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(Dix heures quatre minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Veuillez vous asseoir.
Il est temps qu'on fasse une réunion de régie interne.
Aux affaires courantes, il n'y a ni déclarations
ministérielles ni présentation de projets de loi ni
dépôt de documents. Au dépôt des rapports de
commission, M. le député de Vachon.
Étude détaillée des projets de
loi 203, 229, 230 et 248
M. Payne: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des institutions qui a
siégé le 3 décembre 1984 afin de procéder à
l'étude détaillée des projets de loi
d'intérêt privé, notamment les nos 203, 229 et 230 qui ont
été adoptés sans amendement et le no 248 qui a
été adopté avec amendement. Quant à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé
236, 233 et 254, elle a été remise à une date
ultérieure.
Le Président: Rapport déposé. Ce qui nous
mène à la période des questions. J'attire votre
attention...
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. de Bellefeuille: M. le Président...
Le Président: Ho! Ho! Un instant! Un instant! M. le leader
adjoint de l'Opposition d'abord.
M. Côté: M. le Président, j'aurais une
question en vertu de l'article 34 concernant les affaires.
M. Bertrand: Article 34?
M. Côté: L'article 34 dit, M. le Président,
pour le bénéfice du leader du gouvernement: "Les
députés ne peuvent poser au président que des questions
portant sur les affaires et la procédure de l'Assemblée." J'ai
donc une question relative aux affaires.
Le Président: Oui, mais ce n'est pas nécessairement
à ce moment-ci qu'on doit la poser...
M. Côté: Je vais vous l'expliquer.
Le Président: ...mais enfin allez:
M. Côté: M. le Président, je suis
informé que la visite du premier ministre est sous la
responsabilité du protocole des relations interparlementaires. A cet
effet, à dix heures moins deux, au moment où je suis venu ici,
j'ai vérifié sur le mât qui est réservé au
drapeau des visiteurs à l'Assemblée nationale et on venait tout
juste de descendre le drapeau d'Israël, compte tenu de la visite de
l'ambassadeur d'Israël. J'aimerais savoir si vous avez pris les
dispositions pour hisser le drapeau du Canada, compte tenu de la visite du
premier ministre. Si jamais il manque un drapeau, je peux vous en fournir
un.
Le Président: Vous savez bien, M. le député,
que lorsque besoin est, les drapeaux pertinents sont hissés - y inclus
le drapeau du Canada, ce que j'ai déjà fait dans le passé
- sur le mât de l'Hôtel de Parlement, mais je vous rappelle que
l'article 34 porte sur les affaires et la procédure de
l'Assemblée, s'entendant de la réunion des 122
députés. Pour ce qui est des questions d'ordre administratif, le
Bureau de l'Assemblée nationale est compétent en la
matière.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Au dépôt de pétitions, M.
le Président.
Le Président: M. le député de
Deux-Montagnes...
M. de Bellefeuille: ...au dépôt de
pétitions.
Le Président: Ah! Je m'excuse. J'ignorais que vous aviez
une pétition. Allez- y.
Retrait ou rejet du projet de loi 42
demandé
M. de Bellefeuille: J'ai l'honneur de déposer l'extrait
d'une pétition adressée à l'Assemblée par 900
pétitionnaires du Syndicat des travailleurs et travailleuses de Brooke
Bond Inc., Confédération des syndicats nationaux, invoquant les
faits suivants: "Que les pétitionnaires ne sont pas
d'accord avec le projet de loi 42 qui, affirment-ils, continue de
pénaliser les victimes d'accidents et de maladies du travail et
concluant à ce que l'Assemblée nationale demande au gouvernement
de retirer le projet de loi 42 ou, à défaut, que
l'Assemblée nationale rejette le projet de loi 42." Je certifie que cet
extrait de la pétition est conforme à l'original et au
règlement.
Le Président: Pétition déposée. Une
pétition également, M. le député de Rosemont? Oui,
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Au dépôt des pétitions, j'ai
également le plaisir et l'honneur de déposer une
pétition...
Le Président: Je m'excuse. M. Paquette: Pardon?
Le Président: Le Secrétaire général
me fait signe qu'il n'a pas reçu votre pétition dans les
délais en vertu de nos règles de procédure. J'attire votre
attention sur les articles pertinents du règlement que vous trouverez.
Le Secrétaire général doit recevoir la pétition
dans les délais et attester de ce qu'elle est effectivement bien
fondée, mais vous pourrez, en consultation avec le Secrétaire
général, revenir avec la pétition demain.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: ...s'il y avait consentement, je pourrais
peut-être le faire tout de suite.
Des voix: Consentement.
Le Président: La raison pour laquelle nous avons introduit
dans les règles de procédure cette disposition qui se lit ainsi,
à l'article 62: "Toute personne ou association de personnes peut, par
l'intermédiaire d'un député, adresser une pétition
à l'Assemblée dans le but d'obtenir le redressement d'une
situation qu'elle considère comme injuste. Le député qui
la transmet doit l'avoir remise au bureau du Secrétaire
général au moins une heure avant la période des affaires
courantes." 63: "La pétition doit s'adresser à l'Assemblée
et exposer des faits sur lesquels celle-ci a le pouvoir d'intervenir." Et
là, il y a tout une mécanique qui est prévue et cela
permet de vérifier, d'abord, si la pétition s'adresse
effectivement à l'Assemblée dans un domaine de sa
compétence et qu'elle est faite dans la forme prévue pour ce
genre de document. Je préférerais, à moins que l'As-
semblée ne tienne absolument à ce que vous la déposiez
aujourd'hui, que vous reveniez demain avec cette pétition.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: ...quant à nous, nous sommes d'accord avec
votre décision, mais connaissant le sérieux du
député de Rosemont, nous consentons à ce qu'il
procède immédiatement au dépôt de cette
pétition, sans en connaître le contenu.
Le Président: Oui, mais enfin... Je veux bien me soumettre
à un consentement de l'Assemblée mais, de nouveau, j'attire votre
attention sur l'article 64. Le député ne dépose pas la
pétition, il dépose un extrait. Article 64: "Par un document
déposé à l'Assemblée, qu'il certifie conforme
à l'original et au règlement, le député indique le
nombre de signatures que porte la pétition, la désignation des
pétitionnaires, les faits qu'elle invoque et les conclusions auxquelles
elle en arrive. Le Secrétaire général remet l'original de
la pétition au député qui l'a transmise."
En l'espèce, on ne dépose plus une pétition
à l'Assemblée, on dépose un document qui fait état
d'une pétition. Encore faut-il avoir ce document entre les mains. Si le
député n'a pas soumis sa pétition au Secrétaire
général au préalable, il ne peut pas avoir le document en
question. En fait, il ne déposerait même pas le bon document.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: ...pourrais-je suggérer que l'on puisse
procéder de la façon suivante? Le député remet
immédiatement au Secrétaire général sa
pétition, le Secrétaire général, avec son
efficacité coutumière, prépare les documents et, à
la fin de la période des questions, le député
dépose, avec le consentement de l'Assemblée, la pétition
qu'il veut déposer.
Le Président: Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: C'est trop beau, M. le Président, pour qu'on
ne donne pas notre accord.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président: S'il y a consentement à mettre de
côté les règles, le député de Rosemont pourra
effectivement soumettre sa
pétition au bureau du Secrétaire général et
dès qu'il aura obtenu le document qu'il doit déposer en Chambre,
il pourra le faire en dehors de la période prévue aux affaires
courantes. Ce qui ne l'empêche pas non plus, de son propre chef, de le
faire aussi demain. Donc, mardi? Mardi.
Avant de passer à la période des questions, j'attire votre
attention sur le fait qu'il y aura un complément de réponse du
ministre des Communications à la question posée hier par M. le
député de Louis-Hébert. Il y aura également un vote
reporté.
Période des questions. M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Les déclarations du ministre des Finances
relatives à l'impôt québécois
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président, ma
question s'adresse au ministre des Finances. Depuis sa nomination, le ministre
semble emprunter une stratégie d'atténuation de l'effet de ses
déclarations. La première déclaration qu'il a faite ici,
en Chambre, en a été une d'annonce de hausse d'impôt de 250
000 000 $ qui suivait de près l'annonce encore plus discrète du
ministère du Revenu d'une hausse d'impôt d'environ 100 000 000 $,
il y a quelques semaines. Le ministre a prétendu que ce n'était
pas grave, ces hausses d'impôt, parce que les Québécois
auraient payé 266 000 000 $ de moins d'impôt en 1984. Le ministre
mêlait alors allègrement les concepts d'assiette fiscale, de
rendement de l'impôt, de taux d'imposition.
De plus, il semble maintenant dire qu'un imprimeur chargé
d'imprimer les formulaires du gouvernement était - c'est ce que le
ministre laissait soupçonner - déjà au courant de cette
décision.
La deuxième atténuation du ministre, ou sa tentative
d'atténuer ses déclarations ou ses responsabilités, a
trait aux effets pour le Québec des politiques annoncées par le
ministre fédéral des Finances en novembre, qui dévoilaient
des coupures dans les programmes fédéraux de 2 500 000 000 $
net.
J'ai demandé au ministre s'il avait procédé
à des évaluations pour voir quels étaient les effets
précis pour le Québec de cette politique du gouvernement
fédéral et le ministre n'a pas semblé trouver ça
tellement important. Compte tenu de la réunion qui verra aujourd'hui le
premier ministre du Québec et celui du Canada discuter de ces choses, on
l'espère, est-ce que le ministre a fourni des chiffres au chef du
gouvernement pour que ce dernier puisse appuyer, étayer les
revendications du Québec ou est-ce que le ministre a tout simplement
confié le résultat de ses recherches à un imprimeur pour
annonce et publication ultérieures?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Duhaime: M. le Président, la première chose que
je ferais pour répondre au savant préambule du
député de Vaudreuil-Soulanges, ce serait de lui rappeler, s'il
n'a pas perdu la mémoire, que pour l'exercice en cours, 1984-1985 - et
ça apparaît au livre des crédits - la non-indexation des
exemptions personnelles sur l'impôt sur le revenu des particuliers
était escomptée pour les mois de janvier, février et mars.
C'est une première chose.
Deuxièmement, mon prédécesseur avait fait valoir
qu'il préférait attendre la publication du livre blanc et sa
discussion publique avant de faire un choix quant à l'indexation ou la
non-indexation et à quel niveau, pour l'application, à
partir du 1er janvier 1986. Ce que je dis tout simplement, c'est que si mon
prédécesseur avait annoncé la non-indexation de
façon formelle j'aurais été d'accord avec lui. Cela va
être clair.
Maintenant, je suis un peu étonné qu'on nous fasse tout un
plat, surtout venant du Parti libéral qui, comme vous le savez, a
été au gouvernement pendant quelques années et qui n'a
jamais rien indexé. Il n'y a pas eu d'indexation des exemptions, quant
à l'impôt sur le revenu des particuliers, de 1970 jusqu'en 1976 et
1977. Les premières indexations ont été introduites pour
l'année 1980, en 1979.
On veut me faire passer pour un vilain, mais je voudrais rappeler
essentiellement ceci. L'indexation introduite au fil des ans nous donne ceci
comme chiffres. En 1980, 1981 et 1982, durant ces trois années,
l'indexation par rapport à l'inflation donnait 64%. Pour les
années 1982 et 1983, qu'est-ce qui s'est produit? L'indexation a
été plus forte que l'inflation de sorte que, sur ces deux
années, 1982 et 1983, cela fait 121%. Ces deux notions doivent
être, en quelque sorte, arrimées ensemble et lorsque j'ai
annoncé que, pour l'année 1985, il n'y aurait pas d'indexation,
faites le calcul sur le combiné pour les années 1983, 1984 et
1985 à venir et cela va vous donner un arrimage qui donne 84%. Je pense
que c'est raisonnable....
Le Président: M. le ministre.
M. Duhaime: ...selon nos moyens. M. le Président,
j'ajouterai que les déclarations de l'ancien ministre
libéral...
Le Président: Je veux bien vous laisser aller, donner
toutes les explications, mais la réponse commence à être
démesurément longue, M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, quant aux
déclarations du député libéral
fédéral de Laval-des-Rapides, ex-ministre à Québec,
je ne suis pas beaucoup impressionné par ses chiffres parce que, de son
propre aveu, il les a calculés sans le modèle
économétrique. Il l'a fait avec sa secrétaire. Alors, ce
n'est pas tellement sérieux.
Le Président: M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que le ministre, dans ce
cas, nous laisse soupçonner que, lui, est mieux équipé
pour faire ces calculs? Deuxièmement, est-ce qu'il les a faits?
Troisièmement, s'il en a fait au moins une partie, est-ce qu'il les a
fournis au chef du gouvernement ou si, finalement, cela ne l'intéresse
pas des revendications financières économiques au nom du
Québec ou alors est-ce qu'il confie encore les résultats de ses
recherches à des imprimeurs, à des gens de l'extérieur qui
n'ont rien à voir dans le dossier?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Duhaime: M. le Président, j'ai dit, au début de
la semaine, je pense, que j'avais commandé ces études. Je ne les
ai pas en main et je ne pense pas que le premier ministre attende mes savants
conseils pour être en mesure de discuter avec le premier ministre du
Canada, dans le courant de la journée.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, est-ce que le
premier ministre pourrait nous dire justement à ce sujet quelles sont
ses intentions quant à la rencontre qu'il aura aujourd'hui même
avec le premier ministre du Canada et a-t-il l'intention de faire valoir les
points soulevés par le député de Vaudreuil-Soulanges?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Ce que j'ai l'intention de discuter
avec M. Mulroney touche, évidemment - peut-être pas tout à
fait de la façon dont essaie de les traiter le député de
Vaudreuil-Soulanges - les sujets à la fois économiques au sens de
la création d'emplois surtout industriels, fiscaux bien sûr, et
budgétaires par voie de conséquence évidemment aussi. Je
ne peux pas entrer dans le détail avec l'Opposition puisque j'ai averti
tout à l'heure le chef de l'Opposition que je serai obligé de
m'éclipser dans quelques minutes. Hier, il y avait des raisons assez
évidentes. Je ne crois pas que ce soit une obligation. Je ne crois pas
non plus que je sois le dernier à avoir assez d'assiduité
à cette période de questions. Il y a des moments - je pense que
le bon sens le dit -où il faut être ailleurs. C'est le cas
également aujourd'hui. (10 h 20)
J'aurai probablement des choses à dire en passant d'abord par les
médias d'information tout à l'heure après la rencontre.
Mais, à l'Assemblée nationale, sur toutes les questions qu'on
voudra poser après.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Si je comprends bien - je n'ai pas des
renseignements de première main - le premier ministre du Québec
rencontre pour environ une heure, à l'heure du lunch, le premier
ministre du Canada. Comme il s'agit d'un lunch, il faut enlever de cette heure,
je m'imagine, un certain nombre de minutes pour manger. Est-ce que le premier
ministre peut me dire combien de temps il va rester pour parler justement de la
question des diminutions de paiement de transfert par le gouvernement
fédéral, des diminutions possibles dans le domaine de la
péréquation, des ententes de développement
économique et, en même temps, aborder la question
évidemment aussi importante de l'avenir constitutionnel du pays et de la
façon que le gouvernement actuel entend accepter l'accord
constitutionnel de 1982?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): C'est évident que, si je
suivais l'exemple du chef de l'Opposition, on n'aurait pas le temps de parler
de grand-chose. Une chose est certaine, cela devrait être quelque part
autour d'une heure et demie, deux heures. Cela s'appelle en anglais souvent, je
pense, "a working lunch", quelque chose comme cela. Comme moi je ne meurs pas
de faim en général à midi - je crois savoir que c'est le
cas de mon honorable homologue fédéral -on devrait pouvoir
aborder un certain nombre de sujets.
Le Président: Question principale, M. le
député de Saguenay.
Fermeture de la succursale de la Banque
impériale à Schefferville
M. Maltais: M. le Président, lors de la commission
parlementaire sur la fermeture de la ville de Schefferville, il avait
été indiqué clairement que l'intention du gouvernement
était de s'assurer que les
services essentiels seraient donnés à la population de
Schefferville.
Or, nous apprenions dernièrement qu'un service essentiel aux
populations blanche et autochtone de Schefferville sera complètement
abandonné en janvier 1985. Il s'agit du service bancaire de la Banque
impériale de commerce. Ma question s'adresse au ministre
délégué à l'Aménagement et au
Développement régional qui, à ce moment-là, avait
promis que les services essentiels demeureraient à Schefferville. Quelle
est la solution du gouvernement pour la population de Schefferville à la
suite de l'abandon de cette succursale de la Banque impériale de
commerce?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Aménagement et au Développement régional.
M. Gendron: Effectivement, lorsque des membres du gouvernement
sont allés à Schefferville pour prendre acte de la
décision de la minière de fermer non pas la ville, mais cesser
ses opérations à Schefferville, nous avions convenu, avec la
population, à la suite de l'audition de plusieurs mémoires, que
nous serions très attentifs pour assurer les services essentiels dont on
avait discuté avec elle. Le gouvernement du Québec a
l'entière et pleine responsabilité, que ce soit pour les services
éducatifs, pour les services sociosanitaires, pour les services de
santé, etc. Pour ces services, nous avons pris des dispositions afin que
la population autant blanche qu'autochtone ne soit pas pénalisée.
Là, vous m'informez, ce matin, de quelque chose. Oui, nous avions eu des
indications dans le sens qu'il se pourrait que, rapidement, il n'y ait plus
d'institution financière dans le milieu. Comme l'Office de planification
et de développement du Québec a toujours été
très près de cette population, on va regarder les
possibilités, mais je tiens à informer cette Chambre qu'il n'est
pas de nos responsabilités d'instaurer des institutions
financières dans différents milieux du Québec, aussi
nordiques soient-ils.
M. Maltais: Question additionnelle, M. le Président.
Le Président: M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Vu qu'un service bancaire est jugé comme
essentiel par la population, le ministre pourrait-il s'engager aujourd'hui
à entreprendre immédiatement des démarches auprès
de la Banque impériale de commerce, qui est là
présentement, afin de s'assurer qu'elle continuera de donner un service
raisonnable à la population ou à entreprendre dès
immédiatement des démarches auprès d'autres institutions
financières qui pourraient suppléer à l'abandon de la
Banque impériale de commerce?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Aménagement et au Développement régional.
M. Gendron: Oui, M. le député, je peux vous en
assurer et je peux assurer la population que non seulement nous allons le
faire, mais c'est déjà commencé. Il y a des discussions
actuellement entre le ministère des Finances et l'institution
financière concernée et, éventuellement, d'autres
institutions financières afin de s'assurer qu'il y ait un service
financier qui soit offert à cette population. Les échanges ont
déjà commencé avec le ministère des Finances.
Le Président: Oui, M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quand,
exactement, ces discussions vont porter fruits et qu'il pourra communiquer
à la population de Schefferville qu'à partir du 25 janvier, dans
environ 40 jours... Est-ce qu'il pourra garantir à la population de
Schefferville qu'elle aura un service bancaire après le 25 janvier?
Quand le ministre sera-t-il en mesure de lui annoncer cela?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Aménagement.
M. Gendron: M. le Président, dans les meilleurs
délais. Mais, à partir du moment où ce n'est pas le
ministère des Finances qui peut s'en aller à Schefferville pour
diriger une institution financière, je ne suis pas en mesure,
aujourd'hui, de vous dire la date précise et l'heure de l'ouverture de
la succursale. Je peux vous affirmer que nous allons essayer de faire en sorte
que, d'une part, le service dont vous parlez qui est presque essentiel -
là-dessus, je pense que vous avez passablement raison - ne souffre pas
d'un long délai de carence. Ce sera dans les meilleurs délais,
mais je ne peux pas le dire aujourd'hui.
Le Président: Question principale, M. le
député de Brome-Missisquoi.
Transfert de postes de travailleurs sociaux des CSS
aux CLSC
M. Paradis: M. le Président, dans son désir de
créer à tout prix d'autres CLSC sans avoir effectué un
bilan préalable sur le fonctionnement des CLSC déjà
existants, sans disposer des budgets nécessaires, le ministère
des Affaires sociales a décidé de transférer 1600 postes
de travailleurs sociaux qui sont
actuellement dans les CSS - les centres de services sociaux - vers les
CLSC. On transfère les postes de praticiens, mais on ne transfère
pas en même temps la clientèle qui dépend de ces praticiens
ce qui donne, dans des régions comme la Gaspésie ou les
Îles-de-la-Madeleine, les situations suivantes en ce qui concerne la
clientèle des enfants qui ont besoin de protection: Avant le transfert,
1 praticien pour 44 enfants; après le transfert proposé par le
ministère, 1 praticien pour 225 enfants. Des cas semblables se
retrouvent pour des adultes mésadaptés ou handicapés et
pour les personnes âgées. Est-ce que le ministre des Affaires
sociales a l'intention de continuer d'appliquer aveuglément cette
politique qui met en danger l'accessibilité et la qualité des
services sociaux, tant pour les bénéficiaires de l'ensemble des
régions du Québec que pour les groupes linguistiques du
Québec?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, tout d'abord, le ministre
des Affaires sociales, depuis une semaine, a essayé de faire le tour de
l'ensemble de ce dossier. Un principe me paraît faux dans l'argumentation
du critique libéral: qu'on transfère la juridiction des CSS aux
CLSC, cela ne crée pas plus de clientèle, sauf qu'avec les CLSC
on rapproche de la clientèle naturelle les travailleurs parce qu'ils
sont au niveau de chacune des MRC, contrairement aux CSS qui oeuvrent sur un
plan plus régional. Il me paraît que cette formule...
Je rappellerai d'abord au député de Brome-Missisquoi qu'au
départ les CLSC demandaient que 50% des effectifs des CSS soient
transférés aux CLSC. On s'est entendu, dans la majorité
des cas, pour que la norme de 30% soit respectée quant aux transferts
effectués. Il me paraît fondamental de rapprocher davantage du
milieu les travailleurs eux-mêmes. Quand on vise la norme d'avoir, au
moins un CLSC par MRC - il me semble que c'est un voeu de l'ensemble de la
population - je ne crois pas qu'on puisse parler de qualité des services
à ce moment-là. Absolument pas. Qu'un travailleur oeuvre dans un
CSS ou dans un CLSC, c'est le même travailleur. Qu'on ne vienne pas me
dire qu'il va toucher plus ou moins de clientèle. Au contraire, je pense
qu'on le rapproche de sa clientèle naturelle et que cela devrait
être beaucoup plus rentable pour l'usager lui-même.
Le Président: M. le député de
Brome-Missiquoi.
M. Paradis: Le ministre n'est-il pas d'accord que, lorsqu'on n'a
pas déjà suffisamment de travailleurs sociaux sur le plan d'une
région et qu'on les transfère sur le plan local, ces travailleurs
sociaux ne peuvent plus s'occuper de l'ensemble de la région? Cela
cause, selon les chiffres mêmes qui ont été
effectués par les CSS et les CLSC, des manques de travailleurs sociaux.
Un travailleur social par 225 enfants, est-ce que le travailleur social va
faire autre chose que parquer l'enfant en famille d'accueil? Est-ce qu'il va
avoir le temps de s'en occuper? Vous n'en ajoutez pas, alors... (10 h 30)
Le Président: M. le député! M. le
député!
M. Paradis: ...que vous créez de nouveaux CLSC. Comment
pouvez-vous expliquer cela?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, écoutez bien! 1600
travailleurs sociaux dans un CSS ou 1600 travailleurs sociaux dans des CLSC,
cela oeuvre auprès d'une population. Il me semble que cela va de soi. On
parle de deux problèmes différents dans votre question. Quand
vous traitez du manque de travailleurs sociaux au niveau régional, il
est possible que dans certaines régions - et cela, j'y verrai - on
manque de travailleurs sociaux. Qu'on ne vienne pas me dire que le fait de
transférer un travailleur social d'un CSS dans une région et de
le mettre dans son milieu le plus naturel auprès de l'usager... Il
oeuvre auprès des personnes et le service n'en est que meilleur,
à mon point de vue. C'est accepté par les syndicats, c'est
accepté par les cadres intermédiaires des CSS, c'est
accepté par la majorité des gens, sauf un petit club dont on se
parlera prochainement.
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le ministre
lui-même, dans sa réponse, ne mêle-t-il pas deux choses?
D'une part, le principe de rapprocher les services de la population.
Là-dessus, nous sommes d'accord. D'autre part, quand vous
transférez du personnel, mais que vous laissez aux institutions qui
avaient ce personnel à peu près les mêmes
responsabilités et que vous envoyez le personnel dans une autre
institution, à ce moment-là les services rendus ne sont pas les
mêmes. Je vais vous dire, M. le Président...
Le Président: J'aimerais mieux que vous posiez la
question.
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'aimerais demander au ministre s'il a pris
connaissance
d'un rapport du CRSSS de Montréal - qui, on le sait, est le bras
droit du ministère dans l'administration des affaires sociales - qui
vient confirmer cette analyse des services sociaux, que le transfert qui est
fait d'une façon inégale - transférer les praticiens et
non pas la clientèle - va se faire au détriment des services
rendus aux bénéficiaires qui vont devoir demeurer dans les
centres de services sociaux.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: Mme la députée, tout d'abord il est
inexact de dire que les travailleurs sociaux qui demeurent dans les CSS
conservent les mêmes juridictions, même si on transfère un
nombre d'employés dans les CLSC; cela est faux. Il est évident
que le nombre d'employés transférés correspond à
des juridictions qui sont transférées. Je vous rappellerai qu'il
y a eu une entente sur environ 30% comme norme de transfert par rapport aux
juridictions qu'on veut transférer. Il y a effectivement des CSS qui
n'ont pas collaboré jusqu'à maintenant et qui refusent même
de nous transférer les données élémentaires qu'il
nous faut, à savoir quel type et combien de travailleurs sociaux
oeuvrent aux soins à domicile, combien de travailleurs sociaux oeuvrent
aux soins postopératoires, etc. Ils ne veulent pas collaborer
jusqu'à maintenant. J'ai bien l'intention de prendre mes
responsabilités, de les rencontrer et leur dire que la qualité
des soins et la qualité de vie des citoyens, ce n'est pas le petit
prestige de garder une juridiction. Ce qu'on vise - et vous l'avez bien dit -
c'est d'améliorer la qualité des soins aux gens en les
rapprochant des services et cela, c'est le réseau des CLSC dans chacune
de nos MRC qui va l'exécuter. Quant aux CRSSS de Montréal, il est
de mon intention de les rencontrer pour discuter avec eux du programme plus
particulier; je reconnais que Montréal représente un
problème plus particulier que le reste de la province, mais il n'en
demeure pas moins qu'on est capable de trouver des solutions qui se comparent
au reste de la province sans faire toujours un cas d'exception de
Montréal.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce en complémentaire.
M. Scowen: En additionnelle, M. le Président. Le ministre
n'a pas répondu à la partie de la question qui touche les groupes
linguistiques. Je veux lui demander précisément: A-t-il
l'intention de donner suite à la demande d'Alliance Québec de
reconnaître officiellement le réseau d'institutions de langue
anglaise ou de garantir que tout projet futur de réaménagement
tiendra compte des besoins particuliers des communautés minoritaires?
A-t-il l'intention de donner suite à cette demande?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai reçu dès
hier, je crois, un long télégramme d'Alliance Québec me
demandant une rencontre en vue de me préciser sa position. Je vais vous
donner quand même un premier réflexe. Les CSS qui oeuvrent
actuellement dans le domaine social rendent des services à la population
anglophone, conformément aux droits des anglophones qui sont prescrits
dans la charte. D'accord? Il m'apparaît - en tout cas, comme premier
réflexe et je le dis comme je le pense - que pour autant que
l'anglophone reçoit les services dans sa langue, la structure ne devrait
pas avoir d'importance.
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, le ministre est-il capable de
reconnaître, premièrement, que depuis sept ans, Alliance
Québec et les institutions anglophones et juives ont prétendu
exactement le contraire de ce qu'il dit et que c'est non seulement la question
de la langue dans laquelle le service est rendu, mais la nature des
institutions. Reconnaît-il que Ville-Marie est reconnu en vertu de
l'article 113f de la charte de la langue française comme une institution
anglaise et est-il prêt à nous garantir que tous les CLSC sont
reconnus en vertu de l'article 113f aussi?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: Ce n'est pas pour rien que j'ai dit que je
rencontrerais Alliance Québec pour faire préciser, d'abord, sa
position. Je vous ai dit que j'avais un premier réflexe pour l'ensemble
des réseaux. Il y a des cas particuliers que je reconnais
immédiatement. Je sais que je dois rencontrer une communauté
juive qui me demande carrément une rencontre parce que pour 60 000
bénéficiaires, je crois, elle a des propositions concrètes
à nous suggérer dans le sens que leur CSS pourrait
peut-être avoir un double statut de CLSC-CSS. Ce sont des choses que je
suis prêt à écouter et à entendre.
M. Scowen: Est-ce que je peux ajouter au ministre...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ...que quant aux réflexions de plus de 1 000
000 de personnes...
Le Président: Mais là, on entre dans un
débat. Si vous voulez poser une question complémentaire, je suis
prêt à vous l'accorder, mais là, d'emblée, c'est une
argumentation que vous faites.
M. Scowen: Le ministre n'est-il pas prêt à
reconnaître que son premier réflexe va précisément
à l'encontre des revendications de la communauté francophone au
Canada depuis 110 ou 115 ans? N'est-il pas prêt à
reconnaître qu'Alliance Québec a dit dans son mémoire qu'on
se dirige vers une crise et une confrontation imminente? Si cette revendication
qui date maintenant de sept ans avec le gouvernement et pas moins de quatre
ministres des Affaires sociales n'est pas réglée, et dans les
plus brefs délais, le ministre n'est-il pas prêt à
réfléchir davantage sur son premier réflexe?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: Le ministre des Affaires sociales a comme premier
mandat de s'assurer des services de qualité et des soins de santé
de qualité. Je vous ai dit que j'étais prêt à
écouter leur point de vue, à accepter d'être convaincu. Il
n'y a pas de problème là-dessus.
Mais vous ne me ferez pas dire ce matin, vous ne me ferez pas engager ce
matin, de mon siège, à reconnaître une structure; je dois
aussi tenir compte bien sûr, en plus de la qualité des services,
de la capacité de payer des contribuables québécois. Il
n'est pas question, avant de les avoir rencontrés, que ma
décision soit figée dans le béton sous une forme ou sous
une autre.
Le Président: En supplémentaire, M. le
député de Vachon.
M. Payne: Merci, M. le Président. En ce qui concerne le
plan de transfert d'effectifs, la question de politique linguistique qui
concerne les services fournis par le CSS Ville-Marie, le ministre peut-il nous
dire s'il a déjà reçu le plan de redressement du
CRSSS?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: En ce qui concerne le CSS Ville-Marie, on leur
demandait 30% d'un effectif de 1600 personnes et ils nous ont offert, je crois,
seulement 212 transferts ce qui, à mon avis, ne correspond pas du tout,
tout d'abord, à l'entente globale ou à la norme normale que nous
voulions pour l'ensemble des CSS.
On tiendra compte dans la répartition, bien sûr, des
problèmes linguistiques, c'est évident, mais dans le cas de VVM,
comme on l'appelle, c'est un problème un peu plus particulier. Je vous
ferai remarquer que le gouvernement du Québec, il y a trois ans, a
épongé le déficit complet de VVM. Cette année
encore, il y a un manque à gagner et une surbudgétisation de 6
000 000 $ dans le cas du CSS Ville-Marie; donc, il va falloir qu'on se parle
avant de prendre quelque décision que ce soit.
M. Perron: Question principale, M. le Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Duplessis, question principale. (10 h 40)
Le projet de consolidation de l'industrie du
fer
M. Perron: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Industrie et du Commerce et se rapporte à la
région du fer. On sait que le 12 octobre dernier les actionnaires de
SIDBEC-Normines Inc., c'est-à-dire SIDBEC, la compagnie minière
Québec Cartier ainsi que British Steel ont rendu publique leur
décision indiquant que les installations minières de Gagnon et de
Firelake allaient être fermées au plus tard le 31 juin 1985. On
sait aussi que cette fermeture va occasionner des transferts de personnes, de
travailleurs et de travailleuses de la ville de Fermont à la ville de
Port-Cartier. Il y a même une possibilité de réouverture de
la deuxième ligne de boulettage à Port-Cartier même.
Compte tenu du fait que les actionnaires ont parlé d'un plan de
consolidation de l'industrie du fer dans le "Moyen Nord
québécois", il y a environ un mois et demi ou deux mois, et que
ce plan avait pour objectif de protéger le maximum d'emplois chez les
travailleurs et les travailleuses miniers, en rendant les entreprises
québécoises concurrentielles sur le marché international,
en tant que ministre de l'Industrie et du Commerce, est-ce que ce dernier est
en mesure de nous indiquer les résultats qui ont été
obtenus jusqu'à présent concernant la consolidation et quelles
sont les perspectives actuelles pour les milliers de travailleurs
québécois de l'industrie du fer?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: Le scénario de consolidation qui a
été proposé et accepté par les trois compagnies qui
oeuvrent au Québec dans l'industrie du fer, soit la Compagnie
minière Québec Cartier, British Steel et SIDBEC-
Normines, faisait en sorte que nous puissions économiser
passablement d'argent dans les coûts d'opération.
Je vous rappelle, M. le Président, que l'an dernier, en 1983,
pour l'année complète, nous avions produit 8 000 000 de tonnes de
minerai de fer à Fermont et 3 000 000 à Gagnon alors que les
scénarios qui ont été annoncés la semaine
dernière, lors de ma visite à Fermont et à Gagnon, par les
responsables de Québec Cartier, prévoient l'an prochain une
production de 14 200 000 tonnes de minerai de fer à partir du
Québec, ce qui sera à peu près le plus haut niveau de
production atteint par Québec Cartier, grâce aux efforts de
consolidation et grâce surtout aux économies d'échelle qui
ont pu être réalisées.
Vis-à-vis de l'autre partie de la question, pour l'usine de
boulettage, déjà la Compagnie minière Québec
Cartier, qui est maintenant responsable de cette usine, nous avise que l'an
prochain la production sera sur deux lignes de production à 5 600 000
tonnes, ce qui atteindra à peu près 90% de la capacité de
production de l'usine de SIDBEC-Normines à Port-Cartier. Cela veut dire
que 4000 emplois sont maintenant protégés et sauvegardés
non seulement pour les prochaines années mais au moins pour les 15
prochaines années, d'après les dires de la Compagnie
minière Québec Cartier.
Le Président: M. le député de Duplessis.
M. Perron: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce
que le ministre est en mesure d'informer cette Chambre de l'évolution du
dossier touchant maintenant les opérations minières à
Gagnon et en particulier la question des départs et des transferts des
travailleurs de Gagnon vers Fermont ou vers Port-Cartier?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: Tel qu'entendu dans le scénario entre les
différentes entreprises, la compagnie SIDBEC-Normines Inc. fera des
offres, si ce n'est pas déjà fait depuis quelques jours, dans les
prochains jours, d'abord pour acheter à peu près selon la valeur
de l'évaluation municipale les propriétés privées
qui sont là, ensuite, bien sûr, les commerces, qui devront avoir
une évaluation particulière; là aussi nous croyons que les
offres pourraient être sur la table au cours des prochains jours.
Quant au reste, le scénario de transfert de Gagnon vers Fermont,
à cause des clauses d'ancienneté, est déjà en bonne
voie de réalisation grâce à la collaboration de la
Compagnie minière Québec Cartier et du Syndicat des
métallos.
Quant aux autres détails vis-à-vis des primes de
séparation, ça aussi c'est réglé. Vis-à-vis
du transfert, pour les quelques emplois qui seront perdus malheureusement, de
Gagnon vers l'extérieur, il reste encore quelques petites
négociations avec le gouvernement fédéral. J'ai
parlé personnellement à plusieurs reprises aux gens du
gouvernement fédéral et M. Lévesque doit en glisser un mot
cet après-midi au premier ministre fédéral puisque c'est
dans son comté.
Nous croyons qu'au cours des prochains jours, finalement, tous les
détails seront réglés de ce
côté-là.
Le Président: Question principale, M. le
député d'Argenteuil.
Les micro-ordinateurs retenus par le ministère
de l'Éducation
M. Ryan: Ma question s'adresse au ministre de l'Éducation.
Au mois de septembre, le gouvernement adoptait un décret concernant le
contrat d'approvisionnement en micro-ordinateurs scolaires avec la firme
Comterm. Après avoir pris connaissance de ce décret qui a paru
dans la Gazette officielle du 10 octobre, j'écrivais, le 7 novembre, il
y a exactement un mois aujourd'hui, au ministre de l'Éducation pour lui
demander des explications.
Je n'ai reçu aucun acccusé de réception de ma
lettre et, à plus forte raison, aucune réponse. En
désespoir de cause je voudrais lui demander, sur le parquet de cette
Chambre, au moins de répondre à quelques éléments
de cet ensemble de questions que je lui adressais.
D'abord j'ai été extrêmement surpris de constater,
en prenant connaissance de l'arrêté en conseil qui a paru dans la
Gazette officielle, que le modèle MAX 20-E qui a été
retenu par le gouvernement n'était pas encore en production au moment
où le décret a été adopté. Il était
encore en train de recevoir des améliorations et des additions. Je
voudrais savoir si ce modèle est maintenant au point, si un
modèle de série a été produit, s'il a
été soumis à un banc d'essai des commissions scolaires,
parce que nous sommes complètement dans le noir à ce sujet, M. le
ministre, et je pense que vous devez nous dire exactement où on en est
et nous renseigner en même temps sur l'échéancier de
production.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: M. le Président, effectivement,
le modèle sur lequel avaient été conduits les essais
était un modèle, je dirais, expérimental, en
développement, et, à
ce moment-là, on avait exigé un certain nombre de
modifications. Ces modifications ont été apportées et le
modèle qui nous a finalement été livré pour les
essais terminaux devait être un modèle de série. Nous avons
constaté à nouveau qu'il y avait un certain nombre de
changements. Je pense qu'il y avait une question de prise, en particulier, un
adaptateur pour les interfaces de l'ordinateur qui n'était pas
exactement conforme à ce qui était demandé. Nous avons
demandé que ceci soit modifié. Si je ne m'abuse - là, cela
n'avait pas à voir avec l'ordinateur - c'était un problème
de logiciel qui n'apparaissait pas adéquat, en tout cas, en fonction de
ce à quoi on s'attendait. L'entreprise est en train d'apporter les
modifications. L'appareil devrait nous être livré à la fin
de décembre ou en janvier, tel que prévu.
Le Président: M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: En tout cas, je constate qu'il y a un retard
considérable par rapport à ce qu'on avait annoncé, mais
j'ai une autre question à adresser au ministre là-dessus, un
complément de question à adresser là-dessus au ministre.
La seule raison justifiant la décision du gouvernement de retenir ce
modèle et cette société ayant été celle des
retombées économiques et technologiques qui devaient
découler de la décision pour le Québec, le ministre
pourrait-il me dire s'il me communiquera le texte de la proposition qui avait
été déposée en novembre 1983 à ce sujet par
la firme Comterm et, deuxièmement, un rapport décrivant la nature
précise des retombées devant découler de la
convention-cadre avec Comterm sous les aspects suivants: contenu
québécois des micro-ordinateurs, programme de recherche et
développement devant découler de la convention-cadre,
accès des micro-ordinateurs produits au Québec aux marchés
extérieurs au Québec, retombées économiques
supplémentaires, accord pour l'achat de logiciel et de didacticiel
français par le Québec, et vice versa, logiciel et didacticiel
québécois par la France?
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: La réponse, M. le
Président, est affirmative en ce sens que, tout d'abord, j'ai pris
connaissance, par la voie des médias, de la conférence de presse
du député d'Argenteuil qui a commencé par communiquer par
le biais des journaux et des médias. Nous avons reçu
subséquemment copie de sa lettre et, dans la mesure où la
décision avait été prise par le gouvernement, j'ai
donné instructions pour que les documents qui, maintenant, sont du
domaine public, puissent être rendus publics, de telle sorte que le
député d'Argenteuil ait effectivement l'ensemble de l'information
qu'il demandait dans la mesure où cette information peut être
disponible. Il me fera plaisir - je pense que je devrai prendre connaissance
quand même plus en détail de sa question - chaque fois que j'aurai
les éléments de réponse à la question qu'il m'a
posée, de les lui transmettre.
Le Président: En complémentaire? M. le
député d'Argenteuil.
M. Ryan: Je vais me satisfaire des réponses du ministre
pour ce matin. Je voudrais seulement préciser qu'à ce sujet je
n'ai jamais fait de conférence de presse et que ma lettre fut
adressée à son bureau avant d'être communiquée
à la presse, et ce n'est pas ma faute...
Le Président: M. le député.
M. Ryan: ...s'il en a pris connaissance après.
Le Président: M. le ministre de l'Éducation.
M. Bérubé: Vous me permettrez également de
corriger, M. le Président. Dans la mesure où M. le
député d'Argenteuil se fie à la poste royale et tient ses
conférences trop rapidement, il devrait apprendre qu'il y a au moins un
délai d'une semaine.
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
Dédommagement réclamé par
les
agriculteurs qui ont subi des pertes
attribuables à la sécheresse
M. Picotte: Merci, M. le Président. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation était ici
tantôt. J'imagine qu'il doit être dans l'entourage.
Une voix: Le voilà.
Une voix: II ne sourit pas beaucoup ce temps-ci.
M. Picotte: M. le Président, ma question s'adresse au
nouveau ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation...
Une voix: Fédéraliste. (10 h 50)
M. Picotte: ...celui-là même qui a fait une
profession de foi fédéraliste comme son chef tout
dernièrement. On se souviendra que certains de mes collègues, la
semaine dernière, ont questionné le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de
l'Alimentation concernant les pertes de récoltes dans quatre
régions du Québec et une demande faite par l'Union des
producteurs agricoles, que 61 900 000 $ de pertes encourues par les
agriculteurs soient défrayées comme mesure spéciale aux
agriculteurs. Le ministre de l'Agriculture du Québec avait fait une
demande - après quelques tordages de bras de la part des agriculteurs -
à M. Whelan pour que le gouvernement fédéral intervienne.
Dernièrement, au congrès de l'UPA, nous avons appris que le
ministre fédéral des Transports a annoncé aux agriculteurs
du Québec que le gouvernement fédéral acceptait de verser
50% en guise de compensation sur les 62 000 000 $ de pertes encourues par les
agriculteurs du Québec. Est-ce que le ministre de l'Agriculture
s'engage, tel que cela se fait régulièrement, à verser les
autres 50% comme la quote-part du gouvernement du Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Je dois dire que dans le cadre de la rencontre annuelle
de l'Union des producteurs agricoles, le représentant du gouvernement
fédéral a laissé entendre que le gouvernement
fédéral avait l'intention de payer 50%, mais il n'a jamais dit
50% de quoi exactement. Actuellement, je sais que des gens du gouvernement
fédéral tentent de prendre contact avec nos services pour essayer
de déterminer quels seraient les dommages. Avant de s'avancer plus
avant, on est intéressé à savoir ce que le gouvernement
fédéral veut payer exactement. 50% de 30, 50% de 40, 50% de 25,
50% de 15, cela n'a pas été mentionné. Actuellement, je
sais que les services fédéraux veulent entrer en contact avec nos
services qui m'ont demandé le feu vert pour discuter avec eux dans ce
cadre.
Avant de prendre position davantage dans ce dossier, il faut savoir ce
que le gouvernement fédéral veut payer. Maintenant, j'ai dit
aussi au gouvernement fédéral, lors de mes rencontres avec le
ministre de l'Agriculture, que dans le passé, le gouvernement
fédéral, à plusieurs occasions, avait payé 100%
dans les provinces de l'Ouest pour des causes de sécheresse identiques
à celles qui se sont produites dans la Mauricie. Il serait bon que le
fédéral paie sur la même base au Québec que dans
l'Ouest, c'est-à-dire 100%, d'autant plus que les montants
d'assurance-récolte qu'il devait au Québec pour les années
1980, 1981, 1982, 1983 ont été retardés indûment
pendant des années, ce qui a fait perdre à peu près 4 000
000 $ au gouvernement du Québec.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Est-ce que le ministre est au courant que le ministre
fédéral des Transports a mentionné qu'il défrayait
au Québec le même montant d'argent que partout dans les provinces
canadiennes, c'est-à-dire 50%, peu importe le montant? Est-ce que votre
gouvernement est prêt, même si c'est seulement 10 000 000 $ la part
du fédéral, à mettre les autres 50%, le même montant
ou le montant équivalent du fédéral pour alléger le
fardeau des agriculteurs du Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: D'abord, je dois dire que la première
intervention du député de Maskinongé était
inexacte. Je suis intervenu très rapidement pour demander au ministre
fédéral de l'Agriculture de payer dans ce dossier. La preuve,
d'ailleurs, c'est qu'au cours de la campagne électorale alors que des
députés libéraux avaient voulu dire le contraire, le
président de l'UPA de la région de la Mauricie était
lui-même intervenu pour le mentionner. Maintenant, avant de prendre des
engagements de quelque nature que ce soit, il est évident qu'il faut
savoir quel est l'engagement du gouvernement fédéral.
L'engagement du gouvernement fédéral, contrairement à ce
que vous dites, n'est pas précis parce qu'il ne comporte pas un montant
d'argent et ne comporte pas une façon de calculer les dommages, mais il
mentionne seulement un pourcentage. J'imagine que le Parti libéral
considère que le gouvernement du Québec doit aller chercher le
maximum d'argent à Ottawa et protéger les fonds publics
québécois au maximum. Il est important de savoir à quoi
exactement le gouvernement fédéral s'est engagé et de
retirer le maximum d'argent d'Ottawa sur la même base qu'il a payé
dans le passé, c'est-à-dire à 100% dans l'Ouest.
M. Picotte: M. le Président...
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Est-ce que le ministre de l'Agriculture n'est pas
d'accord que, s'il avait fait son travail adéquatement lorsque l'UPA lui
a demandé d'acheminer les montants qui avaient tous été
indiqués au ministre de l'Agriculture, à ce moment, il saurait de
quel montant il s'agit? Et peu importe le montant, est-ce que vous vous
engagez, parce qu'il y a un chiffre précis, non pas sur le montant, mais
sur l'engagement, qu'a la suite des discussions
que vous allez avoir avec le fédéral sur les 50% des
montants qu'il paiera, êtes-vous prêt à l'autre 50% comme
responsabilité du gouvernement du Québec vis-à-vis des
agriculteurs?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Encore une fois, le député de
Maskinongé n'est pas au courant. Pourtant, des déclarations ont
été faites lors de la campagne électorale par M. Carignan
lui-même qui a déclaré que le ministre
québécois de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation avait fait des représentations, alors que les candidats
libéraux le niaient. Cela a été dit, des lettres ont
été produites, mais je n'ai pas fourni de chiffres, parce que
j'ai voulu laisser les gens de l'UPA eux-mêmes faire les
représentations au point de vue du montant des dommages. C'est ce qui a
été fait. J'ai appuyé une demande, en principe, au point
de vue des dédommagements causés par la sécheresse, mais,
par ailleurs, pour les quanta des dommages, je vous réfère aux
documents de l'UPA. Je peux vous dire que là-dessus les producteurs
agricoles sont d'accord avec le ministre.
En aucune façon, je n'ai une raison de savoir que le gouvernement
fédéral actuellement s'est engagé à payer sur le
quantum des demandes des producteurs agricoles. Il y a un pourcentage. Il a dit
50%, mais il n'a pas dit 50% de quoi. De quelle façon il va calculer les
dommages, je ne le sais pas. Je n'ai actuellement aucune raison de savoir de
quelle façon il va les calculer. Je sais simplement que les
libéraux avaient dit non, avant le 4 septembre, et que les conservateurs
viennent de dire oui en principe.
M. le Président, que le député de Maskinongé
le demande au président de l'UPA de sa région, M. Carignan, pour
avoir davantage d'information. Cela le renseignerait peut-être.
Une voix: 61,4% de dommages.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
Une voix: C'est cela l'information.
Le Président: Une courte additionnelle, M. le
député de Berthier, parce que, en principe, la période des
questions est terminée.
M. Houde: M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pourrait nous dire
aujourd'hui s'il va tenir compte non seulement de la région de la
Mauricie, comme il l'a laissé entendre la semaine passée, mais
des régions de Lanaudière, de Québec et du Lac-Saint-Jean?
Va-t-il payer les 50%, oui ou non?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, brièvement.
M. Garon: Je suis content de voir maintenant que le
député de Berthier est tombé sur ses pattes concernant les
régions visées et que...
Une voix: Vous ne le saviez pas du tout.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre!
M. Garon: M. le Président, la question est d'une
simplicité enfantine. Il y a une demande des producteurs agricoles pour
un montant de 62 000 000 $. J'ai appuyé une représentation des
producteurs agricoles auprès du gouvernement fédéral. Les
libéraux avaient dit non, avaient refusé d'entendre cette
demande. C'était officiel. Les conservateurs ont accepté, en
principe, de payer 50%. Je leur ai demandé de payer 100%, parce que,
lorsqu'ils étaient dans l'Ouest, ils ont payé 100%. On m'a dit
qu'à partir de 1984, le principe serait de 50%. J'ai dit: Par ailleurs,
antérieurement à 1984 - il s'agit de dommages de 1983 - les
fédéraux ont payé habituellement 100% dans l'Ouest. Je
dis, à ce moment-ci, que je vais essayer de faire payer le gouvernement
100%, comme il a payé dans l'Ouest.
Le Président: M. le ministre, en conclusion.
M. Garon: Je pense que c'est de cette façon que le
gouvernement du Québec doit négocier avec le gouvernement
fédéral pour aller chercher le maximum de fonds.
Une voix: Très bien.
M. Garon: En attendant, M. le Président, j'aimerais que
vous conseilliez au député de Maskinongé d'aller voir un
neurologue, parce qu'il s'énerve d'une façon abusive.
Une voix: II devrait se faire soigner avant de répondre
aux autres.
Le Président À l'ordre! À l'ordre!
Une voix: II y a eu un lapsus, le neurologue, c'est pour le
député...
Une voix: ...
Le Président: En complémentaire?
Une voix: Je pense qu'avec ce que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation fait comme déclaration, le
neurologue serait pour lui.
Le Président: Bon. S'il y a un neurologue volontaire, il
va donc avoir des clients. En complément de réponse, M. le
ministre des Communications. (11 heures)
Radio-Québec et la Régie des services
publics
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Hier, le
député de Louis-Hébert m'a posé un certain nombre
des questions relativement au dossier de Radio-Québec. Puisque je pense
qu'il est du devoir de tout ministre de donner les renseignements les plus
exacts possible, je voudrais simplement, pour le bénéfice de
l'Assemblée et surtout du député de Louis-Hébert
qui m'a posé les questions, donner les quelques renseignements suivants
qui permettront peut-être de préciser un certain nombre de choses
qui n'étaient pas suffisamment claires hier. J'avais indiqué que
le comité technique qui a préparé un rapport pour la
direction de Radio-Québec était formé pour la
moitié de représentants de Radio-Québec et, pour l'autre
moitié, de représentants du ministère des
Communications. Pour être plus exact, il y avait, en fait, quatre
représentants de Radio-Québec, trois du ministère des
Communications et un du ministère des Affaires culturelles.
Deuxièmement, je dois indiquer, contrairement à ce que
j'ai dit hier au député de Louis-Hébert, que le rapport du
comité technique a été adopté à une
très large majorité et non pas à l'unanimité, sauf,
comme je l'avais évoqué, que tout le volet de la commandite, de
la publicité traditionnelle a été rejeté par le
conseil d'administration.
Troisièmement, je réitère qu'après avoir
pris des informations, la requête de Radio-Québec auprès de
la Régie des services publics sera effectivement présentée
au cours de l'hiver 1985, au début de l'année 1985, et que les
audiences de la Régie des services publics se tiendront dans les
quelques semaines qui suivront la présentation de la requête
devant la Régie des services publics.
Quatrièmement, j'ajoute qu'il est très clair et
très évident - et je l'ai indiqué à la direction de
Radio-Québec - qu'il va de soi que Radio-Québec doit d'abord se
présenter devant la Régie des services publics avant de retourner
au CRTC pour le renouvellement de son permis de diffusion. Quant à moi,
c'est une question fondamentale d'affirmer la juridiction du Québec face
à Radio-Québec par le biais de la Régie des services
publics du Québec.
Cinquièmement, relativement aux représentations faites par
l'Institut canadien d'éducation des adultes, je voudrais déposer
ici - je ne crois pas que ce soit de nature privée, mais plutôt de
nature publique et qu'il n'y aucun renseignement là-dedans qui porterait
atteinte à qui que ce soit, au contraire - la correspondance entre
l'Institut canadien d'éducation des adultes, la Régie des
services publics du Québec et Radio-Québec, correspondance qui
indique bien qu'effectivement, Radio-Québec demande à être
entendue par la Régie des services publics à l'hiver 1985.
M. de Bellefeuille: En complémentaire, M. le
Président.
Le Président: II y a... Un instant. Y a-t-il consentement
à ce que le ministre dépose à ce moment-ci ces
documents?
Des voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement. Question
complémentaire... La question principale ayant été
posée par l'Opposition officielle, la question complémentaire, en
l'occurrence, revient à l'Opposition officielle. M. le
député de Westmount.
M. French: M. le Président, nous sommes heureux de voir
que le ministre s'est mis à jour dans ce dossier. Il nous assure que la
Régie des services publics va tout régler.
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. French: N'est-ce pas le cas - le ministre est en selle depuis
1981 - que la Régie des services publics n'a jamais approuvé les
orientations de la programmation de Radio-Québec?
Le Président: M. le ministre des Communications.
M. Bertrand: C'est tout à fait inexact, M. le
Président. Dans l'ordonnance qui a été émise par la
Régie des services publics, oui, lors de la première comparution
de Radio-Québec, le premier paragraphe de l'ordonnance de la
Régie des services publics, indiquait que cette dernière
reconnaissait comme néanmoins éducative la programmation de
Radio-Québec, mais qu'il y avait, effectivement, à la suite de
cette décision reconnaissant comme éducative la programmation de
Radio-Québec, une série de demandes qui étaient transmises
à Radio-Québec. C'est là-dessus, effectivement, que
l'appel a été logé par Radio-Québec. Donc, il
y avait eu reconnaissance de la programmation éducative dans
l'ordonnance rendue par la Régie des services publics.
M. de Bellefeuille: En complémentaire, M. le
Président.
Le Président: Non, M. le député, il n'y a
qu'une complémentaire à un complément de réponse.
Mais vous pourrez revenir à la période de questions la semaine
prochaine.
Il y a un vote à prendre sur la motion de M. le ministre des
Affaires municipales proposant que le principe du projet de loi 6, Loi
modifiant diverses dispositions législatives pour favoriser la mise en
valeur du milieu aquatique. Il s'agit donc maintenant de trancher sur cette
motion.
Mise aux voix de la motion proposant l'adoption du
principe du projet de loi 6
Je mets donc aux voix la motion du ministre des Affaires municipales
proposant que le principe du projet de loi 6 soit maintenant adopté. Que
les députés qui y sont favorables...
Le Secrétaire adjoint: M. Lévesque (Taillon).
Le Président: Un instant! Un instant! Deux
députés entrent. Bien. Que les députés qui sont
favorables à la motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Lévesque (Taillon),
Bertrand (Vanier), Jolivet (Laviolette), Marcoux (Rimouski), Mme Marois (La
Peltrie), MM. Clair (Drummond), Johnson (Anjou), Landry (Laval-des-Rapides),
Bérubé (Matane), Tardif (Crémazie), Rochefort (Gouin),
Dean (Prévost), Léger (Lafontaine), Gendron (Abitibi-Ouest),
Laurin (Bourget), Lafrenière (Ungava), Dupré (Saint-Hyacinthe),
Biron (Lotbinière), Garon (Lévis), Fréchette (Sherbrooke),
Mme Lachapelle (Dorion), MM. Rodrigue (Vimont), Chevrette (Joliette), Brassard
(Lac-Saint-Jean), Ouellette (Beauce-Nord), Rancourt (Saint-François),
Leduc (Fabre), Bordeleau (Abitibi-Est), Boucher (Rivière-du-Loup),
Marquis (Matapédia), Gauthier (Roberval), Beaumier (Nicolet), Blouin
(Rousseau), Lavigne (Beauharnois), Le May (Gaspé), Gravel (Limoilou),
Gagnon (Champlain), Dus-sault (Châteauguay), Desbiens (Dubuc), Mme Juneau
(Johnson), MM. Perron (Duplessis), Beauséjour (Iberville), Martel
(Richelieu), Baril (Arthabaska), Laplante (Bourassa), Char-bonneau
(Verchères), Champagne (Mille-Îles), Paquette (Rosemont), Blais
(Terrebonne), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Brouillet
(Chauveau), Lachance (Bellechasse), Paré (Shefford), Mme Harel
(Maisonneuve), MM. Payne (Vachon), Tremblay (Chambly), Le Blanc
(Montmagny-L'Islet), Bisaillon (Sainte-Marie), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Proulx (Saint-Jean), Grégoire (Frontenac).
Le Président: Que les députés qui s'opposent
à cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Gratton
(Gatineau), O'Gallagher (Robert Baldwin), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce),
Ciaccia (Mont-Royal), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie), MM. Ryan (Argenteuil),
Vaillancourt (Orford), Marx (D'Arcy McGee), Mme Dougherty (Jacques-Cartier),
MM. Middlemiss (Pontiac), Assad (Papineau), Caron (Verdun), Hains
(Saint-Henri), Polak (Sainte-Anne), Saintonge (Laprairie), Rocheleau (Hull),
Fortier (Outremont), Rivest (Jean-Talon), Côté (Charlesbourg),
Pagé (Portneuf), Paradis (Brome-Missisquoi), Johnson
(Vaudreuil-Soulanges), Bourbeau (Laporte), Lincoln (Nelligan), Cusano (Viau),
Dubois (Huntingdon), Maciocia (Viger), Picotte (Maskinongé), French
(Westmount), Bissonnet (Jeanne-Mance), Dauphin (Marquette), Kehoe (Chapleau),
Houde (Berthier), Leduc (Saint-Laurent), Maltais (Saguenay), Mmes
Bélanger (Mégantic-Compton), Saint-Amand (Jonquière), MM.
Fortin (Marguerite-Bourgeoys), Parent (Sauvé), Pratt (Marie-Victorin).
(11 h 10)
Le Secrétaire: Pour: 61
Contre: 41
Abstentions: 0
Le Président: La motion est donc adoptée. Oui, M.
le député de Charlesbourg.
M. Côté: Je suis informé que nous avons
aujourd'hui, M. le Président, un visiteur de marque. J'aimerais savoir
si vous avez été informé de ce fait par le gouvernement et
si ce même gouvernement vous a demandé d'appliquer le
règlement du Bureau régissant le hissement des drapeaux au
mât prévu à cette fin pour les visiteurs de marque.
Le Président: M. le député, je dois vous
réitérer ce que je vous disais précédemment. Le
président répond en Chambre, en vertu de l'article 34, à
des questions qui touchent au fonctionnement de la Chambre, mais il est
d'usage, de tradition dans tous les recueils de jurisprudence, dans tous les
recueils de doctrine de droit parlementaire qu'en aucun temps, jamais, au grand
jamais, on ne pose des questions au président, au "Speaker", sur
l'administration de la Chambre au sein de l'Assemblée nationale ou du
parquet. Il y a des instances pour ce faire.
M. Gratton: M. le Président...
Le Président: Oui, M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: ...sur la demande de directive.
Le Président: II y a un rappel au règlement, M. le
député de Gatineau. M. le leader du gouvernement sur un rappel au
règlement.
M. Bertrand: Simplement, M. le Président...
Une voix: 500 000 emplois en 25 ans. Des voix: Ah! Ah!
M. Bertrand: ...pour que les choses... Une voix: Bande de
pas sérieux'.
Une voix: C'est la troisième lumière. Combien y en
aura-t-il à temps partiel là-dedans?
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Bertrand: Pour que les choses se fassent dans les formes, M.
le Président, il aurait fallu faire une motion de
déférence du projet de loi 6 à la commission de
l'aménagement et des équipements.
Le Président: C'est tout à fait exact. La motion
est-elle adoptée?
M. Bertrand: Oui, avec un président de séance.
Le Président: II s'agit d'une... À la suite de
l'adoption de la motion du ministre des Affaires municipales, il aurait
été normal - c'est ce que le leader du gouvernement fait à
ce moment-ci - de déférer le projet de loi à la commission
de l'aménagement et des équipements. Quant au président de
séance, quand la commission siégera... Ah! De toute façon,
c'est dans la motion. C'est exact. L'étude détaillée sera
présidée par un président de séance. La motion
est-elle adoptée?
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, si le consentement de la
Chambre m'est encore acquis, j'aimerais déposer maintenant l'extrait
d'une pétition.
Le Président: II vous a été acquis il y a
déjà un bon moment. D'accord.
Dépôt d'une pétition
réclamant le retrait ou le rejet du projet de loi 42
M. Paquette: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée par 596 pétitionnaires de Rosemont et des environs
invoquant les faits suivants: "Que les pétitionnaires ne sont pas
d'accord avec le projet de loi 42 qui continue de pénaliser les victimes
d'accidents et de maladies du travail et concluant à ce que
l'Assemblée nationale demande au gouvernement de retirer le projet de
loi 42 ou, à défaut, que l'Assemblée nationale rejette le
projet de loi 42." Je certifie que cet extrait de la pétition est
conforme à l'original et au règlement.
Le Président: Pétition déposée et
puisque nous sommes dans la période des retours en arrière, aux
affaires courantes, il y a eu un rapport déposé concernant les
projets de loi d'intérêt privé. En fait, j'ai omis de faire
adopter le rapport. L'Assemblée adopte-t-elle ce rapport de
commission?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Oui, M. le whip de
l'Opposition.
M. Pagé: Aux motions non annoncées, M. le
Président?
Le Président: C'est cela. Aux motions sans
préavis.
M. Pagé: M. le Président, comme membre du Bureau de
l'Assemblée nationale, tout comme vous, d'ailleurs, le Bureau de
l'Assemblée nationale n'ayant pas été saisi d'une demande
de la part du gouvernement, dans le cadre de la visite du premier ministre du
Canada, j'aurais la motion suivante à présenter: "Que
l'Assemblée nationale invite son président à prendre dans
les meilleurs délais les mesures nécessaires pour que le drapeau
de notre pays, le Canada, soit arboré sur la tour de l'Hôtel du
Parlement où un mât, d'ailleurs, est prévu à cette
fin et ce, pour la durée de la visite du premier ministre du Canada, le
très honorable Brian Mulroney."
Le Président: Y a-t-il consentement à la discussion
de cette motion?
M. Bertrand: M. le Président, le respect porté aux
drapeaux commence d'abord par le sien. Nous, on ne jette pas le drapeau du
Québec par la fenêtre des services de recherche...
Le Président: Te, te, te! Cela ne répondait pas
à ma question. La question que je posais était: Est-ce qu'il y a
consentement à la discussion de cette motion?
M. Bertrand: M. le Président, il commencera à y
avoir des consentements
quand les gens d'en face respecteront d'abord...
Le Présidents Si les députés peuvent...
Bon, bon, boni À l'ordre! À l'ordre! À l'ordre!
Est-ce que les députés de Charlesbourg et de Vanier
pourraient s'entretenir à l'extérieur de la Chambre? La Chambre
pourrait peut-être continuer ses travaux. Dois-je comprendre...
M. le député de Charlesbourg, je vous rappelle à
l'ordre.
Bon. Dois-je comprendre qu'il n'y a donc pas de consentement à la
discussion de la motion? M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Je voudrais faire un rappel au règlement, M.
le Président. On ne peut pas laisser passer ce que le leader du
gouvernement tente de faire et que défend le règlement,
c'est-à-dire non pas de répondre à la question de savoir
s'il y a consentement mais d'essayer de motiver son refus d'accorder son
consentement.
Je vous dirai, M. le Président, que nous consentons à la
présentation et au débat sur la motion présentée
par le député de Portneuf. Et nous le faisons...
Le Président: J'invoque le même article que vous
invoquez. Si on ne peut pas motiver son refus, on ne peut pas non plus motiver
son consentement.
M. Gratton: M. le Président, je voudrais que vous
m'indiquiez pourquoi on laisse le leader du gouvernement le faire par deux
fois; parce que j'en fais un rappel au règlement, M. le
Président, vous êtes debout immédiatement. Expliquez-moi
cela.
Le Président: J'attire votre attention, M. le leader de
l'Opposition, sur le fait que je me suis levé immédiatement, dans
les deux cas, lorsque le leader du gouvernement a tenté de
répondre de manière autre que celle qui est indiquée par
le règlement à la question que je lui posais. Mais je n'y peux
rien s'il y a des députés qui essaient, à l'occasion, de
contourner le règlement et d'en passer ce que l'on peut appeler en bon
français "des petites vîtes", et cela arrive de part et
d'autre.
M. Gratton: Puis-je vous demander, M. le Président, si le
leader du gouvernement en a passé "une petite vite" et a enfreint le
règlement tantôt?
Le Président: Vous êtes en train de l'enfreindre, M.
le leader de l'Opposition.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Gratton: Je voudrais que vous m'indiquiez de quelle
manière j'enfreins le règlement.
Le Président: Je vous l'ai indiqué tantôt:
s'il est exact qu'on ne peut motiver un refus, on ne peut pas non plus motiver
un consentement. Puisqu'on est en train de motiver tantôt un refus,
tantôt un consentement, les deux sont dans
l'irrégularité.
M. Gratton: M. le Président, pourriez-vous m'indiquer
quelles paroles j'ai prononcées qui auraient constitué...
Le Président: M. le leader de l'Opposition, je vous
réfère au Journal des débats. Vous avez commencé
vos propos en disant: Nous sommes, de ce côté-ci, consentants pour
les raisons que voici. Vous avez commencé à expliquer les raisons
pour lesquelles vous vouliez consentir à la motion de votre propre
collègue. C'est ce que j'appelle motiver son consentement et ce n'est
pas plus admis que de motiver un refus.
M. Pagé: Sur une demande de directive.
Le Président: Oui, M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Le plus sereinement, le plus calmement
possible...
Des voix: Oh!
M. Pagé: ...j'aimerais, M. le Président, compte
tenu du manque de respect flagrant dont vient de faire preuve le gouvernement
dans le cadre de la visite du premier ministre du Canada par le refus de la
motion, m'est-il permis de vous demander la directive suivante? Quelles sont
les dispositions qui pourraient permettre au Bureau de l'Assemblée
nationale de se réunir dans les plus brefs délais et de
décider d'afficher le drapeau de notre pays sur le parlement avant la
fin de la visite du premier ministre du Canada?
Le Président: Comme membre du bureau, vous vous
souviendrez sans doute, M. le député, d'avoir adopté un
règlement, un jour, qui touche précisément ce sujet. Il
touche, au fond, l'utilisation des mâts de l'Hôtel du Parlement et
prévoit - je pense que c'est dans la nature des choses - que le drapeau
du Québec est toujours arboré au mât central de
l'Hôtel du Parlement. Il prévoit également que, lorsque des
visiteurs sont en visite officielle à l'Assemblée nationale - il
y a une distinction à faire et j'y arriverai - les drapeaux sont
hissés lorsque, par exemple, des ambassadeurs viennent rencontrer le
président, des ministres ou le chef de l'Opposition - ils font
généralement
les trois côtés, si je peux m'exprïmer ainsi -les
drapeaux sont hissés. Ils sont hissés en priorité pour les
visiteurs qui viennent d'abord rendre visite au Parlement ou à
l'Assemblée nationale et, subséquemment, dans l'ordre
décroissant, si l'on veut, pour les visiteurs qui sont en visite
officielle au gouvernement. Le gouvernement nous indique à ce
moment-là, s'il a un visiteur officiel, de quel pays il est et, le cas
échéant, nous arborons le drapeau en vertu du règlement
adopté par le bureau.
M. le leader du gouvernement. (11 h 20)
M. Bertrand: M. le Président...
Le Président: Je m'excuse, M. le leader du gouvernement,
j'avais dit que j'ajouterais une nuance. Il faut faire la nuance
intellectuelle, si l'on veut, entre le fait qu'un visiteur vienne dans
l'édifice, au moment où nous prêtons des locaux à un
ministre au gouvernement ou au chef de l'Opposition, le cas
échéant, pour recevoir quelqu'un, mais cela ne constitue pas pour
autant une visite officielle au Parlement, le fait que, faute d'autres ou de
meilleurs locaux, on se rabatte toujours, avec de plus en plus de
difficultés pour nous, sur les locaux de plus en plus restreints de
l'Hôtel du Parlement.
M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, si le député
de Portneuf veut me laisser simplement quelques secondes pour le dire de
façon très simple, d'une façon qui, je pense, ne
provoquera aucun débat, ne nécessitera ni motion non
annoncée ou motion sans préavis, pas besoin de consentement
même: Puisque nous recevons un visiteur de marque, le drapeau, quant
à nous, et par l'entremise de vos services, peut très bien se
trouver hissé à un des mâts à l'Assemblée
nationale du Québec. Aucun problème.
Le Président: À l'ordre! M. le député
de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, je vous demandais... Le
spectacle du député de Vanier n'est pas édifiant
aujourd'hui.
M. Johnson (Anjou): Si vous me le permettez, M. le
Président.
M. Pagé: M. le Président...
M. Johnson (Anjou): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Vous vous levez sur quoi?
M. Johnson (Anjou): Sur une question de règlement, M. le
Président.
Une voix: Sur ' une question de règlement.
Le Président: Sur un rappel au règlement, M. le
ministre de la Justice.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je crois avoir
entendu des propos indignes de la part du député de Hull à
l'égard du leader du gouvernement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Je ne sais...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! À
l'ordre! Il semble y avoir accord pour que nous hissions le drapeau canadien.
Nous allons le faire.
M. le leader de l'Opposition.
Une voix: Cela va être bon pour votre congrès de
mettre le drapeau du Canada.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président. Je vous ai demandé une directive visant la convocation
du Bureau de l'Assemblée nationale. Compte tenu que le gouvernement a
donné suite à nos pressions, on n'a pas besoin de réunion
du bureau. Merci, vous avez enfin compris, mais vous avez été
irrespectueux jusqu'à ce qu'on le demande.
Une voix: On est pas mal plus respectueux des drapeaux que vous
autres. Vous les avez jetés au feu...
Le Président: Bon, bon, bon!
Une voix: On va sortir le drapeau blanc.
Le Président: Je pense que je vais le hisser en permanence
au haut de mon fauteuil.
Nous sommes toujours aux motions sans préavis, s'il y en a
d'autres. Non?
Alors, aux avis touchant les travaux des commissions, M. le leader du
gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bertrand: M. le Président, aujourd'hui, de 11 h 30
à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures à
minuit, à la salle 81, la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire public.
Aux mêmes heures, c'est-à-dire, d'abord, de 11 h 30
à 13 heures, à la salle 91, la commission de l'économie et
du travail poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi 42, Loi sur les accidents du travail et les maladies
professionnelles. Par ailleurs, cette commission poursuivra ses travaux, de 15
heures à 18 heures et de 20 heures à minuit, à la salle du
Conseil législatif.
De plus, M. le Président, demain, 7 décembre, de 10 heures
à 13 heures et de 15 heures à 18 heures, à la salle 81, la
commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre poursuivra
l'étude détaillée du projet de loi 3.
Le Président: Un instant, j'ai encore des avis à
donner sur les travaux des commissions. La sous-commission permanente de la
réforme se réunira, après les affaires courantes, à
la salle 101 de l'édifice Pamphile-Le May et, à 15 heures,
à la salle 80, la commission de la culture se réunira pour la
vérification d'engagements financiers, et ce sera suivi d'une
séance de travail. À la salle 91, la commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation se réunira pour une
séance de travail cet après-midi, à 15 heures.
Aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée, M. le leader
de l'Opposition.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Gratton: Est-ce que le leader du gouvernement pourrait
confirmer ce qu'on sait déjà quant aux commissions qui
siégeront demain et également quant au fait que ni
l'Assemblée ni aucune commission ne siégera lundi? J'aimerais
qu'on puisse profiter d'une plus grande présence de
députés, présentement, pour les en informer.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Demain, tout en convenant que l'Assemblée
nationale comme telle ne siégerait pas, on s'était entendu qu'il
y aurait interpellation demain matin relativement à l'industrie de la
coiffure. Il y aura donc cette interpellation. Il y aura la commission pour
étudier le projet de loi 3 et, bien sûr, quand nous aurons
terminé l'adoption des projets de loi 12 et 15 que défendra
aujourd'hui le ministre de la Justice et le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
à l'Assemblée nationale, il y aura, demain, commission des
institutions pour procéder à l'analyse détaillée de
ces deux projets de loi. C'est-à-dire de 10 heures à 13 heures
et, ensuite, à 15 heures pour se terminer à 18 heures. Demain,
les travaux des deux commissions se terminent à 18 heures. Donc, pas de
travaux demain soir, de 20 heures à 24 heures.
Pardon? Pour la loi 42, demain, pas de commission parlementaire puisque,
effectivement, le ministre est en Chambre ici pour l'interpellation sur
l'industrie de la coiffure. Lundi, ni l'Assemblée nationale, ni les
commissions parlementaires n'ont de mandat pour siéger. Donc,
normalement, quand on procédera ce soir à l'ajournement des
travaux de l'Assemblée, ce sera pour mardi matin, 10 heures.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Je n'enfreindrai pas le règlement en
commentant cette décision du gouvernement de ne pas siéger lundi
et en demandant surtout les raisons qui le motivent à agir ainsi. Je
voudrais savoir du leader du gouvernement, puisque nous nous réunirons
seulement mardi, s'il est en mesure, à ce moment-ci, de nous indiquer ce
qui sera au menu législatif mardi prochain.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Oui. Normalement, d'après les informations
que j'ai obtenues et sous preuve de vérification, ce serait d'abord la
loi 14 sur le ministère du Tourisme. Ensuite, il y aura probablement en
cours de semaine la loi 81 et la loi 9. Je pourrai peut-être
préciser tout cela avec le leader de l'Opposition officielle en cours de
journée.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: La loi 9 touche une filiale de REXFOR. Est-ce que le
leader peut s'assurer que le ministre sera bien au courant de son dossier avant
qu'on entame la discussion?
Le Président: M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: On a déféré à la
commission parlementaire de l'aménagement et des équipements la
loi 6 étudiée hier. Est-ce que le leader du gouvernement peut me
dire si les dispositions seront prises de sorte que la FAPEL, la
Fédération des associations pour la protection de l'environnement
des lacs, pourra être convoquée au début de la commission
parlementaire, tel que le ministre des Affaires municipales en avait
laissé entendre la possibilité lors d'une question que je lui
posais avant-hier?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Je dois dire au député que ce n'est
pas notre intention, effectivement, de convoquer cet organisme pour
comparaître, le mandat de la commission étant de procéder
à l'analyse détaillée du
projet de loi.
M. Saintonge: J'ai compris que ce n'est pas dans l'intention.
Est-ce que le leader du gouvernement se souvient de la réponse du
ministre des Affaires municipales avant-hier, disant simplement qu'il
était d'accord pour entendre les organismes s'il y avait des demandes
à cet effet? FAPEL a envoyé à tous les
députés de l'Assemblée nationale copie du
télégramme envoyé au ministre de l'Environnement
requérant précisément la possibilité d'être
entendue avant la commission parlementaire. (11 h 30)
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, normalement, lorsque le
ministre prend des engagements qui ont une allure assez formelle et qu'il en a
discuté avec ses vis-à-vis, il en informe le leader du
gouvernement afin que je puisse effectivement donner les informations exactes
à la Chambre. Au moment où je vous donne ce renseignement, quant
à moi, je n'ai pas été avisé que c'était de
l'intention du ministre d'entendre quelque groupe que ce soit en commission
parlementaire.
Le Président: M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Simplement pour préciser, M. le
Président, le ministre a répondu à la question en Chambre
avant-hier. Si vous vous référez au Journal des débats et
si vous aviez écouté à ce moment-là, vous auriez
compris que le ministre donnait ouverture à cette
possibilité.
Le Président: Cela tombe dans l'argumentation. Bien. Je
rappelle qu'il y aura interpellation demain - on l'a déjà
mentionné - sur l'industrie de la coiffure, par le député
de Portneuf au ministre du Travail.
Projet de loi 5
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude
Cela nous mène donc aux affaires du jour et à la prise en
considération du rapport de la commission qui a étudié le
projet de loi 5, Loi modifiant diverses dispositions législatives
d'ordre fiscal. Y a-t-il des interventions? M. le ministre du Revenu.
M. Robert Dean
M. Dean: M. le Président, nous sommes à la prise en
considération du rapport de la commission permanente du budget et de
l'administration relatif au projet de loi 5. Ce projet de loi modifie plusieurs
lois fiscales, dans le but principalement de donner suite au discours sur le
budget prononcé le 22 mai 1984 par le ministre des Finances.
Lors de cette étude en commission, un certain nombre
d'amendements ont été suggérés par les
représentants de l'Opposition officielle au texte original. Un total de
cinq amendements ont été introduits au projet de loi 5.
Premièrement, l'article 3 est modifié afin de préciser les
droits et obligations, en regard de la taxe de vente, des entreprises dont
l'activité principale consiste en la transformation de résidus
industriels dangereux et toxiques en un produit inerte. Il s'agit d'une remise
de taxe à l'achat de matériaux lorsque le produit inerte fini
n'est pas immédiatement vendable.
L'article 28 du projet de loi 5 est aussi modifié afin de
préciser et de faciliter l'application du crédit d'impôt
égal à 10% des salaires versés pour la recherche et le
développement effectués au Québec. Le projet de loi
étend ce crédit d'impôt aux membres d'une
société qui exploite une entreprise au Canada et effectue ou fait
effectuer pour elle des recherches scientifiques.
Un nouvel article est introduit au projet de loi 5. Cet article a pour
effet de porter à 20 $ les dépôts lors de l'inscription
d'un appel des décisions du ministère du Revenu à la Cour
provinciale du Québec. Vous vous rappellerez, M. le Président,
que récemment le ministère du Revenu a institué le recours
à la Cour des petites créances pour les cas d'opposition à
des avis de cotisations fiscales. Le projet de loi et l'amendement
prévoient que ces dépôts de 20 $ seront versés au
fonds consolidé du revenu et remboursés à même ce
fonds lorsqu'il y aura lieu.
L'article 38 du projet de loi 5 est modifié afin de
prévoir que l'amende de 25 $ par jour pour omission de produire une
déclaration de revenu puisse effectivement être exigible pour
chaque jour que dure l'omission.
Enfin, l'article 39 du projet de loi 5 est modifié afin de
préciser la. portée de l'article 69 de la Loi sur le
ministère du Revenu quant aux personnes assujetties à la
règle de la confidentialité. Ces modifications précisent
que le ministre du Revenu est soumis à cette règle de
confidentialité, de même que certains organismes,
sociétés ou ministères.
M. le Président, grâce à l'expertise et à la
collaboration du député de Saint-Louis comme critique de
l'Opposition, les travaux de la commission se sont déroulés
rondement et les amendements ont été adoptés. Cependant,
un certain nombre de mesures contenues dans le projet de loi 5 ont
été mal comprises par certains membres de
l'Opposition qui sont intervenus dans cette Chambre lors du débat
sur l'adoption du principe du projet de loi.
Le transfert de biens agricoles entre générations est une
mesure des plus importantes car elle répond aux besoins, aux attentes et
aux revendications du milieu agricole et de l'Union des producteurs agricoles
en particulier. Cette disposition favorise le transfert des biens servant
à l'agriculture de parents à enfants du vivant des parents et
favorisera aussi l'exploitation continue des fermes québécoises.
Avant le budget 1984-1985, le transfert entre générations de
biens agricoles au décès était sujet à une
exemption de droits de 300 000 $. Avant le budget 1984-1985, le transfert de
biens agricoles entre générations du vivant des parents ne
donnait droit qu'à une exemption de 100 000 $. Donc, il y a une
différence de 200 000 $ d'exemption entre le fait que les biens soient
transmis du vivant ou lors du décès des parents. Cette
différence faisait en sorte que les parents ne transféraient en
général leurs biens agricoles qu'au moment de leur
décès. Les enfants étaient peu enclins à prendre la
relève dans ces conditions.
Cette différence a été abolie. Depuis le 23 mai
1984, l'exemption pour le transfert de biens agricoles du vivant des parents
est portée à 300 000 $. Il faut bien comprendre que cette
exemption porte sur le don fait aux enfants, le don étant la
différence entre la valeur marchande des biens agricoles et le prix
effectivement payé par les enfants. Par exemple, pour une ferme d'une
valeur marchande de 500 000 $ vendue aux enfants 200 000 $, le don sur lequel
porte l'exemption est, dans ce cas-ci, de 300 000 $. Dans le cas d'une ferme
d'une valeur de 1 000 000 $ qui est vendue aux enfants 700 000 $, le don est
encore de 300 000 $ et l'exemption s'applique pleinement. En 1983, la valeur
moyenne des fermes au Québec était de 329 000 $. L'Opposition
nous dit que l'on ne doit pas calculer l'exemption sur la moyenne.
L'établissement d'une moyenne est nécessaire cependant afin de
savoir si l'exemption s'appliquera dans la plupart des cas.
Les parents qui ont accumulé des biens agricoles par un travail
acharné tout au long de leur vie active ne donnent pas toute
l'entreprise à leurs enfants. Ils veulent se garder un capital pour
leurs vieux jours. C'est pourquoi, en général, le don fait aux
enfants est moindre que la valeur totale de l'entreprise agricole. Pour une
ferme de 329 000 $ vendue aux enfants 150 000 $, l'exemption s'appliquant sur
le don est de 179 000 $. Pour une ferme de 600 000 $ vendue 300 000 $ aux
enfants, l'exemption de 300 000 $ s'applique alors. Bref, on peut affirmer que
l'exemption est suffisante pour couvrir la quasi-totalité des dons
effectués au moment du transfert des entreprises agricoles entre
générations.
M. le Président, l'Opposition libérale nous accuse
constamment de ne rien faire pour l'entreprise privée, ce qui est
contraire à la réalité. Le projet de loi 5 introduit une
autre mesure visant à faciliter le transfert de biens entre
générations du vivant des parents. Cette fois, ce sont les
actions des corporations privées qui font, depuis le 23 mai 1984,
l'objet d'une nouvelle exemption. Avant cette date, la même
problématique existait lors du transfert d'actions de corporations
privées qu'au moment du transfert de biens agricoles. L'exemption sur
les dons était de 100 000 $ lors du transfert entre parents et enfants
du vivant des parents. Elle était de 300 000 $ pour le transfert au
moment du décès. L'exemption pour les dons d'actions de
corporations privées de parents à enfants du vivant des donateurs
a été portée, par le projet de loi 5, de 100 000 $
à 300 000 $. Les actions admissibles sont celles de corporations actives
dont le contrôle est canadien. Avant le budget 1984-1985, aucune
exemption de l'impôt ou des dons, ni aucun crédit n'existait pour
le transfert d'actions de ce type. Le projet de loi 5 donne suite à
cette mesure fiscale éminemment favorable au développement de nos
entreprises. (11 h 40)
D'autres mesures qui profiteront aux entreprises et stimuleront leur
développement sont prévues dans le projet de loi 5. L'une d'elles
prévoit l'élargissement des déductions prévues
à la Loi sur les impôts pour les Québécois
travaillant à l'étranger. Avant le discours sur le budget du
ministre des Finances, ces exemptions n'étaient accordées qu'aux
travailleurs oeuvrant dans les entreprises de prospection ou d'exploitation de
pétrole, de gaz naturel, de minéraux ou dans celles
reliées à une activité agricole, de construction,
d'ingénierie ou d'installation. Ces exemptions ont été
étendues par le projet de loi 5 aux travailleurs des entreprises
d'implantation de systèmes d'informatique, de bureautique, de
télématique et entreprises du même genre.
Cette mesure démontre bien la préoccupation du
gouvernement du Québec pour le développement des industries de
pointe au Québec et pour leur implantation dans les marchés
internationaux. Grâce à cette nouvelle disposition, les
travailleurs dans ces secteurs s'ajouteront à ceux et celles qui,
après un an de séjour à l'étranger, aux fins de
leur emploi, n'ont pas à payer d'impôts au Québec. Je
rappelle que non seulement les salaires, mais aussi les indemnités pour
séjour à l'étranger font l'objet de cette exemption
jusqu'à concurrence de 50% du salaire de base gagné à
l'étranger. Par exemple, un contribuable célibataire dont le
salaire annuel est de
48 000 $ et qui bénéficie d'une indemnité de
séjour de 24 000 $ n'a aucun impôt à payer au trésor
québécois après un séjour de douze mois. Il
réalise une économie de 5557 $.
Dans une société moderne, la recherche est le fer de lance
du développement industriel favorisant la création de produits
nouveaux et l'amélioration constante de nos outils de production. Par le
projet de loi 5, le gouvernement du Québec élargit le
crédit de 10% pour la recherche et le développement
effectués au Québec. Ce crédit d'impôt est
égal à 10% des salaires versés au Québec dans le
cadre de dépenses de recherche et de développement
effectuées au Québec. Avant le 23 mai dernier, seuls les
particuliers en affaires et les corporations avaient droit à ce
crédit d'impôt. Maintenant, les membres d'une
société sont, eux aussi, admissibles à cet avantage
fiscal. Pour l'année 1983-1984, ce crédit d'impôt aux
corporations aurait diminué de 26 000 000 $ le coût des
dépenses de recherche et de développement effectuées au
Québec. Jusqu'à maintenant, nous avons fait état de
mesures favorisant le développement de l'agriculture, les corporations
privées, l'implantation de nos entreprises de pointe sur les
marchés internationaux, la recherche et le développement.
Notre industrie culturelle bénéficiera, elle aussi, des
avantages du projet de loi 5. Depuis le 23 mai, une corporation qui, la
première, se porte acquéreur d'un film québécois
bénéficie de déductions égales à 50% du
coût d'achat de cette production. Avant cette date, seuls les
particuliers et les membres d'une société pouvaient effectuer une
telle déduction. Cette déduction s'ajoute à la
déduction pour amortissement introduite en décembre 1982. Cette
déduction est égale à 100% du coût en capital pour
l'année d'acquisition du film. Il s'agit donc d'une déduction de
150% qui peut être appliquée aux investissements dans les films
québécois. Et l'on viendra dire que nous ne favorisons pas les
entreprises québécoises. Cette mesure est non seulement
bénéfique aux entreprises cinématographiques
québécoises et à celles qui acquièrent une
production québécoise, mais elle aidera sûrement les
travailleurs et travailleuses de cette industrie à mieux gagner leur vie
chez eux, au Québec.
Le projet de loi 5 introduit certaines modifications fiscales à
l'égard de la taxe de vente sur l'électricité
achetée par une entreprise de production. Depuis le 23 mai 1984, le
seuil minimum de 10% du total de l'électricité achetée par
une entreprise de production sur lequel la taxe de vente était
applicable est aboli. Cette seule mesure fera économiser aux entreprises
québécoises, consommatrices d'électricité, une
somme évaluée à 4 400 000 $.
Le projet de loi vient aussi en aide, M. le Président, et ce, de
diverses façons, à de petites entreprises. Ainsi, le
détenteur d'un permis de véhicule-taxi a droit, depuis le 23 mai
1984, à un crédit d'impôt de 500 $ afin de compenser pour
les coûts du carburant. Ce crédit doit être réparti
proportionnellement entre les utilisateurs du véhicule qui
défraient le coût du carburant. Par ailleurs, le
propriétaire d'un autobus effectuant du transport interurbain de service
régulier ou du transport en commun à l'intérieur d'une
région urbaine autre que du transport scolaire peut réclamer
certains remboursements de la taxe sur le carburant. Il peut réclamer un
remboursement pour la partie de la taxe au-delà de 20% sur le carburant
acheté pour le véhicule.
Le projet de loi présentement soumis à cette
Assemblée modifie aussi la taxe de vente pour éviter la double
imposition sur des biens utilisés à la fois au Québec et
dans d'autres provinces. Les contenants retournables, palettes et objets de
manutention entrent dans cette catégorie, de même que les wagons
de compagnies minières, leurs pièces de rechange et le
matériel d'entretien.
D'autres dispositions budgétaires favorisent les particuliers,
tout en contribuant au maintien de l'activité économique. Par
exemple, dans le secteur de la construction, le projet de loi 5 a pour effet de
prolonger certaines déductions lors de l'achat d'un logement neuf du
type propriétaire occupant. Depuis l'énoncé
budgétaire du 10 mai 1983, le détenteur d'un régime
enregistré d'épargne-logement a droit à une
déduction spéciale lors de l'achat d'une maison neuve de type
propriétaire occupant. Cette déduction est égale à
la différence entre 10 000 $ et les contributions antérieurement
déduites à son régime enregistré
d'épargne-logement.
Cet avantage, qui devait prendre fin au 1er mars 1985, est
prolongé d'un an, donc au 1er mars 1986. Ainsi, les contribuables auront
jusqu'au 1er mars 1986 pour acquérir leur logement et
bénéficier de cette déduction supplémentaire
pouvant atteindre 10 000 $. De plus, cette déduction est applicable
à l'achat de meubles prescrits, soit ceux qui garnissent habituellement
l'intérieur d'une maison, la plupart des appareils ménagers, les
tapis, les rideaux et draperies. Le prolongement de cette déduction
vise, bien sûr, à aider les détenteurs d'un régime
enregistré d'épargne-logement à acquérir une
propriété, mais l'objectif poursuivi est aussi de mettre en
circulation les épargnes accumulées grâce à ce
régime et de stimuler ainsi notre industrie de la construction
domiciliaire. Cette mesure stimulera également le secteur du meuble au
Québec.
Le budget 1984-1985 prolongeait aussi le programme
Corvée-habitation jusqu'au 31
décembre 1984 alors qu'initialement il devait prendre fin le 15
juillet dernier. Il reste donc un peu moins d'un mois aux
Québécois pour bénéficier de ce programme qui
garantit un taux d'intérêt de 9,5% pendant trois ans pour l'achat
d'une propriété neuve. Jusqu'à la fin de l'année
1984, ceux et celles qui font l'acquisition d'un logement coopératif
neuf peuvent encore bénéficier d'une prime de 3000 $.
Le projet de loi 5 modifie la Loi sur les impôts afin d'introduire
une nouvelle déduction à l'égard des intérêts
sur un emprunt fait pour l'achat d'une automobile. Présentement, un
particulier peut déduire de son revenu l'intérêt
payé dans l'année sur l'emprunt contracté pour l'achat
d'une automobile, à la condition que ce véhicule ne soit
utilisé qu'à des fins professionnelles seulement. À
compter de 1984, un particulier pourra déduire un montant
d'intérêt sur l'emprunt pour l'achat d'une automobile même
si elle est utilisée à des fins personnelles et professionnelles.
Cette déduction est limitée au moindre de 500 $ ou 20% des
intérêts payés dans l'année. Une telle disposition
bénéficiera à des milliers de Québécois qui
utilisent leur véhicule personnel à des fins professionnelles,
mais dont le volume d'affaires ne permet pas l'achat d'une automobile
uniquement à cette fin.
Les mesures contenues dans le projet de loi 5 sont orientées vers
le développement de nos entreprises et apportent des allégements
fiscaux à des contribuables de divers milieux de notre
société. Il s'agit de dispositions fiscales
équilibrées en ce sens qu'elles touchent non seulement diverses
catégories de contribuables, mais encore qu'elles visent à
stimuler plusieurs secteurs de notre société.
Le projet de loi 5 favorisera la recherche et le développement
grâce à un élargissement du crédit d'impôt de
10% des salaires versés à cette fin au Québec. Il
contribuera à maintenir un taux d'activités élevé
dans l'industrie de la construction par le prolongement du programme
Corvée-habitation et aussi par le prolongement de la déduction
spéciale pour les détenteurs de régime enregistré
d'épargne-logement. Il favorise la compétitivité de nos
industries de pointe sur les marchés internationaux grâce à
l'élargissement des exemptions pour les Québécois
travaillant à l'extérieur. (11 h 50)
Les mesures budgétaires contribuent au dynamisme de notre
industrie agricole en facilitant le transfert des fermes de parents à
enfants et, par voie de conséquence, la continuité dans
l'exploitation de l'entreprise. L'on peut penser que les mêmes effets se
feront sentir sur les corporations privées qui, elles aussi,
bénéficient de mesures facilitant le transfert entre
générations.
Le budget 1984-1985 vient en aide à de petites entreprises, dans
le secteur du taxi, notamment, où un crédit d'impôt est
accordé pour compenser le coût du carburant. De plus, les
contribuables pourront bénéficier de l'élargissement d'une
déduction relative à l'achat d'une automobile pour affaires et
usage personnel.
Ces mesures fiscales, je le répète, sont
équilibrées car elles apportent des allégements à
des entreprises de secteurs différents et à des contribuables de
classes diverses.
Bien sûr, nous dira l'Opposition, vous auriez pu faire davantage.
Vous auriez pu abolir complètement les droits successoraux, baisser les
taxes, les taux d'impôt des corporations, le taux d'impôt sur le
capital et le reste.
Il faut reconnaître, M. le Président, qu'en matière
budgétaire nous sommes limités à une marge de manoeuvre
dictée par la conjoncture économique, la capacité de payer
des contribuables et le niveau des services que nous avons décidé
de nous donner comme société. Toute réduction des revenus
du gouvernement du Québec, dans un contexte où des
dépenses administratives ont déjà été
réduites au minimum, se traduit fatalement par des réductions de
services aux citoyens.
Notre marge de manoeuvre, nous avons décidé de l'employer
à la relance de l'économie par divers programmes parmi lesquels
plusieurs visent une aide accrue à l'entreprise privée. Que l'on
pense à notre programme de garantie de prêt aux petites et
moyennes entreprises dans lequel notre gouvernement s'engage pour un montant de
2 000 000 000 $ en 1984-1985 ou encore à cette assurance contre les
hausses de taux d'intérêt ou au programme de reboisement dont
l'objectif est de quintupler le rythme de reboisement au Québec, ce sont
là toutes des mesures budgétaires susceptibles
d'accélérer le rythme de la reprise économique au
Québec.
Pour la seule région de Montréal, le gouvernement
prévoit des investissements publics de 1 500 000 000 $ répartis
sur quelques années pour des travaux dans les domaines de
l'épuration des eaux, du transport en commun, du logement, de la
rénovation des aires industrielles et des équipements
culturels.
M. le Président, je pourrais continuer ainsi pendant plusieurs
minutes à relater les avantages des mesures contenues dans le budget
1984-1985 qui sont consacrées par les stipulations du projet de loi 5,
mais notre propos, ici aujourd'hui, porte sur les dispositions fiscales du
projet de loi 5. À cet égard, je signale que la commission a
produit son rapport, incluant cinq amendements adoptés par ladite
commission.
J'invite maintenant cette Chambre à
faire de même. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Merci, M. le Président. J'aimerais
m'arrêter sur un des seuls articles qui se trouve dans ce projet de loi
qui traite de la confidentialité des dossiers relatifs à
l'impôt sur le revenu. Le 30 août dernier, quelques jours avant
l'élection fédérale, nous apprenions, par la voie des
journaux, que le dossier fiscal de 40 députés
fédéraux fait l'objet d'un examen attentif du fisc
québécois depuis 1981. Le document dont la Presse canadienne a
obtenu copie est un bilan préparé en 1982 par le directeur
intérimaire du service de contrôle opérationel du
ministère du Revenu.
Les réactions des députés intéressés
ne se sont naturellement pas fait attendre. Du côté du
gouvernement du Québec le premier ministre Lévesque
déclarait qu'il y a quelque chose d'indécent dans la fuite, qui
est d'autant plus malheureuse qu'elle a très nettement des
intérêts électoralistes. Cette déclaration,
après coup, ne saurait naturellement justifier le geste ni tenir lieu
d'excuse.
De son côté, le ministre du Revenu a demandé
à son collègue de la Justice de déclencher une
enquête policière sur le vol de documents. De plus, le ministre du
Revenu nous a dit qu'il a demandé qu'on fasse, à son
ministère, une enquête administrative en plus d'une enquête
qui était faite par un sous-comité. J'aimerais vous dire, M. le
Président, que, sur cette fuite, j'ai demandé au gouvernement, au
ministre du Revenu et au ministre de la Justice, à sept occasions, de
nous fournir des renseignements en cette Chambre. Ce sont des questions que
j'ai posées le 18 octobre, le 23 octobre, le 31 octobre, le 7 novembre,
le 14 novembre et le 20 novembre, et nous n'avons jamais eu une réponse
claire et précise en ce qui concerne ces enquêtes du ministre du
Revenu ou du ministre de la Justice.
Il y a une obligation à la confidentialité dans la Loi sur
le ministère du Revenu. En effet, l'article 69 de la Loi sur le
ministère du Revenu est explicite. Le premier alinéa se lit
ainsi: "Sont confidentiels tous renseignements obtenus dans l'application d'une
loi fiscale. Il est interdit à tout fonctionnaire - je souligne les mots
"tout fonctionnaire" - de communiquer ou de permettre qu'il soit
communiqué à une personne qui n'a pas légalement droit
à un tel renseignement ou de permettre à une telle personne de
prendre connaissance d'un document contenant un tel renseignement ou d'y avoir
accès."
J'ai souligné le mot "fonctionnaire", parce que, dans le projet
de loi 5, on a fait un amendement, grâce au député de
Saint-Louis, qui dit que le mot - et je cite -"fonctionnaire" signifie le
ministre, un fonctionnaire ou un ancien fonctionnaire du ministère du
Revenu, une personne agissant ou ayant agi pour et au nom du ministre ou du
sous-ministre afin de les assister dans la réalisation des objets d'une
loi fiscale ou dans toute autre tâche qui peut leur incomber dans
l'exercice de leurs fonctions, ainsi qu'une personne, association,
société, organisme ou ministère visé dans le
deuxième alinéa de l'article 9." Cela veut dire que, dans la loi
actuelle, "fonctionnaire" n'inclut pas du personnel politique du ministre. Et
nous, M. le Président, nous avons voulu savoir, prendre connaissance.
Nous avons demandé au ministre du Revenu, si la fuite était
imputable à du personnel politique du ministère, d'un autre
ministère ou du cabinet du premier ministre. C'était important
parce que le personnel politique du ministre, soit du Revenu, soit de la
Justice, n'était pas couvert par l'article 69 actuel, quoique ces
personnes, en ce qui concerne la confidentialité des dossiers, seront
couvertes apparemment par le nouvel article 69.
J'aimerais dire quelques mots sur le fisc, québécois et
les députés fédéraux. J'aimerais rappeler à
la Chambre des événements des dernières années. En
1974, le gouvernement du Québec adoptait un règlement qui
permettait aux députés et sénateurs fédéraux
de choisir la province de leur choix pour la déclaration de leurs
revenus. À la fin du mois de mai 1982, le gouvernement déposait
le projet de loi 74 qui changeait la situation. Les députés et
sénateurs devront désormais établir la preuve que leur
résidence principale n'est pas au Québec, sinon ils seront
présumés avoir résidé au Québec pendant
toute une année d'imposition s'ils l'habitaient avant l'élection
ou une nomination au Sénat. (12 heures)
Lors de son discours de deuxième lecture, le ministre du Revenu
d'alors, M. Raynald Fréchette, s'exprimait ainsi: "Mon intention
première sur ce point précis du projet de loi était et
demeure encore d'en parler le moins possible et d'essayer ainsi d'éviter
les accusations toujours possibles de partisanerie politique. Il me semble que
les circonstances qui ont entouré le dépôt du projet de loi
et celles qui ont suivi depuis quelques jours démontrent à
l'évidence que j'ai voulu, quant à moi, me tenir loin de cette
possibilité de partisanerie politique. La preuve de ce que j'avance,
c'est qu'aucun nom ou aucun autre détail n'a été
révélé de ma part et de la part des fonctionnaires du
ministère soit avant ou au moment du dépôt du projet de
loi. Vous allez me répondre sans doute avec raison que nous n'avons, en
cela,
qu'observé les prescriptions de la loi telle qu'elle existe
actuellement en respectant la confidentialité de l'article 69 de la Loi
sur l'impôt sur le revenu. Les choses étant ce qu'elles sont, on
aurait pu, dans certains milieux, nous faire le reproche d'avoir effectivement
manqué à cette obligation de la loi, ce dont nous nous sommes
scrupuleusement gardés."
La Presse du 9 juin 1982 titrait: "Les députés
péquistes s'en donnent à coeur joie sur le dos des
libéraux fédéraux qui ne résident pas au
Québec." Le journaliste de la Presse parle de l'attitude plutôt
réservée du ministre Fréchette, mais affirme que ses
collègues ne l'entendaient pas ainsi et qu'ils ont profité au
maximum de la possibilité qui s'offrait de dénoncer l'absence de
sens civique d'un élu du peuple qui paie ses impôts, pour
économiser, dans la province voisine et concurrente de celle qu'il
représente. Comme les délinquants ne sont pas connus, qu'on ne
sait même pas leur nombre, ils avaient beau jeu de soupçonner tous
et chacun d'agir ainsi et de le lui reprocher nommément.
Une seconde mesure était prise par le gouvernement. En juin 1983,
le ministre des Finances, M. Jacques Parizeau, annonçait que les
députés, ministres et sénateurs qui prouveraient qu'en
1982 ils ont déjà payé leurs impôts dans une autre
province seront exempts d'impôt pour cette année
financière. Ces députés avaient jusqu'à septembre
1983 pour faire cette preuve. M. Parizeau a par ailleurs affirmé que la
liste des contribuables ainsi remboursés serait rendue publique et
déposée à l'Assemblée nationale. Ces
députés devront assumer les conséquences politiques de
leur geste. On déposera à l'Assemblée nationale la liste
de toutes les personnes qui réclameront un remboursement au
Québec parce qu'elles sont devenues, dans les faits, des citoyens
ontariens.
Le 29 novembre 1983, on pouvait lire dans le journal La Presse que le
Québec poursuit toujours les procédures administratives. Le
sous-ministre du Revenu affirmait que les deux procédures
administratives se poursuivent au ministère soit l'application de la loi
74 - en passant, la loi 74 parce qu'il y avait 74 députés
fédéraux libéraux du Québec - et l'exemption
annoncée par le ministre Parizeau. Quels que soient leurs titres ou
leurs postes, affirme-t-il, les délinquants seront traités sur le
même pied que tous les autres contribuables, c'est-à-dire avec
intelligence et civisme. Il ajoutait aussi que même le ministre, M. Alain
Marcoux, n'était pas au courant de l'évolution du dossier
personnel de chaque représentant fédéral. Il a même
ajouté: "Je m'abstiens de lui montrer le dossier pour qu'il ne coure pas
le danger de se retrouver dans un contexte politique."
Dans tout cela, le gouvernement, semble-t-il, avait demandé trois
enquêtes: une enquête administrative, une enquête d'un
sous-comité du ministère et une enquête criminelle de la
Sûreté du Québec. Qu'est-ce qu'ils ont fait avec ce
dossier? Avec ce dossier, M. le Président, ils ont fait un enterrement
de première classe; ils n'ont jamais expliqué qui a fait les
fuites, et nous voulons savoir encore aujourd'hui si c'était du
personnel politique du ministère du Revenu.
S'il y a des fuites en matière d'impôt, M. le
Président, comment peut-on se fier sur la confidentialité de nos
dossiers qui sont entre les mains du gouvernement? Pensons aux dossiers sur la
santé. Est-ce que, avant des élections un jour, il pourrait y
avoir des fuites en ce qui concerne les dossiers sur la santé de
certains candidats? Est-ce qu'il va y avoir des fuites en ce qui concerne les
dossiers psychiatriques de certains candidats à une élection
fédérale ou provinciale? Est-ce qu'il va y avoir des fuites sur
les dossiers scolaires, les dossiers en matière de justice, etc.?
Comment expliquer que ce gouvernement ait demandé trois enquêtes
sur cette fuite sans avoir eu d'information et sans qu'il n'y ait d'indication,
nous a-t-on dit, de qui est l'auteur ou qui sont les auteurs de cette fuite?
Comment expliquer que le gouvernement nous ait dit n'avoir rien trouvé?
Comment faire croire aux Québécois que le gouvernement n'a pas
vraiment essayé de faire - comment dirais-je? - un Watergate avec cette
affaire, c'est-à-dire de couvrir, de protéger quelqu'un? Comment
expliquer qu'après trois enquêtes il n'ait rien trouvé?
C'est un peu incroyable!
Nous avons demandé à quelques reprises s'il y avait une
indication dans ces rapports d'enquête sur qui pourrait être
l'auteur. Nous avons demandé aussi au gouvernement de déposer les
enquêtes en Chambre, afin que nous puissions en prendre connaissance et
voir qui a fait cette fuite.
M. le Président, je pense qu'avec le projet de loi 5 nous avons
une confirmation que l'actuelle Loi sur le ministère du Revenu a un trou
à l'article 69, parce que, comme je l'ai dit au début de mon
intervention, il traite de la confidentialité des dossiers et ne couvre
que les fonctionnaires, quoique, maintenant, il va aussi couvrir, avec le
nouvel article tel qu'amendé dans le projet de loi 5, un ancien
fonctionnaire du ministère du Revenu, une personne agissant ou ayant agi
pour ou au nom du ministre ou du sous-ministre afin de l'assister dans la
réalisation des objets d'une loi fiscale, etc., c'est-à-dire que,
maintenant, l'article 69 couvrira le personnel politique du ministre, ce qui,
apparemment, n'était pas le cas avant.
Nous sommes tout à fait d'accord avec les amendements à
l'article 69, parce que, en grande partie, comme le ministre l'a dit
lors de son intervention, il s'est beaucoup inspiré des propos du
député de Saint-Louis qui a apporté un certain nombre de
modifications à cet article.
En conclusion, M. le Président, je ne peux pas accepter
qu'après que le ministère du Revenu a vraiment fait une
enquête ou des enquêtes sérieuses et que le ministre de la
Justice a fait une enquête sérieuse, qu'après ces trois
enquêtes, étant donné le nombre de personnes
limitées qui ont eu accès à ces documents des
députés fédéraux, il n'y ait aucune indication dans
ces rapports de qui est le responsable. (12 h 10)
En fait, si le ministre du Revenu ne nous fournit pas d'information
additionnelle, on ne peut que soupçonner que lui ou peut-être le
ministre de la Justice ou peut-être d'autres sont en train de faire un
"cover-up" sur cette matière. On ne peut pas penser autrement
étant donné les réponses que le ministre de la Justice
nous a fournies quand nous avons posé des questions durant sept
périodes de questions; nous avons eu des réponses squelettes; on
n'est jamais allé au fond de l'affaire. Si le leader adjoint du
gouvernement a parlé des droits de l'homme, ce n'est pas le ministre du
Revenu qui est en cause, mais ce sont les députés
fédéraux qui ont subi des préjudices parce que quelqu'un
de votre gouvernement a fait une fuite; c'était probablement du
personnel politique du ministre du Revenu, d'un autre ministère ou
même du cabinet du premier ministre. Les droits de la personne touchent
les députés fédéraux. J'ai reçu hier une
lettre d'un citoyen qui m'a envoyé une coupure de presse concernant des
accusations contre un ancien député fédéral. On a
fait tout le procès de ce député fédéral
à cause de la fuite du ministère du Revenu; il était
nécessaire pour ce député de s'expliquer, de prouver noir
sur blanc qu'il n'était coupable de rien et qu'il a toujours payé
ses impôts au Québec. C'est cela le résultat d'une fuite;
cela jette un soupçon sur tout le monde. Les droits de la personne dans
ce dossier, ce sont les droits des députés fédéraux
qui étaient accusés, souvent injustement, sur qui on n'a pas
gardé la confidentialité prévue dans la Loi sur le
ministère du Revenu à l'article 69. De dire maintenant que je
suis en train de toucher d'une façon injuste les droits de la personne
du ministre du Revenu. C'est rire du monde, M. le leader adjoint du
gouvernement. Si vous avez quelque chose à dire sur cette question, vous
pouvez profiter de ce débat pour parler des droits de la personne des
députés fédéraux. Vous avez dix ou vingt minutes
pour parler. Au lieu de chucoter en arrière, vous pouvez vous lever
comme un homme et discuter de cette question. Nous sommes prêts à
continuer ce débat.
M. le Président, on n'a jamais eu une réponse
satisfaisante du ministre du Revenu et du ministre de la Justice de ce
gouvernement en ce qui concerne cette fuite. Comme je l'ai dit, si on n'a pas
une réponse satisfaisante, on va toujours penser que le gouvernement a
peut-être voulu dans ce cas faire un "cover-up" pour protéger
quelqu'un ou quelque chose.
Pour la dernière fois - je ne vais pas poser des questions au
ministre pendant des mois parce qu'il semble qu'il ne veut pas nous fournir
plus d'information dans ce dossier - aujourd'hui, j'aimerais demander au
ministre de déposer ces deux rapports, le résultat des deux
enquêtes dans son ministère, quitte à demander au ministre
de la Justice de demander le rapport de son enquête, le cas
échéant. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, vous avez
cinq minutes à votre disposition.
M. Robert Dean (réplique)
M. Dean: M. le Président, je trouve déplorable et
malheureux que le député de D'Arcy McGee prenne 30 minutes de son
droit de parole pour ne parler aucunement des stipulations de ce projet de loi,
pour se concentrer sur une question et en profiter pour m'imposer une
réponse de cinq minutes à un discours de 30 minutes où il
répète, M. le Président, des faussetés qu'il
continue de charrier et qui ont eu leur réponse, la meilleure
réponse possible.
M. Marx: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non, non...
M. Marx: En vertu...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Justement, je ne voudrais
pas que vous fassiez, de façon indirecte, ce qui n'est pas permis.
Alors, donnez-moi votre numéro de règlement.
M. Marx: Mais le règlement... Il m'a accusé d'avoir
dit des faussetés...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Il n'y a
aucune question de règlement. M. le ministre.
M. Marx: ...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Marx: L'article 35, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Oh! Un instant! Un
instant! Ne dites pas à l'aveuglette des choses que votre
collègue vous souffle. Je veux savoir... En termes de question de
règlement, il n'y en pas. C'est de la même façon, vous vous
en souvenez qu'on a réglé le problème des questions de
privilège. Il y a des divergences d'opinions, c'est évident, mais
sur la question dont vous avez fait mention jusqu'à maintenant, il n'y a
pas de question de règlement.
M. Marx: M. le Président, il m'a accusé d'avoir dit
des faussetés. Est-ce...
Le Vice-Président (M. Jolivet): II n'y a pas de question
de règlement.
M. le ministre, votre droit de parole.
M. Dean: M. le Président, le député de
D'Arcy McGee...
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
ministre. M. le député de Mont-Royal, sur une question de
règlement.
M. Ciaccia: ...si vous me permettez. L'article 35 prévoit
que le député qui a le droit de parole - dans ce cas-ci, le
ministre du Revenu - "ne peut - et je cite l'article -imputer des motifs
indignes à un député ou refuser d'accepter sa parole." Je
vous dis très respectueusement, M. le Président, que d'accuser un
député de dire des faussetés, c'est indigne...
Une voix: Voyons donc! Voyons!
M. Ciaccia: ...et le ministre a enfreint l'article 35.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, votre
droit de parole.
M. Marx: Mais c'est quoi, la réponse, M. le
Président, à cette...
M. Dean: M. le Président, le député de
D'Arcy McGee...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je vous ai dit, M. le
député, que vous divergiez d'opinions. J'en conviens, mais,
à partir de cela, M. le ministre, vous avez la parole.
M. le ministre! M. le ministre!
M. Marx: C'est une...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Marx: ...question de directive.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de D'Arcy McGee, je viens de donner ma décision. Je vous dis qu'il est
évident, d'après ce que j'ai compris, que vous divergiez
d'opinions, et la parole est à M. le ministre.
M. Marx: Puis-je vous demander une directive, M. le
Président?
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je ne sais pas sur quoi,
mais allez-y avec votre question de directive.
M. Marx: J'aimerais savoir si, lors de ce débat, je
pourrais accuser le ministre d'avoir dit des faussetés et que cela
n'enfreindrait pas l'article 35.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Dean: M. le Président, le député de
D'Arcy McGee a dit qu'il n'a jamais eu de réponses à ses
questions. Ceci n'est pas conforme aux faits. Il a eu une très longue
réponse, la plus complète réponse possible, de trois
enquêtes, mais les détails et le contenu du rapport, pour des
raisons qu'il comprend très bien, comme avocat et comme défenseur
des droits de la personne, ne devront pas et ne pourront pas être
publiés. Deuxièmement, ce rapport a établi - et il a eu
l'information ici en Chambre - que la fuite n'était pas due en soi aux
mesures de sécurité, mais que, parmi un petit nombre de personnes
qui avaient le droit d'accès à cette information sur les
députés fédéraux, dans l'exercice de leurs
fonctions, que, dans ce nombre restreint - 20 ou 30 personnes -soit des
fonctionnaires, soit des membres du cabinet politique du ministre de
l'époque, il n'a pas pu être trouvé ou établi une
preuve valable, à savoir qui était la personne qu'on pourrait
trouver coupable. Je suis le premier à souhaiter qu'on trouve le
coupable, parce que je trouve que le geste était
répréhensible, mais, malheureusement, je ne pense pas que le
député de D'Arcy McGee, à titre de défenseur des
droits de la personne, voudrait qu'on accuse une personne sans preuve, juste
pour le plaisir de l'accuser. Malgré cela, nous avons serré
davantage -même si les mesures de sécurité semblent assez
serrées - ces mesures. (12 h 20)
M. le député de D'Arcy McGee a dit que l'amendement auquel
il se réfère à l'article 69 a été introduit
par le député de Saint-Louis, membre de l'Opposition. M. le
Président, ceci n'est pas conforme aux faits non plus. L'amendement a
été introduit par le ministre du Revenu. Bon! Il a
été introduit par le ministre du Revenu. Le député
de D'Arcy McGee a aussi déclaré que l'article 69 actuel,
où on définit les mots "fonctionnaires qui sont assujettis
à la
confidentialité", ne comprend pas les personnes politiques. Ceci
non plus n'est pas conforme au texte. Le texte se lit: Le mot "fonctionnaire"
signifie tout fonctionnaire ou ancien fonctionnaire du ministère ainsi
que toute personne agissant ou ayant agi pour ou au nom du ministre ou
sous-ministre. Ceux qui agissent pour et au nom du ministre du Revenu sont des
attachés politiques et ils sont couverts par la loi sur la
confidentialité. Le député de D'Arcy McGee le sait, il l'a
dit autrement, ici en Chambre.
Une voix: Oui.
M. Dean: De plus, même si le mot "ministre" n'était
pas mentionné dans l'article sur la confidentialité de la Loi sur
les impôts, il sait pertinemment que chaque ministre, lorsqu'il
prête serment d'office comme ministre, prête un serment de
confidentialité pour toutes les affaires de l'État. Donc, toutes
les personnes possibles et impossibles ont été couvertes; on fait
une espèce de modification, on propose un amendement à la loi
pour inclure le mot "ministre". C'est encore la ceinture et les bretelles, mais
c'est par souci de justice, d'équité, d'exactitude que le
ministre du Revenu introduit cet amendement.
Je trouve déplorable que le député de D'Arcy McGee,
que je respecte beaucoup, se prête à tous ces procès
d'intention. Je pense qu'il serait mieux de réviser... Je
répète, avant de terminer, que si, comme ministre du Revenu et
comme député de l'Assemblée nationale, je déplore
la fameuse fuite, on va tout faire pour qu'il n'y en ait pas d'autres. J'aurais
été heureux le premier d'avoir pu prouver, hors de tout doute
raisonnable, quelle personne est responsable de cette fuite, mais,
malheureusement, de l'avis de trois séries d'experts en la
matière, y compris la Sûreté du Québec, ce
n'était pas possible.
Ce que je veux dire en terminant, c'est que le député de
D'Arcy McGee devrait peut-être porter attention à ses
collègues de cette Assemblée nationale qui ont avoué
s'adonner à l'écoute électronique de conversations
privées de ministres. Cela, ce serait démontrer un souci des
droits de la personne et un peu de moralité publique. Ceci dit, je
terminerai en disant que ce débat se fait autour du contenu du projet de
loi 5 et je demande à l'Assemblée nationale de l'accepter.
M. Marx: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettra une question?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Dean: Oui.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Parfait. Oui.
M. Marx: J'ai l'article 69 devant moi, l'article actuel,
daté du 1er janvier 1984, qu'un page m'a apporté il y a quelques
minutes. Quel est l'alinéa qui définit ce qu'est un
fonctionnaire?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Dean: Le texte que j'ai en fait part au bas de la page ou
à gauche, en marge. Le mot "fonctionnaire" apparaît en italique et
on y définit le mot "fonctionnaire".
M. Marx: ...
M. Dean: C'est le document qu'on m'a donné à mon
ministère sur l'article 69.
M. Marx: C'est parce que cela a été modifié
lors de l'étude article par article.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Écoutez, on ne
commencera pas un débat contradictoire, vous discuterez de cela à
un autre niveau.
Je pose la question suivante: Est-ce que... Non, je ne pose pas la
question puisqu'il n'y a pas de question. C'est la fin de la prise en
considération du rapport de la commission qui a étudié le
projet de loi 5, Loi modifiant diverses dispositions législatives
d'ordre fiscal.
Nous passons à un autre article.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: En effet, M. le Président, nous allons
maintenant discuter de transport et plus particulièrement de la
Société de transport de la ville de Laval. À cet
égard, je vous demande donc d'appeler l'article 8 de notre feuilleton,
s'il vous plaît!
Projet de loi 8 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Jolivet): Article 8, adoption du
principe du projet de loi 8, Loi sur la Société de transport de
la ville de Laval.
M. le ministre des Transports, vous avez la parole.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Merci, M. le Président. Le 14 novembre dernier,
l'Assemblée nationale acceptait de débattre au cours de la
présente session le projet de loi sur la Société de
transport de la ville de Laval, actuellement connue sous le nom de Commission
de transport de Laval ou plus
simplement sous le sigle CTL.
Il me fait plaisir d'exposer aujourd'hui les motifs de ce projet de loi
et d'en décrire les principaux éléments puisqu'il est tout
à fait normal que les citoyens se disent: II y a des autobus à
Laval, il y a une commission de transport, pourquoi une nouvelle loi?
Or, l'objectif principal de ce projet de loi est de placer la Commission
de transport de Laval, l'organisme dont on verra qu'il change de nom, sous le
contrôle direct des élus de Laval. Cet objectif à lui seul
- on verra pourquoi tantôt - explique la plupart des modifications qui
sont apportées par rapport à la loi actuelle. Il y a un
deuxième objectif qui consiste à amener les municipalités
hors territoire, à l'extérieur de l'île Jésus et de
Laval, qui sont présentement desservies par la CTL, de prendre charge
elles-mêmes du service de transport en commun sur leur territoire.
Cependant, M. le Président, avant de montrer comment et pourquoi
ces deux objectifs sont visés et comment on propose de les atteindre, je
pense qu'il n'est pas inutile de faire un bref rappel historique. D'abord,
c'est peut-être intéressant de voir comment la notion de
contrôle des élus municipaux sur le transport en commun a
évolué depuis la création des commissions de transport. En
fait, trois études ont été réalisées vers
les années 1969-1970 à la demande du ministre des Affaires
municipales, qui semblent avoir déterminé le partage des
responsabilités entre les conseils municipaux et les commissaires ou
administrateurs des commissions.
Ces études portaient sur l'organisation du transport en commun
dans les régions de Hull, dans Laval et dans la région de
Québec. Ces études ont démontré qu'il était
devenu nécessaire de municipaliser les services de transport en commun
dans ces agglomérations, étant donné que, d'une
façon générale, il était impossible pour les
entreprises privées existantes de donner un niveau de service acceptable
tout en demeurant rentables. C'est bien important. Constat unanime, à ce
moment-là, l'entreprise privée ne pouvait accorder un service de
transport en commun de niveau acceptable, encore une fois, tout en demeurant
rentable.
Deuxièmement, pour ce qui est de l'organisation et du
fonctionnement des nouvelles entités qui allaient être
appelées à prendre charge des services de transport en commun,
les auteurs des études en venaient aux conclusions suivantes:
En premier lieu, le service de transport en commun devait continuer
d'être administré comme une entreprise.
Deuxièmement, on devait éviter l'ingérence des
élus dans la gestion et les services.
Troisièmement, ces deux grandes orientations avaient diverses
conséquences évidemment sur le partage des responsabilités
au sein des commissions de transport dont on recommandait la
création.
Donc, on dit: Le secteur privé ne peut pas faire ça de
façon efficace et rentable, il a besoin du secteur public, on
crée de nouvelles structures. Mais, attention, on dit: II faut qu'il
soit administré comme les entreprises privées dont on venait de
dire qu'elles n'allaient pas être rentables de toute façon, et
surtout, ne pas confier ça à des élus. Ce n'est pas tout
à fait une marque de confiance bien grande dont faisait preuve le
gouvernement du temps à l'égard des élus.
Les recommandations qu'on retrouve dans ce document étaient les
suivantes:
Premièrement, on disait: La direction des commissions de
transport devrait être confiée à des administrateurs
choisis en fonction de leurs compétences. Sauf qu'on avait dit un petit
peu plus loin, avant, qu'il n'était pas question de confier ça
à des élus. Donc, de là à conclure que, finalement,
les élus n'avaient pas la compétence voulue, il n'y a qu'un pas
qui a été franchi dans la mesure où les nominations se
sont justement faites à l'extérieur des élus
généralement. (12 h 30)
Deuxièmement, une fois les administrateurs en place, c'est
à eux qu'il appartenait de définir les services à offrir
et de décider de la façon de les financer. Vous voyez cela, M. le
Président; on nomme des administrateurs dont on dit qu'ils devront
gérer comme des administrateurs privés et ce sont eux qui
décident de la quantité et de la qualité du service
à offrir, sauf que, dès le départ, on sait que ces
entreprises ne sont pas rentables, qu'elles devront être financées
à même des deniers publics, donc à même des taxes
perçues par les élus, ces mêmes élus dont on dit
qu'ils ne sont pas compétents pour gérer les affaires de la
municipalité. C'est assez paradoxal, n'est-ce pas? Vous n'êtes pas
assez compétents, messieurs les maires et les conseillers, leur disait
le gouvernement du temps. Vous n'êtes pas assez compétents pour
gérer une commission de transport, mais vous l'êtes assez pour
prélever des taxes pour la financer. C'est assez paradoxal. M. le
Président, c'est exactement la conclusion à laquelle il faut en
venir lorsqu'on analyse les lois de l'époque.
Autre chose, M. le Président. On disait, dans ces lois-là,
dans ces études, que, s'il devait y avoir une divergence de vues entre
les administrateurs et les élus, elle devait être
référée à un niveau supérieur qui recevrait
le pouvoir de trancher le différend. D'une part, quel était ce
niveau supérieur? C'était la Commission des transports du
Québec lorsqu'il s'agissait d'une question de services ou de tarifs et
la Commission
municipale dans le cas du budget. Alors, les municipalités -
c'était la quatrième recommandation de ces études qui ont
été faites, encore une fois, en 1969-1970; il ne faut pas que le
député de Laprairie parte en peur, on parle d'études qui
ont été faites en 1969-1970 et qui décrivaient un
modèle de fonctionnement des commissions de transport; d'accord? -
devaient, disait-on, combler le déficit d'exploitation de leur
commission de transport.
Évidemment, un tel partage des pouvoirs devait toutefois
rapidement être contesté par les élus municipaux et cette
contestation s'est d'ailleurs élargie à mesure que les
déficits d'exploitation à la charge des municipalités
augmentaient. En fait, l'importance du fardeau financier découlant des
services de transport en commun constitue, je pense, le premier facteur qui a
motivé une révision des pouvoirs des élus municipaux dans
ce domaine.
L'évolution des mentalités, d'ailleurs, à
l'égard du rôle de l'élu municipal devait également
être un facteur déterminant. En effet, le gouvernement a
réalisé, en 1978 et 1979, une réforme en profondeur de la
démocratie municipale et de la fiscalité municipale. À
partir du moment où l'État a remis aux municipalités plus
de revenus et s'est comporté en bon contribuable en payant des taxes sur
ses immeubles notamment, au même moment où l'État s'est
désengagé d'un certain nombre de choses, d'abord, de l'attitude
paternaliste et "subventionniste", il a dit: Très bien, nous nous
retirons du contrôle, si vous voulez, des faits et gestes des
municipalités, mais nous allons accroître celui des citoyens sur
la chose municipale.
Donc, tout ceci s'est fait à peu près au même
moment, si bien qu'en renforçant ainsi à la fois l'autonomie
financière des municipalités qui, au Québec - c'est
unique, au Canada, j'allais dire, presque, que les municipalités se
financent au-delà de 95% à même des revenus autonomes et
non pas de la part de subventions... À partir du moment où cela a
été le cas, on a pu parler de revalorisation du rôle de
l'élu municipal. Nous avons pensé qu'il convenait d'arrimer les
lois régissant le transport en commun à cette philosophie et
à cette mentalité qui nous avaient animés pour la
réforme de la fiscalité municipale notamment et celle de la
démocratie municipale. C'est ainsi que, dès 1978, un projet de
loi a été déposé pour remettre - dans le premier
cas, cela s'est fait à Québec; le premier banc d'essai a
été à Québec - aux élus locaux le
contrôle de la CTCUQ. Subséquemment, il y a eu un rapport de
déposé au début des années quatre-vingt pour la
CTCUM, mais pour toutes sortes de raisons, à ce moment, ce projet n'a
pas suivi le même cheminement, connu le même aboutissement que dans
le cas de la CTCUQ. Cependant, dans le cas de la CTCRO, cela a
été mené à terme. C'est en 1982 ou 1983 dans le cas
de la CTCRO. C'est cette tendance qui a commencé à se manifester
à Québec, qui est encore en voie de l'être, disons,
à Montréal, qui est réalisée dans l'Outaouais. Et
voilà maintenant que la ville de Laval elle-même décidait
que le temps était venu pour les élus municipaux de prendre
charge du contrôle de la CTL. C'est l'initiative de la ville, en quelque
sorte, qui a amorcé le processus et je pense que la ville de Laval doit
en être félicitée. La ville de Laval a en effet
préparé un projet de loi privé modifiant la charte de la
ville de Laval dans ce sens et l'a soumis à l'Assemblée nationale
pour adoption.
L'étude de ce projet a toutefois été
reportée parce que, d'une part, constatant l'intérêt
manifesté par la ville de Laval, le ministère des Transports, qui
déjà, encore une fois, avait commencé à remettre le
contrôle des commissions de transport aux élus, croyait que ceci
devait se situer dans le cadre de la réflexion des entreprises. D'autant
plus qu'un projet de loi public était en voie de rédaction dans
ce sens. Nous croyons que, vu l'importance du principe mis en cause, cette
façon de traiter le sujet, c'est-à-dire par loi publique
plutôt que par loi privée, s'imposait. D'ailleurs, il est toujours
un peu difficile d'expliquer pourquoi, même à l'heure actuelle,
n'est-ce pas, la CTL est régie par une charte particulière d'une
ville, donc, par une loi privée alors que les quatre autres commissions
de transport, de même que les quatre corporations de transport, sont
régies par des lois publiques, Laval étant à cet
égard une espèce d'accident.
Nous avons donc pris l'engagement envers la ville de Laval d'atteindre
les fins proposées dans son projet de loi privé, mais au moyen
d'un projet de loi public. C'est ce que nous faisons en proposant le projet de
loi 8 qui est présentement devant cette Chambre.
Je pense qu'il convient maintenant, après ce bref historique,
d'en venir à l'objectif du projet de loi et de décrire les
principaux changements qui seront apportés à la structure en
place de la CTL par ce projet de loi. Présentement, la CTL est
dirigée par trois commissaires qui sont nommés pour des mandats
de dix ans. Un premier commissaire est nommé par le comité
exécutif de la ville de Laval, le deuxième est nommé par
le gouvernement et le troisième, quant à lui, il s'agit du
P.-D.G., est aussi nommé par le gouvernement. Celui-ci assume, soit dit
en passant, pour ceux qui l'oublieraient, 75% du coût d'achat des
autobus, 75% du coût de construction des garages, une subvention de
fonctionnement égale à 40% des revenus
générés et 110% du coût de tout rabais consenti au
moyen des laissez-passer mensuels. Donc, partenaire
important, actuellement, qui l'est devenu davantage depuis quelques
années, financièrement, mais qui ne l'était certainement
pas dans ces mêmes proportions lorsque ces lois ont été
adoptées et où le gouvernement s'était
réservé autant de contrôle. Nous avons augmenté la
contribution de l'État québécois au transport en commun
d'un montant - cela peut intéresser également le public de le
savoir -présentement, pour l'ensemble du Québec, de près
de 400 000 000 $: dépenses d'exploitation, service de la dette et
autres, alors qu'au début des années soixante-dix, lors de la
création de la Communauté urbaine de Montréal et des
communautés urbaines, cette contribution était à peu
près nulle. C'est donc dire qu'en quatorze ans, on est passé
d'une contribution presque nulle, sauf une contribution très minime pour
le service de la dette du métro, à près de 400 000 000 $,
et nous l'avons accrue, particulièrement depuis 1976. (12 h 40)
Le gouvernement du temps ne donnait pas beaucoup d'argent, mais il
contrôlait beaucoup de choses. Nous voulons faire le contraire. Nous
donnons pas mal d'argent et nous laissons le contrôle aux élus.
C'est l'idée générale ici, M. le Président.
Les commisssaires ont la responsabilité générale de
diriger la CTL, c'est-à-dire quoi? De décider du niveau de
services, des parcours, des tarifs, du niveau des effectifs, de l'engagement du
personnel, des contrats de travail avec les associations d'employés, du
choix des fournisseurs, etc.
Le pouvoir de contrôle du conseil, quant à lui
évidemment, consiste à approuver les engagements financiers
à long terme et les travaux destinés à améliorer
des services, par exemple, les débarcadères, les garages... Le
budget de la commission doit également être adopté par le
conseil de la ville. Cependant, ce pouvoir a une portée limitée,
puisque le budget préparé par les commissaires entre
automatiquement en vigueur le 15 décembre, s'il n'a pas
été adopté.
Donc, essentiellement, M. le Président, les élus
prélèvent des taxes pour payer des décisions qui sont
prises par un petit groupe qui est celui des commissaires. En somme, si l'on
s'en tient à une lecture stricte du texte actuel, les contraintes qui
limitent l'action du conseil de ville viennent en contradiction avec
l'importance de la responsabilité financière et politique que les
élus municipaux doivent assumer.
À la lumière de cette analyse, les changements que nous
proposons d'apporter à la structure de la CTL ne modifient pas tellement
les paliers hiérarchiques comme tels, mais je pense qu'ils modifient en
tout cas les attributions de chacun de ces paliers. En effet, M. le
Président, on retrouvera trois paliers, c'est-à-dire la conseil
de ville de Laval, le conseil d'administration de la société de
transport local et son directeur général.
Cependant, quant aux attributions et quant à la philosophie, je
pense qu'il est assez important de préciser les modifications que cela
apportera. D'abord, l'idée générale évidemment,
c'est de confier aux élus les pouvoirs d'orientation et de
contrôle tout en laissant les tâches d'exécution au niveau
des gestionnaires. Ces pouvoirs d'orientation et de contrôle seront
partagés entre le conseil de ville et le conseil d'administration.
Le projet de loi étendra les pouvoirs du conseil de ville de
Laval sur la société des transports et de la façon
suivante: D'abord, le conseil de ville de Laval évidemment continuera de
contrôler les engagements financiers à long terme de la
société en approuvant son programme d'immobilisations et ses
emprunts. Deuxièmement, M. le Président, le conseil exercera un
contrôle plus poussé sur le budget de la société. En
effet - c'est nouveau, M. le Président - le conseil pourra
désormais modifier le budget de la société proprio motu.
De sa propre initiative, le conseil de ville pourra modifier le budget de la
Société de transport de Laval et la clause d'entrée en
vigueur automatique du budget est éliminée. Troisièmement,
le conseil de ville en quelque sorte sera obligé de prendre position
à l'égard du budget de la société de transport.
Toutefois, M. le Président, le changement le plus important provient du
fait que c'est le conseil de ville de Laval qui choisira lui-même les
membres du conseil d'administration de la CTL, lequel conseil sera formé
de cinq personnes. De plus, le conseil de ville de Laval et non pas le
gouvernement désignera parmi ces cinq personnes celle qui agira à
titre de président du conseil d'administration. On voit que c'est un
départ assez marqué de la façon actuelle de
procéder où deux commissaires sur trois étaient
nommés par le gouvernement. Dorénavant, ce sont les cinq membres
du conseil d'administration de la société qui seront
nommés par le conseil de ville de Laval.
Le conseil d'administration, donc formé d'élus, remplacera
les commissaires nommés qui dirigent actuellement la CTL. C'est donc
principalement en formant le conseil d'administration de la
société que les élus municipaux de la ville de Laval
exerceront un contrôle plus poussé sur ses activités et il
reviendra, en effet, au conseil d'administration de planifier, d'organiser et
d'administrer des services de transport en commun et, plus
précisément, le conseil d'administration établira les
orientations de la société à long et à moyen terme
en adoptant un plan directeur des activités de la société,
en décidant des emprunts et du
programme des immobilisations et en préparant le budget.
Le conseil d'administration déterminera les lignes directrices en
matière de gestion du personnel puisqu'il fixera le niveau des effectifs
autorisés et arrêtera la politique applicable à la
rémunération du personnel. Le conseil d'administration aura
également la responsabilité d'engager le directeur
général ainsi que les autres cadres nécessaires au
fonctionnement de la société.
En ce qui a trait à l'organisation des services proprement dits,
le conseil d'administration décidera des parcours et des horaires, et
fixera les tarifs. C'est bien important, le conseil d'administration,
formé d'élus, décidera des parcours, des horaires et
fixera les tarifs. Enfin, le conseil d'administration s'occupera de
l'administration des affaires courantes de la société.
Le conseil d'administration sera, par ailleurs, autorisé à
former des comités dont il définira le mandat et qui auront pour
rôle d'étudier une ou plusieurs questions et de faire rapport au
conseil d'administration. Ce comité sera présidé par un
membre du conseil et relèvera directement du conseil d'administration.
Comme un comité pourra comprendre entre trois et sept membres et que ses
membres peuvent ne pas être des élus, il s'agit d'un
mécanisme susceptible d'étargir la participation des citoyens aux
discussions entourant la planification et la gestion des services.
Quant au D.G., il agira à titre de chef de l'administration de la
société sous l'autorité du conseil d'administration de
manière à faire clairement ressortir ce rôle. Le directeur
général servira d'intermédiaire entre le conseil
d'administration, d'une part, et les cadres et employés de la
société, d'autre part. De plus, le directeur
général aura la responsabilité d'engager et de superviser
le personnel. La fonction principale du D.G. consistera à assurer
l'exécution des décisions du conseil d'administration et à
voir à l'application des lois et règlements. Ses autres fonctions
pourront être plus amplement définies évidemment par le
conseil d'administration lui-même de qui il relèvera.
Au cours de la description du partage des responsabilités qui
vient d'être faite, on aura constaté que les élus,
c'est-à-dire le conseil de ville et le conseil d'administration,
décideront des services à offrir et des ressources qui y seront
consacrées. C'est cependant au D.G., en tant que chef de
l'administration, qu'il appartiendra de s'entourer de collaborateurs
compétents et de mettre en place les méthodes de gestion
appropriées pour atteindre les objectifs qui lui ont été
fixés. Ainsi, le directeur général possédera les
pouvoirs nécessaires pour produire des résultats qui
correspondent aux objectifs fixés par le conseil d'administration. Cela
me semble la façon la plus logique de promouvoir
l'efficacité.
Évidemment, la décision de confier la direction de la CTL
aux élus de la ville de Laval entraîne d'autres changements au
fonctionnement de la commission elle-même. En effet, la vitalité
de la démocratie locale suppose que parallèlement à
l'affirmation des pouvoirs des élus locaux, les citoyens disposent de
moyens d'intervention appropriés afin que les enjeux locaux soient
l'objet d'un véritable débat. On doit plus
particulièrement s'assurer de la visibilité du processus
décisionnel et donner aux usagers et aux contribuables l'occasion de
faire connaître leur point de vue sur les matières qui les
touchent directement. C'est pourquoi il ne conviendrait pas que les membres du
conseil d'administration siègent et décident à huis clos
comme le font les commissaires à l'heure actuelle. Il faut plutôt
que les débats entourant le transport en commun soient aussi publics que
ceux entourant les autres services municipaux. En conséquence, les
assemblées du conseil d'administration de la STL - la
Société de transport de Laval - et de ses comités seront
publiques. De plus, chaque assemblée devra commencer par une
période de questions.
L'application du principe de la responsabilité des élus a
également une conséquence importante. Ainsi, les décisions
de la CTL en matière de parcours et de tarifs peuvent, à l'heure
actuelle, être révisées par la Commission des transports du
Québec, si un appel est logé dans le délai prescrit par
une personne ou une municipalité intéressée. Un tel droit
de regard, par un tribunal administratif relevant du gouvernement va de soi
lorsque l'usager est aux prises avec un transporteur privé motivé
par le profit et qui détient un monopole sur le service.
Toutefois, dans le cas présent, on ne saurait admettre que les
décisions d'élus responsables devant leurs électeurs
puissent être renversées par un organisme administratif
nommé par le gouvernement. Néanmoins, on doit, je pense,
conserver la possibilité pour un citoyen de réagir à une
décision qui l'affecte tout en maintenant le pouvoir décisionnel
final entre les mains des élus. C'est pourquoi le projet de loi
prévoit que les décisions du conseil d'administration en
matière de tarifs et de parcours devront être publiées et
affichées au moins 30 jours avec leur entrée en vigueur. En
faisant en sorte que les décisions affectant le plus directement les
usagers soient ainsi annoncées à l'avance, on permet à ces
derniers, soit de s'y ajuster plus facilement, soit d'intervenir auprès
de leurs élus, s'il y a lieu, par exemple, au moment de la
période des questions.
Enfin, le projet de loi offre une autre
possibilité pour les résidents de faire valoir leur point
de vue. En effet, il sera possible d'obtenir la tenue d'une assemblée
spéciale du conseil d'administration lorsque 500 personnes et plus
auront signé une pétition à cet effet. Les seuls sujets
pouvant être discutés au cours de cette assemblée
spéciale seront, évidemment, ceux identifiés dans la
pétition. Il m'apparaît que ces règles de fonctionnement
auront pour effet de rendre plus largement disponible l'information concernant
les services de transport en commun. De cette façon, les usagers et les
citoyens en général seront davantage conscients des contraintes
et des possibilités qui existent dans l'ordre de service du transport en
commun et qu'ils comprendront mieux les décisions parfois difficiles que
leurs élus ont à prendre dans ce domaine. (12 h 50)
Au chapitre des pouvoirs de la CTL, un seul changement sera
apporté. En effet, la CTL pourra désormais promouvoir des
services de transport qu'elle ne fournit pas elle-même, donc promouvoir
des services de transport sans nécessairement les fournir
elle-même, et accorder des services de soutien à ceux qui les
utilisent et les organisent. Ce pouvoir nouveau permettra à la CTL de
participer au développement des transports paracollectifs, comme on les
appelle, un domaine qui semble appelé à croître en
importance au cours des dernières années.
En effet, on doit constater que les modes de transport traditionnels ont
des coûts considérables et, dans ce domaine comme dans tous les
autres, je pense que nous devons faire appel à l'imagination - je le
faisais dans mon livre vert sur l'habitation récemment - pour des
formules alternatives. Oui, des formules alternatives. C'est vrai dans le
domaine du logement, c'est vrai dans le domaine du transport, c'est vrai dans
le domaine scolaire. Donc, innover, faire appel à l'imagination. Je
pense que cela vaut également ici.
En effet, on parle du développement de systèmes que l'on
appelle paracollectifs, péricollectifs, péripublics, parapublics.
Je préférerais parler de systèmes de transport alternatifs
qui permettraient aux commissions qui ont de l'imagination de s'en
prévaloir. C'est ce que nous leur permettons dans cette loi; je pense
bien qu'on ne pourra pas nous faire grief de donner cette ouverture aux
commissions de faire preuve d'imagination.
Il me paraît aussi utile d'illustrer la portée de ce
nouveau pouvoir. Par exemple, la CTL pourrait apporter un appui direct à
une entreprise située sur son territoire qui veut organiser le parcours
de ses employés en recourant au covoiturage par automobile, par
fourgonnette ou autrement. Cet appui pourrait prendre des formes diverses; par
exemple: conseiller l'entreprise sur les modalités d'organisation du
covoiturage, fournir des renseignements sur la façon de comptabiliser
les coûts et de les répartir entre les utilisateurs ou encore
fournir un support informatique pour jumeler les utilisateurs ayant des
déplacements similaires, dans la mesure où ces commissions de
transport ont des facilités de traitement des données très
rapides en temps réel. Donc, fournir ces services à d'autres
transporteurs ou d'autres groupes.
Cet exemple démontre, je pense, qu'une future participation de la
CTL à l'organisation du transport paracollectif ou des modes de
transport alternatifs l'amènera à collaborer avec ceux qui
organisent de tels services ou encore avec ceux qui les utilisent. La CTL
n'aura donc aucun monopole, aucune exclusivité en ce domaine; il
s'agira, par conséquent, d'une situation différente de celle qui
prévaut en matière de transport en commun.
Il importe ici de souligner que le domaine des transports dits
paracollectifs ou alternatifs constitue une préoccupation relativement
nouvelle tant pour le ministère des Transports que pour les organismes
publics de transport en commun des municipalités. Les pouvoirs nouveaux
que nous proposons d'accorder à la CTL ne constituent donc qu'un premier
jalon à cet égard. Je voyais le député de Laprairie
suivre avec un certain intérêt l'idée de transport
alternatif. Pensons aux expériences qui ont été faites
avec le taxi, notamment, pour le transport des personnes handicapées et
qui se sont avérées plus satisfaisantes pour les usagers
eux-mêmes, les personnes handicapées, et aussi, à plusieurs
égards, beaucoup moins coûteuses. Voilà donc une formule de
mode alternatif de transport qui, je pense, pourrait être certainement
plus fouillée.
À cet égard, une réflexion a déjà
été entreprise au sein du ministère quant au rôle
qu'il conviendrait de confier à toutes les commissions et corporations
de transport dans le transport paracollectif ou alternatif. Le ministère
des Transports prépare, d'ailleurs, à l'heure actuelle un
document d'orientation qui pourra bientôt, je l'espère, être
soumis à l'attention des personnes, des groupes et des organismes
préoccupés par ce transport en vue de recueillir leurs
réactions et leurs suggestions.
Sans présumer du résultat de ces consultations, il semble
que les commissions et corporations de transport seront appelées
à diversifier les formes de services qu'elles offriront à leurs
usagers. La réalité nous enseigne, en effet, que le transport en
commun conventionnel coûte cher et que, malgré les ressources
importantes qui y sont consacrées, certains besoins demeurent
insatisfaits.
Une autre réalité inévitable, ce sont les
banlieues que nous avons construites au cours de ces trois
dernières décennies - pour qu'aucun gouvernement ne se sente
visé - et dont la densité est beaucoup trop faible pour justifier
une desserte par transport en commun traditionnel, tel que nous le
connaissons.
Il existe pourtant dans ces banlieues des besoins de déplacement
qui demeurent insatisfaits, notamment chez les jeunes et chez les personnes
âgées. Ces réalités imposent des remises en
question. Cela aboutira vraisemblablement à revoir la vocation des
organismes publics de transport afin qu'ils soient davantage en mesure
d'adapter leurs services à la diversité des besoins. C'est une
démarche que nous amorçons modestement par cette révision
et je suis particulièrement heureux de voir que Laval est tout à
fait intéressée, disposée en quelque sorte à servir
de banc d'essai pour ces innovations dans le domaine du transport.
Un mot en terminant sur l'appellation "société". Je
demanderais votre indulgence si je devais déborder de cinq minutes
peut-être, avec le député. Dans un autre ordre
d'idées il y a un changement de nom, un changement dont
l'évidence m'oblige à traiter. Il s'agit du changement de nom.
Après réflexion et consultation, il est apparu que le terme
"société", proposé d'ailleurs il y a un peu plus d'un an
par les dirigeants de la CTRSM, est le terme approprié pour
désigner une entreprise appartenant à une municipalité,
opérant dans un milieu concurrentiel et selon des règles
commerciales ou quasi commerciales. L'appellation "société" est,
d'ailleurs, la seule qui respecte à la fois les exigences de la langue
française et du droit administratif québécois.
Le terme "commission" désigne, quant à lui, deux autres
réalités, soit un organisme de surveillance et de contrôle,
par exemple, la Commission des transports du Québec, soit un groupe de
personnes formé par une assemblée délibérante pour
étudier en détail une question et lui faire rapport. Pour ce qui
est des coûts du changement, nos consultations ont démontré
qu'ils sont minimes et, de plus, le conseil d'administration aura le pouvoir
d'introduire le changement d'appellation au rythme qu'il choisira, de
manière à faciliter la transition.
Autre point, M. le Président, sur les services hors territoire.
En effet, il convient de porter notre attention sur certaines des dispositions
qui touchent les municipalités autres que la ville de Laval qui sont
desservies par la CTL. En effet, la CTL dessert une quarantaine de
municipalités de la rive nord, de la rivière des Mille îles
et des Basses-Laurentides, qui étaient auparavant desservies par les
entreprises que la CTL a acquises pour implanter son réseau. Ces
municipalités n'ont, à toutes fins utiles, aucun pouvoir
d'intervenir sur les services qu'elles reçoivent, mais, en revanche, ces
services ne leur coûtent rien. Elles ne paient aucune cotisation, aucune
contribution puisqu'ils sont entièrement financés soit par les
tarifs des usagers, soit par les subventions gouvernementales.
Cette situation diffère de celle qui prévaut dans les
autres municipalités de la région de Montréal ayant un
service de transport en commun sur leur territoire. Ces municipalités
doivent verser une contribution financière pour les services qu'elles
reçoivent lorsqu'une subvention gouvernementale est versée. Des
subventions viennent, en quelque sorte, aider les municipalités qui
s'aident déjà elles-mêmes. Les municipalités de la
rive nord jouissent donc d'un privilège qui s'apparente même
à une espèce de manque d'équité, si on le regarde
avec les yeux des municipalités qui doivent, elles, contribuer au
financement de leurs services de transport en commun. D'un autre
côté, la prise de contrôle de la CTL par les élus de
la ville de Laval oblige également à revoir les pouvoirs de cette
commission sur ses services hors territoire. Il serait, en effet,
éminemment discutable de laisser aux élus d'une ville le pouvoir
de décider des services de transport en commun qui seront fournis dans
une autre municipalité et des tarifs imposés aux usagers de cette
autre municipalité pour l'utilisation dudit service. Un tel pouvoir
extraterritorial vient directement en conflit avec le principe fondamental
selon lequel il appartient aux citoyens d'une municipalité de
décider des services qu'ils veulent se donner et de la façon de
les financer. Donc, ils pourront retenir les services du transporteur de leur
choix, y compris, évidemment, la CTL.
C'est pour ces motifs que le projet de loi propose de retirer à
la CTL le pouvoir d'offrir des services hors de son territoire à compter
du 1er janvier 1986, c'est-à-dire dans un an. Il est, en effet,
nécessaire d'accorder un tel délai aux municipalités et
à la CTL elle-même pour qu'elle puisse s'ajuster. Au-delà
de cette période d'une année, la CTL n'aura plus
compétence pour offrir de sa propre initiative des services en dehors du
territoire de la ville de Laval. Les municipalités
intéressées devront alors assumer elles-mêmes la
responsabilité d'organiser leurs services de transport et d'en assurer
le financement. Ceci n'exclut pas que ces mêmes municipalités
pourront conclure, évidemment, toute espèce d'entente avec Laval
pour qu'elle continue d'offrir le service. Mais ce sont ces
municipalités qui décideront de poser le geste de retenir les
services d'un transporteur privé ou de la CTL.
Il convient de rappeler, à cet égard, que, l'an dernier,
à la même époque, mon prédécesseur soumettait
à cette Assemblée le
projet de loi sur les conseils intermunicipaux de transport dans la
région de Montréal. Cette loi a retiré à la CTCUM
et à la CTRSM le pouvoir d'offrir des services hors territoire et
d'imposer des quotes-parts aux municipalités desservies. Quant à
ces municipalités, la loi leur donnait la possibilité de se
regrouper en conseils intermunicipaux pour prendre charge du transport en
commun si tel était leur choix.
Une année après l'adoption de cette loi, on peut constater
que la plupart des municipalités touchées par cette loi ont
décidé de former des conseils intermunicipaux de transport.
Déjà dix conseils intermunicipaux ont été
officiellement créés par décret du gouvernement dont huit
à la séance du Conseil des ministres d'hier. Si bien que ces
municipalités pourront, à compter du 6 décembre,
c'est-à-dire à compter d'aujourd'hui, tenir leurs réunions
pour donner effet aux décrets que nous avons adoptés hier. Dix
sont déjà adoptés et deux autres le seront d'ici la fin de
l'année 1984. Les municipalités présentement desservies
par la CTL pourront, à leur tour, se prévaloir des dispositions
de la Loi sur les conseils intermunicipaux de transport. J'insiste cependant
sur le fait que chaque municipalité demeure libre de décider s'il
y aura un service de transport en commun ou non sur son territoire et,
évidemment, la municipalité demeure également libre
d'adhérer à un regroupement sauf si son absence compromet
l'organisation du service dans les municipalités voisines.
Évidemment, les municipalités pourront également
retenir, comme je le mentionnais, les services de n'importe quel transporteur y
compris la CTL. À l'heure actuelle, les parcours de la CTL qui
desservent les municipalités extérieures desservent
également le territoire de la ville de Laval. Il existe donc une
intégration des services et des tarifs entre le territoire de Laval et
celui des autres municipalités. Ce mode d'organisation comporte des
avantages pour l'usager ainsi que pour les municipalités. On pourrait
donc considérer comme souhaitable que la CTL et les autres
municipalités puissent s'entendre, si tel était leur choix, sur
un mode de fonctionnement qui permette de conserver ces avantages. Le
ministère pourra se faire, d'ailleurs, une espèce de
médiateur pour parvenir à cette fin.
En conclusion, M. le Président, il m'apparaît que la
modification du mode de contrôle proposée dans le projet de loi
est aujourd'hui une nécessité. Il convenait que les entreprises
de transport en commun, même municipalisées, soient
contrôlées par leurs administrateurs, lorsque la totalité
ou la quasi-totalité de leurs revenus provenait de la clientèle.
Les politiques et les décisions des administrateurs se
reflétaient, en effet, immédiatement dans la rentabilité
de leurs entreprises.
Toutefois, lorsque les revenus en provenance des usagers comptent pour
moins de la moitié du coût... Cela peut intéresser les
membres de cette Chambre de savoir que, dans le cas de Laval, 38% des frais
proviennent des usagers. Donc, si on part avec un graphique depuis
l'année 1976 ici, en 1976, c'était 66% des frais qui
étaient payés par les usagers; en 1984, c'est 38%. La
contribution du gouvernement est partie de 15%, en 1976; elle atteint
maintenant 33%. C'est la ligne bleue sur le graphique. Voici celle de la
municipalité: elle est partie de 18%; elle a fluctué
légèrement; elle atteint 28% d'ailleurs, en 1984. D'ailleurs, je
veux souligner que Laval est, de toutes les commissions de transport, celle
où la contribution des trois: gouvernement, ville, usagers, est la plus
près de la parité. Dans d'autres cas, l'Etat
québécois paie 42% et même 44% des frais de fonctionnement,
les municipalités très peu et les usagers passablement plus.
C'est celle de toutes les commissions de transport, M. le Président,
où on est le plus près de presque un tiers, un tiers, un
tiers.
Donc, je pense qu'il n'est peut-être pas nécessaire de
répéter, en concluant, ou de résumer tout ce qui a
été dit sur la question. C'est une remise du contrôle aux
élus. C'est véritablement un désengagement de la part de
personnes nommées pour y substituer des personnes élues qui
véritablement décideront du niveau de services et, donc, du
niveau de taxation pour y faire face. M. le Président,
évidemment, nous allons suivre de façon tout à fait
intéressée non seulement cette mutation - je pense qu'elle
s'imposait; elle est déjà amorcée ailleurs; et nous
croyons que la ville de Laval est un grande ville capable d'assumer ses
services - mais aussi l'utilisation que cette ville fera des pouvoirs de
créer littéralement de ces services alternatifs dont j'ai
parlé tantôt. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Compte tenu de l'heure, je
vais suspendre les travaux jusqu'à 15 heures. Le député de
Mont-Royal aura, à ce moment-là, la parole. Suspension.
(Suspension de la séance à 13 h 7)
(Reprise à 15 h 2)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Veuillez prendre vos places, s'il vous plaît! M. le leader adjoint
du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous poursuivons donc le
débat sur la Société de
transport de la ville de Laval. Le ministre ayant terminé son
intervention initiale, c'est maintenant le député de Mont-Royal
qui prendra la parole.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord. Nous sommes sur
le principe du projet de loi. Nous débattons le principe du projet de
loi 8, Loi sur la 5ociété de transport de la ville de
Montréal. M. le député de Mont-Royal.
M. Blouin: M. le Président, la ville de Laval.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Pardon'. Vous avez effectivement raison, c'est la ville de Laval. M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le gouvernement nous
propose, par le projet de loi 8, de remplacer la Commission de transport de la
ville de Laval par une nouvelle société de transport dont le
conseil d'administration sera composé exclusivement de membres du
conseil municipal de la ville de Laval. Il nous propose, par la même
occasion, de limiter le territoire de la société au territoire de
la ville de Laval. Ce qui signifie qu'environ 40 autres municipalités ou
villes qui sont présentement desservies par la CTL devront se
prévaloir des dispositions de la loi 46 si elles désirent
continuer à dispenser un service de transport en commun. Elles auront
jusqu'au 1er janvier 1986 pour le faire. Le projet de loi prévoit que,
commençant le 1er janvier 1986, la CTL, la société de
transport, ne pourra donner le service aux autres municipalités que si
ces autres municipalités ont conclu une entente avec la
société. Les autres municipalités auront l'option soit de
conclure une entente avec la Société de transport de Laval,
nouvellement créée, ou bien elles auront le droit de se
prévaloir de la loi 46 et soit de donner, d'accorder, d'octroyer le
contrat à une société privée ou de se former en
conseils intermunicipaux de transport et prévoir le transport pour
elles-mêmes sans se prévaloir des services de la
Société de transport de Laval.
Maintenant, M. le Président, dans le cas particulier de la ville
de Laval, on se souviendra qu'elle avait déjà demandé un
projet de loi privé qu'elle a soumis à la commission de
l'aménagement et des équipements le printemps dernier et ce
projet de loi privé avait été présenté par
la suite - il avait été changé en projet de loi public -
par le député de Vimont. Les élus de Laval veulent
contrôler leur commission de transport et c'est logique puisqu'ils ont
à répondre devant leurs contribuables des sommes
dépensées pour les services qu'ils offrent et des taxes qui en
résultent.
Ce n'est pas une nouvelle idée. C'est dans la ligne de la
responsabilité des élus. Nous sommes d'accord avec un tel
principe. Je crois que c'est logique, si une municipalité, si des
contribuables doivent payer la note pour un service de transport, que ceux qui
sont élus pour répondre aux contribuables des budgets et des
services soient aussi les responsables des décisions d'une telle
commission, une société de transport. Je crois que nous avons
évolué au point où nous pouvons vraiment rédiger
des lois, adopter ces principes et cela répond à la
responsabilité des élus. Nous sommes d'accord avec ce principe.
Nous l'avions même suggéré, il y a quelques années,
quand le ministre des Affaires municipales, qui était M. Léonard
à ce moment, avait modifié la charte de la ville de
Montréal et avait apporté certains changements à la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal.
Nous avons suggéré, à ce moment-là: Pourquoi ne pas
inclure des élus à la CTCUM? Comme cela, de cette façon,
ils auraient plus de responsabilité. Ils auraient un meilleur
contrôle, parce que je suis d'accord que, si on nomme des
administrateurs, si le gouvernement nomme des commissaires, ce sont des sommes
subventionnées et il n'y a pas assez de contrôle et de liens assez
étroits avec les usagers, avec les contribuables. Nous sommes d'accord
avec ce principe et cela suit la voie qui a déjà
été tracée par la CTCUQ à Québec et par la
Commission de transport de l'Outaouais, la CRO et des projets, je crois, qui
auront sensiblement le même effet, ont même été
prévus pour la CTCUM. Je crois qu'éventuellement, dans un avenir
assez rapproché, peut-être à la prochaine session, si le
gouvernement est encore en place et plus tard, avec le nouveau gouvernement
libéral, si le présent gouvernement n'est pas en place, nous
allons possiblement débattre un projet de loi sur la CTCUM qui inclura
les principes de ce projet de loi que nous débattons
présentement.
Nous souscrivons à ce principe. De toute évidence, il est
inacceptable que des élus puissent être blâmés pour
des gestes qu'ils n'ont pas décidés eux-mêmes. La
population va blâmer le conseil de ville. Elle va blâmer ceux qui
ont été élus pour prendre des décisions. Si ce ne
sont pas eux qui sont responsables, ce n'est pas tout à fait juste.
C'est plus équitable et cela colle plus à la
réalité d'agir de cette façon-là.
Le projet de loi établit les règles qui régiront la
nouvelle Société de transport de Laval. Il n'est pas dans mon
intention de les décrire toutes ici. Nous allons en discuter plus
longuement en commission parlementaire. J'aimerais seulement souligner
l'obligation qui est faite au conseil d'administration de
tenir des assemblées publiques et de prévoir une
période de questions orales par les personnes présentes. On
constate, en contrepartie, le pouvoir accru des élus qui administreront
la société et qui auront à rendre des comptes directement
à la population. C'est une responsabilité qu'ils assument. C'est
à eux de pouvoir justifier à la population, c'est tout à
fait normal et équitable, les décisions qu'ils ont prises. La
population, en toute démocratie, aura le droit d'assister aux
séances du conseil d'administration des élus et de poser des
questions s'ils ne sont pas satisfaits du budget, des services ou autre chose.
(15 h 10)
C'est une responsabilité que la ville de Laval prend par
elle-même. C'est elle qui l'a demandée. Je dis qu'il faut
féliciter les élus qui le décident d'eux-mêmes, sans
que cela soit imposé, parce que ce principe n'est pas imposé par
le gouvernement. Ce sont les élus eux-mêmes de la ville de Laval,
qui sont venus demander au gouvernement d'amender ou de changer les pouvoirs
dans la charte de la CTL pour que les élus puissent avoir cette
responsabilité additionnelle.
Comme je l'ai dit, on doit féliciter les élus qui veulent
prendre leurs responsabilités et se rendre aussi responsables des
décisions qu'ils vont prendre devant la population, devant les
contribuables.
Il y a aussi le fait que les décisions de la
société relatives aux tarifs et aux circuits ne soient plus
"appelables" à la Commission des transports. Je crois que c'est normal
aussi. Si vous demandez aux élus de prendre des décisions, il ne
faudrait pas... Ce sont leurs décisions. Il n'est pas question de faire
appel à la Commission des transports, qui est un organisme de
supervision, de surveillance, qui est responsable et nommé par le
gouvernement. Si la population n'est pas satisfaite de la décision prise
par les élus, notre système prévoit qu'il y aura des
élections et ce sera à eux de justifier leurs actes devant la
population.
C'est même une protection additionnelle pour le contribuable. Il
pourra aller devant ce conseil d'administration et poser des questions,
s'exprimer en toute liberté sur les projets, sur les tarifs, sur les
lignes, sur tout l'aspect de l'administration de la société de
transport. Il n'y aura donc plus de raison qui justifierait un appel à
la Commission des transports. Cela aussi s'inscrit parfaitement dans le
processus de responsabilisation des élus municipaux.
La mécanique proposée par le projet de loi tente de
couvrir approximativement tous les aspects de l'administration et il serait
trop long de les examiner en détail. On aura l'occasion de les examiner
en commission parlementaire et il y aura quelques petits changements
proposés, quelques suggestions que nous aurons à faire. Il est
certainement perfectible. Nous tenterons de l'améliorer dans le but de
rendre la tâche de ceux qui auront à administrer la
société le plus facile possible dans le respect des principes
d'autonomie locale et de démocratisation du système.
Cependant, il y aurait peut-être deux recommandations que nous
pourrions faire dès maintenant au ministre. Il s'agit du conseil
d'administration, de la possibilité d'avoir à ce conseil un
représentant du gouvernement pour faire le lien entre le gouvernement et
la société. Il va y avoir des subventions, il va certainement y
avoir des déficits à combler. Cela donnera un droit de regard,
non pas un pouvoir décisionnel. Ce serait un représentant qui
pourrait donner le point de vue du gouvernement, qui doit fournir des montants
assez considérables pour le fonctionnement de la société.
Il devrait y avoir aussi un mécanisme pour élire à la
Commission de transport de Laval un représentant d'autres
municipalités dans le cas où le service de la
société s'étendrait aux autres municipalités. Par
exemple, si, après le 1er janvier 1986, on fait une entente avec
Saint-Eustache, Saint-Jérôme, Terrebonne ou d'autres
municipalités sur le territoire, je pense que ce serait en accord avec
le principe de responsabilisation d'avoir au conseil d'administration
peut-être un représentant de Saint-Eustache, de Terrebonne, de
Sainte-Thérèse, tout en maintenant le contrôle, la
majorité à Laval si le service principal va à Laval. Ce
serait en accord avec les principes démocratiques, les principes de
représentation, ça faciliterait peut-être les ententes s'il
y avait des taxes à percevoir, s'il y avait des sommes à recevoir
par la Commission de transport de Laval. Le ministre serait peut-être
consentant à inclure de tels mécanismes dans
l'éventualité où le service serait étendu à
d'autres municipalités.
On parle de cet aspect du projet de loi avec lequel nous sommes
d'accord. Le ministre avait mentionné qu'il y avait deux objectifs au
projet de loi, si je me souviens bien. L'un qui était de donner le
contrôle de la société aux élus et l'autre qui
était d'amener les municipalités dans les territoires
présentement desservis par la Commission de transport de Laval à
prendre charge elles-mêmes des services de transport.
Je voudrais aborder cet aspect du projet de loi. Je voudrais qu'il n'y
ait aucun doute sur notre appui au principe du premier objectif. Nous appuyons
ce principe entièrement. Nous aurons quelques changements, quelques
recommandations à faire, mais sur le principe il n'y a pas de questions
de notre part.
Les mesures qui apparaissent au projet de loi présenté
à la demande de Laval pour délimiter le territoire ne faisaient
donc pas partie du projet de loi que la ville de Laval
avait proposé au gouvernement. La seule chose qu'elle avait
demandée, c'était d'avoir le contrôle de la
société de transport par les élus. Maintenant, on voit
qu'on ajoute au projet de loi la permission ou l'autorité aux
municipalités de se prévaloir de la loi 46.
La première question que je pose au ministre - peut-être
qu'il pourrait y répondre dans sa réplique - c'est: Est-ce que
cette situation est voulue par les parties intéressées? Est-ce
que toutes les autres municipalités ont demandé d'inclure cet
aspect dans le projet de loi? Souvenez-vous que les municipalités qui ne
sont pas présentement desservies par la CTL avaient, avant le
présent projet de loi, le droit de se regrouper. La loi 46 leur donnait
ce droit. Elles auraient pu, si elles l'avaient voulu, de leur propre
gré, se regrouper en conseils intermunicipaux de transport. Elles
auraient pu, à ce moment-là, décider qu'elles voulaient
elles-mêmes prendre en charge leur transport pour leurs citoyens, leurs
résidents, leurs contribuables, mais, à ma connaissance, elles ne
l'ont pas fait. La ville de Laval non plus n'a pas demandé de terminer,
le 1er janvier 1986, le service qu'elle donne présentement à une
quarantaine de municipalités. La première question que je pose au
ministre, c'est: Est-ce que les parties intéressées veulent, vous
ont demandé d'inclure cet aspect du projet de loi et de mettre une date
limite au 1er janvier 1986?
La deuxième question qu'il faut se poser, c'est si l'effet
d'imposer obligatoirement la loi 46 est positif ou si cela ne créera pas
plus de problèmes qu'il y a en a actuellement. Vous savez, M. le
Président, quand on étudie un projet de loi, il faut
l'étudier sous deux aspects. Il faut voir les problèmes qui sont
réglés dans le projet de loi, premièrement, mais,
deuxièmement, il faut voir les problèmes qui peuvent être
créés par le projet de loi. Le gouvernement, naturellement, met
l'accent sur le premier volet, le premier aspect. Quand le gouvernement
présente un projet de loi, il présente tous les aspects positifs
et tous les problèmes, qui existaient avant, qui seront
réglés par le projet de loi, et c'est très peu souvent
qu'un gouvernement va soulever de lui-même, va informer la population, va
être de l'opinion qu'il y a d'autres problèmes qui sont
créés par le même projet de loi. Je crois que c'est de
notre responsabilité d'étudier les deux aspects. (15 h 20)
Pour les problèmes que vous réglez, on vous dit:
Très bien, ils sont réglés. On espère que cela va
fonctionner d'une façon adéquate et convenable. La ville de Laval
l'a demandé. Bravo, on l'appuie. Quant au deuxième aspect,
là il faut se poser des questions à savoir quels problèmes
sont créés? Une fois qu'on soulève les problèmes
créés par le projet de loi, il y a deux conséquences. Si
les problèmes sont tellement majeurs ils peuvent nécessiter un
retrait de la loi. Ou bien si les problèmes sont d'une telle nature
qu'ils peuvent être réglés par un amendement à la
loi, ce sont des suggestions que nous pouvons apporter au gouvernement pour
réduire autant que possible l'énormité ou la
gravité des problèmes qui sont créés par le projet
de loi.
Je pense que dans ce cas-ci, nous sommes dans la deuxième
situation, nous allons vous démontrer, nous allons apporter certains
problèmes à l'attention du gouvernement et nous allons vous faire
certaines suggestions pour remédier à ces problèmes pour
ne pas qu'ils causent des ennuis ou des préjudices ou des
inéquités aux contribuables de Laval et des municipalités
environnantes. Le service de transport interurbain offert par la CTL l'est dans
un contexte différent de celui qui prévalait à la CTRSM,
c'est-à-dire sur la rive sud, et à la CTCUM. Le réseau
suburbain a été complètement intégré aux
activités de la CTL. Cette dernière n'a jamais eu le pouvoir
d'imposer une quote-part du déficit aux municipalités autres que
Laval. Si vous vous souvenez bien, l'année dernière, quand nous
avons étudié le projet de loi 46, la raison d'être de ce
projet de loi c'est parce que les municipalités qui étaient
desservies par la CTRSM se faisaient imposer à tous les ans un chiffre
qu'ils ne pouvaient pas contester, les déficits de la CTRSM.
La CTRSM disait: Le déficit pour vous les municipalités
cette année est X millions. Les municipalités devaient payer. La
même chose pour le service que la CTCUM donnait aux municipalités
en dehors du territoire de la communauté urbaine. C'était, d'une
façon, assez difficile pour les municipalités concernées
de vivre avec une telle situation. La solution était que,
dorénavant, on mette fin à cette obligation d'être desservi
par la CTRSM et par la CTCUM; on va mettre fin au déficit obligatoire,
non contestable, et vous allez prendre des arrangements soit avec la CTRSM soit
avec des transporteurs privés. C'est équitable. Il y a eu
quelques petites difficultés sur la question de la période
transitoire, mais le principe était équitable et nous avons
appuyé le projet de loi 46.
Mais dans le cas présent, ce n'est pas la même situation.
Nous disons: est-ce qu'on doit trouver les mêmes solutions pour
différentes situations? Je sais que la CTL a demandé de pouvoir
imposer, de collecter certains de leurs déficits aux autres
municipalités, mais jusqu'à date, ce n'est pas la situation; et
la CTL n'a pas eu le droit de cotiser les municipalités qu'elle
desservait. S'il y avait des déficits, soit que ce sont les
contribuables de la ville de Laval qui payaient pour ou soit que les tarifs
étaient augmentés. Personne n'essaie de nier qu'il y a un
problème à régler.
La ville de Laval a déjà demandé de pouvoir imposer
une quote-part du déficit aux municipalités; le ministre des
Transports de l'époque, M. Michel Clair, avait répondu qu'il
faudrait que la ville de Laval fasse la preuve de ce déficit et qu'elle
prouve que les citoyens de Laval subventionnaient le transport en commun de ces
localités hors territoire. Je souris un peu, M. le Président,
parce qu'aucune commission de transport ne fonctionne avec profit.
C'était d'une certaine façon un peu ridicule de dire: prouvez-moi
que vous avez des déficits. La réaction de Laval aurait dû
être plutôt de dire au ministre Clair: prouvez-moi que je fais un
profit. Vous subventionnez mes déficits; les usagers paient 0,38 $ sur
le coût d'opération; ne me dites pas qu'il n'y a pas de
déficit. Si le ministre n'avait pas voulu le faire, il aurait dû
trouver une autre raison pour dire à Laval: Non, je ne veux pas vous
accorder le droit d'aller chercher chez les autres municipalités les
sommes couvrant le déficit. Mais de dire à Laval: Prouvez qu'il y
a un déficit, ce n'était pas tout à fait raisonnable dans
les circonstances.
D'autre part, si cette solution avait été retenue
c'est-à-dire d'aller chercher le déficit chez les autres
municipalités, un autre problème se présenterait
aujourd'hui: comment aurait-on réglé la question de la
représentation de ces municipalités dans la société
qui est créée. On aurait pu ajouter à la
société des représentants des municipalités.
J'avoue, M. le Président, que la solution n'est pas toujours
facile à trouver, mais celle qui nous est offerte aujourd'hui est-elle
vraiment la meilleure? De la façon dont le projet de loi est
rédigé, je doute que ce soit la meilleure et je pense qu'il y
aurait autre chose à faire.
L'année dernière, en décembre, à l'occasion
de la deuxième lecture du projet de loi 46, le ministre n'avait pas
jugé bon de l'imposer à Laval il l'avait imposé à
la rive sud et aux autres municipalités de la CTCUM parce qu'il le
voulait, mais à Laval, il ne l'avait pas imposé. Il disait alors
- je cite le ministre, ce n'est pas le ministre actuel mais le
prédécesseur de son prédécesseur: "II a
été bien peu question de la CTL, dit M. Clair. Il ne s'agit pas
d'un oubli; il s'agit plutôt d'adopter une approche différente
pour une situation différente. Les municipalités desservies par
la CTL - je le rappelle - n'ont pas de quote-part à payer. Elles n'ont
donc pas autant d'intérêt que les autres municipalités hors
territoire à prendre charge aussitôt que possible de
l'organisation du transport sur leur territoire." Et je continue. M. Clair
disait: "II aurait été possible, comme dans le cas des deux
autres commissions, d'enlever à la CTL le pouvoir de poursuivre ses
activités hors territoire ou encore de forcer les municipalités
à assumer immédiatement la responsabilité du service sur
leur territoire. D'une part, le projet de loi donne à la CTL le pouvoir
de contracter avec des municipalités pour leur vendre des services.
D'autre part, les municipalités reçoivent, elles, le pouvoir de
se regrouper en conseil intermunicipal de transport et de contracter avec le
transporteur de leur choix. À elles, donc, de prendre leurs
responsabilités sans aucune autre intervention gouvernementale." Fin de
la citation.
C'était logique. Nous avions appuyé cette position. Un an
après, sans que des ententes fermes ne soient intervenues entre les
différentes municipalités, le gouvernement décide de
trancher. Je demande au ministre comment il en est venu à cette
conclusion. Comment décide-t-il aujourd'hui d'imposer la loi 46 à
toutes les autres municipalités et à la ville de Laval?
Je ne veux pas qu'on comprenne de ces propos que je suis contre le
principe de la création de conseils intermunicipaux de transport. Il
faut que ce soit clair. Nous avons appuyé, nous appuyons la
création des CIT. Au contraire, j'ai appuyé ce principe au moment
de l'étude du projet de loi 46 et, que je sache, cette loi est
applicable au cas qui nous préoccupe maintenant. Autrement dit, les
municipalités auraient pu s'en prévaloir. Elles ne l'ont pas
fait. Pourquoi le ministre l'impose-t-il maintenant?
Les inconvénients qui ont poussé le ministre à
maintenir le statu quo - parce qu'il y avait évidemment des
inconvénients -sont-ils tous disparus et que s'est-il donc passé?
En parlant aux gens du milieu, j'ai demandé: Est-ce qu'il y a eu des
négociations? Avec la loi 46, il y avait eu des négociations
entre les différentes municipalités, mais dans ce cas-ci, on
m'informe - et peut-être que le ministre pourrait me corriger - qu'il n'y
a pas eu de vraies négociations, parce que la ville de Laval
était intéressée à négocier, mais elle n'en
avait pas le pouvoir. La CTL, qui avait le pouvoir de négocier, n'avait
pas vraiment intérêt à le faire. Il y a eu des discussions,
mais pas de vraies négociations. Il y a eu quelques rencontres, je
pense, avec Saint-Eustache et peut-être d'autres municipalités,
mais pour ce qui est de vraies négociations pour le service, on me dit
qu'il n'y en a pas eu. Est-ce qu'on va avoir assez de temps d'ici le mois de
janvier, parce qu'un an, cela passe vite? Il faut négocier toutes les
ententes avec les différentes municipalités. Peut-être que
le ministre pourrait nous donner plus d'information à ce sujet. (15 h
30)
Un autre aspect de la conséquence de l'obligation qu'a la CTL, la
Société de transport de Laval, de délimiter son
territoire, c'est la possibilité d'augmenter ses
déficits. En un certain sens, c'est une des conséquences
de ce projet de loi. Il ne faudrait pas que ce soit une des conséquences
de la loi. Quand on veut améliorer le service, quand on veut
améliorer la situation, il ne faut pas créer des déficits
additionnels. Je vais vous expliquer pourquoi. Dans un tel cas, plutôt
que d'offrir une solution valable, le gouvernement aura augmenté le
fardeau des contribuables sans aucune garantie d'un service équivalent.
Les risques sont réels. Le projet de loi peut avoir des
conséquences sérieuses. Il ne faut pas qu'un projet de loi
déplace seulement le problème. On a un problème qui existe
aujourd'hui. Les élus n'ont pas le contrôle d'une commission de
transport. Il ne faut pas déplacer le problème en
délimitant le territoire. Je m'explique: Que va-t-il arriver aux
équipements de la Société de transport de Laval? Elle a
présentement l'équipement pour desservir tout le territoire.
Supposons que l'année prochaine, Saint-Eustache décide de ne pas
faire affaires avec la société de transport parce qu'elle peut
obtenir un service à un meilleur coût pour ses contribuables.
C'était le but du projet de loi 46, de réduire les
coûts.
Qu'est-ce qui va arriver aux équipements de la CTL? Aux
chauffeurs? Aux employés? Aux conventions collectives? Je pense qu'on
crée plus de problèmes qu'on en résout. C'est pour cela
peut-être, quand la ville de Laval a présenté son projet de
loi privé au gouvernement, elle n'a pas inclus la délimitation
des territoires parce qu'elle voyait ce problème. Comment le
gouvernement va-t-il résoudre ce problème? Vous créez une
situation telle que si les autres municipalités ne font pas affaires
avec la Commission de transport de Laval, vous avez des équipements dont
Laval n'a pas besoin.
Je voudrais rappeler au ministre, parce qu'on a un nouveau ministre des
Transports qui n'a peut-être pas eu la chance de prendre toute
l'information au dossier, que la Commission de transport de Laval avait acquis
plusieurs autres compagnies de transport. Je crois qu'elle avait payé 7
500 000 $, en 1972. On m'informe que le coût pour desservir le territoire
hors de Laval peut varier entre 2 000 000 $ et 3 000 000 $. Est-ce que les
contribuables de la ville de Laval qui, déjà, d'après les
représentations qu'ils ont faites, ont déjà payé
des déficits, vont être appelés à payer un autre
déficit, à défrayer le coût de cet
équipement, les intérêts sur cet équipement? Je ne
pense pas qu'on puisse me donner comme raison qu'ils pourront vendre
l'équipement.
Premièrement, cela pose deux problèmes: Est-ce qu'il y a
un marché pour l'équipement usagé? Il y a beaucoup de ce
genre d'équipement d'autobus au Québec. Deuxièmement, il y
a un problème concernant les conventions collectives. Je pose la
question au ministre: Est-ce qu'en transférant l'équipement -
supposons qu'on vend l'équipement - les conventions collectives sont
dans la continuité de l'entreprise? Est-ce que les autres
municipalités seront prises avec ces conventions collectives? Ce qui
sera une autre raison de trouver une autre solution plutôt que d'acheter
cet équipement.
Je pense que la seule solution, si vous insistez pour limiter le
territoire de la Société de transport de Laval, est d'inclure
dans le projet de loi l'engagement formel de compenser la Société
de transport de la ville de Laval, si elle ne réussit pas à
utiliser les équipements et à faire des ententes avec les autres
villes. Je pense que c'est la seule façon d'être équitable.
Elle a été obligée, jusqu'à présent, de
fournir ces services; d'une certaine façon, elle a été
obligée ou encouragée par les gouvernements à
acquérir les équipements, de donner le service. Si, aujourd'hui,
on arrive et qu'on lui dit: Vous n'allez plus donner le service, on va donner
l'occasion aux autres municipalités de se prévaloir du service.
Il faut, en toute justice, compenser la ville de Laval, la
Société de transport de Laval pour le montant de ses
équipements et regarder aussi l'effet des conventions collectives.
Il y a un autre aspect que l'on doit aussi prendre en
considération. On arrive et on impose les solutions de la rive sud et
d'un autre endroit à Laval. Mais le transport sur le territoire de Laval
est un transport -et je n'ai pas besoin de le dire à certains membres
qui sont ici présents en Chambre, comme le ministre des Affaires
extérieures qui vient de Laval - linéaire. De Laval, vous allez
à Saint-Eustache, vous allez à Saint-Jérôme, vous
allez à Terrebonne. Si Saint-Eustache décide de se
prévaloir de la loi 46 et de ne pas faire affaires avec la
Société de transport de Laval, toutes les municipalités
entre Laval et Saint-Eustache n'auront pas de service. Est-ce que vous y avez
pensé quand vous imposez une limitation territoriale? La raison pour
laquelle la Commission de transport de Laval offre un service à ces
petites municipalités, c'est parce qu'ils vont à Saint-Eustache,
où il y a une plus large agglomération et d'où ils peuvent
tirer plus de revenus. Si vous enlevez Saint-Eustache et Deux-Montagnes, vous
allez affecter Oka, vous allez affecter toutes les autres municipalités
entre ces deux agglomérations.
Peut-être que le ministre pourrait nous dire quelles mesures il a
prises, est-ce qu'il a envisagé les difficultés que cela pourrait
causer? Il ne faudrait pas, comme je l'ai dit, pour résoudre un
problème, en créer dix autres. Peut-être que le statu quo
aurait pu être une des solutions. Si ce n'est le statu quo, si vous
insistez pour imposer la loi 46,
vous devez nous parler des conséquences et des mesures que vous
allez prendre pour assurer que ces municipalités auront un service. Une
chose sur laquelle nous allons insister, c'est assurément sur la
compensation à la Société de transport de Laval si elle ne
peut en arriver à une entente pour l'utilisation de son
équipement.
Il y avait d'autres aspects du projet de loi sur lesquels nous voulions
interroger le ministre. Je crois qu'il y a eu des rencontres entre les membres
du conseil de la ville de Laval et certains membres du gouvernement. Ils ont
porté à l'attention du gouvernement le problème que je
viens de souligner. Ils avaient inclus dans leur projet de loi privé,
qui, subséquemment, est devenu le projet de loi public du
député de Vimont, un article traitant de l'indemnisation en cas
d'abandon de services de territoire. Ils ont également mentionné
le besoin d'une disposition de la loi permettant de promouvoir le
covoiturage.
Le ministre nous dit que dans la présente loi il y a un tel
article, mais je crois que cela ne va pas assez loin. C'est pour cela que la
ville de Laval demandait un droit de subvention sur cette forme de transport en
commun. Elle a été avisée qu'elle n'aurait pas le droit de
le faire et je voudrais demander au ministre quelle raison lui a donné
le gouvernement pour ne pas permettre à la CTL de subventionner le
covoiturage. (15 h 40)
Quant à l'indemnisation pour tout abandon de services, je pense
que ses représentants ont porté à l'attention du ministre
le fait qu'ils étaient la seule commission de transport qui n'avait pas
été subventionnée pour l'acquisition de compagnies de
transport existantes au moment de sa création. Autrement dit, quand la
CTRSM a acquis Métropolitain-Sud, je crois qu'elle avait eu une
subvention. Le ministre nous avait répondu, lors du débat sur la
loi 46, qu'il n'était pas question de subventionner deux fois. Il y a eu
des subventions quand Métropolitain Sud a été
expropriée mais ce n'est pas le cas ici. Je voulais juste porter
ça à l'attention du ministre comme étant une autre raison
pour laquelle on insiste que la Société de transport de Laval a
droit à une indemnisation dans le cas actuel.
Il y a aussi un autre aspect du projet de loi qui donne le droit
à la Société de transport de Laval d'adopter le budget par
quarts. Autrement dit, tous les trois mois elle peut adopter une partie du
budget.
Laval vous avait dit: On ne veut pas cet article dans le projet de loi.
Et la raison c'est parce que ça peut créer des déficits.
Si vous avez le droit de faire un budget à tous les trois mois, à
la fin de l'année, ça peut arriver qu'au lieu d'avoir un budget
de X millions de dollars vous allez avoir X plus.
Laval vous avait dit: On ne veut pas cet aspect du projet de loi. On
veut adopter le budget pour toute l'année.
Quand des élus veulent agir d'une façon responsable je me
demande pourquoi le gouvernement insiste pour leur donner le droit d'être
irresponsables. C'est ça que vous faites. Vous dites, dans l'article du
projet de loi, qu'ils n'ont pas besoin d'adopter le budget au début de
l'année pour toute l'année, ils peuvent le faire tous les trois
mois. Eux vous disent: On ne veut pas ça. Peut-être que le
ministre pourrait expliquer comment il justifie cet aspect du projet de
loi.
Le ministre avait souligné le financement et avait porté
à l'attention de l'Assemblée les montants. Il avait parlé
de la réforme fiscale, comment cela avait amélioré les
municipalités et principalement aussi les commissions de transport.
En 1982 Laval et la Commission de transport de Laval avaient
présenté au ministre en commission permanente des transports, un
mémoire où elles parlaient de la fiscalité. Elles avaient
porté à votre attention qu'elles ne faisaient pas vraiment face
à un problème de transport mais plutôt à un
problème de financement. Elles avaient démontré que les
subventions à Laval avaient été moindres que les
subventions des autres territoires.
La raison pour laquelle je mentionne ces chiffres et cet aspect c'est
pour renforcer l'aspect de l'indemnisation parce que déjà Laval a
reçu moins. Jusqu'en 1982, je n'ai pas les chiffres récents, mais
je pense que dans l'ordre, les pourcentages ne sont pas tellement
différents. Déjà Laval a reçu moins. Elles avaient
démontré que pour chaque dollar que le gouvernement du
Québec a contribué à la Commission de transport de Laval,
la CTL, pour fins d'opérations et d'immobilisations, l'usager avait
contribué 1,49 $ et la contribution de Laval était de 1,25 $
alors que les contribuables des 40 autres municipalités desservies
n'avaient pas contribué.
Elles avaient été plus loin en faisant la comparaison avec
la CTCUM. Elles avaient dit: À la CTCUM, l'usager n'a contribué
que 0,64 $ pour chaque dollar que le gouvernement dépensait. Autrement
dit, à Laval ils contribuaient le double. Laval dit être plus
pénalisée par le régime de la fiscalité puisque sa
part du financement est passée de 27% à 33%.
Quand le ministre parle des bénéfices de la réforme
fiscale, les gens de Laval vous disent: Cette réforme ne nous a pas
toujours été bénéfique. Ils vous donnent les
chiffres démontrant qu'avant la réforme ils payaient 27% de leur
part du financement et après la réforme leur quote part a
augmenté à 33%. Pour eux, la réforme n'était pas
tout à fait aussi rose que le ministre voudrait le faire
croire à cette Chambre.
Ils ont fait d'autres suggestions. Ils ont dit: "La contribution
relative des différents partenaires au financement du transport en
commun, y compris celle du gouvernement, diffère donc sensiblement selon
les territoires des trois commissions de transport. Il nous semble - je lis le
rapport qui a été soumis au gouvernement en 1982: II nous semble
inexact de généraliser en prétendant que la contribution
du gouvernement a augmenté à un rythme deux et même trois
fois plus rapide que celle des autres partenaires. Cette affirmation ne saurait
s'appliquer à ville de Laval où le gouvernement est devenu le
moins important bailleur de fonds du transport en commun."
Ils avaient fait d'autres suggestions. Je vois le ministre qui n'est pas
tout à fait d'accord, mais je cite seulement un rapport avec des
tableaux que la Commission de transport de Laval avait soumis au gouvernement
en 1982: "La ville de Laval n'a aucune objection à ce que les
municipalités de la région se regroupent pour former un ou
plusieurs centres locaux de transport ou une corporation intermunicipale de
transport et excercent plein contrôle sur leur transport en commun. Nous
considérons toutefois qu'en toute équité pour les
Lavallois, elles devraient d'abord acquérir à sa valeur actuelle,
par expropriation ou de gré à gré, le réseau
suburbain de la Commission de transport de ville de Laval que nos contribuables
ont dû exproprier en même temps que le réseau urbain et pour
lequel ils paient encore des taxes."
Je ne voudrais pas que le ministre retienne cette suggestion. Je ne suis
pas d'accord et je vais vous dire pourquoi. S'il y a un déficit parce
qu'il y a trop d'équipement, cela ne sert à rien de changer le
mal de place. Je ne voudrais pas que vous obligiez les autres
municipalités à acquérir cet équipement. Dans ce
cas-là, on n'aurait rien résolu. On va transférer le
déficit de A à B. Ce n'est pas cela l'intention. C'est mieux de
payer une fois. S'il y a trop d'équipement, vous ne pouvez pas obliger
les autres municipalités à acheter les autobus de Laval. Je pense
que l'esprit de la loi 46, ce n'était pas d'encourager les autres
municipalités à acquérir leur propre équipement,
mais plutôt de prendre les moyens pour obtenir les services. Mais elles
ont porté à votre attention un problème très
sérieux, celui du suréquipement que vous devez, en toute
équité, résoudre, auquel vous devez apporter une
solution.
Ce sont les commentaires que nous avons sur ce projet de loi. Nous
sommes d'accord avec les premiers principes, les premiers objectifs de donner
aux élus de Laval le contrôle de leur société de
transport. Nous n'avons pas d'objection, mais ce que nous ne pouvons pas
accepter, ou plutôt ce que nous devons exiger du gouvernement, c'est
qu'il y ait une garantie formelle d'indemniser Laval s'il y a
suréquipement ou si la Société de transport de Laval ne
peut conclure ou ne conclut pas d'entente avec les autres
municipalités.
Nous allons retenir notre appui au présent projet de loi. Nous
n'allons pas voter favorablement en deuxième lecture exactement pour
cette raison, parce qu'il faut que nous exercions les pressions
nécessaires pour obliger le gouvernement à prendre ses
responsabilités. Je vais vous dire ceci, M. le ministre: Après la
deuxième lecture et quand nous serons en commission parlementaire, si
vous vous engagez formellement à indemniser Laval pour la perte qu'elle
peut encourir sur l'équipement et en vertu des conventions collectives,
je vous assure qu'en troisième lecture vous aurez notre entier appui au
projet de loi. Nous allons l'appuyer sans réserve si vous nous apportez
ces garanties formelles. Je crois que c'est important que nous prenions cette
position, que nous demandions cela au gouvernement. Ce n'est pas suffisant
d'imposer des obligations aux municipalités. Le gouvernement, lui aussi,
doit assumer ses responsabilités, ses propres obligations. Si vous
êtes prêts à le faire, si le gouvernement est prêt
à le faire, à ce moment-là, nous serons prêts, nous
aussi, à appuyer le projet de loi.
Nous le faisons dans les meilleurs intérêts d'une bonne
administration, d'une saine gestion des fonds publics, pour ne pas causer de
préjudice aux contribuables de Laval et pour ne pas ajouter au fardeau
fiscal des Lavallois, des résidents et des contribuables des
municipalités environnantes. Merci. (15 h 50)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Relations internationales et du Commerce extérieur.
M. Bernard Landry
M. Landry: Tous les élus de l'île de Laval, dont je
fais partie - quatre sur cinq d'entre eux faisant partie de la majorité
gouvernementale - sont extrêmement satisfaits de la façon dont le
gouvernement, le ministre des Transports, en particulier, fait franchir un
très grand pas à cette grande compagnie, cette grande commission,
- mais en fait, c'est une grande compagnie de transport, c'est une des plus
grandes du Québec - par le projet de loi qui est présentement
devant cette Chambre. Je pense que l'Opposition a bien compris cet aspect des
choses en retenant, pour des raisons intéressantes, du reste, son appui
à ce stade-ci, mais en acquiesçant au fait qu'il s'agit d'un pas
considérable pour rapprocher les centres de décision des usagers
pour
donner le contrôle aux Lavallois et aux Lavalloises de cette
institution si fondamentale, - le transport est fondamental partout, mais
à cause de la nature même de la ville de Laval, - en
l'occurrence.
J'ai trouvé intéressantes les remarques du porte-parole de
l'Opposition, le député de Mont-Royal. Cependant, il comprendra
que même si j'interviens après lui, ce n'est pas à moi,
tout ministre responsable de l'île de Laval que je sois, d'être le
porte-parole du gouvernement sur les attitudes que nous pourrions avoir quant
aux points techniques qu'il a proposés. La tentation serait grande pour
moi d'en parler, d'abord parce que j'en ai beaucoup entendu parler par
l'administration municipale, par les autorités de la CTL
elle-même, toutes ces histoires de lignes qui sortent de l'île de
Laval, certaines étant d'ailleurs rentables. La situation n'est pas si
simple qu'on pourrait le croire. Cependant, c'est mon collègue des
Transports qui fera cela et c'est normal. C'est la loi.
Je voudrais ajouter que même si ce n'était pas la loi,
c'est une symbolique intéressante que ce soit le député de
Crémazie qui accédant à ce portefeuille des Transports
présente ce projet de loi et règle le problème de la CTL.
Pourquoi? Parce que je veux lui témoigner, aujourd'hui, qu'il a
toujours, et souvent dans des circonstances critiques, apporté au
bien-être de la communauté lavalloise une attention
signalée et hors du commun. Je vais rappeler simplement quelques
éléments ou soutien à ce que je viens d'avancer. Le
ministre des Transports d'aujourd'hui est l'homme qui a mu,
réalisé, animé une des plus grandes réformes
d'administration publique de l'histoire récente du Québec, la
réforme de la fiscalité municipale. Cela a été un
très grand moment pour la vie de nos municipalités, pour la vie
de nos collectivités et par voie de conséquence, pour la
conscience qu'ont les citoyens de participer au niveau du gouvernement
municipal de leurs deniers, gouvernements municipaux qui sont maintenant
autonomes comme peut-être nulle part en Amérique du Nord quant
à leurs sources de revenus propres.
Nous avons rompu les chaînes des municipalités. Nous avons
mis fin au pèlerinage à Québec qui faisait partie de notre
folklore politique et où les municipalités venaient d'une
façon presque humiliante réclamer les moyens dont ils avaient
besoin pour satisfaire aux responsabilités que nos lois municipales leur
donnaient. On leur donnait les responsabilités, mais pas les moyens.
Dans le cas de la ville de Laval, cela n'a pas été facile. Le
principe était admis, mais l'administration municipale du temps, je ne
dis pas cela pour l'accabler, comme toutes les administrations municipales, en
veut plus, en demande davantage pour ses citoyens, c'est à son honneur.
L'administration municipale du temps, même si le maire avait fait partie
de la grande commission de la réforme de la fiscalité municipale,
avançait certaines théories soi-disant pour en avoir plus et donc
mettait le ministre sous une pression considérable.
La réalité d'aujourd'hui a fait tomber la pression, a
montré que le ministre avait eu raison en tout à tel point que la
ville de Laval qui, comme bien d'autres municipalités, faisait face
à des budgets serrés, non pas à des déficits
puisque techniquement, ce n'est pas possible, mais faisait face à des
contraintes budgétaires très rigides depuis trois ou quatre
exercices budgétaires a des surplus. C'est vraiment extraordinaire que
la deuxième plus grande ville du Québec -parce que c'est cela -
dans l'application de la réforme sur la fiscalité municipale soit
dans un contexte de surplus qui rassure les citoyens et rend la tâche des
administrateurs publics plus facile.
C'est également l'actuel ministre des Transports qui nous avait
réglé un cas dramatique. Votre prédécesseur, M. le
Président, qui était un député lavallois avait lui
aussi été confronté à ce problème
épouvantable de Val-Martin. Je ne veux pas revenir là-dessus. Nos
collègues même en face avaient contribué avec nous. Mais il
avait fallu un courage énorme à l'actuel ministre des Transports
pour s'attaquer aux problèmes de ces quelques milliers de personnes qui
étaient dans un imbroglio juridique où une hypothèque de 9
000 000 $ affectait un seul bungalow parce qu'une hypothèque est
indivisible. Cela n'avait pas été une mince affaire. Le ministre
des Affaires municipales du temps, aujourd'hui ministre des Transports, a fait
cela pour la ville de Laval; le problème est réglé. Cette
collectivité de Val-Martin est maintenant heureuse, bien
gérée et bien logée.
C'est également l'actuel ministre des Transports qui, par un de
ses programmes, a constitué à la transformation littérale
de certains quartiers de la ville de Laval au cours des dernières
années et c'est le programme Corvée-habitation.
Corvée-habitation fonctionne évidemment dans les
municipalités qui sont en croissance où il se construit des
maisons. Or, à Laval, il s'en construit. Corvée-habitation est
l'un des programmes qui a trouvé une application absolument patente aux
besoins de notre municipalité. En effet au cours des dix
dernières années, depuis 1974, la population de Laval a
augmenté de 20%; à un seul autre endroit au Québec, sur la
rive sud, la ville de Laprairie a surpassé ce pourcentage de croissance.
La politique est un métier difficile; les pots sont plus
fréquents que les fleurs. Cela me fait plaisir de reconnaître
aujourd'hui comme ministre responsable de l'île de Laval que l'actuel
ministre des
Transports nous règle un problème aujourd'hui, mais il
nous en a réglé beaucoup d'autres avant.
Ce problème qu'il nous règle aujourd'hui en créant
la Société de transport de Laval et en en donnant le
contrôle, la gestion, l'administration et pas au sens technocratique du
terme, mais même pour la possibilité pour le citoyen de s'en
mêler, à Laval, s'inscrit dans un processus assez rapide quand
même qu'on pourrait localiser dans le temps sur le dernier quart de
siècle d'évolution de cette grande collectivité de 300 000
personnes qui, naguère, était tout simplement un chapelet de
villages agricoles dans l'île Jésus. Les vieux villages de
Saint-Vincent-de-Paul, de Saint-Martin, de Sainte-Rose, de
Sainte-Dorothée et de Saint-François, un peu Laval-des-Rapides,
l'Abord-à-Plouffe comme on disait qui, profitant d'une nature
extrêmement généreuse pour l'agriculture, avaient, comme
dit Gilles Vigneault, semé des villages dans les plus vieux villages du
Québec et avaient développé dans cette île une
existence qu'on pourrait qualifier de bucolique parce que les lieux sont
très beaux: rivière des Mille-Îles, rivière des
Prairies, le vieux village de Sainte-Rose en particulier où
Marc-Aurèle Fortin a vu le jour et a vu et a fait ses premiers paysages.
Mais la période bucolique à cause de la proximité de
l'île Jésus, de l'île de Montréal où il y
avait cette grande ville en explosion et en expansion alors que les
Québécois, de ruraux devenaient urbains... Vous savez qu'avant la
deuxième guerre mondiale, les deux tiers des Québécois et
des Québécoises étaient des ruraux. Quelque temps
après la seconde guerre mondiale, les deux tiers étaient des
urbains. La ville de Montréal a débordé de son île
et les villages bucoliques de l'île de Laval se sont transformés
en banlieues champignons qui n'étaient souvent pas
préparées pour cela. Cela a donné lieu d'ailleurs à
des problèmes urbanistiques qui, malheureusement, parce qu'on ne
règle pas le passé en un jour, ont encore laissé des
traces très visibles sur l'île de Laval. (16 heures)
Dans cette île, il y a les plus beaux coins du Québec. Je
dois aussi confesser qu'il y en a dans les plus laids. Parce que ces villages
se sont développés d'une façon anarchique, les gens les
ont administrés au meilleur de leur connaissance et on s'est
retrouvé, il y a douze ou quinze ans, avec de petites
municipalités de banlieue disséminées sur la grande
île Jésus. Le gouvernement de l'époque, non sans
difficulté - je le reconnais, il y a eu des visionnaires
là-dedans - a décidé de faire la grande ville de Laval.
Les oppositions ont été vives et je ne blâme pas ceux qui
s'opposaient; il y en a qui sont encore là, qui sont de mes amis et
certains s'opposent encore, tellement ils avaient foi dans leur petite
municipalité de banlieue qui, en général, était
bien gérée, ne coûtait pas cher de taxes, etc. Mais on ne
pouvait pas continuer à laisser une aussi grande collectivité
être administrée par dix, douze ou quinze pouvoirs municipaux. La
grande ville de Laval est née et son évolution a connu une
étape supplémentaire. Il y a quelques années, lorsque les
municipalités régionales de comté ont été
mises sur pied, Laval se trouvait dans une situation tellement spéciale:
40% de son territoire, en particulier, était zoné agricole et pas
zoné en théorie. Laval est la municipalité du
Québec où il y a le plus grand nombre d'agriculteurs. Alors, vous
vous rendez compte! La deuxième plus grande ville du Québec qui,
en même temps, est la plus grande municipalité agricole du
Québec. Cela posait des problèmes et Laval est la seule
municipalité du Québec à être en même temps
une MRC. Le maire de Laval est président d'une MRC.
Après toutes ces spécificités, ces particularismes
historiques que je viens de décrire brièvement, vous pensez bien,
M. le Président, que dans ce contexte, la question des transports
n'était pas une chose facile. De grands espaces verts, des fermes, les
anciennes municipalités étaient assez éloignées les
unes des autres, il n'y avait pas de centre-ville d'où, comme l'a dit le
député de Mont-Royal, des lignes d'autobus vraiment, c'est le cas
de le dire, ce n'est pas un pléonasme - absolument linéaires.
Cela posait des problèmes. Et le législateur, à ce
moment-là, avait décidé au meilleur de sa connaissance -
il avait peut-être d'autres motivations aussi, mais on n'est quand
même pas pour se mettre à faire des ballades politiques à
dix ans ou quinze ans de distance - avait mis sur pied la CTL, la Commission de
transport de Laval, en utilisant des mécanismes de gestion qui,
aujourd'hui, en gestion moderne, font sourire. Par exemple, le patron
était nommé pour dix ans. Imaginez-vous si on nommait le
président de Bell Canada pour dix ans, beau temps, mauvais temps,
déficit, pas déficit, habile, pas habile, en santé, pas en
santé, dix ans, comme un juge. On avait fait cela, j'imagine, parce que
l'histoire de l'Ile Jésus, comme je le rappelle, avait été
assez tourmentée quand on avait fait la fusion, et on voulait mettre
là un personnage inamovible qui pourrait imposer son autorité.
Quoi qu'il en soit des motifs qui avaient guidé le législateur
à poser un geste aussi peu conforme à la science moderne de
l'administration, cela ne pouvait plus durer. On ne pouvait pas faire
gérer une très grande compagnie de transport des personnes par un
personnage inamovible qui était dans la position d'un magistrat. La loi,
aujourd'hui, règle cela. On ne pouvait pas non plus continuer à
donner au gouvernement du Québec - le gouvernement central du
Québec - la gestion et la décision de problèmes
aussi concrets et aussi près des gens que le trajet d'autobus, les rues
à emprunter, les heures et la fréquence des services.
C'était absurde. Et le gouvernement du Québec nommait deux
administrateurs dont l'un était le président-directeur
général. Déjà, depuis longtemps, les
députés de la ville de Laval sont convaincus - et c'était
un de leurs engagements électoraux - que le pouvoir devait retourner aux
Lavallois et aux Lavalloises. Il y retourne aujourd'hui. Ce sont des
élus qui répondront du fait que la ligne d'autobus passe à
tel endroit, qu'il n'y en a pas assez ou qu'il y en a trop, que cela
coûte trop cher, que les véhicules sont confortables ou ne sont
pas confortables. Ce sont vraiment des choses du niveau local et cela va donner
aux citoyens la possibilité, en votant pour l'administration municipale
ou en votant contre l'administration municipale, de régler
également les comptes qu'ils pourraient avoir à régler en
matière de transport des personnes. Cela va leur donner plus que cela,
parce que les élections municipales, c'est à une
périodicité assez longue. Cela va leur donner le droit de poser
des questions. Cela va, comme on le fait ici à l'Assemblée
nationale... Et les périodes de questions, comme chacun le sait, sont
parfois houleuses. Elles sont encore un des meilleurs instruments pour
conserver notre démocratie et garder le gouvernement en haleine. Si
c'est vrai pour le gouvernement, ce sera vrai aussi pour les administrateurs de
la CTL qui sera la STL.
Il y aura aussi cette possibilité pour les citoyens de se
regrouper comme pétitionnaires pour contester des décisions
importantes, pour prendre leur sort en main ou, en tout cas, confronter... La
vraie démocratie vient de l'équilibre. Un personnage inamovible,
nommé pour dix ans, vous pouviez contester tant que vous vouliez, il
était assis sur la loi et il pouvait vous envoyer au diable. Je ne dis
pas qu'il le faisait d'ailleurs. Je ne veux pas juger les administrateurs
précédents, sauf, qu'ils avaient le pouvoir de le faire. Ce ne
sera plus comme cela. Les Lavallois et les Lavalloises pourront s'adresser avec
quelque chance de succès à leur administration municipale, d'une
part, à l'administration de leur société de transport pour
influencer directement une chose aussi essentielle partout que le transport des
personnes et plus essentielle à Laval encore, à cause des
caractéristiques que j'ai rappelées de cette grande ville.
Pour employer une expression d'un humoriste français qui
s'appelait Alain, "cette grande ville à la campagne". C'est le paradoxe
résolu. Il disait: "Pour régler les problèmes urbains, on
devrait construire les villes à la campagne". À Laval, c'est ce
qu'on a fait. On a fait la ville à la campagne en réglant
probablement un très grand nombre de problèmes personnels des
gens, de problèmes d'environnement, de problèmes de milieu de
vie, de problèmes de qualité de vie qui est une des obsessions de
la présente administration municipale de Laval, mais en créant
des problèmes un peu spéciaux qui ont trait aux transports. C'est
pour cela que le ministre, le gouvernement leur donne aujourd'hui la
façon d'aborder, dans les meilleures conditions possible, ces
problèmes découlant du transport des personnes.
Déjà les citoyens le savent. Le gouvernement
finançait le transport et le finançait très largement en
payant 75% du matériel, par exemple. Tous ces nouveaux autobus qui ont
été acquis par la CTL ont été payés à
75% par le gouvernement; 75% des garages ultramodernes qui les abritent. Je
pense que le garage de la CTL, qui est probablement le dernier grand garage
construit en Amérique du Nord, pour une compagnie de cette envergure,
est aussi le plus moderne sur le plan de la technologie. Le gouvernement a
également fourni l'équivalent de 40% des revenus de la
commission. En plus, donc, des investissements en matériels fixes et en
matériels roulants, le gouvernement finance -les Lavallois et les
Lavalloises doivent le savoir - plus de 100% des rabais qui sont consentis aux
divers groupes, sous forme de carte de transport, etc.
Tant et si bien qu'on est arrivé à une espèce
d'équilibre. Les usagers lavallois paient 38% de leurs dépenses
de transport, quand ils emploient les véhicules de la CTL. Il y a eu des
écoles irréalistes sur le plan économique qui disaient:
Tout à l'usager; 100% à l'usager. Cela n'a pas de bon sens. C'est
complètement antisocial. D'abord, parce que l'usager, souvent, s'en va
travailler dans une PME ou dans un bureau. Le principal
bénéficiaire, du fait qu'il est transporté, ce n'est pas
lui; c'est son employeur. C'est l'usine qui l'emploie. C'est la compagnie qui
l'emploie au bureau. Donc, il est éminemment social que toute la
collectivité, y compris les taxes de tout le monde, du Fonds
consolidé du revenu du Québec, permette que le transport
s'organise dans les diverses municipalités, dont celle de Laval.
Je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps, mais il y a une chose
que je veux dire, peut-être dans la dernière minute qu'il me
reste, cela me paraît important. Maintenant que la STL va naître,
il serait important que ceux qui ont à gérer la CTCUM, la
Commission de transport de Montréal, instaurent une collaboration qui
doit réussir pour que, dans la grande région de Montréal,
on se déplace avec une carte de transport et non pas trois. Cela
viendrait compléter le grand dessein du ministre. La population, non
seulement contrôlerait son
institution de transport, mais elle pourrait, à des coûts
acceptables et sans avoir à payer des cartes à deux ou à
trois municipalités, se servir d'un réseau intégré
de transport. Je pense que cela va prendre beaucoup de bonne foi de la part des
autorités de la Commission de transport de Montréal. Quant aux
autorités de la STL, quant aux Lavallois et aux Lavalloises qui
contrôlent maintenant la STL, je pense que cette coopération ne
fera pas défaut. (16 h 10)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mille-Iles.
M. Jean-Paul Champagne
M. Champagne: Merci beaucoup, M. le Président. Il me fait
plaisir de continuer dans la foulée de mon collègue de
Laval-des-Rapides et ministre du Commerce extérieur pour parler du
projet de loi 8, Loi sur la Société de transport de la ville de
Laval.
On dit souvent chez nous, peut-être un peu d'une façon
chauvine, mais on nous le pardonnera parce qu'on a le sens de la fierté
comme Lavallois, chez nous, il y a une île, il y a une ville, il y a une
municipalité régionale de comté, qu'on appelle MRC dans le
jargon, il y en a même qui parlent d'une commission scolaire - le
débat est en cours -et on parle aussi d'une Société de
transport de la ville de Laval, une société qui serait propre
à Laval et pour les usagers lavallois.
Considérant qu'actuellement la CTL dessert aussi le hors
territoire de Laval il y aura d'autres organismes qui vont demander à la
STL, la Société de transport de Laval, des services qu'ils
paieront. Je pense bien que cela va dans le sens de la logique que la ville de
Laval ait le contrôle de cette société de transport, compte
tenu du rôle important qu'elle joue actuellement et qu'elle jouera au
point de vue des finances, entre autres.
Si je regarde le présent tableau, on s'aperçoit qu'en 1976
le gouvernement du Québec contribuait à 15% du budget de la CTL.
Aujourd'hui, le gouvernement contribue à 33%. D'autre part, pendant
cette même période de 1976, un usager payait 66% comme
contribution au transport dans la ville de Laval. Aujourd'hui, il paie 38%.
C'est passé de 66% à 38%. Pendant ce temps-là aussi, la
ville de Laval, en 1976, contribuait à 18% du budget et, aujourd'hui, sa
contribution est plus importante: 28%. En fin de compte, c'est pour l'une de
ces raisons que la ville de Laval, considérant la résorption du
déficit, entre autres, considérant son implication,
considérant aussi la volonté du gouvernement de
décentraliser la fiscalité, le transport et bien d'autres choses,
a décidé de se prendre en main avec les autorités
municipales.
Je me réjouis de cette nouvelle constituante, d'autant plus que
les Lavallois ont une préoccupation majeure. Cela demeure quand
même un défi pour une société de transport de
desservir le territoire constitué des 14 anciennes municipalités
de ville de Laval. C'est aussi un défi, considérant que plus de
52% du territoire de Laval est agricole. Les clientèles à
desservir sont éloignées, certains endroits sont densément
peuplés, mais d'autres ne le sont pas. C'est très difficile
d'avoir un service rentable, un service adéquat. Dans les bureaux de
comté comme ailleurs, on a beaucoup d'observations à ce
sujet.
Avec les autorités municipales, avec la Commission de transport
de Laval, nous avons aidé à résoudre ces
difficultés. Mais je pense qu'on s'en va dans la bonne direction.
Je voudrais rappeler quand même les efforts qui ont
été faits à la fois par la Commission de transport de
Laval, la ville de Laval et le gouvernement du Québec. Il y a quelques
années on a mis en place un système de transport adapté
pour les personnes handicapées afin de faciliter leur intégration
sociale. C'est un élément qu'on a ajouté à tout ce
qu'il y avait comme transport à Laval.
Il y a eu aussi l'émission de cartes d'identité
privilégiées pour les personnes âgées. C'est un
autre service qu'on a donné à Laval et les Lavallois en
bénéficient énormément.
Nous avions autrefois le transport scolaire et le transport
organisé par la CTL. En 1981, il y a eu la mise sur pied d'un transport
intégré et aujourd'hui les étudiants des écoles
peuvent bénéficier du transport de la ville en ayant une carte
d'identité. Je pense que c'est de la rationalisation, de la rigueur
administrative et une économie pour les usagers et les
gestionnaires.
Il y a eu aussi, en 1981, la construction d'un nouveau garage
très moderne. L'ouverture officielle a eu lieu dernièrement et
j'ai été bien impressionné de voir tous les services que
ce nouveau garage municipal donnait aux chauffeurs d'autobus, qui avaient des
salles de repos, même des salles de gymnastique, des salles de
détente et tous les services essentiels pour l'entretien et la
réparation des autobus.
En 1982, il y a eu la construction du terminus Laval qui se situe au
bout d'une ligne de métro, à la station Henri-Bourassa.
Grâce aussi à la participation du député de
Crémazie et nouveau ministre des Transports, nous avons dans son
comté un terminus qui prend les personnes qui veulent se déplacer
à partir du bout de la ligne de métro pour aller dans tout le
territoire de Laval, dans bien des endroits, avec des points d'arrivée
dans les Laurentides.
Un peu plus tard nous avons connu aussi une émission de carte
d'autobus à tarif réduit pour les usagers. Il y a eu aussi
une
réorganisation administrative basée sur le système
de gestion par objectif. En vue de donner un service encore plus
adéquat, nous avons à Laval des enquêtes
origine-destination qui se font à tous les quatre ans pour
améliorer le service, pour connaître les besoins de la
clientèle.
Nous avons eu aussi l'installation d'un nouveau système de
perception automatique dans les autobus. Ce sont tous des services qui se sont
ajoutés pour les Lavallois, pour les usagers, grâce à la
participation de la municipalité, de la commission de transport et du
gouvernement du Québec.
L'an dernier, en vue d'une plus grande efficacité, en vue de
connaître davantage les besoins des Lavallois en matière de
transport, il y a eu ce qu'on a appelé à Laval une Consult-Action
pour connaître les besoins des Lavallois. Avec la collaboration des
échevins de Laval, des fonctionnaires municipaux, il y a eu une
Consult-Action dans chacun des quartiers de Laval.
Les projets, maintenant, que la Société de transport de
Laval se promet d'endosser dans la même lancée que la Commission
de transport de Laval, c'est une étude pour faire en sorte que le pont
Viau puisse avoir une autre voie réservée aux autobus parce qu'il
y a une congestion aux heures de pointe et on veut donner un meilleur service.
(16 h 20)
II y a aussi un projet pour l'an prochain. C'est un programme
d'étude d'implantation d'un nouveau concept de transport en commun,
à savoir le minibus. Pourquoi, enfin, se promener en véhicule
très long qui demande beaucoup d'énergie en carburant si, dans
les quartiers éloignés, on pouvait avoir un minibus, ce qui
serait une façon d'économiser le carburant? Pourquoi ne pas
étudier la possibilité de prendre le taxi dans certains quartiers
éloignés plutôt que de prendre le grand autobus
traditionnel, peut-être rempli au quart ou au cinquième? Ce sont
des études qui se font pour l'amélioration du système.
Nous avons aussi présentement une étude d'un
système automatisé d'information aux usagers. Je pense que tout
le monde va dans la bonne direction. Je pense, entre autres, à une
réalisation qui va se faire en collaboration avec la ville de Laval,
soit la Maison des arts de Laval. Le gouvernement va contribuer à
édifier cette Maison des arts pour 2 100 000 $. J'espère que la
société, et je n'en doute pas, donnera le transport en commun
pour desservir les amateurs d'art et aussi pour desservir davantage les
étudiants du cégep, l'édifice voisin.
Le projet de loi compte 150 articles. C'est un projet de loi important.
Le projet a pour premier objectif de confier aux élus municipaux toute
l'administration de la Société de transport de Laval. Le
deuxième objectif, c'est de remettre, à compter du 1er janvier
1986, aux 40 municipalités concernées - je parle des
municipalités hors Laval -desservies actuellement par la CTL la
responsabilité de l'organisation du financement des services de
transport hors territoire. Puis, l'organisation concernant la
responsabilité du financement ou des services de transport hors Laval va
demander à la nouvelle société de lui fournir des services
moyennant une certaine rétribution.
Dans le projet de loi, on voit, entre autres, que le conseil
d'administration de la société sera formé de cinq membres
dont le président sera choisi par le conseil de ville de Laval.
Autrefois, il y avait des commissaires qui étaient nommés
à la fois par le gouvernement et par la municipalité. Le futur
président sera élu, sera choisi par le conseil de ville.
Le projet de loi prévoit également que le directeur
général de la société aura un mandat de cinq ans au
conseil d'administration. Il y a une chose qui est assez intéressante
aussi dans le projet de loi. On veut quand même démocratiser
davantage cette société, lui donner une plus grande
visibilité, une plus grande démocratie. Les assemblées du
conseil d'administration ainsi que les assemblées des comités
consultatifs seront publiques.
Une autre chose également intéressante dans le projet de
loi, c'est que, si 500 résidents de la ville de Laval, par le moyen
d'une pétition, demandent d'être entendus, demandent une
amélioration du système, font des représentations dans une
pétition, il y aura obligation d'avoir une assemblée
spéciale du conseil d'administration. Je pense que ce sont tous des
éléments positifs qui vont aider au mieux-être collectif
des Lavallois. C'est une préoccupation qui nous est chère ainsi
qu'aux Lavallois.
Je voudrais aussi parler - comme je le disais, il y a 150 articles dans
le projet de loi - des pouvoirs du conseil de ville de Laval sur la CTL ou la
société. Elle pourra nommer les membres et fixer les traitements
de ses membres. Le conseil de ville de Laval aura le pouvoir d'adopter le
budget, d'approuver le programme d'immobilisations pour un minimum de trois
ans, d'approuver aussi les emprunts et les travaux pour améliorer le
service. Maintenant, le conseil d'administration de la nouvelle
société va pouvoir administrer les affaires courantes, pourra
dresser le budget, adopter des programmes d'immobilisations. Elle pourra
établir le plan d'organisation et de rémunération des
cadres. Nommer le directeur général et fixer les conditions de
travail. Ratifier les contrats et ententes. Former le conseil d'administration.
Définir le niveau de services. Fixer les tarifs. Fixer les parcours et
les horaires. Adopter divers règlements applicables. Promouvoir le
transport paracollectif, etc. On voit qu'avec
ce projet de loi, nous visons à une plus grande efficacité
pour les usagers du transport en commun qui, comme je le disais tout à
l'heure, demeure quand même un défi considérant qu'à
ville de Laval le territoire est très grand, le territoire est aussi
constitué d'agglomérations peut-être den-sément
peuplées et aussi de petites agglomérations moins
peuplées. C'est pour cela que cela demeure un défi.
C'est pour cela que nous avons sur la table des projets de service par
minibus, des projets de service par taxi. Tout cela s'en va dans la
lignée de toutes les améliorations qui ont été
apportées depuis quelques années par la Commission de transport
de Laval.
Je finirai, comme peut-être l'a fait le député de
Laval-des-Rapides et ministre du Commerce extérieur, en m'adressant
à la CTCUM, la Commission de transport de Montréal, parce que
nous vivons dans la Communauté urbaine de Montréal. Le Lavallois
est obligé de payer deux tarifs. La personne qui veut partir de Duvernay
ou bien de Saint-Vincent-de-Paul va prendre un autobus avec un tarif de 0,90 $
ou 0,95 $, va faire peut-être 15, 20 minutes en autobus, arrivera
à Montréal sur le territoire métropolitain et elle sera
encore obligée de débourser un autre 0,90 $ ou 0,95 $ pour se
rendre au centre-ville. Aussi, y aurait-il une plus grande logique si on
pouvait avoir une carte interrives. Hélas, malgré les demandes
répétées de ville de Laval, de la Commission de transport
de Laval, il y a toujours eu une fin de non recevoir.
Pourquoi dans une agglomération, toute la Communauté
urbaine de Montréal, on ne pourrait pas voyager avec le même tarif
et quelqu'un qui partirait de la rive sud, entre autres, de Longueuil, pourquoi
est-il obligé de payer un tarif sur la rive sud, un autre tarif
additionnel sur le territoire de Montréal et, enfin, un dernier tarif
pour se promener ou se déplacer sur le territoire de Laval? C'est cela
notre grand défi. Nous, nous avons fait pression auprès de la
ville de Laval, à la Commission de transport de Laval. Eux ont fait
pression, ont négocié avec la Communauté urbaine de
Montréal qui est représentée par la CTCUM. Il y a eu une
fin de non-recevoir. Je m'adresse aux dirigeants de la CTCUM pour
espérer que les discussions, qui ont été interrompues,
reprennent parce que nous formons dans toute la Communauté urbaine de
Montréal, je pense, une agglomération qui se tient, une
agglomération qui a droit à des services en commun. Je vais
espérer que ces négociations aboutiront pour qu'en fin de compte
on ait ce qu'on appelle une carte interrives, une carte qui servira pour le
déplacement de la population sur tout un territoire urbain. (16 h
30)
M. le Président, il me reste quelques minutes pour dire
simplement que je me réjouis avec les Lavallois de la création de
cette nouvelle société de transport à Laval. L'objectif
premier, c'est de desservir la population de la meilleure façon
possible, c'est de répondre aux besoins des usagers du transport en
commun. Le défi est là; des choses se sont faites dans le
passé dans la bonne direction. Espérons que cette nouvelle
société fera en sorte que les Lavallois pourront se
réjouir et bénéficier, surtout avec les jeunes qui doivent
se déplacer sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal ou sur le territoire de la ville de Laval, pour
qu'eux-mêmes, les parents et les travailleurs puissent trouver à
la ville de Laval le transport en commun idéal. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir
que je ferai une intervention sur le projet de loi 8, Loi sur la
société de transport de la ville de Laval.
Effectivement, M. le Président, je ne suis pas un
député de Laval, mais il me fait plaisir d'intervenir,
étant le porte-parole de mon parti aux Affaires municipales. Ce projet
de loi concerne directement les élus municipaux puisque c'est à
la demande même des élus municipaux de Laval qu'il a
été présenté en cette Chambre. Comme le ministre le
rappelait ce matin et comme mon confrère de Mont-Royal l'a
rappelé également cet après-midi, la ville de Laval avait
tenté, le printemps dernier, de présenter un projet de loi
privé au gouvernement du Québec pour justement amener le
contrôle de la Commission de transport de la ville de Laval entre les
mains des élus de la municipalité puisque, à toutes fins
utiles, en dernier ressort, ce sont eux qui portent la responsabilité de
toute décision sur le territoire concernant les questions de transport
en commun.
M. le Président, le projet de loi en question - le ministre le
mentionnait ce matin - vise deux objectifs: le premier est celui que je viens
de mentionner, soit de transférer le contrôle de la Commission de
transport de Laval au conseil municipal de la ville de Laval. Le
deuxième objectif visé par le projet de loi est celui d'amener
des municipalités hors territoire de la ville de Laval à prendre
charge elles-mêmes des services de transport en commun sur leur
territoire. L'impact de ce deuxième objectif du projet de loi se fait
sentir énormément également à la ville de Laval
puisque, jusqu'à maintenant, la ville de Laval avait la
possibilité de desservir hors de son territoire certaines
municipalités. Le ministre nous
mentionnait ce matin qu'environ une quarantaine de municipalités
de la rive nord, des Mille-Îles et des Basses-Laurentides...
Évidemment, le contexte dans lequel la Commission de transport de
la ville de Laval s'est trouvée à desservir ces
municipalités hors de son territoire résultait de l'acquisition
de certains transporteurs privés, pour la Commission de transport de la
ville de Laval, pour desservir son propre territoire, lesquels transporteurs
desservaient également à ce moment-là, en partie, les
municipalités aux alentours de la ville de Laval, les
municipalités avoisinantes. Je reviendrai tantôt sur ce
deuxième point du projet de loi puisque mon confrère de Ville
Mont-Royal mentionnait que, sur ce deuxième point, l'Opposition a de
fortes réticences et que nous retenons même notre appui au projet
de loi en raison de ce deuxième objectif. Nous verrons
évidemment, à la suite de demandes que nous présenterons
en commission parlementaire si, effectivement, le gouvernement peut
agréer à certaines suggestions que nous ferons qui feraient en
sorte que ce deuxième principe du projet de loi pourrait
également nous agréer.
Je reviens donc, M. le Président, au premier objectif du projet
de loi. Au départ, je ferai remarquer que ma consoeur, la
députée de Chomedey, ne peut malheureusement intervenir au cours
du présent débat pour des raisons qui s'expliquent fort bien,
étant donné qu'elle est actuellement en mission parlementaire
à l'extérieur de la province. C'est la raison pour laquelle elle
n'interviendra pas sur ce projet.
M. le Président, sur le premier objectif donc, la prise en main
ou la prise de contrôle par le conseil municipal de la Commission de
transport de Laval, maintenant appelée la Société de
transport de Laval. C'est une question à laquelle nous devons nous
habituer comme parlementaires, mais également l'ensemble des
résidents de Laval et l'ensemble des résidents des régions
environnantes où on connaît quand même le sigle CTL. On
devra maintenant s'habituer à un autre sigle.
M. le Président, effectivement, le ministre a mentionné
que les élus voulaient le contrôle, la gestion et l'administration
de leur commission de transport. Le projet de loi privé qui avait
été présenté par la ville de Laval pour modifier la
charte de la ville de Laval, certains pouvoirs du conseil municipal et certains
pouvoirs également de la commission de transport, il avait
été convenu par le ministre des Affaires municipales le printemps
dernier d'en reporter l'étude à un peu plus tard. C'est devenu un
projet de loi public présenté par le député de
Vimont, toujours, qui avait effectivement pour but de modifier, à tout
le moins au niveau du conseil d'administration de la commission de transport -
maintenant la société de transport - la composition pour donner
le contrôle simplement aux élus. Le projet de loi actuel, qui
remplace le projet de loi public présenté par le
député de Vimont, en donne peut-être un peu plus qu'on en
demandait au départ, mais je pense quand même que c'est un projet
de loi qui est très viable vis-à-vis du premier objectif qui a
été présenté et un projet de loi qui était
même souhaitable. La prise en main des commissions de transport par les
élus municipaux a eu des précédents. On a parlé de
la CTCUQ en 1978, de la CTCRO, si mon souvenir est exact, en 1983, je pense, au
mois de juin 1983 et, en fin de compte, cela répondait à la
demande des gens de la Communauté urbaine de Québec et de la
Communauté régionale de l'Outaouais.
En arrivant ici, à Laval, au même point, la fonction des
élus municipaux est reconnue et revalorisée d'une certaine
façon. C'est une responsabilisation des pouvoirs municipaux.
Effectivement, M. le Président, on mentionne que, maintenant, le conseil
d'administration de la commission de transport sera composé
exclusivement de cinq membres issus du conseil municipal de la ville de Laval.
C'est excellent pour une bonne raison. On sait qu'au niveau des services
à assurer en matière de transport dans une municipalité,
à Laval peut-être davantage que dans les autres cas qu'on
soulevait, comme à la CTCUQ, à la CRO et même à la
CTCUM, éventuellement, à la CTRSM, comme M. le ministre
l'annonçait dans son discours inaugural... Pourquoi davantage à
Laval? C'est une commission de transport pour une ville. Donc, les
administrés de la ville de Laval s'en remettent à leur conseil
municipal. La commission de transport est perçue comme une commission
municipale de transport, un service qui est donné par la
municipalité sous la responsabilité du conseil municipal.
Le ministre faisait allusion ce matin à la façon dont le
conseil d'administration était nommé, disant qu'il n'était
pas sous le contrôle du conseil municipal. Cependant, on sait les
ressources importantes que requiert l'organisation du transport en commun dans
un territoire, non seulement les ressources, puisque les citoyens donnent des
ressources, mais on exige des services également. Dans le cas d'un
transport pour un territoire donné, même si la municipalité
de Laval ne contrôlait pas le conseil d'administration de la commission
de transport, les citoyens avaient quand même, par rapport à cette
entité, pratiquement la certitude que la municipalité
était la gérante de tout cela, était la responsable, avait
le contrôle du conseil d'administration de la commission de transport.
À ce moment-ci, puisque, de toute façon, vis-à-vis des
citoyens, le conseil
municipal était en quelque sorte considéré comme le
responsable premier de l'administration, de la gestion de la commission de
transport, transférant au conseil municipal le plein contrôle en
nommant les membres du conseil d'administration, je pense qu'on se trouve
à reconnaître une situation de fait et, effectivement, au niveau
des membres du conseil municipal, à leur donner, finalement, pleins
pouvoirs sur une chose qui, de toute façon, était sous leur
responsabilité aux yeux de l'ensemble des citoyens. Donc, c'est
excellent.
Quant aux pouvoirs de contrôle, qui sont, d'une certaine
façon accrus, non seulement les pouvoirs de contrôle, mais les
pouvoirs au niveau du conseil municipal, on aura des pouvoirs de contrôle
et également des pouvoirs d'orientation maintenant. Je pense à ce
moment-ci important de souligner le rôle du conseil municipal dans la
question, principalement, des parcours, des services et des horaires. Il suffit
d'être en politique, même au niveau provincial, pour savoir que sur
notre propre territoire, par exemple - je suis un député de la
rive sud - une commission de transport étant un service public, les gens
s'adressent au bureau du député pour faire modifier un horaire,
faire modifier, les tarifs. On vient toujours quand même s'y plaindre,
même au député provincial. Pourquoi? On dit: Le
gouvernement finance en bonne partie la commission de transport. Vous avez
sûrement un mot à dire de ce côté-là, surtout
au niveau des tarifs. Mais si on paie un certain prix pour le transport, cela
nous coûte un certain prix également au niveau de nos taxes, au
niveau du service, au niveau du parcours que les autobus suivent. On veut
finalement intervenir auprès de ceux qui sont élus en ce
sens-là. (16 h 40)
Dans le cas présent, au niveau d'une commission de transport, si
le pouvoir est carrément entre les mains du conseil municipal, par voie
du conseil d'administration, puisque les gens du conseil d'administration sont
membres du conseil municipal, on voit donc que la responsabilité va
être bien agencée dans ce sens-là et les véritables
personnes qui ont à en répondre en répondront valablement.
La population, dans ce cas-là, pourra faire les pressions utiles ou les
demandes utiles auprès du conseil municipal qui pourra agir directement
sur les questions, par exemple, de modification des parcours ou de modification
des tarifs.
Antérieurement, dans ces deux cas-là, pour la Commission
de transport de Laval, il y avait un appel à la Commission des
transports du Québec. Je pense que mon confrère de Mont-Royal l'a
souligné et le ministre a également souligné la même
chose. On responsabilise complètement le conseil municipal. Il a la
responsabilité au niveau de la gestion et de l'administration.
On suspend l'appel, on enlève l'appel à la Commission de
transport du Québec et on le remplace par un avis de publication dans le
journal, 30 jours avant l'entrée en vigueur du tarif. Â mon point
de vue, c'est excellent dans ce sens-là puisque les contribuables, dans
un cas où ils auraient à subir une augmentation de tarif,
pourront, au minimum, s'adresser à leur conseil municipal dans un
délai relativement agréé qui leur permettra de
réagir pour tenter de faire les modifications nécessaires ou les
pressions nécessaires pour influencer la décision du conseil
municipal, s'il y a lieu.
Au niveau du conseil municipal, on parle de certains pouvoirs accrus qui
ont été donnés au conseil d'administration, mais cela
revient effectivement au conseil municipal, de certains pouvoirs accrus
accordés à la commission de transport ou à la
Société de transport de Laval. On dit toujours dans ce
cas-là "pouvoirs accrus..." Mais s'il y a un enlèvement de
contrôle d'une certaine façon au niveau du gouvernement ou
d'offices gouvernementaux, on dit qu'on devrait rendre compte directement
à la population de certains points.
Évidemment, il y a certains points sur lesquels je suis d'accord.
Par exemple, l'assemblée publique au niveau du conseil d'administration;
la période des questions; une assemblée spéciale, dans
certains cas. Tout de suite on retrouve cela dans la question de la CTCRO et
j'imagine également au niveau de la CTCUQ. Mais il y a un point qui me
chicote un peu sur cette question de l'assemblée spéciale.
Pourquoi permettre, dans un certain cas, à 500 usagers de demander la
convocation d'une assemblée publique? Puisque, de toute façon,
les assemblées régulières du conseil d'administration de
la STL sont des assemblées mensuelles, les citoyens qui ont quelque
chose à dire viendront faire les pressions nécessaires au niveau
de l'assemblée régulière mensuelle. Pourquoi avoir une
assemblée spéciale différente? On me dira peut-être,
en ce sens-là, qu'au niveau d'une assemblée spéciale, on
traitera d'un seul sujet. Peut-être mais vous savez fort bien dans quels
cas les citoyens vont demander une telle assemblée. Dans des cas
où il y aura une espèce de conflit, un problème majeur
à régler.
J'entrevois immédiatement peut-être un des seuls cas qui
pourraient survenir à ce sujet; ce seraient des cas, par exemple,
d'augmentation de tarif. Je dirais que, dans un tel cas, c'est peut-être
pratiquement de susciter un affrontement dans une assemblée publique
avec les responsables du conseil d'administration.
Je suis convaincu que dans ce sens-là, je ne dis pas que je suis
complètement contre cette disposition, mais je voudrai sûrement
soulever des questions auprès du
ministre des Transports, lors de l'étude article par article, sur
les buts visés par cette assemblée spéciale pouvant
être convoquée par 500 usagers. C'est quand même nouveau.
À mon sens, c'est du droit nouveau par rapport à ce qui existe
actuellement, même dans les deux autres commissions de transport qui sont
sous le contrôle des élus municipaux.
Un bref mot sur le comité consultatif. Elle me paraît
excellente l'idée d'instaurer des comités consultatifs qui
devront être présidés par un membre du conseil
d'administration, donc, un élu municipal. Mais, même dans le cas
du comité consultatif, les séances devront être publiques.
Je n'ai rien contre le fait que les séances doivent être
publiques, mais cela me paraît peut-être, dans certains cas, un
processus qui peut être lourd, au niveau d'un comité consultatif,
à respecter. Il est peut-être souhaitable de voir que les
séances du comité consultatif pourraient être publiques,
pas en tout temps, mais à certaines occasions. Ce serait peut-être
un élément à examiner pour amener une souplesse
administrative dans ces cas-là puisque les élus municipaux, quand
même, ont leur session mensuelle, au niveau du conseil municipal, et ceux
qui sont au conseil d'administration de la Société de transport
de Laval, ont également une session mensuelle, tel que la loi le
prévoit.
Un dernier mot au sujet des pouvoirs accrus. Le ministre l'a
souligné ce matin, et cela me paraît essentiel: les moyens de
transport paracollectif ou les modes alternatifs possibles. Effectivement,
c'est une très bonne chose, ce nouveau pouvoir donné à la
Commission de transport de Laval ou à la Société de
transport de Laval, cela permettra aux administrateurs de faire preuve de
dynamisme et également d'imagination.
Le deuxième point qui concerne ce projet de loi est toute la
question du service aux municipalités hors du territoire de Laval sur
lequel nous réservons notre consentement. Je dirai, comme le
député de Mont-Royal l'a expliqué clairement dans ce cas,
que le ministre, l'an dernier, avait décidé de conserver la
Commission de transport de Laval malgré la loi 46 sur les conseils
intermunicipaux de transport; il avait décidé de conserver la
situation telle quelle.
C'est un problème difficile à résoudre, la solution
n'est pas facile. On a trouvé des solutions pour les autres commissions
de transport sur les territoires autour de Montréal, mais pas à
Laval. On avait gardé un certain statu quo. Mais maintenant, la solution
offerte dans ce projet de loi, une solution qui va arriver d'une façon
empirique le 1er janvier 1986, est-ce que cette solution est vraiment la
meilleure? Est-ce que cette solution a été discutée
à fond avec les élus municipaux de Laval et des 40
municipalités à desservir alentour? Est-ce que ces gens voulaient
vraiment changer le mode de fonctionnement actuel? Ils avaient la
possibilité, par la loi 46, de se doter de conseils intermunicipaux de
transport; s'ils ne l'ont pas fait jusqu'à maintenant, peut-être
sont-ils satisfaits de la situation actuelle. Laval a demandé certains
changements, certains changements auraient pu être examinés afin
de les arrimer, si vous voulez, à l'entente ou au consensus des
municipalités avoisinantes.
Ce qu'il est important de souligner, c'est que le pouvoir qu'on
enlève à Laval, de donner un service à l'extérieur
de son territoire, est un pouvoir qu'elle a eu à exercer parce qu'elle
n'avait pas nécessairement demandé à offrir un tel
service, mais à cause des expropriations des transporteurs privés
antérieurs, elle avait acquis l'obligation de donner un tel service.
Laval devait desservir les municipalités environnantes. Mais quand elles
ont acquis ces compagnies de transport, elles ont eu à en payer le
coût, ce qui comprenait non seulement l'immobilisation, mais
également le coût des permis justement pour desservir ces
municipalités. Il y a un coût de rattaché à cela. La
municipalité de Laval, les citoyens de Laval ont payé un tel
coût à cette époque, ils ont dû payer pour
l'immobilisation des autobus employés à desservir cette
population.
Je comprends que le gouvernement finançait en grande partie et
finance en grande partie le transport à Laval, mais il reste que les
citoyens de Laval ont eu une part importante à payer là-dessus.
Ayant eu une part importante à payer là-dessus, on ne peut pas,
demain matin ou en 1986, au 1er janvier 1986, dire: On se retire et advienne
que pourrai
Le gouvernement devra à ce moment-ci, à mon point de vue
et comme le député de Mont-Royal l'a mentionné, donner une
certaine garantie aux citoyens de Laval qu'ils ont une compensation pour cette
perte. Le ministre a mentionné ce matin que le ministère
était prêt à jouer le rôle d'une espèce
d'arbitre ou de conciliateur, si on veut, entre les municipalités et la
ville de Laval afin d'instaurer un système de transport intermunicipal
entre les 40 municipalités et Laval, afin de leur assurer un tel
service. Il n'y a aucune garantie, par exemple, que cela va se réaliser.
Deuxièmement, il n'y a pas de garantie non plus que, de quelque
façon que cela se fasse, Laval n'en sera pas pénalisée
concernant l'immobilisation qu'elle devra garder, le matériel roulant
qu'elle devra garder, si cela ne se réalise pas et quant au personnel
qu'elle emploie.
Effectivement, est-ce qu'on peut penser que les municipalités
voisines de Laval, les 40 municipalités alentour ont vraiment
intérêt, d'une certaine façon, à conclure une
entente intermunicipale avec la ville de Laval si on considère toute la
question des conventions collectives qu'elles auront peut-être à
assumer. C'est un problème que je souligne et qu'il sera bon d'examiner.
Cela peut être un "incentive" pour ces municipalités de ne pas
contracter avec Laval quant à un conseil intermunicipal de transport; il
faudra examiner cela.
Je pense que mon confrère de Mont-Royal l'a mentionné,
quant à nous, nous devrons retenir notre aval au projet de loi pour
cette raison. Le ministre du Commerce extérieur mentionnait tantôt
que ce n'était pas son problème, que c'était un
problème intéressant à soulever mais qui concernait
uniquement le ministre des Transports. Je dirai que c'est vrai, c'est la
responsabilité du ministère des Transports. Il faut que le
gouvernement décide d'une certaine façon quant à ce
problème afin de donner à Laval certaines certitudes qu'elle ne
sera pas pénalisée par la cessation du service au 1er janvier
1985 dans les municipalités extérieures.
Le ministre des Affaires extérieures, député dans
Laval, a quand même son mot à dire, je pense, auprès du
Conseil des ministres et auprès du ministre des Transports. Il devrait
également rechercher l'appui des autres députés du parti
ministériel, comme le ministre des Transports, pour favoriser une
solution du problème acceptable pour l'ensemble des citoyens de Laval et
du conseil municipal de Laval. (16 h 50)
Quelques mots, en terminant, sur un point qui a été
soulevé par le ministre du Commerce extérieur et par le
député de Mille-Îles, concernant la question de
tarification intégrée entre Laval et Montréal.
Évidemment, la rive sud c'est la même chose. C'était une
promesse. Je me souviens fort bien que durant la campagne électorale, en
1981, les deux partis politiques ont pris des engagements dans ce
sens-là, tant sur la rive sud que sur la rive nord. Les engagements ont
été formels. De notre côté on veut toujours tenir
ces engagements-là. Si on revient au pouvoir on tentera de
réaliser le programme en question.
Je pense qu'au niveau du gouvernement on devrait quand même faire
un effort là-dessus. La solution à retenir là-dedans ce
n'est pas de dire à la CTCUM: Faites un effort, entendez-vous, pas de
fin de non-recevoir. Le gouvernement a un rôle à jouer
là-dedans. Il doit intervenir et favoriser l'intégration
tarifaire entre Laval-Montréal, rive sud-Montréal, et
possiblement, peut-être, rive sud-Montréal et Laval. C'est un
problème délicat. Les solutions ne sont peut-être pas
faciles mais étant donné que même les ministériels
ont pris de tels engagements dans la campagne électorale de 1981, je
pense que le gouvernement a un rôle précis à jouer.
D'ailleurs, pour la CTRSM, pour la rive sud de Montréal, des
propositions ont été transmises au premier ministre avec un
certain coût au gouvernement pour réaliser une telle
intégration.
Il va de soi, il faut bien y penser, que Montréal seule
n'assumera pas le coût d'une telle intégration tarifaire. Le
gouvernement doit prendre ses responsabilités. Je dis au ministre des
Transports que je souhaite qu'on ne laisse pas la situation entre les mains de
la CTCUM seulement. C'est le rôle du ministre des Transports de voir
à ce que l'arrimage au niveau de l'intégration tarifaire se fasse
avec la responsabilité que le gouvernement doit assumer mais il doit
réaliser et assumer pleinement cette responsabilité. Dans ce
sens-là je termine.
Tout comme mon confrère de Mont-Royal l'a mentionné, nous
sommes entièrement d'accord au niveau de l'objectif premier du projet de
loi. Nous retenons notre consentement principalement pour la question à
régler au niveau,- du deuxième objectif regardant la cessation du
service aux municipalités hors du territoire de Laval, qui devrait se
faire en assurant une compensation aux citoyens de Laval là-dessus.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Fabre et adjoint parlementaire au ministre de l'Éducation.
M. Michel Leduc
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. C'est avec
plaisir que j'interviens sur le projet de loi 8, Loi sur la
Société de transport de la ville de Laval. C'est avec plaisir, je
le souligne, en tant que député d'un côté de Laval,
en tant que député de citoyens qui font usage du transport en
commun et pour qui cette question du transport en commun à Laval a
toujours été une question extrêmement importante.
Dans les notes explicatives du projet de loi on mentionne que: " Ce
projet a pour objet de constituer la Société de transport de la
ville de Laval qui succède ainsi à l'actuelle Commission de
transport de la ville de Laval créée par la charte de la ville de
Laval. "L'objectif est de donner aux élus municipaux de la ville de
Laval le contrôle de la nouvelle Société de transport de la
ville de Laval."
Je pense que ces deux premiers paragraphes des notes explicatives
indiquent bien les intentions de ce projet de loi fondamental pour les citoyens
de Laval. Il faut avoir à l'esprit, pour bien comprendre les objectifs
du projet de loi, une certaine démarche qui nous entraîne vers
l'adoption
tout à fait normale de ce projet de loi qui verra à
améliorer sûrement la situation du transport en commun à
Laval.
Encore une fois, la commission de transport, celle qui existe
présentement, a été constituée en 1971. Or, depuis
1971, c'est normal, la société a évolué et le
gouvernement actuel, entre 1978 et 1980, a procédé à une
réforme de la fiscalité et de la démocratie locale par le
biais de la loi 57. L'objectif de la loi 57 était de revaloriser le
rôle des municipalités et de revaloriser le rôle des
élus municipaux, d'augmenter l'autonomie municipale.
Le projet de loi que nous avons devant nous s'inscrit dans la même
lignée que le projet de loi 57 et vise précisément
à augmenter le contrôle des élus municipaux sur un service
essentiel pour les citoyens, soit le transport en commun. Depuis l'adoption de
la loi 57, qui revalorise la démocratie locale, le gouvernement a
modifié les lois de trois commissions de transport, justement dans le
but de soumettre la gestion et l'organisation du transport en commun aux
conseils municipaux. La ville de Laval, en février 1984, a
présenté un projet de loi privé pour atteindre le
même objectif. Il y a un certain nombre de choses qu'il faut comprendre
concernant le fonctionnement actuel de la commission de transport,
fonctionnement qui sera forcément modifié par l'adoption du
projet de loi 8. La commission de transport est actuellement dirigée par
un président-directeur général nommé par le
gouvernement et par deux commissaires dont l'un est nommé par le
gouvernement et l'autre par la ville de Laval. Le projet de loi 8 propose
d'abolir cette instance décisionnelle et de confier la direction de la
nouvelle société de transport à un conseil
d'administration formé de cinq personnes choisies par le conseil de la
ville de Laval parmi les membres du conseil de ville. Je pense qu'il s'agit
là d'une modification importante qui touche à la structure
même de cette nouvelle société par rapport à la
structure actuelle de la Commission de transport de Laval. Le conseil
d'administration sera issu directement du conseil de ville, assurant ainsi aux
élus municipaux la responsabilité directe de la gestion, de
l'organisation et du budget consacré au transport en commun à
Laval.
De façon un peu plus précise, les responsabilités
du conseil d'administration, ce sera de décider des services auxquels
les citoyens auront droit, de décider des tarifs pour le transport en
commun et de décider des parcours et des horaires. Voilà, en
gros, rapidement esquissées - il y a bien d'autres
responsabilités - les principales responsabilités qui toucheront
directement les citoyens. Je pense qu'il est important de mentionner ces
questions qui relèveront directement du conseil d'administration.
La ville, quant à elle, aura la responsabilité de nommer
les membres du conseil d'administration, de contrôler les engagements
financiers de la commission et d'adopter aussi - c'est un élément
extrêmement important - le budget de la nouvelle société de
transport. Car, dans l'état actuel des choses, la ville adopte le
budget, mais ne peut modifier ce budget qui est présenté par
l'actuelle Commission de transport de Laval. (17 heures)
II y a, dans le projet de loi 8, une proposition extrêmement
importante qui touche directement les usagers, les contribuables de Laval. Il
s'agit d'un certain nombre de recours que les citoyens auront quant aux
services qu'ils jugent essentiels au transport en commun. On sait que les
décisions du conseil d'administration visent les tarifs, le parcours,
les horaires. Or, il sera nécessaire - c'est prévu dans le projet
de loi - que le conseil d'administration avise préalablement les
citoyens, dix jours avant l'adoption d'une modification touchant soit les
tarifs, soit le parcours, soit les horaires par avis dans un quotidien de
Laval. C'est une modification importante par rapport à la coutume
actuelle qui permettra aux citoyens, premièrement, d'être
informés de ce que le conseil d'administration leur réserve, qui
permettra également aux citoyens de réagir à de telles
propositions émanant du conseil d'administration car le projet de loi
prévoit également une période de questions au début
de chaque conseil d'administration. Les citoyens pourront donc se
présenter à la société de transport chaque fois que
le conseil d'administration se réunit, poser les questions qui les
préoccupent et obtenir des réponses de la part du conseil
d'administration.
Il s'agit là d'une proposition qui vise à renforcer le
pouvoir des contribuables sur leur service de transport à Laval. De
plus, 500 résidents de Laval pourront signer une pétition et
demander la tenue d'une assemblée spéciale du conseil
d'administration s'ils jugent que les tarifs, les parcours, ou les horaires
nécessitent une intervention énergique de la part des citoyens
sur de telles questions. Encore une fois, il s'agit d'un recours
extrêmement intéressant qui vise justement à permettre la
participation accrue des citoyens à la gestion et aux décisions
qui sont prises concernant leur service de transport en commun. Il y a la
question des services hors territoire qui est un élément
important du présent débat. On sait que la Commission de
transport actuelle de Laval dessert 40 municipalités hors territoire de
Laval. Or, dans le présent projet de loi, il est prévu que la
Société de transport de la ville de Laval desservira le
territoire de la ville.
La société de transport pourra négocier
des ententes avec les municipalités qui sont présentement
desservies par la commission de transport dans le but de poursuivre, de
continuer à desservir les citoyens qui résident au nord de la
ville de Laval car plus il y aura de citoyens qui se serviront, qui auront
recours à ce transport en commun, bien sûr, plus il y aura de
citoyens qui participeront aux coûts que représente ce transport
en commun. Il est donc intéressant que le projet de loi 8 prévoie
que de telles ententes avec les municipalités hors territoire de Laval
soient possibles. Il est également prévu que le gouvernement
pourra modifier, par décret, le territoire actuel que desservira, en
priorité, la Société de transport de la ville de Laval. Il
y a une question des coûts qui est rattachée à cette
question et que certains députés ont soulevée en cette
Chambre.
Cette question est fort importante. On sait que présentement la
ville de Laval doit combler le déficit de son service de transport, mais
que les 40 municipalités qui sont desservies par la commission de
transport ne participent pas au déficit de la commission de transport.
Or, les ententes qui pourront survenir à la suite de l'adoption du
projet de loi pourront permettre de telles négociations sur le budget de
la société de transport de façon que ces
municipalités participent au déficit, aux coûts
réels du transport en commun.
Certains députés, - et j'en ai entendus, - demandent que
le gouvernement prévoie dans la loi une forme de compensation, au cas
où certaines municipalités voudraient s'organiser par
elles-mêmes, comme c'est prévu par la loi, de façon
à organiser leur propre système de transport. Je trouve cela
intéressant qu'on soulève la question. En effet, on n'a pas
l'assurance que les 40 municipalités vont continuer à avoir
recours aux services de la Société de transport de Laval. Je
trouve cela intéressant qu'on puisse prévoir ou enfin qu'on
soulève cette question d'une possible compensation au cas où trop
de municipalités décideraient de se doter d'un système de
transport en commun qui relèverait de leur propre administration et qui,
donc, ne participeraient pas aux services de transport de la ville de Laval. Je
trouve cela intéressant, mais il est bon de rappeler que, depuis 1980 en
particulier - et on pourrait remonter beaucoup plus loin que cela; j'ai les
chiffres de 1980 - la participation du gouvernement au financement du transport
en commun à Laval a connu un accroissement annuel moyen de 31% depuis
1980; la contribution des usagers au transport en commun à Laval a
été de l'ordre de 13% et la contribution de la
municipalité a connu une croissance annuelle moyenne d'environ 5,4%.
Quand on regarde, ces chiffres, et si on remonte encore un peu plus loin
soit depuis 1976, on constate que la tendance est que l'usager contribue
proportionnellement moins qu'il ne le faisait dans le passé au
coût que représente le transport en commun à Laval. Ainsi,
en 1976, cette proportion était de l'ordre, pour ce qui concerne
l'usager, de 66%. En 1984, la proportion est rendue à 38%.
Par ailleurs, la contribution du gouvernement est passée de 15%
en 1976 à 33% en 1984. La contribution de la municipalité est
passée de 18% en 1976 à 28% en 1984. Il y a donc une tendance,
qui indique nettement que la contribution gouvernementale au transport en
commun à Laval a augmenté de façon significative depuis
1976. La contribution de la ville également a augmenté de
façon significative. C'est une raison supplémentaire pour que les
élus municipaux aient non seulement un droit de regard sur le transport
en commun à Laval, mais qu'ils soient directement responsables. C'est ce
que prévoit le projet de loi 8.
En terminant, je voudrais encore une fois souligner les aspects positifs
tant pour le contribuable que pour la municipalité et le gouvernement du
Québec. Bien sûr, le gouvernement sera appelé à
s'ingérer beaucoup moins dans la question du transport en commun bien
que sa contribution continuera à être essentielle pour que les
usagers puissent en bénéficier et à bas coût. (17 h
10)
L'autre aspect à souligner, c'est l'augmentation du pouvoir de la
municipalité dans l'organisation, dans la gestion, dans les initiatives
mêmes du transport en commun à Laval. La ville de Laval pourra
décider ce qui est bon pour les usagers. Elle pourra décider,
pourra prendre l'initiative de la forme du transport en commun également
et dans certains cas, cela pourra être l'utilisation du taxi collectif
dans certains coins de Laval moins densément peuplés. Il s'agit,
bien sûr, des extrémités de Laval, qui pourront
bénéficier d'un service particulier organisé par la ville
pour les contribuables.
Finalement, M. le Président, je veux souligner, bien sûr,
l'aspect qui concerne directement le contribuable qui sera à la fois
mieux desservi par un transport en commun qui se rapproche directement des
contribuables, mais aussi par le fait que le contribuable sera appelé
à participer davantage aux décisions qui seront prises par le
conseil d'administration responsable, sous l'autorité de la ville de
Laval, de cette société de transport. Encore une fois, le
contribuable aura un certain nombre de recours extrêmement
intéressants qui lui permettront de s'impliquer directement dans les
problèmes qui le concernent. Sur un territoire aussi vaste que la ville
de Laval, le transport en commun représente un véritable
défi pour un conseil
d'administration, pour un conseil de ville, mais ce défi, la
ville de Laval sera en mesure de le relever beaucoup mieux avec les
dispositions prévues dans le projet de loi 8.
Je voudrais mentionner en terminant que la ville de Laval est
prête à assumer cette responsabilité, que la ville de Laval
a déjà pris une initiative fort intéressante de consulter
la population - c'était en 1982-1983 - sur ses besoins dans le domaine
du transport en commun et encore une fois, c'est dans le but de mieux servir
les intérêts du public que le gouvernement présente le
projet de loi qui est devant nous aujourd'hui. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources et député de Vimont.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: Merci, M. le Président. J'ai
été intimement mêlé aux discussions qui ont eu cours
avec la ville de Laval et la Commission de transport de Laval en vue de la
présentation par mon collègue, le ministre des Transports, de ce
projet de loi qui porte le numéro 8 et qui est intitulé "Loi sur
la Société de transport de la ville de Laval". Le résultat
de ces échanges que nous avons faits avec les responsables municipaux de
Laval et avec les gens, les autorités de la CTL a été que
nous sommes en mesure aujourd'hui de présenter un projet de loi qui
répond, de façon globale, aux attentes que ceux-ci m'ont
exprimées à l'occasion de ces rencontres.
Bien sûr, il y avait un certain nombre de points qui ont
été soulevés lors de nos discussions. Finalement, nous
avons conclu que, dans un cas, ce n'était pas indispensable de le faire
ou encore, dans le cas plus particulier qui a été soulevé
par l'Opposition, que nous pourrions, en temps et lieu, régler la
question des droits qui avaient été achetés par la CTL,
des droits qu'elle avait acquis des compagnies qui faisaient auparavant le
transport dans la frange nord de la rivière des Mille-Îles qu'on
appelle communément les basses Laurentides. Car il y a une inconnue, une
inconnue de taille; en vertu des lois qui ont été adoptées
au Québec - la loi 46 en décembre 1982 et le projet de loi qui
est devant nous - la CTL et les commissions intermunicipales de transport qui
vont émaner des regroupements municipaux qui pourront se faire dans les
Basses-Laurentides pour les fins du transport en commun devront, au cours de la
prochaine année et d'ici le 1er janvier 1986, négocier entre
elles pour fixer le niveau de service et les tarifs qui pourraient être
établis pour la desserte de ces territoires. Ces commissions
intermunicipales de transport auront le loisir de conclure une entente avec la
commission de transport de Laval qui, une fois que ce projet de loi aura
été adopté, s'appellera la Société de
transport de la ville de Laval, ou de conclure des ententes avec la nouvelle
Société de transport de la ville de Laval pour la desserte de
leur territoire ou encore de faire affaires avec un transporteur privé
ou tout simplement de décider, après analyse, qu'ils ne veulent
pas occuper ce champ d'activité. À ce moment-là, c'est la
Commission des transports du Québec qui pourra décerner des
permis. Il faut dire que dans le cas particulier qui nous occupe, la CTL
détient déjà des permis sur son territoire. C'est donc
elle qui sera appelée à continuer de les exploiter.
Lorsque ces discussions auront eu lieu entre la ville de Laval et les
municipalités des basses Laurentides, qui se regrouperont pour ces fins
en commissions intermunicipales de transport, nous aurons un portrait beaucoup
plus juste de la situation et, à ce moment-là, nous pourrons
aviser des mesures à prendre pour les permis que la CTL avait acquis
dans le passé. Mais, au moment où on se parle, c'est un peu
prématuré et, à mon sens, il n'y aurait pas lieu que le
projet de loi statue sur cette question. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de faire
part de ce point de vue aux autorités de Laval et aux autorités
de la Commission de transport de la ville de Laval et, à
l'époque, lorsque je leur en ai parlé, cela ne m'a pas
semblé de leur part être un obstacle majeur à l'adoption de
cette loi. Elles ne m'ont pas dit qu'elles étaient d'accord
nécessairement; elles m'ont dit qu'elles souhaiteraient qu'on en
traite.
Mais de là à retarder l'adoption du projet de loi sur
cette question - ces rencontres datent quand même de quelques semaines,
je pense que cela date de trois ou quatre semaines - non, il ne semblait pas
que ce soit leur position, tout en maintenant qu'elles souhaitaient que cette
question puisse se régler par une entente entre le ministère et
elles, dans les plus brefs délais. Dans ce contexte-là, je pense
que nous pouvons procéder à l'adoption du projet de loi 8 et
permettre au ministère de poursuivre les discussions avec la ville de
Laval sur cet élément particulier.
On l'a déjà mentionné dans le débat, le
projet de loi qui est devant nous a pour objet de constituer la nouvelle
Société de transport de la ville de Laval, qui succède
ainsi à l'actuelle Commission de transport de Laval qui, elle, avait
été créée par des amendements à la charte de
la ville de Laval, il y a déjà dix ou douze ans. En fait, l'objet
premier et le but principal de ce projet de loi, c'est de transférer aux
élus municipaux le contrôle de la direction de la nouvelle
Société de transport de la ville de Laval. Actuellement, cette
société est dirigée par un conseil d'administration de
deux commissaires et d'un président-directeur
général. Un commissaire est nommé par la ville de Laval et
un deuxième commissaire est nommé par le gouvernement du
Québec, et ce, pour des mandats de dix ans. Finalement, le
président-directeur général est nommé avec l'accord
des deux parties et, à défaut d'un tel accord, par le
gouvernement pour un mandat de dix ans lui aussi.
Lors de récents événements qui ont eu lieu à
Laval, à l'actuelle Commission de transport de Laval - je fais
référence à la grève qui a eu lieu cette
année - on a pu constater que, dans l'esprit des citoyens de Laval, les
élus qui étaient les plus près pour régler ce genre
de problème, les plus aptes à régler ce genre de
problème qui se produisait dans un service direct aux citoyens,
étaient les membres du conseil municipal auxquels les citoyens
s'adressaient pour leur demander d'agir pour tenter d'apporter un
règlement à cette grève. Cela correspondait un peu
à ce qu'on avait nous-mêmes perçu auparavant. Il faut se
rappeler que le gouvernement du Québec, en 1978 et en 1980, par des lois
qui avaient pour objectif de réformer la fiscalité municipale et
d'augmenter, d'accentuer, d'améliorer le processus démocratique
municipal, a fait en sorte de donner plus de pouvoirs à ces
autorités qui sont le plus près de nos concitoyens. Le livre
blanc du ministre des Transports, qui a été publié en
1982, sur la réforme des transports en commun dans la région
métropolitaine de Montréal, avait, lui aussi, abordé cette
question et suggérait de transférer l'autorité sur les
commissions de transport, sur les sociétés de transport aux
élus municipaux qui, dans notre esprit, étant quotidiennement
dans leur ville, sont plus accessibles et sont plus en mesure d'identifier les
besoins de leurs concitoyens afin d'apporter des réponses qui vont
augmenter la qualité du service, qui vont améliorer le service.
(17 h 20)
Lorsque nous avons tenu la commission parlementaire sur ce livre blanc,
toutes les autorités municipales qui se sont présentées
devant nous, également les usagers, les associations d'usagers qui sont
venues devant la commission parlementaire, ont mentionné qu'elles
étaient d'accord avec cet objectif du livre blanc. Nous avons
assisté à un large consensus autour de cette idée.
Aujourd'hui, par l'adoption du projet de loi 8, nous venons
concrétiser ce désir des gens du milieu et également celui
des représentants des usagers de rapprocher la gestion et le
contrôle de cette gestion, de rapprocher ces éléments de la
personne qui reçoit le service.
Les élus municipaux de Laval, grâce à ce projet de
loi, vont devenir maîtres des décisions dont ils ont à
répondre devant la population et cela va leur permettre aussi de
régler, au niveau municipal, des problèmes qui relèvent
véritablement - et je pense que les gens l'ont très bien senti,
d'une façon concrète - de cet ordre de gouvernement. Cette loi
aura des retombées qui vont se manifester notamment au niveau des
instances décisionnelles de la nouvelle Société de
transport de Laval. Au lieu d'avoir deux commissaires et un
président-directeur général nommé pour dix ans,
à l'avenir, grâce au projet de loi, cette société
sera dirigée par un conseil d'administration de cinq élus
municipaux qui seront choisis parmi les membres du conseil municipal. Le mandat
de ces élus municipaux sera de deux ans seulement, mandat qui sera
renouvelable. Si l'un d'entre eux ne semble pas répondre aux attentes
soit du conseil municipal ou des citoyens, la période pour le remplacer
ne sera pas trop longue. Le conseil municipal pourra, au terme des deux ans,
procéder à d'autres nominations.
Le conseil municipal aura également le pouvoir de désigner
le président du conseil d'administration de la société de
transport. Donc, les décisions qui relèvent véritablement
des élus municipaux, à la fois dans l'esprit de la réforme
de la démocratie municipale et à la fois dans l'esprit des
citoyens, parce que leurs réactions nous démontrent que c'est
cela, vont se prendre par ce nouveau conseil d'administration qui aura à
répondre régulièrement de ses actes devant les
usagers.
De fait, le projet de loi qui est devant nous va donner de nouveaux
recours aux usagers de ces services de transport en commun. Auparavant, lorsque
la Commission de transport de Laval voulait augmenter ses tarifs, elle donnait
un avis à la Commission des transports du Québec, qui
siège un peu partout sur le territoire, et des avis étaient
publiés dans les journaux. Finalement, si quelqu'un voulait contester
l'augmentation des tarifs, il devait se présenter devant la Commission
des transports du Québec.
Évidemment, vous comprendrez que cela prend beaucoup de moyens et
cela prend beaucoup de temps aussi pour des citoyens ordinaires qui ont leur
travail quotidien, qui n'ont pas toujours le temps et les moyens de se
regrouper pour aller parader devant des commissions des jours et des jours afin
de faire valoir leur point de vue.
À l'avenir, les tarifs seront établis par le conseil
d'administration de la société qui devra donner un avis de 30
jours dans les journaux locaux avant de prendre sa décision. Comme une
assemblée du nouveau conseil d'administration est prévue dans ce
projet de loi au moins une fois par mois et que ces assemblées sont
publiques, les usagers qui voudraient discuter de ces questions avec les
administrateurs de la CTL, qui voudraient contester ces décisions,
auront la possibilité de se faire entendre.
De fait, le projet de loi prévoit qu'à
chaque assemblée régulière du conseil
d'administration de la nouvelle Société de transport de Laval
qui, comme je l'ai dit, aura lieu au moins une fois par mois, publiquement, il
y aura une période de questions obligatoire, au début. Cette
période pourra durer jusqu'à une heure de sorte que tous les
usagers, tous les citoyens qui voudraient poser des questions directement aux
responsables de la Société de transport de Laval pourront se
présenter lors de ces assemblées publiques et le faire.
Il y a des personnes dans une résidence pour personnes
âgées dans mon comté qui m'ont fait des
représentations. Elles m'ont dit: C'est bien beau, on a du transport en
commun sur semaine mais les samedi et dimanche il n'y a pas d'autobus. Les
dispositions du nouveau projet de loi vont leur permettre de faire des
représentations directement au conseil d'administration. J'espère
que ces citoyens sauront s'en prévaloir.
Il y a un autre facteur important aussi. Le fait d'éliminer les
recours à la Commission des transports du Québec va éviter
que des décisions des élus municipaux puissent être
renversées par un organisme à caractère administratif qui
siège à une certaine distance des préoccupations des
usagers qui sont là et qui, finalement, n'est pas toujours en contact
avec ces populations et qui, évidemment, doit juger selon les
pièces qui lui sont présentées - c'est presque un tribunal
- et, à ce moment-là, ils sont obligés de juger en
fonction de la preuve qui leur est présentée. Comme les citoyens
ont beaucoup de difficultés et n'ont pas les moyens de s'organiser pour
aller faire des représentations devant une telle commission, il y a
toujours le risque que, finalement, ce soient les autorités qui aient
des pouvoirs, des moyens et du personnel pour faire ces représentations,
qui puissent influencer les décisions de la commission.
Dans le cas qui nous occupe, les citoyens pourront directement faire
valoir leur point de vue devant les administrateurs, de sorte qu'ils pourront
tout de suite échanger avec ces administrateurs et tenter de les
influencer dans le sens de l'amélioration des services aux usagers
qu'ils désirent voir implantés.
Il y a une autre disposition qui accroît aussi les pouvoirs et les
recours des usagers, c'est qu'une pétition d'au moins 500 noms de
résidents de Laval pourrait forcer la convocation d'une assemblée
spéciale du conseil d'administration sur un sujet donné. Donc,
s'il y avait un problème majeur et que les usagers et citoyens de Laval
n'étaient pas satisfaits des décisions de la CTL ou qu'ils
appréhendaient des décisions qu'ils n'endossaient pas, à
ce moment-là le projet de loi qui est devant nous leur permettra, une
fois adopté, de signer une pétition et de forcer la convocation
d'une assemblée du conseil d'administration pour se faire entendre.
Ce sont là des mesures qui, à mon sens, permettant aux
usagers de s'expliquer directement avec le conseil d'administration de la
nouvelle société des transports, devraient être de nature
à améliorer le service sur l'ensemble du territoire.
Un autre facteur aussi dans le nouveau projet de loi, c'est celui qui
donne au nouveau conseil d'administration le pouvoir de créer des
commissions. Si certains problèmes particuliers surviennent qui exigent
une étude en profondeur d'un sujet, le conseil d'administration pourra
former des comités auxquels il pourra adjoindre des personnes, y compris
des usagers. Ça permettrait de réaliser une vaste consultation de
ceux qui sont affectés par les services de la Société de
transport, un peu sur le modèle que Laval a mené l'an
passé. Il y a eu l'an passé à Laval ce qu'on a
appelé une Consult-Action sur le transport en commun. La disposition qui
est dans le projet de loi va permettre à toutes fins utiles, au nouveau
conseil d'administration, de procéder lui-même à ce type de
consultation si le besoin s'en fait sentir.
Il y a eu des représentations des autorités de Laval,
comme je vous l'ai dit au début, qui m'ont été faites et
en particulier une qui traitait de l'élargissement du mandat de la
Société de transport de Laval. (17 h 30)
Dans le projet de loi, à sa section II, aux fonctions et pouvoirs
de la société, il y a un certain nombre de dispositions qui
décrivent le cadre dans lequel la société pourra
opérer ses services. La première -c'est l'article 49 - permet
à la société de conclure avec une municipalité qui
ne fait pas partie de son territoire, avec une municipalité
régionale de comté ou encore avec un conseil intermunicipal de
transport visé dans la Loi sur les conseils intermunicipaux de transport
de la région de Montréal, un contrat pour lui fournir un service
de transport en commun. C'est à cela que j'ai fait
référence tout à l'heure lorsque j'ai parlé du
problème des permis dans les zones qu'on qualifie de zones hors
territoire à Laval.
Il y a un deuxième service qui est actuellement fourni par la
Société de transport de Laval. C'est celui des services de
transport pour les personnes handicapées. Le projet de loi maintient
cette disposition qui permet à la Société de transport de
Laval de fournir de tels sévices, mais, en même temps, lui permet,
pour tenter d'améliorer le service aux handicapés et d'en
diminuer les coûts, de conclure des ententes avec les coopératives
de taxis que nous avons sur notre territoire pour effectuer ce transport. C'est
donc dire que, lorsque le
transport s'effectue par taxi... Actuellement, cela se fait un peu de
façon indirecte à Laval. La Commission de transport de Laval a
confié le transport pour handicapés à un entrepreneur et
ce dernier a embauché la coopérative de taxis. Les échos
que j'ai eus m'indiquent que le service s'est beaucoup amélioré
depuis et est beaucoup plus souple et beaucoup plus personnalisé. Il
coûte beaucoup moins cher à la société.
Il y a beaucoup de choses dans ce projet de loi. J'aurais pu
m'étendre beaucoup sur les nouveaux pouvoirs qui sont donnés
à la Société de transport de Laval, dont l'un, en
particulier, est celui de promouvoir le covoiturage et de donner du support
technique aux organismes et entreprises qui voudraient en faire. C'est une
demande qui m'a été directement adressée par la ville de
Laval et à laquelle répond le projet de loi.
Pour terminer, M. le Président, étant donné que
vous m'indiquez que mon temps est écoulé, j'aimerais tout
simplement vous indiquer que je pense que ce projet de loi répond
d'abord aux attentes des dirigeants municipaux de Laval que j'ai eu l'occasion
de rencontrer, avec lesquels j'ai eu l'occasion de m'entretenir de ce sujet
à plusieurs reprises. Il répond aux attentes des usagers en leur
donnant une possibilité d'intervention directe auprès des
autorités de la Société de transport de Laval lorsque des
problèmes surviennent. Je suis persuadé que ce projet de loi va
permettre d'améliorer les services de transport à Laval et dans
les basses Laurentides. En l'adoptant, je pense que nous allons au devant des
demandes des élus Lavallois et également des usagers, et tout
cela dans un souci d'efficacité et de saine gestion. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader de
l'Opposition.
M. Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Très
brièvement, vous me permettrez d'intervenir pour reprendre les arguments
qu'ont invoqués mes collègues de Mont-Royal et de Laprairie pour
rappeler au ministre, qui exercera son droit de réplique
immédiatement après mon intervention, semble-t-il, que
l'Opposition souscrit volontiers au premier objectif de ce projet de loi 6, Loi
sur la Société de transport de la ville de Laval. Je m'excuse,
c'est le projet de loi 8. C'est la nuit dernière qui revient. Le premier
objectif qu'il vise, c'est de donner aux élus municipaux de ville de
Laval le contrôle de la nouvelle Société de transport de la
ville de Laval. Le porte-parole de l'Opposition officielle en matière de
transport a clairement indiqué que nous sommes d'accord avec ce
principe, pourquoi nous sommes d'accord et je n'y reviendrai pas, M. le
Président. Il y a un deuxième objectif qu'on retrouve dans le
projet de loi et c'est de celui-là que j'aimerais reparler au ministre
avant qu'il n'exerce son droit de réplique.
Le projet de loi nous dit qu'à compter du 1er janvier 1986, la
ville de Laval devra remettre aux municipalités concernées la
responsabilité de l'organisation et du financement des services de
transport hors territoire donnés auparavant par l'actuelle Commission de
transport de ville de Laval. C'est là qu'il nous semble, quant à
nous, y avoir des raisons majeures de non seulement nous poser des questions au
sujet du projet de loi, mais peut-être bien de ne pas souscrire à
l'adoption du principe du projet de loi même. D'ailleurs, je vous dirai
que je trouve un peu curieux que le ministre de l'Énergie et des
Ressources, qui vient de parler avant moi, ne fasse pas plus de cas de la
suggestion qu'a faite le député de Mont-Royal lors de son
intervention.
Le ministre a clairement indiqué que les autorités de la
ville de Laval ont discuté avec lui de leurs appréhensions
vis-à-vis des coûts que pourra comporter ce transfert aux
municipalités environnantes, le 1er janvier 1986, s'il devait
s'avérer que ces municipalités ne sont pas prêtes à
acquérir les équipements que la Commission de transport de Laval
a dû acquérir au moment de sa formation. Il n'est pas inutile de
rappeler que la CTL a payé quelque 7 200 000 $ pour acquérir les
compagnies qui faisaient du transport sur l'île de Laval et que, de ces 7
200 000 $, il y a environ un tiers, soit 2 500 000 $, qui sont attribuables
à l'équipement qui servait à donner le transport en commun
à l'extérieur de la ville de Laval.
Il me semble clair que si, le 1er janvier 1986, la ville de Laval se
voit prise avec l'ensemble des équipements et que les
municipalités environnantes ne concluent pas d'entente pour que ce soit
la ville de Laval qui leur fournisse le service de transport, il va y avoir
quelqu'un qui devra payer et, évidemment, ce sera la ville de Laval.
C'est là que je trouve tout à fait curieuse, pour ne pas dire
plus, la prise de position du ministre de l'Énergie et des Ressources
qui dit: II n'y a pas de problème. Le projet de loi 8 répond aux
attentes des autorités municipales, des citoyens de Laval de
façon globale. Il me semble que 2 500 000 $ et peut-être bien plus
- je vous donne cela globalement, comme dirait le ministre de l'Énergie
et des Ressources - c'est quand même quelque chose qui mérite une
considération plus sérieuse que celle que semble vouloir lui
accorder le ministre de l'Énergie et des Ressources.
D'ailleurs, il est assez intéressant de constater comment le
ministre du Commerce extérieur, un autre député de Laval,
a traité
la question. Je ne sais pas si c'est parce qu'il est au cabinet depuis
plus longtemps que son collègue de Vimont, mais il a été
beaucoup plus prudent dans sa façon d'aborder la suggestion du
député de Mont-Royal. Il disait, cet après-midi: "J'ai
trouvé intéressantes les remarques du porte-parole de
l'Opposition, le député de Mont-Royal. Cependant, il comprendra
que même si j'interviens après lui, ce n'est pas à moi,
tout ministre responsable de l'île de Laval que je sois - et là
vous avez tout de suite reconnu le ministre dont il s'agit, c'est bien le
ministre du Commerce extérieur, cela lui ressemble, oui le boss de
l'île de Laval, semble-t-il - ce n'est pas à moi, disait-il,
d'être le porte-parole du gouvernement sur les attitudes que nous
pourrions avoir quant aux points techniques qu'il a proposés. La
tentation serait grande pour moi d'en parler," disait-il. (17 h 40)
Évidemment, s'il nous en parlait, j'imagine qu'il ne nous dirait
pas, comme l'a presque dit le député de Vimont, ministre de
l'Énergie et des Ressources, que finalement il n'y a rien là, que
cela peut se régler après des discussions. En fait, est-ce que
l'étude du projet de loi qui donne à la ville de Laval les
responsabilités d'assurer des services de transport en commun, n'est pas
le moment privilégié de régler la question? Je comprends
que le ministre du Commerce extérieur n'est pas ministre des Transports,
mais cela ne l'empêche sûrement pas, comme le ministre de
l'Énergie et des ressources, comme les deux autres députés
péquistes de Laval, de faire des représentations auprès du
ministre des Transports. Le ministre du Commerce extérieur le disait cet
après-midi: L'actuel ministre des Transports est un bon ami de la ville
de Laval, il a fait beaucoup de choses, et je n'en doute aucunement. L'une des
belles choses qu'il pourrait ajouter à sa longue liste de
réalisations pour la ville de Laval, ce serait sûrement, au moins
dans un premier temps, lorsqu'il exercera son droit de réplique dans
quelques minutes, de nous dire qu'il est prêt à en discuter avec
les représentants de l'Opposition et les membres de la commission
parlementaire au moment de l'étude détaillée.
S'il devait nous dire dans son droit de réplique qu'il ferme la
porte à toute discussion sur une garantie qui pourrait être
inscrite dans la loi - à notre point de vue, elle doit être
inscrite dans la loi - s'il devait, dis-je, fermer la porte à toute
discussion, nous comprendrions vite que les belles intentions, les belles
paroles du ministre du Commerce extérieur et des autres
députés péquistes de Laval ne sont que cela: des belles
intentions et des belles paroles qui, semble-t-il, n'ont pas réussi
à infléchir le ministre des Transports. Je ne prêterai pas
d'intention au ministre des
Transports, je le laisse nous répondre tantôt sur les
dispositions qu'il sera prêt à discuter avec les membres de la
commission le moment venu, c'est-à-dire au cours des prochains jours en
commission parlementaire.
Le député de Vimont, ministre de l'Énergie et des
Ressources, disait: II n'y a pas de raison de retarder l'adoption du projet de
loi 8. M. le Président, je lui fais remarquer qu'il n'y a aucun retard
qui va découler de l'adoption d'un amendement que le ministre pourrait
lui-même proposer à la commission lors de l'étude
détaillée pour faire en sorte que Laval ait les garanties
nécessaires. Les autorités de la ville de Laval sont très
inquiètes à ce sujet. Bien sûr, comme nous, elles
souscrivent au premier objectif du projet de loi, mais elles
s'inquiètent sur cette somme de 2 500 000 $ et, j'en suis sûr,
elles seraient les premières à remercier le ministre des
Transports et peut-être bien le député de Mont-Royal,
porte-parole de l'Opposition, pour en avoir fait le premier la suggestion si,
effectivement, dans le projet de loi, on inscrivait la garantie dont parlait le
député de Mont-Royal.
M. le Président, évidemment les discussions vont continuer
entre les porte-parole du gouvernement et la ville de Laval. Il y a eu des
discussions... Le député de Vimont l'a lui-même admis. Les
autorités municipales lui ont parlé de la question de
l'indemnisation pour l'abandon des services hors territoire. Elles ont
rappelé au député que la Commission de transport de Laval
est probablement l'une des seules, sinon la seule des commissions de transport
au Québec qui n'a reçu aucune subvention au moment où elle
a acquis les compagnies de transport. Je sais pertinemment que, dans le cas de
la Commission de transport de la Communauté régionale de
l'Outaouais, il y a eu aide financière, subvention. Il y en a eu
à Montréal, à Québec. J'imagine mal qu'il y ait
beaucoup de commissions de transport au Québec qui, comme celle de
Laval, n'ont reçu aucune subvention au moment de leur formation. Raison
de plus pour ne pas brimer encore plus la ville de Laval au moment où
nous adoptons le projet de loi 8 en ne lui donnant pas toutes les garanties
auxquelles elle a droit. Nous insisterons, bien entendu, en commission
parlementaire, pour que ces garanties fassent partie intégrante de la
loi. Nous ne nous satisferons pas de vagues promesses du ministre de
l'Énergie et des Ressources et député de Vimont et
même du ministre des Transports, avec toute la bonne foi qu'on lui
prête. Si bonne foi il y a du côté du gouvernement, ce sera
très facile de nous en convaincre simplement en inscrivant la garantie
dans le texte du projet de loi 8.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Transports, votre droit de
réplique.
M. Guy Tardif (réplique)
M. Tardif: M. le Président, je vais essayer de
répondre aux principales questions soulevées. D'abord, je note
avec beaucoup de satisfaction que l'Opposition souscrit au premier objectif du
projet de loi qui est de remettre littéralement le contrôle de la
CTL qui deviendra avec cette loi la Société des transports de la
ville de Laval, la STL, aux élus. Remise du contrôle veut dire que
le conseil d'administration sera formé uniquement d'élus
nommés par le conseil, que le président sera nommé par le
conseil, que ce conseil adopte son budget, que ce conseil choisit les parcours,
les tarifs, le niveau, la qualité de services, la quantité, bref,
et qu'il n'y aura plus d'appel non plus à la Commission des transports
du Québec. Donc, voilà, M. le Président, pour ce premier
objectif de la responsabilisation des élus et que le
député de Mont-Royal, celui de Laprairie et maintenant celui de
Gatineau ont acclamé avec diverses épithètes. Le
député de Laprairie a plusieurs fois parlé d'une
excellente chose.
Cependant, le député de Mont-Royal dit: Néanmoins,
j'aimerais faire des propositions ou des suggestions au gouvernement. Il dit:
La première: Pourquoi ne pourrait-il pas y avoir un représentant
du gouvernement à ce conseil? Là-dessus, je dois dire que si on
avait prévu le contraire dans le projet de loi, qu'il y aurait un
représentant du gouvernement au conseil d'administration, probablement
que le député de Mont-Royal, fidèle à la tradition
de l'Opposition qui est de s'opposer, aurait dit: Voilà! Le gouvernement
veut se garder quelqu'un au conseil d'administration. On a décidé
de faire confiance aux élus complètement et on n'en a pas vu la
nécessité.
Son deuxième point. Il dit: Mais pourquoi le gouvernement
n'a-t-il pas ouvert la facilité qu'il y ait au sein du conseil
d'administration de la STL des représentants d'élus, cette fois,
mais des autres villes qui pourraient s'y joindre? Ceci mérite, je
pense, qu'on s'y arrête deux minutes et je le suis tout à fait sur
ce terrain dès lors que nous parlons d'un organisme supramunicipal.
Exemples: CTCUM, CTCUQ, CTCRO, CTRSL à Laval, toutes ces commissions
qui, en réalité, regroupent des élus venant de plusieurs
municipalités. Le cas de Laval, ce n'est pas cela. C'est le cas d'une
ville qui est en même temps une MRC, dont le maire est à la fois
maire et préfet ou président de la MRC et qui, à l'heure
actuelle, dessert ou peut desservir des territoires en dehors de l'îleJésus, mais alors là, elle le fait -comment dirais-je? -
à la suite d'un contrat de service qu'une autre municipalité
signe avec elle. Je n'ai aucune espèce d'objection, moi, à
évaluer la possibilité de créer une espèce
d'organisme supramunicipal. Mais je ne suis pas sûr du tout que les
autorités de la ville de Laval en veuillent beaucoup de cela. Or, quant
à moi, en l'occurrence, il y avait une espèce de normalité
à limiter la STL au territoire de Laval en ce qui concerne son conseil
d'administration.
Le député de Mont-Royal, et cela a été
repris par les autres, dit: Si on est d'accord avec le premier objectif, des
élus qui contrôleront le service de transport, nous, nous posons
des questions sur le deuxième objectif pour ce qui est de la desserte
hors territoire. Là, son argument dit ceci: Ni la ville de Laval ni les
autres villes n'ont demandé cela. Je lui concède que ni les
autres villes ni la ville de Laval n'ont demandé cela. Mais il faut
comprendre pourquoi. Aucune des autres villes desservies ne pouvait demander
cela parce qu'elles avaient un service gratuit que seuls les usagers et le
gouvernement payaient. Les usagers et le gouvernement casquaient, mais aucune
de ces villes ne contribuait. Donc, voilà pour elles; leur
intérêt était de faire le mort. (17 h 50)
La ville de Laval n'a pas demandé, me dit-on, cela. Je pense
effectivement que c'est vrai et que Laval aurait fort bien pu s'accommoder du
statu quo quant au territoire. Mais, alors là, le député a
posé la question et je pense que je suis son raisonnement d'un bout
à l'autre, il dit: Vous aviez le choix en quelque sorte, M. le ministre:
Ou bien de permettre à Laval de se retirer ou bien de permettre à
Laval de cotiser les autres villes. Parce que c'est ça, finalement. Il
dit: Vous avez choisi le retrait. Je dis non, on n'a pas choisi le retrait. On
a permis dans la loi aux villes de choisir, elles, de se retirer ou bien de
mettre la main dans leur poche et de se cotiser pour payer le service. Donc, on
n'a pas pris la décision à leur place. C'est vrai, le
député dit: Oui, mais le service va arrêter ou peut
arrêter le 1er janvier 1986. Oui, si les villes décident qu'il en
sera ainsi. Le député de Mont-Royal fait un scénario,
disons, pessimiste. Si les villes décident de se retirer, eh bien, alors
là, il tire des conclusions sur ce qui va se produire pour le
matériel en trop, pour le personnel, pour les conventions collectives,
etc.
Moi, je préférerais l'inverse. On pourrait tout aussi bien
imaginer un scénario optimiste de l'accroissement de l'achalandage
dû au fait que des citoyens de la route de Lachute, de
Saint-Jérôme, de Saint-Donat, par exemple, ou de Saint-Eustache,
parce qu'ils auront un meilleur service, parce que ce service-là sera
partiellement subventionné par leur municipalité, cela va
accroître l'achalandage et accroître également les
revenus pour la CTL. Donc, les deux scénarios sont
envisageables.
Mais je ne voudrais pas introduire dans la loi une disposition pour ce
que j'appellerais prévoir le scénario du pire. Le
député de Gatineau a dit: II faudrait que le ministre des
Transports nous dise qu'il est prêt à discuter avec l'Opposition
de l'inclusion de garanties. C'est drôle, mais j'ai parlé au maire
de Laval ce matin et le maire de Laval, qui m'a souligné la question,
n'en a pas fait, lui, une condition sine qua non de l'adoption de ce projet de
loi. Il m'a dit: M. le ministre, nous nous interrogeons. J'ai dû lui
répondre à ce moment-là... Parce qu'il faut faire
attention...
Je ne sais pas d'où viennent les chiffres, mais il y a des
députés qui ont dit: Laval a payé 7 000 000 $ pour
exproprier des services de transport. Les chiffres que j'ai, sous toute
réserve de vérification, disent ceci: Achat de Mille-Îles
Transport: 4 000 000 $; Yvan Lévis Autobus: 900 000 $ et Laval Autobus:
110 000 $, pour un total de 5 000 000 $ et non pas de 7 000 000 $. Ceci en
1972, à peu près. Donc, depuis douze ans, 5 000 000 $ pour des
routes payantes. La route de Saint-Donat, semblait-il, était payante.
Mais ces achats d'autobus ne visaient pas seulement à desservir le
territoire hors Laval, le député en conviendra, cela desservait
également Laval.
J'ai entendu des gens dire tantôt: Oui, mais il y en avait deux
tiers pour Laval et un tiers pour l'extérieur. Je regrette, mais cela
n'est pas exact. Les chiffres que nous avons, les plus récents, sur le
taux d'achalandage, sont de 21 000 000 de passages en 1983, 21 000 000 pour
l'ensemble du réseau de la CTL dont seulement 10%, c'est-à-dire
à peu près 2 100 000, hors territoire de Laval.
C'est donc dire, mutatis mutandis, que si le ratio avait
été le même - on pourra faire les vérifications dans
le temps - pour l'ensemble du parc d'autobus exproprié il y a douze ans,
en 1972, il y en avait 90% qui, théoriquement, desservaient Laval et 10%
l'extérieur. Donc, premier élément: le montant n'est pas
de 7 000 000 $ mais de 5 000 000 $. Deuxième élément: la
portion hors territoire, si elle était de 10% - et je le donne sous
toute réserve au député - 10% de 5 000 000 $, c'est 500
000 $ que ceci impliquerait comme, comment dirais-je? coût
d'expropriation lié au service hors territoire que potentiellement Laval
pourrait perdre si les municipalités ne maintenaient pas ce service.
Ces 500 000 $, je suggère respectueusement au
député de Mont-Royal et aux autres que depuis que la CTL existe,
ces coûts-là, le service de la dette lié à
l'expropriation, le gouvernement, dans les coûts de transport, en a
assumé une partie.
Quelle est la partie qu'il assume présentement? Elle est de 33%,
elle va fluctuer entre 15%, 20%, 21% et 33%. Donc, au cours de ces
années-là, le gouvernement du Québec a assumé par
conséquent une partie du coût d'amortissement de l'expropriation
de ces autobus au prorata du service de la contribution de l'État
québécois.
M. le Président, ce que je dis aux députés de
Mont-Royal, de Gatineau et de Laprairie qui m'ont demandé des garanties,
c'est que je peux leur donner celle-là au moins. Demain matin et dans un
an, le 1er janvier 1986, nous continuons à assumer notre part du
déficit d'exploitation de Laval et, en conséquence, si
l'hypothèse totalement ou moyennement pessimiste devait se
réaliser, si les municipalités présentement desservies
hors territoire devaient décider de se retirer et de ne pas donner de
transport en commun ou de le confier à quelqu'un d'autre et que ceci
devait entraîner une perte - je ferai remarquer au député
de Mont-Royal qu'il ne reste plus rien des brimbales expropriées il y a
douze ans; les 225 autobus de Laval sont presque tous des autobus neufs
payés à 75% par l'État québécois, - je dis
que dans les mécanismes de financement actuels, nous en assumons le
tiers déjà - il y a au moins cette garantie-là - et qu'en
d'autres termes cette perte, si tant est qu'elle devait se matérialiser,
sera partagée au prorata du mode de financement actuel.
En essayant de conclure, il y a des choses qui ont été
évoquées, d'autres questions par le député et
j'espère pouvoir lui fournir les réponses en commission
parlementaire mais, par exemple, disait-il: "Les problèmes qui seraient
causés par l'appropriation de budgets par quarts, par tranches..."
À partir du moment où, à la demande des élus, nous
faisons sauter l'adoption automatique du budget pour leur permettre d'en
discuter, à moins de consentir à ce que les autobus
arrêtent de rouler le 31 décembre parce que le budget n'aura pas
été adopté, je pense que ce n'est pas ça qu'il
veut, le député de Mont-Royal, il faut prévoir un
mécanisme. À l'Assemblée nationale on en a un. Il y a un
douzième du budget qui est adopté pour nous permettre de
fonctionner tant que le budget n'est pas voté par l'Assemblée
nationale. Il y a des mécanismes semblables. Je ne pense pas que le
député de Mont-Royal veuille que le service arrête le 31
décembre au soir si le budget n'a pas été voté.
Pour permettre cela, pour éviter tout blocage, c'est l'adoption du
budget par tranches.
Il y a une autre chose également qu'il a évoquée,
c'est le fait que le gouvernement aurait donné moins qu'ailleurs
à Laval. J'ai évoqué tantôt la contribution au
transport en commun, les coûts. La ligne jaune qui est
ici, c'est celle de l'usager qui, en 1976, quand on a pris le pouvoir
des gens d'en face, payait 66% du coût de son transport, les deux tiers.
Aujourd'hui, il en paie 38%. Le gouvernement du Québec en payait 15%.
Aujourd'hui, il en paie 33%. Il a connu un petit sommet à 35% à
un moment donné et la ville de Laval est passée de 18% à
28%. C'est le partage, encore une fois, sur une longue période.
Or, en termes de croissance annuelle, la ville de Laval a vu son effort
de contribution au transport en commun augmenter de 5,4% et les usagers de
13,3%. Même si leur part relative diminue, leur fardeau a augmenté
de l'ordre de 13,3% et celui du gouvernement a augmenté de 31,2%. Je
pense qu'on ne peut pas... Par année...
Une voix: ...
M. Tardif: Pardon? M. le Président, j'arrive aux autres
endroits. Le député de Mont-Royal me pose la question: Oui, mais
votre contribution a été plus forte ailleurs. Il y a un endroit
où cela a été vraiment plus fort, et c'est à
Montréal, et le député sait pourquoi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre, il est 18
heures. À moins d'un consentement...
M. Tardif: Puis-je avoir trois minutes pour répondre
à sa question?
Le Vice-Président (M. Rancourt):
D'accord, M. le ministre, s'il y a consentement.
M. Tardif: Le député de Mont-Royal sait pourquoi.
C'est parce qu'à Montréal, il y a le métro et que nous
payons 100% de la construction du métro. Alors que nous payons 75% des
autobus partout, le métro, c'est 100%. C'est vrai que cela a
augmenté plus ailleurs, mais je dis respectueusement au
député de Mont-Royal que le métro sert également
aux gens de Laval et aux gens de la rive sud.
En terminant, je remercie évidemment le député de
Laval-des-Rapides, mon collègue du Commerce extérieur, pour les
excellentes paroles qu'il a eues à mon endroit. C'est vrai que, d'une
part, je ne suis pas très loin de la ville de Laval étant
donné que j'habite sur le boulevard Gouin, tout juste à
côté. Il suffit que je traverse le pont Viau pour être rendu
à Laval. Cela étant dit, c'est vrai que je me suis
préoccupé de régler un certain nombre de choses dans le
monde municipal en général, la réforme de la
fiscalité, il l'a évoqué, tout cela. Tant mieux. Je pense
que le pas que nous nous apprêtons à franchir s'inscrit dans cette
direction. Évidemment, je suis tout à fait disposé et je
voudrais terminer là-dessus, je regrette que le député de
Laprairie ne soit pas là parce qu'il m'a dit: M. le ministre des
Transports, vous avez pris un engagement, votre gouvernement, sur
l'intégration tarifaire aussi bien de Laval et de la rive sud - le
député de Laprairie, donc, c'est sur la rive sud - au cours de la
dernière campagne électorale. Il dit: Nous autres aussi. Je pense
que tout le monde a compris cela. On pourrait faire sortir le Journal des
débats.
J'aurais aimé cela qu'il soit là parce que je trouve moi
aussi que cela a assez duré les pourparlers entre ces organismes, et
qu'à un moment donné, il va falloir qu'on en vienne à une
solution à ce problème de l'intégration tarifaire. Mais ce
n'est pas vrai... le député de Laprairie dit: Oui, mais il y a eu
entente entre les élus de la rive sud. Oui, il y a eu entente pour faire
casquer le gouvernement. Je pense qu'on peut facilement s'entendre entre
élus municipaux pour dire: Le gouvernement devrait tout payer. Moi je
dis publiquement ici que si l'Opposition, si le député de
Laprairie reflétait exactement le point de vue de l'Opposition
là-dessus, je suis prêt à faire mon bout de chemin pour
promouvoir l'intégration tarifaire, la réaliser, mais pas
uniquement aux frais du gouvernement. Le tableau qu'on a ici présent
nous indique que le gouvernement, les municipalités, les usagers
défraient à Laval à peu près au tiers chacun des
coûts.
Je peux dire ceci au nom du gouvernement, c'est que pour la solution du
problème, la carte interrive, je suis prêt à y aller dans
les mêmes proportions avec les trois commissions de transport, CTCUM, STL
bientôt à Laval, et CTRSM. Je suis donc prêt à faire
mon bout de chemin. Je pense que les usagers également vont être
prêts à faire le leur. Maintenant, il restera évidemment
aux autorités municipales à le faire. Je souhaite qu'elles le
fassent rapidement à part ça. Les autres questions techniques, il
me fera plaisir d'y répondre en commission, mais il y a, encore une
fois, cette garantie qui est là quant aux contributions. Il faudrait
voir quand même l'ampleur des montants qui sont en cause. Pour ces
raisons, encore une fois, même si dans mes conversations avec le maire de
Laval ont indiqué que cette question le préoccupait, il n'en a
pas fait une condition sine qua non attendu que justement il y a
déjà cette garantie que nous ramassons au moins le tiers de la
facture. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 8, Loi sur la Société de transport de la ville de Laval
est-il adopté?
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté sur division. M. le leader adjoint.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Blouin: M. le Président, conformément à
l'article 236, je propose que ce projet de loi soit envoyé à la
commission de l'aménagement et des équipements qui
procédera à son étude détaillée. Je propose,
par la même occasion, que cette commission soit dirigée par un
président de séance.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion de renvoi et
cet avis sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Blouin: M. le Président, pour bien informer les membres
de l'Assemblée, j'indique que ce soir, à compter de 20 heures,
nous tiendrons un débat menant à l'adoption du projet de loi 15,
Loi modifiant diverses dispositions législatives, et du projet de loi
12, Loi modifiant le Code civil, le Code de procédure civile et d'autres
dispositions législatives. Voilà le menu pour ce soir. Sur ce,
nous allons suspendre nos travaux jusqu'à 20 heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 20 h 1)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît! Vous pouvez vous asseoir.
Projet de loi 15 Adoption du principe
Nous en sommes rendus à l'adoption du principe du projet de loi
15, Loi modifiant diverses dispositions législatives. La parole est au
ministre de la Justice.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il s'agit dans ce
projet de loi 15 de modifications, ce qu'on appelle les bills omnibus ou une
loi modifiant diverses dispositions législatives. La plupart de ces
dispositions sont de nature technique comme c'est le cas de tous les bills
omnibus ou de nature corrective. Cependant, certaines viennent confirmer des
décisions réglementaires, notamment cette partie de notre projet
de loi qui touchera à la division du ministère des Affaires
intergouvernementales et la création du Secrétariat aux Affaires
intergouvernementales canadiennes avec le ministère des Relations
internationales. J'ai transmis au député de D'Arcy McGee, qui est
le critique de l'Opposition en matière de justice, les informations
utiles pour lui permettre de prendre connaissance de ces modifications que nous
apporterons au projet de loi lui-même lors de la commission qui
étudiera article par article le projet de loi. Je me limiterai donc
à cette étape à faire des commentaires d'un ordre un peu
général sur les propositions qui sont les plus significatives de
ce projet de loi.
D'abord, dans le secteur de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu, le projet de loi modifie la Loi sur l'aide
sociale afin d'autoriser le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu à verser l'aide sociale aux familles
monoparentales qui participent à un programme de formation qui est
désigné par règlement. La loi est également
modifiée pour permettre qu'un programme d'activités de travail ou
de formation qui est établi par un ministre autre que celui de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu puisse également
être proposé comme un plan de relèvement au niveau de
l'aide sociale.
Dans le secteur des affaires sociales, il y a plusieurs modifications,
notamment à la Loi sur l'assurance-maladie, qui ont pour but, en
particulier, d'interdire à toute personne d'exiger une compensation pour
une fourniture accessoire autrement que dans les cas prévus dans un
règlement ou dans une entente négociée avec les
associations professionnelles. D'autres modifications visent, elles, à
permettre à la Régie de l'assurance-maladie de
révéler au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, non seulement le coût des biens et des
services qu'elle assume pour les bénéficiaires d'aide sociale,
mais également la nature de ces biens et services ainsi que la date
à laquelle ils ont été fournis. Lors de l'étude
détaillée du projet de loi en commission, M. le Président,
nous ferons de nouvelles propositions concernant les pénalités
qui sont imposées aux titulaires des bourses d'études qui
acceptent de fournir des services assurés dans les régions
éloignées, le tout conformément aux nouvelles dispositions
prises par le ministre des Affaires sociales pour favoriser la
répartition des médecins en régions
éloignées. Le projet de loi 15 propose que, dorénavant,
les boursiers, qui abandonnent les études convenues et ou qui
faillissent autrement à leur engagement, ne perdent pas leur droit de
s'inscrire au régime d'assurance-maladie en introduisant la notion d'une
pénalité quant aux sommes reçues.
Dans le même secteur d'activité, des modifications sont
apportées à la Loi sur la protection de la santé publique
afin, en particulier, de transférer au ministre des Affaires sociales
les pouvoirs de réglementation du gouvernement qui touchent le
système de transport ambulancier et de prévoir la
délégation de ces pouvoirs à un conseil
régional.
D'autres modifications concernent l'autorisation verbale qui est
donnée par un médecin pour la prise de possession par une autre
personne d'un cadavre qui n'est pas réclamé par sa famille. De
plus, désormais, les frais d'inhumation de certains cadavres ne seront
plus assumés par l'État que dans la mesure où les biens
laissés par la personne décédée ne suffisent pas
à couvrir ces frais ou s'ils ne sont pas acquittés, en vertu d'un
contrat de préarrangements funéraires.
Toujours dans le domaine des affaires sociales, les modifications
suggérées à la Loi sur les services de santé et les
services sociaux ont pour but d'inclure le pharmacien au conseil des
médecins et dentistes de l'établissement. Ces propositions
d'amendements découlent de la nécessité d'amender
également la Loi sur la Commission des affaires sociales afin d'accorder
au pharmacien un droit d'appel à la suite de l'application d'une mesure
disciplinaire recommandée par le conseil des médecins et
dentistes.
D'autres amendements suggérés à la Loi sur les
services de santé et les services sociaux ont pour but d'assurer une
meilleure qualité des services aux bénéficiaires des
établissements de santé et de services sociaux, en particulier
par l'introduction de l'obligation d'avoir des règles de soins uniques
pour divers départements cliniques.
Des amendements à la Loi sur les services de santé et les
services sociaux répondent en outre à une volonté de mieux
contrôler les coûts de notre système de santé et de
services sociaux. Font partie de ces mesures, d'une part la possibilité
d'imposer une procédure d'autorisation avant achat d'équipement
ultra-spécialisé ainsi que, d'autre part, l'obligation pour un
médecin, qui n'est pas membre d'un conseil des médecins et
dentistes d'un centre hospitalier, de respecter les règles de soins et
les règles d'utilisation des ressources de ce centre hospitalier,
lorsqu'il y requiert des services pour un de ses patients.
Dans le domaine des transports, des modifications sont apportées
dans trois secteurs: D'abord, dans le cas de la Loi sur les chemins de fer et
certaines autres lois qui régissent les compagnies de chemins de fer
afin de remplacer la procédure actuelle d'approbation de la tarification
par une procédure de dépôt auprès de la Commission
des transports du Québec. Il s'agit, en fait, d'une procédure
analogue à celle adoptée dans le cas de l'industrie du
camionnage, dans un contexte de recherche de
déréglementation.
Des modifications sont également apportées aux lois des
communautés urbaines et des commissions et corporations de transport
relativement à la disposition d'actifs dont l'acquisition a
été subventionnée par le gouvernement du Québec.
Ces organismes seront dorénavant obligés d'obtenir l'autorisation
du ministre des Transports avant de disposer d'un immeuble ou d'une
pièce d'équipement dont la valeur est supérieure à
25 000 $ et dont l'acquisition et la construction ont été
spécifiquement subventionnées. Il nous faut cependant noter que
dans le cas des corporations municipales et intermunicipales de transport,
cette modification constitue en fait un allégement puisque cette
obligation s'applique en ce moment, dans l'état actuel de notre droit,
à tout actif qui est subventionné, quelle qu'en soit la
valeur.
Enfin, le projet de loi omnibus apporte certaines modifications à
la Loi sur l'assurance automobile, notamment pour permettre à la
régie d'établir sa tarification au besoin plutôt
qu'annuellement et d'augmenter le nombre des membres du conseil
d'administration de sept à onze.
Dans le domaine de l'habitation et de la protection du consommateur, la
Loi sur le courtage immobilier est modifiée afin de prévoir que
le requérant d'un permis de courtage immobilier ou d'un certificat
d'inscription doit détenir une assurance responsabilité
professionnelle. De plus, cette loi est modifiée afin d'accroître
les amendes pour une infraction à la loi avec une possibilité
pour le tribunal de tenir compte du préjudice économique qui est
causé par l'infraction ainsi que le bénéfice qu'en a
retiré le contrevenant.
Toujours dans le même domaine, la Loi sur la protection du
consommateur est modifiée afin de régir les entreprises de
garanties supplémentaires. Par concordance, la Loi sur les assurances
est modifiée de manière qu'elle ne s'applique pas aux entreprises
qui n'offrent ou ne concluent que des contrats de garantie
supplémentaire au sens de la Loi sur la protection du consommateur.
De nouvelles modifications, sur ce même sujet, seront
présentées en commission parlementaire dans le but de permettre
à l'Office de protection du consommateur de régir, en plus du
secteur de l'automobile, tout autre secteur d'activité qui est
déterminé par un règlement du gouvernement. Les
entreprises soumises à ce nouveau contrôle de l'office devront
détenir un permis et fournir un cautionnement tout en maintenant un
fonds de réserve qui soit suffisant.
Le projet de loi 15 propose également
que la Loi sur la Société d'habitation du Québec
soit modifiée afin de prévoir que les obligations émises
par la société soient considérées comme
étant assurées par le gouvernement du Canada aux fins de diverses
lois qui régissent les institutions financières
québécoises. Ce projet de loi propose, en outre, certaines
modifications à la Loi sur le ministère des Affaires
intergouvernementales et la Loi sur le ministère du Conseil
exécutif pour traduire dans les textes législatifs la nouvelle
réalité institutionnelle qui existe depuis le 5 mars 1984, date
à laquelle le gouvernement adoptait les décrets 517-84 et 518-84
en vertu de l'article 9 de la loi sur l'exécutif.
Aux termes du premier de ces décrets, il était
ordonné que le ministre et le ministère des Affaires
intergouvernementales soient désormais respectivement
désignés sous le nom de ministre et de ministère des
Relations internationales. Le deuxième décret attribuait au
ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes les fonctions, pouvoirs et devoirs du ministre des Affaires
intergouvernementales dans le domaine des affaires canadiennes.
La Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales est
donc modifiée pour que celle-ci devienne la Loi sur le ministère
des Relations internationales. Consé-quemment, l'on y trouvera
uniquement les dispositions qui concernent les relations internationales.
Toutefois quelques innovations ont été introduites, notamment
celle qui autorise le ministre des Relations internationales à
émettre une autorisation de signer une entente internationale en son nom
ou au nom du gouvernement. Il s'agit là, soit dit en passant, d'une
pratique internationale habituelle et fort utilisée qui est actuellement
absente de la pratique internationale du Québec à cause de la
rigidité de l'actuel texte législatif.
Il ne s'agit pas tant de modifier le principe juridique de l'article
actuel que d'y apporter un élément de souplesse qui le rendrait
plus conforme à la réalité internationale.
En plus, pour permettre au ministre des Relations internationales de
mettre à la disposition des personnes à l'étranger les
bureaux et les services qui sont nécessaires à l'exercice de leur
activité, la loi a été modifiée pour lui permettre
d'acquérir et de gérer ces locaux malgré les prescriptions
de la Loi sur la Société immobilière du Québec.
En réalité, depuis le 5 mars 1984, la Loi sur le
ministère des Affaires intergouvernementales devait être lue en
tenant compte de cette nouvelle scission entre les Affaires
intergouvernementales canadiennes et les Relations internationales.
La volonté gouvernementale n'a pas été de
créer un ministère des Affaires intergouvernementales canadiennes
mais plutôt de confier ce mandat à un ministre qui est
délégué et de créer un Secrétariat aux
Affaires intergouvernementales canadiennes qui fait partie du ministère
du Conseil exécutif.
Sur le plan législatif, il est toujours souhaitable que les
mandats gouvernementaux se retrouvent dans des lois qui créent des
structures institutionnelles qui permettent la réalisation de ce mandat.
C'est pourquoi nous avons préféré modifier la Loi sur le
ministère du Conseil exécutif en y ajoutant une nouvelle section
sur les affaires intergouvernementales canadiennes.
En somme, les dispositions de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales sont reproduites en adaptant la terminologie qui
couvre à la fois les Relations internationales et intergouvernementales
canadiennes aux seules affaires canadiennes.
Le projet de loi 15 apporte aussi des modifications de nature plus
technique ou ayant pour but de faciliter l'administration de plusieurs autres
lois dans d'autres domaines d'activité. Font partie de cette
catégorie des modifications apportées à la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme, la Loi sur la sécurité dans
les sports, la Loi sur le régime des eaux, la Loi sur le Service des
achats du gouvernement. C'est également le cas de la Loi sur les
collèges d'enseignement général et professionnel, laquelle
est modifiée afin de conférer au ministre plutôt qu'au
gouvernement un pouvoir de décision qui concerne la location d'un
immeuble ou l'établissement d'une servitude.
Il y a lieu également de porter une attention particulière
à certaines des dispositions transitoires, notamment celles qui visent
à assurer que la Corporation des techniciens inhalothérapeutes
devienne la Corporation professionnelle des inhalothérapeutes. Des
lettres patentes émises à cet effet conformément au Code
des professions seront donc publiées dans la Gazette officielle du
Québec. Si, dans ce cas, nous agissons par la voie législative
plutôt que par décret, c'est dans le but de protéger les
droits d'un organisme et des individus qui en font partie.
Enfin, des modifications supplémentaires qui s'ajoutent à
celles qui sont déjà mentionnées seront
présentées lors de l'étude en commission parlementaire.
Elles auront, notamment, pour objet de clarifier certaines dispositions qui
sont jugées imprécises ou corriger des erreurs techniques. Parmi
ces nouvelles modifications, je mentionne celles qui visent à donner le
mandat à la Commission de refonte des lois et des règlements de
modifier les lois et les règlements aux fins de la conversion au
système canadien basé sur le système international de
mesure, ou le SI, et de donner également aux municipalités le
pouvoir de modifier leurs règlements aux mêmes fins. En
effet, compte tenu du caractère strictement technique de ces
modifications et du support électronique dont dispose la Commission de
refonte des lois et des règlements, c'est sûrement l'organisme le
plus compétent pour effectuer un tel mandat. Conformément aux
règles évoquées plus tôt, l'information utile
à la bonne compréhension de ces propositions
supplémentaires a été transmise à l'Opposition et,
compte tenu de ce qui précède, je recommande donc l'adoption des
principes contenus dans le projet de loi 15. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Merci, M. le Président. Le projet de loi 15,
intitulé Loi modifiant diverses dispositions législatives,
comporte 205 articles et il touche 51 lois différentes. J'aimerais
demander tout de suite au ministre, s'il a des amendements à apporter
à ce projet de loi, il nous donne ses amendements aussitôt que
possible même avant qu'on fasse l'étude article par article en
commission parlementaire.
Plusieurs secteurs ou ministères sont touchés par ce
projet de loi: Environnement, Affaires sociales, Main-d'Oeuvre et
Sécurité du revenu, Habitation et Protection du consommateur,
Transports, Affaires culturelles, Loisir, Chasse et Pêche, secteur
public, Communautés culturelles, corporations professionnelles,
Énergie et Ressources, Industrie et Commerce, Éducation, Affaires
intergouvernementales canadiennes, Relations internationales, Affaires
municipales, Finances et Institutions financières. Dans le passé,
c'est arrivé que dans ces projets de loi omnibus qui touchent beaucoup
de lois, il y ait des coquilles qui se soient glissées et on a eu
beaucoup de problèmes.
J'aimerais dire tout de suite que l'ancien ministre de la Justice a
essayé le plus possible d'améliorer l'étude et la
présentation de ces projets de loi omnibus et, en effet, il a fait deux
améliorations assez importantes. La première était qu'il
nous a fourni toutes les explications des articles. Il nous a donné la
même recherche que son ministère avait faite pour lui.
Deuxièmement, il nous a donné la possibilité de faire
venir les ministres concernés pour les interroger en commission
parlementaire. Cela va sans dire que le nouveau ministre de la Justice a
continué dans le même sens. Je pense qu'il s'agit effectivement
d'améliorations qui pourraient avoir l'effet de faire moins de coquilles
ou pas de coquilles du tout.
Pour vous donner un exemple d'une coquille, prenez le projet de loi
omnibus 84 qui a été adopté en juin 1984. Il a
été adopté effectivement le 20 juin 1984. L'article 49 de
cette loi a modifié la Loi sur le Barreau et a ajouté une
sixième exception aux actes qui sont du ressort exclusif de l'avocat.
Quand on a étudié cet article, j'ai demandé au ministre de
la Justice s'il a consulté le Barreau du Québec. Il a
répondu par l'affirmative.
Mais si vous allez voir le journal le Barreau 1984, d'octobre 1984, vous
allez voir, à la page 2, la lettre du bâtonnier où il dit
clairement que le Barreau n'était pas consulté par le ministre.
Maintenant, je ne veux pas blâmer le ministre. Je ne pense pas qu'il a
fait cela consciemment, mais il a peut-être été mal
renseigné par ses conseillers et, effectivement, il était injuste
d'avoir adopté cet article avant de consulter le Barreau. De plus, il
arrive que, à la dernière minute, quand on fait l'étude
article par article d'un tel projet de loi, il y ait un papillon qui nous
vienne avec une autre modification à une autre loi et, souvent, il est
difficile pour l'Opposition d'être en mesure de vraiment évaluer
une telle modification à une loi qui arrive à la dernière
minute. Souvent, nous devons demander au ministre le temps de
réfléchir, de faire la rercherche nécessaire et ainsi de
suite, mais c'est une pratique assez dangereuse. (20 h 20)
En ce qui concerne le projet de loi 15 qui est devant la Chambre
aujourd'hui, j'aimerais signaler certaines dispositions importantes.
Premièrement, on se sert d'un projet omnibus pour départager les
tâches entre le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes et le ministre des Relations internationales.
Il me semble que les articles en question méritent d'être
encadrés dans une loi séparée et spéciale.
Deuxièmement, les amendements dans le domaine de la main-d'oeuvre
et de la sécurité du revenu touchent des programmes de plan de
relance. Troisièmement, le secteur des affaires sociales est celui dont
on traite le plus. Il y est question, entre autres, des services d'ambulance et
des urgences, sujets pour le moins actuels. Quatrièmement, dans le
domaine de la protection du consommateur, un nouveau permis serait exigé
des compagnies qui offrent des garanties additionnelles. Cela touche, entre
autres, les garagistes et, bien sûr, les gens qui ont des voitures.
Cinquièmement, en ce qui a trait aux corporations professionnelles, un
amendement touche le dossier très contentieux des ingénieurs
versus les étudiants formés par l'Université du
Québec. Sixièmement, des modifications sont apportées au
régime de retraite des employés du gouvernement et
des organismes publics afin de permettre une retraite anticipée
à des conditions avantageuses. Pourquoi? On peut se demander si c'est
pour laisser la place aux plus jeunes. Les exemples que je viens de donner
soulignent la grande diversité des champs d'intervention et l'importance
de ces dispositions.
Sur le plan de la législation, il y a quelque chose qui ne marche
pas au Québec. Par exemple, M. le Président, en 1981, nous avons
adopté en cette Chambre le Code de la sécurité
routière et aujourd'hui, nous avons un autre projet de loi - le projet
de loi 81 - qui modifie 179 articles dans la loi que nous avons adoptée
en 1981. Il me semble que c'est trop. Quand on adopte une loi, il ne faut pas
la modifier à chaque session comme on le fait souvent au Québec.
Cela arrive même au Québec, ici, qu'on modifie la même loi
deux fois durant la session. Il me semble que le ministre de la Justice, le
comité de législation au Conseil des ministres, le Conseil des
ministres lui-même ont perdu le contrôle sur la
législation.
Il faut faire des comparaisons, par exemple, avec le
fédéral et les autres provinces pour vraiment se rendre compte
que tout ce qu'on fait ici, cela ne se fait pas ailleurs. J'ai fait certaines
comparaisons avec l'Ontario que je vais vous expliquer dans quelques minutes
pour vous démontrer qu'on fait beaucoup plus de modifications aux lois
ici que dans notre province voisine. On en fait moins que dans d'autres
provinces voisines comme le Nouveau-Brunswick, et on en fait beaucoup plus
qu'au fédéral.
Un examen de l'ensemble de la législation et de la
réglementation québécoises nous révèle que
le gouvernement du Québec a beaucoup légiféré ces
dernières semaines. Si l'on tient compte des lois de portée
générale, des lois d'intérêt privé, des
règlements d'application des lois provinciales ainsi que des
règlements municipaux, on peut facilement évaluer à plus
d'un demi-million le nombre de dispositions législatives adoptées
par le Québec et actuellement en vigueur et que nul n'est censé
ignorer. Il ne faut pas s'étonner lorsque l'on sait qu'une seule loi
peut contenir des centaines d'articles. Par exemple, le Code civil du
Bas-Canada a plus de 2715 articles; le Code de procédure civile, plus de
1052 articles; le Code municipal, 1134 articles; la Loi sur les impôts,
plus de 1227 articles et ainsi de suite. De réforme en réforme,
les articles se multiplient et les textes se compliquent. Par exemple, la Loi
sur les coroners qui est en vigueur aujourd'hui, chapitre 68 des lois du
Québec, a 46 articles et elle sera remplacée ou est
remplacée, mais pas en vigueur, par la Loi sur la recherche des causes
et des circonstances des décès, une loi que nous avons
adoptée en 1983 et qui contient 213 articles.
Le volume de la législation, après avoir été
relativement stable pendant de très nombreuses années, s'est
accru considérablement depuis quelques années. J'aimerais vous
faire cette comparaison. Statuts refondus du Québec, 1888, deux volumes,
version française, 6271 articles; Statuts refondus du Québec,
1909, deux volumes, version française, 7633 articles; Statuts refondus
du Québec, 1925, trois volumes, version française, 277 lois;
Statuts refondus du Québec, 1941, quatre volumes, bilingues, 343 lois;
Statuts refondus du Québec, 1964, quatre volumes, bilingues, 322 lois;
Lois refondues du Québec, 1977, dix volumes, édition
reliée version française, 430 lois.
Au 1er janvier 1984, la version française de l'édition
à feuilles mobiles des Lois refondues du Québec comprenait 451
lois de portée générale réparties dans 16 volumes.
Si l'on s'en réfère au recueil annuel des lois du Québec,
nous constatons que le gouvernement du Québec a adopté, entre
1967 et 1983, 8996 pages de nouveaux textes législatifs. Plusieurs de
ces textes modifiaient des lois déjà existantes. Ainsi, par
exemple, entre le 1er janvier 1967 et le 1er juillet 1984, la Loi sur les
cités et villes fut modifiée par 37 lois différentes; la
Loi sur les impôts par 31 lois; le Code civil du Bas-Canada par 36 lois;
la Loi sur le régime de retraite des fonctionnaires par 25 lois, et
ainsi de suite.
Notons de plus qu'une seule loi modificatrice peut ajouter ou modifier
des dizaines d'articles. Parfois, la numérotation d'une loi n'est plus
indicatrice du nombre d'articles qu'elle contient, tellement elle a
été modifiée. Ainsi, par exemple, l'article 336 de la
charte de la ville de Québec a été modifié de
nouveau le 12 juin 1984 pour y ajouter un 212e paragraphe? Un tel flot de
modifications législatives ne se retrouve cependant pas en Ontario. Une
étude des modifications législatives survenues dans cette
dernière province, au cours de la période de 1981 à 1983,
nous indique que c'est le "Municipal Act" qui fut le plus souvent
modifié; huit lois modificatrices. Il va de soi que la valeur d'une
législation ne se mesure pas à l'intensité de ces
modifications. (20 h 30)
J'ai ici un tableau qui fait les comparaisons entre le Québec et
l'Ontario. Si on prend le Code du travail du Québec, il a
été modifié trois fois, en 1981, en 1982 et en 1983. Le
"Labour Relations Act" de l'Ontario l'a été seulement en 1983. La
Loi sur les cités et villes du Québec a été
modifiée à chaque année, en 1981, 1982, 1983. Le
"Municipal Act" de l'Ontario a été modifié aussi trois
fois, mais avec moins d'articles, et ainsi de suite. Si on prend la Loi sur les
mines au Québec, elle a été
modifiée en 1981, 1982 et 1983, quoique le "Mining Act" de
l'Ontario n'a pas été modifié durant ces trois
années.
Il y a aussi la Loi sur l'instruction publique du Québec,
modifiée en 1981, 1982, 1983 tandis que "l'Education Act" de l'Ontario a
été seulement modifié en 1981 et en 1982. Cela pour vous
démontrer que l'on apporte plus de modifications à nos lois ici
que dans la province voisine.
J'aurais aimé faire plus de recherches dans ce domaine, par
exemple, faire la comparaison avec la Colombie britannique, avec l'Alberta et
peut-être même avec des États, dans d'autres pays, comme en
Australie et ainsi de suite mais, franchement, je n'ai pas un service de
recherche comme celui du ministère de la Justice. Je pense qu'il faut
faire ces études pour voir pourquoi, au Québec, on a perdu le
contrôle sur la législation.
Un grand nombre de dispositions législatives sont non seulement
inconnues mais désuètes, inapplicables ou inappliquées.
Les extraits qui suivent proviennent de lois québécoises encore
en vigueur et nous indiquent qu'un bon nombre de dispositions devraient
disparaître de nos recueils de lois à défaut de pouvoir
justifier leur présence:
Loi sur le commerce du pain, Lois refondues du Québec, chapitre
C-32, article 5: "II est interdit de donner du pain pour des fins
publicitaires".
Loi sur l'instruction publique, Lois refondues du Québec,
chapitre 1-14, article-472: "Le dessin et l'hygiène doivent être
enseignés dans toutes les écoles, et l'agriculture dans toutes
les écoles des municipalités rurales".
Loi sur les cités et villes, article 255: "Aucune personne qui
n'a pas un domicile fixe dans le quartier où a lieu la votation depuis
au moins six mois ne doit, en n'importe quel temps de la journée
où il se tient un scrutin dans ce quartier, y venir armée d'un
assommoir, d'une épée ou de quelque arme offensive
semblable."
Loi sur la sécurité dans les édifices publics, Lois
refondues du Québec, chapitre S-3, article 21. Écoutez bien, M.
le Président. "La scène de tout théâtre doit
être séparée de l'enceinte réservée aux
spectateurs par un mur de brique de pas moins de 400 millimètres (16
pouces) d'épaisseur, et ce mur doit s'étendre sur toute la
hauteur et la largeur du bâtiment et à 600 millimètres (2
pieds) au-dessus du toit." On peut se poser la question, se demander comment
les spectateurs peuvent voir ce qui se passe devant eux, une pièce pour
laquelle ils ont payé.
Je n'ai donné que quelques exemples, j'ai des dizaines d'autres
exemples. Je pense bien avoir illustré le problème.
Il y a aussi la même situation en matière de
réglementation. Le nombre de règlements en vigueur est
passé de 952, en 1972, à 1881, comprenant 118 242 articles en
décembre 1981, soit plus du double de ce que l'on retrouvait en Ontario
en 1980. Effectivement, en Ontario, en 1980, il y avait seulement 950
règlements.
De fait, l'administration publique québécoise adopte de
800 à 900 nouveaux textes réglementaires chaque année.
C'est M. Raoul P. Barbe, commissaire à la Commission de refonte des lois
et des règlements du Québec, qui écrivait
récemment, et je cite: "Si l'on analyse la production annuelle des actes
réglementaires, on constate une croissance significative du nombre de
pages et de règlements durant les années 1976, 1977, 1978 et
1979."
En examinant les 5043 pages de la Gazette officielle du Québec,
partie 2 de 1983 où sont publiés les règlements
d'application des lois du Québec, nous constatons que le rythme de
production des actes réglementaires n'est certes pas près de
ralentir. Bon nombre de dispositions réglementaires sont inutiles,
inapplicables ou nous apparaissent constituer des évidences.
Est-il vraiment nécessaire d'exiger que: "les pneus des
véhicules des corps de police municipaux soient à flancs noirs"?
(Règlement sur l'identification des véhicules des corps de police
municipaux).
Les parieurs savent-ils qu'un cheval, pour pouvoir prendre part à
une course, doit respirer sans l'aide d'un tube et n'être pas totalement
aveugle? (Règlement sur les courses attelées).
Les buveurs de lait savent-ils que toute personne travaillant dans une
laiterie, dépôt de lait ou usine de pasteurisation, doit
être habillée proprement et avoir les mains propres?
Il est de plus interdit de cracher, de fumer, de chiquer ou de priser du
tabac dans un tel établissement (Règlement sur le lait et les
produits laitiers).
Un propriétaire peut-il imaginer que: "toute habitation doit
être pourvue d'un cabinet d'aisance"? (Règlement sur l'habitation
en général).
Les baigneurs savent-ils qu'il est interdit de cracher, d'uriner ou de
se moucher dans une "pataugeoire" ou une piscine publique? (Règlement
sur les "pataugeoires" et les piscines publiques).
Est-il vraiment nécessaire d'interdire de vendre comme aliment
toute partie d'un animal dont la chair est devenue putride ou exhale une odeur
ronce ou repoussante? (Règlement de l'eau de puits, la glace et les
aliments).
Le législateur québécois en serait-il arrivé
à vouloir prévoir et réglementer toutes les
activités dans toutes leurs manifestations? L'objectif premier du projet
de loi serait-il d'appesantir un univers de contraintes autour du
justiciable?
L'administration publique est-elle capable de mettre en oeuvre et de
faire respecter l'ensemble de la législation et de la
réglementation en vigueur?
L'adoption de telle législation ou réglementation
n'entraîne-t-elle pas parfois des coûts sociaux qui excèdent
beaucoup les bénéfices souhaités? Ce sont là toutes
des questions qu'une société démocratique doit se
poser.
J'aimerais dire quelques mots sur les conséquences de l'inflation
législative. L'adoption d'un très grand nombre de lois et de
règlements par l'administration provinciale a plusieurs effets. D'abord,
il devient de plus en plus difficile pour le simple citoyen de connaître
ses droits et ses obligations. Même les juristes ont beaucoup de
difficultés à se retrouver dans le fouillis législatif
québécois.
Ces derniers doivent nécessairement consacrer plus de temps et
d'argent à la recherche et augmenter en conséquence le prix de
leurs services juridiques. Il devient alors presque impossible pour une partie
importante de la population, principalement cette classe moyenne
inférieure qui ne peut bénéficier de l'aide juridique, de
faire reconnaître ses droits.
Enfin, les nombreuses contraintes édictées par
l'administration constituent non seulement une atteinte au droit de
propriété mais également un boulet pour les entreprises
québécoises aux prises avec une administration de plus en plus
omniprésente.
Il y a aussi des difficultés en ce qui concerne la recherche
législative au Québec. Avant de chercher à comprendre un
texte de loi, il faut d'abord être capable de le trouver en se demandant
s'il a été modifié et si toutes ses dispositions sont en
vigueur. Puisqu'un texte de loi n'est pas habituellement complet en
lui-même, il faudrait aussi trouver ses règlements d'application
ainsi que leurs modifications. (20 h 40)
Une telle recherche, qui implique la consultation de plusieurs
documents, peut devenir très longue, difficile et coûteuse. De
fait, la façon dont les lois et les règlements sont actuellement
adoptés et publiés au Québec ne facilite pas leur
accès ni leur connaissance. Soulignons en premier lieu que la
prolifération des lois et des règlements s'accompagne chez nous
d'une certaine incohérence législative. Quelques exemples vont
illustrer notre pensée. Ainsi, le 22 décembre 1978,
étaient sanctionnées la Loi modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement Lois du Québec, 1978, chapitre 64 et
la Loi modifiant de nouveau la Loi sur la qualité de l'environnement
Lois du Québec, 1978, chapitre 94, lesquelles modifiaient de
façon contradictoire l'article 106 de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Vous voyez la difficulté, M. le Président.
En décembre 1981, le ministre de la Justice parrainait la Loi
modifiant diverses dispositions législatives qui, entre autres, ajoutait
un paragraphe qui existait déjà à l'article 110 de la Loi
sur la qualité de l'environnement. Le 19 décembre 1981, en
modifiant la charte de la ville de Charlesbourg, le gouvernement du
Québec en profitait pour abroger l'article 262 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme (Loi modifiant la charte de la ville de
Charlesbourg). Cependant, il devait modifier cet article abrogé le 24
février 1982 (Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant les municipalités Lois du Québec, 1982, chapitre 2,
article 85). Cette erreur fut corrigée le 18 décembre 1982 avec
un effet rétroactif au 19 décembre 1981 (Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les municipalités, Lois du
Québec, 1982, chapitre 63, articles 233 et 318).
Lorsque le gouvernement, malgré les ressources dont il dispose,
ignore les lois qu'il adopte, on peut facilement imaginer qu'il peut être
parfois très difficile, même pour les juristes les plus avertis,
de se retrouver dans les méandres de la législation
québécoise. On comprend mieux aussi comment certains jugements
peuvent être rendus en se fondant sur des dispositions
législatives abrogées, telle l'affaire Tremblay contre Themens
(Jurisprudence expresse 79-224), si quelqu'un veut le chercher, où le
juge de la Cour provinciale avait rendu une décision fondée sur
un règlement de protection du consommateur abrogé. C'est
très difficile même pour un juge ou un avocat avec beaucoup
d'expérience de se retrouver dans le fouillis de notre
législation et de notre réglementation.
Compte tenu du désordre législatif qui est en train de
s'instaurer au Québec, il devient de plus en plus difficile de
connaître avec certitude l'état de droit, ce qui ne peut
qu'augmenter les risques d'erreur professionnelle, mais aussi les frais de
recherche juridique assurés par les justiciables. Soulignons à ce
propos que, très souvent, le titre des projets de loi n'est plus
révélateur de leur contenu. J'aimerais vous donner deux exemples:
Loi modifiant diverses dispositions législatives et Loi modifiant
diverses dispositions législatives d'ordre fiscal. Vous voyez bien, M.
le Président, que, par le titre, on ne peut pas savoir quel est le
contenu de la loi.
Il arrive même que l'on utilise le même titre deux fois au
cours de la même année. Par exemple, Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les municipalités, Lois du
Québec, 1982, chapitre 2, et le même titre se trouve aux Lois du
Québec 1982, chapitre 63. De plus, les notes explicatives qui
accompagnent les projets de loi n'expliquent plus rien, quand elles ne sont pas
tout simplement trompeuses. Chaque
projet de loi modifie, remplace ou abroge très souvent un
très grand nombre de lois les plus diverses. Certains articles de loi
sont modifiés pour être abrogés quelques mois plus tard. Il
arrive même qu'une loi se modifie elle-même. Par exemple, l'article
339 de la Loi sur les valeurs mobilières, Lois du Québec 1982,
chapitre 48, remplace l'article 3 de cette loi. On est même rendu
à dire que les règlements, en principe subordonnés aux
lois, ont priorité sur la loi en vertu de laquelle ils ont
été adoptés.
Par exemple, vous pouvez voir l'article 412, paragraphe 19.1 de la Loi
sur les cités et villes, Lois refondues du Québec, chapitre C-19.
Dans un tel contexte, faut-il s'étonner de l'adoption de dispositions
législatives inutiles, improvisées ou qui font double emploi avec
des dispositions existantes?
Le juriste qui réussit à trouver un texte de loi qui est
à jour n'est habituellement pas à bout de ses peines. Il faut
encore savoir à partir de quel moment ce texte doit s'appliquer et
jusqu'à quel moment. Ceci constitue une nouvelle cause
d'insécurité juridique. Le juriste n'aura alors d'autre choix que
de fouiller la Gazette officielle du Québec pour retrouver les
proclamations indiquant le moment de l'entrée en vigueur des
différentes dispositions législatives. Qui plus est, certains
articles de loi ou de règlements entrent en vigueur avant même que
leur texte ne soit disponible, c'est-à-dire que la loi est en vigueur,
mais on ne peut pas en avoir une copie parce que cela n'existe pas, ce n'est
pas encore imprimé. Un commentateur soulignait à ce sujet que
"dans les huit premiers mois de 1979, le délai entre le jour de
l'entrée en vigueur et celui de la réception du texte
publié a été de six semaines dans le cas d'au moins 26
projets de loi importants." La citation vient de l'article publié par M.
J. L'Heureux et intitulé: "Du projet de loi no 39, de la Loi des douze
tables, de la mise en vigueur et de la publication des lois", (1979) 39 Revue
du Barreau, à la page 961. On peut se poser beaucoup de questions.
La connaissance de la loi serait-elle réservée à
quelques privilégiés bien qu'elle doive s'appliquer à
l'ensemble de la population? Comment respecter une loi si on ne peut même
pas en avoir une copie quand elle est en vigueur? On serait porté
à croire, si l'on se fie au récent règlement sur les
exemptions de publication intégrale des décrets. Selon ce
règlement, il n'est plus nécessaire de publier un décret
dont le nombre de pages est supérieur à dix ou encore lorsque la
reproduction des annexes présente des difficultés techniques
d'impression. Enfin, mentionnons que certaines dispositions législatives
n'entrent pas en vigueur faute de proclamation ou de règlement
d'application. On peut alors s'interroger sur la nécessité de les
adopter en vitesse avant les vacances parlementaires. On adopte beaucoup de
lois, beaucoup de règlements au Québec. (20 h 50)
Le coût d'achat des lois et des règlements du Québec
est devenu presque inaccessible. Lors de son entrée en vigueur le 1er
septembre 1979, l'édition française des Lois refondues du
Québec de 1977, à feuilles mobiles, se vendait 205 $ et
comprenait une dizaine de volumes. Cette même édition mise
à jour au 1er janvier 1984 comprend six volumes et coûte 990 $. Le
prix de l'abonnement pour 1984 est de 295 $. J'ai ici un tableau qui nous
révèle que le prix des lois et des règlements est beaucoup
plus élevé au Québec qu'ailleurs. Lois refondues du
Québec, 1977, onze volumes reliés, français, 325 $:
Revised Statutes of Québec, 1977, onze volumes reliés, anglais,
325 $: Revised Statutes of Ontario, 1980, onze volumes reliés, 200 $.
Statuts révisés du Canada, 1970, dix volumes reliés,
bilingues, 125 $. J'ai beaucoup d'autres exemples. J'ai ici un tableau, je peux
bien le déposer, peut-être que cela va aider des
députés qui aimeraient prendre connaissance de ces prix.
Pour vous donner d'autres exemples, Lois du Québec 1983, version
française, 1269 pages, 75 $. Statutes of Quebec 1983, en anglais, 1269
pages, 75 $. Statutes of Ontario 1983, en anglais, 1026 pages, 18 $. Vous voyez
que le prix des lois au Québec est d'environ quatre à cinq fois
plus élevé qu'en Ontario.
Si je continue, j'ai d'autres exemples assez intéressants.
Règlements refondus du Québec, 1981, onze volumes, 365 $; Revised
Regulations of Québec, 1981, onze volumes, 365 $; Revised Regulations of
Ontario, 1980, dix volumes, 195 $ et ainsi de suite. Codification des
règlements du Canada, 1978, en 19 volumes, bilingue, 350 $. Ceci est
pour dépôt. Le tableau pourrait aider ceux...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Y a-t-il consentement pour
le dépôt? On donne le consentement.
M. Marx: Merci, M. le Président.
Le juriste québécois qui veut se procurer la version
française seulement des Lois refondues du Québec de 1977, des
Lois du Québec de 1977 à 1983, des Lois refondues du
Québec à feuilles mobiles (à jour au 1er janvier 1984 avec
abonnement de 1984), des Règlements refondus du Québec (avec
index) ainsi que des abonnements aux projets de loi et à la Gazette
officielle du Québec, parties 1 et 2, devra débourser en 1984 la
somme - cela va vous étonner - de 2678 $ pour avoir toute la
législation québécoise. S'il désire, en plus, la
version anglaise de ces mêmes textes, il devra doubler cette somme,
c'est-à-dire une
dépense de plus de 5000 $. Bref, bien peu de personnes peuvent
actuellement se procurer la législation et la réglementation
québécoises. On peut même déjà
s'inquiéter du coût qu'atteindra dans quelques années
l'édition à feuilles mobiles des Lois refondues du Québec.
Qui plus est, la Société québécoise d'information
juridique vient d'annoncer que les lois refondues seront maintenant accessibles
par terminal. Encore une fois, nous constatons que peu de personnes auront le
moyen de se payer un tel service de recherche par informatique.
En conclusion, M. le Président, j'aimerais proposer un certain
nombre d'améliorations possibles ou de recommandations au ministre de la
Justice pour vraiment essayer d'améliorer cette situation.
Premièrement, il faut procéder à l'élagage des lois
et des règlements désuets, inapplicables, inappliqués et
inutiles et je vous ai donné un certain nombre d'exemples. Il faut
avoir, pour faire cela, un ministre qui a, bien sûr, un portefeuille et
qui est aussi chargé de faire ce travail qui est vraiment essentiel.
Deuxièmement, il faut exercer un meilleur contrôle et une
meilleure planification de l'activité législative du
comité de législation. Je pense que le comité de
législation du Conseil des ministres a perdu complètement le
contrôle parce que si on fait l'analyse des exemples que je vous ai
donnés, je pense que cela va de soi qu'il y a quelque chose qui ne
marche pas au niveau du comité de législation.
Troisièmement, il faut adopter une loi-cadre sur les textes
réglementaires afin de préciser, par exemple, les règles
d'application des règlements, de leur entrée en vigueur et les
moyens de les contrôler. Il s'agit d'une loi qui existe
déjà au fédéral, qui existe en Ontario, qui existe
dans beaucoup d'autres juridictions et on peut se demander comment il se fait
qu'au Québec, nous n'avons pas une telle loi-cadre sur les textes
réglementaires.
Vraiment, il n'y a pas d'excuses pour ne pas avoir une telle loi. On
nous dit, de temps à autre, qu'elle sera déposée à
l'Assemblée nationale, mais on comprend bien que ce ne sera pas
adopté cette session et on peut se demander quand on aura une autre
session, en 1985, parce que si nous avons une élection au printemps, il
n'y aura pas d'autres lois adoptées avant la fin de l'année 1985.
Donc, tout cela va traîner encore pour au moins un an.
Quatrièmement, il faut faire en sorte aussi que les textes de loi
et des règlements soient rédigés de façon lisible
et compréhensible pour tous les citoyens. Il y a des lois aux
États-Unis, des lois qui sont rédigées de façon
lisible et compréhensible. Il y avait un mouvement aux États-Unis
pour rendre les lois plus accessibles et je pense que nous devons essayer de
faire la même chose au Québec.
Voilà, M. le Président, les problèmes de la
législation et de la réglementation au Québec et aussi,
j'ai essayé de faire un certain nombre de suggestions, de
recommandations positives pour qu'on puisse améliorer notre
législation et notre réglementation. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. Quelques remarques
seulement sur un certain nombre d'amendements qu'on retrouve dans le projet de
loi actuellement débattu qui viennent modifier la Loi sur la
sécurité dans les sports. Dans ce domaine, dans le domaine de la
sécurité dans les sports, certaines modifications
apportées à la Loi sur la sécurité dans les sports,
de nature technique, sont devenues nécessaires et d'autres ont pour but
de faciliter l'application de cette loi et d'assurer ainsi la
réalisation du mandat de la Régie de la sécurité
dans les sports. Je me limiterai ici à apporter quelques commentaires
sur les modifications les plus significatives.
En vue de l'accomplissement de la mission de la régie, soit de
veiller à ce que la sécurité dans les sports soit
assurée, le projet de loi prévoit le pouvoir de la régie
de déterminer par règlement le délai à
l'intérieur duquel une fédération d'organismes sportifs
doit transmettre une demande d'approbation de son règlement de
sécurité. Ce n'est pas dans la loi actuellement, ce pouvoir et en
l'incluant, ceci permettra à la régie d'obliger les
fédérations sportives qui tardent, pour toutes sortes de raisons,
à déposer leurs règlements, à le faire. Le projet
de loi complète aussi la définition d'un organisme sportif afin
d'y inclure un groupe de personnes membres à titre individuel d'une
fédération, cette modification ayant pour but de clarifier le
champ d'application de cette loi. (21 heures)
Le projet de loi propose également que la régie puisse
désigner une personne pour enquêter sur toute situation qui risque
de mettre en danger la sécurité d'une personne à
l'occasion de la pratique d'un sport. Actuellement, seuls les régisseurs
peuvent procéder à ces enquêtes. Ce qui limite,
évidemment, singulièrement l'efficacité de la
régie. Comme vous le savez, il y a cinq régisseurs, dont deux
à temps plein et trois à temps partiel. C'est très peu. Il
fallait introduire dans la loi la possibilité de désigner toute
personne pour procéder à des enquêtes en matière de
sécurité.
Il est aussi proposé que la régie puisse émettre
deux permis à certaines catégories
de participants, organisateurs ou promoteurs à une manifestation
sportive, afin d'assurer un contrôle adéquat sur chacune des
manifestations sportives. L'émission d'un permis pour la durée
d'une manifestation est essentielle. La régie, on le sait, a le pouvoir
d'annuler un permis. Or, il paraît impossible d'annuler un permis qui a
été délivré pour la durée d'une
activité déterminée, si cette activité est
terminée justement. Afin d'assurer le respect de la loi et de ses
règlements, le projet de loi propose que la régie puisse
également émettre un permis pour une période fixe, soit un
permis annuel en quelque sorte.
Le projet de loi prévoit aussi d'exiger d'une personne qui
désire agir à titre d'officiel, lors d'une manifestation sportive
de la catégorie course de véhicules motorisés, qu'elle
soit titulaire d'un permis et de prévoir dans quel cas seule une
personne désignée et rémunérée par la
régie, pourra agir à titre d'officiel. Ceci permettra d'exercer
plus efficacement un contrôle sur la qualification des officiels.
Le projet de loi prévoit également le pouvoir de
déterminer, par règlement, les cas de suspension de permis et la
durée de l'annulation ou de la suspension d'un permis. Ceci permettra
d'éviter des difficultés d'ordre juridique et administratif.
Enfin, pour terminer, le projet de loi propose, comme je l'ai
mentionné préalablement, des modifications de nature technique et
de concordance. Elles ont pour but de clarifier certains problèmes
d'interprétation et, conséquemment aussi, de permettre à
la régie de réaliser pleinement et efficacement son mandat.
Voilà, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Marie.
Une voix: Vous avez quinze minutes. M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: Oui, effectivement. M. le Président, le
projet de loi 15, Loi modifiant diverses dispositions législatives,
renferme toute une série de modifications qui sont proposées
à différentes lois actuelles. Je voudrais, quant à moi,
souligner seulement quatre aspects du projet de loi qui m'amènent
à m'interroger sur l'à-propos des amendements qui nous sont
suggérés. Ces commentaires que je veux apporter concernent la Loi
sur l'aide sociale, la Loi sur l'assurance-maladie, la Loi sur la protection du
consommateur de même que la Loi sur la fonction publique.
Au chapitre de l'aide sociale, le projet de loi 15 prévoit des
amendements à apporter à la Loi sur l'aide sociale pour faire en
sorte que l'aide sociale puisse continuer d'être versée à
une famille comprenant un seul adulte lorsque ce dernier fréquente
à temps complet une institution d'enseignement collégial ou
universitaire.
Le principe d'amener cet amendement pour permettre, en vertu des
programmes d'aide à l'emploi qui ont été mis de l'avant
récemment pour permettre à quelqu'un de se
réinsérer dans le milieu scolaire tout en continuant de recevoir
l'aide sociale, est bon en soi. Ce sont la formulation et les dangers que
comporte cet amendement qu'il faut dénoncer. En effet, on peut se
retrouver, avec un amendement formulé de cette façon, dans la
situation où on forcera les couples à ne plus cohabiter pour
pouvoir bénéficier des avantages des programmes d'emploi. Je ne
comprends pas pourquoi l'on ne permettrait pas à une famille comprenant
deux adultes, les deux étant inscrits au programme d'emploi et
désirant fréquenter tous les deux l'université ou le
collège d'enseignement professionnel, pourquoi, dis-je, il serait
impossible de continuer à leur verser l'aide sociale. C'est dans ce sens
que je pense qu'il faudrait examiner l'amendement qui nous est
proposé.
Pour ce qui est de l'assurance-maladie, le projet de loi 15
prévoit d'amender la Loi sur l'assurance-maladie pour prévoir que
la Régie de l'assurance-maladie puisse transmettre des renseignements
sur les dossiers des personnes inscrites à la Régie de
l'assurance-maladie au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Je veux souligner que de plus en plus,
malgré la loi sur l'accès à l'information, on assiste
à cette habitude qu'ont les ministères de s'échanger des
renseignements. Dans le cas présent, on prévoit, par exemple, ou
on veut prévoir qu'on n'empêchera plus la régie de fournir
au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu des
renseignements de toute nature sur des services, des médicaments, des
prothèses, des appareils orthopédiques, dispositifs ou autres
équipements dont le coût est assumé par la
régie.
On a pu constater, en étudiant le projet de loi 42, que dans les
cas de transmission de renseignements, on a utilisé une formule qui me
semble intéresante et qu'on devrait réutiliser. Je proposerais,
pour l'amendement qui nous est suggéré, que l'on prévoie
plutôt que le type de renseignements à être fourni par la
Régie de l'assurance-maladie au ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu le soit après qu'il y aura eu
entente entre ces deux organismes et la Commission d'accès à
l'information. Cette entente étant réglée entre les trois
organismes, devrait être sanctionnée par l'Exécutif avant
d'entrer en vigueur. De cette façon, on assurerait davantage les effets
de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et sur la
protection des renseignements
personnels.
Quant à la protection du consommateur, on sait que cette Loi sur
la protection du consommateur a fait un large consensus dans la population et
est utilisée assez régulièrement. Les amendements
suggérés à la Loi sur la protection du consommateur me
semblent, de façon générale, intéressants, à
l'exception cependant de la possibilité que l'on voudrait donner au
président de l'Office de la protection du consommateur de suspendre ou
d'annuler le permis d'un titulaire à certaines conditions. L'une des
conditions me semble laisser place à beaucoup trop de
discrétionnaire. On dit, en effet, que le président pourra
suspendre ou annuler un permis pour autant que l'on pourra établir
à la satisfaction du président son honnêteté et sa
compétence.
Le champ, la marge de manoeuvre qu'on donne, l'espace que prend le
président de l'Office de la protection du consommateur me semble
exagéré. Qu'on demande à des citoyens de se conformer aux
lois existantes me semble naturel et normal, mais qu'on leur demande en plus
d'avoir le fardeau de la preuve, de démontrer leur
honnêteté et leur compétence, et qui plus est à la
satisfaction du président... Vous savez que la satisfaction des gens,
c'est variable d'un individu à l'autre, cela a des degrés divers,
ce n'est pas une norme, ce n'est pas un barème. Dans ce sens, je trouve
abusive la façon dont cet amendement a été
préparé.
Finalement, on propose aussi des modifications à la Loi sur la
fonction publique. Ces modifications visent à permettre au gouvernement
de fixer les salaires et les conditions de travail des membres dé la
Commission de la fonction publique. (21 h 10)
Est-il utile de se rappeler que la Commission de la fonction publique
est un organisme qui dépend de l'Assemblée nationale, dont les
membres doivent être nommés par les deux tiers de
l'Assemblée nationale. Si l'on compare les situations où
l'Assemblée nationale a à procéder à la nomination
de titulaires de certaines commissions - je pense entre autres au Directeur des
élections, au Protecteur du citoyen - dès le moment où
c'est l'Assemblée nationale qui est invitée à
procéder à la nomination de façon traditionnelle et dans
les lois existantes, c'est l'Assemblée nationale qui fixe le traitement,
au moment de la nomination et par la suite annuellement, et les conditions de
travail. Or, je ne comprends pas que dans le cas de la Commission de la
fonction publique, on fasse exception ou on veuille faire exception à
cette règle, à moins de vouloir laisser exercer un contrôle
de l'exécutif sur la Commission de la fonction publique, à moins
de vouloir faire en sorte que la Commission de la fonction publique n'ait plus
à se rapporter directement à l'Assemblée nationale mais
soit liée, par les augmentations annuelles et par l'amélioration
de ses conditions de travail, davantage à l'exécutif qu'à
l'Assemblée nationale. Cela me semble donc un amendement qui va à
l'encontre non seulement de la pratique existante mais aussi des lois qui
prévoient la nomination de hauts fonctionnaires dégagés du
gouvernement, autonomes et davantage reliés à l'Assemblée
nationale qu'au gouvernement.
Je termine avec cet aspect, M. le Président. Je profite de
l'occasion pour indiquer qu'étant donné qu'on nous convie
à amender la Loi sur la fonction publique, on pourrait peut-être
profiter de cette occasion pour régler ce vieux problème qui
traîne dans le décor depuis qu'on a amendé la Loi sur la
fonction publique l'an dernier, c'est-à-dire toute la question des
attachés politiques. J'annonce donc que j'aurai un amendement à
apporter au projet de loi 15 pour faire en sorte que l'on permette, que l'on
autorise l'intégration des attachés politiques dans la fonction
publique après une période d'exercice de leurs fonctions qui
serait de quatre ans et que cette intégration se fasse aux conditions
qui étaient prévues dans le rapport que la commission
spéciale sur la fonction publique avait déposé à
l'Assemblée nationale. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Merci, M. le Président. Je suis très
heureux d'intervenir dans le débat de deuxième lecture autour du
projet de loi 15 parce qu'il me fournit l'occasion de saisir les membres de
cette Chambre et nos concitoyens de l'ensemble du Québec d'un
problème très particulier qui avait été
créé dans le comté d'Argenteuil par l'application que l'on
a faite de la loi 125 sur l'aménagement du territoire, laquelle fut
adoptée en 1979 ou 1980.
Cette loi, comme vous le savez, prévoyait la
réorganisation du territoire du Québec, le regroupement des
municipalités sous la forme de municipalités régionales de
comté. Ces municipalités régionales de comté ont
été constituées à travers tout le territoire du
Québec et il me fait plaisir de vous dire qu'en ce qui concerne le
comté d'Argenteuil, la MRC que nous avons - qui porte le beau nom de MRC
d'Argenteuil d'ailleurs - fonctionne très bien. C'est une sorte de
fédération des municipalités du comté d'Argenteuil,
de toute la partie ouest du comté d'Argenteuil qui fonctionne dans un
esprit d'harmonie remarquable et qui essaie d'appliquer de son mieux les
dispositions de la loi 125 qui confie des responsabilités
importantes à la municipalité régionale de
comté.
Chez nous, à la MRC d'Argenteuil, l'évaluation se fait
sous la responsabilité de la MRC. Je puis vous dire que les dossiers
d'évaluation, les dossiers de chaque propriété contenue
dans le territoire de la MRC d'Argenteuil sont tenus avec une propreté,
une netteté impeccable.
De même, les membres de la MRC travaillent à la mise au
point d'un schéma d'aménagement du territoire qui sera
sûrement un instrument très utile de développement du
territoire et des politiques municipales et même des politiques du
gouvernement québécois dans l'avenir.
De ce point de vue, nous sommes parfaitement contents de voir la
façon dont les choses se déroulent et nous espérons que
cette MRC pourra continuer à se développer toujours sous la
règle du consentement de ses membres et non pas sous l'effet
d'imposition quelconque qui pourrait venir de Québec.
Lorsqu'on a créé des MRC dans tout le Québec, ce
fait a probablement échappé à l'attention de cette Chambre
et d'un grand nombre de nos concitoyens, mais on n'a pas créé de
MRC pour le territoire de Mirabel et on n'a pas joint la ville de Mirabel
à quelque municipalité régionale de comté que ce
soit. Je n'en fais pas l'objet d'une critique ce soir. Je fais une constatation
qui n'a peut-être pas été suffisamment portée
à l'attention du public. La ville de Mirabel, comme vous le savez, est
une ville d'un caractère très spécial. Autrefois, dans le
territoire que recouvre la ville de Mirabel, un territoire aussi grand que
celui de l'île de Montréal ou de ville de Laval, on comptait une
quinzaine de municipalités rurales prospères, des
municipalités extrêmement intéressantes où il
faisait bon vivre, où les citoyens vivaient à l'ombre de leurs
institutions religieuses, coopératives, éducatives, sociales,
dans un esprit d'harmonie et de saine fidélité à ce que
nos traditions rurales comportent de meilleur.
Est arrivée l'expropriation en vue de la création de ce
monstre que devait s'avérer l'aéroport de Mirabel et, sous
l'empire des plans gigantesques qu'on avait conçus pour cet
aéroport, le gouvernement fédéral a exproprié une
très grande partie de territoire. Pour assurer la gestion de ce
territoire conformément aux plans gigantesques qui avaient
été conçus, l'Assemblée nationale
décrétait, il y a une quinzaine d'années, le regroupement
d'une quinzaine de ces municipalités dont j'ai parlé
tantôt, parmi lesquelles on compte Saint-Benoît de Deux-Montagnes,
Sainte-Monique, Saint-Augustin - j'entends le député de
Terrebonne qui ajoute des noms. C'est comme un véritable chapelet que
nous récitons ensemble. Je le félicite de me faciliter la
mémoire - Sainte-Scholastique, Saint-Canut, Saint-Hermas, Saint-Janvier,
Saint-Jérusalem. Toutes ces municipalités ont été
obligées par la loi d'entrer dans une nouvelle entité municipale
qui s'appelait Mirabel.
On ne regroupe pas une quinzaine de municipalités comme
celles-là sans que cela crée toutes sortes de problèmes.
Il a fallu créer des institutions municipales appropriées. Il a
fallu que les gens apprennent à travailler ensemble, à vivre
ensemble, à gérer leurs affaires ensemble. Demander à des
citoyens de Saint-Hermas et de Saint-Janvier de faire cause commune pour le
développement d'une entité municipale, c'était une demande
qu'on peut considérer comme artificielle et qui n'aurait eu aucune
justification ce n'eut été de la présence en plein coeur
du territoire de cet aéroport international de Mirabel dont l'avenir est
encore aujourd'hui une source de très vives inquiétudes
d'ailleurs.
Lorsqu'on a constitué les MRC, on a créé des MRC
tout autour du territoire de Mirabel. On en a créé une à
Saint-Jérôme. On en a créé une à
Sainte-Thérèse, une municipalité régionale - je ne
me souviens pas exactement du nom de celle-là - qui a son coeur à
Sainte-Thérèse et à Blainville. On en a une du
côté de Saint-Eustache. On en a une du côté
d'Argenteuil. Mais la municipalité de Mirabel n'a été
jointe à aucune de ces MRC. Elle avait demandé, dans le temps, de
constituer une MRC distincte et le ministre du temps, qui était M.
Jacques Léonard, le député de Labelle, avait
préféré ne pas prendre de décision à ce
sujet. Voici pourquoi il n'a pas pris de décision. Tout d'abord, on se
souviendra qu'avant de constituer les territoires des MRC, le gouvernement
avait créé des comités consultatifs dans chaque
région. Pour la région des Laurentides, il avait
créé un comité consultatif sous la présidence du Dr
Robert Lussier, l'ancien maire de L'Assomption, ancien ministre des Affaires
municipales d'ailleurs et ancien candidat, je pense, du Parti
québécois aux élections québécoises à
une ou deux reprises. Le Dr Lussier a fait un travail avec son comité.
Il est arrivé, je pense, dans un esprit honnête et sincère
à la conclusion qu'il faudrait démembrer Mirabel et raccrocher ce
territoire de Mirabel en partie au territoire de Saint-Jérôme,
disons, en partie au territoire de Sainte-Thérèse, en partie
à d'autres territoires, mais il ne voyait pas d'avenir pour ce
territoire et il proposait, en gros, qu'on forme une municipalité
beaucoup plus restreinte autour du territoire de l'aéroport et que le
reste du territoire soit joint à d'autres municipalités,
éventuellement aussi, à d'autres MRC par conséquent. (21 h
20)
Cette proposition procédait d'un bon naturel. Elle était
totalement dépourvue de
réalisme. Elle était acceptée. Mettez-vous dans la
position du maire de Saint-Jérôme à qui on fait miroiter la
possibilité d'annexer un territoire de plusieurs centaines de
mètres carrés, je pense bien qu'il dira assez naturellement: Si
j'entrevois des bonnes possibilités de revenus de ce côté,
je serais très heureux d'annexer ce territoire. Allez faire la
même proposition au maire de Sainte-Thérèse, il vous dira
la même chose. Allez faire la même proposition au maire de
Saint-Eustache, il aura la même réaction. Cela se comprend assez
bien.
On s'est vite rendu compte que de prendre un bien comme celui-là
et de vouloir le répartir suivant les appétits de chaque
municipalité qui pouvait avoir des intérêts, ce
n'était pas une politique raisonnable, ce n'était même pas
une politique réaliste. Par ailleurs, il s'était
développé dans le comté, et j'ai mentionné le
caractère artificiel de l'opération qui fut faite il y a quinze
ans au moins au départ, il était resté dans certaines
parties du territoire de Mirabel des poches de résistance. Il y a des
paroisses où les citoyens gardaient la nostalgie des beaux jours de
l'époque antérieure et, devant les difficultés qui se
présentaient autour de l'aéroport, ils rêvaient de pouvoir
retourner un jour à la belle quiétude qu'ils avaient connue au
temps de l'époque rurale. Parmi ces citoyens qui rêvaient d'un
retour à la belle époque, il y avait beaucoup de militants du
Parti québécois, comme vous le savez, qui avaient
honnêtement pensé que ce pourrait être une voie
d'orientation pour l'avenir. Ils entrevoyaient un redressement. Je pense qu'ils
le faisaient de manière sincère encore une fois et je ne leur
fais pas de procès d'intention à ce sujet.
Mais un jour, nous sommes venus en commission parlementaire. Tous ceux
qui étaient intéressés par l'avenir de Mirabel, nous avons
siégé pendant sept jours complets sous les auspices de la
commission parlementaire de l'agriculture, comme elle s'appelait à
l'époque. Là tout le monde est venu présenter son message
y compris ceux qui favorisaient un démembrement de Mirabel. Nous avons
fait venir le Dr Lussier qui avait été président du
comité de planification. Tout le monde. Les autorités municipales
de Mirabel se sont présentées aussi. Tout le monde a pu
présenter son point de vue. À la fin des audiences, il
était devenu très clair que la politique de démembrement
n'avait pratiquement pas de partisans. Je me souviens très bien que le
président régional du Parti québécois qui
était un M. Lauzon, si mes souvenirs sont bons, est venu
témoigner et il a dit: Nous autres, nous avions cette politique, mais
maintenant, nous ne sommes pas en mesure de l'affirmer avec la même
certitude qu'auparavant.
Par la suite, il y avait un autre facteur aussi qui empêchait de
prendre une décision à ce moment. Le ministre des Affaires
municipales du temps, qui était M. Jacques Léonard, avait
examiné le problème. Nous en avions parlé souvent
ensemble. M. Léonard m'avait dit: Je préférerais que nous
sursoyions à une décision sur l'avenir de Mirabel au point de vue
MRC tant que le gouvernement fédéral n'aura pas fait
connaître plus clairement sa politique quant à l'avenir de
l'aéroport de Mirabel et de la région qui entoure
l'aéroport, et tant qu'on n'aura pas trouvé des solutions
satisfaisantes et définitives aux problèmes nombreux qui
découlent de l'opération expropriation d'il y a quinze ans.
Le gouvernement fédéral avait exproprié beaucoup
plus de territoire qu'il lui en fallait. Il s'en est rendu compte. Cela lui a
pris une douzaine d'années de réflexion et de difficultés
de toutes sortes pour en venir à cette évidence. Là il a
conclu que c'était une bonne chose qu'il se départisse de ces
propriétés, qu'il les rende à leurs propriétaires
antérieurs ou encore à des citoyens qui voudraient en faire
l'acquisition. M. Léonard m'avait dit à l'époque:
Attendons que ce problème se règle, ensuite nous pourrons voir
plus clair. Les autorités de Mirabel, moi-même comme
député et d'autres intervenants de la région avons
accepté qu'un sursis de quelques années intervienne avant qu'une
décision puisse être prise dans ce dossier. Encore une fois, je
veux rendre hommage à M. Léonard, qui était venu dire
à la commission parlementaire qu'il avait ses préférences.
Je pense que les préférences de M. Léonard allaient vers
le démembrement de Mirabel. Mais il avait dit: Je n'entends pas imposer
mes préférences. Je vais écouter les points de vue des
intéressés. Quand nous saurons davantage à quoi nous en
tenir au sujet de l'avenir du territoire, là nous serons en mesure de
prendre une décision.
Depuis ce temps, nous avons eu une élection municipale dans
Mirabel, à l'automne de 1983, et des équipes ont
été amenées à faire campagne largement autour du
thème de l'avenir du territoire et de la municipalité de Mirabel.
Je dois vous dire, M. le Président, que l'équipe qui a
remporté la victoire aux élections, dirigée par le maire
actuel de Mirabel, le Dr Charles Léonard, a fait sa campagne
principalement autour du thème de l'unité de Mirabel. Elle a
remporté une victoire décisive aux élections. Elle a
remporté tous les sièges, sauf un, et le maire lui-même, M.
Léonard, a été élu avec une forte majorité.
Nous avons considéré qu'à toutes fins utiles, pour
l'avenir prévisible, le problème de l'unité de Mirabel
comme entité municipale avait été réglé par
la volonté clairement exprimée des électeurs à
l'occasion de l'élection municipale tenue en novembre 1983.
Je suis très heureux de vous dire, M. le Président, que la
ville de Mirabel compte actuellement une administration municipale saine,
très représentative de sa population, dynamique, ouverte au
progrès, empreinte d'esprit de collaboration et soucieuse de voir la
ville de Mirabel bénéficier au même titre que toutes les
autres municipalités du Québec des avantages pouvant
découler de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Depuis deux
ans en particulier, et surtout au cours de la deuxième année, les
autorités municipales de Mirabel, de même que le
député du comté d'Argenteuil ont multiplié les
représentations auprès du gouvernement, en particulier
auprès du ministre des Affaires municipales, pour qu'il veuille bien
convenir qu'aussi longtemps que tous les problèmes afférents
à ce statut particulier du territoire de Mirabel n'auront pas
été réglés, la ville de Mirabel se voie attribuer
le statut de MRC. Elle est déjà une MRC, à toutes fins
utiles, parce qu'elle est déjà le regroupement d'une quinzaine de
municipalités qui existaient encore sous une forme distincte il n'y a
pas tellement longtemps. Déjà, dans la loi 125 sur
l'aménagement du territoire, on avait fait un cas spécial pour le
territoire de Laval. Il est prévu dans cette loi que la ville de Laval
peut constituer une MRC sui generis, une MRC distincte, étant
donné l'ampleur de son territoire et l'ampleur des
responsabilités qui lui incombent.
Je voudrais rendre hommage au ministre actuel des Affaires municipales
qui, ayant été saisi du problème peu après sa
nomination comme ministre des Affaires municipales, a voulu l'examiner de
près, a voulu entendre les représentations qui lui venaient de
toutes parts et a surtout eu l'esprit de décision et le courage
nécessaire pour en venir à une conclusion claire et nette. Le
ministre des Affaires municipales m'avait déjà laissé
entendre le printemps dernier qu'il envisageait le règlement prochain du
problème de la MRC de Mirabel. Il n'a pas pu présenter sa
solution à la dernière session parce que l'ordre du jour
était trop chargé, mais quand le gouvernement a
déposé le projet de loi 15, j'ai été très
heureux de constater que le ministre actuel des Affaires municipales avait tenu
parole et en était venu à une conclusion qui est contenue dans
certaines dispositions du projet de loi 15 qui m'apparaissent tout à
fait acceptables.
Les autorités municipales de Mirabel ont pris connaissance de
cette partie du projet de loi 15 et l'ont trouvée très
convenable, très acceptable. C'est pourquoi votre serviteur, qui avait
toujours préconisé cette solution, est absolument heureux de
souscrire à la solution qui est apportée par le gouvernement dans
le projet de loi 15 et vous dit qu'il sera empressé de voter pour ce
projet de loi.
Maintenant, je voudrais ajouter une dernière
considération. Il existe encore dans le territoire de Mirabel des
groupes de citoyens qui demeurent convaincus que le rattachement au territoire
municipal de Mirabel n'est pas pour eux la meilleure solution, qui
rêveraient d'une autre solution, l'annexion à une
municipalité plus proche de chez eux, l'autonomie complète, le
retour au régime d'autrefois. Je respecte les opinions de ces citoyens.
Je n'entend pas les accuser de quelque délit d'hérésie que
ce soit. Mais ils disposent, en vertu de notre loi, de tous les recours
nécessaires pour faire entendre leur point de vue. Si jamais certains
d'entre eux veulent se regrouper et demander que leur territoire soit
détaché de celui de la ville de Mirabel, ils ont tous les recours
nécessaires en vertu de nos lois ordinaires pour faire valoir leur point
de vue et obtenir satisfaction éventuellement. J'espère qu'ils
comprendront que leur meilleur intérêt réside dans leur
attachement à cette entité municipale nouvelle, mais pleine d'un
avenir très dynamique qui les invite à rester dans son sein, mais
encore une fois, ils sont maîtres de leurs attitudes et de leurs opinions
politiques. Ils disposent de tous les recours qui leur sont nécessaires
et en ma qualité de député d'Argenteuil, je serai toujours
intéressé à entendre leurs représentations et
à y faire droit dans la mesure où mes convictions pourront
correspondre aux leurs. (21 h 30)
On a dit toutes sortes de choses au sujet de Mirabel, M. le
Président, dont certaines sont souvent empreintes d'un
négativisme destructeur. Il y a de bonnes choses qui se font à
Mirabel. Il y en a de très nombreuses. J'ai parlé de cette
administration municipale dynamique et très intègre que nous
avons à Mirabel. Je voudrais vous parler un peu de certains
développements qui se sont produits depuis quelque temps. Vous savez que
les autorités de la société Bell Helicopter ont choisi de
s'implanter à Mirabel. Elles sont actuellement en train de construire le
long de l'autorute 15 - la grande autoroute des Laurentides - tout près
de la sortie de Saint-Janvier, une usine qui sera très impressionnante.
Déjà, non seulement les fondations ont été
posées avant l'hiver, mais les murs sont en train de s'élever et
on espère qu'on pourra poser le toit sur cette carcasse avant que la
saison d'hiver soit trop avancée et les indications que nous avons quant
aux perspectives d'avenir de la société sont très
intéressantes.
Certains articles plutôt négatifs ont paru dans certains
journaux, il y a quelques mois et les renseignements les plus récents
dont je dispose permettent de croire que non seulement on procédera
à la réalisation de l'échéancier qui avait
été prévu, mais que
déjà, on est obligé de chercher des locaux
temporaires pour commencer un programme de production qui n'avait pas
été prévu, mais qui découle de nouvelles commandes
plus abondantes que celles qu'on avait entrevues à la maison mère
de Fort Worth, aux États-Unis. J'ai eu l'occasion moi-même avec le
ministre du Revenu qui est député de Prévost, qui est mon
voisin de comté, M. Dean, d'aller faire une visite à Forth Worth,
il y a quelques mois, vers la fin de juin. Nous avons constaté qu'il
s'agit là - Bell Helicopter - d'une entreprise considérable.
Seulement dans la maison mère que nous avons visitée, le service
de recherche et de développement compte à peu près 1100
employés, dont plus de 800 sont des ingénieurs, des scientifiques
qui sont à la fine pointe de la recherche en matière
d'aéronautique. Nous aurons cette entreprise à Mirabel. D'autres
entreprises que je n'ai pas le temps de nommer, vu que le temps expirera
bientôt, se sont installées récemment sur le territoire de
Mirabel et d'autres comptent venir avant longtemps. Les perspectives sont
extrêmement intéressantes et je pense que la décision que
nous allons prendre ensemble - je l'espère bien - de conférer
à la ville de Mirabel un statut de MRC contribuera beaucoup à
augmenter le respect qu'on lui porte déjà et la confiance que
l'on exprime à l'endroit de ses perspectives d'avenir. Encore une fois,
je me réjouis de ce développement. J'espère que les
membres de cette Chambre voudront l'accepter avec empressement et je veux vous
assurer que ce statut qu'on donnera à la ville de Mirabel, elle s'en
prévaudra pour prendre des initiatives qui seront utiles, non seulement
à ses citoyens, mais à toute la région des
Laurentides.
Je termine sur cette note, M. le Président. Dans la région
des Laurentides, nous avons des députés du Parti
québécois, nous avons un député du Parti
libéral, mais quand il s'agit de l'intérêt
économique de la région, nous collaborons ensemble.
Moi-même, j'ai collaboré à l'avènement de certaines
entreprises et au règlement de certains problèmes dans des
comtés environnants, toujours en consultation avec le
député qui a toujours collaboré. Le ministre du Revenu m'a
apporté une excellente collaboration pour la solution de certains
problèmes que nous avons dans le comté de Mirabel, mais nous
avons, je pense, la satisfaction de pouvoir dire que nous voyons à nos
intérêts respectifs, en pensant toujours à
l'intérêt plus grand de la magnifique région des
Laurentides à laquelle nous sommes tous fiers de consacrer notre
activité. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre des
Affaires sociales.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Le projet de loi 15,
pour nous, modifiera ou viendra amender trois lois. Il s'agit tout d'abord de
la Loi sur l'assurance-maladie, la Loi sur la protection de la santé
publique et enfin, la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. Deux amendements sont proposés à la Loi sur
l'assurance-maladie. Le premier vise à interdire à toute personne
d'exiger une compensation pour une fourniture ou des frais accessoires à
un service assuré. La Loi sur l'assurance-maladie prévoit
déjà qu'il est interdit à toute personne d'exiger ou de
recevoir paiement d'un bénéficiaire pour un service accessoire
à un service assuré, sauf, dans le cas prescrit dans une
entente.
Cette disposition soulève des problèmes parce que les
fournitures et les frais accessoires à un service assuré ne sont
pas considérés comme des services accessoires à un service
assuré. Par exemple, en ce qui concerne les fournitures, un
médecin peut fournir un stérilet, qui n'est pas un service
assuré ni un service accessoire et la lettre d'entente qui s'applique au
médecin spécialiste et au médecin omnipraticien
prévoit que le médecin, donc, peut obtenir du
bénéficiaire une compensation du coût d'achat d'un
stérilet pourvu qu'il soit au préalable avisé du montant
de cette compensation. Or, il est douteux que l'on puisse définir par
entente ce qui constitue une fourniture. Les médecins pourraient donc
exiger, pour un stérilet, un paiement à leur discrétion.
Il en est de même pour toute autre fourniture.
Quant aux frais accessoires, certaines compagnies de gestion, qui se
forment d'ailleurs assez spontanément, font des factures à des
bénéficiaires pour des frais accessoires à des services
assurés, tels des frais pour l'utilisation du bloc opératoire de
la clinique, à l'occasion d'une chirurgie mineure qui a
été effectuée, soit des frais d'opération de la
clinique, soit le coût du matériel sanitaire, soit pour l'alcool,
les serviettes ou des frais de gestion. Donc, les modifications
proposées interdiront à l'avenir toute telle pratique.
Une autre modification à la Loi sur l'assurance-maladie vise
à permettre à la Régie de l'assurance-maladie de
révéler au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu la nature des biens et des services rendus aux
bénéficiaires de l'aide sociale ainsi que la date où ces
biens et ces services ont été fournis et le coût à
l'égard de tel ou tel bénéficiaire. De cette façon,
le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu pourra exercer son mandat de récupérer les montants dus
par les bénéficiaires en étant en mesure de
spécifier chacun des services et la date où
chacun de ces services a été rendu. De plus, les
modifications proposées faciliteront l'application du programme de
partage des coûts fédéral-provincial en ce sens que le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
aura le détail des services rendus et des coûts assumés par
le Québec, au chapitre des besoins spéciaux, et assumés
par la régie, de sorte qu'on pourra réclamer d'une façon
beaucoup plus juste les frais ou les parties des sommes qui nous reviennent.
Enfin, les modifications proposées permettront à la régie
de conclure une entente avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, le tout, conformément à la Loi
sur l'accès à l'information, aux fins de transmettre ces nouveaux
renseignements.
Également, des modifications seront apportées à la
Loi sur la protection de la santé publique dans le domaine des affaires
sociales afin, notamment, de transférer au ministre des Affaires
sociales tous les pouvoirs de réglementation du gouvernement concernant
le système de transport par ambulance et aussi de prévoir la
délégation de ces pouvoirs à un conseil régional.
Depuis quelques années, le ministère des Affaires sociales, tout
comme les autres ministères du gouvernement d'ailleurs, a amorcé
un mouvement qu'il est convenu d'appeler la décentralisation
administrative. Depuis cette amorce, des jalons ont été
posés dans ce sens et des transferts de responsabilités à
l'endroit des conseils de santé et des services sociaux de chaque
région sont venus graduellement concrétiser ces
étapes.
À la base d'une telle orientation, il faut rappeler ici la
volonté du ministère des Affaires sociales d'accentuer la
participation des citoyens à la gestion des services de santé et
des services sociaux et de confier à ces conseils régionaux des
responsabilités précises et accrues en matières
d'organisation, de mise en commun de services et de partage des ressources
attribuées sur le plan régional. On a ainsi été les
témoins d'une prise en charge graduelle par les conseils
régionaux de mandats accompagnés de pouvoirs, pour les
réaliser.
Au cours des dernières années, les secteurs
d'activité les plus concernés par de telles mesures
étaient surtout apparentés au réseau des
établissements de santé et de services sociaux. Étant, en
effet, les principaux dispensateurs de soins et de services auprès des
bénéficiaires, il allait de soit que l'implication locale et
régionale à ce niveau soit développée
prioritairement à d'autres secteurs. (21 h 40)
Fort de l'expérience acquise dans cette orientation par le
ministère des Affaires sociales, je considère que l'heure est
venue de rapprocher, à la lumière des problèmes
constatés, les pouvoirs de décision dans le domaine du transport
ambulancier. Qu'il me soit permis ici de préciser que c'est en vertu de
la Loi sur la protection de la santé publique que le transport
ambulancier au Québec est réglementé par le gouvernement
et le ministre des Affaires sociales. La réglementation touchant plus
précisément l'émission des permis, la détermination
des coûts, les tarifications des transports, l'équipement des
véhicules, la formation du personnel et je continue, la
responsabilité, dis-je, d'en assurer l'application appartient au
ministère au moyen de décrets. Je pense que c'est au ministre de
procéder à la délégation de pouvoirs afin d'en
rendre les conseils régionaux responsables.
Les conseils régionaux de la santé et des services sociaux
ont signalé que le transport ambulancier devait progressivement
s'intégrer et être coordonné aux autres activités et
autres intervenants dans le domaine de la santé et cela en tenant compte
des caractéristiques, des besoins spécifiques de chacune des
régions et de la capacité de chacun de s'acquitter des
responsabilités additionnelles en découlant. Déjà,
pour Montréal, depuis 1981, une centrale de coordination des urgences a
été créée et c'est dans le cadre de la
réglementation actuelle qu'elle s'acquitte de ses responsabilités
de gestion et de contrôle.
Dans le contexte ci-haut décrit, il est possible de
déceler, le cas échéant, et à des niveaux variables
selon les régions, certaines difficultés en relation, entre
autres, avec l'accessibilité des services ambulanciers, la coordination
entre les divers intervenants dans le domaine de la santé, la formation
du personnel ambulancier, l'évaluation et le contrôle de la
qualité et de la quantité des services ambulanciers, la
rentabilité également et l'efficacité des services
ambulanciers, enfin, l'information du public sur ces mêmes services.
Donc, ce que mon ministère recherche principalement, c'est
d'assurer la meilleure gestion possible des services ambulanciers et
également de décongestionner les hôpitaux. Ce sont
là nos objectifs. Aussi, parmi les solutions envisagées, je
propose de modifier la Loi sur la protection de la santé publique et la
Loi sur les services de santé et les services sociaux afin de permettre
un transfert de responsabilités aux conseils régionaux et
d'assurer au gouvernement et au ministre des Affaires sociales un pouvoir
d'orientation et de contrôle en matière de services
ambulanciers.
L'adoption de ces modifications affectant la Loi sur la protection de la
santé publique permettra de rapprocher la gestion des services
ambulanciers des besoins de la population. Ainsi, les conseils régionaux
seront plus en mesure d'assurer le leadership au chapitre de
l'intégration et de la
synchronisation de ces services de santé en regard des
établissements, des détenteurs de permis et des utilisateurs des
services d'ambulance, fonction qui comporte des caractéristiques et des
besoins au niveau de chacune des régions.
La Loi sur les services de santé et les services sociaux vise
déjà le Conseil régional de Montréal
métropolitain en ce sens qu'elle a créé une centrale de
coordination des urgences. On doit y apporter des modifications pour traduire
et compléter l'esprit des changements apportés à la Loi
sur la protection de la santé publique. Les modifications
proposées permettront vraiment au conseil régional de s'acquitter
pleinement de ses responsabilités de répartition des cas
d'urgence, d'utilisation sans barrière des ambulances et de coordination
des services ambulanciers. Ainsi, le Conseil régional de Montréal
métropolitain sera en mesure d'assurer l'articulation ordonnée
des divers intervenants dans les services de santé.
Comme vous pourrez le constater à la lecture du projet de loi
modifiant diverses dispositions législatives, les modifications
proposées par le projet de loi lui-même ne changent rien à
l'état actuel des choses si ce n'est que confier au ministre un pouvoir
réglementaire que le gouvernement possédait déjà
et, pour la région de Montréal métropolitain, de consacrer
et mieux préciser une pratique déjà existante. En fait,
c'est lui donner une assise légale.
En pratique, ce n'est que plus tard, au niveau de chaque
décentralisation, après que les consultations appropriées
auront été faites auprès de tous les organismes
concernés, à savoir les CRS, la Corporation du service
ambulancier du Québec, sur tous les aspects traités par le projet
de loi, à savoir: permis, normes d'équipement, de fonctionnement,
d'inspection, etc., que je déciderai des modalités de
décentralisation les plus appropriées, et ce pour chaque
région.
Tel que prévu dans les modifications affectant la Loi sur la
protection de la santé publique, un règlement adopté par
le conseil régional entrera en vigueur dans les 15 jours qui suivront la
date de son approbation par le ministre ou à une date ultérieure
que celui-ci déterminera.
Il appartiendra au ministère, en temps opportun et dans cet
exercice de l'approbation de la réglementation des conseils
régionaux, de juger du bien-fondé des modifications à
apporter et de nous assurer du maintien d'un niveau acceptable
d'uniformité entre les régions.
La décentralisation administrative, comme on le constate dans les
principes et dans le projet de loi, vise à confier des fonctions et des
responsabilités de gestion et d'opération à
l'échelle régionale.
Le ministre conserve, et il se doit de le faire, la
responsabilité et le pouvoir d'orienter, de planifier et de
déterminer dans leurs grandes lignes les divers éléments
qui composent le transport ambulancier du Québec.
En outre, le ministre se doit d'évaluer et de contrôler
l'articulation nationale résultant des fonctions et des
responsabilités ainsi déléguées. La
responsabilité du ministre devant cette Chambre exige du
ministère des Affaires sociales qu'il assume le leadership dans ces deux
importantes phases de tout processus administratif.
D'autres amendements mineurs sont également proposés par
le projet de loi 15 et visent à simplifier la prise de possession d'un
cadavre non réclamé par sa famille et à faire assumer par
sa succession, jusqu'à concurrence des biens de cette dernière,
les frais d'inhumation et d'incinération d'un cadavre non
réclamé et qu'aucune université ne voudrait recevoir par
sa succession. Je pense qu'il fallait préciser également ces
choses. Ça arrive très fréquemment.
Enfin, des amendements sont proposés à la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et visent à accentuer
les objectifs déjà visés dans le projet de loi 27 de 1981.
Ils sont de plusieurs ordres. Tout d'abord, certaines dispositions ont pour but
d'établir clairement que les médecins peuvent et doivent, dans
certains cas prévus au règlement, participer à la gestion
des ressources d'un centre hospitalier. D'autres également visent
à intégrer véritablement le pharmacien aux médecins
et dentistes.
Nous proposons dans le projet de loi 15 que dorénavant les
pharmaciens fassent partie du conseil des médecins et dentistes. Donc,
ce sera le conseil des médecins, dentistes et pharmaciens. C'est
accepté d'ores et déjà par l'ensemble des groupes de
professionnels impliqués et je pense que ça vient assurer ou
concrétiser déjà les volontés exprimées lors
de l'adoption de la loi 27 de 1981.
L'un des objectifs premiers du projet de loi 27 était de
clarifier les rôles et d'assurer un meilleur partage des
responsabilités au sein des établissements entre les
administrateurs, les médecins et les différents professionnels de
la santé.
Un tel but est visé sans envisager la création de
nouvelles structures - c'est peut-être important d'appuyer
là-dessus - et en faisant appel à celles qui existent
déjà. Donc, en utilisant les structures existantes, donc en
n'alourdissant pas le fardeau fiscal des contribuables
québécois.
Les médecins doivent être de plus en plus impliqués
au niveau de la gestion des centres hospitaliers. Les médecins
demeurent, et le seront toujours, les grands initiateurs de l'activité
hospitalière. On ne peut concevoir que les décisions importantes
concernant les ressources des centres
hospitaliers, dont les médecins sont les premiers utilisateurs,
soient prises sans qu'ils y soient impliqués. (21 h 50)
Pour atteindre ce but, il est indispensable d'assurer un rapprochement
entre les administrateurs et les médecins des centres hospitaliers. Le
projet de loi 27 avait donc manifesté un choix non équivoque,
celui de faire en sorte que les médecins fassent partie de plus en plus
de la vie même, de l'administration même du centre hospitalier. On
sait que, dans plusieurs cas, on assiste à des affrontements tout
à fait néfastes, tout à fait négatifs pour
l'ensemble du climat d'un centre hospitalier. Les amendements que nous propose
le projet de loi 15 visent précisément à faire de ces
professionnels de la santé, professionnels qui sont les clés,
à toutes fins utiles, les premiers utilisateurs de toutes ces ressources
humaines à l'intérieur d'un centre hospitalier. On veut que les
médecins soient de plus en plus impliqués dans la gestion
même.
D'autres amendements viendront se greffer à ce projet de loi 15.
Je pense, entre autres, à un amendement qui vise à clarifier le
fait que les directeurs généraux et les cadres supérieurs
et intermédiaires des établissements de santé et de
services sociaux bénéficient de procédures de recours en
cas de congédiement. Ce sont des amendements d'ordre mineur quand
même qui, pour eux, en tant que professionnels, représentent un
cas majeur. Soit dit en passant, pour le pharmacien lui-même qui,
dorénavant, fera partie du conseil des médecins et dentistes, il
aura un recours quant à son statut professionnel devant la Commission
des affaires sociales et, quant aux autres mesures disciplinaires relatives
à son statut de travailleur, il aura un recours devant un arbitre.
Je vais m'arrêter ici et je reviendrai plutôt lors de
l'étude article par article pour présenter d'autres amendements
mineurs puisqu'au moment où je vous parle, déjà des
consultations s'effectuent encore parce que les représentants
d'associations nous ont formulé des libellés différents,
des amendements d'ordre technique mineurs. Nos vis-à-vis de l'Opposition
ont été avisés qu'il y aurait des changements au niveau
technique, au niveau de la phraséologie. Je pense qu'on peut
espérer d'ores et déjà que les amendements proposés
à ces trois lois pourront recevoir l'assentiment unanime de cette
Chambre pour assurer de plus en plus une qualité accrue des soins de
santé à l'ensemble de nos concitoyens que nous
représentons tous.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre de la
Justice, votre droit de réplique.
M. Pierre-Marc Johnson (réplique)
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec attention les remarques de mes collègues et,
évidemment, des députés de l'Opposition, y compris le
député indépendant de Sainte-Marie. D'abord, je
dépose les amendements au projet de loi. Je dois dire d'ailleurs que
l'immense majorité d'entre eux sont déjà entre les mains
du critique officiel de l'Opposition.
Par ailleurs, je voudrais souligner, encore une fois, que si ce projet
de loi omnibus modifie un certain nombre de lois, justement une
législation adoptée et modifiée par ce gouvernement permet
maintenant au Bureau des lois de faire en sorte que, dans les six mois qui
suivent l'adoption d'un tel projet de loi, le tout soit intégré
aux Lois du Québec et intégré dans les textes qui sont
disponibles pour les citoyens et, soyons un peu concrets, essentiellement pour
les praticiens du droit. J'entendais le député de D'Arcy McGee
nous expliquer qu'il en coûtait environ 2000 $ pour obtenir l'ensemble de
la législation reliée depuis sept ans - je crois qu'il donnait
1977 - et il en concluait que la législation adoptée par le
gouvernement est très peu accessible aux citoyens. Je connais
très peu de citoyens qui collectionnent l'ensemble de la
législation ou l'ensemble de la réglementation. Ce sont
habituellement des organismes ou encore, évidemment, des professionnels
du droit qui doivent consulter ces répertoires et on s'attend qu'ils
considèrent dans chaque cas qu'il s'agit là d'une forme
d'investissement. Je crois que le député de D'Arcy McGee a
exagéré de façon considérable.
Il a exagéré, M. le Président, d'abord parce qu'il
a comparé le volume législatif des années quatre-vingt
avec le volume législatif du XIXe siècle. Au XIXe siècle,
il n'y avait pas d'édifice de plus de cinq étages. Au XIXe
siècle, il n'y avait pas d'automobile. Au XIXe siècle, il n'y
avait pas de télévision, il n'y avait pas de
téléphone...
Une voix: Pas de radio.
M. Johnson (Anjou): ...il n'y avait pas de radio, il n'y avait
pas, finalement, un tas de choses qui, dans le quotidien, exigent que
l'État intervienne pour réglementer tantôt l'utilisation de
ces services par les citoyens, la concurrence qui entoure cela pour des fins de
protection des consommateurs, la réglementation en termes de
sécurité, etc. Il y a donc, malgré les aspects
quantitatifs extrêmement intéressants et attrayants du
député de D'Arcy McGee fondamentalement une approche
biaisée qui tend à caricaturer ce qu'est la législation et
la réglementation.
Pour terminer, le bouquet que nous a présenté le
député de D'Arcy McGee, c'est
de nous expliquer qu'il y a trop de réglementation, qu'il y a
trop de législation. Il en concluait qu'il faudrait créer un
ministère pour voir... Le député de D'Arcy McGee sait
absolument, à toutes fins utiles, mettre fin à un embourbement ou
à des quantités trop importantes de textes réglementaires
à créer une nouvelle structure qui elle y verrait. Je pense que
c'est un peu comme ces remarques que faisait le député de D'Arcy
McGee sur le fait que c'était bien épouvantable, on allait
informatiser bientôt l'accès aux banques de données qui
permet aux praticiens du droit, y compris ceux qui sont dans les palais de
justice, les recherchistes ou évidemment la magistrature d'avoir
accès aux textes réglementaires législatifs par
écran cathodique.
Il en concluait que SOQUIJ qui est la société qui s'occupe
de l'information juridique au Québec, il en concluait que SOQUIJ
annonçant que bientôt ces choses seront disponibles,
évidemment, c'était presque antisocial parce que presque tout le
monde ne pouvait pas avoir un écran cathodique chez lui. Il ne s'agit
pas de se demander si tout le monde va avoir un écran cathodique chez
lui pour savoir quel est le règlement en matière de viande
avariée. Il s'agit de rendre accessible rapidement dans les palais de
justice, dans les bureaux d'enregistrement, dans les études de notaires
et d'avocats, il s'agit de rendre rapidement accessible, justement, et à
un coût qui est loin d'être prohibitif compte tenu je crois de
l'efficience qui en découlera, les textes législatifs.
Je trouve donc que le député de D'Arcy McGee nous a servi,
malgré l'aspect recherché de son travail... J'espère qu'il
félicitera les recherchistes de son parti, peut-être quelques
étudiants en maîtrise à l'Université de
Montréal pour cette magnifique quantification du bilan législatif
des 150 dernières années. Il n'en demeure pas moins que sa
tendance à la caricature nous aura heureusement distraits d'un projet de
loi qui doit être excellent puisqu'il n'en a pas dit un mot.
Quant au député de Sainte-Marie, je retiendrai sa
préoccupation à l'égard des modifications que nous
apportons dans le projet de loi au texte touchant la Régie de
l'assurance-maladie concernant la transmission d'informations au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Simplement pour le rassurer, je lui dirai que c'est avec l'accord de la
commission qui s'occupe de l'accès à l'information que nous
présentons ce projet de loi. Ces dispositions législatives ont
été approuvées par la commission. Elles ne constituent
donc en rien une infraction qui irait à l'encontre ni de l'esprit ni de
la lettre de la Loi sur l'accès à l'information et la protection
des renseignements privés des personnes, mais pourra, par ailleurs,
permettre au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu d'être beaucoup plus efficace dans le
calcul des prestations dues à certaines personnes pour certaines
périodes de l'année, générant ainsi non seulement
des économies pour le ministère, ce qui n'est pas
négligeable en cette période exigeante où les
contribuables le savent et également, je crois, introduisant un
critère d'équité important.
Il s'agit de nous assurer que les personnes qui
bénéficient de ces programmes de sécurité du
revenu, de l'aide sociale ou des autres, à toutes fins utiles, aient
droit aux services rendus par la Régie de l'assurance-maladie, que ce
soient les services de médicaments, de transport ambulancier, que ce
soient les services d'or-thèses, de prothèses, les services de
soins dentaires ou de soins optométriques, il s'agit de nous assurer que
celles et ceux qui y ont accès sont bel et bien celles et ceux qui y ont
droit. C'est une affaire de justice et d'équité à
l'égard de l'ensemble des citoyens et des contribuables. (22 heures)
Je termine donc, M. le Président, en souhaitant que nous passions
à l'adoption du principe du projet de loi 4.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Juste un instant! Avant de
donner la parole, je vais quand même faire une chose qui aurait dû
être faite au moment où le ministre a déposé des
amendements, mais je ne voulais pas l'interrompre. M. le ministre a
déposé des amendements détaillés qu'il entend
proposer au nom du gouvernement à la commission bientôt, mais je
conçois que, par consentement, les dépôts sont faits ici
à l'Assemblée nationale.
D'un autre côté, M. le député de D'Arcy McGee
a, en vertu du règlement, une demande de rectification, mais je dois lui
dire aussi que le règlement prévoit, à l'article 211, que
la réplique clôt le débat. Compte tenu qu'il a
demandé une rectification, selon ce que j'ai compris, je vais lui
demander de la faire en vertu de l'article 205 et de n'amener aucun
élément de discussion. M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais vous remercier pour
m'avoir signalé l'article en question en vertu duquel je peux rectifier
une question de fait. Je n'ai pas proposé qu'il y ait un ministre
à la déréglementation. J'ai proposé qu'un ministre
qui a déjà un portefeuille soit chargé aussi de la
déréglementation. Le ministre de la Justice me permettrait-il une
petite question? Il ne me permet pas une petite question? Ce n'est pas...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non, M. le
député. Si le ministre refuse, il n'y en a pas.
M. Marx: Le ministre n'accepte pas? En commission, je ne peux pas
parce que cela ne touche pas un article qui est dans la loi, mais cela touche
une question que le ministre a soulevée.
Le Vice-Président (M. Jolivet): À ce
moment-là, si c'est cela, M. le député, vous avez d'autres
moments, comme la période des questions pour pouvoir y participer.
M. Marx: D'accord, merci.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Je pose la question
suivante: le principe du projet de loi 15, Loi modifiant diverses dispositions
législatives est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté?
Adopté. M. le leader, la déférence.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bertrand: Oui, M. le Président, relativement à
ce projet de loi 15, je voudrais faire motion pour qu'il soit
déféré à la commission des institutions dont le
ministre de la Justice et des Affaires intergouvernementales canadiennes fera
partie et que cette commission puisse se réunir, j'en donne avis
immédiatement, dès demain vendredi de 10 heures à 13
heures à la salle 91 et qu'elle soit présidée par un
président de séance comme le dit le nouveau règlement.
Je voudrais aussi dire, M. le Président, pour que les
collègues en soient bien informés, que nous répartirons
les travaux de la commission des institutions demain matin de telle sorte que
les articles relatifs au ministère des Affaires municipales et au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche soient plus
spécifiquement étudiés, les autres étant
reportés à une séance ultérieure.
Le Vice-Président (M. Jolivet): En même temps, M. le
leader, vous faites aussi, sur consentement je pense, la motion d'envoyer en
commission spéciale, compte tenu du règlement sur le mandat qui
doit nous être délégué en commission. C'est donc sur
consentement que vous l'envoyez à la commission dont vous avez fait
mention.
M. Bertrand: C'est exactement ce consentement, M. le
Président, qu'effectivement je demande pour que ce soit envoyé
à la commission des institutions.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader, nous passons à un autre article.
M. Bertrand: M. le Président, j'inviterais maintenant le
ministre de la Justice et des Affaires intergouvernementales canadiennes
à nous présenter l'adoption du principe du projet de loi 12.
Projet de loi 12 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Jolivet): C'est donc l'adoption du
principe du projet de loi 12, Loi modifiant le Code civil, le Code de
procédure civile et d'autres dispositions législatives. M. le
ministre de la Justice, vous avez la parole.
M. Pierre-Marc Johnson
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le projet de loi 12
que nous étudions modifie essentiellement des lois qui relèvent
du ministère de la Justice. Il vise à apporter des solutions qui
soient efficaces à un certain nombre de problèmes concrets qui
sont vécus quotidiennement par les justiciables québécois
ou ceux qui les représentent dans certains cas. Ces modifications
touchent principalement, mais non exclusivement, deux aspects importants de
l'administration de la justice, à savoir l'enregistrement et les petites
créances.
On connaît l'importance, M. le Président, du système
d'enregistrement tant par le nombre d'actes qui sont enregistrés
quotidiennement que par le but qui en est poursuivi. Qu'on songe ici à
la diversité des actes qui sont déposés dans divers
bureaux d'enregistrement sur le territoire du Québec, ces bureaux qu'on
a appelés d'ailleurs dans un ouvrage récent "La mémoire du
peuple". Qu'on pense ici aux actes de ventes d'immeubles, aux actes
d'hypothèques, aux actes constatant des règlements de succession,
aux contrats de mariage, aux quittances. On voit donc que l'enregistrement
touche à toutes fins utiles peut-être pas les activités
quotidiennes des citoyens, mais sûrement des activités auxquelles
ils peuvent se livrer à un moment ou l'autre, dans leur vie. Ce
système a pour but, on le sait, de favoriser la sécurité
de transactions qui interviennent entre les citoyens et ceci, en assurant une
publicité adéquate à ses conventions. On peut penser ici,
par exemple, à une personne qui projetterait d'acheter une
résidence et qui désire s'assurer qu'elle est bel et bien libre
de toute charge ou hypothèque.
En matière d'enregistrement, le projet de loi propose les mesures
qui sont destinées, d'une part, à améliorer les services
offerts à la clientèle et d'autre part, à réduire
les coûts engendrés par le système d'enregistrement. C'est
ainsi qu'il modifie d'abord le Code civil afin de régler un
problème qui est vécu aujourd'hui au bureau d'enregistrement de
Montréal, en particulier, mais aussi qui risque d'être vécu
dans d'autres bureaux d'enregistrement à l'avenir. En effet, le bureau
d'enregistrement de Montréal fait face à une situation qui est
tout à fait particulière dans l'ensemble du réseau des
bureaux d'enregistrement du Québec, tant par l'ampleur de la
clientèle que par le volume des documents qui y sont enregistrés.
On estime qu'en moyenne, il y a 650 documents qui sont présentés
quotidiennement pour enregistrement et qu'en période de pointe,
c'est-à-dire du mois d'avril au mois de septembre, environ 1000
documents par jour y sont enregistrés. Il s'agit pour nous,
essentiellement, de faire en sorte que des délais qui ne seraient pas
acceptables ne surviennent pas entre le moment du dépôt de ces
documents et leur enregistrement dans les registres proprement dits. Ainsi, au
bureau de Montréal, les heures d'enregistrement ne seront aucunement
réduites, mais simplement avancées d'une demi-heure en vertu de
nos dispositions. L'enregistrement des documents pourra donc débuter
à 8 h 30 et se terminer à 14 h 30, alors que présentement,
il commence à 9 heures pour se terminer à 15 heures. Ce
changement permettra aux fonctionnaires du bureau d'effectuer plus tôt la
mise à jour quotidienne des registres et de réduire de
façon significative les délais qui intervenaient, compte tenu de
ces volumes. Cette mesure ne pourra que bénéficier aux usagers
puisque les registres qu'ils consulteront auront de meilleures chances
d'être à jour.
Par ailleurs, afin d'éviter que le bureau d'enregistrement de
Montréal ne ferme à 14 h 30, ce qui, on en conviendra, serait
relativement tôt, l'heure de fermeture actuelle, soit 15 heures, sera
maintenue, sinon retardée même d'une demi-heure. D'où la
distinction que propose le projet de loi entre les heures d'ouverture et les
heures de présentation. Enfin, afin d'éviter à une
personne qui se présentera au bureau en dehors des heures
d'enregistrement d'avoir à y retourner le lendemain pour y faire
enregistrer un document, le projet de loi prévoit qu'elle pourra
déposer immédiatement les documents. Ceux-ci ne seront toutefois
enregistrés que le lendemain, c'est-à-dire au début de la
période d'enregistrement qui suit le dépôt effectif du
document.
Comme on peut le constater, l'accessibilité du service à
la clientèle sera non seulement maintenue, mais améliorée
par cette mesure, alors que la qualité du service sera, par la
réduction, sinon l'élimination des délais, grandement
accrue. Aussi, cette distinction entre les heures d'ouverture et les heures
d'enregistrement pourra éventuellement être appliquée
à d'autres bureaux d'enregistrement si des retards dans la mise à
jour des registres devaient se manifester. Cependant, comme ce fut le cas
à Montréal, cette mesure ne sera étendue à d'autres
bureaux qu'après consultation des principaux
intéressés.
La seconde modification qui est apportée par le projet au
système d'enregistrement a trait à la reconstitution et au
remplacement des registres. À cet égard, le projet de loi propose
de modifier la Loi sur les bureaux d'enregistrement pour introduire de nouveaux
modes de remplacement et/ou de reconstitution des documents qui sont
conservés par nos registrateurs. Si on considère le grand nombre
de documents qui sont conservés actuellement dans l'ensemble des bureaux
d'enregistrement et qu'il faille remédier périodiquement à
leur détérioration en raison du fait qu'ils sont consultés
tous les jours, on est déjà à même de comprendre
l'importance des opérations de remplacement et de reconstitution des
registres. Plus précisément, on dénombre actuellement
quelque 1900 volumes qui doivent être remplacés en raison de leur
état de vétusté dans les bureaux d'enregistrement du
Québec. Or, la Loi sur les bureaux d'enregistrement ne prévoit
qu'un seul mode de remplacement, c'est-à-dire la transcription manuelle,
laquelle exige un temps absolument considérable et s'avère
extrêmement onéreuse. C'est ainsi que le remplacement par le seul
mode prévu actuellement de 1900 volumes dont je viens de parler
exigerait, sur une période d'une année, l'engagement de 442
personnes pour procéder à cette transcription et coûterait
environ près de 9 000 000 $. Le projet de loi permet donc le
remplacement ou la reconstitution des documents, non seulement par la
transcription mais également par la photocopie, le microfilm ou tout
autre moyen technique moins onéreux et plus efficace que la
transcription manuelle, pourvu que la conservation des informations et leur
consultation n'en soient pas affectées. Par ailleurs, le projet de loi
simplifie la procédure de remplacement et de reconstitution qui,
présentement, se révèle extrêmement formaliste. (22
h 10)
Le second sujet qui est touché par le projet de loi 12 porte sur
le recouvrement des petites créances. À cet égard, le
projet de loi propose des modifications qui sont destinées à
faciliter le recours aux petites créances par les citoyens. Ainsi,
actuellement, seul le débiteur, qui est
résident du Québec, peut être poursuivi devant la
division des petites créances de la Cour provinciale. Or, cette
disposition empêche les citoyens de poursuivre devant la division des
petites créances une corporation dont le siège social est en
dehors du Québec, même si elle possède au Québec
plusieurs succursales et y fait affaires sur une base régulière,
ce qui est le cas de plusieurs institutions financières et de maisons de
commerce qui font affaires au Québec.
En effet, selon la jurisprudence bien établie, une corporation
n'a pour résidence que son siège social, même si elle a
plusieurs succursales ou bureaux d'affaires sur le territoire. Le citoyen se
voit donc dans l'obligation d'exercer son recours devant la division ordinaire
de la Cour provinciale, ce qui entraîne évidemment des frais et
des délais supplémentaires, sinon l'abandon du recours
simplement, compte tenu du peu d'importance du montant qui serait en jeu. Pour
pallier cette situation, le projet de loi prévoit qu'un débiteur,
ne résidant pas au Québec, pourra désormais être
poursuivi devant la division des petites créances, si ce débiteur
a un bureau d'affaires au Québec.
Un autre obstacle à l'exercice d'un recours devant la division
des petites créances vient de ce que le recouvrement d'une petite
créance dépend souvent de la validité du contrat. Or,
selon la jurisprudence, la juridiction de la division des petites
créances ne s'étend pas à la validité des contrats.
Cette situation oblige donc le citoyen, qui veut se faire rembourser une somme
d'argent et qui allègue à cette fin que le contrat est nul,
à porter sa demande devant la division ordinaire de la Cour provinciale,
même si le montant en cause a peu d'importance. Il se voit alors
privé des avantages qui sont offerts par la procédure applicable
au recouvrement des petites créances, notamment des règles
procédurales simplifiées, des coûts réduits, ce qui
le pousse parfois à l'abandon pur et simple de son recours.
Le projet de loi vient donc corriger cette situation en donnant à
la division des petites créances une compétence, même
lorsque la validité du contrat est mise en cause. Le projet de loi rend
donc la division des petites créances encore plus accessible à
nos concitoyens.
Sur le plan procédural, le projet de loi propose aussi une
modification en vue d'assouplir les règles qui sont applicables lors de
la présentation de la requête. En effet, la procédure
actuelle oblige le citoyen, qui désire exercer un recours à la
division des petites créances, à exposer sa demande à un
greffier du tribunal et c'est ce dernier qui doit rédiger la
requête. Cette procédure comporte des inconvénients,
notamment pour le citoyen qui habite une localité qui est
éloignée du greffe de la cour. Il doit alors se déplacer,
subir ainsi des frais parfois élevés ou renoncer à
l'exercice de son recours. De la même façon, certaines personnes,
qui ont déjà eu recours à la procédure des petites
créances et qui sont donc familières avec celle-ci, seraient
disposées à rédiger et à transmettre
elles-mêmes leur requête. Or, elles sont actuellement
obligées de prendre rendez-vous avec le greffier, ce qui entraîne
pour elles une perte de temps et des frais supplémentaires. Le projet de
loi vient donc permettre au citoyen qui le désire de rédiger
lui-même sa requête, de la transmettre au greffe par courrier
recommandé ou certifié. Je tiens toutefois à souligner que
cette façon de procéder sera facultative et n'empêchera
nullement les citoyens de demander au greffier de rédiger la
requête, selon la procédure actuelle.
Enfin, le projet de loi, toujours au chapitre des petites
créances, modifie les règles de publicité qui
précèdent la vente en justice des biens saisis à la suite
d'une procédure de recouvrement d'une petite créance. En
principe, l'exécution d'un jugement qui est rendu par la division des
petites créances suit les mêmes règles que celles qui sont
applicables à tout jugement sous réserve de certaines exceptions.
L'une d'elles a trait aux règles de publicité
précédant la vente en justice des biens qui sont saisis. En
effet, alors que la règle générale veut que l'avis de
vente soit publié dans un journal qui circule dans la
municipalité où la vente doit avoir lieu, l'article 993 du Code
de procédure civile prévoit qu'en matière de petites
créances l'avis est affiché au bureau du conseil de la
municipalité du débiteur. Or, on constate que l'affichage au
bureau du conseil de la municipalité n'assure pas une publicité
adéquate, elle ne rejoint pas tous les acheteurs qui seraient
intéressés et ne permet donc pas d'obtenir un prix de vente
satisfaisant dans bien des cas. Elle ne permet pas non plus aux personnes qui
sont intéressées et qui désirent s'opposer à la
vente d'en être informées et de faire valoir leurs droits en temps
utile.
Afin de corriger cette situation, le projet de loi vient supprimer la
règle particulière aux petites créances de façon
que les avis de vente en justice des biens saisis soient dorénavant
publiés dans un journal qui circule dans la municipalité
où la vente aura lieu.
Parmi les autres modifications qui sont apportées par le projet
de loi, certaines doivent être soulignées en raison, notamment, de
certains des droits qu'elle vise à préserver ou à mieux
garantir. Ces modifications touchent la Loi sur les jurés, la Loi sur
les tribunaux judiciaires et la Loi qui modifie le Code de procédure
civile et un certain nombre d'autres dispositions
législatives qui touchent l'adoption.
Dans le cas de la modification à la Loi sur les jurés et
à celle sur les tribunaux judiciaires, il paraît fondamental de
préserver le droit d'une personne qui collabore à
l'administration de la justice, que ce soit à titre de juré ou de
témoin. Il faut faire en sorte que ces personnes ne soient pas
pénalisées dans leur emploi quand la justice suit son cours et
qu'elles doivent y collaborer à ce titre. Bien sûr, la Loi sur les
jurés contient certaines dispositions qui protègent un
employé qui a dû s'absenter de son travail pour agir comme
juré ou qui a été assigné à cette fin. La
protection actuelle s'étend au congédiement, à la
suspension ou au déplacement et permet à l'employé
d'exercer, en plus d'un recours pénal, un recours devant le commissaire
du travail, de la même façon que s'il avait été
congédié, suspendu ou déplacé pour activités
syndicales. Toutefois, cette protection nous paraît incomplète
car, à la différence de la protection qui est accordée par
le Code du travail au salarié qui a exercé un droit qui
résultait de ce code, elle ne couvre pas toutes les autres
représailles ou sanctions que pourrait subir une personne, en raison du
fait qu'elle a dû s'absenter de son travail pour agir comme
juré.
Ces représailles peuvent revêtir plusieurs formes. Il peut
s'agir, par exemple, de l'imposition d'une mesure disciplinaire. Le projet de
loi vient donc combler cette lacune en modifiant la Loi sur les jurés de
façon à accorder à l'employé qui agit comme
juré une protection aussi étendue que celle qui est
accordée au salarié au sens du Code du travail.
Par ailleurs, il n'existe actuellement aucune disposition
législative pour protéger les témoins. Même si la
loi l'oblige à comparaître en justice et à rendre un
témoignage sous peine d'outrage au tribunal, il est tout à fait
inacceptable qu'une personne agissant ainsi comme témoin dans une
instance civile, criminelle ou pénale puisse être injustement
congédiée et subir d'autres représailles pour le seul
motif qu'elle s'est absentée de son travail afin d'accomplir un devoir
qui est imposé par la loi. Une telle situation est susceptible
d'insécuriser le témoin et de nuire à une saine
administration de la justice.
Le projet de loi vient donc combler cette lacune en modifiant la Loi sur
les tribunaux judiciaires pour accorder au témoin une protection
analogue à celle accordée aux jurés. Cette mesure
contribuera, je n'en doute pas, à humaniser à certains
égards la justice au Québec.
Outre la modification relative au témoin, dont je viens de faire
état, le projet de loi apporte une autre modification à la Loi
sur les tribunaux judiciaires afin de favoriser une meilleure administration de
la justice à l'égard des communautés cries et inuit. Comme
on le sait, des juges de la Cour provinciale et du Tribunal de la jeunesse sont
appelés à siéger dans ce vaste territoire qui est couvert
par la Convention de la Baie James et du Nord québécois. À
cette fin, ils forment une cour itinérante et se rendent à tour
de rôle dans différentes localités cries et inuit. Chacun
de ces juges exerce d'ailleurs, conformément à la loi, l'ensemble
des compétences qui sont attribuées à la Cour provinciale,
à la Cour des sessions de la paix et au Tribunal de la jeunesse, quel
que soit le tribunal auquel il appartient. (22 h 20)
II va sans dire que l'administration de la justice dans ces territoires
pose des problèmes d'organisation et de planification qui sont bien
particuliers en raison même du fait qu'il s'agit d'une cour
itinérante dont les juges exercent des juridictions de différents
tribunaux. La coordination entre les tribunaux y devient donc essentielle, par
exemple, pour établir l'échéancier des séances de
la cour dans les différentes localités ou pour répartir
les causes entre les juges.
Le projet de loi vient donc répondre à ce besoin, en
prévoyant la nomination d'un juge coordonnateur additionnel qui pourra
être affecté spécifiquement à ces fins.
Quant aux modifications du Code civil et d'autres dispositions
législatives qui touchent l'adoption, adoptées en 1983, on se
rappellera que cette loi est venue assurer la sécurité juridique
et clarifier les règles de droit qui étaient applicables en
matière d'adoption internationale. Elle prévoyait
également une disposition transitoire qui visait à
régulariser le statut des enfants étrangers adoptés
antérieurement à l'entrée en vigueur de la loi, le 21
décembre 1983.
Cette régularisation devait s'effectuer avec le minimum de
formalités et sans intervention judiciaire de façon à ne
pas pénaliser les parents qui, même s'ils ne s'étaient pas
conformés à la loi, ne devaient pas être tenus responsables
de la confusion qui, sur le plan juridique, entourait les adoptions
internationales faites avant cette date.
Il était alors clair pour tous que ce que l'on recherchait,
c'était de régulariser la situation des parents de bonne foi qui
avaient adopté un enfant à l'étranger avant le 21
décembre 1983.
Cette façon de procéder avait d'ailleurs fait l'objet d'un
accord préalable auprès des différents intervenants.
Pourtant, au cours de 1984, un jugement du Tribunal de la jeunesse a
interprété cette disposition transitoire comme ne dispensant pas
les intéressés de l'obligation de faire reconnaître par les
tribunaux ces jugements d'adoption rendus à l'étranger avant le
21 décembre 1983.
On conçoit facilement que ce jugement
a eu pour effet de recréer un climat d'incertitude qui
prévalait, avant l'adoption de notre loi de 1983, tant à
l'égard des parents qui avaient régularisé leur statut et
celui de leurs enfants adoptifs sans avoir obtenu un jugement du tribunal
québécois, qu'à l'égard de ceux ou celles qui
s'apprêtaient à procéder de la même
manière.
Cette interprétation des tribunaux comporte donc des
désavantages certains. D'une part, elle implique des coûts
supplémentaires pour les intéressés qui devraient
s'adresser au Tribunal de la jeunesse pour obtenir la reconnaissance de leur
jugement d'adoption prononcé à l'étranger avant le 21
décembre 1983, et, d'autre part, elle comporte le risque que le tribunal
refuse de reconnaître certains de ces jugements d'adoption et que des
liens de filiation établis de fait depuis de nombreuses années se
trouvent ainsi brisés.
La modification proposée vient donc mettre un terme à
cette incertitude en déclarant que les adoptions faites à
l'étranger avant le 21 décembre 1983 sont confirmées de
plein droit au Québec sans qu'il faille en obtenir la reconnaissance
judiciaire par un tribunal québécois. Elle précise
également la procédure d'inscription des nouveaux actes de
naissance aux registres de l'état civil.
En conclusion, M. le Président, comme je le mentionnais au
début, je crois que le projet de loi 12 apportera un certain nombre de
solutions, nous l'espérons, efficaces, à des problèmes
concrets vécus dans l'administration de la justice au titre que j'ai
mentionné.
J'estime qu'il y aura là ce qu'il faut pour favoriser une
meilleure administration de la justice et une meilleure protection des droits
des justiciables. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Merci, M. le Président. Nous avons maintenant
devant la Chambre la Loi modifiant le Code civil, le Code de procédure
civile et d'autres dispositions législatives.
Il s'agit essentiellement d'un projet de loi omnibus en matière
de justice. Ce sont des modifications plus ou moins importantes en ce qui
concerne les lois qui sont sous la juridiction ou l'administration du ministre
de la Justice.
Les amendements au Code civil sont assez mineurs quoiqu'il y ait des
amendements importants et nous sommes d'accord qu'il faut adopter
aussitôt que possible des dispositions qui vont faire en sorte que les
Québécois seront dans une meilleure position. Il faut faire plus
que cela en ce qui concerne notre droit civil.
L'Office de révision du Code civil a déposé son
rapport sur le Code civil en 1977. Cela fait huit ans maintenant que l'Office
de révision du Code civil a déposé son projet sur le Code
civil. Savez-vous, M. le Président, que de 1977 à aujourd'hui, en
huit ans, nous avons adopté seulement un chapitre en ce qui concerne
notre nouveau Code civil. Pourquoi avons-nous adopté seulement un
chapitre de notre nouveau Code civil après huit ans? Est-ce parce qu'il
n'y a pas de point politique à scorer en matière de droit civil,
c'est-à-dire qu'on ne peut pas faire des discours politiques
enflammés sur le Code civil, sur le droit civil? Est-ce que c'est cela,
la raison?
Notons que le seul chapitre que nous ayons adopté, c'est celui
sur la famille, la loi 89, qui a été adoptée en
décembre 1980, juste avant les élections de 1981. Depuis 1980,
nous n'avons pas adopté un seul chapitre de notre Code civil. Nous avons
un gouvernement qui est maintenant au pouvoir depuis plus de huit ans, un
gouvernement qui est incapable, qui semble totalement incapable d'adopter le
projet de Code civil.
En faisant le bilan de la réforme du Code civil depuis la
publication du rapport sur le Code civil du Québec en 1977 par l'Office
de révision du Code civil, on constate que seule - comme je viens de le
dire - la loi 89 sur le droit de la famille a été adoptée,
et ce sous la pression de groupes de femmes, avant les élections de
1981. Même là, M. le Président, dans la loi 89, on parle de
divorce. On a adopté toute une série d'articles sur le divorce
qui ne sont pas en application parce que le divorce, ce n'est pas de la
juridiction de ce Parlement. Le divorce, c'est de la juridiction du Parlement
qui siège à Ottawa. De toute façon, le gouvernement
à l'époque a insisté pour qu'on adopte ces articles qui ne
sont même pas en vigueur.
Le bilan, jusqu'à présent, après huit ans de
travail du ministre de la Justice, est le suivant. Je vais vous le donner en
trois catégories: premièrement, les lois adoptées par
l'Assemblée nationale sur le Code civil. Il s'agit de la loi sur le
droit de la famille, adoptée en décembre 1980 et
déjà modifiée à quelques reprises. Cela n'a pas
pris de temps au ministre de la Justice pour déposer des amendements,
des corrections à la loi déjà adoptée.
Deuxième catégorie: les lois déposées
à l'Assemblée nationale, mais pas encore adoptées. Il
s'agit de la loi sur les personnes et la loi sur les successions.
Troisième catégorie: ce sont des lois qui n'ont pas encore
été déposées à l'Assemblée nationale.
Le ministre va peut-être nous dire qu'il déposera d'autres
lois,
mais c'est à venir. Ce ne seront pas des lois adoptées
à cette session-ci, de toute façon. Je pense qu'il s'agit de la
loi sur les biens - je ne pense pas que cela ait déjà
été déposé -la loi d'application des lois sur les
personnes, les successions et les biens, la loi sur les obligations, la loi sur
les sûretés, la loi sur la prescription et la loi sur le droit
international privé.
Vous voyez, M. le Président, nous avons adopté une loi, la
loi sur la famille, et il y a encore huit lois, peut-être neuf et
même dix, on ne sait pas encore, à être adoptées. En
huit années, ce gouvernement a été incapable d'adopter
plus d'une loi sur le Code civil. Il y en a huit, neuf ou dix à venir.
(22 h 30)
C'est bien possible que le ministre, dans sa réplique, dise: Oui,
le député de D'Arcy McGee a raison, mais nous allons
déposer la Loi sur les biens ou la Loi d'application des lois sur les
personnes, les successions et les biens, peut-être d'autres projets de
loi. Je n'en sais rien. On va attendre le ministre. Tout projet de loi qu'il va
déposer avant Noël ne sera pas adopté à cette
session. Est-ce qu'on va avoir une session au printemps pour adopter ces
projets de loi? Je n'en sais rien. Le premier ministre non plus. Il a dit cela
en conférence de presse. C'est bien possible que nous n'aurons pas une
pleine session avant la fin de 1985, c'est-à-dire qu'on va avoir une
pleine session peut-être qui va commencer seulement en octobre 1985.
Voilà une autre année qui va passer avant qu'on continue cette
réforme du Code civil.
Le Code civil du Québec est le fondement même de notre
système juridique. C'est le droit commun du Québec. C'est le
droit supplétif du Québec. En 1866, le gouvernement du
Bas-Canada, qui a siégé ici dans ce parlement, avait
adopté d'un seul trait le Code civil. Tout le Code civil a
été adopté avant la Confédération.
Savez-vous pourquoi? Parce que les législateurs de l'époque ont
voulu conserver notre droit civil. Même dans le Code civil d'aujourd'hui,
qui a été adopté en 1866, il y a des articles et des
dispositions qui ne sont pas de la compétence du Parlement du
Québec. Cela a été adopté en 1866 avant la
Confédération. Donc, en vertu de la loi constitutionnelle de
1867, ces articles, ces dispositions adoptées avant la
Confédération restent en vigueur.
L'important c'est qu'en 1866 les législateurs de l'époque
ont adopté un Code civil d'un seul trait. Le gouvernement actuel semble
avoir l'intention de refaire notre code d'une façon parcellaire. Un
petit morceau à la fois. Avant qu'un morceau soit adopté, tout de
suite après on commence à faire des amendements, des
modifications et des changements, etc. Procéder à une telle
réforme à la pièce, c'est s'exposer à commettre des
erreurs, des contradictions et des lacunes. Au rythme actuel, le nouveau Code
civil ne sera pas terminé avant la fin du siècle. La fin du
siècle, ça vient vite. C'est seulement quinze ans. Huit ans, un
chapitre. Quinze ans: peut-être qu'au rythme actuel on va adopter les
huit, neuf, dix autres chapitres.
Peut-être que le problème c'est que le ministre de la
Justice est surchargé: il est ministre de la Justice, il est aussi
ministre délégué aux Affaires canadiennes, il y a une
semaine il a hérité du ministère des Communautés
culturelles et de l'Immigration. Peut-être qu'il a trop de choses
à faire et qu'il n'a pas le temps vraiment de s'occuper de notre Code
civil. Je vais revenir sur ce petit point.
Comme je viens de le dire, le Code civil est le fondement de notre
système juridique au Québec. Cela fait du Québec une
société distincte, au moins en partie. Mais aujourd'hui, nous
avons deux codes civils. Il y a le Code civil du Bas-Canada et le Code civil du
Québec qui incorpore seulement la loi 89. Mais il y a deux Codes civils
au Québec qui amènent la confusion, l'incertitude et
l'incohérence de notre système de droit civil.
Il y a même des professeurs de droit au Québec qui
aimeraient faire des traités sur le droit civil, mais tout est sur
"hold", tout est arrêté. Un professeur ne va pas faire, par
exemple, un traité sur la loi sur les obligations quand il ne sait pas
quelle sera la loi dans trois mois, six mois ou dans un an. C'est-à-dire
tout le monde attend que le droit civil soit mis à jour; tout le monde
attend et rien ne se fait. C'est bloqué et je me demande pourquoi.
Pourquoi est-ce bloqué? Pourquoi, après huit ans, ce gouvernement
est-il incapable d'adopter plus qu'un seul chapitre de notre Code civil? Je
viens de dire que le ministre de la Justice est aussi ministre
délégué aux Affaires canadiennes, ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration, ministre qui s'occupe de
beaucoup d'autres affaires, de la constitution, des négociations avec le
fédéral le cas échéant et ainsi de suite.
Peut-être que le ministre n'a pas assez de temps pour s'occuper du Code
civil. Il ne faut pas oublier que le ministre a hérité du
ministère de la Justice au début de cette année. Cela fait
déjà environ un an qu'il est ministre de la Justice et cela n'a
pas bougé.
J'aimerais suggérer, M. le Président, qu'une façon
de vraiment procéder un peu plus vite, ce serait que le ministre se
munisse d'un adjoint parlementaire qui peut l'aider dans ce travail, un adjoint
parlementaire qui aurait la responsabilité de faire en sorte que notre
Code civil soit adopté. Je viens d'apprendre que le premier ministre a
nommé d'autres adjoints parlementaires et le ministre de la Justice
n'a pas encore d'adjoint parlementaire. J'ai
téléphoné aujourd'hui à son cabinet et on m'a dit:
Non, le ministre de la Justice n'a pas d'adjoint parlementaire. Peut-être
que cela pourrait l'aider, parce qu'il s'avère qu'il n'a pas assez de
temps; il est ministre de la Justice, Procureur général du
Québec, Solliciteur général du Québec, ministre
délégué aux Affaires canadiennes, ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration et ainsi de suite. Il porte
tellement de chapeaux qu'il n'a pas vraiment le temps de procéder
à la réforme du droit civil. Cela urge, c'est important.
Peut-être qu'une façon, c'est de munir le ministre de la Justice
d'un adjoint parlementaire qui va s'occuper seulement de ce dossier.
J'aimerais toucher un autre sujet, M. le Président. C'est quelque
chose qui est relatif au Code de procédure civile. J'ai eu un appel, la
semaine dernière, d'un avocat, un praticien de Montréal. Il m'a
expliqué que l'article 36 du Code de procédure civile, qui touche
le bref de quo warranto, semble poser un certain nombre de problèmes.
Pour prendre un bref de quo warranto, il faut aller devant une cour de trois
juges de la Cour provinciale. Dans l'arrêt Vanier contre Benoît et
le Procureur général du Québec le 19 janvier 1984, la Cour
d'appel du Québec a décidé que les trois juges de la Cour
provinciale n'ont pas de juridiction en ce qui concerne le quo warranto
à cause de l'article 96 de la constitution de 1867. Vous savez, M. le
Président, que l'article 96 de notre constitution soulève
beaucoup de problèmes, beaucoup de conflits juridictionnels et
voilà la décision de la Cour d'appel. (22 h 40)
Apparemment, la Cour suprême du Canada a refusé la
requête en appel pour permission d'en appeler. C'était le 10 mai
1984. Le problème, bien sûr, maintenant, c'est que les trois juges
de la Cour provinciale n'ont pas juridiction, mais, si quelqu'un intente une
action devant la Cour supérieure, les avocats de la défense vont
plaider à nouveau une motion déclinatoire en disant que la Cour
supérieure n'a pas juridiction et cela pourrait traîner encore
deux, trois ou cinq ans, cette incertitude en ce qui concerne le bref de quo
warranto en vertu de l'article 36 de notre Code de procédure civile,
c'est-à-dire que cela va encore tourner en rond pendant des
années. Cela va coûter de l'argent aux gens qui vont aller en cour
et je ne pense pas qu'il soit d'intérêt public que cela continue
comme cela. C'est pourquoi je demande au ministre de la Justice de bien vouloir
considérer un amendement en ce qui concerne l'article 36.
Peut-être que la solution serait d'abroger la disposition en ce qui
concerne le bref de quo warranto devant trois juges de la Cour provinciale et
de laisser les juges de la Cour supérieure décider sur cette
question. De toute façon, M. le Président, j'ai l'intention de
revenir sur cette question de l'article 96 de la constitution qui pose toutes
sortes de problèmes. Je pense qu'il y a des solutions à apporter,
mais ce n'est pas le temps de faire de telles propositions aujourd'hui.
En ce qui concerne les bureaux d'enregistrement, j'aimerais demander au
ministre tout de suite s'il a vérifié ces modifications avec la
Chambre des notaires. Je pense qu'il faut s'assurer auprès des notaires
qui sont dans ces bureaux d'enregistrement si les modifications qu'on propose
vont avoir l'effet de rendre tout cela plus efficace.
En ce qui concerne la Loi de police, on va permettre l'affirmation
solennelle comme équivalant à un serment et, si on change cela
dans la Loi de police, je pense qu'il faut changer cela dans toutes nos lois.
Je pense que, dans toutes nos lois - cela va de soi - il faut permettre une
affirmation solennelle et je ne vois pas pourquoi on fait la modification
seulement pour la Loi de police. J'ai l'intention de soulever cette question
lors de notre discussion en commission parlementaire demain
après-midi.
Enfin, M. le Président, nous avons ici un projet de loi omnibus
en matière de justice, mais le ministre n'explique jamais quelle est sa
politique en ce qui concerne la réforme des lois. A-t-il une politique?
Quelle est sa politique en matière de tribunaux? Vous savez quelque
chose, M. le Président? Son prédécesseur, M.
Bédard, le député de Chicoutimi, a donné quatre ou
cinq conférences de presse sur l'unification des tribunaux. Chaque fois
qu'il allait devant le barreau, devant les juges, il parlait de l'unification
des tribunaux au Québec. Nous n'avons jamais vu le projet de loi sur
l'unification des tribunaux. Savez-vous où il a trouvé
l'idée? L'idée de l'unification des tribunaux est dans le livre
blanc d'un ancien ministre de la Justice, Me Jérôme Choquette.
C'est un livre blanc qui est intitulé "La justice contemporaine",
publié en 1975, il y a dix ans maintenant. Le ministre
Jérôme Choquette a avancé une idée. Le ministre
Bédard a parlé de cette idée pendant deux ou trois ans. Le
projet de loi n'est jamais arrivé devant le Parlement. C'est ça
un gouvernement qui est supposé avoir une politique.
Qu'est-ce que le ministre entend faire en ce qui concerne les
délais devant certaines cours de justice? Il n'a pas parlé de
cela non plus. Est-ce qu'il a une politique en ce qui concerne les services de
police au Québec? On ne sait rien. Quelle est sa politique en
matière de détention, en ce qui concerne les détenus dans
les prisons? On ne sait pas s'il a une politique. Je demande au gouvernement,
depuis quatre ans maintenant, de présenter une politique
cohérente en matière de détention. J'ai eu du
succès. J'ai
eu deux polycopies du gouvernement. J'ai parcouru vite ces polycopies.
Tout ce que j'y ai trouvé, c'est une répétition de ce
qu'on trouve déjà dans la loi et les règlements.
C'était une vulgarisation d'un sens de la loi. Ce n'est pas une
politique ça. Je ne pense pas que le ministre ait vraiment une politique
en ce qui concerne la détention.
Le gouvernement a des projets de construire trois nouvelles prisons au
Québec: une à Trois-Rivières; une à Sherbrooke et
une à LaSalle. Mais pour celle de LaSalle, on ne connaît pas les
intentions du gouvernement. Mais une politique en matière de
détention, ce n'est pas de construire trois autres prisons. C'est plus
que ça une politique. Si on va construire une prison de 175 cellules
à Trois-Rivières où il y a maintenant 25 détenus,
il y a la Parkinson's Law, on va remplir ces cellules avec quelqu'un pour que
cela paie. Ce n'est pas une politique carcérale en matière de
détention. Peut-être qu'on a besoin d'autres institutions.
Peut-être qu'on a besoin de maisons de transition. Peut-être qu'on
a besoin de plus de projets au Québec comme le projet du YMCÀ
dans le bas de la ville. C'est un beau projet que le gouvernement a mis en
place. Je félicite l'ancien ministre de la Justice d'avoir donné
des subventions au YMCA pour instaurer un système au centre-ville de
Montréal, où les détenus qui ont fait un certain nombre de
mois de leur sentence ont le droit d'aller au. YMCA, d'aller travailler le
matin, de revenir le soir, d'apprendre un certain nombre de choses. Je pense
que c'est un bon projet.
Mais la question fondamentale qu'il faut se poser, c'est de savoir s'il
faut incarcérer les gens pour les petites infractions. Est-ce qu'il y a
des mesures alternatives? Je vais revenir sur cette question à un autre
moment, dans quelques semaines. Mais tout ce que je veux souligner, c'est que
le gouvernement n'a pas de politique. Il n'a pas de direction politique, de
volonté politique. Cela manque en matière de justice. Si on pense
aux victimes d'actes criminels, quelle est la politique de ce gouvernement? On
a déjà proposé, par exemple, que les auteurs d'un crime ne
devraient pas pouvoir profiter de la publication de livres concernant leur
crime ou profiter de films et ainsi de suite. Il y a des lois aux
États-Unis, dans l'État de New York et dans d'autres
États, qui touchent ce sujet. Le gouvernement n'a pas agi.
Finalement, eh parlant de la politique du gouvernement en matière
de justice, le ministre vient de dire qu'il veut humaniser la justice. Qu'il
commence par les libertés publiques, qu'il commence en déposant
les règlements visés par les modifications à la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne de 1982
en ce qui concerne l'accès à l'égalité des femmes,
des membres des communautés culturelles, en ce qui concerne
l'égalité homme-femme quant aux bénéfices
marginaux. Où sont ces règlements? Cela fait déjà
deux ans. On a travaillé jour et nuit pour adopter des modifications
à la Charte des droits et libertés de la personne du
Québec en 1982, juste avant les fêtes. Les règlements sont
là, les modifications n'ont pas d'application.
Savez-vous, M. le Président, que j'ai lu dans un rapport - je
pense que c'est dans l'un des rapports annuels du ministère de la
Justice - qu'il y a déjà une équipe à la Commission
des droits et libertés de la personne du Québec, une
équipe de douze personnes qui sont censées s'occuper des
programmes d'accès à l'égalité. On a le personnel,
je pense qu'on a même voté l'argent, mais on n'a pas les
règlements.
En ce qui concerne les libertés publiques, qu'est-ce que le
ministre a fait quant aux chauffeurs noirs? Le dossier des chauffeurs noirs
à Montréal, les chauffeurs de taxi? Qu'a-t-il fait? Absolument
rien. On a posé des questions en Chambre, les réponses
étaient vagues. J'ai écouté Pierre Pascau aujourd'hui, ce
matin, à CKAC et Pierre Pascau a téléphoné à
cinq compagnies de taxis, cinq associations de taxis. Pierre Pascau a dit:
J'aimerais avoir un chauffeur blanc, je ne veux pas de chauffeur noir; est-ce
que vous allez m'envoyer un chauffeur blanc? Quatre sur cinq ont
répondu: Pas de problème, on va vous envoyer un chauffeur blanc!
C'est dire que le problème n'est pas réglé à
Montréal. Le ministre de la Justice n'a pas déposé de loi,
le ministre des Transports n'a pas déposé de loi, il n'y a pas de
réglementation, ils n'ont rien fait, absolument rien, dans ce dossier.
(22 h 50)
En terminant, je sais que le ministre va faire une réplique,
j'aimerais demander au ministre, lors de sa réplique, de parler de
l'enjeu "that he sticks to the issues". Qu'il n'attaque pas ma méthode
de travail, qu'il attaque les problèmes. Quand il a fait sa
réplique en ce qui concerne mon discours sur le projet de loi 15, plus
tôt ce soir, il a attaqué ma façon de travailler. Ce n'est
pas ce que l'on veut entendre du ministre de la Justice. Du ministre de la
Justice, on veut un peu de fond, un peu de contenu. Il est ministre de la
Justice maintenant depuis le début de l'année, qu'est-ce qu'il a
fait comme ministre de la Justice? À part ses petits projets de loi
omnibus, il n'a absolument rien fait. Pas une politique en matière de
justice. Il n'a rien fait avec le Code civil, rien fait en matière de
détention, rien fait de substantiel et il est ministre depuis un an.
Peut-on parler d'un ministre de la Justice qui s'occupe de ses dossiers comme
ministre de la Justice, comme Procureur général du Québec,
comme Solliciteur général du Québec? C'est la
question que je vous pose, M. le Président.
Quand il fait sa réplique, qu'il s'arrête aux questions de
substance... Parce qu'il m'a fait la critique d'avoir fait des comparaisons
avec l'Ontario. Mais, M. le Président, quand on achète un livre
des lois du Québec de 1983, ça coûte 75 $ - je pense que
c'est le chiffre que j'ai donné plus tôt ce soir - au
Québec et 18 $ en Ontario. Ce n'est pas ma faute si c'est comme
ça. J'ai posé la question à savoir pourquoi ça
coûte quatre fois plus cher au Québec qu'en Ontario. Qu'il
m'explique ça s'il veut l'expliquer. J'ai expliqué
l'évolution des lois au Québec, depuis 1867, et à la fin
j'ai fait la comparaison entre le Québec et l'Ontario, j'ai fait la
comparaison d'aujourd'hui en démontrant qu'on fait beaucoup plus de
législations inutiles au Québec qu'on en fait en Ontario, qu'il y
a beaucoup plus de réglementations au Québec qu'en Ontario. Ce
sont les faits. Tout ce que j'ai donné c'étaient des
statistiques, je n'ai rien inventé. Si le ministre n'aime pas les
statistiques, je ne peux rien faire.
On veut du ministre de la Justice une politique cohérente en
matière de justice, quelque chose qu'on ne semble pas avoir aujourd'hui
et j'apprécierais beaucoup, lorsque le ministre fera sa réplique,
qu'il nous explique quelles sont ses politiques dans les matières que
j'ai soulignées et surtout quand est-ce qu'on va adopter le Code civil?
L'Opposition est prête à siéger en commission en janvier,
en février, au mois de mars et même le 19 janvier si c'est
nécessaire parce que ça urge d'adopter notre Code civil qui
traîne maintenant depuis huit ans dans les corridors du gouvernement.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, M. le Président. Je voudrais juste faire
un commentaire sur le principe du projet de loi 12, Loi modifiant le Code
civil, le Code de procédure civile et d'autres dispositions
législatives, du point de vue d'un praticien du droit. Je veux juste
analyser quelques-uns des amendements les plus importants.
D'abord, le projet de loi stipule que, dorénavant, le
deuxième lundi d'octobre sera un jour non juridique, comme le dimanche,
les 1er et 2 janvier, le lundi de Pâques, etc. On aura donc une autre
journée non juridique, le jour de l'Action de grâces, ce qu'on
appelle en anglais, Thanksgiving.
Concernant le subpoena, il y a une nette amélioration. Si on a
besoin d'un subpoena, comme avocat, il faut aller le chercher à la cour,
le remplir au bureau et, ensuite, retourner à la cour pour obtenir
l'estampe d'un officier de justice. Maintenant, l'amendement stipule qu'un
subpoena pourra être délivré par un juge, par un
protonotaire de la cour et aussi par un avocat du district où la cause
doit être entendue. Donc, nous, comme avocat, on aura le droit d'avoir
des subpoenas en blanc qu'on signe justement pour assigner des témoins
dans une cause.
Ensuite, il y a une stipulation concernant une vente en justice.
Actuellement, le paiement lors d'une vente en justice doit être fait au
comptant. On accepte, par les amendements, de faire le paiement au comptant ou
par chèque visé avec comptant. Très souvent, ce qui
arrive, quelqu'un peut avoir l'argent en poche et il lui manque une quarantaine
ou une cinquantaine de dollars pour avoir le montant juste du prix. Maintenant,
on donne donc la possibilité de faire un chèque avec l'argent
comptant. C'est une amélioration. Je dois vous dire qu'heureusement on a
de moins en moins de ces ventes judiciaires où, disons, les meubles d'un
débiteur sont vendus en justice. Au début, quand j'ai
commencé à pratiquer, on voyait cela très souvent.
Maintenant, heureusement, on en a de moins en moins, parce que je trouve cela
presque honteux.
Au point de vue des petites créances, il y a une
amélioration. On peut maintenant réclamer d'un débiteur et
pas seulement d'un débiteur résidant au Québec, comme
c'est le cas actuellement, mais, à l'avenir, d'un débiteur
résidant au Québec ou qui y a un bureau d'affaires. Donc, on
n'aura plus de problème, si on veut poursuivre devant la Cour des
petites créances quelqu'un qui n'avait pas son domicile au
Québec, disons une compagnie de l'Ontario, d'une autre province. On peut
le faire maintenant; si cette compagnie a un bureau d'affaires au
Québec, on peut la poursuivre. C'est encore une nette
amélioration.
Également, on donne la possibilité à la Cour des
petites créances de demander la résiliation ou l'annulation d'un
contrat, évidemment, quand le montant n'excède pas la somme de
1000 $, montant limite, maximal des petites créances. Ici, c'est encore
une amélioration parce que, jusqu'à maintenant, on pouvait juste
réclamer devant cette Cour des petites créances un montant allant
jusqu'à 1000 $. Maintenant, on peut demander, par une justice assez
rapide, même la résiliation et l'annulation des contrats.
Il y a un autre changement qui est prévu. Présentement, si
un créancier veut intenter une poursuite devant la Cour des petites
créances, il est obligé d'aller à la cour devant le
greffier pour faire remplir la formule par le greffier qui prépare la
requête. Là, on dit dans les amendements que le créancier
peut procéder lui-même au
moyen d'une formule prévue à cet effet. Au lieu d'aller
à la cour et de faire tout préparer par le greffier, on peut
préparer déjà d'avance sa formule et, évidemment,
cela va sauver beaucoup de temps aux officiers de la cour. (23 heures)
En ce qui concerne le bureau d'enregistrement, le ministre de la Justice
l'a expliqué tout à l'heure, dans le système actuel, si
les documents au bureau d'enregistrement sont détruits ou s'il faut les
remplacer ou les reconstituer, on est pratiquement obligé de faire
copier cela à la main. Je me rappelle très bien, lorsque
j'étais jeune avocat et lorsque je commençais à pratiquer,
quand on voulait enregistrer un commerce ou commencer un commerce avec une
raison sociale, l'officier de la justice prenait les déclarations
à la main et il les écrivait avec une grande plume, et cela
prenait une bonne partie de l'avant-midi justement pour enregistrer un petit
commerce. Maintenant on peut procéder à la transcription par
photocopie, par microfilm ou par tout autre moyen de nature à assurer la
conservation des informations inscrites dans le document. En d'autres termes on
suit le développement de la science et simplement au ministère de
la Justice c'est rendu plus moderne. M. le Président, il faut bien
comprendre que lorsque je dis que ce sont des améliorations ce n'est pas
un compliment direct que j'adresse au ministre de la Justice parce que ce n'est
pas lui qui a conçu tout cela, ce sont les officiers de son
ministère, en collaboration avec la magistrature et avec le barreau. De
temps en temps, une fois par année, on amende le Code civil et le Code
de procédure civile simplement pour rendre la justice plus accessible,
plus souple et peut-être moins dispendieuse pour la population. Je trouve
cela tout à fait normal. Il n'est pas question de donner au ministre de
la Justice le grand honneur d'avoir trouvé lui-même toutes ces
innovations.
Il y a un projet de loi qui est amendé et je me demande
sérieusement - j'espère que le ministre, pendant l'étude
de l'article du projet de loi, va y réfléchir - si on va changer
maintenant la Loi sur les explosifs. Les notes explicatives disent: On va
assouplir les dispositions de la Loi sur les explosifs. Jusqu'à
maintenant on a une Loi sur les explosifs qui dit que si quelqu'un a
été trouvé coupable d'un acte criminel ou si quelqu'un a
commis une infraction contre la Loi sur les explosifs, une infraction à
la Loi sur les explosifs même ou à la présente loi ou
règlement, et si cette personne a été
antérieurement trouvée coupable, le membre de la
Sûreté du Québec doit refuser de livrer un permis
d'explosifs à cette personne. Maintenant on change ceci dans le projet
loi pour dire: On va faire une distinction maintenant. On dit que le membre de
la Sûreté du Québec, donc la police provinciale, doit
refuser un permis à quelqu'un qui a été trouvé
coupable dans les cinq ans précédents. Jusqu'à maintenant
si quelqu'un a été trouvé coupable antérieurement,
maintenant on parle d'une période de cinq ans. Si quelqu'un a
été trouvé coupable il y a six ou sept ans il peut avoir
son permis, tandis que si c'est cinq ans il doit le refuser. Cela veut dire
dans le cas où la personne a été trouvée coupable
d'un acte criminel. Ici on cite quelques articles du Code criminel du
Canada.
Ensuite on dit dans les amendements qu'un membre de la
Sûreté du Québec peut refuser un tel permis, compte tenu
notamment de l'intérêt et de la sécurité publics,
à quelqu'un qui a été trouvé coupable dans les cinq
ans précédents d'une infraction à la présente loi.
Donc, en d'autres termes, tandis que maintenant il est obligé de refuser
un permis à quelqu'un qui a été trouvé coupable de
tel délit commis antérieurement, maintenant si ce sont des
délits d'une nature moindre et si cela a été fait dans une
période de cinq ans ou plus, il peut refuser seulement compte tenu de
l'intérêt et de la sécurité publics.
M. le Président, nous savons tous ce qui est arrivé
dernièrement à Montréal avec les explosifs. Justement on a
eu une explosion dans un édifice à logements, un grand
édifice. D'abord, ceux qui travaillaient sur la bombe en question,
dynamite, explosifs, ont été tués. Également, il y
a d'autres personnes innocentes qui ont été blessées.
L'édifice a été évacué etc. Je me demande
vraiment si c'est le temps d'assouplir la Loi sur les explosifs.
Peut-être qu'on devrait devenir un peu plus strict: contrôler
plutôt les explosifs, non pas justement à cause de l'incident d'il
y a une semaine, dimanche, mais justement parce qu'on voit trop souvent des
délits de telle nature. Quant à moi je pense que ce n'est pas le
temps d'assouplir, c'est peut-être le temps de restreindre
plutôt.
M. le Président, on amende également la Loi de police.
Tout membre de la Sûreté provinciale ou policier municipal qui
entre en fonction était obligé auparavant de prêter
serment. On a changé cela maintenant pour dire qu'il doit soit
prêter serment ou faire une affirmation solennelle. C'est donc,
évidemment, pour simplement donner suite au fait que ce n'est pas tout
le monde qui veut prêter serment. Certains ne croient pas dans le
serment. On veut donc être en mesure de procéder par une
affirmation solennelle.
J'ai noté que le ministre de la Justice n'a pas parlé des
changements à la Loi de police, parce que sans doute le chapitre de la
police provinciale est peut-être un peu difficile pour lui. Quand j'ai lu
dans le projet de loi le serment que doit maintenant jurer
ou affirmer solennellement le policier, par exemple la police
provinciale, j'ai vu qu'il est dit: "Je porterai vraie allégeance
à l'autorité constituée et je remplirai avec
honnêteté et justice les devoirs de ma charge." Quand on voit ce
qui est arrivé avec la police provinciale qui est venue, il y a quelques
semaines, manifester devant notre parlement avec quelques milliers de
policiers, c'est justement à cause des agissements du ministre de la
Justice qui avait presque forcé ces policiers à agir d'une telle
manière. Nous savons tous que ceci résultait d'une manière
cavalière du gouvernement de traiter ces policiers qui étaient en
toute bonne foi allés en arbitrage, mais ensuite le gouvernement a
rejeté cela et a imposé son décret. On ne dit pas qu'on
n'est pas d'accord avec le résultat, mais c'est la manière de
procéder qui a peut-être suscité la colère de ces
policiers. Quand je vois ici le serment ou l'affirmation solennelle de vraie
allégeance, je me demande si le ministre de la Justice a pensé
à ce problème dont peut-être, il est en partie responsable
lui-même.
M. le Président, c'est toujours la même chose à la
fin de la session; très souvent, on va vite et on ne prend pas le temps
d'aller dans les détails. J'ai pris la peine d'étudier en
détail ce projet de loi 12 et de le comparer avec ce qui existe
présentement. Comme je vous l'avais dit, ce sont des mesures qui vont
vraiment améliorer l'administration de la justice. Comme avocat
praticien, j'en ai parlé avec des confrères notaires qui sont
tous d'accord pour dire que c'est une amélioration. Je ne veux pas
reprendre les arguments du député de D'Arcy McGee qui a
parlé plus tôt sur le plan de la philosophie juridique, mais avec
les amendements devant nous, il y a amélioration. Évidemment, on
peut toujours faire mieux, mais je dois dire qu'en ce qui me concerne je les
accepte totalement, sauf la réserve que j'ai exprimée sur les
amendements concernant la Loi sur les explosifs. Demain matin, je ne serai pas
ici quand le projet de loi sera étudié article par article et
j'espère - je note avec plaisir que le ministre de la Justice vient
d'entrer en Chambre - que, lorsqu'on étudiera la Loi sur les explosifs,
il expliquera bien pourquoi on est en train de l'assouplir, surtout quand on a
pris note des récents incidents qu'on a vus.
M. le Président, je ne veux pas prendre plus de temps. Je note
qu'il est 23 h 10. Je crois que c'est le dernier projet de loi dont on discute
ce soir. Donc, j'arrête. Même si j'avais le droit à 20
minutes, j'en ai pris un peu moins parce que je pense avoir dit ce que je
trouvais d'important dans ce projet de loi au point de vue des principes. Je
vous remercie.
Le Vice-président (M. Rancourt): M. le ministre de la
Justice, votre droit de réplique.
M. Pierre-Marc Johnson (réplique)
M. Johnson (Anjou): Oui, M. le Président. Ma
réplique sera assez brève, même si j'ai entendu les longs
procès d'intention du député de D'Arcy McGee dont c'est le
sport favori.
Le ministère de la Justice, depuis un certain nombre de mois, a
continué le travail remarquable entrepris par le député de
Chicoutimi il y a maintenant près de huit ans. Ce travail a
consisté, d'une part, à faire en sorte qu'un certain nombre de
réformes soient amorcées. Je pense ici à celle du Code
civil. Le député de D'Arcy McGee aura des réponses dans
des textes législatifs en temps et lieu. Je pense à l'application
de la Charte des droits et libertés de la personne. Le Québec
s'est doté de la Charte des droits et libertés la plus
progressiste de ce continent, ce qu'oublie souvent le député de
D'Arcy McGee.
D'autre part, en matière carcérale, le ministère de
la Justice a adopté, depuis un certain nombre de mois, des plans de
séjour pour ces personnes dans notre société qui se voient
incarcérées, ainsi que des travaux compensatoires, des mesures
qui visent à permettre la réinsertion sociale plus rapide, la
révision de la Loi sur la protection de la jeunesse et la mise sur pied,
sur le plan administratif, de tous les services qui y sont connexes. Cette
réforme, soit dit en passant, est très récente; elle a
été pilotée par votre humble serviteur il y a
déjà quelques mois.
Quant à la réforme des tribunaux, elle ne nous
apparaissait pas, à ce stade-ci, comme devant être faite dans un
contexte où le gouvernement a d'autres priorités. La
réforme des tribunaux se fera. Elle pourrait se faire au printemps, mais
je ne donne même pas ici l'assurance qu'elle se fera au printemps. Le
gouvernement consacre beaucoup d'énergies, d'efforts et de financement
public au secteur économique, ce qui est normal dans le contexte que
nous vivons.
Je comprends que le professeur de droit qu'est le député
de D'Arcy McGee rêve sans doute du monument qu'il voudrait bâtir
dans le secteur de la justice, mais la justice vit et fonctionne dans une
société qui a des préoccupations et où il y a des
priorités. Les priorités, en ce moment, sont de nature
économique. Je lui dirai, par exemple, pour évoquer un dossier
auquel il s'est référé spécifiquement, celui du
problème du racisme à l'égard des personnes de couleur
dans l'industrie du taxi, que ce problème non seulement est un
problème de mentalité, donc difficile à régler
simplement par voie réglementaire ou législative, mais qu'il est
également un problème de nature
économique.
Quand on vit dans une société comme la nôtre, comme
dans la plupart des autres sociétés occidentales qui ont des
problèmes de cette nature, ce n'est pas la législation en
matière de justice qui règle les causes essentielles des
problèmes pour lesquels le ministère de la Justice avec ses
institutions sont finalement des réceptacles, en fin de compte, d'une
situation socio-économique.
Par ailleurs, je rappellerai au député de D'Arcy McGee que
nous avons adopté, il y a quelques mois à peine, une
législation d'importance visant à réduire les
délais d'audition en Cour supérieure, que la loi omnibus
particulière au ministère de la Justice dont nous sommes saisis
aujourd'hui aura des effets quant au fonctionnement de la justice à
l'égard de la protection des personnes qui sont des jurés ou des
témoins. Elle aura des effets importants en matière d'adaptation
du système d'enregistrement aux nouvelles technologies et à la
modernisation nécessaire qu'il faut y introduire pour que les
justiciables aient un meilleur service.
Elle aura également des effets extrêmement importants quant
au recours au tribunal des petites créances, sans compter une foule
d'autres détails qui n'ont peut-être pas le "glamour" que
recherche le député de D'Arcy McGee, mais qui consistent à
faire ce qu'on a à faire pour que le système de justice
fonctionne au Québec et que les citoyens soient assurés non
seulement que les lois les protègent, mais que l'appareil judiciaire est
efficace.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 12, Loi modifiant le Code civil, le Code de procédure civile et
d'autres dispositions législatives, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté. M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission des institutions
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais donc faire
motion pour que le projet de loi 12 soit déféré à
la commission des institutions, en vertu, bien sûr, d'un article du
règlement qui nous permet de déférer un tel projet de loi
non pas à une commission spéciale, mais à une commission
particulière qui est celle des institutions et qu'avis soit donc
donné que demain, de 15 heures à 18 heures, à la salle 91
et avec la présence d'un président de séance, nous
puissions étudier, au niveau de l'analyse détaillée, ce
projet de loi 12.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de renvoi... M. le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Juste une question sur cette motion, bien sûr
qu'on va l'approuver. Est-ce que le leader du gouvernement peut nous assurer
que les ministres qu'on aimerait avoir demain, surtout pour le projet de loi
15, seront en commission? C'est très important.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, je pense que, effectivement,
le député de D'Arcy McGee a tout à fait raison d'indiquer
à cette Chambre qu'au moment de l'étude article par article, de
l'étude détaillée du projet de loi, il convient que le
ministre qui est responsable d'un certain nombre d'articles soit
présent. Même si le projet de loi est défendu, au niveau de
l'adoption du principe, par le ministre de la Justice, il n'en demeure pas
moins qu'un certain nombre d'articles relèvent d'un certain nombre de
ministres.
C'était davantage vrai dans le cas du projet de loi 15. Je pense
qu'on s'entend bien là-dessus et j'ai d'ailleurs indiqué que
demain matin, de 10 heures à 13 heures, à la salle 91, avec la
présence d'un président de séance, les articles
référant au ministère des Affaires municipales et au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche seraient
étudiés en priorité quitte à revenir sur les autres
articles qui nécessitent la présence d'un autre ministre.
Dans le cas du projet de loi 12, il s'agit de ce qu'on appelle dans le
jargon parlementaire un "omnibus justice" et, dans ce cas, c'est le ministre de
la Justice qui est plus spécifiquement - comment dirai-je? -
concerné par les différents articles du projet de loi.
M. le Président, ayant fait ces motions, je voudrais donc
réitérer que demain, de 10 heures à 13 heures, à la
salle 91, avec la présence d'un président de séance pour
présider les travaux de la commission, nous procéderons à
l'étude du projet de loi 15, surtout pour les aspects reliés au
ministère des Affaires municipales et au ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, et que demain après-midi, pour le projet
de loi 12, toujours à la même commission des institutions, de 15
heures à 18 heures, à la salle 91, avec un président de
séance, nous précéderons à l'analyse des articles
relatifs à l'omnibus qu'on appelle de la justice, donc, défendu
par le ministre de la Justice.
Je voudrais aussi, avant que nous ne fassions la motion d'ajournement
des travaux, indiquer que demain matin il y a interpellation, ici même
à l'Assemblée nationale, sur le dossier de l'industrie de la
coiffure en présence du ministre du Travail
et probablement aussi de Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Nous aurons aussi une commission
parlementaire siégeant demain matin et demain après-midi sur le
dossier de la loi 3, Loi sur l'enseignement primaire et secondaire. Et sur ce,
M. le Président, je pourrais faire motion, à ce moment-ci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader,
j'aimerais...
M. Bertrand: Adopter. D'accord.
Le Vice-Président (M. Rancourt): ...adopter la motion de
renvoi, en vertu de l'article 236, du projet de loi 12. Donc, est-ce que cette
motion est adoptée?
M. Marx: Adopté. M. Bertrand: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Bertrand: Sur ce, M. le Président, je voudrais donc
faire motion pour que nous ajournions nos travaux à mardi prochain, 10
heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
d'ajournement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
ajournés à mardi, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 19)