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(Quinze heures cinq minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Veuillez prendre vos places.
Aux affaires courantes, il n'y a pas de déclaration
ministérielle.
À la présentation de projets de loi j'ai le plaisir de
déposer le rapport du directeur de la législation portant sur le
projet de loi 253 intitulé Loi concernant la ville de Hull. L'avis a
été fait et publié conformément aux règles
de fonctionnement concernant les projets de loi d'intérêt
privé.
Projet de loi 253
Si bien que M. le député de Hull présente le projet
de loi 253, Loi concernant la ville de Hull. L'Assemblée accepte-t-elle
de se saisir de ce projet de loi?
Il en est donc ainsi décidé.
M. le leader du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Bédard: M. le Président, je voudrais faire
motion pour déférer ledit projet de loi à la commission de
l'aménagement et des équipements et faire également motion
pour que le ministre des Affaires municipales fasse partie de ladite
commission.
Le Président: Cette motion est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Président: Adopté.
Au dépôt de documents, Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu.
Études d'évaluation sur les mesures de
relance
Mme Marois: M. le Président, tel qu'entendu lors d'une
question qui m'avait été posée le 8 mai dernier, je
dépose des études d'évaluation sur les mesures de relance,
Stages en milieu de travail, Rattrapage scolaire et Travaux communautaires.
Le Président: Documents déposés.
Au dépôt de rapports de commissions, M. le président
de la commission de l'aménagement et des équipements.
Consultation particulière sur le projet de loi
190
M. Marquis: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a siégé le 6 juin 1985 afin de
procéder à une consultation particulière sur le projet de
loi 190, Loi concernant les villes de Rouyn et de Noranda.
Le Président: Rapport déposé. M. le
président de la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre.
Étude détaillée du projet de loi
39
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation et de la
main-d'oeuvre qui a siégé le 6 juin dernier afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 39, Loi sur le ministère de l'Enseignement supérieur, de la
Science et de la Technologie et modifiant diverses dispositions
législatives.
Le projet de loi a été adopté avec amendements et
au grand plaisir du ministre. Merci, M. le Président.
Le Président: Rapport déposé. Période
de questions des députés. M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Ma question
s'adresse au premier ministre. Est-ce que le leader du gouvernement pourrait
nous indiquer s'il sera avec nous aujourd'hui?
M. Bédard: Le premier ministre est avec nous, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Portneuf.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Le gouvernement interviendra-t-il à Marine
Industrie?
M. Pagé: Ma question au premier ministre concerne le
conflit qui a duré beaucoup trop longtemps à Marine Industrie et
qui affecte l'ensemble de la région de Sorel et de Tracy.
Comme on le sait, il y a quelques semaines, le gouvernement, par la voix
du ministre du Travail, désignait un conseil de médiation pour
étudier ce conflit et faire rapport. Le conseil de médiation
produisait son rapport. Un nouvel effort de conciliation
était demandé par le ministre du Travail qui mettait
à la disposition des parties son conciliateur. Un peu plus tard, de
nouveaux médiateurs étaient désignés, soit les deux
sous-ministres, MM. Blain et Désilets, lesquels produisaient un autre
rapport il y a quelques jours, à la suite duquel le Syndicat des
travailleurs de Marine Industrie formulait une contreproposition la semaine
dernière.
Comme je l'indiquais ici dans une question, la semaine passée,
lorsqu'une entreprise comme celle-là se voit devant la
possibilité de perdre de nombreux contrats, lorsqu'une entreprise risque
son avenir dans un conflit comme celui-là et lorsqu'on fait
référence à une entreprise privée, de deux choses
l'une: ou l'entreprise privée analyse la possibilité de bouger,
d'aller un peu plus loin dans ses offres, ou elle envisage, purement et
simplement, de fermer et de cesser ses activités. Le ministre du Travail
évoquait, il y a deux semaines, la possibilité de fermeture de
Marine Industrie et, la semaine dernière, le ministre de l'Industrie et
du Commerce répondait à des questions ici en soulignant que le
gouvernement n'interviendrait pas dans les mandats à la partie patronale
chez Marine Industrie. D'ailleurs, en fin de semaine, la compagnie refusait la
contreproposition syndicale.
Le Président: Votre question, M. le
député.
M. Pagé: Ma question au premier ministre: Est-ce que votre
gouvernement entend poser un geste précis, étant l'actionnaire
majoritaire par le biais de la SGF, dans cette entreprise ou si c'est votre
intention de fermer purement et simplement ou de laisser courir le conflit?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Tout en déplorant comme tout
le monde, du fond du coeur, le prolongement éminemment cruel d'un
conflit qui n'a plus grand sens, je crois que c'est au ministre du Travail,
qu'a mentionné à plusieurs reprises le député de
Portneuf, d'ailleurs, et qui n'a pas lâché ce dossier depuis tant
de semaines et de mois, que la question doit s'adresser.
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: II y a eu, effectivement, samedi, dans la
matinée, cette rencontre entre les deux parties. Elle a
été très brève. Cela a duré de dix à
quinze minutes, comme on le sait. Les parties sont restées sur leurs
positions respectives, l'employeur s'en remettant exclusivement au contenu du
rapport de médiation de MM. Blain et Désilets et !e syndicat
ayant les exigences que l'on sait, d'autre part. Au moment où l'on se
parle, ce que je sais de la situation, c'est que les parties n'ont
manifesté ni d'un côté ni de l'autre, ni le désir ni
l'intention de se revoir.
Pour arriver plus spécifiquement à la question du
député de Portneuf, M. le Président, je dois lui signaler
que, après qu'au moins sept personnes spécialisées en
matière de relations du travail aient été assignées
au dossier, aient été obligées d'arriver à ce
constat d'échec que l'on connaît tous - ce que j'ai dit
essentiellement il y a une dizaine de jours, ce que mon collègue de
l'Industrie et du Commerce a dit également - si la situation doit
demeurer ce qu'elle est actuellement, ce qu'on connaît actuellement,
l'entreprise va devoir considérer les alternatives qui s'offrent
maintenant à elle et, à partir de ces alternatives, j'ai
évoqué que tout conseil d'administration responsable face
à une situation de cette nature va devoir évaluer cette
possibilité parmi probablement plusieurs autres qui existent. C'est dans
ce sens que -pour utiliser le terme du député de Portneuf - j'ai
évoqué une semblable possibilité.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, au premier ministre.
Comme chef du gouvernement, votre position, est-ce que c'est de laisser courir
le conflit jusqu'à l'usure de l'une des deux parties ou est-ce que vous
entendez faire en sorte que le ministre de l'Industrie et du Commerce se
prévale des dispositions de l'article 15 de la Loi sur la
Société générale de financement du Québec et
qu'il intervienne dans le conflit comme étant responsable devant cette
Chambre de l'administration de la SGF? C'est quoi votre position?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, la position
de votre serviteur est exactement celle des deux collègues que vient
d'évoquer le député de Portneuf, c'est-à-dire que
chacun a ses responsabilités. Les responsabilités finales
appartiennent à l'ensemble du gouvernement et je n'ai rien à
ajouter à ce que vient de dire le ministre du Travail, sauf que, comme
nous l'avons dit au début, comme nous le répétons sans
cesse - et de plus en plus c'est évident - c'est un conflit qui n'a plus
aucun sens et qui, littéralement, déchire toute une population
locale d'une façon qui est devenue inqualifiable. En démocratie,
il s'agit d'un problème démocratique en plus d'un problème
de travail. C'est aux parties de finir par s'entendre.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, au ministre du Travail.
Est-ce que le ministre du Travail pourrait indiquer devant cette Chambre... Si
le ministre de l'Industrie et du Commerce se servait des dispositions de
l'article 15 de la loi pour faire bouger la partie patronale sur certains
points, est-ce que ce serait de nature à faciliter votre job comme
ministre du Travail et de régler ce problème?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: C'est essentiellement une opinion que me
demande le député de Portneuf et il sait très bien que je
ne lui en donnerai pas. Il y a cependant une chose sur laquelle il est
important de revenir, M. le Président. Le député de
Portneuf s'interroge sur la nécessité pour le gouvernement de
donner des mandats à Marine Industrie Ltée par la voie de la
Société générale de financement. Il faudrait qu'on
se rappelle tous que ce ne sont pas, à proprement parler, les conditions
de la convention collective qui sont en discussion. À cet égard
tout a été, enfin, relativement, réglé. Il ne reste
qu'à parafer un certain nombre de choses. Ce sur quoi il y a
problème actuellement et un problème majeur, je n'en disconviens
pas, c'est le contenu du protocole de retour au travail. À ma souvenance
c'est la première fois, lors d'un conflit qui, au niveau des clauses de
la convention, est réglé depuis un bon moment, que depuis
près de quatre mois maintenant le litige porte exclusivement et
strictement sur le protocole de retour au travail. Dans ces conditions, je ne
suis pas convaincu que l'article 15 auquel on se réfère doive
recevoir son application.
Le Président: M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Une précision au premier ministre. Est-ce que
le premier ministre ne conviendrait pas que dans l'intérêt
même de la population et de la région il serait nécessaire
que le chef du gouvernement du Québec écarte, à tout le
moins, l'hypothèse finalement assez catastrophique d'une
éventuelle fermeture du chantier de Marine Industrie Ltée?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): De la même façon que
l'a dit très clairement le ministre du Travail, il est évident
qu'on ne peut pas écarter l'étude d'une telle
hypothèse.
Le Président: M. le député d'Outremont.
La sauvegarde de l'industrie de l'amiante
M. Fortier: Ma question s'adresse au ministre de l'Énergie
et des Ressources.
Vendredi dernier le ministre donnait certaines informations en ce qui a
trait à la formation d'un consortium pour sauvegarder l'industrie de
l'amiante. Est-ce que le ministre pourrait confirmer une information voulant
que ce consortium serait en fait une société en commandite dont
le contrôle à 60 % passerait à Lac d'amiante du
Québec, une filiale de la compagnie américaine Asarco, qui a fait
l'an dernier des pertes de 310 000 000 $? Est-ce que le ministre peut justifier
une telle décision qui placerait sous le contrôle de Lac d'amiante
du Québec deux filiales de la SNA, la Société Asbestos,
qui coûtera au gouvernement du Québec 172 000 000 $ en 1986, et la
Société Bell, qui a coûté déjà 35 000
000 $, en plus des avances de 11 000 000 $? Est-ce que le ministre peut
confirmer cette information de la formation de cette société en
commandite qui passerait sous le contrôle de la compagnie Lac d'amiante
du Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Rodrigue: M. le Président, comme je l'ai
déjà indiqué en cette Chambre, il y a plusieurs
hypothèses de regroupement qui sont envisagées. Certaines
impliquent des entreprises privées et, au moment où je vous
parle, je ne veux pas donner d'indication plus précise que
celle-là, étant donné qu'il y a des discussions en cours
et que toute divulgation prématurée de tels renseignements
risquerait de faire avorter les discussions qui se poursuivent
intensément pour tenter de trouver une solution à ce
problème grave qu'est la faible production que nous constatons
actuellement dans le secteur des mines d'amiante. Ces mines-là
fonctionnent à environ 50 % de leur capacité de production, ce
qui fait que cela entame la rentabilité de chacune d'entre elles. Si
l'on fait référence à une opération de
regroupement, on peut peut-être examiner l'expérience de ce qui
s'est produit dans le domaine du fer sur la Basse-Côte-Nord pour se
rendre compte que, lorsque des entreprises sont dans cette situation-là,
un regroupement peut apporter des résultats fort intéressants. En
fait, il avait été prévu que la production des mines de
fer sur la Basse-Côte-Nord serait de l'ordre de 12 000 000 à 14
000 000 de tonnes de concentré. Aujourd'hui, on en est à 16 500
000 tonnes de concentré.
En ce qui concerne l'usine de boulet-tage exploitée par
Québec-Cartier, elle devait produire environ 5 000 000 de tonnes de
boulettes et la production atteint actuellement 6 600 000 tonnes et on
espère la porter à 7 000 000 de tonnes annuellement. Il y a donc
lieu, dans la mesure où les entreprises présentes dans le secteur
de l'amiante et les travailleurs concernés
acceptent ce genre de solution, d'envisager des solutions semblables.
Mais, à ce stade-ci, il serait prématuré et
complètement contraire à l'intérêt public de
dévoiler quoi que ce soit quant aux noms des entreprises qui sont
impliquées dans ces discussions et quant aux modalités des
ententes qui pourraient survenir, mais qui ne sont pas conclues au moment
où on se parle.
Le Président: M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Le ministre pourrait-il confirmer que, contrairement
à ce qu'il laisse entendre, l'entente serait signée dès
jeudi prochain et que, de fait, les transactions et les ventes de l'amiante
passeraient sous le contrôle de Lac d'amiante du Québec?
De plus, le ministre pourrait-il confirmer qu'une telle entente
inclurait des subventions de l'ordre de 50 00 000 $ à 60 000 000 $ en
investissements pour aider cette nouvelle société en commandite
qui passerait sous le contrôle de cette société
américaine?
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Rodrigue: M. le Président, c'est la même
question, je donne la même réponse que tout à l'heure:
Bis.
M. Grégoire: M. le Président, question
supplémentaire.
Le Président: Mais oui, M. le député de
Frontenac.
M. Grégoire: Ce qu'a laissé entendre le
député d'Outremont, que le tout passerait sous le contrôle
de la mine du Lac d'amiante du Québec, le ministre peut-il au moins nier
cela, étant donné que la richesse et les valeurs de la
société Asbestos et de la mine Bell qui appartiennent à la
SNA sont de beaucoup supérieures et, surtout que les réserves
sont de beaucoup supérieures à la mine du Lac d'amiante du
Québec? Le ministre peut-il au moins nier cela, maintenant que c'est
rendu public? (15 h 20)
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Rodrigue: M. le Président, j'ai indiqué que les
discussions se poursuivaient et, à ce stade-ci, il n'y a encore rien de
conclu.
Le Président: M. le député de Richmond.
M. Vallières: Oui, M. le Président. Je voudrais que
le ministre donne l'assurance à cette Chambre, compte tenu de ce qu'il
vient de dire, que sa politique de restructuration va permettre de mettre un
terme au déficit d'exploitation de l'Asbestos Corporation et peut-il
profiter de l'occasion pour nous faire part du déficit accumulé
de cette entreprise depuis sa prise en charge ou sa prise de contrôle par
l'État? Il pourra employer des dollars constants ou des dollars
courants, à son goût.
Le Président: M. le ministre de l'Énergie et des
Ressources.
M. Rodrigue: M. le Président, des déficits, ce sont
des déficits et c'est en dollars courants. Ce n'est pas en dollars
constants qu'on calcule des déficits.
M. de Bellefeuille: Question principale, M. le
Président.
Des voix: Ah! Ah! M. Rodrigue: Pardon?
M. de Bellefeuille: Oh! pardon! Je pensais qu'il avait tout
dit.
M. Rodrigue: Le député de Deux-Montagnes est
très pressé, M. le Président.
En fait, les deux objectifs aussi importants l'un que l'autre que nous
visons dans cette opération de consolidation sont de sauvegarder le plus
grand nombre d'emplois possible et de redonner aux entreprises productrices
d'amiante au Québec un niveau de rentabilité acceptable. Dans ce
sens, je pense que le député de Richmond partagera sûrement
cet objectif. Quant au déficit accumulé, je prends avis de la
question et j'essaierai de lui donner la réponse à la fin de la
période de questions ou, au plus tard, demain.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
Une aide aux familles des
victimes de la fusillade
du 8 mai 1984
M. Côté: Question principale, M. le
Président. Ma question s'adresse au premier ministre et a trait à
la situation des familles victimes du drame survenu à cette
Assemblée le 8 mai 1984. Au lendemain du drame, le premier ministre nous
disait, et je le cite: "Étant assuré de m'exprimer en notre nom
à tous, à mon tour, et à m'exprimer également
à titre personnel, je tiens tout d'abord à
réitérer, moi aussi, nos plus sincères condoléances
aux familles Lepage, Boyer et Lefrançois qui sont les victimes
innocentes de cette violence inouïe
et insensée." Le 15 mai dernier, lors de l'étude des
crédits de l'Assemblée nationale, à des questions que
j'adressais au président, celui-ci me faisait part des recherches et du
travail qui avaient été faits au niveau du Bureau de
l'Assemblée nationale pour tenter de dégager une solution et que
le tout était soumis au bureau du premier ministre pour régler ce
problème. Le premier ministre est-il à même de nous dire
aujourd'hui - un an et quelques mois plus tard - si ce gouvernement entend
faire quelque chose par voie législative dans le but d'alléger la
situation financière de ces familles?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, en
déplorant autant que le député les délais qui ont
été occasionnés par bien des choses, y compris les divers
avis juridiques qu'on reçoit toujours dans ces cas, le sujet, comme
vient de me le rappeler le leader du gouvernement, est au Conseil des
ministres. Bien sûr que votre serviteur a eu l'occasion de l'examiner. Je
pense que vous aussi, M. le Président, en connaissez les tenants et les
aboutissants. Le sujet est au Conseil des ministres pour décision, je
l'espère, demain, et pourrait entraîner de petites
retombées législatives pour lesquelles on espère pouvoir
compter sur la collaboration de l'Opposition, bien sûr.
Le Président: M. le député de
Charlesbourg.
M. Côté: M. le Président, je peux assurer le
premier ministre que, s'il y a une décision au Conseil des ministres,
mercredi, l'Opposition donnera son accord pour qu'un tel projet de loi soit
adopté.
M. le premier ministre, il y a quand même des retombées au
niveau de la CSST et des poursuites qui ont été entreprises
vis-à-vis du gouvernement fédéral. Dans les journaux, des
sommes sont évoquées qui seraient très injustes à
l'égard des familles. Dans ce sens, j'aimerais que le premier ministre
nous dise aujourd'hui qu'effectivement, à la sortie du Conseil des
ministres de mercredi, une décision aura été
arrêtée et que, dans les jours qui suivront, l'Assemblée
nationale interviendra pour aider ces familles.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, sans
pouvoir commenter ce qu'évoque le député à propos
de la CSST, etc., parce que je ne suis pas au courant, je suis sûr que le
dossier va être examiné complètement, comme il doit
l'être au Conseil des ministres. J'ai bon espoir qu'on pourra arriver
à une décision, probablement demain, ou, en tout cas,
sûrement avant la fin de la session.
Une voix: M. le Président.
Le Président: M. le député de... En
complémentaire?
Une voix: Principale.
Le Président: Principale. M. le député de
Deux-Montagnes.
La modernisation du chemin de fer
Montréal-Deux-Montagnes
M. de Bellefeuille: M. le Président, je voudrais poser une
question au ministre des Transports au sujet du chemin de fer de banlieue
Montréal-Deux-Montagnes qui a la distinction d'être le train le
plus vieux d'Amérique du Nord. C'est un chemin de fer que le
gouvernement s'était engagé à moderniser. En effet,
dès le 17 décembre 1979, le gouvernement du Parti
québécois avait annoncé la modernisation du train
Montréal-Deux-Montagnes et, en 1981, cette modernisation est devenue un
engagement électoral ferme de la part du Parti québécois.
On disait: La construction de cette ligne est déjà
autorisée et elle a été confiée à la
Communauté urbaine de Montréal. Nous sommes maintenant en 1985 et
il n'y a toujours pas d'action. Je voudrais demander au ministre s'il va passer
aux actes ou s'il va plutôt faire de cette modernisation une nouvelle
promesse électorale.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: Connaissant l'intérêt du
député de Deux-Montagnes pour le patrimoine, lui qui a
fondé dans son milieu une association des propriétaires de
vieilles demeures et de vieilles résidences, je ne comprends pas
pourquoi il s'offusque de maintenir en circulation un train qui fait partie de
l'histoire. Mais pour revenir à des choses sérieuses, ce que le
député de Deux-Montagnes appelle un engagement électoral,
c'est plus que cela. C'est un décret du gouvernement qui
résultait d'une entente entre la Communauté urbaine de
Montréal et le gouvernement du Québec, le ministère des
Transports, visant à réaliser la ligne 6 dans l'axe de la voie du
CN près de la rue Sauvé, à Montréal, qui entrait
sous la montagne, de réaliser une jonction avec la ligne 3 du
CN-Deux-Montagnes et évidemment un certain nombre de prolongements du
métro. Donc, non seulement le gouvernement avait-il l'intention d'aller
de l'avant, mais il a même émis un décret et
autorisé des sommes avoisinant les 500 000 000 $.
M. le Président, ce que le député de Deux-Montagnes
devrait savoir, c'est que la Communauté urbaine de Montréal a
remis en cause cette entente qu'elle avait signée. Elle l'a remise en
cause d'abord par la publication d'un document qui s'appelle le rapport Gascon,
proposant de nouvelles lignes, de nouveaux tracés et en quelque sorte
remettant en cause l'ensemble du protocole d'entente. Depuis ce temps, un
comité conjoint du ministère des Transports et de la
Communauté urbaine de Montréal s'est penché sur la
question pour en venir à un compromis sur le tracé. Nous avons
dit aux gens de la Communauté urbaine de Montréal: Le
tracé dans l'axe de la rue Pie IX - l'axe nord-sud Pie IX - et la voie
du CN, nous croyons en effet que c'est un meilleur tracé pour quadriller
la ville de Montréal. Cependant, sur le plan de la technologie, nous
tenons à ce que ce soit la technologie du fer.
M. le Président, au moment où nous nous parlons, la
Communauté urbaine de Montréal n'a pas réussi à
faire l'unanimité. Nous avons eu deux positions, une de la ville de
Montréal et une de la banlieue. Je devrai donc prendre une
décision à leur place et je le ferai bientôt. Ceci dit,
pour ce qui est du tronçon de la ligne 3 qui faisait partie de
l'entente, j'en conviens, il y a une autre donnée importante. À
l'heure actuelle nous devons faire fonctionner ces trains. Or, avec la Loi sur
les chemins de fer qui en régit le fonctionnement, il n'y a pas de
raison que nous continuions d'exploiter ces lignes en étant régis
par des lois qui ne nous conviennent pas absolument. Nous devons donc obtenir
un amendement à la Loi sur les chemins de fer pour faire en sorte de
pouvoir remettre en question la facture qui nous est envoyée et qui,
cette année seulement, s'élèvera pour la ligne
CN-Deux-Montagnes et CP-Rigaud à 29 000 000 $.
M. de Bellefeuille: En complémentaire, M. le
Président.
Le Président: M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Le ministre reconnaît-il que la rapport
Gascon auquel il a fait allusion recommandait la mise en oeuvre
immédiate des travaux de modernisation de la ligne de
Deux-Montagnes?
Le Président! M. le ministre des Transports.
M. Tardif: Certainement, monsieur, je le reconnais. Mais
là c'est un règlement partiel des problèmes sur
l'île de Montréal. C'est dans le genre: Réglez mon petit
problème à moi dans mon coin, et laissez faire le reste. Ma
réponse à cela, M. le Président, c'est que j'apporterai
une solution globale sur l'île de Montréal ou il n'y aura pas de
solution.
Le Président: M. le député de
Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: M. le Président, au ministre des
Affaires culturelles. Est-ce qu'il envisagerait de classer comme monument
historique la locomotive qui, la première, a franchi le tunnel sous le
Mont-Royal en 1918 et qui est encore en service? Cela fait 67 ans de
service.
Le Président: M. le ministre des Affaires culturelles.
M. Richard: M. le Président, vous savez qu'aux termes de
la Loi sur les biens culturels toute demande de classement doit d'abord
être adressée à la Commission des biens culturels et que le
ministre, avant de classer, doit prendre l'avis de la Commission des biens
culturels. (15 h 30)
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: En supplémentaire, M. le Président.
Lors des crédits de votre ministère, M. le ministre des
Transports, vous avez promis de rencontrer les maires des banlieues ouest de
Montréal afin d'arriver à une entente en vue de la modernisation
du train de Deux-Montagnes. Qu'avez-vous fait depuis ce temps-là?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: J'ai tenté de communiquer avec nul autre que le
président de la Conférence des maires de banlieue qui, pour des
raisons que connaît peut-être le député de Robert
Baldwin, était en voyage à l'extérieur du pays. Celui-ci
m'a dit qu'il aurait incessamment une rencontre avec les maires de la
Conférence des maires de banlieue et que, sans aucun doute, il pourrait
m'inviter à participer à cette rencontre.
Je tiens à souligner, M. le Président, que la situation
présente est telle que le président de la Communauté
urbaine de Montréal lui-même, M. Des Marais II a jeté la
serviette, en quelque sorte, puisque la communauté était
incapable de me fournir une vue ou une décision unique. J'ai reçu
deux positions, celle de la ville de Montréal et celle de la
Conférence des maires de banlieue indiquant bien par là qu'il
fallait que quelqu'un tranche. Sans aucun doute je serai cette personne qui
devra prendre la décision à la place des autorités
locales. C'est peut-être normal ainsi étant donné que c'est
Québec qui paie 100 % de la note.
M. Paradis M. le Président.
Le Président: Question principale, M. le
député de Brome-Missisquoi.
L'engorgement des salles d'urgence
des hôpitaux et les patients
hospitalisés dans les corridors
M. Paradis: Ma question s'adresse au ministre des Affaires
sociales et touche l'engorgement des salles d'urgence. Après la
dénonciation par les travailleurs et travailleuses du secteur de la
santé contenue dans le dossier noir "La santé est malade",
après le document spécial de la Presse "Le drame des urgences",
le ministère a reçu au cours du mois de mai des études
statistiques, analytiques, des études qu'il avait lui-même
commandées. Une étude qui est bien connue sous le nom de rapport
Spitzer recommande des solutions à apporter. Au mois de mai, le ministre
des Affaires sociales a également reçu de l'Association des
médecins omnipraticiens de Montréal une compilation, une
étude qui contient des recommandations.
Parmi les recommandations qui ne font pas divergence mais qui font
convergence, qui font unanimité chez tous les intervenants du secteur,
il y a l'aspect des lits qui sont occupés dans les hôpitaux de
courte durée par des malades dits chroniques, c'est-à-dire des
malades qui sont là pour longtemps. Suivant les normes, les directives
du ministère, 10 % au maximum de lits en hôpitaux de courte
durée doivent être occupés par des chroniques.
Présentement, suivant le rapport Spitzer, c'est plus de 30 % de ces lits
qui sont occupés par des chroniques.
Comme le ministre a reçu des recommandations et des avis de
chercheurs universitaires et de praticiens dans le milieu qui allaient dans le
sens de libérer les lits qui sont présentement occupés par
des chroniques pour laisser un nombre suffisant de lits pour les urgences de
façon à désengorger les urgences, ma question au ministre
est bien simple: Qu'a-t-il fait depuis qu'il a reçu ces recommandations
de ces deux organismes, entre autres, pour libérer ces lits sur les
étages des hôpitaux de façon que les gens qui se
présentent à l'urgence et qui, après diagnostic
médical, sont hospitalisés, puissent en jouir et non passer leur
hospitalisation dans les corridors?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, la durée du temps
passé dans les corridors des urgences est de 22 heures, selon
l'étude conduite par M. Spitzer. La moyenne idéale serait un
maximum de 9 heures. Il y a deux problèmes et le député ne
relève qu'un des deux aspects du problème. Il relève le
fait qu'il y a des patients de soins prolongés qui occupent des lits de
courte durée mais il y a aussi un autre constat qui semble faire
l'unanimité, autant dans le rapport Spitzer que dans le rapport des
omnipraticiens, c'est celui des pouvoirs conférés aux
médecins en salle d'urgence, le pouvoir d'affecter un lit à un
patient. On sait que, pour les spécialités dans certains
hôpitaux, indépendamment du fait qu'il n'y a plus de lits
réservés par la loi, des lits sont conservés. Au moment
où on se parle, cela se fait encore, de sorte que vous pouvez vous
retrouver avec 30 patients dans les corridors d'une salle d'urgence et qu'il y
ait 32 lits disponibles ou réservés. L'inverse peut être
aussi vrai. Je reconnais que dans certains hôpitaux il y a
véritablement un manque de lits.
Les omnipraticiens et le rapport Spitzer nous disent: II nous faut
changer les pouvoirs du médecin en salle d'urgence pour qu'il puisse
prendre des initiatives. C'est ce que je suis en train de regarder d'une
façon spécifique parce que vous savez que cela peut
entraîner soit des réglementations spécifiques, soit des
amendements législatifs parce que, là, on joue
véritablement dans un cadre juridico-administratif reconnu au niveau des
institutions et je me dois d'être très prudent dans la
façon dont j'ai abordé le problème, mais c'est
étudié au moment où on se parle.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Merci. Le ministre ne nous a-t-il pas
déclaré en commission parlementaire, il y a très peu de
temps, que le rapport Spitzer était étudié par son
ministère, qu'il était étudié par le
CRSSS-Montréal métropolitain et qu'il sera étudié
par la fameuse commission qui est promise depuis longtemps, mais qui n'arrive
pas, dans le domaine de la santé? Est-ce que le ministre est conscient
que ces problèmes sont urgents et qu'il se doit d'agir dans les plus
brefs délais sur les deux volets qu'il vient de mentionner? Quelle
échéance avez-vous en tête pour apporter des solutions, M.
le ministre?
Le Président: En invitant les députés qui
bavardent à cesser de le faire, M. le ministre des Affaires
sociales.
M. Chevrette: Quand bien même je dirais au
député "la semaine prochaine", vous comprendrez que je ne
prendrai pas une décision qui risque d'être contestée
devant les tribunaux deux jours après. Il s'agit de fonctionnement
juridico-administratif. Il y a des pouvoirs qui sont
délégués aux institutions qui sont des corporations
autonomes. Il y a des pouvoirs reconnus à
chaque corps médical, des directives administratives. J'envisage
non seulement la réglementation, je regarde du côté des
directives administratives également. Je ne vous dirai pas, demain
matin, que je vais poser tel geste. Je vais m'assurer préalablement
d'une consultation pour que la directive, ou le règlement ou
l'amendement législatif ait vraiment des chances de porter des fruits
réels, sinon je vous ferais plaisir en vous répondant que
j'interviendrai demain matin et ça ne se ferait pas.
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: Pratiquement parlant, M. le ministre, les directives
administratives, quelles sont les échéances que vous vous fixez
comme ministre responsable de la santé? En ce qui concerne les
amendements législatifs, quelles sont les échéances que
vous vous fixez comme ministre de la santé? Il s'agit de cas
d'urgence.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: J'aurai une rencontre dès cette semaine avec
l'ensemble de ma haute direction du ministère pour faire le tour des
différentes hypothèses qui sont déjà
creusées, parce qu'on a demandé au contentieux de regarder les
deux rapports, autant celui des omnis que le contenu de l'étude de M.
Spitzer. À partir de ces deux rapports, je leur ai demandé de
concevoir quelles étaient les hypothèses les plus plausibles
d'être efficaces à très court terme, sans chambarder
nécessairement, sur le plan législatif, tout le système au
moment où on s'apprête précisément à faire
une commission d'enquête, une commission d'étude qui va
s'interroger beaucoup plus à fond dans le domaine de la
santé.
Ce que je dis, c'est qu'à ce moment-ci j'ai demandé
à mes hauts fonctionnaires de me préparer des hypothèses
de travail qui pourraient, dès les prochaines semaines, assurer une
certaine efficacité dans les grands hôpitaux de Montréal.
Je peux vous avouer, par exemple, que si le député de
Brome-Missisquoi, qui a une formation en droit, pouvait me permettre de
régler un procès hors cour présentement, cela me
permettrait de régler passablement de congestionnement dans les salles
d'urgence à Montréal. Il sait de quoi je veux parler.
Le Président: M. le député de Saguenay.
Le congédiement de 350 travailleurs
de la Société de métaux
Reynolds
de Baie-Comeau
M. Maltais: Merci. Ma question s'adresse à la ministre de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. La semaine
dernière, la Société canadienne de métaux Reynolds,
de Baie-Comeau, avisait le ministère du Travail de son intention de
congédier, au mois d'octobre 1985, 350 travailleurs. J'aimerais savoir
de la part de la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu quelles sont les dispositions que son ministère va prendre
vis-à-vis de ces 350 travailleurs qui seront licenciés au cours
d'octobre 1985?
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: Merci. Comme, effectivement, le député
avait abordé cette question, j'ai fait relever ce dossier. D'abord, il
faut bien se rappeler, pour revoir dans quel contexte le tout se fait, que plus
de 350 employés avaient été embauchés en 1980 par
la compagnie Reynolds dans une perspective de modernisation de l'entreprise et
qu'il était nécessaire, à ce moment, d'augmenter le bassin
des personnes embauchées pour assurer cette modernisation. Nous avons
bien reçu en avril, cet avis de mise à pied éventuelle en
octobre. Nous avons reçu les avis dans les délais. Mon
ministère a déjà entrepris des démarches
auprès de la société, par la direction régionale en
vue d'offrir un programme de reclassement aux personnes touchées par un
tel avis. (15 h 40)
Cependant, il faut bien comprendre que la difficulté que nous
rencontrons dans cette entreprise, c'est qu'il faut respecter les listes
d'ancienneté. Il y a donc des possibilités que des personnes
viennent substituer des emplois qui sont actuellement occupés par des
personnes plus jeunes, des personnes qui ont plus d'ancienneté dans
l'entreprise. Nous devons donc d'abord attendre ce processus pour bien
identifier les personnes nommément touchées par ce licenciement
collectif.
Le Président: M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, une question additionnelle au
ministre délégué à l'Emploi et à la
Concertation. La semaine dernière, le ministre avait dit qu'il
était en train d'installer dans chacune des régions des tables de
concertation concernant particulièrement les régions en
difficulté. La Côte-Nord étant une région en
difficulté, quelles sont les mesures précises qu'entend prendre
le ministre, en collaboration avec la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, pour pallier ce manque de travail pour 350
employés de Reynolds?
Le Président: M. le ministre délégué
à
l'Emploi et à la Concertation.
M. Dean: M. le Président, j'ai dit en Chambre que, en plus
d'une table nationale sur l'emploi qui chercherait à impliquer les
partenaires socio-économiques dans l'élaboration de mesures
destinées à améliorer la situation de l'emploi, la
prochaine phase était la mise en place de tables régionales.
À venir jusqu'à maintenant, nous avons commencé des
discussions dans des régions où l'un ou l'autre des partenaires
sociaux a déjà exprimé une volonté de mettre en
place une telle table. Si un ou des partenaires socio-économiques de la
région, soit du côté des entreprises ou du
côté des travailleurs voulait indiquer à mon bureau sa
volonté de mettre en place une telle table, je prendrai les mesures pour
donner suite à sa demande dans les plus brefs délais.
Le Président: M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, compte tenu de la situation
particulière sur la Côte-Nord avec la fermeture des villes de
Gagnon, de Schefferville et du licenciement des 350 employés de
Reynolds, est-ce que le ministre ne croirait pas que ce serait une bonne chose
que son ministère offre aux partenaires sociaux d'aller les rencontrer
pour que cette table soit faite le plus rapidement possible?
Le Président: M. le ministre délégué
à l'Emploi et à la Concertation.
M. Dean: Je n'aurais aucune objection à faire une telle
chose. Je vais contacter les partenaires de la région pour savoir s'ils
ont une volonté d'ajouter aux autres instruments que nous avons une
table régionale de l'emploi pour voir de plus près la situation
de l'emploi en vue d'apporter des mesures le plus rapidement possible qui
pourraient aider à corriger la situation.
Le Président: M. le député de
Verchères.
Le dossier de la Raffinerie de sucre du
Québec
M. Charbonneau: Merci, M. le Président, au ministre de
l'Agriculture. Il y a un peu plus de deux mois et demi à presque trois
mois maintenant, s'est constitué dans la région Richelieu-Yamaska
un front commun d'organismes et d'individus intéressés à
l'avenir de la Raffinerie de sucre du Québec. La semaine
dernière, curieusement, alors que depuis l'existence de ce front commun
il y avait un mutisme de la part de cet organisme, le Conseil du patronat a,
dans un communiqué de presse, réclamé ni plus ni moins la
fermeture de cette entreprise d'État. Est-ce que le ministre de
l'Agriculture pourrait nous indiquer, à ce moment-ci, si les
propositions qu'il nous avait dit qu'il comptait faire au Conseil des ministres
ont été faites? Quand ces propositions ont-elles
été faites? Où en est rendu le dossier à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Leur mémoire a été acheminé
au Conseil des ministres au début d'avril 1985 et habituellement, quand
un dossier est de l'importance de celui de la raffinerie de sucre, le Conseil
des ministres demande des avis au Conseil du trésor et au Comité
de développement économique. Actuellement, nous sommes en attente
des opinions de ces deux organismes.
Le Président: M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Une question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut nous indiquer si,
parallèlement aux décisions qui doivent être prises,
plutôt aux recommandations si on comprend sa réponse du Conseil du
trésor et du CMPDE, entre-temps il compte bientôt déposer
le rapport annuel de la Raffinerie de sucre du Québec?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Comme je l'ai déjà indiqué en
vertu de l'article 26 de la Loi sur la Raffinerie de sucre du Québec,
j'avais demandé des renseignements additionnels à la raffinerie
de sucre pour, justement, que les gens ne spéculent pas sans avoir
d'information. Tous les renseignements que j'ai demandés, ce sont des
séries de chiffres chronologiques à partir de la fondation de la
raffinerie de sucre en 1943 jusqu'à aujourd'hui pour que ceux qui disent
que la raffinerie de sucre est essentiellement une entreprise qui a toujours
perdu de l'argent se rendent compte qu'en 40 ans, à toutes fins utiles,
elle a fait autant de profit qu'elle a fait de déficit. Par ailleurs,
durant toutes ces années, elle a fait vivre des centaines, sinon des
milliers de personnes. J'ai demandé toutes les séries
chronologiques pour que les gens sachent aussi quels ont été les
investissements...
M. le Président, pourriez-vous demander au député
radioactif d'Outremont de se tenir tranquille un peu?
Le Président: À l'ordre! À l'ordre!
M. Garon: Ces compilations ont été faites, le
document doit être sous impression actuellement et devrait, à mon
avis, être déposé avant la fin de la présente
session.
M. Charbormeau: Une dernière additionnelle, M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: La dernière fois qu'on avait fait
état de ce dossier en Chambre, le ministre avait indiqué qu'au
gouvernement fédéral, on songeait à mettre sur pied un
comité d'étude pour l'élaboration d'une politique
canadienne sucrière ou une politique de régularisation des prix.
Il nous avait indiqué qu'il avait été approché ou
que son ministère avait été approché pour
participer à ce comité. Est-ce qu'il peut nous dire si, depuis ce
temps-là, le gouvernement fédéral a agi dans le sens qu'il
nous l'avait indiqué? Est-ce qu'il a effectivement mis sur pied son
comité d'étude? Est-ce qu'il nous a fait signe, au gouvernement
du Québec, pour qu'on participe à cette étude sur
l'opportunité d'établir une politique de régularisation
des prix du sucre au Canada?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: L'expérience politique m'ayant appris, M. le
Président, que le courage n'est pas toujours la qualité dominante
en politique, je vous dirai que dans ce dossier, où le cartel est
très fort, où les compétiteurs - tout le monde le sait
-sont dans une situation de quasi-monopole et font une bataille d'enfer pour
qu'il n'y ait pas d'autres compétiteurs même si certaines
personnes à Ottawa ont des velléités de faire une
politique du sucre, j'estime qu'il faudra une volonté populaire
très vigoureuse, une volonté de la population et des organismes
locaux ou régionaux très forte pour faire en sorte que ceux qui
ont été dans une situation de quasi-monopole au Canada depuis le
début du siècle admettent qu'il y ait de la concurrence dans ce
secteur.
Le Président: M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: Est-ce qu'on pourrait me dire, M. le
Président, si le ministre des Transports est encore ici?
Le Président: Le voilà qui se transporte.
Le projet de route entre Aylmer et Hull est-il
abandonné?
M. Middlemiss: M. le Président, le développement
économique de l'Outaouais québécois repose sur la
solidité de l'axe Aylmer-Hull-Gatineau. Or, en l'absence d'un
réseau routier adéquat entre ces trois centres urbains
importants, entre autres, l'Outaouais québécois perd annuellement
un volume d'activités économiques estimé à 100 000
000 $ au profit de l'Ontario.
Ma question au ministre des Transports: En 1978, le gouvernement du
Parti québécois s'engageait, par le biais de l'entente sur
l'amélioration du réseau routier dans le secteur
québécois de la région de la capitale nationale, à
construire l'axe McConnell-Laramée devant relier Aylmer et Hull. Sept
ans plus tard, la population de l'Outaouais attend toujours la construction de
cet axe routier. Le ministre peut-il confirmer ou infirmer que ce projet de
route reliant Aylmer à Hull est abandonné par son
gouvernement?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: M. le Président, d'abord, ce n'est pas par voie
législative qu'on va décréter... un projet de route, oui.
Ce que je dois dire au député à l'égard du
tronçon Aylmer-Hull, c'est que je prends avis de sa question pour voir
où il est dans l'échéancier. Ce que je dois lui indiquer,
comme il le sait sans aucun doute, c'est que nous avons mis la priorité
sur le tronçon Hull-Gatineau, étant donné le bassin de
population de la ville de Gatineau qui est à peu près de 70 000
habitants, Hull ayant à peu près la même taille. La
réalisation de la route, maintenant, est effectuée à
Gatineau et même un petit peu plus loin jusqu'à Masson, en fait.
Quant à la planification pour le lien, le boulevard
McConnell-Laramée, je vais prendre avis de la question et lui dire
exactement où en est le projet pour le moment. (15 h 50)
M. Middlemiss: Question additionnelle.
Le Président: M. le député de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, j'espère que le
ministre réalise que le volume de la circulation sur la route 148
à deux voies, la seule reliant directement Hull et Aylmer, est de 25 000
véhicules par jour et que, normalement, lorsqu'on atteint 10 000
à 12 000 véhicules par jour, on exige une route à quatre
voies. Le ministre m'a dit qu'il me donnerait un échéancier;
peut-on me le remettre le plus tôt possible?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: M. le Président, je ne sais pas quelle
fiabilité il faut accorder aux chiffres du député quand il
parle de 25 000
véhicules par jour. La population de la ville d'Aylmer est
d'environ 20 000 personnes. En supposant que chaque homme, femme et enfant se
déplace tous les jours par véhicule, ce dont je doute, il
comprendra que je veuille à la fois vérifier les chiffres
d'achalandage, mais je lui donnerai demain l'échéancier de
réalisation. Encore une fois, le bassin de population principal
d'environ 150 000 habitants se situe de Hull vers l'est, c'est-à-dire
vers Gatineau. Ceci ne veut pas dire qu'il ne faut pas se pencher du
côté d'Aylmer, mais qu'il me laisse jusqu'à demain pour lui
donner le calendrier de réalisation. Demain.
Le Président: M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Question additionnelle, M. le Président. Le
ministre des Transports est-il conscient que, dans la direction est-ouest, les
gens d'Aylmer traversent pratiquement tous du côté d'Ottawa par le
pont Champlain? Par le fait même, il y a un exode d'environ 75 000 000 $
par année dans le bassin de population prescrit à
l'intérieur des villes de Hull, Gatineau et Aylmer. Le ministre
pourrait-il m'indiquer s'il pourrait produire à mon collègue et
à nos collègues de l'Outaouais un échéancier de ces
travaux de l'ensemble du réseau routier pour l'Outaouais et aussi celui
pour relier l'Outaouais à Montréal du côté
québécois?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: M. le Président, je me suis engagé
à publier l'échéancier. Maintenant, je ferai remarquer au
député de Hull qu'il n'y a pas de lien interrive entre Ottawa et
Aylmer à l'ouest du pont Champlain, que je sache, si bien que les gens
qui sont déjà rendus au pont Champlain ne sont pas tellement loin
d'embarquer sur l'autoroute 50, direction est.
M. le Président, que le député de Hull vienne me
dire que l'existence d'une autoroute viendra atténuer les gens qui
traversent de l'autre côté, c'est-à-dire qui travaillent
à Ottawa et qui demeurent à Aylmer, je ne crois pas que ceci ait
cet effet. Cela pourra améliorer la circulation dans l'axe est-ouest,
mais certainement pas dans l'axe nord-sud où ce sera
indifférent.
Le Président: Une dernière question additionnelle,
oui, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Merci, M. le Président. Le Président:
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je vais simplement demander
au ministre s'il est conscient aussi que les ententes
fédérales-provinciales - le coût du réseau routier
en
Outaouais est défrayé à 50 % par le gouvernement
canadien et le gouvernement du Québec défraie l'autre partie -
cela devrait aider considérablement au parachèvement de ce
réseau.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: Je suis bien conscient de cela, M. le
Président. Cependant, à 1 000 000 $ le kilomètre ou
presque, le fait que quelqu'un me donne 500 000 $ le kilomètre m'oblige
quand même à débourser 500 000 $. Je dois évidemment
le faire en respectant les budgets que j'ai.
Le Président: Fin de la période des questions. Aux
motions sans préavis. Aux avis touchant les travaux des commissions, M.
le leader du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bédard: M. le Président, j'aurais plusieurs avis
à donner touchant les travaux des commissions. Premièrement,
aujourd'hui jusqu'à 18 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau,
la commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
entreprendra l'étude détaillée du projet de loi 27, Loi
sur le mérite de la restauration. Après les affaires courantes
jusqu'à 18 heures et ce soir de 20 à 24 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission du budget et de l'administration
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 37, Loi sur
le régime de négociation des conventions collectives dans les
secteurs public et parapublic. À la salle du Conseil législatif,
la commission de l'aménagement et des équipements entreprendra
l'étude détaillée de la loi 45, Loi modifiant diverses
dispositions législatives concernant les municipalités.
Je voudrais également, M. le Président, qu'on prenne avis
que la commission du budget et de l'administration se réunira le jeudi,
13 juin prochain, de 15 à 18 heures et de 20 à 24 heures - il
faut quand même laisser le temps de prendre le repas - à la salle
Louis-Hippolyte-Lafontaine afin de procéder à l'étude des
projets de loi privés suivants: le projet de loi 232, Loi concernant
Rivermead Golf Club; également le projet de loi 206, Loi concernant la
liquidation de Les Prévoyants du Canada "Fonds de pension"; le projet de
loi 257, Loi concernant Morgan Hydrocarbures Inc. et le projet de loi 202, Loi
concernant Les Pétroles Laduboro Ltée, au nom de M. Blank. Le
projet de loi 257 est au nom de M. Scowen, le projet de loi 206 au nom de M.
Laplante et le projet de loi 232 au nom de M. Gratton.
Également, M. le Président, je voudrais qu'on prenne avis
que la commission des
institutions se réunira le 13 juin prochain, de 20 heures
à 24 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, afin de
procéder à l'étude détaillée des projets de
loi privés suivants: le projet de loi 227, Loi concernant la succession
de Jean Hudon, au nom de M. Rivest; le projet de loi 204, Loi concernant la
description de certains immeubles situés à Sept-Îles, le
projet de loi étant au nom de M. Perron; le projet de loi 208, Loi
concernant un immeuble situé dans la ville de Saint-Joseph-de-Sorel, au
nom de M. Charbonneau, et le projet de loi 236, Loi concernant certains lots du
cadastre officiel de la paroisse de Pointe-aux-Trembles, ledit projet de loi
étant au nom de M. Marx.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Gratton: À ce sujet, le leader du gouvernement
pourrait-il indiquer pourquoi le projet de loi 253 qu'on vient de
déposer, Loi concernant la ville de Hull, n'est pas étudié
en même temps ou doit-il l'être plus tard?
M. Bédard: Pour une raison très simple, c'est que
je viens tout juste d'en prendre connaissance. On me permettra certainement un
petit délai qui sera suffisamment court pour me permettre de prendre une
décision. Si nous procédons à son étude, nous
pourrions le faire à l'intérieur des avis déjà
exprimés pour les commissions que je viens de mentionner. Sinon, il y
aura une raison particulière que j'aurai à discuter, à ce
moment-là, avec l'Opposition.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Le leader du gouvernement pourrait-il prendre note
que, pour ce qui est de l'Opposition officielle, nous donnons d'avance notre
accord pour que ce projet de loi soit étudié à ce
moment-là?
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: On m'indique qu'il y a un élément
spécial quand même. Le projet de loi qui est au nom du
député de Hull n'est pas étudié par les commissions
que je viens de mentionner, mais par la commission de l'aménagement et
des équipements. À ce moment-là, ce serait probablement la
semaine prochaine, mais une chose est certaine, nous allons prêter une
attention très correcte à ce projet de loi comme à tous
les autres, d'ailleurs.
Le Président: Oui. Avant que... Puisque nous avons
déjà débordé sur les renseignements sur les travaux
de l'Assemblée, j'ai un dernier avis à donner, ce qui
réglera le cas. À la salle 101 de l'édifice Pamphile-Le
May, après les affaires courantes, la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation tiendra une séance de travail.
Cela étant, M. le député de Hull.
Une voix: ...
Le Président: M. le député de Hull
d'abord.
M. Rocheleau: M. le Président, je voulais simplement
confirmer au leader du gouvernement que c'est à la suite d'une entente
entre le ministre des Affaires municipales, la ville de Hull et la ville
d'Aylmer que ce projet de loi a été déposé et il me
dit qu'il le présentera ou qu'il verra à le présenter
à la commission de l'aménagement et des équipements la
semaine prochaine. En autant qu'il soit adopté, M. le Président,
d'ici à la fin de la session...
M. Bédard: M. le Président, ceci est de nature
à faciliter, je pense, la réflexion, qui ne sera pas très
longue. En temps et lieu, on donnera les avis indiqués. Je n'ai jamais
douté un instant que, sur ce projet de loi, j'aurais l'appui entier de
l'Opposition.
Une voix: M. le Président...
Le Président: Je dois auparavant, M. le
député... Je m'aperçois que l'avis que j'ai donné
va à l'encontre d'un avis donné par le leader du gouvernement.
Malheureusement, le président de la commission de l'agriculture n'est
pas là, le vice-président non plus. On me crie que l'avis que je
viens de donner ne serait pas bon et aurait été annulé.
C'est bien cela? Donc, il n'y aurait pas de séance à la salle
101, puisque le président de l'agriculture est là. Si je
comprends bien, la séance de travail à la salle 101 est
annulée?
M. Vallières: C'est cela. M. le Président, nous
devrons annuler la séance qui avait été prévue
aujourd'hui.
Le Président: Bien!
Toujours aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée, M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Oui. Le leader du gouvernement vient d'annoncer
l'étude de nombreux projets de loi. Il y en a un qui est au feuilleton
depuis fort longtemps et qui est extrêmement important: il s'agit de la
Loi régissant l'usage du tabac dans les endroits
publics. Quand le gouvernement sera-t-il à l'avant-garde et nous
permettra-t-il de discuter de ce projet de loi, M. le leader? (16 heures)
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je pense que c'est un
sujet d'intérêt très important. Là-dessus, il n'y a
aucun doute. Mais on est à même de le constater aussi pour tous
les projets de loi qui ont été déposés. Cela
concerne des milliers et des milliers de personnes. Alors, il s'agit de faire
le choix le plus approprié possible de ces intérêts. Je me
demande si l'Opposition est prête à procéder autant que
cela.
Le Président: II est bien difficile de s'entendre en cette
Chambre avec toutes les conversations parallèles qui s'y font. Puis-je
inviter les députés à aller tenir ces conversations
à l'extérieur?
Bien. Si nous avons terminé les renseignements, nous pouvons
passer aux affaires du jour. M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je vous demanderais
d'appeler l'article 4 du feuilleton pour que nous procédions à la
deuxième lecture du projet de loi 32.
Projet de loi 32 Adoption du principe
Le Président: Nous allons donc commencer le débat
sur l'adoption du principe du projet de loi 32, Loi modifiant la Loi sur les
assurances et d'autres dispositions législatives. Je cède la
parole au ministre des Finances.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, ce projet de loi qui est
devant l'Assemblée nationale, malgré son titre, s'adresse d'abord
et avant tout aux mutuelles d'assurance-incendie et non pas de façon
générale aux compagnies d'assurances.
La première chose que je voudrais, c'est bien brièvement
rappeler quelques étapes du passé pour ce qui est du mouvement
mutualiste et voir ensuite pourquoi il nous est demandé, à
l'Assemblée nationale, d'intervenir avec ce projet de loi 32, afin, sans
aucun doute - j'aurai l'occasion de l'expliquer, peut-être aussi certains
de mes collègues voudront-ils intervenir dans ce débat - de faire
en sorte que le mouvement mutualiste puisse satisfaire aux exigences du
marché d'aujourd'hui, assurer également sa viabilité et sa
plus grande solidité financière.
Je vous rappellerai que les mutuelles sont nées en 1852. C'est
donc une très vieille institution québécoise. Elles sont
nées d'un grand esprit de solidarité qui, peut-être, d'une
façon plus ou moins spontanée... J'imagine que c'était
dans la foulée de ce qu'on connaissait comme étant les
corvées, c'est-à-dire que les citoyens d'une même
région acceptaient de partager entre eux une perte financière qui
pouvait être occasionnée par un incendie qui survenait à la
résidence ou aux bâtiments ou encore à la
propriété de l'un des membres du groupe. Ces mutuelles
étaient considérées comme mutuelles d'assurance-incendie
agricole et offraient un service personnalisé, à très
faible coût, pour l'époque, bien sûr.
Il faut dire que, dans ce domaine, en ce temps-là, à peu
près aucune autre compagnie d'assurances ne venait les concurrencer,
tant sur le plan des prix que sur le plan des services. Ce qui explique sans
aucun doute que les mutuelles d'assurance-incendie, en très peu de
temps, se sont répandues dans tout le Québec. Il faut dire qu'il
y en avait plusieurs sortes. Disons en gros qu'il y en avait trois sortes: les
mutuelles de comté qui, par définition, avaient des permis
d'exploitation dans tout le Québec; les mutuelles de paroisse, dont
l'activité se limitait à un permis d'exploitation dans leur
comté municipal; les mutuelles de municipalité qui avaient des
permis d'exploitation qui se limitaient au territoire de leur propre
municipalité. Cela a duré comme cela, avec les fameux billets de
souscription, avec énormément de bénévolat, il faut
le reconnaître, pendant presque 100 ans. Il faut aller en 1956 pour
retrouver une espèce de volonté de la part du mouvement
mutualiste de vouloir vraiment entrer dans l'ère moderne. Cela a
été, en 1956, la création, par une loi, de la
Fédération des mutuelles d'incendie du Québec Inc. - non
pas par une loi, pardon, mais par l'obtention de lettres patentes de la
Fédération des mutuelles d'incendie du Québec Inc. La
venue de cet organisme a doté les mutuelles d'incendie d'un
système de comptabilité et d'une gestion satisfaisante pour
répondre aux besoins de l'assurance contre le feu, la foudre et le
vent.
Un peu plus tard, en 1975, la Société mutuelle de
réassurance du Québec a été créée.
Cela a permis aux mutuelles d'incendie de gérer leurs risques tout en
conservant une partie plus importante des cotisations de leurs membres.
À peu près à la même époque, en 1974
je crois, la Loi sur les assurances du Québec est venue
concrétiser la volonté de développement du mouvement
mutualiste. Ces derniers amendements ont ouvert de nouveaux horizons tout en
restructurant le mouvement, au niveau des comtés municipaux, par fusion
ou conversion.
Où en sommes-nous aujourd'hui, M. le
Président, avec les mutuelles d'assurance? Disons tout de suite
qu'il en existe 46 -mutuelles d'assurance contre l'incendie, j'entends -
réparties dans tout le Québec. Ces sociétés ont des
actifs de 73 000 000 $ et un personnel d'environ 850 personnes. Les capitaux
propres au mouvement sont de l'ordre de 57 000 000 $ et appartiennent à
plus de 200 000 membres qui ont souscrit en 1984 tout près de 82 000 000
$ de primes. Cela donne une idée que ce sont, bien sûr, des gens
qui oeuvrent en milieu rural 200 000 membres qui souscrivent 82 000 000 $ de
primes, c'est considérable, à tel point que les
sociétés mutuelles viennent au huitième rang des
principaux assureurs de dommages au Québec avec 3,1 % du
marché.
Il y a ceci de caractéristique, également, que quatre de
ces mutuelles qui sont réparties dans quatre régions
différentes du Québec sont considérées comme
étant dissidentes et, bien sûr, ce projet de loi les vise comme
toutes les autres. Je voudrais vous dire tout de suite - je le dis pour mes
collègues de l'Assemblée nationale et pour ceux qui nous
écoutent - que déjà, dans le cadre actuel du projet de loi
32, nos discussions sont suffisamment avancées pour pouvoir dire que
nous pouvons d'ores et déjà compter sur trois règlements
sur quatre des dossiers qui sont en suspens. Je n'ai pas perdu espoir que, dans
le quatrième cas, nous puissions en arriver également à
une entente.
J'ajoute également qu'il subsiste au fil des années deux
sociétés mutuelles de municipalité et neuf
sociétés mutuelles de paroisse. Ces sociétés
mutuelles ne sont pas tellement importantes mais sont quand même dignes
de mention. Les sociétés mutuelles de municipalité ont des
actifs de 170 000 $ pour 17 000 $ de primes et les mutuelles de paroisse ont
des actifs de 935 000 $ pour 220 000 $ de primes directes.
Si on constate qu'au fil des années les structures des mutuelles
se sont modifiées, la forme mutualiste, quant à elle, demeure
inchangée. Encore aujourd'hui l'assemblée générale
des membres reste l'organisme suprême quant à l'orientation des
politiques de la société mutuelle. Chaque membre a l'obligation
de s'engager financièrement en signant un billet de souscription et une
cotisation est prélevée, ordinairement une fois par année.
L'augmentation importante du volume d'affaires des sociétés
depuis 1978 a rendu le contrôle de la sélection des risques
beaucoup plus difficile et a accru leurs dépenses d'administration.
De plus, cette expansion rapide a rendu difficile d'application la
notion du billet de souscription à être cotisé. Soit dit en
passant, M. le Président, dans sa mécanique de fonctionnement, un
billet de souscription est une notion qui appartient au siècle
passé. Les sociétés ont donc établi des
tarifications selon la notion des primes au comptant, et quand une police est
annulée la plupart des sociétés remboursent le membre pour
la portion qui reste à couvrir de la date de l'annulation à la
date d'échéance. (16 h 10)
La concurrence, l'application des cotisations prélevées
d'avance et des commissions non gagnées ou différées, en
considérant aussi l'appel additionnel de capital de la
Société mutuelle de réassurance du Québec
auprès des mutuelles afin d'éponger les déficits connus en
1980 et en 1981 et pour augmenter aussi la capitalisation pour répondre
au volume des primes souscrites, ont fait ressortir les difficultés
financières de certaines sociétés mutuelles et mis en
cause la viabilité du mouvement mutualiste. Il fallait donc y
remédier et je dis que ce projet de loi n'est pas à l'initiative
du gouvernement, mais nous est proposé par les intervenants dans le
milieu et, en particulier, par la Fédération des mutuelles
d'incendie. Je pense que le projet de loi qui est porté à
l'attention des membres de l'Assemblée nationale devrait faire consensus
à peu près partout si ce n'est à une ou deux exceptions
près, ce qui viendrait confirmer la règle.
Au coeur du projet de loi 32, vous retrouvez des dispositions fort
nombreuses, mais qui se regroupent autour de trois objectifs. Le premier
objectif poursuivi par le projet de loi est de regrouper les mutuelles au sein
d'une ou de plusieurs fédérations ayant les pouvoirs et la
capacité de coordonner leurs activités afin de procurer des
services d'expertise nécessaires à une meilleure administration
et assurer leur viabilité et leur développement. Premier
objectif, permettre de regrouper les mutuelles en une ou plusieurs
fédérations. Nous verrons les règles bien
sommairement.
Comme il ne peut y avoir de mouvement mutualiste efficace sans un
regroupement au sein d'un organisme central ayant les pouvoirs
nécessaires pour assumer le développement collectif des
mutuelles, il est proposé que l'existence légale d'une ou de
fédérations trouve ses assises dans la Loi sur les assurances
comme cela existe dans la Loi sur les coopératives et la Loi sur les
caisses d'épargne et de crédit. Un minimum de douze mutuelles
pourront demander la formation d'une fédération en produisant une
déclaration d'adhésion en ce sens et en prouvant que cette
fédération sera viable et pourra administrer un fonds de garantie
répondant aux critères prévus par la loi.
Les buts et pouvoirs de chacun des organismes de regroupement seront
établis par la Loi sur les assurances, ainsi que son fonctionnement et
sa structure administrative. Les mutuelles auront le droit de s'affilier
à une fédération de leur choix ou, suivant certaines
exigences, de se
convertir en compagnies mutuelles d'assurance de dommages. Les mutuelles
pourront se convertir en compagnies mutuelles d'assurance de dommages suivant
les mêmes critères de rentabilité et de solvabilité
que les autres assureurs lors de la formation d'une compagnie d'assurances.
Cependant, les normes de capitalisation pourront être atteintes sur une
période ne dépassant pas cinq ans, ce qui nous apparaît un
délai tout à fait raisonnable.
À cet effet, une mutuelle qui demandera à être
convertie en compagnie mutuelle d'assurance de dommages devra déposer
auprès de l'Inspecteur général des institutions
financières un plan de développement appuyé d'une
projection sur une période de cinq ans et des hypothèses
retenues. Ce plan devra, à la satisfaction de l'inspecteur
général, démontrer que la société
rencontrera, dans un délai ne dépassant pas cinq ans, les
exigences minimales de capitalisation de 3 000 000 $. Voilà, pour
l'essentiel, ce que je voulais vous dire sur le premier objectif du projet de
loi.
Quant au deuxième, il s'agit essentiellement de corriger la base
même du système des mutuelles qui, suivant ce qu'on nous en dit et
suivant ce que l'on peut constater nous-mêmes, est devenu moins efficace
et beaucoup plus difficilement applicable face à la concurrence, en
particulier.
Ce projet de loi devrait leur permettre de se procurer le capital
nécessaire pour supporter leurs activités en remplaçant la
garantie que devrait procurer le billet de souscription par l'obligation de
créer un fonds de garantie. Cette notion de billet de souscription est
fort mal perçue aujourd'hui en 1985 et très peu connue du public
concernant l'engagement qu'il suscite et défavorise très
certainement les mutuelles en regard de la concurrence des assureurs plus
conventionnels. De plus, l'inexistence de financement autre que les cotisations
sur le billet de souscription ne permet pas à certaines mutuelles de
conserver un capital suffisant pour assurer leur viabilité. Il est
difficile, en effet, de faire un rappel de cotisation sans nuire à la
viabilité de la mutuelle et du mouvement mutualiste. Il est donc
proposé, dans le projet de loi 32, qu'une mutuelle ne soit plus tenue
d'exiger de ses membres un billet de souscription, qu'elle puisse se procurer
du capital par l'émission de parts sociales et
privilégiées et qu'elle contribue à la création
d'un fonds qui garantirait sa solvabilité et celui du mouvement.
La pierre angulaire des propositions de réforme du cadre de
contrôle des mutuelles d'assurance-incendie repose essentiellement sur la
création d'un fonds de garantie. Il y en aura donc un par
fédération, administré par une corporation
rattachée à une fédération, afin d'aider au
paiement des pertes subies par les membres d'une mutuelle lors de sa
liquidation.
De plus, le fonds pourrait aider une société mutuelle en
acquérant ses parts privilégiées pour un montant
nécessaire afin de rétablir sa situation financière ou en
lui accordant un prêt ou une subvention. Le fonds de garantie permettrait
aussi de régler beaucoup plus rapidement les problèmes des
mutuelles en difficulté financière et il aurait le pouvoir de
s'impliquer et d'obliger lesdites mutuelles à prendre les mesures de
redressement qui pourraient s'imposer.
Étant donné qu'un cadre nouveau de contrôle est
proposé en ce qui concerne la structure des mutuelles, la
Société mutuelle de réassurance du Québec, la SMRQ
comme on l'appelle, présente quant à elle un projet de
modification à sa loi privée. Je crois même, M. le
Président, que ce projet de loi privé est déjà
inscrit au feuilleton de nos travaux de l'Assemblée nationale. Ce projet
de loi devrait lui permettre de se rapprocher du fonctionnement corporatif
traditionnel similaire à tout autre assureur, tout en tenant compte des
nouvelles orientations de la réforme que nous amorçons.
Enfin, M. le Président, le projet de loi 32 a comme
troisième objectif de moderniser le cadre corporatif des mutuelles. D'un
besoin d'assurances à combler, le mouvement mutualiste est passé
à une crise de croissance marquée par un besoin de couverture
adéquate sur un plus grand nombre de risques. Dans ce milieu, seules les
compagnies assises sur des bases financières saines et pouvant compter
sur une administration compétente peuvent aujourd'hui affronter une
concurrence de plus en plus vive.
Ainsi, il est proposé que les règles de formation d'une
société mutuelle ne soient plus reliées à
l'obligation de souscrire des assurances pour au moins 1 000 000 $ par
municipalité visée, mais plutôt reliées à des
critères de solvabilité et de rentabilité. Toute mutuelle
devrait être affiliée à une fédération qui
déterminera par règlement le territoire dans lequel elle pourra
faire affaires et devrait participer à un fonds de garantie
administré par une corporation rattachée à la
fédération.
Présentement - et c'est assez surprenant - il n'existe, pour la
formation d'une mutuelle, aucune règle financière autre que celle
exigeant la souscription d'au moins 1 000 000 $ d'assurances par
municipalité de comté visée. Les limites territoriales
actuellement prévues à la loi peuvent restreindre le recrutement
de la clientèle et empêcher un développement
équilibré du portefeuille d'assurances en raison de leur trop
grande rigueur. Il est donc proposé de permettre à une
fédération d'établir des territoires pour chacun de ses
membres.
Donc, d'une façon générale, mais ceci assujetti
à l'approbation de l'Inspecteur général des institutions
financières, il est proposé que les mutuelles soient
autorisées à pratiquer les mêmes catégories
d'assurance de dommages que les autres assureurs. Les primes seraient
fixées et établies selon l'expérience et la concurrence
pour la durée de la police, selon la forme de la prime au comptant.
Le projet de loi 22, quant à lui, sanctionné le 20 juin
1984, a procuré aux compagnies d'assurances des pouvoirs de placement
élargis. Cependant, les mutuelles ne peuvent acquérir et
détenir des placements autres que ceux conformes aux règles de
placement des biens appartenant à autrui prévues au Code civil.
Ces restrictions empêchent les mutuelles de diversifier leur
portefeuille, d'optimiser les revenus de placement et de mieux gérer
leurs surplus. Elles empêcheraient aussi d'effectuer collectivement les
mêmes placements que les autres assureurs par l'entremise de leur
fédération. (16 h 20)
Afin de corriger ces inconvénients, il est proposé
d'accorder le droit aux mutuelles d'une fédération de placer dans
le fonds de placement de la fédération dont elles sont membres
les sommes qui excèdent le montant minimal requis pour rendre leur actif
conforme à la loi. En contrepartie, la fédération sera
soumise au même contrôle que les assureurs conventionnels en regard
des placements qu'elle effectuera. Il s'agit en quelque sorte d'une application
bien concrète du principe du décloisonnement qui est
étendu aux mutuelles d'assurance.
Finalement, les mutuelles de municipalités et paroisses,
c'est-à-dire les compagnies désignées comme compagnies
d'assurance mutuelle contre l'incendie, la foudre et le vent, de la Loi sur
certaines compagnies d'assurance mutuelle contre l'incendie, la foudre et le
vent seront soumises aux mêmes normes précédemment
énoncées par les sociétés mutuelles
d'assurance-incendie et à cette fin, elles pourront elles aussi se
convertir en sociétés mutuelles ou fusionner une
société mutuelle et à défaut, se liquider.
L'évolution du contexte économique et la protection des
assurés ainsi que les impératifs de leur survie justifient leur
intégration au niveau cadre de contrôle des sociétés
mutuelles d'assurance-incendie.
Voilà M. le Président, bien sommairement et bien
brièvement quels sont les trois grands objectifs que poursuit ce projet
de loi: Permettre un regroupement dans un premier temps, deuxièmement
une meilleure capitalisation par la fin des billets de souscription et leur
remplacement par l'émission de parts sociales et
privilégiées, l'instauration d'un fonds de garantie et
troisièmement, un besoin de couverture élargie.
Je dois dire que ce projet de loi qui a été
déposé devant l'Assemblée nationale quand même tout
récemment il y a quelques semaines à peine - est un projet de loi
qui, dans ses aspects techniques, peut paraître à des
non-initiés, à des parlementaires comme nous par exemple comme
étant des chinoiseries; c'est un projet de loi qui offre des aspects
complexes et très difficiles sur le plan de la technique.
Je voudrais dire également que tout au long du chemin, nous avons
pu compter sur les sages avis et conseils de ceux et celles qui sont
impliqués dans le mouvement mutualiste. Je voudrais profiter de
l'occasion pour les en remercier et d'une façon plus
particulière, les mutuelles d'assurance-incendie par
l'intermédiaire de la Fédération des mutuelles-incendie
Inc., les mutuelles d'assurance-incendie non membres de la
fédération de même que les compagnies d'assurances à
charte québécoise en assurance générale qui ont
été consultées. Elles se sont montrées en
général satisfaites du projet de loi et de l'orientation
proposée. Elles partagent en gros nos vues à savoir que le
mouvement mutualiste d'assurance de dommages doive prendre une expansion
légitime qui ne peut être que bénéfique pour ses
membres et être aussi concurrentielle à l'endroit des autres
intervenants en assurance de dommages.
Quant à nous, M. le Président, le gouvernement s'est
engagé dans un vaste processus de modernisation du cadre
législatif des institutions financières du Québec dont un
volet fort important concerne le décloisonnement. Cette opération
vise à assurer une plus grande polyvalence de nos institutions tout en
assurant une protection adéquate à nos épargnants pour les
institutions qui sont visées par ce décloisonnement et c'est vrai
aussi pour les mutuelles d'assurance-incendie. Il s'agit d'un défi qui
fait appel à l'excellence et à la compétitivité. Ce
projet de loi 32 constitue, à mon sens, un défi majeur pour les
mutuelles d'assurance-incendie. C'est en quelque sorte le défi du
changement et de la modernité. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, le projet de loi 32 est un
projet de loi très important pour trois secteurs de notre
économie du Québec auxquels nous tenons énormément,
nous du Parti libéral: premièrement, le domaine des assurances,
domaine dans lequel le Québec a excellé depuis longtemps;
deuxièmement, le domaine coopératif et mutualiste, un
autre domaine dans lequel le Québec a toujours démontré un
leadership original; troisièmement, le projet de loi vise surtout le
secteur agricole, un autre secteur très important pour le Québec
et pour notre formation politique. Donc, je peux vous dire
immédiatement, M. le Président, que le Parti libéral du
Québec appuie le projet de loi, le principe du projet de loi. Nous
voulons remercier les personnes que nous avons consultées pendant les
dernières semaines pour avoir une meilleure idée de la
portée de la loi, notamment, MM. Normand Fontaine et Jacques Douville,
de la fédération, ainsi que plusieurs personnes des
sociétés mutuelles elles-mêmes qui sont venues nous voir
pour nous faire part de certains problèmes que le projet de loi peut
soulever. À toutes ces personnes, nos sincères remerciements.
Je dois vous dire que, personnellement, c'est un projet de loi qui
m'intéresse beaucoup. Même si je suis d'un milieu urbain, mes deux
grands-parents étaient des cultivateurs: l'un dans le comté de
Mégantic et l'autre dans le comté d'Orford. Je me souviens
très bien d'un soir dans ma jeunesse où la grange de mon
grand-père maternel a passé au feu sans que personne n'ait
été capable de faire quelque chose. Il n'était pas
possible de téléphoner au poste d'incendie au coin de la rue. Il
y a eu des coûts personnels énormes, psychologiques et tout. Pour
comprendre l'importance du travail qui a été fait par ces
compagnies depuis maintenant plus que 130 années, il faut avoir
vécu ou avoir eu l'expérience d'un tel événement,
comme un incendie, dans le milieu rural. Notre connaissance, notre
appréciation de l'importance du mouvement est là pour le Parti
libéral du Québec.
Je n'ai pas l'intention de passer à travers l'historique du
mouvement parce que le ministre l'a fait d'une façon assez
fidèle. Je veux dire simplement que nous sommes aujourd'hui devant
environ 47 sociétés mutuelles d'assurance-incendie et une dizaine
de compagnies d'assurance mutuelle contre le feu, la foudre et le vent,
compagnies de municipalité et de paroisse, donc un total d'environ 55
à 60 sociétés qui sont ou seront visées par le
projet de loi. Elles sont toutes dans le milieu rural et surtout agricole et
elles datent d'un mouvement qui a commencé à Huntingdon en 1852.
À un moment donné, il y avait presque 300 de ces
sociétés, mais leur nombre est réduit et il est possible
qu'avec ce projet de loi ce soit encore réduit, pas pour affaiblir le
mouvement comme tel, mais pour le renforcer.
Je vais seulement noter en pasant la grandeur et l'ampleur de ces
sociétés. Parmi les plus grandes, qui ont un actif d'environ 3
000 000 $ ou plus, vous avez celles de Dorchester, Bellechasse, le groupe
Estrie, la
Beauce, la vallée du Richelieu, Lotbinière, pour n'en
mentionner que quelques-unes. À l'autre bout, vous avez les plus
petites, les sociétés de paroisse. J'ai remarqué celles de
Saint-Magloire, Saint-Honoré-de-Shenley et Château-Richer, par
exemple, qui ont des actifs qui sont en bas de 100 000 $ mais qui font
aujourd'hui quand même des affaires assez intéressantes.
Il y en a une dizaine ou une quinzaine qui se trouvent aujourd'hui dans
une situation financière assez fragile. Elles répondent aux
exigences de la Loi sur les assurances, aux critères imposés par
la loi, mais avec difficulté et souvent avec l'aide d'autres
organisations mutualistes. Mais le mouvement en général est sain
et en pleine croissance. Comme le ministre l'a dit, elles ont un
excédent, un actif net qui dépasse 40 000 000 $ à 50 000
000 $ et elles sont actuellement en huitième place parmi les compagnies
d'assurances générales. (16 h 30)
La nécessité aujourd'hui est de renforcer les structures
de ce mouvement, de le moderniser et de lui permettre de devenir plus
compétitif. Je dois dire en passant qu'un autre objectif, c'est de
dépanner l'inspecteur général parce que si la loi n'est
pas adoptée, il sera pris incessamment - il me l'a dit en commission
parlementaire récemment - avec quelques problèmes assez
importants dans ce domaine. Mais je pense que la solution qui est visée
ici par les deux projets de loi -parce qu'il faut parler des deux - est assez
raisonnable. Je parle de deux projets de loi. Il y a le projet de loi 32 sur
lequel on fait le débat aujourd'hui et le projet de loi 213, un projet
de loi privé qu'on va adopter, je pense, d'ici à la fin de la
session.
Quels sont les éléments essentiels de la réforme
proposée? J'en note sept, qui sont pour moi les plus importants.
Premièrement, on propose un nouvel encadrement juridique pour les
sociétés mutuelles. Elles doivent toutes se convertir en
sociétés mutuelles d'assurances. On va avoir une seule
entité juridique pour toutes et chacune des 57 qui décident de
rester à l'intérieur du mouvement. Deuxièmement, on
crée dans la loi une fédération qui existe aujourd'hui
tout simplement en fonction de la partie III de la Loi sur les compagnies et
qui va, après l'adoption de la loi, avoir un cadre juridique beaucoup
plus important. Troisièmement, les pouvoirs de cette
fédération se voient énormément augmentés -
je vais revenir là-dessus parce que c'est un élément
très important. Quatrièmement, on voit la création d'un
fonds de garantie, un fonds dirigé par la fédération qui
aura le droit et la responsabilité de protéger les plus faibles
et de s'assurer que tous les assurés dans le mouvement sont bien
protégés. Cinquièmement - et c'est le projet de loi 213 -
la Société mutuelle de réassurance du
Québec sera changée et rendue beaucoup plus près de
la fédération. Elle va faire, à toutes fins utiles, partie
intégrante de la fédération dorénavant.
Sixièmement, il y a l'obligation de toutes les sociétés
mutuelles d'assurance d'être membres d'une fédération,
celle-ci, celle qui existe, ou une autre si on peut la créer. Finalement
- le septième élément - il y a des mesures prévues
pour permettre à celles qui ne veulent pas se convertir en
société mutuelle d'assurance de se convertir en compagnie
mutuelle d'assurance de dommages d'après la loi qui existe
déjà. Il y a une porte de sortie pour celles qui ne veulent pas
s'associer à cette nouvelle structure.
Quel est l'effet probable, l'effet visé par ces réformes?
Premièrement, je pense que tout le monde s'entend pour qu'on attende la
création d'une fédération. Même si la loi propose la
possibilité qu'il y en ait d'autres, je pense que, dans la
réalité des choses, on prévoit une seule
fédération, peut-être avec 50 membres au départ et
on ne sait pas combien pendant les années qui suivront. Dans la loi, on
prévoit que tout le monde aura une sécurité accrue. Les
plus faibles, celles qui sont au bord de difficultés financières
aujourd'hui vont se voir renforcées par la protection de l'ensemble des
organismes qui sont prévus. On prévoit aussi qu'un certain
nombre, peut-être quatre ou cinq des membres actuels ou quatre ou cinq
des sociétés mutuelles actuelles, qu'elles soient membres ou pas,
vont partir, vont décider de devenir des compagnies mutuelles
d'assurance de dommages. Et, en terminant, on prévoit que cela aura pour
effet de débarrasser l'inspecteur général de certains
problèmes auxquels il est confronté dans le moment.
Quelle est la position du Parti libéral? J'ai déjà
dit que nous appuyons sincèrement le principe, l'objectif du projet de
loi et que nous avons l'intention de voter pour en deuxième lecture.
Quant aux modalités, les façons que le gouvernement a
proposées pour mettre en vigueur cette réforme, nous avons un
certain nombre de questions à poser. On va le faire en commission
parlementaire et on va continuer, bien sûr, notre dialogue avec le
milieu, parce qu'il y a ceux qui veulent toujours être entendus, soit
informellement, soit en commission parlementaire. Dans notre évaluation
des modalités, nous serons guidés par deux critères de
base. Je veux les indiquer immédiatement pour que le ministre et le
milieu puissent comprendre les principes qui vont guider notre attitude
vis-à-vis de tous et chacun des nombreux articles qu'il y a dans ce
projet de loi complexe.
Le premier critère, c'est qu'on cherche une équité,
un équilibre, si vous voulez, entre la sécurité et
l'implication des membres. Ce n'est pas n'importe quelle organisation, celle
devant laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, c'est le mouvement mutualiste.
Si les gens cherchent la sécurité tout court, il y a moyen de la
trouver. Il y a de grandes compagnies d'assurances qui sont prêtes
à vendre de l'assurance-incendie à un prix où vous pouvez,
à toutes fins utiles, avoir une sécurité absolue. Mais on
veut aussi s'assurer qu'on ne perdra pas l'implication des membres dans le
mouvement. Il faut laisser un champ libre, un champ d'action, un champ
d'initiative pour permettre aux membres et aux sociétés mutuelles
d'agir de façon indépendante. C'est cet équilibre qu'on
cherche entre la sécurité ou, si vous voulez, le contrôle
par la fédération, et l'autonomie des mutualistes, ce qui veut
dire l'implication des mutualistes. C'est un équilibre qui est toujours
difficile à réaliser, qui ne sera jamais fixé une fois
pour toutes mais qui, je pense, est un élément fondamental du
débat sur un projet de loi comme celui-ci.
Notre impression, c'est que, dans la recherche de cet équilibre,
il est possible que le ministre soit allé un peu trop loin dans la
recherche de la sécurité au profit de la liberté
d'initiative des membres. On va examiner chacun des articles, des pouvoirs de
la fédération à la lumière de cet objectif. Je vous
donne seulement un exemple, parce qu'il y en a plusieurs. On laisse à la
fédération la liberté totale de décider si toutes
et chacune des sociétés mutuelles peuvent fonctionner, peuvent
s'occuper d'activités autres que celle de l'assurance-incendie. On
laisse la possibilité ouverte qu'elles fassent autre chose, dans un
esprit de décloisonnement, et on dit qu'avant que n'importe quelle de
ces sociétés mutuelles puisse se lancer dans une affaire autre
que l'assurance-incendie, elle doit avoir, de prime abord, l'approbation de la
fédération. On trouve que c'est peut-être un peu fort. Je
vais revenir à d'autres exemples après, mais c'est juste pour
vous donner une idée de nos questions.
Le deuxième grand principe qui va guider notre examen de ce
projet de loi et de ses modalités, c'est la question de la
liberté de choix de toutes et chacune des sociétés
mutuelles qui existent aujourd'hui de rester ou de ne pas rester. Nous sommes,
effectivement, devant un changement radical dans les règles du jeu qui
ont existé dans ce mouvement depuis longtemps. Tout le monde l'admet. On
peut même prétendre que la fédération qu'on
connaît va disparaître avec l'adoption de ce projet de loi et
qu'une autre fédération verra le jour. On peut prétendre
que le fonds de réassurance deviendra un autre fonds de
réassurance en même temps. Alors, il nous semble qu'on doive
donner l'occasion réelle à chacune des compagnies d'examiner sa
situation et de décider si elle veut ss retirer. Ce n'est pas... Je
prends un exemple, juste pour vous donner l'idée de
base qui sous-tend notre argument. Normalement, quand une
société mutuelle ou une personne quitte un mouvement
coopératif ou mutualiste, elle peut retirer la part qu'elle a
contribuée dans sa totalité, mais elle n'a pas le droit de
retirer les fonds qui avaient pour but d'enrichir le fonds total, les
bénéfices non répartis, par exemple. Je comprends cette
attitude qui fait partie intégrale d'un mouvement coopératif. Il
y a aujourd'hui certaines sociétés qui prétendent avoir le
droit de sortir non seulement le capital du fonds de réassurance auquel
elles ont contribué mais aussi, d'autre part, des
bénéfices non répartis. (16 h 40)
Je pense que nous devons examiner leurs revendications avec beaucoup
d'attention. Nous avons l'impression que ce n'est pas simplement le cas
où une société mutuelle décide de se retirer de
quelque chose qui existe, c'est le fait de quelque chose qui a existé
depuis longtemps. C'est le début d'une nouvelle époque, c'est un
changement profond dans les règles du jeu. Je répète que
chacune de ces 57 sociétés doit avoir la liberté de
choisir. Je pense que même la fédération ne sera pas
contente de se ramasser avec des membres involontaires, des membres
mécontents et malheureux. Cela peut leur créer plus de
problèmes que s'ils partent, même s'ils partent avec un peu de
l'actif de la fédération.
Je veux juste donner brièvement un peu plus de détails par
quelques exemples de ces deux critères que j'ai mentionnés qui
vont servir de base pour le débat en commission parlementaire.
Regardez les pouvoirs de la nouvelle fédération. Elle a
beaucoup de pouvoirs: celui d'examiner les livres de toutes les
sociétés à n'importe quel moment; de stimuler, favoriser
la création de nouvelles sociétés mutuelles d'assurance
présumément avec les fonds de celles qui sont déjà
là; décider avec qui les sociétés mutuelles peuvent
faire de la réassurance et donc, avec qui elles ne peuvent pas faire de
la réassurance.
L'article 93.161 qui dit que la fédération peut faire
n'importe quoi. C'est une clause "blanket" qui lui donne des pouvoirs que
même le ministre n'était pas capable d'imaginer; alors il a mis
cette clause globale. Elle a le droit d'établir les territoires de
chacun de ses membres et même changer les territoires qui existent
aujourd'hui. Elle a le droit de convoquer les assemblées
générales des mutuelles pour les informer sur n'importe quel
sujet. Elle a le droit, bien sûr, de cotisations. Elle a le droit de
créer un fonds de placement.
Dans le cas du fonds de garantie, ce ne sont pas les membres, ce ne sont
pas les sociétés mutuelles qui nommeront le conseil
d'administration, c'est le conseil d'administration de la
fédération qui nomme les membres du fonds de garantie. Les
membres n'ont aucun mot à dire là-dedans.
Ce fonds de garantie aura le pouvoir d'accorder les prêts et
subventions aux membres, sans restriction. On peut même imaginer qu'il
peut subventionner ceux qui ne sont pas en difficulté. On ne peut pas
imaginer par quels critères ces subventions seront accordées. Il
nous semble qu'il y a peut-être lieu de les préciser un peu.
Il y a aussi - je le dis en passant parce que je pense qu'on doit avoir
une petite discussion là-dessus en commission parlementaire - le
principe que chacun des membres aura un vote, le plus grand et le plus petit.
On dit que c'est dans la tradition mutualiste. On comprend cette perspective,
mais il faut accepter que si vous avez un vote pour une société
mutuelle d'une centaine de membres et un vote pour une société
mutuelle de 1000 membres, les membres de la société de 100
membres auront effectivement dix fois plus de voix au sein de la
fédération que les membres qui appartiennent à la
société de 1000 membres. Dans un sens, on respecte l'esprit
mutualiste et d'une autre façon, on le contredit.
Nous avons parlé avec plusieurs membres de la
fédération. Il nous semble que la plupart des membres de la
fédération sont bien conscients des pouvoirs dont j'ai
énuméré quelques-uns tantôt et qu'ils sont d'accord.
On veut s'assurer, premièrement, que c'est vrai que tous les membres de
la fédération acceptent ce projet de loi dans ses détails,
en pleine connaissance de cause. On veut s'assurer de plus qu'on ne va pas se
ramasser avec un projet de loi qui va créer des contretemps et des
problèmes pour la fédération elle-même dans
l'avenir.
Quant au deuxième critère, cette question de
liberté de choix, nous trouvons que chacun des 57 doit jouir d'une
liberté de choix réelle. Si on dit: Vous pouvez partir, mais si
la voie qui est offerte pour le départ est pleine d'obstacles,
finalement, ce n'est pas une possibilité réelle. C'est une
possibilité illusoire. Vous vous souvenez que chaque mutuelle
aujourd'hui doit, premier choix, devenir une SMA, une société
mutuelle d'assurance et membre de la fédération existante;
deuxième choix, devenir une société mutuelle d'assurance
et trouver une deuxième nouvelle fédération;
troisième choix, liquider les actifs; quatrième choix, se
convertir en compagnie mutuelle d'assurance dommages. Nous trouvons que les
deux seules voies réelles qui existent sont la première et la
quatrième, soit de devenir membre de la fédération
existante, soit de se convertir en compagnie. Face à ces choix
difficiles, il y en a quatre ou cinq peut-être qui vont décider de
ne pas rester. On doit respecter leur liberté. J'ai déjà
parlé de la question de leur droit aux bénéfices à
l'intérieur de la société de réassurance.
Je pense que c'est à l'article 51 qu'on voit que l'inspecteur
général doit même autoriser la convocation d'une
assemblée -d'une société existante - pour discuter et
voter sur la possibilité de se convertir.
Tenant compte du fait que l'inspecteur général a la
responsabilité, à toutes fins utiles, en fin de compte,
d'approuver la demande, on voit avec un peu de difficulté comment on
peut insister sur le fait qu'elles ne peuvent même pas discuter de
l'affaire, en décider elles-mêmes sans approbation
préalable de l'inspecteur général. Il y a aussi cette
question des 3 000 000 $ de capitalisation qui doit être
réalisée après cinq ans. On est d'accord que l'inspecteur
général doit jouir d'une liberté d'action et d'un pouvoir
discrétionnaire là-dedans, mais on enlève à
l'inspecteur général le pouvoir discrétionnaire au bout de
cinq ans. Nous croyons que ce serait une bonne idée de laisser le
pouvoir discrétionnaire à l'inspecteur général
à la fin de l'exercice. Il peut y avoir, après cinq ans, une
compagnie mutuelle qui a 2 900 000 $ de capital, qui va très bien, mais
parce que la loi est écrite comme elle est écrite, il n'aura
aucun pouvoir d'utiliser sa discrétion.
Il y a aussi un autre élément qui touche cette
liberté de partir. Aujourd'hui, il y a certains représentants et
certains experts en sinistres dans ces compagnies qui n'ont pas leur
certification d'après la loi actuelle. C'est prévu que ces
personnes peuvent continuer de travailler pour les sociétés
mutuelles d'assurance, membres de la fédération, pourvu que
celles qui entrent dorénavant soient admissibles en vertu de la loi. On
pense que ce serait une bonne idée de donner cette même
liberté à celles qui veulent partir. C'est un rapide survol de
quelques points précis basés sur - comme j'ai dit - deux ou trois
principes de base qu'on va utiliser pour examiner les modalités
proposées par le ministre. (16 h 50)
Je veux terminer en disant, revenant au départ,
premièrement, qu'on est d'accord avec le projet de loi. On trouve que
c'est un projet de loi nécessaire, valable et utile. On va l'appuyer. On
est en accord avec les grandes lignes. On s'interroge, et je vous avais
donné une liste partielle de nos interrogations, non parce qu'on veut
créer des problèmes à quelqu'un. Si le ministre, les
membres de la fédération et les dirigeants des
sociétés, les mutualistes qui veulent partir peuvent nous
démontrer que nos idées ne sont pas valables, que nos
inquiétudes ne sont pas justifiées... Ce n'est pas de
l'idéologie, c'est le désir de vous aider à mettre sur
pied quelque chose qui va fonctionner et qui va fonctionner non seulement en
1985, mais pour plusieurs années, parce qu'on tient
énormément à l'idée que ce mouvement doit devenir
de plus en plus concurrentiel, de plus en plus sain sur le plan financier, de
plus en plus capable de servir ses membres dans tout le Québec. Je le
répète, on est réceptif à des suggestions, mais on
a au moins l'intention de poser les questions que j'ai mentionnées
aujourd'hui.
Nous allons travailler avec le ministre et avec le milieu pour essayer
de rendre justice à tout le monde et pour faire en sorte que ce projet
de loi et la loi qui sera finalement adoptée soit un outil puissant pour
aider le développement du mouvement mutualiste dans le domaine des
assurances, en milieu rural et agricole, ici au Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Bellechasse.
M. Claude Lachance
M. Lachance: Merci, M. le Président. Je pense qu'on
s'accordera pour dire que le projet de loi 32, Loi modifiant la Loi sur les
assurances et d'autres dispositions législatives n'est pas
particulièrement doté de sex-appeal. Ce n'est pas le genre de
projet de loi - comme on dit chez nous - qui va faire "triper" beaucoup de
monde. Cependant, c'est une loi importante, une loi qui comporte pas moins de
100 articles et, surtout, c'est une loi très attendue par les personnes
qui oeuvrent dans le milieu mutualiste. Vous savez, quand on parle de
mutuelles, on s'apparente beaucoup au Mouvement Desjardins, c'est-à-dire
au mouvement coopératif. Par association, les personnes qui nous
écoutent aujourd'hui, si on leur parle de mutualisme, on pourrait leur
parler de coopératisme et ce serait très très près,
en ce sens que la personne a beaucoup d'importance: Une personne, un vote.
M. le Président, le projet de loi 32 que nous étudions
maintenant n'est pas arrivé comme cela, comme un cheveu sur la soupe. Il
a été précédé par toute une série de
consultations et je vous prends à témoin ici de certains
documents que je tiens en main au cours des derniers mois et même des
quelques dernières années. J'ai ici un mémoire
présenté par la Fédération des mutuelles d'incendie
qui a été présenté en février 1984 sur les
modifications apportées à la Loi sur les assurances, un
avant-projet d'amendement à la Loi sur les assurances
présenté toujours en 1984, le 19 octobre, également, le 28
octobre, un document émanant du conseil d'administration sur les
demandes pour moderniser, améliorer la loi qui permet aux mutuelles de
fonctionner. Finalement, nous avons eu, le 30 avril dernier, le
dépôt par le ministre des Finances, enfin, d'un projet de loi tant
attendu, encore une fois, par le milieu des mutuelles.
M. le Président, si j'ai tenu à prendre la parole
aujourd'hui, c'est que dans mon milieu, un milieu essentiellement rural, le
mouvement mutualiste est très important. J'entendais tantôt le
député de Notre-Dame-de-Grâce citer un certain nombre de
mutuelles et parmi celles qui sont le plus en excellente santé
financière, il s'est permis de signaler celles de Bellechasse et de
Dorchester qui sont précisément localisées dans
Bellechasse, dans la circonscription provinciale de Bellechasse et qui ont leur
siège social à Saint-Gervais pour celle de Bellechasse et
à Sainte-Claire pour celle de Dorchester.
Ce qui nous frappe en regardant le mouvement mutualiste au
Québec, c'est sa répartition sur l'ensemble du territoire du
Québec, répartition dans des milieux essentiellement ruraux, que
je prenne l'exemple des mutuelles de Bonaventure, Matapédia à
Causapscal, Charlevoix, La Malbaie, Frontenac, Lac-Mégantic,
Verchères à Saint-Marc, la mutuelle de l'Outaouais, à
Saint-André, et ainsi de suite. C'est réparti sur l'ensemble du
territoire du Québec et c'est connu de la grande majorité des
personnes qui demeurent en milieu rural.
M. le Président, le ministre des Finances y a fait allusion
tantôt dans son allocution, le mouvement mutualiste naissait, ici au
Québec, vers 1850, soit à peu près à la même
époque que l'arrivée des conseils de comté. Dans ce
temps-là, il faut bien voir que le Québec était
essentiellement rural et que, lorsque arrivait une catastrophe, un sinistre,
les gens avaient un réflexe, c'était de s'associer, que ce soit
par le biais de la corvée ou autrement, pour aider les personnes dans le
malheur. C'est ce qui est arrivé dans les années dix-huit cent
cinquante: des personnes d'une même région ont accepté de
partager entre elles la perte financière, qui était due à
un incendie, subie par l'un des membres du groupe. C'était un service
personnalisé et un service aussi à un coût très
faible, compte tenu de ce que pouvait offrir d'autres compétiteurs.
On peut vraiment dire que le mouvement mutualiste, en ce qui concerne la
protection des biens, a été dans une période de
tranquillité pendant très longtemps, plusieurs dizaines
d'années, et que c'est véritablement dans les années
soixante-dix que ce que nous connaissons maintenant a pris une tournure
différente. Il y avait eu auparavant, en 1956, 14 mutuelles de paroisse
qui avaient décidé de donner naissance à la
fédération des mutuelles mais à ce moment-là, en
1956, cela s'était fait sur une base qui n'était pas
légale, en toute bonne foi. Ce ne fut qu'à peu près 14 ans
plus tard que la fédération s'est donné une existence
légale, en vertu de la troisième partie de la Loi sur les
compagnies, en s'incorporant.
Il me fait plaisir de citer quelques buts que la
fédération s'était donnés dans ses lettres
patentes: premièrement, d'encourager le regroupement et la fusion des
mutuelles; également, de diffuser les principes et les méthodes
mutualistes; de donner des conférences et de faire des publications sur
la protection des biens; de donner des conseils et d'offrir un système
de formation; d'offrir des services d'inspection de risque et de
comptabilité et, finalement, de promouvoir et de défendre les
intérêts économiques et sociaux de ses membres.
Aujourd'hui, le mouvement mutuel est devenu une force, une force avec
laquelle il faut savoir compter et aussi, il faut le dire, une force qui
dérange à l'occasion. En effet, il existe présentement au
Québec 46 sociétés mutuelles d'assurance contre l'incendie
et, comme vous le savez, 4 sociétés mutuelles sont à
l'extérieur de la fédération. Ces sociétés,
dans leur ensemble, ont des actifs de près de 80 000 000 $ et elles ont
un personnel - c'est assez important de le noter - de 850 personnes et,
surtout, les capitaux propres du mouvement appartiennent à près
de 200 000 personnes.
Les sociétés mutuelles aujourd'hui, en 1985, sont au
huitième rang des principaux assureurs de dommages au Québec,
avec 3,1 % de la part du marché. Elles sont au nombre des
compétiteurs de certaines compagnies bien connues comme le Groupe
Commerce, le Groupe Desjardins, Allstate du Canada, la Prévoyance, la
Prudentielle, Les Prévoyants, etc.
Je disais tantôt que c'est surtout dans les années
soixante-dix que le mouvement mutualiste a pris son envol. En effet, à
ce moment-là, il y a plusieurs mutuelles de paroisse qui ont
décidé de se regrouper pour devenir des mutuelles au sein d'une
mutuelle de comté et, donc, d'avoir une force plus importante, d'avoir
des moyens compétitifs plus adéquats qui correspondent davantage
aux nécessités d'aujourd'hui. (17 heures)
II me fait plaisir aussi de vous donner une information peut-être
intéressante; c'est que la répartition du portefeuille
d'assurances des mutuelles est à 95 % au niveau des biens et
responsabilités des particuliers et 5 % en ce qui concerne les aspects
commercial et industriel. C'est surtout dans les biens et
responsabilités qu'elle évolue, tandis que le secteur de
l'automobile joue aux alentours de 30 %.
On peut résumer les différents objectifs du projet de loi
32 comme suit. Le premier objectif de la réforme proposée est de
regrouper les mutuelles au sein d'une ou de plusieurs fédérations
ayant des pouvoirs et la capacité de coordonner les activités, de
procurer des services d'expertise nécessaires à une saine
administration et d'assurer la viabilité et l'essor des
sociétés qui en sont
membres. Un autre objectif - et non le moindre - c'est de moderniser le
cadre corporatif des mutuelles. Cela va ainsi permettre de faire reposer
davantage la formation des sociétés mutuelles sur des
critères de compétence, de solvabilité et de
rentabilité.
Un élément sur lequel je veux apporter une certaine
importance, c'est le troisième objectif, qui est de corriger la base
même du système qui est devenue inefficace et difficilement
applicable et, en même temps, de procurer le capital nécessaire
pour supporter les activités et, surtout, de remplacer le fameux billet
de souscription par un fonds de garantie.
M. le Président, vous qui êtes dans un comté
où l'agriculture est importante, vous savez ce qu'est un billet de
souscription. Un grand nombre de personnes au Québec ne le savent pas et
c'est la raison pour laquelle lorsqu'un vendeur d'assurances, quelqu'un d'une
mutuelle arrive pour offrir de l'assurance à une personne qui n'a jamais
entendu parler du billet de souscription, inutile de vous dire que cela la fait
sursauter parce qu'un billet de souscription c'est aussi un document que doit
s'engager à signer une personne qui désire prendre de l'assurance
d'une mutuelle. Alors, seulement le fait d'avoir un billet de souscription peut
faire peur à certaines personnes qui, dans le contexte de 1985, voient
d'un mauvais oeil qu'on leur demande de signer un document qu'un autre courtier
d'assurances, par exemple, ne demandera pas.
Actuellement, le billet de souscription est obligatoire de par la loi
constitutive parce que c'est ce qui permet à un membre d'être
considéré comme une mutualiste. Il y a une façon qui a
été adoptée et qui a été vue dans le projet
de loi 32 pour remplacer le billet de souscription: c'est le fonds de garantie.
En quelque sorte, comme le billet de souscription existe présentement,
ce serait de dire que, s'il n'y avait plus d'argent pour pouvoir
répondre au sinistre, on va aller cotiser les personnes assurées
de la mutuelle en plus de la prime qu'elles ont à payer. C'est donc une
difficulté majeure, c'est une contrainte gênante, embarrassante,
qui existe présentement et c'est un phénomène qui, d'une
façon toute particulière, fait reculer des personnes qui ne sont
pas familières, en particulier les gens des milieux urbains.
M. le Président, j'ai entendu tantôt le
député de Notre-Dame-de-Grâce nous faire part de certaines
appréhensions, de certaines craintes, même s'il a dit que sa
formation politique était en faveur du projet de loi 32. J'ai ici en
main une copie de lettre datée du 31 mai 1985 qui a été
adressée au ministre de Finances, M. Duhaime, et qui provient de la
Fédération des mutuelles d'incendie. Comme vous le savez, le
projet de loi 32 a été déposé le 30 avril; donc, le
31 mai, un mois après, les gens de la Fédération ont eu le
temps, non seulement de consulter leurs membres, mais aussi d'examiner en
profondeur le détail du projet de loi qui nous est soumis.
Je vais vous lire quelques extraits de la lettre de la
fédération pour vous indiquer jusqu'à quel point les
membres de la Fédération des mutuelles d'incendie du
Québec donnent un avis favorable en ce qui concerne le projet de loi
déposé: "Le conseil d'administration a accueilli très
favorablement la teneur du projet de loi 32 que vous avez
présenté le 30 avril dernier. Ce projet de loi rencontre en effet
les aspirations du mouvement mutualiste telles qu'elles avaient
été exprimées dans les mémoires soumis à
l'Inspecteur général des institutions financières en mars
1984, de même qu'au cours des discussions qui ont suivi. Le projet de loi
répond spécifiquement aux demandes formulées par notre
mouvement en accordant collectivement aux sociétés mutuelles
sensiblement les mêmes pouvoirs que ceux qu'avait accordé aux
compagnies d'assurances à charte québécoise le projet de
loi 75. On se rend compte, M. le Président, que c'est une réponse
à des attentes pour être capable de concurrencer les autres
compagnies d'assurances sur un terrain qui se ressemble. En second lieu, le
projet de loi prévoit des structures corporatives et financières
qui permettront une plus grande protection des intérêts des
membres assurés tout en favorisant un accroissement de la force
économique des sociétés mutuelles dans leur ensemble.
Surtout, nous estimons que le projet de loi 32 respecte le caractère
fondamentalement démocratique et les origines coopératives du
mouvement mutualiste puisque les pouvoirs, tant au niveau des
sociétés elles-mêmes qu'au niveau de leur
fédération, sont réglementés par l'assemblée
générale des membres. Ces quelques extraits vous montrent que la
fédération, qui est la principale concernée, et surtout
ses membres sont d'accord. J'ai eu l'occasion moi-même de prendre
connaissance d'un document qui me prouve hors de tout doute que la
fédération a bien fait son travail. J'ai eu l'occasion
moi-même de me rendre au dernier congrès de la
fédération, qui s'est déroulé les 28 et 29 mars
1985, où le ministre a pris la parole et je me suis rendu compte
jusqu'à quel point ce projet de loi -l'actuel projet de loi 32 -
était très attendu. Je pense bien que les craintes
énumérées par le député de
Notre-Dame-de-Grâce sont légitimes, mais je crois qu'il n'y a pas
de problèmes. On peut adopter ce projet de loi sans trop de
problèmes de conscience et faire confiance à une institution, le
mouvement mutualiste, qui existe depuis plus d'un siècle.
En terminant, je voudrais rendre
hommage aux personnes qui ont collaboré pour que ce projet de loi
arrive devant l'Assemblée nationale puisque c'est l'oeuvre de plusieurs
dizaines d'heures de travail. Cela a été fait en très
étroite collaboration - je m'en suis rendu compte également -avec
les groupes concernés, les mutuelles concernées, celles de mon
comté également, ainsi que l'Inspecteur général des
institutions financières, M. Jean-Marie Bouchard. M. le
Président, c'est avec grand plaisir que je voterai pour l'adoption du
projet de loi 32, un projet de loi très attendu, encore une fois, par
les mutuelles du comté que je représente. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Je suis heureux
aujourd'hui de participer au débat en deuxième lecture sur le
projet de loi 32, loi modifiant la Loi sur les assurances et d'autres
dispositions générales se rapportant particulièrement aux
mutuelles de paroisse et de fabrique de la province de Québec.
M. le Président, nul besoin de faire l'historique des mutuelles
au Québec pour quelqu'un qui a oeuvré pendant 18 ans dans le
monde de l'assurance et qui était le concurrent des courtiers. Je pense
qu'il n'est pas nécessaire aujourd'hui de faire un plan exhaustif de la
nécessité et du bien-fondé du travail accompli par les
mutualistes au cours des cent dernières années. L'objectif
principal du projet de loi 32 est un objectif de modernisation. Il est
primordial qu'en 1985, les sociétés mutuelles soient
concurrentielles vis-à-vis des autres compagnies d'assurances et soient
aussi en mesure d'offrir à leur clientèle les meilleurs services
qu'elle puisse obtenir dans le domaine de l'assurance privée. Les
objectifs de modernisation visés par le projet de loi 32 sont fort
louables et proviennent des mutuelles, avec le consentement du gouvernement
actuel. Il est impératif aussi que ces mutuelles s'ajustent à
l'heure juste de 1985 et dans le tournant des 25 ou 30 prochaines années
à venir. Or, les dispositions du projet de loi 32, qui ont
été attendues par les mutualistes avec impatience, apportent
quelque chose de vraiment nouveau. Le député de Bellechasse en a
dit quelques mots. C'est la disparition du billet de souscription qui rendait
non concurrentielles les mutuelles vis-à-vis de l'entreprise
privée. De cette façon, elles se privaient d'une clientèle
à cause de ce fait unique depuis la création de leur
société et dans leur forme de société, ce billet de
souscription qui, en 1985, n'est plus concurrentiel. Il est évident que
cette modification est majeure. Je suis convaincu qu'elle permettra dans sa
façon même d'apporter une clientèle beaucoup plus large aux
mutualistes et, de cette façon aussi, cela deviendra plus
compétitif non seulement pour les assurés mais aussi pour ceux
qui doivent vendre cette assurance, c'est-à-dire les agents des
mutuelles. (17 h 10)
La conversion des sociétés mutuelles d'assurances en
compagnies mutuelles d'assurances de dommages offre cependant peu de
possibilités, à part la liquidation, pour ceux qui ne voudront
pas faire partie de cette progressivité des mutuelles. Les
critères financiers qui doivent être remplis par une
société mutuelle d'assurances qui désire se convertir en
compagnie mutuelle d'assurances à titre de dispositions transitoires,
doivent l'être selon les modalités d'un plan s'échelonnant
sur cinq ans. Cependant, il nous paraît, de prime abord, que les
très larges pouvoirs d'intervention conférés à la
fédération dans le projet de loi 32 constituent le principal
fondement de cette volonté de quitter. En effet, le projet de loi 32,
comme nous l'avons déjà mentionné, ne laisse plus aucune
latitude aux dirigeants des sociétés mutuelles qui, dans certains
cas, ont fait preuve d'un dynamisme remarquable au cours des dernières
années et ont su faire progresser leurs entreprises malgré toutes
les contraintes du marché. Et Dieu sait si le marché de
l'assurance a été perturbé au cours des dix
dernières années! Peut-on blâmer ces gens, aujourd'hui, de
s'opposer à la centralisation proposée, d'autant plus que cette
centralisation avec le processus décisionnel qui l'accompagne risque
fort de profiter aux plus faibles sociétés au détriment
des plus fortes?
La solution qu'on propose aux sociétés mutuelles
dissidentes est radicale: Ou bien elles se liquident, ou bien elles se
convertissent en un autre type d'identité. Or, c'est sûr que cela
ne se fera pas dans toute la quiétude et cela ne se fera pas non plus
avec gaieté de coeur. On croit qu'il faut respecter la dissidence de
certaines sociétés mutuelles, qu'elle survienne à cette
époque-ci ou plus tard. En tout temps, une société
mutuelle dont les finances sont saines devrait jouir d'un maximum d'autonomie.
La possibilité qu'offre le projet de loi 32 aux dissidents, soit la
conversion en compagnie mutuelle d'assurance de dommages, en est une qui peut
s'avérer intéressante, soit!, mais elle n'est pas possible pour
des sociétés qui disposent de capitaux propres d'au moins 3 000
000 $. Elle n'est donc pas accessible à toutes.
Le Parti libéral a, à ce sujet, une position que le
député de Notre-Dame-de-Grâce a très clairement
exprimée tout à l'heure. Je pense qu'il n'est nul besoin d'y
revenir. Cependant, je suis convaincu que le
ministre, lors de la commission parlementaire, apportera les correctifs
nécessaires qui permettront une plus grande autonomie et une plus grande
liberté aux dissidents, dans le respect le plus profond des
désirs de ces gens-là de conserver leur mutuelle d'une
façon adéquate et selon le désir des gens du milieu.
Tout projet de loi comporte des aspects très positifs et il y en
a dans le projet de loi 32, particulièrement ceux qui intéressent
les mutualistes. Or, il nous paraît primordial que le projet de loi qui
est vraiment réformateur au niveau de ces mutuelles soit adopté
à l'Assemblée nationale dans les plus brefs délais.
Pour nous du Parti libéral, on nous présente un projet de
loi qui apporte une amélioration sensible, une amélioration
vis-à-vis de la clientèle, des assurés, des
employés, bref de tout le monde qui gravite autour du monde de
l'assurance dans des mutuelles, un projet de loi qui fait le plus large
consensus possible à l'intérieur des mêmes intervenants. Je
pense que l'Opposition officielle - et le Parti libéral l'a toujours
prouvé dans le passé - va appuyer le gouvernement dans ce projet
de loi qui, à notre avis, après consultation du milieu, provient
d'un désir du milieu, d'un désir profond de s'acclimater aux
conditions de 1985 qui, dans le domaine de l'assurance, sont aussi difficiles
que dans d'autres domaines de l'industrie. Cependant, avec les apports et les
ajouts que le projet de loi 32 va donner aux mutuelles d'assurance, le Parti
libéral, et particulièrement le député de Saguenay,
votera pour le projet de loi du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Alors, s'il n'y a plus
d'autre intervenant, normalement, le ministre aurait un droit de
réplique.
Une voix: II n'est pas là. Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): On peut attendre une
minute pour demander aux personnes d'aller aux sources.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le leader adjoint du
gouvernement, est-ce que vous auriez des nouvelles à nous
communiquer?
M. Blouin: Effectivement, le ministre doit donner sa
réplique. Je ne sais pas où il est passé. Sans doute ne
s'est-il pas bien éloigné. Je ne lui poserai pas de questions
additionnelles mais il sera ici dans quelques secondes, M. le Président.
Nous pourrions suspendre nos travaux pour une minute ou deux?
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous allons suspendre
pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
(Reprise à 17 h 18)
Le Vice-Président (M. Brouillet): À l'ordre s'il
vous plaît:
Nous reprenons nos débats et j'inviterais M. le ministre des
Finances à donner sa réplique.
M. Yves Duhaime (réplique)
M. Duhaime: Je vais être aussi bref que les intervenants
qui m'ont précédé. Lorsque les discours sont courts, c'est
parce que les projets de loi sont clairs. J'ai écouté avec
beaucoup d'attention mon collègue du côté
ministériel et aussi mes collègues du côté de
l'Opposition. Bien sûr, nous allons faire l'impossible, vu le calendrier,
car c'est aujourd'hui le 10 juin. Avec un projet de loi d'une pareille
importance quant à sa longueur, il va sans dire que s'il n'y avait pas
un accord rapide sur certaines des dispositions clés du projet de loi -
en particulier celles concernant le pouvoir de la fédération, la
manière que pourraient être répartis ou non les
bénéfices non répartis, les conditions de départ
qui pourraient être faites aux mutuelles qui ne souhaitent pas, pour une
raison ou pour une autre, joindre la fédération ou
éventuellement une autre fédération - j'ai comme le
sentiment que, malgré l'affirmation de principe de mes collègues
de l'Opposition, qui sont d'accord sur le projet de loi, qui souhaitent son
adoption, nous pourrions nous retrouver au mois de juillet et au mois
d'août avec les conséquences que cela pourrait vouloir signifier
pour le projet de loi.
Ma première intention est de proposer au leader du gouvernement
et aux collègues de l'Opposition de tenir la commission parlementaire
dans le courant de la semaine. Cependant, les gens ont parlé avec
l'Inspecteur général des institutions financières, j'ai
écouté avec beaucoup d'attention les interventions de nos
collègues de l'Opposition, je souhaiterais plutôt que nous
continuions de part et d'autre nos consultations en dehors des contraintes de
la commission parlementaire et de son format, de même que nous pourrons
continuer nos consultations tant auprès de la fédération
que de certaines mutuelles, et voir comment si des amendements peuvent
être aménagés ou souhaités, ou appropriés de
façon à accommoder le plus grand nombre possible. On va
comprendre que ce n'est pas seulement un voeu du mouvement mutualiste. (17 h
20)
Je pense que le député de Notre-Dame-
de-Grâce l'a aussi indiqué dans son intervention tout
à l'heure, il y a effectivement certaines mutuelles qui, sans être
pour autant en infraction aux lois ou règlements qui les
régissent, font face à l'avenir dans des situations de
viabilité financière que je qualifierais d'un peu difficile.
C'est dans ce sens que même si, à première vue, le projet
de loi semble vouloir en imposer beaucoup, vous aviez raison tantôt, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce, que ce projet recherche
l'équilibre entre une certaine sécurité et une
mobilité large dans le sens de donner à ce mouvement toutes les
chances possibles de se développer et de prendre son expansion. Vous
allez comprendre aussi que le gouvernement a la préoccupation de
s'assurer, lorsqu'un mouvement comme celui-ci est réorganisé,
qu'il le soit sur des bases solides et que l'on ne soit pas dans l'obligation
de reprendre nos travaux dans six mois ou dans un an.
Je pense que sur certains aspects des remarques qui ont
été faites, on devrait pouvoir s'entendre très rapidement.
Une en particulier quant au délai de cinq ans. Je pense que c'est
très facilement réglable. Quant au reste, je dirais que nous
pourrons indiquer probablement demain à quel moment exactement le projet
de loi pourrait être appelé en commission parlementaire. Je vais
prendre la balle au bond et l'ouverture que fait l'Opposition officielle de
nous assurer de part et d'autre que ce projet de loi puisse être
adopté avant l'ajournement dans des conditions qui seraient... Si je dis
tout de suite à l'Opposition: Faites-nous vos conditions et cela va
aller, je sais exactement où on va se retrouver. J'aime autant dire: Je
suis prêt à en discuter et je pense qu'on peut le faire rapidement
et fort sérieusement. C'est pour cela que, à cause de mon horaire
- et je pense qu'on a un anniversaire qui va rester célèbre cette
semaine, M. le Président, aussi - j'aimerais mieux qu'on se dise tout de
suite que si on se mettait d'accord sur un certain nombre de choses, on
pourrait procéder très rapidement en une commission parlementaire
qui pourrait se tenir lundi ou mardi prochain - mais je le dis sous
réserve de parler avec le bureau du leader - et on ferait
l'économie, très probablement, de longues heures de travaux en
commission. Si on fait une entente, ensuite on pourrait aller en commission. Il
va de soi qu'on devrait aviser ceux qui sont intéressés par ce
projet de loi, de la date et de l'heure de cette commission parlementaire. Ce
que j'ai en tête, ce serait de vous dire: Lundi ou mardi de la semaine
prochaine.
Là-dessus, M. le Président, je tiens à remercier
mes collègues ministériels qui m'ont assisté au cours des
dernières semaines dans ce projet de loi, en particulier mon
collègue de Bellechasse. Il y a mon collègue de Verchères,
qui est occupé ailleurs aujourd'hui, mais qui a travaillé sur ce
projet de loi. Je remercie l'Opposition aussi de nous déclarer, sans
ambages et sans les réserves habituelles en pareil débat, que
cette fois-ci elle est vraiment d'accord avec le projet de loi. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillt): Le principe du projet de
loi 32, loi modifiant la Loi sur les assurances et d'autres dispositions
législatives est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Blouin: M. le Président, je vais donc proposer
maintenant que ce projet de loi soit envoyé à la commission du
budget et de l'administration qui procédera - comme l'a indiqué
le ministre - à son étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Blouin: Maintenant, M. le Président, nous allons
aborder un projet de loi qui réformera le cadastre
québécois. Je vous demande donc d'appeler l'article 6 de notre
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 40 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous allons entreprendre
le débat sur l'adoption du principe du projet de loi 40, Loi favorisant
la réforme du cadastre québécois. M. le ministre de
l'Énergie et des Ressources.
M. Jean-Guy Rodrigue
M. Rodrigue: M. le Président, on m'indique que l'honorable
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et qu'il en
recommande l'étude à l'Assemblée.
M. le Président, j'ai l'honneur de déposer pour
étude en deuxième lecture le projet de loi 40, Loi favorisant la
réforme du cadastre québécois. Le gouvernement vise par ce
projet de loi la mise en place des éléments essentiels à
la réalisation d'un nouveau cadastre, soit un processus de
rénovation des règles d'enregistrement qui garantiront de
façon permanente la conservation des qualités du système
et finalement une formule de financement adaptée.
Des modifications au Code civil, à la Loi sur le cadastre,
à la Loi sur les bureaux d'enregistrement et à certaines autres
lois s'avèrent donc nécessaires pour la réalisation de
cette réforme. Je voudrais, au cours de cette présentation,
déborder le cadre strict des articles du projet de loi pour vous
décrire plutôt le contexte global dans lequel il s'inscrit et les
perspectives qu'il ouvre.
Il s'agit en fait de la première réforme en profondeur
d'un système mis en place à la fin du siècle dernier.
L'objectif poursuivi lors de la création du cadastre était
d'accroître la sécurité des transactions
immobilières en les rendant publiques. Bien qu'il permette toujours
d'identifier avec assez d'exactitude les propriétaires, de même
que les charges et les droits pouvant grever les immeubles, notre
système cadastral s'est considérablement dégradé au
cours des années et est devenu inadéquat.
Tout d'abord, l'obligation légale d'enregistrer les transactions
n'a jamais été appliquée avec toute la rigueur
nécessaire. Également, la subdivision à outrance des lots
originaux a été tolérée. Avec le temps, le
système cadastral a cessé de rendre compte de la
réalité du morcellement foncier. D'une part, l'information est
incomplète; en fait, la moitié seulement des 5 000 000 de
parcelles est distinctement connue. D'autre part, l'image fournie n'est pas
conforme à l'utilisation du territoire puisque la correspondance de
départ entre la propriété et un lot unique s'est souvent
perdue en cours de route. Une autre faiblesse du système cadastral
actuel est l'accumulation des anomalies qui ont été notées
depuis son origine. On peut relever de nombreuses erreurs dans la
désignation des cadastres, des rangs et des lots.
Enfin, il va sans dire que le volume de transactions traitées
aujourd'hui n'a plus aucune commune mesure avec celui du siècle dernier
et les mécanismes prévus alors ne sont plus adéquats.
Comme conséquence de toutes ces lacunes, M. le Président, les
problèmes du système sont divers et ils sont importants. D'abord,
les usagers, que ce soient des individus ou des promoteurs immobiliers, doivent
supporter des délais considérables qui se traduisent en
coûts de financement accrus lorsqu'il s'agit d'enregistrer des
transactions.
La lourdeur actuelle de la procédure d'identification des
propriétés et les nombreuses anomalies bloquent le passage
à l'informatisation des enregistrements et de la certification des
titres. L'informatisation aurait comme conséquence heureuse
d'accroître l'efficacité et de réduire les coûts de
recherche par les professionnels. Les municipalités locales et les
municipalités régionales de comté éprouvent pour
leur part de sérieuses difficultés à obtenir une image
fiable du morcellement foncier de leur territoire. Il est donc plus ardu pour
elles de répartir équitablement et d'appliquer les
règlements et les zonages. Les conséquences sont également
importantes pour l'État qui a dû pallier les faiblesses du
cadastre par des mesures ad hoc coûteuses lors de réformes ou
d'activités rendues nécessaires et qui étaient
souhaitées par les propriétaires autant que les
municipalités: le zonage agricole, la normalisation des pratiques
d'évaluation municipale et de nombreuses autres mesures favorisant le
développement harmonieux du territoire ou la protection des
ressources.
Devant les limites que nous imposait un système cadastral
dépassé, le gouvernement actuel n'a jamais nié ses
responsabilités. Il a pris les mesures qui s'imposaient. Le projet de
loi 40 vient compléter les actions du gouvernement en cette
matière. (17 h 30)
En somme, M. le Président, le cadastre actuel ne répond
que bien imparfaitement aux besoins d'une société moderne comme
le Québec et constitue, à plusieurs égards, un frein
à son évolution dans les domaines reliés à la
connaissance et à la gestion du territoire.
Cette dégradation du système cadastral n'est
évidemment pas un phénomène spontané. Les
professionnels du secteur, notamment les arpenteurs-géomètres,
les notaires, sont depuis longtemps confrontés au problème et ils
souhaitent qu'une solution globale et durable soit apportée, tout comme
leurs clients d'ailleurs.
De même pour les municipalités locales et, plus
récemment, pour les municipalités régionales de
comté, cette question est devenue un sujet de préoccupation
majeure. L'importance accordée à l'amélioration du
système cadastral par les organisations municipales est telle que
plusieurs d'entre elles n'ont pas hésité à
défrayer, ces dernières années, jusqu'à 50 % des
coûts des rénovations partielles qui devaient être
entreprises sur leur territoire. Depuis l'annonce du programme de
réforme, le ministère de l'Énergie et des Ressources a
reçu et continue à recevoir un grand nombre de résolutions
des municipalités qui veulent que leur territoire soit traité en
priorité, ce qui illustre bien, M. le Président, la
nécessité de cette réforme.
En fait, bien peu de réformes ont été aussi
unanimement désirées et réclamées par l'ensemble
des intervenants d'un secteur. Par contre, l'ampleur de la tâche, ses
effets certes profonds et déterminants à long terme, le
très lourd exercice de concertation et de coordination
nécessaire, ainsi que
l'inévitable effort d'imagination tant sur le plan administratif
que sur le plan du développement technologique, ont souvent fait
reporter l'amorce de cette réforme. À cet égard, M. le
Président, je veux vous dire que je suis particulièrement heureux
de faire partie d'un gouvernement qui a fermement résolu de s'y attaquer
et de résoudre les problèmes.
Nous avons préparé un ambitieux programme de dix ans qui
dotera le Québec d'un instrument à la fine pointe du
progrès en ce domaine, un instrument dont nous pourrons être fiers
et qui rendra à la collectivité d'immenses services. Les grandes
étapes du processus de constitution du nouveau cadastre sont les
suivantes: II faut d'abord compléter la confection des bases
cartographiques décrivant, de façon très précise,
le territoire habité du Québec. On doit ensuite identifier toutes
les parcelles exisantes, en vérifier au besoin la localisation et les
dimensions exactes, les reporter sur les nouvelles bases et les regrouper pour
constituer les plans de rénovation qui seront soumis aux
propriétaires lors de séances publiques. Finalement, après
l'officialisation de ces plans, il est impérieux de s'assurer que tant
la description du morcellement foncier que celle du territoire auquel il se
rapporte seront continuellement mises et tenues à jour.
Les moyens que nous voulons nous donner pour réaliser cette
tâche peu commune me semblent particulièrement bien
adaptés. D'abord, la formule de financement de cette réforme.
Elle offre à la fois la souplesse voulue pour ajuster la
répartition des investissements à un projet de longue
durée aux multiples composantes, comme celui de la réforme du
cadastre, et une exigence élevée en reliant directement une part
importante des revenus à la performance et à la qualité
des produits qui émaneront de cette réforme.
La création d'un fonds spécial est proposée dans le
projet de loi qui est soumis à l'attention de l'Assemblée
nationale. Il servira à défrayer l'ensemble des coûts de
cette réforme. Je tiens à souligner que ces coûts seront
surtout constitués d'honoraires et de contrats à l'entreprise
privée, qui assumera l'essentiel des travaux, le gouvernement du
Québec se réservant le rôle de maître d'oeuvre.
Ce fonds sera alimenté par trois sources, soit: les sommes
versées par les usagers du système qui serviront ainsi
directement à l'amélioration du service qui leur est offert;
deuxièmement, un transfert à la réforme d'une partie du
budget de mon ministère qui est présentement affectée
à des programmes de rénovation cadastrale et, enfin, par les
revenus de la vente des produits de cette réforme. Cette formule
à comptabilité stricte permettra de vérifier en tout temps
la qualité de gestion du projet, d'en contrôler les coûts et
de mesurer son adéquation aux besoins de la clientèle.
M. le Président, un nombre important d'individus et d'organismes
ont des intérêts dans la gestion du système cadastral, de
systèmes connexes, ou - encore en sont des utilisateurs majeurs, tels
plusieurs ministères, les ordres professionnels, les compagnies de
services publics et les organisations municipales. Le défi consistait
donc à s'assurer de la prise en considération de ces
intérêts, de la participation de chacun selon ses
responsabilités et ses moyens tout en adoptant un mode de fonctionnement
efficace. Nous avons, je pense, relevé ce défi avec
succès. Dans le projet de loi 40, notre partenaire le plus direct est,
bien sûr, le ministère de la Justice. Les systèmes
cadastral et d'enregistrement sont en effet intimement reliés. Aux plans
du financement et de la législation, en ce qui a trait à
l'organisation d'opérations comme la correction des anomalies, la
collaboration étroite du ministère de l'Énergie et des
Ressources et du ministère de la Justice est une donnée
fondamentale.
Mais l'implication des municipalités est tout aussi fondamentale.
Il est apparu indispensable, afin de rentabiliser au maximum l'opération
de mise à jour du cadastre, de l'adapter à des besoins beaucoup
plus larges que la seule sécurité des transactions
foncières. Le cadastre peut en effet s'avérer, à certaines
conditions, le puissant instrument de gestion du territoire que les
organisations municipales réclament et qu'elles réclament depuis
longtemps. En retour, les municipalités, les municipalités
régionales de comté et les communautés urbaines peuvent
apporter une collaboration unique en rendant disponible l'information qu'elles
détiennent et en participant à la tenue à jour permanente
du système. Cette décentralisation est non seulement une
condition, mais aussi un gage de succès. Des mécanismes d'entente
entre le gouvernement et les municipalités ont d'ailleurs
été soigneusement mis au point à cet effet.
Les ministères des Affaires municipales, de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, de l'Environnement, des Transports, des
Finances, du Revenu et de l'Habitation et de la Protection du consommateur
participent soit à l'établissement du programme annuel, soit
à l'identification des nouveaux usages qui accroîtront la
rentabilité des investissements consentis. Quant aux professionnels de
la propriété, nous avons déjà eu recours à
leur compétence et à leur expérience dans
l'élaboration du projet de loi et ils savent à quel point leur
collaboration nous est indispensable.
Tous ceux qui, à un titre ou à un
autre, ont souhaité cette réforme, verront leurs attentes
satisfaites, j'en suis convaincu. Le simple citoyen d'abord qui, au moment de
l'acquisition d'une propriété, sera parfaitement au fait de sa
contenance véritable, de l'étendue de ses droits, et ce, avec
rapidité et efficacité. Beaucoup moins de frais seront
dorénavant engagés et nécessaires pour clarifier les
droits entre voisins ou vis-à-vis des municipalités, par
exemple.
Le monde municipal, je l'ai souligné, pourra entreprendre la
modernisation de la gestion de son territoire par la constitution de cadastres
fiscaux, de règlements et d'infrastructures. Qui plus est, les
municipalités amorceront et mèneront cette transformation
à leur rythme et en fonction de leurs ressources et de leurs besoins,
soit individuellement, soit regroupées ou encore par le biais des
municipalités régionales de comté. Les compagnies de
services publics, que ce soit celles qui oeuvrent dans le domaine du gaz, de
l'électricité ou du téléphone, dont les
réseaux couvrent de vastes espaces, ont défini, depuis un certain
temps déjà, leurs besoins en information sur le territoire et
leur intérêt à acquérir cette information au fur et
à mesure de sa préparation. Elles sauront trouver dans les
produits de la réforme la qualité recherchée et la formule
souhaitée. (17 h 40)
Quant aux divers ministères, je vous ferai grâce de
l'énumération des nombreux usages qu'ils comptent faire de l'un
ou l'autre de ces nouveaux produits. Qu'il suffise de dire que l'application
d'un bon nombre de lois et règlements sera grandement
simplifiée.
Enfin, je dois souligner certains effets directs de la réforme
qui sont, à mon sens, particulièrement importants dans le
contexte actuel. Ainsi, près de 230 emplois directs seront
créés dans un secteur de haute technologie et, fait important,
plusieurs de ces emplois seront occupés par de jeunes
diplômés, leur donnant ainsi accès au monde du travail et
leur permettant d'acquérir une expérience des plus profitables
pour eux-mêmes et pour la société.
Par ailleurs, cette réforme consolide l'industrie
québécoise de la photogrammétrie. Elle lui fournit
l'occasion de compléter sa mutation technologique et lui ouvre les
perspectives d'un marché extérieur prometteur. En fait, ce que
nous voulons réaliser dans ce domaine, compte tenu de l'importance des
marchés mondiaux qui peuvent exister, c'est un peu ce qui a
été réalisé avec les aménagements
hydroélectriques de la Manic, de Carillon, de La Grande, où des
firmes québécoises ont pu développer une expertise telle
qu'aujourd'hui ces firmes sont appelées à aller rendre des
services techniques, des services d'ingénierie un peu partout dans le
monde.
En terminant, je m'en voudrais de ne pas signaler l'intérêt
manifesté et l'appui apporté par plusieurs organismes dans la
préparation de la réforme et du projet de loi en particulier. Les
commentaires, avis et conseils recueillis lors de la consultation me permettent
de vous soumettre un projet articulé, mûri et faisant un
très large consensus. L'Ordre des arpenteurs-géomètres, la
Chambre des notaires de même que la Fédération des
notaires, le Barreau, l'Union des municipalités, l'Union des
municipalités régionales de comté, l'Association des
régistrateurs - et j'en passe - sont de ceux-là. Je les en
remercie et leur réitère mon invitation à faire leur cette
ambitieuse réforme. C'est avec leur contribution que nous serons en
mesure, tous ensemble, de relever cet imposant défi. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci, M. le Président. À
écouter le ministre, il faudrait quasiment le féliciter de
présenter ce projet de loi aujourd'hui pour enfin apporter une solution
à une situation où régnait un fouillis administratif
inextricable. Lors de l'étude des crédits, en 1982-1983, nous
avions abordé ce problème et le ministre de l'Énergie et
des Ressources de l'époque, M. Duhaime, nous avait confié que le
ministère étudiait ce problème depuis 1979. Il aura donc
fallu six ans à ce gouvernement pour régler une situation qui, de
l'aveu même des fonctionnaires du ministère, constitue un fouillis
total dans certains registres officiels. Ce n'est pas moi qui ai
préparé ce texte. Lorsqu'on parle du "fouillis total dans
certains registres officiels", c'est dans un document qui nous est parvenu du
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Il est vrai que l'enregistrement, en particulier, de l'achat d'une
propriété - vous me comprendrez aisément, M. le
Président, vous-même, j'en suis sûr, à un moment ou
l'autre, vous avez acheté une propriété, soit à la
ville, soit à la campagne et vous êtes passé chez le
notaire qui a parlé d'enregistrer votre propriété.
Ce qui faisait problème lors de cet enregistrement, c'est que le
cadastre, c'est-à-dire l'enregistrement et la désignation par
numéros de toutes ces propriétés et ce qui s'est fait au
cours des ans depuis de nombreuses années, était dans une
situation administrative tout à fait délabrée. Il est
arrivé et il arrive fréquemment que, lorsqu'un notaire cherche
à démêler les droits de propriété, ce
fouillis administratif cause des délais et des coûts
additionnels
extrêmement élevés. Le but de ce projet de loi est
donc de tenter de corriger cette situation. Sans en féliciter le
ministre, puisque son gouvernement a pris six ans pour apporter une solution
à ce problème, nous allons sûrement voter pour la solution
qu'il nous propose parce qu'il semble qu'avec la solution qui nous est
proposée les fonctionnaires nommés comme responsables de ces
dossiers pourront enfin mettre un peu d'ordre dans ce fouillis administratif
qui existe et permettront à l'avenir d'avoir un meilleur contrôle
de l'enregistrement des propriétés et de leur désignation
au cadastre, tel que le veut le Code civil.
Il s'agit donc essentiellement d'un projet de loi à
caractère administratif mais qui a ici une certaine connotation
juridique puisque, pour permettre les applications administratives que l'on
nous propose, il faudra faire certaines modifications au Code civil pour donner
l'autorité aux fonctionnaires du ministère qui ont la
responsabilité de ce dossier.
Je disais au tout début que loin de nous était
l'idée de féliciter le ministre puisque depuis fort longtemps,
depuis 1979, de l'aveu même du ministre des Finances, le gouvernement
avait eu des représentations fort nombreuses et cherchait des solutions.
À cet égard, je vous citerai le Journal des débats des
commissions parlementaires, étude qui a été faite en
commission permanente de l'énergie et des ressources le 3 juin 1982
à laquelle mon collègue de Robert Baldwin a posé plusieurs
questions. Mon collègue étant arpenteur-géomètre,
je suis sûr qu'il évoquera avec plus de clarté que je
pourrais le faire le fouillis inextricable dans lequel se trouvent
présentement tous ceux qui oeuvrent dans le domaine de la
délimitation et de l'enregistrement des propriétés. Il
vous dira que ce fouillis existe depuis fort longtemps, que les gens dont le
ministre nous parle aujourd'hui qui sont pour le projet de loi, sont
ceux-là mêmes qui, depuis de nombreuses années, ont fait
des représentations pour demander au gouvernement de trouver des
solutions à ce problème.
Ce 3 juin 1982 mon collègue soulevait la question, justement pour
évoquer ce fouillis administratif qui existait. À ce
moment-là le ministre de l'Énergie et des Ressources du temps, M.
Duhaime, répondait ceci: Oui, il est exact, nous avons
décidé d'attendre. Et ce, sur une proposition qui venait de
l'intérieur du ministère, semble-t-il... Il disait: "Cela remonte
à il y a au moins trois ans, si mon souvenir est fidèle." Il
parlait du début de l'étude pour trouver une solution. "Cette
approche des rénovations - disait-il - qui aurait vraiment
été un travail en profondeur comme vous le souhaitez, aurait
coûté environ 45 000 000 $."
M. le Président, on voit déjà que, si le
gouvernement avait donné suite à certaines représentations
et à certaines suggestions qui avaient été faites, il lui
en aurait coûté 45 000 000 $, alors que maintenant, de l'aveu
même d'un communiqué de presse du ministre de l'Énergie et
des Ressources, il en coûtera au bas mot 85 000 000 $ et, semble-t-il,
ces 85 000 000 $ sont en dollars constants. Selon les calculs du ministre,
lorsqu'on transfère des dollars constants en dollars courants,
semble-t-il qu'il faut multiplier par deux. Il semblerait que ce coût de
85 000 000 $ serait, en fait, un coût de 170 000 000 $ pour
réorganiser tout ce domaine de l'enregistrement des droits de
propriété et établir un cadastre convenable. Or, de l'aveu
même du ministre de l'Énergie et des Ressources, en 1982 ou en
1979, le coût aurait été 45 000 000 $.
On voit donc là qu'il y a un peu d'inflation, mais on
s'aperçoit que ces coûts auraient été moindres et
que, très probablement, le fouillis inextricable qui existe
présentement n'aurait pas été ce qu'il est maintenant si
le gouvernement avait procédé dès 1979 ou dès 1980.
Plus que cela, à ce moment, le ministre avait évoqué
l'idée qu'il cherchait une autre solution. Il disait -et je cite -
à la page B-5705: "Nous avons, il y a trois ans, rejeté la
première approche qui aurait entraîné des
déboursés de l'ordre de 45 000 000 $; nous étudions une
problématique moins coûteuse. Je conviens que cela ne sera pas
parfait, mais on essaie de dépenser selon nos moyens."
Il faut bien se rendre compte que, de l'aveu même du ministre qui
vient de nous parler, le refus de procéder en 1979 et le refus de
procéder en 1982 ont été des erreurs coûteuses. Cela
ajoute aux coûts et au fouillis inextricable qui sévissait et qui
s'est accru depuis 1979 et depuis 1982. (17 h 50)
Nous sommes en faveur du principe du projet de loi parce que tous ceux
qui sont impliqués depuis six ans, depuis sept ans, s'inquiètent
du fouillis qui sévit et nous sommes d'accord que le gouvernement prenne
les moyens pour corriger la situation. On me permettra, en tant que
parlementaire dans cette Chambre, d'évoquer la question du coût
puisque aucun gouvernement maintenant ne peut créer un fonds
spécial, comme il est évoqué dans ce projet de loi. Aucun
gouvernement ne peut demander aux parlementaires d'engager des fonds publics
sans se poser des questions: De quelle façon ces fonds seront-ils
utilisés et quel est véritablement le budget qui est la base de
l'annonce du ministre lorsqu'il disait que cela coûterait 85 000 000
$?
Le ministre a eu l'amabilité de nous permettre d'aller visiter
les fonctionnaires et nous l'avons fait. À ce moment, nous avions
posé la question: Est-il possible d'avoir une
ventilation des coûts qui nous permettrait de juger du
sérieux de la préparation de ce projet et qui permettrait au
public et à l'Opposition, par la suite, de mesurer les vrais coûts
par rapport au budget qui est à la base même de ce nouveau projet?
On nous l'avait promise. Nous ne l'avons pas eue. Nous allons l'exiger en
commission parlementaire. Comment voulez-vous que sérieusement, en 1985,
alors que le gouvernement est rendu à taxer les assurances, que le
gouvernement est rendu à chercher de nouvelles taxes qui sont
impitoyables pour le citoyen, un parlementaire qui se respecte accepte
d'engager 85 000 000 $, accepte même le principe d'un fonds de
développement, d'un fonds pour assurer la réalisation de ce
projet sans avoir en main quelques données tangibles qui nous
permettraient de mesurer le sérieux de la préparation du projet
que le ministre nous propose?
M. le Président, je l'ai dit, ce projet de loi cherche à
atteindre des buts et des objectifs qui vont dans le sens de corriger une
situation de fait. De plus, puisque les moyens utilisés seront en
très grande partie le recours à l'informatique, le recours aux
ordinateurs pour faire de la cartographie par ordinateur, il est sûr que
ces nouveaux moyens, en plus de corriger une situation très mauvaise qui
existe présentement, donnera au gouvernement, au ministère et
à plusieurs sociétés oeuvrant au Québec, des moyens
de mieux gérer le territoire québécois.
Parmi ceux-là, il faut reconnaître, M. le Président,
que les MRC, les municipalités y auront recours lorsque ces travaux
seront terminés, lorsque, en particulier, les cartes de base, les cartes
minimales, que le ministère a l'intention de préparer, pourront
servir de base pour permettre aux municipalités et aux MRC de faire un
meilleur contrôle de la situation qui existe présentement.
M. le Président, ce que l'on doit déplorer, c'est le fait
que - et je ne crois pas que la situation ait été
réglée, du moins le ministre n'en a pas dit un mot - le
gouvernement, par l'entremise du ministère de l'Énergie et des
Ressources, est responsable en particulier des cours d'eau domaniaux. Il s'agit
des cours d'eau qui sont la propriété gouvernementale et dont la
propriété n'est pas toujours respectée et, pour une bonne
raison: c'est que ces droits à des cours d'eau domaniaux ne sont
même pas enregistrés au cadastre.
M. le Président, j'ai ici en main un mémo interne qui
provient du ministère de l'Environnement et qui évoquait à
son collègue du ministère de l'Énergie et des Ressources,
cette nécessité d'inscrire au cadastre les
propriétés des cours d'eau qui appartiennent au gouvernement si
le gouvernement veut les faire respecter. Je demande au ministre s'il a pris
bonne note de cette demande qui vient du ministère de l'Environnement
puisqu'une correspondance assez importante s'est faite entre le
ministère de l'Énergie et des Ressources et le ministère
de l'Environnement à ce sujet? Pour quelle raison le ministère de
l'Environnement, qui, comme il l'a dit lui-même ici, est très bien
placé pour contribuer à cet ajustement au régime
cadastral, n'est-il pas dans la liste des différents ministères
qui devaient participer?
Il faut le comprendre, M. le Président, le ministère de
l'Environnement a une expérience assez importante en matière de
délimitation des propriétés le long des cours d'eau qui ne
peut être ignorée et le savoir-faire qu'il possède serait
un atout important pour assurer la réalisation de ce travail. Bien
sûr, la même personne qui a soulevé cette question a
également soulevé toute la question des trois chaînes qui,
elles non plus, ne sont pas enregistrées au cadastre. On peut se poser
la question: Est-ce que le ministère de l'Énergie et des
Ressources, qui nous propose des ajustements importants, proposera en
même temps d'homologuer les cours d'eau et d'enregistrer au cadastre non
seulement les cours d'eau mais également les propriétés du
gouvernement qui sont définies par la loi sur les trois
chaînes?
M. le Président, ce sont là les quelques remarques que je
voulais évoquer. Je ne pourrais terminer, bien sûr, sans m'assurer
de la part du ministre un plan de développement technologique. Il
évoquait l'apport technologique que ce programme pourra mettre en
oeuvre. Nous avons eu la semaine dernière l'occasion d'échanger
quelques observations sur le sujet lorsque nous avons discuté d'un
problème semblable puisqu'il n'y a pas seulement le ministère de
l'Énergie et des Ressources, il n'y a pas seulement les besoins
cadastraux qui vont faire appel à une nouvelle technologie utilisant
l'ordinateur pour la préparation des cartes, des cartes de toutes sortes
qui reflètent la réalité terrestre, mais il y a d'autres
sociétés, dont Hydro-Québec et plusieurs autres
sociétés privées du Québec, qui feront appel
à ces nouvelles technologies.
Il m'aurait semblé que, face à ces besoins, face au
développement de ces nouvelles technologies, non seulement pour les
besoins propres du ministère de l'Énergie et des Ressources mais
pour les besoins d'Hydro-Québec et de plusieurs grandes
sociétés du Québec, il aurait été important
de la part du gouvernement de mesurer l'ampleur des besoins qui pourraient
être prévus pour les dix prochaines années et qui
dépassent de beaucoup - je me répète - qui
dépassent de beaucoup les besoins du ministère de
l'Énergie et des Ressources comme tels. II aurait été
possible de mettre
en oeuvre, justement, un développement technologique
extrêmement important pour favoriser les sociétés
québécoises qui oeuvrent dans ce domaine.
Bien sûr le ministre nous a dit la semaine dernière qu'il
est intervenu pour permettre que le contrat qui avait été
donné par Hydro-Québec à la firme Intergraph Systems Ltd
puisse être accompagné d'un sous-contrat qui permettrait à
la firme ACDS, système graphique de Hull d'être impliquée.
J'oserais espérer que cette firme de Hull sera également
impliquée dans le développement technologique qui servira
à la réalisation du cadastre québécois. On peut se
poser la question: Dans quelle mesure de telles implications permettront-elles
à cette firme de Hull de prendre une plus grande expérience, de
participer autant que le ministre pouvait l'évoquer tout à
l'heure et de prendre le leadership à Montréal? Il
évoquait lui-même l'expérience des bureaux de
génie-conseil. Je crois qu'il s'agit là d'un exemple tout
à fait pertinent. Si les grands bureaux de génie-conseil ont pu
se développer au Québec, c'est qu'au lieu de donner des contrats
à des firmes étrangères - je parle du tout début de
ces firmes de génie-conseil - alors qu'il y a 30, 40 ou 50 ans, on
donnait le contrat à des firmes étrangères qui, elles,
engageaient quelquefois et pour des données extrêmement
limitées, des bureaux de génie-conseil québécois...
À un moment donné, je crois que c'est sous la révolution
tranquille avec M. Lesage, Hydro-Québec, et même sous Daniel
Johnson de l'Union Nationale, on a donné des contrats à des
firmes québécoises qui, elles, s'associaient à des firmes
de l'étranger lorsque c'était nécessaire. La meilleure
façon d'apprendre et de développer des technologies
québécoises a été plutôt de prendre
l'approche de donner des contrats à des firmes québécoises
qui, elles, auraient pu prendre en sous-traitance les firmes
étrangères qui ont plus d'expérience qu'elles plutôt
que de faire l'inverse.
M. le Président, il y a certainement eu lacune dans cette
approche très fragmentaire du gouvernement qui voit le
développement technologique - je parle toujours de la cartographie par
ordinateur - d'Hydro-Québec comme une chose et qui voit le
développement technologique qui est requis par les besoins du
ministère de l'Énergie et des Ressources comme étant une
autre chose et, probablement, comme tous les autres développements
technologiques qui se feront par d'autres sociétés
québécoises, comme d'autres aspects non reliés les uns
avec les autres. Je suis en désaccord avec cette approche et j'aurais
cru qu'une approche globale, dynamique aurait pu permettre de développer
au Québec même les technologies de base qui auraient permis
à ces firmes québécoises de se développer non
seulement au Québec puisque plusieurs sociétés auraient eu
recours à leurs services, mais par la suite à
l'étranger.
D'ailleurs, la firme de Hull dont nous parlions la semaine
dernière vient tout juste d'obtenir un contrat de 20 000 000 $ avec la
Chine. Si elle a pu obtenir ce contrat sans avoir pu compter dans le
passé sur des contrats au Québec même, quel aurait
été l'avenir, cet avenir flamboyant et extrêmement
prometteur si cette firme avait pu obtenir des contrats directement soit
d'Hydro-Québec ou du gouvernement du Québec par l'entremise du
ministère de l'Énergie et des Ressources?
M. le Président, ce sont là quelques remarques que je
voulais faire sur le sujet. Nous sommes d'accord avec le principe. Nous
déplorons le retard du gouvernement pour nous apporter cette solution
après six ans d'étude, déjà. Nous nous posons des
questions sur le développement technologique qui s'ensuivra parce qu'il
nous semble que le gouvernement a oublié de coordonner l'ensemble des
besoins dans ce secteur et, bien sûr, nous nous posons des questions sur
le coût du programme puisque nous n'avons pas eu, malgré nos
demandes répétées, les données qui nous
permettraient de juger du sérieux de la préparation
budgétaire et des contrôles qui seront exercés.
Malgré le fait que cela soit redonné au secteur privé, il
faudra bien que le gouvernement se donne des contrôles extrêmement
sérieux s'il veut respecter ses budgets. Nous poserons ces questions en
commission parlementaire. Pour le moment, comme il ne s'agit que de
l'étude du principe, nous nous disons d'accord avec le principe et nous
voterons avec le gouvernement sur la question de principe touchant ce projet de
loi 40. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Abitibi-Ouest. C'est cela?
M. Bordeleau: Non. Abitibi-Est.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député d'Abitibi-Est. C'est bien.
M. Bordeleau: D'Abitibi, de toute façon. Je vais vous
demander la suspension du débat, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Très bien. Nous
suspendons...
Une voix: ...
Le Vice-Président (M. Brouillet): Vous vous êtes
levé le premier. L'alternance fait que...
Une voix: Oui.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Cela va? Très
bien. Nous suspendons nos travaux jusqu'à ce soir, 2D heures.
(Suspension de la séance à 18 h 2)
(Reprise à 20 h 2)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Veuillez prendre place.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, nous poursuivrons ce soir le
débat sur le projet de loi sur la réforme du cadastre
québécois. C'est le député d'Abitibi-Est qui avait
demandé la suspension du débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
D'accord. Nous discutons du principe du projet de loi 40, Loi favorisant
la réforme du cadastre québécois. M. le
député d'Abitibi-Est, vous avez la parole.
M. Jean-Paul Bordeleau
M. Bordeleau: Effectivement, j'aurais quelques commentaires
à faire concernant le projet de loi 40. Il s'agit, en fait, du projet de
loi qui traite de la réforme du cadastre québécois. Avant
de commencer à parler de la philosophie ou de l'objectif du projet de
loi lui-même, j'aimerais revenir aux propos exprimés cet
après-midi par le député d'Outremont qui, tout en se
disant d'accord sur le fond du projet de loi, indiquait qu'effectivement, on
aurait pu épargner de l'argent et que cela aurait dû être
fait, finalement, depuis fort longtemps, parce que, disait-il, le
système cadastral québécois est dans un fouillis
administratif depuis fort longtemps. La question qui me venait à
l'esprit... Effectivement, cela a pu prendre un certain temps, mais je me
demandais justement pourquoi, pendant que le Parti libéral était
au pouvoir, il n'avait pas pensé mettre en application ce nouveau
cadastre ou un nouveau système cadastral. De 1970 à 1976, il
s'est quand même passé sept ans où le gouvernement
libéral du temps n'a pas pensé faire quoi que ce soit de
neuf.
Effectivement, c'était depuis fort longtemps, dans un fouillis
administratif important qui cause des problèmes depuis plusieurs
années à beaucoup de citoyens et de citoyennes du Québec.
Dans ce sens, je pense qu'il faut quand même donner au ministre de
l'Énergie et des Ressources qui parraine ce projet de loi ce qui lui
revient, c'est-à-dire d'avoir eu le courage de déposer en cette
Chambre un projet de loi qui modernisera notre système de cadastre et
ce, pour fort longtemps.
Dans le même sens, le député d'Outremont parlait de
coût en disant qu'actuellement, on évalue la réforme
cadastrale, donc le plan des dix prochaines années, à un montant
de 84 000 000 $. Il disait que si cela avait été fait en 1979 ou
en 1980, cela aurait coûté 45 000 000 $. Je me dis que si cela
avait été fait entre 1970 et 1976, cela n'aurait pas
coûté bien cher. On peut même penser, en poussant à
la limite l'argumentation du député d'Outremont, qu'il aurait
peut-être même pu revenir de l'argent au gouvernement si cela avait
été fait plus tôt. On peut toujours critiquer le moment
choisi, mais pendant un certain nombre d'années, les gouvernements
antérieurs n'ont rien fait. Aujourd'hui, on a devant nous un projet de
loi moderne, qui va permettre d'informatiser complètement le
système cadastral du Québec et qui est là pour fort
longtemps également. Je pense qu'il faut ensemble se réjouir de
ce projet de loi qui devrait enlever des casse-tête à beaucoup de
citoyens et citoyennes du Québec.
C'est un projet de loi très technique aussi. Bien sûr, on
parle de cadastre et j'imagine même que beaucoup de personnes, qui ne
sont pas des spécialistes dans ce domaine, se posent des questions, se
demandent ce qu'est un cadastre. Le mot "cadastre" peut être
utilisé une fois ou quelques fois dans une vie. On peut peut-être
simplifier en disant que le cadastre est un numéro officiel, un
numéro qui est enregistré et qui permet d'identifier un terrain
résidentiel, un terrain vacant, une ferme, un commerce, toutes sortes de
propriétés; en fait, cela permet d'officialiser le territoire
d'une propriété, d'un individu ou d'une société.
Dans ce sens, tout le monde a un jour ou l'autre un numéro de cadastre
quelque part et est donc pris avec le fouillis administratif dans lequel on est
depuis un certain nombre d'années.
Je fais référence à ma région,
l'Abitibi-Témiscamingue, pour vous dire que chez nous, comme c'est une
région jeune, le territoire a d'abord été
découpé en cantons, ensuite en rangs et en lots. Ce sont quand
même des lignes assez précises, qui peuvent être très
différentes des systèmes cadastraux d'autres régions du
Québec. Encore là, malgré ce système récent
en Abitibi-Témiscamingue, il y a beaucoup de problèmes et on se
ramasse facilement avec une foule de numéros à partir du moment
où on subdivise les lots originaux. Dans ce sens, bien sûr, le
projet de loi se veut une modernisation, une simplification du
système.
Le système cadastral qui a été établi au
Québec en 1867 avait, jusqu'au début des années mille neuf
cent, pour premier but d'enregistrer des droits réels, les titres de
propriété. C'est quand même devenu avec les années
un moyen de référence, de découpage de terrain qui a servi
aux municipalités, qui
a servi à différentes instances à mesure que le
territoire du Québec s'est développé. Malheureusement, le
système n'a pas évolué de sorte qu'aujourd'hui on peut
vraiment dire que c'est un système désuet. L'image est
incomplète à cause du morcellement foncier, à cause du
nombre de terrains additionnels, du découpage qui s'est fait en
différentes opérations successives.
On peut noter qu'il n'y a que 2 500 000 propriétés qui
sont identifiées à l'aide d'un numéro de cadastre sur un
total de 5 000 000. Cela veut dire que nos registres sont très
incomplets et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles il faut
moderniser le cadastre.
Je me souviens, je n'étais pas député à
l'époque, mais quand est venu le temps de m'acheter un terrain pour
construire une résidence en 1973 - c'était d'ailleurs une
époque où le Parti libéral était au pouvoir -quand
j'ai fait toutes les démarches pour obtenir ce terrain, je me suis
ramassé avec un numéro long comme ça, qui était
composé de plusieurs numéros en simple ou en double et,
effectivement, ça complique beaucoup de choses: une partie du terrain se
trouve sur un numéro de lot, l'autre partie sur un autre numéro
de lot et, à l'occasion même, dans mon cas, elles étaient
dans deux cantons différents. Cela posait vraiment des problèmes
et c'était là depuis 1900.
Les objectifs de la réforme, je pense qu'il faut l'admettre,
c'est un plan à assez long terme, mais c'est une chose qu'on ne peut pas
faire en criant lapin. Je pense que ça prenait le temps, d'abord, pour
déposer un projet de loi qui fera vraiment en sorte de moderniser notre
cadastre et ça va prendre aussi un certain nombre d'années; c'est
pour ça qu'on parle d'un programme de dix ans pour compléter
vraiment l'ensemble du système cadastral. Bien sûr, les principaux
objectifs sont de remettre à jour le système cadastral - on en a
parlé un petit peu tantôt de mettre en place également un
mécanisme étanche de tenue à jour pour avoir un suivi et
pour que ce cadastre soit continuellement à jour. (20 h 10)
Bien sûr, il y a une foule de défauts à corriger de
façon permanente. Ils ont peut-être été
corrigés de façon temporaire à l'occasion. Il y a
également un objectif qui n'est pas négligeable, celui de
réduire les délais d'enregistrements cadastraux.
À partir du moment où on peut affirmer que le cadastre
finit par toucher l'ensemble des citoyens du Québec, bien sûr, il
y aura des bénéficiaires, peut-être plus importants que
d'autres, mais il y a d'abord d'autres ministères qui, à partir
d'un système de cadastre moderne, informatisé, pourront utiliser
les mêmes informations, les mêmes données, en utilisant,
donc, les mêmes numéros et le même territoire.
Il y a également les organismes locaux. Je pense que ce n'est pas
négligeable. Par exemple, au niveau des municipalités locales,
cela va, pour un certain nombre d'années, bien sûr, simplifier
passablement les choses dans le sens que les municipalités à leur
tour pourront très bien informatiser leur système cadastral local
et, donc, le rendre beaucoup plus accessible, beaucoup plus simple.
Il y a également ce qu'on appelle les professionnels de la
propriété. Par exemple, les notaires sont pris quotidiennement,
je dirais, avec des transactions, des contrats dans lesquels les numéros
de cadastre reviennent. Il y a les arpenteurs-géomètres -on a au
moins un collègue dans l'Assemblée qui l'est, peut-être
d'autres dont on entendra parler en cours de soirée - qui, je pense, ont
toujours eu un rôle historique à jouer dans le système du
cadastre du Québec et qui continueront d'en avoir un. Pour en avoir
rencontré quelques-uns de ma région qui se plaignent
effectivement du fouillis actuel qui existe, je pense que cela devrait
passablement modifier leur travail et améliorer la façon, la
précision avec laquelle ils pourront livrer des plans de cadastre aux
différents intéressés.
Il y a également les évaluateurs et les urbanistes. Pour
ces professionnels de la propriété, cela amènera aussi un
nouveau type de travail et, donc, un surplus de travail, beaucoup de choses
à mettre à jour: d'une part, les grands morceaux du
départ, le système informatisé central, mais
également, à la suite de cela, dans les différentes
municipalités régionales de comté, cela va amener
effectivement du travail supplémentaire. Donc, on peut penser à
des retombées économiques importantes.
Il y a aussi les promoteurs, les entrepreneurs et les acheteurs de
maisons, de commerces, d'édifices quelconques, qui y trouveront des
avantages certains toujours dans le sens d'une simplification et d'une
modernisation de notre système. Bien sûr, il y a le public en
général. C'est un peu comme je le disais au début. Tout le
monde est pris un jour ou l'autre avec un numéro de cadastre
attaché quelque part à sa maison, à son chalet, à
sa ferme. Dans ce sens, le système informatisé qu'on met en
place, le système moderne qu'on va mettre en place avec cette
réforme va simplifier grandement les choses.
Au niveau des technicités, l'établissement d'un nouveau
système cadastral va permettre d'avoir un système de
référence universel par l'implantation sur le territoire de 3500
points géodésiques. Cela comprendra également la
confection de 6000 cartes topographiques numériques et la production de
6000 cartes foncières numériques, également, qui vont
amener d'autres types de travaux, des rénovations d'ensemble - on parle
de 2 500 000 parcelles
- le regroupement de lots et de parties de lot des
propriétés et également de révisions importantes
avec l'émission de certificats de propriété et des
réflexions sur les plans d'origine qui doivent effectivement être
modifiés par cette réforme.
M. le Président, les retombées de la réforme sont
aussi importantes dans le sens que, bien sûr, cela amène au
départ la création d'un certain nombre d'emplois indirects et
directs. Cela amène aussi la mise en place d'une technologie fort
avancée dont on pourra se vanter au Québec d'être à
la fine pointe. Bien sûr, il y aura toujours les effects multiplicateurs
qui vont se multiplier dans les différentes municipalités du
Québec qui vont amener la création d'emplois divers dans ce
domaine. Lorsqu'on parle de création d'emplois, on pense en particulier
à quelque chose que je trouve particulièrement
intéressant, c'est-à-dire de nouveaux emplois de haute
technologie, mais aussi des emplois pour de jeunes gradués qui sont
prêts à prendre la relève, des jeunes auxquels, dans ces
années-ci, on a de la difficulté à trouver des emplois qui
conviennent à leur nouvelle formation technologique. Cela va
créer des emplois à de jeunes gradués. La plupart de ces
emplois seront créés dans l'entreprise privée, ce qui
n'est pas négligeable non plus.
On n'invente pas un nouveau système, avec le régime
cadastral, pour former une société d'État ou un autre
organisme public; la très grande majorité de la réforme
reposera sur l'entreprise privée. Déjà, pour 1985-1986, on
parle de tout près de 100 nouveaux emplois qui seront
créés par la mise en place de cette réforme cadastrale la
première année.
Un peu comme je le disais tantôt, M. le Président, ce
nouveau système cadastral québécois va amener un
leadership important du Québec en matière de technologie, et
même en matière d'exportation, parce qu'il y a une grande demande,
particulièrement des pays en voie de développement, pour cette
technologie qui va aider justement les pays qui sont aux prises avec des
systèmes cadastraux désuets. On peut penser que le Québec,
avec le développement de cette nouvelle technologie, pourra même
l'exporter et faire des travaux à l'extérieur du Québec.
Il y a des avantages à long terme à la mise en place de cette
réforme. Comme le système cadastral est là depuis
près de 100 ans, on peut s'attendre que le nouveau cadastre
québécois qui sera mis en place par le projet de loi 40 sera
là, lui aussi, pour fort longtemps.
Ce qu'il n'est pas négligeable de souligner, M. le
Président, c'est toute la concertation qu'il y a eu autour du projet de
loi 40. En ce sens que, bien sûr, les municipalités et les
différents professionnels de la propriété dont je parlais
tantôt ont été consultés, ont eu leur mot à
dire et continueront d'avoir leur mot à dire dans toute la
préparation de ce cadastre. Cela fait en sorte que le projet de loi
n'est pas contentieux. Au contraire, il était attendu par le milieu; il
était attendu par les municipalités; il était attendu
également par les arpenteurs-géomètres. J'espère
que le député de Robert Baldwin pourra nous en parler
tantôt. Il était donc attendu par les
arpenteurs-géomètres. C'est toute cette concertation qui a eu
lieu au cours des dernières années qui permet d'arriver
aujourd'hui avec un projet de loi réaliste qui a peut-être pris un
certain temps, comme le disait le député d'Outremont, mais qui
sera là pour fort longtemps. Quant à faire un nouveau cadastre
québécois, il fallait le faire très bien et moderne pour
qu'il puisse durer longtemps, demeurer à jour continuellement et ainsi
servir les intérêts de l'ensemble de la population, des
Québécois et des Québécoises. Ce sont les garanties
qu'on a maintenant avec ce projet de loi 40.
M. le Président, c'est à l'avantage de tous et de toutes.
Je suis d'ailleurs content que l'Opposition ait manifesté son
désir d'appuyer le projet de loi en le discutant un peu à
l'occasion, ce qui est aussi tout à fait normal pour l'Opposition,
à condition, par exemple, de ne pas nous dire que c'est trop tard et que
cela coûte trop cher parce qu'on ne l'a pas fait avant. À ce
moment-là, je répondrais ce que je disais au début:
Pourquoi ne pas l'avoir fait en 1970 ou 1971 ou 1972? À ce
moment-là, cela n'aurait pratiquement rien coûté.
En terminant, M. le Président, c'est donc un projet de loi qui
n'est pas contentieux et, donc, que l'ensemble des députés sont
prêts à approuver. Bien sûr, je souhaite que les
différents intervenants, les députés qui auront à
discuter du projet de loi d'abord sur le principe ce soir et demain ou dans les
prochains jours en commission parlementaire, feront en sorte qu'après
une bonne discussion pour obtenir des renseignements additionnels,
l'Assemblée nationale du Québec adoptera dans les prochains jours
ce projet de loi 40 qui donnera au Québec un nouveau cadastre
québécois, moderne, à l'image de notre
société. Merci. (20 h 20)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, nous sommes
à étudier le projet de loi 40, Loi favorisant la réforme
du cadastre québécois. J'écoutais tantôt le
député d'Abitibi-Est qui disait que le Parti libéral
faisait des reproches au Parti québécois, au parti
gouvernemental, de ne
pas avoir agi avant. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'il soit trop
tard. Il est toujours temps de bien faire et il sera toujours temps de
procéder à une réforme du cadastre
québécois. Un reproche qu'on peut faire au parti gouvernemental,
c'est de ne pas avoir procédé avant. Qu'on ait pu procéder
en 1970, 1971 ou 1972, je pense que tous les gens de l'autre côté
reconnaîtront que l'informatique n'était pas tellement
développée à ce moment-là. D'ailleurs, on a
procédé à l'installation de l'informatique aux bureaux
d'enregistrement, à la Cour supérieure ou aux différentes
cours, vers 1979-1980. Or, c'est à ce moment-là que, vraiment,
l'informatique s'est développée et c'est à ce
moment-là, à mon sens, qu'on aurait peut-être dû
penser à implanter cette réforme, à implanter
l'informatique pour le cadastre québécois.
Il faut bien reconnaître, M. le Président, que le
système actuel avait fait son temps. Il a été
établi entre 1876 et 1900. Il s'agit de mettre fin par ce projet de loi
au morcellement du territoire et bien sûr, d'empêcher que ce
morcellement renaisse. C'était une mesure, c'était un projet de
loi attendu. Qu'il suffise peut-être de prendre connaissance d'un
commentaire de la Chambre des notaires qui disait: "Nous aimerions souligner en
partant que nous appuyons entièrement cette réforme qui,
d'ailleurs, a été demandée par la Chambre des notaires
depuis plusieurs années. Nous sommes heureux de constater que le
gouvernement a saisi l'importance d'une réforme cadastrale et plus
particulièrement de mettre fin au morcellement du territoire en
numérotant les parties de lots et en prévoyant un
mécanisme pour éviter que le morcellement ne renaisse."
Donc, cela s'imposait, particulièrement pour les notaires, les
avocats, les arpenteurs-géomètres et également, bien
sûr, pour la fiscalité foncière, l'aménagement et
l'urbanisme. C'est un projet de loi qui va faciliter l'enregistrement des
droits réels. On constate actuellement que, pour l'enregistrement de
droits réels, il y a un délai très important au niveau des
bureaux d'enregistrement, ce qui retarde l'enregistrement, ce qui retarde, bien
sûr les transactions immobilières. C'est donc dire qu'actuellement
il y a un problème à ce niveau-là qui, je pense, devrait
être réglé par l'implantation de cette réforme.
Avec les parties de lot, le problème majeur - j'écoutais
tout à l'heure le député d'Abitibi-Est en faire mention -
c'est l'identification des terrains, mais ce qu'on pourrait peut-être
dire, c'est l'identification des emplacements des propriétés
possédées par les propriétaires sur le territoire
québécois. Il faut bien reconnaître également qu'un
des problèmes majeurs, c'était l'examen des titres sur des
parties de lot; un examen des titres qui devenait très dispendieux, pour
ne pas dire à peu près inaccessible. Dans certains cas, il
était impossible pour les hommes de loi, que ce soient les notaires ou
les avocats, de garantir le titre. Donc, les acheteurs, dans beaucoup de cas,
devaient se contenter d'acheter sans aucune garantie. Ils devaient donc acheter
à leurs risques et périls. Les hommes de loi n'étaient
nullement en mesure - que ce soient les notaires ou les avocats -de garantir la
valeur du titre lors d'une transaction immobilière sur une
propriété qui comportait des parties de lot. En identifiant
chaque partie de lot par un numéro différent, ce que le projet de
loi 40 impose, nous allons simplifier la tâche des examinateurs de
titres, nous allons également simplifier la tâche des
arpenteurs-géomètres et des municipalités qui avaient
toutes sortes de problèmes à identifier, pour fins
foncières, ces emplacements.
Il faut bien reconnaître, malgré les bienfaits de cette
loi, qu'il y a certains points qui font problème, qui soulèvent
des inquiétudes. Je prenais connaissance de l'article 2173.2. Cet
article dit qu'à compter du dépôt du plan de
rénovation, un acte comportant l'aliénation entre vifs d'une
partie d'un lot situé dans le territoire ayant fait l'objet d'un plan de
rénovation ne peut être inscrit à l'index des immeubles
contre ce lot. Si on prend le texte de cet article, on constate qu'on parle
d'aliénation. Si on parle d'aliénation, on parle
d'hypothèque. On parle de vente, on peut parler également
d'autres transactions. Mais si on parle d'hypothèque, à ce
moment-là, on parle d'aliénation entre vifs. Si on applique
maintenant cet article aux hypothèques, nous allons constater que si
nous avons une hypothèque sur une partie de lot et que cette
hypothèque est antérieure à un plan de rénovation,
si le débiteur ne paie pas, s'il est en défaut et que cet acte
d'hypothèque comporte une clause de dation en paiement -comme il est
normal dans 100 % des cas -l'enregistrement sera impossible. Donc, le
créancier subira un préjudice parce qu'il lui sera impossible,
à la suite de l'acquisition du terrain, à la reprise de
possession du terrain par la clause de dation en paiement, d'enregistrer son
jugement, parce que le jugement portera sur une partie de lot. Je pense qu'il
pourrait corriger cette situation en procédant à une subdivision.
Mais, tout de même, je pense que le créancier subit un
préjudice.
Le deuxième cas, je pense, est beaucoup plus grave. En vertu de
l'article 2173.2, il sera impossible à un débiteur de donner une
garantie sur une partie de lot. C'est donc dire que si un propriétaire a
un lot complet et décide ou consent, à la suite de la demande du
créancier, de donner une hypothèque sur une partie de son lot
complet, il lui sera impossible de donner cette garantie sur une partie
seulement parce que lors de l'enregistrement, on bloquera l'enregistrement du
droit réel. Je pense que c'est inacceptable. C'est donc dire que par cet
article on va forcer un débiteur à donner une garantie plus
importante que celle requise ou qu'il serait tenté de donner au
créancier.
Je pense qu'il faudrait ici une exception, il faudrait que l'on permette
au débiteur de donner une garantie sur une partie de lot. Je ne vois pas
du tout comment on pourrait procéder autrement. Qu'on demande à
ce débiteur de procéder à une subdivision pour les seules
fins de la garantie hypothécaire, je pense en demander trop; on ne peut
pas demander à un débiteur de procéder à une
subdivision simplement pour le temps, la période de la créance
hypothécaire. Je pense que ce sont des coûts absolument
inacceptables, absolument inutiles, bien sûr, si le débiteur paie,
parce que ensuite on procédera à une radiation et il reviendra
exactement dans la même situation où il était avant de
donner la garantie hypothécaire.
L'article 2173.3 empêchera également un fiduciaire
d'enregistrer une délivrance de legs d'une partie de lot parce que la
Cour suprême, dans la cause de Tucker a considéré que le
fiduciaire était propriétaire du lot ou en l'occurrence de la
partie de lot et qu'une délivrance de legs constituait une
alliénation entre vivants. Il sera donc impossible au fiduciaire,
à la suite d'un décès, à l'ouverture d'un
testament, de faire la délivrance du legs qui constitue ou qui comprend
une partie de lot. On prend le cas de deux héritiers. Le testateur donne
à chacun de ses héritiers une partie de lot; avant de faire la
délivrance, il faudra donc procéder à une subdivision. Je
pense qu'il faudrait peut-être faire ici une exception. (20 h 30)
L'article 2173.2 empêchera également l'enregistrement d'un
acte de fiducie avec garantie sur une partie de lot. Encore là, dans la
fiducie, lorsqu'on enregistre un acte en fiducie, il y a cession en faveur du
fiduciaire de la part du débiteur; on devra donc considérer qu'il
y a aliénation entre vifs d'une partie de lot. Dans ce cas, il sera
impossible de procéder à l'enregistrement d'un acte de fiducie
à la garantie d'engagement prise par le débiteur. Il faudra donc,
comme dans le cas de l'hypothèque, prévoir une exception de
façon qu'il soit possible à quelqu'un qui enregistre un acte de
fiducie qu'il donne en garantie, par acte de fiducie, des biens et, entre
autres, une partie de lot.
Il devrait, à mon sens - je pense, encore là, que c'est
une modification, un amendement qu'on devrait apporter au projet de loi -
être défendu à un débiteur qui a donné en
garantie d'une obligation plusieurs lots de procéder à un
remplacement de ces lots par un seul lot sans le consentement par écrit
du créancier. Il est bien évident, M. le Président, que si
on remplace les lots donnés en garantie, au cas où il y aurait
plusieurs lots par un seul lot, la valeur donnée en garantie, n'est plus
la même à la suite de ce remplacement par un seul lot. En
principe, il faut bien le reconnaître, un seul lot a nettement moins de
valeur pour une superficie égale. On suppose évidemment que ces
lots d'une superficie égale, au départ, sont remplacés par
un nouveau lot. À ce moment-là le créancier subirait un
préjudice. Il a obtenu une garantie au départ sur plusieurs lots
et par un remplacement il n'aurait désormais la garantie que sur un seul
lot. Au point de vue économique, même si la superficie est la
même, c'est évident que sa garantie diminuerait. Il faudrait donc,
à ce moment-là, obtenir le consentement du créancier
hypothécaire pour procéder à ce remplacement.
Ce sont certains points que j'entendais soulever. Je suis d'accord avec
le projet de loi, je pense qu'on doit procéder, que cela s'impose. C'est
un projet de loi qui était attendu depuis longtemps pour mettre de
l'ordre dans un domaine qui laissait à désirer, où des
règles avaient été établies il y a plusieurs
années, qui n'étaient plus à point, qui demandaient
d'être modernisées. On est parfaitement d'accord mais il faudrait
particulièrement attacher beaucoup d'importance à ces
points-là de façon qu'on puisse adopter un projet de loi pratique
et qui ne cause pas de préjudice à des créanciers
hypothécaires et, surtout, qui n'empêche pas quelqu'un de donner
une garantie hypothécaire sur une partie de lot plutôt que sur le
lot complet. Je vous remercie, M. le Président;
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Moi aussi, comme
mon prédécesseur, je suis heureux d'intervenir sur le projet de
loi 40, Loi favorisant la réforme du cadastre québécois,
pour la raison bien évidente que c'est un projet de loi attendu et
très important.
C'est un changement majeur effectivement pour les intervenants, tous
ceux qui ont à vivre avec, à travailler avec, mais aussi pour la
population parce que presque tout le monde, un jour ou l'autre, a affaire avec
le cadastre québécois, c'est-à-dire avec le bureau
d'enregistrement.
C'est un changement majeur et c'est
vraiment une tâche colossale qui sera échelonnée sur
une période de dix ans. C'est important, ça fait longtemps qu'on
en parle. Cela a donné lieu à une consultation auprès de
plusieurs intervenants, c'est-à-dire les municipalités, les
municipalités régionales de comté, le barreau, la Chambre
des notaires, l'Ordre des arpenteurs-géomètres, les
évaluateurs, tous ceux qui sont touchés de près ou de loin
par son fonctionnement.
Un consensus s'en dégage. Oui, il faut aller dans le sens de la
loi 40 et il faut y aller rapidement. Vous savez, le système cadastral
québécois s'est établi entre 1867 et 1900. Donc, cela fait
longtemps et il y a place pour du changement. C'était dans le but de
fixer une base à l'enregistrement des droits réels. Il s'agissait
de prévenir les fraudes, d'assurer la sécurité et de
rendre publiques les transactions immobilières.
Il ne peut plus répondre, présentement,
adéquatement aux besoins modernes croissants. La population
québécoise a beaucoup changé depuis près de 100
ans. Donc, il y a de nouveaux besoins pour la société
québécoise, qui est une société moderne. Parmi ces
nouveaux changements, ces nouveaux besoins: la fiscalité, le zonage,
l'aménagement, l'urbanisme, les services publics, l'eau, le gaz,
l'électricité. Il y a des défauts, c'est évident.
On en a énuméré un peu tantôt, il y a des
défauts dans le système actuel parce que c'est une image
incomplète du morcellement foncier. C'est à peine 50 %
d'enregistrés. C'est aussi une image qui est non conforme à la
réalité. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on retrouve
sur la même propriété plusieurs numéros de lots,
plusieurs numéros de parties de lot. Ce n'est pas conforme à la
réalité.
Il y a aussi un manque de précision des arpentages originels et
cela se comprend parce qu'on n'a pas toujours eu les moyens modernes, les
moyens qu'on connaît aujourd'hui, surtout parce qu'il y a des
délais d'enregistrement qui sont trop longs, ce qui est synonyme de
coûts additionnels. Ceci a comme conséquence, tous ces
défauts à la loi actuelle, de bloquer ou d'entraver des
programmes ou des lois. Je pense que, s'il y a des gens qui sont bien
placés pour s'en rendre compte aujourd'hui, ce sont nos maires des MRC
qui ont comme mandat, présentement, justement de définir
l'aménagement sur leur territoire. On bloque ou on entrave des
programmes ou des lois avec le système actuel.
Il y a même possibilité de rendre des actes nuls. C'est
arrivé et cela arrive encore. Pourquoi? En fonction de ce que je disais
tantôt, manque de précision à cause des arpentages
originels. Il y a aussi des fouillis dans les registres. Pourquoi? À
cause du volume. Il y en a de plus en plus. Donc, cela veut dire qu'il y a de
plus en plus de recherches. Donc, les coûts augmentent.
Parmi les conséquences, on retarde aussi l'officialisation. Cela
veut dire du retard dans l'achat et dans la vente de propriétés,
dans la construction ou dans le financement. Pour toutes ces raisons, il y a
nécessité, sinon urgence, de changer et c'est exactement ce que
va faire la loi 40 en favorisant la réforme du cadastre
québécois. Ceci veut dire le nouveau cadastre
québécois, qui a comme objectif de donner à la
société québécoise un outil moderne, un outil
polyvalent, un outil beaucoup plus efficace. Ce que cela veut dire?
Épurer et mettre à jour le système cadastral. Venir
corriger le défaut que je mentionnais tantôt, c'est-à-dire
plusieurs numéros de lots ou parties de lot sur un même
numéro de propriété. Épurer et remettre à
jour le système cadastral. Mettre en place un mécanisme
étanche de tenue à jour. Corriger aussi les défauts
d'infrastructure de façon permanente et enfin, et surtout,
réduire les délais d'enregistrement et aussi la
décentralisation pour les opérations d'entrée.
La loi 40 va dans le sens, comme je le disais, d'un consensus qui s'est
dégagé de tous le gens qui ont à travailler sur les
cadastres, sur l'enregistrement. Cela vient corriger aussi un paquet de
défauts qui ont été énumérés et qui
faisaient en sorte d'étirer les délais, de bloquer certaines
réglementations, certaines améliorations, certaines lois et, en
plus, faire en sorte que cela coûte moins cher pour ceux qui auront
à aller au bureau d'enregistrement.
Le projet de loi 40 reconnaît aussi l'implication majeure des
municipalités. Même si on reconnaît un rôle important
aux municipalités, le ministère de l'Énergie et des
Ressources va demeurer responsable de l'établissement du réseau
géodésique, ce qui veut dire la totalité des coûts.
Il est aussi responsable de l'intégration, du calcul des
coordonnées et de la classification des points établis par la
municipalité, mais celle-ci aura la charge de l'entretien du
réseau établi, ainsi que de l'implantation d'un réseau
géodésique du quatrième ordre. (20 h 40)
Donc, M. le Président, pour chacun des niveaux, que ce soit le
ministère, que ce soit les municipalités, il y a des
responsabilités bien établies. Pour les municipalités, ce
qu'il faut aussi retenir, c'est que c'est toujours sur une base volontaire et
après entente avec elles. Donc, les municipalités ont
déjà reçu une invitation à participer à la
préparation de ce projet de loi. Elles n'ont qu'à en faire la
demande, qu'à signer une entente avec le ministère afin de
participer à cette nouvelle façon de procéder beaucoup
plus moderne, beaucoup plus rapide et dans l'intérêt des
contribuables de chacune des municipalités du Québec.
Ce qu'il est aussi important de mentionner concernant le projet de loi
40,
c'est qu'on amène un mode de fonctionnement innovateur, en
créant le fonds de la réforme du cadastre
québécois. Le fait de créer un fonds a comme avantage,
premièrement, la transparence, parce que, comme tous les organismes
gouvernementaux ou paragouvernementaux, les municipalités seront
soumises à une étude en commission parlementaire. C'est donc la
transparence, M. le Président.
C'est aussi la rentabilité du fonds. En faisant un fonds, ce
qu'on espère, c'est justement que ce soit rentable. Le ministère
va s'impliquer, mais d'autres fonds vont aussi provenir d'autres sources que
des sources gouvernementales. Ces autres revenus sont, entre autres, les frais
perçus pour l'enregistrement cadastral, les tarifs facturés
à un ministère, les transferts de budget du ministère et
la vente de divers produits. M. le Président, il y a diverses sources de
financement dans un fonds qui devra se rentabiliser, qui sera transparent et
dont on devra rendre compte à une commission parlementaire. C'est donc
innovateur, M. le Président, comme ordre de financement et c'est,
à mon avis, à l'avantage de tout le monde.
C'est aussi un projet important, parce qu'on parle d'un investissement
de 84 000 000 $, mais ce qui serait encore plus important de rappeler c'est que
ces 84 000 000 $ sont, en soi, une économie considérable pour
l'ensemble de la société. Même si 84 000 000 $, c'est un
montant très important, ce qu'il est important de rappeler, c'est que
cela va coûter moins cher en dix ans qu'il n'en coûte
présentement en une seule année à l'ensemble des
intervenants, c'est-à-dire au ministère de l'Énergie et
des Ressources ou aux autres ministères, ou aux municipalités ou
aux municipalités régionales de comté, à tous ces
organismes qui doivent dépenser près de 200 000 000 $ en
recherches de toutes sortes pour se procurer toutes les informations
géographiques nécessaires à leur bon fonctionnement.
Donc, M. le Président, c'est non seulement une question
d'efficacité, c'est une question de rentabilité et
d'économie à long terme et même à court terme pour
ce qui est des recherches qui seront faites.
M. le Président, c'est aussi un secteur d'avenir tourné
vers le virage technologique. Oui, on a parlé du virage technologique.
Il faut être les premiers partout où c'est possible. Justement, le
projet de loi 40 nous permet, grâce à l'expertise que l'on
possède déjà, grâce à la rapidité avec
laquelle on décide d'aller dans ce sens, d'avoir probablement une avance
considérable sur beaucoup de coins dans le monde. Le projet de loi 40 va
nous permettre probablement de nous ouvrir sur le marché de
l'exportation. C'est important, parce que ce qui est aussi payant en
exportation, ce n'est non seulement le produit manufacturé, mais aussi
le génie-conseil, c'est-à-dire l'expertise que l'on peut aller
chercher justement dans des secteurs du virage technologique, dans des secteurs
de pointe et d'avenir comme celui-là. Donc, grâce à
l'expertise qu'on a acquise, M. le Président, l'avance qu'on pourra
prendre grâce au projet de loi 40 qui est déposé ici va
nous permettre de nous ouvrir davantage dans un secteur de pointe, dans un
secteur d'avenir vers le marché de l'exportation.
Cela aura aussi de très bons effets sur la création
d'emplois. Le projet de loi 40 parle de la création de 230 emplois dans
des secteurs d'avenir, donc spécialement pour des jeunes qui vont sortir
des facultés des universités, qui vont sortir des cégeps
dans ce secteur, qui pourront se trouver de l'emploi ici au Québec.
M. le Président, cela va créer des emplois directs
à 80 % dans l'entreprise privée et cela va avoir aussi des effets
multiplicateurs car cela va amener d'autres investissements dans
l'informatisation de nos municipalités et de nos entreprises
privées dans ce secteur concerné. Donc, pour toutes ces raisons,
on ne peut faire autrement qu'être d'accord avec le projet de loi 40 et
souhaiter que toutes les municipalités profitent de ce projet de loi qui
va devenir une loi dans quelques jours. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Robert Baldwin.
M. John O'Gallagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Je ne sais pas si
vous avez eu l'occasion de visiter immédiatement en dehors des parois de
cette Chambre le terrain de notre colline parlementaire et de voir qu'il y a un
petit pilon en granit, ici pas loin, à quelques centaines de pieds
d'où je suis dans le moment, qui est un coin géodésique
établi en 1967. Sur la dalle de ce momument en granit, on peut voir les
mots suivants gravés: "Ce point géodésique établi
en 1967 fait partie d'un réseau symbolisant l'ordre et l'harmonie entre
Canadiens d'un océan à l'autre." Si vous ne l'avez pas vu,
j'invite aussi mes collègues de l'Assemblée nationale, à
s'y rendre dans leurs temps de loisir. À quelques pieds d'ici, on peut
voir ce monument.
Le système géodésique canadien comme proprement
nord-américain est en expansion depuis les débuts du
siècle. Au début, on utilisait des instruments de mesure
qu'aujourd'hui on qualifierait de primitifs et on utilisait des calculs de
triangulation et le balancement des relevés et même des
observations astronomiques
comme la cartographie qui étaient faits manuellement.
Étant moi-même le troisième
arprenteur-géomètre en autant de générations dans
ma famille, je peux vous assurer qu'au début de ma carrière en
génie civil et en arpentage, on utilisait encore les logarithmes pour
faire nos calculs. C'est après ma graduation, il y a 30 ans cette
année, qu'on voyait l'introduction des premières calculatrices
mécaniques qui pouvaient extraire la racine carrée, imaginez-vous
donc! C'était une grosse machine très pesante, très
bruyante, coûtant 2500 $ en dollars courants de 1960 qu'on utilisait avec
une table de fonctions trigonométriques très épaisse qui
pesait environ dix livres. Aujourd'hui, pour 10 $, M. le Président, on
peut avoir les mêmes résultats avec une calculatrice de poche.
L'ordinateur et les équipements de mesurage électronique
ont beaucoup facilité notre travail. Je voudrais répondre au
député d'Abitibi-Est là-dessus. Il est vrai qu'on aurait
dû entreprendre une révision du cadastre dès les
années soixante-dix. Mais à ce moment-là, c'était
à un prix qu'on ne pouvait pas se permettre, parce qu'on n'avait pas les
outils de mesurage électronique qu'on connaît aujourd'hui, les
ordinateurs et surtout le dessin ou la cartographie par moyen d'ordinateur. (20
h 50)
Eh bien, M. le Président, la science a beaucoup changé au
cours des dernières années et cela, au grand
bénéfice de la population. Ce réseau
géodésique de premier ordre établi dans tout le Canada et
l'Amérique du Nord a trois dimensions. Je veux dire qu'on connaît
aujourd'hui des points extrêmement précis au plan horizontal et au
plan vertical. On connaît n'importe quel endroit en Amérique du
Nord en relation avec le niveau de la mer. C'est la base de notre cartographie
qui a été élargie. C'est un système qui a
été élargi par le ministère de l'Énergie et
des Ressources pour servir les parties de la province les plus populeuses et
les parties qui connaissent un développement intensif, soit les zones
où on a des mines ou une expansion économique de ce genre. Ce
système de deuxième ordre est à la base de toute la
cartographie provinciale utilisée par les ingénieurs et les
techniciens qui oeuvrent dans tous les domaines de notre vie économique,
par exemple, l'industrie du transport, les routes, les voies maritimes et les
contrôles aériens, l'industrie minière et le contrôle
des gisements miniers, l'industrie des pâtes et papiers et le vaste
territoire qu'elle exploite, les barrages d'Hydro-Québec et la vaste
étendue de ses réservoirs, les lignes de transport
d'énergie électrique et, sans doute, les services publics de tous
genres que l'on connaît dans les municipalités les plus
avancées. Cela va très bien dans ces domaines pour la simple
raison que nous avons évolué au même rythme que la
technologie.
Malheureusement, ce n'est pas la même chose pour le système
de cadastre. Notre système de cadastre a été établi
à partir -imaginez-vous donc - des années 1860, à
l'époque de la Confédération ou à l'époque
où on étudiait la Confédération. Il est à la
base de la gestion territoriale et, surtout, à la base de toute
transaction immobilière -soit les ventes, les transferts de terrain,
l'enregistrement des hypothèques ou des privilèges,
l'enregistrement des servitudes, l'enregistrement des zonages de toutes sortes
- et à la base de notre système de taxation et
d'évaluation. La Loi sur le cadastre, instituée au cours des
années 1860 à 1870, imposait à ce moment-là la
nécessité de garder à jour le morcellement du territoire,
mais le législateur n'a pas jugé bon d'obliger la mise en vigueur
de cette partie de la loi. On retrouve donc aujourd'hui 2 500 000
propriétés individuelles non identifiées sur un total de 5
000 000 de propriétés individuelles au Québec. C'est
là la raison primordiale de cette réforme cadastrale. Ces parties
de terrain sont identifiées par description seulement dans des actes
notariés. Ces actes, dans bien des bureaux d'enregistrement, sont
vraiment - je vous le dis, M. le Président - enterrés dans des
pages et des pages de documents. Il est donc très difficile de retrouver
et de comprendre ces actes notariés.
Dans un cas semblable, le citoyen propriétaire d'un terrain qui
fait partie d'un lot originel non cadastré qui veut régulariser
la situation de son terrain, en d'autres mots le cadastrer, se voit dans
l'obligation de débourser de 1000 $ à 2000 $ seulement en frais
d'arpentage. Vous comprenez comme moi que de tels frais découragent le
citoyen de prendre cette mesure parce que dans bien des cas, ces coûts
représentent un fort pourcentage de la valeur de son terrain. Cependant,
il devient de plus en plus important qu'il le fasse, car son terrain est moins
vendable et plus difficile à hypothéquer dans une telle
situation. Il va sans dire que les frais de recherche encourus chez le notaire
dans une telle transaction sont aussi très onéreux à cause
du fait que le terrain est non cadastré.
Le but du projet de loi 40 est de corriger cet état de choses qui
est devenu inacceptable aujourd'hui. Il faut finalement moderniser le cadastre
et le relier au réseau géodésique. Je vous avoue que,
depuis que je suis ici, depuis 1967, je fais ce plaidoyer à un ministre
de l'Énergie et des Ressources après l'autre. Finalement, on
aboutit, huit ans après, heureusement à le dire.
Comme le dit la plaque, devant notre parlement, sur le point
géodésique, ce réseau symbolise l'ordre et l'harmonie
des
Canadiens d'un océan à l'autre. C'est aussi valable pour
le rénovation du cadastre qui symbolise l'ordre et l'harmonie entre
voisins. Comme le dit le dicton, De bonnes clôtures font de bons voisins.
Il faut utiliser ce système géodésique national et
international comme on exploite et bénéficie des autres
réseaux nationaux et internationaux, comme le réseau de
transport, nos routes internationales, nos routes interprovinciales, l'eau, la
voie maritime, les voies aériennes internationales et notre vaste
réseau ferroviaire, le plus grand au monde; comme le réseau
énergétique, nos gazoducs, tout notre système
électrique qui est relié à tout le système
nord-américain, tous nos pipelines - c'est un réseau
énergétique - et comme le réseau des communications:
téléphone, télévision, radio et même,
aujourd'hui, notre système de communication spatiale par l'entremise des
satellites.
Cette réforme est essentielle à la gestion du territoire.
On a tenté il y a quelques années de solutionner le
problème par la fabrication de "Tax maps" ou matrices graphiques des
territoires des municipalités et des MRC. Cette expérience s'est
avérée très coûteuse en donnant une carte
imprécise qu'on pouvait utiliser seulement pour le rôle
d'évaluation. Je pense qu'on reconnaît aujourd'hui que cet argent
aurait été mieux utilisé dans une réforme
cadastrale fondée sur le réseau géodésique et
préparée par les experts que sont les
arpenteurs-géomètres.
Le futur réseau moderne du cadastre sera utilisé pour
toute la gestion territoriale, l'enregistrement, bien sûr, des
transactions immobilières, la taxe et l'évaluation municipales,
les services publics d'aqueduc et d'égout, etc., la voirie et
l'expropriation de nos routes, le zonage pour la construction ou pour
l'agriculture ou toute autre gestion, soit au niveau des municipalités,
soit au niveau des ministères. À la lecture des documents fournis
par le service du cadastre, il semble que le ministère de
l'Énergie et des Ressources favorise une méthodologie de travail
qui utilisera l'arpenteur-géomètre en région pour ce
travail de rénovation. J'appuie fortement ce procédé car
ces professionnels sont ceux qui sont le mieux placés pour
résoudre les problèmes qu'ils vivent quotidiennement. Il est
évident que la partie hautement technique (photogrammétrie,
dessin assisté par ordinateur) sera donnée en sous-contrat
à quelques firmes spécialisées en la matière. Il
est à souhaiter, cependant, que ces contrats seront octoyés
à des firmes établies ici, au Québec. (21 heures)
En terminant, je voudrais aborder un autre aspect essentiel à la
saine gestion du territoire, aspect qui n'est pas mentionné dans ce
projet de réforme cadastrale. À mon avis, et sans doute selon
l'avis de la majorité des professionnels oeuvrant dans ce domaine, il
est important que les cours d'eau et les lacs soient cadastrés sur un
plan final qui, de toute évidence, est l'outil de base de la gestion
territoriale. Dans les régions développées, mais surtout
dans la région de Montréal, il est indispensable de trouver un
moyen simple et efficace de régler les problèmes
d'empiétement sur le domaine hydrique. Pour qu'un citoyen soit capable
de régulariser un empiétement sur un cours d'eau avec le
ministère de l'Environnement, les frais professionnels sont rendus, dans
la majorité des cas, aussi dispendieux que l'achat du terrain. Comme
professionnel oeuvrant dans le domaine, je peux vous assurer de ce fait.
Dans une telle situation, les règlements du service des terres du
ministère de l'Énergie et des Ressources exigent un double
arpentage et la préparation de deux séries de plans et de deux
descriptions techniques et des notes explicatives. Le fait de cadastrer les
cours d'eau coupera de moitié les frais encourus par les
propriétaires riverains et apportera une solution à ces cas
d'empiétement au bénéfice du propriétaire, du
gouvernement et de la municipalité.
En terminant, je veux simplement dire que j'appuie ce projet de loi tout
en espérant que le ministre prendra note de mes inquiétudes.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, puisqu'il n'y a
aucun autre intervenant, M. le ministre de l'Énergie et des Ressources,
votre droit de réplique.
M. Jean-Guy Rodrigue (réplique)
M. Rodrigue: Merci, M. le Président. Comme plusieurs l'ont
souligné - je pense que c'est la totalité des intervenants qui
l'a souligné au cours de ce débat de deuxième lecture -
cette réforme du système cadastral québécois est
une réforme essentielle. Le système qui est utilisé au
Québec actuellement - le dernier intervenant, le député de
Robert Baldwin, l'a souligné également - date de la fin du
siècle dernier. Il ne pouvait plus donner une image fidèle de ce
qu'est le morcellement foncier, la subdivision des lots au Québec.
Effectivement, comme je l'avais fait, les intervenants ont
souligné les nombreux problèmes que cela entraîne pour les
personnes qui veulent faire des transactions immobilières:
difficulté d'avoir des titres clairs, délai parfois long,
coût relativement élevé dans certains cas des recherches de
titres qui doivent se faire et, finalement, ce sont les citoyens du
Québec qui défrayaient tout cela. Le gouvernement était
conscient de cela et il a pris les moyens pour nous doter d'un système
qui corrige ces anomalies mais, en même temps, pour nous doter d'un
système qui puisse être extrêmement
polyvalent et répondre à une foule de besoins,
système qui peut se prêter à de multiples applications,
autant pour les fins de l'enregistrement foncier que pour les fins poursuivies
par les divers ministères et organismes publics qui veulent localiser
leurs infrastructures dispersées dans tout le territoire du
Québec.
Le député d'Outremont nous demandait: pourquoi avoir
attendu si longtemps? Pourquoi, par exemple, ne pas avoir adopté un
projet auquel avait référé mon prédécesseur,
l'actuel ministre des Finances et député de Saint-Maurice auquel
il avait référé en 1982 et pourquoi avoir attendu 1985
pour lancer une telle réforme? M. le Président, je voudrais
souligner au député d'Outremont qu'il ne s'agit pas du tout du
même projet que celui qui avait été évoqué en
1982, que les moyens mis en oeuvre aujourd'hui sont de beaucoup
différents de ceux qui étaient envisagés dans
l'hypothèse qui avait été examinée en 1982 et que
le projet de 1982 non plus n'avait pas du tout la même ampleur que celui
qui sera mis en place en vertu de la réforme cadastrale qui sera
conséquente à l'adoption du projet de loi 40.
En fait, en 1982 le projet était relatif au cadastre seulement.
Il n'y avait pas de référence de faite à la
géodésie et à la cartographie. On devait se baser
strictement sur des relevés sur le terrain pour effectuer la mise
à jour du cadastre québécois.
En 1985, aujourd'hui, le projet qui est mis de l'avant et qui sera
appliqué, la réforme qui est lancée pourra donner une
gamme de renseignements et de services beaucoup plus complète que ce qui
avait été envisagé en 1982. Nous allons faire appel aussi
à des méthodes et à des technologies qui sont beaucoup
plus sophistiquées que celles qui avaient été
envisagées en 1982. C'est ce qui explique entre autres que les
coûts de la réforme cadastrale, version 1985, seront effectivement
plus élevés que ceux de l'hypothèse qui avait
été envisagée en 1982. Nous estimons par ailleurs que cet
investissement est pleinement justifié, compte tenu de l'immense
progrès que représente l'actuel projet par rapport à celui
qui avait été examiné antérieurement.
En somme, nous avons attendu, c'est vrai, mais nous avons attendu parce
que nous voulions un projet plus global, qui soit à la fine pointe de la
technologie. C'est ce que nous sommes parvenus à mettre en place et
c'est ce que nous proposons dans cette réforme du cadastre dont est
l'objet le projet de loi 80.
Le député d'Outremont a évoqué les
coûts. Il a dit: Si cela devait coûter 84 000 000 $ constants,
ça devrait coûter 170 000 000 $ en dollars courants vu que cela
s'échelonne sur une période de dix ans. Ce n'est pas comme cela
qu'on actualise des coûts, M. le Président. Il se
référait sans doute à un autre dossier que nous avons
abondamment traîté en cette Chambre, où des coûts en
dollars constants de 1984, lorsque inflationnés et en tenant compte de
l'intérêt pendant la construction - parce que dans ce
cas-là, les coûts en dollars de 1984 n'en tenaient pas compte -
donnaient des coûts réels d'investissement de 49 000 000 000 $
entre les années 1986 et 1994 pour l'aventure que nous propose le chef
libéral. Mais dans ce cas-ci, il faut bien comprendre qu'il n'y a pas
d'intérêts pendant la construction parce qu'il ne s'agit pas de
construction et qu'on n'a pas à capitaliser des intérêts.
En tenant compte d'un taux d'inflation qui serait de l'ordre de 4,5 %, qui est
une prévision fort raisonnable dans le contexte actuel, en dollars
courants, cette réforme devrait atteindre des coûts de l'ordre de
100 000 000 $ à 110 000 000 $ selon nos estimations. (21 h 10)
Nous sommes donc loin du chiffre de 170 000 000 $ évoqué
par le député d'Outremont. D'ailleurs, son chef, M. Bourassa,
lorsqu'il a estimé les coûts à 25 000 000 000 $ pour son
hypothèse d'aménager 12 000 mégawatts de puissance
additionnelle au Québec, a fait une déclaration qui m'a
renversé parce qu'il déclarait qu'il était arrivé
à 25 000 000 000 $ en prenant les coûts de La Grande, phase 1, et
en inflationnant cela pour arriver à des dollars de 1984. Ce n'est pas
comme cela qu'on fait des estimations de coûts parce que chaque
rivière a ses caractéristiques propres et ce n'est pas parce
qu'une rivière a coûté 1500 $ le kilowatt que la suivante
va coûter 1500 $, 1800 $ le kilowatt. Cela dépend de la dimension
des barrages. Cela dépend de la quantité d'eau qui passe. Cela
dépend de la puissance des centrales qui sont installées, de la
hauteur des chutes qu'on peut développer. Il y a tellement de facteurs
qu'on ne peut pas raisonnablement comparer des rivières comme cela et
appliquer les coûts d'une rivière à un autre complexe.
Enfin, c'est une autre histoire. J'imagine que nous aurons l'occasion d'y
revenir.
On nous dit que le gouvernement aurait dû mesurer l'ampleur des
besoins du Québec et mettre en oeuvre un développement
technologique profitable aux sociétés québécoises
oeuvrant dans le domaine. Encore une fois, c'est le député
d'Outremont qui faisait cette remarque. J'ai ici un imposant rapport qui
démontre que le ministère de l'Énergie et des Ressources
s'est impliqué activement dans le développement de la technologie
pour être en mesure d'en arriver à cette réforme cadastrale
en possédant les meilleurs outils possible. En fait, le ministère
de l'Énergie et des Ressources a présidé les travaux d'un
comité interministériel qui a
non seulement mesuré l'ampleur des besoins du Québec dans
le domaine de la cartographie automatique, mais qui a aussi proposé une
stratégie industrielle pour ce secteur. J'ai ici cet imposant rapport
qui a été préparé, sous la présidence du
ministère de l'Energie et des Ressources, par le gouvernement du
Québec et qui s'intitule "Rapport du comité gouvernemental sur le
graphisme numérique et les banques de données localisées",
un titre un peu savant pour dire, dans le fond qu'il s'agit de
développer une technologie de pointe pour être en mesure
d'informatiser toute l'information qui peut être requise pour pouvoir
donner de notre cadastre une image réelle et pour être en mesure
de le mettre à jour continuellement.
Je ne peux pas accueillir ce reproche. C'est le contraire, en fait, qui
s'est produit. Le ministère a développé les technologies
et actuellement le ministère s'apprête à transférer
ces technologies aux entreprises québécoises qui voudront oeuvrer
dans ce domaine, qui se qualifieront pour être en mesure de faire les
travaux requis par la réforme cadastrale et qui seront appelées
à effectuer ces travaux, effectivement. Pour ce qui est de la
technologie, on a fait référence à une entreprise qui
s'appelle ACDS. Le député d'Outremont y a fait
référence récemment à l'occasion d'une question
qu'il m'a posée dans cette Chambre. En fait, la technologie
proposée par la compagnie ACDS de la région de Hull a
été retenue par un des consortiums de firmes
québécoises qui ont été qualifiées pour
faire les travaux relatifs à la réforme cadastrale. Les premiers
rapports qui nous sont présentés quant au système de cette
firme me laissent croire qu'elle pourra être partie prenante dans les
importants travaux que nous mettons de l'avant parce que son système
semble effectivement répondre aux normes du gouvernement.
Là-dessus, j'aimerais faire une mise au point. Le
député d'Outremont nous a reproché, il y a quelques jours,
de ne pas intervenir dans la gestion d'Hydro-Québec étant
donné qu'Hydro-Québec avait consenti un contrat de A00 000 $
à une firme américaine tout en reconnaissant, cependant, à
la suite des interventions que j'ai faites -et je pense qu'Hydro-Québec
avait déjà aussi examiné cette possibilité - que la
firme ACDS allait être impliquée dans ces études
préliminaires qui ont été octroyées à la
firme américaine. Le député d'Outremont nous faisait
reproche - et il a repris son reproche aujourd'hui - de ne pas prendre la
décision, à toutes fins utiles, à la place
d'Hydro-Québec de confier le contrat à la firme ACDS, firme
québécoise, plutôt que de le confier à une firme
américaine.
Il me semble que le député d'Outremont a la mémoire
courte et qu'il fait preuve, malheureusement, d'une certaine incohérence
dans ses propos. Dans le journal Le Devoir des 25 et 27 mai 1985, le
député d'Outremont a écrit deux longs articles où
il tente d'accréditer l'idée que le gouvernement, depuis un
certain temps, s'est immiscé dans les affaires internes
d'Hydro-Québec et, à toutes fins utiles, essaie de
contrôler Hydro-Québec de plus en plus et de s'immiscer dans sa
gestion quotidienne. Le député d'Outremont nous en faisait
reproche. Évidemment, M. le Président, tout cela est faux, quant
à moi. Je m'inscris en faux contre cela. Ce n'est pas exact de dire que
le gouvernement du Québec s'est immiscé dans les affaires
internes de l'administration quotidienne d'Hydro-Québec. Mais, le
député d'Outremont qui nous reprochait cela dans des articles
publiés les 25 et 27 mai, il y a deux semaines, la semaine
dernière, à l'occasion de sa question, et cette semaine, cet
après-midi, à l'occasion de son discours en deuxième
lecture, nous reproche exactement le contraire, c'est-à-dire de ne pas
imposer de décision à Hydro-Québec.
M. le Président, il faudrait que le député
d'Outremont fasse un choix. En d'autres mots, il ne peut pas à la fois
nous reprocher de contrôler indûment HydroQuébec, d'une
part, et, d'autre part, de ne pas lui imposer de décision.
Là-dessus, je pense que le député d'Outremont nage en
pleine incohérence.
En fait, M. le Président, l'un des objets de cette
réforme, en plus d'en arriver à un cadastre
québécois qui soit très moderne et qui réponde aux
besoins de notre société, c'est également de faire en
sorte que des firmes québécoises, qui seront choisies pour
exécuter les travaux dans le cadre de cette réforme, puissent
acquérir cette technologie moderne à laquelle j'ai fait
référence, technologie qui a été
développée en partie par le ministère de l'Énergie
et des Ressources, technologie que nous allons leur transférer, en
faisant des travaux ici au Québec. M. le Président, 80 % des
travaux qui seront exécutés dans le cadre de cette réforme
vont être confiés à l'entreprise privée,
c'est-à-dire aux arpenteurs-géomètres en particulier et
aux firmes spécialisées dans le domaine de la
géodésie. Donc, l'un des objets importants et l'un des effets
importants de cette réforme, c'est de transférer les
connaissances technologiques du ministère à ces firmes, de leur
donner l'occasion de faire du travail ici au Québec de façon que,
par la suite, à l'instar, d'ailleurs, des ingénieurs-conseils qui
ont travaillé sur les grands travaux hydroélectriques et qui,
maintenant, en font un peu partout dans le monde, ces entreprises puissent,
elles aussi, aller offrir leurs services sur le marché mondial,
marché que nous estimons être de l'ordre de 100 000 000 $ par
année au cours des
prochaines années. Les firmes qui se seront qualifiées
pour faire du travail au Québec auront, à ce moment-là, un
avantage marqué, parce que les représentants de la Banque
mondiale sont venus visiter les fonctionnaires de mon ministère
récemment et ils ont été fortement impressionnés
par la technologie que nous avons mise au point ici. Je pense que les firmes
québécoises qui posséderont cette technologie seront
certainement bien vues des dirigeants de la Banque mondiale qui, dans certains
cas, octroient ces contrats de développement de systèmes
cadastraux à des pays en voie de développement en
particulier.
Mais il n'y a pas que les firmes spécialisées dans le
domaine de la géodésie, M. le Président, qui pourront
profiter de cette réforme, puisque de nombreux travaux devront
être faits en région et, à ce niveau, les
arpenteurs-géomètres des régions auront, eux aussi,
l'occasion de participer à la réforme et de profiter des
retombées de cette réforme.
M. le Président, on a soulevé aussi d'autres questions
relatives à ce projet de loi. Je voudrais passer rapidement
là-dessus. En ce qui concerne les droits de cours d'eau domaniaux, je
veux informer les membres de cette Assemblée qu'effectivement les cours
d'eau domaniaux seront inscrits au cadastre en vertu de la réforme et
qu'également, des représentants du ministère de
l'Environnement, parce que la question nous a été posée
à l'occasion des interventions qui ont été faites par des
députés de cette Chambre, se sont effectivement joints à
l'équipe interministérielle qui étudie les moyens
d'accroître la polyvalence du système cadastral que nous mettons
en place.
Finalement, autre précision, M. le Président, concernant
la loi des trois chaînes: actuellement, mon ministère
étudie la question et la possibilité d'intégrer au
cadastre les terrains publics de la réserve des trois chaînes.
Cependant, à cet égard, nous sommes en attente d'une
décision de la Cour suprême quant aux droits du gouvernement
concernant la rétroactivité de la loi des trois chaînes
entre les années 1884 et 1919. Lorsque nous aurons la décision de
la Cour suprême, compte tenu du jugement qui sera rendu sur cette
question, à ce moment-là, nous pourrons prendre une
décision en meilleure connaissance de cause. C'est ce qui a fait que
nous avons mis cette question en suspens pour l'instant. (21 h 20)
M. le Président, en terminant, je voudrais remercier toutes les
organisations, tous les organismes qui nous ont appuyés dans la
préparation de cette importante réforme cadastrale et dans la
préparation du projet de loi qui est soumis à cette
Assemblée. Je veux mentionner en particulier l'Ordre des
arpenteurs-géomètres, la Chambre des notaires, de même que
la Fédération des notaires du Québec, le Barreau du
Québec, l'Union des municipalités de même que l'Union des
municipalités régionales de comté et l'association des
régistrateurs, pour n'en nommer que quelques-uns.
M. le Président, je voudrais également remercier les
députés qui ont participé à ce débat en
deuxième lecture et qui, par leurs remarques, ont souligné
l'intérêt qu'ils portent à cette importante réforme.
Je voudrais les remercier aussi des suggestions pertinentes qu'ils ont faites
pour bonifier le projet de loi. Lorsque nous aborderons l'étude de ce
projet de loi article par article, nous pourrons discuter de ces questions plus
en détail. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le principe du projet de
loi 40, Loi favorisant la réforme du cadastre québécois,
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, comme le prévoit
l'article 108 de notre règlement, nous allons maintenant nous
transformer en commission plénière afin de procéder
à l'étude détaillée de ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Très bien. Nous
allons nous convertir en commission plénière.
Commission plénière Étude
détaillée
M. Rodrigue: M. le Président, j'ai des papillons. Il y en
a quelques-uns. Peut-être qu'on pourrait les distribuer tout de suite
pour faciliter les choses et il y en aura un qui s'ajoutera à l'article
42.
M. Fortier: II faudrait les déposer officiellement.
M. Brouillet (président de la
commission
plénière): Ah! J'attendais que vous me signaliez de
part et d'autre que vous étiez prêts à commencer.
M. Rodrigue: Ah! Très bien. Oui, d'accord. Cela va.
Le Président (M. Brouillet): Par conséquent, si
vous êtes prêts, nous allons entreprendre l'étude article
par article du projet de loi 40. M. le ministre, vous avez la parole, si vous
voulez nous indiquer les papillons et tout. Ce serait le temps de nous
en faire part.
M. Rodrigue: M. le Président, j'aimerais déposer
les amendements qui seront présentés au texte du projet de loi,
en particulier trois amendements à l'article 28 de même qu'un
amendement à l'article 31, un à l'article 38 et un autre à
l'article 42 qui vous sera soumis bientôt et également un
amendement à l'article 51 que je voudrais déposer en vrac.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre, il ne s'agit
pas d'un dépôt en bonne et due forme, mais d'une simple
distribution et...
M. Rodrigue: Oui, une distribution.
Le Président (M. Brouillet): ...nous enregistrons les
différents amendements au fur et à mesure que nous les abordons.
Nous les enregistrons à ce moment-là.
M. Rodrigue: Oui, ce sera enregistré au fur et à
mesure que les articles seront... Cela va de soi. Merci.
M. Fortier: M. le Président, il s'agit de toute
évidence de plusieurs papillons de plusieurs pages. Il s'agit
plutôt d'une distribution, parce que quand il est question de
dépôt pour le ministre, c'est le dépôt d'un document
d'une seule page.
Le Président (M. Brouillet): Ah! Peut-être.
Enfin...
Nous allons entreprendre, si vous êtes prêts, l'article 1.
M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, l'article 1 établit
dans une première section les objets de la réforme du cadastre
québécois. En fait, cet article confie au ministre de
l'Énergie et des Ressources la responsabilité d'entreprendre la
réforme du cadastre et détermine également les principaux
objectifs à atteindre, soit faire la rénovation cadastrale de
tout le territoire cadastré du Québec et la tenue à jour
des plans cadastraux qui résulteront de cette rénovation.
Le Président (M. Brouillet): Cet article est-il
adopté?
M. Fortier: Un instant, s'il vous plaît! L'article 1?
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Oui. À l'article 1, j'aurais une
précision. On parle de procéder à la rénovation
cadastrale du territoire. Donc, j'imagine que cela doit impliquer tout le
territoire. Le ministre, dans ses remarques lors de la réplique, a
confirmé que les cours d'eau seraient cadastrés, ce qui est un
fait nouveau. Oui, c'est un fait nouveau parce qu'il semblerait qu'en date du
21 mai, ce n'était pas encore acquis puisqu'il y avait encore des
échanges de lettres à ce sujet. J'aimerais demander au ministre
quelles sont les implications financières ou autres, parce que j'imagine
que ce n'était pas prévu. Quelles sont les implications d'une
telle décision que nous avons demandée? Nous sommes d'accord avec
la décision de cadastrer les cours d'eau, mais quelles seront les
implications en termes de budget et d'efforts pour cadastrer les cours d'eau du
territoire domanial appartenant au gouvernement?
M. Rodrigue: Dans quel budget, M. le Président? C'est
inclus dans l'estimation en dollars courants que j'ai mentionnée qui est
de l'ordre de 100 000 000 $ à 110 000 000 $.
Le Président (M. Brouillet): Pourriez-vous
répéter, s'il vous plaît pour M. le député de
l'Opposition. Il semble que...
M. Rodrigue: En termes de coûts, M. le Président,
les coûts pour le cadastrage des cours d'eau sont impliqués dans
l'estimation en dollars courants que j'ai soulignée tout à
l'heure, qui serait de l'ordre de 100 000 000 $ à 110 000 000 $.
M. Fortier: M. le Président, j'ai de la difficulté
à comprendre puisque le ministre nous a dit dans son discours que les 84
000 000 $ qui étaient évoqués le 24 janvier dernier
devenaient quelque 100 000 000 $ en dollars courants et les 84 000 000 $ qui
étaient mentionnés au mois de janvier ne comprenaient pas
l'inclusion des cours d'eau dans le volume de travail qui devait être
fait. C'est impossible que la même somme d'argent puisse faire autant de
travail que cela. Il y a quelque chose qui ne va pas dans le budget.
M. Rodrigue: M. le Président...
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre. (21 h 30)
M. Rodrigue: Je voudrais donner une précision
additionnelle. On m'indique que les documents vont nous venir du
ministère de l'Environnement, que les plans donnant la localisation des
cours d'eau existent déjà et qu'il s'agira pour nous de les
intégrer dans nos banques de données.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au sujet de l'article 1?
M. O'Gallagher: M. le Président, à quel endroit
dans le projet de loi va-t-on inclure les plans d'eau ou les... Est-ce que cela
ne serait pas nécessaire de dire au début, à l'article 1,
qu'on procède à la rénovation cadastrale du territoire
incluant les cours d'eau et les lacs?
M. Rodrigue: II me semble que tout cela est implicite, parce que
si on se met à donner un exemple précis pour les cours d'eau et
les lacs, il faudrait en donner pour les montagnes, les champs, les
boisés, les routes, les lignes de transport d'énergie et on n'en
finirait plus de faire une énumération. Finalement, le risque
d'une énumération, c'est d'en oublier. Alors, il est toujours
préférable de procéder par une description très
générale comme celle-là qui englobe tout plutôt que
de procéder par énumération. C'est la raison pour laquelle
le texte de loi a été rédigé de cette façon,
c'est-à-dire que le ministre "est chargé d'effectuer la
réforme du cadastre québécois et notamment: 1° de
procéder à la rénovation cadastrale du territoire". Le
territoire, cela englobe tout; cela englobe les cours d'eau
également.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Robert Baldwin, est-ce que ça va?
M. O'Gallagher: M. le Président, c'est très bien.
Mais je veux simplement savoir à quel endroit on va entreprendre ce
changement que vous avez évoqué de cadastrer les cours d'eau et
les lacs? À quel moment? Où, dans le projet de loi?
M. Rodrigue: Dans le projet de loi...
M. O'Gallagher: À quel article va-t-on faire...
M. Rodrigue: Ce ne sera pas nécessaire de le faire par un
article spécifique, parce que, effectivement, comme je viens de le
souligner, quand on dit que le ministre doit "procéder à la
rénovation cadastrale du territoire", le territoire englobe les cours
d'eau et les lacs. De cette façon, nous n'avons pas à en traiter
ailleurs dans le texte du projet de loi, puisque c'est déjà
couvert ici, à l'article 1.
M. O'Gallagher: M. le Président, j'aimerais faire un
amendement à l'article...
Le Président (M. Brouillet): M. le député,
cet amendement n'est pas écrit. Vous voulez nous le dicter?
Peut-être vaudrait-il mieux l'écrire rapidement.
M. O'Gallagher: Oui, on va vous l'écrire.
Le Président (M. Brouillet): Ce serait
préférable de l'écrire.
M. O'Gallagher: L'amendement serait d'ajouter, à l'article
1. 1° de procéder à la rénovation cadastrale du
territoire, y inclus les cours d'eau domaniaux.
Le Président (M. Brouillet): L'amendement a
été exprimé. Il s'agit d'ajouter après le 1°,
les mots suivants "y inclus les cours d'eau domaniaux".
M. Rodrigue: M. le Président, nous allons être en
désaccord avec l'introduction de cet amendement, parce que, en fait, il
n'ajoute rien. Il alourdit le texte inutilement et il introduit une mesure
d'énumération qui n'est pas souhaitable, surtout dans un
énoncé aussi général que celui qui est compris
à l'article 1 du projet de loi. Il me paraît que lorsque nous
disons "de procéder à la rénovation cadastrale du
territoire", le territoire comprend les cours d'eau, les champs, les
boisés, les routes, les lignes de transport d'énergie
électrique. Cela peut comprendre les gazoducs. Lorsqu'on dit "du
territoire", cela comprend tout cela et il n'y a vraiment pas lieu d'ajouter
quoi que ce soit, de commencer à donner des détails à la
suite de cela. Nous en sommes à l'article 1 du projet de loi qui
établit les objets de la réforme du cadastre et énonce les
grands objectifs de cette réforme.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que les proposeurs
auraient quelques commentaires avant de soumettre au vote l'amendement?
M. Fortier: Je crois que la proposition est très
explicite. L'ancienne loi parlait également du territoire, mais il
n'était pas question avant aujourd'hui d'inclure dans le système
cadastral les cours d'eau domaniaux. Le ministre vient de nous dire que ce sera
fait. Je pense bien que l'intention de mon collègue de Robert Baldwin
était de s'assurer, en l'inscrivant dans la loi, que ce serait une
obligation de le faire. En ne l'incluant pas, le ministre a peut-être
raison de dire que la rénovation cadastrale du territoire peut
être implicite mais je pense bien que l'intention était de le
faire d'une façon explicite et d'en faire justement une obligation qui
imposerait cette nécessité de le faire. Nous sommes prêts
à voter sur l'amendement. Notre intention était d'en faire une
obligation explicite et non pas de laisser cette décision au bon vouloir
du ministre. Si vous voulez procéder au vote, nous sommes
prêts.
Le Président (M. Brouillet): Très bien. Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Rodrigue: Rejeté, M. le Président. M.
Fortier: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Rejeté sur division.
L'article 1 est-il adopté?
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Brouillet): Adopté sur division.
Article 2?
Financement
M. Rodrigue: La section II du chapitre 1 contient des
dispositions relatives au financement de la réforme du cadastre. Ainsi,
l'article 2 institue au premier alinéa un fonds spécial dans
lequel seront versées les sommes devant servir au financement de la
réforme. Le deuxième alinéa répartit les
tâches de la gestion du fonds.
M. Fortier: Une question de précision. Nous sommes
d'accord avec l'article; la question à laquelle nous aimerions avoir une
réponse, parce que je crois que c'est l'une des premières fois -
en tout cas, il n'y a pas eu beaucoup d'expériences dans le passé
de création de fonds de ce genre - est celle-ci: Est-ce qu'il y a
d'autres lois, par ailleurs, qui imposent au gouvernement l'obligation de faire
rapport annuellement sur l'état des revenus et dépenses d'un
compte comme celui-là? Est-ce que le ministre, ou ses adjoints, pourrait
nous dire si d'autres lois imposent au ministre ou au gouvernement l'obligation
de faire rapport annuellement sur l'état des revenus et des
dépenses?
M. Rodrigue: II n'existe pas de loi, au moment où on se
parle, à cet effet; cependant, une proposition va venir dans le projet
de loi omnibus du ministère des Finances qui va justement traiter de cet
aspect de la question.
M. Fortier: Dans le projet de loi omnibus qui est devant la
Chambre présentement?
M. Rodrigue: Dans le projet de loi omnibus qui va être
présenté et qui devrait être adopté d'ici à
la fin de la présente session.
M. Fortier: Notre appréhension était fondée,
mais je vais prendre la parole du ministre voulant qu'il y aura un amendement
dans le projet de loi omnibus. Vous pourriez croire que, comme il s'agit d'un
fonds spécial d'une centaine de millions de dollars, comme il n'y a pas
d'obligation légale de la part du ministre de faire rapport
annuellement, il aurait été légalement fondé de la
part du ministre de ne faire rapport que dans dix ans. Comme il ne sera pas
là à ce moment-là, on aimerait mieux avoir des
réponses avant. Nous sommes d'accord avec cet article.
Le Président (M. Brouillet): L'article 2 est
adopté. Article 3?
M. Rodrigue: II y a risque qu'aucun d'entre nous ne soit
là dans dix ans, de toute façon. L'article 3 vise à
identifier les fins pour lesquelles le fonds spécial devra servir. Il
précise en effet que les sommes qui seront accumulées dans ce
fonds devront servir au paiement du coût de tous les travaux
nécessaires pour mener à terme la réforme qui fait l'objet
du projet de loi.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3 est-il
adopté?
M. Fortier: Une question de précision.
Le Président (M. Brouillet): M. le
député.
M. Fortier: On dit: "II en est de même pour les sommes
nécessaires au paiement de la rémunération et des
dépenses afférentes aux avantages sociaux ainsi qu'aux autres
conditions de travail des fonctionnaires désignés par le ministre
de l'Énergie et des Ressources...". Quand on dit
"désignés", c'est l'autorité légale du ministre,
j'imagine, qui joue s'il y a des fonctionnaires dans d'autres ministères
qui travaillent ou collaborent au déploiement de ce projet. Ma question
serait celle-ci: Est-ce que ces autres fonctionnaires, dans les autres
ministères, seront désignés ou si le ministre a
l'intention de ne désigner que ceux qui sont directement
impliqués dans son propre ministère? (21 h 40)
M. Rodrigue: M. le Président, cela n'exclut pas la
possibilité de désigner des fonctionnaires dans d'autres
ministères. Il faut comprendre que le ministre de l'Énergie et
des Ressources est responsable de la gestion de ce fonds-là et c'est
à ce titre qu'il peut désigner des fonctionnaires, quel que soit
le ministère dans lequel ils exécutent leurs fonctions, pour que
la rémunération et les dépenses afférentes aux
avantages sociaux de ces fonctionnaires puissent être imputées au
fonds mis en place. Cela pourrait notamment être le cas des
fonctionnaires du ministère de la Justice, avec lequel nous allons
travailler en étroite collaboration pour l'implantation de cette
réforme.
Il faut cependant lire la phrase d'un bout à l'autre. On dit: "II
en est de même pour les sommes nécessaires au paiement de la
rémunération et des dépenses afférentes aux
avantages sociaux ainsi qu'aux autres conditions de travail des
fonctionnaires
désignés par le ministre de l'Énergie et des
Ressources et affectés à l'exécution des travaux pour la
réforme du cadastre."
Si un fonctionnaire du ministère de la Justice est affecté
à l'exécution des travaux pour la réforme du cadastre, le
ministre de l'Énergie et des Ressources pourrait effectivement le
désigner pour les fins d'absorption par le fonds des dépenses
afférentes à sa rémunération et à ses
avantages sociaux.
Le Président (M. Brouillet): L'article 3 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 4?
M. Rodrigue: Cet article prévoit les revenus
réguliers qui seront versés dans le fonds de la réforme du
cadastre. Ces revenus proviennent de trois sources différentes
constituées comme suit. Premièrement ils proviennent des droits
perçus à l'occasion des opérations cadastrales.
Deuxièmement, ils proviennent du produit de la fourniture de biens et de
services qui seront rendus disponibles en raison de la réforme du
cadastre. Troisièmement, ils proviendront d'une partie des droits et
honoraires imposés par les bureaux d'enregistrement pour les services
rendus à leur clientèle.
M. Fortier: Je pense que l'intention du fonds est que les revenus
couvrent les dépenses. Je ne sais pas si c'est comme le fameux robinet
du maire Drapeau. Si les revenus rentrent pendant 30 ans, c'est sûr que
cela va couvrir pour les dépenses, éventuellement. Ma
première question serait celle-ci: Lorsque le ministre a fait ses
calculs, est-ce qu'il a pris en considération les revenus qui
rentreraient pendant un certain nombre d'années? Si cela prend dix ans
pour faire la rénovation cadastrale, est-ce que l'équilibre se
fait dans les mêmes dix ans ou dix ans après?
L'autre question est celle-ci: Comme le ministre désire
s'autofinancer, il devra de toute évidence augmenter les tarifs des
différents intervenants qui font la demande au ministère, soit
d'un cadastre ou de documents de toutes sortes. Quelle sera la base de calcul?
Autrement dit, lorsqu'il y aura des augmentations de tarifs, pour quelque
matière que ce soit, quelle sera la base de calcul ou est-ce que ces
calculs seront simplement hypothétiques? Autrement dit, de quelle
façon le ministre va-t-il justifier les augmentations des tarifs au fur
et à mesure qu'elles se feront et quand le fonds sera-t-il
autofinancé? Après quelle période de temps?
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Rodrigue: Le fonds doit s'équilibrer pendant les dix
ans de la réforme, c'est-à-dire que les sommes requises pour
effectuer les travaux doivent être perçues pendant les dix ans de
la réforme. Au départ, pour lancer toute l'opération, une
avance de 5 000 000 $ sera consentie au fonds à même le fonds
consolidé du revenu mais, par la suite, cette avance sera
remboursée au ministère des Finances à même les
rentrées d'argent qui viendront garnir le fonds.
Quant aux tarifs imposés, dans les scénarios que nous
avons faits pour l'équilibre de ce fonds, nous prévoyons trois
augmentations de 5 % à des périodes différentes au cours
de la période de réforme cadastrale qui durera dix ans. Vous
rappelez-vous au cours de quelles années juste de mémoire? Donc,
à tous les trois ans environ, selon les scénarios qui ont
été faits, les équilibres du fonds pourraient être
respectés en consentant des augmentations de 5 % des tarifs qui sont
actuellement chargés, à peu près à des
périodes de trois ans. Cela fait trois augmentations au cours de la
période de dix ans.
Le Président (M. Brouillet): M. le
député.
M. Fortier: Ma question est orientée ou prend en
considération le fait que la nouvelle technologie qui sera
utilisée ne donnera des résultats que dans trois ou quatre ans,
disons, dans cinq ans d'ici. D'ici à trois ans, il n'y aura pas beaucoup
de produits qui seront des nouveaux produits ou des nouvelles applications et
que pendant cette période de temps, il sera difficile, j'imagine, de
justifier une augmentation tarifaire soit pour alimenter le fonds directement.
Dans trois ou quatre ans, les nouveaux produits seront effectivement
disponibles. À ce moment, il y aura des rentrées de fonds plus
considérables. C'est donc dire que le décalage de quatre ans
entre aujourd'hui et le moment où ces nouveaux produits existeront, cela
veut dire que les dépenses existent pendant une période de dix
ans, mais que les revenus accrus, eux, viendront sur une période de six
ans à moins que le ministre ait prévu, comme il l'a dit, des
augmentations à tous les trois ans.
M. Rodrigue: Je voudrais apporter une précision au
député.
Le Président (M. Brouillet): Oui, M. le ministre.
M. Rodrigue: On m'a fourni une information supplémentaire.
Je voudrais préciser ceci. Il y a trois augmentations de
5 % qui sont prévues, mais au-delà de l'inflation. On a
prévu une inflation de 4,5 % ce qui est très différent de
ce que je vous disais tout à l'heure. On a prévu une inflation
des droits au cours de la période de 4,5 % par année et à
cela viendraient s'ajouter trois augmentations de 5 % réparties sur la
période de dix ans. Maintenant, je veux signaler aussi que comme nous
allons procéder par secteurs, c'est-à-dire municipalité
régionale de comté par municipalité régionale de
comté dans l'implantation de la réforme. À ce moment nous
aurons déjà des produits de disponibles avant quatre ans. Nous
pourrons produire un certain nombre de cartes et de données qui seront
rendues disponibles avant quatre ans. Je ne sais pas combien de temps cela peut
nous prendre. Dès la fin 1985, début 1986. On m'indique qu'au
début de 1986 il y aura déjà des produits qui pourront
être mis en vente à partir des données que nous aurons
recueillies.
M. Fortier: Comme je l'ai dit, nous sommes d'accord avec ce
fonds. Pas avec les augmentations nécessairement, parce que nous n'avons
pas vu les calculs. C'est assez difficile d'être pour des calculs que
nous n'avons pas vus, mais le principe de la création de fonds, parce
que dans le fond ce dont il s'agit c'est que la méthode traditionnelle
était pour le gouvernement d'approvisionner des dépenses
courantes au fur et à mesure et que ces dépenses étaient
prises à même les dépenses budgétées et
courantes du gouvernement. Dans ce cas-ci, il s'agit plutôt de
capitaliser les dépenses et ensuite par la suite d'aller chercher des
revenus qui vont payer pour cette même capitalisation et pour un projet
aussi prioritaire que celui-là, et compte tenu des bienfaits que la
société québécoise en retirera, je pense bien qu'on
ne peut pas être contre le principe.
Tout à l'heure, le ministre me disait, lorsqu'on parlait de
dollars constants et de dollars courants, il ne s'agit pas de capitalisation.
Je m'excuse. Il s'agit tout simplement des hypothèses de calcul que l'on
fait. Je connais des sociétés d'utilités publiques qui ne
capitalisent pas leurs intérêts dans la construction. Il y en a
d'autres qui le font, comme Hydro-Québec. Dans ce cas-ci, le ministre,
de toute évidence, a décidé de ne pas capitaliser les
intérêts, mais il pourrait également le faire. Il n'y a
aucun comptable qui croirait que cette hypothèse n'est pas
également bonne. Alors, j'accepte l'explication du ministre sur le
coût en dollars courants qui montreraient quel est le montant que le
ministre a invoqué tout à l'heure.
M. Rodrigue: De l'ordre de 108 000 000 $.
M. Fortier: 108 000 000 $. J'accepte les explications du
ministre, mais je lui fais tout simplement remarquer que d'autres
hypothèses qui auraient inclus le calcul des intérêts
durant la construction auraient pu être aussi plausibles. Cela
dépend des hypothèses, des calculs que l'on fait. Je suis
d'accord avec l'adoption de cet article.
M. O'Gallagher: J'ai une question.
Le Président (M. Brouillet): Une question, M. le
député de Robert Baldwin. (21 h 50)
M. O'Gallagher: Dans le moment, le ministère de l'Energie
et des Ressources impute à l'arpenteur-géomètre,
d'ailleurs, au client des frais de 30 $ aujourd'hui par projet de subdivision
plus 3 $ par lot cadastré. Depuis 1982 ou un peu avant, c'était
25 $; cela vient tout juste d'être augmenté à 30 $.
À quel compte ces montants sont-ils crédités au
ministère de l'Énergie et des Ressources? Quel va être le
montant qui va peut-être être exigé en surplus aux
arpenteurs-géomètres pour défrayer cette réforme
cadastrale, dans un premier temps? Deuxièmement, quel va être le
montant qui sera exigé pour chaque enregistrement de transfert de
propriété au bureau d'enregistrement, ceci pour défrayer
la réforme cadastrale?
M. Rodrigue: M. le Président, actuellement, les sommes qui
proviennent de ces droits qui sont perçus vont au fonds consolidé
du Québec. À l'avenir, ils iront au fonds qui est
créé pour financer la présente réforme. Quant au
montant précis, je l'ai fait chercher. D'après les
prévisions que nous avons faites, les 30 $ auxquels se
réfère le député de Robert Baldwin vont être
indexés au coût de la vie au cours des prochaines années.
Mais quant à une augmentation supplémentaire à celle du
coût de la vie, nous ne prévoyons pas, à ce stade-ci, en
avoir une avant trois ans.
M. O'Gallagher: M. le ministre, ma deuxième question:
Comme c'est mentionné dans les documents qui nous ont été
fournis par le ministère de l'Énergie et des Ressources, quel va
être le montant qui sera versé pour l'enregistrement des documents
de transfert de terrain au bureau d'enregistrement afin de défrayer les
coûts?
M. Rodrigue: Je fais chercher la précision que demande le
député de Robert Baldwin.
Le Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Rodrigue: Ce serait 10 % des sommes qui sont - versées
au bureau d'enregistrement qui seraient affectés au
fonds pour la réforme. Donc, si les frais sont de 16 $, il y
aurait un montant de 1,60 $ qui irait au fonds consacré à la
réforme du cadastre et le reste demeurerait au bureau d'enregistrement,
au fonds consolidé, en somme.
M. O'Gallagher: Finalement, comme information, les montants de 30
$ qu'on paie aujourd'hui pour un projet, plus les 3 $ par lot... Quel est le
montant global qu'on a perçu l'an dernier au ministère de
l'Énergie et des Ressources, qui a été
crédité au fonds consolidé de la province?
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Rodrigue: On m'indique que c'est de l'ordre de 500 000 $.
Le Président (M. Brouillet): Cela va? L'article 4 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. O'Gallagher: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 5?
M. Rodrigue: M. le Président, cet article au premier
alinéa, permet au ministre des Finances d'avancer des sommes pour la
réforme du cadastre. C'est à cela que je faisais
référence tout à l'heure. Il s'agit, en quelque sorte,
d'une marge de crédit qui permettra de mettre en branle la
réforme, puisque les revenus prévus à l'article 4 seront
insuffisants au début.
Le deuxième alinéa prévoit que les sommes qui
devront servir au remboursement des avances du ministre des Finances seront
prises sur le fonds spécial.
Le Président (M. Brouillet): Cet article est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 6?
M. Rodrigue: M. le Président, cet article permet le
versement dans le fonds de la réforme du cadastre des crédits qui
pourront être votés pour la réforme ou qui ont
déjà été votés dans les budgets
réguliers du ministère. En fait, au cours de la période,
nous prévoyons affecter 16 000 000 $, si je me souviens bien, à
même les crédits du ministère pour garnir le fonds de la
réforme cadastrale. Est-ce bien cela? Oui, sur la période de dix
ans. En 1985-1986, cette somme est de l'ordre de 3 400 000 $, elle sera
décroissante.
Le Président (M. Brouillet): L'article 6 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article
7?
M. Rodrigue: Cet article, M. le Président, autorise, au
premier alinéa, la conclusion d'ententes dans le but de faciliter la
réalisation de la réforme. Il prévoit, au deuxième
alinéa, que les sommes payables en vertu de telles ententes
constitueront un revenu additionnel pour le fonds spécial.
Le Président (M. Brouillet): Adopté?
M. Fortier: J'imagine que ces ententes sont assujetties à
la Loi sur le ministère des Affaires intergouvernementales, de toute
façon.
M. Rodrigue: Si elles devaient être conclues avec le
gouvernement du Canada ou avec un autre gouvernement provincial, oui. Avec les
organismes, bien sûr, cela risque surtout d'être des organismes
québécois. On dit "conformément à la loi".
L'article dit ceci: "Le ministre de l'Énergie et des Ressources peut,
conformément à la loi et avec l'autorisation du gouvernement,
conclure..." Cela respecterait, bien sûr, les dispositions des lois
existantes.
M. Fortier: Merci. Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 7 est
adopté. Article 8?
M. Rodrigue: M. le Président, l'article 8 accorde au
gouvernement le pouvoir de décréter le pourcentage des droits
d'enregistement qui devra être affecté à la
réalisation de la réforme du cadastre.
Le Président (M. Brouillet): L'article 8 est-il
adopté?
M. Fortier: La question qui se pose, M. le Président,
c'est que c'est assez rare d'avoir une recommandation qui va au cabinet, je
crois, et qui vient de deux ministres. Pour quelle raison, dans ce cas-ci, cela
ne vient-il pas de l'un ou de l'autre ministre? Pourquoi est-ce une
recommandation conjointe?
M. Rodrigue: Dans le cas du cadastre en particulier, le ministre
de la Justice a des responsabilités également concernant
l'enregistrement. Les bureaux d'enregistrement relèvent du
ministère de la Justice. Par ailleurs, le fonds est administré
par le ministre de l'Énergie et des Ressources. Alors, les deux sont
impliqués.
Cela arrive de temps en temps que nous ayons à signer des
mémoires au Conseil des ministres où deux ministres sont
impliqués et signent conjointement les mémoires.
Le Président (M. Brouillet): L'article 8 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 9?
Rénovation cadastrale
M. Rodrigue: M. le Président, nous abordons le chapitre
II, qui édicté les règles devant régir la
manière ainsi que les moyens suivant lesquels la rénovation
cadastrale d'un territoire pourrait être faite. L'article 9
précise en quoi consistera la rénovation proprement dite.
Il s'agira, en fait, d'identifier, sur un plan de cadastre, les
immeubles selon les titres de propriété de manière que
chacun des immeubles devienne une unité cadastrale distincte. De plus,
certains numéros ou appellations pourront être changés
à la même occasion, afin d'assurer le caractère distinctif
des unités cadastrales et également d'éliminer ceux ou
celles actuellement source d'erreur ou de confusion.
Le Président (M. Brouillet): Cet article 9 est-il
adopté?
M. Fortier: Seulement une question, M. le Président. Le
ministre parle de l'indentification d'un immeuble. Est-ce qu'un peu plus tard,
on verra la possibilité d'identifier chacune des unités d'un
condominium qui sont dans le même immeuble? On en parle à un autre
article. Le ministre pourrait-il me donner le numéro de l'article, s'il
vous plaît?
M. Rodrigue: Oui, c'est prévu. À quel article?
C'est prévu à l'article 19 de la Loi sur le cadastre.
M. Fortier: L'article 19?
M. Rodrigue: De la Loi sur le cadastre. Il y a un amendement
à la Loi sur le cadastre. On va essayer de vous le retracer. C'est quel
article du projet de loi 40? C'est l'article 49, alinéa 19.2.
M. Fortier: L'article 39?
M. Rodrigue: L'article 49. Le texte proposé amende, en
fait, l'article 19.2 de la Loi sur le cadastre qui traite de ce sujet. Cela
va?
Le Président (M. Brouillet): L'article 9 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. L'article
10?
M. Rodrigue: M. le Président, cet article établit,
au premier alinéa, les critères suivant lesquels un plan de
rénovation pourrait être préparé. Il prévoit,
au deuxième alinéa, que le plan de rénovation sera
préparé en tenant compte des plans déjà
préparés.
Le Président (M. Brouillet): L'article 10 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article 11?
(22 heures)
M. Rodrigue: M. le Président, cet article 11 impose, en
son premier alinéa, l'obligation de corriger les numéros ou
appellations qui ont entraîné des désignations fautives des
immeubles visés dans le passé. Il permet, au deuxième
alinéa, de procéder au changement des appellations qui
s'avéreraient nécessaires; par exemple, le changement de nom d'un
cadastre qui a pu varier par l'usage.
M. Fortier: Dans des cas comme cela, y aurait-il proclamation
d'une certaine façon? Et de quelle façon? Le ministre peut-il
unilatéralement faire des changements comme ceux-là qui seraient
inconnus des intervenants les plus intéressés ou s'il y a
proclamation à la Gazette officielle lorsqu'il y a des changements comme
ceux-là?
M. Rodrigue: M. le Président, dans ce cas, il n'y aura pas
de proclamation. Cependant, il y aura des documents de concordance qui seront
conservés de façon à pouvoir informer le public dans ces
cas-là.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Brouillet): Comme cela, l'article 11 est
adopté. Article 12?
M. Rodrigue: M. le Président, on entendait de la petite
musique de ce côté-ci, c'est pour cela qu'on a le sourire aux
lèvres.
M. Fortier: C'était l'article 12, oui; ce n'était
pas l'article 49.
M. Rodrigue: Ce n'est pas l'article 12 qui est de la petite
musique. On a inventé des pagettes qui ont une tonalité
absolument harmonieuse, contrairement à d'autres pagettes.
Le Président (M. Brouillet): Tant que le
président n'entend rien, cela peut toujours aller.
M. Rodrigue: C'est de la musique intérieure, M. le
Président.
Le Président (M. Brouillet): Ah! c'est encore mieux!
M. Rodrigue: M. le Président, l'article 12 établit,
au premier alinéa, que le plan de rénovation peut identifier ou
non les lots de cadastre vertical ou de subdivision en
copropriété divise. Ces lots sont de facture récente et
leur report sur le plan de rénovation n'ajoute aucun nouvel
élément. On entend, dans le second alinéa, que ces lots
font partie du plan de rénovation afin qu'ils soient notamment soumis
aux règles proposées à l'article 28. Cela touche ici,
entre autres, la question que soulevait tout à l'heure le
député d'Outremont.
Le Président (M. Brouillet): Adopté.
M. Fortier: Je dois admettre que la dernière phrase est
assez cocasse: "Ces lots sont réputés faire partie du plan de
rénovation même si le ministre ne les identifie pas sur le plan."
J'ai toujours pensé qu'un plan ce n'était pas dans la
troisième dimension, mais j'imagine que c'est le texte de loi.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Robert Baldwin, avez-vous des questions?
M. O'Gallagher: Oui, M. le Président. Je pense à
des problèmes courants qui m'affectent dans ma profession
d'arpenteur-géomètre. Je pense en particulier au problème
suivant: j'ai un condominium avec cadastre vertical, sous lequel passe le
métro. Il ne s'agit pas d'une servitude; ils ont exproprié une
partie du territoire en dessous de l'édifice. Ce n'est pas
nécessairement de la copropriété, mais c'est un cadastre
quand même vertical qui porte un autre numéro que le numéro
originaire du cadastre. On voit ce problème. J'espère que cet
article va nous permettre de faire le nécessaire pour identifier toutes
ces parcelles.
M. Rodrigue: M. le Président, en fait, on m'indique que
c'est également le cas de certains échangeurs qui passent en
dessous d'édifices ou en dépression et qui sont dans la
même situation que le métro, finalement, quant aux
propriétés qui sont situées en surface.
M. Fortier: J'aimerais demander, M. le Président, pourquoi
l'article dit: "Le ministre peut identifier ou non sur le plan de
rénovation les lots indiqués sur un plan de cadastre vertical."
Cela semble être un pouvoir décisionnel que garde le ministre,
alors que je pensais que l'idée était d'identifier tout cadastre
vertical ou, du moins, toute propriété verticale.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Rodrigue: II y a une latitude qui est laissée ici parce
qu'il semble que, dans certains cas, quoiqu'il n'y ait pas de problème
actuellement, cela pourrait être extrêmement dispendieux d'aller
faire les relevés de certains appartements dans des condominiums qui
sont bâtis depuis un certain temps. Bien sûr, dans le cas des
nouveaux condominiums, cela va de soi, l'enregistrement se fait. C'est un
prérequis, à toutes fins utiles, mais, dans des cas où les
condominiums sont bâtis depuis un bon bout de temps, il semblerait que
cela pourrait être extrêmement onéreux d'aller faire
l'arpentage de tout cela et la localisation de tous ces appartements, surtout
si les appartements ne sont pas de facture régulière, semblables
les uns aux autres. C'est pour cela que, dans le projet de loi, on a introduit
une certaine latitude ici pour permettre de tenir compte de ces cas
particuliers.
Le Président (M. Brouillet): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Si je comprends bien, on parle là de la
conversion de bâtisses existantes en condominiums. C'est cela?
M. Fortier: Cela peut être une possibilité.
M. O'Gallagher: Je vous assure qu'aujourd'hui, avec notre loi
actuelle, pour le faire, il faut mesurer avec précision le niveau de
tous les planchers, le plafond et le toit et toutes les dimensions des
appartements avant que ce soit déposé officiellement au
cadastre.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Fortier: Avant que le ministre réponde, M. le
Président, j'aimerais préciser la question. Si on comprend bien,
je pense que l'idée de la réforme est de cadastrer le plus
possible ou, du moins, d'identifier chaque unité le plus possible. Or,
ici, il semblerait qu'on donne un pouvoir au ministre de le faire ou de ne pas
le faire. Qu'arriverait-il dans un cas où un édifice à
logements voudrait se transformer en condominium et que le ministre, pour des
raisons qui lui sont tout à fait loisibles, dirait: Je ne cadastre pas,
parce qu'il a le
pouvoir de ne pas le faire? Cela me semble assez difficile d'accepter le
fait que le ministre ait ce pouvoir de rejet, de ne pas accepter la
transformation en cadastre vertical.
Le Président (M. Brouillet): M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, ce qu'on m'indique, c'est
qu'il faut attacher une importance ici au terme "rénovation": "Le
ministre peut identifier ou non sur le plan de rénovation". Bien
sûr, il y a déjà des identifications qui existent de ces
espaces. Cependant, le fait de les identifier sur le plan de rénovation,
cela pourrait devenir extrêmement onéreux et comme il y a
déjà une identification qui existe, de toute façon, il n'y
a pas lieu, à ce moment-là, d'encourir des frais importants pour
les introduire. Mais je pense qu'il faut reconnaître qu'il s'agit
là quand même de cas relativement exceptionnels.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'accepte la parole du ministre qu'il s'agit
plutôt d'un problème technique lorsqu'il s'agit de
rénovation, mais nous avons peur comme de la peste, quel que soit le
ministre, des pouvoirs dilatoires que le ministre peut avoir dans des cas
semblables. On va l'accepter.
Le Président (M. Brouillet): Adopté? L'article 12
est adopté. Article 13?
M. Rodrigue: M. le Président, l'article 13 précise
qu'avant le dépôt du plan de rénovation le public est
invité à prendre connaissance du plan préliminaire. De
plus, chaque intéressé peut alors faire les remarques pertinentes
concernant sa propriété. C'est important, je pense, que le public
ait l'opportunité de prendre connaissance du plan de rénovation
avant qu'il entre en vigueur.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): L'article 13 est
adopté. Article 14?
M. Rodrigue: L'article 14 stipule qu'au moins sept jours avant la
date de la consultation, M. le Président, l'avis doit être
publié dans un journal qui circule localement ou, à défaut
d'un journal, il doit être affiché dans un endroit public
reconnu.
Le Président (M. Brouillet): L'article 14 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
15?
M. Rodrigue: M. le Président, le premier alinéa de
l'article 15 interdit toute aliénation entre vifs d'un lot durant la
période fixée par arrêté du ministre. Cette
période d'interdiction ne doit cependant pas excéder quinze jours
et elle a pour objet de permettre de montrer sur le plan de rénovation
le morcellement du territoire ainsi que le nom des propriétaires
à la date où prend fin l'interdiction. (22 h 10)
Le deuxième alinéa prévoit que la période
d'interdiction prendra fin au plus tard lors du dépôt du plan au
bureau de la division d'enregistrement. Ce qui se produit dans ce cas, c'est
que, compte tenu qu'il faut déposer un plan de rénovation, s'il y
avait des transactions entre le moment où le public est appelé
à en prendre connaissance et celui où ce plan entre en vigueur,
cela risquerait d'induire le public en erreur. En procédant comme ceci,
on gèle les transactions, on gèle l'enregistrement pendant quinze
jours. Cependant, cela nous assure que les personnes qui vont aller consulter
le plan de rénovation vont pouvoir consulter l'état
véritable des choses jusqu'à la date où le plan de
rénovation va prendre effet.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
16?
M. Rodrigue: M. le Président, le premier alinéa de
cet article a pour but d'aviser le registrateur et les principaux
intéressés de la date du commencement de la période
d'interdiction. Le deuxième alinéa oblige le registrateur
à afficher l'arrêté dans le bureau d'enregistrement pour
information.
Le Président (M. Brouillet): Est-ce que cet article est
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
17?
M. Rodrigue: Le premier alinéa de l'article 17 vise
à informer tous les propriétaires concernés de la
période d'interdiction avant même que celle-ci commence.
Deuxièmement, il permet d'utiliser un autre moyen de publication
lorsqu'il n'y a pas de journal circulant dans le territoire.
Le Président (M. Brouillet): Adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Adopté. Article
18?
M. Rodrigue: Le premier alinéa de cet article
établit l'interdiction d'enregistrer tout acte d'aliénation entre
vifs relatif à un lot rénové. Cette interdiction
s'applique, évidemment, aux actes visés à l'article 15. Le
deuxième alinéa interdit au ministre d'accepter durant cette
période un plan modifiant un lot rénové.
Le Président (M. Brouillet): Adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Brouillet): Article 19?
M. Rodrigue: L'article 19 oblige le ministre à
déposer une copie du plan de rénovation au bureau de la division
d'enregistrement, ainsi qu'à celui de la municipalité
concernée.
Le Président (M. Brouillet): Adopté?
M. Fortier: Lorsqu'on parle de copie, est-ce qu'il s'agit
réellement de copie ou d'un document qui pourrait être sur
ordinateur? De quoi parle-t-on exactement? Est-ce que, plus tard, on le
définit? Là, on parle de copie, mais, plus tard, je crois qu'on
parle d'autres moyens qui pourraient être utilisés et qui ne sont
pas nécessairement tangibles comme une feuille de papier.
M. Rodrigue: M. le Président, c'est précisé
à l'article 51 du projet de loi, alinéa 21.3.
M. Fortier: Et lorsqu'on arrivera à l'article 51...
M. Rodrigue: Non, non.
M. Fortier: ...parce qu'on parle de copie certifiée.
M. Rodrigue: Oui.
M. Fortier: ...j'imagine que cela s'applique mutatis mutandis
à d'autres formes de véhicules techniques.
M. Rodrigue: Ce qu'on dit ici, c'est que "tout plan
révisé doit être fait en double exemplaire; l'un est
écrit, l'autre est la version informatique de l'exemplaire
écrit". C'est en deux exemplaires.
Le Président (M. Brouillet): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Ce que vous venez de lire, M. le ministre, c'est
à l'article 51?
M. Rodrigue: Oui, à l'article 51, alinéa 21.3 de la
Loi sur le cadastre.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Rancourt): L'article 19 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
l'article 20. M. le ministre.
M. Rodrigue: L'article 20 vise à empêcher
l'invalidation de l'enregistrement de tout document qui aurait
été enregistré avant le dépôt du plan de
rénovation, soit en raison d'une appellation cadastrale inexacte ou
encore d'une numérotation inadéquate et qui risquerait
d'entraîner la confusion, soit d'une omission de mise en vigueur ou
encore d'une préparation de document en vertu d'un article de loi
inapproprié. Il s'agit de corriger un certain nombre d'anomalies qu'on
constate actuellement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 20
adopté. J'appelle l'article 21.
Dispositions diverses
M. Rodrigue: M. le Président, le chapitre III que nous
abordons maintenant indique les modifications qui concernent le Code civil et
différentes lois, lesquelles sont essentielles en vertu de la
rénovation cadastrale.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aurais juste une question générale
avant d'aborder le chapitre III. Bien sûr, il s'agit d'amender le Code
civil existant. Au moment où on se parle, il y a une autre commission
parlementaire qui est en train de modifier le Code civil. Est-ce que le
ministre peut nous donner l'assurance que les modifications au Code civil qu'on
est en train de faire à l'étage d'en dessous vont s'adapter
intégralement et qu'on a pensé aux répercussions que cela
pourrait avoir sur la loi qu'on est en train d'adopter ce soir?
M. Rodrigue: M. le Président, on m'indique qu'il ne s'agit
pas de la même section du Code civil que celle qui est
étudiée à l'étage d'en dessous, comme le
signale le député d'Outremont.
M. Fortier: II y a une section qui touche la
propriété indivise, vers la fin. À ce moment-là, il
va sûrement y avoir des modifications qui se rejoignent. Je veux
simplement avoir l'assurance que les fonctionnaires du ministre se sont
penchés sur les articles du nouveau Code civil qui sera en application
lorsque l'étude en sera terminée en commission parlementaire.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: Pourriez-vous répéter cela au micro,
s'il vous plaît, au nom du ministre?
Dans la loi d'application, concernant le projet de loi 20, il y aura un
article qui sera présenté concernant la copropriété
en rapport avec ce projet de loi-ci, pour l'adapter.
M. Fortier: Pour en faire la concordance.
M. Rodrigue: Oui.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Vous voyez, M. le ministre, que j'avais raison; je
n'ai pas toujours tort. Je vous remercie.
M. Rodrigue: Je le reconnais volontiers, M. le
député d'Outremont, quand vous avez raison.
Code civil
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Rodrigue: Bien sûr.
Le Président (M. Rancourt): Adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 21, adopté.
J'appelle l'article 22. M. le ministre.
M. Rodrigue: L'article 22 vise à restreindre l'application
de l'article 2167 au plan déposé avant le 1er octobre 1985 et
cette restriction élimine pour l'avenir le livre de renvoi. À
toutes fins utiles, c'est la facture actuelle du livre de renvoi qui est
abandonnée au profit de l'inscription sur le support même du plan
des informations qu'on y trouvait.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
L'article 22 est adopté. J'appelle l'article 23. M. le
ministre.
M. Rodrigue: En raison de l'élimination du livre de
renvoi, cet article n'apporte que des modifications de concordance. Toutefois,
la mention du livre de renvoi doit être conservée puisque tous
ceux qui ont été préparés continueront d'exister et
seront utilisés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 23 est
adopté. J'appelle l'article 24.
M. Rodrigue: "Plan originaire" est le terme en usage sur les
documents du cadastre tandis que "primitif" se réfère
généralement à l'arpentage sur les terres publiques. C'est
la précision que je veux apporter.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 24 est
adopté. J'appelle l'article 25. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article règle l'incertitude qui entoure
la date officielle d'entrée en vigueur d'un plan pour les fins
d'enregistrement et c'est son objet.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 25 est
adopté. J'appelle l'article 26.
M. Rodrigue: II s'agit ici d'une modification de concordance avec
l'article 23 que nous avons adopté précédemment.
Le Président (M. Rancourt): L'article 26 est
adopté. J'appelle l'article 27. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article vient corriger un oubli qui a
été fait en 1969, lors de l'introduction de la loi sur la
copropriété. En effet, comme une partie exclusive dans un
immeuble détenu en copropriété n'est pas un lot de terre,
il ne faut retenir que le mot générique "lot" afin de couvrir
tous les immeubles visés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: D'accord, adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 27, adopté.
Article 28, il y a un papillon. M. le ministre.
M. Rodrigue: Oui, c'est à l'alinéa suivant qu'est
le papillon.
Le Président (M. Rancourt): Puisque l'article 28 a
plusieurs alinéas, nous allons commencer l'article 28 à
2173.1.
M. Rodrigue: Cet article prescrit le devoir du registrateur en
regard d'un plan de rénovation. Ainsi, il devra dès
réception du plan inscrire à l'index des immeubles les
concordances nécessaires. C'est l'objet de l'alinéa 2173.1.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 28, alinéa
2173.1 est adopté. Nous en sommes au papillon de l'article 28, 2173.2.
M. le ministre. (22 h 20)
M. Rodrigue: II s'agirait de remplacer les deux premiers
alinéas de l'article 2173.2 par les suivants. C'est l'objet de
l'amendement qui est proposé. À l'article 2173.2, premier
alinéa: "Sur réception d'un acte comportant l'aliénation
entre vifs d'une partie d'un lot situé dans le territoire ayant fait
l'objet du plan de rénovation, le registrateur enregistre l'acte, mais,
sauf si l'aliénation sert à garantir une obligation, ne l'inscrit
pas à l'index des immeubles sous le numéro de ce lot."
Deuxième paragraphe: "Après avoir apposé le
certificat d'enregistrement, le registrateur atteste, sur l'acte, le fait que
celui-ci ne peut être inscrit à l'index des immeubles sous le
numéro du lot dont une partie seulement est aliénée."
Il s'agit, en premier lieu, d'une modification technique afin
d'établir clairement les devoirs du registrateur à l'égard
des actes d'aliénation de parties de lot rénovées. En
second lieu, la modification vise à soustraire de l'application de cet
article tout acte de garantie immobilière, notamment les
hypothèques comportant une clause de dation en paiement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'aurais voulu que mon collègue de
Saint-Laurent soit ici parce que je pense que, dans son allocution, le
député de Saint-Laurent a évoqué une
difficulté légale sur ce point bien précis. L'amendement
qui nous est proposé, semble-t-il, couvre certains des problèmes
qui avaient été évoqués par la Chambre des
notaires. J'ose espérer que les amendements qui sont faits aujourd'hui
vont dans ce sens.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: Très rapidement, M. le Président, nous
avons consulté la Chambre des notaires et certains autres organismes. La
Chambre des notaires, effectivement, avait soulevé des objections quant
à la rédaction originale, mais nous nous sommes entendus et,
d'après l'information que j'ai, elle s'est dite d'accord avec
l'amendement proposé.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Dans le cas qui est défini ici dans l'article,
le registrateur enregistre l'acte, mais sauf si l'aliénation sert
à garantir une obligation ne l'inscrit pas à l'index des
immeubles. Cela veut dire qu'il l'enregistre sans le mettre au cadastre. Est-ce
que vous pourriez donner une explication technique?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Rodrigue: Actuellement, lorsque vous enregistrez une
transaction immobilière, le registrateur appose un numéro
d'enregistrement et porte l'acte à l'index des immeubles. Ce qui est
visé dans le projet de loi, c'est que l'indexation des immeubles ne
serait pas faite, mais l'enregistrement serait fait. La raison est la suivante.
C'est qu'on ne voulait pas empêcher l'enregistrement, par exemple, d'un
contrat de mariage dans lequel il y aurait une donation d'une partie de lot du
père au fils ou à la fille. On ne voulait pas également
empêcher l'enregistrement d'une vente de 100 lots qui comprendraient, par
hasard, une petite partie de lot désignée par tenants et
aboutissants, comme le dit le Code civil. Donc, c'est pour cela qu'on parle de
l'indexation et non pas de l'enregistrement.
M. Fortier: Cela répond à la question.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je vous remercie.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 2173.2 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous avons
maintenant un papillon à l'article
2173.3.
M. Fortier: Est-ce que vous avez passé par-dessus certains
alinéas? Le papillon était pour les deux premiers alinéas
de l'article 2173.2, mais il y a d'autres alinéas qui n'étaient
pas modifiés par le papillon et qu'il faudrait adopter.
Le Président (M. Rancourt): Oui, effectivement, vous avez
raison. C'est l'article...
M. Fortier: Article 2173.2.
Le Président (M. Rancourt): ..2173.2. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, le troisième
alinéa établit les règles qui permettront à la
partie intéressée de faire porter l'acte à l'index des
immeubles contre l'immeuble qui en fait l'objet.
Finalement, le quatrième alinéa prévoit les devoirs
du registrateur dont l'accomplissement permettra de régulariser
l'enregistrement sur une partie de lots.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'ensemble du
nouvel alinéa à l'article 2173.2 est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 2173.3
sur lequel nous avons un nouveau texte. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, l'objet du texte
proposé en amendement est de remplacer dans la deuxième ligne du
quatrième alinéa de l'article 2173.3 les mots "la partie de lot"
par les mots "chacune des parties de lot qui résulte de
l'aliénation". Il s'agit, en fait, d'une modification technique afin de
permettre au ministre d'identifier à titre d'unité cadastrale
distincte chaque partie de lot résultant du morcellement qui est
fait.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Maintenant,
nous appelons... Oui, M. le ministre.
M. Rodrigue: Quant à l'article 2173.3 du Code civil, qui
est modifié par l'article 28 du présent projet de loi, le premier
alinéa de cet article permet au gouvernement d'établir par
décret une situation d'exception pour l'aliénation de parties de
lots situés en territoire agricole. Le deuxième alinéa
prévoit la publication et l'entrée en vigueur du décret.
Le troisième alinéa oblige le législateur à
transmettre au ministre une copie de l'acte d'aliénation. Le
quatrième alinéa impose au ministre l'obligation de
procéder à la modification cadastrale.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je voudrais juste comprendre à quel article
nous sommes rendus.
Le Président (M. Rancourt): Nous sommes toujours à
l'article 2173.3. Nous avons eu un amendement, un papillon pour le tout
début. Cela se poursuit et le ministre vient de...
M. Fortier: D'accord. Je n'ai pas de commentaire, M. le
Président.
Le Président (M. Rancourt): Le nouvel alinéa 2173.3
dans son ensemble est-il adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Tel
qu'amendé, bien sûr. Maintenant nous passons à
l'alinéa 2173.4. M. le ministre. Il n'y a pas d'amendement.
M. Rodrigue: Cet article prévoit une deuxième
situation d'exception. Dans le cas des régions éloignées,
telle la Basse-Côte-Nord, où les frais d'arpentage sont
élevés et difficilement assumables par un propriétaire,
les règles prévues à l'article 2173.3 s'appliquent
également en ce cas.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut m'expliquer pourquoi 345
kilomètres?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: Je m'excuse, M. le Président, pourriez-vous
répéter?
M. Fortier: Quelle est la justification des 345 kilomètres
dans la loi? J'imagine qu'antérieurement c'était en milles. Mais
même en milles, cela n'arrive pas à un chiffre exact. Pour quelle
raison 345 kilomètres, à l'article 2173.4?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: C'est pour exclure la Basse-Côte-Nord.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Rodrigue: M. Yves Pleau pourra vous donner une explication
additionnelle.
M. Pleau: La raison de ces 345 kilomètres, c'est que la
Basse-Côte-Nord est à 345 kilomètres du bureau
d'enregistrement. Nous sommes à l'intérieur du Code civil et il
n'apparaît pas nécessaire d'identifier une région du
Québec dans un article général qu'on retrouve dans une loi
aussi générale que le Code civil. Donc, on a pris un
critère mathématique qui est celui-ci. Évidemment, cela
pourrait exclure certaines autres régions, disons certains territoires
cadastrés, par exemple, ou les réservoirs qui ont
été faits dans le Nord. Cela pourrait exclure certains de ces
territoires parce que le coût, finalement, est trop élevé
pour aller arpenter dans les lieux à la demande d'un
intéressé pour faire uniquement de la rénovation.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 2173.4 adopté.
Article 2173.5? M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article vise à éviter aux citoyens
de renouveler l'enregistrement des droits même lorsque la
dénomination ou la numérotation cadastrale est changée. La
concordance inscrite à l'index des immeubles entre les anciens et les
nouveaux numéros servira à faire le lien entre eux.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'article
2173.5 est adopté. L'article 2173.6? M. le ministre.
M. Rodrigue: Le premier alinéa vise à soumettre un
expropriant à l'obligation de donner une numérotation distincte
au morcellement engendré lors de la construction d'ouvrages pour cause
d'utilité publique. Le deuxième alinéa permet à
l'expropriant de signer le plan à la place du propriétaire en vue
de l'attribution des numéros de lot. Le troisième alinéa
fixe le moment où la modification au plan doit être
déposée au bureau d'enregistrement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Oui. Je crois que cet article est bienvenu.
Jusqu'à maintenant, cela n'a pas été fait. J'ai eu
connaissance, entre autres, de routes autour de certains lacs qui ont
coupé des territoires privés et qui ne sont enregistrées
nulle part. Maintenant, il y aura des frais, bien sûr, si on veut refaire
l'enregistrement ou définir plus exactement les territoires ou les
terrains qui ont été utilisés à des fins publiques.
Nous sommes complètement d'accord. Adopté. (22 h 30)
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 2173.6 est
adopté. J'appelle 2173.7. Nous avons un amendement. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, la modification, qui est
proposée par l'amendement, vise à préciser qu'une
modification cadastrale est obligatoire dès que
l'arpenteur-géomètre constate un morcellement lors d'un bornage.
En fait, le texte proposé de cet amendement est de remplacer... Cet
amendement a pour objet de remplacer, à la quatrième ligne du
premier alinéa de l'article 2173.7, les mots "n'apporter aucun
changement à" par les mots "que la limite entre les
propriétés bornées concorde avec".
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont. M. le député de Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Peut-être que vous ou un de vos
fonctionnaires du service du cadastre pourriez me préciser la raison de
cela.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: M. Jobidon pourrait le faire en mon nom.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Rodrigue: En fait, c'est qu'on constate actuellement que les
procès-verbaux de bornage qui sont faits par des
arpenteurs-géomètres souvent modifient des limites de lots et
sont enregistrés sans qu'il n'y ait de modification d'apportée au
cadastre. Cet article vise à obliger, lorsqu'il y a modifications des
limites à la suite d'un bornage, d'apporter absolument cesdites
modifications au cadastre, sinon le bornage est sans effet.
M. O'Gallagher: Très bien.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Excellent! J'ai toujours fait mes corrections
après le bornage.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 2173.7, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle maintenant l'article 28, dans
son ensemble. Est-ce que l'article 28, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 29. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, les modifications qui sont
apportées ici sont des modifications de concordance avec l'article 23
que nous avons adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'article 29,
adopté. J'appelle l'article 30. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, dans le premier paragraphe
de cet article, il s'agit d'une modification de concordance avec l'article 23.
Dans le deuxième paragraphe, nous visons la suppression de l'obligation
de publier un avis à la Gazette officielle du Québec, dans les
cas d'annulation de lots.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 30, adopté.
J'appelle maintenant l'article 31. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, il y a un papillon ici qui
vise à remplacer, dans les première et deuxième lignes du
paragraphe 4, les mots "ou désignée" par les mots
"désignée avec ses tenants et aboutissants ou
désignée" - au féminin. Le mot féminin est un
qualificatif pour le mot "désignée", il n'est pas ajouté,
bien sûr, dans l'amendement. Cela se termine avec
"désignée", mais le mot "désignée" est au
féminin. C'est ce que je veux indiquer.
La modification, qui est proposée ici, résulte de celle
initialement proposée au paragraphe 4 . En effet, compte tenu de la
suppression du renvoi au deuxième alinéa de l'article 15, les
mots "désignée avec ses tenants et aboutissants" deviennent
inutiles et superflus, puisque les deux formes de désignation
n'étaient mentionnées qu'à titre complémentaire
l'une de l'autre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Je suis sûr que tous nos auditeurs ont compris,
M. le Président. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que l'amendement
proposé est adopté? Adopté. Est-ce que l'article 31, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 31, tel
qu'amendé, est adopté. J'appelle maintenant l'article 32. Il n'y
a pas d'amendement. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, les paragraphes 1 à 7
de même que le paragraphe 9 sont de concordance avec l'article 27. Quant
au paragraphe 8°, il supprime le troisième alinéa de
l'article 2175 du Code civil qui n'a jamais été appliqué.
Toutefois, le principe de cet alinéa a été retenu, et on
le retrouve à l'article 28, c'est-à-dire l'article 2173.2 du Code
civil. C'est celui que nous venons d'adopter, effectivement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 32 est donc
adopté. J'appelle l'article 33. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, cet article prévoit
l'abrogation de l'article 2176 du Code civil, puisque son contenu fait l'objet
des articles 9 à 20 et 28 du présent projet de loi.
Le Président (M. Rancourt): L'article 33 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 33 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 34. M. le ministre.
M. Rodrigue: II s'agit encore ici, M. le Président, de
modifications de concordance avec l'article 23.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 34 est
adopté. J'appelle l'article 35. M. le
ministre.
M. Rodrigue: C'est la même chose dans le cas de l'article
35, M. le Président. Il s'agit de modifications de concordance avec
l'article 23.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 35 est donc
adopté. J'appelle l'article 36. M. le ministre.
M. Rodrigue: Idem aux deux précédents, M. le
Président, toujours des concordances avec l'article 23.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 36 est
adopté. J'appelle l'article 37.
Loi sur les bureaux d'enregistrement
M. Rodrigue: M. le Président, l'ajout d'un second
alinéa à l'article 37 de la Loi sur les bureaux d'enregistrement
prévoit que le gouvernement, en fixant les tarifs des honoraires
à être perçus par les registrateurs, doit tenir compte du
pourcentage à être versé au fonds de la réforme du
cadastre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 37 est
adopté. J'appelle l'article 38, auquel il y a un amendement. M. le
ministre.
Loi sur le cadastre
M. Rodrigue: L'amendement, M. le Président, vise à
remplacer l'intitulé proposé par le suivant: "de la
préparation du plan cadastral" remplace "de la préparation des
plans et livres de renvoi officiel".
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 38 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle maintenant l'article 39. M. le
ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, le paragraphe premier de cet
article supprime la référence au comté municipal qui
n'existe plus. Les paragraphes deuxième et quatrième sont de
concordance avec l'article 23. Le paragraphe troisième précise le
contenu du plan de manière que celui-ci fournisse tous les
renseignements utiles à sa bonne compréhension. Il
prévoit, de plus, la règle suivant laquelle les numéros de
lots doivent être consécutifs.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: On retrouve le mot "comté" dans ces cantons.
D'accord. Adopté.
M. O'Gallagher: Non.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Le sous-paragraphe b dit: "la contenance et les
mesures de chacun des lots". Ne serait-il pas plus précis de dire: "la
contenance, les mesures et les directions de chaque élément
droit"? Ne serait-ce pas plus conforme à la réalité?
M. Rodrigue: M. Jobidon, en mon nom, va...
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre,
monsieur.
M. Rodrigue: On a prévu indiquer seulement les mesures et
la superficie au plan. Si on voulait, sur la plan de la rénovation,
ajouter toutes les directions des lignes, cela deviendrait beaucoup trop
chargé. Ce qu'on pense plutôt, c'est de donner des
coordonnées qui vont permettre de déduire les directions.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Mais on ne le dit pas.
M. Rodrigue: Sur le plan, on devra indiquer quand même la
contenance et les mesures, mais il sera possible, avec les coordonnées,
ensuite, d'aller chercher les directions.
Le Président (M. Rancourt): M. le député de
Robert Baldwin.
M. O'Gallagher: Les coordonnées ne seront pas
indiquées sur chaque lot?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Rodrigue: Dans le cas des rénovations, oui, on a des
coordonnées pour
chacun des lots, mais, si on se réfère aux subdivisions
actuelles, il est certain qu'il faudra garder les mêmes normes que ce
qu'on a actuellement. Donc, lorsqu'on mentionne "toute information utile
à faire comprendre le plan", c'est ce qui vient fixer nos normes.
Le Président (M. Rancourt): Article 39, adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 39, adopté.
J'appelle maintenant l'article 40. M. le ministre.
M. Rodrigue: Ici, également, M. le Président, il
s'agit d'une modification de concordance avec l'article 23. (22 h 40)
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 40 est
adopté. J'appelle l'article 41. M. le ministre.
M. Rodrigue: II en va de même, M. le Président, pour
l'article 41.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 41 est
adopté. J'appelle l'article 42, lequel a un amendement. M. le
ministre.
M. Rodrigue: L'amendement est à l'alinéa 4.4. Comme
vous l'avez fait tout à l'heure, il y aurait peut-être lieu de le
prendre alinéa par alinéa.
Le Président (M. Rancourt): Vous préférez
prendre chacun des alinéas, bien sûr.
M. Rodrigue: Je pense que ce serait préférable, M.
le Président.
Le Président (M. Rancourt): D'accord. Je commence donc par
l'alinéa 4.
M. Rodrigue: Cet article reprend l'article 4 actuel sans,
cependant, les règles de numérotation des lots puisque l'article
39 que nous avons adopté vient d'y pourvoir; donc, il n'y avait pas lieu
de le maintenir ici dans l'article 4.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'alinéa 4 est
adopté. Maintenant, j'appelle l'alinéa 4.1. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, cet article autorise le
ministre à corriger les plans et livres de renvoi qui contiennent des
anomalies. Cette correction est certifiée sur le document
rectifié.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'alinéa
4.1 est adopté. J'appelle maintenant l'alinéa 4.2. M. le
ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, celui-ci permet au ministre
de régulariser les plans et livres de renvoi qui auraient
été déposés en vertu d'un article de loi
inapproprié. Cette régularisation est faite sur le document
rectifié.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'alinéa
4.3, M. le ministre.
M. Rodrigue: Ici, M. le Président, l'article autorise le
ministre à déclarer en vigueur un plan ou un livre de renvoi qui,
selon lui, n'aurait pas été mis en vigueur. Cette
déclaration est faite sur le document mis en vigueur.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'alinéa 4.3 est
adopté. Maintenant, c'est...
M. Rodrigue: En fait, M. le Président...
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le ministre.
M. Rodrigue: ...l'amendement vient ajouter un alinéa 4.5
après 4.4, donc...
Le Président (M. Rancourt): Bien sûr. Donc,
j'appelle 4.4. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, le premier alinéa de
cet article prévoit qu'une copie d'un document rectifié est
déposée au bureau de la division d'enregistrement. Le
deuxième alinéa vise à informer l'usager de la nature de
la rectification.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): C'est donc adopté, M.
le député d'Outremont. Le nouvel alinéa 4.5, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Rodrigue: M. le Président, en fait, cet article qui
vient s'ajouter vise à assurer la publicité des rectifications
effectuées par le ministre.
Le Président (M. Rancourt): Oui. M. le
député d'Outremont.
M. Fortier: Comment se fait-il qu'on retrouve les termes "livre
de renvoi" dans les alinéas 4.4 et 4.5?
M. Rodrigue: Dans l'alinéa 4.4...
M. Fortier: Dans l'amendement que vous proposez, on parle aussi
de livre de renvoi.
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: Je vais demander à M. Pleau de
préciser.
M. Fortier: Je pensais que cela n'existait plus.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Rodrigue: Dans le cas qu'on examine actuellement, il s'agit
d'un pouvoir accordé au ministre pour corriger certaines anomalies
cadastrales en dehors de la rénovation. Tant qu'un territoire n'est pas
rénové, il y a parfois des anomalies tellement graves que
personne ne s'y retrouve. On prévoit que le ministre pourra les
corriger. Donc, à ce moment-là, les livres de renvoi qui
existaient dans le passé devront être corrigés en
conséquence.
M. Fortier: Alors, c'est la méthode manuelle qui
prévaut, mais qui est corrigée comme telle.
M. Rodrigue: Ce sont des corrections qui interviennent avant la
rénovation.
M. O'Gallagher: En vertu de la loi actuelle, vous pouvez faire
des corrections si vous trouvez des erreurs dans le cadastre originel.
M. Rodrigue: On ne pourrait pas faire de mise en vigueur par
correction, alors que là cela peut aller jusqu'à mettre en
vigueur un document qui ne l'est pas ou encore qui a été
préparé en vertu d'un mauvais article de loi.
M. Fortier: D'accord. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Le nouvel alinéa 4.5
est-il adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. L'alinéa
4.6. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, il s'agit de l'article 4.5
de la Loi sur le cadastre.
Le Président (M. Rancourt): Oui.
M. Rodrigue: II s'agit de remplacer le numéro de cet
article par le numéro 4.6. C'est un amendement qui est apporté
à l'actuel article 4.5 du projet de loi. Cet article édicte une
règle similaire à celle prévue à l'article 20,
puisqu'il y a lieu de protéger les enregistrements qui sont faits
antérieurement aux corrections apportées par le ministre.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, adopté.
J'appelle... Est-ce que l'ensemble -un instant - de l'article 42...
M. Rodrigue: II y a un autre article, M. le
Président...
Le Président (M. Rancourt): Pardon? M. Rodrigue:
...si vous permettez. Le Président (M. Rancourt):Oui.
M. Rodrigue: Toujours à l'article 42...
Le Président (M. Rancourt): Oui, l'article...
M. Rodrigue: ...il y a un amendement qui vise à remplacer
dans le premier alinéa le numéro de cet article par le
numéro 4.7 -c'est l'article 4.6, tel qu'il apparaissait à
l'impression originale du projet de loi - et de remplacer dans la
première ligne du deuxième alinéa le numéro 4.5 par
le numéro 4.6 pour faire concordance avec ce que nous venons
d'adopter.
Le Président (M. Rancourt): Vous avez raison. Il y
avait... M. le député d'Outremont.
M. Fortier: Qu'est-ce qu'il devient, l'article 4.5?
M. Rodrigue: C'est cela.
M. Fortier: Oui. D'accord.
Le Président (M. Rancourt): Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Le
remplacement est adopté. L'article 42 tel qu'amendé est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 42 tel
qu'amendé est adopté. J'appelle maintenant l'article 43. M. le
ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, cet article confirme d'une
part le rôle que joue actuellement le registrateur en ce qui concerne les
documents cadastraux et, d'autre part, est de concordance également avec
l'article 23.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 43 est
adopté. Article 44? M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, le premier paragraphe de cet
article en est un de concordance avec l'article 23 et le deuxième
paragraphe vient faire obligation au registrateur de noter dans l'index des
immeubles toute modification cadastrale apportée à un plan.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 44 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 45. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, le premier paragraphe de cet
article est de concordance avec l'article 23 et le paragraphe 2 propose
l'abrogation du deuxième alinéa de l'article 15 parce que la
règle qui est établie est contradictoire avec l'article 2168 du
Code civil et de ce fait, est source d'erreur ou de confusion.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 45 est
adopté. J'appelle l'article 46. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article en est un de concordance avec l'article
35, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté? L'article 46
est adopté. J'appelle l'article 47. M. le ministre.
M. Rodrigue: Dans ce cas-ci, il s'agit d'une concordance avec
l'article 23, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 47 est
adopté. J'appelle l'article 48. M. le ministre.
M. Rodrigue: Ici également, M. le Président, il
s'agit d'une concordance avec l'article 23.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 48 est
adopté. J'appelle l'article 49. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, cet article établit
les règles devant régir le morcellement d'un lot originaire de
façon que chaque partie de lot ait un numéro distinct tout en
évitant que la numérotation utilisée soit source de
confusion.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: L'article 49?
Le Président (M. Rancourt): Oui, nous en sommes à
l'article 49 avec les alinéas 19, 19.1 et 19.2.
M. Rodrigue: Nous en étions à l'alinéa 19,
M. le Président, si j'ai bien compris?
Le Président (M. Rancourt): C'est l'article 49.
M. Rodrigue: Alinéa 19? C'est bien cela?
Le Président (M. Rancourt): Oui. M. Rodrigue:
Merci. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, adopté. Vous
voulez les prendre un à un, M. le ministre?
M. Rodrigue: Sans doute que c'est préférable pour
les...
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont, voulez-vous prendre les alinéas de l'article 49 un à
un ou d'un bloc?
M. Fortier: Un à un, s'il vous plaît!
Le Président (M. Rancourt): Un à un?
Donc, maintenant, l'alinéa 19 a été fait. J'appelle
l'alinéa 19.1. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, cet article vient
établir la règle devant s'appliquer au morcellement d'un lot de
subdivision.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Alinéa
19.2. M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, dans ce cas-ci, le premier
alinéa de cet article régit l'identification du lot de base sur
lequel sera érigé un édifice en copropriété
divise et le deuxième alinéa prévoit la manière
d'identifier chacune des parties communes et exclusives. Le troisième
alinéa permet au ministre de déterminer par directive les
règles du morcellement d'un lot de cadastre vertical et de
copropriété divise.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'alinéa 19.2 est
adopté. L'article 49 au complet est-il adopté?
M. Rodrigue: Adopté, M. le Président.
M. Fortier: Adopté.
Dispositions diverses
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Nous passons
maintenant à l'article 50. M. le ministre. (22 h 50)
M. Rodrigue: S'agit-il d'un papillon ici?
Le Président (M. Rancourt): Non. C'est à l'article
51, M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article remplace l'intitulé actuel,
compte tenu des modifications qui sont proposées à l'article
51.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Article 50? Oui, oui, adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
l'article 51. Puisqu'il y a plusieurs alinéas, nous allons les faire un
à un.
M. Rodrigue: II y aurait lieu, oui.
Le Président (M. Rancourt): Je vais appeler au tout
début l'alinéa 21.1. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article permet au ministre de substituer une
copie de plan à celle déposée au bureau
d'enregistrement.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 21.1 est
adopté. Article 21.2. M. le ministre.
M. Rodrigue: Celui-ci prévoit les renseignements qui
devront apparaître sur le plan ou sur un document qui y est joint. Ces
renseignements remplacent ceux exigés dans le livre de renvoi.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Un instant, s'il vous plaît! Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 21.2 est
adopté. À l'article 21.3, il y a un amendement. M. le
ministre.
M. Rodrigue: Oui, M. le Président, à l'article
21.3, il est proposé en amendement d'ajouter à la fin de
l'article 21.3 l'alinéa suivant: "En cas de détérioration
ou de perte de l'un des deux exemplaires, l'autre peut servir à le
reconstituer. Cette modification permettra la reconstitution de l'exemplaire
d'un plan qui aurait été perdu ou détruit."
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Oui, adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, l'amendement à
l'article 21.3 est adopté. Le nouvel alinéa 21.3 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 51 dans sa globalité. On m'avise que l'amendement
à l'alinéa 21.3 se lit comme suit: Entre "en cas de
détérioration ou de perte de l'un des
deux exemplaires, l'autre peut servir à le reconstituer." On
m'avise qu'il faudrait placer le point avant de fermer l'alinéa. Est-ce
que cette modification est adoptée?
M. Fortien Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Le nouvel
article 51 dans sa globalité est-il adopté?
M. O'Gallagher: II y a aussi 21.4, 21.5, 21.6.
Le Président (M. Rancourt): Vous avez absolument raison.
Je regardais les amendements. On va poursuivre avec l'article 21.4. M. le
ministre.
M. Rodrigue: Cet article établit les règles
relatives à la conservation et à la reproduction des documents
cadastraux. En fait, il permet d'utiliser des procédés
d'informatique et de microfilmage des documents déposés dans les
archives du cadastre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 21.4 est
adopté. Article 21.5. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article autorise le ministre à
déterminer les moyens appropriés pour inscrire les mentions
relatives à la tenue à jour des modifications apportées
à des documents microfilmés.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 21.5 est
adopté. J'appelle l'article 21.6. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article prévoit le dépôt
d'une copie d'un plan mis à jour au bureau de la division
d'enregistrement en substitution à l'ancienne copie.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont. Excusez-moi.
M. Rodrigue: II établit les règles de
procédure devant régir ce dépôt.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 21.6, adopté.
Article 21.7. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article vient confirmer que le ministre de
l'Énergie et des Ressources est responsable de l'application de la Loi
sur le cadastre.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Je reviens
cette fois-ci à l'article 51 tel qu'amendé. Est-il adopté
dans sa globalité?
M. Fortier: Adopté.
M. Rodrigue: M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le ministre.
M. Rodrigue: On me signale une coquille d'impression à
l'alinéa 21.7.
Le Président (M. Rancourt): Oui, M. le ministre.
M. Rodrigue: Cela se lit comme suit: Le ministre de
l'Énergie et des Ressources est chargé de l'application de la
"présent"... Il manque un "e".
Le Président (M. Rancourt): Effectivement, il manque un
"e".
M. Rodrigue: Cela demanderait un petit amendement que je
propose.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que cet amendement,
changeant le mot "présent" pour "présente", est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Donc, le mot "présent"
est modifié pour faire "présente".
M. Rodrigue: Nous l'avons échappé de justesse, M.
le Président.
Le Président (M. Rancourt): Peut-être pour la
dernière fois, est-ce que l'article 51, tel qu'amendé et
réamendé, est adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Article 52, M.
le ministre.
Loi sur les timbres M. Rodrigue: II s'agit ici d'une
modification de concordance avec l'article 37.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Article 37? M. Rodrigue: Oui.
M. Fortier: À quel endroit est-il dit que les droits
perçus sur les timbres sont versés dans le fonds? Est-ce au tout
début?
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Rodrigue: C'est à l'article 4, paragraphe 2, où
l'on dit que les sommes correspondant au pourcentage, établi par le
gouvernement, des droits et honoraires que les registrateurs doivent percevoir
alimentent le fonds de la réforme du cadastre. Par ailleurs, l'article 8
accorde au gouvernement le pouvoir de fixer par décret le pourcentage
des droits qui seront versés. La Loi sur les timbres et la Loi sur les
bureaux d'enregistrement sont modifiées pour que le gouvernement puisse
tenir compte dans l'établissement des droits et honoraires de ce
pourcentage.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 52 est
adopté. J'appelle maintenant l'article 53. M. le ministre.
Loi sur les titres de propriété dans
certains districts électoraux
M. Rodrigue: Dans ce cas-ci, il s'agit de faire la concordance
avec l'article 23.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 53, adopté.
J'appelle l'article 54. M. le ministre.
M. Rodrigue: Dans le cas de l'article 54, c'est une modification
de concordance avec l'article 12.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 54 est
adopté. J'appelle l'article 55. M. le ministre.
M. Rodrigue: Le premier paragraphe de cet article en est un de
concordance avec l'article 23 et le deuxième paragraphe vise à
permettre la transmission du plan aux municipalités régionales de
comté.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 55 est
adopté. J'appelle l'article 56. M. le ministre.
M. Rodrigue: Dans le cas des paragraphes 1 et 2, il s'agit de
concordance avec l'article 23 et le paragraphe 3, lui, établit une
exception pour le renouvellement des droits lorsqu'il n'a pas été
jugé nécessaire d'indiquer les lots de copropriété
sur le plan révisé.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 56 est
adopté. J'appelle l'article 57. M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article prévoit que les règles
applicables aux lots rénovés s'appliquent aux lots
révisés à l'exception de la règle sur le
non-renouvellement des droits.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 57 est
adopté. Article 58? M. le ministre.
M. Rodrigue: II s'agit ici encore une fois d'une concordance avec
l'article 23.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 58 est
adopté. J'appelle l'article 59. M. le ministre.
M. Rodrigue: Également de concordance avec l'article 23,
M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 59 est
adopté. Article 60? M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article vise à rendre applicables au
gouvernement les règles régissant l'aliénation des parties
de lot.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Article 60, adopté. M.
le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, il y a un paragraphe 8.2. Je
m'excuse, j'aurais dû le lire. Il y a un paragraphe 8.2 qui
détermine le ministre responsable de l'application de la loi.
Le Président (M. Rancourt): Est-ce que vous adoptez
toujours ce même article, M. le député d'Outremont?
M. Fortier: On l'a déjà adopté.
Le Président (M. Rancourt): Oui, avec un avis d'articles
8.1 et 8.2.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. J'appelle
l'article 61. M. le ministre.
Loi modifiant diverses dispositions
législatives
M. Rodrigue: II s'agit de corriger une imprécision qui
s'est glissée dans l'article 31 du chapitre II des Lois de 1980. Cet
article a été adopté dans le but de remplacer dans
certaines dispositions du Code civil les mots "proclamation du
lieutenant-gouverneur en conseil" par les mots "arrêté du ministre
de l'Énergie et des Ressources".
Or, l'une de ces dispositions, soit l'article 2172, a trait à une
proclamation du lieutenant-gouverneur et n'a donc pas subi la modification
désirée malgré que l'article 31 le mentionne
expressément.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 61 est
adopté. Article 62? M. le ministre.
Dispositions transitoires et finales
M. Rodrigue: M. le Président, cet article déclare
rétroactive la correction apportée par l'article 61.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: Cela a effet à compter du 18 juillet 1980.
C'est rétroactif?
M. Rodrigue: Oui.
M. Fortier: Pourquoi la rétroactivité?
Le Président (M. Rancourt): M. le ministre.
M. Rodrigue: Je vais demander à M. Pleau, de vous
préciser.
Le Président (M. Rancourt): Au nom du ministre.
M. Rodrigue: C'est parce que, avec la modification
apportée en 1980, comme vous le savez, les éditions du Code civil
que nous avons sur le marché, ce sont des éditions privées
et non gouvernementales et on a fait la modification malgré que les mots
"en conseil" n'étaient pas employés à l'article 2171, ce
qui a entraîné, à toutes fins utiles, qu'au lieu de faire
des proclamations du lieutenant-gouverneur, ce sont des arrêtés du
ministre qui ont été faits. Lors de la révision concernant
ce projet de loi, nous avons trouvé cette coquille et nous profitons de
l'occasion pour la corriger. De ce fait, il faut qu'elle soit
rétroactive pour corriger les arrêtés qui ont
été faits depuis ce temps.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: C'est intéressant. Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 62 est
adopté.
Article 63? M. le ministre.
M. Rodrigue: M. le Président, cet article détermine
les ministres responsables de l'application des chapitres I et II.
Le Président (M. Rancourt): M. le député
d'Outremont, l'article 63 est adopté. Article 64?
M. Rodrigue: Cet article découle de l'application de la
Loi constitutionnelle de 1982.
M. Fortier: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): L'article 64 est adopté
sur division.
Article 65? M. le ministre.
M. Rodrigue: Cet article a trait à l'entrée en
vigueur de la présente loi, M. le Président.
Le Président (M. Rancourt): M. le
député d'Outremont, est-ce que l'article 65 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): L'article 65 est
adopté.
Maintenant, il nous faut adopter les intitulés, les chapitres et
les sections du projet de loi, le titre du projet de loi et le projet de loi
lui-même. Est-ce que les intitulés, les chapitres et les sections
sont adoptés?
M. Fortier: Adopté. M. Rodrigue: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Le titre aussi?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rancourt): Adopté. Le projet de
loi lui-même est-il adopté?
M. Rodrigue: Adopté. M. Fortier: Adopté.
M. Rancourt (président de la commission
plénière): Adopté.
M. le Président, la commission plénière a
étudié le projet de loi 40, Loi favorisant la réforme du
cadastre québécois, et l'a adopté avec des
amendements.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Le rapport de la
commission plénière est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, sur ce, nous allons ajourner
nos travaux à demain matin, 10 heures.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Très bien. Nos
travaux sont ajournés jusqu'à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 5)