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(Quatorze heures deux minutes)
Le Président: À l'ordre!
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Veuillez prendre vos places.
Aux affaires courantes, il n'y a pas de déclarations
ministérielles ni de présentation de projets de loi, ni de
dépôt de quelque document que ce soit.
Aux interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur une question de fait personnel, j'ai reçu, dans
les délais requis, une communication du député de Labelle
me faisant part qu'il a l'intention de soulever, à la période des
affaires courantes de cet après-midi, une question de fait personnel. M.
le député de Labelle.
Démission du député de Labelle M.
Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, c'est avec beaucoup
d'émotion que je quitte aujourd'hui mon siège de
député de Labelle. De temps à autre, on fait état
du petit côté des grandes choses qui se passent à
l'Assemblée nationale. Cette attitude s'explique, mais on comprendra
qu'outre les bons coups et les mauvais coups, il y a surtout le temps et
l'énergie dépensés jour après jour, à
l'intérieur comme à l'extérieur de la Chambre, pour
mériter la confiance des gens que nous représentons.
Pour moi, comme pour tous et toutes mes collègues, j'en suis
sûr, la Chambre constitue en quelque sorte l'expression ultime de la
démocratie au Québec. Ce sont les membres de cette Chambre qui
portent sur leurs épaules à la fois les angoisses et les espoirs
du peuple québécois. Quitter cette enceinte, c'est donc tourner
la page sur une partie importante de sa vie, la partie qui consiste à
faire abstraction de soi, de sa famille pour se dévouer
intensément au service de la collectivité, et, pour moi, il
s'agit d'une période de huit ans et demi.
Dès 1976 et jusqu'à il y a quelques mois, j'ai
été appelé à siéger au Conseil des
ministres, premièrement, à titre de ministre d'État
à l'Aménagement et responsable de l'OPDQ, plus tard, comme
ministre des Affaires municipales et, enfin, comme ministre des Transports. Ce
fut une expérience exigeante et enrichissante.
Au moment où je dis adieu ou peut-être à la
prochaine à vous, M. le Président et à mes
collègues des deux côtés de la Chambre, je désire
exprimer publiquement mes remerciements, particulièrement au premier
ministre, parce que sans son appui, je n'aurais pas pu mener à bon port
deux dossiers que j'estime toujours d'une importance capitale pour l'avenir: la
Loi sur l'urbanisme et l'aménagement du territoire, la loi 125, qui a
fait naître les MRC au Québec ainsi que la loi 46, Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal.
On conviendra, M. le Président, que ce n'est pas un mince
défi que celui de modifier les structures qui ont été en
place depuis tant d'années et si nous avons pu réussir, mon
équipe et moi, c'est grâce à l'esprit innovateur et
à la volonté politique qui caractérisèrent cette
époque. Je trouve rassurant d'ailleurs que nos dirigeants municipaux et
la population en général aient su s'adapter avec maturité
aux changements inhérents à ces lois. Ensemble ils ont fait la .
preuve que nous n'avons pas peur de nous remettre en question. À mon
avis, ceux qui pensent que le Québec se prépare à
réintégrer sa coquille se trompent et je m'attends, quant
à moi, qu'il change davantage dans les prochaines années et cela,
de façon imprévisible à l'heure actuelle. Heureusement, le
pendule de l'histoire n'oscille pas toujours au même rythme.
Je profite de. ce moment privilégié pour dire merci
à mes ex-collègues du Conseil des ministres et aux
députés ministériels qui, en dépit des
différences que nous avons pu vivre, m'ont si souvent accordé
leur soutien et, ce qui est plus important aussi, leur confiance et, en
certains cas, même leur amitié.
Dans le feu de l'action, ceux qui siègent des deux
côtés de la Chambre ont tendance trop souvent à accentuer
leurs divergences au lieu de reconnaître leurs convergences. Cela pour
dire que je remercie sincèrement l'actuel chef de l'Opposition
officielle ainsi que son prédécesseur, le député
d'Argenteuil et leurs collègues qui ont contribué à
l'avancement des réformes auxquelles je fus associé.
Aux collègues indépendants, qui ont partagé les
moments difficiles des derniers mois, je désire exprimer mes
remerciements. Nous avons appris ensemble comment nous ajuster dans un tel
contexte et, à cet égard, je veux rendre hommage à ma
collègue des Îles-de-la-Madeleine en qui j'ai découvert un
profond sens politique.
Aussi je tiens à saluer, à remercier mes collaborateurs de
l'administration publique et mon personnel politique qui n'ont jamais
résisté aux remises en question que
comporte tout changement important. Je leur en serai toujours
reconnaissant.
Enfin, M. le Président, permettez-moi surtout d'exprimer ma
gratitude à l'endroit de ceux et celles qui m'ont accordé leur
confiance à deux reprises, les gens du comté de Labelle. Jamais
je ne pourrai les remercier assez pour leur compréhension, leur
loyauté, leur gentillesse. Jamais je ne pourrai leur dire assez ma
fierté d'avoir siégé comme député de
Labelle. Je suppose que, d'ici peu, le premier ministre leur donnera les moyens
de se choisir un autre représentant à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, dans quelques jours, je retrouverai le monde
universitaire. Je perçois ce défi comme la suite logique de mon
engagement à l'égard du mieux-être de la
société québécoise. Merci.
Voeux Le Président
Le Président: M. le député de Labelle, j'ai
le sentiment que je me fais le porte-parole de tous vos collègues en
cette Assemblée pour vous dire jusqu'à quel point nous avons
apprécié, au cours des années que vous avez passées
parmi nous, la gentilhommerie que vous avez toujours manifestée en toute
occasion en cette Assemblée le dévouement qui, vous l'avez
vous-même souligné, est celui de tout homme public et, notamment,
les réformes auxquelles vous avez attaché votre nom. On a souvent
l'impression que les hommes publics sont munis d'une carapace à toute
épreuve. Il n'en demeure pas moins qu'au moment où, de
soi-même et volontairement, on quitte ce petit monde, cette place combien
intime à certains égards qui est le parquet de l'Assemblée
nationale, il est bien évident qu'on ne peut le faire sans
émotion, et celle que vous avez manifestée est tout à
votre honneur. (14 h 10)
Je vous présente, au nom de tous vos collègues et en mon
nom personnel, tous mes meilleurs voeux dans cette carrière que vous
retrouvez à l'université et dans laquelle je sais que vous
continuerez à exceller. M. le leader du gouvernement.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, avec votre permission,
au nom du gouvernement, je voudrais me permettre quelques remarques. Tel que
vous l'avez mentionné, je pense que l'émotion dont a fait preuve
le député de Labelle est tout à son honneur et, je pense,
reflète probablement tout l'attachement qu'il avait non seulement pour
cette Assemblée nationale mais également pour le poste de
représentant qu'il occupait afin de véhiculer le mieux possible
les intérêts de la population du comté de Labelle ici
à l'Assemblée nationale.
Comme on le sait, M. Léonard occupera, à compter du 1er
juin, le poste de doyen de la Faculté d'éducation populaire
à l'Université de Montréal. Avant d'être
député le 15 novembre 1976, il était, comme on le sait,
vice-doyen de cette même faculté. Je crois que je ne me fais que
l'écho de tous les membres de cette Assemblée nationale pour lui
souhaiter bonne chance et une fructueuse carrière.
Tel qu'il l'a mentionné, durant huit ans, M. Léonard a
occupé des postes très importants au sein du Conseil des
ministres. Il fut successivement ministre d'État à
l'Aménagement, de novembre 1976 à novembre 1980. Il a
cumulé également les fonctions de ministre responsable de
l'Office de planification et de développement du Québec et de
vice-président du Conseil du trésor. De novembre 1980 à
mars 1984, il fut ministre des Affaires municipales et, ensuite, ministre des
Transports jusqu'à novembre 1984. Je pense que ceci illustre rapidement
et complètement l'ensemble du lourd travail que M. Léonard a eu
à occuper comme membre de cette Assemblée nationale.
Le député de Labelle faisait état tout à
l'heure des énergies qu'il se doit de consacrer pour représenter
valablement les revendications de son comté. Il l'a fait admirablement
et tout le monde a été à même de voir qu'il n'a pas
ménagé ses énergies pour, effectivement, assurer la
meilleure représentation à la population du comté de
Labelle. Ces énergies, il les a consacrées aussi dans plusieurs
réalisations. Il en mentionnait une et je crois qu'il y a lieu de la
rappeler. De nombreuses réalisations ont marqué la
carrière politique de M. Léonard. La plus importante est sans
doute la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, bien connue sous
l'appellation de loi 125. Je pense que cette pièce de législation
est l'une des plus substantielles à avoir été
adoptée au cours des années soixante-dix à quatre-vingt.
On se souvient que c'est avec beaucoup de fierté que les membres de
l'Assemblée nationale adoptaient cette loi à l'automne de 1979.
Cette loi, à l'instar de la Loi sur la protection du territoire
agricole, avait pour objectif primordial de mettre fin au gaspillage du
territoire auquel nous assistions depuis quelques décennies. On constate
déjà l'impact de cette loi 125. La quasi totalité des
élus municipaux sont maintenant convaincus du caractère essentiel
d'une telle loi.
Certes, il n'était pas facile, dans certains cas, de passer en
quelques années d'une situation difficile à un régime
adéquat de planification des utilisations de territoire. L'un des
résultats les plus remarquables de
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme est de réunir
autour d'une même table de travail les représentants du monde
rural et ceux du monde urbain. C'est là un défi majeur, et on
peut dire aujourd'hui que cette jonction des deux réalités a
été réalisée, et c'est tout à l'honneur du
député de Labelle. On retrouve également, au bilan du
député de Labelle, les efforts qu'il a consentis à la
concrétisation de la réforme de la fiscalité municipale.
Il ne faudrait pas passer sous silence non plus le travail qu'il a
effectué dans le but de favoriser une vie démocratique plus
vivante au sein des municipalités. Au-delà de tout ce travail, de
ces réalisations - et je termine là-dessus - je pense qu'on
retiendra du député de Labelle qu'il a été un
représentant dynamique des intérêts des citoyens et
citoyennes de sa circonscription et, au-delà de l'image de
discrétion que lui ont souvent attribuée les médias, il y
a de nombreuses réalisations, et on se souviendra surtout d'un
parlementaire - vous l'avez mentionné -distingué, un travailleur
acharné qui n'a jamais ménagé les efforts pour mener
à bien la mission qui lui était confiée.
C'est sûrement avec cette même perspicacité, ce
même enthousiasme au travail que le député de Labelle, M.
Léonard, se consacrera à ses nouvelles fonctions de doyen de la
Faculté d'éducation permanente de l'Université de
Montréal. Comme il l'a dit, au-delà des divergences d'opinion, il
a tenu à mentionner la solidarité qu'il avait obtenue de ses
collègues durant tout le temps où il a occupé des
fonctions très importantes au Conseil des ministres. Cette
solidarité, je pense, a été sans faille. Elle était
méritée parce que tout le monde était à même
de constater le travail acharné qui était effectué par le
député de Labelle. Également, au-delà de la
discrétion, on a pu voir tout à l'heure par son côté
très sensible qui, par la force des choses et encore plus pour ceux qui
étaient près de lui, était très attachant. Non
seulement nous lui renouvelons nos souhaits de bonne carrière, mais
également nos sentiments d'amitié.
Le Président: M. le député d'Argenteuil.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je n'avais pas l'honneur de
connaître M. Jacques Léonard avant de faire partie de cette
Assemblée nationale. Au cours des dernières années, il m'a
été donné de l'observer, d'abord en sa qualité de
ministre d'État à l'Aménagement du territoire, ensuite
comme ministre des Affaires municipales et, plus récemment comme
ministre des Transports. J'ai eu également le plaisir de le
connaître et de l'apprécier comme voisin de comté. Nous
avions tous les deux l'honneur de représenter des comtés
situés dans la région des Laurentides, au nord de
Montréal. Je n'hésite pas à déclarer que je
regrette sincèrement la décision que M. Léonard a prise de
quitter la vie politique et de quitter l'Assemblée nationale en
particulier.
J'ai apprécié chez lui, au cours des années, sa
courtoisie, sa distinction, sa sensibilité qu'on a soulignées de
l'autre côté. J'ai toujours trouvé que les rapports avec
lui étaient empreints de respect réciproque et de saine
distinction. Je pense qu'il a apporté un cachet de distinction dans
cette Chambre que nous savions apprécier.
À son titre de ministre, il a souvent dû faire face
à des objections parfois invincibles du côté de
l'Opposition, mais il y a fait face en général avec franchise et
courage. Je me souviens en particulier - je me permettrai de l'évoquer
parce qu'il en a parlé dans ses remarques tantôt - du projet de
loi qu'il avait présenté sur le réaménagement de la
Communauté urbaine de Montréal. Pendant plusieurs jours, il avait
fait face, à titre de ministre responsable, au feu nourri de
représentations en provenance de tous les milieux, de tous les groupes
d'intérêt de la région montréalaise, en particulier
du maire de Montréal, du président de la Conférence des
maires de banlieue. L'assaut était de taille. Nous-mêmes, du
côté de l'Opposition, nous étions plutôt
rangés, pour une assez rare fois dans mon cas, du côté du
maire de Montréal. Le ministre avait fait face à toutes ces
objections avec une sérénité et une distinction absolument
irréprochables. J'avais admiré l'aptitude qu'il avait
manifestée dans ce cas-là à maintenir son attitude. Je
crois que les événements dans ce cas précis lui ont
donné raison jusqu'à maintenant. Je pense que la solution qu'il
avait imposée dans son projet de loi pour le réaménagement
de la Communauté urbaine de Montréal fonctionne assez bien
à l'heure actuelle et, jusqu'à nouvel ordre, je pense que les
événements ont justifié l'attitude qu'avait prise M.
Léonard. (14 h 20)
Le projet de loi sur l'aménagement a été
mentionné tantôt. Il a soulevé des objections
sérieuses de notre part à l'époque et il soulève
encore des difficultés d'application, mais l'idée fondamentale
était une idée absolument nécessaire. Je dois vous dire
que dans la région que je représente, la loi fonctionne assez
bien de manière générale. Par conséquent, je pense
qu'ici encore, M. Léonard aura laissé une trace très
valable dans le bilan de l'action de l'Assemblée nationale au cours des
dernières années.
Il a été amené à démissionner de son
poste de membre du Conseil des ministres au cours des derniers mois, parce que
dans la situation à laquelle il faisait face, comme dans d'autres
où nous l'avions observé auparavant, il a su être
fidèle à ses
convictions et avoir le courage d'une logique qui l'amenait à ne
pas chercher une chose et son contraire en même temps, mais à
accepter loyalement les conséquences du choix profond qui l'avait
amené dans la vie politique et qui avait justifié son engagement
jusqu'au moment de sa démission. J'ai beaucoup admiré la
manière digne et courageuse avec laquelle il a agi à ce moment.
Je ne suis pas sûr qu'il ait pris la meilleure décision à
l'époque. Je pense que d'autres ont pris des décisions qu'on peut
respecter également, mais je pense que, dans son cas, sa conscience lui
disait qu'il ne pouvait pas pousser l'illogisme au-delà d'un certain
point. Il a suivi les dictées de sa conscience avec courage et
conviction. Je veux l'en féliciter au nom de tous les parlementaires
parce que chaque fois qu'un homme public a ce courage, je pense qu'il enrichit
la vie publique, quelles que soient les conséquences plus ou moins
pénibles qu'il doive en subir personnellement.
M. Léonard retourne à la vie universitaire, en particulier
dans un secteur qui m'est particulièrement cher, celui de
l'éducation permanente. Je pense que nos voies auront peut-être
l'occasion de se croiser plus souvent à la faveur de son nouvel
engagement à condition que le mien demeure ce qu'il est, ce qui on ne
sait jamais, à preuve votre expérience... Je voulais
inquiéter mes collègues, M. le Président. Je pense que
j'ai bien réussi.
Je vous souhaite plein succès dans cette nouvelle carrière
et je veux vous assurer qu'auprès du ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, je plaiderai les besoins
de nos institutions universitaires comme je n'ai cessé de le faire
depuis qu'on m'a confié le dossier de l'éducation. Je verrai
à le convaincre - parce qu'il y a peut-être des choses à
lui communiquer de ce côté-là - de la grande importance de
l'éducation permanente dans l'oeuvre éducative en 1985 et dans
les années qui vont venir.
Je vous souhaite par conséquent beaucoup de succès. Je
vous adresse le témoignage de ma modeste, mais franche et loyale
amitié et vous assure de ma collaboration et de ma considération
dans l'avenir. Merci.
Le Président: Mme la députée des
Îles-de-la-Madeleine.
Mme Denise Le Blanc-Bantey
Mme Le Blanc-Bantey: Merci, M. le Président. Vous
comprendrez que c'est avec beaucoup de regret, de chagrin et, certainement avec
autant d'émotion qu'il a pu en manifester que je salue le départ
de Jacques. Même si, à l'instar du député
d'Argenteuil, je regrette sincèrement que
Jacques Léonard quitte l'Assemblée nationale, je dois dire
que je comprends très bien, compte tenu des circonstances surtout, que
Jacques veuille prendre du recul face à l'Assemblée nationale. Je
comprends également qu'il veuille aussi en quelque sorte - et
j'espère bien que c'est ce qui se produira - aller refaire ses forces
temporairement ailleurs pour revenir, éventuellement, nous
l'espérons tous, faire profiter encore une fois les électeurs du
comté de Labelle et l'Assemblée nationale de ses talents, de sa
profonde honnêteté intellectuelle, de sa profonde
intégrité et, en même temps, bien sûr, comme le
député d'Argenteuil l'a souligné, du courage qu'il a
manifesté non seulement au moment de faire un choix quant à ses
convictions profondes, quand il a été question pour le
gouvernement d'abandonner, à toutes fins utiles, l'option qui nous avait
réunis depuis tant d'années, mais du courage qu'il a
manifesté dans toutes les réformes qu'il a pilotées ici
à l'Assemblée nationale, dont certainement l'une des plus
importantes est la Loi sur l'urbanisme et l'aménagement du
territoire.
Si j'ai un reproche à faire à Jacques Léonard c'est
que durant toutes ces années, il a été beaucoup trop
discret et beaucoup trop modeste. C'est ce qui fait qu'effectivement, encore
aujourd'hui, très peu de gens comprennent l'importance de certaines
réformes majeures qu'il a pilotées ici à
l'Assemblée nationale et, encore une fois, celle de l'aménagement
du territoire.
Jacques Léonard, depuis six mois que nous travaillons beaucoup
plus intensément ensemble, depuis que la famille s'est
considérablement rétrécie, m'est apparu beaucoup plus
comme un homme chaleureux. Je le remercie à cet égard de
l'émotion qu'il a manifestée tout à l'heure, parce que
s'il y a une chose que beaucoup d'entre nous trouvent dure en politique, c'est
peut-être l'insensibilité apparente des membres de cette
Assemblée nationale que la vie politique force en quelque sorte à
"carapacer". À titre de femme - et je pense que d'autres
collègues femmes ont probablement eu cette réaction - j'ai
souvent trouvé très dur de devoir prétendre avoir l'air
aussi impassible que ces messieurs pour ne pas, justement, accréditer la
thèse que les femmes sont généralement plus
émotives, plus braillardes, plus excessives. Jacques, en laissant percer
spontanément et sincèrement son émotion, aide, fait
comprendre, finalement, à l'ensemble des Québécois et des
Québécoises que la sensibilité en politique, ce n'est pas
un défaut, mais qu'au contraire, c'est cette même
sensibilité qui nous permet de nous rapprocher des citoyens et nous
permet d'aider à régler leurs problèmes parce que, avant
de régler les problèmes, pour croire qu'il y en a, il faut qu'on
soit assez sensible pour les percevoir.
Je remercie Jacques, au nom des femmes du Québec, d'avoir fait la
preuve que d'avoir des émotions, ce n'est pas négatif en
politique mais, qu'au contraire, c'est un gage d'engagement et de conviction
quant aux projets qu'on défend. J'espère qu'à cet
égard, si Jacques revient en politique, nous le reverrons comme un homme
moins discret, moins modeste qui, encore une fois, par ses réformes,
aidera le Québec, l'Assemblée nationale surtout - au-delà
de la partisanerie, au-delà du cabotinage qui, trop souvent, nous anime
ici - à voir, avant toute chose, les intérêts
supérieurs du Québec.
En conclusion, je vais dire à Jacques ce qu'une électrice
m'a dit tout à l'heure, et je pense que c'est le meilleur compliment que
chacun des députés pourrait recevoir un jour, en quittant cette
Assemblée nationale, pourrait se voir donner: Nous perdons un grand
homme, un homme qui nous a appris à pêcher plutôt que de
nous donner du poisson.
Je dis donc merci à Jacques pour tout ce qu'il m'a donné
l'occasion de découvrir, tout au long de ces années,
particulièrement ces derniers mois; merci de son amitié, de sa
solidarité. Et, pour l'avenir, bonne chance, et bravo! à
l'Université de Montréal qui est venue chercher cette
compétence.
Le Président: Sachant que bon nombre de vos
collègues veulent vous dire au revoir une dernière fois, je vais
suspendre la séance pour trois ou quatre minutes.
(Suspension de la séance à 14 h 29)
(Reprise à 14 h 33)
Le Président: Nous reprenons donc la séance
là où nous l'avions laissée au début de la
période des questions mais avant de commencer la période des
questions je voudrais vous faire part que j'ai reçu du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes un
avis comme quoi il aurait un complément de réponse à
apporter à la question posée par M. le député de
Rosemont au ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur
concernant la réduction des subsides PAREL appliqués à la
SCHL.
Il y aura des votes reportés bien sûr à l'issue de
la période des questions.
Période de questions des députés, M. le leader de
l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Textes différents dans la
publicité
sur les propositions constitutionnelles
du gouvernement
M. Gratton: Merci, M. le Président. Samedi dernier,
c'est-à-dire trois jours avant que l'Assemblée nationale ne soit
elle-même saisie officiellement des propositions constitutionnelles du
gouvernement, celui-ci payait des pages entières de publicité
dans les quotidiens, intitulée en français: "II y a plusieurs
façons de voir le Canada. Voici celle du Québec." Cette annonce a
été publiée intégralement en anglais à
partir d'une traduction presque mot à mot du texte français sauf
pour deux passages qui sont complètement différents en ce qu'ils
ne disent pas du tout la même chose. Je n'en citerai qu'un des deux en
exemple. Alors que le texte français, en parlant de la reconnaissance de
l'existence du peuple québécois dit, et je cite: "Ceci constitue
un préalable essentiel à l'accord du Québec et à sa
participation à une nouvelle dynamique canadienne" le texte anglais se
lit comme suit: "Wether they be a French, English or other origin, the citizens
of Québec form a people." On voit, M. le Président, que ce n'est
pas le même message dans les deux langues.
La question que je pose au ministre responsable du dossier est la
suivante: est-ce qu'il ne convient pas que quand la publicité
gouvernementale diffuse un message différent selon le groupe de citoyens
qui en est la cible, cela devient de la manipulation et que quand ce message
vise surtout à convaincre les citoyens du bien-fondé d'une
démarche gouvernementale sur un sujet aussi fondamental, cela n'est plus
de l'information, cela devient de la propagande? Cela étant, le ministre
entend-il intervenir pour corriger cet état de choses?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, il est exact que le
texte anglais et le texte français de cet encart publicitaire variaient
sur ces deux paragraphes étant donné que les publics qui
étaient visés n'étaient pas les mêmes.
Deuxièmement...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Johnson (Anjou): Permettez-moi, M. le Président. Je
vous ferai remarquer, M. le Président, que je conseille peut-être
au leader de l'Opposition de lire et la version française et la version
anglaise du document lui-même pour se rendre compte que le sens de
"peuple québécois" déborde l'idée qu'on s'en est
faite qu'il s'agit seulement des francophones mais que le Québec, ce
sont tous les citoyens du Québec et l'annonce le dit très
clairement comme le texte le dit très clairement.
Le Président: M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Je me dois de répéter ma question d'une
façon différente, M. le Président. Est-ce que le ministre
ne réalise pas que dans le texte français des annonces
payées par le gouvernement, on parle de la reconnaissance du peuple
québécois comme un préalable essentiel à l'accord
du Québec, sans définir la notion de peuple, alors qu'en anglais
on définit le peuple québécois comme étant
composé de francophones, d'anglophones et de citoyens d'autres origines,
sans mentionner que la reconnaissance de ce peuple est un préalable?
Est-ce que cela ne répond pas exactement à la définition
de la propagande qui dit que c'est une action exercée sur l'opinion pour
l'amener à avoir certaines idées politiques, à appuyer un
gouvernement?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je ne suis un
spécialiste ni de la propagande ni de la publicité.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Johnson (Anjou): Je laisse plutôt cela à nos amis
d'en face et à leur chef qui est "Me Cassette". Ces annonces et d'autres
qui pourraient être publiées entendent évoquer des contenus
qu'on retrouve dans le document gouvernemental qui s'intitule "Projet d'accord
constitutionnel". Je dois en conclure que toute adaptation, tout
résumé qui doit en être fait doit être une traduction
mot à mot plutôt que des extraits des chapitres pertinents selon
les personnes qui se sentent visées par les différentes
propositions. Je conclus donc, M. le Président, que nous aurons l'appui
de l'Opposition si nous décidons d'imprimer en 6 000 000 de copies ce
document et que nous le rendons disponible pour tous les
Québécois, dans les deux langues dans le cas des anglophones.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Une voix: C'est ridicule.
M. Gratton: M. le Président, j'ai demandé à
deux reprises au ministre s'il entendait faire quelque chose pour corriger ce
qui nous apparaît être de la pure propagande. La réponse du
ministre, à deux reprises, me force à conclure qu'il ne fera
rien. J'adresserai donc ma question complémentaire au vice-premier
ministre. Lorsque le vice-premier ministre nous invite à un débat
non partisan...
Une voix: Lui, il répond.
M. Gratton: ...sur la question constitutionnelle, est-ce que
c'est de cela qu'il nous parle, d'un discours emprunté au Rodrigue Biron
de 1976 qui dit des choses différentes selon que l'on s'adresse aux
électeurs francophones ou anglophones? Est-ce que c'est de cette
façon que le gouvernement entend faire la preuve de la
sincérité et de la crédibilité de sa
démarche constitutionnelle?
Le Président: M. le vice-premier ministre. (14 h 40)
M. Bédard: Tout d'abord, M. le Président, pour ceux
et celles qui ont écouté les réponses du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, je
veux relever une fausseté du leader de l'Opposition, à savoir
qu'effectivement le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes a très bien répondu à la
question du leader de l'Opposition, contrairement à sa
prétention. Il n'a peut-être pas donné la réponse
qu'il voulait avoir, mais vous êtes maîtres de vos questions et
nous sommes maîtres de nos réponses.
Concernant le débat auquel fait allusion le leader de
l'Opposition, j'espère qu'en temps opportun il nous donnera une
réponse définitive sur la proposition très claire, je
pense, que nous lui avons faite d'aménager un forum de discussion le
moins partisan possible, qui voudrait dire une discussion durant une
journée complète s'il le veut, la journée qu'il
désirera, d'ici à la fin de la session. Cela nous fera plaisir de
l'accommoder. Ce que je perçois surtout, M. le Président,
à la lumière des questions et des affirmations partisanes du
leader de l'Opposition, c'est que l'Opposition n'en veut pas de débat.
L'Opposition a peur d'un débat. Pourquoi, M. le Président?
Probablement parce que ses positions constitutionnelles ne sont pas
définies, ne sont pas claires.
Probablement, M. le Président, que l'Opposition est à
même de constater que s'il y avait un débat et que les
Québécois étaient à même de constater les
propositions constitutionnelles du gouvernement et celles de l'Opposition, ils
en tireraient la conclusion que c'est l'Opposition qui voudrait une
négociation à rabais et non pas le gouvernement.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, pour quelqu'un
qui nous disait hier qu'il voulait s'inspirer de nos propositions et qui veut
un débat non partisan, je vous assure que... Mais je ne voudrais pas
faire toute une série, comme vous avez évoqué hier,
privant d'autres de l'occasion de poser des questions. Je voudrais simplement
une précision sur la question principale et les
réponses données. Dans tout le texte, on fait une
traduction pratiquement littérale et mot à mot, et quand on
arrive ici, à la reconnaissance du peuple du Québec, c'est pas
mal différent. Aux francophones, on laisse entendre que le peuple
québécois c'est le peuple francophone et aux anglophones, on
laisse entendre, non seulement on laisse entendre, on dit que le peuple du
Québec ce sont les anglophones, ce sont les allophones, ce sont les
francophones, c'est tout le monde. Est-ce qu'on peut répondre à
cela? Pourquoi la différence de texte?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, le chef de
l'Opposition s'aventure sur une pente savonneuse. Pendant...
Le Président: Allons! Allons! Allons!
M. Johnson (Anjou): ...de nombreuses années, dans la
politique québécoise et canadienne, on a défini la
dualité entre Canadiens français et Canadiens anglais, ce qui,
sur notre territoire, a, entre autres, fait l'objet de tensions et a
amené un certain nombre de tensions, notamment autour des droits
linguistiques.
Et je dirai que ce document est explicite partout à cet
égard. Ce document établit clairement et il sera disponible pour
tous ceux qui veulent prendre la peine de le lire en entier. Ce document...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: II y a deux rappels au règlement. M.
le leader de l'Opposition a un rappel au règlement et M. le leader du
gouvernement aussi. Alors...
M. Gratton: Oui, M. le Président. Question de
règlement en vertu de l'article 79 qui dit qu'une réponse
à une question doit être brève, se limiter au point qu'elle
touche. Le point que touche ma question ce n'est pas le fascicule du
gouvernement, le texte gouvernemental. C'est la publicité anglaise et
française qui ne dit pas la même chose. La publicité
française qui dit qu'"il y a plusieurs façons de voir le Canada.
Voici celle du Québec." Est-ce que cela veut dire qu'il y a plusieurs
façons de voir le Canada selon qu'on parle en français ou en
anglais pour le gouvernement actuel?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous permettez, le
texte de la proposition gouvernementale dit...
Le Président: Allons! Allons!
M. Johnson (Anjou): M. le Président. M. le
Président, franchement! Franchement!
Le Président: M. le leader parlementaire du gouvernement,
un rappel au règlement.
M. Bédard: Je pense que, pour ceux qui nous
écoutent, c'est important de savoir ce qui se passe et que les cris
qu'on entend, les hurlements, je dirais, viennent du côté de
l'Opposition, qui veut manifestement empêcher le ministre des Affaires
intergouvernementales de répondre à la question et qui viole le
règlement complètement. M. le Président, je vous
demanderais... Le leader a invoqué l'article 79, lorsque les questions
sont posées non conformément au règlement avec des
expressions d'opinions comme on l'a vu tout à l'heure, des accusations
de propagande. Attendez-vous quand même à ce qu'on vous
réponde. Vous n'êtes pas les seuls ici dans cette Assemblée
nationale.
M. Levesque (Bonaventure): Sur la question de
règlement.
Le Président: Sur la question de règlement, oui, M.
le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Sur la question de règlement et
afin de permettre au vice-premier ministre de reprendre ses sens et de faire
preuve de moins de partisanerie. Cela dit, le leader parlementaire de
l'Opposition pose une question sur un texte publicitaire payé par le
gouvernement et la question est bien simple: Pourquoi le gouvernement a-t-il
dans sa publicité...
Le Président: Allons, allons!
M. Levesque (Bonaventure): ...des questions différentes en
anglais du texte français? C'est la question. Pourquoi le gouvernement
a-t-il fait cela? Pour le reste, on n'a pas besoin d'avoir des cours.
M. Bédard: Sur la question de règlement.
Le Président: M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Bédard: C'est rare que je me permettrai de le dire:
C'est plutôt le chef de l'Opposition qui devrait reprendre ses esprits et
reprendre le bon sens du règlement. Une question a été
posée en faussant carrément le règlement. Il essaie de la
poser une deuxième fois alors qu'il sait
très bien qu'une question ayant été posée,
c'est au ministre à répondre qui est maître, encore une
fois, de sa réponse.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Gratton: Je conviens avec le leader du gouvernement qu'il a
parfaitement raison qu'il appartient au ministre de répondre selon la
réponse qu'il veut bien donner, mais il faut qu'il respecte le
règlement. Or, si le ministre voulait ne pas répondre à la
question que je lui ai posée, il pourrait invoquer l'article 82 qui dit
que "le ministre auquel une question est posée peut refuser d'y
répondre, notamment, s'il juge contraire à l'intérêt
public de fournir les renseignements demandés ou, deuxièmement,
si les renseignements ne peuvent être colligés qu'à la
suite d'un travail considérable que leur utilité ne justifie
pas." Premièrement et deuxièmement. Lequel des deux invoquez-vous
pour ne pas répondre à ma question?
M. Bédard: M. le Président...
Le Président: Sur la question de règlement. On va
passer la période de questions sur la question de règlement.
M. Bédard: Sur la question de règlement. Si le
leader de l'Opposition lisait son règlement comme il faut, il sait
très bien qu'il n'a pas à commenter les réponses qui sont
données, mais, s'il n'est pas satisfait de la réponse, il n'a
qu'à invoquer l'article de notre règlement qui permet un
débat à la fin des travaux de notre séance.
M. Johnson (Anjou): M. le Président....
Le Président: Si le calme peut revenir en cette
Assemblée parce qu'on va passer la période des questions en
période de questions de règlement. Le ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
avait la parole. L'article 77 et l'article 79 s'appliquent, et j'essaie de les
faire appliquer le mieux possible. La collaboration de tous les
députés est évidemment essentielle à cette fin. M.
le ministre.
M. Johnson (Anjou): Je ne peux pas accepter l'espèce
d'indignation factice que je rencontre...
M. Bédard: M. le Président...
M. Johnson (Anjou): M. le Président, si vous permettez, si
le leader permettait qu'on puisse répondre quelques secondes. Merci.
L'indignation factice qu'on retrouve dans la comparaison de ces deux placards
publicitaires démontre probablement qu'il y aurait avantage à
distribuer gratuitement au Québec le document en version
française et en version anglaise. C'est ce que j'en conclus de ce type
d'indignation. Deuxièmement, je dirai que, dans un cas comme dans
l'autre, ces deux placards publicitaires se rapportent au contenu même du
texte qui a été rendu public et qui est disponible chez
l'Éditeur officiel du Québec et qui a été
distribué aux députés et à certains organismes. (14
h 50)
Si nous avions, par exemple, un encart publicitaire qui vise le monde
juridique, il est évident qu'on ferait référence à
la dernière partie du chapitre II qui touche cela. Or, M. le
Président, le texte affirme une chose qui est centrale, aux termes de la
reconnaissance du caractère territorial de la spécificité
québécoise: "Depuis quatre siècles, il existe sur les
rives du Saint-Laurent un peuple d'origine française qui, sous deux
régimes coloniaux et de multiples arrangements constitutionnels...
Le Président: Allons! Allons!
M. Johnson (Anjou): ...s'est progressivement affirmé
à travers...
Le Président: À l'ordre! À l'ordre!
M. Johnson (Anjou): ...ses institutions avec l'apport d'autres
communautés..."
M. Bédard: Tranquillement.
M. Johnson (Anjou): Deuxièmement, M. le Président,
ce même texte, et je n'en lirai qu'une phrase à la page 18:
"Cependant, et nous en tenons compte, le peuple québécois n'est
pas composé que de francophones."
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Ma question de règlement vise simplement, M.
le Président, à vous demander si ce que fait le ministre est
régulier et permis par nos règlements. J'attends avec beaucoup
d'intérêt votre réponse là-dessus.
Le Président: On peut... Allons! Allons! Les ministres qui
répondent à des questions peuvent utiliser les mots qu'ils
choisissent, c'est bien connu. C'est une tradition de longue durée dans
notre système parlementaire. Je n'ai pas de contrôle rigoureux ni
sur les questions ni sur les réponses. Le règlement dit des
choses que les députés sont invités à respecter.
J'essaie
moi-même de les faire respecter le mieux possible, mais je ne suis
pas un préfet de discipline. Je ne vais pas intervenir à tout
moment donné.
Sur ce cas précis, la réponse est-elle conforme à
la question qui est posée? Il y a 122 députés, il peut y
avoir 122 opinions sur le sujet. C'est une question - je m'excuse
-d'opinion.
M. Paquette: Question principale.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: C'est la dernière - je vous l'assure - cela
vous donnera sûrement l'occasion de constater comment le ministre ne
répond absolument pas à ma question.
Le ministre entend-il corriger les textes de ces encarts publicitaires
en français et en anglais? A-t-il l'intention de faire quelque chose
pour mettre fin à cette publicité que je qualifie de
malhonnête.
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, ces deux placards
publicitaires se rapportent au même document, aux mêmes
réalités. Ils disent tous les deux la vérité. Ce
sont des extraits de la position gouvernementale et j'en conclus qu'il faudra
rendre l'entièreté du document aux citoyens de langue
française comme à ceux de langue anglaise.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Simplement pour terminer cela, est-ce
que ce ne serait pas mieux utiliser les fonds publics que de corriger quelque
chose qui ne correspond pas... Les deux versions ne correspondent pas. Pourquoi
ne serait-il pas plus logique, plus transparent que d'avoir une traduction
exacte dans les deux langues?
M. Johnson (Anjou): M. le Président...
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): ...l'encart de langue anglaise est une
traduction exacte du document gouvernemental. Deuxièmement, M. le
Président, il n'y a pas d'erreur, il n'y a pas de contradiction, les
deux sont issus du même document.
M. Gratton: Question complémentaire. Le
Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, si les deux versions sont
exactement les mêmes dans la publicité et le document, le ministre
peut-il m'expliquer pourquoi il craint tant, dans le texte français, de
dire à la population francophone que le peuple québécois
se compose de francophones, d'anglophones et de citoyens d'autres groupes
ethniques. Pourquoi ne le dit-il pas dans le texte français alors qu'il
ne dit que cela dans le texte anglais?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, la notion de peuple
québécois définie comme le seul territoire, le seul
endroit en Amérique du Nord où une société
majoritairement francophone comprend aussi d'autres communautés, se
retrouve dans la position gouvernementale et c'est de ça qu'on va parler
dans les mois qui viennent.
Le Président: Un rappel au règlement, M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, en vertu de l'article
78 du règlement, auriez-vous l'obligeance de déterminer le nombre
de questions complémentaires à cette première question
principale?
Le Président: Vous voulez savoir le nombre de questions
complémentaires?
M. de Bellefeuille: Autrement dit, M. le Président, il me
semble que le nombre a été suffisant et qu'on pourrait passer
à une autre question principale.
Le Président: C'est précisément ce que nous
nous apprêtions à faire, M. le député. M. le
député de Maskinongé.
Les fermetures d'usines dans la région de
Trois-Rivières
M. Picotte: Nous arrivons, M. le Président, à une
question principale. La région de Trois-Rivières a connu et
connaît encore malheureusement des fermetures d'usines et d'entreprises
qui sont néfastes à nos citoyens. Je n'ai tout simplement
qu'à vous souligner la fermeture de la Canron, de la Wabasso, de l'usine
Philips qui a annoncé aussi sa fermeture pour bientôt, de la CIL
dans la région de Shawinigan. Les autres dont j'ai fait mention
étaient à Trois-Rivières. Un peu plus près il y a
aussi Melchers. En tout cas, finalement, plusieurs milliers de personnes se
retrouvent sans emploi à la suite de ces fermetures.
J'aimerais demander au ministre délégué à
l'Emploi et à la Concertation ce que fait son gouvernement face à
ce problème.
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Emploi et à la Concertation.
M. Dean: M. le Président, il est certain que la
région dont parle le député a été durement
frappée dernièrement par les fermetures d'usines. Je ne suis pas
nécessairement le ministre le mieux équipé ou
informé pour dire exactement quelles sont les mesures... Je sais qu'il y
a des mesures, des comités, des activités des ministères
économiques pour assurer la survie de ces industries ou leur relance
quand elles sont fermées de façon définitive. Je pense
qu'il vaudrait peut-être mieux... Mon collègue de l'Industrie et
du Commerce serait plus au courant des détails de ces actions que je ne
peux l'être au moment où on se parle.
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Des voix: ...
Le Président: Allons! Allons!
M. Biron: M. le Président, je pense que le
député de Maskinongé ne m'a pas posé la question
parce qu'il sait tout ce que le gouvernement a fait dans sa région pour
la création d'emplois ou pour attirer de nouvelles entreprises. Qu'il me
suffise de mentionner la politique du gouvernement vis-à-vis du
développement hydroélectrique. Votre chef, M. Bourassa, dit: On
va créer des emplois aux États-Unis en vendant
l'électricité aux Américains. Nous, on dit: Non, on va
créer des emplois au Québec. Dans votre région, au cours
des dernières années, en plus de Pechiney, on vient d'annoncer
deux investissements importants à Bécancour à cause de
l'électricité, justement, parce qu'on se sert des ressources
naturelles du Québec pour créer des emplois au Québec au
lieu de les créer aux États-Unis.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Merci au développement de la Baie James, pour
Pechiney. Merci à M. Bourassa.
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture! La
question, s'il vous plaît, M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Comme je ne voudrais pas qu'on s'amuse au
détriment de ceux qui ont perdu des emplois, M. le Président, je
regrette, c'est plus sérieux que cela, le ministre pourrait-il me dire -
peu importe le ministre, parce que cela m'a l'air que ni l'un ni l'autre ne
s'est occupé de la région -quelle sorte de cours de recyclage son
gouvernement a mis en place pour que ceux qui ont perdu des jobs, justement,
dans des usines comme Wabasso, Philips, Canron, Melchers et CIL, puissent se
trouver de l'ouvrage ou, quand on parle de Pechiney, qu'est-ce qu'on a pu faire
pour que ces gens-là soient réembauchés à Pechiney
au lieu de recevoir des chèques de chômage ou de bien-être
social?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce. (15 heures)
M. Biron: M. le Président, le député de
Maskinongé sait fort bien que le gouvernement du Parti
québécois est celui qui a fait le plus d'efforts à la fois
pour la création d'entreprises et, comme vous l'appelez, pour le
recyclage de la main-d'oeuvre. Là-dessus, ma collègue, la
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu pourrait
certainement vous dire combien de citoyens, combien de jeunes en particulier,
ont pu bénéficier de ces programmes au cours de la
dernière année.
Le Président: Je veux bien que Mme la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu réponde à
la question de M. le député de Maskinongé, mais
sûrement pas de la façon dont le M. le ministre a reformulé
la question qui n'était pas du tout la même chose. Mme la ministre
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Mme Marois: M. le Président, le
député...
M. Gratton: M. le Président, vous signalez que ce n'est
pas la façon de faire, mais il semble bien que c'est comme cela que cela
va se faire, si Mme la ministre prend la parole. Je suggérerais
plutôt au ministre de l'Industrie et du Commerce qu'il fasse comme son
collègue de la Justice, qu'il réponde à côté
de la question, comme il l'a fait tout à l'heure.
Le Président: C'est une question d'appréciation, M.
le député. Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: M. le Président, je crois que c'est tout
à fait à juste titre que le ministre de l'Industrie et du
Commerce me renvoie cette question, puisqu'on y parle de recyclage. Or, je suis
responsable au sein de ce gouvernement des politiques de main-d'oeuvre, de
formation professionnelle et, entre autres, de recyclage. Dans tous les cas
où il y a eu fermeture d'usines, il y a eu des comités mis
en place avec les entreprises, avec les travailleurs et travailleuses y
oeuvrant pour faire en sorte que ces gens aient accès, soit à des
cours leur permettant de se reclasser, de se retrouver un emploi ou de se
réorienter dans d'autres types de production ou de service. Ce qu'il
faut savoir, par exemple, dans l'industrie du textile - on pourrait les prendre
secteur industriel par secteur industriel - c'est qu'on participe avec des
représentants de l'industrie à des tables sur la
productivité, incluant, entre autres, les nouvelles technologies, la
préparation des personnes qui doivent utiliser ces nouvelles
technologies, donc à occuper des emplois dans ces secteurs proprement
dits. Ce sont donc des services très généraux et, en
même temps, très spécifiques, selon les secteurs
industriels qui ont été touchés.
D'autre part, dans le cas d'un investissement majeur avec Pechiney, je
puis dire que nous avons une entente avec l'entreprise pour faire en sorte que,
par l'intermédiaire du centre Travail-Québec, on procède
à l'embauche et au placement des personnes concernées par les
postes qu'on peut y retrouver, de même qu'une entente concernant la
formation professionnelle et permettant sûrement - je l'espère et
je le souhaite - à des travailleurs ou des travailleuses
licenciés dans d'autres entreprises de venir occuper, une fois
formés, des postes pouvant s'offrir à Pechiney.
Le Président: M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Comme la ministre semble être la seule à
comprendre son verbiage et à se démêler là-dedans,
est-ce qu'elle pourrait me dire...
M. Bédard: M. le Président, question de
règlement.
M. Picotte: Exactement; Voyons donc! Cela n'a pas de sens, votre
affaire.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
Une voix: Vous n'êtes pas capable de comprendre.
M. Bédard: Je pense qu'en matière de verbiage, le
député de Maskinongé en a à apprendre à tous
les membres de l'Assemblée nationale. Vous êtes à
même de constater jusqu'à quel point l'Opposition, aujourd'hui,
à toutes les questions, est vraiment en dehors du règlement.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Lorsque vous constatez que les questions de
l'Opposition ne respectent pas le règlement, est-ce que vous ne faites
pas le nécessaire pour nous rappeler à l'ordre, M. le
Président? Est-ce que le leader du gouvernement ne pourrait pas vous
laisser faire votre travail de président?
Le Président: S'il fallait que j'applique le
règlement rigoureusement, à la lettre et selon la doctrine
contenue dans le livre de Beauchesne, il y aurait peut-être 30 secondes
de questions et A4 minutes et 30 secondes pendant lesquelles le
président serait debout. Alors, j'essaie d'appliquer le règlement
le mieux possible, dans les balises générales et en comptant sur
la collaboration des députés.
M. Picotte: M. le Président, est-ce que Mme la ministre
pourrait me dire, avec tous ces comités qu'elle a mis en marche,
combien, jusqu'à ce jour, de personnes parmi les chômeurs se sont
trouvé un emploi et, combien de personnes vont se trouver un emploi
à Pechiney puisqu'on y a fait allusion? Dites-nous le nombre
aujourd'hui.
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: M. le Président, j'imagine que j'avais
répondu trop précisément à la question; c'est
pourquoi ce député de l'autre côté ne semblait pas
comprendre. À la question très précise posée, je
prends avis et je vais répondre dès la prochaine séance
quant aux emplois touchés.
M. le Président, imaginez-vous qu'il y a au moins quelques
grandes régions à travers le Québec qui sont
touchées par des programmes d'aide à l'emploi, des programmes de
recyclage, des programmes de formation professionnelle, que ceux-ci sont
diversifiés et que je ne connais pas, de mémoire, les chiffres
concernant sa région, celle de Québec, celle de Montréal
ou celles d'autres secteurs industriels, si on veut. Cependant, je puis fort
bien donner ces informations au député de Maskinongé, de
même que les efforts qui ont été faits pour aider les
travailleurs et les travailleuses de son milieu.
M. Picotte: Une dernière question additionnelle.
Le Président: II y a trois députés qui
veulent poser des questions complémentaires en même temps. M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: La dernière. La ministre peut-elle m'expliquer
comment ces
programmes peuvent être à la fois spéciaux et
généraux? Qu'elle m'explique donc cela!
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: Alors, je crois que le député n'a
vraisemblablement pas compris. Je vais lui présenter et lui monter tout
un document concernant les services qu'offre le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, qui sont,
effectivement, des services généraux de placement, d'aide
à l'emploi, des services très particuliers et très
spécialisés de recyclage, de reclassement, de formation
professionnelle, et tout le reste. J'ai des brochures très
intéressantes qui sont faites chez nous, des documents d'information
très pertinents. Je pourrai les lui faire parvenir, M. le
Président.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je vais poser une question additionnelle au ministre
délégué à l'Emploi et à la Concertation.
Est-ce qu'il peut nous expliquer comment il se fait que, en décembre
1981, cela fait trois ans et demi, dans une déclaration qu'il a faite
lui-même, il a annoncé l'intention du gouvernement de
présenter un projet de loi sur le licenciement collectif, dans lequel on
retrouverait, entre autres, une caisse de stabilisation afin de parer aux
effets...
Le Président: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, vous pourrez revenir en question principale, mais je
ne vois vraiment pas le lien entre cette question et celle du
député de Maskinongé, qui portait en particulier sur la
région dont il est issu. Je m'excuse. La question complémentaire,
que vous étiez en train de formuler, ne portait pas sur la région
de la Mauricie et la question principale portait là-dessus. J'applique
les règles des questions complémentaires, M. le
député. M. le député de Nicolet.
M. Beaumier: Merci, M. le Président. Toujours dans le
cadre d'ouverture d'entreprises dans la région Mauricie-Bois-Francs, Mme
la ministre, tantôt, a fait allusion à une entente qui aurait eu
lieu en ce qui concerne la formation professionnelle, laquelle viserait
très certainement les 850 nouveaux emplois de l'aluminerie de
Bécancour. J'aimerais savoir de Mme la ministre quand seront connus les
éléments de cette entente? Est-ce qu'il y aura, comme
critère, entre autres, une priorité régionale pour nos
travailleurs?
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: Effectivement, nous discutons et négocions
depuis déjà quelques mois avec la société Pechiney.
Nous devrions, au début de la semaine prochaine, annoncer l'entente
à laquelle nous sommes intervenus pour permettre la formation des
travailleurs et des travailleuses concernés par les emplois à
Pechiney. Et, évidemment, il va de soi, que ce seront les travailleurs
et les travailleuses de la région qui seront d'abord
privilégiés pour ces emplois.
Le Président: Question principale, M. le
député de Rosemont.
La déclaration de M. Mulroney
sur la place du Québec dans
la fédération canadienne
M. Paquette: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre délégué aux Affaires intergouvernementales
canadiennes. Mardi dernier, le premier ministre du Canada, M. Brian Mulroney, a
profité de son passage au Manitoba pour énoncer sa vision de la
place du Québec dans la fédération canadienne, quelques
jours après le dépôt des propositions constitutionnelles du
gouvernement du Québec.
Il a déclaré notamment ceci: "Le Québec est
évidemment distinct. Il possède des responsabilités
uniques dans les domaines de la langue et de la culture. Il a un
héritage spécial à préserver et à
protéger. Et je crois que cela peut le mieux se réaliser à
l'intérieur d'un Canada uni."
Le ministre admettra-t-il que cette déclaration de principe du
premier ministre canadien ne distingue pas le peuple québécois
d'une simple minorité culturelle? Et considère-t-il que cet
énoncé très vague, qui ramène le Québec au
rang de minorité culturelle, est suffisant pour remplir la
première condition qu'il a posée? Autrement dit, est-ce suffisant
pour entreprendre les négociations qui demandent comme condition la
reconnaissance du Québec comme peuple distinct? (15 h 10)
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je sais que le
premier ministre du Canada a réagi de façon préliminaire
lors d'un passage à Winnipeg ou quelque part dans l'Ouest canadien. Je
prends ces dépêches qui nous sont venues par les journaux comme
étant effectivement des réactions préliminaires. Je
constate d'une part que cette réaction est sûrement plus
constructive que d'autres qu'on a entendues dans le passé venant de
d'autres gouvernements et particulièrement les grands frères et
les grandes soeurs de ceux qui sont en face de nous ici pendant tant
d'années et
qui ont visé essentiellement à humilier le
Québec.
Je constate donc que, effectivement, la réaction
préliminaire du premier ministre du Canada est plus constructive.
Cependant, en ce qui nous concerne, et nous avons été clairs sur
cette question et nous continuerons de l'être au fur et à mesure
que progresseront les discussions et les débats autour de ce document,
nous croyons que dans le cas du Québec sa spécificité
mérite d'être considérée à plus
d'égards que simplement la langue et la culture, que le caractère
territorial de nos revendications, notamment dans le secteur économique
et des institutions, sont des choses très importantes.
Le Président: M. le député de Rosemont en
complémentaire.
M. Paquette: Le ministre n'a pas répondu
complètement à la question. Est-ce que cela... M. le
Président...
Le Président: Je comprends que le printemps est
arrivé enfin à Québec mais, enfin, de là à
manifester autant d'exubérance aujourd'hui...
M. le député de Rosemont, dans le silence le plus
absolu.
M. Paquette: Je constate que le ministre n'a pas répondu
à la question. Est-ce qu'il considère qu'un énoncé
aussi vague qui traite le peuple québécois comme une simple
minorité culturelle est suffisant pour remplir la condition posée
par le gouvernement du Québec?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je prends cette
déclaration et les rapports qui nous en ont été faits dans
les médias comme étant une réaction préliminaire du
premier ministre du Canada.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Additionnelle, M. le Président. Concernant
cette notion de peuple distinct, le ministre ne considère-t-il pas que
cette demande du gouvernement qui est une condition préalable est
beaucoup plus faible que les termes de la motion adoptée par cette
Assemblée en 1981 qui stipulaient: "On devra reconnaître que les
deux peuples qui ont fondé le Canada sont foncièrement
égaux."
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadien- nes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je crois qu'il y
avait un considérant d'où procédait la revendication
gouvernementale ou sur l'opposition, à l'époque, au rapatriement
comme d'où procède le projet d'accord constitutionnel que le
gouvernement du Québec a rendu public, c'est celui de ce que nous
considérons être comme le droit intrinsèque du peuple
québécois à disposer de lui-même. Un des
considérants de la motion de 1981 faisait référence
à cette notion, on s'en rappellera. C'est dans ce sens qu'il faut le
voir.
Deuxièmement, la proposition gouvernementale introduit une motion
qui nous apparaît relativement évidente à l'égard du
Québec, c'est qu'il y a une confluence entre le territoire
québécois et la spécificité de cette
société majoritairement francophone dans ses aspirations à
contrôler des instruments sur le plan institutionnel et sur le plan
économique ainsi qu'en matière de droits et libertés et de
langue à l'égard du développement de sa
spécificité, notamment la spécificité basée
sur le caractère majoritairement francophone du Québec.
M. Paquette: Question additionnelle.
Le Président: Dernière complémentaire, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Si je comprends bien on savait déjà
que le gouvernement avait abandonné l'idée d'indépendance.
Est-ce qu'on peut en conclure qu'il abandonne l'idée
d'égalité, surtout compte tenu qu'il demande très peu de
choses pour les francophones hors Québec relativement à ce qui
est accordé à la minorité anglophone au Québec?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, je dois comprendre
que le député de Rosemont, pour des raisons qui relèvent
de la cohérence de l'option qui l'a amené à faire les
choix qu'il a faits récemment, peut se dire éternellement
insatisfait de toute position constitutionnelle qui ne serait pas
l'indépendance ou la souveraineté du Québec. Je n'en
disconviens pas, je crois que son raisonnement est cohérent. Il ne
m'apparaît pas cependant pertinent dans le contexte actuel.
Le Président: M. le député de Portneuf.
Le conflit à Marine Industrie
M. Pagé: Merci, M. le Président. À plusieurs
reprises depuis plusieurs mois
l'Opposition à l'Assemblée nationale tente de sensibiliser
le gouvernement, et plus particulièrement le ministre du Travail,
à faire tout ce qui est humainement et politiquement possible pour
régler un conflit qui fait mal à toute une région, la
région de Sorel-Tracy. Je réfère évidemment au
conflit à Marine Industrie.
Le 14 mai dernier le ministre du Travail nous répondait et je
cite: "Au plus tard lundi prochain - parlant de lundi dernier le 20 mai - je
devrais être en possession de leurs recommandations spécifiques."
Il se référait, évidemment, aux recommandations des deux
médiateurs spéciaux qui ont été récemment
chargés du dossier.
Le premier volet de ma question au ministre du Travail, c'est: Comment
peut-il expliquer aujourd'hui, devant cette Chambre, qu'il n'a pas pu, encore
une fois, livrer la marchandise et que, finalement, le rapport des
médiateurs n'a pas été produit lundi tel que prévu?
Deuxièmement, peut-il confirmer à cette Chambre que le rapport
des médiateurs sera effectivement déposé demain? Le
troisième volet de ma question, c'est: Est-ce qu'il peut s'engager
à ce que ce rapport, contrairement au précédent, contienne
des recommandations spécifiques et précises?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, deux simples
commentaires. Le motif pour lequel le rapport ne m'a pas été
remis lundi dernier, c'est que ce sont les médiateurs eux-mêmes
qui ont demandé de prolonger le délai qui avait d'abord
été fixé. Deuxièmement, lundi matin, je serai en
possession d'un rapport qui contiendra une recommandation.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le ministre a
parlé de lundi ou de vendredi?
Une voix: De lundi.
M. Pagé: De lundi matin. Devons-nous comprendre que le
ministre rendra public un rapport qui, on l'espère, cette fois-ci sera
final, le lundi 27 mai, après autant de semaines et autant de mois
d'attente? Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer si le volet
particulier, mais combien contentieux des congédiements fera l'objet
d'une recommandation de la part des deux médiateurs spéciaux?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, après que les
parties auront été saisies du rapport dont je parle, il sera
rendu public et ce n'est qu'à ce moment-là qu'on verra ses
conclusions.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, devons-nous comprendre de
la réponse du ministre du Travail qu'il exclut, au moment où on
se parle, la possibilité que les médiateurs se prononcent et
formulent une recommandation au regard des congédiements?
Le Président: M. le ministre du Travail. M.
Fréchette: Non, M. le Président.
Le Président: Question principale, M. le
député de Brome-Missisquoi.
Fermeture projetée de lits d'hôpitaux
dans la région de Montréal
M. Paradis: Ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales et elle concerne les salles d'urgence et les lits d'hôpitaux
dans la région de Montréal. Alors que les salles d'urgence sont
encombrées et que les listes d'attente s'allongent, plusieurs
hôpitaux de Montréal ont l'intention de fermer des lits cet
été. Ce serait le cas de l'hôpital Notre-Dame, 153 lits; de
l'hôpital Sacré-Coeur, 110 lits; de l'hôpital Saint-Luc, 152
lits; de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, 140 lits; de l'hôpital
Verdun, 150 lite; de l'hôpital Fleury, etc. Au total, c'est plus de 1000
lits qui seraient fermés de façon à permettre aux centres
hospitaliers d'équilibrer leur budget et de suivre ainsi ou de se
conformer ainsi aux menaces du ministre des Affaires sociales. Ma question au
ministre est la suivante: Le ministre entend-il assister passivement à
la fermeture de plus de 1000 lits d'hôpitaux ou entend-il allouer aux
hôpitaux les budgets nécessaires pour éviter la fermeture
de plus de 1000 lits?
Le Président: En invitant les députés qui
sont debout à s'asseoir et à ceux qui parlent de bien vouloir
observer le silence, M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, tout d'abord, en
réponse à la question du député de
Brome-Missisquoi, je dirai qu'il n'y a pas tellement de surprise à cette
annonce de lits fermés à l'été parce que cela fait
des années que cela se fait. Deuxièmement, M. le
Président, le député de Brome-Missisquoi a commencé
par un préambule en parlant de l'engorgement des urgences à
Montréal. Je l'inviterais à lire le rapport que je lui ai remis
hier matin, le rapport Spitzer, qui en identifie les causes et il verra
qu'après toute la publicité malveillante qu'il a osé faire
depuis quelques mois sur les budgets, ce
n'est pas l'unique cause, loin de là, de l'engorgement des
urgences. J'ai l'intention de donner suite à ce rapport, bien sûr,
et de faire en sorte qu'il y ait un fonctionnement souple pour permettre que
les patients ou les bénéficiaires en urgence passent de
vingt-deux heures d'attente à neuf heures.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, je vais répéter
ma question au ministre. Les centres hospitaliers ont l'intention de fermer
plus de 1000 lits, pour équilibrer leur budget dans la
quasi-totalité des cas. Est-ce que vous entendez donner l'argent
nécessaire à ces centres hospitaliers pour éviter la
fermeture de plus de 1000 lits? Qu'il y en ait 50 de fermés, cela s'est
déjà vu, mais plus de 1000 lits, M. le ministre, cela s'aggrave
d'année en année.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales. (15 h
20)
M. Chevrette: M. le Président, voilà un autre bel
exemple d'une tentative de dramatiser une situation devant l'opinion publique
alors que cette situation dure depuis des années. Quand il n'y a pas de
médecins, qu'ils sont en vacances, qu'ils sont à
l'étranger ou qu'ils décident de ne pas procéder à
des programmes opératoires durant les vacances, cela ne donne rien de
garder les lits ouverts inutilement. Il y a un rationnement naturel pour les
autres personnels. C'est là une réalité, qui ne remonte
pas au Parti québécois et au présent gouvernement, qui
était pire sous le précédent régime.
M. Paradis: Question additionnelle.
Le Président: La période des questions est
terminée. Il y a un complément de réponse du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes
à une question qui a été posée la semaine
dernière. M. le ministre.
Réduction des subsides du fédéral
à PAREL
M. Johnson (Anjou): M. is Président, le
député de Rosemont posait une question concernant la diminution
des transferts en matière d'habitation - je regrette, je n'ai pas la
date - il y a environ deux semaines, je crois.
Essentiellement, il s'agissait de concilier des chiffres
évoqués par le ministère de l'Habitation et les chiffres
évoqués par le Secrétariat aux affaires
intergouvernementales canadiennes. Je dirai que, dans un cas comme dans
l'autre, les deux avaient raison. D'une part, le montant de 13 500 000 $ qui
avait été évoqué au niveau du ministère de
l'Habitation l'avait été sur la base d'une comparaison du budget,
incluant le budget supplémentaire Lalonde de 1984 sur la base de
l'année budgétaire qui est une année de calendrier, alors
que les données de 9 100 000 $ que nous avions fournies, pour notre
part, venaient des renseignements qui nous provenaient de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement qui,
elle-même, a fait ses comparaisons sur une base d'année civile en
ne tenant pas compte d'un budget supplémentaire qu'elle
considérait être essentiellement une opération temporaire
et donc, en comparant des bases budgétaires.
Donc, à toutes fins utiles, je crois que le ministère de
l'Habitation avait raison en évoquant cela d'année en
année. Cependant, les chiffres fournis par l'organisme
fédéral lui-même nous permettaient de comparer ce qui
était comparable d'année en année, c'est-à-dire les
bases budgétaires.
Le Président: M. le député de Rosemont, en
complémentaire.
M. Paquette: Oui. En complémentaire, M. le
Président, est-ce que je dois comprendre le ministre en pensant que sur
la base du budget supplémentaire il affirme que ce sont 13 500 000 $ qui
sont coupés au Québec? Eest-ce qu'il peut confirmer que ce
montant est trois fois plus élevé que les coupures
équivalentes qui ont été faites en Ontario dans le domaine
de l'habitation et de la rénovation de logements?
Le Président: M. le ministre délégué
aux Affaires intergouvernementales canadiennes.
M. Johnson (Anjou): Encore une fois, pour des raisons, je pense,
de standardisation méthodologique, quand on compare ces chiffres, on
prend les bases budgétaires régulières sans tenir compte
du budget supplémentaire Lalonde dont on sait qu'une bonne partie aurait
été périmée pour toutes sortes de raisons dans ce
domaine ou dans d'autres, dans une année électorale où les
gens étaient habitués un petit peu aux "candies" et aux bars
ouverts de l'ancien gouvernement.
Je ne peux cependant lui donner la comparaison avec l'Ontario. Je peux
cependant lui donner la comparaison globale Québec-ensemble du Canada.
Elle nous permet de constater que le Québec encaisse 26 % de la
réduction globale qui est impliquée en fait pour l'ensemble des
postes budgétaires et, dans le secteur qui nous intéresse, en
matière de logement le Québec encaisse 24 % des coupures globales
annoncées par M. Wilson dont on verra peut-
être la traduction un peu douloureuse dans quelques heures lors de
son budget à Ottawa. Donc, en ce sens, je pourrai peut-être faire
les recherches, les faire parvenir à la commission des institutions en
ce qui concerne l'Ontario. Mais globalement, sur une base canadienne, le
Québec, ce sont 24 % des coupures pancanadiennes en matière de
logements qui sont appliquées sur le territoire du Québec.
Le Président: J'espère que les médias
d'information ont compris la question et les réponses. À ce
bout-ci de la Chambre, je n'ai absolument rien entendu avec le bruit qui
règne dans la Chambre. Cela étant... H y a donc deux votes
reportés.
Mise aux voix de la motion
proposant que l'Assemblée se prononce
avant le 15 juin sur le principe
des projets de loi 198 et 191
Je mets donc aux voix la motion de M. le député de
Sainte-Marie en vertu de l'article 87 du règlement: "Que
l'Assemblée nationale se prononce avant le 15 juin 1985 sur le principe
des projets de loi 198, Loi interdisant la production, l'entreposage, le
commerce et l'utilisation d'armes nucléaires, et 191, Loi reconnaissant
le droit à la libre disposition du peuple québécois." Que
les députés favorables à cette motion veuillent bien se
lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bisaillon (Sainte-Marie)
Levesque (Bonaventure), Gratton (Gatineau), O'Gallagher (Robert Baldwin),
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), Ciaccia (Mont-Royal), Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. Mailloux (Charlevoix), Ryan (Argenteuil), Vaillancourt
(Orford), Mme Bacon (Chomedey), M. Marx (D'Arcy McGee), Mme Dougherty
(Jacques-Cartier), MM. Middlemiss (Pontiac), Vallières (Richmond), Assad
(Papineau), Caron (Verdun), Blank (Saint-Louis), Hains (Saint-Henri), Polak
(Sainte-Anne), Saintonge (Laprairie), Rocheleau (Hull), Fortier (Outremont),
Rivest (Jean-Talon), Pagé (Portneuf), Paradis (Brome-Missisquoi),
Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Bourbeau (Laporte), Lincoln (Nelligan), Doyon
(Louis-Hébert), Dubois (Huntingdon), Sirros (Laurier), Maciocia (Viger),
Picotte (Maskinongé), French (Westmount), Bissonnet (Jeanne-Mance),
Dauphin (Marquette), Kehoe (Chapleau), Houde (Berthier), Leduc (Saint-Laurent),
Maltais (Saguenay), Mmes Bélanger (Mégantic-Compton), Saint-Amand
(Jonquière), MM. Fortin (Marguerite-Bourgeoys), Pratt (Marie-Victorin),
Parent (Sauvé), Viau (Saint-Jacques), Mme Le Blanc-Bantey
(Îles-de-la-Madeleine), MM. Paquette (Rosemont), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Boucher (Rivière-du-Loup), Grégoire
(Frontenac).
Le Président: Que les députés qui s'opposent
à la motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Bédard (Chicoutimi),
Rancourt (Saint-François), Marcoux (Rimouski), Mme Marois (La Peltrie),
MM. Clair (Drummond), Johnson (Anjou), Landry (Laval-des-Rapides),
Bérubé (Matane), Tardif (Crémazie), Jolivet (Laviolette),
Godin (Mercier), Rochefort (Gouin), Dean (Prévost), Léger
(Lafontaine), Gendron (Abitibi-Ouest), Martel (Richelieu), Fallu (Groulx), Le
May (Gaspé), Biron (Lotbinière), Garon (Lévis),
Fréchette (Sherbrooke), Bertrand (Vanier), Mme Lachapelle (Dorion), MM.
Rodrigue (Vimont), Chevrette (Joliette), Ouellette (Beauce-Nord), Brouillet
(Chauveau), Leduc (Fabre), Bordeleau (Abitibi-Est), Gravel (Limoilou), Marquis
(Matapédia), Gauthier (Roberval), Beaumier (Nicolet), Blouin (Rousseau),
Lavigne (Beauharnois), Baril (Arthabaska), Dupré (Saint-Hyacinthe),
Gagnon (Champlain), Dussault (Châteauguay), Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Desbiens (Dubuc), Mme Juneau (Johnson),
MM. Charbonneau (Verchères), Perron (Duplessis), Beauséjour
(Iberville), Le Blanc (Montmagny-L'Islet), Laplante (Bourassa), Champagne
(Mille-Îles), Mme Harel (Maisonneuve), MM. Blais (Terrebonne),
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Tremblay (Chambly), Lachance
(Bellechasse), Paré (Shefford), Payne (Vachon), Lafrenière
(Ungava), Proulx (Saint-Jean).
Le Secrétaire: Pour: 52
Contre: 57
Abstentions: 0
Le Président: La motion est donc rejetée.
Mise aux voix de la motion du ministre du Travail
proposant l'adoption du projet de loi 42
Je mets maintenant aux voix la motion de M. le ministre du Travail,
proposant que le projet de loi 42, Loi sur les accidents du travail et les
maladies professionnelles soit adopté. Que les députés qui
sont favorables à cette motion veuillent bien se lever. (15 h 30)
Le Secrétaire adjoint: MM. Bédard (Chicoutimi),
Rancourt (Saint-François), Marcoux (Rimouski), Mme Marois (La Peltrie),
MM. Clair (Drummond), Johnson (Anjou), Landry (Laval-des-Rapides),
Bérubé (Matane), Tardif (Crémazie), Jolivet (Laviolette),
Godin (Mercier), Rochefort (Gouin), Dean (Prévost), Léger
(Lafontaine), Gendron (Abitibi-Ouest), Martel (Richelieu), Fallu (Groulx), Le
May (Gaspé), Biron (Lotbinière), Garon (Lévis),
Fréchette (Sherbrooke), Bertrand (Vanier), Mme Lachapelle (Dorion), MM.
Rodrigue (Vimont), Chevrette (Joliette), Ouellette (Beau-
ce-Nord), Brouillet (Chauveau), Leduc (Fabre), Bordeleau (Abitibi-Est),
Gravel (Limoilou), Marquis (Matapédia), Gauthier (Roberval), Beaumier
(Nicolet), Blouin (Rousseau), Lavigne (Beauharnois), Baril (Arthabaska),
Dupré (Saint-Hyacinthe), Gagnon (Champlain), Dussault
(Châteauguay), Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Desbiens
(Dubuc), Mme Juneau (Johnson), MM. Charbonneau (Verchères), Perron
(Duplessis), Beauséjour (Iberville), Le Blanc (Montmagny-L'Islet),
Laplante (Bourassa), Champagne (Mille-Îles), Blais (Terrebonne),
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), Tremblay (Chambly), Lachance
(Bellechasse), Paré (Shefford), Payne (Vachon), Lafrenière
(Ungava), Proulx (Saint-Jean), Grégoire (Frontenac).
Le Président: Que les députés qui s'opposent
à cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: MM. Levesque (Bonaventure), Gratton
(Gatineau), O'Gallagher (Robert Baldwin), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce),
Ciaccia (Mont-Royal), Mme La-voie-Roux (L'Acadie), MM. Mailloux (Charlevoix),
Ryan (Argenteuil), Vaillancourt (Orford), Mme Bacon (Chomedey), M. Marx (D'Arcy
McGee), Mme Dougherty (Jacques-Cartier), MM. Middlemiss (Pontiac),
Vallières (Richmond), Assad (Papineau), Caron (Verdun), Blank
(Saint-Louis), Hains (Saint-Henri), Polak (Sainte-Anne), Saintonge (Laprairie),
Roche-leau (Hull), Fortier (Outremont), Rivest (Jean-Talon), Pagé
(Portneuf), Paradis (Brome-Missisquoi), Johnson (Vaudreuil-Soulanges), Bourbeau
(Laporte), Lincoln (Nelligan), Doyon (Louis-Hébert), Dubois
(Huntingdon), Sirros (Laurier), Maciocia (Viger), Picotte (Maskinongé),
French (Westmount), Bissonnet (Jeanne-Mance), Dauphin (Marquette), Kehoe
(Cha-pleau), Houde (Berthier), Leduc (Saint-Laurent), Maltais (Saguenay), Mmes
Bélanger (Mégantic-Compton), Saint-Amand (Jonquière), MM.
Fortin (Marguerite-Bourgeoys), Pratt (Marie-Victorin), Parent (Sauvé),
Viau (Saint-Jacques), Mme Le Blanc-Bantey (Îles-de-la-Madeleine), MM.
Paquette (Rosemont), Bisaillon (Sainte-Marie), de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), Boucher (Rivière-du-Loup).
Le Président: Abstentions.
Le Secrétaire adjoint: Mme Harel (Maisonneuve).
Le Secrétaire: Pour: 57
Contre: 51
Abstentions: 1
Le Président: Le projet de loi est donc adopté.
Bien! Peut-on reprendre les travaux? À l'ordre! M. le leader du
gouvernement, aux motions sans préavis.
Consultation particulière sur le projet de loi
190
M. Bédard: M. le Président, je voudrais faire
motion en vertu de l'article 235 de nos règles de procédure pour
que la commission de l'aménagement et des équipements se
réunisse le 6 juin - 1985, naturellement -afin de procéder
à une consultation particulière sur le projet de loi 190, Loi
concernant les villes de Rouyn et de Noranda.
Le Président: J'ai signalé dans le passé que
j'avais des réserves quant à la possibilité de mettre une
date fixe à une consultation particulière puisque cela
m'apparaît aller possiblement - sous réserve de le prendre en
délibéré - à l'encontre du règlement en
vertu duquel c'est la commission qui fixe la durée des audiences. Si on
lui fixe une clôture, en quelque sorte, cela va à l'encontre d'un
article du règlement. À tout hasard, j'imagine qu'il n'y aurait
pas d'objection pour aujourd'hui à ce que la motion se lise sans la
date, quitte à ce que nous clarifiions la chose à la
sous-commission sur la réforme, la commission, de toute façon,
procédant à la consultation particulière.
M. Bédard: Je n'ai aucune objection, M. le
Président. Je pense qu'on le précise d'une façon
peut-être spéciale en pensant à ceux ou celles qui devront
être entendus devant la commission. Je n'ai pas objection à ce que
la motion se lise comme vous le proposez, sans mentionner la date.
M. Rocheleau: Question de directive, M. le Président.
Le Président: Oui, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Tenant compte du fait qu'on doit inviter des
municipalités et organismes régionaux, s'agit-il simplement
d'éliminer la date dans la proposition qui est faite aujourd'hui, mais
de maintenir quand même la date du 6 juin pour permettre à ces
gens de se déplacer ici à cette date?
Le Président: Normalement, lors d'une consultation
particulière, comme d'une consultation générale puisque ce
sont les mêmes articles qui s'appliquent, grosso modo, la commission
elle-même fixe le moment et la durée, y inclus la durée de
l'audience de chaque personne ou de chaque groupe. Or, le problème,
c'est que si, au départ, on lui dit: C'est telle date et telle date,
cela équivaut presque à lui imposer une clôture quant
à la durée globale des audiences et à la durée des
audiences de chaque groupe. Il me semble, par ailleurs, y avoir consensus pour
que ce soit, néanmoins, le 6 juin. Il faudra
simplement que la commission entérine le tout.
M. Saintonge: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Là-dessus, j'aimerais avoir une directive
également. Est-ce qu'on s'entend pour dire qu'il sera du ressort de la
commission de faire en sorte qu'on puisse proposer certains noms sur la liste
des groupes invités? On ne limite pas la liste à deux, trois,
quatre ou cinq, mais on s'entendra à la commission pour
déterminer qui nous devrons inviter?
Le Président: C'est précisément, d'ailleurs,
le sens des articles sur la consultation générale et les
consultations particulières où on dit bien, à l'article
171, que la commission détermine en séance de travail la
durée totale de chaque audition et la durée respective de
l'exposé et des échanges avec la commission. L'article 170
stipule que toute commission peut, par invitation spéciale, solliciter
l'opinion de personnes ou d'organismes qui ont une connaissance ou une
expérience particulière du domaine qu'elle examine, étant
entendu que c'est la décision de la commission de déterminer qui
sont les personnes qu'elle veut entendre pour son propre
bénéfice. Les articles 170 et 171 s'appliquant, c'est
effectivement à la commission de déterminer les personnes ou les
groupes invités et la durée de comparution de chacune des
personnes ou de chacun des groupes, ce qui pourrait, théoriquement,
déborder le cadre d'une seule séance, d'où le
problème de fixer une date dans la motion. La motion sans la date
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Aux avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader du gouvernement. Oui, M. le député de
Saint-Henri?
M. Hains: En vertu de l'article 86, M. le leader, est-ce que je
peux vous demander...
Le Président: Cela viendra tout à l'heure, M. le
député. Y a-t-il une motion sans préavis?
Des voix: Oui. (15 h 40)
Le Président: Mme la députée de
Mégantic-Compton, motion sans préavis.
Reconnaissance aux aînés à
l'occasion de la Semaine de l'âge d'or
Mme Madeleine Bélanger
Mme Bélanger: M. le Président, j'aimerais
solliciter le consentement de cette
Chambre pour que soit débattue la motion suivante: Que cette
Assemblée souligne la Semaine de l'âge d'or et témoigne sa
reconnaissance à nos atnés.
Le Président: Y a-t-il consentement à la discussion
d'une telle motion?
M. Bédard: II y a consentement, M. le
Président.
Le Président: II y a consentement. Mme la
députée de Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. C'est avec
plaisir qu'au nom de ma formation politique, je tiens à souligner comme
il se doit la Semaine de l'âge d'or au Québec.
On n'a plus à faire la démonstration de l'importance que
prennent pour notre société les milliers de personnes, hommes et
femmes, composant le groupe des personnes âgées.
Représentant près de 10 % de notre population, ces personnes
occupent une place importante au Québec. Tous les spécialistes
démographiques s'entendent pour dire que le phénomène du
vieillissement au Québec est inscrit dans la nature des choses. Ainsi,
on ne peut que s'attendre que la place qu'occuperont les personnes
âgées dans les prochaines années ira en s'accroissant.
Le phénomène du vieillissement fait d'ailleurs l'objet de
beaucoup de commentaires et de mentions de toutes sortes. Le gouvernement du
Québec consacrait même, il y a quelques semaines, quelques
dizaines de pages dans un document pour nous dire qu'il constatait que le
nombre de personnes âgées, aujourd'hui, était plus
élevé que celui d'hier et qu'il le serait encore plus demain.
Mais, au-delà de ces chiffres sur lesquels tout le monde
s'entend, il existe un certain nombre de choses sur lesquelles on s'interroge
et d'autres auxquelles on s'intéresse beaucoup moins. Il s'agit de tout
ce qui fait la réalité d'être et de vivre des personnes
âgées du Québec. Il s'agit des conditions
économiques et de la santé des hommes et des femmes
âgés au Québec.
S'il y a un constat à faire à l'occasion de cette semaine
des personnes âgées au Québec, c'est combien nous n'avons
pas réussi comme société à donner à nos
aînés la place et le contexte humain qu'ils méritent. Au
niveau économique, encore trop de personnes âgées vivent
sous le seuil de la pauvreté. Qu'elles soient seules ou en couples, ces
personnes ne peuvent souvent compter que sur des revenus trop insuffisants pour
leur assurer une qualité d'existence minimale. Sur le plan de la
santé, malgré les sommes importantes que nous y consacrons,
nous n'avons pas trouvé les moyens matériels et humains
d'ajuster nos services de santé et sociaux aux réalités du
vieillissement au Québec. Les estimations existantes indiquent que, sans
songer à l'avenir, au seul titre de répondre aux besoins actuels
de nos aînés, il faudrait ajouter quelque 200 000 000 $ aux
services actuellement donnés aux personnes âgées du
Québec. Le nombre de services gériatriques demeure insuffisant et
même notre médecine tarde à s'ajuster aux besoins des
personnes âgées. Davantage de professionnels formés pour
intervenir dans ce champ, plus d'équipes multidisciplinaires, des soins
a domicile mieux ajustés aux besoins et une façon de concevoir le
vieillissement plus moderne, voilà ce que cela prendrait pour assumer
nos responsabilités vis-à-vis de nos aînés et ainsi
mettre fin à des situations humaines et sociales inacceptables.
En terminant, j'aimerais souligner le travail de ceux et celles qui,
dans divers organismes et dans le réseau des affaires sociales,
travaillent sans relâche aux mieux-être de nos aînés.
Je les encourage à poursuivre leur travail. J'en profite aussi pour
souhaiter aux personnes âgées du Québec une semaine
fructueuse d'activités et surtout leur souhaiter que le gouvernement
passe des études aux actions. D'ailleurs, nos aînés exigent
peu, seulement le respect de leurs conditions économiques et de petites
choses comme la traduction en anglais du Guide des aînés. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre
responsable des Relations avec les citoyens.
M. Élie Fallu
M. Fallu: M. le Président, je voudrais m'associer à
ma collègue de Mégantic-Compton sur la motion relative à
cette semaine des aînés, la Semaine de l'âge d'or, mais dans
sa formulation simplement et non pas, vous le comprendrez, dans l'ensemble des
remarques qu'elle a pu formuler. C'est un peu désagréable d'avoir
à le faire de cette façon car, sans doute, une telle motion
n'amène pas de débat en cette Chambre. Nous trouvons
habituellement moyen de les formuler dans des termes qui permettent de parler
de ce qui nous rassemble plus que de ce qui nous divise. Je renverrai
d'ailleurs la députée de Mégantic-Compton - ce sera ma
seule remarque désagréable, mais je me dois de la faire -
à l'époque antérieure à celle du gouvernement du
Parti québécois en ce qui a trait à l'ensemble des
services et à la prévoyance de l'ancien gouvernement. Et, bilan
pour bilan, elle verra ce que je veux dire.
Cela dit, je pense que, néanmoins, la motion d'aujourd'hui a un
caractère d'un autre ordre. Je suis heureux d'associer le gouvernement
et notre parti, le parti ministériel, à cette motion sur la
Semaine de l'âge d'or. Permettez-moi, M. le Président, de lancer
un et un seul message. Nous sommes en cette Année internationale de la
jeunesse, constatant à quel point notre société
québécoise s'est, depuis malheureusement trop d'années,
désarticulée sur le plan social, désarticulée
également en conséquence sur le plan culturel.
L'éloignement des jeunes de nos aînés et
réciproquement, le démantèlement physique des familles ont
fait qu'il faudra - je demande à l'âge d'or de tendre la main
à la jeunesse cette année -réapprendre à vivre dans
notre société car nous l'avons littéralement
brisée.
Nous avons brisé le témoignage de la continuité
d'une société. Nous avons dit en d'autres temps, d'autres lieux,
comment nous avions également brisé nos rapports avec notre
histoire. Davantage nous avons brisé nos rapports dans notre
société avec notre histoire immédiate, ceux de la
mémoire que normalement tout être humain doit avoir, ceux de son
père et de son grand-père. Nous avons brisé notre
société.
Si on pouvait, à l'occasion de cette Année internationale
de la jeunesse, créer quelques ponts, quelques liens pour que jeunes et
aînés puissent trouver l'occasion de se rencontrer, les
créer puisqu'ils n'existent que très peu. Et au-delà de
cette création momentanée, que nous soyons amenés, comme
société, à réfléchir sur l'organisation des
rapports entre jeunes et vieux dans notre société.
Là je rejoins l'invitation de Mme la députée de
Mégantic-Compton par une autre approche, que cette réflexion nous
amène à revoir, je dirai nos modes de gestion de la vieillesse au
Québec pour que nous réhumanisions cette proximité des
gens, pour que nous cessions de "parker" nos vieux dans des centres d'accueil
et malheureusement aussi dans ce qui semble à première vue la
dignité mais qui n'en est pas vraiment totalement, dans des HLM - je dis
le mot "vieux" de façon affectueuse - pour que nous recréions
dans la famille les conditions de vieillissement dans la dignité, dans
la proximité des générations.
Pour cela il faudra une réflexion globale de
société mais aussi une réflexion profonde sur le plan
économique, sur le plan de la réorganisation de nos maisons, sur
le plan de la réorganisation de la fiscalité. De la même
façon ce serait l'occasion de réfléchir à
l'organisation et, je le dirai dans des mots qui conviennent à notre
époque -on appelle cela de la prévention, M. le
Président.
Que ce soit également l'occasion de réfléchir
à l'accueil, au sens technocratique du terme, que nous faisons à
nos personnes âgées pour que nous cessions de déstructurer
notre société, que nous cessions d'enlever nos
personnes âgées de notre vie quotidienne.
Que l'Année internationale de la jeunesse soit pour nous,
notamment en cette Semaine de l'âge d'or, l'occasion d'une
réflexion profonde sur nos relations dans la société et
sur nos modes d'action, de relations interpersonnelles, économiques et
sociales, que nous revoyions nos mentalités, notre façon
d'être et, je crois, tant pour le mieux-être de nos personnes
âgées elles-mêmes, en termes de dignité, d'un part,
qu'également au profit d'une jeunesse qui n'a plus de vision d'aucun
passé si ce n'est le sien, c'est-à-dire extrêmement
limitée. Merci, M. le Président. (15 h 50)
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il me fait
plaisir de m'associer à ma collègue de Mégantic-Compton
pour souligner la Semaine de l'âge d'or. Évidemment, tous les ans,
nous nous levons, en cette Chambre, pour souligner cette Semaine de l'âge
d'or, mais encore faudrait-il que les bons sentiments que nous exprimons
à l'occasion de cette semaine particulière nous les vivions tous
les jours, nous les vivions dans nos relations avec nos aînés.
Malheureusement, cela fait trop souvent défaut.
Je voudrais profiter de cette occasion pour souligner une seule
dimension des problèmes auxquels sont exposés nos
aînés. Je fais allusion à la violence. On sait que la
violence est de plus en plus partie de notre vie quotidienne, mais ce que,
parfois, nous ne réalisons pas, c'est que, souvent, nous-mêmes
dans nos attitudes sommes à la source de cette violence. Il peut y avoir
une violence très agressive, mais il peut y avoir aussi une violence
beaucoup plus subtile, comme ce rejet de nos aînés par les
enfants, cette précipitation souvent non justifiée de placer nos
personnes aînées ou de les mettre à l'écart.
Il y a, évidemment, d'autres manifestations beaucoup plus
pénibles de la violence qui sont celles des foyers clandestins auxquels,
comme société, nous ne semblons pas capables de trouver de
solution. Il semble bien que les gouvernements, quels qu'ils soient, devant le
manque de ressources, doivent se taire et fermer les yeux devant ce qu'on
qualifie de foyers clandestins, dont un grand nombre ne respectent plus les
personnes âgées et même abusent d'elles.
Dans ce sens-là, je pense que nous devrions, étant
responsables du bien-être de nos concitoyens du Québec, nous
pencher sur ce problème particulier de la violence à l'endroit
des personnes âgées. On sait que, dans certains États des
États-Unis et dans certains pays, on a pris des mesures plus
concrètes pour tenter de contrer ce problème. Je ne
suggère pas que nous ayons une loi de la protection des personnes
âgées comme nous avons une loi de la protection de la jeunesse,
mais encore faudrait-il que, sérieusement, nous posions des gestes pour
s'assurer que nos personnes âgées ne soient pas violentées
et que les conditions de vie que nous créons pour elles soient les plus
satisfaisantes possible.
Un autre aspect sur lequel je voudrais attirer l'attention, c'est cette
propension de tout le monde, de tous ceux qui ne font pas encore partie de ce
qu'on appelle les aînés ou qui n'ont pas atteint l'âge de 65
ans, à déterminer pour les personnes âgées ce qui
leur apparaît le meilleur pour elles. Cela part de bonnes intentions dans
bien des cas, M. le Président, mais c'est encore une autre façon
beaucoup plus voilée d'imposer nos idées, nos valeurs, notre
façon de concevoir la vie, aux personnes âgées. Je vous
donne un exemple. Cela semble un détail, mais je m'étonne
toujours quand je vais dans un foyer d'accueil, même dans un
hôpital ou dans une institution où des personnes
âgées sont hébergées et que, tout à coup, on
les appelle par leur prénom et qu'on les tutoie, ce qui, je pense, n'est
pas une façon de vivre à laquelle ces personnes ont
été habituées. Selon moi, c'est là aussi un manque
de respect et une certaine forme d'imposition de valeurs qui ne sont pas celles
des personnes âgées. On devrait s'efforcer de laisser le plus
d'initiative possible à nos aînés et arrêter de tout
planifier et, comme nous le faisons d'une certaine façon aujourd'hui -
cela peut sembler assez ironique - de les marginaliser continuellement. Dans ce
sens, je rejoins la préoccupation du député de Groulx qui
insistait sur la nécessité d'une meilleure communication entre
les plus jeunes et les aînés.
Nous n'arriverons jamais à trouver les solutions qu'il faut pour
nos personnes âgées si nous ne commençons pas - je l'ai
déjà dit en cette Chambre - dès l'école à
habituer les jeunes, à initier les jeunes au fait que la vie est un
processus qui se déroule de l'enfance jusqu'à la vieillesse et
que toutes ces étapes de la vie doivent s'intégrer, s'imbriquer
les unes dans les autres et qu'on n'est pas si différent que cela parce
qu'on est jeune ou qu'on est plus âgé.
Cette tendance à vouloir accentuer les barrières entre les
groupes d'âges est aussi accentuée par les problèmes
économiques que nous rencontrons aujourd'hui. Si bien que les jeunes -
et je reconnais leur légitime ambition de vouloir travailler, de vouloir
avoir une place au soleil - ont peut-être aussi une certaine tendance
à vouloir faire vieillir leurs aînés encore plus rapidement
qu'il n'est nécessaire. Si bien qu'aujourd'hui, même pas à
l'extrémité mais au milieu, vers
45 ans, les gens sont presque obligés de se considérer
comme des personnes à leur retraite parce qu'il n'y a plus de
possibilité pour eux, s'ils ont perdu leur emploi, de se retrouver une
place au soleil.
Enfin, je pense qu'il faut dire que nous ne réussirons, comme
société, à véritablement respecter nos personnes
âgées, à leur donner la place qui leur revient, que dans la
mesure où, tout au cours du déroulement de notre vie comme
individus, nous aurons été capables d'intégrer les valeurs
qui sont représentées à chacune des étapes de la
vie et, plus particulièrement, à cette étape qu'on appelle
l'âge d'or et que, même les gens de l'âge d'or, remettent de
plus en plus en question puisque, pour eux, ceci les met parfois dans une
catégorie à part et qu'ils souhaiteraient être beaucoup
moins marginalisés que nous ne le faisons présentement dans notre
société. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Merci, M. le Président. En cette Semaine de
l'âge d'or, je voudrais présenter à tous ces gens ce qui
est le plus facile à présenter: Ce qu'on demande dans le
troisième âge d'aujourd'hui, c'est un petit peu d'amour, un petit
peu de reconnaissance, un petit peu de compréhension et d'écoute
envers les gens du troisième âge. Malheureusement, la
société, aujourd'hui, veut vivre en individualiste souventefois
et laisse les gens du troisième âge un petit peu de
côté pour ses affaires personnelles.
Tel que le disait tout à l'heure Mme la députée de
L'Acadie, on retrouve des personnes âgées dans des centres
d'accueil où plusieurs d'entre elles ne reçoivent à peu
près pas de visite, où 50 %, malheureusement, ne reçoivent
pas de visite. Souventefois, la parenté les a lâchées, ne
les visite plus. Cela fait mal au coeur lorsqu'on pense à tout cela. Il
y a aussi des choses dans notre société, comme organisme public,
où on se sert de la personne âgée un peu comme un outil de
propagande. C'est malheureux aussi parce qu'elles méritent mieux que
cela, parce qu'elles ont participé à une vie complète. Si
on est là aujourd'hui, ce sont elles qui nous ont amenés
où nous sommes. On devrait avoir un petit peu plus de respect. (16
heures)
Lorsqu'on prend un organisme public... J'en nomme ici parce qu'on
pourrait s'en inspirer un petit peu dans le Québec et essayer de donner
une leçon à un organisme tel que la Commission des écoles
catholiques de Montréal pour un geste qu'elle vient de poser. 500
personnes âgées ont occupé, pendant dix ans, un local, une
ancienne rési- dence près d'une école, où elles se
sont fait un chez-elles. Dix ans qu'elles font de petits travaux, jouent aux
cartes, elles font du macramé, elles se donnent des cours. Dix ans
après, on décide de les renvoyer pour une autre utilité
qu'ils ont découverte à cette résidence. Quand on sait
que, dans une commission scolaire de Montréal, on a près de 250
établissements qui ont été fermés, on a choisi
d'évincer justement 500 personnes âgées qui payaient un
petit loyer. Qu'est-ce que pense cette société dite moderne,
à ce moment, de la CECM, qui ne veut pas au moins changer d'attitude
vis-à-vis de ces personnes, par respect pour ces gens?
C'est eux qui ont payé ces écoles et ces
résidences. Aujourd'hui, ils les veulent. Ils veulent un petit coin
justement pour pouvoir se rencontrer. On les foute dehors comme si
c'était n'importe qui.
Il y a un autre domaine. Le gouvernement a beau avoir multiplié
les logements pour personnes âgées... Dieu sait, ce que, depuis
1976, le gouvernement du Québec a fait en matière de logements.
Dieu sait aussi qu'en plus des médicaments gratuits, des ambulances, ce
qu'ils n'avaient pas avant, grâce à un régime d'impôt
abaissé, on paie beaucoup moins d'impôt chez les personnes
âgées par rapport à ce qu'on payait avant. Il y a aussi
l'indexation des pensions, des régimes d'assurance, jusqu'à un
remboursement d'impôt foncier. Parlons aussi d'un supplément
à leur logis qu'ils paient aujourd'hui. Ce n'est pas tout. C'est beau ce
qu'un gouvernement fait là. Je pense qu'on a fait plus que n'importe
quel gouvernement dans l'histoire du Québec dans la reconnaissance des
droits et du bien-être de ces personnes.
Il reste un domaine où le gouvernement devra se mettre le nez
aussi, si on veut une protection complète des personnes
âgées. C'est dans le domaine des résidences privées
où vivent 200, 300, 400 personnes du troisième âge. On
construit ces beaux buildings. On invite les personnes du troisième
âge à y habiter avec un attrait soit dans le prix du logement,
soit dans les services, mais, après qu'elles sont rendues sur place, par
exemple, qu'est-ce qu'on fait? On sait que ce sont des gens sans
défense. Dès l'année suivante, on leur impose des
augmentations de loyer de 25 $, 30 $, 40 $ par mois. La personne
âgée est encore prise, à ce moment, vis-à-vis de ces
requins. Je les appelle des requins parce qu'eux autres n'ont pas de conscience
sociale. Eux autres n'ont pas de conscience pour les personnes
âgées.
Je voudrais que, durant cette semaine, chacun de ces promoteurs, ou
chacun qui se veut à la défense de ces personnes
âgées, fasse un examen de conscience et qu'il dise une fois pour
toutes, il n'y a pas seulement une semaine dans l'année qu'on doit
respecter le troisième âge, c'est toute
l'année jusqu'à la fin de nos jours. Merci.
M. Guy Pratt M. Pratt: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Marie-Victorin.
M. Pratt: Je serai bref, mais je veux m'associer à cette
motion pour souligner la Semaine de l'âge d'or. Je remarque que nous
avons au Québec, grâce à la Fédération de
l'âge d'or, des groupements un peu partout dans nos municipalités,
dans nos régions, qui regroupent des gens qui, quoique avancés en
âge, veulent à la fois être actifs et utiles. Il faut
considérer le vieillissement non pas comme une maladie, comme un mal
inéluctable qui doit nous affliger, mais comme une période de vie
où on peut encore vivre, et vivre intensément. Je pense qu'il y a
eu un changement de mentalité depuis une vingtaine d'années et
qu'on réagit favorablement à ce phénomène de
vieillissement en acceptant de travailler, en acceptant de se grouper et de
faire des choses ensemble.
Je salue avec grand plaisir la présence dans mon comté de
Marie-Victorin de trois clubs de l'âge d'or que je visite assez
fréquemment et je vois le dynamisme qu'il y a chez les membres de ces
associations. Je les vois ensemble discuter de projets, de problèmes et
prendre en main justement l'organisation de leurs loisirs. Ils savent aussi se
rendre utiles dans leur milieu. Je trouve que cette façon d'envisager le
vieillissement, c'est une approche vraiment positive. C'est pour cela que je
salue grandement en cette Semaine de l'âge d'or, d'abord la
fédération provinciale qui regroupe bon nombre de ces
associations locales ou régionales. Je tiens à saluer d'une
façon particulière les clubs de l'âge d'or qu'il y a dans
la région de Longueuil et de la rive sud et je les incite à
continuer dans ce sens à promouvoir justement les intérêts
des gens du troisième âge en leur procurant soit du
côté des loisirs, soit par diverses occupations,
l'opportunité justement de travailler ensemble, de collaborer et
d'être ce qu'ils ont été, des membres utiles et actifs dans
notre société.
Je me répète, je salue avec grand plaisir ce tournant dans
les mentalités que nous observons aujourd'hui. À la
Fédération de l'âge d'or et à tous les groupes du
Québec, je leur dis: Continuez dans cette ligne, vous avez bien
mérité de vivre cette période de votre vie dans le respect
des générations. Nous devons, nous, comme gouvernement, comme
membres de l'Assemblée nationale, faire tous les efforts pour vous
accorder ce que nous pouvons afin de rendre ces jours heureux. Merci.
M. de BeUefeuiUe: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Pierre de Bellefeuille
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Lundi dernier,
j'ai eu le plaisir de participer, à Saint-Eustache, à
l'inauguration chez nous de la semaine de l'âge d'or. Je pense, comme
vous et comme tous mes collègues, que les clubs de l'âge d'or
comptent parmi les groupes dans nos comtés respectifs avec lesquels nous
avons les rapports les plus fréquents, les plus suivis et les plus
chaleureux.
On peut constater, M. le Président, que les personnes du
troisième âge sont celles qui, dans notre société,
ont le mieux su organiser leurs loisirs. Il y a pour les gens de l'âge
d'or des loisirs de tous ordres, y compris des loisirs touristiques, culturels
et bien d'autres formes de loisirs dont on ne trouve pas l'équivalent
pour les autres catégories d'âge dans notre population. Cela,
grâce aux personnes de l'âge d'or elles-mêmes qui ont su se
donner les organisations voulues.
Le député de Marie-Victorin vient de parler d'un tournant
des mentalités. Cela m'a fait songer que, même si les personnes de
l'âge d'or ne sont pas nécessairement des révolutionnaires,
ce ne sont pas nécessairement les personnes de l'âge d'or qui vont
réclamer les solutions les plus radicales à nos problèmes,
il y a quand même une évolution des mentalités qu'on peut
noter. Par exemple, dans le fait qu'à ses dernières
élections, la Fédération des clubs de l'âge d'or a
choisi non pas un président, mais une présidente. Alors, la cause
de la condition féminine fait ses progrès là aussi. Les
personnes âgées ont su manifester la capacité qu'elles ont
de s'adapter à cette nouvelle mentalité qui fait que, de plus en
plus, nous confions des responsabilités aux femmes, selon leurs
mérites qui sont évidemment aussi grands que ceux que les hommes
peuvent avoir.
Mais en pensant aux personnes âgées, M. le
Président, il faut voir non seulement celles qui ont su s'organiser en
clubs et qui ont beaucoup d'activités auxquelles elles peuvent
participer, il faut songer aussi aux personnes âgées qui,
malheureusement, sont incapables de participer à ce genre
d'activités. Et ces personnes âgées représentent une
forte proportion parmi ce groupe d'âge de celles qui, pour des raisons de
santé ou des raisons de pauvreté, sont incapables de sortir de
chez elles ou de le faire fréquemment. Il y a malheureusement une forte
proportion de personnes âgées qui sont clouées chez elles.
Il faut penser à celles-là aussi, M. le Président, quand
nous
pensons à ce groupe dans notre société. (16 h
10)
Mme la députée de Mégantic-Compton, qui a eu
l'excellente idée de présenter cette motion, a fait mention du
fait que la pauvreté frappe durement les personnes âgées.
C'est une pénible réalité. Il y a deux groupes d'âge
dans notre société qui sont particulièrement
frappés par la pauvreté, qui est un phénomène
croissant. Il y a de plus en plus de pauvres au Québec et c'est une
pauvreté qui frappe de plus en plus les femmes, en particulier, mais les
deux groupes d'âge qui sont les plus frappés par la
pauvreté, ce sont les plus de 65 ans et les 30 ans et moins. Je ne
m'étendrai pas sur le sujet des 30 ans et moins parce que ce n'est pas
l'objet de la motion, mais il y a des raisons a cela. Les personnes de moins de
30 ans n'ont pas les mêmes compensations si elles sont privées de
revenus autonomes, mais les personnes âgées de 65 ans et plus qui
sont dans la pauvreté et qui sont clouées chez elles, c'est
surtout à elles, je crois, qu'il faut que nous pensions aujourd'hui,
alors que nous marquons cette Semaine de l'âge d'or.
Je ne veux pas faire ce qu'on pourrait appeler de la politicaillerie et
chicaner le gouvernement, mais je voudrais mentionner en passant, malgré
tout, que cette toute nouvelle taxe que le gouvernement a inventée,
cette taxe de 9 % sur les primes d'assurance, c'est malheureusement une taxe
qui, dans beaucoup de cas, va peser plus lourdement sur les personnes
âgées que sur les autres, pour des raisons tout à fait
évidentes. Quand des personnes âgées prennent des
assurances particulières à cause de leur état ou qu'elles
prennent de l'assurance à cause de leur âge, elles vont payer des
primes plus élevées et cette surprime est elle-même
taxée de 9 %. Je signale la chose pour montrer que lorsque nous
légiférons comme parlementaires, nous devons penser non seulement
à des statistiques et à des données froides, mais qu'il
faut penser aux réalités humaines qu'il y a derrière ces
statistiques. Nous pouvons parfois adopter des lois qui peuvent paraître
avoir du bon sens, mais avant de les adopter, il faut s'interroger sur les
implications que chacune de ces lois a en particulier pour les personnes dans
notre société qui sont clouées chez elles par la maladie,
qui sont frappées par un âge très avancé et
éviter de légiférer de façon à
accroître les désavantages dont elles sont victimes.
Par conséquent, il est bon, M. le Président, que le
gouvernement et l'Assemblée nationale prennent pleinement conscience
aujourd'hui de toutes les réalités de l'âge d'or, des
réalités complexes de l'âge d'or qui représente,
comme l'expression le dit, un âge d'or, mais qui représente aussi
à certains égards, malheureusement, un âge très dur.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Rousseau.
M. René Blouin
M. Blouin: Oui, M. le Président, très rapidement,
en une minute ou deux, je voudrais m'associer à cette motion qui
souligne la contribution des personnes âgées à notre
société. Ce qui me déplaît un peu, c'est qu'on
associe trop souvent - je l'ai malheureusement encore entendu de la part d'un
certain nombre de mes collègues - les personnes âgées au
misérabilisme, aux difficultés et au malheur. Je ne suis pas
d'accord avec cette perception des choses. Bien sûr, les personnes
âgées, comme toutes les catégories de citoyens, ont, pour
certaines d'entre elles, des difficultés, mais la majorité
d'entre elles sont relativement satisfaites de leur situation et elles sont
heureuses. C'est tout frais, cette impression que j'ai parce que je viens juste
de quitter un groupe d'une cinquantaine de personnes du troisième
âge de ma circonscription, qui sont venues faire un petit tour à
Québec pour visiter l'Assemblée nationale. J'ai eu l'occasion de
les rencontrer et de discuter avec elles pendant près d'une heure et je
n'ai pas cette impression de misérabilisme qui se dégage d'un
trop grand nombre d'interventions cet après-midi. Elles m'ont justement
indiqué tout à l'heure qu'elles considéraient que la
situation des personnes âgées, que la qualité de vie des
personnes âgées s'était grandement améliorée
au Québec depuis dix, quinze et vingt ans et qu'elles
considèrent, justement, qu'il est de plus en plus agréable
d'aborder cette section de notre vie alors qu'antérieurement, il
était plus difficile de manoeuvrer pendant ces années de
retraite. Je peux rassurer le député de Deux-Montagnes parce que
j'ai discuté de cela avec elles tout à l'heure. Nous avons
parlé effectivement du dernier budget, nous avons parlé de cette
taxe sur les assurances et nous avons parlé, aussi - ce qui leur a fait
bien plaisir - des exemptions de base qui sont prévues dans ce
même budget. Ils ont réalisé, ces couples de personnes
âgées sans enfant, ou ces personnes seules, sans enfant, que le
budget, tenant compte de la taxe sur les assurances et des exemptions de base,
leur mettait plus d'argent dans leurs poches qu'ils n'en avaient avant. C'est
ce que nous avons constaté et je le leur ai fait réaliser, budget
en main.
Quant à moi, je ne m'apitoierai pas sur le pauvre sort des
personnes âgées. Au contraire, chaque fois que je rencontre un
groupe de personnes âgées, c'est une injection de
vitalité...
M. Garon: De sérénité.
M. Blouin: ...et de sérénité, effectivement,
comme le dit le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, que je ressens. Si leur situation s'est
améliorée, particulièrement depuis une dizaine
d'années au Québec - et, particulièrement depuis 1976, il
faut bien le dire - c'est peut-être en partie grâce au
gouvernement, bien sûr, mais je crois que c'est en grande partie à
cause des personnes âgées elles-mêmes qui ont cessé
de s'apitoyer sur leur sort, qui se sont regroupées en associations, qui
ont fait des revendications auprès du gouvernement, auprès des
autorités et qui ont elles-mêmes gagné des points
très importants qui améliorent leur qualité de vie. Je
crois que c'est ce dynamisme des personnes âgées, ce plaisir de
vivre et cette vitalité que nous devons souligner aujourd'hui. Je me
joins à tous mes collègues pour leur souhaiter une excellente
Semaine de l'âge d'or.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: M. le Président, il me fait plaisir de
m'associer à cette motion parce qu'il est important - et je crois que
nous faisons l'unanimité en cette Chambre - de souligner l'apport de
ceux qui font partie de ce groupe de l'âge d'or et qui nous ont tant
aidés par le passé.
Bien sûr, il est facile, comme le député de Bourassa
l'a dit, d'exprimer notre amour et notre reconnaissance. Mais lorsqu'on analyse
la réalité de ce groupe de l'âge d'or, on s'aperçoit
que cette réalité est bien différente. J'écoutais
en particulier le député de Rousseau qui nous faisait part de sa
rencontre avec un groupe. Je suis fort aise de constater que le groupe du
comté de Rousseau qu'il a rencontré était composé
de gens très à l'aise et qui, semble-t-il, n'avaient pas de
difficultés financières. Ce que j'aimerais lui dire, c'est que la
réalité est très variée et très changeante
au Québec.
M. Bédard: Question de règlement, M. le
Président.
M. Fortier: M. le Président, c'est moi qui ai la
parole.
Le Vice-Président (M. Brouillet):
Excusez-moi. Il y a une question de règlement. Nous allons voir
ce qu'il en est. M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Le député a dit que le groupe que
le député de Rousseau avait rencontré n'avait pas de
difficultés financières ou était un groupe très
aisé. Ce n'est pas le cas.
M. Ciaccia: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement. Si c'est l'opinion du leader parlementaire...
Le Vice-Président (M. Brouillet):
Écoutez. Un instant, s'il vous plaît! M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: M. le Président, je n'étais pas
exactement d'accord avec tout ce qui a été dit, mais j'ai
écouté patiemment. Je suis le dernier à prendre la parole
et j'aimerais bien que le leader parlementaire me permette de dire en cette
Chambre ce que j'ai à dire.
Ce que je voulais exprimer, c'est que la réalité des gens
de l'âge d'or varie beaucoup au Québec. Ce serait fausser la
réalité que de partir de statistiques, comme le disait le
député de Deux-Montagnes, ou de partir d'un groupe qu'on peut
rencontrer à l'occasion et de conclure à partir de cela. Je vais
vous donner un exemple. Vous savez, pour ne citer qu'une statistique, que la
moyenne de ce groupe qu'on appelle l'âge d'or a augmenté de
beaucoup depuis 20 ou 25 ans. Cela est dû à deux facteurs: d'une
part, à la baisse de la natalité et, d'autre part, au fait que
les gens âgés vivent de plus en plus vieux. Cela fait qu'au
Québec, en moyenne, il y a présentement 8,5 % de la population
qui sont des gens âgés de plus de 65 ans. C'est le recensement de
1981 qui nous le dit.
Ce que j'aimerais souligner - je crois que c'est le cas également
pour le député de Mont-Royal - c'est que, dans l'ouest de la
ville de Montréal, ce qu'on ne sait pas assez et j'aimerais le souligner
aujourd'hui, dans le comté d'Outremont et dans le comté de
Mont-Royal, dans le quartier qu'on appelle Côte-des-Neiges, il y a, dans
cette partie de Montréal, une concentration de personnes
âgées qui est deux fois plus grande que la moyenne
québécoise. De fait, je vous dirai que, pour le comté
d'Outremont, il s'agit de 17,5 % de la population qui est âgée de
plus de 65 ans. Lorsqu'on regarde Côte-des-Neiges, c'est 18,4 %. C'est
donc dire que ce chiffre exprime une réalité différente.
Si la moyenne n'est que de 8 % ou 9 %, on peut recontrer dans certaines parties
de la ville de Montréal en particulier, dans l'ouest de mon comté
et dans l'ouest du comté de Mont-Royal, dans le secteur de
Côte-des-Neiges, des concentrations extrêmement fortes de personnes
âgées.
Je voulais indiquer que je diffère d'opinion avec mon
collègue, le député de Rousseau. Lorsqu'on étudie
les statistiques et qu'on regarde les revenus des gens dans ces concentrations,
on s'aperçoit qu'ils ont des revenus moyens inférieurs à
la moyenne québécoise. Donc, concentrations
extrêmement importantes, plus que la moyenne
québécoise, et moyenne de revenus inférieure à la
moyenne du Québec. C'est donc dire que, dans un comté comme le
mien, qui a la réputation d'avoir des gens à revenus
élevés, on peut connaître des réalités
très différentes dans diverses parties du comté. (16 h
20)
Mon plaidoyer cet après-midi est un appel au gouvernement pour
qu'il ne juge pas les problèmes des personnes âgées
à partir de moyennes québécoises, à partir de
moyennes nationales, de moyennes provinciales. Dernièrement, une
consultation a été faite par le ministre de l'Habitation, et un
groupe de l'ouest de Montréal, en particulier, faisait des
revendications disant que la politique de l'habitation proposée par le
gouvernement ne prenait pas en considération le coût du logement
dans l'ouest de Montréal et ne tenait pas compte des revenus de ces
gens. C'est donc un appel que je fais au gouvernement. Ces gens de l'âge
d'or, dont on veut souligner la contribution aujourd'hui, connaissent des
problèmes très aigus dans certaines parties du Québec et
dans l'ouest de Montréal en particulier, du moins dans l'ouest de mon
comté et même dans la ville d'Outremont où il y a
également des concentrations de gens qui n'ont pas tous des revenus
très élevés et qui ont des difficultés.
L'appel que je lance au gouvernement est celui-ci: Lorsqu'il propose des
politiques d'ensemble, lorsqu'il propose des politiques d'habitation, lorsqu'il
met au point des politiques d'aide à domicile, qu'il tienne compte du
fait qu'il y a de grandes disparités dans les revenus, qu'il y a des
concentrations importantes dans l'ouest de mon comté et dans l'ouest de
Montréal. Je suis sûr que, dans d'autres parties de
Montréal, ce peut être également la réalité.
On ne devrait pas juger, comme peut-être les fonctionnaires le font trop
souvent, à partir de statistiques nationales qui ne veulent absolument
rien dire. C'est donc l'appel que je fais. Je voulais m'inscrire en faux contre
ce que le député de Rousseau disait, que d'une façon
générale ces gens avaient peu de problèmes.
Dans mon comté, bien sûr, il y a des gens de l'âge
d'or qui sont bien nantis mais il y a aussi, dans plusieurs parties de nos
comtés, des gens à faible revenu, des gens qui ont des
problèmes de logement, des gens qui ne reçoivent pas l'aide
à domicile qu'ils devraient recevoir. C'est donc l'appel que je fais au
gouvernement, de prendre ces disparités en considération
lorsqu'il met au point des politiques gouvernementales.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je voudrais me joindre
à mes collègues pour m'associer à cette motion de la
députée de Mégantic-Compton afin de rendre hommage
à ce groupe de citoyens qui mérite certainement notre appui et,
surtout, notre reconnaissance. Dans mon comté, comme dans les
comtés, je présume, de tous mes collègues, il y a des
groupes de personnes de l'âge d'or qui se réunissent, qui
demandent notre appui et que nous fréquentons, que nous allons voir. Ce
qui me frappe, quand je rencontre ces groupes dans mon comté, c'est que
parfois, plutôt que d'avoir besoin de mon encouragement, ce sont eux qui
m'encouragent à continuer à oeuvrer pour le comté. Ils ont
une approche très positive. Cela ne change pas le fait que plusieurs
parmi eux ont des besoins très évidents. Trop souvent dans nos
lois, dans nos politiques et dans notre approche on oublie ce secteur de la
population. Nous déposons, débattons et adoptons des projets de
loi ici à l'Assemblée nationale mais nous oublions souvent qu'il
y a une couche de la population, les personnes de l'âge d'or, qui sera
affectée par ces lois. Peut-être que les conséquences
seront différentes pour elles. Après tous les sacrifices qu'elles
ont faits, après toute la contribution qu'elles ont apportée
à notre société, c'est grâce à elles si nous
sommes ici. C'est peut-être élémentaire de le dire mais il
faut le dire, il faut avoir cette reconnaissance.
Dans nos débats, dans les lois particulières, que ce soit
dans les lois sur le transport, dans les lois concernant l'habitation et
particulièrement dans les budgets annuels du gouvernement nous devrions
apporter plus d'attention à ce groupe de notre société qui
mérite notre appui.
Ce n'est pas un problème nouveau. On peut lire les
écrivains, même jusqu'à l'empire romain. Quand on regarde
Cicéron, c'est vrai qu'il était orateur et politicien mais il
était auteur aussi. Il écrivait sur les problèmes des
personnes de l'âge d'or, les personnes figées. Il était
d'avis que ces personnes peuvent apporter une contribution considérable
à la société du temps et, je suis d'accord. Elles peuvent
l'apporter même à la société d'aujourd'hui si
seulement nous pouvions porter un peu plus d'attention à leurs besoins
et si nous étions plus reconnaissants pour ce qu'ils ont fait pour notre
société.
M. le Président, je veux m'associer aux propos de mes
collègues. Ce n'est pas exagéré d'avoir cette
reconnaissance spécifique au moins une semaine dans l'année, de
nous rappeler que ces gens ont besoin de nous comme nous avons besoin d'eux.
Nous avons besoin de leur expérience, nous avons besoin de leurs
conseils, de leur
sagesse et nous devrions être un peu plus reconnaissants dans nos
lois et porter un peu plus d'attention aux problèmes réels qu'ils
sont obligés de vivre.
En concluant je veux rendre hommage à ces personnes et les
assurer de notre dévouement et de notre appui pour ce qu'elles
représentent et pour les besoins réels qu'elles ont dans notre
société. Merci.
Le Vice-Président (M. BrouiUet): Mme la
députée de Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. Je remercie
mes collègues de s'être joints à moi pour souligner la
Semaine nationale de l'âge d'or du Québec. J'espère que le
gouvernement tiendra compte des revendications de mes collègues et qu'il
se penchera sur les problèmes que vivent nos aînés. Merci,
M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Brouillet): La motion de Mme la
députée est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté.
Nous abordons maintenant les avis touchant les travaux des
commissions.
M. le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bédard: M. le Président, en m'associant à
tous les hommages qui ont été rendus par mes collègues aux
personnes de l'âge d'or je voudrais maintenant donner les avis pour
aujourd'hui, pour mardi prochain de même que pour demain, vendredi.
À la salle 81, la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre poursuivra l'étude détaillée du projet de
loi 29, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique et diverses
dispositions législatives.
Je voudrais indiquer que cette commission siégera, si
nécessaire, demain, et donner également l'avis à savoir
qu'elle siège demain avant-midi, si nécessaire, de 10 heures
à 13 heures. (16 h 30)
De même, aujourd'hui, à la salle du Conseil
législatif, jusqu'à 18 heures et également de 20 heures
à 22 heures, la commission des affaires sociales poursuivra la
consultation particulière sur les deux sujets suivants: les horaires de
gardes supplémentaires effectuées par les médecins
résidents et internes ainsi que les unités d'enseignement
clinique, de même que la planification de la main-d'oeuvre
médicale.
Je voudrais donner avis pour que, mardi prochain, de 10 heures à
12 h 30, à la salle 81, la sous-commission des institutions poursuive
l'étude détaillée du projet de loi 20, Loi portant
réforme au Code civil du Québec du droit des personnes, des
successions et des biens.
Ce sont les avis que nous avons à donner pour le moment, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Broulllet): Merci. Je dois
également donner avis à cette Chambre que le jeudi 23 mai,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 18 heures et de
20 heures à 22 heures, se réunira, à la salle 91, la
commission des institutions pour la vérification des engagements
financiers.
Avis de débat de fin de séance
J'ai reçu une lettre demandant la tenue, ce soir, d'un
débat de fin de séance. Je dois en donner avis à cette
Chambre. Le député de Brome-Missisquoi m'a fait parvenir cette
lettre que je cite: "À la séance d'aujourd'hui, j'ai posé
au ministre des Affaires sociales une question portant sur l'annonce de la
fermeture, pour la saison estivale, de plus de 1000 lits d'hôpitaux dans
la région de Montréal. Puisque j'estime que ce sujet n'a pas
été suffisamment approfondi, je désire que l'étude
en soit poursuivie dans le cadre d'un débat de fin de séance.
Veuillez agréer, M. le Président, l'expression de mes sentiments
les meilleurs. Le député de Brome-Missisquoi."
J'avais entendu parler d'un deuxième débat. Est-ce que
c'est effectif? Est-ce que vous avez encore l'intention...
Une voix: Non.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Non. Ce sera donc le
seul débat de fin de séance ce soir.
Pour ce qui est de l'interpellation de la semaine prochaine, je crois
qu'il y a eu des pourparlers entre les deux leaders quant à la tenue de
cette interpellation.
Avis d'interpellation
M. Gratton: M. le Président, si vous me le permettez. En
effet, à l'article m du feuilleton d'aujourd'hui, il s'agit de
l'interpellation du député de Brome-Missisquoi au ministre des
Affaires sociales sur le sujet suivant: la diminution de la qualité et
de l'accessibilité des soins de santé sous le gouvernement du
Parti québécois. Après entente avec le bureau du leader du
gouvernement, cette interpellation aura lieu jeudi matin, de 10 heures à
midi, plutôt que vendredi, comme c'est habituellement le cas.
M. Bédard: Effectivement, M. le
Président, il y a consentement après avoir fait les
discussions nécessaires.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Très bien. Il y a
consentement pour que cette interpellation ait lieu jeudi prochain, de 10
heures à midi.
Aux affaires du jour, M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 12 du feuilleton. Il s'agit du projet de loi modifiant la
Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments.
Projet de loi 46
Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous allons entreprendre
le débat sur l'adoption du principe du projet de loi 46, Loi modifiant
la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments.
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le 24 janvier 1980, le secteur
des pêches maritimes était confié au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Le 19 décembre
1981, par le chapitre 29 des Lois de 1981, la Loi sur les produits agricoles et
les aliments était modifiée pour devenir la nouvelle Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments, prévoyant un
nouveau système de permis dans le secteur des produits marins et
abrogeant l'ancienne Loi sur la préparation des produits de la mer qui
contenait, à toutes fins utiles, deux articles, un article de fond et un
article de mise en vigueur. C'était la loi la plus courte de toute notre
législation.
Ce nouveau système de permis devait entrer en vigueur le 1er
janvier 1985 pour les établissements dont les exploitants étaient
titulaires de permis en 1981. La loi prévoyait également un
système de triage des produits marins en usine pour établir la
fraîcheur de la matière première reçue des
pêcheurs.
Le 1er novembre 1983, le Conseil des ministres adoptait un décret
afin d'attester spécifiquement qu'à compter du 1er avril 1984 les
fonctionnaires du gouvernement du Canada n'avaient plus aucun mandat
d'appliquer le régime québécois d'inspection du poisson et
qu'à l'avenir le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation nommerait ses propres inspecteurs pour appliquer dans le champ
de la compétence constitutionnelle du Québec la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments.
Le 22 décembre 1983, cette loi était modifiée pour
réaffirmer la compétence du Québec dans le domaine de la
qualité des aliments et pour remplacer la notion d'usines par celle plus
large d'établissements afin de visiter tous les endroits où l'on
manipule des volumes importants de produits marins pour fins de vente en gros
sans qu'il ne s'agisse là d'usines au sens traditionnel.
Le 4 avril 1984, le gouvernement du Québec adoptait un
décret afin d'obliger les gens du secteur des pêches à
participer aux dépenses de triage des produits marins destinés
à l'usine et conjointement avec le gouvernement pour que chacun paie sa
part. Deux jours plus tard, le 6 avril 1984, un arrêté
ministériel sur le remboursement des dépenses de triage de
produits marins était adopté afin de partager également la
quote-part entre chacun des intervenants dans le secteur des pêches.
Le 17 avril 1984, l'Assemblée nationale modifiait de nouveau la
Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments afin de
donner aux exploitants qui avaient acquis les usines exploitées sous
permis en 1981 en vertu de l'ancienne loi le même délai que les
titulaires des anciens permis, soit jusqu'au 1er janvier 1985, pour obtenir le
permis prévu à la nouvelle loi.
M. le Président, on trouve aujourd'hui, au fond,
différentes situations qui se sont produites dans la vie juridique des
entreprises qui ont été assujetties à la nouvelle loi.
C'est pourquoi, aujourd'hui, il faut tenir compte de ces situations
particulières.
Voyons donc chacune d'elles pour expliquer ce qu'on trouve dans ce
projet de loi. Il y a d'abord la situation des exploitants qui n'ont pas encore
complété ou entrepris la normalisation de leurs
établissements. Malgré les délais accordés, compte
tenu des débuts lents de la reprise économique, on a connu des
taux d'intérêt faramineux au cours de la période 1981,
1982, 1983, de sorte que les gens n'ont pas pu faire, au cours de ces
années, des modernisations facilement parce que les taux
d'intérêt étaient très élevés. Le taux
officiel de la Banque du Canada était, à ce moment, à un
taux qu'on qualifiait autrefois d'usuraire et dont il fallait se confesser
devant le curé de la paroisse, autrefois, si on prêtait à
de tels taux. C'était devenu le taux officiel de la Banque du Canada
sous la direction d'un premier ministre millionnaire, le premier ministre
Trudeau, qui n'avait pas ces préoccupations des taux
d'intérêt.
Évidemment, on a essayé de faire croire que c'était
partout pareil alors que c'est complètement faux. Au Japon, durant toute
cette période, les taux d'intérêt n'ont pas
dépassé 6 % parce qu'ils ont appliqué une politique
humaine, qui tenait compte des besoins des gens. C'est également
l'endroit
où les gens ont eu la meilleure croissance économique
durant toute cette période. Évidemment, au Canada,
traditionnellement, on copie la politique américaine. C'est plus facile.
Cela ne demande pas d'effort d'imagination. On suit les Américains.
Mais, pendant cette période, on a fait plus que suivre les
Américains puisque les taux canadiens ont dépassé de 2 %,
3 % ou 4 % les taux américains, alors que cela ne s'était
à peu près jamais vu dans l'histoire canadienne.
C'est ce que cela donne d'avoir un premier ministre millionnaire. Je me
méfie des chefs de parti qui sont millionnaires, qui ne connaissent pas
les mêmes problèmes que nous. C'est mieux d'avoir des gens...
Quand j'entendais parler le député d'Outremont, il est
obligé de regarder des statistiques pour parler de la pauvreté
parce qu'il n'a pas connu cela trop, trop dans son entourage. Tandis que des
gens qui ont vécu un peu partout dans l'ensemble du Québec se
rendent compte davantage des problèmes qu'on peut y trouver.
M. le Président, donc... Je vois que dans l'Opposition il n'y a
pas beaucoup de députés quand on parle des pêches. Ils me
font penser un peu à des truites dans un ruisseau après qu'un
petit gars eut garroché une roche. Les truites se sauvent. Les
députés libéraux, immédiatement, aussitôt
qu'on parle des pêches, les députés se sauvent. (16 h
40)
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Pontiac.
M. Middlemiss: Je voudrais que le ministre indique combien il y
en a de sa formation ici, présentement.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Ce n'est pas un rappel
au règlement. Vous pourrez peut-être le signaler quand vous aurez
le droit de parole, mais ce n'est certainement pas un appel au
règlement. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Garon: Vous savez que les truites rouges sont encore plus
farouches que les autres. Si vous lancez une roche, elles se sauvent plus vite!
Ce n'est pas là l'objet de mon propos. Je vous dirai que les exploitants
qui représentent... qui ont dû commencer leurs travaux un peu plus
tard, donc, pourront bénéficier d'un délai. Il y a aussi
l'acquisition des actifs de certaines entreprises par de nouveaux exploitants.
Actuellement, de nouveaux exploitants dynamiques, entreprenants,
désirant poursuivre des activités similaires ou
diversifiées par rapport à celles de leurs
prédécesseurs, ont acquis des établissements de ces
entreprises, dont certaines sont en difficultés financières, et
seraient prêts à les rouvrir dans un contexte de
rentabilité. C'est pourquoi il importe d'autoriser ces entreprises
à exploiter ces établissements en 1985 de façon à
leur permettre de conserver leur part du marché, favorisant ainsi la
réalisation des investissements nécessaires à leur
normalisation et à l'obtention d'un permis.
Il y a la situation particulière, également, de
l'Isle-Verte et des environs. Cette communauté, qui comporte toute la
paroisse de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs qui se trouve sur l'île
même, le village de l'Isle-Verte, Saint-Jean-Baptiste-de-l'Isle-Verte, la
paroisse de Saint-Georges-de-Cacouna et le village de Saint-Georges-de-Cacouna,
est très localisé géographiquement. La plupart des
exploitants y ont un volume de production restreint. Cette faible production
individuelle constitue un handicap au point de vue de la rentabilité de
chaque exploitant pour qui les coûts de normalisation ne semblent pas
justifiés. Il ne faut pas oublier qu'il s'agit là d'une
production très artisanale qui entraînerait une modernisation
coûteuse. En effet, les exploitants approvisionnent un marché
local, et le volume des captures est aussi limité.
C'est pourquoi, il s'agit là d'une situation particulière
où les gens actuellement tentent de se regrouper pour trouver une
solution précise au développement de la transformation des
produits marins dans leur région et c'est pourquoi, ce projet de
regroupement étant à l'étude et devant entraîner une
décision avant la fin de l'année, il faut prévoir une
certaine période pour ces gens de l'Isle-Verte. Quatrièmement, il
y a le cas particulier de la Basse-Côte-Nord, notamment, les
municipalités d'Aguanish, du canton de Natashquan et de la
Côte-Nord du golfe Saint-Laurent qui regroupe un certain nombre de
municipalités de la Basse-Côte-Nord. C'est pourquoi, dans ce cas
là aussi où on faisait surtout, dans le passé et
jusqu'à maintenant, du poisson salé ou le salage du poisson, il
faut aussi maintenant que les gens envisagent d'avoir des entreprises plus
polyvalentes parce que de nouvelles espèces ont été
découvertes, notamment, le crabe, les bancs de crevettes, les
pétoncles, un peu de homard, la morue.
Ce qui fait que, dans d'autres périodes que lors des grandes
migrations saisonnières de la morue, avec un nouvel équipement,
les pêcheurs peuvent pêcher plus au large qu'ils ne le faisaient
traditionnellement. J'ai même le cas de M. Lavallée qui a eu un
nouveau bateau, il y a quelques années, de 55 pieds, qui a fait une
partie de la pêche cet hiver. Il a pêché pendant un certain
temps, pendant six semaines, et a pris des quantités
considérables de poisson. Ceci était impossible autrefois parce
que les gens de la Basse-Côte-Nord n'avaient pas de bateaux
assez gros pour faire cette pêche; ils avaient plutôt de
petits bateaux. Avec la modernisation de la flotte de pêche, plusieurs de
ces bateaux sont devenus des bateaux de 45, 50, 55 pieds et aujourd'hui ils
peuvent aller sur des territoires, des fonds marins qu'ils ne visitaient pas
auparavant parce que leurs bateaux étaient trop petits.
Il faut absolument, à cause de l'éloignement de la
Basse-Côte-Nord, en l'absence de cette infrastructure industrielle,
donner une période spéciale de temps pour les gens de la
Basse-Côte-Nord, pour aussi permettre, par ailleurs, des activités
pendant les années 1985 et 1986, en donnant un délai plus long
pour les gens de la Basse-Côte-Nord, des permis temporaires qui vont
permettre de faire des exploitations dans des conditions salubres et dans des
bâtisses qui n'auront pas encore été
modernisées.
C'est pourquoi, M. le Président, cette loi prévoit un
permis spécial et qui sera uniquement pour les gens de la
Basse-Côte-Nord pour avoir une période de transition de deux ans
pendant laquelle certaines activités pourront se faire, pendant que les
gens vont préparer leur plan pour leur modernisation.
Je peux vous dire, M. le Président, que les gens de la
Basse-Côte-Nord sont très désireux de faire ces
modernisations. J'ai eu l'occasion de rencontrer un groupe il y a quelques
semaines, j'aurai également l'occasion de visiter des gens au cours de
la fin de semaine et de discuter précisément de ces projets avec
les gens de la Basse-Côte-Nord qui souhaitent développer des
entreprises polyvalentes. C'est pourquoi, comme nous pouvons difficilement nous
éloigner du parlement pendant la semaine, nous avons choisi la fin de
semaine pour rencontrer certains groupes qui ont des projets et qui souhaitent
voir l'implantation sur la Basse-Côte-Nord du même type d'usines
qui ont été bâties récemment et qui sont en train de
se construire ou de se terminer en Gaspésie, aux
Îles-de-la-Madeleine et qui souhaitent le même
développement.
Je comprends que les députés de Parti libéral
critiquent l'action que nous faisons. Ils me traitent trop souvent d'empereur
des mers, de roi de la pêche, etc. Je peux vous dire que les gens du
territoire maritime savent en même temps que, quand un projet est bon et
que nous l'appuyons, il se réalise. C'est dans ce sens-là que
j'ai l'impression que les députés du Parti libéral
essaient de créer une légende qui n'existe pas, mais qui fait que
les gens ont confiance que le développement se fasse. C'est pourquoi
nous espérons, par cette loi, mettre en place des délais
spécifiques pour le développement des pêches sur la
Basse-Côte-Nord.
Enfin, on trouve dans ce projet des mesures concernant la qualité
des produits marins et la préparation d'un sceau de qualité.
M. le Président, après avoir présenté la Loi
sur les produits agricoles, les produits marins et les aliments, après
avoir fait la réglementation des programmes de modernisation des usines,
des programmes de modernisation de la flotte, des programmes de l'organisation
du triage dans l'ensemble du territoire québécois, après
avoir organisé un système d'inspection des produits marins,
après avoir aussi organisé un système avec la loi 49 dont
les règlements seront approuvés incessamment, un système
de contrôle de la qualité, cette loi vient mettre la cerise sur le
"sundae" avec un projet de sceau de qualité. Parce que la
réglementation ne prévoit pas un signe distinctif visant à
reconnaître les produits des exploitants d'établissements et de
conserveries qui, en plus, d'avoir suivi le processus de normalisation de leur
usine et d'avoir obtenu leur permis fabriquent des produits marins
répondant à des normes de qualité supérieure aux
normes de base.
C'est pourquoi dans le projet de loi que nous présentons
aujourd'hui, l'Assemblée nationale pourra donner au gouvernement le
pouvoir d'établir des modalités d'un sceau de qualité -
qualité Québec - qui pourra être apposé dans des
conditions précisées par le règlement, par les exploitants
d'entreprises qui voudront appliquer sur leurs produits un sceau de marque qui
représentera une qualité supérieure, pourvu que toutes les
conditions relatives à la préparation de normes de qualité
et à leur surveillance, par l'entreprise privée elle-même
qui se dotera d'un système de contrôle de la qualité, qui
sera surveillé par les inspecteurs du gouvernement. Dans ces conditions,
les gens pourront, avec l'adoption de ce projet de loi, une fois que la
réglementation aura été adoptée, avoir un sceau de
qualité sur leurs produits qui permettra au consommateur de
reconnaître les produits d'une qualité particulière,
c'est-à-dire d'une qualité supérieure sur le territoire
québécois. (16 h 50)
J'ai dit dans le passé, M. le Président, qu'au
Québec, on voulait se comparer davantage, dans le domaine des
pèches, aux champions comme l'Islande ou le Danemark. Le système
que nous sommes en train de mettre en place va permettre aux produits
québécois d'avoir une renommée sur les marchés
parce que la constance et la supériorité de la qualité
seront reconnues par les consommateurs qui achèteront des produits
québécois et qui demanderont des produits
québécois. Nous aurons une qualité supérieure parce
que le système de contrôle de cette qualité sera mieux
organisé par les mécanismes que nous avons mis en place.
Enfin, M. le Président, je voudrais dire simplement un mot en
terminant sur le fonctionnement de cette loi, pour que les
gens n'aient pas besoin de l'interpréter. Le service juridique du
ministère a préparé des notes que je vais lire ici pour
que l'on puisse savoir quels sont les échéanciers que nous
envisageons, qui sont contenus dans le projet de loi et qui permettront aux
gens de savoir exactement à quoi s'en tenir.
Depuis le 1er janvier 1985, toute personne doit détenir un permis
pour exploiter un établissement de préparation ou une conserverie
aux fins de vente en gros, par l'exploitant ou par la personne requérant
ces services moyennant rémunération, de produits marins
destinés à la consommation humaine. La délivrance du
permis implique le respect des normes réglementaires de construction,
d'équipement, d'aménagement et d'opération en tenant
compte aussi au préalable des motifs technico-économiques
d'intérêt public sur le caractère désirable de
l'exploitation projetée.
Dans le projet de loi 46, il est prévu d'établir un
régime temporaire d'exemptions conditionnelles de permis comprenant deux
dispositifs applicables à l'ensemble du Québec et deux
dispositifs d'application régionale. Ainsi, tout exploitant d'un
établissement ou d'une conserverie sur le territoire
québécois sera exempté, du 1er janvier 1985 jusqu'au 1er
avril 1986, de l'obligation de détenir le permis requis pour autant
qu'il se situe dans le cadre des conditions suivantes: premièrement,
l'établissement de la conserverie doit exister le 1er janvier 1985;
deuxièmement, la demande de permis de l'exploitant doit avoir
été transmise au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation avant le 9 mai 1985, date de la présentation du
projet de loi 46; troisièmement, les plans et devis des travaux de
normalisation doivent être transmis par l'exploitant au ministre avant le
1er juillet 1985; quatrièmement, l'exploitation en cause doit être
considérée comme étant désirable dans
l'intérêt public en application de l'article 10 de la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments; cinquièmement,
l'exploitant doit rendre ses plans et devis conformes aux normes
réglementaires et, avant le 1er novembre 1985, avoir obtenu
l'approbation à cet égard; sixièmement, l'exploitant doit
avoir entrepris les travaux de construction conformément aux plans et
devis de façon que le ministère soit satisfait de leur
exécution quant à la normalisation de l'établissement ou
de la conserverie pour la délivrance du permis exigible le 1er avril
1986.
De plus, pour l'ensemble du territoire du Québec, tout exploitant
qui, après le 1er janvier 1985, fait l'acquisition d'un
établissement ou d'une conserverie peut aussi bénéficier
de l'exemption de permis, à compter du 1er janvier 1985 jusqu'au 1er
avril 1986, pour autant qu'il se situe dans le cadre des conditions suivantes:
premièrement, l'établissement ou la conserverie doit exister le
1er janvier 1985; deuxièmement, une demande de permis doit avoir
été transmise au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation avant le 9 mai 1985, date de présentation du projet
de loi 46; troisièmement, les plans et devis des travaux de
normalisation doivent avoir été transmis au ministre avant le 1er
juillet 1985; quatrièmement, l'exploitation en cause doit être
considérée comme étant désirable dans
l'intérêt public en application de l'article 10 de la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments; cinquièmement,
l'exploitant doit rendre ses plans et devis conformes aux normes
réglementaires avant le 1er novembre 1985 et avoir obtenu l'approbation
du ministère à cet égard; sixièmement, l'exploitant
doit avoir entrepris des travaux de construction conformément aux plans
et devis de façon que leur exécution satisfasse aux
critères de normalisation de l'établissement ou de la conserverie
pour la délivrance du permis exigible le 1er avril 1986.
Dans la région de l'Isle-Verte, tout exploitant qui, au cours de
l'année 1984, a exploité un établissement ou une
conserverie toujours existant au 1er janvier 1985 sera exempté du 1er
janvier 1985 au 1er avril 1986 de l'obligation de détenir le permis
requis. Pour ce qui est de la Basse-Côte-Nord, tout exploitant d'un
établissement ou d'une conserverie existant ou non au 1er janvier 1985
sera exempté du 1er janvier 1985 au 1er avril 1987 de l'obligation de
détenir le permis requis, pour autant qu'il se situe dans le cadre des
conditions suivantes:
Premièrement, à compter de la sanction du projet de loi
46, chaque exploitant ne peut continuer ou entreprendre une exploitation sans
avoir obtenu une autorisation provisoire; deuxièmement, l'exploitant,
sur obtention de l'autorisation provisoire accordée en tenant compte des
règles d'hygiène, de salubrité et de la nature des
différentes activités de traitement de produits marins dans la
région, doit effectuer ses activités conformément aux
prescriptions de cette autorisation.
Donc, à compter du 1er avril 1986, pour l'ensemble du
Québec, è l'exception de la Basse-Côte-Nord et pour cette
région, à compter du 1er avril 1987, tout exploitant d'un
établissement ou d'une conserverie devra détenir un permis selon
le régime général prévu dans la Loi sur les
produits agricoles, les produits marins et les aliments.
Toutefois, les exemptions de permis ne s'appliquent pas aux
exploitations déjà titulaires, le 1er janvier 1985, du permis
prescrit au régime général. Cependant, les exploitants
bénéficiant des exemptions peuvent, avant l'expiration des
délais, se soumettre aux conditions du régime
général qui leur est applicable, dès que le permis
requis leur est délivré.
Je pense que j'ai déjà fait une déclaration
ministérielle à ce sujet pour aviser les gens qu'il y avait un
tel projet de loi. Comme il s'agit, aujourd'hui, de l'adoption du principe de
ce projet de loi, je ne veux pas être plus long et je demanderai tout
simplement à l'Assemblée nationale de l'accepter, pour que nous
puissions agir conformément à cette nouvelle loi. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Comme vous pouvez le voir, M. le ministre, les
députés libéraux sont présents, sont à
l'écoute. Ils sont comme l'ensemble de la population.
Merci, M. le Président. Nous avons devant nous aujourd'hui le
projet de loi 46 pour la discussion du principe. J'ai écouté
attentivement le ministre et, lorsqu'on a le courage de présenter
à l'Assemblée nationale un projet de loi aussi volumineux, il
faut quand même regarder pourquoi ce projet de loi est apporté au
printemps 1985.
D'abord, le ministre l'a dit lui-même, c'est une loi qui modifie
ses autres lois, un projet de loi pour modifier les erreurs commises dans les
autres lois. Il est évident qu'avec la panoplie de lois que le ministre
apporte régulièrement à l'Assemblée nationale, on
est à la veille d'avoir une loi sur la Coupe Stanley, j'imagine, parce
qu'on en a sur la restauration, l'Ordre du mérite du pêcheur,
l'Ordre du mérite agricole. On est à la veille d'avoir un projet
de loi pour rapatrier au Québec la Coupe Stanley. Je suis sûr que
si le ministre y avait pensé, il l'aurait présentée.
Malheureusement, ce n'est pas de sa juridiction mais de juridiction
fédérale.
À écouter le ministre, on se demande si, en l'absence du
premier ministre, qui est en France présentement... D'ailleurs, on va
lui dire au premier ministre ce que vous dites en Chambre quand il n'est pas
là. Vous allez vous faire disputer. Vous ne voyagerez plus non plus.
Vous allez faire comme le ministre du Commerce extérieur: vous allez
rester ici. C'est une économie pour le Québec. Aussitôt que
le premier ministre s'en va, le ministre de l'Agriculture devient
séparatiste. Il va falloir, à un moment donné, que le
premier ministre fasse une déclaration ministérielle pour nous
dire qu'en son absence, chaque fois qu'il part, ses ministres vont garder la
même volonté gouvernementale que celle que lui-même exprime.
(17 heures)
Dans le présent projet de loi, on corrige des erreurs de certains
projets de loi qui ont été adoptés l'an dernier, il y a
deux ans, il y a trois ans, il y a quatre ans, des projets de loi
adoptés en fin de session, à la vapeur, des projets de loi qui
ont été pensés par des fonctionnaires de 35e étage,
sans consultation préalable avec le milieu, sans tenir compte des
particularités de certains milieux du domaine des pêches.
Malheureusement, le ministre, lorsqu'il se décide de passer un
coup de vapeur, un coup de varlope, il bouscule tout le monde. Après,
tout piteusement, il vient à l'Assemblée nationale dire... On va
le dire à sa place: Écoutez, cela a été un peu
vite, je me suis trompé, vous allez m'excuser, on va corriger cela par
un autre projet de loi. Lui, des projets de loi, il faut qu'il en amène.
D'ailleurs, depuis quinze jours ou trois semaines, cela pleut, les projets de
loi.
Mais les projets de loi qu'il présente font quoi dans le milieu
des pêches? C'est la question. Par exemple, j'aurais aimé que le
ministre dépose un projet de loi qui tienne véritablement compte
des besoins actuels des pêcheurs, un projet de loi pour corriger ces
cercueils flottants, ces petits bateaux de 34 pieds transformés en 37
pieds qui sont devenus, selon les pêcheurs, de véritables
cercueils flottants. Le ministre nous répond à l'Assemblée
nationale par une boutade, en disant que c'est sûr que quand un bateau
est trop chargé à gauche, il peut couler à gauche. Pas
besoin d'être ministre de l'Agriculture, cela prend quelqu'un qui ne sait
pas ce qu'est un bateau sur la mer pour donner une pareille réponse.
Il savait très bien lui-même à cette époque
que ses fonctionnaires avaient modifié les plans. Lorsqu'on modifie des
plans de bateau, on ne modifie pas seulement la longueur. Cela prend quelqu'un
qui ne connaît pas le domaine de l'architecture navale pour faire cela.
Cela s'est fait sous sa juridiction, sous ses ordres, par ses fonctionnaires.
Il est évident qu'aujourd'hui il se dédouane de toute
responsabilité dans ce domaine; cela ne lui fait rien de mettre en jeu
la vie des pêcheurs, des capitaines propriétaires. Il voulait,
à cette époque, avoir une fleur de lys bien placée sur la
coque des bateaux sans tenir compte que ces bateaux pouvaient mettre la vie des
pêcheurs et des travailleurs de la mer. Or, on ne retrouve pas cette
correction dans le projet de loi, on retrouve malheureusement des corrections
qui, à cause du moment où la loi a été
adoptée, n'ont pas tenu compte des particularités que j'ai
énumérées tout à l'heure.
Le ministre disait tout à l'heure que les lois étaient
courtes avant qu'il n'arrive au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. C'est évident que les
pêcheurs se retrouvaient dans le monde législatif
québécois. Aujourd'hui, à peu près aucun
pêcheur ne peut se retrouver dans la panoplie de lois que le ministre
fait déferler
continuellement à l'Assemblée nationale et cela sans
jamais nous montrer sa réglementation. Il y a déjà quatre
ou cinq projets de loi en retard, dont on n'a pas la réglementation. Le
ministre nous dit: Cela s'en vient, un jour ou l'autre, on va l'avoir, la
réglementation. Malheureusement, il ne l'a pas.
Or, il est important, chaque fois qu'on présente un projet de
loi, qu'on nous dise, à une date possible dans le temps, que la
réglementation sera prête. On n'a qu'à penser à la
loi 48 qui était une urgence; on a fait veiller l'Assemblée
nationale à des heures indues et pourtant, la réglementation
n'est pas sortie. On n'a qu'à penser au projet de loi 49, au projet de
loi 82 qui étaient des urgences. Le ministre faisait des crises
épouvantables dans les corridors du parlement parce que le leader du
gouvernement n'avait pas présenté son projet de loi à
l'Assemblée nationale à temps et qu'il devait être
reporté à la prochaine session. Il faisait des crises
épouvantables dans les journaux en disant: Le Parti libéral est
contre le monde des pêches.
Aujourd'hui, après avoir fini par passer la varlope à
l'Assemblée nationale pour avoir ses projets de loi, la
réglementation de ces projets de loi est encore dans sa petite poche
d'en arrière. Elle n'a pas été rendue publique. Le
ministre nous dit toujours: Cela s'en vient, cela s'en vient; vous savez, c'est
compliqué, on n'avait pas pensé à cela, il y a des
problèmes. Mais oui, mais pensez-y donc avant. Vous en avez
présenté deux ou trois autres projets de loi. Il faudrait dire:
À un moment donné, on va faire une réglementation. On vous
a posé des questions en commission parlementaire et vous avez dit: Cela
s'en vient. On va adopter la loi, on va faire la réglementation et cela
va s'agencer. Pourquoi, aujourd'hui, présenter un projet de loi omnibus
qui corrige vos lois? Parce que lorsque vous présentez des projets
à l'Assemblée nationale, vous n'êtes pas prêt. Vous
n'êtes tout simplement pas prêt. Vous n'avez pas envisagé le
plus d'éventualités possible. Vous n'avez pas tenu compte de
certaines revendications du milieu. Lorsqu'on regarde particulièrement
votre préambule du projet de loi qui dit, par exemple: "Sur une
autorisation provisoire jusqu'au 1er avril 1987, dans trois
municipalités de la Basse-Côte-Nord, les activités
d'exploitation dans certains établissements ou conserveries,
malgré le fait que leur exploitant ne détiennent pas de permis
depuis le 1er janvier 1985. Le permis prévu au paragraphe 9." Pourquoi
ces gens-là n'ont-ils pas de permis? Lorsque vous avez adopté le
projet de loi sur la modernisation, vous avez pensé que la
Basse-Côte-Nord, c'était à côté de
Saint-Romuald. Vous vous êtes trompé, c'est à 900 milles de
là.
Vous vous êtes trompé aussi parce qu'il n'y a pas de
chemins routiers, les ports ne sont pas accessibles douze mois par
année, et ces gens-là n'avaient pas la possibilité de
suivre le même rythme de modernisation que les autres. Vous le saviez
très bien à ce moment-là. Vous ne me ferez pas croire que
vous venez d'apprendre aujourd'hui que la Basse-Côte-Nord n'est pas
à côté de Saint-Romuald. Si vous avez pensé cela
dans le temps, vous êtes le plus mauvais ministre des Pêcheries
qu'on a eu.
M. Doyon: C'est le cas.
M. Maltais: Vous avez raison, M. le député de
Louis-Hébert. À cette époque vous saviez très bien,
compte tenu des installations qui existaient, compte tenu des distances et des
autres facteurs, que ces gens-là ne pouvaient aller au même rythme
que le reste des usines qui sont près des grands centres de pêche,
des centres de distribution, accessibles par train, par route, par bateau et
par aéroport. Or, aujourd'hui vous faites une petite génuflexion
pour venir dire à ces gens-là: On s'excuse de vous avoir
causé du trouble depuis trois ans. On s'excuse de vous avoir mis dans
l'eau chaude.
Je pense que ce n'est pas là une volonté réelle
d'un ministre qui tient compte de la volonté des pêcheurs, des
travailleurs de la mer et du milieu. Il se vante à l'Assemblée
nationale et dit: Vous savez, quand je vais dans le milieu des pêches,
les pêcheurs pensent du bien de moi. Vous y allez en fin de semaine sur
la Basse-Côte-Nord. J'aimerais bien que vous nous fassiez un petit
rapport mardi. J'aimerais bien aussi que vous invitiez un député
libéral à aller avec vous. Il n'y a pas de danger que vous
fassiez ça. Invitez n'importe quel député libéral
à aller avec vous sur la Basse-Côte-Nord, et on reprendra le
débat lors d'une interpellation pour voir qui dit vrai.
Or, M. le Président, c'est évident que le Parti
libéral va voter pour un projet de loi qui corrige les erreurs du
ministre mais, malgré tout, dans ce petit projet de loi, le ministre est
"ratoureux". Chaque fois qu'il dépose un petit projet de loi, il nous en
passe une petite vite comme on dit. Je vais à l'article 5 que je cite
parce qu'il vaut la peine d'être cité C'est l'essence même
du "bill omnibus" de la loi 46 qu'il nous présente. Je m'adresse
à tous les pêcheurs qui ne peuvent pas le voir aujourd'hui mais je
m'adresse au monde de la pêche. Remarquez bien ce que le ministre vous
dit discrètement, caché en arrière d'une petite page: "Le
ministre peut assujettir cette autorisation provisoire à toute
condition, restriction ou interdiction qu'il détermine et qui concerne
les activités de préparation, de conditionnement ou de
transformation des produits marins." Cela veut dire, mes petits enfants, que
vous allez travailler à genoux
pour les deux prochaines années parce que, chaque fois que vous
ne répondrez pas à un petit critère, flop le permis
s'envole.
On peut révoquer le permis à n'importe quelle heure,
n'importe quel jour. Malheureusement ces gens-là ont présentement
entrepris et vont entreprendre de faire de très gros investissements
pour se moderniser, pour produire une meilleure qualité, pour produire
un produit québécois conforme aux normes du gouvernement, aux
normes du ministère et Us auront une épée de
Damoclès sur la tête pendant deux ans. Malgré tout, ces
gens-là n'ont pas d'autre choix que de se conformer.
Quand le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation va-t-il arrêter de harceler le monde des pêches,
c'est-à-dire laisser les gens aller selon leurs moyens de se moderniser
et de s'ajuster? C'est évident qu'on ne fera pas un débat de
quinze jours sur un projet de loi qui contient dix articles, surtout que ces
articles viennent corriger des erreurs du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. C'est sûr qu'on va voter
favorablement. Au cours des débats antérieurs sur des lois qu'on
vient corriger ici, l'Opposition libérale avait dit au ministre toutes
les erreurs qu'il vient corriger aujourd'hui, mais il ne nous a pas
écoutés à ce moment-là. Merci, M. le
Président. (17 h 10)
Le Vice-Président (M. Rancourt): II n'y a pas d'autre
intervenant. M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, votre droit de réplique.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté le
député de Saguenay et les gens du territoire maritime,
heureusement, n'entendront sans doute pas tous ces propos aujourd'hui, mais ils
savent qu'il s'est fait plus de développement dans le secteur des
pêches sous le présent gouvernement qu'il s'en est fait au cours
de toutes les administrations libérales qui ont été au
pouvoir au XXe siècle au Québec. Je n'aurais pas peur
d'additionner tous les investissements qui se sont faits sous le régime
Taschereau, sous le régime Lesage et sous le régime Bourassa,
parce qu'il ne se passait rien dans le secteur des pêches. Il y a eu un
intermède avec le ministre des Pêches, sous l'Union Nationale, M.
Camille Pouliot, qui a fait un travail remarquable entre 1936 et 1939 et
lorsque l'Union Nationale est revenue au pouvoir en 1944. Il s'est fait un
travail remarquable et les plus âgés sur le territoire maritime se
rappellent le travail qui a été fait sous l'Union Nationale
à ce moment-là avec le ministre des Pêches, à
l'époque, M. Pouliot. Mais, à part cette période, sous
toutes les administrations libérales qui ont été au
pouvoir au Québec, il n'y a rien eu, M. le Président. Le
député de Saguenay pourra se péter les bretelles.
Une voix: II n'en porte pas.
M. Garon: II verra qu'il n'y avait rien sous le régime
Bourassa. La meilleure preuve, c'est qu'en 1976, il y avait un montant de 75
000 $ pour la réparation de bateaux, trois grosses chaloupes. Je vous
dirai qu'en 1984 seulement, il y a eu d'investis dans la flotte de pêche
plus de 11 000 000 $ sous le gouvernement actuel. Vous pouvez faire le calcul,
cela fait à peu près 125 ou 130 fois plus dans une
année.
Concernant les usines, il y a eu, grâce à ce projet de loi
que nous avons adopté, 43 000 000 $ d'investissements dans le secteur
des produits marins. C'est évident que cela fait un changement
considérable par rapport à ce qu'il y avait sous le régime
antérieur puisqu'il n'y avait strictement rien. Il n'y a pas de
problème pour faire les calculs; j'ai les chiffres ici. Puisque le
député de Saguenay m'a ouvert la porte, j'entre
allègrement dans ce débat.
En 1981-1982, grâce à cette loi sur la modernisation des
usines sur le territoire maritime, la première année - la loi
vient d'être adoptée, la réglementation vient d'être
adoptée - il y a eu 1 943 000 $ d'investissements et des subventions du
gouvernement du Québec pour un montant de 393 000 $. En 1982-1983, 2 548
000 $ d'investissements pour presque 500 000 $ de subventions. En 1983-1984,
les échéances arrivent, les investissements sont de 6 913 000 $
avec des subventions de 2 929 000 $ de la part du gouvernement du
Québec. En 1984-1985, cette année - je tourne la page pour les
autres projets - il y a eu des investissements de 32 420 000 $ sur le
territoire maritime avec des subventions du gouvernement du Québec de 13
279 000 $. Cela veut dire que, pour faire la modernisation des usines,
jusqu'à présent il y a eu des engagements d'investissements pour
44 000 000 $, plus précisément 43 992 317 $, et des subventions
du gouvernement du Québec de 17 134 905 $.
M. le Président, au cours des prochaines semaines, il y aura des
inaugurations d'usines à raison de deux ou trois par semaine. Cela
durera pendant des semaines parce que, un peu partout sur le territoire
maritime, qu'il s'agisse de la Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine
ou de la Côte-Nord, on inaugurera des usines modernes qui seront le
reflet de ce que seront les pêches à l'avenir au
Québec.
M. le Président, je sais que les députés
libéraux sont malheureux, parce qu'ils n'ont jamais eu la
ténacité, ils n'ont jamais eu la volonté de faire quelque
chose dans ce secteur. Le secteur des pêches autrefois
était un secteur qui était un appendice du
ministère de l'Industrie et du Commerce. C'était le moindre souci
du ministre de l'Industrie et du Commerce de s'occuper de ce secteur. Tout le
monde sait, c'est de notoriété publique, qu'il ne se faisait rien
dans le secteur des pêches. Parce qu'on en a gardé deux ou trois
debout pour montrer ce que c'était, lorsqu'on fera bientôt une
tournée avec les journalistes, on montrera ce qu'étaient les
usines dans le temps de Robert Bourassa. On les verra. Je pense, par exemple,
que celle de National Sea à l'Étang du Nord va être
là. Il va y en avoir aussi à différents endroits en
Gaspésie. Il va y avoir assez de témoins de l'époque
Bourassa ou de l'époque libérale pour montrer ce
qu'étaient les usines dans le secteur des pêches.
Il y aura, à côté, des usines modernes, des usines
avec de l'équipement moderne que les gens pourront voir. Elles porteront
toutes une date. Elles auront toutes été faites pendant le mandat
du gouvernement du Parti québécois, qui va de 1981 à 1986.
On verra que la modernisation des pêches au Québec se sera faite
entièrement sous le gouvernement actuel, dans son deuxième
mandat, de 1981 à 1986. C'est pourquoi je n'ai pas craint de mettre
comme date 1er avril 1986, parce que je sais qu'à ce moment les usines
seront modernisées et les gens seront à même
d'évaluer avec qui ils doivent continuer leur développement
économique dans le territoire maritime.
J'ai vu récemment une publication du journal Le Radar, aux
Îles-de-la-Madeleine, un numéro spécial où des
dizaines et des dizaines d'entreprises privées, de petits
commerçants, de petites entreprises ont acheté des cartes de
publicité pour souhaiter bonne chance à Madelipêche, pour
dire à Madelipêche: On est content de vous voir parmi nous et on
vous souhaite bonne chance. L'usine est à peu près
terminée actuellement. Elle fonctionne. Elle sera inaugurée au
cours de cet été. Une belle inauguration!
Je peux vous dire que les gens du territoire maritime sont heureux aux
Îles-de-la-Madeleine. Ils savent aussi que l'usine de
Grande-Entrée est en construction. Les plans sont en train de se
terminer pour l'Étang du Nord. Les travaux vont y commencer au cours de
l'été de sorte que toutes les usines des
Îles-de-la-Madeleine seront modernisées pour la saison
prochaine.
En Gaspésie aussi le travail est très avancé. Le
député de Gaspé, qui est avec moi ici à son
siège, sait que ce n'est pas pour rien que dans la campagne de
financement du Parti québécois ou dans la campagne de recrutement
le comté qui arrive un des premiers actuellement, c'est le comté
de Gaspé. Les gens ne sont pas aveugles en Gaspésie.
Ils savent qu'avant, les usines, c'étaient des vieilles
bâtisses qui avaient 30, 40 ou 50 ans. Ils ont traversé plusieurs
régimes libéraux sans qu'il ne se fasse quoi que ce soit. Ils
savent qu'il y avait des quais délabrés, des usines
délabrées, des bateaux de bois où il n'y avait pas de
système de réfrigération, pas de toilettes et pas de
douches. Les gens savent aujourd'hui qu'avec le gouvernement actuel toutes les
usines auront été modernisées dans l'ensemble du
territoire québécois pendant un seul mandat.
Les gens savent aussi qu'au point de vue des bateaux de pêche il y
a des bateaux magnifiques. M. Lavallée... Parce que le
député de Saguenay pense que... C'est évident que je ne
l'amènerai pas avec moi. Il ne connaît pas le monde de la
Basse-Côte-Nord. Je ne l'amènerai pas pour le présenter au
monde en disant: Je vous présente le député libéral
de Saguenay qui est contre le développement de la Basse-Côte-Nord.
Je ne suis pas tombé sur la tête, M. le Président. S'il
veut y aller, il ira de son bord. D'ailleurs, le député de
Nelligan a essayé cela dans la Gaspésie. S'il n'était pas
parti aussi rapidement, il serait sorti sur la tête parce que les gens
disaient: Allez-vous-en avant qu'on vous sorte. Les libéraux ont
été obligés de partir à la course de la salle parce
que les gens ne voulaient plus entendre leurs sornettes. Ils leur ont dit de
sacrer leur camp. (17 h 20)
Quand il me parle du territoire maritime, je suis très à
l'aise à ce point de vue. Quand M. Andrew Lavallée est
allé pêcher avec les nouveaux bateaux qui ont été
bâtis pour la pêche, les gens sont heureux. La bateau de 37 pieds.
Je peux vous dire en parler. On peut monter les bateaux qu'on voudra. Le
député de Saguenay a mentionné deux noms. Avant-hier,
à la période des questions, j'aurais pu prendre du temps, mais,
puisqu'il a ouvert la porte, je vais le dire encore ici: ils ont
mentionné deux noms, on n'a pas de plainte de ces personnes. Il a
mentionné M. Gérald Cyr, propriétaire du PASSMAG,
livré en décembre 1982, et on me dit dans une note du
ministère qu'il n'y a pas eu de plainte de portée par M. Cyr. On
parle d'un autre bateau aussi, celui de M. Alain Mercier, livré en avril
1983, qu'il a mentionné. On me dit au ministère qu'il n'y a pas
de plainte non plus.
Il y a une personne qui a porté une plainte sur la
stabilité de son bateau. C'est un M. Girard, et il a fait beaucoup plus
de publicité dans les journaux. Vous savez, les gens qui parlent aux
journaux avant de nous parler, cela ne m'impressionne pas beaucoup. Quand une
cause est bonne, tu n'as pas besoin de faire beaucoup de brouhaha pour la
vendre. Mais quand le dossier est fait politiquement, quand le plaignant se
présente avec un journaliste et qu'il présente le
journaliste comme si c'était un peu un personnage de sa famille,
comprenez-vous, pour après cela faire toutes sortes de
déclarations, je trouve que c'est un dossier qui est plutôt
miteux. Je peux vous dire que, de nous-mêmes, sans qu'on l'ait
demandé, nos gens ont décidé d'aller voir les
différents pêcheurs qui ont le même type de bateau. Comment
trouvez-vous votre bateau? On n'a pas besoin d'attendre. On a dit: On va aller
voir les pêcheurs et on va leur demander s'ils aiment cette sorte de
bateau ou non.
Je peux vous dire qu'encore là il s'agissait de plans qui
venaient du parti libéral, de plans faits dans le temps des
libéraux. Je peux vous dire aussi que les bateaux...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre. M. le
ministre, même si vous avez été amené à une
digression par rapport à la pertinence, je voudrais que vous reveniez
à la pertinence de l'adoption de votre projet de loi et non aux bateaux,
ce qui était une référence à un discours
précédent.
M. Garon: Je parle des pêches. C'est que le
député de Saguenay a ouvert la porte. Il a commencé
à parler des problèmes des bateaux. Il affirme souvent toutes
sortes de choses qui ne sont pas exactes en cette Chambre. C'est pour cela que,
quand je vois aujourd'hui, juste en face de moi comme ça - il est venu
pour une autre question - le capitaine Lorenzo Albert, qui est dans cette
galerie, il pourra vous dire qu'il a travaillé à la conception de
son bateau avec des architectes, avec le chantier maritime, avec d'autres
pêcheurs, comme Réginald Cotton, comme Herman Synnotte, comme
d'autres pêcheurs, ils étaient quatre ou cinq qui ont
travaillé à la préparation des plans de leurs bateaux en
tenant compte des technologies qu'ils souhaitaient avoir sur leurs bateaux.
Aujourd'hui, au contraire, ces gens ont actuellement des bateaux qui sont parmi
les plus modernes de l'Est du Canada.
Avec la technologie québécoise, pas les plans
copiés, pas les plans étrangers achetés dans le temps du
régime Bourassa, quand les gens achetaient des plans ailleurs et
essayaient ensuite de les rafistoler, c'est ça que nous avons
changé. C'est pour cela que j'aurai l'occasion dans un prochain temps
d'indiquer certains bateaux justement. Quand on a parlé de certains
types de bateaux déjà, je peux vous dire qu'à ce point de
vue, le député de Saguenay a parlé de la corde dans la
maison d'un pendu, parce qu'il parlait de plans de bateaux qui ont
été faits anciennement, dans le temps du régime Bourassa.
J'aurai l'occasion de revenir sur cette question au sujet d'un certain nombre
de bateaux.
C'est pourquoi les seuls bateaux qu'on nous a déjà
demandé de refaire, c'étaient des bateaux qui avaient
été faits dans le temps du régime Bourassa. J'aurai
l'occasion de revenir sur cette question en temps et lieu, je trouverai le
moyen et l'occasion dans un autre débat de rendre ces données
publiques. On pourra voir sous quel régime ont été faits
les bateaux qui ne marchaient pas. Nous aurons l'occasion également, au
cours des prochaines semaines, de faire encore plusieurs lancements de bateaux
avec des gens qui sont heureux, car ils ont une capacité de prises bien
supérieure avec des bateaux qui sont confortables et où les gens
peuvent vivre d'une façon décente. Autrefois les bateaux
manquaient de confort intérieur, n'étaient pas très
inspirants pour faire des produits de qualité. Aujourd'hui, on ne peut
pas faire seulement une étape dans les produits de qualité, on ne
peut pas faire seulement un maillon de la chaîne, il faut faire la
chaîne au complet. C'est pourquoi il va falloir travailler à tous
les niveaux, à partir de la prise du poisson jusqu'à la livraison
du poisson sur la table du consommateur.
Le projet de loi donne une période additionnelle. Pourquoi? C'est
vrai, à cause des taux d'intérêt, les gens n'ont pas
commencé leur plan immédiatement. La plupart l'ont
commencé en 1983 ou en 1984. Il y a certains retards d'une ou deux
semaines, d'un ou deux mois, selon les cas. Je ne voulais pas commencer
à faire la police pour demander de donner un mois là, quinze
jours là, un mois ici, mais plutôt faire un régime qui
couvrirait l'ensemble des gens. On ne peut pas blâmer les gens du
territoire maritime pour des taux d'intérêt excessifs. La
principale raison, pour laquelle les modernisations n'ont pas été
faites plus rapidement, c'est qu'il y avait des taux d'intérêt
excessifs, ce qui faisait que les gens étaient prudents dans leurs
projets.
Je ferai aussi remarquer que l'administration des usines du territoire
québécois a été de beaucoup supérieure
à ce qu'on a connu ailleurs. Je ferai remarquer, par exemple, que dans
l'ensemble du territoire québécois, dans le secteur des
pêches, on n'a pas eu les problèmes qu'on a connus dans d'autres
provinces comme avec Nickerson, Fishery Products et d'autres entreprises
où la période néfaste de M. de Bané a ralenti les
pêches au Canada pour les dix ou quinze dernières
années.
Des mauvaises décisions ont été prises et
aujourd'hui, des entreprises sont, à toutes fins utiles, en banqueroute.
Je pense à Pêcheries Cartier de qui on a eu des nouvelles
récemment: on parle de déficit de 16 000 000 $ en 1984.
Évidemment, les députés libéraux ne parlent pas de
cela. Ils ont préféré dans le temps endosser le projet de
Pêcheries Cartier au Heu du projet des gens locaux, des pêcheurs ou
des investisseurs locaux. La Parti libéral, lui, a
endossé le projet de pêcheries Cartier. Le résultat:
cette année, 16 000 000 $ de déficit, à ce qu'on vient
d'apprendre.
Une voix: En faillite.
M. Garon: On vient d'apprendre en même temps que non
seulement l'usine de Cloridorme ne fonctionnera pas, mais qu'elle est vendue.
On a vu aussi que d'autres actifs sont vendus alors qu'à ce
moment-là...
M. Doyon: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Louis-Hébert, question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, après avoir fait preuve
d'une patience exemplaire - vous l'avez signalé tout à l'heure -
voulez-vous tenter de rappeler le ministre à la pertinence du
débat. On est à l'étude d'un projet de loi qui vise
à établir certaines normes et à permettre au ministre de
passer des règlements en ce qui concerne le régime des permis
d'établissements, de préparation ou de conserveries de produits
marins, etc. On est très loin de cela, M. le Président. Il serait
dans l'ordre que vous rappeliez le ministre à la pertinence, du
débat, autrement on...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je lui ai
déjà fait remarquer tantôt dans une intervention de ma part
et je demande au ministre de revenir à la pertinence s'il vous
plaît.
M. Garon: M. le Président, je suis exactement sur la
pertinence du débat, je parle de la construction d'usines et de la vente
des usines de Pêcheries Cartier. Cela ne peut pas être plus
pertinent que cela, quand je dis que l'usine de Cloridorme, qui n'est pas
exploitée par Pêcheries Cartier, a été revendue.
Comment voulez-vous que le nouveau propriétaire puisse exploiter une
usine qui n'a pas été normalisée? Je ne peux pas
être plus dans le sujet que cela, M. le Président. Le
député de Louis-Hébert qui n'est même pas capable
d'administrer son bureau parce qu'il commande...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
M. Garon: ...25 dictionnaires...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Garon: ...pour son propre bureau. Il ne viendra pas nous
donner des leçons sur l'administration des pêches quand il n'est
même pas capable d'administrer son bureau de député.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
Une voix: Cela les fatigue, les pêches.
M. Garon: Je vais vous dire une chose, j'administre un...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
M. Garon: ...budget de 500 000 000 $, M. le Président. Je
pense que le député de Louis-Hébert n'a pas de
leçon à me donner quand il commande des dizaines de
dictionnaires. Qu'il lise ses dictionnaires...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît;
M. Garon: ...et qu'il nous laisse tranquilles dans les
pêches. Je n'ai pas l'impression qu'il sait de quoi il parle. M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît;
S'il vous plaît, M. le député de Louis-Hébert. (17 h
30)
M. Garon: Le député de Louis-Hébert devrait
apprendre à monter à cheval pour imiter M. Bolivar. En tout
cas!
M. le Président, je dirai ceci tout simplement. Les
libéraux ont préféré approuver ou appuyer des
projets de banqueroute. Ils ont préféré appuyer
Pêcheries Cartier au détriment des gens du territoire maritime,
retardant par ce fait la modernisation de deux ou trois ans. Pour le projet de
Newport, par exemple, si le gouvernement fédéral n'avait pas
essayé d'acquérir l'usine à la place des gens du
territoire - parce qu'il y avait une offre des gens du territoire dans le temps
- à ce moment-là, les gens auraient acquis dès 1982
l'usine de Newport. Je comprends que les députés libéraux
ne savent pas cela, mais les gens du territoire le savent, à Newport.
Ils avaient offert d'acheter l'usine de Pêcheurs Unis en 1982. À
ce moment-là, le gouvernement fédéral s'y était
opposé, et il avait été appuyé à cette
époque par le Parti libéral du Québec pour empêcher
d'enlever les actifs aux pêcheurs, ce qui fait que, dans certains cas,
les modernisations ont été retardées.
M. le Président, je veux terminer aujourd'hui en disant puisque
le Parti libéral a fait comme d'habitude... Il a parlé contre et
il a dit qu'il voterait pour. Comme je suis un homme réaliste, je sais
que le Parti libéral se sert du temps d'antenne pour faire de la
propagande, sauf qu'il m'a dit qu'il voterait pour. Donc, il trouve que c'est
un
bon projet de loi et je vais me satisfaire de cette
réalité. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 46, Loi modifiant la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et
les aliments, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous allons maintenant
reprendre le débat sur le mérite de la restauration. Je vous
demande donc d'appeler l'article 2 de notre feuilleton, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Reprise du
débat...
M. Blouin: Ah oui, M. le Président: Je m'excuse.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, M. le leader adjoint
du gouvernement. Motion de déférence.
Renvoi à la commission de
l'agriculture, des pêcheries
et de l'alimentation
M. Blouin: Oui, évidemment, juste avant, je vais faire
motion pour déférer ce projet de loi à la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation qui procédera
à son étude détaillée. Ce sera un président
de séance, évidemment, qui présidera ces travaux et le
ministre, comme le prévoit le règlement, sera membre de la
commission.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Cette motion de
déférence est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Blouin: L'article 2.
Projet de loi 27
Reprise du débat sur l'adoption de
principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, nous allons
reprendre le débat sur le projet de loi 27, Loi sur le mérite de
la restauration. M. le député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Je crois que c'est le
temps de redevenir sérieux parce que, avec le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, on ne sait jamais quand il est
sérieux et quand il est... - un mot que je ne voudrais pas employer, M.
le Président.
De toute façon, nous voilà donc aujourd'hui dans cette
Chambre pour procéder à l'étude du projet de loi 27, Loi
sur le mérite de la restauration. Je ne peux pas comprendre que ce
gouvernement péquiste préfère remettre des
médailles plutôt que de remettre en question tous les irritants et
les politiques restrictives qui étouffent carrément les gens de
l'hôtellerie et de la restauration. Bien sûr, nous avons devant
nous le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
qui, par ses fonctions, ne peut être aussi préoccupé par
l'industrie touristique que son collègue du ministère du
Tourisme, mais, tout de même, il fait partie de ce gouvernement
caractérisé par l'irresponsabilité et l'incurie. Je suis
extrêmement déçu de constater que ce n'est pas le ministre
du Tourisme qui présente ce projet de loi, mais plutôt le ministre
de l'Agriculture, quand on sait que la restauration affecte directement
l'industrie touristique. Ceci nous prouve encore une fois que, même si le
tourisme a son ministère autonome, ce dernier fait preuve de
dépendance et d'un manque de leadership flagrant au sein des autres
ministères. Pendant que l'industrie de la restauration et de
l'hôtellerie décline d'année en année, le
gouvernement péquiste, lui, s'adonne plutôt à
l'organisation de concours pour remettre des médailles.
La situation de l'industrie de l'hôtellerie au Québec ne
semble pas être des plus prospères. On ne peut pas passer sous
silence les cris d'alarme lancés par les restaurateurs lors du projet de
loi 43. D'ailleurs, on se souviendra, M. le Président, que l'Association
des restaurateurs du Québec avait boycotté le mérite de la
restauration en guise de protestation contre cette loi 43 qui est des plus
catastrophiques pour l'industrie touristique. Le gouvernement péquiste a
tout bousculé et a hypothéqué davantage l'avenir de cette
industrie qui est déjà fragile et suffisamment opprimée.
L'hôtellerie et la restauration font face actuellement à de graves
problèmes qui sont nés, soit dit en passant, des politiques
incohérentes et contradictoires du gouvernement actuel. Par exemple, la
surtaxe de 4,4 % sur les vins et spiritueux. Contrairement à la logique
même et aux principes du marché qui font que, dans la chaîne
de distribution du producteur au consommateur, le détaillant doit payer
moins cher que ces derniers et a droit à des
escomptes de volume, l'hôtelier et le restaurateur paient plus
cher que le consommateur les produits qu'ils achètent à la
Société des alcools du Québec.
Combien de fois l'Association des restaurateurs du Québec
a-t-elle demandé l'abolition de cette taxe? On se souviendra qu'au
congrès de l'association, les 27, 28 et 29 mai 1984, le président
de la SAQ, M. Jean-Guy Lord, avait promis de se pencher sur la question et de
donner une réponse avant le 31 juillet 1984. Jamais, on n'a eu de
réponse. Or, depuis l'association, par l'entremise de son responsable,
Jacques Landurie, a vainement tenté d'obtenir la confirmation de
l'abolition de cette taxe supplémentaire. En janvier, les membres du
bureau de direction ont rencontré le ministre du Tourisme et il semble
que ce dernier n'ait rien fait encore à ce sujet. Mais je sais que ce
n'est pas lui qui mène; ce sont les autres ministères qui
mènent. Cette surtaxe de 4,4 % était peut-être justifiable
dans le passé du point de vue de la société, mais,
aujourd'hui, elle n'est définitivement plus justifiée. Elle est
complètement en dehors des principes commerciaux et des affaires, en
plus d'être injuste.
Toujours selon les restaurateurs licenciés, la tolérance
du vin libre représente la plus grave anomalie législative, une
injustice flagrante pour les détenteurs de permis de boisson. De telles
pratiques nuisent à la cause de la restauration et contraignent
même des restaurateurs à permettre la circulation du vin libre
dans leur établissement pour concurrencer les commerces non
licenciés.
On se retrouve devant une situation qu'on peut qualifier de
catastrophique. Ce n'est pas avec des projets de loi comme le projet de loi 27
qu'on va régler ces problèmes. Le gouvernement péquiste
tente d'amadouer les intervenants du milieu en leur remettant des
médailles. C'est absurde et incohérent. Au lieu de
dépenser de l'argent à organiser des concours, on devrait
plutôt canaliser les efforts et les sommes d'argent pour redonner
à l'industrie touristique la place qui lui revient. Les irritants dans
l'industrie de la restauration et de l'hôtellerie sont innombrables.
Outre ce que je viens d'énumérer, il y a aussi les
nombreux permis à demander. Selon les intervenants du milieu, ce
problème est une menace directe pour les restaurateurs en règle
et une source de nombreuses inégalités. Devant cette triste
réalité, qu'est-ce que ce gouvernement entend faire pour
régler cette situation? Y a-t-il des moyens que le gouvernement
péquiste entend prendre pour modifier et mettre fin à ces
problèmes? Allez-vous, un jour, prendre vos dossiers en main et agir?
Comment voulez-vous avoir un produit touristique concurrentiel avec une taxe de
10 % sur les repas, taxe qui est beaucoup trop élevée?
Mon collègue de Charlebourg en a fait état la semaine
dernière au ministre du Tourisme. Mais, au risque de me
répéter, j'aimerais dire que le ministre du Tourisme a
déclaré, le 1er avril dernier, qu'il étudiait la
possibilité de réduire la taxe de 8 % à 7 % et de
l'appliquer sur tous les repas. Or, depuis, le ministre n'a pas cessé de
tourner en rond en commandant d'innombrables études qui ne font que
retarder la solution au problème. N'aurait-on pas pu profiter de la
présentation du budget, pour examiner les possibilités de
réduire cette taxe? Non, rien de tout cela.
Le ministre du Tourisme, dans la réplique qu'il donnait à
la motion que nous présentions, il y a quelques semaines, nous disait
qu'alléger cette taxe de 10 % pourrait avoir des conséquences
graves pour les revenus du gouvernement. Si le ministre du Tourisme...
M. Garon: M. le Président. (17 h 40)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: Question de règlement. On parlait de la
pertinence tout à l'heure. Je comprends que le député lit
le discours d'un autre, mais qu'il lise les bouts qui parlent du projet.
Actuellement, il ne parle pas du projet.
Des voix: Hé! Hé!
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît; M.
le député de Viger, vous connaissez le règlement, bien
sûr, je suis certain que vous ferez en sorte de l'appliquer.
M. Maciocia: Je m'en ferai un plaisir, M. le Président. Je
crois que je suis beaucoup plus pertinent que ne l'était le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation tantôt, sur le
projet de loi antérieur, M. le Président. Quand on parlait des
bateaux, vous avez vous-même eu l'honnêteté de le reprendre
et de le rappeler à l'ordre.
Si le ministre du Tourisme savait dès le départ qu'il ne
pouvait pas réduire la taxe de 10 % sur les repas, pourquoi a-t-il
donné un faux espoir aux intervenants du milieu? On parle des
restaurateurs ici, on parle de la restauration dans le projet de loi 27, M. le
ministre. Je ne peux comprendre comme il se fait que ce soit vous qui l'ayez
présenté au lieu du ministre du Tourisme. C'est un scandale, M.
le ministre, de voir que ce gouvernement qui se disait transparent au
début de son mandat ne fait rien pour régler ces irritants et ne
cesse d'étouffer
les gens de l'hôtellerie et de la restauration.
Ce ne sont pas des médailles que ces gens attendent, ce sont des
projets de loi, des amendements aux lois pour enlever ces irritants. Par ses
politiques, qu'on ne cessera jamais de qualifier d'incohérentes, le
gouvernement péquiste fait exprès pour abîmer une industrie
qui est fragile et qui rapporte des centaines de millions de dollars au
gouvernement. Tout le monde est d'accord pour affirmer que la qualité
des infrastructures, la qualité des établissements et du service
qu'on y retrouve sont des facteurs de première importance pour la
restauration et pour l'industrie touristique. Comment peut-on concevoir de bons
produits touristiques sans un haut niveau de qualité dans
l'hébergement et la restauration? C'est ce qu'ils cherchent, ces gens,
ils ne cherchent pas des médailles.
C'est là un autre problème qui est perçu par
l'industrie et qui a été souligné au ministre du Tourisme,
le 11 mars 1985, dans une lettre que lui a fait parvenir M. Michel
Bélanger, président de l'Association des hôteliers de la
province de Québec, où on dit: "Le gouvernement s'est
surpassé en abolissant un règlement qui, sans être parfait,
était toléré. Nous parlons, bien sûr, du
règlement relatif aux établissements hôteliers et
restaurants. Nous en convenons, plusieurs articles étaient
dépassés et ne s'appliquaient plus au fil des années, nous
l'avions souvent porté à l'attention des ministres
concernés, mais il ne fut jamais de notre désir de ne pas
être réglementé. C'est pourquoi, même aujourd'hui,
reconnaissant l'utilité et la nécessité d'un
règlement, nous vous demandons de restaurer le règlement, aussi
imparfait soit-il, avant que la qualité et la présentation de nos
établissements n'affectent notre image de marque."
Permettez-moi de souligner au gouvernement que la
déréglementation s'est faite sans concertation avec les
intervenants. Elle a été faite à la légère.
Encore une autre démonstration avec le projet de loi 27. Le gouvernement
se glorifie de l'avoir mis de l'avant quand cela fait déjà deux
ou trois ans que l'Association des restaurateurs du Québec a mis de
l'avant non pas un tel projet de loi, mais les idées qui sont dans le
projet de loi.
La loi 43, c'est cela que les gens attendent. Cette loi 43 qui
pèse encore sur ces restaurateurs et sur ces hôteliers. Ce n'est
pas le projet de loi 27 qu'ils attendent, ils attendent qu'on élimine la
loi 43 qui pénalise actuellement la restauration, l'hôtellerie et
l'industrie touristique.
On se rappelle...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Viger, vous faites référence justement -
et c'est un cas flagrant de non pertinence - à la loi 43 au lieu de
parler du projet de loi en cours actuellement.
M. Maciocia: M. le Président, vous avez bien raison, mais
je parlais des irritants que les restaurateurs veulent que ce
gouvernement-là élimine. Ils ne veulent pas avoir des
médailles avec le projet de loi 27. Ils veulent que le gouvernement
élimine la loi 43 qui a été présentée
à ce moment-là. Vous vous rappellerez qu'il y a eu une motion
présentée par l'Opposition en mars 1984 et le ministre actuel du
Revenu, le député de Richelieu, s'était abstenu de voter
parce qu'il y avait des pressions énormes sur lui concernant ce projet
de loi et aujourd'hui qu'il est responsable de ce projet de loi, il n'a
même pas le courage de l'amender ou de le retirer.
Une voix: C'est vrai.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Viger, je viens de faire mention -je vous connais
suffisamment pour savoir que vous respecterez le règlement dans sa
pertinence - de l'article 211. Il est évident qu'à
l'intérieur d'une intervention, on puisse faire référence
à certaines autres situations, mais je vous demanderais quand
même, ainsi qu'à tous ceux qui sont ici à
l'Assemblée, justement de respecter l'article 211.
M. le député de Mont-Royal, vous voulez intervenir sur la
question de pertinence?
M. Ciaccia: Sur la question de règlement ou
peut-être de directive. Je crois que ce que le député de
Viger tente de faire en discutant du projet de loi 27, c'est de poser certaines
questions quant au comportement et à l'attitude de certains ministres
vis-à-vis d'autres projets de loi et il fait référence au
projet de loi 27 aussi. Il a le droit de demander: Si un tel ministre ou un tel
membre du gouvernement est prêt à appuyer le projet de loi 27,
pourquoi n'a-t-il pas appuyé le projet de loi 43 qui touchait la
même industrie? Je crois que c'est pertinent, M. le Président.
C'est un peu pour faire un parallèle et pour expliquer plus les
intentions du gouvernement sur le projet de loi 27.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous savez fort bien, M.
le député de Mont-Royal, que le président permet justement
une assez large ouverture sur la pertinence, mais il ne faudrait quand
même pas exagérer sur quelque intervention que ce soit pour
élargir à ce point qu'on puisse discuter de tout.
Je peux apprécier des interventions dans lesquelles on peut
à la fois parler sur le projet en particulier et, à un moment
donné, aller rapidement sur un autre projet de loi comme vient de le
faire le député de
Viger. Je suis capable de l'apprécier, bien sûr, et de ne
pas en porter un jugement définitif, mais je demanderais quand
même à chacun des intervenants de cette Assemblée de
respecter l'esprit de notre règlement. M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Oui, M. le Président. Justement pour qu'on
s'entende bien sur l'esprit de notre règlement quant à la
règle de la pertinence. Vous avez complètement raison de dire
qu'à l'occasion on peut exagérer, c'est, je pense, ce que faisait
le ministre de l'Agriculture tantôt, quand je surveillais dans mon
bureau.
Lisons ensemble si vous le voulez l'article 239 qui traite du
débat sur le principe. C'est ce qu'on fait présentement sur le
projet de loi 27. Or, l'article 239 dit: "Le débat porte exclusivement
sur l'opportunité du projet de loi, sur sa valeur intrinsèque ou
sur tout autre moyen d'atteindre les mêmes fins." C'est exactement ce que
fait le député de Viger depuis le début et c'est ce que je
pense. M. le Président, vous devrez reconnaître ce que le
règlement non seulement lui permet, mais lui ordonne de faire.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, brièvement sur cette
même question. Je fais la même lecture que le leader de
l'Opposition, mais je ne comprends pas la même chose que lui. On lit: "Le
débat doit porter exclusivement sur l'opportunité du projet de
loi, sur sa valeur intrinsèque ou sur tout autre moyen d'atteindre les
mêmes fins." Ce que le règlement veut dire, me semble-t-il - c'est
généralement à ce genre d'évaluation du
règlement auquel nous assistons - c'est que le député
pourrait proposer des moyens positifs d'atteindre les mêmes fins qui sont
celles de valoriser les bons restaurateurs du Québec. Mais s'il veut
faire le procès de toute l'industrie de la restauration au
Québec, ce n'est pas à ce moment-ci qu'il faut le faire. Notre
règlement prévoit des débats pour faire cela. Ce sont les
débats du vendredi. Si le député veut inscrire un
débat du vendredi sur ce sujet, il pourra le faire. Présentement,
il s'agit de parler du projet de loi et des moyens de rechange pour atteindre
les mêmes fins et non pas de parler de l'ensemble de ce secteur.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Chacun des membres de
cette Assemblée, à ce moment-ci, comprend bien l'esprit de notre
règlement et je suis sûr que chacun d'entre vous, lors d'une
intervention, respectera cet esprit. M. le député de Viger. (17 h
50)
M. Maciocia: Exactement, M. le Président, on ne peut
jamais parler d'un projet de loi, de l'opportunité d'un projet de loi,
si on ne fait pas mention des irritants ou des choses qu'il faut corriger dans
cette industrie. Comment peut-on parler de l'opportunité de n'importe
quel projet de loi, que ce soit le projet de loi 27, le projet de loi 28 ou le
projet de loi 29, n'importe lequel, sans parler des problèmes que vit
cette industrie, que vivent ces gens-là et, dans ce cas précis,
ce sont les restaurateurs du Québec. Si on parle de l'opportunité
du projet de loi 27, on doit dire pourquoi on veut adopter ce projet de loi et
ce dont ces gens-là ont vraiment besoin pour que cette industrie vive au
Québec d'une façon raisonnable. Cette industrie est
considérée par tout le monde, spécialement, je crois, de
la part du Parti libéral parce qu'on a toujours dit que c'est une des
industries primordiales pour la relance économique au Québec. Il
faut vraiment essayer de donner les moyens à cette industrie de pouvoir
vivre et de donner à plus de 120 000 Québécois la
possibilité de travailler et de vivre. Si on continue comme on le fait
actuellement avec ce gouvernement... Soit dit en passant, M. le
Président, en 1979, au Québec, 42 hôtels ont fermé
leurs portes ainsi que 229 restaurants. En 1982, 96 hôtels ont
fermé leurs portes...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M.
le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, j'imagine que le
député de Viger va nous expliquer, comme l'a fait le leader de
l'Opposition, qu'il est en train d'indiquer tout autre moyen d'atteindre les
mêmes fins? Il est en train de faire la panoplie de ce qui...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
Des voix: ...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M.
le député de Viger.
M. Gratton: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Sur la question de
règlement.
M. Gratton: Je m'excuse auprès de mon collègue de
Viger, mais, manifestement, les députés ministériels,
surtout le leader adjoint du gouvernement veulent empêcher le
député de Viger de dire ce qu'il a à dire sur le projet de
loi.
M. le Président, je reviens là-dessus. Si le
député de Rousseau a quelque chose à dire sur le projet de
loi, comme il tente de le faire par le biais de questions de
règlement qui n'en sont pas, qu'il intervienne, à son
tour, et on tâchera de ne pas le déranger. Mais j'avertis tout de
suite les députés ministériels que si on veut
empêcher les députés de l'Opposition de s'exprimer
librement, on leur servira la même médecine, à leur tour,
et peut-être qu'ils n'aimeront pas cela.
M. Blouin: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Ce n'est pas cela du tout. Je serais même
prêt, si le député le veut, à faire en sorte que les
minutes qui ont été prises pour parler de questions de
règlement qu'a lui-même soulevées le leader de l'Opposition
soient ajoutées pour que le député s'exprime. Voyons donc!
Ce n'est pas cela du tout.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Donc, puisque chacun s'est exprimé sur des
questions de règlement qui n'en étaient plus ou moins, je
considère, à ce moment-ci que le député de Viger,
en respectant le règlement, peut poursuivre son intervention.
M. Maciocia: Je vous remercie, M. le Président. Vous
reconnaissez que sur cette question de respect du règlement je suis
toujours là à le respecter. Jamais la présidence ne m'a
repris sur la pertinence des discours.
Comme je le disais tantôt, pour donner des médailles il
faut vraiment que la qualité de la restauration au Québec soit
primordiale, soit vraiment de qualité supérieure. Pour attirer
des gens ici au Québec, il faut que cette qualité soit
manifestée par des lois de la part du gouvernement actuel.
Si encore on fait référence à la
détérioration de la situation financière de certains
établissements de la restauration, selon la suggestion des restaurateurs
du Québec, il y a seulement 5 % des restaurants au Québec qui
font des profits de 5 % à 8 %. Il y en a 35 % qui ne font pas d'argent
et il y en a 60 % qui perdent de l'argent.
Ce n'est pas le projet de loi 27 que ces gens attendent parce qu'il y a
60 % des gens qui perdent de l'argent et 35 % qui sont au point mort. Ils ne
font même pas d'argent. Ces gens attendent un projet de loi pour
l'élimination de ces irritants, de 4,4 % sur les vins et spiritueux,
diminuer la taxe de 10 % sur les repas à un niveau qui pourrait
être concurrentiel avec les autres provinces. En Ontario, c'est seulement
7 %. Pourquoi est-ce 10 % au Québec? En 1978, elle était
seulement de 8 % ici au Québec.
C'est ce gouvernement qui l'a augmentée encore.
Quand on dit la diminution de la qualité, c'est la diminution du
tourisme ici au Québec... Comme je le disais, il y a beaucoup de taxes
et beaucoup d'irritants qui affectent l'industrie de la restauration et de
l'hôtellerie.
Pour terminer, étant donné que j'ai été
dérangé, comme je le disais tantôt, plusieurs fois...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Viger, j'ai été très large puisque
si j'avais été strict pour le temps, à 17 h 54, j'aurais
dû vous demander de conclure, mais justement je vous donne la
possibilité de terminer d'une façon normale.
M. Maciocia: II reste quoi? Deux minutes? À 18 heures,
permettez-vous que je termine?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Y a-t-il consentement? Il
y a consentement.
M. Maciocia: Merci. Comme je le disais tantôt, le projet de
loi 27, c'est sûr qu'on va être pour parce qu'à un certain
moment, c'est seulement un projet de loi qui n'a aucun sens. C'est seulement
pour remplir un vide ici à l'Assemblée nationale. Ce gouvernement
a présenté deux projets de loi par l'entremise du ministre de
l'Agriculture, l'un sur le mérite de la restauration et l'autre sur le
mérite du pêcheur. Comme je disais tantôt, il faudrait que
ce gouvernement prenne des mesures pour donner à cette industrie de la
restauration et de l'hôtellerie la possibilité de
s'épanouir, de vivre sereinement ici au Québec et d'avoir un
minimum de possibilités de faire des profits. Vous savez très
bien que si on veut que l'entreprise privée s'installe et continue
à vivre ici au Québec il faut lui donner les moyens de vivre et
de s'épanouir. Pas comme en 1983, où il y a eu 527 restaurants
qui ont fermé leurs portes au Québec. Cela est très grave.
Enfin, je termine là-dessus. Va-t-on un jour prendre en
considération tous ces problèmes? Va-t-on un jour être
à l'écoute des intervenants dans le but de leur venir en aide? Ce
n'est pas en donnant des médailles qu'on arrivera à régler
la situation et à redonner à l'industrie la place qui lui
revient. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Merci. Je voudrais savoir combien il me reste de
temps, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): II vous
reste une minute avant 18 heures, avant la suspension.
M. Charbonneau: Dans ce cas, je vais demander la suspension du
débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de suspension est adoptée? Adopté sûrement. Nos travaux
sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance 17 h 58)
(Reprise à 20 h 1)
Le Vice-Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous allons reprendre le débat sur l'adoption du principe du
projet de loi 27, Loi sur le mérite de la restauration. M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. On poursuit ce
soir la discussion sur le principe d'un projet de loi qui est un peu sans
prétention. Ce n'est pas un projet de loi qui va révolutionner le
Québec et qui va virer les choses à l'envers, mais c'est un
projet de loi qui consacre, officialise des choses qui se font
déjà et qui méritent à un moment donné
d'être mieux encadrées, mieux élargies et peut-être
officialisées, par le vote de l'Assemblée nationale, par une
reconnaissance législative qui va faire en sorte que les actions qui se
font déjà depuis quelques années pour reconnaître la
qualité de notre restauration, de notre gastronomie et les efforts que
les gens d'affaires de cette industrie font depuis plusieurs années
maintenant, que tout cela soit encouragé et consolidé par
l'adoption de ce projet de loi.
Le projet de loi, M. le Président, est lié à la
fois à l'importance qu'a prise au cours des dernières
années l'industrie touristique et, d'une certaine façon, est
lié aussi à l'une des marques de commerce que s'est donné
le Québec au cours de ces dernières années. N'importe
quelle personne qui s'intéresse au secteur touristique sait très
bien que, parmi les choses qui font qu'on identifie les Québécois
ou qu'on choisit le Québec comme lieu ou endroit où on va
séjourner un certain temps, il y a, entre autres, la gastronomie, la
bonne chère, les bonnes tables.
Au cours des dernières années, comme je l'ai
indiqué, déjà dans le milieu, des efforts importants ont
été faits pour reconnaître la qualité de notre
gastronomie. Je regarde ce qui se fait dans la région que je
représente, M. le Président, la vallée du Richelieu, qui,
ces dernières années en particulier, a vu se développer
beaucoup de restaurants de qualité. De nous présenter maintenant
un projet de loi qui va faire en sorte qu'on puisse réglementer et
donner plus d'importance, plus de crédibilité à des
concours, à des reconnaissances de la qualité, dans mon milieu en
tout cas, ce sera très apprécié.
Ces efforts ont d'ailleurs amené certains des nôtres, les
propriétaires du restaurant réputé Les Trois Tilleuls de
Saint-Marc-sur-le-Richelieu, à mériter le premier prix du
concours de la restauration en 1983. Quand on connaît la qualité
de ce restaurant, les efforts que font les propriétaires de ce
restaurant-hôtellerie, on se rend compte que ces gens-là ont
été fiers de se voir décerner cette reconnaissance et ce
prix. Ces gens-là ont compris, contrairement à ce que laissaient
entendre les libéraux qui essayaient de ridiculiser ce projet de loi,
que c'est un geste significatif dans leur milieu comme dans n'importe quel
milieu ou dans n'importe quelle profession où, à un moment
donné, on reconnaît l'excellence. Parfois, on entend de l'autre
côté de la Chambre des discours, tout comme de ce
côté-ci, pour prôner de plus en plus l'excellence, le fait
qu'au Québec, dans tous les domaines, il va falloir encourager
l'excellence, la développer et s'y attarder constamment. Je pense que,
dans le secteur de la restauration, une bonne façon d'encourager
l'excellence, une bonne façon d'encourager l'émulation entre les
gens qui oeuvrent dans ce milieu, c'est de faire en sorte que, non seulement il
y ait des prix, mais qu'il y ait des prix qui aient une certaine
notoriété, qui aient une certaine importance, une certaine
crédibilité. La meilleure façon de le faire, c'est de
faire en sorte que ces prix soient réglementés, régis ou
octroyés dans le cadre d'une loi qui est adoptée à
l'Assemblée nationale du Québec.
Il y a un député de l'Opposition, qui m'a
précédé cet après-midi, qui se demandait un peu
pourquoi ce n'est pas le ministre du Tourisme qui présente ce projet de
loi au lieu du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Effectivement, le ministre du Tourisme aurait très bien
pu présenter ce projet de loi, mais, dans un cas comme dans l'autre, il
y avait une justification. On peut penser que du point de vue touristique,
c'est évident qu'il y avait une justification, mais du point de vue
agro-alimentaire également. Les efforts qui ont été faits
ces dernières années au niveau de la gastronomie et
l'amélioration de la qualité de notre restauration ont eu des
répercussions directes sur l'industrie agro-alimentaire. Ils ont eu des
répercussions sur les habitudes alimentaires des
Québécois. Ils ont eu des répercussions sur le type de
production qui se développe au Québec.
Je prends un exemple. Je vous citais
tantôt le cas de l'hôtellerie Les Trois Tilleuls à
Saint-Marc-sur-le-Richelieu qui, en 1983, s'est vu décerner le premier
prix du mérite de la restauration. Dans la même
municipalité rurale de Saint-Marc-sur-le-Richelieu, il se fait un des
meilleurs fromages de chèvre qu'on peut trouver sur le marché.
Cela se fait chez nous. Ce fromage, dans la mesure où il y a des
restaurateurs qui le connaissent, se voit distribué de plus en plus.
Naturellement, la production agricole ou agro-alimentaire dans ce secteur prend
de l'importance. La semaine dernière, je suis justement allé chez
les producteurs en question, chez lesquels, d'ailleurs, je m'approvisionne
moi-même et on me disait qu'à la délégation du
Québec à Boston, lorsque le premier ministre s'y est rendu il y a
quelques jours, on avait eu l'occasion de servir de ce fromage et que
maintenant, on veut en faire la promotion parce qu'on s'est rendu compte que
c'était un produit de qualité, qui méritait d'être
connu.
Le fromage de chèvre fait partie des aliments que l'on retrouve
maintenant dans nos restaurants, dans notre gastronomie, qu'on ne trouvait pas
il y a quelques années. Voilà un exemple concret de la relation
qu'il y a entre la restauration, la gastronomie et la production
agro-alimentaire. On pourrait multiplier les exemples afin de démontrer
qu'il y a une justification importante, évidente entre le secteur
agro-alimentaire et le secteur de la restauration. Voilà pourquoi c'est
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui a
présenté ce projet de loi, qui le parraine. Il n'y a pas de quoi
se surprendre.
J'entendais les députés de l'Opposition essayer de se
sortir un peu de leur incohérence ou de leurs contradictions,
c'est-à-dire de parler, comme ils le font souvent, contre le projet de
loi pour annoncer à la fin qu'ils vont voter favorablement. On a
parlé contre le projet de loi sans même trouver une bonne raison
pour être contre. On a essayé de faire le procès de la
situation dans le secteur de la restauration. Il est évident que ce
secteur, comme d'autres secteurs de nos industries au Québec, vit des
problèmes et souffre d'un certain nombre de situations mais
développer ces problèmes à l'occasion d'une discussion
somme toute importante mais marginale par rapport à d'autres grands
débats qui peuvent occuper l'Assemblée nationale et en faire tout
un plat, je pense que c'est bien mal occuper le temps de la Chambre.
Les députés de l'Opposition, qui vont sans cloute
intervenir dans le même sens que celui qui est déjà
intervenu, auraient mieux fait, s'ils étaient vraiment
préoccupés par un certain nombre de questions, de les soulever
lorsque cela pouvait être le cas, de les soulever lorsqu'il y avait des
périodes de débats particulièrement intenses qui pouvaient
leur être octroyées sur certaines questions ou encore simplement
de le faire quotidiennement à la période des questions.
C'est évident que dans la mesure où on veut se faire une
belle jambe, à l'occasion d'une campagne électorale qui pointe
à l'horizon, on tape sur tout ce qui passe. On fait aussi des
dénonciations qui sont un peu simplistes. (20 h 10)
Cet après-midi, celui qui m'a précédé
déplorait la taxe sur les repas, la taxe sur les boissons, oubliant de
dire que son propre parti et d'autres de ses collègues ont
déjà aussi dénoncé la taxe de vente, la taxe sur
l'essence, la taxe sur les assurances. Finalement, ils sont à peu
près contre toutes les taxes. Nous autres aussi. Personne n'aime les
taxes. Trouvez-moi quelqu'un dans notre société qui aime les
taxes. S'il y a une journée où on aime encore moins les taxes,
c'est peut-être aujourd'hui, où on vient d'en avoir
d'additionnelles sur la tête.
C'est facile et un peu démagogique de trouver des
députés de l'Opposition qui diront: On devrait abolir telle taxe;
on devrait abolir telle taxe; on devrait abolir telle taxe. On va abolir toutes
les taxes, mais où va-t-on trouver les revenus? Quand les mêmes
députés nous disent qu'il faut diminuer le déficit et
augmenter les dépenses publiques, il y a la quadrature du cercle qu'on
n'a pas réussi à résoudre de ce côté-ci et
qu'eux vont sans doute cacher parce que leur incohérence est tellement
évidente qu'on peut se demander à quoi tient toute cette
argumentation et jusqu'où le mirage persistera.
Entre-temps, je pense qu'on a devant nous un projet de loi qui
mérite une adoption rapide de l'Assemblée nationale, qui ne
mérite pas qu'on prenne des heures interminables ici en cette Chambre
alors qu'on a d'autres questions importantes à débattre et
à discuter, ce projet ne mérite pas qu'on y consacre des heures
et des heures. Il me semble que l'évidence saute tellement aux yeux.
Est-ce qu'il y a quelqu'un dans notre société qui peut
être contre le fait que le gouvernement décide de donner plus de
poids à des prix, à des mérites qui sont
déjà accordés dans le secteur de la restauration? À
quoi rime cette espèce de petite bataille insignifiante qu'ont
déjà commencé à nous servir les
députés de l'Opposition? Finalement, on ferait mieux d'adopter ce
projet de loi très rapidement et de passer à d'autres
discussions. Si, finalement, ces gens-là veulent discuter d'un certain
nombre de problèmes que vit l'industrie de la restauration, très
bien, mais prenons un ou deux problèmes en particulier et ouvrons
clairement la discussion sur ces questions-là.
Entre-temps, qu'on utilise le temps de la Chambre ou,
éventuellement, le temps des
commissions parlementaires pour des choses qui, finalement,
méritent qu'on y consacre beaucoup d'énergie. J'ai l'impression
qu'avec un peu de bonne volonté on pourrait régler cela en deux
temps trois mouvements. Autrement, les gens qui nous écouteront ce soir,
qui en auront la patience, peut-être parce qu'ils ne trouveront pas
d'autres spectacles plus intéressants à d'autres canaux de
télévision, les gens qui écouteront ce débat se
demanderont à quoi il rime, alors que dans les faits ce projet de loi de
quelques articles pourrait être adopté en dix minutes et qu'on
pourrait alors passer à d'autres sujets.
En tout cas, dans cette cohérence, je n'ai pas non plus
l'intention de m'attarder indûment. Je veux simplement souligner les
restaurateurs de mon comté, les restaurateurs de ma région,
où cette industrie a pris beaucoup d'importance, où, dans la
vallée du Richelieu, on s'est fait de plus en plus une marque de
commerce de la qualité de notre gastronomie et, au cours des prochaines
années, on va continuer de multiplier les efforts qu'on a faits et qu'on
fait pour être une des régions du Québec qui soit la plus
réputée dans ce domaine. Je pense que les gens de ma
région, de mon comté, vont apprécier ce projet de loi sans
prétention, mais utile, qui reconnaît et officialise des choses
qui se font depuis quelques années. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: Merci, M. le Président. L'Assemblée
nationale est saisie d'un projet de loi qui vise à souligner, d'une
façon particulière, le mérite des restaurateurs qui font
la gloire du Québec. Ce n'est pas d'hier, évidemment, que
l'hôtellerie et la restauration au Québec sont des entreprises
qui, au point de vue touristique, sont une source de fierté. Cependant,
ce qu'il faut réaliser - j'en suis particulièrement conscient ce
soir, car si la gastronomie a une capitale au Québec, c'est bien la
ville de Québec, c'est bien la région de Québec...
Cependant, ce que le ministre de l'Agriculture décide de nous proposer,
c'est de distribuer des médailles, c'est de faire en sorte que les
restaurateurs se contentent de décorations, de médailles, de
citations. C'est de pouvoir convaincre les restaurateurs, ceux qui gagnent leur
vie à côté des chaudrons et des marmites et à servir
les gens, que ce qu'il y a d'important pour eux, c'est de pouvoir
s'épingler une médaille ou de pouvoir indiquer à la porte
de leur restaurant qu'ils sont détenteurs d'un titre quelconque
accordé par le ministre de l'Agriculture. C'est totalement ridicule.
Ce que la population veut actuellement, en particulier les
restaurateurs, ce sont des solutions véritables aux problèmes
qu'ils vivent. C'est Napoléon Bonaparte qui disait: Les médailles
sont des hochets et les hochets mènent les hommes. C'est Napoléon
Bonaparte qui disait cela. C'était un connaisseur d'hommes. Ce que le
ministre de l'Agriculture nous propose aujourd'hui, c'est des hochets. Il nous
propose des hochets pour amuser, pour distraire et pour divertir, pour faire
oublier les véritables problèmes qui causent des faillites et qui
créent des difficultés véritables. Ce que le ministre de
l'Agriculture nous propose, c'est de donner des médailles et de se
glorifier lui-même en premier lieu comme commandeur de l'ordre. Il se
nomme avant tout commandeur de l'ordre. Il se donne, M. le ministre se donne
à lui-même la première médaille. Il considère
donc que le plus méritant entre les méritants, c'est
lui-même. Il est le meilleur juge dans sa propre cause.
Je ne l'invente pas, M. le Président. C'est l'article 7 qui le
dit. L'article 7 dit: "Le ministre est d'office..." Il n'a pas de preuve
à faire. Il n'a pas à être meilleur que les autres. Il n'a
pas à se soumettre à un concours. Il n'a pas à prouver son
véritable mérite. Il a tout simplement à mettre un article
dans le projet de loi et à se déclarer lui-même commandeur,
s'il vous plaît, commandeur de l'Ordre du mérite de la
restauration. L'Ordre du mérite de la restauration, l'Ordre du
mérite des pêcheries, l'Ordre du mérite agricole. Il va
crouler sous le poids de ses médailles, s'il ne croule pas avant sous le
poids du ridicule.
S'affubler soi-même de médailles alors que les
médailles doivent reconnaître le véritable mérite
des gens qui les portent ou qui les ont, à qui elles sont
attribuées. Que dit la loi à ce sujet? C'est que les prix, les
médailles, les diplômes sont accordés aux personnes qui
participent au concours. Par ordre de mérite, les juges décident.
Le ministre ne veut pas se soumettre à cela. Il est au-dessus de cela.
Il fait son Napoléon Bonaparte qui, lui-même, disait que les
médailles sont des hochets et que les hochets mènent les
hommes.
Aussi, le ministre décide qu'il a droit au titre de commandeur de
l'ordre du mérite alors que les prix des médailles, dit l'article
6, doivent être accordés à toute personne qui, par son
travail dans l'industrie, dans un emploi public ou dans des missions
scientifiques ou officielles, par des travaux de recherche, des ouvrages ou
publications, ou par la création de bourses ou de dotations, a
favorisé de façon notoire l'utilisation des produits alimentaires
québécois dans la restauration.
Si on veut que ces décorations ou ces médailles aient un
véritable sens, il ne faut
pas que le premier geste qui soit posé par le gouvernement soit
de les dévaluer. Je pense que la meilleure façon de les
dévaluer c'est, pour le ministre de l'Agriculture, de se les attribuer
lui-même en premier lieu. Quelle signification auront ces
décorations après cela, M. le Président, quand quelqu'un
qui ne les a pas méritées est le premier à se les mettre
sur le revers du veston? Est-ce que c'est sérieux? Est-ce que c'est
sérieux d'agir de cette façon?
Le minisitre décide de distribuer des médailles. Il est
remarquable que la prospérité des sociétés soit
inverse au nombre de médailles que donne cette société
à ses citoyens. On peut aller dans les pays socialistes, aller en URSS
et je suis allé dernièrement, tout le monde a des
médailles. On y met - M. le Président, est-ce que le droit de
parole m'est accordé sans interruption...
Le Vice-Président (M. Brouillet):
Messieurs, s'il vous plaît, je vous inviterais à attendre
votre tour pour pouvoir intervenir et laisser au député qui a la
parole la liberté de s'exprimer. M. le député. (20 h
20)
M. Doyon: Ce que je disais, c'est que la
propspérité d'une société est en proportion inverse
du nombre de médailles qu'elle distribue de tout bord et de tout
côté. Dans les pays socialistes, tout le monde a des
médailles. On a des médailles pour le meilleur laboureur, on a
une médaille pour le meilleur soudeur, on a des médailles pour le
meilleur électricien, on a des médailles pour le héros de
la révolution. On donne des médailles à tout le monde.
Cependant, la meilleure façon pour un homme ou pour une femme
d'être satisfait de son travail, c'est de réussir à gagner
sa vie honorablement, à payer son loyer, à payer sa maison,
à s'habiller, à nourrir ses enfants à les élever et
à les éduquer. Ce n'est pas de se promener avec une rangée
de médailles sur le veston. Cela ne prouve rien. Cela ne coûte
rien.
C'est ça que ce gouvernement en est réduit à nous
proposer au lieu de s'attaquer aux véritables problèmes qui sont
les surcharges fiscales à tous les niveaux. C'est comme ça que le
gouvernement agit. Il pense que les gens vont s'endormir et qu'ils vont croire
qu'en ayant une médaille, ils vont oublier les difficultés qu'ils
connaissent. La preuve qu'ils ne les oublient pas, c'est dans les sondages qui,
mois après mois, vous assomment et vous mettent au bas de
l'échelle sans aucune possibilité de remonter.
Vous êtes totalement déclassés. Si la population
appréciait tant que le ministre Garon, que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation pardon, soutenait les actions du
gouvernement, en serait-il réduit à des 10 %, 15 %, 20 % dans les
sondages? Est-ce que le gouvernement aurait peur comme actuellement de
déclarer des élections générales? Si la population
appréciait tellement les gestes du gouvernement et pensait que
finalement on est administré par des Pic de La Mirandole par des gens
qui connaissent tout, par des gens qui pensent avoir inventé les
pêcheries même au Québec, est-ce que c'est ça que la
population désire? À chaque occasion, et le 3 juin prochain en
sera une autre, le 3 juin prochain sera une autre occasion pour des centaines
de milliers de personnes de se prononcer sur l'à-propos de projets de
loi comme celui du mérite de la restauration.
Il est évident que les gens qui oeuvrent à
l'intérieur de l'entreprise qu'est la restauration sont des gens de
mérite, des gens qui méritent notre respect et pour lesquels nous
en avons. Cependant, ce que nous soutenons, M. le Président, c'est que
la façon de démontrer ce respect, de démontrer qu'on
apprécie le travail qu'ils font, ce n'est pas de leur donner des
médailles et ce n'est pas, en tout premier lieu, pour le ministre de
s'en accorder une à lui-même. Nous disons qu'un gouvernement
sérieux qui voudrait régler les problèmes de
l'hôtellerie et de la restauration devrait s'attaquer aux
problèmes véritables. Ces problèmes-là sont
identifiables et ils ont été soulevés ici à
l'Assemblée nationale à de nombreuses reprises par nos
porte-parole. Nous avons fait valoir au gouvernement que les problèmes
véritables de la restauration viennent du fait que, par exemple,
à la Société des alcools il n'y a pas d'escompte pour les
restaurateurs qui achètent un volume considérable de boissons
alcooliques ou de vins et de spiritueux. C'est à peu près la
seule entreprise... M. le Président, quand on achète en grande
quantité, on s'attend d'avoir un prix au moins égal, sinon
inférieur, à ceux qui achètent au détail. Mais non!
La Société des alcools impose une surtaxe de 4,4 %. Non seulement
elle ne donne pas d'escompte, mais elle facture 4,4 % de plus aux gens qui sont
dans la restauration et qui font le service aux tables.
Les frais de livraison, M. le Président, sont de 1,15 $ la
caisse. Là-dessus, le gouvernement pourrait faire quelque chose. Pas du
tout, M. le Président! On impose une surtaxe sur la bière de 0,94
$ la caisse depuis plus de deux ans. Cela, évidemment, le ministre de
l'Agriculture, de Pêcheries et de l'Alimentation ne s'en mêle pas;
cela ne le regarde pas. Ce qui le regarde, c'est de distribuer des
médailles, de tenter d'endormir la population avec des choses
semblables. Le gouvernement se trompe lourdement en agissant de cette
façon-là.
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
devrait savoir que les 100 000 emplois qui sont reliés au
domaine de la restauration, les 3 000 000 000 $ que cela apporte
devraient provoquer de sa part un respect vis-à-vis des gens qui
travaillent dans ce domaine-là. Ce n'est pas une façon de montrer
ce respect que de tout simplement y aller avec des médailles. Le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation tente de se
créer un immense empire. Je suis sûr que vous-même vous
êtes posé la question honnêtement, M. le Président.
Pourquoi est-ce le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui est le parrain de cette loi sur l'Ordre du mérite de
la restauration? Pourquoi n'est-ce pas le ministre du Tourisme? Pourquoi
n'est-ce pas la personne qui, finalement, a la responsabilité de
s'assurer que le tourisme au Québec est florissant? Mais non! Le
ministre de l'Agriculture a imposé ses vues là-dessus de la
même façon qu'il est en train de tenter de le faire dans le
domaine de la fabrication des alcools artisanaux et des vins locaux. Il est en
train d'essayer de déplacer le ministre de l'Industrie et du Commerce:
ôte-toi que je me mette! Toute la place pour moi! De la même
façon qu'il a tassé le ministre de l'Environnement quand il s'est
agi de pollution agricole. Là encore, c'est lui qui avait le pas dans la
parade. Tassez-vous que je me mette! C'est à moi que cela appartient ce
domaine-là. Ici, on en a encore la preuve avec cet Ordre du
mérite de la restauration.
On a un autre ordre du mérite qui va venir ici devant
l'Assemblée et dont l'étude est déjà
commencée. Il s'agit du mérite dans le domaine des pêches.
On pourrait à ce moment-là étudier la question et voir si
les problèmes urgents, les problèmes véritables dans ce
domaine ne mériteraient pas d'autre solution que des médailles
là aussi. Quand je pense qu'ici, à l'Assemblée nationale,
il y avait le député de Verchères, tout à l'heure,
qui pensait que l'Opposition était pour laisser passer cela comme une
lettre à la poste. On nous reprochait d'en parler. On disait finalement:
C'est un projet de loi insignifiant. Ne parlez donc pas là-dessus.
Laissez-le passer, un, deux, trois, go, c'est fini. Je regrette beaucoup, les
députés de l'Opposition sont ici pour faire valoir le point de
vue de la population et même si cela faisait l'affaire du gouvernement de
se faire oublier dans ce projet de loi tellement il est ridicule, tellement il
porte à rire, même si cela faisait l'affaire du gouvernement, nous
ne serons pas complices de cette stratégie. Nous allons défendre
de la véritable façon les véritables intérêts
des restaurateurs et des hôteliers parce que nous leur parlons. Nous
savons que l'épée de Damoclès qui consiste à...
La loi sur les pourboires, par exemple, est un véritable obstacle
au développement de l'hôtellerie et de la restauration et ce n'est
pas 25, 30 ou 50 médailles avec des titres de commandeur... Nous aurons
maintenant - réjouissons-nous, alléluia, alléluia! - des
commandeurs de l'Ordre du mérite de la restauration et un diplôme
de mérite exceptionnel. Cela nous fait une belle jambe! Cela nous
avance, dans la vie! Nous aurons aussi - réjouissons-nous de nouveau,
alléluia! - la décoration d'Officier de l'Ordre du mérite
de la restauration et le diplôme très grand mérite. Est-ce
que ce n'est pas quelque chose? Est-ce qu'on ne devrait pas pavoiser? Est-ce
qu'on ne devrait pas avoir des fanfares dans les rues pour annoncer cela
à la population que dorénavant, nous aurons des officiers de
l'Ordre du mérite de la restauration?
Nous aurons aussi - ne reculant devant aucun sacrifice et pourquoi pas?
- un Chevalier de l'Ordre du mérite de la restauration et le
diplôme grand mérite. C'est bien important! On va se battre dans
les autobus demain matin pour cela, M. le Président. Le ministre va
dire: Je vous ai donné des médailles, maintenant, crevez! On vous
écorche vif avec des taxes, mais vous avez des médailles. Bien
vite, ils n'auront plus de veston sur quoi les accrocher, tellement ils vont
avoir été déshabillés par le gouvernement. Ils vont
peut-être être obligés de se les épingler sur la
poitrine peau nue, parce que c'est ce qui nous attend si ce gouvernement reste
là assez longtemps.
Pour savoir le ridicule d'une situation, il faut la pousser
jusqu'à l'absurde. Si, pour régler les véritables
problèmes dans les divers domaines au Québec, il suffisait de
donner des médailles, il faudrait que le ministre du Commerce
extérieur se lève demain matin et ait la médaille du plus
grand exportateur et on aurait réglé notre problème des
exportations. On aurait aussi la médaille des industries. On aurait
réglé notre problème des industries. Pourquoi pas? Et
comme cela, l'un après l'autre. On réglerait tous nos
problèmes. Distribuons des médailles. S'il y a une chose qui ne
coûte rien, c'est bien cela, mais s'il y a une chose par contre qui ne
règle rien, c'est bien cela. Je ne comprends pas comment un ministre qui
se prétend sérieux, qui essaie de se moquer à toutes les
occasions de ce qu'ont fait les libéraux et de ce que proposent les
libéraux, en soit réduit à proposer des expédients
semblables. Si le ridicule tuait, M. le Président, il serait mort et
enterré depuis longtemps. Des médailles, mais les
véritables problèmes restent présents. Les
véritables problèmes sont là. Les véritables
problèmes devraient être connus du gouvernement. Non, on
préfère appliquer des cosmétiques, on
préfère camoufler les choses; c'est comme cela qu'on pense que
les problèmes vont se régler. (20 h 30)
Ce qui est encore le plus insultant,
c'est d'entendre le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation se dire le père de l'idée alors que cela existait
déjà et que les gens dans le milieu s'étaient
organisés entre eux, dans le cadre de leur association, pour
reconnaître entre pairs le mérite qui est leur. Cela, c'est une
façon correcte de faire les choses, non pas quand le ministre de
l'Agriculture s'en vient avec ses gros sabots pour tout brasser et tout
bousculer. Ce n'est pas ce qu'il faut faire, il faut laisser le milieu
s'organiser, le milieu faire des représentations et prêter une
oreille attentive aux véritables préoccupations des restaurateurs
et des hôteliers.
On pourrait en parler longtemps, on pourrait parler de la taxe de vente
sur les repas, on pourrait parler de la ristourne pour percevoir la taxe de
vente sur les repas. Il y a nombre de choses qui, pour employer un terme cher
au régime péquiste, sont plus que des irritants, qui sont des
obstacles pratiquement infranchissables pour une industrie de la restauration
et de l'hôtellerie qui soit véritablement prospère. Ce
n'est pas de la façon dont le propose le gouvernement que nous allons
réussir à nous en sortir. Nous souhaiterions que le gouvernement
soit plus sérieux dans ses propositions législatives, qu'on
n'essaie pas de nous faire prendre des vessies pour des lanternes parce que la
population n'est pas dupe.
Vous apprendrez que les gens qui se voient proposer comme solution tout
simplement des décorations n'acceptent pas cette façon de faire.
Ils ne l'acceptent pas. Ils n'acceptent pas que le gouvernement prenne le temps
de l'Assemblée nationale pour discuter de cela, alors que nous faisons
face aux problèmes du sous-emploi, du chômage, des
difficultés économiques des Québécois, aux
problèmes des jeunes qui sont des problèmes constants, qui nous
frappent tous les jours à nos bureaux de comté. Les gens viennent
nous voir pour nous dire: Je veux travailler, je veux lancer une entreprise,
les taxes sont trop élevées, les charges fiscales sont trop
coûteuses, les cartes de qualification, de classification nous
empêchent d'entrer sur le marché du travail, etc. Je défie
le ministre de répondre à ces gens: Oui, mais vous aurez des
médailles, mes amis. Vous aurez des médailles, soyez gentils. Je
ne crois pas que ce soit sérieux, je ne crois pas que le ministre fasse
preuve d'un véritable sens de l'initiative et des responsabilités
en agissant de cette façon.
Même si le ministre s'accorde là-dedans tous les pouvoirs
qu'il veut, comme d'habitude, par règlement, pour définir les
normes, pour que ce soit à la mesure qu'il juge à propos, la
confiance qui devrait régner n'existe pas. Le gouvernement le sait, le
gouvernement devrait en tout cas le savoir. Si le gouvernement était
à l'écoute de la population, il ne nous ferait pas perdre notre
temps ici, sur des sujets semblables. Je souhaite vivement que le mérite
véritable des restaurateurs, le mérite véritable des
hôteliers soit finalement reconnu par le gouvernement, soit finalement
compensé par des actions concrètes dont découleront des
effets réels sur leur situation économique, sur leur
capacité d'attirer les étrangers au Québec pour leur faire
valoir les délices de notre gastronomie, de notre bonne table, que ces
gens se le disent entre eux, mais que ce ne soit pas fait par des faux-fuyants,
par des moyens qui sont de l'ordre de ceux que nous propose le ministre.
C'est dommage que les restaurateurs n'ait pas plus de
considération de la part du ministre, et je souhaite vivement que les
gens s'en aperçoivent - je suis sûr qu'ils vont le faire - afin
que nous puissions avoir devant cette Assemblée des projets de loi
véritables, qui soient à la mesure des problèmes, qui
aillent au fond des choses et qui nous permettent de discuter sobrement, de
discuter sérieusement de solutions qui soient de nature à
améliorer la situation. J'espère que le gouvernement comprendra
le message à la longue, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Chambly.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: M. le Président je ne croyais pas intervenir
ce soir sur ce projet de loi puisqu'il m'apparaissait, comme il apparaît
à plusieurs de mes collègues, que c'était là un
projet de loi qui devait être adopté.
En écoutant ce que les gens de l'Opposition nous disent ce soir,
ils sont vraiment en état de panique, ils sont énervés,
c'est le moins qu'on puisse dire. J'écoutais le député de
Louis-Hébert et je me disais que c'est donc dommage que toute la
population du Québec ne nous écoute pas à la
télévision. C'est donc dommage que les gens ne soient pas
là plus souvent pour nous écouter et pour écouter le genre
de discours que font ces gens-là. Combien ce serait différent,
combien les sondages seraient différents s'ils les connaissaient.
Je pense que ce devrait être plus qu'un voeu que nous devrions
faire. On devrait annoncer plus les débats à l'Assemblée
nationale afin que les gens puissent voir ce que serait un gouvernement
formé par le Parti libéral. Quel ministère aurait le
député de LouisrHébert?
Une voix: ...
M. Tremblay: Pardon? Il y en a qui me
font des suggestions. Ne sortez pas le musée des horreurs.
Voilà que ce monsieur qui est en avant de nous dévalorise
systématiquement tous ceux qui, au Québec, ont produit des
choses, qui méritent qu'on les reconnaissent et qui sont reconnus par
certaines formes que ce soit une reconnaissance de médaille comme il
disait ou différents mérites, par exemple, le mérite
agricole. Si on écoute ce que les gens d'en face nous disent est-ce que
cela veut dire que tous les agriculteurs qui depuis déjà une
centaine d'années je crois, M. le ministre de l'Agriculture, ont droit
à ce prix... D'après lui est-ce que tous ces gens-là qui
ont reçu avec honneur, avec plaisir et d'une façon
méritée ces considérations, sont des bouffons comme il
semble le dire, M. le Président? Mais non, ce sont des
Québécois qui ont travaillé fort, qui ont travaillé
dur et qui étaient motivés d'abord à faire une
réussite avec leur entreprise et aussi d'être reconnus par leurs
concitoyens, par leurs pairs. Cela aussi est très important.
Bien sûr que le député de Louis-Hébert, qui a
reçu une médaille - je pense que c'est l'Argentine qui l'a
décoré pour avoir fait une publicité énorme quand
il a tenté de désarçonner Bolivar ici à
Québec - voilà qu'une fois qu'il a été reconnu,
qu'il a reçu sa médaille, on ne l'entendait plus parler de ce
dossier. Voilà! Les Québécois qui recevront le
mérite de la restauration c'est un peu comme ceux qui, à tous les
ans, j'en parlais tout à l'heure avec le ministre de l'Agriculture,
reçoivent le lys d'or qui est donné aux producteurs de produits
laitiers: le fromage, le lait, le yogourt, etc, tous ceux qui
réussissent bien là-dedans... À tous les ans c'est
là une activité importante où les producteurs, les
travailleurs et tous ceux qui ont quelque chose à voir avec ce
domaine-là se réunissent avec fierté pour venir
reconnaître une personne ou des gens qui ont su accomplir des choses
intéressantes. (20 h 40)
Le ministre de l'Agriculture n'est pas le seul à faire cela.
Est-ce qu'on a déjà entendu les gens d'en face dévaloriser
les médailles remises par le gouvernement fédéral? Jamais
on ne les a entendus. La médaille de l'Ordre du Canada, qui est remise
à profusion, à 25, 50 et 100 personnes par année, on ne
les a jamais entendus dévaloriser cela. Pourtant, c'est une
médaille, mais c'est une forme de reconnaissance à des Canadiens
qui ont servi et qu'un comité a sélectionnés en disant:
Ces gens-là méritent la considération de leurs concitoyens
et concitoyennes et nous devons le reconnaître. Ce ne sont pas les seuls.
Il y a les prix Méritas, les Mercuriades pour les industries efficaces.
Est-ce que ce sont des médailles qu'il faut regarder comme une chose
ridicule? Mais non, c'est important, M. le Président, d'être
reconnu dans ce qu'on fait, dans ce qu'on fait de bien. C'est important qu'une
société puisse aussi reconnaître ceux qui font des choses
intéressantes.
C'est la même chose concernant le projet de loi que nous
étudions ce soir. Tous ceux qui, de ce côté-ci de la
Chambre, en ont parlé sont d'avis que nous avons au Québec des
cuisiniers, des chefs cuisiniers excellents, ainsi que des cuisinières,
des chefs cuisinières importantes, excellentes, dont nous pouvons
être fiers. N'est-il pas normal que, dans un Québec où la
restauration est si importante... Vous savez, quand les gens viennent au
Québec en très grand nombre, ils viennent à cause de la
qualité de nos restaurants. Quand on les rencontre ailleurs dans le
monde, qu'est-ce qu'ils nous disent? Chez vous, on mange bien. N'est-il pas
normal, dans un tel contexte, de reconnaître les meilleurs parmi les
meilleurs puisque nous avons les meilleurs chefs et les meilleures cuisines?
Cela m'apparaît normal, et c'est même surprenant, M. le
Président, que ce projet de loi n'ait pas déjà
existé. Je me demande -cela arrive souvent - s'il n'y a pas un peu de
jalousie de la part de nos amis d'en face qui ont été au pouvoir
pendant assez longtemps et qui n'ont jamais pensé à
reconnaître des citoyens méritants.
Là-dessus, M. le Président, je ne vais pas m'attarder plus
longtemps.
Des voix: Consentement.
M. Tremblay: Ce que je suggère à nos amis d'en
face, s'il sont vraiment intéressés à travailler au
développement de l'économie du Québec, c'est de passer
immédiatement à autre chose. Adoptons ce projet de loi
immédiatement et parlons de transport, non pas d'un projet de loi sur le
transport en commun, mais d'un projet de loi omnibus sur les transports qui
attend, à l'entrée de la Chambre, ici, qu'on dispose du
présent projet de loi. Plus on va continuer à tenter de
dévaloriser les médaillés, plus le projet de loi sur les
transports sera retardé.
M. le Président, la suggestion qu'on peut faire à nos amis
d'en face, c'est de passer immédiatement à l'étude d'un
autre projet de loi, après avoir adopté celui-ci. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Orford.
M. Georges Vaillancourt
M. Vaillancourt: M. le Président, le projet de loi 27, Loi
sur le mérite de la restauration, a pour but d'instituer l'Ordre du
mérite de la restauration et de déterminer les décorations
et diplômes qui peuvent être accordés. À cet effet,
il prévoit que le
ministre de l'Agriculture tienne chaque année un ou plusieurs
concours du mérite de la restauration et il accorde au gouvernement le
pouvoir de faire des règlements pour l'application de la loi.
Voilà, M. le Président, à mon avis, de beaux
principes énoncés. En fait, comme l'a souligné mon
collègue, le député de Charlesbourg, il faut savoir que
l'idée première d'instaurer de tels concours du mérite
n'appartient pas du tout au gouvernement du Québec. C'est la raison pour
laquelle je n'accorde que très peu de crédibilité au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation quant
à sa réelle volonté de vouloir souligner les
mérites dans le secteur de la restauration.
En toute franchise, les restaurateurs et employés de nos
institutions hôtelières ont besoin de tels mérites car,
depuis qu'il a accédé au pouvoir, le Parti
québécois n'a absolument rien fait pour aider efficacement le
secteur hôtelier et la restauration.
Pour seule preuve, je prendrai la fameuse taxe de vente qui est
passé de 8 % en 1977-1978 à 10 %. Incidemment, voici ce qu'en
disait l'Association des restaurateurs du Québec dans le temps: Nous
suggérons, disait l'association au gouvernement, un moyen de rendre
notre produit touristique plus concurrentiel. La taxe de vente de 10 % sur les
repas est beaucoup trop élevée. Si on la réduisait
à 5 % et qu'on la rendait universelle, on cesserait de favoriser
certains secteurs de l'industrie comme la restauration rapide; les chances
seraient nivelées et chacun ne s'approprierait que sa part du
marché.
Personne n'ignore que, pour des raisons de prix, plusieurs consommateurs
optent pour une nourriture moins chère bien qu'elle soit de moins bonne
qualité. Une taxe universelle donnerait aux établissements les
mêmes avantages de départ. En fait, s'il fallait, aujourd'hui,
faire un inventaire des politiques et moyens mis de l'avant par le gouvernement
du Parti québécois en vue d'aider le secteur de
l'hôtellerie et de la restauration, on serait certain d'en conclure un
bilan nettement négatif. Pour ma part, à plusieurs reprises dans
le passé, j'ai insisté auprès du gouvernement
québécois pour que des mesures efficaces, réalistes,
soient prises en vue de considérer les seules perspectives
économiques importantes pour la région de l'Estrie ainsi que les
impacts au niveau de la création d'emplois et d'industries
reliées à ce secteur.
Au lieu de cela, le gouvernement du Parti québécois a
créé un climat d'incertitude vis-à-vis des employeurs
autant que des employés. Vous comprendrez que je fais allusion ici
à la loi sur les pourboires, loi sur laquelle plusieurs employés
et employeurs demeurent toujours indécis quant à l'application de
certaines mesures découlant de la loi adoptée à
l'Assemblée nationale l'an dernier.
C'est à se demander si les dirigeants du présent
gouvernement ont véritablement compris ce que représentait le
secteur touristique dans notre développement économique et ce,
dans toutes les régions du Québec. C'est une chose de souligner
le mérite de la restauration mais c'en est une autre de comprendre les
effets négatifs produits par des mesures ou gestes adoptés de
façon incohérente: toute l'industrie touristique s'est
dégradée depuis la venue au pouvoir de cette formation politique.
(20 h 50)
C'est ainsi que d'autres mesures viennent perturber l'industrie
hôtelière au Québec. C'est ainsi qu'à propos des
taxes municipales et scolaires imposées aux hôtels, on se rend
compte que les deux grands centres urbains de Montréal et de
Québec ont les taxes municipales les plus élevées en
Amérique du Nord. Elles sont à peu près deux fois plus
élevées que celles de Toronto, trois fois plus
élevées que celles de certaines villes américaines. C'est
ainsi que la croissance des taxes municipales et scolaires entre 1976 et 1981 a
été de plus de 59,1 %. Le fait d'évoquer cette seule
mesure en dit long sur la capacité du gouvernement du Québec de
saisir les véritables enjeux des intérêts touristiques au
Québec. Il semble ignorer que ce secteur d'activités a
plutôt besoin d'une politique visant à accroître les
capacités concurrentielles du Québec par rapport au reste du
Canada, d'une part, et par rapport à d'autres pays dans le monde. Je me
demande bien où il trouve maintenant le courage d'instituer ce
mérite qui n'est même pas, à l'origine, une idée du
ministre. Je me demande également où il trouve le courage
d'affirmer que les mesures entreprises par le présent gouvernement du
Québec visent à rehausser cette position concurrentielle du
Québec dans le secteur de la restauration et de l'hôtellerie.
Dans plusieurs régions du Québec, les statistiques du
tourisme ont dramatiquement chuté depuis les cinq dernières
années. À ce stade-ci du dossier, il ne serait même plus
utile de réunir autour d'une même table les différents
intervenants de ce secteur d'activités. La véritable raison
repose sur le fait que ce gouvernement manque de crédibilité pour
prouver sa bonne foi quant à sa capacité de diriger les
destinées du Québec, et ce, dans bien d'autres secteurs
d'activité que celui de la restauration. Comment voulez-vous, en effet,
qu'un gouvernement puisse susciter des consensus sectoriels quand sur le plan
de ses grandes orientations il n'arrive même pas à créer un
terrain d'entente? Dans le secteur de la restauration, cela est
particulièrement vrai et dramatique à la fois. Vrai parce que les
dirigeants de nos petites et moyennes
entreprises n'ont véritablement plus le goût de
développer ce secteur d'activité au Québec, à moins
qu'un autre gouvernement réussisse à réinstaurer cette
crédibilité tant recherchée. Dramatique parce que des
milliers d'emplois ont été perdus dans la foulée de la
crise économique, bien sûr, mais également à la
suite du ralentissement des activités dans le secteur du tourisme
à cause de politiques incohérentes adoptées par le
présent gouvernement.
En somme, présenter un tel projet de loi à ce stade-ci de
l'histoire économique du Québec ressemble à une
opération de maquillage, de plagiat et de mauvaise perception de la
situation du Québec. Je sais qu'il serait plutôt opportun de
présenter devant l'Assemblée nationale des mesures
législatives visant à remettre le Québec sur la voie de la
prospérité afin de lui donner une place confortable sur la
scène économique. Dans le secteur de l'hôtellerie et de la
restauration, cette place confortable passe par des politiques globales et
cohérentes en matière de tourisme et passe également par
un souci d'augmenter la position concurrentielle du Québec par rapport
à d'autres provinces canadiennes.
Il est clair qu'à ce stade-ci de notre histoire, des efforts
conjugués devront être entrepris entre l'État, d'une part,
et les différents intervenants dans nos régions respectives,
d'autre part. Dans la région de l'Estrie, le dynamisme et le sens du
leadership ont toujours su venir à bout des plus dures
difficultés, ce qui n'a pas empêché, toutefois, les pertes
d'emplois et la fermeture d'entreprises dans à peu près tous les
secteurs d'activité économique. Je rappelle donc à l'ordre
le gouvernement du Québec pour qu'il passe la main à une autre
formation politique dans le cas où il se sentirait incapable de relever
le défi de demain.
Pour nous du Parti libéral du Québec, l'enjeu est
clairement défini depuis plusieurs mois. Il s'agit de maîtriser
l'avenir, que ce soit dans le secteur de l'hôtellerie, du tourisme, et
dans tous les autres secteurs de notre vie sociale, politique et
économique. Merci.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Saint-Jacques.
M. Jean-François Viau
M. Viau: Merci beaucoup, M. le Président. Comme vous le
savez, on est en train d'étudier le projet de loi 27, Loi sur le
mérite de la restauration. Cette loi est la deuxième étape
de la distribution de prix, de diplômes par le ministre. D'ailleurs, la
première étape était celle du mérite du
pêcheur. On a eu le mérite de la restauration. On aura
probablement le mérite de l'agriculture et, malheureusement, si le
ministre décide de faire un prix qui s'appellerait le mérite de
l'intégrité politique, il ne pourra jamais en
bénéficier.
M. le Président, le but de cette loi est très simple,
c'est de reconnaître, entre autres, les mérites, la qualité
et l'importance pour l'économie québécoise des
restaurateurs québécois. Personne ne peut logiquement
s'élever contre un tel projet de loi. On retrouve partout au
Québec des restaurants. Aucun village, aucune ville ni petit hameau n'a
pas son restaurant, son "snack", n'a pas son lieu de rencontre où l'on
sert des repas.
L'industrie de la restauration au Québec est une industrie
extrêmement importante et elle est meublée de part et d'autres de
restaurants et d'hôtels, entre autres, qui font en sorte que l'industrie
de l'hôtellerie et de la restauration est une industrie extrêmement
importante pour le développement économique du Québec. La
restauration représente d'abord et avant tout des emplois, une
création de richesse et, en plus, une démonstration claire et
nette de cette qualité de produits que les Québécois et
les Québécoises sont capables de mettre sur les tables des
restaurants.
Le Québec a surtout une confiance extraordinaire dans son
industrie de la restauration et de son hôtellerie. On est reconnu dans le
monde entier. Ce gouvernement qui a une habitude extrêmement
particulière d'utiliser la publicité pour faire valoir les points
du Québec, les avantages et les qualités du Québec, en
fait constamment la démonstration.
Il est bien évident qu'au Québec, les libéraux
comme tous les gens de l'industrie reconnaissent l'importance de l'industrie de
la restauration.
M. le Président, je ne peux pas manquer l'occasion de parler de
cette industrie dans le comté de Saint-Jacques, comté que je
représente fièrement. Saint-Jacques est peut-être l'un des
quatre ou cinq comtés où la concentration de restaurants au mille
carré est la plus intense et la plus grande. D'ailleurs, Saint-Jacques
est reconnu, et plusieurs personnes ont en tête des rues
célèbres de Saint-Jacques. Parlons de la rue Saint-Denis
où l'on retrouve beaucoup de restaurants. Parlons de la rue Duluth qui a
fait parler d'elle plusieurs fois, mais qui reste quand même
attachée à cette industrie de la restauration. Parlons de la rue
Sainte-Catherine. Quand on parle de restauration dans Saint-Jacques, on parle
du petit "snack bar" au coin de Amherst et Ontario comme on parle du restaurant
à une soixantaine de places qui offre à la table d'hôte,
une soixantaine de suggestions dans un décor pittoresque où l'on
parle du restaurant cinq
étoiles, reconnu non seulement au Québec, non seulement au
Canada, mais partout dans le monde. Saint-Jacques a cette richesse qui est
basée d'abord et avant tout sur la qualité de gens qui font cette
industrie. Saint-Jacques a aussi peut-être cette tradition d'accueil des
gens du Québec et des gens de partout dans le monde. J'aimerais rendre
hommage à ces restaurateurs, à ces hommes et ces femmes qui,
d'abord et avant tout, et non pas à cause du gouvernement du Parti
québécois, ont su se créer des petites et moyennes
entreprises qui ont, comme tradition, la qualité, la diversité
et, surtout, l'hospitalité. Saint-Jacques ne vit pas du gouvernement
actuel et de sa générosité. Saint-Jacques vit de son
dynamisme à vouloir recevoir les Québécois et les
Québécoises, les Canadiens et nos amis du reste du monde de la
façon la plus excellente.
Un autre point extrêmement intéressant dans Saint-Jacques,
et c'est ce qu'on appelle en fin de compte un point de rassemblement
très intéressant dans le monde de la restauration et de
l'hôtellerie, c'est l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du
Québec qui forme, pour le Québec, des travailleurs en
hôtellerie et en restauration qui sont reconnus dans le monde entier pour
leur qualité et leur formation d'appoint et surtout pour leur conscience
professionnelle. (21 heures)
M. le Président, il est bien évident que le projet du
ministre qui, à l'article 1 nous dit: "L'Ordre du mérite de la
restauration est institué dans le but d'encourager les restaurateurs,
par des honneurs et des récompenses, à bien apprêter et
servir les produits alimentaires du Québec." Si le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pense qu'à cause
de ces décorations et de ces honneurs, les travailleurs et travailleuses
québécois de la restauration apprêteront et serviront
maintenant de façon exemplaire les produits du Québec... Le
ministre, encore là, a la prétention de faire en sorte que les
produits alimentaires du Québec soient maintenant de qualité
supérieure à cause de son projet de loi 27. C'est
complètement faux. Si le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation a la prétention de dire qu'au Québec, c'est
à cause du Parti québécois qu'on a pu établir une
qualité d'excellence dans l'hôtellerie et dans la restauration,
c'est penser qu'on est le nombril du monde. J'écoutais encore cet
après-midi le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, sur un projet de loi sur les pêches, se péter les
bretelles littéralement, même pas au sens figuré, et dire
encore là qu'il est le sauveur de la nation québécoise en
ce qui a trait aux pêches.
Avec le projet de loi 27, si le ministre a la prétention de
sauver l'industrie de la restauration, il n'a qu'à regarder l'effet des
lois du gouvernement du Parti québécois. Je vois, entre autres,
une merveilleuse loi ou les impacts des politiques de la Société
des alcools. La Société des alcools, parlons-en. On parle de
restauration. On parle de la Société des alcools. Parlons-en. Il
n'y a pas d'escompte de volume pour les restaurateurs. Un restaurant aura beau
acheter des centaines de caisses de vin par semaine, aucun escompte. C'est
aberrant. On ne trouve cela nulle part ailleurs, une surtaxe de 4,4 % sur les
vins et spiritueux. C'est encourager l'industrie de la restauration? C'est
faux! Frais de livraison de 1,15 % la caisse. Est-ce que c'est là aider
vraiment la restauration québécoise, l'hôtellerie
québécoise, pour qu'elle devienne concurrentielle? Si le ministre
prétend qu'avec le projet de loi 27, il va aider la restauration
québécoise, je vais dire au ministre qu'il retourne faire ses
classes et qu'il découvre cette volonté qu'ont les restaurateurs
de se battre. Et qu'il se batte au Conseil des ministres, eux qui mangent plus
souvent au restaurant qu'ailleurs, mais qui n'ont pas le respect et la
compréhension des dynamiques de l'industrie de la restauration. Qu'il
aille voir ses collègues ministres et qu'il leur dise: Attention,
à la Société des alcools, il y a des aberrations
flagrantes dues à notre incompétence à soutenir une
industrie de la restauration qui soit concurrentielle et qui permette,
justement, d'attirer vers le Québec des clients ou des visiteurs
potentiels.
Quand on parle d'irritants, M. le Président, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pourrait aussi partir
en bataille. On parlera aussi naturellement et nécessairement d'autres
irritants, de la taxe de vente, entre autres, sur certains équipements.
Il n'y en a pas au niveau fédéral, de taxe, mais au
Québec, on l'impose. C'est merveilleux et le ministre en est un des
spécialistes. Les intérêts sur les intérêts,
les pénalités exigées par Revenu Québec, on ne
retrouve cela nulle part ailleurs au Canada. Et l'augmentation de la taxe sur
le capital de 0,3 % à 0,45 %? On n'a seulement, M. le
Président... On doit rendre justice au ministre et on va lui accorder
une médaille pour son combat acharné contre l'augmentation de la
taxe de vente de 8 % à 10 % dans la restauration. On doit
reconnaître que le ministre a dû se défendre comme un homme
courageux. Tous les jours, on l'entend ici en cette Chambre se placer en
défaut face à ses collègues du Conseil des ministres et
dire: Moi, en tant que ministre et Commandeur de l'Ordre de la restauration, je
m'oppose et je me bats constamment contre cette taxe de 10 %. Aucune province
au Canada n'a une taxe de 10 % sur les restaurants et l'hôtellerie et le
ministre, lui, a le mérite de se défendre tous les jours.
J'entendais encore le député de Chambly - le merveilleux
député de Chambly - qui, j'espère, n'aura pas à
ouvrir un restaurant prochainement, car on pourrait comprendre que ses talents
d'administrateur pourraient être calqués sur ses talents
d'orateur. Le député de Chambly a prétendu que les
libéraux ici s'opposaient à une loi comme celle-là. Ce
à quoi on s'oppose, M. le député de Chambly, c'est
l'incompréhension de votre gouvernement face à une industrie qui
est petite, qui est moyenne dans certains cas, mais jamais plus que moyenne.
Cette industrie, qui est l'industrie de la restauration et de
l'hôtellerie, a besoin qu'on lui offre des conditions "minimalement"
acceptables. Ce n'est pas par un projet de loi qui porte le numéro 27
sur le mérite de cette industrie que tout le monde reconnaît... Il
n'y a aucun Québécois qui va pouvoir dire: À partir de
maintenant, on reconnaît les mérites de notre industrie. On les
reconnaît tous les jours et, qui plus est, les citoyens et les citoyennes
de Saint-Jacques, les députés de l'Assemblée nationale et
même la population qui...
Au moins une fois dans votre vie, vous avez dû manger au
restaurant, M. le Président. Les Québécois, dans la
très grande majorité des cas, ont pu manger au restaurant.
Pourquoi on y retourne? Parce qu'on sait qu'au Québec, on sait
apprêter des produits québécois ou autres avec
qualité et excellence. Ce n'est pas par le mérite qu'on pourra
étendre cette industrie, c'est par une politique gouvernementale de la
restauration et par le biais de l'industrie, des petites et moyennes
entreprises, qu'on va assurer entre autres des coûts fixes
intéressants, des taxes de vente qui ne pénalisent pas la
compétitivité des entreprises.
Le ministre aurait pu simplement ajouter des amendements à son
projet de loi, ajouter un article 13 pour dire que la taxe de vente sera
diminuée de 2 % afin d'augmenter, encore là, le mérite
global de l'industrie de la restauration et de l'hôtellerie. Le ministre
aurait pu contacter la Société des alcools du Québec afin
que la surtaxe de 4,4 % soit abaissée et que l'industrie de
l'hôtellerie et de la restauration puisse devenir plus
compétitive. On aurait pu, entre autres, offrir des escomptes de volume
à l'industrie de la restauration. Le ministre n'est pas sans savoir
qu'il y a une guerre à Montréal et partout ailleurs en province
entre les restaurateurs qui ont des permis et ceux qui n'en ont pas. Ceux qui
ont des permis sont justement pénalisés par
l'incompréhension d'un gouvernement qui est dirigé par des hommes
qui nous arrivent avec un projet de loi 27 sur le mérite.
Le ministre de l'Agriculture pourra toujours se lever et dire que dans
Saint-Jacques le député a voté contre 40 000 000 $ dans
son comté. M. Garon: C'est vrai!
M. Viau: Le ministre pourra toujours se lever pour cela, mais si
le ministre avait dit: Le ministère de l'Agriculture offre 40 000 000 $,
à Saint-Jacques, que voulez-vous faire avec ces 40 000 000 $, les gens
de Saint-Jacques? On aurait dit: On veut faire quoi, M. le ministre? On veut
des habitations décentes pour les personnes âgées dont
c'est présentement la semaine. On aurait dit: On va améliorer nos
services d'urgence dans les hôpitaux de la région, M. le ministre.
On aurait dit quoi? On va augmenter les services aux personnes
âgées pour leur conserver une certaine autonomie.
Non, on nous offre un projet de loi 27 sur le mérite de
l'agriculture et on nous offre dans Saint-Jacques 40 000 000 $ qui ne
règlent même pas les problèmes de restauration. Les 40 000
000 $ auraient pu être offerts entre autres pour diminuer la surtaxe de
4,4 %. Non, le ministre nous a offert dans Saint-Jacques un super cadeau: 40
000 000 $. Le ministre, chaque fois qu'il se lève, ne manque pas
l'occasion de dire que le projet de loi 27 aidera Saint-Jacques ou aidera la
restauration québécoise. Il ne manque pas l'occasion non plus de
dire que les 40 000 000 $ sont bons pour Saint-Jacques. C'est vrai, cela, M. le
ministre? Je remercie le ministre. Chaque fois que je vais dans mon
comté, les gens me disent: Viau ou M. le député de
Saint-Jacques, vous avez voté contre les 40 000 000 $? Je dis: Non, j'ai
voté pour que les 40 000 000 $ soient utilisés à des fins
extrêmement importantes dans Saint-Jacques, pour l'habitation, pour des
services de santé et, entre autres, pour améliorer les services
d'urgence. Le ministre pense venir nous faire un cadeau merveilleux.
M. le Président, vous avez raison, je n'ai pas à me
préoccuper de ce que les gens du comté de Saint-Jacques pensent
du ministre de l'Agriculture. J'ai des commentaires pratiquement tous les jours
et on trouve merveilleux qu'à Québec on puisse prendre un peu de
temps pour relaxer quand le ministre parle et vient faire toutes sortes de
bouffonneries sur toutes sortes de projets de loi, dont le projet de loi
27.
Je tiens à réitérer que ce qui est important pour
l'industrie de la restauration québécoise, l'industrie de
l'hôtellerie québécoise, c'est bien qu'on reconnaisse ses
talents, c'est bien qu'on reconnaisse ses compétences, c'est bien qu'on
reconnaisse son honneur à représenter même le Québec
dans des concours internationaux culinaires, mais c'est bien aussi qu'on la
laisse respirer. Quand on dit qu'en 1979 on a eu des faillites, on a eu 229
faillites de restaurant. En 1984, on avait 481 faillites, en passant par 1983
où on a eu 527 faillites de
restaurant. Est-ce qu'on va offrir un mérite à ces
restaurants qui ont fait faillite à cause de l'incompréhension
d'un gouvernement qui ne sait pas et qui ne veut pas donner une chance aux
petites et moyennes entreprises?
Le ministre aurait-il prévu un projet du mérite de la
faillite de la restauration ou un projet du mérite du travailleur en
restauration qui travaille pour faire survivre son entreprise? Le
député de Viger l'a indiqué extrêmement clairement
tantôt, à peine 5 % des membres de l'industrie
hôtelière ou de la restauration font un profit au Québec;
30 % arrivent à peine à boucler leur budget et le reste
travaillent à perte. Pour ceux qui travaillent à perte, pour ceux
qui font faillite, est-ce que le ministre a un trophée à leur
remettre? En concluant, pour les quatre dernières minutes qui me
restent, M. le Président, j'aimerais dire au ministre que c'est vrai...
(21 h 10)
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous pouvez conclure, M.
le député de Saint-Jacques.
M. Viau: M. le Président, j'ai bien commencé
à 9 h 4, j'ai bien 20 minutes, cela nous met bien à 9 h 24.
Actuellement il est 9 h 13. Est-ce que je pourrais avoir l'indication, M. le
Président?
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je n'ai aucune objection.
J'ai écrit 8 h 52 comme début de votre intervention. On peut
s'adresser à la table. Il y a consentement?
Des voix: Consentement.
M. Viau: M. le Président je prends les trois
dernières minutes que vous m'accordez - et je vous en remercie - pour
conclure sur le fait que ce projet de loi 27 reconnaîtra un mérite
que tous les Québécois et Québécoises reconnaissent
déjà. Et nous, les libéraux, on le reconnaît. On
veut faire plus que cela, on veut faire plus qu'un projet de loi qui donne des
médailles et qui a comme commandeur le ministre de l'Agriculture. Je lis
l'article 7: "Le ministre est d'office commandeur de l'Ordre du mérite
de la restauration." C'est assez, M. le Président, pour me faire
apporter mon lunch, pour augmenter le nombre des faillites. Le ministre de
l'Agriculture est commandeur de l'Ordre du mérite de la restauration.
J'ai hâte de voir si les gens de mon comté seront fiers de
recevoir un trophée du ministre qui, plutôt que de se battre pour
le minimum d'intérêt des restaurateurs et des hôteliers, a
décidé tout simplement de présenter un projet de loi comme
celui-là. Plutôt que voir le ministre se lever et dire: Je vais me
battre jusqu'à ma mort politique - qui sera très prochaine on
l'espère et qui est sûrement très prochaine - contre la
surtaxe de 4,4 % que la SAQ, entre autres, impose aux hôteliers. Je vais
me battre, entre autres, pour que les restaurateurs et les hôteliers
soient considérés comme des gens qui veulent et qui ont besoin de
ce que les Anglais appellent un "break". Je vais m'assurer, que mon
gouvernement a cette préoccupation des petites et moyennes entreprises,
a cette préoccupation de coûts fixes pour ces entrepreneurs qui
soient concurrentiels avec ceux d'autres provinces. Je vais m'assurer entre
autres, en tant que ministre de l'Agriculture, que tous les organismes
gouvernementaux qui ont à oeuvrer dans le domaine de la restauration et
de l'hôtellerie s'assurent que non seulement le taux de faillite ne soit
pas arrêté mais que l'industrie de l'hôtellerie et de la
restauration devienne rentable au Québec. Ce ne serait pas à
votre honneur, M. le ministre, ce serait à l'honneur des travailleurs et
des travailleuses de l'industrie de la restauration et de
l'hôtellerie.
En concluant, j'aimerais dire que, si, au Québec, on a cette
réputation-là, c'est qu'on la doit justement aux qualités
des Québécois et des Québécoises. On ne la doit pas
à la reconnaissance d'un certain mérite. Le député
de Chambly peut rire, il saura très bien que les citoyens et les
citoyennes de Chambly reconnaîtront, justement, ce respect qu'il a
d'eux-mêmes, ce respect qu'ils ont d'eux de sorte que, lors des
prochaines élections, le député de Chambly pourra
siéger dans les galeries des visiteurs en se donnant un air nostalgique
pour dire: J'aurais donc dû travailler pour faire en sorte qu'on assure
au Québec des conditions valables de croissance économique pour
toutes les industries mais, particulièrement, pour l'industrie de la
restauration et de l'hôtellerie.
Il est regrettable qu'on ait à donner, nous,
Québécois, un bilan aussi négatif aux restaurateurs et aux
hôteliers. J'espère une seule chose, c'est qu'il y ait
bientôt un gouvernement - on n'en verra pas le jour avec celui-là
- qui saura prendre en considération les intérêts des
travailleurs de la restauration et de l'hôtellerie. Et ce gouvernement
est un gouvernement libéral et il s'en vient très bientôt,
le ministre peut s'asseoir là-dessus.
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo! Une voix:
Complètement débile.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Pontiac.
M. Robert Middlemiss
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. C'est certainement
un plaisir de voir notre souriant ministre de l'Agriculture en
Chambre ce soir. On est au stade de l'adoption du principe du projet de
loi 27, Loi sur le mérite de la restauration. Ce projet de loi a pour
objet d'instituer l'Ordre du mérite de la restauration et
détermine les décorations et diplômes qui peuvent
être accordés. Il prévoit que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation tienne chaque année un ou
plusieurs concours du mérite de la restauration. Il accorde au
gouvernement le pouvoir de faire des règlements en vue de l'application
de la loi.
À entendre les gens du côté ministériel, le
petit nombre d'entre eux qui ont parlé, je pense qu'ils ne sont pas au
courant de ce que le porte-parole de notre formation politique, le
député de Charlesbourg, disait au début de son
intervention. Il a dit: Au nom de ma formation politique, je peux d'ores et
déjà dire au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation que nous voterons pour les objectifs du projet de loi 27. Donc,
c'était clair au début. Mais, M. le Président, ce ne sont
pas seulement des décorations et des médailles qui sont
importantes. Nous sommes tous d'accord, nous sommes tous fiers et nous
cherchons tous l'excellence, mais il y a des irritants qui font que le sort de
ces restaurateurs est rendu plus difficile. On dit au ministre: D'accord, les
médailles, mais n'y a-t-il pas autre chose qui devrait être fait
pour donner une plus grande chance à plus de restaurateurs de s'assurer
de faire une meilleure vie, même avec toute leur excellence.
J'aimerais citer le ministre dès le début de son discours.
Il a dit: "On m'avise que l'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance
de ce projet de loi et qu'il en recommande l'étude à
l'Assemblée nationale. J'imagine, le lieutenant-gouverneur étant
un fin gastronome, qu'avec l'adoption de ce projet de loi,
éventuellement son palais en profitera." Excellent! Pour vous montrer
que c'est un ministre qui aime les médailles et qui aime les concours,
je vais le citer encore une fois: "II me fait plaisir aujourd'hui d'intervenir
dans le cadre de la deuxième lecture du projet de loi 27, Loi sur le
mérite de la restauration. J'ai déjà eu, lors de la
deuxième lecture de la Loi sur le mérite du pêcheur,
l'occasion d'expliquer l'importance de la tenue de concours semblables.
J'aimerais quand même profiter de l'occasion pour revenir sur le sujet
afin de démontrer à l'Assemblée les répercussions
positives qu'engendrent ces mérites ou ces concours. Au Québec,
les gens ont déjà prouvé l'engouement qu'ils avaient pour
de tels événements, que l'on parle du mérite agricole qui
a été fondé il y a presque cent ans au Québec et
qui est toujours populaire, même plus aujourd'hui qu'hier, du concours du
lys d'or qui existe depuis plusieurs années au Québec pour
récompenser les entreprises qui produisent de bons produits laitiers ou
sous-produits de lait, du concours Villes, villages, campagnes fleuris depuis
1979 qui, aujourd'hui, est établi et devient une tradition de plus en
plus dans 500 à 600 municipalités du Québec, enfin, des
Mercuriades dans le domaine des affaires qui sont en train de s'implanter
également comme concours pour reconnaître le mérite des
entreprises du Québec."
M. le Président, pour lui, les mérites et les concours
semblent plus importants que de créer un climat idéal afin que
ces gens -dans le cas présent, on parle des restaurateurs - puissent
réellement concentrer leurs efforts en vue de l'excellence en enlevant
les irritants qui leur causent des problèmes de financement et les
empêchent de faire des profits. C'est bien beau, le ministre nous dit:
"Une saine concurrence entre les entreprises de même secteur, la
reconnaissance du travail accompli, la valorisation que les gagnants en
retirent font de ces concours des éléments de réussite. Le
désir de faire de l'argent n'explique pas tout dans notre
société." M. le ministre, je pense que vous-même devez
réaliser que l'argent ne fait pas le bonheur, mais cela aide. Une
entreprise qui n'est pas prise avec le problème de savoir si elle va
survivre à cause de son financement, ne peut-elle pas concentrer plus
ses efforts à vouloir atteindre cette excellence dont vous parlez? (21 h
20)
Et le ministre, encore, est bon pour cela... Cet après-midi, on
avait le projet de loi 46. Dans le projet de loi 46, qu'est-ce qui
l'épatait réellement? C'est que d'ici au mois d'août il va
se promener sur la Côte-Nord, en Gaspésie, pour couper des rubans
pour l'ouverture d'usines. Cela, mon vieux, le spectacle! Le spectacle, c'est
plus important en réalité que de s'assurer que ces entreprises,
avec le temps, pourront être une réussite financière parce
que c'est ce qui compte, M. le Président. C'est ce qui compte.
On pourrait donner toutes les médailles, avoir tous les concours,
mais si le climat n'est pas propice pour que l'entreprise puisse continuer
à fonctionner de façon à réaliser des profits, je
pense que c'est pour rien.
J'aimerais citer le ministre: "Énumérer tous les gestes
que nous avons posés serait trop long. Mais voici quand même les
principaux: D'abord, dès 1977, la rationalisation des secteurs des
viandes qui a permis l'émergence d'un réseau d'abattoirs." On va
en parler, des abattoirs. On a fait le réseau. Je saisis l'occasion d'en
parler publiquement parce que, au mois de novembre dernier, j'ai soulevé
un problème auprès du ministre concernant les abattoirs. On a
encouragé les gens à produire du boeuf. Ils ont un
régime
d'assurance-stabilisation et on leur demande de se rendre aux abattoirs.
Malheureusement, il y en a qui ne seront pas payés parce que l'abattoir
a des problèmes financiers.
M. le ministre, je pense que cela aussi est bien important. Cet
après-midi, vous avez fait une petite leçon en nous disant: On ne
va pas aux journaux, on ne fait pas de publicité, on ne fait pas de
telles choses. Si on veut régler les problèmes, on peut en
discuter de façon sérieuse. Le cas dont je parle, M. le ministre,
je vous en ai parlé et, depuis ce temps, je vous demande toujours: M. le
ministre, quel est le résultat? Qu'est-ce que j'ai comme réponse?
Pose-moi une question en Chambre, je vais te donner la réponse.
M. le ministre, je n'ai pas voulu passer pour faire des éclats,
mais j'aimerais certainement...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement, je crois comprendre en vertu de quel règlement vous voulez
vous adresser à moi.
M. Bertrand: M. le Président, je ne dirai donc pas de quoi
il s'agit si vous êtes déjà disposé à rendre
une décision.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, effectivement, M. le
député de Pontiac, à quelques occasions vous ne vous
adressez pas - et, malheureusement, de plus en plus se répand cette
habitude à l'intérieur de cette Assemblée - au
président dans les interventions, mais directement à la personne
concernée. Donc, j'aimerais, M. le député de Pontiac, que
vous vous adressiez au président, s'il vous plaît.
M. Middlemiss: Merci beaucoup, M. le Président. Je
remercie aussi, par vous, le ministre des panneaux qui n'est pas tellement loin
du ministre des médailles. En tout cas, M. le Président, je pense
qu'ils se font concurrence dans la région de Québec.
Je crois qu'il y a certaines choses dont il faut être certain,
à savoir que si on embarque les Québécois dans une
production ou dans les affaires, il ne faut pas seulement penser aux concours
et aux médailles. Il faut s'assurer qu'ils ont tous les outils
nécessaires pour mener à bonne fin leurs entreprises. Dans le
débat, jusqu'à maintenant, on a dit qu'on vous appuyait, mais on
voudrait créer un climat plus sain pour s'assurer que les gens
impliqués dans la restauration puissent toujours, et en plus grand
nombre, atteindre cette excellence que l'on cherche.
M. le Président, un des irritants dont on a fait mention, c'est
le fait que les restaurants n'ont pas d'escompte sur le volume qu'ils
achètent. Les gens, dans d'autres genres d'entreprises, que ce soient
des vendeurs d'autos, des vendeurs de bicy- clettes, ainsi de suite, lorsqu'ils
font affaire avec l'entreprise privée, ont certainement un escompte sur
le volume. Plus le volume qui est acheté... Pardon? Ah! Excusez.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Pontiac, vous pouvez poursuivre. On ne s'adresse pas
à vous à ce moment-ci.
M. Middlemiss: D'accord. C'est ce genre d'escompte qui existe
dans d'autres domaines. Le gouvernement jusqu'à maintenant s'occupait de
la Société des alcools du Québec, mais peut-être
qu'avec la privatisation de certaines succursales de la Société
des alcools du Québec, les restaurants pourront bénéficier
de ce genre d'escompte. Il y a aussi la surtaxe de 4,4 % sur les vins et les
spiritueux. Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation voudrait bien que plus de gens puissent se rendre aux
restaurants et prendre des repas. Avec cette surtaxe de 4,4 %, c'est certain
que cette taxe aussi est transférée au consommateur. Donc, le
consommateur, lorsqu'il va à un restaurant et qu'il prend une
consommation, ces 4,4 % se réflètent sur sa facture.
On cherche certainement nous autres à obtenir l'excellence. Si M.
le ministre cherche seulement à donner des médailles, d'accord,
il a peut-être raison. Ce n'est jamais sa responsabilité et
peut-être que dans ce cas-ci, on aurait dû avoir un autre ministre
pour présenter le projet de loi, un qui aurait eu un peu de pouvoir pour
réussir à convaincre le Conseil des ministres, si c'est
nécessaire - ah, le ministre s'endort, en tout cas, que voulez-vous? -
de rendre la tâche plus facile. Je ne sais pas combien il y en a parmi
vous qui ont déjà eu une entreprise, qui ont géré
une entreprise. Est-ce que le député de Vimont a l'intention de
parler?
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il veut prendre la
parole, il aura l'occasion de le faire. À ce moment-ci, vous avez la
parole, M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: D'accord, merci. Regardez... Pardon? Vous aussi,
vous avez quelque chose à dire, M. le député de
Groulx?
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît! M.
le député de Pontiac, vous avez la parole.
M. Gratton: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, vous avez
remarqué sans doute qu'aucun des députés
ministériels ne semble intéressé par le projet de loi.
Tout au moins, pourriez-vous insister pour que les très rares
députés ministériels qui sont présents ne
dérangent pas les opinants. Si par hasard, les choses que dit le
député de Pontiac ne plaisent pas à ces messieurs, qu'ils
se lèvent et qu'ils prennent la parole. Autrement, qu'ils laissent les
opinants s'exprimer librement.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Puisque vous me donnez l'occasion, M. le leader de l'Opposition,
d'intervenir sur cette question de règlement, je demanderais aux deux
côtés de l'Assemblée, les membres présents
actuellement justement de respecter le règlement et de faire en sorte
que l'intervenant puisse parler en toute quiétude. Je m'adresse aux deux
côtés de cette Assemblée.
M. Middlemiss: Merci. On touchait la question des irritants. Il
semble que de l'autre côté de la Chambre, M. le Président,
cela ne les préoccupe pas, le coût d'exploitation d'un restaurant
- cela n'est pas important du tout - et de vouloir trouver des moyens pour leur
rendre la vie plus facile tout en atteignant cette excellence qu'on cherche -
on la cherche tous - il faut leur donner les moyens de l'atteindre... Lorsqu'on
regarde le nombre de faillites dans la restauration, il ne faut pas se poser
plusieurs questions pour savoir pourquoi. C'est le taux d'intérêt.
Les taux d'intérêt des années 1981, 1982 sont responsables
de tous les problèmes qu'on a vécus. Heureusement que le
gouvernement présent a changé d'orientation et est devenu
peut-être plus fédéraliste parce que je me poserais la
question à savoir quels seraient les taux d'intérêt avec un
gouvernement indépendant. (21 h 30)
M. le Président, c'est cela qu'on cherche. C'était
peut-être une habitude du ministre de l'Agriculuture de vouloir
encourager - il le fait dans le domaine de l'agriculture - tout le monde
à la production. On les embarque tous dans la production sans
connaître la mise et sans avoir toutes les choses nécessaires.
Embarquez les garsl Maintenant que vous êtes embarqués, lorsqu'il
y a des problèmes au niveau de l'abattoir, arrangez-vous avec vos
problèmes! Arrangez-vous avec! M. le ministre fait... Oui, on a des
exemples; je vais en donner un au ministre. J'attends encore pour une
réponse sur ce sujet. Produisez... Le producteur arrive; malheureusement
on est obligé d'aller à l'abattoir à cause de
l'assurance-stabilisation et, si par malheur, il n'est pas payé,
arrange-toi avec celai Un homme est pris avec 40 000 $; il a livré la
marchandise, toute sa production est partie et il attend.
M. le Président, ce n'est certainement pas un moyen d'aider ces
producteurs. Si on s'embarque dans une production, si on s'embarque dans le
mérite de la restauration, il faut créer le climat propice
à l'atteinte de cette excellence.
M. le Président, il y a aussi la surtaxe sur la bière. Il
y a toutes ces choses dont on a fait mention, qui ne rendent pas le climat
propice, qui rendent la tâche plus difficile à la restauration. Le
ministre devrait utiliser son influence pour tenter d'améliorer la
situation. C'est peut-être un premier pas de reconnaître cette
excellence, mais tous les restaurateurs apprécieraient encore bien plus
un bon climat ou la disparition de la majorité des irritants qui
existent. À ce moment-là, probablement qu'il y aurait plus de
restaurateurs qui seraient considérés pour les médailles
qu'on va accorder avec ce projet de loi 27.
M. le Président, en terminant, je voudrais qu'il soit très
clair que ce qu'on voulait démontrer, c'est qu'on est tous d'accord pour
reconnaître l'excellence, mais qu'il est préférable et
favorable de créer un climat qui va assurer que les gens
impliqués dans la restauration puissent avoir des conditions plus
faciles et qu'ils puissent concentrer plus d'efforts à l'excellence dans
leur domaine au lieu d'être préoccupés par le financement
et de ne pas savoir, d'un jour à l'autre, s'ils vont continuer à
être en affaires ou non. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Pendant qu'il y a 700
000 assistés sociaux au Québec, pendant qu'il y a plus de 400 000
chômeurs au Québec, pendant que les jeunes se cherchent des
emplois, pendant qu'on coupe 1000 lits dans les hôpitaux au Québec
parce qu'il y a des coupures budgétaires, pendant qu'on manque tellement
de revenus au gouvernement qu'on est obligé de taxer les primes
d'assurance de 9 %, que fait ce gouvernement? Il nous présente un projet
de loi sur des médailles. Pouvez-vous croire cela, M. le
Président? Quant à moi, j'ai de la difficulté à
comprendre l'attitude de ce gouvernement qui insiste pour qu'avant de donner
des médailles à quelqu'un, il y ait un projet de loi. Pendant
qu'on a toutes ces difficultés-là, on passe notre temps ici,
à l'Assemblée nationale, à discuter pour déterminer
comment on va donner les médailles, qui va les donner, dans quel ordre
les médailles seront données, dans quelle région du
Québec, prioritairement, il y aura ou il n'y aura pas de
médailles, la grosseur de la médaille. On ne nous dit pas si la
médaille va être en or, en bronze, en
"coppe" ou en papier.
Une voix: C'est marqué.
M. Ciaccias Cela aussi est marqué. M. le Président, on
nous dit, et c'est l'article majeur du projet de loi, que le gouvernement peut
accorder la décoration et les diplômes suivants:
premièrement, la décoration de commandeur de l'Ordre du
mérite de la restauration et le diplôme de mérite
exceptionnel ou de mérite spécial. C'est le premier.
Deuxièmement, on nous dit que la décoration que le gouvernement
peut accorder, c'est la décoration d'officier de l'Ordre du
mérite de la restauration et le diplôme de très grand
mérite. Après, le gouvernement peut donner la décoration
de chevalier de l'Ordre du mérite de la restauration et le diplôme
de grand mérite et finalement, seulement le diplôme de
mérite. M. le Président, les gens qui nous entendent vont
maintenant se faire une idée de l'Assemblée nationale et de ce
gouvernement. Ils n'en croiront pas leurs oreilles. Pendant que tous ces
problèmes existent au Québec, on vient nous présenter un
projet de loi sur les médailles. Le gouvernement nous dit que c'est
important, la constitution. On ne nous a pas présenté un projet
de loi sur la constitution. On n'a même pas osé consulter
l'Assemblée nationale sur les propositions qui devraient être
faites au gouvernement fédéral. Ce n'était pas important.
La constitution du Québec, la façon avec laquelle le
Québec peut signer finalement l'accord constitutionnel, ce n'est pas
important pour l'Assemblée nationale. Ce qui est important, c'est de
discuter des médailles.
M. le Président, je me pose la question suivante. Je remarque que
le ministre des médailles s'en va. Franchement, la vérité
lui fait mal, parce qu'il commence à réaliser que vraiment, cela
n'a pas de bon sens. Je me pose la question, suivante: N'y aurait-il pas eu une
autre façon pour le gouvernement de vouloir récompenser, de
vouloir donner une reconnaissance, d'accorder des médailles, des
diplômes et tout le reste aux restaurateurs sans présenter un
projet de loi? C'est certain et c'est évident que le gouvernement aurait
pu le faire. Ce n'est pas nécessaire d'accaparer le temps de 122
députés, d'accaparer le temps du président, du leader
parlementaire qui est assis de ce côté-ci. Il se prépare,
M. le Président. Il se prépare.
Des voix: Ah! Ah!
M. Ciaccia: II veut, voir comment c'est, d'être assis du
côté de l'Opposition, n'est-ce pas? C'est correct. Bienvenue de ce
côté-ci.
M. le Président, il aurait été possible pour le
gouvernement de décréter des médailles, d'avoir des
concours sans la nécessité d'un projet de loi. Il n'était
pas nécessaire de faire appel aux juristes - parce que la bureaucratie a
été obligée de préparer ce projet de loi - pour
savoir dans quel ordre cela va être, l'ordre exceptionnel, le
diplôme. Il leur a fallu prendre du temps -ils sont payés pour
cela - pour déterminer le premier, le deuxième, le
troisième et le quatrième. Ce n'était pas
nécessaire. Ce n'était pas nécessaire de prendre le temps
de l'Assemblée nationale qui aurait pu discuter d'autres sujets beaucoup
plus importants. Il aurait pu faire cela sans projet de loi. Il aurait pu faire
cela par décret, d'une foule d'autres manières. Il aurait pu y
avoir des concours. Il aurait pu y avoir des médailles, des
diplômes et tout le reste. Alors pourquoi le gouvernement
présente-t-il ce projet de loi ce soir? Je pourrais dire qu'une des
raisons pour lesquelles on en discute ce soir, pendant la joute de hockey entre
Philadelphie et Edmonton, pendant qu'on parle du budget fédéral,
c'est que le gouvernement réalise qu'il a un peu honte. Il dit: On va en
discuter jeudi soir. Il y a beaucoup de gens qui vont regarder la
télévision. Ils vont regarder le hockey. Il y a beaucoup de gens
qui vont s'occuper du budget et peut-être qu'il n'y aura pas tellement de
gens qui vont réaliser le ridicule de ce projet de loi. C'est
peut-être l'une des raisons pour lesquelles on en discute ce soir. (21 h
40)
Peut-être qu'il y a une autre raison pour laquelle c'est un projet
de loi et non pas un décret ou un concours. Je remarque, à
l'article 7 du projet de loi, que "les personnes qui obtiennent la
médaille d'or ou le diplôme de "mérite spécial" sont
de droit Commandeurs de l'Ordre du mérite de la restauration; celles qui
obtiennent la médaille d'argent sont de droit Officiers et celles qui
obtiennent la médaille de bronze sont de droit Chevaliers." Voici un
autre alinéa de cet article 7; et je crois que c'est la raison
d'être du projet de loi. Il faut un projet de loi pour cet alinéa,
on ne peut le faire par un décret. On é.crit ici et je cite le
projet de loi à l'article 7: "Le . ministre est d'office Commandeur de
l'Ordre du mérite de la restauration".
Une voix: Ah!
M. Ciaccia: Voici pourquoi il faut un projet de loi.
Une voix: Là, on comprend!
M. Ciaccia: Parce qu'il faut nommer le ministre commandeur de
l'Ordre du mérite de la restauration. Il faut le consacrer dans les lois
du Québec. Dans nos lois, il faut nommer un commandeur de l'Ordre du
mérite de la restauration et ce sera M. le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Voici
pourquoi c'est un projet de loi et non pas un décret.
Je remarque, contrairement aux annonces publicitaires que le
gouvernement a faites concernant la constitution, que l'anglais, ici,
correspond au français; il n'y a pas de distinction. Je présume
que le message qu'on veut passer aux anglophones, quant au commandeur, est le
même que le message qu'on veut passer aux francophones quant au
commandeur. On lit à l'article 7 du projet de loi en anglais: "Persons
who receive the gold medal or the diploma for "special merit" shall de jure -
cela veut dire de droit - be Commandeurs de l'Ordre... "Il ne dit pas
"Commander of the Order". C'est très spécifique, c'est exact,
c'est textuellement traduit sans distinction: Commandeur de l'Ordre du
mérite de la restauration. "Those who receive the silver medal shall be
Officiers de jure - de droit -and those who receive the bronze medal shall be
Chevaliers de jure - Chevaliers de droit." Et on continue dans le projet en
anglais: "The minister shall be ex officia "Commandeur de l'Ordre du
mérite de la restauration". Ici, l'anglais est conforme au
français.
M. le Président, je présume qu'il y a des honneurs
attachés au titre de commandeur. En plus d'avoir le titre, c'est le
commandeur qui va distribuer les médailles dans toutes les grandes
régions du Québec. Non seulement est-il commandeur de l'Ordre du
mérite de la restauration, mais apparemment, c'est lui aussi qui va
distribuer le mérite du pêcheur. Le ministre sera le grand
"médaillon" du Québec.
Une voix: Un médaillon de veau.
M. Ciaccia: Des honneurs sont attachés à cela. On
rapporte dans les journaux, dans les médias que le premier ministre est
allé en France et quand il est arrivé il y avait l'orchestre de
la Garde républicaine. Si cela avait été le premier
ministre du Canada, ils auraient joué "Au Canada", l'hymne national du
Canada, mais puisque ce n'était pas un chef d'État souverain, ils
n'ont pas joué l'hymne national, ils ont joué "Auprès de
ma blonde".
Je vois le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui, après l'adoption du projet de loi, quand il aura
donné des médailles et distribué les prix au
Québec, s'en ira en France. Je me demande si, à ce
moment-là, quand il va débarquer de l'avion sur le sol
français, la Garde républicaine jouera "J'aime le jambon et la
saucisse". Ce serait une chanson appropriée pour le commandeur du
mérite de l'Ordre de la restauration.
M. le Président, j'ai mon voyage! On passe notre temps à
discuter des projets de loi comme ça. Franchement! Que voulez-vous qu'on
dise sinon de démontrer le ridicule de ce gouvernement? C'est un projet
de loi de fin de régime. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi.
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, le député de
Mont-Royal a tellement bien résumé le cadre dans lequel nous
sommes appelés, comme parlementaires, à discuter du projet de loi
sur le mérite de la restauration qu'il y a très peu de choses
à ajouter.
Ce que le député de Mont-Royal a retenu de ce projet de
loi, c'est qu'il s'agissait d'un projet de loi fait sur mesure pour le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. C'est parce qu'un
article de ce projet de loi prévoit que ledit ministre sera nommé
d'office commandeur de l'Ordre du mérite de la restauration que nous
sommes obligés de remettre des discussions sur des problèmes
très sérieux en matière de création d'emplois, en
matière de développement économique, en matière de
taxation, en matière de services de santé à la population
pour pouvoir décorer l'honorable ministre d'office, de jure, comme
disait mon collègue de Mont-Royal, commandeur de l'Ordre du
mérite de la restauration.
M. le Président, c'est un côté de la médaille
que l'on retrouve dans le projet de loi. Qu'en est-il de l'envers de la
médaille? Qu'est-ce que le ministre, commandeur de l'Ordre du
mérite de la restauration, a fait pour ces gens-là depuis 1981?
Depuis 1981, le nouveau commandeur de l'Ordre du mérite de la
restauration a voté pour l'imposition de droit, de taxes, de permis, de
règlements, ce qui a fait que l'industrie de la restauration, où
oeuvrent des milliers de Québécois et de
Québécoises, où des entreprises familiales ont
été créées dans le passé, s'est
retrouvée dans une situation intenable sur le plan financier, intenable
sur le plan fonctionnel. À titre d'exemple, rappelons strictement la
taxe de 10 % sur les repas dans l'industrie de la restauration. Savez-vous
combien cette taxe a rapporté au gouvernement du Québec de 1981
à 1985? Combien le haut commandeur est-il allé chercher chez les
entreprises familiales qui oeuvrent dans ce secteur? Strictement au titre de la
taxe de 10 %, entre 1981 et 1985, plus de 1 500 000 000 $. À part cette
taxe, les autres droits et permis ont rapporté au gouvernement,
c'est-à-dire que le haut commandeur et son équipe sont
allés chercher chez les entreprises familiales 381 000 000 $ en droits
et permis de toutes
sortes. Strictement en ce qui a trait à la surtaxe de 4,4 % sur
les vins et spiritueux que les gens de cette industrie ont à payer, on
parle d'une somme de 18 000 000 $ annuellement. (21 h 50)
Chez les employés, ceux et celles qui nous servent aux tables
quand on fréquente un établissement dans le secteur de la
restauration et de l'hôtellerie, on parle de la loi 43. Quel acharnement
ce gouvernement a-t-il mis pour tenter de récupérer de l'argent
chez ces travailleurs et travailleuses qui ne gagnent même pas le salaire
minimum selon nos lois au Québec? Qu'il s'agisse de la taxe de 10 %,
qu'il s'agisse des droits et permis de toutes sortes, qu'il s'agisse de la
surtaxe de 4,4 %, qu'il s'agisse de la loi 43, quel est l'autre cadeau auquel
les restaurateurs ont eu droit dans le dernier budget du ministre des Finances
et pour lequel leur nouveau haut commandeur a voté? Une taxe de 9 % sur
les primes d'assurance. C'est l'envers de la médaille, l'envers de la
médaille d'or, l'envers de la médaille d'argent, l'envers de la
médaille de bronze. Cette industrie a besoin d'oxygène; elle a
besoin de déréglementation. Ces entreprises familiales où
l'homme, la femme et les enfants oeuvrent, dans la majortié des cas,
sept jours par semaine sans calculer les heures, ont, d'abord et avant tout,
besoin que le gouvernement leur donne l'oxygène nécessaire pour
survivre.
M. le Président, entre 1981 et 1985, il y a des gens qui ont
reçu du haut commandeur une médaille avec une courroie
élastique parce que une médaille dans l'industrie de la
restauration, cela se pend après un "lastique" dans le cas du ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Vous savez combien
il y a eu de faillites dans le monde de la restauration au Québec en
1981? 409 personnes qui ont reçu une médaille avec un
"lastique".
En 1982, sous le régime de ce gouvernement d'en face, combien de
restaurateurs ont reçu une médaille avec un "lastique"? 498
faillites. En 1983, vous saviez combien de restaurateurs ont reçu de ce
gouvernement une médaille avec un "lastique"? 527 faillites dans le
monde de la restauration en 1983. En 1984 - ce sont les dernières
statistiques disponibles - 441 restaurateurs ont eu droit à une
médaille bien pourvue d'un "lastique".
Sur le principe du projet de loi, personne ne peut s'opposer a ce qu'on
reconnaisse les mérites de ceux et de celles qui ont oaé relever
le défi de l'excellence et ce, malgré l'étranglement dans
lequel ils se sont retrouvés à la suite des taxes, des
règlements du gouvernement d'en face. Mais, à ceux et à
celles qui, à l'avenir, seront invités par le ministre à
recevoir la médaille du mérite de la restauration, j'aurais une
mise en garde à faire parce que vous savez que lorsque vous serez
décorés, tout probablement que le ministre se fera inviter chez
vous pour aller vous décorer. Et là, la mise en garde ne vient
pas d'un méchant député libéral. Elle vient d'une
ex-collègue du député ministre, haut commandeur de la
restauration qui, lorsqu'elle a quitté la politique - il s'agit de
l'ex-ministre Payette - a écrit un livre qui s'intitule "Le pouvoir,
connais pas" et qui a décrit - pas un député
libéral, M. le Président, c'est l'ex-ministre -le haut commandeur
du mérite de la restauration. Lorsqu'il se fera inviter chez vous pour
vous décorer, je tiendrais à ce que vous vous rappeliez de ce
passage du livre de Mme Payette que l'on retrouve à la page 131. Mme
Payette - je la cite - dit ce qui suit: "Je m'ennuie de ceux qui dorment
pendant que les autres travaillent. Je m'ennuie même parfois de Jean
Garon dont la seule présence m'était devenue presque
intolérable tant il était envahissant. Dormait-il? Il ronflait.
Lisait-il le journal? Il le faisait en marchant et en déchirant chaque
page en deux." Là, écoutez bien, c'est là que la mise en
garde devient très sérieuse: "Mangeait-il? Il en mettait
partout." Lorsqu'il arrivera, lui, avec sa médaille de haut commandeur,
fournissez-lui une serviette de table assez large pour qu'il ne salisse pas
justement ces médailles qui sont destinées à des gens
d'entreprises au Québec qui ont relevé le défi de
l'excellence, qui ont décidé de passer à travers,
même s'ils savaient que c'était pénible, même s'ils
voyaient certains de leurs confrères, de leurs consoeurs succomber sous
le taux écrasant des impôts et des taxes imposés par leur
ami, le nouveau haut commandeur, même s'ils étaient
étranglés par la réglementation de la loi 43.
M. le ministre le sait. Le haut commandeur sait que tous ceux et toutes
celles qui ont survécu à cette vague péquiste qui a
déferlé sur le Québec et qui oeuvrent dans le domaine de
la restauration méritent plus que des médailles. Mais si c'est
tout ce que vous pouvez leur offrir, si vous ne pouvez pas leur offrir d'aide,
d'assistance, si vous ne pouvez pas leur offrir l'oxygène dont ils ont
besoin pour continuer à créer des emplois au Québec, si
tout ce que vous avez à leur offrir c'est un haut commandeur, l'actuel
ministre, si tout ce que vous avez à leur offrir c'est une
médaille pour vous avoir enduré pendant tant de temps, on va
voter pour le projet de loi parce que - non, non, j'entends le leader adjoint
du gouvernement, non pas parce que le ministre en reçoit une, parce que
s'il s'agissait strictement du ministre on voterait contre - les gens qui ont
relevé ce défi de l'excellence dans le domaine de la restauration
pour vous avoir enduré pendant tout près de neuf ans
méritent, comme l'ensemble des autres
citoyens du Québec, des médailles, et des médailles
d'or. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader
parlementaire de l'Opposition.
M. Gratton: Étant donné l'absence du grand
commandeur de l'Ordre du mérite de la restauration, j'aimerais proposer
l'ajournement de notre débat de façon qu'on puisse continuer
à lui en parler mardi.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
d'ajournement du débat est adoptée?
Des voix: Adopté.
Débat de fin de séance
La fermeture de 1000 lits d'hôpitaux, dans la
région de Montréal, durant l'été
Le Vice-Président (M. Rancourt): Adopté. Comme
l'Assemblée a été avisée, il y a à ce
moment-ci un débat de fin de séance. Le président a
reçu, conformément à l'article 308, un avis de M. le
député de Brome-Missisquoi qui se lit comme suit: "À la
séance d'aujourd'hui, j'ai posé au ministre des Affaires sociales
une question portant sur l'annonce de la fermeture pour la période
estivale de plus de 1000 lits d'hôpitaux dans la région de
Montréal. Puisque j'estime que ce sujet n'a pas été
suffisamment approfondi, je désire que l'étude en soit poursuivie
dans le cadre du débat de fin de séance. Veuillez agréer,
M. le Président, l'expression de mes sentiments les meilleurs."
J'aimerais justement faire mention du chapitre V, débat de fin de
séance, sur la durée et le temps de parole, article 310. "Le
député qui a soulevé le débat et le ministre qui
lui répond ont chacun un temps de parole de cinq minutes. Le
député a un droit à une réplique de deux minutes."
M. le député de Brome-Missisquoi, cinq minutes à partir de
maintenant. (22 heures)
M. Pierre-J. Paradis
M. Paradis: M. le Président, je me suis prévalu des
dispositions de notre règlement pour vous indiquer que je n'étais
pas, comme l'ensemble de mes collègues de ce côté-ci de la
Chambre et sans doute comme d'autres de l'autre côté, satisfait de
la réponse à une question que j'ai adressée au ministre
des Affaires sociales cet après-midi et qui touchait la fermeture ou
l'annonce de la fermeture de plus de 1000 lits d'hôpitaux à
Montréal cet été.
M. le Président, dans le journal Dimanche Matin de dimanche
dernier, on pouvait lire un article signé par le journaliste Jacques
Francoeur et qui s'intitulait: "Plus de 1000 lits d'hôpitaux
fermés à Montréal cet été." Comme l'article
est très bref, M. le Président, je vous en fais lecture. M.
Francoeur dit ce qui suit: "Même si les listes d'attente sont
déjà longues dans la plupart des hôpitaux de
Montréal où certains patients doivent attendre pendant des mois
avant d'être admis, les hôpitaux fermeront plus de 1000 lits durant
les mois d'été dans un effort pour équilibrer leur budget.
À l'hôpital Notre-Dame, on fermera au moins 153 lits sur les 784
lits aigus. À Sacré-Coeur, même si 1500 patients attendent
un lit, on en fermera 110 sur un total de 714. Entre le 20 juin et le
début de septembre, l'hôpital Saint-Luc a l'intention de fermer
dès ce mois-ci 152 lits sur un grand total de 814. À
Maisonneuve-Rosemont, 140 lits sur 840 ne seront pas disponibles. Au Centre
hospitalier de Verdun, les intentions de fermeture atteignent environ 150 lits
par deux mois tandis qu'à Fleury, un hôpital de 252 lits, on
fermera progressivement un minimum de 38 lits à la fin de juin ou au
début de septembre. Les médecins n'osent pas trop parler, mais,
pour sa part, le Dr André Duranceau, chirurgien à
l'Hôtel-Dieu, déclare: "C'est une situation très anormale
car le retard dans le traitement des cas électifs - ceux et celles qui
attendent, le ministre me comprend bien, mais afin qu'on se comprenne bien,
pour des chirurgies parfois importantes - peuvent entraîner une
aggravation du mal et même devenir un risque de décès."
Ma question cet après-midi au ministre était très
simple. Je lui demandais s'il avait l'intention d'assister de façon
passive à la fermeture de plus de 1000 lits qui est annoncée pour
cet été dans la région de Montréal. Il faut se
comprendre, M. le Président. Cela équivaut à la fermeture
d'un grand hôpital. Et s'il fallait que les travailleurs et les
travailleuses débraient dans un grand hôpital, ferment un grand
hôpital à Montréal, on serait convoqués ici de toute
urgence pour adopter une loi spéciale pour forcer ces travailleurs et
travailleuses à reprendre le travail. Là, c'est le gouvernement
qui étrangle les budgets, qui effectue des coupures qu'on évalue
à plus de 500 000 000 $ au cours des cinq dernières
années. C'est un ministre gui dit aux directeurs généraux
d'hôpitaux "Equilibrer vos budgets" et qui les menace même de
congédiement et de les remplacer s'ils ne se conforment pas. Ces
gens-là réagissent, craignent les représailles d'un
ministre qui les menace, s'apprêtent à fermer plus de 1000 lits et
le ministre m'a donné comme réponse cet après-midi que
c'était la faute des médecins, c'était la faute de tout le
monde, mais pas la faute du ministère des Affaires sociales, pas la
faute du ministre responsable du dossier.
Quand on parle de la fermeture de 1000 lits, M. le Président,
quand on parle des gens qui attendent pour être opérés, je
pense qu'on n'a pas le droit de jeter le blâme à gauche et
à droite. J'ai demandé tout simplement au ministre cet
après-midi et je lui répète la question ce soir tout
bonnement: A-t-il l'intention comme ministre responsable des Affaires sociales,
donc, de la santé de la population du Québec, de jeter le
blâme sur les autres, d'assister passivement à la fermeture de
plus de 1000 lits, ce qui équivaut à la fermeture d'un grand
centre hospitalier à Montréal cet été, ou a-t-il
l'intention de dégager les sommes d'argent nécessaires, les
budgets nécessaires pour que les lits restent ouverts, pour que la
population soit traitée et soignée comme elle en a le droit le
plus fondamental. Merci, M. le Président.
Une voix: Très bien.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Affaires sociales.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais tout d'abord
vous faire remarquer que je comprends davantage pourquoi il y a autant de
prétendants aux Affaires sociales dans la formation libérale.
Quand ce n'est pas le Dr Rivard, c'est Guy Bélanger, quand ce n'est pas
Guy Bélanger, c'est Augustin Roy qui veulent se partager la tâche
éventuelle, si jamais ils devaient prendre le pouvoir, du
ministère des Affaires sociales. Le député de
Brome-Missisquoi fait preuve, je dirais, de méconnaissance totale du
vécu des centres hospitaliers au cours de l'été.
Il était de tradition, sous le régime libéral, que
les centres hospitaliers ferment comme ils l'entendent. C'est un
phénomène tout à fait normal et naturel que les
médecins spécialistes prennent des vacances durant
l'été. Il y a toujours eu une fermeture de lits et une baisse
d'achalandage dans tous les centres hospitaliers du Québec durant les
vacances estivales et en particulier pour les bénéficiaires dits
électifs, précisément. Je ne comprends pas que le
député de Brome-Missisquoi ne comprenne pas cela. C'est d'autant
plus incompréhensible que sa formation politique n'a jamais rien fait,
tant et aussi longtemps qu'elle a été au pouvoir, sur ledit
objet, alors que nous, nous avons incité les centres hospitaliers du
Québec à garder le plus de lits possible ouverts durant les
vacances.
Si bien que - cela me fait plaisir de le confirmer ce soir - depuis
plusieurs années, depuis au moins quatre ou cinq ans, c'est le
gouvernement du Québec qui ajoute des budgets additionnels, en dehors
des budgets normaux, pour maintenir un certain nombre de lits que les centres
hospitaliers ne voudraient pas voir ouverts ou voir accessibles à la
population. C'est 4 000 000 $ que le ministère des Affaires sociales va
injecter, tant à Montréal qu'à Québec, pour
maintenir le nombre de lits nécessaires, compte tenu cependant des
possibilités d'horaire opératoire, bien sûr. Les deux
CRSSS, celui de Québec et celui de Montréal en particulier,
auront à administrer cette somme en fonction des centres les plus
achalandés mais qui tiennent compte exactement de la
réalité.
Encore une fois, on tente de faire paniquer une population sur une
situation qui se répète depuis des décennies. Je prends
l'exemple de Québec. À Québec, il y a eu des demandes de
centres hospitaliers au CRSSS pour fermer des lits en cours
d'été. Le CRSSS a refusé deux endroits, le CHUL et
l'Enfant-Jésus. On leur a dit: C'est impossible de fermer le nombre de
lits que vous demandez, vous allez en maintenir un certain nombre d'ouverts.
Cela va être fait.
À Montréal, avec l'argent qu'on donne au CRSSS, il dit:
Nous allons administrer, cette année, de façon différente
les sommes que vous nous donnez pour permettre que ce soit encore plus
fonctionnel et que cela réponde encore plus aux besoins de la
population. Les sommes que vous nous donnerez, même si ce sont les
mêmes que l'an dernier, nous permettront, avec les aménagements
que nous allons y faire, de répondre encore plus adéquatement aux
besoins de la population.
C'est évident, à moins qu'on fasse preuve de
méconnaissance totale des services de santé, on le sait
très bien, que durant la période estivale on n'opère pas
au même rythme. C'est faux. Quelqu'un qui essaie de l'affirmer ou bien ne
connaît pas son dossier ou bien se laisse purement et simplement
influencer par un ou deux individus. J'aimerais connaître leur liste
d'opérations durant les vacances d'été à certains
de ces individus. C'est normal, cela se fait depuis des années. Plus
encore, i) y a moins de lits fermés depuis qu'on est au pouvoir qu'il
n'y en avait sous le régime du Parti libéral. Sous le
régime du Parti libéral il n'y avait aucune directive aux centres
hospitaliers pour maintenir les services l'été. Nous y avons mis
l'accent, nous y avons mis de l'argent et, à moins qu'on ne veuille
affoler la population comme on tente de le faire dans plusieurs dossiers, je
conseillerai au député de Brome-Missisquoi d'aller
s'enquérir dans les centres hospitaliers mêmes, de parler aux
médecins et aux chirurgiens et il constatera qu'une fois de plus
c'était une balloune qui se dégonfle trop facilement.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Brome-Missisquoi, vos deux minutes de
réplique.
M. Pierre-J. Paradis (réplique)
M. Paradis Oui, M. le Président. J'ai compris de la
réponse du ministre qu'il a l'intention d'assister passivement à
ces fermetures malgré les cris d'alarme lancés par les
travailleurs et travailleuses dans un document: "La santé est malade",
malgré un dossier monté par un journaliste de la presse
montréalaise: "Le drame des urgences". Malgré l'opinion publique
qui s'alerte et qui tente d'alerter le ministre, celui-ci a choisi de se
cantonner dans l'ignorance.
Dans un éditorial du 14 mai 1985, qui s'intitule "Libérez
l'hôpital", Jean Francoeur s'exprimait comme suit: "Un ministre burlesque
aura beau brandir la menace de les congédier tous, les directeurs
généraux des hôpitaux de Montréal, en lançant
leur cri d'alarme, n'ont fait que crier l'évidence: le réseau
perd pied dans les sables mouvants d'un sous-financement chronique."
En octobre 1983, votre prédécesseur, le
député d'Anjou, avait dit: "L'imposition de "nouvelles
contraintes généralisées", ajoutait-il, ne saurait
être envisagée sans compromettre la qualité du
système de santé". L'AHQ, en 1984, vous a avertis. Ce n'est pas
le député de Brome-Missisquoi qui conclut, c'est
l'éditorialiste, comme suit: "Si l'ère de la rationalisation est
terminée, celle de l'invention, de la créativité, de
l'initiative ne fait que commencer. Mais, au préalable, le gouvernement
devra avoir appris à libérer les énergies
déjà à l'oeuvre dans le réseau. Il doit
alléger la chape de plomb que constitue l'ensemble de son appareil
législatif et réglementaire. Un Hamlet l'aurait pressenti: mon
cher Horatio, il y a plus de choses en gestation dans le monde hospitalier que
n'en pourra jamais contenir la philosophie d'une poignée de technocrates
- et encore moins le seul cerveau de la taille de celui de l'actuel
ministre."
Le Vice-Président (M. Rancourt): Ce qui met fin au
débat de fin de séance en vertu de l'article 308 de notre
règlement. M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Avant qu'on ajourne nos travaux, M. le
Président, pourrais-je demander au leader du gouvernement de nous
indiquer quel sera le menu législatif pour la semaine prochaine, s'il
vous plaît?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, brièvement. Il y
aura possibilité d'appel de plusieurs projets de loi, mais je me limite
à ceux-ci: le projet de loi 37 au nom de M. Clair, le projet de loi 52
au nom de M. Biron, le projet de loi 45 au nom de M. Marcoux, les projets de
loi 43 et 38 au nom de M. Richard et le projet de loi 35 au nom de M. Martel.
Il y aura également la possibilité d'appeler le projet de loi 29,
selon l'avancement des travaux en commission. Le menu législatif devrait
se résumer à l'étude de ces projets de loi. Comme on peut
le voir, le menu est substantiel, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Notre Assemblée
ajourne ses travaux à mardi, 14 heures.
(Fin de la séance à 22 h 12)