielles.
L'Opposition a trouvé cette mesure un peu restrictive. Ce qu'il
faut voir, c'est une certaine évolution. En 1961, lorsque la
première loi sur les fonds industriels a été
adoptée, il était possible aux municipalités d'acheter des
bâtiments à des fins industrielles. Possiblement qu'après
des abus ou des craintes d'abus, après la mise en place de
sociétés de financement de crédit industriel, on a
jugé bon d'enlever ce pouvoir aux municipalités. Aujourd'hui, on
le redonne aux municipalités, mais seulement en partie, dans la mesure
où on le leur avait donné dans le passé, avant 1967.
En pratique, en tout cas, on a constaté que les
municipalités ont subi des pertes lors de l'acquisition d'immeubles
à des fins industrielles et c'est en partie pour cela qu'on a
limité leurs pouvoirs aux terrains.
Ce que propose le projet de loi, en somme, c'est de protéger les
municipalités contre les pertes possibles tout en assouplissant la
rigidité de la loi antérieure. C'est un juste milieu que nous
avons recherché et qui correspond aux demandes ou représentations
qui nous ont été faites par le milieu municipal et par le
ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Un troisième sujet a été abordé par le
porte-parole de l'Opposition, le député de Laprairie, concernant
le prix de revient d'un immeuble. On indique que le ministre pourra
établir un règlement énonçant des critères
concernant le prix de revient d'un immeuble afin que si l'immeuble est vendu
au-delà du prix de revient, il ne soit pas nécessaire d'obtenir
l'autorisation du ministère des Affaires municipales et que s'il est
vendu sous le prix de revient, il doive obtenir la ratification du
ministère des Affaires municipales.
Il est vrai que le règlement est très souple. Il y aura un
règlement général, mais il est vrai que le
règlement pourrait être modifié pour ne couvrir même
qu'un cas. C'est simplement dans un but de souplesse parce que dans ce domaine,
on sait qu'en très grande partie il est question de terrains vacants
achetés par les municipalités. Mais il pourrait survenir des
situations requérant une souplesse réglementaire; comme ces
gestes sont publics au niveau de la municipalité, on
préfère un règlement général qui pourra
être modifié avec souplesse afin de couvrir des cas particuliers,
puisque ce ne sont pas des cas fréquents.
Quant aux termes utilisés dans la loi, je comprends que
l'Opposition ait trouvé cela complexe; moi aussi. On a retardé le
dépôt du projet de loi de trois semaines justement pour nous
permettre de nous harmoniser avec le ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme sur la question de l'industriel et du commercial. La
loi est très claire: une municipalité pourra consacrer des fonds
à l'achat des terrains à des fins industrielles. Au point de
départ, on avait pensé mentionner "industrielles et
commerciales", mais c'était beaucoup trop général. On sait
que doter un parc industriel d'infrastructures coûte très cher aux
municipalités, au gouvernement du Québec et aussi, puisqu'il y a
souvent eu des contributions fédérales, au gouvernement
fédéral dans ce secteur.
On sait cependant qu'en pratique, une fois qu'un terrain est
acheté, il arrive qu'il ne peut être utilisé à des
fins entièrement industrielles ou totalement industrielles; il doit
parfois servir à des fins commerciales mais, je dirais, par la bande,
simplement en complément au parc industriel ou en complément aux
fins industrielles.
Je sais que la rédaction de la loi peut paraître
compliquée à ce titre, mais nous avons voulu être
très clairs. Les deux principes qui nous ont guidés sont les
suivants: premièrement, c'est exclusivement à des fins
industrielles que doit servir l'acquisition des terrains. Au moment de
l'aliénation, de la vente ou de la location de ces terrains, il peut
survenir des circonstances où, subsidiairement, ces terrains peuvent
être utilisés à des fins commerciales. C'est ce qui nous a
guidés dans notre orientation générale et nous avons
trouvé, aux Affaires municipales, que la prudence conseillée par
les autorités du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, par mon collègue, le député de
Lotbinière, ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, avait
une valeur certaine et qu'en cette matière, la vie commerciale est
complètement différente de la vie industrielle et il ne faut pas
faire en sorte que des fonds publics investis dans les parcs industriels
puissent servir de façon très claire et prioritairement à
des fins commerciales alors que, évidemment, le commerce c'est
l'entreprise privée et il n'est pas subventionné au niveau de ces
infrastructures. Ce sont évidemment les infrastructures industrielles
qui doivent être... (11 h 20)
On m'avait demandé de prendre tout mon temps, je ne pensais pas
que j'avais si peu de temps, mais s'il y a consentement, je voudrais utiliser
quand même trois ou quatre minutes pour parler d'un sujet important, la
commission municipale. J'avais l'intention d'être très bref, mais
on m'a demandé de
prolonger. Je voulais garder le sujet le plus important pour la fin. Y
a-t-il consentement?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il
consentement?
Des voix: Consentement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): II y a consentement, M.
le minitre.
M. Marcoux: Le dernier point sur lequel je voulais insister - et
j'essaierai de le faire le plus brièvement possible - c'est la question
de la disparition des approbations de la commission municipale. Le
député de Laprairie, qui est quelqu'un de bien informé,
sait qu'actuellement il y a un projet au ministère qui vise à
simplifier les approbations administratives du ministère et de la
commission municipale. Encore là, parce qu'on ne peut pas se plaindre
constamment qu'il y a trop d'approbations à obtenir, trop de
bureaucratie et en même temps ne jamais vouloir prendre les moyens pour
que cela diminue, j'ai déposé à la table
Québec-municipalités un projet visant à diminuer les
approbations administratives du ministère, à confier aux citoyens
des municipalités le contrôle démocratique et la
facilité de ce contrôle démocratique qu'ils doivent
exercer. Dans ce projet de loi, il est proposé que l'approbation des
règlements d'emprunt des municipalités soit faite par le
ministère. Je peux rassurer le député de Laprairie qu'au
niveau juridique, puisqu'il a soulevé des interrogations à ce
titre, le projet de loi a été rédigé de telle
façon -même si la loi générale indique tout
règlement d'emprunt doit être approuvé à la fois par
le ministère et la commission municipale - qu'il est clair que
l'approbation du ministère sera suffisante.
Quant à tout le débat que nous pourrons avoir en
commission parlementaire, comme le député de Laprairie l'a
souhaité, je pourrais indiquer immédiatement qu'il y a plusieurs
motifs qui nous ont orientés dans ce sens. C'est d'abord une
volonté de simplifier et de diminuer le nombre d'approbations
administratives. D'autant plus qu'en pratique ce sont les fonctionnaires du
ministère qui préparent les dossiers pour dire si
légalement le règlement d'emprunt est correctement
rédigé. C'est le ministère également qui fait
l'analyse financière du règlement d'emprunt et de la situation de
la municipalité et qui donne l'avis. C'est la même analyse qui est
donnée à la commission municipale, qui fait simplement ratifier,
comme le ministre le fait de son côté. Ce qu'il faut bien voir,
c'est que la commission municipale n'a pas d'équipe, n'a pas de
personnel pour faire ce travail et ne le fait pas en double et ne souhaite pas
le faire en double non plus. C'est simplement une étape
supplémentaire qui est ajoutée et qui, croyons-nous doit
disparaître.
Je peux également rassurer le député de Laprairie
indiquant qu'il y a absolue sécurité au niveau du financement
puisque ce sont... Ce que le milieu financier exige, c'est que les obligations
émises en vertu d'un règlement approuvé, c'est 'que ces
obligations aient la validité gouvernementale ou qu'elles aient
l'approbation gouvernementale. Ce qui importe au marché financier, c'est
que le processus de financement reçoive une validation gouvernementale.
En somme, l'identité de celui qui la donne est secondaire. À
partir du moment ou, de toute façon, c'est déjà le
ministre des Affaires municipales qui valide les obligations lorsqu'elles sont
émises, concernant les consultations que nous avons faites au plan des
marchés financiers, font qu'il n'y a aucune insécurité de
ce côté.
Je dois indiquer que c'est dans cette perspective - j'ai
résumé l'argumentation -que j'ai proposé que l'approbation
de la commission municipale ne soit plus nécessaire pour l'approbation
des règlements d'emprunt donnant lieu à l'acquisition d'immeubles
industriels par les municipalités. Je suis bien conscient qu'au moment
de la commission parlementaire, nous reviendrons de façon plus
détaillée sur ce sujet dont je reconnais la très grande
importance.
En terminant, je dois dire que l'adoption de cette loi par
l'Assemblée nationale constituera un autre moyen facilitant la
tâche des municipalités dans leur implication dans
l'industrialisation de leurs municipalités et, indirectement, dans le
développement économique du Québec. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 61, Loi sur les immeubles industriels municipaux est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Blouin: M. le Président, je propose donc maintenant que
nous déférions ce projet de loi à la commission de
l'aménagement et des équipements pour que cette commission
procède à son étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
discuter du centre hospitalier de Kahnawake. À cet égard, je vous
demande d'appeler, s'il vous plaît, l'article 16) de notre
feuilleton.
Projet de loi 78 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Projet de loi 78, Loi
approuvant l'entente concernant la construction et l'exploitation d'un centre
hospitalier sur le territoire de Kahnawake. M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Camille Laurin
M. Laurin: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a
pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude
à cette Assemblée.
Il me fait plaisir et c'est un grand honneur de présenter
à l'Assemblée nationale ce projet de loi qui ratifie l'entente
intervenue entre le gouvernement du Québec et le Conseil des Mohawks de
Kahnawake, entente relative à la construction et au fonctionnement d'un
nouveau centre hospitalier à Kahnawake et entente dont certains articles
constituent une dérogation à la Loi sur la santé et les
services sociaux.
Il ne m'apparaît pas nécessaire, pour les fins de cette
présentation du projet de loi approuvant l'entente sur la construction
et l'exploitation d'un centre hospitalier dans le territoire de Kahnawake, de
remonter à la découverte du Canada par les Européens. Il
s'agit surtout de saisir le sens de la démarche innovatrice poursuivie
par l'État du Québec dans ses relations avec les autochtones.
Nous ne rappellerons donc que les moments significatifs de la période
1960-1984.
Le 8 avril 1963 constitue la première date à retenir
lorsqu'il s'agit de mieux comprendre comment le gouvernement du Québec a
repris officiellement contact avec les autochtones qui habitent son territoire.
C'est à ce moment que le ministre des Richesses naturelles d'alors, M.
René Lévesque, crée au sein du ministère la
Direction générale du Nouveau-Québec. Cette direction
était donc créée pour prendre en charge l'administration
d'un vaste territoire rattaché au Québec depuis 1912. Il
s'agissait alors de permettre la mise en valeur des richesses naturelles de
cette région et de dispenser à la population, presque
exclusivement inuite, les services minimaux offerts par l'État du
Québec à tous ses citoyens.
Dès 1964, d'ailleurs, un accord de principe entre les
gouvernements fédéral et provincial prévoyait le transfert
sous juridiction québécoise des services rendus par le
gouvernement fédéral à la population inuite. Il aura fallu
attendre 17 ans, soit jusqu'en février 1981, pour que ce transfert
devienne réalité. En attendant le transfert du gouvernement
fédéral, le gouvernement du Québec concentrera ses
premiers efforts dans le domaine scolaire et il affirmera dès 1963 sa
volonté de respecter la langue et la culture inuites.
Le 3 juillet 1968, le ministre des Richesses naturelles, M. René
Lévesque, verra le mandat de son ministère élargi à
l'ensemble des Amérindiens du Québec et une Direction des
affaires indiennes et esquimaudes est créée. (11 h 30)
Le début des années soixante-dix marque une seconde
étape dans le rétablissement des relations avec les autochtones
et la prise de conscience par la société québécoise
du problème indien. Le livre blanc du gouvernement fédéral
sur la politique indienne, en 1969, sert, par ailleurs, de déclencheur
à cette seconde étape. Le Québec mettait alors sur pied la
Commission de négociation des affaires indiennes qui se voyait
chargée de travailler en étroite collaboration avec le
ministère des Affaires intergouvernementales et les autres
ministères concernés dans les négociations avec les
Indiens du Québec et le gouvernement fédéral en ce qui a
trait aux responsabilités que le Québec peut avoir envers les
Indiens du Québec.
À peine le temps de tenir quelques réunions, arrive
l'affaire de la Baie-James, laquelle met fin prématurément aux
travaux de la commission. Le 11 novembre 1974, à la suite du
succès obtenu devant les tribunaux par les Indiens cris et les Inuits,
le gouvernement du Québec s'engage à négocier avec eux une
entente globale dont les grands paramètres font l'objet d'une entente de
principe. Le 11 novembre 1975, le gouvernement signait la Convention de la Baie
James et du Nord québécois qu'il complétait par la suite
le 31 janvier 1978 en signant la Convention du Nord-Est québécois
avec les Naskapis. Le gouvernement d'alors n'a plus le choix. Il se doit de
reconnaître les autochtones de ce territoire et de leur accorder des
droits spécifiques.
C'est ainsi que tout le domaine de l'éducation, de la
santé, des services sociaux, de la justice et de la police basculera
définitivement dans le champ de compétence du Québec. Les
ministères québécois, quant à eux, doivent
s'organiser pour faire face a la réalité autochtone. Pour les
aider à le faire et coordonner la mise en application de la convention,
le gouvernement crée, en 1976, le Bureau de coordination de l'entente.
A
cette époque, la politique du gouvernement du Québec
à l'égard des autochtones était exclusivement contenue
dans deux contrats et ne visait que les Cris, les Inuits, les Naskapis.
Comprenant la nécessité de se doter d'une politique plus globale
à l'égard des autochtones, le gouvernement crée, le 18
janvier 1978, le Secrétariat des activités gouvernementales en
milieu amérindien et inuit, le SAGMAI, et il abolit du même coup
la Direction générale du Nouveau-Québec, ainsi que le
Bureau de coordination de l'entente dont il confie le mandat au nouveau
secrétariat.
Cet organisme, relevant directement du premier ministre, a pour mandat,
premièrement, d'assurer la coordination et la cohérence des
interventions gouvernementales et paragouvernementales en milieu autochtone;
deuxièmement, de préparer, en concertation avec les
intéressés, la politique d'ensemble de l'État
québécois devant s'appliquer en milieu amérindien et
inuit; enfin, troisièmement, de fournir au milieu autochtone une
information générale pertinente. Avec la création du
SAGMAI, le gouvernement demande aux principaux ministères
québécois de se doter de structures internes adéquates
pour participer à la préparation des politiques, administrer les
différents programmes s'adressant aux autochtones et être en
mesure de transiger avec eux.
Au ministère des Affaires sociales, nous avons alors nommé
un coordonnateur des activités ministérielles en milieu
autochtone et créé le service des communautés autochtones
qui regroupe neuf fonctionnaires qui travaillent avec les différents
organismes et établissements du Nouveau-Québec et des
communautés autochtones du Québec. Les structures en place et la
volonté politique clairement affirmée, la période
1978-1984 permettra donc la préparation de politiques sectorielles
à l'égard des autochtones, encadrées par de grands
principes édictés par le gouvernement ou le ministre responsable
du SAGMAI.
Trois événements principaux constituent cependant,
à mon avis, la base de toutes les politiques gouvernementales. Il s'agit
du livre blanc sur le développement culturel, du discours du premier
ministre devant les membres des centres d'amitié autochtone et, enfin,
de la Convention de la Baie James et du Nord québécois, de
même que celle du Nord-Est québécois.
La politique québécoise du développement culturel
que j'avais l'honneur de présenter officiellement en 1978 a donné
le coup d'envoi de la nouvelle approche du Québec à
l'égard des autochtones. À ce moment, j'affirmais qu'en plus des
qualités esthétiques certaines ces cultures recèlent des
valeurs grâce auxquelles leurs usagers ont exploité le territoire
québécois depuis des milliers d'années dans le respect de
l'environnement et des diverses formes de vie, c'est-à-dire de tout ce
que nos propres modes d'exploitation sont en train de mettre
sérieusement en péril.
À ce même moment, des principes lourds de
conséquences étaient posés. Le gouvernement du
Québec se formulait une mise en garde pour lui-même en rejetant
toute tentative de définir l'avenir des autochtones à leur place,
sans toutefois les abandonner à leurs seules ressources sous
prétexte que l'on respectait leur autonomie.
Pour concilier ces principes et permettre la prise en charge par les
autochtones de leur culture et la responsabilité d'inventer les
institutions, les stratégies qui conviennent le mieux à leur
propre développement, le gouvernement s'emploie d'abord à
susciter un retour aux sources et à aider même
financièrement cette faculté d'invention. Dans cette politique,
j'ai voulu signifier que le gouvernement reconnaissait clairement les
descendants des premiers habitants de ce pays qui ont conservé, au cours
des siècles, leur identité culturelle et sociale.
Le 16 juin 1978, le premier ministre du Québec, M. René
Lévesque, s'adressait aux membres des centres d'amitié autochtone
du Canada réunis en congrès à Montréal. Il
déclarait que les politiques gouvernementales devaient se fonder sur un
certain nombre de principes; premièrement, une reconnaissance de droits
particuliers aux autochtones; deuxièmement, un droit des autochtones de
bénéficier des services offerts par le Québec à la
population en général; troisièmement, une normalisation
des relations entre les autochtones et la société
québécoise.
Signée en 1975, la Convention de la Baie James et du Nord
québécois respecte, jusqu'à un certain point, les
différents principes énoncés en 1978. Comme nous venons de
le voir, la politique du Québec à l'égard des autochtones
a largement évolué au cours de la dernière
décennie. De citoyens fédéraux les autochtones ont, peu
à peu, progressé dans l'univers politique québécois
à coups de commissions, de manifestations et de négociations pour
en arriver à un statut de citoyens québécois
particuliers.
Pour renforcer sa volonté de voir les autochtones
bénéficier de l'autonomie dont ils ont besoin pour se
développer, le 9 février 1983, le gouvernement du Québec
formulait et adoptait quinze principes fondés sur la reconnaissance de
l'existence de nations autochtones au Québec et sur la
nécessité d'établir des relations harmonieuses avec
elles.
C'est dans la foulée de ce cadre historique de nos relations avec
les autochtones du Québec et, plus particulièrement, en
considérant deux des quinze
principes adoptés par le gouvernement du Québec, soit les
numéros 1 et 7 qui stipulent, premièrement, que les peuples
aborigènes du Québec sont des nations distinctes qui ont droit
à leur culture, à leur langue, à leurs coutumes et
traditions, ainsi que le droit d'orienter elles-mêmes le
développement de cette identité propre et, deuxièmement
à l'article 7, que les nations autochtones ont le droit d'avoir et de
contrôler les institutions qui correspondent à leurs besoins dans
les domaines de la culture, de l'éducation, de la langue, de la
santé, des services sociaux et du développement
économique, que nous avons entrepris la négociation avec la
communauté mohawk de Kahnawake concernant la construction d'un nouvel
hôpital sur le territoire.
Les résultats des discussions ont permis la signature d'une
entente entre les Mohawks et le gouvernement du Québec, le 24 avril
1984. En signant cette entente, le gouvernement s'est engagé,
premièrement, à fournir les fonds nécessaires aux Mohawks
de Kahnawake pour la construction du nouveau centre hospitalier qui remplacera
la bâtisse actuelle qui est désuète et qui menace la
sécurité des usagers; deuxièmement, à assurer le
budget annuel requis pour le fonctionnement de l'établissement selon les
normes et barèmes convenus chaque année entre les parties; enfin,
troisièmement, à fournir l'assistance technique et le support
administratif nécessaires aux Mohawks pour assurer le bon fonctionnement
du centre hospitalier. (11 h 40)
La signature de cette entente marque un fait historique et unique au
Canada dans le cadre des relations avec les autochtones en reconnaissant la
nation mohawk de Kahnawake comme entité politique, capable de
décider de la façon de répondre à ses besoins en
matière de santé et de services sociaux et d'orienter
elle-même le développement de son identité propre. Cette
même reconnaissance s'applique aussi à la reconnaissance de leur
droit d'avoir et de contrôler des institutions qui correspondent à
leurs besoins.
Le projet de loi a pour effet d'approuver l'entente intervenue et
signée le 24 avril 1984 par la communauté mohawk de Kahnawake et
le gouvernement du Québec au sujet de la construction et de
l'exploitation d'un centre hospitalier dans le territoire de Kahnawake.
Ce projet de loi autorise le gouvernement du Québec à
fournir aux Mohawks de Kahnawake les fonds nécessaires pour construire
un hôpital et ceux requis pour le fonctionnement de cet
établissement.
Ce projet de loi vise à confier au ministre des Affaires sociales
les fonctions et pouvoirs attribués au Conseil régional de la
santé et des services sociaux de la région de la
Montérégie, en vertu de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux.
En terminant, il me fait plaisir de rappeler, M. le Président,
que cette entente et ce projet de loi constituent un fait historique qui
s'inscrit dans le cadre des orientations du gouvernement
québécois face aux relations qu'il entend poursuivre avec les
autochtones de façon dynamique et respectueuse de leurs droits et
coutumes. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: Merci M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir sur le projet de loi 78, Loi approuvant l'entente concernant la
construction et l'exploitation d'un centre hospitalier sur le territoire de
Kahnawake. En vertu de cette loi, le gouvernement du Québec va
être autorisé à fournir aux Mohawks de Kahnawake les fonds
nécessaires à la construction sur leur territoire du centre
hospitalier visé dans une entente intervenue entre les Mohawks et le
gouvernement du Québec. De plus, le gouvernement sera autorisé
à assurer le paiement du budget annuel des dépenses requises pour
le fonctionnement du centre hospitalier, selon les normes et les barèmes
convenus chaque année entre les parties à l'entente.
Dans un premier temps, j'aimerais féliciter le ministre et le
gouvernement d'en être venus à une entente pour la construction
d'un centre hospitalier chez les Mohawks. Mais, est-ce que, à ce stade
du projet de loi, on ne devrait pas pousser notre réflexion un petit peu
plus loin et demander au nouveau ministre des Affaires sociales si tous les
budgets pour la construction d'un tel hôpital ont été mis
à la disposition du ministère et le seront par la suite à
la disposition des Mohawks pour construire l'hôpital?
La deuxième question qui s'adresse au ministre est de savoir si
le ministre, ou le premier ministre, qui est intervenu à l'entente a
assuré les Mohawks qu'ils pourraient jouir, chaque année, des
sommes suffisantes pour assurer un fonctionnement adéquat de cet
hôpital.
Cette question je me la pose et je la pose aussi au ministre, dans un
contexte où depuis la première élection de ce gouvernement
d'en face, les hôpitaux au Québec, c'est-à-dire l'ensemble
des hôpitaux ont eu à subir des compressions budgétaires de
l'ordre de quelque 420 000 000 $ par année. Cette question, M. le
Président, je l'adresse au ministre et aux membres du gouvernement dans
un contexte où les hôpitaux du Québec fonctionnent avec un
personnel réduit au strict minimum et avec des ressources
physiques réduites au strict minimum.
Pour éviter que le ministre traite d'alarmistes les gens qui
soulèvent de telles questions, j'aimerais lui lire un extrait du
mémoire de l'Association des hôpitaux du Québec.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi, j'ai beaucoup de difficulté
à suivre votre intervention en vertu de l'article 232, qui se lit comme
suit: "Le débat porte exclusivement sur l'opportunité du projet
de loi, sur sa valeur intrinsèque ou sur tout autre moyen d'atteindre
les mêmes fins." Je comprends très bien les allusions que vous y
avez faites, mais de là, à faire lecture d'un document qui
provient d'un autre contexte que le projet de loi lui-même. Je vous
souligne à nouveau l'article 232.
M. Paradis: M. le Président, prenant bonne note de vos
propos, je ne citerai pas le document. Je vais plutôt vous demander de
vérifier le quorum.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous allons
vérifier le quorum. Effectivement, nous n'avons pas le quorum
nécessaire. Il y a longtemps que j'ai pris connaissance qu'il n'y avait
pas quorum, mais je croyais qu'il y avait eu une certaine entente. Personne ne
me l'avait mentionné, effectivement il n'y a pas quorum. Vous le
demandez et vous y avez droit.
Que l'on appelle les députés.
Comme nous avons quelques difficultés, nous allons suspendre pour
quelques minutes, si vous le permettez.
(Suspension de la séance à 11 h 47)
(Reprise de la séance à 11 h 51)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! Oui, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je sais gré au
député d'avoir demandé le quorum. Je lui suggère,
d'abord, de faire appel à ses propres députés qui sont
absents depuis le début de l'avant-midi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): J'ai constaté le
quorum, comme il a été demandé. Actuellement, nous avons
ce quorum. Puisque le quorum y est, je n'ai à regarder ni d'un
côté ni de l'autre. Il s'agit qu'il y ait le nombre
nécessaire. Donc, effectivement M. le député de
Brome-Missisquoi vous avez le droit de parole.
M. Paradis: Vous avez parfaitement raison, M. le
Président. Il faudrait peut-être souligner au nouveau leader
adjoint du parti ministériel que c'est le parti ministériel qui a
le fardeau d'assumer le quorum.
M. Blouin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le leader adjoint, j'ai compris la question. J'ai dit
comme président que j'avais regardé si nous avions maintenant le
quorum sans faire aucune allusion d'un côté ou de l'autre de
l'Assemblée. J'ai tout simplement décidé que nous avions
quorum et sans autre intervention je vous ai avisé que nous avions ce
quorum. Je vous redonne la parole, comme vous y avez droit.
M. Paradis: Merci, M. le Président. J'en étais
donc, dans le cadre de ce projet de loi 78 qui approuve l'entente concernant la
construction et l'exploitation d'un centre hopsitalier sur le territoire de
Kahnawake, à demander au ministre des Affaires sociales s'il
s'était assuré qu'il disposait de crédits suffisants pour
la construction de l'hôpital. J'en étais à la
deuxième question, M. le Président, où je demandais au
ministre des Affaires sociales s'il avait eu des garanties de la part de son
gouvernement que les budgets nécessaires à assurer un
fonctionnement adéquat de cet hôpital seraient mis à la
disposition, sur une base annuelle, des Mohawks avec qui le gouvernement du
Québec a signé une entente.
M. le Président, cette deuxième question m'est
inspirée par la situation désastreuse et dramatique que vit
l'ensemble des centres hospitaliers dans toute la province de Québec.
Après avoir subi, depuis la venue au pouvoir de ce gouvernement, des
coupures de quelque 420 000 000 $ par année, l'ensemble des centres
hospitaliers ne peut plus subir de coupures. D'ailleurs, ce n'est pas le
député de Brome-Missisquoi, M. le Président, qui le dit,
mais l'ex-ministre des Affaires sociales, le député d'Anjou, qui
disait au mois d'octobre dernier, alors qu'il occupait la position qu'occupe
présentement le ministre des Affaires sociales, ce qui suit:
"L'imposition de nouvelles contraintes budgétaires
généralisées ne saurait être envisagée sans
compromettre la qualité du système de santé au
Québec."
M. le Président, malgré ces paroles de l'ex-ministre des
Affaires sociales et député d'Anjou, l'actuel ministre des
Affaires sociales a quand même, cette année, imposé des
compressions budgétaires de l'ordre de quelque 60 000 000 $ aux
hôpitaux. Est-ce que dans ce contexte le ministre des Affaires sociales
peut assurer cette Chambre qu'à la suite de l'entente que le
gouvernement a signée avec les Mohawks, ces gens vont pouvoir compter
sur des crédits
suffisants pour assurer les services essentiels dans un tel centre
hospitalier? Est-ce qu'à l'hôpital qu'on va construire, ou que les
Mohawks vont construire, on va retrouver ce qu'on retrouve dans la plupart des
autres hôpitaux du Québec: des salles d'urgence engorgées
et encombrées. Est-ce qu'on va retrouver des malades alités dans
les corridors, dans les unités transitoires - pour utiliser le
vocabulaire beaucoup plus savant de l'actuel ministre des Affaires sociales?
Est-ce qu'on va retrouver dans cet hôpital suffisamment de personnel et
de médecins pour traiter ces gens? Est-ce qu'on va retrouver sur le plan
des équipements, des équipements qui correspondent aux normes
modernes dans le domaine de la santé?
M. le Président, la construction de l'hôpital qu'on
s'apprête à amorcer n'aura de sens véritable que si
vraiment les services de santé à la population sont
assurés. Qu'on regarde cette annonce gouvernementale dans un contexte de
coupures et de compressions budgétaires dans le domaine de la
santé, on est inquiet. On s'inquiète des gens qui sont dans les
centres hospitaliers qui sont déjà construits et qui sont
censés jouir de budgets du ministère des Affaires sociales. On
s'inquiète davantage pour un nouvel hôpital auquel on n'a pas
encore accordé de façon spécifique, suivant les
renseignements que l'on a, des budgets de fonctionnement.
Bien sûr que si le ministre nous assure qu'il a reçu, de la
part du Conseil du trésor et du gouvernement en place, toutes les sommes
d'argent requises, les budgets d'opération à être
versés aux Mohawks pour la construction de l'hôpital, les
engagements à mettre à la disposition des Mohawks, des budgets
qui feront que ces gens n'auront pas à vivre les problèmes qui
sont vécus dans l'ensemble des autres centres hospitaliers du
Québec, nous féliciterons le ministre. Nous féliciterons
le gouvernement, mais certainement pas avant d'avoir obtenu des réponses
claires et précises à ces questions.
On insiste sur ce point parce qu'on ne voudrait pas qu'à la suite
des conférences de presse qui ont signalé la signature de
l'entente avec les Mohawks, qu'à la suite de l'annonce par le premier
ministre lui-même d'un tel projet, les Mohawks se voient trompés
ou trahis par le gouvernement et qu'ils reviennent nous dire, dans quelques
années, qu'ils ont eu une entente, qu'on a construit un hôpital
mais qu'on n'a pas mis à leur disposition les budgets de fonctionnement
suffisants et qu'ils nous disent à ce moment-là: Homme blanc
péquiste a encore parlé avec langue fourchue. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole ce matin à l'Assemblée nationale. Je vous dis
immédiatement que je n'exigerai pas le quorum s'il venait à
manquer. Je ne me prends pas pour un autre, je sais très bien que le
Conseil des ministres siège ce matin, qu'il y a une commission
parlementaire et nous savons que d'une façon générale, le
mercredi matin, il y a toujours tolérance à l'égard du
quorum à cause de ce que je viens de dire.
Il me fait donc plaisir de prendre la parole sur le projet de loi 78
dont le titre, Loi approuvant l'entente concernant la construction et
l'exploitation d'un centre hospitalier sur le territoire de Kahnawake,
révèle les fins qu'il vise.
L'accord d'un centre hospitalier par un gouvernement à une
communauté est toujours, en soi, un événement
d'importance, peu importe la dimension de la communauté ou la dimension
de l'équipement de santé concerné. En l'occurrence, il
s'agit d'un centre hospitalier de 43 lits d'une valeur d'environ 4 300 000 $
voué à remplacer un hôpital déjà existant et
qui se révèle complètement inadéquat pour les
résidents de la réserve amérindienne de Kahnawake qui se
situe en plein coeur de la circonscription électorale que je
représente fièrement à l'Assemblée nationale,
à savoir Châteauguay.
Une action s'imposait et je suis fier de l'action du présent
gouvernement du Québec sur cette question, comme sur bien d'autres
d'ailleurs, M. le Président, vous vous en doutez bien. Il y a quelques
semaines, en compagnie du ministre déléqué aux Relations
avec les citoyens, c'était avant la nomination de M. Laurin comme
ministre des Affaires sociales, j'ai visité l'actuel centre hospitalier
de Kahnawake qui date de 1905 et qui, de l'avis de tous, doit être
remplacé. Je voudrais témoigner de ce que nos amis de Kahnawake
disposent d'un équipement hospitalier qu'il aurait été
honteux qu'on ne cherche pas à améliorer en profondeur. Cet
hôpital est "in a poor condition", pour employer les mots du chef de la
réserve, M. Jos Norton lui-même. (12 heures)
Dire que la bâtisse actuelle est non sécuritaire ne serait
pas trop fort, d'autant plus que la plupart des patients de l'hôpital
sont des malades chroniques d'âge avancé. Si M. le
député de Brome-Missisquoi avait su qu'il s'agit d'un
hôpital pour malades chroniques et qu'il s'agira d'un hôpital pour
malades chroniques, il n'aurait pas posé autant de questions sur les
équipements. De toute évidence, M. le Président, M. le
député n'a pas fouillé beaucoup la question. Il a surtout
cherché, ce matin, à nous souffler encore un ballon, comme c'est
devenu
l'habitude de l'autre côté.
Le 24 avril dernier, lors d'une visite que le premier ministre du
Québec a faite dans la réserve, une entente a été
conclue entre le gouvernement du Québec et le Conseil de bande de
Kahnawake, qu'évoque le titre du projet de loi 78, entente dont
l'Assemblée nationale est invitée aujourd'hui à ratifier
le contenu et les principes. À partir du moment où le principe a
été acquis, que ce centre hospitalier devait être
reconstruit, s'est posée la question de la responsabilité de la
construction et de l'exploitation de cet équipement de santé.
Quiconque ayant eu l'occasion de rencontrer le Conseil de bande de Kahnawake
à trois reprises, comme ce fut mon cas, en plus d'avoir eu l'avantage
d'entendre les Mohawks sur leur revendication de droits, comme l'occasion m'en
fut donnée au salon rouge il y a quelques mois, lors de la commission
parlementaire portant sur les droits des Amérindiens, quiconque, dis-je,
ne pourrait avoir de doute sur le type d'arrangement qui devait accompagner
l'attribution d'un centre hospitalier à la réserve
amérindienne de Kahnawake, à savoir les droits sur lesquels
allait se fonder cet arrangement. De toute évidence, M. le
Président, cela allait devoir se faire sous le signe d'une
reconnaissance d'autonomie institutionnelle relevant du droit à
l'autodétermination avec une nette conscience que tout statut
particulier doit tenir compte, selon les mots du premier ministre, de la
réalité concrète, de la réalité
géopolitique. Le premier ministre ajoutait: "Et les gouvernements
aborigènes, pour assurer l'autonomie à laquelle ils ont droit,
devront conclure des ententes avec la société qui les entoure de
façon à définir les responsabilités mutuelles et
les obligations de chacun."
L'éclairage que j'avais des orientations nationales des Mohawks
de Kahnawake me faisait croire aussi que l'entente devait se conclure dans un
climat de respect mutuel, seule façon de se traiter entre peuples, entre
peuples qui se respectent d'abord eux-mêmes. L'harmonie recherchée
entre la population blanche - si on me passe l'expression - du sud-ouest et les
résidents de la réserve de Kahnawake n'aurait pas pu s'accommoder
de moins que cela.
Si je devais formuler un voeu à l'occasion de ce discours sur le
projet de loi 78 qui a pour objet d'approuver et de mettre en vigueur l'entente
intervenue le 24 avril à Kahnawake, ce serait probablement pour
souhaiter que cette entente entre l'État québécois et les
représentants des Mohawks soit un signe avant-coureur
d'éventuelles autres ententes fructueuses sur d'autres objets qui
s'imposent déjà comme devant mener à une
négociation avec les représentants de la nation mohawk.
Dans ce sens, M. le Président, j'ai à l'esprit la demande
que j'ai déposée il y a quelques semaines au ministre des
Transports afin que des échanges aient lieu bientôt entre son
ministère et le Conseil de bande concernant un projet de voie
préférentielle pour autobus à l'approche sud du pont
Mercier, projet qui se situerait en plein coeur de la réserve, une
demande concernant également le projet d'autoroute 30 qui n'a pu,
jusqu'à maintenant, se concrétiser en toute rationalité,
parce qu'il n'a pas fait l'objet d'une autorisation des Mohawks quant au
passage d'un tronçon dans la réserve en direction du pont
Mercier, c'est-à-dire vers Montréal, où se trouverait la
rationalité. J'ai la conviction que les propos du premier ministre
cités plus haut, qui ont été tenus le 24 avril dernier,
laissent espérer des arrangements sur ces questions. D'ailleurs, je sais
que, déjà, le ministre des Transports a fait preuve de
réceptivité à l'endroit de ces questions.
Dans ma circonscription électorale, on ne peut évoquer le
projet de construction d'un centre hospitalier dans la réserve de
Kahnawake sans se rappeler tous les efforts qui ont été faits
dans une bonne partie du territoire du sud-ouest pour essayer d'obtenir du
gouvernement du Québec un hôpital pour les 110 000
éventuels usagers, au moins, dans le territoire.
Après avoir fourni à plusieurs reprises des signes de
volonté politique de doter l'agglomération de Châteauguay
d'un centre hospitalier à caractère général, il y a
quelques mois, le Conseil du trésor adoptait le décret de
conception qui a permis de mettre au travail les professionnels choisis
à la suite d'un concours, de façon que soient
préparées les données qui vont permettre bientôt au
Conseil du trésor d'adopter le décret de construction.
Je sais que le projet de construction d'un centre hospitalier dans la
réserve de Kahnawake n'a aucune incidence sur le dossier du centre
hospitalier de Châteauguay. Cependant, chez nous, il se trouve toujours
quelqu'un pour essayer d'inquiéter du monde avec cette question. C'est
pour cela que je la soulève aujourd'hui. Je demande au ministre des
Affaires sociales, pour l'information des citoyens du comté de
Châteauguay, de confirmer bientôt, à l'instar de son
prédécesseur, que le projet de centre hospitalier pour Kahnawake,
pour lequel il y a eu lieu de se réjouir pour la nation mohawk, n'a et
n'aura aucune incidence négative sur le déroulement normal du
dossier du centre hospitalier pour l'agglomération de Châteauguay,
hôpital dont le nom définitif sera connu le 7 juin prochain
à la suite d'un concours qui vient de s'achever. Les résultats
seront connus à ce moment, le 7 juin prochain.
Quant au fond du projet de loi lui-même, je voudrais, en
terminant, réitérer qu'il se fonde sur le respect de la
spécificité
de la nation mohawk. Il est clair, quant à moi, que cela n'aurait
pas pu se passer autrement si on voulait que le peuple québécois
reste en mesure de se respecter lui-même en regard de ses propres
revendications nationales. Parce que la construction de ce centre hospitalier
modeste, mais nécessaire à Kahnawake répondra à des
besoins réels dans la réserve, j'invite mes collègues de
l'Assemblée nationale à appuyer les principes de ce court, mais
important projet de loi 78 pour le maintien d'une relation maintenant devenue
harmonieuse entre les deux communautés québécoise et
amérindienne dans le sud-ouest. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci. Je ne serais pas intervenu sur le projet de loi
78 si je n'avais pas récemment vécu une expérience dans le
domaine hospitalier dont, je pense, le ministre pourrait tirer avantage en
connaissant les faits. Ce projet de loi approuve l'entente pour la construction
et l'exploitation d'un centre hospitalier sur le territoire de Kahnawake. Je
pense que je vais continuer en anglais parce que, si celui qui m'a
précédé a dit que les Mohawks de Kahnawake se trouvent
territorialement dans son comté, ce qui est vrai, je dois vous dire que
je connais personnellement de ces gens que j'ai toujours admirés
énormément. J'ai déjà travaillé avec les
Mohawks de Kahnawake dans le domaine de la protection des droits des
minorités et j'admire énormément leur opinion. Je sais
évidemment que, très souvent, l'anglais est la langue qu'ils
connaissent le mieux. That is the reason why I want to continue in English, for
the benefit of the Kahnawake Mohawks.
The agreement says that the Minister -the Minister of Social Affairs...
As we know, it is the new Minister because until recently, he was Minister of
Education of the Province of Québec. Here is one thing that he has, as
head of the Department of Social Affairs, that he also had when he was Minister
of Education, he is a very calm man. He does not get excited; he is calm and he
is deliberate. Yesterday, he answered questions about hospitals, saying that
things were going very well in the hospitals of the Province of Québec
and that the percentage of the Québec budget is higher than in any other
province in Canada. I listened to that. (12 h 10)
When I think about the experience that I had very recently and when I
see this "projet de loi 78", I say to the Mohawks: Be very careful, gentlemen,
because when you negotiate with the Minister and with the
Government, I am not saying the minister is in bad faith; I am not
saying that, I am saying: Please insist on getting what you think you are
getting. Because, the agreement states that they will get an hospital which
will be operated, it says in Bill 78, in accordance with the criteria and
schedules agreed upon each year by the parties. I understand that to mean that
it will be good health care; it will be a matter of priority for the
Government, as the minister said yesterday during the question period: for us,
health care is number one, is a priority. That is a choice, a political
choice.
Mr. Chairman, I say to the Mohawks: Be careful that you will not end up
with beds not being in the hospital but in the corridor. I saw it. I have got a
call last week that one of my children was taken to a big hospital in Montreal
for an emergency because of an accident, and I was in this hospital. As by
coincidence I became a concerned and worried father, and they gave me a tour of
this hospital. They said: You are an MNA, look for yourself. An unexpected
visit. I saw people lying in the corridor, in little rooms in the corridor,
being examined right in front of other people. It was like an extension of the
general entrance room. I saw myself, and I say to the Mohawks: Be very, very
careful. When one of your children goes to the hospital, your new hospital, and
is examined by the staff there, at least he should get a result of the tests,
perhaps in a little room where a doctor can communicate with the patient, have
a little privacy, a little human treatment and not, as they were obliged in the
case of my child... Because there was no space. There was no space at all to
even tell the patient: Here is what results of the tests show. It was told to
the patient in front of people waiting in the waiting-room. It was a large
waiting-room in which people were being brought in by ambulance. I saw them
there. There was a elderly gentleman in a raincoat on a bed right in the
waiting-room with other people sitting around, and this man was suffering like
the other patients were suffering.
I therefore say to the Kahnawake Mohawks: Please, the law states that
you will be treated in accordance with criteria as scheduled and agreed upon.
Make very sure that you get human treatment, that you get real good health
care, that you get things that you are entitled to as a decent, normal citizen.
Because, honestly, I cannot say that what I saw last week in the Jewish General
Hospital in Montreal, which is a big hospital, was certainly the kind of
medical care that I think the population deserved and is entitled to in
1984.
When the minister said yesterday that they spent so much money on the
budget on
health care in Québec, and now the Mohwaks will get their own
hospital, I say once again: Perhaps, they spent that much money; it could be. I
do not deny that the percentage may be higher, but perhaps they spend it in the
wrong way. Perhaps, the minister has no idea that the great administrative
machine costs a lot of money. 1 do not know. I am looking at the care in the
field, what the patient gets, the person that comes there, who suffers, who is
anxious and who has his first contact with an hospital, with a staff to treat
them.
I want to say an another thing, Mr. Chairman. I say to the Mohwaks: Make
sure you have a good and competent staff. I saw good and competent staff. I saw
people dedicated, who were working in the hospital more than the agreement asks
for. There was no problem there. There was an enormous interest in trying to
help the population, and I could see that the staff was worried, that the staff
was anxious, that the staff was suffering, because of those conditions, those
inhuman conditions imposed on the patient. They were suffering because of it,
and it is a calamity. I would say to the minister: Anytime, you are on a visit,
unexpected in one of those hospitals... I am not a spokesman of our party, it
is the deputy of Brome-Missisquoi, who is a very capable and compassionate man,
a man who has a feeling for the human being, I trust him to go with the
minister on our behalf, to go to those hospitals. I known the Reddy Memorial in
Montreal, we tried to make an appointment to go and see him. That is another
big problem. In a hospital you have to look for yourself. I say to the
minister: You want to go? I do not think that we should be the minister's
opposition. We should set aside our political differences; this is a human
matter. I am prepared to go with you to some of those hospitals, unexpectedly
if necessary, in Montreal. Drop in and see for yourself. This has no longer
anything to do with one party or the other. I therefore say, Mr. Chairman, as
far as Bill 78 is concerned, to the Mohawks: Beautiful! You are getting your
hospital, I am glad. I am happy for you, you deserve it, you should receive the
kind of treatment that another human being is entitled to. But make very sure
that you negotiate hard and tough. You sit down there as Mohawks and say: "We
insist so many beds being occupied in the hospital. We insist no patient being
treated in the hall, lying around for four, five or six days in a little tent
waiting for a possibility of getting a room." Make sure you do not fall into
that, because, then, you are going to inhuman conditions and you do not deserve
that.
Mr. Chairman, that is the reason why I spoke on Bill 78: I wanted to put
in a warning. I am glad to see that the Minister is here. He is at first hand.
I am not playing any part of some politics. I am just saying that it is a very
serious state of affairs. If health care is to us a priority, let us live
according to its rules and let us show it indeed. Thank you very much.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires sociales, votre droit de réplique.
M. Camille Laurin (réplique)
M. Laurin: M. le Président, je veux d'abord remercier les
orateurs qui se sont exprimés à l'occasion de ce projet de loi.
Je dois dire d'emblée que j'ai particulièrement
apprécié la contribution du député de
Châteauguay qui s'en est tenu strictement au sujet et qui l'a fait avec
une élévation, une noblesse de pensée qui se situe
exactement dans le sens des relations que nous voulons entretenir non seulement
avec la nation mohawk, mais avec toutes les autres nations amérindiennes
qui habitent actuellement le Québec.
Je voudrais profiter de l'occasion pour rassurer le
député. Même s'il devient nécessaire de remplacer le
centre hospitalier actuel de Kahnawake par un hôpital plus moderne qui,
non seulement aura 43 lits de soins prolongés, mais également une
clinique externe, une clinique de soins optima et un dispensaire, ceci
n'enlève en rien l'obligation que nous avons de subvenir aux besoins de
santé des autres citoyens québécois. Il me fait plaisir de
lui confirmer que non seulement la construction de ce centre hospitalier
à Kahnawake n'altérera en rien les projets actuels du
ministère en ce qui concerne le centre hospitalier de Châteauguay,
mais que je m'emploie actuellement à accélérer les
procédures pour qu'au décret de conception succède le plus
rapidement possible le décret de construction de cet hôpital de
250 lits qui viendra non seulement satisfaire les besoins de la population de
Ch&teauguay, mais également diminuer la pression qu'exercent
actuellement sur les hôpitaux de la grande région de
Montréal les citoyens de la région qui doivent s'adresser
à eux pour que leurs besoins en santé et en services sociaux
soient satisfaits.
Je me réjouis aussi de l'accord de l'Opposition au projet de loi
78. Ceci veut dire que nous pouvons dès maintenant assurer la nation
mohawk que c'est toute l'Assemblée nationale, que c'est le peuple du
Québec qui souscrit non seulement à la construction de cet
hôpital mais également à la politique que poursuit le
gouvernement du Québec dans ses relations avec les Mohawks, relations en
vertu desquelles les Mohawks président eux-mêmes à la
définition de leurs propres besoins et à l'exploitation de
leurs
institutions de santé et d'éducation.
Je pense que c'est là un moment important qu'il faut souligner.
Je constate cependant que les députés de l'Opposition ont
profité de l'occasion pour faire dévier quelque peu le
débat sur la situation des hôpitaux. Chacun l'a fait à sa
façon. Le député de Sainte-Anne l'a fait en adjurant les
Mohawks de prendre bien garde à ce gouvernement lorsque arrivera le
moment de la négociation des budgets de fonctionnement entre les Mohawks
et le gouvernement. Je pense que les Mohawks n'ont pas besoin du support du
député de Sainte-Anne à ce sujet, parce que je peux lui
dire que les négociations menées jusqu'ici avec les Mohawks quant
à la construction du centre et à l'entente qui prévaudra
pour l'adjudication de budgets de fonctionnement ont été
très serrées, très rigoureuses. (12 h 20)
Les Mohawks savent, depuis longtemps d'ailleurs, comment
négocier. Il ne fait aucun doute qu'ils sauront obtenir pour leur centre
hospitalier tous les budgets requis tel qu'il est d'ailleurs prévu
à l'entente où il est dit que ce budget de fonctionnement fera
l'objet de négociations chaque année entre le ministre des
Affaires sociales et le Conseil de bande des Mohawks de Kahnawake.
Je voudrais aussi rappeler au député de Sainte-Anne que
l'exemple passé est une garantie pour l'avenir. Car, depuis que le
Québec a pris la pleine responsabilité, avec la convention de la
Baie James et le Nord-Est québécois, des institutions de
santé et de services sociaux, le gouvernement du Québec a
dépassé de loin ou est allé beaucoup plus loin que les
obligations auxquelles il s'était engagé en 1974. Nous ne nous
étions engagés qu'à maintenir les services de santé
et les services sociaux tels qu'ils existaient au moment où nous en
avons pris la responsabilité alors que, dans les faits, nous avons
dépensé infiniment plus que ce à quoi nous nous
étions engagés. Que ce soit sur le plan des centres hospitaliers,
des dispensaires, du personnel infirmier, dentaire, médical, que ce soit
sur le plan des installations physiques, que ce soit sur le plan du personnel
également, de la formation des personnels, j'aimerais dire aux
députés de l'Opposition qu'il y a là un dossier qu'ils
auraient intérêt à méditer, s'ils veulent voir
comment nous entendons passer des principes à l'action et de la parole
aux actes.
Car, encore une fois, dans ces diverses matières, nous avons
dépensé, au cours des dernières années, près
de 30 000 000 $ au-delà de ce que nous nous étions
engagés. Je pense que les autochtones l'ont parfaitement compris et
qu'ils sont les premiers à dire que c'est au Québec que les
nations autochtones sont le mieux respectées, sont le mieux
traitées par les administrations provinciales.
C'est donc là une garantie pour l'avenir et il ne fait aucun
doute que, dans nos relations avec le futur centre hospitalier de Kahnawake,
c'est-à-dire le Kateri Memorial Center, nous poursuivrons la même
politique de respect, d'équité, de justice et de
générosité témoignant encore une fois par le fait
même de notre ferme volonté politique d'assurer cette
collaboration harmonieuse entre les nations amérindiennes et le
gouvernement du Québec.
J'en viens maintenant à l'exposé quelque peu
déviant, comme je le disais tout à l'heure, du
député de Brome-Missisquoi, qui a profité de l'occasion
pour effectuer, à l'exemple de son chef, une autre charge de fond contre
la politique des services de santé du gouvernement du Québec. Il
a repris à son compte cette campagne que mène actuellement son
chef un peu partout au Québec. Il essaie de stimuler les passions au
détriment de la vérité en s'aidant, au besoin, de quelques
déclarations tirées souvent hors contexte, de certains
protagonistes importants du milieu hospitalier.
Je pense qu'il importe de rétablir les faits. Effectivement,
depuis quelques années, notre société est obligée
d'effectuer des compressions, dans plusieurs domaines d'ailleurs, en raison de
la crise économique que nous connaissons. Nous l'avons fait en
éducation. Nous l'avons fait dans la santé et dans les autres
ministères. Mais il reste quand même certains faits qu'il importe
de souligner et de présenter au public. Malgré ces compressions,
il reste qu'aucun gouvernement n'a fait autant d'efforts dans le domaine de la
santé, depuis sept ans, que le gouvernement du Québec actuel.
Malgré les compressions, nous avons construit près de 7000 places
d'hébergement dans les centres d'accueil du Québec. Malgré
les compressions, encore une fois. Nous avons ainsi effectué un
rattrapage sur une situation qui ne cessait de se détériorer sous
l'administration précédente, en ce qui concerne l'accueil des
personnes âgées dans des centres destinés et
habilités à les recevoir.
Non seulement avons-nous ajouté 7000 places, mais ces centres
d'accueil sont maintenant capables de dispenser des soins courants, des soins
mineurs à des personnes dont la perte d'autonomie est croissante. Nous
avons aussi ajouté près de 2000 lits de courte durée,
malgré les compressions, pour tenir compte des besoins grandissants de
la population qui, d'une part, croissait et qui, d'autre part, vieillissait.
Donc 2000 lits de courte durée, et cela n'est pas fini puisque nous
sommes à compléter un réseau de lits de courte
durée tout autour de Montréal qui, lorsqu'il sera
complété, d'ici un an ou deux, améliorera infiniment la
situation non seulement pour les populations qui entourent Montréal,
mais pour la population de
Montréal elle-même puisque, comme je viens de le dire, la
pression qui s'exerce actuellement sur les hôpitaux de Montréal
sera d'autant diminuée. Il s'agit de l'hôpital Le Gardeur, dont le
nombre de lits sera porté à plus de 350. Il s'agit de
Pierre-Boucher qui, lorsqu'il sera complété, comptera
également près de 350 lits. Il s'agit du centre hospitalier de
Châteauguay, dont je viens de parler, dont la construction commencera
bientôt. Il s'agit de l'hôpital de Valleyfield, dont le nombre de
lits a été doublé au cours des deux dernières
années. Il s'agit de l'hôpital de Saint-Jérôme,
où nous avons doublé le nombre de lits également. Il
s'agit de certains hôpitaux de Montréal où nous avons
ajouté des lits. Je pense, par exemple, à l'hôpital Fleury
et à d'autres centres hospitaliers dont les services auxiliaires ont
été accrus afin qu'une bonne partie des soins qui étaient
dispensés à des personnes alitées soient maintenant
dispensés dans des cliniques externes, ce qui diminue d'autant la
pression sur les services hospitaliers. Sans compter que durant cette
même époque, nous avons augmenté considérablement le
nombre de centres locaux de services communautaires qui, comme on le sait, non
seulement dispensent des soins de prévention avec l'appui de la
communauté, mais dispensent également des soins médicaux
courants et qui, là aussi, par cette dispensation de soins, peuvent
alléger la situation d'encombrement que peuvent connaître certains
centres hospitaliers.
Il faudrait aussi parler des efforts considérables que nous avons
faits pour régler le problème des urgences,
particulièrement à Montréal, à Québec et
dans les grands centres, services d'urgence qui, maintenant, fonctionnent
très bien et qui accommodent, même si c'est encore, parfois, dans
des conditions difficiles, tous les besoins de la population dans un minimum de
temps, de minutes même, dirais-je, après que les appels ont
été reçus.
Il me fait curieux d'entendre le chef du Parti libéral
dénoncer la politique de santé du gouvernement du Québec
alors que c'est précisément lui qui nous a laissé un
héritage à ce point déplorable et terrible. Nous avons
dû, même au sein des pires compressions, continuer le rattrapage et
panser les plaies qu'il avait laissées. C'est bien à
l'époque de son gouvernement que des chambres...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre, je
m'excuse de vous interrompre. Ce n'est pas une question de temps, c'est le
respect de l'article 232 quant à la discussion du principe de ce projet
de loi. J'ai été large des deux côtés. Il y a eu des
interventions un peu plus ouvertes du côté de l'Opposition, ce qui
m'a permis de vous laisser une certaine latitude, mais, sans préjudice
pour chacun, je veux rappeler le respect de l'article 232 à tous les
membres de cette Assemblée.
M. Blouin: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: ...je comprends votre très juste intervention.
Cependant, je vous signale que, comme il s'agit d'une réplique de la
part du ministre, il doit logiquement répondre, répliquer aux
interventions qui ont été faites au cours de ce débat.
Tous les sujets qu'aborde présentement le ministre ont été
abordés et sont connexes aux Affaires sociales.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi sur la même question.
M. Paradis: Sur la même question. Je suis d'accord avec le
leader adjoint, nous assistons à la réplique du ministre; si le
ministre veut répliquer à tous les arguments que j'ai
présentés et dire qu'il n'est pas vrai qu'il y a des malades
qui...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît1. Comme président de cette Assemblée, je
vous rappelle l'article 232. J'ai compris que certains orateurs n'ont pas
respecté l'article 232 et je les ai rappelés à l'ordre. Il
y a eu une continuation dans cette même veine et c'est ce qui m'a permis
de laisser aller le ministre beaucoup plus loin que l'article 232 ne le
permettait dans une réplique. En même temps, je me dois, comme
président de cette Assemblée, d'aviser chacun des
députés et ministres de cette Assemblée que nous sommes
toujours sur le principe du projet de loi.
M. le ministre. (12 h 30)
M. Laurin: M. le Président, il me fera plaisir de
reprendre amplement ce débat avec le député de
Brome-Missisquoi à toutes les occasions qu'il pourra trouver, car je
suis très fier de ce que ce gouvernement a fait en matière de
santé. Comme je le rappelais - c'est là-dessus que je veux
terminer - c'est précisément à l'époque du
gouvernement précédent que des personnes âgées ne
pouvaient trouver aucune place dans des centres d'accueil parce qu'on n'en
construisait pas; c'est précisément à l'époque du
gouvernement précédent que les urgences fermaient sans avis
à la population et que souvent des personnes, dans des conditions
très sérieuses, se butaient à des portes de centres
d'urgence qui avaient fermé sans préavis. C'est à ces
conditions que nous avons remédié, même s'il y a encore -
il me fait plaisir de le dire - des correctifs et des améliorations
à apporter, nous en sommes
conscients; mais, au moins, nous avons la volonté, telle
qu'exprimée par nos actions, de remédier le plus tôt
possible et le mieux possible à cette situation et je suis sûr que
nous pourrons y parvenir.
En terminant, M. le Président, je voudrais quand même
rappeler que l'objet du projet de loi 78 était de fournir à la
nation mohawk un hôpital moderne qui répond à des besoins
très précis. Cet hôpital non seulement sera
équipé selon toutes les règles de l'art, mais pourra
fournir, en plus des soins prolongés, des soins courants à la
population des environs. Ce centre hospitalier sera doté du budget
requis, encore une fois, par voie de négociations et d'entente et il
fonctionnera sous l'égide du Kateri Memorial Hospital qui, tous les ans,
négociera avec le ministre des Affaires sociales les budgets de
fonctionnement requis.
En terminant, je peux assurer la nation mohawk qu'elle pourra toujours
compter sur le sens de l'équité, le respect et la
générosité du gouvernement du Québec pour que ce
centre hospitalier puisse fonctionner à la satisfaction complète
des membres de la nation mohawk.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 78, Loi approuvant l'entente concernant la construction et l'exploitation
d'un centre hospitalier sur le territoire de Kahnawake, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission des affaires
sociales
M. Blouin: M. le Président, je propose donc maintenant que
nous déférions ce projet de loi à la commission des
affaires sociales qui procédera à son étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de renvoi est adoptée?
Des voix: Adopté
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint.
M. Blouin: Nous allons maintenant discuter d'enlèvement
international et interprovincial d'enfants. À cet égard, je vous
demande, s'il vous plaît, d'appeler l'article 9) de notre feuilleton.
Projet de loi 72 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Projet de loi 72, Loi sur
les aspects civils de l'enlèvement international et interprovincial
d'enfants.
M. le ministre de la Justice.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et il en
recommande l'étude par l'Assemblée.
La Loi sur les aspects civils de l'enlèvement international et
interprovincial d'enfants veut répondre à une situation,
évidemment, déplorable dont s'est saisie la communauté
internationale et dont nous avons entendu parler au Québec, dans la
mesure où nous sommes, en général, extrêmement
sensibles à ce qui se passe chez nos voisins du Sud qui y consacrent
déjà beaucoup d'énergies et beaucoup de
préoccupations au niveau des médias.
Pour l'essentiel, ce projet de loi vise à consacrer ce que
j'appellerais deux principes de base. Le premier, c'est pour répondre
à ces situations d'enlèvement d'enfants, c'est-à-dire, par
exemple, de parents qui n'ont pas la garde de l'enfant à la suite d'une
séparation ou de leur passage d'une frontière interprovinciale ou
internationale. Donc, pour répondre à ces situations, il faut
essentiellement la collaboration entre les États et les gouvernements.
Deuxièmement, il faut introduire dans le processus que nous
prévoyons conformément aux principes qui reviennent dans la
Convention de La Haye du 25 octobre 1980 une notion d'urgence et de traitement
privilégié de ces demandes devant nos tribunaux, comme
d'adaptation très rapide de l'administration et des décisions de
nature administrative qui doivent être prises pour protéger les
droits des enfants.
Le projet de loi a donc pour objet d'assurer l'application au
Québec des principes et des règles de la Convention de La Haye du
25 octobre 1980 sur les aspects civils de l'enlèvement international
d'enfants et de permettre au gouvernement d'étendre l'application de ces
principes et de ces règles, sur une base de réciprocité,
à tout État, province ou territoire désignés par un
décret du gouvernement du Québec.
Avant de décrire plus spécifiquement ces principes et ces
règles, il convient peut-être d'expliquer brièvement les
fondements de la Convention de La Haye. Le droit interne des États, ce
qui est le cas de notre droit civil, à cause des limites de la
juridiction territoriale, s'avère actuellement peu propice à
contrer cette pratique de l'enlèvement international d'enfants. Le
ravisseur, en plus de violer le droit du lieu de la résidence
habituelle de l'enfant en ne respectant pas le droit de garde qui est
attribué, a généralement l'espoir d'obtenir du tribunal du
lieu où il amène cet enfant la garde de ce même enfant. Ce
faisant, il compromet toutefois l'intérêt de l'enfant; il le
soustrait à l'environnement familial et social dans lequel sa vie se
déroulait pour le placer dans un milieu qui peut lui être
totalement étranger.
Une telle situation nous paraît, évidemment, injustifiable
tant sur le plan humain que sur le plan juridique. Notre ministère,
conscient de la nécessité de protéger les enfants contre
les effets nuisibles de cette pratique et de favoriser le respect du droit
applicable en cette matière, a participé très activement
aux travaux qui ont mené à l'adoption de la convention sur les
aspects civils de l'enlèvement international d'enfants lors de la XlVe
session de la Conférence internationale de La Haye. Le but principal de
cette convention qui devient, par conséquent, celui du projet de loi,
c'est d'assurer qu'un enfant qui est déplacé ou retenu
illicitement retourne le plus tôt possible dans le milieu duquel il a
été écarté, sans chercher à régler le
problème de l'attribution du droit de garde, afin que la situation de
fait qui prévalait avant son déplacement ou sa retenue illicite
soit rétablie rapidement.
Son intérêt est d'établir à cette fin les
mécanismes de coopération administrative et judiciaire entre
États. Il est à noter que le projet de loi traite des aspects
civils de l'enlèvement d'enfants et non pas des aspects criminels. La
solution qu'il propose est donc beaucoup moins bouleversante que le recours aux
solutions en matière de droit criminel pour ces questions.
L'idée de retour rapide des enfants au lieu de leur
résidence habituelle, jointe à celle d'une coopération
administrative entre États pour réaliser cet objectif font de la
convention un instrument particulièrement privilégié pour
enrayer cette pratique de l'enlèvement international d'enfants. Cela
justifie, d'ailleurs, amplement la décision que nous avons prise de ne
pas limiter l'application de ce projet de loi aux seuls États qui sont
parties à la convention, mais de l'étendre, notamment, aux
enlèvements interprovinciaux sur le territoire canadien.
Par ailleurs, étant donné que les conflits relatifs
à l'exercice du droit de visite risquent non seulement de priver le
titulaire de ce droit et son enfant d'une relation à laquelle ils ont
droit, mais aussi d'engendrer des enlèvements, le projet de loi vise
à éliminer ces conflits en permettant que soient
présentées des demandes pour faire organiser ou protéger
le droit de visite.
Plus précisément, le projet de loi instaurera un
système qui peut se résumer de la façon suivante.
Lorsqu'il y aura un déplacement ou un non-retour illicite d'un enfant,
la personne dont le droit de garde a été violé saisira
l'autorité centrale du Québec au sens de la convention,
c'est-à-dire le ministre de la Justice, ou l'autorité centrale
d'un État désigné, en vue d'obtenir la remise de l'enfant
volontairement, si possible, ou autrement, par une décision des
tribunaux. Par ailleurs, la personne dont le droit de visite aura
été violé ou qui craindra une violation de ce droit de
visite pourra saisir l'une de ces autorités centrales en vue de faire
organiser ou protéger ce droit de visite. Ces personnes pourront
également saisir directement l'autorité judiciaire du
Québec, c'est-à-dire la Cour supérieure en l'occurrence,
ou celle d'un État désigné, sans passer par une
autorité centrale. La demande à l'autorité centrale devra
être accompagnée d'une certaine documentation qui permettra de
vérifier le bien-fondé de la demande. Si la documentation
n'établit pas de façon satisfaisante que le déplacement ou
le non-retour était en contravention des lois, les autorités
judiciaires de l'État qui est requis pourront demander la production
d'une décision ou d'une attestation qui émane des
autorités de l'État du demandeur et constatant que l'enfant a
été déplacé ou retenu de façon illicite. (12
h 40)
Les moyens de défense qui sont prévus à l'encontre
d'une demande de retour d'enfants seront le défaut d'exercice effectif
de la garde par celui qui demande, le consentement de ce dernier au
déplacement, le risque grave que le retour de l'enfant n'expose celui-ci
à un danger ou ne le place dans une situation intolérable,
l'opposition de l'enfant qui serait doué de discernement à son
retour ou à des considérations qui sont liées aux droits
et libertés de la personne. Lorsque le retour d'un enfant aura
été décidé, à la suite d'une entente avec le
ravisseur, au sens de la loi ou par ordonnance d'un tribunal, les
autorités centrales mettront en oeuvre les mesures administratives
nécessaires pour assurer que ce retour se fasse sans danger.
Par ailleurs, plusieurs dispositions visent à favoriser la mise
en oeuvre rapide et efficace des objectifs de ce projet de loi. En effet, sur
le plan administratif, les titulaires des droits de garde et de visite
bénéficieront des interventions de l'autorité centrale,
notamment, pour la relocalisation de ces enfants, la négociation d'une
solution à l'amiable entre les parties en cause ou l'introduction de
procédures judiciaires, s'il y a lieu. Le ministre de la Justice pourra
déléguer au Directeur de la protection de la jeunesse un certain
nombre de fonctions qui relèveraient normalement de l'autorité
centrale au sens de la Convention de La Haye, à savoir, l'adoption des
mesures
provisoires qui s'imposent, la négociation de la solution
à l'amiable en vue d'une remise volontaire de l'enfant et l'application
de ces mesures volontaires. On appliquera donc d'urgence les mesures
appropriées et, au besoin, les demandes seront transmises directement et
sans délai d'une autorité centrale à l'autre.
Sur le plan judiciaire, les demandes qui sont relatives au retour d'un
enfant bénéficieront, au Québec, de la
préséance prévue sur les demandes d'habeas corpus devant
la Cour supérieure. Certaines mesures, notamment celles qui
prévoient l'exemption de la légalisation et la dispense de
fournir caution, accéléreront les procédures en vue de
réaliser les objets du projet de loi. Par ailleurs, les juges de la Cour
supérieure disposeront du pouvoir de contraindre la divulgation
d'information pour faciliter la recherche des enfants. Ils pourront
également ordonner qu'un enfant soit conduit devant le Directeur de la
protection de la jeunesse qui décidera alors des mesures provisoires
appropriées.
Enfin, le projet de loi prévoit que les parties auront droit
à l'aide juridique au Québec dans la mesure où elles
seront considérées comme économiquement
défavorisées, en vertu des critères d'admissibilité
prévus par notre système d'aide juridique, et dans la mesure
où les services requis seront couverts par celui-ci.
Telles sont donc les idées maîtresses de ce système
proposé. Il est fondé, d'abord, sur la coopération
interétatique, ce qui permettra à nos concitoyennes et à
nos concitoyens de disposer de moyens additionnels pour assurer la
reconnaissance réelle et l'exercice de leurs droits et ce, au profit
d'une plus grande humanisation et d'une meilleure administration de la justice,
notamment à l'égard des enfants. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Oui, M. le Président, merci. Je demande
l'ajournement du débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion
d'ajournement est-elle adoptée?
M. Blouin: Est-ce qu'on pourrait suspendre une minute, M. le
Président?
(Suspension de la séance à 12 h 44)
(Reprise de la séance à 12 h 45)
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous allons reprendre
où nous en étions.
M. le député de D'Arcy McGee proposait un ajournement du
débat.
M. Marx: Oui.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord.
Est-ce que cette motion d'ajournement du débat est
adoptée?
M. Blouin: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je suggère, compte tenu
de l'heure, que nous suspendions nos travaux jusqu'à 15 heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion de
suspension des travaux est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
Nos travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 46)
(Reprise de la séance à 15 h 2)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
Veuillez prendre vos places.
Présence de M. Martin Gray et de Mme
Gray
J'ai le grand plaisir de souligner la présence dans la tribune
cet après-midi du célèbre auteur, M. Martin Gray et de son
épouse. Vous savez sans doute que c'est grâce à
l'intercession de M. Gray et, bien sûr, du ministre des Affaires
culturelles, que nous devons l'exposition de Picasso qui viendra à
Montréal dans quelques mois.
Cela étant, aux affaires courantes, il n'y a pas de
déclarations ministérielles. À la présentation de
projets de loi, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Avant de vous demander
d'appeler les deux projets de loi inscrits au nom du gouvernement, je voudrais,
comme le leader du gouvernement l'a fait hier, indiquer à cette Chambre
et, en même temps bien sûr, obtenir le consentement de tous les
parlementaires pour que les deux projets de loi qui sont
présentés par le ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes et celui présenté par
le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, puissent être
considérés comme des projets de loi qui ont été
déposés dans le respect
des prescriptions prévues à l'article 22 de notre
règlement et permettant donc leur adoption avant l'ajournement de la fin
juin.
Je voudrais donc, M. le Président, demander qu'on officialise
cette entente qui a été convenue entre le leader de l'Opposition,
le député de Sainte-Marie et le leader du gouvernement.
Le Président: II en donc ainsi décidé. Bien.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Je vous demande donc, M. le Président,
d'appeler les articles b) et c) du feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi 80
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes présente le projet de loi
80, Loi sur l'Ordre national du Québec. M. le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, ce projet de loi
propose la création de l'Ordre national du Québec. Il y est
prévu que l'ordre sera composé des personnes à qui le
gouvernement aura conféré le titre de grand officier, d'officier
de l'Ordre national du Québec ou de récipiendaire de la
médaille de l'Ordre national du Québec, en témoignage de
la fierté qu'inspire au peuple québécois le mérite
exceptionnel de leur action. Ce projet de loi prévoit également
la création d'un Conseil de l'ordre qui aura pour fonction de conseiller
le premier ministre sur les nominations qu'il se propose de recommander au
gouvernement. On y établit les règles de nomination du
président du conseil, la périodicité et le lieu des
séances de ce conseil, ainsi que la possibilité pour les membres
du conseil de recevoir une allocation de présence et un remboursement
des frais engagés dans l'exercice des fonctions. Le conseil pourra se
doter d'un règlement de régie interne et son secrétariat
sera assuré par le ministère du Conseil exécutif.
Enfin, ce projet de loi accorde au gouvernement un pouvoir
réglementaire relatif, notamment, à la détermination des
insignes de l'ordre, à leur forme et à la procédure de
leur attribution. Ces insignes demeureront la propriété de
l'État. Le premier ministre sera chargé de l'application de la
loi.
Le Président: L'Assemblée consent-elle à se
saisir du projet de loi 80?
Des voix: Oui.
Le Président: Il en est donc ainsi
décidé.
Projet de loi 87
M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme
présente le projet de loi 87, Loi sur les permis de distribution de
bière et de boissons gazeuses. M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, ce projet de loi introduit un
régime de permis applicable à la mise en marché de la
bière et des boissons gazeuses distribuées en contenants à
remplissage unique. Ce permis est délivré par le ministre de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme à tout requérant qui a
conclu une entente avec le ministre de l'Environnement concernant la
consignation, la récupération et le recyclage de ces
contenants.
En outre, ce projet de loi permet au gouvernement d'établir par
règlement le cadre des ententes concernant les canaux de distribution,
la vente, le transport et la livraison de bière ou de boissons gazeuses.
De plus, ce projet de loi prévoit les sanctions applicables à
ceux qui mettent en marché de la bière ou des boissons gazeuses
en contenants à remplissage unique sans être titulaires d'un
permis à cet effet ainsi qu'à ceux qui ne respectent pas
l'entente intervenue avec le ministre de l'Environnement.
Finalement, ce projet de loi modifie par concordance la Loi sur les
licences.
Le Président: L'Assemblée accepte-t-elle de se
saisir du projet de loi 87?
Des voix: Oui.
Le Président: Il en est donc ainsi décidé.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Nous avons toute une
série de projets de loi privés à déposer et, comme
la procédure le prévoit maintenant, je pense qu'il vous revient
de déposer le rapport du greffier pour ces projets de loi privés.
Vous trouverez cela en annexe sur ce qu'on peut appeler notre "bleu" de
travail.
Le Président: Oui. J'aimerais bien que vous me disiez tout
de suite quels projets de loi privés par bloc, de manière que
nous puissions procéder plus facilement.
M. Bertrand: M. le Président, je vous demanderais de
déposer le rapport du greffier pour les projets de loi 202, 211, 212
et 209. Après quoi j'aurai une motion de déférence
à présenter.
Le Président: J'ai donc le plaisir de déposer le
rapport du directeur de la législation pour le projet de loi 202, Loi
concernant la Compagnie du Trust central et la Compagnie Crown Trust, l'avis a
été fait et publié conformément aux règles
de fonctionnement concernant les projets de loi d'intérêt
privé; le projet de loi 211, même constatation du directeur de la
législation; le projet de loi 212, même constatation; le projet de
loi 209 où l'avis a été aussi effectivement publié
conformément aux règles de fonctionnement concernant les projets
de loi d'intérêt privé.
Projet de loi 202
De la sorte, Mme la députée de Dorion présente le
projet de loi 202, Loi concernant la Compagnie du Trust central et la Compagnie
Crown Trust.
Projet de loi 211
M. le député de Gouin présente le projet de loi
211, Loi concernant l'Économie Compagnie d'assurance sur la vie.
Projet de loi 212
M. le député de Saint-Jean propose le projet de loi 212,
Loi modifiant la Loi reconnaissant les Assemblées de la Pentecôte
du Canada comme corporation ecclésiastique dans la province de
Québec.
Projet de loi 209
Mme la députée de Dorion propose le projet de loi 209, Loi
concernant la Compagnie minière Gaspésie limitée (libre de
responsabilité personnelle) et Sembec Inc.
L'Assemblée accepte-t-elle de se saisir de ces projets de loi? Il
en est donc ainsi décidé. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Bertrand: M. le Président, je fais donc motion pour que
ces projets de loi privés nos 202, 209, 211, 212 soient
déférés à la commission parlementaire permanente du
budget et de l'administration et que motion soit faite aussi en même
temps pour que le ministre des Finances soit membre de la commission pour la
durée de ce mandat, conformément à l'article 121 de notre
règlement.
Le Président: Cette double motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, les autres projets de loi
que je vous demanderais d'appeler après avoir déposé le
rapport du greffier seraient les projets de loi 206, 208 et 236.
Le Président: Au sujet du projet de loi 208, le directeur
de la législation constate qu'il a déjà été
publié conformément aux règles de fonctionnement. Il en
est de même concernant le projet de loi 236. Mais il n'en est pas de
même concernant le projet de loi 206 où l'avis n'a pas
été publié conformément aux règles de
fonctionnement concernant les projets de loi d'intérêt
privé. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: En conséquence, relativement à ce
projet de loi 206, qui est présenté par le député
de Brome-Missisquoi et qui concerne la succession de Homer Morton Jaquays, je
voudrais faire motion pour que nous obtenions le consentement de
l'Assemblée afin de suspendre l'article 7 des règles de
fonctionnement de l'Assemblée concernant les projets de loi
d'intérêt privé, la preuve de publication d'un seul avis
ayant été produite à la Direction de la
législation. Par ailleurs, il semblerait qu'il y ait eu plus d'une
publication mais nous n'avons la preuve que d'une seule publication. Je demande
donc le consentement pour que nous puissions déroger et suspendre
l'article 7.
Le Président: Y a-t-il consentement à cette
dérogation?
Une voix: Consentement.
Projet de loi 208
Le Président: Consentement. Dans ces circonstances, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce présente le projet de
loi 208, Loi concernant certains recours de Victor Auclair en matière de
responsabilité médicale ou hospitalière.
Projet de loi 236
M. le député de D'Arcy McGee présente le projet de
loi 236, Loi concernant certains lots du cadastre officiel de la paroisse de
Pointe-aux-Trembles.
Projet de loi 206
M. le député de Brome-Missisquoi présente le projet
de loi 206, Loi concernant la succession de Homer Morton Jaquays.
L'Assemblée accepte-t-elle de se saisir
de ces trois projets de loi? Il en est donc ainsi
décidé.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bertrand: En conséquence, M. le Président, je
fais motion pour que les projets de loi 208, 236 et 206 soient
déférés à la commission parlementaire permanente
des institutions et que motion soit faite aussi pour que le ministre de la
Justice soit membre de ladite commission pour la durée de son mandat
conformément à l'article 121.
Le Président: Ces deux motions sont-elles
adoptées?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, les autres projets de loi
privés que je vous demanderais d'appeler, après
dépôt du rapport du greffier, sont les projets de loi
privés 210, 207, 242, 215, 213 et j'aurai, sur deux de ces projets de
loi, aussi des motions de dérogation à présenter.
Le Président: Au sujet du projet de loi 210, le directeur
de la législation constate que l'avis a été publié
conformément aux règles de fonctionnement. Il en est de
même pour les projets de loi 207, 242, 215, 213... Je m'excuse, j'ai fait
une erreur. Non, il n'y a pas de dérogation.
M. Bertrand: Oui.
Le Président: Écoutez... M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: Je veux m'expliquer, M. le Président, sur le
sens de la motion que je voudrais présenter. Dans le cas des projets de
loi privés 215 et 213, ils ont été déposés
auprès du directeur de la législation le 20 mars 1984. Selon
notre nouveau règlement et nos nouvelles règles, cela devait
être fait avant le 15 mars, mais il faut savoir que nous avons
adopté les règles de fonctionnement le 22 mars. On ne pourrait,
évidemment, pas porter préjudice à ces personnes, à
ces groupes qui ont présenté des projets de loi le 20 mars alors
que nous n'avons adopté les règles de fonctionnement que le 22
mars, qui indiquaient que la date limite était le 15 mars.
Pour les deux projets de loi privés 215 et 213, je dois donc
faire motion pour obtenir le consentement de l'Assemblée afin de
suspendre l'article 4 des règles de fonctionnement concernant les
projets de loi d'intérêt privé.
Le Président! Est-ce qu'il y a consentement à cet
égard?
Une voix: Consentement.
Le Président: Consentement.
Projet de loi 210
M. le député de Châteauguay présente le
projet de loi 210, Loi concernant la ville de Saint-Laurent.
Projet de loi 207
M. le député de Vimont présente le projet de loi
207, Loi modifiant la Charte de la ville de Laval.
Projet de loi 242
M. le député de Matapédia présente le projet
de loi 242, Loi concernant la ville de Rimouski.
Projet de loi 215
M. le député de Chambly présente le projet de loi
215, Loi concernant la ville de Saint-Bruno-de-Montar ville.
Projet de loi 213
M. le député de Shefford présente le projet de loi
213, Loi modifiant la Charte de la ville de Granby.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Bertrand: M. le Président, je fais motion pour que les
projets de loi privés 210, 207, 242, 215 et 213 soient
déférés à la commission parlementaire de
l'aménagement et des équipements et que motion soit faite aussi
pour que le ministre des Affaires municipales soit membre de ladite commission
pour la durée de son mandat et ce, conformément à
l'article 121.
Le Président: Avant de statuer sur les motions, j'ai
oublié de demander à l'Assemblée si elle acceptait de se
saisir des projets de loi en question. Il en est donc ainsi
décidé.
Les deux motions de M. le leader adjoint du gouvernement sont-elles
adoptées?
Des voix: Adopté. Le Président:
Adopté.
Compétence des commissions en
matière
d'engagements financiers et étude
du rapport de la CAI
Ceci nous mène au dépôt de documents. J'ai à
déposer le rapport de la commission de l'Assemblée nationale qui
s'est réunie le 3 mai 1984 afin d'établir la compétence
des commissions en matière d'engagements financiers et d'étudier
le rapport de la Commission d'accès à l'information.
M. le leader adjoint du gouvernement.
Rapport annuel de la Régie de
l'électricité et du gaz
M. Bertrand: Au nom du ministre de l'Énergie et des
Ressources, je voudrais déposer le rapport annuel 1982-1983 de la
Régie de l'électricité et du gaz du Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Rapports de commissions. Je m'excuse, c'est moi qui ai
déposé le rapport de la commission de l'Assemblée
nationale prématurément.
M. le vice-président de la commission de l'économie et du
travail.
Étude détaillée du projet de loi
63
M. Fortier: J'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission de l'économie et du travail qui a siégé le 15
mai 1984 afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 63, Loi sur la Société
de développement des coopératives.
Le Président; Rapport déposé.
Au dépôt des pétitions. M. le député de
Saint-Henri.
Classer la maison du Calvet
M. Hains: J'ai l'honneur de déposer l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée par 90
pétitionnaires, tous historiens et parmi les plus prestigieux, et qui
veulent attirer l'attention de l'Assemblée nationale et du public sur
l'urgence et la nécessité de classer la maison du Calvet comme un
monument historique.
Située au 401, rue Saint-Paul, à l'angle de la rue
Bonsecours, la maison du Calvet a été construite en 1725. Les
architectes reconnaissent sa grande valeur architecturale. Cette maison
demeure, avec le château Ramezay et la maison Papineau, un des joyaux de
notre patrimoine du XVIIIe siècle. Restaurée en 1966 par son
propriétaire, la maison Ogilvie, elle a été meublée
par le Musée des beaux-arts. Le 30 décembre 1983, la maison
Ogilvie vendait...
M. Bertrand: M. le Président.
M. Hains: ...la maison du Calvet à des
restaurateurs...
Le Président: II y a un rappel au règlement. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je trouve intéressant
l'historique qu'est en train de nous brosser le député, mais je
me demande si c'est conforme au règlement.
Une voix: Oui.
M. Bertrand: Je me demande si c'est la façon habituelle de
présenter les pétitions en vertu du règlement que nous
avons adopté.
Une voix: C'est moins long que...
Le Président: La présentation est quelque peu plus
littéraire que ne le sont habituellement les considérants de nos
pétitions, mais il s'agit de l'exposé des faits menant à
une conclusion à laquelle, je crois, M. le député de
Saint-Henri arrive.
M. Hains: M. le Président, j'ai suivi exactement la
formule officielle du Parlement. J'arrive à la conclusion
précisément; c'est marqué "et concluant à ce que:",
pour M. le député de Vanier. Le 30 décembre 1983, Ogilvie
vendait la maison du Calvet à des restaurateurs, Gaétan Trottier
et frères. Attendu que la transformation de cette maison en auberge ou
en restaurant ne peut que nuire à son intégrité et en
modifier l'intérieur, nous réclamons, en vertu de l'article 25 de
la Loi sur les biens culturels, que la maison du Calvet soit classée
comme monument historique pour en assurer la sauvegarde. Merci.
Le Président: Pétition déposée. Ce
qui nous mène à la période des questions des
députés. M. le chef de l'Opposition.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Puis-je vous demander, M. le Président,
d'indiquer à cette Chambre qu'un complément de réponse
sera donné par le ministre des Relations internationales et du Commerce
extérieur?
Le Président: Vous avez tout à fait raison de me le
rappeler. Puisque vous l'avez indiqué, je n'aurai pas besoin de le
faire.
M. le chef de l'Opposition. (15 h 20)
Questions et réponses orales
Motion proposant qu'une commission
spéciale étudie le système
de
sécurité à
l'Assemblée
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, ma question
s'adresse à l'honorable
premier ministre. Hier, après avoir rappelé les
événements tragiques de la semaine dernière à
l'Assemblée nationale, j'ai demandé au premier ministre s'il
était d'accord avec la démarche de notre formation politique qui,
par la voix du député de Portneuf, a déposé une
motion en cette Chambre à savoir que l'Assemblée nationale
constitue une commission parlementaire spéciale avec mandat "d'examiner
en détail l'évolution et l'administration du système de
sécurité à l'Assemblée nationale et en
évaluer l'efficacité; établir les principes et identifier
les objectifs d'un système permettant notamment que les portes de
l'Assemblée nationale demeurent ouvertes au public tout en étant
bien gardées."
Le premier ministre avait remis à aujourd'hui l'annonce de la
décision de son gouvernement à savoir de donner ou non son accord
à la tenue d'une telle commission parlementaire. Le premier ministre
voudrait-il informer cette Chambre de ladite décision?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Comme je le disais hier, en
réponse à une question du chef de l'Opposition, nous avons
discuté du sujet au caucus ministériel hier soir et nous avons
essayé de tirer le mieux possible les conclusions de cette discussion au
Conseil des ministres de ce matin. Je pense que je n'apprends rien au
député de Bonaventure, chef de l'Opposition, en lui disant que
nous avons chargé à midi aujourd'hui le whip en chef de notre
parti, le député de Lac-Saint-Jean, de rencontrer le whip en chef
du Parti libéral, au nom de qui la motion est inscrite, afin de lui
expliquer notre attitude dans ce dossier. Cette attitude je la résumerai
de la façon suivante:
Premièrement, nous entendons respecter d'abord et avant tout dans
cette affaire l'autorité et la responsabilité du président
de l'Assemblée nationale qui, conformément à l'article 116
de notre propre Loi sur l'Assemblée nationale est responsable du sujet
qui fait l'objet de cette motion. Dans cette veine, non seulement
accueillons-nous positivement les premières mesures correctives qu'il
nous a annoncées hier, mais nous lui exprimons notre confiance à
l'égard de l'examen plus approfondi qu'il a déjà entrepris
et dont il compte nous fournir les conclusions très prochainement.
Deuxièmement, nous sommes convaincus que le président
associera les parlementaires des deux côtés de la Chambre à
la prise de décision qui s'imposera à la suite de l'examen qui va
être fait et des études aussi qui sont menées en ce moment.
Là-dessus, M. le Président, je voudrais que vous sachiez tout de
suite que notre pleine collaboration, de ce côté-ci en tout cas,
vous est acquise.
Troisièmement, toute autre démarche, dans
l'immédiat, qui impliquerait une prise en considération trop
hâtive de l'ensemble du dossier et qui nous ferait courir le risque qui
est toujours présent de donner un caractère partisan à un
débat qui touche à des questions qui sont, par définition,
délicates et très complexes, nous apparaît, pour le moment,
inappropriée et peut même être imprudente, d'autant plus que
l'émotivité à l'extérieur comme à
l'intérieur du Parlement est encore très grande. Or, la motion de
l'Opposition ne nous met pas à l'abri de ce danger, bien au
contraire.
À midi, aujourd'hui, notre whip a proposé à son
vis-à-vis que nous nous entendions sur l'attitude qui nous paraît
devoir être privilégiée et que par conséquent, le
Parti libéral - il n'est pas obligé mais c'était notre
suggestion - accepte, tout simplement, de retirer sa motion. Le whip du parti
ministériel a reçu comme réponse une fin de non-recevoir.
C'est parfaitement le droit de l'Opposition. Je me permets quand même de
faire de nouveau appel à l'Opposition là-dessus parce qu'il nous
semble que s'il y a un sujet où il nous incombe de faire preuve de
circonspection et de travailler dans un esprit de consensus, c'est bien
celui-là. Cela devrait être facile. Il nous semble qu'il serait
beaucoup plus sage d'agir ainsi. Si l'Opposition tient...
Le Président: En conclusion, M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): J'avais préparé ma
réponse, M. le Président; elle est très brève, ce
n'est pas une déclaration ministérielle. Il s'agit d'un sujet
délicat et nous y avons réfléchi. Si l'Opposition tient
à maintenir sa motion, nous du parti ministériel, nous croyons
que nous devons la battre. Le débat nous permettra d'expliquer les
raisons d'une position qui nous semble dictée d'abord et avant tout par
le bon sens le plus élémentaire et aussi, je crois, par
l'intérêt public.
Le Président: En question principale, M. le
député d'Argenteuil.
Le dossier des micro-ordinateurs
scolaires
M. Ryan: Ma question s'adresse au ministre de l'Éducation
et porte sur le dossier des micro-ordinateurs. La date du 15 mai est maintenant
arrivée. C'est la date qu'avait choisie le gouvernement pour faire
l'examen du nouveau modèle français qu'il avait retenu aux fins
d'équipement des écoles en matière de micro-ordinateurs.
Je voudrais demander au ministre: le banc d'essai qui avait été
annoncé a-t-il eu lieu? Qui composait ce banc d'essai? Quel appareil
ou
quels appareils ont été examinés à cette
occasion?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président, le banc d'essai
a eu lieu; il a été complété vendredi dernier. La
firme CGI de l'extérieur du gouvernement a réalisé les
essais en question pendant plus de trois jours. Il y avait également des
représentants des commissions scolaires qui ont surveillé le
déroulement des opérations. L'appareil testé a
été le Max-20E de la société Comterm-Matra.
Le Président: En complémentaire, M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, la firme Bytec-Comterm qui doit
être associée à Matra dans cette entreprise a
affirmé, la semaine dernière, par la voix de son président
qu'elle s'était fait imposer la filière française par le
gouvernement et qu'elle était en mesure de fournir par elle-même
un modèle de fabrication et de conception entièrement
québécoises. Cet appareil a-t-il fait l'objet d'un examen du banc
d'essai? Le président de Bytec-Comterm annonçait qu'il avait
aussi fait l'examen d'un banc d'essai, est-ce celui du gouvernement? Le
gouvernement entend-il examiner cet appareil? Dans l'hypothèse où
il serait recevable, est-il disposé à réviser la ligne de
conduite qu'il a annoncée jusqu'à maintenant?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M- Bérubé: M. le Président, je ne souscris
pas à l'affirmation à savoir que le consortium français
aurait été imposé à la société
Comterm dans la mesure où je soulignerais que lorsque le gouvernement a
entrepris ses premières démarches pour standardiser
l'équipement d'ordinateurs dans nos écoles, la firme Comterm ne
disposait pas à l'époque d'un ordinateur qui lui appartenait en
propre et n'était pas non plus actionnaire de la firme Bytec.
Deuxièmement... J'ai oublié le point que vous avez
soulevé. Je m'excuse, M. le Président.
Le Président: M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Fera-t-il l'objet d'un examen? Y a-t-il eu une
réponse à la question?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: L'appareil Hypérion dont on
parle, M. le Président, a effectivement été testé
par les soins d'une firme privée également engagée par le
ministère de l'Éducation de même que nous avons fait,
à ma connaissance, des essais sur un certain nombre d'appareils, essais
nettement moins complets que ceux qui ont été effectués
sur l'appareil en question. Toutefois, soulignons que l'appareil qui a fait
l'objet d'une présentation publique par la société Comterm
était un appareil d'un type nouveau, sans doute dérivé de
l'Hypérion, mais pouvant cependant présenter des
caractéristiques différentes qui n'ont pas fait l'objet
d'analyses.
Le Président: M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Est-il vrai, M. le ministre, que le modèle
examiné la semaine dernière est un prototype et non un appareil
de série? Est-il vrai également qu'il ne serait pas disponible
pour livraison dans les écoles à temps pour le début de
l'année scolaire 1984-1985? Si oui, qu'est-ce que le gouvernement va
faire en attendant? Quelle ligne de conduite indiquera-t-il aux commissions
scolaires?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: Dans le premier cas, s'il s'agit
effectivement d'un prototype, il s'agit toutefois d'une conception très
avancée, donc très près de la production industrielle,
mais de toute façon, nous pensons que des modifications doivent
être apportées à l'appareil. Deuxièmement, il est
également exact de dire que la firme ne peut pas produire au
Québec immédiatement l'ensemble des appareils dont nous avons
besoin. Troisièmement, nous serons en mesure d'annoncer très
bientôt quelles mesures nous prendrons pour permettre à nos
commissions scolaires de répondre aux besoins les plus
immédiats.
Le Président: M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, j'aimerais que le ministre nous
dise quand il rendra publique la décision du gouvernement. Ce serait
très utile entre parenthèses. Est-il prêt à
s'engager à rendre enfin publics par la même occasion tous les
documents qui ont servi à l'évaluation, au choix et à la
prise de décision, y compris le texte initial de la proposition soumise
par le complexe Bytec-Comterm-Matra, les propositions subséquentes qui
ont pu être reçues, des échanges de correspondance qui ont
pu avoir lieu à ce sujet, ainsi que les autres communications ou si tout
cela va demeurer le privilège exclusif, la propriété
presque privée du gouvernement? (15 h 30)
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: Premièrement, nous pourrons
effectivement faire l'annonce de la décision gouvernementale demain, en
toute probabilité. Deuxièmement, en ce qui a trait aux
différents documents, j'ai déjà eu l'occasion de
répondre au député d'Argenteuil qu'un certain nombre de
ces documents était de nature privée, c'est-à-dire
relié à la négociation, aux signatures de contrats, entre
le gouvernement et des tierces parties. Normalement, tel que le prévoit
d'ailleurs notre loi d'accès à l'information, de tels documents
ne sont pas d'accès public. Par contre, d'autres documents pourraient,
au contraire, s'avérer d'accès public. Tout ce que je sais, c'est
que j'examinerai l'ensemble du volumineux dossier pour voir quels sont les
documents qui, effectivement, peuvent être diffusés sans risquer
de porter préjudice à qui que ce soit.
Le Président: Question principale, M. le
député d'Outremont.
Les problèmes des producteurs
de bois du Bas-Saint-Laurent
et de la Gaspésie
M. Fortier: M. le Président, j'avais une question pour le
ministre de l'Énergie et des Ressources, mais comme il est absent et que
le premier ministre est originaire de la Gaspésie, je suis sûr que
la question va l'intéresser.
La situation financière des producteurs de bois du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie n'a rien d'enviable. Au cours des
dernières années, ils ont subi des pertes financières
considérables. La hausse du coût de la vie, les fluctuations du
taux de change et la perte des marchés sont les principales raisons de
cette situation. Dernièrement, les producteurs de bois du
Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie ont reçu un coup très
dur. Le 27 mars dernier, la société Consolidated Bathurst de
Port-Alfred informait les producteurs de bois que c'était la
dernière année qu'elle achetait leur bois à cause d'une
décision du ministère de l'Environnement refusant à la
société un permis de dragage, dragage qui a été
effectué année après année depuis très
longtemps. Quand on sait que cette compagnie a acheté durant au moins
les cinq dernières années pour environ 3 000 000 $ de bois et que
cet acquis sur le plan économique est extrêmement important pour
la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, quand on sait jusqu'à quel
point ces producteurs de bois ont eu des difficultés ces
dernières années, le premier ministre peut-il nous dire, en
l'absence du ministre de l'Énergie et des Ressources, s'il est conscient
de l'importance de ces ventes de bois à la Consolidated Bathurst? Le
Conseil des ministres ayant été saisi ces dernières
années exactement du même problème et du même
dossier, le premier ministre peut-il nous assurer que ce problème sera
porté à l'attention du Cabinet et que le premier ministre
lui-même, originaire de la Gaspésie, s'assurera que les
producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie auront gain
de cause pour continuer ces ventes de bois, essentielles pour l'économie
de la Gaspésie et du Bas-Saint-Laurent.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, pour ce qui
pourrait être l'implication directe du ministère de
l'Énergie et des Ressources, je vais prendre avis de la question et je
vais compter, comme Gaspésien d'origine, comme l'a dit le
député, que le Mauricien qui est ministre de l'Énergie et
des Ressources n'oublie pas ma région d'origine. Pour ce qui est de
l'Environnement, qui est impliqué directement dans la question du
député d'Outremont, je demanderai au Beauceron qui est ministre
de l'Environnement de peut-être fournir des éléments de
réponse à la question du député d'Outremont.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: Oui, M. le Président. Je pense que le sujet
auquel fait allusion le député d'Outremont est une tempête
dans un verre d'eau qui, par surcroît, est tout simplement
prématurée, en ce sens que la compagnie Consolidated Bathurst
s'est vu refuser le droit de procéder à du dragage dans la Baie
des Ha! Ha! à moins qu'elle ne sorte de l'eau le résidu de ce
dragage. C'est une condition qu'on a posée à toutes les
entreprises papetières et qui a été respectée
partout. Je dois ajouter que la compagnie Consolidated Bathurst a
été avertie de cette position du ministère de
l'Environnement il y a de cela plusieurs années et que cette
année, nous l'avons avertie finalement que nous ne tolérerions
plus le fait de déposer plus loin dans le lit du Saint-Laurent les
débris recueillis. De toute façon, on ne peut aller plus loin
dans ce débat tant et aussi longtemps qu'on ne connaîtra pas
l'écart de coût entre le dragage traditionnel qu'elle
répète depuis plusieurs années et les coûts
additionnels posés par notre exigence. Seule une étude d'impact
peut nous révéler ces coûts et cet écart, et nous
n'avons pas encore l'étude d'impact qui doit être faite par la
compagnie.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que le ministre réalise, lorsqu'il
défend son dossier comme il le fait, qu'une solution au problème,
bien sûr, serait la construction éventuelle et
problématique de la papeterie de Matane puisque, à ce
moment-là, les producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent et de la
Gaspésie pourraient vendre leur bois à la papeterie de Matane?
Mais cette promesse qui a été faite par plusieurs ministres,
semblable à celle que plusieurs ministres du gouvernement ont faite du
même genre à Maniwaki, s'avère une possibilité de
plus en plus lointaine et, en attendant, les gens de la Gaspésie doivent
vendre leur bois. Est-ce que le ministre de l'Environnement pourrait nous dire,
à la suite de la réunion qui a eu lieu jeudi dernier avec ses
hauts fonctionnaires, s'il est à même d'accorder un moratoire sur
la demande qu'il a exprimée à la Consolidated Bathurst pour
permettre aux gens de la Gaspésie de vivre au moins un an ou deux de
plus en attendant que la papeterie de Matane se réalise?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Ouellette: M. le Président, le moratoire auquel me
convie le député d'Outremont dure depuis déjà
plusieurs années. Nous avons, à chacune de ces années,
répété à la compagnie qu'elle devait se conformer
aux règlements du ministère de l'Environnement comme toutes les
autres entreprises le font. Alors, ce moratoire a eu lieu. Aujourd'hui, le
temps est venu d'appliquer les règlements du ministère de
l'Environnement et de procéder à l'extraction de ces
résidus pour les enfouir, comme le veulent ces règlements, en sol
approprié plutôt que de rejeter cela dans le lit du Saint-Laurent,
ce qui devient une forme de pollution qui n'est pas acceptable.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, c'est un cas patent qui
affecte l'économie de la Gaspésie. Ma question au premier
ministre est celle-ci: Est-ce que le premier ministre se rend compte qu'il aura
à faire face à une situation où, probablement, le ministre
de l'Énergie et des Ressources - j'ose l'espérer - prendra la
défense des producteurs de bois et où le ministre de
l'Environnement cherchera à défendre son dossier? Dans un tel
état de choses, est-ce que le premier ministre peut nous assurer qu'il
va agir comme arbitre pour s'assurer qu'une décision soit prise dans le
meilleur intérêt des producteurs de bois du Bas-Saint-Laurent et
de la Gaspésie?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): On me dit, de toute façon,
que le ministre de l'Énergie et des Ressources, qui a été
retardé pour des raisons probablement sérieuses - même que
j'en suis sûr - devrait être ici d'ici quelques instants. Il pourra
peut-être entrer dans plus de détails, si le député
d'Outremont en veut davantage.
Il y a une chose qui me frappe, c'est qu'il y a ici un
député d'Outremont qui parle du fait que, après trois ans
de moratoire sinon quatre, il faudrait accorder un autre moratoire à une
compagnie par rapport à des règlements d'environnement qui sont
d'une extrême importance et qu'il y a un autre député, la
députée de Chomedey, qui se promène - et
légitimement - avec une charte de l'environnement depuis un certain
temps. Il faudrait tout de même apprendre à concilier ses
priorités. Il est évident, quand on est dans l'Opposition, qu'on
n'est pas obligé de le faire. Quand on est au gouvernement, il faut
concilier les priorités.
D'une part, il y a une pression croissante chez nous - on n'en parlait
pas il y a quinze ans, mais on sait à quel point c'est une pression qui
est très saine - pour qu'on cesse de polluer et, dans certains cas,
littéralement d'empoisonner l'environnement. D'autre part, il est
évident qu'il y a aussi une priorité absolue du côté
du développement économique et du maintien des emplois ou de la
création d'emplois. Il est sûr que cela demande des arbitrages. On
le sait partout, sauf si on veut jouer de la démagogie. Pour
répondre très personnellement à la question du
député d'Outremont, il est sûr que l'arbitrage, si c'est
nécessaire, viendra au Conseil des ministres et au bureau de celui qui
vous parle. On fera le mieux possible en voyant comment cela se concilie. Mais
ce n'est pas si simple que les questions du député d'Outremont le
laisseraient entendre.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que le premier ministre se rend compte que,
pour vendre du bois à la Consolidated Bathurst l'an prochain, la coupe
de bois devra commencer le 1er juin? Comme le premier ministre a toujours des
préjugés favorables pour à peu près n'importe quoi,
peut-il nous dire s'il a un préjugé favorable pour le
développement économique de la Gaspésie?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Non, je n'ai pas de
préjugé favorable pour n'importe quoi. Par exemple, je n'en ai
pas beaucoup pour le genre de questions et le genre de développement un
peu démagogique que fait le député d'Outremont. Pour ce
qui est du
développement de la Gaspésie et de la région
gaspésienne, que ce soit la région océane, la
région du bord du golfe ou la région intérieure, je ferai
remarquer au député d'Outremont que, en dépit de tous les
dégâts que la crise a pu causer, si Murdochville n'a pas
fermé - parce que Murdochville a dû vivre en produisant du cuivre
qui se vendait moins cher que son coût de production - est-ce que
l'initiative du gouvernement, en ce qui concerne l'appui au nouveau
développement de la compagnie, qui était très incertain,
n'a pas compté? (15 h 40)
Les usines de sciage qui fermaient les unes après les autres, qui
étaient d'ailleurs fermées au temps de nos
prédécesseurs, pour quelques-unes d'entre elles, et que la crise
a fini d'écraser vont rouvrir et cela va coûter un certain nombre
de millions. Est-ce que cela n'a pas accompagné le mandat de ce
gouvernement-ci? Les gens de Matane et d'ailleurs pourraient vous le dire.
La même chose du côté des pêches, à
condition que le gouvernement fédéral cesse de mettre des
bâtons dans les roues tout le temps.
Des voix: Ah!
M. Lévesque (Taillon): Et l'usine de panneaux de la
vallée de la Matapédia? Et le sel des îles que le
fédéral ne voulait pas qu'on développe?
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Lévesque (Taillon): Parce que, n'est-ce pas, cela
aurait pu déranger des concurrents dans les Maritimes. Tout cela prouve
quand même une chose: on se préoccupe, et on s'en est
préoccupé tout le temps, malgré les difficultés de
la crise, du développement régional en Gaspésie comme
partout où c'est possible. Dans le cas évoqué par le
député d'Outremont, avec les conciliations de priorités
que cela exige, on va s'en occuper également.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que je pourrais simplement
demander au premier ministre de vérifier - ce sera peut-être
intéressant pour lui, cela aura peut-être pour effet
également de modérer ses transports -le taux de chômage le
plus récent en Gaspésie qui est la région la plus
affectée et plus que jamais par le chômage?
Le Président: M. le premier ministre. M.
Lévesque (Taillon): Je vais modérer mes transports. En
général, je me modère quand c'est le député
de Bonaventure qui se transporte un peu partout, en grimpant dans les rideaux.
Maintenant, puisqu'on revient à un ton serein, je rappellerai au
député de Bonaventure, puisqu'on a fait partie du même
gouvernement dans les années soixante, que parmi les régions qui
ont toujours été douloureusement affectées par le
chômage, plus que la moyenne, il y a le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie. On n'a pas réussi à corriger tout cela,
d'accord, mais les efforts que je viens d'évoquer et dont les
résultats sont concrets, ces efforts ont quand même
été accomplis.
Je vous ferai remarquer que justement en ce qui concerne l'effort de
répartition des budgets spéciaux pendant les périodes les
plus creuses de la crise - on peut continuer encore, sauf erreur - l'effort
maximal, per capita, par rapport aux populations concernées, sauf
erreur, a justement porté sur le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie
parce qu'on savait qu'il y avait une priorité à ces endroits et
tout ce qu'on pouvait faire pour réduire les dégâts, on l'a
fait.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre, dans son
énumération, ne pourrait-il pas penser également à
tout ce qui est fermé, à tout ce qui a été
fermé sous son régime? Ne pourrait-il pas penser à la
pépinière de Paspébiac, à l'usine de poisson de
Paspébiac, aux autres scieries qui sont fermées, à la
scierie de Causapscal, qui a été promise durant les
élections et qui n'a jamais été réalisée, au
moulin de Matane et ainsi de suite? Faites le tour de la Gaspésie: les
chantiers maritimes de Gaspé, les chantiers maritimes de
Paspébiac... On peut énumérer toute une série de
choses qui, présentement, demandent l'action du gouvernement.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Sans même avoir la
méchanceté de faire remarquer au député de
Bonaventure que quelques-unes de ces catastrophes étaient vraiment des
produits de leur administration...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Lévesque (Taillon): ...j'ajouterai...
Des voix: C'est la faute du Parti libéral!
Le Président: A l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
M. Lévesque (Taillon): ...simplement deux choses dont
l'une est un fait. En ce qui concerne l'argent ou les fonds publics
consacrés à la création d'emplois ou au maintien de
l'emploi, sauf erreur, les derniers chiffres démontrent que pour le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie, l'effort du gouvernement dans cette
région a été de cinq fois supérieur. Autrement dit,
cinq fois plus que la moyenne à l'échelle du Québec.
Deuxièmement, il est assez normal...
Une voix: La relance...
M. Lévesque (Taillon): ...parce que c'est le rôle de
l'Opposition... Je vais dire comme le député de Bonaventure le
dit souvent: C'est un peu le jeu de l'Opposition, c'est, hélas! le jeu
parlementaire. De ce côté-là il faut qu'on parle de tout ce
qui est fermé et nous on essaie de parler de tout ce qui peut ouvrir et
qui est ouvert.
Le Président: M. le député de Saguenay.
L'usine Hareng-du-Nord de Baie-Trinité
M. Maltais: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
concerne l'usine de Baie-Trinité, le Hareng-du-Nord. Le 1er mai, un
comité de travailleurs a communiqué avec le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation - il faut se rappeler
que cette usine est fermée, que les 125 travailleurs sont à pied
et que la saison de pêche avance - pour demander l'intervention du
ministre dans ce dossier.
J'aimerais connaître l'état du dossier et ce que le
ministre entend faire précisément avec cette usine.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: II s'agit d'une entreprise qui appartient à une
compagnie de la Nouvelle-Écosse, Comeau Sea Food, qui a
décidé de ne pas rouvrir son usine cette année. Des
travailleurs aimeraient bien que l'usine rouvre. Il y a eu des pourparlers avec
la Société québécoise d'initiatives
agro-alimentaires pour voir s'il ne serait pas possible d'avoir un projet qui
permettrait de rouvrir cette usine.
Par ailleurs, la même entreprise, qui est propriétaire
d'une autre usine à Cap-Chat, a décidé d'ouvrir
celle-là parce qu'elle est plus payante, je suppose, et n'a pas
décidé d'ouvrir encore celle de Baie-Trinité. Si les
pourparlers démontrent qu'il est possible d'ouvrir cette entreprise en
faisant des revenus, j'imagine que le projet qui est actuellement en discussion
entre ces gens pourra se réaliser... On vient d'apprendre que cette
entreprise n'ouvrira pas ses portes et le projet est analysé par des
promoteurs, plutôt que par les employés et SOQUIA.
Le Président: M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Est-ce que le ministre pourrait informer la
population de Baie-Trinité si elle a des chances que l'usine ouvre cette
année? Par la même occasion, pour rassurer cette même
population, pour éviter des protestations inutiles et des pertes de
temps inutiles, est-ce que le ministre ne pourrait pas venir rencontrer la
population ou son représentant pour expliquer clairement la situation?
Je comprends que c'est ambigu, mais il reste aussi que c'est la seule usine
dans le village de Baie-Trinité et les gens sont impatients de savoir si
oui ou non ils auront leur gagne-pain cette année. Je pense que ce
serait un geste humanitaire de la part du ministre de venir rencontrer la
population. Est-ce qu'il accepterait cette invitation?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: II s'agit essentiellement d'une entreprise qui
appartient à quelqu'un qui a décidé de ne pas l'ouvrir
cette année. On n'est pas encore dans un régime communiste ou
socialiste où on pourrait mettre la main sur une usine de force alors
que les propriétaires de ladite usine ne veulent pas l'ouvrir.
La banque qui a prêté de l'argent a aussi des droits au
point de vue hypothécaire. Ce n'est pas nous qui pouvons prendre
possession de l'usine de cette façon. Il y a des pourparlers entre les
propriétaires. Je sais que la banque suit le dossier de près. Je
sais que des gens de la place sont intéressés, mais entre vouloir
et pouvoir, il y a une marge, d'autant plus que l'usine appartient à
quelqu'un. Ce n'est pas une usine dans un "no man's land". Si un projet est
possible sur une base de rentabilité, nous serons
intéressés à y contribuer, mais il faut d'abord que les
gens qui sont intéressés à diriger cette entreprise
puissent mettre au point leur projet et finalement peut-être acheter
l'entreprise s'ils le peuvent.
Le Président: M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Dernière question additionnelle. J'aimerais
savoir comment sont les relations entre le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation et M. Comeau? On se rappelle que c'est
le même propriétaire dont le
ministre avait saisi le Rally et le Nadine, les deux chalutiers en haute
mer. Est-ce que les relations sont excellentes entre le ministère et
Comeau Sea Food? (15 h 50)
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: M. le Président, les relations sont assez
bonnes, parce que j'ai rencontré M. Comeau à quelques reprises:
le père qui est venu de la Nouvelle-Écosse et son garçon.
Parfois, le comptable était présent. J'ai rencontré ces
gens à plusieurs reprises. M. Comeau ou l'entreprise Comeau, comme
toutes les entreprises dans le domaine des pêches, dans l'Est du Canada,
se trouve dans une situation financière difficile parce que les taux
d'intérêt s'établissaient à 25%, 20%. C'est une
entreprise qui est en difficulté et qui songe plutôt à
essayer de rapatrier le maximum de ses avoirs au Québec vers la
Nouvelle-Écosse. Ses actifs au Québec sont à vendre. Il y
a un projet avec des pêcheurs pour acheter à Cap-Chat. Il y a des
gens à Baie-Trinité qui pensent acheter l'usine de M. Comeau.
Lui-même ne veut plus l'exploiter. En attendant, l'usine n'appartient pas
au gouvernement. Elle appartient à M. Comeau. Il y a des
hypothèques bancaires. La banque suit cela de très près.
Comme n'importe qui désirant acheter ou ne pas acheter une entreprise...
Si le député d'Argenteuil est intéressé, pas le
député d'Argenteuil, mais le député de...
Une voix: Gatineau.
M. Garon: ...Gatineau est intéressé à
l'acheter et à l'exploiter, je vous souhaite bonne chance et on vous
aidera à part cela. En attendant, l'usine appartient à quelqu'un
qui a décidé de ne pas l'ouvrir; elle est à vendre. Ceux
qui veulent l'acheter, s'ils peuvent l'acheter, et veulent faire un projet
rentable, on leur donnera un coup de main.
Le Président: Question principale, M. le
député de D'Arcy McGee.
Les évasions à l'institut Pinel
M. Marx: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre de la Justice. Le 8 mai 1984, M. Giovanni Fasciano s'évadait
pour la deuxième fois de l'institut Pinel, à Montréal. M.
Fasciano qui a tué sa mère en 1980 n'a jamais eu de procès
parce que jugé inapte à le subir pour cause d'aliénation
mentale. Au poste de radio CJAD, à Montréal, le vendredi 11 mai,
le ministre de la Justice a essayé de blâmer le Solliciteur
général du Canada laissant croire que M. Fasciano était
à l'extérieur de l'institution en vertu d'une permission de jour
émise par les autorités fédérales. En fait, M.
Fasciano est détenu en vertu d'un mandat du lieutenant-gouverneur du
Québec et au bon plaisir de ce dernier, c'est-à-dire au bon
plaisir du ministre de la Justice.
Une voix: Du Québec.
M. Marx: Le ministre de la Justice du Québec, bien
sûr.
Avant-hier, M. Derek Gordon Charlton s'était évadé
de l'institut Pinel. Il a été condamné pour homicide
involontaire en 1978. M. Charlton avait une permission de jour accordée
par le directeur du pénitencier, à Laval.
Dans ces deux cas, le gouvernement du Québec et son ministre de
la Justice ont la responsabilité de garder ces personnes d'une
façon sécuritaire. Ma question est la suivante: quelles mesures
le ministre a-t-il prises pour arrêter des évasions de l'institut
Pinel? Deuxièmement, n'est-il pas vrai que le ministre de la Justice
nous a induits en erreur le 11 mai en donnant à croire que M. Fasciano
avait une permission de jour qui relevait du Solliciteur général
du Canada, rejetant ainsi tout le blâme, faussement, sur ce dernier?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je voudrais
simplement rassurer le député de D'Arcy McGee, à savoir
que ce n'est pas mon habitude de rejeter le blâme sur ceux qui en
auraient, qu'il est exact, selon ce qu'on en dit, que le prévenu
Fasciano est effectivement sous garde en vertu du principe qui veut que ce soit
le lieutenant-gouverneur, au bon plaisir, qui le détienne pour
inaptitude à subir son procès, et que l'institut Pinel est un
établissement du réseau des affaires sociales qui contracte avec
le ministère de la Justice ainsi qu'avec les services du Solliciteur
général du Canada dans d'autres circonstances, comme on le
sait.
J'ai demandé à la direction concernée à mon
ministère, au sous-ministre associé responsable, dans les jours
qui ont suivi, après avoir pris les mesures nécessaires, que nous
sensibilisions au maximum les corps policiers pour qu'on retrouve l'individu en
question, ce qui a été fait, et ce qui a été fait,
je crois, avec beaucoup d'efficacité, notamment par la
Sûreté du Québec. Nous avons fait en sorte que l'ensemble
de ces conditions et l'évaluation qu'on peut faire de la qualité
sécuritaire de l'institut Pinel donnent et fassent l'objet de
recommandations, si nécessaire.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: II n'a pas répondu, cela est évident. Il a
appris de son maître, l'ancien ministre de la Justice. N'est-il pas vrai
- ce n'est pas l'hiver, mais il continue à patiner -que beaucoup de
temps s'est écoulé dans ces deux cas avant que l'institution,
c'est-à-dire l'institut Pinel ait avisé les corps policiers qu'il
y avait eu des évasions? Le ministre est-il au courant qu'au niveau
fédéral, ils sont en train de resserrer les mesures de
sécurité en ce qui concerne les permissions de jour?
Troisièmement, le ministre peut-il nous rassurer qu'il prendra des
mesures pour rendre ces évasions quasiment impossibles? On veut savoir
quelles mesures il entend prendre.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): À la première question, je
fournirai une évaluation précise du temps au député
lors d'une prochaine séance. Deuxièmement, oui je suis au courant
que le gouvernement fédéral, selon des déclarations du
Solliciteur du Canada, M. Kaplan, est en voie de réévaluer le
système des permissions et que chez nous c'est un mécanisme qui a
un caractère plus ou moins permanent. Troisièmement, oui je peux
le rassurer: effectivement, je pense que je l'ai fait dans la première
intervention à la suite de sa première question quant au fait que
nous avons demandé d'évaluer les questions, ce dont il
s'agit.
M. Marx: Dernière question complémentaire.
Le Président: M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Ce n'est pas vraiment une nouvelle question. C'est une
ancienne question que je répète parce que le ministre l'a
oubliée. N'est-il pas vrai que le ministre de la Justice nous a induits
en erreur le 11 mai en donnant à croire que M. Fasciano avait une
permission de jour qui relevait du Solliciteur général du Canada,
rejetant ainsi tout le blâme faussement sur ce dernier. Il a fait cela
aux nouvelles, à quelques reprises.
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): J'aurai l'occasion de répondre avec
force détails au député plus tard.
Le Président: Question principale, M. le
député de Charlesbourg.
La politique de la chasse à la trappe M. Côté:
Ma question s'adresse au ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. En 1983, le ministre faisait part à la population du
Québec d'une nouvelle politique concernant le trappage. Or, à la
lecture des journaux ces derniers temps, on apprend que nous allons avoir une
"renouvelle" politique du trappage et qu'il a reçu antérieurement
une pétition signée d'à peu près 8000 trappeurs du
Québec revendiquant des territoires additionnels de trappe. L'on sait
que deux régions, l'Abitibi et la Côte-Nord s'opposent à la
nouvelle politique de trappage, contrairement aux autres régions du
Québec. Est-ce que le ministre peut nous confirmer que, effectivement,
il y aura une "renouvelle" politique du trappage? Que contiendra-t-elle? Quand
sera-t-elle en application?
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Chevrette: C'est vrai que l'an dernier nous avons
annoncé qu'il y aurait une politique du trappage, politique que j'ai
retardée dans son application pour une année purement et
simplement parce qu'il n'y avait pas un consensus unanime au Québec et
que nous avions deux régions, en particulier, l'Abitibi et la
Côte-Nord qui s'y opposaient. Depuis lors, j'ai personnellement
rencontré, avec les employés de mon ministère, les
trappeurs de l'Abitibi et j'ai également rencontré, avec mes
fonctionnaires, les trappeurs de la Côte-Nord. Encore la semaine
dernière, nous rencontrions le nouveau président des trappeurs de
la Côte-Nord et nous formions des comités conjoints MLCP/trappeurs
Côte-Nord et Abitibi pour essayer de trouver une solution, puisqu'ils
s'opposent en particulier au découpage que nous proposons.
Ce que nous proposons. Il est évident que nous voulons ajouter
environ 1500 terrains de piégeage enregistrés au Québec
puisque cette industrie, qui génère des activités
économiques d'environ 25 000 000 $ présentement, pourrait
facilement voir doubler l'effet et que, comme impact économique au
Québec, nous le pourrons facilement parce que nous prélevons
à peine 45% du potentiel annuel que nous pourrions prélever.
Alors, oui il y aura politique. Elle a franchi le cap du comité
ministériel et bientôt je la rendrai publique. J'ose
espérer que nous pourrons, d'ici là, cependant trouver les
accommodements nécessaires en ce qui regarde le découpage pour
les deux régions dissidentes.
M. Côté: Question additionnelle.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: Quelle échéance le
ministre
s'est-il fixée, septembre, octobre? Je crois que c'est quand
même très important, compte tenu de la période. (16
heures)
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Chevrette: La politique sera en application cet automne.
Le Président: Question principale, M. le
député de Gatineau.
Les projets gouvernementaux dans la région de
Maniwaki
M. Gratton: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Énergie et des Ressources. On sait qu'à la suite
de nombreuses manifestations de la part de la population de la région de
Maniwaki et de la Haute-Gatineau, le ministre rencontrait, la semaine
dernière, des délégués de la région,
notamment le maire de Maniwaki, pour discuter des projets du ministère,
projets d'implantation d'industries créatrices d'emplois dans cette
région, à la suite de nombreuses promesses et engagements que le
gouvernement a pris dans cette région. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire, à ce moment-ci, quelles sont les ententes ou quels sont les
arrangements qu'il a pris avec les délégués de la
région? Quelle suite entend-il donner aux revendications du milieu?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Duhaime: M. le Président, dans ce dossier, de
nombreuses rencontres ont eu lieu au cours de la semaine dernière et
également en fin de semaine. J'ai d'abord rencontré les
dirigeants de la compagnie MacLaren qui, de décembre 1980 à
décembre 1982, ont eu en réserve un droit de coupe de 200 000
mètres cubes pour un projet MDF dans la région de la
Haute-Gatineau. J'ai rencontré les dirigeants qui m'ont fait part que
leur évaluation, tant du marché que du retour sur les
investissements requis dans un projet comme celui-là, ne satisfaisait
pas la direction de cette entreprise et que, pour l'instant, le projet
était en suspens.
Depuis, mes fonctionnaires ont rencontré plusieurs personnes de
la région. J'ai moi-même, vendredi soir dernier à
Montréal fait le point avec le maire de Maniwaki, M. Gendron, le
préfet de la MRC, le président des gens d'affaires; enfin, ils
étaient quatre ou cinq. On a fait le point sur deux choses:
premièrement, l'établissement d'un budget et d'un calendrier de
travaux pour l'année en cours et pour les années à venir
quant à la poursuite de la construction de la route
Maniwaki-Témiscamingue. J'ai ajouté que, pour ma part,
j'étais disposé à discuter avec le gouvernement
fédéral une entente ad hoc pour pouvoir arrêter le
financement complet et le calendrier des travaux. Je suis informé que,
depuis ce temps-là, du côté d'Ottawa, même s'il y a
un moratoire dans l'industrie du sciage et même si c'est l'impasse totale
pour ne pas dire un cul-de-sac pour ce qui est de l'entente auxiliaire sur la
forêt, au niveau des hauts fonctionnaires fédéraux
qu'auraient rencontré le maire Gendron et d'autres de son groupe, il
semblerait qu'il y aurait une ouverture. Nous sommes bien disposés
à en parler. Si on peut dégager des crédits, comme je l'ai
dit en commission parlementaire, nous le ferons.
Pour ce qui est de tout autre projet de développement industriel
dans cette région, j'ai fait parvenir un télex, hier soir,
à M. Gendron qui était - si je peux le résumer, M. le
Président - un canevas de travail, une proposition où des gens de
mon ministère et le comité d'action dans ce secteur assureraient
le suivi, tant sur la route que sur tout projet de développement
industriel qui pourrait naître dans cette région du
Québec.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Une courte complémentaire. Est-ce que le
ministre pourrait être un peu plus précis et nous dire si,
effectivement, il y aura des sommes consacrées au parachèvement
de la route qu'on appelle la route Maniwaki-Témiscamingue? Si oui, quels
sont les montants et à quel moment?
Le ministre sait sans doute que l'été approche à
grands pas et qu'en temps normal les travaux sont déjà
commencés. Il est sûrement conscient de l'urgence de faire en
sorte que les travaux reprennent le plus tôt possible pour tâcher
d'amenuiser le chômage qui est très élevé dans la
région. Est-ce que le ministre peut, au moins, nous donner une
indication du moment où il pourra dégager des sommes et
possiblement nous dire le montant qui sera disponible?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources, brièvement.
M. Duhaime: J'ai parlé avec le groupe de Maniwaki d'un
montant de 2 000 000 $ qu'on pourrait débloquer cette année. Je
vois mon collègue du Conseil du trésor et je voudrais donner
l'assurance que nous allons faire de l'autofinancement sur ce genre de
dépense.
M. Bertrand: La vice-présidence...
M. Duhaime: J'ai indiqué aussi que si
nous avions l'esprit de l'entente auxiliaire sur la forêt qui est
terminée depuis le 31 mars sur un dossier ad hoc, 2 000 000 $ du
Québec pourraient commander 3 000 000 $ supplémentaires du
gouvernement fédéral. Ce serait la répartition 60-40,
telle que nous l'avons connue. Au lieu de dépenser seulement 2 000 000 $
sur les tronçons cette année, on pourrait dépenser 5 000
000 $. C'est dans ce sens que j'ai fait l'ouverture. On l'a toujours fait
d'ailleurs. Cela fait huit ou neuf mois qu'on dit au gouvernement
fédéral qu'on est intéressé à reconduire
l'entente auxiliaire sur la forêt. Quant au calendrier des travaux, ces
travaux étant faits en régie et sous appels d'offres
régulièrement, on devrait être en mesure de commencer pour
juin.
M. Gratton: Une dernière question additionnelle
très courte, M. le Président.
Le Président: Fin de la période des questions. La
période des questions est déjà dépassée.
M. Gratton: Très courte, M. le Président. Si vous
permettez, M. le Président. Le ministre ne reconnaîtra-t-il pas
que l'entente auxiliaire originale prévoyait que les travaux sur cette
route seraient terminés pour ,1980? Si, aujourd'hui, il est
nécessaire d'aller chercher d'autres sommes auprès du
gouvernement fédéral, est-ce que ce n'est pas au gouvernement du
Québec qu'on doit le reprocher, lui qui s'est traîné les
pieds dans la construction de cette route?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
Une voix: Fin de la période des questions.
M. Duhaime: Le député de Gatineau est dans
l'erreur, M. le Président. Je lui suggérerais, à sa
prochaine rencontre avec son député fédéral ou un
ministre du gouvernement d'Ottawa, de se faire expliquer la mécanique
administrative d'une entente auxiliaire. C'est administré par un
comité conjoint composé de fonctionnaires des deux
côtés...
Une voix: Conjoint...
M. Duhaime: Bien oui, c'est conjoint, ils sont deux. Un propose
d'investir tant de millions sur tel projet, l'autre dit qu'on devrait mettre un
peu plus et un peu moins et, finalement, ils s'entendent. S'il y a des
déboires dans la région de la Haute-Gatineau, c'est
peut-être aussi que l'état de vos relations avec le gouvernement
fédéral n'est pas aussi bon que vous le prétendez.
Le Président: La période des questions est
effectivement terminée. À l'ordre!l À l'ordre!
Il devait y avoir une réponse complémentaire du ministre
des Relations internationales. Comme quoi, M. le leader adjoint, j'avais bien
fait de ne pas l'annoncer.
Aux motions sans préavis, M. le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche.
Félicitations à M. Paul Germain et
à ses coéquipiers de TaeKwon-Do
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je désire
solliciter le consentement de cette Assemblée pour présenter une
motion de félicitations à l'égard de M. Paul Germain et de
ses coéquipiers pour les performances lors du 4e championnat mondial de
TaeKwon-Do qui s'est tenu en Écosse. Merci.
Le Président: Y a-t-il consentement à la discussion
d'une telle motion? Il y a consentement. M. le ministre.
M. Chevrette: M. le Président, il y a quelques semaines,
soit du 20 au 23 avril dernier, s'est déroulé en Écosse le
4e championnat mondial de TaeKwon-Do auquel participaient 25 pays. Lors des
compétitions, quatre Québécois, dont trois de la
région de Québec et un de la région de Montréal, se
sont classés au premier rang des différentes catégories.
Sur le plan des compétitions individuelles, M. Paul Germain s'est
mérité le titre de champion du monde de TaeKwon-Do,
catégorie poids moyen. M. Serge Laberge s'est mérité une
médaille d'or en cassage de puissance, de même qu'une
médaille de bronze pour la démonstration de forme. Quant à
M. Allain Fallon, il recevait la médaille d'argent pour la
démonstration de forme.
Chez les femmes, France Fournier a obtenu la médaille d'argent
pour la démonstration de forme. Ces victoires sont fort importantes pour
les Québécois, M. le Président, puisqu'on espère
que le TaeKwon-Do sera accepté comme discipline lors des prochains Jeux
olympiques de 1988 à Séoul, en Corée.
Ces exploits sportifs s'ajoutent à la série que nous
connaissons depuis déjà quelques mois et nous démontrent
que nos jeunes sportifs connaissent une effervescence particulière
depuis une année dans plusieurs domaines. Qu'on se rappelle les exploits
d'Alain Bordeleau et de Lysanne Bussières lors du dernier Marathon
international de Montréal ou encore la victoire récente de
Gaétan Boucher et les performances exceptionnelles de Sylvie Daigle et
de Mario Deslauriers. Le moins que l'on puisse dire est que l'avenir du
Québec sur le plan des compétitions sportives de calibre
international est des plus prometteurs. Ainsi, la politique sur le
développement de l'excellence sportive au Québec que nous venons
d'adopter, il y a deux mois, nous permettra de fournir à ces jeunes
hommes et femmes l'encadrement dont ils ont besoin pour atteindre leurs
objectifs de haute performance et ce, pour la plus grande fierté de
l'ensemble des Québécois et des Québécoises.
Je propose donc, M. le Président, que cette Assemblée
félicite chaleureusement M. Paul Germain et ses coéquipiers pour
leur magnifique performance lors du quatrième championnat mondial de
TaeKwon-Do en Écosse.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, nous souscrivons
à la motion du ministre, même si elle vient un peu tardivement,
pour féliciter principalement M. Paul Germain de Sainte-Foy, qui est un
des nouveaux champions du monde dans le domaine du TaeKwon-Do. Il convient
aussi de souligner certains athlètes de la région de
Québec immédiatement, des athlètes de Sainte-Foy en la
personne d'Alain Bernier et de Serge Laberge, de même qu'Alain Fallon de
Montréal. Les femmes nous ont aussi fait honneur au niveau de ces
compétitions: France Pelletier, Mireille Geoffroy et Lucie Beaulieu. Il
convient de souligner le travail exceptionnel de l'entraîneur, M.
Trân Triêu Quân, qui a fait un excellent travail à ce
niveau et sans qui, je pense, ces athlètes n'auraient pu performer sur
le plan international. Ce club de Sainte-Foy a dominé dans la
délégation canadienne en Ecosse et ce n'est pas moins de 21
médailles que la délégation canadienne a remportées
là-bas.
Fait à noter, M. le Président - et je pense
qu'aujourd'hui, l'Assemblée nationale peut, à l'unanimité,
féliciter ces athlètes -c'est que, comme dans d'autres cas, ces
athlètes ont totalement défrayé leurs dépenses pour
aller en Écosse. Ensemble, je pense qu'on peut les féliciter, non
seulement pour le fait d'y être allés, d'avoir gagné, mais
aussi d'avoir assumé la totalité de la charge financière
d'un tel déplacement.
En terminant, il y a quelques mois, le ministre soumettait à la
population du Québec sa politique pour le sport d'élite au
Québec. Elle a été saluée par l'ensemble du sport
comme une bonne politique, du moins dans ses énoncés. À la
lumière des derniers événements qu'on a vécus, ce
qu'il nous reste à souhaiter c'est que la politique de l'élite se
mette en place le plus rapidement possible afin qu'à l'avenir le
ministère, par l'entremise de sa politique, puisse aider beaucoup plus
adéquatement ces athlètes qui vont représenter le
Québec et le Canada à l'extérieur que cela n'a
été fait dans le présent cas.
Le Président: II n'y a pas de réplique. La motion
de M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Aux avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Je vais essayer d'y
aller assez rapidement. D'abord, jeudi le 17 mai 1984, demain, de 10 heures
à 12 h 30, à la salle 91, la commission des affaires sociales
procédera à l'étude détaillée du projet de
loi 78, la Loi approuvant l'entente concernant la construction et
l'exploitation d'un centre hospitalier sur le territoire de Kahnawake.
La semaine prochaine, le mardi 22 mai 1984, de 9 heures à 12 h
30, à la salle de l'Assemblée nationale, la commission des
institutions procédera à l'étude des crédits du
Directeur général des élections.
Le jeudi 24 mai 1984, après la période des questions
jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures à la salle
du Conseil législatif, la commission des institutions siégera
afin d'étudier les projets de loi privés 228, 240, 238 et 206; le
même jour, le 24 mai, après la période des questions
jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, à la salle
81, la commission de l'aménagement et des équipements
siégera pour étudier les projets de loi privés 243, 210,
215, 207, 242 et 213.
Le mercredi 30 mai, la semaine suivante, de 10 heures à 13 heures
et après la période des questions jusqu'à 18 heures,
à la salle 91, la commission des institutions siégera afin
d'étudier les projets de loi privés 208 et 236; le même
jour, le 30 mai, de 10 heures à 13 heures et après la
période des questions jusqu'à 18 heures à la salle 81, la
commission de l'aménagement et des équipements siégera
pour étudier le projet de loi privé 216.
Le lendemain, le jeudi 31 mai 1984, après la période des
questions jusqu'à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, à
la salle 81, la commission de l'aménagement et des équipements
poursuivra l'étude de ce projet de loi 216, Loi modifiant la Charte de
la ville de Québec.
Motion proposant qu'une commission spéciale
étudie le système de
sécurité à l'Assemblée
Le Président: Je vais, quant à moi, donner l'avis
suivant: la commission des affaires sociales se réunira en séance
de travail cet après-midi, à 17 h 15, à la salle 80.
Aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée, il n'y en a
pas, ce qui nous mène aux affaires du jour et à la motion
inscrite par M. le député de Portneuf. "Que soit
constituée une commission spéciale, formée de onze
députés dont quatre de l'Opposition officielle, ayant le mandat
suivant: examiner en détail l'évolution et l'administration du
système de sécurité à l'Assemblée nationale
et en évaluer l'efficacité; établir les principes et
identifier les objectifs d'un système permettant notamment que les
portes de l'Assemblée demeurent ouvertes au public tout en étant
bien gardées. "Qu'à ces fins, ladite commission prenne
connaissance de tous les dossiers, études et rapports pertinents,
entende le président de l'Assemblée nationale et toute personne
susceptible d'aider la commission dans l'accomplissement de son mandat. "Que
les députés de Laviolette et de Saint-François, les deux
vice-présidents de l'Assemblée, agissent respectivement comme
président et vice-président des séances de la commission
et que le fonctionnaire désigné pour agir à titre de
secrétaire de la commission de l'Assemblée nationale en soit le
secrétaire. "Que la commission entreprenne l'examen de cette affaire au
plus tard le lundi suivant l'adoption de la présente motion et y mette
un terme au plus tard le vendredi de la même semaine, en siégeant
de façon continue selon l'horaire régulier des commissions
parlementaires. "Que les autres membres de la commission soient
désignés immédiatement après l'adoption de la
présente motion sur motion sans préavis et mise aux voix sans
débat du leader du gouvernement après consultation avec le leader
de l'Opposition officielle et les députés
indépendants."
Je cède la parole à M. le député de... M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Pour l'information de la Chambre, avant que le
député de Portneuf ne fasse son discours sur sa motion, je
voudrais simplement indiquer qu'il y aura vote à la fin de la
présente séance sur cette motion du député de
Portneuf.
Le Président: Bien. Alors, la parole est au
député de Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Il est de ces
dates dans notre société que les citoyens et les citoyennes
retiennent de façon indéfectible dans leur mémoire. Je
suis persuadé que la date du mardi 8 mai 1984 demeurera malheureusement
très très longtemps dans l'esprit des Québécois
comme étant un jour de deuil, un jour triste, un jour regrettable pour
l'ensemble des citoyens et des citoyennes du Québec ainsi que de notre
pays mais aussi, évidemment, pour les familles de MM. Boyer, Lepage et
Lefrançois, qui ont perdu la vie de façon tragique dans les
événements que nous connaissons et qui se sont
déroulés ici à l'Assemblée nationale du
Québec.
On peut convenir que le 8 mai 1984 demeurera le jour d'un deuil
collectif pour tous les Québécois et toutes les
Québécoises en ce que l'Assemblée nationale a
été l'objet de tels événements malheureux. C'est
l'ensemble du Québec qui a été agressé dans
l'institution politique qui est la sienne au niveau provincial,
l'Assemblée nationale. Il faut retenir que cette institution dans
laquelle nous siégeons et où les millions de contribuables et
d'électeurs du Québec ont délégué 122
personnes pour venir les représenter, pour venir siéger, pour
venir s'occuper de leurs préoccupations, de leurs besoins, soit
l'Assemblée, a été agressée.
Depuis les événements malheureux, tout le monde conviendra
que la grande question qui est revenue sur les lèvres, non seulement des
journalistes, des députés, mais de tout ce public, tout ce
Québec qui était en émoi et qui était
traumatisé par de tels événements, c'est la question de la
sécurité à l'Assemblée nationale du Québec.
La sécurité des hommes et des femmes qui siègent ici. La
sécurité de ceux et celles qui oeuvrent, dans leur vécu
quotidien, dans cet édifice qu'est le parlement de Québec. (16 h
20)
M. le Président, vous en conviendrez avec moi, c'est toute la
famille parlementaire qui a été gravement affectée par ces
événements. Tout le monde ici conviendra, j'en suis
persuadé, que le Parlement, dans son vécu quotidien, est une
grande famille malgré nos distinctions, malgré nos oppositions.
C'est le vécu quotidien de près de 800 ou 1000 personnes, c'est
un peu comme une communauté, comme une municipalité de mon
comté alors que des gens vivent ensemble tous les jours, se rencontrent,
fraternisent et se connaissent. C'est évident qu'un choc comme celui
qu'on a vécu, non seulement comme société mais aussi comme
individus, a des effets et c'est ce qui explique - c'est justifiable et
explicable -que la question de la sécurité ait fait l'objet
d'autant d'interrogations, autant d'interprétations depuis mardi
dernier.
J'ai, au nom de mes collègues, inscrit une motion lundi
après-midi tel que le règlement le prévoit, motion qui
avait comme objectif, dois-je dire, parce que le premier ministre a
annoncé aujourd'hui son refus d'y donner suite au nom de son
gouvernement, de répondre à une obligation que nous avons comme
parlementaires. Cette première obligation se traduit par le devoir que
nous avons de prendre les moyens pour informer les citoyens et citoyennes du
Québec de ce que nous allons faire à compter de maintenant afin
de sécuriser ces millions de personnes qui s'inquiètent de voir
leur institution agressée de la sorte.
Nous avons le devoir, face à la population du Québec qui
nous a élus, de l'informer et de lui garantir que son Parlement, que son
institution ne sera pas agressée de la sorte à l'avenir. C'est
probablement ce qu'il y a de plus fondamental au Québec, la
démocratie. Le gouvernement a été légitimement
élu, il a droit à notre respect; nous sommes ici pour travailler,
nous avons été mandatés. Une commission parlementaire nous
aurait permis, entre autres, d'informer le public par le biais des
médias d'information, par le biais de la presse, de ce qui sera fait
à compter de maintenant.
Cette commission nous aurait permis de sécuriser ceux qui sont en
contact quotidien avec le Parlement, avec l'Assemblée nationale du
Québec, ceux qui oeuvrent, qui travaillent ici, peu importe dans quel
service, qui sont légitimement, inquiets de leur milieu de vie et du
milieu environnemental où ils travaillent, tout comme leur famille est
légitimement inquiète face à de tels
événements. Elle aurait permis de sécuriser ces visiteurs
qui viennent nous voir - pour plusieurs, dans certains cas, c'est la
première fois qu'ils viennent à l'Assemblée nationale
-face à cette protection à laquelle ils ont légitimement
droit.
Nous avons inscrit cette motion et je dois vous dire, M. le
Président, comme je l'ai indiqué par le biais d'une question que
j'ai posée au premier ministre hier, de même que mes
collègues le chef de l'Opposition et le leader de l'Opposition l'ont
fait, que cette motion, nous avons voulu qu'elle soit la plus sobre possible
dans son texte, qu'elle soit en même temps la plus objective possible.
C'est ce qui explique, entre autres, qu'on n'ait pas jugé opportun
d'inclure la retransmission ou la télédiffusion de cette
commission. On sait, à la lumière d'expériences
récentes, que le premier ministre aurait probablement eu des
réserves.
Nous avions prévu, dans cette motion, un délai limite de
façon à donner la garantie au gouvernement que ces travaux ne
s'éterniseraient pas, conscients aussi de notre obligation de faire
quelque chose dans des délais assez brefs. Nous avions recommandé
la désignation d'un président et d'un vice-président pour
vous permettre à vous, M. le Président, qui avez la
responsabilité de la sécurité à l'Assemblée
nationale, en vertu de l'article 116 de notre loi, de pouvoir intervenir
ouvertement, librement, et contribuer, de façon utile et même
nécessaire, au débat, ce que vous ne pouvez pas faire ici sur le
parquet de la Chambre, évidemment.
Nous avons limité au maximum les déclarations qui auraient
pu laisser croire, sous-entendre un intérêt partisan quelconque
dans ce débat. La question de la sécurité, la question de
la garantie, cet aspect de la garantie d'un Parlement qui siège, qui se
réunit et qui fonctionne, passent je pense, M. le Président,
avant tout intérêt à caractère politique ou
partisan. Des événements comme ceux-là nous obligent
à mettre cet aspect de côté, cela va de soi.
L'objectif, c'était donc de voir ensemble l'état de la
situation de la sécurité au parlement et voir ce qu'il
était souhaitable de dégager pour l'avenir. C'était, en
quelque sorte, un bilan de la situation, un état de fait. C'était
pour informer la population, par le biais des médias et ainsi les
sécuriser. C'est cela l'objectif essentiel de cette requête et de
cette motion qu'on présente aujourd'hui.
Cette motion nous aurait permis, entre autres - et là, Dieu sait
s'il y a eu beaucoup de commentaires, d'interrogations, d'articles dans les
journaux - de voir ensemble, nous les parlementaires, qui a, qui devrait avoir
juridiction sur la sécurité à l'Assemblée nationale
du Québec.
Cet échange entre parlementaires, au-delà de toute
partisanerie politique, nous aurait permis de juger, de prendre en
considération probablement des rapports venant du ministère de la
Justice qui a, depuis le 1er avril dernier, comme on le sait, la
responsabilité, mandaté qu'il est par la décision du
Bureau de l'Assemblée nationale du 1er février dernier.
Cette commission parlementaire, en termes de juridiction, nous aurait
permis aussi de comparer la situation de fait à l'Assemblée
nationale du Québec par rapport à d'autres parlements du Canada
et, en particulier, nous aurait permis de voir ensemble l'occasion ou
même la nécessité de renforcer ou de donner plus de
pouvoirs à cette personne qui, dans les autres Parlements, a normalement
juridiction sur la sécurité en termes d'application. Vous aurez
compris que je fais référence à M. René Jalbert, le
sergent d'armes de l'Assemblée nationale.
Cette commission nous aurait permis de voir - et, au besoin, à
huis clos, parce que cette commission aurait eu le droit, comme notre
règlement le prévoit, de siéger à huis clos; elle
aurait pu ainsi le faire, soit
publiquement soit à huis clos - la qualité des plans
opérationnels qui sont, je présume, écrits pour
prévoir des situations d'urgence, des situations d'incendie - on sait
que c'est un immeuble qui a plus de 100 ans - des alertes à la bombe. Je
me réfère à un article dans le journal de la fin de
semaine où on disait qu'il y a quelques années il y avait eu une
alerte à la bombe au parlement et qu'il avait fallu attendre près
de 55 minutes pour décider s'il y avait évacuation ou non. On
disait, dans cet article, que c'était finalement le ministre des
Finances qui avait décidé de ne pas faire évacuer. Est-ce
que cet allégué était fondé? Je comprends que ce
n'est peut-être pas l'objet principal d'une commission qui aurait pu
siéger mais ce sont des événements, des faits comme
ceux-là auxquels je fais référence à propos de la
qualité des plans opérationnels pour les manifestations et pour
les agressions de quelque sorte.
De cette qualité des plans opérationnels au chapitre de la
sécurité, nous aurions pu voir ensemble et améliorer pour
l'avenir et donner des garanties à la population, à ceux qui
oeuvrent ici à l'égard de la formation de nos agents de
sécurité, de notre équipe de sécurité, les
politiques de formation permanente de recyclage, etc.
Cette commission nous aurait permis, troisièmement, de voir
ensemble comment on peut ou pas rendre adéquat, pour des fins de
sécurité, un immeuble comme celui de l'Assemblée
nationale. On sait que c'est un immeuble qui n'est pas moderne. On sait qu'il a
été déjà plus difficile d'entrer dans un
édifice à logements moderne, dans une conciergerie - parce qu'il
y a des portes barrées - que d'entrer au parlement. Dans ces
immeubles-là cela a pu être fait, évidemment, parce que ce
sont des immeubles récents. (16 h 30)
Cela nous aurait permis de voir ensemble tout l'aspect des
équipements techniques et, au besoin, à huis clos, de voir la
nécessité, l'opportunité des équipements
électroniques. On a parlé de vidéo. On a parlé de
centrale où des agents auraient pu ou pourraient voir ce qui se passe
non seulement à l'extérieur, mais à l'intérieur de
l'immeuble. Cela nous aurait permis probablement de voir, de dégager
ensemble ou d'avoir des informations de personnes concernées expertes en
la question concernant les aménagements physiques à faire. Si une
commission avait fait rapport en indiquant les aménagements physiques
à faire, impliquant évidemment des dépenses, le
gouvernement prêterait peut-être moins flanc à la critique
comme c'est le cas, à l'occasion, sur les dépenses qui
s'effectuent ici, et vous aussi, M. le Président.
Quatrièmement, cette commission nous aurait permis d'actualiser
et de voir ensemble les suites à donner aux différentes
études et rapports qui sont cités à gauche et à
droite auxquels, d'ailleurs, vous-même, M. le Président, avez
référé dans votre déclaration d'hier quand vous
avez parlé d'un rapport Angers ou Auger, qui a été produit
en 1981 ou au début de 1982.
Cette commission nous aurait permis de voir ce qui se passe dans les
autres Parlements. On sait que, par exemple, en Australie, des
événements malheureux sont survenus il y a quelques années
et les mesures de sécurité ont été
resserrées fortement. La même chose en Angleterre, malgré
que la philosophie parlementaire, si je peux utiliser le terme britannique, en
est une d'accueil, ce qui est tout à fait légitime. À la
suite des événements de 1972, il y a eu des resserrements
là-bas. Cela nous aurait permis de voir ce qui s'est passé et de
quelle façon ils ont corrigé les situations. Je reviens
là-dessus: l'objectif était, est et demeure de sécuriser
les citoyens et les citoyennes du Québec et ceux qui oeuvrent ici.
Cette commission aurait très certainement fait rapport et des
actions auraient très certainement également été
enclenchées, ou encore un comité plus spécialisé,
plus spécifique, aurait été associé à la
démarche de réalisation à la suite de cette analyse
rigoureuse de la part des onze parlementaires ainsi désignés. Le
Bureau de l'Assemblée nationale, qui a été institué
à la suite de la réforme des lois de la Législature,
aurait pu être associé, au lendemain de cette démarche de
la commission, à la réalisation et à la
concrétisation de ce qui se serait dégagé au cours de
cette commission.
Je vous dirai, M. le Président, qu'avant qu'on décide
ensemble de présenter ou d'inscrire cette motion en mon nom, on s'est
interrogé et je me suis personnellement interrogé sur un autre
élément dans ce dossier. Je fais référence,
évidemment, à la décision du ministère de la
Justice de tenir ou de ne pas tenir une enquête du coroner. On sait que
nos lois prévoient que, dans les cas de mort violente, dans les cas de
doute sur un fait criminel, les procureurs de la couronne, le substitut du
Solliciteur général peut décréter une enquête
du coroner. Certains me diront et le ministre de la Justice, le
député d'Anjou, s'il était ici, pourrait me dire, à
juste titre, probablement, que, premièrement, dans les cas où la
responsabilité criminelle est aussi évidente et,
deuxièmement, dans les cas où des preuves - parce que,
apparemment, sans s'engager sur le fond du dossier, des
événements malheureux qui sont survenus -seraient assez fortes
dans un tel dossier... Malgré cela, M. le Président, si une
enquête du coroner avait été décrétée,
le coroner aurait siégé, aurait entendu des témoins,
aurait pris connaissance d'une situation de fait et aurait
formulé très probablement des recommandations. Il suffit de faire
référence aux événements malheureux survenus
à la mine Belmoral, le 20 mai 1980, où, à la suite de
l'enquête du coroner, un groupe a étudié la situation dans
les mines, la cause de tels événements et les correctifs à
apporter dans nos lois et nos règlements. Qu'on se rappelle, M. le
Président, l'accident malheureux qui est arrivé à Eastman,
il y a quelques années, où des personnes âgées sont
décédées dans un accident impliquant un autobus. Une
enquête du coroner a eu lieu de laquelle se sont dégagées
des recommandations précises, une étude de la situation de fait
et les correctifs à apporter. Même chose pour l'incendie
malheureux de Chapais, le 31 décembre ou le 1er janvier, il y a quelques
années, où le coroner a formulé des recommandations
précises qui ont entraîné des modifications aux normes de
prévention d'incendie.
Je ne parlerai pas d'Habitations Sainte-Foy ni de l'accident du 12
août 1983, car c'est encore sub judice. Mais on a eu de nombreux cas
analogues à ceux-là, où une personne de l'extérieur
a été habilitée à prendre connaissance de tous les
faits, à recueillir toutes les informations pertinentes et à
donner une opinion qui, dans la majorité des cas, a eu des suites.
M. le Président, notre motion - je le réitère avec
toute la sincérité dont je suis capable - vise essentiellement,
par la contribution de nous tous et de nous toutes, à sécuriser
les gens qu'on représente, à sécuriser les gens qui vivent
ici et à garantir, finalement, à ces gens qui nous élisent
que notre Parlement pourra à l'avenir continuer à se
réunir aussi sereinement que possible, malgré nos débats,
et que jamais l'exercice de la démocratie au Québec ne sera ni ne
pourra être affecté par des gestes isolés aussi malheureux
que celui-là.
C'est avec surprise qu'on accueille la position du premier ministre et
chef du gouvernement dans la réponse qu'il a donnée au chef de
l'Opposition cet après-midi. Nous croyions sincèrement,
jusqu'à midi aujourd'hui, lorsque le whip du gouvernement est venu
m'informer de la position du gouvernement, qu'on aurait une chance que cette
commission siège. Le gouvernement nous a recommandé, comme l'a
dit le premier ministre, de prendre d'autres moyens, de nous réunir et
de réfléchir ensemble sur cette question par le biais de nos
caucus respectifs.
Ce n'est pas par le biais de nos caucus respectifs qu'on peut
sécuriser les gens qui siègent ici, au Parlement, comme ce n'est
pas par le biais de nos caucus respectifs qu'on peut sécuriser les
citoyens qu'on représente. Ce n'est pas non plus par le Bureau de
l'Assemblée nationale, M. le Président. Les
procès-verbaux, les décisions sont rendues publiques par le
dépôt que vous en faites, mais les échanges ne sont pas
consignés comme tels dans le procès-verbal. Le Bureau de
l'Assemblée nationale est une réunion de députés,
mais il siège à huis clos.
Pour nous, l'importance de la garantie aux citoyens de l'exercice de
leurs libertés fondamentales au Québec par le Parlement passait
évidemment par une information publique, cela va de soi. C'est le moyen
qui nous apparaissait le plus utile, avant un débat d'urgence - car un
débat d'urgence se termine sans recommandation ni conclusion -avant une
motion quelconque à l'Assemblée et avant des questions.
D'ailleurs, il faut retenir, M. le Président, qu'hier on a purement et
simplement fait l'offre au premier ministre de ne même pas risquer de
débattre la question à l'Assemblée de crainte de tomber
dans des reproches mutuels qu'on pourrait s'adresser. J'ai clairement
indiqué, comme mes collègues, qu'on était prêt
à adopter cette motion sans aucun débat, pour aller faire le
boulot et remplir la responsabilité qui nous incombe à ce
moment-ci.
Alors, c'est surprise, c'est déception de la position du premier
ministre. M. le Président, je vous indiquerai que, malgré que le
règlement prévoie que je puisse intervenir durant 30 minutes, je
vais terminer mon propos à ce moment-ci, et, malgré que le
règlement prévoie que mes collègues pourraient intervenir
durant dix minutes, je vous indique d'ores et déjà que nous
n'avons pas l'intention de poursuivre le débat sur cette question,
étant trop déçus et trop surpris de la position
gouvernementale. Merci, M. le Président. (16 h 40)
Le Président: M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Ai-je besoin de vous dire au départ que la
question de la sécurité du Parlement, de la
sécurité pour nos concitoyens qui y travaillent, pour nos
concitoyens également qui rendent visite et pour les parlementaires
aussi, bien sûr, se retrouve depuis les événements
tragiques que nous avons connus la semaine dernière au coeur des
préoccupations des parlementaires ministériels? Pour employer une
expression que le chef de l'Opposition utilisait la semaine dernière,
c'est une question préoccupante qui nous intéresse grandement,
qui nous intéresse au plus haut point et je dois vous dire qu'à
chacune de nos réunions, de nos comités de députés
depuis la semaine dernière vous ne vous étonnerez pas si je vous
dis que cette question a été à chaque fois à
l'ordre du jour, elle a été à chaque fois discutée
par mes collègues dans ces
réunions de comités de députés.
Cela, évidemment, comme c'est le cas aussi des
députés de l'Opposition, nous préoccupe. Nous en
discutons. Nous nous posons des questions. Nous nous interrogeons
également sur cette question de la sécurité du Parlement
et nous souhaitons, nous voudrions de ce côté-ci de la Chambre que
soit instauré à l'Assemblée nationale un meilleur
système de sécurité. Un système plus efficace. Tout
en sachant très bien, cela a été dit maintes et maintes
fois aussi, qu'il ne sera sans doute jamais d'une
étanchéité et d'une efficacité absolue. Enfin, nous
pensons, nous souhaitons nous aussi que soit instauré un meilleur
système de sécurité au Parlement. Cela étant admis,
il s'agit de savoir comment on y arrive à cette mise en place, à
cette instauration d'un meilleur système de sécurité, d'un
système de sécurité plus efficace.
Ce n'est pas anormal, c'est là que les opinions divergent. Ce
n'est pas une étrangeté. Je pense que c'est normal que les
opinions divergent sur le comment. Pour dissiper toute confusion en
commençant, je pense qu'il est utile d'identifier qui est responsable de
la sécurité au Parlement, à l'Assemblée nationale,
qui est le décideur ultime en cette matière, quel est celui qui
détient les pouvoirs en vertu de la loi de l'Assemblée nationale
en matière de sécurité? Je pense que c'est important pour
la population d'avoir une réponse précise à cette
question. La Loi sur l'Assemblée nationale est très claire
à ce sujet. L'article 116, vous le connaissez sûrement, le
responsable de la sécurité du Parlement, le responsable de la
sécurité de l'Assemblée nationale, des parlementaires,
évidemment, mais de ceux qui y travaillent et de ceux qui nous visitent,
c'est vous, M. le Président. C'est la présidence. Ce n'est pas le
gouvernement.
Vous l'avez d'ailleurs fort bien établie cette
responsabilité, hier, en annonçant dans une déclaration en
début de séance tout un train de mesures, toute une série
de mesures intérimaires de sécurité en même temps
que vous avez annoncé aussi que vous enclenchiez en quelque sorte un
processus visant à aboutir à des mesures à
caractère permanent. Vous avez donc par là même de
façon concrète assumé la responsabilité qui vous
incombe en vertu de la loi. Je peux vous dire aujourd'hui, quant à nous,
du côté ministériel - on en a discuté hier à
notre réunion du comité des députés - que nous
sommes d'accord avec cet ensemble de mesures intérimaires que vous avez
annoncées qui sont au nombre de neuf et qui auront pour effet, je pense,
d'améliorer très nettement le contrôle de l'accès au
parlement, d'assurer un meilleur contrôle de l'accès au parlement,
mais aussi d'améliorer la sécurité de la population, des
citoyens qui travaillent ici et des citoyens qui nous rendent visite. Nous en
avons discuté et nous vous le disons, nous sommes d'accord avec ces
mesures. Vous pouvez donc compter, comme le premier ministre l'a indiqué
tout à l'heure, sur notre soutien, notre collaboration dans la mise en
application de ces mesures.
Venons en maintenant, si vous le voulez bien, à la motion du whip
en chef de l'Opposition, député de Portneuf, qui est en
discussion cet après-midi. Nous allons voter contre cette motion, et je
voudrais, dans les quelques minutes qui suivent, expliquer le plus calmement
possible, notre position, expliquer l'attitude et le vote que nous allons tenir
relativement à cette motion.
Hier, en même temps que vous annonciez tout un train de mesures
intérimaires, vous avez indiqué que vous demandiez au ministre de
la Justice, une évaluation de la question de la sécurité
à l'Assemblée nationale, que vous demandiez au ministère
de la Justice, et plus particulièrement, à la Sûreté
du Québec et à la Direction générale de la
sécurité au ministère de la Justice une évaluation
de la question de la sécurité, mais également de vous
faire des recommandations en matière de sécurité. Cela
faisait partie de ce que vous avez appelé dans votre déclaration
les mesures à moyens termes.
Autrement dit, vous demandez à des experts, des
spécialistes en la matière, et je pense que c'est tout à
fait normal, dans un domaine aussi délicat, aussi complexe, aussi
technique, que la sécurité, de faire appel à des experts.
Vous demandez donc, autrement dit, à des experts, à des
spécialistes, et ils ont au ministère de la Justice, ces experts
et ces spécialistes, d'analyser la situation, de l'évaluer et de
vous faire des recommandations précises. C'est ce que vous avez
annoncé hier et c'est ce qui est en cours présentement.
Actuellement, au moment où l'on se parle, il y a des
spécialistes et des experts en matière de sécurité
qui analysent la situation et ils devraient, dans les plus brefs délais
j'imagine, vous faire rapport et vous faire des recommandations.
Nous pensons quant à nous qu'à ce stade-ci, au moment
où des analyses sont faites par des experts et des spécialistes,
les parlementaires n'ont pas à se substituer ou à s'improviser
experts en matière de sécurité. C'est ce que nous ferions
si une commission parlementaire siégeait alors même que les
analyses, les rapports et les recommandations pertinentes au dossier ne sont
pas encore disponibles. Comment prendre connaissance d'étude ou de
dossier ou de rapport qui n'existent pas encore. On est en train de les faire.
À moins de s'improviser, comme je le dis, experts, à moins de se
prétendre nous, parlementaires, des experts en matière de
sécurité.
Je dirais également que nous sommes pleinement d'accord avec
l'Opposition sur un point fondamental et je pense que c'est important sur une
question aussi grave, aussi importante pour nos concitoyens, pour les
employés de l'Assemblée nationale, pour les citoyens qui viennent
ici rendre visite ou assister à nos travaux. Nous sommes d'accord,
dis-je, sur un point avec l'Opposition, c'est qu'il faut absolument, je pense,
que les parlementaires, que les élus, soient impliqués,
associés au processus que vous avez enclenché en vue d'aboutir
à des mesures permanentes. Cela n'apparaît pas dans votre
déclaration, je ne sais pas si c'est une omission, je ne veux pas vous
en faire reproche, mais enfin, cela n'apparaît pas et il nous semble
quant à nous que les élus, les parlementaires des deux
côtés de la Chambre, doivent être associés au
processus qui est enclenché, consultés sur la question de la
sécurité et sur les recommandations qui nous seront faites par
les experts et les spécialistes. Là-dessus, nous sommes d'accord
avec l'Opposition. Nous divergeons, cependant, sur les moyens à prendre
pour atteindre cet objectif, d'associer, d'impliquer les parlementaires dans le
processus que vous avez mis en place. (16 h 50)
Eux prétendant, comme cela a été le cas, comme l'a
expliqué tout à l'heure le député de Portneuf -
c'est l'objet de la motion - que le moyen d'associer les parlementaires et de
les impliquer, c'est par une commission parlementaire spéciale qui
tiendrait un débat public. Nous, nous pensons que cet objectif peut
être atteint d'une autre façon. Nous disons qu'il existe
déjà présentement des instances où se retrouvent
les parlementaires, les députés, les élus. Il en existe
déjà des instances où cela se retrouve. Il y a d'abord les
caucus des députés des deux formations politiques, qui se
réunissent parfois jusqu'à deux fois par semaine en temps de
session, et qui pourraient, qui devraient même être
consultés sur la question et sur les recommandations à appliquer
en matière de sécurité. Il y a aussi le Bureau de
l'Assemblée nationale, qui est en quelque sorte le conseil
d'administration de l'Assemblée nationale et qui pourrait être
consulté, qui aurait même des décisions à prendre si
les mesures à appliquer entraînaient des coûts ou si elles
avaient des effets budgétaires. Au Bureau, vous le savez, M. le
Président, mais je pense que c'est important de le mentionner de
nouveau, il y a des représentants des deux formations politiques. Il y a
trois représentants du parti libéral qui y siègent et
quatre du parti ministériel. Donc, les deux formations sont
représentées. C'est une instance qui existe déjà,
une instance habilitée à prendre un certain nombre de
décisions en vertu de la
Loi sur l'Assemblée nationale. Nous pensons que l'implication des
parlementaires dans ce processus peut et doit se faire par le biais d'instances
et de forums déjà existants. Je pense aux caucus, je pense au
Bureau, mais les leaders se rencontrent aussi très souvent.
Tout à l'heure, le député de Portneuf disait: Ce
n'est pas par le biais des caucus, ni par le biais du bureau que l'implication
des parlementaires ou des élus doit se faire, puisque ce qu'il faut,
c'est sécuriser les citoyens, les visiteurs, les employés. Nous
sommes pleinement d'accord avec cet objectif. Nous pensons que c'est
nécessaire de sécuriser ceux qui travaillent à
l'Assemblée nationale et ceux qui nous visitent. C'est essentiel. Mais
on pense que ce n'est pas par des débats que nous allons atteindre cet
objectif de sécuriser nos concitoyens. C'est plutôt par des
décisions. C'est ce que vous avez commencé à faire,
d'ailleurs, vous-même, M. le Président, qui êtes responsable
de la sécurité: vous avez pris un certain nombre de
décisions précises; vous les avez rendues publiques; elles sont
maintenant connues et appliquées. Je pense que c'est par des
décisions en matière de sécurité que nous allons
justement, comme le veut l'Opposition, sécuriser nos concitoyens et non
pas par des débats en commission parlementaire spéciale.
Impliquer les parlementaires, d'accord; les associer au processus, mais en vue
d'en arriver à des décisions. Ce sont ces décisions qui
auront pour effet de sécuriser nos concitoyens.
Donc, les parlementaires peuvent et doivent être associés
au processus. Cela peut se faire par le biais d'instances et de forums
existants. Pour nous, par conséquent, il n'y a pas lieu, nous ne jugeons
pas qu'il soit nécessaire de créer, de mettre sur pied une
instance spéciale pour faire participer les parlementaires au processus
visant à aboutir à des mesures permanentes en matière de
sécurité.
Je sais bien que les libéraux se défendent de vouloir
tomber dans la partisanerie facile, dans le débat partisan, quoique
signalons tout de même que la tentation semble assez forte chez certains.
Ils se défendent de vouloir tomber dans l'exploitation politique d'un
dossier aussi délicat. Nous en prenons bonne note. Mais nous pensons
qu'avec une commission parlementaire spéciale qui siégerait
publiquement, le risque que la discussion dégénère en
débat partisan est présent, que ce risque est bien réel;
ce n'est pas un risque imaginaire.
À ce sujet, je me permets de poser une question qui
m'apparaît pertinente. Pourquoi, si les intentions de l'Opposition sont
aussi nobles, aussi pures, aussi élevées, ne pas avoir entrepris
des consultations ou des pourparlers avec nous à ce sujet? Normalement,
vous le savez, selon l'usage -
cela fait partie des coutumes établies en cette Chambre, dans le
parlementarisme que nous vivons ici - quand on veut en arriver à un
consensus entre parlementaires, quand on veut arriver à des accords
unanimes sur une question précise, il y a - c'est ce que j'ai
vécu depuis sept ans, ici - préalablement à toute
présentation d'une motion, des rencontres qui, la plupart du temps, sont
des rencontres entre leaders. Les leaders se rencontrent; il y a des
échanges entre les partis et même, parfois, quand la question est
importante, jugée fondamentale, il y a des échanges et des
rencontres entre les chefs de parti - c'est déjà arrivé
lors de certaines motions - en vue d'en arriver à des consensus. C'est
un peu la règle; ce n'est pas une règle écrite, c'est une
coutume. Quand on veut en arriver à des accords unanimes, à
dégager des consensus, préalablement à toute
présentation en Chambre et à toute inscription au feuilleton, on
a des discussions. Il y a des rencontres qui ont lieu, des échanges
d'information entre les responsables des partis.
Dans le cas de cette motion, pas du tout. Aucune rencontre, aucun
échange d'information entre les leaders, encore moins entre les whips,
pas d'information non plus entre les chefs de parti, pas de discussion
préalable. Nous apprenons - comme vous d'ailleurs possiblement -
l'existence de cette motion d'abord par le biais des journaux et ensuite, hier
matin, on a pu la lire dans le feuilleton. Pourquoi s'être
comporté de cette façon-là si vraiment on veut, de l'autre
côté, du côté de l'Opposition, un consensus sur cette
question délicate et complexe, de façon à éviter de
sombrer dans le débat partisan? Il me semble qu'on aurait pu suivre,
respecter cette coutume établie, cet usage que tout le monde
connaît en cette Chambre. Pourquoi ne pas avoir tenté, avant
d'inscrire une motion au feuilleton, de dégager ensemble un consensus,
un accord qui aurait été unanime? Je trouve que c'est
regrettable.
En conclusion, M. le Président, je reprends et j'essaie de
résumer notre position, que j'ai d'ailleurs communiquée ce midi
au whip de l'Opposition. D'abord, la sécurité des personnes en
cette enceinte, la sécurité des citoyens, ceux qui y travaillent,
ceux qui nous rendent visite, nous préoccupe au plus haut point. Cela
nous intéresse. Nous nous sentons, comme ministériels, comme
députés, concernés par cette question, profondément
concernés par cette question, comme élus et comme
représentants de citoyens qui doivent compter sur un Parlement
accessible, bien sûr, mais sécuritaire.
Deuxièmement, M. le Président, nous approuvons les mesures
que vous avez prises et que vous avez annoncées dans votre
déclaration d'hier. Nous sommes d'accord avec le processus qui est en
cours en vue d'en arriver à mettre en place un système de
sécurité permanent. Comme le premier ministre vous l'a
mentionné, vous pouvez être assuré, pour la mise en
application de ces mesures, de toute notre collaboration.
Troisièmement, nous sommes d'accord là-dessus avec
l'Opposition - je pense que c'est important, c'est un point fondamental -les
élus, les parlementaires doivent être associés, doivent
être consultés, doivent être impliqués dans ce
processus que vous avez enclenché. (17 heures)
Quatrièmement, nous pensons que cette implication des
parlementaires, cette association des parlementaires au processus peut se faire
via les instances existantes, les caucus respectifs, le Bureau de
l'Assemblée nationale. Nous sommes convaincus que cette instance,
où doit se faire l'implication des parlementaires et des élus, ne
doit pas être une commission parlementaire spéciale; par
conséquent, comme on vous l'a annoncé, nous allons voter contre
la motion du député de Portneuf.
Le Président: M. le député de
Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, n'ayant pas la
possibilité, quant à moi, de me réfugier derrière
un caucus, j'ai eu l'occasion la semaine dernière de discuter avec vous
d'un certain nombre de constatations auxquelles les événements
m'ont amené. J'ai été heureux de constater dans les
mesures que vous avez déjà annoncées que j'y retrouvais
là un certain nombre de points, d'aspects, qui avaient fait l'objet de
discussion entre nous. Ce qui veut dire, pour moi, qu'effectivement plusieurs
moyens sont à la disposition des parlementaires si on veut se prononcer
sur cette question. Les rencontres avec la présidence sont toujours
possibles, les discussions à l'intérieur des caucus peuvent
amener des recommandations, tout cela est vrai. Mais cela ne m'empêche
cependant pas de trouver étrange que, d'emblée, on n'endosse pas
la motion qui est devant nous.
J'ai relu plusieurs fois cette motion. J'ai trouvé qu'elle
était rédigée dans des termes mesurés,
nuancés, qui auraient été au départ une garantie de
non-partisanerie pour quelqu'un qui voulait la lire dans cet esprit.
Je déplore, M. le Président, que le parti
ministériel, tout en se déclarant en accord avec un certain
nombre des objectifs poursuivis par les députés de l'Opposition,
tout en se déclarant d'accord avec des mesures que vous avez prises,
joue un peu la carte de la partisanerie lui-même, de deux façons:
premièrement, lorsqu'il met en doute
la bonne foi de l'Opposition quant au fond même de la motion et
aux objectifs poursuivis. C'est un procès d'intention, M. le
Président, qui n'a pas sa place dans les circonstances.
La deuxième façon est peut-être de laisser croire
que l'existence même de cette motion est en quelque sorte un
désaveu ou une marque de non-confiance envers la présidence. Je
ne pense pas, M. le Président, que c'était l'objectif de cette
motion; en tout cas, ce n'est pas le mien au moment où je vais voter
cette motion. La présidence peut avoir des responsabilités en
termes de sécurité à l'Assemblée nationale sans
que, pour autant, cela empêche les députés, les
parlementaires, de s'exprimer sur le sujet et de discuter de ce sujet par le
biais d'une commission parlementaire.
L'argument majeur du whip du gouvernement est au niveau du moyen retenu.
Si j'ai bien compris l'argumentation du whip du gouvernement, c'est de dire: il
y a déjà des instances qui nous permettraient de discuter et il
n'est pas nécessaire de tenir une commission spéciale pour ce
faire.
Si c'était le seul argument du whip du gouvernement, pourquoi,
dans les circonstances, n'a-t-il pas, comme on le fait
régulièrement au moment de ces motions, apporté un
amendement quant au moyen? S'il est d'accord avec les objectifs poursuivis,
s'il est d'accord avec le fond d'un certain nombre de recommandations qui
apparaissent déjà dans la motion, pourquoi alors, si sa seule
opposition réside au niveau des moyens, n'a-t-il pas pris le biais de
l'amendement abondamment utilisé les mercredis pour quand même
entrer dans le champ de cette discussion possible entre parlementaires et avec
la présidence sur cette question de sécurité?
Je voudrais d'ailleurs, M. le Président, élargir un peu la
portée des discussions qui auraient pu avoir lieu si cette motion avait
été adoptée à l'unanimité par les
parlementaires. Il n'y a pas seulement des questions de sécurité,
il y a aussi des questions de communication, d'échange et de
contrôle. Je pense que cela dépasse la simple notion de la
sécurité du parlement. Il aurait peut-être
été intéressant aussi de discuter de la question de
l'information au moment où un événement survient sur les
lieux de l'Assemblée nationale. Comment est acheminée
l'information à l'extérieur? Y a-t-il un organisme central qui
peut assurer que les médias vont pouvoir diffuser la bonne information
et au bon moment. Cela aurait permis, entre autres, à un certain nombre
d'éviter d'abord la surdramatisation de certains éléments
et aussi, cela aurait peut-être permis d'avoir au moment où les
choses se passaient, une information moins inquiétante pour un bon
nombre de personnes.
Je voudrais terminer, M. le Président, en soulignant encore une
fois que le fait de reconnaître que vous êtes le responsable de cet
élément de la sécurité à l'Assemblée
nationale ne devrait pas nous amener à nous abstenir de se prononcer sur
cette question. Je voudrais relever la façon dont le whip du
gouvernement l'a abordée. Il a dit: M. le Président, nous vous
reconnaissons comme le seul responsable de la sécurité et nous
approuvons les mesures que vous avez annoncées. Le fait de se prononcer
sur des mesures déjà annoncées quand quelqu'un est le seul
responsable, n'est-ce pas, jusqu'à un certain point, sans faire la
discussion, admettre qu'on se prononce jusqu'à un certain point. On
entérine une décision déjà prise, alors que dans un
premier temps on dit: C'est vous seul, le responsable. Je pense qu'on a une
responsabilité collective qui doit être finalement assumée
par la présidence de l'Assemblée nationale. C'est dans ce sens
que je voyais l'utilité de la motion. C'est dans ce sens et c'est dans
cet esprit seulement que je vais endosser la motion. Encore une fois, M. le
Président, je déplore que tout en se déclarant d'accord
avec un certain nombre des objectifs, le parti ministériel ait
lui-même laissé planer des motifs qui n'existent pas, selon moi,
dans la présentation de cette motion.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Pierre de Bellefeuille
M. de Bellefeuille: Comme l'Opposition nous a fait savoir qu'elle
ne présenterait pas d'autres intervenants sur cette motion, je ne vais
pas vous présenter ni présenter à nos collègues
l'intervention que j'avais pensé vous présenter, sauf pour ce que
je voulais dire comme introduction.
Je voulais, en introduction à mon intervention, parler
très brièvement du dévouement des personnes qui
travaillent avec nous dans l'enceinte parlementaire. Vous savez que les
événements tragiques du 8 mai ont fait de nombreuses victimes,
trois morts et treize blessés. Aucune de ces victimes ne sont des
parlementaires. La plupart des victimes comptent parmi les gens qui nous
entourent dans l'enceinte parlementaire, qui travaillent avec nous, qui
reçoivent des compensations beaucoup plus modestes que celles que nous,
parlementaires, recevons, que les caméras ne montrent jamais.
S'il y a quelque gloriole à paraître à la
télévision et à faire carrière sous l'oeil du
public, les personnes qui travaillent avec nous au Parlement n'ont jamais ce
genre de privilège. Elles manifestent un dévouement constant et
je n'identifierai pas de catégorie particulière, parce que mes
propos
s'adressent à tous nos collaborateurs à l'intérieur
du Parlement. Ils travaillent constamment avec nous avec dévouement.
Sans avoir les mêmes avantages, ils partagent les mêmes risques et
on a pu voir - je ne sais pas si c'est le hasard, il n'y a peut-être pas
de hasard tout à fait gratuit -qu'ils partagent peut-être une part
plus grande que nous de ces risques-là puisque nous avons
été protégés par on ne sait trop quel concours de
circonstances. Je tenais, au nom je crois de tous les membres de cette
Assemblée, à dire à toutes ces personnes, que nous leur
sommes très reconnaissants de ce dévouement constant, que nous
nous rendons parfaitement compte que les événements du 8 mai ont
été extrêmement éprouvants pour elles, comme pour
nous, et que nous espérons pouvoir continuer de compter sur leur
dévouement empressé auprès de nous dans l'enceinte
parlementaire. Merci, M. le Président. (17 h 10)
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, brièvement.
D'abord, le passé. Les événements du 8 mai, qui ont
causé la mort d'hommes, qui ont causé des blessures à
treize personnes, ces événements qui ont endeuillé des
familles, qui ont semé la consternation chez ceux que le
député de Deux-Montagnes vient d'évoquer,
c'est-à-dire ce personnel de l'Assemblée nationale ou du
Parlement. Après l'horreur et l'effroi que le rapport qu'on faisait des
événements publiquement a causé, il y a une
préoccupation profonde chez notre population. Ces
événements, il faut le rappeler M. le Président, en citant
M. Jalbert, notre sergent d'armes, n'auraient pas pu être
empêchés par les dispositifs de sécurité qui
existaient dans ce parlement depuis plus de dix ans.
Vous avez depuis, M. le Président, non seulement pris des mesures
pour que cette Assemblée reconnaisse clairement, publiquement, sa
sympathie, son témoignage de solidarité à l'égard
des familles éprouvées, mais vous avez également
assumé vos responsabilités, non seulement ce 8 mai, par votre
présence dans le parlement; depuis les événements de
mardi, vous avez pris des mesures intérimaires. Ces mesures
intérimaires, M. le Président, vous avez choisi de les appliquer
en vous basant sur une expertise provenant notamment, entre autres, du
ministère de la Justice, mais aussi sur des consultations que vous avez
menées et en exerçant, au meilleur de votre jugement, cette
responsabilité.
Donc, depuis les événements du 8 mai, des choses ont
changé sur le plan de la sécurité, pour la
sécurité des citoyens qui nous visitent, pour la
sécurité du personnel qui nous entoure, pour la
sécurité des parlementaires, évidemment, mais aussi pour
la sécurité de cette institution qui tient à coeur
à l'ensemble des citoyens du Québec.
Nous avons aujourd'hui, cependant, une motion devant nous, qui est
extrêmement large quant au mandat qu'on voudrait donner à une
commission que vous ne présideriez pas, dont le caractère public
ou non ne semble pas très fixé, mais qui met en évidence
une préoccupation partagée par l'ensemble des parlementaires de
cette Assemblée, d'un côté ou de l'autre de la Chambre:
c'est celle que nous désirons vous accompagner dans le processus
exigeant, rigoureux qui vous amènera à prendre des
décisions d'un caractère permanent dans un délai
raisonnable, à l'égard de la sécurité de la
population, des membres de l'Assemblée nationale et, évidemment,
du personnel qui nous entoure.
Or, M. le Président, la motion que nous avons devant nous n'offre
aucune garantie d'efficacité puisque c'est l'objectif, c'est ce qu'on
nous dit être l'objectif, en tout cas. D'abord, nous ne pouvons pas
l'accepter parce qu'elle contient un blâme implicite à votre
égard, M. le Président. Deuxièmement, nous ne pouvons pas
l'accepter parce que, par le flou de son contenu, par l'absence de rigueur,
à moins qu'il y ait des motifs que nous ne connaissons pas, les
délais ne sont pas réalistes. La façon de se saisir des
rapports d'expertises d'ici une semaine par un groupe de onze membres, ce n'est
pas réaliste. C'est à se demander, M. le Président, si, en
rédigeant cette motion qui, malgré ses termes, encore une fois
tout à fait pondérés, malgré la motivation que nous
partageons à l'égard de l'association des parlementaires au
processus de décision qui vous amènera à prendre des
décisions permanentes, cette motion, c'est à croire qu'elle a
été écrite sur un coin de table.
La question de la sécurité des citoyens du Québec,
de la sécurité du personnel qui nous entoure, de la
sécurité de cette institution démocratique exigent plus de
précision, plus de rigueur, plus de discipline et non pas seulement de
la détermination. Or, M. le Président, nous pouvons prendre,
quant à nous, deux engagements. Le premier, c'est celui du gouvernement
en tant que tel. Le ministère de la Justice, conformément
à votre demande, vous transmettra, dans les meilleurs délais,
l'expertise qu'il possède sur cette question pour vous permettre de
porter un jugement éclairé à partir de données
précises, dans un domaine délicat et complexe.
Par ailleurs, nous assurons, M. le Président, vos fonctions et
l'institution que vous incarnez de notre collaboration. Les parlementaires de
ce côté-ci comme ceux de l'autre côté sont
préoccupés par la question
de la sécurité des citoyens, des employés et de
l'Assemblée elle-même. Nous pouvons, à travers les
comités qui existent, dont on sait que le travail y sera fait
sérieusement -puisqu'il y est fait régulièrement
sérieusement - dont on sait clairement que ces débats ne seront
pas de nature publique, alors que la motion qui nous a été
présentée démontre un certain flou quant à savoir
si ce sera public ou pas... À notre avis, un débat public sur des
questions de sécurité, notamment pour l'avenir, comporte des
dangers évidents, un peu comme si le directeur d'une caisse populaire,
à la suite de certains événements, décidait de
convoquer tous les sociétaires ou les gens de la communauté
environnante pour discuter de l'endroit et du dispositif d'alarme qui sera
installé dans la caisse. C'est évidemment s'en prendre à
son efficacité que le caractère public de ces discussions.
Nous voulons, M. le Président, vous offrir cette collaboration.
Nous croyons que les députés de l'Opposition libérale,
comme ils nous l'ont dit, sont préoccupés comme nous par la
sécurité et l'assurance que veut avoir la population du
Québec quant à la sécurité des employés, des
visiteurs et des parlementaires, quant au respect de cette institution
démocratique. Nous croyons, M. le Président, qu'il y a tout ce
qu'il faut pour vous aider à régler ces problèmes.
Pour ces raisons, M. le Président, tout en affirmant que nous
voterons contre cette motion pour les raisons que j'ai exposées, nous
sommes convaincus que dans un délai raisonnable vous pourrez parvenir,
avec notre collaboration - et vous en êtes assuré des deux
côtés de la Chambre comme de l'Exécutif - à prendre
des décisions de nature permanente pour la sécurité des
citoyens du Québec.
Des voix: Vote! Vote!
Le Président: Y a-t-il d'autres intervenants? Nous allons
donc passer au vote.
M. Gratton: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président: Par appel nominal? M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bertrand: Oui, M. le Président, conformément
à l'article 216 de notre règlement, qui se lit comme suit:
"À la demande du leader du gouvernement, le président peut
reporter un vote par appel nominal plus tard au cours de la même
séance;" je voudrais, à ce stade-ci, indiquer que, comme
plusieurs ministres sont retenus en ce moment par la présentation du
rapport annuel de la chambre de commerce, qui se fait en présence de
plusieurs ministres touchés par les dossiers économiques, nous
demandons que ce vote soit reporté à la fin de la séance,
disons à 17 h 50.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Nous n'avons pas
à consentir, fort bien. Dans ce cas, M. le Président, je vous
inviterais à appeler la motion au nom du député de
Richmond qui figure au numéro 43 du feuilleton.
Le Président: Le vote aura donc lieu effectivement
à 17 h 50; les cloches sonneront dans l'immeuble cinq minutes avant,
donc, à 17 h 45.
Motion proposant que l'Assemblée
déplore l'état du réseau
routier
en milieu rural
D'ici là, nous allons débattre la motion de M. le
député de Richmond: "Que cette Assemblée, tout en
déplorant l'état du réseau routier en milieu rural,
dénonce l'irresponsabilité du gouvernement qui n'a pas
prévu des crédits appropriés à la construction et
à l'entretien dudit réseau routier."
Je cède la parole à M. le député de
Richmond. (17 h 20)
M. Yvon Vallières
M. Vallières: Merci, M. le Président. La motion que
nous avons inscrite et qui est débattue aujourd'hui vise en fait
plusieurs points. Comme elle l'indique, nous voulons aujourd'hui faire la
démonstration que le gouvernement actuel a permis la
détérioration du réseau routier en milieu rural et n'a pas
prévu les crédits appropriés à la construction et
à l'entretien dudit réseau.
Ceux qui habitent la campagne et y vivent seront probablement heureux de
cette initiative du Parti libéral. Je veux d'ailleurs vous indiquer
immédiatement que c'est unanimement que mes collègues ont
décidé de présenter la motion que nous avons à
débattre aujourd'hui. Tous les députés libéraux
sans exception sont d'accord. Plusieurs ont manifesté l'intention de
parler au cours du présent débat, entre autres la
députée de Mégantic-Compton, le député de
Beauce-Sud, les députés de Berthier, de Huntingdon et de
Brome-Missisquoi. Malheureusement le temps ne leur permettra probablement pas
d'intervenir mais ils voulaient, eux aussi, faire en sorte que la voix de leurs
électeurs soit entendue en cette Chambre.
De ce côté-ci de la Chambre, nous recevons continuellement
nos électeurs dans
nos nombreux bureaux de comté. Nous recevons également les
maires des municipalités que nous représentons qui se plaignent
de l'état lamentable de nos routes de campagne. Il semblerait cependant
que dans les comtés représentés par des
ministériels, les budgets sont suffisants, personne ne faisant la
critique des budgets alloués pour améliorer et entretenir les
routes rurales.
De ce côté-ci, nous allons faire notre travail et je sais
que plusieurs députés du Parti québécois seront
d'accord avec nous, même s'ils demeurent muets au cours du présent
débat. Je voudrais donc que le ministre nous prenne bien au
sérieux. Nous sommes ici aujourd'hui pour discuter avec le gouvernement
de la construction et de l'entretien du réseau routier rural. Nous le
faisons au nom de tous ceux que nous représentons. Nous avons plusieurs
points à soulever sur une situation qui est étroitement
reliée à la vie socio-économique rurale dans cette
province.
J'aimerais donc que l'on utilise le temps mis à notre disposition
pour parler franchement de la situation vécue dans les comtés
ruraux. Le but de cet exercice devrait nous permettre de connaître le
point de vue du ministre des Transports et du gouvernement. Alors, môme
si, de toute évidence, la voirie ne constitue pas une priorité
pour ce gouvernement, il faut espérer que le ministre
s'intéressera et apportera quelques réponses à certaines
de nos interrogations. Mais si ce gouvernement avait agi de façon
différente, de façon responsable depuis 1976, nous n'aurions pas
à tenir ce débat et ma motion aurait pu en être une de
félicitations à l'endroit du gouvernement.
Malheureusement, ce gouvernement a négligé, par la
faiblesse de ses budgets, une bonne partie de la population du Québec et
en particulier celle que l'on retrouve dans nos comtés ruraux.
Évidemment l'ex-ministre des Transports a voulu quitter son poste en
pétant ses bretelles et en soulignant qu'au-delà de 800 000 000 $
par année seraient consacrés pour consolider et améliorer
le réseau routier. Ce chiffre devient un peu moins impressionnant
lorsqu'on songe que, l'année dernière, c'est environ 856 000 000
$ qui furent dépensés par le gouvernement à ce poste
budgétaire. Donc, une diminution, sans compter le taux d'inflation qui
se situe autour de 5,6%.
Pour bien démontrer jusqu'à quel point le gouvernement
actuel permet la détérioration du réseau routier, j'ai
préparé un tableau qui vous indiquera l'importance relative que
le gouvernement péquiste accorde au budget de construction de routes par
rapport au budget global de la province de Québec.
M. le Président, vous remarquerez que si on prend comme
année de référence 1976, la part du budget du gouvernement
du Québec consacrée à l'amélioration du
réseau routier était de 5,2%. En 1984-1985, selon les
crédits qui ont été déposés, cette
participation est passée à 1,6% du budget global de la province
de Québec. Si on veut avoir une image juste de l'importance qu'apporte
le gouvernement au réseau routier, nous devons absolument tenir compte
de cette importance du budget qui est consacré à
l'amélioration et à la construction du réseau routier.
Par surcroît, les crédits qui ont été
déposés pour 1984-1985 montrent une diminution de budget de 12
000 000 $ en ce qui a trait à la construction des routes non
numérotées. Comment le ministre explique-t-il cela? Veut-il nous
donner l'assurance que le ministre des Finances annoncera prochainement des
crédits additionnels? Ces chiffres parlent d'eux-mêmes et,
à partir de ces données, il n'est pas surprenant de retrouver le
réseau routier, pour une bonne partie, dans un état tout à
fait lamentable. Entre autres, comment admettre que certaines
municipalités du Québec ne sont pas encore reliées par une
route pavée à une route numérotée? Est-ce trop
demander à ce gouvernement d'avoir des routes carrossables durant toute
l'année? Est-ce trop demander à ce gouvernement que nos
électeurs puissent circuler sur autre chose que sur des routes
poussiéreuses l'été et pleines de trous l'automne? La boue
l'automne, la poussière l'été, M. le Président, et
lors des périodes de dégel, inutile de vous dire dans quelle
situation ces chemins peuvent se retrouver.
J'aimerais que le ministre prenne un peu de son temps pour venir dans
les milieux ruraux avec son véhicule et circuler sur les routes du
Québec, entre autres, circuler dans les rangs et pas seulement sur les
voies pavées. Il pourrait, en cette Chambre, ajuster son discours
à la réalité québécoise. Mais c'est
sûr que s'il continue de se promener en limousine sur les autoroutes, il
demeurera ignorant de la situation vécue par nos électeurs.
Le ministre voudra peut-être justifier 1a baisse du budget par le
fait que, sous le gouvernement libéral, l'argent était
prioritairement consacré aux autoroutes, C'est faux de le
prétendre, M. le Président, Voyons ce qui se produit si nous
faisons abstraction du budget des autoroutes. Il est important, je crois, de
porter à l'attentior des Québécois, principalement ceux
des milieux ruraux, que la part relative du budget alloué à la
construction du réseau routier autre que les autoroutes a diminué
de façon considérable. J'ai ici un autre tableau qui nous indique
l'importance que ce gouvernement apporte au réseau routier si or fait
exception des autoroutes. Si on considère l'année de comparaison
1976, on constate que
c'est 3% du budget de la province de Québec qui étaient
alloués à la reconstruction du réseau dit non autoroutier.
Si on considère l'année 1984-1985 sur un crédit
déposé, la proportion baisse à 1,1%. C'est donc dire que
le gouvernement attache environ trois fois moins d'importance à
l'amélioration des routes dites tertiaires, des routes non
numérotées, partout au Québec.
Une voix: C'est dramatique.
M. Vallières: C'est dramatique, M. le Président. Il
est vrai que c'est dramatique et nous demandons à ce gouvernement de
corriger la situation. C'est encore plus scandaleux lorsqu'on n'inclut pas la
construction des autoroutes. Comment le ministre va-t-il se défendre de
cette situation? Ces données, soit la diminution catastrophique du
budget, viennent confirmer que de nombreuses municipalités et des
citoyens que nous rencontrons ne se plaignent pas pour rien. Ils ont
parfaitement raison de se plaindre de la détérioration du
réseau routier et de la négligence du gouvernement.
Il faut d'autant plus les comprendre qu'il ne s'agit pas seulement
d'améliorer le confort des usagers de ces routes. Il est clair qu'au
plan économique, un bon réseau routier est essentiel au
développement des régions rurales. Un bon réseau routier
permet en particulier aux régions éloignées des grands
centres d'attirer les industries et de contribuer ainsi au développement
de ces régions. Le ministre doit savoir également que
l'état du réseau routier est un des facteurs les plus importants
que considèrent les investisseurs avant de s'installer dans une
région. Le ministre n'est pas sans savoir qu'une région
isolée, difficile d'accès, est littéralement
condamnée.
L'accessibilité et la praticabilité de nos routes
s'avèrent également parmi les considérations importantes
pour attirer les touristes dans nos régions rurales, mais à tout
cela s'ajoute également l'importance d'un bon réseau routier pour
la sécurité de ses usagers. Le ministre nous dira peut-être
que, depuis quelques années, le nombre d'accidents est à la
baisse au Québec. Tous savent très bien que cela n'est pas un
facteur unique, mais une série de facteurs dont, entre autres, un Code
de la route beaucoup plus strict.
Il ne faut pas oublier que quand nous parlons de sécurité
routière, nous parlons de la vie des Québécois. Alors, il
faut souhaiter que l'actuel gouvernement voudra consacrer les efforts
budgétaires nécessaires à l'amélioration de nos
routes régionales où l'on compte le plus fort pourcentage
d'accidents. (17 h 30)
Selon les crédits déposés récemment pour
1984-1985, 60% du budget de construction sont consacrés aux routes
principales et aux autoroutes. C'est donc dire que 40% sont redistribués
entre les routes secondaires, tertiaires, non numérotées, et les
routes à caractère régional, ce qui me paraît
nettement insuffisant, compte tenu des besoins dans ce secteur.
Ce gouvernement devrait être gêné, après
toutes les promesses qu'il a faites dans les régions du Québec,
dans les comtés ruraux, et la triste performance, le triste bilan qu'il
nous offre aujourd'hui. Au moment où tant de gens se plaignent, et avec
raison, de l'état des routes, et d'un entretien déficient de ce
réseau, que nous offre le gouvernement du Parti québécois?
Une grosse augmentation de 1,4% du budget d'entretien par rapport à
l'année dernière, avec un taux d'inflation d'environ 5,6%. Si le
ministre veut compter, il remarquera qu'il s'agit d'une diminution
réelle du budget d'entretien de l'ordre de 4,2%. La conséquence
de ces coupures, c'est que les bureaux de district du ministère des
Transports manquent d'argent et doivent couper dans des services offerts
auparavant. Si le ministre s'était contenté de
rétrécir les lignes blanches, on ne s'en plaindrait pas trop,
mais il y a bien plus. C'est une vraie honte, par exemple, de priver la
population de mesures aussi essentielles que l'épandage du calcium
liquide. Je comprends que les ministres circulent plus souvent sur l'asphalte
que sur le gravier, mais les cultivateurs et les usagers des routes de gravier,
pendant que ces messieurs du gouvernement se promènent en limousine - ou
en jet - sur de bonnes routes, parce qu'ils emploient souvent des autoroutes,
doivent circuler sur des routes poussiéreuses rappelons-le, et à
l'occasion ils en mangent même, tellement il y a en a au cours de
l'été.
À plusieurs reprises, nous nous sommes fait dire par votre
prédécesseur que là où nous pouvons assurer le
pavage des routes, si on ne peut pas paver ces routes, il y aurait des
programmes généreux d'abat-poussière. J'ai bien hâte
que le ministre nous dise en cette Chambre, comment il procédera cette
année sur les 25 000 kilomètres de routes non pavées qui
sont à l'entretien de son ministère. C'est avec grand plaisir que
je transmettrai sa réponse à tous ceux et celles de nos
électeurs qui se plaignent de votre inefficacité dans ce
domaine.
En plus, ce gouvernement a mis fin en tout ou en partie à
plusieurs opérations d'entretien; par exemple, la coupe du foin et des
branches le long des routes. Souvent, ce sont les municipalités qui le
font. Récemment, je recevais les municipalités de mon
comté qui m'informaient que le ministère des Transports va leur
remettre une partie de l'entretien des chemins d'hiver. Dans certains cas, cela
a atteint 10 000 $; ces municipalités devront percevoir des taxes
additionnelles de leurs contribuables afin de
remplacer la participation du gouvernement. Il s'agit là, selon
moi, d'une coupure bien hypocrite, je dois bien le mentionner. Le gouvernement
ne subventionnera plus maintenant à 100% les sorties des
municipalités afin de permettre le déneigement l'hiver. La
différence entre la subvention et le coût réel encouru par
la municipalité devra être payée par la
municipalité.
Donc, une façon subtile, sournoise de venir imposer une nouvelle
taxe dans un bon nombre de municipalités. Le ministre pourrait profiter
de ce débat pour nous faire part du bilan de ce transfert de l'entretien
d'hiver et nous dire combien cette opération coûtera aux
municipalités du Québec.
Alors, plaçons-nous du côté du contribuable
québécois, qui vit en campagne.
M. le Président, vous m'indiquez que mon temps s'écoule.
Je pense avoir droit à une demi-heure.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je m'excuse, M. le
député de Richmond, on m'a dit qu'il y avait une entente qui
faisait que vous aviez quinze minutes, le ministre des Transports, dix minutes
et cinq minutes de réplique de votre part.
M. Vallières: Très bien, M. le Président, ce
qui veut dire qu'il me reste combien de temps?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Une minute.
M. Vallières: Une minute. Je m'aperçois que vous
semblez pressé de me voir terminer tout le monde. Je vais donc
accélérer, M. le Président...
Une voix: Je voudrais bien être capable de parler.
M. Vallières: ...et vous indiquer que de ce
côté-ci de la Chambre, nous voulons vous faire part de mesures
bien précises. J'aurai l'occasion, dans les cinq minutes qui me sont
réservées tantôt, de vous indiquer ces mesures que nous
aimerions que le gouvernement prenne afin de venir sauver la situation dans nos
milieux ruraux.
J'invite le ministre à être prudent quand il voudra
tantôt justifier la diminution du budget consacré à
l'entretien du réseau routier, parce que l'ex-président du
Conseil du trésor avait lui-même annoncé dans le journal Le
Devoir qu'il allait imposer des restrictions budgétaires au niveau de
l'entretien des routes en milieu rural.
Alors, M. le Président, j'aurai également l'occasion,
j'espère, dans les jours qui vont suivre, puisqu'il ne nous reste pas
assez de temps aujourd'hui, d'indiquer jusqu'à quel point le ministre
pourrait devenir un intervenant important afin de permettre de créer de
nombreux emplois dans les régions en soumettant un vaste programme de
réfection de nos routes rurales dans tout le Québec. Cependant,
le ministre ne pourrait le faire avec l'enveloppe budgétaire qui lui est
consacrée actuellement. Cela prendrait bien quelque 200 000 000 $
additionnels au niveau du seul point des routes dites tertiaires afin que le
gouvernement puisse ouvrir des centaines de chantiers dans nos comtés
ruraux et ainsi permettre la création de plusieurs milliers d'emplois et
possiblement sortir du chômage quelques-uns de nos électeurs qui
veulent, de façon honnête, gagner leur vie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Transports.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: J'écoutais le député de
l'Opposition. Je sais que c'est facile de faire des grands discours
là-dessus. Ils ont l'habitude. Cela fait presque des siècles
qu'ils en font sur ces thèmes. Ils ont promis des routes au
Québec qu'ils n'ont jamais faites jusqu'à ce qu'on les fasse,
nous, parce que depuis 1976, il y a eu des budgets considérables de
dévolus à la voirie municipale, à la voirie
régionale et à la voirie des grandes routes principales et des
autoroutes. Il y en a eu beaucoup. Er particulier, on fait des comparaisons
cette année avec les budgets de l'an passé, alors que justement
on avait eu des budgets spéciaux compte tenu du programme de relance du
gouvernement pour accélérer la reprise économique. Je
dirais, par exemple que dans un comté, ici et là, ou plusieurs
comtés, il y a des sorties de villages qui n'avaient jamais
été asphaltées, où tout le monde vivait dans la
poussière, et c'est nous qui les avons asphaltées depuis
1976-1977 C'est cela la réalité. Il y a eu des choses de
faites.
Sur un plan plus général, c'est un fait que la
construction des grandes autoroutes au Québec s'achève. Ce n'est
plus une priorité comme cela l'était auparavant. Il y a eu une
période de 20 ans où nous avons construit beaucoup d'autoroutes
au Québec. Certains diront même trop. Enfin, elles sont là.
Je pense qu'elles sont utiles en général. Nous les avons
construites. Nous sommes en train de les terminer. En particulier, nous somme!
en train de terminer l'autoroute 40 qui va être ouverte
l'été prochain, au mois d'août Nous voulons le faire avant
la visite du pape. L'autoroute 40 sera terminée. C'est une autoroute
considérable que nous avons faite. Cela a été fait au
cours des dernières années. Cela se termine. On ne peut pas
s'attendre que les budgets de construction d'autoroutes continuent avec le
volume que
nous avons connu auparavant, puisque nos priorités portent sur
autre chose.
Maintenant, on a fait des comparaisons pour ce qui est de la voirie
régionale et la voirie locale. Quand on additionne tous ces chiffres, il
faudrait faire attention aux catégories qu'on additionne. Là
aussi l'an passé il y avait des crédits additionnels, compte tenu
de la relance que nous voulions favoriser. Il y a beaucoup de routes qui sont
construites dans le Québec qui étaient promises depuis des
années et des années par nos amis d'en face. Il y en a même
dans le comté du député de l'Opposition qu'on pourrait
citer. Je ne voudrais pas faire un cas de son comté. Il reste,
cependant, que chez lui il y avait eu des promesses par son gouvernement,
avant, de routes qu'ils n'ont pas faites et qui ont été faites
par notre gouvernement. Il faudrait faire attention, donc, des
catégories qu'on additionne. Pour les routes municipales ou la voirie
municipale, qu'on se rappelle qu'avant notre arrivée au pouvoir, les
municipalités réclamaient des crédits additionnels et des
sources de revenus additionnelles surtout. Ceci a été fait.
Nous avons fait, envers les municipalités du Québec, des
transferts de 400 000 000 $ par année qui ont touché les
municipalités rurales de façon significative. Aujourd'hui, c'est
bien sûr que le budget d'amélioration des chemins municipaux a
baissé, compte tenu de ce qu'il était auparavant parce qu'il y a
eu la réforme de la fiscalité municipale, que le taux des taxes
foncières aujourd'hui est à peine plus élevé que ce
qu'il était auparavant et qu'il n'y a pratiquement plus de taxes
foncières scolaires au Québec. Cela est très important et
explique que les budgets ont pu être transformés ce qui ne veut
pas dire que rien n'a été fait dans ce sens. Je pense qu'il faut
tenir compte de ce facteur lorsque nous étudions le budget de la voirie.
(17 h 40)
Je voudrais aussi parler d'un autre sujet sur cette question.
Auparavant, quand il y avait des contrats de routes, les soumissions
n'étaient pas faites comme elles le sont aujourd'hui. Aujourd'hui, tous
ceux qui veulent soumissionner le font selon toute la procédure de
soumission du gouvernement. Le coût des routes a diminué
considérablement. C'est important de le savoir.
Je ne voudrais pas soulever un certain nombre de choses, parce que...
Qu'on se rappelle la façon dont les partis politiques étaient
financés. Peut-être que beaucoup de gens l'ont oubliée. La
loi 2 oblige maintenant à faire le financement des partis politiques de
la façon que nous connaissons, à même les souscriptions.
Or, auparavant, le financement des partis politiques se faisait en bonne partie
autour de tout ce qui concernait les routes. Il y a des expériences
très claires au Québec à ce sujet. Le coût des
routes a beaucoup diminué au Québec. Je ne dirais pas
maintenant... On fait des économies au niveau de l'entretien? Oui, nous
faisons des économies. Nous calculons chacun des dollars que nous
dépensons en termes d'entretien et de construction de routes. J'en vois
réagir en face quand on dit des choses comme cela. Je pense qu'ils
seraient mieux de se taire et d'encaisser, parce que c'était cela, la
réalité du financement des partis politiques.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Léonard: La loi 2 au Québec qui concerne le
financement des partis politiques a fait économiser des millions de
dollars aux Québécois.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
M. Léonard: Nous avons essayé d'économiser
sur l'entretien, sur toutes sortes de dépenses qui concernent
l'entretien des chemins routiers. Je pense bien que sur le plan de
l'efficacité de toute notre équipe de fonctionnaires, nous avons
connu des améliorations substantielles.
Nous avons eu l'occasion d'étudier les crédits de la
voirie au cours des dernières semaines, mais M. le député
de Richmond n'était pas là. Nous nous sommes expliqués sur
toutes les augmentations, les comparaisons de budget que nous pouvions faire
à ce moment-là. Je pense que le budget du ministère des
Transports à l'heure actuelle, en ce qui concerne la voirie, est un
budget très important qui reflète très bien la
réalité des besoins de ce secteur de l'activité
économique, qui reflète aussi la réalité d'autres
priorités qui sont apparues au cours des années qui viennent de
s'écouler: par exemple, le transport en commun, par exemple,
l'amélioration du transport scolaire. Il y a eu des choses de faites
là-dessus et toute espèce...
Je reviens au transport en commun. Aujourd'hui, ce sont quelque 300 000
000 $ ou 400 000 000 $ qui sont dépensés à ce sujet. Cela
est important, parce que les gens dans les villes, dans les petites villes, ont
besoin du transport en commun. Cela se reflète dans le budget du
ministère des Transports au moment où on se parle.
Nous avons eu l'occasion d'examiner le budget du ministère des
Transports et de donner des explications. Je pense que maintenant nous pourrons
faire face à la situation au cours de l'année qui vient.
Une voix: Très bien.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Richmond, cinq minutes de réplique.
M. Yvon Vallières (réplique)
M. Vallières: N'avons-nous pas, M. le Président,
entendu un ministre qui, comme l'ensemble de ses collègues, vient de
faire la démonstration qu'une fois de plus le gouvernement est
déconnecté de la réalité?
Une voix: Bravo! Une voix:C'est cela.
M. Vallières: Vous voyez jusqu'où il a
été obligé de descendre pour justifier ses budgets. Vous
l'avez vu faire. Il n'a presque pas parlé du budget qui est
réservé au ministère des Transports. Il n'a pas
parlé de la coupure de 12 000 000 $ que l'on constate dans la petite
voirie. Le ministre n'a pas réussi à se justifier à ce
niveau.
J'entendais les gens de l'Estrie, tout à l'heure, qui
applaudissaient le ministre quand il a parlé des autoroutes. Je veux
demander au ministre si ce n'est pas son gouvernement qui a refusé, de
façon honteuse, l'autoroute 55 dans le comté de Richmond et qui
n'a pas encore eu le coeur de rénover la route 116 dans ce même
comté. Le gouvernement a pénalisé nos électeurs
parce qu'ils ont voté pour le Parti libéral lors de la
dernière élection. Le ministre devrait avoir honte de cette
situation. L'Estrie est la région pauvre du ministère des
Transports. Il n'y a que la région de Montréal qui soit moins
touchée que nous en termes de nouvelles initiatives régionales au
cours de 1983-1984.
J'écoutais la députée de Johnson qui continue de
maugréer. Avec 19% de chômage en mars dans les Cantons de l'Est,
avec quelque 16 700 chômeurs, est-ce qu'elle n'aimerait pas que ce
gouvernement s'implique afin que, sur le réseau routier tout au moins,
on puisse créer des emplois, permettre aux gens de gagner, de
façon digne, leur vie? Non, elle fait partie de cette majorité
servile qui sert le gouvernement, les intérêts du Parti
québécois au détriment de la population qu'elle
représente.
Je veux mentionner immédiatement que, même si certains
députés le nient, le ministre des Finances, dans son dernier
budget, soit celui de 1983-1984, à la page 17, disait ce qui suit - il
parlait, évidemment, de sa surtaxe sur l'essence, une autre taxe de son
gouvernement - "Je reconnais que l'imposition de la surtaxe sur l'essence ne
s'est pas traduite par une amélioration substantielle du réseau
en région rurale ou éloignée". Est-ce seulement
l'Opposition qui parle de cela? Non. L'ex-député péquiste
de Frontenac - que vous reconnaissiez comme l'un de vos collègues, il y
a peu de temps - demandait également, tant ici en commission
parlementaire qu'à un comité du Parti québécois
qu'il présidait, qu'on ajoute 600 000 000 $ pour créer 20 000
emplois au niveau de la voirie. Nous, on demande 200 000 000 $ additionnels et
on se fait dire que ce n'est pas réaliste. Qu'est-ce que les gens du
Parti québécois ont fait après avoir
présenté ce projet? Ils se sont tus. Ils ont continué
à servir les intérêts du Parti québécois,
à protéger leur ministre des Finances et leur ministre des
Transports. De ce côté de la Chambre, nous n'avons pas à
protéger ce gouvernement. Nous sommes ici pour représenter les
intérêts de nos électeurs et nous le faisons avec le
maximum de nos énergies.
Je vous disais, tout à l'heure, que nous pourrions investir
massivement dans le réseau routier. Si le ministre sortait plus souvent
dans les comtés ruraux, il constaterait que, dans le seul comté
de Richmond, il y a quelque 1500 kilomètres de routes à
l'entretien de son ministère dont 1000 kilomètres de route non
pavées. Le ministre ose nous dire qu'il faudrait ne rien faire. De ce
côté de la Chambre, il faudrait aduler le gouvernement, lui dire
qu'il fait son travail. Non, nous n'entrerons pas dans ce petit jeu qui fait en
sorte que nous devrions trahir les intérêts de nos
électeurs. Personne ne bâillonnera les députés du
Parti libéral et, au cours des jours qui vont venir, vous allez le voir.
D'ailleurs, au cours de la discussion que nous aurons sur le budget, si le
ministre des Finances ne donne pas plus d'importance à nos
régions rurales, vous allez voir jusqu'à quel point les
députés de ce côté de la Chambre vont se lever,
à tour de rôle, afin de blâmer le gouvernement pour le peu
d'intérêt qu'il manifeste à l'égard des
régions rurales. Il en manifeste, évidemment, quand arrivent les
campagnes électorales. Il ouvre ses goussets. À ce
moment-là, on donne une petite beurrée aux campagnes et on pense
qu'on achètera les votes avec cela. M. le Président, soyez
assuré que la population du Québec a maintenant compris que le
gouvernement, depuis 1976, a négligé de façon
considérable le budget du ministère des Transports et, en
particulier, dans les milieux ruraux que nous représentons.
Nous avions, M. le Président, l'occasion récemment de
regarder - certains de mes collègues y faisaient allusion - toute la
série de taxes directes et indirectes imposées, entre autres, aux
automobilistes du Québec. Est-ce qu'on a eu des retours
conséquents à cela dans les budgets de voirie? Non. M. le
Président, vous m'indiquez que mon temps est terminé. Je vais
terminer.
Je demande à ce gouvernement s'il va permettre aux travailleurs
maintenant en chômage et aux assistés sociaux de retourner
dignement au travail, de créer, par le biais
de ce ministère à vocation économique, des milliers
d'emplois, ne pas se contenter de dire qu'il va agir, mais passer aux actes.
C'est pourquoi nous avons demandé ce débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion du
député de Richmond est-elle adoptée?
Des voix: Rejeté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Rejeté.
Vote enregistré. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, comme deux votes seront
pris, peut-on vous demander à ce stade-ci d'appeler les
députés?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Bien sûr, nous
allons appeler les députés. S'il vous plaît, monsieur! Nous
allons suspendre durant quelques minutes avant le vote.
(Suspension de la séance à 17 h 50)
(Reprise de la séance à 17 h 56)
Le Président: Nous allons donc voter sur deux motions,
d'abord sur celle de M. Vallières: "Que cette Assemblée, tout en
déplorant l'état du réseau routier en milieu rural,
dénonce l'irresponsabilité du gouvernement qui n'a pas
prévu des crédits appropriés à la construction et
à l'entretien dudit réseau routier."
Que les députés qui sont favorables à cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Gratton
(Gatineau), Ciaccia (Mont-Royal), Ryan (Argenteuil), Mme Bacon (Chomedey), M.
Marx (D'Arcy McGee), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Vallières
(Richmond), Mathieu (Beauce-Sud), Hains (Saint-Henri), Polak (Sainte-Anne),
Saintonge (Laprairie), Rocheleau (Hull), Fortier (Outremont), Rivest
(Jean-Talon), Côté (Charlesbourg), Pagé (Portneuf), Paradis
(Brome-Missisquoi), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Dubois (Huntingdon),
Maciocia (Viger), French (Westmount), Bissonnet (Jeanne-Mance), Kehoe
(Chapleau), Houde (Berthier), Leduc (Saint-Laurent), Maltais (Saguenay).
Le Président: Que ceux qui sont contre cette motion
veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Lévesque (Taillon), Mme
Marois (La Peltrie), MM. Clair (Drummond),. Laurin (Bourget), Johnson (Anjou),
Bérubé (Matane), Lazure (Bertrand), Gendron (Abitibi-Ouest),
Biron (Lotbinière), Dean (Prévost), Ouellette (Beauce-Nord), Mme
Le Blanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), MM. Bordeleau (Abitibi-Est),
Tardif (Créma-zie), Garon (Lévis), Léonard (Labelle),
Fréchette (Sherbrooke), Bertrand (Vanier), Brassard (Lac-Saint-Jean),
Duhaime (Saint-Maurice), Paquette (Rosemont), Rancourt (Saint-François),
Léger (Lafontaine), Proulx (Saint-Jean), Gauthier (Roberval), de
Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Blouin (Rousseau),
Dussault (Château-guay), Desbiens (Dubuc), Mme Juneau (Johnson), MM.
Fallu (Groulx), Rochefort (Gouin), Marquis (Matapédia), Baril
(Arthabaska), La-plante (Bourassa), Champagne (Mille-Îles), Lavigne
(Beauharnois), Blais (Terrebonne), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Dupré (Saint-Hyacinthe), Gravel
(Limoilou), Beausé-jour (Iberville), Payne (Vachon), Tremblay (Chambly),
Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue).
Le Secrétaire: Pour: 27
Contre: 46
Abstentions: 0
Le Président: La motion est rejetée.
Mise aux voix de la motion portant sur la
sécurité à l'Assemblée
Nous allons maintenant voter sur la motion de M. Pagé: "Que soit
constituée une commission spéciale, formée de onze
députés dont quatre de l'Opposition officielle, ayant le mandat
suivant: examiner en détail l'évolution et l'administration du
système de sécurité à l'Assemblée nationale
et à en évaluer l'efficacité; établir les principes
et identifier les objectifs d'un système permettant notamment que les
portes de l'Assemblée demeurent ouvertes..."
Le vote est en cours et le règlement à cet égard
est formel. À moins qu'il y ait consentement. "...au public tout en
étant bien gardées. Qu'à ces fins ladite commission:
prenne connaissance de tous les dossiers, études et rapports pertinents;
entende le président de l'Assemblée nationale et toute personne
susceptible d'aider la commission dans l'accomplissement de son mandat. "Que
les députés de Laviolette et de Saint-François, les deux
vice-présidents de l'Assemblée, agissent respectivement comme
président et vice-président de séance de la commission et
que le fonctionnaire désigné pour agir à titre de
secrétaire de la commission de l'Assemblée nationale en soit le
secrétaire. "Que la commission entreprenne l'examen de cette affaire au
plus tard le lundi suivant l'adoption de la présente motion et y mette
un terme au plus tard le vendredi de la même semaine, en siégeant
de façon continue selon l'horaire régulier des
commissions parlementaires. "Que les autres membres de la commission
soient désignés immédiatement après l'adoption de
la présente motion sur motion sans préavis et mise aux voix sans
débat du leader du gouvernement après consultation avec le leader
de l'Opposition officielle et les députés
indépendants."
Voulez-vous reprendre le vote ou bien si ce sera le même vote que
tout à l'heure? Que les députés qui sont favorables
à cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Gratton
(Gatineau), Ciaccia (Mont-Royal), Ryan (Argenteuil), Mme Bacon (Chomedey), M.
Marx (D'Arcy McGee), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Vallières
(Richmond), Mathieu (Beauce-Sud), Hains (Saint-Henri), Polak (Sainte-Anne),
Saintonge (Laprairie), Rocheleau (Hull), Fortier (Outremont), Rivest
(Jean-Talon), Côté (Charlesbourg), Pagé (Portneuf), Paradis
(Brome-Missisquoi), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Dubois (Huntingdon),
Maciocia (Viger), French (Westmount), Bissonnet (Jeanne-Mance), Kehoe
(Chapleau), Houde (Berthier), Leduc (Saint-Laurent), Maltais (Saguenay).
Le Président: Que les députés qui s'opposent
à cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Lévesque (Taillon), Mme
Marois (La Peltrie), MM. Clair (Drummond), Laurin (Bourget), Johnson (Anjou),
Bérubé (Matane), Lazure (Bertrand), Gendron (Abitibi-Ouest),
Biron (Lotbinière), Dean (Prévost), Ouellette (Beauce-Nord), Mme
Le Blanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), MM. Bordeleau (Abitibi-Est),
Tardif (Crémazie), Garon (Lévis), Léonard (Labelle),
Fréchette (Sherbrooke), Bertrand (Vanier), Brassard (Lac-Saint-Jean),
Duhaime (Saint-Maurice), Paquette (Rosemont), Léger (Lafontaine), Proulx
(Saint-Jean), Gauthier (Roberval), de Bellefeuille (Deux-Montagnes), Mme
Lacha-pelle (Dorion), MM. Blouin (Rousseau), Dus-sault (Châteauguay),
Desbiens (Dubuc), Mme Juneau (Johnson), MM. Fallu (Groulx), Roche-fort (Gouin),
Marquis (Matapédia), Baril (Arthabaska), Laplante (Bourassa), Champagne
(Mille-Îles), Lavigne (Beauharnois), Blais (Terrebonne), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Dupré (Saint-Hyacinthe), Gravel
(Limoilou), Beauséjour (Iberville), Payne (Va-chon), Tremblay (Chambly),
Baril (Rouyn-No-randa-Témiscamingue).
Le Président: Abstentions.
Le Secrétaire adjoint: M. Rancourt
(Saint-François).
Le Secrétaire: Pour: 27
Contre: 45
Abstentions: 1
Le Président: La motion est donc rejetée. Comme il
est plus de 18 heures, l'Assemblée nationale ajourne ses travaux
à demain, 14 heures.
(Fin de la séance à 18 h 5)