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(Dix heures trois minutes)
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît:
Nous allons nous recueillir quelques instants.
Veuillez prendre vos places.
Présence de l'ambassadeur du Danemark
J'ai le plaisir de souligner la présence dans les galeries, ce
matin, de l'ambassadeur du Danemark, M. Per Fergo.
Aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclaration ministérielle ni de
présentation de projet de loi.
Au dépôt de documents. M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
Rapport annuel de la SGF
M. Biron: J'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 1984
de la Société générale de financement.
Le Président: Rapport déposé. M. le ministre
délégué aux Forêts.
"Bâtir une forêt pour l'avenir"
M. Jolivet: II me, fait plaisir de déposer, tel que
promis', avant la fin du printemps la politique forestière du
Québec intitulée "Bâtir une forêt pour l'avenir".
Le Président: Document déposé.
Au dépôt de rapports de commissions, M. le président
de la commission de l'économie et du travail.
Étude détaillée du projet de loi
52
M. Beaumier: J'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission de l'économie et du travail qui a siégé le 7
juin 1985 afin de procéder...
Le Président: À l'ordre!
Une voix: ...à l'étude détaillée du
projet de loi 52, Loi modifiant la Loi sur le Centre de recherche industrielle
du Québec.
Le Président: Rapport déposé.
Il n'y a pas de dépôt de pétition, ce qui nous
mène à la période de questions orales des
députés. Je m'excuse, M. le président de la commission a
un autre rapport à déposer.
Étude détaillée du projet de loi
55
M. Beaumier: Oui, pour prouver notre productivité, j'ai
l'honneur de déposer le rapport de la commission de l'économie et
du travail qui a siégé le 7 juin 1985 afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 55, Loi
abrogeant la Loi sur les sociétés de développement de
l'entreprise québécoise. Le projet de loi a été
adopté comme le précédent.
Le Président: Rapport déposé. Période
des questions, Mme la députée de Mégantic-Compton.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Mme Bélanger: Ma question s'adresse au premier ministre,
M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le premier ministre devrait être ici
dans quelques instants, M. le Président.
Le Président: Mme la députée de
Mégantic-Compton.
Québec a-t-il fait des
représentations auprès du
fédéral en faveur des personnes
âgées?
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. Le ministre
fédéral, M. Michael Wilson, annonçait dans son budget du
23 mai dernier que les pensions de vieillesse ne seraient indexées que
pour la tranche de la hausse du coût de la vie qui dépasse 3 %.
Selon des calculs qui impliquent un taux annuel d'inflation de 4 %, les
personnes âgées pourraient recevoir jusqu'à 1500 $ de moins
au cours des cinq prochaines années. Or, 50 % des personnes
âgées vivent au Québec sous le seuil de la pauvreté.
Pourtant, ce sont chez les plus pauvres encore une fois que les
répercussions négatives de cette mesure seront les plus grandes.
Ma question: Votre gouvernement a-t-il fait des représentations
auprès du gouvernement fédéral pour empêcher que ne
s'aggrave la situation des personnes âgées au Québec? Si
oui, quelles sont-elles?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bédard: Ils ne nous demandaient pas cela quand
c'étaient les libéraux.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je dois
dire très simplement que non, nous n'avons pas eu l'occasion de faire
des représentations auprès du gouvernement fédéral.
D'autre part, je suis d'accord avec Mme la députée que cela a
quelque chose d'un peu inhumain cet aspect du budget fédéral.
Enfin chacun son métier, ce qui ne veut pas dire que les vaches sont
bien gardées: c'est leur budget. Peut-être que par voie de
comparaison, on se rendra compte que le budget du Québec, avec toutes
les contraintes qui pèsent sur un état provincial, était
quand même quelque peu plus potable que celui qui nous est arrivé
d'Ottawa.
En terminant, j'ajouterai simplement -bien sûr, Mme la
députée est relativement nouvelle en cette Chambre - que j'ai vu
une foule de budgets fédéraux défiler à partir
d'Ottawa et je n'ai jamais entendu une seule représentation... Ah oui!
Vous vous gratterez la mémoire, parce que moi je ne m'en souviens
pas.
Le Président: Mme la députée de
Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: En complémentaire, le gouvernement du
Québec envisage-t-il de verser un supplément de revenu, comme
cela se fait déjà dans plusieurs autres provinces, pour compenser
la perte de revenu que subiront les personnes âgées qui ont pour
seul revenu la pension de vieillesse, soit la pension de vieillesse et le
supplément du revenu?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je voudrais
faire remarquer à Mme la députée que nous ne sommes pas un
État souverain. Nous n'avons pas l'arrêt-court que
représente une banque centrale et par conséquent, selon nos
ressources, on fait ce qu'on peut. Mais seulement, il ne faut pas nous
demander, comme d'ailleurs il arrive pour des maisons qui concernent les
femmes, lesquelles une fois mises en marche, maintenues pendant un certain
temps par les fonds fédéraux, tout à coup il n'y a plus de
fonds et cela se revire vers le Québec en disant: Maintenant, il
faudrait que le Québec compense pour l'absence du fédéral.
C'est un jeu qu'on n'a pas les moyens de jouer, madame. (10 h 10)
Le Président: Mme la députée de
Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: Faut-il interpréter, devant
l'indifférence du gouvernement face à ce problème...
Des voix: Oh!
Mme Bélanger: ...qu'il a décidé d'associer
le sort des personnes âgées les plus pauvres à son calcul
cynique du beau risque?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je
demanderais simplement à la députée de se rafraîchir
la mémoire un tout petit peu. Il y a même des publications qui lui
permettent de se renseigner. Les politiques en ce qui concerne les personnes
âgées au Québec sont nettement en avance de tout ce qui se
fait, je crois, en Amérique du Nord.
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, comment le premier
ministre du Québec peut-il invoquer la question de la
non-souveraineté du Québec pour argumenter qu'il ne pourrait pas
verser de supplément, alors que d'autres provinces qui ne sont pas non
plus souveraines en versent? Mais ce que je voudrais demander plus
particulièrement au premier ministre... Il semble prendre une attitude
de retrait ou d'inaction alors que déjà, deux premiers ministres
des autres provinces ont fait des représentations auprès du
gouvernement fédéral. Est-il dans l'intention du gouvernement du
Québec de faire des représentations auprès du gouvernement
fédéral devant une situation aussi grave?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, pour mieux
éclairer la Chambre, pourrais-je demander - je sais bien que c'est une
question complémentaire ou additionnelle - à ma collègue
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu de fournir des
éléments de réponse additionnels?
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Mme Marois: Non seulement s'est-on préoccupé de Ia
question des personnes âgées, mais nous avons publié, il y
a quelques semaines à peine, un document qui s'appelle "Agir maintenant
pour demain" qui donne effectivement l'orientation du gouvernement du
Québec pour améliorer la situation des personnes
âgées et...
Le Président: Mme la ministre, on me signale un rappel au
règlement - je m'excuse - de la part de votre collègue de
Laurier.
M. Sirros: J'invoque le règlement...
Le Président: Allons, allons, allons! Je
voudrais pouvoir entendre le député.
M. Sirros: J'invoque le règlement, M. le Président,
parce que le document auquel se réfère la ministre n'a aucun lien
avec la question.
Le Président: M. le député, il y avait le
fondement dans le règlement pour votre intervention. C'est une
intervention sur le fond. Mme la ministre a parfaitement le droit d'utiliser
les termes qu'elle veut pour répondre à la question.
M. Gratton: M. le Président.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Au risque de me faire reprocher de ne connaître
qu'un seul des règlements de l'Assemblée, je vous rappelle le
contenu de l'article 79 qui dit: "La réponse à une question doit
être brève, se limiter au point qu'elle touche et ne contenir ni
expression d'opinion ni argumentation". La question de ma collègue de
L'Acadie ne porte pas sur les publications antérieures du gouvernement.
Elle porte spécifiquement sur les représentations que n'a pas
faites ou que devrait faire le gouvernement auprès du gouvernement
fédéral. C'est la réponse à laquelle on devrait
s'attendre du côté de l'Opposition.
Le Président: La question de Mme la députée
de L'Acadie est une troisième ou quatrième question
complémentaire à la suite des questions posées par Mme la
députée de Mégantic-Compton. Mme la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu en répondant
à la question - et elle venait à peine de commencer sa
réponse - a parfaitement le droit d'utiliser les termes qu'elle veut.
Si, pour étayer ses réponses, elle veut faire allusion à
l'une ou l'autre publication du gouvernement ou d'ailleurs, il n'y a rien
là-dedans qui est illégitime. Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu.
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Justement,
dans ce document, nous mentionnons l'orientation du gouvernement du
Québec en ce qui a trait à l'ajustement à la pension de
sécurité de la vieillesse en disant que nous souhaiterions
qu'elle corresponde et qu'elle continue d'évoluer en fonction d'une
portion qu'elle représente dans le remplacement du revenu et que,
d'autre part, un certain nombre de politiques d'assurance devraient pouvoir
s'appliquer pour compléter le revenu manquant.
Quant à l'aide que nous apportons aux personnes
âgées, en deçà de ce qui se fait déjà,
est-ce qu'il ne faudrait pas parler aussi des habitations à loyer
modique, des HLM que nous ajoutons pour les personnes âgées, des
médicaments gratuits, des services ambulanciers que nous offrons
à ces personnes, en plus d'une politique intégrée que nous
proposons et que nous avons justement déposée auprès du
gouvernement d'Ottawa en vue de négociations quant à
l'amélioration de la pension des personnes âgées?
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ma question est très simple. Les
personnes âgées font actuellement face à un problème
de désindexation de leur pension. Est-il dans l'intention du
gouvernement, à l'image de deux autres gouvernements, ceux de l'Ontario
et du Nouveau-Brunswick, de faire des représentations auprès du
fédéral pour que les plus pauvres des personnes
âgées ne soient pas pénalisées? C'est cela, m'a
question.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Tout en disant à Mmes les
députées qu'elles se trompent un peu de Parlement, je dirais
simplement ceci: Vérifiez auprès de ces deux provinces que vous
évoquez si abondamment pour voir si tout ce dont vient de parler notre
collègue de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
peut correspondre. Il y a une certaine autonomie dans les politiques des
États provinciaux et je pense que si on fait le bilan, on n'a pas
à rougir de ce qui se fait au Québec.
M. Levesque (Bonaventure): M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce que le premier ministre
pourrait prendre l'engagement - il me semble que c'est absolument normal qu'il
puisse le faire ce matin - de faire des représentations auprès du
premier ministre fédéral afin que cette situation soit
corrigée?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Dans un minimum de
cohérence, je pense que notre collègue vient d'évoquer que
nos représentations, conformément aux politiques du Québec
et à l'orientation du Québec, sont déjà rendues
à Ottawa.
Le Président: M. le député de Laurier.
M. Sirros: Ma question s'adresse à Mme la ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. La ministre
reconnaîtrait-elle que le document "Agir maintenant pour demain" ne
changera absolument rien pour les personnes qui n'ont pas accès au
régime de pension du Québec, donc, les personnes
âgées les plus pauvres qui n'ont accès qu'à la
pension de vieillesse?
Le Président: Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
M. Bédard: II ne l'a pas lu! II ne l'a pas lui
Mme Marois: Quand on parle des personnes âgées les
plus pauvres au Québec ou ailleurs, dans le reste du Canada, s'applique
à elles un programme particulier que vous connaissez très bien,
qui s'appelle le supplément au revenu garanti qui, lui, est
indexé. Effectivement, la politique que nous annonçons...
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Mme Marois: ...va améliorer la situation des...
Le Président: Mme la ministre, je m'excuse, le
député soulève un rappel au règlement.
M. Sirros: La question était très spécifique
et se référait au document...
Le Président: Un instant! Un instant! Un instantl Je veux
bien faire respecter le règlement en ce qui a trait aux questions et aux
réponses mais, de là à dire que le gouvernement doit
dicter la teneur des questions et que l'Opposition doit dicter la teneur des
réponses, cela me semble un peu aller au-delà de ce que dit le
règlement.
Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: M. le Président, le député de
Vanier, alors qu'il était leader du gouvernement, disait - je l'ai ici
au Journal des débats - le 6 mai 1982: Vous avez le droit de poser les
questions que vous voulez poser, nous avons le droit de donner les
réponses que nous voulons donner. J'imagine que cela n'a pas
changé depuis.
Le Président: M. le leader de l'Opposition...
Oui, M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, je me demande où
se situe l'intervention du leader de l'Opposition.
Une voix: ...
M. Bédard: Si vous prétendez cela, vous devriez
plutôt écouter les réponses qui sont données,
peut-être y trouveriez-vous les réponses parce que je crois que la
ministre a très bien répondu aux questions...
Le Président: Sans reprendre nécessairement les
propos du député de Vanier que vous citez, M. le leader de
l'Opposition, je rappelle qu'il est de longue tradition et que la jurisprudence
à cet égard-là est abondante, que l'Opposition pose les
questions qu'elle veut, c'est la prérogative du gouvernement, pourvu
qu'il s'en tienne aux règles élaborées, notamment à
la pertinence de la question, de répondre de la manière dont il
le veut.
Question, M. le député de Brome-Missisquoi. (10 h 20)
Le maintien des institutions anglophones de services
de santé et de services sociaux
M. Paradis: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre et touche le départage des dossiers CLSC-CSS, mais
spécialement à Montréal, et toute la question
linguistique.
Votre ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles
s'est déjà prononcé en faveur du maintien des institutions
anglophones dans les services sociaux et les services de santé.
Votre ministre des Affaires sociales s'est déjà
manifesté en faveur du maintien du service dans la langue, mais ne s'est
pas compromis quant aux institutions.
Votre ministre de la Justice a pris une position un peu entre les deux.
Quelle est la position du gouvernement quant au maintien des institutions des
anglophones pour la dispensation de leurs services de santé et services
sociaux?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je n'ai vu
aucune contradiction, même si le député semble en
sous-entendre. De toute façon, sa question s'adresse très
évidemment à notre collègue des Affaires sociales.
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: M. le Président, tout d'abord, j'ai
rencontré, la semaine dernière, l'ensemble des intervenants et je
dois même rencontrer cette semaine, le groupe Alliance Québec,
jeudi soir. Effectivement, sur le plan du partage des employés ou des
juridictions entre les CLSC et les CSS, il y a eu des décisions
administratives de prises et au moment où on se parle, à
l'exception d'un seul CLSC-CSS, tous les partages sont faits
partout au Québec, sauf dans GIM, c'est-à-dire le CSS de
la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.
Il reste, bien sûr, toute la région de Montréal.
Dans la région de Montréal, nous comptons trois CSS: CSS juif,
CSS Ville-Marie et CSS Montréal métropolitain. Bien sûr
qu'Alliance Québec réclame une division à partir d'une
base linguisitique. Ils ne veulent pas la division territoriale qui existe
présentement entre Ville-Marie et Montréal
métropolitain.
Personnellement, j'ai déposé au Conseil des ministres, il
y a environ trois semaines ou un mois, une demande d'avis du conseil, parce que
j'ai à oeuvrer dans un cadre bien défini au moment où on
se parle: il n'est pas question d'amender, législativement parlant, les
lois pour en arriver à faire un partage sur une base linguistique,
puisqu'on ne pourrait même pas économiquement,
financièrement...
Je vais vous donner un exemple: Comment pourrions-nous avoir une
institution anglophone pour un CSS, par exemple, qui desservirait la ville de
Rawdon dans le comté de Rousseau? On sait qu'il y a des concentrations
où naturellement cela peut être sur une base linguistique. On le
reconnaît et c'est ce que mon collègue de l'Immigration a
reconnu.
J'ai des suggestions à faire et je ne pense pas que ce soit le
moment de le faire en cette Chambre, puisque je dois rencontrer Alliance
Québec jeudi soir. J'ai des propositions à faire qui pourraient
en arriver à assumer le principe suivant: Chaque
bénéficiaire aura la possibilité de recevoir les services
dans sa langue. Je pense que c'est acquis au niveau du gouvernement, il n'y a
personne qui conteste cela de ce côté.
Comment peut-on, sur le plan administratif, arriver par des ententes de
services à réaliser cet objectif? Je pense que c'est possible,
pour autant que tous les groupes évitent de faire des guerres de clocher
et des guerres de religion et se mettent à table pour trouver des
solutions concrètes pour assurer aux bénéficiaires des
services dans leur langue, sans pour autant faire de batailles politiques avec
des petits "p".
Le Président: M. le député de
Brome-Missisquoi.
M. Paradis: M. le Président, sur le plan des services dans
la langue maternelle, cela va. Sur le plan du principe, M. le ministre, vous
avez dit qu'il n'était pas question - si j'ai bien compris votre
réponse - de garanties législatives ou d'amendements
législatifs, de façon à maintenir les institutions. Sur le
plan du principe, est-ce que vous êtes d'accord, comme ministre, comme
responsable du dossier, avec le maintien des institutions pour les
communautés anglophones?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: On ne vise même pas, par les propositions que
l'on fait présentement, à modifier les structures existantes.
J'ai déjà fait des offres au CSS juif. J'ai déjà
fait des offres au CSS-Ville-Marie. Mais je peux vous dire que, si on ne veut
pas entreprendre, à l'Assemblée nationale, un débat sur
une base législative qui ne nous mènerait nulle part, je pense
que ce qu'il y a d'important au niveau de la santé et des services
sociaux, c'est que le bénéficiaire ait une qualité de
services. Si on s'entend sur ce principe minimal, il me semble que, de bonne
foi, avec de la bonne volonté de la part des parties, on est capable de
réaliser le tout sur une base administrative sans pour autant se lier
dans le béton sur le plan législatif, ce qui aurait des
répercussions financières épouvantables dans le reste du
Québec. Il faut bien concevoir que nos moyens financiers actuels sont
connus de l'ensemble de l'Assemblée nationale. On sort de l'étude
des crédits. On sort de l'étude du budget. Vous savez
pertinemment qu'on ne peut pas se lancer tous azimuts dans des structures qui
risquent de voir des millions de dollars d'argent neuf injectés et qui
n'assureront rien de neuf pour le bénéficiaire lui-même. Ce
serait uniquement au niveau des structures. Il me semble qu'on est assez
adulte, entre deux CLSC, pour conclure des ententes de services entre deux CSS
pour pouvoir partager des responsabilités envers le
bénéficiaire. Est-ce qu'on travaille en fonction des structures?
C'est la question fondamentale qu'on doit se poser en cette Chambre. Est-ce que
la structure est devenue une fin ou un moyen? Il me semble que ce qu'on doit
rechercher, c'est le moyen de rendre au bénéficiaire des services
de qualité et dans sa langue.
M. Levesque (Bonaventure): M. le
Président.
Le Président: M. le chef de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Étant donné que le
ministre a évoqué le cas du CSS
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine comme n'étant pas encore
réglé, si j'ai bien compris, est-ce qu'il maintient le même
principe que les bénéficiaires devraient recevoir les services
dans leur langue? Pourquoi cela n'est-il pas réglé dans ce
cas-là?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Chevrette: Dans le cas du CSS-GIM, ce n'est pas du tout une
question linguistique qui est à la base du problème du partage.
C'est beaucoup plus une question de nombre par rapport au "case-load" de chacun
des individus pour le travailleur au CSS. Nous avons rencontré, la
semaine dernière, M. Cabot et M. Arsenault, je crois, le
président et le directeur général. Nous avons eu une
discussion et je dois effectivement rendre une réponse cette semaine.
Vous savez qu'il y avait un problème sur le plan administratif et nous
avons dû nommer une personne pour nous faire un rapport. C'est ce qui a
fait qu'on n'a pas pu rendre une réponse en même temps que les
autres. Je peux vous dire qu'il ne semble pas y avoir de problème majeur
au moment où on se parle et qu'on pourra rendre une décision dans
les meilleurs délais.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président: M. le député de Portneuf.
Le retard du rapport annuel de la CSST
M. Pagé: Ma question s'adresse au ministre du Travail.
Est-ce que le ministre du Travail pourrait informer cette Chambre et nous dire
comment il explique le retard du rapport annuel pour l'année 1984 de la
Commission de la santé et de la sécurité du travail?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: M. le Président, cette année,
il n'y a pas de retard plus indu que les années passées.
Généralement, le rapport annuel de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail est
déposé à peu près à cette époque-ci.
Cependant, je devrai voir, pour répondre plus spécifiquement
à la question du député de Portneuf, quel est
l'état actuel de la situation. S'il me le permet, je pourrai lui
transmettre ce renseignement sans autre délai que le temps de
s'informer.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: Le ministre du Travail est-il informé que
le retard sera occasionné par une problématique mettant en cause
la Commission de la santé et de la sécurité du travail et
le Vérificateur général? Alors que la Commission de la
santé et de la sécurité du travail voudrait produire un
rapport prévoyant un déficit de 32 800 000 $ pour l'année
1984, le Vérificateur général considérerait comme
plus exact et plus indiqué que ce rapport déclare un
déficit de 198 300 000 $ pour l'année 1984.
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: Je suis informé que cette discussion
a eu lieu à l'intérieur du conseil d'administration de la CSST.
Je ne sais pas si, au moment où on se parle, elle est terminée,
si on est arrivé à une conclusion. Ce que j'en sais, par
ailleurs, c'est qu'il s'agit effectivement d'arriver à déterminer
une méthode comptable pour très précisément couvrir
la situation dont parle le député de Portneuf. Je sais
très bien que le terme que je viens d'utiliser fait rire mes
collègues d'en face. Que l'on comprenne bien le sens de la
réponse que je suis en train de donner: on est à évaluer
ces méthodes comptables. Ce que j'en sais, c'est que l'une et l'autre
des deux méthodes qui sont en discussion ont une valeur sur le plan
comptable. Il s'agit tout simplement de prendre une décision pour
déterminer laquelle il faudra retenir.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé; Évidemment, on interprète comme
étant un lapsus le propos du ministre disant qu'il voulait couvrir le
déficit, les chiffres. Vous savez, ce sont des centaines de millions de
dollars. Est-ce que le ministre... parce que vous en avez pris connaissance.
Vous êtes au fait de la problématique, vous venez d'y faire
référence. C'est quoi, le déficit de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail pour l'année
1984? Est-ce que c'est 198 300 000 $, tel que le quantifie le bureau - pas
n'importe lequel bureau, le bureau du Vérificateur général
du Québec -ou si c'est 32 800 000 $, comme voudrait le laisser
apparaître le président de la Commission de la santé et de
la sécurité du travail, M. Sauvé?
Le Président: M. le ministre du Travail. (10 h 30)
M. Fréchette: Quant à la santé
financière de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, je pense pouvoir dire de façon
générale, pour faire une comparaison avec ce qui se passe
ailleurs, que cet état de santé non seulement se compare
avantageusement avec tout ce qui existe ailleurs au Canada, mais c'est le
meilleur état de santé financière.
Quant à la question très précise du
député de Portneuf, il doit comprendre que très
précisément, parce que le rapport annuel n'a pas encore
été déposé ici, je ne vais pas entreprendre, avant
d'en prendre connaissance, de discourir sur ce que pourrait être le
déficit de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail à partir très
précisément de différentes formules de comptabilité
qui pourraient être utilisées.
Le Président: M. le député de Portneuf.
M. Pagé: La loi vous confère la
responsabilité de répondre devant cette Chambre et devant la
population de l'administration d'un organisme qui s'appelle la Commission de la
santé et de la sécurité du travail. Vous avez pris
connaissance du problème.
Le Président: Question, M. le député.
M. Pagé: Le rapport va être déposé
éventuellement.
Le Président: Question.
M. Pagé: Vous êtes le ministre. C'est très
simple...
Le Président: M. le député.
M. Pagé: ...c'est combien le déficit pour
l'année 1984 de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail? Le savez-vous ou si vous ne le savez pas? Si
vous ne le savez pas, pourquoi ne le savez-vous pas?
Le Président: M. le ministre du Travail.
M. Fréchette: Ce que la loi dit essentiellement, et le
député de Portneuf le sait très bien, c'est que le
gouvernement nomme un ministre responsable de l'application de la loi. Sur le
plan strictement administratif, il y a là, et le député de
Portneuf le sait, un conseil d'administration qui est tout à fait
autonome et à qui revient le mandat de déterminer les politiques
administratives.
M. le Président, le député de Portneuf sait
très bien également, en me posant la question, que je ne vais pas
entreprendre de lui donner quelque renseignement ou détail que ce soit
à cet égard avant que le conseil d'administration lui-même
en soit arrivé à des conclusions. Ces conclusions-là, on
va les retrouver dans le rapport annuel de l'organisme qui va être
déposé d'ici à la fin de la session, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Rosemont.
Propositions constitutionnelles
et libération de l'avenir
pour les jeunes
M. Paquette: M. le Président, ma question s'adresse au
premier ministre; il était ici il y a deux minutes. Est-il là?
Hier, en conférence de presse, une dizaine d'organismes, dont la
composition rappelle d'ailleurs le mouvement du Québec français
lors de l'adoption de la loi 101, regroupant les centrales syndicales, le
Mouvement national des Québécois et un certain nombre de
mouvements politiques, se sont prononcés contre l'adhésion du
Québec au "Canada Bill".
Parmi les arguments, ils mentionnent que le droit à
l'autodétermination devrait être la première et la plus
fondamentale de toutes les exigences du Québec. Ils mentionnent
également que ce dont le Québec a besoin, c'est moins de disposer
d'un droit de veto que d'être libéré du droit de veto des
autres sur les affaires du Québec, comme on vient de le voir avec la
question des pensions de vieillesse. Ils s'inquiètent du fait que le
gouvernement prévoie lui-même devoir laisser diluer ces
revendications qui sont déjà en dessous du minimum acceptable,
pour un bon gouvernement fédéraliste.
Ma question au premier ministre est la suivante: Ne pense-t-il pas que
de signer l'acte constitutionnel du Canada sans avoir obtenu explicitement la
reconnaissance du droit du Québec à choisir son avenir est la
plus mauvaise façon de libérer l'avenir pour les jeunes du
Québec?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, en ce qui
concerne le droit à l'autodétermination, il me semble que, pour
n'importe quel peuple, ce n'est pas une chose qu'on demande, c'est une chose
qu'on exerce.
Des voix: Voilà!
M. Lévesque (Taillon): En ce qui concerne les propositions
constitutionnelles du gouvernement, il s'agit, bien sûr, d'une
première étape - il me semble que c'est assez clair - qui est
axée sur une cohérence qui, quant à nous, saute aux yeux.
Il y a évidemment d'abord - tout le monde le sait, tout le monde
l'admet, au fond - la question des correctifs qui doivent être
apportés à ce qui a été perpétré en
1981-1982. Il y un accord assez général là-dessus.
Pour ce qui est de la cohérence que j'évoquais, il s'agit
de la reconnaissance d'un peuple, c'est-à-dire notre peuple, ici, au
Québec. À partir de là, il y a des instruments - sinon
cela reste purement sur papier - absolument essentiels pour le
développement de ce peuple qui sont mentionnés avec insistance
dans la proposition constitutionnelle du Québec. Pour le reste, le
député aura peut-être remarqué qu'on insiste
beaucoup sur le fait qu'il s'agit, qu'il doit s'agir, comme on dit en anglais,
d'un "ongoing process", c'est-à-dire qu'après cette étape,
forcément, il en viendra d'autres. Mais je pense que si le
député veut être un peu réaliste, il admettra que,
comme première étape, c'est déjà pas mal.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, le premier ministre parle
d'étape. Doit-on conclure qu'après avoir appliqué
l'étapisme dans la recherche de la souveraineté avec les
résultats que l'on sait, on va maintenant appliquer l'étapisme
dans les négociations du fédéralisme renouvelé? Et
comment le premier ministre pense-t-il dégager ainsi des perspectives
d'avenir, si le Québec continue à tourner en rond dans ce qu'il a
déjà appelé la maison de fous des conférences
fédérales-provinciales?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je dois
dire que si j'étais méchant, je dirais au député
que cet étapisme qu'il voue aux gémonies aujourd'hui, il en a
fait partie pendant un certain temps avec beaucoup d'enthousiasme, si j'ai
bonne mémoire, ou en tout cas, si ce n'était pas avec
enthousiasme, c'était bien camouflé. Je comprends qu'aujourd'hui,
il brûle ce qu'il a non pas adoré, mais ce qu'il a suivi pendant
longtemps. Je comprends ses motifs aussi, mais enfin, je ne vois pas pourquoi
on ferait un débat en cette Chambre sur le RDI par rapport à tout
ce qui se passe en ce moment.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Question additionnelle. Outre le fait que le premier
ministre semble me reprocher une solidarité que j'avais, effectivement,
j'aimerais lui demander s'il ne craint pas... parce qu'il dit: "Le droit
à l'autodétermination, c'est quelque chose qu'on exerce"; le
droit de veto aussi était exercé et il est interdit aujourd'hui
par la constitution canadienne. Ma question au premier ministre: Ne craint-il
pas, en vertu notamment des dispositions de l'article 52 du "Canada Bill", qui
sont du droit nouveau depuis 1982, que le fait de signer la constitution
canadienne constituerait pour le Québec une négation, du moins
sur le plan politique, de son droit à l'autodétermination et que
cela rendrait difficile pour le Québec, à l'avenir, de choisir
lui-même le statut politique qu'il voudra à l'intérieur ou
à l'extérieur du lien fédéral?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, j'ai
presque envie de prendre avis de la question et de relire un ouvrage qui a fait
époque et qui s'intitulait, sauf erreur, "L'Option". Je dois dire
simplement que, quand même on tournerait en rond indéfiniment, le
gouvernement croit que ses propositions constitutionnelles - je reviens
à l'essentiel de la question - sont cohérentes, sont dignes, sont
quelque chose qui pourrait être une étape extraordinairement
importante pour le Québec tout entier. On peut avoir d'autres opinions,
c'est bien sûr, et je pense qu'éventuellement c'est la population
qui tranchera.
Le Président: M. le député de Gatineau.
Une déclaration de M. Jacques Parizeau
M. Gratton: M. le Président, le premier ministre
pourrait-il réagir à la déclaration de son ex-ministre des
Finances, M. Parizeau, qui estime que le fait que le Parti
québécois ait terminé troisième aux
élections partielles du 3 juin avec moins de 20 % du vote
démontre que l'hypocrisie ne paie pas en politique. (10 h 40)
Le Président: Le moins qu'on puisse dire, c'est que nous
allons considérer cela comme une question principale, M. le
député.
Une voix: D'accord.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): C'est encore un de ces cas -
hélas! cela arrive dans la vie -où l'ancien député
de L'Assomption, notre ancien collègue, s'est peut-être
trompé de micro.
Une voix: Bravo!
Une voix: II va la trouver bonne, celle-là!
Le Président: M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre délégué à la Voirie.
Une voix: II peut bien s'en aller.
Des voix: Bravo, René!
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Rocheleau: M. le Président.
Le Président: M. le député, vous avez une
question pour le ministre délégué à la
Voirie. Je ne le vois pas à son siège. Est-ce qu'il doit
être là aujourd'hui?
M. Bédard: M. le Président, je n'avais pas
d'indication à savoir que le ministre délégué
à la Voirie pourrait être absent. Mais il a pu s'absenter,
étant donné la période avancée des questions.
Le Président: Bon. M. le député de Hull.
M. Bédard: Je pense que l'Opposition n'est pas à
court de questions. Elle peut poser d'autres questions à d'autres
ministres. Il n'y a pas moins de...
Le Président: Allons, allons, allons! Ma seule question
portait... M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, c'est une question qui
touche plus particulièrement l'Office de planification et de
développement du Québec. Je crois que le ministre
délégué à la Voirie est le responsable de
l'application de ce dossier.
Le Président: C'est exact. M. le leader du
gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, le ministre
délégué à la Voirie, on est à même de
le constater, n'est pas présent même si au-delà de 25
ministres sont présents. Je ne sais pas si on l'avait identifié
d'une façon tout à fait particulière, mais j'espère
que l'Opposition a d'autres questions à poser, parce que tous les
ministres sont présents, à l'exception de deux ou trois.
Le Président: M. le député de Laporte.
Des permis pour fabrication
de vin à base de raisin
québécois
ont-ils été
délivrés?
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse
au ministre de l'Industrie et du Commerce. On sait que la Loi sur la
Société des alcools du Québec ne permet pas à un
producteur, fût-il artisan, de faire la mise en marché de vin ou
d'autres spiritueux sans avoir, au préalable, obtenu un permis de
fabricant de vin, lequel est délivré par le ministère de
l'Industrie et du Commerce. Or, depuis un certain temps, plusieurs producteurs
agricoles désirent obtenir des permis du ministère afin de
commercialiser leur vin de fabrication artisanale, ce qui nous paraît
tout à fait normal. Cela a pour effet d'inquiéter l'industrie
québécoise du vin qui se sent menacée, surtout à
l'égard du genre de permis que pourrait émettre le ministre et de
la portée de ces permis. Or, le 21 mars 1985, j'ai demandé au
ministre, ici même en cette Chambre, s'il avait délivré un
ou des permis à des fabricants de vin artisans et le ministre a
répondu - je cite: "À ma connaissance, non. Mais, quand
même, je voudrais vérifier et vous le confirmer au retour en
Chambre mardi prochain." Je lui ai subséquemment demandé: "Est-ce
que, par hasard, le ministre n'aurait pas délivré un permis
à une entreprise qui s'appelle Les Côtes d'Ardoise?" Le ministre a
répondu: "Je ne me souviens pas, je voudrais simplement vérifier
avant de répondre." Le ministre a eu suffisamment de temps pour
vérifier, puisque je suis revenu à la charge lors de
l'étude des crédits, il y a un mois, et que j'ai posé de
nouveau la question au ministre et ce, à trois reprises. Le ministre a
nié à trois reprises avoir délivré quelque permis
que ce soit. Ma question au ministre est la suivante: Le ministre a-t-il, oui
ou non, délivré un ou des permis de fabricant de vin à
base de raisin québécois à des producteurs artisans?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: M. le Président, à ma connaissance, je
n'ai pas encore délivré un seul permis de fabricant de vin
à des artisans, à des fabricants québécois. Je me
propose quand même d'en émettre cinq ou six au cours des
prochaines semaines ou des prochains mois, à certaines conditions, bien
sûr. Le fabricant devra nous prouver qu'il emploie 100 % de raisin ou de
fruits québécois avant que nous puissions lui émettre un
permis. Ce que ces fabricants pourraient produire, c'est environ 4000
bouteilles de vin par année par fabricant. Alors, je ne pense pas que
cela nuise beaucoup à l'industrie des vins, puisque nous vendons chaque
année de 80 000 000 à 100 000 000 de bouteilles sur tout le
marché de la Société des alcools. Ce n'est pas cinq ou six
permis avec 4000 bouteilles chacun qui vont nuire à l'industrie du vin
au Québec. Au contraire, cela va aider des artisans qui sont des
producteurs agricoles et cela pourrait les encourager à produire plus au
cours des années à venir.
M. Landry: Bien répondu.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Tout en rappelant au ministre que l'Opposition n'est
pas contre l'émission de permis à des producteurs de vin à
base de raisin québécois...
Des voix: Ah!
M. Bourbeau: ...le ministre a-t-il pris connaissance d'une lettre
datée de décembre 1984 et signée par M. Serge Ouellet,
attaché
politique et conseiller du ministre dans le dossier de l'industrie des
vins, dans laquelle M. Serge Ouellet, parlant au nom du ministre, indique au
directeur général du Conseil économique du Haut-Richelieu,
et je cite: "J'ai le plaisir de vous informer, cher ami, que nous venons tout
juste d'accorder un permis de fabricant de vin à base de raisin
québécois à Les Côtes d'Ardoise et que nous sommes
tout disposés à recevoir les demandes d'autres viticulteurs
québécois."
Comment le ministre peut-il concilier la réponse qu'il vient de
me faire avec le contenu de la lettre de son adjoint spécial dans le
dossier des vins?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: Je n'ai pas pris connaissance de la lettre. C'est
peut-être l'enthousiasme qui a emporté mon adjoint lorsqu'on a
discuté de la délivrance des permis. De toute façon, au
moment où on se parle, je n'ai pas encore signé un seul permis.
J'ai hâte que l'on soit prêt, au point de vue de la
réglementation, pour permettre à ces producteurs agricoles de
produire du vin au Québec puisque mon collègue, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, lui aussi, est un
fervent partisan d'émettre des permis à des producteurs artisans,
des Québécois qui sauront produire de la vigne et du vin à
partir de fruits québécois à 100 %.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre, lors de l'étude des
crédits de son ministère, en commission parlementaire, le mois
dernier, était accompagné à sa droite immédiate de
M. Serge Ouellet, celui-là même qui a signé la lettre
annonçant l'émission d'un permis à la
société Les Côtes d'Ardoise. Comment le ministre a-t-il pu
nier à trois reprises avoir émis ce permis, alors que le
signataire de la lettre et son principal conseiller en cette matière
était à sa droite immédiate et lui soufflait les
réponses?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: On s'aperçoit que le député de
Laporte a été dans l'Opposition seulement; je pense qu'il va y
demeurer longtemps et qu'il va apprendre quelque chose: ce sont les ministres
qui signent les documents. Moi, en tout cas, j'insiste pour signer mes propres
documents et, avant de signer, je regarde ce que je signe. Jusqu'à
présent, je vous dis qu'à ma connaissance je n'ai pas
signé de permis de fabricant de vin à partir de raisin
québécois. J'ai hâte d'en signer et, aussitôt que ce
sera fait, M. le député de Laporte, je vous en informerai afin
que vous puissiez être au courant de ce qui se passe au Québec
dans le domaine des vins et spiritueux.
Le Président: M. le député de Laporte.
M. Bourbeau: Quelle confiance peut-on avoir dans le ministre
quand le ministre n'est même pas informé par ses adjoints
spéciaux en cette matière, quand les adjoints soufflent au
ministre des réponses qui ne sont pas correctes ou quand le ministre ne
reçoit pas de ses adjoints les réponses correctes aux questions
qu'on lui pose?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Biron: Ce qui est important, c'est que vous m'avez posé
une question pour savoir si j'ai signé des permis de fabrication de vin.
Je vous ai dit non et, encore aujourd'hui, je vous dis non. Si vous me demandez
si je vais en signer, je vous dis: Oui, j'en signerai cinq ou six au cours des
prochaines semaines. Je pense que c'est clair et précis. Si vous avez
besoin d'autres renseignements, continuez à poser des questions.
Des voix: Bravo!
Le Président: M. le député de Gatineau,
question principale.
Le parachèvement de l'autoroute de la
Gatineau
M. Gratton: Ma question s'adresse au ministre des Transports en
l'absence du ministre délégué au Développement et
à la Voirie des régions. En 1972, le gouvernement du
Québec signait avec le gouvernement fédéral une entente
prévoyant la construction de certains axes routiers dans la
région de l'Outaouais québécois pour pallier les carences
évidentes du réseau routier régional. Mon collègue
de Pontiac évoquait certains projets hier, certains projets
prévus dans cette entente que le gouvernement actuel a
négligés depuis son arrivée au pouvoir, en 1976. Il en va
de même de l'autoroute A-5, baptisée autoroute de la Gatineau,
qui, aux termes de l'entente, devait être complétée
jusqu'au nord du village de Wakefield avant 1980, mais où le
gouvernement actuel n'a rien fait depuis 1976, même si les expropriations
à cette fin étaient déjà complétées
avant son arrivée au pouvoir.
J'aimerais demander au ministre des Transports ce matin quels sont les
échéanciers que prévoit le ministère pour le
parachèvement de cette autoroute. Comme on le sait, il est devenu urgent
qu'on la complète, compte tenu qu'elle devra doubler
et réduire la circulation sur la route 105, route
meurtrière entre toutes les routes du Québec.
Le Président: M. le ministre des Transports. (10 h 50)
M. Tardif: J'avais déjà fait sortir les
renseignements en vue d'apporter un complément de réponse au
député de Pontiac, de sorte que j'ai ici les données. Cela
me permettra de dire au député de Gatineau qu'il vient de se
mettre un doigt dans l'oeil et l'autre vous savez où, M. le
Président.
Des voix: Oh! Oh! Oh!
M. Tardif: Oui, mais... Un doigt dans l'oeil et l'autre dans
l'oreille, M. le Président.
Une voix: Ils ont l'esprit mal tourné. Une voix:
Ils ne pensent qu'à ça.
M. Tardif: Le député de Gatineau aurait eu tout
intérêt à consulter les documents qui ont
été, entre autres, déposés lors de l'étude
des crédits. Il dit que le gouvernement actuel aurait
négligé de se prévaloir de l'entente intervenue avec la
Commission de la capitale nationale depuis 1976. Or, depuis 1976, les montants
utilisés dans le cadre de cette entente ou les montants investis par le
seul gouvernement du Québec...
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président: Un rappel au règlement. À
l'ordre! À l'ordre! À l'ordre!
M. le député de Gatineau, sur un rappel au
règlement.
M. Gratton: On a l'impression que le ministre des Transports a
les doigts dans les oreilles et n'a pas entendu ma question. Je lui ai
posé des questions sur l'autoroute A-5 et il est en train de
répondre à mon collègue de Pontiac sur l'ensemble de
l'entente fédérale-provinciale de 1972.
Je réitère qu'au minimum la réponse doit au moins
se raccrocher un tant soit peu à la question qui est posée et qui
porte, dans ce cas-là, sur l'autoroute A-5.
Le Président: M. le ministre des Transports m'a fait part
qu'il avait un complément de réponse à donner à M.
le député de Pontiac à la suite de sa question
posée hier. Malheureusement, il était hors délai, mais il
semble bien que, de la part de M. le député de Pontiac, il y
avait un accord à savoir qu'à l'issue de la période des
questions le complément de réponse pourrait être
donné par le ministre des Transports.
Si tel est le cas, vous pourriez donc, s'il y a consentement, donner ce
complément de réponse à l'issue de la période de
questions, ce qui ne l'empêche pas, pour l'instant, de répondre
à la question immédiate qui est posée.
M. Tardif: M. le Président, j'ai l'intention de
répondre au député de Gatineau, au député de
Pontiac et au député de Hull, M. le Président, sauf que le
député de Gatineau a fait une affirmation à savoir que
l'actuel gouvernement ne s'était pas prévalu de l'entente
intervenue avec la CCN en 1972. Cela faisait partie de son
préambule.
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président: Oui, M. le leader de l'Opposition, sur un
rappel au règlement.
M. Gratton: Je ne sais si le ministre le fait exprès, M.
le Président, mais il est en train d'induire la Chambre en erreur en me
prêtant des propos que je n'ai pas tenus. Je n'ai pas parlé de
l'entente en général dont le gouvernement ne s'est pas
soucié, mais de l'entente particulièrement en rapport avec
l'autoroute A-5. Qu'il arrête de me faire dire des choses que je n'ai pas
dites pour essayer de couvrir son inaction.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: Je ferai sortir le Journal des débats pour
rappeler au député ce qu'il a dit. Néanmoins, M. le
Président, pour la période de 1976 à 1985-1986, l'actuel
gouvernement a investi 194 700 000 $ dans l'Outaouais québécois
contre 48 000 000 $ du temps des libéraux.
Le Président: Allons: Allons!
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président: Un rappel au règlement. Allons:
Allons! Allons!
M. le leader de l'Opposition.
M. Gratton: Ma question de règlement est la même, M.
le Président. Vous avez demandé au ministre des Transports de
répondre à la question que je lui ai posée sur l'autoroute
A-5. Il est en train de fournir un complément de réponse et il a
besoin d'un consentement unanime pour pouvoir le faire après la
période de questions. Pourriez-vous le rappeler à l'ordre une
deuxième fois, M. le Président?
Le Président: Je ne l'ai pas rappelé à
l'ordre, M. le député de Gatineau. Le rappel à
l'ordre, comme vous le savez, est une procédure formelle qui peut mener
à des conséquences. Je voulais simplement chercher à
ramener les choses dans le droit chemin. Puisque la période de questions
est terminée, M. le ministre des Transports, si vous pouviez
répondre à la question de M. le député de Gatineau,
peut-être y aura-t-il ensuite un consentement pour donner le
complément de réponse à M. le député de
Pontiac.
M. Tardif: Sur la question de la route 5 vers Wakefield, au cours
des prochaines années, nous comptons effectivement poursuivre des
travaux évalués à 25 000 000 $ qui seront entrepris au
cours de l'exercice financier 1986-1987. On veut une réponse ou on n'en
veut pas, M. le Président? J'ai dit que...
Le Président: Voyons!
M. Tardif: ...au cours de l'année financière
actuelle... Hier, les trois se sont levés: Pontiac, Gatineau et Hull
pour poser la question; alors, on va parler de l'Outaouais
québécois. En 1985-1986...
Le Président: II y a un rappel au règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Gratton: Très simplement, M. le Président, si le
ministre a terminé de répondre à la question que je lui ai
posée, j'aimerais lui poser une question complémentaire avant
qu'il ne commence à fournir un complément de réponse.
Le Président: La période de questions se terminait
à 10 h 50 et nous sommes déjà rendus, avec les diverses
interventions, à 10 h 55. À moins qu'il n'y ait de consentement,
je peux difficilement aller au-delà... Cela fait déjà cinq
minutes que la période de questions est censée être
terminée. Elle aurait dû être terminée.
M. Bédard: C'est ce que j'allais soulever.
M. Gratton: M. le Président, je demanderais le
consentement unanime pour poser une question complémentaire au ministre
des Transports.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: M. le Président, on doit convenir, pour
ceux et celles qui nous regardent, si le député de Gatineau avait
arrêté de débattre avec lui-même comme s'il voulait
poser les questions et donner les réponses, on aurait eu le temps
d'avoir des réponses de la part du ministre.
Mais malgré cet accroc au règlement, étant
donné que c'est le leader de l'Opposition, je n'ai pas d'objection
à ce qu'il pose une question supplémentaire
Le Président: Voyons, M. le leader du gouvernement:
M. Bédard: Je suis simplement en train de dire que si vous
n'aviez pas retardé tous nos travaux, en débattant...
Le Président: Je crois comprendre qu'il y a consentement
pour que vous posiez une question complémentaire.
M. Gratton: Je remercie le leader du gouvernement pour ses bons
sentiments. J'aimerais demander au ministre des Transports, qui vient de nous
dire que les travaux commenceront sur l'autoroute 5 en 1986-1987, ce qu'il fait
d'une lettre signée par son collègue, le ministre de
l'Environnement en date du 24 avril 1985, adressée au préfet de
la MRC Vallée de la Gatineau et dont je lui lis un court extrait: "La
construction s'étend sur une longueur de dix-sept kilomètres, de
Teanaga à Wakefield et les travaux du premier tronçon sont
prévus pour 1988". Est-ce que le ministre pourrait me dire quand vous
allez ajuster vos flûtes avec le ministre de l'Environnement?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: M. le Président, je pense que le
député de Gatineau devrait considérer cela comme une bonne
nouvelle, puisqu'il semble que l'échéancier est devancé
d'un an. Alors, il ne viendra pas s'en plaindre ce matin, car eux ont
dépensé quatre fois moins d'argent que nous dans cette
région de l'Outaouais.
M. le Président, avec votre permission, j'aimerais apporter le
complément de réponse au député de Pontiac, s'il
vous plaît!
Le Président: Y a-t-il, à cet égard,
consentement pour le complément de réponse? Allez-y, M. le
ministre.
L'autoroute 50 entre Hull et Masson
M. Tardif: M. le Président, au cours de l'année
1985-1986, le ministère des Transports va poursuivre le projet de
construction de l'autoroute 50 - puisque c'est là-dessus que portait la
question du député, je crois - entre Hull et Masson. Je vais y
arriver, parce que c'est tout de même... On ne peut pas déposer
les cartes à l'Assemblée nationale.
Il y aurait 4 300 000 $ de dépensés entre l'avenue des
Laurentides et la route
309, de même que 4 000 000 $ entre le dernier tronçon de ce
projet, soit la route 309 et la route 148 à Montée Lépine
dans la section est de l'autoroute 50.
M. le Président, également...
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Bédard: Tout le monde ici dans cette Chambre, sauf
l'Opposition, devrait se rendre compte qu'on n'est même pas capables
d'entendre le ministre donner sa réponse. On a donné toutes les
chances à l'Opposition de poser ses questions, même de
débattre avec elle-même. Laissez donc, une fois pour toutes, le
ministre répondre. Si vous n'êtes pas contents, la population
jugera de la réponse du ministre. Ce n'est pas à l'Opposition
à en juger.
Le Président: Allons!
M. Gratton: M. le Président, c'est justement pour rendre
service au gouvernement qu'on interrompt le ministre avant qu'il fasse des
bêtises.
M. Bédard: Merci de votre condescendance.
Laissez-nous...
Le Président: La période des questions
s'était bien déroulée. Cela allait trop bien. M. le
ministre des Transports. (11 heures)
M. Tardif: M. le Président, on a parlé de
l'autoroute 50, alors, je parle de la construction de l'autoroute 50 dans
l'Outaouais québécois. Également, au cours de 1985-1986,
le tronçon du boulevard de La Vérendrye, de la montée
Paiement à l'autoroute 50, sera entièrement réalisé
au coût de 1 800 000 $, de même que le boulevard de la Cité
des jeunes, de la rue Riel à la rue Freeman, qui se rattache à
l'autoroute 50. Je demanderais au député de regarder la carte
tantôt.
Troisièmement, M. le Président, les travaux...
M. Middlemiss: M. le Président. C'est bien clair, selon la
réponse du ministre...
Le Président: Voulez-vous, s'il vous plaît, on va
écouter la réponse du ministre? Vous aurez le loisir de poser une
question complémentaire, si jamais on réussit à entendre
quelque chose en cette Chambre, avec toutes les conversations qui s'y
déroulent.
M. Tardif: M. le Président, chacun est
intéressé au bout de route qui passe dans sa cour. Le reste
n'intéresse pas le député, de toute évidence, mais
je vais arriver dans la cour du député. Pour la partie ouest de
l'autoroute 50, cette fois-ci, au cours des prochains mois, on va
procéder à des appels d'offres relatifs aux travaux de
construction, viaduc et pont, sur l'autoroute 50 entre le boulevard
Saint-Laurent et l'autoroute 5 et ce, au coût de 5 500 000 $;
également, à la construction du boulevard Laramée, de
l'autoroute 50 à la promenade du lac des Fées, pour un coût
estimé à 9 000 000 $ et, enfin, à l'aménagement du
boulevard Saint-Raymond, du chemin de la Montagne au boulevard de la
Cité des jeunes, au coût de 2 900 000 $. Ces travaux seront
amorcés ou les appels d'offres seront faits au cours de la
présente année. Encore une fois, M. le Président, c'est
pour un total, cette année et en 1986-1987, de 38 800 000 $. C'est
à peu près trois fois plus que ce que ces gens-là y
consacraient lorsqu'ils étaient au pouvoir.
Le Président: Bien, bien, bien! M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, j'espère que vous
allez me permettre...
Une voix: Des promesses électorales.
Le Président: À l'ordre! À l'ordre! M. le
député, si vos propres collègues veulent bien vous
écouter, cela me permettra de vous entendre.
M. Middlemiss: Je vous demande, M. le Président, si vous
allez me permettre de répéter ma question d'hier et de
répéter la réponse du ministre pour vous montrer qu'il est
totalement en dehors de la "track".
Le Président: Si vous voulez en faire une question
complémentaire...
M. Middlemiss: Je vous le demande avant de procéder pour
qu'on ne m'interrompe pas, M. le Président.
Le Président: Je ne peux pas vous donner une
réponse hypothétique à une question comme celle-là.
Vous avez droit à une question complémentaire. Posez la question
complémentaire et, si elle est en dehors du règlement, il y aura
certainement quelqu'un pour vous le rappeler.
M. Middlemiss: M. le Président, voici ma question au
ministre des Transports. En 1978, le gouvernement du Parti
québécois s'engageait, par le biais de l'entente sur
l'amélioration du réseau routier dans le secteur
québécois de la région de la capitale nationale, à
construire...
Le Président: Je vais vous donner la réponse tout
de suite à votre question de tantôt, M. le député.
Vous êtes en train de répéter une question principale
d'hier. Vous
avez droit à une question complémentaire maintenant. Vous
pouvez la poser au ministre. Vous pourrez revenir demain en question principale
sur tout le sujet si vous le souhaitez. Pour l'heure, selon le règlement
- vu l'heure tardive, d'ailleurs - vous avez droit à une question
complémentaire. Je vous prie de bien vouloir la poser si vous le
souhaitez.
M. Middlemiss: M. le Président, c'est bien beau de poser
une question à la suite d'une réponse à la question que
j'ai posée hier. Je n'ai pas eu de réponse et c'est pour cela que
je vous demandais la permission de répéter ma question.
Des voix: Oui, oui.
Le Président: M. le député de
Louis-Hébert, lorsque vous accéderez à ce fauteuil, vous
pourrez donner les réponses. Pour l'instant...
Une voix: Ce ne sera pas long, M. le Président.
Le Président: Si M. le député de
Charlesbourg a des motions de fond à faire, il est tout à fait le
bienvenu.
Une voix: II le fera tout à l'heure.
Le Président: Je vous réitère, M. le
député, que c'est très simple. À un
complément de réponse qui se situe à l'issue de la
période des questions, donc, en dehors des 45 minutes
prévues...
Une voix: ...
Le Président: M. le député de
Louis-Hébert, s'il vous plaît! Si vous voulez parler à
votre collègue, je puis vous suggérer d'excellents endroits pour
le faire en dehors de la Chambre. J'essaie d'expliquer à votre
collègue de Pontiac et aux autres députés en même
temps que le complément de réponse se situe en dehors des 45
minutes prévues par le règlement. Le règlement est
très clair. Il prévoit qu'à l'issue d'une réponse
complémentaire le député qui a posé la question
à laquelle on répond de manière complémentaire a
droit à une question complémentaire. Si vous voulez poser une
question complémentaire, M. le député, faites-le. Si vous
n'êtes pas satisfait de la réponse, vous savez très bien
qu'il y a des dispositions dans le règlement qui vous permettent de
faire un débat de fin de séance, si vous le souhaitez. Sinon,
vous pourrez revenir en question principale lors d'une prochaine période
des questions, demain ou autrement. Pour l'heure, en vertu du règlement
que je dois appliquer, vous avez droit à une question
complémentaire et à rien d'autre.
M. Middlemiss: M. le Président, je m'excuse encore une
fois, mais comment voulez-vous que je pose une question complémentaire
à quelque chose à quoi je n'ai pas eu de réponse, à
la suite de ma question d'hier?
Le Président: M. le député, si vous ne
souhaitez pas poser de question complémentaire, il n'y a pas
d'obligation à ce faire. Nous allons continuer les travaux de la
Chambre.
M. Middlemiss: D'accord. Est-ce que, premièrement -
puisqu'il ne me donne pas la réponse que j'ai demandée,
j'espère qu'il m'en apportera une plus tard - il est prêt à
déposer l'échéancier qu'il vient d'énoncer en cette
Chambre et est-ce que, jusqu'à maintenant, cet échéancier
a été respecté?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Tardif: Lorsque le député dit que je n'ai pas
répondu à sa question à propos de la construction du
boulevard Laramée de l'autoroute 50 à la promenade du lac des
Fées, j'ai l'impression que cela fait partie de la question qu'il a
posée hier.
Le Président: M. le ministre.
M. Tardif: Celle-là va être en construction...
Le Président: M. le ministre des Transports, je vous en
prie. Pourrions-nous simplement terminer la période des questions une
fois pour toutes avec la réponse à la question
complémentaire et faire autre chose aujourd'hui que de s'asticoter de
part et d'autre?
M. Tardif: Étant donné le peu
d'intérêt de l'Opposition pour la réponse, je donnerai une
réponse écrite, un échéancier écrit au
député, que je lui ferai parvenir.
M. Gratton: Question de règlement.
Le Président: M. le leader parlementaire de l'Opposition,
sur un rappel au règlement.
M. Gratton: Oui, M. le Président, je vous sens impatient,
mais ce n'est pas parce que le ministre des Transports fait le jars qu'on va se
coucher par terre devant lui.
Le Président: M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Gratton: J'invoque une question de
règlement, l'article 214. Le ministre a refusé de
répondre à la demande du député de Pontiac qui lui
demande de déposer le document. En vertu de l'article 214, j'exige que
le ministre dépose ledit document, à moins qu'il ne nous dise
qu'il n'est pas d'intérêt public de le faire.
M. Tardif: Je suis prêt à déposer tous les
documents que j'ai ici. J'offrais même au député de les lui
envoyer personnellement, devant le bruit que causait le député de
Gatineau.
Le Président: On en exige le dépôt.
M. Tardif: Cela me fait plaisir de déposer tous ces
documents pour le renseignement du député. Cela me fait
plaisir.
Le Président: Document déposé. M.
Vallières: Question de règlement. Le
Président:Un instant! Un instant! M. Vallières:
Question de règlement.
Le Président: II y a deux personnes qui sont debout en
même temps, dont le leader du gouvernement. Oui, M. le leader
parlementaire du gouvernement. Non, bon! M. le député de Richmond
sur un rappel au règlement.
M. Vallières: C'est sur une question de règlement,
puisque le ministre de l'Énergie et des Ressources avait pris avis d'une
question hier et il m'avait indiqué qu'il y répondrait au plus
tard aujourd'hui.
Le Président: Je n'ai pas reçu d'avis, M. le
député de Richmond, qu'il y aurait un complément de
réponse de la part du ministre de l'Énergie et des Ressources. La
période des questions étant donc enfin terminée, nous
allons passer aux motions sans préavis. Oui, M. le député
d'Outremont.
Souligner la Semaine du génie
québécois
M. Fortier: J'aimerais proposer la motion suivante: Que cette
Chambre souligne la Semaine du génie québécois et
félicite l'Ordre des ingénieurs du Québec pour son
dynamisme à intéresser les jeunes au développement
technologique du Québec.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement à la
discussion d'une telle motion?
Des voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement. M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Je crois que tous sont conscients de la Semaine du
génie québécois qui se déroule présentement.
Il y a même eu des annonces à la télévision
où des ingénieurs qui sont très haut placés ont
indiqué à la population l'importance du développement
technologique pour la population et le rôle qui est joué par les
ingénieurs du Québec. Bien sûr, et tout le monde pense aux
grands projets hydroélectriques, les ingénieurs
québécois ont démontré à la face du monde
leur compétence, mais nous avons devant nous de nouveaux défis
qui appellent un développement technologique encore plus poussé.
C'est la raison pour laquelle l'Ordre des ingénieurs a organisé
cette Semaine du génie québécois pour développer ce
thème extrêmement important du rôle de l'ingénieur
dans la société d'aujourd'hui puisque, nous le savons, le
rôle de la technologie est omniprésent. Tous ceux qui
s'intéressent au développement économique du
Québec, tous ceux qui s'intéressent à l'importance que
devra prendre le Québec sur les marchés étrangers savent
que le Québec devra, dans l'avenir, donner encore plus d'importance au
développement technologique et qu'un grand nombre, un nombre accru de
jeunes diplômés des universités devront s'orienter vers le
génie, si nous voulons que le Québec puisse percer sur les
marchés étrangers et puisse s'imposer à la face du monde.
(11 h 10)
C'est donc dire que j'ose espérer qu'un grand nombre de
Québécois ou, du moins, de Montréalais se
présenteront cette semaine au complexe Desjardins, puisqu'il y a une
exposition qui s'y déroule cette semaine. L'Ordre des ingénieurs
a voulu que plusieurs sociétés québécoises
expliquent à tous ceux qui visiteront cette exposition les
différentes technologies qui ont été
développées par des ingénieurs et qui nous permettent
d'identifier le rôle du génie, que ce soit dans la robotique, dans
l'information, dans les communications, dans le domaine de la santé
également, dans le domaine des loisirs et des arts.
M. le Président, je tenais à souligner cette semaine. En
fin de semaine prochaine, l'assemblée générale des
ingénieurs se déroulera, les ingénieurs eux-mêmes
discuteront de ces thèmes. Je crois qu'il s'imposait que
l'Assemblée nationale souligne, avec tous les ingénieurs, cette
semaine qui se déroule et fasse connaître à tous les
Québécois l'importance de la technologie. On se doit de demander
surtout aux jeunes de s'y intéresser et de considérer très
sérieusement la possibilité de faire carrière
dans cette profession qui pourra assurer à la population du
Québec un meilleur épanouissement pour l'avenir
québécois. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: M. le ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie.
M. Yves Bérubé
M. Bérubé: Merci, M. le Président. Je
m'associerai bien volontiers à cette motion. Il y a une trentaine
d'années, les quelques rares Québécois qui s'engageaient
dans le domaine du génie étaient souvent vus comme des
êtres un peu exceptionnels, puisque notre société avait
davantage privilégié les carrières traditionnelles
qu'étaient la médecine, le droit et les ordres religieux.
C'est la Révolution tranquille et la montée du
nationalisme québécois qui ont dirigé plus de jeunes
Québécois vers les carrières techniques. En fait,
indéniablement, c'est la création d'Hydro-Québec, c'est la
nationalisation de l'électricité qui a amené un certain
nombre de nos firmes d'ingénieurs-conseils à pouvoir se
développer, puisque les grands contrats leur étaient enfin
ouverts. C'est ainsi que s'est développé au Québec le
génie-conseil. Aujourd'hui, peu de gens savent que, lorsque l'on examine
les grandes firmes d'ingénieurs-conseils au monde et qu'on prend les dix
premières, on retrouve, parmi ces dix premières, trois firmes du
Québec.
Effectivement, M. le Président, aujourd'hui, les
Québécois construisent de grands barrages en Inde en ce moment,
construisent des édifices publics en Afrique, viennent de
décrocher des contrats importants pour la construction de gazoducs en
URSS. En fait, dans le domaine de la construction civile, il est clair que le
Québec est à l'avant-garde et nous y demeurons. Il vient de se
créer ici même, au Québec, un centre remarquable en
informatisation dans le secteur du bâtiment, en informatisation
appliquée à la construction de barrages, également un
centre de formation à la gestion des grands travaux. En d'autres termes,
notre génie-conseil québécois est en voie de se
développer des instruments qui vont en faire le domaine technologique
par excellence québécois qui peut continuer non seulement
à percer sur le marché mondial, mais à agrandir l'empire
que nous développons.
En fait, peut-être parce que beaucoup de leviers
économiques dans le secteur industriel nous échappent encore,
d'autres domaines du génie n'ont pas connu le même
développement. Il faut cependant souligner que c'est près du
tiers des finissants canadiens en administration qui viennent du Québec
aujourd'hui. Il faut souligner le développement très rapide des
petites et moyennes entreprises au Québec. Elles sont en pleine
croissance et nous sommes à disposer d'un grand nombre de leviers
industriels qui vont faire en sorte que, demain, effectivement, les
ingénieurs du Québec pourront briller dans l'ensemble des
sphères du génie. Nous contrôlons davantage l'entreprise.
Nous pouvons penser à nos coopératives agricoles qui sont
à l'avant-garde dans le domaine de l'agro-alimentaire; nous pouvons
penser aux pâtes et papiers où plusieurs compagnies, comme
Donahue, Domtar, Consolidated Bathurst, ont fait une place à des
ingénieurs québécois.
Il faut donc souligner, M. le Président, que dans un grand nombre
de domaines industriels il y a maintenant place pour le génie
québécois. Il n'y a pas de raison de croire que dans ces domaines
également le génie québécois ne pourra pas
être à la fine pointe de la technologie mondiale.
M. le Président, parce que la formation d'ingénieurs allie
la rigueur scientifique au pragmatisme, à l'acceptation de la
réalité qui nous entoure, le génie constitue une
excellente formation, une excellente école pour bâtir une
société idéaliste, mais également bâtissant
son rêve sur une réalité qui nous entoure dans le respect
de notre environnement et pour le plus grand bien de notre développement
économique. Je m'associerai certainement à la motion de
l'Opposition, M. le Président.
Le Président: M. le député de Rosemont.
M. Gilbert Paquette
M. Paquette: Oui, M. le Président. Au nom du groupe des
parlementaires indépendants, j'aimerais m'associer à la motion du
député d'Outremont qui souligne la Semaine du génie
québécois.
J'ai eu l'occasion pendant un certain nombre d'années
d'être très en contact avec les divers milieux de
l'ingénierie québécoise et je puis vous dire que là
se retrouve une bonne partie de l'avenir du Québec. En effet, M. le
Président, déjà, dans tous les domaines de
l'activité collective, l'ingénieur fait le lien entre la science
et l'application des découvertes scientifiques et leur utilisation
concrète dans la vie de tous les jours, dans la construction de
barrages, de grands édifices, dans le développement des divers
secteurs industriels. Voilà une profession où nous devons
exceller, où nous avons déjà commencé à
exceller. Je pense qu'on a raison de souligner que l'essor du
génie-conseil québécois a commencé au moment
où la société québécoise, au cours des
années soixante, est devenue une société moderne qui a
commencé à se prendre en main et qui a pris son
développement économique en main. Sans contrôle du
développement
économique, il n'y a pas de développement scientifique et
technologique possible. C'est à la faveur de cette prise en charge que
trois des grandes firmes d'ingénieurs-conseils au monde sont des firmes
québécoises et qu'on retrouve partout dans le monde maintenant
des projets qui sont gérés par des Québécois. La
profession se transforme. Déjà, par exemple, à
l'École polytechnique de Montréal, on introduit dans tous les
cours l'utilisation des outils informatiques et je pense que cette situation
à l'avant-garde également dans nos institutions d'enseignement
universitaires permettra aux jeunes ingénieurs qui poussent de le faire
à l'aide des outils modernes de leur profession et de rester à
l'avant-garde. M. le Président, je pense que les jeunes du Québec
qui cherchent à bâtir leur avenir doivent s'intégrer
à cette profession, doivent participer de cette façon au virage
technologique et donner au Québec l'avenir que nous devons bâtir
ensemble et qu'ils peuvent bâtir avec nous. Merci.
Le Président: Mme la députée de
Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: C'est une autre motion.
Le Président: Ah c'est une autre motion! Je m'excuse. La
motion de M. le député d'Outremont est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Mme la députée
de Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: Oui, M. le Président: "Que
l'Assemblée nationale du Québec demande au gouvernement du Canada
de reconsidérer sa position en ce qui a trait à la
désindexation de la pension de la sécurité de la
vieillesse, particulièrement pour ceux qui n'ont pour revenu que la
seule sécurité du revenu, et qu'elle appuie les
représentations en faveur du maintien de l'indexation du programme de la
sécurité de la vieillesse."
Le Président: Y a-t-il consentement à la
délibération de cette motion?
M. Bédard: M. le Président, il faut continuer nos
travaux quand même.
M. Paquette: Consentement.
Le Président: II n'y a pas de consentement.
M. Bédard: On fera le débat...
Une voix: Démission! Démission!
Le Président: Bien! Aux avis touchant les travaux des
commissions, M. le leader du gouvernement. Nous sommes à l'étape
des avis. M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Blouin: M. le Président, d'abord, nous avions
annoncé préalablement qu'il y aurait une séance de la
commission du budget et de l'administration jeudi après-midi et jeudi
soir pour étudier un certain nombre de projets de loi privés.
Cette étude a été reportée plutôt à
mardi matin et à mardi après-midi prochain.
Après les affaires courantes, dans quelques minutes et
jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 24 heures, à la salle du Conseil législatif, la
commission du budget et de l'administration poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 37, Loi sur le régime de
négociation des conventions collectives dans les secteurs public et
parapublic; à la salle 101 de l'édifice Pamphile-Le May, la
sous-commission des institutions poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 20, Loi portant réforme au Code
civil du Québec du droit des personnes, des successions et des biens.
J'indique donc que la commission du budget et de l'administration... Ah! Je
l'ai dit initialement. On m'avait dit que ce n'était pas indiqué.
D'accord. Cela va. Ce sont les avis pour ce matin, M. le Président.
Le Président: Aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, M. le député de Rosemont. (11 h 20)
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
M. Paquette: Aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, j'aurais souhaité que le leader soit ici, parce que
le point que je vais soulever... Je ne sais pas s'il est retourné
à son bureau. De toute façon, le leader adjoint est là. Le
15 mai 1985, je déposais en cette Chambre un projet de loi, Loi
reconnaissant le droit à la libre disposition du peuple
québécois. Nous avons passé un mercredi là-dessus
où le leader du gouvernement, entre autres, nous a dit qu'il
était bien d'accord - et ses collègues nous ont dit qu'ils
étaient bien d'accord - avec l'idée générale du
projet de loi, mais qu'il n'était pas prêt à l'appeler
immédiatement.
Le Président: C'est de l'argumentation.
M. Paquette: II y a deux semaines, j'ai écrit une lettre
au leader du gouvernement pour lui demander quand il allait appeler le projet
de loi 191. Est-ce que je pourrais avoir une réponse du leader
adjoint?
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, le député donne
lui-même la réponse. J'en déduis que, si le leader du
gouvernement lui a indiqué qu'il n'était pas prêt à
l'appeler immédiatement et que la motion du député visait
à l'appeler avant la fin de la session, c'est qu'effectivement il y
avait d'autres projets prioritaires et que ce projet ne sera pas appelé
avant la fin de la session.
M. Paquette: M. le Président, est-ce que le leader adjoint
pourrait s'informer au leader, parce que je pense qu'il y a un glissement dans
sa réponse? Le leader du gouvernement n'a jamais affirmé qu'on
n'allait pas appeler le projet de loi avant la fin de la session. Il a
refusé une motion visant à l'appeler, à en discuter et
à terminer le débat en deuxième lecture avant la fin de la
session.
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Alors, je vérifierai pour voir si,
effectivement, il sera appelé avant la fin de la session.
Le Président: Bien. M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Le leader du
gouvernement devait m'indiquer à quelle date le projet de loi 253 sur la
ville de Hull serait entendu en commission parlementaire. Est-ce que le leader
adjoint pourrait m'indiquer s'il y a eu une entente au sujet de la convocation
des personnes intéressées?
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Oui, effectivement, hier, nous avons indiqué
que ce projet de loi sera étudié mardi prochain.
Une voix: En même temps que Rouyn-Noranda.
Projet de loi 49 Adoption du principe
Le Président: Aux affaires du jour, nous allons amorcer le
débat sur l'adoption du principe du projet de loi 49, Loi modifiant la
Loi sur la Communauté urbaine de Montréal et d'autres
dispositions législatives. Je cède la parole à M. le
ministre des Affaires municipales qui l'a déjà un peu prise.
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, le projet de loi dont nous
abordons l'étude en deuxième lecture, le projet de loi 49
concernant la Communauté urbaine de Montréal et la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, est un projet de
loi important pour l'ensemble des Montréalais. Quand on connaît
l'importance de ces deux institutions, la Communauté urbaine de
Montréal... Je pense qu'avant d'entrer dans les principes de ce projet
de loi il est peut-être important de décrire brièvement
l'importance de la Communauté urbaine de Montréal, comme
l'importance de la Commission de transport de Montréal.
La communauté urbaine comme telle, en 1985, avait un budget de
700 000 000 $, ce qui est considérable, et un nombre d'employés
de 6600, presque 6700. La communauté a des responsabilités dans
des champs aussi variés que l'évaluation foncière, la
police, les services téléphoniques d'urgence, l'étude sur
les transports collectifs par le Bureau de transport de Montréal, le
taxi, la lutte contre la pollution de l'air, l'inspection des aliments, les
égouts municipaux et le contrôle des déversements
industriels, l'assainissement des eaux, l'urbanisme et l'aménagement, la
promotion et le développement économique, l'aménagement et
la gestion des parcs régionaux. C'est dire que, pour l'ensemble de la
communauté montréalaise, la communauté urbaine a des
pouvoirs et des responsabilités fort importants qui représentent
700 000 000 $ en termes financiers.
Quant à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, c'est un budget de 425 000 000 $ qui est en cause.
La communauté transporte environ 350 000 000 de voyageurs par
année. Elle a 2000 autobus en sa possession, 750 voitures de
métro, 7800 employés réguliers dans toutes les
catégories, des chauffeurs d'autobus en passant par les professionnels,
les employés d'entretien et les employés de bureau. Cela signifie
que la communauté urbaine et la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal sont deux institutions publiques
très importantes.
Le projet de loi 49 veut améliorer les dispositions
législatives concernant la communauté urbaine et la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal et vise plus
particulièrement cinq objectifs. Le premier objectif est de
démocratiser davantage l'administration de ces organismes,
d'accroître la transparence de leur administration et également
d'assurer une gestion souple, efficace de la commission de transport comme de
la communauté urbaine tout en simplifiant l'administration de ces
organismes et, principe fondamental dont nous essayons
d'accroître l'importance au palier des réalisations
concrètes, au fur et à mesure où nous touchons aux lois
municipales ou paramunicipales, de responsabiliser davantage les élus
dans l'administration de la communauté urbaine et de la
société de transport.
À ce titre, vous le savez, avec la réforme de la
fiscalité municipale adoptée en 1979, de même qu'avec la
Loi sur la démocratie municipale de 1978, le gouvernement actuel a
constamment agi dans la perspective de la responsabilisation accrue des
élus municipaux. C'est en ce sens que nous avons donné aux
élus municipaux des pouvoirs fiscaux importants, autonomes, un champ
fiscal autonome, pour que, lorsqu'ils décident de répondre aux
besoins de leurs concitoyens, ils le fassent avec la plus grande
responsabilité possible et avec la plus grande autonomie possible.
Mes propos seront très brefs. J'aborderai quelques changements
que nous faisons à la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal pour atteindre les cinq objectifs que j'ai mentionnés.
Ensuite, avec votre consentement, je céderai la parole à mon
collègue, le ministre des Transports, qui abordera l'essentiel de ce
projet de loi, qui a trait au changement de statut de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal qui est
transformée en une société de transport qui, à
l'avenir, au lieu de dépendre de commissaires, dépendra des
élus municipaux. C'est mon collègue des Transports qui expliquera
l'importance et la nature des changements que nous effectuons à ce
titre.
En ce qui me concerne, je voudrais indiquer quelques changements que
nous faisons à la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal, à la demande de celle-ci et à la suite d'une
consultation, d'une concertation avec les élus de la Communauté
urbaine de Montréal, dans le sens d'une simplification de
l'administration de celle-ci et d'un accroissement de la transparence de cet
organisme.
D'abord, nous allons confier par ce projet de loi une
délégation, à des fonctionnaires désignés
par la communauté, du pouvoir d'effectuer des dépenses
d'administration courante, pouvoir qui est présentement exercé
par le comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal. Pour faciliter l'administration, nous allons céder ce
pouvoir et la communauté pourra déléguer des pouvoirs
à des fonctionnaires désignés.
Nous allons également donner la possibilité à la
communauté de conclure de gré à gré des contrats
avec des compagnies d'utilité publique ou une municipalité pour
l'enlèvement, le déplacement ou la construction de conduites ou
d'installations d'aqueduc, d'égout et d'électricité, de
gaz, de télécommunications, de vapeur et de fluide, d'autant plus
que, la plupart du temps, ces contrats sont donnés à des
compagnies d'utilité publique qui ont un monopole dans leur secteur. Au
lieu de procéder par appel d'offres, la Communauté urbaine de
Montréal sera autorisée à conclure des contrats de
gré à gré avec des compagnies d'utilité publique ou
une municipalité pour les fins que j'ai
énumérées.
Une autorisation sera donnée à la Communauté
urbaine de Montréal de négocier des contrats de gré
à gré de fourniture de logiciels et d'entretien de
systèmes informatiques et de télécommunications avec des
entreprises qui ont déjà mis en place les systèmes
d'information à la suite d'une procédure de soumissions
publiques. On sait qu'il y a très peu d'entreprises
spécialisées dans ce genre de travaux d'entretien du
matériel informatique de logiciels, du matériel de
télécommunications et, souvent, il est avantageux
financièrement, simplement au point de vue administratif, que ce soit
l'entreprise qui a eu le contrat d'installation, de vente ou de location de ces
appareils qui fasse l'entretien de ces appareils. Nous acquiesçons ici
à une demande de la communauté urbaine.
Un autre changement que nous faisons sera d'étendre la
compétence du Service d'inspection des aliments de la communauté
urbaine aux distributeurs automatiques d'aliments afin de s'assurer que ces
distributeurs fonctionnent normalement et que les aliments qui y sont
distribués soient des aliments de qualité. La communauté
aura le pouvoir d'exercer des contrôles sur ces distributeurs
automatiques d'aliments. (11 h 30)
Un autre pouvoir important est donné à la
communauté urbaine. Cette dernière a acquis au cours des
années une expertise très importante dans le domaine de
l'assainissement des eaux et je dirais dans la lutte contre la pollution en
général.
Comme elle a déjà, dans le domaine du transport, un
pouvoir d'exportation de son expertise qui sert à accroître les
marchés du Québec à l'étranger dans le domaine du
transport, celle-ci nous a demandé le pouvoir d'offrir ses services
à l'intérieur du Québec, mais plus spécifiquement
à l'étranger, de fournir son expertise et ses équipements
contre rémunération, évidemment, en matière
d'assainissement des eaux, comme elle est habilitée à le faire
dans le domaine du transport en commun.
Un autre pouvoir que nous allons donner au président de la
communauté urbaine, du conseil exécutif cette fois-ci: Nous
allons reconnaître le plein droit de parole au président du
comité exécutif de la communauté urbaine lors des
réunions d'une commission permanente ou spéciale du conseil de la
communauté urbaine.
Un autre changement que je voudrais
souligner aux membres de cette Chambre, c'est que les
municipalités membres de la Communauté urbaine de Montréal
devront indiquer à l'avenir sur les comptes de taxes quelle proportion
du compte de taxes est destinée a financer les dépenses de la
communauté.
Il était peut-être un peu trop facile pour des conseils
municipaux des villes membres de la communauté de dire: "Votre taux de
taxation est de 2,50 $ mais une très large part de ceci dépend
des décisions qui sont prises par la Communauté urbaine de
Montréal" sans que les citoyens ne puissent mesurer quelle est la part
du compte de taxes qui va réellement pour les dépenses de la
communauté urbaine. J'ai énuméré tantôt les
champs de responsabilité qui sont vastes: évaluation
foncière, police, services téléphoniques, bureaux de taxi,
lutte contre la pollution, égouts, etc. L'ensemble de ces services
coûtent aux citoyens montréalais 700 000 000 $ qui sont
payés par une partie des comptes de taxes que chacun des contribuables
paie à sa municipalité locale.
Il est très important que, dans le compte de taxes, le citoyen
voie la part des revenus que cela procure à sa municipalité et
qui seront transférés à la Communauté urbaine de
Montréal, comparativement à l'autre part qui restera dans sa
municipalité; ceci, pour éviter que certains élus
municipaux puissent constamment dire: Ah! cela dépend de la
Communauté urbaine de Montréal si votre compte de taxes est si
élevé alors que la plus large part des revenus de la
municipalité va pour les dépenses propres de la
municipalité.
Voilà, M. le Président, quelques changements que nous
voulons apporter à la loi sur la communauté urbaine. Avant de
céder la parole à mon collègue des Transports je vaudrais
simplement indiquer ceci: Lorsque la loi 46 a été adoptée
en cette Chambre il y a maintenant deux ans et demi environ, plusieurs avaient
des doutes sur les vertus de cette loi et les vertus de cet aménagement
du pouvoir sur l'île de Montréal qui avait été
trouvé par mon prédécesseur. Lorsque mon
prédécesseur a quitté cette Chambre, il y a à peine
quelques jours, je crois que les membres de cette Chambre ont été
unanimes à reconnaître que la loi 46, qui rétablissait un
nouvel équilibre du pouvoir à l'intérieur de la
communauté urbaine, avait été un excellent choix et que
l'essentiel du mérite en revenait à mon
prédécesseur, M. Jacques Léonard, qui était
à ce moment-là député de Labelle et ministre des
Affaires municipales.
Je pourrais dire qu'en ce qui concerne le ministère des Affaires
municipales les changements que nous faisons aujourd'hui sont bien davantage
des améliorations, des ajustements techniques que des changements de
fond ou des changements fondamentaux.
Je pense que c'est normal qu'à l'expérience d'une loi, on
cherche à l'améliorer constamment et c'est dans cette perspective
que j'ai travaillé avec la Communauté urbaine de Montréal
afin de voir quels amendements pouvaient être apportés à sa
loi.
Quant à l'essentiel de ce projet de loi, je pense que tout le
monde le reconnaîtra ou l'aura reconnu, il touche aux transformations qui
visent la communauté des transports de la ville de Montréal, de
la communauté urbaine, dont l'esprit fondamental correspond à un
livre blanc publié par le ministère des Transports qui vise
précisément à donner aux élus municipaux la
responsabilité effective de la gestion et de l'orientation du transport
en commun.
Sur ceci, M. le Président, je vous demanderais de
reconnaître mon collègue des Transports qui fera part à
cette Chambre à la fois des principes qui nous ont guidés et des
modalités retenues dans le cadre de ce projet de loi qui correspondent
à cette politique que nous avons déjà appliquée,
d'ailleurs, en décembre dernier à la Société des
transports de Laval et à d'autres communautés intermunicipales de
transport. Je vous remercie, M. le Président.
M. Saintonge: M. le Président, il a été
convenu, étant donné...
Le Vice-Président (M. Brouillet): Oui, il a
été convenu.
M. Saintonge: ...les dispositions de la loi qui affectent
principalement la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal qu'après le ministre des Affaires municipales le
ministre des Transports serait reconnu pour exercer son droit de parole et
qu'ultérieurement je prendrai la parole au nom de l'Opposition, suivi de
mon confrère de Mont-Royal, critique en transport.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Merci bien. M. le
ministre des Transports.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, ainsi que vient de l'indiquer
mon collègue, le ministre des Affaires municipales, le projet de loi 49,
Loi modifiant la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal et
d'autres dispositions législatives, si ce projet comporte des
amendements à la loi constitutive de la communauté, il implique
des modifications beaucoup plus considérables de l'une des composantes,
j'allais dire les plus importantes, avec la police, de la communauté,
qui est l'organisme responsable du transport en commun sur le territoire de
la Communauté urbaine de Montréal.
Cet organisme voit sa structure modifiée dans le sens des
amendements que le gouvernement a déjà apportés aux autres
organismes de transport au Québec. Je pense notamment à la CTCUQ,
je pense notamment à la CTCRO et je pense aux conseils intermunicipaux,
aux régies intermunicipales de transport qui ont ceci de particulier, M.
le Président, que le pouvoir d'organiser du transport en commun sur un
territoire urbanisé est remis, à toutes fins utiles, entre les
mains des élus locaux.
Je reviendrai tantôt sur les implications de cette décision
gouvernementale qui peut surprendre à certains égards, dans la
mesure où l'État québécois assume, et de loin, la
majeure partie de la note du coût du transport en commun comparativement,
en tout cas, aux deux autres sources de financement, aux deux autres
fournisseurs de fonds que sont les usagers et les municipaux. Je dis les deux
autres principales, parce qu'il y en a une autre, ce sont les revenus
publicitaires et ceux d'autres sources, mais qui sont une quantité
beaucoup moins importante que les deux premières.
Donc, l'État québécois, bien qu'il demeure... Et
dans le cas de la Communauté urbaine de Montréal, c'est
très important, M. le Président. Pensons que cette année,
pour l'année 1985, la somme des coûts de fonctionnement et du
service de la dette atteint au-delà de 600 000 000 $; en fait, c'est 612
000 000 $. Le partage de ce fardeau est d'à peu près 22-33-44: 44
% pour le gouvernement, 33 % à peu près pour l'usager et 22 %
à peu près pour les municipalités. 22-33-44, cela fait 99
%; l'autre 1 %, je vous le donne en mille. Ceci, encore une fois, pour les
dépenses incluant le service de la dette du métro et des autres
équipements d'immobilisation et les dépenses dites
d'opération. (11 h 40)
Malgré le fait que l'État assume 44 % du coût, que
les usagers en assument 33 %, on remet néanmoins aux élus locaux
le contrôle sur ces organismes. J'expliquerai un peu plus loin les
raisons de ces décisions. Je pense qu'il est important de saisir
l'objectif visé lorsqu'on veut comprendre le sens des amendements
proposés parce que presque tous les amendements du projet de loi
s'inspirent de cet objectif. C'est-à-dire remettre le contrôle aux
élus avec, comme corollaire, une plus grande démocratisation des
organismes de transport, c'est-à-dire la faculté qu'auront les
citoyens de contrôler ce qui se passe dans leur organisme de
transport.
Évidemment, il nous semble important aussi, en plus de ces
objectifs de contrôle par les élus, de droit de regard le plus
direct possible des citoyens, évidemment, de promouvoir
l'efficacité dans l'administration des organismes de transport et de la
CTCUM, en particulier. Avant de parler en détail des amendements, il ne
serait peut-être pas inutile de faire un bref rappel historique. En
effet, la notion de contrôle des élus locaux sur le transport en
commun a fait l'objet, sinon d'une lente évolution, en tout cas, de
mutations au cours des années, particulièrement, depuis la mise
en place de la Commission de transport de Montréal en 1952. À ce
moment, la notion de monopole naturel fut jugée comme celle qui devait
correspondre et s'appliquer aux organismes de transport en commun de la
même manière qu'aux entreprises fournissant des services
d'électricité et de téléphone. On a
évalué que, pour le transport en commun comme pour
l'électricité et pour le téléphone, compte tenu de
l'importance des investissements nécessaires à
l'établissement d'un réseau, les clientèles, les citoyens,
la population seraient mieux desservis en accordant à une entreprise
l'exclusivité d'un marché. Comme ce service revêtait un
caractère essentiel, les décisions de ces entreprises qui
détenaient ou qui détiennent un tel monopole ont
été assujetties par le législateur à une
révision par une instance de contrôle de manière à
assurer la protection du public, notamment, en matière de tarification
et de qualité des services, dans le cas des organismes de transport,
parcours, horaires, etc.
Dans le contexte du début des années soixante, la
municipalisation du transport en commun a donc signifié que la ville de
Montréal est devenue propriétaire de ce qu'on appelait la
Commission de tramway de Montréal ou "de transport", à
l'époque, qui est devenue ultérieurement "des transports". Elle
en nommait les dirigeants, c'est-à-dire des commissaires, mais ces
quelques modifications mises à part, le transport en commun a
continué, a toutes fins utiles, d'être administré comme une
entreprise, comme un commerce. Les recettes provenant des usagers servant ou
devant couvrir l'ensemble des coûts. Il devait d'ailleurs en être
ainsi jusqu'à la fin des années soixante. C'est la CTM, à
l'époque, qui servit de modèle au début des années
soixante-dix, au moment où furent créées les autres
commissions de transport. Le contrôle à peu près total des
commissaires sur le transport en commun, c'est-à-dire sur les parcours,
les tarifs, le budget, les investissements, devait toutefois être
contesté par les élus municipaux à compter du moment
où le transport en commun cessa d'être rentable en raison de la
suburbanisation, de l'augmentation de la circulation automobile et que les
municipalités furent appelées à combler les
déficits d'exploitation.
Je l'ai dit tantôt, prenons le cas de la CTCUM encore une fois,
les municipalités doivent combler 22 % du coût du transport
en commun. J'ai dit que le gouvernement en assume 44 %. À partir
du moment où les élus locaux ont commencé à devoir
prélever des taxes foncières pour assumer une partie du
coût du transport en commun, ils ont évidemment demandé
d'avoir un droit de regard sur ces organismes de transport. C'est là la
raison fondamentale des principaux changements qui sont survenus au cours des
dernières années dans la constitution des organismes de
transport.
M. le Président, si l'État se rend à l'idée
que le principe de "no taxation without representation" devrait s'appliquer en
quelque sorte pour les dépenses encourues par les organismes de
transport, quelqu'un peut immédiatement poser la question: Oui, mais
l'État québécois, lui qui assume 44 % de la note, n'est
pas présent, n'est pas représenté. Je dois dire que cela
fait partie du paradoxe et que, parfois, je me suis demandé s'il ne
serait pas préférable que l'État québécois
soit présent au sein du conseil d'administration, quand il assume 44 %
des dépenses, en fait, 100 % du service de la dette du métro et
des autres dépenses d'exploitation dans des proportions variables. Puis,
je me suis dit: II est normal que l'État québécois
délègue à des élus locaux le pouvoir d'administrer
ces fonds. Mais on comprendra, M. le Président, que, par la même
occasion, celui qui vous parle, le ministre des Transports, à
défaut d'être présent au moment de la gestion quotidienne,
devra avoir un droit de regard sur ce qui se passe à l'intérieur
de l'organisme et quant à l'affectation qui sera faite des subventions
et des sommes. Sans quoi, on pourrait se retrouver dans la situation où
l'Opposition pourrait poser une question au ministre des Transports en disant:
Mais quel usage a été fait des subventions qui ont
été versées par le gouvernement du Québec, sur la
recommandation du ministre des Transports, à cet organisme qui s'appelle
la communauté urbaine?
Il y aurait aussi et il y a eu aussi, M. le Président, le
Vérificateur général qui pose des questions à
chaque ministre, à chaque ministère sur l'utilisation qui est
faite des deniers, des sommes votées par l'Assemblée nationale.
On comprendra que, sur la question des plans triennaux d'immobilisation, sur la
question de certaines autorisations reliées à des matières
décrites dans la loi, on comprendra qu'en matière de
vérification le ministre des Transports, s'il est prêt à
remettre aux élus locaux la gestion de sommes aussi importantes
provenant des deniers publics, néanmoins, il n'est que normal qu'il
puisse demander des comptes de cette gestion. (11 h 50)
Or, M. le Président, voilà un peu comment on a
essayé de résoudre le paradoxe de remettre aux élus locaux
la gestion des organismes de transport selon le principe que, parce qu'ils
prélèvent des taxes, ils doivent être présents et en
même temps de rester nous-mêmes à l'écart de cela.
Évidemment, tout ceci s'inscrit, M. le Président, dans la
foulée des efforts qui ont été commencés, lorsque
j'avais l'honneur d'être au ministère des Affaires municipales,
sur la revalorisation du rôle des élus locaux et dont le principal
élément et celui - en tout cas, quant à moi - dont je suis
le plus fier depuis mon passage aux Affaires municipales, a été
la réforme de la fiscalité.
C'est bien beau de parler de revalorisation du rôle des
élus locaux, mais lorsque ceux-ci étaient réduits à
un état de mendicité et qu'ils devaient venir quêter
littéralement à Québec des subventions qu'ils appelaient
d'équilibre budgétaire... Je me souviens que, lorsque je suis
arrivé aux Affaires municipales en 1976, on faisait presque - j'allais
dire - la queue dans l'antichambre du ministre des Affaires municipales. On me
disait presque: M. le ministre, on est en train de faire notre budget -
c'était au mois de novembre 1976 -pour le 31 décembre, dites-nous
donc combien vous pensez que vous pourriez nous donner cette année. Je
n'en revenais pas. Je ne pensais pas que cela fonctionnait ainsi au
gouvernement. Je me suis rendu compte que ces gens-là venaient
littéralement quêter. Tout surpris, je leur disais: Je n'ai pas
d'argent. Les principales sommes disponibles au ministère des Affaires
municipales au mois de novembre avaient déjà été
engagées. J'imagine à part cela qu'à la veille d'une
élection c'était à peu près normal. J'avais dit: Ne
trouvez-vous pas cela un peu déprimant, démoralisant pour les
élus locaux de venir demander de l'argent?
Si je devais vous dire que c'est dès novembre 1976 que j'avais
résolu de faire la réforme de la fiscalité municipale que
j'ai effectuée plus tard, ce ne serait pas exact, mais,
déjà, l'idée de revaloriser les élus locaux et de
leur donner des sources de revenus autonomes... Je ne sais pas si les gens
présentement au Québec se rendent compte que le gouvernement du
Québec, en décidant de payer des taxes sur ses immeubles, sur les
écoles, sur les hôpitaux, en exigeant d'Hydro-Québec
qu'elle verse des redevances égales à 3 % des ventes d'Hydro, par
les compagnies de téléphone, de téléphonie et
autres, a procuré aux municipalités du Québec des revenus
autonomes entre 400 000 000 $ et 500 000 000 $ par année.
C'est cela, la réforme de la fiscalité? donner,
revaloriser le rôle des élus locaux et je dis incidemment aux
élus locaux que j'ai bien apprécié connaître,
après avoir travaillé avec eux pendant quatre ans, qu'ils
bénissent le Ciel que cette réforme se soit effectuée
avant la crise économique, parce que je ne
suis pas du tout certain maintenant qu'elle pourrait se refaire dans les
mêmes circonstances. Cette somme de 400 000 000 $ à 500 000 000 $
faisait partie de ce premier geste du gouvernement pour revaloriser le
rôle des élus locaux. Je regarde toujours avec un certain sourire
le dévoilement des surplus de nos municipalités. Je pense
qu'à Montréal c'est à peu près 40 000 000 $ par
année depuis la réforme -par année. En cinq ans, cela fait
200 000 000 $. Ce n'est pas si mal. Et je ne leur en veux pas. Je trouve cela
bien, d'avoir sorti les municipalités du Québec de l'état
de mendicité, mais je pense qu'il fallait aller plus loin et cet effort
de reprise en rnain des élus locaux, nous avons voulu l'accompagner d'un
meilleur contrôle des citoyens sur ce qui se passe: introduction d'une
période de questions, obligation de faire un discours sur le budget, de
diffuser des renseignements, de les publier, d'inscrire sur le compte de taxes
la proportion médiane, c'est-à-dire la valeur, l'écart,
par rapport au marché, du rôle d'évaluation. Bref,
multiplier les renseignements accessibles aux citoyens.
On est allé plus loin que cela. On a augmenté le nombre
d'élus locaux au conseil. Imaginez qu'il y avait des
municipalités qui atteignaient 100 000 ou 150 000 citoyens, mais qui
avaient encore un maire et six conseillers, exactement comme dans un village de
500 âmes. Donc, une démocratisation que nous avons
accentuée. On ne se surprendra pas, aujourd'hui, de retrouver à
peu de choses près les mêmes principes dans la loi qui modifie la
structure de la CTCUM, c'est-à-dire un plus grand contrôle des
élus. Cette réforme du rôle des élus locaux, d'abord
amorcée par la réforme de la fiscalité, puis celle de la
démocratie municipale, ce sont les transpositions de cette
réforme qu'on retrouve aujourd'hui appliquées au domaine du
transport et il nous paraît important qu'il en soit ainsi.
L'évolution des budgets du transport en commun dans la
région de Montréal a été importante, de même
que l'accroissement de l'achalandage. Je l'ai dit tantôt: le budget total
du transport en commun pour l'année 1985, incluant le service de la
dette du métro, est de 612 000 000 $. Incidemment, du temps des
libéraux, il était de 173 000 000 $, en 1975; en 1976, de 208 000
000 $. Évidemment, au fur et à mesure que les tronçons du
métro se sont constitués, que le service de la dette a
augmenté, nous avons consenti des efforts considérables non
seulement en levant le moratoire que les libéraux, à
l'époque, avait décrété... Je voudrais rappeler
qu'en 1976 on avait imposé un moratoire sur la ligne 5, un autre sur la
ligne 2 ouest. On avait imposé de cette façon un gel - un
moratoire, c'est un gel - sur tout le développement du métro.
D'ailleurs, j'ai entendu le député de Mont-Royal faire la
présentation d'un document de son parti sur la question du transport en
commun, particulièrement à Montréal. Ce que je crains,
c'est qu'à un moment donné l'Opposition, qui a
décrété un moratoire sur les prolongements en 1976, nous
annonce, ni plus ni moins, une autre période de gel. Je pense que ce
serait dommage, parce que, nonobstant le fait que c'est vrai que les citoyens
montréalais ont, eux aussi, connu l'engouement de tous les citoyens des
dernières décennies pour l'automobile... Il suffit de se rappeler
qu'au début des années 1970, il y avait à peu près
1 500 000 véhicules immatriculés au Québec et qu'en 1985
il y en a plus de 3 000 000. On a doublé le nombre de véhicules
automobiles immatriculés au Québec. Il y a donc eu accroissement
du parc de véhicules automobiles. Beaucoup de familles qui, il y a
à peine 15 ou 20 ans, n'avaient pas de voiture en ont une; celles qui en
avaient une en ont deux, etc. Or, malgré cela, on constate que
l'achalandage pour le transport en commun, notamment sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, a connu d'une façon
générale une croissance au cours de la même période.
(12 heures)
Je regarde ici des chiffres: 264 000 000 de passagers en 1971 par
rapport à 335 000 000 en 1981. C'est une augmentation qui a connu - je
dois le dire immédiatement - une baisse en 1982 à cause d'un
conflit de travail, je présume, à ce moment-là.
Généralement, c'est le genre d'événements qui
contribuent à une baisse. Ce qui est important, c'est qu'il y a un saut,
à un moment donné, de 1979 à 1980, alors qu'on passe de
283 000 000 d'usagers dans l'année à 314 000 000, soit une
augmentation de 31 000 000 d'usagers en une seule année.
Évidemment, la question est: Qu'est-ce qui s'est produit cette
année-là? Ce n'était pas l'année des Olympiques, ce
n'était pas l'année de l'Expo, qu'est-ce qui s'est produit pour
provoquer une telle augmentation? Il s'est produit un événement
très simple, le gouvernement du Québec a décidé
d'implanter les laissez-passer mensuels qu'il a offerts à l'ensemble de
la population du Québec en en assumant la totalité des frais. Non
seulement la totalité, c'est-à-dire 100 %, mais on est même
allé plus loin que cela en en assumant 110 %.
Cela veut dire quoi? Cela veut dire qu'on a payé aux commissions
de transport un boni pour qu'elles introduisent le laissez-passer mensuel.
C'est cela que cela veut dire. Ceci a effectivement provoqué un
accroissement de l'achalandage qui, depuis 1980, n'est jamais redescendu
à moins de 300 000 000 par année. En 1980, cela a
été 314 000 000; en 1981, 335 000 000; en 1982, 300 000 000; en
1983, 312 000 000;
en 1984, 328 000 000 et en 1985, on évalue l'achalandage à
quelque 330 000 000.
Il est assez intéressant de noter que le nombre de laissez-passer
vendus annuellement par la Communauté urbaine a connu lui aussi une
augmentation régulière. L'année dernière, en 1984,
dernière année disponible, c'est 3 651 000 laissez-passer
mensuels qui ont été vendus. Cela veut dire 3 000 000
d'abonnés réguliers du transport en commun. Qui sont ces
abonnés, si on gratte un peu? Ces abonnés - j'espère que
le député de Mont-Royal nous dira qu'il ne leur a pas
annoncé un gel de tout développement - ce sont des personnes
âgées d'abord, ce sont des étudiants d'abord et ce sont des
femmes d'abord.
Le député le sait peut-être, presque deux usagers
sur trois du transport en commun soit des usagères, des femmes. Des gens
à qui je faisais part de ces statistiques m'ont dit: Ce doit être
pour cela que le ministre des Transports a décidé de nommer une
femme à la tête de la plus grande commission de transport au
Québec. Effectivement, au-delà de toute la compétence, des
qualités et de l'expertise que possède Mme Roy, qui était
sous-ministre adjointe au ministère des Transports et que j'ai
effectivement placée à la tête de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, au-delà de
cela, dis-je, il me semble que cette simple donnée statistique de
presque deux usagers sur trois devrait nous révéler des choses
intéressantes, bon nombre de ces messieurs se rendant au travail en
voiture et laissant à ces dames le transport en commun. Raison de plus
pour nous interroger sur l'efficacité, sur le coût, sur le
rendement, sur les parcours de ce transport en commun.
Ces efforts sans précédent que nous avons faits quant
à l'introduction des laissez-passer dans un an à Montréal.
Je ne parle pas de ceux de Laval, de la rive sud et de Sherbrooke - nous
indiquent qu'il y a là un besoin qui, s'il n'est pas satisfait par le
transport en commun, provoquera évidemment des difficultés.
J'ai fait état plus tôt des amendements qui ont
été apportés aux lois de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec, de la CTCRO et, en décembre
dernier, des amendements à la Commission de transport de Laval. Je pense
que ces changements devraient suffire, sans qu'il soit nécessaire de
reprendre un à un chacun des articles.
On sait qu'à l'heure actuelle, par exemple, la CTCUM est
dirigée, pour l'essentiel, par une commission formée de trois
commissaires, que le rôle de la communauté urbaine se limite
à contrôler les engagements financiers de la commission et
à approuver les tarifs. On sait que la commission de transport de la
CTCUM est formée d'une P.-D.G. et de deux autres commissaires, que les
deux commissaires sont nommés par le conseil de la communauté,
l'un pour représenter les villes de banlieue et l'autre pour
représenter Montréal. Quant à la P.-D.G., elle est
nommée par le gouvernement et la durée du mandat des commissaires
est fixée par le gouvernement mais ne peut excéder cinq ans. Ceci
concerne la loi actuelle.
En termes de fonctionnement, la loi a été conçue de
manière à confier le rôle prépondérant aux
commissaires. Le conseil de la communauté possède des pouvoirs
limités et, évidemment, s'en plaint.
Les propositions de réforme, quant à elles: II nous a
semblé qu'avec des actifs dont la valeur atteignait 523 000 000 $
à la fin de 1983 et un chiffre d'affaires qui dépassera les 460
000 000 $ pour l'année 1985, avec ses quelque 8000 employés, la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
constitue une des plus grandes entreprises au Québec. Je parle bien de
toutes les entreprises et pas uniquement des entreprises de transport.
Cette première évaluation est d'ailleurs confirmée
par le fait que les 1 200 000 passagers que la CTCUM transporte en moyenne
chaque jour - c'est important -représentent environ 80 % des passagers
urbains transportés au Québec.
L'établissement du conseil d'administration d'une institution
aussi importante doit, par conséquent, répondre à des
règles précises et exigeantes, étant donné
l'ampleur des responsabilités que ce conseil d'administration sera
appelé à assumer.
Ces règles se résument de la façon suivante: Le
nombre de membres du conseil d'administration doit être assez
élevé pour que ces membres soient en mesure de bien orienter et
contrôler l'entreprise et, d'autre part, pour refléter
l'importance de l'entreprise.
Deuxièmement, le nombre de membres du conseil d'administration
doit être assez élevé pour que ces membres puissent
représenter les besoins en transport en commun des divers secteurs
géographiques de la communauté.
Enfin, le conseil d'administration doit représenter la
diversité des groupes intéressés par le transport en
commun, usagers, employés, milieu des affaires, tout en laissant la
prédominance aux élus. Évidemment, à
Montréal en particulier, on doit tenir compte de la
réalité: Montréal, ville centrale, et banlieues, villes
périphériques. (12 h 10)
En accord avec ces règles, la CTCUM, en vertu du projet de loi 49
qui est devant la Chambre, sera dirigée par un conseil d'administration
formé de neuf membres
désignés par le conseil de la CUM. Sept de ses membres
seront choisis parmi le conseil de la communauté, c'est-à-dire
parmi le président, des représentants de la ville de
Montréal et des représentants des villes de banlieue. Les deux
autres membres du conseil d'administration ne seront pas des élus
provenant du conseil de la CUM. Ces deux membres pourront être choisis
à titre de simples citoyens ou encore à titre de
représentants des milieux les plus directement intéressés
par le transport en commun.
Une telle forme de représentation nous a été
demandée, M. le Président, par tous les groupes qui, d'ailleurs,
avaient présenté des mémoires lors de l'audience publique
de la commission permanente sur le transport en commun. Ces deux personnes
extérieures au conseil seront néanmoins choisies par le conseil
de la communauté, l'une sur proposition de Montréal, l'autre sur
proposition des banlieues.
Le projet de loi n'apporte donc pas de changement à la structure
de la CTCUM. En effet, les principaux paliers hiérarchiques sont le
conseil de la communauté, le conseil d'administration, qui jouera le
rôle qui revient présentement aux trois commissaires, et le
président-directeur général. Pour ce qui est du partage
des pouvoirs entre ces instances, il n'y a que des changements mineurs. Le
conseil de la CUM conserve son pouvoir d'adopter le budget de la CTCUM et,
évidemment, de l'approuver, d'approuver son programme d'immobilisation
et ses emprunts, et d'approuver les tarifs.
Le conseil de la communauté acquiert le pouvoir de nommer le ou
la P.-D.G. sur recommandation du conseil d'administration. Le changement
important ne réside donc pas de ce côté, mais
découle plutôt du fait que sept des neuf membres du conseil
d'administration seront des élus et qu'ils seront redevables de leur
administration devant le conseil de la communauté qui les aura
choisis.
C'est donc principalement en formant le conseil d'administration de la
société que les élus de la communauté exerceront un
contrôle plus poussé sur le transport en commun. Il revient, en
effet, M. le Président, au conseil d'administration de planifier,
d'organiser et d'administrer les services de transport en commun. Plus
précisément, le conseil d'administration établira les
orientations de la société à long terme et à moyen
terme en adoptant un plan directeur des activités, en décidant
des emprunts et du programme d'immobilisations, ainsi qu'en préparant le
budget. C'est le conseil d'administration qui déterminera les lignes
directrices en matière de gestion du personnel, puisqu'il fixera le
niveau des effectifs autorisés et arrêtera la politique applicable
à la rémunération du personnel.
En ce qui a trait à l'organisation des services proprement dits,
le conseil d'administration décidera des parcours et fixera les tarifs
qui seront approuvés par le conseil de la communauté urbaine.
Enfin, le conseil d'administration s'occupera de l'administration des affaires
courantes de la société. Le conseil d'administration sera, par
ailleurs, autorisé à former des comités dont il
définira le mandat et qui auront pour rôle d'étudier une
question et de lui faire rapport. Un comité sera présidé
par un membre du conseil et se rapportera directement au conseil
d'administration. Comme un comité pourra comprendre entre trois et sept
membres, et que ces membres peuvent ne pas être élus, il s'agit,
selon nous, d'un mécanisme susceptible d'élargir la participation
des citoyens aux discussions entourant la planification et la gestion des
services, ce qui devrait contribuer à en améliorer la
qualité.
Quant au P.-D.G. ou à la P.-D.G., il ou elle agira à titre
de chef de l'administration de la société sous l'autorité
du conseil d'administration. De manière à faire clairement
ressortir ce rôle, le directeur général ou la directrice
générale servira d'intermédiaire entre le conseil
d'administration, d'une part, et les cadres et employés de la
société, d'autre part. De plus, le ou la P.-D.G. aura la
responsabilité d'engager et de superviser le personnel. La fonction
principale de la présidente-directrice générale consistera
à assurer l'exécution de décisions du conseil
d'administration et à voir à l'application des lois et
règlements. Ses autres fonctions pourront être plus amplement
définies par le conseil d'administration, s'il y a lieu.
Au cours de la description du partage des responsabilités qui
vient d'être faite, on aura remarqué que les élus, le
conseil de la CUM et le conseil d'administration décideront des services
à offrir et des ressources qui y seront consacrées. C'est
cependant au P.-D.G., en tant que chef de l'administration, qu'il appartiendra
de s'entourer de collaborateurs compétents et de mettre en place des
méthodes de gestion appropriées pour atteindre les objectifs qui
ont été fixés.
Ainsi, le ou la P.-D.G. aura les pouvoirs nécessaires pour
produire des résultats qui correspondent au objectifs fixés par
le conseil d'administration. Cela semble être, quant à nous, la
meilleure façon de promouvoir l'efficacité. Sur le plan de la
démocratisation du mode de fonctionnement, les
délibérations de l'actuelle commission se tiennent à huis
clos. Par conséquent, ni les élus ni les citoyens ne sont
informés des discussions qui entourent les décisions concernant
l'un des plus importants services publics offerts dans l'île de
Montréal. Un seul recours peut être exercé à
l'égard des
décisions des commissaires dans la situation actuelle. En effet,
les usagers et les contribuables, de même que les municipalités
desservies disposent d'un délai de 30 jours pendant lequel ils peuvent
contester auprès de la Commission des transports du Québec toute
décision de la CTCUM en matière de parcours. Ce recours est
rarement utilisé, cependant. L'affirmation du pouvoir des élus
locaux sur la CTCUM va de pair avec une démocratisation du mode de
fonctionnement de cette institution. À quoi cela servirait-il, en effet,
de placer des élus à la tête de la CTCUM s'ils
siègent et décident à huis clos comme le font
présentement les commissaires? Il faut plutôt que les
débats sur le transport en commun soient aussi publics que ceux
entourant les autres services municipaux. C'est pourquoi les assemblées
du conseil d'administration seront publiques. De plus, chaque assemblée
devra débuter par une période de questions s'inspirant en tous
points des mesures de réforme de la démocratie municipale que
j'ai évoquées précédemment.
Le projet de loi accorde aussi à 250 résidents la
possibilité de faire inscrire un sujet à l'ordre du jour d'une
assemblée du conseil d'administration. Ces résidents auront le
droit de s'adresser oralement au conseil d'administration afin d'exposer leur
point de vue lorsque la question sera débattue. Les règles
régissant l'exercice de ce droit de parole seront évidemment
établies par le conseil d'administration. L'obligation de tenir une
assemblée en public constitue déjà une amélioration
notable pour l'information des citoyens. Il apparaît, toutefois,
nécessaire de faire davantage dans le cas des modifications de parcours
et de tarifs. Étant donné que les décisions sur ces
matières affectent directement les usagers et les citoyens en
général, les modifications proposées aux tarifs devront,
par conséquent, être publiées et affichées au moins
30 jours avant qu'une décision finale soit prise par le conseil de la
CUM.
Quant aux parcours, une modification devrait être annoncée
au moins quinze jours avant son entrée en vigueur. Étant ainsi
informés à l'avance, les usagers pourront s'ajuster facilement et
pourront également intervenir auprès de leurs élus s'il y
a lieu, par exemple, au moment de la période des questions. Il
m'apparaît que ces règles de fonctionnement auront pour effet de
rendre plus largement disponible l'information concernant les services de
transport en commun. De cette façon, évidemment, usagers et
citoyens en général seront davantage conscients des contraintes
et des possibilités qui existent dans l'offre de service de transport en
commun et ils comprendront beaucoup mieux les décisions parfois
difficiles que leurs élus ont à prendre dans ce domaine.
Au chapitre des pouvoirs, pas beaucoup de changements sont
apportés, sauf que la CTCUM pourra désormais promouvoir des
services de transport qu'elle ne fournit pas elle-même et accorder des
services de soutien à ceux qui les utilisent ou les organisent. Ce
nouveau pouvoir devrait permettre à la CTCUM de participer au
développement des transports paracollectifs, un domaine qui semble
appelé à accroître son importance au cours des
années à venir. Pas beaucoup de nouveaux pouvoirs comme tels.
À un moment donné, la question s'est posée
d'intégrer le BTM à l'intérieur de la CTCUM. Les
hésitations à cet égard ne viennent pas de celui qui vous
parle ou du gouvernement, mais de la communauté qui, pour l'instant,
préfère garder ces deux entités distinctes, ce que nous
avons, finalement, convenu de faire, du moins pour le moment. (12 h 20)
Quant à ce droit de regard du gouvernement ou du ministre des
Transports, je l'ai évoqué précédemment pour dire
que pour l'État qui verse des sommes aussi considérables au
chapitre du transport en commun - quand je dis considérables, cette
année il faudra comprendre que cela représente 275 000 000 $ - M.
le Président, ce n'est pas d'exiger d'avoir un droit de regard sur
l'utilisation qui est faite des subventions qui devrait être de nature
à soulever des questions, mais ça devrait être l'inverse.
Il m'apparaît tout à fait normal que, vu l'importance des
subventions versées, nous puissions justement, en vertu du principe de
la responsabilité ministérielle, c'est-à-dire l'obligation
pour un ministre de répondre devant l'Assemblée nationale de
l'utilisation des sommes mises à sa disposition, avoir ce droit de
vérification, de contrôle quant à l'usage qui est fait des
subventions.
L'appellation "société", on en a déjà
parlé dans le cas de la Société de transport de Laval. Ce
changement de nom apparaît de toute évidence, après avoir
consulté les linguistes, comme étant l'appellation correcte, une
commission étant beaucoup plus un organisme d'enquête, qui n'a pas
particulièrement la mission de gérer un service. C'est pourquoi
nous avons pensé qu'il convenait mieux, et ce sans imposer de
dépenses additionnelles, c'est-à-dire au fur et à mesure
que la papeterie et les autres stocks s'épuiseront, de substituer le mot
"société" à celui de "commission". Cela deviendra donc la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je termine, M. le Président, en informant immédiatement
l'Opposition à cette étape que je proposerai certains amendements
au projet de loi tel que déposé dans cette Chambre, au moment de
l'étude article par article en commission
parlementaire, amendements qui ont essentiellement un caractère
technique et qui visent à clarifier des choses. Ces amendements font
suite, d'ailleurs, pour la plupart à la demande de la communauté
urbaine ou de la commission de transport, la future société de
transport. Par exemple, la réaffirmation du pouvoir du conseil de la CUM
d'approuver les règlements d'emprunt de la société, on
nous a dit que cela devrait être dans le projet de loi. On croit
également que les deux citoyens qui siégeront au conseil
d'administration devront produire des déclarations des
intérêts qu'ils détiennent. Les règles
établissant dans quelles circonstances le conseil d'administration peut
siéger à huis clos seront modifiées pour s'aligner
beaucoup plus sur celles de Laval, parce que, finalement, la formulation
actuelle peut donner lieu à une fermeture beaucoup trop grande des
débats.
On permettra également à la CTCUM comme à la CUM
d'accorder sans soumissions publiques des contrats pour la fourniture de
logiciels, ainsi que pour la fourniture et l'entretien de matériel
informatique.
Enfin, diverses modifications sont apportées pour tenir compte du
retrait de la CTCUM de Longueuil, qui aura lieu à la suite du
décret que j'ai fait adopter par le gouvernement le 22 mai dernier.
Il y a également, un certain nombre d'énoncés pour
préciser encore mieux les responsabilités respectives de la
P.-D.G., de la direction et du conseil d'administration en matière
d'engagement des cadres.
Je dois dire également aux députés de l'Opposition
que certaines représentations m'ont été faites aussi
concernant les personnes en place. J'entends par là la personne qui
occupe la fonction de P.-D.G. et les deux commissaires. Sans doute que des
amendements seront apportés pour que ces personnes ne subissent aucun
préjudice, qu'elles n'ont certainement pas mérité, du fait
qu'on apporte des amendements à la structure de la communauté et
de la CTCUM en particulier.
En conclusion, M. le Président, il m'apparaît que la
modification du mode de contrôle proposée dans le projet de loi
est aujourd'hui une nécessité et qu'il convenait que les
entreprises de transport en commun, même municipalisées, soient
contrôlées par leurs administrateurs lorsque la
quasi-totalité de leur revenu provenait de la clientèle. Les
politiques et les décisions des administrateurs se reflétaient
immédiatement dans la rentabilité de leurs entreprises.
Toutefois, lorsque les revenus en provenance des usagers comptent pour moins de
la moitié du coût, il est évident que la
société reconnaît que le service procure à
l'ensemble de ses membres des retombées dont l'importance justifie que
le service continue d'exister, même si les utilisateurs ne peuvent
à eux seuls en assurer la survie.
Le contrôle sur le transport en commun doit refléter cette
réalité. Plus spécifiquement, il faut que soit
instauré un mode de contrôle pour que tous les
intéressés, c'est-à-dire les élus, les
administrateurs du service, les usagers et les citoyens, puissent y être
associés. À cet égard, il est reconnu que le débat
démocratique constitue une méthode efficace d'allocation des
ressources entre les différents services d'une municipalité et
ce, en accord avec la volonté exprimée par la majorité des
citoyens. C'est, d'ailleurs, M. le Président, pour rendre ce
débat possible et pour en assurer la qualité que le
présent projet de loi contient des améliorations notables par
rapport à la situation actuelle.
M. le Président, je pense que le projet de loi qui est
présentement devant nous et dont l'entrée en vigueur pourra se
faire à des dates qui seront promulguées par décret du
gouvernement, selon les diverses parties, de façon à ne pas
provoquer de mutation subite, constitue essentiellement un pas dans la bonne
direction. Il résulte de consultations, de travaux faits avec la
Communauté urbaine de Montréal, de rencontres, également,
avec les gens de la CTCUM. Je pense que nous devrions pouvoir donner aux
élus de la communauté cet instrument que constitue une loi
rafraîchie, une loi refondue, une loi qui permet aux élus locaux
d'exercer le contrôle qui devrait être le leur et qui permet aux
citoyens d'avoir un droit de regard sur la situation en ce qui concerne la
gestion de ce service public important.
C'est peut-être un mal pour un bien que la communauté ait
décidé de ne pas intégrer le BTM à la CTCUM pour
l'instant. À partir du moment où les principales décisions
en matière d'immobilisations... Je pense notamment à la ligne 7
du métro où la décision, finalement, c'est le gouvernement
qui va devoir la prendre. Ce n'est pas parce que le gouvernement veut
s'immiscer, mais parce que, en l'occurrence, les élus locaux ont en
quelque sorte prié le gouvernement et le ministre des Transports, en
particulier, de décider devant l'impossibilité, en quelque sorte,
pour chacune des parties d'en venir à une entente sur un tracé
uniforme. Donc, M. le Président, je dis que, pour le moment, le
gouvernement qui assume - et je le répète -100 % de la facture,
100 % de la note, va assumer aussi 100 % de la décision en ces
matières et ce, je l'annoncerai très prochainement.
Voilà, M. le Président, ce que j'avais à dire
à propos du projet de loi 49, Loi modifiant la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal, et j'en propose,
évidemment, l'adoption en deuxième lecture.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. te
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Dans mon
intervention sur l'adoption du principe du projet de loi en deuxième
lecture, je toucherai, de mon côté, les principales dispositions
qui concernent des modifications à l'administration de la
Communauté urbaine de Montréal et je laisserai à mon
confrère de Mont-Royal, qui est critique en transports, les principales
critiques relatives aux modifications que le projet de loi apporte au niveau de
la Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
qui deviendra, comme on le sait, la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal.
Au tout début, M. le Président, qu'il me soit permis,
finalement, de répéter un peu ce que le ministre nous a dit,
à savoir que les objectifs du projet de loi au niveau des modifications
à la Loi sur la Communauté urbaine de Montréal avaient
simplement comme but de simplifier, si on veut, l'administration municipale,
d'amener également une certaine transparence, une plus grande
transparence dans l'administration municipale et, finalement, la
responsabilisation des élus, principalement dans ce cas-là au
niveau des modifications à apporter à la loi de la CTCUM. En fin
de compte, certaines modifications sont apportées pour faire des
améliorations et des ajustements techniques, comme le ministre le
mentionnait, aux pouvoirs accordés à la CUM en vertu des lois
antérieures. (12 h 30)
Je m'attarderai ici, M. le Président, à certaines
critiques sur les modifications aux fins de simplifier et d'améliorer
les lois actuelles. Tout d'abord, le ministre nous a mentionné
effectivement qu'avec le projet de loi 49 il y avait la possibilité de
déléguer aux fonctionnaires de la communauté urbaine la
responsabilité d'exercer certains pouvoirs relatifs à
l'autorisation de dépenses et également celle de signer des
contrats au nom de la communauté. Un tel pouvoir est un peu nouveau. On
a déjà, depuis quelque temps, accordé dans certaines
autres lois certains pouvoirs aux fonctionnaires municipaux, ainsi qu'à
certains employés de la municipalité d'engager les crédits
municipaux au niveau des dépenses et au niveau des contrats. Accorder un
tel pouvoir aux fonctionnaires ou à des employés de la
municipalité me paraît faire preuve de plus de souplesse et
accorder une meilleure responsabilisation aux employés ou aux
fonctionnaires, dans le cas présent, de la Communauté urbaine de
Montréal.
Je dirai, toutefois, que ce qu'il est important de noter dans une telle
délégation de pouvoirs à des fonctionnaires, c'est que le
pouvoir de faire des dépenses ou de signer des contrats est quand
même restreint et qu'il est contrôlé d'une certaine
façon par les balises imposées à l'intérieur
même du projet de loi, c'est-à-dire que, dans un tel cas, le
comité exécutif devra adopter un règlement qui recevra
l'approbation du conseil et qui viendra délimiter les champs de
compétence, ainsi que les montants qui pourront être
autorisés pour ces dépenses et certaines conditions de la
délégation de pouvoirs tant au palier des dépenses qu'au
palier des contrats. Ces éléments font donc en sorte que les
pouvoirs confiés à ce moment-ci aux fonctionnaires et aux
employés de la communauté sont quand même exercés
dans un cadre qui demeure sous le contrôle et sous la gestion des
élus municipaux, qui doivent toujours demeurer efficaces.
Une autre possibilité que le projet de loi nous apporte, c'est,
comme le ministre l'a mentionné, celle de conclure de gré
à gré des contrats, dans certains cas, avec des compagnies
d'utilité publique ou encore avec une municipalité, dans des cas
très précis. L'utilité d'une telle disposition va de soi,
par le fait, comme le ministre le mentionnait, que, dans certains cas, nous
avons affaire, dans les cas d'utilité publique, à des monopoles.
Dans le texte de loi, les contrats que la CUM peut signer sans soumissions
publiques, les contrats de gré à gré avec ces compagnies
sont quand même délimités dans des règles
d'attribution qui sont nouvelles, mais spécifiées dans le projet
de loi, c'est-à-dire que nous pouvons voir d'une certaine façon
que de telles dépenses doivent quand même se faire au prix usuel
qui s'applique dans ces secteurs.
Il y a une autre chose importante également que je veux souligner
ici et sur laquelle j'aurai besoin d'explications. Le ministre nous a
mentionné que le projet de loi permettra l'autorisation de
négocier des contrats de fourniture de logiciels et d'entretien de
systèmes informatiques et de télécommunications avec des
entreprises qui ont déjà mis en place des systèmes
d'information à la suite d'une procédure de soumissions
publiques. Je vous dirai que, dans le texte de loi concernant ce pouvoir
spécifique de négocier des contrats de fourniture de logiciels ou
d'entretien de systèmes informatiques et de
télécommunications, je m'aperçois, de mon
côté, que c'est ouvert non pas simplement à ceux qui ont
mis un système en place par le biais de soumissions publiques, mais,
à mon point de vue, cela s'applique "at large" aux compagnies qui
peuvent offrir de tels services. Je m'attends à obtenir des
précisions en commission parlementaire sur ce pouvoir plus
particulier.
Un autre pouvoir important qui
simplifie et améliore l'administration de la CUM, c'est
l'extension de compétence du service d'inspection des aliments de la
Communauté urbaine de Montréal pour interdire la mise en vente
dans les distributrices automatiques d'aliments qui ne seraient pas conformes
aux normes de la santé publique. C'est un pouvoir nouveau,
simplifié, qui sera très utile au public puisque nous savons
l'extension actuelle des machines distributrices dans les différents
endroits publics, que ce soit dans les centres commerciaux, les écoles,
les cégeps, les universités, où de tels dispositifs sont
de plus en plus à la disposition des consommateurs. À la CUM, le
service d'inspection pourra jouer un rôle beaucoup plus efficace, dans un
temps beaucoup plus rapide d'intervention, pour permettre de corriger des
situations qui, dans le domaine de la santé publique, pourraient
éventuellement affecter la santé des citoyens. Les aliments se
consommant rapidement, dans un tel cas nous devons pouvoir octroyer à
une autorité compétente le pouvoir d'intervention
nécessaire dans un court laps de temps.
Un pouvoir que nous accueillons également avec plaisir est la
possibilité que l'on donne à la communauté de fournir
à autrui contre rémunération son expertise et ses
équipements en matière d'assainissement des eaux. Cela rejoint,
comme le ministre l'a souligné tantôt, un certain rôle que
les communautés pourraient jouer auprès de l'ensemble des
intervenants au niveau provincial et même aux niveaux national et
international. Cela rejoint en quelque sorte une expérience
antérieure que la communauté urbaine a pu réaliser par
l'intermédiaire du Bureau de transport de Montréal, qui a pu
exporter son expérience, son expertise pour la mettre au profit des
autres, tout en réalisant, à l'intérieur de ces objectifs,
des profits sur des compétences qu'elle avait acquises au cours des ans.
C'est donc un pouvoir qui me paraît très bienvenu pour la
communauté urbaine, qui lui permettra de rentabiliser d'une certaine
façon l'expertise qu'elle a acquise au cours des ans dans ce domaine de
l'assainissement des eaux.
Je voudrais signaler un autre point important de ce projet de loi
touchant la transparence de l'administration publique: le fait que le
président du comité exécutif devra faire une
déclaration de ses intérêts, tel que le prévoit la
loi, dans des personnes morales, dans des sociétés ou des
entreprises, de même que dans des immeubles situés sur le
territoire de la communauté. Nous savons que les élus municipaux
sont sujets à une déclaration d'intérêts de cet
ordre et le président de la communauté urbaine se mettra ainsi au
diapason des autres élus municipaux dans ce domaine, considérant
que lors de son élection ou de son choix comme président, il doit
démissionner de son poste de maire comme cela a été le cas
pour M. Des Marais. L'obligation n'existe plus actuellement, mais elle
redeviendra quelque chose de régulier. Pour une question de
transparence, afin de se protéger contre toute contestation publique
quant aux intérêts que quelqu'un peut posséder, le
président déclare ses intérêts et se rend ainsi
imperméable à toute situation qu'on pourrait lui reprocher. Cette
déclaration d'intérêts du président devra être
mise à jour annuellement, comme la loi le mentionne; c'est
également un point important à souligner qui représente
une plus grande transparence de l'administration municipale.
Je voudrais poser des questions sur deux points dans les amendements que
la loi nous propose. Je veux parler en premier du huis clos qui est
autorisé aux assemblées de la communauté, aux
séances des commissions, du conseil de la communauté, de
même qu'au conseil d'administration de la société de
transport. Actuellement, le principe général, tel qu'il avait
été établi lors des discussions en 1982 sur les
modifications à la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal, stipulait, au point de vue d'une plus grande démocratie
municipale, d'une transparence essentielle et nécessaire de
l'administration municipale, qu'il était important que les
assemblées du conseil de la communauté, de même que les
séances des commissions du conseil soient publiques. C'était le
principe d'ordre général. Il y avait une exception dans ce sens,
au niveau d'une des commissions du conseil, la commission de la
sécurité publique, où les assemblées pouvaient
être à huis clos dans des cas particuliers afin de protéger
certains intérêts ou dans le cas où l'intérêt
public l'exige.
Puisque les assemblées du conseil, de même que les
séances des commissions du conseil doivent être publiques, les
assemblées du conseil d'administration de la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal devront
également être publiques selon la loi. Cependant, une balise
importante est apportée à l'article 5 du projet de loi, où
il est dit que le conseil peut décréter le huis clos lorsqu'il
estime que les délibérations peuvent porter atteinte à la
réputation d'une personne ou lorsque, en raison de
l'intérêt public, le sujet doit être traité
confidentiellement. (12 h 40)
Avec une telle disposition, le principe général, qui avait
été adopté en 1982 par les assemblées et des
séances des comités de travail de la communauté urbaine,
subit un sérieux arrêt dans le sens que le conseil de la
communauté ou les commissions pourront siéger à huis clos
d'une façon qui pourrait être très large. Je m'explique:
l'article comme tel ne nous démontre pas de balise essentielle sur ce
qu'on entend, par exemple,
par intérêt public. On définit clairement si cela
peut porter atteinte à la réputation d'une personne. Je pense que
c'est assez clair, mais, dans le cas de l'intérêt public, c'est
très large comme notion. Le sujet devra être traité
confidentiellement si c'est de l'intérêt public. Je maintiens, M.
le Président, que les réunions du comité exécutif,
du conseil de la communauté et des différentes commissions de la
communauté urbaine sont toujours tenues dans l'intérêt
public. Dans le cas présent, nous n'avons donc pas de balise formelle
et, dans un tel cas, c'est, à mon point de vue, un manque dans le texte
de loi. Nous devrions donner à cet article des balises pour
empêcher un abus du huis clos puisque le principe général
adopté en 1982 doit être maintenu et que nous devons être
très restrictifs sur les possibilités d'accorder le huis clos
pour de telles réunions.
Nous savons, par les déclarations du ministre, que la raison
fondamentale pour laquelle cette exception a été apportée,
c'est que des dispositions de la loi sur l'accès à l'information
pouvaient contraindre le ministre à apporter une telle modification. Il
semble bien que la CUM n'ait fait aucune demande en ce sens. Aucun
problème particulier n'a été soulevé qui pouvait
nécessiter des huis clos applicables aux assemblées et aux
commissions particulières du conseil de la communauté. Donc, dans
ce cas-là, si c'est vraiment le cas, si, de par la loi sur
l'accès à l'information, il est nécessaire d'amener
certaines balises, nous devrons le faire, mais dans un texte assez rigide pour
éviter de telles choses.
Il y a également un point important que je veux souligner. Outre
le huis clos, c'est le fait que les commissions du conseil de la
communauté... Nous savons qu'il existe plusieurs commissions:
l'aménagement, l'environnement, l'évaluation, finance et
développement, développement économique et transport,
outre la sécurité publique. Quant à la loi actuelle, non
seulement les réunions sont publiques, mais les rapports des travaux de
ces commissions doivent être adressés au conseil de la
communauté. Le but de l'article 8 du projet de loi, c'est que les
rapports des commissions seront maintenant faits non plus au conseil d'office,
mais au conseil ou au comité exécutif et cela, au choix des
commissions puisque la loi ne spécifie pas à quel moment ce sera
au conseil et à quel moment ce sera au comité exécutif.
Donc, la commission fera les recommandations qu'elle juge appropriées au
conseil ou au comité exécutif, avec la restriction que si les
recommandations sont confidentielles, elles seront obligatoirement faites au
comité exécutif.
Cette disposition, M. le Président, était celle qu'on
retrouvait antérieurement uniquement à la commission de la
sécurité publique et cela pouvait se comprendre dans certains cas
particuliers, comme cela avait été discuté en 1982 lors de
la modification de la loi de la CUM.
Mais la question qui se pose fondamentalement est: pourquoi
étendre de telles dispositions pour faire en sorte que les rapports des
commissions s'en aillent non plus officiellement d'une seule façon
prévue par la Loi sur le conseil de la communauté urbaine, mais
qu'elles soient au conseil et au comité exécutif? Il
m'appararaît ici pour assurer une démocratie plus grande au niveau
municipal que les rapports des commissions devraient prioritairement toujours
demeurer adressés au conseil de la communauté, puisque les
assemblées du conseil sont publiques et que les rapports de ces
commissions seront à la disposition des gens et du public en
général.
Si nous envoyons ces rapports uniquement au comité
exécutif, nous savons que les réunions du comité
exécutif sont à huis clos, donc, ces rapports ne seront pas
connus de l'ensemble des contribuables et je pense que si on veut maintenir le
principe de démocratisation du pouvoir municipal, le principe de
transparence, le principe, également, de transparence nécessaire
et essentiel des élus municipaux envers la population et d'information
à la population, nous devrions plutôt maintenir l'obligation que
les rapports des commissions soient adressés, de façon
générale, au conseil et seulement dans des cas d'exception au
comité exécutif.
M. le Président, il reste toute la question de la modification de
la Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal,
une modification apportée par le projet de loi dans un processus de
responsabilisation des élus municipaux. Ce processus a
déjà été enclenché depuis quelques
années avec la CTCRO et la CTCUQ et la Société de
transport de Laval. C'est le cas, actuellement, par ce projet de loi, de la
Commission de transport de la communauté de Montréal et ce sera
le cas également dans un autre projet de loi discuté au cours de
la journée, pour la Commission de transport de la rive sud de
Montréal.
Donc, nous sommes d'accord avec les dispositions concernant la
commission de transport et mon confrère de Mont-Royal donnera
précisément le point de vue de l'Opposition là-dessus sur
le plan des amendements apportés à la loi de la
communauté, amendements qui clarifient certains points, amendements qui
apportent des mesures pour faire en sorte qu'il y ait une plus grande
efficacité de la gestion de la communauté urbaine.
Nous sommes, de ce côté-ci, d'accord avec les dispositions
qui ont été apportées par le ministre des Affaires
municipales. Disposition d'ailleurs, qui ont reçu
l'assentiment de la communauté urbaine. Ils sont en accord avec
les demandes de la communauté urbaine, qui ont été
discutées avec la communauté urbaine, sauf la question du huis
clos et du rapport des commissions que nous pourrons voir et préciser en
commission parlementaire.
Dans ces circonstances, je dois vous dire que l'Opposition officielle
agréera ce projet de loi, donnera son accord à l'adoption de
principe du projet de loi en deuxième lecture pour toute modification et
municipale et à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal. Dans ces circonstances, je laisserai maintenant la
parole à mon confrère de Mont-Royal qui pourra expliquer plus
à fond notre position et expliquer, également, nos
représentations sur le plan des dispositions affectant la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le gouvernement nous
propose, par le projet de loi 49, de remplacer la CTCUM par une nouvelle
société des transports dont le conseil d'administration sera
composé en majorité d'élus locaux et aussi de
représentants des contribuables.
Avant d'entreprendre l'étude de ce projet de loi, je voudrais
juste relever ou répondre à certaines affirmations qui ont
été faites par le ministre durant son discours sur le projet de
loi 49. Je sais que nous sommes à la veille d'une élection.
Éventuellement, il va falloir aller en élections, et je comprends
que le ministre peut profiter de toutes les occasions possibles pour
démontrer ce que son gouvernement a fait et essayer de minimiser les
efforts du gouvernement qui a préféré celui du Parti
québécois, le gouvernement libéral, mais, tout de
même, il y a certaines choses qu'on doit dire. La vérité a
ses droits aussi. Je voudrais juste clarifier quelques affirmations que le
ministre a faites.
Premièrement, il a parlé du métro à
Montréal et il nous a dit qu'il espère que le Parti
libéral ne proposera pas un gel de la construction du métro. Il a
laissé entendre, il a insinué que, comme celui qui vous parle a
rendu public avec le chef du Parti libéral, M. Bourassa, un document
contenant des réflexions sur une politique de transport, peut-être
nous voulions geler la construction du métro à Montréal.
Ce n'est pas cela du tout, mais nous disons qu'il faut prendre des
décisions éclairées. Quand nous avons devant nous des
rapports qui parlent des coûts de construction qui vont de 296 000 000 $
à 423 000 000 $, je pense qu'on a le droit de s'interroger sur les
décisions qui doivent être prises et sur la façon dont
elles doivent être prises.
C'est pour cette raison que nous avons proposé des audiences
publiques. Pourquoi? Pas pour recommencer à neuf, pas pour
décréter un gel de la construction du métro, mais pour
s'assurer que les décisions soient prises en toute connaissance de
cause. Le ministre ne peut pas, d'un côté, se plaindre qu'il
dépense maintenant 600 000 000 $ du gouvernement du Québec pour
la Communauté urbaine de Montréal, pour la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, et, de l'autre
côté, ne pas prendre les précautions nécessaires
pour s'assurer qu'on ne fera pas des dépenses à l'aveuglette. (12
h 50)
C'est la seule raison pour laquelle nous avons demandé des
audiences publiques. Si le ministre est sincère et que, vraiment, il
veut aller de l'avant avec la construction de la ligne 7, qu'il tienne des
audiences publiques, qu'il fasse venir les gens qui ont préparé
les différents mémoires afin que nous puissions être tous
éclairés, la Communauté urbaine de Montréal, la
population du Québec qui va être appelée à payer la
note, et que les décisions soient prises en toute connaissance de cause,
des décisions éclairées, des décisions
rationnelles. C'est tout ce que nous avons dit.
Maintenant, le ministre semble parler du droit des personnes
âgées, des handicapés, au transport en commun. Nous n'avons
jamais nié qu'il y a un besoin; nous disons même qu'en plus du
développement économique, en plus de la question
économique du transport, il y a aussi les questions sociales. On doit
fournir le transport non seulement d'une façon rentable, dans le sens
qu'il faut que ce soit économique, mais il faut aussi prendre en
considération l'aspect social du transport en commun.
Si le ministre est vraiment sincère dans ses propos - je ne doute
pas de sa sincérité - je lui dirais de penser aux usagers de la
ligne Montréal-Deux-Montagnes, aux usagers de Sainte-Geneviève,
de Dollard-des-Ormeaux, d'Oka, de Deux-Montagnes. Dans le comté du
député de Deux-Montagnes, là aussi il y a des personnes
âgées et des personnes handicapées qui ont besoin du
transport en commun. Il y a une ligne qui est en train de s'écrouler et
il y a des fonds du gouvernement fédéral; le gouvernement devrait
utiliser ces fonds pour rénover cette ligne et donner un service
adéquat aux gens.
Je ne mets pas en doute la nécessité de donner ces
services à toute la population, mais je dis que, si vraiment on veut
être sincère, on n'ait pas deux poids, deux mesures. On critique
le parti opposé pour certains propos qu'il tient, mais on ne les
applique pas à l'ensemble de la population.
Seulement pour donner un exemple, M. le Président, quand on dit
qu'on veut donner un transport adéquat à toute la population,
savez-vous qu'il y a des wagons de la ligne Montréal-Deux-Montagnes qui
sont chauffés à la vapeur à la gare centrale durant
l'hiver? Il n'y a pas de système de chauffage. Ils doivent aller
jusqu'à Deux-Montagnes et revenir à la gare centrale. Vous savez
qu'au début la chaleur est de 85° à 90 , mais le temps
d'arriver à Deux-Montagnes et de revenir à Montréal, les
gens gèlent dans ces wagons. Est-ce raisonnable en 1985 d'assujettir la
population à de tels inconvénients et à de telles
situations?
La seule chose que nous disons: II y a 40 000 000 $ de fonds
fédéraux, essayez donc, pour l'amour du bon Dieu,
d'améliorer un peu le système pour que les personnes
âgées, les handicapés et tous les utilisateurs, les usagers
du système puissent vraiment voyager non pas dans un luxe formidable,
mais avec un minimum de confort, un minimum de service. C'est tout ce que nous
disons. Il n'est pas question de geler ou quoi que ce soit, mais il est
question de prendre des décisions éclairées avec les fonds
disponibles. C'est tout ce que nous disons.
Il faut aussi rappeler au gouvernement, M. le Président - je sais
qu'on est à la veille d'une élection - que le métro
à Montréal a été majoritairement construit,
conçu et conceptualisé par une administration libérale. Le
Parti québécois a continué de le prolonger où cela
avait été prévu et maintenant il y a d'autres
décisions à prendre. Il ne faudrait pas essayer de faire croire
à la population que les libéraux n'ont rien fait et que le Parti
québécois a tout fait. Ce n'est pas cela du tout. Ce n'est pas
cela, la réalité. La réalité des choses, c'est que
le métro a été construit sous une administration
libérale. Il y en a eu aussi, je crois, une partie sous le gouvernement
de l'Union Nationale, qui a commencé cela. C'était pour
répondre aux besoins de la population. Le gouvernement du Parti
libéral l'a fait et je pense qu'il l'a fait d'une façon
très admirable aussi.
Quand le ministre nous dit qu'aujourd'hui il y a 3 000 000 de voitures
et qu'en 1976 il y en avait 1 500 000, je ne vois pas de routes additionnelles
pour répondre à ce double nombre de voitures. Je vois même
des mesures prises par le gouvernement qui vont vraiment à l'encontre de
ce service. Regardons, juste à titre d'exemple, le boulevard
Métropolitain qui est congestionné du matin au soir. Le
gouvernement libéral voulait, pour décongestionner le boulevard
Métropolitain, donner un autre accès pour que ce ne soit pas dans
la condition que nous connaissons aujourd'hui. Il voulait construire, prolonger
l'autoroute Ville-Marie. Je vois que les décisions qui avaient
déjà été annoncées en 1983 sont encore
réannoncées aujourd'hui pour donner encore l'impression - et je
présume que c'est de bonne guerre - que le gouvernement actuel, lui,
s'occupe vraiment des besoins de la population et que les décisions du
gouvernement précédent n'étaient pas de bonnes
décisions.
Je regrette, c'étaient de bonnes décisions. Nous sommes
pour l'attribution de loyers à prix modique. Nous ne sommes pas contre
cela. Nous sommes favorables, mais il faut aussi répondre aux besoins de
toute la population et comprendre pourquoi les décisions qui avaient
été prises avant 1976 l'avaient été et se poser la
question: Qu'allons-nous faire maintenant pour décongestionner le
boulevard Métropolitain? On n'est pas pour construire quatre autres
voies sur le boulevard Métropolitain. Il y a des édifices en
hauteur de chaque côté; on ne peut pas construire là.
Alors, je me pose la question: Comment le gouvernement s'attend-il de
répondre à ces besoins?
Je voulais parler de ces quelques points qui ont été
soulevés par le ministre pour essayer de rétablir les faits et de
donner un autre point de vue sur les affirmations du gouvernement.
M. le Président, il est presque 13 heures. Est-ce qu'on peut
avoir le consentement pour poursuivre? Je pourrais essayer de terminer...
Le Vice-Président (M. Brouillet): Y a-t-il
consentement?
M. Blouin: M. le Président, j'imagine qu'il s'agit de
quelques minutes?
M. Ciaccia: Pardon?
M. Blouin: J'imagine qu'il s'agit de prolonger de quelques
minutes au-delà de 13 heures?
M. Ciaccia: Si je dois continuer, cela va prendre à peu
près dix minutes.
M. Blouin: Cela va.
M. Ciaccia: D'accord? Dix ou quinze minutes.
Le Vice-Président (M. Brouillet): II y a consentement. (13
heures)
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Le projet de loi 49,
qui a été réclamé par la CUM il y a quelques
années, recevra notre appui parce que nous croyons que c'est tout
à fait logique et rationnel de permettre aux élus qui doivent
répondre des taxes qu'ils perçoivent de la population de
décider des orientations de la société et de permettre
aux contribuables d'exercer un certain contrôle sur les
décisions de leurs élus, tant en cours de mandat qu'au moment des
élections. Le ministre a mentionné qu'il n'avait pas exigé
d'avoir un représentant du gouvernement au conseil d'administration. Je
dois dire au ministre que cela n'est pas vraiment nécessaire parce que
le gouvernement a un droit de veto sur les dépenses d'immobilisations.
Alors, le ministre n'a pas besoin d'avoir un représentant au conseil
d'administration. S'il n'est pas d'accord avec certaines immobilisations, il
n'a qu'à dire: Non, le gouvernement n'accepte pas. Et si les
déficits d'exploitation se mettent à trop augmenter, le
gouvernement va faire ce qu'il a déjà fait: il va amender la
formule. Je crois que la formule actuelle dans le projet de loi est tout
à fait justifiable et qu'elle répond aux besoins de la CTCUM.
En passant, nous devons savoir que la CTCUM a des actifs de 523 000 000
$ et un chiffre d'affaires de 460 000 000 $. La CTCUM emploie 8000 personnes.
C'est vraiment l'une des grandes entreprises au Québec. Répondre
aux demandes de la CUM comme on le fait, c'est tout à fait logique; cela
va permettre une meilleure administration des fonds publics, cela va permettre
aux élus qui sont responsables de prélever des taxes, d'imposer
des taxes, et de pouvoir justifier la dépense de ces sommes. Ce n'est
pas nouveau, cette demande, je dirais même que le gouvernement aurait
dû agir avant. Depuis 1981 que le président actuel de la CUM, M.
Des Marais, fait des représentations. Il en a fait au ministre des
Affaires municipales, qui est présentement le ministre des
Transports.
C'est en 1980, en septembre 1980, que M. Pierre Des Marais
présentait à M. Tardif un ensemble d'observations sur le
rôle de la CUM. De la CTCUM, il disait - et je cite M. Des Marais - ce
qui suit: "La CUM n'exerce aucun pouvoir effectif sur la CTCUM; il faudrait
donc que la communauté soit en mesure d'obtenir le contrôle total
sur cette commission, compte tenu du fait que celle-ci draine une forte
proportion des taxes prélevées indirectement par la
communauté". Dès 1981, M. Pierre Des Marais demandait au ministre
les pouvoirs qui sont accordés aujourd'hui par le projet de loi 49. M.
Des Marais reprenait ses propos devant la chambre de commerce en février
1981. À la suite du dépôt du projet de loi 76, en 1982, il
revenait à la charge en soulignant que le contrôle de la CTCUM par
le conseil et le comité exécutif de la CUM était essentiel
pour une haute administration.
Je crois que cette question, que ce principe a vraiment
débloqué quand la ville de Laval a présenté un
projet de loi - je ne sais pas s'il était privé ou public
demandant les mêmes pouvoirs, soit que les élus soient ceux qui
administrent, qui sont responsables du transport en commun. Ce projet de loi a
été adopté pour la ville de Laval et nous reprenons ici
les mêmes principes du projet de loi de la ville de Laval, nous reprenons
ici les représentations qui avaient été faites par M. Des
Marais en ce qui concerne la CTCUM.
Ce changement d'orientation des sociétés de transport en
commun est rendu nécessaire à cause des proportions de plus en
plus importantes des budgets qu'y consacrent les différents paliers de
gouvernement. Le ministre mentionnait que le gouvernement payait 44 %, les
usagers 33 % et les municipalités 22 %. Je dois souligner que, dans les
44 % que le gouvernement paie, il y a aussi une portion qui est payée
par les contribuables de Montréal, parce qu'ils paient des taxes au
gouvernement.
Dans ces 44 % il y a aussi la totalité des immobilisations. Cela
veut dire que, même si on prend en considération les
immobilisations, les résidents de la CTCUM, du Montréal
métropolitain, paient au-delà de 60 %. Ce sont des sommes assez
considérables et c'est une des raisons pour lesquelles les élus
devraient répondre de la façon dont ces sommes sont
dépensées. Ceci permettra des politiques plus réalistes,
qui colleront plus à la réalité quand ceux qui doivent
prélever les taxes sont ceux qui doivent aussi être responsables
de la façon dont ces sommes sont dépensées. C'est une
rationalisation de structures et cela ne peut être
bénéfique pour l'administration des fonds publics.
Il y a aussi un autre problème que le projet de loi ne semble pas
toucher, la question des factures que la CTCUM avait envoyées aux autres
municipalités qu'elle desservait avant le projet de loi 46. La CTCUM
donnait les services à d'autres municipalités. Mon
collègue, le député de Vaudreuil-Soulanges, a
soulevé ce problème à l'Assemblée nationale
vendredi dernier. Le gouvernement a introduit un projet de loi disant que ces
municipalités auraient le droit de se regrouper en conseils
intermunicipaux de transport et que la CTCUM et la Commission de transport de
la rive sud de Montréal n'auraient plus le monopole de donner ce
service; cela dépendrait des municipalités. Cela a
réglé le problème des factures pour l'avenir, mais cela
n'a pas réglé le problème des factures antérieures.
Cela aurait peut-être été une occasion pour le ministre de
trancher ce problème parce que la CTCUM se voit dans la position
où elle envoie des factures et elle n'est pas payée, et les
municipalités contestent ces factures.
On doit dire qu'il y a une certaine responsabilité de la part du
gouvernement. Premièrement, aucune facture n'a été
envoyée pendant deux ans. Deuxièmement, cela a été
à la suite d'expropriations qui ont
été forcées par le gouvernement pour donner
certains services. Je crois que cela aurait été une bonne
occasion pour le gouvernement de trancher ce litige et de trouver une formule
pour venir en aide à ces petites municipalités qui se voient
maintenant dans une situation où elles reçoivent, après
deux ans, des factures énormes. La seule façon pour elles de le
faire, c'est en augmentant les taxes municipales dans leur
agglomération. Ce sont des sommes assez considérables pour elles,
tenant compte du nombre d'usagers. Il y en a qui se plaignent de ne pas avoir
reçu vraiment le service. Elles n'ont pas d'autres moyens de faire
valoir leurs droits parce qu'à cette époque-là, même
si elles allaient devant la Commission des transports du Québec, cette
dernière n'avait pas le droit de trancher cette question, ni de dire:
Oui, vous devez payer ou non. La seule chose que la Commission des transports
pouvait faire, c'était additionner - c'était une question de
mathématiques - pour voir si les montants des factures étaient
exacts. Elle ne pouvait pas trancher pour dire si c'était vraiment
payable par les municipalités.
La facturation des municipalités hors territoire est
contestée. Il y a des problèmes assez sérieux. C'est
sérieux pour ces municipalités et pour les contribuables. Nous
croyons qu'il y a une responsabilité de la part du gouvernement et que
cela devrait être pris en considération. Cela aurait
été le moment idéal; tout en restructurant la CTCUM et en
s'assurant que les élus seront responsables face à
l'administration du réseau, en même temps, le gouvernement aurait
pu trouver une formule pour trancher le litige en ce qui concerne les factures
antérieures que la CTCUM a envoyées à ces
différentes municipalités.
M. le Président, ce sont les principaux points que je voulais
soulever sur ce projet de loi. C'est évident que nous sommes en faveur.
Nous allons peut-être demander certaines clarifications. Je crois que le
ministre a déjà fait mention de certains amendements que
lui-même va apporter au projet de loi. C'était une des questions
que je voulais poser: Qu'arrivera-t-il aux commissaires actuels? Le projet de
loi ne semble pas mentionner le sort de ces commissaires. Il doit
sûrement y avoir certains problèmes en ce qui les concerne. Le
ministre a mentionné qu'il va apporter des amendements pour expliciter
plus largement certains problèmes qui existent dans le projet de
loi.
M. le Président, nous allons appuyer le projet de loi. Nous
croyons que c'est une bonne mesure. Cela répond aux élus. Si le
gouvernement veut en prendre le crédit, je le félicite d'avoir
répondu, maintenant, aux besoins de la CTCUM, mais je dois souligner que
cela fait depuis 1980 que la CTCUM, que M. Pierre Des Marais demande ce genre
de pouvoir, cette orientation pour la CTCUM. Je suis heureux de voir,
finalement, qu'après cinq ans le gouvernement a réagi et a
accédé aux demandes très raisonnables des élus de
la Communauté urbaine de Montréal et qu'il nous apporte un projet
de loi qui va nous assurer que les élus seront responsables de
l'administration de la CTCUM et de l'administration des fonds publics. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, je vais demander la suspension
de ce débat et, à compter de 15 heures, afin de réaliser
une entente qui est intervenue à la suite d'une requête qui nous a
été adressée, nous allons plutôt aborder le projet
de loi 50 et nous reviendrons par la suite, après deux interventions, au
projet de loi 49.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Nous suspendons nos
travaux jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 12)
(Reprise à 15 h 4)
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît; Veuillez prendre place. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: Nous allons d'abord entendre le ministre des
Transports et le député de Mont-Royal sur le projet de loi 50 et
nous reviendrons ensuite au débat sur le projet de loi 49. Je vous
demande donc d'appeler l'article 10 de notre feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi 50 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous allons aborder le
débat sur l'adoption du principe du projet de loi 50, Loi sur la
Société de transport de la rive sud de Montréal. M. le
ministre des Transports, vous avez la parole.
M. Guy Tardif
M. Tardif: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir
d'intervenir à ce moment-ci sur l'adoption en deuxième lecture du
projet de loi 50, Loi sur la Société de transport de la rive sud
de Montréal. Étant donné que ce matin nous avons
procédé à l'étude du projet de loi 49 sur la CTCUM,
l'on comprendra que bon nombre des dispositions qui ont été
évoquées ce matin s'appliquent dans le présent
cas.
C'est le 15 mai dernier que je déposais devant cette Chambre le
projet de loi 50 et que l'Assemblée nationale acceptait de
débattre au cours de la présente session du projet de loi sur la
Société de transport de la rive sud de Montréal. Cette
société de transport qui dessert les municipalités de
Longueuil, de Brossard, de Saint-Hubert, de Greenfield Park, de Saint-Lambert,
de Boucherville et de Lemoyne, soit en tout au-delà de 300 000
personnes. L'objectif principal du projet de loi consiste à renforcer le
contrôle des élus locaux, comme nous l'avons fait pour le
territoire de la CTCUM sur leur commission de transport.
Cet objectif explique, à lui seul, la plupart des modifications
qui ont été apportées par la loi actuelle et, quant au
second objectif, évidemment, une plus grande démocratisation
également et une promotion de l'efficacité dans la gestion de la
société. Une note historique très brève, avant
d'aller plus loin dans la description du contenu du projet de loi sur la
Société de transport de la rive sud de Montréal. En effet,
il importe de rappeler brièvement comment la notion de contrôle
des élus municipaux sur le transport en commun a évolué
depuis la création des commissions de transport. En fait, des
études réalisées au début des années
soixante-dix ont démontré qu'il était devenu
nécessaire de municipaliser les services de transport, étant
donné qu'il était impossible pour les entrepreneurs privés
existants de donner un niveau de service acceptable tout en demeurant rentable.
Pour ce qui est de l'organisation et du fonctionnement des nouvelles
entités qui seraient appelées à prendre charge des
services de transport en commun, les deux grandes orientations retenues
étaient les suivantes: en premier lieu, le service de transport en
commun devait continuer d'être administré comme une entreprise et,
en deuxième lieu, on devait éviter l'ingérence des
élus dans la gestion des services.
Ces deux grandes orientations avaient diverses conséquences sur
le partage des responsabilités au sein des commissions de transport dont
on recommandait la création. Notamment, la direction des commissions de
transport devait être confiée à des administrateurs choisis
en fonction de leur compétence. Une fois les administrateurs en place,
c'est à eux qu'il appartenait de définir les services à
offrir et de décider de la façon de les financer. En
troisième lieu, s'il devait y avoir divergences de vues entre les
administrateurs et les élus, elles devaient être
référées à un niveau supérieur qui recevait
le pouvoir de trancher le différend: à la Commission des
transports du Québec s'il s'agissait d'une question de services et de
tarifs, à la commission municipale s'il s'agissait du budget. Enfin, les
municipalités devaient combler le déficit d'exploitation de leur
commission de transport.
Un tel partage devait, toutefois, être rapidement contesté
par les élus municipaux. Cette constestation s'est, d'ailleurs,
élargie à mesure que les déficits d'exploitation à
la charge des municipalités augmentaient. L'importance du fardeau
financier découlant des services de transport en commun constitue donc
le premier facteur qui ait motivé une révision des pouvoirs des
élus municipaux dans ce domaine. L'évolution des
mentalités, d'ailleurs, à l'égard du rôle de
l'élu municipal devait également être un facteur
déterminant.
En effet, le gouvernement a réalisé en 1979 une
réforme en profondeur de la démocratie et de la fiscalité
municipale et cette réforme avait, comme on le sait, deux axes majeurs.
D'abord, remettre aux collectivités locales les ressources
financières qui leur soient propres de façon qu'elles soient
véritablement maîtresses de leurs décisions; en
deuxième lieu, renforcer les règles du jeu démocratique
local, d'une part, en misant sur le mandat que l'élu local
détient de ses concitoyens pour en faire le véritable responsable
des services au niveau local et, d'autre part, en mettant en place des
mécanismes d'information et de participation des citoyens afin qu'un
système efficace de contrepoids existe au niveau local.
Ces facteurs ont amené le gouvernement à reconnaître
que les élus locaux devraient, à brève
échéance, prendre le contrôle des commissions de transport.
Des gestes concrets ont, d'ailleurs, été posés en ce sens
puisque, dès juin 1978, la Loi sur la Communauté urbaine de
Québec était modifiée pour donner aux élus le
contrôle sur la CTCUQ. Quant à la Loi sur les corporations
municipales et intermunicipales de transport adoptée en décembre
1977, elle plaçait, dès le départ, ces corporations sous
le contrôle de conseils d'administration composés d'élus.
En juin 1983, ce fut la Loi sur la Communauté régionale de
l'Outaouais qui a été modifiée pour placer la CTRCO sous
le contrôle des élus des municipalités desservies. Et plus
récemment, évidemment, en décembre 1984, la Loi sur la
Société de transport de Laval a placé cette
société sous le contrôle direct des élus de la ville
de Laval. (15 h 10)
II y a eu, en août 1983, l'adoption d'un projet de loi par le
conseil des maires de la rive sud et la transmission de ce projet au ministre
des Affaires municipales. Ce projet exposait d'ailleurs les demandes des
élus de la rive sud.
En second lieu, il y a eu une consultation entre le ministère et
la direction de la CTRSM sur le contenu du projet depuis le
printemps 1984, dont notamment la transmission d'une version
préliminaire au début de février 1985.
Quant aux instances décisionnelles, je voudrais maintenant, M. le
Président, décrire les principaux changements qui seront
apportés à la structure de la CTRSM par le présent projet
de loi. Présentement, la Commission de transport de la rive sud de
Montréal est dirigée par cinq commissaires. Un premier
commissaire est nommé par le conseil des maires, un deuxième par
le gouvernement; deux commissaires sont choisis par le conseil des maires,
parmi ses membres. Ce sont donc deux élus. Le cinquième
commissaire est le président-directeur général qui est
nommé par le gouvernement sur recommandation du conseil des maires.
Les commissaires ont la responsabilité générale de
diriger la CTRSM, c'est-à-dire de décider du niveau de services,
des parcours et des tarifs, du niveau des effectifs, de l'engagement du
personnel, des contrats de travail avec les associations d'employés, du
choix des fournisseurs, etc. Le pouvoir de contrôle du conseil consiste
à approuver les engagements financiers à long terme et les
travaux destinés à améliorer les services, par exemple les
quais, les débarcadères, les garages. Le budget de la commission
doit également être adopté par le conseil des maires.
Cependant, ce pouvoir a une portée limitée, puisque le budget
préparé par les commissaires entre automatiquement en vigueur le
15 décembre s'il n'a pas été adopté.
Les changements que nous proposons d'apporter à la structure de
la CTRSM ne modifieront à peu près pas les paliers
hiérarchiques supérieurs. Ces paliers seront les suivants:
d'abord, un conseil d'administration formé du maire de chaque
municipalité et d'un autre représentant élu pour chaque
tranche de 40 000 habitants; deuxièmement, le comité
exécutif; troisièmement, le président-directeur
général.
C'est plutôt la philosophie de base qui sera modifiée.
Désormais, en effet, cette philosophie de base consistera à
renforcer le rôle des élus dans l'exercice des pouvoirs
d'orientation et de contrôle tout en laissant les tâches
d'exécution au niveau des gestionnaires. Ces pouvoirs d'orientation et
de contrôle seront remis pour l'essentiel au conseil d'administration.
Tout d'abord, le conseil continuera de contrôler les engagements
financiers à long terme de la société en adoptant son
programme d'immobilisations et ses emprunts. Le conseil exercera un
contrôle plus poussé sur le budget de la société. En
effet, le conseil pourra désormais modifier le budget de la
société de sa propre initiative et la clause d'entrée en
vigueur automatique du budget sera éliminée. Le conseil devra
donc prendre position sur le budget de la société.
De même, il revient au conseil d'administration de planifier,
d'organiser et d'administrer les services de transport en commun. Plus
précisément, le conseil d'administration établira les
orientations de la société à long terme et à moyen
terme en adoptant un plan directeur des activités de la
société. Le conseil d'administration déterminera les
lignes directrices en matière de gestion du personnel puisqu'il fixera
le niveau des objectifs autorisés et arrêtera la politique
applicable à la rémunération du personnel. Le conseil
d'administration aura également la responsabilité d'engager le
directeur général ainsi que les autres cadres supérieurs
de la société, et ce sur recommandation du D.G.
En ce qui a trait à l'organisation des services proprement dits,
le conseil d'administration décidera des parcours et fixera les tarifs.
Le conseil d'administration sera par ailleurs autorisé à former
des comités dont il définira le mandat et qui auront pour
rôle d'étudier une question et de lui faire rapport. Un
comité sera présidé par un membre du conseil et se
rapportera directement au conseil d'administration. Comme un comité
pourra comprendre entre trois et sept membres et que ces membres peuvent ne pas
être des élus, il s'agit d'un mécanisme susceptible
d'élargir la participation des citoyens aux discussions entourant la
planification et la gestion des services, ce qui devrait contribuer à en
améliorer la qualité.
Le projet de loi reconnaît par ailleurs la
spécificité de la CTRSM en remplaçant la commission
actuelle, soit les cinq commissaires, par un comité exécutif. En
effet, la CTRSM diffère des autres commissions de transport en ce
qu'elle n'est pas rattachée à une communauté ou à
une ville. Son conseil d'administration joue par conséquent un
rôle comparable à celui que jouent les conseils des
communautés et de la ville de Laval dans le cas des autres commissions.
C'est pourquoi les autorités de la CTRSM ont choisi de proposer au
gouvernement la formation d'un comité exécutif et de lui confier
la responsabilité d'expédier les affaires courantes. Ceci permet
de dégager le conseil d'administration pour qu'il puisse
véritablement jouer son rôle d'établir les orientations et
les politiques de la société.
Les principales responsabilités du comité exécutif
seront donc: 1) d'administrer les affaires courantes; 2) de préparer le
budget; 3) d'accorder des contrats; 4) d'adresser des recommandations au
conseil d'administration en matière de tarifs et parcours. Quant au
D.G., il agira à titre de chef de l'administration de la
société sous l'autorité du conseil d'administration et du
comité exécutif. De manière à faire clairement
ressortir ce rôle, le D.G. servira
d'intermédiaire entre le conseil d'administration, d'une part, et
les cadres et les employés de la société, d'autre part. De
plus, le directeur général aura la responsabilité
d'engager et de superviser le personnel. La fonction principale du O.G.
consistera à assumer l'exécution des décisions du conseil
d'administration et du comité exécutif et à voir à
l'application des lois et des règlements. Ses autres fonctions pourront
être plus amplement définies par le conseil d'administration, s'il
y a lieu. Au cours de la description du partage des responsabilités qui
vient d'être faite, on aura constaté que les élus
décideront des services à offrir et des ressources qui y sont
consacrées. C'est cependant au D.G., à titre de chef de
l'administration, qu'il appartient de s'entourer de collaborateurs
compétents et de mettre en place des méthodes de gestion
appropriées pour atteindre les objectifs qui ont été
fixés. Ainsi, le D.G. possédera les pouvoirs nécessaires
pour produire des résultats qui correspondent aux objectifs fixés
par le conseil d'administration. Cela me semble être la meilleure
manière de promouvoir l'efficacité.
Du côté de l'information et de la participation, la
décision de confier la direction de la CTRSM aux élus
entraîne d'autres changements au fonctionnement de la commission. En
effet, la vitalité de la démocratie locale suppose que,
parallèlement à l'affirmation des pouvoirs des élus
locaux, les citoyens disposent de moyens d'intervention appropriés afin
que les enjeux locaux soient l'objet d'un véritable débat. On
doit plus particulièrement s'assurer de la visibilité du
processus décisionnel et donner aux usagers et aux contribuables
l'occasion de faire connaître leur point de vue sur les matières
qui les touchent directement. C'est pourquoi il faut que les débats
entourant les transports en commun soient aussi publics que ceux entourant les
autres services municipaux. Par conséquent, les assemblées du
conseil d'administration et de ses comités seront publiques. De plus,
chaque assemblée devra commencer par une période de
questions.
Le projet de loi accorde aussi la possibilité à 50
résidents, par voie de pétition, de faire inscrire un sujet
à l'ordre du jour d'une assemblée du conseil d'administration.
Ces résidents auront le droit de s'adresser oralement au conseil
d'administration lorsque la question sera débattue. Des règles
régissant l'exercice de ce droit de parole seront d'ailleurs
établies par le conseil d'administration lui-même.
L'application du principe de la responsabilité des élus a
également une conséquence importante. Ainsi, les décisions
de la CTRSM en matière de parcours et de tarifs peuvent, à
l'heure actuelle, être révisées par la Commission des
transports du
Québec si un appel est interjeté dans les délais
prescrits, évidemment, par une personne ou une municipalité
intéressée. Un tel droit de regard par un tribunal administratif
relevant du gouvernement va de soi lorsque l'usager est aux prises avec un
transporteur privé motivé par le profit et qui détient un
monopole sur le service. Toutefois, dans le cas présent, on ne saurait
admettre que les décisions d'élus responsables devant leurs
électeurs puissent être renversées par un organisme
extérieur. Néanmoins, on doit conserver la possibilité
pour un citoyen de réagir à une décision qui l'affecte
tout en maintenant le pouvoir décisionnel final entre les mains des
élus. C'est pourquoi le projet de loi prévoit que les
décisions du conseil d'administration en matière de tarifs et de
parcours devront être publiées et affichées au moins 30
jours avant leur entrée en vigueur.
En faisant en sorte que les décisions affectant le plus
directement les usagers soient ainsi annoncées à l'avance, on
permet évidemment à ces derniers, soit de s'y ajuster plus
facilement soit d'intervenir auprès de leurs élus s'il y a lieu,
par exemple, au moment de la période des questions.
II m'apparaît que ces règles de fonctionnement auront pour
effet de rendre plus largement disponible l'information concernant les services
de transport en commun et de cette façon les usagers et les citoyens en
général seront davantage conscients des contraintes et des
possibilités qui existent dans l'offre de services de transport en
commun et qu'ils comprendront mieux les décisions parfois difficiles que
les élus ont à prendre dans ce domaine. (15 h 20)
Au chapitre des pouvoirs de la CTRSM, un seul chamgement sera
apporté en ce sens que la CTRSM pourra désormais promouvoir des
services de transport qu'elle ne fournit pas elle-même et accorder des
services de soutien à ceux qui les utilisent ou les organisent. Ce
nouveau pouvoir permettra à la CTRSM de participer au
développement des transports paracollectifs, un domaine qui semble
appelé à croître en importance au cours des années
à venir et pour lequel la CTRSM a déjà manifesté un
intérêt réel.
En ce qui concerne le déficit d'exploitation, ce déficit,
en ce qui concerne la rive sud de Montréal, est réparti entre les
municipalités desservies sur la base de quatre critères:
premièrement, la population d'une municipalité;
deuxièmement, son potentiel fiscal; troisièmement, le nombre
d'heures de service dispensées à une municipalité et,
quatrièmement, le kilométrage parcouru sur le territoire d'une
municipalité. L'application de cette formule de répartition joue
semble-t-il au détriment de certaines municipalités.
C'est pourquoi la CTRSM et les municipalités membres ont
consacré beaucoup d'énergie à mettre au point une formule
plus équitable, annoncée d'ailleurs lors d'une conférence
de presse le 15 octobre 1984.
Avec le retrait de la CTCUM de la ville de Longueuil et la mise en place
d'un régime de compensation tarifaire, la voie paraît libre
à l'application de la nouvelle formule de répartition. À
cet égard, le projet de loi met de l'avant des changements importants.
Ainsi, le conseil d'administration pourra modifier la formule de
répartition du déficit en y incorporant un critère
nouveau, à condition que ce critère ait été
approuvé par au moins les deux tiers des membres du conseil lors d'une
assemblée spécialement convoquée à cette fin.
Deuxièmement, les quotes-parts seront versées sur la base
du budget plutôt que sur la base de l'année financière
écoulée. Troisièmement, les autres modalités de
versement des quotes-parts, le nombre des versements, la date, les
pénalités pour les retards seront établies par un
règlement du conseil d'administration.
En matière d'immobilisation, maintenant, présentement la
CTRSM n'est pas tenue légalement d'adopter un programme triennal de ses
immobilisations; elle s'acquitte néanmoins de cette tâche d'abord
pour ses propres besoins mais aussi pour aider le ministère à
dresser son programme d'immobilisations.
Le projet de loi vient normaliser cette pratique en faisant obligation
à la CTRSM d'adopter à chaque année un programme de ces
immobilisations et de le soumettre au gouvernement pour approbation.
Le projet de loi, comme je l'ai évoqué ce matin pour la
CTCUM, s'il ne prévoit pas de membres du gouvernement au sein du conseil
d'administration, accorde néanmoins au ministre des Transports le
pouvoir de désigner une personne pour vérifier l'utilisation des
subventions versées ainsi que la nature des dépenses
effectuées grâce à ces subventions. Ce pouvoir nouveau
s'impose en raison d'abord de l'importance des subventions versées et,
deuxièmement, du principe de la responsabilité
ministérielle, c'est-à-dire l'obligation de répondre
devant l'Assemblée nationale de l'utilisation par un ministre des sommes
confiées à sa gestion.
Quant à l'appellation "société", je l'ai
déjà évoqué au mois de décembre à
propos de Laval et ce matin à propos de Montréal. Étant
donné que le terme "commission" fait référence à un
groupe de personnes chargées d'étudier une question ou encore
exerçant une fonction de surveillance ou de contrôle, il nous
apparaît que l'appellation "société" est beaucoup plus
conforme aux objectifs que poursuit la CTRSM.
Immédiatement, comme je l'ai fait ce matin pour la CTCUM, je dois
informer l'Assemblée que je proposerai certains amendements à ce
projet de loi au moment de son étude en commission parlementaire. Ces
amendements ont, dans l'ensemble, un caractère technique ou
mécanique et visent, dans la plupart des cas, à clarifier le
texte du projet de loi et résultent d'une étude attentive qui a
été faite par les administrateurs de la rive sud de
Montréal.
Des exemples de ces amendements techniques: La possibilité pour
la société de se désigner au moyen d'un acronyme et de
faire protéger ce terme pour en conserver l'exclusivité.
Deuxièmement, de préciser qu'une municipalité
désigne par résolution un représentant autre que le maire
au conseil d'administration. Troisièmement, de préciser que le
mandat de président ou de vice-président, est renouvelable et que
le vice-président peut être choisi parmi tous les membres du
conseil. Quatrièmement, d'énoncer de manière plus
précise les responsabilités respectives du conseil
d'administration et du D.G. en matière d'engagement des cadres.
Dans la majorité des cas, encore une fois, ces modifications ont
été demandées par la CTRSM elle-même à la
suite d'une étude attentive du projet de loi.
En conclusion, M. le Président, il m'apparaît que la
modification du mode de contrôle proposée dans le projet de loi
est aujourd'hui une nécessité. Il convenait que les entreprises
de transport en commun, même municipalisées, soient
contrôlées par leurs administrateurs lorsque la totalité ou
la quasi-totalité de leurs revenus provenait de la clientèle. Les
politiques et les décisions des administrateurs se
réflétaient en effet immédiatement dans la
rentabilité de leurs entreprises. Toutefois, lorsque les revenus en
provenance des usagers comptent pour moins de la moitié du coût,
il est évident que la société reconnaît que le
service procure à l'ensemble de ses membres des bénéfices
dont l'importance est suffisante pour que le service continue d'exister
même si des utilisateurs ne peuvent à eux seuls en assurer la
survie.
Le contrôle sur le transport en commun doit refléter cette
réalité. Plus spéciquement, il faut que soit
instauré un mode de contrôle auquel tous les
intéressés, c'est-à-dire les élus, les
administrateurs du service, les usagers et les citoyens puissent être
associés.
À cet égard, il est reconnu que le débat
démocratique constitue une méthode efficace d'allocation des
ressources entre les différents services d'une municipalité, et
ce en accord, d'ailleurs, avec la volonté exprimée par la
majorité des citoyens. C'est d'ailleurs pour rendre ce débat
possible et pour en assurer la qualité que le présent projet de
loi contient des améliorations notables, par rapport à la
situation actuelle,
en ce qui a trait à l'information des citoyens. Cette information
constitue une condition essentielle pour que les citoyens soient au fait des
questions qui les intéressent directement et pour qu'ils puissent
participer au débat, si tel est leur désir.
Il convient ici de mentionner que l'administration de la CTRSM a
déjà manifesté son souci d'associer les citoyens à
ses démarches. En effet, certaines municipalités membres de la
CTRSM possèdent un comité sur le transport en commun auquel
participent des citoyens et des élus municipaux. Il s'agit là
d'outils de consultation que la CTRSM juge précieux puisqu'ils l'aident,
en particulier, à mieux ajuster ses circuits aux besoins de sa
clientèle, ainsi qu'à tester certaines idées novatrices
avant de les implanter.
Le projet de loi contient, par ailleurs, une définition des
responsabilités des différents paliers hiérarchiques en
vertu de laquelle le pouvoir d'établir les politiques appartient aux
élus, tandis que les responsabilités à caractère
administratif sont confiées aux gestionnaires et plus
particulièrement au directeur général. Il apparaît,
en effet, important, encore une fois, dans une perspective d'efficacité,
que les élus soient libérés, autant que possible, des
contingences administratives pour être en mesure de se consacrer au
rôle qui est véritablement le leur: la définition des
services à offrir et l'établissement des politiques de la
société.
Par ailleurs, il importe de souligner que la décision de remettre
le contrôle de la CTRSM aux élus de la rive sud ne découle
pas uniquement d'une position de principe, mais également de
considérations pratiques. En effet, les élus contrôlent
l'ensemble des services municipaux et établissent les règles du
jeu dans les domaines de la circulation, du stationnement et de l'utilisation
du sol.
De nouveaux modes d'organisation devraient, par conséquent,
favoriser la coordination des interventions dans ce domaine avec les besoins du
service de transport en commun sur cette partie importante de leur territoire
qui est la rive sud de Montréal. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, le projet de loi 50, Loi sur
la Société de transport de la rive sud de Montréal,
s'inscrit dans la foulée des lois ayant pour objectif de donner aux
élus municipaux le contrôle de leur commission de transport. Il
nous propose de remplacer l'actuel CTRSM, la Commission de transport de la rive
sud de Montréal, par une société de transport dont le
conseil d'administration sera composé exclusivement d'élus et
dont le comité exécutif, lui aussi composé d'élus,
s'occupera de l'administration courante.
Les grandes orientations de la STRSM, la Société de
transport de la rive sud de Montréal, et son administration courante
relèveront donc directement des élus. Cette proposition
diffère de celle concernant les autres commissions de transport à
cause de la particularité de la CTRSM. Contrairement à la
commission de transport de Québec, à la commission de transport
de Montréal ou à la Société de transport de Laval,
il était impossible de responsabiliser une seule corporation municipale
ou supramunicipale. Il a donc fallu prévoir à l'intérieur
de la CTRSM elle-même des mécanismes permettant la prise de
contrôle par les élus. Il fut créé un genre de
communauté urbaine de transport pour la rive sud parce qu'il n'y a pas
une communauté urbaine, il n'y a pas ce même organisme qui existe
à Montréal et à Québec.
La formule à l'étude comporte donc des aspects
particuliers qui apparaissent, à première vue, un peu
discutables, mais, malgré cela, les instances municipales et les
contribuables n'ont pas fait connaître d'opposition au projet et nous
croyons qu'il faut respecter leur choix puisqu'ils sont les premiers
intéressés. D'autant plus que les objectifs poursuivis
correspondent à des orientations qui, à nos yeux, sont valables,
c'est-à-dire la responsabilisation des autorités locales et le
contrôle accru de la part des contribuables. C'est une orientation qui a
été demandée depuis plusieurs années par les
élus municipaux. Ils assument des responsabilités additionnelles.
Je pense qu'ils devraient être félicités de vouloir assumer
ces responsabilités, parce que, à la suite de ce projet de loi,
ce sont les élus qui seront tenus responsables du fonctionnement des
commissions de transport dans leur agglomération. (15 h 30)
Dans le passé, c'était toujours loisible ou possible pour
les communautés urbaines ou pour les élus municipaux de prendre
la position de dire: Eh bien, ce n'est pas nous qui administrons la commission
de transport; la commission de transport est administrée par un
directeur général qui a été nommé par le
gouvernement. Alors, il pouvait se soustraire un peu à certaines
responsabilités. Je crois que les élus municipaux de ces
différentes régions doivent être félicités de
vouloir assumer eux-mêmes ces responsabilités avec toutes les
conséquences que cela va comporter. Cela veut dire que c'est
eux-mêmes qui vont devoir répondre devant la population de
l'administration des commissions de transport.
Je voudrais, maintenant, M. le
Président, attirer l'attention du ministre sur certains points
qui peuvent paraître techniques, à première vue, mais qui
sont malgré tout de nature à rendre le mécanisme un peu
lourd et la loi un peu plus difficile d'application. Il y a des
différences entre ce projet de loi pour la rive sud et ceux qui nous ont
été présentés pour Montréal et pour
Laval.
En premier lieu, on sait que le conseil d'administration de l'actuel
CTRSM est déjà composé des maires des municipalités
du territoire. Le nouvel élément qu'on apporte dans sa
composition est d'augmenter le nombre de membres en prévoyant un
représentant supplémentaire par tranche de 40 000 habitants pour
chacune des municipalités, chacun disposant d'une voix lors des votes.
Alors, on remplace ici le système du nombre de votes pour chacun des
maires en proportion de la population de sa municipalité. Je crois que
le principe est valable de donner une représentation au conseil
d'administration qui est basée, dans une certaine mesure, sur la
population que les différents membres représentent à cedit
conseil d'administration. Mais en faisant cela, on augmente le nombre du
conseil d'administration. Je vois que le ministre fait signe que non. En
ajoutant un membre pour chaque 40 000 personnes, cela augmente le nombre de
membres du conseil d'administration, plutôt que de le laisser tel qu'il
est maintenant. Je dis que c'est justifiable parce qu'il doit
représenter la population de la rive sud. Mais, en ce faisant, en
augmentant le nombre, des fois, cela peut rendre l'administration un peu plus
lourde parce qu'il y a plus de gens qui vont être présents aux
réunions du conseil d'administration.
Alors, on a voulu remédier à ce problème, en
prévoyant la formation d'un comité exécutif. On a dit: On
augmente la représentation des maires qui sont à la CTRSM.
Puisqu'il va y avoir plus de gens, on va créer un comité
exécutif pour rendre l'administration un peu plus efficace. Ce
comité, composé de cinq membres du conseil d'administration,
reçoit des pouvoirs, qui vont un peu plus loin que ceux qu'un
comité exécutif d'une commission de transport devrait avoir. Je
m'explique. Qu'il puisse transmettre ses recommandations concernant les tarifs,
les circuits et les parcours, cela semble tout à fait normal. Que le
comité exécutif soit un comité plus restreint du conseil
d'administration, avec les pouvoirs du conseil d'administration dans un
comité plus restreint, je pense que c'est justifiable. Il en est de
même de son pouvoir concernant l'octroi des contrats ou de celui de
dresser le budget. Mais qu'il ait à exécuter les décisions
du conseil d'administration ou, plus généralement, à
s'occuper de l'administration courante de la société, je me pose
certaines questions. Est-ce vraiment le rôle du comité
exécutif de s'occuper de l'administration courante de la
société? Comment les élus qui se réunissent, quand
bon leur semble, pourront-ils, parce que les réunions du conseil vont
être évidemment limitées, voir à l'administration
courante de la société, alors que c'est une chose
journalière dont ils doivent s'occuper jour après jour? Ceci
m'amène à me demander pourquoi ces pouvoirs n'ont pas
été accordés au directeur général comme dans
les autres lois?
Dans les autres lois, l'administration courante, tout en créant
un conseil d'administration représenté par les élus, est
donnée au directeur général. Ici, on ne semble pas
accepter cette règle ou ne pas y adhérer. On crée un
conseil d'administration. On a un comité exécutif et un directeur
général, mais au lieu de donner strictement au directeur
général les pouvoirs de l'administration courante, on les donne
au comité exécutif. Pourquoi reléguer ce fonctionnaire, le
directeur général, à de simples tâches
d'exécutant? Cela n'ajoute rien au pouvoir de contrôle des
élus sur les orientations de la société. Au contraire,
cela pourrait même mener à une administration déficiente
malgré la bonne foi de ces élus. Le contrôle de
l'administration et des dépenses des fonds publics par les élus,
c'est un principe reconnu que nous acceptons et que nous adoptons. Nous posons
la question: est-ce que, en créant le comité exécutif et
en lui donnant les pouvoirs de l'administration courante, on ajoute au bon
fonctionnement de la société ou est-ce qu'on le rend plus
difficile? C'est strictement une question qu'on pose au ministre. Et pourquoi?
Y a-t-il des raisons spéciales de donner à un comité
exécutif, dans ce cas-ci, des pouvoirs que les autres n'ont pas dans les
autres sociétés de transport.
En troisième lieu, j'aimerais ajouter que le fonctionnement
prévu pour ces organismes et pour les comités consultatifs ne
simplifie pas les choses. Ainsi, le conseil d'administration devra tenir au
moins dix assemblées ordinaires par année. À chacune de
ces séances publiques, une période de questions orales est
prévue. Les mêmes élus membres du comité
exécutif se rendront aussi à des assemblées qui peuvent
être publiques. Si tel est le cas, une période des questions est
aussi prévue et les comités consultatifs doivent tenir des
séances publiques avec une période de questions. Or, il faut
rappeler qu'ici aussi des élus seront membres de ces comités. On
crée différents comités. On crée des
périodes de questions à tous ces différents niveaux. On
veut donner un droit de regard aux contribuables, ce qui est bon en soi. On ne
met pas en doute le principe, celui que les contribuables aient le droit et
l'occasion de poser des questions durant les rencontres du conseil
d'administration. Il n'y a aucun problème avec cette façon
d'agir,
mais le projet de loi va peut-être trop loin. N'y a-t-il pas un
risque de peut-être bloquer, de cette façon, le fonctionnement de
la société, parce que vous aurez les mêmes problèmes
à trois niveaux différents avec une période de questions
chaque fois? On veut rendre l'administration efficace. On ne veut pas
empêcher les gens de poser des questions, mais de répéter
cela à chaque niveau de l'administration pour les mêmes
problèmes, on se pose la question: est-ce nécessaire et est-ce
que cela va rendre l'administration de cette société plus
efficace?
À titre d'exemple, le comité exécutif pourra tenir
une assemblée publique sur les tarifs, puisqu'il jouit d'un pouvoir de
recommandation à cet égard. Les usagers auraient alors le droit
de poser des questions aux élus. Par la suite, le conseil
d'administration, composé en partie de ces mêmes élus,
exercera son pouvoir décisionnel. À ce moment-là, les
usagers pourront encore poser des questions. (15 h 40)
Finalement, le projet de loi accorde à 50 résidents le
pouvoir de faire inscrire à l'ordre du jour de l'assemblée
ordinaire suivante un sujet sur lequel ils pourront s'adresser aux membres du
conseil d'administration. Les mêmes élus pourraient encore une
fois être saisis de la même question sous différents volets
et différentes séances mais encore l'une après l'autre. On
se pose la question à savoir si cela va aider à l'administration
efficace de cette société.
Cette illustration n'a pas pour but d'affirmer que les contribuables
jouissent d'un trop grand droit de parole, ce n'est pas cela du tout que nous
disons. Au contraire, ce que je veux établir ici, c'est que la
possibilité de revenir trois fois sur le même sujet ne peut
apporter rien de plus et que cela peut même aller jusqu'à
être plus négatif qu'autre chose. On va d'un système
où il y avait un directeur général et où les
élus n'étaient pas les responsables - peut-être que
celui-ci était moins flexible, il n'y avait pas de contrôle des
élus - et là on donne aux élus le contrôle et
l'administration. Il faut qu'ils soient efficaces aussi, il ne faut pas donner
des règles qui vont rendre l'administration difficile et l'année
prochaine être obligés de dire: II faut amender le projet de loi
parce que cela ne fonctionne pas de donner l'administration aux élus
parce qu'il y a eu trop de délais, trop de problèmes. Pourtant,
ce n'est pas le principe qui n'a pas fonctionné, c'est la façon
dont ce principe est appliqué. C'est le seul point que je veux soulever.
Je ne voudrais pas d'avance rendre difficile l'application de ce principe
très valable, qui pourrait résulter dans des modifications
où les élus, pour une raison ou pour une autre, pour des
questions d'efficacité, perdraient le contrôle, pour des raisons
qui ne sont vraiment pas de leur faute mais parce qu'on a mis en place des
règlements, une façon de procéder qui rendrait
l'application de ce principe difficile. Je demande au ministre de prendre ces
éléments en considération. Peut-être pourrait-il
assurer les procédures prévues et accorder un peu plus de
pouvoirs au directeur général, entre autres mesures, parce que
dans les autres projets de loi, c'est ce qui semblait être la
façon de procéder.
Je voudrais maintenant aborder un autre volet du projet de loi, celui de
l'adoption du budget et du programme des immobilisations. Ces pouvoirs, on
comprend pourquoi, relèvent en premier ressort au niveau local du
conseil d'administration. Faute d'instance municipale unique ou d'instance
supramunicipale, le pouvoir sera donc exercé à l'intérieur
de la société. Comme pour les autres organismes de transport en
commun, on prévoit la possibilité d'adoption du budget par
tranche, la possibilité d'adopter un budget supplémentaire ainsi
que l'adoption d'un plan triennal d'immobilisations. Ici, il faut remarquer que
ce sont, à toutes fins utiles, les mêmes élus ayant
préparé le budget qui pourront le modifier et qui auront à
l'adopter. Dans les autres cas, par exemple il y a la Communauté urbaine
de Montréal qui va nommer des représentants à la
société de transport et ces représentants devront faire
rapport au conseil de la communauté urbaine. Ici, n'ayant pas de
communauté urbaine, c'est le même organisme, le conseil
d'administration - peut-être qu'il faudrait le modifier pour que cela
soit un peu plus clair - qui a le pouvoir de faire le budget, de l'amender, de
l'adopter; c'est toujours le même organisme, les mêmes élus,
les mêmes personnages, les mêmes responsables.
Malgré ces problèmes que je vois dans le projet de loi, le
principe demeure valable, ici aussi, c'est-à-dire, le principe de donner
aux élus l'administration, le contrôle d'une société
de transport, en fait une commission de transport.
Le problème de ce projet de loi réside dans le fait qu'on
a voulu uniformiser le plus possible les lois régissant les commissions
de transport et que dans le cas de la CTRSM, la situation se prêtait
assez mal à l'exercice parce que la situation est différente et
aurait demandé des règles un peu différentes des autres
projets de loi. Il aurait probablement était possible d'en arriver aux
objectifs en compliquant un peu moins les choses.
Donc, le projet de loi 50 vient donner des pouvoirs accrus aux
élus et un contrôle plus grand aux contribuables. L'Opposition est
en accord avec le principe et nous voterons pour ce projet de loi, mais nous
considérons que plusieurs améliorations techniques devront
être apportées et nous étudierons les
articles en détail en commission parlementaire.
Avant de terminer sur la nouvelle procédure instaurée, je
voudrais demander au ministre de nous dire quels motifs l'ont poussé
à exiger qu'au moins un membre du comité exécutif vienne
de la ville de Longueuil. On inclut dans le projet de loi que la ville de
Longueuil doit spécifiquement nommer un membre au comité
exécutif. Cette disposition, contestée par la Conférence
des maires de la rive sud, semble, à première vue, superflue.
Cela va arriver quand même, vu que la représentation au conseil
municipal tient compte de la population de chacune des municipalités. Si
on a amendé la loi pour dire qu'au conseil municipal on tient compte de
la représentation des populations, cela veut dire que Longueuil va avoir
plus de représentants. Quand ce conseil d'administration va nommer le
conseil exécutif, c'est évident que les représentants de
Longueuil, en ayant plus de représentants, vont s'assurer qu'un des
représentants de Longueuil siège au comité
exécutif. C'est une question pratique.
De plus, il est plus que probable que de toute façon un
représentant de Longueuil se trouvera au comité exécutif.
Puisque, de façon pratique, c'est cela qui va arriver, pourquoi
imposer... C'est encore en contradiction avec un autre principe. On veut
créer un organisme dont les élus seront présents à
cet organisme et représenteront les intérêts des
contribuables. Ce n'est pas à nous à dire à ces
mêmes élus: Écoutez, vous allez élire M. Untel au
conseil. Il me semble qu'on va un peu en contradiction avec nos beaux principes
qui disent: On va laisser aux gens de la localité, aux gens de cette
région, le soin de déterminer qui ils vont élire et qui va
les représenter au conseil.
Si on adopte ce principe, je crois, premièrement, que du point de
vue pratique, il n'est pas nécessaire d'exiger que Longueuil soit
là et deuxièmement, que cela va contre le même principe de
respecter la volonté des élus. Ce n'est pas à nous, de
l'Assemblée nationale, de dicter aux représentants de la rive sud
qui doit ou ne doit pas être leur représentant à un
comité exécutif.
En conclusion, M. le Président, le projet de loi 50 constitue un
apport positif à l'organisation du transport en commun sur la rive sud.
Ses effets, alliés à ceux du projet de loi 46, celui qui a
créé les conseils intermunicipaux de transport et qui a permis
aux municipalités de s'organiser elles-mêmes pour prévoir
le transport sans se le faire imposer, avec les coûts que cela
comportait... Je dois ajouter ici, M. le Président, que j'apporte le
même problème, je soulève la même question au
ministre quant à la loi 46, en ce qui concerne les comptes qui ont
été envoyés aux municipalités. Le projet de loi 50
et le projet de loi 46 aident à réorganiser et apportent un
élément positif à l'organisation du transport en commun de
la rive sud. (15 h 50)
Le ministre ne doit pas oublier que certains problèmes persistent
et qu'on attend encore leur règlement. Il s'agit plus
particulièrement - le ministre parle des problèmes qui existent
sur la rive sud et au sein de la Communauté urbaine de Montréal
du problème de l'intégration tarifaire complète entre les
deux rives et du retrait de la CUM du Vieux-Longueuil. Ce sont deux
problèmes différents, qui ne sont pas réglés, qu'on
ne touche pas avec le présent projet de loi. Je sais que le ministre va
nous dire qu'il a donné une compensation tarifaire à la rive sud
et à Laval; mais, cela ne remplace pas l'intégration tarifaire.
Si on se souvient, c'étaient des engagements formels qui avaient
été pris à la veille des élections de 1981. On
n'avait pas dit, à ce moment-là, on va donner certaines
compensations, qui n'équivalent pas à une intégration
tarifaire. Il y a une compensation. C'est un bon commencement. Cela fait un
bout de chemin. Mais, cela ne remplace pas l'intégration tarifaire. Les
engagements du premier ministre, à la veille des élections de
1981, étaient... Il s'était engagé d'introduire et
d'assurer une intégration tarifaire entre la rive sud et
Montréal.
Alors, même si on peut constater une certaine évolution
dans ces dossiers, il est évident que la présentation de ce
projet de loi, ainsi que celle du projet de loi 49 sur la CTCUM, auraient
été l'occasion idéale pour en annoncer la solution
définitive. Comme ce n'est pas le cas, j'aimerais que le ministre nous
dise où nous sommes rendus exactement aujourd'hui.
Il y a aussi la question de la CTCUM, de ses immobilisations et de son
service à Longueuil. Est-ce qu'il y a des discussions d'entreprises?
À quel stade ce dossier se trouve-t-il? parce qu'il est question que la
CTCUM se retire pour ce qui est du service d'autobus à Longueuil. Il y a
toute la question des immobilisations. Qui va payer? Quelle sera la solution
finale?
Je terminerai, M. le Président, en disant au ministre que la
démocratisation de la gestion des sociétés de transport en
commun résultera, je l'espère, en une rationalisation,
peut-être en une économie et, certainement, en une prise de
conscience de la limite des ressources par toutes les parties. Le gouvernement
devra savoir tirer parti de l'expérience et peut-être sera-t-il
ainsi forcé de consentir à revoir certaines règles
régissant l'organisation du transport en commun qui peuvent être
devenues désuètes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, comme je l'ai indiqué
au début de la séance, nous allons maintenant, tel qu'il a
été convenu, revenir au débat sur le projet de loi 49 que
j'ai suspendu avant l'heure du repas. C'est M. le député de
Bourassa qui aura la parole.
Projet de loi 49
Reprise du débat sur l'adoption du
principe
Le Vice-Président (M. Rancourt): Donc, reprise du
débat sur l'adoption du principe du projet de loi 49, Loi modifiant la
Loi sur la Communauté urbaine de Montréal et d'autres
dispositions législatives. M. le député de Bourassa, vous
avez la parole.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir,
aujourd'hui, comme Montréalais, de prendre la parole sur le projet de
loi 49. Ce projet de loi consiste à assouplir l'administration de la
Communauté urbaine de Montréal, à confier aux élus
municipaux la responsabilité de l'administration du transport en commun
et à démocratiser la gestion de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal. Tels sont les trois grands
objectifs recherchés par ce projet de loi 49, Loi modifiant la Loi sur
la Communauté urbaine de Montréal et d'autres dispositions
législatives concernant son fonctionnement.
La Loi sur la Communauté urbaine de Montréal est
amendée de façon à simplifier l'administration de la
communauté urbaine et à faciliter la gestion et
l'efficacité de celle-ci, tout en confirmant la responsabilité
des élus dans l'administration de l'organisme supramunicipal.
Entre 1978 et 1980, le gouvernement du Québec a adopté des
réformes de la démocratie locale et de la fiscalité
municipale, toutes deux axées sur la revalorisation du rôle des
élus locaux. Le projet de loi 49 traduit cette orientation fondamentale
en confiant le contrôle de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal aux maires des villes membres de
cette communauté.
Dorénavant, la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal ne sera plus dirigée par les commissaires que
le gouvernement nommait par étapes différentes, mais par un
conseil d'administration de neuf membres, tous désignés par le
conseil de la Communauté urbaine de Montréal.
Le projet de loi 49 propose aussi certains changements au mode de
fonctionnement de la nouvelle Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal qui vont essentiellement dans le sens d'une plus
grande démocratisation de l'organisme du transport en commun. Il faut
souligner, en effet, que le projet de loi a été
élaboré au cours d'un processus continu de consultation et de
concertation avec les responsables de la Communauté urbaine de
Montréal et ceux de la Commission de transport de la communauté.
Les usagers du transport en commun furent également associés
à cette consultation puisqu'ils ont déposé plusieurs
mémoires à une commission consultative de transport en commun, en
commission et au conseil de la Communauté urbaine de Montréal qui
a tenu, en février dernier, des audiences publiques sur le projet de
réforme des structures de la commission de transport.
Il serait souhaitable que les propositions du projet de loi 49
recueillent un large consensus chez les élus. Ce sont les élus
qui le demandent depuis de nombreuses années. Voilà que le
gouvernement donne, par le projet de loi 49, ce qui était demandé
par ceux-ci et aussi par les usagers du transport en commun et les
contribuables de la Communauté urbaine de Montréal. Cela touche
toute l'île de Montréal et même un petit peu en dehors.
La valeur première d'un organisme public comme la CTCUM ne
réside pas uniquement dans ses structures institutionnelles et le cadre
juridique qui le régit, ni dans l'argent que le gouvernement y met, mais
plutôt dans le service qu'il offre à la clientèle et le
dynamisme des employés qui le gèrent.
Dans un souci de démocratisation, le conseil d'administration de
la Communauté urbaine de Montréal aura toutes ses
assemblées publiques, avec un minimum de douze par années,
incluant une période de questions à chacune de ses
assemblées. De plus, en guise de démocratisation pour les usagers
et pour tous les citoyens qui ont à payer des impôts, tout groupe,
d'au moins 250 personnes de la Communauté urbaine de Montréal,
pourra faire inscrire à l'ordre du jour d'une assemblée un point
de discussion qui est cher aux citoyens. Toujours au nom de la
démocratisation et de l'accessibilité à l'information,
tout changement de tarif et de parcours devra être annoncé au
moins 30 jours à l'avance dans les journaux et les véhicules de
la commission.
Dans l'ensemble, l'adoption de ces nouvelles mesures devrait permettre
une plus grande efficacité administrative tout en offrant les garanties
d'une consultation accrue. Cependant, il demeure utile de souligner que le
dynamisme même des employés de la Commission de transport de
Montréal, du transport et du service à la clientèle
continue de représenter le premier gage d'adéquation et de
satisfaction des citoyens envers leur organisme public.
Je voudrais profiter à ce moment-ci, avant de toucher à
l'autre aspect du projet
de loi, pour parler de la déclaration du député de
Mont-Royal. C'est justement le transport en commun sur la ligne no 7 qui,
depuis plusieurs années, traîne dans le paysage où les
élus municipaux ont de la misère à se brancher, où
le député de Mont-Royal... Auparavant, la même
déclaration avait été faite par le député de
Laporte qui était le principal porte-parole de l'Opposition en
matière de transport et lui-même disait qu'il placerait un
moratoire sur tout le transport de Montréal. Le même moratoire -il
se prononçait, à ce moment-la, contre l'ajout de lignes
additionnelles de métro - le même moratoire qu'on a subi à
Montréal en 1974 sous le régime des libéraux que le
gouvernement du Parti québécois a levé en 1977. (16
heures)
Si les libéraux venaient au pouvoir un jour, s'ils avaient
à administrer les deniers de la province, tout le réseau de
transport de Montréal serait gelé, à l'exception d'une
ligne seulement, tel que déclaré par le député de
Mont-Royal qui, aujourd'hui, est le principal porte-parole...
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal sur une question de privilège.
M. Ciaccia: M. le Président, le député de
Bourassa induit la Chambre en erreur.
M. Blouin: M. le Président...
M. Ciaccia: M. le Président, je n'ai jamais dit qu'il y
aurait un moratoire.
M. Blouin: ...il ne s'agit pas d'une question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Blouin: M. le Président, le député de
Mont-Royal, chaque fois qu'il assiste à nos débats, a la mauvaise
habitude de se lever pour interrompre les députés qui ont la
parole, toujours pour essayer de contrecarrer les propos qu'ils sont en train
d'exprimer. Si le député de Mont-Royal, qui a pu s'exprimer
librement, sans se faire interrompre pendant près de trois quarts
d'heure tout à l'heure, a eu l'occasion de le faire, il doit faire la
même chose à l'égard de ses collègues et, s'il veut
intervenir, il devrait avoir la décence de le faire à la fin de
l'intervention du député de Bourassa. Probablement qu'à ce
moment nous lui offrirons notre consentement et nous permettrons aussi au
député de Bourassa de répliquer à ses propos qui ne
sont probablement pas nécessairement conformes aux faits. Des
voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Le leader adjoint du gouvernement vient de me
prêter des motifs, en disant que j'interromps constamment. M. le
Président, notre règlement nous permet de le porter à
votre attention, s'il y a des faits qui ont été dits par un
député qui sont à l'encontre de la vérité.
Il peut se lever, à ce moment, et porter à votre attention une
question de privilège. C'est cela que j'ai fait. Ce n'est pas du tout
pour interrompre le député de Bourassa. Il est vrai qu'il y a un
autre règlement qui permettrait, à la fin du discours du
député de Bourassa, que je me lève sur une question de
règlement pour corriger des faits par rapport à ce que j'ai dit,
si le député de Laporte me cite mal ou me prête des propos
que je n'ai absolument pas tenus. Je peux vous dire que je vais m'asseoir
maintenant, mais je vais me prévaloir de ce règlement pour
corriger les faits et, au moins, pour que la vérité soit dite
à l'Assemblée nationale et qu'on ne nous prête pas toutes
sortes de déclarations qu'on n'a pas faites.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous vous
prévaudrez de cet article du règlement. M. le
député de Bourassa, vous pouvez poursuivre.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Je pense que toute
vérité est bonne à dire. Je répète que le
député de Mont-Royal a déclaré, quant au transport
à Montréal, qu'il n'y aurait plus de construction de
métro. La seule exigence du député de Mont-Royal,
actuellement, c'est de desservir les lignes de l'ouest, la ligne 3, la ligne
Deux-Montagnes-Roxboro. Voici ce qui s'ensuit avec la ligne
Deux-Montagnes-Roxboro, qui est au West Island seulement. L'est de
Montréal a toujours été défavorisé par le
transport en commun. Il est temps qu'on ait notre juste part...
Une voix: C'est vrai.
M. Laplante: ...parce que les municipalités de
Montréal-Nord ont payé largement leur part en transport en commun
à Montréal.
Des voix: C'est vrai!
M. Laplante: Je demande aujourd'hui au député de
Sauvé, qui est mon voisin de comté à Montréal-Nord,
de dire publiquement s'il est d'accord ou non avec la position de son parti. Le
Parti libéral dit non au transport dans l'est de Montréal. Cela,
c'est important pour nous, M. le Président.
Il y a toujours une limite à se le cacher. Il y a toujours une
limite à se promener aussi dans certains bureaux et à essayer, en
catimini, de dire: Bien oui, je suis pour le métro à
Montréal-Nord. J'en ai même fait un petit peu l'objet de ma
campagne lors de l'élection partielle. C'est le temps d'agir, c'est le
temps de dire à la population de Montréal-Nord: Vous avez assez
payé pour le transport en commun, il est temps que le métro
débloque. Pas un métro qui arrêterait à la ligne
Jean-Talon, de Bombardier-Rivière-des-Prairies jusqu'à
Jean-Talon-Boulevard Pie-IX, cela n'amène rien pour
Montréal-Nord. Cela n'amène pas de correspondance, c'est encore
une perte de temps d'environ 20 minutes. Ce que nous voulons, c'est une ligne
de transport partant de Bombardier-Rivière-des-Prairies jusqu'à
Notre-Dame, par le boulevard Pie-IX. Il y aura, à ce moment, des
correspondances acceptables pour ceux qui voudront aller dans l'est de
Montréal ou dans l'ouest de Montréal, à l'ouest de Pie-IX.
C'est la remarque que je voulais faire. Je profite de l'étude du projet
de loi 49 pour défier le Parti libéral dans cette Chambre de dire
ouvertement, non pas par des petits cahiers, mais ouvertement dans cette
Chambre, où il s'en va avec le transport de Montréal. La
population de Montréal-Nord est inquiète et avec raison. Le maire
de Montréal-Nord, cela fait des années qu'il lutte pour avoir ce
métro chez nous.
Cela fait des années qu'on paie des deux côtés. Il
est temps aujourd'hui - et lui-même l'exige - qu'il y ait une
décision qui se prenne une fois pour toutes. Mais, gens du Parti
libéral, donnez vos vraies couleurs en matière de transport
à Montréal. Arrêtez de desservir le West Island. Il existe
des députés, il existe des citoyens ici dans l'est de
Montréal, il faut qu'eux aussi soient servis.
Le projet de loi 49 apporte aussi autre chose. Il veut simplifier
l'administration de la CUM et accroître la transparence de ce même
organisme. Il y a au moins six mesures destinées à assouplir
l'administration de la Communauté urbaine de Montréal. La
première est la délégation aux fonctionnaires
désignés du pouvoir d'effectuer les dépenses
administratives courantes, pouvoir qui est présentement exercé
par le comité exécutif de la Communauté urbaine de
Montréal. La deuxième est la possibilité de conclure de
gré à gré des contrats avec des compagnies
d'utilité publique ou une municipalité pour l'enlèvement,
le déplacement ou la reconstruction de conduites ou d'installations
d'aqueduc, d'égout, d'électricité, de gaz, de
télécommunications, de vapeur et de fluide. La troisième
est l'autorisation de négocier des contrats de fourniture de logiciels
et d'entretien des systèmes informatiques et de
télécommunications avec des entreprises qui ont
déjà mis en place des systèmes d'information à la
suite d'une procédure de soumissions publiques.
La quatrième est l'extension de la compétence du service
d'inspection des aliments de la Communauté urbaine de Montréal,
de façon à interdire la mise en vente dans les distributeurs
automatiques d'aliments qui ne seraient pas conformes aux normes de la
santé publique. La cinquième est la possibilité pour la
communauté de fournir à autrui, contre
rémunération, son expertise, parce qu'elle en a
développé des expertises. Les utilisateurs pourront, à ce
moment, s'en servir à bon escient, les vendre ailleurs. Ces expertises
et ces équipements en matière d'assainissement des eaux seront
exportables. Or, on sait que le projet de Montréal coûte
au-delà de 1 000 000 000 $, mais, pour l'assainissement des eaux, elle a
développé une expertise qu'elle peut à présent
exporter. La même chose s'adresse aussi au transport en commun,
l'expertise est déjà exportée ailleurs actuellement.
La sixième est la reconnaissance d'un plein droit de parole au
président du comité exécutif, ce qu'il n'y avait pas
auparavant, et à la Communauté urbaine de Montréal lors
des réunions des commissions permanente ou spéciale du conseil de
la CUM.
De plus, le même projet de loi 49 comporte aussi des dispositions
destinées à accroître la transparence de la
Communauté urbaine de Montréal. Les municipalités membres
de la Communauté urbaine de Montréal devront indiquer sur leurs
comptes de taxes quelle proportion de taux est destinée à
financer les travaux ou les dépenses de la communauté. Il s'agit
d'une mesure d'information au contribuable afin de lui indiquer sa
véritable contribution financière aux services de la
communauté urbaine.
Ces quelques minutes qui m'étaient allouées m'ont permis
de parler du projet de loi 49. On me dit que déjà il y a une
unanimité qui peut se faire à cette Assemblée. Je souhaite
que cette loi soit pour la ville de Montréal, pour les banlieues de
Montréal et pour toute la Communauté urbaine de Montréal,
un instrument de saine administration pour tous les usagers et la
clientèle à desservir et qu'elle se traduise par une
qualité exemplaire de transport en commun dans toute l'Amérique
du Nord. Merci. (16 h 10)
Une voix: M. le Président, l'article...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
Une voix: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Sur la question de
règlement... Je n'ai pas eu de question de règlement
jusqu'à présent.
Une voix: II faut qu'il y en ait une avant.
Une voix: ...question de règlement... en interrompant le
député de Bourassa.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je voudrais bien que M.
le député de Mont-Royal soulève cette question.
M. Ciaccia: Je voudrais me prévaloir de l'article 212.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
L'article 212.
M. Ciaccia: Même si le leader adjoint a des
réserves. Je voudrais dire, M. le Président, que non seulement le
député de Bourassa a mal compris ce que j'ai dit, mais il a
déformé ce que j'ai dit. Je n'ai aucunement dit qu'on va avoir un
moratoire sur le transport en commun sur l'île de Montréal. Je
n'ai pas dit qu'il faut avoir un moratoire sur la ligne 7. J'ai dit, au
contraire qu'il faut donner le service parce qu'il y a des raisons sociales
pour donner le service. La seule chose que j'ai dite et que le
député de Bourassa a déformée, c'est qu'avant de
prendre une décision il faudrait avoir des auditions publiques. J'invite
le gouvernement à les faire pour prendre la décision le plus vite
possible.
M. Charbonneau: Ce n'est pas cela du tout.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaîtl M.
le député de Bourassa, si vous voulez intervenir,
premièrement, ce doit être pour modifier ou expliquer ce que vous
avez dit dans le discours que vous venez de faire, en vertu de l'article 212.
Je vous avise à l'avance que cela ne doit pas engendrer de
débat.
M. Laplante: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: ...je vais plutôt vous demander une
directive.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Le député de Mont-Royal a fait des
déclarations et il a écrit même sur le transport à
Montréal. Pour qu'il n'y ait pas ambiguïté, quel moyen
devrais-je prendre pour demander au député de Mont-Royal de
déposer la position qu'il a prise sur le transport à
Montréal?
M. Ciaccia: M. le Président, une question de
directive.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Une question de
directive, M. le député de Mont-Royal aussi.
M. Ciaccia: Une question de directive.
Le Vice-Président (M. Rancourt): J'ai noté les
deux.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que le
député de Bourassa met en doute ma parole quand je dis que je
n'ai pas dit...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît: M.
le leader adjoint, vous me demandiez la parole sur une question de...?
M. Blouin: De règlement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Question de règlement, M. le leader adjoint.
M. Blouin: M. le Président, en vertu de l'article 212, je
crois qu'il y a eu une méprise. Le député de Mont-Royal a
voulu reprendre le député de Bourassa sur ce qu'il aurait dit
préalablement. Ce n'est pas ce qu'a voulu faire le député
de Bourassa, il a voulu rependre le député de Mont-Royal sur ce
qu'il a écrit auparavant.
M. Ciaccia: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): En vertu de quel
article?
M. Ciaccia: En vertu de l'article 212.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Pour interpréter
ce que vous avez dit dans un discours précédent mais sans
débat, M. le député.
M. Ciaccia: M. le Président, j'ai fait un discours vers 12
h 45 ce matin où j'ai fait référence à notre
document et j'ai explicité exactement ce que je viens de
répéter, à savoir qu'il n'y aurait pas de moratoire.
Alors, ce n'est pas seulement sur ce que j'ai écrit, c'est cela que j'ai
dit.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
D'accord. Effectivement, par l'article 212,
vous avez donné les explications sur un discours que vous avez
déjà prononcé et c'est ce que j'ai accepté.
M. le député de Laporte.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Vous me permettrez de
dire quelques mots sur le projet de loi qu'on étudie présentement
afin de rectifier certains propos qui viennent d'être tenus par le
député de Bourassa. Étant donné que le
député de Bourassa m'a personnellement mis en cause et qu'il a
déclaré à mon endroit, ainsi qu'à l'endroit de mon
collègue, le député de Mont-Royal, que j'étais
contre le transport en commun à Montréal, je dois prendre la
parole à ce moment et rectifier ses propos, tout à fait
démagogiques et totalement dépourvus de vérité.
Ceux qui ont suivi le cheminement de ma carrière savent que je me
suis beaucoup intéressé au transport en commun au cours des
dernières années, que j'ai oeuvré à titre de
commissaire dans une commission de transport et que j'ai même
été président du conseil d'une commission de transport.
C'est tout à fait farfelu de venir déclarer que je suis contre le
transport en commun à Montréal.
M. le Président...
M. le Président, tout à l'heure le député de
Bourassa a fait état du fait qu'en 1974 et 1975, le gouvernement de M.
Bourassa avait établi un moratoire sur le développement du
métro souterrain à Montréal. Je crois comprendre qu'il en
faisait un grief au gouvernement de M. Bourassa. On doit considérer que
le moratoire qui avait été établi dans ces
années-là par le gouvernement libéral du temps
était justifié dans les circonstances. On avait
procédé depuis les débuts à la construction du
métro de Montréal à un rythme très
accéléré et on en était rendu à un point
où, à certains égards, on ne savait pas exactement
où on s'en allait. Il était important à ce
moment-là qu'on puisse, une fois pour toutes, faire le point, voir
exactement quelles étaient les perspectives d'avenir, quels
étaient les besoins pour l'avenir. C'était une mesure prudente et
une mesure de saine administration que de marquer le pas pendant un certain
temps afin de pouvoir mieux planifier l'avenir.
Le gouvernement du Parti québécois dit qu'il a jugé
bon de relancer la construction du métro. Je ne prétends pas que
cela a été une erreur, pas du tout. Cependant, certaines
personnes croient qu'on en est maintenant rendu à un stade où on
devrait de nouveau faire le point, regarder maintenant où sont les
besoins et surtout considérer qu'il s'agit là d'une
dépense importante, dépense de 423 000 000 $ pour la ligne no
7.
Je déplore, M. le Président, le fait que le
député de Bourassa ait choisi de placer le débat sous
l'angle d'un conflit possible entre deux secteurs de l'île de
Montréal. Le député de Bourassa a posé la question
d'une façon très partisane, je dois le dire: Doit-on
privilégier les citoyens de l'ouest plutôt que ceux de l'est?
C'est ce genre de question qui a pour effet justement de créer la
zizanie au sein de la population.
Dans le passé, les gouvernements se sont occupés des uns
et des autres et il n'y a pas lieu de se demander s'il y aurait eu 100 000 $ de
plus de dépensés à l'est qu'à l'ouest ou vice
versa. D'une façon générale, on a procédé au
développement du réseau du métro de façon
ordonnée et après consultation avec les autorités locales.
Que ce soit pour le métro ou le transport par autobus, la région
de Montréal est fort bien dotée dans le transport en commun.
À ce sujet, j'aimerais souligner certaines statistiques qui
indiquent que, d'une façon générale, le volume des gens
transportés par la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal n'a pas sensiblement augmenté depuis 25 ans.
En d'autres termes, on ne transporte pas aujourd'hui beaucoup plus de gens
qu'on en transportait il y a 25 ans. Bien sûr, il y a une certaine
différence, mais proportionnellement il n'y a aucune commune mesure
entre l'offre de transport qui est faite aujourd'hui et le volume de
transport.
En dépit du fait que le volume n'ait pas augmenté d'une
façon très importante, on a plus que doublé
approximativement le nombre de véhicules, que ce soit des
véhicules de métro, que ce soit des autobus. On a augmenté
d'une façon très substantielle le matériel roulant bien
que l'achalandage n'ait pas suivi le même rythme d'augmentation. Il y a
des gens responsables, des gens qui ont le souci de la bonne administration
publique qui se demandent si aujourd'hui, ce ne serait pas le temps de marquer
un temps d'arrêt, de regarder un peu ce que cela a l'air et se demander
s'il n'y aurait pas également d'autres priorités. Par exemple,
les 423 000 000 $ que coûterait la ligne no 7, ne pourrait-on pas en
dépenser une certaine partie pour le réseau routier
québécois, un réseau routier qui a été
négligé d'une façon très importante par le
gouvernement du Parti québécois depuis les sept ou huit
dernières années?
On a augmenté d'une façon substantielle les crédits
au métro dans la région de Montréal. Qu'est-ce qu'on a
fait dans le reste de la province? Qu'est-ce qu'on a fait pour le transport
dans les régions? Qu'est-ce qu'on a fait pour le transport routier? Le
réseau routier québécois est dans un état de
dégradation avancé. Les études le prouvent. Il suffit de
se promener dans l'ensemble du Québec pour le constater. Il
suffit de prendre une autoroute en Ontario et d'entrer au Québec;
on n'a même pas besoin de regarder dehors, seulement par le rythme du
cahotement sur la route, on se rend compte qu'on vient d'entrer au
Québec. C'est parce que ce gouvernement n'a pas continué de
soutenir le développement du réseau routier et son entretien
comme le faisait le gouvernement précédent du Parti
libéral. (16 h 20)
La question qu'il faut se poser - et je déplore que le
député de Bourassa ne soit pas ici pour l'entendre - est la
suivante: Les 423 000 000 $ qu'on demande de dépenser
immédiatement pour le métro de Montréal ne seraient-ils
pas mieux placés à ce moment-ci en les dépensant pour la
conservation du réseau routier québécois qui est
dégradé? Ne pourrait-on pas se faire une espèce de
calendrier pour prévoir si on dépense tout de suite 400 000 000 $
pour le métro ou si on ne devrait pas plutôt en dépenser
une partie pour améliorer le réseau routier? Et possiblement
qu'un grand nombre de Québécois, surtout dans les régions,
trouveraient qu'il est temps qu'on s'occupe un peu plus du réseau
routier québécois et qu'on diffère peut-être
certaines autres dépenses.
M. le Président, j'ai jugé bon de faire cette intervention
afin de replacer, je pense, le débat dans son contexte normal.
Là-dessus, je souhaite que vous passiez la parole à d'autres.
Merci.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le ministre des
Affaires municipales, c'est votre droit de réplique, je crois? C'est
cela?
M. Marcoux: Oui.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Très bien.
M. Marcoux: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Brouillet):
Excusez-moi. Partagez-vous aussi votre droit de réplique?
M. Alain Marcoux (réplique)
M. Marcoux: Oui. Je vais prendre environ cinq minutes et je vais
laisser l'essentiel du droit de réplique au ministre des Transports,
compte tenu de l'importance du bloc du transport dans ce projet de loi.
Je voudrais dire, M. le Président, que je me réjouis de
voir que l'Opposition officielle va concourir à l'adoption en
deuxième lecture à l'adoption du projet de loi 49 qui veut, d'une
part, simplifier et moderniser la Loi sur la Communauté urbaine de
Montréal pour en faciliter l'administration et, également,
permettre de faire en sorte que ce soient les élus qui dirigent la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal en
transformant cette commission en une société de transport selon
le modèle proposé dans le livre blanc sur notre politique de
transport en commun déposé il y a quelques années, par le
gouvernement actuel. Je veux dire que, sur les différents points
abordés par le porte-parole de l'Opposition, plus
particulièrement sur une interrogation qu'il a soulevée
concernant le huis clos et les rapports au conseil, j'aurai des amendements
à proposer en commission parlementaire puisque je crois que les
inquiétudes ou les interrogations qu'il a soulevées sont
nôtres également. Les interrogations qui ont été
soulevées dans le public à cet égard, nous les partageons
pour une large part et j'aurai des amendements à proposer en commission
à ce titre.
Quant à l'aspect du transport, M. le Président,
j'inviterais mon collègue, le ministre des Transports, à faire la
réplique.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le ministre des
Transports.
M. Guy Tardif (réplique)
M. Tardif: M. le Président, je vous remercie. Je vais
essayer d'être très bref et peut-être de répondre
à certaines des interrogations soulevées par le
député de Mont-Royal et le député - je m'excuse, le
nom du comté m'échappe, le député qui vient de
prendre la parole juste avant mon collègue - de Laporte.
Voilà!
M. le Président, d'abord moi aussi, je me réjouis du fait
que d'une façon générale, l'Opposition soit d'accord avec
le principe du projet de loi 49, parce que c'est la chose à faire,
redonner aux élus le contrôle de leurs organismes de transport. Le
député de Mont-Royal dit cependant: Je m'étonne que ce ne
soit pas venu avant. J'invite le député de Mont-Royal à
lire les journaux. Quand il dit que le président de la Communauté
urbaine de Montréal, M. Des Marais, a demandé cela depuis 1980,
je veux bien, sauf que le conseil de la Communauté urbaine de
Montréal n'a été saisi de ce projet qu'à la fin de
l'année dernière, c'est-à-dire 1984, au début de
1985. Il y a eu des audiences de la commission permanente des transports au
début de 1985, au mois de février. Donc, première chose,
c'est vrai, je ne nie pas que le président de la Communauté
urbaine de Montréal ait manifesté l'intention de voir les
réformes qu'on avait introduites à Québec et dans
l'Outaouais à Montréal, mais ce que je lui dis, c'est que cela
n'était pas passé par les instances locales que sont les villes
de la communauté urbaine.
Deuxièmement, le député de Mont-Royal nous a
décrit de façon très imagée les trains du
CN-Deux-Montagnes qui, dit-il,
sont chargés à bloc de vapeur avant de quitter la Gare
centrale le matin, arrivent au bout de la ligne à Deux-Montagnes
où, évidemment, la pression diminue de même que la chaleur
et, quand ils reviennent, ils gèlent. Il en conclut: Tout le
réseau de la ligne 3 est à refaire. Je lui dis: Je suis d'accord.
Mais ce que je lui dis aussi, c'est que dans l'est de Montréal, tout est
à faire - sans jeu de mots - quant à la technologie à
utiliser. Si c'est vrai qu'il faut refaire le réseau de la ligne 3, dans
l'est, tout est à faire.
Un troisième élément, le député dit:
Le ministre nous a dit que le nombre de véhicules était
passé de 1 600 000 depuis les années 1975 à 3 000 000
maintenant. Ce n'est pas depuis les années 1975. En fait, le nombre de
véhicules immatriculés au Québec est passé de 1 600
000 à 3 200 000 entre 1965 et 1985. C'est une période de 20 ans.
C'est vrai que l'actuel gouvernement a fait un choix dans le domaine du
transport en faveur du transport en commun, contrairement au gouvernement
antérieur qui, lui, privilégiait les autoroutes. En fait, il
privilégiait à ce point les autoroutes - le député
de Laporte vient encore de l'affirmer - qu'on n'hésitait pas à
tailler dans le tissu urbain, comme on l'a fait dans le cas de l'autoroute
Ville-Marie, à détruire, à déloger des centaines,
voire des milliers de familles. C'est cela, l'héritage qu'on nous a
laissé. La plaie béante de l'autoroute Ville-Marie dans l'est de
Montréal, c'est cela. Hier, justement - cela tombe bien - j'ai
signé un protocole d'entente avec la ville de Montréal pour
redonner à la ville les résidus de terrains pour qu'on puisse
bâtir des logements pour ces gens qui ont été victimes du
grand dérangement causé par le gouvernement antérieur.
Oui, M. le Président, c'est cela qu'ils ont fait. Ils ont
privilégié l'automobile au détriment non seulement du
transport en commun, mais de l'habitat dans les milieux les plus denses. Hier,
au nom du gouvernement du Québec, il m'a fait plaisir de donner à
la ville de Montréal pour 1 $ l'équivalent de 2 000 000 $ de
terrains pour qu'on puisse reloger des gens. Avec ce qu'on a acheté sur
le site des usines Angus, un terrain qu'on a payé 9 000 000 $, c'est
2450 logements qu'on va construire. En d'autres termes, pour chaque logement
que ces gens-là ont démoli, pour chaque famille qu'ils ont
chassée, on va construire deux logements et reloger deux familles.
Une voix: Très bien. Une voix:Bravo!
M. Tardif: Voilà! Le député de Laporte
aurait mieux fait de regarder son dossier avant de se lever. Il a parlé
de l'état pitoyable des routes. J'ai des petites nouvelles pour le
député de Laporte. Les montants investis pendant la
période de 1970 à 1976 pour l'entretien des routes, du temps du
gouvernement libéral, n'atteignaient pas, en moyenne, 150 000 000 $ par
année. C'est d'ailleurs ce qui est illustré par ce graphique en
vert. On voit ici les sommes ridicules qui y étaient consacrées.
En bleu, c'est ce qu'on consacrait à la construction des autoroutes. Ah,
cela, il y en avait! Mais ils ne les construisaient pas toujours. Ils
expropriaient et chassaient les gens... Non, c'est très
sérieux... Le député de Laporte vient nous dire qu'il n'y
a pas d'efforts du côté de la réfection du réseau
routier. Les sommes investies depuis 1976 totalisent, en moyenne,
au-delà de 350 000 000 $, c'est-à-dire plus du double de ce que
vous consacriez à l'entretien du réseau routier. (16 h 30)
Le député de Mont-Royal, lui, nous dit: Je m'étonne
de ne pas avoir trouvé dans la Loi sur la CTCUM et sur la CTRSM, donc
les lois organiques régissant les deux commissions de transport, celle
de Montréal et celle de la rive sud, des dispositions visant à
régler l'intégration tarifaire et le retrait de la CTCUM. Mais,
M. le Président, il ne lit pas les journaux, ce gars-là? C'est
fait. Il y a trois semaines ou un mois, à défaut d'en arriver
à ce que la Communauté urbaine de Montréal et la CTRSM et
Laval en viennent à une entente, le gouvernement du Québec a
passé un décret introduisant la compensation tarifaire.
Le député va dire: Oui, mais ce n'est pas
l'intégration. Mais l'effet est le même pour le citoyen. Pour le
citoyen devant utiliser deux réseaux de transport en commun, celui de la
rive sud et celui de Montréal, il bénéficie
déjà depuis le 1er juin - ce qu'il y a de drôle, c'est que
le député nous demande de régler cela par loi; on n'a pas
besoin d'une loi pour faire cela - d'un rabais tarifaire équivalent
à 25 %. Cela, le député ne le savait pas ou a feint de
l'ignorer.
Actuellement, le citoyen de la rive sud, de Saint-Lambert, de la
municipalité du député de Laporte, résident de
Saint-Lambert, n'a qu'à obtenir un laissez-passer de la CTCUM à
26 $, s'en retourne chez lui et au lieu de payer 28 $ pour son laissez-passer
sur la rive sud, il va payer exactement 15 $. Alors, 26 $ plus 15 $, cela va
lui coûter 41 $ au lieu de 54 $. C'est aussi vrai pour les
étudiants et les personnes âgées qui vont
bénéficier, toute proportion gardée, du même rabais.
C'est déjà fait.
La différence entre l'intégration et la compensation,
c'est bien simple, très simple. Le citoyen va avoir deux cartes dans ses
poches; le rabais, il l'a déjà, il a deux cartes dans ses poches.
Remarquez qu'on a déjà pris les moyens pour atténuer les
inconvénients puisque le citoyen pourra acheter les deux
cartes au même endroit, c'est-à-dire au bureau de la CTRSM.
Donc, c'est fait.
Deuxièmement, le député de Mont-Royal a dit: II
aurait fallu que ces lois prévoient le retrait de la CTCUM de la rive
sud. C'est fait aussi, c'est décrété. La loi actuelle sur
la communauté urbaine à l'article 300 - et je le cite de
mémoire, je ne l'ai pas devant moi - disait ceci: "Le gouvernement peut,
par lettre patente, distraire le territoire de la CTRSM du service qui lui
était fourni par la CTCUM. Donc, en autorisant ce pouvoir, j'ai
présenté un décret au Conseil des ministres, ce
décret a été adopté et le retrait de la CTCUM du
Vieux-Longueuil, puisque c'est ce dont il s'agit, devra être
effectué avant le 31 décembre 1985. La raison en est très
simple, c'est parce que les cédules de travail sont
préparées au moins six mois à l'avance. Or, c'est
déjà fait.
C'est pour cela, en un sens, que le député de Bourassa,
lorsqu'il a parlé de la ligne 7 dans le document pseudo officiel de la
position libérale en matière de transport, a parlé de la
ligne 7 pour voir quelle était la cohérence. Mais on pourrait le
faire pour tout ce qui touche le transport. Aie! M. le Président, c'est
fort! Ces gens disent qu'il faudrait un plan de rachat dans le secteur du taxi.
Voyons donc! Ils ne lisent pas les nouvelles? C'est déjà fait. Il
devrait y avoir l'intégration tarifaire. C'est déjà fait.
Il devrait y avoir le retrait de la CTCUM de Longueuil. C'est
déjà fait. J'ai l'impression que ces gens-là se pensent
encore en 1976.
Une voix: En 1970.
M. Tardif: En 1970 et ils ne sont pas tout à fait à
l'heure du Québec. Or, c'est déjà fait. Je voudrais les
inviter à prendre connaissance de toutes ces mesures qui ont
été adoptées. Ensuite leur document pourrait être
plus crédible.
Il y a des choses fatigantes dans leur document. Par exemple, lorsque le
député de Mont-Royal a rendu public le document de
réflexion, "Un document de réflexion préliminaire en
matière de transport" M. le Président, il dit qu'il pense que les
usagers devraient assumer à peu près 50 % des coûts du
transport en commun. Cela veut dire que les libéraux sont pour une
augmentation du tarif des transports en commun dans la région de
Montréal et partout au Québec.
J'ai fait le calcul pour la région de Montréal. Qu'est-ce
que cela voudrait dire si l'usager devait assumer 50 % du coût du
transport en commun? Cela voudrait dire que demain matin, les libéraux
étant élus et mettant en oeuvre leur programme, quoique ce n'est
pas si sûr parce que interrogé par la Presse le 28 mai, le
député de Mont-Royal s'est fait évasif, se contentant de
dire: "Pas nécesairement" ce qui, admet-il peut vouloir-dire
peut-être. Là, allez-y voir!
Si le ratio de 50 % était appliqué demain matin, les
citoyens adultes de Montréal devraient payer 0,18 $ de plus le billet.
Celui qui paie en argent, qui paie présentement 0,90 $ en argent devrait
payer 0,22 $ de plus et celui qui achète un laissez-passer mensuel
devrait payer 5 $ de plus par mois si, évidemment, ce que les
libéraux... Cela a été lancé par le
député de Mont-Royal en présence de nul autre que son
chef. Cela lui donne un certain caractère officiel. Si ces
éléments de réflexion étaient appliqués,
cela voudrait dire des augmentations.
Le député de Mont-Royal parle des prolongements de
métro - je termine là-dessus - en disant que le
député de Bourassa l'avait mal cité, que ce qu'il voulait
c'était une commission parlementaire. Il y a eu deux rapports
d'étude, le rapport Gascon et le rapport d'un comité conjoint de
la Communauté urbaine de Montréal et du ministère des
Transports. Ce n'est pas une commission parlementaire avec des documents de
réflexion de la nature de ceux qu'a publiés le
député de Mont-Royal qui va éclairer la question.
Le député nous dit: "Nous devrions créer une
commission parlementaire, une commission publique et étudier la
possibilité de faire un prolongement de métro pneumatique pouvant
aller à l'extérieur." Écoutez-bien, M. le
Président: II ne recommande pas que l'on fasse une étude sur le
tracé de la ligne 7. Non, c'est sur une autre technologie qui serait
celle de la construction d'une ligne sortant dehors avec des pneus. J'en ai
visité une ligne de métro qui sort dehors et qui a des pneus
à Saporo, au Japon. Oui, il y en a une. Or, vous savez quelle
particularité a cette ligne-là? C'est vrai qu'elle sort dehors et
qu'elle a des pneus mais vous savez ce que les Japonais ont dû faire? Ils
l'ont recouverte. Or, imaginez, le métro aurait l'air de ceci. Notre
boulevard Métropolitain à Montréal sur lequel vous
mettriez une structure de tôle ondulée et le métro
circulerait là-dedans. À ce moment-là, c'est possible de
faire circuler dehors un métro avec des pneus, si on peut appeler cela
encore dehors. Le résultat, M. le Président, c'est une vibration
et un bruit d'enfer, sans compter l'aspect esthétique.
Déjà les gens et le député de Mont-Royal le
premier se plaignent de l'aspect inesthétique du boulevard
Métropolitain qui passe dans son très beau comté de
Mont-Royal. Je lui soumets que s'il y avait cette structure de tôle
par-dessus pour permettre au métro de circuler, ce serait vraiment
infernal, c'est le moins qu'on puisse dire. (16 h 40)
J'invite tout simplement les gens de l'Opposition, qui ont
déclaré qu'ils étaient d'accord en principe avec le projet
de loi
devant nous, de s'en tenir à ce projet de loi et de ne pas
déborder sur des questions qu'ils n'ont même pas
étudiées, qu'ils n'ont même pas regardées de
près. Je termine là-dessus. Le député de Mont-Royal
a dit: Sur le projet de loi comme tel... Cela s'appliquait surtout au projet de
loi concernant la rive sud - je crois que le débat reprendra
tantôt - et il s'interrogeait notamment sur la place
prépondérante qui était assignée à la ville
de Longueuil à cet égard.
Je termine là-dessus, je voudrais dire au député de
Mont-Royal, en espérant qu'il nous écoute encore...
M. Bourbeau: La règle de la pertinence veut que le
ministre parle du projet de loi concernant la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal et non pas du projet de loi
concernant la Commission de transport de la rive sud de Montréal. Le
ministre vient de changer de projet de loi sans s'en rendre compte. On est sur
la loi 49 présentement. Vous aurez tantôt votre droit de parole
sur la loi 50. Sans cela, on va tout mélanger.
M. Blouin: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Oui, M. le leader
adjoint du gouvernement.
M. Blouin: Le député de Laporte s'est mis à
parler de la voirie régionale, tout à l'heure. Il est mal
placé pour essayer de remettre le ministre à l'ordre. Le ministre
allait conclure de toute façon.
M. Tardif: Je donne raison au député de Laporte,
à savoir qu'on reprendra cela dans l'autre projet de loi... Non, mais un
instant, c'est parce qu'il n'était pas là quand le
député de Mont-Royal a fait la jonction entre les deux. Il l'a
faite, la jonction entre les deux lorsqu'il a dit: Vous devriez profiter du
fait que vous avez ces deux lois pour sceller la question du retrait de la
CTCUM de la rive sud. C'est lui qui a fait la jonction. Je suis tout à
fait d'accord avec lui. J'aurai l'occasion, lors de l'étude du projet de
loi 50, d'aborder la question du poids un peu plus grand à accorder
à la ville de Longueuil qui, strictement sur le plan
démographique, a quand même 125 000 habitants. Merci.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Pour ce qui est de la
pertinence, je me permettrai de vous dire que le fait qu'on s'en soit tenu au
transport, c'est déjà un progrès considérable par
rapport à ce à quoi on assiste de temps en temps dans cette
Chambre.
Nous avons terminé le débat sur le principe du projet de
loi. Est-ce que le principe du projet de loi 49, Loi modifiant la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal et d'autres dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Blouin: Sur ce, nous allons envoyer ce projet de loi à
la commission de l'aménagement et des équipements qui
procédera à son étude détaillée. Cette
commission siégera ce soir, de 20 heures à 24 heures, à la
salle Papineau.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Brouillet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
Projet de loi 50
Reprise du débat sur l'adoption du
principe
M. Blouin: Nous reprenons maintenant le débat sur le
projet de loi 50, Loi sur la Société de transport de la rive sud
de Montréal. C'est l'article 10 de notre feuilleton.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Chambly, c'est bien ça.
M. Luc Tremblay
M. Tremblay: Merci. Il me fait plaisir de parler cet
après-midi sur cet important projet de loi, le projet de loi 50, qui
traite de l'administration de la Commission de transport de la rive sud de
Montréal. Vous comprendrez que j'aurais aimé - comme tous mes
collègues, d'ailleurs, j'imagine bien -discuter de cet important projet
de loi devant un personnage très intéressé par la CTRSM,
c'est-à-dire le nouveau député de Bertrand, le chef
caché du Parti libéral. Il y a deux chefs au Parti
libéral. Il y a le chef présent en Chambre et le chef
caché. C'est comme la lune, il y a la partie cachée de la lune et
il y a la partie visible. Le député de Bertrand aurait pu
discuter avec nous de cet important projet de loi puisque Boucherville, une
ville importante du comté de Bertrand, fait partie de la Commission de
transport de
la rive sud de Montréal, mais j'imagine qu'il a choisi d'aller
vaquer ailleurs à d'autres occupations. Je me demande où sont les
autres. Ils étaient quatre élus la semaine dernière. Il
aurait pu en entrer au moins un lundi quand c'était le temps. Le
minimum, c'est sept jours. Les délais sont passés. Ils n'entrent
pas. Ils sont encore en vacances. Ils sont payés quand même
à plein salaire depuis leur élection, mais ils n'entrent pas pour
travailler.
Je lisais dans la Presse du dimanche 9 juin 1985 un éditorial de
M. Gilbert Brunet, intitulé "Le transport public sur la bonne voie", qui
disait ceci: "Depuis 20 ans, les trois commissions de transport de la
région de Montréal - communauté urbaine, rive sud et Laval
- ne faisaient parler d'elles qu'à l'occasion des innombrables conflits
de travail." Là, j'ajouterais simplement: et aussi à l'occasion
des chicanes créées par le député de Laporte,
ancien maire de Saint-Lambert, qui créait des chicanes jusqu'au moment
où les citoyens de Saint-Lambert ont réussi à l'enlever de
la Commission de transport de la rive sud de Montréal en l'envoyant
député ici. "Et depuis presque dix ans, poursuivait
l'éditorialiste, le gouvernement du Québec promettait de
réaliser l'intégration tarifaire..." Et c'est vrai que cela a
pris du temps l'intégration tarifaire; cela a été un
problème terrible, un problème difficile à régler,
mais le ministre actuel des Transports a pris le dossier en main et,
finalement, récemment nous annonçait la bonne nouvelle qu'il y
avait non pas une intégration tarifaire complète pour le moment
mais quand même une compensation que Mme Lalonde a qualifiée de
"compensation Tardifaire" en l'honneur du ministre Tardif. Cette compensation
ne serait que temporaire et elle est venue tardivement, effectivement, M. le
député. Nous la souhaitions bien avant cela mais, comme dit le
ministre, ça ne fait que six mois qu'il est au ministère des
Transports et, en six mois, il a réussi à trouver une solution
à cet épineux problème. "Le résultat de ces
vieilles habitudes est tangible, dit le journaliste.
L'incrédulité des citoyens a fait que l'avalanche de bonnes
nouvelles, annoncées ces jours derniers en matière de transport
public a été très peu soulignée." Il y a eu
effectivement une avalanche de bonnes nouvelles en ce qui concerne le transport
en commun, non seulement sur la rive sud de Montréal, mais aussi dans
toute la grande région métropolitaine. L'éditorialiste
poursuit en disant: "Pour les centaines de milliers d'usagers des autobus de la
Société de transport de Laval et de la Commission de transport de
la rive sud, dont les activités économiques, sociales et
culturelles les forcent à emprunter également le réseau de
la CTCUM, une compensation financière partielle du Québec et des
municipalités concernées a fait baisser sensiblement le
coût des déplacements quotidiens." Il fait état des
coûts baissés qui seront maintenant de 41,50 $ et 41 $
respectivement au lieu de 54,50 $ et 54 $ que devaient payer auparavant les
citoyens de Laval et les citoyens de la rive sud de Montréal quand ils
se rendaient au centre-ville de Montréal.
M. le Président, il y a un grand nombre de personnes de la rive
sud qui se rendent tous les jours à Montréal. Ce nombre est
croissant d'ailleurs depuis 1978, année pour laquelle j'ai les
statistiques devant moi. Le nombre d'usagers-jour a augmenté
considérablement, le nombre de déplacements-jour comme on appelle
ça dans le langage des spécialistes du transport en commun.
Seulement pour illustrer combien l'augmentation a été
considérable, il y avait, en 1978, 14 200 déplacements-jour de la
rive sud vers le centre-ville de Montréal. En 1984, le nombre de
déplacements-jour est passé à 25 200. C'est une
augmentation importante et, d'année en année, cette augmentation
se poursuit, 25 %, 24 %, 26 %, 25 %, 28 %, 28,15 %. Entre 1983 et 1984, 33,43 %
de plus de déplacements des citoyens vers Montréal. Ce n'est pas
fini puisqu'on sait que le transport en commun augmente à mesure que
l'économie fonctionne mieux. (16 h 50)
Je lisais récemment les données et les statistiques
relativement à l'emploi au Québec et c'est très
évident que le retour à la normale après la crise
économique de 1981-1982 va faire en sorte que la CTRSM devra accueillir
plus de passagers le jour. J'ai une simple statistique là-dessus: II y
avait en 1982 - je cherche mes chiffres - le taux d'activité - c'est
là un indicateur important de l'économie... Cet indicateur, c'est
le pourcentage de personnes qui travaillent dans le société. On
peut toujours jouer avec le nombre de chômeurs puisqu'un chômeur
c'est en fin de compte quelqu'un qui se cherche un emploi, mais en utilisant le
taux de personnes occupées, c'est là le meilleur indicateur. En
1982, le taux d'activité était à 57,8 %, c'était le
taux désaisonnalisé. Il s'est remis à augmenter
graduellement par la suite: 60,9 % en 1983; 61,5 % en 1984 et, en mai 1985,
62,3 %, le plus haut taux jamais connu au Québec de personnes qui
travaillaient. C'est pour cela qu'il est permis de penser que la CTRSM comme
les autres réseaux de transport en commun connaîtront un
achalandage additionnel.
Mais, M. le Président, ce n'est pas tout, ce n'est pas seulement
le développement du travail qui fait que l'achalandage est meilleur; il
y a le niveau de service et aussi le dynamisme des administrateurs du
réseau. En plus, si on ajoute à cela le fait
que les tarifs sont réduits pour les usagers réguliers,
plus de personnes décideront d'utiliser le transport en commun pour se
rendre à leur travail à Montréal et, par le fait,
réduiront les coûts du transport en commun, feront en sorte que
les services seront meilleurs puisqu'il y aura plus de gens, plus d'autobus et,
en plus, réduiront l'achalandage sur les ponts et feront en sorte que
ceux qui doivent utiliser leur auto puissent emprunter les ponts.
Le dynamisme qui a été démontré par les
dirigeants de la CTRSM est évident. On n'a qu'à se rappeler toute
la publicité qu'il y a eu et les études, le travail
préliminaire avant de rendre générale une politique. Je
voudrais parler de la politique relative au transport des bicyclettes via les
autobus. On sait, et le ministre des Transports en est très conscient
j'en suis certain, qu'il y a un problème énorme pour ceux qui
utilisent le vélo comme moyen de transport et il y en a beaucoup. Il y
en a de plus en plus qui utilisent le vélo comme moyen de transport
habituel en fin de semaine ou pour des périodes plus longues. Sur la
rive sud de Montréal, il est presque impossible d'entrer à
Montréal par les ponts, seulement le pont Jacques-Cartier accepte des
vélos et encore seulement sur une passerelle qui est extrêmement
dangereuse. La voie centrale, quant à elle, est défendue aux
cyclistes. Pour l'avoir utilisée moi-même, je dirais que
même si, à mon avis, elle est moins dangereuse que la passerelle,
elle est aussi très dangereuse à cause de la quantité, du
nombre de voitures qui empruntent le pont.
La CTRSM, consciente de ce problème, a mis des supports à
bicyclettes à la disposition des usagers sur certains autobus qui
utilisent le pont Jacques-Cartier et, maintenant, le pont Champlain
également afin que des gens qui se transportent de la rive sud vers
Montréal à bicyclette, puissent traverser les ponts.
J'en profiterais, M. le Président, pour ouvrir une petite
parenthèse et suggérer au ministre de relever ce défi de
régler ce problème du passage des bicyclettes directement
à Montréal sans avoir à prendre l'autobus ou le
métro et que des citoyens de Montréal puissent venir sur la rive
sud et que ceux de la rive sud puissent aller à Montréal avec
leur bicyclette. Connaissant le dynamisme du ministre, je suis certain qu'il
pourra dans un proche avenir trouver une solution à ce problème
pour une clientèle qui augmente constamment. Je vous invite tous
à noter, à regarder combien il y a de personnes à
vélo sur les routes. C'est vraiment un plaisir de voir que les gens
utilisent ce moyen de transport. Je sais que le ministre est aussi un amateur
de vélo à l'occasion, mais il y a de plus en plus de personnes
qui s'en servent pour voyager durant leurs vacances et de ce fait, sont en
difficulté lorsqu'il s'agit de rentrer à Montréal.
Quiconque visite le Québec à vélo - j'en suis certain -
désire venir passer quelques jours à Montréal, une ville
des plus plaisantes pour le vélo puisqu'il y a un réseau de
pistes cyclables important et que les automobilistes sont aussi accueillants
pour les gens qui pratiquent ce moyen de transport.
Pour en revenir, M. le Président, à la CTRSM, aujourd'hui,
nous concrétisons une volonté gouvernementale en remettant aux
élus municipaux des responsabilités, des pouvoirs et aussi les
outils nécessaires pour administrer correctement. La CTRSM en est une
autre. Il y avait auparavant un conseil d'administration qui était
nommé un peu par le gouvernement, par les élus locaux et un
conseil des maires parallèle à cela. Maintenant, par cette loi,
nous faisons en sorte que les élus municipaux aient la pleine
responsabilité dans ce domaine puisqu'une part importante des budgets
provient des municipalités, c'est-à-dire que les
municipalités perçoivent des taxes pour contrebalancer le
déficit. On sait que, par exemple, pour la Commission de transport de la
rive sud de Montréal, il y a 42 % des sommes nécessaires au bon
fonctionnement du réseau qui viennent des usagers, 36 % viennent du
gouvernement du Québec et 21 % des municipalités. Chaque fois
qu'il y a un billet de 1 $ qui est émis, on peut dire qu'en plus de
cela, le gouvernement du Québec fournit environ 0,80 $ et que 0,50 $
viennent des municipalités. Un transport de 1 $ coûte donc 2,25 $,
mais l'autre partie est payée par les municipalités et le
gouvernement. Les municipalités ont un rôle important à
jouer là-dedans puisqu'elles paient une partie des déficits ou
des frais de fonctionnement, plus qu'un déficit puisque... On ne peut
pas parler d'un déficit dans ce cas-là. On le sait d'avance. On
sait cela et on le paie parce qu'on sait qu'il y a des coûts et qu'il y
aurait des coûts additionnels, par exemple, pour bâtir un pont, un
autre pont, deux ou trois autres ponts entre Montréal et la rive sud. Il
est plus avantageux de faire en sorte que les gens se transportent vers
Montréal par transport en commun. A tous les points de vue, comme
société, il est plus rentable puisque c'est plus productif. (17
heures)
Dorénavant, M. le Président, il n'y aura plus deux
conseils parallèles, à toutes fins utiles, mais un seul et un
conseil exécutif formé un peu de la même manière...
que le conseil est formé un peu de la même façon que
l'ancien conseil des maires, avec des représentants proportionnels aux
municipalités, c'est-à-dire quatre pour Longueuil, deux pour
Brassard, deux pour Saint-Hubert, un pour les autres municipalités qui
sont Boucherville, Greenfield-Park, Saint-
Lambert et Lemoyne. Quant au comité exécutif, dont les
responsabilités sont très bien définies dans la loi, les
principales villes auront droit à un représentant.
Je pense que le temps qui m'était dévolu achève et
je termine en disant que c'est là une autre loi municipale qui vise
à responsabiliser les élus municipaux. C'est pour cette raison
que nous avons raison d'être fiers des réalisations du
gouvernement actuel dans le domaine municipal. C'est sans doute comme cela
qu'est venue la satisfaction des élus municipaux, qui a
été manifestée de façon tangible, au congrès
des municipalités, directement au ministre des Affaires municipales
lui-même.
Voilà des réalisations concrètes, heureuses, dont
nous sommes satisfaits, dont tout le milieu est satisfait. J'espère que
ces pouvoirs qui sont donnés à un organisme important dans le
milieu, puisque cela dessert au-delà de 300 000 citoyens... Je ne compte
pas, parmi les quelque 300 000, les citoyens qui viennent des conseils
intermunicipaux, comme ceux de Saint-Hyacinthe, Saint-Hilaire, Saint-Bruno, de
Chambly et les autres. Il y en a plusieurs. C'est un bassin de population
très important et très dynamique qui est revalorisé,
auquel on donne des outils pour améliorer le milieu. Je vous remercie,
M. le Président, et je termine en disant que c'est avec fierté
que je vais voter pour ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Laporte.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: Merci, M. le Président. Nous faisons
maintenant l'étude du principe du projet de loi sur la
Société de transport de la rive sud de Montréal.
Avec ce projet de loi, le gouvernement consacre un virage qu'il a
amorcé il y a quelque temps en matière de transport des
personnes. En effet, jusqu'à il y a quelques mois, si je puis dire, le
gouvernement avait toujours privilégié une conception du
transport des personnes qui était extrêmement centralisée
et qui faisait en sorte que les décisions majeures prises dans le
domaine du transport en commun provenaient toujours des officines
gouvernementales et des fonctionnaires. La grande réprimande qu'on
faisait au gouvernement dans les milieux de transport était que les
élus locaux n'avaient pas le loisir de prendre les décisions qui
s'imposaient afin de tenter de réduire, dans la mesure du possible, les
coûts du transport en commun.
Vous me permettrez, au tout début de cette intervention, de
relever quelques propos, encore une fois tout à fait
démagogiques, du ministre des Transports et du député de
Bourassa. Le ministre des
Transports déplorait l'illogisme de la formation politique que je
représente. Le ministre des Transports a dit tout à l'heure:
Pourquoi les libéraux se plaignent-ils et demandent-ils
l'intégration tarifaire? C'est déjà fait, a-t-il dit. Or,
cette déclaration était tout à fait illogique, puisque le
ministre venait de nous dire, quelques secondes auparavant, qu'il n'y avait pas
d'intégration tarifaire de décidée, mais que
c'était plutôt une certaine formule de compensation tarifaire, ce
qui n'est pas du tout la même chose. Le ministre nous dit: Vous voulez
l'intégration tarifaire entre la rive sud et Montréal, c'est
déjà fait. Il nous dit dans le même souffle que ce n'est
pas fait que c'est une autre formule qui a été adoptée. Ce
n'est pas du tout la même chose.
Le ministre nous a dit également: Vous demandez le retrait de la
CTCUM de la rive sud de Montréal, c'est déjà fait. Il
s'empresse d'ajouter: Cela se fera le 31 décembre 1985. Si cela se fera
le 31 décembre 1985, c'est bien évident que ce n'est pas
déjà fait. De toute façon, pour avoir été
mêlé de près à ce dossier depuis quelques
années, je peux dire qu'à de nombreuses reprises dans le
passé on nous a promis que ce sera fait le 31 décembre de
l'année qui vient. On l'a dit en 1978, en 1979, en 1980, en 1981. Ce
devait toujours être le 31 décembre suivant et cela ne s'est
encore jamais fait jusqu'à ce jour. Quant à moi, j'attendrai de
voir venir le 31 décembre 1985 pour constater si, oui ou non, on verra
sur la rive sud de Montréal le retrait des autobus de la CTCUM.
Pour revenir à la ligne no 7 du métro de Montréal,
puisqu'il en a été question amplement tout à l'heure, je
voudrais simplement réitérer ce que mon collègue de
Mont-Royal a dit, le député de Mont-Royal étant le
porte-parole officiel de ma formation politique sur ce sujet: l'Opposition
n'est pas contre la ligne de métro no 7 de Montréal. Le
porte-parole du Parti libéral l'a confirmé tout à l'heure.
Ce qu'il a dit, toutefois, c'est que les élus locaux doivent s'entendre.
Quand on aura un consensus entre toutes les parties intéressées,
soit les élus locaux, le gouvernement, tous ceux qui sont
intéressés, et, lorsque les fonds seront disponibles, en tenant
compte de la nécessité d'une très bonne allocation des
ressources disponibles entre celles qui sont disponibles pour le métro
et celles pour les réseaux routiers, je pense qu'il y aura lieu de
prendre les décisions qui s'imposent.
En ce qui concerne le projet de loi créant la
Société de transport de la rive sud de Montréal, cette
nouvelle société prendra la relève de ce qu'on a connu
jusqu'à maintenant et qui s'appelle la Commission de transport de la
rive sud de Montréal. La Commission de transport de la rive sud de
Montréal a été créée par une loi au
début des années soixante-dix, je dirais plutôt au milieu
des années soixante-dix. Cette loi a été votée par
le gouvernement de M. Robert Bourassa. On sait que, dans les années qui
avaient précédé, le transport en commun sur la rive sud de
Montréal était dans un marasme chronique et on se souviendra que
la qualité du matériel roulant, qui appartenait à la
société privée qui effectuait le transport, était
dans un état si déplorable que la santé et la
sécurité publiques étaient même mises en cause.
La loi qui a créé la Commission de transport de la rive
sud de Montréal avait décrété que sa gestion
était effectuée par ce qu'on appelait la commission, cette
dernière étant composée de cinq commissaires dont deux
étaient nommés par le gouvernement et trois par les
municipalités membres. La commission était chapeautée par
un conseil des maires, qui était, au début au moins,
composé des maires de chacune des municipalités membres. Au cours
des premières années de sa vie, la Commission de transport de la
rive sud de Montréal a connu des débuts modestes marqués
au coin de la prudence et de la saine gestion, de sorte que, vers 1976, 1977,
les municipalités membres de la Commission de transport de la rive sud
de Montréal n'avaient pas, à toutes fins utiles, à se
partager de déficit, ou encore le déficit était
très léger. C'est en 1977 que s'est amorcée une
période de croissance extrêmement vigoureuse où la
commission de transport, la CTRSM, a connu un rythme de croissance que je
qualifierais même d'excessif.
Ce rythme de croissance avait été déterminé
en fonction d'études démographiques qui nous faisaient miroiter
des populations extrêmement importantes sur la rive sud de
Montréal déjà à la fin des années
quatre-vingt et au début des années quatre-vingt dix.
Subséquemment, on s'est rendu compte que ces études d'estimation
démographique étaient totalement erronées et que le nombre
de citoyens que l'on escomptait voir sur la rive sud de Montréal ne
serait jamais celui qu'on avait prévu. En conséquence, beaucoup
d'investissements ont été faits sur la rive sud ou ont failli se
faire, dans certains cas, basés sur ces données qui ne
rencontraient pas finalement la réalité des faits. (17 h 10)
Ce sont des erreurs d'appréciation qui, à certains points
de vue, ont eu des conséquences assez lourdes pour les
municipalités. Entre autres choses, en 1977 le gouvernement du
Québec décrétait l'achat, par toutes les commissions de
transport du Québec, d'un grand nombre d'autobus regroupés dans
une commande globale d'environ 1200 véhicules.
Les calculs qui avaient précédé cette commande se
sont révélés eux aussi subséquemment
extrêmement optimistes, je dirais même trop optimistes de sorte
que, éventuellement, la grande majorité des commissions de
transport du Québec se sont retrouvées avec un excédent de
véhicules.
Je raconte ces choses-là pour qu'on comprenne bien dans quel
contexte a évolué la Commission de transport de la rive sud au
cours des années. Je dois dire à ce moment-ci qu'à cette
époque-là, même si, sur papier, la Commission de transport
de la rive sud était dominée ou que le contrôle reposait
entre les mains des municipalités, en pratique c'était le
gouvernement du Québec qui la contrôlait, en partie par
l'intermédiaire de ses deux représentants et à l'aide du
concours d'un des maires qui votait toujours avec la partie gouvernementale, de
sorte qu'on a vu cette commission de transport commander un nombre d'autobus
qui excédait de loin, mais de loin, ses besoins. On s'est
retrouvé, à un moment donné, avec un excédent
d'autobus tellement important que la commission de transport a dû
demander à la compagnie qui les fabriquait de retarder la livraison sur
une certaine période de temps pour finalement réaliser un bon
jour qu'il y avait, dans le garage de la CTRSM, un nombre très important
d'autobus dont on n'avait pas besoin. Tout cela était le résultat
d'une mauvaise planification imposée, je dois le dire, puisque j'ai
été un peu témoin de ces choses-là de
l'extérieur à ce moment-là, par un gouvernement
centralisateur et par ses fonctionnaires.
Je me souviens très bien qu'à un certain moment
donné la Commission de transport de la rive sud a refusé de
mettre 30 véhicules sur la route qui dormaient littéralement dans
un garage, véhicules dont le coût d'achat excédait 100 000
$ et finalement, après de nombreuses pressions, on a fini par trouver la
possibilité de retourner ces véhicules au fournisseur qui les a
refilés à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal.
C'est alors que s'est produit l'incident de la taxe de vente. Puisque
les véhicules avaient été retournés au
manufacturier pour être cédés à une autre commission
de transport, la Commission de transport de la rive sud a exigé le
remboursement de la taxe de vente qui avait été payée
puisque le contrat avait été annulé. Le gouvernement n'a
jamais voulu rembourser, à ma connaissance, en tout cas, la taxe de
vente payée par la Commission de transport de la rive sud de
Montréal, de sorte que celui-ci a perçu deux fois la taxe de
vente, la première fois lors de la vente des véhicules à
la Commission de transport de la rive sud de Montréal et la
deuxième fois, semble-t-il, lors de la vente des mêmes
véhicules à la Commission de transport de la
Communauté
urbaine de Montréal.
M. le Président, pendant que se déroulaient ces
événements-là, le Conseil des maires de la rive sud de
Montréal a amorcé une sorte de résistance si je peux dire,
envers le gouvernement puisque plus le temps passait plus les déficits
augmentaient et plus les quotes-parts des municipalités membres
augmentaient également, ce qui causait, évidemment, de
très grands soucis aux administrateurs municipaux qui devaient refiler
la facture à leurs électeurs.
Nous avons vu subséquemment, en 1978, un autre
événement se produire alors que le gouvernement a
littéralement forcé les maires de la Commission de transport de
la rive sud de Montréal à exproprier une société
qui oeuvrait dans le milieu, qui s'appelait la Compagnie Métropolitain
Sud. Je suis arrivé à la Commission de transport de la rive sud
de Montréal au moment où venait de se produire l'achat de
Métropolitain Sud. J'ai dit tout à l'heure "expropriation"
c'était plutôt un achat de gré à gré mais
où les maires de la rive sud se sont fait dire par les
représentants gouvernementaux qui siégeaient à la CTRSM:
Ou bien vous acceptez d'adopter un règlement d'emprunt pour financer
l'achat de Métropolitain Sud sur une période donnée ou
bien, si vous n'acceptez pas d'adopter ce règlement, on aura besoin du
concours des maires pour adopter le règlement ou bien nous allons
acheter la compagnie Métropolitain Sud en payant comptant, ce que
pouvait faire la Commission de transport de la rive sud sans le consentement
des maires. Si nous la payons comptant, nous mettrons le coût d'achat
dans le budget de l'année suivante, de sorte que vous serez
obligés de taxer dans une seule année du coût d'achat
complet de Métropolitain Sud. Évidemment, le morceau était
très gros et les maires ne voulaient pas se trouver dans une situation
de devoir taxer en une seule année le coût d'achat d'une filiale
et c'est bien à leur corps défendant qu'ils ont finalement
décidé d'accepter d'emprunter les sommes d'argent requises.
Ce que je viens de dire là est confirmé par les
procès-verbaux de la Commission de transport de la rive sud de
Montréal, du conseil des maires où il est expressément
dit: Attendu que le P.-D.G. nous a exposé... Les propos que je viens de
tenir sont repris presque mot à mot dans la résolution pour
conclure que le conseil des maires n'a pas d'autre choix que d'emprunter les
sommes d'argent pour permettre l'achat de Métropolitain Sud.
Tout cela indique l'esprit qui prévalait à ce moment et
qui faisait en sorte que les élus locaux étaient
littéralement bafoués dans la gestion de la Commission de
transport de la rive sud de Montréal. La commission de transport
était effectivement gérée et
téléguidée par les fonctionnaires gouvernementaux et
évidemment, par les politiciens qui étaient au pouvoir au
gouvernement du Québec.
L'année 1979 a vu une autre tuile tomber sur la tête des
élus de la rive sud et des citoyens, en ce que le gouvernement a
jugé bon de parachuter à la présidence, comme
président-directeur général un organisateur politique du
parti qui est présentement au pouvoir et dont la gestion a
été marquée dans les mois qui ont suivi au coin d'une
administration déficiente, d'une compétence également
déficiente et d'une gestion qui laissait beaucoup à
désirer.
Tout cela se faisait évidemment à l'encontre des
volontés exprimées par la presque totalité des maires
présents. La conséquence de cela a été une hausse
très rapide des déficits de la Commission de transport de la rive
sud de Montréal, une hausse des tarifs aux usagers et
éventuellement une hausse substantielle des montants que les
municipalités membres devaient payer comme étant leur quote-part
du déficit de la commission de transport. C'est alors que s'est
amorcée une lutte des maires en place afin de tenter d'amener un peu de
logique dans l'administration de la CTRSM. Les maires décidèrent
alors de faire faire une enquête, une étude, si vous voulez, par
une firme bien connue de Montréal, la firme SECOR et quelques mois plus
tard le rapport SECOR était déposé. Il faisait l'analyse
de la situation à la Commission de transport de la rive sud de
Montréal pour conclure que si on continuait sur la lancée
amorcée, dans l'espace de trois ou quatre années, les
déficits de la Commission de transport de la rive sud de Montréal
auraient été tellement importants qu'ils auraient
accaparé, dans le cas de la municipalité de Saint-Lambert que je
connaissais bien, une proportion de 20 % de son budget.
Vous pouvez vous imaginer la surprise des élus municipaux quand
on a constaté qu'un élément dans le budget municipal qui
n'existait pas quatre ou cinq ans auparavant allait accaparer, dans trois ou
quatre ans, une proportion de 20 % du budget municipal. C'était
carrément outrageux à l'endroit des élus qui devaient,
comme je le disais tout à l'heure, refiler la facture à leurs
électeurs. À ce moment, le dossier était très
politisé et les élus municipaux du temps ont pris les mesures qui
s'imposaient afin de reprendre le contrôle de la Commission de transport
de la rive sud de Montréal, contrôle qui leur avait
échappé jusque là. Après des
péripéties dont on a fait état tout à l'heure et
qui n'ont pas toujours été agréables pour les individus en
cause, le Conseil des maires de la rive sud, finalement, a réussi
à prendre le contrôle de la commission et a effectué le
nettoyage qui s'imposait. (17 h 20)
Subséquemment, je dois rendre hommage à ceux qui ont pris
le contrôle de la Commission de transport de la rive sud et de son
administration parce que, aujourd'hui, on peut dire que la Commission de
transport de la rive sud de Montréal jouit d'une saine gestion, qu'elle
est une des mieux administrées au Québec. Le résultat de
ses efforts s'est fait sentir rapidement dans l'année et les
années qui ont suivi, en ce sens qu'immédiatement, à la
suite de coupures extrêmement énergiques effectuées par les
maires, on a connu un nivellement des quotes-parts des municipalités et
même, jusqu'à un certain point, une diminution des quotes-parts.
Aujourd'hui, M. le Président, la Commission de transport de la rive sud
de Montréal connaît une des meilleures performances au
Québec, et je ne peux que m'en réjouir.
M. le Président, je voudrais souligner dans le projet de loi 50
certains articles qui ont fait l'objet de représentations de la part des
maires de la rive sud de Montréal. Entre autres, l'article 23 où
on fait obligation au conseil d'administation de se réunir au moins dix
fois par année. J'aimerais seulement souligner que le conseil des maires
de la CTRSM a demandé que l'obligation de se réunir soit
plutôt de six fois par année et non pas de dix fois, étant
donné que les affaires journalières et quotidiennes de la
commission seront administrées par un comité exécutif. De
toute façon, le gouvernement a jugé bon de forcer les élus
municipaux à se réunir dix fois par année. Je pense qu'on
aurait pu respecter la volonté des élus locaux, qui auraient pu
de toute façon se réunir plus souvent que six fois si la
nécessité s'en était fait sentir. On risque maintenant de
les voir se réunir, à l'occasion, avec un menu qui pourrait
être très maigre.
L'article 31 stipule que le comité exécutif sera
composé de cinq personnes dont une devra obligatoirement provenir de la
ville de Longueuil. M. le Président, je crois qu'il est tout à
fait normal que la ville de Longueuil, qui est la plus grande
municipalité du territoire, ait au moins un délégué
au comité exécutif de la Société de transport de la
rive sud de Montréal. Le contraire serait bien étonnant. Je
constate cependant et uniquement qu'on ne fait pas bien confiance aux
élus municipaux et qu'on est obligé d'indiquer une obligation
dans le projet de loi, alors qu'à ma connaissance l'harmonie qui
règne présentement sur la rive sud aurait certainement fait en
sorte que les élus municipaux auraient fait une place importante
à la ville de Longueuil au comité exécutif de la nouvelle
Société de transport de la rive sud de Montréal.
Au sujet de l'article 53 du projet de loi, le ministre nous a dit tout
à l'heure qu'il avait l'intention d'apporter des modifications en
commission parlementaire. Je présume qu'il va apporter des modifications
à cet article qui dit que "le conseil d'administration nomme une ou des
personnes pour agir à titre de trésorier conformément au
règlement de régie interne et fixe leurs conditions de
travail."
M. le Président, est-ce que vous me faites signe que mon ... Oui.
Je conclus en disant qu'il est assez surprenant qu'on nomme plus d'un
trésorier dans un organisme tel que la Société de
transport de la rive sud de Montréal. Je conclus donc en disant que le
projet de loi fait suite aux recommandations du rapport SECOR qui avait
été déposé il y a quelques années, mais six
ans plus tard. Ayant oeuvré pendant plusieurs années
moi-même à la CTRSM, je me réjouis que le gouvernement se
décide enfin à reconnaître qu'en matière de
transport des personnes les élus locaux, sur qui repose l'onéreux
de taxer leurs concitoyens, doivent détenir le contrôle effectif
de la Société de transport de la rive sud de Montréal afin
de pouvoir répondre à leurs commettants des décisions
prises, décisions ayant une incidence directe sur les budgets des
municipalités membres et sur la quote-part de chacune dans les
déficits de la société. C'est là l'application du
vieux proverbe "No taxation without representation" qui vise à rendre
responsables ceux qui ont l'obligation de taxer les citoyens. Ces mesures et ce
projet de loi ne peuvent qu'inciter la nouvelle Société de
transport de la rive sud de Montréal à maintenir les hauts
niveaux d'excellence qu'a atteints la CTRSM au cours des dernières
années. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbornneau: Merci, M. le Président. J'ai
écouté avec attention le député de Laporte. Je dois
dire que, pour une bonne partie, je partage son évaluation des
problèmes que la CTRSM a connus. La seule chose, en fait, que le
député de Laporte a oublié de mentionner, c'est l'origine
de ces problèmes. Comme si le gouvernement actuel était le
responsable d'une situation et qu'il avait décidé, après
de longues années, de, finalement, corriger ses propres erreurs, alors
que la réalité est tout autre.
Il faudrait que le député de Laporte et ses
collègues se rappellent que ce sont eux, c'est-à-dire le
gouvernement libéral dirigé par leur même chef
d'aujourd'hui qui n'est pas encore ici en Chambre malgré le fait qu'il
ait été élu la semaine dernière, donc, c'est leur
équipe politique qui, dans les années soixante-dix, a mis en
place les mécanismes qui ont fait en sorte que les
élus municipaux n'avaient pas véritablement de
contrôle sur la Commission de transport de la rive sud de
Montréal. Ce n'est pas le gouvernement libéral qui a cru à
la revalorisation du pouvoir municipal, ce sont les gens qui sont de ce
côté-ci de la Chambre et qui ont posé, au cours des
dernières années, toute une série de gestes qui ont fait
en sorte que le discours de revalorisation du pouvoir municipal, du rôle
des élus municipaux, des élus locaux, cesse d'être creux
comme eux en faisaient chaque année, lors des congrès de l'Union
des municipalités et de l'Union des conseils de comté, comme on
l'appelait à l'époque, et qu'on pose des gestes qui, finalement,
ont fait en sorte qu'effectivement les élus aient un contrôle sur
le maximum de choses sur lesquelles ils ont une responsabilité. À
cet égard, il y a eu un processus de prise de conscience et d'action qui
s'est déroulé au cours des dernières années et qui
culmine aujourd'hui, en ce qui concerne le transport en commun sur la rive sud
de Montréal, par la présentation de ce projet de loi.
Je remarque que depuis le début de la discussion sur ce projet de
loi, il y a une unanimité totale des membres de l'assemblée, des
gens des deux côtés qui sont intervenus, à l'égard
de ce projet de loi. Cette unanimité traduit bien l'état de
l'évolution des mentalités à l'égard de la
responsabilité des élus municipaux.
Le député de Laporte a terminé son intervention en
rappelant le principe qui veut qu'il n'y ait pas de taxation sans
représentation. Je pense qu'il avait raison de rappeler ce principe.
Dans les faits, finalement, ce que fait ce projet de loi, c'est de
concrétiser le contrôle réel que doivent avoir les
élus municipaux sur le transport en commun qui est une
responsabilité municipale. Ce n'est pas une responsabilité
gouvernementale, même si le gouvernement du Québec intervient
financièrement d'une façon importante pour aider le secteur
municipal, les municipalités, à assumer leurs
responsabilités.
Il est évident qu'on ne peut pas avoir un transport en commun de
qualité géré à partir de Québec,
organisé à partir de Québec et dirigé à
partir de Québec. À cet égard, ce qu'on peut constater,
c'est que le projet de loi dans les détails... Je ne pense pas qu'il y
ait lieu, à ce moment-ci, à l'occasion de la discussion sur le
principe, de reprendre les explications qui ont déjà
été données par le ministre dans son intervention sur les
détails ou les mécanismes qui sont prévus dans ce projet
de loi.
Ce qu'on doit surtout noter, à ce moment-ci, c'est qu'il y a
quelques années -et actuellement c'est encore le cas - le conseil des
maires concernés de la rive sud avait déjà acquis beaucoup
plus de pouvoirs réels sur la commission de transport qu'au
début. Nous allons encore plus loin et nous complétons finalement
l'opération qui fait en sorte que, dorénavant, la Commission de
transport de la rive sud de Montréal sera une société de
transport en commun avec un conseil d'administration composé
exclusivement d'élus municipaux concernés qui auront la
responsabilité de donner les grandes orientations, de prendre les
décisions fondamentales. (17 h 30)
À cet égard, c'est un projet de loi qui consacre - le
député de Laporte l'a indiqué, il avait raison - le combat
qu'ont mené les maires qui se sont succédé depuis quelques
années au sein du Conseil des maires de la rive sud qui se sont
intéressés au dossier du transport en commun sur la rive sud et
aussi aux efforts des députés de la rive sud. Je pense que le
député de Laporte mentionnait l'époque où il
était maire et faisait une espèce d'apologie de son action. Il
n'avait peut-être pas tort de signaler qu'il a été
très actif dans ce dossier. Je lui rappellerai que de ce
côté-ci de la Chambre, on est quelques-uns aussi à avoir,
au cours des dernières années, suivi de près ce dossier et
appuyé chaque fois que c'était nécessaire les ministres
des Transports qui se sont succédé pour faire en sorte que dans
notre région, les gestes correctifs, les pouvoirs et l'organisation du
transport en commun se fassent d'une façon plus adéquate, plus
cohérente et surtout qu'on respecte la réalité de la
responsabilité du monde municipal en regard du transport en commun.
On peut aussi se réjouir de voir ce projet de loi introduire des
mécanismes qui vont faire en sorte que le public va pouvoir intervenir
plus directement dans les débats régionaux et locaux sur
l'organisation des services de transport en commun. Je pense que du simple fait
que les assemblées du conseil d'administration seront publiques, toutes
publiques et que les assemblées des comités que mettra en place
le conseil d'administration seront également publiques, cela permettra
aux citoyens intéressés, aux comités qui se sont
déjà formés dans certains milieux, à un organisme,
par exemple, comme Transport Deux Mille qui suit de près
l'évolution du dossier du transport en commun et de ses
différentes facettes dans notre région et dans
l'agglomération de Montréal, d'avoir l'information, de juger de
l'action des élus municipaux et de pouvoir aussi être
alimentés directement sans avoir à faire toute une série
de recherches et d'enquêtes sur les circonstances de l'adoption de telle
ou telle résolution, de telle ou telle mesure et de faire tout un
travail qui pourra être évité si, finalement, on faisait
comme on fait ici à l'Assemblée nationale. Les choses sont
publiques. Elles ne se font pas en catimini.
On doit aussi signaler que dans ce sens,
il y a une autre innovation intéressante dans le projet de loi.
C'est le fait qu'il y aura des périodes de questions lors du
début des séances du conseil d'administration. Cela permettra aux
gens qui se seront donné la peine de suivre l'évolution des
dossiers de poser des questions. Il est évident que ce ne sera pas
nécessairement à chaque conseil d'administration qu'on aura des
dossiers chauds, mais c'est une garantie d'une prise directe des citoyens sur
leurs affaires. Non pas qu'il n'y ait pas de raison d'avoir confiance aux
élus municipaux - parce qu'ils sont les représentants directs des
citoyens dans le processus démocratique - mais je pense que dans la
même logique que nous avons introduite il y a quelques années
à l'occasion de la réforme de la Loi électorale, je pense,
au niveau municipal et les structures municipales, la possibilité et
l'obligation même, aux conseils municipaux de tenir, lors de leurs
séances, de périodes de questions où les citoyens peuvent
interroger leurs conseillers municipaux, je pense que c'était logique
aussi que dans un dossier important comme le dossier du transport en commun,
dans le cas d'un service essentiel comme le transport en commun, les citoyens
puissent s'adresser directement aux élus municipaux qui sont les
décideurs dans ce dossier et aient l'occasion d'intervenir et
d'influencer également le cours des choses non seulement par leur
présence, mais par leurs questions et leur action.
Je pense aussi qu'il allait de soi, dans la même logique, qu'on
fasse disparaître le rôle qu'avait jusqu'à maintenant la
Commission des transports du Québec qui pouvait agir dans une optique de
révision de décisions. Dans la mesure où des élus
ont à assumer leurs responsabilités, ce n'est pas à un
organisme de non-élus de venir leur dire comment se comporter. C'est
évident qu'on pourrait nous répliquer: oui, mais il y a dans le
monde municipal la commission municipale qui réglemente un peu et qui
régit la façon dont se comportent et agissent les élus
municipaux dans une série de domaines. C'est vrai, mais je pense que
là où intervenait auparavant la commission de transport, il n'y
avait pas de raison de poursuivre ou de maintenir l'action de cet organisme de
surveillance, de ce tribunal administratif dans l'optique de la réforme
qui est faite aujourd'hui et qui, je pense, sera adoptée dans les
prochains jours, compte tenu de l'unanimité autour de ce projet de
loi.
Je pense que c'est un pas important. En fait, c'est un pas qui termine
toute une approche. Ce que l'on peut espérer, c'est qu'un certain nombre
de dossiers, une fois que ce travail sera terminé, puissent cheminer
encore plus rapidement qu'au cours des dernières années. J'en
veux pour seul exemple le dossier difficile, litigieux, complexe et
délicat, à bien des égards, des trains de banlieue dans
notre région.
Je pense que ce qu'on peut espérer, c'est que nous aurons une
oreille peut-être plus attentive de la part des membres élus et
des dirigeants de la CTRSM qu'on en a eu jusqu'à maintenant dans ce
dossier et que, d'ici les semaines et les mois qui viennent, nous pourrons
faire en sorte que la ligne de trains de banlieue entre Montréal et
Saint-Hilaire non seulement pourra être maintenue, mais pourra être
améliorée, en collaboration avec les gens de la Commission de
transport de la rive sud de Montréal, qui s'appellera dorénavant
Société de transport de la rive sud de Montréal, et le
comité de transport de la vallée du Richelieu qui est l'organisme
partenaire de la CTRSM actuellement pour les services de transport en commun
entre Saint-Bruno et Saint-Hyacinthe. Et moi, qui représente le
comté de Verchères, les gens de Beloeil, Saint-Hilaire, Otterburn
Park, McMasterville, on est en plein coeur de ce comité de transport de
la vallée du Richelieu et on est, au premier chef,
intéressés par la survie de cette ligne de train de banlieue. On
sait très bien qu'il y a un problème de coût important. Je
pense que si le nécessaire était fait pour améliorer et
faire les investissements requis pour apporter un service de qualité et
en faire la promotion, nous pourrions nous retrouver avec un service de train
de banlieue qui soit non seulement rentable dans la mesure du possible - en
tout cas qui ne coûte pas les yeux de la tête ou qui ne soit pas
excessif en termes de coût -mais qui rendrait des services énormes
à des populations qui ont besoin d'une liaison rapide avec le
centre-ville de Montréal et qui ferait en sorte qu'on aille vers un mode
de transport en commun qui est le mode de l'avenir.
Sur ce, moi aussi, comme mes collègues, je me ferai un plaisir de
voter pour le projet de loi présenté par le ministre des
Transports. Merci.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laprairie.
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Il me fait
également plaisir d'intervenir brièvement sur le projet de loi
50, Loi sur la Société de transport de la rive sud de
Montréal.
Effectivement, l'adoption de cette loi complétera, comme il a
été noté par mon collègue de Mont-Royal - le
ministre en a touché également un mot - le processus de
responsabilisation du transport par les conseils municipaux, puisque,
antérieurement, nous avons vécu cette chose au niveau de la CTCUQ
et de la CTCRO; en décembre dernier, la Société de
transport de Laval, la
CTL, est devenue la STL. Nous avons fait ce matin le changement pour la
CTCUM qui devient la STCUM et nous complétons aujourd'hui le tour de
piste avec la Commission de transport de la rive sud qui deviendra la
Société de transport de la rive sud.
Il est évident, puisque les élus municipaux sont ceux qui,
en fin de compte, vis-à-vis de leurs citoyens sont responsables de
l'administration du transport qui, dans les municipalités, oeuvrent au
niveau le plus près des citoyens et que le transport regarde une
collectivité locale ou une agglomération de collectivités
locales, cela fait en sorte que les citoyens se rapprochent de leur
administration municipale et viennent auprès de celle-ci faire valoir
leurs prétentions... Puisque, évidemment, les deniers publics
sont en jeu dans ce dossier, ce sont les administrations municipales qui sont
responsables de percevoir les taxes auprès des citoyens pour
défrayer les coûts du transport en commun en partie avec celle que
le gouvernement peut payer et les rétributions payées par les
citoyens pour se servir du transport en commun. Donc, les élus
municipaux qui sont ceux qui vont taxer les citoyens pour l'administration de
la société de transport, évidemment, doivent être
considérés comme les premiers artisans responsables de cette
administration. (17 h 40)
Cette responsabilisation des élus municipaux était
souhaitable. Le député de Verchères mentionnait tout
à l'heure que cela avait été amené par le Parti
québécois présentement au pouvoir. Il nous reprochait
d'une certaine façon de ne pas l'avoir fait auparavant. Je rappellerai
simplement qu'on entend souvent parler, dans le domaine municipal
particulièrement, de la responsabilisation des élus. Mais si je
m'attarde au transport, quand la Commission de transport de la rive sud de
Montréal a été créée, par exemple, dans les
années soixante-dix, cela répondait à un urgent besoin de
la rive sud de Montréal. La commission de transport a été
créée et elle correspondait à ce moment-là, quant
à la façon dont l'administration a été faite, quant
à l'implantation des commissaires et du conseil des maires, à une
forme de gestion à laquelle les gens étaient aptes à se
conformer, à laquelle ils étaient aptes à participer.
Évidemment, avec le temps, par une prise de conscience et un
processus d'action différent, l'évolution des esprits et des
mentalités a résulté en l'évolution potentielle de
la gestion, d'où la possibilité de confier la gestion, par
exemple, dans le cas présent, aux administrations locales. C'est dans ce
cadre que l'évolution s'est faite, il faut bien s'en rendre compte, au
cours des années, pendant une période de dix ou douze ans,
disons, afin qu'aujourd'hui nous soyons disposés, que les
administrations locales soient disposées, soient prêtes à
prendre la responsabilité de tels pouvoirs à leur propre niveau
de fonctionnement.
Les modifications qui seront apportées à la Commission de
transport de la rive sud de Montréal pour responsabiliser les
élus feront en sorte qu'on va se retrouver avec trois paliers de
décision, c'est-à-dire: le conseil d'administration comme tel,
qui se compose des maires et d'un certain nombre de représentants, par
tranches de 40 000 de population, avec certains pouvoirs spécifiques; un
comité exécutif, composé de membres qui seront
également des élus municipaux puisqu'ils seront membres du
conseil d'administration et seront délégués au
comité exécutif - encore une fois, ce sera un palier
d'élus - finalement, le directeur général de la
société de transport, qui pourra jouer son rôle.
Dans ce cas, il est important de noter que les principaux pouvoirs qui
seront confiés au conseil d'administration seront justement
d'établir les lignes directrices en matière de gestion. Cela
concernera surtout le pouvoir d'organisation et de contrôle. Organiser et
planifier le service de transport en commun, c'est exactement le rôle que
l'on va confier au conseil d'administration, plus le contrôle des
engagements financiers à long terme et le contrôle des budgets,
puisque le conseil d'administration approuvera le budget qui sera
préparé par le conseil exécutif.
Il est également important de noter qu'en bout de ligne, c'est le
conseil d'administration qui pourra établir, modifier ou abolir les
circuits et établir les tarifs. Les décisions à ce niveau
seront des décisions finales du conseil d'administration de la
société; il n'y aura plus d'appel à la Commission des
transports du Québec.
Le comité exécutif, de son côté, verra
à ce qu'on appelle l'administration courante de la
société. Il aura pour tâche d'exécuter les
décisions du conseil d'administration, de dresser et d'administrer le
budget, d'exercer certains pouvoirs de la société - par exemple,
l'octroi ou l'adjudication de contrats - et également de transmettre au
conseil ses recommandations sur les tarifs, les circuits ou les parcours.
Finalement, nous arrivons au directeur général qui sera
sous l'autorité du conseil d'administration. Le directeur
général semble plutôt un exécutant du conseil
exécutif et du conseil d'administration. Mon confrère de
Mont-Royal soulignait ce matin qu'il y aurait peut-être lieu de revoir un
peu cette structure ou d'aménager une certaine façon de
fonctionner du directeur général pour qu'il soit plus qu'un
exécutant et afin de décharger d'une certaine façon les
élus municipaux dans le fonctionnement quotidien de la
Société de transport au niveau de
l'administration courante.
Nous verrons ce que le ministre aura à nous transmettre sur le
rôle du directeur général par rapport au comité
exécutif dans l'administration courante pour bien jauger si,
effectivement, il est préférable de maintenir cette situation ou
peut-être de voir à un accommodement qui permettrait aux
élus municipaux de se dégager quelque peu de l'administration
quotidienne de la commission de transport. À ce point de vue, la chose
importante qu'il faudrait peut-être souligner c'est que si on enlevait,
d'une certaine façon, l'administration courante du comité
exécutif qui comprend des élus municipaux, on pourrait
peut-être arriver aussi à faire en sorte de ne pas trop politiser
l'administration courante de la commission de transport. C'est un danger me
semble-t-il qui peut être sous-tendu par la façon actuelle
d'organisation, par les pouvoirs administratifs confiés au comité
exécutif et, par ricochet, ultérieurement au directeur
général.
Je voudrais souligner certains points qui peuvent toucher aussi à
ce dont nous avons parlé ce matin au sujet de la Commission de transport
de Montréal. On se rend compte que le gouvernement a voulu
responsabiliser les élus municipaux en confiant la pleine gestion de la
commission de transport aux élus. C'est un bon pas, mais, d'autre part,
on remarque toujours dans ces cas-là, comme nous l'avons remarqué
dans d'autres projets municipaux, quand on confie plus de pouvoirs aux
élus locaux, il reste que le gouvernement semble toujours vouloir mettre
davantage de contrôle sur ces élus municipaux et, dans le cas
présent, c'est surtout les contrôles qui pourront être
exercés par les contribuables.
Je m'explique dans ce sens-là. Les contribuables pourront mettre
leur nez dans les affaires de la commission, c'est-à-dire que c'est
souhaitable, dans certains cas, que les contribuables puissent venir
contrôler la gestion. Nous savons que les assemblées du conseil
d'administration sont publiques. On y prévoit une période de
questions orales d'une demi-heure au maximum au début de
l'assemblée pour faire en sorte que les contribuables puissent poser les
questions qu'ils veulent bien poser aux élus municipaux, membres du
conseil d'administration.
Nous voyons également que le conseil exécutif peut tenir
des assemblées publiques. Les assemblées ne sont pas
obligatoirement publiques mais elles peuvent l'être et, dans un tel cas,
il y aurait également une période de questions prévue.
Remarquons également qu'à la Société de
transport de la rive sud il y aura également la création de
certains comités qu'on dit consultatifs qui devront obligatoirement
tenir des assemblées ou des réunions publiques avec
période de questions des contribuables. Donc, dans chacun de ces cas, le
contribuable pourra venir s'adresser et, en plus de cela, on sait que les
contribuables voulant poser certaines questions particulières sur un
problème en cours, pourront toujours demander à ce qu'un sujet
soit inscrit - si 50 d'entre eux le demandent - à l'ordre du jour de
l'assemblée du conseil d'administration, et il pourra s'ensuivre
également, dans ce cas particulier, une discussion avec les élus
sur ce sujet-là.
Ce que je veux soulever ici, et je reprends en cela les propos de mon
confrère de Mont-Royal qui mentionnait que, dans un tel cas, par
exemple, pour un même sujet, on pourrait arriver à un sujet
discuté au conseil d'administration, au conseil exécutif, au
comité consultatif. La même chose revient toujours, on questionne
toujours les élus municipaux sur les mêmes problèmes et on
peut arriver à amener un mécanisme de plus en plus lourd. C'est
dans ce sens-là qu'en ce qui concerne les mécanismes de
contrôle, il y aurait peut-être lieu de voir à un certain
assouplissement, non pas en éliminant complètement cette chose,
mais en faisant en sorte que les interventions que les citoyens peuvent faire
puissent être mieux dosées d'une certaine façon
vis-à-vis des élus municipaux pour ne pas, en fin de compte,
bloquer le processus administratif. Par exemple, je pourrais suggérer
cela avait été fait dans le cas de la STL... Je me souviens fort
bien qu'au niveau de toute la question des comités consultatifs, on
demande quelle est la raison formelle pour laquelle toutes les réunions
de tel comité consultatif doivent être publiques. Quelle est la
raison formelle pour laquelle toutes et chacune de ces réunions doit
être précédée par une période des questions,
par exemple?
Je pense qu'il pourrait y avoir avantage, éventuellement,
même pour les citoyens, surtout pour les administrateurs, de faire en
sorte de pouvoir, dans certains cas, avoir des réunions qui pourraient
être non pas publiques, mais d'une certaine façon plus
privées entre eux pour préparer un dossier, discuter entre eux
des sujets et, finalement, amener au comité exécutif, au niveau
conseil d'administration leurs représentations et, à ce moment,
les citoyens pourront évidemment venir se prononcer sur la question
à la période de questions ou par intervention qui leur est
permise en vertu de la modalité que nous avons vue tantôt. (17 h
50)
C'est pour vous dire que cela n'empêcherait pas quand même
que dans ces cas, dans les comités consultatifs, on laisse la
possibilité que chacune de ces assemblées, de ces réunions
du comité consultatif puisse être publique au bon vouloir des gens
membres du comité consultatif. C'est une question d'efficacité
administrative, à mon point de vue, qui devrait être
considérée et peut-être qu'on pourrait amener une
modification au niveau des possibilités des
comités consultatifs de se réunir de façon non
publique pour faire avancer davantage le dossier. Cependant, sans vouloir
déroger à ce que j'ai mentionné, il y a un point essentiel
que nous avons touché ce matin et que le ministre des Affaires
municipales, dans sa réplique sur le projet de loi 49 a bien voulu
indiquer, c'est la question que si on prévoit que les assemblées
du conseil d'administration de la société sont publiques, comme
c'est prévu à Montréal également, il reste la
possibilité d'un huis clos.
Dans ce cas, je pense que c'est bon que les assemblées soient
publiques. C'est une espèce de mécanisme qui a été
instauré en 1982 à la CUM, je l'ai mentionné ce matin, et
qui semblait agréer à l'ensemble des personnes consultées
et concernées à ce moment. Dans le cadre présent, quand on
dit, ici, à la STL, comme on le disait pour la CTCUM, ce matin, c'est
qu'on peut décréter le huis clos dans un cas où
l'intérêt public est en jeu, ou encore, dans un cas où il
est souhaitable pour protéger... J'ai malheureusement perdu l'article en
question, mais disons que le huis clos était quand même possible
dans deux cas: soit que l'intérêt public l'exige, ou soit pour
éviter de porter atteinte à la réputation de quelqu'un.
Dans un tel cas, cette disposition au niveau de l'intérêt public,
qu'il porte atteinte à la réputation, je suis d'accord. Mais dans
le cas de l'intérêt public, c'est une définition beaucoup
trop large qu'on peut donner à ce moment-ci, je pense, dans la loi et le
ministre a mentionné qu'il apportera les correctifs nécessaires
pour préciser les balises souhaitables de l'intérêt public
pour donner le huis clos et je comprendrai fort bien, probablement que le
ministre le confirmera, qu'on le fera au niveau de la STL.
Avant de terminer, M. le Président, il y a quelques points que je
voudrais souligner. Mon confrère de Laporte a mentionné
tantôt qu'en 1979, lors de la nomination du P.-D.G. de la CTRSM, on avait
nommé une certaine personne contre la volonté unanime du conseil
des maires. Le gouvernement n'avait pas respecté finalement la
volonté du Conseil des maires. Dans le cas du projet de loi qui nous
occupe, le conseil des maires, à ma connaissance, a manifesté
deux situations, à tout le moins, où il souhaitait quelque chose
d'autre intégré dans le projet de loi. Par exemple, les dix
assemblées obligatoires par année. On a mentionné que les
maires auraient préféré en avoir seulement six.
Je ne comprends pas pourquoi on veut imposer ici dix assemblées
au lieu de six si au conseil des maires après l'expérience qu'il
a vécue depuis quelques années puisque les maires sont
présents à une phase administrative actuelle de la Commission de
transport de la rive sud. Pourquoi imposer dix assemblées publiques qui
pourraient simplement faire traîner en longueur certaines situations ou
qui pourraient être non pas nécessairement d'absolue
nécessité et faire en sorte finalement qu'on ne progresse pas
effectivement dans une assemblée comme telle et qu'on en tienne une sans
grand sujet à l'ordre du jour. Tenir six assemblées, comme le
conseil des maires l'avait demandé me semblerait valable. Je ne
comprends pas que le ministre n'y acquiesce pas, surtout que n'importe quand
une assemblée spéciale peut être convoquée par les
membres même du conseil d'administration. À ce moment, on pourrait
facilement, dans le cas d'urgence ou de nécessité, prévoir
ou avoir une assemblée supplémentaire aux six qu'on aurait
formellement l'obligation de tenir durant l'année en vertu de la
loi.
L'autre disposition sur laquelle je voudrais attirer l'attention du
ministre, c'est la disposition de l'article 31 où on a au comité
exécutif cinq personnes qui sont membres, un membre obligatoirement de
Longueuil tel que la loi le décrit. Il reste quand même que le
conseil des maires, par un vote de cinq contre deux - suivant ce que l'on
m'informe - avait demandé au ministre de ne pas réserver de
siège spécial à Longueuil. Mon confrère de Laporte
me mentionnait que Longueuil était une municipalité importante,
cela va de soi, c'est peut être normal que Longueuil se retrouve au
comité exécutif, mais pourquoi, encore une fois, ne pas respecter
d'une certaine façon le désir du conseil des maires? Pourquoi
manquer de confiance au conseil des maires dans cette approche
particulière au comité exécutif? Jusqu'à maintenant
les gens de la rive sud se sont toujours entendus pour faire en sorte que ceux
qui ont leur mot à dire, ceux qui sont importants dans des prises de
décision et qui ont un point important aient toujours été
valablement représentés dans les institutions communes. C'est un
manque de confiance envers les élus municipaux et, à mon point de
vue, cela crée une animosité inutile entre, d'une part les
élus municipaux et le Conseil des ministres ou ceux qui ont
autorisé une telle disposition à l'encontre du voeu du conseil
des maires.
M. le Président, sur ces paroles, puisque mon temps est presque
terminé, comme mon confrère de Mont-Royal l'a mentionné,
nous sommes d'accord sur le projet de loi 50 qui complète finalement la
responsabilisation des élus municipaux dans l'ensemble du Québec,
sur tous les territoires des commissions de transport. C'est un souhait que
nous avons exprimé, à savoir qu'il nous semblait important que
toutes les commissions se retrouvent sur le même pied pour les
élus municipaux avec des pouvoirs analogues et semblables. Dans ces
circonstances, nous appuierons le projet de loi 50 avec, en réserve,
certaines
représentations qui ont été faites et dont nous
pourrons discuter plus amplement en commission parlementaire. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre des
Transports, dans votre droit de réplique.
M. Guy Tardif (réplique)
M. Tardif: M. le Président, très brièvement.
D'abord je suis heureux de constater que ce projet de loi reçoit
également l'appui de l'Opposition quant à son principe. J'ai pris
bonne note de certains des commentaires formulés et j'aurai
évidemment des réponses à donner en commission
parlementaire.
Cependant, je voudrais commencer ici par le dernier point soulevé
par le député de Laprairie lorsqu'il dit: Pourquoi le
gouvernement insiste-t-il pour qu'il y ait obligatoirement un
représentant de la ville de Longueuil au sein du comité
exécutif? Après tout, dit-il, nous sommes d'accord que Longueuil
est une ville importante. En fait, elle a 125 000 habitants sur les 300 000
environ qui représentent la rive sud. Et, nous dit-il, étant
donné que, par le passé, les maires des villes importantes ont
toujours été valablement représentés... C'est
à peu près son expression, je l'ai d'ailleurs notée au
passage. Or, précisément, M. le Président, les maires
n'ont pas toujours été valablement représentés et
la ville de Longueuil a été évincée de la
Commission de transport de la rive sud de Montréal. Le maire Robidas
avait été évincé à l'époque. Je vois
le député de Laporte qui sourit en se souvenant de ce
fait-là. De sorte qu'on ne peut invoquer le simple fait que cela va de
soi, qu'étant donné qu'elle a 120 000 habitants, Longueuil sera
représentée au sein de cette instance. Étant donné
que le député de Laporte a dit: On est tout à fait
d'accord qu'elle ait un siège, c'est normal, je maintiens que si cela va
de soi sans le dire, cela va encore mieux en le disant, et la loi va le dire
expressément, M. le Président.
Deuxième élément. Je suis tout à fait
d'accord qu'il y a lieu de modifier l'article du huis clos. Je voudrais
rappeler au député de Laprairie que nous avions trouvé
cette formulation pour la ville de Laval, qui m'apparaissait beaucoup plus
convenable, mais la Commission d'accès à l'information nous avait
fait valoir qu'elle préférait cette formulation, après
examen. Cela semble ouvrir une porte beaucoup trop grande à ce huis
clos, porte que, justement, on ne veut pas ouvrir dans les circonstances.
Évidemment, le député de Laporte a essayé de
venir à la rescousse du député de Mont-Royal en disant: Le
ministre nous dit que l'intégration tarifaire n'est pas faite, mais que
c'est une forme de compensation.
L'effet pour le citoyen est le même. Il a déjà le
rabais, M. le Président. La seule différence - je l'ai dit au
député - c'est qu'il a deux cartes dans sa poche, une de
Montréal et une de la rive sud, mais c'est tout. Le rabais, il l'a
déjà, le rabais tarifaire qu'il devait avoir. On minimise ces
inconvénients puisque la CTRSM a acheté un lot de cartes de la
CTCUM et va vendre les deux.
Quant au retrait de la CTCUM, le député dit: De vagues
promesses. Non, un décret l'ordonnant au plus tard le 31
décembre. C'est normal. Il y a quand même un partage des autobus
à faire, un partage de l'équipement. Il y a des horaires de
travail à organiser et ces horaires de travail sont
préparés six mois à l'avance. Donc, si on l'avait
décrété du jour au lendemain, le député de
Laporte aurait été le premier à nous dire: Cela ne se fait
pas, du jour au lendemain. Il faut leur donner le temps de le faire, ce retrait
graduel. C'est ce que nous avons prévu, M. le Président. Il est
décrété. Il est ordonné, et, encore une fois, il y
aura d'ailleurs dans la loi sur la CTCUM un certain nombre d'articles qui
viendront faciliter cette opération.
Le député de Verchères a parlé des trains de
banlieue, du train de Saint-Hilaire, notamment. Je dois lui dire que cette
question me préoccupe également et, comme je l'ai indiqué
cette semaine au député de Deux-Montagnes qui posait la question
pour le CN-Deux-Montagnes plus précisément, pour nous, il nous
apparaît que la Loi sur les chemins de fer devrait être
amendée si on ne veut pas être obligé de fonctionner dans
des conditions tout à fait inacceptables car, en fait, pourquoi les
compagnies CN et CP se sont-elles retirées du service de trains de
banlieue? Elles se sont retirées tout simplement parce que ce
n'était plus rentable. Elles ne faisaient pas de profits. Comment
pourrions-nous en faire, M. le Président, si nous sommes obligés
de fonctionner selon les mêmes lois et les mêmes conditions? Par
exemple, la loi sur les chemins de fer avec les conventions collectives qui y
sont rattachées peut obliger qu'on ait jusqu'à cinq
opérateurs pour un train, alors qu'à Montréal, on
opère le métro avec deux opérateurs. Donc, quant à
nous, l'obligation d'être soumis aux contraintes de la Loi sur les
chemins de fer et aux conventions collectives qui y sont rattachées nous
impose des contraintes qui entraînent présentement pour la ligne
CP-Rigaud et CN-Deux-Montagnes des frais d'exploitation de 29 000 000 $, et
ceci, évidemment, pour des revenus qui atteignent à peine 5 000
000 $ ou 6 000 000 $. C'est donc dire des déficits très
importants de 23 000 000 $, et ceci, évidemment, ne saurait être
accepté. Donc, je suis tout à fait d'accord pour le
développement des
trains de banlieue, mais je dis: Pas à n'importe quelles
conditions.
Finalement, M. le Président, je tiens à souligner que
c'est vrai que la Commission de transport de la rive sud de Montréal a
fait un excellent travail ces dernières années sous la
présidence de son P.-D.G. et que le dynamisme dont elle a fait preuve,
j'aimerais qu'il soit contagieux et se répande aux autres commissions de
transport.
Il est évident qu'il y a des problèmes. Le
député de Laprairie disait: Pourquoi le gouvernement garde-t-il,
même s'il remet le contrôle aux élus, une certaine porte
ouverte à un certain contrôle? D'abord, il n'y en a pas au niveau
du conseil d'administration. Mais il y a des choses qui sont
nécessaires. Je vais donner un exemple au député qui va
comprendre très vite et je vais terminer là-dessus. À un
moment donné, la ville de Montréal a intimé à la
CTRSM l'ordre de quitter le débarcadère qu'elle utilisait rue
Lagauchetière, derrière la gare centrale, en face de la Place
Bonaventure, parce que c'était sur son territoire. Cela veut dire que la
vingtaine d'autobus qui stationnaient à cet endroit ne pouvaient plus le
faire. Évidemment, je suis venu à la rescousse de la CTRSM et un
terminus est en train d'être aménagé au coût de 750
000 $ pour permettre aux gens de la rive sud d'entrer au centre-ville de
Montréal. Il y a donc - et c'est ce que je voulais illustrer par
là - des problèmes d'interconnexion, d'interface entre les
différentes commissions de transport et, à ce titre, il me
paraît évident, face au rejet par les élus locaux de
l'idée de la création d'un organisme régional de
transport, que cette responsabilité incombe au gouvernement du
Québec et au ministre des Transports en particulier. Je l'ai
évoqué ce matin, l'État québécois... Le
député de Laporte a fait grand état du fait que lors d'un
achat collectif, il y a eu obligation pour les municipalités d'acheter
un certain nombre d'autobus. Je voudrais lui rappeler que ces autobus, nous les
payons à 75 %, de même que les garages qui les abritent et les
équipements qui sont utilisés. Â l'heure actuelle...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Tardif: ...un certain nombre de ces voitures qui avaient
été commandées en surplus ont été vendues
à d'autres commissions de transport qui ont su les utiliser.
Ce qui est important, c'est qu'effectivement, nous avons investi
beaucoup dans le domaine du transport en commun, que ce soit pour la
modernisation de l'équipement roulant ou encore pour la construction des
infrastructures lourdes de type métro, dans le cas de la ville de
Montréal, et également dans le cas des opérations. Les
laissez-passer mensuels, c'est une idée du gouvernement du Québec
entièrement financée par lui. La compensation tarifaire
présentement, c'est moi qui l'ai introduite, parce que après sept
ans... Oui, je vois le député de Laporte applaudir. Il le sait
quand même, parce qu'il a été assez près de ce
dossier, comment cela est venu très près d'aboutir et que, depuis
sept ans, c'était la paralysie dans ce domaine.
Nous avons, je pense, après avoir noté l'accord de
principe des gens de l'Opposition... Évidemment, il fallait qu'ils
trouvent quelque chose à dire.
Le député de Chambly, quant à lui, s'est
préoccupé d'un problème, celui des vélos, des gens
qui veulent aller de la rive sud à l'île principale en utilisant
le transport en commun pour transporter leur vélo. Je dois lui dire
qu'il y a eu un certain nombre d'assouplissements, notamment quant à
l'utilisation des dernières voitures de métro certains jours de
la semaine. Je suis le premier à souhaiter que ces assouplissements
soient encore plus généralisés, d'autant plus que cette
année, au cas où les membres de cette Chambre l'ignoreraient,
marque le 100e anniversaire de la bicyclette telle que nous la connaissons.
Face au très grand nombre d'adeptes qui utilisent la bicyclette non
seulement pour des fins récréatives, mais également pour
des fins utilitaires, je souhaiterais que les différents usagers
puissent utiliser l'un ou l'autre des modes de transport ainsi que la
bicyclette.
D'ailleurs, je rendais publique récemment une carte cyclable du
Québec donnant tout le réseau des auberges de jeunesse ainsi que
des renseignements pour ceux des cyclistes qui veulent utiliser le train,
l'autobus, l'avion, les traversiers et, évidemment, le métro. Je
souhaite que nos commissions de transport tiennent compte de cette
donnée afin qu'on puisse accrocher son vélo au transport en
commun sur certains parcours.
Voilà, M. le Président. Quant aux autres points plus
techniques, il me fera plaisir de les aborder en commission parlementaire.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 50 sur la Société de transport de la rive sud de
Montréal est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Blouin: Devant cette unanimité, je vais maintenant
proposer que le projet de loi soit déféré à la
commission de l'aménagement et des équipements qui
procédera, elle, à son étude détaillée.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Est-ce que cette motion
de déférence est adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Rancourt):
Adopté.
M. Blouin: Nous suspendons donc nos travaux jusqu'à 20
heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
effectivement suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 6)
(Reprise à 20 h 5)
Le Vice-Président (M. Brouillet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Veuillez prendre vos places.
Nous allons entreprendre le débat sur le principe du projet de
loi 56.
M. le leader adjoint, auriez-vous des objections?
Si vous voulez nous préciser nos travaux avec plus de certitude,
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: Oui, M. le Président. Je vous demanderais
d'appeler l'article 11 du feuilleton d'aujourd'hui.
Projet de loi 56 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Brouillet): Très bien.
L'article 11 nous indique que nous allons entreprendre le débat sur le
principe du projet de loi 56, Loi sur les sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise. M. le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, je considère que d'avoir
à parler sur le projet de loi 56, Loi sur les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise, c'est pour moi un
honneur et un privilège. C'est, à mon point de vue, depuis quatre
ans que je suis ministre de l'Industrie et du Commerce du gouvernement du
Québec - j'ai piloté plusieurs projets de loi - la loi la plus
importante sur le développement économique du Québec pour
les prochaines années que j'aurai présentée devant cette
Assemblée nationale.
C'est aussi la loi la plus importante pour laquelle, à mon point
de vue, j'ai parlé devant cette Assemblée nationale concernant le
développement économique à venir des entreprises
québécoises. On parle beaucoup des PME au Québec depuis
déjà plusieurs années. On a fait, comme gouvernement du
Québec, comme gouvernement du Parti québécois, au cours
des huit dernières années, plusieurs programmes, plusieurs
façons d'aider le développement économique, d'aider les
PME en particulier, mais ce soir, avec ce projet de loi 56 sur les SPEQ qui
fait suite au discours sur le budget de mon collègue le ministre des
Finances, nous présentons une autre façon très dynamique
d'intervenir dans le développement économique et surtout dans la
création d'emplois.
Nous avons des statistiques qui nous prouvent que non seulement au
Québec mais dans l'Amérique du Nord, les PME, les petites et
moyennes entreprises ont créé, depuis une quinzaine
d'années, au-delà de 80 % des nouveaux emplois.
Dans son discours sur le budget, le ministre des Finances a voulu
carrément privilégier ce genre d'entreprises, les petites et les
moyennes entreprises, créatrices d'emplois. Bien sûr, il faut que
le gouvernement du Québec, que le gouvernement fédéral
aussi créent le climat nécessaire, l'environnement
nécessaire pour répondre aux besoins des créateurs
d'emplois, des dirigeants, des propriétaires de PME.
Le Parti québécois, comme parti politique, croit aux PME.
Nous croyons énormément que les PME, en étant
aidées, en recevant le coup de pouce nécessaire, si on les aide
à avoir une meilleure structure de gestion, de marketing, d'exportation
et, finalement, de financement, pourront créer le développement
économique, pourront créer les emplois nécessaires aux
Québécois et aux Québécoises au cours des
prochaines années.
Le projet de loi que nous présentons aujourd'hui, c'est un projet
de loi avant-gardiste qui répond d'une façon précise
à certaines des recommandations de la commission Saucier, la commission
sur la capitalisation des petites et des moyennes entreprises. Ce projet de loi
aidera, au cours des prochaines années, des centaines, sinon des
milliers de petites et de moyennes entreprises à mieux oeuvrer dans le
développement économique, dans la création d'emplois.
M. le Président, avant de parler très
spécifiquement du projet de loi, je vais retourner un peu en
arrière et faire l'historique d'une vision de développement
économique, d'une vision que deux partis politiques apportent au
Québec concernant l'aide à l'entreprise. Vous aurez deviné
que je veux parler du Parti Québécois et du Parti
libéral.
Constamment, le Parti québécois est intervenu en faveur
des PME, que ce soit par les nouveaux programmes que nous avons mis de l'avant
en 1977, 1978, 1979, 1980, que ce soit par le programme d'urgence qui a
aidé au-delà de 800 entreprises en 1981-1982, le programme de
relance qui a aidé au-delà de 600 entreprises, les programmes
d'aide à la recherche et au développement, les programmes d'aide
à l'exportation. Il y a des milliers d'entreprises
québécoises, au cours des cinq dernières années,
qui ont justement bénéficié, profité des programmes
d'aide à l'exportation, que ce soit les programmes d'aide à la
gestion, UNI-PME, Outils de gestion, gestion-marketing, qui ont aidé
aussi des milliers et des milliers de petites et de moyennes entreprises
à être meilleures au point de vue de la gestion.
Maintenant, nous passons à l'étape de la capitalisation,
du financement. On dit souvent que l'argent, c'est le nerf de la guerre. Les
petites et les moyennes entreprises ont su ce que c'était que le nerf de
la guerre au Québec. En 1981-1982, au temps de la crise
économique, au temps des taux d'intérêt
élevés alors que le Parti libéral préconisait des
taux d'intérêt de 18 %, 20 %, 22 % ou 24 % à même la
Banque du Canada, le Parti québécois, le gouvernement du
Québec est intervenu pour protéger les entreprises. À
cette époque, on a réalisé combien était importante
une saine capitalisation. Je ne veux pas parler contre la grande entreprise,
nous en avons besoin pour développer l'économie d'un pays, mais
il y a environ 500 grandes entreprises manufacturières au Québec.
Quand je parle de grandes entreprises, ce sont des entreprises de 250
employés et plus; il y en a environ 500 au Québec. Il y a entre
10 000 et 10 500 PME manufacturières de moins de 250
employés.
Nous nous sommes attaqués au problème, cette année
ou l'an dernier, en demandant à une commission formée d'experts,
des meilleurs experts au Québec, je pense, la commission Saucier
présidée par M. Serge Saucier, président de Raymond Chabot
Martin Paré et Associés, commission où siégeait
aussi M. Raymond Blais, des caisses populaires, Pierre Lortie, autrefois
président de la Bourse maintenant à Provigo, Pierre Brunet,
président de Lévesque Beaubien, M. Fillion, président du
Groupement québécois d'entreprises, M. Frenette de la
Fédération des travailleurs du
Québec et d'autres hommes d'affaires du Québec qui sont
venus nous aider à mieux concevoir des programmes d'aide à la
capitalisation des PME, mais surtout des programmes qui pouvaient ne pas
coûter trop cher à la collectivité
québécoise.
Le rapport de la commission Saucier nous a été remis
à la fin de juin ou au début de juillet, l'an dernier. C'est
à noter que les membres de la commission ont travaillé
bénévolement pour le gouvernement du Québec pour apporter
des solutions pratiques au problème de capitalisation des PME, alors
qu'à la même époque les libéraux
fédéraux engageaient la commission Macdonald: 800 $ par jour
payés à Macdonald et plusieurs centaines de dollars par jour
payés à ses acolytes. 25 000 000 $ de fonds publics ont
été gaspillés avec la commission Macdonald pour faire
certaines recommandations de développement économique, et,
jusqu'à maintenant, on n'a pas fait de recommandations, sauf un rapport
intérimaire qui est présentement sur les tablettes.
Les gens de la commission Saucier ont accepté de travailler pour
le gouvernement du Parti québécois, le gouvernement du
Québec, à une condition, une seule, bénévolement.
Une seule condition, m'ont-ils dit: Nous allons travailler rapidement. Nous ne
ferons pas comme la commission libérale Macdonald. Nous allons
préparer un mémoire très clair, très précis,
faire des recommandations précises. Nous voulons que ces recommandations
aient une suite. En l'espace de quelques mois, mon collègue, le ministre
des Finances, a accepté la plupart des recommandations de la commission
Saucier et, dans son discours sur le budget d'avril 1985 du gouvernement du
Parti québécois, il a apporté des réponses
précises à certaines des recommandations de la commission Saucier
pour mieux capitaliser les petites et les moyennes entreprises du
Québec.
J'insiste sur les PME, parce que le Parti libéral du
Québec, dans sa philosophie d'aide à l'entreprise, c'est le
même chef, M. Bourassa, qui était là il y a une quinzaine
d'années... J'ai dit que, depuis quinze ans environ, 80 % des emplois
sont créés par des PME. Dans le premier programme mis de l'avant
par M. Bourassa comme chef des libéraux, on dit: Les PME, il faut les
fusionner, il faut avoir des programmes pour fusionner les PME pour qu'elles
deviennent de grandes entreprises parce qu'elles sont trop petites pour
entreprendre de grands projets d'investissement, pour mettre au point de
nouveaux produits, pour avoir accès facilement aux marchés
financiers. On voulait se débarrasser des PME pour en faire de grandes
entreprises. C'est la vision des libéraux. C'est passablement
différent avec la vision du Parti québécois, M. le
Président.
Pourtant, dans les mêmes années, dans les années
soixante-dix, alors que M. Bourassa disait: "II faut se débarrasser des
PME et il faut aider les grandes entreprises", à la fois
l'économie québécoise, l'économie canadienne,
l'économie américaine... On a des rapports de l'Institut de
technologie du Massachusetts, en particulier, qui nous disent que 80 % des
nouveaux emplois dans le secteur privé étaient
créés par des petites et moyennes entreprises. Ces gens d'en face
disaient: Faites disparaître les PME, les emplois sont dans la grande
entreprise, alors que nous disions: "II faut aider les PME", alors que les
Américains et les Canadiens disaient: "II faut aider les PME, ce sont
elles qui créent des emplois, les rapports sont précis
là-dessus".
Dans le fameux livre que notre collègue, le député
de Laporte, a publié dernièrement, c'était difficile de
mentionner - il y a quelques mois déjà - les PME; quand
même, c'était intéressant de voir quel virage le
député de Laporte prend par rapport à son chef. Son chef,
M. Bourassa, dit: II faut se débarrasser des PME, il faut les fusionner
pour en faire des grandes, le député de Laporte dit dans son
fameux livre de réflexion: "Une des découvertes majeures
-écoutez cela - de la science économique depuis dix ans est le
rôle critique que jouent la nouvelle entreprise et la petite entreprise
en croissance dans le renouvellement et le rajeunissement de la structure d'une
économie et dans la croissance des emplois. En somme - ajoute le
brillant député de Laporte - la PME est un créateur
d'emplois plus important per capita que la grande entreprise." C'est une
découverte pour le Parti libéral, dans l'espace de quinze ans,
faire autant de virages. Je ne sais pas s'il est encore d'accord avec son chef,
M. Bourassa, mais c'est une découverte extraordinaire. À
l'époque, on disait: "II faut se débarrasser des PME, elles ne
créent pas d'emplois et il faut les fusionner pour en faire de grandes
entreprises", le député de Laporte découvre que les PME
créent des emplois.
M. le Président, j'ai de la difficulté à suivre
l'évolution de nos amis d'en face. Quant à nous, j'ai quelques
statistiques dont je veux vous parler pour vous montrer l'importance que nous
attachons aux petites et moyennes entreprises. La dernière année
de M. Bourassa à la tête du Parti libéral au gouvernement
du Québec, l'année 1976-1977, on a aidé 224 projets, 224
études; 224 aides à la PME ont été apportées
par la Société de développement industriel du
Québec. La dernière année de l'équipe du Parti
québécois, 1984-1985 - on a des statistiques qui viennent de
sortir il y a environ un mois - alors qu'on a eu 224 aides pour les
libéraux de M. Bourassa dans un an, c'est 1435 aides à
l'entreprise, à la PME par le Parti québécois, dans un an;
c'est tout près de sept fois plus que ce que les libéraux ont
fait dans un an. Les libéraux aidaient la grande entreprise, le Parti
québécois, dans le fond, aide la PME. Cela fait un peu penser
à un slogan de M. Duplessis: Les libéraux donnent à
l'étranger. Les libéraux donnaient aux étrangers, à
l'époque, après cela, aux grandes entreprises. Ce que nous
faisons, nous aidons la PME.
Maintenant, M. le Président, je veux véritablement vous
parler de ce qui arrive avec la capitalisation des PME. La crise
économique a fait réfléchir beaucoup de gens. En pleine
crise économique, en 1981-1982, lors de la crise des taux
d'intérêt, la petite entreprise était mal
capitalisée: pas beaucoup d'équité dans l'entreprise; pas
beaucoup de fonds propres dans l'entreprise et la PME avait des marges de
crédit à la banque. Pendant ce temps-là, la grande
entreprise se finançait à même les capitaux sur le
marché boursier, - l'entreprise ontarienne est plus grande, bien
sûr, que l'entreprise québécoise en moyenne; on a beaucoup
plus de petites entreprises - elle se finançait donc
différemment. Nous autres, quand on empruntait à la banque par
nos PME - le taux d'intérêt est monté à 18 %, 20 %
et 22 % - la banque ne disait pas: Mon vieux, tu vas payer seulement 10 %. La
banque demandait le taux d'intérêt de la Banque du Canada
décrété par le Parti libéral: 18 %, 20 % ou 22 %.
Cela, c'est pour la PME.
La grande entreprise, elle, pendant les années de crise a tout
simplement fait comme Alcan, la Banque Royale, la Banque Nationale et les
grandes entreprises: ou a diminué considérablement les dividendes
ou les a enlevés complètement. Pendant un an ou deux, elles n'ont
pas payé d'intérêt sur leurs sommes d'argent. Elles ont
réussi à passer à travers la crise économique en ne
payant pas d'intérêt à leurs actionnaires. Aussitôt
après la crise, elles ont recommencé à payer
l'intérêt, c'est-à-dire les dividendes sur les actions que
détenaient des citoyens dans leurs entreprises.
Mais la PME a eu à souffrir énormément parce
qu'elle ne pouvait pas dire à son gérant de banque: Je ne paie
pas d'intérêt; il fallait continuer à payer des
intérêts. C'est en fonction de cette expérience que nous
avons vécue qu'on a d'abord eu le plan d'urgence pour aider environ 800
entreprises, sauvegarder 35 000 emplois. Après cela, on a eu le plan de
relance qui dure depuis un an et demi, le plan de relance qui a mis en
circulation au niveau des PME au-delà de 500 000 000 $. Ce sont des
garanties de prêt qu'on a données aux entreprises. Cela n'a rien
coûté à la population québécoise.
Aujourd'hui, au moment où on se parle, cela n'a absolument rien
coûté à la population québécoise de mettre
500 000 000 $ en circulation. On
s'est servi de notre génie, de notre intelligence et on a dit aux
institutions financières: Vous avez de l'argent, vous allez prêter
l'argent nécessaire aux petites et moyennes entreprises du
Québec. On va vous donner les garanties de la part du gouvernement du
Québec. On va vous donner une assurance que le taux
d'intérêt va se tenir à un taux d'intérêt
raisonnable de 10 % ou 11 %. (20 h 20)
Bien sûr, on a été chanceux depuis 18 mois. Le taux
d'intérêt n'a pas dépassé les 11 % de "prime rate"
et il n'y a pas une seule PME québécoise qui est en défaut
depuis 18 mois. Cela n'a rien coûté. On a mis 500 000 000 $ en
circulation. On a créé des dizaines de milliers d'emplois dans
les PME manufacturières avec des plans qu'on a inventés - on a
innové au Québec - et qui nous valent le respect de toutes les
autres provinces canadiennes et même du gouvernement
fédéral actuel. Je pense que c'est important, M. le
Président, de le noter. Mais on est allé plus loin avec le
discours sur le budget. On est intervenu, avec le discours sur le budget du
gouvernement du Québec en avril 1985, en disant: On avait des plans
temporaires, des plans à trois ans ou à cinq ans. Nous allons
faire un plan permanent pour aider les PME à mieux se capitaliser, faire
en sorte qu'une partie du capital-actions soit transférée aux PME
manufacturières du Québec, aux PME du tertiaire moteur, justement
pour conserver les emplois au cours des prochaines années et faire en
sorte que ces entreprises passent à travers d'autres crises
économiques qui peuvent survenir.
M. le Président, le financement, la capitalisation des PME, c'est
un peu comme les racines d'un arbre. Si vous êtes mal financé, mal
capitalisé, les racines sont à "fleurement" de terre, comme on
dit chez nous dans Lotbinière, et quand il arrive une grosse
tempête, avec des racines à "fleurement" de terre, l'arbre peut
tomber plus facilement. Mais si vous avez une bonne capitalisation avec le
nouveau programme des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, en particulier, vous avez des racines profondes dans
la terre. Il a beau arriver un autre orage économique, les PME vont
résister beaucoup mieux. C'est ce qui est intéressant dans la
vision du ministre des Finances dans son dernier budget.
M. le Président, comment cela va fonctionner, les SPEQ, les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise? Un chef d'entreprise décide qu'il faut que son
entreprise soit mieux capitalisée. Il dit: J'ai besoin de 200 000 $ pour
bien capitaliser mon entreprise. Moi, personnellement, je peux y mettre 75 000
$ et j'ai des amis qui vont y mettre chacun 15 000 $ ou 20 000 $. Je vais m'en
trouver six, sept ou huit et, finalement, on ramasse les 200 000 $. On va
former une société de placements dans l'entreprise
québécoise pour investir 200 000 $ justement dans cette
entreprise. On va se tourner vers la Société de
développement industriel du Québec et on va dire: Est-ce qu'on
est admissible? On va regarder cela, la réponse va être oui et on
va donner à chacun des investisseurs dans cette SPEQ pour investir dans
une PME manufacturière admissible des TP5 ou TP6 -on va appeler cela
d'un nom quelconque -pour être admissible au Régime
d'épargne-actions. Et le chef d'entreprise de même que les
investisseurs vont pouvoir déduire leur investissement de leur revenu
total gagné.
On se pose une question, on se dit: Oui, mais si le chef d'entreprise
investit 75 000 $, est-ce qu'il peut déduire ce montant la même
année? Non, il ne peut pas le déduire la même année.
C'est comme un régime d'épargne-actions ordinaire. Il y a quand
même un plafond. Mais le privilège qu'a donné le ministre
des Finances à ceux et celles qui veulent investir dans des PME et dans
des SPEQ est incroyable et considérable. Ceux et celles qui veulent
investir dans le régime d'épargne-actions traditionnel ont droit
à un maximum de 10 000 $ duquel ils doivent déduire ce qu'ils
investissent dans leur REER. Tandis que la SPEQ présente un abri fiscal
privilégié au-dessus de ces 10 000 $. Si un chef d'entreprise
gagne 75 000 $ par année, il aura le droit de déduire 20 % de 75
000 $. Cela veut dire que, la première année, il a le droit de
déduire 15 000 $ dans son rapport d'impôt, non imposable,
complètement "clair" d'impôt, comme on dit chez nous au
Québec.
Mais la question qu'on se pose, c'est: S'il a le droit de déduire
15 000 $, s'il a investi 75 000 $, il reste 60 000 $ qu'il n'a pas le droit de
déduire. C'est là qu'est la beauté et
l'ingéniosité du ministre des Finances dans son discours sur le
budget. Le ministre des Finances a dit: Le chef d'entreprise pourra
déduire 15 000 $ la première année, et on va lui
permettre, au cours des prochaines années, de déduire
jusqu'à son maximum investi dans son entreprise pour les cinq
premières années de son investissement. Alors, l'année
deux, le chef d'entreprise va encore épargner 15 000 $ de revenu
imposable parce qu'il investit dans son entreprise; l'année, trois,
encore 15 000 $; l'année quatre, encore 15 000 $; l'année cinq,
encore 15 000 $. Finalement, il est garanti qu'au cours des cinq prochaines
années ce chef d'entreprise pourra déduire de son revenu
imposable jusqu'à 20 % de son revenu total gagné ou jusqu'au
maximum investi dans son entreprise.
C'est un privilège accordé non pas à ceux qui
investissent dans Bell Canada ou la
Banque Nationale, même si je respecte ces grandes compagnies, mais
c'est un privilège donné à ceux et à celles qui
voudront investir dans des PME québécoises. Autrefois, avec les
REA, un individu comme le député de Laporte, qui investissait 75
000 $ la même année dans Bell Canada, ne pouvait déduire 75
000 $ de son revenu imposable. Il pouvait déduire jusqu'à 20 %,
mais le reste n'était pas déductible au cours des années
ultérieures. Tandis que, maintenant, le reste est reporté sur les
années ultérieures. Le chef d'entreprise a son argent aujourd'hui
dans son entreprise et peut bénéficier du régime
d'épargne-actions.
Autrefois aussi - pas à l'époque des libéraux; ils
n'ont jamais pensé à des plans inventifs comme les régimes
d'épargne-actions - depuis sept ou huit ans, avec les régimes
d'épargne-actions, un chef d'entreprise pouvait se payer 15 000 $
additionnels de salaire, il pouvait investir 15 000 $ dans Bell Canada, la
Banque Nationale ou dans d'autres grandes institutions financières et
avoir un abri fiscal. Mais s'il réinvestissait les mêmes 15 000 $
dans son entreprise, on ne lui donnait pas d'abri fiscal. On encourageait les
chefs d'entreprise, les investisseurs québécois à investir
leur argent dans de grandes entreprises ou des entreprises cotées en
Bourse alors qu'ils ne pouvaient pas investir leur argent dans des PME ou dans
leur propre entreprise pour développer l'activité
économique dans leur région et dans leur ville. Maintenant,
à compter du 23 avril 1985, ils peuvent le faire.
Nous allons pousser un peu plus loin notre raisonnement et parler du
même chef d'entreprise qui veut investir 200 000 $ dans son entreprise
pour mieux se capitaliser. Il se dit: Quant à investir de l'argent,
aussi bien moderniser, agrandir mon usine, acheter des pièces
d'équipement et, finalement, engager une dizaine ou une quinzaine de
personnes additionnelles dans ma municipalité. Qu'est-ce que je fais? Il
y a toujours les premiers 200 000 $ qui sont admissibles aux SPEQ. Supposons
qu'il y ait un plan de 800 000 $ d'investissement, il y a les premiers 200 000
$ admissibles aux SPEQ et parce qu'il investit dans son entreprise, un
deuxième plan s'ajoute automatiquement, lequel a été
annoncé dans le discours sur le budget de mon collègue, le
ministre des Finances, qui fait que la Société de
développement industriel du Québec va lui dire: Nous allons te
garantir 100 % de ce que tu as investi, toi et tes amis, la première
fois dans la SPEQ. La SPEQ investit 200 000 $, la Société de
développement industriel du Québec va dire à ce chef
d'entreprise: Tu vas passer à la caisse populaire, à la Banque
Nationale, à la Banque Royale ou à n'importe quelle banque et tu
vas emprunter 200 000 $ garantis à 100 % par la Société de
développement industriel du Québec. Ces 200 000 $, c'est un
prêt garanti pour dix ans.
Une voix: C'est-y assez fort!
M. Biron: On va faire plus que cela. La première
année, sur ce prêt de capitalisation, la SDI va payer 100 % des
intérêts; la deuxième année, la SDI va payer 100 %
des intérêts; la troisième année, la SDI va payer 50
%; la quatrième, 50 %; la cinquième année, 50 %, ce qui va
aider le chef d'entreprise à mieux capitaliser son entreprise,
après quoi il pourra rembourser son prêt au cours des cinq
années subséquentes.
Bien sûr, si le chef d'entreprise sait compter, comme je pense les
chefs d'entreprise québécoise savent compter, il va faire
rembourser son prêt par sa SPEQ parce que la SPEQ est admissible au
régime d'épargne-actions et à compter de la sixième
année, en remboursant par sa SPEQ, il sera admissible encore une fois
pour les cinq prochaines années au régime
d'épargne-actions. Le privilège qu'a voulu donner le ministre des
Finances aux PME est de dire:
Si vous investissez aujourd'hui dans votre entreprise, si vous
créez des emplois aujourd'hui, si vous développez
l'économie et si vous voulez conquérir des marchés
à compter d'aujourd'hui, je vous donne la garantie qu'au cours des dix
prochaines années, si vous le faites aujourd'hui, vous serez admissible
au régime d'épargne-actions du gouvernement du Québec.
C'est une invention qui n'aurait pu se trouver dans le cerveau de nos
amis d'en face parce qu'eux n'aident pas les PME. Ils vont peut-être
aider les grandes entreprises, peut-être que vendre de
l'électricité à bon marché aux Américains
ils auraient pu le faire, mais vendre de l'électricité à
bon marché aux entrepreneurs québécois ou aider les
entrepreneurs québécois à mieux se capitaliser,
là-dessus, c'est le silence le plus complet. Ils vont faire des ventes
de feu aux Américains à bon marché...
Une voix: De l'eau!
M. Biron: ...ils vont voter contre l'aluminerie de Pechiney
à Bécancour, ils ont dit: Cela ne fonctionnera pas, cette
aluminerie. Au moment où on se parle, il y a 2500 personnes qui
travaillent à Bécancour à l'aluminerie de Pechiney et on
nous annonce que ce sera l'une des plus modernes au monde si cela continue
comme cela. C'est fait, c'est en train de se réaliser. Les emplois sont
là. Les libéraux ont voté contre, ils ont dit: On ne veut
pas entendre parler de dépenser l'électricité au
Québec par des entreprises qui peuvent la dépenser, on aime mieux
la garder et la vendre aux
Américains à bon marché.
Une voix: C'est effrayant!
M. Biron: Mais les emplois seraient partis de l'autre
côté des frontières, aux Américains.
Une voix: C'est cela.
M. Biron: C'est ce que veut M. Bourassa. Nous, nous disons non.
Les emplois seront au Québec. On va se servir de nos ressources
naturelles, de notre monde et aussi de notre argent. (20 h 30)
Je continue mon explication - parce qu'on n'a pas tout à fait
terminé - du chef d'entreprise qui veut investir 800 000 $ dans la
modernisation et créer 10, 15 ou 20 emplois. Il a 200 000 $ dans sa
SPEQ, 200 000 $ de prêt de capitalisation de la SDI garanti à 100
% - il n'a pas besoin de garantir rien, il n'a pas besoin d'hypothéquer
sa maison, de mettre son endossement personnel - et pour les 400 000 $ qui lui
manquent, on va lui dire: Tu vas passer à la Société de
développement industriel du Québec et, par le plan
régulier qui s'appelle le plan de relance, tu vas faire financer tes 400
000 $ par ton institution financière; on va donner des garanties aux
deux tiers et on va garantir ta police d'assurance contre l'augmentation de
taux d'intérêt. Ce sera 11 % maximum de taux
d'intérêt pour toi pour les cinq prochaines années.
On a attaché le paquet de 800 000 $ d'investissements et le chef
d'entreprise a investi 75 000 $ seulement de son argent et il y a 800 000 $
garantis, investis dans l'entreprise. Il y a une vingtaine d'emplois
additionnels. Le coût pour le gouvernement du Québec pour la
première année, c'est le coût du régime
d'épargne-actions pour les SPEQ mais, d'une façon ou d'une autre,
ce chef d'entreprise mettait cela dans une grande compagnie. Ce qu'il mettait
dans la grande compagnie, il va le mettre maintenant dans son entreprise et
ça ne coûte rien. Donc, le coût reste 100 % des
intérêts sur un prêt de 200 000 $, autour de 11 %, soit 22
000 $ pour la première année et on a créé 15 ou 20
emplois, à 1000 $ par emploi. Ce sont des gens qui travaillent, qui vont
apporter des impôts et qui aideront, dans le fond, toute la
collectivité à mieux travailler. C'est un bout qui est franchi
grâce au discours sur le budget et grâce au programme que nous
avons sur les SPEQ.
M. le Président, je voudrais simplement vous faire part de ceci.
C'est intéressant, j'ai regardé aujourd'hui le rapport de la
commission Saucier encore une fois. Je l'avais lu à l'époque,
mais j'ai vu qu'il y avait des choses intéressantes. Saucier et ses
commissaires nommés par le gouvernement du Québec, qui ont
travaillé gratuitement alors que Macdonald des libéraux demandait
800 $ par jour; 25 000 000 $ de fonds publics gaspillés avec la
commission libérale Macdonald. Saucier nous parle, dans le fond,
d'élargir la propriété des entreprises. C'est
intéressant. C'est sûr que ce n'est pas facile de demander
à un chef d'entreprise de type familial, qui est propriétaire de
l'entreprise avec sa femme et ses enfants, d'ouvrir un peu son capital-actions
à des gens de l'extérieur. C'est vrai, M. le Président, on
va le forcer à ouvrir à des gens de l'extérieur parce que
le chef d'entreprise ne pourra pas détenir plus de 50 % du
capital-actions de sa SPEQ. On a voulu faire cela parce que dans le rapport de
la commission Saucier, on nous disait aussi qu'il ne fallait pas juste
capitaliser nos entreprises, qu'il fallait aider la gestion des entreprises,
ouvrir les conseils d'administration et permettre aussi à nos chefs
d'entreprise d'accepter des investisseurs de l'extérieur.
Ce qu'on veut faire, c'est, lentement mais sûrement, permettre
à nos chefs d'entreprise d'accepter trois, quatre ou cinq actionnaires
dans l'entreprise dans une première étape, dix dans une
deuxième étape et éventuellement d'aller sur le
marché boursier.
Nous envisageons qu'au cours des cinq, huit ou dix prochaines
années, un grand nombre des entreprises qui auront profité du
plan de capitalisation des programmes des SPEQ cette année ou l'an
prochain pourront aller sur le marché boursier.
Le développement économique, M. le Président, ne se
fait pas à peu près, cela se fait avec une vision d'ensemble,
cela se fait en disant: oui, on va aider des grandes entreprises, oui, on va
aider ceux et celles qui veulent employer l'électricité, les
ressources naturelles du Québec sur le territoire
québécois, oui, on va aider aussi des PME. Lorsqu'on aide les
PME, il ne faut pas juste aider les PME à avoir une subvention une fois
et ensuite les laisser tomber, il faut les aider à mieux se
gérer, à mieux se capitaliser, à mieux faire de
l'exportation, à mieux faire de la recherche et du développement.
C'est la vision globale et générale qu'un gouvernement
responsable doit avoir concernant le développement
économique.
Lorsqu'on intervient avec la SPEQ on dit: On va mieux capitaliser notre
entreprise et en même temps on va forcer notre chef d'entreprise
justement à élargir son conseil d'administration, à
élargir le nombre de ses actionnaires. Je pense qu'en élargissant
le nombre de ses actionnaires, on permet à d'autres génies,
à d'autres cerveaux, à d'autres intelligences de venir joindre
celui du chef d'entreprise et de faire en sorte d'avoir une entreprise beaucoup
mieux structurée au point de vue de la gestion.
Bien sûr, cela ne veut pas dire qu'on va laisser tomber tous nos
autres programmes, mais on va remplacer, lentement mais sûrement, tous
nos programmes de subventions directes, de cadeaux à l'entreprise par
des programmes plus dynamiques, mieux adaptés aux besoins et aux
préoccupations des PME.
Les chefs d'entreprise, dans le fond, nous le disent eux-mêmes. Le
Groupement québécois d'entreprises nous disait de remplacer les
programmes de subventions par d'autres programmes plus dynamiques: garantie de
prêts, aide à la capitalisation, admissibilité de nos PME
au Régime épargne-actions, et c'est ce qu'on est en train de
faire, de donner moins de cadeaux aux entreprises, mais de mettre à leur
disposition des outils beaucoup plus dynamiques, beaucoup plus modernes. Il y a
un vieux dicton qui dit qu'on est mieux de montrer à pêcher
à des gens plutôt que de leur donner un poisson. On leur montre
à pêcher. Il y a un autre vieux dicton qui dit que c'est toujours
le premier million qui est plus difficile à faire; le deuxième
est plus facile. Ce qu'on fait, c'est qu'on met dans les mains des chefs
d'entreprise ce premier million avec l'aide, bien sûr, de l'endossement
du gouvernement du Québec, sans sortir un sou de la caisse du
gouvernement. Je pense que ce sont des programmes ingénieux. On le leur
met dans les mains en se servant des institutions financières qui ont de
l'argent par centaines de millions, par milliards. On se sert des institutions
financières, du pouvoir d'endosser du gouvernement du Québec pour
dire aux institutions financières: Mettez de l'argent dans les PME et on
vous donne une partie de garantie. Une fois que le chef d'entreprise a le
premier million, il fait le deuxième et on lui dit: Tu rembourses le
premier et le deuxième tu le gardes et tu crées des emplois avec.
Finalement, cela n'a rien coûté à la collectivité
québécoise.
En même temps, aussi, on l'aide à mieux se gérer. On
l'aide à attirer de nouveaux partenaires dans l'entreprise. C'est une
des recommandations majeures de la commission Saucier. La commission Saucier a
dépassé la capitalisation, a dépassé le
côté du financement pour justement dire: On a besoin d'aider nos
entreprises à mieux se gérer. Même la commission Saucier
faisait des recommandations aux organismes patronaux en disant: Vous devriez
encourager les chefs d'entreprise à inviter d'autres gens au conseil
d'administration. La commission Saucier suggérait que les organismes
patronaux conjuguent leurs efforts pour promouvoir l'importance d'une saine
capitalisation, d'une diversification de la propriété et de la
croissance de l'entreprise. La commission recommande que les conseillers de la
PME soient davantage sensibilisés à leur rôle
stratégique dans les décisions des dirigeants des PME de
diversifier la propriété de leur entreprise. La commission
recommandait l'élimination des droits, des impôts sur les
successions. Le ministre des Finances s'est rendu à ces demandes de la
commission Saucier à l'occasion de son dernier budget. La commission
Saucier, comme je le disais tout à l'heure, recommande que les
organismes gouvernementaux qui offrent des subventions, des prêts ou des
garanties aux entreprises s'assurent que leurs programmes soient conçus
de telle sorte que, dans leurs objectifs et leurs modalités, ils
tiennent explicitement compte de leurs effets sur la capitalisation des
entreprises.
M. le Président, je n'ai pas peur de redire ce que j'ai dit au
départ. C'est probablement, à mon point de vue, le projet de loi
le plus important sur le développement de la PME, le projet de loi le
plus important sur la création d'emplois à long terme que je
présente aujourd'hui. La commission a fait des études dans les
autres provinces canadiennes, bien sûr, mais aux États-Unis en
particulier, dans la région de Boston où une foule de PME
américaines ont réussi à mieux se capitaliser et surtout
ont réussi à devenir beaucoup plus dynamiques en allant chercher
des capitaux là où ils étaient, c'est-à-dire dans
les institutions financières, mais aussi chez les individus,
encourageant les Américains à investir dans des entreprises de
taille petite ou moyenne. Deux régions des États-Unis ont
particulièrement réussi: la région de Boston et la
région de Silicon Valley, en Californie. C'est là qu'on retrouve
le plus de petites et moyennes entreprises qui n'ont pas craint de prendre le
virage technologique et de se moderniser.
Le gouvernement du Québec a voulu adapter ses programmes aux
besoins des entreprises québécoises. Nos programmes ne sont pas
copiés intégralement sur ce qui se fait dans les autres provinces
canadiennes ou aux États-Unis, parce que nos gens sont
différents, parce que le Québec est différent, parce que
nos chefs d'entreprise du Québec sont différents. On a voulu
prendre d'abord la lecture de la situation québécoise,
écouter les chefs d'entreprise, écouter leurs revendications,
leurs conseils, leurs besoins et faire en sorte d'adapter justement nos
réponses exactement aux demandes, aux préoccupations et aux
besoins des chefs d'entreprise. (20 h 40)
M. le Président, en fondant les sociétés de
placements dans l'entreprise québécoise dans le budget de mon
collègue, le ministre des Finances, M. Duhaime, nous donnons
véritablement à la PME québécoise la chance de
prendre un virage important, la chance d'accroître la part relative de
ses fonds propres, de sa capitalisation dans sa
structure financière. Nous donnons la chance aux PME d'inciter
les actionnaires de ces entreprises à investir davantage dans leur
propre entreprise en bénéficiant d'un privilège fiscal qui
n'est pas donné à ceux et celles qui veulent investir dans la
grande entreprise.
Nous donnons l'avantage de permettre aux actionnaires des petites et
moyennes entreprises de s'associer à d'autres investisseurs au
financement de leur propre entreprise et, bien sûr, en même temps,
nous facilitons le démarrage et l'expansion de nouvelles entreprises ou
des entreprises existantes. Oui, c'est un virage important qui est pris au
chapitre de l'aide à la PME par le gouvernement du Québec, par le
gouvernement du Parti québécois qui a toujours voulu
privilégier la petite et la moyenne entreprise comme créatrice
d'emplois.
Les emplois ne seront pas créés demain matin,
malheureusement, j'aimerais qu'ils soient créés très
rapidement. Mais au cours de la prochaine année, au cours des deux,
trois, quatre, cinq prochaines années de nombreux emplois seront
créés au Québec par des entreprises dynamiques parce que
le ministre des Finances, parce que le gouvernement du Québec, parce que
le Parti québécois font confiance à la PME et surtout font
en sorte de passer aux actes, de faire ce que M. Bourassa n'a pas voulu faire,
n'a pas eu la vision de faire, n'a pas eu le courage de faire à
l'époque, c'est-à-dire aider des PME manufacturières
à être vraiment ce qu'elles sont et occuper toute leur place dans
le marché économique québécois.
Nous avons confiance aux dirigeants des PME, aux entrepreneurs du
Québec, à ceux et celles qui militent à l'intérieur
des PME et qui y travaillent, au-delà de 300 000 travailleurs,
travailleuses qui travaillent dans les PME québécoises, nous
avons fait confiance à ces organismes, à ces petites et moyennes
entreprises, et je pense qu'au cours des prochaines années beaucoup de
citoyens et de citoyennes au Québec pourront profiter du discours sur le
budget du 23 avril 1985, au cours duquel le ministre des Finances du
gouvernement du Parti québécois a fait confiance aux
entrepreneurs, aux PME du Québec, en créant les
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le
député de Laporte.
M. André Bourdeau
M. Bourbeau: Merci. L'Assemblée nationale se penche
aujourd'hui sur le principe d'un projet de loi qui a pour but de permettre la
création d'une nouvelle sorte de sociétés de placements
pour susciter un plus grand financement par actions des entreprises
québécoises de moyenne et de petite taille.
Avant de scruter les moyens retenus pour atteindre cet objectif,
permettez-moi de rendre à César ce qui appartient à
César. En effet, cette initiative gouvernementale origine d'une
recommandation de la Commission québécoise sur la capitalisation
des entreprises, présidée par M. Serge Saucier. Ayant eu la
chance de lire et d'étudier en détail le rapport de cette
commission, je voudrais au nom de l'Opposition libérale en
féliciter les membres et son président qui ont accepté,
à titre gratuit, de faire bénéficier de leur
expérience les dirigeants de PME québécoises.
Les membres de cette commission ont demandé et obtenu d'avoir les
coudées franches dans la réalisation de leur mandat. Compte tenu
des délais très courts qui leur étaient impartis, leur
travail a été remarquable. Malheureusement, il aura fallu un an
au gouvernement avant qu'il daigne donner suite au rapport et, plus
spécialement, à cette recommandation visant la création de
sociétés de placements inspirées d'un modèle
ontarien mis au point en 1980, à la suite de l'expérimentation
des "Venture Investment Corporation" qui sont le pendant de SODEQ. C'est donc
avec un certain retard que s'opère cette correction de tir chez nous. En
1980, l'attention du gouvernement était, il est vrai, retenue par le
référendum. Le projet de loi nous arrive en 1985 alors que nous
avons connu le creux de la crise économique en 1982.
C'est précisément cette crise qui a mis en relief les
dangers que revêtait, pour notre développement économique,
le recours aux emprunts comme source de capitalisation des entreprises. Au
Québec, note le rapport de la commission Saucier, quelque 8000
entreprises ont fait faillite entre juillet 1981 et juin 1983. Nous avons perdu
quelque 170 000 emplois.
Cette pénible situation n'était pas due exclusivement
à un problème de sous-capitalisation de nos PME. Toutefois, ce
handicap structurel combiné à une certaine déficience en
ce qui concerne la gestion explique, en bonne partie, la
sévérité particulière de la crise qu'on a connue
chez nous.
Nos PME, qui ont réussi à traverser cette crise, ont
dû, de façon impérieuse, améliorer leur santé
financière. Dans la plupart des cas, cela s'est fait par une
rationalisation des coûts, la diminution des inventaires, la prudence
dans les investissements et le recours aux emprunts. Leur endettement s'est
néanmoins accru sensiblement pour le financement du fonds de
roulement.
Ces PME et celles qui ont été créées
depuis doivent tirer leçon de cette crise et avoir,
dorénavant, une préoccupation majeure pour la santé
financière de leur entreprise et partant de leur structure
financière et de leur gestion, qui, avec la recherche de renforcement
intérieur de l'entreprise, sont les gages de leur profitabilité
et de leur développement.
La commission Saucier, conformément à son mandat, a
scruté plus spécialement cette question de la structure
financière et a proposé au gouvernement une série de
mesures qui ont pour objectif commun d'accroître l'avoir propre des
entreprises par l'élargissement de leur propriété. Avec
réalisme, elle insiste, avec beaucoup d'à-propos, sur la
nécessité de modifier leur environnement financier et, plus
spécialement, sur l'avènement d'un nouveau standard d'excellence
qui consiste à rompre la solitude de l'entrepreneur par la constitution
d'équipes d'actionnaires.
L'entrepreneur, jaloux de son contrôle et de ses
prérogatives, mine fatalement les perspectives de développement
de son entreprise. Dans la mesure où ces préoccupations se
tournent vers l'avenir, le partage de la propriété doit
être vu comme une assurance-stabilité, une meilleure
capacité de résister aux aléas de la conjoncture et une
plus grande aptitude à saisir les opportunités de
développement.
Les propriétaires d'entreprise adoptent des structures de
financement qui reflètent les conditions structurelles des
marchés financiers et les coûts inhérents aux
différentes formules de financement. En raison de la
disponibilité des fonds institutionnels et du coût plus important
lié au financement par actions, sa décision d'élargir
l'actionnariat de son entreprise ne s'impose pas de soi, à prime abord.
Nous pourrions ajouter, et cela est d'autant plus vrai maintenant, que les taux
sont relativement bas.
C'est pourquoi la commission recommandait que le gouvernement
intervienne pour corriger la déficience structurelle qui limite la
disponibilité des capitaux de risque et appuie par sa fiscalité
et son aide financière les nécessaires mouvements d'accroissement
de l'avoir propre de nos PME et de l'élargissement de leur
propriété.
Il est heureux que le gouvernement se commette enfin sur quelques-unes
de ces recommandations et il a, pour ce faire, l'appui de l'Opposition
libérale.
Les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, créées par le projet de loi 56,
permettent aussi bien des placements provenant de l'intérieur que de
l'extérieur de l'entreprise, bien que le rapport de la commission
Saucier y voyait surtout l'apport des investissements individuels externes.
Pour les investisseurs internes, il recommandait, entre autres, la mise en
place d'un régime enregistré de placement dans son entreprise,
appelé REPSE, pour permettre aux dirigeants et employés de PME
d'investir dans le capital-actions de leur entreprise tout en
bénéficiant des mêmes avantages fiscaux que les
régimes de retraite et d'épargne-retraite. Le gouvernement n'a
pas jugé bon de donner suite dans l'immédiat à cette
recommandation qui constitue en quelque sorte l'élargissement du concept
du Fonds de solidarité de la FTQ. Le ministre pourrait peut-être
nous dire quel sort il réserve à cette recommandation. (20 h
50)
Quant à la formule retenue pour donner suite à la
proposition d'implanter au Québec les sociétés pour
l'expansion des petites entreprises, que la commission Saucier appelait des
SEPE, telles que créées en Ontario, le gouvernement
québécois en fait une adaptation qui, par certains
côtés, est heureuse, mais par d'autres, soulève certaines
interrogations. Fondamentalement, la distinction première se situe au
niveau du type d'incitation à l'investissement. Dans le cas du programme
ontarien, une prime est accordée par le gouvernement équivalant
à 30 % de l'investissement admissible. La formule retenue dans le projet
de loi 56 a simplement pour effet de rendre admissibles, à certaines
conditions, les achats d'actions de certaines PME à l'équivalent
du régime d'épargne-actions ou REA. C'est déjà
important. Ce choix surprend néanmoins et comporte des implications qui
limitent la portée de cette recommandation de la commission Saucier. Les
commissaires insistent sur l'avantage comparatif de procéder par voie de
subventions plutôt que par la formule du crédit d'impôt du
REA, formule apparaissant moins compétitive.
À l'appui de leurs propositions, ils soulèvent les points
suivants: II s'agit d'un investissement dans un projet d'entreprise
plutôt qu'un placement dans un abri fiscal. Deuxièmement, une
subvention a un attrait beaucoup plus fort qu'un crédit d'impôt.
Troisièmement, la subvention constitue un mécanisme non
régressif par rapport à une déduction ou un crédit
non remboursable. Quatrièmement, la subvention, si elle est
limitée par un budget, permet au gouvernement de contrôler le
coût du programme.
Actuellement, plusieurs SPEQ pourraient investir dans un projet
d'envergure et entraîner des coûts fiscaux importants pour le
gouvernement.
Cinquièmement, la formule de subvention offrirait au
Québec un mécanisme efficace pour susciter localement des
investisseurs dans les secteurs admissibles. C'est une formule
particulièrement adaptée aux régions, disait le rapport de
la
commission Saucier.
Le particulier aura droit à une déduction de 100 % de sa
part des placements admissibles avec un maximum de 1 000 000 $ par année
par entreprise jusqu'à concurrence de 20 % de son revenu total. La
société à capital de risque aura droit, quant à
elle, à un crédit d'impôt de 20 % de sa part du placement
admissible effectué dans l'année par la SPEQ.
Pour le particulier, ce plafond de 20 % de son revenu total n'a pas
à être déduit du total de ses contributions à un
REER, un RER ou REA etc.
Le choix de cette formule a manifestement pour but de reporter dans le
temps le coût du programme et ce, d'autant plus que l'excédent de
la déduction ou du crédit admissible sur les montants
réclamés pourra être reporté sur les cinq
années subséquentes.
Vu d'ici, le coût du programme prévu par le discours sur le
budget à 20 000 000 $ pour une année entière
apparaît assez aléatoire.
Par ailleurs, le fait de confier l'administration du programme à
la SDI paraît indiqué. Il faut compter que son intervention lui
garantira une certaine probité, encore qu'on n'ait pas prévu de
mécanisme de révision de ces décisions.
En excluant du programme les corporations publiques, les
sociétés en nom collectif et les fiducies, on limite les sources
de financement sans raison apparente, si ce n'est de limiter le coût
fiscal du programme.
D'autres distinctions peuvent être relevées par rapport au
programme ontarien, mais elles sont de moindre importance. Nous aurons
l'occasion d'y revenir dans le débat de troisième lecture.
Il serait important qu'à cette occasion, nous puissions examiner
la réglementation afférente au projet puisque c'est elle qui doit
en circonscrire le champ d'application. Il va sans dire que l'efficacité
de ce programme sera liée à la réception que lui
réserveront les entrepreneurs et les milieux d'affaires. On revient donc
à cette question de l'environnement économique dans lequel
doivent se développer nos PME. À cet égard, le
gouvernement devra suivre de près l'évolution de ce programme de
façon à s'assurer, si besoin en est, qu'il serve efficacement ses
objectifs. Le rapport Saucier continuera, nous l'espérons, d'inspirer
d'autres mesures complémentaires.
M. le Président, de même que l'Opposition avait
salué avec enthousiasme le rapport Saucier sur la capitalisation des
entreprises et pressé le gouvernement pendant un an de mettre ses
recommandations en vigueur, l'Opposition libérale, dis-je, souscrit au
principe qui sous-tend ce projet de loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Brouillet): M. le ministre des
Finances.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, mes premiers mots seront,
bien sûr, pour féliciter notre collègue de Laporte qui, au
nom de sa formation politique, le Parti libéral, vient enfin de
découvrir la face cachée de ce budget. Notre gouvernement l'a
dit, notre gouvernement l'a répété et je comprends que le
ton de la voix soit plutôt doucereux, mais à moins que mes
oreilles ne m'aient induit en erreur, l'Opposition libérale va voter
pour le projet de loi créant les sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise. Je voudrais la féliciter et
j'ai presque le goût de demander et de proposer au leader du gouvernement
de prolonger la session après le 21 juin, puisque l'Opposition ne fait
que commencer à comprendre. De ce côté-ci, tout notre
objectif - c'est vrai, depuis, mon Dieu, toutes ces années que nous
sommes au gouvernement et c'est surtout vrai depuis la crise
économique... Je vais vous donner un exemple qui est quand même
significatif. Nous sommes ce soir le 11 juin 1985. Les statistiques quant
à l'emploi sont sorties depuis quatre jours. Aucune question de
l'Opposition officielle. Je suis assis en Chambre depuis le début de la
semaine, la semaine dernière également - mon collègue
responsable de la Concertation et de l'Emploi également - et pas une
question au sujet de l'emploi durant le mois de mai 1985. Savez-vous pourquoi,
M. le Président? C'est parce que notre économie a
créé durant le mois de mai - pas le gouvernement, pas les hauts
fonctionnaires, l'ensemble de l'économie du Québec - 15 000
emplois. Le mois précédent, 13 000 emplois... Ah! pardon! 13 000
emplois. En avril, création nette d'emplois: 13 000. On ne peut pas,
bien sûr, additionner 13 000 en avril plus 15 000 en mai, ce qui va faire
28 000, deux mois sur douze, un sixième, et dire: Je vais multiplier
cela, cela va faire au-dessus de 100 000 emplois sur une base annuelle. Tout le
monde sait que ce n'est pas réaliste et je suis d'accord avec le
député de Notre-Dame-de-Grâce pour dire qu'on ne doit pas
se faire une idée de la performance annuelle de l'économie quant
à la création d'emplois à partir des chiffres d'un seul
mois. Mais là, cela fait deux mois, avril et mai.
Ce qui m'a toujours étonné, M. le Président, en
regardant les chiffres de création d'emplois, c'est que, presque
immanquablement, ce ne sont pas tant les grandes entreprises qui,
systématiquement, soutiennent l'emploi; ce sont les entreprises que l'on
retrouve dans nos régions, des entreprises de petite taille ou de taille
moyenne et, parfois, de très petite taille. Cinq emplois, on en embauche
un autre; dix
emplois, trois ou quatre de plus; une cinquantaine d'emplois, sept ou
huit, à tel point que cela ne paraît pas sur des bases
d'entreprises individuelles, mais quand on fait le total de tout cela, c'est
impressionnant. Mon collègue avait raison tantôt - le ministre de
l'Industrie et du Commerce - de dire que certaines années, les PME du
Québec - il y en a 50 000 ou 60 000 réparties dans chacun de nos
comtés - ont créé jusqu'à 80 % des emplois. C'est
énorme! Et c'est passablement plus solide qu'une grande entreprise quand
cela va mal... (21 heures)
Prenons le cas récent de Domtar à Windsor. Une seule
entreprise en difficulté, et toute une région qui est
paralysée. Un arrêt de travail à
Lebel-sur-Quévillon, toute une région qui est paralysée.
Une seule entreprise du textile qui ferme crée un émoi terrible
dans ma propre région. Moi, si j'ai un choix à faire, j'aime
mieux avoir des dizaines de petites entreprises qui ont huit ou dix emplois
qu'en avoir une seule grosse. Je pense que, des deux côtés de
l'Assemblée nationale, on va se rejoindre là-dessus.
Quand, dans le discours sur le budget, j'ai dit que je voulais que ce
budget soit orienté au soutien de l'économie et à la
création de l'emploi, on s'est bidonné sur les banquettes d'en
face. Je voudrais vous lire un petit extrait - je cite: "Le budget d'avril
révèle une approche équilibrée de gestion
budgétaire alliée à des réformes fiscales
constructives visant à réduire le fardeau fiscal afin de le
rendre plus concurrentiel vis-à-vis des autres provinces." C'est un
élément très important, la "concurrentialité". Il y
a un autre élément que je voudrais vous citer. On dit: "Le budget
d'avril s'appuie sur des prévisions économiques raisonnables et
réalistes. En 1985, la croissance économique sera de 2,5 %. Elle
sera favorisée par les investissements en immobilisations des
entreprises, les ventes au détail, les secteurs manufacturiers et la
fermeté soutenue des marchés d'exportation. Le budget a quatre
objectifs principaux en vue, soit une stratégie de réduction du
déficit à moyen terme, la mise en vigueur d'une réforme
fiscale majeure afin d'alléger le fardeau fiscal des résidents,
la restructuration des programmes actuels d'encouragement au placement afin de
favoriser l'investissement dans la petite et la moyenne entreprise et, enfin,
le rehaussement de l'image du Québec et de son attrait en tant que
centre financier. "Un autre élément de ce budget - et les projets
de loi viendront bientôt - est de considérer la participation du
public à la propriété des sociétés
gouvernementales. Ce budget présente un programme de réforme
fiscale très ambitieux et dont l'approche est constructive en vue de
créer un climat fiscal plus favorable."
Vous allez penser que je suis en train de vous relire le discours que
j'ai prononcé ou de vous lire une des annexes du budget, ou le dernier
discours d'un de mes collègues, membres du Conseil des ministres, ou
encore un extrait d'un discours d'un député ministériel.
Ce serait vous induire en erreur. C'est le bulletin du mois de mai 1985
publié aujourd'hui sur les perspectives économiques du
Québec par l'Association canadienne des courtiers en valeurs
mobilières. Je n'ai même pas besoin de demander le consentement
pour le déposer. Je suis absolument convaincu que tout le monde a
hâte de le lire. Mais ces gens-là, qui sont sur le marché
boursier à longueur de jour, connaissent les problèmes de
capitalisation des PME. Ils connaissent le circuit financier. Et, voyez ce
qu'on nous dit. Ils disent que c'est réaliste.
Je dois ajouter que, si nous avons décidé de modifier, par
exemple, le régime d'épargne-actions, qui a été une
initiative heureuse de mon prédécesseur au ministère des
Finances, je dois reconnaître, cependant, que beaucoup ont
hésité à reconnaître que cette mesure et ce
programme allaient fonctionner. Je rappelle essentiellement qu'en 1979, lorsque
le régime d'épargne-actions a été mis en route,
à peine 14 000 contribuables québécois en ont
bénéficié. L'année suivante, un peu plus, et cela a
été graduel jusqu'à ce que l'an dernier, en 1984, 145 000
contribuables du Québec puissent en profiter. Cela a coûté
beaucoup d'argent aux finances publiques. Cela a coûté 175 000 000
$ ou 180 000 000 $. Mon Dieu, presque les trois quarts de cet argent ont
transité pour acheter du capital-actions de grandes entreprises dont les
actifs sont au-delà de 1 000 000 000 $. Il m'a paru raisonnable de
corriger cette situation et de dire: Nous allons plafonner. Pour les
entreprises qui ont des actifs de plus de 1 000 000 000 $, vous pouvez
continuer d'acheter leurs actions, mais votre déduction va être
limitée à 1000 $. Votre exemption va être limitée
à 1000 $, ce qui veut dire que vous pouvez aller jusqu'à 2000 $.
Le raisonnement est très simple. Si on coupe les "ailes" - entre
guillemets - comme on a dit au régime d'épargne-actions, cela va
laisser sur les marchés financiers plusieurs dizaines de millions sinon
des centaines de millions de dollars. Et savez-vous ce qui est arrivé,
M. le Président? C'est là que le ministre de l'Industrie et du
Commerce est arrivé et a dit: J'ai une idée. Il a dit: On devrait
offrir un nouveau canal financier pour que cet argent continue à la fois
de bénéficier aux contribuables et leur offrir un avantage fiscal
et du même coup tenter de donner suite au rapport sur la capitalisation,
le rapport Saucier, et faire profiter et bénéficier les PME du
Québec en les consolidant sur le plan financier. Moi, j'ai dit: Vendu!
et c'est comme cela que cela
s'est mis en route. Il n'y a pas de mystère là-dedans.
Mon téléphone n'arrête pas de sonner. Les courtiers,
les comptables, les conseillers juridiques, les conseillers financiers disent:
À quel moment allez-vous voter la loi? À quel moment allez-vous
adopter les règlements? Demain, je vais pouvoir dire que cela va venir
très vite, que même les libéraux sont d'accord avec le
projet de loi. Cela, c'est assez extraordinaire parce que c'est une mesure
clé du budget. Les libéraux parlent contre le budget et je peux
gager qu'ils vont voter pour morceau par morceau, un peu comme Robert Bourassa.
Il dit toujours le contraire.
C'est quelque chose d'intelligent, ce système. Le
député de Laporte fait de savants commentaires. Vous relirez le
Devoir du mois de décembre 1984. J'ai oublié la date, mais je
pense que c'est le 18. Il y avait un programme sur vingt ans de création
de 500 000 emplois.
Une voix: Vingt ans?
M. Duhaime: Vingt ans, 500 000 emplois. En comptant vite, cela
fait 25 000 emplois par année. On les a créés en deux
mois, M. le député, pas par année. Je me suis dit: Ce doit
être une farce ou bien le journaliste s'est trompé ou celui qui
fait la mise en page ou les titres a dû se tromper. J'imagine qu'un bon
jour le député de Laporte va nous dire que cela n'a pas de sens,
cet article, qu'il ne se reconnaît pas. Vous consulterez mon bon ami le
député de Notre-Dame-de-Grâce, il avait une meilleure
idée que vous. Dans le même article, il a proposé de geler
les salaires de tout le monde au Québec, que cela allait créer
250 000 emplois.
Une voix: Oui?
M. Duhaime: Geler les salaires de tout le monde, cela allait
créer 250 000 emplois. Nous avons choisi non pas de faire des discours
ou des affirmations qui, aux oreilles de certains, dis-je bien, peuvent
paraître farfelues - je ne dis pas que c'est farfelu, je dis qu'aux
oreilles de certains, dont les miennes en particulier, cela peut paraître
farfelu - nous avons décidé d'être réalistes et de
voir sur le terrain ce qui se passe. Les PME, quand elles veulent prendre de
l'expansion, quand elles veulent faire des investissements, aller vers la
technologie nouvelle, se mieux équiper sur le plan de l'informatique,
par exemple, aller vers des secteurs nouveaux, ça prend toujours de
l'argent. Cela prend parfois quelques centaines de milliers de dollars mais
très souvent cela prend 2 000 000 $, cela prend 3 000 000 $, cela prend
5 000 000 $. C'est précisément ce genre d'entreprises qui ont des
difficultés de capitalisation qui n'ont pas nécessairement de
difficultés de capitalisation si elles ne prennent pas d'expansion. Mais
si on veut progresser et créer des emplois nouveaux dont
l'économie a besoin, dont nos jeunes veulent, il faut consolider, il
faut restructurer la base financière des PME du Québec. C'est
exactement dans le mille ce que ce projet de loi, qui va créer des
sociétés de placements en entreprise québécoise, va
nous donner comme résultat.
Je suis à peu près certain que parce que nous n'avons mis
aucun plafond, les 20 % du revenu étant imposables, c'est donc dire que
si vous gagnez 200 000 $ par année, 20 %, cela fait 40 000 $ et vous
pouvez y aller. Le seul frein qui existe... Vous avez droit aussi au
régime d'épargne enregistré de retraite, vous avez droit
de maintenir votre régime d'épargne enregistré de
logement, votre régime d'épargne-actions. Le seul frein qui
existe... Et si vous êtes d'accord sur le principe des SPEQ, vous
êtes également d'accord avec une autre mesure du budget,
l'introduction d'un impôt minimal. C'est cela qui vient mettre le
frein.
Nous avons pensé qu'un citoyen ou une citoyenne qui gagne 75 000
$, 80 000 $, 100 000 $, 200 000 $, c'est parfaitement normal qu'il passe
à la caisse de temps en temps. Quand ces gens, qui ont de grandes
fortunes, qui ont de très hauts revenus sont malades, c'est tout le
monde qui paie. Quand ils envoient leurs enfants au collège, à
l'université, c'est tout le monde qui paie. Quand ces messieurs dames se
promènent sur les autoroutes, c'est tout le monde qui paie. Mon Dieu,
c'est parfaitement normal qu'ils paient leurs impôts. Il ne faut pas
oublier qu'il y a un frein. Quand on dit 20 %, oui, mais il faut qu'en fin de
compte cela arrive à ne pas dépasser le niveau de l'impôt
minimal qu'une autre mesure du budget a introduit. (21 h 10)
On en a beaucoup parlé de l'autre côté mais on ne
l'a jamais fait. Nous avons décidé d'aller de l'avant dans cette
direction et je pense que ce qui est important, c'est que ce budget soit lu et
examiné comme un tout. Si on regarde seulement un petit morceau, si on
le prend en pièces détachées... Les libéraux sont
bien partis, M. le Président. Jusqu'à présent ils sont pas
mal d'accord avec pas mal tout. J'ai hâte de voir ce sur quoi ils seront
en désaccord. Peut-être certaines mesures fiscales mais je ne suis
pas certain.
J'ai écouté attentivement récemment le
député de Bertrand, chef du Parti libéral qui viendra nous
voir cette semaine, j'espère. Il sera assis juste en face. On pourra
dialoguer. Je pourrais par exemple vous annoncer ce soir que je vais abolir
telle taxe, telle taxe, telle taxe, telle taxe. Probablement que je
serais félicité par tout le monde, mais tant et aussi
longtemps que je n'aurai pas dit comment je vais équilibrer le budget
à déficit constant, quelles sont les dépenses que je vais
couper ou encore quels sont les impôts que je vais lever, ce sera une
farce, une vaste blague. C'est dans ce sens-là qu'on aurait pu, par
exemple, en faisant des économies très appréciables au
régime d'épargne-actions, dire: Si j'économise sur une
année financière 85 000 000 $ ou 100 000 000 $, on va les
garder.
Je pense que notre approche a été de faire en sorte que,
par des volets très importants et très significatifs de ce
budget, de l'argent soit retourné dans l'économie, non pas pour
prendre la place de personne, non pas pour nous substituer à quiconque,
mais ce régime d'épargne-actions on a évalué que 20
000 000 $ ou 25 000 000 $ qui ont été avancés
tantôt, c'est vrai, c'est parfaitement exact, pour une raison très
simple: c'est qu'au mois de juin, le projet de loi est en train d'être
discuté, les règlements entreront en vigueur et avant que tout
cela ne devienne opérationnel, il est évident que ce sera dans le
courant du mois de juillet, dans le mois d'août. Avant que le programme
ne soit très bien connu par les représentants du ministère
de l'Industrie et du Commerce ou de la SDI dans chacune de nos régions,
il faut compter quelques mois. Le souhait que je voudrais formuler, et je vais
terminer là-dessus, c'est que le programme des SPEQ coûte le plus
cher possible parce que plus on va dépenser d'argent là-dedans,
cela voudra dire que plus il y aura des investissements dans nos régions
et c'est de cela qu'on a besoin.
Faisons un petit calcul. Mettons une seule PME par comté, cela
voudrait dire des investissements de 122 000 000 $; dix PME par comté -
je n'en mettrai pas trop parce qu'on va perdre le député de
Laporte, M. le Président - cela fera 1 220 000 000 $. Mais vous
rendez-vous compte que c'est dix PME par comté à 1 000 000 $
d'investissement chacune, mais s'il y avait dix PME par comté à 5
000 000 $ chacune, savez-vous que le total des investissements serait de 6 000
000 000 $ de plus en investissements au Québec? Vous allez me dire qu'on
rêve en couleur? On ne rêve pas en couleur. Il faut qu'on augmente
l'investissement au Québec. Il faut qu'on augmente l'investissement dans
le secteur manufacturier. Même si, l'année dernière, les
investissements dans le secteur manufacturier ont augmenté de 42 %, il
faut augmenter davantage, surtout dans le secteur manufacturier parce que c'est
là que se retrouvent les PME, c'est là qu'il en coûte le
moins cher par emploi créé.
J'en parlais récemment, un seul investissement dans la
métallurgie de l'aluminium, par exemple... On a une aluminerie en
construction dans le comté de
Nicolet, à Bécancour. Les libéraux étaient
contre. Ils ont dit: Cela ne marchera pas, cela n'intéresse personne.
Savez-vous que les Japonais et les Américains ont couru après
nous autres pour qu'on leur vende des actions? On les a vendues. Mais les
libéraux ont voté contre. Le candidat libéral dans le
comté de Nicolet, M. le maire de Bécancour, ne vous trouve pas
drôles les gens d'en face quand vous avez voté contre
l'aluminerie. Savez-vous pourquoi? C'est parce que le maire de
Bécancour, pour nous remercier sans doute, est bien assis sur son
trône à la mairie, il encaisse les revenus fonciers des
investissements que nous avons provoqués dans le parc industriel de
Bécancour. Mais cela coûte plus de 1 000 000 $ par emploi.
Dans le secteur des mines, c'est un peu la même chose. Nos
collègues de la région de l'Abitibi et du Nord-Ouest
québécois vont le confirmer. Cela coûte 500 000 $, 750 000
$, 1 000 000 $ par emploi dans des secteurs d'investissements lourds mais quand
on est dans le secteur manufacturier avec la PME... Ici, M. le
Président, ces SPEQ pourront oeuvrer dans des champs d'activité
très variés: dans le tourisme, dans le soutien à
l'exportation, dans le transport, dans tous les secteurs reliés à
la bureautique, à l'informatique, à la télématique,
dans tous les "tiques" que vous voudrez, tous les secteurs des technologies
nouvelles. C'est dans ce sens qu'il faut orienter le développement
économique de nos PME qui créent l'emploi en région.
Peut-être qu'on va trouver, en face, qu'on est un peu trop
excité par cette mesure... "I mean excited". On l'est avec raison. Je
suis absolument convaincu que des PME vont naître de toutes pièces
avec ce programme, que d'autres PME vont pouvoir consolider leurs assises
financières, que d'autres vont prendre de l'expansion. Je suis pas mal
certain...
C'est malheureux qu'on ne siège pas au mois de juillet parce que
les statistiques de l'emploi du mois de juin vont sortir vers le 7 et ou le 8
juillet et les statistiques de juillet vont sortir au mois d'août. Quand
on va reprendre les travaux à l'automne, vers le mois d'octobre, on aura
les statistiques de l'emploi des derniers mois. Cela va être beaucoup
plus intéressant parce que, même si on ne veut pas l'admettre en
face, M. le Président, l'économie du Québec est en pleine
reprise, elle est en pleine relance. Écoutez ce que j'ai dans mon petit
document. Je vais le citer: "La reprise qu'a connue le Québec
après l'important repli de 1982, lorsque la production réelle
avait chuté de 5,1 %, montre bien la vigueur et la diversité de
l'économie québécoise. En 1983 et 1984, la production a
augmenté de 4 % et de 5 % respectivement, ce qui est supérieur au
taux de croissance de 3,1 % et 4,7 % respectivement qu'a connu le Canada.
En 1984, la croissance économique du Québec le classait en
deuxième place parmi les provinces et, sur une base annuelle, elle
était la plus forte depuis 1974."
Qui a dit cela, M. le Président? C'est dans le rapport mensuel de
l'Association canadienne des courtiers en valeurs mobilières de mai
1985. Ces gens ont plus confiance dans l'économie du Québec que
le Parti libéral, que j'inviterais à lire ce documentaire. Je
pense que je vais vous le transmettre, M. le Président, pour l'acheminer
à l'Opposition. C'est parce que au Québec on a des PME
dynamiques, que la reprise est en route, que la croissance est en marche et,
avec un projet de loi comme celui-là, je suis convaincu que cela va
s'améliorer encore davantage.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laporte, en vertu de l'article...
M. Bourbeau: En vertu de l'article 212...
Le Vice-Président (M- Rancourt): Je l'ai rectifié,
mais je vous avise que cela ne doit pas soulever de débat.
M. Bourbeau: Aucunement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: Le ministre, tout à l'heure, a fait allusion
à un article du Devoir, dans son discours, qui titrait, il y a quelques
mois, que j'avais proposé une stratégie visant à
créer 500 000 emplois en 20 ans. Le ministre, je présume, a lu
l'article et il sait fort bien que ce n'était pas en 20 ans, mais que la
stratégie que je proposais visait à créer les emplois en
cinq ans.
M. le Président, je présume que le ministre a lu le
document puisqu'il se permet d'en parler. Sachant que le ministre est un
honnête homme, ou bien il va admettre que le titre était
erroné et qu'il a donné une fausse indication à la
Chambre, ou bien le ministre va déclarer qu'il n'a pas lu le document.
Dans un cas comme dans l'autre, je demanderais au ministre de rectifier. De
dire qu'il a lu le document et que, dans ce cas, le programme visait à
créer 500 000 emplois en cinq ans, ou bien le ministre ne l'a pas lu et,
dans ce cas, on va comprendre pourquoi il a mal informé la Chambre. Je
vous remercie.
Une voix: Très bienl Très bien!
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: M. le Président, ceux qui ont
écouté le ministre des Finances, ce soir, et son collègue,
le ministre de l'Industrie et du Commerce, ont compris, je pense, pourquoi le
gouvernement actuel n'a pas de crédibilité dans le domaine
économique.
Cela fait huit ans maintenant qu'il essaie de le développer et je
pense que je peux dire avec certitude que la très grande majorité
des dirigeants des petites, des moyennes et des grandes entreprises ont
l'intention de voter libéral à la prochaine élection,
comme ils ont voté en 1981 et même en 1976. Quand j'écoute
le ministre des Finances, cela me surprend. Hier, j'avais le plaisir de faire
un débat avec lui sur un autre projet de loi de nature économique
pendant lequel il a parlé des faits, des problèmes qu'on pouvait
régler avec le dossier, avec le projet de loi. Ce soir, il a
attrapé la maladie démagogique du ministre de l'Industrie et du
Commerce, il n'a absolument rien dit. Je pense qu'il n'a même pas
mentionné le projet de loi. Le ministre de l'Industrie et du Commerce...
Je veux, juste avant de commencer sur le projet de loi, soulever deux ou trois
points qui, je pense, illustrent bien l'attitude irresponsable,
démagogique et incompétente, si je peux la qualifier ainsi, du
ministre de l'Industrie et du Commerce. (21 h 20)
II a commencé en comparant la commission Saucier avec la
commission Macdonald qui a eu un mandat des travailleurs du Canada pour
étudier pendant deux ans et demi toute l'économie du Canada. Il
l'a comparée avec une commission qui avait comme mandat d'étudier
le financement des PME au Québec et il s'est montré
écoeuré de découvrir que l'une a coûté
beaucoup plus que l'autre. Il a le culot de comparer les deux qui avaient des
mandats complètement différents et une problématique
complètement différente. C'est simplement une petite
manifestation de l'incompréhension totale du ministre dans le domaine
économique.
Je parle d'une deuxième affaire. Juste un autre exemple. Le
ministre a dit que le Parti libéral veut la fusion des petites et
moyennes entreprises. Je pense qu'il a dit cela. Selon lui, le Parti
libéral n'aime pas les petites et moyennes entreprises et
préfère qu'elles soient toutes fusionnées. Je suis
allé faire des recherches dans "Bâtir le Québec". Vous vous
souvenez de cela, le document clé de la politique économique du
Parti québécois? Je lis - c'est vous autres qui avez dit cela
dans votre document dont vous vous vantez continuellement: "La fusion d'un
certain nombre de petites et moyennes entreprises peut également
s'avérer souhaitable, surtout lorsque celles-ci sont en
concurrence directe avec la grande entreprise. Le gouvernement du
Québec a déjà plusieurs programmes visant à
encourager les fusions d'entreprises et entend poursuivre son action à
ce niveau."
Juste au cas où vous ne vous le rappelleriez pas, regardez le
programme B de la SDI qui est conçu exclusivement pour réaliser
le regroupement des entreprises. C'est farfelu, complètement farfelu. Je
dois ajouter que, quand je regardais "Bâtir le Québec" sur la
politique économique de ce parti, je n'ai vu presque aucune allusion aux
PME. Je vois ici, par exemple, à la page 61, une préoccupation
avec "...la faible présence de la grande entreprise
manufacturière au Québec. Une déclaration que le
gouvernement partage, l'opinion selon laquelle l'efficacité de
l'économie doit être améliorée par les mesures
favorisant la croissance des entreprises afin qu'elles atteignent une taille
efficace." Et après on dit: "II y a cependant place dans
l'économie pour les petites et moyennes entreprises." Ce n'est pas
quelque chose qui donne l'impression que vous avez beaucoup
d'intérêt dans les petites et moyennes entreprises, sauf dans les
petits discours que vous faites à 21 heures et 22 heures, le soir. Tout
cela pour vous dire que vous exagérez royalement.
Une autre petite affaire. Le ministre parle d'un projet de loi
avant-gardiste. Effectivement, si vous regardez les faits, c'est une copie d'un
projet qui existe en Ontario depuis 1980. Ils ont décidé
d'adopter ici au Québec quelque chose qui existe en Ontario depuis 1980
et qui a été proposé par le rapport Saucier. Il dit que
c'est le plus important projet de loi depuis je ne sais pas quand. Sa plus
grande réalisation. C'est bien possible, mais je dois vous dire que,
quant à moi, ce n'est pas une très grande réalisation que
vous avez devant vous avec ce projet de loi. C'est quelque chose
d'intéressant. C'est même quelque chose d'important, mais
permettez-moi de citer le rapport Saucier. Je dois vous dire que dans le
rapport Saucier, M. le ministre et M. le Président, on dénombre
à peu près 73 000 petites et moyennes entreprises
incorporées au Québec aujourd'hui, dont à peu près
11 000 dans le secteur manufacturier.
En 1982, il y avait 20 000 petites et moyennes entreprises nouvelles
créées au Québec. Vous avez retenu ces chiffres: 20 000
nouvelles en 1982, 73 000 au total. Combien de personnes le rapport Saucier
prévoit-il que ce projet de loi peut aider? Je vais citer le rapport
Saucier. Je cite maintenant: "Sur la base de l'expérience ontarienne, on
peut penser qu'un tel programme, au Québec, pourra permettre
annuellement des investissements de l'ordre 60 000 000 $ à 80 000 000 $
dans le capital-actions de la PME. Une centaine d'entreprises pourraient ainsi
être financées, annuellement."
Nous avons un projet de loi intéressant qui, d'après les
personnes qui l'ont proposé au ministre, peut "aider, financer une
centaine d'entreprises par année" sur un total de 73 000 entreprises au
Québec, d'après le rapport Saucier. Donc, 100 sur 73 000; c'est
l'ampleur, l'importance du projet de loi. Je ne dis pas que ce n'est pas
important d'aider 100 entreprises; je trouve que le projet de loi est bon. Avec
mon collègue, je suis d'accord, on va voter pour et on va vous aider
à l'améliorer. C'est intéressant. C'est une loi qui est
très tardive, comme mon collègue l'a dit. Mais de dire que c'est
une des plus grandes réalisations du gouvernement péquiste depuis
son arrivée au pouvoir ou que c'est une des plus grandes choses que le
ministre de l'Industrie et du Commerce n'ait jamais faites, c'est de charrier
un peu, je trouve.
Permettez-moi, M. le Président, de parler brièvement du
projet de loi. Le problème a bien été soulevé dans
le discours sur le budget, je pense. Je cite le ministre des Finances, il a
dit: "II est apparu que l'action gouvernementale avait, jusqu'ici,
négligé tout un aspect de la question du financement des
corporations, soit le financement externe des corporations privées,
surtout pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas recourir au
marché public."
Ce n'est pas la première fois qu'on s'est préoccupé
de ce problème. En 1975, j'ai eu l'occasion de travailler sur la
conception des SODEQ, qui ont finalement vu le jour sous le régime
péquiste mais qui n'ont pas fonctionné. Mais, cela a
été un effort sérieux de la part des deux gouvernements de
régler ce problème, le Parti libéral avant et le Parti
québécois en 1976, 1977 et 1978. Finalement, on a constaté
que le moyen qu'on avait choisi, avec tous les espoirs et avec un bon discours
en deuxième lecture sur le projet de loi, n'avait pas
fonctionné.
Alors, on cherche, aujourd'hui, une autre voie. Je dois vous dire,
honnêtement, que je trouve que cette voie est plus intéressante
que l'autre. Je vais vous dire pourquoi. C'est plus intéressant que
l'autre pour autant que ce sera limité et strictement limité dans
son ampleur. Le problème des SODEQ, en ce qui me concerne,
c'était le capital à la recherche des entrepreneurs. Si je
comprends la nature des SPEQ, telles que conçues par M. Saucier et son
comité, on va avoir, par ce projet de loi, le contraire: Les
entrepreneurs à la recherche du capital. Je veux citer une phrase du
rapport Saucier que je trouve exceptionnellement importante. Quant à
moi, cette phrase doit nous guider dans l'étude, article par article, de
ce projet de loi. Il parle de l'équivalent en Ontario, il dit: "Elles
peuvent constituer un mécanisme efficace pour former rapidement des
groupes
d'investisseurs afin d'appuyer des projets de nouvelles entreprises,
d'expansion d'entreprises ou de restructuration des entreprises."
Alors, la conception, c'est que vous avez une entreprise, c'est le point
de départ, qui a besoin de financement. Vous essayez de trouver des
investisseurs qui peuvent l'aider dans ses démarches. Là, vous
avez quelque chose d'intéressant. Le problème avec les SODEQ,
c'était que vous aviez un bassin, un pool de capital créé
avec les abris fiscaux au point de départ, qui était par la suite
à la recherche des entrepreneurs. Cela est devenu, en partie, une
maladie de REA, parce que vers la mi-juin ou la mi-juillet de chaque
année, vous avez les courtiers et tout le monde qui vont dans le champ
à la recherche des entrepreneurs qui peuvent possiblement accepter une
injection de fonds. C'était une façon artificielle de concevoir
le problème et les SODEQ étaient artificielles, dans ce sens. Les
SPEQ, si c'est bien conçu et bien limité, peuvent devenir une
réponse à un besoin ressenti par une compagnie, pas
premièrement un abri fiscal - ce sera un abri fiscal après - afin
d'aider la compagnie à réaliser son financement. C'est par cette
tendance à tourner les institutions au profit des investisseurs
plutôt qu'au profit de l'entreprise qu'on tombe dans le piège. (21
h 30)
Je dois ajouter, en passant, que je connais très bien la plupart
des membres de la commission Saucier. Si vous regardez les treize membres de
cette commission, vous allez voir qu'il n'y en a pas beaucoup qui proviennent
des petites et moyennes entreprises. Combien sur treize étaient des
dirigeants de petites et de moyennes entreprises? La moitié? Cinq?
Quatre? Trois? Non, un seul. Il y avait un seul dirigeant d'une PME parmi les
membres de la commission Saucier. Les autres étaient des banquiers, des
comptables, des courtiers, des fonctionnaires, des professeurs; tous des gens
très sérieux et concernés par le milieu qui ont fait un
bon rapport.
Je soulève ce qui est pour moi une petite déformation
parce que cela va au fond du problème que je viens de soulever: il faut
absolument qu'on limite le programme, d'abord, pour que cela ne devienne pas un
abri fiscal, mais une aide au financement des compagnies qui en ont besoin ou,
pour citer le rapport Saucier une deuxième fois, "pour appuyer les
projets de nouvelles entreprises, d'expansion d'entreprises ou de
restructuration d'entreprises.
Dans ce contexte, je veux soulever, avant de terminer, trois ou quatre
questions très précises que mon collègue de Laporte et
moi-même pouvons soulever en commission parlementaire. La
première, c'est quelque chose qui peut intéresser le ministre. On
insiste pour que les liens de dépendance entre la SPEQ et la compagnie
dans laquelle on fait l'investissement n'existent pas. Pourquoi ne pas
permettre à trois ou quatre membres d'une famille qui contrôlent
une petite entreprise de créer leur propre SPEQ, à eux seuls,
sans être obligés d'aller chercher d'autres investisseurs de
l'extérieur? Je pense que je connais la réponse. Le ministre n'a
pas assez de confiance que ces personnes vont agir comme il faut. Mais en
principe, c'est un peu paternaliste, vous serez d'accord avec moi. Si le
député de Laporte et moi avons une petite entreprise et qu'on
veut profiter des abris fiscaux prévus dans la loi ici pour investir
dans notre propre compagnie, le ministre nous dit: Vous ne pouvez pas le faire
seulement vous deux, il faut que cherchiez au moins deux ou trois autres
personnes parce que vous ne pouvez pas contrôler la SPEQ si vous
contrôlez la compagnie. Alors, c'est un peu paternaliste et je pense
qu'on peut revoir cela. Le ministre va répondre: Je ne fais pas assez
confiance aux propriétaires de la compagnie pour être sûr
qu'ils ne vont pas commencer à contourner l'affaire et sortir de
l'argent. J'imagine qu'il doit y avoir une façon de s'assurer que
l'argent ainsi investi soit utilisé pour les fins prévues. C'est
un deuxième point que je veux soulever: II n'y a aucune limitation dans
le projet de loi quant à l'utilisation qu'on peut faire des sommes
investies. C'est un autre point très important. Si ma mémoire est
bonne, dans la loi de l'Ontario, il y a des limitations pour s'assurer que les
fonds investis seront utilisés pour la création d'emplois, pour
les investissements prévus au point de départ.
Une autre chose sur laquelle je me pose des questions, c'est le fait de
permettre aux compagnies à capital de risque d'investir dans la SPEQ.
C'est peut-être une bonne chose, mais pour moi, cela peut créer un
genre de SPEQ qui devienne surtout une compagnie d'investissement à la
recherche des entrepreneurs plutôt qu'une réponse réelle
à un besoin de l'entreprise. On doit regarder cela avec beaucoup
d'attention.
Il y a la grande question - et je vais terminer là-dessus parce
que j'en ai trop pour le temps dont je dispose ce soir - à savoir si on
doit retenir l'idée d'octroyer des subventions aux investisseurs dans
une SPEQ, comme le propose le rapport Saucier et comme l'affaire qui existe en
Ontario, ou si on doit utiliser les baisses d'impôt que propose le
ministre. Les avantages qui sont énumérés par le rapport
Saucier pour les subventions, je les trouve intéressants dans le sens
qu'on peut s'assurer davantage, premièrement, que le total des
coûts pour l'État est contrôlé et,
deuxièmement, qu'on peut diriger d'une façon plus
intéressante les investissements dans les secteurs qui nous
intéressent le plus ici au Québec. Toutes ces questions sont des
choses, quant à moi, qu'on
doit discuter, débattre en profondeur dans l'étude article
par article sur la base - je le répète une troisième fois
parce que je trouve que c'est très important - que la SPEQ devienne un
organisme qui réponde aux besoins d'une entreprise et non pas aux
besoins d'un abri fiscal pour un investisseur. C'est cela, le noeud du
problème. Il faut d'abord et avant tout, dans cette affaire, orienter le
projet de loi pour que cela devienne un projet de loi au service de
l'entreprise. Je n'ai rien contre les investisseurs qui utilisent les abris
fiscaux. Ils sont conçus pour cela par le ministre des Finances et tout
le monde en profite s'il a les sommes nécessaires pour en profiter, mais
quand même, ce n'est pas la base de ce projet de loi quant à moi
et ce n'est pas avec les abris fiscaux qu'on doit développer en soi une
économie forte au Québec.
Ceci étant dit, M. le Président, je pense que le ministre
a accouché ce soir d'un bon petit projet de loi. Comme l'a dit mon
collègue, on va l'appuyer. Je pense qu'il doit accepter, à moins
qu'il veuille faire fi du rapport Saucier, que c'est une affaire modeste. Pour
citer M. Saucier, vous pouvez peut-être envisager, si cela fonctionne
bien, la possibilité de financer avec ce projet de loi une centaine de
PME sur une base annuelle. Cela ne va changer le monde. Cela ne va pas vous
donner beaucoup plus de crédibilité dans le domaine
économique, surtout à cause de la façon avec laquelle vous
avez présenté l'affaire ce soir, mais quand même, cela va
aider, j'en suis persuadé, un certain nombre de compagnies qui peuvent
profiter de cette situation, qui sont prêtes à accepter d'autres
investisseurs parmi elles, qui sont mûres pour ce genre d'aventure. Et je
pense, avec mon collègue, qu'on doit appuyer le projet de loi,
même si on n'est pas capable de supporter le ministre qui l'a
présenté.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Châteauguay.
M. Biron: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Oui, M. le ministre.
M. Biron: ...à mon tour, je vais employer l'article
212...
Le Vice-Président (M. Rancourt): 200...?
M. Biron: L'article 212 de notre règlement parce que le
député de...
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre, si vous
faites référence à l'article 212, dans votre cas, vous
aurez une possibilité qui n'existe pas pour d'autres. C'est votre droit
de réplique que vous pourrez utiliser pour répondre à des
arguments des intervenants, si j'ai bien compris l'intervention en vertu de
l'article 212.
M. Biron: M. le Président, sur cette question de
règlement...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement. Je vous écoute.
M. Biron: ...tout à l'heure, le député de
Laporte a employé l'article 212 parce qu'il estimait avoir
été mal cité dans des propos qui ont été
rapportés par mon collègue, le ministre des Finances. J'estime
avoir été mal cité dans des propos rapportés par le
député de Notre-Dame-de-Grâce. C'est exactement la
même chose. Je voudrais seulement corriger.
Le Vice-Président (M. Rancourt): D'accord, si cela ne doit
pas, comme je l'ai dit, apporter de nouveaux éléments et susciter
un débat.
M. Biron: Le député de Notre-Dame-de-Grâce a
dit que j'avais dit que les programmes de fusion d'entreprises n'existaient
plus. C'est exact. Lui, il a dit que cela existait encore. Cela n'existe plus
depuis cinq ans, les programmes d'aide a la fusion d'entreprises.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Châteauguay.
M. Scowen: M. le Président...
M. Dussault: Je ne suis pas chanceux, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, sur une question...
M. Scowen: En vertu de l'article 212, est-ce que je peux parler?
(21 h 40)
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous voulez intervenir en
fonction de la mise au point du ministre? Vous pouvez y référer,
mais sans aucune argumentation ni élément nouveau.
M. Biron: Question de règlement, M. le
Président.
M. Bourbeau: II est déjà sur une question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Sur cette même
question de règlement? Sur le même article?
M. Biron: Je veux simplement dire, sur
la question de règlement, que ce que j'ai dit ne doit pas
soulever de débat. Je ne crois pas que cela soulève de
débat. Je n'ai fait que corriger les paroles du député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est cela. Mais je veux corriger les paroles du
ministre.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Non, ce que vous venez
d'ajouter, M. le député de Notre-Dame-de-Grâce... On n'en
finirait plus. Le ministre corrige ce que vous dites et, vous, vous voudriez
corriger le ministre. Celui-ci pourrait continuer et, à ce moment-ci,
cela n'est plus possible. Vous pourrez faire faire la rectification par
quelqu'un d'autre de votre côté et le ministre pourra utiliser son
droit de réplique pour répliquer, justement, suivant les
intervenants. Actuellement, la parole est au député de
Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: Merci, M. le Président. Il me fait
énormément plaisir de prendre la parole sur l'étude du
principe du projet de loi 56, Loi sur les sociétés de placements
dans l'entreprise québécoise. En fait, ce projet de loi est une
autre décision du gouvernement, une indication très
sérieuse de l'importance que ce gouvernement du Parti
québécois attache au développement économique, au
développement de la petite et moyenne entreprise
particulièrement, principalement, et, par conséquent, à la
création d'emplois qui peut en découler, je pense, d'une
façon certaine. Ce projet de loi est aussi la concrétisation
d'une des excellentes mesures du dernier budget, dont on n'a pas assez
parlé. L'Opposition a cherché à faire le "focus" sur
certaines choses pour faire oublier ce qu'il y a de très important dans
ce budget. C'est une technique qu'on connaît bien.
J'ai été bien surpris de voir avec quel positivisme on a
entendu le député de Laporte parler de ce projet de loi. Cela
nous a énormément surpris. Cela ne nous est pas souvent servi de
cette façon. On doit vraiment l'en féliciter et s'en
réjouir. Par contre, on ne peut pas être aussi satisfait du
discours qu'a tenu le député de Notre-Dame-de-Grâce,
particulièrement dans son effort de faire passer cette mesure comme
étant une copie d'un modèle ontarien alors qu'en
réalité nous savons très bien que le modèle que
nous essayons de mettre en place tient compte très profondément
des réalités proprement québécoises et qu'en plus
notre projet est doté du prêt de capitalisation, formule qui
n'existe pas du côté ontarien. Il aurait fallu que le
député de Notre-Dame-de-Grâce le dise plutôt que
d'essayer de faire croire qu'on avait simplement fait une copie du
modèle ontarien. Le député de Notre-Dame-de-Grâce a
fait, encore une fois, de cette mesure gouvernementale une question de
crédibilité. Evidemment, quand on n'a pas vraiment quelque chose
d'important à dire pour démolir une mesure gouvernementale, on
dit que c'est un gouvernement qui n'est pas crédible.
Ce projet de loi 56 constitue l'aboutissement normal d'un cheminement
gouvernemental en matière d'aide au développement de la petite et
de la moyenne entreprise au Québec. Quand j'aurai terminé cette
partie de mon discours, je pense que cet élément du discours du
député de Notre-Dame-de-Grâce ne tiendra pas beaucoup. En
effet, l'action du gouvernement du Québec en matière
économique a privilégié la petite et moyenne entreprise
depuis 1976, en mettant l'accent sur l'aide au financement et à
l'investissement des petites et moyennes entreprises au Québec, tout
cela, malgré que l'Opposition ait constamment essayé de faire
croire que le gouvernement du Parti québécois n'était pas
préoccupé par le développement économique.
Dès octobre 1977, le ministère de l'Industrie et du
Commerce lançait trois nouveaux programmes d'aide, confiés
à la Société de développement industriel,
destinés pour la première fois particulièrement pour les
petites et moyennes entreprises. Ces programmes identifiaient et apportaient
une réponse à trois problèmes majeurs ignorés
totalement sous le gouvernement Bourassa, soit la nécessité
d'encourager les petites et moyennes entreprises innovatrices, de
répondre à leur carence de financement, de venir en aide aux
entreprises des secteurs mous ou traditionnels en voie de mutation.
En mai 1982, devant les effets dévastateurs de la
récession, le gouvernement du Québec innovait en mettant de
l'avant un programme d'urgence pour sauvegarder des centaines de petites et
moyennes entreprises québécoises menacées de faillite sous
la pression des taux d'intérêt qui ont été largement
gonflés par les mesures du gouvernement libéral
fédéral du temps. Le plan Biron, ainsi baptisé par les
chefs d'entreprise - c'est très significatif de l'appréciation
des entreprises à l'égard de ce plan - a permis en deux ans de
venir en aide à 800 entreprises en difficulté, de protéger
35 000 emplois et d'injecter 180 000 000 $ en nouveaux fonds dans la petite et
la moyenne entreprise du Québec. C'est important, M. le
Président.
En novembre 1983, le plan de relance présenté par le
premier ministre introduisait un nouveau programme de financement des
entreprises mettant fin au plan d'urgence visant à
accélérer les investissements manufacturiers au Québec. Le
plan Biron II, tel qu'on l'a appelé et toujours d'une façon
significative, a bénéficié en douze mois à
près de 600 entreprises et permis la réalisation de
projets d'investissements totalisant 412 000 000 $. N'est-ce pas significatif?
N'est-ce pas cela qui donne de la crédibilité à un
gouvernement?
Ce n'est pas fini, M. le Président. L'action gouvernementale du
Parti québécois peut également revendiquer plusieurs
initiatives entièrement nouvelles au Québec en matière
d'aide à la petite et à la moyenne entreprise. Par exemple, la
création de la Société de développement industriel
section exportation, la création de l'Office québécois du
commerce extérieur, l'élargissement de l'aide de la
Société de développement industriel au secteur du
tertiaire moteur et au secteur des coopératives, la création, en
1982, du premier programme d'aide à la recherche et à
l'innovation pour les entreprises au Québec, le soutien à la mise
sur pied de centres de productivité du textile et du vêtement, du
meuble et du bois ouvré... Ce n'est pas tout, M. le Président.
Création de la commission Saucier sur la capitalisation des entreprises
au Québec suivie de ses recommandations, ce qui a permis de pouvoir
présenter à l'Assemblée nationale le projet de loi que
nous étudions présentement, la mise sur pied de divers programmes
visant l'intégration des jeunes à la petite et à la
moyenne entreprise, des outils de gestion, UNI-PME, bourses d'affaires et
coopératives de jeunes travailleurs. Ce sont toutes des
réalisations. Est-ce que cela ne suffit pas à démontrer la
crédibilité de ce gouvernement? Non, cela ne suffit pas au Parti
libéral, allons voir de plus près.
Ce gouvernement du Parti québécois est un gouvernement qui
a un parti pris pour la petite et la moyenne entreprise parce qu'il sait que
c'est là qu'il peut créer de l'emploi d'une façon
significative et c'est pour cela que nous avons cherché à aider
la petite et la moyenne entreprise. En octobre 1977, comme je le disais tout
à l'heure, pour la première fois, on mettait donc sur pied trois
programmes d'aide à la SDI destinés spécifiquement
à la petite et à la moyenne entreprise. Le programme d'aide
à la PME innovatrice cherchait à favoriser la réalisation
de projets d'expansion, à contrer le manque de capital de risque et de
financement à long terme. On y revient toujours parce que c'était
un problème de fond. Il fallait trouver des solutions à ce
problème.
Programme de financement des petites et moyennes entreprises qui mettait
à la disposition de la SDI un fonds spécial réservé
au financement des petites entreprises. Toujours la question du financement des
entreprises. Un programme d'aide aux secteurs traditionnels. On cherchait
l'amélioration du fonds de roulement, à donner une aide
financière à la modernisation, au développement de
l'équipement de production, au réaménagement d'usines. Il
y avait un problème et il fallait le régler. Il visait aussi
principalement les industries du textile, de la bonneterie et du
vêtement.
En novembre 1979, le gouvernement créait un programme de
crédit touristique pour permettre, pour la première fois au
Québec, de traiter ce secteur comme une industrie. C'est important, cela
donne de la crédibilité à un gouvernement. En août
1980, création d'un nouveau bras financier au ministère de
l'Industrie et du Commerce: la SDI exportation. Son objectif était de
soutenir la formation de consortiums ou de sociétés d'exportation
afin de permettre aux entreprises d'aider le Québec à
élargir son marché parce que le marché
québécois est un marché restreint, avec 6 000 000 de
population. Il faut donc compter sur l'exportation. Il y avait aussi pour
objectif de fournir des crédits à l'implantation ou à la
prospection d'activités d'exportation et la création, comme je le
disais, de l'Office québécois du commerce extérieur. (21 h
50)
On part de loin parce que cette Opposition a toujours cherché
à laisser croire que le gouvernement du Parti québécois
était un gouvernement qui ne se préoccupait pas du
développement économique alors que c'était tout à
fait le contraire. À force de mentir, on finit par faire croire quelque
chose. C'est important d'y revenir.
En mai 1982, on publiait le programme d'action "Le virage technologique"
et on instaurait le plan Biron, un plan de sauvetage des entreprises aux prises
avec des problèmes de financement éprouvés durant la
récession. Énormément d'entreprises avaient une bonne
gestion, mais elles étaient aux prises avec des gérants de banque
qui n'avaient plus confiance à cause de la crise et qui voulaient tirer
la "plug" comme on disait. Il fallait donc faire le nécessaire pour
sauver les emplois concernés. C'est grâce au plan Biron que nous
sommes arrivés à le faire.
Nous avons donc mis sur pied des programmes, par exemple le programme
UNI-PME qui avait pour objectif de renforcer l'équipe de direction des
petites et moyennes entreprises manufacturières en les incitant à
embaucher des gradués de niveau universitaire ou collégial parce
qu'à ce niveau-là, il fallait aussi faire confiance à ces
jeunes qui sortaient, des gens capables de participer au développement
économique du Québec et ce programme démontrait que nous
avions confiance en ces jeunes.
Nous avons aussi contribué à gestion-marketing qui visait
à améliorer la fonction stratégique du marketing au sein
des petites et moyennes entreprises manufacturières.
Il y a eu aussi à ce moment-là un tournant à la
Société de développement
industriel du Québec. On se rappellera que le secteur du
tertiaire moteur a pu bénéficier de l'aide de la SDI en plus des
secteurs manufacturier et touristique.
Une des activités du secteur du tertiaire moteur a
bénéficié de cet élargissement, le soutien au
laboratoire de recherche, s'adressant aux entreprises désirant
réaliser des projets à fort input technologique.
Il y a eu aussi à ce moment-là la création du
premier programme au Québec destiné à l'aide aux
activités de recherche et d'innovation, les volets PARIQ. Cela visait
à stimuler l'innovation industrielle et la recherche de nouveaux
produits. Toutes des activités extrêmement importantes pour le
développement économique du Québec, pour l'aide aux
petites et moyennes entreprises et la création d'emplois qui pouvait en
découler et qui en a découlé.
En fait, devant leur popularité croissante, il y a eu
augmentation marquée des crédits et renforcement des programmes
d'aide à l'investissement et au financement des entreprises.
En 1983, création du programme Outils de gestion. Que visait ce
programme? Cela visait l'embauche de diplômés universitaires et
collégiaux permettant de réaliser des projets reliés
à l'amélioration de la gestion de l'entreprise et à la
recherche et au développement dans le domaine de l'innovation
technologique à un moment où il apparaissait important aux
Québécois de prendre le virage technologique, de nous adapter
face aux changements qui s'opéraient pour ne pas devenir peut-être
un pays du type tiers-monde. Il fallait rester au niveau et même prendre
de l'avance. Le défi de l'excellence était là.
En février 1983, le gouvernement du Parti québécois
a créé un Centre de productivité du textile et un Centre
de productivité du vêtement pour faire en sorte que les gens du
milieu participent au développement, à l'orientation dans ces
secteurs-là.
Le champ de juridiction du ministère de l'Industrie et du
Commerce est élargi afin de pouvoir servir les besoins du secteur des
coopératives. Cela aussi est important.
Toujours en février 1983, création de la Commission
québécoise sur la capitalisation des entreprises,
c'est-à-dire la commission Saucier, celle dont on a dit, et je pense
qu'il ne faudra pas cesser de le dire, qui a permis qu'aujourd'hui on puisse
faire l'étude d'un projet de loi qui va encore aider les petites et
moyennes entreprises.
En septembre 1983, on lançait un programme d'aide à la
capitalisation des entreprises. Cela avait pour but d'inciter les entreprises
québécoises à augmenter leur capitalisation par fonds
propres en faisant un premier appel à l'épargne publique.
J'en aurais encore beaucoup d'exemples à donner,
d'activités, d'initiatives prises par le gouvernement du Parti
québécois pour faire en sorte que les petites et moyennes
entreprises soient aidées à jouer leur rôle, à se
développer, à prendre de l'expansion, à se restructurer si
c'était nécessaire et tout cela en prévision de
créer de l'emploi.
Il s'agit d'un bilan extraordinaire qui parle tout seul en termes de
crédibilité et nous avons des raisons d'être fiers des
réalisations du Parti québécois en termes d'aide à
l'entreprise en général et à la petite entreprise en
particulier.
M. le Président, puisque vous me faites signe... Non? J'avais
l'impression que vous...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous avez encore cinq
minutes, M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: Je vous remercie, M. le Président, je ne
pensais pas en avoir autant.
Aujourd'hui, donc, le gouvernement invite les membres de
l'Assemblée nationale à donner aux petites et aux moyennes
entreprises un instrument de plus dans le but de faciliter leur
développement, un instrument que la commission Saucier sur la
capitalisation des entreprises a recommandé au ministre de l'Industrie
et du Commerce de mettre à la disposition de la petite et de la moyenne
entreprise. C'est un programme que le ministre des Finances a annoncé
lors de son dernier budget, un programme extrêmement important, qui
était attendu des gens d'affaires du Québec. Le ministre des
Finances nous le disait tout à l'heure, il a reçu
énormément d'appels téléphoniques de gens qui
étaient intéressés.
Nous avons fait disparaître les SODEQ. Je pense personnellement,
pour l'avoir vécu, qu'il y avait le contraire d'une incitation dans les
SODEQ. À partir du moment où nous avions mis de l'argent dans une
SODEQ, nous devions, tôt ou tard, le mettre dans un REER et nous avions
l'impression que c'était de l'argent qui était un peu gelé
pour pas mal longtemps, tandis qu'avec la SPEQ, nous allons avoir quelque chose
de plus dynamique, quelque chose de plus encourageant.
C'est un abri fiscal, bien sûr, parce que les
Québécois qui veulent mettre de l'argent dans les entreprises
s'attendent à un certain avantage. Je pense qu'il ne faut pas nier qu'il
y a là quelque chose d'intéressant. Il ne faut pas avoir honte de
cela. Il faut être capable, comme gouvernement d'un peuple comme le
peuple québécois, d'offrir ce genre d'incitation qui va faire que
l'argent des Québécois cesse d'être dans une banque quelque
part, en épargne, serve à peine au développement du
Québec.
Or, la SPEQ va être un moyen qui va faire en sorte que les
Québécois sortiront l'argent qu'ils ont en épargne dans
une
banque, dans une caisse populaire et le mettront à la disposition
d'entreprises. Ils le feront de façon dynamique parce que cela leur
permettra de participer à la gestion d'une entreprise. Cela aura donc
comme avantage fort intéressant, à mon point de vue,
d'élargir l"'entrepreneurship", le "leadership entrepreneurial", si on
peut dire, au Québec. Cela me paraît très important.
Vous savez, c'est en forgeant qu'on devient forgeron. On a toujours dit
cela au Québec, tout le monde le répète, c'est vrai. C'est
en plaçant de l'argent quelque part dans une entreprise et en
participant aussi à sa gestion qu'on prend le goût de faire de la
gestion d'entreprise. Cela me paratt fort important, M. le Président. On
l'a fait avec les jeunes, avec Bourses d'affaires. On a fait en sorte que des
jeunes puissent avoir un certain capital de départ: 25 000 $; s'ils sont
deux, 50 000 $ et, s'ils sont trois, 75 000 $ à mettre dans une
entreprise a partir de laquelle ils peuvent faire travailler des jeunes, parce
qu'en employant des jeunes, cela peut être un peu plus naturel.
C'est une préoccupation du gouvernement du Parti
québécois de faire en sorte qu'il y ait une incitation à
mettre de l'argent dans les entreprises. La SPEQ, à mon point de vue,
est un instrument merveilleux pour cela. Qui seront ces personnes qui pourront
mettre de l'argent dans une entreprise? Cela pourra être des actionnaires
qui seraient des individus, comme cela pourra être des
sociétés à capital de risque privées. C'est cela
que prévoit le projet de loi.
H faut ajouter que des individus actionnaires d'une petite et moyenne
entreprise pourront aussi être actionnaires d'une SPEQ et ainsi investir
dans leur propre entreprise. Cependant, les actionnaires de la petite et
moyenne entreprise ne pourront détenir plus de 49 % du capital-actions
de la SPEQ. C'est une règle qu'on prévoit déjà et
je pense que c'est bien parce qu'il ne faut jamais oublier que celui qui est
propriétaire d'une entreprise veut en garder le contrôle. Cela,
c'est important, et le rapport Saucier a fait des recommandations en tenant
compte de ce souhait profond des propriétaires d'entreprise de continuer
à contrôler leur entreprise.
M. le Président, je pense aussi que la SPEQ, telle que
préconisée par le projet de loi 56, aura des impacts fort
intéressants. Les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise permettront, en plus d'injecter annuellement des
dizaines de millions de dollars dans là structure financière des
petites et moyennes entreprises, d'élargir considérablement la
propriété de ces entreprises et, ce faisant, de mettre à
leur disposition de nouvelles compétences qui permettront de bonifier
leur gestion. C'est un autre avantage fort important qui découlera de la
SPEQ comme telle. J'allais dire fatalement, mais c'est positif, donc,
inévitablement, il y aura ajout de compétences aux entreprises.
Je pourrais encore parler longtemps de cette mesure que constitue le projet de
loi 56, tellement c'est important pour l'avenir du développement
économique de la petite et moyenne entreprise particulièrement au
Québec. (22 heures)
Je voudrais dire en conclusion, parce que vous me faites signe
qu'à toutes fins utiles mon temps est maintenant écoulé,
que ces résultats qu'on pourra obtenir avec la SPEQ à eux seuls
vaudraient qu'on se soit donné la peine d'accoucher d'une telle loi, une
loi dont l'intérêt principal est nettement de fournir aux petites
et moyennes entreprises québécoises les protéines
nécessaires à leur développement. C'est la raison pour
laquelle j'invite mes collègues de notre côté de la Chambre
et de l'autre côté, les moins positifs - et les plus positifs
parce que là il y en a maintenant qui sont positifs, c'est
intéressant, c'est encourageant j'invite donc tous les membres de la
Chambre à adopter dans l'enthousiasme ce projet de loi 56. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mille-Îles.
M. Jean-Paul Champagne
M. Champagne: Merci. Je m'en voudrais de ne pas parler du projet
de loi 56, la Loi sur les sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise, parce que, pour nous du Parti
québécois et du gouvernement, notre priorité, c'est
l'économie. C'est très important, l'économie. Notre
priorité, c'est aussi l'aide à la petite et moyenne entreprise
parce que c'est la petite et moyenne entreprise qui crée le plus
d'emplois. On le sait depuis de nombreuses années; on emploie aussi, ce
système et on s'aperçoit que le budget Wilson à Ottawa, le
dernier budget, pour relancer l'économie sur tout le territoire canadien
aide davantage, au point de vue fiscal, les petites et moyennes entreprises. Je
pense que le budget Wilson copie celui du gouvernement du Québec qui,
depuis quelques années, favorise la petite et moyenne entreprise et la
loi 56 est là pour le prouver.
La création d'emplois, c'est une de nos priorités. Le plan
de relance, on s'en est moqué il y a un an et demi, lorsqu'on l'a
lancé, mais, aujourd'hui, nos détracteurs doivent rire jaune,
parce qu'il a donné des résultats. Si on regarde, M. le
Président, simplement les statistiques du chômage, nous avons tout
lieu d'être très fiers de notre plan de relance, de notre rigueur
administrative et, aujourd'hui, cela donne des résultats.
Si on compare, du mois de mai 1984 au mois de mai 1985, il y a eu une
hausse de 83 000 nouveaux emplois et le taux de chômage a diminué
de 1,3 %. Voici de l'efficacité. Il y a eu 83 000 emplois
créés de mai 1984 à mai 1985. Bourassa II a promis de
créer 80 000 emplois. On le bat de 3000 emplois cette année
même avec notre plan de relance économique, avec notre plan de
rigueur administrative. Si on regarde la croissance du volume de l'emploi
depuis le début de l'année maintenant, c'est 55 000 emplois qu'on
a créés depuis janvier 1985 et cela fait un rythme de 11 000
emplois par mois. Si on aime les comparaisons - on aime ça se comparer
à l'ensemble canadien, on aime ça se comparer à l'Ontario;
nos amis d'en face aiment ça nous dénigrer et nous montrer qu'on
est plus petits que les autres - on fait la preuve aujourd'hui qu'on est plus
grands que les autres et qu'on est capables de passer à travers.
Si je regarde ici la création d'emplois depuis le début de
1985, comme je l'ai dit tout à l'heure, cela a été 11 000
par mois. Si on ramène le taux de croissance sur une base annuelle, cela
équivaut à 4,9 % de création d'emplois et l'ensemble
canadien est simplement à 4 %. On fait mieux qu'ailleurs. On nous copie.
Le budget Wilson a copié le budget Duhaime dans ce domaine. Moi, je dis
bravo au budget de notre ministre des Finances.
Si on regarde maintenant la création d'emplois depuis la crise,
depuis 1982, nous avons créé 256 000 emplois; quant à
l'ensemble canadien, c'est 849 000 emplois. Cela veut dire que la hausse
d'emplois au Québec a été de 10 % et, dans l'ensemble
canadien, elle a été de 8 %. On a fait mieux. Je pense qu'on a
pris les moyens. Je suis fier de faire partie d'un gouvernement qui a eu le
courage politique de mettre sur pied une rigueur administrative. Notre
déficit, on l'a tenu à 3 000 000 000 $. On sait ce qui est
arrivé ailleurs. On a eu l'audace, le courage de faire des compressions
budgétaires de 1 500 000 000 $; il a été difficile de
demander cela dans les secteurs public et parapublic, mais on a fait le
travail. À Ottawa, ce travail n'est pas encore fait. Nous, on l'a fait
et, aujourd'hui, cela donne des résultats. C'est sûr que jamais
des taxes ne sont populaires. Mais il y a une chose, par exemple: il n'y a pas
un Québécois qui peut dire que nous avons été
injustes et inéquitables. On a voulu le bien de l'ensemble et c'est pour
cela que cela a été difficile. Autrefois, on avait tout le temps
le record, on avait toujours 30 % du chômage au Canada, on a eu cela
pendant 40 ans; depuis deux ans, on a en bas de 30 % et, actuellement, on a 25
% du chômage canadien. C'est mieux. On ne pourra jamais être
content d'avoir du chômage, mais on a mis sur place des mesures
administratives et cela porte fruit.
On a aidé les petites et moyennes entreprises. On a eu le
génie d'avoir le Régime d'épargne-actions. Qu'est-ce que
le Régime d'épargne-actions a fait? Il y a 145 000
Québécois qui sont devenus propriétaires; on était
habitués à être locataires, on est devenus
propriétaires. Les 145 000 Québécois qui ont
adhéré au Régime d'épargne-actions ont
injecté, en deux ans, près de 1 000 000 000 $ dans les petites et
moyennes entreprises. Je dis bravo!
Le projet de loi 56 va absolument dans la même veine. Qu'est-ce
que le projet de loi 56? Quels en sont les objectifs? C'est bien sûr
qu'on avait connu des taux d'intérêt épouvantables, de 20 %
à 25 % durant la crise, en 1981 et 1982. Et, pour aider les petites et
moyennes entreprises à faire face à une telle situation, parce
que le fonds de roulement manquait, on ne pouvait plus investir ni agrandir,
car les taux d'intérêt étaient trop hauts, on s'est
arrangé pour avoir un Régime d'épargne-actions, pour avoir
un meilleur fonds de roulement et aider les petites et moyennes entreprises. Le
projet de loi 56 a comme objectif d'accroître l'apport des fonds propres
dans la structure financière des petites et moyennes entreprises. On
prend l'épargne des Québécois et on l'injecte dans
l'économie. On était des locataires, on devient des
propriétaires d'entreprise. Bravo!
Quel est l'objectif encore du projet de loi 56? C'est d'inciter les
actionnaires actuels des petites et moyennes entreprises à investir
davantage dans leur entreprise. On voit que cela a connu du succès, le
REA. On voit que les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise vont connaître aussi du succès. Un autre
des objectifs du projet de loi 56, c'est de permettre aux actionnaires de ces
petites et moyennes entreprises d'associer d'autres investisseurs.
On peut se demander à qui s'adresse ce régime de
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Les actionnaires peuvent être des individus ou
des sociétés à capital de risque privées. Le projet
de loi 56 permet, pour ceux qui adhèrent à ce programme, une
déduction fiscale équivalant à 100 % des placements en
capital-actions effectués dans les petites et moyennes entreprises. Les
placements admissibles pourront atteindre 1 000 000 $.
On doit se demander aussi quelles sont les corporations qui sont
admissibles à ce programme. Les corporations admissibles sont dans les
domaines de la fabrication, de la transformation, du transport, de la
récupération, de l'amélioration de l'environnement, de
l'industrie touristique, qui est très importante pour nous, de la
publication de livres, de la recherche scientifique. On peut aussi investir
dans l'ingénierie, dans l'informatique, dans la
bureautique, dans la thématique, dans les services scientifiques,
dans les commerces en gros. Je pense que c'est tout l'éventail de notre
industrie. Les petites et moyennes entreprises doivent se réjouir
aujourd'hui des effets futurs de l'application d'un programme qui s'adresse aux
Québécois qui veulent adhérer à un régime
d'épargne-actions. (22 h 10)
M. le Président, les mesures qu'on a mises sur place ont
donné des résultats. Je regardais ici dans le journal La Presse
du mois de mai 1985: "Les faillites diminuent au Canada, mais c'est surtout au
Québec en avril". On avait une preuve que les faillites diminuent au
Québec parce qu'on a mis sur place des mécanismes
nécessaires. Je voyais ce matin dans le journal La Presse et
c'était signé Alain Dubuc: "Emploi: le Québec a
surmonté les effets de la récession" parce qu'on a mis quand
même sur place tous les mécanismes pour aider la petite et moyenne
entreprise.
Je vois ici dans le journal La Presse du mois de février 1985: "A
la conquête de leur économie, les francophones ont réussi
à percer dans tous les secteurs." On cite ici, et c'est signé
Claude Picher: "L'agriculture fournit de l'emploi à 73 000
Québécois." Dans les mines, cela va jusqu'à 27 000; dans
la forêt, ce sont 20 000 emplois; dans la fabrication, ce sont 369 000
Québécois qui y travaillent. Si on regardait dans la
construction, dans les institutions financières, encore là, en
1961, le quart de la main-d'oeuvre était francophone; aujourd'hui, c'est
45 %. On s'aperçoit 40 % de tous les finissants au niveau du Canada
sortent de nos collèges et de nos universités en administration.
L'économie pour les Québécois, c'est très important
et on en a la preuve ici.
M. le Président, si on fait une comparaison du nombre de
subventions accordées aux petites et moyennes entreprises par la
Société de développement industriel du Québec, on
s'aperçoit que, de 1971 à 1977, il y a eu de l'aide à 541
entreprises pour un montant de 142 000 000 $. De 1977 à 1985, n'oubliez
pas, les subventions qui ont été accordées sont
passées de 500 dans le temps de M. Bourassa à 4420 avec des
montants de 700 000 000 $. Pour nous, notre priorité, c'est
l'économie, la création d'emplois.
Je peux me réjouir du fait que les gens d'affaires sont
très impatients de nous voir voter enfin ce qu'on appelle la SPEQ, Loi
sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise. Je suis content de voir aussi que les gens de
l'Opposition s'aperçoivent que, dans ce régime, la petite et
moyenne entreprise va pouvoir encore investir davantage du capital de risque.
Les Québécois qui vont adhérer à ce
programme-là deviendront de plus en plus propriétaires de leurs
entreprises. Ils vont se sentir plus chez eux au Québec. Je puis vous
assurer que nous, du parti ministériel, allons continuer dans ce
sens-là parce que la priorité de notre gouvernement, c'est
l'économie, c'est la création d'emplois et on réussit avec
la loi 56 qui est sur la table. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. BrouiUet): M. le ministre
délégué aux Relations avec les citoyens.
M. Élie Fallu
M. Fallu: M. le Président, créer des
sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, c'est en quelque sorte se faire confiance entre
voisins. Vous savez qu'il existe à la vérité peu d'outils,
de sociétés à capital de risque au Québec pour le
développement de l'entreprise. Depuis l'abolition des SODEQ, il y en a
encore un peu moins. Heureusement que le Fonds de solidarité de la FTQ
vient de naître, mais il n'est pas encore très puissant.
Pour le reste, dans la grande majorité des cas, l'entreprise doit
faire référence à la Banque fédérale de
développement, à la Société de développement
industriel du Québec, et Dieu sait si elle y trouve abondamment de
ressources, et quelquefois à la Caisse de dépôt et
placement. Peu de capital de risque, car les banques, les caisses populaires
également ne prêtent pas en termes de capital de risque. Une marge
de crédit est toujours garantie de quelque façon par des comptes
à recevoir et un prêt est toujours garanti par les
équipements, les terrains, voire même par des assurances
données par les entrepreneurs. Le capital de risque, c'est-à-dire
celui qui lance une entreprise, qui accroît une entreprise, qui permet
d'acheter, de payer complètement ou l'équivalent du prix d'achat
d'une nouvelle machinerie, on en a peu au Québec, même très
peu.
D'ailleurs, si vous me permettez de faire un retour historique
très bref, il faut se souvenir qu'il y a quelques années le
gouvernement - celui qui nous a précédés -ne favorisait
même pas par le biais de l'outil public l'entreprise. Rappelons qu'entre
1971 et 1977, c'est-à-dire les années du capitaine Bourassa, il y
avait eu aide à exactement 1056 entreprises en sept ans, alors
qu'uniquement la dernière année, 1984-1985, on en a aidé
1435. Là, je ne ferai pas les démultiplications de chiffres, car
c'était de l'aide d'à peine 300 000 000 $ contre 1 600 000 000 $.
Le gouvernement ne jouait même pas son rôle à
l'époque.
Nous proposons ce soir, par le projet de loi 56, de nous aider, de nous
faire confiance entre voisins. Comment cela va se passer? Une PME dynamique,
qu'elle soit en moulage, en extrusion d'aluminium ou de plastique,
qu'elle soit dans un domaine de la transformation de quelque nature que
ce soit, que ce soit le bois, que ce soit une usine d'estampage, que ce soit
une société de transport, que ce soit une société
de récupération, récupération d'aluminium,
récupération de canettes, notamment, ou
récupération d'équipement d'automobile en aluminium, que
ce soit une société qui s'occupe de l'amélioration de
l'environnement, qui construit des équipements devant servir à la
dépollution de nos rivières, que ce soit une
société qui oeuvre dans le domaine du tourisme, qui fait la
publication de livres, qui travaille dans le domaine de l'ingénierie,
c'est-à-dire la science qui se vend, la technique qui se vend, qui a
besoin de capital, va donc rencontrer des partenaires éventuels, qui
peuvent être des voisins. Je vis dans un comté où il existe
182 industries manufacturières; jusqu'à hier, je disais 181,
aujourd'hui, je dois dire 182. On va voir un voisin qui, à même
ses avoirs, c'est-à-dire à même son salaire de
président-directeur général ou encore à même
un fonds d'investissement que possède l'industrie voisine pour sa propre
capitalisation, on va voir également des professionnels, on va voir des
gens qui ont un bas de laine de quelque nature ou un revenu élevé
de quelque nature, et on les convainc, sur la base même de ses
résultats financiers, de sa fabrication, de son taux de production, sur
la démonstration de sa capacité de gérer, de vendre et
d'exporter, on convainc ses voisins de se regrouper et de se former en une
société de placements. Et alors, trois personnes, dix, douze,
plus deux entreprises, en tant qu'entreprises, se regroupent et placent
ensemble un capital d'un minimum de 100 000 $ souscrit et payé,
s'enregistrent auprès de la Société de
développement industriel du Québec. (22 h 20)
Chacun des détenteurs d'actions ou, bref, comme on dit dans le
langage, chaque action ordinaire, a plein droit de vote et voilà qu'une
société de placements est formée. Elle est donc en mesure
de faire du placement. Elle fait du placement auprès de corporations,
celles que je décrivais tout à l'heure. Ce sont des corporations
qui doivent être des usines, des compagnies de transport, des
hôtels, des auberges, des centres de ski, etc. Donc, on place
auprès de ces corporations privées des montants. Mais il faut que
ces corporations soient privées et que le contrôle en soit
canadien. Il faut que ces sociétés aient un actif
inférieur à 25 000 000 $ ou un avoir net des actionnaires d'au
plus 10 000 000 $. Il faut que la direction générale de ces
corporations s'exerce au Québec. Il faut que cette corporation soit en
activité depuis au moins douze mois et que, dans les douze derniers
mois, plus de 75 % des salaires versés à ses employés
aient été versés ici au Québec. Donc, il s'agit de
corporations privées, dites canadiennes, donc enregistrées au
Canada ou au Québec, incorporées ou limitées, qui ont
déjà un actif, qui ont une direction générale au
Québec et qui sont déjà en activité depuis au moins
douze mois. Ces sociétés de placements vont, en contrepartie,
mais comme sociétés, recevoir pour chacun de leurs actionnaires
une déduction possible, du type régime enregistré
d'épargne-actions, qui sera la compensation pour le capital de risque
qu'elles investissent. Toutefois, elles ne pourront, comme
sociétés, prendre le contrôle d'aucune PME. Elles ne
pourront pas avoir plus de 49 % des actions d'une PME et, en contrepartie,
aucun sociétaire de cette société ne pourra, par ailleurs,
prendre le contrôle majoritaire de la société de
placements.
Ces sociétés, elles vont naître, elles sont
attendues. Dans les comtés industriels, je le sais, je le vis
quotidiennement, ces sociétés sont attendues. Elles vont pouvoir
naître, mais au gré des gens, selon la volonté des gens.
Combien vont naître? Quel volume d'actions vont-elles vendre? Quelle
capitalisation vont-elles se donner au départ ou à terme? Pourvu
qu'elles aient un minimum de 100 000 $. Elles vont donc se constituer partout
sur le territoire du Québec. Il y en aura autant que de connaissances,
de groupes d'intérêts, de groupes d'amis voudront en former pour
investir, pour économiser sur leur impôt -c'est la reconnaissance
que la société leur donne parce qu'elles investissent de l'argent
risqué - également - et cela, c'est un thème qui a
été passablement escamoté ce soir -pour participer
à la gestion des entreprises, pour diversifier non seulement le capital,
mais aussi la gestion de l'entreprise. Cela, c'est une véritable
révolution. La SDI, lorsqu'elle garantit des prêts à une
PME, ne place pas au conseil d'administration un certain nombre de dirigeants.
En contrepartie, on sait que la Caisse de dépôt le fait à
l'occasion et même d'une façon régulière; mais la
banque, elle, lorsqu'elle prête, ne place pas de dirigeants au conseil
d'administration. Et voilà que des amis entre eux, des voisins, des
groupements d'intérêts vont non seulement mettre au service de
leur petite communauté des fonds, mais, davantage, ils vont mettre en
commun leur expérience.
Et voilà que notre PME va pouvoir s'ouvrir à la gestion
multiple. Ces entrepreneurs qui, trop souvent, par la force des choses ont fait
naître de leur porte-monnaie, ont fait naître de leurs efforts, de
leurs sacrifices personnels, leur entreprise, en se prenant de très
petits salaires, en travaillant très fort et très longtemps, en
remplaçant à peu près tout le monde, vont
maintenant pouvoir avoir de l'expertise de gestion, de production,
d'exportation venant de leurs voisins, de leurs proches, voire même de
gens avec qui ils peuvent être complémentaires.
C'est un outil nouveau, un outil de plus, un outil qui sera
progressivement majeur pour le développement de nos
sociétés industrielles. Mais tout cela - et cela, mon
collègue de Châteauguay, l'adjoint parlementaire au ministre de
l'Industrie et du Commerce, l'a souligné abondamment - vient
après beaucoup d'autres propositions, actions de la part du gouvernement
du Québec. Certes, ce n'est pas le gouvernement qui crée les
emplois, on l'a dit et redit, c'est l'entreprise, qu'elle soit
coopérative, qu'elle soit étatique, qu'elle soit mixte et qu'elle
soit surtout privée, notamment, au Québec, lorsqu'elle est la
PME.
Toute cette effervescence que l'on a connue, cette capacité de se
relever pendant la crise - on sait maintenant que cette retrouvaille est faite,
les journaux de ce matin faisaient enfin état que nous avions
surmonté en quelque sorte les effets de la récession - tous ces
efforts ont été conjugués à ce que j'appellerais un
environnement économique approprié qui a été
développé ici, au Québec. Nous en sommes tous responsables
de façons diverses et à plusieurs égards. Moi, qui vis
dans la région métropolitaine, je peux vous dire la
différence entre les avantages et les inconvénients de
s'installer quelque part en Amérique du Nord. On sait que tout ce qui a
été fait depuis quelques années fait qu'il est plus
avantageux de s'établir dans la région chez nous, à
Montréal, en banlieue sud, en banlieue nord, dans les Basses-Laurentides
qu'à peu près partout ailleurs dans les grandes villes
nord-américaines. (22 h 30)
Une étude récente de la Communauté urbaine de
Montréal, "Décision Montréal", qui est sortie des presses
très récemment, en février ou mars, il y a à peine
quelques mois, établissait cette comparaison entre un certain nombre de
villes dans le monde: Tokyo, Paris, Milan, Londres, New York, Dallas, Chicago,
Boston, Atlanta, Vancouver, Toronto, Montréal. Sur l'indice de 100,
regardons un peu et comparons-nous simplement à Toronto à
laquelle on est habitué à se comparer. Le coût de la vie
est comparable entre Toronto et Montréal, mais légèrement
supérieur à Toronto. Le coût de la main-d'oeuvre est
à peu près comparable également à celui de Toronto;
le même, en somme. Le coût des terrains industriels: voilà
que, sur un indice de 100 à Montréal, on trouve un indice de 135
à Toronto, 35 % de plus. Tenez-vous bien, si on se compare à
Vancouver, c'est 266; à Boston, 710; à New York, 230; à
Chicago, 174, alors qu'à Montréal c'est 100.
Le coût des bâtiments industriels: 100 à
Montréal, 104 à Toronto; le coût d'un bureau dit de
prestige, donc, pour le siège social ou pour les équipes de
recherches théoriques ou pour les groupes de gestionnaires, alors
qu'à Montréal on a un indice de 100, à Toronto, c'est 149;
à Boston, 163; à Chicago, 175; à New York, 253.
Le coût énergétique: au moment où cette
étude a été publiée, l'avantage du Québec
était de l'ordre de moins 5, c'est-à-dire que l'énergie
coûtait moins cher à Montréal qu'à Toronto. Vous
savez que, depuis hier, avec ces dernières annonces qu'on trouvait ce
matin dans les journaux, il y a de nouveaux programmes d'Hydro-Québec
à l'industrie. Donc, trois nouveaux programmes: aide à
l'implantation des électrotechnologies, extension de la biénergie
aux secteurs commercial et industriel, ainsi que conversion à
l'électricité du chauffage de l'eau, qui vont encore une fois
augmenter les écarts d'avantages - au pluriel - entre Montréal et
Toronto. C'est ainsi qu'on peut lire dans la Presse de ce matin, dans la
section économie: "Les industries québécoises pourront non
seulement faire des économies d'énergie en utilisant
l'électricité, mais elles auront ainsi accès à des
technologies plus performantes et amélioreront la concurrence qu'elles
mènent au niveau international." L'international commence auprès
de nos voisins.
Et que dire, diantre, du coût de l'électricité
ailleurs? Il faut savoir que c'est absolument invraisemblable, pour ne pas dire
infernal. J'avais ces chiffres. Je ne les ai pas pour le domaine industriel,
mais je les ai pour le domaine "grande puissance": indice 100 à
Hydro-Québec, Hydro Ontario, indice 124; BC Hydro, indice 108;
l'Alberta, 124. Si on peut se fier à la consommation domestique, alors
qu'au Québec on a un indice de 100, il faut savoir qu'à
Saint-Jean, Terre-Neuve, c'est 160; à Charlottetown,
Île-du-Prince-Édouard, 306; à Halifax, 168; à
Moncton, 148; à Toronto, 121, comparativement à 124 pour
l'industriel "grande puissance"; à Regina, 118; à Vancouver, 124;
à Boston, chez nos voisins, nos concurrents - vous savez quelle part
prend l'électricité dans la fabrication - 357 contre un indice de
100 au Québec; à New York, c'est dans notre giron, ce sont nos
voisins, indice 487; à Détroit, indice 287; à Chicago,
indice 219. Non contents de cela, alors que nous avions un indice de 100 hier,
aujourd'hui, nous avons un indice de moins de 100 ou, encore, ils viennent tous
d'augmenter puisque nos prix viennent de descendre. Nouveaux avantages pour le
Québec!
La fiscalité des entreprises. Voilà que, depuis un certain
nombre d'années - je dis bien d'années - l'Opposition est muette
sur la fiscalité des entreprises parce que, depuis un certain budget, il
y a quatre ans
maintenant, l'impôt sur les bénéfices de la PME est
de 3 %, le plus bas au Canada. Vous n'en parlez jamais, n'est-ce pas, les amis?
Vous n'en parlez jamais, les amis.
Une voix: C'est trop beau!
M. Fallu: II n'y a plus d'impôt sur les héritages,
n'est-ce pas? Vous n'en parlez plus non plus. Vous allez sans doute voter en
faveur du budget, tranche par tranche. Merci à l'avance.
La fiscalité des entreprises: Québec, 100; Ontario, 124;
Vancouver, 130, sans parler des États-Unis. Allez donc voir! Boston,
141, et cela comprend, évidemment, la fiscalité municipale. Vous
savez qu'ici la fiscalité municipale est infiniment plus basse
qu'à Toronto, à Vancouver ou ailleurs, sans compter la
fiscalité du Québec. Regardez un peu ce que cela donne ailleurs.
À New York, 138; Dallas, 126; Chicago, 132; Boston, 141; Vancouver, 130.
Voilà, c'est l'environnement économique qui est approprié,
chez nous, à l'investissement.
Le coût de l'habitation. Voilà ce qui est important pour
celles et ceux qui veulent venir s'établir au Québec et cela,
nous le vivons chez nous, dans notre région. Au moment de
l'arrivée de Bell Helicopter, le coût de l'habitation a
été pris en compte pour l'emplacement d'une industrie. Regardons
comment réfléchissent ces Américains de Dallas. Une maison
qui coûterait - on va simplifier - 100 000 $ à Montréal,
coûte 139 000 $ à Dallas, mais, à Vancouver, c'est 155 000
$ et à Toronto, 163 000 $. Comprenez-vous pourquoi ces gens sont
intéressés par le Québec? On pourrait continuer.
M. le Président, je ne reprendrai pas tout ce que les
collègues ont dit. C'est un bilan extrêmement positif par toute
une série de mesures et une de plus, une encore et toujours
centrée sur l'intérêt même des PME. J'ai hâte
de retourner chez moi en fin de semaine pour rencontrer mes voisins, mes
voisines également, et leur dire que les SPEQ sont nées. Je
souhaite que cette loi soit adoptée avant vendredi pour que nous
puissions, en fin de semaine, annoncer la bonne nouvelle à nos
entreprises.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Rancourt): Puisqu'il n'y a aucun
autre intervenant, M. le ministre, c'est votre droit de réplique.
M. Rodrigue Biron (réplique)
M. Biron: M. le Président, je suis très heureux de
voir que tous les intervenants, ce soir, d'un côté ou de l'autre
de la Chambre, ont appuyé à peu près sans restriction,
sans réserve, le projet de loi que j'ai eu l'honneur de piloter. Je dois
vous dire que, lors de l'étude en commission parlementaire article par
article, pour répondre à une question du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je suis ouvert à toutes les suggestions qui
pourront être apportées, si possible, si nous en sommes capables,
pour bonifier le projet de loi. À ce point de vue, je m'engage, demain
matin, à la première heure, à faire parvenir à nos
collègues de l'Opposition officielle une copie des règlements,
même si les règlements ne sont pas encore adoptés au
Conseil des ministres. (22 h 40)
Bien sûr, en cours de route, il nous reste encore des discussions
à terminer avec le ministre des Finances et à adopter au Conseil
des ministres. Il pourrait y avoir des modifications à apporter aux
règlements et c'est dans cet esprit, d'ailleurs, que j'en ferai tenir
une copie aux membres de l'Opposition officielle. Donc, ce n'est pas pour
publier dans le grand public au moment où on se parle, parce que c'est
encore un document de travail. Il n'est pas terminé. Il devrait
être terminé le plus tôt possible, aussitôt que nous
pourions nous entendre sur le mot à mot des règlements qui
accompagnent le projet de loi.
Si nous avons voulu procéder ainsi par règlement pour
plusieurs points du projet de loi, c'est que nous croyons que ce sera un peu
plus flexible au cours des prochains mois. C'est, encore une fois, pour vous
montrer la grande ouverture d'esprit, la souplesse du gouvernement. Lorsqu'on
met de l'avant un projet de loi qui vient de bâtir dans du neuf, il faut,
pouvoir se garder la latitude nécessaire pour évoluer; c'est
possible que nous évoluions pour améliorer à la fois les
lois et les règlements.
Évoluer, cela ne veut pas dire détruire le passé.
Cela veut dire essayer d'écrire l'avenir le mieux possible. Cela veut
dire aussi s'ajuster, au fur et à mesure des jours, des semaines ou des
mois, aux préoccupations et aux besoins de nos concitoyens. C'est dans
ce sens que le projet de loi a été conçu, que les
règlements l'accompagnent. Le projet de loi est le cadre
législatif qui nous permettra d'agir. Les règlements, c'est le
cadre administratif. Les règlements pourraient être changés
rapidement au fur et à mesure de l'évolution des entreprises et
des besoins de nos concitoyens si nous voyons qu'il faut y apporter certaines
modifications en cours de route.
Je réitère, toute l'ouverture d'esprit du gouvernement
pour recevoir des suggestions qui pourraient nous venir ou de l'Opposition
officielle ou des députés du Parti québécois,
membres de la commission parlementaire de l'économie et du travail.
Très rapidement dans ma réponse aux interventions qui ont
été faites, même si un peu tout le monde était
d'accord, je veux
quand même noter qu'au niveau d'entreprises admissibles au
programme des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, aux SPEQ, il y aura un maximum de quelque 20 000
entreprises admissibles et non pas 73 000. C'est-à-dire que ce ne sont
pas toutes les PME québécoises à la fois commerces et
industries tertiaires moteurs qui sont admissibles. Il y a tout simplement,
bien sûr, le secteur manufacturier, une partie du secteur touristique,
puisque l'hôtellerie, la restauration n'est pas admise, ce qu'on appelle
le tertiaire moteur et une partie des entreprises de transport, qui seront
admissibles un peu plus tard lorsque nous aurons cerné
véritablement quel genre de transport nous voulons rendre admissible, en
particulier celui qui sert aux entreprises manufacturières ou qui sert
à exporter nos produits; toutes ces entreprises, bien sûr, ces
entreprises de transport seront admissibles.
Entreprises manufacturières. On sait qu'au Québec nous
avons moins de 11 000 entreprises manufacturières. Il y en a 500 que
l'on peut qualifier de grandes entreprises avec au-dessus de 200, 250
employés, et 10 500 ou environ qu'on peut qualifier de PME. Donc, cela
veut dire que les 10 500 seraient à peu près toutes admissibles
au nouveau programme des sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, alors que les entreprises de plus 25 000 000 $
d'actif ou de plus de 10 000 000 $ d'actif net seraient inadmissibles
puisqu'elles seraient considérées comme des entreprises de taille
moyennement grande ou grande.
Maintenant, comme objectif au cours de la première année,
le député de Notre-Dame-de-Grâce a mentionné une
centaine d'entreprises. Au cours des prochains mois, ce sera plus difficile: au
départ, on n'atteindra pas notre vitesse de croisière, comme dans
tout nouveau programme. Habituellement, nous avons besoin de cinq ou six mois
de rodage et surtout de promotion, d'information vis-à-vis de ceux et
celles qui peuvent bénéficier de ces nouveaux programmes. Cela
veut dire qu'au début de l'automne on pourra commencer une vitesse de
croisière. J'estime que, pour la première année
complète d'activité, c'est-à-dire en excluant les premiers
mois de rodage et d'information, en commençant possiblement au mois de
septembre, nous aurions 500 sociétés de placements dans
l'entreprise québécoise qui pourraient être formées
au Québec. Avec une moyenne de 200 000 $ par société de
placements dans l'entreprise québécoise, c'est environ 100 000
000 $ de capitaux qui seraient canalisés pour une meilleure
capitalisation dans les PME québécoises. M. le Président,
100 000 000 $ de capitaux de risque, cela veut dire possiblement 600 000 000 $
ou 700 000 000 $, quelque chose comme cela, à investir dans de nouvelles
entreprises ou dans des entreprises existantes. Cela veut dire beaucoup
d'activité économique dans ces entreprises, et cela, si on vise
500 sur les 20 000 premières entreprises admissibles. Je crois qu'avec
le temps, au cours des années à venir, nous pourrions assez
facilement dépasser les 500 SPEQ par année ou les 500
investissements par des SPEQ, parce qu'une fois que les SPEQ seront
créées, elles pourront investir dans une deuxième ou
troisième entreprise.
C'est ce qui fait, finalement, qu'au cours des années plusieurs
entreprises discuteront ensemble et échangeront des sièges au
conseil d'administration ou au comité exécutif; elles pourront
même échanger des produits ou des ventes entre elles et,
finalement, s'aider aussi à conquérir des marchés à
l'extérieur du Québec.
Il y a aussi une autre ouverture importante par ces SPEQ, c'est que les
employés, qui cherchaient souvent un véhicule pour investir dans
une entreprise dans laquelle ils ou elles travaillent, pourraient se servir
d'une SPEQ pour investir dans une telle entreprise. On pourra avoir une
centaine d'employés qui se réunissent pour faire un
investissement important dans leur entreprise. Ces employés pourront
investir 1000 $ chacun, s'ils le veulent, la première année, pour
un investissement dans une SPEQ de 100 000 $; ces 1000 $ seront admissibles au
Régime d'épargne-actions, donc déductibles à 20 %,
25 % ou 30 % du revenu imposable, donc, un cadeau d'impôt important pour
ceux et celles qui veulent investir dans leur entreprise, dans le
développement économique du Québec.
Je remercie les membres de l'Assemblée nationale, autant du
côté du gouvernement que du côté de l'Opposition
officielle, qui sont intervenus ce soir, qui ont appuyé ce projet de
loi. Demain, nous irons en commission parlementaire pour l'étude
détaillée article par article, pour revenir un peu plus tard,
soit au courant de cette semaine ou de la semaine prochaine, pour accepter
définitivement ce projet de loi. Après quoi, la
Société de développement industriel du Québec et le
ministère de l'Industrie et du Commerce donneront l'information
nécessaire aux chefs d'entreprise, aux investisseurs potentiels, aux
agents de développement économique, aux commissaires industriels,
aux conseillers en gestion et en financement que nous avons dans le
Québec. Nous croyons pouvoir nous mettre en marche assez rapidement pour
répondre aux préoccupations et surtout aux besoins de financement
des dirigeants des PME québécoises.
Je remercie donc sincèrement ceux et celles qui sont intervenus.
Je pense qu'en présentant ce projet de loi le gouvernement du
Québec fait un pas important pour une meilleure capitalisation des
entreprises
québécoises, mais surtout fait un pas important dans des
entreprises qui seraient beaucoup plus viables économiquement et qui
pourraient devenir, avec le temps, beaucoup plus créatrices d'emplois et
beaucoup plus importantes pour le développement économique du
Québec.
M. le Président, demain, en commission parlementaire, nous
reverrons le projet de loi article par article; nous étudierons la
réglementation nécessaire pour ce projet de loi. Finalement, nous
reviendrons avant la fin de la session pour accepter une étape
importante dans le discours sur le budget de mon collègue, le ministre
des Finances. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Le principe du projet de
loi 56, Loi sur les sociétés de placements dans l'entreprise
québécoise, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Une voix: Vote enregistré.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vote enregistré,
monsieur. Donc, à demain?
M. Bertrand: Demain, après la...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Après la
période des questions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bertrand: M. le Président, sur ce, je voudrais faire
motion pour que nous ajournions nos travaux à demain matin, 10
heures.
Le Vice-Président (M. Rancourt): La motion d'ajournement
est adoptée. Donc, nos travaux sont ajournés à demain, 10
heures.
(Fin de la séance à 22 h 49)